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proche le plusdes tèteshumainesmal orga- de ( la nayacitùse manifestepar un renflement,


nisées.Le rang suprêmeest.occupépar le ioblongau milieudu front.— L'organede la
flânede l'hommebienconstitué.— L'organe force, , del'esprit,se manifestepar deuxprotu-
dusensdeslieuxse manifesteextérieurement bérances i demi-circulaires,placéesau-des-
pardeuxprotubérances placéesau-dessusdo sousdu
i renflementde la méditationet sépa-
laracinedu nez,à l'osintérieurdes sourcils. rées par l'organede la sagacité.Onletrouve
Ilindiqueen généralla capacitéde concevoir dans Lesage, Iloile-au , Cervantes,etc. —•
lesdistances,le penchantpour toutesles L'organede labonhomie se manifestepar une
•H'ienres et-arts où il faut observer,mesurer élévationoblonguepartantde lacourburedu
etétablirdes rapportsd'espace: par exem- frontversle sommetde la tête,au-dessusdo
ple,legoûtpourla géographie. Touslesvoya- l'organede la sagacité.Onle trouveau mou-
geursdistinguésont cet organe, commele ton, au chevreuilet à plusieursraces de
prouvent les bustesde Cook,de Colombet chiens.— L'organede la piétévraie oufaus-
d'autres.Onle trouveaussichezlesanimaux sese manifestepar un gonflement au-dessus
eiTcinls.Lesoiseauxde passagel'ontplusou de l'organede la bonhomie.-—L'organede
moins,selonle ternie,plus ou moinséloigné l'orgueilet de la fiertése manifestepar une
de leurs migrations.Il esl très-sensibleau protubéranceovaleau haut de l'occiput.—
crânede la cigogne.C'estpar la disposition L'organede l'ambition el de la vanité se
decet organeque la cigogneretrouvel'en- manifestepar deux protubérancesplacées
droitoùelles'estarrêtéel'annéeprécédente , au sommetde la tèteel séparéespar l'or-
elque,commel'hirondelle,ellebâtittousles gane de la fierté.—•L'organede la pru-
anssonnidsur la mêmecheminée.— L'or- dencese manifestepar deux protubérances
gane(lusensdes couleursformede chaque placéesà côtédes protubérancesde l'ambi-
côteune protubéranceau milieude l'arc des tion, sur les anglespostérieursdu crâne.—
sourcils,immédiatement à côté du sensdes Enfin,l'organede la co)is/«?ice ol de la fer-
lieux.Lorsqu'ilest portéà un haut degré,il metése manifestepar une protubérancepla-
formeunevoûteparticulière.C'estpour cela céederrièrela tète , au-dessousde l'organe
queles peintresont toujoursle visage'plus de la fierté.— Ce systèmedu docteurGalla
jovial;plus réjoui, que les autres hommes, eu de nombreuxpartisans; maisil n'a guère
parcequeleurssourcilssontplusarquésvers eumoinsd'ennemis.Quelques-uns l'ontcom-
lehaut.Cetorgane,donnela maniedesHeurs paré aux rêveriesde certainsphysionomistes,
etle penchant, à réjouirl'oeilpar la diversité quoiqu'ilail, enapparencedu moins,un ron-
descouleursqu'ellesoffrent.S'ilesl liéavec dementmoinschimérique.Ona vu centl'ois
l'organe du sensdes lieux, il formele pay- le grandhommeel l'hommeordinairese res-
sagiste.Il parait que ce sens manqueaux semblerpar les traitsdu visage, «I.jamais,
animaux,et que leursensibilitéà l'égarddo dit-on, le crânedu géniene ressembleà ce-
certaines couleursne provientque de l'irri- luide l'idiot.Peut-êtrele docteurGalla-l-il
tationdesyeux.— L'organedusensdesnom- voulupoussertrop loinsa doctrine;et on
bresesl placéégalementau-dessusde la ca- peuts'abuseren donnantdes règlesinvaria-
vitédes yeux, à côté du sensdes couleurs, blessurdeschosesqui ne sont pas toujours
dansl'angleextérieurdel'osdes yeux.Quand constantes.— Unsavantdenosjours a sou-
il existedans un haut degré, ils'élèvevers tenu, contrele sentimentdu docteurGall.
lestempesun gonflement qui donneà la tôle que les inclinationsinnéesn'existaientpoint
uneapparencecarrée.Cetorganeesl forte- dans les protubérancesdu crâne, puisqu'il
mentexprimésur un bustede Newton,et en dépendraitalors du bon plaisir des sages-
généra!il esl visiblechezles grandsmathé- femmesde déformerles enfants, et de les
maticiens. Il esl ordinairementlié aux têtes modelerdès leur naissanceen idiotsou en
(lesastronomesavec l'organedu sens des génies;maisle.docteurGalltrouvecelleob-
lieux.— L'organede la mémoirea sonsiège jectionrisible. parceque, quandmêmeon
au-dessusde la partie supérieureel posté- enfonceraitlecrâne parexempleà unendroit
rieurede la cavitédes yeux. Il presse les où se trouveun organeprécieux, cet organe
yeuxenbaset en avant.Beaucoupde comé- comprimése rétabliraitpeu à peu de lui—
; 'lienscélèbresont les yeux saillantspar lai même, et parcequelecerveaurésisteà toute
dispositionde cet organe.— Le sensde la: pressionextérieurepar l'élasticitédes tendres
méditation se manifestepar un renflement L filets,et qu'aussilong-tempsqu'il n'a pas été
;.- ducrâneenvironun demi-poucesouslebord 1 écraséou totalementdétruit, il fait une-ré-
supérieur du front.Onle trouveau bustedeî pressionsuffisante.—Cependant ôlumenbach
soerateel à plusieurspenseurs.— L'organe 3 écrit que les Caraïbespressentle crâne do
PHV — 3i'0 ) — l'HY
urs enfants avec une certaine machine, et r pas chercher à connaître les hommes par <
no
onnent à la tôle la forme propre à ce peuple. I
leur physionomie? On juge tous les jours le !
,cs naturalistes placent aussi les qualités de c
ciel sur sa physionomie. Un marchand an-
esprit, non dans les protubérances, mais ]
précie ce qu'il achète par son extérieur, pa,.
ians la conformation du crâne ; et. plusieurs s physionomie
sa — Tels sont les raisonne-
irétendent qu'un soufflet ou une pression au i
monts des physionomistes pour prouver la
râne de Corneille venant, de naître, en eût s
sûreté de leur science. 11 esl vrai, ajoutenl-
m faire un imbécile. On voit d'ailleurs des i , qu'on peut quelquefois s'y tromper; mais
ils
rens qui perdent la raison ou la mémoire par i
une exception ne doit pas nuire aux règles,
in coup reçu à la tête. — Au surplus, le .l'ai vu, dit Lavaler, un criminel condamne
locleur Fodéré parle dans sa Médecine légale â; la roue pour avoir assassiné son bienfaiteur
le voleurs el, de fous sur le crâne desquels et. ce monstre, avaitle visage ouvert et. gracieux
m n'a point remarqué les protubérances du comme l'ange du Guide. 11ne serait pas im- !
'ol ni celles de la folie. Ajoutons que le crâne possible, de trouver aux galères des tètes de ,
le Napoléon avait de 1res—mauvaises bosses llé-gulus, el des physionomies de vestales dans
pii ont fort intrigué les phrénologistes. une maison de force. Cependant le physiono-
Phylactères, — préservatifs. LesJuifspor- miste habile distinguera les traits, quoique
aienl à leurs manches et à leur bonnet des presque imperceptibles, qui annoncent le viee I
landes de parchemin sur lesquelles étaient et la dégradation. — Quoi qu'il en soit de la
icrits des passages de la loi ; ce que Notre- physiognomonie, on voici les principes, tan-
tôt raisonnables , tantôt forcés: le lecteur en
"eigneur leur reproche dans saint Matthieu ,
;hap. 23. Leurs descendants suivent, la môme prendra ce qu'il voudra. —La beauté morale
iratique , et se persuadent, que ces bandes ou est ordinairement en harmonie avec la beauté
ihylaclères sont.des amulettes qui les préser- physique. ( Socralc cl cent mille autres prou-
vent de tout danger, el surtout qui les gardent vent le contraire. ) Beaucoup de personnes
:onlre l'esprit, malin. — Des chrétiens ont. fait gagnent, à mesure qu'on apprend à les. con-
jsage aussi de paroles écrites ou gravées, naître, quoiqu'elles vous aient déplu au pre-
?omme de phylactères et. préservatifs. L'Église mier aspect. 11 faut qu'il y ait. entre elles el
i toujours condamné cel abus. Vo;/. Asiu- vous quelque point de dissonance, puisque,
,15'ITIiS. (lu premier abord , ce qui devait vous rappro-
•— cher ne vous a point, frappé. Il faut aussi qu'il
Phyllorhodomancifl, divination par les
êuilles de roses. Les Grecs faisaient claquer y ail entre vous quelque rapport secrel, puis-
que, plus vous vous voyez, plus vous vous
'ur la main une feuille do rose, et jugeaient, convenez. Cependant faites attention au pre-
par le son, du succès de leurs voeux. mier mouvement d'instinct que vous inspire
JPhysïognomonie , •— art de juger les houi- une nouvelle liaison. —Tout homme dont la
lles par les traits du visage, ou talent de figure, dont la bouche, dont la démarche,
L'onnailre l'intérieur de l'homme par son ex- dont, récriture est de travers, aura dans sa
térieur. •— Cette science a eu plus d'ennemis façon de penser, dans son caractère, dans
que de partisans, elle ne paraît pourtant ri- ses procédés, du louche, de l'inconséquence,
dicule que quand on veut la pousser trop loin. de la partialité, du sophistique, delà faus-
Tons les visages, toutes les formes, tous les seté, de la ruse . du caprice, des contradic-
êtres créés différent entre eux, non-seulement, tions, de la fourberie, une imbécillité dure
dans leurs classes, dans leurs genres, clans et froide. — La tète est la plus noble partie
leurs espèces, mais aussi dans leur individua- du corps humain, le siège de l'esprit, et des
lité. Pourquoi celte diversité de formes ne facultés intellectuelles. ( Le docteur Van llcl-
serait-elle pas la conséquence de la diversité mont plaçait les facultés intellectuelles dans
des caractères , ou pourquoi la diversité des l'estomac. ) Une tète qui esl en proportion avec
caractères ne serait-elle pas liée à celle diver- le reste du corps, qui paraît telle au premier
sité déformes? Chaque passion , chaque sens, abord, qui n'est ni trop grande ni trop petite,
choque qualité prend sa place dans le corps annonce un caractère d'esprit plus parfait
de tout être créé ; la colère enfle les muscles : qu'on n'en oserait, attendre d'une tète dispro-
les muscles enflés sont donc un signe de co- portionnée. Trop volumineuse , elle indique
lère?... Des yeux pleins de feu, un regard I presque toujours la grossièreté; trop petite-!
aussi prompt que l'éclair, el un esprit, vif elI elle esl un signe de faiblesse. Quelque pro-
pénélrnnlse retrouvent cent fois ensemble. Uni porlionnée que soit la tèle au corps, il Ci"1'
oeil ouvert et serein se rencontre mille fois3 encore qu'elle ne soit ni trop arrondie ni trop
avec un coeur franc et- honnête. — Pourquoi i allongée : plus elle est. régulière , et plus elle
PUY ot)ï — iMiir
„st.parfaite.On peutappelerbien organisée igénéralementun tempéramentdélicat, san-
celledont,la hauteurperpendiculaire,prise guin-ilegmalique. Lescheveuxrouxcaracté-
depuisl'extrémité de l'occiputjusqu'à la risent, dit-on, un hommesouverainement
pointe du nez, esl égale à sa largeur hori- bon, ousouverainement méchant.—Lesche-
zontale.Une tète trop longue annonceun veuxlinsmarquentla timidité; rudesils an-
homme de peu de sens, vain, curieux,en- noncentle courage(Napoléonles avaittrès-
vieuxel crédule. La tôle penchéevers la fins), ce signecaractéristique esl du nombre
icri'C esl la marqued'un hommesage, con- de ceuxqui sontcommunsà l'hommeel aux
fiant dans ses entreprises. Une tète qui animaux.Parmiles quadrupèdes,le cerf, le
tournede touscôtésannoncela présomption, lièvre,et la brebis, qui sont au rang des plus
lamédiocrité, le mensonge,un espritpervers, timides, so distinguentparticulièrement des
lé>er,elunjugementfaible.—Onpeuldiviser autrespar ladouceurde leur poil; tandisque
levisageen trois parties, dont la première la rudessedeceluidulionet dusanglierrépond
s'étenddepuisle frontjusqu'auxsourcils;la au couragequi faitleurcaractère.En appli-
tccondodepuisles sourcilsjusqu'au bas du quant,ces remarquesà l'espècehumaine,les
nez;la troisièmedepuisle basdu nezjusqu'à habitantsdu nord sont,ordinairementtrès-
l'extrémité de l'osdu menton.Plus ces trois courageux,et ils ont la chevelurerude; les
étages sontsymétriques,pluson peulcompter Orientauxsontbeaucoupplustimides,elleurs
surla justessede l'espritetsur la régularité cheveuxsont plusdoux.Les cheveuxcrépus
ducaractèreen général.Quandil s'agit d'un marquentun hommededureconception. Ceux
visagedont l'organisationesl extrêmement qui ont beaucoupde cheveuxsur les tempes
forleou extrêmementdélicate, le caractère et surle frontsont,grossierset orgueilleux.—
peutêtre appréciéplusfacilementpar leprofil Une barbefournieet,bien rangéeannonceun
quepar la face.Sanscompterque le profilse hommed'un bonnaturelet d'untempérament
prèle,moinsà la dissimulation,il offredes raisonnable.L'hommequi a la barbe claire
lignesplusvigoureusement, prononcées,plus el maldisposéetient plus du naturelel des
précises,plussimples,plus pures; par con- inclinationsde la femmeque de cellesdo
séquentla signification en est aiséeà saisir; l'homme.•—Si la couleurdelà barbe diffère
nulieu que souventles lignesde la faceen de celledes cheveux,ellen'annonce- riende
pleinsont,assezdifficiles à démêler.Unbeau bon.Demôme,uncontrastefrappantentrela
profilsupposetoujoursl'analogied'un carac- couleur de la chevelureel la couleur des
tèredistingué. Maisontrouvemilleprofilsqui, sourcilspeut inspirerquelquedéfiance —
•sansêtre beaux, peuventadmettrela supé- Le front, de tontesles partiesdu visage,est
rioritéducaractère.Unvisagecharnuannonce la plusimportanteel.la pluscaractéristique.
unepersonnetimide, enjouée, crédule et Lesfronts, vusde profil,peuventse réduire
présomptueuse. Unhommelaborieuxa souvent à troisclassesgénérales.Ils sont ou penches
le visagemaigre. Un visagequi sue à la en arrière, ou perpendiculaires,ou proémi-
moindreagitationannonceun tempérament nents.Lesfrontspenchéson arrièreindiquent,
chaud,un espritvainet grossier,un penchant en généralde l'imagination,de l'espritet do
à lagourmandise. — Lescheveuxoffrentdes la délicatesse.—Une perpendiculairecom-
indices multipliésdutempérament del'honime, plète, depuisles cheveuxjusqu'auxsourcils,
(lesonénergie,de sa façonde sentir, et aussi est.le signed'un manquetotal d'esprit.Une
(lesesfacultésspirituelles. Ilsn'admettentpas formeperpendiculaire,qui so voûteinsensi-
lamoindredissimulation; ilsrépondentà notre blementparlehaut,annonceunespritcapable
constitutionphysique,commeles plantes et de beaucoupde réflexion,un penseurrassis
lesfruitsrépondentau terroirquiles produit. et profond.Lesfrontsproéminents appartien-
'e suissûr. dit Lavaler,que par l'élasticité nentà desespritsfaibleset bornés, et qui no
descheveuxon pourraitjuger de l'élasticité parviendrontjamaisà une certainematurité.
du caractère( très-fréquemmentdémenti). Pluslefrontesl allongé,plusl'espritest dé-
bescheveuxlongs,plats, disgracieux , n'an- pourvud'énergiecl manquede ressort.Plus
noncentrien que d'ordinaire.Leschevelures il esl serré, courtel compacte, pluslecarac-
d'unjaunedoré, oud'un blondtirantsur le tère estconcentré,fermeel solide —Pour
hrnn,quireluisentdoucement,qui se roulent qu'un frontsoit heureux,parfaitementbeau
i facilement et agréablement, sonllesc/ieuelures et d'une expressionqui annonceà la foisla
nnbks(en Suisse, patrie de Lavatcr).Des richessedu jugementetla noblesseducarac-
cheveux noirs, plats, épaiset gros dénotent tère, il doit se trouverdans la plus exacte
- l'eud'esprit,maisde l'assiduitéet del'amour proportionavec le reste du visage.Exempt
) 'le l'ordre. Les cheveux blondsannoncent de toute espèced'inégalitéset,de ridesper~
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manentês, il doit pourtant en être susceptible; de i beauté chez les Arabes, tandis que les "
mais alors il ne se plissera que dans les mo- anciens
i physionomistesy attachaient l'idée '
îhenls d'une méditation sérieuse , dans un d'un caractère sournois. La première de ces
mouvement de douleur ou d'indignation. Il deux opinionsest fausse, la secondeexa.lérée '
doit reculer par le haut La couleurde la peau car on trouve souvent ces sortes de sourcils '-
doit,en être plus claire que celle des autres aux physionomiesles plus honnêteset, les plus
parties du visage. Si l'os de l'oeilest.saillant, aimables.Lessourcilsmincessontu ne marque 1'
c'esl le signe d'une aptitude singulière aux infailliblede flegmeel. de faiblesse; ils diuii- |
travaux de l'esprit, d'une sagacité extraor- nuenl.la forceel la vivacitédu caractère dans ï
dinaire pour les grandeseutreprises. Maissans un homme énergique. Anguleux et entre- t.
cet anglesaillant, il y a des tètes excellentes, coupés, les sourcils dénotent l'activité d'un '
qui n'en ont que plus de solidité lorsque lo- esprit productif.—Plus les sourcils s'appro-
bas du front s'affaisse, comme un mur per- chent des yeux, plus le caractère est sérieux,
pendiculaire, sur des sourcilsplacés horizon- profond et solide. Une grande distance de
talement, el. qu'il s'arrondit et se voùle im- l'un à l'antre annonceune âme calmeel Iran- ''
perceptiblement, des deux côtés, vers les quille. Le mouvementdes sourcils est d'une
tempes. — Les fronts courts, ridés, noueux, expression infinie; il sert principalementà |
irréguliers, enfoncésd'un côté, éehanerés, ou marquer les passions ignobles, l'orgueil, la
qui se plissent,toujoursdifféremment,ne sonl colère, le dédain. Un homme sourcilleux esl.
pas une bonne recommandation,el ne doivent un être méprisant,el méprisable — C'esl
pas inspirerbeaucoupde confiance.Les fronts surtout dans les yeux, dit.Bull'on, que se pei-
carrés, donl les marges latérales sont encore gnent les nuages de nos secrètes agitations,
assez spacieuses, et dont l'os de l'oeilest en elqu'on peutles reconnaître; l'oeilappartientà
même temps bien solide, supposentun grand l'àme plus qu'aucun autre organe; il semble
fonds de sagesseet.de courage. Tous les phy- y toucheret participerà tous ses mouvements;
sionomistess'accordentsur ce point. Un front il en exprime les passionsles plus vives el les
très-osseux et. garni de beaucoup de peau émotions les plus tumultueuses, commeles
annonceun naturel acariâtre el querelleur... sentiments les plus délicats; il les rend dans
-—Un front élevé, avec un visage long et toute leur force, dans toute leur pureté, tels
pointu vers le menton, est un signe de fai- qu'ils viennent de naître; il les transmet par
blesse. Des fronts allongés, avec une peau riestraits rapides.—Lesyeux bleus annoncent
fortementtendueet très-unie, sur lesquels on plus de faiblesseque les yeux bruns ou noirs.
n'aperçoit, même à l'occasiond'une joie peu Ce n'est pas qu'il n'y ait des gens très-éner-
commune, aucun pli doucementanimé. sont giques avec des yeux bleus, mais, sur la
toujours l'indice d'un caractère froid, soup- lolalilé, les yeux bruns sont l'indice plus or-
çonneux, caustique, opiniâtre, fâcheux,rem- dinaired'un esprit,mâle; toutcommele génie,
pli de prétentions, rampant el vindicatif. Un proprementdit, s'associepresque toujoursdes
front qui du haut,pencheen avant,et s'enfonce yeux d'un jaune tirant sur le brun — Les
vers l'oeil est, dans un hommefait, l'indice gens colères ont des yeux de différentes cou-
d'uneimbécillitésansressource.—Au-dessous leurs , rarement,bleus , plus souvent bruns ou
du frontcommencesa belle frontière, le sour- verdâlres. Les yeux de cette dernière nuance
cil , arc-en-ciel de paix dans sa douceur, arc sont, en quelque sorte, un signe dislinctil(le
tendu de la discorde lorsqu'il exprime le vivacité et de courage. On ne voit presque
courroux. Dos sourcils doucement arqués jamais des yeux bleu-clair à des personnes
s'accordent avec la modestieet la simplicité. colères Des yeux qui forment un angle al-
Placés en ligne droite et horizontalement,ils longé, aigu el pointu vers le nez, appartien-
se rapportent à un caractère mâle et vigou- nent à des personnes, ou très-judicieuses,on.
reux. Lorsqueleur formeestmoiliéhorizontale très-fines. Lorsque la paupière d'en haut dé-
el moitiécourbée, la forcede l'esprit,setrouve crit un plein cintre, c'est la marque d'un boa
réunie à une bonté ingénue.Dessourcilsrudes naturel el de beaucoup de délicatesse, quel-
et en désordre sont toujours le signe d'une quefoisaussi d'un caractère timide. Quand la
vivacité intraitable; mais celte même confu- paupière se dessine presque horizontalement
sion annonce un feu modérési le poil est fin. sur l'oeilet coupe diamétralementla prunelle,
Lorsqu'ilssontépais et compactes,que lespoils elle annonce souvent un homme très-adroit,
sonl couchésparallèlement, et pour ainsi dire très-rusé; mais il n'est pas dit pour cela que
tirés au cordeau, ils promettentun jugement celle forme de l'oeil détruise la droiture du
mûr el solide, un sens droit et rassis. Des coeur.— Des yeux très-^grands, d'un bleu
sourcilsqui sëjoignent passaient,pour un Irait fort-clair, et vus de- profil presque traiisp»-
Pli Y. — 31)31)3 — Pli Y
,„!-:,annoncenttoujoursmieconceptionl'a- maisilfaut,
i que cette largeursoitun peu plus
..a,,,,étendue, mais en mômetempsun ca- sensibleverss le milieu.Le bout,oula pomme
i-aclèreextrêmement sensible, difficileà du ( nezne sera ni dure ni charnue.Deface,
manier,soupçonneux,jaloux, susceptiblede il i faut que les ailesdu nezse présententdis-

prévention. De petits yeux noirs, élince- itinctement,et-que lesnarinesse raccourcis-
liints,sous des sourcilsnoirs el touffus,qui sent >. agréablementau-dessous.Dansle profil,
•mraissent s'enfoncerlorsqu'ilssourientmali- le bas du nezn'aura d'étenduequ'un tiersde
l'iicnient, annoncentde la ruse, des aperçus sa hauteur. Versle haut, il joindra do près
profonds, un espritd'intrigueet de chicane. l'arc de l'os de l'oeil; et,sa largeur, du côlé
Side pareilsyeux ne sont pas accompagnés de l'oeil,doitêtre au moinsd'un demi-pouce.
d'unebouchemoqueuse,ilsdésignentunesprit —Unnez qui rassembletoutescesperfections
froidet pénétrant, beaucoup de goût, do exprimetout ce qui peut s'exprimer.Cepen-
l'éfeance,de la précision,plusde penchant dant nombrede gensdu plusgrandmériteont
à l'avaricequ'à la générosité— Des yeux louez difforme;maisilfaut différencieraussi
grands,ouverts,d'une clarté transparente,et. l'espècedemérilequilesdislingue.Unpetit-nez.
dontle l'eu brille avec une mobilitérapide échancréen profil,n'empêchepasd'êlrehon-
dans(les paupièresparallèles,peu larges el. nête et. judicieux, mais ne donne point le
feilement dessinées,réunissenteescaractères: génie.Desnez qui se courbentau haut de la
unepénétration vive, de l'éléganceet du racineconviennentadescaractèresimpérieux,
»ùùt,un tempéramentcolère, de l'orgueil. appelésà commander,à opérer de grandes
Desyeux qui laissent,voir la prunelletout, choses, fermesdansleurs projets et ardents
entière,et sous la prunelleencore plus oui à les poursuivre. Les nez perpendiculaires
moinsde blanc, sont dans un état de tension i ( c'est-à-dire qui approchentde cette forme,
ijiiin'estpasnaturel, ou n'appartiennentqu'ài car, dans toutes ses productions,la nature
ceshommesinquiets, passionnés,à moitié ; abhorre les lignes complètementdroites)
l'eus;jamais à des hommes d'un jugement l tiennentle milieuentre les nez éehaneréset,
sain,mûr, précis, et qui méritentconfiance. les nezarqués; ils supposentuneâmequi sait,
—Certainsyeux sonl Irès-ouverls, très-lni- agir elsouffrirtranquillementet avecénergie.
sanls,avec des physionomies fades; ils an- — Onnez dont l'épine esl large , n'importe
noncentde;l'entêtement, delà bêtise unie ài qu'il soit,droit ou courbé, annoncetoujours
desprétentions.— Les gens soupçonneux , des facultéssupérieures.Maiscolleformeesl
emportés,violents,ont souventles yeuxen- très-rare. La narinepetite esl le signecertain
foncésdansla têle, et la vue longueet éten- i- d'un esprit timide, incapablede hasarder la
due.Le fou, l'étourdi, ont,souventles yeux x moindreentreprise.Lorsqueles ailesdu nez
horsde la tête. Lefourbea, en parlant, les :s sontbiendégagées,bien mobiles,ellesdéno-
paupières penchéesel le regard en dessons. s. tenlune grandedélicatessede "sentiment,qui
Lesgensfinset rusésont coutumede tenirun n peut dégénérer en sensualité.Où vous ne
d'ilet quelquefoisles deux yeux à demi fer-- trouverezpas une petiteinclinaison, une e--
més.C'eslun signede faiblesse.En effet, on m pèce (renfoncementdans le passagedu front
voit,bienrarementunhommebien énergique le au nez, à moinsque le nezne soitfortement
•l'iisoitrusé : notreméfianceenversles autres3S recourbé,n'espérezpas découvrirle moindre
iialLdu peu do confianceque nousavonsen ;n caractèrede grandeur.— Leshommesdont
nous.— Lesanciensavaientraisond'appeler er le nez penche extrêmementvers la bouche
lenezhoncslameidum fieiei. Un beau nezneic ne sontjamais ni vraimentbons, nivraiment,
s'associe jamais avec un visagedifforme.O)nn gais, ni grands, ni nobles:leur pensée s'al-
peutêtre laid el avoirde beaux yeux, mais lis tachetoujoursaux chosesde la terre; ilssont
"n nez régulier exige nécessairementune ne réservés,froids, insensibles,peu communi-
heureuseanalogiedes autres traits; aussi ssi catifs, onl ordinairementl'esprit malin; ils
voil-onmillebeaux yeux contre un seulnez ez sont hypocondresou mélancoliques.— Les
parfaiten beauté; et là où il se trouve, il peuplestnrtaresonl généralementle nez plat
!' -apposetoujoursun caractèredistingué: Non on et enfoncé; lesnègresd'Afriquel'ontcamard;
''Uiquamdatumesl haberenusum. — Voici, M, les .luifs, pour la plupart, aquilin; les An-
''aprèsles physionomistes,ce qu'il faut pour
lur glais, cartilagineuxet rarementpointu. S'd"
'aconformation d'un nez parfaitement,beauu : fauten jugerpar les tableauxet les portraits,
; Kllongueurdoit être égale à celle du front; il; lesbeauxnez ne sont pascommunsparmiles
ddoity avoir une légère cavitéauprèsde sa Hollandais.Chezles Italiens,au contraire, ce
racine.Vue par devant, l'épine du nez doitoit trait esl dislinclif.Enfin, il esl absolument
('Irelargeel presqueparallèledesdeuxcôtés,is, caractéristique.pour les hommescélèbre,s-de
PU Y — 39 'i — PU Y i
la France et de la Belgique. —Des joues char- esprit appliqué, de l'exactitude et de la pro- f
nues indiquent l'humidité du tempérament. prêté, mais aussi de la sécheresse de coeur I
Maigres et rêlrécies, elles annoncent la sé- Si elle remonte, en môme temps, aux deux I
cheresse des humeurs. Le chagrin les creuse; extrémités, elle suppose un fond d'affectation i
la rudesse el la hètise leur impriment des et de vanité. Des lèvres rognées inclinent à la I
sillons grossiers; la sagesse, l'expérience et timidité et à l'avarice. —Une lèvre de dessus
la finesse d'esprit les enlrecoupenl de traces qui déborde un peu esl la marque distînetive i
légères et doucement ondulées. — Certains de la bonté ; non qu'on puisse refuser ahso- l
enfoncements, plus ou moins triangulaires, lumenl celte qualité jà la lèvre d'en bas qui f
qui se remarquent quelquefois dans les joues, avance; mais, dans ce cas , on doit s'allen- l
sont le signe infaillible de l'envie ou de la dre plutôt à une froide et sincère bonhomie >
jalousie. Une joue naturellement gracieuse, qu'au sentiment d'une vive tendresse. Une
agitée par un doux tressaillement, qui la relève lèvre inférieure qui se creuse au milieu n'ap-
vers les yeux . esl le garant d'un coeur sen- partient qu'aux esprits enjoués. Regarde/,
sible. Si, sur la joue qui sourit, on voit se attentivement un homme gai dans le moment
former trois lignes parallèles el circulaires, où il va produire, une saillie , le centre de sa
comptez dans ce caractère sur un fond de lèvre ne manquera jamais de se baisser el de
folie. — L'oreille, aussi bien que les autres se creuser un peu. Une bouche bien close, si
parties du corps humain, a sa signification toutefois elle n'est pas affectée et pointue,
déterminée ; elle n'admet pas le moindre dé- annonce le courage; cl dans les occasions où
guisement; elle a ses convenances et une il s'agit d'en l'aire preuve, les personnes môme
analogie particulière avec l'individu auquel qui ont. l'habitude de tenir la bouche ouverte
elle appartient. Quand le bout de l'oreille esl la ferment ordinairement. Une bouche béante
dégagé., c'est un bon augure pour les facultés est. plaintive , une bouche fermée souffre avec
intellectuelles. Les oreilles larges et dépliées patience. — La bouche, dit Le Brun, dans
annoncent l'effronterie , la vanité, la faiblesse sou Traité des passions , est. la partie qui, de
du jugement. — Les oreilles grandes el. grosses tout, le visage, marque lo plus particulière-
marquentun homme simple, grossier, stupide. ment les mouvements du coeur. Lorsqu'il se
Les oreilles petites dénotent la timidité. Les plaint, la bouche s'abaisse par les côtés;
oreilles trop repliées et entourées d'un bour- lorsqu'il est. content, les coins de la bouche
relet mal dessiné n'annoncent rien de bon s'élèvent on haut; lorsqu'il a de l'aversion, la
quant à l'esprit el aux talents. Une oreille bouche se pousse en avant el s'élève par le
moyenne, d'un contour bien arrondi, ni trop milieu. •— Tonte bouche qui a deux fois la
épaisse, ni excessivement mince, ne se trouve largeurdo l'oeil cslla bouche d'un sol; j'entends
guère que chez des personnes spirituelles , la largeur de l'oeil prise do son extrémité vers
judicieuses, sages et distinguées. —La bouche le nez jusqu'au bout, intérieur de son orbite,
est l'interprète de l'esprit el du coeur: elle les deux largeurs mesurées sur le même plan.
réunit, dans son état de repos et dans la — Si la lèvre inférieure, avec les dents, dé-
variété infinie de ses mouvements, un monde passe horizontalement la moitié de la largeur
de caractères. Elle est éloquente jusque dans de la bouche vue de profil, comptez , suivant
son silence. On remarque un parfait rapport l'indication des nutresnuancesde physionomie,
entre les lèvres et le naturel. Qu'elles soient sur un de ces quatre caractères isolés , ou sur
fermes, qu'elles soient molles et mobiles, le tous les quatre réunis, bêtise , rudesse, ava-
caractère est toujours d'une trempe analogue. rice , malignité. De trop grandes lèvres , quoi-
De grosses lèvres bien prononcées et bien que bien proportionnées, annoncent toujours
proportionnées, qui présentent des deux côtés un homme peu délicat, sordide ou sensuel,
la ligne du milieu également bien serpentée quelquefois même un homme stupide ou mé-
et facile à reproduire au dessin, de telles chant,. — Une bouche, pour ainsi dire, sans
lèvres sonl incompatibles avec la bassesse ; lèvres, dont la ligne du milieu esl fortement
elles répugnent aussi à la fausseté el à la tracée, qui se retire vers le haut, aux doux
méchanceté. — La lèvre supérieure caracté- extrémités, el dont la lèvre supérieure, vue
rise le goût. L'orgueil el la colère la courbent; de profil depuis le nez, parait arquée; une
la finesse l'aiguise; la bonté l'arrondit; lei pareille bouche ne se voit guère qu'à des
libertinage l'énervé et, la flétrit. L'usage de le[ avares rusés, actifs, industrieux, froids, durs,
lèvre inférieure est de lui servir de support flatteurs et polis, mais atterrants dans leurs
Une bouche resserrée, dont la fente court eri refus. —Une petite bouche, étroite, sous do
ligne droite, et où le bord des lèvres ne parai t petites narines, et un front.elliptique, esl toa-
pas, est l'indice certain du sang-froid, d'm i jours peureuse, timide à l'excès, d'une vanité
PUY —- 395 -— PHY
nuérile,el s'énonceavec difficulté.S'il se il nfailliblede la stupidité,tandis qu'un cou
jointà collabouchede grandsyeuxsaillants, 1: lien proportionnéesl une recommandation
(roubles, un mentonosseux,oblong,el sur- irrécusablepour la soliditédu caractère.Le
toutsila bouchese tienthabituellement ou- c:oulonget la tête haute sontquelquefoisle
verte,soyezencoreplus sûr de l'imbécillité signé de l'orgueilet de la vanité.Uncourai-
d'unepareilletète. — Lesdents pelitesel. slonnablemenl épaiset un peu courtne s'as-
courtes sontregardées,par les anciensphy- s•ocieguèreà la tèted'unfatoud'unsot.Ceux
sionomistes, commele signed'uneconstitution (pii onl le cou mince,délicatet allongésont
faible.De longuesdentssont,un indicede limidescommele cerf, au sentimentd'Aris-
timidité. Lesdentsblanches,propreset bien Iote; el ceuxqui ontlecou épaisel courtont
rangées, qui,aumomentoùlabouches'ouvre, i:1el'anale ie avec le taureauirrité. Maisles
paraissent s'avancersans déborder,et qui ne ianalogiessont fausses, pour la plupart, dit
semontrentpas toujoursentièrementà dé- Lavalcr, el jetées sur le papier sans que
couvert,annoncentdans l'hommefaitun es- l'espritd'observationles ail dictées. Il y a—
pritdoux el poli, un coeurbon cl honnête. autantde diversitéet de dissemblance entre
Cen'estpasqu'onne puisseavoirun caractère les formesdes mainsqu'il y en a entre les
Irès-eslimable. avecdes dentsgâtées,laides physionomies. Deuxvisagesparfaitementres-
ouinégales;maisce dérangementphysique semblantsn'existentnullepart; demêmevous
provient, la plupartdu temps,de maladieou ne rencontrerezpas , chez deux personnes
dequelquemélanged'imperfection morale.— différentes-, deuxmainsqui se ressemblent.—
Celui quia lesdentsinégalesestenvieux.Les Chaquemain, danssonétat naturel, c'est-à-
dents grosses,largescl fortes,sontla marque direabstractionl'ailedes accidentsextraor-
d'untempéramentfort, el promettentune dinaires,se trouveen parfaileanalogieavec
longuevie, si l'onen croitArislote.— Pour les corps dont elle fait partie. Les os, les
èlroen belleproportion,dit Herder,le men- nerfs, les muscles,le sang et la peau de la
ton ne doit être ni pointu,ni creux, mais mainne sont,que la continuationdesos, des
uni.Unmentonavancéannoncetoujoursquel- nerfs, des muscles,du sang et de la peaudu
quechosede positif,au lieu que la significa- restedu corps. Lemêmesangcirculedansle
tiondumentonreculéest toujoursnégative. coeur, dans la tète el dans la main.—La
Souventle caractèrede l'énergieou de la main contribuedonc, pour sa part, à faire
non-énergie dol'individusomanifesteunique- connaîtrele caractèrede l'individu; elleesl,
mentpar le menton.— 11y a troisprincipales aussibien que les autresmembresdu corps,
sortesde menions: lesmentonsquireculent, un objet de physiognomonie , objet d'autant
ceuxqui, dansle profil,sonlen perpendicu- plussignificatif el d'autantjilus frappantque
laire avecla lèvre inférieure,el ceuxqui la main ne peut pas dissimuler, el que sa
débordent la lèvred'en bas, ou, en d'autres mobilitéla trahit à chaqueinstant. Sa posi-
termes,\psmenionspointus.Le mentonre- tionla plustranquilleindiquenosdispositions
culé,qu'on pourrait,appeler hardimentle naturelles;ses flexions,nos actionset nos
menton féminin,puisqu'onleretrouvepresque passions.Danstousses mouvements, ellesuit
à toutesles personnesde l'autre sexe, fait, l'impulsion quelui donnele restedu corps.—
toujours soupçonnerquelquecôtéfaible.Les Toutle mondesait que des épauleslarges,
mentons dela secondeclasseinspirentla con- qui descendentinsensiblement,et qui ne re-
Ceuxdelatroisièmedénotentun esprit montentpas en pointes,sontun signedosanté
fiance.
actifet délié, pourvu qu'ils ne fassentpas et de force. Des épaulesde traversinfluent
anse,carcelteformeexagéréeconduitordi- ordinairementaussisur la délicatessede la
nairementà la pusillanimitéet à l'avarice. complexion;maisondiraitqu'ellesfavorisent
—Uneforte incisionau milieudu menton la finesseet l'activitéde l'esprit, l'amourde
semble indiquerun hommejudicieux,rassis l'exactitudeetdel'ordre.—Unepoitrinelarge
! etrésolu, à moinsquecetraitnesoitdémenti el carrée, ni trop convexe, ni tropconcave,
; l'ard'autrestraitscontradictoires. Unmenton supposetoujoursdes épaulesbienconstituées,
pointupasseordinairementpour le signede et fournil les mêmes indices.Une poitrine
; laruse.Cependantontrouvecelteformechez plate, et pour ainsi dire creuse , dénotela
lespersonnesles plushonnêtes; laruse n'est faiblessedu tempérament.— Un ventregros
i «'orsqu'unebontéraffinée.—Cetentre-deux et proéminentinclinebien plusà lasensualité
5 l'ela tèteet de la poitrine,qui tientdel'une et à la paresse qu'un ventre plat et rétréci.
i ft de l'autre, est significatifcommetout ce Ondoitattendreplusd'énergieet d'activité,
| quia rapport à l'homme.Nousconnaissons plusde flexibilitéd'esprit et de finesse,d'un
| certainesespècesde goitresqui sontle signe tempéramentsec., que d'un corps surchargé
PII Y — 396 — P A- i
d'embonpoint, 11se trouve cependant, des gens Iligne que forme la bouche de la vache et du f
d'une taille effilée, qui sont excessivement i
boeuf est l'expression de l'insouciance, de la X
lents, et paresseux ; mais alors le caractère de istupidité cl de l'entêtement. Le cerf et l;l \>
leur indolence reparait dans le bas du visage. biche: timidité craintive, agilité, attention P
—- Les gens d'un mérite supérieur ont ordi- douce et paisible innocence — La ressem- s'
nairement, les cuisses maigres... Les pieds blance de l'aigle annonce une force viclo- \
plats s'associent rarement avec le génie...— rieuse. Son oeil élincelaiil a (oui le feu d0 j:
Des ressemblances entre l'homme et les ami- l'éclair. Le vautour a plus de souplesse et en E
maux. — Quoiqu'il n'y ail aucune ressem- même temps quelque chose, de moins noble. !(
blance proprement dite entre l'homme et. les Le hibou esl plus faible, plus timide que le |
animaux, selon la remarque d'Aristole, il vautour. Le perroquet : affectation do force, S:
peut, arriver néanmoins que certains traits du aigreur et babil, etc. Toutes ces sortes de i:
visage humain nous rappellent l'idée de quel- ressemblances varient à l'infini; mais elles S:
que animal. — Porta a été plus loin , puisqu'il sont difficiles à trouver. — Tels sonl les priu- |>
a trouvédanschaque figure humaine la ligure cipes de physiognomonie, d'après Arisfole, l
d'un animal ou d'un oiseau , et, qu'il juge les Albert-le-Grand, Porta, etc.; mais principa-
hommes par le naturel de l'animal dont ils por- lement, d'après L'ivaler, qui a le plus écrit
tent les traits. Le singe, le cheval et l'éléphant sur celle matière, el qui du moins a mis quel- *
sonl lesanimaux qui ressemblent le plus à l'es- quefois un grain de bon sens dans ses essais.— !
pèce humaine, par le contour de leurs profils el 11 parle avec sagesse lorsqu'il traite des mou- j
do leur face. Les plus belles ressemblances vementsdu corps el du visage, des gestes et j
sont, celles du cheval, du lion , du chien , de des parties mobiles, qui expriment, sur la j
l'éléphant et de l'aigle. -— Ceux qui ressem- figure de l'homme, ce qu'il sent intérieure-
blent, au singe sont, habiles, actifs, adroits, ment et. au moment où il le seul. Mais com-
rusés, malins, avares el quelquefois méchants. bien il exlravague aussi lorsqu'il veut décidé-
La ressemblance du cheval donne le courage ment, trouver du génie dans la main! 11juge
et lu noblesse de l'âme —Un front comme les femmes avec une injustice extrême.—Tant
celui de l'éléphant annonce la prudence el que la physiognomonie apprendra à l'homme
l'énergie. Un homme qui, par le nez el le à connaître la dignité de l'être que Dieu lui a
front, ressemblerait au profil du lion , ne serait donné , celte science , quoique en grande
certainement pas un homme ordinaire ( la face partie hasardeuse, méritera pourtant quelques
du lion porte l'empreinte de l'énergie, du éloges, puisqu'elle aura un but. utile el loua-
calme el. de la force); mais il esl. bien rare ble. Mais lorsqu'elle dira qu'une personne
que ce caractère puisse se trouver en plein sur constituée de telle sorte est vicieuse de sa na-
une face humaine. La ressemblance du chien ture; qu'il faut la fuir el s'en délier, etc.:
annonce la fidélité, la droiture el un grand que quoique celle personne présente un ex-
appélil '. Celle du loup, qui en diffère si peu, térieur séduisant et un air plein de boulé el
dénote un homme violent, dur, lâche, féroce, de candeur, il faut toujours l'éviter, parce
passionné, traître et sanguinaire. Celle du que, son naturel est affreux, que son visage
renard indique la petitesse, la faiblesse, la l'annonce et. que le signe en est certain , im-
ruse el la violence.— La ligne qui partage le muable , la physiognomonie sera une science
museau de l'hyène porte le caractère d'une abominable, qui établit, le fatalisme. — On a
dureté inexorable. La ressemblance du tigre vu des gens assez infatués de cette science
annonce une férocité gloutonne. Dans les yeux pour se donner les défauts que leur visage
et le mufle du tigre, quelle expression.de per- portail nécessairement., el devenir vicieux, en
fidie! La ligne que forme la bouche du lynx quelque sorte, parce que la fatalité de leur
el du tigre est l'expression de la cruauté. Le physionomie les y condamnait. ; semblables a
chat : hypocrisie, attention et friandise. Les ceux-là qui abandonnaient la vertu, parce
chais sont des tigres en petit, apprivoisés par que la. fatalité de leur étoile les empêchait
une éducation domestique. — La ressemblance d'être vertueux. Voy. MIMIQUE,KCRITOHES, etc.
de l'ours indique la fureur, le pouvoir de dé- Piaohes , — prêtres idolâtres de la côte de
chirer , une humeur misanthrope. Celle du Cumana en Amérique. Pour être admis dans
sanglier ou du cochon annonce un naturel leur ordre, il faut, passer par une espèce no
lourd , vorace et brutal. Le blaireau esl igno- noviciat qui consiste à errer deux ans dans
ble , méfiant et glouton. Le boeuf est patient, les forêts, où ils persuadent au peuple qu'il3
opiniâtre, pesant., d'un appétit grossier. La reçoivent des instructions de certains esprits
1 Dansla physiognomoniede Porta, PUConressemble qui prennent une forme humaine pour leur
•à\m chiende chasse. enseigner leurs devoirs et les dogmes-dc leur
PiC — 397 PIE
ridissioi).Il*(Psentquele soleilet,la lunesonl le la lofed'un hommemort, et brûlaient.dusuif
lemariet la femme.Pendantles éclipses,les en e son honneur.Ce,démonse faisaitvoiraux
femmes se tirent du sang el s'égralignenlles derniers
d jours des personnagesimportants.Si
l„as, parce qu'ellescroientla luneen que- on o ne l'apaisaitpas , il se présentaitune se-
relieavecson mari. Les piachesdonnentun condefois c ; el., lorsqu'onlui donnaitla peine
lalismanen forme de X commepréservatif de c paraîtreune troisième,on ne pouvait,plus
contrelesfantômes,lisse mêlentde prédire, l'adoucir 1 que par l'effusiondu sang humain.
ciils'esttrouvédes Espagnolsassezcrédules 1LorsquePicollusétait content, on l'entendait,
pourajouterfoià leurs prédictions.Ils disenl rire i dansle temple; car il avait un temple.
queleséchossont les voixdes trépassés. Kc, — oiseaudemauvaisaugure.EnBre-
Picard (MATHMUN) , — directeurd'un cou- ftagne, lestailleurssont les entremetteursdes
ventde Louviers,qui fui accusé d'être sor- imariages; ils se font nommer, dans celle
cier,el d'avoirconduitau sabbat.Madeleine Ifonction,basvanals;cesbasvanals,pourréus-
Bavnn,lourièrede ce couvent.-—Commeil sir : dansleursdemandes,portentun bas rouge
était mort lorsqu'on arrêta Madeleine, et et un bas bleu , el rentrent chez eux-s'ils
qu'onlui fil son procès, où il fut condamné voient,une pie, qu'ils regardent commeun
ainsiqu'elle, son corps fut.délivréà l'exécu- funesteprésageL — M. Berbiguierdit que la
teurdessentencescriminelles,traînésur des pie voleuse, dont,on a fait un mélodrame -,
claiespar les rueset lieuxpublics, puiscon- étaitun farfadet-
duiten la place du Vieux-Marché ; là brûlé Pied. — Les Romainsdistinguésavaient
el lescendresjetées au veut, 1647. dansleur vestibuleun esclavequi avertissait
ï»i"catrix,— médecinou charlatanarabe, les visiteursd'entrer du pied droit. Ontenait
quivivaiten Espagneversle treizièmesiècle. à mauvaisaugure d'entrer du pied gaucho
11se livra de bonne heure à l'astrologie, chezles dieux et chezles grands.—On en-
et se rendit si recommaiidabledans celle trait du pied gauchelorsqu'onétait dans le
scienceque sesécritsdevinrentcélèbrespar- deuil ou dans le chagrin2.
milesamateursdessciencesoccultes.On dit Pierre d'aigle,— ainsinomméeparcequ'on
qu'Agrippa,étantallé en Espagne,eut con- a supposéqu'elle se trouvaitdans les nids
naissancede ses ouvrages, cl prit beaucoup d'aigle.Dioscoridedit que celle pierresert à
d'idéescreuses,notammentdansletraité que découvrirles voleurs; Mallhioleajoute que.
l'icatrixavaitlaisséde la Philosophieocculte. les aiglesvontcherchercettepierrejusqu'aux
Pic de la Mtirandole(JEAN), — l'un des Indes pour faireéclorcplus facilementleurs
hommesles plus célèbrespar la précocitéel petits.C'esllà-dessusqu'on a cru qu'elleac-
l'étenduede sonsavoir,né leVifévrier'1463. céléraitles accouchements. Voyezà leur nom
11avaitune mémoireprodigieuseel un esprit les autres pierres précieuses.Loi/,aussi1U:-
liès-pénélranl.Cependant,un imposteurl'a- GNEll et SAKIIIUT.
busaen lui faisantvoir soixantemanuscrits Pierre du diable.— 11y a dans la vallée
qu'ilassurait avoirété composéspar l'ordre de Schelleneii,en Suisse, des fragmentsde
(l'Esdras,et qui ne contenaientque les plus rocherde beau granit,qu'onappellela pierre
ridiculesrêveriescabalistiques.L'obstination du.diable: dans un démêléqu'il y eut entre
qu'ilmil à les lire,lui fil perdre un temps les gens du pays el le diable, celui-ci l'ap-
plusprécieuxquel'argentqu'ilen avaitdonné portalà pourrenverserun ouvragequ'il avail
et le remplit d'idées chimériquesdont il ne eu, quelquetempsauparavant, la complai-
fut jamais entièrementdésabusé.11 mourut sancede leur construire.
en4.49i.On a recueillide ses ouvrages,des pierre philosophale.—Onregardela pierre
Conclusions philosophiquesde cabaleel de philosophale commeune chimère.Cemépris,
théologie, Rome,Silbert,in-fol.,extrêmement disent,les philosopheshermétiques,esl un ef-
rare; c'esl là le seul méritede ce livre.Car, fetdu juste jugementdeDieu, qui ne permet
do l'aveu mêmede Tiraboschi,on ne peut pas qu'un secret si précieux soit connu des
que gémir, en le parcourant,de voir qu'un méchantsel des ignorants.Celtesciencefait
si beau génie, un espritsi étenduelsi labo- partie de la cabale, et ne s'enseigneque d.e
rieux, se soiloccupéde questionssi frivoles. boucheà bouche.Lesalchimistesdonnentune
Ond'ilqu'il avait un démonfamilier. foulede nomsà la pierrephilosophale: c'est
Sichacha,-—nomcollectifdes espritsfol- la filledu grand secret,le soleilest sonpère;
letschezlesIndiens. la luneest.sa mère, le vent l'a portéedans
Sicollus,— démonrévérépar les anciens ' * Cambry, Voyage danslePinisLève,
t. III,p. 47.
habitantsde la Prusse, qui lui consacraient I i M Sii,„l si.,,.,,
PIE 398 — PIE
son ventre, etc.— Le secret plus ou moins eesprits cabalistiques, ou même, si on l'aim„ |-
chimérique de faire de l'or a été en vogue umieux, le démon barbu , dont- nous parlerons '('
-parmi les Chinois long-temps .avant qu'on — On a dit aussi que saint Jean i;
en eût. les premières notions en Europe. Ils s
avait, l'évangélistj
enseigné le secret défaire de. l'or; et y
parlent clans leurs livres, en termes inagi- e effet, on chantait autrefois , dans quelques I
en
ques, de la semence d'or et de la poudre de céglises, une hymne en son honneur où sn !;
projection. Ils promettent de tirer de leurs I
trouve une allégorie que les alchimistes s'an- j-
creusets, non-seulement de l'or, mais encore ]
pliquent :
un remède spécifique et universel, qui pro- Jnexhauhtumfert thesaurnm j.
cure à ceux qui'le prennent une espèce d'im- de
Qui virgis facit aui-um, \-
mortalité. — Zosime , qui vivait au commen- Gemmas de lapidibus. |
cement du cinquième siècle, est un des D'autres disent que pour faire le grand j
premiers parmi nous qui aient écrit sur l'art de oeuvre, il faul de l'or, du plomb, du fer, de 1;
\
faire de l'or et de l'argent, ou la manière de l'antimoine, du vitriol, du sublimé, de far- I:
fabriquer la pierre philosophale. Cette pierre senic, du tartre, du mercure, de l'eau, de i
est une poudre ou une liqueur formée de di- la terre et de l'air, auxquels on joint un oeuf de '..
vers métaux en fusion sous une constellation coq, du crachat, de l'urine et des excréments !
favorable. — Gibbon remarque que. les an- humains. Aussi un philosophe a dit avec rai- >.;'
ciens ne connaissaient pas l'alchimie. Cepen- son que la pierre philosophale était une sa- '}
dant on voit dans Pline que l'empereur Cali- lade , et qu'il y fallait du sel, de l'huile et du j>
gula entreprit de faire de l'or avec une vinaigre. •— Nous donnerons une plus ample I,
préparation d'arsenic, et qu'il abandonna son idée de la matière cl du raisonnement des j.
projet, parce que les dépenses l'emportaient adeptes, en présentant au lecteur quelques i-'
sur le profil. — Des partisans de cette science passages du traité de chimie philosophique el
prétendent que les Egyptiens en connaissaient hermétique publié à Paris en 472u L — « Au
tous les mystères. — Celle précieuse pierre commencement, dit l'auteur, les sages, ayant
philosophale, qu'on appelle aussi élixir uni- bien considéré, ont reconnu que l'or engen-
versel , eau du soleil, poudre de projection , dre l'or el l'argent, et qu'ils peuvent se mul-
qu'on a tant cherchée , et que sans doute on tiplier en leurs espèces. — Les anciens philo-
n'a jamais pu découvrir ', procurerait à celui sophes , travaillant, par la voie, sèche, oui
qui aurait le bonheur de la posséder des ri- rendu une partie de leur or volatil, et l'ont j
chesses incompréhensibles, une santé toujours réduit en sublimé blanc comme neige el lui-
florissante, une vie exemple de (ouïes sortes sant comme cristal ; ils ont converti l'autre
de maladies, el même , au sentiment de plus partie en sel fixe; el (le la conjonction du vo-
d'un cabalisle, l'immortalité.... U ne trouve- latil avec le fixe, ils onl fait leur élixir. —
rait rien qui pût lui résister, et sérail sur la Les philosophes modernes ont extrait de l'in-
terre le plus glorieux, le plus puissant, le térieur du mercure un esprit igné, minéral,
plus riche et le plus heureux des mortels ; il végétal el multiplicatif, dans la concavité hu-
convertirait à son gré tout en or, et jouirait mide duquel est. caché le mercure primitif on
de tous les agréments. L'empereur Rodolphe quintessence universelle. Par le moyen de cet
n'avait rien plus à coeur que cette inutile re- esprit, ils ont attiré la semence spirituelle
cherche. Le roi d'Espagne Philippe II em- contenue en l'or; et par celte voie, qu'ils ont
ploya , dil-on, de grandes sommes à faire appelée voie humide, leur soufre et leur nier-
travailler les chimistes aux conversions des cure ont été faits : c'est le mercure des phi-
métaux. Tous ceux qui ont marché sur leurs losophes, qui n'est pas solide comme le mé-
traces n'ont pas eu plus de succès. — Quel- tal, ni mou comme le vil-argent, mais entre
ques-uns donnent celte recette comme le vé- les deux. — Ils onl tenu long-temps ce secret
ritable secret de faire l'oeuvre hermétique : caché, parce que c'est le commencement, le
Mettez dans une fiole de verre fort, au feu milieu el la fin de l'oeuvre : nous Talions dé-
de sable, de l'élixir d'aristée, avec du baume couvrir pour le bien de tous. — Il faut donc,
de mercure et une pareille pesanteur du plus pour faire l'oeuvre : 1 ° purger le mercure avec
pur or de vie ou précipité d'or, el la calcina- du sel et du vinaigre (salade); 2° le sublimer
tion qui restera au fond de la fiole se multi- avec du vitriol et du salpêtre ; 3° le dissoudre
pliera cent mille fois. — Que si l'on ne sail dans l'eau-forte; 4° le sublimer derechef ;
comment se procurer de l'élixir d'aristée et 5° le calciner el le fixer ; 6° en dissoudre ù»e
du baume de mercure, on peut implorer lesI 1 Traité de chimie philosophiqueet hermétique,en-
richi (les opérations les plus curieuses de l'art, su"-
1 Voyezpourtant lïay-.-olid Lullc, — quant, à ce qui nom d'auteur. Paris, 1725,in-12, avec approbationsi-
concerne l'or. gnéeAutlry, docteur on médecine, et priYiléfe'c du roi.
PIE — ;;<)9 PIE
partiepar défaillanceà la cave, où il se ré- positionel.putréfaction desobjetsdont,onveut
soudraen liqueurou huile(salade);7° dislil- tirer l'or. La poudreblanche,qui transmue
!(,,-cetteliqueurpour en séparerl'eau spiri- les métauxblancsen argentfin.L'élixirau
tuelle,l'air el le feu; 8° mettrede ce corps rouge, avec lequelonfaitde l'orelon guéiit
mercuriel calcinéet fixédansl'eau spirituelle touteslesplaies.L'élixirau blanc,aveclequel
ouespritliquidemercurieldislillé;9"lespu- on fait de l'argentet onse procureune vie
tréfierensemblejusqu'à la noirceur;puisil extrêmement longue;onl'appelleaussila fille
s'élèvera en superficiede l'esprit un soufre blanchedes philosophes. Toutesces variétés
blancnon odorant, qui est aussi appelésel de la pierrephilosophale végètentet se mul-
(irmuniac; i 0°dissoudreceselarmoniacdans tiplient.... » — Le reste du livreest sur le
l'espritmercurielliquide, puis le distiller mêmeIon.11contienttouslessecretsde l'al-
jusqu'àce que tout passeen liqueur,et alors chimie. Voy.lÎAujiiîU Ei.mii DK
NivF.iisiîi.,
ferafaitle vinaigredessages; -1-1° cela pa- VIE,OnPOTABLE , etc. — Lesadeptespréten-
rachevé,il faudrapasserde l'orà l'anliuioine dent que Dieuenseignal'alchimieà Adam,
partroisfois, et aprèsle réduire,en chaux; qui en apprit le secret à Enoch, duquel il
12°mettrecettechauxd'ordanséevinaigre descenditpardegrésà Abraham,à Moïse,à
très-aigre,les laisserputréfier;et, en su- Job, qui multipliases biensau septuplepar
perficie du vinaigre, il s'élèveraune terre le moyendé la pierrephilosophale,à Para-
fouilléede la couleurdes perlesorientales. celse, et surtoutà NicolasElamcl.Ils citent
ilfautsubli'ier de nouveaujusqu'à ce que avecrespectdes livresde philosophie hermé-
celleterresoit très-pure : alorsvous aurez tiquequ'ilsattribuentà Marie,soeurde Moïse,
faitla premièreopérationdu grandoeuvre.— à HerniesTrismégiste , à Démocrite , à Aris-
Pourle secondtravail, prenez,au nomde tote, à saint Thomasd'Aquin, etc.La boîte
Dieu,une pari de celle chauxd'or el deux de Pandore,la toisond'or de .lason, lecail-
partsde l'eau spirituellechargée de son sel loude Sisyphe,la cuissed'orde Pythagore,
armoniac; niellezcettenobleconfection dans ne sont, scioneux, quele grandoeuvre1.Ils
unvasede cristalde la formed'un oeuf; trouventtousleursmystèresdansla Genèse,
scellezletoutdu sceaud'Hermès;entretenez dans l'Apocalypse surtout, dont,ils font un
unfeudouxel continuel; l'eauignéedissou- poèmeà la louangede l'alchimie;dansl'Odi/S-
drapeuà peu la chaux d'or; il se formera sée,danslesMétamorphoses d'Ovide.Lesdra-
uneliqueurqui esl l'eau des sages cl leur gons(juiveillent,les taureauxqui soufflent
vraichaos,contenantles qualitésélémentai- du l'eu, sonldesemblèmesdes travauxlier—
res,chaud,sec, froidel humide.Laissezpu- incliqiios.Gobineaude Monlluisant,gentil-
tréfiercette compositionjusqu'à ce qu'elle hommecharlrain, a mêmedonnéuneexpli-
devienne noire: cettenoirceur,qui esl appe- cationextravagantedes figuresbizarresqui
léela tètedecorbeauel le saturnedessages, ornentla façadede Noire-Damede Paris; il
faitconnaîtreà l'artistequ'il est.en bonche- y voyaitune histoirecomplètede la pierre
min.—Maispourotercettenoirceurpuante, philosophale.Le Père éternel étendantles
(|n'onappelleaussi terre noire, il fautfaire bras, el tenantun angedans chacunede ses
bouillirde nouveau,jusqu'à ce que:le vase mains, annonceassez,dit-il, la perfectionde
nsprésenteplus qu'une substanceblanche l'oeuvreachevé.-—D'autresassurentqu'onne
comme la neige. Ce degréde l'oeuvres'ap- peut posséderle grandsecretque par le se-
pellele cygne.11faut,enfinfixerpar le l'eu coursde la magie;ilsnommentdémonbarbu
» celleliqueurblanchequi se calcineet se di- le démonqui se chargede l'enseigner;c'esl,
: viseen deux paris, l'uneblanchepour l'ar- disent-ils,un très-vieuxdémon.On trouve
gent,l'autrerougepourl'or : alorsvousaurez à l'appui de cetteopinion, dans plusieursli-
accompli les travaux, et vous posséderezla vres de conjurationsmagiques,desformules
pierre
philosophale. — Danslesdiversesopé- quiévoquentlesdémonshermétiques.Cédré-
,!j rations, on peuttirerdiversproduits:d'ab ;rd nns, qui donnaitclanscelte croyance,ra-
| h lionvert, qui est un liquideépais,qu'on contequ'un alchimiste présentaà l'empereur
nomme aussil'azot, el qui faitsortirl'or ca- Anastase,commel'ouvragede son art, un
; ("édanslesmatièresignobles.Lelionrouge, frein d'or et de pierreriespour son cheval.
';. ll'iiconvertitles métaux en or; c'est une L'empereuracceptale présentet fit mettre
i poudred'un rouge vif.La tête de corbeau, l'alchimistedans une prisonoù il mourut;
'. ™eencorela voilenoiredu navirede Thésée, aprèsquoile freindevintnoir,el onreconnut
- ™pôtnoir qui précèdele lion vert, et dont que l'or desalchimistes n'étaitqu'unprestige
T ln<Happarition , au boutde quarantejours,pro-
| le succèsde l'oeuvre; il sert à la decom- 1Nni.dé , Apologie
po-.rlesgrands etc.
personnages,
PIM — /j(M)
« — 'i'1'iî u
du diable. Beaucoup d'anecdotes prouvent 1lyn (dans ses Numismala) il chercha à rem iï
que ce n'est qu'une friponnerie ordinaire. — plir ses coffres avec le secours de l'alchimie m
Un rose-croix, passant à Sedan, donna à -L'enregistrement de ce singulier projet cou- i
Henri Ier, prince de Bouillon, le secret de lient les protestations les plus solennelles 01 1 '
l'aire de l'or, qui consistait à faire fondre dans les plus sérieuses de l'existence el des vertus B '
un creuset un grain d'une poudre rouge qu'il de la pierre philosophale, avec des encouru- 1
lui remit, avec quelques onces de litharge. gements à ceux qui s'en occuperont. H annule i
-Le prince fit l'opération devant le charlatan, el condamne toutes les prohibitions anlériei:- la-
et, tira trois onces d'or pour trois grains de res; Aussitôt que celle patente royale lut pu- m.
cette poudre. ; il fut. encore plus ravi qu'étonné; bhée, il y eut tant. de. gens qui s'engagèrent à mj.
•et l'adepte, pour achever de le séduire, lui faire de l'or, selon l'attente du roi, que l'an- J»
lit présent de toute sa poudre transmutante. née suivante Henri YI publia un autre édi: j| ;
-— 11 y e!1 avait trois cent mille grains. Le dans lequel il annonçait que l'heure était pu,. fj i
prince crut posséder trois cent mille onces che où , par le moyen de la pierre philoso- |
d'or. Le philosophe était pressé de partir ; il phale, il allait payer les dettes de l'étal en or iij >
allaita Venise tenir la grande assemblée des et en argent, monnayés. — Charles H d'An- |
philosophes hermétiques; il ne lui reslail plus glelerre s'occupait aussi de l'alchimie. Les %
rien,.mais il ne demandait que'vingt mille personnes qu'il choisit pour opérer le grand î
écus; le duc de Bouil'on les lui donna el le oeuvre formaient un assemblage aussi singu- |
renvoya avec honneur. — Comme en arrivant lier que leur patente était ridicule. C'était une m
à Sedan le charlatan avait fait acheter tonte réunion d'épiciers, de merciers el de mai- '
la litharge qui se trouvait, chez les apothicai- chnnds de poisson. Leur patente fui accordée 18
res de cette, ville el l'avait fait revendre en- aulhoritate parlamenli. — Les alchimistes m
suite chargée de quelques onces d'or, quand étaient, appelés autrefois multiplicateurs: on la
cette litharge fut. épuisée, le prince ne fil plus le voit par un statut de Henri IY d'Angleterre, I
d'or, ne vit plus le rose-croix et en lui pour qui ne croyait pas à l'alchimie. Ce statut se ?'
ses vingt, mille écus. — Jérémie Médérus, cité trouve rapporté dans la patente de Charles 11. §
purDehio ', raconte un tour absolu nient sem- Comme il est fort court, nous le citerons : — fj
blable qu'un autre adepte joua au marquis « Nul dorénavant ne s'avisera de multiplier |
Ernest de Bade. Tous les souverains s'occu- l'or et l'argent,, ou d'employer la supercherie -
paient autrefois de la pierre philosophale; la delà multiplication, sous peine d'être traité vi
fameuse Elisabeth la chercha long-temps. el puni comme félon. » — On lit. dans les t'u \
Jean Gauthier, baron de Plumerolles, se van- riosités de la littérature, ouvrage traduit de i
tait de savoir faire de l'or; Charles IX, trom- l'anglais par Th. Berlin , qu'une princesse de
pé par ses promesses, lui fit donner cent vingt la Grande-Bretagne, éprise de l'alchimie, lit
initie livres , et l'adopte se mil à l'ouvrage. la rencontre d'un homme qui prétendait avoir
Mais après avoir travaillé huit jours, il se la puissance de changer le plomb en or. 11ne
sauva avec l'argent "du monarque. On courut : demandait que les matériaux et le temps né- |
à sa .poursuite , on l'attrapa , el il fut pendu : cessaires pour exécuter la conversion. 11fol g
mauvaise fin , même pour un alchimiste. -— emmené à la campagne de sa protectrice, (à |
En 4 6-16, la reine Marie de Médicis donna ài l'on construisit un vaste laboratoire; el afin §
Guy de Crûsembourg vingt, mille écus pour qu'il ne fùl pas troublé on défendit que per- |
travailler dans la Bastille ù faire de l'or. 11 1 sonne n'y entrât. Il avail imaginé de l'aire {
s'évada au bout de trois mois avec les vingt l tourner sa porte sur un pivot, et recevait a Î
mille écus, et ne reparut plus en France. — manger sans voir, sans être vu , sans que rien j
Le pape Léon X fui moins dupe. Un homme3 pût le distraire. :— Pendant deux ans il ne ;
qui se vantail de posséder le secret de laj condescendit à parler à qui que ce lui, pas i
pierre philosophale, demandait à Léon X unee même à la princesse. Lorsqu'elle fut inlro-
récompense. Le protecteur des arts le pria dee duite enfin dans son laboratoire, elle vil des
.revenir le lendemain; et il lui lit donner una alambics, des chaudières, de longs tuyaux,
grand sac, en lui disant que puisqu'il savait i, des forges, des fourneaux , et trois ou quatre
faire de l'or il lui offrait de quoi le contenir *.:. feux d'enfer allumés; elle ne contempla P',s
— Le roi d'Angleterre Henri VI fut réduit à avec moins de vénération la figure enfumée
un tel degré de besoin . qu'au rapport d'Eve- de l'alchimiste, pâle, décharné, affaibli par
ses veilles, .qui lui révéla, dans un jargon
1 Disquisit. mag-, lîb. 1, cap. 5, quEest.3. les succès obtenus ; elle vil eu
v-Le comte d'Oxenstiem at-.ribuece trait au pape inintelligible,
Urbain YilT, à qui un adepte dédiait un traité d'al- >0_ crut voir des monceaux d'or encore imparfait
chimie. Pensées, t.l>>-,p. 172. répandus dans le laboratoire. -— Cepeadan-
PIE — uOl — PIE
demandait souvent un nouvel r turc '. — C'eslce quesurtout,le galvanisme
l'alchimiste de char- a nènera.
alambic,el des quantitésénormes
bon.l'a princesse,malgréson zèle,voyant Pierre desanté. — AGenèveetenSavoie,
qu'elleavait dépenséune grandepartie de c i appelleainsiune espècede pyrite iiiar-
sa fortuneà fourniraux besoins du philoso- ( àle très-dureet susceptibled'un beau poli;
plie,commença à réglerl'essordesonimagi- ( n taille ces pyrites en facettescommelé.
nationsur les conseilsdela sagesse.Elle,dé-: ( istal, et l'onen faitdes bagues, des bou-
couvritsa façon de penser au physicien ( les et d'autresornements.Sa Couleuresl à
celui-ciavouaqu'ilétaitsurprisdela lenteur ^eu près lamêmequecelledel'acierpoli.On
de,ses progrès;maisil allaitredoublerd'ef- ] îi donnele nomde pierrede santé, d'après
foïls'elhasarderune opérationde laquelle, ] i préjugéoù l'onèsl.qu'ellepâliilorsquela
jusqu'alors,il avait cru pouvoirse.passer. ; anléde la personnequi la porte est sur le
|,a protectricese retira; les visions dorées oint,de s'altérer.

reprirentleur premier empire. Unsuivi jour Pierre d'Apone,-—philosophe,astrologue
qu'elleélail à dîner, un cri affreux, ilmédecin, né dansle villaged'Abanooii
d'uneexplosionsemblableà celled'un coup ipono- prèsde Padoue, en <12a0. C'étaitle
decanon,se fil entendre;ellese renditavec dushabilemagiciende son temps,disentles
sesgensauprèsduchimiste.Ontrouvadeux lémonomanes ; il s'acquitla connaissance dès
largesretoriesbrisées,une grandepartiedu ieptaris libéraux,par le moyende sept ès-
laboratoire en flammes,et le physiciengrillé irils familiersqu'il tenaitenfermésdansdès

depuisles piedsjusqu'àla tète. ElieAsh- )onteillcsou dansdesboîlesdecristal.11avait
moleécrit, dans sa Quotidiennedu .13mai le plusl'industriede faire revenirdanssa
Itiaii: « MonpèreBaekhouse(astrologue qui )onrse(ouil'argentqu'il avaitdépensé.— Il
l'avaitadoptépoursonfils,méthodepratiquée Tut.poursuivicommehérétiqueel magicien;
par les gens de celte espèce),étant malade si s'ileùlvécujusqu'àla findu procès,il y a
dansEleel-slreel,près de l'église,de Sainl- beaucoupd'apparencequ'il eût été brûléVi-
Dunstan,et se trouvant,sur lesonzeheures vant, commeil lefuten effigieaprèssa mort.
dusoir, à l'articlede la mort, me révélale Il mourutà l'âgede soixante-sixans.—Cet
secretde la pierrephilosophale , et.melelé- hommeavait, dit-on, une telle antipathie
guauninstantavantd'expirer.«Nousappre- pour le lait, qu'il n'en pouvaitsentirle goût
nonspar là qu'unmalheureuxqui connaissait ni l'odeur.ThomazoGarsonidit, entréautres
l'art de faire de l'or vivait cependantde contesmerveilleuxsur Pierred'Âpone,que,
charités, etqu'Ashmole croyaitfermement être n'ayantpointdepuitsdanssa maison,ilcom-
enpossession d'unepareillerecette.— Àsh- mandaau diablede porterdanslaruele puits
molea néanmoins élevéunmonument curieux de sonvoisin, parcequ'il refusail de l'eau à
(lessavantesfoliesde son siècle, dans son sa servante.Malheureusement pourcesbelles
Thcutrum chimicumbrilannicum,vol.in-4" histoires,il paraîtprouvéque Pierred'Aponé
danslequelil a réunilestraitésdes alchimis- était unesorte d'espritforlquine croyaitpas
lesanglais.Cerecueilprésentediverséchan- aux démons.—Les amateursdo livressu-
tillonsdes mystèresde la secte des Rose- perstitieuxrecherchentsa Géoinahcie s. Mais
Croix , et Ashmoleracontedesanecdoles dont ne lui attribuonspas un petitlivrequ'onmet
le merveilleuxsurpassetoutesles chimères sur soncompteel dontvoiciletitre: IcsOKu-
(lesinventionsarabes.11dit dela pierrephi- vres magiquesde Henri-Corneille Agrippa,
losophalequ'il en sait assez pour so taire, par Pierre d'Aban, latin et français,.avec
ettpi'iln'en'saitpas assezpouren parler.— dessecretsoceuhes,in-24,réimpriméà Liège',
ha chimiemodernen'est pourtantpas sans 178S.— Oh dit dansce livre que'Pierred'A-
avoirl'espérance,pour ne pas dire la certi- ban était discipled'Agrippa.La partieprin-
tude,dé voir un jour vérifiésles rêvesdorés cipaleest intitulée: Èeptaméron,ouïes Elé-
desalchimistes. Lé docteurGirtahrierde Gbt- mentsmagiques.Ohy trouvelessûrsmoyens
\ linguea dernièrement hasardécelteprophétie d'évoquerlesespritseldefairevenirlediable.
j !ine,dansle dix-riêuviôme siècle,la trans- Pour cela il fautfairetroiscerclesl'un dans
mutation desmétauxsera généralement con- l'àûtrc,,dontle plusgrand ail neufpiedsde
[ "l|e; quechaquechimistesaura fairede l'or; 1 Philosophiemagique, vol.(i,p.383
(ineles instrumentsde.cuisineserontd'oret 2 d'Acne,aujourd'hui
dargent,ce qui contribuerabeaucoupà pro- uneII y a, dansle village la aux
Abano,
| fontainequi p a
rétait utrefois parole muets,
longer l a se trouve aujourd'hui com- etquidonnait à ceuxquiy buvaient d
letalent edirela
|t promise les vie, qui bonneaventure. Yoye?.leseptième chantdelaPhar-
de
par oxydes cuivre, de fer et salede'Lueain.
j ('eplombque nousavalonsavecnotrenour- 3 Gcomantia, in-S".
Yenise, 1510.
26
PIE — /i()2 — Pi 15 g
circonférence, el se tenir dans le plus petit, roilra l'o.-pril en belle lorme qui dira : « Or- ."
où l'on écrit les noms des anges qui président donnez et demandez, me voici prêt à vous I
à l'heure, au jour, au mois, à la saison, etc. obéir en lotîtes choses. » Vouslui demanderez l*
Yoici les anges qui président aux heures ; ce que vous voudrez, il vous satisfera ; el k
notez que les heures sont indiquées ici dans après que vous n'aurez plus besoin de lui |;
la langue infernale : Yayn ou première heure, vous le renverrez en disant : « Allez en paix |;'
l'ange Micha'él; lanor ou deuxième heure, chez vous, el soyez prêt à venir quand je f
Anaël; Nasniâ ou troisième heure, Raphaël; vous appellerai. » —Voilà ce que présentent t
Salla ou quatrième heure, Gabriel; Sadedali de plus curieux les OEuvres magiques. El lG i!
ou cinquième heure, Cassiel; Thamus ou lecteur quj s'y fiera sera du moins mystifié. I
sixième heure, Sachiel; Ourer ou septième VoyezSECRETS OCCULTES , elc. • i;
heure, Samaël ; Thanir ou huitième heure, BJerre-le-Brabançon, — charlatan né dans t
Araël ; Néron ou neuvième heure, Cambiel ; les Pays-Bas. M. Salgues i rapporte de lui le i
Jaya ou dixième heure, Uriel ; Abaï ou on- fait suivant : étant devenu épris d'une Pari- i
zième heure, Azaël; Nalalon ou douzième sienne, riche héritière, le Brabançon contrefit l
heure, Sambaël. — Les anges du printemps, aussitôt,la voix du pèredéfunt, et lui fit pousser I
cabalistiquement nommé,Talvi, sont Spugli- du fond do sa tombe de longs gémissements; j
guel, Caracasa , Commissoros et Amotiel ; le il se plaignit des maux qu'il endurail au pur- ]
nom de la terre est alors Amadaï, le nom du gatoire, et reprocha à sa femmele refus qu'elle
soleil Abraïm, celui de la lune Agnsila. — faisait de donner sa filleà un si galant homme.
Les anges de l'été, nommé Gasmaran , sont La femme effrayée n'hésita plus; le Brabançon
Tubiel, Gargaliel, Tariel et Gaviel. La terre obtint la main de la demoiselle, mangea la
s'appelle alors Fe-stativi, le soleil Albémaï et dot, s'évada de Paris et courut se réfugier à
la lune Armalas. — Les anges do l'automne , Lyon. Un gros financier venait d'y mourir, et
qui se nommera Ardaraël, sonl Torquaret, son fils se trouvait possesseur d'une fortune
Tarquam el Guabarel. La terre s'appelle l\a- Le Brabançon va le trouver, lie con-
opulente.
himara, lesoleil Abragini, la lunoMalafignaïs. naissance avec lui, et le mène dans un lieu
•—Losanges de l'hiver, appelé Eallas, sont. couvert el silencieux ; là', il fait entendre la
Allarib, Amabaël, Crarari. La terre se nomme voix plaintive du père , qui se reproche les
Gérenia , le soleil Commutai el la lune Afl'a- malversationsqu'ila commisesdans ce monde,
térim. Pour les anges des mois el des jours, et conjure son filsde les expier par des prières
voy. Mois et .louas. —Après avoir écrit les et des aumônes; il l'exhorte, d'un ton pres-
noms dans le cercle, niellez les parfums dans sant el pathétique, à donner six mille francs
un vase de terre neuf, et.dites : « le t'exor- au Brabançon pour racheter des captifs. l,e
cise, parfum, pour que tout fantôme nuisible filshésite et remet l'affaire au lendemain. Mais
s'éloigne, de moi. » Ayez une feuille de par- le lendemain la même voix se l'ait,entendre,
chemin vierge sur laquelle vous écrirez des et.le père déclare nettement à son fils qu'il
croix; puis appelez, des quatre coins du sera damné lui-même s'il tarde davantage à
monde, les anges qui président à l'air, les donner les six mille francs à ce brave homme,
sommant de vous aider sur-le-champ, èl dites : que le ciel lui a envoyé. Le jeune traitant ne
« Nous t'exorcisons par la mer flottante et se le lit pas dire trois fois; il compta les six
transparente , par les quatre divins animaux mille francs au ventriloque, qui-alla boire cl
qui vont et viennent devant le trône de la di- rire à ses dépens.
vine Majesté; nous l'exorcisons; et si lu ne
devant ce nous PierreXabourant, — nom que des sorciers
parais aussitôt, ici, cercle, pour
obéir en toutes choses, nous te maudissons el donnèrent au diable du sabbat. Jeanne Gari-
te privons de tout office, bien el joie ; nous le, baut, sorcière, déclara que Pierre-Labourant
condamnons à brûler sans aucun relâche dans; porte une chaîne de fer qu'il ronge continuel-
l'élang de feu et de soufre, etc. » — Cela dit lement, qu'il habite une chambre enflammée
on verra plusieurs fantômes qui rempliron [ où se trouvent des chaudières dans lesquelles
l'air de clameurs. On ne s'en épouvanter; , on fait cuire des personnes pendant que d'au-
etc.
point, et on aura soin surtout de ne pas sortii tres rôtissent sur de larges chenets ,
du cercle. On apercevra des spectres qui pa- S>ierre-le-Vénérable,— abbé de Chili/,
raîtront menaçants et armés de flèches; mai;; mort en 11iitî. Il a laissé un livre de miracles
ils n'auront pas puissance de nuire. On soui- qui contient plusieurs légendes où le diable
llera ensuite vers les quatre parties du mondi3 ne joue pas le beau rôle.
et on dira : « Pourquoi tardez-vous ? sou
mettez-vous à votre maître. » — Alors pa 1 Deserreurset despréjugés,t I,!',p. 315.
P1L — 40 3 — PIS
Pierres d'anathèraes.—Nonloinde Patras, et C il élail défendu, sous de fortespeines, d'y
vis des tas de pierres au milieu d'un champ, i jeter. — La mômetradition se rattache
rien
je ; lac de Pilate, vo:sinde Vienne en Dau-
au
j'apprisque c'était ce que lesGrecs appellent
pierresd'analbèmes,espôcesdetrophéesqu'ils phin ] é.
élèventà la barbarie de leurs oppresseurs. S'illal-'karras, — exorcistes ou devins du
]îndévouantleur tyran aux génies infernaux, ]Malabar, aux conjurationsdesquels les pê-
j|j le maudissent « dans ses ancêtres, dans cheurs , de perles ont recours, pour se mettre
sonâme el dans ses enfants; » car tel esl le à( l'abri des attaques du requinlorsqu'ilsplon-
formulairede leurs imprécations; ils se rcn- ,gent dans la mer. Ces conjuraleurs.se lien—
dent dans le champ qu'ils veulent vouer à lient sur la côte, marmottentcontinuellement
l'analhème,et.chacun jette sur le mêmecoin des prières et font millecontorsionsbizarres.
deterre la pierre de.réprobation.Lespassants Pinet. —Pic de la Mirandoleparle d'un
ne manquant pas dans la suite d'y joindre sorcier nommé Pinel, lequel eut. commerce
leursuffrage, il s'élève bientôt dans le lieu trente ans avec le démonFiorina '.
vouéà la malédictionun tas de pierres assez — sorcière qui sert d'é-
semblables aux monceaux de cailloux qu'on PJpi (MARIE),
au sabbat; elle verse à boire dans le-
rencontresur le bord de nos grandesroutes ; chanson
cequi du reste nettoiele champ '. repas, non-seulementau roi de l'enfer, mais
— encore à ses officierset à ses disciples, qui
Pigeons. C'est une opinion accréditée sont les sorciers et magiciens2.
dansle peuple que le pigeon point n'a de fiel.
l'analomie liqueur. —A Marsanne, village du Dau-
Cependant Aristote et de nos jours
oui prouvé qu'il en avait un, sans compter phhié, près de Monlélimarl, on entend toutes
la fiente, d e cet oiseau contient un sel in- les nuits, vers les onze heures un bruit sin-
que, le pi-
flammablequi ne peut exister sans le fiel. — gulier, que les gens du pays appellent
Oncouleque le crâne d'un hommecachédans queur : il semble, en effet, que l'on donne
plusieurs coups sousterre 3. — M.Berbiguier,
un colombiery attire tous les pigeons des
environs. dans son tome III des Farfadets, nousapprend
qu'en IS^'I les piqueurs qui piquaient les

Pij, nom que les Siamois donnent aux femmes dans les rues de Paris n'étaient ni
lieuxoù les âmes des coupablessont punies; des filousni des méchants, mais des farfadets
ellesy doivent renaître,avant de revenir en ou démons. .Tétais plus savant, dit-il, que
cemonde. le vulgaire , qui ignore que les farfadets ne
Pilapiens, —peuplesqui habitentune pres- font le mal que par plaisir.
qu'îlesur les bords de la mer Glaciale, el qui Piripiris, — talismans en usage chez cer-
boivent,mangentet conversentfamilièrement tains Indiens du Pérou. Ils sont composésde
avecles ombres. On allait autrefoisles con- diverses plantes; ils doivent faire réussir la
* sulter.Leloyerrapporteque quand un étranger assurer les moissons, amener de la
de son il chasse,
i, voulaitsavoir des nouvelles pays, pluie, provoquer des inondations, el défaire
s'adressailà un Pilapien,qui tombaitaussitôt des armées ennemies.
' enextase, et invoquait le diable, lequel lui
ï»ison. — Après la mort de Germanicus,le
', révélait l es choses cachées. bruit courut qu'il avait été empoisonnépar
Pilate ( MONT —
), montagnede Suisse, au les maléficesde Pison.Onfondaitles soupçons
;; sommetde laquelle est un lac ou élang cé- sur les indicessuivants : on trouva dans la de-
lèbredans les légendes. On disait que Pilate meuredeGermanicusdesossementsde morts,
s'y était jeté, que les diables y paraissaient des charmes et des imprécationscontre les
« souvent,que Pilate, en robe déjuge, s'y fai- parois des murs, le nomde Germanicusgravé
* sait voir tous les ans une fois, et que celui sur des lames de plomb,des cendres souillées
l quiavaitle malheur d'avoircette visionmou- de sang, et plusieurs autres maléficespar,les-
! fait dans l'année. De plus, il passait pour quels on croit que les hommessont dévoués
ï certainque , quand on lançait quelque chose! aux dieux infernaux/i.
j dans ce lac, cette imprudence excitait des' Pistole volante. •—Quoique les sorciersde
; 'empotes terribles qui causaient de grands aient toujoursvécudans la misèreV;.,
ravages dans le en sorte que, même au profession
pays,
| seizièmesiècle, on ne pouvait monter sur' 1 Lele-5'er,
Hist.desspectresou apparitions cleS:es-
'- .
1 cetlémontagne, ni aller voir ce lac, sans.une3 prits, HV.III,p. 215.
2 Delancre,
Tableaudel'inconstance desdémons,etc.,
; Permission du de
expresse magistral Lucerne,? liv.II. p. 143.
i 3 Bibliothèquede société,t, lîf.
\ 1 M.Mtmgeavt, Souvenirs dela Morec,1830. « Tacite.
PLO — /it)/i — PLU
on prétendait qu'ils avaient cent moyens d'ô- sson corps n'exhalait aucune mauvaise odeur, i-
viler l'indigence el le besoin. On cite entre < qu'il était entier et comme vivant, à l'excenl '*
autres laPistole volante, qui, lorsqu'elle était lion I du nez qui paraissait flétri ; que ses che- i'
enchantée par certains charmes et paroles veux et sa barbe avaient poussé, el qu'à ]., j:
magiques, revenait toujours dans la poche de place de ses ongles, qui étaient lombes, il |U{ 1'
celui qui l'employait, au grand profit des ma- en était venu de nouveaux ; que sous la pre. |
giciens qui achetaient, et au grand détriment iiiièrepeau, qui paraissait, comme morte et }.i
des bonnes gens qui vendaient ainsi en pure blanchâtre, il en croissait une nouvelle, saine <-•
perle. T'oy. AGRIPPA,FAUST,PASÉTÈS , etc. elde couleur naturelle. Ils remarquèrent aussi i«
Pivert. —Nos anciens, dil le Petit Albert, dans sa bouche du sang tout frais, que le vain- i;:
assurent que le pivert, est un souverain re- pire avait certainement, sucé aux gens qu'il j
mède contre le sortilège de l'aiguillette nouée, avait fait mourir. On envoya chercher un pieu }'.
si on le mange rôti à jeun avec du sel bénit. pointu , qu'on lui enfonça dans la poitrine, [r
d'où il sortit de sang frais et vermeil, !
Planètes. — 11 y a maintenant douze pla- de même quantitéle nez et par la bouche. \-
:
nètes le Soleil, Mercure que par
, Vénus, la Terre, Ensuile les paysans mirent le corps sur un L
Mars, Ycsla , .Junon, Cérès, Pallas, Jupiter, bûcher, le réduisirent en cendres 1 ; el il ne f
Saturne et Oranus. — Les anciens n'en con- suça plus.
naissaient que sept, en comptant la Lune, qui |i
n'est qu'un satellite de la Terre ; ainsi les nou- Pluies merveilleuses, -- Le peuple met les ;
velles découvertes détruisent tout le système pluies de crapauds elde grenouilles au nombre !-
"del'astrologie judiciaire. Les vieilles planètes des phénomènes de mauvais augure ; el il n'y \.
sonl: le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, a pas encore long-temps qu'on les attribuait i
aux
Mars, Jupiter et Saturne. — Chaque planète tant maléfices des sorciers. Elles ne sonl pour- !
difficilesà concevoir : les grenouilles \
"gouverne un certain nombre d'années. Les et lespas
années, où Mercure préside sonl bonnes au crapauds déposent leur frai en grande, j
commerce, etc.; la connaissance de cette quantité dans les eaux marécageuses. Si ce j
frai vient à être enlevé avec les vapeurs que
partie de l'astrologie judiciaire, s'appelle Al- la (erre
fridarie. exhale, et qu'il res'.e long-temps ex-
posé aux rayons du soleil, il en naît ces rep-
Platon, —célèbre philosophe grec, né l'an tiles que nous voyons tomber avec la pluie.
430 avant .lésus-Chrisl. On lui attribue un — Les pluies de feu ne sont autre chose que
livre de nécromancie. 11 y a vingt-cinq ans la succession très-rapide des éclairs el des
qu'on a publié de lui une prophétie contre les coups de tonnerre dans un temps orageux.
francs-maçons; des doctes l'ont expliquée .— Des savants ont avancé que les pluies de
comme celles de Noslradamus. pierres nous venaient de la lune; el celte opi-
Plats. — Divination par les plais. Qninte- nion a grossi la masse énorme des erreurs
Curce dit que les prêtres égyptiens niellaient populaires. Ces pluies ne sont ordinairement
Jupiter Ammonsur une nacelle d'or, d'où pen- que les matières volcaniques, les ponces, les
daient des plats d'argent, par le mouvement sables et les terres brûlées qui sonl portés
desquels, ils. jugeaient de la volonté du.dieu , par les vents impétueux à une très-grande
et répondaient à ceux qui les consultaient, distance : on a vu les cendres du Vésuve
• Plogojowits (PIERRE'), — vampire qui ré- tomber jusque sur les côtes d'Afrique. Lu
quantité de ces matières, la manière dont
pandit la terreur au dernier siècle dans le elles se dans les campagnes, sou-
de ICisolovaen où il était en- répandent
village Hongrie, vent si loin de leur origine, et les désastres
terré depuis dix semaines. II apparut la nuit occasionnent quelquefois, les ont fait
à quelques-uns des habitants du village pen- qu'elles mettre au rang des pluies les plus formidables-
dant leur sommeil, et leur serra tellement le de toutes les pluies prodigieuses, la
—-Mais,
gosier qu'en vingt-qualre heures ils en mou- pluie de sang a toujours été la plus effrayante
rurent. U fil périr ainsi neuf personnes, tant aux du peuple ; et cependant elle est
vieilles que jeunes, dans l'espace de huit jours. yeux
11n'y a jamais eu de vraie pluie
—..La veuve, de PlogojowitS:déclara,-que son chimérique.d.e<sang. Toutes celles qui ont paru rouges ou
.mari lui était:venu,demander ses:souliers-; ce: de cette couleur ont été teintes
tellement approchant
qui l'effraya qu'elle quitta le village! par des.terres, des poussières de minéraux ou
'de Risolova. — Ces circonstances déterminè- d'autres matières
rent les: habitants du, village à. tirer de. terre! dans- emportées par les vents
le corps de Plogojowits et à le brûler pour se l'atmosphère , où elles; se sont mêlées
délivrer doses infestations. Ils trouvèrent que' 1 Traitédes,visions t. II,.p. 210-
et-apparitions,
POL — /i05, — POL
livrel'eau qui tombait des nuages. Plus sou- il i se maria avec une femmede Locrcs. Mais
ventencore, ce phénomène, en apparence si il i mourut la quatrième nuit de ses noces, el
extraordinaire, a été occasionné par une la i laissa enceinte d'un hermaphrodite, dont
erande quantité de petits papillons qui ré- elle accouchanèlif mois après. Les prêtres et
nandenldes gouttes d'un suc rouge sur les les augures ayant été consultéssur ce prodige,
endroitsoù ils passent 2. conjecturèrentque les Éloliensel les Locrieiis
pluton,—roi des enfers, selonles païens, auraient,guerre ensemble,parceque ce mons-
avait les deux sexes. On conclutenfin qu'il
el,selonles démonomanes,archidiable,prince tre hors des li-
du feu , gouverneur-général des pays en- fallait mener la mère el l'enfant,
flammés,cl surintendant des travaux forcés mites d'fitolie et les brûler tous deux. Corïrne
du ténébreuxempire. onétait,près de faire cette exécution,le spectre
— de Polycrite apparut el se mil auprès de son
Plutus, dieu des richesses.Il était mis enfant ; il était velu d'un habit noir. Les as-
au nombre des dieux infernaux, parce que sistants
les richesses se tirent du sein de la terre. effrayés voulaients'enfuir ; il les rap-
pela, leur dit de no rien craindre, cl fil en-
Dans les sacrificesen son honneur, les signes suite, d'une voix grêle el basse,- un beau
ordinairementfunestes qu'offraient les en- discours
Iraillesdes victimesdevaient,toujours s'inter- brûlaient,sa par lequel il leur montra que , s'ils
femmeet son fils, ils tomberaient
préter en bonne part. dans des calamités extrêmes. Mais, voyant

Pocel, roi de l'enfer chez les Prussiens. que malgré ses remontrances les Éloliens
Ils nomment aussi Pocol le chefdes hordes étaient décidés à faire ce qu'ils avaient ré-
d'espritsaériens, et Porquel celui qui garde solu, il prit son enfant, le mil en pièces el le
lesforêts.Ce dernier esl le Pan des anciens2, dévora. Le peuple fit des buées contre lui, el
lu;/. PlC.OLbUS et PUCEI.. lui jeta des pierres pour le chasser; if fit peu
Poirier (MARGUERITE), — petite fille de d'attention à ces insultesel continuadô man-
treizeans, qui déposa commetémoincontre ger son fils, dont il ne laissa que là tète , après
JeanGrenier, jeune loup-garou. lîlle déclara quoi il disparut. — Ce prodige sembla si ef-
qu'unjour qu'elle gardait ses moulonsdans froyablequ'on prit le dessein d'aller consulter
la prairie, Grenier se jeta sur elle en forme l'oracle de Delphes. Maisla tète (le reniant,
de loup, el l'eût mangée si elle ne se fût dé- s'étant miseà parler, leur prédit, en vers, tous
fendueavec un bâton , dont elle lui donnaun les malheurs qui devaient leur arriver clans
coupsur l'échiné. Elle avoua qu'il lui avait la suite, el, disent les anciens conteurs, la
dit-qu'ilse changeait en loup à volonté, qu'il prédictions'accomplit. La tète de l'enfant do
aimaità boire le sang el à manger la chair Polycrite, se trouvant exposée sur un marché
(lespetits garçons el des petites filles ; ce- public, prédit, encore aux Éloliens',alors en
pendant qu'il ne mangeait pas les bras ni guerre contre les Acarnaniens, qu'ils per-
lesépaules5. draient, la bataille. — Ge Polycrite était un
ou un ogre.
PolUan, — Centaure de Slavons, auquel vampire
onattribuait une forceet une vitesse extraor- Polyphage. — On a publié à Wjltemberg,
dinaire.Dans les anciens contes russes, on il y a vingt ou trente ans , une dissertation
le dépeint homme depuis la tête jusqu'à la sous ce litre : De Polyphago'et alio iriophago
ceinture, et cheval ou chien depuis la cein- toire Wiilembergensidissertatio , in-i°. C'est l'his-
ture. d'un des plus grands mangeursqui aient
— nom les jamais existé. Col homme, si distingué dans
Polyglossos, que anciensdon- son espèce, dévorait,quand il voulait (cequ'il
naient,à un chêne prophétique de la forêt de ne faisait toutefois que pour de l'argent) un
Uodonc,qui rendait des oracles dans la lan- moutonentier, ou un cochon, ou deux bois-
guede ceux qui venaient le consulter. seaux de cerisesavec leurs noyaux; il brisait
Polycrite.— 11y avait en Klolieun citoyen avec les dents, mâchait et avalait des vases
vénérable, nommé Polycrite, que le peuple de terre et de verre, el même des pierres
avaitélu gouverneur du pays, à cause de son très-dures; il engloutissait comme un ogre
tare mériteet de sa probité. Sa dignité lui fut des animaux vivants, oiseaux, souris, che-
prorogéejusqu'à trois ans, au bout desquels nilles , etc. Enfin, ce qtli surpasse toute
croyance, ou présenta un jour à cet avale-
Voyez l'Histoirenaturelle
del'airet desmétéores, loui une écriloire cotiverto.de plaques de
Parl'abbéllichard.
I.eloyer,Histoired esspeelres,
ete.,liv.m, p. 212. 1er; il la mangea avec les plumes, le canif,
,." llelanere,Tabl.de l'inconstancedesdémons, etc., l'encre el le sable. Ce fait,si singulier a été
llv-"',p. 257. attesté par sept témoinsocculaircs, devant le
PON — /iO<5— POU iî
énal de Wittemherg. — Quoi qu'il en soit, e ucore que lo site où elle est placée. Le puni {,?
e terrible mangeur jouissait d'une santé vi- e st.jeté entre deux montagnes droites et. éle- f-
;oureuse, et termina ses prouesses à l'âge de vées, sur un torrent furieux, "dont les eaux j?
;oixante ans. Alorsi! commença à mener une t Duibenl par cascades sur des rocs brisés. !"
,'ie sobre et réglée, el vécut jusqu'à l'âge de ( t remplissent l'air de leur fracas et de leur :-
;oixanle-dix-neuf ans. Son cadavre fut ou- ( cume L — Le pont,de Pont-à-Moussonétait F.
,'erl, et on le trouva rempli de choses ex- imssi l'ouvrage du diable , aussi bien que le, ''
.raordinaires, dont l'auteur donne la descrip- )ont de Sainl-Cloud, el le pont,qu'on appelait !';
lion '. Le seconde partie de la dissertation i Bruxelles le Ponl-du-Diable, el plusieurs i;
renferme l'histoire do quelques hommes de mires. L'architecte du pont de Sainl-Cloud, h
celle trempe, et l'explication de ces singula- l'ayant pas de quoi payer les maçons, se ven- f>
rités. — Mais le tout,nous semble farci de ce lit au diable, qui fit la besogne, à condition ïl
que l'on appelle, en termes de journalisme, :pi'on lui donnerait la première personne qui ï-
des canards; et il y en a beaucoup dans les traverserait, le pont. L'architecte, qui était •?
récils de merveilles. rusé, y (ilpasser un chat que le diable emporta \:
Polyphidée , — devin d'Hypérésie, pays d'assez mauvaise humeur. Voy.TunwrKmai. \:
d'Argos. Popoguno , — enfer des Yirginiens, dont \
Polythéisme. — Un brame de Calcutta a le supplice consiste à être suspendu entre le !"
publié, ces dernières années, une défense ciel et la terre. \
théologiqne du système des Indous, qui ad- Poppiel, — voy. IIATTON. \
mettent,trois cent cinquante millions de dieux Porom-Houngse , sorte de fakirs chez les
et.de déesses. Indiens; ils se vantent d'être descendus du
Pomme-d'Adam.— La légère protubérance ciel el de vivre des milliers d'années sans
qu'on appelle Pomme-J'Adam à la gorge des jamais prendre la moindre nourriture. Ce
hommes vient, dans les opinions populaires, qu'il y a de vrai, c'esl. qu'on ne voit jamais
d'un pépin qui s'est arrêté là quand notre un porom-houngsemanger ou boire en public.
premier père mangea le fruit défendu. Porphyre, — visionnairegrec el philosophe
Pont. — Les anciens Scandinaves disaient creux du troisième siècle, que quelques-uns
que les dieux avaient l'ait,un pont qui com- de ses ouvrages ont Taitmettre au rang (les
muniquait,du ciel à la terre, el qu'ils le mon- sorciers.
taient à cheval. Quand Satan se révolta contre S'orricioe, — entrailles de la victime que
Dieu , il fil bâtir un fameux pont qui allait,de les prêtres jetaient dans le feu , après les avoir
l'abîme au paradis. Il est rompu. — On ap- considérées pour en tirer de bons ou de mau-
pelle Pont-d'Adamune suite de bancs de sable vais présages.
qui s'étendent presque en ligue directe entre Porta (JEAN-BAPTISTE) , —physicien célè-
l'île de Manaar el celle de Ce.ylan.C'est, selon bre qui a fait faire des pas à la science, né à
les Chingulais, le chemin par lequel Adam, Naples vers 'IbbO. On dit qu'il composa a
chassé du paradis, se rendit sur le continent. quinze ans les premiers livres de sa Magie
Les Indiens disent que le golfese referma pour naturelle, qui sont gâlés par les préjugés du
empêcher son retour. siècle où il vécut. 11croyait à l'astrologieju-
Font-du-Diable. — Dans la vallée do diciaire, à la puissance indépendante des es-
Schellencn, en Suisse, l'imaginalion croit voir prits, elc. — On cile comme le meilleur de
partout les traces d'un agent, surnaturel. Le ses ouvrages la Physiognomoniecéleste, 106-1,
diable n'est point, aux yeux de ces monta- in—4°; il s'y déclare contre les chimères de
gnards, un ennemi malfaisant ; il s'est,même l'astrologie : mais il continue néanmoins a
montré assez bonne personne, en perçant des attribuer une grande influenceaux corps cé-
rochers, en jetant des ponts sur les préci- lestes. On lui doit encore un traité de Phy-
pices, elc., que lui seul, selon les habitants, siognomonie, où il compare les figures hu-
pouvait exécuter. —On ne peut rien imaginer maines aux figures des animaux, pour en
do plus hardi que la route qui parcourt la tirer des inductionssystématiques. Voy.Pnv"
vallée de Schellenen. Après avoir suivi quel- SIOC.iSOMONIE.
que temps les détours capricieux de cette E'orte. —Les Tarlares mantehoux révèrent
route terrible , on arrive à celle oeuvre de un esprit gardien de la porto, sorte de divi-
Satan qu'on appelle le Ponl-du-Diable. Cette nité domestique qui écarte le malheur de leur-
construction imposante esl moins merveilleuse maisons.
1 Extraitde t'Alntanacli del'anXI.
historique 1 VoyageenSuissed'Iiélène-MarieWilliams.
POS — ao:1 — . POS
Portes des Songes. — Dans Virgile, Pline desquels nousvivons? — Dans tous les cas
p3lde corne, l'autre est d'ivoire.Par la porte beaucoup de possessions,et la plupart, ont
decornepassent les songesvéritables, et par été soupçonnées de charlatanisme. Nous
lu porle d'ivoire les vaines illusionset les croyonsque souvent,le soupçona été fondé.
songestrompeurs. — On a beaucoupécrit sur les démoniaques,
Possédés.—Le bourgdeTeilly,àlroislieues qui sont, disent les experts, plus ou moins
d'Amiens,donnaen 1810le spectacled'unefille tourmentés, suivant le cours de la lune. —
quivoulaitse faire passer pour possédée.Elle L'historien.Tosèphedit que ce ne sonl pas les
élail,disait-elle, au pouvoirde trois démons, démons,maisles âmes des méchants, qui en-
Minii,Zozû etCrapoulet.Unhonnêteecclésias- trent dans les corps des possédésel les tour-
tiqueprévintl'autorité, qui reconnutque cette mentent.— On a vu des démoniaques à qui
lilleélail.malade. Onla fil entrer dansun hô- les diables arrachaient les ongles des pieds
pital,el il ne fut plusparlé de la | ossession.— sansleur faire du mal.Onen a vu marcher à
Ontrouvede la sorte dans le passé beaucoup quatre pattes, se traîner sur le dos, ramper
de supercheries,que la bonneloi de nospères sur le ventre, marchersur latête. Il y en eut
n'a pas su réprimer assez tôt. Cependant il qui se sentaient,chatouillerles pieds sans sa-
y eut bien moinsde scandales qu'on no le voir par qui ; d'autres parlaient des langues
conte, el, les possessionsn'étaient pas de si qu'ils n'avaient jamais apprises, etc. —•En
libreallure qu'on lecroit.—Une démoniaque l'an 'Ibl56, il se trouvaà Amsterdamtrente
eonimençaitàfaire du bruit sous Henri 111; enfantsdémoniaques, que les exorcismesor-
leroi aussitôt envoya son chirurgien Pigray, dinaires ne purent délivrer ; ou publia qu'ils
avec deux autres médecins, pour examiner n'étaient en cet étal que par maléficesel sor-
l'affaire.Quandla possédéefut amenéedevant, tilèges; ils vomissaientdes ferrements, des
cesdocteurs,on l'interrogea,el elle débitades lopins de verre, des cheveux, des aiguilles
sornettes.Le prieurdes Capucinsluifil des de- el autres choses semblables. On conte qu'à
mandesen latin auxquelleselle répondit fort, Home, dans un hôpital, soixante-dix filles
mal;et enfinon trouva dans certains papiers devinrent follesou démoniaquesen une seule
qu'elleavait été déjà, quelques années précé- nuit ; deux ans se passèrent sans qu'on les
demment,fûuetléeenplacepubliquepotiravoir pût.guérir. Cela peut cire arrivé, dit Cardan,
vouluse faire passer pour démoniaque; on on par le mauvaisair du lieu, ou par la mau-
la condamnaà une réclusionperpétuelle.— vaise eau, on parla fourberie, ou par suite
bu tempsde Henri 111,une Picardese disait, de mauvais déportemcnls.— On croyait re-
possédéedu diable, apparemment pour se connailrnautrefoisqu'une personneélail dé-
rendre formidable. L'évoque d'Amiens, qui moniaqueà plusieurssignes: 1" les contor-
soupçonnait, quelque imposture, la lit exor- sions; %"l'enfluredu visage; 3Ul'insensibilité
ciserpar un laïquedéguiséen prêtre, el lisant et la ladrerie ; 4° l'immobilité; S0 les cla-
lesépilres do Cicéron. La démoniaque,qui meurs du ventre ; (>°le regard fixe ; 7° des
savaitson rôle par coeur, se tourmenta, fit réponsesen françaisà des mots latins ; 8° les
(lesgrimaceseffroyables,des cabrioleset des piqûres de lancettesans effusionde sang, etc.
cris, absolument,commesi le diable, qu'elle — Maisles saltimbanqueset les grimaciers
disaitchez elle, eût été en face d'un prêtre font des contorsions,sans pour cela être pos-
lisantle livre sacré '. Elle fut ainsi démas- sédés du diable. L'enflure du visage, de la
quée.— Les vrais possédés ou démoniaques gorge, de la langue, est souvent causée par
sontceux dont le diable,s'esl emparé. Plu- des vapeurs ou par la respiration retenue.
sieursaujourd'hui prétendentque toutes les L'insensibilitépeut bien èlre la suite de quel-
possessions sont des monomanies,des folies que, maladie, ou n'être que factice., si la
l'Iusou moins furieuses, plus ou moinsbi- personneinsensiblea beaucoup de force. Un
2arres.Maiscommentexpliquer ce fait qu'à jeune Lncédémoniense laissa ronger le foie
'-ilieelen Belgique, où l'on traite les fousco- par un renard qu'il venaitde voler, sans don-
lonisés,on guérit les fousfurieuxen les exor- ner lemoindre signe de douleur; un enfantse
'isanl? Le savant docteur Moreau, dans la laissa brûler la main dans un sacrifice que
visiiequ'il a l'aileà Gbee!on 1842, el qu'il faisait Alexandre, sans faire aucun mouve-
;ipubliée, a reconnuce fait,
qui ne peut être ment. du moinsles historiensle disent.Ceux
'•onlcsté.Le diable serait-il donc pour quel- qui se faisaient fouetter devant l'autel de
le- chosedans certaines folies?et. connais- Diane ne fronçaientpas le sourcil.— L'im-
sl'tis-nousbien tous les mystères au milieu mobilité esl volontaire, aussi bien dans les
' gestes que dans les regards. On est libre de
\ Traitédecliinirgie.
l'i.giay, so mouvoirou de ne se mouvoir pas, pour
PQS 408 ^~ PûS
peu qu'on ait. de fermeté dans les nerfs. Les dyme n'était pas en répulgiiqn de sainlpié, ï
clameurset jappements que les possédés fai- mais suspecte au contraire à cause de
saient entendre dans leur ventre sont expli- moeurs fâcheuses. » On la reconnut ses i
possédée, i
qués par. nos yentriloques. — On attribuait el sorcière; on découvrit-le 29 mars 1617 !
aussi à. la présence du diable les piqûres d'ai- qu'elle avait sur le dos une marque faite
par-
guille ou de lancette sans effusionde sang; le diable. Elle confessa avoir été à la syna-
mais dans les mélancoliques,le sang, qui est gogue(c'est ainsi qu'elle nommaitle
épais et grossier, ne peut souvent sortir par y avoir eu commerceavec le diable elsabbat), y avoir
une petite ouverture, et les médecins disent reçu ses marques. Elle s'accusa d'avoir fait
que certaines personnes piquées de la lan- des maléfices, d'avoir reçu du diable des
cette ne saignentpoint.— On regardait encore poudrespournuire., elde les avoir employées
comme possédésles gens d'un estomacfaible, avec certaine formule de paroles terribles.
qui, ne digérant point, rendaient les choses Elle avait, disait-elle, un démon familierde
telles qu'ils les avaient avalées. Les fous el l'ordre de Bolzêbnlh.Elle dit encore
les maniaques avaient la même réputation. avait entrepris d'ôler la dévotion à saqu'elle com-
Les symptômesde la manie sontsi affreux ', munauté pour la perdre; que, pour elle, elle
que nos ancêtres sont très-excusablesde l'a- avait mieux aimé le diable que son Dieu.
voir mise sur le comptedes esprits malins.— Elle avait, renoncé à Dieu, livrant
On a publié un traité sur les démoniaquesin- âme au démon; ce qu'elle avait confirmé corps et
en
:
titulé Recherchessur ce qu'il faut entendre donnantau diable quatre épingles; convention
par les démoniaquesdont il est parlé dans le qu'elle avait signée de son sang, tiré do sa
Nouveau Testament, par T. P. A. P. 0.. A. veine avec une petite lancette que le diable
B. .1.T. C. 0. S. ,in-I2, '1738, lui avait fournie. Elle se confessa encore do
Possédées de Flandre. — L'affaire des plusieurs abominations, et dit qu'elle avait
possédéesde Flandre, au dix-septièmesiècle, entendu parler au sabbat d'un certain grand
a fait trop de bruit pour que nous puissions miracle par lequel Dieu exterminerala syna-
nous dispenser d'en parler. Leur histoire a gogue ; et alors ce sera fait de Belzébutliqui
élé écrite en deux volumes in-8°., par les sera plus puni que les autres. Elle parla de
pères DomptaisetMichaelis.—Ces possédées grands combats que lui livraient le diableet
étaient trois femmesqu'on exorcisa à Douay. la princessedes enfers pour empêcher sa con-
L'une était Didyme, qui répondaiten vers et fession. Puis elle désavoua tout ce qu'elle
en prose, disait des mots lalins el des mots avait confessé, s'écrianl que le diable la per-
hébreux, el faisait des impromptus. C'était dait. Etail-ce folie? dans tous les cas celte
une religieuse infectée d'hérésie et convain- folie élail affreuse. — Marie de Sains disait
cue de mauvaises moeurs.La seconde était de son côté qu'elle s'était aussi donnée au
une fille:,appeléeSimoneDourlel, qui ne ré- diable, qu'elle avait assisté au sabbat, qu'elle
pugnait pas à passer pour sorcière. La troi- y avait adoré le diable, une chandelle noire
sième était Marie de Sains , qui allait au à la main. Elle prétendit que l'Antéchristétait
sabbat et prophétisait par l'esprit de Satan. venu , et elle expliquait l'Apocalypse.—Si-
La presse du temps a publié,un fa.et.umcu- mone Dourlelavait,aussi fréquenté le sabbat.
rieux intitulé : te Confessionsde Didyme, Mais comme elle témoignait du repentir, on
sorcière pénitente, avec les chosesqu'elle,a la mil en liberté , car elle était arrêtée comme
déposées touchant la synagogue de Satan. sorcière. Un jeune hommede Yalencienn.es,
Plus, lesinstances que cette complice(qui de- de ces jeunes gens dont la race n'est pas
puis est.rechulée)a faites pour rendre nulles perdue, pour qui le scandale esl un attrait,
ses premières confessions: véritable récit de s'éprit alors de SimoneDourlelet voulut l'é-
tout ce qui s'est passé en.celteaffaire. Paris, pouser. L'ex-sorcière y consentit. Mais ie
'1623.—On voit, dans cette pièce, que « Di- comte d'Eslaires la fit remettre en prison, où
3 Lamanieuniverselle estlespectacleleplushideux elle fut retenue lûng-lemps avec Marie de
et leplusterriblequ'onpuissevoir.Le.maniaque a les Sains. Didymefui brûlée. Voy. SAMUT.
yeuxfixes, sanglants, tantôtliorsdePorbite,tantôten- Postel (GUILLAUME), visionnaire du sei-
'le
' foncés,toutvisage r lesvaisseaux
onge, engorgés, lestraits
altérés, le corpsen contraction; il ne.reconnaît zième siècle, né au diocèse d'Avranches.Il
ni n i
plus amis, parents,ni enfants,ni épouse. Sombre, fut,si précocequ'à l'âge de quatorze ans on
furieux,rêveur,cherchant la terrenueet l'obscurité; ii
s'irritedu contactdesesvêtements, qu'ildéchire a vec le fit maître d'école. Il ne devintabsurde que
lesonglesetaveclesdents,mêmedeceluide l'airet de. dans l'âge mûr. On dit
l.â lumière,contrelesquelsil;s'ép'.iise en sputations et qu'une lecture trop
onvociférations. Lafaim,la soif,lechaud,le Iroid,de- approfondie des ouvrages'des rabbins cl la
viennent souvi-nt, pourle maniaque, desseusatioif-sin- vivacité de son
connues, d'autresfoisexaltées.- (LedocteurFodéré, Mé- imagination le précipitèrent
decinelégale.) : clansdes écarts qui seinèreqt.sa,vie dp trou-
POU — qt)9.
) — PUE
I,|(y,cl lui causèrentde cuisants chagrins. Il Eoii sha, - dieu de la porcelainechez les
(.,.iil. (
qu'il élail appelépar Dieuà réunir lotis Chinois. Des ouvriers, dit-on, ne pouvant
1C3 hommessous une même loi, par la parole exécuter
( un dessin donné par un empereur,
oupar le glaive, voulant toutefoisles sou- l'un 1 deux , nomméPou-sba, dans un moment*
mettreà l'autorité du pape et du roi de (de désespoir, s'élança dans le fourneau tout
l'riince,à qui la monarchieuniverselleap- ardent. t 11fut à l'instant consumé, et la por-
narienaitde droit,, commedescendanten li- celaine ( prit la formeque souhaitait le prince.
irncdirecte du fils aîné de Noé. — S'étant ICe malheureuxacquit à ce prix l'honneurdo
doncl'ait nommer aumônier à l'hôpital de présider, ] en qualité de dieu, aux ouvrages
Venise,il se lia avec une femme timbrée, de i porcelaine.
connuesousle nom de mère Jeanne, dont les Poule noire.—C'esten sacrifiantune poule
visionsachevèrentde lui tourner la tète. Pos- noire à minuit, dans un carrefour, qu'on en-
te!se prétendit,capable d'instruireet de cou- ;gage le diableà venirfaire pacte. Il faut pro-
verlirle mondeentier. A la nouvelledes rê- noncerune conjuration,ne se pointretourner,
veriesqu'il débitait il fut dénoncé comme faire un trou en terre, y répandre le sang de
hérétique; mais on le mit hors de cause la poule el l'y enterrer. Le même jour, ou
commefou. Après avoir parcouru l'Orientet neufjours après, le diable vient el donne de
faitparaître plusieursouvragesdans lesquels l'argent, ou bien il fait présent à celui qui a
il parle des visions de la mère Jeanne, il sacrifiéd'une autre poule noire qui est une
rentraclans de meilleurssentiments, se re- poule aux oeufsd'or. Les doctes croientque
liraau prieuré de Sainl-Martin-des-Champs ces sortes de poules, donnéespar le diable,
à Paris, el y mourut,en chrétien à quatre- sonlde vraisdémons.Le juif SamuelBernard,
vingt-seize ans, le G septembre-15S-IOn lui banquierde la cour de France, mort à quatre-
attribueà tort le livre des ïVof'simposteurs. vingt-dix ans en 1739, et dont on voyait la
Voy.JEANNE. maisonà la placedes Victoires,à Paris, avait,
Pot à beurre. — Un habile exorciste disait-on,une poulenoire qu'il soignaitextrê-
avaitenferméplusieursdémons dans un pot mement; il mourut peu de jours après sa
à beurre; après sa mort, commelesdémons poule, laissanttrente-troismillions.—La su-
faisaientdu bruit dans le pot, les héritiersle perstition de la poule noire esl encore très-
cassèrent,persuadés qu'ils allaient y sur- répandue. On dil en Hretagnequ'en vend la
prendrequelque trésor; mais ils n'y trouvè- poule noire au diable, qui l'achète à minuit,
rentque le diable assez mal logé. Il s'en- et paie le prix qu'on lui en demandei.— il
volaavec ses compagnons,et laissa le pot y a un mauvaiset sol petit livredont voicile
vide'. titre : la Poule noire ou la poule aux oeufs
Pou d'argent. -—C'est la décorationque d'or, avec la sciencedes talismanset des an-
le diabledonneaux sorciers. Po;/.SAMIAT. neaux magiques, l'art de la. nécromancieet
— savetier de de la cabale, pour conjurer les esprits infer-
Poudo't, Toulouse, dans la les sylphes, les ondins, les gnomes,
; maisonduquelle diablese cacha en 1.1357. Le naux, laconnaissance dessciencess(crêtes,
malinjetait,des pierresqu'il lenait.enfermées acquérir
dansun,coffreque l'on, trouva fermé à clef, découvrir les trésorset obtenir le pouvoirde
cl que l'on enfonça; mais, malgré qu'on le, commanderà tous les èlresd déjouertousles
maléficeset etc. En Egypte, 7<i(),
vidât,il se.remplissaittoujours.Cettecircotir i vol. in-18. sortilèges,
— Ce n'est qu'un fatras niais cl
sljiiicefit beaucoupde.bruit dans la ville, et
leprésident, de la cour dejustice, M. Latomy, incompréhensible. Al'PAIUTlONS.
vintvoircette merveille.Le diable fil sauter JPoupart, —V07J.
fotibonnetd'un conp de pierre au moment Pra-Ariaseria ,— personnagelaineux qui
wi il entrait dans la chambre où était ce vivait dans le royaumede Siam, du tempsde
LesSiamoisen fontun co-
coffre,;il s'enfuit effrayé, et on ne délogea: Sommona-Codom
qu'avecpeine cet esprit, qui, faisaitdes tours losse de quarante brasses-et demiede circon-
l 'lephysiqueamusante2. férence, et de troisbrasses et demiede dia-
AUGURES. mètre, ce qui-paraît peu compréhensible.Il
\ î?ouietSl—voy. est vrai que nous ne savonspas quelle était
— nomdu premierhomme,selon sa forme.
- 'esPourang,
Japonais,.lequel sortit d'une citrouille "Préadamïtes.— En 16bo,Tsaacde la-Per-
échauffée par l'haleined'un boeuf,.aprèsqu'il reyre filimprimer,en Hollande,un livredans
"<itcassél!oeufd'où le mondeétait issu.
j; lequelilvoulaitétablirqu'ily a eudes hommes
X l.egcnda aurea.Tac.deVoragine,
leg.88. avant Adam. Quoiqu'iln'eût pour appui que
\ M.Garinet, Hist.delamagieenFrance,p. 124. 1 Oambry, Voyage dans,1e. t. III,p..16.
Finistère,
PRE- — Zi-IOi — PRÉ p
les fables des Egyptiens el des Chaldéens, Prélati, — charlatan de magie. Voy.m,z. I
ce paradoxe eut un moment des sectateurs, — Celle faiblesse, qui consiste fk
comme en onl toutes les absurdités. Desma- à Présages.
regarder comme des indices de l'avenir les r
à le
'rais, qui professait Groningue, combattit, événements les
el plus tard l'auteur même se rétracta. plus simples el les plus im_ i>
lurels, esl l'une des branches les plus consi- l
Précy,—VOl/. BAM110UILMÎT. dérables de la superstition. Il est à remarquer i
Prédictions. -— Pompée , César el Crassus qu'on distinguait autrefois les présages des r
avaient élé assurés par d'habiles astrologues augures, en ce que ceux-ci s'entendaient des !
qu'ils mourraient,chez eux comblésde gloire, augures recherchés ou interprétés selon ios !
de biens et d'années, et tous trois périrent. règles de l'art, augurai, et que les présages ;
misérablement. Charles-Quint, François Ie''et qui s'effraient fortuitement étaient interprétés
Henri Y1II, tous trois contemporains, furent par chaque particulier d'une manière plus
menacés do mort violente, el leur mort ne fut vague et plus arbitraire. — De nos jours on
que naturelle. — Le grand seigneur Osman regarde comme d'un très-mauvais augure de
voulant déclarer la guerre à la Pologne en déchirer trois foisses manchettes ; de trouver
1621, malgré les remontrances de ses mi- sur une table des couteaux en croix , d'y voir
nistres, un santon aborda le sultan et lui dit: des salières renversées , etc. Quand nous ren-
« Dieu m'a révélé la nuit dernière,dans une controns en chemin quelqu'un qui nous de-
vision que, si Ta Hautesse va plus loin, elle mande où nous allons, il faut retourner sur
est en danger de perdre son empire; Ionépée nos pas, de peur que mal ne nous arrive.—
ne peut celte année faire de mal à qui que ce Si une personne à jeun raconte un mauvais
soit — Voyons, dit Osman , si la prédiction songe à une personne qui ait déjeuné, le
est certaine ; » el donnantson cimeterre à un songe sera funeste à la première. 11sera fu-
janissaire, il lui commanda de couper la tète neste à la seconde, si elle est à jeun, et que
à ce prétendu, prophète , ce qui fut exécuté la première ail déjeuné. Il sera funeste à
sur-le-champ. — Cependant Osman réussit toutesles deux, si toutes les deux sonl à jeun.
mal dans son entreprise contre la Pologne, et 11serait sans conséquence, si toutes les deux
perdit, peu de temps après, la vie avec l'em- ont l'estomac garni. —Malheureux générale-
pire.,— On cite encore le fait suivant, comme ment,qui rencontre le matin, ou un lièvre, ou
exemple de prédiction accomplie : — Un an- un serpent., on un lézard, ou un cerf, ou un
cien coureur, nommé Languille, s'élail retiré chevreuil, ou un sanglier ! Heureux qui ren-
sur ses vieux jours à Aubagne près de Mar- contre un loup, une cigale, une chèvre, un
seille. 11se prit de querelle avec le bedeau crapaud! loi/. ARAIGNÉE, CHASSE,PIE, lh-
de la paroisse , qui était en même temps fos- iiou, etc., etc., elc. —Cécilia, femme do
soyeur; celle dispute avait produit une haine Mélellus, consultait les dieux sur l'établisse-
si vive, que Languille avait signifiéau bedeau ment,de sa nièce , qui élail nubile. Cette jeune
qu'il ne mourrait jamais que par lui ; de sorte fille, lasse de se, tenir debout devant l'autel
que le pauvre bedeau effrayé l'évitait comme sans recevoir de réponse, pria sa tante de lui
un ennemi formidable.—Peu de temps après, prêter la moitié de son siège. « De bon coeur,
Languille mourut, âgé desoixanie-quinze ans. lui dit. Cécilia, je vous cède même ma place
Il logeait dans une espèce de chambre haute tout entière. » Sa bonté lui inspira ces mots,
où l'on montait par un escalier étroit et très- qui furent pourtant, dit Valère-Maximo, un
roide. Quand il fut question de l'enterrer, le présage de ce qui devait arriver; car Cécilia
bedeau bien joyeux alla le chercher, et char- mourut quelque temps après, et Métcllus
gea sur ses épaules la bière dans laquelle épousa sa nièce. — Lorsque Paul-Emile tai-
était le corps de Languille, qui était devenu sait la guerre au roi Persée , il lui arriva
assez gros. Mais en le descendant d'un air quelque chose de remarquable. Un jour, ren-
triomphal, il fit un faux pas; glissa en avant; trant à sa maison, il embrassa, selonsa cou-
la bière tombant sur lui l'écrasa. Ainsi s'ac- tume, la plusjeune de ses filles, nomméeTer-
complit la menace de Languille, autrement tia , et la voyant plus triste qu'à l'ordinaire,
sans doute qu'il ne l'avait entendu. — Ma- il lui demanda le sujel de son chagrin. Celte
nière de prédire l'avenir. — Qu'on brûle de petite fillelui répondit que Persée était mort
la graine de. lin, des racines de persil et do (un petit chien que l'enfant nommait ainsi
violette ; qu'on se melle dans- cette fumée, venait de mourir). Paul saisit le présage; et
on prédira les choses futures '... Voy. AS- en effet, peu de temps après, il vainquit le
TROLOGIE, etc. roi Persée , el entra triomphant dans nome
1 Weclier,desSecretsmerveilleux. 1 YalèreMaxime,
PRÉ — 411 — PRIS
_ Unpeu avant l'invasion des Espagnolsau r igardé comme trôs-sinislre dans le village
Mexique , on prit au lac de Mexicoun oiseau i 'Arebo, quoiqu'il soit situé dans le même
delà forme d'une grue, qu'on porta à l'em- r jyaumede Bénin.
iicrcurMonlézuma,commeune chose prodi- Prescience, — connaissancecertaine el in-
gieuse.Cetoiseau , dit le conte, avait,au haut j lillible de l'avenir. Elle n'appartient qu'à
iiela tète une espècede miroiroùMonlézuma ] tieu. llappelons-nousici la maximed'Her-
vil les deux parsemés d'étoiles , de quoi il , ey : « Mortel, qui que lu sois, examineet
s'étonnagrandement. Puislevant les yeux au , èse tant que tu voudras; nul sur la terre
ciel,et n'y voyant plus d'étoiles, il regarda , e sait quelle fin l'attend. »
uneseconde fois dans le miroir, et aperçut Préservatifs, —VO\J.AMULETTES, CoilNES,
,mpeuplequi venait de l'Orient, arma, com- 'IIYLACTÈUES TROUPEAUX , etc.
venus ,
imlluntet.tuant. Ses devinsétant pour Pressentiment —Suétoneassure que Cal-
ce
luiexpliquer présage, l'oiseau disparut, les
« à mon lurnie fut tourmentée de noirs pressenti-
en
laissant grand trouble. C'était, avis, neufs d'heures avant la mort de César,
dilDelancre,sonmauvaisdémonqui venait lui peu
sa lui arriva bientôt.» — vlaisque sont les pressentiments?est-ce une
annoncer fin,laquelle voix secrète el intérieure? est-ce une inspi-
Dansle royaumedeioangoen Afrique, onre-
ration céleste ? esl-ce la présence d'un génie
gardecommele présage plus le funeste poul- invisible veillesur nos destinées? Lesan-
ieroi que quelqu'unle voieboire et manger; ciensavaient qui
et sans domesti- fait du pressentimentune sorte
ainsi i l esl absolumentseul
il ses Les de religion, et de nos jours on y ajoute foi.
quesquand prend repas. voyageurs, M. C. de U..., après s'être beaucoupamusé
enparlant,de celle superstition, rapportent au balde
nuIraitbarbare d'un roi de Loango: Unde en rentrant l'Opéra, mourut,d'un coup de sang
huit ou neuf étant entré chez lui. Madamede V., sa soeur,
ses(ils, âgé de ans, assez tard, fut tourmentée
la salle où il qui l'avait quitté
imprudemmentdans mangeait, toute la nuit de
songesaffreuxqui lui repré-
eldans le momentqu'il buvait, il se leva de sentaient son frère dans un grand danger,
le
lubie,appela grand-prêtre, qui saisit cet
et frotta de son l'appelant à son secours. Souvent réveillée
: enfant, l e fit égorger, sang en sursaut, et dans des agitationscontinuel-
: lesbras du père, pour détourner les mal-
heursdont ce présage semblait le menace:-, les, quoiqu'ellesût que son frère était au bal
l-iiautre roi de Loangolit assommerunchien de l'Opéra, elle n'eut rien de plus pressé,
. qu'ilaimait,beaucoup,et qui, l'ayant un jour dès que le jourcourir parut, que de demandersa
— hur- voiture et de chez l'objet de sa ten-
suivi,avait assistéà son dîner «. Les Ellearriva au momentque
lementsdes bêles sauvages, les cris des cerfs dressefraternelle. suisse avait reçu ordre de ne laisser en-
el (lessinges sonl des présagessinistres pour le el de dire que M. C. de lt....
les rencontrent un trer personne ,
:. Siamois.S'ils serpent qui avait besoinde repos. Elle s'en retournacon-
leur barre le chemin, c'est pour eux une solée cl riant de sa
raisonsuffisantede s'en retourner sur leurs dans frayeur. Ce ne fut que
l'après-midi qu'elle apprit que ses noirs
pas, persuadésque l'affaire pour laquelle ils ne l'avaient point trompée .
sontsortis ne peut pas réussir. La chute do pressentiments
hasard renverse esl Foi/. SONGES.
quelque meuble que le
aussid'un très-mauvais augure. Que le ton- Pressine, •—fOl/. MÉ1.US1NIÏ
nerrevienne à tomber, par un effetnaturel Prestantius , — VOlJ.EXTASES.
Hcommun,voilà de quoi gâter la meilleure •—« Il y a eu de nos jours , dil
Prestiges.
affaire.Plusieurspoussentencore plus loinla Gaspard Peucer, en ses commentairesde Di-
superstitionet l'extravagance. Dansune cir- vinations, une vierge bateleuse à Bologne,
constancecritiqueel.embarrassante, ils pren- laquelle, pour l'excellence de son art, était
dront pour règle de leur conduite les pre- fort renomméepar toute l'Italie; néanmoins
: mitresparoles qui échapperont au hasard à elle,ne sut, avec toutesa science,si bien pro-
"n passant, et qu'ilsinterpréterontà leur ma- sa vie qu'enfin, surprise de maladie,
I nière. • — longer
y Dansle royaumede Bénin, en Afri- elle ne mourût. Quelqueautre magicien,qui
:; 'l'te,on regarde commeun augure très-favo- l'avait toujoursaccompagnée,sachant le pro-
ï l'fblequ'une femmeaccouchede deuxenfants fil retirait do son art pendant sa vie,
qu'elle
jumeaux: le roi ne manquepas d'être anssilôt lui mit, par le secoursdes esprits, quelque
ï '«forméde celte importantenouvelle, cl l'on charme ou poisonsous les aisselles, de sorte
ceièhrepar des concerts et des festins un semblait qu'elle eût vie, et commençaà
; facilementsi heureux. Le mômeprésage est qu'il
V Suiut-Foix, Essaishistoriques. 1 Spcctriana, p.64.
PHI. — AI2; — PI10 '%
se retrouveraux assembléesjouant de la har- Prodige, — événement surprenant doui t
pe, chantant, sautant et dansant, commeelle on > ignore la cause, el que l'on esl lentede i?
avait accoutumé; de sorte qu'elle ne différait regarder commesurnaturel.C'eslla déTiniiiônI'
d'une personnevivanteque par sa couleurqui de Bergier. Sous le consulalde Volumnu,s l;
était excessivement,pâle. Peu de joursaprès, < on entendit parler un boeuf; il tomba du ciel' V'
il se trouva à Bologneun autre magicien,le- en forme de pluie, des morceauxde chair' ï
quel, averti de l'excellencedo l'art de. celle que les oiseauxdévorèrenten grande partie' ;
fille, la voulut voir jouer commeles autres. le resfe fui quelquesjours sur la terre sans
Mais à peine l'eul-il vue, qu'il s'écria : «Que rendre- de mauvaise odeur. Dans d'autres >-,
faites-vous ici, messieurs? celle que, vous temps, on rapporta des événementsaussi Si-
voyez devant vos yeux, qui fait de si jolis extraordinaires, qui onl néanmoins trouvé '
soubresauts, n'est autre qu'une charogne créance parmi les hommes: un enfant de six v
morte; » et à l'instant elle tombamorteà ter- moiscria victoiredans un marché de boeufs. i;
re. Au moyende.quoi le prestigeet l'enchan- 11plul des pierres à Picenne.Dansles Gaules, 1?
teur furent,découverts.» un loups'approcha d'une sentinelle, lui tira ['
Prétextât, — voy. EXTASES. — Unejeune l'épée du fourreau el l'emporta. Il parut en j
femmede la villede Laonvit le diable sous Sicileune sueur de sang sur deux boucliers; \.
la forme de son grand-père, puis sous celles el, pendant la seconde guerre punique, un j
d'une bêle velue, d'un chat, d'un escarbol, taureau dil en présence de Cneus Domilius:
d'une guêpe el d'une jeune fille>. Voy.Ap- Rome,prendsgarde à loi1! Dans la ville de '
PAIIITIONS, ENCHANTEMENTS, SICIDITES, MÉTA- Galène, sous le consulalde Lépide, on en- :
MORPHOSES , CHAUMES , etc. lendit parler un coq d'Inde, qui ne s'appelait |
Prêtres noirs. — C'est le nom que don- pas alors un coq d'Inde; car c'élail une pin-
nent les sorciersaux prêtres du sabbat. tade. Voilàdes prodiges.— Delancre parle
Prières superstitieuses. — NOUS d'un sorcier qui, de son temps,sauta du haut
emprun- d'une
tons à l'abbé Thiersel à quelques autres ces montagnesur un rocher éloignéde deux
lieues. Quel saull... — Un hommeayant bu
petits chefs-d'oeuvrede niaiserie ou de naï- du
veté. — Pour le mal de dénis: Sainte Apol- lait, Schenkiusdil qu'il vomitdeux petits
line qui esl assise sur la pierre; sainte Apol- chiensblancs,aveugles.—Vers la findumois
d'août on montrait à Cbarentonune
line, que faites-vouslà ? — Je suis venue,ici fille 4C>S2, vomissaitdes chenilles,des limaçons,
pour le mal de dents. Si c'esl un ver, ça s o- qui
tcra ; si c'esl une goutte, ça s'en ira. —Con- des araignées et.beaucoup d'autres insectes.
tre le tonnerre. Sainte Barbe, sainte Fleur, Les docteursde Paris étaient émerveillés.Le
la vraie croix de noire Seigneur; partout où l'ailsemblaitconstant. Ce n'était pas en se-
celle oraison se dira , jamais le tonnerrene cret, c'était,devant des assembléesnombreu-
tombera. — Pour toutes les blessures.Dieu ses que ces singuliersvomissementsavaient
me bénisseet me guérisse, moi pauvre créa- lieu ; déjà on préparait, de toutes paris des
ture , de toute espèce de blessure, quelle dissertations pour expliquer ce phénomène,
en l'honneur de Dieu el de la lorsque le lieutenant criminel entreprit de
qu'elle soit, s'immiscerdansl'affaire. 11interrogea la ma-
A'iergeMarie, el de messieurssaint Cosmeet lôficiée,lui fil
saint Damien. Amen. — Pour les maladies peur du fouetet du carcan, et
des yeux. Monsieursaint Jean passant par ici . elle avoua que depuis sept ou huit mois elle
trouva trois vierges en-son chemin-.11leur s'était accoutumée.à avaler des chenilles,des
de-
dit: Vierges, que faites-vous ici,?.— Nous araignées et.desinsectes; qu'elle désiraitmais
guérissonsde la: maille..— Oh ! guérissez, puis long-temps avaler des crapauds,
— qu'elle n'avait pu s'en procurerd'assezpetits'.
vierges, guérissez cet.oeil.. Pour arrêter le
du nez. est né en, On a pu:lire il y a vingt,ans un fait pareil rap-
sang Jésus-Christ: Bethléem, porté dans les
e.l.a souffert en Jérusalem. Soiiisang s'est sait des journaux. Une femme vomis-
grenouilles el des crapauds ; un mé-
troublé; je le dis el te commande,sang, que decin vérifier le
tu.t'arrêtes par la puissancede Dieu,par.l'ai— peu crédule, appelé pour
fait, pressa de questionsla malade, et parvint
dp: de saint Fiacre elde tous lessaints, tout lui faire avouer qu'elle avait eu recoursa
le à
ainsi que Jourdain, danslequel saint Jean- cette, un d ar-
jonglerie pour gagner peu
Baplislebaptisa notre Seigneur, s'est arrêté. gent-1.
Amnom.duPère et du Filsel du.Saint-Esprit.
Voy. OIIAISON nu LOUP,GAIIDES, BAMHÎ-A- 1 YalèreMaxime.
DIIÏU,etc. 2 Diet.fiesmerveillesîlela articleF.sloW-
3 M. Saignes,Deserreursnature,
et despréjugés,t. l'>
1 CorneliiGemmai Cosmoeriticîe,lib..11,
cap.2. p. 34.
PRO — /ri 3) — PUC
gromêthée. — Allas et Prométhée, tous Prophètes . —-Les Turcs en reconnaissent,
lieux grands astrologues, vivaient du temps plus \ de cent quarante mille ; les seuls que
deJoseph. Quand Jupiter délivra Prométhée nous r devions révérer comme vrais prophètes
del'aigle ou du vautour qui devail lui dévo- sont £ ceux des saintes Écritures. — Toutes les
rei'les entrailles pendant trente mille ans, le 1fausses religions en ont eu de faux comme
dieu, qui avait juré de ne le point délacher ielles.
du Caucase, ne voulut pas fausser son ser- Prophéties, — VOy.PRÉDICTIONS, SIBYL-
ment,et lui ordonna de porter à son doigt un LES ] , DEVINS , etc.
anneau où serait enchâssé un fragment de Proserpine, — épouse de Pluton selon les
ce rocher. C'est là, selon Pline, l'origine des ,païens, et reine de l'empire infernal. Selon
bagues enchantées. les démonomanes, Proserpine est archidu-
Pronostics populaires. — Quand les chênes chesse et souveraine princesse des esprits
portentbeaucoup de glands, •— ils pronostiquent malins. Son nomvient de prdserpere, ramper,
un hiver long et rigoureux. Tel vendredi, serpenter ; les interprètes voient en elle le ser-
leldimanche. Le peuple croit qu'un vendredi pent funeste.
pluvieux ne peut être suivi d'un dimanche Prostrophies, — esprits malfaisants qu'il
serein.Racine a dit au contraire : fallait supplier avec ferveur, chez les anciens,
Mafoisvirl'avenirbienfouquise fiera. pour éviter leur colère.
Tel quirit vendredi, dimanche pleurera.
Pruflas ou Busas, — grand prince et grand-
Si la huppe chante avant que les vignes ne duc de l'empire infernal. Il régna dans Baby-
germent, c'esl un signe d'abondance de vin : lone, quoiqu'il eût la tète d'un hibou. Il ex-
DesaintPaulla clairejournée cite les discordes, allume les guerres, les
Nousdénoteunebonneannée.
Si l'onvoitépaisles brouillards, querelles, et réduit à la mendicité ; il répond
Mortalitédetoutesparts. avec profusion à tout ce qu'on lui demande ,
S'il fait vent,nousauronsla guerre; il a vingt-six légions sous ses ordres '.
S'ilneigeoupleut,cliertésur terre;
Si beaucoup d'eautombeencemois, Pséphos, — sorte de divination où l'on fai-
Lorspeudevincroîtretu vois. sait usage de petits cailloux, qu'on cachait
Desétoiles en plein jour pronostiquentdes in- dans du sable.
cendieset des guerres. Sous le règne de Con- Psychomancie , — divination par les es-
stance, il y eul un jour de ténèbres pendant prits, ou art d'évoquer les morts. Voy.NÉCRO-
lequelon vil les étoiles ; le soleil à son lever MANCIE.
étaitaussi pâle que la lune: ce qui prégageait Psyll'es, — peuples de Libye, dont la pré-
la famine et la peste. sence seule charmait le poison le plus subtil
DujourdesaintMédard,enjuin, des serpents les plus redoutables. Ils préten-
Lelaboureursedonnesoin; daient aussi guérir la morsure des serpents
Carlesanciensdisent,s'il pleut, avec leur salive ou par leur simple attouche-
Que trente jours dureril peut. ment..Hérodote prétend que les anciens Psyl-
Et s'ilfait beau,soistoutcertain
J D'avoirabondamment du grain, les périrent dans la guerre insensée qu'ils en-
< Lestonnerres du soir amènent un orage ; les treprirent contre le vent du midi, indignés
tonnerres du matin promettent des vents ; qu'ils étaient de voir leurs sources desséchées.
ceux qu'on entend vers midi annoncent la Psylotoxotes, •—peupleimaginaire de.Lu-
:. pluie. Les pluies de pierres pronostiquent des cien. Ils étaient montés sur des puces grosses
i chargeset des surcroîts d impôts. comme des éléphants.
] Quiconque en aoûtdormira Pubiius, — uoy. TÊTE.
'„ Surmidi,s'enrepentira. Puoel, — grandeet puissant duc de l'enfer;
i Brefentoustempsje te prédi il paraît sous la forme d'un ange obscur-;. il
t Qu'ilnefautdormirà midi. sur les sciences, oecultes ; il apprend
répond
i Troissoleils,pronostiquent un triumvirat..On la géométrie et. les arts, libéraux ;, il cause,de
ï v't trois soleils, dit Cardan, après la mort de grands bruits et fait entendre le mugissement
| JulesCésar ; la môme,chose eul lieu un peu des eaux dans les lieux où il n'y en a pas. Il
s avantle règne de François I™,Charles-Quint eonimandequarante-huiliégions 2.11:pourrait
« et Henri VIII. — Si. le soleil luit avant la1 bien;être le même'
que Pocel.. -
messele jour de la Chandeleur,, c'est, un si-" Puoëlle d'Orléansy-^ WOÎ/,..,JEANNB D'AUG.
5 .8'ieque l'hiver sera, encore bien long.. Qui—
l se couche avec les. chiens se lève avec les
5 r Wierus,inPseudomonarchiâ iiïem-.' i
i l>uces. . . 2 Wierus,inPseudomoiu damv.
ru.il — it\hih — FÏR il
Puces. — L'abbé Thiers, parmi les super- Putèorites, — secte juive dont la super -1
stitions qu'il a recueillies, rapporte celle-ci: stilion consistait à rendre des honneurs la
se par'
qu'on peut prémunir contre la piqûre des liculiers aux puits et aux fontaines. fi
puces, en disant : Och , oc/i. Pygmécs , — peuple fabuleux qu'on disaHil
Punaises. — Si on les boit .avec du bon vi- avoir existé en Thrace. C'étaient des hommes«I
naigre, elles font sortir du corps les sangsues qui n'avaient qu'une coudée de haut; leurs (1
que l'on a avalées, sans y prendre garde, en femmes accouchaient à trois ans et étaient î|
buvant de l'eau de marais '. vieilles à huit. Leurs villes et leurs maisonsSi
Purgatoire. — Les juifs reconnaissentune n'étaient bâties que de coquillesd'oeufs: à |;l a
sorte de purgatoirequi dure pendant,toute la campagne ils se reliraient dans des trous •!
première année qui suit la mort de la per- qu'ils faisaient sous terre. Ils coupaientleurs S
sonne décédée. L'âme, pendant ces douze blés avec des cognées, comme s'il eût été il
mois, a la liberté de venir visiter son corps questiond'abattre une forêt.Une armée deces 3
et revoir les lieux et les personnes pour les- petits hommesattaqua Hercule, qui s'était en- il
quels elle a eu pendant la vie quelque af- dormi après la défaite du géant Antée, et prît I
fectionparticulière. Le jour du sabbat,est pour pour le vaincre les mômes précautions qu'un 1
elle un jour de relâche. — Les Kalmoucks prendrait pour formerun siège. Les deux ailes îjj
croient que les Berrids, qui sont les habitants de celle petite armée fondent sur la maindu B
de leur purgatoire, ressemblent à des lisons héros; et, pondant.que le corps de bataille \{
ardents et souffrent.surtoutde la faim et de la s'attache à la gauche, et que les archers tien- ?î
soif. Veulent-ilsboire, à l'instant ilsse voient nent ses pieds assiégés, la reine, avec ses î,
environnésde sabres, de lances,de couteaux ; plus braves sujets, livre un assaut à la tète, k
à l'aspect des aliments, leur bouchese rétré- Herculese réveille, et riant du projet de celte f
cit commeun trou d'aiguille, leur gosier ne fourmillière, les enveloppe tous dans sa peau j;
conserve que le diamètre d'un fil, et leur de lionet les porte à Eurysfhée. — Les Pyg- f
ventre s'élargit et se déploie sur leurs cuisses; niées avaient guerre permanente contre les ï
commeun paquet, d'allumettes. Leur nourri- grues, qui tous les ans venaient de la Scythie !
ture ordinaire se compose d'étincelles. — les attaquer. Montéssur des perdrix, ou, se- !
Ceux qui ont dit que le purgatoire n'est sé- Ion d'aut.'es , sur des chèvres et des béliers !
paré de l'enfer que par une grande toile d'a- d'une taille proportionnée à la leur, ils s'ar-
raignée, ou par des murs de papier, qui en for- maient de toutes pièces pour aller combattre
ment l'enceinteet.la voûte, ont dit des choses3 leurs ennemis.— Près du château de Morlaix,
que les vivants ne savent,pas. Le purgatoire, en Bretagne, il existe, dit-on, de petits hom-
que rejettent les protestants, est pourtant in- mes d'un pied de haut, vivant sous terre,
diqué suffisamment dans l'Evangile même. marchant et frappant sur des bassins. Ils éta-
Jésus-Christ parle (saint Matthieu, ch. XII)\ lent leur or et le font sécher au soleil.L'hotn-
de péchés qui ne sont remis ni clansle siècle e me qui tend la main modeslementreçoit deux
présent, ni dans le siècle futur. Quel est ce0 poignées de ce métal ; celui qui vient avec
sièclefutur oùlespéchésne peuvenlûtreremis?9 un sac, dans l'intention de le remplir, est
Voy.dans le Dictionnairedo théologiede Ber- éconduit et maltraité : leçon de modération
gier l'article Purgatoire. Voy.ENFEIIdans cee qui tient à des temps reculés1. Voy. NAINS,
Dictionnaire. GNOMES, etc.
Purrikeh, — épreuve par le moyen dee Pyramides. — Les Arabes prétendent que
l'eau et du feu, en usage chez les Indiens ,s les pyramides ont été bâties long-tempsavant
pour découvrir les choses cachées. le déluge par une nation de géants. Chacun
Pursan ou Curson, — grand roi de l'enfer. d'eux apportait sous son bras une pierre de
Il apparaît sous la forme humaine avec une IP vingt-cinq francs.
tèle de lion ; il porte une couleuvre toujours's Pyromancie, — divination par le feu. On-
furieuse; il est monté sur umours et précédé lé jetait dans ie feu quelques poignées do poix
continuellement du son de la: trompette; il broyée ; et, si elle s'allumait promptement,
connaît à fond le présent, le passé, l'avenir,r, on en tirait un bon augure. Ou bien on bru-
découvre les choses enfouiescommeles tré- i- lait une victime, et on prédisait l'avenir sur
sors. S'il prend la forme d'un homme, il est st la couleur et la (igure de la flamme. Les de-
aérien ; il est le père des bons esprits fami-i- monomanes regardent le devin Amphiaraùs
liers.Vingl-deuxlégionsreçoiventses ordres-, 2. comme l'inventeur de cette divination.— "
y avait à Athènes un temple de MinervePo-
} Albert-le-Grand,p. 187.
•"•Wierus,Pseudom. drem, 1 Cambry, VoyagedansleFinistère,en1794.
PYT — /il: > — PYT
ligule où se trouvaient des vierges occupées à un boeuf qui broutait un champ de fèves; il
esaniincrles mouvementsde la flammed'une lui dit.à le l'oreille quelques parolesmystérieu-
firentcesser pour toujours de man-
laiive conlinuellement allumée. Delrio rap- ses, qui fèves'. On n'appelait plus ce boeuf
norleque de son temps les Lithuaniens pra- ger desboeuf
tiquaientune espèce de pyromancie,un qui con- que le sacré, el dans sa vieillesseil ne
sistaità mettre un malade devant grand se nourrissait que de ce que les passants lui
feu; et, s' l'ombre formée par le corps était donnaient. Enfin, Pythagore prédisait l'avenir
droiteet directement opposée au feu, c'était et les tremblementsde terre avec une adresse
çi'»nede guérison; si l'ombre élail de côté, merveilleuse: il apaisait les tempêtes, dissi-
c'étaitsigne de mort. pait la peste, guérissait les maladies d'un
— seul molou par l'attouchement.Il fil un voya-
Pyrrhus. 11avait forcé les habitants de aux enfers, où il vit l'âme d'Hésiodeatta-
ge
j,ocresà remettre entre ses mains les trésors chée avec des chaînes à une colonned'airain,
del'roserpiiie. Il chargea ses vaisseaux de ce et celle d'Homère pendue à u:i arbre au mi-
liulinsacrilège et mit à la voile: mais il fut lieu d'une légion de serpents, pour toutes les
surprisd'une tempête si furieuse qu'il échoua fictions injurieuses à la divinité dont leurs
sur la côte voisine du temple. On retrouva poèmes sont remplis. — Pythagore intéressa
sur le rivage tout l'argent qui avait été en- les femmesau succès de ses visions,en assu-
levé, el on le remit dans le dépôt sacré '. rant qu'il avait vu dans les enfers beaucoup
Pythagore, — filsd'un sculpteur de Samos. de maris 1res-rigoureusement punis pour
Ilvoyageapour s'instruire : les prêtres d'K- avoir maltraité leurs femmes, et que c'était
«vptel'initièrent à leurs mystères, les mages le genre de coupablesle moins ménagé dans
deChaldée lui communiquèrent leurs scien- l'autre vie. Les femmesfurent contentes, les
ces; les sages de Crète, leurs lumières. Il maris eurent peur; et tout fut reçu. Il y eut
rapportadans Samos tout,ce que les peuples encore une circonstance qui réussit merveil-
lesplus instruits possédaientde sagesse et de leusement; c'est que Pythagore , au moment
: connaissancesutiles; mais, trouvant sa patrie de son retour des enfers, et portant encore
; sousle joug du tyran l'ulycrale, il passa à sur le visage la pâleur et l'effroi qu'avait dû
C.rolone, où il éleva une école de philosophie lui causer la vue de tant de supplices, savait
. dansla maison du fameux athlète Milon.C'é- parfaitement tout ce qui était arrivé sur la
i lait,vers le règne de Tarquin-le-Superbe. Il terre pendant son absence.
enseignaitla morale, l'arithmétique , la géo- Pythons. — Les Grecs nommaient ainsi,
métrieet la musique. On le fait, inventeur de du nom d'ApollonPylhien, les esprits qui ai-
: tamétempsycose.— 11parait que , pour ôlcn- daient à prédire les chosesfutures, et les per-
\ (Irel'empire qu'il exerçait sur les esprits, il sonnes qui en étaient possédées. La Vulgale
s nedédaignapas d'ajouter lesecours des pres- se sert souventde ce terme pour exprimer les
; tigesaux avantages que lui donnaient ses devins, les magiciens, les nécromanciens.La
; connaissanceset ses lumières. Porphyre et sorcière, qui fit apparaître devant Saiil l'om-
Jiimbliquelui attribuent des prodiges; il se bre do Samuel , est appelée la pythonisse
I faisaitentendre et obéir des bêles mêmes. d'Endor. On dit aussi esprit de Python pour
j' 1ne ourse faisait de grands ravages dans le esprit rie devin. Les prêlresses de Delphes
paysdes Dauniens; il lui ordonna de se reli- s'appelaient Pylhonisses ou Pythées. — Py-
i 'or: elledisparut. Il se montra avec une cuis- thon, dans la mythologiegrecque, est un ser-
; * d'or aux jeux olympiques; il se fit saluer pent qui naquit du limon de la terre après le
; Parle fleuve Nessus; il arrêta le vol d'un déluge. Il fut lue par Apollon, pour cela sur-
• aigle; il fit mourir un serpent; il se fit voir, nommé Pylhien.
; le mêmejour et à la même heure, à Crotone 1 LesPythagoriciens tellement
lesfèves,
: Wà Métaponte. — Il vit un jour, à Tarente, que nonseulementilsrespectaient n'en mangeaientpoint, mais
mêmeil neleuï'était pas permisde passerdans un
! champ detèves,-dc.:penr d'écraserquelqueparentdont
i V;tîere
Maxime. ellespouvaient logerl'âme.
RAB — /i16 — RAI!

Queiran (ISAAC), — sorcier de Nérac, ar- fusa. Le diable, l'ayant chargé.sur son cou
rêté à Bordeaux, où il était domestique, à ' voulutle noyer; mais le pauvregarçon criasi
l'âge do ving-cinq ans. Interrogé commentil fort que les gens d'un moulin qui était près
avait appris le métier de sorcier, il avoua de là étant accourus, le vilain noir fut obligé
qu'à l'âge de dix ou douze,ans, étant au ser- de fuir. — Enfin le diable l'enleva un soir
vice d'un habitant de la bastide d'Armagnac, dans une vignequi appartenait à son mailre,
un jour qu'il allait chercher du feu chez une et le conduisit,au sabbat, où il dansa et man-
vieille voisine, elle lui dit de se bien garder gea comme les autres. Un petit démon frap-
de renverser deux pois qui étaient devant pail sur un tambour. Le diable, ayant enten-
la cheminée; ils étaient pleins de poisonque du les coqs chanter, renvoya tout son momie.
Salan lui avait ordonné de faire. Celle cir- — Interrogé s'il n'avait pas fait quelquesma-
constance ayant piqué sa curiosité , après léfices,il réponditqu'il avait maléficiéun eu- \
plusieursquestions,la vieillelui demandas'il fant dans la maison où il avait servi ; qu'il
voulait voir le grand-maître des sabbats et lui avait mis dans la boucheune.bouletteque
son assemblée. Tillele suborna de sorte qu'a- le diable lui avait donnée, laquelle rendit cet <
près l'avoir oint d'une graisse dont il n'a pas enfant muet pendant trois mois. Après avoir
vu la couleur ni senti l'odeur, il fut enlevé et été entendu en la chambre de la Tournelle,
porté dans les airs jusqu'au lieu où se lo- où il fui reconnu pour un bandit qui faisail;
uait le sabbat; des hommesel des femmes y l'ingénu, Queiran fut condamné au supplice
criaient et dansaient; ce qui l'ayant, épou- le 8 mai 1609 '.
I?
vanté, il s'en retourna. Le lendemain, passant Question —
, voy. INSISNSIMLITI'Î. ;
par la métairie de son un
maître, grand hom- 1I
me noir se présenta à lui, et lui demanda Queys, — mauvais génies chez les Chinois.
pourquoiil avait quille l'assembléeoù il avait Quintillianistes. — Unefemmede la sucle<
promis à la vieille de rester. S'élanl excusé des oaïnisles, nommée Quinlille,vinten ATri-s
sur ce qu'il n'y avait rien à faire, il voulut que du lemps de Terlullienet y pervertitplu- }
continuerson chemin; mais l'hommenoir lui sieurs personnes. On appela quintillianistesi
déchargea un coup de gaule sur l'épaule, en les abominables sectateurs qu'elle forma. 11
lui disant : «Demeure,je te baillerai bienchose paraît qu'elle ajoutait encored'horribles pra- ]
qui l'y fera venir.» Cecoup lui fit mal pendant tiques aux infamiesdes caïnites. Voy.GAIN. ;
deux jours, et il s'aperçut,que ce grand hom- — pierre merveilleuse qui, sui-
me noir l'avait marqué sur le bras auprès de Quirim,
vant les démonographes, placée sur la lèlc
la main; la peau paraissait noire et tannée. d'un hommedurant son
— Unautre jour passant sur le pont de la ri- sommeil, lui fait dire
vière qui est près de la bastide, le môme tout cedes qu'il a dans l'esprit. On l'appelleaussi
traitres. \
hommenoir lui apparut de nouveau, lui de- pierre
manda s'il se ressouvenaitdes coups qu'il lui 1 Delancre,
Tableaudel'inconstance des déni.,cti'.,
avait donnés, et s'il voulait le suivre; il re- p. 145etsuivantes.

Rabbats, — lutins qui font du vacarme Rabbins, — docteursjuifs, qui furentlong-


dans les maisons et empêchent les gens de temps soupçonnésd'èlro magicienset d'avoir
dormir. On les nomme rabbats parce qu'ils commerceavec les démons'.
portent une bavetteà leur cravate, commeles Rabdomanoie, •—divination par les !>:>
gens qu'on appelle en Hollande consolateurs 1 Leloyer, ouapparit.descsi'<i'i
ITist.des spectres
des malades. p.201.
HA11 — /il 7 — K.\J
ions-C'est une des plus anciennes supersti- Raîz (GiLi.tisDISLAVALDIÎ), maréchal de
tions. Ézéchiel et Osée reprochent,aux juifs France, qui fut exécuté comme convaincu do
(I,.s'y laisser tromper. On dépouillait d'un sorcellerie : el d'abominations au quinzième
côlé et dans toute sa longueur une baguette :siècle. Après avoir vainement cherché à faire
choisie,on la jetait en l'air ; si en retombant de l'or par les secrets de l'alchimie, il voulut
elleprésentait la partie dépouillée, el qu'en commercer avec le diable. Deux charlatans
la jetant une seconde fois elle présentât le abusèrent, de sa crédulité : l'un se disait mé-
côlérevêtu de l'écorce, on en lirait un heu- decin du Poitou, l'autre était Italien. Le pré-
reux présage; si au contraire, elle tombait tendu médecinlui volason argent et disparut.
uneseconde fois du côté pelé, c'était un au- Prélali élail de Florence; il fui présenté au
gure fâcheux. Celle divination était connue maréchal comme magicien et habile chimiste.
chezles Perses, chez les Tartares el chez les Prélali n'était ni l'un ni l'autre ; c'était un
Romains.— La baguette divinatoire, qui a adroit fripon qui s'entendait avec Sillé,
fait grand bruit sur la fin du dix-septième l'homme d'affaires du maréchal. —•Prôlati
siècle, tient à la rabdomancie. Voy. 15A- fil une évocation; Sillé , habillé en diable , se
Giiiirriï. Bodin dit qu'une sorle de rabdo- présenta avecd'horribles grimaces. Le maré-
mancieétait de son temps en vigueur à Tou- chal voulait avoir une conversation , mais
louse: qu'on marmottait quelques paroles ; Sillé n'osait parler; Prélali, pour trouver du
qu'on faisait baiser les deux parties d'un temps, imagina de faire signer un pacte au
bâton fendu , el.qu'on en prenait deux par- seigneur de Itaiz, par lequel il promettait au
celles qu'on pendait au cou pour guérir la diable de lui donner tout ce qu'il lui deman-
lièvrequarte. derait, excepté son âme et sa vie. Il s'enga-
Rachaders, — génies malfaisants des In- geait dans cet écrit, signé de son sang, à faire
diens. des encensementset des offrandesen l'hon-
RadcliSe (ANNE), Anglaise qui publia, il neur du diable, el à lui offrir en sacrifice le
a des romans de vi- coeur, une main, les yeux el le sang d'un
y quarante ans, pleins enfant. — Le jour choisi pour l'évocation, le
sions, de spectres et de terreurs, comme les maréchal se rendit au lieu désigné, marmol-
Mystèresd'Udolphe, etc. tanl des formules, craignant el espérant de
Rogalomancie, — divination qui se faisait voir le diable. Prélali se fatigua vainement:
avec des bassinets, des osselets, de petiles le maréchal, sa bonne volonté, ne vit.
malgré
balles, des tablettes peintes, et que nul au- rien du tout. 11paraîtrait assez, par ce que
teur n'a pu expliquer 1. dit Lobineau , que le maréchal était devenu
Rage. — Pour être guéri de là rage, des fou. Gilles de llaiz s'abandonnait aux plus
écrivains superstitieux donnent ce conseil: infâmes débauches ; el, par un dérèglement
On mangera une pomme ou un morceau de inconcevable, les victimes de ses affreuses
pain dans lequel on enfermera ces mots : passions n'avaient de charmes pour lui que
Xioni, Kirioni, Ezzeza, etc.; ou bien on dans le momentqu'elles expiraient.Cethomme
brûlera les poils d'un chien enragé, on en effroyable se divertissait aux mouvements
boirala cendre dans du vin, el on guérira -. convulsifs que donnaient à ces malheureux
loi/. IMAGINATION. les approches do la mort, qu'il leur faisait
i Raginis, — espèce de fées chez les Har- lui-même souffrirde sa propre main. Par les
monies.Elles habilenl le séjour de la joie, procès-verbaux qui furent dressés et par sa
d'où elles s'échappent quelquefoispour venir propre confession, le nombre des enfantsqu'il
au secours des malheureux. Mais elles ne fît mourir dans les châteaux do Machecou et
sont pas toutes bonnes ; c'est comme chez de Chanlocése montait à plus de cent, sans
nous. compter ceux qu'il avait immolés à Nantes,
Rahouart, — démonque nousne connais- à Vannes et ailleurs. — Sa hideuse folie est
; sonspas. Dans la Moralité du mauvais riche et d'autant plus constatée qu'il sortit un jour
(luladre, imprimée à Rouen, sans dalo, chez: de son château pour aller voler des enfants à
Durzel, et jouée à la fin du quinzième siècle,,. Nantes, au lieu de prendre le chemin de Jé-
Satana pour compagnonle démonRahouart. rusalem, comme il l'avait annoncé. —Sur le
'. C'est dans la hotte de Itahouarl qu'ils em- cri public., le duc Jean Y le lit prisonnier; les
portentl'âme du mauvais riche quand il estt juges de l'Église se disposèrent à le juger
mort. comme hérétique el sorcier. Le parlement de
le décréta de prise de corps comme
1 rjelancre,Incrédulitéet mécréaucedu sortilègee Bretagne
l'ieinementconvaincues, p. 278, homicide. Il parut devant un tribunal com-
2 Lcmnius. posé de laïques et d'ecclésiastiques; il injuria
IUL — /liS — iUM '.:
ces 'derniers,voulutdéclinerleur juridiction: dans i l'Amériquedu sud , des sauvagesn-ok ^
« J'aimèràis mieuxêtre pendu par le cou,leur fois aussi grands que les hommes
de vous » — i ordinaires
disait-il, que répondre. Maisla des cyclopesqui avaientles yeux aux épaules' !!
cràinle d'être appliqué à la torture le fil tout là bouchesur la poitrineel la chevelureau v
confesserdevant j'éveque de Sàiiit-Brieucêl milieudu dos; p
lé président Pierredé l'Hôpital. Le président Rambouillet. — Le marquis de lUim-
le pressa de dire par quel motifil avait fait boûilletet lé marquis de Précy, tous
lant el brûlé ensuite leurs deux !
périr d'innocents; âgés de vingt-cinqà trente ans, éfàientin- \:-
corps ; le riiàréchttlimpatientéluidit. «Hélas! timès amis. Un jour qu'ilss'entretenaientdes i'
monseigneur-,vous vous tourmentez, el moi affairesde l'autre monde, après plusieursdis- ''
avec; je vous en ai dit assezpour fairemourir cours qui témoignaientassez qu'ils n'élaieni i;
dix millehommes » — Le lendemainle ma- pas trop persuadésde tout,ce qui s'en dit. ils ï
réciialeh audiencepubliqueréitérasesaveux. se promirentl'un à l'autre que le premier
II fut condamné à être brûlé vif, le 25 oc- qui mourrait,en viendrait apporter des non- fj
tobre 1440. L'arrêt fut exécuté dans le pré vellesà son compagnon.—Au bout de Irais l
de la Madeleine, près Nantes *. mois, le marquis de Rambouilletpartit pour P
Ralde (MAIÛÉDELA), — sorcière qu'on la Flandre, où Louis XIV faisait alors ht \
arrêta à l'âge de dix-huit ans, au commen- guerre ; le marquis de Précy, arrêté par une
cement du dix-septième siècle. Elle avait grossefièvre, demeuraà Paris. Six semaines [
commencéle métier à dix ans, conduiteau après, Précyentendit, sur les six heuresdu [
sabbat pour la première!foispar la sorcière malin, tirer les rideaux de son lit ; el, se ''
Mai'issane.Après la mûri de cette femme, le tournant pour voir qui c'était, il aperçu!le !
diable ia mena lui-mêmeà son assemblée, marquisdellambouillet,en btillleeleii bottes, i
où elle avoua qu'il se tenait en forme de il sortit de son lii, voulant,sauter à son cou |
tronc d'arbre. Il semblait être datis une et lui témoignerla joie qu'il avait de sonre-
chaire, el avait (jù'elqùeombre humainefort tour ; mais Rambouillet,reculant de quel-
ténébreuse. Cependant elle l'a vu sous la ques pas, lui dit que ses caresses n'élaieni
figuré d'un homnieordinaire, tantôt rouge, plus de saison, qu'il ne venaitque pour s'ac-
tantôt noir ; il s'approchait souventdes en- quitter de la parole qu'il lui avait donnée:
fants, tenant un fer chaud à la main; niais qu'il avait été tué la veille; que tout ce que
elle ignoré s'il les marquait. Elle n'avait ja- l'ondisaitdel'autre mondeétait très-certain;
mais baisé lé diable; mais elle avait vu com- qu'il devait songer à vivre d'une autre ma-
ment on s'y prenait : le diable présentait sa nière, el qu'il n'avait pas de temps à perdre,
figure ou son derrière, le tout,à,sa discrétion parce qu'il serait tué lui-mêmedans la pre-
et commeil lui plaisait. Elle ajouta qu'elle mière affaire où il se trouverait.—:Onne
aimait tellementle sabbat, qu'il lui semblait peut exprimer la surprise où fut le marquis
allerà la noce, « nonpas tant par la libertéel de Précy à ce discours.Ne pouvantcroirece
licence qu'on y à, mais parce que le diable qu'il entendait, il fit de nouveauxeffortspour
tenait tellement liés leur coeuret leurs vo- embrasser soii ami, qu'il croyait le vouloir
lontés, qu'à peine y laissait-il entrer nul abuser ; mais il n'embrassa que du vent ; el
autre désir. » En outre, les sorcièresy enten- Rambouillet,voyantqu'il était,incrédule,lui
daient une musiqueharmonieuse,el lodiable montra l'endroitoù il avait reçu le coup, qui
leur persuadait(luel'enfern'est qu'une niai- était dans les reins, d'où le sang paraissait
serie, que le feu qui brûle continuellement encore couler. Après cela, le fantôme dis-
n'était qu'artificiel.Elle dit encorequ'elle ne parut, laissant Précy dans une frayeur plus
croyaitpas fairemald'aller au s'abbàl, et que aisée à comprendrequ'à décrire. Il appela
hïêmèelle avait bien du plaisirà la célébra- son valet de chambre, et réveilla toute la
tion de là messe qui s'y disait, où le diable maison par ses cris. Plusieurs personnesac-
se faisait passer pour lé vrai Dieu. Cepen- coururent, à qui il conta ce qu'il venait de
dant eile Voyaità l'élévationl'hostie noire2. voir : tout le monde attribua cette vision(i
il ne paraît pas qu'elle ait été brûlée, mais l'ardeur de la fièvre qui pouvait altérer son
on ignore ce que lès tribunauxèti firent. imagination; on le pria de se. recoucher,lui
—courtisan célèbre remontrant qu'il fallaitqu'il eût rêvé ce qu'il
Raleigh (WALTIÏH ), Le marquis, au désespoir de voir
de l'areine Elisabeth. Il se vante d'avoirvu disait. le
qu'on prît pour un visionnaire, répéta
1 lyi.Garinet, llist.de.la magieenFrance,p..103. toutes les circonstancesqu'on.vientdevu lire;
:j-Dclancie, Tableaudel'inconstance desdém.,etc., mais il eut beau protester qu'il avait fit
liv.il, ]).127. enlenduson ami, on demeura toujoursdans
Il AU — AH) — IIKP
la même pensée, jusqu'à ce que la posle de Regard, — voy. VEUX.
l'lundres, par laquelle on apprit la mort du Regensberg, DÉMONS
VOIJ. I'ÀMII.IKUS.
marquisde Rambouillet, fui arrivée. Celle Regiomontanus , — VOXJ. Mui.i.EIi.
première circonstance s'élanl trouvée véri-
et de la manière l'avait Remmon , — voy. Rl.MMON.
table, que dit Précy,
ceux à qui il avait, conté l'aventure com- Rémore, — poisson sur lequel on a fait
mencèrentà s'étonner ; Rambouilletayant été bien 1 des contes. —« Les rémores, dit Cyra-
lue précisément la veille du jour qu'il avait no ] de Bergerac, qui était un plaisant, habitent
dit, il était impossiblequ'il l'eût appris na- vers l'extrémité du polo, au plus profond de
turellement.—Dans la suite, Précy, ayant la 1 nier Glaciale; el c'est la froideur évaporée
voulu aller, pendant les guerres civiles, au de ' ces poissons, à travers leurs écailles, qui
combatde Saint-Antoine, y fut.tué fait geler en ces quartiers-là l'eau de la mer,
aaollet (JACQUES), •—loup-garou de la quoique salée. La rémore contient si éminem-
paroissede Maumusson, près de Nantes, qui ment tous les principes de la froidure, que
fuiarrêté el condamné à mort par le parle- passant par-dessous un vaisseau, le vaisseau
mentd'Angers. Durant son interrogatoire, il se trouvesaisi de froid , en sorte qu'il en de-
demanda à un gentilhommequi était présent meure tout engourdi jusqu'à ne pouvoir dé-
s'il ne se souvenait pas d'avoir tiré, de son marrer de sa place. Lu rémore répand autour
arquebusesur trois loups; celui-ci ayant ré- d'elle tous les frissons de l'hiver. Sa sueur
pondu affirmativement, il avoua qu'il était formeun verglas glissant. C'est un préservatif
l'un des loups , et que, sans l'obstacle qu'il contre la brûlure »—Rien n'est plus sin-
avait eu eu cette occasion, il aurait dévoré gulier, dit le P. Lebrun , que ce qu'on raconte
unefemme qui était près du lieu. Rickius dit. de la rémore. Arislole, .Eiian, Pline, assurent
que lorsque Raollel fui pris, il avait les che- qu'elle arrête loul court un vaisseau voguant
veuxflottants sur les épaules, les yeux en- à pleines voiles. Mais ce fait est absurde, et.
foncésdans la tète, les sourcils rofrognés, les n'a jamais eu lieu; cependant plusieurs au-
onglesextrêmement longs ; qu'il puait lelle- teurs l'ont soutenu, cl.ont donné, pour cause
inetilqu'on ne pouvait s'en approcher. Quand de cette merveille, une qualité occulte. Ce
il se vit condamné par la cour. d'Angers, il poisson, qu'on nomme à présent succef., est
ajouta à ses aveux qu'il avait mangé des grand de deux ou Irois pieds. Sa peau est
eliarrettts ferrées, des moulins à vent, des gluante el visqueuse. 11s'attache et se colle
avocats, procureurs et sergents, disant que aux requins, aux chiens de mer; il s'attache
celleviande était tellement dure elsi mal as- aussi aux corps inanimés; de sorte que, s'il
saisonnéequ'il n'avait pu la digérer ' s'en trouve un grand nombre collésà un na-
Rat. — Pline dit que de son temps la ren- vire, ils peuvent bien l'empêcher de couler lé-
contre d'un rat blanc, était de bon augure. gèrement sur les eaux, mais non l'arrêter.
Les boucliers de Lavinium, rongés par les Remures, — l'O!/.LÉMUlIES Cl MANIÏS,
rais, présagèrent un événement funeste, et Renards. — Les sinloïsles, seclè du Japon,
la guerre des Marsesqui survint bientôt après
donnaun nouveau crédit à cette superstition. ne reconnaissentd'autres diables que lésâmes
— Le voile de Proserpine était parsemé de des méchants, qu'ils logentdans le corps des
rais brodés. —Les peuples de llassora et de renards, animaux qui l'ont beaucoup de ra-
Cambaiese feraient un cas de consciencede vages en ce pays.
nuire à ces animaux. —Les matelots donnent Réparé. — Un homme qui s'appelait Ré-
auxrais une prescience remarquable : a Nous paré, cl un soldat qui se nommait Etienne-,
sommescondamnés, disent-ils, par un calme firent avant de mourir, et par une faveur spé-
l'Hitou par quelque autre accident; il n'y a ciale, le voyage de l'autre monde; du moins
fias un seul rat à bord !... » Ils croient que . on en a écrit la légende,qui est un pelil coule
les rats abandonnent un bâtiment qui est moral. Ils virent, dans une caverne, quelques
destinéà périr. Voy.HATTON. démonsqui élevaient un bûcher pour y brûler
un défunt dont la vie était impure. Ils aperçu-
Rauni,— grand comtedu sombre empire, rent un
qui se présente sous la forme d'un corbeau peu plus loin une maisonenflammée,
; lorsqu'il est conjuré : il détruit des villes, où l'on jetait un grand nombre do coupables
donnedes dignités.11est de l'ordre des trônes qui brûlaient comme du bois sec. Il y avait
cl commandetrente légions-. auprès de celte maison une place fermée de
hautes murailles, où l'on était continuelle-
> ' Rieldns, Discours
dela p.,1S. ment exposé au froid, au vent, à la pluie, à
Lycanlhropie,
2 Wierus,in Pseudom.dîem. la neige, où les patients souffraient une faim
27.
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0 — RET %
et une soif perpétuelles sans pouvoir rien prennent une vie nouvelle. Cette opinionest I
avaler. On dit à l'homme qui se nommaitRé- une invention de la politique pour animer le ï.
paré, et au soldat qui s'appelait Éiienne, que courage des soldats. Les amanlas, docteurs \'
ce triste gîte était le -purgatoire. A quelques el philosophesdu pays, croyaient la résuc- V-
pas de là, ils furent arrêtés par un feu qui rection universelle, sans pourtant que ieill, j"
s'élevait à perle de vue; ils virent arriver un esprit s'élevât plus haut que celle vie animale '»
diable qui portait un cercueil sur ses épaules. pour laquelle ils disaient, que nous devions I
Réparé demanda pour qui onallumaitle grand ressusciter, el sans attendre ni gloire ni snp- I
feu. Mais le démon qui portail le cercueildé- plice. Ils avaient un soin extraordinaire de 5
posa sa charge, et la jeta dans les flammessans mellreen lieu de sûreté les rognures de leurs i
dire un mot. — Les deux voyageurspas-èrent; ongles et de leurs cheveux, et de les cacher !'
après avoir parcouru divers autres lieux, où dans les fentesou dans les trous de muraille, f'
ils remarquèrent plusieurs scènes infernales, Si, par hasard , les cheveux et. les ongles i1
ils arrivèrent devant un pont qu'il fallut tra- venaient,à tomber à terre avec le temps el \
verser. Ce pont était bâti sur un fleuvenoiret qu'un Indiens'en aperçût, il ne manquait,pas j-
bourbeux, dans lequel on voyait barboller des de les relever de suite, el de les serrer de i'
défunts d'un aspect effroyable. On l'appelait nouveau. —Savez-vous bien, disaient-ilsà ï
le Pont des épreuves, celui qui le passait,sans ceux qui les questionnaient sur cette singula- !
broncher était juste el entrait dans le ciel, au rite, que nous devonsrevivre dans ce monde. S
lieu que le pécheur tombait dans le fleuve. et que les âmes sortiront des tombeaux avec j
Quoique ce pont n'eût pas six pouces de lar- loul ce qu'elles auront de leurs corps? Pour [
geur, Réparé le traversa heureusement; mais empêcher donc que les nôtres ne soient en !
le pied d'Etienne glissa au milieu du chemin ; peine de chercherleurs ongleset leurs cheveux i
ce pied fut empoignéaussitôt par des hommes (car il y aura ce jour-là bien de la presseel j
noirs qui l'attirèrent à eux. Le pauvre soldat bien du tumulte), nous les mettons ici en- I
se croyait perdu ; des anges arrivèrent., saisi- semble, afin qu'on les trouve plus facilement. ;
rent Etienne par les bras, et le disputèrentaux —Gaguin, dans sa descriptionde la Moscovie,
hommesnoirs.Après de longsdébats,les anges dit que, dans le nord de la Russie, les peuples
emportèrent le soldat de l'autre côté du pont. meurent le 27 novembre, à cause du grand
«Vous avez bronché, lui direnl-ils, parce que froid, el ressuscitent le 24 avril : ce qui est,
vous'êtes trop mondain; et nous sommesvenus à l'instar des marmottes, une manière for!
à voire secours, parce que vous fuitesdes au- commodede passer l'hiver. Voy. GAMNIUS,
mônes. » Les deux voyageurs virent alors le PAMII.IUS BE PHÈUES,THIÎSPÉSIUS , YAJUM-
paradis, dont les maisons étaient d'or, et les HES,etc.
campagnes couvertes de fleurs odorantes; Retz. -—Lecardinal de Relz, n'étant encore
el les anges les renvoyèrent 'sur la terre, en qu'abbé, avait,l'ailia partie de passer unesoirée
leur recommandant de profiter de co qu'ils à Saint—Cloud , dans la maison de l'archevê-
avaient vu. que de Paris, son oncle, avec madame el.ma-
demoisellede
Repas du mort, — cérémoniefunéraire en le vicomte de Vendôme, madamede de Choisi,
usage chez les anciens Hébreux el chez d'au- et MM.de Brion Turenne, l'évèque Lisions,
tres peuples. Dans l'origine,c'était simplement- et Voilure. On s'amusa tanl
la coutume de faire un repas sur le tombeau que la compagniene put. s'en retourner que
de-celui qu'on venait d'inhumer. Plus tard on très-tard à Paris. La pelife pointe du jour
à paraître ( on était alors dans
y laissa des vivres, dans l'opinionque les morts commençait
les plus grands jours d'été ) quand on fut-au
venaientles manger.
bas de la descente des Bons-Hommes.Juste-
Résurrection — Les Parsis ou Guèbres ment au pied , le carrosse s'arrêla tout court-
pensent que les gens de bien, après avoir joui « Comme j'étais à l'une des portières avec
des délicesde l'antre monde pendant un cer- mademoisellede Vendôme( dit le cardinal,
tain nombre de siècles, rentreront dans leurs dans ses Mémoires), je demandai au cocher
corps , et reviendront habiter la même terre pourquoi il s'arrêtait? il me répondit, avec
où ils avaient fait leur séjour pendant leur une voix tremblante : « Voulez-vousque je
première vie; mais celte terre, purifiée el passe par-dessus tous les diables qui sont là
embellie, sera pour eux un nouveau paradis. devant moi? » Je mis la tète hors de la por-
—Les habitants du royaume d'Ardra, sur la tière; et, commej'ai toujours eu la vue fort
côte occidentale d'Afrique, s'imaginent que basse, je ne vis rien. Madamede Choisi, q«'
ceux qui sonl tués à la guerre sortent de leurs était à l'aulre portière avec M. de Turenne,
tombeaux au bout de quelquesjours, elre- fut la première qui aperçut, du carrosse, la
11EV — Ifi I — RUV
causede la frayeur du cocher; je dis du car- dormait le petit doigl de la main gauche dans
rosse, car cinq ou six laquais, qui étaient la main droite, ou était assuré de voir en rêve'
derrière, criaient : Jésus, Maria! el trem- une multitude d'ambes, de ternes el de qua-
blaientdéjà de peur. M. de Turenne se jeta lernes '. — Un homme rêvait qu'il mangeait
en bas, aux cris de madame de Choisi. Je la lune. Ce rêve le frappe, il se lève encore
crusque c'étaient des voleurs; je sautai aussi- à moitié endormi, il courl à sa fenêtre ; re-
tôthors du carrosse, je pris l'épéod'un laquais, gardant, au ciel, il ne voit plus que la moitié
etj'allai joindre M!,de Turenne, que je trouvai de cet.astre.... il s'écrie: « MonDieu ! vous
regardant fixement quelque chose que je ne avez bien fait de me réveiller; car avec l'ap-
vovaispoint, ,1elui demandai ce qu'il regar- pétit que j'avais, la pauvre lune, je l'aurais
dait.,el il me répondit, en me poussant du mangée tout entière. » l'oy. SONGES.
bras, el assez bas : « Je vous le dirai ; mais il Rèveillc-matin. — Les Flamands appel-
ne faut pas épouvanter ces dames, » qui. à la lent cette plante le lait du diable (I)uivels-
vérité, hurlaient plutôt qu'elles ne criaient. melk).
—Voilure commença un orennis, madame de B.évélations. — Un citoyen d'Alexandrie
Choisipoussait,des cris aigus; mademoiselle vit sur le minuit des statues d'airain se re-
de.Vendômedisait son chapelet, madame do muer et crier à haute voix que l'on massa-
Vendômevoulaitse confesserà M. de Lisieux, crait à Constanlinoplel'empereur Maurice et
qui lui disait:—«Ma fille, n'ayez point de ses enfants : ce qui se trouva vrai ; mais la
peur,vousètes en la main de Dieu. » Lecumle révélation ne fut publiée qu'après que l'évé-
de flriun avait, entonné bien tristement les nement l'ut connu. — L'archevêque Angello-
litaniesde la Sainte Vierge. Toulcela se passa, Callo
commeon peut se l'imaginer, en même temps la mort (Philippe de Connues l'atteste) connut
de Charles-le-Téméraire, qu'il an-
elen moins de rien. M.de Turenne, qui avait nonça au roiLouisXI à la mômeheure qu'elle
unepetite-ôpée à son côté, l'avait aussi tirée, était arrivée. — Les prodiges faux sont tou-
cl, après avoir un peu regardé, commeje l'ai jours des singeries de vrais miracles. Parei'-
déjàdit, il se tourna vers moi de l'air dont il leincnt, une foule de révélations supposées
eûtdonnéune bataille , et me dit ces paroles : ont trouvé le de se faire admettre,

« Allonsvoir ces gens-là '. Quelles gens? » moyen
parce qu'il y a eu des révélations vraies. —
lui reparlis-je; el. dans la vérité, je croyais Nous ne de la révélation qui est
monde avait le 11 parlons pas
quefout le perdu sens. me un des fondements de noire foi.
répondit.: « Effectivement, je crois que ce Revenants.-—On débite, commeune chose
pourraient bien être des diables. » — Comme
nousavions déjà fait cinq ou six pas du côté assurée, qu'un revenant se trouve toujours
ile la Savonnerie, et que nous élions par froid quand on le louche. Cardan el Alessan-
dro-Alessandri sont des lémoins qui l'affir-
conséquent plus proches du spectacle, je. en donne la raison, qu'il a
commençaià entrevoir quelque chose , et ce ment; etdeCajelnn la bouche d'un esprit, lequel, in-
qui m'en parut fui une longueprocession de apprise à ce
fantômesnoirs, qui me donna d'abord plus terrogé sujet par une sorcière , lui ré-
(l'émotionqu'elle n'en avait, donné à M. de pondit qu'il fallait que la chose,fût ainsi.
est. satisfaisante. Elle nous ap-
Turenne, mais qui par la réflexionque je fis La réponse
que j'avais long-temps cherché des esprits, prend au moins que le diable se sauve quel-

et qu'apparemment j'en trouverais en ce lieu, quefois par le pont aux ânes. DomCalmel
nie fît faire deux ou trois sauts vers la pro- raconte qu'une jeune tille, nomméeCatherine,
cession.Les pauvres augustins déchaussés, du pays des Itans, au Pérou, mourut à seize
que l'on appelle capucins noirs, et qui étaient ans, coupable de plusieurs sacrilèges. Son
nos prétendus diables, voyant venir à eux corps, immédiatement, après sa mort, se
deuxhommes qui avaient l'épée à la main , trouva si infect, qu'il fallut le mettre hors du
eurent encore plus peur. L'un d'eux, se dé- logis. On entendit en même temps 1
tous les
tachantdelà troupe, nous cria: «Messieurs, chiens hurler ; un cheval, jusque- à fort doux,
nous sommes de pauvres religieux , qui ne commença à ruer, à s'agiter, à frapper des
faisonsde mal à personne, et qui venons nous pieds, à rompre ses liens. Un jeune homme
'"«fraîchirun peu dans la rivière, pour noire couché fut tiré par le bras el jeté hors de son
santé. « Nous relournâmesauearrosse,M. de lit ; une servante reçut un coup de pied à l'é--
furenne el moi, avec des éclats de rire que paule, sans voir qui le lui donnait; elle en
l'on peut s'imaginer. » porta les marques plusieurs semaines. Tout
Rêve. — Aubon temps de la loterie royale, ceci arriva avant que le corps de Catherine
'°3 bonnes femmes croyaient que quand on 1 MusnierdesCloseaux, lesMèresd'actrices.
— » — 1-
RKY /i2: RKV i
fût inhumé. — Apres son enterrement, plu- dans la chambre, on lira les rideaux du lii (q
sieurs habitants du lieu virent quantité de on aperçut la figure d'une vieille femme, noire
briques et de tuiles renversées avec grand et ridée , coiffée d'un bonnet de nuil el qui
fracas, dans la maison où elle était décédée. faisait des grimaces ridicules. On demanda i
La servante fut traînée par le pied sans qu'il au maître de la maison si c'était bien là c-,,
parût personne qui la louchât, ci cela en pré- mère? « Oui, s'écria 1,-il, oui, c'est elle; ah!
sence de sa maîtresse et de dix ou douze au- ma pauvre mère ! » Les valets la reconnurent
tres femmes. La même servante , entrant le de même. Alors le prèlre lui jeta de l'eau lié-
lendemain dans une chambre, aperçut la dé- nile sur le visage. L'esprit, se sentant mouillé,
funte Catherine qui s'élevait sur la pointe du sauta à la figure de l'abbé. Tout, le monde prit
pied, pour saisir un vase.de terre posé sur la fuite en poussant des cris. Mais la coiffure
une corniche ; elle était toute en l'eu, et jetait tomba , el. on reconnut que la vieille, femme
des flammes par la bouche et par toules les n'était qu'un singe. Cet animal avait, vu sa
jointures du corps. Elle lui confessa qu'elle maîtresse se coiffer, il l'avait imitée. — L'au-
était damnée et pria la servante de jeter par teur de Paris, Versailles et les provinces au
terre et d'éteindre un cierge bénit, qu'elle te- dix-huitième siècle , raconte une histoire de
nait à la main, disant, qu'il augmentait son revenant assez originale. M. Bodry, fils d'un
mal. La fille se sauva aussitôt; mais le spectre riche négociant de Lyon , fut. envoyé, à l'âge
prit le vase , la poursuivit el le lui jeta avec de vingt-deux ans, à Paris, avec des lettres
force. La maîtresse, ayant entendu le .coup , de recommandation de ses parents, pour leur
accourut, vit la servante loule tremblante, lo correspondant, dont il n'était- pas per. onnclle-
vase en mille pièces, et reçut pour sa part un nienl connu. Muni d'une somme assez forte
coup de brique qui ne lui lit heureusement pour pouvoir vivre agréablement quelque
aucun mal. Le lendemain, une image du cru- temps dans la capitale, il s'associa pour ce
cifix, collée contre le mur, fui loul d'un coup voyage un de ses amis extrêmement gai. Mais,
arrachée en présence de tout le monde , cl en arrivant, M. liodry l'utallaqué d'une lièvre
brisée en trois pièces. On reconnut là que l'es- violente; s-'onami, qui resta auprès de lui la
prit était, réellement damné : on le chassa par première journée, ne voulait, pas le quitter, et
(les exorcismes.... Mais tous les revenants se refusait d'autant plus aux instances qu'il
n'ont, pas de tels symptômes. — Un Italien , lui faisait pour l'engagera se dissi,er, que,
retournant à Rpme'aprôs avoir l'ail enterrer n'ayant l'ail ce voyage (pie par complaisance
son ami de voyage, s'arrêta le soir dans une pour lui , il n'avait aucune connaissance ;i
hôtellerie où i! cou:ha. Etant seul el bien Paris. M. Bodry l'engagea à se présenter sous
éveillé, il lui sembla que son ami mort, loul son nom chez le correspondant de sa famille,
pâle et décharné, lui apparaissait el s'appro- el à lui remettre ses lettres de recommanda-
chait de lui. 11 leva la tète pour le regarder tion , sauf à érlaireir comme, ils le pourraient
el. lui demanda en tremblant qui il était. Le l'imbroglio qui résulieiail. de celle supposition
mort ne répond rien, se dépouille, se met nu lorsqu'il se porterait mieux.—Une propo-
lit et se serre contre le vivant, comme pour se sition aussi singulière ne pouvait que plaire
réchauffer. L'autre, ne sachant de quel côté au jeune homme; elle fut acceptée : sous le
se tourner, s'agile et repousse lo défunt. Ce- nom de M. Bodry, il se rend chez le corres-
lui-ci, se voyant ainsi rebuté, regarde de Ira- pondant, lui présente les lettres apportées de
vers son ancien compagnon, se lève du lit, se Lyon, joue très-bien son rôle, el se voit par-
rhabille , chausse ses souliers el sort do la faitement, accueilli. — Cependant, de retour
chambre, sans plus apparaître. —Le vivant au logis, il trouve son ami dans l'état le plus
a rapporté qu'ayant touché dans le lit un des alarmant-; et, nonobstant lous les secours qu'il
pieds du mort, il l'avait trouvé plus froid que lui prodigue, il a le malheur rie le perdre dans
la glace. — Cette anecdote peut n'êlre qu'un la nuit. Malgré le trouble que lui occasionnait
conte. En voici une autre qui est plus claire. ce cruel événement, il sentit qu'il n'était pas
Un aubergiste d'Italie, qui venait' de perdre possible de le taire au correspondant de la
sa mère, étant monté le soir dans la chambré maison Bodry : mais comment avouer une
de la défunte , en sortit, hors d'haleine , en mauvaise plaisanterie dans une si triste cir-
criant à tous ceux qui logeaient chez lui quo constance"? N'ayant plus aucun moyen de I"
sa mère- était revenue et couchée dans son justifier, ne serait-ce pas s'exposer volontai-
lit; qu'il l'avait vue, mais qu'il n'avait pas rement aux soupçons les plus injurieux, sans
eu le courage de lui parler. — Un ecclésias- avoir, pour les écarter, que sa bonne, foi, <•
tique qui se trouvait là voulut y monter; laquelle on ne voudrait pas croire?... Ce-
toute la maison se mil de la partie.- On entra pendant il ne pouvait se dispenser de rester
REV — LVI:3 — RKY
pourrendreles derniersdevoirsà son ami; dont l'esprit élaild'une grandefaiblesse, ne
t,|.il étaitimpossiblede ne pas inviterlecor- doutepasqu'il n'aiteu affaireà un revenant.
respondant à cellelugubrecérémonie.-—Ces — Sur ces entrefaites,un de ses amis, vou-
différentes réflexions, se mêlantavecle sen- lant luijouerun lotir,vientle prévenirqu'un
timentde la douleur,le tinrent dansla plus de ses oncles,qui habiteSens, est mort il y
çirandeperplexité; mais une idée originale a peu de jours, et il l'engageà se rendresur
vintloul à coupfixerson incertitude.Pâle, leslieuxpour recueillirl'héritage.Jacquemin
défaitpar lesfatigues,accabléde tristesse,il fait faire des vêlementsde deuil pour lui et
se présenteà dix heuresdu soirchezle cor- pour,sa femme,et se met en route pour le.
respondant,qu'il trouveau milieude sa fa- chef-lieudu départementde.l'Vonne,distant
mille,et qui, frappédecellevisiteà uneheure de sondomicilede huit lieues.Il se présente
indue,ainsique du changementde sa figure, à la maisondu défunt; la premièrepersonne
luidemandece qu'il a, s'il luiestarrivéquel- qu'ilaperçoitenentrantc'estsononcle,tran-
quemalheur...— « Hélas! monsieur,le plus quillementassisdans un fauteuil,el qui té-
grandde tous, répondle jeune,homme,d'un moigneà sonneveula surprisequ'il éprouve
lotisolennel;je suismortce matin,et je viens de le voir. Jacqueminsaisit le bras de sa
vousprierd'assisterà monenterrement,qui femme,et se sauve, en proie à une terreur
se fera demain.» Profitantde la stupeurde qu'il ne peut dissimulerel sansdonnerà son
lasociété,il s'échappesansquepersonnelasse oncleétonnéaucune explication.— Cepen-
unmouvementpour l'arrêter; onveutlui ré- dantla grenouillen'avait pas abandonnéla
pondre,il a disparu: ondécideque le jeune demeuredu paysan: elle avait trouvé une
hommeest devenufou, el le correspondant se retraitedansune fentedo.plancher,el là elle
charged'allerle lendemain,avecson fils,lui poussaitfréquemmentdes coassementsqui
perlerlessecoursqu'exigesa situation.Ar- jetaient.Jacquemindansdes angoissesépou-
rivésen effetà son logement,ilssonttroublés vantables,surtout depuisqu'il avait vu son
d'abordpar lespréparatifsfunéraires;ilsde- oncle.Ilélailconvaincuque c'étaitl'ombrede
mandentM. Bodry; on leur répondqu'il est ce parentqu'il avaitaperçue, el que les cris
mortla veilleel qu'il va être enterréce ma- qu'il entendaitétaientpousséspar lui, qui re-
lin....A ces mots, frappésde la plusgrande venait chaque nuit,pour l'enrayer.— Pour
terreur, ils ne doutèrentplusque ce ne fût conjurerle maléfice, Jacqueminfit.fairedes
lamedu défuntqui leuravaitapparu, el.re- conjurations, qui restaientinefficaces
; car les
vinrentcommuniquerleureffroià toulela fa- coassements n'encontinuaient-pas moins.Cha-
mille,qui n'a jamais voulurevenirde celle que nuitlomalheureuxse relevait,prenaitsa
idée.—Ona pu lire ce quisuitdans plusieurs couverture,qu'il mettaitsur sa tète en guise
journaux: Unesuperstitionincroyablea causé rieeapuee,el chantaitdevantun bahut qu'il
récemment un doublesuicidedans la com- avait transforméen autel. Les coassements
munede Bussy-en-Oth , départementde continuaient, toujours! —Enfin, n'y pou-
l'Aube.Voicilescirconstances de ce singulier vanl plustenir, le pauvreJacqueminfit part
et déplorableévénement(1841): —Unjeune à quelquespersonnesde l'intentionoùilétait
hommedesenvironsétait,allé à la pècheaux de se donnerla mort, et les pria naïvement
grenouilles,et en avait mis plusieurstoutes de l'y aider ; il achelaun collieren fer, se le
vivantes dansunsac.En s'enrevenantil aper- mil au cou, et un des amisvoulutbien serrer
çoitun paysanqui cheminaità petitspas. Ce la vis pourl'étrangler,maisil s'arrêta quand
iionliomme portait une vestedont la poche il crut que la douleurauraitfaitrenoncerJac-
étaitentrebâillée.Le pêcheurtrouvaplaisant queminà son projet. Le paysan choisitun
'le prendreune do ses grenouillesel de la autre moyenel.pria une autre personnede
glisserdansla pochede la vestedu paysan. l'étoufferentredeuxmatelas; cette,personne
Cedernier,iomniéJoachimJacqoemin,rentre feignitd'y consentir,el s'arrêta quand elle
chezluiet se couche,aprèsavoirmissa veste pensa que Jacqueminavaitassezsouffertet
sursonlit. Aumilieude la nuit, il eslréveillé , quece serait pour lui une leçon.Maisl'esprit
parun corpsétrangerqu'ilsent-sursa figure, de Jacqueminétait trop vivementimpres-
t-tquis'agitaiten poussantde petitscris inar- sionnéel un malheurélail imminent.En effet,
ticulés.C'étaitla grenouillequi avait quille un jour, onfut étonnéde ne pas l'apercevoir;
fa retraiteet qui, cherchantsansdouteune on fît.desrecherchesdansla maison,et on le
'ssuepourse sauver, étaitarrivéejusquesur trouvapendudanssongrenier.Le lendemain,
le visagedudormeuret.s'étaitmisea coasser, sa femme, au désespoirde la perle de son
hepaysann'oseremuer,el bientôtsa visiteuse mari, se jeta dans une mare, où elle trouva
noelurnedisparait. Maisle pauvre homme, aussila mori...— Oncontequ'ily avaitdans
REV — hiti , — RKY p
un village du Poitou, un fermier nommé lier- ccourage autant qu'il put, et descendit avec [
vias. Le valet de cet homme pensa qu'il lui son s gendre futur. On trouva que le prétendu '
sérail avantageux d'épouser la fille de la (
démon était le valet de la maison... On n'eut f
maison, qui s'appelait Catherine et qui était ]
pas besoin de lui donner des soins; sa chute, i
riche. Comme il ne possédait rien et que, pour 1l'avait assommé, et il mourut au bout de quel- t
surcroît, la main de la jeune fille était pro- iques heures ; sort fâcheux dans lous les cas. j:
mise à un cousin qu'elle aimait, le valet ima- — Dans le château d'Ardivilliers, près de lire- t,
gina un stratagème. Un mois avant la noce, leuil, en Picardie, du temps rie la jeunesse de ï
comme le fermier se Irouvait une certaine Louis XV, un esprit faisait un bruit effroyable; j
nuit plongé dans son meilleur sommeil, il en c'étaient toule la nuit des flammes qui fai- i
fut tiré en sursaut par un bruit étrange qui saienl paraître le château en feu , c'étaient !
se fit dans sa chambre. Une main agita les des hurlemenlsépouvantables; mais cela n'ar- !
rideaux de son lit, et. il vil au fond de sa rivait, qu'en certain temps de l'année, vers la I
chambre un fantôme couvert d'un drap noir Toussaint. Personne n'osait y demeurer que i
sur une longue robe blanche. Le fantôme te- le fermier, avec qui l'esprit était apprivoisé, j
nait une torche à demi éteinte à la main droite Si quelque malheureux passant y couchait !
et une fourche à la gauche. 11 traînait des une nuit, il était si bien étrillé qu'il en por-
chaînes ; il avait une tôle de cheval lumi- tait long-temps les marques. Les paysans d'a-
neuse. Hervias poussa un gémissement, son lentour voyaient mille fantômes qui ajoutaient
sang se. glaça , el il eut à peine la force de à l'effroi. Tantôt quelqu'un avait, aperçu en
demander au fantôme ce qu'il voulait. « Tu l'air une douzaine d'esprits au-dessus du châ-
mourras dans trois jours, répondit l'esprit, si teau ; ils étaient tous de l'eu et dansaient un
tu songes encore au mariage projeté entre ta branle à la paysanne; un autre avait trouvé,
fille et son jeune cousin ; tu dois la marier, dans une prairie, je ne sais combien de pré-
dans ta maison, avec le premier homme que sidents et. de conseillers en robe rouge, assis
tu verras demain à ton lever.... Garde le si- et jugeant à mort un gentilhomme du pays
lence; je viendrai la nuit prochaine savoir la qui avait eu la lète tranchée il y avait bien
réponse. » —En achevant, ces mois le fan- cent. ans. Plusieurs autres avaient, vu, ou toul
tôme disparut. Hervias passa la nuit sans au moins ouï dire, des merveilles du château
dormir. Au point du jour, quelqu'un entra d'Ardivilliers. — Celte farce dura quatre ou
pour lui demander des ordres; c'était le valet. cinq ans, et. fil grand tort au maître du chà-
Le fermier fut. consterné de la pensée qu'il leau , qui était obligé d'affermer sa ferre à
fallait lui donner sa fille; mais il ne témoigna très-vil prix. 11 résolut enfin de faire cesser
rien, se leva , alla trouver Catherine et finit la luliiierie, persuadé par beaucoup de cir-
par lui raconter le tout. Catherine, désolée, ne constances qu'il y avait de l'artifice en toul
sut que répondre. Son jeune cousin vint ce cela. Il se rend à sa terre vers la Toussaint,
jour-là ; elle lui apprit la chose ; mais il ne couche dans son château, el fait demeurer
se troubla point. Il proposa à son futur beau- dans sa chambre deux gentilshommes de ses
père de passer la nuit dans sa chambre : Her- amis, bien -résolus au premier bruit ou à la
vias y consentit. Le jeune cousin feignit donc première apparition de tirer sur les esprits
de partir le soir pour la ville, el rentra après avec de bons pistolets. Les esprits, qui savent
la chute du jour dans la ferme. Il resta sur font, surent, apparemment ces préparatifs :
une chaise'auprès du lit d'Hervias, et tous pas un ne parut. Ils se contentèrent de traîner
deux attendirent patiemment le spectre. — des chaînes dans une chambre du haut, an
La fenêtre s'ouvrit vers minuit; comme la bruit desquelles la femme et les enfants du
veille, on vit paraître le fantôme dans le même fermier vinrent au secours de leur seigneur,
accoutrement, il répéta le môme ordre. Her- en se jetant à ses genoux pour l'empêcher (le
vias tremblait; le jeune cousin, qui ne crai- monter dans cette chambre. « Ah ! monsei-
gnait pas les apparitions, se leva et dit : gneur, lui criaient-ils, qu'est-ce que la force
« Voyons qui nous fait des menaces si pré- humaine contre des gens de l'autre monde'?
cises. » En même temps, il saula sur le spectre Tous ceux qui ont lente avant vous la même
qui voulait fuir, il le saisit, et sentant entre entreprise en sont revenus disloqués. » Us
ses bras un corps solide, il s'écria : « Ce n'est firent tant d'histoires au maître du château
pas un esprit. » Il jela le fantôme par la fe- que ses amis ne voulurent pas qu'il s'exposât ;
nêtre, qui était élevée de douze pieds. On en- mais ils moulèrent tous deux à celte, grance
tendit un cri plaintif. « Le revenant n'osera et vaste chambre où se faisait le bruit, le
plus revenir, dit le jeune cousin ; allons voir pistolet dans une moin, la chandelle dans l'au-
s'il se. porte bien. » — Le fermier ranima soni tre. — Ils ne virent d'abord qu'une épaisse
REY — «25» — REY
ruinée,que quelquesflammesredoublaient imença par fairedu bruit dansune chambre
liai-intervalles.Un inslanl après, elle s'é- peu [ éloignéedes autres, où M. Vidiniellait
pliiircitel l'esprit parut confusément au mi- ses i serviteursmalades; la servanteentendit
lieu.C'étaitun grand diable toul noir, qui iauprèsd'elle pousserdes soupirssemblables
faisaitdes gambades,el qu'unautre mélange ài ceux d'une personnequi souffre, ; cepen-
i
deflammeset de fuméedérobaune seconde dant ellene vit rien. Elletombamalade;on
foisà la vue.Il avait,descornes, une longue l'envoya chez son père pour prendre l'air
queue.Son aspectépouvantablediminuaun natal: elley restaun mois.Étantrevenue,on
neiil'audace de l'un des deux champions : lamit.coucherà pari dansuneautrechambre.
,;Ilv a là quelquechosede surnaturel, dit- Ellese plaignitencored'avoirentenduunbruit
il à soncompagnon;retirons-nous.-—Non, extraordinaire,et deuxou troisjoursaprès,
non,réponditl'autre; cen'estquede la fumée étant dans le bûcher,ellese sentit tirer par
depondreà canon...el l'esprit ne sait son la jupe. L'après—dînée du même jour, on
métier qu'à demide n'avoirpas encoresouillé l'envoyaau salut; lorsqu'ellesortit de l'é-
noschandelles.».—Il avanceà cesmois,pour- glise, l'espritla lira sifortpar derrièrequ'elle
suitle spectre,lui lâcheun coupde pistolet, dul s'arrèler.En rentrantau logis,ellefutsi
nele manquepas; maisau lieude tomber,le fort tirée qu'on entendit le craquementde
speclro se retourneet le fixe. Il commence l'étoile,et qu'onremarquaque lesbasquesde
alorsà s'effrayerà son tour. 11se rassure soncorpspar derrièreétaienthorsdesa jupe;
toutefois,persuadéque ce ne peut être un une agrafe avait même été rompue. Ma-
esprit;et, voyantque le spectreévitede l'ap- dameVidifrémitde peur.C'étaitunvendredi
procher,il se résoutdo le saisir,pour voir au soir. Lanuitdu dimancheau lundi, sitôt
s'ilserapalpableous'ilfondraentresesmains. qu'ellefuicouchée,la servanteentenditmar-
L'esprit,trop pressé, sortde la chambreet cher danssa chambre,el quelquetempsaprès
s'enfuit, par un petitescalier.Le gentilhomme l'espritlui passasur le visageunemainfroide
descendaprès lui , ne le perd pointde vue, commepour lui faire des caresses.Elle prit
traversecours et jardins, el fait,autant de son chapelet.On luiavaildit que si ellecon-
leursqu'en fait le spectre, tant qu'enfinle tinuaità entendrequelquechose,elleconjurât
fantôme,étant parvenuà une grangequ'il l'esprit,dela part de Dieu,de s'expliquer: ce
trouveouverte,se jolie dedanset fondcontre qu'elle fil mentalement,la peur lui ôlant
mimur au momentoù le gentilhomme pen- l'usagede la parole.Elleentenditmarmotter
saitl'arrêter.—Celui-ciappelledu monde; à son oreille;mais rien n'était articulé.—
cldansl'endroitoùle spectres'était évanoui, Verstroisheuresdu malin,l'espritfitsi grand
il découvreune trappe qui se fermaitd'un bruit qu'il semblaitque la maison tombât.
verrouaprès qu'ony étaitpassé; il descend, Onalla voirce qno c'était: ontrouvala ser-
trouvele fantômesur de bonsmatelas, qui vante toute en eau , on la fil habiller; ses
l'empêchaient de se blesserquandil s'yjetait maîtresvirentune fuméequi la suivaitet qui
lalèlela première.11l'en fait sortir, et l'on disparut un momentaprès. On lui dit qu'il
reconnaît sous le masquedu diablele malin fallaitallerà confesseet communier.Ellefui
fermier, qui avouatoutesses souplesseset en chercher ses chausses, qui étaientdans la
fuiquille pourpayer à sonmaîtreles rede- ruelle du lit. Elle trouvases soulierssur la
vancesde cinqannéessur lo piedde ce que fenêtre, les deuxboutsse regardant, et re-
luterre était afferméeavantles apparitions. marquaqu'unedescroiséesétait ouverte.—
le caractèrequi le rendait à l'épreuvedu A sonretour de l'église, on lui demandace
pistolet étaitune peaude buffleajustéeà lotit qu'elle avail fait. Elledit que, sitôt qu'elle
soncorps...— Dansla Guinée,on croit que s'étaitmiseà la saintetable, elleavaitvusa
lesâmesdes trépassésreviennentsurla terre, mère à son côté, quoiqu'ily eût onzeans
H qu'ellesprennent dans les maisonsles qu'elleétait morte; qu'après la communion
chosesdont ellesont besoin; de sorlnque , sa mères'était miseà genouxdevantelleet
Quand ona fait quelqueperle, onen accuse lui avail pris les mainsen lui disant: « Ma
lesrevenants; opiniontrès-favorableauxvo- fille, n'ayezpointpeur, je suis votremère.
leurs.Voy.APPARITIONS, FANTÔMIÎS, SPIÏO Votrefrèrefut brûlé par accidentprès d'É-
ïiii-s,ATHÉNAGOUE, RAMBOIIII-MÏT,SANCIIE , lampes.J'allai trouverM.le curé de Garan-
STEINUN , etc. — L Esprit de Dourdans,his- cières, pour lui demanderune pénitence,
toiretiréed'unmanuscrit-dé M.Barré.M.Vidi, croyantqu'ily availde ma faute.11ne voulut
receveurdos tailles de Dourdans,rapporte pas m'en donner, disant que je n'étais pas
ainsiune histoired'espritarrivée au temps i coupable; il me renvoyaà Chartres,au pé-
('oPâquesde l'année1700. L'esprit com- nitencier,qui,voyantquejem'obstinaisà vou-
RHO — /|26 — RIB i
loir une pénilence, m'imposa celle de porter v
voulait corriger l'effet qu'elle avait produit o| f-
pendant deux ans une ceinture de crin ; ce que h en donner un contraire, le magicien la rc. il
lui
je n'ai pu exécuter à cause de mes grossesses p
prenait et lui faisait décrire un cercle oppusé l
et maladies. Ne voulez-vous pas bien, nia àc celui qu'elle avait déjà parcouru. Les amants ''
lil|e, accomplir pour moi celle pénilence? » La i
malheureux la faisaient tourner en adressant \.
fille le lui promit. La mère la chargea ensuite ài I\émésis des imprécations contre l'objet de '
de déjeuner au pain el. à l'eau pendant quatre 1leur amour, dont ils étaient dédaignés. f
vendredis et samedis qui restaient, jusqu'à — magicien fameux au lliéà- S
K.hotomago,
l'Ascension prochaine, de faire dire une messe ( des ombres chinoises. M. Berbiguicr eu ]
tre
a Gqmeryille , de payer au nommé Laitier, j
fait sérieusement une espèce de démon, qui i
mercier, vingt-six sous qu'elle lui devait pour s
serait le grand-maître des sorciers '. j
du fil qu'il lui avail vendu; d'aller dans la
caye, de la maison où elle était morte, qu'elle Ribadin {.IBANNETTE), —jeune personne de !
y trouverait la somme de vingt-sept- livres dix-huit ans, dont l'histoire a fait du bruit
sous la troisième marche. Elle lui fit beau- ''
seizième siècle. Elle était de la paroisse de
coup de remontrances, lui disant surtout do Jouin de Cernes, aux environs de Bordeaux.
prier toujours la Sainte-Vierge. — Le lende- Cueillant un dimanche des herbes dans la cam-
main, la servante fit dire une messe, el pen- pagne, elle fut réprimandée par Jean d'Eloup-
dant deux jours elle vit. sa mère à côté d'elle. pe, prêtre, qui voulut qu'elle publiai sa faute
Ses maîtres acquittèrent au plus lot ce dont en pleine assemblée, el la conduisit à la pa-
elle s'était chargée; ensuite elle alla à Char- roisse après lui avoir donné ses instructions.
tres, o.ù elle lîl dire trois misses, se confessa Un grand concours arriva ; la jeune fille an-
el communia dans la chapelle basse. En sor- nonça au peuple assemblé qu'elle avait eu
tant, sa mère lui apparut encore, en lui di- grand mal pour avoir travaillé le dimanche;
sant: « Ma fille, vous voulez donc faire tout ce qu'il fallait éviter pour ne pas s'attirer les
ce que je vous ai dit"?-—Oui, ma mère.— mêmes maux de la part de Dieu ; ensuite elle
Eh bien! je m'en décharge sur vous. Adieu, eut des extases, se roula par terre., se releva
je vais à la gloire éternelle. » Depuis ce et prononça d'un ton prophétique que Dieu
ne voulait pas que les femmes portassent, des
temps, la fille ne vil, n'entendit plus rien. Elle manches froncées, ni les hommes des bonnets
porta la ceinture do crin nuil. et jour pendant
les deux uns que sa mère lui avait recom- rouges. — L'affaire parvint aux oreilles de
mandé de le faire ; — et voilà comment s'est l'archevêque de bordeaux , qui la fit arrêter
terminée l'histoire de l'esprit de Dourdans. avec ses complices, reconnut la fraude, el lit
avouer à la fille que l'argent que les fidèles
H.hapsodomancie, •— divination qui se fai- lui donnaient pour ses prétendues révélations
sait en ouvrant au hasard les ouvrages d'un était partagé .entre trois suborneurs qui l'a-
poète, el prenant l'endroit sur lequel on tom- vaient engagée à contrefaire la sainte. Le juge.
bait pour une prédiction de ce qu'on voulait ecclésiastique la condamna à faire amende
savoir. C'était ordinairement. Ilonièreel Virgile honorable en l'église métropolitaine de Suint-
que l'on choisissait. D'autres fois on écrivait André, la torche au poing, et là demander pat-
des sentences ou des vers détachés du poète ; don à Dieu. Celte sentence fut exécutée; mais
on les remuait dans une urne; la sentence ou elle fut encore renvoyée en la cour, où, par
le vers qu'on en lirait était, le sort. On jetait arrêt donné à la Tournelle, elle fut condam-
encore des dés sur une planche où des vers née comme criminelle d'imposture, de séduc-
étaient écrits, et ceux sur lesquels s'arrêtaient tion , d'impiété, d'abus et de scandale public
les dés passaient pour contenir la prédiction. (•15S7). Ses complices furent condamnés à la
Chez les modernes, on ouvrait le livre avec réclusion perpétuelle, comme convaincus (ie
une épingle, et on inlerprélait le vers que l'é- séductions envers celte malheureuse lill.e2. Ce
pingle marquait.. qui fait voir que les fraudes pieuses n'étaient
— pas encouragées autrefois, comme le disent les
Rhombus, instrument magique des menteurs qui attaquent la religion.
Grecs, espèce de toupie dont on se servait,
dans les sortilèges. On l'entourait de lanières lUbenzal, — spectre dont lé peuple en Si-
tressées, à l'aide desquelles on la faisait pi- lésie place la demeure an sommet du llisem-
rouetter. Les magiciens prétendaient que le herg C'est lui, dans leur idée, qui couvre su-
mouvement de celle toupie avail la vertu de bitement cette montagne de nuages et qui ex-
donner aux hommes les passions et les mou- 1 Los farfadets,t. I", p. 2Ï5.
vements qu'ils voulaient leur inspirer; quand 3 Delïincre,Tableau de l'inconstancedes déni., oU''
on l'avait fait tourner dans un sens, si l'on. liv. vi, p. '440.
110li - L\t7 -- ROD
[iloleslempôles. C'estlemêmequeltubczahl. pelitofigurede ci e mystérieusement enve-
foi/,ce mot. loppéedans un écrin.Celle ligurereprésen-
ïtichelieu.— Le maréchalde Richelieu, tait Jean, ducde Normandie,filsdu roi'.
étantambassadeurà Vienne, se fit initier Robert, — roi do France. Ce monarque
dansla sociéléde quelquesnécromanciens, avaitépouséBerlhe,sa cousineissuede ger-
(,uilui promirentde lui montrerBelzébulh,le main. Le pape GrégoireV examinal'affaire
princedes démons;il donnadansceltechi- dans un concile; suivant la disciplinedu
mère.H y eut une assembléenocturne,des temps,le mariagefut déclaréincestueux,et.
évocations;en sorte que l'affaireéclata.— le conciledécrétaquelesépouxseraient,tenus
Unjour que le maréchaldisait a LouisXV de se séparer et de faire pénitence.Le roi
quelesBourbons avaient,peur du diable, le Robert,refusantde se soumettre,fut excom-
roilui répondit: — «C'estqu'ils ne l'ontpas muniéet son royaumemisen interdit.— Un
vucommevous.» jour qu'il élailallé faire sa prièreà la porte
lUcUius(JACQUES), — auteurd'unedéfense d'une église;onlui présentaun petit,monslre
desépreuvespar l'eau froide,publiéen latin' qui avaitle cou et le dessusde la têle d'un
:iCologne,1097. canard. «Voyez-vous, luidit-on, leseffetsde
Eimmon, — démond'un ordre inférieur, votre désobéissance;la reine Berlhe vient
» Lo roi,à ce spec-
peuconsidérélà-bas,quoiquepremierméde- d'accoucherde cetenfant.
cinde l'empereurinfernal.Il élail.adoré à tacle, répudia Berlhe, el l'excommunication
Damassouslenomde Hemmonou Remnon, futlevée.C'està causede cel incidentque la
tpii,selonles uns, est Salurne, el selonles reineBerlhe, femmede Robert, fut repré-
autres,le Soleil.— Onluiattribuaitle pou- sentéedans ses statuesavecun pied d'oie.
voirde guérirla lèpre. R.oderiUonB.odrigoe.— Roderik,dernier
. Rivière(RoCIlLE1ÎAILUE , SIEUR DELA) , roi des Golhsen Espagne,se renditfameux
—médecinempiriqueet astrologue,né à Fa- par sescrimeset ses débauchesau commen-
laisedansle seizièmesiècle.11devintpremier cement du huitième siècle; mais il y eul.
médecin de HenriIV, futcomblédesfaveurs une fin. Il était devenuépris de la filledu
îlela cour, el mourutle b novembre1605. comteJulien, l'un des grands seigneursdo
Ondit que Henrieul la faiblessede lui faire 'Espagne; il la déshonoraet la renvoyaen-
lirerl'horoscope desonfils,depuisLouisXllI; suitede la cour. Le comteJulien, qui élail
ils'endéfenditlong-temps,maisenfin,forcé alorsen ambassadechezles Mauresd'Afri-
parle roi, dontsa résistanceavailexcitéla que, n'eut pas plutôt appris sa honteel le
curio.-ilé. il lui préditquecejeuneprinces'at- malheurdo sa fille, qu'il formala résolution
tacheraità ses opinions,et quecependantil de se venger.Il filvenirsa familleen Afrique,
s'abandonnerait à celles des autres; qu'il demandaaux Mauresleur appuiel promitdo
luiraitbeaucoupà souffrirdes huguenots; leurlivrer toutel'Espagne.Celleproposition
qu'ilferaitde grandeschosesel vivraitâge' futavidementreçue; unearméepartit sousla
d'homme. HenriIVfut affligédecelleprédic- conduitedu prince Mousacl de Julien lui-
tion,dontil aurait pu devineraussiune par- même.Usdébarquèrenten Espagneel.s'em-
lie.—LaRivièrea passédesontempspour un parôrenlde quelquesvillesavant que Roderik
grandamateurde philosophie naturelleel cu- fut instruitde leur approche.— 11y availau-
rieuxdessecretsdecellescience.Ona de lui: prèsde Tolèdeune vieilletour déserle, que
Discours surla significationde la comèteap- l'on appelaitla ï'ourenchantée.Personnen'a-
parueen Occidentau signedu Sagittaire, le vaitoséy pénétrer,parcequ'elleétait fermée
10novembre. Rennes, 1577,in-i°, rare. deplusieursportesdefer.Maisondisaitqu'elle
Robert, — c'est le nomque la petite dé- renfermaitd'immenses trésors.Roderik,ayant
moniaque MarieClauzclledonnaitau maître besoind'argentpour lever une arméecontre
dessabbals. les Maures,se décidaà visitercettetour,mal-
les avisde tousses conseillers.Aprèsen
Robert, — sorcierde l'Artois,qui futcon- gré avoir parcouruplusieurspièces,il filenfoncer
en
ilainné, 334,4 au bannissement età lacon-
fiscation de ses biens.Il availforméle des- unegrandeporte de fer battu, que millever-
seind'envoûterle roi, la reineet le duc de rous,dit-on,fermaientintérieurement. Ilentra
Normandie. Il avaitmontréà un prêtre une dansune galerieoù il ne trouvaqu'un éter-
1nefcnsio dardde plusieurscouleurs,sur lequelonlisait
cortisone
covnpendios;i inodis
astricta
probe
îoiputnlnraqmc f quû
rigidui inexatuinationemale-
j;t
'corumjudices'hodie omnibus
utuntur, scituperqnam y1 M.Garinet, Ilist.delamagieenFrance, p.87.
quatuor
,l(.'c'^saria, distineta Jacobo M.Saignes,
capitibusj'antbore desErreurs etdespréjugés,
etc.,t,Ï1I,
Klckio,
in-12, Colonise 1597.
Agrippina:, P-m.
R01J — li'll i - ROI |
ces mots : Lorsqu'on ouvrira cette tour, les de sa figure, il leur fui aisé de le reconnaître S
barbares s'empareront de l'Espagne.... Aboul- à ses cris el aux reproches que lui faisaient 1
kacim-Tarisla-Ben-Tarik, historien arabe, les démons. Les trois ermites gardèrent le si- I
ajoute que, malgré son effroi, Roderik, ayant lencede l'effroi à ce spectacle ; tout à coup jis i
l'ait faire certains flambeaux que l'air de la cave virent descendre du ciel la mère de Roderik '
ne pouvait éteindre, poursuivit sa recherche accompagnée d'un vénérable vieillard, qui
suivi de beaucoup de personnes. A peine eut- cria aux démons de s'arrêter. «Que deman-
il fait quelques pas, qu'il se trouva dans une dez-vous, répondit le plus grand diable de la
belle salle enrichie de sculptures, au milieu troupe? — Nous demandons grâce pour ce
de laquelle on voyait une statue de bronze qui malheureux, répliqua la mère. — 11a commis
représentait le Temps, sur un piédeslal de trop de crimes pour qu'on l'ôle de nos mains,
trois coudées de haut: elle tenait de la main s'écrièrent les démons ; et les saints ne peu-
droite une masse d'armes, avec laquelle elle vent l'avoir en leur compagnie. La mère de
frappait de temps en temps la terre, dont les Roderik elle vieillard qui l'accompagnait re-
coups, retentissant dans la cave, faisaient un prenaient la parole, quand la fille du comle
bruit épouvantable. Roderik , loin de s'ef- Julien parut et dit d'une voix haute : « Il ne
frayer, s'approcha du fantôme, l'assura qu'il mérite point de pitié ; il m'a perdue; il a porté
ne venait faire aucun désordre dans le lieu de le désespoir dans ma famille el la désolation
sa demeure, el lui promit d'en sortir dès qu'il dans le royaume. Je viens de mourir précipi-
aurait vu les merveilles qui l'entouraient; tée du haut d'une tour; el ma mère expire
alors la statue cessa de battre la terre. Le écrasée sous un monceau de pierres. Que ce
roi, encourageant les siens par son exemple , monstre soit jeté dans l'abîme, et qu'il se sou-
lit une visite exacte de cette salle , à l'entrée vienne des maux qu'il a faits. — Qu'on le
de laquelle on vil. une cave ronde, d'où sor- laisse vivre quelque temps encore, reprit la
tait un jet d'eau qui faisait un sourd murmure. mère de Roderik, il fera pénilence. » Alors
Sur l'estomac de la statue du Temps élail on entendit dans les airs une voix éclatante
écrit en arabe : Je fais mon devoir; et sur le qui prononça ces paroles : «Les jours de Rode-
dos: A mon secours! A gauche on lisait ces rik sont à leur terme: la mesure est comblée;
mois sur la muraille : Malheureux prince, ton que la justice éternelle s'accomplisse!» El aus-
mauvais destin t'a amené ici ; el ceux-ci à sitôt ceux qui étaient descendus d'en haut y
droite : Tu seras détrôné par des nations étran- remontèrent; la terre s'enlr'ouvrit, les démons
gères, et tes sujets , aussi bien que loi, seront s'engloutirent avec Roderik au milieu d'une
châties. —Roderik, ayant contenté sa curio- épaisse fumée ; et les trois anachorètes ne trou-
sité, s'en retourna; el dès qu'il eul tourné vèrent plus dans l'endroit où tout cela venait
le dos, la statue recommença ses coups. Le de se passer, qu'un sol aride et une végéta-
prince sortit, fil refermer les portes el marcha tion éteinte. — Toute celle vision n'est rap-
à la rencontre des ennemis. La bataille se livra portée que par un historien aujourd'hui peu
un dimanche, au pied delà Sierra-Moréna'". connu •, el bien des gens ne la regarderont
Elle dura huit jours; l'armée espagnole fut que comme une vision. L'histoire no parle de
taillée en pièces, el Roderik disparut du mi- Roderik qu'avec blâme , et son nom est resté
lieu des siens sans qu'on sût jamais ce qu'il impur pour la postérité 2.
était devenu. — On pensa qu'il avait été em- Rodrigue*: (IGNAZIO), — VO]J.INQUISITION.
porté par le diable, puisqu'il fut impossible de Rois de l'enfer. — Los rois de l'enfer sont
découvrir son corps après le combat, et qu'on
ne retrouva que son cheval, ses vêtements au nombre de sept. On peut les lier depuis
et sa couronne au bord d'une petite rivière. trois heures jusqu'à midi, el depuis neuf heu-
Ce qui confirme encore cette opinion dans resjusqu'au soir 5. Voy. MoNAiicmiiINFERNALE.
l'esprit du peuple espagnol, c'est que, le len- Rois de France. — Il est rapporté dans
demain de la bataille, trois anachorètes, qui quelques chroniques que les premiers rois do
vivaient dans la pénilence à quelques lieuesde France portaient une queue comme les sin-
Tolède, curent ensemble la vision suivante ; ges; qu'ils avaient du poil de sanglier tout le
Une heure avant le retour de l'aurore, ils long de l'épine du dos, etc. On sait aussi que
aperçurent, devant eux une grande lumière et les rois de France guérissaient les écrouelles.
plusieurs démons qui emmenaient Roderik en 1 Sanctii a Cordnba liisloriarum Hispnniïe antiqna-
le traînant par les pieds ; malgré l'altération runi, lib 3, sect. 12.
> Nomenejns in ieternumputrescet..,. (Lambcrlimis
1 On voyait encore, i' n'y a pas deux siècles,plusieurs de Cruz-ttowen,Tlientrum regiumHîspaniai, al) an-
milliersde croix plantées en terre, à l'endroit où s'est no3711,ad annum 717.)
livréecette fameusebataille. Lambertinus,'ubi intra. Wierus, TnPsendoivon.clpemon.
RL'B — h 59 — RYM
Rolandedu Vcrnols.— liogllCl citecelle ce qui concernece lutin, qui probablement
femme commesorcière.Elle rut convaincue est un personnagede l'anciennemythologie
;l)iseizièmesiècletoutà la fois,d'être possé- slave.Il paraîtencore,dit-on, dans quelque
dée,voleuseel ventriloque ; el fut pendueel coin éloigné;mais chaque annéeil perd de
brûlée. sa renomméeel de sa considération. C'estle
Romulus, — celui qui élevala villedo mêmeque Rtbenzal.
Home. Romainsétait enfantdu diableselon Rubis. — Lesanciensluiattribuentla pro-
quelques-uns,et grandmagicienselonlous priété de résisterau venin, de préserverde
lesdémonomanes. Mars,au fait, qui futson la peste,dé bannirlatristesseel dedétourner
pure,n'était qu'un démon.Aprèsqu'il eut, les mauvaisespensées.S'ilvenaità changer
bienétabli son empire, un jour qu'il faisait de couleur,il annonçaitles malheursqui de-
larevuede sonarmée, il fut enlevédansun vaientarriver; il reprenaitsa teinteaussitôt
tourbillon à la vuedela multitude', et Bodin qu'ils étaientpassés.
observeque le diable,à qui il devaitlejour, Rue d'Enfer, — voy.YAUVERÏ.
l'emportadansun autreroyaume2. — sorcierflorentinet
Ruggieri(CosMii),
Ronwe, — marquisel comlede l'enfer, courtisandeCatherinede Médicis,qui futap-
quiapparaîtsousla formed'un monstre; il pliquéà la questionen lo7i, commeprévenu
donneà ses adeptesla connaissance deslon- d'avoirattentépar ses charmesauxjours de
gueset la bienveillancede tout le monde. CharlesIX , qu'il voulaitenvoûter'.
Dix-neuf cohortesinfernalessontsoussesor-
dres3. Rugner,— géantScandinave, dontla lance
énormeétait failede pierreà aiguiser.Dans
Rose-Croix.—LesRose-Croix sonlmain- un duel, Thor la lui brisa d'un coup de sa
tenantdehauts-officiers dansles gradesridi- massuegrossecommeun dôme,el en fitsau-
rulesde la maçonnerie.Autrefois,c'étaient ter leséclalssi loinque c'est delà que vien-
lesconservateursdessecretsde la cabale. nentloutesles pierresà aiguiserqu'ontrouve
Naudéa écritsurles Rose-Croix un petitlivre dansle monde,et quiparaissentévidemment
curieux.Voy.NAUDÉ.
rompuespar quelqueeffort.
Rosede Jéricho, — Voy.BllOWN. Runes, — leltresou caractèresmagiques,
Roux.—11y a chezlesmodernesunean- que les peuples du Nord croyaientd'une
tipathieassezgénéralecontre les roux.On grandevertudanslesenchantements. Il y en
expliquaitautrefoisainsil'originedesbarbes avait de nuisibles, que l'on nommaitrunes
rousses.LorsqueMoïsesurprit les Israélites amères; on les employaitlorsqu'on vou-
adorantle veau d'or, il le fil mettreen pou- lait,fairedu mal. Les runessecourabhsdé-
dre, mêlacettepoudredansde l'eauel la fil lournaientlesaccidents;les runesvictorieuses
boireau peuple.L'ors'arrêtasur les barbe; procuraientla victoireà ceuxqui en faisaient
(leceuxqui avaientadorél'idoleelles fitre- usage; les?'imcsmédicinales guérissaientdes
connailre ; car, toujoursdepuisils eurent I; maladies, onlesgravaitsurdes feuillesd'ar-
barbedorée . bres; enfin,il y avaii des runespour éviter
Rubezahl,— princedes gnomes, fâmeu:; les naufrages,pour soulager les femmesen
chezleshabitantsdesmontsSudètes.11eslex travail,pourpréserverdes empoisonnements.
trêmemenl malin,commelouslesêtresde soi, Cesrunesdifféraientpar lescérémonies qu'on
espèce,el joue milletoursaux montagnards observaiten lesécrivant, par la matièresur
Ona écrit des volumessur son compte; iI laquelleon les traçait,par l'endroitoù onles
estmêmele hérosde quelquesromans;Mu exposait,par la façondonton arrangeaitles
; soeusen a fait un de ses héros.Et toute- lignes,soit en cercle,soit en serpentant,soit
foison n'a pas encoresuffisamment éclaire; en triangle,etc. Ontrouveencoreplusieurs
de ces caractèrestracéssur les rochersdes
1Denysd'iïaliearnasse, Tite-Live, Plutarque,in mersduNord.
:, etc. — géant, ennemides dieuxchez
' ttomnlo,
'' lîodin,Démonomaviic, Rymer,
liv.m, ch.I<r,etdansIa les Scandinaves,
; Préface. lequeldoità lafindu monde
\ •'Wierus, inPseudomon.diem. êtrele pilotedu vaisseauNaglefare.
*-lérémie dePours,laDivinemélodie duFaintPsa
mistn, p.829. 1 M.Garinel,
llist.delàmagieenFrance, p.431.
SA» /i30 SA15

Sabaoth. — Les archonliqucs, secle du d'ânes ou d'autres animaux. Ce voyage, se fait F


deuxième siècle, faisaient de Sabaolh un ange toujours en l'air. Quand les sorcières s"oi;»neni
douteux qui était pour quelque chose dans les pour mouler sur le manche à balai qui doil i
alfa ires de ce monde. Les mêmes disaient que les porter au sabbat, elles répètent plusieurs ' '
la femme élail l'ouvrage de Salan. fois ces mots : Emen-hétân ! emen-hétan ! oui
-S Sabasius, — chef du sabbat, selon certains signifient, dit Delancre.: Ici el là! ici et là! f
— Il y avait cependant, en France, des soi- j
démonographes. C'était autrefois l'un des sur- cièrès qui allaient au sabbat sans bâton, ni I
noms de Bacchus, grand-maître des sorciers
dans l'antiquité païenne. C'est un "gnomechez graisse, ni monture, seulement en prononçant |,
les cabalistes. quelques paroles. Mais celles d'Italie ôlil ton- \;
jours un bouc, qui les attend pour lès em- j:
SaLba, — devineresse mise au nombre des porter. Elles ont coulume, Comme les noires, fi
sibylles. On croit que c'était, celle de Cornes. de sortir généralement par la cheminée. Ceux !'•
- Sabbat. — C'est rassemblée des démons, ou celles qui manquent au rendez-vous paient !»
des sorciers et des sorcières, dans leurs orgies une amende ; le diable aime la discipline. — fe
nocturnes. Nous devons donner ici l'opinion Les sorcières mènent souvent au sabbat, pour
des démonomanes sur ce sujet. On s'occupe différents usages, desenfanlsqu'ellesdérobenl.
au sabbat, disent-ils, à faire ou à méditer lé Si une sorcière promet de présenter au diable, ;
mal, à donner des craintes et des frayeurs, à dans le sabbat prochain, le fils ou. la fille de F
préparer les maléfices, à des mystères abo- quelque gueux du voisinage, et qu'elle ne f
minables. — Le sabbat se fait dans un carre- puisse venir à bout de l'attraper, elle esl [
four, ou dans quelque lieu désert et sauvage, obligée, de présenter son propre fils, ou quel- j
auprès d'un lac, d'un étang, d'un marais, que autre enfant d'aussi haut prix. Les enfants j
parce qu'on y fait la grêle el qu'on y fabrique qui plaisent au diable sont admis parmi ses |
dès orages. Le lieu qui sert, à ce rassemble- sujets de celte manière : Maître Léonard, le j
ment reçoit une telle malédiction, qu'il n'y grand nègre, président.des sabbats, et le petit
peut croître ni herbe , ni autre chose. Strùzzi diable., maître Jean Mûllin, son lieutenant,
dit avoir vu , dans un champ auprès de Yi- donnent (l'abord un parrain et une marraine
ceiicc , un cercle autour d'un'châtaignier, à l'enfant; puis on le fait renoncer Dieu, la
dont la terre était aussi aride que les sables Vierge el les saints; et, après qu'il a renié
de la Libye, parce que les sorciers y dansaient sur le grand livre, Léonard le marque d'une
el y faisaient le sabbat. Les nuits ordinaires de ses cornés dans l'oeil gauche. Il porte celle
de la convocation du sabbat soni celles du marque pendant tout son temps d'épreuves, à
mercredi au jeudi, et du vendredi au samedi. la suite duquel, s'il s'en esl bien lire -,ledial le
Quelquefois le sabbat se fait en plein midi, lui administre Un autre signe qui à la figure
mais c'est rare. Les sorciers et les sorcières d'un petit lièvre j ou d'une patte de crapaud,
portent uiie marque qui leur est imprimée par ou d'un chat noir. —Durant, leur noviciat, on
le diable; celte marque , par uii certain mou- charge les enfants admis de garder les cra-
vement intérieur qu'elle leur cause, les avertit pauds , avec une gaule blanche, sur le boni
dé l'heure du ralliement. En cas d'urgence-, du lac, tous les jours de sabbat; quand il*
le diable fait paraître un mouton dans une ont reçu la seconde marque, qui est pour eux
huée (lequel mouton n'est vu que dès sorciers), un brevet do sorcier , ils sont admis à la danse
pour rassembler son monde en un. instant. et au festin. Les sorciers, initiés aux mystè-
Dans les circonstances ordinaires, lorsque res du sabbat, ont coulume de dire : J'ai bu
l'heure du départ est arrivée, après que les du tdbourin , j'ai màhgé du cymbale, et je suis
sorciers ont dormi , ou du moins fermé un fait profès. Ce que Leloyer explique de do la
oeil, ce qui est d'obligation , ils se rendent au sorte : « Par le tabourin, on entend la peau
sabbat, montés sur des'bâtons ou sur des bouc enflée de laquelle ils tirent le jus et con-
manches à balai, oints de graisse d'enfant ; sommé, pour boire; et, par le cymbale, le
ou bien des diables subalternes les transpor- chaudron ou bassin dont ils usent pour cuire
tent, sous des formes de boucs, de chevaux, leurs ragoùls. » Les petits enfants qui ne pro-
SA11 — A3!1 — SA15
niellentrien de bon sont,condamnésà èlre portant,p unesonnetteau cou, el une autre aux
fiirnssés.Il y a là dessorcières qui les dé- j:
pieds. On les donneauxsorcièresqui ontbien
nècenl., el les fontcuire pour le banquet.— mérité
i des légionsinfernales.Là , une magi-
Lorsqu'onesl arrivé au sabbat, la première ciennedit
c la messedu diable pour ceux qui
choseest d'aller rendre hommageà maître veulentl'entendre.
^ Ailleurs,se commettentles'
|,éonard.11est assis sur un trône infernal, plusj révoltantesetlesplushonteuseshorreurs.
(irdinairemenlsousla (
figured'un grand bouc, Ceux et cellesquivontbaiserle visageinférieur
[iviint trois cornes, dont celledu milieujette du
( maîtretiennentune chandellesombreà la
unelumièrequi éclairel'assemblée;quelque- main. i Ilen esl qui formentdes quadrillesavec
foissousla formed'un lévrier, ou d'un boeuf, des < crapaudsvêtusde velourset chargésde
i
oud'un tronc d'arbre sans pied, avec une sonnettes. Cesdivertissements durentjusqu'au
facehumainefortténébreuse,ou d'un oiseau 'chantdu coq. Aussitôtqu'il se fait entendre,
noir,on d'unhommetantôt,noir, tantôtrouge. Itout est forcéde disparaître.Alorsle grand
liaissa figurefavoriteesl celledubouc.Alors nègre leur donne congé, el chacuns'en re-
'
ifa ordinairementsur la tète la cornelu'mi- tournechezsoi'. — Oncontequ'un charbon-
neuse; les deuxautres sont au cou; il porte nier , ayant été averti que sa femmeallait à'u
unecouronnenoire, les cheveuxhérissés, le sabbat, résolut de l'épier. Une nuit qu'elle
visagepâleel troublé, les yeuxronds,grands, faisait semblantde dormir, elle se leva, se
fortouverts, enflamméset hideux, une barbe frottad'unedrogueet disparut.Lecharbonnier,
de chèvre, les mains commecelles d'un qui l'avait bien examinée,en fit autant, et.
homme, exceptéquelesdoigtssonttouségaux, fut aussitôttransporté,par la cheminée,d'àris
courbéscomme les griffes d'un oiseaude la cave d'un comte, hommede considération
proie,et terminésen pointes, les pieds en clansle pays, où il trouvasa femmeet loul
pattesd'oie,la queuelonguecommecelled'un le sabbatrassemblépour une séancesecrète.
àne;il a là voixeffroyableet sans ton, tient Celle-ci, l'ayant aperçu, fit un signe: au
unegravitésuperbe, avecla contenanced'une mômeinstanttouts'envola, el ilneresta dans
personne mélancolique,el portetoujourssous la caveque lo charbonnier,qui,se voyantpris
la queue un visage d'hommenoir , visage pour un voleur, avoua ce qui s'était passé à
quelous les sorciersbaisent,en arrivantail son égard, el ce qu'il avail vu dans cette
sabbat.'—Léonarddonneensuiteun poud'ar- cave-. —Un paysan se rencontrantde nuit
gentà lous ses adeptes; puis il se lève pour dans un lieu où l'onfaisaitle sabbat, on lui
lefestin-,où le maîtredes cérémoniesplace offrit à boire. Il jeta là liqueur à terre c-t
loulle monde, chacun selonson rang , mais s'enfuit,emporlaiitle vase , qui était d'une
toujoursun diableà côlé d'un sorcier. Quel- matière et d'une couleurinconnues.II. fut
quessorcièresontdit quela nappey est dorée, donnéà Henri le Vieux, roi d'Angleterre,si
cl qu'on y sert foutessortesde bonsmels, l'on en cro^lle conte"'.Mais, malgréson prix
-i avecdu pain et du vin délicieux.Maisle plus el sa rareté, le vaseest sans douteretourné
grandnombrede ces femmesont déclaréau à son premiermaître, — Pareillement; un
[ contrairequ'onn'y sert que des crapaudssde boucher allemand entendit, en passant de
la chair de pendus, de petits enl'anlsnon nuit par une forêt, le bruit des danses du
baptisés,el mille autres horreurs, el que le sabbat; il eut la hardiessede s'en approcher,
j paindu diableeslfaitdemilletnoir.Onchante, el tout disparut. Il prit des coupesd'argent
pendantle repas,deschosesabominables;et, qu'il porta au magistral, lequelfit arrêter et
; aprèsqu'on a mangé, on.se lèvede table, on pendre toutes les personnesdont les coupes
adorelegrand-maiIre; puischacunsedivertit. portaient le nom'. —: Unsorcier mena son
—Lesunsdansenten rond, ayantchacunun voisinau sabbat, en lui promettantqu'il sérail
chai pendu au derrière; D'autres rendent l'homme le plus heureux du monde. 11le
comptedes mauxqu'ils ont faits, et ceuxqui transportafort loin, dansun lieuoù se trou-
n'enont pas fait,assez sont punis. Dessor- vait rassembléeune nombreusecompagnie,
' cières
répondentaux accusationsdes crapaudsi au milieude laquelleétait un grand bouc. Lo
i qui les servent; quand ils se plaignentdei nouvel apprenti-sorcierappela Dieu a son
1 11être pas bien nourrispar leurs maîtresses, secours. Alorsvint un tourbillonimpétueux;
; 'es maîtressessubissentun châtiment,Les= toul disparut; il demeuraseul, et futtroisans
| correcteursdu sabbat sont de petits démons 3
1 Delancrc, Danaius
sansbras, qui allumentun grand feu-,y jet- Bodin,Delrio,
Maiol,Leloyer, ,
, Bogùet, Monstrelét, etc.
Torqnernada,
tentles coupables, et les en retirent quand 2 Delrio, Disquisitions et Bodin,
lhïigiqnes, p.-30.
''lo faut.''—Ici, on fait honneurà des cra- 3 Trihivm Magiciim.
pauds, habillés de velours rouge ou noir-,-, '' Joaeliim
deCambray.
SAB — /i32> — SAB m
à-retourner dans son pays '. — « Le sabbat di bandits qui faisaient le sabbat. Leurs in; Il
de
se.fait, disent les cabaiisles, quand les sages li
dations avaient heu dans un earrefoursolilair(i~ JE
rassemblent les gnomes pour les engager à o végétait une masure qu'on appelait 1-1m

épouser les filles des hommes. Le grand Or- C
Chapelle des boucs. Celui qu'on recevait SONK
phée fut le premier qui convoqua ces peuples c
cier était enivré j puis mis à califourchon sur B
souterrains. A sa première semonce, Sabasius, u bouc de bois qu'on agitait au moyen d'un m
un
le plus ancien des gnomes , contracta alliance p
pivot; on lui disait qu'il voyageait par lPS"
avec une femme. C'est de ce Sabasius qu'a pris aairs. I! le croyait d'autant plus qu'on le des- Si
son nom cette assemblée, sur laquelle on a fait cendait
c de sa moulure pour le jeter dans uni»Si
. mille contes impertinents. Les démoiiomanes corgie qui était, pour lui le sabbat. Voy. Si'în; jft
prétendent aussi qu'Orphée, fut le fondateur IBLOKULA,etc. — On sait, dit Malebranche! m
du sabbat, et que les premiers sorciers qui se cque cette erreur du sabbal n'a aucun fonde- W-
rassemblèrent de la sorte se nommaient o?'- imenl; que le prétendu sabbat des sorciers est Si"
phéotélesles. La véritable source de ces orgies 1
l'effet d'un délire et d'un dérèglement de l'i- H'
sinistres a pu prendre naissance dans les bac- imagination, causé par certaines drogues des- f»
chanales, où l'on invoquaitBacchus en criant: (quelles se servent les malheureux qui veulent 1
Saboé ! » — Dans l'affaire de-la possession de s procurer ce délire. — Ce qui entretien!, la I
se
Louviers, Madeleine Bavan, lourière du cou- <
crédulité populaire, ajoute Bergier, ce sont !
vent de cette ville, confessa des choses sin- I récits de quelques peureux qui, se trouvant «
les
guliôres sur le sabbat. Elle avoua qu'étant à iégarés la nuit dans les forêts, ont, pris pour f
Rouen,chez unecoulurière, un magicien l'avait, le sabbal des feux allumés par les bûcherons |
engagée et conduite au sabbat; qu'elle fut ma- et les charbonniers, ou qui, s'élant endormis î
riée là à Dagon , diable d'enfer; que Malhurin dans la peur, ont cru entendre et voir le sabbal, |
Picard l'éleva à ladignitédeprincessedu sabbal dont ils avaient l'imagination frappée. — Il |
quand elle eul promis d'ensorceler toute sa n'y a aucune notion du sabbat chez les an- S
communauté; qu'elle composa des maléfices eiens pères de l'Église. Il est probable que
en se servant d'hosties consacrées; que dans c'est une imagination qui a pris naissance chez I
une maladie qu'elle éprouva , Picard lui lit les barbares du nord; que ce sont eux qui |
signer un pacte de grimoire; qu'elle vil ac- l'ont apportée dans nos climats , et qu'elle s'y i
coucher quatre magiciennes au sabbat; qu'elle est accréditée au milieu de l'ignorance dont !
aida à égorger el à manger leurs enfants ; que leur irruption fut suivie. Les décrets des cou- f
le jeudi saint on y fil la Cène, en y mangeant ciles n'onl jamais fait mention du sabbat;
un petit enfant.; que dans la nuit du jeudi au preuve évidente qu'on a toujours méprisé i
vendredi , Picard et Boulé avaient percé une cette imagination populaire. — Charles II, duc I
hostie par le milieu, et que l'hostie jeta du de Lorraine, voyageant incognito dans ses 1
sang. De plus, elle confessa avoir assistée élals, arriva un soir daus une ferme où il se 1
l'évocation de l'âme de Picard, faite par décida à passer la nuit. 11fut surpris de voir 1
Thomas Boulé , dans une grange, pour con- qu'après son souper on préparait un second I
firmer les maléfices du diocèse d'Évreux. — repas plus délicat que le sien, et servi avec 1
Elle ajouta à ces dépositions devant le par- un soin el une propreté admirables. Il de- |
lement de Rouen, que David, premier'direc- manda au fermier s'il attendait de la compa- |
teur du monastère, était magicien; qu'il avait gnie. «Non, monsieur, répondit le paysan, i
donné à Picard une cassette pleine de sorcel- mais c'est aujourd'hui jeudi ; el toutes les se- |
leries , et qu'il lui avait délégué tous ses maines, à pareille heure, les démons se rus- j
pouvoirs diaboliques ; .qu'un jour , dans le semblent dans la forêt voisine avec Sessorciers j
jardin , s'étant assise sous un mûrier, un hor- des environs , pour y faire leur sabbat. Après |
rible chat noir et puant lui mit ses pattes qu'on a dansé le branle du diable, ils se di-
sur les épaules et approcha sa gueule de sa visent en quatre bandes. La première vient
bouche; c'était un démon. -—Elle dit en outre souper ici ; les autres se rendent dans des
qu'on faisait la procession ; que le diable, fermes peu éloignées. — Et paient-ils ce qu'ils
moitié homme el moitié bouc, assislait à ces prennent? demanda Charles.—Loin de payer,
cérémonies exécrables, et que sur l'autel il répondit le fermier,. ils emportent encore ce
y avait des chandelles allumées qui étaient qui leur convient, et s'ils ne se trouvent pas
toutes noires. — On trouve généralement le bien reçus , nous en passons de dures ; mais
secret de ces horreurs dans des moeurs abo- que voulez-vous qu'on fasse contre des sor-
minables. DansleLimbourg, au dernier siècle, ciers et des démons"? » Le prince étonné vou-
il y avait encore beaucoup de bohémiens el lut approfondir ce mystère; il dit quelques
7 Torquemada,dansl'Hcxarneroii. mots à l'oreille d'un de ses écuvers, et celui"
SAIS — Asa — SAC _
j partitau grandgaloppourla villede Toul, Sabéisme,— culteque l'on rendaux élé-
,iin'étaitqu'à troislieues.Versdeuxheures mentset aux astres, el qui, sejonquelques-
o malin, une trentaine de sorcierset de uns, esl l'originede l'astrologiejudiciaire.
louionsentra; les uns ressemblaientà des Sabellicus(GEORGES), — farceurallemand
,iirs,les au1resavaient des corneset des quiparcouraitl'Allemagne au commencement
.rifles.A peineétaient-ilsà table, que l'é- du dix-seplièmesiècle, en se disantchefdes
•uyerde CharlesII reparut,suivid'uneentrant troupe nécromanciens , astrologues,magiciens,chi-
[logeas d'armes; elle princeescorté, romanciens,pyromanciens,etc.Il gagnaainsi

dansla salle du souper: Des diablesne beaucoupd'argent, et fut très-révéré des
mangent pas, dit-il; ainsivous voudrezbien vieillesfemmesel des petitsenfants1.
permettre quemesgens d'armesse mettentà Sabienus.— Dansla guerre de Sicile, en-
tableà votre place...Les sorciersvoulurent tre Césaret Pompée,Sabienus,commandant
répliquer,el les démonsproférèrentdesme- la flottede César,ayant été pris, fut décapité
naces.-— "Vous n'êlespoint des démons,leur par ordrede Pompée.Il demeuratoulle jour
criaCharles: leshabitantsde l'enfer agissent sur le bordde la mer; sa tête ne tenantplus
plusqu'ilsne parlent, el si vousenvos- sorliez, au corps que par un filet.Sur le soir, il pria
nousserionsdéjà lousfascinéspar pres- qu'onfitvenirPompéeou quelqu'undes siens,
tiges.-—Voyant ensuiteque labandeinfernale parce qu'il venait des enfers, et qu'il avait
nes'évanouissait pas, il ordonnaà ses gens des chosesimportantesà communiquer.Pom-
defaire mainbassesur les sorcierset leurs pée y envoyaplusieursde ses amisauxquels
patrons; on arrêta pareillementles autres Sabienusdéclaraque la causeet le parti de
membres du sabbat; et.le malin, CharlesII Pompéeétaientagréablesaux dieuxdes en-
sevitmaîtrede plus de centvingtpersonnes. fers, et qu'il réussiraitselonses désirs; qu'il
Onles dépouilla,el on trouvades paysans, avait ordrede lui annoncercela,et que,pour
qui,souscesaccoutrements, se rassemblaient. preuvede ce qu'il disait, il allaitmouriraus-
denuit dans la forêt poury faire des orgies sitôt.: ce qui arriva. Maison ne voit pas quo
abominables, et pillerensuiteles richesfer- le parti de Pompéeail réussi.
miers.Loduc de Lorraine(qui avail.géné- — nomdes astrologuesturcs.
reusementpayé son souper avant de quitter Sabms,
laferme), fil punirces prétendussorcierset Sable. — LesMadécassesn'entreprennent
démons commedes coquinset des misérables.- jamais la guerre sans consulterleurs augu-
Le voisinagefut délivré pour le momentde res : ceux-ciont une petitecalebasseremplie
cescraintes;maisla foiau sabbat,ne s'affai- d'un sable quj ne se trouve,qu'en certains
blitpaspourceladansla Lorraine.—Duluc, lieux; ils le répandentsur une plancheet y
danssesLettressurl'histoirede la terre et de marquentplusieursfigures.Ilsprétendentcon-
l'homme,tomei, lettre9-1, rapporteencore connaîlrepar là s'ilsvaincronlleursennemis2.
cequi suit : — «H y a environdixans , vers Sabnacou Salmao, — grandmarquisin-
176!),qu'il s'élait formédansla Lorraineal- fernal, démondes fortifications. 11a la forme
lemandeel dans l'électoralde Trêves, une d'un soldai armé, avec une lêle de lion. Il
association degensdela campagnequi avaient est montésur unchevalhideux.11métamor-
secouétout principe,de religionetde morale. phose les hommesen pierres, el bâlil des
Uss'étaient persuadés qu'en se menant à . toursavecune adressesurprenante.Il a sous
l'abrides lois, ils pouvaientsatisfairesans sesordres cinquantelégions3.
scrupules Imitesletirs.passions. Pourse sous- Sacaras, — angesdu sixièmeordre chez
traireaux poursuitesde la justice,ils se com- les Madécasses.Ilssonttonsmalfaisants.
portaientdans leurs villages avec la plus Saccilaires, — ancienscharlatansqui se
grandecirconspection : l'on n'y voyaitaucun servaientde la
désordre mais ils s'assemblaient l a nuiten magiepours'approprierl'ar-
; d'aulrui.
grandesbandes, allaientà forceouvertedé- gent
pouiller leshabitationsécartées,commettaient lesSacrifices. —L'homme, partoutoùil a perdu
lumièresdelà révélation,s'estfaitdesdieux
d'abominables excèsel employaientles me-
nacesles plusterriblespourforcerau silence cruels,altérésdesang,avidesdecarnage.Héro-
'es victimesde leur brutalité. Un de leurs doleditquelesScylhesimmolaient la cinquième
été saisi hasard partie de leurs prisonniersà MarsExtermi-
complices ayant par pour nateur.Autrefoisles Sibériensse disputaient
d élit
quelque isolé, on découvrit l a tramede
cetteconfédération détestable,et l'oncompte 1 Salgues, desBrrcursetdespréjuges.
parcentainesles scélératsqu'il a fallufaire 7-"VoyagedeMadagascar, en1722.
Périrsur l'échafaud.» ;!Wierus,inPseudom.da;m.
2.8
SAl — A3.!i - SAl *
l'honneur de périr sous le couteau de leurs Saint-André arrive, et, pour ne rien né;>lj_
prêtres. — Il y avail un temple, chez les Thra- ger, il délivre lui-même la malade. Elle ac-
ces-, où l'on n'immolait que des victimes hu- couche en effet d'un petit lapin encore vivant
maines; les prêtres de ce temple portaient un Les voisines el le docleur de crier miracle.
poignard pendu au cou , pour marquer qu'ils On donne de l'argent à la mère des lapins-
étaient toujours prêts à tuer. Dans le temple elle, prend goût au métier, et se met indiscrè-
de Bacchus , en Arcadie, el dans celui de Mi- tement à accoucher lous les huit, jours. La
nerve , à Lacédémone, on croyait honorer ces police, étonnée d'une si féconde maternité,
divinités en déchirant impitoyablement, à croit devoir se mêler de celle affaire. On en- !
coups de verges, de jeunes filles sur leurs au- ferme la dame aux lapins, on la surveille ,
tels. Les Germains el les Cimbres ne sacri- exactement, el l'on s'assure bientôt qu'elle '
fiaient les hommes qu'après leur avoir fait s'esl moquée du public, el qu'elle a cru trou-
endurer les plus cruels supplices. Il y avait, ver une dupe dans le docteur Saint-André 1.
dans le Pégu, un temple où l'on renfermait Saint-Aubin. — auteur calviniste de YHis-
les filles les plus belles et de la plus haute- toire des diables de Loudun, dans l'affaire
naissance; elles étaient servies avec respect ; d'Urbain Grandior. Un vol. in-42. Amster-
elles.jpuissaient des honneurs les plus distin- dam , i 71G. Ce livre esl écrit avec une grande
gués; mais lous les ans une d'elles élail so- mauvaise foi.
lennellement sacrifiée à l'idole de la nation. — charla-
Saint-Germain (LE COMTE DE),
C'était ordinairement la plus belle qui avail tan célèbre du dernier siècle qui se vantail, do
l'honneur d'être choisie; et le jour de ce sa-
crifice était un jour de fêle pour loul le peu- faire de l'or, de gonfler les diamants el d'o-
ple. Le prêtre dépouillait la victime, l'étran- pérer beaucoup de choses merveilleuses. Com-
fouillait dans son me on ignorait son origine, il se disait im-
glait, sein, en arrachait le mortel par la vertu de la pierre philosophait; :
coeur, et le jetait au nez de l'idole. — Les el le bruit courait qu'il était âgé de deux mille
Mexicains immolaient des milliers de victimes
humaines au dieu du mal. Presque tous les ans. 11avait l'art, d'envelopper ses dupes dan-;
hors le de Dieu dans le tissu de ses étranges confidences. Contant
peuples, peuple l'ère un jour qu'il avail beaucoup connu Ponce-
ancienne el les chrétiens dans la nouvelle, Pilalii à Jérusalem, il décrivait minutieuse-
ont exercé , sans scrupule , de pareilles bar-
baries. — On accusait les sorciers de sacrifier . ment la maison de ce gouverneur romain , cl
a'u diable, dans leurs orgies, des crapauds, disait les plats qu'on avait servis sur sa table
des poules noires et de petits enfants non bap- un soir qu'il avail soupe, chez lui. Le cardinal
tisés. de ltohan, croyant n'entendre là que des rê-
veries , s'adressa au valet de chambre du
Sadial ou Sadiel, — ange qui, selon les comte de Saint-Germain, vieillard aux che-
musulmans, gouverne le troisième ciel et qui veux blancs, à la figure honnête : —Mon
est chargé d'affermir la terre , laquelle serait ami, lui dit-il, j'ai de la peine à croire ce
dans un mouvement perpétuel, s'il n'avait le dil votre maître. Qu'il soil ventriloque,
que
pied dessus. passe; qu'il fasse de l'or, j'y consens; mais
Saignement de nez. — Quand 011perd par qu'il ait deux mille ans el qu'il ait vu Ponce-
le liez trois gonfles do sang seulement, c'est Pilale , c'est trop fort. Êtiez-vons là? — Ob!
un présage de mort, pour quelqu'un de la fa- non, monseigneur, répondit ingénument le
mille. valet de chambre , c'est plus ancien que moi.
Sains (MXniiï DE), — sorcière et possédée. Il n'y a guère que quatre cents ans que je suis
Foi/. POSSÉIVÉES de FLANDRE. au service do M. le comte.
Sainokavara, —: endroit du lac Fakone où Eaint-Gille, —marchand épicier à Saint-
lès .làponais croient que les âmes des enfants Germain en Laye, qui fui présenté comme
sont retenues comme dans une espèce de ventriloque à l'Académie des sciences, le 22
limbes: décembre 4770. Il avait le talent d'articuler
- Saint-André. — Ce docteur, qui a écrit des paroles très-distinctes, la bouche bien
contré les superstitions, fut appelé, en 4726. fermée et les lèvres bien closes, ou la bouche
par une femme qui lui fil confidence qu'elle grandement ouverte; en sorte que les spec-
était accouchée d'un lapereau. Le docteur té- tateurs et auditeurs pouvaient y plonger. 11
moigna d'abord sa surprise, mais, quelques variait admirablement le timbre, la direction
jours après, celle femme prélendit ressentir et le ton de sa voix qui semblait venir, tan-
des tranchées : elle no douta pas qu'elle, n'eût 1 M. Saignes,des Errons et des préjugés,cit., '• 3'
encore quelque lapin à mellre.au monde. p. 111. '
S.\K — /|3à> — SAL
d'ildu milieudes airs, tantôt du loit d'une lient ] pénétrer',s'il n'est conduitpar quelque
maisonopposée,de la voùled'un temple,du iintelligence.C'esllà que lesDivesou mauvais
liantd'un arbre , tantôt du sein de la ter- igéniesont été confinés,après avoirélé sub-
re,etc. '• j
juguéspar les premiershérosde la race dés
Sakhar, — génieinfernalqui , suivanl'le 'hommes, et que les Péris ou fées fontleur
'l'alniud, s'emparadutrônede Salomon.Après demeure ' ordinaire.
avoirpris Sidonet tué le roi de celle ville, SaUimouni,— génieoudieu, donlles lé-
Salomon emmenasa filleTéréda; commeelle gendes ; des Kalmouksracontentqu'il habitait
ne cessaitde. déplorerla mortde son père, le corpsd'un lièvre: il rencontraun homme
il ordonnaau diable de lui en faire l'image qui mourait,de faim, il se laissa prendrepour
pourla consoler.Maiscelte slalue, placée satisfairel'appétitde ce.malheureux.L'esprit
liais la chambrede la princesse,devintl'ob- de la terre, satisfait de celle belle action,
jol de sonculteet de celui de ses femmes plaça aussitôtl'âmede ce lièvredans la lune,
Salomon,informéde celte idolâtrie par son où les Kalmouksprétendentla découvriren-
vizirAsaf, brisa la statue, châlia sa femme core'.
olsereliradansledésertoùil s'humiliadevant Salamandres.— Selon les cabalistes, ce -*
Dieu: seslarmeset son repentirne le sauvè- sont des esprits élémentaires,composésdes
rent,pas do la peineque méritaitsa faute.Ce plus subtilesparties du feu, qu'ils habitent.
princeélail dans l'usage de remettre, avant » Les salamandres, habitants enflammésde
d'enlrcrdans le bain, son anneau, dontdé- la régiondu feu, serventles sages, dit l'abbé
pendaitsa couronne, à une de ses femmes de Ydlars, mais ils ne cherche,t pas leur
nomméeAmitia.Un jour, Saltharvint à elle compagnie;leursfillesel leursfemmesse font
sousles traits du roi, et, recevantl'anneau voirrarement.Delous lesbêlesdes éléments,
deses mains,prit, en vertu de ce talisman, les salamandressont ceuxqui viventle plus
possession du trône, el fil.dans les lois lous long—temps. » — Les historiensdisent que
luschangementsdontsa méchancetés'avisa, Homulusétait fils de Mars. Les esprits loris
linmêmetempsSalomon, dontla figuren'é— ajoutent, c'est une fable; les démohomaiies
lailplus la même, méconnaissable aux yeux disent: ilétait filsd'un incube.Nousqui con-
deses sujets, fut obligéd'erreret de deman- naissonsla nature, poursuitle mêmeauteur,
der l'aumône.Enfin, au bout de quarante noussavons que ce Marsprétendu était un
jours, espacede temps durant lequel l'idole salamandre.Voy.CUIALE. — Il y a un animal
availélé honoréedans son palais, le diable amphibie,de la classedès reptilescldu genre
prit la fuite, et jota l'anneaudans la mer. des lézards, qu'on nommela salamandre;sa
Unpoissonqui venaitde l'avalerfui pris et peau esl noire, parseméede taches jaunes,
donnéà Salomon,qui retrouvasa baguedans sansécailles,el presquetoujoursenduited'une
les entraillesdudit poisson,llenlré en pos- matière visqueusequi en suinte continuelle-
sessionde son royaume,ce princesaisilSak- ment. Lasalamandreressemble,pour la for-
har, lui chargea le cou d'une pierre, el le me, à un lézard. Lesancienscroyaientque
précipitadansle lac de Tibériade. ccl.animalvivaitdanslefeu. « La salamandre
Salthrat. — Il y a une montagneque les loge dans la terre, dit Bergerac,qui est tou-
mabométanscroiententourer tout le globe. jours farceur, sousdes montagnesde bilumè
C'estla montagnede Kaf.Elle a pour fonde- allumé, commel'Etna, le Vésuveet le cap
mentla pierre Saillirai, dontLokmandisait Kouge.Ellesue de l'huilebouillanteel crache
que quiconqueen aurait seulementle poids de l'eau-forte, quandelles'échauffeoù qu'elle
d'ungrain ferait dos miracles.Celle pierre se b:tl. Avecle corps de col animal, on n'a
est l'ailed'uneseule émeraude,el c'esl de sa que fairede feudans unecuisine.Penduà là
léllexionque le ciel nousparaît azuré. Lors- créma:ilcre, ilfaitbouilliret rôtirtout ce que
queDieuveutexciterun tremblementde ter- l'on met devantla cheminée.Sesyeux êelàî^
re, il commandeà celle pierre de donnerle renl la nuitcommede petitssoleils;et, p!aL
mouvement à quelqu'unede ses racines. La( ces dans une chambre obscure, ils y font
terrese trouveau milieude celte montagne, l'effetd'une lampeperpétuelle....»
commele doigt au milieu de l'anneau; sans; Salgues (JEAN-BAPTISTE) , — auteur,d'un
col appui, elle serait dans une perpétuelle ; livre intitulé Des erreurs et des préjugésré-
agitation.Pour y arriver, il faut traverseruni pandusdanslesdiversesclausesde la société,3
très-grandpays ténébreux;nul hommen'y,' vol. in-8°,3e édil., Paris, 481S. Une quatriè-
meéditiona paru depuis.
1 Le ventriloque del'abbédeLaChapelle, r
citépar
lM.Garinet, e n
Ilist.delaMaeie France,p.278. 1 VoyagesdePallas.
.lo
SAL — /,:;.';; — SAM
. Salière. —- Le sel, chez les anciens, élail |
pratiques et des ligures, par lesquelles on
consacré à la sagesse; aussi n'onbliail-on ja- ]
peut acquérir, quoique imparfaitement, tuln
mais la salière dans les repas; si l'on ne son- ]
petite partie du pouvoir que. Salomon avait
geail pas à la servir, cet oubli élail regardé i
sur les esprits. Ces beaux secrets sont con-
comme un mauvais présage. — 11 élail aussi i
servés dans les livres niais qu'on allribue à ce
regardé comme le symbole de ramifié; les prince, el surtout dans ses Clavicules inliiu-.
amis avaient coulume de s'en servir au com- lées : les Véritables Clavicules de Salomon
mencement des repas, el si quelqu'un en ré- in-18, à Mcmphis, chez Alibeck l'Égyptien
pandait, c'était le signe de quelque brouillerie On y trouve des conjurations et des fui-mules
future. — Aujourd'hui c'esl encore un très- magiques. Agrippa, dit-on, faisait grand cas l
mauvais augure pour les personnes supersti- de cet ouvrage. On allribue encore à Salomon
tieuses, lorsque les salières se renversent sur un Traité de la pierre philosophale, les Om-
la table. Voy. SEL. Wes des idées, le Livre des neuf anneaux, le
Livre des neuf chandeliers , le Livre des trois
Salisateurs, — devins du moyen âge , qui
formaient leurs prédictions sur-le mouvement figures des esprits , des Sceaux- qui chassent
du premier membre de leur corps qui venait les démons, et un Traité de nécromancie.
à se remuer, et en liraient de bons ou mau- adressé à son fils Itoboam. Voy. CONJHIA- t
vais présages. TIONS, SAKIIAU, SlMOIlCUE,BELIAL, AsuAia., i
Salive. — Pline le naturalisée rapporte com- ASMODÉE,AllT ÎSOTOIIUÏ,elc. ['
Salutadores, — gens qui se mêlent en Es- \
me un ancien usage, celui de porter avec le
un de salive derrière pagne de guérir certaines maladies, et qui *>
doigt peu l'oreille, pour lous oui, dit-on, de naissance, certaine mar-
bannir les soucis el les inquiéludes. — Mais
ce n'est pas là toute la vertu de la salive; que sur le corps en forme de demi-roue. Ils
elle lue les aspics, les serpents, les vipères se disent descendants de sainte Catherine, qui S.
et les autres reptiles venimeux. Albert-le- n'eut pas du descendants. Voy. HOÎIMESix- j
Grand dit qu'il faut, qu'elle soit d'un homme COMIIUSTIBI.ES. ('
à jeun, et qui ait demeuré long-lemps sans Salvation de Rome , — voy. YlliOILE.
boire. — Figuier assure qu'il a tué plusieurs Salverte (IÏUSÈHE), — auteur d'un Essai \
serpents d'un petit, coup de bâlon mouillé de sur la magie, les prodiges, etc., <1vol. in—12, j
sa salive. M. Saignes ajoute qu'il esl pos.-ible Bruxelles , '18'J21,réimprimé à Paris. C'esl. un !
de tuer les vipères avec un peu de salive, traité philosophique, dans le mauvais sens de
mais qu'il est à propos que le coup de bâlon ce mot.
qui l'accompagne soit suffisant. —Ce qui est Samael, — prince des démons, selon les
certain, c'est que Redi a voulu vérifier les rabbins. Ce fut lui qui, monté sur lo serpent,
témoignages d'Aristole, de Galion, de Lu- séduisit Eve. C'esl encore, chez plusieurs doc-
crèce, etc. Il s'est amusé à cracher, à jeun , teurs juifs, l'ange, de la mort, qu'ils représen-
sur une multitude de vipères que lo grand- tent tantôt avec une épee, tantôt avec un aie
duc de Toscane avait fait rassembler; mais à el. des flèches.
la grande confusion de l'antiquité, les vipères Sambethe , — voy. SlHVI.LES.
ne sont pas mortes. Voy. CIIACIIAT. Samuel. — Une nécromancienne, la pylho-
Salomon. — Les philosophes, les botanis- nisse d'E :do'r, fit. voir au roi Saiil l'ombre du
tes, les devins et les astrologues orientaux prophète Samuel, qui lui prédit ses désastres.
regardent Salomon ou Soliman comme leur Menassch-ben-Israël. dans son second livre
patron. Selon eux, Dieu lui ayant donné sa de la Résurrection des morts, dit que la py-
sagesse, lui avail communiqué en même temps thonisse ne pouvait pas forcer l'âme de Sa-
toutes les connaissances naturelles et. surna- muel à rentrer dans son corps, et que le fan-
turelles; et entre ces dernières, la science la tôme qu'elle évoqua élail un démon revêtu de
plus sublime el la plus utile, celle d'évoquer la forme du prophèle. Cependant Samuel dit
les esprits et les génies el do leur commander. au roi : Pourquoi troublez-vous mon repos, en
Salomon avait, disent—ils, un anneau chargé me forçant à remonter sur la terre? Les uns
d'un talisman, qui lui donnait un pouvoir pensent que l'âme du prophèle pouvait seule-
absolu sur ces êtres intermédiaires entre Dieu prononcer ces paroles; d'autres soutiennent
et l'homme. Cet anneau exislc encore; il est que ces mois remonter sur la terre s'appliquent
renfermé dans le tombeau de Salomon, cl au corps seulement, que le diable avait pu
quiconque le posséderait, deviendrait le maî- emprunter. Le rabbin Mcyer-Gabay, qui est
tre du inonde. Mais on ne sait où trouver ce du sentiment des premiers, ajoute que Sa-
tombeau. 11 ne reste que dos formules, des muel seul pouvait dire à Saiil, devant la sor-
SAiN — IVàl — SAT
eièrequi le faisaitvenir: Demain,toi et tes dIre dans la grotteoù l'espritprophétiqueles
dis,vousviendrezme rejoindre.Cruslu el aattendait.Quoiqu'il en soit, le sang de tau-
filiiiuimecumcrunl. C'estaussil'avisde la rreaun'empoisonne pas, à moinsqu'il ne soit
plupartdes théologiens '. vvicié;lousles jours on en fait du boudin'.
i
Sanaves.—Amulettes quelesfemmesmu- f'Plineassure que le sangde chevallue aussi
dorassesportentau coucl aux poignets;ce l'homme;maisil se contreditdansun autre
Sonldesmorceauxd'un bois odorant,enve- passage I , lorsqu'ildit que les Sarmatesmê-
loppés dansune toile; ils préservent, de l'ai- laientde
' la farineet du sangde chevalpour
teintedessorciers. ( faire des gâteauxfort délicats.— Enfin
en
les anciensqui regardaientle sang de tau-
Sanche,—serviteurdePierreri'Engelberl, reau comme un poisonpour le corps, lo re-
(pii l'avaitenvoyé à sesfraisau secours d'Al-
roi alors en avec s
gardaient commeun remèdepourl'âme: on
phonse, d'Aragon, guerre expiait les crimesen se faisantaspergerde
la Caslille. L e serviteur rovinlsain et sauf,
la futfinie maisbienlôl i l tomba sang de taureau.On immolaitun taureau,
quand guerre ; on en recueillaitle sang dans un vase dont
maladeetmourut.Quatremoisaprèssa morl. le fondétait
Pierre,couchédans sa chambre,vit.OI.IITTse tenait dessous, percéde petitstrous, le criminel
auclairde la luneun spectreà deminu, qui après quoi il se relirait
s'approchade la cheminée,découvritle feu purifié. Sausine ,—sorcièrecl prêtressedu sab-
et sechauffa.Pierrelui demandaquiil élail.
—,1esuis, réponditle fantômed'uni!voix bat. Elle est très-considéréedes chefs de
-cassée,Sanche,voireserviteur.— Eh! que l'Empireinfernal.C'estla premièredesfem-
viens-tufaireici?—.levaisen Caslille,avec mesdeSatan.Onl'a vuesouventdanslesas-
quelquesautres, expierle mal que nousy sembléesqui se tenaient au paysdeLabour:.
avonsfait.Moien particulier,j'ai pillélesor- Santabarenus.—Basile,empereurde Con-
nementsd'une église, el je suis condamné slanlinople,ayantperduson filsConstantin ,
pourcelaà fairece voyage.Vouspouveznie qu'ilaimaituniquement,voulutlevoirà quel-
soulager par vosbonnesoeuvres;el.votrefem- que prix que ce fût. Il s'adressaà un moine
me, qui medoithuit sous, m'obligeraen les hérétiquenomméSantabarenus,qui. après
donnantaux pauvresen monnom.-—Pierre quelquesconjurations,luimontraun spectre
luidemandades nouvelles(le quelques-uns semblableà sonfilss.
desesamismortsdepuispou; Sanchele sa- Saphis, — morceauxde papierssur les-
tisfitlà-dessus.— El oùeslmaintenantleroi quelssont écrits des passagesdu Koran, et
Alphonse? demandaPierre. Alorsun autre que les Mauresvendentaux nègres,comme
spectre, qu'iln'avaitpas vud'abord, el qu'il ayant la propriétéde rendre invulnérables
aperçutdans l'embrasurede la fenêtre,lui celuiqui les porte.
dit: — Sanchene peutrienvousapprendre — géniesous la protection
louchantle roi d'Aragon;il n'y a fias assez Sapondomad,
esl,clansnoire duquelest la terre, et qui, selon les Guè-
long-temps qu'il bande,pour bres, faitdes souhaitspourceluiqui la cul-
ensavoirdes nouvelles;maismpi, qui suis et dos imprécations contreceluiqui la
mortil y a cinq ans-,je puisvousen dire tive,
chose. son néglige.
(|iielque Alphonse,après trépas, — pierreà laquelleon
a éléquelquetempsavecnous; maislespriè- Sarmenius-Xiapis,
resdesbénédictinsde Clunil'en onttiré , et attribuaitlavertudeprévenirlesavortements.
je nesaisoùilesl.à présent.— Alorslesdeux Sas, — divinationpar le sasoutamis.Voy.
revenantssortirent.Pierreéveillasa femme COSQUINOSIANC.IK.
et lui demandasi elle ne devait,rien à San- Sare ( MARGUERITE ) ; — prévenuede sor-
che.—Je luidoisencorehuitsous, répondit- cellerieà seizeans, ellemouruten prisonà
elle.Pierrene doutaplus, fitdes prièreset Bordeaux,où elleavait été renferméepour
distribuadesaumônespourl'âmedudéfunt2. avoirfait un pacle avecle diable4. — Vers
Sangde taureau.—Lesanciensle regar- l'an 4G00.
daientcommeun poison; Plutarquerapporte Satan, — démondu premierordre, chef—
queThômistocle s'empoisonna avecce sang; desdémonset de l'enfer,selonl'opiniongéné-
l'lineconteque les prêtresd'Eginene man- 1 M.Salgues,
quaientjamais d'enavaleravantde-descen- desErreurs etdespréjugés.
2 Delancre,Tableau del'inconstance
desdém.,etc.
1Voyez p. 141.
l'issr.. Bergier,
Die,,d ethéologie, pylho- 3 Michel
aumot Glycns.
2 boniÇalmet, liDelaucrc,Tableau del'inconstancedesdéni,,etc.,
Dissertation surlesapparitions. p.95,
'SAT — /,38i— SCli
raie; démon de la discorde, selon les démo- lu
lungag» du pays, se dirent être d'une ten(.
nonïanes, prince révolutionnaire dans l'empire dd'antipodes, où le soleil ne luisait, et n(,
de Belzébulh. Quand les anges se révoltèrent vi
voyaient (pie par une lumière sombre qui
contre Dieu, Satan, alors gouverneur d'une p
précédait le soleil d'orient, ou suivait celui
partie du nord dans le ciel, se mit à la lèle dd'occident. Au surplus , étaient chrétiens (.(
des rebelles; il fut vaincu et précipité dans aavaient des églises. » — Enfin , un rabbin
l'abîme. Le nom de Snlan, en hébreu , veut s
s'est imaginé que les satyres et les faunes des
dire-ennemi, adversaire. Milton dit que Sa- a
anciens étaient en effet des hommes; mais
lan est semblable à une tour par sa taille, et, d
dont la structure était restée imparfaite, par-
un peu plus loin il fixe sa hauteur à quarante c que dieu, lorsqu'il les faisait, surpris par
ce
mille pieds. •— On a publié, il y a vingt ans, 1 soir du sabbat, avait interrompu son ou-
le
une: Lettre de Satan aux francs-maçons ; elle \vrage.
eût pu être plus piquante. Ou voit de nos Saubodinc de Subiette, — mère de Mario
jours, à Paris, un journal intitulé Satan, ( Naguille, sorcière, que sa fille accusa de
de
comme il y en a.un à Bruxelles, intitulé Mé- i
l'avoir menée au sabbat plusieurs fois'.
phislophélès. Ce ne sont pas des esprits bien Suute-Buisson. — l'u;/. Vicr.DEl.liT.
spirituels qui se mettent ainsi sous lu couvert
des esprits malins. Sauterelles. — Pendant que Charles-le- ,
sf Satyres. — Les satyres étaient, chez, les 'Chauve assiégeait. Angers, des sauterelles, j
-' païens, des divinités champêtres qu'on repré- grosses comme le pouce, ayant six ailes, vin- j
sentait comme de petits hommes velus, avec rail assaillir les Français. Ces ennemis d'un [
des cornes et des oreilles de chèvre, la queue, nouveau genre volaient en ordre, rangés en \'
les cuisses et les jambes du môme animal. bataille, et se faisaient éclairer par des pi- j
Pline le naturaliste croit que les satyres étaient (pleurs d'une forme élancée. On les exorcisa,
une espèce de singes; et il assure que dans suivant, l'usage du temps, elle tourbillon, mis \
une montagne des Indes il se trouve dos singes en déroule, s'aila précipiter dans la mer*. ,
qu'on prendrait de loin pour des hommes : Sauveurs d'Xialie, — Charlatans qui se |
ces sortes de singes ont souvent, épouvanté disent parents de saint Paul, et portent ini- j
les bergers. Les démonomanes disent que les sur leur chair une ligure de serpent j
n'ont été autre chose des primée
satyres jamais que qu'ils donnent pour naturelle. Ils se vantent !'
démons, qui ont paru sous celte ligure sau- de ne pouvoir être blessés par les serpents, i;
vage ; les oabalistes n'y voient que des gnomes. ni par les scorpions , et de les manier sans j
— Saint Jérôme rapporte que saint Antoine
rencontra, dans son désert, un satyre qui lui danger. j
présenta des dattes, et l'assura qu'il était un Savon. — Dans l'île de Candie et dans la t
de ces habitants des bois que les païens avaient plupart des îles de. la Turquie et de la Grècp, \
honorés sous les noms de satyres et de faunes ; on évite d'ollïir du savon à quelqu'un. On 1
il ajouta qu'il était venu vers lui comme dé- craindrait par là d'effacer l'amitié.
puté de toute sa nation, pour le conjurer de Savonarole ( JÉHUMK ), — célèbre dOlllilli- ]
prier pour eux le Sauveur, qu'ils savaient bien cain ferrerais du quinzième siècle. — Ma-
être venu en ce monde. Les satyres ne feraient chiavel dit qu'il avilit persuadé au peuple (le.
ainsi que des sauvages, -r- Le maréchal de Florence qu'il parlait avec Dieu. Nardin, dans
Beaunuuioir, chassant dans une foret du son histoire de Florence, livre 11, dit que les
Maine, en lo99, ses gens lui amenèrent, un1 partisans de Savonarole étaient appelés Pia-
homme qu'ils avaient trouvé endormi dons un1 gnoni, les pleureurs, et.ses ennemis Arrabiali,
buisson, et dont la figure était très-singulière :• les enragés ou les îndisciplinables 3. Nous ne
il avait au haut du front, deux corne:., faites' jugerons pas ici cet homme de mérite, qui
et placées comme celles d'un bélier: il était1 put bien avoir des torts.
chauve, et avait au bas du menton une barbe
rousse par flocons, telle qu'on peint celle des Schada-Schivaoun, — génies indi IIS qui
le monde. Us ont des femmes; mais
satyres. 11 conçut tant de chagrin de se voirr régissent ne sont (pie des attributs personnifiés. La
promener de foire en foire, qu'il en mourut à;, ce
Paris, au bout de trois mois. On l'enterra ., principale se nomme Houmani : c'est elle qui
dans le cimetière de Saint-Côme. — « Sous.,s "ouverne ° le ciel et la région
'' des astres.
le roi Etienne, dit Leloyer, en temps de mois-
sons , sortirent en Angleterre deux jeunes en-._ et Jmagie, Delancre, Tableau (lel'inconstance(lesdém., son:
liv. il, p. 119.
fui.tsdecouleur verte, ou plutôt deux satyres,3> a M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 4S.
mâle et femelle, qui. après avoir appris le 'G 3 Saint-Foix, t. 111,p. 3S8.
SCI -- Zi3!)— SEC
Kchadukiam,— provincedu Ginni.-lan, pic.l.s'en servaientpourse mettreà l'ombre
nuele^ romansorientauxdisent peupléede du soleil, en se couchantpar terre, et levant
diveset de péris. leur pieden l'air.
Schamans,—sorciersde la Sibérie, qui Scopélisme,sorte de maléficequ'on don-
fontdesconjurationspourretrouverunevache nait par le moyende quelquespierreschar-
perdue,pourguérirune maladie, et qui in- mées.Onjetait une ou plusieurspierres en-
voquent lesespritsen faveurd'une entreprise sorceléesdansun jardinou dansun champ:
oud'unvoyage.Ussonttrès-redoulés. la personnequilesdécouvraitouy trébuchait,
Schertr( FERDINAND ), auteurde la Mugiâ en recevaitie ma'éfice,qui faisait parfois
puslhwna,Olmulz,1700. Foi/.VAMPIHES. mourir.
Schoumnus,— féesmalfaisantestrès-re- Scorpion.•—LesPersanscroient,que, par
doutéesdes Kalmouks;elles se nourrissent le moyende certainespierresmerveilleuses,
dusanget de lachairdes humains,prennent on peutôler le venin aux scorpions,qui se
souventla forme de femmescharmantes, trouventchezeux en grandnombre.— Frey
maisun air sinistre,un regard perfidedévoi- assurequ'iln'y a jamaiseu ni de serpentsni
lentleurâmeinfernale.Quatredentsdesan- de scorpionsdanslavillede Ilamps, à causé
gliersortentordinairementde leur bouche, de la figured'unscorpiongravéesur'untalis-
quise prolongequelquefoisen tromped'élé- mandansles muraillesde celleville.
phanl. Scotopites, UOl/.ClI'.CONCELUONS.
Schroter( UMUCII )• — lin -13153 , à Willis-
suw, dans le cantonde Lucerne, un joueur Scott, — Voy.WALTEII SCOTT.
de profession,nomméUlrich Schroter, se Scoxou — duc et grand marquis
chax,
voyantmalheureuxau jeu, proféraitdesblas- desenfers.Il a la voixrauque, l'espritporté
phèmesqui ne rendaient, pas ses partiesmeil- au mensonge ; il se présentesous la forme
leures.Il jura que, s'il ne gagnaitpas, dans d'une Il volel'argent dans les mai-
la chance qui allait il
tourner, jetterait sa cigogne.
un crucifix était sur la che- sonsqui en possèdent,et ne restituequ'au
dague contre qui de douzecentsans, si toutefoisil en re-
minée.Lesmenacesd'Ulrichn'épouvantèrent boutl'ordre.Il enlèveleschevaux.11exécute
ointceluidont il outrageaitl'image; Ulrich çoit
1 touslescommandements qui luisont donnés,
perditencore.Furieux, il se lève, lancesa
sonbut lorsqu'on l'obliged'agir de,suite; et quoiqu'il
ilngue,qui n'atteignitpoint sacrilège, aux exorcistes,il ne le fait
et aussitôt,disentles chroniquesdu temps, prometted'obéir 11ment, s'il n'est pas dans un
uneIroupededénionstombesur luiell'enlèvo, pas toujours. si, au contraire,il y est renfermé,
avecun bruitsi épouvantable , que loulela triangle;
'. il ditla véritéen parlantdes chosessurnatu-
villeen futébranlée 1 1 lestrésorscachésqui.nesont
relles. indique
Sciamanole,— Divinationqui consisteà pasgardéspar lesmalinsesprits II comman-
évoquerlesombresdes morts,pourapprendre de trentelégions\
leschosesfutures.Elledifféraitde la nécro-
j mancieet de la psychomancie, en ce que ce Scylla,— nymphedontGlaucusfutépris.
. n'étaitni l'âmeni le corpsdu défuntquipa- N'ayant,pu la rendresensible,il eut recours
i laissait,maisseulementun simulacre. à Circé,quijeta un charme(ladsla fontaine
avait coutumede. su baigner.'A.
f SciencesSecrètes.— On donnece nomà où Scylla
la magie, à la théurgie,à l'art notoire,à la peiney fut-elleentrée, qu'ellese vit changée
plupartdes divinations,aux pratiquesdes en un monstre qui avait douzegriffes, six
grimoires,etc. gueuleset six tètes; une meutede chienslui
la ceinture.Effrayéed'elle-même,
• Scimasar.— une dosdouzeespècesd'an— sortaitde se jeta dans la merà l'endroitoù est
; gavesque Michel Scol distingue danssonTrai- Scylla '"" "'"
sonnom.
té de la physionomie.11l'appelleScimasar le détroitquiporte
; Nova.Lorsquevousvoyez,dit-ilunhommeou Sebhil ou Sebhael,— géniequi, selonles
) unoiseauderrièrevous,quivousjoint et vous musulmans, lientles livresoù sont écritesles
; passe,s'il passeà votredroite,c'est bonau- bonneset mauvaisesactionsdes hommes.
gure,etanauvaiss'il passe à vclrçgauche. Secretam •—sorcièrequi fut
(FiiANçoisiï),
; Scîopodes,— peuplesfabuleuxde l'Élhio- brûléeà Saint-Claude,en Franche-Comté,
i pie,dontparlePline,lesquels,n'ayantqu'un sous Boguet.Elle avoua qu'elle avait vu le
1lîodin,Démonomanic, liv.nij cli.I1"'"
après.lob- 1 Wierus,
• Fince! elAndré-Muscill. inFscutlomon.daim.
— ZI-'IO SEL
tSISCforme de chien , tantôt en »eIqui opère Inutile prodiges, se fait avec un chat
forme de chat, tantôt en forme de poule f. «icorché, nu crapaud , un lézard cl un aspic
Secrets merveilleux. — Faites tremper pi'on met sous do bonne braise jusqu'à ce.que
je tout soit, pulvérisé 5. On pourrait citer une.
une graine quelconque dans la lie de vin, Jouïe de secrets pareils, car nous en avons de
puis jetez-la aux oiseaux ; ceux qui en tïïte-
ront s'enivreront et se laisseront prendre à la Loules les couleurs; mais ceux qu'on vient du
main. — Mangez à jeun quatre branches de Jlire suffisent pour donner une idée de la tola- '
rue, neuf grains de genièvre , une noix, une- lilé. l'o;/. CHAUMES,ENCHANTEMENTS, MALÉ-
figue sèche et un peu de sel, piles ensemble, FICES,PAHOI.ESMAGIQUES, SUPERSTITIONS,etc.
vous vous maintiendrez en parfaite santé, dit Segjin, — septième parlie de l'enfer chez
le Petit Albert. •— Qu'on pile et qu'on pren- les niahoniélans. On y jolie- les âmes des im-
ne, dans du vin, une pierre qui se trouve dans pies , sous un arbre noir et ténébreux, où
la tête de quelques poissons, Avicenne dit l'on ne voit jamais aucune lumière : ce qui
qu'on guérira de la pierre. Mizaldus prétend n'est pas gai.
que les grains d'aubépine, pris avec du vin Seidur, — magie noire chez les Islandais. \
blanc, guérissent de la gravelle. La grenouille Voy. NID.
des buissons, coupée et mise sur les reins, fait j
tellement uriner, si l'on en croit Cardan , que Seings. — Divination à l'aide des sewijs^ j
les hydropiques en sont souvent guéris. Qu'on adressée par Mélampiis au roi Plolémée. —
Un seing ou grain (le beauté, au front de
plume, qu'on brûle et qu'on réduise en poudre l'homme ou de la femme, promet dos riches-
la tète d'un milan, qu'on en avale dans de
l'eau autant qu'on en peut prendre avec trois ses. Un seing auprès des sourcils d'une fem-
me la rend à la l'ois bonne et belle : auprès
doigts, Mizaldus assure qu'on guérira de la des sourcils d'un homme, un seing le rend ri-
goutte. Cardan assure encore qu'une décoc-
tion de l'écorce du peuplier blanc, appliquée che et beau. Un seing dans les sourcils pro-
sur les membres souffrants, guérit la goutte met à l'homme cinq femmes, et à la femme
scialique. — Wecker déclare qu'une décoc- cinq maris. Celui qui porte un seing à la joue
tion de trèfle guérit les morsures des vipères. deviendra opulent. Un seing à la langue pro-
On voit dans Tbiers qu'on fait sortir les or- met, le bonheur en ménage. Un seing aux lè-
dures des yeux en crachant trois fois. — Le- vres indique la gourmandise. Un seing au
menton annonce des trésors. Un seing aux
loyer dit que, pour se garantir des enchante- oreilles donne une bonne réputation. Un seing
ments , il faut cracher sur le soulier du pied
droit, et qu'on se préserve des maléfices en au cou promet une grande fortune. Celui qui
crachant trois fois sur les cheveux qu'on s'ar- porto un seing derrière le cou pourrait bien
rache en se peignant, avant de les jeter à ter- être décapité. Un seing aux reins caractérise
re. — Un ancien dit qu'une vierge arrête la un pauvre gueux. Un seing aux épaules an-
grêle'en en niellant trois grains dans son sein. nonce une captivité. Un seing à la poitrine ne
— On empêche le mari de dormir en mettant donne pas de grandes richesses. Celui qui
dans le lit un oeuf d'hirondelle. — Mettez un porto un seing sur le coeur est quelquefois
oeuf dans le vin : s'il descend de suite au fond, méchanl. Celui qui porte un seing au ventre
le vin est trempé; s'il surnage, le vin est pur. aime la bonne chère. Ceux qui ont un seing
— Qu'on mêle l'herbe centaurée avec le sang aux mains auront beaucoup d'enfants. Vtnj.
d'une huppe femelle, et qu'on en nielte dans CHIROMANCIE.
une lampe, avec de l'huile , lous ceux qui se Sel. — Le sel, dit Boguel, esl un antidote
trouveront présents se verront les pieds en souverain contre la puissance de l'enfer. Le
l'air et la tète en bas. Si on en met au nez de diable a tellement le sel en haine, qu'on ne
quelqu'un, il s'enfuira et courra de toutes ses mange rien de salé au sabbat. Un Italien , se
forces. — Celui-ci est d'Albert-le-Grand : trouvant par hasard à celle assemblée pen-
Qu'on mette pourrir la sauge dans une phiole, dable, demanda du sel avec tant d'imporiu-
sous du fumier, il s'en formera un ver qu'on nité, que le diable fut contraint d'en faire
brûlera. En jetant sa cendre au feu, elle pro- servir. Sur quoi l'Italien s'écria : Dieu soit
duira un coup de tonnerre. Le môme Albert- béni, puisqu'il m'envoie ce sel ! et tout délo-
le-Grand ajoute que si on en mêle à l'huile gea à l'instant. — Quand du sel se répand
de la lampe, toute la lampe semblera pleine sur la-table, mauvais présage que l'on con-
de serpents. — La poudre admirable que les jure en prenant une pincée du sel répandu, et
charlatans appellent poudre de perlimpinpin , le jetant, derrière soi avec la main droite par-
1 Boguet,Discoursdes exécrablessorciers, 1 Kivasseau.
SEU — hlii — SJÏR
dessusl'épaulegaucho.— LesÉcossaisattri-, ( u'ona continuéde leurrendredanscescon-
huentunevertuextraordinaire à l'eausaturée Irées.— Unmarchandanglais,ayant trouvé
de.sel; leshabitantsdesHébrideset desOr- i in de ces serpentsdansson magasin,le tua,
endosn'oublientjamais de placer un vase (it, n'imaginantpas avoircommisune action
remplid'eau et do sel sur la poitrinedes iibominable, le jeta devantsa porte.Quelques
morts,afin,disent-ils,de chasserles esprits Ièmmespassèrent, poussèrentdes cris af-
infernaux. — Lesel est le symbolede l'éler- 1reux, et coururentrépandredansle canton
iiitéet de la Sagesse,parcequ'il nese cor- a nouvellede ce sacrilège.Unegrandefu-
romptpoint,l'oy.SALIÈRE. eur s'emparades esprits; on massacrales
Sépar,— vuy.VÉl'AR. anglais;on mit le feuà leurscomptoirs,et
•— leursmarchandisesfurentconsumées par les
Sépulture. Quelquesphilosophesqui flammes. —•Il y a encoredes chimistesqui
voyageaient en Perse ayant trouvéun cada- soutiennent le
vreabandonnésur le sable, l'ensevelirentet que serpent,enmuantet ense
de sa peau, rajeunit, croît, ac-
le mirenten terre. La nuit suivante, un dépouillant
à l'un de ces et quiertde nouvellesforces, et qu'il ne meurt
spectre apparut philosophes quepar des accidents,et jamaisde mortna-
luiditque cemortétait le corpsd'un infâme turelle.Onne desex-
avait commis u n et
inceste, que la terre peutpasprouverpar
qui la faussetéde cette opinion; car,
luirefusaitsonsein.Lesphilosophes se ren- périences
si un nourrissaitun serpent, et qu'il vîntà
direntle lendemainau mêmelieu pour dé- mourir,les
terrerle cadavre,maisils trouvèrentla be- talité diraient partisansde sonespèced'immor-
qu'il est mort de chagrinde
sognefaite, et continuèrentleur roule-sans n'avoirpas sa liberté, ou parceque lanour-
s'en
plus occuper '. Foi/.FUNÉIUILLES. riture qu'onluidonnaitne convenaitpointa
- —
Sermons. Le diable,qui affectede sin- son tempérament.Voy.ALEXANDRE DEPA-
gerfousles usagesde l'Eglise,fait faireau FIILAC.ONIK, ANE,etc.
sabbatdessermonsauxquelsdoiventassister Le grandSerpent de Mer. — OïlSerap-
tousles sorciers.C'est Asmodéequi est le pellele bruitque fit, en '1837,la découverte
prédicateurordinaire; et plusieurssorcières du grandserpentde mer, vu par le navireh
ont rapportélui avoirentenduprêcher des Havre,à la hauteurdes Açores.Tous lesjour-
abominations. nauxs'ensontoccupés;et aprèss'enêtremon-
Serosch,— géniede la terrecbezlesPar- tréestupéfaite,la presse,faisantvolte-face,u
sis.C'estlui quipréservel'hommedesembû- présentéensuitele grandserpentmarincom-
. chesdu diable. me un être imaginaire.M.13'.de Xivrey a
Serpent.— C'estsouscelle figureredou- publiédes à ce propos,dans le .TournaidesDé-
téeque Satan fitsa premièretentation.Vuy. bats, recherchescurieusesque nousre-
SAMAEL. —•Le serpentnoirde Pensylvanie a produisonsen partie.— « Lesmersdu Nord,
lepouvoirde charmerou de fascinerles oi- dit-il,paraissentêtre aujourd'huila demeure
seauxet lesécureuils: s'ilest couchésousun habituelledu grandserpent de mer, et son
arbreet qu'ilfixeses regardssur l'oiseauou existenceest en Norvègeun faitde notoriété
l'écureuilqui se trouveau-dessus de lui, il vulgaire.Cepays a vu souventéchouersur
; leforceà descendreet à se jeter directement ses côtesdescadavresde cesanimaux, sans
danssa gueule. Celle opinionest du moins quel'idéelui soitvenuedemettrede l'impor-
irès-accrédilce, parcequ'elle,lient du mer- tanceà constatercesfaits.Lessouvenirss'en
veilleux : onen peut trouverla sourcedans sont mieuxconservéslorsqu'il s'y joignait
l'effroique le serpentnoircauseà l'écureuil. quelqueautreincidentplusgrave, commela
; Unde cesanimaux,troublépar la frayeur,a corruptionde l'air, causéequelquefois par la
] |)unaturellementtomberde son arbre, et le putréfactionde ces corps.Pontoppidan en a
! peuple,qui se faitdes prodigestoutesles fois cité des exemples,mais jamais on n'avait
; quel'occasions'en présente,a bien vite at- pensé à rédiger à»l'occasion de pareilsfaits
tribuéà des charmesun effetqu'il éprouve un procès-verbal. — Celuiqui fut rédigéà
j lui-mêmeà toutinstant. •—Il y a dansles Stronzaoffreles notionsles plusprécisesque
royaumesde Juida et d'Ardra, en Afrique, l'on possèdesur la figuredu serpentde mer.
desserpentstrès-doux, très-familiers,et qui Nousy voyonsnotammentce signe remar-
n ontaucunvenin; ils font une guerre con— quablede la crinière, dontles observateurs
; tinuelleaux serpentsvenimeux: voilà sans plusancienset lesrécitsdes Norvégiens s'ac-
doutel'originedu cultequ'on commençaet cordentà fairemention.Nousletrouvonsdans
lalettredatéede Bergen,21 février1751,et
1Agathias. oùle capitaineLaurentdeFerrytermineainsi
S Fil — hU-2 SFR
sa description du serpent de mer qu'il rcn- d'analogue les traditions du moyen âge et (1B
<
contra, : « Sa tète, qui s'élevait au-dessus des 1l'antiquiié, je trouve dossimililudes frappantes '
vagues les plus hautes , ressemblait à celle <
dans la description qu'Alberl-le-Grami nous
d'un cheval ; il était de couleur grise avec la ai laissée du grand serpent de l'Inde : « Avi-
bouche très-brune, les yeux noirs et une Ion- icenne en vit un, dit-il, dont le cou était garni
gne crinière qui flottait sur son cou. Outre la idans toute sa longueur de poils longs el gros
tète de ce reptile, nous pûmes distinguer sept comme la crinière d'un cheval : Et visas est
ou huit de ses replis, qui étaient très-gros et «mis ah Avicenna, in cujus collo secunduin
renaissaient à une toise l'un de l'autre. Ayant iaiiludinem colli, erant pili descendentes lom/i
raconté cetlo aventure devant une personne et.grossi ad inodum-jubarum equi.it — Albert
qui désira une relation authentique, je la ré- ajoute que ces serpents ont à chaque mâchoire
digeai et la lui remis avec les signatures des (rois dents longues et proéminentes. — Celte
deux matelots, témoins oculaires, Nicolas Pe- dernière circonstance paraît une vague rénii-
verson Kopper et Nicolas Nicolson Anglewe- nisceiice de ce que Clésias, dans ses Indiques,
ven, qui sont prêts à attester sous serment la et d'après lui Elien , dans ses Propriétés des
description que j'en ai l'aile. » — C'est pro- animaux, ont rapporté du ver du Gange.
bablement cette crinière que Paul Egè le com- Pour la dimension , ce ver est sans doute in- .
pare à des oreilles ou à des ailes dans a l'érieur à la grandeur que peut atteindre le j
description du serpent marin qu'il vil dans serpent marin , puisque ces auteurs grecs lui \
son second voyage au Groenland : « Le C iuil- donnent sept coudées de long et une circon- j
let, nous aperçûmes un monstre qui se dressa férence telle qu'un enfant de dix ans aurait I'
si haut sur les vagues, que sa tête atteignait de la peine à l'embrasser. Les deux dents dont
la voile du grand niât. Au lieu de nageoires, ils le disent pourvu, une à chaque mâchoire,
il avait de grandes oreilles pendantes comme lui servent à saisir les boeufs, les chevaux ou les
des ailes; des écailles lui couvraient tout le chameaux qu'il trouve sur la rive du fleuve, où
corps, qui se terminait comme celui d'un ser- il les entraîne el- les dévore. — Il est à propos
pent. Lorsqu'il se reployail dans l'eau, il s'y de remarquer ici qu'un grand nombre de traits
jetait en arrière et, dans cette sorte de cul- d'Hérodote et môme de Clésias, rejetés d'a-
bute, il relevait sa queue de toute la lon- bord comme des contes ridicules, ont été plus
gueur du navire. » — « Olaiis Magnas , ar- tard repris pour ainsi dire en sous-oeuvre par
chevêque d'Upsal au milieu du seizième siè- la science, qui souvenl y a découvert des faits
cle, fait une mention formelle de cette crinière vrais el même peu altérés. Malte-Brun a plu-
dans le portrait du serpent de deux cents pieds sieurs fois envisagé Clésias sous ce point de
de long et de vingt de circonférence, dont il vue. — Nous arrivons naturellement à l'é-
parle comme témoin oculaire : « Ce serpent a pouvantable animal appelé Odontotyramw.s,
une crinière de deux pieds de long; il est dans les récits romanesques des merveilles
couvert d'écaillés et ses yeux brillent comme qu'Alexandre rencontra dans l'Inde. Tous les
deux flammes ; il attaque quelquefois un na- romans du moyen âge sur ce conquérant, pro-
vire, dressant sa tète comme un mât et sai- venant des textes grecs désignés sous le nom
sissant les matelots sur le lillac. » —. Les de Pseiido-Callisthèno, sont unanimes sur
mêmes caractères, qui se reproduisent dans YOdontotyrannus, dont, parlent aussi plusieurs
d'autres récits dont la réunion serait trop auteurs byzantins. Tous en font un animal
longue , se retrouvent dans les descriptions amphibie , vivant dans le Gange et sur ses
des poètes Scandinaves. Avec une tôle de che- bords, d'une taille dont la grandeur dépasse
val , avec une crinière blanche el des joues toute vraisemblance : « tel, dit Palladius, qu'il
noires, ils attribuent au serpent marin six peut avaler un éléphant tout entier. » Quelque
cents pieds de long. Ils ajoutent qu'il se. ridicule que soit celle dernière circonstance, 0:1
dresse tout à coup comme un mal de vais- pourrait y voir une allusion hyperbolique à l«
seau de ligne, et pousse des. sifflements qui1 manière dont les p'.us gros serpents terrestres
effraient comme le ci i d'une tempête. Icii dévorent les grands quadrupèdes, comme les
nous apercevons bien les effets de l'exagéra- chevaux et les boeufs ; ils les avalent en eftel
tion poétique ; mais nous n'avons pas les don- sans les diviser, mais après tes avoir broyés,
nées suffisantes pour marquer le point précis5 allongés en une sorte de rouleau informe, pf"'
où elle abandonne la réalité. — En comparant 1 les puissantes élreinles et les secousses terri-
ces notions ' avec ce que peuvent nous offrir bles de leurs replis. — 11est vrai que M..Gro>
fo, par unedocle dissertation insérée dans les
1 pourniespar l'auteur anglais d'un articlede la J?n- mémoires de l'académie impériale des scien-
(rospcclivr. Rcview,traduit en 1835dansla Revue bïi-[_' ces de a prétendu >['x
l'nilli'itic. ,: Sainl-Pélersbourg,
SER — hU'i 3 —- SER
yOdontolyranmis des traditions du moyen présentegrandcomme, unefortepoutre:in mo-
à;cdevaitêtreunsouvenirdu mammouth.Le dumtrahisvalidai Lemotdraco,dont,se sert
pavantrussene peutguèrefondercettesingu-., lànotrevieilhistorien,estletermedela bonne
Ijéreinterprétation quesur lesversionslatines latinité,oùil signifie,seulementungrand ser-
du romanà'Alexandre,dont monsignorMai pent. —-Dans l'antiquitéproprement,dite,
a publiéun texte en '1818, sous le nomde Suétonenousapprendqu'Augustepubliaaux
.PilaisValerius.11est dit que VOdontotyran- comices,c'est-à-direannonçaofficiellement,
jiiisfoulaaux pieds{conculcavil)un certain le découvertel'aileen Elrurie d'un serpent
nombre de soldaismacédoniens. Le mêmeré- long de soixante-quinzepieds. — DionCas-
cit,se trouvedansune prétenduelettre d'A- sais dit que sonsle mêmeprinceonvit dans
lexandre, à Aristole,el dans un petit traité, la mômecontréeun serpentde quatre-vingt-
DesMonstresel des Bêlesextraordinaires, cinq piedsdo long, qui causade grandsra-
récemmentpublié. Mais dans les auteurs vageset fut frappéde la foudre. — Le plus
grecsqueje viensd'indiquer,c'est-à-direles célèbrede lousceuxdontontparlé lesauteurs
diverstextesgrecsinéditsdu Pseudo-Calli- anciensest celui qu'eut à combattrel'armée
slhène,et Palladius,Cédrène, Glycas,lia— romaineprès de Cartilage, sur les bords du
martolus , on n'ajouteaucundétailfiguratifà lac Bagrada, pendant,le secondconsulatde
l'expression d'une grandeurénormeet d'une Régulas,l'an de Rome49S,qui répondà l'an-
natureamphibie.•—Pour la qualité d'am- née 2oGavant .lésus-Chrîst.Ce serpentavait
phie, qui n'appartientcertainementpas au cent vingtpiedsde longet causaitde grands
mammouth , peut-elles'appliquerau grand ravages dans l'armée romaine.Itégulus fut
serpentde mer? Sir EverardHome,en pro- obligédo dirigercontrelui les batisteset les
posantde placerparmi les squalesceluiqui catapultes,jusqu'à ce qu'une pierre énorme
avaitéchouésurla plagede Slronza,a prouvé lancéepar une de ces machinesl'écrasa. Le
parlà qu'il le regardaitcommeun véritable consul, pour prouver au peuple romainla
poisson.Maissi l'on en l'aitun reptileonlui nécessitéoù il se trouvaitd'employersonar-
supposera parcelamêmeunenatureamphibie, méeâ cetteexpéditionextraordinaire,envoya
avecla facultéde rester indéfinimentdans à Romela peau du monstre,etonla suspendit
l'eau,el l'on pourraen mêmetempsrappor- dansun templeoùelleresta jusqu'àla guerre
terau mômeanimalles exemplesde serpents de Numance.Mais la dissolutiondu corps
énormes vussur terre et consignésde loinen causa unetelle infectionqu'elleforçal'armée
loindans la mémoiredes hommes. — Le à déloger.Il n'y a peut-être pas dans l'his-
serpentde merdontOlaiisMagnusa conservé toirede fait mieuxattesté, pluscirconstancié
unedescriptionétait, au rapport du même el racontépar un plus grand nombred'au-
prélat,un serpentamphibiequi vivaitde son teurs. — Philoslorgeparle de peaux de
tempsclanslesrochersaux environsde Ber- serpentsde soixante-huitpiedsde.long, qu'il
Son,dévoraitles bestiauxdu voisinageet se avait vues à Rome. •— Diodore rapporte
nourrissaitaussi de crabes. — Un siècle qu'un serpent de quarante-cinq pieds de
plus tard, NicolasGrammius, ministre de longfut pris dansle Nil et envoyévivant à
l'Evangileà Londenen Norvège, citait un PloléméePhiladelpheà Alexandrie.Strabon,
Ri'osserpentd'eau qui, des rivièresMioset. qui, d'après Agatharchides,parle d'autres
Hanz,s'étaitrenduà la merle 6 janvier16b6. serpentsde la mômegrandeur, cite ailleurs
«Onle vil s'avancertel qu'un long mât de Posidoniusqui vit dansla Célé-Syrieun ser-
j navire,renversanttoutsursonpassage,même pent mortde.centvingtpiedsde longeld'une
lesarbreset les cabanes.Sessifflements , ou circonférencelelle que deuxcavaliers sépa-
plutôt,ses hurlements,faisaientfrissonnertous rés par son corpsne se voyaientpas. —Al-
ceuxqui les entendaient.Sa tôle élait aussi léguerons-nous ce que le mêmeStrabonrap-
; grossoqu'un tonneau, et son corps, tailléen ported'aprèsOnésicrite,quedansune contrée
'.- proportion , s'élevaitau-dessusdes ondesà de l'Inde, appeléeAposisares,onavaitnourri
j "nehauteurconsidérable.» —En des lemps deuxserpents,l'un de cent vingtpieds,l'au-
j plusanciens, nous citerons: le serpentde trede deuxcentdix, et qu'on désiraitbeau-
l'île(leRhodes,dont triomphaau quatorziè- coup les faire voir à Alexandre! — Si
mesièclele chevalierGozonqui, par suitede! nousajoutionsle serpentque MaximedeTyr
eetexploit,trop légèrementtraité,de fable,, prétendavoirété montrépar Taxileau même
devintgrand-maîtrede l'ordredeSaint-Jean- conquérant, et qui avait cinqcents piedsde
de-.Iérusalem. —Ausixièmesiècle,celuique; long, nousarriverionsdans les traditionsde
Grégoirede Tours rapporte avoirété vu ài l'Orient, presqu'au mêmedegré d'extension
Home dansuneinondation duTibre,el.qu'ilre- où nous avons vu les traditionsscandiua-
SET m MB
ves, qui donnent six cents pieds à leur ser- nneni te pat.riai'cne sein, ins a Adam, ils (li-
peut de mer. — Mais on peul juger par ces s aient que deux anges avaient créé Caïu ui
rapprochements que l'existence de cet ani- .<*Uiel, et débitaient, beaucoup d'aulres rèvo-
mal, bien qu'entourée souvent de traits sus- r•ies. Selon ces hérétiques, Jésus-Christ n'était
pects, est loin d'être nouvelle ; qu'elle a été amire que Se;h venu au monde une seconde
observée de bien des manières el depuis bien fbis. Ils forgèrent des livres sous le nom do
long-temps. Ce n'est pas, comme on le disait, J5elh et des autres patriarches.
un danger de plus pour les navigateurs; car Sethus. — Il y avait à la suite de l'empe-
ce terrible monstre est déjà indiqué dans la reur Manuel un magicien, nommé Sethus, qui f
Bible sous le nom de Lévialhan, que l'Écriture rendit une fille éprise de lui par le nioveii "
applique à diverses bêtes énormes, ainsi que (d'une pêche qu'il lui donna, à ce que coule
le remarque Bochart. Le prophète lsaïe l'ap- -j
Nicolas. -
plique ainsi : « Léviathan. ce serpent im- Sévère. — Quelques historiens rapportent
mense, Lévialhan , ce serpent à divers plis et
— Dans ce siècle, la présence du 'qu'à la sortie d'Antioche l'ombre de l'empe- f
replis'.»
serpent de mer a été signalée en '1808, en reur Sévère apparut à Caracalla , et lui dil s,
1815, en '1817 et celle année. Il n'est pas pendant son sommeil : Je te tuerai comme tu ï
présumable qu'on le rencontre plus fréquem- as tué ion frère. f
ment à l'avenir que par le passé; du moins Sexe. — On prétend aussi reconnaître d'à- ['
l'attention publique, appelée sur ce phéno- vance, à certains symptômes, le sexe d'un j
mène par les organes de la presse, portera à enfant qui n'est pas né. Si la mère est gaie i-
la publicité des faits du même genre qui pour- dans sa grossesse, elle aura un garçon ; si elle. I:
raient survenir encore, et qui sans cela au- est pesante du côté droit, elle-aura un garçon.
raient peut-être passé inaperçus. -— L'au- Si elle se sent lourde du côlé gauche, elle
teur anglais qui le premier a publié ceux qu'il aura une fille. Si elle est pâle et pensive, elle
avait recueillis, et à qui nous devons toules aura une fille. — Àlbert-le-Grand donne à
nos citations des témoignages modernes, fait entendre qu'il naît des garçons dans un mé-
aussi connaître le moyen que les pêcheurs nage où l'on mange du lièvre, el des filles
norvégiens emploient pour se garantir du ser- dans une maison où l'on fait cas de la fressure j
pent do mer. Lorsqu'ils l'aperçoivent tout près de porc. — Voici autre chose. Ems possède ]
d'eux, ils évitent surtout les vides que laisse deux sources, la Bubenquulle el la Moedvhen- !
sur l'eau l'alternative do ses plis et replis. Si quelle, qui , selon les gens du pays, oui une,
le soleil brille, ils .rament dans la direction de vertu merveilleuse : en buvant, de l'une on
cet astre., qui éblouit le serpent. Mais lors- esl sûr d'avoir des garçons; et en buvant de
qu'ils l'aperçoivent à distance, ils font tou- l'autre, d'avoir des filles. Croyez cela el bu-
jours force de rames pour l'éviter. S'ils ne vez.... du .lohannisberg i.
peuvent espérer d'y parvenir, ils se dirigent Ehamavcdom, — l'un des quatre livres sa-
droit sur sa tête, après avoir arrosé le pont crés des Indiens. C'est celui qui contient la
d'essence de musc. On a observé l'antipathie science des augures el des divinations.
de l'animal pour ce parfum violent ; aussi les Shelo — VOy. SoilTllCOTE.
,
pêcheurs norvégiens en sont toujours pour- — Les habitants des îles
vus quand ils se mettent en mer pendant les Shoupeltins.
ïnois calmes et chauds de. l'été. — Dans la Schelland appelaient ainsi des tritons ou
rencontre faite en 1837, les personnes qui hommes marins, dont les anciennes traditions
étaient à bord du Havre ont aperçu seulement el la superstition populaire ont peuplé les
les ondulations du corps de l'immense reptile, mers du Nord.
el ont évalué approximativement sa longueur sibylles. — Les sibylles étaient chez les an-
à plusieurs fois celle du navire. ciens des femmes enthousiastes qui onl laisse
une grande renommée. Leurs prophéties
Sérug, — esprit malin. Foi/. CHASSEN. élaient en vers; les morceaux qui nous en
Servius-Tullius. — Leloyer et d'autres restent sont en grand nombre supposés, s'il
prétendent que Servius était fils d'un démon. faut en croire les critiques modernes un pc>u
Les cabalistes soutiennent de leur côté qu'il secs. — Les sibylles sont au nombre de dix
fût fils d'un salamandre. selon Varron ; d'autres en comptent jusqu n
Sethiens OU Sethites , -— hérétiques du douze: 1° La sibylle de Perse. Elle se nom-
deuxième siècle, qui honoraient parliculière- mait Sambelhe ; on la dit bru de Noé dans des
1 lsaïe, cli. '26,verset 1, traduct. de Sacy. 1 Jacquemin,Fragments d'un voyageen AUeinagu
SI — A'i")'. — SIF
verssibyllinsapocryphes.— 2" La sibylle allribueaussides
a prophétiessur la naissance
libyenne. Ellevoyageaà Samos, à Delphes, de.notre( Seigneur.— 9° La sibyllephry-
i, baros et dans plusieursautres pays. On gienne. f Ellerendaitses oraclesà Ancyreen
luiallribuedes vers contre l'idolâtrie,dans Galatie.( Ellea préditl'annoiicialion
et la nais-
elle reproche aux hommes leur sol- s
sanceduSauveur. — 10°La sibylletiburline
lesquels
lisede placerleur espoir do salut dans un ou ( Allumée, qui fut honoréeà Tiburcomme
dieude pierreoud'airain,et d'adorerlesou- une i divinité.Elle prédit que Jésus-Christ
vragesde leurs mains. — 3" La sibylle de naîtrait i d'une viergeà Bethléemet régnerait
Delphes-Elle était fille du devinTirésias. sur i le monde.— 'MuLa sibylled'Épire.Elle
la de elle fui consacrée '
a aussi prédit la naissance du Sauveur. —
Après prise Thôbes,
autemplede Delphespar les Epigonos,des- 12"La sibylleégyptiennea chanté également
cendantsdes guerriersqui prirentThèbesla les mystèresde la Passion et la trahisonde
premièrefois.Cefut elle, selonDiodore,qui Judas.-—Saint Jérùmepenseque les sibylles
portala premièrele nomde Sibylle.Elle a avaient reçu du ciel le don de lire dans l'a-
célébrédanssesvers la grandeurdivine; et veniren récompensede leur chasteté.Mais
dessavantsprétendentqu'Homèrea tiré parti il paraîtque les huit livresde vers sibyllins
de quelques-unesde ses pensées.— .1°La que nousavonsaujourd'huisonten effetdou-
sibylled'Érylhrée.Ellea prédit la guerrede teux Bergier,dans son savant Dictionnaire
Troiedansle tempsque les Grecss'embar- de lli.''ologie,les croit supposéset lesattri-
quaientpour celle expédition.Elle a prévu buedansce casaux Gnosliquesdu deuxième
aussiqu'Homèrechanteraitcelle,guerre lon- siècle.
gueet cruelle.Sil'onen croitEusèbeelsaint Sicidites.—Leloyorcouleque ce magicien,
Augustin,elle,connaissaitleslivresdo Moïse, appuyé sur les fenêtresde l'empereurMa-
carellea parlé de la venue de Jésus-Christ. nuelComnène,avec lescourtisans,regardait
Onluiallribuemômedes vers dontles pre- le port de Conslaiitinople. II arriva une petite
mièreslettresexpriment,par acrostiche,Jé- chaloupechargée de pots de.terre. Sicidites
sus-Christ, fils de Dieu.On l'a quelquefois offrità ceux qui l'entouraientde leur faire
représentée avecun petit.Jésusel deuxanges voirle potiercassantses pots; ce qu'il effectua
à sespieds.— o° La sibyllecimniériennea à l'inslantau grand divertissement des cour-
parléde la sainteViergeplusclairementen- tisans, qui se pâmaientde rire; maisce rire
coreque celle d'Erythrée, puisque. selon se changea en compassionquand ils aper-
Suidas,ellela nommepar sonproprenom.— çurentce pauvrehommequi se lamentait,en
li"La sibyllede Samosa préditque les Juifs s'airachant la barbe, à la vuede tous ses
crucifieraient le vrai Dieu. — 7° La sibylle poiscassés.Elcommeon luidemandaitpour-
deCumes,la pluscélèbrede toutes,faisait,sa quoiil lesavaitbrisésde la sorte , il répondit
résidenceordinaireà Cumes, en Italie. On qu'il avait vu un serpent à crête rouge et
l'appelaitDéiphobe;elleétait fillede G'.aucus étincelanlo, entortilléautourde ses pots, qui
et prêtressed'Apollon.Elle rendaitses ora- les regardait la gueule ouverte el la tête
clesau fondd'un antrequi avait centportes, levée commes'il eût voulu les dévorer,et
d'oùsortaientautantde voixqui faisaienten- qu'il n'avait disparu qu'après tous les pots
lendreles réponsesde la prophélessc.Cefut cassés.— Un autre jour, pour se vengerde
f ellequioffrità Tarquin-lo-Siiperbe unrecueil quelquesgensqui l'insultaientdansun bain,
; de vers sibyllins, qui furentsoigneusement il se retiradansune chambreprochainepour
: conservés dans les archivesde l'empire, au reprendreses habits.Dèsqu'il fut sorti, tous
Capitule. Cetédificeayant été brûlédu temps ceuxqui étaientdans lebain détalèrentavec
de Sylla, Augustefil ramasserlotit ce qu'il précipitation,parceque du fond de la cuve
; put trouver de fragmentsdétachés de ces du bain il sortit des hommesnoirs, qui les
vers,et lesfit mettredansdescoffresd'or au chassaientà coupsde pied.
piedde la statue d'ApollonPalatin, où l'on Sidéromuncie, — divinationqui se prati-
allaitles consulter.Petit, dansson IrailéDe avecun ferrouge, suSequel on plaçait
a eu | quail
Sibyllâ.,prétendqu'iln'y jamais qu'une avec art un certajn tiombre^tle
; sibylle,cellede petitespail-
Cumes, dont on a partagé! leltesqu'onbrûlait et qui jetaient des reflets
les actionsel les voyages.Ce qui a donné commeles étoiles.
'ieu,selonlui, à cellemultiplicité,c'est queI
cettefillemystérieusea prophétiséen divers ; Sidragasum,— démon qui a le pouvoir
pays.— s0 La sibyllehellesponline. Ellena- de fairedanserles femmesmondaines.
quità Marpèsedansia Troade; elle prophé- Sifflerle vent. — « Cettecoutumede sif-
tisadu tempsde Solonet de Crésus.Onluii lier pour appelerle ventest une de nos su-
SIL — m :> — si\i
lierslitions nautiques, qui, malgré son absur- quelquefois par silènes des génies familiers
dité, s'empare insensiblement, aux heures de tels que celui dont Socraia se vantait d'ètij
calme, des esprits les plus forts et les plus accompagné.
incrédules ; autant vaudrait raisonner avec la Simagorad, — Grimoire. Voy. CIIAUI.ES VI
brise capricieuse elle-même que d'essayer de
convaincre le matelot anglais que, le vent Simon-le-Magioien. — Ce Simon, qui li'esr
soufflant où il lui plaît el quand il lui plaît, connu que pour avoir voulu acheter aux apô-
il ne sert à rien de l'invoquer. En dépit de la tres le don de faire des miracles, et pour avoir
marche des intelligences, lorsquel'air manque donné son nom maudit à la Si munie, joue un \'
à la voile , toujours le marin sifflera '. » grand rôle dans les livres des rlémonomanes.
— Voici quelques-uns des récils qu'on a faits de
Sigéani, esprit qui, dans le royaume ses talents magiques ; car n'ayant pu traiter :
d'Ava , préside à l'ordre des éléments el lance avec les saints, il traita avec les dénions. Il
la foudre el les éclairs. avait à sa porte un gros dogue qui dévorait
Signe de croix. -— Un juif qui se rendait ceux que son maître ne voulait pas laisser
à Fondi, dans io royaume de Naples, fut entrer. Saint Pierre, voulant parler à Simon,
surpris par la nuit, et ne trouva pas d'autre ordonna à ce chien de lui aller dire, en lan-
gîte qu'un temple d'idoles, où il se, décida, gage humain , que Pierre, serviteur de Dieu,
faute de mieux, à attendre le matin. 11s'ac- le demandait ; le chien s'acquitta de celle
commoda comme il put dans un coin , s'enve- commission au grand élonnement de ceux
loppa dans son manteau et se disposa à dor- qui étaient alors avec Simon. Mais Simon,
mir. Mais, au moment où il allait, fermer l'oeil, pour leur faire voir qu'il ne savait guère
il vit plusieurs démons tomber de la voûte moins que saint Pierre, ordonna à son lotir
dans le temple , et se disposer en cercle autour, au chien d'aller lui dire qu'il entrât; ce que
d'un autel. Le roi de l'enfer descendit aussi, se le chien, dit-on, exécuta aussitôt. —Simon-
plaça sur un trône, el ordonna à lotis les le-Iilagicien disait que, si on lui tranchait la
diables subalternes de lui rendre compte de tète, il ressusciterait trois jours après. L'em-
leur conduite. Chacun lit valoir les services pereur le fit décapiter ; par ses prestiges il
qu'il avail rendus à la chose publique ; cha- supposa la tête d'un mouton à la place de, la
cun fil l'exposé de ses bonnes actions. Le sienne, el se remontra le troisième jour. Il
juif, qui ne jugeait pas comme le prince des commandait à une faux de faucher d'elle-
démons, et qui trouvait leurs bonnes actions même , et. elle faisait autant d'ouvrage que le
un peu mauvaises, fut si effrayé delà mine plus habile' faucheur. — Sous le règne de
des démons et. de leurs discours, qu'il se hâta l'empereur Néron , Simon-le-Magicien parut
de (lire les prières el do faire les cérémonies un jour en l'air, comme un oiseau , assis sur
que la synagogue met en usage pour chasser un char de feu. Mais saint Pierre, plus puissant
les esprits malins. Mais inutilement', les dé- que lui, le fit tomber, et il se cassa les jambes.
mons ne s'aperçurent pas qu'ils élaienl vus On a écrit cette aventure sous le litre de Com-
par un homme. Le juif, ne sachant plus à bat apostolique; on » souvent mis cet écrit
quoi recourir, s'avisa d'employer le signe de sous le nom d'Abdias de Babyloiie. — Simon-
la croix. On lui avail dit que ce signe était le-Magicien n'était donc qu'un imposteur. 11
formidable aux démons; il en eut la preuve, eut des disciples, et on le croit le premier
dit le légendaire, car les démons cessèrent de chef des gnosliques. 11 attribuait la création
parler aussitôt que le juif commença de se aux Eons ou esprits ; il affirmait que les plus
signer. Après avoir regardé autour de lui, le parfaits des divins Eons résidaient dans sa
roi de l'enfer aperçut l'enfant d'Israël. Allez personne; qu'un autre Eon très-distingué,
voir qui est là, dit-il à un de ses gens. Le quoique de sexe féminin, habitait dans sa
démon obéit; lorsqu'il eul examiné le voya- maîtresse Hélène, dont il contait des choses
geur, il retourna vers son maître. C'est un prodigieuses; que lui, Simon, était envoyé
vase de réprobation, dit-il, mais, il vient de de Dieu sur la terre pour détruire l'empire
s'appuyer du signe de la croix. Sortons, reprit des esprits qui ont créé le monde matériel,
le diable. Nous ne pourrons plus bientôt être, ci. surtout pour délivrer Hélène de leur puis-
tranquilles dans nos temples. En disant ces sance- Saint Justin dit que Simon, après sa
paroles, le prince des démons s'envola ; tous moii, fut honoré comme un dieu par les Hu-
ses gens disparurent, et le juif se fit chrétien. mains, et qu'il eut une statue.
Silènes. — On donnait ce nom aux satyres Simon de Phares, — auteur d'un recueil
lorsqu'ils étaient vieux. On entendait aussi d'histoires de quelques célèbres astrologues et-
- T Le capitaine BazilHall. hommes doctes, qu'il dédia au roi Charles VI'1-
SOC hkl SOtt
H ne parait pas que ce livre ait été im- lias i) étrangèresà l'essencedes démons.Il est
v que les démonschez eux n'étaientpas
vrai
primé!- tous en mauvaisepart. Aussidisaient-
Slmonide.—Unjourqu'il soupaitchezun pris \\
ils que Socrateavail un démonfamilier; et
desesamiSjonvint l'avertirquedeuxjeunes '.Proclussou
«eusétaientà la porte,qui voulaientlui parler l lient qu'il lui dut tonte sa sa-
d'uneaffaireimportante.Il sort aussitôt,ne gesse £ '. Peut-êtreles hommestrouvaient—ils
trouvepersonne;et, dansl'instant,qu'il veut leur ' compteà cet arrangement.Ils se con-
rentrerà la maison,elle s'écrouleet écrase. solaient,
s d'être moinsvertueuxque Socrate,
lesconvivessoussesruines.11dut son salut en ' songeantqu'ils n'avaient,pas un appui
l
n un hasard si singulier,qu'on le regarda, commele sien.

parmile peuple, commeun traitde bienveil- Soleil, voy. DANSE nu SO'I-EIL.
lancede Castoret Pollux,qu'il availchantés Somnambules.—Des gens d'une imagi-
dansun de ses poèmes. nationvive, d'un sang trop bouillant,font
Slrnorgue,— oiseaufabuleuxquelesAra- souventen dormantce que les plushardis
besnomment. Anka, et les rabbinsJukhneh, n'osententreprendreéveillés.Bardai parle
elquelesPersesdisenthabiterdanslesmon- d'un professeurqui répétaitla nuitles leçons
tagnesde Kal.Il estsi grandqu'il consomme qu'il avaitdonnéesle jour, et qui grondaitsi
poursa subsistancetout ce qui croît,sur haut, qu'il réveillaittousses voisins.John—
plusieurs montagnes.11parle, il a de la rai- stonrapporte,danssa tliaumalographiaNa-
son,en un molc'estune fée qui a la figure luralis, qu'unjeunehommesortaittoutesles
d'unoiseau.Étantun jour interrogésur son nuitsdesontlit,vêtuseulementdesachemise;
âge,la Simorguerépondit:« Cemondes'est puis, montantsur la fenêtrede sa chambre,
trouvésept,foisremplide créatures,el sept il sautaità chevalsur le mur, et le talonnait
loisentièrementvides d'animaux.Le cycle pour accélérerla coursequ'ilcroyaitfaire.
d'Adam , danslequelnoussommes,doitdurer Un antredescenditdans un puits et s'éveilla
: septmilleans, qui font,un grandcycled'an- aussitôtque son pied eut.louchél'eau, qui
: nées;j'ai déjàvu douzede ces cycles,sans étaittrès-froide.Unautremoulasur uneloû'r,
; queje sachecombienil m'enreste à voir.» enlevaun nid d'oiseaux,el se glissa à terre
\ l.nSimorguejoue un grandrôle dans les lé- par unecorde,sanss'éveiller.—Un Parisien,
gendes de Salomon. de mêmeendormi,se leva, prit son épée,
traversa la Seineà la nage, tua un homme
Singe».—Cesanimauxétaientvénérésen la veilleil s'était proposéd'assassiner;
Egypte.ChezlesJlomains,au contraire,c'é- que
lait un mauvaisprésage de rencontrerun et, aprèsqu'il eul consommésoncrime, il
ensortant de la maison. repassa la rivière, retournaà sa maisonet
j singe semil.au lilsanss'éveiller.—Onpeutexpli-

Sirath. C'est le nom que donnentles quer le somnambulisme commeune activité
musulmans au ponlquelesâmespassentaprès partiellede la vie animale,disentles philo-
) leurmort, et au-dessousduquel est un feu sophes.L'organeactiftransmetainsil'incita-
, éternel.11est aussiminceque le tranchant tionsur les organesvoisins:et ceux-cicom-
d'unsabre; les justesdoiventle passeravec mencent l'effetde leursrela-
lu également., p ar
!! rapidité de l'éclair, pour entrer dans le tionsavecla représentationquia été excitée,
paradis. à deveniractifset à coopérer(c'esttrès-clair);
sïrehade,— démonqui a tout pouvoirsur par là, l'idéede l'actionreprésentéedevientsi
; lesanimaux animéeque, mêmeles instrumentscorporels
sistre.,.— plante qui, selon Àristole, se nécessairespour son opération, sontmis en
trouvaitdansle Scamandre,ressemblaitau activitépar les nerfs qui agissentsur eux
; poischiche,et avait la vertu de mettre à (vouscomprenez?) ; lesomnambule commence

" l'abride la craintedes spectreset des fan- mêmeà agircorporèllement, et remplitl'objet
lûmesceuxqui la tenaientà la main. qu'il s'est proposé,avec-la mêmeexactitude
s'il était éveillé; avec celle différence
: sittîm, — démonindien qui habite les que néanmoinsqu'il n'en a pas le sentimentgé-
; "ois sous la formehumaine. néral, parceque les autres organesde la vie

Sltâlda, VOXJ. NOHNES. animale,qui n'ont pas participéà l'activité,
So0rate.— Lesanciens,qui trouvaientles reposent,et queparconséquent,lesentiment
S'andes qualitéssurhumaines, nelescroyaient n'y a pas été réveillé.Voilà.^—Galla connu
un prédicateursomnambule qui,très-souvent,'
' Singularités et littéraires
deD.Liron, 1
' '", P.313. historiques Proclus, deAnima etdtemone. Naudé, Apologie.
SON — /j/itS — SON
ayant, un sermon à faire, se levait la nuit en jour se laver. Quand les prêtres le déi-laraimu
dormant, écrivait son lexie ou en faisait la purifié, il immolait au dieu des victimes,
division, en travaillait des morceaux entiers, celle cérémonie finissait ordinairement par le 1
rayait ou corrigeait quel pies passages, en un sacrifice d'un bélier noir. Alors le cuiïeux i
mot, qui se conduisait comme s'il eût été était, frotté, d'huile par deux enfants, et. con-
éveillé, et qui cependant en s'éveillant n'avait duit, à la source du fleuve, où on lui présen-
aucun sentiment de ce qu'il venait de faire '. tait une coupe d'eau du Léthé, qui bannissait ;
Libre à vous do douter. La Fontaine a com- de l'esprit toute idée profane, et une coupe
posé , dit-on, sa fable des deux pigeons en d'eau de Mnémosyne, qui disposait la mé-
dormant. Vous n'êtes pas obligé à le croire. moire à conserver le souvenir de ce qui allait. !
Nous en aurions trop à dire, si nous vou- se passer. Les prêtres découvraient ensuite la :
lions parler du somnambulisme magnétique. statue de Trophonins, devant laquelle il faU ;
On prétend qu'une personne magnétisée s'en- lait s'incliner et. prier; enfin, couvert d'une
dort profondément el parle aussitôt pour ré- tunique de lin et le front ceint de bandelettes, S
véler les choses secrètes , prédire l'avenir et on allait à l'oracle. Il était placé sur une mon- ;
lire dans les coeurs, par un prodige inexpli- tagne, au milieu d'une enceinte de pierre qui i
cable. Mais ce prodige ne s'établit par aucun cachait une profonde caverne, où l'on ne pou- :
fait vraiment sérieux. vait, descendre que par une étroite oiivei'luiu
— Le cerveau est le de la Quand, après beaucoup d'efforts, et à l'aide
Songes. siège de quelques échelles, on avait eu le bonheur
pensée, du mouvement et du sentiment. Si le de descendre sans se rompre le cou, il fallait
cerveau n'est point troublé par une trop grande
abondance de vapeurs crues, si le travail ne passer encore, de la même manière, dans une
lui a pas ôté toutes ses forces, il engendre des seconde caverne, petite et très-obscure. Là on
se couchait à terre , cl on n'oubliait pas de
songes excités par les images dont il s'est vi-
vement frappé durant le jour, ou par des im- prendre clans ses mains une espèce, de pâle,
toutes faite avec de la farine, du lait el du miel : on
pressions nouvelles, que produisent
dans le cerveau les affections naturelles ou présentait les pieds à un trou qui était au
accidentelles des nerfs, ou la nature du tem- milieu de la caverne, et dans le même instant,
on se sentait rapidement emporté dans l'antre;
pérament. C'est aussi limpide que ce qu'on on s'y trouvait couché sur des peaux de vic-
a lu sur le somnambulisme. •—Les songes na-
turels viennent des émotions de la journée et times récemment sacrifiées, enduites de cer-
du tempérament. Les personnes d'un tempé- taines drogues dont les prêtres seuls connais-
rament sanguin songent les festins, les danses, saient, la vertu ; on ne tardait pas à s'endormir
les divertissements, les plaisirs, les jardins et profondément. : c'était alors qu'on avait d'ad-
les fleurs. Les tempéraments bilieux songent mirables visions, et que les temps à venir
les disputes, les querelles , les combats, les découvraient tous leurs secrets. » — Ilippo-
crate dit que, pour se soustraire à la malignité
incendies, les couleurs jaunes, elc. Les mé- des songes, quand on voit, en rêvant, pâlir
lancoliques songent l'obscurité , les ténèbres,
la fumée, les promenades nocturnes, les spec- les étoiles, on doit courir en rond; quand on
tres et les choses tristes. Les tempéraments voit pâlir la lune, on doit courir en long;
piluiteux ou flegmatiques songent la mer, les quand on voil pâlir le soleil,— on doit courir
tant en long qu'en rond.... On rêve feu el
rivières, les bains, les navigations, les nau- flammes quand on a une bile jaune; on rêve
frages, les fardeaux pesants, etc. Les tempé-
raments mêlés, comme les sanguins-mélan- fumée el ténèbres quand on a une bile noire;
les les bi- on rêve eau et humidité., quand on a des
coliques, sanguins-flegmatiques, et des pituites , à ce que dit Gallien.
lieux-mélancoliques, etc., ont, des songes qui glaires
— — Songer à la mort, annonce mariage, selon
tiennent des deux tempéraments ; ainsi le
dit Peurer. — Les anciens attachaient beau- Artémidore ; songer des fleurs , prospérité;
coup d'importance aux rêves ; el l'antre de songer des trésors, peines et soucis ; songer
qu'on devient aveugle, perte d'enfants.... Ces
Trophonins était célèbre pour celte sorte de
divination. Pausanias lions a laissé, d'après secrets peuvent donner une idée de VOnéiro-
critique d'Artémidoro, ou explication des
sa propre expérience, la description des cé-
rémonies qui s'y observaient. •—« Le cher- rêves. •—Songer des bonbons et des crèmes,
cheur passait d'abord plusieurs jours dans le' dit un autre savant, annonce des chagrins ct
la bonne fortune. Là il faisait des amertumes ; songer des pleurs, annonce
temple de ses ' de la des annonce une
expiations , observant d'aller deux fois par joie; songer laitues,
maladie ; songer or et richesses , annonce la
1 Crano'.ogiedu docteurGalK misère.... 11y a eu des hommes assez super-
SON /|/i9 - SON
slilieuxpour faire,leur testament,parce qu'ils i nmscretionset nanits.—Hannetons, impor-
avaientvu un médecinen songe; ils croyaient l unilés.Hommevêtude blanc, bonheur; vêtu
(piec'était un présage de mort. — Explica- (le noir, malheur; hommeassassiné, sûreté.
//on de quelques-unsdes principaux songes, —Insensé.Si quelqu'unsongequ'il est de-
suivantles livres connus.—Aigle. Si on voit 'enu insensé, il recevra des bienfaitsde son
ensonge,voler un aigle, bon présage; signe iiriiice.— Jeu. Gainau jeu, perte d'amis. —
demort, s'il tombe sur la tête du songeur. Lait. Boire du lait, amitié. Lapins blancs ,
.[m. Si on voit courir un âne, présage de :succès;lapins noirs, revers; manger du la—
malheur; si on le voit en repos, caquets et îin, bonnesanté; tuer un lapin, tromperieet
méchancetés;si on l'entend braire, inquié- perte. Lard. Mangerdu lard, victoire. Li-
tudeset fatigues. Arc-en-ciel.Vu du côté de maçon, charges honorables. Linge blanc,
l'orient,signe de bonheur pour les pauvres; mariage; lingesale, mort. Lune. Voirla lune,
ducôlé de l'occident, le présage est pour les relard dans les affaires; la lune pâle, peines;
riches.Argenttrouvé, chagrinel perles; ar- la lune obscure,tourments.— Mangerà terre,
iienlperdu, bonnes affaires. — Bain dans emportements.Médecine.Prendre médecine,
l'eau claire, bonne santé; bain dans l'eau misère; donnermédecineà quelqu'un,profit.
trouble,mort de parents et d'amis.BeletteSi Meurtre. Voir un meurtre, sûreté. Miroir,
onvoitune belette en songe,signequ'on aura trahison. Moustaches.Songer qu'on a de
ou qu'on a une méchante femme. JSoirede grandes moustaches, augmentation de ri-
l'eau fraîche, grandes richesses; boire de chesses.— Navels, vainesespérances.Nuées,
l'eauchaude, maladie; boirede l'eau trouble, discorde. — OEufsblancs, bonheur; oeufs
chagrins. Bois. Être peint sur bois dénote cassés, malheur. Oies. Qui voit des oies en
longuevie. Boudin.Faire du boudin,présage songe,peut s'attendre à être honorédes prin-
de peines; manger du boudin, visite inat- ces. Ossements, traversesel peinesinévitables.
tendue.Brigands. On estsûr de perdre quel- — Palmier,palmes,succèsethoniieurs.Paon.
quesparents ou une partie de sa fortune, si L'hommequi voit un paon aura de beaux en-
onsongequ'on est.attaqué par des brigands. fanls. Perroquet, indiscrétion,secret révélé.
— Cervelas. Manger,des cervelas, bonne — Quenouille,pauvreté.— liais, ennemisca-
santé.Champignons,signe d'une vie longue. chés. Bases,bonheuret plaisirs.-—Sauterdans
Chanter.Un homme qui chante, espérance; l'eau, persécutions.Scorpions, lézards, che-
une femme qui chante, pleurs et gémisse- nilles, scolopendres,etc., malheurset trahi-
ments.Charbonséteints, mort; charbonsal- sons. Souffletdonné, paix et union entre le
lumés, embûches; manger des charbons, mari et la femme. Soufre, présage d'empoi-
perteset revers. Chat-huant,funérailles.Che- sonnement.— Tempête,outrage et grandpé-
veuxarrachés, pertes d'omis. Corbeau qui ril. Têteblanche,joie; tète londtie,tromperie;
vole,péril de mort. Couronne.Une couronne tête chevelue,dignités;tète coupée,infirmité;
d'or sur la tète présage des honneurs; une tôle coifféed'un agneau, heureux présage.
couronned'argent, bonnesanté ;une couronne Tourterelles, accord des gens mariés ; ma-
deverdure, dignités; une couronned'os de riage pour les célibataires, — Vendanger,
mortsannoncela mort. Cygnesnoirs, tracas santé et richesses. Violette, succès.Violon.
(leménage.— Dents.Chutede dents, présage Entendrejouer du violonet des autres instru-
(lemort. Dindon.Voir ou posséderdes din- mentsde musique, concordeel bonneintelli-
dons,foliede parents ou d'amis. — Enterre- gence entre le mari el la femme, etc., etc.
ment.Si quelqu'unrêve qu'onl'enterre vivant, Tellessont les exiravagancesque débitentles
il peut s'attendre à une longue misère; aller interprèles des songes; et l'on sait combien
à l'enterrementde quelqu'un, heureux ma- ils trouventde gens qui les croient!Lemonde
riage.Etoiles.Voirdesétoilestomberdu ciel, fourmillede petits espritsqui, pour avoiren-
ehutes,déplaisirset revers. — Fantômeblanc, tendu dire que les grands hommes étaient
; joieel honneurs; fantômenoir, peinesel cha- au-dessusde la superstition,croientse mettre
grins.Femme.Voirune femme,infirmité;une à leur niveau en refusant à l'âme son im-
femmeblanche, heureux événement; une mortalité, el à Dieuson pouvoir,et qui n'en
femmenoire, maladie; plusieurs femmes, sont pas moinsles serviles esclavesdes plus
caquet.Fèves.Mangerdes fèves, querelleset absurdes préjugés. On voit tousles jours d'i-
] procès.Filets.Voirdes filets,présagede pluie. gnorantsesprils-forts,de petitssophistespo-
; Flambeau allumé, récompense; flambeau
pulaires, qui ne parlent que d'un ton railleur
éteint, emprisonnement.Fricassées, caquets des saintes Écritures, et qui passentles pre-
defemmes.Gibet.Songerqu'on est condamné• mières heuresdu jour à chercherl'explication
a être pendu, heureux succès. Grenouilles, d'un songeinsignifiant,commeils passentles
29
SON — /iâ<) — SOU
moments du soir à interroger les cartes sur nienls, ou d'une anecdote du temps, ou mK,
leurs plus minces projets '. — 11y a des son- rencontre du hasard. Mais il y a des choses -
ges, au reste, qui ont beaucoup embarrassé qui sont plus inexplicables et qu'on ne po;:|
ceux qui ne veulent, rien voir d'inexplicable. pourlanfconlesler. — « Alexander ab Alexan-
Nous ne pouvons passer sous silence le fa- dre raconte, chap. A\ du Ie1'livre (lèses Jours
meux songe des deux Arcadiens. Il est rap- Géniaux, qu'un sien fidèle serviteur, homme
porté par Yalôre-Maxinie et par Cicéron. — sincère et vertueux, couché dans son lit, dor-
Deux Arcadiens, voyageant ensemble, arrivè- mant profondément, commença à se plaindre
rent à Mé.gare. L'un se rendit chez un ami soupirer el lamenter si fort, qu'il éveilla Ions .•
qu'il avait en cette ville; l'autre alla loger à ceux de la maison. Son maître, après l'avoir '
l'auberge. Après que le premier fut couché, éveillé, lui demanda la cause de son cri. I.c !'
il vil en songe son compagnon , qui le sup- serviteur répondit : « Ces plaintes que vous
pliait de venir le tirer des mains de l'auber- avez entendues ne sont point vaines, car lors-
giste, par qui ses jours étaient menacés. Celle que je m'agitais ainsi, il me semblait que je '
vision l'éveille en sursaut, il s'habille à la voyais le corps mort de ma mère passer de- .
hâte, sort et se dirige, vers l'auberge où élait vaut mes yeux, que l'on portail, en terre. » — -
son ami. —Chemin faisant, il réfléchit sur sa On fit.attention à l'heure , au jour, à la saison '•
démarche, la trouve ridicule, condamne sa où cette vision était advenue, pour savoir si \
légèreté à agir ainsi sur la foi d'un songe ; et, celle vision annoncerait quelque désastre au i
après un moment d'incertitude , il retourne garçon : el l'on fut tout étonné d'apprendre lu ;
sur ses pas et se remet au lit. Mais à peine mort de cette femme quelques jours après; i,
a-l-il de nouveau fermé l'oeil, que son ami se s'élanl informé des jour et heure, on trouva "•
présente de nouveau à son imagination , non qu'elle était morte le même jour et à la même ;
tel qu'il l'avait vu d'abord, mais mourant, heure qu'elle s'était présentée morte à son lils. -
mais souillé de sang, couvert de blessures, el — Saint Augustin , livre 12, chap. 17, sur lu i
lui adressant ce discours : « Ami ingrat, puis- Genèse, raconte l'histoire d'un frénétique qui -
que lu as négligé de me secourir vivant, ne revient un peu à ce songe. Quelques-uns étant \;
refuse pas au moins de venger ma mort,. J'ai dans la maison de ce frénétique, ils entrèrent \\
succombé sous les coups du perfide auber- en propos d'une femme qu'ils connaissaient, \i
giste ; et, pour cacher les traces de son crime, laquelle était vivante et faisait bonne chère, j-
il a enseveli mon corps, coupé en morceaux, sans aucune appréhension de mal. Le fréné- !'
dans un tombereau plein de fumier, qu'il con- tique leur dit, : « Comment parlez-vous de j;
duit à la porte de la ville. » —Celui-ci, troublé cette femme ? Elle est morte, je l'ai vue passer t.
de, cette nouvelle vision, plus effrayante que comme on la portail en terre. » Et un ou deux
la première, épouvanté par le discours de son jours après, la prédiction fut confirmée 1. »
ami, se lève derechef, vole à la porte de la Voy. CASSIUS,lh'.MiiHA,AMII.CA»,DÉCRIS,etc. \
ville, et y trouve le tombereau désigné, dans Sorciers , — gens qui, avec le secours des
lequel il reconnaît les tristes restes de son puissances infernales, peuvent opérer des
compagnon de voyage. Il arrête aussitôt l'as- choses surnaturelles en conséquence d'un \
sassin elle livre à la justice. — Cette aven- pacte l'ait avec le diable. —- Ce n'étaient, en \
ture étonnante peut pourtant s'expliquer. Les général que des imposteurs, des charlatans, j
deux amis étaient fort liés el naturellement des fourbes, des maniaques, des fous, (les j
inquiets l'un pour l'autre ; l'auberge pouvait hypocondres , ou des vauriens qui, désespé-
avoir un mauvais renom : dès lors , le pre- rant de se donner quelque importance par
mier songe n'a rien d'extraordinaire. Le se- leur propre mérite, se rendaient remarquables
cond en est la conséquence dans l'imagination terreurs qu'ils inspiraient. Chez tous
parles
agitée du premier des deux voyageurs. Les les peuples on trouve des sorciers. On les
détails du tombereau sont plus forts; il peut
se faire qu'ils soient un effet des pressenti- appelle magiciens.lorsqu'ils opèrent des pro-
diges, et devins lorsqu'ils devinent les choses
1 11y a des gensqui ne croientà rien, et qui mettent cachées. — Il y avait à Paris, du temps de
à la loteriesurla significationdessonges.Maisqui peut
leur envoyerdes songes,s'il n'y a pas de Dioul... Com- Charles IX, trente mille sorciers, qu'on chassa
ment songent-ils quand leur corps est assoupi, s'ils de la ville. On en comptait plus de cent mille
n'ont point d'âmel Deuxsavelierss'entretenaientsous en
l'empire de matièresde religion.L'un prétendaitqu'on France sous le roi Henri 111. Chaque ville,
avait euraisonderétablirle colle; l'autre, au conlraire, chaque bourg, chaque village, chaque ha-
qu'ontuavait eu tort. ((Mais,dit le premier,je vois bien
que moi nés pas foncédansla politù/iierie;ce n'est pas meau avait les siens. On les poursuivit sons
pour qu'on a remis Dieudans ses (onctions,ce n'est Henri IV et sous Louis XIII le nombre de ces
toi non
pas pour avec tout c'est,jiaur îe pcujilc.»—Cesdeux
plus;leur ;
savetiers, esprit, se faisaient tirer les
carteset se racontaientleurs 1 Hoistuan.Visionsprodigieuses.
sonces.l
son — 451 — SOU
misérablesne commençaà diminuerque sous réellement. i Lorsqu'ellesse virent en prison,
LouisXIV. L'Angleterren'en était pas moins elles < déclarèrentqu'ellesétaientplus de cent
infestée.Leroi Jacquesl1'1',qui leurfaisaitla < cinquante; que lorsqu'unefemmese présen-
chassetrès-duremenl,écrivit,contreeux un tait I pour être reçue dans leur soeiélé,on lui
iM'os 'ivre, sans éclairerla question.Un fait faisait renier Jésus-Christcl sa religion.Le
es!constant,c'est que presquetousles sor- jour où celle cérémonieavail lieu, on voyait
ciersétaient des bandits qui prenaient un paraître, au milieud'un cercle, un bouc noir,
masquediaboliquepour faire le mal : c'est qui en faisait plusieursfoisle tour;-à peine
quela plupartde leurs sortilègesétaientdes avail-il fait,entendre sa voix rauque, que
empoisonnements, el leurssabbatsd'affreuses touteslessorcièresaccouraient,else niellaient
orgies.Cessorciersétaient encoredes restes à danser; après cela, elles venaienttoutes
de bandeshérétiques,conduitsd'aberrations baiserle boucau deirière,etfaisaientensuite
en aberrationsà l'adoration toute crue du un repas avecdu pain, du vinet du fromage.
démon.— Les sorciers sont coupablesde Lorsque le festin était fini, chaque sorcière
quinzecrimes, dit Bodin: -1°ilsrenientDieu; s'envolaitdans les airs, pour se rendre aux
2" ils le blasphèment; 3° ils adorentle dia- lieuxoùellevoulaitfairedu mal. D'aprèsleur
ble; 4° ils lui vouent leurs enfants;5° ils les propre confession, elles avaient empoisonné
luisacrifientsouventavant qu'ils soient,bap- trois ou quatre personnes, pour obéir aux
tisés1; G"ils les consacrent,à Satan dès le ordres de Satan, qui les introduisaitdans les
venlrode leur mère; 7" ils lui promettent maisonsen. leur ouvrant les-portesel les fe-
d'attirertousceux qu'ilspourrontà son ser- nèires, qu'il avail soinde refermerquand le
vice;8" ils jurent par le nom du diable, et. maléficeavail eu son effet,.Toutesles nuits
s'en l'onthonneur; 9° ils ne respectentplus qui précédaientles grandesfêtesde l'année,
aucuneloi et commettentdes incestes: '10° elles avaient des assembléesgénérales, où
ilstuentles personnes,les l'ontbouilliret les ellesfaisaientdes abominationsel des impié-
.mangent;<1<l° ilsse nourrissentde chairhu- tés. Lorsqu'ellesassistaientà la messe, elles
maineet mêmede pendus; <12° ils fontmou- voyaientl'hostienoire; mais, si ellesavaient
rir les gens par le poisonet. les sortilèges; déjà forméle proposde renoncerà leurs pra-
'13°ils l'ontcreverle bétail; M" ils l'ontpérir tiques diaboliques,ellesla voyaientblanche.
lesfruits, el causent la stérilité; -lu"ils se — Sandovalajouteque le commissaire,vou-
fonten toutles esclavesdu diable.—Sando- lant s'assurer de la vérité des faits par sa
valdansson Histoirede Charles-Quint,ra- propreexpérience,fit prendreunevieillesor-
conteque deuxjeunesfilles,l'unede onzeans, cière, et lui promit sa grâce, à condition
et l'autredo neuf, s'accusèrentelles-mêmes, qu'elle ferait,devant lui toutesses opérations
commesorcières, devant les membres du do sorcellerie. La vieille, ayant accepté la
conseilroyal de Navarre : elles avouèrent proposition,demandala boited'onguentqu'on
qu'elless'étaient fait recevoirdans la secte avail trouvéesur elle, el montadans unetour,
des sorciers, et s'engagèrent à découvrir avec le commissaireet un grand nombrede
toutesles femmesqui en étaient si oncon- personnes.Elle se plaça devant une fenêtre
senlailà leur faire grâce. Les juges l'ayant el se frotta d'onguentla paume de la main
promis,ces deux enfantsdéclarèrentqu'en gauche,le poignet,le noeuddu coude,ledes-
voyantl'oeilgauched'unepersonneellespour- sousdu bras, l'aine et le cùlégauche; ensuite
raientdiresi elle était sorcièreou non, elles elle cria d'une voix forte : Es-tu là? Tous
indiquèrentl'endroit où l'on devait trouver les spectateursentendirentdans les airs une
ungrand nombrede ces femmes,el où elles voix qui répondit: Oui,mevoici. La sorcière
tenaient, leurs assemblées.Leconseilchargea se mil alors à descendrele long de la tour,
uncommissaire de se transportersur leslieux la.tète en bas, se servant de ses pieds et de
; aveccesdeux enfants, escortésde cinquante ses mainsà la manière-des lézards. Arrivée
cavaliers.En.arrivant dans chaquebourgou au milieude la hauteur,elle prit sonvoldans
village, il devait enfermerles deux jeunes les airs devant les assistants, qui ne cessè-
tillesdans deux,maisonsséparées.,et faire rent de la voir que lorsqu'elleeut dépassé
conduiredevant elles les femmessuspectes- l'horizon. Dans l'élonnemenioù ce prodige
demagie, afin d'éprouverle moyenqu'elles avait plongétout le monde,lecommissairefit
^ avaientindiqué.11résultado l'expérienceque publier qu'il donnerait une somme d'argent
cellesde ces femmesqui avaient été signalées considérableà quiconquelui ramènerait la
parles deux fillescommesorcièresl'étaient sorcière.On la lui présenta au bout de deux
5 Spranger
condamna à mortu nesorcièrequiavait jours qu'elle fut arrêtée par des bergers. Le
tintmourir quarantee.tunpetitsenfants. commissairelui demandapourquoielle nîa—
29.
SOR -652652 — SOI!
vail pas volé assez loin pour échappe à ceuxc plice du feu ; on doit étrangler les sorciers 0|
qui la cherchaient. A quoi elle répondit que3 les brûler après; les ioups-garous doivent êir,< '
son maître n'avait voulu la transporter qu'à lai brûlés vifs. —On condamne justement sur des f
dislance de trois lieues, et qu'il l'avait laisséeB conjectures et présomptions; mais alors on ne '
dans le champ où les bergers l'avaient ren- brûle pas, on pond. — Le juge doit assister l
contrée. — Le juge ordinaire ayant prononcéé aux exécutions, suivi de son greffier, pour !
sur l'affaire des cent cinquante sorcières, nili recueillir les dépositions — Ce chef-d'oeu- [
l'onguent ni le diable ne purent leur donnerr vre do jurisprudence et d'humanité, ouvrage !
des ailes pour éviter le châtiment de deux- x d'un avocat, reçut dans le temps les suffrages !
cents coups de fouet, et de plusieurs annéess des barreaux, lîoguel le dédia à Daniel lloma- |
de prison qu'on leur fit subir. — Boqtiel, quiîi nez, avocat à Salins. — Notre siècle- n'est'pas \
avait tant de zèle pour l'extinction de la sor- encore exempt de sorciers. 11y en a dans tous !
cellerie, a mis à la fin de son Discours des •s les villages. On en trouve à Paris même, où
sorciers une instruction pour un juge en faitil le magicien Moreau faisait merveilles il y a
de sorcellerie. Celle pièce curieuse, publiée enn vingt ans. Mais souvent, on a pris pour sorciers
1601, est divisée en quatre-vingt-onze arti-:- des gens qui ne l'étaient pas. — Mademoi-
cles. On la connaît plus généralement sous le ic selle Lorimier, à qui les arts doivent quel-
titre de Code des sorciers ; en voici le précis : ques tableaux remarquables , se trouvant à
— Le juge du ressort instruit l'affaire et la Saint-I'lour en '1811 avec une autre dame
juge, sans suivre, en cas pareil, les formes 3S artiste, prenait, de la plaine, le plan de la
ordinaires. La présomption de sorcellerie suf- f- ville, située sur un rocher. Elle dessinait et
fit pour faire arrêter le suspect; l'interroga-i- faisait, des gestes d'aplomb avec son crayon,
toire doit suivre l'arrestation, parce que le Les paysans, qui voient encore partout la sor-
diable assiste les sorciers en prison. Le juge TC cellerie, jetèrent des pierres aux deux dames,
doit faire attention à la contenance de l'ac-3- lesarrèlèrcnlel les conduisirent chez le maire,
cusé, voir s'il ne jette point de larmes, s'il .'il les prenant pour des sorcières. Vers 1778, les
regarde à terre, s'il barbolle à part, s'il blas-.s- Auvergnats prirent pour des sorciers lesin-
phème; tout cela est indice. Souvent la honte le génieurs qui levaient le plan de la province,
empêche le sorcier d'avouer; c'est pourquoi ioi et les accablèrent de pierres. — Le tribunal
;.f- correctionnel de Marseille eut à prononcer, en
il est bon que le juge soit seul, et que le gref-
fier soit caché pour écrire les réponses. — Si '1S20, sur une cause de sorcellerie. Une dé-
le sorcier a devant lui un compagnon du sab- fi- moiselle, abandonnée par un homme qui devait
bat , il se trouble. On doit le raser afin de l'épouser, recourut, à un docteur qui passait
mettre à découvert le sort de tacilurnilé. — Il pour sorcier, lui demandant s'il aurait un se-
faut le visiter avec un chirurgien, pour cher- •r- cret pour ramener un infidèle el nuire à une
cher les marques. — Si l'accusé n'avoue pas, is, rivale. Le nécromancien commença par se-
oir faire donner de l'argent, puis une poule noire,
il faut le mettre dans une dure prison, el avoir
gens affidés qui tirent de lui la vérité. — Il puis un coeur de boeuf, puis des cious.Tl fallait
y a des juges qui veulent qu'on promette le que la poule, le coeur et les clous fussent va-
pardon, et qui ne laissent pas de passer à lés; pour l'argent il pouvait être légitimement
l'exécution; mais celle coutume me paraît •aît acquis, le sorcier se chargeait du reste. Mais
barbare. —Le juge doit éviter la torture, elle >lle il arriva que, n'ayant pu rendre à la plai-
ne fait rien sur le sorcier; néanmoins il est gnanle le coeur de son amant, celle-ci voulut
permis d'en user. —Si l'accusé se trouve saisi lisi au moins que, son argent lui fût restitué; de
de graisses, si le bruit public l'accuse de sor-
or- là le, procès, dont le dénoùnient a été ce qu'il
cellerie, ce sont de grandes présomptions qu'il
u'il devait être : le sorcier a été condamné à l'a-
est sorcier. Les indices légers sont les varia-
ia- mende et à deux mois de prison comme escroc.
tions dans les réponses, les yeux fixés en terre,
re, — Voici encore ce qu'on écrivait de Valognes
le regard effaré. Les indices graves sont, la en 4841. On jugera des sorciers passés par
naissance: comme si, par exemple, le pré- ré- les sorciers présents, sous le rapport del'in-
venu est enfanlde sorcier, s'il est marqué, s'il térêt qu'ils sont dignes d'inspirer ; — « Notre
blasphème. — Le fils est admis à déposer con- on- tribunal correctionnel vient d'avoir à juger des
tre son père. Les témoins reprochables doiventent sorciers de Brix. Les prévenus, au nombre de
être entendus comme les autres. On doit aussi jssi sept, se trouvent rangés dans l'ordre suivant :
entendre les enfants. Les variations dans les Anne-Marie, femme do Leblond, dit le Mar-
réponses du témoin ne peuvent faire présumer ner quis, âgée de soixante-quinze ans ( figure
en faveur de l'innocence du prévenu, si tout oui d'Alropos ou d'une sorcière de Macbeth ); Lu-
l'accuse d'être sorcier. — La peine est le sup-
mp- blond, son mari, âgé de soixante-onze ans
suit — noc1 — SOR
CharlesLemomiier,maçon, âgé de vingt-six ont tout vendu; leurs bardes, parcequ'elles
dus;Drouet,maçon,âgé de quarante-quatre étaientensorceléescommeleur personne, ils
nns;ThérèseLeblond,ditela Marquise,âgée les ont données; ils ont arrachéjusqu'à leur
dequarante-huitans ( teint fiévreuxou animé plant de pommierspour en faire un peu d'ar-
par la colère ) ; Jeanne Leblond, sa soeur, gent el rassasierl'hydre insatiablequi les dé-
égalementsurnomméela Marquise, âgée de vorait; 2,000 fi\, tel est peut-être le chiffre
trente-quatreans, femmede Lemonnier;et des sommes que l'accusation reproche aux
Lemonnier,mari do la précédente,équarris- prévenus d'avoir escroquéesà ces pauvres
setir,âgé de trente-troisans, né à Amf'reville, gens. — Cependantceux-ciavouent à peine
tousdemeurantà Brix. — Diversdélitsd'es- 250 fr. qu'ils auraient pu remettre pour prix
croquerieà l'aidede manoeuvresfrauduleuses de médicamentsqui les ont, disent-ils, radi-
leursont,imputés; les témoins,dontbonnom- calementguéris. Ils ne confessentaucunsdé-
lirefigurentparmi les dupesqu'ils ont faites, tails, n'accusentpersonne. Ils rendent grâce
comparaissent successivement et reçoiventune au contraire du bien qu'on leur a fait. Les
ovationparticulièreà chaque aveu de leur malheureuxtremblentencoreen présencede
crédulité.—Les épouxllalley, dit Morbois, ceux qu'ils ont appelésauprès d'eux, et dont
cl leurfrèreet beau-frèreJacquesi.cgouche, le regard sembletoujoursles fasciner! — Un
desMoiticrs-en-Bauptois, se croyaientensor- nomméHenriLejuez,derToUemahville-tlague
celés,et mêmeencoreils ne savent trop au- (arrondissementde Cherbourg),vientensuite
jourd'huis'ils ne l'ont pas été. Or il n'était raconter avec la mêmebonnefoiet le même
bruità dixlieuesà la rondeque des Marquis air do simplicitéles tours subtilsde magie
delîrix. Onalla donc les supplier d'user de dontil a été victime.Chevauxet porcs, chez
leurpouvoiren faveurde braves gensdontla lui toutmourait: ce n'étaitpointnaturel; mais
maison,rempliede myriadesde sorciers,n'é- aux grands maux les grands remèdes.Il so
tait plus habitable.Le vieuxMarquisse met mit donc en recherchede les trouver, « Un
aussitôten rouleavec sa filleThérèse,et com- jour, dil-il, que j'étais à l'assembléedeVaste-
mandedes tisanes.Maisil en faut bientôtde ville,je trouvai un hommequi me dit queje
plus actives, et la société, composéede ses feraisbien d'aller à Brix. chezun nomméle
deuxlilleset desfrèresLemonnier,quise sont Marquis.J'y allai; or, quandje lui eus dit
entremisdansUiguérison,apportentdesbou- mon affaire et qu'il eut lu deux pages dans
teillestellementpuissantesquetoutela famille un livre que sa femmealla luichercherdans
lesa vues danserdans le panierqui les con- l'armoire, il me répondit: « Cesont des ja-
tenait.— Il faut en effetde bien grands re- loux; maisje vais vous butterça; baillez-moi
mèdespourleverle sort que le curé, le vicaire o fr. bOc. pour deuxbouteillesde drogues, et
etle bedeau de la paroisseont jeté sur eux, je ferai mourirle malfaiteur.— Nenni, que
au dire des Marquises.11faut en oulre du je lui dis,je n'en demandepas tant; domptez-
tempscl de l'argent. Deuxans se passenten le seulementde façonqu'il ne me fasse plus
opérations,et avec le tempss'écoulel'argent. de mal, c'en est assez. » Quinzejoursaprès,
Maisenfinune si longueattente, do si nom- j'y retournai, et j'apportai vingt-cinqkilo-
breuxsacrificesauront un terme, etce terme, grammesde farine, deux piècesde '6 francs,
c'est la nuitde Pâques fleuries,dans laquelle et environdeuxkilogrammesde filasseque sa
le grand-maîtresorcier viendra débarrasser bonne femmem'avait demandés.Il n'y avait
lesépouxllalleydesmaléficesqu'ilsendurent. pointd'amendementchezmes avers, et je le
Cequi avait été promisa lieu; non pas pré- lui dis en le priantde travailler commeil faut
cisémentla guérison, maisl'arrivée de plu- l'hommequi m'en voulait. Enfin, après un
sieursmembresdela compagniede lîrix. Que autre voyagequeje fis encore,il fut convenu
s'est-ilpassédans la maison?c'estce que des que sa filleThérèseviendraità la maison.Ello
voisinsassignésne peuvent,nous dire, parce y vint donc et fit sa magie avec une.poule
qu'ilsn'ont osé ni regarder ni entendre. Ua qu'onhappa sans lui ôteruneplumedu corps.
seulrapporte,lorsquelessorcierssontrepartis, Surle coupelle la saignit, et quand elle eut
avoir ouï une voix s'écrier ; « Il faut qu'ils ramassé son sang dans un petit pot avec le
soientplusbêlesquelechevalquinoustraîne! » coeur,elle le fitporter à la porte de l'homme
—D'autresracontentlaruinede celtemaison que noussoupçonnions.Pendantque le sang
qui date des fréquentsvoyagesde la compa- s'égoutleraitnotrehommedevait dessécher,
gnie. Lesllalley et les Legouchoétaientdans à ce qu'elle disait. Après cela elle nous de-
mieparfaiteaisanceavant qu'il fût question mandavingt-cinqaiguillesneuvesqu'ellemit
do les désensorceler.Leurs meubles, leurs dansuneassietteet sur laquelleelle versade
bestiaux,leur jardin, leur peu de terre, ils l'eau. Autant il y en aurait qui s'affoufehe-'
son — /iâ/i SOU |
raieni les unes sur les autres, autant il y aurait ;jvoir renvoyé de l'action la vieille femme Le- î
d'ennemis qui nous en voudraient. 11s'en (cou- blond , prononce son jugement, qui condamne i
va trois. — Tout cela fait, elle emporta la aux peines qui suivent les co-prévenus : —.
poule , el revint quelques jours après avec Thérèse Leblond, dix années d'emprisonne-
Jeanne sa soeur. Mais il se trouva qu'il leur ment; Jeanne Leblond, femme'Lemonnier, six >
manqua quelque chose pour arriver à leur ans; Jacques Leblond, dit le Marquis, cinq
définition : c'était des drogues qu'avec 23 fr. ans; Charles Lemonnier, un an et un jour- i^
que je leur donnai et que j'empruntai en par- Pierre-Amable Drouet, six mois; Pierre Le- !
tie, elles allèrent quérir à Cherbourg, elqu'elles monnier, un mois ; les condamne chacun , en
devaient rapporter le soir, avec deux mou- outre, en 50 fr. d'amende, et solidairement
choirs que ma femme leur prêta; mais elles aux dépens, et dit qu'à l'expiration dp leur
ne revinrent plus. Pour lors j'eus l'idée qu'elles peine ils resteront pendant dix ans sous la
n'étaient pas aussi savantes qu'on le disait. surveillance de la haute police. » Voy. Siciw- f
Pour m'en assurer, j'allai consulter une bat- TIÏS, AGIUI'PA,FAUST, el une foule do petits
teuse-de cartes du Limousin, et je l'amenai articles sur divers sorciers. ',
chez Thérèse. Là-dessus les deux femelles se Sort. — On appelle, sort ou sortilège certai-
prirent de langue : la Limousine traita la Mar- nes paroles, caractères, drogues, etc., pur
quise &'agrippeu.se el le Marquis à'agrippeur. lesquels les esprits crédules s'imaginent qu'on ;
Ça fit une brouille et les affaires en restèrent
là. A quelque temps do là cependant, ma fem- peut produire des effets extraordinaires, en !;
vertu d'un pacte supposé fait avec le diable;
me la revit dans une boutique à la Pierre-Bu- ce qu'ils appellent jeter un sort. La supersti-
tée , avec Charles Lemonnier, qu'elle appelait tion populaire attribuait surtout celte faculté
son homme. Elle lui paria de ce qu'elle lui nuisible aux bergers; et celle opinion était,
avail. donné, de trois chemises que j'oubliais, sinon fondée, au moins excusée par la soli- j
de. deux draps de lits, d'un canard el d'une tude et l'inaction où vivent, ces sortes de gens.
poule que je lui avais portés moi-même; elle
lui demanda aussi ce qu'était devenue la — Voy. MALÉFICES,CHAUMES,SCOPÉMSME , etc.
Les hommes ont, de tout temps consulté le
poule qu'elle avail saignée pour sa magie. si l'on veuf, le hasard. Cet usage
sort, ou,
Sur-le-champ Thérèse répondit qu'après l'a- n'a rien de ridicule lorsqu'il s'agit de déter-
voir fait rôtir elle s'était dressée sur table el miner un partage, do fixer un choix dou-
avait chanté trois fois comme un coq. « C'est
vrai , reprit Charles Lemonnier, car quand je teux, etc. Mais les anciens consultaient le
sort comme un oracle; et quelques moder-
l'ai vue, ça m'a fait un effet que je n'ai pas nes se sont montrés aussi insensés. Toutes les
osé en manger. » •— Les Marquis el compa- divinations donnent les prétendus moyens de
gnie n'appliquaient pas seulement leurs la- consulter le sort.
lents à la guérison des sorts, mais encore, à
la découverte des trésors. —Tels sont les prin- Sortilèges, — VOy. SORT.
cipaux faits qui amènent les différents préve- Sotray, — nom que les Solognols et les
nus devant le tribunal , et auxquels on pour- Poitevins donnent à un lutin qui tresse les
rait ajouter celui relatif au vol de deux pièces crinières des chevaux.
de fil el de deux livres de piété, imputé à la Sou ad , —goutte noire, germe de péché,
même Thérèse, lors do sa visite, au préju- inhérente au coeur de l'homme, selon les
dice de la femme Helland , et celui d'escro- musulmans, etdoiit, Mahomet se vantait d'avoir
querie reproché au vieux sorcier le Marquis, été délivré par l'ange Gabriel.
à raison de ses sortilèges sur la fille d'un •— dieu du tonnerre chez
Sougai Toyon,
nommé Yves Adam, do Brix. •—M. le substi- les Yakonts; il est mis par eux au rang des
tut Desmortiers rappelle les fâcheux antécé- malfaisants. C'est le ministre des ven-
esprits
dents, d'abord de Thérèse, condamnée par geances d'Oulon-Toyon , chef des esprits.
un premier jugement, pour vol, à un an et un * Soulié — Dans les Mémoires
( FRÉDÉRIC).
jour d'emprisonnement, par un second juge-
ment de la cour d'assises de la Manche, en du diable, l'auteur a employé un très-beau
talent à faire malheureusement un mauvais
sept années de travaux forcés-, de sa soeur, livre en morale.
ensuite condamnée pareillement en six années
de la même peine; de Leblond père, dit le Souris. — Le cri d'une souris était, chez les
Marquis, qui a subi deux condamnations cor- anciens, de si mauvais augure, qu'il rompait
rectionnelles dont la durée de l'une a été de les auspices. Foy. BATS.
neuf ans; de.Drouet enfin, condamné à un Souterrains (DÉMONS}, — démons dont parle
an et un jour de prison. Le tribunal, après Psellus, qui, duveiit.de leurjlialeinc, -rendent:
SPE — 455
/i5ii — SPO
nlixhommesle visage bouffi, de manière, i était,suivien tous lieux par le spectre de sa
qu'ilssont méconnaissables.Foy. MINEIÎIIS, , victime!... Suétone dit que le spectre dô
'j'KimiïS'rniîS, etc. Galba poursuivaitsans relâche Olhon, son
Southoote(JEANNE),visionnaireanglaise e meurtrier, lu tiraillaithors du lit,, l'épouvan-
ces derniers Elle avait annoncé^ lait el luicausaitmilletourments.Foy. APPA-
de temps. RITIONS, FLAXHINDEII , PIIILINNION,
accoucherait d'un nouveaumessie ; FANTÔMES,
qu'elle etc.
maiselleest mortesansavoir remplisa pro-1 POM'CRITE, REVENANTS, YAMPIIOES,
messe;ce qui n'empêche pas ses crédules s Speotriana,—recueilmalfaitd'histoireset
disciplesd'attendre sa résurrection,qui sera a d'aventures surprenantes, merveilleuseset
suiviede l'accouchement tant,désiré.Lessec- ;- remarquablesde spectres,revenants, esprits,
tateursdecelleprétendueprophélesseportent, l, fantômes,diableseldémons; manuscrittrouvé
dansleursprocessions, descocardesblanches, ;, danslescatacombes.Paris, 4817; 4vol.in-48.
et.des élolesen ruban jaune sur la poitrine. ' Spéculaires, — nom que l'anliquilé don-
Lerubanjaune est, seloneux, la couleurde naitaux magiciensoudevinsqui faisaientvoir
Dieu; leur messiese nommerale Shelo. dans un miroirles personnesou les choses
Souvigny. — Une tradition populaireat- L- qu'on désirait connaître.
tribueaux fées la constructionde l'églisede }e Spée. •— Leibnitz remarque que le P.
Souvigny.Au milieude la délicieusevallée 3e Spée, jésuite allemand, auteur du livre in-
qu'arrosela petiterivièreappeléela Queune - ', Iiltilô: Cauliocriminaliscircaprocessuscontra
unelaitièrevit surgircette églised'unbrouil- '~ sagas, déclarait qu'il avait accompagnéau
larddu matin, avec ses aigu Ilesdentelées, 5> supplice,beaucoup de criminelscondamnés
sesgaleriesfestonnées, el sonportailà jour, '"' commesorciers; mais qu'il n'en avait pas
à une place où , la veilleencore, s'élevaient nt trouvéun seul duquel il pût croire qu'il fût
de beaux arbres el coulait une fontaine. °- véritablementsorcier, ni qui fût allé vérita-
Frappéede stupeur, la pauvre femmedevint "t- blcmenlau sabbat.11ne faut pas croire pour
pierre; onmontreencoresa tôleplacéeà l'angleï'e cela que les gens fussent injustementpunis,
d'unedes tours.Il y a bien, en effet,quelque uc car ils avaient fait du mal. Seulement, on
chosede féerique dans l'églisede Souvigny. Y- leur appliquaitsans doute des peines trop
Unjour qu'il allait s'y livrer à ses éludes, 15) sévères.
IL AchilleAlliery découvrit,un curieuxsup- ' — monstre fabuleux, auquel les
une femme Sphinx,
port de nervureogivique:c'était anciens donnaientordinairementun visage
d'unedélicatessedoformespresquegrecque , de femmeavec un corps de lion couché.Il
'.'.
qui se tordaitet jouait avec une chimère; il devinaitles énigmes.
luisemblavoir l'intelligencedel'artistecréa-
teurde ce templefantastiqueaux prises avec <er Spinello, —peintre né à Arezzo, dans la
soncaprice'. Toscane, au quatorzièmesiècle. A -l'âge de
Sovas-MCumisin — ( empoisonneurs soixanlc-dix-seplans, ils'avisade peindrela
el,su- chutedesmauvais 11représentaLucifer
ceursde sang), espècesde vampires, chez' sousla formed'unanges. monstretellementhideux,
lesQuojas;esprits ou revenants se '
qui plaisent qu'il en fut lui-mêmefrappé.Une nuit, dans
à sucerle sang deshommesou desanimaux. un ilcrut apercevoirle diabletel qu'il
d e
Cesontles broucolaques l'Afrique. songe ,
était dans son tableau, qui lui demanda,
Spectres, —sorlode substancesanscorps, Ps> d'une voixmenaçante, où il l'avait vu , pour
quise présente sensiblementaux hommes, îs, e peindresi effroyable?Spinello,interditet
contrel'ordrede la nature, et leurcause des les tremblant,pensa mourir de frayeur, et eut
frayeurs. La croyanceaux spectres et aux )ux toujours,depuisce rêve, l'esprit troubléet la
revenants, aussi ancienne que les sociétés 'tés vueégarée.
d'hommes,estime preuvede l'immortalité ' de — astrologuebelge du
Spirinx (JEAN),
l'àme, el en mêmetempsun monumentde; jla quinzièmesiècle, quiprédità Charlcs-le-Té-
faiblessede l'esprit humain, abandonnéà ' a
méraireque, s'il marchaitcontreles Suisses,

hii-mèine Olaiis-Magnus assure que, sur il luienarriverait mal; à quoile duc répondit
lesconfinsde la mer Glaciale,il y a des peu- ell~ que laforcedesonépéevaincraitlesinfluences
ples, appelés Pylapiens,qui boivent, man- a"~ des astres : ce que lui, son épée et toutesa
RCnlet conversent familièrementavec les puissancene purentpas faire, puisqu'ils'en-
spectres.JElienracontequ'unvigneronayant allt suivitsa défaiteel sa mort,
h'é, d'un coupde bêche, un aspicfort long, ng, r -
. -—divi-
OU
Spodomantie Spodanomancie,
1 -Iules Incursion en1S41.
d'artiste nationpar les cendresdes sacrifices,chezles
Duvernay,
STA 456 STJ5
anciens. 11en reste quelques vestiges en Aile- coccupait son corps apparaissait, sous la forum
magne. On écrit du bout du doigt, sur la d'un ( pourceau couvert d'ordureetforlpuanti,
cendre exposée à l'air, ce que l'on veutsavoir; stanoska , — jeune fille de Hongrie, dont
on laisse la cendre ainsi chargée, de. lettres à on , raconte ainsi l'histoire. Un défunt nommé
l'air de la nuit, et le lendemain matin, on Millo j élail devenu vampire; il reparaissait les
examine les caractères qui sont restés lisibles, ,nuits, el suçait les gens. La pauvre Slanoska
et on en lire des oracles. Quelquefois le diable ,qui s'était couchée en bonne santé , se réveilla
vient écrire la réponse. Foy. CENDRES. I milieu de la nuit en s'écrianl que Mille
au
Spurina.-—Suétone assureque l'astrologue mort depuis neuf semaines, était venu pour
Spurina prédit à César que les ides de mars l'étrangler. De ce moment elle languit, et
lui seraient funestes. César se moqua de lui, mourut au bout de trois jours. Ce vampirisme
et fut assassiné dans la journée. pouvait bien n'être que l'effet d'une imagina-
Squelette. — Un chirurgien , qui était au tion effrayée ? Foy. YAMPIIUÏS.
service du czar Pierre-lc-Grand, avait un Stauffenberger. — famille allemande qui
squelette qu'il pendait dans sa chambre auprès parmi ses grand'môres une ondine ou
de sa fenêtre. Ce squelette se remuait tontes compte esprit des eaux, laquelle s'allia au treizième
les fois qu'il faisait du vent. Un soir que le siècle à un Stauffenberger. t
chirurgien jouait du luth à sa fenêtre, le
charme de celle mélodie attira quelques stre- Stéganographié OU Sténographie , -— art [
litz , ou gardes du czar , qui passaient parla. d'écrire en chiffres, ou abréviations, d'une
Ils s'approchèrent pour mieux entendre ; el, manière qui no puisse être devinée que par [
comme ils regardaient attentivement , ils ceux qui en ont la clef. Trithème a fait un f
virent que le squelette s'agitait. Cela les épou- traité de stéganographié, que Charles de ,
vanta si fort, que les uns prirent la fuite hors Bouelles prit pour un livre de magie, et l'au-
teur pour un nécromancien. On attribuait au-
d'eux-mêmes, tandis que d'autres coururent trefois à la magie tous les caractères qu'on ne
à la cour, et rapportèrent à quelques favoris
du czar qu'ils avaient vu les os d'un mort pouvait comprendre; el. beaucoup de gens, à
danser à la musique du chirurgien... La chose cause de son livre, ont mis le bon abbé Tri-
fut vérifiée par des gens que l'on envoya thème au nombre des sorciers.
exprès pour examiner le fait, sur quoi le chi- Steinlin (JEAN).— Le 9 septembre.46*25,
rurgien fut condamné à mort comme sorcier. Jean Sfeinlin mourut à Altheim , dans le, dio-
Il allait être exécuté, si un boyard qui le pro- cèse de Constance. C'était un conseiller de la
tégeait, el qui était en faveur auprès du czar, ville. Quelques jours après sa mort, il se lit
n'eût intercédé pour lui, et représenté que ce voir pendant la nuit à un tailleur nommé
chirurgien ne se servait de ce squelette, et ne Simon Bauh , sous la forme d'un homme en-
le conservait dans sa maison que pour s'in- vironné de flammes de soufre, allant el venant
struire dans son art par l'élude des différente dans la maison, mais sans parler. Bauh, que
parties qui composent le corps humain. Ce- ce spectacle inquiétait, lui demanda ce qu'on
pendant, quoi que ce seigneur put dire, le pouvait faire pour son service; el le 47 no-
chirurgien fui obligé d'abandonner le pays, vembre suivant, comme il se reposait la nuit,
et le squelette fut traîné par les rues , et brûlé dans son poêle, un peu après onze heures du
publiquement '. soir, il vit entrer le spectre par la fenêtre,
dit d'une voix rauque : « Ne me pro-
Stadius, — chiromancien qui, du temps de lequel
Henri 111, exerçait son art en publie. Ayant mettez rien , si vous n'êtes pas résolu d'exé-
un jour été conduit devant le roi, il dit au cuter vos promesses. — Je les exécuterai si
prince que tous les pendus avaient une raie elles ne passent pas mon pouvoir, répondit le
au pouce comme la marque d'une bague. Le[' tailleur. — Je souhaite donc, reprit l'esprit,
roi voulut s'en assurer, et ordonna qu'on que vous fassiez dire une messe à la chapelle
visitât la main d'un malheureux qui allait être de la Vierge de ltotembourg ; je l'ai vouée
exéculé; n'ayant trouvé aucune marque, le[1 pendant ma vie, et ne l'ai pas fait acquitter;
sorcier fui regardé comme un imposteur et de plus, vous ferez dire doux messes à Mlheini,
logé en prison -. l'une des défunts, et l'autre de la Sainte-
— moine Yierge ; et comme je n'ai pas toujours exac-
Stagirus, hérétique, qui était
souvent possédé. On rapporte que le diable qui1 tement distribue payé mes domestiques, je souhaite
qu'on aux pauvres un quarteron do
1 Doemoîiiana, p. 193,aprèsPerry. blé. — Le tailleur promit de satisfaire à tout,
7-DeUuicie, Tableau'-Icrinconstanccdcstlémons,
etc.,
]jv, 111,p. 187, 1 SailleJi'tfn-Clu'ysostome. ...
STR A57 STU
i;csprillui tenditla main, commepours'as- ccotres, c'étaientdessorcièresou des spectres
jurerde sa parole; mais Simon, craignant cqui mangeaientlesvivants.Il y a même,dans
,|ii'il ne luiilarrivât quelquechose, présenta la 1 loi salique,un articlecontrecesmonstres:
le bancoù était assis, el le spectre, l'ayant «<Si une slrygea mangéun homme,et qu'elle
louché,y imprimala main, avec les cinq en ( soil convaincue,elle paiera une amende
doigtset lesjointures, commesi lefeuy avait de ( huitmilledeniers, qui fontdeuxcentssous
pusseel y eùt'laisscuneimpressionprofonde, d'or. ( » 11paraît que les slrygesétaientcom-
Aprèscela, il s'évanouitavec,un si grand munesau i cinquièmesiècle, puisqu'unautre
bruit, qu'onl'entendittroismaisonsplusloin. articlede
i la mêmeloicondamneà cent qua-
Cefaitest rapportédans plusieursrecueils. itre-vingt-septsouset demiceluiquiappellera
Stemomancic,— divinationpar le ventre. une femmelibre slrygeou prostituée.Comme
Ainsionsavaitleschosesfutureslorsque l'on ces slryges sont punissablesd'amende, on
contraignaitun démonou un esprit à parler croit généralementcpiece nomdevait s'ap-
dansle corpsd'un possédé,pourvuqu'onen- pliquer, non à des spectres insaisissables,
tcndil.distinctement'.C'était ordinairement maisexclusivement à des magiciennes.—Ily
dela venlriloquie. eut, sous prétexte de poursuitescontre les
Stoffler, — mathématicienet astrologue slryges, dosexcès quifrappèrentCharlema-
allemand,qui llorissaitversla finduquinzième gne. Danslesses capitulâmesqu'il composapour
siècle.11 annonçaqu'il y aurait un déluge les Saxons, sujets de conquête, il con-
universelau moisde février4b2i; Saturne, damneà la peine de mort ceux qui auront
hommesou desfemmesaccusés
Jupiter,Marset les Poissonsdevaientêtreen faitbrûlerdes
conjonction. Celtenouvelleportal'alarmedans d'être slryges.Letextesesertdes motsstryga
l'Europe.:tous les charpentiersfurentrequis velmascacomme ; et l'oncroit,que ce dernierterme
pourconstruiregaliotcs, nacelleset bateaux; signifie , larva, un spectre, un fan-

chacunse munissaitde provisions,lorsquele tôme, peut-être un loup-garou. On peut
moisde février4b3i arriva. Il ne tombapas remarquer,dans ce passagedescapilulaires1,
unegoutted'eau; jamais il n'y avail eu de que c'étaitune opinionreçue chezles Saxons
moisplussec.Onse moequadeSloIller;mais qu'il y avait des sorcières et des spectres
on n'en fut pas p'us raisonnable:oncontinua (dans ce cas des vampires)qui mangeaient
ducroireaux charlatans, et Slolllercontinua ou suçaient les hommesvivants; qu'on les
; de prophétiser;. brûlait; el que, pour se préserverdésormais
on mangeaitla chairde ces
Stoïchéomancie, —divinationquise pra- de leur voracité, ou chosede sem-
slryges vampires. Q uelque
tiquaiten ouvrantles livresd'Homèreou de blables'èsl vu dans le traitementdu vampi-
Virgile, et prei.ant oracle du premier vers risme au dix-huitièmesiècle. Ce qui doit
qui se présentait. C'est une branche de la encore que, les slrygesdes anciens
rhapsodomancie. prouver
étaientquelquefoisdes vampires, c'est que,

stolas, grandprincedesenfers, qui ap- chez les Paisses,el.dansquelquescontréesdo
paraît sous la forme d'un hibou; lorsqu'il la Grècemoderneoù le vampirismea exercé
prendcelle d'un homme,el qu'il se montre ses ravages, on a conservéaux vampiresle
devantl'exorciste,il enseignel'astronomie.Il nomde slryges. Voy.YAMPIIUÏS.
connaîtles propriétésdes planteset la valeur — Sous Rodolphedo
des pierres précieuses.Yingt-sixlégionsle Stuffe (FitÉDÉnic).
reconnaissent 3. Habsbourg, il y eut, en Allemagne,un ma-
pourgénéral voulutse fairepasserpourle prince
— gicien qui
stolisomaucie, divinationpar lamanière '' FrédéricSluffe.Avecle secoursdesdiables,
',' de s'habiller. Auguste se persuada qu'une' il avait tellementgagné les soldaisque les
séditionmilitairelui avaitétôpréditele matin,; troupesle suivaientau moindresignal, et il
parla faulede sonvalet, qui lui avaitchaussé J s'était fait aimeren leur fascinantles yeux.
le souliergaucheau pied droit. On ne doutaitplusque ce ne fûtlevrai Fré-
; Strasite, — pierre fabuleuseà laquelleoni déric, lorsqueRodolphe,fatiguédes brigan-
attribuaitla vertude faciliterla digestion. dagesquecesorcierexerçait,luifitla guerre,
Strjges. — C'étaientde vieillesfemmes s Le sorcieravaitprisla villede Cologne ; mais,
chezles anciens. Chezles Francs; nos an-- ayant été contraintde se réfugierà AVelzJar,
il y fui assiégé, et commeles chosesétaient
1Delancre, Incrédulitéet mécrémice.
du sortilège
e aux dernièresextrémités,Rodolphefit dé-
Pleinement
convaincues,
2 M.Salgues. p.279.
Des E rreurs
etdes préiueés,
etc.,
t .I*'r, clarer qu'on eût à lui livrer le faux prince
1>.88.
; J Wierus,
inJ?scudorn.clîeiu. 1 Çapilul.Caroli Mag.p.roparlibus cap.6,
Snxoniai,
SUP û-58 — sur
pieds et poings liés, el qu'il accorderait la iune uub ecievissub qut; i un tiviui. uuuue (JQ
paix. La proposition fut acceptée : l'imposteur iretirer 1, el. l'imposture fut découverte : mais
fut conduit devant Rodolphe, qui le condamna (ce petit conte rie Henri Eslienne est une do
à être brûlé comme sorcier '. ( malices que les protestants ont, inventées
ces
Siyx, —fontaine célèbre dans les enfers ' si grand nombre.
en
des iiaïens. Superstitions. — Saint Thomas définit lu
Suooor-Bènoth, — chef des eunuques de superstition : un vice opposé par excès à la
Relzébuth, démon de la jalousie. religion, un écart qui rend un honneur divin
Succubes, —démons qui prennent des fi- à qui il n'est pas dû on d'une manière qui
gures des femmes. On trouve dans quelques n'est pas licite. — Une chose est supersti-
écrits, dit le rabbin Elias, que, pendant cent tieuse, 4° lorsqu'elle est accompagnée de cir--''
trente ans Adam fut visité par des diablesses, constances que l'on sait n'avoir aucune vertu
qui accouchèrent de démons, d'esprits, de naturelle pour produire les effets qu'on en
lamies, de spectres, de lémures et de fantô- espère; 2° lorsque ces effets ne peuvent être
mes. — Sous le règne de Roger, roi de Sicile, raisonnablement aliribués ni à Dieu , ni à la
un jeune homme, se baignant, au clair de la nature ; 3" lorsqu'elle n'a été instituée ni de ;'.
lime, avec plusieurs autres personnes, crut Dieu, ni de l'église; i° lorsqu'elle se fait en
voir quelqu'un qui se noyait-, courut à son vertu d'un pacte avec le diable. La supersti-
secours, el ayant retiré de l'eau une femme, tion s'étend si loin, que celte définition, qui
en devint épris, l'épousa et en eut un enfant. est du curé 'Piliers, est très-incomplète. — Il
Dans la suite, elle disparut avec son enfant, y a des gens qui jettent la crémaillère hors du
sans qu'on en ait depuis entendu parler, ce logis pour avoir du beau temps; d'autres met-
qui a fait croire que cette femme était un dé- tent une épée nue sur le mât d'un vaisseau,
mon succube. — Hector de lioëce, dons son pour apaiser la tempête; les uns ne mangent
histoire d'Jïcosse , rapporte qu'un jeune hom- point de tètes d'animaux, pour n'avoir jamais
me d'une extrême beauté, était poursuivi par mal à la tète; les autres louchent avec les
une jeune démone, qui passait à travers sa dents une dent de pendu ou un os de mort,
porte fermée el venait lui offrir de l'épouser. ou mettent du fer enire leurs dénis, pendant
Il s'en plaignit à son évèque , qui le fit jeû- qu'on sonne les cloches, le Samedi Saint, pour
ner, prier et se confesser, et la beauté d'en- guérir le mal de dents; il en est qui portent,
fer cessa de lui rendre visite. — Delancre dit contre la crampe, un anneau fait pendant
qu'en Egypte, un honnête maréchal ferrant, qu'on chante la Passion ; ceux-ci se mettent
étant occupé à forger pendant la nuit, il lui au cou deux noyaux d'aveline joints ensem-
apparut un diable, sous la forme d'une belle ble, contre la dislocation des membres; ceux-
femme. Il jela un fer chaud à la face du dé- là niellent du fil filé par une. vierge , ou du
mon, qui s'enfuit. —Les cabalistes ne voient plomb fondu dans l'eau, sur un enfant, tour-
dans les démons succubes que des esprits élé- menté par les vers. On en voit qui découvrent
mentaires. Foy. INCIUIIÏS. le ioil de la maison d'une personne malade
Sueur. •— On dit qu'un morceau de pain lorsqu'elle ne meurt pas assez facilement,
placé sous l'aisselle d'une personne qui trans- que son agonie est trop longue, el qu'on dé-
pire , devient, un poison mortel ; et que si on sire sa mort; d'autres enfin chassent les mou-
le-donne à manger à un chien, il devient ches lorsqu'une femme est en travail d'en-
aussitôt enragé. C'est une erreur. La sueur fant , de crainte qu'elle n'accouche, d'une fille.
de l'homme ne tue pas plus que sa salive. •—Certains Juifs allaient à une rivière et s'y
Summanus, — souverain des mânes dans baignaient, en disant, quelques prières ; ils
l'ancienne mythologie. étaient persuadés que, si l'âme de leur père
ou de leur frère était on purgatoire, ce bain
Supercherie. —Henri Eslienne raconte que la rafraîchirait. — Voici diverses opinions su-
,^_dc son temps un curé de village, répandit pen-
dant la nuit des écrevisses sur le dos des- perstitieuses. — Malheureux qui chausse le
il avail attaché de A pied droit le premier. — Un contenu donné
quelles petites bougies.
la vue de ces lumières errantes, tout le vil- coupe l'amitié. — 11 ne faut pas mettre les
couteaux en croix , ni marcher sur des fé-
lage fut effrayé et courut chez le pasteur. Il tus croisés. Semblablemeiit, les fourchettes
fil. entendre que c'étaient sans doute les âmes
du purgatoire qui demandaient des prières. croisées sont d'un sinistre présage. — Grand
Mais malheureusement on trouva le lendemain malheur encore qu'un miroir cassé, une sa-
lière répandue, un pain renversé, un tison
1 Lcloyer, Hist. des spectresou appar. des esprits,
p. 303. 1 HenriB^tienne,Apol.pour Hérodote.
SUR — Zi59 >— S>Vlî
— Certaines gens trempent, un Surtur, — géniequi doit, selon les Celles,
dérangé!... — à la tète des gé-
balaidans l'eau, pour faire pleuvoir. La irevenir, à la fin du monde,
cendrede fientede.vache est sacrée chez les nies i du feu, précédé et suivi de tourbillons
du
Indiens.Ilss'en mettent, tous lesmalins, au ienflammés; il pénétrerapar uneouverture d'une
frontet à la poitrine: ils croientqu'elle pu- ciel, brisera le pont Bifrost,et, armé
rifiel'âme. •—Quandunefemmeest en tra- épéeplus étincelanteque le soleil, combattra
vail d'enfant, on vous dira, dans quelques lesdieux, lancera des feuxsur toutela terre,
provinces,qu'elle accoucherasans douleur et consumera le monde entier. Il aura pour
*^"
siellemet la culottede son mari. —Pourem- antagonistele dieu Frey, qui succombera.
pêcherque. les renards ne viennentmanger Foi/.BIFKOST.
lespoulesd'une métairie, il faut faire , dans — démonqui, selonles clavi-
lesenvirons, une aspersion de bouillon d'an- Sustrugiel,
douillele jour de carnaval.•—Quandon tra- culesde Salomon,enseignel'art magiqueet
familiers.
vailleà l'aiguille les jeudis et les samedis donnedes esprits
après midi, on fait souffrir Jésus-Christet Swedenborg, —-célèbre visionnairesué-
pleurer la sainte Vierge. — Les chemises dois.— « Nousne savonsguère, en France,
qu'onfait le vendrediattirent les poux... — qu'une chose de Swedenborg(dit M.Emile
Le fil filé le jour de carnaval est mangédes Souvestre),c'est que dînant-un jour de bon
souris.— On ne doit pas mangerde chouxle appétit dans une taverne de Londres,il en-

jourde Saint-Etienne,parce qu'il s'était ca- tenditla voixd'un ange qui lui criait : Ne
chédansdes choux.— Les loupsne peuvent mangepas tant! el qu'à partir de cet instant
faireaucun mal aux brebisel aux porcs, si il eutdes extasesqui remportèrentrégulière-
le berger porte le nom de saint Basileécrit mentau cielplusieursfoispar semaine.Selon
sur un billet, el attachéau haut de sa hou- quelques auteurs, l'illuminésuédois fut un
lette.— A Madagascar,on remarque, comme des savants lesplusdistinguésdes tempsmo-
onle faisaità Rome, les jours heureuxel les dernes, et celuiqui , après Descartes,remua
joursmalheureux.Une femmede Madagascar le plus d'idéesnouvelles.Ce fut Swedenborg
croiraitavoircommisun crime impardonna- qui, dans un ouvrageintitulé: Opéra philo-
blesi, ayant eu le malheurd'accoucherdans sophicacl mineralia, publiéen 4737,entre-
un tempsdéclaré sinistre.,elle avait négligé vitle premierla scienceà laquellenousavons
defaire dévorerson enfant par les bêles fé- donnédepuisle nomde géologie.I.a seconde
roces, ou de l'enterrer vivant, ou tout au partie de son livre.contient, un systèmecom-
moinsde l'étouffer.— On peut boire comme plet de métallurgie,auquel l'académiedes
un trou, sanscraindrede s'enivrer,quandon sciencesa empruntétoutce qui a rapportau
a récitéce vers: fer et à l'acier dans son Histoiredesarts et
Jupiterliisaltàsonuilc'emeiiter
al>ïdâ. métiers.Il composaaussi plusieursouvrages
La superstitionest la mère de beaucoup sur l'analomieentre (cequi est un nouveautrait do
ressemblance lui et Descaries), el sem-
d'erreurs.C'estcettefaiblessedo l'esprit hu- dans un chapitre sur la
main qui attache aux moindreschosesune bla même indiquer,
surnaturelle. Elle les pathologie du cerveau, le syslômephrénolo-
importance engendre le docteurGalldut plus tard sa
terreurs, bouleverse les faibles têtes, sème gique auquel
célébrité. Il publia enfin, sous le titre de :
La
lesjours de vaines'inquiétudes. supersti- des essais de mathé-
tionamèneparloul les démons, les spectres, Doedalushetyperboreus, de physiquequi fixèrentl'atten-
les fantômes;ses domainessont les déserts, matiques
le silenceet les ténèbres; elle apparaît aux tion de ses contemporains.11parlait les lan-
e ntourée de.tous les monstres ima- gues anciennes, plusieurslanguesmodernes,
hommes, les langues orientales, et passait pour le plus
ginaires.Elleprometà ceuxqui la suivent de fut lui
: leur dévoilerles impénétrablessecretsde l'a- grand mécaniciende son siècle.Ce
venir.Ellea enfantéle fatalisme,les sectes, qui fit amener par terre , au siège de Frédé-
riclc-Hall,en se servant de machinesde son
; les hérésies.
invention,la grosseartillerie qui n'avait pu
Sureau.— Quandon a reçu quelque ma- être transportéepar lesmoyensordinaires.—
: léficede la part d'un sorcier qu'on ne connaît Loind'être,écrits dans un langagemystique,
point,qu'onpendesonhabità une cheville, commeon le croit communément,la plupart
el qu'onfrappedessusavec un bâton de su- des traités religieux de Swedenborgse re-
reau: tousles coupsretomberont,sur l'échiné commandentpar la méthode,l'ordre et la so-
: (lusorciercoupable, qui sera forcéde venir, briété.Ils peuventse partageren quatre clas-
i entoutehâte, ôterle maléfice, ses, que l'on n'aurait jamais dû"confondre;
SYL — 460) — SYL
la première renferme les livres d'onseigne- c peuples, de figure humaine, un peu fiers
de
ment et de doctrine ; la seconde , les preuves i apparence, dit le comte de Gabalis, mais
en
tirées de l'Écriture sainte; là troisième, les dociles ( en ell'et, grands amateurs des sciences ',
arguments empruntés à la métaphysique et à subtils, : officieux aux sages, ennemis dos sots
la morale religieuse ; enfin, la quatrième, les el i des ignorants. Leurs femmes et leurs filles
révélations extatiques de l'auteur. Les ouvra- i
sont des beautés mâles, telles qu'on dépeint
ges compris dans cette dernière catégorie sont les Amazones. Ces peuples sont les sylphes.
les seuls qui affectent la forme apocalyptique, 'On trouve sur eux beaucoup de contes. Foy. C,\- t
et dont l'extravagance puisse choquer. » — 1IAI.1ÏS. f
Swedenborg fil toutefois, dans sa mysticité", Sylvestre II. — Gerberl, élevé surla chaire j,
une religion, comme en font tous les illumi- de saint Pierre , sous le nom de Sylvestre, !
nés. De môme qu'il avail devancé les savants en 999 , fut l'un des plus grands papes. Ses ['
dans quelques découvertes mathématiques, il connaissances l'avaient mis si fort au-dessus
a été aussi le précurseur des philosophes de son siècle, que des hérétiques, ne pouvant
d'aujourd'hui. Il a prétendu « réunir toutes nier sa grandeur, attribuèrent l'étendue de
les communions en un vaste- catholicisme où son savoir à quelque pacte avec le diable. 11
toutes elles trouveront satisfaction. » D'après faisait sa principale étude des mathématiques : !
lui, «le principe de tout bien est dans un les lignes ettriangles, dont, on levoyait occupé, !
premier détachement de soi-même el du mon- parurent une espèce de grimoire et contribuè-
de. Cet état constitue le bonheur présent el rent, à le faire passer pour un nécromancien.
fulur, c'est le ciel. L'amour exclusif de soi- Co ne fut pas seulement le peuple qui donna
même et du monde constitue au contraire la dans celte idée absurde. Un auteur des vies
damnation , c'est l'enfer. » — 11 annonce une des papes a dit sérieusement que. Sylvestre,
nouvelle révélation de l'Esprit et se pose le possédé du désir d'être pape, avait eu recours
Christ d'un christianisme régénéré, comme au diable, el avail consenti à lui appartenir
font présentement quelques professeurs de après sa mort, pourvu qu'il lui fit obtenir celle
philosophie. En môme temps, Swedenborg se dignité. Lorsque par cette voie détestable,
disait en communication avec des intelligen- ajoute le même auteur, il se vit élevé sur le
ces supérieures el avec les âmes de certains trône apostolique, il demanda au diable com-
morts de ses amis. Ceux qui le copient au- bien de temps il jouirait de sa dignité. Le
jourd'hui ont-ils les mêmes avantages? diable lui répondit par cette équivoque digne
Syoomancie , — divination par les feuilles de l'ennemi du genre humain : « Tu eh jouiras
de figuier. On écrivait sur ces feuilles les ques- tant que lu ne mettras pas le pied dans Jé-
tions ou propositions à propos desquelles on rusalcm. » La prédiction s'accomplit. Ce pape,
voulait être éclaire! : la feuille, séchait-ello api es avoir occupé quatre ans le trône apos-
après la demande l'aile au devin par les cu- tolique, au commencement de la cinquième
rieux, c'était un mauvais présage, el un heu- année de son règne, célébra les divins, mys-
reux augure si elle lardait à sécher. tères dans la basilique de Sainte-Croix, dite
AsMODKH. en Jérusalem, et se sentit altaqué, ans>itôt
Sydonay , —voy. d'un mal qu'il reconnut être mortel.
— il après ,
Sylia. Comme entrait à main armée Alors, il avoua aux assistants le commerce
en Italie, on vil dans l'air, en plein jour, deux avait eu avec le diable et la prédiction
qu'il
grands boucs noirs qui se battaient, et qui, qui lui avait été faiie, les avertissant de pro-
après s'èlre élevés bien haut, s'abaissèrent a fiter de son exemple et do ne pas se laisser
quelques pieds de terre, et disparurent en séduire par les artifices de cet esprit malin.
fumée. L'armée de Sylla s'épouvantait de ce Nous n'avons pas besoin de faire observer que
prodige, quand on lui fit remarquer que ces nous rapportons des contes menteurs. Puis il
prétendus boucs n'étaient que des nuages demanda, poursuivent les calomniateurs île
épais formés par les exhalaisons de la terre. ce grand pape, qu'après sa mort son corps fût
Ces nuages avaient une forme qu'on s'avisa coupé en quartiers, mis sur un chariot à deux
de trouver semblable à celle du bouc, et qu'on chevaux, el inhumé dans l'endroit que les che-
aurait pu comparer également à celle de tout vaux désigneraient en s'arrèlant d'eux-mêmes.
autre animal. — On dit encore que Sylla avait ' Ses dernières volontés furent ponctuellement
une figure d'Apollon à laquelle il parlait en exécutées. Sylvestre fut inhumé dans la ba-
public pour savoir les choses futures. silique do La Iran , parce que ce fui devant
'*""' - Sylphes, — esprits élémentaires, composéss celte église que les chevaux s'arrêtèrent.. .-Mar-
des plus purs alomes de l'air, qu'ils habitent. tin us Polonus a conté que Sylvestre II avait
L'air est plein d'une innombrable multitude ) un dragon, qui tuait tous les jours six'mille
SYM — Mil — SYM
personnes... r
D'autresajoutentqu'autrefoisson leine-mère, voyantsa chemiselouletrempéei
tombeauprédisaitla mortdes papespar un luien I filprendreuneautre.Unmomentaprès,
bruit des os en dedans, et par une grande le 1 duc d'Anjou( depuisHenriIII), qui avait
sueurel humiditéde la pierre au dehors.On aussi i beaucoupdansé,y entra pour raccom-
voit,par touscesconlesabsurdes,qu'autrefois modersa i chevelure,et s'essuyale visageavec
commede nosjours,l'Égliseet-ses plusillus- le I premierlingequ'il trouva: c'étaitla che-
1respontifesontété en butteaux plusslupides mise i qu'ellevenaitde quilter. — En rentrant
calomnies. idans le bal, il jeta les yeux sur Mariede
— roi d u 'Clèves,In regardaavecautantdesurpriseque
Symandius, d'Egypte, p ossesseur ! ne l'eût jamais vue; son émotion, son
grandoeuvre, qui, au dire des philosophes s'il
'hermétiques, avail,faitenvironnersonmonu- trouble,ses transports,et tousles empresse-
mentd'un cercled'or massif, dontla circon- ments qu'il commençadolui marquer,étaient
férenceétait de troiscent soixante-cinqcou- d'autantétait plus étonnantsque, depuissix mois
dées.Chaquecoudéeélait un cubed'or. Sur qu'elle à la cour, il avait paru assezin-
undes.côtésdu péristyled'un palaisqui était différentpour ces mêmes charmesqui dans
ce momentfaisaientsur son âme une im-
prochedu monument,on voyait Symandius
ofli'iraux dieux l'or el l'argentqu'il faisait pressionsi vive et qui dura si long-temps.
tousles ans. La sommeen était marquée,el Depuisce jour, il devintinsensibleà toutce
ellemontaità 434,200,000,000 de mines'. qui n'avait pas de rapportà sa passion.Son
— électionà la couronnede Pologne,loinde le
Sympathie. Les astrologues,qui rap- flatter, lui parut un i xil; et quandil fut dans
portentlotitaux astres, regardentla sympa- ce royaume,l'absence,au lieu de diminuer
thie el l'accord parfait de deux personnes son amour, semblaitl'augmenter; il se pi-
commeun effet produitpar la ressemblance quait un
deshoroscopes.Alorstousceuxqui naissent celte,princesse, doigttoutesles foisqu'il écrivaità
el ne lui écrivaitjamaisque
à la môme heure sympathiseraient entre eux ; desonsang. Lejourmêmequ'ilappritla nou-

coqui ne se voit point. Lesgenssupersti- velledo la mortde CharlesIX, il lui
tieuxregardentla sympathiecommeun pro- un courrier pourl'assurer dépêcha
dont on ne définirla cause. Les qu'elleseraitbien-
dige peut lotreine de France; et lorsqu'ily fut do re-
physionomistes attribuentce rapprochement tour, illuiconfirmacellepromesseetne pensa
mutuelà un attrait réciproquedes physiono- l'exécuter; mais, peu de temps
mies.Il y a des s'attirentles uns plus qu'à
visagesqui celle princessefut attaquéed'un mal
lesautres, dit Lavater,toutcommeil y en a après, violent qui l'emporta.•—Le désespoir de
quise repoussent.—Lasympathien'estpour- HenriIIInose peut exprimer; il passa phi-
tantquelquefois qu'unenfantdel'imagination. sieursjours dans les pleurs et les gémisse-
Tellepersonnevous plaît au premier coup menls, el il ne se montraen dans
a destraits voirecoeur publicque
(l'oeil,
parcequ'elle que lo plusgranddeuil.—11y availplusde quatre
a rêvés. Quoiqueles physionomistes ne con- moisque la princessede Conriéélait morteel
seillentpas aux visageslongsde s'allieravec .enterréeà
lesvisagesarrondis, s'ils veulentéviterles Prés, l'abbaye de Saint-Gerniain-des-
malheursqu'entraîneà sa suite,la sympathie abbaye, lorsqueHenri111,en entrantdanscctle
où le cardinal de Bourbonl'avait
blessée, on voit pourtant tous les jours des conviéà un grandsouper,se sentit des sai-
unionsde celte sorte, aussi peu discordantes sissementsde coeursi violentsqu'onfut obligé
que les alliancesles plus sympathiques en de transporterailleursle corpsde cette prin-
faitde physionomie. — Lesphilosophes sym- cesse. Enfinil ne cessade l'aimer, quelques
pathistesdisent qu'il émanesans cessedes effortsqu'il fitpourétouffercettepassionmal-
corpuscules de tousles corps,et que cescor- heureuse'. Quelques-unsvirentlà un sorti-
puscules,en frappantnosorganes,fontdans lège. — Ou raconte qu'un roi el une reine
le cerveaudesimpressions plusoumoinssym- d'Arracan( dans l'Asie, au delà du Gange)
pathiques,ou plus oumoinsantipathiques. —
s'aimaient qu'il n'y avail que
Lemariagedu princede Condô,avecMarie six mois éperdument;
I deClèves,se célébraau Louvre, le 43 août vintà qu'ilsétaientmariés , lorsque ce roi
brûla son corps, qu'on
'1372.Mariede Clèves,âgée de seize de mourir; qu'on
ans, eninitiescendresdansuneurne,et quetoutes
la figurela pluscharmante,aprèsavoirdansé les fois
assezlong-tempset se trouvantun peu in- urne , ces que la reine allait pleurer sur celle
[ cendresdevenaienttièdes.... — II
commodée de la chaleurdu bal, passa dans' y a des sympathiesd'un autregenre : ainsi
unegarde-robe, où une des femmesde la
1 Charlatans deM.Gonriet, t. I'1',p.19S. 1 SuiiH-Foix,Essais.
célèbres,
TAC — /i( 2 — TAI
Alexandre sympathisait avec Ilucéphale; Au- des mers sur le rivage. Le peuple se repré-
guste chérissait les perroquets ; Néron, les sente la faculté dont il s'agit comme une es-
élourneaux ; Virgile, les papillons ; Commode pèce de divinité à laquelle il applique la forme
sympathisait merveilleusement avec son si nge; d'une femme , d'une cantatrice habitante des
Héliogabale, avec un moineau ; Honorais, avec airs, delà terre et des mers. Delà, les sv-
une poule; etc. Voy. ANTIPATHIE. rènes des anciens ; ils leur donnaient la:fi;nïrc
Syrènes. — Vous ne croyez peut-être pas d'une femme, et le corps d'un oiseau ou d'un
plus aux syrènes qu'aux géants, qu'aux dra- poisson. Zoroastre appelait l'âme syrène ; mol
gons. Cependant il est prouvé aujourd'hui qui en hébreu signifie 01131116(150'.
qu'il y a eu des dragons et des géanls ; et dans Syrrochite, — pierre précieuse dont, an
un appendice très-attachant qui suit la lé- rapport de Pline, les nécromanciens se ser-
gende, de saint Oran (sixième siècle) dans le vaient pour retenir les ombres évoquées.
recueil de. M. Amédée Pichol, intitulé: le Sytry ou Bitru,—grand prince aux en-
Perroquet de Waller Scott, l'auteur prouve , fers ; il apparaît sous la forme d'un léopard,
par une multitude de faits el de monuments , avec des ailes de griffon. Mais lorsqu'il prend
qu'il y a eu des syrènes en Bretagne. Les ma- la forme humaine, il est d'une grande beauté.
rins disent avoir entendu le sifflement de la C'est lui qui enflamme les passions. Il dé-
syrène : ce mot, chez eux, indique cette fa- couvre, quand on le lui commande, les secrets
culté de la nature par laquelle l'air pressé des femmes, qu'il tourne volontiers en ridi-
rend un son; elle existe dans le ciel, sur la cule. Soixante-dix légions lui obéissent 2.
terre, dans les mers ; elle produit l'harmonie 1 Càinbry,Voyagedansle Finistère,t. 11,p. 300,
des sphères, le sifflement des vents, le bruit 2 Wicrus, Pseudom.d:em.

Tabac. — Nicoi, ambassadeur à Lisbonne, fait dans leur procès. Ainsi , Boullé garda le
est le premier qui ait fait connaître le tabac silence sur ce. qu'on cherchait à savoir de lui.,
en France; le cardinal de Sainte-Croix l'intro- et il passa pour avoir reçu le sort de tacitur-
duisit en Italie, et le capitaine Drack en An- nité 1.
gleterre. Jamais la nature n'a produit de vé- Taoouins, — espèce de fées chez les ma-
gétaux dont l'usage se soit répandu aussi ra- homélans, dont les fonctions répondent quel-
pidement ; mais il a eu ses adversaires. Un à celles des Parques chez-les anciens.
un czar de un roi de quefois
empereur turc, Russie, Elles secourent habituellement les hommes
Perse le défendirent à leurs sujets, sous peine contre les démons et leur révèlent l'avenir.
de perdre le nez ou même la vie. Il fut dé- Les romans orientaux leur donnent une
fendu, dans l'origine, d'en prendre à l'église;
de même, à cause des élernùinenfs qu'il grande beauté, avec des ailes comme des
anges.
provoque , on ne le prenait pas dans les
réunions sérieuses de la cour. Jacques 1er, Taillepied ( Noue ), — mort en -1589. On
roi d'Angleterre, composa un gros livre pour lui doit un Traité de l'apparition des es-
en faire connaître les dangers. La faculté de prits, à;savoir, des âmes séparées, fantômes,
médecine de Paris fil soutenir une thèse sur etc., in-12, souvent réimprimé, où il admet
les mauvais effets de. celte plante, prise en beaucoup do contes de revenants; les Vies de
poudre ou en fumée ; mais le docteur qui Luther et de Carlostadl, Paris, -1577.,iri-8» ;
présidait ne cessa de prendre du tabac pen- un Abrégé de la philosophie-d'Aristole, 1583,
dant loule la séance. — Les habitants de l'île in-8»; une Histoire de l'état et la républi-
de Saint-Vincent croient, dit-on, que le tabac que des Druides, cubages, saronides, bardes,
était le fruit défendu du paradis terrestre. depuis le déluge jusqu'à Jésus-Christ, 4585,
Taciturnité. —Le diable jette souvent un in-S 0, livre plein de fables el d'idées singu-
sort sur ses suppôts, que l'on appelle le sort, de lières.
taciturnité. Les sorciers qui en sont frappés 1 M. Jules Garinet,Histoirede la magieen France,
ne peuvent répondre aux demandes qu'on leur IL2'15.
TAL — 7|63) — TAL
Tailletroux('JEANNE) , — femmede Pierre les ] influences.•—Le talismanportantla figure
lionnevault, sorcièreque l'on accusaau siège ou i le sceaudu Soleildoit être composéd'or
royalde Monlmorillon eu Poitou,en l'année pur, sousl'influencede cet astre, qui domine
,1599,d'avoir élé au sabbat.Elleavouadans sur l'or. Le talisman de la Lune doit être
=011 interrogatoireque son mari l'ayantcon- composéd'argent pur, avec les mêmescir-
irainlede se rendreà l'assembléeinfernale, constances.Le talisman de Mars doit être
elley futel.continuad'y aller pendantvingt- composéde finacier. Le talismande Jupiter
cinqans; que la premièrefois qu'elle vil le doit être composédu pluspur étain.Lé talis-
diable, il était en formed'hommenoir; qu'il man de Vénus doit être composéde cuivre
lui dit en présence de l'assemblée:Saule! poli et bien purifié.Le talismande Saturne
saule! qu'alors elle se mit à danser; que le doitêlrecomposéde plombraffiné.Le talis-
diablelui demandaun lopinde sa robeet une mande Mercuredoitêtre composéde vif-ar-
poule, etc. Elle fui convaincuepar témoins gent fixé.Quantaux pierres,['hyacintheel la
d'avoirpar sescharmesmaléficiéet fait mou- pierre d'aigle sontde naturesolaire.L'éme-
rir des personneset des bestiaux,et condam- r.avdeest lunaire. L'aimant-et ['améthyste
néeà mortainsique sonmari. sont propresà Mars. Le béryl est propre à
Taingairi, — espritsaérienschezles Kal- Jupiter.La cornalineà Vénus.La chalcédoine
mouks.Ils animentles étoiles, qui passent et le jaspeà— Saturne.La topazeet le porphyre
furentimaginés,
pourautantde petitsglobesde verre. Ilssont à Mercure. lesLes talismans
desdeuxsexes. dit-on, par Egyptiens, et les espècesen
— sontinnombrables.Le pluscélèbrede tousles
Talapoins. Magiciensqui servent de talismansest le fameuxanneaude Salomon,
prêtresaux habitantsdu royaumede Lao,en sur lequelétait gravé le grand nomde Dieu.
Asie,et qui sont très-puissants.—LesLan- Kienn'était impossibleà l'heureuxpossesseur
gionssont fort entêtéspour la magie el les de cet anneau, qui dominaitsur tous les gé-
sortilèges.Ils croient que le moyen le plus nies. — Apolloniusdo Tyane mit à Conslan-
sûr de se rendre invinciblesesl de se frotter tinoplela figured'unecigognequi en éloignait
la têted'unecertaineliqueurcomposéede vin tous les oiseauxde cette espèce par une
etde bilehumaine.Ilsen mouillentaussiles
et le frontde leurs P ourse propriétémagique. En Egypte, une figure
tempes éléphants. lalismanique représentait Vénus couchée,
procurercettedrogue, ils achètentdes tala- servaità détourner la grêle. — On fai-
qui
poinsla permissionde tuer. Puisils chargent sait des talismansde toutesles manières; les
decette commission des mercenairesqui en communssonl les talismanscabalisti-
fontleur métier.Ceux-cise postentau coin plus aussiles plusfaciles,.puisqu'un
d'un boiset tuentle premierqu'ils rencon- ques,q.uisonl
n'a pas besoinpour les fabriquerde recourir
Irent, hommeou femme, l uifendentle ventre au diable:cequi demandequelquesréflexions.
et en arrachentle fiel. Si l'assassinne ren- — Lestalismansdu aveccon-
Soleil, portés
contrepersonnedanssa chasse, il est obligé fianceet révérence,donnentlesfaveurset la
dese tuer lui-mômeou sa femme,ousonen- bienveillancedes princes, les honneurs, les
fant,afin que celuiqui l'a payé ait de la bile richesseset l'estimegénérale. — Les talis-
humainepour sonargent.Les talapoinspro- mans de la Lune garantissentdes maladies
fitentavec adressede la craint'cv qu'on a de populaires: ils devraientaussi garantir des
leurssortilèges,qu'ilsdonnentet qu'ils ôtenl superstitions.Ils préserventles de
voyageurs
à volonté,suivantlessommesqu'onleuroffre. tout péril. — Les talismansde Mars ont la
—Onlit dansMarinibeaucoupd'autresdé- de rendreinvulnérablesceuxqui les
tails, mais la plupart imaginaires, l'auteur propriété avecrévérence.Ils leur donnentune
voulu a ssezmécham- portent
ayant faire quelquefois force et une vigueur extraordinaires.— Les
ment,sousle manteaudes lalapoins,desal- talismansde Jupiter dissipentles chagrins,
lusionsaux moineschrétiens. lès terreurs paniques, et donnentlé bonheur
Talismans.—Untalismanordinaireest le dansle commerceet danstoutesles entrepri-
sceau, la figure,le caractèreou l'imaged'un ses. — Les talismansde Vénus éteignentles
signecéleste,faite,,imprimée, gravéeou cise- hainesel donnent:desdispositions à-la.musi-
léesur une pierrepar un ouvrierqui ait l'es- que.,—-Lestalismansde Saturne,fontaccou-
pritarrêté et attachéà l'ouvrage, sans être chersans douleur;ce quia été éprouvéavec
ou dissipé.pardes penséesétrangères, un heureuxsuccès.,disentdesécrivainsspé-
distrait,
anjour et à l'heurede la planète, en un lieu ciaux,par des personnesde qualitéqui étaient
fortuné,par un temps,beauet serein,et quand sujettesà faire de mauvaisescouches.Ilsmul-
locielest en bonnedisposition.,afind'attirer tiplientleschosesavec lesquelleson les met.
TAN LM TA)'
Si un cavalier porte un de ces talismans dans allant de Prague à Inspruck pour rétablir sa ''
sa botte gauche, son cheval ne pourra être santé à l'air natal, mourut en chemin d»ns
blessé. — Les talismans de Mercure rendent un village dont on ne dit pas le nom. Comme
éloquents et discrets ceux qui les portent ré- la justice du lieu faisait l'inventaire de son
véremment. Ils donnent la science et la mé- bagage , on y trouva une petite boîte que sa ï
moire ; ils peuvent guérir toutes sortes de structure extraordinaire fil d'abord regarder >
fièvres; et si on les met sous le chevet de son comme suspecte; car elle était noire et com- !
lit, ils procurent des songes véritables, dans posée de bois et de verre. Mais on fut bien !
lesquels on voilceque l'on souhaite de savoir: plus surpris, lorsque le premier qui regarda !
agrément qui n'est pas à dédaigner '. FOJ/.TA- par le verre d'en haut se recula en disant t
LYS, THEIUPHIM, THOMASD'AQUIN,CROCODI- qu'il y avait vu le diable. Tous ceux qui re- S
LES, PANTACI.ES , etc. gardèrent après lui en firent autant. Effecli- ?v
Talissons, — piètres des Prussiens aux vemenl ils voyaient dans cette boîte un être ï
siècles de l'idolâtrie. Ils Taisaient l'oraison fu- animé de grande taille, noir, affreux, armé de -
nèbre du mort, puis, regardant au ciel, ils cornes. Un jeune homme, qui achevait son *'
criaient qu'ils voyaient le mort voler en l'air cours de philosophie, fit observer à l'assem-
à cheval, revêtu d'armes brillantes, et passer blée que la bêle renfermée dans la boîte, •;
en l'autre monde avec une grande suite. étant infiniment plus grosse que la boîte elle- i
Talmud, — VOIJ.TuALMUD. même, ne pouvait être un être matériel, mois !;
bien un esprit comprimé sous la forme d'un \
Xalys, — talismans employés dans les ma- animal. On concluait que celui qui portait la j
riages chez les Indiens. Dans quelques castes, boîte avec lui ne pouvait être qu'un sorcier cl \
c'est une petite plaque d'or ronde, sans em- un magicien. Un événement si diabolique fit
preinte ni figure ; dans d'autres, c'est une grand bruit. Le juge, qui présidait à l'inven-
dent de tigre; il y en a qui sont des pièces taire, condamna le mort à être privé de Ici
d'orfèvrerie matérielles et informes. sépulture ecclésiastique, el enjoignit au curé
Tambour magique. — C'est le principal d'exorciser la boîte pour en faire sortir le dé- j
instrument de la magie chez les Lapons. Ce mon. La multitude, sachant que le défunt !
tambour est ordinairement fait, d'un tronc élail jésuite, décida de plus que tout jésuite
creusé de pin ou de bouleau. La peau, tendue commerçait avec le diable; ce qui est la ma-
sur ce tambour, est couverte de figures sym- nière de juger des masses ignorantes. Pendant
boliques, que les Lapons y tracent avec du qu'on procédait en conséquence, un philoso-
rouge. Yoy. LAPONS. phe prussien, passant par ce village, entendit
Tamous, — enfer général des Kalmouks. parler d'un jésuite sorcier el du diable enfermé
Des diables à tète de chèvre y tonrmenlenl dans une boîte ; il en rit beaucoup, alla voir
les damnés, qui sont sans cesse coupés par le phénomène el reconnut, que c'était un mi-
morceaux, sciés, brisés sous des meules de croscope , que les villageois ne connaissaient
moulin , puis rendus à la vie pour subir le pas; il ôta la lentille, en fil sortir un cerf-vo-
même supplice. Les bêtes de somme y ex- lant qui se promena sur la table, et ruina
pient leurs fautes sous les plus pesants far- ainsi tout le prodige. •—•Cela n'empêcha
4eaux, les animaux féroces se déchirent entre pas que beaucoup de gens par la suite, par-
eux sans cesse, etc. lant du père Tanner, ne faisaient mention que
de l'impression produite d'abord et s'obsti-
Tanaquille, — femme de Tarquin l'Ancien. naient à soutenir qu'ils avaient vu le diable
Elle était habile dans la science des augures ;
on conservait à Rome sa ceinture, à laquelle et qu'un jésuite est un sorcier.
on attribuait de grandes vertus. Tap ou Gaap, — grand-président el grand-
Tanchelm OU Tanohelin. — De 1<!05 à prince aux enfers. Il se montre à midi lors-
qu'il prend la forme humaine. Il commande a
4423, cet hérétique dissolu fut en si grande quatre des principaux rois de l'empire infer-
vénération à Anvers et dans les contrées voi- nal. Il esl aussi puissant que Byleth II y eut
sines, qu'on recherchait ses excréments com- autrefois des nécromanciens qui lui .offrirent
me des préservatifs, charmes el philactères des libations el des holocaustes; ils l'évo-
Tanlwoa. — Le Neptune des naturels de quaient au moyen d'artifices magiques, qu'ils
la Nouvelle-Zélande. disaient composés par le très-sage roi Salo-
ïanner. — Le cardinal Sfondrate raconte mon ; ce qui est faux, car ce fut Cham, fi's
que le père Tanner, pieux et savant jésuite , de Noé, qui le premier commença à évoquer
les esprits malins. Il se fit servir par Byleth
' Le Petit Albert. et composa un art en son nom, et un livre qi"
TAR — /i65 — TAU
csl.appréciéde beaucoupde mathématiciens. aussi : éloignéde la terre que la terre l'est du
Onconnaîtunautrelivre qui est attribuéaux ciel. < Virgilele dépeintvasle, fortifiéde trois
Elieet Elisée, lequelon conjure i
enceinles-de m urailles,et entourédu Phlégé -
prophètes par
Gaap,en vertu des saintsnomsde Dieuren- ton; une hautetour en défendl'entrée. Les
fermésdans les claviculesde Salomon.Si portesen sont aussi dures que le diamant;
quelqueexorcisteconnaît l'art de Bylelh, tousles effortsdes mortelset toute la puis-
Gaapne pourrasupporterla présencedudit sancedes dieuxne pourraientles briser. Ti-
exorciste.Gaap exciteà l'amour,à la haine. siphoneveille toujoursà leur garde, et em-
11a l'empiresur les démonssoumisà la puis- pêche que personne ne sorte, tandis que
sanced'Amaymon.Il transportetrès-promp- Rhadamanfhelivre les criminelsaux furies.
(eiiienlles hommesdansles différentescon- L'opinioncommuneétait qu'il n'y avait plus
tréesqu'ilsveulentparcourir.11commandeà de retour pour ceux qui se trouvaientune
soixantelégionsi. foisprécipitésdansleTartare.Platonestd'un
Tarentule. — On prétend qu'une seule autre avis: selonlui, après qu'ilsy onl passé
piqûrede la tarentulesuffitpour fairedanser. une année, un (lotiesen relire et les ramène
Uncoq et une guêpe, piqués de celle sorte dansun lieu moinsdouloureux.
d'araignée,onl dansé,dit-on, au sondu vio- Tartini. —Le célèbremusicienTartini se
lon et onl ballu la mesure. Si l'on en croit couche ayant la tête échaufféed'idéesmusi-
certainsnaturalistes,non-seulement la taren- cales. Dansson sommeillui apparaîtle dia-
tule fail danser, mais elle danse elle-même bie jouantunesonatesurle violon.Il lui dit :
assezélégamment.Le docteurSaint-André « Tartini, joues-tu commemoi?» Le musi-
certifiequ'il a traité un soldatnapolitainqui cien, enchantéde celte délicieuseharmonie,
dansaittous les ans quatre ou cinqjoursde se réveille, courtà son piano et composesa
suite,parce qu'une tarentulel'avait piqué. plusbelle sonate, celle du diable.
Ces merveillesne sont pas encorebien ex- Tasso(TOKQUATO). — Il croyaità l'astrolo-
pliquées. gie judiciaire.— « J'ai fait considérerma
Tami, — formules d'exorcismeusitées naissancepar trois astrologues, dit-il dans
chezlesKalmouclts. Ecritessur du parchemin une de ses lettres; et sanssavoir quij'étais ,
et suspenduesau coud'un malade, ellespas- ils m'ont représentéd'uneseule voix comme
sentpouravoirlavertudelui rendre lasanté. un grand hommedans les lettres, me pro-
Tarots OUCartestarotées. — C'estle nom mettanttrès-longuevieet très-hautefortune:
qu'ondonneauxcarteségyptiennes, italiennes et ils onlsi biendevinéles qualitéset lesdé-
el allemandes;le jeu se composede soixanle- fauts que je me connaisà moi-môme,soit
dix-huit caries, avec lesquelleson dit la dans ma complexion , soit dans mes habitu-
bonneaventure d'une manièreplus étendue des, queje commenceà tenir pour certain
quepar noscariesordinaires.—11 y a dans queje deviendraiun grandhomme.» Il écri-
ce jeu vingt-deux tarots proprementdits. vait celaen 4576.Onsait quellefutsahaute
Dansles cartes italiennes,les tarots sontles fortuneet sa très-longuevie!
quatreéléments(vieuxstyle): l'évangile,la Tatlen , — hérétiquedu deuxièmesiècle,
mort,le jugementdernier, la prison,le feu , chefdes Encraliles,qui attribuaitau démon
Judas Iscariote, etc.; dans les cartes alle- la plantationde la vigne et l'institutiondu
mandes,les larols sontle fou, le magicien, mariage.
l'ours,le loup, le renard, la licorne,elc. 11y
a ensuitecinquante-sixcartes,savoir: quatre Taupe. — Ellejouait autrefoisun rôleim-
clansla divination.Plinea dit que ses
rois,quatredames, quatrecavaliers,quatre portant entraillesélaienlconsultéesavecplus de con-
valets, dix cartes depuisl'as jusqu'au dix fiance
pourlesbâtons(outrèfles),dix pourles épées que celles d'aucun autre animal. Le
attribueencoreà la taupe certaines
(oupiques),dixpour lescoupes(oucarreaux), vulgaire
dixpourles piècesd'argent(oucoeurs).— Il vertus. Les plus merveilleusessontcellesde
seraittrop long de détaillerici l'explication la main taupèa, c'est-à-dire qui a serré une
vivantejusqu'àce qu'ellesoit .étouffée.
j detoutescescartes.Elleressemblebeaucoup taupe Le simpleattouchementde cette main encore
| à la cartomancieordinaire. Cependantelle chaude
donneinfinimentplus d'oracles., guérit les douleursde dents et mêm-.:
la colique. — Si on enveloppeun des pieds
Tartare, — enfer des anciens.Ils le pla— de la
taupe dans une feuillede laurier, et
; çaientsousla terre, qu'ilscroyaientplate, à qu'on la mettedansla bouched'un cheval, il
une telle profondeur,dit Homère,qu'il est'
prendra aussitôtla fuite, saiside peur. Si on
7 Wiorus,Pseudom, item.,p.923. la met dansle nidde quelqueoiseau,lesoeufs
30
TEM /l6() TE ai
deviendront stériles. Déplus, si on frotte.un consistaient à observer les grêles et les orages,
cheval noir avec de l'eau où aura cuit une pour les détourner par le sacrifice d'un agneau
'taupe, il deviendra 'blanc*..... ou d'un poulet. Au défaut dé ces animaux, on
s'ils n'en tiraient pas un augure favorable, ils
Tavides, — caractères que les insulaires
des Maldives regardent, comme propres à les se découpaient le doigt, avec un canif ou un
garantir des maladies. Ils s'en servent aussi poinçon , et croyaient ainsi apaiser les dieux
comme des philtres, et prétendent, par leur par.l'effusion de leur propre sang. Les Éthio-
moyen, inspirer de l'amour. piens ont, dit-on, de semblables charlatans,
— qui se déchiquèlent le corps à coups de cou-
Têe , génie protecteur, que chaque fa- teau ou de rasoir, pour obtenir la pluie ou l'e
mille olaïïienne adore, et qui passe pour un beau temps. — Nous avons des almanaclis qui
des aïeux ou des parents défunts. On attribue prédisent la température pour tous les jours
à ces esprits le pouvoir de donner et de gué- de l'année; prenez toutefois un manteau quand
rir les maladies. Matthieu Laensberg annonce plein soleil.
Téhuptehuh , — génie auquel les Boula- — On croit sur les bords de la
niens attribuent la construction d'un pont de Tempêtes.
chaînes de fer qui se trouve dans les monta- Baltique qu'il y a des sorciers qui, par la force
de leurs enchantements, attirent la tempête,
gnes du Boulau. Foi/. PONT DU MAISI.E. soulèvent les Ilots et font chavirer la barque
Tell. — Dans une des montagnes sauvages du pêcheur. Foi/. Enic, FINNES, etc.
de la Suisse, auprès du lac de Waldsloetlcn,
il y a une grotte où les habitants croient que Templiers. — Vers l'an 44 48, quelques
reposent les trois sauveurs de la Suisse, qu'ils pieux chevaliers se réunirent à Jérusalem pour
lès trois Tell. Ils encore la défense du Saint-Sépulcre et pour la pro-
appellent portent tection des pèlerins. Le roi Baudouin 11 leur
leurs anciens vêlements, et, reviendront une
seconde fois au secours de leur pays quand il donna une maison, bâtie aux lieux que l'on
en sera temps. — L'entrée de leur grotte est croyait avoir été occupés par le temple de Sa-
très-difficile à trouver. Un jeune berger racon- lomon; ils prirent, de là le nom de Templiers
tait à un voyageur, qu'un jour son père , en el appelèrent temple toute maison de. lent-
cherchant à travers les rochers une chèvre ordre. — Dans l'origine ils ne vivaient que
d'aumônes, el on les nommait aussi les pau-
qu'il avait perdue, était descendu par hasard vres de la sainte cité. Mais ils rendaient tant
dans celle grotte, el avait vu là dormir les
trois hommes qu'il savait être les trois Tell. do services, que les rois et les grands s'em-
L'un d'eux, se levant loul-à-coup pendant pressèrent de leur donner des biens considé-
rables. Ils firent les trois voeux de religion. En
qu'il le regardait, lui demanda : à quelle épo- •1428, au concile de Troyes, saint Bernard leur
que en ètes-vous dans le monde? El le berger donna une règle. En 44 46, le pape Eugène 111
tout effrayé lui répondit, sans savoir ce qu'il détermina leur habit, sur lequel ils portaient
disait : il est midi. —Eh bien! s'écria Tell, il
n'est pas temps encore que nous reparaissions ; une croix. Cet ordre se multiplia rapidement,
el il se rendormit. Plus lard, lorsque la Suisse fil de très-grandes choses el s'enrichit à tel
se trouva engagée dans des guerres assez pé- point, qu'en 4342, aprèsmoinsdedeux siècles
le vieux voulut aller réveiller d'existence, il possédait en Europe neuf mille
rilleuses, berger maisons ou seigneuries. — Une si grande opu-
les trois Tell ; mais il ne put jamais retrouver
la grotte. lence amena parmi les Templiers la corrup-
— tion. Ils finirent par mépriser leur règle; ils
Tellez (GAIHUEL), plus connu sous le se rendirent indépendants des puissances dont
nom de Tirso de Molina, auteur du Diable pré- ils devaient être les souliens; ils exercèrent
dicateur, drame dans le génie espagnol. A cin- des brigandages else montrèrent presque par-
quante ans, ce poète dramatique renonça au tout insolents el séditieux. — On les accusait
théâtre et se fit religieux de l'ordre de la Mer- sourdement de former entre eux une sociélé
ci. Nous faisons cette remarque parce qu'à secrète pleines de mystères, qui se proposait
propos de quelques plaisanteries un peu libres l'envahissement de l'Europe. On disait que
semées dans ses pièces, les critiques philo- dans leur intimité ils abjuraient la religion
sophes l'ont traité de moine licencieux, ou- chrétienne el pratiquaient un culte souillé de
bliant qu'il n'était pas moine quand il écrivait abominables. La magie, la sor-
superstitions
pour la scène. cellerie, l'adoration du diable 1 leur étaient re-
Température. — Les Grecs avaient des prê- 1 Des aveux établirent qwo,dans un des chapitres
tres appelés Calazophylaces, dont les fonctions dol'ordretenu à Montpellier,et de nuit suivantl'usas1',
on avait exposé une tête (voyeztête de Bopliomet) ;
1 Les admir.'.blessx-retsd'AIbert-lc-Grand,p. U4. qu'aussitôtie diableavait paru sousla ligure d'un chat;
TISM. — /iCî7— TER
profilées.Philippe-le-Bel, qui voyait eh eux h irèmentet salistortures.Par toute l'Europe
desennemisde la sociétéet.de l'église;lit re- I; vérité était reconnuede tous. Unebulle,
chercherleur conduite.Sur les révélationsde p ibliéele 3 avril 4342, au concilede Vienne
deuxcriminelsdétenusdans les prisons, et e i Dauphiné, déclaral'ordre dès Templiers
dontl'un était un templierapostat, Philippe s Joli et proscrit. Les chevaliersfurent dis-
filarrêter el interrogerà Paris plusieurstem- j: si'sés;lesprincipauxchefscondamnésà une
pliers;ils avouèrent,les abominations donton p •isonperpétuelle, aprèsqu'ils auraient fait
accusaitl'ordre.C'étaitdans l'année 1307.— 1 ur confessionpublique.— Unéchafaudfut
Ce commencementd'enquêle jeta quelque c •essédevantNotre-Dame.C'estlà que Jàc-
alarmeparmi les Templiers.Au moisd'août, c uèsde Molaielun autredeshautschevaliers
le grand-maître el plusieursdes principaux ( avaientfaireamende honorable.Jacquesde
chevalierss'en plaignirentau pape, el fortsde î lolaiavaitde nouveauconfesséla vérité. Au
leurpuissancepartoutassise,ilsdemandèrent 1eu de fairel'aveu qu'on attendaiten public,
hardimentque, si on avait un procèsà leur i es qu'il fut sur l'échafaud, il rétracta une
faire, on le fil régulièrement,ils comptaient : éeondefoissa confession, l'autre chevalier
imposersilence aux clameurspar un ton si imita; el c'est alors que Philippe-ie-Iîelin-
tranchant.Mais Philippe-le-Belles prit au ligné assemblason conseil, qui condamna
mol; et le 43 octobreil fil arrêter dans ses :esdeuxgrandscoupablesà être brûlés.Leur
étalstousles Templiers.Le 45, il assemblale aippliceeul lieuce mêmejour 48 mars4344.
clergéde Paris,fit convoquerle peupleet or- Dnvoil que leur procèsavait duré sept,ans.
donna que l'on rendît comptepubliquement Sila passions'en fût mêlée,commeonl'a tant
desaccusationsportéescontreles chevaliers 3cril, il eût marchéplus vite. — 11n'est pas
duTemple.On ne pouvaitprocéderplusloya- l'rai queJacquesde Molaiait ajournéleroi et
lement.— LesTempliersétaientaccusés: 4" ie pape, commeon l'a dit aussi pourproduire
de renier Jésus-Christà leur réceptiondans unelîelde théâtre. Luiet ses compagnons in-
l'ordre,et de crachersurla croix; 2" de coin• fortunésse bornèrentà invoquervainement
mettreentre eux des impuretésabominables; la vengeancecélestecontreleursjuges.-—Telle
3"d'adorer dansleurschapitresgénérauxune esl la véritésur les Templiers.Ajoutonsque
idoleà lète dorée,et-qui avait quatrepieds; ni le roi do France, ni le pape, ni les autres
4°de pratiquerla magie; ii°de s'obligerà un souverainsne profilèrentdé leurs dépouillés.
secretimpénétrablepar les sermentsles plus — Il restedansla maçonneriesymboliqueiin
adieuxi. Les deux premiers articles furent ordredes Templiers,quiprétendentremonter
avouéspar cent quarantedes accusés; trois à Tordrecondamné.C'eslune originedontil
seulementnièrenttout.— Le pape ClémentY esl,permisde n'être pas fier.
s'opposad'abordaux poursuitescommencées Ténare, — soupiraildes enfers chez les
contreces religieux militaires.Il n'autorisa anciens il était
leurcontinuationqu'aprèsavoirinterrogélui- ; gardé par Cerbère.
même,à Poitiers,soixonie-douzechevaliers, Ténèbres.— On appelleles démonspuis-
el s'èlre convaincupar Leursaveuxde la vé- sancesdes ténèbres, parcequ'ils ne souffrent
ritédes faits. 11y eut dès lors des commis- pas la lumière!On comprendaussi pourquoi
saires nommés; des informationsse firent les enferssont nommésle séjour ténébreux.
danstoutes les grandesvilles.Lès bulles du Tentations. — Yoy.DÉMONS, PACTES, DÉ-
pape furent envoyées à fousles souverains , etc.
les exhorter à fairechezeux ce se VOUEMENT,
pour qui
faisaiten France. Quoiqueles Templierstins- Tèpnramancie,—Divinationpourlaquelle
sentà toutce qu'ily avaitde plusgrand dans on se servait de la cendredu feu qui, dans
lesdiversétals, partout les accusationséle- les sacrifices,avait consuméles victimes!
véescontre eux devinrent si évidentesque —divinationqui tiredes pré-
Teratoscopie ,
,, partout ils furent abandonnés:Jacques de sagesde l'apparitionde quelquesspectresvus
'.. Molai,leur grand-maître, qui du reste était danslesairs, tels que desarméesde cavaliers
i très-ignorant; avouaàChinoii,le20 aoùt4308, et autres prodiges, dont
les crimesdéclarés, et lés désavouaà Paris, parlent les clirohi-r
queurs.
; le 2Gdécembre4309. Mais lé désaveu ne
prouverien.Lesconfessions avaientété faites Terragon.— Dansun pamphletcontreHen-
ri 111,quiparut en 1589, sousle litrede Re-
quecechat,.taivlis
qu'onl avaitparléet ré- montrancesà Henride Valoissur les chose;
'adorait,
ponduavecbontéauxunset aux autres;qu'ensuite horribles
plusieurs
démonsétaientvenus,etc. envoyéespar un enfantdu Paris, or
1Be!<ner,
XMctionn.dethéologie. lisait ce qui suit : - « Henri, lorsque vou:
TES /168 TET
donnâtes liberté à tous sorciers et cnchan- i
manda à un orme de saluer Apollonius <]e
leurs et autres divinateurs, de tenir libres Tyanes; ce que l'orme fit d'une voix grêle '.
'J
écoles en chambres de votre Louvre et même Tête. — M. Salgues cite Phlégon, qui rap-
dans voire cabinet, à chacun d'iceux une
heure le jour pour mieux vous instruire, vous porte qu'un poète nommé Publius ayant été
j
dévoré par un loup qui ne lui laissa que la
savez qu'ils vous ont donné un esprit familier , cette lèle, saisie d'un noble enthousiasme,
nommé Terragon. Vous savez qu'aussitôt que tête,
,
articula vingt vers qui prédisaient la ruine do
vous vîtes Terragon, vous l'appelâtes votre jl'empire romain; il cite encore Arislote, qui
frère en l'accolant » On ajoutait sur ce dé- atteste qu'un prêtre de Jupiter ayant été tué,
mon familier des choses détestables. « Vous sa tête séparée de son corps nomma son meur-
savez, Henri, que Terragon vous donna un fui arrêté, jugé el condamné sur
trier, lequel
anneau et que dans la pierre de cet anneau ce témoignage. Voy. POI.VCIUTE.
voire âme était figurée. » — Ces singularités
ne viennent que d'un pamphlet. Mais toute- Tête de Bophomet. —M. de llammcr a
fois Henri III élail fort superstitieux et s'occu- publié en 4848'une découverte intéressante
de HENRIIII. pourl'histoiredessociétés secrètes. Il a trouvé,
pait magie. Foi/. dans le cabinet, des antiquités du Muséum im-
Terre. —Félix Nogaref a exploité une opi- de Vienne, quelques-unes de Ces idoles
nion bizarre de quelques philosophes dans un périal
nommées têtes de Bophomet, que les templiers
petit ouvrage intitulé La terre esl un animal, adoraient. Ces tôles représentent la divinité
in-4 6, Versailles an 111. — Lyon possède un des gnosliques , nommée mêlé ou la sagesse.
astronome qui met en avant une autre théorie. On y retrouve la croix tronquée, ou la clef
Il prétend que la terre esl une éponge qui se de la vie el de la mort, le serpent,
soulève el qui s'abaisse chaque jour au-des- égyptienne
le soleil, la lune, l'étoile du sceau, le tablier,
sus ou au-dessous du soleil, de manière à le (lambeau à sept branches, cl d'autres hié-
former les jours cl les nuits. Les éclipses sont
son les roglyphes de la franc-maçonnerie. M. de Rani-
impossibles d'après système, puisque mer prouve que les templiers, dans les hauts
astres sont immobiles. Nous oubliions de dire de leur ordre, abjuraient, le christia-
grades
que, selon lui, la terre respire à la manière des nisme, et. se livraient à des superstitions abo-
éléphants : les volcans sont ses narines.—Par minables. Les templiers et les francs-maçons
le temps de professions de foi qui court, disait remontent, selon lui, jusqu'au gnosticismr-,
l'Union catholique , ne 1 il serait peut-être pas ou du moins, certains usages onl été transmis,
déplacé que l'illustre auteur de celte belle dé- par les gnosliques, aux templiers, et par ceux-
couverte formulât son système de la lerre- ci aux francs-maçons. — On garda long-temps
éponge. à Marseille une de ces tètes dorées saisie dans
Terrestres OUSouterrains, —-Espèces de un retrait de templiers, lorsqu'on fit leur procès.
démons que lesChaldéens regardaient, comme Tête de mort. —Un roi chrétien, voulant
menteurs, parce .qu'ils étaient les plus éloi- connaître le moment el le genre de sa mort,
gnés de la connaissance des choses divines. fit venir un nécromancien, qui, après avoir
Terreurs paniques. — Un cavalier pariait dit. la messe,du diable, fil couper la tète d'un
qu'il irait, la nuit, donner la main à un pendu. jeune enfant de dix ans, préparé pour cet ef-
Son camarade y court avant lui, pour s'en fet. Ensuite il mit celte tête sur l'hostie noire,
assurer. Le cavalier arrive bientôt, tremble, et, après certaines conjurations, il lui com-
hésite; puis, s'encourageanl, prend la main du manda de répondre à la demande du prince.
pendu et le salue. L'autre, désespéré de per- Mais la tète ne prononça que ces mois : Le
dre la gageure, lui donne un grand soufflet, ciel me vengera-[... Et aussitôt le roi entra
tellement que celui-ci se croyant frappé du en furie, criant sans cesse : Otez-moi celle,
pendu, tombe à la renverse et meurt sur la tête! Peu après il mourut enragés.
place. Voy. RETZ, FRAYEUR,etc. Tête de saint Jean. — Un devin s'était
Tervilles. — Démons qui habitent la Nor- rendu fameux dans le dix-septième siècle par
wège avec les droites. Ils sont méchants, four- la manière dont il rendait ses oracles. On en-
bes, indiscrets et font les propbétiseurs 2. trait dans une chambre éclairée par quelques
—Enchanteur mon- flambeaux, On voyait sur une table une re-
Tespesion , qui, pour Jean-
trer qu'il pouvait enchanter les arbres, com- présentation qui figurait la tète de saint
i 10 juillet 1S42. 1 Jacquesd'Autun,l'Incrédulitésavante.
2 T.eloycr,Tlist. des spectresou appar., etc., liv. vi, 2 L'originalporte : Vim patior.
p. 32a. 3 Bodin,Démonomaniedes sorcier?.
TUA — im — THE
i
Baptistedansun plat. Le devinaffectaitquel- ditionsdesJuifsmodernes. Environcentving'
qtiescérémoniesmagiques;il conjuraitensuite ans après la destructiondu temple,le rabbin
celtetôle do répondresur ce qu'on voulait Jiida-Haccadosch,que les Juifs appelaient
savoir, et la tète répondaitd'une voixintel- notre saint maure, hommefort riche et fort
ligible,quelquefoisavecune certaineexacti- estimédel'empereurAnlonin-le-Pieux, voyant
tude.Or, voicila clefde ce mystère: la table avecdouleurque lesJuifsdisperséscommen-
quise trouvaitau milieude la chambre,était çaientà perdre la mémoirede la loi qu'on
soutenuedé cinqcolonnes,uneà chaquecoin nommeorale,ou de tradition,pour la distin-
cl une dansle milieu.Celledumilieuétait un guer de la loi écrite, composaun livre où il
tiiyaude bois;la prétenduetète desaint Jean renfermales sentiments,les constitutions,les
élail de cartonpeint au naturel, aveclabou- tradilionsdetouslesrabbinsquiavaientHenri
cheouverte, cl correspondant,par un trou jusqu'àsontemps.Cerecueilformeun volume
pratiqué dans le plat et dans la table, à la in-folio;on l'appellespécialementla misclma
cavitéde la colonnecreuse.Dansla chambre ou secondeloi. Cent rabbinsy onl joint des
qui se trouvait au-dessous, une personne, commentairesdont la collectionse nomme
parlant par un porte-voixdans celle cavité, Gcmare. Letoutembrassedouzevolumesin-
se faisaitentendretrès-distinctement; la bou- folio.— LesJuifsméfienttellementle Thal-
chede la lèleavaitl'airderendrecesréponses. mud au-dessusde la Bible, qu'ils disentque
Tétragrammation, —mol mystérieuxem- Dieuétudietroisheures parjourdanslaBible,
maisqu'il en étudie neufdansle Thalmud.
ployé dans la plupart des conjurationsqui
évoquentle diable. Thamuz, — démondu secondordre, in-
Teusarpoulier,— génieredoulédes Bre- . veilleurde l'artillerie.Ses domainessont les
tons des environsde Morlaix.Il se présente- flammes,les grils, les bûchers.Quelquesdé-
sousla forme d'un chien, d'une vache, ou monomaneslui attribuentl'inventiondesbra-
d'unautre animal domestique. celetsque les dames portent.
Teuss, — génie bienfaisant, révéré dans Théagènes, V01J.OllACLKS.
le Finistère;il estvêtude blanc,etd'unetaille Théantis, — femme mystérieuse. Foi/.
gigantesque,qui croît quand on l'approche. OUÉREIT.
On ne le voitque dansles carrefours,domi- céleste. — Ce termed'astrologiese
nuit à deux heures; quand vousavezbesoin ditThème
doson secourscontreles espritsmalfaisants, do la ligureque dressentles astrologues
il vous sauve sous son manteau. Souvent, lorsqu'ils tirent l'horoscope.11représentel'é-
il vous tient v ous entendez latduciel à un pointfixe, c'est-à-dire le lieu
quand enveloppé, où sonten ce momentles étoileset les planè-
passer avec unbruitaffreux lechariotdudia-
tes. 11esl composéde douzetrianglesenfer-
ble, qui fuità sa vue,quis'éloigneenpoussant més entredeux
deshurlementsépouvantables,en sillonnant douzemaisonsdu carrés, el on les appelleles
d'un longtrait de lumièrel'air, la surfacede soleil.Voy.ASTROLOGIE.
la mer, en s'ubimanldansle sein de la terre Themura, —l'une des troisdivisionsde la
ou dans lesondes2. cabale rabbinique.Elle consiste: 4» dans la
Teutatès, •—le PlufondesGaulois.Onl'a- 2° transpositionet le changementdes lettres;
doraitdanslesforcis.Le peuplen'enlraildans dansun changementde lettresque l'onfait
cesforêtsmystérieusesqu'avecun sentiment en certainescombinaisonséquivalentes.
de terreur, fermementpersuadéque les ha- Thèoelimène,— devinqui descendaiten
bitantsde l'enfer s'y montraient, et que la lignedirecte de Mélampusde Pylos, et qui
seuleprésenced'un druidepouvaitles empê- devinaità Ithaquedans l'absenced'Ulysse
• cherde punirla profanationde leurdemeure. — voy. ONOMANCIE.
à dans une Théodat,
Lorsqu'unGauloistombait terre,
enceinteconsacréeau culte,il devaitse hâter Théodoric, — roi des Goths.Soussonrè-
d'en sortir: maissanssereleveret en setraî- gne, les deux plus illustressénateurs, Sym-
nant à genoux,pour apaiser lesêtres surna- maqueet Boëce,son gendre, furent accusés
turelsqu'il croyaitavoirirrités''. de crimes d'état, et mis en prison; Boëce
Thalmud, — livre qui contientla doctrine, était chrétien.Il fut mis à mortl'an 524, et
les contesmerveilleux,la moraleel les tra- son beau-père eut le mêmesort,l'annéesui-
vante. — Un jour les officiersde Théodoric
1 LePetitAlbert,p. 18. ayant servi sur sa table un gros poisson,il
2 Cambry, Voyage dansleFinistère. crut voir dansle plat la tête de Symmaque,
" M,Garinet, enFrance,
liisl.dela magie p.3, fraîchementcoupée,qui le regardaitd'un air
THE — /|70 — Tlll
furieux; i) on fut si épouvanté, qu'il en prit reux i ; celles-là, moins nombreuses, s'élevant
un frisson : il se mil au lil et mourut au dé- i haut avec rapidité et se réjouissant avec
en
sespoir. !
leurs semblables. Il racontait tous les suppli-
Théomancie, —- partie de la cabale des ces des scélérats dans l'autre vie; el il ajou-
Juifs qui étudie les mystères de la divine ma- tait que, pour lui, une âme de sa connaissance
jesté, et recherche les noms sacrés. Celui qui lui avait dit qu'il n'était pas encore mort, mais
possède cette science sait l'avenir, commande que, par la permission des dieux, son âme
-à la nature, a plein pouvoir sur les anges et était venue faire ce petit voyage de faveur,
les diables, et peut faire des prodiges. Des el qu'après cela il était rentré dans son corps
rabbins ont prétendu que c'est par ce moyen poussé par un souifle impétueux. Pour vous,
que Moïse a tant opéré de merveilles; que lecteur, croyez-moi, n'attendez pas la morl
Josué a pu arrêter le soleil; qu'Elie a fait pour bien vivre. ,
tomber le feu du ciel et ressuscité un mort ; Thessaliennes. — La Thessalie possédait
que Daniel a fermé la gueule des lions; que un si grand nombre de sorciers, et surtout de
les trois enfants n'ont pas été consumés dans sorcières, que le nom de sorcière et de Thes-
la fournaise, etc. —Cependant, quoique très- salienne étaient synonymes.
"
experts aussi dans les noms divins, les rab- — r
bins juifs ne font, plus rien des choses opérées Théurg-le, art de parvenir à des eon- f
chez leurs pères, naissances surnaturelles el d'opérer des mira-
cles par le secours des esprits ou génies que
Théraphim. — Selon rabbi Aben-Esra, les les païens nommaient des dieux, el que les
idoles, que les hébreux appelaient léraphim, pères de l'Eglise onl appelés des démons. Cet
étaient des talismans d'airain, en forme de ca- art imaginaire a été recherché et pratiqué
drans solaires, qui faisaient connaître les par un grand nombre de philosophes. Mais !
heures propres à la divination. Pour les faire ceux des troisième et quatrième siècles qui
on tuait le premier-né de la maison, on lui prirent le nom d'éclectiques ou de nouveaux
arrachait la tête, qu'on salait de sel mêlé platoniciens, tels que Porphyre, Julien, Jam-
d'huile; puis on écrivait sur une lame d'or le bliqïie, Maxime, en furent principalement en-
nom de quelques mauvais esprits; on mettait têtés. Us se persuadaient que par des formu-
celle lame sous la langue de l'enfant; on at- les d'invocation, par certaines pratiques, on
tachait la tète coupée à la muraille, et, après pouvait avoir un commerce familier avec les
avoir allumé des flambeaux devant elle, on esprits, leur commander, connaître el opérer
lui rendait à genoux de grands respects. Cette par leurs secours dos choses supérieures aux
figure répondait aux questions qu'on avait à forces de la nature. Ce n'était, dans le fond,
lui faire; on suivait, ses avis; et on traçait rien autre chose que la magie. Mais ces phi-
sur ses indications les figures du théraphim. losophes en distinguaient deux espèces, sa-
Selon d'autres rabbins les Ihéraphims étaient voir : la magie noire el malfaisante, qu'ils
des mandragores. nommaient goélie, et dont i|s attribuaient les
Thespesius. — Citoyen de Cilicio, connu effets aux mauvais démons, el la magie bien-
de Plularquo. C'était un mauvais sujet qui faisante qu'ils appelaient Ihéurgie, c'esl-à-'
exerçait toutes sortes de friponneries, el se dire opération divine par laquelle on invo-
ruinait de jour en jour de fortune cl de répu- quait les bons esprits '. — Comment savait-on,
tation. L'oracle lui avait prédit que ses affai- ajoute Bergier, que toiles paroles,ou telles
res n'iraient bien qu'après sa mort. En con- pratiques avaient la vertu de subjuguer ces
séquence, il tomba du haut de sa maison, se prétendus esprits el de les rendre obéissants"?
cassa le cou et mourut. Trois jours après, Les Ihénrgistes supposaient que les mêmes
lorsqu'on allait faire ses funérailles, il revint esprits avaient révélé ce secret aux hommes.
à la vie et fut dès lors le plus juste, le plus Plusieurs de ces pratiques étaient des crimes,
pieux el le plus homme de bien do la Cilicie. tels que les sacrifices de sang humain; el il
Comme on lui demandait la raison d'un tel est établi que les théurgisles en offraient. Foi/.
changement, il .disait qu'au moment de su MAGIK,AUT NOTOIHE,elc.
chute son âme s'était élevée jusqu'aux étoiles, Thiers (JUAN-BAPTISTE), — savant bache-
dont il avait .admiré la grandeur immense et lier de Sorbonne, professeur de l'université
l'éclat surprenant ; qu'il avait vu dans l'air de Paris, el ensuite- curé de Vibraye dans le
un grand nombre d'âmes, les unes enfermées 1 diocèse du Mans, né. à Chartres en 4 038,
dans des tourbillons enflammés , les autres ' mort à Vibraye en 4703, auteur de plusieurs
, pirouettant en tout sens, celles-ci très-embar-
rassées et poussant des gémissements doulou- Bergier,Bictioiin.de théologie.
THO — 471 —. TIC
ouvragescurieux,parmilesquelson recher- quandilentenditmarchertoutauprèsde lui.11
chetoujoursle Traitédessuperstitions,i vol. ouvritalorslesrideauxdesonlit, etcommeles
in-12. Il y rapporteunefoulede petitsfaits voletsde sesfenêtresn'étaientpointfermés,et,
singuliers. qu'il faisaitclair de lune, il vil distinctement
Thomas(SAINT). — On lit dansles démo- une grandefigureblanchequi se promenait
nomanesque Suinl-Thomas-d'Aquin se trou- dans l'appartement... Il aperçut en même
vaitincommodé dansseséludespar le grand tempsdesbardeséparsessur des chaisesau-
bruitdeschevauxquipassaienttouslesjours près de la cheminée.1dans 1s'imaginaquedes vo-
devantses fenêtrespour allerboire: comme leurs étaient entrés sa chambre; et
il étaithabileà fairedes talismans,il fil une voyantla figureblanche se rapprocherde son
il lui demanda d'une voix forte: Qui
petitefigurede chevalqu'il enterra dansla lit, — Je suis la reinedu ciel,répon-
rue; et depuis les palefrenierslurent con- ôles-vous?
traintsde chercherun autre chemin,ne pou- dit le fantômed'un tonsolennel....Le prési-
vant plus à toule forcefaire passer aucun dent, reconnaissantla voixd'une femme, se
chevaldanscellerueenchantée.C'est-unconte leva aussitôt;et, ayantappelésesel domesti-
il leurdit de la faire se re—'
commeun autre, foi/. AI.HHI'.T-I,IÏ-GIIANI>. ques, sortir,
couchasansdemanderd'éclaircissement.Le

Thomas. On lit dans plusieursconteurs lendemainil apprit que la femmequi lui
ce qui suit: « Unmoine, nomméThomas,à avaitrenduunevisitenocturneétait unefolle
lasuited'unequerelleavecles religieuxd'un qui,,n'étantpointrenfermée,couraitçà et là
monastèrede Lur.qucs,se relira tout troublé et servaitde jouelau peuple.Elleétaitentrée
dans un boisoù il rencontraun hommequi dans la maison,qu'elleconnaissaitdéjà, en
avaitla facehorrible, le regard sinistre, la cherchantun asile pour la nuit.Personneno
barbenoireet,levêlementlong.Illuidemanda l'avait aperçue,et elle s'était glisséedansla
pourquoiil allaitseul dans ceslieuxdétour- chambredu président,dontelleavait trouvé
nés.Le moineréponditqu'il avait perduson la porteouverte.Elle s'était déshabilléeau-
chevalet qu'il le cherchait.Je vousaiderai, prèsdu feuel avait étalé ses habitssur des
dit l'inconnu.Commeils allaientensembleà chaises.Cellefolleétait connueflansla ville
la poursuitedu prétendu cheval égaré, ils souslenomde la reinedu ciel,qu'ellese don-
arrivèrentau bord d'un ruisseauentourédo naitelle-même'.
précipices.L'inconnuinvita le moine, qui Thurifumie, — divinationpar la fuméedo
déjàse déchaussait,à monter surses épaules, l'encens.
disantqu'il lui était plus facilede passer à
lui qui était plusgrand.Thomasy consentit.; Thymiasmata,— parfumsd'encensqu'on
maislorsqu'ilfut sur le dos de son compa- employaitchezlesancienspour délivrerceux
gnon, il s'aperçutqu'il avaitles piedsdiffor- qui étaient possédés de quelque mauvais
mesd'undémon; il commençaà tremblerel esprit.
à se recommandera Dieu de toutson coeur. Thyrée (PiEmiE),— jésuite, auteurd'un
Le diableaussitôtse mità murmureret.s'é- livresur les démoniaques,lesmaisonsinfec-
chappaavec un bruit,affreuxen brisantun téeset les frayeursnocturnes'-.
grandchênequ'il arrachado ferre. Quantau — fantômesque lesnaturelsdes
moine,il demeuraétenduau borddu préci- PhilippinesTibalang,
sonbon de l'avoirainsi croientvoirsurla cimedecertains
pice el remercia ange vieuxarbres,dans lesquelsilssontpersuadés
lire des grillesde Satan'. »
— quelesâmesde leursancêtresonl leurrési-
Thor, dieude la foudrochezlesancien- dence.Ils se les figurentd'une taille gigan-
nes races germaniques,qui l'armaientd'un tesques;de longs cheveux,de petilspieds,
marteau. desailestrès-étendueset le corpspeint.
Thou. — Il arriva en 4598 une aventure Tibère. — Cel empereur romain voyait
assezsingulièreau présidentde Thou.Il se clair dans les ténèbres, selon Cardan, qui
trouvaitdepuispeude tempsdans la villede avaitla mêmepropriété.Koy.TIUSULLE.
Saumur.Une nuit qu'il élail profondément Ticho-Brahè, — astronomesuédois.H
endormi, il fut réveillétoulà coup par le croyaitquesa journéesérail malheureuse,et
poids'd'uneniasseénormequ'il sentitse po- s'en retournaitpromplemenlsi, ensortantde
sersur ses pieds.Il secouafortementce poids son
etle filtomberdansla chambre...Le prési- logis, la premièrepersonnequ'il rencon-
dent,ne savait encores'il était bien éveillé 1 Démoniana, p.12.
* Daimoniaci, eunilocisinfestiset icrriculamentis
1 VVierus,
dePi-test.,
etc. 11,-jcturnis.
TON — kl'2l — TON
•rail était une vieille, ou si un lièvre traver- \
pour entrer dans la chaudière. Les démons
sail son chemin. c celle montagne avaient des fourches do
de :
fer '
Tigre (LE GRAND) , VOIJ.LlÈVMÎ. J el des tridents rougis au feu, avec lesquels
Tintement. — Lorsque nous sentons une 'ils emportaient les âmes d'un lieu à l'autre.
chaleur à la joue, dit Brown, ou que l'oreille Tondal vit ensuite une multitude de pécheurs
nous tinte, nous disons ordinairement que '
plongés jusqu'au cou dans tin lac. de poix el
' soufre. Un peu plus loin il se trouva devant
de
quelqu'un parle de nous. Ce tintement d'o-
reille passait chez nos pères pour un très- une bête terrible, d'une grandeur extraordi-
mauvais augure. naire. Celte bêle se nommait ['Achèron l, elle
vomissait des flammes el puail considérable-
Tiromanole, — divination par le fromage. ment. On entendait dans son ventre des cris
On la pratiquait de diverses manières que
nous ne connaissons pas. el des hurlements d'hommes et de femmes.
qui avait sans doute ordre de donner
Titania, — reine des fées. Voy. OHEUON. L'ange, à Tondal une leçon, se retira à l'écart sans
Titus. — « On trouve raconté dans un vieux qu'il s'en aperçût, et le laissa seul devant la
recueil de traditions juives, que Titus prélen- bêle. Aussitôt une meule de démons se pré-
dit avoir vaincu le Dieu des juifs à Jérusalem. cipita sur lui, le saisit et le jeta dans la gueule >
Alors une voix terrible se fil enlendre, qui de la grosse bête, qui l'avala comme une len-
dit : Malheureux, c'est la plus petite de mes tille. 11 esl. impossible d'exprimer, dît—il, tout, s
créatures qui triomphera de toi. En effet, un ce qu'il souffrit dans le ventre de ce monstre. 5
moucheron se glissa dans le nez de l'empe- Il s'y trouva dans une compagnie extrême-
reur el parvint jusqu'à son cerveau. Là, pen- \
nient triste, composée d'hommes, de chiens, [
dant sept années, il se nourrit de cervelle d'ours, de lions, de serpents et. d'une foule \
d'empereur, sans qu'aucun médecin pût. le d'autres animaux inconnus, qui mordaient
déloger. Titus mourut après d'horribles souf- cruellement el qui n'épargnèrent, point le pas- !
frances. On ouvrit sa tète pour voir quel élait sager. 11 éprouva les horreurs du froid, la '
ce mal contre lequel avaient échoué fous les puanteur du soufre brûlé ainsi que d'autres
efforts de la médecine, el on trouva le mou- désagréments. L'ange vint le tirer de là el lui
cheron, mais forl engraissé. 11était devenu de dit : Tu viens d'expier tes petites fautes d'ha-
la taille d'un pigeon. 11avait des pattes de fer biludo ; mais lu as autrefois volé une vache à
et une bouche de cuivre 1. » un paysan, ton compère : la voilà, celte va-
Toîa, — nom sous lequel les habitants de che. Tu vas la conduire de l'autre côté du lac,
la Floride adorent le diable, c'est-à-dire qui esl devant nous. — Tondal vit donc une
l'auleur du mal. vache indomptée à quelques pas de lui; il se
Tombeaux. — Chez plusieurs nations ido- trouva sur le bord d'un étang bourbeux qui
lâtres de l'antiquité, l'usage était d'aller dor- • agitait ses flots avec fracas. On ne pouvait le
mir sur les tombeaux, afin d'avoir des rêves traverser que sur un pont si étroit, qu'un
de la part des morts, de les évoquer en quel- homme en occupait toute la largeur avec ses
que sorle el de les interroger. Voy. MONTS. pieds. Hélas ! dit en pleurant le pauvre sol-
Tondal. — Un soldai nommé Tondal, à la dat, comment pourrai-jo traverser avec une
suile d'une vision ou d'un songe, raconte qu'il vache ce pont où je n'oserais me hasarder
avait été conduit par un ange dans les en- seul? — 11le faut, répliqua l'ange. Tondal,
fers. Il avait vu et senti les tourments qu'on après bien des peines, saisit la vache par les
y éprouve. L'ange le conduisit, dit-il, dans cornes et s'elibrea de la conduire au pont-
un grand pays ténébreux, couvert de char- Mais il fut obligé de la traîner, car lorsque la
bons ardents. Le ciel de ce pays était une vache était debout, en disposition de faire un
immense plaque de fer brûlant, qui avait neuf pas, le soldat tombait de sa hauteur; el quand
pieds d'épaisseur. Il vil d'abord le supplice : le soldat se relevait, la vache s'abattait à son
de plusieurs âmes qu'on mettait dans des va- tour. Ce fut avec bien des peines que l'homme
ses bien fermés el qu'on faisait fondre. Après; et la vache arrivèrent au milieu du pont..—
cela il arriva auprès d'une montagne chargée . Alors Tondal se trouva nez à nez avec un
de neige et de glaçons sur le flanc droit, cou- autre homme qui passait le pont comme lui :
verte de flammes et de soufre bouillant sur le; il était chargé de gerbes qu'il était condamné
flanc gauche. Les âmes qui s'y trouvaient t à porter sur l'autre bord du lac. Il pria le sol-
passaient alternativement des bains chauds3 dat de lui laisser le passage; Tondal le con-
aux bains glacés, et, sortaient de la neige3 jura de ne pas l'empêcher do finir une péni-
' Alph.Karr, VoyageautourdumunJ'ardirijletl. XI. 1 Qua3Achîeronappellabalur...
TOll 473 TOU
(.once qui lui avait déjà donnétant de peines, h ureux. Chaqueanguekkoka en outre son
Maispersonnene voulutreculer; après qu'ils c prit familierqu'il évoqueet qu'il consulte
se furentdisputésassezlong-temps, ils s'a- c mimeun oracle'.
perçurenttousdeux, à leur grandesurprise, Torquemada(ANTOINE DE), — auteures-
qu'ilsavaienttraverséle ponttoutentiersans j ignolde VHexameron ou sixjournées, con-
faire un pas. L'ange conduisitalors Tondal t nant plusieursdoctes discours, etc. ; avec
dansd'aulres lieuxnonmoinshorribles,el le ] aintes histoires notables et non encore
ramena ensuitedans son lit. Il se leva el se i .iïes, mises en français par Gabriel Chap-
conduisitmieuxdepuis'. j uys, Tourangeau.Lyon, 4582,'m-8"; ou- -
Tonnerre. — Le tonnerre a élé adoré rageplein de chosesprodigieuseset d'aven-
commedieu. Les Egyptiensle regardaient ires de spectreset de fantômes. •—jurisconsulte
commele symbolede la voixéloignée,parce Torreblanca (FlUNÇOJS),
que de tous lesbruits c'est celui qui se fait e Cordoue,auteurd'un livrecurieuxsur les
entendre le plus loin. Lorsqu'il tonne, les rimesdessorciers2.
Chingulaisse persuadentque le cielveutleur Torture. — Quandon employaitla torture
infligerun châtiment, el que les âmes des lonlreles sorciers, et que les tourments ne
méchantssont chargéesde diriger les coups es faisaientpas avouer,ondisaitque le dia-
pourles tourmenterel les punir de leurs pé- )leles rendait insensiblesà la douleur.
chés.En Bretagneona l'usagequandiltonne Totam , — espritqui garde chaque sau-
de mettreun morceaude fer dansle niddes nagede l'Amériqueseptentrionale.Ils se le
poules qui couvent2, commepréservatifdu eprésententsousla formedo quelquebête ;
tonnerre. Voy'.CLOCHES, EVANGILE DESAINT- ?l, en conséquence,jamaisils ne tuent, ni ne
JEAN , etc. chassent,ni ne mangentl'animaldontilspen-
Toqui (GKAND). — Les Araucans,peupla- sentque leurtotam a pris la figure.
des indépendantesdu Chili, reconnaissent Toupan, — esprit malin qui préside au
sousce nom un grand esprit qui gouvernele tonnerrechezles naturelsbrésiliens.
monde.Ils lui donnent des minisiresinfé- Tour de force.— Delriorapportecellehis-
rieurschargésdes petits détailsd'administra- loiro plaisante: Deux troupesde magiciens
tion, tels que les saisons,les vents, les tem- s'étaientréuniesen Allemagnepour célébrer
pêtes, la pluie el le beau temps. Ils admet- lo mariaged'un grand prince.Les chefsde
tent,aussi un mauvais génie qu'ils appellent ces troupesétaientrivauxet voulaientchacun
Guécuba,qui se fait un malinplaisirde trou- jouir sans partagede l'honneurd'amuser la
bler l'ordre el de molesterle grandToqui. cour. C'était le cas de combattreavec,toutes
Tomgarsuk. -—•Les Groenlandaisne font les ressourcesde la sorcellerie.Que fit l'un
ni prièresni sacrifices, et ne pratiquentau- des deuxmagiciens?11avalason confrère,le
cun rit; ils croient pourtantà l'existencede garda quelque-tempsdans son estomac,et le
certains être surnaturels.Le chefel le plus rendit ensuite par où vous savez. Celle es-
puissantde cesêtres est Tomgarsuk,qui ha- pièglerielui assurala victoire.Son rivalhon-
bileseloneux sous la terre, et qu'ils repré- teuxet confusdécampaavecsa troupeel alla
sententsous la formed'un ours, tantôt sous plus loin prendre un bainel se parfumer.
: celled'un hommeavec un bras, tantôt enfin Tour enchantée, -—VOIJ. ItOWElUK.
souscelle d'une créaturehumaine,grandeau Tour de —11y a sansdouté
Montpellier.
plus commeun des doigts de la main.C'est encoreà Montpellierune vieilletour que le
auprèsde celte divinitéque les anguekkoks peuplede cellevillecroitaussiancienneque
sontobligésde se rendre pour lui demander le
conseil un Groenlandais t ombemalade monde;sa chutedoit précéderde quelques
J quand miaulesla déconfiturede l'univers.
? ou qu'il se.trouvedans quelque autre embar-
; ras. Indépendamment de ce bon géniequi est Tour de "wigla, — tourmauditedela Nor-
invisibleà toutle monde,exceptéde l'anguek- wège où le roi païen Vermundfit brûler les
kok,il en est plusieursautres qui sont moins mamellesde Sainle-Ethelrériaavec du bois
puissants;ce sont les géniesdu feu, de l'eau, de la vraie croix, apportéà Copenhague par
de l'air, etc., qui, par l'entremisede l'an- OlaiisIII. On dit quedepuison a essayéinu-
\ guekkok, leur enseignentce qu'ils doivent lilementde faire une chapelle,de cette tour
faireou ce qu'ils doiventéviter pour être
1 Expédition ducapitaineGraalidansleGroenland.
1 Dyonisii art.49.—HÉCC
Gartliusiani, prolixiusde- '"-Epitome sivede Magiâ,
delietorum, in quâaperta
, scribnntùr inlibello
quiVisio
Xondali
nuncupatur. veloccultai nvocatio
dse.r
unisintervenu,etc.,edilto
' Cambiy, Voyage t. 31,p. 16.
dansleFinistère, uovissima,
Lugduni, in-i",
IG'îO,
TRA — l\'il\
74 — TRA
maudite ; toutes les croix qu'on y a placées iraclérise; de, là celte familiarité qui diminue
successivement ont été consumées par le feu 1la terreur causée par son nom : les mêmes élé-
du ciel'. i
ments entrent dans la composition de tontes
Tourterelle. — Si on porte le coeur de cet ' combinaisons variées du mauvais principe
les
oiseau dans une peau de loup, il éteindra 'qui engendra la race nombreuse des ltilins
tous les sentiments. Si on pend ses pieds à sortis de l'enfer. Si le rire n'est pas toujours
un arbre, l'arbre ne porlera jamais de fruil. méchant et perfide, il exprime assez bien du
Si on frotte de son sang, mêlé avec de l'eau moins la malice et la perfidie. C'est de l'al-
dans laquelle on aura fait cuire une taupe, liance du rire et de la malice que sont nés
un endroit, couvert de poils , tous les poils tons ces moqueurs placés par les mythologues
noirs tomberont2... au rang des divinités. Tel est le Momus des ,
Traditions. — Nous avons lu, il n'y a pas Grecs el le Loki des Scandinaves, l'un bouf-
fort long-temps, une piquante dissertation du fon de l'Olympe, l'autre bouffon des banquets ï
du Valhalla. —Satan nous esl singulièrement
Quarlerly magazine sur les traditions popu-
laires du moyen âge et des temps modernes. dépeint, par le pape saint Grégoire, dans sa
Nous en conserverons ici les passages les plus Vie de saint, Benoît. Un jour que le saint allait i
saillants. —C'est, dit l'auteur, sur la fata- dire ses prières à l'oratoire do Saint-Jean,
lité el l'antagonisme du bien el du mal que sur le Monl-Cassin, il rencontra le diable sous
se fonde la philosophie des traditions du peu- la forme d'un vétérinaire, avec une fiole d'une
main el, un licou de l'autre. Le texic disait :
ple. Celle base se retrouve dans le conte le in mulomedici speeie; par l'introduction d'une
plus trivial où l'on introduit un pouvoir sur-
naturel; et la nourrice, qui l'ail son récit au virgule qui décompose le mol : in malo , mc-
coin de la cheminée rustique, a la même' dici speeie , un copiste fit,du diable ainsi dé-
science que les hiérophantes de la Grèce cl guisé un véritable docteur monté sur sa mule,
les mages de la Perse. Le principe destruc- comme cheminaient les docteurs en médecine
leur élanl le plus actif dans ce bas monde, ijI avant, l'invention des carrosses; elun tableau
de cet, épisode ayant été exécuté d'après ce
reparaît, dans toutes les croyances supersti- texte corrompu, Satan a été souvent repré-
tieuses sous une variété infinie de formes, les
unes sombres, les autres brillantes; on re- senté avec la robe doctorale el, les instruments
trouve partout les mêmes personnifications de la profession en croupe sur sa monture.
— Une autre fois, on dénonça à sainl Benoit
d'Oromase el d'Arimane, et l'hérésie des Ma-
nichéens.— La vague crédulité du villageois la conduite légère d'un jeune frère apparte-
nant à l'un des douze monastères affiliés à la
ignorant s'accorde avec la science mythologi- rè-rlc du réformateur. Ce moine ne voulait ou
que des anciens sages. Des peuples que ne pouvait prier avec assiduité; a peine se-
l'Océan sépare- sont rapprochés par leurs fa-
tail-il mis à genoux , qu'il se levait el allait
bles; les hamadryades de la Grèce et les lu-
lins de la Scandinavie dansent, une ronde se promener. Saint Benoit ordonna qu'on le
fraternelle avec les fantômes évoqués par le lui amenât au Monl-Cassin; el, là, lorsque le
sorcier moderne ; celui-ci compose ses phil- moine, selon son habitude, interrompit ses
tres, comme Canidie, avec la mandragore, devoirs el sortit de la chapelle, le sainl vit
la ciguë, les langues de vipère et, les autres[' un petit diable noir qui le lirait de toutes ses
". forces par le pan de sa robe. — Parmi les
ingrédients décrits par Virgile et Horace. A f
la voix des sorciers modernes, comme à celle innombrables épisodes de l'histoire du diable
des magiciens de Thessalie, on entend en-_ clans les Vies des Saints, quelques-uns sont
core le hibou crier, le corbeau croasser, le , ' plus comiques, quelques autres plus pillores^
serpent siffler, el les ailes noires des scara- ques. Sainl Antoine vil Satan dresser sa tète
bées s'agiter. — Toutefois, le Satan des lé- 4_ de géant au-dessus des nuages, et étendre
", ses larges mains pour intercepter les âmes
gendes n'est jamais revêtu de la sombre des morts qui prenaient leur vol vers le ciel.
dignité de l'ange déchu ; c'est, le diable, ['en-J Parfois le diable est un véritable silice , et sa
nemi, méchant par essence, de temps immé-
morial. S'a rage esl souvent impuissante, à malice ne s'exerce qu'en espiègleries. C'est
moins qu'il n'ait recours à la ruse : il inspire ainsi que, pendant des années, il se tint aux
la peur encore plus que la crainte. De ,.. là aguets pour troubler la piété de sainte Gu-
vient cette continuelle succession de caprices dule. Toutes ses ruses avaient été vaines,
bizarres et de malices grotesques qui le ca- lorsqn'enfin il se résolut à un dernier effort.
C'était la coutume de celle noble el chaste
! Victor Hugo, Han d'Islande, cliap. 12. vierge de se lever au chant du coq el d'aller
'J Les Admirablessecrets d'Albert-le-Grand,p. 113.
3. prier à l'église, précédée de sa servante por-
TRA — /j75 — TRA
tant une lanterne.Que lit le père de toute à qu| les offense!Dansle royaumevoisin, en
malice, il éteignit la lanterne en soufflant Danemark,lesPneksont un rare talentcom-
dessus.La sainteeut recoursà Dieu, et, à sa me musiciens.11existe une certaine danse
prière, la mèchese ralluma, miraclede ]a appeléela giguedu roi des Elfs, bienconnue
foiqui suffîtpour renvoyer le malin honteux des ménétriersde campagne, et qu'aucun
et.confus.Il n'est pas sans exempleque le d'eux n'oserait exécuter. L'air seul produit
diablese laisse tromperpar les plus simples le même effetque le cor d'Oberon: à peine
artifices,et une équivoquesuffitsouventpour la premièrenoiese fait-elle entendre, vieux
le rendre dupe danssesmarchésaveclessor- el jeunes sont forcésde sauterenmesure; les
ciers:commelorsqueNostradamusobtintson tables, les chaiseset les tabouretsde la mai-
secoursà conditionqu'il lui appartiendrait son commencentà se briser, et le musicien
toutentier après sa mort, soit qu'il fût en=- imprudentne peut rompre le charme qu'en
terré dans une église, soit qu'il fût enterré jouant la mêmedanseà rebourssans dépla-
dehors... MaisNostradamusayant, ordonné cer une seule note, ou bien en laissant ap-
par testamentque son cercueil fût déposé procher un des danseurs involontairesassez
dansla muraillede la sacristie, son corpsy adroit pour passer derrière lui et coupertou-
reposeencore.—Le vieil Ileywooda rédigé teslescordesduviolonpar-dessussonépaule.
en vers une nomenclaturecurieusede tous —Les noms des esprits de celle classesont
lespetitsdémonsde la superstitionpopulaire: très-significatifs:de Goble vieillard,devenu
il y comprendles farfadets, les follets, les un nom du diable, les Normandssemblent
alfs, lesRobinGoodfellows,et ces lutinsque avoir fait Gobelin.On appelait Gobclince
Shakspearea donnéspour sujets à Oberonel diable d'iivreux que saint Taurin expulsa,
à Tilania.On a prouvéque le roi ou la reine mais qui, ayant montréun respectparticulier
de féerie n'est autre que Satan lui-même, au sainlexorciste,obtintla permissionde ne
n'importeson déguisement.C'étaitdonc un pas retourneren enfer, el continuade hunier
démonque ce Puck qui eut long-tempsson la villesousdiversesformes,à conditionqu'il
domicilechez les dominicainsde Schwerin se contenteraitde jouer des tours innocents
dansle Mecklembourg.Malgrélestoursqu'il aux bons chrétiensde Pliure. Le Gobclin
jouait aux étrangers qui venaient visiter le d'Évreuxsembles'être ennuyé de ses espiè-
monastère,Puck, soumis aux moines, était gleriesdepuisquelquesannées, el il a.rompu
poureux unbon serviteur.Sousla formed'un son ban pour aller tourmenterles habitants
singe, il tournaitla broche, lirait le vin, ba- de Caen. L'un de ces derniers hivers, les
layaitla cuisine.Cependant,malgrétousces bourgeoisde la bonnevillede Guillaume-le-
services, le religieuxà qui nous devonsla Bàtard furent souvent,effrayésde ses appa-
Veridicarelat-iodedoemonio Pucknereconnaît ritions.Uss'était affubléd'une armure blan-
enlui qu'unespritmalin.Le Puck de Schwe- che, el,se grandissaitjusqu'à pouvoirregar-
rin recevaitpour ses gagesdeux pots d'étain der à traversles fenêtresdes étages les plus
et une veste barioléede grelotspour boulons. élevés.Un vieuxgénéral rencontracediable
— Le moineRushde la légendesuédoise, et importundans un impasseet le défia, mais
Bronzel, de l'abbaye de Monlmajor,près Gobelinlui répondit: « Ce n'est pas de (oi
d'Arles,sont,encorePucksousd'autresnoms. - que j'ai reçu ma mission,ce n'est pas à toi
Onleretrouveen Angleterresousla formede que je dois en rendre compte.» Le général
RobinGoodfellowou de RobinHood, le-fa- ayant insisté, six diables blancsde la même
meux bandit de la forêtde Sherwoodayant taillesortirenttout à coupde terre , et le gé-
reçu ce surnomà cause de sa ressemblance néral jugeaprudent de battre en retraitede-
avec ce diable populaire.Enfin Robin Hood vant le nombre.Le journal du département
est aussi le RedCap d'Ecosse,et le diable renditjustice à son courage: mais le général
saxon Hodeke.n,ainsiappelé de l'hoodiwen, n'eut pas moins besoinde se faire saigner
ou petit chaperonrongequ'il porle en Suède par le docteurVastel,— Le Duendeespagnol
lorsqu'ily apparaît sous la forme du Nisse correspondau Gobelinnormandet au Tom-
ouNisscgodreng. —=-Puck, en Suède, se nom- tegobbesuédois.Duende, selon Cobaruvias,
maNissegodreny(ou Nissele bon enfant), et est une contractionde duenode casa, niaîlre
vit en bonneintelligenceavec Tomtegojibe, ou de la maison.Ce diable espagnolfut de tout
le Vieuxdu Grenier,qui est un diable de la tempscité pour la facilitéde ses métamor-
mômeclasse.On trouveNisscgodreng el Tom- phoses.— Le diablea souventfait parler de
tegobbedans presquetoutesles fermes,com- lui en Espagnecommepartout; citonsla lé-
plaisantset docilessi on les traite .avecdou- gende relative à l'originedémoniaquede la
ceur, niais irascibleset capricieux: malheur noblefamillede Haro. DonDiegoLopez,sei-
TRA h'id — TRA
gueur de Biscaye, était à l'affût du sanglier, n
mauvais génie. Sous ce nom el sous la forme
lorsqu'il 'entendit les accords d'une délicieuse dde kelpic, cheval-diable d'Ecosse, il habile
voix de femme. Il regarde, et aperçoit la les h lacs el les rivières de la Scandinavie, où
chanteuse debout sur un rocher. 11en devint il soulève des tempêtes et des ouragans. Il y
épris et lui proposa de l'épouser. « J'accepte aa, dans l'île de Rugen, un lac sombre dont
votre main, répondit-elle, beau chevalier, l eaux sonl troubles et les rives couverts
les
car ma naissance est noble; mais à une con- c bois épais. C'est là qu'il aime à lourmen-
de
dition : jurez-moi que vous ne prononcerez l les pêcheurs en faisant chavirer leurs ba-
ler
jamais devant moi un nom sacré. » Le che- t
teaux el en les lançant quelquefois jusqu'au
valier le jura, cl, quand le mariage fui con- E
sommet, des plus hauts sapins. •— Du Nickar
sommé, i! s'aperçut que sa fiancée avait un i
Scandinave sont provenus les hommes d'eau
pied de chèvre. Heureusement c'était son seul < les femmes d'eau, les nixes des Teutons. Il
et
défaut. Personne n'est parfait; el, par une in'en esl, pas de plus célèbres que les nymphes <
convention tacite , le pied de chèvre ne fut ide l'Elbe el de la Gaal. Avant, l'établissement
bientôt qu'un pied de biche, ce qui élail plus du christianisme, les Saxons qui habitaient
poétique. Don Diego n'en eût pas moins d'at- le voisinage de ces deux fleuves adoraient. |
tachement pour sa femme , qui devint mère une divinité du sexe féminin , dont le temple \
de deux enfants, une fille et un fils nommé était dans la ville de Magdebourg ou Megrle- t
lniguez Guerra. Or, un jour qu'ils étaient à burch (ville de la jeune fille), et qui inspira j
table, le seigneur de Biscaye jeta un os à ses toujours depuis une certaine crainte comme f
chiens : un mâtin el un épagneul se prirent de la naïade de l'Elbe. Elle apparaissait à Mag- j.
querelle; l'épagneul suisil le malin à la gorge debourg, où elle avait coutume d'aller au l'
cl l'étrangla : « Sai7ite vierge Marie! s'écria marché avec un panier sous le bras : elle était
» don Diego; qui a jamais vu chose pareille"? » l
pleine de grâce , propre, el au premier abord
La dame au pied de biche saisit aussitôt les on l'aurait prise pour la fille d'un bon bour- -.
mains de ses enfants. Diego retint le garçon, geois; mais les malins la reconnaissaient, à -
mais la mère s'échappa à travers les airs avec un petit coin de son tablier toujours humide
la fille... Par la suite, don Diego Lopez en- en souvenir de son origine aquatique. Préto- \.
vahit les terres des Maures : il fut malheureux rius, auteur estimable du XVIe siècle, ra- \
dans un combat el fait prisonnier ; les vain- conte que la nymphe de-l'Elbe s'asseoit quel- j
queurs lui lièrent les mains cl remmenèrent quefois sur les bords du fleuve , peignant, ses t
à Tolède, lniguez Guerra était triste de la cheveux à la manière des sirènes. Une Iradi- j
captivité de son père. Quelqu'un lui dit, alors : tion semblable à celle que AValler Scoll a !
Pourquoi n'iriez-vouspas invoquer la fée qui mise en scène dans la Fiancée de Lammcr- j
vous a donné le jour : elle seule peut vous moor avait cours au sujet de la sirène de
indiquer un moyen de délivrer don Diego, l'Elbe; elle esl rapportée loul au long par
lniguez monta à cheval ; se rendit à la mon- les frères Grimm, dans leur Recueil de lé-
tagne : la fée était sur le rocher ; elle recon- gendes germaniques. Quelque belles que pa-
nut son fils : Viens à moi, lui dit-elle; je sais raissent les ondines ou nixes , le principe
ce qui l'amène et je te promets aide el pro- diabolique fait loti jours partie de leur essence;
'
tection : laisse là ton cheval, il ne te serait- l'esprit du mal n'est couvert que d'un voile
d'aucun service. Je veux le remplacer par un plus ou moins transparent, el lot ou lard la
autre qui en quelques heures le portera à parenté do ces beautés mystérieuses avec Sa-
Tolède; mais tu ne lui mettras pas de bride; lan devient manifeste. Une mort inévitable
tu ne le feras pas ferrer; lu ne lui donneras est le partage de quiconque se laisse séduire
ni nourriture ni eau. La fée Pied-de-Biehe par elles. — Des auteurs prétendent que les
appela Pardalo ; c'était le nom do ce cour- dernières inondations du Valais furent cau-
sier extraordinaire : lniguez s'élança sur sa sées par des démons, qui, s'ils ne sont pas
croupe, el ramena bientôt son père. La fées des nickars ou des nixes, sont du moins do
Pied-de-Biche était si bien démon/que lat nature amphibie. Il y a, près de la vallée de
conclusion de la légende, en mentionnant ses; Bagnes, une montagne fatale où les dénions
autres apparitions en Biscaye, nous dit qu'elle i font le sabbat. En l'année <18<IS,deux frères
se montre sous les traits qui caractérisent lei mendiants de Sioo, prévenus de cette assem-
diable. — D'après la mythologie Scandinave, , blée illégale , gravirent la monlagne pour vé-
source principale de toutes les croyances po-- -rifier le nombre el les intentions des délin-
-
pulaires de l'Allemagne et de l'Angleterre, , quanls. Un diable, l'orateur de la troupe,
Odin prend le nom de Nickar ou llnickar, , s'avança. « Révérends frères, dit-il, nous
'lorsqu'il agit comme principe destructeur ouu » sommes ici une armée telle que, si on divi-
TUA — 417 — TRA
lisait entre nousà paris égalestousles gla- leequelle derniervers de la premièreslance
f ciers et,tous les rochers des Alpes, nous leermine toutesles autres, el lorsque, dans
»n'enaurionspas chacununelivre pesant.» u,mesaga d'Islande,le poèteintroduitun es-
Detempsimmémorial,quand les glaciersse pprit ou un fantômequichante,c'est toujours
fondent,onvoitle diabledescendrele Rhône avec a le galdralag.Dansuneautrevariétédu
à la nage, une épée nue d'une main, un ggaldralag, c'est le premierversqui esl ré-
alobed'or de l'autre. 11s'arrêtaun jour de- pété p de slanceen slance.Onretrouvece sys-
vautla villede Marligny,et cria en patois: tème l métrique dans quelques-unesdes in-
fi'gou-,haoiisfsou! (Fleuve,soulève-loi).Aus- cantations
c superstitieusesdes Anglo-Saxons.
silôlleRhôneobéitenfranchissantses rives, (Cerhylhmea un son monotone,mais solen-
et détruisitune partie de la villequi esl en- neli , qui, sans le secoursde la traditionmy-
coreen ruines.—Ce fut en philosophant sur Ithologique,l'a fait employerpar les poêles,
la mythologie populaire,que Paracelsecréa idepuisVirgilejusqu'à Pope.LeDanle.sesert
ses fameusesnympheson ondines.Ce grand du galdralagpourl'inscriptionplacéesur les
architecte,celérudildes érudils, quijoignait portesde l'enfer.— On a dit que les vérita-
à sa folieune imagination poétiquecl roma- bles prototypesdes due.rgarasont les habi-
nesque,a jugé convenableel utilede donner tantsdelà vieilleFinlande.Nouscommençons
sesavis à ceuxqui deviennentles épouxdes à douterde celle origine.Il est certain que
ondines.La moraledeson apologuepeutpro- les Finlandaisse vantèrent long-tempsdo
filer à plus d'un mari de femmemortelle. leurcommerceintimeavec le diablejusqu'à
Discrétionel constancesont surtoutrecom- ce quececommercefûttraitéde contrebande.
mandéespar la nymphe,el ses ordresdoi- Onn'a pas cesséde les redoutercommesor-
vent,être exécutésà la lettre, sous peinede ciers; mais, malgréleur talenten magieet
se perdre à jamais.Ala moindreinfraction, en métallurgie,on doilles distinguerdes ha-
l'épousemystérieusese replongedansl'abîme bilesouvriersqui fabriquèrentle marteaude
deseaux el ne reparaîtplus.— La tradition Thor, les tressesd'or de Siva et.la bague
des bons el des mauvaisanges esl encore d'Odin,touteschosesfameusesdanslabizarre
sensibledans les fictionsde l'Edda. Snorro cosmogoniedes Asi.Si nousvoulionsinter-
Sterlasonnousapprendque les elfsdola lu- préterces mystèresselonla sagessehiérogly-
mière, dont Ben Johnsona fait les esprits phiquedes rose-croix,nous dirionsque les
blancsde ses Masques,séjournentdansA11- duergards étaient des personnifications de
lleim, le palaisdu ciel, tandisque lesswarl l'élémentmétalliqueon des gaz qui en sont
elfs, elfsde la nuit, habitentles entraillesde les véhiculesdans les entraillesde la terre ,
la terre.Les premiersne seront,pas sujetsà fécondantlesveinesde la mineel se mêlant
la mort; car les flammesde Surtur ne les à la circulationde la vieélectriquecl magné-
consumerontpas, el leur dernièredemeure tique du macrocosme.Du resle, ce sontdes
sera Vid-Blain,le plus haut ciel dos bien- êtrestropallégoriques pourqu'onlesconfonde
heureux;mais les snarl elfssont mortelset, avec les magiciensfinlandaisdisperséssur
sujetsà toutesles maladies,quelsque soient la surfacedes régionsseptentrionales.Leur
d'ailleursleurs attributs.Les Islandaismo- cachet d'antiquitéprimitiveparait d'autant
dernesconsidèrentle peupleelf commefor- plus marqué, selonnous, qu'onles retrouve
mantune monarchie,ou du moinsils lefont dansles vieillestraditionsdes Tenions,con-
gouvernerpar unvice-roiabsoluqui, lousles sacréespar les Nibchmtjscl leLivredesHé-
ans,se renden Norwègeavecunedépulation ros. Or. les Nibelungsel le Livredes Héros
de pucks, pour y renouvelerson serment nousviennentde paysoùjamaisle Finlandais
' (l'hommage-lige au souverainseigneur,qui errantne dressasa lente.-—Les pays de mi-
résidedansla mère-pairie.Il est évidentque nes onl défendutrès-long-lempsleur mytho-
lesIslandaiscroientque les elfssont, comme logiepopulairecontreleslumièresde la saine
eux, une colonietransplantéedans l'île. — philosophieel de la religion.On peut citer,
Les diablesnainsou duergarsde la Scandi- par exemple,le comtéde Cornouailles;et le
naviesontde la mômefamilleque les elfsde llarzwald de Hanovre, resle de l'ancienne
la nuit. LesNorwégiensattribuentla forme forêl d'ilercynie, est encoreune terre en-
régulièreetle polides pierrescristalliséesaux chantée.Lesgobelinsdesminesont toujours
travauxdes petitshabitantsde la montagne, , eu une très-mauvaiseréputation.Ledémo-
dontl'écho n'est autre chose que-leur voix. nologuecitépar ReginaldScottnous apprend
Collepersonnificationpoétiquea donnénais- « qu'ilssont très-jalouxde leurs trésorsca-
sanceà un mètre particulieren Islande, ap- chés; qu'ilsen veulentbeaucoupà ceuxqui
pelé le galdralag, ouïe lai diaboliquedanss les découvrent,et,cherchentà tuer ouà blés-
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ser ceux qui viennent les leur enlever, han- vint à sa rencontre et se précipita dans les
tant d'ailleurs avec persévérance les caves où flots, escorté d'un troupeau qui mugit autour
l'argent est déposé. Un nommé Pelers, du de son.chef d'une manière épouvantable. Celle
comté de Devonshirè, ayant trouvé le secret nouvelle rencontre ne découragea pas l'enne-
de deviner lès lieux où les gobelins rouvaienl mi, qui se dirigea vers Urekarskirtda ; mais
des trésors , fut brûlé et réduit en cendres par là, un géant se présenta, un géant dont la
les démons irrités... Quant aux mineurs, ils tête dépassait le sommet de la plus haule
ne peuvent trop se défier de ces esprits mal- montagne, un géant armé d'une massue de
veillants qui leur tendent toutes sortes de piè- fer, et accompagné d'une troupe de géants de
ges pour les détruire : tantôt, ils inondent leurs la même taille. — Cette tradition esl remar-
travaux , tantôt ils les étouffent par des va- quable parce qu'elle nous fait voir que les
peurs pestilentielles, parfois ils leur appa- Scandinaves classaient leurs esprits élémen-
raissent sous des.formes effrayantes. Tel était taires d'après la doctrine cabalistique de Pa-
Yannaberge, animal terrible qui fui si funeste racelse. La (erre envoie ses génies sôùs la
aux ouvriers employés dans la plus riche mine forme de géants" : les sylphes apparaissent en
d'argent de l'Allemagne, appelée Connu Ro- oiseaux; le taureau est, le type de l'eau; le
sacea. L'annaberge se montrait sous la forme dragon procède de la sphère du feu. — Le
d'un bouc avec des cornes d'or, et se préci- mont llécla fait partie, en quelque sorte, de
pitait sur les mineurs avec impétuosité, ou la mythologie des Skaldes. Les hommes du
sous la forme d'un cheval, qui jetait la flam- nord furent convertis peu de temps après
me et la peste par ses naseaux. » Ce terrible qu'ils eurent fait connaissance avec ses ter-
ahnabefge pouvait bien n'être qu'un esprit reurs, el, lorsqu'ils devinrent chrétiens, ils
très-connu aujourd'hui des chimistes sous le en firent la bouche de l'enfer. LTlécla ne pou-
nom de gaz hydrogène ou feu grisou. La vait manquer surtout d'être le refuge des es-
lampe de sûreté d'Huniphrcy-Davy aurait été prits de feu que la tradition avait probable-
un talisman précieux aux mineurs de la Cou- ment connus en Scandinavie et à Asgard.
ronne de Roses; et James Walt, en leur prê- Leur grand ennemi'était Luridan. On lit, dans
tant une de ses machines à vapeur, les au- le livre de Yaiiagaslus, le Norwégien , que
rait certainement bien défendus contre les Luridan, l'esprit de l'air « voyage par ordre
inondations suscitées par leskobolds. -— Com- du magicien en Laponie, en Finlande, en
me tous les anciens peuples, les Scandinaves Skrikfinlande el jusqu'à la mer Glaciale. —
croyaient volontiers à l'existence de démons C'est sa nature d'être toujours eu opposition
lutélaires, el les Islandais leur avaient voué avec le feu et de faire une guerre continuelle
une reconnaissance particulière pour avoir aux esprits du mont Hécla. Dans cette guerre
fait avorter les noirs desseins du roi llarold- à mort, les deux partisse déchirent l'un l'au-
Germson. Ce roi de Norwège, dit la Sayd, tre, heurtant leurs bataillons à travers lés
désirant connaître la situation intérieure de airs. Luridan cherche à livrer le combat au-
l'Ile, qu'il avait l'intention de punir, chargea dessus de l'Océan où les blessés de l'armée
un habile troldman ou magicien de s'y rendre contraire tombent sans ressource ; mais si
sous la forme qu'il voudraiI prendre. Pour l'action a lieu sur la montagne , l'avantagé est
mieux se déguiser, le troldman se changea en souvent aux esprits du feu, et l'on entend de
baleine el nagea jusqu'à l'île; mais les ro- grandes lamentations en Islande, en Russie,
chers el les montagnes étaient couverts de en Norwège, » etc. — Parmi les dénions in-
ladioaiturs ou génies propices qui faisaient férieurs de la sphère du feu, nous né saurions
bon- e garde. Sans en avoir peur, l'espion oublier le follet appelé vulgairement en An-
d'Harold nagea vers le golfe de Vapna, et gleterre Jack loiih îhe laniern, Jack à la lan-
essaya de débarquer; mais un énorme dra- terne, et que Millon nomme aussi le moine
gon déroula les longs anneaux de sa queue des marais. Selon la chronique de l'abbaye
sur les rochers, el, suivi d'une armée in- de Corweg, ce moine en séduisit Un autre,
nombrable de serpents, descendit dans le dé- frère Sébastien , qui, revenant de prêcher la
Irôil, arrosant la baleine d'une trombe de ve- fête de saint Jean, se laissa conduire à tra-
nin. La baleine ne put leur résister, et nagea vers champs-par la fatale lanterne jusqu'au
à l'ouest vers la baie d'Ové; mais là elle bord d'un précipice où il péril. Celait en l'an-
trouva un immense oiseau qui étendit ses née 1034, et nous ne saurions vérifier le lait.
ailes comme un rideau sur le rivage, et l'ar- —Les paysans allemands regardent ce dia-
mée des esprits s'abattit à ses côtés sous la ble de feu comme très irritable, el pourtant
même forme. Le Iroldman voulut alors pé- ils ont quelquefois la malice de lui chanter un
nétrer par Bridaford , au sud. Uii taureau couplet qui le met en fureur. — Il ii'y a pas
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(renteans qu'unefilledu villagede Lorsch rendanti exprèsdans la forêt avecl'intention
eut,l'imprudencede chauler ce refrain au de ( la chercher.Hans racontequ'à son extrê-
momentoù le follet,dansait sur une.prairie me i surprise, il ne vit pas les chiens,quoi-
marécageuse: aussitôtil poursuivitla chan- iqu'il avoueque sescheveuxse dressèrentsur
leuse;celle-cise mit à courirde toutela vi- sa tête lorsqu'ilaperçut le mystérieuxmau-
tessede sesjambes, et se croyaitdéjà sauvée soléedecechasseurfélon.— Lesilencerègne
enapercevantsa maison,maisà peinefran- autourde la pierre de la forêtd'Usslar;mais
chissait-ellele seuil, que Jack à la lanterne l'esprit agitédu chevalierIlakelberg,ou du
le franchitaussi, et frappa si violemmentde démon qui a pris ce noin, est aujourd'hui
sesailestousceuxqui étaientprésents,qu'ils tout puissantdansle voisinaged'Oden-Wald,
en furent éblouis.Quant à la pauvrefille, du forêtd'Odin,au milieudesruinesdu ma-
elle en perditla vue; el ellene chanta plus noir de Rodenslein.Son apparition esl un
quesur le banc de sa porte,— lorsqu'onlui as- pronosticde guerre. C'està minuit qu'il sort
suraitque le cielétait,pur. Il ne faut pas de la tourgardéepar son armée : les trom-
êtreun très-fortchimistepour devinerlana- pettent sonnent, les tamboursbattent; on
ture de ce démonélectrique; mais on peut distinguelesparolesde commandement adres-
le classeravecles démonsdufeu qui dénon- séespar lechefà sessoldatsfantastiques;et,
cent les trésorscachéspar les flammeslivi- si le vent souille,onentendle frôlementdes
des qu'ils font exhaler de la terre et avec bannières; mais, (lèsquela paix doitse con-
ceuxqui parcourentles cimetièrespar un clure, Rodensleinretourneaux ruinesde son
tempsd'orage.Maintesfois, autourdessour- château, sans bruit, ou à pas mesurés, el
cessulfureusesoù les petites-maîtresses vont aux sons d'une musiqueharmonieuse.Ro-
chaqueannéeréconforterleurs poitrinesdé- densleinpeutêtre évoquési onveut lui par-
licates,le montagnarddes Pyrénéesvoitvol- ler. 11y a quelquesannées, un garde fores-
tigerdes gobelinsde la mêmefamille: ils tier (îassoitprès de la tourà minuit;il venait
agitentleurs aigrettesbleuâtrespendant la d'une orgie et avait une dose plus qu'ordi-
nuit, el fontmêmeentendre de légèresdé- naire d'intrépidité:Rodenslein zicheheraus!
tonations.Enfin,le plus terriblede ces dé- s'écria-l-il; Rodensleinparut,avecsonarmée.
monsesl celui qui fondson essencevivante hélas! telle fut la violencedu choc dans
dansles liqueurs fermenlées,qui s'introduit l'air, que le garde tombapar terre commesi
souscetteformeliquidedans lesveinesd'un un coupde vent l'avait frappé: il se releva
buveur,et y allume,à la longue, un incendie pleind'effroiel,n'osaplusrépéter: Rodenslein
: qui le dévoreen fournissantaux médecinsun ziaheheraus. — La mythologieScandinave
. exemplede plus de ce qu'ilsappellentscien- donnele pouvoirde la mort à lle.la,qui gou-
tifiquement unecombustion spontanée.— L'o- vernelesneuf mondesde Nilleheim.Cenom
: riginedu nomde Ifoden ou Odinse révèle signifie mystère, secret, abime. Selon la
par la racineétymologiquede l'anglo-saxon croyancepopulairedes paysansde l'antique
Woodin, quisignifiele féroceoule furieux. Cimbrie,Heinrépandau loinla pesteel laisse
. Aussil'appelle—t-oii danslenordle chasseur tombertousles fléauxde ses terriblesmains
féroceel,en AllemagneGroden'sheerou ll'o- en voyageant,la nuit, sur le chevalà trois
den'sheer.Woden, dansle duchéde Bruns- pieds de l'enfer(lielhesi).Ilela el les loups
wick,se retrouveencoresouslenomdu chas- de la guerre onl long-tempsexercéleur em-
! SMW Ilakelberg,chevalierperversqui renonça pire en Normandie.Cependant,lorsque les
: usa part desjoiesdu paradis,pourvuqu'il lui hommesdu Nord, de Haslings,devinrentles
: fûtpermisdechassertoutesa vie en ce mon- Normandsde Rollon, il semblentavoirperdu
de : le diablelui promitqu'il chasseraitjus- le,souvenirdeleurs vieillessuperstitions
aussi
qu'aujour du jugementdernier.On montre rapidementque celui de leur languemater-
; sontombeaudansla forêld'UssIar: c'est une nelle.D'HelanaquitHellequin, nomdans le-
! énormepierrebrute, un de cesvieuxmonu- quel il esl facilede reconnaîtreHela-Kïon,
mentsappelésvulgairementpierres druidi— la race d'Hela déguiséesons l'orthographe
;' ques;nouvellecirconstancequi serviraiten- romaine.Ce fut le fils d'Hela que Richard
core à confirmerl'alliancedes traditions sans Peur, fils dé Robert,le Diable,duc de
: populairesavecl'anciennereligiondu pays. Normandie,rencontrachassantdansla forêt.
; Selonles paysans,celtepierreest gardéepar Le romanracontequTîellequinétait un ca-
: leschiensde l'enfer,qui y restentsanscesse valierqui avait dépenséloùlesa fortunedans
. accroupis.Enl'an <15oS , HansKirchofeut le lesguerresdo CharlesMartelcontreles Sar-
, malheurde la rencontrerpar hasard; car i! rasins païens. La guerre finie, Hellequinet
liuildire que personnene la trouve en sei ses fils, n'ayant plus de quoi soutenirleur'
— — '
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rang, se jetèrent dans de mauvaises voies. fout ce qu'on voudra , il fut réellement aperçu
Devenus de vrais bandits , ils n'épargnaient par Henri IV, non loin de la ville el dans un
rien; leurs victimes demandèrent vengeance carrefour qui a conservé la désignation de « la
au ciel, et leurs cris furent enlendus. Helle- croix du Grand Veneur! » A côté de celle
quin tomba malade et mourut-, ses péchés anecdote , nous rappellerons seulement l'ap-
l'avaient mis en danger de damnation éter- parition semblable qui avait frappé de terreur I
nelle : heureusement ses mérites , comme le roi Charles VI, el qui le priva même de sa 1
champion de la foi contre les païens, lui ser- raison. — Dans les siècles de la chevalerie, 1
virent,. Son bon ange plaida pour lui ; el ob- une immortalité romanesque fui souvenl dé-
tint qu'en punition de ses derniers crimes, la cernée auxhommes supérieurs, parla recon-
famille d'Hellequin errerait après sa mort, naissance ou l'admiration populaire. Ceux qui
gémissante et malheureuse, tantôt dans une avaient vu leur chef ou leur roi dans sa gloire,
forêt, tantôt dans une autre, n'ayant d'autres après une bataille où sa bravoure le distinguait
distractions que la chasse au sanglier, mais encore plus que sa couronne, ne pouvaienl
souvent poursuivie elle-même par une mente se faire à l'idée de le voir mourir comme le
d'enfer. — Ce n'était pas seulement en Nor- dernier de ses soldats. Le rêve d'un serviteur
mandie qu'apparaissait autrefois le mystérieux fidèle el la fiction d'un poêle, d'accord avec
chasseur. En l'année 159S, Henri IV chassait la pompe des funérailles, avec l'intérêt d'une
dans la forêl de Fontainebleau : loul à coup il famille, avec la crédulité du peuple, tout con-
entendit les jappements d'une meute et le son courait à prolonger au delà de la tombe l'in-
du cor à une distance.de demi-lieue: presque au fluence du héros. — Peu à peu les honneurs
même instant le même bruit retentit à quelques rendus à sa cendre devenaient le culte d'un
pas de lui. Henri ordonna au comte deSoissons demi-dieu qui ne pouvait être sujet à la mort.
d'aller à la découverte ; le comte de Soissons Achille recul des Grecs celle apothéose : de
obéit, en Tremblant, ne pouvant s'empêcher de même les Bretons attendirent long-temps le
reconnaître qu'il se passait dans l'air quelque réveil d'Arthur assoupi à Avalon; et, presque
chose de surnaturel : quand il revint auprès de de nos jours, les Portugais se flattaient de
son maître : « Sire, lui dit-il, je n'ai rien pu l'espoir que le roi Sébastien reviendrait récla-
Voir, mais j'entends, comme, vous, la voix des mer son royaume usurpé. C'est ainsi que les
chiens el le son du cor. » — « Ce n'est donc trois fondateurs de la confédération helvétique
qu'une illusion ! » dit le roi. Mais alors une dorment dans une caverne près du lac de Lu-
sombre figure se montra à travers les arbres cerne. Les bergers les appellent les trois Tell,
et cria au Béarnais : « Vous voulez me voir, et disent qu'ils reposent là, revêtus de leur
me voic.il «Cette histoire esl remarquable pour costume antique ; si l'heure du danger de la
. plusieurs raisons : Mathieu la rapporte dans, Suisse sonnait, on les verrait debout, toujours
son Histoire de France et des choses mémorables prêts à combattre encore pour reconquérir sa
advenues pendant sept années de paix du règne liberté. Frédéric Barberousse a obtenu la
de Henri IV, ouvrage publié du -temps de ce même illustration; lorsqu'il mourut dans la
monarque à qui il esl dédié. Le Pérè Mathieu Pouille, dernier souverain de la dynastie de
était connu personnellement de Henri IV, qui Souabe, l'Allemagne se montra si incrédule
lui donna lui-même plusieurs'renseignements à sa mort, que cinq imposteurs, qui prirent
sur sa vie. On a supposé que ce spectre élait successivement son nom, virent accourir au-
un assassin déguisé , el que le poignard de tour de leur bannière tous ceux qui avaient
Ravaillac aurait été'devancé par l'inconnu de applaudi au règne de Rodolphe dellapsbourg.
Fontainebleau, si le roi avait fail un pas de Les faux Frédéric furent successivement dé-
plus du côlé de l'apparition. Quel que soit le masqués el punis ; cependant le peuple s'ob-
secret de celle histoire, il eslclair que Henri IV slinail à croire que Frédéric vivait, etrépélail
ne la lil nullement démentir. « 11ne manque qu'il avait prudemment abdiqué la couronne
pas de gens, dit Mathieu, qui auraient volon- impériale. C'est un sage, disait-on ; il sait lire
tiers relégué celte aventure avec les fables dans les aslres : il voyage dans les pays loin-
de Merljn et d'Urgande, si la vérité n'avait tains avec ses astrologues et ses fidèles com-
été certifiée par tant de témoins oculaires el pagnons , pour éviter les malheurs qui Pau-
auriculaires. Les bergers du voisinage pré- raientaccablés'il fût reslé sur le trône ; quand
tendent que c'est un démon qu'ils appellent le les temps seront favorables, nous le verrons
grand veneur, et qui chasse dans celte forêt; reparaître plus fort et plus redoutable que
mais on croit aussi que ce pouvait bien être jamais. On citait à l'appui de cette supposition
la chasse de Saint-Hubert, prodige qui a lieu des prophéties obscures, qui annonçaient que
dans d'antres provinces. » Démon, esprit, ou Frédéric, était, destiné à réunir l'Orient à l'Oc-
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cidenl; ces prophétiesprétendentque les pour sa sépulcralemajesté les empêchade
Turcsetlespaïensserontdéfaitspar lui dans refuser.Ils s'en allèrentsans murmurer, el
une bataillesanglante,près de Cologne,et quandils se virentde nouveauen plein air,
qu'ilira reconquérirlaTerreSainte.Jusqu'au tous, à l'exceptiond'un seul, jetèrentdédai-
jour fixé par le destin, le grandempereur gneusementlesrameauxqui leur avaientété
s'estreliredansle châteaude Kiffhausen, au si gracieusement donnéspar la fillede l'em-
milieude la forêtd'Hercynie;c'estlà qu'il vit pereur. Lemusicienquiconservasonrameau
à peu près de la viedeshabitantsde la ca- ne l'emportaitchezlui que commeun souve-
vernede Montésinos, telleque Cervantesnous nir de celleaventure:mais,lorsqu'ilfut près
l'a décrite.Il dort sur son Irène; sa barbe de sa:maison, il lui semblaque la branche
roussea pousséà traversla tablede marbre devenaitpluslourdedanssamain: il regarde,-
surlaquelles'appuiesonbras droit,ou,selon el voitchaquefeuillebrillerd'unéclalmétal-
uneautre version,ses poilstouffusonlenve- lique Chaquefeuilleétait changéeen un
loppéla pierrecommel'acantheenveloppeun ducat d'or. Ses compagnons, ayant apprissa
chapiteaudecolonne.— Ontrouveen Dane- bonnefortune, coururentaux rochersoù ils
niarckunevariantede la mêmefiction, ar- avaientjeté leursrameaux Hélas!il était
rangéed'après la localité,où il esl dit que trop tard ; ils ne les trouvèrentplus, et s'en
HolgerDansvre,dontles romansfrançaisont revinrenthonleuxde leurdédainpourla mu-
faitOgierle Danois,eslendormisouslesvoû- nificenceimpériale.— Lespaysansnormands
tes sépulcralesdu châteaude Cronenbourg. croient qu'il existe une fleur qu'on appelle
Quelqu'unavait promisà un paysanuneforte 17te?'6e maudite: celui qui marche dessusno
sommes'il osait descendredans le caveauel cessede tournerdans un mêmecercle, et il
y rendrevisiteau héros assoupi.Le paysan s'imaginequ'ilconlinue soncheminsansavan-
se laissa tenter; au bruit de ses pas, Ogier, cerd'un pas au delà du lieuoù l'herbema-
à demirenversé, lui demandala main; le gique l'a enchaîné.Nous avonssans doute
paysanprésentaà Ogier une barre de fer. marchénous-mêmesur cetteherbeen com-
Ogierla saisitet y laissa l'empreintede ses mençantcet article; car nouspensionsavoir
doigts.« C'est bien! » ajoula-l-il, croyant dit adieuaux gobelins,et nousvoilàencore
avoirpresséle poignetde l'étrangerel éprou- aveceux.L'empereurFrédéric,avecses bran-
vé sa force: « C'est bien, il y a encoredes chesaux feuillesd'or, n'est, selonquelques-
hommesen Danemarck.» Celadit, Ogierre1 uns,que le démongardiend'unde cesIrésors
tombadanssonsommeil.— FrédéricBarbe- du moyenâge dontla recherchedevenaitun
rousseaimela musiqueel il l'écoutevolon- métierpourcertainscharlatansde celle épo-
tiers.IIy a quelquesannéesqu'unetroupede que, prototypesduDousterswivel de l'illustre
musiciensambulantscrutfaireunebonneoeu- romancierd'Ecosse.Cesadeptesfaisaientsur-
vreen donnantunesérénadeau vieilempe- tout des merveillesdansles pays de mines,
reur:se plaçantdoncsursonrocherlumulaire, où ils ont encore,des successeurs.Chacun
ils se mirentà exécuterun air de chasseau d'euxavait sa manièred'opérer: c'étaitd'a-
momentoù l'horlogede l'églisede Tilledason- bordle théurgistequipriaitet jeùnaitjusqu'à
naitminuit.A la secondeaubade, onvil des ce que l'inspirationlui vint.-—A côtéde lui
lumièresautourdu rocher, élincelantà tra- venaitle magiciende la nature.Le seulta-
vers les feuillesdu taillis el illuminantles lismandontil armait sa main était une ba-
troncsgigantesquesdeschênes.Bienlôlaprès, guettede coudrier,qui lui révélait, par une
lafillede l'empereurs'avançagracieusement sorted'attractionmagnétique,tantôtlessour-
vers les musiciens; elleleur fit signede la ces d'eau vive', tantôtTes métauxensevelis
suivre,la roches'ouvritet lesartistesentrè- 1 La baguette
rentdansla caverneen continuantleur con- découverte divinatoire n'estplusemployée à la
destrésors
; ruais o ndit d
que, lesans l esmains
! cert.Onlesreçutà merveilledansla chambre deeertaines personnes,ellepeutindiquer sources
d'eauvive.11
impériale,où ils jouèrentjusqu'au matin. v/arksetrouvait a cinquaute
y enProvence ansenviron quelad}' Ne-
dans u n château d ontle
Frédéricleuradressaunsourirepleinde dou- propriétaire, ayantbesoin d'unesource p our l'usagee d
sa
ceur,et sa filleleuroffrità chacununebran- d'enfaire
maison,envoya chercher un paysanquipromettait
jailliruneavec unebranche de coudrier
') cheverte.Lecadeauétaitun peutropcham- ladyNewark ritbeaucoup del'idéedesonhôteet de;
\ pêtrepourdesartistesmodernes,quin'avaient l'assurance dupaysan; mais,nonmoins curieuse
ellevoulutdumoinsassisterà l'expérience,
crédule,
qu'in-
peut-êtrepas entendudirequeles vainqueurs ainsiqued'autres voyageurs anglais toutaussiphilo-
des jeux olympiquesne recevaientd'autre rires Lepaysan
qu'elle.
sophes r.esedéconcerta pasdessou-
deces il semiten
récompensequ'unecouronne delaurier.Mais, suivimoqueurs étrangers;
detoutela société,puis
marche
touta coups'arrêtant, il
déclara
touten trouvantqu'on payait mal la bonne sourcequ'onpouvait creuser la terre. On le fit; la
promise etellecouleencore.
sortit, Cethomme
; musique chezle déîutilmonarque, leurrespect étaitun vraipaysan, sanséducation : il 11c\>ouvait
TRA — km ; — TUA
sous les couches épaisses dé la terre. « IUu— 1tes les constellations étaient d'accord pour l-,i
sions ! s'écriait .•l'élève de Cornélius. Agrippa; (louer de ses propriétés magiques. En ieflet,
toute la science sesl dans :ce livre du grand ià peine avait-elle reçu le dernier coup cje
philosophe : 'heureux qui sait y lire pour ap- imarteau, que l'image s'échappe de l'enclume
prendre à charmer le miroir dont la glace •( et saule sur le plancher de l'atelier. Aucun
•miraculeuse vous -montre, sous les climats lès ,ieffort ne put l'en arracher ; mais l'orfèvre, de-
plus loinlains, les personnes que ,1a mer el les vinantla nature de l'influence attractive-, creu-
déserts séparent de vous. Venez, vous qui ; sous la statue et découvrit un vase rempli
sa
osez y jfixê-rles yeux : ce miroir magique a d'or qui avait été caché là par quelque ancien
été enterré 'trois jours sous un gibet où pen- propriétaire de la maison. Il est facile de de-
dait un voleur; et j'ai ouvert, les tombeaux viner le bonheur de l'artiste : « Me voici donc
pour présenter son cristal à la face — d'un mort, maître de tous les trésors de la lerre, s'écria-
qui s'est agile convulsivement ! » Si vous t-il; mais bâtons-nous avant quelecabalisle
alliez consulter le cabaliste espagnol ou ita- ne vienne réclamer sa statue. » Résolu do
lien,, il vous recevait paré de son costume, s'approprier le talisman , l'orfèvre l'emporte
qui n'existe plus,que dans les mascarades de el s'embarque sur un navire qui mettait juste-
notre carnaval : une ceinture particulière lui ment.à la voile. Le vent était favorable, et
ceignait les reins; vous ne compreniez rien à en peu de temps on fui en pleine mer. Tout
ses feîesmes et àses pentacles. il s'aidait aussi à coup, le navire ayant passé sur un abîme
des idoles constellées,, dont l'anecdote:sui-vanle où quelque riche trésor avait été perdu, par
vous révélera la merveilleuse .action. — Un l'effet d'un naufrage, le talisman obéit, à son
cabaliste savait que, s'il pouvait se procurer irrésistible influence, el se précipita de lui-
un certain mêlai, qui était peut-êlre le pla- même dans les vagues, au grand désappoin-
tine, et profiter de l'aspect favorable des pla- tement de l'orfèvre. — Ce n'est pas.la seule
nètes pour en faire, la figure d'un homme avec légende qui porte avec elle sa moralité. L'a-
des ailes, celle figure lui découvrirait tous les vaiicie humaine nous y est représentée courant
trésors cachés. Après bien des recherches, il après l'or elle demandant à l'enfer comme nu
est assez heureux pour trouver le talisman, el ciel : son voeu est-il exaucé , c'est au prix
il le confiée un ouvrier qui, peu à peu, le d'une malédiction qui en corrompt la jouis-
convertit en la forme astrale,-ne travaillant sance ; mais plus souvent la destinée la lour-
avec ses outils que les jours que lui indique menle, comme Tantale, par une continuelle
le maître, qui .consultait avec soin pour cela déception. Voy. COLOXNI!DU DIAUUÎ, Mu-
les tables alfonsines. Or, il arriva que l'ou- iuiLMîDu DIABLE,PONTIIUDIAHUÎ,To.un., elc.
vrier., étant laissé seul avec la statue presque — empereur romain qui, selon
achevée, eut la bonne inspiration de lui .don- Trajan,
ner la dernière main dans un moment où tou- Dion-Cassius, se trouvant à Anliochè lors de
ce terrible tremblement de terre qui renversa
expliquerquelle était la vertu dontil était doué,ni celle presque toute la ville, fut sauvé par un dé-
du talisman; mais il assurait modestementn'être pas
le seul à-qui !a nature avait donné le pouvoirde s'en mon , lequel se présenta subitement devant
servir. Les Anglaisprésents essayèrent sans succès. lui, le prit entre ses bras, sorli't avec fui par
Quandvintle lourde lady Newark,elle Tutlebien sur- une fenêtre et l'emporta hors de la ville.
prise de se trouvertout aussi sorcièreque paysan
provençal. A son retour en Angleterre,elle n'osa faire
usage de la baguette ,divinatoire:qu'ensecret, de peur Transmigration des âmes. — Plusieurs an-
' d'êtretournée en ridicule.Maiseu 1803,lorsquele doc- ciens philosophes, comme Empédocle, Pylha-
teur Iiultoii publia les Recherchesd'Ozanam, où ce
prodige est traité .d'absurdité(tom.IV. p. 260),lady gore et Platon , avaient imaginé que les âmes
".Newark lui écrivitune lettre X. T. Z., pour lui après la mort passaient, du corps icrn'elles ve-
raconterles faits qui étaient à signée
sa connaissance.Le doc-
teUTrépondit,demandantdenouveauxrenseignements naient de quitter dans un autre corps, afin d'y
à soncorrespondantanonyme.Lady Newarkle satisfit, être purifiées avant de parvenir à l'étal de
et alors le docteurdésira être mis,en rapport direct
avecelle. Lady Newarkalla le voirà Woolwicii,et, sous béatitude. Les uns pensaient que ce passage
ses 3'eux,elledécouvritune sourced?eau dans un ter- se faisait seulement d'un corps humain dans
rain oùil faisaitconstruiresa .résidenced'été. -C'est ce
mêmeterrain que le docteurHnltona vendu.depuisau un autre de même espèce. D'autres soute-
collège de WooKvich. .avec un bénéficeconsidérableà
causede ,1asource.Le docteurne put .résisterà l'évi- naient-que certaines âmes entraient dans 1<
dencelorsqu'il vit, à l'approchede r.eau, la baguette corps d'un animalou dans celui d'une -plante
s'animer-toutàcouppour ainsi dire,s'agiter, se ^ployer, Cette transmigration était nommée par le
et mêmese briserdans les doigts.delady Newark, On
cite.encoreen Angleterre.sirCharlesH. el.missFenwich Grecs métempsycose et metensomaloso. -Ces
commeétant douésde la même faculté que lady Ne-
-wark,et à un degré plus élevé encore. Cette faculté encore aujourd'hui un des principaux-.article
inexplicable est tout à fait indépendantede la volition; delà croyance dos Indiens. — Ce dogme ab
elle a une grandeana'ogieaveccellequi distingueles suide leur fait considérer les maux de celt
Zahoriesespagnols;mais ceux-cine se serventpas de la
baguettede coudrier. vie, non comme une épreuve utile à la vertu
TUF; — ZiS3 TRI
niaiscommela punitiondes crimes commis marquéque de treize personnesréuniesà ;la
clansun autre corps.;n'ayant aucunsouvenir m ïme table,, il en meurt une dans l'année:;
de ces crimes, leur croyancene peut servir c( qui n'arrivejamaisquand on <esl.quatorze.
à leur en faire éviter aucun.Elle leur in- TrembleiHéntsde terré. — LesIndiensdès
spirede l'horreur pour la caste des parias, n-ontagnesdes Andescroient,;quniîd: la terr'é
parcequ'ilssupposentque ce sont des hom- lt îmMe, que Dieu quitte le cîé'lpour passer
niesqui ont commisdes crimesaffreuxdans t( us lesmortelsen revue.Danscelle pèrsuà-
une vie précédente.Elle leur donne plus de gj3ii, à peine sentent-ilsla secoussel'aplus
charité pour les animaux même nuisibles ^ gère, qu'ils sortent-tousde leurs 'huiles,
que pour les hommes,,el une aversioninvin- c lurent,sautent, él frappentdû pied en S'ép-
ciblepour les Européens, parce qu'ils tuent c iant : Nousvoici ! nousvoici'1—Certains
les animaux.Enfin, la multitudedes Irons- c acleursmusulmansprétendentque la terré
migrationsleurfait envisagerlesrécompenses e si portéesur les cornes d'un grand boeuf;
de la vertu dans un si grand éloignemenl, c uandil baisse la lêle,disent-ils,il cause des
qu'ils n'ontplus le couragede les mériter'. ( •eniblements deterre2.Leslamasde Tâ'rlariè
Trasulle. — Tibère,étantà Rhodes,voulut <roienlque Dieu, aprèsavoirforméTaterre ,
satisfairesa curiositérelativementà l'asiro- 1a poséesur le dosd'une immensegrenouille
logiejudiciaire.11fit venir l'un après l'autre j lune, et que lentes les fois que cet animai
tousceuxqui se mêlaientde prédirel'avenir, I rodigieuxsecouela 'tôleou allongeles pal-
sur une terrasseélevéede sa maisonan bord ' es, il fait tremblerla partie de la terré qui
do la mer. Un de ses affranchis,d'une taille st dessus3.
haute et d'une force extraordinaire, les lui Trésors. — On croitdans l'Ecossequ'il y
amenait à travers les précipices.Si Tibère t sous les montagnesdés trésorssouterrains
reconnaissaitque l'astrologuen'était qu'un tardéspar des géantset des fées; en Breta-
fourbe,l'affranchine manquaitpas, à Unsi- ;neoncroitqu'ilssont gardéspar un vieillard,
gnal convenu, de le précipiterdans la mer. )ar une vieille,par un serpent,par un chien
—Il y avait alors à Hhodesun certain Tra- îoir ou par de petitsdénions,hautsd'un pied,.
sulle, hommehabileclansl'astrologieet d'un ?our se saisir de ces trésors, il faut, après
esprit adroit.Il fut conduitcommeles autres quelquesprières, faire un grand Irou sans
à ce lieu écarté, assura Tibère qu'il serait lire un mol. Le tonnerre gronde, l'éclair
empereurel lui prédit beaucoupdechosesfu- brille,des charrettesde feus'élèventdansles
tures.Tibèreluidemandaensuites'il connais- airs, un bruit de chaînes se fait entendre;
saitses propresdestinéeset s'il avaittiré son bientôton trouve une l'onne d'or.Parvient-on
proprehoroscope.Trasulle,qui avait eu quel- à l'élever au bord du trou, un mot qui vous
quessoupçonsen ne voyantrevenir aucunde échappe la précipite—dans l'abîme à mille
ses confrères, et qui sentit redoubler ses pieds de profondeur. LesBretonsajoutent
craintesen considérantle visage de Tibère, qu'au momentoù l'on chante l'évangiledes
l'hommequi l'avait amenéel qui ne le quit- Rameaux,lesdénionssontforcesd'étalerleurs
tait point, le lieuélevéoù il se trouvait.,le trésors en les déguisantsousdes formes de
précipicequi était à ses pieds, regarda le pierres,de charbons,de feuillages.Celuiqui
ciel-commepour lire dans les astres; bientôt peut jeter sur eux des objets consacrésles
il s'étonna, pâlit," el s'écria épouvantéqu'il rend à leur premièrefornieet s'en empare''.
étaiimenacéd'unemortinstante.Tibère,ravi Voy.AUG'EIST.
d'admiration, attribua à l'astrologiece cpii Tribunal secret. — Sur le tribunal secret
n'était que de la présenced'esprit et de l'a- de Weslphalie, qu'on appelleaussi la Cour
dresse, rassura Trasulleen l'embrassant,et Yehmiq.ue, l'his'.oirene nousa conservéque
le regarda depuiscommeun oracle. des notionspeu satisfaisantes,parce que les
Trèfle à quatre feuilles. —..Herbe qui francs-jugesqui le composaients'engageaient
croîtsous les gibetsarroséedu sang des pen- parun sermentterribleà la discrétionla plus
dus;-unjoueur qui la cueilleaprès minuitle absolue, el que ce tribunal-étaitsi redouté
; premierjour de la lune, el la porte sur soi qu'onosait à peineprononcerson-nom,.On,a
\ avec révérence, est sûr de gagnerà tous les l'aitce conteabsurdesur son origine.Charle-
i jeux. .-..•„ ' VoyagesauPéoulaitsen1791,
nom- 1794,parlesPP.
ïreiie,,,—Nosanciensregardaientle Manuel Sjbre-Viela
et Barcelo.
bre treizecommeun nombrefatal, ayant re- 2 Voyage.àConstant-inoplc,
1S00.
;t Voyage
deJ. Belld'Antei-moni,
etc.
1 Bergier,'Dïctïonn. '' •'>CamVjry, dansle"Finit-tère.
t. H,.p.15.
dethéologie. Voyage
31.
TIU — /,8/i' ~ TRI
des — I
magne, vainqueur Saxons, envoya, dit- serment de lui prêter secours. Quelquefois 1
on, un ambassadeur au pape Léon 111pour on sommait l'accusé de comparaître par qua- I
lui demander ce qu'il devait faire de ces re- tre citations. Souvent aussi on le condamnait |
belles, qu'il ne pouvait dompter. Le saint- sans le citer, sans l'entendre. Un homme ah- i
père, ayant entendu le sujet de l'ambassade, sent, était légalement pendu ou assassiné sans 1
se leva sans répondre et alla dans son jardin, que l'on connût ni le motif, ni les auteurs de I
où, ayant ramassé des ronces et de mauvaises sa mort. Il n'était point de lieu qui ne piU j
herbes, il les suspendit à un gibet qu'il ve- servir aux séances du tribunal secret, pourvu 1
nait de former avec de petits bâtons. L'am- qu'il fût caché et à l'abri de toute surprise. S
bassadeur, à son retour, raconta à Charlema- Les sentences se rendaient toujours au milieu I
gne ce qu'il avait vu ; el celui -ci institua le de la nuit. Ceux qui étaient chargés de citer |
tribunal secret dans la Weslphalie pour for- l'accusé épiaient dans les ténèbres le moment 1
cer les païens du Nord à embrasser le chri- favorable pour afficher à sa porte la somma- |
stianisme et pour faire mourir les incrédules '. lion de comparaître devant le tribunal des in- |
— C'est une fausseté ; car dans ses lois contre visibles'. Les sommations portaient d'abord \
les Saxons, Charlemagne permit toujours à le nom du coupable, écrit en grosses lettres, |
ceux qui ne voulaient pas se soumettre de puis le genre de ses crimes; ensuite ces mois : j
sortir du pays. — Le tribunal secret qu'il in- Nous, les secrets vengeurs de l'Eternel, les ju- j
stitua connut par la suite de tous les crimes, gas implacables des crimes el les protecteurs de j
et même des fautes, de la transgression du l'innocence. ?ious te citons d'ici à trois jours
décalogue et des lois de l'Église, des irrévé- devant- le, tribunal de Dieu. Comparais! corn-
rences religieuses, de la violation du carême, jmrais! — La personne citée se rendait à un
des blasphèmes, etc. Son autorité s'étendait carrefour où aboutissaient quatre chemins.
sur tous les ordres de l'Etal : les électeurs, Un franc-juge masqué el couvert d'un man-
les princes, les évoques même y furent sou- teau noir s'approchait lentement, en pronon-
mis et ne pouvaient en être exemples que çant le nom du coupable qu'il cherchait. Il
par le pape ou par l'empereur. Mais il y avait l'emmenait en silence et lui jetait sur le vi-
du bon dans cet établissement, puisque plu- sage un voile épais pour l'empêcher de re-
sieurs princes le protégèrent. Toutefois ce tri- connaître le chemin qu'il parcourait. On des-
bunal se rendit par la suite coupable de bien cendait' dans une caverne. Tous les juges
des excès de sévérité. Les francs-juges étaient étaient masqués et ne parlaient que par
ordinairement inconnus. Ils avaient des usa- signes jusqu'au moment du jugement. Alors
ges particuliers et des formalités cachées pour on sonnait une cloche; le lieu s'éclairait;
juger les malfaiteurs; et il ne s'est trouvé l'accusé se trouvait au milieu d'un cercle de
personne à qui la crainte ou l'argent aient fait juges vêtus de noir 2. On lui découvrait le vi-
révéler le secret. Les membres du tribunal sage et on procédait à son jugement. —Mais
parcouraient les provinces pour connaître les il était rare qu'on citai de la sorte, hormis
criminels donl ils prenaient les noms; ils les pour les fautes légères. 11était plus rare en-
accusaient ensuite devant les juges secrets core que la personne citée comparai. Celui
rassemblés; on les citait, on les condamnait, que les francs-juges poursuivaient, se hâtait
on les inscrivait sur un livre, elles plus jeunes de quitter la 'Weslphalie 5, trop heureux d'é-
étaient chargés d'exécuter la sentence. Tous chapper aux poignards des invisibles. Quand
les membres faisaient cause commune, quand les juges chargés d'exéculer les sentences du
bien même ils ne s'étaient jamais vus, ils tribunal avaient trouvé leur victime, ils la
avaient un moyen de se reconnaître qui est pendaient avec une branche de saule au pre-
encore pour nous un mystère 2. Quand le tri- mier arbre qui se rencontrait sur le grand
bunal avait proscrit un accusé, tous les francs- chemin. Poignardaient-ils, ils attachaient le
juges avaient ordre de le poursuivre jusqu'à cadavre à un tronc d'arbre et y laissaient le
ce qu'ils l'eussent trouvé, et celui qui le ren- poignard , afin qu'on sût qu'il n'avait pas été
contrait était obligé de le tuer. S'il était trop assassiné, mais exécuté par un franc-juge.
faible pour se rendre maître du condamné, — Il n'y avait rien à objecter aux sentences
ses confrères étaient obligés en vertu de leur de ce tribunal ; il fallait les exécuter sur-le-
1 ScriptoruraBrunsvV'ick, t. III.
2 On prétendque les mots qui faisaientconnaîtreles et 1les Les francs-jugesse nommaientaussiles InviùbUs
Inconnus.Ils tenaient leurs séances partout et
affiliésdu tribunalsecret étaient ceux-ci : STOC,STEIN, part; et leurs brasse trouvaienten tous lieux.
GRAS,GIIEIN:baLon,pierre, herbe,pleurs. Au reste le nulle ?-Dans le procès de Conrad de Langen, il se trouva
secret qu'on gardait dans la société des invisiblesétait
si bien gardé, dit Mceser,que l'empereur lui-mêmene au3tribunal secret plus de trois cents francs-juges. le
savait pas pour quels motifsle tribunal secretf aisait Le tribunal secret désignait la Wcstphalie sous
exécuter un coupable. nom symboliquede la terre rouye.
TRI — /i85i — TRO
champavecla plusparfaiteobéissance.Tous Trois. — Les ancienscrachaienttrois fois
lesjugess'étaientengagéspar sermentà dé- dans ( leur sein pour détournerles enchante-
noncerencasdedélitpère, mère,frère,soeur, ments. i En Bretagne, un bruit qui se fait en-
ami, parentsans exception;el à immolerce ltendretroisfoisannonceun malheur.On sait
qu'ilsauraientde pluscherdès qu'ilsen re- aussi ; que trois flambeauxallumés dans la
sevraientl'ordre; celui qui ne donnaitpoint mômechambre
i sont un mauvaisprésage.
la mortà sonfrèrecondamnéla recevaitaus- Xrois-Échelles,•—sorcierde CharlesIX,
sitôt. On peut,juger de l'obéissancequ'exi- qui le fit.brûlerà la finpour avoir joint aux
geaitletribunalsecretde la part de sesmcm- ,sortilègesles empoisonnements et les meur-
lues par cemol du duc Guillaumedo Brun- tres. 11avouadans son interrogatoireque lo
swick, qui était du nombre des francs-ju- nombrede ceux de son temps qui s'occu-
ges: «11faudra bien, dil-il un jour triste- paient de magie passait dix-huit mille. •—
ment,queje fassependrelo duc Adolphede Bodinracontele tour suivantdo ce sorcier:
Sles'wick s'il vientme voir,puisqu'aulrement En présence,du duc d'Anjou,depuisHenriIII,
mesconfrèresme ferontpendremoi-même.» il attira les chaînonsd'unechaîned'ord'assez
—•11arriva quelquefoisqu'un franc-juge, loin,el lesfilvenirdans sa main; après quoi
rencontrantun de ses amis condamnépar le la chaînese trouva entière.Naudéparle de
tribunalsecret,l'avertitdu dangerqu'il cou- Trois-Èchellesdans le chapitre m do son
rait en lui disant: On mange ailleursaussi Apologiedes grandspersonnagessoupçonnés
bonpainqu'ici. Maisdèslorslesfrancs-juges de magie.Il reconnaîtque c'était un charla-
sesconfrèresétaienttenus par leur serment tan, un escamoteuret un fripon.
de pendrele traître sept piedsplus haut que — VOy.MACRODOK.
loulantrecriminelcondamnéau mêmesup- Trois-Slieux,
plice.— Cetribunalsubsistaplusieurssiècles Trolien, — esprits folletsqui, selon Le-
en Allemagne.11devintsi terribleque Inplu- loyer, se louentcommedomestiquesdans le
part des gentilshommes el des princesfurent Nord, en babilsde femmeou d'homme, et
obligésde s'y faire agréer. Vers la fin du s'emploientaux servicesles plus honnêtes(le
quinzième siècle,onlovil s'élevertoutà coup la maison.Cesontles mêmesque lesdrolles.
à un degréde puissancesi formidable,que Tronc d'arbre. — Le diable prend quel-
l'Allemagne entièreen fut effrayée.Quelques quefoiscetteformeau sabbat.
historiensaffirmentqu'il y avaità celle épo- — t'Ol/.SOiXGlïS.
que dans l'empireplus do cent mille francs- Trophonius ,
juges. On raconte,que le duc Frédéricde Trou du château de Cnrnoet.— .l'ai vi-
Brunswick, condamnépar les francs-juges, sité,ditCambrydanssonVoyageduFinistère,
s'étant éloignéde sa suite à peu près de la les ruinesmassivesde l'antique châteaude
portéed'un arc, le chefde ses gardes,impa- Carno'ét,sur la rive droite du Laïla (c'esl
tienté,alla le rejoindre,le trouvaassassinéet le nom que l'Isole et l'Ellé prennent après
vit encore le meurtrier s'enfuir. — Après leur réunion); les pans de murs, couverts
avoir été réforméà plusieursreprises par do grands arbres, do ronces, d'épines, do
quelquesempereurs,le tribunalsecretfuien- plantesde toutenaturene laissentapercevoir
tièrementaboli parl'empereurMaximilien I"1' que leur grandeur; des fossésremplisd'une
au commencement du seizièmesiècle1.Mais .eau vive l'entouraient, des tours le proté-
il en reste peut-êtredes vestigesen Allema- geaient;c'étaitsans douteun objetde terreur
gne; et l'assassinde Kolzebueétait membre pour le voisinage; il y paraît par les contes.
d'une sociétésecrèteoù l'on a cru retrouver qu'on nous en rapporte.Un de ses anciens
l'espritde l'ancientribunalsecret de Wesl- propriétaires,type de la BarbeBleue, égor-
phalie. geaitsesfemmesdès qu'ellesétaientgrosses.
Trithème (.IIÏAN) , •—savanl abbé de l'or- La soeurd'un saint devintson épouse; con-
dre de Saint-Benoît,qui cherchaà perfec- vaincue, quand elle s'aperçut de son état,
tionnerla sléganographio ou Partd'écrire en qu'il fallait cesser d'ûlre, elle s'enfuit; son
: chiffres.On prit ses livrespour des ouvrages barbare épouxla poursuit,l'atteint, lui tran-
magiques,el FrédéricII, électeurpalatin,fit che la têle el,retournedansson château.Le
brûlerpubliquement les manuscritsoriginaux sainl, son frère, instruitde cettebarbarie, la
quise trouvaientdanssa bibliothèque- 2.Mort ressusciteet s'approchede Carnoël: on lui
en 1546. refused'en baisserles ponls-levis.A la troi-
1OncroitqueceTuten1512. sièmesupplicationsans succès, il prend une
la lance en Pair; le
'- M.T.P. Bertin,Curiosités 1.1", poignéede poussière,
delalittérature,
1'.48. châteautombeavec le prince,il s'abîmedans
TRO: — Z|8<> TRO
les eniei-s ; re mou par lequel u passa subsiste necommandons seulement, quand on lire le
encore ; jamais,. disent les bonnes gens , on siang, que l'animal ait le cul derrière vous.
n'essaya d'y pénétrer, sans devenir la proie S>ic'est, par exemple, U-IÏmouton, vous lui tien-
d'un énorme duagoiu , dIrez la fêle dans vos jambes. Enfin, après
— su- c, ivoir saigné l'animal, vous faites une- levée
Troupe furieuse. En Allemagne la
persliiion a fait donner ce nom à de certains .'le corne du pied droit, c'est-à-dire que vous
chasseurs mystérieux qui sont censés peupler ui coupez un petit morceau de corne du pied
les forêts. Voy. MONSIEURDE I.A FOIIÈ'T,VE- Clroit avec un couteau ; vous le partagez en
cJeux el en faites une croix, vous niellez celle 1
Riiun, etc. :,roisetle dans un morceau de toile neuve ,
Troupeaux. — Garde des troupeaux. Les [luis vous la couvrez de votre sel'; vous pre-
bergers superstitieux donnent le nom de gav- \nez ensuite de la laine si vous agissez sur les j
des à do certaines oraisons incompréhensibles, imoutons; autrement vous prenez du crin, I
accompagnées,de formules.. Ce qui va suivre- vous en faites aussi une croisette que vous
nous fera comprendre. Le tout est, textuelle- mettez dans votre toile sur le sel ; vous mettez
ment transcrit des grimoires et autres mau- : celte laine ou crin une seconde couche de
sur
vais livres de noirs mystères. Nous pensons sel; vous faites encore une autre croisette de
que la stupidité de ces procédés les combat cire vierge pascale ou chandelle bénite, puis
suffisamment. Les recueils ténébreux donnent vous mettez le restant de votre sel dessus, el
ces gardes comme capables de tenir toute es- nouez le tout en pelote avec une ficelle :
pèce de troupeau en vigueur et bon rapport. frottez avec cette pelote les animaux au sor-
— Le château de Belle-Garde pour les chevaux. tir de l'écurie, si c'est des chevaux; si c'est
Prenez du sel sur une assiette; puis, ayant le des moutons, on les frottera au sortir de la
dos tourné au'lever du soleil et les animaux bergerie ou du parc, prononçant les paroles
devant vous, prononcez . la- lèle nue , ce qui qu'on aura employées pour le jet; on conti-
suit -. — « Sel qui est fait et formé'au château nue à frotter pendant un, deux, trois, sept,
de Belle, je le conjure au nom de Gloria, neuf ou onze jours de suite. Ceci dépend de
Dorianlé et de Galliane , sa soeur; sel, je te la force et de la vigueur ries animaux. —
conjure que tu. aies à me tenir, mes vifs che- Notez que vous ne devez faire vos jets qu'au
vaux de bêles cavalin.es que voici présents-, dernier mol: quand vous opérez sur les che-
sains el nets, bien buvants, bien mangeants, vaux, prononcez vivement; quand il s'agira
gros el gras ;' qu'ils soient à ma volonté; sel de moulons, plus vous serez long à prononcer,
dont sel, je te conjure par la puissance de mieux vous ferez. — Toutes les gardes se
gloire, el parla vertu de gloire, el en toute commencent le malin du vendredi au crois-
mon intention toujours de gloire.» — Ceci pro- sant de la lune; el en cas pressant, on passe
noncé au coin: du soleil levant, vous gagnez par-dessus ces observations. 11fau Lavoir soin
l'autre coin, suivant le cours de cet astre, vous que vos pelotes ne prennent de l'humidité,
y prononcez ce que dessus. Vous en faites de^ parce que les animaux périraient. On les
môme aux autres coins; et. étant de retour porte ordinairement dans un gousset ; mais,
où vous, avez commencé , vous y- prononcez, sans vous charger de ce soin inutile, faites
de nouveau les mêmes paroles. Observez ce que font les praticiens experts : placez-les
pendant loutela cérémonie que les animaux chez vous on quelque lieu sec el ne craignez
soient, toujours devant vous, parce que ceux, rien. Nous avons dit ci-dessus de ne prendre
qui traverseront sont autant de bêles folles. de la corne que du pied droit pour faire la
Faites-ensuite, trois-tours autour de vos che- pelote; la plupart, en prennent des quatre
vaux, faisant des jets de voire sel.sur les ani- (lieds, et en font conséquemment deux croi-
maux, disant : « Sel, je le jette de la main que settes, puisqu'ils en ont quatre morceaux.
Dieu m'a donnée ;. Grapin, je le prends, à, loi Gela est1 superflu el ne produit rien de plus.
je m'attends, etc. » — Dans le restant de Si vous faites toutes les cérémonies des quatre
votre sel, vous saignerez l'animal sur qui on coins au seul coin du soleil levant, le troupeau
monte,, disant : « Bête cavaline;, je te saigne, sera moins dispersé.—Remarquez qu'un ber-
de la main que Dieu; m'a donnée ;. Grapin, je, ger mauvais, qui enveu ta celui qui le remplace,
te prends:, à toi je m'attends.. » On doit sai- peut lui causer bien des peines et même faire
gner avee.uiii morceau-de bois-,dur, comme du périr le troupeau; premièrement parle moyen
buis ou poirier;; on tire le- sang de quelle, de la pelote qu'il coupe en morceaux et qu'il
partie- on veut, quoi qu'on disent quelques disperse, soit sur une table ou ailleurs, soit
capricieux, qui affectent, des vertus, particu- par le moyen d'une taupe ou, d'une.belette,
lières à, certaines parties de ranimai, Nous soit enfin par le moyen d'une grenouille, ou
TRO — un:V— TRU
aine verte, ou queue de morue, qu'il met quelque'couleurque lu sois, s'il y a quelque
huis une' fourmilière, disant: Maudilion-, gale ou rognesi#rloi, fût-ellemiseet faite à
jerdition.Il l'y laissedurantneufjours,après neuf piedsdans lerre, il est vrai qu'elles'en
1
lesquelsil la relèveavec les mêmesparoles, ira et mortira. » Vousvous servirezpour le
;;i niellant en poudre et en semantoù doit jet el pour les;frottementsdesmotssuivants,
paîtrele''troupeau.Il se-'sertencorede trois el aurez recoursà ce que nous avonsdit-au
caillouxpris en différentscimetières, et par chàiteaude Belle: «Sel,je le jette de la main
le moyen de certaines paroles que nous ne que Dieum'a donnée1.Voloet vono Raptista
voulonspas révéler,ii donnedéscourantes, Sa-nclu- Aca latumesi.» — Gardepourempê-
causefa gale et faitmourirautant d'animaux cher les loupsdientrersur le terrain,où-sont
qu'ilsouhaite. — Autregarde. « Aslarin,As- lesmoutons.Placez-vousau coindu soleille-
tarot qui es Bahol,je te donnemontroupeau vantet prononcezcinq foisce qui va suivre.
à la chargeclà la garde; et pour tonsalaire Si vousne le souhaitezprononcerqu'unefois,
je le donneraibêle blancheou noire-, telle vousen ferezautant cinq jours de suite. —
qu'il me plaîra. Je le conjure, Aslarin, que «Viens, bêle à laine, je le garde. Va droit,
lu me les gardes partoutdans ces jardins,en bêle grise, à gris agripeuse; va chercherla
disant hurhipapin.» — Vous agirez suivant proie, loups el louveset louveteaux;lu n'as
ceque nousavonsdit au châteaude Belle,et pointà venirà celle viandequi eslici. « Ceci
ferezle jet prononçantce qui suit : « Gupin prononcéau coinque nousavonsdit,, oncon-
féranla faillile grand, c'est Caïn qui le fait tinuede faire de même aux autres coins; et
chat.» (Vous les frotterezavec les mêmes de retour où l'on a commencé, on le répèle
paroles.')— Autre garde. «'Bêle à laine, je de nouveau.Voyezpourlereste le châteaude
prie Dieu que la saignorieque je vais faire Belle,puisfaiteslejpt avecles parolesqui sui-
prenneet profileà ma volonté'-, .le te conjure vent: Vanusvanes.attaquezselsoli. — Garde
(|iie lu casséset,brisestonssorts et enchan- pour leschevaux. « Sel, qui est faitet formé
tementsqui pourraientêtre passés dessusle de l'écumede la mer, je te conjure que .tu
corpsde monvif troupeaude bêlesà laineque fassesmon bonheuret le profitde monmaî-
voiciprésentdevant.Dieuel,devantmoi, qui tre; je le conjureau nomde Crouay, Bonet
sontà ma charge et,à ma garde,etc.»Voyez Kouvayet,viens ici, je te prendspour mon
ci-dessusce que nous avonsdit pouropérer valet (enjetant le sel). (Gardez-vousde dire
au châteaude Belle, el, vous servez pour le Houvaye.)Ce que tu ferasje le trouveraibien
jet et froltemenldes' paroies qui suivent : fait. » — Cette garde est.forleel quelquefois
« Passefluri-,tirlipipi.•—Gardecontrela gale, pénible,dil l'auteur. Quellesstupidités!-Voy.
rogne,et clavelée.« Ce fut par un lundi au Oiuisoixnu Loue.
malin que le Sauveur du monde passa, la
Trows, — esprits qui , dans l'opiniondes
sainteViergeaprès lui, monsieursaintJean habitantsdes
son pastoureau,son ami, qui cherchesondi- lies Shetland, résidentdans les
vin troupeau.— Montroupeausera sain et cavernesintérieuresdescollines.Ils sont ha-
biles ouvriersen fer el en toutes sortes de
joli, qui est sujet à moi. .le prie madame métaux
sainleGenevièvequ'elle m'y puisse servir G.NAUDS précieux. Voy. MINEVUS , MO.NTA-
(l'amie dans ce malin claviau ici. Glaviau , elc.
bannide Dieu,je le commandeque lu aies à Truie. — Lesjuges laïcsde l'a prévoiede
sortir d'ici, et que tu aiesà fondreet confon- Paris, qui étaient irès-ardents, firentbrûler
dre devantDieu et devantmoi, commefond en 4466 Gillet-Soularlet sa truie , pauvre
la roséedevantle soleil, etc. — « 0 sel! je charlatan qui avait simplementappris à sa
le conjurede la part du grand Dieuvivant, pauvretruie Pari de se redresseret de tenir
que lu mepuissesservirà ce que je prétends, une quenouille.Onl'appelaitla truie qui file,
que tu me puisses préserver et garder mon el une enseignea conservéson souvenir.On.
troupeaude rogne,gale, pousse, de pousset, voyaitlà une oeuvredu diable.Maisil fallait
degobesel demauvaiseseaux.»Avantfoules qu'ily eût encorelà--dessous quelquehorreur.
choses,à celle garde (rédigée,ainsi que.les — «Rieu de plus simple, dit alors M.Victor
autres, par quelquepaysan), ayez recours Hugo(Notre-Damede Paris), qu'un procès-
au châteaude Belleet faitesle jet et les frot- de sorcellerieintenté à un animal. Ontrouve
tements,,prononçantquelques formules.— dansles comptesde la prévôtépour 41466 un
Gardecontre'lagale. « Quandnoire Seigneur curieuxdétail des frais du procèsde Gillet-
montaau ciel, sa saintevertu en terre laissa. Soulartel de,sa truie, exécutéspourleursdé-
Pasle.,Colletet Hervé;tout ce que Dieua dit méritesà Gorbeil.Tout-yest, le coût des fos-;
a étébien-dit.Bèterousse,blancheou noire,de ses pour mettrela truie, les cinq cotrelspris
TU11 — Zi885 — TÏU {
sur le port de Morsanl, les (rois pintes de vin s troupe. Dès qu'il fut parti, je me mis à j
sa
et le pain, dernier repas du patient, fraternel- 1
réciter le premier psaume; à peine l'avais-je '
lement partagé par le bourreau, jusqu'aux I que j'entendis tous ces démons qui reve-
fini
onze jours de garde et de nourriture de la i
naient : le vacarme m'obligea de regarder par
truie , à huit deniers parisis chaque. » 1 même croisée, et je les trouvai tristes, in-
la
TulHe. — Vers le milieu du seizième siè- 'quiets et chagrins. Alors je demandai à celui
cle, on découvrit un tombeau près de la voie qui m'avait déjà parlé de me déclarer ce
Appienne. On y trouva le corps d'une jeune qu'ils avaient fait et quel avait été le succès
fille nageant dans une liqueur inconnue. Elle de leur entreprise. — Très-mauvaise, me
avait les cheveux blonds, attachés avec une répondit-il : à peine fûmes-nous arrivés à 1
boucle d'or; elle était aussi fraîche que si elle notre rendez-vous, que l'archange Michel j
n'eût été qu'endormie. Au pied de ce corps , vint avec la légion qui est sous ses ordres !
il y avait une lampe qui brûlait et qui s'étei- pour s'opposer à notre dessin ; et comme nous j
voulions nous saisir de l'âme du roi, il se ':
gnit d'abord que l'air s'y fut introduit. On re-
connut à quelques inscriptions que ce cadavre présenta deux hommes sans tète , saint .lac- >':
était là depuis quinze cents ans, et on con- ques de Galice et saint Denis de France. Ils ï
mirent dans une balance toutes les bonnes I
jectura que c'était le corps de Tullie, fille de oeuvres de ce prince. Ils y firent entrer tout
Cieéron. On le transporta à Borne et on l'ex- j!
le bois et les pierres employés aux bâtiments !
posa au Capitule, où tout le monde courut en et ornements des églises construites par lui,
foule pour le voir. Comme le peuple imbécile j
et généralement, tout ce qui contribue à la i
commençait â rendre à ces restes les honneurs
dus aux saints, on les fil jeter dans le Tibre, gloire de Dieu. Nous ne pûmes rassembler j
assez de maux et de péchés pour l'emporter. '
l'oy. LAMPES MERVEILLEUSES.
A l'instant, ravis de nous voir honteux et con-
Turlupîns, —secte de libertins qui allaient fus, pleins de joie d'ailleurs de nous avoir en-
tout nus et qui renouvelaient en France, en levé l'âme du roi, ils nous ont fustigés si fort,
Allemagne et dans les Pays-Bas, au qua-
torzième siècle, les grossièretés des anciens qu'ils nous ont causé la tristesse cl le chagrin
où vous nous voyez, autant pour la perte que
cyniques. Ils disaient que la modestie et les nous venons de faire que pour le mal que
moeurs étaient des marques de corruption , et nous avons reçu. — Ainsi moi, Turpin, je
que tous ceux qui avaient de la pudeur étaient, fus assuré que l'àme du roi, mon maître,
possédés du diable. avait été enlevée par les mains des anges bien-
Turpin, —voy. CUAULIÎMAGNE. On met la heureux, par les mérites de ses bonnes oeu-
vision qui suit sur le compte du bon Turpin. vres, et par la protection des saints qu'il a ré-
— «Moi, Turpin, archevêque de lleims, étant vérés et servis pendant sa vie. Aussitôt je fis
à Vienne (en Dauphiné), après avoir chanté la venir mes clercs; j'ordonnai cle faire sonner
messe dans ma chapelle, et y avoir célébré les toutes les cloches de la ville, je fis dire des
saints mystères, comme j'étais resté seul pour messes, je distribuai des aumônes aux pau-
réciter quelques psaumes, et que j'avais com- vres, enfin je fis prier pour l'àme du prince.
mencé le Deus, in a-djularium mc.um inlcnde, Alors même je témoignai à tous ceux que je
j'ouïs passer une grande troupe d'esprits ma- voyais que j'étais assuré de la mort de l'em-
lins, qui marchaient avec beaucoup de bruit pereur. Au bout de dix jours, je reçus un
cl, de clameurs. Sur-le-champ je mis la tète courrier par lequel on m'en marquait tout le
à la fenêtre pour voir ce que c'était, et je re- détail, et son corps fut inhumé dans l'église
marquai une multitude de démons, mais si que lui-même avait fait bâtir à Aix-la-Cha-
nombreux qu'il n'était pas possible de les pelle '. « Voy. VETIN.Malheureusement pour le
compter; et, comme ils marchaient tous à conte , il paraît que l'archevêque Turpin était
grands pas, j'en remarquai un moins haut mort en "794, et Charlemagne mourut en 814.
que les autres, dont néanmoins la figure fai- Eyliilenus, — nom du mauvais génie chez
sait horreur. 11 était suivi d'une troupe qui les Saxons.
venait après lui à quelque distance, .le le con- — peau de bouc dont les sor-
Tjmpanon,
jurai de me déclarer au plus tôt où ils al- ciers font des outres où ils conservent leur
laient. «Nous allons, dit-il, nous saisir de bouillon. Voy. SABBAT.
l'àme de Charlemagne, qui venait, de sortir — sorte d'instrument dont les Lapons
ce
de monde. — Allez, lui répondis-je, et, par Tyre,
le même ordre que j'ai déjà employé, je vous 1 VisioTurpiniRemcnsisarchiepiscopi,qualitorani-
niamltaroli Maguirîîemonibus abstulerunldiioacephali,
conjure de repasser ici pour me rapporter ce beatus scilicetJacobusapostolus,et Macharius arcopa-
que vous aurez fait. » Il s'en alla donc et suivit gita Dionysius.Manuscr.Bibl. reg. n° 2147,p. 134.
VAC — /i89 — . YAC
se servent pour leurs opérationsmagiques, les Lapons vendentcette lyre ; qu'elle est
gcheffernousen fournitla description: Celle commeanimée,qu'ellea du mouvement; en
ivre n'est autre chosequ'une bouleronde, sorteque.celuiquil'a achetéela peut envoyer
do la grosseur d'une noix ou d'une petite en qualitéde maléficessur qui il lui plaît. La
pomme,faitedu plustendreduvet,poliepar- lyre va commeuntourbillon.S'il se rencontre
tout et si légèrequ'elle semblecreuse. Elle en son cheminquelquechose d'animé, celle
estd'une couleurmêléede jaune, de vert et chosereçoitiemal qui était préparépourune
de gris; le jaune y domine.On assure que autre.

tïkobach, — démond'un ordre inférieur. d'autres.Kelirez-vousun peu, et je feraides-


11semontretoujoursavecun corpsenflammé; cendrela pluiesur tellepartie du jardin que
on le dit inventeurdes fritureset des feux vousdésignerez.— Fais, reprend le paysan
d'aililice.11est chargépar Belzébulhd'entre- surpris,je vais meretirer.» Alorsla petitefille
tenir l'huiledans les chaudièresinfernales. creuseun troudansla terre , y répandde son
la mêleavecla terre
ïîphir, — démonchimiste,très-versédans urine,mots, et la pluietombe, prononcequel-
laconnaissance dessimples.11est responsable ques par torrentssur
le jardin. — Qui t'a doncappriscela?s'écrie
auxenfersde la santé-de Belzébulhel des
cour.Lesmédecins l 'ont le paysan étourdi.— C'estma mère, qui est
grandsdesa prispour très-habiledanscellescience.»Le
leur patron, depuis le discréditd'Esculape. paysanef-
frayé lit monter sa filleel.sa femmesur la
Upiers, — UOJ/.'VAMI'IUES. charrette, les mena à la ville, et les livra
TJrcla,— OT?/.NoilNES. toutesles deuxà la justice.
— ïïrotopégnie , — chevillenienl.Delancredit
Urine. L'urinea aussidesvertusadmi-
rables.Elle guérit,la teigneet les uicèresdes qu'il y a un livrede ce nom dans lequel on
voit les moulins,les tonneaux,les fours,
oreilles, pourvuqu'on la prenne en bonne etc.,que
santé.Elleguérit ausside la piqûredes ser- peuventêtre liésainsi que les hommes.
des el Voy. LlGATUHliS.
pents, aspics, autresreptiles venimeux.
—11paraît quelessorcièress'en serventpour merpen,.-— VOIJ. MERLIN.
fairetomberla pluie. Delrioconteque, dans utéseture, — espèce de magie pratiquée
le diocèsede Trêves, un paysanqui plantait chezles Islandais;onen faitremonterl'usage
deschouxdans sonjardin avecsa fille,âgée jusqu'ùOdin.Ceuxquise trouventla nuit hors
de huit ans, donnaitdes élogesà cet enfant de leur logiss'imaginentconverseravec des
sursonadresseà s'acquitterdosa petite fonc- esprits qui, communément,leur conseillent
tion.« Oh! réponditl'enfant, j'en saisbien de fairele mal.

Vaccine.— Quandl'inoculations'introdui- françaisontécritque la vaccinedonneraitaux


sit à Londres,un ministreanglicanla traita vaccinésquelquechose de la race bovine;
enchaired'innovationinfernale,de suggestion queles femmessoumisesà ce préservatifs'ex-
diabolique,et soutintque la maladiede Job posaientà devenirdesvachescommeIo. Voy.
n'étaitque la petite-véroleque lui avaitino- lés écritsdes docteursYaume, Moulel,Cha-
culéele malin1. — Des pasteursanglaisont pon, etc.
traitépareillementla vaccine.Desmédecins Vache. — Cetanimalest si respectédans
1 M.Saignes,desErreurs
etdespréjugés, t. III,
etc., rindoustan, que tout ce qui passe par son
V-8 4. corpsa, pour les Indiens, une vertu sancli-
Y AD — u90) —• VAI) j;
fiante et médicinale. Les brames donnent du n Visara ou Viser-Aa ; il s'arrôlasui' la rive,

riz aux vaches, puis ils en' cherchent les grains y3 abattit, un arbre, le creusa, y déposa ses
entiers dans leurs excréments-, et font avaler l
trésors et ses vivres, el s'y pratiqua une de-
ces grains aux malades, persuadés qu'ils sont .1 meure tellement fermée que l'eau ne pouvait
propres à guérir le corps' et à' purifier l'àme. y; pénétrer. Après y être entré il se laissa llot-
Us ont. une vénération singulière pour lès cen- I vers la mer. — On jour, un roi de Julland,
ler
dres de bouse de vache. — Les souverains 1
nommé Nidung, péchait avec sa cour, quand
ont à leur cour des officiers qui n'ont point 1 pêcheurs retirèrent de leur filet un gros j
les
d'autre fonction que de présenior le malin, à tronc d'arbre singulièrement taillé. Pour sa- i
ceux qui viennent saluer le prince, un plat de voir ce qu'il pouvait contenir, on voulut, le |
ces cendres détrempées dans un peu d'eau. mettre en pièces; mais tout-à-coup une voix, j
Le courtisan trempe le bout du doigt dans ce sortant du tronc, ordonna aux ouvriers de
mortier, el se fait, sur différentes parties du cesser. A celle voix, tous les assistants prirent
corps, une onction qu'il regarde comme salu- la fuite, croyant, qu'un sorcier était caché dans
taire. Voy. YAÏCAUANI. — Chez les Hébreux, l'arbre. — Yeland en sortit; il dit au roi qu'il
on sacrifiait une vache rousse pour faire de n'était pas magicien , cl que, si on voulait lui
ses cendres une eau d'expiation destinée à laisser la vie el ses trésors, il "rendrait de
purifier ceux qui s'étaient souillés par Pattou- grands services : le roi le lui promit. Yeland
chement d'un mort. C'est, de là sans doute que cacha ses trésors en terre et entra au service
vient, dans le midi, l'opinion qu'une vache de Nidung. Sa charge fut de prendre soin de
rousse est mauvaise. trois couteaux que l'on mettait devant le roi à
Vade. — La légende de Yade ou Warle el table. — Le roi ayant découvert l'habileté de
de son fils Yéland, le forgeron, est célèbre dans Yeland dans l'art de fabriquer des armes,
la littérature Scandinave. La voici, telle que consentit à ce qu'il luttât avec son forgeron
M. Depping el Francisque Michel, guidés ordinaire. Gelui-ci fit une armure qu'il croyait
par les monuments de la Suède cl de l'Islan- impénétrable, mais que Yeland fendit en deux
de , l'ont exposée dans leur Dissertation sur- d'un seul coup de l'épée d'or qu'il avait fabri-
une tradition du moyen âge, publiée à Paris- quée en peu d'heures. Depuis lors, Yeland
eu 1833 : — « Le roi danois Wilkin ayant ren- fut en grande faveur auprès du roi ; mais ayant
contré dans une forêt, au bord de l'a mer, une été mal récompensé d'un message pénible et
belle femme qui était une haffru ou femme dangereux, il ne songea plus qu'à se venger.
do mer, espèce d'êtres marins qui, sur terre, Il- tenta d'empoisonner le roi,. qui- s'en aper-
pïennenl la forme d'une femme , s'unit avec çut, el lui fit couper les jarrets. Furieux do
elle, el le fruit de celle union fut un fils géant, cette injure, Yeland feignit du repentir, el le
qui fui appelé Yade. Wilkin lui donna- douze roi consentit à lui laisser une forge el les ou-
terres en Seelande. Vade eut à son tour un tils nécessaires pour composer de belles ar-
(ils appelé- Velund ou Vanhmd. Quand ce der- mures et. des bijoux précieux. — Alors le vin-
nier eut atteint l'âge de. neuf ans, son père le dicatif artisan sut attirer chez lui les deux fils
conduisit chez un habile forgeron de Hunaland, du roi ; il les tua, et offrit à leur père deux
appelé Mimer, pour qu'il apprit à forger, trem- coupes faites avec le crâne de ses enfants.
per et façonner le fer. — Après l'avoir laissé Après quoi il se composa des ailes, s'envola
trois hivers dans le Hunaland , le géant. Vade sur la tour la plus élevée, el cria de toutes ses
se rendit avec lui à une montagne appelée forces pour que le roi vînt et lui parlât. En
Kallova , dont l'intérieur était habité par deux entendant sa voix, le roi sortit. «Yeland, dit-
nains qui passaient pour savoir mieux forger il, est-ce que tu es devenu oiseau?— Sei-
le fer que les autres nains el que les hommes; gneur, répondit le forgeron, je suis maintenant
ordinaires. Us fabriquaient des épées, dess oiseau el homme à la fois; je pars, el lu ne
casques el des cuirasses; ils savaient aussii me.verras plus. Cependant, avant de partir,
travailler l'or el l'argent, el en faire toute> je veux l'apprendre quelques secrets. Tu m'as
sorte de'bijoux. — Les nains , pour un; marc; fait couper les jarrets pour m'empècher de
d'or, rendirent Yeland le plus habile forgeron1 m'en aller; je m'en suis vengé : je t'ai privé
de'l'a terre; néanmoins ce dernier tua ses maî- de tes-filss que j'ai égorgés de ma main : mais
tres, qui voulaient profiler d'une tempête danss lu trouveras' leurs ossements dans les vases
laquelle Vade avait péri pour mettre'à mortt garnis- d'or et d'argent dont j'ai-orné lai table. »
leur élève. — Yeland s'empara alors des ou- Ayant dit ces mots, Veland disparuU'dans les
tils', chargea' un-cheval'd'autant, d'or et -d'ar- airs.»—Ce récit est la forme la plus complète
gent qu'il pouvaiten porter, et reprit le'cheminn qu'ail reçue la légende de Yade et de son-fils
d-u.Danemarck.lifarriva prèsdïun:fleuve nom-1- dans les monuments de la littérature scandi-
VAL — MH — VAM
nave. Léchant de l'Eddwqui nousfaitcon- habitaitla Divinité; il y plaçaitdes Eom ou
naîtreYeland, diffèredans plusieursde ses intelligences immortelles, annombrede trente,
circonstances. Là, Yelandest.le troisièmefils les uns mâles, les autres femelles;,il les dis-
d'unroialfe, c'est-à-dire d'espècesurnatu- tribuaiten trois ordres, les supposaitnés les
relle.Ces trois princesavaient épousé trois uns des autres, leurdonnaitdesnomset fai-
valkiriesou fées, qu'ils avaient rencontrées sait leur généalogie.Le premierétait Jiythos,
unbordd'un lac, où, après avoirdéposéleur la profondeur,qu'il appelaitaussile premier
robede-cygne,elless'amusaientà filerdulin. père, propator; il lui donnait pour femme
Aprèssept années de mariage, les valkiries Ennoïa, l'intelligence,qu'il appelait encore
disparurent,-, et- les deux frères de Yeland le silence,Sigé.Jésus-Christetle Saint-Esprit,
allèrentà la recherchede leursfemmes; mais élaienlles derniersnés de ces Éons.— Ona
Yelandresta seuldanssa cabane, et s'appli- peine à concevoirque Yalenlinait eu de
qua à forgerlesmétaux.Le roiNidulh,ayant nombreuxdisciples, et que plusieurssocles
entenduparler des beauxouvragesd'or que soient,nées de sa doctrine.Maisl'esprit hu-
Yelandfaisait.,s'emparadu forgeronpendant main fourvoyéa aussises prodiges.Voy'.BA-
qu'il dormait, et, commeil faisaitpeur à la SILE.
reine, celle-ci ordonnaqu'on lui coupât les Valkiries, —fées des Scandinaves.Foi/.
jarrets.Yeland-, pour se venger,accomplitles VADE.
actionsdifférentesque nousavonsrapportées.
—CellehistoiredeWade et de sonfilsa été Vampires.— Cequ'il y a de plus remar-
dans l'histoiredes vampires, c'est
souver.limitéepar lesancienspoètesallemands quableont
et anglo-saxons.Les trouvèresfrançaisont qu'ils partagé, avecles philosophes,ces
autres démons,l'honneurd'étonnerle dix-
parléplusieurs foisde Yeland, de son habi- c'est qu'ilsont épouvantéla
letéà forgerdes armures.Ils se plaisaientà huitièmesiècle; la la la la
direquePépéeduhérosqu'ilschantaientavait, Lorraine, Prusse, la Silésie,la Pologne,
été trempéepar Veland. Moravie,l'Autriche, Russie, Bohèmeel
toutle nordde l'Europe,pendantque lesdé-
Vafthrudnis, -—génie des Scandinaves, molisseursde. l'Angleterre,et de la France
renommépour sa scienceprofonde.Odinalla renversaientles croyancesen se donnantle
ledélierdansson palais,cl le vainquitpar la ton clen'attaquerque les erreurspopulaires.
supérioritéde sesconnaissances. Chaquesiècle, il est vrai, a eu ses modes;
Vaïcarani, —•fleuvede feu, que les âmes chaque pays, commel'observeD. Calmet,a
doiventtraverseravantd'arriveraux enfers, en ses préventionsel ses maladies;maisles
selonla doctrinedes Indiens.Si un malade vampiresn'ontpointparu avectoutleuréclat
tienten,mainla-queued'une vache, au mo- dans lessièclesbarbaresel chezdes peuples
ment de.sa mort.,,il passera sans danger le sauvages; ils se sont montrésau siècledes
fleuveYaïcnraui,parceque la vache, dontil Diderotetdes Voltaire, dans l'Europe,qui se
a tenu la queue, se présenteraà luisur le disait déjà civilisée.— On a donné le nom
borddu fleuve; il prendra sa queue et. fera û'apiers.oupircs,et plusgénéralementvam-
doucement le trajetpar ce moyen. pires, en Occident,de broucolaques ( vrouço-
lacas) en Morée,de l;u1a]:hunés à Ceylan,à
-
Vaisseau fantôme, — t'Oly.Voi.TIGISUIldeshommesmortsel enterrésdepuisplusieurs
HOLLANDAIS. années, ou du moinsdepuisplusieurs.jours,
Valafar OUKEalafar,— grand et puissant qui revenaienten corpsel en âme, parlaient,
duc,de l'empireinfernal.Ilparaîtsousla forme marchaient,infestaientles villages,maltrai-
d'un ange, quelquefoissous celle d'un lion taientles hommeset lesanimaux, et surtout
avecla,tèteetlespattesd'uneoieelune queue, qui suçaient le sang de leurs proches, les
delièvre.Il connaîtle passéet l'avenir,donne épuisaient,leurcausaientla mort'. On.nese
dugénieet de l'audaceaux hommes,et com- délivraitde leurs dangereusesvisileset de
mandetrente-six légions' 1. leurs infestai-ions, qu'en les exhumant, les
leur coupantla tète, leurarrachant
Valens,— uo;/. ALBCTIIYOMANCIE. empalant, lecoeuron lesbrûlant.— Ceuxqui mouraient
Valentln, — hérésiarque,originaired'E- sucésdevenaientvampiresà leurtour. — Les.'
gypte,qui enseignasa doctrinepeu de temps journauxpublicsde la Franceel de la Hol-
aprèsl'amortdu dernier dès apôtres.11ad- landeparlent, en 1693et -IC94,des vam-
mettaitun séjour éternel de lumière qu'il piresqui se montraienten Pologneet surtout
nommaitplèromaou plénitude, dans lequel en Russie. On voit dans le Mercuregalant.
! Wierus.inPteudom. drcm. 1 C'estla définition
qu'endormeleit,.P.D.Caîrnct.-
VAM Zi92 VAM
de ces deux aimées, que c'était alors une opi- primé à Olmutz, en '1706, sous le litre de
nion répandue chez ces peuples que les vam- Magio, posthuma. L'auteur raconte qu'en un
pires apparaissaient, depuis midi jusqu'à mi- certain village, une femme étant morte munie
nuit; qu'ils suçaient le sang des hommes et des sacrements, fut enterrée dans le cime-
des animaux vivants avec tant, d'avidité, que tière à la manière ordinaire. On voit que ce
souvent ce sang leur sortait par la bouche , n'était point une excommuniée, mais peut-être
par les narines, par les oreilles; quelquefois une sacrilège. Quatre jours après son décès,
leurs cadavres nageaient dans le sang au fond les habitants du village entendirent un grand
de leurs cercueils. •—On disait que ces vam- bruit, et virent un spectre qui paraissait,
pires, ayant continuellement grand appétit, tantôt, sous la forme d'un chien , tantôt sous
mangeaient aussi les linges qui se trouvaient celle d'un homme, non à une personne seu-
autour d'eux; on ajoutait que, sortant, de lement, mais à plusieurs. Ce spectre serrait la
leurs tombeaux, ils allaient la nuit embrasser gorge de ceux à qui il s'adressait, leur com-
violemment leurs parents ou leurs amis, à primait l'estomac jusqu'à les suffoquer, leur
qui ils suçaient le sang, en leur pressant la brisait presque tout le corps et les réduisait à
gorge pour les empêcher de crier. Ceux qui une faiblesse extrême ; en sorte qu'on les
étaient sucés s'affaiblissaient tellement, qu'ils voyait pâles, maigres et exténués. Les ani-
mouraient presque aussitôt. Ces persécutions maux même n'étaient pas à l'abri--de sa ma-
ne s'arrêtaient pas à une personne seulement ; lice. ; il attachait les vaches l'une à l'autre par
elles s'étendaient jusqu'au dernier de la fa- la queue, fatiguait les chevaux et tourmen-
mille ou du village ( car le vampirisme ne s'est tait tellement le bétail do toute sorte, qu'on
guère exercé dans les villes ), à moins qu'on n'entendait partout que mugissements el cris
n'en interrompît le cours en coupant la tête de douleur. Ces calamités durèrent plusieurs
ou en perçant le coeur du vampire, dont on mois : on ne s'en délivra qu'en brûlant le
trouvaille cadavre mou, flexible, mais frais, corps de la femme vampire. — L'auteur de.
quoique mort, depuis très-long-temps. Comme la Alagia posthuma raconte une autre anec-
il sortait de ces corps une grande quantité de dote plus singulière encore. Un pâtre du vil-
sang, quelques-uns le mêlaient avec de la fa- lage de Blovv. près la ville de Kadam en Bo-
rine pour en faire du pain : ils prétendaient hême , apparut, quelque temps après sa mort
qu'en mangeant ce pain ils se garantissaient avec les symptômes qui annoncent le vampi-
des atteintes du vampire. — Voici quelques risme. Ce spectre appelait, par leur nom cer-
histoires de vampires. — M. de Yassimont, taines personnes , qui ne manquaient pas do
envoyé en Moravie par le duc de Lorraine mourir dans la huitaine. Il tourmentait ses
Léopold 1er, assurait, dit 1). Calmet, que ces anciens voisins , et causait tant d'effroi que
sortes de spectres apparaissaient fréquem- les paysans de Blow déterrèrent son corps el-
ment et depuis long-temps chez "les Moraves, le fichèrent, en terre avec un pieu qu'ils lui
et qu'il était assez ordinaire dans ce pays-là passèrent à travers le coeur. —Ce spectre,
de voir des hommes, morts depuis quelques qui parlait quoiqu'il fût mort, et qui du moins
semaines, se présenter dans les compagnies, n'aurait plus dû le faire dans une situation
se mettre à table sans rien dire avec les gens pareille , se moquait néanmoins de ceux qui
de leur connaissance, eL faire un signe de lui faisaient souffrir ce traitement. « Yous avez
tête à quelqu'un des assistants, lequel mou- bonne grâce, leur disait-il en ouvrant sa
rait infailliblement quelques jours après. Un grande bouche de vampire, de me donner
vieux curé confirma ce fait à M. de Yassimont, ainsi un bâton pour me défendre contre les
et lui en cita même plusieurs exemples qui chiens! » On ne fil pas attention à ce qu'il
s'étaient, disait-il, passés sous ses yeux. Los put dire et on le-laissa. La nuit suivante il
évoques et les prêtres du pays avaient con- brisa son pieu, se releva, épouvanta plusieurs
sulté Borné sur ces matières embarrassantes; personnes et en suffoqua plus qu'il n'avait, fait
mais le Saint-Siège ne fit point de réponse , jusqu'alors. On le livra au bourreau , qui le
parce qu'il regardait tout cela comme des vi- mil sur une charrette pour le transporter hors
sions. — Dès lors, on s'avisa de déterrer les de la ville et. l'y brûler. Le cadavre remuait
corps de ceux qui revenaient ainsi, de les les pieds et les mains, roulait des yeux ar-
brûler ou de les consumer en quelqu'aulre dents et hurlait comme un furieux. •—Lors-
manière ; et ce fui par ce moyen qu'on se dé- qu'on le perça de nouveau avec des pieux, il
livra de ces vampires, qui devinrent de jour jeta de grands cris et rendit, du sang très-
en jour moins fréquents. — Toutefois ces ap- vermeil ; mais quand on Peut bien brûlé, il ne
paritions donnèrent lieu à un petit ouvrage se montra plus. — On en usait de même dans
composé par Ferdinand de Sehertz , et im- le dix-septième siècle contre les revenants
;— vA.u
(lecegenre;el, dansplusieursendroits,quand imarquede vampirisme,ni dansle corpsdu
on les lirait de terre , on les 'trouvaitpareil- fils,nidansceluides autres morts.— « Grâce
lementfraiset vermeils,les membressouples à Dieu! ajoute le marquisd'Argens,nousne
et maniables, sans vers et sans pourriture, sommesrienmoinsquecrédules; nousavouons
maisnon sans une très-grandepuanteur.— que toutesles lumièresde physiqueque nous
L'auteurque nousavonscitéplushaut assure pouvonsapprocherde ce fait ne découvrent
que de sontempson voyaitsouventdes vam- rien de ses causes: cependantnousne pou-
piresdansles montagnesde Silésieel deMo- vonsrefuserdecroirevéritableun faitattesté
ravie.Ils-apparaissaient en pleinjour, comme juridiquementet par des gens de probité.»
au milieude la nuit; et l'on apercevait les •—Versl'an 47213, un soldatqui étail en gar-
chosesqui leur avaientappartenuse remuer nison chez un paysan des frontièresde la
el,changerde place sans que personneparût Hongrie,vit entrer,au momentdu souper,un
les toucher.Le seul remèdecontreces appa- inconnuqui se mit à table auprès du maître
ritionsétait de couperla tète et de brûler le de la maison.:celui-cien fut très-effrayé,de
corps du vampire.— Le marquisd'Argens mêmequele restede la compagnie.Lesoldat
raconte, dans sa cent trente-septièmelettre ne savait qu'enjuger, et craignait d'être in-
juive, une histoirede vampirequi eut lieu au discret en faisantdes questions,parce qu'il
villagede ICisilova, à troislieuesde Gradisch. ignoraitde quoiil s'agissait.— Maislemaître
Ce qui doitle plusétonnerdansce récit, c'est du logisétant mortle lendemain,il cherchaà
que d'Argens,alors incrédule,ne met pas en connaîtrele sujetqui avait produitcet acci-
doutecette aventure.— Onvientd'avoir en dent el mis loule la maisondans le trouble.
Hongrie, dit-il, une scène de vampirisme, On lui dit que l'inconnu,qu'il avait vu entrer
qui est dûmentattestéepar deux officiersdu et se mettreà table, au grand effroide la fa-
tribunal de Belgrade, lesquelsont fait une mille, étail le père du maîtrede la maison:
descentesur les lieux, et.par un officierdes qu'il était mortet enterré depuisdix ans , el,
troupesde l'empereur à Gradisch; celui-ci qu'en venantainsis'asseoirauprèsde sonfils,
a été témoinoculairedesprocédures.Aucom- il lui avait apportéla mort. •—Le soldaira-
mencementde septembre,mourut, dansle contaces chosesà sonrégiment.Onen avertil
villagedeKisilova, unvieillardâgédesoixante- les officiersgénéraux, qui donnèrentcom-
deuxans. Troisjours aprèsqu'il fut enterré, missionau comtede Cabreras,capitained'in-
il apparut à sonfils pendantla nuit et lui de- fanterie, de faire informationde ce fait. —
mandaà manger: celui-cien ayant,apporté, Cabrerass'étant transportésur les lieuxavec
le spectre'mangea,aprèsquoi il disparut.Le d'autresofficiers,un chirurgienet un audi-
lendemain,le filsracontaà sesvoisinsce qui teur, ils entendirentles dépositionsde tous
lui était arrivé, et le fantômene se montra les gens de la maison,qui attestèrentque le
pas ce jour-là; mais la troisièmenuit il re- revenantétait père de l'hôtedu logis,et'que
vint demanderencore à souper. Onne sait tout ce que le soldat avait rapporté étail
pas si son filslui en donnaou non; maison exact: ce qui fui aussi affirmépar la plupart
le trouva le lendemainmortdanssonlit. Le des habitantsdu village.— En conséquence
mêmejour, cinq ou six personnestombèrent on fil tirer de terre le corps de ce spectre:
subitementmaladesdans le village,et mou- son sang était lluideet seschairsaussifraî-
rurent l'une après l'autre en peu de temps. ches que cellesd'un hommequi vientd'ex-
Lebaillidu lieu, informéde cequi se passait, pirer. Onlui coupala tète; après quoi on le
en fit présenterune relationau tribunal de remitdans son tombeau.•—On exhumaen-
Belgrade,qui envoya à ce villagedeux de suite,aprèsd'amplesinformations, un homme
ses agentsavecun bourreau,pour examiner mort depuisplus do trente ans, qui était re-
l'affaire. Un officierimpérial s'y rendit de venu trois fois dans sa maisonà l'heure du
Gradisch pour être témoind'un fait dontil repas, et qui avait sucéau cou, la première
avaitsi souventouï parler. — On ouvritles fois, son propre frère, la secondeun de ses
tombeauxde tousceuxqui étaientmortsde- fils, la troisièmeun valetde la maison; tous
puissix semaines: quand on en vintà celui (roisen étaientmortspresquesur-le-champ.
du vieillard, on le trouva les yeux ouverts, Quandce vieux vampire fut déterré , on le
d'une couleurvermeille,ayant une respira- trouva comme le premier, ayant le sang
tion naturelle,cependantimmobile: et mort.; lluideet le corpsfrais. Onlui plantaun grand
d'oùl'on conclutque c'étaitun insignevam- cloudans la tète et ensuiteon le remitdans
pire. Le bourreaului enfonçaun pieu dans son tombeau.,—Le comte de Cabrerasfit
le coeur: onfit un bûcheret l'onréduisiten brûlerun troisièmevampire,quiélaitenterré
cendres le cadavre. On ne trouva aucune depuisseize ans, et qui avait sucéle sang et
VAM — k&L, — VAM
causé la mort-à deux de ses fils. -—Alors enfin symptôme cle maladie, que la maigreur et lo
le pays fut, tranquille '.—On a vu, dansloul dessèchement. On dit, en Hongrie, que c'esl
ce qui précède, que généralement, lorsqu'on un vampire qui s'attache à cette personne et
exhume les vampires, leurs corps paraissent lui suce le sang. — De ceux qui sont attaqués
vermeils, souples,-bien conservés. Cependant, de celte mélancolie noire, la plupart ayant
malgré tous ces -indices de vampirisme, on ne l'esprit troublé croient voir un spectre blanc
procédait pas contre eux sans formes judi- qui les suit partout, comme l'ombre fait le
ciaires. On citait et on entendait les témoins ; corps. — Lorsque nous étions en quartiers
on examinait les raisons des plaignants; on d'hiver chez les Yalaques, deux cavaliers de
considérait avec attention les cadavres : si la compagnie dont j'étais cornette moururent,
tout annonçait un vampire , on le livrait au de cette maladie ; et plusieurs autres qui en
bourreau , qui le brûlait. Il arrivait quelque- étaient attaqués -seraient probablement morts
fois que ces spectres paraissaient encore pen- de même, si -un caporal de notre compagnie
dantlroisou quatre jours après leur exécution : n'avait guéri les -imaginations en exécutant
cependant leur -corps avait été réduit en cen- le remède que les gens du pays emploient
dres. — Assez souvent on différait d'enterrer pour cela. Quoique assez singulier, je ne l'ai
pendant six ou sept, semaines les corps de jamais lu nulle part. Le voici : On choisit un
certaines personnes suspectes. Lorsqu'ils ne jeune garçon ; on -le fait monter à poil sur un
pourrissaient point, et que leurs membres de- cheval entier, absolument noir ; on conduit le
meuraient souples, leur sang fluide, alors on jeune homme et le cheval au cimetière : ils
les brûlait. — On assurait que les habits de se promènent sur toutes les fosses-. Celle où
ces défunts se remuaient et changeaient de l'animal refuse, de passer, malgré les coups
place sans qu'aucune personne les touchât. de cravache qu'on lui délivre, est regardée
L'auteur de la Magia poslhvma, raconte que comme renfermant un vampire. On ouvre
l'on voyait à Olmutz, à la fin du dix-septième cette fosse, et on y trouve un cadavre aussi
siècle , un de ces vampires qui, n'étant pas beau el aussi frais que si c'était un homme
enterré, jetait des pierres aux voisins et mo- tranquillement endormi. On coupe, d'un coup
lestait -extrêmement les habitants. -— Dom de bêche, le cou de ce cadavre : il en sort
Calmel rapporte, comme une circonstance abondamment un sang des plus toeaiix el, des
particulière, que, dans les villages où l'on est plus vermeils, du moins on croit le voir ainsi.
infesté du vampirisme, on va au cimetière, Cela fait, on remet le vampire dans sa fosse,
on visite les fosses ; on en trouve qui ont deux, on la comble, et on peut compter que dès lors
ou trois, ou plusieurs trous de la grosseur du la maladie cesse, et que tous ceux qui en
cloigl •.alors on fouille dans ces fosses, et l'on étaient attaqués recouvrent leurs forces peu
ne manque pas d'y trouver un corps souple à peu, comme des gens qui échappent d'une
et, vermeil. Si on coupe la tête de ce cadavre, longue maladie d'épuisement...» Les Grecs
il sort de ses veines et de ses artères un sang appellent leurs vampires broucolaques; ils
fluide, frais et' abondant. — Le savant bé- sont persuadés que la plupart des spectres
nédictin demande ensuite si ces trous, qu'on d'excommuniés sont vampires, qu'ils ne peu-
remarquait dans l'a terre qui couvrait les vam- vent, pourrir dans leurs tombeaux ; qu'ils ap-
pires -, pouvaient, contribuer à leur conserver paraissent, le jour comme la nuit, et qu'il est
une espèce de vie, de respiration, de végé- très-dangereux de les rencontrer. Léon A-l-
tation , el rendre plus croyable leur retour lalius. qui écrivait au seizième siècle, entre
parmi les vivants : il pense avec raison que là-dessus dans de grands détails; il assure
ce sentiment, (fondé d'ailleurs sur des faits que dans l'île de Chio les habitants ne répon-
qui n'ont, rien de réel ) n'est ni probable , ni dent que lorsqu'on les appelle deux fois; car
digne d'attention.-—Le même écrivain cite ils sont persuadés-.que les broucolaques ne les
ailleurs, sur les vampires de Hongrie, une peuvent appeler qu'une fois seulement. Ils
lettre deM. de l'Isle de Saint-Michel, qui de-, croient encore que quand un broucolaque
m'eurâ long-temps dans les pays infestés et appelle une personne vivante, si celle per-
qui devait en savoir quelque chose. Voici sonne répond , le spectre disparaît ; mais ce-
Comment M. de ITsle s'explique là-dessus : — lui qui a répondu meurt au bout de quelques
« Une personne se trouve attaquée de lan- jours. On raconte la même chose des vampires
gueur, perd l'appétit, maigrit à vue d'oeil, de Bohême et de Moravie. •—Pour se garantir
et, au bout de huit ou dix jours, quelquefois de la funeste influence des broucolaques, les
quinze, meurt sans fièvre ni aucun autre Grecs déterrentie-corps du spectre elle brû-
1 Tj.Calmetdéclarequ'il lientces faits d'un homme lent, après avoir récité.sur lui des prières;
graveqni les tenait de M. le comtede-Cabreras. alors ce corps iréduit en cendres ne paraît plus.
VAM — 4Ô5 — VAM.
Bicaul, qui voyageadans le Levantau dix- .;une, el qui vint épouvanter-safemmeet ses
septièmesiècle, ajouteque la peur des brou- .]Mr-enls,.On ne se;-défendaitde sa médian-
colaques.est généraleaux Turcscommeaux <>etéqu'en faisant,grandibru.itlorsqu'ilappro-
Grecs. Il raconte un fait, qu'il tenait d'un ,i3hail;;ilse.moutiïa même.àcertainespersonnes
caloyercandiote,qui lui.avaitassuré la chose -en pleinjour. L'-évèquede Lincolnassembla
avec serment.Un,hommeétant -mortexcom- sur.celason conseil, qui lui dit que pareilles
munié, pour une faute qu'il avait commise choses,étaient-sou ventarrivées-enAngleterre,,
dans la Morée, fut enterré sans cérémonies el que le seulremède que Ton connûtà ce
dans un-lieu écartéet non en terre sainte; mal était de brûler le corpsdu spectre.L'ô-
leshabitantsfurentbientôteffrayéspar d'hor- vêque ne,put goûtercet avis, qui lui parut
ribles apparitions, qu'ils attribuèrent à .ce cruel. Il .écrivit, une cédule.d'absolution ; elle
malheureux.Onouvrit son tombeauan -bout futmisesurle corpsdu défunt,queTontrouva
de quelquesannées, on y trouva son corps aussifrais que le jour de son enterrement,et
enflé,. mais sam et bien dispos; ses veines depuislorsle fantômene se montraplus. Le
étaient gonfléesdu sangqu'il avait sucé; on mêmeauteur ajoute que les apparitionsde ce
reconnuten lui un broucolaque.Apresqu'on genre étaientalors très-fréquentes-enAngle-
eut délibérésur :ce qu'il y avait à faire, les terre. — Quantà l'opinionrépanduedans le
caloyersfurent.d'avisde démembrerle.cor.ps, Levant,que les spectresse nourrissent,-onla
de ,1emettreen pièceset de le faire bouillir trouve établie depuis plusieurssiècles dans
dansle vin, car c'est ainsiqu'ilsen usent, de d'autres contrées.1! y a long-tempsque les
tempstrès-ancien, enversles broucolaques. Allemandssont persuadésque les mortsmâ-
Maisles parentsobtinrent,à force de prières, chentcommedesporcs dansleurs tombeaux,
qu'ondifférâtcette exéculiou; ils envoyèrent et qu'il est facile-deles entendregrogneron
en diligenceà Constantinopie , pour obtenir broyant ce qu'ils dévorent'. .PhilippeReh-
du patriarche,l'absolution dontle défuntavait, -r-ius,au dix-septièmesiècle,et Michelllaull'l,
besoin.En attendant, le corpsfut mis dans au commencement, du dix-huitième,ontmême
l'égjise,oùl'ondisaittousles joursdes prières publié des traitéssur les morts qui mangent
pourson repos.Un matin que le caloyerfai- dansleurssépulcres2. Aprèsavoir parléde la
sait,le service divin, on entendit'toutd'un persuasionoù sont,les Allemandsqu'il,y a
coupune espèce de .détonationdans le cer- des morts qui dévorentles lingeset.tout ce
cueil; on l'ouvrit el l'on trouvale corps dis- qui est à leur portée,mêmeleur proprechair,
sous, commedoit,l'être celui d'un morten- ces écrivainsremarquentqu'en quelquesen-
terré depuissept ans.Onremarqualemome.nl droits de l'Allemagne,pour empêcher les
oùle bruit s'était fait entendre; c'était pré- mortsde mâcher,on leurmet.danslecercueil
cisémentl'heureoùl'absolutionaccordéepar une mottede terre sous le menton; qu'ail-
le patriarcheavaitété signée....—LesGrecs leurs on leur fourredans la boucheune pe-
elles Turcs s'imaginentque les cadavresdes tite pièce d'argent el une pierre; et que
broucolaquesmangentpendant la nuit, se d'autres leur serrent fortementla gorgeavec
promènent,font la digestionde ce qu'ils ont, un mouchoir.Ils citent,des morts.quise sont
mangé,.et.senourrissentréellement.[Voy.MAS- dévorés eux-mêmesdans leur sépulcre.—
TICATION. ) Ils content qu'en déterrant ces Ondoits'étonnerde voir des savantstrouver
vampires,on en a trouvéqui étaientd'un co- quelque chose de prodigieuxdans des faits
loris vermeil, et dont les veines étaientten- aussi naturels.Pendantla nuit qui suivitles
dues par la quantité de sang qu'ils avaient funéraillesdu comteHenri de Salm. on en-
sucé; que lorsqu'onleur ouvrele corpsil en tendit dans l'église de l'abbaye de Haule-
sort des ruisseauxde sang aussi frais que Seille,où il étail,enterré, descris sourdsque
celui d'un jeune hommed'un tempérament les Allemandsauraient sans doutepris pour
sanguin.Celle opinionpopulaireest.si géné- le grognementd'une personnequi mâche; et
ralementrépandue,que loutle mondeen ra- le lendemain,le tombeaudu comteayant été
contedeshistoirescirconstanciées. —L'usage ouvert, on le trouva mort, maisrenversé,et
de brûler les corpsdes vampiresest très-an- le visageen bas, au lieu qu'il avait été in-
cien dans plusieurs autres pays. Guillaume humé sur le dos. Onl'avait enterré vivant,
de Neuhrige.,.qui.vivait.au douzièmesiècle;
raconte' que, de son temps, on vit en An- 1 Lesancienscroyaient aussiquelesmortsman-
geaient.Onne dit pas s'ilsles entendaient
gleterre, dans le territoire de Buckingham, -maisil estcertain.qu'il
fautattribuer àl'idéemâcher;
quicon-
un spectre,qui apparaissaiten corps et en servaitaux mortsl a facultéd e manger,l'habitude des
repas funèbres
qu'onservait, de tempsimmémorial et
cheztouslesp.euplcs, surla-tombe du dénint. [
1 Wilhelm.Neubrig. 3ib. 2
llcrumanglic., v, cap. 2. 2 Demasticationcmortuorum intumulis. ,
VAM 496 VAM
On doit attribuer à une cause semblable l'his- vres gens : leur imagination se remplit de
toire rapportée par Raufft, d'une femme de visions. On s'avisa de dire qu'il sortait une
Bohême qui, en 4345, mangea, dans sa fosse, épaisse fumée de ce corps. Nous n'osions pas
la moitié de son linceul sépulcral. Dans le assurer, dit Tournefort, que c'était celle de
dernier siècle , un pauvre homme ayant été l'encens. On ne criait que Frowcotocas dans la
inhumé précipitamment dans le cimetière, on chapelle et dans la place. Le bruit se répan-
entendit pendant la nuil du bruit dans son dait dans les rues comme par mugissements,
tombeau ; on l'ouvrit le lendemain, el on et ce nom semblait fait pour tout ébranler.
trouva qu'il s'était mangé les chairs dés bras. — Plusieurs assistants assuraient que le sang
Cet homme ayant bu de l'eau-de-vie avec était encore tout vermeil, d'autres juraient
excès avait été enterré vivant. — Une demoi- qu'il était encore tout chaud ; d'où l'on con-
selle d'Augsbourg tomba dans une telle lé- cluait que le mort avait grand tort de n'être
thargie, qu'on la crut morte; son corps fut pas mort, ou, pour mieux dire, de s'être laissé
mis dans un caveau profond , sans être cou- ranimer par le diable. C'est là précisément
vert de terre; on entendit bientôt quelque l'idée qu'on a d'un broucolaque ou vrouco-
bruit, dans le tombeau ; mais on n'y fit point laque. Les gens qui l'avaient mis en terre
attention. Deux ou trois ans après, quelqu'un prétendirent qu'ils s'étaient bien aperçus qu'il
de la même famille mourut ; on ouvrit le ca- n'était pas raide lorsqu'on le transportait de
veau, et l'on trouva le corps de la demoiselle la campagne à l'église pour l'enterrer, et que,
auprès de la pierre qui en fermait l'entrée ; par conséquent, c'était un vrai broucolaque ;
elle avait en vain tenté de déranger cette c'était le refrain. Enfin, on fut d'avis de brûler
pierre, et elle n'avait plus de doigts à la main le coeur du mort, qui, après celle exécution,
droite, qu'elle s'était dévorée de désespoir.— ne fut pas plus docile qu'auparavant. On l'ac-
Mais revenons aux broucolaques ou vampires cusa encore de battre les gens la nuit, d'en-
grecs. •—Tournefort raconte, dans le tome Ier foncer les portes, de déchirer les habits et de
de son voyage au Levant, la manière dont il vider les cruches et les bouteilles. C'était un
vit exhumer un broucolaque de Pile de My- mort bien altéré. Je crois, ajoute Tournelorl,
cone , où il se trouvait en 170'1. « C'était un qu'il n'épargna que la maison du consul chez
paysan d'un naturel chagrin et querelleur, qui nous logions. — Mais tout le monde avait
circonstance qu'il faut remarquer dans de pa- l'imagination renversée; c'était une vraie ma-
reils sujets ; il fut tué à la campagne, on ne ladie de cerveau , aussi dangereuse que la
sait ni par qui, ni comment. Deux jours après manie el la rage. On voyait des familles en-
qu'on l'eut inhumé dans une chapelle de la tières abandonner leurs maisons, portant leurs
ville, le bruit courut qu'on le voyait la nuit se grabats à la place pour y passer la nuil : les
promener à grands pas, et qu'il venait dans plus sensés se retiraient à la campagne. Les
les maisons renverser les meubles, éteindre citoyens un peu zélés pour le bien public as-
les lampes , embrasser les gens par derrière suraient qu'on avait manqué au point le plus
et faire mille tours d'espiègle. On ne fit qu'en essentiel de la cérémonie. Il ne fallait, di-
rire d'abord; mais l'affaire devint sérieuse saient-ils, célébrer la messe qu'après avoir
lorsque les plus honnêtes gens commencèrent ôlé le coeur du défunt. Ils prétendaient qu'avec
à se plaindre. Les papas (prêtres grecs) con- celle précaution on n'aurait pas manqué de
venaient eux-mêmes du fait, et sans doute ils surprendre le diable, et sans doute il n'aurait
avaient leurs raisons. — Cependant le spectre eu garde d'y revenir ; au lieu qu'ayant com-
continuait la même vie. On décida enfin, dans mencé par la messe, il avait eu le temps de
une assemblée des principaux de la ville, des rentrer, après s'être, d'abord enfui.-—On fit
prêtres et des .religieux, qu'on attendrait, cependant des processions dans toute la ville
selon je ne sais quel ancien cérémonial, les pendant trois jours et trois nuits ; on obligea
neuf jours après l'enterrement. Le dixième les papas de jeûner; on se détermina à faire
jour on dit une messe dans la chapelle où le guet pendant la nuit, et on arrêta quelques
était le corps, afin de chasser le démon que vagabonds qui assurément avaient part à tout
Ton croyait s'y être renfermé. La messe dite, ce désordre ; mais on les relâcha trop tôt, et
on déterra le corps et on se mit en devoir de deux jours après, pour se dédommager du
lui ôler le coeur ; ce qui excita les applaudis- jeûne qu'ils avaient fait en prison, ils recom-
sements de toute l'assemblée. Le corps sen- mencèrent à vider les cruches de vin de ceux
tait si mauvais, que l'on fut obligé de brûler qui avaient quitté leur maison la nuit. On fut
de l'encens ; mais la fumée, confondue avec donc obligé de recourir de nouveau aux
la mauvaise odeur, ne fit que l'augmenter, et prières. — Un matin que l'on récitait cer-
commença d'échauffer la cervelle de ces pau- taines oraisons, après avoir planté quantité
VAM — /ii)7i — VAM
d'épéesnuessur la fossedu cadavre,quel'on Ifréquentsvoyages.— Cetle jeune fille était
déterrait trois ou quatre fois par jour, sui- iriche, maislaide; el Abdul(c'est le nomdu
vanlle capricedu premiervenu, un Albanais jeune homme),à qui onmontrasonportrait,
i
quise trouvaità Mycones'avisade dire,d'un demandadu tempspour se déciderà ce ma-
tonde docteur,qu'il étaitridiculede se servir, riage. — Un soir qu'il se promenaitseul, à
en pareilscas, des épéesdes chrétiens.«Ne la clarté de la lune, dansles campagnesvoi-
voyez-vouspas, pauvresgens, ajouta—t—il,sinesde Bagdad,il entenditune voixfraîche
que la garde de ces épées, faisantune croix qui chantait quelquesversets du Koran en
avecla poignée, empêchele diable de sortir s'acçompagnantd'une guitare. 11traversale
de ce corps? Que ne vousservez-vousplutôt bosquetqui lui cachaitla chanteuse, et se
dessabres des Turcs? » L'avis ne servitde trouvaau pied d'une maisonnetteoù il vit,
rien; le broucolaquene fut pas plus Imitable, sur un balcon ombragéd'herbes traînantes,
et on ne savait plus à quel saint se vouer, une belle jeune femme.—Il n'osa se faire
lorsqu'onrésoluttout d'une voixunanimede remarquerque par des signesde respect; la
brillerle corpstout entier; après celailsdé- fenêtres'élanl refermée,il regagnaia maison
fiaientbien lediablede s'y nicher.— Onpré- paternelle, sans savoir si seulementil avait
para donc un bûcher avec du goudron, à étévu. — Lelendemainmatin,aprèsla prière
l'extrémitéde l'île de Saint-George, et.les du lever du soleil, il revint dans les mêmes
débris du corps furent consumésle.'1erjan- lieux, fit d'ardentesrecherches,et découvrit,
vier 170-1.Dèslors on n'entendit plusparler nonsans peine, que celle qui l'avait frappé
du broucolaque.Onse contentade dire que était filled'un sage qui n'avait point d'or à
le diable avait été bien attrapé cetle fois-là, lui donner,maisqui Pavaitélevéedanstoutes
et l'onfît des chansonspour le tourneren ri- les sciencessublimes: ces nouvellesachevè-
dicule.»— « Danstout.l'Archipel,a jouleTour- rent de l'enflammer.— Dès lorsle mariage
nefort, on est.bien persuadé qu'il n'y a que projetépar son père devintimpossible.Il alla
les Grecsdu rit grec dont le diable ranime trouverle vieillardet lui dit: «Mon père,
les cadavres.Leshabitants de l'île de S:in- vous savez que jusqu'icije n'ai su que vous
lorine appréhendentfort ces sortesde spec- obéir: aujourd'huije viens voussupplier de
tres; ceuxdo Mycone,aprèsque,leursvisions m'arcorderune épouse de mon choix. » 11
furent dissipées, craignaient,également,les exposasa répugnancepour la femme qu'on
poursuitesdosTurcs et cellesde l'évêquede lui proposait,el son amour pour l'inconnue.
Tine. Aucun prêtre ne voulut se trouverà — Levieillardfil quelquesobjections;mais,
Sainl-Georgequand on brûla le corps, de voyantque son lilsétait entraîné par ce que
peur quel'évêquen'exigeâtune sommed'ar- les musulmansregardentcommeune fatalité
gentpour avoirfaitdéterrer et brûler le mort irrésistible, il ne mit,plus d'obstaclesà son
sanssa permission.Pour lesTurcs, il est cer- désir: il alla trouverle vieuxsage, el lui de-
tain qu'à la premièrevisiteilsne manquèrent mandasa fille. Le mariagese fil, ditle conte.
pas de faire payer à la communautéde My- —Aubout,de (roismois,Abduls'élant éveillé
cone le sang de ce pauvre revenant,qui fut, une certaine nuit, s'aperçut que sa jeune
en toute manière, l'abominationel l'horreur épouseavait quittéla couchenuptiale.Il crut
do son pays. » — Les musulmansont.des d'abord qu'un accidentimprévu ou une in-
vampiresou broucolaquesd'auIresorte,qu'ils dispositionsubiteavait causé cetleabsence:
appellent,gholes ou goules: ilsisonl du sexe il résolut toutefoisd'attendre; mais Nadila
féminin.Onen cile rieshistoiresqui remon- (c'était la jeune femme) ne revint qu'une
tent,jusqu'au dixièmesiècleelmèmcjusqu'au heureavantlejour.Abdul,remarquantqu'elle
régne.d'IIaronnal Raschild.Maisles gholes rentraitavec Pair effaréella démarchemys-
i mangent la chair et boivent le sang comme térieuse, fil semblantde dormir, et ne té-
v les loups-garousplutôtque commeles vam- moigna rien de ses inquiétudes,bienrésolu
pires, car elles n'ont pas besoind'êtremortes de s'éclaircirun peu plus tard. —Nadilane
pourselivrera leursfestinsfunèbres.—Dans lui parla point,de son absencenocturne; et
un faubourgde Bagdad vivait, dit-on, au la nuitsuivante elle s'échappa de nouveau,
commencement du quinzièmesiècle,un vieux croyantAbdulendormi,et sortitselonsa cou-
'] marchandqui avait amassé,une fortunecon- tume.— Abdulse bâta de s'habiller; il la
ï sidérable, et qui n'avait pour héritier de ses suivit de loin par de longsdétours.11la vit
|; biens qu'un fils qu'il aimait tendrement.Il entrer enfindansun cimetière; il y entra pa-
c; avait résolude le marierà la filled'un de ses reillement.Nadila s'enfonçasous un grand
'J confrères,marchandcommelui, el avec qui tombeauéclairé de trois lampes. — Quelle
il avait lié un commerced'amitiédans ses' fut la surprised'Abdullorsqu'il vit sa jeune
32
VAM — n 98\ -- VA JÏ
et belle épouse, qu'il chérissait si tendrement, 1
histoire n'èsL qu'un pur conte ; mais il peut
entourée de plusieurs gholes, qui se réunis- <
donner une idée des croyances des Arabes.
s'aient là toutes les nuits pour leurs festins- On ( voit dans certains contes orientaux une
effroyables ! —11 avait remarqué, depuis son iespèce de vampire qui ne peut conserver Son
mariage, que sa femme ne mangeait rien le -odieuse vie qu'en avalant de temps en temps
soir ; mais il n'avait tiré de cette observation le 'coeur d'un jeune homme. On pourrait citer
aucune conséquence lâcheuse. —11 vil bientôt une foule de traits de même sorte dans les
une de ces gholes apportant un cadavre en- contes traduits de l'arabe : ces contes prou-
core frais, autour duquel toutes les autres se vent que les horribles idées du vampirisme
rangèrent. L'idée lui vint de se montrer, de sont anciennes en Arabie. — On a publié en
dissiper ces hideuses sorcières ; niais il n'eût 4773, un petit ouvrage intitulé ' : Pemées'phi-
pas été le plus fort : il se décida à dévorer losophiques el chrétiennes sur les vampires,
son indignation. — Le cadavre fui Coupé en par Jean-Christophe Herenberg. L'auteur
pièces , et les glioles le 'mangèrent en chan- parle, en passant, d'uii spectre qui lui apparut
tant des chansons infernales. Ensuite elles à lui-même en plein midi : il soutienl en
enterrèrent les os, et se séparèrent après s'être même temps , que les vampires ne font pas
embrassées. — Abdul, qui ne voulait pas être mourir les vivants, et que tout ce qu'on en
vu, se hâta de regagner son lit, où il feignit débite iie doit être attribué qu'au trouble de
de'dormir jusqu'au matin. De toute la journée l'imagination des malades. —Il prouve, par
il ne témoigna rien de ce qu'il avait vu ; mais, diverses expériences, que l'imagination est
la nuil venue , il engagea sa jeune épouse à capable de causer de très-grands dérange-
prendre sa pari d'une légère collation. Nadila ments dans le corps et dans les humeurs. Il
s'excusa selon sa coutume; il insista long- rappelle qu'en Esclavonie on empalait les
temps et s'écria enfin avec colère 1. « Vous meurtriers, el qu'on y perçait le coeur du
aimez mieux aller souper avec les gholes! » coupable par un pieu qu'on lui enfonçait dans
Nadila ne répondit rien, pâlit, trembla de la poitrine. Si l'on a employé le même châti-
fureur, et alla en silence se mettre au lit avec ment contre les vampires, c'est, parce qu'on
son époux. — Au milieu de la nuit, lorsqu'elle les suppose auteurs de la mort de ceux dont
le crut plongé daiis un profond sommeil, elle on dit qu'ils sucent le sang. Christophe He-
lui dit d'une voix sombre : « Tiens , expie ta renberg donne quelques exemples de ce sup-
curiosité. » En même temps elle se mit. à ge- plice exercé contre les vampires, l'un dès
noux sur sa poitrine, le saisit, à la gorge, lui l'an '1337, un autre en l'année 1347, etc.; il
ouvrit une veine, el se disposa à boire son parle de l'opinion de ceux qui croient que lès
sang. Tout cela fiil l'ouvrage d'un instant. — morts mâchent dans leurs tombeaux, opinion
Le jeune homme, qui ne dormait point, s'é- dont il lâche de prouver l'antiquité par des
chappa avec violence des bras de la furie, el citations de Tertullien, au commencement cle
la frappa d'un coup de poignard qui la laissa son livre de la Résurrection, el de saint Au-
mourante à ses côtés. Aussitôt il appela du gustin, livre VIII delà Cité de Dieu. — Quant
gecours : on pansa la plaie qu'il'avait à la à ces cadavres qu'on a trouvés, dit-on, pleins
gorge, é't le lendemain on porta en terre la d'un sang fluide, et dont la barbe, les che-
jeune gbole. — Trois jours après, au milieu veux el les ongles se sont renouvelés, avec
de la nuit, elle apparut à son époux , se jeta beaucoup de bienveillance on peut rabattre
sur lui, el voulut l'étouffer de nouveau. Le les trois quarts de ces prodiges; et encore
poignard d'Abdul fut inutile dans ses mains ; fàut-il être complaisant pour en admettre une
il ne trouva de salûl que dans une prompte partie. Tous ceux qui raisonnent connaissent
Tuile. —11 fit ouvrir le tombeau de Nadila', assez combien le crédule vulgaire el même
qu'on trouva comme vivante, et qui semblait certains historiens sont portés à grossir les
respirer dans son cercueil. On alla à la maison, choses qui paraissent extraordinaires. Cepen-
flusage qui passait pôur'le père de celte m'aî- dant il n'est pas impossible d'en expliquer
'heùrëùse. Il avoua que Sa fille, mariée deux 'physiquement la cause. —On saità conserverqu'il y à
•ans'auparavant à un officier du calife,'avait - certains terrains qui sont propres
été tuée par son mari 1:mais qu'elle'avait ré- lès corps dans toute leur fraîcheur : lës'râi-
Trouvé là vie dans -son''Sépulcre , qu'elle était - sons en dût été si souvent expliquées qu'il
revenue chez son père ; en un mot, que c'é- n'est pas nécessaire de's'y arrêter. On'riiôritre
tait une femme vampire. On exhuma le corps; ; encore à Toulbuse,'dàns'une égliséj'ûh câvëâù
'oh le brûla sur un bûcher de bois de senteur ; 'où les corps restent si parfaitement dàiis leur
on jeta ses cendres dans le Tigre, et le pauvre ' J Philosophicïoct.christiaiuecogitationesde Vam-
époux fut délivré.—On sent bien que cette2 piriis, a JoanneChristophoroHercnbéigio.
VAM — im VAU
entier,qu'il s'en trouvait,en -1789,quittaient, peu p de vin, il recouvrasuffisammentl'usage
là depuisprès de deux siècles,el qui parais- dde ses facultés physiques et intellectuelles
saient vivants.On les avait rangés debout pour p dire, à-unedes personnesqui l'interro-
contre la muraille, el ils portaient les vêle- geaient,que
g la dernièrecirconstancequ'il se
menlsavec lesquelson les avaitenterrés.'— rrappelait était celleoù il avait sentiqu'on lui
Ce qu'il y a de plus singulier,c'est que les jetait ji de la paillesurle corps; maisil paraît
corpsqu'on met de l'autre côté de ce même que, c depuiscetteépoque,il n'avaiteu aucune
caveaudeviennent,deux ou trois joursaprès, connaissance
c de sa situation. On supposa
la pâturedes vers. — Quantà l'accroissement cqu'il était constammentrestédansun état de
des ongles, des cheveuxet de la barbe, on cdélire,occasionnépar l'interceptiondè'Pair'èt
l'aperçoittrès-souventdans plusieurscada- par \ l'odeurde la paille,pendant les cinq"se^
vres.Tandisqu'il resteencorebeaucoupd'hii- imainesqu'il avait ainsi passées, sinonsans
midilé dans les corps, il n'y a rien de sur- irespirer, du moinsen respirant difficilement,
prenantque pendantun certaintempson voie et i sans prendre clenourritureque le peu de
quelqueaugmentationdans des parties qui substance i qu'il put extrairede la paillequi
n'exigentpas l'influencedes esprits vitaux. l'environnait
1 et qu'il eût.l'instinctde mâcher.
— Pour le cri que les vampiresfontentendre —Cet hommevit peut-être encore.Si s'a'ré-
lorsqu'onleur enfoncele pieu dans le coeur, surrectioneût eu lieu chezdes peuplesin-
rien n'est,plusnaturel.L'air qui se trouveren- fectés d'idéesclevampirisme,en'considérant
fermé dans le cadavre, el que Tonen fait ses grandsyeux, son air égaré et'toutesles
sortiravec violence,produit nécessairement circonstancesdo sa position, on l'eût brûlé
ce bruit en passant par la gorge: souvent peut-êtreavant de lui donner le tempsde se
même les corps morts produisent dos sons reconnaître;el ce serait un vampirede-.plus.
sans qu'on les touche. — Voiciencore une Voy.PAUL, HAIUU'IÎ, Pi.ouoaowrrs, POLYCIUTE,
anecdotequi peutexpliquerquelques-unsdes KAÏAKUANÈS , etc.
traitsde vampirisme,que nousne prétendons Vaulund, — VADIS.
nier ou -voy.
pourtantpas expliquersans réserve:
le lecteur en tirera les conséquencesqui en Vapeurs. — Les Knisleuaux, peuplade
dériventnaturellement.Cetteanecdotea été sauvage du Canada, croientque les vapeurs
s'élèventet restent,suspenduesau-dessus
rapportéedans plusieursjournauxanglais,et qui des maraissont les âmesdes.personnesnou-
particulièrementdansle Sun du 22 mai -1S02. vellementmortes 1. Les vapeurs sont prises
— Au commencementd'avril do la même
cheznous,lorsqu'elless'enflamment,pourdes
année, le nomméAlexandreAnderson, se
rendantd'Elginà Glasgow,éprouva un cer- espritsfollets.
tain malaise,qui l'obligead'entrer dansune Vapula, — grand el puissantduc clel'en-
ferme qui se trouvaitsur sa route, poury fer, qui parait sousla formed'un lion, avec
prendreun peu de repos. Soit qu'il lui ivre-, desailésde.griffon. 11rend l'hommeIrès-adroil
ou qu'ilcraignitde se rendreimportun,il-alla dansla mécaniqueel la philosophie,el donne
se couchersous une remise, où il se couvrit l'intelligenceaux savants. Trente-six légions
de paille, de manière à n'être pas aperçu. lui obéissent2.
Malheureusement,après qu'il fut endormi, Vaucanson, — TOI/.MÉCANIQUE.
lesgensrie la fermeeurentoccasiond'ajouter Vaudois, •— hérétiques, sectateurs 'do
une grande quantité de paille;à celleoù cet
hommese trouvaitenseveli.Cène fut qu'au Pierre Yaklo,qui égarés par une faussehu-
boutde cinqsemainesqu'onle découvritdans milité se séparèrentde l'Égliseel allèrentbien
celte singulièresituation.Son corps n'était vite'très-loih.Ilsniaientle purgatoireel l'effi-
cacitédes pour les morts.Puis ils re-
plus.qu'unsquelettehideuxet décharné; son jetèrent l'aprières
esprit étaitsi.fortaliéné,qu'il.nedonnaitplus' les couvents, messe, saccagèrent les églises et
aucunsigned'entendement: il ne pouvaitplus'. nalismeen troublèrentla sociétépar le fa-
faire usage de ses jambes.JLa:paillequi avait se mêlantaux-Albigeois,et sont
environnéson corps était réduiteen .pous- comptés parmi les précurseursde la préten-
celle avait avoislné.sa due réforme.
sière.,,et qui lète-pa-
i raissait avoir été mâchée.— Lorsqu'onle3 Vauvert;—'Saint Louis, ayant faitvenir
H relira de-cetteespècede tombeau,il avaitles des-'chartreuxà Paris, leur donnaune lvabi-
' poulspresqueéteint, quoiqueses battements
;; i3 talionau fâùbonrgSaint-Iacques, danslevoi-
fussentitfôs^rapides,la peau moiteet froide, ' Maekensic,
lèsyeuximmobiles, a nale,1802. Voyage
I dansl'Amérique septentrio-
'très-ouverts,et le regard
étonné.— Aprèsqu'on lui eut fait avaler un n * wierus,inPseudom. ûoem.
32.
YEN — 500 — VEN
sinage du château de Yauverl, vieux manoir — Il est regardé par les superstitieux comme
bâti par le roi Bobert, mais depuis long-temps Ifuneste, quoique l'esprit, de la religion chré-
inhabité, parce qu'il était infesté de démons tLienne nous apprenne le contraire 1. Ils ou-
(qui étaient peut-être des faux-monnayeurs). blient tous les malheurs qui leur arrivent les
On y entendait, des hurlements affreux; on y autres jours, pour se frapper l'imagination de
voyait des spectres traînant des chaînes, et ceux qu'ils éprouvent le vendredi. Néanmoins
entre autres un- monstre vert avec une grande ce jour tant calomnié a eu d'illustres parti-
barbe blanche , moitié homme et moitié ser- sans. François 1"' assurait que tout lui réus-
pent,, armé d'une grosse massue, et,qui sem- sissait le vendredi. Henri IV 8ininil.ce jour-là
blait toujours prêt à s'élancer, la nuit, sur les de préférence. Le peuple est persuadé que le
passants. Il parcourait même, disait-on, la vendredi est un jour sinistre, parce que rien
rue où se trouvait le château, sur un chariot ne réussit ce jour-là. Mais si un homme fait
enflammé, et tordait le cou aux téméraires qui une perle, un autre fait un gain ; et, si le ven-
se trouvaient, sur son passage. Le peuple l'ap- dredi est malheureux pour l'un, il est heu-
pelait le diable de Yauvert. Les chartreux ne reux pour un autre, comme tous les autres
s'en effrayèrent, point et demandèrent le ma- jours. — Cette superstition est très-enracinéo
noir à saint Louis ; il le leur donna avec toutes aux Étals-Unis. A New-York, ou voulut la
ses appartenances et dépendances, et les re- combattre il y a quelques années; on com-
venants ni le diable de Vauverl n'y revinrent manda un navire qui fut commencé un ven-
plus. Le nom d'Enfer resta seulement à la rue, dredi; on en posa la première pièce un ven-
en mémoire de tout le tapage que les diables dredi; on le nomma un vendredi ; on le lança
y avaient fait'. à la mer un vendredi ; on le fit partir un ven-
Veau d'or. — Le rabbin Salomon prétend dredi, avec un équipage qu'on avait éclairé.
—Et la crainte du ven-
que le veau d'or des Israélites était vivant et Il ne revint jamais
animé. Le Koran dit qu'il mugissait, Plusieurs dredi est à New-Yorl; plus forte que, jamais.
rabbins pensent qu'il fut fabriqué par des ma- — Les chemises qu'on fait,le vendredi attirent
2
giciens qui s'étaient mêlés aux Israélites à la les poux dans certaines provinces.
sortie d'Egypte. Hur avait refusé de le faire; Veneur. — L'historien Mathieu raconte
et on voit dans les vieilles légendes que les que le roi Henri IV, chassant dans la forêt de
Hébreux, irrités de ce refus, crachèrent si fort Fontainebleau, entendit, à une demi-heue de
contre lui qu'ils l'étoulfôrenl sous ce singulier lui, des jappements de chiens, des cris el des
projectile 2. cors de chasseurs ; el qu'en un instant tout, ce
Veau marin. — Si l'on prend du sang de bruit, qui semblait fort, éloigné, s'approcha à
ce poisson avec un peu de son coeur, et qu'on vingt pas de ses oreilles, tellement que le roi
le mette dans de Peau , on verra à l'entourune étonné, commanda au comte do Soissons de
multitude de poissons; et celui qui prendra voir ce que c'était. Le comte s'avance; un
un morceau de son coeur et le placera sous homme noir se présente dans l'épaisseur des
ses aisselles, surpassera loul le monde en ju- broussailles, et disparaît en criant d'une voix
gement et en esprit. Enfin le criminel qui terrible : M'entendez-vous?... Les paysans et
l'aura rendra son juge doux el favorable 3. les bergers des environs dirent que c'était un
Toy. MÉnovKis. - démon qu'ils appelaient le grand veneur de la
—• forât de Fontainebleau, el.qui chassait souvent
Véland-le.-ITorgeron, 1)01/.YADE. dans celte forêt. D'autres prétendaient que c'é-
Velléda, —druidesse qui vivail du temps tait la chasse de saint Hubert, chasse mysté-
deYespasien, chez les Germains , au rapport rieuse de fantômes d'hommes el de fantômes
de Tacite, et qui, moitiée fée, moitié prophé- de chiens, qu'on entendait aussi en d'autres
lesse, du haut d'une tour où elle vivait, exer- lieux. Quelques-uns, moins amis du merveil-
çait au loin une puissance égale ou supérieure leux , disaient que ce n'était qu'un compère
à celle des rois.. Les plus illustres guerriers qui chassait impunément les bêtes du roi sous
n'entreprenaient rien sans son aveu, et lui le masque protecteur d'un démon; mais voici
consacraient une partie du butin. sans doute la vérité du fait : — Il y avait à
Vendredi. — Ce jour, comme celui du Paris, en 4596, deux gueux, qui dans leur
mercredi, est consacré, par les sorcières du oisiveté s'étaient si bien exercés à contrefaire
sabbat, à la représentation de leurs mystères. le son des cors de chasse et la voix des chiens,
3 Saint-Poix,Essaissur Paris, 1 La mortdeNotre-Seigneur,la rédemptiondu genre
2 Bayle, Dict. critique; Aaron,note Â. humain, la cîmte du pouvoirinfernal, doivent au con-
traire sanctifierle vendredi.
3 Admirablessecretsd'Alberi-le-Grand,p. 110 KThiers, Traite des superstitions.
VEll — 501•1— VER
qu'à trentepas on croyaitentendreunemeule tro donnésau diable. MichelVerdun avait
el des piqueurs.Ondevait y être encoreplus mené Burgot près du Château-Charron,où
trompédans deslieuxoùles rochersrenvoient chacun, ayanl à la main une chandellede
el multiplientles moindrescris. 11y a toute cire verte qui faisaitla flammebleue, avait
apparencequ'ons'étaitservide cesdeuxhom- offertdessacrificeset dansé en l'honneurdu
mes pour l'aventurede la forêt,de Fontaine- diable. Aprèss'êtrefrottésde graisse,ils s'é-
bleau, quifutregardéecommel'apparitionvé- taient vus changésen loups.Danscet état, ils
ritabled'un fantôme. vivaientabsolumentcommeles loups, dirent-
Ventriloques, — gensqui parlentpar le ils. Burgot avoua qu'il avait tué un jeune
ventre, et qu'on a pris autrefoispour desrié- garçon avec sessipattes et dents de loup, el
l'eût mangé les paysansnelui eussent
moniaquesoudes magiciens.Foi/.CECI LIS,etc. qu'il
donnélachasse.MichelVerdunconfessaqu'il
Vents. — Les anciensdonnaientà Éole avait tuéune
sur les la jeune filleoccupéeà cueillirdes
plein pouvoir vents; mythologie dans un jardin, et que. lui et Burgot
modernea imité celle fableen donnant une pois avaient tué et mangéquatre autres jeunes
pareilleprérogative à certains sorciers. Voy. filles.Ils désignaientle temps,le lieuet Page
FINIMÏS, Éiuc, etc;•—Il yavait, dansle royau- des enfantsqu'ils avaient dérobés. 11
me de Congoun petit despotequi lirait des ajouta
se servaient d'une poudrequi faisait
ventsun parti plus lucratif. Lorsqu'ilvoulait qu'ils mourirles personnes.Cestrois loups-garoux
imposer un nouveau tribut,à son peuple, il furentcondamnésà être brûlésvifs. Lescir-
sortaitdans la campagnepar un tempsora- constancesde ce l'ailétaient en un
le bonnetsur el peintes
geux, l'oreille, obligeaità tableauqu'on voyaitdans une églisede Po-
payer['impôtdu vent ceuxde ses sujets sur ligny. Chacunde ces loups-garouxavait la
lesterresde qui tombaitle bonnet.— A Quim- droitearméed'un couteau'.
en palte
per, Bretagne,les femmesqui ont leurmari
en mer vont balayer la chapellela plus voi- Verge. — Ondonnequelquefoistéméraire-
sine cl en jeter la poussièreen Pair, dans mentle nomde vergede Moïseù la baguette

l'espéranceque cellecérémonieprocureraun divinatoire,Voy. BAGUETTE.Sans doute
vent favorable ù leur retour'. —<Dans le aussile lecteur a entenduparler de la verge
mémopays, une femmene souffrepas qu'on foudroyante,avec laquelle les sorciers fai-
lui pas;e son enfant par-dessusla table; si saient tant de prodiges.Pour la l'aire, il faut
dansce passageun mauvaisventvenait à le acheter un chevreau, le premierjour de la
frapper,il ne pourraiten guérir de la vie5. lune, l'ornertroisjours aprèsd'uneguirlande
— de verveine,le porter dansun carrefour,l'é-
ou
Vcpar Sépar, puissant et redoutable avec un couleouneuf, le brûler dans
ducdu sombreempire. Il se montre sous la gorger un feude boisblanc, en conservantla peau,
forme d'une syrène, conduitles vaisseaux aller ensuitechercherune baguettefourchue
marchands, et afflige,les hommesde bles- de noisetiersauvage qui n'ait
sures venimeuses,qu'on ne guérit que par jamais porté
ne la toucherce jour-là que des yeux,
l'exorcisme.Il commandevingt-neuflégions. fruit, el la couperle lendemainmalin,positivement
Ver du Gange, —1)0!/.SlîMMïïST. au leverdu soleil, avecla mêmelamed'acier
Vérar-.di,-—1.:oy. NoilNKS. qui a servià égorgerla victimeel donton n'a
Verdelet, — démondu second ordre, pas essuyéle sang. 11faut que cetlebaguette
maîtredes cérémoniesdo la cour infernale. ait dix-neufpoucesel demide longueur,an-
Il estchargédu transportdessorcièresau sab- ciennemesure du Bhin, qui fail à peu près
bat. Verdelet,prendaussile nomde Jolibois, un demi-mètre.Aprèsqu'on l'a coupée, on
ou de Vert-Joli,ou de Saute-Buisson,ou de l'emporte,on la ferrepar les douxextrémités
Maître Persil, pour allécherles femmeset de la fourcheavecla lame du couteau; on
les fairetomberdansses pièges, dit Boguet, l'aimante;on faituncercleavec la peau du
par cesnomsagréableset loulà fait plaisants. chevreau qu'on cloue à terre au moyen de
Verdun (Miciiisi.), — sorcierde la Fran-, quatre clous qui aient servi à la bière d'un
; che-Comlé,pris en I52'l-,avec PierreBurgot enfantmort.Ontraceavecune pierre émafille
et le Gros-Pierre. Wierus a rapporté ies' un triangleau milieude la peau; on se place
faits qui donnèrentlieuau supplice de ces dansle triangle,puis on faitlesconjurations,
:' troisfrénétiques3. Toustrois confessèrents'è- tenantla baguetteà la main,el ayant soinde
n'avoirsur soi d'autre métalque de l'or et de
1 Cambry,Voyage dansleFinistère, t. III,p.3û. l'argent. Alors les esprits paraissent et on
? Idem,ibid.,p . 48.
3 Liv.vi,chap.13. 1 Boguet,p.-364.
VER — 502! — VET
commande........ Ainsi le disent du moins les dite c complète, d'une faiblesse incroyables. —.
grimoires.. IDes hommes aimables et de beaucoup d'esprit
Verre d'eau.. — On prédit encore l'avenir I
peuvent avoir, au front ou entre les sourcils,
dans un verre d'eau, et cette divination élail c verrues qui, n'étant ni fort brunes, ni fort
des |
surtout en vogue sous la régence du duc d'Or- '
grandes, n'ont rien de choquant, n'indiquent
léans. Voici comment on s'y prend : on se 'rien do fâcheux ; mais si vous trouvez une
tourne vers l'orient, on prononce Abraxa per verrue forte, foncée, velue, à la lèvre supé-
msirum; après quoi on voit dans le vase rieure d'un homme, soyez sûr qu'il manquera
plein d'eau tout ce qu'on veut : on choisit ' quelque qualité très-essentielle, qu'il se
de
d'ordinaire pour cette opération des enfants distinguera au moins par quelque défaut ca- |
qui doivent avoir les cheveux longs. — A côté pilai. —• Les Anglais du commun prétendent
de la divination par le verre d'eau , par la au contraire .que c'est un signe heureux d'a-
coupe, qui élail usitée en Egypte du temps de voir une verrue au visage. Ils attachent beau-
Joseph et qui se pratique encore avec di- coup d'importance à la conservation des poils
verses cérémonies , par la carafe, comme qui naissent, ordinairement sur ces sortes d'ex-
l'exerçait Cagliostro, on pourrait placer d'au- croissances.
tres divinations qui ont pour élément un corps Vers. — On voit dans le livre des Admi-
liquide. M. Léon de Laborde donne le détail rables secrets d'Albert le Grand que les vers I
*
de scènes produites au Caire par un Algérien de terre broyés et appliqués sur des nerfs
réputé sorcier, lequel prenait l'enfant qu'on rompus ou coupés, les rejoignent en peu do
lui présentait, le magnétisait par des incanta- temps.
tions, lui traçait dans la main certaines fi- — 001/. YlîRDEUÏT.
gures, plaçait sur celte main un pâté d'encre Vert-joli,
en prononçant do mystérieuses paroles, puis Verveine, — herbe sacrée dont on se
lui faisait voir dans ce pâté d'encre tout ce servait pour balayer les autels de Jupiter.
qui pouvait piquer la curiosité des assistants. Pour chasser des maisons les malins esprits,
Les vivants et les morts y paraissaient. on faisait des aspersions d'eau lustrale avec
Shakspeare y vint el plusieurs autres. L'au- de la verveine. Les druides surtout ne l'em-
teur d'un vol tout, récent fut même découvert ployaient, qu'avec beaucoup de superstitions;
ainsi. S'il est vrai, comme l'assure M. Léon ils la cueillaient à la canicule, à la pointe du
rie Laborde, que ce récit soil sérieux, c'est jour, avant que le soleil fût levé. Nos sorciers
fort singulier. Voy. CAGLIOSTRO , OOHANCIE , ont suivi le même usage , el les démonogra-
HvDnojiANciB, etc. phes croient qu'il faut être couronné de ver-
Verrues. — On peut se délivrer des ver- veine pour évoquer les démons.
rues, dit le Petit Albert, en enveloppant dans Vespasien. —• On raconte qu'étant en
un linge autant de pois qu'on a de verrues, Achaïe avec Néron, il vil en songe un inconnu
el en les jetant dans un chemin, afin (pie ce- qui lui prédit que sa bonne fortune ne com-
lui qui les ramassera prenne les verrues, el mencerait que lorsqu'on aurait nié une dent
que celui qui les a en soil délivré. — Cepen- à Néron. Quand Vespasien se fut réveillé, le
dant voici un remède plus admirable pour le premier homme qu'il rencontra fut un chirur-
môme objel : c'est, do couper la tôle d'une an- gien , qui lui annonça qu'il venait d'arracher
guille vivante, de frotter les verrues el les une dent à l'empereur. Peu de temps après, ce
poreaux du sang qui en découle ; puis on en- tyran mourut; mais Vespasien ne fut pourtant
terrera la tête de l'anguille, et, quand elle sera ! couronné qu'après Galba, Olhon el Yilcllius.
pourrie, toutes les verrues qu'on a disparaî- Vesta, — déesse du feu chez les païens.
tront, — Les physiognomonisles, Lavater Los cabalistes la font femme de Noé. Voy. Zo-
même, voient dans les verrues du visage une' ROASTKE.
signification et un pronostic. — On ne -trouve — MénaSSell-ben-
[ Vêtements des morts.
guère, dit Lavater, au menton d'un homme
vraiment sage, d'un caractère noble et calme,' Israël dit que Dieu les conserve. Il assure que
une de ces verrues larges et brunes que l'on Samuel apparut n'étaient à Saiil dans ses habits'de
voit si souvent aux hommes d'une imbécillité3, prophète; qu'ils point gâtés, et que
cela ne doit point surprendre, puisque Dieu
décidée ; mais si par hasard vous en trouviez conserve les vêlements aussi bien que les
une. pareille à un homme d'esprit, vous dé-
couvririez bientôt que cet homme a de fré- corps, et qu'autrefois tous ceux qui en avaient
les moyens se faisaient ensevelir en robe de
quentes absences, des moments d'une stupi-
soie, pour être bien vêtus le jour de Ja résur-i
1 Revuedes Deux-Mondes,août 183.3a reclion.
Vffi — 503 — VIR
Vétin. — Un moinodu neuvièmesiècle, villain (L'ABBÉ), — auteur de ['Histoire
nomméVélin,étant tombémalade,vit entrer crHtiquede NicolasFlamelet de Femellesa
dans sa celluleune multitudededémonshor- femime,in-LS, Paris, 176-1,livre assezre—
ribles,portant desinstrumentspropresà bà- cl: herclié.
tir un tombeau.Il aperçutensuitedes per- Villars (L'ABIÎÉ DE),— littérateurde Li-
sonnagessérieux et graves, velus d'habits mions, assassinéen 1673surla routede Lyon,
religieux,qui firentsortircesdémons.Puisil p[était, dil-on, de l'ordresecret des Rose^
vil un ange environnéde lumièrequi vintse Q'.roix.Il a beaucoupécritsurla cabale;et cle
présenterau pied de son lit, le prit par la „-lanière qu'onne sait pas très-biendécouvrir
mainel le conduisitpar un cheminagréable, s''il y croyait ou s'il s'en moquait.Onà de
sur le bord d'un large fleuveoù gémissaient ]lui : le Comtede Gabalis, ou Entreliens sur
un grand nombred'âmesen peine, livréesà. I(es sciencessecrètes, in--l2, Londres,4742;
des tourmentsdivers, suivant la quantité et /(es Génies assistants, in-12, même an—
l'énormilôde leurs crimes. Il y trouva plu- nîée, suite du Comtede Gabalis; le Gnome
sieurs personnesdo sa connaissance,entre f'rréconciliable, autre suitedu mêmeouvrage;
autresun moinequi avait possédéde l'argent \,es NouveauxEntretienssur les sciencesse-
en propreet qui devait expiersa faute dans ccrètes,troisièmesuile du Comtede Gabalis.
un cercueilde plombjusqu'aujour du juge- jNousavonscitésouventces opuscules, au-
ment.11remarquarieschefs, des princes, et ;jourd'huiméprisés.Voy.CABALE, etc.
mêmel'empereurCharlemagne,qui se pur- — grand astrologue
le mais devaientêtre dé- Villiers (FLORENT DE),
geaient,par feu, qui dit,à son pèrequ'il ne fallaitpas qu'il lu,i
livrésdans un certaintemps.11visita ensuite qui ,bâlîlune
le.séjour des bienheureuxqui sont dans !e diverslieuxet maison,parcequ'ilsauraithabiteren
ciel, chacuna sa place selonses mérites.— il alla à toujourschez autrui. En effet,
fui il racontaau ! Bc-aiigcncy, clelà à Orléans,puis à
Quand Vélin éveillé, long Paris, en Angleterre,en Ecosse, en Irlande;
toute cette vision, qu'on écrivit aussitôt. 11 il étudia la médecineà de là à
en même temps n'avait plus que Montpellier;
prédit qu'il à Venise, au Caire, à Alexandrie,et
deux jours à vivre; il se recommandaaux Rome,
des el mouruten le revint,auprèsdu duc Jean de Bourbon.Le coi
prières religieux, paix le prit à son service; il suivit ce
malindu troisièmejour. Celtemortarriva le LouisXI étudierles herbesdes
34 octobre 824, à Aigue-la-Richei , el la princeen Savoie,pour 11apprit
visionde ce bonmoine a fourni des maté- montagnesel les pierresmédicinales.
riaux à ceux qui ont décritles enfers. à les tailleret à les graver en'talismans;il se
retira à Genève,puis à Saint-Maurice enCha-
Veu-Pacha, •—enferdes Péruviens. înais, à Berne en Suisse, et vint résider à
Viaram , — espèce d'augure qui était en Lyon; il y filbâtir une élude où il y avait
voguedans le moyenâge. Lorsqu'onrencon- deuxcentsvolumesdeil livres singuliers,qu'il
trait en cheminun hommeou un oiseauqui consacraau public; se maria, eut des en-
venaitpar la droiteet passaità gauche,onen fants, tint ouverteune écoled'astrologieoù le
concluaitmauvaisprésage; et au sens con- roi CharlesVil se rendit pour écoulerses ju-
traire heureuxaugure -. gements.Onl'accusad'avoir un esprit fami-
lier , parce qu'il répondait promptementà
Vidal de la Porte, — sorcierdu seizième toutes
questions.
siècle,que les jugesde Riomcondamnèrentà
être pendu,étranglé,et brûlé,pour ses malé- vine, — grand roi cl comte,de la courin-
fices,tant sur les hommesque sur les chiens, fernale.11se montrefurieuxcommeun lion;
chatset autresanimaux. un chevalnoir lui sert de monture.11tient
— une vipèreà la main,bûlitriesmaisons,enfle
Vieille. Bien des gens superstitieux les rivières,el connaîtle passé. Dix-neuflé-
croientencorequedanscertainesfamillesune lui obéissent'.
vieilleapparaît el annonce la mort de quel- gions
conté dans vipères. — On trouve sans doute encore
qu'un de la maison. Cardan que
un palais de Parme, appartenant,à une fa- en Espagneel en Italiecle prétendusparents
millenobleet distinguée,on voyaittoujours, de saint,Paul qui se vantent de charmer les
devait mourir, le fantôme serpents et de guérirles morsuresde vipères.
quand quelqu'un
d'unevieille femmeassissous la cheminée. Voy.'SALIVE.
Foy.FEMMES BLANCHES, MÉLUSINE, etc. Virgile. — Les hommesqui réfléchissent
s'étonnentencorede la légendedes faitsmer-
; l Lenglet-Dufresnoy.
- ? MicliclScott,Dephysiogn., c.5G, 1-.Wierus,
inI-lseudom.drem.
V1R — 5M!i — VIU
veilleux de Virgile, tradition du moyen âge, t-
tous les légendaires s'accordent- à dire qu'il
que tous les vieux chroniqueurs ont ornée à t
élait fils d'un vaillant chevalier, aussi habile
l'envi, et qui nous présente comme un grand imagicien que redoutable homme de guerre.
magicien celui qui ne fut qu'un grand poète. — La naissance de Virgile fut annoncée par
Est-ce à cause de l'admiration qu'il inspira? i tremblement de terre qui ébranla tout dans
un
Est-ce à cause de sa quatrième églogue, qui Rome; et quelques-uns l'expliquent en disant
roule sur une prophétie de la naissance de que le chevalier dont il était fils n'était autre
Jésus-Christ'? N'est-ce pas pour l'aventure chose qu'un démon incube; tels furent le père
d'Arislée et les descriptions magiques du de l'enchanieur Merlin et le père de Robert-
sixième livre de YEnéide? Des savants l'ont le-Diable. — Comme le petit enfant se mon-
pensé. Mais Gervais de Tilbury, Vincent de tra, dès ses plus tendres années, subtil et in-
Beauvais, le poète Adenès, Alexandre Neec- génieux, ses parents l'envoyèrent à l'école, où
kam , Gratian du Pont, Gauthier de Melz el il apprit loules les sciences alors connues.
cent, autres racontent de lui de prodigieuses Quand il fui devenu grand , un jour qu'il se
aventures, qui semblent une page arrachée promenait seul à l'écart, songeant à sa mère
aux récits surprenants des Mille el une Nuits. devenue veuve (car le chevalier de qui il tenait
— Nous croyons avoir trouvé l'origine rie celte le jour avait disparu , sans que Pou sût où il
légende surnaturelle. De. même qu'on a con- était allé), il entra dans une grotte profonde,
fondu le docteur Faust, ce grand magicien, creusée au pied d'un vieux rocher. Malgré
avec l'inventeur de l'imprimerie; de même on l'obscurité complète, il s'avança jusqu'au fond.
a pu mêler un contemporain de Peppm-le- 11 entendit une voix qui l'appelait; il regarda
liref, Virgile, évèque de Salzburg, avec le autour de lui; et, dans les ténèbres qui l'en-
poète de la cour d'Auguste. Ce qui nous pa- touraient, il ne vil rien. Mais la voix, se fai-
raît de nature à consolider notre assertion , sant, entendre de nouveau, lui dit : « Ne vois-
c'est que les légendaires font du beau, de l'é- tu pas devant loi celle pierre qui bouche une
légant Virgile , un petit homme bossu; or. étroite ouvertureV » — Virgile la heurta du
l'évêque Virgile était contrefait; il avait beau- pied et répondit : « .le crois la voir en effet.
coup d'esprit : né en Irlande , selon les uns, — Ole-la , reprit la voix , et laisse-moi sortir.
dans les Ardennes, selon les autres, il parvint — Mais qui es-tu. toi qui me parles ainsi? —
par son seul mérite à la haute dignité de Pé- Je suis le diable , qu'une main puissante a
piscopaf. Ce fut lui qui soutint qu'il y avait enfermé ici jusqu'au jugement dernier, à moins
des antipodes; et, comme il s'occupait d'as- qu'un homme vierge ne me délivre. Si lu me
tronomie et de sciences physiques, il laissa nn lires d'ici, comme lu le-peux, je l'apprendrai
renom de sorcier profondément attaché à sa la magie; lu seras maître de toutes les ri-
mémoire. Le savant évèque portail le même chesses de la terre, el nul être ne sera aussi
nom que le grand poète; on a pu faire des puissant, que toi. — Apprends-moi d'abord la
deux un seul homme ; le temps s'est chargé magie et le secret de Ions les livres occultes,
du reste. Une raison encore de ce que nous dit l'écolier ; après cela, j'ôlerai la pierre. »
disons, c'est qu'une des légendes de l'auteur — Le diable s'exécuta do bonne grâce, lin
de YEnéide est, intitulée : les Faits merveil- moins d'une heure, Virgile devint le plus sa-
leux de Virgile, fils d'un checalier des Ar- vant homme du monde el le plus habile ma-
dennes ; cette légende est celle qui présente gicien. Quand il sut tout ce qu'il vuulail, il
le plus de choses extraordinaires. — Nous al- poussa la pierre avec son pied; el, par l'ou-
lons rassembler ici un précis de cette légende verture qui n'était pas plus large que les deux
bizarre, qui était de l'histoire pour nos pères, mains, il sortit dans une fumée blanche un
il y a cinq cents ans. Elle avait encore tant do très-gros homme qui à l'instant se mil debout.
croyants au dix-septième siècle, que Ga- — Le jeune adeple ne comprit pas d'abord
briel Naudé, dans son Apologie pour les qu'un corps si énorme eût pu passer par une
grands personnages accusés de magie, se crut ouverture si étroite. » 11 n'est pas possible,
obligé de la réfuter sérieusement. Elle est dit-il, que lu aies passé par ce. trou. — Cela
toujours vivace à Naples, où le peuple en ra- est vrai cependant, dit le diable. —Tu n'y
conte des lambeaux avec bonne foi. — Virgile, repasserais pas assurément! — J'y repasse-
suivant les traditions historiques , naquit à rais le plus aisément du monde. — Je gage que
Andes, petit village près de Manloue, Pan de: non ! » — Le diable piqué voulut le convaincre.
Rome 684 , soixante-dix ans avant Jésus- Il rentra dans la petite ouverture. Aussitôt
Christ. Suivant les autorités du onzième et du Virgile remit, la pierre; cl. le prisonnier eut
douzième siècle, on ne peut pas fixer exacte- beau prier, l'écolier s'en alla, le laissant dans
ment le lieu de sa naissance. Mais presque ! son obscur cachot. — En sortant de la ea-
VIR — 505i — VIR
verne,Virgilese trouvaun toutaulre homme, puissance
i de froncerle sourcil.«Il n'y a que
]| appritpar son art magiquequ'un courtisan Virgilequi le puisse, » répondittristementle
de l'empereuravait dépouillésa mèrede son nécromancien.
i — On proposadonc la paix.
château, que l'empereur refusait de le lui Aussitôtle philosopheparut devant l'empe-
faire rendre, el qu'ellegémissaitdansla mi- reur. : 11exigeaqu'on lui rendît l'héritage de
sère.11lui envoyaaussitôtquatre muletschar- son : père; que l'étendueen fût doubléeaux
gés d'or, et, n'ayant plus besoind'étudier,il dépens des conseillersdu prince, et.qu'il fût
se milen roule pour Rome.Beaucoupd'éco- admisdésormaisau conseil.LeCésarconsen-
lierssesamisvoulurentle suivre.Il embrassa tit à tout. Aussitôtles enchantementss'éva-
sa mère qu'il n'avait pas vue depuis douze nouirent; Virgilereçut,l'empereur dans son
ans. 11comblade richessestous ceux de ses château et le traita avec une magnificence
parentsqui avaientaidé la veuve dépouillée; inouïe.— L'empereur,devenul'ami de Vir-
c'était, selon l'usage, les plus pauvres.— gile, lui demanda, puisqu'ilétait si savantet
Lorsquevint l'époque où l'empereur distri- qu'il maîtrisaitla nature, de lui faire un
buait dos terres aux citoyens, Virgile se charmeau moyenduquel il put savoir tou-
présenta devantlui; l'ayant salué, il lui re- jours si l'une des nationssoumisessongeaità
demandale domainedontsa mère avait été se révolter.« Par là, dit-il, je préviendrai
injustemenldépossédée.L'empereur, après toutesles guerreselje régneraitranquille.»
avoirentenduses conseillers, dont l'un pos- — Le philosophefil une grande slalue de
sédaitle château de la veuve, réponditqu'il pierre qu'il appela Rome, el qu'il plaça au
ne pouvaitfaire droità la requête.Virgilese Capilole; puis il prit la principale idolede
relira en jurant qu'il se vengerait.Le temps chacuneriesnationsvaincues,dansle temple
des moissonsapprochait; par son pouvoir où lesRomainsrecevaienttouslesdieux; il les
magique,il fitenleveret transporterchezlui rassemblatoutes et les rangea autourde la
et chezses amis toutce qui pouvait se re- grandestatue, leur niellant à chacune une
cueillirsur les terres qu'on lui avait confis- trompetteù la main.Dès-lors,aussitôtqu'une
quées.•—Ceprodigecausa une viverumeur. des nationssoumisespensait,à se révolter,
Onsavait,la puissancede Virgile.;onle voyait l'idolequi la représentaits'agitait,se tournait
logé en prince dans un vaste et magnifique versla statuedeRome,et sonnaitde sa trom-
château,et entouréde tant,rieservheursqu'on petted'unemanièreterrible.L'empereur,ainsi
eût pu en faire une armée. « C'est le magi- prévenu, envoyaitdes troupes,qui arrivaient
cien qui a l'aitcela , dirent les courtisans.— toujoursà temps.On appela ce talismanla
11faut.l'allercombattre,» dit l'empereur.El, salvaiiondeHome.— Virgileavait conçupour
suivi de bonnes troupes, il marcha droit au Naplesune grandetendresse; il habitaitsou-
châteaude Virgile, se proposant de le dé- ventcelle ville riante, que mêmeselon quel-
truire et de jeter son maître dans une dure ques-uns des légendairesil avait fondéeet
prison.— Dèsque Virgileaperçutlesbatail- bâtie. Pendant,un été très-chaud, de grosses
lonsqui venaientl'assiéger,il appelasonart à mouchesse répandirentdans la ville, et se
sonsecours.D'abordil enveloppasonchâteau jetant,sur les boucheriesempoisonnèrentles
d'un brouillardsi épais et si fétide,que l'em- viandes.Le philosophe,pour arrêter ce lléau,
pereur et les t'eus ne purent,avancer plus milsur l'unedes portesde Naplesunegrosse
loin.Ensuite, au moyen de certains miroirs mouched'airain qui, durant l'espacede huit
merveilleux,il fascinatellementles yeux des ans qu'elle y demeura, empêchaqu'aucune
soldats, qu'ils se croyaient tout environnés mouchevivante entrât'dans la ville.— On
(Peauagitéeet prêtsà être engloutis.— L'em- trouvedans les vieuxrécits beaucoupde ta-
pereur avait auprès de lui un nécromancien lismansde cette espèce.Saint Loup n'en eut
très-habile,et quipassaitpour le plussavant pas besoinpour préserver de l'invasiondes
hommedans la science des enchantements. moucheslesboucheriespubliquesdeTroyesen
On le fit venir. 11.prétendit qu'il allait dé- Champagne,où en effetles dispositionsdos
truire les prestiges de Virgile el l'endormir courantsd'air empêchentqu'elles ne puissent
lui-même.MaisVirgile,qui se cachaità quel- pénétrer, tandis qu'on les voit par myriades
ques pas dans le brouillard,entenditces pa- aux portes. Fusil assure que, dans la grande
roles; et à l'instant, par un nouveaucharme boucheriedeTolède,il n'entrait,de sontemps,
qui fut très-prompt,il frappa tout le monde qu'uneseule,mouchedans toute l'année.Bo-
d'une immobilitési parfaite, que l'empereur din conte dans sa Démonomaniequ'il n'y a
et sonmagicienlui-mêmesemblaientchangés pas une seule moucheau palais de Venise;
en statue. «Commentnoustireras-lude là? » maiss'il en est ainsi, ajoule-l-il,c'est qu'il y
grommelale prince,sansconservermêmela a quelque philactèrc enfoui sous le seuil;
VIR — 506 — VIII
comme il s'est découvert depuis quelques an- — Le matin, en effet, tout le peuple qui se
nées, en une ville d'Egypte ou l'on ne voyait rendail, non pas à la procession, mais au
point de crocodile, qu'il y avait un crocodile rnarché, se moqua du poète, qui ne- trouva
de plomb enterré sous le seuil de la mosquée; cqu'à la Pin du jour une âme compatissante.
on l'ôta, et les habitants, furent dès lors Ira- IDescendu à terre, il se hâta de rentrer chez
vailles des crocodiles, comme ceux des autres 1 ; et là, pour se venger avant tout du peuple
lui
cités qui bordent le Nil. On sait aujourd'hui <
qui l'avait raillé, il éteignit à la fois tous les
que les crocodiles n'entrent pas dans les cités, i
feux qui brûlaient dans Rome. — Le peuple
Mais revenons au magicien. -— Virgile était ieffrayé courut à l'empereur. Virgile fut mandé.
occupé à construire, pour l'empereur, des « Les feux éteints ne se rallumeront pas que
bains si merveilleux , que chaque baignoire ; ne sois vengé, dit-il. —Vengé de qui? —
je
guérissait la maladie dont elle portail le nom, De votre fille. [1 conta sa mésaventure; et il
lorsqu'un fléau plus hideux que les mouches voulut que la princesse ou la courtisane allât
vint désoler la ville cle Rome. C'était une en chemise sur un échafaud dressé au milieu
nuée immense de sangsues, qui, se répandant de la grande place, el que là, avec un flam-
la nuit dans les maisons, tuaient en les suçant beau , elle distribuât du feu à tout le peuple.
beaucoup de citoyens On eut recours au ma- Ce châtiment, qu'il fallut subir , dura trois
gicien. Il fit une sangsue d'or el la mil dans jours. Virgile, pour se consoler un peu, s'en
un puits profond hors de la ville, où elle at- fut à Naples, où il se livra à l'étude. Ce fut
tira tous les reptiles suceurs. — Voulant en- alors qu'il mit sur une des portes de Naples
suite se faire admirer du peuple, Virgile al- deux statues de pierre, l'une joyeuse et belle,
luma sur un pilier de marbre, au milieu du l'autre Iriste et hideuse, et qui avaient celte
Forum, une lampe qui brûlait toujours, sans puissance que quiconque entrait du côté de la
que la flamme eût besoin d'aucun aliment. première réussissait dans toutes ses affaires;
Elle jetait une si belle clarté quo Rome en mais ceux qui entraient du côté de l'autre
était partout éclairée. A quelques pas il plaça étaient malheureux durant tout le séjour qu'ils
un archer d'airain, qui tenait une flèche el un faisaient à Naples. —Il se fil un jardin où
arc bandé, avec celle inscription : Si quelqu'un fleurissaient les plantes elles arbres de Loul.es
me touche, je tirerai ma flèche. Trois cents les contrées de l'univers. On y trouvait fous
ans après, un fou ayant frappé cet archer, il les animaux qui peuvent être utiles et tous
lira sa flèche sur la lampe et. Péleignit. — les oiseaux chanteurs. On y voyait les plus
Pendant qu'il exécutait ces grandes choses, beaux poissons du monde dans de magnifiques
Virgjlo ayant eu occasion de voir la fille de bassins. A l'entrée d'une grotte où Virgile
l'empereur, qui étail jeune, belle et mali- renfermait ses trésors immenses, on admirait
cieuse, en devint très-épris, quoiqu'il fût lui- deux statues d'un métal inconnu , qui frap-
même laid, bossu et. philosophe. Là princesse, paient sur une enclume avec tant de mélodie,
voulant se divertir, fil semblant d'être sen- que les oiseaux s'arrêtaient dans les airs poul-
sible et lui donna .rendez-vous le soir au pied ies entendre. — H fabriqua un miroir dans
de la four qu'elle habitait. H y vint. Au moyen lequel il lisait l'avenir, et une tète d'airain
d'une corbeille fixée au bout d'une corde, la qui parlait et le lui annonçait. — Ne voulant
princesse étail convenue de le monter jusqu'à pas de bornes à ses points de vue, il avait en-
sa chambre avec l'aide de sa servante. Il se touré ses jardins d'un air immobile, qui fai-
plaça dans la corbeille, et la jeune fille tira sait l'office d'une muraille. Pour ses voyages,
la corde ; mais, lorsqu'elle vit le philosophe à il construisit en airain une sorte de pont vo-
moitié-chemin, elle fil un noeud à sa fenêtre, lant, sur lequel il se transportait aussi vile
et le laissa suspendu dans les airs. — Gralian que la pensée partout où il voulait. On ajoute
du Pont attribue celle méchanceté, dans ses que c'est encore par son art qu'il creusa le
Controverses du sexe féminin et du masculin, chemin souterrain du Pausilippe , el qu'il
non pas à la fille de l'empereur, mais à une mourut là. —-Nous n'avons pas parlé des sen-
courlisane de Home ; il l'apostrophe dans ces timents de Virgile pour la fille du sultan d'E-
vers : gypte, parce qu'ils ne sont rapportés que par
l'auteur du livre intitulé : les Faits merveil-
Que dirons-nousdu bonhomme "Virgile, leux de Virgile, fils d'un chevalier des Ar-
tu
Que pendis, si vrai quel'évangile,
AucorbillonîAcet hommed'honneur dâmes, et que ce chroniqueur n'écrivait qu'au
Ne fis-tupas un très-grand déshonneurl seizième siècle. Mais citons l'anecdote ri'Os-
si
Hélas! fis ; et c'étoit dedansRome mone sur la mort du philosophe-magicien-
Quelà pendu demeurale pauvre homme.
Par ta eaulèleet ta déception. poète. Dans son Image du, monde, Osmone
Un jour qu'on fit grosseprocession. conte que -Virgile, sur le point dç voyager au
VIS — 5071 — VIS
loin, consultason androïde, c'est-à-diresa Le spectrede son père se montrasur les pre-1-
tète magiquequ'il avaitfaite, et qu'ellelui dit miers ! échelons, el.lui dit que Dieuavait per-
que s'il gardait biensa tête sonvoyageserait mis qu'il lui apparût, afindo l'instruirede ce
heureux.Virgilecrul qu'il lui fallaitseulement qu'il devait faire pour son propre salut et
veillersur sonoeuvre; il ne quitta pas son pour la délivrancede celui qui lui parlait.,
androïde d'un instant.Maisil avaitmalcom- aussi bien que pour celle de son grand-père
pris; s'ètant découvertle fronten pleinmidi, qui étail quelqueséchelonsplus bas; que la
il fut frappé d'un coupde soleil,dontil mou- justice divine les punissaitet les retiendrait
rut. Son corps, commeil l'avait désiré, fut jusqu'à ce qu'on eût restitué un héritage
transportéà Naples,où il est toujourssousle usurpépar ses aïeux; qu'il eût à le faire in-
laurier impérissablequi le couvre.—Les Na*- cessamment,qu'autrementsa placeétait déjà
polilains regardent le tombeau de Virgile marquée dans ce lieu de souffrance.— A.
commeleur palladium;aucun conquérantn'a peine ce discourseut-il été'prononcé, que le
osé le leur enlever.Ils croientaux merveilles spectreel l'échelledisparurent, et l'ouverture
que nous avons racontéeset à d'autres en- de la caverne se referma. Alors la frayeur
core.Le peuplede Naplesvousle dira. Mais,' l'emporta sur l'imaginationdu chasseur; il
à sa louange, il n'oubliepas les prodigieux retournachez lui, rendit l'héritage, laissaà
faits de Virgile: lesGéorgiques et l'Enéide. son filsses autres biens, et se retiradons un
Virgile,— évoquedo Salzbourg.Voy.AN- monastère, où il passa le reste de sa vie.»—
TIPODES. 11y a desvisionsqui tiennentun peu à ce que
les Écossais la secondevue. Boais-
Visions.—11 y a plusieurssortesde visions, tuau raconteappellent ce suit: « Une femmeen-
quila plupartouileur siègedansl'imagination chanteresse, qui
ébranlée.Aristoteparle d'un fou qui demeu- qui vivaità Paviedu temps du
rait tout le jour au théâtre quoiqu'iln'y eût règne do Léonicellus,avaitcet avantagequ'il
ne se pouvaitfairerienriemal à Pavie, sans
personne; et là , il frappait des mainset riait le découvrîtpar son artifice, en sorte
de tout son coeur, commes'il avait vu jouer qu'elle
la comédiela plus divertissante.— Un jeune que la renomméedes merveillesqu'ellef.ùsait
Part des diables lui attirait tous les sei-
homme,d'une innocenceel d'une pureté de par et
vieextraordinaires,étantvenuà mourirà l'âge gneurs philosophesde l'Italie. Il y avait,
de vingt-deuxans, une vertueuseveuve vit en ce temps, un philosopheà qui l'on no
en songeplusieursserviteursde Dieuqui or- pouvaitpersuaderd'aller voir celte femme,
naient un palais magnifique.Elle demanda lorsque, vaincupar les sollicitationsdo quel-
onle on lui dit c'était, ques magistrats de la ville, il s'y rendit. Ar-
pour qui préparait; que rivé devant cet organede Satan, afin de no
le
pour jeune homme qui était mort la veille.
Ellevit ensuite, dans ce palais, un vieillard demeurer muet, et pour la sondernu vif, il
vêtudeblanc, qui ordonnaù deux de ses gens la pria de lui dire, à sonavis , lequelde fous
rie tirer ce jeune hommedu tombeauet de les versde Virgile.était le meilleur.La vieille,
. l'amenerau ciel.Troisjours après la mort du sans rêver, lui réponditaussitôt:
jeunehomme,son père , qui se nommaitAr- Discilejuslitiammonitietnontemnere divqs.
mène, s'étant retiré dans un monastère,le — » Voilà, ajoula-t-elle, le plus digne vers
filsapparut à l'un des moines, et lui dit que que Virgile ait fait : va-t'en et ne reviens
DieuPavaitreçuau nombredes bienheureux, me tenter.» Ce pauvrephilosophe
et qu'il l'envoyait chercherson Armôiie plus pour
père. et ceuxquil'accompagnaient s'enretournèrent
mourutle quatrièmejour '. •—Voicidestraits sans aucune
d'un autre genre. Torquemadaconte qu'un vie réplique, et ne furent en leur
\ plus étonnésd'une si docteréponse, at-
grand seigneurespagnol, sorti un jour pour tenduqu'ilssavaienttousqu'ellen'avait,en sa
allerà la chassesurune doses terres, fuifort vie
étonnélorsque, se croyantseul, ils'entendit appris ni à lire ni à écrire...—•« H y a
son nom. La voix ne lui était encore, dit le mêmeauteur, quelquesvisions
appelerpar pas| qui proviennentd'avoir mangé du venin ou
inconnue; mais commeil ne paraissaitpas'
il fut une seconde fois, et poison, commePlineclÉdouardusenseignent
empressé, appelé de ceux qui mangentla cervelled'un ours,
reconnutdistinctementl'organede son père, laquelledévorée, on se croit transforméen
décédé depuis peu. Malgré sa peur, il ne^ ours.Ce est advenuà un es-
laissapas d'avancer.Quelfutson étonnement i qui gentilhomme
de notre tempsà qui on en fitmanger,
de voir une grande caverne, ou espèced'a- pagnol et il errait dans les montagnespensant être
bîme, dans laquelle était une longue échelle.
changé en ours. — Il reste, pour mettre ici
1 Lettredel'évêque Évode à saintAugustin. foulesespècesde-visions,do traiter des visions
VIS — 508 ; — vis
artificielles, lescpielles , ordonnées et bâtit s commei il avait gardé quelque présence d'es-
par certains secrets et mystères des hommes , prit , il se rassura en voyant le fantôme se
engendrent la terreur en ceux qui les con- mettre à sa place el lui indiquer la trousse
lemplenl. 11 s'en est, trouvé qui ont mis des qu'il avait déposée sur une table. Tous ceux
chandelles dans des tètes de morts, pour épou- qui étaient venus avant lui dans ce château
vanter le peuple, et d'autres qui ont attaché avaient eu si grand'peur, qu'ils s'étaient
des chandelles de cire allumées sur des coques sans doute évanouis pendant qu'on les rasait;
de tortues el limaces, put' les niellaient dans ce qui leur avait attiré des coups de poing.
les cimetières la nuil, afin que le vulgaire, Le jeune homme remarqua la longue barbe
voyant ces animaux se mouvoir de loin avec du spectre, ol comprit tout, de suite qu'il de-
leurs flammes, fût induit à croire que c'étaient mandait le même service qu'il venailde rendre.
les esprits des morts. — Il y a encore cer- 11 le savonna hardiment el lui rasa coura-
taines visions diaboliques qui se sont faites de geusement, la barbe el, la tète. — Sitôt que
nos jours avec des chandelles composées de suif cela fui fait, le fantôme, muet jusqu'alors,
humain; et pendant qu'ellcs-élaienl allumées se mit à parler comme une personne naturelle.
de nuit, les pauvres gens demeuraient si bien 11 appela le jeune homme sou libérateur; il
charmés qu'on dérobait leur bien devant lui conta qu'autrefois, suzerain du pays, il
eux sans qu'ils sussent se mouvoir de leurs avait, eu l'usage inhospitalier de raser impi-
lits : ce qui a été pratiqué en Italie de notre toyablement tous les pèlerins qui venaient
temps. Mais Dieu , qui ne laisse rien impuni, coucher dans son château ; que pour l'en
a permis que ces voleurs fusscnl appréhendés; punir, un vieux moine, revenant de la Terre-
el, convaincus, ils ont depuis terminé leurs Sainte, Pavait condamné à raser après sa
vies misérablement au gibet. » /'oy. MALXDE mort tous ses hôtes, jusqu'à ce qu'il s'en pré.
GLOmii. — Les traditions populaires (lé l'Al- scnîât un assez hardi pour le raser lui-même.
lemagne sont fécondes en visions; nous en ci- « 11 y a Irois cents ans que ma pénitence
terons quelques-unes. — Un vieux château dure, «ajouta le spectre, el après de nou-
de la Saxe élail visité par un fanlôme qui veaux remercimenls il s'en alla. — Le jeune
faisait des tours indignes, tellement que le. homme rassuré acheta le château à bas prix,
manoir demeurait inhabité d puis plusieurs dit le conte, el. y coula des jours heureux, à
années. Un jeune homme intrépide se décida la grande surprise des bonnes gens, qui le
à y passer la nuit; il emporta des provisions,, regardèrent, comme un habile enchanteur '.
des lumières el des armes. A minuit, pendant — Vuici autre chose. — Blendau, partant
qu'il s'apprêtait à dormir, il entendit au loin pour ITlalio, s'arrêta dans une ville du nord
un bruit de chaînes. Après avoir longuement de l'Allemagne, chez Rehman ,. son ami, ré-
circulé dans les corridors, l'être qui faisait ce. gisseur d'un domaine royal, qu'il avait visité
bruit, remua des clefs, ouvrit la porte, et le souvent. — «Mon cher Blendan, lui dit Reb—
jeune audacieux vit paraître un grand spectre man, nous n'avons rie disponible pour l'instant,
pâle, décharné, ayant une très-longue barbe, que la chambre grise; mais lu ne voudras pas
el portant, une trousse de barbier... Le cu- y coucher. — Pourquoi—donc? — As-lu oublié
rieux fil, bonne contenance. Le spectre cepen- la dame châtelaine? Bah! je n'y pense
dant referma soigneusement, la porte; puis plus. J'ai vécu cinq ans dans la capitale; ac-
s'étanl approché du lit, il lit signe à son hôte tuellement, les esprits ne me l'ont, plus peur;
rie se lever, lui mit un peignoir sur les épaules, laissez-moi coucher dans celle fameuse cham-
el lui indiqua du doigt une chaise sur laquelle bre. » Brigitte conduisit Blendau dans la cham-
il l'invita à s'asseoir. L'Allemand tremblait un bre grise.—Un uislaiitapiès, la femme et les
peu: son effroi augmenta quand il vil le fan- enfants de Rehman arrivèrent do la foire; il
tôme tirer de sa trousse un antique plat à ne leur dit rien de Blendau , voulant le len-
barbe d'un autre siècle el un grand rasoir un demain, au déjeuner, les surprendre do celle
peu rouillé. Il se rassura pourtant, et laissa visite agréable. La chambre grise était au
l'aire. Le spectre, qui procédait gravement, second étage , à l'extrémité d'une des ailes du
lui savonna le. menton, lui rasa proprement château. Brigitte posa ses deux flambeaux
la barbe el les cheveux , puis ôla le peignoir. sur une table, au-dessous d'un vieux miroir,
— Jusque-là rien de bien nouveau : on savait et se hâta de se retirer. Le jeune voyageur
que l'esprit rasait ainsi tous ceux qui passaient se mil, à considérer cet appartement antique :
la nuil dans le château ; mais on contait aussi l'énorme poêle de 1er portail, la date 4 616;
qu'après les avoir rasés, il les assommait, de une porte vitrée, à petits carreaux arrondis,
coups avec son gros poing de squelette. Le 1 MUSÏCUS a t i ré parti de cette tradition dans sa lé-
jeune homme rasé se leva de la chaise; el, gendeintituléel'Amour muet.
vis — r.tio 0 — VIS
enchâssésdans du plomb, donnait,sur un Berlin.Unmédecinpubliaalorsuneaventure,
longpassagesombrequi conduisaità la tour du même genre, qui lui étail arrivée, non
des cachots;le lit était ornéd'un grand bal- dans une chambre grise, mais dans une,
daquinel rierideauxriesoieépaisse,brochés chambrenoire.— J'allaiun jour, dit-il, dans
en or; les meubles n'avaient,pas changéde le château du lieutenant-colonelSilherstein,
pincedepuisplus de centans. Maisla dame dont la filleétait gravementmalade; on me
châtelaineremontaitbienplusloin: Gerlrude, fil,rester pour la soigner, et on me prépara
c'étaitsonnom, avaitfaitvoeude virginitéen une chambreoùje me reliraide bonneheure.
sonvivant; ne Payantpas tenu, elle s'était, Elle avait une apparenceassezlugubre: des
empoisonnéede désespoir,à dix-neufans, peinturesnoiresen couvraient,les portes an-
dans cellemômechambregrise; el, disait-on, tiques, le plafondet. le lambris.Undomesti-
elleavait été condamnéeà souffrirtroiscents que vint me demandersi je ne me trouvais
ans les tourmentsdu purgatoire.Cellepéni- pas trop seul dans cette,chambre, et si je
tencerigoureuseneseraterminéequ'en 1850; voulaisqu'il restât avec moi.Je me moquai
jusque-làelle doit apparaîtretoutesles nuits de lui et de toutesles histoiresde revenants
dansla chambregrise.— Blendauavait,cent qu'il me conta sur cette chambrenoire, qui
foisentendules récits do ces apparitions: la jouissaitd'unmauvaisrenom.Je m'endormis,
damechâtelaine,disait-on, se montraitavec après avoir tout, visité el tout bienfermé.
un poignard.Il n'était pas si rassuré qu'il le J'étais dans mon premier sommeillorsque
disait; cependanti! fermales portesaux ver- j'entendisprononcermonnomtoutbas.J'ouvre
rous, soufflases bougieset s'endormit.Deux les veux à demi: ma chambreest éclairée
heures après, le son de minuit,l'éveille, il d'une lumièreextraordinaire;unemainfroide
voit la chambreéclairée; il se soulèveavec vient me toucher; cl je voisà côlé de moi
effroi,jette les yeux sur le vieuxmiroir, et une ligurepâle commela mort, revêtued'un
aperçoit le spectre de Gerlrude, vêtud'un drap mortuaire,qui étend vers moises bras
linceul, tenant un poignard dans la main glacés.Dans le premier mouvementde ter-
droite.Unecouronnederomarinetcleclinquant, reur, je poussaiun cri, et je fisun saut en
est,entrelacéedans ses cheveux.Il voitdans arrière. Al'instant,j'entendisfrapperun coup
le miroir,à la clartédesdeux bougies,l'éclat violent.L'imagedisparut, et je me retrouvai
fixedes yeux de Gerlrude, la pâleur de ses dans l'obscurité. L'horloge sonna : c'é.ail
lèvres; elle parle à voix basse. Le jeune minuit... — Je me levaisur-le-champ;j'al-
hommeépouvantéveut sortirdu lit ; l'effroi lumai deux bougies,je visitai do nouveau:
l'a paralysé. — Cependantla châtelaines'a- tout,était bienfermé.J'allaisattribuertoutce
vancevers lui le poignardlevé, avecun re- qui s'était passée un songe; lorsque,m'élant
gard terrible Elle,lui applique,le poignard approchéde mon lit. avec une lumière, j'y
sur la poitrine,et sa main laissetomberdes découvrisune bouclede cheveuxbruns posée
gouttesde poison. Blendausaule horsdu lit, sur monoreiller.Elle no pouvaitpas y être
et courtà la fenêtrepour appelerdu secours: venue par un rêve ni par une illusion.Je la
mais le spectrele prévient; il poseune main pris, et je l'ai conservée.Maisau momentoù
sur la fenêtre, de l'autre il saisit Blendau, j'étais interditdecellecirconstance,j'entends
qui sent sur son dos l'impressionglacialede, marcher à pas précipités; on frappe à ma
la mort. Les lumièress'éteignent;Blendause, porte: « Levez-vous,me crie-t-on, mademoi-
réfugie dans son lit, s'enfoncesous la cou- selle se meurt. » — Je voleà la chambrerie
verture, el,tout rentre dans le silence.L'ex- la malade, queje trouve,sans vie: on medit
trême fatiguefinit par lui faire,retrouveruni qu'un peu avant minuil elles'était réveillée,
peu de sommeil.— 11s'éveilleau point,du[ el,qu'aprèsavoirrespiréfortement,elleavait
jour,touten nage; ses drapsétaienttrempés... rendu le derniersoupir. Sa mère, inconso-
11ne sut quepenserde sonhorribleaventure:: lablo, voulut au moins, avant de quitterle
les bougies consumées,le dérangementde3 corpsinaniméde la jeune fille, emporterune
certainsmeubles, tout lui prouvait que sai bouclede ses cheveux. Qu'onjuge de mon
visionn'était pas un rêve; mais, n'osanteni effroi,quandje m'aperçusqu'il manquaitune
parler à Rebman, il remonta à cheval ett boucleà ses longscheveuxbruns, cellepré-
partit sur-le-champ...— Quandcetle aven- cisémentque j'avais reçue dans la chambre
ture fut publiée, en -ÎS-IO,dans le journal lee noire.. Le lendemainje fusatteintd'unema-
Sincère, avec une apostilleoù M. Blendau [] ladie dangereuse,qui fut la mêmeque celle
attestait, au nomde l'honneuret au péril dee dontla jeune personneétail. morte...—Au
sa vie, la,véritéde celtehistoire, elle fitsen-
,_ momentoù le médecinrendit cetteaventure
sation et occupatoutes les conversationsde publique, un avocat ayant couchédans la
VIS — 51 0) — VIS
moine chambre, noire et vu- « peu près les lumière s'était éteinte, qu'elle avait, vu son
mêmes choses, la justice visita les lieux. On image fidèle sortir d'un miroir, répandre une
découvrit un "ressort secret qui ouvrait un grande clarté dans l'appartement, et qu'elle
lambris dans le lit de la chambre fatale; elle avait entendu une voix lui dire: « Pourquoi
communiquait à un cabinet qu'habitait là trembler en voyant ton être propre s'avancer
femme de chambre; c'était cette femme qui, vers loi pour le donner la connaissance de la
pour ses intrigues personnelles, jouait le per- mort prochaine, et pour le révéler la destinée
sonnage de fantôme, afin de posséder seule de la maison? n que le fantôme l'avait in-
la chambre infestée. Le docteur et l'avocat struite de ce qui devait arriver ; qu'au mo-
l'avaient prise successivement pour un spec- ment où elle l'interrogeait sur moi, la cham-
tre.—'Après que celte histoire fut débrouillée, bre s'était obscurcie, elque tout le surnaturel
le journal le Sincère publia l'éclaircissement avait disparu ; mais elle ajouta qu'elle ne
des aventures delà chambre grise. Tout était pouvait me confier l'avenir qu'elle venait de
l'ouvrage des enfants du châtelain , auxquels connaître, et que notre père seul le saurait.
Brigitte avait coûté l'arrivée de Blendau : la — J'en dis quelque chose à mon père, le soir
jeune Charlotte faisait le rôle de Gerlrude ; môme; mais il n'en crut rien. Il pensait que
ses deux frères avaient ouvert le verrou delà tout ce qui était arrivé à Séraphine pouvait
petite porte, en passant une main par un car- être produit par une imagination exaltée.
reau cassé. Quand tout ceci fut dépouillé du Cependant, trois jours après, ma soeur étant
merveilleux, on dit que le médecin de la tombée malade, je remarquai à l'affectation
chambre noire s'écria : « Nous vivons dons un avec laquelle elle nous embrassait mon père
siècle pervers et détestable ; 'tout ce qui est et moi, que l'instant rie la séparation n'était
ancien s'anéantit, et un pauvre revenant ne pas éloigné. « La pendule sonnera-l-elle bien-
peut même plus loyalement se maintenir... » tôt neuf heures? disait-elle dans la soirée;
—No quittons pas encore les Allemands, ni songez à moi ! nous nous revenons ! » Elle
surtout, les Allemandes, qui ne se refusent pas nous serra la main, et. lorsque! heure sonna,
les hallucinations. — Trois jeunes filles de elle tomba sur son lit et ne se releva plus.—
Berlin , s'élanl réunies un jour, demandaient Mon père désira que celle prétendue vision
à l'une d'entre elles, Florentine, d'où lui fût tenue secrète. Je partageai soil opinion ;
Venait la tristesse qu'elles lui remarquaient. mais je le pressai de mè dévoiler le secret
Elle en avoua la raison, en ces termes: qu'on m'avait fait. 11ne voulul pas y consentir,
«J'avais une soeur nommée Séraphine, que elje remarquai que son regard inquiet était
vous avez connue ; elle s'entêta des rêveries fixé sur la porte ; elle s'ouvrit tout à coup
de l'astrologie et des sciences de la divination,-, d'elle-même... » — Je frissonnai d'effroi, et
au grand chagrin de mon père. Ma mère demandai à mon père s'il ne voyaitpas une
mourut, et mon père pensa qu'avec l'âge , ce lueur pénétrer dans l'appartement. H se rejela
penchant bizarre;se perdrait; mais Séraphine encore sur l'imagination ; il en pariilcependant
poursuivit son étude : elle disait avoir été frappé. Le temps'n'effaça pas le souvenir de
'ravie, avoir joué avec les esprits ; el je ne suis Séraphine, mais il nous fit oublier cette der-
pas éloignée de le croire, puisque moi et d'au- nière apparition. Un soir,, je rentrais 1à la
tres Pavons vue dans le jardin, tandis qu'elle maison après une belle promenade, lorsque
se trouvait à la maison... Un soir qu'elle était les gens démon père m'avertirent de là -réso-
allée chercher ses parures pour aller en soirée, lution où il était d'aller vivre-dans une deses
elle Ten'tra sans lumière ; je jelai un cri d'ef- terres. A minuit nous ^partîmes; il arriva à
froi; son visage avait subi une altération sa terre , calme et'serein.; mais il fût bicn'lôi
complète, sa pâleur habituelle avait pris la frappé d'une indisposition que les médecins
teinte affreuse de la mort; ses lèvres couleur regardèrent comme très-sérieuse ; un soir il
de rose étaient devenues bleues. '— KJ!ai été me dit : « Séraphine a dit deux fois là vérité-,
saisie d'une indisposition subito, »'nùus dit-èllô elle la dira une troisième-fois. »Je-conipris alors
enfin tout -bas. Après des instances répétées qne'mon :père croyait mourir bientôt. En-effet
de ma part, elle finit.par me direque l'esprit il dépérit visiblemenl'et fut forcé de garder lo
dè:ïiotrè 'mère , morte depuis quelque téûips, lit. — Un autre soir, il me dit:d'une voix
'lui avait apparu, qu'elle. ;avait entendu ïfiar^- faible : «L'expérience m'a guéri démon incré-
cher derrière elle, qu'elle s'était sentie retenue dulité ; quand neuf heures sonneront, mon
'par l'a'robe, et qu'effrayée, elle s'était éva- dernier moment, suivant la prédiction de Sé-
moùie; qu'après avoir repris ses forces et au raphine, sera arrivé. Ne le marie pas s'il est
•moment'd'ouvrir son armoire, les deux bat- possible ; et si jamais tu songeais sérieusement
tants s'étaient déployés d'eux-mêmes, que sa à le faire , n'oublie pas de lire le papier que
Vis — MIl — VIS
|e ledonne.:>Leson de l'heurefataleoù mon moussedes i rochers, s'arrêtait'sous l'écùmê
père, appuyésur monépaule, rendit le der- des < torrents, marchait parmi lés inùrmuïès
niersoupir, mepriva de l'usagede messens. delà < forêt; niais il interrogeaitVainementla
—Le jour de son enterrementfut aussi mar- nature i ; à toutesses demandes,lès montagnes,
quepar la lueuréclatantedontj'ai déjàparlé. les ] flots et les feuilles ne lui répondaient
Voussavez,continuaFlorentine,quele comlè iqu'un seul mol: Diiîu! — Frère Alfusétait
Ernest me recherche eii mariage; dès que sorti victorieux'de beaucoupde ces crises-;
cetteunion fut convenue,je n'hésitaipas, chaquefoisil s'était affermidans ses croyan-
selonl'ordre de mon père, de lire le billet ces, car la tentationest la gymnastiquecléTa
cachetéqu'il ni'availremis.Levoici: « Séra- conscience:quand elle lie la brise point,elle
phine t'a sûrementdéjà dit que, lorsqu'elle la fortifie; mais depuis quelque temps ùno
voulut questionnerle fantômesur ton sort, inquiétudepluspoignantes'était emparéedu
soudainil avait disparu. L'êtreincompréhen- frère. Il avait remarqué,souvent que tout ce
siblevu par la soeurlui a déclaréque , trois qui est beau perd son charme par le long
jours avant celuiqui seraitfixé pour ton ma- usage,que l'oeilse. fatigue dû plus merveil-
riage, tu mourraisà celte même heure qui leux paysage, l'oreillede la plus doucevoix,
nousest'sifuneste.Yoilàpourquoije l'engage et il s'était demandécommentnous pourrions
à lie pas te marier.» —Florentines'arrêta et trouver, mêmedans les cieux, nii alimentde
dit : « Vous voyez, mes chères amies, la joie éternelle.Que deviendraitla mobilitéde
cause du changementdontvousm'avez quel- notre âme au milieu de magnificencessaiis
quefoisfait dès reproches.Demainle comte terme? L'éternité! quel mot pour mie
revientde son voyage; il avait fixé l'époque créature qui ne connaîtd'autreloi que celle
de notre mariage au troisièmejour après de la diversitéet du changement!0 mon
son retour : ainsi c'est aujourd'hui! et je Dieu! plusde passé ni d'avenir,plus de sou-
renonce à un mariage qui, certes, m'eût venirs ni d'espérances! L'éternité! l'éter-
charmée, plutôt que do renoncerà la vie. » nitél... 0 mol qui fais pleurer sur la terre,
— Transcrivonsmaintenantune singulièrelé- que peux-tu donc signifierdans le ciel? :—
gende, qui a été publiéeen France depuis Ainsipensaitfrère Alftis, et ses incertitudes
peu et répétéeparplusieursjournaux.—Avant étaientgrandes.Un matinil sortit du mona-
que Luther fût venu prêchersa désastreuse stère avant le leverdes frères et descendit
reforme, on voyait des monastèresau pen- dans la vallée. La campagne, encore toute
chant de toutesles collinesde l'Allemagne. moitede rosée, s'épanouissaitaux premiers
C'étaientde grands édificesà l'aspectpaisi- rayonsde l'aube. Alfussuivaitlentementlès
ble, avecunclocherfrôlequi s'élevaitdu mi- sentiersombreuxde la colline; les oiseaux,
lieu desboiset autourduquelvoltigeaientdes qui venaientde s'éveiller,couraientdans lès
palombes.Là vivaientdes hommesqui n'oc- aubépines,secouantsur sa tôle chauve une
cupaientleur esprit que des chosesdu ciel. pluie de rosée, et quelquespapillonsencore
— A Olmutz,il en était un que l'on citait ù demiendormisvoltigeaientnonchalamment
danslà contréepour sa piélé et son instruc- au soleilpour sécher leurs ailes. Alfuss'ar-
tion. C'était un hommesimple, commetous rêta à regarder la campagnequi-s'étendait
ceux qui saventbeaucoup,carta scienceest sousses yeux; il se rappela combienelle lui
semblable à la mer; plus on s'y avance, avaitsemblébellela premièrefoisqu'il l'avait
plus l'horizondevintlarge, et pluson se sent vue, el-avèoquelleivresseil avait péfisé;ày
petit. Frère Alfus, après avoir ridé son front finirses jours.C'estque pour'lui,pauvre en-
et blanchises cheveuxdans la recherchede fant dès villes accoutuméaux ruelles som-
démonstrationsinutiles, avait appelé à son breset auxtristesmuraillesdes citadelles,ces
secoursla foi despetitsenfants; puis, confiant fleurs,ces arbres, cet air, étaientnouveautés
sa vie à la prière, commeà une ancrede mi- enivrantes.Aussila douceannéequ'àvait été
séricorde; il l'avait laisséese balancer dou- l'amiéede soiinoviciat! que de longuescour-
cementau roulisdes pures amourset dès cé- ses dans les vallées! que de découvertes
lestes espérances.—Cependantdemauvaises ; charmantes! ruisseaux chantant parmi lès
rafales agitaientencorepar instantsle saintt glaïeuls, clairièreshabitéespar le rossignol,
navire.Par instantslès tentationsde l'intel- églanlinèsrosés,fraisièfès'desbois, oh! quel
ligencerevenaient,et la raison interrogeaitlai honheûrdevoustrouver!une première fois!
foi avec orgueil.Mors frère Alfus devenait t Quellejoie de marcher par des sentiersin-
triste; de grands nuagesvoilaient'poùrTui lee connusque voilentles ramées, de rencontrer
soleil'intérieur;son coeuravait froid.Errantt à chaquepas une sourceoùl'onn'a point ën~
dans les campagnes, il s'asseyait sur laa corebu, une mousseque Tonn'a pointencore
VIS — 5122 — VIS
foulée ! — Mais, hélas ! ces plaisirs eux-mê- ssaules, ni le souille d'un enfant qui dort, n'au-
mes durent peu; bientôt vous avez parcouru i
raient, pu donner une idée de sa douceur. Ce
toutes les roules de la forêt., vous avez en- <
que l'eau, la terre et le ciel ont de murmures
tendu tous ses oiseaux, vous avez cueilli de <
enchanteurs, ce que les langues el les musi-
toutes ses fleurs, et alors, adieu aux beautés de iques humaines ont de séductions semblait
la campagne, à ses harmonies : l'habitude qui :
s'être fondu dans cette voix. Ce n'était point
descend comme un voile entre vous et la créa- un chant., el, cependant on eût dit des flots de
tion vous rend aveugle et sourd. —Hélas i mélodie; ce n'était point un langage , et ce-
frère Alfus en était là, semblable à ces hom- pendant la voix parlait! Science, poésie, sa-
mes qui, après avoir abusé des liqueurs les gesse, tout étail. en elle. Pareille à un souffle
plus enivrantes, n'en sentent plus la puissance, céleste, elle enlevait l'âme et la faisait ondu-
il regardait avec indifférence le spectacle na- ler dans je ne sais quelle région ignorée. En
guère si ravissant à ses yeux. Quelles beautés l'écoutant, on savait tout, on seniail tout; el
célestes pourraient donc occuper éternelle- comme le monde de la pensée qu'elle embras-
ment cette âme que les oeuvres de Dieu sur sait en enjier est infini dans ses secrets, la
la terre n'avaient pu charmer qu'un instant? voix toujours unique était pourtant toujours
Tout en se proposant à lui-même cette ques- variée; l'on eût pu l'entendre pendant des siè-
tion, Alfus s'était enfoncé dans la vallée. La cles sans la trouver moins nouvelle. Plus Alfus
tète penchée sur sa poitrine et les bras pen- l'éroutail, plus il sentait grandir sa joie inté-
dants., il allait toujours sans rien voir, fran- rieure. Il semblait qu'il y découvrait à chaque
chissant les ruisseaux, les bois, les collines. instant quelques mystères ineffables ; c'était
Déjà le clocher du monastère avait disparu ; comme un horizon des Alpes à l'heure où les
Olmutz s'était enfoncé dans les. brumes avec brouillards se lèvent et dévoilent tour ù tour
ses églises et ses fortifications ; les montagnes les lacs, les vais et les glaciers. —• Mais enfin
elles-mêmes ne se montraient plus à l'horizon la lumière qui alluminail la forêt s'obscurcit,
que comme des nuages; tout à coup le moino un long murmure retentit sous les arbres el
s'arrêta, il étaità.l'entrée d'unegrandeforêlqui la voix se tut. Alfus demeura quelque temps
se déroulait à perle de vue , comme un océan immobile, comme s'il fût, sorti d'un sommeil
de verdure; mille rumeurs charmantes bour- enchanté. 11 regarda (l'abord autour de lui
donnaient, à Pentour, et une brise odorante avec stupeur, puis voulut, se lever pour re-
soupirait dans les feuilles. Après avoir plongé prendre sa roule; mais ses pieds étaient en-
son regard étonné dans la molle obscurité des gourdis, ses membres avaient, perdu leur agi-
bois, Alfus y entra en hésitant, et comme s'il lité. Il parcourut avec, peine le sentier par le-
eût craint défaire quelque chose de défendu. quel il é;ait venu , et, se trouva bientôt hors
Mais à mesure qu'il marchait, la forêt deve- du bois. — Alors il chercha le chemin du mo-
nait plus grande ; il trouvait des arbres char- nastère ; ayant cru le reconnaître , il hâta le
gés de fleurs, qui exhalaient, un parfum in- pas, car la nuil allait venir ; mais sa surprise,
connu. Ce parfum n'avait rien d'enivrant augmentait à mesure qu'il avançait davan-
comme ceux de la terre ; on eût dit une sorte tage : on eût dit que tout, avait été changé
d'émanation morale qui embaumait l'âme : dans la campagne depuis sa sortie du couvent.
c'était quelque chose de fortifiant et de déli- Là où il avait vu les arbres naissants, s'é-
cieux à la fois, comme la vue d'une bonne ac- levaient maintenant des chênes séculaires; il
tion , ou comme l'approche d'un homme dé- chercha sur la rivière un petit pont de bois
voué que l'on aime. Bientôt Alfus entendit une lapissé do ronces, qu'il, avait coutume de tra-
harmonie qui remplissait, la forêt; il avança verser: il n'existait plus, et à sa place s'élan-
encore, elil aperçut de loin une clairière tout, çait une solide arche de pierre. En passant
éblouissante, d'une lumière merveilleuse. Ce près d'un étang, des femmes, qui faisaient
qui le frappa surtout d'élonnomenl, c'est que sécher leurs toiles sur les sureaux fleuris,
le parfum , la mélodie et la lumière ne sem- s'interrompirent pour le voir et se dirent en-
blent former qu'une même chose : tout se com- tre elles : .«Voici un vieillard qui porte, la robe
muniquait à lui par une seule perception , des moines d'O'inulz; nous, connaissons tous
comme s'il eût cessé d'avoir des sens distincts, les frères , et cependant nous n'avons jamais
et comme s'il ne lui fût resté qu'une âme. Ce- vu celui-là. —Ces femmes sont folles, » se dit
pendant il était arrivé près de la clairière et Alfus, et il passa outre. Cependant il commen-
s'était, assis pour mieux jouir de ces merveil- çait à s'inquiéter, lorsque le clocher du cou-
les, quand tout à coup une voix se fait en- vent se montra dans les feuilles. Il pressa le
tendre, mais une voix telle que ni le bruit, des pas, gravit le petit sentier, tourna la prairie
rames sûr le lac, ni la brise riant dans les el s'élança vers le seuil. Mais, ô surprise ! la
vis — bi:li — VIS

porle n'éliiit plus à sa place accoutumée! biensurpasséencorel'original. Ce qui suit
Alfusleva les yeux el demeuraimmobilede n'a pas un intérêtaussi grave. Au milieudu
stupeur. Le monastèred'Olmulzavait changé dix-septième siècleil y avait à Bruxelles,dans
d'aspect; l'enceinteétait plusgrande,les édi- une espèce de cul-de-sacde la rue Nolre-
ficesplus nombreux, un platane qu'il avait Dame-du-Sommeil,qu'on appelle encore le
planté lui-mêmeprès de la chapellequelques coindu Diable, une petite maisonde simple
joursauparauvant,couvraitmaintenantl'asile apparence.,dont le propriétaireétait un ar-
saint de son large feuillage.Le moine,hors chitecteestimé; son histoirenous a été con-
de lui, se dirigeavers la nouvelleentrée et servéecommeune grande leçon. — Cetar-
sonna doucement: ce n'était plus la môme chitectes'appelaitOlivier.Il avait gagnépar
clocheargentinedontil connaissaitle son.Un d'heureusesaffairesunefortunemodeste,lors-
jeune frère gardien vint ouvrir. «Ques'csl-il qu'il se chargea de construirele pont et.la
donc passé? demandaAlfus.Antoinen'esl-il grande écluse qui croisent la Senne à son
plus le portierdu couvent? — Je ne connais entrée dans Bruxelles,entreles portesde Haï
point Antoine,»réponditle frère.Alfusporta et d'Anderlecht.Il avait cru trouver là un
les mainsà son frontavec épouvante.« Suis- terrain solide; mais il lui fallutfaire des dé-
je devenu fou? dit-il; n'est-ce point ici le pensesimprévuespouraffermirles fondations
monastèred'Olmulz,d'oùje suis parti ce ma- sur un sol marécageuxel mouvant.•—Toute-
tin ? » Le jeune moinele'regarda.«Voilàcinq foisla premièrepierreTutposéele2Savril<1658,
années que je suis portier,répondit-il, et je commele constateune inscriptionque les ré-
ne vous connaispas. » Alfuspromenaautour parations,faitesil y a peu de temps,ont dé-
de lui des yeux égarés; plusieurs moines couverte,et qui porte les nomsde J. .1.Van
parcouraientles cloîtres; il les appela, mais Hecke, II. D. Bruyneet J. Bassery,officiers
nul ne réponditaux nomsqu'il prononçait;il de la ville présentsà cette cérémonie.Olivier
courut à eux pour regarder leurs visages, il suivit ses travauxavec,courage.Bientôttout
n'en connaissaitaucun. «Ya-l-il ici quelque ce qu'il possédaity fut dévoré; il reconnut
grand miraclede Dieu? s'écria—l.—il; au nom qu'il s'était trompégrandement; son entre-
(lu ciel, mes frères, regardez-moi.Aucunde prise était à peine élevéed'un tiers qu'il se
vousne m'a-l-il déjà vu? N'y a-t-il personne vit obligéde la suspendre,n'ayant plusmême
qui connaissele frèreAlfus?»Tousle regar- de quoifairela paye de sesouvriers.— Cette
dèrent avec étonnement. « Alfus! dit enfin penséel'accabla; il allait être déshonoré; la
le plusvieux,oui, il y eut autrefoisà Olmutz ville pouvait le poursuivre; ceux qu'il avait
un moinede ce nom; je l'ai entendudire à employésattendaientleur pain: il alla frap-
mes anciens.C'étaitun hommesavantel rê- per à la porte de ses amis et leur demanda
veur qui aimaitla solitude.Un jour il descen- secours pour quelquesmois. Mais ceux qui
dit dansla vallée,on le vît.se perdre au loin lui avaient offert leur bourse lorsqu'ilssa-
derrièreles bois, puisonl'attenditvainement, vaient bienqu'il ne l'accepteraitpas, la fer-
on ne sut jamais ce que frère Alfusétait de- mèrentsous d'honnôtosprétextes, et il s'en
venu. Depuis ce temps,, il s'est écoulé un revintdésenchantéde l'amitié.— Ils'enferma
siècle entier.» A ces mots, Alfus jeta un seul pour méditerau parti qu'il avait à pren-
grand cri, car il avait tout compris. Il se dre : aucunmoyensatisfaisantne se présenta
laissa tomberà genouxsur la terre, el joi- à sa.pensée. Tousceux sur qui il avait cru
gnant lesmainsavecferveur: «0 mon Dieu, pouvoircompterl'abandonnaient.Il ne trouva
dit-il, vous avezvoulume prouvercombien d'affectionréelle que dans une jeune veuve
j'étais insensé en comparantles joies de la qu'il devaitépouser,el qui se hâta de luioffrir
terre à cellesdu ciel. Un siècles'est écoulé tout ce qu'ellepossédait.Maisces ressources
pour moicommeun seul jour à entendrevo- n'étaient pas suffisantes:la détressereparut
tre voix; je comprendsmaintenantle paradis bientôt.—Ilregagnaitunsoir sonlogis,déses-
et ses joies éternelles; soyez béni, ô mon péré, ne sachants'il ne devaitpas fuir pour
Dieu! et pardonnezà votreindigneserviteur.» évitersa honle du lendemain.La nuit com-
Aprèsavoirparlé ainsi, frère Alfusétenditles mençait, elle s'annonçaitsombreet triste ; le
bras, embrassala terre et mourut. — L'his- vent hurlaitet la pluie tombaitpar torrents.
toiredu moineAlfusfait partie d'un des ou- En entrant chez lui, on lui annonçaqu'un
vragesde Schubert,l'un desécrivainslesplus homme l'attendait. Il monta surpris et em-
populairesde l'Allemagne.Elle est dans le pressé; il vit assis dans sa chambre, auprès
livre Del'ancienet du nouveau; son titre est du feu , un inconnuhabillé de vert. «Vous
l'Oiseaudu Paradis. Nousavonsdonnéicila êtes dans l'embarras, lui dit brusquementcet
belletraductionde M. EmileSouvestre,qui a homme. — Qui vousl'a dit? s'écria Olivier,
83
VIS <— àl.'i
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"— Vos amis. Vous n'avez plis lieu de vous demi-million. d » Olivier, dans le délire, no se
louer des hommes. Si personne ne vient à posséda p plus à la vue. de tant d'argent, qui le
voire secours, demain vous êtes perdu. — Je rendait r riche et, glorieux. 11 saisit les deux
le sais;... et je n'ose vous demander le motif mains i de l'inconnu, les baisa sans que celui-ci
qui vous amène .. » Il se fit un silence. La ôtâl c ses gants, prit brusquement la plume
lumière que la servante de l'entrepreneur (
d'or el signa rengagement de suivre dans dix
avait allumée jetait une lueur pâle; mais les ans ; celui qui l'avait acheté. Quand il eut fini,
yeux de l'inconnu flamboyaient ; sa figure l'homme 1 vert plia le parchemin, le mit dans son
était rude; un sourire, dont il s'efforçait de ]
portefeuilleelsorl.it en disant: «Adieu! dans
dissimuler l'amertume, dilatait par instants i ans, à pareil jour, vous serez prêt? — Je
dix
ses lèvres minces. Après qu'il eut fixé quel- le serai. » On pense bien qu'après ce qui
ques minutes l'architecte palpitant : « Je m'in- venait de se passer, Olivier ne put dormir.
téresse à vous,» lui dit-il. Olivier tressaillit; 11 passa la nuit à méditer devant son demi-
il voulait prendre la main de celui qu'il ap- million. Le lendemain il fit sa paye et satisfit,
pelait déjà son salut; le gros homme l'évita à tous ses engagements; il publia qu'il n'avait
et retira promplemenl celle main que recou- voulu qu'éprouver ses amis; il doubla ses
vrait un gant noir. — « Point de démonstra- ouvriers. On le combla d'honnêtetés el de
tions, lui dit-il. Je prête à intérêts. — N'im- politesse. Il n'oublia, pas sa jeune veuve; la
porte! mon sang, ma vie, tout esta vous. » fortune ne le rendit pas inconstant; il épousa
Un éclair plus vif jaillit des yeux de l'étran- celle qui lui avait prouvé qu'elle l'aimait. Mais
ger. «De quelle somme avez-vous besoin? ? il ne confia jamais sa bonne fortune à per-
Je crois que nous nous entendrons, dit-il. — sonne. — 11 écartait d'abord autant qu'il le
Oh ! pour le moment de peu de chose, dit l'ar- pouvait les pensées sinistres qui venaient l'in-
chitecte. Mais si vous voulez me sauver l'hon- quiéter. Il eut des enfants; ses entreprises
neur, il faut que j'achève mon entreprise ; ell prospérèrent; la fortune lui rendit des amis,
cent mille florins — Vous les aurez si mess el. il semblait vivre joyeusement à Bruxelles.
conditions vous conviennent. •— J'y souscriss Seulement, on était, surpris de le voir toujours
sans les connaître. C'est le ciel qui vous en- pâle et préoccupé. Il s'était bâti, entre la porto
voie. — Non, pas le ciel, dit l'homme vert enn de Flandre el la porte du Rivage, une petite
fronçant le sourcil. Mais vous ne pouvez vouss maison de plaisance où il cherchait à s'étour-
engager sans savoir ce que vous faites. Jee dir dans les parties (le plaisir. On se rend en
suis venu de loin pour vous voir. J'appréciele core, par la rue du Chant-des-Grenouilles, à
vos talents; il faut que vous soyez à moi. — - cette maison, qu'on appelle la maison du Diti-
À la vie el à la mort. — Entendons-nous bien,i: ble. — Pendant neuf ans Olivier vécut ainsi.
dit l'inconnu. Je vous donne dix ans. Au bout ,it Mais lorsqu'il vit approcher l'instant où il de-
de ce terme, vous me suivrez ; je vous emmè- 5- vail tout, quitter pour suivre l'inconnu, son
nerai où je voudrai ; je serai le maître ; vousis coeur commença à se troubler. Des frayeurs
serez à moi. — L'entrepreneur surpris, sans is cruelles s'emparèrent de lui; il maigrissait et
pouvoir se rendre compte du sentiment qu'il 'il ne dormait plus. En vain sa femme, qu'il ni-
éprouvait, et redoutant de comprendre ce ée mail, cherchait-elle à pénétrer dans les replis
qu'il commençait à soupçonner, regardaitîil de son coeur, le secret qu'il y tenait renfermé
son hôte avec inquiétude. Son coeur battit lit était inaccessible ; les caresses de ses enfants
do lui faisaient mal; on le voyait pleurer, et.
avec violence, lorsqu'il vil l'étranger tirer de
son portefeuille cent mille florins en mandatsUs deux fois déjà sa femme avait remarqué qu'il
à vue sur les premières maisons de Bruxelles. ;s. ne passait jamais qu'en tremblant sur le pont
— Songez que sans moi vous alliez mourir, ir, de la grande écluse qu'il avait construit, quand
dit-il. Signez donccet engagement.» 11présen-m- parfois leurs promenades se dirigeaient de la
tait en même temps une feuille de parchemin, in, porte de liai à la porte d'Anderlecht. •—Enfin
el de sa main droite il tenait une plume d'or.
jr. le jour fatal approcha où l'étranger devait
«Excusez-moi, dit enfin l'architecte interdit,it, venir exiger l'accomplissement du marché
cette scène me confond ; que du moins je sa- ;a- qu'il avait fait. Olivier invita à souper ses
che à qui je me dois! — Que vous importee l amis, ses parents, ceux de sa femme. Cette
dit l'inconnu. Je vous laisse dix ans dans vo-
,»o- dame, ne sachant comment relever le coeur
tre pays. Je vous le répète, je tiens à vous, je de son mari, s'avisa, sans rien dire, d'enga-
ne veux pas me nommer encore. Mais vous ms ger à ce festin le bon vieillard Jean Vorï-
ine Nu fiel, chanoine de Sainle-Giidule, son con-
allez reprendre demain votre crédit ; une jeune
épouse vous attend. Vous hésitez? Les cent eut fesseur, en qui Olivier avait confiance, quoi—
mille florins ne suffisent-ils pais? Voici un que depuis dix ans il ne fil plus ses devoirs de
MS —..il f) -— VL.b
ralhuliqiic; ce quiétaitcausépar unecircon- | iarleDieuvivant.,»dit le vicaire,enconimen-
slance singulière: il ne pouvait entrerdans (:anl par verser les grains sur le plancher.
uneéglisesans y étoufferel s'y trouvermal. !..'inconnules recueillaitavec une agilité ef-
Le digneprêtre, ayantlonguementréfléchià rayanie.Il frissonnaeldit d'unevoixsourde:
la conduitede l'architecte,en lirait des in- i ,1cle jure. «AlorsJean Van-Nufîelayant
ductionsqu'il ne manifestait,pas, mais qui ait un signe,un enfantde choeurs'approcha
rengagèrentà une précautiondont ii recon- ennuiun bénitier; il versace qui restaitde
nut iDienlôt la sagesse.— 11y avait,une heure a mesuredans l'eau bénite; l'hommevert
qu'on était à table. Olivier, dont la pâleur a'y eut pas plutôtmisle doigtqu'ilpoussaun
était effrayante,s'efforçait,vainementde re- Hurlementel disparut. — Ainsil'architecle
prendrecouragedans quelquesverresd'ex- fut sauvé.Maisdepuis,le pontde la Grande-
cellentvin. Il avait bu énormément,el ses Ecluse,entre les portes de Hal et d'Ander-
idéesne se troublaientpas. 11entendit«omier lecht,s'est toujoursappeléle pont du Diable.
neufheures.C'étaitlo moment,où l'inconnu Nousreproduironsmaintenant
l'avaitquittéil y avait,dixans.Avecunmou- ces curieuseset rares. quelquespiè-
vement,convulsifet dans unesorted'angoisse
il voulutboire encore,et, trouvantles bou- Discourt: épouvantabled'une étrangeappari-
teillesvides, il envoyasa servanteà la cave tion de démonsen la maisond'un gentil-
en lui recommandantd'apporterde sonmeil- hommean Silésie, en 1609,tiré de l'im-
leurvin. La servanteprit une chandelleel se priméà Paris, 4G0Ï).
bâta d'obéir.Maislorsqu'ellefut descendue, Un gentilhommede Silésieayant convié
elleaperçut,assissur la dernièremarche,un quelquesamis,et, l'heuredu festinvenue,se
gros hommeà figuresombre-,vêtu dovelours voyant frustrépar l'excusedes conviés,en-
vert.Ellereculaell'rayéeelluidemandacequ'il tre en grande colère, cl commenceà dire
cherchait.«Allezdireà votremaîtrequeje l'at- que., puisque nul hommene daignait être
tends,répondit-il,il saurabienquije suis.»La chez lui, tons les diables y vinssent!Cela
servanteremontaau plusvileet fitsa commis- dit, il sort de sa maisonel entre à l'é-
siond'une voixtroublée.L'architecteacheva glise,oùle curé prêchait; lequelil écouleat-
do perdre contenance.Voyantqu'il n'y avait tentivement.— Commeil étaitlà, voicientrer
plusà différer,ilcédaenfinauxinstancesdesa en la courdu logisdes hommesà cheval, de
femme:il coulasonaventureel se levaau dé- haute stature et tout noirs, qui commandè-
sespoir.Sa femme,sesenlanls,sesamisfrémis- rent,auxvaletsdu gentilhomme d'allerdireà
saient bouleversés.« Ne désespéronspas en- leur maîtreque les conviésétaientvenus.Un
corede-la bontéde Dieu,dit lo vieuxprêtre. desvaletscourt à l'égliseavertirson maître,
Qu'onaille,dire à l'étrangerde monter. La qui,bienétonné,demandeavisaucuré. Icelui,
femmed'Olivierétaitaux genouxduboncha- finissantson sermon, conseillequ'on fasse
noine,ellesenfants,quicomprenaient qu'ilsal- sortir toutela famjllehors du logis.•—Aus-
laientperdreleurpère, luibaisaientles mains. sitôt dit, aussitôtfait ; maisde hâte que les
Olivier, qu'un rayon d'espérancerattachait gens eurent de déloger;ils laissèrentdansla
déjà à la vie, s'était un peu ranimé.La ser- maisonun petit,enfantclormarttau berceau.
vante fil un effortde courageet alla crier à Ceshôtes, ou, pour mieuxdire, ces diables
l'inconnuqu'on l'allendaitdans la salle.Il y (c'est losentimentdu narrateur)commencè-
parut à l'instant,marchant, d'unair fermeeldi- rent bientôtà remuerles tables, à hurler, à
gne,et tenantà la mainl'engngemenlsigné par regarderpar les.fenêtres,en l'ormed'ours, de
Olivier.Unsourireindéfinissable épanouissait loups, do chats, d'hommesterribles,tenant
sa boucheetsesyeux.— Lechanoinel'inter- à la main ou dans leurs pattes des verres
pella:«Vousne pensiezpeut-êtrepasmetrou- pleinsde vin, des poissons,de la chairbouil-
ver ici,dit-il à l'hommevert. Voussavezque lie el.rôtie.— Commeles voisins,le gentil-
j'ai survousquelquepouvoir.,.»—L'inconnu homme,le curéet autres contemplaient avec
baissaJesyeux el parut mal à son aise. Mais frayeur un tel spectacle,le pauvre père se
lé vieuxprêtre, élevantune mesurepleinedo mità crier: « Hélas!oùest monpauvre en-
grainsde millet,reprit : «Jenevousdemande fant.?» Il avait encorele dernier mol à la
qu'unefaveur; accordez-nousquelquesin- bouche,quandun de ces hommesnoirs ap-
stants; jurez que vous laisserezOlivieron porta l'enfant aux fenêtres, el lo montraà
paixjusqu'à ce que vousayez ramasségrain tous ceuxqui étaientdansla rue. Le gentil-
à grain toiij.le milletqu'il y a danscelleme- hommedemandaà un de ses serviteursau-
sure. — .t'yconsens, réponditl'hommevert quel,il se fiait le mieux: « Mon ami, que
après un momentde silence,— Jurez-lemoi ferai-je? — Monsieur,répond le serviteur,
VIS — 51 fi — VIS
je recommanderai nia vie à Dieu; apiès quoi n'apparut, sur In pyramide, que vers une
j'entrerai dans la maison, d'où, moyennant heure après midi, que la fumée commença
son secours, je vous rapporterai l'enfant. — à sortir du haut d'icelle, el dura un quart
À la bonne heure, dit le maître, Dieu l'ac- d'heure : et du même endroit commença le
compagne , t'assiste et te fortifie ! » Le ser- feu à paraître' peu à peu, on augmentant tou-
viteur, ayant reçu l'a bénédiction de son maî- jours ainsi qu'il dévalait du haut en bas :
tre , du curé et des autres gens de bien . entra tellement qu'il se fit si grand et si épouvanta-
au logis, et approchant du poêle, où étaient ble , que l'on craignait que toute l'église ne
ces hôtes ténébreux, se prosterne à genoux, fùl bifilée, el non-seulement l'église, mais
se recommande à Dieu et ouvre la porte. toute la ville. — Les trésors de ladite église
Voilà les diables en horribles formes, les uns furent tirés hors ; les processions allèrent à
assis, les autres debout, aucuns se prome- l'enlour, et, finalement on fit mettre des reli-
nant, autres rampant sur le plancher, qui ques saintes sur la nef de l'église, au devant,
tous.accourent contre lui, criant ensemble : du feu. Messieurs du chapitre commencèrent
« Hui ! hui ! que viens-tu faire céans? » Le à conjurer ce méchant démon , que chacun
serviteur, suant de détresse et néanmoins for- voyait dans le feu, tantôt bleu, vert ou jaune ;
tifié de Dieu, s'adresse au malin qui tenait ils jetèrent des agnus Dei dans icelui et près
l'enfant et lui dit : « Çà , baille-moi cet en- de cent cinquante barriques d'eau , quarante
fant. » Non, répond l'autre, il est mien; va ou cinquante charretées de fumier, et néan-
dire à ton maître qu'il vienne le recevoir. Le moins le feu continuait. Pour dernière res-
serviteur insiste, el dit : « Je fais la charge source , on fit jeter un pain de seigle de quatre
que Dieu m'a commandée, et sais que tout sous, puis on prit de l'eau bénite, avec du
, ce que je fais selon icelle lui est agréable; lait d'une femme nourrice de bonne vie, el
parlant, à l'égard de mon office, en verlu de tout cela jeté dedans le feu , tout aussitôt le
Jésus-Christ, je l'arrache el saisis cet enfant, démon fut contraint de quitter la flamme ; el.
lequel je rapporte à son père. » — Ce disant, avant de sortir il fil un si grand remue^mé-
il empoigne l'enfant, puis le serre entre ses nage que l'on semblait être tous brûlés, et
bras. Les hôtes noirs ne répondent que par qu'il devait emporter l'église et. toutavec lui ;
des cris effroyables el par ces mois : « Hui! il ne s'en alla qu'à six heures el. demie du
hui! méchant; hui! garnement! laisse, laisse soir, sans avoir fait au Ire mal, Dieu merci,
cet enfant, autrement nous te dépiècerons. » que la totale ruine de ladite pyramide, qui
Mais lui, méprisant ces menaces, sortit sain est de douze mille écus an moins. — Ce mé-
et sauf, et rendit l'enfant au gentilhomme, chant étant hors, on eut raison du feu, et,
son père ; et quelques jours après tous ces peu de temps après, on trouva encore ledit
hommes s'évanouirent, et le gentilhomme, pain de seigle en essence, sans être endom-
devenu sage el bon chrétien , retourna en sa magé, hors que la croûte était un peu noire;
maison.... et sur les huit ou neuf heures et demie, après
Le grand feu, tonnerre el foudre du ciel, ad- que tout le feu fut éteint, la cloche sonna
venu sur l'église cathédrale de Quimper-Co- pour amasser lo peuple afin de rendre grâces à
Dieu. — Messieurs du chapitre, avec les cho-
rcnlin, avee la vision publique d'un très- ristes et musiciens, chantèrent un Te Dcum
épouvantable démon dans le feu sur ladite et un Stabut mater, dans la chapelle de la
église. Jouxte l'imprimé à Rennes, 1020. Trinité, à neuf heures du soir. Grâces à Dieu ,
« Samedi, premier jour de février 1620, i 1 il n'est mort personne ; mais il n'est, pas pos-
arriva un grand malheur et désastre en la ville; sible de. voir chose plus horrible et épouvan-
de Quimper-Corentin; une belle et haute pyra table qu'était ce dit feu. »
mide, couverte de plomb, étant sur la nef de Ui
grande église, fut brûlée par la foudre et fei i Effroyable rencontre, apparue proche le châ-
.du ciel, depuis le haut jusqu'à ladite nef teau de Lusignan, en Poitou, aux soldats
sans que l'on pût y apporter aucun remède de-la garnison du lieu et à quelques habi-
Le même jour, sur les sept heures et demie tants de ladite ville, la nuit du mercredi 22
tendant à huit du matin, se fil un coup di3 juillet 1620. A Paris, chez Nicolas lîobert,
tonnerre et d'éclair terrible. À l'instant fu t rue Saint-Jacques. ^1620.
visiblement vu un démon horrible, au miliei i « La nuit du mercredi 22 juillet, apparut,
d'une grande onde de grêle, se saisir de la entre le château de Lusignan et le Fare, sur
dite pyramide par le haut et au-dessous d's la rivière, deux hommes de feu, extrême-
la croix, étant ce démon de couleur verte , ment puissants, armés de toutes pièces, dont
avec une longue queue. Aucun feu ni fumé 13 le harnais était enflammé, avec un glaive en
VIS — 517 — VIS
feu dans une main et une lanceflambante du malin, que le soleil, commençantà se le-
dans l'autre, de laquelledégouttaitdu sang. ver, n'apparaissaitpas en sa clartéet splen-
Ils se rencontrèrentel se combattirentlong- deur naturelle, mais montrait une couleur
temps, tellementqu'un des deux fui blessé, jaune, ainsiqu'on voit,la lunequand elle est
et en tombant fit un si horriblecri qu'il ré- pleine, et ressemblaitau rondd'un gros ton-
veillaplusieurshabitantsde la hauteet basse neau, el reluisaitsi peu, qu'on le pouvait,
ville, et étonnala garnison.— Aprèsce com- regardersanss'éblouirlesyeux.Bientôtaprès,
bat, parut commeune souche de feu qui il s'est montré à l'entour autant d'obscurité
passa la rivièreel s'en alla dansle parc, sui- que s'il s'en fût suivi une éclipse, et le soleil
viede plusieursmonstresde feusemblantdes s'estcouvertd'une couleurplusrougeque du
singes.Des gensqui étaientalléschercherdu sang, tellementqu'on ne savait pas si c'était
bois dans la forêt rencontrèrentce prodige, le soleilou non. — Incontinentaprès , on a
dont ils pensèrent mourir, entre autres un vu deux soleils, l'un rouge, l'autre jaune,
pauvre ouvrier du boisde Galoche,qui fut qui se sor.t heurtés et battus : cela a duré
si effrayéqu'il eut une fièvrequi ne le quitta quelquepeude temps,oùl'un dessoleilss'esL
point. — Commeles soldaisde la garnison évanoui,el onn'a plusvu que le soleiljaune.
s'en allaientsur les mursde la ville, il passa Peu après s'est apparueune nuée noire, de
sur eux une troupe innombrabled'oiseaux, la forme d'une boule, laquelle a tiré lout
les uns noirs, les antres blancs, touscriant droitcontrele soleil,et l'a couvertau milieu,
d'unevoixépouvantable.11y avait,des flam- de sorte qu'onn'a vu qu'ungrandcerclejaune
beaux qui les précédaient, et une figure à l'entour. Le soleil ainsi couvertest ap-
d'hommequi les suivait faisantle hibou; ils parue une autre nuée noire, laquellea com-
furent effrayésd'une telle vision, et il leur battu avec lui, el l'un a couvertl'autre plu-
tardaitfort qu'il fûtjour pour la raconteraux sieursfois, tant que le soleil est retournéà
habitants.—Voici(ajoutele narrateur) l'his- ladite première couleur jaunâtre. Un peu
toire quej'avais à vous présenter,et vousme après est apparue derechefune nuée longue
remercierezet serez contentsde ce que je commeun bras, venantdu côtédusoleilcou-
vousdonne,pourvousavertirde ce que vous chant, laquelles'estarrêtéeprès dudil soleil.
pouvezvoir quand vousallezla nuit dansles — Decette nuéeestsortiun grandnombrede
champs.» gens habillésde noiret arméscommegensde
d'un a été vu au ciel guerre, à pied et à cheval, marchant en
Description signe qui rang, lesquels oui passé tout bellementpar
le5ejour de décembre la
dernier, en ville dedansce soleilvers l'Orient, et celletroupe
i'Allorff, au pays de Wurtemberg,en Alle- a été suivie derrière d'un grand el puissant
magne : impriméeà Paris, rue Saint-Jac- hommequi a été beaucoupplus haut que les
ques, à l'Eléphant,devant les Matburins, autres. Après que cette troupea été passée,
1678, avec privilègedulloi. le soleils'est un peu obscurci, mais a gardé
« Guicciardinécriten son Histoireitalique sa clarténaturelleel a élé couvertde sang,
que, sur la venuedu petit roi CharlesVlll à en sorte que le cielet la terre se sont montrés
Naples,outreles prédictionsde frère Hiérô- tout rouges, parce que sont sorties du ciel
me Savonarole,tant prêchéesau peupleque plusieurs nuées sanglanteset s'en sont re-
révélées au roi même, apparurent en la tournées par-dessus, et ont tiré du côté de
Pouille, de nuit, trois soleils au milieu du l'Orient, lout ainsi qu'avaitfait avant la gen-
ciel, offusquésde nuages à l'entour, avec darmerie.—Beaucoupde nuéesnoiresse sont,
forcetonnerreset éclairs; et vers Arezzofu- montréesautour du soleil, commec'est cou-
rent vues en l'air de grandestroupesde gens tumequandil y a grande tempête, et bientôt
armés à cheval, passant par là avec grand après sont sorties du soleil d'autres nuées
bruitet sonde tambourset trompettes; el en sanglanteset ardentes, ou jaunes commedu
plusieursparties de l'Italie,,maintes,images safran. De ces nuées sont.partiesdes réver-
et statuessuèrent, et diversmonstresd'hom- bérationssemblablesà de grands chapeaux
meset d'animauxnaquirent, de quoi le pays hauts et larges, et s'estmontréetoutela terre .
fut épouvanté.On vit depuis la guerre qui jaune et sanglante,couvertede grands cha-
advintau royaumede Naples,que les Fran- peaux, lesquels avaient diverses couleurs,
çais conquirentet puis perdirent. — En la rouge, bleu, vert, et la plupart noirs; en-
villed'Altorff,au pays de Wurtemberg, en suiteil a fait un brouillard, et commeune
Allemagne,à une lieuede la villede Tub'in- pluie de sang, dont non-seulementle ciel,
gue, et aux environs,on a vu, lé cinquième mais encore la terre et tous les habillements
jour de décembre1577,environsept heures d'hommesse sont montréssanglantset jàu
VIS — 518 — VIS
nâlres. Cela a duré jusqu'à ce que le soleil ci!tte procession étaient nuit granus nommes
ail repris sa clarté naturelle, ce qui n'est ar- n us jusqu'à la ceinture, ayant le corps fort
rivé qu'à dix heures du matin.— Il est aisé c ouvert, de poil, la barbe jusqu'à mi-corps,
de penser Ce crue signifie ce prodige ; ceci e l le reste couvert de peaux de chèvre, le-
n'est autre chose que menaces, » dit l'auteur, r ant en leurs mains de grosses masses ; et
3uant à nous, comme il n'y a dans le pays c omme tous furieux suivaient la troupe de
i'Allorff aucun témoignage qui appuie ce 1jin. La course de celte procession s'étendait
merveilleux récit, nous n'y verrons qu'un pufï l oui le long de l'île, jusqu'à une autre île voi-
du dix-septième siècle. î ,ine j où tous ensemble s'évanouissaient lors-
pi'on voulait en approcher pour les conlem-
Signe merveilleux apparu en forme de pro- — Je vous prie , à quoi fend celte vision
cession , arrivé prés la ville de Bellac , en iler.
\Merveilleuse, vous autres qui savez ce que
Limousin. Imprimé à Paris en 1624. raient les choses?.... » — Nous transcrivons
« 11n'y a personne qui ait été vers la ville le naïf écrivain. Nous ajouterons que la mas-
de Bellac, en Limousin , qui n'ait passé par carade qu'il raconte eut lieu à l'époque du
une grande el Irès-spacieuse plaine nullement roman de l'Astrôe, el que c'était une société
habitée. Or en icelle, quantité de gens digues qui se divertissait à la manière des héros de
de foi et croyance, môme le sieur Jacques Don Quichotte.
Rondeau, marchand tanneur de la ville de Grandes el merveilleuses choses advenues dans
Montmorillon , le curé d'Isgre, Pierre Hibon-
Mathurin marchand de la ville de Besançon, jiar un tremblement
neau, Cognac, bois, de terre; imprimé à Château-Salins,
demeurant en la ville de Chanvigné, étant par
tous de même compagnie, m'ont assuré avoir maître Jacques Colombiers; 4 564.
vu ce que je vous écris : — 4° trois hommes «Le troisième jour de décembre, environ
velus de noir, inconnus de tous les regardants, neuf heures du malin, faisant un temps doux
tenant chacun une croix à la main ; — 2° après et. un beau soleil, l'on vit en l'air une figure
eux marchait une troupe de jeunes filles vê- d'un homme de la hauteur d'environ neuf
tues de longs manteaux de toile blanche , lances, qui dit trois fois : « Peuples, peuples,
ayant les pieds et les jambes nus, portant des «peuples, amendez-vous, ou vous êtes à la
chapeaux de fleurs desquels pendaient jns- » fin de vos jours. » Et. ce advint, un jour de
ques aux lalons de grandes bandes de toile marché, devant plus de dix mille personnes,
d'argent, tenant en leur main gauche quel- el. après ces paroles, ladite figure s'en alla en
ques rameaux, et de la droite un vase de une nue comme se retirant droit, au ciel. Une
faïence d'où sortait de la fumée;— ;-!«mar- heure après, le temps s'obscurcit tellement,
chait après celles-ci une dame accoutrée en qu'à vingt lieues autour de la ville on ne
deuil, vêtue d'une longue robe noire qui traî- voyait plus ni ciel ni terre. 11y eut beaucoup
nait fort longue sur lu terre, laquelle robe de personnes qui moururent; le pauvre monde
était semée de coeurs percés de flèches, de se mil à prier Dieu el. à faire des processions.
larmes et de flammes de salin blanc, el ses Enfin, au bout clé Irois jours, vint un beau
cheveux épars sur ses vêtements; elle tenait temps comme auparavant el un vent le plus
en sa main comme une branche de cèdre, et, cruel que l'on ne saurait voir, qui dura envi-
ainsi vêtue cheminait toule triste; — i" en- ron une heure et demie, et une telle abon-
suite marchaient, six petits enfants couverts dance d'eau , qu'il semblait, qu'on la jetait, à
de longues robes de taffetas vert, tout semé pipes, avec un merveilleux tremblement de
de flammes do satin rouge el de gros flam- terre, tellement, que la ville fondit, compre-
beaux allumés, et leurs tètes couvertes de nant quatorze lieues de long et six de large,
chapeaux de fleurs. — Ceci n'est rien, car il et n'est demeuré qu'un château, un clocher
marchait après une foule de peuples velus de et trois maisons tout au milieu. On les voit en
blanc et de noir qui cheminaient deux à deux, un rondeau de terre assises comme par de-
ayant des hâtons blancs à la main. Au milieu vant; on voit quelques portions des murs de
de la troupe était comme une déesse, velue la ville, et dans le clocher el le château, du
. richement, portant une grande couronne de côté d'un village appelé des Guetz, on voit
fleurs sur la tèle, les bras retroussés, tenant comme des enseignes el étendards qui pavo-
en sa main une belle branche de cyprès, lenl; et n'y saurait-on aller. Pareillement on
remplie de petits cristaux qui pendaient de ne sait ce que cela signifie, el n'y a homme
tous côtés. À l'entour d'elle il y avait comme qui regarde cela à qui les cheveux ne dres-
des joueurs d'instruments, lesquels toutefois sent sur la tète , car c'est, une chose merveil-
ne formaient aucune mélodie: A la suite de leuse et, épouvantable. »
VIS — ôliii — VIS
regarda d'un oeilégaré, sans avoir la force
Dissertationsur lesvisionsel lesapparitions, de parler. Le docteurlui prit la main et lui
oùl'onprouvequelesmortspeuventrevenir, demandacommentil se trouvait.« Mal, ré-
avec quelquesrèglespour connaîtresi ce
sont des âmesheureusesou malheureuses, pondit-il ; je suis perdu; lesdiablesse prépa-
rent à m'emporler,ils sont dans ma chemi-
par unprofesseuren théologie.Lyon,4675. née... » Le docteur,qui était un esprit fort,
Sansêtre très-crédule,l'auteurde ce petit secouala lêlé, lâta le pouls el dit grave-
ouvrageadmet,les apparitions,et reconnaît ment: « Vosidéessont coagulées; vousavez
cpieles unes viennentdu démon, les autres un lucidum caput , capilaine... —-Cessez -
de Dieu.Maisil en attribuebeaucoupà l'ima- votre galimatias, docteur: il n'est plustemps
gination.Il racontel'histoired'un maladequi de plaisanter, il y a deux diablesici... —
vil long-tempsdans sa chambreun spectre Vosidéessont incohérentes,je vais vous le
habillé en ermite avec une longuebarbe, démontrer.Lodiablen'est pas ici ; voire ef-
deuxcornessur la tète et une figurehorri- froi est donc...»—Dansce moment,les ra-
ble. Celle vision,qui épouvantaitle malade moneurs,ayant,remplileur sac, le laissèrent
sans qu'onpût le rassurer,n'était, dit"lepro- tomberau bas de la cheminéeet le suivirent
fesseur, que l'effetdu cerveau dérangé.11 bientôt. Leur apparition rendit le docteur
croit que les morts peuventrevenir,à cause- muet; le capilainese renfonçadans sa cou-
do l'apparitionde Samuel;et il dit que les verture, et, se coulant aux piedsde sonht,
âmesdu purgatoireontunefigureintéressante se glissa dessoussans bruit, priant les dia-
et se contententense montrantde gémir el bles de se contenterd'emporterson ami.Le
de prier, tandisque les mauvaisespritslais- docteur, immobiled'effroi.,cherchait à se
sent toujoursentrevoirquelquesupercherie ressouvenirdes prières qu'il avait apprises
et quelquemalice.— Terminonsles visions danssa jeunesse; se tournantvers son ami
par le l'ailsuivant, qu'on lit dons diversre- pour lui demanderson aide, il fut épouvanté
cueilsd'anecdotes: — Un capitaineanglais, de ne plusle voirdanssonlit. Il aperçutdans
ruiné par des foliesde jeunesse,n'avaitplus ce momentmidesramoneursqui se chargeait
d'autreasile (pie la maisond'un ancienami. du sacde suie; il ne doutapas que le capi-
Celui-ci,obligé,d'allerpasserquelquesmois lainene fût.clansce sac. Tremblantde rem-
à la campagne,et ne pouvanty conduirele plir l'autre , il ne fil qu'un saut jusqu'à la
capitaine, parcequ'il élail.malade, le confia portede la chambre, et de là au bas de l'es-
auxsoinsd'unevieilledomestique,qu'ilchar- calier. Arrivédans la rue , il se mit à crier
geait de la garde de sa maisonquand il de toutesses forces:« Ausecours!le diable
s'absentait.La bonnefemmevint un malin emportemonami! » — La populaceaccourt
voirde très-bonneheuresonmalade, parce à sescris ; il montredu doigt la maison; on
qu'elleavait,rêvéqu'il étaitmortdansla nuit: se précipiteen foulevers la porte, mais per-
rassuréeen le trouvantdans le mêmeétat sonnene veutentrerle premier...Le docteur,
que la veille,ellele quittapour aller soigner un peu rassuré par le nombre,excite à un
sesaffaires,el oubliade fermerla porteaprès exempletoutle inondeen particulier,exem-
elle.Lesramoneurs,à Londres,ont.coutume ple qu'il ne donnerait,pas pour toul l'or des
de se glisserdansles maisonsqui no sont Indes.Lesramoneurs,en entendantle bruit
pointhabitées,pour s'emparer de la suie, qu'on faisaitdans la rue, posent leur sac
dontils fontun petitcommerce.Deuxd'entre dans l'escalier,cl, de crainte d'être surpris,
euxavaientsu l'absencedu maîtrede la mai- remontentquelquesétages.Le capitaine,mal
son, et ils épiaientle moment, de s'introduire à son aise sonsson lit, ne voyant plus les
chezlui. Ilsvirentsortir la vieille,entrèrent diables,so hâte,de,sortir de la maison;sa
dès qu'ellefut éloignée, trouvèrentla cham- peur el sa précipitationne lui permettentpas
bre du capitaineouverte, et sans prendre de voirle sac, il le heurte, tombedessus,se
gardeà lui grimpèrenttous les deuxdansla couvrede suie, se relèveel descendavecra-
cheminée.Le capitaine élail en ce moment pidité; l'effroide la populaceaugmenteà sa
assissur son séant. Le jour élail sombre; la vue: ellereculeet lui ouvreun passage;le
vue de deuxcréaturesaussinoireslui causa docteurreconnaîtson ami, et se cachedans
une frayeur inexprimable;il retomba dans la foulepour l'éviter. — Enfinun minisire
ses draps, n'osant faire aucun mouvement. qu'onétait allé chercherpourconjurerl'esprit,
—Ledocteurarrivaun instantaprès; il en- malinparcourt la maison,trouveles ramo-
tra avec sa gravitéordinaire, el appela lo neurs, les forceà descendre, et. montreles
capitaineen s'approchantdu lit; le malade prétendus diablesau. peuple assemblé.Le
reconnutla voix, soulevases couverturesel docteurcl le capilainese rendirent enfinà
VOI — 52 0 - VOI
l'évidence; mais le docteur, honteux d'avoir, dame obéit, else trouve bientôt seule, n'ayant
par sa sotie frayeur, démenti le caractère qu'une vieille paillasse, un bocal et un jeu de
d'intrépidité qu'il avait toujours affecté , vou- cartes. Cette dame élail venue dans son équi-
lait rosser ces coquins-, qui, disait-il, avaient page; le cocher, après avoir attendu très-long-
fait une si grande peur à son ami. temps sa maîtresse, se décide enfin à monter,
homme est monte et la trouve au désespoir. La Voisin
Vocératrioes.—Lorsqu'un mort, avait, disparu avec ses bardes; on l'avait dé-
en Corse, particulièrement lorsqu'il a été as-
et pouillée; il lui met son manteau sur les épau-
sassiné, on place son corps sur une table; et la reconduit chez elle. — La Voisin
les femmes de sa famille, à leur défaut des les,
favorisa tant d'empoisonnements, el commit
amies ou même des femmes étrangères con- tant de vols avec le secours de son art, que,
nues par leur talent poétique, improvisent la fait- arrêter, elle fut mise à
devant un auditoire nombreux des complaintes justice l'ayant
mort en place publique 1.
en vers dans le dialecte du pays. On nomme
ces femmes voceralrici, ou , suivant la pro- Voiture du Diable. — On vil pendant plu-
nonciation corse, buceratrici, et la complainte sieurs nuits , dans un faubourg de Paris, au
s'appelle vocero, buceru, buceratu, sur la côte commencement du dix-septième siècle-, une
orientale. ; ballala sur la côte opposée. Le mol voilure noire, traînée par des chevaux noirs,
vocero, ainsi que ses dérivés vocerar, voce- conduite par un cocher également noir, qui
ralrice vient du latin vociferare. Quelque- passait, au galop des chevaux, sans faire le
Ibis plusieurs femmes improvisent tour à lour, moindre bruit. Elle paraissait sortir tous les
et fréquemment la femme ou la fille du mort soirs de la maison d'un seigneur mort depuis
chante elle-même la complainte funèbre 1. peu. Le peuple se persuada que ce ne pou-
vait être que la voilure du diable qui empor-
Voile. •—Chez les Juifs modernes, c'est une tait le corps. On reconnut par la suite que
tradition qu'un voile qu'on se met sur le vi- celle jonglerie était l'ouvrage d'un fripon, qui
sage, empêche que le fantôme ne reconnaisse voulait avoir à bon compte la maison du gen-
celui qui a peur. Mais si Dieu juge qu'il l'ait tilhomme. Il avait attaché des coussins au-
mérité par ses péchés , il lui l'ail tomber le tour des roues de la voiture el. sous les pieds
masque, afin que l'ombre puisse le voir el le des chevaux, pour donner à sa promenade
mordre. nocturne l'apparence d'une oeuvre magique.
Voisin ( LA), — devineresse qui lirait les Voix. •—Boguel assure qu'on reconnaît un
cartes, faisait voir tout ce qu'on voulait dans possédé à la qualité de sa voix : si elle esl
un bocal plein d'eau, et. forçait le diable à pa- sourde el enrouée-, nul doute, dil-il, qu'il ne
raître à sa volonté. Il y avait, un grand con- faille aussitôt procéder aux exorcismes. —
cours de monde chez elle. Un jeune époux , Sous le règne de Tibère, vers le temps de la
remarquant que sa femme sortait, aussitôt mort de Notre Seigneur, le pilote Tliamus ,
qu'il quittait la maison, résolut de savoir qui côtoyant les îles de la mer Egée, entendit un
pouvait ainsi la déranger. 11 la suit, donc un soir, aussi bien que tous ceux qui se trouvaient
jour, et là voil entrer dans une sombre allée; sur son vaisseau, une grande voix qui l'ap-
il s'y glisse, l'entend frapper à une porle qui pela plusieurs fois par son nom. Lorsqu'il oui
s'ouvre, et, conlenl de savoir où il peut la sur- répondu, la voix lui commanda de crier, en un
prendre, il regarde par le trou de la serrure, certain lieu, que le grand Pan était mort. A
et entend ces mois : « Allons, il faut vous dés- peine eut-il prononcé ces paroles dans le lieu
habiller ; ne faites pas l'enfant, ma chère désigné, qu'on entendit, de tous côlés, des
amie, hâtons-nous.... » La femme se désha- plaintes el,2 des gémissements, comme d'une
billait; le mari frappe à la porte à coups re- multitude de personnes affligées par celte
doublés. La Voisin ouvre, et le curieux voil nouvelle. — L'empereur Tibère assembla dos
sa femme, une baguette magique à la main , savants pour interpréter ces paroles. On les
prête à évoquer le diable.... — Une autre appliqua à Pan , fils de Pénélope, qui vivait
fois, une dame très-riche était venue la trou- plus de mille ans auparavant; mais, selon
ver pour qu'elle lui tirât les cartes. La Voisin, les versions les plus accréditées, il faut en-
qui à sa qualité de sorcière joignait, les talents tendre par le. grand Pan, le maître des dé-
de voleuse, lui persuadé qu'elle fera bien de mons, dont l'empire était détruit par la mort
voir le diable , qui ne lui fera d'ailleurs au- de Jésus-Christ. Les douteurs attribuent aux
cun mal ; la dame y consent. La bohémienne échos les gémissements qui se firent entendre
lui dit d'ôter ses vêtements et ses bijoux. La
1 Les Charlatanscélèbres,t. I, p.325,
* Prosper Mérimée,Colomba. - Busèbe,aprèsPlularquç.
VOL — 5: L — VOL
au piloteThamus; maison n'expliquepas la Volet (MAME). — Vers l'année 4691, une
voix.— Cette grande voix, dit le comtede jeunefilledelà paroissedePouillat,en Bresse,
Gabahs, était produitepar les peuples de auprès de Bourg, se prétenditpossédée.Elle
l'air, qui donnaientavisaux peuplesdeseaux poussait des cris cpie l'on prit pour de l'hé-
que le premieret.le plusâgé des sylphesve- breu. L'aspectdes reliques, l'eau bénite, la
naitde mourir.El, commeil s'ensuivraitde vue d'un prêlre , la faisaienttomberen con-
là queles espritsélémentairesétaientlesfaux vulsions.Un chanoinede Lyon consulta un
dieux des païens, il confirmecelle consé- médecinsur ce qu'ily avait à faire. Le mé--
quence,en ajoutantque les démonssonttrop decin visita la possédée:il prétenditqu'elle
malheureuxet trop faiblespour avoirjamais avait un levaincorrompudans l'estomac,que
eu le pouvoirde se faire adorer; maisqu'ils leshumeurscacochymesde la massedu sang
ont pu persuaderaux hôtes des élémentsde et l'exaltationd'unacideviolentsurlesautres
se montreraux hommes,et de se faire dres- parties qui le-composentétaientl'explication
ser des temples;et que, par la domination naturellede l'étal de maladie de cette fille.
naturelle que chacun d'eux a sur l'élément MarieVoletfut envoyée,aux eaux minérales;
qu'il habile, ils troublaientl'air et la mer, le grandair, la défensedeluileparler du diable
ébranlaientla terre, et dispensaientles feux et de l'enfer,el sansdoute retourde quel-
du ciel à leur fantaisie: de sorte qu'ils n'a- r que paix danssa consciencetroublée,calmè-
vaient,pas grand'peineà être pris pour des rent ses agitations;bientôtellefut en état de
divinités. — Le comte Arigo bel Missere reprendreses travauxordinaires'.
(Henrile bel Missere)mourutvers l'an 1000. Vols ou Voust, —de vultus, figure, effi-
IlavaitcombattulesMauresquienvahissaient gie. On appelait,ainsiautrefoisune image de
laCorse.Unetraditionprétendqu'à sa mort cire , au moyende laquelleon se proposait
unevoixs'entenditdansl'air, qui chantaitces de faire périr ceux qu'on haïssait; ce qui
parolesprophétiques: s'appelait envoûter.La principaleformalité
Kmorto ilconteArigobelMissere, de l'envoûtementconsistaità modeler, soit
Mcorcicasaràdi maieinpeggio'. en cire, soit en argile,l'effigiede ceuxà qui
— Clémentd'Alexandrieracontequ'enPerse, on voulait mal; si l'on perçait la figurine,
vers la région des mages, on voyait trois l'envoûtéqu'elle représentaitélail lésédans
montagnes-,plantéesau milieud'une largo la partie correspondantedo sa personne; si
campagne,distanteségalementl'une do l'au- on la faisaitdessécherou fondreau l'eu, il
tre. Eti approchantde la première,on enten- dépérissaitet ne tardait pas à mourir.—En-
dait,commedes voix confusesde plusieurs guerranddeMarignyfutaccuséd'avoirvoulu
personnesqui se battaient; près de la se- envoûterLouisX. — L'un des.griefsde Léo-
conde,le bruit élailplus grand; et, à la troi- nora Galigaïfut qu'ellegardait de pelilesfi-
sième,c'étaient,desbruitsd'allégresse,comme gures de cire dans de petits cercueils. En
d'un grand nombrede gens qui se réjouis- envoûtant,on prononçaitdes paroleset on
saient.Le,mêmeauteurdit avoirapprisd'an- pratiquait des cérémoniesqui ont varié. Ce
ciens historiensque , dans la Grande-Bre- sortilègeremonteà unehaute antiquité.Pla-
tagne,on entendau pied d'unemontagnedes ton le mentionnedans ses Lois: — « 11est
sonsde cymbalesel.declochesqui carillonnen inutile, dit-il, d'entreprendrede prouver à
en mesure.— 11y a en Afrique, dans cer- certainsesprits fortementprévenusqu'ils ne-
taines familles,cléssorcièresqui ensorcellen doivent,point s'inquiéter des peliles figures
par la voixet la langue,et fontpérir les blés de cire qu'on aurait misesou à leur porte,
les animauxelles hommesdontelles parlent ou clansles carrefours,ousur le tombeaude
mêmepour en dire du bien. —En Bretagne leurs ancêtres, et de lesexhorterà les mé-
le mugissement lointaindelà mer,lesifflemen priser, parce qu'ils ont une foi confuseà la
des ventsentendudans la nuit, sont la voi: vérité de ces maléfices.— Celuiqui se serf
d'un noyéqui demandeun tombeau2. de charmes, d'enchantementset de tousau-
Voieo, grand présidentaux enfers; il ap tres maléficesde cette nature, à desseinde
paraitsouslaforme,d'unenfantavecdes aile nuire par de tels prestiges, s'il est devin.ou
d'ange, monté sur un dragon à deuxtètes versé dans l'art d'observerles prodiges,qu'il
il connaîtla demeuredes planèteset la re meure! Si, n'ayant aucune connaissancede
traite des serpents; trente légionslui obéis ces arts, il est convaincud'avoirusé de ma-
sent3. léfices,le tribunaldéciderace qu'il doitsouf-
frir dans sa personne ou dans ses biens. »
1 Prospcr
Mérimée, Colomba. — Cequi est cu-
3 Cambry, dansleFinistère. (Traduction de M. Cousin.)
3YVierus,"Voyage 1 M.Gnriiiet,
inPseudom. deem. lîist.delamagieenFrance, p.255.
VOL — oVi2 — YUH
lieux, c'est qu'on a retrouvé la mémo supers- che de coquillages el d'herbes marines, comme
tition chez les naturels du Nouveau-Monde. s'il n'eût pas été nettoyé depuis de longues
Le père Charlevoix raconte que les Illinois années, il s'en détacha une barque, qui sem-
font de petits marmousets pour représenter blait plutôt voler que flotter sur celle mer
ceux dont ils veulent abréger les jours, el orageuse, laquelle ayant bien accosté, il en
qu'ils les percent au coeur. L'oy. ENVOÛ- sortit un homme ayant la barbe longue, lo
TEMENT. teint pâle et les yeux fixes et, creux comme
Volta. —-C'est une ancienne tradition de ceux d'un cadavre; glissant, sur la lisse el
l'Etrurio que les campagnes furent désolées puis sur le pont sans faire le moindre bruit,
par un monstre appelé. Voila. Porsenna fil comme si c'eût été une ombre, il alla se pla-
tomber.la foudre sur lui. Lucius l'ison, l'un cer au pied du mal d'artimon et engagea,
des plus braves auteurs do l'antiquité, assure en pleurant-, les matelots à recevoir un paquet
qu'avant lui Numa avait fait usage du même de lettres qu'il tenait dans sa main osseuse
moyen, el que Tullus lldstilius, l'ayant imité comme celle d'un squelette; ce que le capi-
sans être suffisamment instruit, fut frappé de taine leur fil signe de refuser. J'avais oublié
ladite foudre '. de vous dire, continua ie narrateur en bais-
sant, la voix, tandis que ses auditeurs terrifiés
Voltaire. — L'abbé Fiard , Thomas, el
madame de Staël le mettent au nombre des . se serraient de plus en plus les uns contre les
dénions incarnés. autres, qu'aussitôt que l'épouvantable appa-
rition eut posé les pieds sur le pont, toutes les
Voltigeur hollandais. — Les marins de lumières s'étaient subitement éteintes, même
toutes les nations croient à l'existence d'un celle qui éclairait, la boussole clans l'habitacle,
bâtiment hollandais dont l'équipage est con- et qu'au mémo instant aussi, chose non moins
damné par la justice divine, pour crime de étrange, le navire commença à marchera
pirateries et de cruautés abominables, à errer reculons avec une étonnante rapidité, contre
sur les mers jusqu'à la fin des siècles. On con- le vent el les vagues, tandis que des milliers
sidère sa rencontre comme un funeste pré- de peliles flammes se jouaient dans les cor-
sage. Un écrivain de nos jours a fort bien dages et jetaient une étrange lueur sur les
décrit cette croyance dans une scène mari- visages des matelots frappés de terreur. « Au
lime que nous transcrivons : — « Mon vieux nom de Dieu tout-puissant, je t'ordonne de
m'a souvent raconté, lorsque, tout petit, il quitter mon bord! » s'écria enfin le capilaine
me berçait dans ses bras pour m'accoutumer en s'adressanl au spectre. A peine ces mois
au roulis, et il jurait, que c'était la pure vé- eurent-ils été prononcés , qu'un cri long el
rité, qu'étant un jour, ou plutôt une nuit, dans aigu, tel que mille voix humaines n'auraient
les parages du cap de lionne-Espérance, un pu en produire un semblable, domina le bruit
malavisé de mousse jeta par dessus bord de la tempête, qu'un horrible coup de tou-
un chai vivant qu'il avait pris en grippe, el rnerre ébranla le bâtiment.jusqu'à sa quille...»
qu'aussitôt, comme cela ne pouvait manquer -— Le navire eut le bonheur d'échapper, ce
d'arriver, un affreux coup de vont assaillit le qui est rare. On dit encore que ceux qui ont
navire, lequel, ne pouvant supporter une reçu les lettres que les matelots fantômes du
seule aune do toile , fut obligé de fuir à sec , navire appelé h Voltigeur hollandais, en-
devant la bourrasque, avec une vitesse d'au voyaient à leurs parents el amis, ont vu
moins douze noeuds. Ils étaient dans celte qu'elles étaient adressées à des personnes qui
position, lorsque, vers minuit, ils virent tout n'existent plus depuis des siècles.
à coup, à leur grand élonnement, un bâti- Vroucolacàs OU SSroucoIaques, -— l-OI/.
ment de construction étrangère, courir droit VAMIMBES-.
dans le lit du vent, qui était cependant alors
dans sa plus grande violence. Pendant qu'ils Vue. — 11 y a des sorcières qui luenl par
examinaient ce singulier navire, dont les voiles, leur regard, mais, en Ecosse, beaucoup de
pendaient en lambeaux et dont les oeuvres , femmes ont ce qu'on appelle la seconde vue,
mortes étaient recouvertes d'une épaisse cou- c'est-à-dire le don de prévoir l'avenir et de
l'expliquer, el de connaître par une myslé-
1 Pline, liv. n, cliap. 33. l'ioïKfl inhiilÏAn rpt nui en mtccp nn Inin
WAL — 52IS WAI

Wade,-—voy. \.\im. !
lenttout comprendre,dansun mondeoùnous
environnésde tant de chosesque
Walhalla, — paradisdes guerrierschez sommes
les anciensScandinaves.Pour y entrer, il (al- nousne comprenons pas. C'estunehallucina-
lait êlremorten combattant.On y buvaitde tion épidémiqueque l'exemplecitéde l'Écos-
la bière forte dans une coupequi ne se-vi- saisPatrickWaller, si, en effet, il n'y avait
dait jamais. On y mangeaitdesbiftecksd'un là que,les phénomènesd'une-auroreboréale.
— « En l'année 4686, aux moisde juin elde
se
sangliervivant, qui prêtait à la choseet
qui était toujoursentier. juillet, dit l'honnêteWalker, plusieursper-
sonnages encorevivantspeuventattesterque,
"Walkiries,— féesdes Scandinaves.Elles près le bacde Crosford.deuxmillesau des-
ont, commela mythologiedont elles dépen- sousde Lanark,el particulièrement auxMains,
dent, un caractèretrès-sauvage. sur la rivièrede la Clyde, une grandefoule
"Wall, — grandel puissantduc du sombre de curieuxse rassemblaplusieursfois après
empire; il a la formed'un dromadairehaut midipour voirune pluiede bonnets,de cha-
et terrible; s'il prendfigurehumaine,il parle peaux, do fusilset d'épées; les arbres el lo
égyptien; il connaîtle présent, le passé et terrainen étaient couverts: des compagnies
l'avenir; il était de l'ordre des puissances; d'hommesarmés marchaienten l'air le long
trente-sixlégionssontsousses ordres. de la rivière, se ruaient les unes contreles
et disparaissaientpour faire place à
"Walter. — Jacques1er,roi d'Ecosse,Tut autres, bandesaériennes.Je suisallé là(rois
massacréde nuit, dans sonlit, par sononcle d'autres
fois consécutivementdans l'après-midi, et
Waller, que les historiens ont
français appelé j'ai observéque les deux tiers des témoins
G-aulliier,et qui voulaitmontersur le trône. avaientvu, el que l'autre tiers n'avait rien
Maisce traître recul, à Edimbourg,le prix vu. n'eusserien vu moi-même,
de son crime; car il fut exposésur un pilier, ceuxQuoiqueje
el là, devanttout le monde. on lui mit sur et unqui voyaientavaientune toile frayeur
tel tremblement,que ceux qui ne
la tète une couronne,de fer qu'on avait l'ail s'en apercevaientbien.Ungen-
dansun voyaientpas
rougir grandfeu, aveccelle inscrip- tilhomme,lout près de moi, disait : « Ces
tion: Le roi des traîtres. Un astrologuelui damnéssorciersont uneseconde
avait promisqu'il serait couronnépublique- diable vue; car le
mentdansunegrandeassembléede peuple... el m'emportesi je voisquelquechose; »
sur-le-champ il s'opéra un changement
"WulterScott. — L'illustreromanciera danssa physionomie. 11voyait. Plus effrayé
publié sur la Démonologie et les sorciersun que lesautres, ils'écria : « Voustousqui ne
recueilde lettresintéressantesqui expliquent voyezrien, ne dites rien; car je vousassure
cl qui éclaircissenlles particularitésmysté- que c'est un fait visiblepour lotisceux qui
rieuses, les croyanceset les traditionspopu- ne sont pas aveugles.» Ceuxqui voyaientces
laires dont il a fait, usage si' souventel si choses-là pouvaient décrire les espèces de
heureusement danssesromanscélèbres.Peut- batteries(lesfusils, leur longueuret leur lar-
être les opinionsreligieusesde l'auteur ont- geur, et la poignéedos épées, les gansesdes
elles laissé dansson esprit un peu trop de bonnets, etc. » — Ce phénomènesingulier,
scepticisme;peut-êtreest-il trop enclinà ne auquellu multitudecroit, bienque seulement
voir, danslesmatièresqui fontle sujetde ses lesdeux tiers eussent,vu , peut se comparer,
lettres, que les aspectspoétiques.11est tou- ajouteWaller Scott, à l'actionde ce plaisant
tefois agréable de suivre le grand écrivain qui, se posantdansl'attitudede l'étonnement,
dansdes recherchesaussi piquantes.—Dans lesyeuxiixéssurle liondebronzebienconnu
la premièrelettre, il établit que le dogme qui"ornela façadede l'hôtelde Norlhumber-
incontestabled'une âme immatériellea suffi landclansle Strand (à Londres),attira l'at-
pour accréditerla croyanceaux apparitions. tentionde ceuxqui le regardaienten disant:
U voitdans la plupartdes apparitionsde vé- « Par le,ciel, il remue!... il remuede nou-
ritableshallucinations.;il a raisonen général. veau! » el réussitainsi en peu de minutesà
Maisil ne faut pas faire de cette explication faireobstruerla rue par une fouleimmense;
unsystème,à la manièredes espritsqui veu- lesunss'imaginantavoireffectivement aperçu.
YVAL —. 52.'ii — YVAL
le lion de Perc.y remuer la queue ; les autres 1lier effet n'était que la conséquence de sa
attendant pour admirer la même merveille, i
mauvaise santé, el ne devait sous aucun autre
— De véritables hallucinations sont enfantées irapport être considéré commesujelde frayeur.
par une funeste maladie que diverses causes Au bout d'un certain temps les fantômes pa-
peuvent faire naître. La source la plus fré- rurent moins distincts dans leurs formes, pri-
quente de celle maladie, est dans les habitu- rent des cou leurs moins vives, s'affaiblirent aux
des d'intempérance de ceux qui, par une suite yeux du malade, el finirent par disparaître en-
d'excès de boissons, contractent ce que le tièrement. — Un malade du docteur Gregory
jieuple nomme les diables bleus, sorte de d'Edimbourg, l'ayant fait appeler, lui raconta,
spleen ou désorganisation mentale. Les joyeu- dans les termes suivants, ses singulières souf-
ses illusions que dans les commencements frances : « J'ai l'habitude, dit-il, de dîner à
enfanté l'ivresse s'évanouissent avec le temps, cinq heures, et lorsque six heures précises
et dégénèrent en impressions d'effroi. -— Le arrivent, je suis sujet à une visite fantasti-
fait qui va suivre fut. raconté à l'auteur par que. La porte de la chambre, même lorsque
un ami du patient. Un jeune homme riche, j'ai eu la faiblesse de la verrouiller, ce qui
qui avait mené une vie de nature à compro- m'est arrivé souvent, s'ouvre tout à coup;
mettre à la fois sa santé el sa fortune, se vit une vieille sorcière, semblable à celles qui
obligé de consulter, un médecin. Une (les cho- hantaient, les bruyères de Foires, entre d'un
ses dont il se plaignait le plus, était la pré- air menaçant, s'approche, se jette sur moi,
sence habituelle d'une suite de fantômes ha- mais si brusquement que je ne puis l'éviter,
billés de vert, exécutant dans sa chambre une el alors me donne un violent coup de sa bé-
danse bizarre dont il était forcé de suppoiler quille; je tombe de ma chaise sans connais-
la vue, quoique bien convaincu que lout le sance, et je reste ainsi plus ou moins long-
corps de ballet n'existait que dans son cer- temps. Je suis Ions les jours sous la puissance
veau. Le médecin lui prescrivit un régime; il de celle apparition...» — Le docteur demanda
lui recommanda de se. retirer à la campagne, au malade s'il avait jamais invité quelqu'un
d'y observer une diète calmante, de se lever à être avec lui témoin d'une semblable visite.
de bonne heure, de faire un exercice modelé, Il répondit que non. La nature de spn mal
d'éviter une trop grande fatigue. Le malade élail si particulière, on devait si naturelle-
se conforma à cette prescription el se réta- ment l'imputer à un dérangement mental,
blit. — Un autre exemple d'hallucinations est qu'il lui avait toujours répugné d'en parler à
celui de M. Nicolaï, célèbre libraire de Ber- qui que ce fût. « Si vous le, permettez, dit,
lin. Cet homme ne se bornait pas à vendre le docteur, je dînerai avec vous aujourd'hui
des livres, c'était encore un littérateur; il eut tôle à tète, el nous verrons si voire.méchante
le courage moral d'exposer à la société phi- vieille viendra troubler notre société. Le ma-
losophique de Berlin ie récit de ses souffran- lade accepta avec gratitude. Us dînèrent, et
ces, el d'avouer qu'il était sujet à une suite le docteur, qui supposait, l'existence de quel-
d'illusions fantastiques. Les circonstances de que maladie nerveuse, employa le charme de
ce fait peuvent, être exposées très-brièvement, sa brillante conversation à captiver l'attention
comme elles l'ont élé au public , attestées par de son hôte pour l'empêcher de penser à
les docteurs Eerriar et Hibberl, et autres qui l'heure fatale qu'if avait coutume d'attendre
ont écrit sur la démonologie. Nicolaï fait re- avec terreur. Il réussit d'abord. Six lieures
monter sa maladie à une série de désagré- arrivèrent sans qu'on y fit attention. Mais à
ments qui lui arrivèrent au commencement peine quelques minutes étaient-elles écoulées,
de 4794. L'affaissement d'esprit occasionné que le monomane s'écria d'une voix troublée :
par ces événements fut encore aggravé, par « Voici la sorcière! » et, se, renversant sur sa
ce fait qu'il négligea l'usage de saignées pé- chaise, il perdit connaissance. Le médecin lui
riodiques auquel il élail accoutumé ; un lel tira un peu de sang, el se convainquit que
état de santé créa en lui la disposition à voir cet accident périodique, dont se plaignait le
des groupes de fantômes qui se mouvaient, et malade, était une tendance à l'apoplexie. —
agissaient devant lui, et quelquefois même Le fantôme à la béquille était simplement une
lui parlaient. Ces fantômes n'offraient rien de sorte de combinaison analogue à celle dont la
désagréable à son imagination., soil par leur fantaisie produit le dérangement appelé éphial-
forme, soit par leurs actions, elle visionnaire le, ou cauchemar, ou toute autre impression ex-
possédait trop de force d'âme pour.ètro saisi térieure exercée sur nos organes pendant le
à leur présence d'un sentiment autre que ce- sommeil. — Un autre exemple encore nie fut
lui de la curiosité, convaincu qu'il était pen- cité, dit Walter Scolt, par le médecin qui avait
dant toute la durée de l'accès, due ce singu- été dans le cas de l'observer, Le malade était uo
YVAL ;-2:"i— YVAL
honorablemagistrat, lequel avait conservé (qui entraitel sortait, sans queje passe dire
entière sa réputationd'intégrité,d'assiduité (comment,jusqu'àce qu'enfinla véritémefût
el de bonsens.— Au momentdes visitesdu idémontrée,el queje mevisseforcéà ne plus
médecin. il en élail réduit à garderla cham- 'Ile regarder commeun animal domestique,
bre, quelquefoisle lit; cependant, de tempsà maisbien commeun jeu qui n'avait d'exis-
autre appliquéaux affaires, de manièreque tenceque dansmesorganesvisuelsen désor-
rien n'indiquaità un observateursuperficiel dre , ou dans mon imaginationdéréglée.
la moindre altérationdans ses facultésmo- Jusque-là, je n'avais nullement pour cet.
rales; aucun symptômene faisait craindre animai l'aversionabsoluede ce brave chef
une maladieaiguëou alarmante; maisla fai- écossaisqu'on a vu passerpar les différentes
blessedu pouls, l'absencedo l'appétit,le con- couleursde son plaid lorsquepar hasardun
stant affaiblissementdes esprits semblaient chat se trouvaitdans un appartementavec
prendre leur originedans une cause cachée lui. Au contraire,je suis ami des chats, et
que le maladeétait résolu à taire. Lesens je supportaisavec tranquillitéla présencede
obscurdes parolesde cet infortuné, la briè- mon visiteur imaginaire,lorsqu'unspectre-
vetéetla contraintedeses réponsesaux ques- d'une grandeimportanceluisuccéda.Cen'é-
tionsdu médecin, le déterminèrentà une tait autrechosequel'apparitiond'unhuissier
sorte d'enquête.11eut recoursà la famille: de la cour.— Ce personnage,avecla bourse
personnene devinaitla causedu mal. L'état el l'épée, une veste brodée et le chapeau
'des affairesdu patientétait prospère;aucune sousle bras, se glissaità mescôtés, et, chez
perle n'avait pu lui occasionnerun chagrin; moiouchezles autres, montaitl'escalierde-
aucundésappointement danssesaffectionsne vant moi. commepour m'annoncerdans un
pouvaitse supposerà son âge; aucune idée salon, puisse mêlaità la société, quoiqu'il
de remordsne s'alliait à son caractère.Le fût évident que personnene remarquâtsa
médecineut.doncrecoursavecle monomane présence,el que seul je fussesensibleaux
à une explication ; il lui parla de la folioqu'il chimériqueshonneursqu'il me voulaitren-
y avaità se vouerà une mort triste el lente, dre. Cellebizarreriene produisitpas beau-
plutôtque de dévoilerla douleur qui le mi- coupd'eflêtsur moi; cependantellem'alarma
nait.Il insistasur l'alleinlequ'il portailà sa à cause de l'influencequ'elle pouvait avoir
réputation en laissant,soupçonnerque son sur mesfacultés.Aprèsquelquesmois,je n'a-
abattement,pût,provenird'une cause scanda- perçus plus que le fantômede l'huissier: il
leuse,peut-êtremêmetropdéshonorantepour fut remplacépar unautre, horribleà la vue,
être pénétrée; il lui fit.voirqu'ainsiil légue- puisquece n'estautrechose que l'imagede
rait à sa familleun nom suspect,el terni. Le la mortelle-même,un squeletle.Seulou en
malade, frappé, exprimale désirde s'expli- compagnie,la présencede ce fantômene
quer franchementavec le docteur: et, la m'abandonnejamais. En vain je me suis
porte de la chambrefermée, il entrepritsa répété cent fois que ce n'esl qu'une image
confessionen cestermes: — « Vousne pou- équivoqueet l'effetd'un dérangementdans
vez comprendrela naturedéniessouffrances, l'organede ma vue; lorsqueje me vois, en
et votre zèle ni votre habileté ne peuvent idée, à la vérité, le compagnond'un tel fan-
m'apporlerde soulagement.La situationoù tôme, rien n'a de pouvoircontreun pareil
je metrouven'estpourtantpasnouvelle,puis- malheur,et je sensqueje doismourirvicti-
qu'on la retrouvedans le célèbreroman de med'une affectionaussi mélancolique,bien
Lesage.Vousvoussouvenezsans doutede la que je ne croiepas à la réalité du spectre
maladiedont il y est dit que mourutle duc quiest devantmesyeux.» —Le médecin,af-
d'Olivarès: l'idée qu'il était visité par une fligé, fit au malade,alors au lit, plusieurs
apparition,à l'existencede laquelleil n'ajou- questions.« Ce squeletle,dit-il, sembledonc
tait aucunementfoi; maisil en mourutnéan- toujoursla? — Monmalheureuxdestinest de
moins,vaincuelterrassépar sonimagination. le voir toujours.— Je comprends; il est à
— Je suis dans la mêmeposition;la vision l'instantmêmeprésentà votreimagination?
acharnéequi me poursuitest si pénibleet si — Il est présenta l'instantmême.—Et dans
odieuse, que ma raisonne suffitpas à com- quellepartiedevotrechambrele voyez-vous?
battremoncerveauaffecté: bref, je suisvic- — Au pied de.monlit; lorsque les rideaux
timed'unemaladieimaginaire.»—Leméde- sont entr'ouverls,il se place entre eux, et
cin écoutait avec anxiété.— « Mesvisions, remplitl'espacevide.— Aurez-vousassezde
reprit le malade, ont commencé il y a deux couragepour vousleverel.pourvousplacer
ou trois ans. Je nie trouvaisde temps on à l'endroit qui voussembleoccupé,afin de
temps troublépar la présenced'un gros chat; vousconvaincredela déception?»—Lepau—
YVAL *- :,2(i — YVAL
vre homme soupira, el secoua la tète d'une iression profonde de ce que, un jour qu'il
manière négative. « Eh bien! dit le docteur, mvrail les portes de son collège, il entendit
nous ferons l'expérience une autre fois. » Alors la voix de sa mère, à plusieurs milles de dis-
il quilla sa chaise aux côtés du lit; et se pla- lance, l'appeler par son nom; el il paraît,
çant entre les deux rideaux enlr'ouverls, in- surpris de ce qu'aucun événement de quelque
diqués comme la place occupée par le fantô- importance n'ait suivi cet avertissement. « Le
me, il demanda si le spectre était encore, fait que voici fera connaître encore par quels
visible. •— « Non entièrement., dit le malade, incidents futiles l'oreille humaine peut être
parce que votre personne est entre lui el moi ; abusée. L'auteur de ce livre marchait, dans
mais j'aperçois sa tôle par-dessus vos épau- un lieu solitaire et sauvage, avec un jeune
les. »— Le docteur tressaillit un moment, homme frappé de surdité, lorsqu'il entendit,
malgré sa philosophie, à une réponse qui af- ce qu'il crut être les aboiements d'une meule,
firmait, d'une manière si précise, que le spec- répétés par intervalles : c'était dans la saison
tre le louchait de si près. 11recourut à d'uu- de l'été, ce qui, après une courte réflexion ,
,lres moyens d'investigation, mais sans succès. persuada à l'auditeur que ce ne pouvait être
Le malade tomba dans un marasme encore le bruit d'une chasse; cependant ses oreilles
plus profond; il en mourut, et son histoire lui reproduisaient continuellement, les mêmes
laissa un douloureux exemple du pouvoir que sons. 11 rappela ses chiens, dont deux ou
le moral a sur le physique , lors même que trois le suivaient; ils s'approchèrent parfai-
les terreurs fantastiques ne parviennent pas tement-tranquilles, el ne paraissant évidem-
à absorber l'intelligence de la personne qu'elles ment point frappés des sons qui attiraient
tourmentent. — Citons encore, comme fait l'attention de l'auteur, au point qu'il ne put
attribué à l'hallucination, la célèbre appari- s'empêcher de dire à son compagnon : « J'é-
tion de Mauperluis à un de ses confrères, prouve en ce moment un double chagrin de
professeur de Berlin. — Elle est. décrite dans votre infirmité ; car elle vous empêche d'en-
les Actes de la Société royale de Berlin , et se tendre le cri du chasseur sauvage. «Comme
trouve rapportée par M. Thiébaul dans ses ce jeune homme faisait usage d'un cornet
Souvenirs de Fridéric-le-Grund. Il est.essen- acoustique, il l'ajusta taudis que je-lui par-
tiel de prévenir que M. Gledilch, à qui elle lais, et, clans ce mouvement, je vis la cause
est arrivée, était un botaniste distingué, pro- du phénomène. Ces aboiements n'existant pas,
fesseur de philosophie naturelle, el regardé c'était simplement le sifflement de l'air dans
comme un homme d'un caractère sérieux, l'instrument dont se servait, le jeune homme ,
simple et. tranquille. — Peu de temps après mais qui, pour la première fois, produisait
la mort, de Mauperluis, M. Gledilch, obligé cet effet à mon oreille. » •— Les autres sens
de traverser la salle dans laquelle l'académie trompent aussi, mais dans le sommeil ou
tenait ses séances , ayant quelques arrange- dans la folie. — Dans la deuxième lettre,
ments à faire dans le cabinet d'histoire natu- Waller Scott s'arrête à la tradition du péché
relle, qui était de son ressort, aperçut en originel ; il y trouve l'origine de l'histoire des
entrant dans la salle l'ombre de M. de Mau- communications de l'homme avec les esprits.
perluis , debout el fixe dans le premier angle 11reconnaît que les sorciers et magiciens,
à main gauche, et ses yeux braqués sur lui. condamnés par la loi de Moïse, méritaient la
11était trois heures de l'après-midi; le pro- morl, comme imposteurs, comme empoison-
fesseur de philosophie en savait trop sur sa neurs, comme apostats, el remarque avec
physique pour supposer que son président, raison qu'on ne voyait pas chez les juifs et
morl à Bàle dans la famille de Bernoulli, chez les anciens, dans ce qu'on appelait un
serait revenu à Berlin on personne. II ne re- magicien ou un devin, ce que nous voyons
garda la chose que comme une illusion pro- dans les sorciers du moyen âge, sur lesquels,
venant d'un dérangement de ses organes. 11 au reste, nous ne sommes encore qu'à demi
continua de s'occuper de ses affaires, sans éclairés. Au moyen âge, on croyait très-
s'arrêter plus long-temps à cet objel. Mais il généralement que les Sarrasins, dans leurs
raconta cette vision à ses confrères, les assu- guerres, étaient, comme insignes sorciers,
rant qu'il avait vu une figure aussi bien for- assistés par le diable. L'auteur rapporte un
mée el aussi parfaite que M. de Mauperluis exemple que voici, tiré du roman de Richard
lui-même pourrait lo présenter. — Après avoir Coeur~de-Lion : — Le fameux Saladin, y est-
iiionlré par ces récits les illusions que l'a vue il dil, avait envoyé une ambassade au roi
peut causer, l'auteur s'occupe des déceptions Richard, avec un jeune cheval qu'il lui offrait
que produit quelquefois l'organe de l'ouïe. comme un vaillant destrier. Il défiait en même,
Le docteur Johnson conserva, dit-il, une im- temps Coeùr-de-Lion à un combat singulier
VVAL — o27 — YVAL
en présencedesdeuxarmées, dans le but de hlui-même, que nos ancêtres désignaientpar
décidertout d'un coup sur leurs prétentions un u nom qui ne pût,offenserce terriblehabi-
à la Palestineet sur la questionthéologique tant 11 des régionsdu désespoir.Cetabus de-
desavoir quel était le vrai Dieu, ou le Dieu vint \ si généralque l'Églisepublia à ce sujet
des chrétiens,ou Jupiter, divinitédesSarra- une i ordonnancequi le traite d'usageimpieet
sins.Maisce semblantde défi chevaleresque scandaleux.
s El,il existeencoreplusieursper-
cachaitune perfidiedanslaquellel'espritma- sonnes s qui ont été habituéesà regarder avec
lin jouail un rôle. Un prêtre sarrasin avait effroi ( tout,lieu inculte, dans l'idéeque, lors-
conjurédeux démonsdans le corpsd'une ju- tqu'ony voudraporter la charrue, les esprits
ment et de son poulain,leur donnantpour < qui l'habitentmanifesterontleurcolère.Nous-
instructionque, chaque fois que la jument, imêmesnous connaissonsbeaucoupd'endroits
hennirait, le poulain,qui. était d'une taille vouésà la stérilité par une superstitionpo-
peu commune,devraits'agenouillerpour leter pulairedans le pays de Galles, en Irlandeel
sa mère. Le poulainmaléficiéfui envoyéau en Ecosse.— Nixasou Nicksa,dieud'une ri-
roi Richard, dans l'espoirqu'il obéirait,au vière ou de l'Océan, adorésur les bords de
signal accoutumé,et-que le Soudan,monté la Baltique, paraît incontestablementavoir
sur la mère, aurait ainsi l'avantage.—Mais tous les attributsde Neptune.Parmilesvents
le monarqueanglaisfut averti par un songe brumeuxel lesépouvantablestempêtesde ces
du piègequ'onlui tendait, et,avantle combat sombres contrées, ce n'est pas sans raison
le poulain fut exorcisé,avecordrede rester qu'on l'a choisicommela puissancela plus
docileà lavoixdesoncavalierdurantlechoc. contraireà l'homme, et le caractèresurna-
L'animalendiablépromitsoumissionen bais- turel qu'on lui a attribuéest parvenujusqu'à
sant latète ; et cettepromessen'inspirantpas noussousdeuxaspectsbiendifférents.LaNixa
assezde confiance,on lui bouchaencoreles des Germainsest une de ces aimablesfées,
oreillesavec dela cire. Ces précautionspri- nomméesNaïadespar les anciens; le vieux
ses, Richard, arméde toutes pièces,courut Nick(lodiableen Angleterre)esl unvéritable
à la rencontrede Saladin, qui, se confiant descendanldu dieudelàmerduNord,elpossède
dansson stratagème,l'attenditdepiedferme. une grandeportiondesa puissance.Lematelot
La cavalehennitde manièreà fairetrembler anglais,qui semblene rien craindre,avouela
la terreà plusieursmillesà la ronde; maisle terreur que lui inspire cet êlre redoutable,
poulainou démon,quela cire empêchaitd'en- qu'il regarde commel'auteur des différentes
tendrele signal, n'y put obéir.Saladindésar- calamitésauxquellessa vie précaireestcon-
çonnén'échappaque difficilement à la mort,el tinuellementen butte. •—Le Bhar-Guestou
sonarméefuttailléeenpiècespar leschrétiens. Bhar-Geist,appeléaussiDobie,dans lecomté
—Latroisièmelettre esl consacréeà l'élude d'York, spectre local qui , sous différentes
dela démonologie et,dessorcierschezlesRo- formes,honte'un endroitparticulier,,esl une
mains, chez les Celteset chezles différents divinité qui, ainsi que l'indiqueson nom,.
peuplesdu Nord.Les superstitionsdes an- nousvientdesanciensTeutons;et s'il eslvrai
. ciensCeltessubsistentencoreendiverslieux, que quelquesfamillesportant le nom de Do-
dit l'auteur, etles campagnardslesobservent bie ont un fantômeou spectre passant dans
sanssongerà leur origine.Vers4760,lorsque leurs armoiries,ce fait démontrepleinement
M.Peimantentrepritson voyage,la cérémo- que, quoiquelemolsoit devenuun nompro-
nie de Baalleinou Beltane,ou du 4" de mai, pre, son originene s'est pas perdue. — On
était strictementobservée,quoiqueavec va- trouve dans l'EyrbiggiaSaga l'histoire cu-
riations,dansles différentespartiesdes mon- rieuse d'une lutte entre deux sorcières du
tagnes.Le gâteaucuitau fouravec descéré- nord. L'une d'elles, Geirada, était résolueà
moniesparticulièresétait partagé en plusieurs faire mourirOddo,le filsde l'autre, nommée
portions offertesaux oiseaux ou bêtes de Kalta, qui, dans une dispute, avait coupé
proie, afin que ces animaux, ou plutôt lesi une main à sa bru. Ceuxqui devaienttuer
êtres dontils n'étaient que les agents, épar- Oddopartirent et revinrent déconcertéspar
gnassentlestroupeaux.— Uneautrecoutume i l'habileté de sa mère. Ils avaientrencontré
du mêmegenre a long-tempsfleurien Ecosse. seulement,dirent-ils,Kalta filantdulin à une
Dansplusieursparoisses,,onlaissaitune por- grandequenouille.« Fous, leur dit Geirada,
tion de terrain,qu'on nommaitle dos de Gu- cette quenouilleétait l'hommeque vouscher-
ditman,sansle labourerni le cultiver.Per- chiez. » Ils retournèrent, saisirent la que—
sonnene doutait que le closdu bonhomme e nouilleet la brûlèrent.Maisalorsla sorcière
(Gudemanjne fûtconsacréà quelqueespritt avait caché son filssousla formed'un che-
malfaisant.En effet,c'étaitla portionde Satan
n vreau apprivoisé.Unetroisièmefoiselle lui
AVAL — r>2s AVAL
donna la figure d'un porc grattant, dans les tout l le bruit d'un combat à morl entre deux,
cendres. Les meurtriers revinrent à la charge (champions furieux. A l'aide d'une corde, un
encore, ils entrèrent pour la quatrième fois, jeune j guerrier fut descendu dans le sépulcre.
s'emparèrent de l'objet, de leur animosilé el le Mais au moment où il y entra, un aulre in-
mirent à morl. — Les Norwégiens, imbus de dividu, se précipitant, prit sa place dans le
sombres superstitions, croyaient que quelque- noeud coulant ; et lorsque la corde fui retirée,
fois lorsque l'âme abandonnait le corps, elle au lieu de leur camarade, les soldais virent
était sur-le-champ remplacée par un démon Asmund , celui des deux frères d'armes qui
qui saisissait l'occasion d'occuper son dernier s'était enterré vivant. Il parut un glaive nu
séjour. Le récit suivant est. fondé sur celle à la main, son armure à moitié arrachée, lo
supposition. Saxo-Grammaticus parle de deux côté gauche de son visage déchiré comme
princes norses qui avaient formé entre eux par les griffes de quelque bêle féroce. 11n'eut
une fraternité d'âmes, s'engageant à se se- pas plutôt revu la clarté du jour que, saisi
courir et à s'aider dans toutes les aventures d'enthousiasme, il entreprit un long récit, en
où ils se trouveraient jelés pendant leur vie, vers, contenant l'histoire de ses combats dans
et se promettant, par le serment le plus so- la tombe pendant les cent, ans qui s'étaient
lennel qu'après la mort de l'un d'eux, l'autre écoulés. Il conta qu'à peine le sépulcre fermé,
descendrait vivant dans la tombe de son frère le morl Assueit s'était levé de terre, animé
d'armes el se ferait, enfermer à ses côtés. 11 par quelque goule affamée, et qu'ayant com-
fut donné à Asmnnd d'accomplir ce serment mencé par mettre en pièces, pour les dévorer,
terrible. Assueit, son compagnon, ayant été les chevaux ensevelis avec lui, il s'était jeté
lue dans une bataille, la tombe, d'après les sur son compagnon pour le traiter de la même
usages du Nord , fui creusée clans ce qu'ils manière. Le héros, loin de se laisser abattre,
nommaient l'Age des Montagnes, c'est-à-dire saisit ses armes el se défendit vaillamment,
en un endroit exposé à la vue et que l'on cou- contre Assueit, ou plutôt contre le méchant
ronnait d'un tertre. On construisit une épaisse génie qui s'était emparé de son corps. Il sou-
voûle; dans ce monument sépulcral furent tint un combat surnaturel qui dura tout un
déposés les armes, les trophées, peut-être le siècle; il venait d'obtenir la victoire en ter-
sang des victimes, les coursiers ries cham- rassant son ennemi et lui enfonçant un pieu
pions; ces cérémonies accomplies, le corps dans le corps , ce qui l'avait réduit à cette
d'Assueit fut. placé dans sa dernière demeure, immobilité qui convient aux habitants des
et son dévoué frère d'armes entra el s'assit à tombeaux. Après avoir ainsi chanté ses ex-
côté du cadavre, sans témoigner, par un mol ploits, le fantastique guerrier tomba mort. Le
ou par un regard, la moindre hésitation à corps d'Assueit l'ut retiré de la tombe, brûlé,
remplir son engagement.. Les guerriers lé- el ses cendres jetées au vent, ; celui de son
moins de ce singulier enterrement d'un vivant, vainqueur fut déposé dans ce même lieu où
avec un-mort roulèrent une large pierre, sur l'on espérait que son sommeil ne serait plus
l'ouverture de la tombe ; puis, entassant de la troublé. Ces précautions prises contre une se-
terre et des pierres sur l'endroit, ils bâtirent conde résurrection d'Assueit nous rappellent
une élévation , visible à grande distance, el, celles qu'on adoptait dans les îles grecques et
après de bruyantes lamentations sur la perle dans les provinces turques contre les vam-
de ces vaillants chefs, ils se dispersèrent. pires. Elles indiquent aussi l'origine d'une
— Bien des années se passèrent; un siècle ancienne loi anglaise contre le suicide, qui
même s'était écoulé, lorsqu'un noble suédois, ordonnait d'enfoncer un pieu à travers le corps
engagé dans une périlleuse aventure et suivi du mort, pour le garder d'une manière plus
d'une troupe vaillante, arriva dans la vallée sûre dans sa tombe. — Les peuples du Nord
qui prend son nom de la tombe des frères reconnaissaient'encore une espèce de reve-
d'armes. Le fait lui fut raconté, el le chef nants qui, lorsqu'ils s'emparaient d'un édifice
résolut d'ouvrir le tombeau, soil parce qu'il ou du droit de le fréquenter, ne se défen-
voyait là une action héroïque, soil pour s'em- daient pas contre les hommes d'après le prin-
parer des armes el surtout des ôpées avec ; cipe chevaleresque du duel, ainsi que fil
lesquelles s'étaient accomplies de grandes ac- Assueit, ni ne se rendaient aux prières des
tions. Les soldats se mirent à l'oeuvre ; ilsi prêtres ou aux charmes des sorciers, mais
eurent bientôt écarté la terre el les pierres et; devenaient fort traitables à la menace d'une
rendu l'entrée d'un accès facile. Mais les plus; procédure légale. L'Eyrbiggia-Saga nous ap-
vaillants reculèrent lorsqu'au lieu du silence i prend cpie la maison d'un respectable pro-
des tombeaux ils entendirent des cris horri- priétaire en Islande se trouva, peu après que
bles, un choc d'épées, un cliquetis d'armes el l'île fut habitée, exposée à une infeslation de
AVAL ~ 520) — YVAL
cellenature.Verslccommcncemenlde l'hiver, Celles.Les
C duergarsn'étaientoriginairement
il se manifesta,au sein d'une famillenom- que q les naturels, diminuésde taille, des na-
breuse, une maladie contagieusequi, em- tions I. laponne,finlandaiseet islandaise,qui,
portantquelquesindividusdeloutâge, sembla ffuyant devant les armes conquérantesdes
menacertousles outres d'une mort précoce. *Asoe,cherchèrentles régionsles plus recu-
Le trépas de ces maladeseut le singulierré- 1lées du Nord, et s'efforcèrentd'échapperà
sullat de fairerôder leurs ombresautour de leurs 1 ennemisde l'Orient. Ona supposéque
la maison, en terrifiant les vivants qui en ces ( pauvresgensjouissaient,en compensation
sortaient.Commele nombredes morts dans doleur < tailleinférieure,d'une puissancesur-
celle famillesurpassa bientôt celui des vi— inaturelle; ils obtinrentainsile caractèredes
vanls, les espritsrésolurentd'entrerdansla cesprits allemandsappelés kobolds,desquels
maisoneldeniontrerleurs formesvaporeuses sont : évidemmentdérivés les gobelinsanglais
el. leur affreusephysionomiejusque clansla el les bogiesécossais.Les kobolds, espècede
chambreoù se faisaitle feu pourl'usagegé- gnomesqui habitaientles lieux noirsel soli-
néral des habitants, chambre qui pendant taires, se montraientsouventdans les mines,
l'hiver en Islandeest la seule où puisse se où ils semblaientimiter les travaux des mi-
réunir une famille.Les survivantseffrayésse neurs, el prendreplaisirà les tromper. Par-
retirèrentà l'autre extrémitéde la maisonel fois ils élaienl méchants, surtout si on les
abandonnèrentla placeaux fantômes.•—Des négligeaitou si on les insultait; mais parfois
plaintes furent portées au pontife du dieu aussiils étaientbienveillants.Quandun mi-
Thor, qui jouissait d'une influenceconsidé- neurdécouvraitune richeveine,on concluait,
rabledans l'île.Par son conseil, le proprié- non pas qu'il eût plus d'habiletéou de bon-
taire de la maisonhantée assemblaun jury heur queses compagnons, maisque les esprits
composé, de ses voisins, constituéen forme, de la minel'avaientdirigé. L'occupationap-
commepour juger en matière civile, et cita parentede ces gnomessouterrainsou démons
individuellementles divers fantômeset res- conduisitnaturellementà identifierle Finlan-
semblancesdes membresmortsde la famille, dais ou le Lapon avec le kobold; mais ce
pourqu'ils eussentà prouveren vertude quel fut un plus grand effort d'imaginationqui
droit ils disputaientà lui el à ses serviteurs confonditcelterace solitaireet sombreavec
la paisiblepossessionde sa propriété, et l'esprit joyeuxqui correspondà la fée. —
quelle raison ils pouvaient avoir de venir Suivantla vieillecroyancenorse, ces nains
ainsi troubler et déranger les vivants. Les formentla machineordinairedes Sagas du
mânes parurent dans l'ordre où ils étaient Nord.DanslesNiebelungen,un des plusvieux
appelés; après avoirmurmuré quelquesre- romans de l'Allemagne,compilé, à ce qu'il
gretsd'abandonnerleur toit, ils s'évanouirent semblerait,peu aprèsl'époqued'Attila,Théo-
aux yeux des jurés étonnés.Un jugementfut doric de Berne ou do Vérone figure parmi
donc rendu par défaut contreles esprits; et un cerclede champions,qu'il préside. Entra
l'épreuvepar jury, dontnoustrouvonsici l'o- autresvaincus célèbresdomptéspar lui, esl,
rigine, obtintun triompheinconnuà quel- TElf-roiou Nain-Laurin, dont la demeura
ques-uns de ces grandsécrivains,qui en ont était dansun jardin de rosiers enchantés, et,
l'aille sujet d'une eulogie.— La quatrième : qui avait,pour gardes-clu-corpsdes géants.11
et la cinquièmelettre sont consacréesaux fut pourThéodoricet ses chevaliersun formi-
fées. Nous continueronsd'en présenter desi dable antagoniste; mais comme il essaya
extraits.,—Les classiques,dit l'illustre au- d'obtenirla victoirepar trahison,il fut,après
tour, n'ont pas oublié d'enrôler dans leur sa défaite, condamnéà remplir l'officedes-
mythologieune certaine espècede divinités ; honorantde bouffonou jongleurà la cour de
inférieures,ressemblantpar leurs habitudes ; Vérone. — Celte possessiond'une sagesse
aux fées modernes.— Le docteur Leyden,, surnaturelleest encoreimputéepar les na-
qui a épuisésurles fées, commesur beaucoup 3 turelsdesîles Orcadeset Shetlandaux êtres
d'autres sujets, les trésorsde son érudition, appelésdroics, mol qui estune corruptiondo
a trouvéla première idée des êtres connus s duergar ou divarf : ces êtres peuvent, sous
sous le nom de Féesclansles opinionsdes s beaucoup d'autres rapports, être identifiés
peuples du Nordconcernantles duergarsouj avec les féescalédoniennes.LesIrlandais,les
nains. Cesnainsétaient pourtant,il faut l'a- Gallois, les Gacls ou Ilighhmdersécossais,
vouer, des esprits d'une nature plus gros- - toutes tribus d'origine celtique, assignaient
sière, d'une vocationplus laborieuse, d'un n aux hommesde paix, aux bonsvoisins, ou
caractèreplusméchant, que les fées propre- de quelque autre nom qu'ils appelassentles
ment dites , qui étaient de l'invenliondes s pygmôeschampêtres, des,habitudesplusso-
34
AVAL — 53(1I — AVAL j
ciales ei un genre de vie beaucoup plus gai ligne de la course. D'autres, qui faisaient une '
que ces rudes et nombreux .travaux des duer- action illégale, ou s'abandonnaient à quelque
gars sauvages. Leurs dves n'évitaient pas la passion invétérée, s'exposaient aussi à aller
société des hommes, quoiqu'ils se conduisis- habiter la fameuse île. Celte croyance existait
sent envers ceux qui entraient en relations en Irlande. Glanville, dans sa Dix-huitième
avec eux d'une manière si capricieuse qu'il Mêlai ion, parle du sommelier d'un gentil-
était dangereux de leur déplaire. — Les oc- homme, voisin du comte d'Orrery, qu'on
cupations , les bienfaits, les amusements des envoya acheter des caries. En traversant les
fées ressemblaient eu tout à ces êtres aériens. plaines, il vit une table entourée de gens qui
Leur gouvernement fut toujours représenté semblaient festoyer et faire bonne chère. Ils
comme monarchique. Un roi, plus fréquem- se levèrent pour le saluer et l'invitèrent à
ment une reine des fées, étaient reconnus, et partager leur repas; mais une voix amie de
parfois tenaient ensemble leur cour. Leur la bande lui murmura à l'oreille : « Ne failes
luxe , leur pompe , leur magnificence dépas- rien de ce qu'on vous dira dans cette compa-
saient tout ce que l'imagination pouvait con- gnie. » En conséquence, i! refusa de prendre
cevoir. Dans leurs cérémonies , ils se pava- part à la réjouissance; la table s'évanouit
naient sur des coursiers splendides. Les fau- aussitôt,, el toute la société se mit à danser et
cons et les chiens qu'ils employaient à la à jouer de divers instruments ; il ne voulut
chasse étaient de la première espèce. A leurs pas davantage participer à leur musique. On
banquets de tous les jours, la table était servie, le laissa pour le moment ; mais, en dépil des
avec une opulence que les rois les plus puis- efforts de milord Orrery, en dépil de deux
sants ne pouvaient égaler ; leurs salles de évêques anglicans, en dépil de M. Gréalrix,
danse retentissaient de la plus exquise mu- ce fut tout ce qu'on put faire que d'empêcher
sique. Mais vue par l'oeil d'un prophète, l'illu- le sommelier d'être emmené par les fées qui
sion s'évanouissait; les jeunes chevaliers et le regardaient comme leur proie. Elles l'en-
les jolies dames ne semblaient plus que clés levèrent, en Piiir quelques instants. Le spectre,
rustres ridés et de hideuses souillons. Leurs qui d'abord l'avait conseillé, continua à le
pièces d'argent se changeaient en ardoise, visiter, el lui découvrit qu'il élail l'âme d'une
leur brillante vaisselle eu corbeilles d'osier de ses connaissances morte depuis sept ans.
bizarrement tressées, et leurs mets, qui ne re- « Vous savez, ajoufa-l-il, que j'ai mené une
cevaient aucune saveur du sel (le sel leur vie désordonnée ; depuis j'ai toujours été bal-
étant défendu parce qu'il est l'emblème de lotté de bas en haut el de haut en bas, sans
l'éternité ), devenaient, insipides et sans goût; jamais avoir de repos dans In compagnie où
les magnifiques salons se transformaient en vous m'avez vu ; j'y resterai jusqu'au jour du
misérables cavernes humides; toutes ces dé- jugement. » Il déclara en outre que si le som-
lices de l'Elysée des fées s'anéantissaient en melier avait reconnu Dieu dans toutes ses oeu-
même temps. — Une hostilité sérieuse était, vres, il n'aurait pas tant souffert du pouvoir
supposait-on, constamment pratiquée par les des fées. 11 lui rappela qu'il n'avait pas prié
fées contre les mortels : elle consistait à en- Dieu le malin où il avait rencontré la troupe
lever leurs enfants et à les élever comme s'ils dans la plaine-, et que môme il allait remplir
appartenaient à leur race Les enfants non une commission coupable. — On prétend que
baptisés étaient principalement exposés à ce lord Orrery a confirmé toute celte histoire,
malheur; mais les adultes pouvaient aussi assurant même qu'il avait vu le sommelier
être arrachés à la terre, s'ils avaient commis soutenu en l'air par les êlres invisibles qui
quelque action qui les soumît au pouvoir de voulaient, l'enlever. Seulement il ne disait rien
ces esprits, et, par exemple, pour nous servir de cette circonstance, qui semble appeler ac-
de la phrase légale, s'ils avaient été pris sur tion illégitime l'achat d'un jeu de cartes. —
le fait. S'endormir sur une montagne dépen- -La raison assignée à cel usage de voler des
dante du royaume des fées, où il se trouvait enfants, si habituellement pratiqué par lès
que leur cour fût pour le moment tenue, était •fées, venait, dit-on, de ce qu'elles étaient
un moyen facile d'obtenir un passe-port pour obligées de payer aux régions infernales un
Elfland , c'est-à-dire l'île des fées: heureux tribut annuel de leur population, tribut dont
encore le coupable, si les fées dans leur cour- elles lâchaient de se défrayer en livrant, au
roux se contenlaienl en pareille occasion de prince de ces régions les enfants de la race
le transporter à travers les airs dans une ville humaine plutôt que les leurs. De ce fait on
éloignée d'une quarantaine de milles, et de doit conclure qu'elles avaient elles-mêmes
laisser peut-être son chapeau ou son bonnet des descendants, comme le soutiennent plu-
sur quelque clocher, pour marquer la droite sieurs autorités, et particulièrement M. Kirkè,
AVAL — 5S;I — AVAL
ministred'Aberfoyle.1! ajoute, il o.-t vrai, futaiesquiontoccasionné Inchutede l'homme.
qu'aprèsunecertaineduréede vie, cesesprits H s'aperçoitaussique sa conductriceii'éloii,
sont sujets fila loi universellede la morta- pasplustôt entréedanscemystérieuxjardin,
lité; opinionquicependanta étécontroversée. n'en avait pas plus lot respirél'air magique,
-—Rapportons maintenantles aventuresmer- qu'elle avait reprissa beauté,sonricheéqui-
veilleusesde Thomasd'Erceldoune,l'une des pageet loulesa splendeur;qu'elleétait aussi
plus vieilleslégendesde fées que l'on con- belle, et mêmeplusbelle, quelorsqu'ill'avait
naisse. Thomasd'Erceldoune, dansle Lau- vue pour la première foissur la montagne.
derdale, surnomméle Rimeur, parce qu'il Ellese metalorsà lui expliquerlà naturedu
avait composéun roman poétiquesur Tris- pays. « Ce cheminà droite, dit-elle, mène
tremet Yseult,romancurieuxcommel'échan- les espritsdes justes au Paradis; -ctelautreà
tillon de vers anglais le plus ancien qu'on gauche, si bien battu, conduitles âmes pé-
sache exister, florissailsous le règne d'A- cheressesau lieu de leur éternelchâtiment;
lexandre III d'Ecosse. Ainsi que d'autres la troisiènieroute, par le noir souterrain-,
hommesde talentà celleépoque.Thomasfut 'aboutità un séjourdesouffrances plusdouces,
soupçonnéde magie. On disait aussi qu'il d'où les prièrespieuventretirer les pécheurs.
avait le donde prophétiser,on va voir pour- Maisvoyez-vousencore une-quatrièmevoie
quoi. Unjour qu'il était couchésur la colline qui serpentedansla plaineautourde ce châ-
appeléeHuniley;danslesmontagnesd'Eildon, teau? C'estla roule d'EHland,dontje suis la
qui dominentle monastèrede Melrose,il vit reine ; c'estaussicelleque nousallonssuivre
une femmemerveilleusement, belle;son équi- maintenant.Quand nousentreronsdans ce
pement était celui d'une amazoneou d'une château, observezle plus strict silence, ne
divinitédes bois; son coursierélaildelà plus répondezà aucune (les questionsqui vous
grandebeaulé,à sacrinièreétaientsuspendues serontadressées; j'expliqueraivotremutisme
trente-neufsonnetles d'argent que le vent en disant que je vousai retiré lé donde la
faisait,retentir; la selleétait d'osroyal, c'est- parole en vousarrachantau mondedes hu-
à-dire d'ivoire,ornée d'orfèvrerie;toutcor- mains.» —Aprèsces instructions,ils se di-
respondait,à la magnificencede col.équipe- rigèrentvers le château; en entrant dans la
ment.Lachasseresseavait un arc en mainet. cuisine, ils se trouvèrentau milieu d'une
des flèchesà sa ceinture.Elleconduisaitlrois scène qui n'eût pas été mal placée Clansla
lévriersen laisse, el troisbassetsla suivaient demeured'un grandseigneurou d'unprince.
de près. Elle rejeta l'hommageféodal que Trente cerfs étaient étendus sur là lourde
Thomasvoulut,lui rendre, en disant qu'elle table de cuisine, el de nombreuxcuisiniers
n'y avait aucun droit. Thomas,éperdumenl travaillaientà les découperel à lès apprêter.
épris, lui proposaalorsdo l'épouser.La dame Ils passèrent,ensuitedans le salonroyal; des
lui réponditqu'il ne pouvait être son époux chevalierset des dames, dansantpar trois,
sans devenirson esclave;et commeil accep- occupaientle milieu,Thomas, oubliantses
tait,l'extérieurdelabelleinconnuese changea fatigues,prit part,aux amusements.Aprèsun
aussitôten celuide la.plushideusesorcière: espacede tempsqui lui semblafort Court,là
toutuncôtéde sonvisageétait flétriel comme reine le tenant à l'écart lui ordonnade se
attaqué de paralysie; son teint., naguère si préparerà retournerdanssbn pays. « Main-
brillant, était maintenantde la;couleurbruiie tenant, ajoula-telle, combiencroyez-vous
du plomb.Touteaffreusequ'elleétait,la pas- être restéde tempsici? —Assurément., belle
sionde Thomasl'avaitmissous sa puissance, dame, répondit.Thomas, pas plus de sèpl
et quandelle lui ordonnade prendrecongé jours.— Vousêtes dans l'erreur, répondit-
du soleilet des feuillesqui poussentsur les elle: vous y èles demeurésept ans, et il est
arbres, il se sentitcontraintde lui obéir. Ils bien temps que vous en sortiez. Sachez,
pénétrèrentdansune caverne où il voyagea Thomas,que le diablede l'enferviendrade-
trois jours au milieude l'obscurité, tantôt main demanderson tribut, et un homme
entendantle mugissementd'une mer loin- commevousattirerases regards; C'estpour-
taine, tantôtmarchantà traversdesruisseaux quoilovons-nouset partons. » Cette terrible
de sang qui coupaientla roule souterraine. nouvelleréconciliaThomasavecl'idée de so'n
Enfin il revit la lumière du jour, et arriva départhorsde la terré des fées; la reineiïé
dans un beau verger.Epuisé,fautede nour- fut pas longue à le replacer sur la colline
riture, il avancela mainvers les fruitsma- d'Hunlley,où chantaientles oiseaux.Ellelui
gnifiquesqui pendentde loulepart autourde- fitses adieux; et, pour lui assurerune répu-
lui; inàis sa conductricelui défendd'y tou- tation, le gratifia de la languequi ne peut
cher, lui apprenantque ce.sont les pommes mentir.Thomas, dès lors, touteslesfois que
34.
AVAL — filVil — AVAL
la conversation roulait sur l'avenir, acquit divinations
( et. aux opérations de sorcellerie.
une réputation de prophète, car il ne pouvait — Le 8 novembre 4576, Elisabeth ou Bessie
rien dire qui ne dûl infailliblement arriver, IDunlop, épouse d'André Jack, demeurant à
et s'il eût été législateur au lieu d'èire poète, 1Lyne, au comté d'Ayr, fut accusée de magie,
nous avions ici l'histoire de Numa el d'Égérie. ( sorcellerie el. de déception pratiquées sur
de
— Thomas demeura plusieurs années daiis sa 1les gens du peuple. Ses réponses aux inter-
tour près d'Erceldoune, el il jouissait Iran- irogatoires.des juges furent curieuses. Comme
quillement de la réputation que lui avaient, i lui demandait par quel art elle pouvait
on
faite ses prédictions, dont plusieurs sont en- dire ou se trouvaient certains objets perdus,
core aujourd'hui retenues par les gens de la ou prophétiser l'issue d'une maladie , elle ré-
campagne. Un jour qu'il traitait clans sa pliqua que par elle-même elle n'avait ni con-
maison le comte de Mardi, un cri d'élonne- naissance ni science aucune sur de telles
menl s'éleva dans le village à l'apparition d'un matières, mais qu'elle avait l'habitude de
cerf et d'une biche qui sortirent de la forêt, s'adresser à un certain Thome Reid , morl à
et, contrairement à leur nature timide, conti- la bataille de Pinkie (le 40 septembre 4 547),
nuèrent tranquillement leur chemin en se di- qui lui résolvait toutes les questions qu'elle
rigeant vers la demeure de Thomas. Le pro- lui faisait. Elle décrivait ce personnage com-
phète quitta aussitôt la table; voyant dans ce me un homme respectable, à barbe grise,
prodige un avertissement de son destin , il portant un justaucorps gris avec d'amples
reconduisit le cerf el la biche dans la forêt, manches, suivant la vieille mode; une culotte
el depuis, quoiqu'il ail été revu accidentelle- grise , des bas blancs attachés autour des ge-
ment par des individus auxquels il voulait noux , un bonnet noir, fermé par derrière el
bien se montrer, il a rompu toute, liaison avec ouvert par devant, un bâton blanc à la main,
l'espèce humaine... — On a supposé de temps complétaient sa mise. Interrogée sur sa pre-
en temps que Thomas d'Erceldoune, durant mière entrevue avec ce mystérieux Thome
sa retraite, s'occupait à lever- des troupes pour Reid, elle fit un exposé (les malheurs qui
descendre dans les plaines, à quelque instant l'avaienl portée à se servir de lui. Elle con-
critique pour le sort de son pays. On a sou- duisait ses vaches au pâturage, gémissant
vent répété l'histoire d'un audacieux jockey , sur son mari etson fils malades, tandis qu'elle-
lequel vendit un cheval à un vieillard très- même n'était pas bien portante, attendu
vénérable d'extérieur, qui lui indiqua dans qu'elle relevait de couches. Elle rencontra
les montagnes d'Eildon Lucken-Uare, comme alors Thome Reid pour la première fois : il
l'endroit où, à minuit sonnant, il recevrait son la salua. — « Bessie-, lui dit-il, comment pou-
prix. Le marchand y alla , son argent lui fut vez-vous tant vous désoler pour les choses
payé en pièces antiques, et l'acheteur l'invita de ce monde? •— N'ai-je pas raison do
à visiter sa résidence. Il suivit avec élonne- m'affliger, répondit-elle, puisque nos biens
ment plusieurs longues rangées de stalles, dépérissent, que mon mari est sur le point de
dans chacune desquelles un cheval se tenait mourir, que mon nouveau-né ne vivra point,
immobile, tandis qu'un soldat armé de loules et que je suis moi-môme encore si faible?
pièces était couché , aussi sans mouvement, — Bessie, répliqua l'esprit, vous avez dé-
aux pieds de chaque noble animal. « Tous ces plu à Dieu , en lui demandant une chose que
hommes, dit le sorcier à voix basse, s'éveil- vous n'auriez pas dû demander, et je vous
leront à la bataille de Sheriffmoor. » A l'ex- conseille do réparer votre faute. Je vous le
trémité étaient suspendus une épée et un cor dis, votre enfant mourra avant que vous ne
que le prophète montra au jockey comme soyez rentrée à la maison ; vos deux brebis
renfermant les moyens de rompre le charme. mourront aussi, mais votre mari recouvrera la
Le jockey prit le cor et essaya d'en donner. santé et sera aussi robuste que jamais. » La
Les chevaux tressaillirent aussitôt dans leurs bonne femme se consola un peu en apprenant
stalles ; les soldats se levèrent et firent re- que son mari serait du moins épargné ; mais
tentir leurs armes, et le mortel épouvanté elle fut Irès-alarmée en voyant l'homme sur-
laissa échapper le cor de ses mains. Une voix naturel qui l'avait accostée passer devant elle
forte prononça ces mots : « Malheur au lâche et disparaître par un petit trou dans le mur
qui ne saisit pas le glaive avanl d'enfler le de l'enclos. Une autre fois, elle le rencontra
cor. » Un tourbillon de vent chassa le mar- à-l'Epine de Dawmstarnik , et il lui offrit l'a-
chand de chevaux de la caverne, dont il ne bondance de tous les biens, si elle abjurait
put jamais retrouver l'entrée.,.. le christianisme et la foi de son baptême. Elle
Voici une autre histoire qui montrera la répondit qu'elle aimerait mieux être traînée
part que les fées ont prise quelquefois aux à quatre chevaux que d'en rien faire, mais
AVAL — 53S1 — AVAL
qu'elle se conformeraità ses avis sur des ponses faites en cas d'objetsvolés étaient
pointsmoinsimportants.Il la quitta avecdé- pleines d'adresse, el quoiqu'ellesservissent
plaisir.Bientôtaprès il apparut vers l'heure rarementà faire rentrerles gens dans leurs
demididanssa maison,oùse trouvaientalors biens, elles donnaientgénéralementde bon-
sonmari et troismatelots.Ni AndréJack ni nesraisons.Ainsile manteaude HuguesScott
lestroismatelotsne remarquèrentla présence ne put être rattrapé, parce que les voleurs
du fantômetuéà Pinkie; de sorte que, sans avaienteu le tempsd'en faireun justaucorps.
être aperçud'eux, il emmenaBessieprès du JamesJamiesonet JamesBairdeussentre-
four. Là il lui montra une réunionde huit trouvéleurs charruesde fer qu'on leur avait
femmeset de quatre hommes.Les femmes, volées,sans la volontédu deslin qui décida
enveloppéesdans leurs manteaux, avaient que William Douga!,officierdu shériff, un
bonnemine.Cesétrangersla saluèrentet di- de ceuxqui faisaientdes perquisitions,re-
rent : « Bonjour,Bessie,veux-tu veniravec cevraitun présentde trois livrespour ne pas
nous?» Elle garda le silence,commeThome les retrouver.Bref,quoiqu'elleeùl perdu un
Reidle lui avaitrecommandé.Elle vit leurs cordon que ThomeReidlui avaitdonné, et.
lèvresremuer, mais ellene compritpas ce qui, attaché autourdu cou des femmesen
qu'ilsdisaient,el peu après ils s'éloignèrent mal d'enfant,avail le pouvoirde menerleur
avecle bruitd'une tempête.Thomelui expli- délivranceà bien, la professionde sage-
qua que c'étaientles féesdelà courd'Elfland femmequ'elleexerçaitsembleavoir prospéré
qui venaientl'inviterà y alleravec elle. Bes- jusqu'àl'heure oùelleattira sur ellele mau-
sie répliquaqu'avantde prendre ce parti elle vaisoeilde la lui. — Interrogéeplus minu-
avait besoin de réfléchir.Thome repartit : tieusementau sujet de son familier,elle dé-
« Ne vois-tupasque je suisbiennourri, bien clara ne l'avoir jamais connu pendantqu'il
vêtu, et quej'ai bonne tournure? » Puis il étaiten ce monde; maisellesavaitde science
l'assura qu'elle jouirait d'une aisance plus certaine que, durant sa vie sur la terre,
grande que jamais.Maiselle déclaraqu'elle Thomelleiri avail élé officierdu laird de
élail à son mariel à ses enfants,et qu'ellene Blair,el qu'il était mort à Pinkie. Il l'en-
voulaitpas les quitter.— Quoiqu'ilsfussent voyaitchezson(ilsqui lui avaitsuccédédans
ainsi en désaccord, le fantômecontinuace- sa chargeet chezd'autresde ses parents, à
pendantà la voirfréquemmentelà l'aiderde qui il ordonnaitde réparer certainesfautes
ses conseils;lorsqu'onla consultaitsur les qu'il avail commisessa vie durant; et dans
maladiesdes hommesou des animaux, sur ces occasionsil lui remettaittoujoursdes si-
la manièrede recouvrerdes objetsperdusou gnes auxquels on le reconnaissait.Une de
volés,elle élail, en prenantl'avisdoThome ces commissionsétait assez remarquable.
Reid, toujourscapable,de répondreaux ques- Bessieétait chargéede rappelerà un voisin
tions.Elledisaitque Thomelui avait, de sa certainesparticularitésqui devaientlui reve-
propremain, remis les herbes dontelle s'é- nir dans la mémoire, lorsqu'ellelui dirait que
tait servie pour guérir les enfants de John Thome Reid el lui étaient partis ensemble
Jack el de Wilson de Townhead.Elleavail pourlabatailledusamedinoir; quel'individu
aussi secouru efficacementune femme de à qui s'adressait le messageinclinait pour
chambrede la jeune lady Stanlie, dont la prendre une direction différente,mais que
maladieétait « un sang chaud qui se portait ThomeReidl'avait menacéde poursuivresa
sur le coeur,» cl qui luicausaitdesévanouis- route seul; qu'il l'avait mené à l'église de
sements fréquents. En cette circonstance, Dalry; que là il avait achetédes figues, et
Thomecomposaun remède puissant: c'était qu'il lui en avait fait cadeauen les attachant
(le,l'aie qu'il avail fail brouilliravec des épi- dansson mouchoir;qu'aprèscela ils étaient,
ces et un peu de sucreblanc, le tout devant allés do compagnieau champ où se livra
être bu chaquemalinà jeun. Pourcelle or- la bataille du falal samedinoir, commeon
donnance, les honorairesde BessieDunlop appela long-tempsla bataille de Pinkie.—
furentune mesurede farineet un morceau Quant aux habitudes de Thome, elle disait
de fromage.La jeune femmese rétablit.Mais qu'ilse conduisaittoujoursavecla plusstricte
la pauvre vieillelady Kîlbowiene put guérir décence,sinon quand il la pressaitde venir
sa jambequi était torse depuislonguesan- à Elflandaveclui, et qu'il la prenaitpar son
nées,carThome"Reiddit quela moelledé l'os tablier pour l'entraîner. Elle disait encore
avaitpéri et que le sang s'était glacé.Cesopi- l'avoirvu dansdeslieuxpublics, dans le ci-
nionsindiquentdumoinsde la prudenceet du metièrede Dalryet dans les rues d'Edim-
bonsens,quenouslesaltribuionsàThomeReid bourg, où il se promenait,prenant les mar-
ou à l'accuséedontil étaitle patron. Les ré- chandisesexposéesen vente sans que per-
AVAL — Ô3hi — AVAL
sonne s'en aperçût. Elle ne lui parlait pas bans I , selon l'usage. Comme il avail. aimé sa
alors, car il avail défendu de l'accoster en première ] femme, il est probable que le pro-
pareilles occasions, à moins qu'il n'adressât j d'un changement capital dans sa situation
jet,
le premier la parole. Interrogée pourquoi cet ireporta ses souvenirs sur le temps do leur
être incompréhensible s'était attaché à elle iunion, el lui rappela les bruits extraordinai-
plutôt qu'à d'autres, l'accusée répondit qu'un :res qui avaient couru à l'époque de sa. morl;
jour qu'elle était couchée dans sou lit, prèle tout, cela lui valut le rêve extraordinaire que
à donner naissance à un de ses enfants, une voici. Étant couché dans son lit sans dormir,
grande femme était entrée dons sa cabane, à ce qu'il lui semblait, il vit, à l'heure de
s'était assise, sur lo bord de son lit, et, sur minuit, si favorable aux apparitions, la ligure,
sa demande qu'on lui avait donné à boire. d'une femme habillée de blanc, qui entra
Cette visite avail précédé la rencontre do clans sa maison, se plaça à côté de son lit,,
Thome Reid près du jardin de Montcaslle; et lui sembla l'image de sa défunte épouse.
car ce digne- personnage lui avait expliqué 11la conjura de parler : quel fui son élonne-
que la grande visiteuse était la reine des menl de lui entendre dire qu'elle n'était pas
fées, et que depuis lui-même l'avait servie morte, niais retenue contre son gré prison-
par ordre exprès de cette dame, sa reine et nière par les mauvais esprits! Elle ajouta que,
maîtresse. Thome apparaissait devant Bessie si l'amour qu'il avait eu jadis pour elle n'é-
après trois sommations ; son commerce avec tait pas éteint, il lui restait un moyen de la
elle dura près de quatre ans. Il la priait sou- rappeler-ou de la regagner, comme on disait
vent de ven'r avec lui lorsqu'il s'en retour- alors, de l'affreux royaume des fées. A un
nait à Elfland; et quand elle le refusait, il certain jour qu'eile désigna, il devait ras-
secouait la tète en disant qu'elle s'en repen- sembler les plus respectables femmes de la
tirait..— Bessie Dunlop déclara encore qu'un ville, et. aller avec elles, le pasteur en tète,
jour, allant mettre son bidet aux ceps près déterrer le cercueil dans lequel on la suppo-
du lac Resialrig, à la porte orientale d'Edim- sait enterrée. « Lo pasteur, dit encore l'appa-
bourg , elle entendit passer un corps de ca- rition , récitera certaines prières; alors je
valerie qui faisait un tapage horrible, que m'élancerai du cercueil, et je fuirai avec une
ce tapage s'éloigna et parut, se perdre dans exlrème légèreté autour de l'église; vous au-
le lac avec d'affreux, retentissements. Pendant rez soin d'avoir avec vous le plus agile cou-
tout le vacaime elle ne vil rien ; mais Thome reur de- la paroisse (elle, indiqua un homme
lui dit que le. tapage était produit, par une renommé pour sa vitesse) ; il nie poursuivra,
cavalcade des fées. — L'intervention de et un autre, le forgeron (connu pour sa force),
Thome Reid, comme associé clans son métier me saisira aussitôt que le premier m'aura
de sorcière, ne servit de rien à la pauvre Bessie atteinte : par ce moyen , je reprendrai ma
Dunlop. Les terribles mots écrits sur la marge place dans la société des hommes. » — Le len-
de l'arrêt « Convaincue el. brûlée » indiquent demain mutin le souvenir de ce rêve attrista
suffisamment la lin tragique de l'héroïne de le pauvre veuf: mais, troublé par ses scru-
celte curieuse histoire. — Nous en finirons pules, il ne fît rien, La nuit suivante, la vi-
avec les fées par ce dernier récit. — Un lis- sion reparut, ce qui n'est pas étonnant. La
sera.nd de Rerwick élail. marié à une femme troisième nuit, elle se montra encore avec un
qui, après avoir mis au monde trois enfants , visage sombre el irrité; elle lui reprocha son
mourut en couche du quatrième, clans do manque do tendresse; elle le conjura.pour la
grandes convulsions. Comme elle élail extrê- dernière fois de se conformer à ses instruc-
mement défigurée après sa mort, les commè- tions, ajoutant que, s'il les négligeait, elle
res, crurent que, par suite de quelque négli- n'aurait plus le pouvoir de revenir sur la terre
gence de la pari de ceux qui avaient gardé : et de s'entretenir avec lui. — Le mari épou-
la malade, elfe avait élé emportée par les; vanté alla faire confidence de son embarras à
fées^ et que. ce cadavre défiguré avail été: son pasteur. Ce révérend personnage , plein
substitué à sa place. Le veuf donna, peu d'at- de sagacité, n'essaya pas de révoquer en
tention à ces propos ; après avoir pleuré sat. doute la réalité de la vision qui troublait son
femme pendant l'année de deuil, il commençai paroissien ; mais il prélendit que ce n'était
à, regarder comme prudent dé.former un, se- qu'une illusion produite par le diable. 11ex-
cond, mariage. Il ne larda pas à trouver uneî pliqua au pauvre mari, qu'aucun être, créé
voisine dont la bonne mine, lui plut, tandis3 n'avait la puissance.de retenir captive une
que son heureux caractère semblait, promet- âme chrétienne; il le conjura de croire que
tre qu'elle traiterait bien les enfants de soni sa femme ne pouvait être que dans la situa-
mari. 11se proposa .. fut agréé , fit publier les3 lion où Dieu l.'ava.if placée;.il lui fit compren-
— — '
AVIli 3.")
5 AYOL
dre i[ue, comme, membrede l'égliseclEcosse, nonarchiede Satan (Pseudomonarchia Dat-
il ne pouvait autoriserl'ouvertured'un cer- nonum),où nousavonstrouvéde bonnesdé-
cueil, ni employerdès prièresdansdes pra- signationssur presquelousles espritsde té-
tiquesd'un caractèresuperslilieux.Le bon- nèbrescitésdans ce Dictionnaire.
homme, confondu,demandaà son pasteurce •Wilis.-^— Dans quelquescontréesde l'Ai—
qu'il devait faire. « Je vousconseilleraide emagne, toute fiancéequi meurt avant le
monmieux,réponditcelui-ci.Obtenezle con- mariage,« pourpeuque de son vivantelle ait
sentementde votre fiancéepour vous marier un peu trop aimé la danse, devientaprès sa
demain, ou aujourd'huisi vous pouvez; .je mortune ivili, c'est-à-dire un fanlômeblanc
prendraisur moide vousdispenserdu reste el diaphane',qui s'abandonnechaque nuit à
des bans, ou d'en faire trois publicationsen la danse d'outre<-tombé.-Celledanse des
un jour. Vousaurez une nouvellefemme; morts ne ressembleen rien à la danse ter-
vousne vousrappellerezplus la première, restre ; elleest calme, grave, silencieuse.Lo
dontla mortvousa séparé. L'avisfuisuivi, pied effleureà peine la fleurchargéede ro-
cl le pauvre mari n'eut plus d'autresvisites sée; la lune éclaire de son pâle rayon ces
de sa premièreépouse.— La sixièmelettre ébats solennels;tant que la nuit est au cie
traite principalementdes esprits familiers -, el sur la terre, la ronde poursuitson chemin
dont le plus illustreétait le célèbrePuckou dans les bois, sur les montagnes,sur le bord
Robin Croodfell'ovv, qui, chez les sylphes, des lacs bleus. Avez-vousrencontré,à la fin
jouait en quelquesortele rôlede fou ou de d'une péniblejournéede voyage,quandvous
bouffonrie la compagnie.Ses plaisanteries allezau hasard loin descheminstracés, ces
étaientdu comiqueà la Ibisle plussimpleet flammesisoléesqui s'en vontçà et làà travers
le plus saugrenu: égarer un paysan qui se lesjoncs closmarécages?Malheureuxvoya-
rendaitchezlui, prendrela formed'un siège, geur, prenezgarde! ce sontles wilisquidan-
afinde faire tomberune vieillecommèresur senl; c'est-la rondo infernalequi vouspro-
sonderrière, lorsqu'ellecroyaits'asseoirsur voquede sesfascinationspuissantes.Prenez
une chaise, étaientses principalesjouissan- garde, n'allez pas plus loin, ou vous êtes
ces. S'il se prêtait à faire quelque travail perdu. Leswilis, ajouteJulesJanin,que nous
pour les gens de la maison pendant leur copionsici, sautent jusqu'à l'extinctioncom-
sommeil,c'étaità conditionqu'on lui donne- plète de leur partner mortel.»
rail un déjeunerdélicat.— La septième, la
liuiiièiWeetlu neuvièmelettress'occupentdes Wiulre-.eroz(GlJIM.AU-Yllî) , — SOl'Ciei' Cil
sorciersel de la sorcellerie.Nousn'en repro- Franche-Comté vers l'an 4600. Son fils, âgé
duirons rien, non plus que de la dernière, de douzeans, lui reprochad'avoirété au sab-
consacréeaux devinsel aux revenants,tout bat et do l'y avoir mené. deux!...» Le père indigné
ce dictionnaireétant parseméà ce sujet de s'écria: «Tunousperdslousau sabbat.IlNéan- pro-
faitset de documentsqui suffisentau lecteur testa qu'il n'avaitjamaisété
curieux. moinson prononçason arrêt, parce qu'il y
avait cinqpersonnesqui le chargeaient;que
Wattler (PiEiuui).— Il a publié au riix- d'ailleurs sa mère avait,été suspecte, ainsi
sep'lièmesièclela Doctrineel interprétation que son frère, el que beaucoupde méfaits
des songes, commetraduite de l'arabe de avaientété commispar lui. Commeil fut dé-
Gabilbrrhaman . filsde Nosar; irt-42, Paris , montré que l'enfant,ne participaitpas à la
!6()4. sorcellerie,il fut élargi1.
"ssrierus(JEAN) , — célèbredémonograplie "Woden,— dieusuprêmedes anciensGer-
brabançon, élèved'Agrippa,qu'il a défendu mains, le mômequ'Odin.Onlaissaitdansles
dans ses écrits.Onlui doit,lescinq,livresdes moissons(les épispour ses chevaux, et dans
Prestigesdes Démons, traduits en français les bois dû gibier pour sa chasse.Les cher-
sous ce titre : Cinq livres de l'impostureel cheursouitrouvérpicvWoderi vdontles races
tromperiedesdiables, des enchantementset germaniqueson!fait Gorien se convertissant
sorcelleries,pris du latin de Jean Wier, mé- au christianisme,,a de l'analogie avec le
decindu duc de Clèves,et faits françaispar Boudhades Indiens2.
JacquesGrevin, de Clermont.Paris,,in-8°, Woloty, — monstresépouvantablesqui,
4569. L'ouvragede Wierusest plein de cré- selonle récitde Lomonosoff,étaientchez les
dulité,d'idéesbizarres,de contespopulaires, Slavonscommeles géantschezlesGrecs.
d'imaginations,et riche de connaissances. —
1M.Gaiinel, Hisl.,-lela îr.ii^Uîen p.lCvl.
France,
C'estce mêmeécrivainqui.a publiéuntraité a Ynyo7.
M.Ozanain, Rcchcrch fissurré!nhliss::irie»t
curieuxdes larmesel l'inventairede la fausse thrL-lnibtianisrrc(.!!AVcmannc.
XEI\ — 53 6 — XYL
Woodward. — Un médecin empirique , mise à une analyse chimique. Le docteur
.lames Woodward, surnommé le docteur noir noir, sans autre indication, répondait au ma-
a cause de son teint, est mort en 4844 à lade qu'il était attaqué ou menacé de phthi-
Cincinnati, laissant une fortune considérable. sie, de péripneumonie, de goutte, de rhuma-
On a été surpris de trouver chez lui, dans tisme, etc., et il faisait ses prescriptions en
une grande armoire vitrée, une immense conséquence. Quand il rencontrait juste, on
quantité de peliles fioles de diverses dimen- était émerveillé de sa science profonde, el
sions, les unes pleines et les autres vides, et Ton demandait une consultation nouvelle ,
portant sur leurs étiquettes les noms et de- payée plus cher que la première. Les regis-
meures de personnages habitant les différents. tres du docteur oui constaté qu'il avait ré-
Etats de l'Union. Il y en avait aussi du Ca- pondu avec les plus grands détails à un grand
nada, des Antilles el du Mexique. Voici quel nombre de ses malades sans prendre la peine
en élail l'usage : le docteur noir se vantail d'analyser leurs émanations., car les fioles
de découvrir le diagnostic de toutes les ma- étaient encore hermétiquement fermées.
ladies par des émanations des consultants, à — roi d'Angleterre.
quelque distance qu'ils fussent de lui. Le ma- Wortigem, Toi/.
lade devait tremper son doigt pendant une MERLIN.
heure dans une fiole remplie de l'eau la plus Wulscm de la Colombière (MARC).— On
pure, el, lui envoyer ensuite celle fiole soi- lui doit le Palais des Curieux, où , entre au-
gneusement bouchée. L'eau, se trouvant ainsi tres sujets, il esl question des songes, avec un
imprégnée des sueurs du malade, élail sou- traité de la physionomie. Orléans, 4060.

Xaphan, —démon du second ordre. Quand homme lui apparut et, lui dit: «J'ai déjà dé-
Satan el ses anges se révoltèrent contre Dieu, claré au roi ce qu'il doit craindre, s'il ne se
Xapban se joignit, aux mécontents , el il en halo d'obéir à mes ordres ; cesse donc do
lut bien reçu, car il avail l'esprit inventif. Il l'opposer à ce qui esl arrêté par les destins. ».
proposa aux rebelles de mettre lo feu dans — En même temps il sembla à Artaban que
le ciel ; mais il fut, précipité avec les aulres le fantôme voulait lui brûler les yeux avec
au fond de l'abîme, où il est continuellement un for ardenl; il se jota à bas du lit, ra-
occupé à souffler la braise des fourneaux avec conta à Xerxès ce qu'il venait rie voir et d'en-
sa bouche et ses mains. tendre, et se rangea de son avis, bien per-
Xerxès. — Ayant cédé aux remontrances suadé que les dieux destinaient la victoire
de son oncle Artaban , qui le dissuadait de aux Perses; mais les suites funestes de celle
porter la guerre en Grèce, il vit dans son guerre démentirent les promesses du fantôme.
sommeil un jeune homme d'une beauté ex- Xeibeth, — démon des prodiges imagi-
traordinaire qui lui dit : Tu renonces donc, naires, des coules merveilleux el du men-
au projet de faire la guerre aux Grecs, après songe. 11 serait impossible de compter ses
avoir mis les armées on campagne?... Crois- disciples.
moi, reprends au plus tôt cette expédition, ou xitragupten. — Les Indiens appellent
tu seras dans peu aussi bas que tu le vois ainsi le secrétaire du dieu des enfers, qui est
élevé aujourd'hui. — Celte vision se répéta la chargé de tenir un registre exact des actions
nuit suivante. — Le roi étonné envoya cher- de, chaque homme pendant sa vie. Lorsqu'un
cher Artaban , lo fit revêtir de ses ornements défunt est présenté au tribunal du juge infer-
royaux, en lui contant la double apparition nal, le secrétaire lui met en main le mémoire
qui l'inquiétait, et lui ordonna de se coucher qui contient toute la vie de cet homme ; c'est
dans son lit, pour éprouver s'il ne se laissait sur ce mémoire que le dieu dés enfers règle
point abuser par l'illusion d'un songe. Arta- son arrêt.
ban, quoiqu'il craignît d'offenser les dieux en Xylomancie, — divination par le bois. On
les niellant ainsi à l'épreuve, fil ce que le roi la pratiquait particulièrement en Esclavonie.
voulut, et lorsqu'il fui endormi, le jeune C'était Tari de tirer des présages de ia posi-
YEU — 537 — YFF
liondes morceauxde boissec qu'on trouvait foyer, sur la manièredont elles brûlaient,
danssonchemin Onfaisaitaussides conjec- etc. C'estpeut-êtreun restede cette divina-
toiresnon moinscertainespour les chosesà lionqui fait dire aux bonnesgens, lorsqu'un
venir sur l'arrangementdes bûchesdansle tisonse dérange,qu'ilsvont,avoirunevisite.

^"an-Gant-'X'-Xan,— espèce de démon danscesens,cequ'ilsappellentle mauvaisoeil.


quiportedans la nuit cinq chandellessur les Parmi leurs superstitionsles plus vulgaires,
cinqdoigts,el lestourneavecla rapiditéd'un cellequi attribueau regardde certainesper-
dévidoir; superstitiondes habitants du Fi- sonnesla facultéde produirede fâcheuxef-
nistère. fets, est la plusgénéralementrépandue.Da-
"Saga-Baba, — monstredécrit dans les lyell racontequ'ily a peu d'années,un do-
vieux conles russes sous les traits d'une mestiquede sa familleétant morl de la pe-
femmehorribleà voir, d'unegrandeurdéme- tile vérole, la mère de ce dernier soutint
surée, do la formed'un squeletle,avec des qu'il avail péri victimed'un mauvaisoeil.11
piedsdécharnés,tenanten mainune massue ajouteque maintenantencoreil existeune
de fer, avec laquelleelle fuit roulerla ma- femmedans les plaines dont le regard, au
chinequi la porte(espècede vélocipède). Elle dire de ses voisins,suffitpouraigrir le lait,
paraitremplirl'emploidoBelloneoude quel- rendre les chèvres stériles et quelquefois
que autredivinitéinfernale. mêmepour faire périr les troupeaux: une
Ven-Vang, — roi de l'enferchezles Chi- chevillede fer rouilléepeut seule détourner
nois. 11exercedes châtimentsterriblessur le maléfice.— Dansle Péloponèse,à peine
ceuxqui n'ont,rien à lui offrir. le nouveau-néa-l-il vu le jour,que la sage-
"Seux.— Boguolassure que les sorcières femmele couvred'un voileet.lui étendsur
ontdeuxprunellesdansun oeil.Lessorcières le frontun peu de boue prise au fondd'un
vaseoù l'eau a long-tempsséjourné.Ellees-
illyriemiesavaientla mêmesingularitédans
les deux yeux. Ellesensorcelaientmortelle- père ainsiéloignerde lui l'esprit malin, au-
ment ceux qu'elles regardaient, et tuaient trementdit mauvaisoeil, dont les Grecques
ceux qu'elles fixaientlong-temps.— 11 y croientvoir partout la mauvaiseinfluence.
— Un soldai, dans l'expéditiondu maré-
avail dans le Ponl des sorcièresqui avaient
deux prunellesdans un oeilel la ligured'un chal Maison, faisait des sautsdedela force,
chevaldans l'autre. 11y avait en Italie des mangeaitdes éloupeset rendait le fumée
sorcièresqui, d'un seul regard, mangeaient par la.bouche.On le prit pour mauvais
le coeurdes hommescl le dedansdes con- oeilou espritmalin1. Ona prétenduque l'on
combres....— On redoute beaucoup, dans devenaitaveuglelorsqu'on regardaitle basi-
contréesde certainsen- lic. Koy.ce mot. — A Plouédern,près de
quelques l'Espagne, dansla Bretagne,si l'oeilgau-
chanteursqui empoisonnent par lesyeux. Un Landorneau,
cho d'un morl ne se ferme pas, un des
Espagnolavait l'oeilsi malin, qu'en regar-
dant fixementles fenêtresd'unemaison,il en plus prochesparents est menacéde cesser
cassait toutes les vitres. Un autre , même d'être2.
sans y songer,tuaitlousceuxsur qui sa vue SfETrote,— roi de Gothie-el de Suède,qui
f it
s'arrêtait.Le roi,qui en fut informé, venir mourutsur lebordde la mer où il se prome-
cet enchanteurel lui ordonnade regarder nait, frappédes cornesd'unevacheque l'on
quelques criminelscondamnésau dernier pensecire certainementunesorcièreconver-
supplice.L'empoisonneur obéit,et les crimi- tie en icelle, laquellese voulait venger de
nels expiraientà mesurequ'il les fixait.— cette manièrede ce roi pour quelquetort
Untroisièmefaisaitassemblerdansun champ qu'elleavait reçu de lui3.
toutesles poulesdes environs,et sitôt qu'il
avait fixécellequ'onlui désignait,ellen'était 1 Mangeai-t, Souvenirs
de3;L 1830.
Morévï,
plus1. — LesÉcossais redoutent beaucoup, '• Cambry, flanslelMnistère,
t. II,p.170,
Voyage
1 VoyagedeDumonl, liv.ni. 6 Toiquémada,Hexameron,n.423,
Z,U> 538 Z1T

Zabulon, — démon qui possédait une soeur Zariatnatmik , •— personnage inconnu ,


laie de Loudun. Voy. GIUNDIBR. mais très-puissant. Ko;/. VKHGE.
Zacoum, — arbre de l'enfer des mahomé- Kazarraguan, — enfer des îles Mariannes,
lans, dont les fruits sont des tètes de diables. où sont logés ceux qui meurent de mort vio-
Zaebos, — grand comte des enfers. 11a la lente, tandis que ceux qui meurent .naturelle-
ment vont jouir des fruits délicieux du paradis.
ligure d'un beau soldat monté sur un croco-
dile ; sa tête est ornée d'une couronne ducale ; Zédéchias. — Quoiqu'on fût crédule sous
il est doux de caractère. le règne de Pépin-lc-Bref, on refusait de
croire à l'existence des êtres élémentaires.
Zagam, — grand roi et président de l'en- Le cabalisle Zédccliias se mit dans l'esprit
fer, qui a l'apparence d'un taureau aux ailes d'en convaincre le monde; il commanda donc
de griffon. 11 change l'eau en vin, le sang en
aux sylphes de se montrer à tous les mortels.
huile, l'insensé en homme sage, le plomb en S'il faut en croire l'abbé do Yill'a'rs, ils le
argent et le cuivre en or. Trente légions lui firent avec magnificence. On voyait dans les
obéissent 1.
airs ces créatures admirables en Tonne hu-
Sahuris OU Zahories. •— Les Français qui maine , tantôt rangées en bataille, marchant
sont allés en Espagne racontent des faits très- en bon ordre, ou se louant sous les armes, ou
singuliers sur les zaliuris, espèce de gens qui campées soirs des pavillons superbes; tantôt
ont la vue si subtile qu'ils voient, sous la terre sur des navires aériens d'une structure mer-
les veines d'eau, les métaux, les trésors et veilleuse, dont la Hotte volante voguait, au gré
les corps privés de vie. -— On a cherché à des zéphyrs. Mais ce siècle ignorant ne pou-
expliquer ce phénomène par des moyens na- vait raisonner sur la*nature, de ces spectacles
turels. On a dit que ces hommes reconnais-
saient les lieux où il y avait des sources, par étranges; le peuple crut d'abord que c'étaient
des sorciers qui s'étaient emparés de l'air
les vapeurs qui s'en exhalaient, et qu'ils sui- pour y excicer des orages et. pour l'aire grêler
vaient la trace des mines- d'or et d'argent ou sur les moissons. — Les savants et les juris-
de cuivre, par les herbes- qui croissaient sur consultes-furen", bientôt de l'avis du-peuple;
\n terre dont elles étaient, recouvertes. — Mais les empereurs le crurent aussi, et celte ridicule
ces raisons n'ont point satisfait le peuple es- chimère alla si loin, que le sage Chnrlemagne,
pagnol , et il a persisté à croire que les za- et après lui Louis-le-Débonnaire, imposèrent
liuris étaient doués de qualités surhumaines, de graves peines à ces prétendus tyrans de
qu'ils avaient, des rapports avec les démons, l'air....
et que s'ils voulaient ils sauraient bien, in-
Zeerneirooch, — dieu noir, dieu de l'em-
dépendamment des choses matérielles, dé- pire des morts chez les anciens Germains.
couvrir les secrets et les pensées qui n'ont
rien de palpable pour les grossiers et vul- Zepar, — grand-chic de l'empire infernal,
gaires mortels. Au reste les zaburis ont les qui pourrait, hieil être' le même que Vépar ou
yeux rouges,, et, pour être zahuri, il faut être Separ. Néanmoins, sous ce nom de Zépar,,il
né le vendredi-samt. a la forme d'un guerrier. ïl pousse les hom-
mes aux passions infâmes. Vingt-huit légions
Zaîragie ( ZAIHAGIAII ) , — divination en lui obéissent 1.
usage parmi les Arabes, qui se faisait par le
moyen de plusieurs cercles ou roues parallè- Sinoalis. — C'est le nom qu'ordonne aux
les correspondantes aux cieux des planètes, bohémiens en.Espagne.
placés les uns avec les autres, et marqués de aiton. —• Pendant les noces de'Venceslas,
plusieurs lettres que l'on fait rencontrer en- fils de l'empereur Charles W, avec la prin-
semble par le mouvement qu'on leur donne cesse Sophie de Bavière, le beau-père, qui
selon certaines règles. savait que son gendre prenait plaisir à des
Eapan, — selon Wicrus, l'un des rois de spectacles ridicules et à des énchafllenïCnls,
l'enfer. lit amener de l'rague une charretée de ma-
1 Wicni!;,in Psciutoni.Jic.n, 1 Wiçrus, in Pscudoir..d;<nn.
ZOll — 539 — ZOll
giciens.Le magiciende Veuceslas,nommé par sonportier.On y trouvales maléfices, et
Zitou,se présentepour faireassaut,aveceux; voilàZoroastrecondamnéà être, pendu. —
ayantla bouchefenduede part etd'autrejus- iCommeon allait pendre Zoroastre, le plus
qu'aux oreilles, il l'ouvreet dévoretoutd'un beauchevaldu roi tombemalade;ses quatre
couple bouffondu duc de Bavière,avec fous jambes rentrent dans son corps, tellement
ses babils, excepté ses souliersqui étaient qu'on ne les voit plus.Zoroastrel'apprend; il
sales, et qu'il crachaloin de lui. Ensuite, ne prometqu'ilguérira le cheval, pourvuqu'on
pouvantdigérer une telle viande,il va se dé- ne le pende pas. L'accordétait fait: il fait
chargerdans une grandecuve pleined'eau, sortirunejambe du ventre,et lui dit : «Sire,
rend son hommepar lu bas, et délieses ri- je ne vous rendrai pas la secondejambe
vauxde l'imiter.— Nosvieilleschroniqueset que vous n'ayez embrasséma religion.—
nos contesde fées offrentencoredes trails Soit,» dit le monarque.Le prophète,après
semblables.—CemêmeZilonchangeaitquel- avoir fait paraître la secondejambe, voulut
quefois,dans des festins,les mainsdes con- que les filsdu roi se lissentZoroaslriens; et
viésen piedsde boeuf,afinqu'ils ne pussent les autresjambesfirentdes prosélytesde toute
rien toucherdes mels qu'on leur servait, de la cour.On pendit les quatre malinssages
sorte qu'il avait loisirde prendre pour lui la au lieu du prophète,et foulela Perse reçut
meilleurepart. — Voyantun jour des gens à sa foi. — Bundari, historien arabe, conte
des fenêtresattentifsà regarderun spectacle que Zoroastreétait juif,et qu'il avaitété valet
qui excitaitleur curiosité,il leur lit venirnu de .lérémie; qu'il mentit à son maître: que
frontde largescornesde cerf,pour les empê- Jérémie, pour le punir, lui donna la lèpre;
cherde se retirerde.cesfenêtresquandils le que le valet, pour se décrasser,alla prêcher
voudraient. une nouvellereligionen Persecl.fit.adorerle
Suas. — C'est le nom que donnent les soleil.— Le voyageurfrançaisqui a écrit la
Juifsmodernesà leurs phylactères. viede Zoroastre,aprèsavoirobservéque son
— enfancene pouvaitmanquerd'être miracu-
Zoaphité, 1301/. MONSTBBS. leuse, dit qu'il se milà rire dés qu'il fui né,
Zoroastre,— le premier et le plus ancien du moinsà ce que disent Pline,el Sulin.11y
des magiciens.SexfusSmensisreconnaîtdeux avait,alors un grand nombrede magiciens
enchanteursde ce nom: l'un, roi de Perse,et très puissants; ils savaient qu'un jour Zo-
auteur de la magienaturelle; l'autre, roi des roastre en saurait plus qu'eux et qu'il
Bacliïens, et inventeurde la magienoireou triompheraitde leur magie. Le, prince des
diabolique.Justin dit que Zoroastrerégnait magiciensfil amener l'enfant et voulut le
dansla Bactrianolong-tempsavant la guerre couperen deux; maissa mainse séchasur-
de Troie; qu'il fut le premiermagicien, et le-champ.Onle jeta dans le feu,qui se con-
qu'd infectale genre humaindes erreursde vertitpour lui en baind'eau rose. On voulut
la magie.— Voici,dit Voltaire,ce que l'An- le faire briser sous les pieds des taureaux
glais llyde rapporte sur Zoroastre, d'après sauvages,mais un taureau pluspuissantprit
un historienarabe : Le prophète Zoroastre sa défense.On le jeta parmi les loups, ces
étant venu du paradis prêcher sa religion loupsallèrentincontinentchercherdeux bre-
chezle roi de Perse Gustaph, le roi dit au bis qui lui donnèrentà leter toute la nuil.
prophète: «Donnez-moiun signe.» Aussitôt Enfinil fut renduà sa mère,Dogdo,ou Dodo,
le prophètefit croîtredevantTaporte du pa- ou Dodu,liérose prétend que Zoroastren'est
lais un cèdre si gros et si haut, que nulle autre que Cham,filsdeNoô.— Lescabahstes
cordene pouvaitni l'entourerni atteindresa ontdoZoroastreune opiniontoutedifférente;
cime.Il milau hautdu cèdreun beaucabinet mais,si les démonomanesle confondentavec
où nul hommene pouvaitmonter.Frappé do Cham, les cabalistesle confondentavec Ja-
ce miracle, Gustaph crut à Zoroastre.— phet. Ainsi, lés uns el les autress'a'-cordenl
Quatremagesou quatre sages(c'est la même à le faire filsde Noé. « Zoroastre,autrement
chose),gens jalouxet méchants,empruntè- nomméJaphel, dit le comtedo Gabalis,était
rent du portierroyal la clefde la chambredu filsde Vesla, femmede Noé. 11vécutdouze
prophètependant son absence, et jetèrent centsans, le plus sage monarque

du monde;
parmi ses livresdes os de chienset de chats, après quoiil fut enlevé. CetteVesta, étant
des ongles cl des cheveuxde morts,toutes morte, fut le génie.lutélaire do Borne; el le
drogues avec lesquelles les magiciensont feu sacré,que des vierges conservaientavec
opéré de tout temps. Puis ils allèrent accu- tantde soinsur un autel, brûlaiten sonhon-
ser le prophèted'être un sorcier et un em- neur. Outre Zoroastre, il naquit d'elle une
poisonneur.Le.roi se fit ouvrir la chambre filled'unerare beautéel d'unegrandesagesse,
ZOU — 540 — ZUN
la divine Egérie, de qui Nunia Pompiliusre- Zoureg, — serpent mystérieux, long d'un
çut toutes ses lois. Ce fut elle qui engagea pied, que les Arabesdisent,habiter le désert,
Numa à bâtir un temple en l'honneur de où il est doué d'une puissancequi lui permet,
Vesta, sa mère.. Les livres secrets de l'an- dans ses courses, de traverser sans se dé-
cienne cabale nous apprennent qu'elle fut tourner les plus rudes obstacles, un rocher,
conçue dans l'espace de temps que Noé passa un mur, un arbre , un homme. L'hommeque
sur les flots,réfugiédans l'arche cabalistique. le zoureg traverse en passant, meurt aussi-
Zoubdadeyer. — En l'an 408, le roi de tôt. On ne peut tuer ce petit serpent qu'en
Perse Cabadès apprit, dit Théophanes, qu'il lui coupant la tète pendant qu'il dort.
y avait aux frontières de ses étals un vieux Zozo, — démonqui, accompagnéde Mimi
château appelé Zoubdadeyer,plein de riches- elde en 4846, une jeune
ses gardées par des démons.Il résolutde s'en filleduCrapoulet, posséda,
bourg de Teilly en Picardie, loi/. POS-
emparer, mais les magiciensjuifs qu'il em- SÉDÉS.
ployapour mettre en fuite les bandes infer-
nales n'y réussirent pas. Un évoquechrétien Zundel, — capitaine des Bohémiens,I-'OIJ.
put seul dissiper les prestiges du château en- BOHÉMIENS.
sorcelé.
APPENDICE.

Quelques Mjégentles infernales»

tin grand sorcier. — Oll ll'OUVG dans les autour du cou un carcan chargé de sept dif-
lettres curieuses do Cyrano-Bergerac,sur la férentespierres précieuses, dont chacune por-
magie, le passage très-piquant qui suit : — tait le caractèrede la planètequi la dominait.
« Il m'est arrivé une,aventure si étrange, que — Ainsi mystérieusementhabillé , portant à
je veux vousla raconter. Voussaurez qu'hier, la main gauche un vase triangulaire plein de
fatigué de l'attention que j'avais mise à lire rosée, et à la droite une baguette de sureau
un livre de prodiges, je sortis à la prome- en sève, dontl'un des bouts était ferré d'un
nade pour dissiperles ridicules imaginations mélange de tous les métaux, il baisa le pied
dont j'avais l'esprit rempli, .le m'enfonçaidans de sa grotte, se déchaussa,prononçaen grom-
un petit bois obscur, où je marchai environ melant quelques paroles obscures, et s'ap-
un quart d'heure. J'aperçus alors un manche . procha à reculonsd'un gros chêne, à quatre
à balai, qui vint se mettre entre mes jambes pas duquel il creusa trois cercles l'un dar.s
et sur lequel je me trouvai à califourchon; l'autre. La nature, obéissant aux ordres du
aussitôtje me sentisvolant,par le vague des nécromancien,prenait elle-même, en frémis-
airs. Je ne sais quelle route je fis sur celle sant, les figures qu'il voulait y tracer. 11y
monture; niais je me Irouvai arrêté sur mes grava les nomsdes esprits qui présidaientau
pieds, au milieud'un désert où je ne rencon- siècle, à l'année, à la saison, au mois, au
trai aucun sentier. Cependant je résolus de jour et à l'heure. Ceci l'ail, il posa son vase
pénétrer el de reconnaîtreles lieux. Maisj'a- au milieu des cercles, le découvrit, mit un
vais beau pousser contre l'air, mes effortsne bout,de.sa baguette entre ses dents, se cou-
me faisaienttrouver partout que l'impossibi- cha la facetournée,vers l'orient, cl s'endor-
lité de passeroutre. — A la fin, fort harassé, mit. — Vers le milieu do son sommeil, je vis
je tombai sur mes genoux; et ce qui m'élon- tomber dans le vase cinq grains de fougère.
na, ce fut d'avoir passé en un momentde 11les prit, quand il fut éveillé, en mit deux
midi à minuit, .le voyais les étoiles luire au dans ses oreilles, un dans sa bouche; il re-
ciel avec un feu bleuetlanl; la lune était en plongea l'aulre dans l'eau, et jeta le cinquiè-
son plein, mais beaucoupplus pâle qu'à l'or- me hors des cercles. A peine fut-il parti de
dinaire ; elle s'éclipsa trois fois, et trois fois sa main, que je le vis environnéde plus d'un
dépassa son cercle ; les vents étaient paraly- million d'animaux de mauvais augure. H
sés, les fontaines élaient muettes; tous les loucha de sa baguette un chat-huant, un re-
animaux n'avaient de mouvement que ce nard el une taupe qui entrèrent dans les cer-
qu'il leur en faut pour trembler; l'horreur cles en jetant, un cri formidable.11leur fen-
d'un silence effroyable régnait partout, el dit l'estomac avec un couteau d'airain, leur
partout la nature semblait attendre quelque ôia le coeur,qu'il enveloppadans troisfeuilles
grande aventure. — Je mêlais ma frayeur à de laurier et qu'il avala ; il fit ensuite de lon-
celle dontla face de l'horizon paraissait agi- gues fumigations.Il trempa un gant de par-
tée, lorsqu'au clair de la lune, je vis sortir chemin vierge dans un bassin plein de rosée
d'une caverne un grand et vénérable vieil- et de sang, mit ce gant à sa main droite , et
lard, vêtu de blanc, le visage basané, les après quatre ou cinq hurlements horribles, il
sourcils touffuset relevés, l'oeil effrayant, la ferma les yeux et commença les évocations.
barbe renversée par-dessus les épaules. Il -—Il ne remuait presque pas les lèvres; j'en-
avait sur la tête un chapeau de verveine, et tendisnéanmoinsdans sa gorge unbruit sem-
sur le dos une ceinture de fougère de mai blable à celui de plusieurs voix entremêlées.
tressée. Al'endroit du coeurétait attachée sur Il fut enlevé de terre à la hauteur d'un demi-
sa robe une chauve-souris à demi morte, et pied, et de fois à autre il attachait attentive-
h/\ï APPENDICE.
ment la vue sur l'ongle de l'index de sa main Je suscite les guerres en les allumant, entre
gauche; il avait le visage enflammé et se les génies qui gouvernent les rois. J'enseigne
tourmentait fort. -— Après plusieurs conlor- aux bergers la palenôlre du loup. J'apprends
sions effroyables, il tomba en gémissant sur aux devins la façon de tourner le sas. Je fais
ses genoux; mais aussitôt qu'il eut articulé courir les feux follets. J'excite les fées à dan-
trois paroles d'une certaine oraison , devenu ser au clair de la lune. Je pousse les joueurs
plus fort qu'un homme, il soutint sans vacil- à chercher le trèfle à quatre feuilles sous les
ler les violentes secousses d'un vent épouvan- gibets. J'envoie à minuit les esprits hors du
table qui soufflait contre lui. Ce vent, semblait cimetière, demander à leurs héritiers l'ac-
lâcher de le faire sortir des trois cercles; les complissement des voeux qu'ils ont, faits à la
trois ronds tournèrent ensuite autour de lui. mort. Je fais brûler aux voleurs des chandel-
Ce prodige fut suivi d'une grêle rouge comme les de graisse de pendu , pour endormir les
du sang, et. celle grêle fit place à un terrent hôtes.pendant qu'ils exécutent leur vol. Je
de feu , accompagné rie coups de tonnerre. — donne la pislole volante, qui vient ressauler
Une lumière éclatante dissipa enfin ces trisles dans la poche! e quand on l'a employée. Je
météores. Tout au milieu parut un jeune fais présent, aux 1 quais de ces bagnes qui
homme, la jambe droite sur un aigle, la gaucho font aller et revenir d'Orléans à Paris en un
sur un lynx , qui donna an magicien trois jour. Je fais tout renverser dans une maison
fioles de je ne sais quelle liqueur. Le magi- par les esprits follets, qui culbutent les bou-
cien lui présenta trois chevaux, l'un pris au teilles, les verres, les plats, quoique rien ne
devant de sa tête, les deux autres aux tem- se casse et qu'on ne voie personne. Je mon-
pes; il fut frappé sur l'épaule d'un petit bâ- tre aux vieilles à guérir la fièvre avec des
ton que tenait le fantôme; et puis tout dis- paroles. Je réveille les villageois la veille rie
parut. — Alors le jour revint; j'aliais me la Saint-Jean , pour cueillir son herbe à jeun
remettre on chemin pour regagner mon vil- et sans parler. J'enseigne aux sorciers à deve-
lage, mais le sorcier, m'ayant envisagé, s'ap- nir loups-garous. Je lords le cou à ceux qui,
procha du lieu où j'étais. Quoiqu'il parût lisant dans un grimoire, sans le savoir, me
cheminer à pas lents, il fut plus tôt à-moi font venir et ne me donnent rien. Je m'e.; re-
que je ne l'aperçus bouger. Il étendit sur ma tourne paisiblement d'avec ceux qui me don-
main une main si froide, que la mienne en nent une savate, un cheveu ou une paille.
demeura long-temps engourdie. Il n'ouvrit.ni J'enseigne aux nécromanciens à se défaire de
les yeux, ni la bouche; el dans ce profond leurs ennemis, en faisant une image de cire,
silence il me conduisit à travers des masures, et la piquant, ou la jetant au feu , pour faire
sous les ruines d'un vieux château inhabité, sentir à l'original ce qu'ils l'ont souffrir à la
où les siècles travaillaient depuis mille ans à copie. Je montre aux bergers à nouer l'ai-
iiv.ltrc les chambres dans les caves. Aussitôt guillette. Je fais sentir les coups aux sorciers,
que, nous fûmes entrés : — « Vanle-loi, me pourvu qu'on les balle avec un bâton de su-
dit-il en se tournant vers moi, d'avoir con- reau. Enfin, je suis le diable Vauvert, le Juif
templé face à face le sorcier Agrippa , dont errant, et le grand veneur de la forêt de
l'âme est par métempsycose celle qui animait Fontainebleau »— Après ces paroles, le
autrefois le savant Zoroastre, prince des Bac- magicien disparut, les couleurs des objets
fiiens. — Depuis près d'un siècle que je dis- s'éloignèrent...; je me trouvai sur mon lil,
parus d'entre les hommes, je me conserve encore tremblant de peur. Je m'aperçus que
ici, par le moyen de l'or potable , dans une toute cette longue vision n'était qu'un rêve;
sanlô qu'aucune maladie n'a interrompue. Do que je m'élais endormi en lisant mon livre de
vingt ans en vingt ans , je prends une prise noirs prodiges, et qu'un songe m'avait fait
de celte médecine universelle, qui me rajeu- voir tout ce qu'on vient de lire. »
nit et qui restitue à mon corps ce qu'il a
perdu de ses forces. Si lu as considéré trois Sia légende de ££enrï-ie-X»î6n. — Nous
fioles que m'a présentées le roi des Salaman- l'empruntons à Musaeus,- dont les contes po-
dres, la première en est pleine, la seconde pulaires sont riches de tarit de traditions mer-
confient de la poudre de projection , el la troi- veilleuses. •— Pendant que la croisade de
sième de l'huile de talc, — Au reste, tu m'es Frédéric-Bàrberousse occupait le monde, chré-
obligé, puisque, entre tous les mortels, je tien , il y eut grand bruit dans toute l'Alle-
t'ai choisi pour assister à des mystères que je magne de l'aventure merveilleuse arrivée au
ne célèbre qu'une fois en vingt ans. — C'est duc Henri de Brunswick. — 11 s'était embar-
par mes charmes que sont envoyées, quand qué pour la Terre-Sainte. Une tempête le
il me plaît, lès stérilités et les abondances. jeta sur la côte d'Afrique. -Échappé seul du
ÀPPEND 3ICE. Ti/io
naufrage,il trouvaun asiledansl'antre d'un 1: m'appartiennedans l'autre monde.— Soil,
lion.L'animal, couchéà terre, lui témoigna rréponditle duc, dominépar la colère; » el il
tant de douceurqu'il osa s'en approcher; il touchat la maindu petit hommenoir. — Le
reconnut que celle,humeur hospitalièredu marché i se trouvadoncconcluentre les par-
redoutableanimal provenait de l'extrême lies ' intéressées. Satan prit la forme d'un
douleurqu'il ressentaità la patte gauchede griffon,
! saisîtdansune de ses serres le duc
derrière; il s'y était enfoncé une grosse Henri, dans l'autrelefidèlelion, et lestrans-
épine, el la douleurle faisait,souffrirà un tel porta , des côtesde la Libye, dans la ville
point qu'il ne pouvaitse lever et qu'il avait de Brunswick,où il les déposasur la place
.complètement perdu l'appétit. La première du Marché,au moment,où le-guet venaitde
connaissancefaite,et la confianceréciproque crier l'heure de, minuit.Puisil disparut.—
établie, le duc. remplit,auprès du roi des Le palaisducalet la villeentièreétaientillu-
animauxles fonctionsde chirurgien;il lui ar- minés; toutesles rues fourmillaientd'halv-
racha l'épine et.lui pansa le pied '.Le lion tants qui se livraientà une bruyantegaieté,
guérit, et, reconnaissantdu serviceque lui el couraientau châteaupoury voirla fiancée
avait renduson hôle, il le nourritabondam- et pour être spectateursde ladansedesflam-
ment de sa chasseet le comblade toutesles beaux qui devaitterminerles fêtes du jour.
caressesqu'unchien a coutumede faireà son — Le voyageuraérien, qui ne ressentaitpas
maître.— C'étaitfort bien. Mais le duc ne la moindrefatigue,se glissaà traversla foule
tarda pas à se lasserde l'ordinaire,du lion, sousle portail du palais, et, accompagnéde
qui, avec toutesa bonnevolonté,no lui ser- son lion fidèle,il fit retentirses éperonsd'or
vait pas la venaisonaussibien apprêtée que sur l'escalier,entra dansla salle du festin,
le faisait,son cuisinier.Il désiraitardemment lira son épée et s'écria : « A moi ceux qui
de retourner d'anssa résidence,la maladie sont fidèlesau duc Henri!mort el malédic-
du pays le tourmentait,nuit et jour; maisil tionaux irailres! » — fin mêmetemps,lelion
ne voyaitaucun espoirde pouvoirjamaisre- rugit,secouantsa crinièreet agitantsa queue.
gagner sesétats. — Letentateur s'approcha On croyait entendreles éclatsdu tonnerre.
alors du duc, que la tristesseaccablait.Il Les trompetteset les trombonnesse lurent;
avait pris la formed'un petit hommenoir; mais lesvoûtesantiquesretentirentdu fracas
Henri d'abord crut, voir un orang-outang, des armes et les murs du châteauen trem-
mais c'était bienSatan en personnequi lui blèrent.— Le fiancéaux bouclesd'or et la
rendaitvisite.« DucHenri, lui dit-il, pour- troupe bigarrée de ses'courtisanstombèrent
quoite lamentes-tu?Si lu veuxprendrecon- sous l'épée de Henri.Ceux qui échappaient
fianceen moi, je mettrai fin à tes peines; au glaiveétaient,déchiréspar le lion. Après
je te ramèneraiprès de Ion épouse; aujour- que le pauvre fiancé, ses chevalierset ses
d'huimômelu souperasà Brunswick,oùl'on valetseurent mordula poussière,et que le
prépare ce soirun grandfestin; car la du- duc se fut montré le maître de la maison
chesse,qui le croit mort, donnesa mainà d'une manière aussi énergique que jadis
un nouvelépoux.» —Cettenouvellefut un Ulysseavec les prétendantsde Pénélope,il ,
coupde foudre pour le duc; la fureur élin- prit place à tailleà côté de son épouse.Elle
ceiaitdans ses yeux; son coeurétait en proie commençait à peineà se remettrede la frayeur
au désespoir.11aurait pu songerque, depuis mortelleque lui avaient causée ces massa-
trois ans qu'onavait annoncéson naufrage, cres.Tout en mangeantavec grand appétit
il étaitbien permisà la duchessedese croire desmetsque soncuisinieravaitapprêtéspour
veuve.Il ne s'arrêtaqu'à l'idéequ'il était ou- d'aulres convives,et en régalantson compa-
tragé. « Si le ciel m'abandonne,pensa-t-il, gnonde ragoûtsqui ne paraissaientpas non
je prendrai conseilde l'enfer.» Il était dans plus lui déplaire, Henri jetait les yeux de
une de ces situationsdontle diablesait pro- tempsen temps sur sa femme,qu'il voyait
fiter.Sans perdrele tempsen délibérations, baignée de larmes. Ces pleurs pouvaient
il chaussases éperons, ceignit son épée et s'expliquer de deux manières; mais, en
s'écria: « En roule, camarade.— A l'ins- hommequi saitvivre, le ducleur donnal'in-
tant, répliquale démon, maisconvenonsdes; terprétalionla plusfavorable; il adressa à là
frais do transport.— Demande ce. que lui dame, d'un ton affectueux,quelquesrepro-
voudras, dit le duc, je, le le donnerai, surr cliessur sa précipitationà former de nou-
ma parole. — Hé bien!il faut que ton âme> veauxnoeuds,et il reprit ses vieilleshabitu-
1 C'estainsiquecommença des. — Iîenri-le-Lion, surnomméainsi à
l'aventure
d'Androctès-,
cause de son aventure, disparut en 4195,
qui t comme
rouva, le ducde unami
Brunsv,'iclï, d ans
sonlion. emportéparle petithommenoir.
.Wi APPENDICE.
La vieille sorcière de Berkeley. — Bit1- M. Charles Dickens. — Le baron von Koeld-
lade écossaise. -— « Vers le onzième siècle, welhout de Grogzwig en Allemagne, était au
dans une ville d'Angleterre, une femme adon- désespoir: sa femme venait de lui donner son
née à la magie étant, un jour à dîner, une treizième enfant, et à chaque nouveau-né elle
corneille qu'elle avait toujours auprès d'elle devenait plus grondeuse. La famille de sa
lui croassa je ne sais quoi de plus clair qu'à femme s'en mêlait; il venait de reconnaître
l'ordinaire. Elle pâlit, poussa de profonds sou- que ses coffres étaient vides. Le baron ne
pire et s'écria : « J'apprendrai aujourd'hui de chassait plus, ne riait plus : « Je ne sais que
grands malheurs. » — A peine achevait-elle faire, dit-il; j'ai envie de me luer. » — Celait
ces mots, qu'on vint lui annoncer que son fils une brillante idée! -—Le baron prit dans une
aîné et toute la famille de ce fils étaient morls armoire un vieux couteau de chasse, el l'ayant
de mort, subite. Pénélrée de douleur, elle repassé sur sa botte, il fit mine de rappro-
assembla ses autres enfants, parmi lesquels cher de sa gorge. -— « Hem ! dit-il, s'arrèlont
étaient un moine cl une religieuse, et leur dit toul court, il n'esl peut-être pas assez affilé. »
en gémissant : « Jusqu'à ce jour, je me suis •—Le baron le repassa de nouveau ; et il fai-
livrée aux arts magiques ; je n'ai d'espoir que sait une seconde tentative, quand il fut in-
dans vos prières : je sais que les démons sont terrompu par les clameurs bruyantes des
à la veille de me posséder pour me punir de jeunes barons et baronnes; car leur chambre
mes crimes ; je vous prie, comme votre mère, était dans une tour voisine, dont, les fenêtres
de soulager les tourments que j'endure déjà ; étaient garnies de barres de fer, pour les
sans vous ma perte me paraît assurée , car empêcher de tomber dans le fossé. « 0 dé-
je vais mourir à l'instaiil. Benfermez mon lices du célibat! s'écria le baron en soupirant,
corps, enveloppé d'une peau de cerf, dans si j'avais été garçon, j'aurais pu me tuer cin-
une bière de pierre recouverte de plomb que quanle fois sans être dérangé. Holà ! mettez
vous lierez par trois tours de chaîne ; si pen- un flacon de vin el la plus grande de mes
dant trois nuits je reste tranquille, vous m'en- pipes dans la petite chambre voûtée, derrière
sevelirez la quatrième; quoique je craigne la salle d'armes. » —Un valet, qui s'appelail
que la terre ne veuille point recevoir mon Jean, exécuta l'ordre du baron dans l'espace
corps : pendant cinquante nuits, chaulez des 'd'une demi-heure ou à peu près, et le sire de
psaumes pour moi, et que pendant cinquante Grogzwig, informé que loul était prêt, passa
jours on dise des messes. »>•— Ses enfants dans la chambre voûtée , dont les boiseries
exécutèrent ses ordres, mais sans succès. Les sombres élincelaient à la lueur des bûches
deux premières nuils, tandis que les clercs amoncelées clans le foyer. La bouteille cl la
chantaient des psaumes, les démons enlevè- pipe étaient prêles, el, somme toute, la pièce
rent, comme si elles eussent été de paille, les avait un air confortable. — « Laisse la lampe,
portes du caveau et emportèrent les deux dit le baron. — Vous faut-il encore autre
chaînes qui enveloppaient la caisse: la troi- chose, monseigneur? demanda le valet.—Va-
sième nuit, vers le chant, du coq, tout le mo- l'en. » — Jean obéit, cl le baron ferma la
nastère semblait ébranlé par les démons qui porte. — « Je vais fumer une dernière pipe,
entouraient l'édifice. L'un d'entre eux, le plus dit-il, et tout sera fini. » —Mettant de côté
terrible ni d'une taille colossale, réclama la le couteau de chasse en attendant qu'il en eût
bière. 11appela la morte par son nom, el lui besoin, et se versant un grand verre de vin,
ordonna de sortir. « Je ne le puis, répondit le sire de Grogzwig s'étendit sur son fauteuil,
le cadavre, je suis liée. —Tu vas être déliée, allongea les jambes sur les chenets el se mil
lui dit Salon ; » et aussitôt il brisa comme une à fumer. — Le baron eût été certainement ro-
ficelle la troisième chaîne de fer qui restait mantique si le romantisme eût été inventé à
autour de la bière , découvrit d'un coup de colle époque; mais il était doublement dis-
pied le couvercle, et prenant la morte par la posé à la rêverie, par sa qualité d'Allemand
main, il l'entraîna en présence de tous les cl de fumeur. Bien n'est plus favorable que
assistants. Un cheval noir se trouvait là, hen- la pipe, aux hallucinations. La monotonie du
nissant fièrement, couvert de crochets de fer; mouvement d'aspiration et d'expiration jette
on plaça la malheureuse sur son dos el il l'esprit et les sens dans une espèce de som-
disparut; on entendit seulement, dans le loin- nolence, Les vapeurs narcotiques du tabac
tain les derniers cris de la sorcière *. surexcitent et exaltent l'imagination. Il sem-
La vision du suicide. — Ceci est un conte ble que du foyer de la pipe s'échappe une
extrait de Nicolas de multitude d'êtres aériens qui flottent et tour-
fantastique, Nikkby, billonnent avec la fumée, se cherchent et se
1 Vincentdo Guillerin,Spect;hist., liv. X'.xvi. saisissent au milieu du nuage azuré, el mon-
APPEN )ICE. 5/i5
lent au ciel en dansant.— Le baron songea oui, je le suis; par ces temps de misèro et
à une foulede choses,à ses peinesprésentes, d'ennui, j'ai beaucoupà faire en Angleterre
à ses jours de célibat,el aux gentilshommes et en France, où je vais de ce pas, et tout
vert-pomme,depuislong-tempsdispersésdans mon temps.est pris. — Buvez-vous?dit le
le pays, sans qu'on sût ce qu'ils élaienlde- baron louchantla bouteille,avecla tète de sa
venus, à l'exceptionde deux qui avaienteu pipe. — Neuffoissur dix et largement, re-
le malheurd'être décapités,el,de quatre au- prit le génie d'un Ion sec. — Jamais avec
tres qui s'étaient tués à forcede boire. Son modération?-—Jamais, répliquale génie en
esprit errait au milieudes ours et des san- frissonnant;cela engendrela gaieté.» — Le
gliers, lorsque, en vidantsonverre jusqu'au baron examinaencoreson nouvelhôte, qu'il
fond,il leva les yeuxel crut.s'apercevoirqu'il regardaitcommeun visiteur extraordinaire-
n'était pas seul. — A travers l'atmosphère menl fantasque,el lui demandaenfins'il pre-
brumeuse dont il s'était entouré, le baron nait une part activeà tous les simplesarran-
distinguaun être hideux et ridé , avec des gementsdu genrede ceuxdontil s'agissaiten
yeux creux el sanglants, une figurecadavé- ce moment.« Non, répondit évasivementle
reuseet d'une longueurdémesurée,ombragée génie; maisje suis toujoursprésent.— Pour-
de boucleséparsesde cheveuxnoirs.Ce per- voir si l'affaireva bien? je suppose.— Pré-
sonnagefantastiqueétait,assisde l'autre côlé cisément,réponditle génieen jouantavecson
du feu, et, plus le baron le regarda , plus il pieu dont il examinaitle fer. Ne perdez pas
demeura convaincude la réalité de sa pré- une minute, je vous prie, car je suis mandé
sence. L'apparitionétaitaffubléed'une espèce par un jeune hommeaffligéde trop de loisir
de tunique de couleurbleuâtre, qui parut au et d'argent.— Setuer parce qu'on a tropd'ar-
barondécoréed'osen croix.Enguisede cuis- gent ! s'écria le baron, se laissantaller à une
sards, ses jambesétaientencaisséesdansdes violenteenvie de rire. Ah! ah ! ah ! voilàqui
planchesde cercueil,elsursonépaulegauche esl bon! » — C'était la première fois que le
étaitjeté un manteaucourt el poudreux, qui baron riait depuislong-temps.« Ditesdonc,
semblait fabriqué d'un morceau de linceul. reprit le génie d'un ton suppliantet d'un air
Ellene faisaitaucuneattentionnubaron,mais d'anxiété,ne recommencez pas, s'il vousplaît.
contemplaitfixementle feu. — « Ohé!s'écria — Pourquoi? •—Vosrires me fontmal; sou-
le baron frappantdu pied pour attirer les re- pirez tant que vous voudrez, je m'en trou-
gards de l'inconnu.— Ohé! répéta celui-ci verai,bien. » — Le baron soupira machina-
levantles yeux vers le baron, maissansbou- lement, el le génie, reprenantson courage,
ger. — Qu'est-ce? dit lebaronsans s'effrayer lui lendit le couteau de chasse avec la plus
de celle voixcreuse el de ses yeux mornes; séduisante politesse.—•«Ah! ce n'est pas
je doisvous adresser une question.Comment une mauvaiseidée, dit le baron sentant la
ôles-vonsentré ici? — Par la porte. — Qui froidepointe de l'acier, se tuer parce qu'on
ôlcs-vous?— Un homme.-—Je ne le crois a tropd'argent ! —•Bah! dit l'apparitionavec
pas. — Commevous voudrez. » — L'inlrus pétulance, est-ce une meilleure idée de se
regarda quelque temps le hardi baron do tuer parce qu'on n'en a pas assez? »— Je ne
Grogzwig,et lui dit familièrement: « Il n'y a sais si le génie s'était compromispar nié-
pas moyende voustromper,à ce que je vois. garde en prononçantces mots, ou s'il croyait
Je ne suis pas un homme.— Qui êles-vous la résolutiondu baronassezbienarrêtée pour
donc? — Un génie.— Vous n'en avez pas n'avoirpas besoinde faireattentionà ce qu'il
l'air, repartit dédaigneusementle baron. — disait; je sais seulementque le sire de Grog-
Je suis le génie du désespoirel du suicide, zwig s'arrêta toutà coup, ouvrit de grands
dit l'apparition; vous me connaissezà pré- yeux, et parut envisagerl'affairesousun jour
sent. » — A ces mots, l'apparitionse tourna complètementnouveau.« Mais,en effet, dit-
vers le baron, commesi elle se fût préparée il , rien n'est encoredésespéré.— Voscoffres
à agir; et ce qu'il y eut de remarquable, ce sont vides, s'écria le génie.•—On peut les
fut de la voir mettre de côlé son manteau, remplir. — Votre,femme gronde.— On la
exhiberun pieu ferré qui lui traversaitle mi- fera taire. — Vousaveztreize enfanls.— Ils
lieu du corps, l'arracher brusquementet le ne peuvent tous mal tourner. » — Le génie
poser sur la table aussi tranquillementque si s'irritait évidemmentdes opinionsavancées
c'eût été une canne de voyage.•—« Mainte- par le baron; mais il affectad'en rire, elle
nant, dit le génie,jetant-un coupd'oeilsur le pria do lui fairesavoir quandil aurait finide
couteau de chasse, êles-vousprêt? —Pas plaisanter. « Mais je ne plaisante pas , au
encore; il faut quej'achève ma pipe. — Dé- contraire, reprit le baron.—Eh bien! j'en
pêchez-vous.—Voussemble/,pressé.— Mai;: suis charmé, dit le génie, parce que, je l'a-
35
5/i6 APi'KNl::)U'A\.
voue franchement, toute ptaisanlerie est mor- iqui ne pouf servir en aucune façon à la dé-
telle pour moi. Allons, quittez ce monde do I
fense du manoir. Les habitants du pays dé-
misères. —J'hésite, dit le baron, jouant avec. :signent cet objet sous le nom de caiere grisa
le couteau de chasse; ce monde ne vaut pas ( chaire grise ) ; sans doute à cause de la cou-
grand'chose, mais....—Dépêchez-vous, s'é- leur des grès avec lesquels ou l'a construite.
cria le génie en grinçant des dents. — Laissez- — Les Flamands aiment trop le merveilleux
moi , dit le baron ; je cesserai de broyer du pour ne point expliquer par l'intervention du
noir, je prendrai gaiement les choses, je res- diable l'origine de la Chaire grise ; et, voici la
pirerai le frais, j'irai à la châsse aux ours, el. tradition répandue à cet égard. — Lorsque
si l'on nie contrarie, j'enverrai promener les saint. Vaasl, l'apôtre de la Flandre, vint prê-
gens. « — A ces mots, le baron tomba en cher le christianisme dans ce pays barbare. ,
arrière dans son fauteuil, et partit d'un éclat ses miracles, bien plus encore que ses prédi-
de rire si désordonné, que la chambre en re- cations, convertissaient les sauvages Nerviens.
tentit..— Le génie recula de deux pas, regarda Satan poussa des cris de douleur en voyant
le baron avec Une expression de terreur, re- ceux qu'il regardaitnaguôres comme une proie
prit soii pieu ferré, se l'enfonça violemment, certaine courir au-devant du saint, évoque, et
au travers du corps, poussa un hurlement recevoir de lui le baptême ella foi. 11résolut,
d'effrùi et disparut. — Le sire de Grogzwig, pour maintenir sa puissance chancelante,
comme le bûcheron de la fable, ne revit plus d'opposer miracle à miracle; pour cela, il fil
le génie de mort. Conformant ses actions à ses tomber le feu du ciel sur le château d'Esnes,
paroles, il vécut long-temps après sans beau- dont, il ne resta bientôt plus pierre sur pierre.
coup de fortune , niais heureux, laissant une — Le baron d'Esnes, propriétaire de ce ma-
nombreuse famille exercée sous ses yeux à .la noir, était un nouveau converti ; il courut, se
chasse aux ours. — Bonnes gens, si de sem- jeter aux pieds de saint Vaasl, en le suppliant,
blables motifs vous rendent jamais hypocon- de reconstruire son château par un miracle
dres el mélancoliques, je vous conseille d'exa- Le saint répondit au nouveau chrétien par une.
miner les deux faces de la question en appli- remontrance paternelle, et lui prêcha la ré-
quant à la meilleure un verre grossissant. signation aux décrets de la volonté divine. •—
ï.a Chaire grise. — Le château d'Esnes, dit Comme le baron d'Esnes s'en revenait Irisle
M. Henri Berllioud, à qui nous devons ce et désappointé, le diable lui apparut. Il s'offrit
récit, est une de ces vieilles habitations féo- de reconstruire en une nuit, le château brûlé,
dales que l'on rencontre si fréquemment, dans si le baron voulait abjurer sa religion nouvelle.
là Flandre. Au rebours de là plupart dès au- Le baron accepta le parti, el, le lendemain, à
tres forteresses, on a bâti celle-là au fond ia grande surprise de tout le pays, le château
d'une vallée que des hauteurs dominent de d'Esnes, reconstruit d'une façon nouvelle,
toutes parts; et ses murailles de pierres blan- apparut au lieu des ruines fumantes et des
ches énormes, loin d'être noircies par le débris qui lu veille couvraient la terre. •—-Une
temps, se détachent éblouissantes sur la ver- merveille si grande ébranla beaucoup les lé-
dure sombre d'Un bois immense. On ne con- moins du refus qu'avait fait saint Yaast d'en
naît pas l'époque précise où fut construit le opérer une semblable. L'apôtre, pour détruire
château d'Esnes , et son architecture, pleine celle mauvaise impression, se rendit au châ-
de bizarrerie et d'un caractère particulier, ne teau d'Esnes: et, comme on lui en refusa
donne aucune lumière à cet égard. — A l'ex- l'entrée, il s'adossa contre les fortifications,
trémité septentrionale du château, et par Une pour parler à là foule accourue de toutes parts.
exception dont il est difficile de se rendre Tandis que le saint faisait une exhortation à
compte, s'élève une petite tourelle construite ces chrétiens chancelants, un rayon brûlant
en grès; ses formes élégantes el légères pré- de soleil vint tomber sur la tète chauve du
sentent avec le reste du manoir un contraste vieillard : soudain, des anges descendirent, et
singulier. Ses ogives, à triples colonneltes, construisirent autour de lui la Chaire Grise.
sont unies entre elles par une tôle d'une ex- A ce miracle, dont pins de quatre mille per-
pression bouffonne, el, sur les parois , dés sonnes furent témoins, dit la tradition, les
figurines d'un travail exquis joignent leurs blasphèmes se changèrent en prières; el tous
mains dans l'altitude de là prière. L'oeil, blessé ceux qui n'avaient point encore reçu le bap-
par la blancheur uniforme de tous les objets: lême le reçurent aussitôt dès mains de saint
qui l'entourent, se repose avec charme sur Vaasl. Le baron d'Esnes ne put. résister lui-
cette délicieuse petite construction qui rap- même à cette preuve de la puissance de Dieu ;
pelle par sa formé ce que l'on nomme, en ar- et le diable, confus el chassé, s'en retourna
chitecture militaire, nia d'hirondelle . mais; aux enfers.
AIM'LN!MCI'. 5/i7
£,a ôhassc auS: sorcières. — Le vieux plus ] que vieillesfemmescourant la nuit à
John Podgersvivait à Windsor,sousle règne cheval i sur un mancheà balai ; ces images
de Jacques l*'1'.C'étaitalors une ville origi- l'absorbèrenttout entier; el commeil n'était
nale que.Windsor; c'était aussi un curieux pas embarrassépar le nombrede ses idées,
personnageque John. Windsorel lui se con- celle-cirégna sans rivales dans sa tète. Dès
venaientel ne se,quittaient guère.— Groset lors il s'appliquaà dresser dans les rues ce
court et doué d'un vaste appétit , lel était qu'on pourraitappeler (les piègesà sorcières
John. Mangeur et dormeur, il faisait deux et à en épier l'effet.Les enginsdontil se ser-
parts de son temps, s'endormanl dès qu'il vait consistaienten brinsde paille placés en
avait mangé,et mangeantdès qu'il s'éveillait. croixau milieudu chemin, ou en petits lam-
Quoiqu'il en soit, la villerendait hommage beaux de quelque couverturede Bible, sur
à sa prudence. Ce n'était pas tout à fait un lesquelsil mettaitune pincéede sel. H assu-
hommetrès-vif; mais c'était un hommeso- rait que ces exorcismespossédaientune.vertu
lide et qui gardait en réserve, disai'-on, plus souveraine.S'il arrivait à une vieille femme
d'esprit qu'il n'en montrait. Celle opinion de trébucheren passan^sur ces objets, John
était fortifiée par l'habitude qu'il avait de Podgers soudainarrêtait la coupableet. ap-
hocherla tête avec gravité lorsqu'onlui de- pelait du secours. La sorcière,découverte
mandaitson avis, el de ne jamais se pronon- ainsi était, entraînée et jetée à l'eau. — La
cer avec une clarté qui eût pu le compro- chasseopiniâtrequ'il ne cessaitde faire à des
mettre. — John Podgers semblait donc le êtresaussimalfaisantsel la manièresommaire
jilus heureux des hommes. Mais, hélas! en dontil les expédiait, lui acquirentune répu-
dépit de son apathie, une inquiétudeconti- tationextraordinaire.Uneseule personnen'a-
nuelletroublait son repos. Dansce temps-là vait pas foien sonpouvoir:c'était son propre
une foulede vieilles femmes, vulgairement neveu, étourdide vingtans, qui plaignait.son
connuessous le nom de sorcières, causaient oncle, touten lui lisant les livres de littéra-
ù Windsormaintsdésordreset tourmentaient ture salanique.Les voisinss'assemblaientle
les bonnesgenspar de rudes malices.Le roi, soir sousle petitporchede la maisonde John,
qui avait peu de sympathiepour elles, prit et prêtaient une oreilleattentiveaux histoires
la peine de rédiger un édil où il indiquait effrayantesque Will Marks lisait tout haut.
divers moyens ingénieux de l'aire tourner — Un soir d'élé, Will Marks,assisau milieu
leurs maléficesà leur confusion.Grâce à cet d'un groupe d'auditeurs,et tous ses traitsex-
édil, il ne se passailguère de jour où quelque primant nue gravité comique, lisait, avec
sorcièrené fût pendue,noyéeou brûléedans maintsornementsde sa façon, l'histoirevéri-
quelque lieu des trois royaumes.La plupart dique d'un gentlemandu Noilhaniptonshire,
des livres qui se publiaient alors traitaient devenu la proie des sorciers et du diable.
de celle madère, el répandaient,sur les sor- JohnPodgerss'était placé en face du lecteur,
cièresel leurs victimesd'effrayantesrumeurs. toutesa contenanceannonçantl'horreur dont
— La petite villede Windsorn'échappapoint il était pénétré; les autres assistants, le cou
à la contagion.Les habitants célébrèrent la tendu, la bouchebéante, écoulaienten trem-
fêledu roi Jacquesen brûlant une sorcière, blant et en souhaitant de trembler encore
el ils envoyèrentà la cour quelques-uns do plus. Par intervalles,maîtreWill faisait une
ses restes,avec une,respectueuseadressequi pause. 11promenaitsûr l'assembléeun regard
exprimaitleurs sentimentsde fidélité.Le roi dont il s'efforçaitdo cacher la raillerie,mali-
daigna répondre aux bourgeoisde Windsor. cieuse. — Cependantle soleils'élait couclié;
11leur traça des règles pour découvrirles tout à coup Will s'interrompitet ses audi-
sorcières; el parmi les charmes puissants teurs levèrent la tète au. bruit du trot d'.un
qu'il leurrecommandacontreelles,il désigna cheval: un cavaliers'arrêta,devantle porche
surtout les fers à cheval, à cause de leur et demandaoù demeurai!Jean Podgers. —
formecabalistique.Plusieursen conséquence «Icimême,»crièrentunedouzainede.voix,Le
crurent qu'ils mettraientleurs fils à l'abri de cavalier, descendantde cheval, s'approcha
tout maléficeen les plaçantcommeapprentis de John d'un air empressé.«D'où viens-tu?
chezdes maréchaux-ferrants,professionqui demandaJohnbrusquement.— De Kingston,
devint fort estimée.— Au milieu de celle monsieur..— Et quelle affaire t'amène ici ?
perturbation,on remarquaque John Podgers — Uneaffaireimportante; une affairede sor-
hochaitla tête plusque par le passé. 11ache- cellerie.»— A ce mot de sorcellerie,chacun,
tait tous,les livres qu'on publiait contre la regarda le messageravec consternation.Will
sorcellerie.Il s'instruisità fonddans lascience seul resta calme — Le messagerrépéta sa,
des charmes el des:exorcismes.Il ne rêva réponse d'un Ion encore plus solennel; puis
35.
5/t 8 AI-PI! NIMCI*!.
il raconta comment depuis plusieurs nuits les montré; il lui donna les conseils que lui sug-
habitants de Kingston étaient réveillés par les gérait, sa vieille expérience; Will, en ce mo-
cris affreux que poussaient les sorcières au- ment, se grandissait à ses yeux de tout le
tour du gibet de la ville ; comment des voya<- courage que lui-même ne se sentait pas. —
geurs les avaient distinctement aperçues; com- Au bout de quelques minutes, Will reparut
ment trois vieilles femmes dès environs étaient couvert d'un ample manteau et armé d'une
véhémentement soupçonnées.... Ici les assis- longue rapière. — «Maintenant, camarade,
tants frissonnèrent. John Podgers hocha la dit-il en s'adressant au messager, montrez-
tête d'un air qui parut singulièrement signi- moi le chemin. Adieu, mes maîlrcs; adieu,
ficatif. — Le messager continua : un conseil mon oncle. Je présenterai vos compliments
avait été tenu, dit-il; les magistrats avaient aux sorcières de Kingston.» Will et.son com-
été d'avis que, pour constater l'identité de' pagnon s'éloignèrent au grand trot, de leurs
ces créatures, quelqu'un veillerait auprès du chevaux. — Les bourgeois de Kingston étaient
gibet. Mais il ne s'était présenté aucun homme encore plongés dans leur premier sommeil',
de bonne volonté ; el on l'avait dépêché vers lorsque Will el son guide arrivèrent aux por-
John Podgers comme;, vers un personnage de tes de la ville et se dirigèrent vers une maison
renom, qui bravait les sortilèges e! les malé- où les principaux magistrats tenaient conseil.
fices. — John reçut celte communication avec Quand ils virent entrer à la place de John ,
un air digne. Il répondit en peu de mots qu'il qu'ils attendaient, un jeune homme bien fait,
serait heureux de pouvoir rendre service aux mais dont l'extérieur n'avait rien d'imposant,
habitants de Kingston ; mais que son penchant leur désappointement fui extrême. Ils l'accep-
à s'endormir l'en rendait incapable. «Cepen- tèrent pourtant faute de mieux. Les instruc-
dant, ajoula-t-il, il y a ici un homme qui tions qu'ils lui donneront consistaient à se
passe sa vie à fabriquer des fers à cheval, el cacher près du gibet, auquel était attaché le
qui, par conséquent, n'a rien à craindre du corps d'un malfaiteur inconnu, que des agents
pouvoir des sorcières. Je ne doute pas, d'a- du gouvernement, munis d'ordres secrets,
près sa réputation de courage, qu'il ne se fasse avaient exécuté i'avanl-veille ; à se montrer
un plaisir de me remplacer.» — Le maréchal- soudainement au milieu des sorcières et à les
ferrant interpellé remercia John Podgers de charger à grands coups d'épée. Les prudents
l'opinion flatteuse qu'il avait conçue de sa magistrats avaient, calculé que les meurtris-
bravoure. «Mais pour ce qui regarde l'affaire sures et les estafilades feraient reconnaître le
en question, dit-il, je suis forcé de me récu- lendemain celles des vieilles femmes de la
ser. Je ne m'appartiens pas; l'idée de. me ville qui auraient couru le sabbat pendant la
savoir engagé dans une aventure ferait mou- nuit. Will loua très-fort celte invention. 11fit
rir ma femme.» Tous les gens mariés applau- son profit des conseils et des recommanda-
dirent, en déclarant aussi qu'ils se devaient à tions; mais il profila encore bien plus d'un
leur famille. Will, qui était garçon et qui s'é- bon souper qui lui fut offert. 11attendit devant
tait permis de rire plus d'une fois de la une bonne table onze heures et demie ; alors
croyance aux sorcières, attira alors tous les d'un pas insouciant il suivit les magistrats au
regards ; chacun chuchotait : « Pourquoi ne lieu où il devait se placer en embuscade. —
pas s'adresser à Will?» Le jeune homme se Il faisait une nuit sombre' el menaçante; de
hâta de dire qu'il était prêt, et que dans cinq gros nuages noirs étaient suspendus dans les
minutes il serait en selle, si personne ne lui airs et interceptaient la faible clarté des étoi-
disputait la gloire de se dévouer pour la ville les. Par intervalles le roulement du tonnerre
de Kingston. Et sans attendre de réponse, il se mêlait aux sifflements d'un vent impétueux.
courut préparer son cheval. John Podgers, de- Will, qui était sorti le dernier, se trouva, on
venu pensif, suivit son neveu , afin d'essayer ne sait comment, en tête de la petite troupe.
quelques remontrances , qui restèrent inuti- Enveloppés de leurs manteaux et l'oreille ten-
les. Pour lui cette affaire l'intimidait; il avait due, les dignes bourgeois se serraient autour
cent fois affronté les sorcières à la face du du hardi jeune homme. Ils marchaient sur ses
soleil, mais jamais pendant la nuit; or, c'était talons et semblaient chercher un abri derrière
partout dans les ténèbres qu'elles accomplis- sa personne. A la fin, ils s'arrêtèrent. Une
saient leurs plus redoutables enchantements. lande aride et désolée s'étendait devant eux ;
La circonstance du gibet n'était pas non plus une ligne noire se dessinait dans les airs à
faite pour rassurer. Enfin le vétéran ne vou- quelque distance. C'était le gibet. Will reçut
lait pas risquer une réputation acquise par ses dernières instructions ; après quoi ses con-
tant de dangers. Mais il témoigna à son ne- . ducteurs prirent congé de lui à la hâte. Il fut
veu plus d'intérêt qu'il ne lui en avait jamais : même tenté de croire qu'ils s'enfuyaient à
APPEND1
31CJÏ. 549
toutesjambes; maison sait que les illusions fait fa du corps? — Du corps? balbutia Will,
sont fillesde la nuit. — Il se dirigea résolu- ininquietde la tournureque prenait cet entre-
ment vers l'objet funèbre et reconnutavec tien. tic — Oui,qu'estdevenule corpsqui char-
satisfactionque les bras de la machinen'é- geait ge ce gibet? répéta la femmed'une voix
laient chargés d'aucune dépouillehumaine, plus pi ferme.Vousne portezpas la livrée des
et que nul être vivantne se trouvaitau pied, as agents de la policeet vous n'êtes pas un des
Qu'étaitdevenu le corps du supplicié?Will nôtres.ne Pourquoivous trouvez-vousici? —
ne s'occupapointd'expliquerce mystère.On P< Pourquoije me trouveici, répondit lo jeune
n'entendaitd'autre bruit que le grincement hommeen
h< se remettantassezvile d'un mo-
des chaînesde fer, lorsquele souffledu vent mentde
m frayeur,j'ai presquehontede le dire.
les balançaitdans le vide. Le jeune homme Qu'il Q voussuffisede savoir que je ne suis ni
étudiaitla dispositiondu terrain; el s'étant un ni espion, ni un hommemalintentionné.Si
assuré que personnen'était caché dans les je ne me (rompe, c'estvous qu'on a enten-
environs,il s'établitau pied mêmedu gibet, dues d gémir el vous lamenterici la nuit der-
choisissantle côté qui était tourné vers la nière.n — C'estnousen effet.L'infortunéeque
ville.,d'abord parce qu'il se niellaitainsi à vvoilà pleure un mari, et moi je pleure un
l'abri du veut, ensuite parce qu'il pouvait fi frère. La loi de sang qui a frappé celuique
apercevoirde là plus facilementles visiteurs nous n avonsperdu ne l'ailpas de notre douleur
qu'il attendait el qui viendraientsans doute un u crime. — Quoiqueaffaire de rébellion,
dans celle direction 11attendit,ainsi,le corps pensa
p Will, quelqueattaquecontre les sujets
enveloppédansson manteau, la main droite du d roi.Poltronsde magistrats!» —-11 s'efforça
libre et. prête à saisir son épée. Will Marks aalorsde distinguerles traits des deux fem-
était un garçonintrépide;cependant,lorsque nmes; et malgrél'obscuritéil y réussit.Celleà
l'humiditéde la nuit eut rafraîchison sang, qui q il parlait accusait déjà un certain âge;
a|irës qu'il fut resté immobiledeux longues mais n l'autre lui parutjeune.Toutesdeux por-
heuressur ce théâtre de morts violentes,il taienth des habits de deuil; leurs cheveux,
. commençaà repasserdans son esprit toutce ti trempés par la pluie, flottaient épars sur
que l'on racontaitdes sorcièresel de leurs leurs 1 épaules; leur extérieur était celui de
coursesnocturnes.Ces imageslugubres,qu'il l'accablement.
I Il sesentit émude compassion.
ne pouvaitplus écarter, le troublèrentpeu à — Écoutez,reprit-ilaprès un momentde si-
peu. Ses yeux plongeaientdans l'obscurité 1lence,je no suis qu'unbourgeoisdeWindsor.
pour en interroger les profondeurs; son J'étais .1 venuici pour défendrece gibetcontre
oreille saisissaittous les bruits que le vent les 1 esprits el les sorcières; sottisesdont je
lui apportait des divers points de l'horizon, suiss honteuxà présent. Maissi je puis vous
11aurait voulumarcherpour réveillerla cir- être i de quelque secours,parlez el comptez
culationde son sang; une vague appréhen- sur s ma discrétionel mondévouement.— Ce
sionle retenait clouéà ce poteauqui soute- gibet, ! demandaencorela plusâgée dos deux
nail un gibet,et dontil s'étaitfaitun rempart, ifemmes, en cherchantà ranimer sa compa-
Bientôtl'orage éclata dans toute sa fureur; gne, j commentne porfe-l-il plus les restes
el des rafales de pluie, fouettéesavec vio- de...?
i — Je l'ignore.Tout ce que je sais,
lencopar le vent, ajoutèrentleurs ténèbres c'est i que,quandje suisvenu il y a deuxheu-
aux ombresdéjà si épaisses;dela nuit.Toula res, il étailcommevousle voyez.D'aprèsvos
coupWillMarksentenditunevoixétoufféequi questions,il paraît que le corps a été enlevé
murmuraità sonoreille: «GrandDieu! il est < cette nuit même,avantmonarrivéeet à l'insu
tombéà terre; et le voilàdeboutcommes'il des bourgeoisde la ville. Cela est étrange on
était en vie.» •—Le jeune hommeaussitôt, effet.Réfléchissez. N'avcz-vouspas des amis
écartantson manteauet tirant son épée, sai- qui aient pu exécutercelle entreprise? —
sit par sa robeune femme,quitombapresque Les deux femmescommencèrentà s'entrete-
défaillanteà ses pieds.Uneautre femme,ve- nir à voixbasse.Will les entendaitgémir et
luede noircommecelle qu'il arrêtait,se te- sangloter.-—«Si c'étaientdes bohémiennes?
nait immobiledevantlui et le regardaitd'un se demanda-t-il.Les gens de cette race se
air effaré.•—«Qui êtes-vous?cria Will, en secourentmutuellement.Maisle corpsenlevé
se remettantun peu de la surpriseoù l'avait du gibet! que dirontles magistratsde King-
jeté cette apparitioninattendue, que venez- ston?» — La plusjeune des deux femmesse
vousfaireici? •—Quiètes-vousvous-même? rapprochantalors: «Vousnous avezoffertvo-
demandacelle des deux femmesqui était tre aide, diUelled'une voixdouce et plain-
restée debout; commenttroublez-vousde tive — Et je vousl'.offrede nouveau,ré-
votreprésence-ce lieu funèbre?qu'avoz-vous pondit Will avec résolution. — Vous êtes.
fa50 AI"PENDMGE.
prêt à nous accompagner? — Partout où il taire 1. quand il faut. — C'est parfait. Mainte-
vous plaira de. me conduire. Au diable les inant, écoulez. Vous ne vous trompiez pas en
sorcières et les complots, elles fous qui m'ont <
conjecturant que le corps avait élé enlevé du
placé en sentinelle ! — Eh bien! suivez-nous sgibet avant votre arrivée Il est dans celle
donc,.brave jeune homme. —Will, s'enve- i
maison. — Dans celte maison? répéta Will,
loppant de son manteau , marcha aussitôt, sur icommençant à s'alarmer. — Oui, reprit l'in-
les traces des deux femmes. — Après qu'il terlocuteur; et il s'agit de le transporter plus
eut fait un mille environ dans l'obscurité, il loin. Celui qui s'en était chargé manque à la
se trouva, précédé de ses deux guides, devant promesse qu'il nous avait faite. Èles-vous
une gorge par laquelle plusieurs grands ar- homme à le remplacer?» — L'aventure pre-
bres étendaient leurs rameaux. Un homme s'y nait un caractère grave. Mais il était difficile
tenait caché avec trois chevaux de selle. 11se de reculer. Cependant Will ne put s'empê-
concerta quelques instants avec les deux fem- cher de porter autour de lui un oeil défiant.. —
mes, offrit son cheval à Will, qui ne lit pas «Vous êtes à ma discrétion, lui dit tranquille-
difficulté de l'accepter, et regarda partir ses ment l'homme masqué, qui semblait lire ses
compagnons au galop de leurs chevaux avec pensées dans ses yeux. Choisissez donc de
leur nouveau conducteur. Puis cet, homme transporter le corps dont il s'agit, par des
s'éloigna lui-même, dans une direction oppo- moyens que je vous indiquerai, jusque dans
sée. — Will et les deux dames ne s'arrêtèrent l'église deSaint-Dunslan à Londres (et ce ser-
qu'auprès dePutney, devant une grande mai- vice sera richement récompensé), ou de... Mais
son isolée. Ils laissèrent leurs chevaux à un vous saurez, quand il le faudra, l'alternative.
domeslique qui semblait placé là pour les at- — Permettez-moi, demanda Will, dont toutes
tendre, et ils entrèrent, en suivant un passage les idées étaient de nouveau confondues, per-
étroit, dans une petite chambre où Will fut, mettez-moi de vous adresser d'abord une
laissé seul un moment. Il réfléchit à sa situa- petite question. — Aucune. Vous voudriez
lion, lancé dans une aventure dont le com- apprendre quel était celui dont les restes vous
mencement du moins était fort singulier. 11 seront confiés: cela ne vous regarde pas. Ne
songea qu'il valait mieux servir de protecteur cherchez pas à le savoir; je vous le répèle,
à deux femmes malheureuses que de trembler ne le cherchez pas. C'est, un homme qui a péri
auprès d'un gibet. Pendant qu'il faisait mille sur un gibet, comme lous ceux que la loi ou
conjectures sur ses taciturnes protégées, il se la politique condamnent. Que, cela vous suf-
sentit un peu troublé en voyant entrer un fise — Le mystère d'une telle affaire en mon-
homme dont le visage était couvert, d'un mas- tre assez le danger. Quelle sera la récom-
que noir. 11se tint sur ses gardes, examinant pense? — Deux mille guinées. 11 n'y a pas
avec soin le personnage, qui paraissait avoir de danger bien grand , pour vous surtout en
de quarante à cinquante ans , el dont, l'exté- qui l'on ne saurait découvrir le partisan d'une
rieur annonçait une vigueur peu commune. malheureuse cause. Cependant, il y en a. —
Ses babils étaient riches, élégants, mais souil- El si je refuse, dit Will, relevant la tète et,
lés par la boue et la pluie. On voyait à sus fixant ses yeux perçants sur les yeux qui le
éperons qu'il venait aussi de voyager à che- considéraient a travers le masque, quelle sera
val. Ce fut lui qui rompit le silence. — «Vous l'alternative? — Réfléchissez d'abord, avant
êtes jeune et entreprenant, dil-il au neveu de de refuser.» — C'était l'époque des entreprises
John Podgers, et. vous aimeriez sans doute à hasardeuses. Les ressources bornées delà po-
faire fortune. — Je n'y ai pas encore songé, lice favorisaient alors l'esprit aventureux.
répliqua Will. Mais que voulez-vous en con- Will avait entendu parler de conspirations,
clure? — Que l'occasion de vous enrichir se de révoltes sanglantes ; il n'eût voulu pour
présente à vous. •—Eli bien ! je ne la repous- rien au monde devenir sciemment le complice
serai pas. Mais il faut savoir de quoi il s'agit.» d'un crime de lèse-majesté. Mais ici ii était
— Le jeune homme commença à croire qu'il obligé de s'avouer à lui-même qu'il ne savait
se trouvait engagé avec des fraudeurs. — rien. — «Deux mille guinées', peiisa-t-il ,
«Apprenez d'abord, reprit l'homme masqué, avec cette somme j'épouserai Alix. Allons,
que vous avez été attiré ici, de peur que vous allons, il était écrit que j'aurais la compagnie
n'allassiez raconter trop tôt votre histoire à de ce pendu. » — Lorsqu'il eut l'ail connaître
ceux qui vous avaient placé en sentinelle. — au cavalier masqué sa résolution, celui-ci lui
Ah ! comme les dignes bourgeois de Kingston apprit qu'une voiture couverte avait déjà été
seront ébahis ce matin! Là précaution est préparée ; que le moment de. son départ, se—
excellente. Mais apprenez à votre tour que: rait calculé de manière à ce qu'il arrivât au
vous n'en aviez pas besoin , cl que je sais me; pont de Londres dans la soirée el qu'il Ira-
AI'PLM.MCE. 551
versâtla Citéau milieude la nuit. Desgens hommessoutenait-une femmedontles traits
«postésdevaientrecevoirle cercueilelle des- étaientcachéssous un voilenoir.Lesassis-
cendreimmédiatementsouslesdallesde l'é- tants gardaientun prorondsilence.Will s'ap-
glise.Si quelquesquestionsluiétaientadres- prochael vil qu'une des longuesdalles,de la
sées dans le trajet, il répondraitaux curieux nef avait élé levéed'avance.On descenditle
que le corpsélail celuid'un hommequi s'é- cadavre dans celle espècede caveaufuné-
tait noyé dans la Tamise. En un mol, Will raire. Toutesles tètes se découvrirentpour
-Marksreçut des indicationssi complèteset si un dernier el solenneladieu. Aprèsquoi la
précisesque le succèslui semblaassuré. — dalle fut scelléede nouveau.Alorsl'un des
En ce momentun antre cavalier, également personnagesmystérieuxqui portaientles tor-
masqué, vintjoindre ses recommandations à ches glissa dans la main de Will Marksune
celles du premier; el la plusjeunedes deux- boursepesante: «Prends,luidit unevoixque
dames, celledontles larmesavaientproduit le jeune hommecrut avoir déjà entenduela
quelqueimpressionsur Will Marks, acheva veille; éloigne-toi et ne parlejamaisdece qui
de le déciderpar ses prières. Il ne songea s'est passé. — Que les bénédictionsd'une
donc plus qu'aux moyensde gagner la ré- veuve désoléevous conduisent,,généreux
compensequi lui élail offerle.— Le lende- jeune homme, dit une voixdontWill Marks
main, à l'heureoù l'obscuritédescendaitsur reconnutletimbreharmonieux.Que la sainte
lu ville de Londres, une voilure s'avançait Viergeet lessaintsanges soientavecvous! »
lentementà travers les ruesde la Cité.'Will, — Will Marksfit un mouvementinvolontaire
déguiséavec soin, tenait la bride du cheval pourrendrelabourse.Maisles deuxcavaliers
et marchait d'un pas tranquille. Personne éteignirentleurs torchesel l'avertirentqu'il
n'eût, soupçonné,en le voyant, un homme fallait se séparer sans retard. Il entenditen
parvenuau momentle pluscritiqued'uneen- mêmetempsle bruit de leurspas sur les nul-
treprisedangereuse.—11était huitheuresdu les de l'église;lui-mêmese dirigeaau milieu
soir.Uneheure plus lard les rues devenaient de l'obscuritévers la portepar où il était an-
désertes,et l'on ne pouvaitpluss'y hasarder tré et qui élail encoreenlr'ouverte.Au bout
sans un péril extrême.11n'était bruit que de de quelques instants, il se trouvaseul dans
meurtresel de vols à main armée. Déjàon la rue. Ceuxqu'il venait de voir s'étaient
avait ferméles boutiquesdu pont.Will fran- évanouisdans les ténèbres.— Par mon pa-
chit,sansaccidentle passagepérilleux; et il tron, dit alors leneveude JohnPodgers, les
poursuivaitpéniblementsa marche,arrêté par sorcièressont bonnes pour quelquechose:
un tapageurpris de vin qui prétendaitmonter J'épouserai Alix. — Cependant,les dignes
de forcedans sa voilure, par des bourgeois magistratsde Kingstonavaient jugé néces-
curieuxqui voulaient,savoirquelle marchan- saire de veillertoute la nuit. Maintesfoisils
dise il transportaitsi lard, par des gardesde crurent entendrede cris sinistresapportéspar
la Cité,dontil fallait repousserles investiga- le vent. Lorsquela pluie retentissaitsur les
tions au moyen d'histoiresvraisemblables. voletsextérieursel que l'orageremplissaitles
A traversmilleobstaclesil gagna heureuse- airs do ses hurlements, faisant crier les en-
ment.Eleet-slieet,el distinguaenfinla masse seignesdes boutiquesvoisines, ils tressail-
sombrede l'édificequi était le. termede son laient,de peur,el, seserrantlesunscontreles
voyage.— Toutes les précautionsqu'on lui autres, ils se rapprochaient,du feu- 11est
avait annoncéesétaientprises.A peineeut-il juste de dire qu'ils buvaientfréquemmentà
conduitsa voilure au pied des hautes mu- la santé du hardi jeune hommequi faisait
railles, que quatre hommesparurent tout à sentinelleau pied i\u gibet dans l'intérêt de
coup à ses côtés, en enlevèrentle cercueil, la bonneville. La nuits'écoulade la sorte;
qu'ils portèrent dans l'église. Un cinquième mais le lendemainmalin on attendit,vaine-
montasur la voilure,el jetant à Will un petit ment Will Marks.On apprit bientôt que le
paquet qui contenaitson manteau et sa 10- corpssuspenduau gibet avait disparu aussi
que, fouettale cheval, s'éloignaprécipitam- bien que la sentinelle.Toute la.ville fut. en
mentet s'enfonçadans les rues obscuresde rumeur.On multipliales recherches;on dé-
la cité.Toutcela s'était fait à la hâte et sans pêchades messagersdans différentesdirec-
qu'aucun mol fût échangé. Will, laissé à tions: toutfui,inutile.11semblaitque le mal-
lui-même,suivit le corps et entra dans l'é- heureuxWillMarkseût.élé emportéà travers
glise, dontla porte fuiaussitôtfermée.L'édi- lesairs. Qu'onse figureles suppositionsaux-
ficen'étaitéclairéque par la lueur de deux quellesles bourgeoisde Kingstonse livrèrent,
torchesque tenaient deux hommesmasqués lorsqu'ilsvirentla journéeet la nuit suivante
et couvertsde longsmanteaux.Chacundeces se passer sans en recevoirde,nouvelles!ils
552 APPENDICE.
s'étaient tellement pénétrés de l'idée qu'il p
plus cher encore. Will s'efforça de la rassurer
était devenu la proie dos sorcières, tant de c
contre les suites qu'elle en redoutait pour lui.
gens affirmaient qu'on n'en entendrait plus ï
Mais il ne parvint jamais à dissiper entière-
parler, qu'il y eut—désappointement général i
mont la croyance qu'elle avait aux sorcières.
lorsqu'il reparut. C'était bien lui cepen- — Grâce aux libéralités de son oncle , il l'é-
dant, la mine riante, la démarche pleine |
pousa ; et l'argent qu'il avait gagné par son
d'aisance, la toque sur l'oreille. Les magis- <
courage, et dont il se servait avec discrétion,
trais ouvraient des yeux émerveillés ; John <
entretint dans son ménage une heureuse ai-
Podgers, que l'on avait envoyé chercher à la isance. Quant aux scènes mystérieuses où il
hâte, n'était pas encore sorti de son étonne- ;
avait joué un rôle, le voile qui les cachait ne
ment. Will, qui avait embrassé son oncle, se fut point levé; el pour lui-même la prudence
vil alors accablé de tant de, questions, que lui défendit de faire aucune recherche 1.
pour y répondre, pour être mieux entendu el ta Chapelle des boucs. — Ce qui va suivre
mieux vu de la foule impatiente, il monta sur explique quelque chose des mystères de la
une table. — Mais si son retour inattendu sorcellerie et surtout du sabbat. Nous devons
avait désappointé les amis du merveilleux, ce récil intéressant à M. André Van Hassell,
ils furent amplement dédommagés par l'his- qui l'a publié à Bruxelles, dans l'Emancipa-
toire qu'il leur raconta, histoire véritablement tion. — Nous voici en l'année 1773. Par une
surprenante et entremêlée de sauts el de chaude journée du mois d'août, nous suivons
pantomimes; car Will. pour mieux décrire à lentement l'ancienne roule de Maëslrichl à
ses auditeurs la danse satanique des sorciè- Aix-la-Chapelle; cette voie nonchalante et
res, ne dédaigna pas de leur donner une re- paresseuse qui se traîne, pur de longs détours,
présentation à l'aide d'un manche à balai à travers les villages de Meersen el de Hou-
qu'on lui tondit. 11dit ensuite comment elles them, louche au bourg de Fauqucmunl, puis
avaient emporté le cadavre dans un chaudron se dirige par lleeck, Climm.cn el Gunrool
de cuivre; comment, par l'effet de leurs en- vers lleelcn, d'où elle s'avance sur Aix-la-
chantements , il avait lui-même perdu les Chapelle, après avoir traversé Kerkraede cl
sens ; comment enfin il s'élaif trouvé sous une Biclerick. — Nous venons de sortir de Fau-
haie à dix milles de Kingston. Cette histoire, queiuont ; voici à notre gauche le clocher
débitée avec une rare assurance, excita l'ad- poinlu de lleeck avec sa croix. Après avoir
miration générale. Le bruit s'en répandit jus- dépassé Clinimen, quittons la grand'roule et
qu'à Londres, llopkins, l'homme de son temps descendons dans ce vallon où glisse la rivière
qui découvrit le, plus do sorcières, voulut in- de Geleen, charmante à suivre. Si le lecteur
terroger Will Marks: el, après s'être fait n'est pas fatigué, il entrera dans un taillis et
rendre compte do certaines particularités un y trouvera les ruines d'un petit manoir près
peu obscures, il prononça que c'était, l'histoire de la croix plantée au bord du sentier qui se
la plus extraordinaire et la plus digne de foi. dirige de lloensbroek à Vaesraedl. — Ces
Elle fut publiée sous le litre d'Histoire sur- ruines, que l'on ne découvre pas sans peine
prenante et véritable, à l'enseigne des Trois- sous les ronces et la mousse qui les couvrent,
Bibles, sur le pont de Londres, en petit in-i°, sont celles du château de Scheuienhof, ma-
avec un dessin du chaudron d'après l'original. habité en '1773 par les resles de l'an-
— Ajoutons que, Will eut soin de décrire les noir cienne famille , réduite maintenant à deux
sorcières qu'il prétendait avoir vues sous des tè-lcs, le vieux chevalier de Scheurenliof el,
traits qu'il était impossible de rencontrer. 11 sa fille.—Barement les habitants du village
sauva ainsi de la corde ou du feu non-seule- le vieux chevalier; il vivait dans la
ment trois vieilles femmes que Ton voyaient
soupçon- retraite la plus profonde. Sa fille, Malhilde,
nait, mais aussi toutes celles que l'on fit pas- avait dix-huit ans, et on la citait, dans cette
ser en revue devant lui, afin qu'il tâchai do contrée, connue par la beauté et la fraîcheur
reconnaître les coupables. — Chose incon- de ses jeunes filles, comme la plus fraîche et
stante que la gloire e! la popularité! On ou- la plus belle. Elle élail encore un ange de
blia John Podgers pour ne parler que de, son1 bonté. Il fallait voir avec quels soins, avec
neveu. John lui-même se sentit dépassé. Mais,1 quelle affectueuse piété, elle s'appliquait à
trop grand pour être jaloux, il conçut pour adoucir les derniers jours de son vieux père.
AVillune sorte de respect et parut disposé à1 — Et ce n'était pas trop de tout ce! amour
le doter convenablement. -— Et maintenant, ! pour donner la résignation au vieillard ; car
avons-nous besoin de décrire la joie d'Alix, les douleurs et les infirmités de la vieillesse
en revoyant son fiancé qu'elle croyait perdu?
L'aventure- dont il était le héros le lui rendaitt 1 Mabterhumphry'sdock.
APPENDICE. 553
ne troublaientpas seulesla vie du chevalier vinces-Unies,on soupçonnadesramifications
do Schcureiihof.Un autre motif,el un motif si étendues et des plans si étranges, que
plusgrave, ne lui laissaitpoint de repos.—• l'historiendoit douterde la vérilé des con-
A l'époqueoù se passel'événementque nous victionsacquisespar plus d'un des jugesqui
allonsraconter,celte partiedu Limbourgétait siégèrentpour examinerles brigandsdontla
singulièrementagitée, non point par une justiceparvenaità s'emparer.Onallait jus-
guerre, mais par quelquechosede pire, par qu'à dire que Frédéric-le-Grand,pour avoir
une bande de brigandsdont le souvenira les coudéesfranchesen Allemagneet occuper
laissé des Iraces dans tout le pays. Cette les Provinces-Unies, entretenaitlui-même
bandeétendaitle théâtrede ses exploitsdans par des agentssecrets ce terrible incendie.
touLle vastecarré comprisentre Aix-la-Cha- On ajoutaitmémoque l'itiitialiondes adeptes
pelle, Mae'stric.lit,Bureniondee! Wassem- se faisait d'après un moyen inventé par
berg. Elledébordamême,souventjusquedans d'Alembe'rt. — Voicicommentces initiations
la Campineliégeoise.Elle avait à elle tous avaientlieu.— Dans quelque chapelleper-
lesvillages, lousleshameaux,touslesbourgs due au fond d'un bois ou d'une bruyère,
comprisdans les qualre angles de ce terri- s'allumaitune petitelampe, au milieud'une
toire, et elle y régnait,par la terreur et l'é- nuit obscureet orageuse.L'adepteétait con-
pouvante.Ceuxqui la composaient,habitants duit par ses deux parrains dans ce bois ou
de ces bourgs, de ces hameaux, de cesvil- dans cette bruyère, et la chapelles'ouvrait.
lages, se reconnaissaiententre eux par un Il en faisaittroisfoisle tour à quatre pattes;
mold'ordre et par une petite carte marquée puis il y entraità reculonsaprèsunecopieuse
d'un signehiéroglyphique.Lo jour, ils tra- libationde liqueurforte.Deuxbrigandsaffu-
vaillaientaux champs, ou buvaientdans les blés de vêlementscabalistiquesrecevaient
tavernes (car l'argent ne leur manquaitja- son sermentet concluaientavec lui le pacte
mais).La nuit, ils se rassemblaientau signal infernal.On le hissaitalorssur un bouc de
d'un coupde siffle!qui parlait du fondd'un bois, placé sur un pivot. Le récipiendaire
hallier ou qui retentissaitdansles solitudes assis, on se mettaità tournerle bouc.11tour-
d'une bruyère. Alorsl'effroise répandaitde nait, il tournaittoujours,il ne cessaitde tour-
toutes parts. Les fermes tremblaient.Les ner. Le malheureux,déjà le cerveaupris par
églisesétaientdansl'inquiétude.Leschâteaux la boisson,devenaitdo plus en plus ivre. Il
frémissaientd'anxiété.Partout on se disait bondissaitsursa monture, la sueur ruisselait
avecterreur cl tout bas : •—«Malheur!voilà le long de ses tempes, il croyait traverser
les Boucsqui vont,venir! »— Et les bandits l'air à chevalsur un démon.Quandil avait
allaientdévalisantles fermes,dépouillant, les long-tempstourné ainsi, on le descendait
châteaux, pillant les églises, souventà la harassé, n'en pouvantplus, dans un vertige
lueur de l'incendie,toujoursles armes à la inexprimable.11 était Bouc, il était incen-
mainet un masqueau visage.— Le matin, diaire, il était voleur,il était bandit, il était
tous avaientdisparu.Chacunavait reprisson assassin.11appartenaità tousles crimes.11
travail de la journée, tandis que l'incendie _était devenu un objet de terreur, un être
allumé par eux achevaitde s'éteindreel que exécrable.La soifde l'or avait l'ailtout cela,
les victimesde leurs volsel de leurs dépré- — Mais,si lesBoucsrépandaientainsil'épou-
dationsse désolaientsur les ruines de leurs vante, la justice ne demeuraitpas inaclive.
fortunes.— Lo grand nombre d'expéditions Ce fut dansle pays de Rolducque les pre-
qui se multipliaientde tous côléset souvent, mièrespoursuiteseurent lieu. Et, ces pour-
dans la mêmenuit, avait fait naître parmi suitescommencées,onalla bontrain. La sei-
le peupleune singulièrecroyance.Ondisait gneuriede Fauquemont,l'ammaniede Mont-
que les banditspossédaientle pouvoirde se fort, toutle territoirede Juliers,se couvrirent
transporteren un instant d'un point de la do roues, de gibets, de bûchers; Heclenfit
provinceà l'autre, et qu'un paclc, conclu construiredeux potences. La seigneuriede
avec Penfer,mettaità leursordresle démon, Schaesberg,Noensbroek,Ubach,Nuth, pres-
qui, sous la formed'un bouc, les emportait que chaque village en firent ériger une au
sur son dosà traversles airs. De là le nom moins.El pluson rouait,pluson pendait,plus
de Boues qui leur fut donné.— L'originede on écarlelail, plus on brûlait, plus aussi les
cette bande doit être attribuée à quelques Boucsdevenaientredoutablespar leur nom-
déprédationsisoléescommisesavec succès. bre et par leur audace. On eût dil qu'une
Maisplus. lard , quand le nombreimmense lulle s'était établie entre le crimeet la loi,
des.Boucsse futaccruau pointd'inspirerdes et que l'un rivalisait avec l'autre, comme
craintes sérieusesà la républiquedes Pro- s'il se fût agi de savoirà qui desdeuxreste»
55/i APPENI. )1CL.
rail, la victoire. — Cela dura vingt ans tout thilde le litre d'épouse. En dépit de la haine
entiers. Celui qui voudrait, comme nous avons des deux pères , ni le fils ni la fille ne quit-
eu le courage de le faire, interroger les re- taient cet espoir. Et c'était la crainte d'un
gistres formidables des différentes justices qui, danger pour Walter qui avait fait couler les
dans le Limbpurg, eurent à s'occuper des larmes des yeux de l'héritière de Scheurenhof
procès des Boucs, sérail stupéfait devant le au moment où l'incendie éclata devant elle
chiffre énorme des malheureux, coupables du côté du manoir. — « Vous avez donc pris
ou non (car la justice se trompait quelquefois), vos mesures? demanda le chapelain en se
qui périrent de par la loi dans cet espace de tournant vers le sire de Scheurenhof. -— Mes
temps. Dans un rôle du tribunal de Fauque- murailles sont assez fortes encore pour que
niont seul, nous avons compté cent quatre nous puissions repousser la première attaque,»
pendus et écarlelés en deux années, de 1772 répondit celui-ci — A peine le chevalier
à 1774. — Le manoir de Scheurenhof était eut-il achevé ces mots, qu'un serviteur de la
situé précisément au milieu du foyer de ces maison , Job, entra-tout effaré dans la salle.
brigandages. — Le vieux chapelain entra dans — « Eh bien ! Job, que veut dire cette pâleur?
la salle. — « Nous apportez-vous de mau- fil le maître du manoir. —Messire, des hom-
vaises nouvelles, mon'père? lui demanda vi- mes du village désirent vous parler. -— El
vement le seigneur. —11 est difficile d'en es- qui est à leur tôle? — Le bailli de lloens-
pérer de bonnes , répondit le prêtre. La nuit broelc. — Qu'on les laisse entrer. » — Quand
passée, l'incendie a éclaté sous les loils de les habitants de Hoensbroek se trouvèrent
Bingelraedt. — Ainsi l'orage s'amasse de plus devant le châtelain de Scheurenhof, le. bailli
en plus: cette nuit Bingelraedt, il y a trois prit la parole : — « Noble soigneur, nous ve-
jours Schinveldt, il y a six jours Neuenha- nons vous offrir nos services, en ce moment de
gèn. » — Et en disant ces mots, le vieillard danger. Vous avez toujours élé pour nous
baissa tristement les yeux vers la lerre. •— charitable el bon. Il est. juste que nous vous
Le jour était entièrement tombé et l'obscurité soyons reconnaissants. ».— Le visage du vieil-
avait envahi le ciel de toutes parts. La jeune lard s'éclaircil à ces paroles; il jeta un re-
fille, au bord de la fenêtre , ouvrit tout à coup gard rapide sur les braves accourus à son
de grands yeux et jeta un cri terrible : — « Le secours, en les nommant chacun parleur nom
fou ! le feu ! » — Lo vieillard bondit sur son comme d'anciennes connaissances. Mais ses
siège.— « Le feu , dis-tu? El de quel côlé? yeux s'arrêtèrent avec élonnement sur une
— Du côlé de Hegen, répondit Malhilde avec figure cachée à demi dans un des coins les
un profond serrement de coeur.— Ce n'est plus obscurs de la salle. C'était un vigoureux
rien , » dit le vieillard froidement. — Ces pa- jeune homme, dont le front était bruni parle
roles poignantes firent rouler une larme sur soleil, dont les bras eussent déraciné un ar-
chacune des joues de la jeune fille. Elle suf- bre du sol et dont les prunelles trahissaient à
foquait à ce tableau sinistre et à l'idée que, là la fois la ruse et l'audace. — « Hé! Martin ,
peut-être une tète bien chère allait tomber exclama le sire de Scheurenhof, comment se
sous les haches impitoyables des Boucs. -—Le fait-il que je te rencontre ici parmi mes
petit château de Hegen, situé à l'est de Scheu- • amis? — Châtelain de Scheurenhof, répondit
renhoi, était habité par une famille qu'une l'autre sans manifester la moindre surprise,
haine héréditaire faisait vivre dans une inimi- je n'ai jamais été que l'ennemi du gibier de
tié héréditaire aussi avec, la famille de, Scheu- votre chasse, parce que je suis d'avis que
renhof. Le voisinage, le temps, les mille Dieu n'a pas donné de maître à ce qui vil dans
rapports que doit nécessairement établir le l'eau , dans l'air cl dans les forèls, et qu'il a
contact continuel de deux maisons situées, créé pour le valet aussi bien que pour le. sei-
pour ainsi dire, côte à côte, rien de tout gneur le lièvre de. la forêt, l'oiseau du ciel
cela n'avait pu dominer cette haine. Au con- et le poisson de la rivière. Vous, messire,
traire, elle devenait plus ardente d'année en ne, pensez pas de même, et plus d'une fois
année. Mais, si cette division acharnée s'é- vous me l'avez montré par votre justice , sans
tait mise entre ces deux châteaux, il y avait cependant que vous ayez jamais à mon égard
pourtant un lien secret et caché qui les réu- agi avec inhumanité comme vos lois vous per-
nissait. Malhilde était aimée de Walter de mettaient de faire.. Or, je vous en suis recon-
Hegen. Le vieux châtelain de Scheurenhof ne naissant aussi, et mon bras est à vous. » —
songeait guère, il est vrai, à donner le titre Le vieillard contint l'émotion qui agitait son
de gendre à Walter, comme le maître du ma- ccaur; et, se tournant vers les autres : —
noir de Hegen repoussait de toutes ses forces « Mes amis, je n'ai que deux souhaits à for-
l'iilée que son fils pût donner un jour à Ma- mer : le premier, c'est le salut de ma fille ; le
APPEND MCE. a..in
second, c'est que leciel me nielle un jour à plus | de toit, el je viens vous demanderune
même de récompenservotre loyauté. Vos place ] sous le vôtre. — Jeunehomme, l'hos-
services, je ne puis les accepter,parce que pilalité
] est.unevieillehabitudede mamaison;
vousavezvosmaisons,vosfemmes,vosen- < qu'ellesoitla tienne; je l'y offreun asile qui
fanls.Si l'onvoussavait ici, on brûleraitvos demaini n'appartiendra plus à nous-mêmes
maisons,on dévasteraitvos champs,on rui- peut-être.—
; Messire.,si moncoeurest fort,
lieraitvos biens, on vousréduiraità la mi- monépée est forteaussi, » répliquale jeune
sère. Toi, Martin, demeureici. Tu n'as rien homme avec fermeté.— On allait inviter
à perdre.Je le.nomme,dès ce moment,mon Walter à prendreplaceà table pourpartager
premiergarde-chasse.Tu l'acquitterasbien le repas du soir, quand Martin'reparut et
de celle charge, car nul mieux que loi ne s'avançavers lochâtelainen jetant sur Hegen
sait lessentiersde mesbois.Vous, mesamis, un regard de défiance.— « Quedésires-lu,
rentrez dans vosdemeures.» — En disant Martin?demandale.vieillard.— J'ai quelque
ces mots, il lenditla mainau bailliet à tous chose à vous confier, messire. — Parle à
ses compagnons,qui ne se retirèrent qu'à haute voix.Cethommeest,monhôte: il peut
regret.— A peinefurent-ilsparvenusau bas savoir tout ce qui nous intéresse.— Voici
du sentier qui conduità Hoensbroek,qu'ils donc, reprit Martin.Monangegardienm'ins-
entendirentun cavalierglisserà côtéd'eux, pira, sans doute, de m'en aller au dehorset
maisils ne purent le distinguersuffisamment écoulerce qui se passe autourde la maison;
pour le reconnaîtreà cause,de l'obscuritéde et j'avisai près de noire porte,Jean-le-Ban-
la nuit.— « Qui va là? s'écria le bailli.— cal, le ménétrier;il ne hante que les taver-
Ami!réponditunevoixqu'ils ne reconnurent nes, el à chaque fêtedu villageon est sûr
pas davantage.» — Le cavalier avait déjà de trouverson violon.Hme reconnut;com-
gravi la hauteur, et.le bruit de son coursier menousnoussommesrencontrésplussouvent
s'était éteintdu côtéde Scheurenhof.—;Peu danslescabaretsque dans les églises,il me
de minutes après, la poignée d'une épée demandasi je voulaisl'aiderà espionnerle
frappa vivementà la porte du manoir. — châteauet à préparer les moyens de faire
« Qui frappe ainsi? demanda Martin, armé tomberScheurenhofpar surprise aux mains
d'un fusilde chassede sonmaître.•—Unami, des Boucs.—Ils ne me prendrontpas comme
qui veut parler au sire de Scheurenhof,ré- un rat dans une souricière! s'écria le vieil-
ponditla voix que les habitantsde Hoens- lard. Lacolèrem'a rendu les forcesque l'âge
broekavaient déjàinterrogée.» — La porte m'avaitprises. Ils sentirontce que pèse mon
s'ouvrit, et le cavalierentra. Martin, tenant bras, si monépée est bien pointueel si mes
le canonde sonfusil tourné vers l'étranger, carabinesvisentjuste. Cethomme,est-ilparti?
lui dit : — « Avancez, jusquesouscelle lan- -—Non,messire!J'ai feintd'entrer dansses
terne et. ditesce que vousvoulez. — Je te projetset,je l'ai pris commeun renard dans
l'ai dit, parler à tonmaître.— Quiètes-vous? une trappe. -—Qu'on le, pende à l'instant
— Ton maîtrele saura. »— Martinabaissa mêmeà latourla plus hautede mamaison! —
son arme. 11avait reconnula figurede l'é- Neçroyez-vouspas, messire,qu'il seraitplus
tranger.— « Ah! c'est vous, messire?mur- prudentde se bornerà letenir enfermédans
mura-t-ilavecétonnemeiit.Suivez-moi» — un de nos souterrainspour ne pas donner
Ils se dirigèrentvers la salleoùse tenaientle l'éveilà ses compagnons?Nous aurons tou-
sirede Scheurenhof,sa filie et le chapelain joursle tempsde lui fairefaire desentrechats
regardantl'incendiequi diminuaitel la (lam- entre ciel et terre... — Tu as raison, fit le
ine qui devenaitde plus en plus faible. — sire de Scheurenhof.Dans le cas où nous
« Attendezici queje vousannonce,» fitMar- sommes,prudencevaut mieuxpeut-êtreque
tin à son compagnon. — A ces mots, il ou- témérité.Or, voicile moyen qui me semble
vrit,la porte de la salle et dit à hautevoix: préférable.Martinferasemblantd'entrerdans
— « MessireWaller de Hegen! — Walter ! les vues de l'espion.11sortira avec lui du
exclamaMalhildeavecune émotionindicible. châleau et le conduirasecrètementdans lé
— DeHegen!» s'écriale vieuxchâtelainavec bois du Calvaireen lui disant qu'une troupe
un accent inexprimable.— Le jeune homme de gensd'armesdoit venir, cette nuit, à no-
s'avançad'un pas fermevers le vieillard.— tre secours.Tous noshommesarmésel,à che-
« Messire, lui dit-il, je ne suis plusmainte- val feront en silence un détour à travers le
nant le filsde.votreennemi.L'incendiem'a bois et rentrerontau manoiren passant près
chasséde ma maisonet m'a fait orphelinsur de l'endroitoù Martinse sera postéavecson
la terre; mon père est mort; ma mère est compagnon, afin de faire croire ainsi aux
morte; loute ma familleest tombée.Je n'aii banditsque ce secoursnous est réellement
556 APPENDJ MCE.
arrivé. » — Celle ruse s'exécuta aussitôt et. ceux
et qui vous envoient,qu'ils viennent pren-
elle réussit. Avant que minuit eût sonné, un dre cl les armes et l'argent s'ils le peuvent, »
bruit sinistre circula parmi les brigands. — nrépondit le seigneur de Scheurenhof.— La
« Il est arrivé une troupe de soldatsà Scheu- porle
p se rouvrit el les députés sortirent. Le
renhof. — Une troupe nombreuse de cava- pont-levis
p relevé derrière eux, Martinse re-
tiers, répéta Jean-le-Bancal. tousarmés jus- mit n devant la meurtrière, dans laquelle i!
qu'aux dents et prêts à nous tailler une rude rreplaça son fusil rechargé. — « Faut-il faire
besogne.— Combienen as-tu compté?reprit feu, U maître? — Ce ne sont,pas des lièvres,
le capitaine. — Un grand nombre, fit le nié- Martin.
B Ces hommes sont sous ma sauve-
nétrier. L'obscurité ne m'a pas permis de agarde de gentilhomme.» — Lobraconnierno
les distinguersuffisamment.Maisj'ai vu luire céda c qu'à regret à cet ordre et retira son fu-
leurs armes à la faible clarté de la lune el sil s dont le chien élail déjà sur le point, de
j'ai enlendu leurs chevaux hennir comme faire f partir la balle. — Maintenantla position
après une longue,course. » — Le récit du du ( châtelain était dessinée tout entière. Le
Bancal et les assurances qu'il ne cessait de (danger était pressant. Aussil'on s'occupa do
donner augmentèrentdans l'esprit des ban- ltout disposer pour une vigoureuse défense.
dits la convictionque Scheurenhofvenait de Les I domestiquesfurent armés do bons fusils
recevoirune garnison capable d'une longue cl < de fléaux et placés pi es de la porle, les
défense.— Le capitaine était,le seul qui dou- muraillesdu manoir étant assurées par leur
tât des paroles du ménétrier. — « Jean , lui 'élévationcontre Fallaque des bandits. Tout
dit-il, lu as vu, tu as entendu, seulementlu 'cela fait, on ouvrit,les caveaux et le souter-
as oubliéde compter combienils étaient. Tes rain qui, conduisantdu château au bord du
yeux avinés auront, à coup sûr, doublé, tri- ruisseau de Geleen, offriraitune retraite as-
plé, décuplé le nombre. En tout cas, nous surée si lo manoir était enlevé. — Deuxheu-
allonsaviser à un autre moyen.Qualre.hom- res pouvaients'être écoulées,quand 1rsabords
mes se rendront à Scheurenhofpour deman- de Scheurenhof se trouvèrent cernés d'une
der la place.Cinquantehommes,loi, Piorre- mullilude de bandits. On n'entendait que des
le-Diable, avec la compagnie,vous les ac- armes qui s'enlrc-choquaienl, que des sifflets
compagnerezpour les protéger contre toute qui s'interrogeaient,et se répondaientde tou-
attaque. Vous ferez halte dans le bois du tes parts, que des voix qui se parlaient et
Calvaire el vous attendrez le retour de mes des ordres qui couraientde rang en rang. Le
députés. » — Le chef ayant l'ailchoix de ses gros de la troupe avait alleinl le pont-levis.
qualre messagersqu'il munit de,ses instruc- -—« En avant! » s'écria aussitôt lo capitaine.
tions, Pierre-le-Diable rassembla ses hom- •—El les bandits s'avancèrent. — Mais, au
mes et la troupe se mil en roule vers le châ- même instant, une détonationterrible par-
teau. — Parvenus au popl-levis du manoir, tilde toutes les meurtrières du château, qui
ils donnèrent un coup de siffletpour s'annon- était demeuréjusqu'alors dans le plus profond
cer. Martin passa la gueule de son fusil par silence.— « Bien visé, » Martin, dit lechâte-
une des meurtrières. — « F'aul-ilfaire feu? » lain , en voyant chanceler le chef des assail-
demande-t-il à son maître. — Et sans at- lants qu'une balle avait frappé à la poitrine
tendre la réponse, il lâcha la détente. La — Le bandit tourna sur lui-mêmecl leva son
balle siffla à l'oreille d'un des envoyés des épée en l'air. Puis il tomba au milieu des
Boucs.—«Trahison ! s'écrièrent les quatre siens en murmurant d'une voix rauque : —
voixtoutes ensemble.— Arrière, Martin! s'é- « En avant! » — Les brigands hésitèrentun
cria le châtelain en repoussant le garde chas- momentet n'osèrent avancer. — Une deuxiè-
se. — Puis s'adressanl aux députés : — « Ce me détonation illumina les meurtrières, et
n'o.-tqu'une méprise, compagnons,leur dit- six hommesmordaient la poussièreà côté du
il. On va vousouvrir la porle, et foi de gen- cadavre de leur capitaine. —•Alorsle trouble
tilhomme!vous sortirez sains et saufs de ma redoubla. Mais un cri de vengeance éclata
maison. »'— Aussitôtle pont-leviss'abaissa ; presque aussitôt parmi la foule exaspérée :
la porte s'ouvrit. -— Les envoyés des Boucs — Hourra! hourra! El ils se ruèrent en
entrèrent. — « Que voulez-vous?demanda le avant avec une,incroyable fureur. C'étaitune
châtelain.— Deuxchoses,réponditl'un d'eux. masse compacte et serrée où portaient toutes
— La première?— C'est que vous nous ren- les balles qui parlaient du château comme
diez toutes les armes qui se trouvent on vos une grêle de plomb. Une partie des Boucs,
mains , répliqua le bandit. •—La seconde?— descendus dans le fossé, s'étaient hissés au
C'est que vous nous remettiez tout l'argent pont-levisau moyende cordeset travaillaient
qui est gardé en ce château, — Allez dire à à scier les chaînes citiile retenaient. Un mo-
APPF.NDICK. 557
mentaprèsle.pont s'abaissaavecfracas. La val, sur lequelon se mil,en devoirde l'atta-
portocraquaitsur ses gonds, entaméepar le cher avecforceaprès lui avoirnouéles bras
tranchantdu fer. Chapic coupgrondaitsous el les jambes.Puisan moyendos cordeson
la voûled'entréeel mêlaitsonbruitsourdau se milà frapperle pauvreanimal; el, quand
bruit des armesà feu et aux blasphèmesqui onl'eut frappélong-temps: «Maintenantqu'on
tonnaientdans la foulecommeun orage.La le lâche!s'écriale capitaine.»—Lechevalfui,
portetombadéracinéeel la multitudese pré- lâché, et il partit commeun éclair, à travers
cipita on hurlant sousla voûleténébreuse. les buissons,à travers les halliers, courant
Tout,à coupune explosionterribleéclata et commesi un ouraganl'emportait.Le cheval
ébranlales muraillesdu manoirjusquedans et le cavalier,ayant disparu, on se mit à
leurs fondements. Cene fut qu'un inslanl,ce fouillerdans le château; 011brisa toutesles
ne rut,qu'uneseconde.Puistoutétaitretombé portes,on forçatousles meubles,on interro-
dans une obscuritéépaisse, et vousn'eussiez gea tous les réduits.— «C'estune chosein-
plusentenduque des cris, des gémissemenls concevable,se direntlesbanditsquand,après
de blessésel de mourants.Uneclameurgé- avoir tout fouillé,ils n'eurentrien trouvé, ni
néralecouvritbientôtces gémissements etces hommesni argent. — Commentont-ils pu
cris: Victoire!victoire!— Et les banditsse s'enfuird'ici?demandalechef.— J'ai vuà la
ruèrentpar labrècheen passantsur quarante tourellede l'est uneéchellede cordeattachée
cadavres des leurs, que l'explosionde la au muret qui descendjusquedansle fossé,dit
mine, pratiquéesous la porte, avait broyés. un hommede la troupe.— Ilsse sont donc
LesBoucss'étaientjetés dansla courdu châ- sauvéspar là, reprit Pierre.—VersAmslon-
teau. Maisplus un coupde fusilqui leur ré- raedl,ajoutaJean-le-Bancal.— Nousles re-
pondît, plus un hommequi fut là pour leur joindrons,continuaPierre-le-Diable.»Etions
tenirtête.-—«N'avancez pas tropvile,compa- les handilsprirentla routed'Amstenraedl.—
gnons,s'écria Pièrre-le-Diablequi avait pris Aprèsavoirdonnéle signalde l'explosionqui
le commandementde la troupe.Soyonssur fit sauter la porle d'entrée, le seigneur de
nosgardesavanttout!»Caril craignaitqu'une Scheurenhofet les sienss'étaientretirés par
autre mine, pratiquéesousle,sol où ils mar- le souterrainqui conduisaitau borddu ruis-
chaient,ne lit un nouveaucarnageparmiles seaude Gelecn.Walteravailrefuséde lessui-
siens.•—«Neredoutezrien! avancez,si vous vre, afinde protégerleurretraite.Uneéchelle
n'êtes des lâches! réponditaussitôtune voix de cordeavailéléattachéeà latourelledel'est
que vouseussiezreconnuepourcellede Wal- pour faire supposerque les fugitifss'étaient
ter de Hegen.-—A l'attaque! reprit Pierre- échappésde ce côté. Le sire de Scheurenhof
lo-Diablo.» Elles banditsse rangèrenten un et toutesa maisonmarchaientdans l'obcur
vastecercleautourdu jeune hommequi, son souterrain,éclairésparla lumièred'une lan-
épée à la main,se tenaitsur le seuilde l'ha- ternesourdeque Martinportail devant eux.
bitationdontil essayaitdo défendrel'entrée. Parvenusà l'issueau milieud'un épaisfourré,
— Alorsrecommença un combatterrible.Les Martinéteignitsa lanterne,el tousvirentles
mains vigoureusesde Walter brandissaient pâles étoilesau ciel. — Onentendaitde loin
sa redoutableépée,qui semblaitse multiplier la rumeurdes Boucsqui s'éloignaitet s'étei-
et faire une roue do ferautourdo lui. Cepen- gnaitdanslanuitverslevillaged'Amstenraedl,
dant lecerclequi l'enveloppaitse rétrécissait dans une directionopposéeà celle que sui-
de plus en pluset le serraitde plusprès. Un vaientles fugitifs.•—Maisà peinele châte-
momentarriva où les bandits triomphèrent laineul-ilmisle piedhorsdu souterrain,qu'il
de cet hommeseul el jetèrent un hurlement recula, saisi d'effroi,et que Malhildejeta un
de joie : « Il est pris !» — Onle renversasui- cri. Ils'était faitun grandbruitdansles buis-
te sol. Dix haches, dix sabres étaient lovés sons, commeceluid'un cavalierdontle che-
sur lui, dix canonsde fusilsétaientbraqués val , effrayépar un coupde tonnerre, aurait
sur sa poitrine.— « Arrêtez,s'écriale capi- pris le morsaux dents.Cebruit devenaitde
taineen écarlanlles brigands.Cethommeno plusenplusdislincl.C'étaientdesbranchesqui
peut mourircomme,un brave, fitPierre. — se cassaient,des feuillagesqui se froissaient,
Qu'onle pendeaux bras du pont-levis! dit des hennissements étouffés.Aumêmeinstant
Jean-le-Bancal.— Qu'onle jette dansleGe- quelquechose de lourd vint s'abattre aux
leen, continuaunautre. — .lésaismieuxque piedsde la jeunefille.— «WalterdeHegen!»
cela, reprit Pierre-le-Diable. Qu'on aille dit Malhilde.C'étaitlui en effet; les chairsà
chercherson cheval,et qu'onm'apportel'un demidéchiréespar lescordesqui le nouaient
des câblesqui onlservià monterle pont.»— au cheval, mais sain et sauf. Unelarmede
Alorson jeta lo prisonnieren travers du che- joieroulasur lesjouesde l'héritièrede Scheu-
APPEMMCF..
renhûf, et Ions se mirent en devoir de défaire le juif. — Oui, répondit le paysan d'une voix
les noeuds qui ètreignaienl Walter. — «Com- avinée. — Et la Vierge el les sainls? — Oui,
ment cela s'est-il fait? demanda le vieillard la Vierge et les saints. — Tu consens à don-
à peine revenu de sou étonnemenl '— Je vous ner ton âme au démon, afin qu'il l'accorde en
dirai cela plus tard, répondit le jeuiie homme. échange les biens de la terre, l'or, les ri-
Songeons d'abord à nous mettre en sûreté. Je chesses el le pouvoir de te transporter par la
connais près d'ici le meunier d'Hullebroèck. volonté partout où lu voudras ? — Oui. — Eli
Nous y trouverons des chevaux. Nous nous bien ! j'accepte au nom de l'enfer ton âme à
dirigerons vers Geulh , où nous passerons la ce prix, dit Nathan. Et maintenant lu es des
Meuse. » El, sans se donner le temps de. re- nôtres. Voici la carie qui te fera reconnaître
prendre haleine, il conduisit, là troupe. — Ils des frères. Puis, après lui avoir remis une
avaient laissé à leur gauche le village de carie marquée d'un signe hiéroglyphique, le
lleeck, et descendaient un étroit ravin vers juif lui donna l'accolade fraternelle et lui ré-
le clocher de Saint-Peter. Ils n'y furent pas péta : A ce soir. — Cela ne sera pas, » se dit
plutôt engagés que Martin, qui marchait à la Martin en lui-même, lit, passant, le canon de
tète de la troupe en guise d'éclaireur, s'arrêta son fusil entre les branches d'un buisson, der-
brusquement, et dit à voix basse: «Arrêtez.» rière lequel il se tenait caché, il ajusta Nathan
— Tous firent halle, parce que tous savaient qui se penchait vers son compagnon et lui
combien était développé dans ce braconnier donnait le baiser d'initiation. Au même in-
cet instinct de bête fauve qui flaire le danger, stant la détente partit ; une balle fracassa la
qui comprend le langage du vent, qui entend tête du nouvel initié et entra dans les chairs
au frôlement des feuillages d'un huilier si c'eVl du bras droil du juif. Un cri effroyable retentit
un ami ou un ennemi qui l'a produit. — Après dans la chapelle : « Trahison ! trahison ! » —
s'être assuré de la direction d'où venait là Le nouveau Bouc roula sur les marches de
rumeur qui le frappait, le garde-chasse mit l'autel, se tordit un instant et. rendit le der-
son fusil en bandoulière et se disposa à nier soupir. Le juif éleva son bras ensanglanté
grimper le long de la berge du ravin. Sans et dit aux deux compagnons qui lui ro.-laienl,
déranger un caillou, sans froisser une piaule, en montrant le mort : « Frères, vengez-moi el.
sans rompre la branche d'un buisson, il at- vengez cet homme.» -— Les deux parrains
teignit avec la légèreté d'un chat la crête de prirent leurs carabines el sortirent de la cha-
la berge et regarda autour de lui en écoulant pelle, dirigeant leurs armes vers l'endroit où
de foules ses oreilles. 11reconnut aussitôt quel ils avaient aperçu le feu du braconnier. Leurs
étail ce bruit, car il avisa à quelque distance deux balles partirent à la fois. — «Mal visé!
la sinistre petite lampe qui ne s'allumait, qu'au mes compères, » s'écria Martin qui avait re-
soin des nuits ténébreuses pour éclairer l'ini- chargé son fusil double el. tenait deux eo.ips
tiation des Boucs. Un cri de terreur se fût à la portée de ses adversaires. — 11lâcha le
échappé de la bouche des fugitifs, s'il leur eût premier, et l'un des hommes tomba. Il lâcha
dit: — Nous sommes près de là Chapelle des le second, el l'autre tomba aussi. Il ne restait
Boucs. Mais il se pencha au bord du ravin, et plus que le juif. Mais Nathan s'enfuit à tra-
leur fit signe de marcher avec précaution : vers les fourrés du bois el disparut dans les
«Avancez à pas de loup, leur dit-il tout bas; dernières ténèbres de la nuit. — Martin ren-
nous sommes ici dans un endroit, plein de pé- tra avec l'aube à Eauquemont. Il instruisit le
ril.» — Toute la troupe descendit le ravin dans bailli de ce qui s'était passé. La justice se
le plus grand silence. Ils laissèrent à leur rendit avec une forte escorte à la chapelle
gauche les toits d'Ooste, et entrèrent après d'initiation et n'y trouva que deux cadavres,
une demi-heure de marche à Eauquemont.— qui furent enterrés ignominieusement par le
«Grâce au ciel! nous voici sauvés!» s'écria le bourreau sous.le gibet infâme. — Nathan fut
sire de Scheurenhof. — Pendant ce temps pris quinze jours plUs lard, et pendit lé 2,4 sep-
Martin s'était glissé à travers lès buissons et tembre 1772, à lleeck, sur la bruyère de
les hautes herbes jusqu'auprès de l'entrée de GraecJ. — Malgré la sévérité des juges, mal-
la cliapéllè. Il y vil accomplir les mystères gré les placards nombreux publiés par les no-
d'une initiation. Devant l'autel se tenait de- bles et puissants seigneurs des Provinces-Unies
bout ce fameux juif Abraham Nathan, qui et les mesures prises par les princes évoques
joua un rôle si terrible-dans l'histoire de la de Liège, les Boucs ne purent être entière-
bande. Il était vèlù d'une espèce de.chasuble . ment exterminés. Quelques écrivains contem-
brodée d'or et rër'evait le serment d'un pau- porains font remonter cette bande à l'an 1736.
vre vacher que l'on venait de descendre dti On ne parvint à la dompter qu'en 1779. Elle
bouc de bois. «Tu'reniés Dieu? lui demandait eut un grand nombre dé chefs, parmi lesquels
APPENbHCEÏ 559
figurentsurtout,le fameuxchirurgiende K., saut s au fond d'un étang desséché: le pain
du paysde liolduc, le juif AbrahamNathan, in'approchejamais de ses lèvres; Kleudde
Hennan L. et AntoineB., surnomméle Mox. évite la foule; la lumièredu grand jour lui
Elle possédaitmême un chapelainqui prê- brûle les yeux; il n'apparaît qu'aux heures
chait tous les crimes; il portail le nom de où le hibougémitdansla tour abandonnée;
LéopoldL. Les chapellesoù les initiations une cavernesouterraineest sa démeure;ses
avaient lieu ordinairementclaie t celle de piedsn'ontjamais souilléle seuild'unehabi-
Sainte-Roseprès de Sitlard, celle de Saint- tation humaine; le mystèreet l'horreur en-
Léonardprès de Bolduc,et une autre située tourenlsonexistencemaudite: vaguescomme
aux environsd'Urmonprès dela Meuse.Tous les atomesde l'air, sesformeséchappentaux
ces endroitssont encoreredoutésaujourd'hui doiglset.ne laissentauxmainsde l'imprudent
des villageoisvoisins,qui trouventdansl'his- qui essaieraitde les élreindrè qu'une ligne
toire des Boucsde quoidéfrayer amplement noireel douloureusecommeune brûlure.Son
leurs longuessoiréesd'hiver. —Malhildede rire est semblableà celui des damnés; son
Scheiirenbofet Walter de Hegen finirent cri, rauque et indéfinissable,fait tressaillir
commetous les hérosde romans: ilsse ma- jusqu'au fond des entrailles; Kleuddea du
rièrentet obtinrentune nombreusepostérité. sang de démondans les veines.Malheurà
•—Ceuxd'entre nos lecteursqui désirentde qui le soirdans sa. route rencontréKleudde,
plus amplesdétailssur l'histoirede la bande le lutin noir! — Dans certains villagesdu
des Boucs, peuventconsulterun petit,livre Brabantle nomseul de Kleuddeexercesur
contemporainqui fut publiéen 1779,à Maé- l'esprit des paysansun empiresi redoutable,
stricht, sanslieuni date, et qui portece titre qu'il serait impossiblede les faire sortirde
curieux: Oorspony, Oorzaeke,bewys, etc. leur maison-àune heure avancéede la huit
Origine, cause, preuve el découverted'une pour les envoyerdans un champ, un bois,
bandeimpie et conjurée, de voleursdenuit el une prairie où la croyance populaireplace
de brigandsdans les pays d'outre-Meuseet ce lutin. Lesenfantsen ont,une grandepeur ;
contréesadjacentes,avecuneindicationexacte on les menacede la présencede Kleuddelors-
desexécutéset desfugitifs, par S.-P.-J. Slei- qu'ils font mal. La frayeur des jeunes filles
nada. n'est pas moinsenracinéepour celle espèce
ïtleuctcle'. — Kleudde,tout barbare, tout de loup-garou; plus d'unele soir arrive es-
cacophonique que doit vousparaître ce nom, soufflée au foyer paternel raconteren trem-
est un lutin, et un lutin national, unlutin vi- blant qu'elle a aperçu Kleudde agitant ses
vantdes brouillardsde la Flandreel du Bra- chaînesdansl'ombre.—-Audiredes campa-
bant, un lutin belge en un mot! — Si vous gnards, ce lutin est un véritableprotée,pre-
avez quelque feu dans l'imagination,sans nant les formesles plus diverses, les plus
doutequ'à ce seul nomde lutin, vousvous bizarres; tantôtc'est un arbre d'abordtrès-
formezdéjà touteune.courfantastique,idéale, petit , ensuite s'allongeantpeu à peu à une
surnaturelle,composéede gnomesaux yeux hauteur prodigieuse;puis se mouvanttout à
malins,de sylphesaux ailes d'azur, aux che- coup, il s'élèvedé terre et disparaîtdans lés
veux d'or, de salamandresaux piedsde feu. nuages; le seul mal que Kleuddefasseréel-
— Poètes,jeunes filles, enfants, Kleudde, lementsous cetteforme,c'estde déracineret
avec son enveloppesombre, avecson nom de renverserles antresarbres qu'il rencontre
aussiaffreuxque sonêtre, Kleuddedoit d'un sur son passage.Tantôtil se revêtde la peau
seul mot tuer l'échafaudagede vos songes. d'un chiennoir, il marchesur ses pattes de
Kleuddeest un lutin malfaisantqui a les re- derrière, agile une chaînequ'ilporté au cou
gards du .basilic et,la bouchedu vampire, et saule à l'imp'rovistesurles épaulesde celui
l'agilité du. folletet la fadeur,du griffon,; qu'il voitla nuitdans un sentierisolé,l'étreint,
Kleuddeaime les nuits froideset bruineuses, le jette par terre et s'enfuit.SouventKleudde
les prairiesdéserteset arides, les champsin- est un cheval maigre et efflanqué;alors il
culteset blanchispar des os de morts, les devientl'épouvantaildesgarçonsd'écurie.On
arbresfrappésde la foudre,l'if et le.cyprès; sait que c'est l'usagedans les grandesfermes
jl se plaît,au milieudes ruines couvertesde de mettre pendantlà nuit les chevauxen pâ-
mousse;il fuitlessaintslieux,oùreposentdes ture dans les prairies; l'es-domestiques-rap-
chrétiens,l'aspect d'une croix l'éblouitet le portent avec"ùnëbonnefoi rustiquequ'il leur
torture; il ne boit qu'uneeau verte çroupis- arrive parfois, lorsqu'ilscroientmonter.sur
' YCettenoticeestdéM.lebaronJulesdeSaint-Gé- une dé leurs juments,d'énfourchèrKleudde,
il y a quelques
nois,.qui.l'a donnée, d
années, ansle qui aussitôt se met à cbûrii-de toutes ses
Joi&nàldesFlandres. lorecs, jusqua ce qu arrive pies d un étang
5"0 APPEN1' MCE.
ou d'un ruisseau , il se cabre cl y précipite corps de la vieille, grandir tout à coup el
son cavalier; ensuite, pendant que, la victime s'échapper des ruines, en criant: Kleudde,
se débat dans l'eau , il se couche un instant Kleudde , Kleudde! Tous les domestiques per-
à plat ventre, pousse un éclat de rire et dis- dirent connaissance, et lorsqu'ils revinrent à
paraît au moment que le cavalier sort de son eux , ils n'aperçurent plus rien sur le théâtre
bain. —Selon les circonstances, Kleudde se de l'incendie qu'un étang rempli d'une eau
change en chat, en crapaud, en chauve-souris croupissante dont l'odeur soulevait le coeur.
ou en tout, autre animal. Les paysans préten- — L'âme damnée de la sorcière était passée
dent pouvoir reconnaître son approche à deux dans le corps de cet homme noir, ou pour
petites flammes bleues qui vacillent el s'a- mieux dire dans le corps de ce diable, qui
vancent en sautillant, mais toujours en ligne depuis, n'ayant, plus aucun repos, parcourt les
droite ; ces petites flammes sont les prunelles campagnes el les plaines cherchant à nuire à
de ses deux yeux ; le seul moyen alors d'éviter tout ce qu'il rencontre
Kleudde, c'est de s'enfuir en zigzag, comme Glubbdubdrîb. — Si le fragment de Cy-
ferait celui que poursuit un serpent. — Il y a rano-Bergerac sur Agrippa présente l'idée
de cela trois mois, je logeais par hasard qu'on avait des sorciers en France sous
dans une ferme à Ternatli, aux environs de Louis XIII, le passage que Swift leur a con-
Bruxelles. C'était le soir, je me trouvais en sacré au siècle suivant ne mérite pas moins
compagnie avec tout le personnel de la ferme, d'être mis sous les yeux du lecteur. On le
réuni autour d'un large foyer d'hiver. En so- trouve aux chapitres vu et vm du troisième
ciété de ces bons et simples paysans, c'était Voyage de Gulliver. •— « Glubbdubdrib, si
pour moi une nouveauté d'autant plus pi- j'interprète exactement le mol, signifie l'île
quante, que je complais mettre la soirée à des sorciers ou des magiciens. Elle a trois fois
profit pour recueillir quelques renseignements l'étendue de l'île deWighl; elleesl très-fertile.
sur Kleudde. J'amenais la causerie sur ce Celle île est sous la puissance d'un chef d'une
sujet, sur les lutins, sur les kabotermanne- tribu toute composée de sorciers, qui ne s'al-
kens et autres follets donl le nom m'échappe. lient qu'entre eux, el donl le prince est toujours
—Monsieur, savez-vous l'origine de Kleudde? le plus ancien de la tribu. — Ce prince ou
me dit un vieux domestique. •— Non , lui rê- gouverneur a un palais magnifique el un parc
pondis-je, ravi de son interpellation. —C'est d'environ trois mille acres, entouré d'un mur
affreux à entendre , continua le vieillard. de pierres de taille haut de vingt pieds. Ce
Voici comme on le raconte dans notre endroit. parc renferme d'autres petits enclos pour les
11 y a bien cent ans, on voyait au bout du bestiaux, le blé cl les jardins. —Le gouver-
bois qui borde la partie nord du village, une neur et sa famille sont servis par des domes-
petite el chétive maison habitée par une tiques d'une espèce assez extraordinaire. Par
femme si décrépite, si hideuse qu'on songea la connaissance qu'il- a de la nécromancie , il
plus d'une fois à s'emparer d'elle afin de la possède le pouvoir d'évoquer les morts et de
brûler comme sorcière; car tout le inonde les obliger à le servir pendant vingt-qnalre
disait qu'elle avait des rapports avec le diable heures, jamais plus long-temps; et. il ne peut
el que sa baraque servait de lieu de réunion évoquer le même esprit qu'à trois mois d'in-
pour le sabbat. Un soir qu'un orage, tel qu'on tervalle, à moins que ce ne soit pour quelque
n'en avail entendu de mémoire d'homme, grande occasion. — Lorsque nous abordâmes à
ébranlait toutes les habitations, lo feu du ciel l'île, il élail environ onze heures du malin. Un
tomba sur la masure suspecte et la consuma de mes deux compagnons alla trouver le gou-
ainsi que. la vieille femme,, dont on aperçut lo verneur, cl lui dit qu'un étranger souhaitait
lendemain le corps noirci gisant dans les cen- avoir l'honneur de saluer son altesse. Ce com-
dres. Pendant trois jours personne n'osa ap- pliment fut bien reçu. Nous cnlrâmes tous
procher du lieu de l'incendie; mais enfin trois dans la cour du palais, et nous passâmes
comme le propriétaire du bois voulait utiliser au milieu d'une haie de gardes armés et ha-
cette portion de son terrain, il prit avec lui billés d'une manière très-ancienne, et dont
quelques-uns de ses plus courageux domesti- la physionomie avait quelque chose qui me
ques munis de longs crochets pour retirer la causait une horreur indicible. Nous traversâ-
sorcière dès décombres. Les valets de ferme mes les appartements et rencontrâmes une
se mirent en tremblant à l'ouvrage ; à peine foule de domestiques de la même sorte avant
eurent-ils touché la sorcière de leurs crocs, de parvenir jusqu'à la chambre du gouver-
qu'ils entendirent un grand bruit et reçurent neur. — Après que nous eûmes fait trois ré-
dans tous les membres une violente commo- vérences, profondes, il nous fil asseoir sur de
tion ; ils virent un petit homme noir sortir du petits tabourets au pied de son trône. Il me
APPENI)1CE. 561
fit différentesquestions au sujet de mes i511e. Il m'assurasur sonhonneurqu'il n'avait
voyages; et pour marquer qu'il voulaiten las été empoisonné,mais qu'il était mort
agir avec,moisanscérémonie,il fit signeavec Tune fièvrecauséepar un excèsde boisson.
le doiglà tous ses gens de se retirer; et. en — Je vis ensuiteAnnibalpassant les Alpes;
un instant,ce qui m'élonnabeaucoup,ils dis- et. il me dit qu'il n'avait pas uneseulegoutte
parurent,commeles visions d'un rêve. — de vinaigredansson camp.— Je vis Césaret
J'eus de la peine à me rassurer. Mais le Pompéeà la fêlede leurs troupesprêtes à se
gouverneurni'ayantdit queje n'avais rien à charger. Je vis le premier dans son grand
craindre, el voyant mes deux compagnons triomphe.Je voulusvoirle sénatromaindans
parfaitementtranquilles,parce qu'ils étaient une grandesalle, avec une assembléelégis-
faitsà ce spectacle,je commençaià prendre lativemodernerangéede l'autre côlé.Lesé-
courageel racontaià son altesseles différen- nat me sembla une réunionde héroset de
tes aventuresde mes voyages, non sansun demi-dieux; .l'autre assembléem'avaitl'air
peu d'hésitation,ni sans regarderplus d'une d'un tas de porto-balles,de filous,de voleurs
fois derrière moi la place où j'avais vu les de grand cheminet de matamores.— Je fa-
fantômesdisparaître.— J'eus l'honneurde tigueraislelecteursi je-citaisle grandnombre
dîner avec le gouverneur,qui nous fit servir de personnagesillustresqui fut évoquépour
par une nouvelletroupe de spectres.Je re- satisfaireau désir insatiableque j'avais de
marquaique ma frayeur élail moinsgrande voir toutes les périodesde l'antiquité,mises
à celle secondeapparition.Nousfûmesà ta- sousmes yeux. Je les réjouisprincipalement
ble jusqu'au coucher du soleil; je priai son par la contemplation des destructeurs,des ty-
altessede permettrequeje ne couchassepas rans, des usurpateurset des libérateurs,des
dans son palais, commeil avail la bontéde nations opprimées.Maisil mesérail impos-
m'y engager-,el mesdeux amis et moinous sibled'exprimerlasatisfactionquej'éprouvai,
allâmeschercherun lit dans la villevoisine, de manièreà lafairepartagerà ceuxqui liront
capitalede la petiteîle. — Lelendemainma- ces pages. Désirantvoir les anciensles plus
lin , nous revînmesrendre nos devoirs au renomméspour l'espritet la science,je voulus
gouverneur,commeil avait bien voulunous leur consacrerun jour. Je demandaique ion
le recommander;cl. nous passâmesde cette (il apparaître Homère,et Arisloteà la tète de
manièreune dizainede jours dans celle île, leurscommentateurs; maisceux-ciétaienttel-
demeurantla plusgrandepartie (lela journée lementnombreuxqu'il y en eut plusieurscen-
avec le gouverneurel la nuit à notre au- l.ainesquifurenlobligésd'attendredanslesan-
berge. Je parvinsà mefamiliarisertellement tichambreset.danslescoursdupalais. Aupre-
avecles esprits,queje n'en eus plus peur du mier coupd'oeilje reconnuscesdeux grands
tout, ou du moins,s'il m'en restait encoreun hommeset les distinguainon-seulementde la
peu, elle cédaità ma curiosité.— Sonaltesse foule,maisaussil'un de l'autre. Homèreétait
me dit.un jour de luinommertels mortsqu'il le plusgrand el.avail meilleuremine qu'Ari-
me plairait, qu'il me les ferait venir el les slole. 11se tenait très-droitpour son âge, el,
obligeraitde répondreà toutes les questions ses yeux étaientlesplusvifs,les plusperçants
que je leur voudraisfaire, à conditiontoute- quej'eusse jamais vus. Arislotese courbait
foisqueje ne les interrogeraisque sur ce qui beaucoupel ilse servaitd'une canne.Sonvi-
s'était passéde, leur temps,et queje pourrais sage était maigre,ses cheveuxrares et lisses,
être,bien assuré qu'ils me diraient toujours sa voix creuse. Je m'aperçus bientôt qu'ils
vrai; car le mensongeest un talent inutile étaient l'un el l'autre parfaitementétrangers
dans l'autre monde. — J'acceptai avec de au reste de la compagnie, et n'en avaient pas
très-humblesactionsde grâces l'offrede son entendu parler auparavant. •—•Un spectre,
altesse.-—Nous étionsdans une pièce d'où que je ne nommeraipoint,me dit à l'oreille
l'on avail une très-bellevue sur le parc; et que ces commentateursse tenaienttoujours
commemon premier souhaitfut de voir des le plus loin qu'ils pouvaientde leurs auteurs
scènespompeusesel magnifiques,je deman- dansle mondesouterrain,parcequ'ilsétaient
dai à voir Alexandre-le-Graiidà la tôle de honteuxd'avoir si indignementreprésentéà
son armée, tel qu'il était à la batailled'Ar- la postérité les penséesde ces grands écri-
belles.Aussitôt,sur un signedu gouverneur, vains.—Je priai le gouverneurd'évoquerDes-
le princegrec parut sur un vaste champau- carles et. Gassendi, el j'engageai ceux-cià
dessousde la fenêtreoùnousétions.—Alex-aiïr- r~cxp!iquerleurs systèmesà Arislote.Ce grand
dre fut invitéà monterdansla chambr^.(JJeùg ^/pjii.rosophereconnutses erreursdans la phy-
beaucoupde peine à entendreson zr&y'iîë- sique;,, lesquellesprovenaientde ce qu'il avait
tant pas moi-mêmetrès-versédansfceiiélnn- \ raisonned'après des conjectures,commetous
5(i2 APPEND :iJicÈ.
Jes hommes doivent le faire; et il nous fit re- i
province élail un centre autour duquel ve-
marquer que Gassendi et les tourbillons de i
naient quelquefois se grouper les plus grands
Descartes avaient élé à leur tour rejetés. Il iintérêts. Il importe de se reporter à ces idées
prédit le même sort à l'attraction, que les sa- ]
pour le récit qui va suivre. — Orthez, qui
vantsde nos jours soutiennent avec tant d'ar- i
n'est plus qu'une petite ville sans importance,
deur. 11 disait que tout système nouveau sur iétait au moyen âge le siège d'une cour bril-
les choses naturelles n'élail qu'une mode nour- lante, la résidence des comtes de Foix. Le
velle et devait varier à chaque siècle, et que quatorzième siècle a vu l'apogée de sa gloire :
ceux qui prétendaient les appuyer sur des Gaston III en était alors le suzerain. Sur-
démonstrations mathématiques auraient de nommé Phcebus, soil à cause de sa beaulé,
même une vogue momentanée el tomberaient soit à cause du soleil qu'il plaça dans son
ensuite dans l'oubli. — Je passai cinq jours à écusson, Gaston ne resla pas au-dessous de
converser avec d'autres savants hommes de cet emblème glorieux. L'illustration des ar-
l'antiquité. Je vis la plupart des empereurs mes, celle des richesses et l'habileté politique
romains..Le gouverneur eut la complaisance si nécessaire pour se maintenir au faîte d'une
d'évoquer les cuisiniers d'Héliogabale pour liaulo position, tout concourut à le placer à
apprêter notre dîner ; mais ils ne purent nous la tête de ces grands vassaux de la couronne,
montrer toute leur habileté, faute de maté- féodales grandeurs qui devaient s'abaisser
riaux. Un ilote d'Agésilas nous fil un plat de sous la main puissante de Richelieu et de.
brpuel noir lacédémoiiien, et nous ne pûmes Mazarin. Plus d'une fois les intérêts de la
avaler la seconde cuillerée de ce mets.... — France entière se concentrèrent autour de lui
Mes découvertes sur l'histoire moderne furent dans cette petite cour. Pendant que les am-
mortifiantes. Je reconnus que des historiens bassadeurs des puissances voisines venaient
oui transformé des guerriers imbéciles et lâ- s'y disputer son appui, les savants, les trou-
ches en grands capitaines, des insensés el de badours el les jongleurs accouraient y bri-
petits génies en grands politiques, des flatteurs guer les faveurs et les encouragements de
et des courtisans en gens de bien, des athées celte main quasi royale. On aurait en vain
en hommes pleins de religion, d'infâmes dé- cherché ailleurs, même à la cour du roi de
bauchés en gens chastes , el des délateurs de France, un modèle plus accompli de celle
profession en hommes vrais et, sincères. — chevalerie qui brillait d'un lustre si éclatant
Un généra) d'armée m'avoua qu'il avait une alors qu'il allait s'éclipser. — Los chants du
fois remporté une victoire par sa poltronnerie gai-savoir, les nobles déduits de la chasse
et son imprudence; et un amiral me dit qu'il trouvaient auprès de Gaston un amateur aussi
avait battu malgré lui une-(lotte ennemie, éclairé que magnifique. La chasse était alors
1orsqu'il avait envie de laisser battre la sienne. une passion, une affaire sérieuse, qui exi-
— Comme chacun des personnages qu'on évo- geait des éludes approfondies. Plus un sei-
quait, paraissait tel qu'il avait été dans le gneur était puissant el riche, plus il y dé-
inonde , je vis avec douleur combien le genre : ployait de luxe. Gaston y excellait, et. il en a
humain avait dégénéré... » laissé le traité le plus complet du temps. —
Orthon le Farfadet1.'.— Le voyageur quiI « Ses équipages pour ce plaisir, dit l'histo-
rien de sa vie, surpassaient en magnificence
parcourt aujourd'hui la France ne peut, guère
se faire une. idée do la physionomie variée [ ceux des princes les plus riches >; ses écuries
qu'elle présentait au moyen âge. La centra- , ne nourrissaient pas moins de deux cents
lisation du pouvoir a relié tant bien que mal chevaux, la plupart destinés à cet usage, et,
les éléments hétérogènes dont elle se compo- il avait de, douze à seize cents chiens. Ses lé-
. vriers étaient les plus légers et les plus beaux
sait; une teinte uniforme part de Paris, et
tend à absorber de plus en plus les indivi-
dualités tranchées des provinces. C'est là\ l Kl pourtant, sans compterle roi de France et les
rois étrangers, bien d'autres seigneurset princespous-
peut-être pour l'économiste un résultat heu- saient alorsl'amourde la chassea un point extrême et
reux, un louable progrès; mais, à coup sûr,' rivalisaientde dépensesentreeux. Le duc de Bourgo-
avait un équipage de chassedans lequelon comp-
Tarliste déplore ce nivellement monotone; et:! ghe tait : six pages dechienscourants,six de lévriers,douze
il revient avec amour vers cette France du .. .sous-pages d e chiens,six valetsde chienslimiers,douze
valets de chiens courants,six valets d'épngnenls, six
temps passé, si pleine dépassions ardentesS de chienspetitsvaletsde chiens,six dut
valets de!chiens anglais et
et colorées, de croyances naïves, où chaque d'Artois. Quelle être la -surprise
du duc,
il
quand Vil, lorsqu'il fut fait prisonnier à Nicop'olis,
Bajazet avait sept mille fauconnierset autant dé
it que
1 Cette légendeet les trois historiettesqui la suivent veneurs!A. la mêmeépoque,le comte de Sançeiresi-
sont empruntéesaux Légendeset traditionspopulaires, ;s. gnalà sa passion la chassed'une façonparticu-
delà France, qui ont été publiéesrécemmentpar M.lee lière ; il fonda unpour ordre de chevaleriesous,le titre^de
comteAniédéede lïeauibrt. l'Ordre du Lévrier. (Notedel'historien.), ,.-
ArPESB DIGE. 563
de la chrétienté, ol ses chienspour le cerf, laienlbiencent
1 florinsde revenu par an, et
1Gdaim, le rangier,pour les grands ours des le ! clerc disaitqu'il y avait droit. Or, comme
Pyrénées,pour le loup el le sanglier,les plus il étaitbien appuyédans le clergé, il montra
forls et les plus courageux Tousles oi- et prouva son droit, et le pape Urbain V,
seauxde fauconnerieétaientaussiélevésavec séant en consistoiregénéral, condamnale
grand soin chezle comtede Foix. Bien n'é- chevalierà payer. Lorsquele clerc eut levé
tait noble à voir commela compagniedu les bulles du pape, il chevaucheà grandes
châtelaind'Orlhezparlantpour unechasse« journées vers le Béarn pour venir prendre
la volerie: les chevaliers,sur dobeauxpa- possessionde son dimage.Maisla décisiondu
lefrois,escortantgalammentles damesmon- pape avait grandementirrité le sire de Coâ-
tées sur d'éléganteshaquenées,et portantsur rasse; il s'avançavers le elerc, et lui dit :
le poing chacuneun bel oiseau qu'ellesca- «.Or çà, maîtrePierre ou maîtreMartin,sui-
ressaientde tempsen tempsavecleur blan- vant son nom, pensez-vousque par voslet-
che main. Et puis les écuyersel pages aux tres je doiveperdre mon héritage?Ne soyez
couleursde Foix el de Béarn, velus de vert pas assezhardi pour loucherà ce qui m'ap-
en été el de fourrurede gris en hiver; et les partient;car, si vousle faites,c'est voirevie
gens de service,si nombreuxel si bien mis, que vous y laisserez.Allez ailleurs obtenir
qui apportaient tous les enginset Olelstes bénéfice,car vousn'aurezrien de mon héri-
plus ingénieuxqu'il soil possibled'imaginer. tage; et une fois pour toutes, je vous le dé-
Gastonaimaità un lel point tousces divertis- fends. » Le chevalierétait cruel, le clerc
sementsde chasse,qu'ilen avaitfaituneétude eut peur et n'osa poursuivre.Il se décida
particulière,et qu'il se plaisait à en ensei- donc à retourner à Avignon.Maisavant de
gner les préceptesaux hommesqu'ily desti- partir il voulut protester contre celle vio-
nai!. » — Mais ces nobles plaisirs ne lui lence.11vint trouver le sire de Coârasse, et
faisaient point oublier de régler avec une lui parlaainsi: « Sire, c'estvotreforceet non
admirable sagesse l'administrationde ses le droit,qui m'enlèveles biensde monéglise,
étals. C'est peut-èlre le seul exempled'un vousméfaitesgrandementon conscience: je
haut et puissant seigneur de celte époque ne suis pas aussi puissantque vous ici, mais
qui n'ait pointtoutsacrifiéà la passionde la sachezqueje vous enverrailel championque
guerre. Aussisa réputationétait immense,et vous redouterezplus que moi. » Raymond
les populationsde Béarn le bénissaient.Un ne tintaucun comptede ses menaces. « Va,
tel personnagedevait être entouré de cette lui dit-il, fais ce que tu pourras, je ne te
auréolede merveilleuxqui ne manquejamais crainspas plus mort,que vif. Tes paroles ne
aux héros du moyenâge. 11était trop aimé me ferontrienabandonnerde monhéritage.»
des troubadourset des jongleurspour qu'on Le clerc partit donc: relourna-l-il en Cata-
ne célébrât pas sa gloire avec l'exagération logneouen Avignon?pointne le sais-je;tou-
mythique de quelque merveilleuselégende. jours est-il qu'il"n'oublia pas ses menaces.
Froissart, le crédule et naît' chroniqueur, Trois mois après, alors que le chevalier y
nous en a conservéle plus précieuxdocu- pensait le moins, des messagers invisibles
ment. —C'est en '1388 qu'il visita la cour vinrentle trouver. 11;commencèrent à heur-
brillante d'Orlhez.Curieuxel questionneur, ter et à bouleversertoutce qu'ily avait dans
il se passionnapour les récits des vaillants le château,de telle façonqu'on eût dit qu'ils
chevaliersqu'il y rencontra. Là, unécuyer allaient l'abattre; la porte delà chambrede
lui apprit que le sire comtesavait tout cei monseigneuron était tout ébranlée, et la
qui se passait avant personne, el que cette; damequi se couchaitse mouraitde frayeur.
sciencelui devait venir par aucunevoie de; Quantau chevalier, il entendaitbien tout ce
nécromancie:puis, commele chroniqueurluii lapage,maisil ne disait mot, car il ne vou-
demandaavec instancedes détails, l'éeiiyer lait pas montrerun coeursusceptiblede fai-
le lira à pari en un angletde la chapelledui blesse; d'ailleurs il était assez brave pour
phâteld'Orlhez,et commençaainsi : « Il peutt attendre l'issuede toutessortes d'aventures,
y avoir environvingt ans qu'il régnaiten ceî •—Cetapage dura toute la nuit. Au malin,
pays un baron qui s'appelait de son no.m i les serviteursdu châteause réunirentel vin-
Jiaymo,nd.11 était seigneurde Coârasse: c'estt renl trouverle baron qui était encorecou-
une ville à sept lieuesd'Orlhez.A cette épo- ché. « Monseigneur,lui dirent-ils, n'avez-
que do.nlje vo,usparle, le sire de Coârasse3 vous rien ouï cette nuil commenous? » Le
ayait un,procès à Avignondevant le pape,, sire de Coârassefit l'étonné. « Et. qu'avez-
contre un clerc de Catalogne,au sujet dess vousouï?»leur répondit-il.Alorslesserviteurs
dîmesde l'églisede Coârasse.Cesdîmesva- lui racontèrentcommenton avait bouleversé
36.
56/i APPENIIDICE.
le cliàleau et cassé loute la vaisselle de la rilahlemenl tout ce qu'il advient de par le
cuisine. Le chevalier se mit à rire, en disant monde. Vous plairai t—il, messire , me com-
qu'ils l'avaient songé, et que ce n'avait élé- muniquer les nouvelles d'Orlhon? — Monsei-
que vent. « Mon Dieu! dit la dame à demi gneur , répondit le chevalier, ainsi ferai—je
voix, je l'ai bien entendu. » La nuit suivante, pour l'amour de vous. » Donc toutes les fois
le même vacarme se renouvela, mais cette qu'Orlhon avait apporté des nouvelles, Ray-
fois plus violent encore, les portes et les fe- mond en écrivait au comte de Foix. Un jour
nêtres tremblaient sous les coups, les chaises celui-ci lui demanda s'il n'avait jamais vu
dansaient dans la chambre. Le chevalier n'y son messager, « Par ma foi, monseigneur, je
put tenir, il se leva sur son séant. « Or ç.à , n'y ai jamais pensé. — Eh bien, à votre place,
s'écria-t-il, qu'est-ce qui heurle ainsi à ma point n'y aurais manqué; je l'aurais prié de
chambre à celle heure? — C'est moi, lui fut- se montrer à moi. Veuillez vous mettre en
il répondu, c'est moi. — Qui l'envoie? reprit, peine, et me direz de quelle forme et de
le seigneur. — Le clerc de Catalogne, à qui quelle façon il esl. Vous m'avez dit qu'il parle
tu fais grand tort, car tu lui ravis les droits le gascon comme vous cl moi. — C'est, vé-
de son bénéfice. Aussi ne te laisscrai-je en rité, répondit le sire, el puisque vous me le
paix que quand tu lui auras rendu justice et conseillez, je me meilroi en peine de le
qu'il sera content. —Eh ! comment te noinme- voir. » Quelques jours après, arrive Orlhon
t-on, toi, si bon messager? — On me nomme qui, selon sa coutume, se met à secouer l'o-
Orlhon. —Eh bien, Orlhon, le service d'un reiller du sire de Coârasse qui fort, donnait ;
clerc ne te vaut rien, il te donnera trop de quant à sa femme, elle y élail accoutumée el,
peine. Abandonne-le, je le prie, pour me n'en avait plus peur. « Qui esl là? dil le che-
servir, je t'en saurai gré. » Celle proposition valier en se réveillant. — C'est, moi, Orlhon!
tenta Orlhon, le courage du chevalier lui — El d'où viens-tu? — Je viens de Prague
plut : « Le veux-tu? lui dit-il. — Oui, et en Bohème; l'empereur de Home est mort.
pourvu que tu ne fasses mal à personne — El. quand est-il morti? — Avant-hier.' —
céans. je m'attacherai à loi, et nous serons Combien y a-l-il d'ici à Prague? — Il y a
bien d'accord. — Sois tranquille, je n'ai d'au- soixante journées. —Et lu es déjà revenu?
tre puissance que celle de l'empêcher de dor- — Oui vraiment; je vais plus vile que le
mir, loi el les autres. — Eh bien donc laisse vent. — Tu as donc des ailes?— Henni,
ce méchant clerc et viens me servir. » Lors point. — Et. comment donc peux-tu aller si
Orlhon s'éprit tellement du seigneur de Coâ- vile? — Vous n'avez que l'aire de le savoir.
rasse qu'il le visitait souvent pendant la nuit, — Il esl vrai, mais je le verrais volontiers
el quand il le trouvait endormi, il soulevait pour savoir de quelle forme lu es. — Que
son oreiller el heurtait de grands coups aux vous importe, pourvu que je vous apporte
portes et aux fenêtres. Le chevalier avait des nouvelles véritables? — C'est quo,Or-
beau dire : « Orlhon , laisse-moi dormir, je' thon, je t'aimerais mieux si je t'avais vu. —
t'en prie. •— Je n'en ferai rien, reprenait l'au- Puisque vous avez ce désir, la première
tre, avant de l'avoir conté des nouvelles. »1 chose que vous verrez demain malin en quit-
Cependant la femme du sire de Coârasse : tant, votre lit, ce sera moi. — Il suffit.. Or,
avait une telle frayeur, que les cheveux luii va , je le donne congé pour cette nuit. » Le
dressaient sur la lèle, el qu'elle s'enfonçait t lendemain malin , voilà le sire qui se lève'.
bien avant sous sa couverture. Une fois ré- La dame avait une telle frayeur qu'elle fit la
veillé, le châtelain demandait au messagerr malade, disant qu'elle ne se lèverait point ce
quelles nouvelles il avait à lui dire el de2 jour-là. Et comme son seigneur insistait:
quel pays il venait. — Celui-ci répondait : «Vraiment, dit-elle, je verrais Orlhon; et je
« .le viens d'Angleterre, ou d'Allemagne, oni ne veux ni le voir ni le rencontrer, s'il plaît
de Hongrie; j'en suis parti hier, et telles ett à Dieu. — Eh bien, dit le chevalier, je veux
telles choses y sont advenues. » Ainsi, le siree le voir, moi. » Et aussitôt il sauta résolu—
de Coârasse savait à merveille tout ce qui see ment hors de son lit et s'assil sur le bord; il
passait de par le monde. •— Cela dura envi- croyait se trouver face à face avec Orlhon,
ron cinq ans ; mais comme le comle de Foixx mais il ne vit rien. Il courut ouvrir les fenê-
s'émerveillait de ce que le sire de Coârassee 1res pour y voir plus clair, mais il n'aperçut
était toujours si bien informé, le chevalier,', rien qui pût lui faire dire : « Voici Orlhon. »
après beaucoup d'instances, lui parla de sonn Le jour se passe, la nuit vient. A peine est-il
gentil messager. « Sire de Coârasse, dil lee couché, voici Orlhon qui se met à causer avec
comte, je voudrais bien en avoir un sembla- lui comme à l'ordinaire. « Va, lui dit le che-
ble; il ne vous coûte rien, et vous savez vô- valier, tu n'es qu'un trompeur; tu le devais
APPENDICE. SCS
hier montrerâ moi et lu n'en as rien fait. — années, une sombreexcavation,qui avait été
Maissi, je me suis montré.— Maisnon. — autrefoisunecarrière,et quiportaitle nomsin-
Comment?n'avez-vousrien vu quand vous gulierdeSautdel'ermite.Leshabitantsdesen-
avez sauté hors de votre lit? » Le sire de vironsracontentdes chosesétrangeset mer-
Coârasseréfléchitun instant. « Ma foi,dit-il, veilleusesau sujet de ce précipice.11est vra
commeje pensais à toi, j'ai aperçu sur le que sa positiona dû singulièrementprêter aux
pavé deux longs fétus qui tournoyaientet récilsfantastiquesdesconteursdelégendes.Le
jouaient ensemble.— C'était moi, dil l'es- Saut de Vcrmileest situéau milieud'uneforêt
prit, j'avais pris celle forme.— Celane me séculaire,loinde toute-habitation; d'épaisses
suffit point, prendsune forme à laquelleje broussaillesendéfendent, l'entrée, et descavi-
puisseclairementle reconnaître.—Vousfe- tés profondesseméestoutalentourrendentson'
rez tant, reprit Orlhon,que vousme perdrez accèsdangereuxà ceux que lesbruits popu-
et que je me lasseraide vous, car vous êtes lairesn'en éloignentpas. Pendantles troubles
trop exigeant.— Tu ne le lasseras point de do la terreur, une bande de brigandsavait
moi, car si je te voisune seule foiscela me choisicet abîmepour repaire, ce qui n'a pas
suffira.—Eh bien, vousme verrezdemain. médiocrementcontribuéà augmentersa mau-
Prenez bien garde à la première chose vaise réputation.Aussi, quand les rudes la-,
que vous apercevrez en sortant de votre beursde la journéesont terminés, le gouffre
chambre, ce sera moi.— C'est bien, dit le fatal fournittoujours à la veilléequelques-
sire, va-t'en donc, car je veux dormir.» Le uns de ces mystérieuxrécits qui resserrent
lendemainà l'heurede tierce, lesire de Coâ- aulourde l'àlre à demi éteintle cercleeffrayé
rasse se lève el s'apprêle commeil convient des jeunes filles de Ville-en-Selve; tantôt
à son rang. Il sort de sa chambre et vient ce sont les terribles aventuresd'une jeune
dans une galeriequi avait vue sur le milieu princesseenlevéeà son père en passant dans
de la cour du château. Il jelle les yeux au- la forêt, el dont on n'a jamais pu retrouver
tour de lui, et la premièrechose qui frappe les traces; tantôt les crimes épouvantables
ses regards, c'est une énormetruie, la plus de monstres à formes humaines, qui ont
grande qu'on eût jamais vue; elle était si porté le ravage el la mort jusque dans le
maigre qu'elle ne montraitque les os et la villagemême.Quelquefois le narrateur rusti-
peau; sonmuseauétaitaiguel affamé.Le sire que mêledes images riantes à ces sombres
de Coârassene vit point volontierscet af- tableaux; c'est ainsi qu'il se plaît à conter
freux animal, il appela ses gens. « Or, loi, commentunefemmed'unemajestueusebeauté
leur dil-il, failes sortir les chiens, je veux s'est élevéeun jour du fonddu Saut de l'er-
(pie celle truie soil pillée. » Les valetsobéi- mite, et a calmé la tempête qui avail déjà
rent el lâchèrent,les chienssur la truie. Elle détruit la moitié de, Ville-en-Selve.Mais
poussaun grand cri, jeta un longregard sur parmi ces récits, l'originedu Saut de l'ermite
le sire de Coârasse,et s'évanouitcommeune est celuiqu'ilreproduitavecle plus d'amour.
fumée,sans qu'on pût savoir ce qu'elleétait Le voici dans toutesa simplicité.•—Vers la
devenue.Commele sire rentrait tout pensif fin du neuvièmesiècle, vivait dans les bois
dans sa chambre, il vintà se souvenird'Or- de Germaineun vénérableermite, qui avait
thon. « Las!dit-il, je croisque j'ai vu mon nom Fulgunde.Ce saint homme passait sa
messager; combienje merepensd'avoirlancé vie à prier Dieuet à parcourirles hameaux
mes chienssur lui! Cesera un grand hasard voisins;à dix lieuesà la rondeil était connu
si je le revois, car il m'a dit que dès que je et chéri de tous. Aux riches, il recomman-
l'irriteraisil ne reviendraitplus. »' Ce fut la dait les pauvres; aux malades, il apportait
vérité : Orlhonne revint plus, et le sire de quelquessecours;à tous, il donnaitdes con-
Coârassemourut l'annéesuivante.— Ondit solations.Le bon ermite ne demandaitrien
que le gentil messagerest passé au service pour lui-même,et cependantune idée fixele
du comte de Eoix, car onne fait rien ici ou préoccupait; il avail un désir,un désir aussi
ailleurs qu'il n'en soit très-bien informé, saint qu'il était ardent : il voulaitéleverune
mêmequandons'en défiele plus. Et c'est la chapelleen l'honneurde la Vierge,c'était le
fermecroyancede presquetousles habitants seul voeude sa vie ; il se mêlait à tous ses
du Béarn.>:•—Ainsiparla l'écuyer, et Frois- rêves, à tous ses travaux, à toutesses priè-
sait, ne manqua pas de bien mettre en res. — Unsoir queFulgundes'était endormi,
mémoireun conteaussimerveilleux. bercé par cette douce pensée, un jeune
&eSaut del'Ermite —A quelqueslieuesde hommelui apparut; il était vêtu d'une robe
Lou'vois,près d'un poétiquehameaunommé blanche, et avait ce visage éclatant et ra-
Ville-en-Selve, il existaitencore,ily a plusieurs dieux qui n'appartient qu'aux anges. « Bon
566 APPENDI)ICE.
jrmile, lui dit-il, le Fils de Dieu a entendu SÏ
saces brodées comme une fine denlello, elle
vos prières; ce'.que vous désirez s'accom- s'
s'élançait en clochetons aériens , en longues
plira comme vous le vouiez. Prenez celte ci
colonnettes semblables à des tuyaux d'orgues,
image de sa sainle Mère ; par elle, vous opé- e
elle se sculptait en bas-reliefs, en figurines
rerez des prodiges. Souvenez-vous seulement d toute espèce. Jamais ouvrier n'avait mis
de
des paroles du Fils de Dieu : Veillez et lt main à un chef-d'oeuvre aussi accompli. À
la
priez. » Fulgunde éveillé par celte vision, cchaque, nouvelle pierre qui enrichissait sa
trouva seulement auprès de son chevet une c
chère chapelle, Fulgunde souriait de bonheur
petite image de la Vierge. 11la prit, la plaça e de joie ; il en aurait presque moins haï
el
dans le lieu le plus apparent de son oratoire; £Satan, si cela eût été possible*—Cependant la
puis il se jeta à genoux. Avec quelle effusion r
nuit du quatrième jour approchait, et l'ermite
il remercia la Vierge sainte ! comme il était i
n'avait pas pris un instant, de repos. Malgré
heureux et reconnaissant! Tout à coiip une 1 le sommeil fermait ses paupières; il avait
lui,
idée soudaine traversa son esprit : « Je pu-. beau 1 redoubler d'efforts, il ne pouvait plus
nirai Satan, pensa-t-il; c'est lui qui édifiera s
surveiller le diable avec autant d'atleiil:on ;
la chapelle de la Vierge. » Aussitôt Fulgundo <
disons-le à la honte de la faiblesse humaine,
prit l'image mystérieuse, et ordonna à Satan !Fulgunde s'endormit. — A celle vue, un sou-
de paraître. — Au même instant la terre rire épouvantable conlracla le visage de Sa-
s'ouvrit, et le diable parut. Quoiqu'il n'eût lan. Le sommeil du maître lui rendait sa
pas l'air toul à fait humble et soumis, il res- liberté; il ne pouvait en profiler que pour la
semblait plutôt, à un serviteur indiscipliné vengeance. Ce n'était plus cet esclave sou-
qu'à un ange déchu ; pourtant, à le considé- mis qui obéissait au moindre signe, c'était
rer attentivement, on pouvait apercevoir en l'ange du mal déchaîné, joignant à son in-
lui quelque chose .d'étrange et en même temps domptable orgueil la rage d'avoir été asservi.
de terrible. « Or çà, maître Satan, lui dit Il se trouvait alors sur le faîte du clocher,
l'ermite, la bonne Vierge m'a permis do lui dont il achevait d'effiler l'aiguille percée à
édifier une chapelle , j'ai pensé à toi pour la jour; il glissa doucement le long de la penle
lui bâtir. » On peut imaginer quelle horrible extérieure, comme un enfant qui se laisse
grimace fit le monstre à cet ordre. Lui, Sa- aller sur le penchant d'une verte colline; en
tan, bâtir une chapelle à la Mère de son juge, passant, il jetait un regard moqueur el une
sortir de son repos pour voir abaisser son insulte à chaque statuette de saint qu'il avait
orgueil à une oeuvre d'esclave; c'était trop. sculptée; on dil même qu'il porla l'audace
11 essaya de fuir, l'image de la Vierge le re- jusqu'à promener sa queue sur le visage de
tint comme une chaîne brûlante. — Depuis ces saintes images. Arrivé au bas du clocher,
long-lemps, l'ermite avait choisi le lieu où il il poussa un rire épouvantable, et renversa
désirait que sa chapelle fût élevée; c'était d'un coup de pied la merveilleuse chapelle.
une rianle colline, couronnée au sommet d'un Le fracas de la chule éveilla le pauvre er-
bouquet d'arbres touffus, el qui dominait les mite. Pour juger de sa désolation, figurez-
villages voisins. —Arrivé là avec Satan, vous la douleur d'un homme qui voit échouer
Fulgunde lui ordonna de creuser les fonde- au port le vaisseau qu'il avail. chargé de ses
ments. Quand ce travail fut terminé, l'ermite biens. Fulgunde était consterné. Au mémo
se rendit dans un vallon, dont le sol pierreux instant le messager de la Vierge parut; il
lui paraissait propre à fournir les matériaux : avail l'air triste el affligé. « Pauvre ermite,
dont il avait besoin. 11 avait pris avec luii lui dit-il, vous avez été vaincu par Satan;
l'image sainle; il n'eul qu'à la tourner verss vous êtes son esclave. Vous n'avez pas su
la terre, et aussitôt, le vallon s'enlr'ouvrit, ett veiller et prier jusqu'à la fin. » La figure lior-
les pierres en sortirent avec un grand fracas. . rible du diable remplaça presque aussitôt,
On raconte que le démon ne mit que trois3 celle de l'ange auprès de Fulgunde. « Mar-
jours à les transporter sur la colline el à les5 che, marche, lui disait-il; tu as creusé un
tailler, il est vrai que l'ermite ne lui laissaitt précipice, tu y tomberas; » Et ce disant, il
pas un instant de relâche; chaque fois queB le poussa dans un vallon qui avait servi de
Salan voulait se reposer, Fulgunde tournait t carrière; et l'y précipita. » Le pauvre ermite
vers lui l'image miraculeuse, et le démon see ne mourut pas de sa chute : lé bon ange le
remettait aussitôt au travail en faisant d'hor- soutint sur ses ailes ; il intercéda même si
. ribles contorsions. C'était merveille de voirr ardemment, pour lui auprès de la Vierge,
avec quelle habileté il maniait la pierre, et)t qu'au bout de deux ans d'expiation Fulgunde
lui donnait une forme élégante et pleine dee fui rendu à son cher ermitage. La miséricorde
vie; sous ses griffes elle se découpait en ro-- de la Vierge ne se borna pas au pardon; elle
APPENDICE. 567
i montagnesvoisineslé nom de l'as de
fil,redevenirSatan esclave,el.cette l'oisl'er- des
mile sut se montrer si vigilantqu'ayantla Souci. L'imagination naïveet pittoresquedu
nuit,la chapelleétait conslruiieel le diable imoyeuâge n'a pas manquéde s'exercersur
replongédansl'enfer. un lieu qui prêtait si bien à là légende;
ï.e Pas de Souci.—En rciiionlniil lesrives aussi,quelleque soitla causeque la science
pittoresquesdu Tarn, on arrive à un bassin pourraitattribuer au cataclysmedont celte
d'un aspectsi sauvage,qu'onle diraitboule- valléea clé le théâtre, voicicelleque lui a
versépar une main surnaturelleet malfai- assignée la pieuse crédulité des anciens
sante. Figurez-vousune espèce de cirque temps.—A peu de distancedu PasdeSouci,
fermé presqii'entiôremenlpar des rochers il existe uii villagedont la situationpitlc-
inaccessibles;aucune trace de culture, au- resqueest parfaitementen harmonieavec le
cunevégétationn'adoucissentaux yeux leur silo qui l'environne; seulement,le paysage
âprenudité; le lierreet le buissonne crois- est plus varié que dans le bassinde Souci,
sent pas même dans leurs fissures.Seule- et abondeen oppositionscharmantes.Ici, la
ment, quelqueslichensverdâtres,des arbus- mêmenature sauvageet grandiose; là, sur
tesrares el rabougris,rampentau pied de les bordsde la .Imite,une verdure émaillée
cesmassesdésolées;et pourtantil y a quel- de fleurs,deseaux limpideset murmurantes;
que chosede riche el d'énergiquedans ces puis, derrière,un rideaude peupliers.Au-
picsaigusel dépouillés,dans cesrochestan- dessusde rochersmoussus, s'élèvele village
tôtà panslargeset lourds,tantôt découpées de Sainle-Énimie el le clocherpointude sa
en denteluresdélicates,commepar la fan- petite église.La civilisation, n'y a point en-
taisie'd'un artiste. Le soleilfait éclater lès core passé; plaise à Dieu qu'elle en oublie
chaudesteintesdontelles sontcolorées.Ici, les rustiqueshabitants!— C'estdansce vil-
des aiguillesd'un ton ardent et rougeàlre lageque vivait, au huitièmesiècle,un saint
s'enlèventen lumièresur le fond sombreet homme,nomméGuillaume.Unjour, onl'a-
béantde cavitésprofondes;là, uneimmense vait vu arriver,seul'el grave,un bâtonblanc
pierre, coupéecommeuns muraille,offreles à la main, velu d'un simplehabit de bure.
teintes grises d'une ruine;plus loin, et par D'oùvenail-il?On l'ignorait.Avait-ilun au-
(lelargesouvertures,d'aulresrochers,dispo- tre nom?Personnene put jamaisle savoir.
sésen perspective, passent d'un bleu foncé Mais, certainement,il avait élé habitué à
Tousces jeux de porterd'aulreshabitsque ceuxqui le cou-
au bleu le pluslranspare.nl..
l'ombreet de la lumièreà traverscesformes vraient; dans son air nobleel.fier, el qu'il
bizarres animent,cette nature si âpre, et cherchaità rendre humbleet modeste,ou
peuventfournirà la palette du peintre les lisait,l'habitudedu commandement. 11choisit
plus piquantesoppositions. — L'enceinteque sa demeuredans l'excavationprofonded'un
forment,cesmassesabruptesesl,parfaitement rocher,et sa vie fui bientôtadmiréecomme
en harmonieavecleur aspectsauvage; tout le modèled'une grandepeil'eclioii. Le village
y indiqueun effrayantcataclysme: les ro- de Sainle-Enimiene tarda pas à ressentir
chers y sont entassésdans le plus étrange d'heureuxeffetsduvoisinage, dusaint,homme;
désordre,et c'est à peinesi le voyageurpeut il se connaissaitmerveilleusement, en simples,
se frayerun passageà travers leurs débris. el.sa haute sagessele faisaitconsulterdans
Jadis, deux immensespyramidesse dres- les affairesles plus difficiles,il fut bienlôt
saientdans ce.lieuà unehauteurprodigieuse : vénérécommel'angedu village, et chaque
l'unese nommele foc d'Aiguille,el son nom jour quelquenouveaubienfait.,quelquepro-
indiquesa forme;celui-làseulest resté de- digeinouï,que l'onracontaità la veillée,ve-
bout.L'autre s'appellele roc de Lourdes;de naient augmentersa réputation.— Le vil-
celui-ciil né resté plusque la base, il s'est lage de Sainle-Énimieétait alors le centre
écroulédans la vallée. C'est à traversles qu'avaientchoisilespopulations voisinespour
débrisde ce géant ferrasseque le Tarn a dû lesventeset les marchés.Ces réunionsres-
se frayer un passage;arrêté à chaquepas semblaientassezà nos foires.Cesjours-là,le
par mille obstacles,tantôt serré entre deux seulendroitguéablede la Juntequi condui-
couchesil s'élanceavec fracasde leur ex- saità Sainle-Énimie se trouvaitencombré,et
trémité, tantôt faible cl inaperçu il s'esi alorsdesrixessanglantes,des blasphèmeset
creusé sans bruit un étroitcanal. Ce n'est des jurements éclataientà chaque instant.
plus une seulerivière,maisune multitudede Unde cesjoursque le bon Guillaumepassait
sources, dont le murmure trouble seul le tout auprès de ce heuaimé de Sala», il fut
silencede la vallée.— Le bassindésoléque grandementsurpris d'entendrecommentle
nousvenonsde décrirea reçu des habitants ; nomde Dieuélailpeurespecté.Deuxpaysans,
568 APPENDICE.
montés chacunsur une mule, s'interpellaient Mais, au momentoù le pont allait être fini,
violemment, et des menaces ils allaient bien- le saint se doula bien que Satan allait re-
tôt en venir aux coups. Le saint homme fui nouveler ses infernales manoeuvres: il passa
obligé d'intervenir, et commeil ne put apai- donc la nuit en prières et en oraisons dans
ser leur, colère, il sejnit à genoux, priant son ermitage. Vainsefforts! le matin le pont
Dieu de les éclairer. « Mort Dieu! dil l'un était renversé. Celle fois la terreur était à
des paysans, messire ermile, mieux vaudrait son combledans la contrée, el Guillaume ne
prier le ciel de nous bâtir ici un pont. — put réunir les ouvriers pour recommencerles
Mon fils, dit le saint, Dieu esl tout-puissanl; constructions. « A quoi bon, disaient-ils, fa-
mais il ne faut pas le tenter. » Puis à force tiguer nos bras? Salan est plus fort que
d'instances, il apaisa la querelle. Mais de- nous.» L'ermite usa d'un dernier moyen; il
puis lors, il passait les jours de marché à se rendit à l'église et prêcha une belle homé-
pleurer et à jeûner, s'offraut en expiation lie sur les ruses de l'esprit malin, sur la con-
pour tous les péchés qui se commettaientà fianceen Dieu et sur la nécessité de la per-
ce fatal passage de la Junte. — Dieu tenait sévérance; les habitantsse laissèrent loucher,
son serviteur en trop grande estime pour ne el un troisième pont vint, bientôt remplacer
pas prendre en considération ses prières el les deux premiers. — Cette fois le saint vou-
ses voeux ardents. Un soir, Guillaume était lut,défendreson oeuvre.Dès qu'il fut nuit, il
en prières; un ange lui apparut. Il portait se rendit sur les bords do la Junte, se cacha
une blanche tunique; son front était ceint de derrière un rocher d'où il pouvait voir ce qui
la céleste auréole, son visage respirait la allait se passer, el attendit en redoublant
douceur et.la bonté. « Dieu a ouï ta prière, d'oraisons.— Il était à peine minuit, lorsqu'il
dit-il au saint; il eu a élé louché. Mais, vit,se dresser une grande figure à quelques
Guillaume, qu'est-ce que la foi qui n'agit pas du pont. Ce personnage,à mise suspecte,
point! A l'oeuvre donc; Dieu t'aidera. » 11 regarda de tous les côtés, poussa un sauvage
n'en fallut,pas davantage pour enflammerle éclat de rire el s'avança vers le pont. Il é„ail
. zèle du saint. Il se rend aussitôt à l'église, et impossiblede ne pas reconnaître Salan à cet
après une homélie sublime d'une éloquente air insolent de réprouvé. D'ailleurs, malgré
simplicité, il entraîne les habitantsde Sainle- l'obscurité profonde, Guillaume aperçut le
Enimie sur les bords de la Junte pour y con- pied fourchu de l'esprit de ténèbres. Il n'hé-
struire un.pont. Le secours de Dieu fui visi- sita pas un instant el marcha droit à lui. Sa-
ble. En peu de jours, le pont s'éleva comme tan, étourdi des nombreux signes de croix
par enchantement. Les habitants bénissaient dont,il était assailli, ne vil do salut,que dans
Guillaume, qui s'humiliait en renvoyant lotî- la fuite; mais celte victoire ne parut point
tes les louanges à Dieu. — Mais ce succès assez décisive au saint : il voulut terrasser
merveilleux ne faisait pas le compte de nions Satan et le forcer de renoncer à son infernal
Satan, qui se voyait ainsi enlever désormais projet. Il se mit donc à le poursuivre sans se
toutes les âmes qui se damnaient au passage laisser intimider ni par les obstacles, ni par
de la Junte. Il eut l'audace de s'adresser à l'obscurité profonde de la nuit. 11éïait guidé
Dieu pour se plaindre de celui qu'il regardait dans sa course par une foi ardente et par un
comme son ennemi, Guillaume: il lui.renou- certain rayonnementqui s'échappait du front
vela le même discours qu'il lui avait tenu de l'ange maudit. Celte course dura long-
autrefois au sujet du saint hommeJob '. « Ce temps. Peul-êlre l'espace d'une nuit humaine
n'est pas gratuitement que Guillaume craint ne lui suffit-il pas. — Quoi qu'il on soit ils
votre droite, lui dit-il ; n'avez-vous pas béni arrivèrent, l'hommede Dieu el Salan , dans
l'oeuvre de ses mains? » Le Seigneur lui ré- les lieux où le Tarn s'étendait en large et.
pondit : « Va, détruis le pont de Guillaume; profondbassin au pied des rocsde Lourdeset
je t'en abandonnejusqu'à la dernière pierre. » d'Aiguille. Parvenu au bord de l'eau, Satan
Satan ne perdit pas temps, il se rendit sur se retourne; se voyant serré de près par son
les bords de la Junte, et d'un souffle il ren- adversaire, il n'hésite pas et s'élance dans le
versa le pont. La ruine en fui si complète Tarn, ni plus ni moins que si l'eau eût été
qu'il était impossible que les matériaux qui son élément naturel. A peine y est-il plongé
avaient servi à l'édifier fussent employésune qu'elle s'élève en grosbouillonset sort de son
seconde fois. Guillaumene fut pas découragé lit. Mais déjà Satan a atteint l'autre bord;
un instant; il adressa une fervente prière au déjà il a posé une mainsur la base du roc de
"
ciel, et les ouvriers se mirent à l'oeuvre. Lourdes. C'en est fait, il va échapper. —
TOnretrouveconstamment lesouvenir
del'tëcriture Guillaumene perd pas courage , il se jette à
int'iéauxtraditions
populaires, genouxet implore le ciel, — Au même in-
APPENDICE 569
siani un craquement anreux se lan entendre. jusqu'à nous sur les lieux que nous venons
Le roc de Lourdes, ébranlé jusque dans ses de décrire. •—Guillaume, duc de Toulouse,
fondements, se balance un instant sur sa et parent de Charlemagne, célébré par les
base, et, s'écroulant avec fracas, couvrede poètes du moyen âge sous le nom de Mar~
ses débris le lit du Tarn et la vallée tout en- quis-au-Courl-Nez,pacifia l'Aquitaine, et la
tière. Salan était pris. Cependant le roc défenditcontreles Sarrazinsd'Espagne.Après
d'Aiguille, qui était resté debout, craignit un d'aussi glorieux travaux, il aurait pu goûter
instant que son frère ne fût point assez fort en paix les charmes du repos; mais son es-
pour contenir l'esprit infernal. « Frère, s'é- prit était trop actif pour se complaireen une
cria-t-il, est-il besoin que je descende? — molle oisiveté; il voulut, à la gloire d'un con-
El non, répondit l'autre, je le liens bien. » quérant, joindre celle d'un pieux fondateur
Celle victoire préserva non-seulementle pont d'abbaye. La solitude de Gellone lui ayant
de Guillaume, mais encore le village de paru favorable à son projet, il résolut de.
Sainle-Énimiedes maléficesde Satan. Seule- s'y fixer. — Au neuvième siècle, Gellone
ment, commecelui-ci se plaignit à Dieu, le était un désert aride, couvert de buis, de
bassinoù coulaitleTarn lui fut laissé en pro- chênes et de sapins; les ronces y étendaient
priété. On l'entendsouventla nuit pousserdes partout une luxuriante végétation, et il n'a-
gémissementsiamenlablessouslesrochersqui vait pour habitant qu'un géant à forme hu-
le tenaient captif. — Guillaumemourut long- maine, dont les meurtres el les déprédations
temps après en odeur de saintelé, laissant la répandaient au loin la terreur. Un poème du
contrée parfaitement rassurée. S'il lui était moyenâge le dépeint ainsi : « A travers le
donné de reparaître dans ce monde, peut- » pays, se démène un géant horrible à voir,
être trouverait-il que Lourdes a lâché sa » également cruel pour les femmesel les en-
proie. » l'anls: quand il les surprend, il les élran-
Saint Guillem du Désert. — A quelques » gle ; quand la faim le presse, il les mange..,
lieuesde Montpellier,entreAlliance!.Lodève, » Il rôde à travers rochers et montagnes, et
on trouveune vallée rianle qui formeune sorte » toute la contrée est tremblante d'effroi. Le
d'easis au milieud'un pays âpre el sauvage. » païen a quatorze pieds/le stature : sa lêle
De hautes montagnes couvertes de plantes » est-monstrueuse; ses yeux sont grands et
aromatiquesl'entourent de lotîtesparts, el la «ouverts. 11 a déjà lue dans le jour quatre
dérobentaux yeux du voyageur. La vigne et » hommes qui n'ont, pas eu le temps de se
l'olivier croissent dans la plaine, el. rendent » confesser, et un abbé avec sept de ses moi-
le paysage aussi riche que varié. A la seule » nés. il est armé d'une massue si bien l'or—
extrémité accessible, coule l'Hérault, qui, » rée, qu'un homme,quelle que fût.sa force,
resserré entre deux rochers, s'élance avec » ne la soulèverait point sans se rompre les
fracas d'une assez grande hauteur. Ses » nerfs. » Le duc Guillaume, qui, pour être
eaux, dans leur course rapide, l'ont jaillir moine, n'avait point oublié qu'il était gouver-
une écumebleuâtre qui reçoit du soleil l'é- neur d'Aquitaine, fit sommerle monstre par
clat d'une poussière transparente et dorée; deux hérauts d'armes de venir lui faire hom-
plus bas, devenuescalmes et limpides, elles mage de son château. Le géant répondit par
réfléchissentl'azur des deux el les teinles des bravades. Le duc emportépar son cou-
plus sombresdes rochers. /Un pont jeté d'un rage lui offritalors le combat; mais le félon
bord à l'autre sur deux énormesmasses cal- lui fil répondre qu'il l'attendait dans son cas-
caires taillées à pic joint le désert à la fertile tel , et qu'il ne ferait pas un pas vers lui. —
plaine d'Aniane; on l'appelle le pont de Le duc vil le piège, cl ne s'y laissa pas pren-
Saint-Jean de Fos. Le lieu que nous décri- dre : ne pouvant employer la force, il eut
vons se nommaitautrefois Gellone; il porte recours à la ruse. — Un jour qu'il rô-
aujourd'hui le nomde Guillemdu Désert. — dait autour du Verdus ( c'était le nom du
A l'entrée de celle vallée, el comme pour château du géant), il vit venir à lui une jeune-
faire contrasteavecla culture qui atlesle par- fille qui portait un vase sous le bras, et allait
tout la main de l'homme,s'élève une antique puiser de l'eau dans la rivière. « A quoi ap-
abbaye à moitiéruinée, et au-dessus de celte partenez-vous?lui dit le duc. — Beau sire
abbaye, un château féodaldont il reste en- chevalier, répliqua la jeune fille,je suis au
core moins de vestiges. Le monastère a eu service de monseigneurle géant. » Une pen-
pour fondateur le duc Guillaume. On ignore sée soudaine traversa l'esprit de Guillaume.
par qui fut bâti le château ; il nous paraît à «Maudit soit le géant, s'écria—l—il, car sa
peu près contemporainde l'abbaye. — Voici soif le perdra !... »"El s'adres^ant à la ser-
deux légendesque la tradition a conservées vante : « Vous allez changer d'habits avec .
570 APPENLL")IGK-
moi, el, ce faisant, vous nie rendrez un ser- !
ballade singulière Nous reproduisons ici elle
vice donl vous serez largement récompensée. pièce pathétique en résumé. — Solisa, l'in-
'—Mais, beau sire* mon maître mè luera. seule dans son oratoire, versait des
— Il sera mort avant de pouvoir le tenter. » fante, larmes et. se disait avec désespoir qu'il n'y
La jeune fille n'osa pas résister ; elle se re- aurait plus de mariage pour elle. Le roi son
tira derrière un quartier de roche. Guillaume père la surprit en ce moment, et, cherchant à
lui passa une a une les pièces de son armure, la consoler, il apprit d'elle que le comte Alur-
et eii reçut en échange ses grossiers vêle- cos l'avait, aimée, puis qu'il l'avait oubliée
ments dont il s'affubla. Cela fait, il attendit pour en épouser une autre depuis trois ans.
que la huit Tûl venue; puis il prit le vase Le roi fait venir le comte el le somme de te-
sous son bras, el à la faveur de son déguise- nir la parole qu'il a donnée jadis à sa fille. —
ment, il s'introduisit dans le château. — Mais « Je ne nierai pas la vérité, répond Âlarcos;
à ce moment, son projet faillit, échouer par je craignais que Votre Majesté ne voulût, ja-
une circonstance qu'il n'avait pu prévoir. mais consentir à m'accorder la main de sa
Une maudite pie le reconnut, et aussitôt elle fille. Je me suis uni à une autre femme. —
se mil à crier : « Gare, Guillem! Gare Guil- Vous vous en débarrasserez, dit le roi. —
lem!... t Le géant, qui ne se doutait pas que Epargnez, sire, celle qui est innocente; ne
le danger fût si proche, courut à une des fe- me condamnez pas à un affreux assassinai.»
nêtres pour observer les dehors du château. Le roi est inflexible; il faut que la comtesse
Au même instant, Guillaume saisit le monstre meure celle nuit même, ou que le comle ail la
par les pieds, elle précipita sur les rochers, tête tranchée le lendemain.» Alarcos retourne
où il se brisa. — Quant à la pie, le saint vou- à sa demeure, « triste pour sa femme el pour
lut aussi la punir. Il prononça contre elle un ses trois enfants. » — Il aperçoit la comtesse
anathème qu'il élendit à toutes les pies de la sur sa porte. (Un "jeune page avait pris les
contrée. Les vieillards du pays assurent que devants pour la prévenir du retour de son
depuis lors elles ne peuvent jamais y vivre époux.) «Soyez le bien-venu, mon seigneur,
plus de trois jours. — Délivré de son ennemi, dit-elle; hélas! vous baissez la tête ! Diles-
Guillaume construisit son monastère, et le moi pourquoi vous pleurez? —• Vous le sau -
château du Verdus On devint une. des dépen- rez, mais ce n'est pas l'heure, répondi'-il ;
dances. Cependant l'esprit du mal n'avait pas nous souperons et.je vous dirai (oui plus lard.»
entièrement disparu avec le géant. Guillaume, — On sert le souper; la comlesse se place au-
qui allait souvent visiter son ami saint Benoil près d'Alarcos, pâle el triste; mais elle ne
au couvent d'Aniane, voulut construire un mange ni ne boit. Ses enfants étaient silen-
pont sur l'Hérault au lieu ordinaire do sa cieux auprès dé leur père. Tout à coup il
traversée; niais là encore il trouva le génie penche sa tète sur la table et cache avec ses
malfaisant, qui tenta de s'y opposer. Le diable mains son visage en larmes. « J'ai besoin de
veillait dans les ténèbres, et renversait la dormir,» dit-il. Il savait bien qu'il n'y aurait,
nuit ce que l'homme de Dieu avait, édifié à pas de sommeil pour lui celle nuit-lo. Les
grand'peine pendant lé jour. Celui-ci ne se deux époux entrent dans la chambre et y de-
décourageait pas : il espérait à force de con- meurent seuls avec leur plus jeune enfant
stance faire lâcher prise à Salan. 11n'en fut encore à la mamelle. Le comte ferme les por-
rien : la nuit venue, des sifflements se fai- tes aux verrous, ce qu'il n'avait pas l'habi-
saient entendre , el tout à coup un grand tude de faire. «Femme malheureuse! s'écrio-
bruit annonçait que l'oeuvre de la journée t-il, el moi le plus à plaindre des hommes !
avait disparu dans le gouffre. Guillaume se — Ne parlez pas ainsi, mon noble seigneur;
lassa de cette lutte sans fin , il appela le dia- elle ne saurait être malheureuse, colle qui est
ble en conférence, et fit un pacte avec lui. Il l'épouse d'Alarcos. —Trop malheureuse ce-
en obtint qu'il pouvait construire son pont, à pendant, car dans-le mol que vous venez de
condition que le premier jiassager lui appar- prononcer est compris tout votre malheur,
tiendrait. Le saint, plus rusé que Satan , fit Sachez qu'avant de vous connaître j'avais
connaître lé marché à tous ses amis pour lesi juré à l'infante que je n'aurais jamais d'autre
en préserver; puis il lâcha un chat qui les épouse qu'elle; le roi notre seigneur sait
premier traversa le pont, et dont Satan futt, tout; aujourd'hui l'infante réclame ma main';
bien forcé de se contenter. — Depuis ce; et, mot, fatal à prononcer, pour vous punir
temps, dans ce pays, les chais appartiennent t d'avoir été préférée à l'infante, le roi ordonne
au diable, et le pont à saint Guillem. que vous mouriez celte nuit. — Est-ce donc
Ballade de l'Ajournement. — La lïeVUts là, répondit la comlesse effrayée, le prix de
dé Paris a publié en 1-831 l'analyse d'uneB ma tendresse soumise? Ah! ne me luez pas ,
APPENDICE.
noble comte, j'embrasse vos genoux; ren- de ( la Silésie. — Jean Kanlius était un' dès
voyez-moidansla maisonde mon père, où éoheviriS i de la ville de Pesth; sa réputation
j'étais si heureuse, où je vivrai solitaire,où de i probitéet son jugementdroit lui avaient
j'élèverai mes trois enfants. — Cela ne se ;acquis Unegrandeconsidération.Un jour lé
peut... mon serment a été terrible... Vous maire l'envoyachercherpour l'aider à ter-
devezmouriravantle jour. -—Ah! il se voit minerune affairequi venait(les'éleverentre
bien queje suisseule sur la terre; monpère des voituriers et un négociantpaniionièn.
est un vieillardinfirme...,ma mère est dans L'affairearrangée,le maireinvitaKanlius,et
soncercueil,et le fier don Garciaest mort.., l'invitationfut acceptée.Or, le repas était
lui, mon vaillant frère, que ce lâche roi fit excellent, el cette circonstancen'était pas
périr. Oui, je suis seuleet sans appui en Es- d'un médiocreintérêtpourKanlius,qui savait
pagne Ce n'est pas la mort que je crains, jouir en connaisseurdes plaisirsde la table;
maisil m'encoûtede quittermes fils... Lais- aussiélait-il de très-bonnehumeur. Cepen-
sez-moi dumoinsles presserencoresur mon dant sa gaietéparaissaitce soir-là plus folle
coeur,les embrasserune dernièrefois avant que réelle; toutonsablantun grand verre de
de mourir.— Embrassezceluiqui est là dans vieux vin du Rhin, il prononça res mois:
son berceau,vousne reverrezplus lesautres. « Plongeons-nous dansles joiesde ce monde,
— Je voudraisau moinsle temps de dire un car unmalheurpeut arriverà tout moment.»
Ave.— Diles-levile.» Elles'agenouilla.«0 Cequi était d'une moralemédiocre.— Kan-
seigneurDieu,dit-elle,en ce momentde (er- lius fut obligédo quitter la sociétéde bonne
reur, oubliezmes péchés; ne voussouvenez heurepourveillerauxpréparatifsd'un voyage.
que de voiremiséricorde.»•—Quandelle eut Arrivé chez lui, il alla à l'écurie, examina
prié, ellese relevaplus calme.«Alarco's,dit- son cheval, qui lui semblaavoirperdu le fer
elle,soyezbonpour les gagesde notre amour de l'un des pieds do derrière; il voulutlui
et priez pour le repos de mon âme.... Et prendre la jambe pour voirle sabot, el reçut
maintenantdonnez-moinotreenfant,sur mon une violenteruade dans l'estomac.11s'écria
sein, qu'il s'y puisse désaltérerune dernière sur-le-champ: « C'estfait,de moi.»— On le
fois avant que le froidde la mort ait glacéle portaaulit ; bientôtsasituationfuidésespérée.
lait de sa mère.— Pourquoiréveillerle pau- Pendant son agonie il fut en proie à une
vre enfant.?Vousvoyezqu'il dort. Préparez- grande tourmented'esprit; il répétait sou-
vous; le tempspresse; l'aurorecommenceà vent : « Mes péchéssont iels que le Tout-
paraître. — Eh bien ! écoule-moi, comte Puissantne me les pardonnerajamais! » Cet
Alarcos,je le pardonne.Maisje ne puis par- aveuétaitsi étrangementcontraireà l'opinion
donnerà ce roi si cruel, ni à sa fillesi fière. qu'onavait de lui , que lès assistantsne sa-
Que Dieules punissedu meurtre d'unechré- vaient comments'en rendre compte.On en
tienne. Je les appellede ma voix mourante vintà soupçonnerqu'il s'étaitvenduau prince
devant le trône de l'Éternel d'ici à trente des ténèbres; et ce soupçonsubit ne laissait
jours. » — Alarcos,barbare et ambitieux, pas d'être appuyésur quelquesfaitsauxquels
étrangla la pauvre comlesseavecson mou- on n'avaitpas encoresongé,entre autressur
choir. 11la recouvritavec les draps du lit; ceux-ci: qu'il avait acquis ses immensesri-
puis appelantses é'cuyers,il leur fit un faux chessesavec une soudainetéinconcevable,et
récit pour les tromper, et s'en alla épouser qu'il possédaitdans son logis un chat hoir
l'infante;— Maisla vengeancecélesies'ac-^ 'd'une grosseurextraordinaire.— L'heure do
complitau delà des malédictionsde la com- là mortde Kanliusfui signaléepar un orage
tesse; car, avant que le moisfût expiré, trois qui ne cessaqu'aprèsses funérailles.Aussitôt
âmes coupables,le roi, l'infanteet le comte, que le cadavre se trouva déposé dans la
parurent devantDieu. fosse,les élémentsreutrôrénldans le câline,
Kantius-le-Silésien.— L'histoirede Jean commesi la terre eût été délivréede là pré-
Kanlius,racontéeau docteurMorepar un mé- sence de quelquedémon.— Bientôtlé bruit
decinde la Silésie, est un des exemplesles courut qu'un spectre se promenaitdans lés
plus frappantsde celle croyanceaux reve- .. appartementsdu défunt.Le gardé de ritiitdu
nants qui a régiié en souverainesur les es--- quartier avait, disait-il, entenduun étrange
prits. — Ondit que Kanliussortantdu tom- tumultedanslà maisonde Kanlius;il luiavait
beau apparut dans la ville qui l'a vu naître; semblequ'onjetait çà et là sur le parquetles
mais ce qui est positif,c'est que de nombreu- glaces et les meubles, en riant aux éclats
ses rumeurs,relativesà ce mêmefait,jetèrent; d'unrire aigu et sataniqûe.Desgrillesde fer
nne agitationviolenteet Uneterreur profonde > quichaquesoir étaientferméesaux verrous;
parmi ses concitoyenset dans toutel'étendue > se trouvaient ouvertes le lendemainsans
b7'2 APPENDICE.
que personne eût passé par là. — Ce bou- trop long d'énumérer, ne devaient-ils pas
leversement surnaturel s'étendit même aux être attribués à Kanlius?— Qu'il noussuffise
écuries de l'échevin défunt ; tous les malins po'ur dernier Irait de dire qu'à la funèbre
les chevauxétaient couvertsd'écume, comme clarté de la lune apparaissait à la lucarne
s'ils eussent fait une excursion dans de loin- d'une vieille tour une tête aux yeux élince-
laines contrées; et cependant, à entendre les lanls, qui tout à coup prenait la formed'un
trépignements extraordinaires donl loule la: mancheà balai ou d'une chauve-souris.Celte
nuit ils ébranlaient le sol, on pouvait être lèle était celle de Kantius et ne pouvait être
assuré qu'ils n'avaient pas quille l'écurie. celle d'un autre. — Enfin, la frayeur et le
Les chiens ne cessaient d'aboyer el de hurler désespoirdes habitants de Pesth furent pous-
de la manière la plus pitoyable.— Les Imbi- sés au dernier point. Les voyageursévitaient
bants de Pesth ne pouvaientfermer l'oeil de la ville, le commerces'anéantissait: les ci-
la nuit. Une vieille domestique, qui prêtait toyens finirent par chercher un remède à cet
une grande attentionà tout ce qui se passait, étal de choses; il fol, résolu en conseil de
jura avoir ouï quelqu'un monterel descendre commune que l'on commenceraitpar s'assu-
les escaliersà cheval, el parcourir les-appar- rer si l'échevin était bien mort. — En consé-
tements au galop. L'acquéreur do la maison quence, les plus courageux des habitants se
dé Kanlius, épouvanté de tout ce vacarme, mirent en roule pour le cimetière, où ils ou-
se promenaitun jour dans les environsde la vrirent plusieurs fosses avec précaution. Ils
ville; il vit distinctement, sur la terre cou- remarquèrent, non sans surprise, que les
verte de neige, l'empreinte de pas qui n'ap- voisins de Kanlius, qui avaient été enterrés
partenaient à aucune créature humaine, à avant ou après lui, ôlaient tous réduits en
aucun animal terrestre. L'inquiélude devint poussière, tandis que sa peau, à lui, était
inexprimablelorsqu'on acquit la certitude, tendueet vermeille.On lui mil un bâtondans
par le témoignagede personnesdignesde foi, la main, il le saisit fortement, ouvritles yeux
que Kantiusse promenait à cheval non-seule- elles referma aussitôt.Onluiouvrit une veine
ment dans la cour de son ancienne maison, de la jambe et le sang coula en abondance.
mais encore dans les rues de la ville, dans Et cependantil y avait,sixmoisqu'il avail été
les vallées et sur les collines des environs, mis en terre. Le maire fitsur son compteune
courant avec la rapidité de l'éclair, commesi enquête semblable à celle qui avail eu lieu -
quelque chasseur infernal eûl été à sa pour- pour un cordonnierde Breslaw. — Le tribu-
suite. •—Un juif prétenditque Kanlius avail nal condamnaJean Kantius,échevinde Pesth,
engagé une lutte avec lui. et lui avait l'ail à être brûlé commevampire. Maisl'exécu-
souffrirune lorture inouïe. Un charretier dé- tion rencontra un obstacle étonnant. On ne
clara qu'en approchant de Peslb il avait ren- put tirer le corps de la fosse, lanl il était pe-
contré Kantius,qui lui avait vomi à la figure sant. Enfin, les citoyensde Peslb, bien in-
de longuesflammesbleuesel rouges.— Mais spirés, cherchèrentel découvrirentle cheval
voici qui esl plus surprenant : Tousles soirs, donl la ruade avail tué Kanlius; ce cheval
lorsque,le pasteur se mettait au lit, Kanlius parvint à grand'peine à amener hors dé-
venait le rouler dans les draps en avant el en terre les restes de son ancien maître. Mais
arrière, jusqu'à ce que l'uniformitédu mou- lorsqu'ils'agit d'anéantir ces restes, une au-
vement et la fatigue le fissentsuccomberau tre difficultése présenta. On mit le corpssur
sommeil.11se glissail auprès de lui sous la • un bûcher allumé, et il ne se consumapas.
forme d'un nain à travers les fentes de la Alorson fut obligéde le couperen morceaux
cloison. — Il arriva encore que les lèvres que l'on réduisit partiellementen cendres; el
d'un enfant furent tellementcolléesensemble depuis lors l'échevin Jean Kanlius cessa de
qu'on ne put les séparer : c'était l'oeuvre de faire des apparitionsdans sa ville natale.
Kanlius. A certainesheures de la soirée, la ïie noueur d'aiguillette. — Celait un
lumière des flambeauxdevenait tout à coup grand deuilà Coulommiers,dans-la maisonde
blanche et triste ; c'était le signe infailliblede Moureau, le '15 juin de l'an de grâce 1582.
la visite de Kanlius. — Des vases qui conte- Le, petit hommes'était marié la veille, plein
naient du lait la veille furent trouvés le len- de liesse, el se'-promenantheureux ménage
demain vides ou remplis de sang. L'eau des avec Fare Fleuriot, son épousée.11élait vif, -
fontainesdevint insalubre et corrompue; des homme de tète, persévérant dans ses affec-
vieillardsfurent étranglés dans leurs lits sans tions commedans ses:haines ; et il se réjouis-
que l'on parvînt à découvrir les auteurs de sait sans ménagementde son succès sur ses
ces crimesrépéiés. Tousces événementsirré- rivaux. Fare, qui l'avait préféré, semblait
guliers, el bien d'aulres encore qu'il serait partager son bonheur et ne se troublait pas
APPENDICE.
plus que son mari des alarmes que les mena- de,la i mauvaiseréputation qu'on faisait alors
cesd'un rival dédaignéavaientfait naître chez de ces vauriens qui cherchaient dans la sor-
les convives.Fare Fleuriol; habile ouvrière cellerie une prétendue puissance et de pré-
en guipure, n'avait pu hésiter dans son choix tenduesrichessestoujoursinsaisissables,onle
entre Jean Moureân,armurier fort à son aise, mil au cachot en l'invitant à faire ses ré-
et ce concurrent redouté, nomméAbel de la flexions;el lo lendemain, sur son obstinai-ion
Eue, surnommé le Casseur, à cause de sa à ne rien avouer, on l'appliqua à la question.
mauvaiseconduite; hommeréduit,au métier Il déclara qu'il allait confesser..— «Ayez
de savetier, el qu'on accusait de relations soin, dil NicolasQuatre-Sols,que votre con-
avec le diable à cause de ses déportemenls. fessionsoil entière et digne de noire indul-
C'était justement celle circonstance mysté- gence. Pour ce, vous nous exposerez dès le
rieuse qui effrayaitles amis de l'armurier.— commencementloulcs vos affaires avec Sa-
«Vousavez supplanté Abel, lui disaient-ils; tan. *>Il fit donner au savetier un verre d'eau
il vousjouera quelqu'un de ses mauvaistours. relevée d'un peu de vinaigre, afin do ranimer
— Les gens de justice de notre roi Henritroi- ses esprits; el il s'arrangea sur son siège dans
sième nous sauront bien rendre raison du la position d'un homme qui écoute une his-
Casseur, répondit Jean Moureau.-— Et qui toire merveilleuse.— Abelde la Rue, voyant
sait,,dil une vieille tante, s'il vousne jetterai que son juge était prêt, recueillit ses esprils
pas un sort? •—Patience; telle avait été la el se disposa à parler. D'abord il se recom-
réponse du jeune marié. » Mais Fare était manda à la pitié elà la compassionde lo jus-
pourtant, moins rassurée. La noce toutefois lice, criant,merci et protestant de sa repen-
s'élail faite joyeusement.— Or, le lendemain, lance ; puis il dil ce qui suit : «Je devrais
commenous avons dit, c'était dans la maison être moins misérable que je ne suis el faire
grand deuilet pleinetristesse.Lesdeux époux, autre chose que mon pauvre métier. Etant
si heureux la veille, paraissaient effarés de pelit enfant, je fus mis par ma mèreau cou-
trouble. On annonçaittimidementce qui était vent des Cordeliers de Meanx. Là le frère
survenu; le résultat en paraissait pénible; le Caillef, qui était maître des novices, m'ayant
mari et la femme ensorcelés sentaient l'un corrigé, je me fâchaissi furieusement,confie
pour l'autre autant d'éloignementqu'ils s'é- lui que je ne rêvais plus autre chose,sinonla
taient témoignéd'affectionle jour précédent. possibilité de me venger. Commej'étais ca
Celle nouvellese répandit en peu d'instants celle mauvaisevolonté,un chien barbet, mai-
dans la petite ville. Le second jour l'éloigné— gre el noir, parut loul à coup devant moi. Il
ment devintde l'antipathie, qui, le jour d'a- me sembla qu'il me parlait, ce qui me trou-
près, eut lotit l'air de l'aversion. Cependant bla fort; qu'il me promenait de m'aider en
les jeunes mariés ne parlaientpas de deman- toutes choseset de no me faire aucun mal, si
der une séparation; seulemeut ils annon- je voulaisme donner à lui.... •—Ce barbet,
çaient que quelque ennemi endiabléou quel- interrompit le juge, élait certainementun dé-
que sorcièremaudite leur avail noué l'aiguil- mon. — C'est possible,messire. Il me sembla
lette. — On sait que ce maléfice,qui a l'ail qu'il me conduisait,dans la chambre du cou-
tant,de bruit aux seizièmeet dix-septièmesiè- vent qu'on appelle la librairie. Là il disparut
cles, rendait les.mariés repoussantsl'un,pour et je ne le revis jamais. — El quelle ven-
l'autre, et, les accablant au physique comme geance avez-vons eue du frère Caillel? —
au moral , les conduisaità se fuir avec une 'Aucune, messire, ne l'ayant pas pu. •—Que
sorte d'horreur. — 11ne fui bruit dans lotit fites-vousalors dans la librairie? — Je pris
Coulommiersque de l'aiguillellenouéeà Jean un livre ; car on m'a enseignéla lecture. Mais
Moureau.Abelde la ftue, le savetier, en avait, voyant que c'était un missel, je le refermai;
ri si méchamment,qu'il fut à bon droit soup- je sortis et je demeurai quelques semaines
çonné du délit; il était assez généralement triste et pensif. Un jourje pris un autre livre,
détesté. La clameur publique prit une telle c'était un grimoire. Je l'ouvris au hasard ; et
consistance, que les jeunes époux ensorcelés à peine avais-je lu quelqueslignes que je ne
se crurent autorisésà déposerleur plainte. — comprenaispoint, quand je vis paraître de-
MessireNicolas Quatre-Sols était lieutenant vant moiunhommelonget mince,de moyenne
civil et criminelau bailliagede Coulommiers. stature, blême de visage, ayant un effroyable
11fit comparaître Abel devant lui. Lechena- aspect, le corps sale et l'haleine puante. —
pan , qui était hypocondre et morose, avoua Sentait-il le soufre? — Oui, messire.Il était
qu'il avait recherché Fare Fleuriot, mais il velu d'une longue robenoire à l'italienne, ou-
nia qu'il,eût rien fait contre elle et contreson verte par devant. Il avait à l'estomac et aux
mari. Commeil était malheureusementchargéi deux genoux commedes visages d'hommes,
514 APPENF DlÇlî.
de pareille couleur que les autres. Je regar- réunis. i — Qui faisaient,le sabbat? interrom-
dai ses pieds, nui étaient des pieds de vache. pit ] le'juge. -—Oui, messire. J'y reconnus plu-
Tout l'auditoire frissonnait. — Cet homme isieurs personnes vivantes et quelques morts,
blême, poursuivit l'accusé, me .demanda ce notamment une sorcière qui avait été pendue
que je lui voulaiset qui m'avait conseilléde à Lagny- Le maître du lieu, qui était le dia-
l'appeler. Je lui répondis avec frayeur que je ble, ordonna, par la bouche d'un vieillard,
ne l'avais pas appelé, et que j'avais ouvert que l'on nettoyai la place. Maître Rigouxprit
le grimoiresans en prévoir les conséquences. inconlinentla forme d'un grand bouc noir, se
Alors cet homme blême, qui était-le diable, mil à grommeleret à tourner ; et aussitôt l'as-
m'enleva el me transporta sur le toit de la sembléecommençales danses, qui se faisaient
salle de justice de Meaux.en me disant de ne à revers, le visage dehorset le derrière tourné
rien craindre. Je lui demandai son nom, et il vers le bouc. — C'est conformeà l'usage du
me répondit.: Je m'appelle maître Rigoux, Je sabbat, comme il est prouvé par une masse
lui témoignai ensuite le désir de m'enfuir du de dépositions. Mais ne chanta-l-on point?
couvent; là-dessus il me reporta au lieu où il et quelles furent ces chansons? •— On ne
m'avait pris. Dumoinsje m'y retrouvaicomme chanta point, messire. Après la danse, qui
sortant d'une sorte d'élourdissemenl. Le gri- avait duré deux heures, on présenta ses
moire était à mes pieds. Je vis devant moi le hommages au bouc1. » Chaque personne de
père Pierre Berson, docteur en théologie, et l'assemblée fit la mêmechose;Je m'approchai
le frère Caillel, qui me reprirent d'avoir lu du bouc à mon tour; il me demanda ce que
dans le grimoire el me menacèrent du fouet je voulaisde lui ; je lui répondis que je vou-
si je louchaisencore à ce livre. Tous les reli- lais savoir jeter des sorls sur mes ennemis.
gieux descendirent à la chapelle et chantè- Le diable m'indiqua maîlre Pierre, comme
rent unSalve à monintention. Le lendemain, pouvant mieux qu'un autre m'enseigner celle
comme je descendais pour aller à l'église , science.Je l'appris donc. — El vous en avez
maître Rigouxm'apparul encore. 11medonna fait usage contre plusieurs, notammentcontre
rendez-voussous un arbre près de Vaulxcour- les époux qui se plaignent? Avez-vous eu
lois, entre Meauxel Coulommiers.Là , je fus d'autres relations avec le diable ? — Non,
séduit. Je repris sans rien dire les babils que messire,sinon en une circonstance.Je voulais
j'avais à mon entrée dans le couvent, el j'en rentrer dans la voie. Un jour que j'allais en
sortis secrètement par une petite porte de pèlerinageà Saint-Loup, près de Provins, je
l'écurie. Rigoux m'attendait sous la figure fis rencontre du diable, qui chercha à me.
d'un bourgeois; il me mena chez maître noyer. Je lui échappai par la fuite.» —Tout
Pierre, berger de Vaulxcourlois,qui me recul le mondedans l'assemblée ouvrait de grandes
bien ; el j'allais conduire les troupeaux avec oreilles, à l'exception d'un jeune homme de
lui. Deux mois après, ce berger, qui était vingt ans, le neveu du lieutenant civil et cri-
sorcier, me promet de me présenior à Yas- minel. Il faisait les fonctionsd'apprenti gref-
semblée,ayant besoinde s'y rendre lui-même fier. — Mononcle, dit-il en se penchant à l'o-
parce qu'il n'avait plus de poudre à maléfices. reille de maître NicolasQuatre-Sols, ne pen-
L'assemblée devait se tenir dans Jrois jours. sez-vous pas que le patient n'est qu'un mau-
Nous étions à l'avenl de Noël 41375.Maître vais drôle qui a le cerveau malade, qui esl
Pierre envoya sa femmecoucher au dehors el sujet peut-être à de mauvais rêves?—Pen-
il me fit mettre au lit à sept heures du soir. dant que l'oncleréprimandait le neveu à voix
Mais je ne dormis guère. Je remarquai qu'il basse, Abel de la Rue levant la tète : «De
plaçait au coin du feu un très-long balai de tout ce que j'ai fail de niai, dit-il, je suis re-
genêt sans manche. A onze heures du soir, il pentant et marri; et je crie merci et miséri-
fil grand bruit el me dit qu'il fallait partir. 11
I corde à Dieu , au roi, à monseigneuret à la
prit de la graisse, s'en frotta les aisselleset, justice. — C'est bien, dit Nicolas Quatre-Sols,

me mit sur le balai, en me recommandantdes qu'on le ramène au cachot. » Le soir de ce
nepas quitter celle monture. Maître Rigoux: même jour, le maléficede Jean Moureau se
parut alors; il enleva mon maître par la che- trouva rompu." L'antipathie qui avait- surgi
minée,; inoi je le tenais au milieu du corps;; entre lui et sa jeune épouse s'évanouit. Le
el ij me sembla que nous nous envolions.Lai corps du principal délit avait donc disparu.
nuil était très-obscure , mais une lanterne; Néanmoins, peu de jours après, le 6 juillet,
nous précéda-il.Pendant que je voyageais eni sur les conclusionsdu procureur fiscal, la Rue
l'air de la sorte , je crus apercevoir l'abbaye J Histoire,
de Rebais Nousdescendîmesdansun lieu plein^ ri.net. dela magieenFrance, parM.JulesGa-
Voyezun peuplushautla légendedola Clia-
d'herbe où se trouvaionl beaucoup de gensS pelledes Boues,
APPENDICE. m
fui condamné à être brûlé vif.Il appela de sa personne
y iravaillcr à l'entretien ou à la répa-
sentenceau parlementde Paris, et,le 20 juil- ration r de ce château. Il avait pourtant subi
let 1582,le parlement de Paris, prompt à ex- plusieurs
| changements depuis le jour de sa
pédier ces sortes d'affaires, rendit un arrêt (construction,et le plus singulierest celuiqu'on
qui porte qu'Abel de la Rue, appelant, ayant iremarquaillorsqu'onapprochaitde ltonquerol-
jeté des sorts sur plusieurs, prêté son con- les 1 du côté du midi. Aucune des six fenêtres
cours au diable, communiquéplusieurs fois (qui occupaientla façade dece côté n'était sem-
avec lui, assisté aux assemblées nocturnes blableaux 1 autres. La première à.gauche était
et illicites, pour réparation de ces crimes une fenêtre en ogive, portant une croix de
la cour condamne l'appelant à être pendu et pierre à arêtes tranchées qui la partageaient
étranglé à une potence qui sera dressée sur en quatre compartimentsgarnis de vitraux à
le marchéde Coulommiers,el renvoieAbel de demeure. Celle qui suivait était pareille à la
laitue au bailli chargé de faire exéculerledit première,à l'exceptiondes vitraux, qu'on avait
jugement— el brûler le corps du sorcier après remplacéspar un vitrage blanc à losanges de
sa mort. Cet arrêt, qui adoucissaitun peu plomb porté dans des cadres de fer mobiles.
la sentence du premier juge, fut exécuté se- La troisièmeavait perdu son ogiveet sa croix
lon sa teneur, au marché de Coulommiers,par de pierre. L'ogivesemblait avoir été fermée
le maître des hautes-oeuvres de la ville de par des briques, et une épaisse menuiserie,
Meaux, le 23 juillet 1582. — « Au reslo, dit où se mouvaient ce que nous avons appelé
un auteur sensé, ces sorciers qu'on brûlait, depuis des croisées à guillotine, tenait la
méritaient presque toujours châtiment par place du vitrage à cadres de fer. La qua-
quelque vilain el odieuxcôté. » trième, ornée de deux croisées, l'une infé-
3ûechâteau de H.onquerolles. — Dans les rieure, l'autre extérieure, loules deux à es-
Mémoiresdu niable, livre dont nous ne pou- pagnoletteset à petites vitres, était en outre
vons, malgré le l.aîenlde l'auteur, recomman- défendue par un contrevent peint en rouge.
der la lecture, M. Frédéric Soulié débute par La cinquièmen'avait qu'une croiséeà grands
une scène et des détails qui réclament leur carreaux , plus une persiennepeinte en vert.
place dans ce livre. Nous croyons devoir les Enfin, la sixièmeélail ornée d'une vaste glace
transcrire en partie. — «Le <ll;rjanvier 18..., sans tain, derrière laquelleon voyait un slore
le baron François-Armandde Luïzziélail as- peint des plus vives couleurs.Cette dernière
sis au coin de son feu, dans son château de fenêtre était en outre fermée par des contre-
ltonquerolles.Quoiqueje n'aie pas vu ce châ- vents rembourrés. Le mur uni continuait
teau depuis plus de vingt ans, je me le rap- après ces fenêtres , donl la dernière avait
pelle parfaitement.Contrel'ordinaire deschâ- paru aux regards des habitants de Ronque-
teaux féodaux, il élail situé au fond d'une rolles le lendemain de la mort du baron Hu*
vallée ; il consistaitalors en quatre loursliées gues-Françoisde Luizzi, père du baron Ar-
ensemble par quatre corps de bâtiment, les mand-François de Luizzi, et le matin du
lours el les bâtimentssurmontésde toits aigus •\er janvier '18..., sans qu'on pût dire qui
en ardoise, chose rare dans.les Pyrénées. — l'avait percée et arrangée comme elle l'était.
Ainsi, quand on apercevait ce châleau du —•Ce qa'il y a de plus singulier, c'est que la
haut des collines qui l'entouraient, il parais- tradition racontait que loules les autres croi-
sait plutôt une habitation,du seizièmeou du sées s'étaient ouvertes de la même façon et
dix-septième siècle qu'une forteresse de l'an dans une circonstance pareille, c'est-à-dire
1327, époque à laquelle il avait été bâti. — sans qu'on eût vu exéculer les moindres tra-
Aujourd'hui que nous savons que de tous les vaux, et toujours le lendemainde la mort de
matériaux durablesle fer est celui qui dure le chaque propriétaire successifdu château. Un
moins, je me garderai bien de dire.que.Ron- fait certain, c'est que chacunede ces croisées
querollessemblaitêtre bâti de fer, tant l'action était celle d'une chambre à coucher qui avait
des sièclesl'avait respecté; maisce que je dois été fermée pour ne plusse rouvrir, du moment
affirmer,c'est que l'état de conservationde ce que celui qui eûl dû l'occuper toute sa vie
vaste bâtimentétait véritablementtrès-remar- avait cessé d'exister. — Probablementsi Ron*
quable. Oneût dit que c'était quelquecaprice: querolles avait été constamment habité par
d'un riche amateur du gothiquequi avait élevéi ses propriétaires, tout cet étrange mystère
la veilleces murs, intacts, dont pas une pierre. eût grandement agité la population; mais de-
n'était dégradée, qui avait dessiné ces ara- puis plus de deux siècles, chaque nouvel hé-
besques fleuries dont pas; une ligne n'étaitt ritier dès Luizzi n'avait paru que durant
rompue, dont aucun détail n'était mutilé. Ce- vingt-quatre heures dans ce château, et I'a-
pendant, de mémoired'hommeon n'avait vuî vail quitté pour n'y plus revenir. Il en avait
576 APPENDICE.
été ainsi pour le baron Hugues-François de l'allure naturelle de son corps dénotait la
Luizzi; el son filsFrançois-Armandde Luizzi, force, el. l'expressionhabituelle de ses traits
arrivé le 1e1'18..., avail annoncéson départ annonçait la résolution. Cependant il trem-
pour le lendemain. — Le concierge n'avait blait et. son agitation augmentait à mesure
appris l'arrivée de son maître qu'en le voyant que l'aiguille approchait de deux heures.
entrer dans le châleau ; el rélonnemenl de ce Quelquefois il s'arrêtait pour écouler si un
brave hommes'était changé en terreur, lors- bruit, extérieur ne se faisait pas entendre;
que, voulant,faire préparer un appartement mais rien ne troublaitle silencesolenneldonl
au nouveau venu , il vit celui-ci se diriger il était entouré. Enfin Armand entendit ce
vers le corridor où étaient,situées les cham- petit choc produit par l'échappement de la
bres mystérieuses donl nous avons parlé, et pendule et qui précode l'heure qui va sonner.
ouvrir avec une clefqu'il lira de sa pocheune Une pâleur subitoet profondese répandit sur
porte que le conciergene connaissait pas en- son visage; il demeura un moment immobile
core, et qui s'était percée sur le corridor in- et ferma les yeux comme un hommequi va
térieur comme la croisée s'était ouverte sur se trouvermal. A ce momentle premier coup
la façade. La même variété,se remarquait de deux heures résonna dans le silence. Ce
pour les portes commepour les croisées.Cha- bruit sembla réveiller Armand de son affai-
cune était d'un style différent, et la dernière blissement; el. avant que le second coup ne
était en bois de palissandre incrusté de fùl sonné, il avail saisi une petite clochette
cuivre. Le mur continuait après les portes d'argent posée sur sa table et l'avait-violem-
dans le corridor, comme il continuaità l'ex- ment agitée en disant ce seul mot : « Viens.'»
térieur après les croiséessur la fagade. Entre — Tout le monde peut avoir une clochette
ces deux murs nus el impénétrables, il se d'argent, tout le monde peut l'agiter à deux
trouvait probablement d'aulres chambres. heures précises du malin el en disant ce
Mais destinéessans douteaux héritiers futurs mol: Viens! mais très-probablement,il n'ar-
des Luizzi, elles demeuraient, commel'ave- rivera à personne ce qui arriva à Armand
nir auquel elles appartenaient, inaccessibles de Luizzi. La clochette qu'il avail. secouée
cl fermées.Celles(pie nous pourrionsappeler ne rendit qu'un son faible et ne frappa
les chambres du passé étaient do mêmecloses qu'un coup unique qui vibra Irislemenl et
el inconnues, mais elles avaient cependant sans, éclat. Lorsqu'il prononçale mol viens!
gardé les ouvertures par lesquellesou y pou- Armand y mit lout l'effort d'un homme qui
vait pénétrer; la nouvellechambre; la cham- crie pour être entendu de loin, el cependant
bre du présent si vous voulez, était seule sa voix, pousséeavec vigueur de sa poitrine,
ouverte; et durant,toute la journée du V' jan- ne put arriver à ce ton résolu el impératif
vier, tous ceux qui le voulurent y pénétrèrent qu'il avait voulului donner ; il sembla que ce
librement. — Ce corridor, qui en vérité nous fùl une timide supplicationqui s'échappait de
parait un peu sentir l'allégorie,ne. parut sen- sa bouche, et lui-même s'étonnait de cet-
tir à Armand de Luizzi que l'humiditécl lo étrange résultai, lorsqu'il aperçut à la place
froid; el il ordonna qu'on allumât un grand qu'il venait de quitter un être , qui pouvait
feu dans la cheminée en marbre blanc de sa êlre un homme, car il en avait l'air assuré;
nouvellechambre. 11y resta toute la journée qui pouvait être une femme,car il en avait le
pour régler les comptes de la propriété de visage et les membresdélicats, el qui était as-
Ronqnerolles; en ce qui concernait le châ- surémentle diable,car il n'élail entré par nulle
leau, ils ne furent pas longs.Ronqnerollesne pari el avait simplementparu. Son costume
rapportait rien et no céùlail rien. MaisAr- consistaiten une robe de chambreà manches
mand de Luizzipossédait aux environs quel- plates, qui ne disait rien du sexe de l'indi-
ques fermes donl les baux étaient expirés el vidu qui la portait. — Armanddo Luizziob-
qu'il voulaitrenouveler... — La journée en- serva en silencece singulierpersonnage,tan-
tière se passa à discuteret à'arrêter les bases dis qu'il se casail commodément dans le
des nouveauxcontrais, et ce ne fui que le sou- fauteuil à la Voltaire qui élail près du feu.
venu qu'Armand de Luizzise trouva seul. 11 Le diable, car c'était lui-même, se pencha
élail assis au coin de son feu, une table sur négligemmenten arrière el dirigea vers le feu
laquelle brûlait une seule bougieétait près de l'index el le pouce de sa main blancheet ef-
lui. Pendant qu'il restait plongé dans ses ré- filée; ces deux doigts s'allongèrent indéfini-
flexions,la pendule sonnasuccessivementmi- ment commeune paire de pincettes et prirent
nuit, minuit et demi, une heure. Luizzi se un charbon dans le feu. Le diable, car c'était
leva el se mil à se promener avec agitation. le diable en personne, y alluma un cigare
Armand élail un hommed'une (aille élevée; qu'il prit sur la table, A peine en eut-ilaspiré
APPEKD1)1CE. 577
une boufféequ'il rejeta le cigare avec dégoût, m magiuenl qu'ils ont l'air d'y être habitués.
et dit à Armandde Luizzi: « Est-ce que vous Vous V êtes de vieille famille, vous portez un
» n'avez pas de labac de contrebande?» Ar- assez-beau
ai nom, vous avez très-bon air, et
mand ne répondit pas. — «En ce cas, accep- vous v> pourriez vous passer de ridicules pour
lez du mien , » reprit le diable. — Et il tira vous
v> faire remarquer. — Le diable,fait de la
de la poche de sa robe de chambre un petit nmorale ! c'est étrange... » — Cedialogueavail
porte-cigares d'un goût exquis. Il prit deux eu e lieu entre ce personnage surnaturel et
cigarettes, en allumaune au charbon qu'il le- Armand
A de Luizzi, sans que l'un ou l'autre
nait.toujours el le présenta à Luizzi.Celui-cile eût
e changé de place. Jusqu'à ce momentLuizzi
repoussadu geste, el le diable lui dil d'un ton avait
a parlé plutôt pour ne point paraître in-
fort naturel : « Ah !vous faites le dédaigneux, terdit
ti que pour dire ce qu'il voulait. 11s'était
mon cher, tant pis.» — Puis il se mil à fumer, remis
r peu à peu de son trouble et de l'élon-
sans cracher, le corps penché en arrière et en nement
r que lui avaient causé la figure et les
sifflotantde temps en temps un air de contre- manières
r de son interlocuteur, et il résolut
danse, qu'il accompagnaitd'un petit mouve- d'aborder
c un autre sujet de conversation ,
ment de lêle lout à fait impertinent — Ar- sans s doute plus importantpour lui. Il prit donc
mand demeurait toujours immobiledevant ce un t second fauteuil, s'assil de l'autre côlé de
diable étrange. Enfinil rompit le silence; et la 1 cheminée , el examina le diable de plus
s'armanl de celle voix vibrante et saccadée près.i Il acheva son inspection en silence, et,
qui constituela mélopée du drame moderne, persuadé
i qu'une lutte d'esprit ne lui réussirait
il dit: — «Fils de l'enfer, je t'ai appelé.... pas
] avec cet être inexplicable, il prit sa clo-
— D'abord, mon cher, dil le diable en Tinter- (chette d'argent et la fil sonner encore une
rompant, je ne sais pas pourquoi vous me fois. I — A ce commandement, car c'en était
tutoyez. C'est de fort mauvais goût. C'est une un i , le diable se leva et se tint debout devant
habitude qu'oui prise entre eux ce que vous Armand de Luizzi dans l'altitude d'un do-
appelez les artistes. Faux semblant d'amitié, imestique qui attend les ordres de son maître.
qui ne les empêche pas de s'envier, de se iCe mouvement,qui n'avait duré qu'un dixième
haïr et de se mépriser. C'est une forme de ide seconde , avait apporté un changement
langage que vos romanciersel vos dramatur- complet dans l'a physionomieet le costumedu
ges ont affectée à l'expression des passions diable. L'être fantastique de lout à l'heure
poussées à leur plus haut degré, el donl les avait disparu, el Armand vit à sa place un
gens bien nés ne se servent jamais. Vousqui rustre en livrée avec des mains de boeufdans
n'êtes ni hommede lettres ni artiste, je vous des gants de coton blanc, une trogne avinée
serai fort obligéde me parler comme au pre- sur un gilet rouge, des pieds plats dans ses
mier venu ; ce qui sera beaucoup plus conve- gros souliers, el point de mollets dans ses
nable. Je vous ferai observer aussi qu'en guêtres. « Voilà m'sieur, dil le nouveauparu.
m'appelanl fils de l'enfer, vous dites une de — Qui es-lu ? s'écria Armand blessé de cet,
ces bêtises qui ont cours dans toutes les lan- air de bassesse insolente el brûle, caractère
gues connues. Je ne suis pas plus le fils de universel du domestique français. — Je ne
l'enfer que vous n'êtes le fils de voire cham- suis pas le valet du diable, je n'en fais pas
bre parce que vousl'habitez. •—Tues pourtant plus qu'on ne m'en dit, mais je fais ce qu'on
celui que j'ai appelé, » répondit Armand en me dit. —El que viens-lu faire ici? —J'at-
affectant une grande puissance dramatique. tends les ordres de m'sieur. — Ne sais-tu pas
— Le diable regarda Armand de travers et
pourquoi je t'ai appelé ? — Non , m'sieur. —
répondit avec une supériorité manquée : — Tu mens?—Oui, m'sieur.-—Comment le nom-
«Vousêtes un faquin. Est-ce que vous croyez mes-tu? — Commevoudra m'sieur. —N'as-
parler à votre groom? — Je parle à celui lu pas un nom de baptême? » Le diable ne
qui est mon esclave , s'écrie Luizzi en posant bougea pas ; mais tout le château se mit à
la main sur la clochette qui élait devant lui. rire depuis la girouette jusqu'à la cave. Ar-
— Commeil vous plaira, monsieurle baron, mand eut
peur, et pour ne pas le laisser voir,
reprit le diable. Mais, par ma foi, vous êtes il se mit en colère C'estun moyen aussi connu
bien un véritable jeune hommede notre épo- que celui de chanter. « Enfin, réponds, n'as-
que, ridicule et butor. Puisque vous êtes si tu pas un nom? — J'en ai tant qu'il vous
sûr de vous faire obéir, vous pourriez bien plaira. J'ai servi sous toute espèce de nom...
me parler avec politesse, cela vous coûterait — Tu es donc mon domestique? — Il a bien
peu. D'ailleurs, ces manières-là sont bonnes . fallu..J'ai essayé de venir vers vous à un au-
pour les manants parvenus qui, parce qu'ils tre litre; vous m'avez parlé comme à un
se vautrent dans le fondde leur calèche, s'i- laquais. Ne pouvant vous forcer à être poli,
37
578. APPENJ)>ici<.
je nié .suis soumis à èlre insolente,. et me bble... —Ensemble!... Non, reprit Armanden
voilà comme sans doute vous, me désirez, il interrompantle diable; je ne veux pas traiter
Msiëur n'à-t-il rieil à m'ordonner? — Oii.i, avec a loi ; cela mè répugnerait,trop. Tonaspect
vraiment. Mais.j'aiaussi un conseila 16de- nie îi déplaîtsouverainement.— C'étaitpourtant
mander. — M'èieû'i;permettra qùè jè.tùi dise une i chance en votre faveur : on accorde peu
que,consul1er son.domestiquéc'est faire déjà àf ceux qui déplaisent beaucoup. Un foi qui
comédiedû XVIIe.sièple.—, Où às-lu appris traite f avec un ambassadeur qui lui plaît lui
ça ? — Dans les feuilletonsdès grands joui'- fait f toujoursquelqueconcessiondangereuse...
îiàûx, — T.ûlès as donc lus ?,Eli bien !(qu'en Pour 1 rie| pas être trompé, il ne faut faire
penses-lû'?.—- .Pourquoivoulez-vous,queje d'affaire ( qu'avec les gens déplaisants. Èri ce
pensequelque chose dé gens,.qùi]rie pensent (cas, le dégoût sert de raison. —.Et il in'ëii
pas? «.— Luizzis'arrêta,encore, s'apercevani servira s pour té chasser, «dît Armanden faisant
qu'il n'arrivait, pas.plus à éoii but avec ce ssbrinèi'là clochémagique qui lui soumettait
npuyeàupersonnage,qu'avec le précédent. Il Ilé diable.— Commeavait disparu l'être an—
sirisit,s'asonnette; mais avant de. l'agiter , il idrogyhèqui s'était montré d'abord, de m'Ôhie
dit au diable : « Quoiquetu soislé rijêhiees- 'disparut, non pas lé diable, mais cette se-
prit sous iihè formé différèrile,il me déplaît conde < apparence du diable en livrée, el Ar-
dé traiter avec loi du .sujet,dont nous devons mand vil à sa place un assez beau jeune
parler.tarit .que,tu garderas cet aspect. En liorhme.Celui-ciôlàilde cetteespèced'hommes
peux-iû clîàrigëi-.?,—- Je suis .aux ordres de qui changent de nom à tous les quarts de
m'sieur. — Peux-tu reprendre la forme que siècle, et que , dans le notre, on appelle
tu.avais.tout à l'heure?. — A.u'riëcondition: faslriônàbies.Tendu commeun arc entre ses
c'est que vous ine..donnerez,une des pièces brètèiles elles sous-pieds de son panlàlon
de monnaie qui sont dahs.celie bourse. ».— blanc, il avait poséses piedsen bottesvernies
Armand regarda sur la tablé el vit une bourse et éperonnëes sur lé chambranlede là che-
qu'il n'avait pas encore aperçue. Il l'ouvrit, minée, et se tenait assis sur le dos dans iè
él è.h tira une pièce., Elle.élail d'un.métal fauteuil d'Armand. Du resté, ganté avec
inestimable, et portait pour toute inscription: exactitude, la manchette retroussée sur le
UNJiois DELÀVIE.l')ÙBARON KUANÇOlS-All- revers de son fracà boutonsbrillants, lelor-
IH'AND DELUIZZI. Armandcompritsur-le-champ gnon dans l'oeilel la canne à pomme d'or à
le mystère de celte.espèce de paiement, et la niaiii, il avait tout, à fait l'air d'un cama-
remit la pièce clansla bourse, qui lui parut rade en'visitéchezle baron Armandde Luizzi.
frès-lpurde, ce qui le fitsourire. «,Je lié paie — Celle illusion alla si loin, qu'Armand le
pas un,caprice si cher. — Vous êtes devenu regarda comme quelqu'un dé connaissance.
a'yafë? — Commentcela?,—-C'est,que vous « Il itièsemblé,vous avoir fencontre quelque
avez jeté beaucoup dé celte monnaie pour part? — Jamais ! Je ri'^ vais pas. — Je vous
obtenirmoinsque vousne "deihâridez. — Je ne ai vu au bois a cheval. — Jamais!.Je fais
mêle rappelle pas. — S'il m'était permis de courir. —Alorsc'était en calèche?—Jamais 5
vous faire votre compte, vous verriez, qu'il Je',conduis. —' Ahl pardiciï ! j'en suis sûr,:
n'y a pas tin moisde yolre vie que vous ayez j'ai joué avec vous chez SlmC...—Jâmâîâ!je
donné pour quelque chosede raisonnable'.— parie. — "Vousvalsiez toujours avec elle. —
Celase petit; niais dû ihoirisj'ai vécu. — C'est Jamais! Je galope. —' Vous ne lui faites pas
sclorilé sens que vous.attachezM riïolvivre. la'cour? — Jamais ! J'y. vais ; je ne la fais
— 11y eii a donc plusieurs? — Deux.t'fes- pas. » — Luizzise sentit pris de l'enviôde
(iifférenis: Vivre, pour Beaucoup dé- gens, donnerà ce mprisieûr,dè'scoups de cravacliô
c'est clbliiièr sa ylei à toutes lès exigen- pour lui o'terun peu de sottise. Cependantla
ces qui les èntêùrent. Celui qui vil ainsi réflexionvenant a. son aide, il cômiiiençâà
se ribmiiiév, tarit qu'il estjeune, un lipheÀfdnl; comprendreque s'il se laissaitaller à1discuter
qriarfclil devient mûr, on l'appelle un bïâbe avec le diable , en vërtu,dë toutes les fermes
homme,et dîile qualifiédo bon hommequand 'qu'il'pl'airàit à celui-cide se donner;.il H'ar-
il est vieux. Ces'trois rioinsont Un'sy'iiSn'ynïe fivéi'ailjanîàisau bût de Cetonlrëiibn.Àrhiarid
coitimiin: c'ek ië mot dupe. — Él lu perises prit donc là résolutiond'en' finiravec celui-ci
q'iiëc'est èri dupe que j'ai vécu? —-Je' crois aussi bien qu'avec un autre, et il s'écria en
que îri'sièurle pense commemoi, car il n'est faisant encoretintersa clochette'.'. — « Sàlan.
veiiûdans ce château que pour changer de écoutè-moiet obéis.» —Ce'ni'ô'iëlàit a peiiié
façon'de vivre, et prendre;l'autre. —Etçëllé- prononcé, que l'être siirriâlureî 1 qu'Armand
là, peù'x-tume ià définir? — Commec'est le rivaita'pp'élése montradanssa sinistre sjjléh-
sujet du iriarcliéque nous allonsfaire ensèh'i- rîeùr. — C'était biëri l'angë déchu que' la
APPENDJ MCE. 571)
poésie a rêvé. Type de beauté llélri par la basses b, intrigues cl aux sottes prétentions de
douleur, altéré par la haine, dégradé par la 1' l'époque actuelle, el.je me'cacheà mpi-mèihe
débauche, il gardait encore, lant que son ce a que j'ai été,.pour oublier,' autant que je
visagerestait, immobile,une trace endormiede puis p , ce' que !jesuis devenu. Cette.forme que
son origine céleste; mais dès qu'il parlait, lu li ni'asïorcé.de prendre rii'est.pàrconséquent
o
l'action de ses traits dénotait une existence où odieuse el insupportable. Hâlê-'loi' donc, et
avaient passé toutes les mauvaises passions", ddis-moi ce que tu veux.—' Je rie le sais pas
Cependant, de toutes les expressions répons- eencore, et j'àî compté sur loi pour ro'àjdpr
sautes quj se montraient sur son visage, celle dansd mon choix.— je l'ai dil que c'était'iiri-
d'.uii dégoût profond dominait les autres. Au rpoîsib'fe— Tu peux cependant faire pour
lieu .d'attendre qu'Armand l'interrogeai, il lui moii ce que lu as fait pour mes ancêtres ; lu
adressa la parole lé premier. « Me voici pour peux i me montrer à nu les passions des autres
accomplir le marché que j'ai fait avec la 1hommes, leurs espérances, leurs joies, leurs
famille et par lequel je dois donner à chacun (douleurs, le secretde leur existence, afin que
des barons de Luizzi, de lldnquerolles, ce je j puisse 1iroi'de cet enseignementune lumière
qu'il me demandera; tu connaisles conditions < qui nie guide. — Je puis faire tout cela, mais
de ce marché, je suppose? —Oui , répondit lu I dois savoir que tes ancêtres se sont engagés
Armand ; en échange do ce don , chacun de à: m'npparlenir avant que j'aie commencémou
nous l'appartient-, à moins qu'il ne puisse irécit. Voiscet acte ; j'ai laissé en blanc le nom
prouver qu'il a été heureux durant dix années do i la chose que tu me demanderas : signe-le;
de sa vie.—El chacun de les ancêtres, reprit et puis après m'avoir entendu,,'"tu écriras
Salan, m'a demandé ce qu'il croyait le bon- toi-même ce que tu désires être, ou ce que
heur, afin de m'échapper à l'heure de sa lu désires avoir. » — Armand signa et"reprit.
mort. — El lotis se sont trompés, n'est-ce «'Maintenant je l'écoute. Parle. — Pas ainsi.
pas ? — fous. Ils m'ont demandé de l'argent, La solennité que m'imposerait à moi-même
delà gloire, de la science, du pouvoir, elle cette l'ormeprimitive fatiguerait ta .frivoleat-
pouvoir, la science , la gloire, l'argent, les tention. Écoule : mêlé à la vie humaine, j'y
ont tous rendus malheureux. — C'est donc un prends plus de part que les hommes ne pen-
marché tout à ton avantage, et que je devrais sent. Je le coulerai mon histoire, ou plutôtje
refuser de conclure? — Tu le peux. —' N'y lo coulerai la leur. — Je serai'curieux de la
a-t-il doiic aucune chose à demander, qui connaître. — Garde ce sentiment; car du mo-
puisse fendre heureux? — 11y en a une. — ment que tu m'auras demandé une confidence,
Ce n'est pas à foi de me la révéler , je la sais; il faudra l'entendre jusqu'au bout. Cependant,
mais no peux-tu pas me dire si je la connais? lu pourras refuser de l'entendre en me don-
— Tu la connais ; elle s'est mêlée à toutesles nanl une des pièces de'monnaie dé'celle
actions de la vie, quelquefois en loi, le plus bourse. — J'accepte , si toutefoisce n'est pas
souvent chez, .les autres, et je puis l'alliimer une condition pour moi dëdemeurer daiis une
qu'il n'y a pas besoin de mon aide pour que résidence fixe.— Va ou tu voudras, je serai
la plupart,des hommesla possèdent. — Est-ce toujours au rendez-vous partout où tri ni'ap-
une qualité morale?"est-ce une chose "maté- pelleras. Mais songe que ce n'est qu'ici que
rielle?— Tu m'en demandes trop. As-tu fait lu peux me revoir sous nia véritable 'forme.
ton choix? Parle/vite : j'ai bâte d'en finir.'— Tu m'appelleras avec cette sonnette à toute
Tu n'étais pas si pressé loùl à l'heure. — C'est heure , en toril lieu , sur quelque place que ce
que lout à l'heure j'élais sous une de ces mille s'oit... » —Troisheures sonnèrent, et le diable
formes qui me déguisent à moi-même, et me disparut. Armand de Luizzise retrouva seul.
rendent, le présent supportable. Quand j'em- Lu .bourse qui conlënài'l'ses jours était sur sa
prisonne mon être sous lestraits d'une créature table; .11eut envie'de l'ouvrir pour les compter,
humaine vicieuseou méprisable,,je me trouva niais il ne put y parvenir, et il se coucha
à la hauteur du siècle que je mène, et je ne après l'avoir soigneusement placée sous soi!
souffre pas du misérable rôle auquel je suis chevet... » — Nouslé 'répétons, if est'.fâcheux
réduit. La vanité se satisfait de grands mots, que'lès histoires racontées par le diable soient
mais l'orgueil veut de grandes choses, et lu généralement clé nature à ne pouvoir 'être
sais qu'il fui.la cause de ma chute; mais ja- liiesd'un iecleur chrétien ; car, dans ce cadre,
mais il ne fut soumis à une si rude épreuve. l'aiileur, dont'on' ne saurait nier le'grand'
Après avoir lutté avec Dieu, après avoir mené mérite, eût pu faire un très-bon livre.
tant de vastes esprits , suscité rie si fortes 3Cemagicien du Caire. — NOUSemprun-
liassions, fait éclater de si grandes catastro- tons à M."Léon de Laborde un fragment cu-
phes, je suis honteux d'en être réduit aux rieux qu'il a publié en août <lsH3dans la /le-
580 APPEND <1)1CE.
vue desdeux Mondes, el qu'on retrouve dans et c lui dit de chercher le reflet de son visage.
ses Commentairesgéographiquessur la Ge- L'enfant 1 répondit qu'il le voyait. Le magicien
/lèse. Nous en avions dil. quelque chose au demanda < un réchaud qui fui apporté sur-le-
mol VÈIIMS. — « L'Orient, cet antique pays, < champ; puis,il'déroula trois petits cornetsde
ce vieuxberceau de tous les arts el.de toutes papier ] qui contenaientdifférentsingrédients,
les sciences, fut aussi et de tout temps le do- iqu'il jeta en proportion calculée sur le feu.
maine du savoir occulle el des secrets puis- 11 ! l'engagea de nouveau à chercher dans l'en-
sanls qui frappent l'imaginationdes peuples, cre i le refletde ses yeux, à regarder bien at-
— J'étais établi au Caire' depuis plusieurs tentivement, et à l'avertir dès
qu'il verrait
mois (1827), quand je. fus averti un malin paraître un soldat turc balayant une place.
par lord Prudhoe qu'un Algérien, sorcier de L'enfantbaissala tête; les parfums pétillèrent
son métier, devait venir chez lui pour lui au milieu des charbons; et le magicien, d'a-
montrer un tour de magie qu'on disait ex- bord à voix basse, puis l'élevant davantage,
traordinaire. Bien que j'eusse alors peu de prononça une kyrielle de mots dont à peine
confiancedans la magie orientale, j'acceptai quelques-uns arrivèrent distinctement à nos
l'invitation; c'était d'ailleurs une occasionde oreilles.—Le silence était profond; l'enfant
me trouver en compagniefort agréable. Lord avail les yeux fixés sur sa main; la fumée
Prudhoeme reçut avec sa bonté ordinaire et s'éleva en larges flocons,répaudanlune odeur
cette humeur enjouéequ'il avail su conserver forle et aromatique. Acluned, impassible.
au milieude ses connaissancessi variées el de semblait vouloir stimuler de sa voix, qui de
ses recherchesassidues dans les contréesles douce devenaitsaccadée, une apparitiontrop
plus difficilesà parcourir. — Un hommegrand tardive, quand tout à coup, jetant sa tôle en
cl beau, portant turban vert el benisch de arrière, poussant des cris et pleurant amère-
même couleur, entra: c'était l'Algérien. Il ment, l'onfaulnous dit, à travers les sanglots
laissa ses souliers sur le bout du tapis, alla qui le suffoquaient,qu'il ne voulait plus re-
s'asseoir sur un divan et nous salua tous à garder, qu'il avait vu une ligure affreuse; il
tour de rôle de la formuleen usage en Egypte. semblait terrifié. L'Algérien n'en parut, point
Il avail une physionomiedouce et affable, un étonné, il dit simplement: « Cel enfant,a eu
regard viT,perçant, je dirai même accablant, peur, laissez-le; on le forçant on pourrait lui
et qu'il semblait éviter de fixer, dirigeant ses; frapper trop vivement l'imagination.» — On
yeux à droite el à. gauche plutôt que sur lai amena un petit Arabe au service de la mai-
personne à laquelle il parlait ; du reste, son el qui n'avail jamais vu ni rencontréle
n'ayant rien de ces airs étranges qui déno- magicien; peu intimidé de lout ce qui venait
tent des talents surnaturels el le métier dei de se passer, il se prêta gaiement aux pré-
magicien. Habillécomme les écrivains ou les3 paradis el fixa bientôt ses regards dans le
hommesde loi, il parlait fort simplement de> creux de sa main, sur lo reflet de sa figure,
loules chosesel mêmede sa science,sans em- qu'on apercevait, même de côté, vacillant
phase ni mystère, surtout de ses expériences,, dans l'encre. — Les parfums recommencèrent
qu'il faisait ainsi en public et qui semblaient t à s'élancer en fumée épaisse, et les formules
à ses yeux plutôt un jeu à côté de ses autress parlées en un chant monotone, se renforçant
secrels qu'il ne faisait qu'indiquer dans laa et diminuant par intervalles, semblaientde-
conversation. On lui apporta la pipe el lo o voir soutenir son attention: « Le voilà! s'é-
café, cl pendant qu'il parlait on fit venirr cria-t-il; el nous remarquâmes l'émotion
deux enfants sur lesquels il devait opérer. — soudaine avec laquelle il porta ses regards
Le spectaclealors commença.Toute la société ô sur le centre des signesmagiques. — Com-
- se rangea en cercle autour de l'Algérien, ii ment est-il habillé? — Il a une veste rouge
qui
fit asseoir un des enfants près de lui, lui prit
it brodée d'argent, un lurban et des pistolets à
la main et sembla le regarder attentivement. t. sa ceinture. — Que fait-il? — Il balaie une
Cet enfant, fils d'un d'Européen, était âgé dele place devant une grande lente riche et belle;
onze ans et parlait facilementl'arabe. Ach- - elle est rayée de rouge et de verl avec dos
med, voyant son inquiétude au momentoù il boules d'or en haut. —IVegardequi vient à
lirait de son écriloire sa plume de jonc, lui tii présent? — C'est le sultan suivi de lout son
dit: « N'aie pas peur, enfant, je vais l'écrire
re monde. Oh! que c'est beau!... Et l'enfantre-
quelquesmots dans la main , tu y regarderas as gardait à droite et à gauche commedans lés
et voilà tout.» — L'enfant se remit de sa verres d'une optique dont on chercheà éten-
frayeur, el l'Algérien lui traça dans la mainin dre l'espace..— Commentest son cheval? —
un carré entremêlé bizarrement de lettres et Blanc, avec dés plumes sur la tête. — Et le
"* "de ;se sultan? — Il a une barbe noire, un benisch
chiffres,versa au milieu une encre épaisse
APPENID1CE. 581
vert. » Ensuite l'Algérien nous dil : « Main- sonnes, et chaque réponse, au milieu de son
tenant, messieurs, nommezla personne que irrégularité, nous laissait,toujours une pro-
vousdésirez faire paraître ; ayez soin seule- fonde impression. Enfin le magicien nous
ment de bien articuler les noms, afin qu'il ne avertit que l'enfant so fatiguait, il lui releva
puisse pas y avoir d'erreur. » Nous nous re- la tèle en lui appliquant ses pouces sur les
gardâmes tous, el comme toujours dans ce yeux et en prononçantdes paroles mystérieu-
momentpersonne ne' retrouva un nom dans ses-; puis il le laissa. L'enfant était comme
sa mémoire. — « Shakspeare, dit enfin le ivre : ses yeux n'avaient point une direction
major Félix, compagnonde voyage de lord fixe,son front élait couvertde sueur, tout son
Prudhoe. — Ordonnez au soldai d'amener être semblait violemmentallaqué. Cependant
Shakspeare, dit l'Algérien.— AmèneShaks- il se remit peu à peu, devint gai, content de
peare! cria l'enfant d'une, voix de maître. — ce qu'il avait vu ; il se plaisait à le raconter,
Le voilà ! » ajoula-l-il après le lemps néces- à en rappeler toutes les circonstances, el y
saire pour écouter quelques-unesdes formu- ajoutait des détails comme à un événement
les inintelligiblesdu sorcier. Noire élonne- qui se serait réellement passé sous ses yeux,
menlserait,difficileà décrire, aussi bien que — Mon élonncmenlavail surpassé mon at-
la fixité de notre attention aux réponses do tente ; mais j'y joignais une appréhension
l'enfant. — « Commentest-il? — 11porte un plus grande encore : je craignais une mystifi-
benisch noir, il est tout habillé de noir, il a cationet je résolusd'examiner par moi-même
une barbe. — Est-ce lui? nous demanda le ce qui, dans ces apparitions en apparence si
magicien d'un air fort naturel, vous pouvez réelles et certainement si faciles à obtenir,
d'ailleurs vous informerde son pays, de son appartenait au métier de charlatan, et ce qui
âge. — Eh bien! où est-il né? dis-je. — Dans pouvait résulter d'une influencemagnétique
un pays tout entouré d'eau.» Cotte réponse quelconque. Je nie retirai dans le fond de la
nousétonna encore davantage. — Faites ve- chambre et j'appelai llellier, mon drogman.
nir Cradock, ajouta lord Prudhoe avec celle Je lui dis de prendre à part Achmedel de lui
impatienced'un hommequi craint de se fier demander si pour une somme d'argent, qu'il
trop facilementà une supercherie. Lo Caouas fixerait, il voulait me dévoilerson secret; à
l'amena. — Commentest-il habillé? — 11a la condition,bien entendu, que je m'engage-
unhabit rouge, sur sa tôleun grand larbouscli rais à le tenir caché de son vivant. -— Le
noir, et quelles drôles do bottes! je n'en ai spectacle terminé, Achmed, loul en fumant,
jamais vu de pareilles: elles sont noires el lui s'était mis à causer avec quelques-uns des
viennent par-dessus les jambes. » •—Toutes spectateurs,encoretout,surpris de son talent ;
ces réponses, donl on retrouvait la vérité puis après il partit. J'étais à peine seul avec
sous un embarras naturel d'expressionsqu'il Bellier, que je m'informaide la réponse qu'il
aurait été impossiblede feindre,élaient d'au- avait obtenue.Achmedlui avail dil qu'il con-
tant plus extraordinaires qu'elles indiquaient sentait à m'npprendre son secret. Le lende-
d'une manière évidente que l'enfant avail main nous arrivâmes à la grande mosquée
tous les yeux des choses entièrement neuves El-Ahzar,près de laquelledemeuraitAchmed
pour lui. Ainsi, Shakspeare avait le petit l'Algérien. Le magiciennous reçut poliment
manteau noir de l'époque, qu'onappelait be- el avec une gaieté affable; un enfant jouait
nisch, el tout le costume de couleur noire près do lui : c'était son fils. Peu d'instants
qui ne pouvait se rapporter qu'à un Euro- après, un petit noir d'une bizarre tournure
péen,puisquele noirne se porte pas en Orient, nous apporta les pipes. — La conversation
et en y ajoutant une barbe que les Européens s'engagea. Achmednous apprit qu'il tenait sa
ne portent pas avec le costume franc, c'était sciencede deux cheickscélèbresde son pays,
une nouveautéaux yeux de l'enfant. Le lieu et ajouta qu'il ne nous avait montré que bien
de sa naissance, expliqué par un pays lout peu de ce qu'il pouvait faire. — «Je puis, dit-
entouré d'eau, esl à lui seul surprenant.. il, endormirquelqu'un sur-le-champ,le faire
Quanta l'apparition'de M. Cradock, qui était tomber, rouler, entrer en rage, el au milieu
alors en missiondiplomatiqueprès du pacha, de ses accèsle forcer de répondre à mes de-
elle esl encore plus singulière, car le grandi mandes el de me dévoiler tous les secrets.
larbouschnoir, qui est le chapeau militaireài Quand jo veux aussi je fais asseoir la per-
trois cornes, et ces bottesnoires qui se portenti. sonne sur un tabouret isolé, et, tournant au-
par-dessus la culotte, étaient des chosesquei tour avec des gestes particuliers , je l'endors
l'enfant-avouaitn'avoir jamais vues aupara- immédiatement; mais elle reste les yeux ou-
vant; et pourtant elleslui apparaissaient. — verts, parle et gesticulecomme dans l'état de
Nous fîmes encore apparaître plusieurs per- veille, —'Nous réglâmes nos conditions;,,il
582 APPEND1CE.
demanda quarante piaslres d'Espagne el ,Iç élonnemenl, les domestiquesde M. Msarra,
serment sur Je Koran de.ne révéler ce secret di'ogmandu consulatde France, vinrent,chez
à personne. La 'somme-fut réduite à trente moi j)ourme prier de leur faire retrouverun
piaslres; et, le serment fait ou plutôt chanté, manteau qui avail été volé à l'un d'eux. Je
il fit montersonpetit garçon et prépara, pen- ne commençai celle opération qu'avec une
dant que nous fumions, tous les ingrédients certaine crainte, .l'étais aussi inquiet des ré-
nécessairesà son opération.-Apresavoir coupé ponses de l'enfant que les Arabes qui. at-
dans un grand rouleau un petit morceaude tendaientle recouvrementdo leur bien. Pour
papier, il traça dessus les signes à dessiner comblede malheur, le caouas ne voulait pas
dans la main et les lettres qui y ont rapport; paraître-malgré force parfums que je préci-
puis, après un momentd'hésitation, il me le pitais dans le feu, et les violentesaspirations
donna. — J'écrivis la prière que voici,sous, de mes invocationsaux génies les plus favo-
sa dictée : «Anzilou-Âiouha-el-Djenui-Aioulia-rables; enfin il arriva, el après les prélimi-
el-PjênnonnrAnzilqu-Belakki-Mai,alaliou,tou- naires nécessaires,nous évoquâmesle voleur.
hou-Aleikoiim-Tariçki,Ànzijou,Tariclri.» — 11parut. — Il fallait voir les lèles tendues, les
Les trois parfums sont : « Takeh -Mabaçhi. ' bouchesouvertes, les yeux fixesde messpec-
— Ambar-ludi/'— lvôusombra-Djaoti.»— taletirs, attendant la réponse de l'oracle, qui
L'Algérienopéra sur son enfant devant moi. en eilèt nous donna une description do sa
Ce petit garçon en avait une telle habitude ligure, de son turban , de sa barbe: « C'est
que les apparitions se succédaientsans diffi- Ibrahim, oui, c'est lui, bien sur!» s'écria-I-
culté, il nousraconta des chosesfort extraor- on de Ions côtés, et.je vis-queje n'avais plus
dinaires, el dans lesquelleson remarquait une qu'à appuyer mes poucessur les yeux de mon
originalitéqui ôlài.l toute crainte dé super- pnlienl; car ils m'avaient-tous quilles pour
cherie. —J'opérai"le .lendemaindevant Ach- courir après Ibrahim. Je souhaitequ'il ail été
med avec beaucoup de succès, el avec toute coupable; car j'ai entendu vaguementparler
l'émotionque peut donnerle pouvoir étrange de quelquescoups de bâton qu'il reçut à celle
qu'il Venait'de me communiquer.A Alexan- occasion.
drie je fis de nouvellesexpériences,pensant
bien qu'à cette distance je ne pourrais avoir
de doute sur l'absence d'intelligenceentre le Dansce dédale d'erreurs et.d'illusionsdonl
magicienel les enfants que j'employais, el., nous venons"de rassembler les bizarres ta-
pour en"êtreencoreplus sûr, je lesallais cher- bleaux, on ne perdra pas do vue co grand
cher dans les quartiers les plus reculésou sur l'ail, •—que lout ce qui esl fauxel monstrueux
les routes, au moment,où ils arrivaient,de la a été le fruit'dès égarementsde l'esprit hu-
campagne. J'obtins des révélations 'surpre- main; que ces égarementsn'ont pu être pro-
nantes qui toutes avaient un caractère d'origi- duits que par les illusionsd'une fausse phi-
nalité' encore plus extraordinaireque,l'eût été losophie qui a continué de répandre ses
celui d'une vérité abstraite. Une fois entre erreurs sous des masques divers. Mais il esl
autres, je. fis apparaître lord Prudhoe, qui une lumière qui brille au'milieu (le .tou.les
était au Caire, el l'enfant, dans la description ces ténèbres, quoique plusieurs ferment les
de son costume, se mit,à dire: «Tiens, c'est yeux pour ne.la point voir : — Lux in iehe-
fort drôle, il a un sabré d'argent. » Or, lord bris luvel, el lenebra•cam non cùmprehen-
Prudhoeétait le seul peut-être en Egypte qui deruni. — Cette vraie lumière n'esl jamais
portât.un sabre avec,un fourreaude ce métal. entière que dans l'Église catholique, centre
— De retour au Caire, je sus qu'on parlait de la vérité et delà liberté,— ou Dieu nous
déjà dé ma science, et un malùi, à mongrand maintienne!

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