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Schedae , 2009

Prépublication n° 3 Fascicule n° 1

De l’iJppovkampoı à l’equus marinus


Le cheval de mer, ou les vicissitudes d’une
figure double

Caroline Février
Université de Caen

Terra marique, « sur terre et sur mer » : si absolue que paraisse la formule, on ne saurait
toutefois lui reconnaître une portée générale. La puissance d’une Rome conquérante s’éten-
dait certes au-delà des mers, mais le Romain de l’époque impériale se défiait encore d’un
élément qu’il maîtrisait mal. Alors que les Grecs étaient réputés pour leurs talents de marins,
ils semblent avoir manifesté autant de frilosité que les Romains lorsqu’il s’agissait d’appré-
hender le monde subaquatique. Ainsi que le rappelle Varron, les Anciens avaient l’habitude
de donner aux animaux marins le nom d’oiseaux ou de mammifères 1, comme s’il s’agissait
de mesurer cet univers qu’ils connaissaient si peu et redoutaient tant à l’aune de référents
terrestres. Manière de se rassurer et aussi de visualiser cette faune sous-marine qu’il leur
était impossible d’imaginer autrement que comme un double, ou plutôt un avatar de la
faune terrestre 2 : une faune abondante, mais dégénérée, où les espèces se mêlent pour
donner naissance à des créatures dénaturées, hybrides ou surdimensionnées 3. L’imagina-
tion débridée des Anciens, autant que leur inventivité lorsqu’il s’agissait de dénommer les

1. Ling., 5, 77 : uocabula piscium pleraque translata a terrestribus ex aliqua parte similibus rebus. Voir aussi
Isidore, orig., 12, 6, 4.
2. Voir Plin., nat., 9, 2 : quicquid nascatur in parte naturae ulla, et in mari esse praeterque multa quae nus-
quam alibi, « tous les êtres naissant dans une partie quelconque de la nature se trouvent aussi dans la mer,
sans compter beaucoup d’autres qui n’existent nulle part ailleurs ».
3. Voir Plin., nat., 9, 2 : pleraque etiam monstrifica reperiuntur, perplexis et in semet aliter atque aliter nunc
flatu nunc fluctu conuolutis seminibus atque principiis, « on trouve (dans la mer) beaucoup d’êtres mons-
trueux, car les semences et les embryons s’y confondent et s’agglomèrent de multiples façons, roulés soit
par le vent, soit par la vague » ; 2, 7 : innumerae in mari praecipue […] monstrificae gignantur effigies, « c’est
surtout dans la mer que sont engendrées d’innombrables formes monstrueuses » ; Lucr., 2, 704 : multaque
conecti terrestria membra marinis, « les membres de nombreux animaux terrestres s’uniraient à ceux d’ani-
maux marins ». Certains auteurs font état de monstres marins naturalisés : Pausanias et Elien rapportent
ainsi qu’à Tanagra, un triton était conservé dans du sel (Paus., 9, 20, 4-21, 1 ; Aelian., nat. animal., 13, 21).

Caroline Février
«De l’iJppovkampoı à l’equus marinus. Le cheval de mer, ou les vicissitudes d’une figure double »
Schedae, 2009, prépublication n° 3, (fascicule n° 1, p. 33-46).
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animaux de la mer ne facilitent guère la tâche de quiconque s’emploie à identifier ces


poissons : d’excellentes études comme celles de J. Cotte et d’E. de Saint-Denis ont ainsi
pu montrer combien il était difficile d’établir une correspondance entre ces noms étranges
et les animaux de nous connus 4.
Moins scrupuleux sans doute, les compilateurs de la fin du Moyen Âge et du début de
la Renaissance se bornaient pour leur part à recopier littéralement la prose des naturalistes
de l’Antiquité, sans chercher à identifier les aquatiles qu’ils répertoriaient dans leurs ency-
clopédies. Issu du Physiologus latin et héritier lointain des encyclopédies antiques 5, le Bes-
tiaire médiéval consacre un nombre restreint de ses pages à la gent aquatique. Un monde
encore mal connu des hommes du Moyen Âge et de ce fait limité à quelques poissons
emblématiques comme la serra ou la baleine 6. Pour autant, dans les bestiaires anglais de
la seconde génération 7, le catalogue des poissons, plus ample, s’ouvre par une planche
somptueusement dessinée où cohabitent animaux « vrais » et créatures fabuleuses. Présen-
tant, à la manière d’un aquarium, une sorte de condensé du monde marin 8, ces planches
ne sont pas sans rappeler, par leur mode de composition, certaines mosaïques de sol d’épo-
que romaine. On pense bien sûr à la célèbre mosaïque de la Maison du Faune, à Pompéi
(époque hellénistique), mais aussi, pour l’époque impériale, aux mosaïques qui pavaient le
fond des bassins dans les riches villas campaniennes. À partir de la fin du IIe siècle avant J.-
C., se répandit l’usage d’élever, pour la consommation ou le simple agrément, différentes
espèces de poissons 9, que les particuliers installaient dans de vastes piscinae ou dans des
bassins décorés de motifs aquatiques 10. Tableau foisonnant d’un vivier souvent illusoire –
dans la mesure où les artistes n’hésitaient pas à représenter des poissons rares ou exotiques
au milieu d’espèces plus communes, une population bien plus diversifiée en tout cas que
celle que pouvait posséder le maître des lieux –, la mosaïque de bassin se caractérise
cependant, dans la tradition du trompe-l’œil, par un souci de réalisme 11 totalement absent
des planches des bestiaires.
Dans ceux-ci, il ne s’agit plus d’un tableau synthétique de la faune sous-marine, où se
trouvent réunies l’ensemble des espèces répertoriées par les Anciens, mais d’un entrelacs
harmonieux de créatures imaginaires, hybrides pour la plupart d’entre elles, et de poissons
réels. Il n’est guère aisé de définir avec certitude l’origine de ce mode de figuration : peut-
être faut-il voir là la résurgence d’anciens modèles picturaux, présents dans les premiers
manuscrits illustrés de Pline ou de Solin, que les illustrateurs se seraient appliqués à repro-
duire 12, ou bien l’interprétation littérale de ces dénominations particulières que nous évo-
quions à l’instant. Facétieux et impertinents, les illustrateurs des bestiaires auraient ainsi
dessiné la faune aquatique en prenant à la lettre les appellations latines et grecques, qu’il
s’agisse du « chien de mer » ou du « lièvre marin ». Une question que j’ai déjà eu l’occasion

4. COTTE 1944 ; DE SAINT-DENIS 1947. Outre les autres travaux d’E. de Saint-Denis (DE SAINT-DENIS 1943, 1944
et 1966), on consultera aussi CAPPONI 1990 et maintenant PEURIÈRE 2003.
5. Sur le Physiologus, voir notamment B. PERRY, s. v. Physiologus, in RE, 39, col. 1074-1129 ; VOISENET 1994,
106-114.
6. Sur la place de la faune aquatique dans les bestiaires, voir notamment VOISENET 2000, 110 ; JAMES-RAOUL
2002.
7. Voir JAMES-RAOUL 2002, 175-176. Voir DUPUIS et LOUIS 1988.
8. Comme le souligne d’ailleurs J. Delort (DELORT 1985, 29), les animaux marins, mal connus, sont générale-
ment envisagés de manière globale.
9. Il s’agissait le plus souvent de poissons d’eau douce, parfois de poissons de mer, élevés alors dans de
grands bassins d’eau salée ; voir Varro, rust., 3, 5, 12 ; 3, 17, 2. Voir sur ce point TOYNBEE 1973, 209-210 (et
les notes) ; PEURIÈRE 2003, 108-112.
10. Sur les viviers pompéiens, voir en particulier REESE 2002, 274-275.
11. Voir TOYNBEE 1973, 212-213. Si les mosaïques du Haut Empire se caractérisent par leur réalisme, celles des
IIIe et IVe siècles présentent des figures plus stylisées, mêlées à des figures de poissons fabuleux.
12. Voir MURATOVA 1991, 47-48 ; KADAR 1978, 30 sq. ; ADHÉMAR 1996, 200-207.

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d’aborder à propos des gravures de l’Hortus Sanitatis, compilation encyclopédique qui,


publiée à l’aube de la Renaissance, se révèle largement tributaire de la tradition médiévale
et de l’iconographie naïve des bestiaires 13.
Dans ces planches colorées, toutes différentes, mais en même temps toutes semblables,
une multitude de créatures pisciformes s’organise autour d’un élément majeur qui n’est
plus, comme dans la mosaïque antique, le poulpe, la langouste et la murène 14, mais le
cheval de mer, un superbe équidé doté d’une nageoire caudale, qui s’impose ici, curieuse-
ment, comme le roi de cet univers fantasmagorique. Cette place centrale – au sens figuré
du terme, puisqu’il se situe en général dans la partie supérieure de la miniature – au milieu
d’une faune polymorphe et nombreuse, ne laisse pas de susciter des interrogations. Pour-
quoi le cheval de mer, présent par ailleurs dans certains bas-reliefs 15, a-t-il autant inspiré
les artistes du Moyen Âge, alors même que le cheval terrestre ne figure pas dans les pre-
miers bestiaires 16 ? Et si l’on comprend sans peine qu’un animal hybride ait trouvé sa place
dans l’imaginaire médiéval 17, quelles sont l’origine et l’histoire de ce cheval qui, pour repren-
dre Horace, « finit en queue de poisson » 18 ?
Force est d’ailleurs de reconnaître que l’animal que nous connaissons sous le nom de
« cheval de mer », c’est-à-dire l’hippocampe, tient une place relativement mineure dans le
bestiaire des Anciens : Pline l’Ancien ne lui consacre qu’une brève allusion dans le livre qu’il
consacre aux animaux de la mer et semble s’être davantage intéressé, comme ses compi-
lateurs, aux vertus thérapeutiques de cette étrange créature. Accommodé de multiples
manières, l’hippocampe est souverain pour venir à bout de maux fort divers. Grillé, il peut
soigner l’incontinence urinaire 19 et les douleurs de côté 20 ; bouilli dans du vin, il sert à pan-
ser les morsures de chien enragé 21 ; macéré dans l’huile de rose, il fait disparaître les fièvres
froides 22 ; réduit en cendre, il soigne la lèpre et le lichen 23 et guérit les alopécies 24. Un ani-
mal secourable que les Méditerranéens se procuraient facilement, mais qui ne laissait pas
de les intriguer 25.
Petit animal de la famille des Syngnatidés 26, l’hippocampus devait son nom aux Grecs,
qui avaient formé le terme iJppovkampoı pour rendre compte le mieux possible de son
étrange conformation. Si l’on en croit les grammairiens latins, le mot serait un composé de
i{ppoı, « cheval », et de kamphv,v qui signifie « courbure » 27. M’abritant prudemment derrière

13. FÉVRIER 2007.


14. Sur cet élément central, voir MEYBOOM 1977 ; TOYNBEE 1973, 214.
15. Voir DEBIDOUR 1961, 224.
16. DUBOST 1992, 189.
17. Voir les plafonds de la cathédrale de Metz (IXe-XIIe siècles) qui présentent des hybrides à queue de pois-
son (BALTRUSAITIS 1960, 106 ; voir aussi SCHMITZ 1897). La corniche de la basse-nef méridionale de la cathé-
drale de Lyon (début XIVe siècle) est, quant à elle, ornée d’hybrides mi-poissons mi-oiseaux (BEGULE 1880,
64, fig. 9).
18. Ars, 4.
19. Plin., nat., 32, 109 : urinae incontinentiam hippocampi tosti et in cibo saepius sumpti emendant.
20. Plin., nat., 32, 93 : lateris dolores leniunt hippocampi tosti sumpti.
21. Aelian., nat. animal., 14, 20.
22. Plin., nat., 32, 113 : hippocampi necantur in rosaceo, ut perunguantur aegri frigidis febribus et ipsi adalli-
gantur aegris.
23. Plin., nat., 32, 83 : lichenas et lepras tollit […] hippocampi aut delphini cinis.
24. Plin., nat., 32, 67 : alopecias replet hippocampi cinis nitro et adipe suillo mixtus aut sincerus ex aceto.
25. Voir DE SAINT-DENIS 1947, 47 ; COTTE 1944, 154-155 ; RIEDL 1970, 617 ; BREHM 1878, 586. On consultera aussi
D’ARCY WENTWORTH THOMPSON 1947, 93. Contrairement à l’equus marinus (voir infra), l’hippocampus ne
semble pas avoir été représenté par les artistes : sa figure est absente de la mosaïque romaine et il ne
figure pas non plus parmi les motifs animaliers de l’art grec (voir DELORME et ROUX 1987). Seuls des sceaux
crétois attestent l’existence de ce motif dans l’art minoen.
26. Voir notamment FOSTER et VINCENT 2004.
27. Paul. Fest., 38, 31 L (cité infra, n. 34) ; Non., 120, 13 L (cité infra, n. 39). Nous n’avons pu consulter STRÖMBERG
1943.

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l’autorité de Bailly 28, je serais pour ma part tentée de privilégier une autre étymologie, tout
aussi compatible avec les lois de l’accentuation, qui consiste à voir dans iJppovkampoı un
composé de i{ppoı et de kavmph (cette fois accentué sur l’a), la « chenille » 29. L’hippocampe
aurait ainsi été défini comme un animal à tête de cheval et à queue de chenille. Hypothèse
confortée par un passage de Pline qui évoque, au livre IX de son Histoire Naturelle, la luxu-
riance des fonds marins : « Tous les êtres qui naissent quelque part dans la nature se trou-
vent également dans la mer, et s’y ajoutent beaucoup d’autres qui n’existent nulle part
ailleurs… on s’étonne d’autant moins que des têtes de chevaux surmontent de tout petits
limaçons 30. » Le terme kavmph, transposé en campa ou campe dans la langue latine 31, dési-
gne d’ailleurs, en certains contextes, différents monstres marins 32 et, encore au Ve siècle
de notre ère, Nonnos de Panopolis dépeint, dans ses Dionysiaques, la terrible Campé, sai-
sissante créature hybride à tête de gorgone et à queue de monstre marin 33. Quant à Paul
Diacre – qui, à travers Festus, remonte à Verrius Flaccus et à l’époque augustéenne –, il
interprète le terme campa comme un synonyme d’equus marinus : « Les Grecs donnent le
nom de “chenilles” aux chevaux de mer à cause de la courbure de leur partie postérieure 34. »
Un argument plus convaincant sans doute est cette tendance qu’avaient les Grecs et, à leur
suite, les Latins à désigner certaines espèces rares ou fantaisistes par des termes composés
de deux noms d’animaux : ainsi le mumhkolevwı (transposé en formicoleon), le « fourmi-
lion », ainsi le terrifiant kamhlovrdaliı (en latin camelopardalis), le « chameau-panthère »,
qui n’était autre que la paisible girafe 35 ou, pour en rester au cheval, l’iJppokavntaroı ima-
giné par Aristophane (Pax, 181) le fameux « cheval-escarbot » 36 ou l’iJppomuvrmhx, une
espèce de fourmi géante évoquée par Aristote (H. A., 8, 28) 37. L’anatomie si particulière de
l’hippocampe justifierait sans peine le fait que l’on ait cherché à le désigner par analogie
avec d’autres créatures : à la fois i{ppoı, du fait de son encolure semblable à celle d’un che-
val, et kamphvv, à cause de sa longue queue enroulée en spirale et hérissée d’épines, l’ani-
mal était donc, par sa dénomination même, rangé au nombre des hybrides 38.
Privilégiant sans doute l’aspect caractéristique de la partie antérieure de l’animal – le
museau tubulaire qui suggère les naseaux du cheval et cet occiput courbé en forme de
crête, à la manière d’une crinière –, les Latins ont privilégié le premier élément du composé,
pour faire d’equus marinus, littéralement « le cheval de mer », un synonyme d’hippocampus.
Une équivalence admise par Nonius qui, tout en présentant les deux expressions comme

28. Dictionnaire, p. 975. Voir aussi H. LAMER, s. v. Hippokampos, in RE, VIII, col. 1748.
29. Arist., H. A., 5, 19 ; Theophr., H. P., 4, 14, 9. Voir CHANTRAINE 1990, 490.
30. Plin., nat., 9, 3 : quicquid nascatur in parte naturae ulla, et in mari esse praeterque multa quae nusquam
alibi… quo minus miremur equorum capita in tam paruis eminere cocleis.
31. Notons d’ailleurs que le terme latin campe est présenté comme un synonyme d’eruca, la « chenille » (cf.
Col., 10, 324 ; Pall., 1, 35, 6).
32. Le terme désigne alternativement un monstre de Libye tué par Dionysos (Diod., 3, 72, 3) et une créature
de Cronos, tuée par Zeus lors du combat contre les Titans (Apollod., 1, 21 ; Nonn., 18, 236-264). Lycophron
(frg., 414 a) est seul à mentionner l’existence d’un monstre marin qu’il désigne par le terme kavmpoı?.
33. 18, 237 : Kavmphn uJyikavrhnon ... h| skolio ;n poluvmorfon o{lon devmaı?, « Campé à la tête dressée, dont tout
le corps sineux était multiforme ». Dotée d’une tête de femme et d’une queue de monstre marin, coiffée
de serpents, Campé était la geôlière des Cyclopes et des Hécatonchires dans le Tartare ; voir KROLL, s.
v. Kampe, in RE, X, 2, col. 1842 ; GRIMAL 1951, 78.
34. Paul. Fest., 38, 31 L : campas marinos equos Graeci a flexu posteriorum partium appellant. Voir aussi
Gloss., IV, 213, 30 : campae equi marini.
35. Varro, ling., 5, 100 : Alexandrea camelopardalis nuper adducta, quod erat figura ut camelus, maculis ut
panthera, «… la girafe récemment importée d’Alexandrie, ainsi dénommée car elle ressemble au cha-
meau par sa forme et à la panthère par ses taches ».
36. Voir l’article de B. Nicolas-Duval.
37. Pour d’autres exemples, voir BADER 1962, 335. Citons encore l’iJppovtauroı (Heliod., 10, 29) ou l’iJppotra-
gevlafoı (Athen., 497 f), à la fois cheval, bouc et cerf.
38. Paul. Fest., 30, 23 L : bigenera… ex diuerso genere nata, ut leopardalis ex leone et panthera, « les animaux
hybrides… sont issus d’espèces différentes, comme le léopard est issu du lion et de la panthère ».

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étant synonymes, en propose, curieusement, une explication fautive : « hippocampes :


“chevaux marins”, le nom (d’hippocampe) vient de la courbure de leur queue qui est sem-
blable à celle d’un poisson, et c’est un mot grec… Lucilius a inversé les deux termes 39. »
Loin d’expliciter le terme hippocampus, auquel il reconnaît pourtant une origine grecque,
et sans faire référence à l’encolure si caractéristique de l’animal, le grammairien insiste plu-
tôt sur l’appendice caudal, qu’il qualifie de piscosa, « pisciforme ». Comme si, pour le lec-
teur crédule, l’hippocampe était un cheval qui avait ceci de particulier que sa queue était
semblable à celle d’un poisson. La formulation est assurément ambiguë et l’on comprend
mieux la confusion qui semble avoir régné dans les esprits lorsqu’il s’agissait de se repré-
senter l’animal. De l’inoffensif hippocampus au redoutable cheval marin, il n’y avait qu’un
pas, que franchissent allégrement non seulement les poètes, mais aussi les philologues.
L’equus marinus que connaît la mythologie gréco-romaine n’a en effet pas grand-
chose à voir avec le petit animal mentionné par les naturalistes. Homologue de Pégase ou
des chevaux ailés de Phaéton, mais transposé dans le monde des océans, le cheval de mer
partage pourtant avec l’hippocampe la dénomination commune d’equus marinus. Certains
poètes font même usage, réciproquement, du terme savant hippocampus pour désigner
la créature fabuleuse 40. Plus fréquemment toutefois, on trouve les expressions equus natans
ou equus bipes, désignation on ne peut plus explicite. Manière sans doute, pour les poè-
tes, de souligner le caractère hybride de cet animal, cheval doté d’une queue de poisson
et privé de ses pattes arrière. Manière aussi, si l’on se réfère à Quintilien, de présenter
l’equus bipes ou marinus comme un double, ou plutôt une variante, de l’equus terrestris 41.
Traditionnellement associé à Neptune 42 et aux thiases marins, le cheval bipède est un che-
val avant d’être un poisson 43 ou, plus précisément, il revêt, en milieu aquatique, toutes les
fonctions d’un animal de trait, au même titre que le dauphin.
Évoquant le maître des océans, le poète Stace recourt à plusieurs reprises au même
motif d’un Neptune triomphant sur son char traîné par les chevaux marins. Il écrit ainsi à
propos du prodigieux Arion 44 : « Souvent il se mêlait à l’attelage des chevaux marins, à tra-
vers la mer d’Ionie ou de Lybie, ayant pris l’habitude de porter, sur tous les rivages, le maî-
tre des flots azurés 45. » Quand la nature extraordinaire de ce cheval est évoquée au moyen
d’une périphrase, l’image qu’elle renvoie est toujours à peu près la même, celle d’un cour-
sier qui de son poitrail fend l’écume des flots et dont la queue squameuse s’enfonce dans

39. Non., 120, 13 L : hippocampi : equi marini, a flexu caudarum, quae piscosae sunt, et est Graecum… Luci-
lius transuerso ordine posuit. Voir Lucil., frg. 149 (Charpin (trad.) Paris, Les Belles Lettres (CUF), 1991) : cam-
phippi, elephantocamellos.
40. Voir Menander ap. Non., 120, 15 L : oujc ou|'toı iJppovkampoı e[st j ejn aijqeri ; Naev. ap. Non., 120, 16 L : del-
phino cinctis uehiculis hippocampisque asperis.
41. Inst., 5, 10, 61 : illud quoque « differens » uocant, cum genere in speciem deducto, species ipsa discernitur.
« Animal » genus, « mortale » species « terrenum » uel « bipes » differens ; nondum enim « proprium » est,
sed iam differt a « marino » uel « quadrupede », « on appelle aussi “caractère différent” ce qui, le genre
une fois divisé en espèces, distingue l’espèce même. “Être animé” est le genre, “mortel” est l’espèce, “terres-
tre” ou “bipède” le caractère différent ; ce n’est pas encore le “caractère propre”, mais il y a déjà une dif-
férence avec “marin” et “quadrupède” » (J. Cousin (trad.), Paris, Les Belles Lettres (CUF), 1976). Selon
Quintilien, le cheval de mer se range donc dans une sous-espèce de la race équine.
42. Le cheval était, avec le dauphin et le taureau, parmi les animaux attitrés du dieu Neptune, à une époque
où, l’interpretatio Graeca ayant fait son œuvre, le dieu était assimilé à Poséidon. Voir notamment
F. DURRBACH, s. v. Neptunus, in DA, 4, 1, p. 63-64. Le culte de Poséidon Hippios était répandu dans toute
la Grèce (Paus., 7, 21, 7-8).
43. Nous ne partageons pas, sur ce point précis, l’opinion d’E. de Saint-Denis lorsqu’il affirme que les equi
marini de l’art et de la fable ne sont que « des hippocampes géants » (DE SAINT-DENIS 1947, 48). Il s’agit de
chevaux bipèdes, alors que ce n’est pas le cas de l’hippocampe.
44. Il s’agissait du cheval ailé que Neptune avait fait sortir de terre ; Pégase était, lui aussi, fils de Poséidon
(Hes., theog., 282-283 ; Ov., met., 4, 798 ; 6, 119).
45. Theb., 6, 6, 307-309 : saepe per Ionium Libycumque natantibus ire interiunctus equis omnesque assuerat
in oras caeruleum deferre patrem.

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les profondeurs. On voit ainsi que les vers que le poète consacre à l’évocation du char de
Neptune dans l’Achilléide, « (Neptune) lui-même domine de toute sa hauteur les ondes
paisibles et faire avancer son attelage avec sa fourche triple ; ceux-ci font rouler, de part et
d’autre de leur poitrail, l’écume suscitée par leur course et, à l’arrière, ils nagent en effaçant
de leur queue les traces de leurs sabots » 46, font indéniablement écho à la description du
sanctuaire de Poséidon au Cap Ténare dans la Thébaïde : « C’est là que Neptune ramène
au port ses chevaux lassés par les flots de l’Égée ; leur sabot de devant soulève le sable,
mais à l’arrière, ce sont des poissons qui disparaissent dans la mer 47.»
Un attelage prestigieux qui n’est cependant pas le privilège de Neptune : les chevaux
marins accompagnent dans leurs déplacements chacune des divinités marines dont ils cons-
tituent le cortège. Déjà Virgile évoquait, au chant IV des Géorgiques, les chevaux bipèdes
de l’insaisissable Protée : « Il y a dans le gouffre de Carpathos, royaume de Neptune, un
devin, le dieu céruléen Protée, qui parcourt l’étendue des mers avec un attelage de cour-
siers à deux pattes à la fois poissons et chevaux » 48, et dans la Ciris, ceux de Leucothée,
« celle qui parcourt l’étendue marine sur son char aux verts reflets attelé de poissons et de
chevaux bipèdes, Leucothée » 49. Dans ses Argonautiques, Valerius Flaccus mentionne le
chariot de Neptune conduit par Orion qui « soulève la mer dans le hennissement des che-
vaux bipèdes » 50. Un motif récurrent, donc, qui ressortit à l’imagerie la plus traditionnelle :
les océans mythologiques sont ainsi peuplés d’animaux fabuleux, compagnons de jeu et
auxiliaires des figures marines secondaires que sont les Tritons et les Néréides 51.
À la tradition qui attribue à Neptune des coursiers marins, on a voulu toutefois en oppo-
ser une autre, selon laquelle le char du dieu de la mer aurait été traîné par des chevaux ordi-
naires. À l’appui de cette interprétation, on peut notamment citer Euripide, Apollonios de
Rhodes et surtout Homère chez qui, au chant XIII de l’Iliade, le tout-puissant Poséidon attelle
ses coursiers aux sabots de bronze 52. Bien que chacun de ces poètes ait recours au terme
i{ppoı pour désigner les chevaux de Poséidon 53, rien ne permet d’exclure qu’il puisse s’agir de
chevaux marins, si ce n’est peut-être la mention des sabots de bronze. Le passage est d’ailleurs
commenté en ce sens par Philostrate, qui relève l’incohérence : « Il s’agit là d’un attelage
de chevaux marins, des créatures aux pieds palmés, capables de nager, aux yeux bleus et, par
Jupiter, qui sont aussi grands que des dauphins 54. » On pourra noter, d’autre part, qu’Oppien,
dans ses Halieutiques, parle d’i{ppoı quand il s’agit d’hippocampes (1, 97). Quoi qu’il en soit,
le cheval, animal attitré de Neptune, est progressivement assimilé, par le principe de l’analo-
gie 55, au dauphin qui escorte les divinités marines 56. Encore cheval et déjà poisson, le cheval

46. 1, 57-60 : placidis ipse arduus undis/eminet et triplici telo iubet ire iugales ;/illi spumiferos glomerant a
pectore cursus, pone natant delentque pedum uestigia cauda.
47. 2, 45-47 : illic Aegeo Neptunus gurgite fessos / in portum deducit equos, prior haurit harenas/ungula, pos-
tremi soluuntur in aequora pisces.
48. 387-389 : Est in Carpathio Neptuni gurgite uates,/caeruleus Proteus, magnum qui piscibus aequor/et
iuncto bipedum curru metitur equorum.
49. 394-396 : illam etiam iunctis magnum quae piscibus aequor/et glauco bipedum curru metitur equorum,/
Leucothea.
50. 2, 508 : Orion bipedum flatu mare tollit equorum. Voir SPALTENSTEIN 2002, 450.
51. peru. Ven., 9-11 : tunc cruore de superno spumeo pontus globo/caerulas inter cateruas inter bipedes
equos/fecit undantem Dionem de marinis imbribus, « alors, du sang céleste et d’un mouton d’écume,
l’Océan fit naître, au milieu des cortèges céruléens et des chevaux bipèdes, l’ondoyante Dioné sur les
embruns de la mer ».
52. 13, 23-38.
53. Eur., Andr., 1012-1014 ; Apoll., Arg., 4, 1365 ; voir aussi Verg., Aen., 1, 156 ; 5, 819-826.
54. Philostr., imag., 1, 8 : ejntau''qa de ; iJppovkanpoi to; a{rma, e[fudroi ta;ı oJpla;ı kai; neustikoi; kai; glaukoi; kai;
nh; Diva o{sa delfi''neı?.
55. Sur cet aspect, voir notamment GEISTDOERFER et al. 2002, 21.
56. Voir F. DURRBACH, s. v. Neptunus, p. 60 : « L’hippocampe, l’un des coursiers ordinaires du dieu, n’est pas
autre chose qu’une combinaison du cheval […] et du dauphin. »

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de mer se prête donc d’autant mieux à un imaginaire mythologique abondamment illustré


par les arts figurés. Au regard de la chronologie, on peut concevoir sans peine qu’un Stace
se soit largement inspiré des œuvres artistiques qu’il lui était permis de connaître 57.
Présent dans le monnayage antique, mais surtout dans les reliefs et les mosaïques, le
motif de l’equus marinus demeure un élément incontournable de toute scène marine 58.
Des monnaies phéniciennes du IVe siècle avant J.-C. témoignent d’ailleurs de l’ancienneté
du motif : des pièces frappées à Byblos représentent soit une divinité aquatique enfour-
chant un cheval à queue de poisson, soit un hippocampe ailé d’inspiration fabuleuse 59. Le
même motif se retrouve dans les monnayages étrusque 60 et gaulois, puisque l’on trouve
un drachme allobroge frappé au revers d’un hippocampe ailé, dans celui d’Asie Mineure
(Cizyque) 61, en Grande-Grèce et en Italie, sur les monnaies du Bruttium. Le char de Nep-
tune, attelé d’une paire de chevaux marins figure également sur les monnaies romaines 62.
Déjà présente sur des pierres gravées d’époque archaïque, la figure du cheval de mer appa-
raît assez fréquemment sur les céramiques à figures rouges ou noires de Corinthe ou
d’Apulie (VIe et Ve siècles avant notre ère) où sont représentées des scènes mythologiques,
notamment celle où Téthys, chevauchant l’animal, apporte à Achille les armes que lui a
confiées Poséidon 63 et elle prête parfois sa forme à des bijoux 64. Strabon, Pline et, avant
eux, Pausanias, font mention de bas-reliefs et de socles de statues où se trouve représenté
l’animal emblématique du souverain des mers 65.
La mosaïque romaine d’époque impériale semble avoir fait du triomphe de Neptune
et d’Amphitrite, escortés de dauphins et de chevaux à queue de poisson, l’un de ses thè-
mes de prédilection. La mosaïque à figures noires et blanches des Thermes de Neptune à
Ostie développe des motifs fabuleux inspirés de la mythologie : une faune pisciforme,
constituée de chevaux, de taureaux et de serpents marins, entoure le dieu au trident au
milieu d’une mer poissonneuse 66. Ce type de mosaïque, datant du III e siècle de notre ère,
a pu influencer les somptueuses mosaïques polychromes de Syrie et d’Afrique du Nord
des IIIe et IVe siècles. Les mosaïques de pavement d’Antioche 67, comme celles d’Algérie et
surtout de Tunisie (Sousse, Zliten) reprennent pour la plupart d’entre elles des tableaux
mythologiques où les thèmes aquatiques sont omniprésents 68. Tritons émergeant de

57. Voir les remarques d’A.-M. Taisne à propos de l’Achilléide, 1, 53-60 (TAISNE 1994, 94) ; FANTAR 1995, 202-
218. Pour les références, voir B. SAUER, s. v. Hippokamp, in ROSCHER, I2, 1890, p. 2673-2677.
58. Voir N. ICARD-GIANOLO, s. v. hippokampos, in LIMC, VIII, 1, p. 634-637. Voir aussi H. LAMER, in RE, col. 1750-
1768 ; E. SAGLIO, s.v. hippocampus, in DA, 3, 1, p. 193.
59. Voir Liban, l’autre rive, Paris, Flammarion, 1998, p. 121 (BNF, Cabinet des Médailles, Coll. de Luynes, n˚ 3142).
60. Sur la présence de ce motif dans l’art étrusque en général, voir BOOSEN 1986, 135-166 et pl. 26 à 37.
61. Voir LIMC, VII, 1, p. 455 et VII, 2, pl. 358, n˚ 72.
62. Signalons notamment un denier de la gens Creperia, d’époque républicaine ; voir IMHOOF et al. 1889, 68
n˚ 37 et pl. IX.
63. Voir LIMC, VII, 1, p. 462-463 ; en particulier p. 462 (= VII, 2, pl. 365, n˚ 153 : alabastre, VIe siècle av. J.-C.) et
p. 463 (= VII, 2, pl. 366, n˚ 158 : hydre à figures rouges, Athènes, IVe siècle av. J.-C.).
64. Voir notamment FAUDUET 1999, pl. XVII, n˚ 130 (fibule du Haut Empire).
65. Voir Paus., 2, 1, 9 : i{ppoı eijkasmevnoı khvtei ta ; meta ; to ; stevrnon, (description d’une base de statue) « un
cheval semblable à une baleine au-delà du poitrail » ; Strabo, 8, 7, 2 : Poseidw''n cavlkeoı, e[cwn iJppovkam-
pon ejn th'/' ceiriv , kivndunon fevronta toi''ı diktueu''sin, « un Poséidon de bronze tenant en sa main un hippo-
campe, source de péril pour ceux qui pêchent au filet » ; Plin., nat., 36, 26 : Neptunus ipse et Thetis atque
Achilles, Nereides supra delphinos et cete aut hippocampos sedentes (à propos d’un relief ornant le sanc-
tuaire de Neptune au Circus Flaminius) « Neptune en personne, Thétis, Achille et des Néréides chevau-
chant des dauphins, des cétacés et des chevaux marins ». Voir LIMC, VII, 2, pl. 390.
66. Voir BECATTI 1961, pl. CLXIV-CLXV, fig. 320 (thermes du Phare) ; pl. CLII-CLIII, fig. 217 (maison des
Dioscures) ; pl. CLIV-CLV, fig. 271 (thermes des Sept Sages) ; pl. CXXXI-CXXXII, fig. 69 et pl. CXXIV, fig. 70
(thermes de Neptune). Voir les remarques de STERN 1975, 53 sq.
67. Voir notamment CAMPBELL 1988, fig. 178 à 181.
68. Voir DUNBABIN 1978, 153-276 ; FANTAR 1995, 66-71 et 112-125 ; BLANCHARD-LEMÉE et al. 1995. On se repor-
tera bien sûr à FOUCHER 1960, Tunisie 1, 86 (Neptune sur son char, mosaïque de La Chebba) ; Tunisie 2, 125

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l’écume, Amours chevauchant des dauphins ou Néréides portée par des chevaux de mer,
les cortèges marins figurent au nombre des motifs picturaux les plus harmonieux et les plus
propres à susciter l’émerveillement. Des mosaïques inspirées de fresques plus anciennes,
notamment des peintures grotesques dont les figures hybrides sont une composante
essentielle 69.
Pour autant, et malgré une iconographie abondante, le terme d’equus marinus appa-
raît suffisamment obscur pour mériter, aux yeux des scholiastes, une glose. Pour Servius
qui, commentant Virgile, s’inspire très nettement de Stace 70, « les chevaux de mer, sont,
par la partie antérieure de leur corps, des chevaux dont l’arrière se termine en queue de
poisson » 71. Lorsqu’il s’agit de définir le cheval de mer, deux conceptions totalement anti-
thétiques s’opposent donc : d’une part, celle d’une créature hybride, mi-cheval, mi-pois-
son, qui appartient à l’iconographie divine, de l’autre, celle d’un animal marin, l’hippocampe,
ainsi dénommé à cause de sa morphologie atypique. Une opposition apparemment irré-
ductible, dans la mesure où naturalistes et philosophes contestent l’existence des hybrides :
« Il ne peut, à aucun moment, exister des êtres à la double nature et à la constitution dou-
ble, formés par la l’assemblage de membres disparates », affirme Lucrèce 72. Pourtant, bien
que parfaitement identifié par les Anciens, l’hippocampe semble avoir été progressivement
amalgamé à un cheval imaginaire mais envahissant, qui a fini par le phagocyter.
À l’évidence, cette confusion s’est perpétuée jusqu’au Moyen Âge, entretenue par les
approximations des grammairiens latins. Pour définir l’hippocampe, Isidore de Séville se
contente de reprendre la formulation de Servius qui, lui, évoquait l’animal fabuleux 73. Rien
d’étonnant, par ailleurs, à ce que l’on ait fait figurer le cheval de mer, emblème de Neptune,
au centre des miniatures qui, dans les bestiaires médiévaux, étaient censées représenter
les animaux marins. On sait aussi combien le Physiologus et son héritier, le Bestiaire, étaient
imprégnés de références antiques, issues, pour une large part, des œuvres d’Isidore et
d’Ambroise. Tout concourait donc à préserver l’ambiguïté de cette créature, évoquée
simultanément par les poètes et les naturalistes, immortalisée par les mosaïstes de l’Anti-
quité et aussi répertoriée dans les catalogues de modèles dont disposaient les illustrateurs
du Moyen Âge. Stylisée, colorée et enfin enchâssée à la manière d’une tesselle dans une
mosaïque, la figure du cheval marin suffisait donc à symboliser l’ensemble de la faune aqua-
tique qui s’organisait autour d’elle. Il semble bien, en tout cas, que cette signification allé-
gorique soit la seule qu’on puisse reconnaître au cheval de mer à cette époque 74.
Avec la redécouverte des textes antiques, la Renaissance et ses lumières voient la résur-
gence de cette ambiguïté fondamentale qu’incarne l’equus marinus, animal marin ou cheval

69. (Néréide et cheval de mer, mosaïque de Sousse) ; III, 226 (Neptune et Amphitrite, mosaïque de
Constantine) ; également YACOUB 1993, fig. 84, 200 (triomphe de Neptune, Sousse) et fig. 98, 207 (Neptune
et les Quatre Saisons, La Chebba).
69. Voir DACOS 1969, pl. XLIX, LVI et LVII ; MOREL 2001, 75.
70. Theb., 2, 46 (cité supra, n. 47).
71. Georg., 4, 389 : equi marini prima parte equi sunt, postrema resoluuntur in pisces. Voir aussi Serv. auct.,
georg., 4, 389 : eosdem et pisces et equos dicit, « on leur donne à la fois le nom de “poissons” et de
“chevaux” ».
72. 5, 878-879 : nec tempore in ullo/esse queunt duplici natura et corpore bino/ex alienigenis membris
compacta ; Pline (nat., 10, 136) réfute, lui, l’existence des pégases, des griffons et des sirènes-oiseaux, quant
à Platon, il réaffirme pour sa part le caractère fictif des hybrides, créatures purement esthétiques (voir Rep.,
6, 4, 488 a).
73. Orig., 12, 6, 9 : equi marini, quod prima parte equi sunt, postrema soluuntur in piscem, « les chevaux de
mer, qui par la partie antérieure de leur corps sont des chevaux et dont l’arrière se termine en queue de
poisson ».
74. Quoique subsiste encore, dans certains récits, le mythe du cheval à la double nature, qui, né de la mer, en
sort parfois pour rejoindre ses homologues terrestres (voir DUBOST 1992, 204-207 ; voir aussi infra, n. 76),
l’animal hybride n’apparaît plus dans la littérature médiévale.

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à queue de poisson. Les premiers traités d’ichthyologie, dans la seconde moitié du XVI e siècle,
présentent alternativement les deux visages d’un unique animal : le cheval marin fait l’objet
d’un chapitre distinct de celui de l’hippocampe, le premier étant classé parmi les créatures
monstrueuses, le second parmi les animaux vrais 75. Même s’il met en doute l’existence de
ce cheval extraordinaire, né de l’imagination des Anciens, Pierre Belon lui consacre néan-
moins un paragraphe entier dans son ouvrage Nature et diversité des poissons 76, prenant
soin de reproduire, en regard, une gravure inspirée de l’iconographie antique, c’est-à-dire,
probablement, de l’art ornemental 77. S’il traite séparément de l’hippocampe, dont il énu-
mère les vertus thérapeutiques 78, il semble toutefois percevoir la confusion qui s’est éta-
blie entre les deux animaux 79.
Quelques années plus tard, C. Gesner adopte une classification semblable pour évo-
quer successivement le monstre marin à tête de cheval, puis l’equus bipes de la fable et
enfin l’hippocampe. Reprenant l’étymologie du mot hippocampus, il constate que le terme
a aussi été utilisé pour désigner l’animal de Neptune, moitié cheval et moitié dauphin 80.
S’il ne fait aucun doute pour Gesner que ce dernier relève de l’imaginaire mythologique,
le naturaliste distingue pour sa part une troisième catégorie de cheval marin, en se fondant
là encore sur le savoir antique. C’est en référence à Pline qu’il mentionne l’equus belua
marina. Parallèlement à l’hippocampe, hippocampus guttulatus, animal de petite taille que
les pêcheurs de l’Antiquité pouvaient recueillir dans leurs filets, Pline mentionne en effet
l’existence de monstrueuses créatures qui peuplaient la mer de la Gédrosie (l’actuel Iran) :
« Là, des monstres marins semblables à des bestiaux sortent sur la terre ferme et repartent,
après s’être nourris de racines d’arbustes ; il y en a certains, à têtes de chevaux, d’ânes, de
taureaux, qui dévorent les récoltes » 81. Et Gesner de préciser qu’un pêcheur digne de foi

75. Voir KOLB 1996, 67-69.


76. Nature et diversité des poissons, 1555, p. 21-22 : « Entre autres choses qui peuvent montrer la grande licence
et liberté des anciens en leurs fables et fictions poétiques, inventées pour la louange et exaltation des
Princes qui se souloyent nommer Demydieux, ce que l’on appelle le Cheval de Neptune, peult faire foy
et donner grande cognoissance a celuy qui y considere de bien près que les Princes (pour se montrer bien
fort grands et puissants tant sur mer que sur terre) ont inventé à leur appétit un certain monstre, composé
et mi party du Cheval et du Dauphin, qu’il ont estimé les plus excellentes bestes de l’eau et de la terre. »
77. Le « fabuleux pourtraict de l’ancien cheval de Neptune, tel que les vieilz marbres et medales antiques
nous ont enseigné », ibid., p. 22.
78. Ibid., p. 444-446.
79. « Car il ne fut onc ouy parler d’une beste naturelle qui peust avoir similitude avec le Cheval de Neptune,
si ce n’est un certain excrement qui se trouve sur le rivage de la mer approchant aucunement de ceste
figure. On l’appelle Hippocampus, signifiant comme qui diroit une chose composée d’une Cheval et
d’une Chenille, mais l’Hippocampus est beaucoup plus petit », ibid., p. 21.
80. C. Gesner, Historia Animalium, III, De Aquatilibus, Tiguri, Christ. Froschover, p. 433 : De fabuloso equo
Neptuni, quem falso quibusdam Hippocampum et Hippopotamum appellare libuit, Bellonius. Permagna
fuit antiquorum in suis fabulis libertas, quarum uenustatem, dum obscura quadam ueritatis umbra
obtegere conarentur, uerisimile quiddam efformauerunt, quod credulas hominum mentes fumosa qua-
dam inanitate obtenebraret. Itaque factum est ab eis ut quemadmodum uolanteis in aere columbas,
pauones, aquilas, suorum Veneris, Iunonis ac Iouis numinum currus ducere confinxerunt. Sic etiam tri-
dente insignem Neptunum a quibusdam ueluti hippopotamis per aquas deduci praeeuntibus Nereidibus
uoluerint. Horum autem hippopotamorum ac Nereidum formam pro pictorum libidine in magnam spec-
tantium admirationem sic commenti sunt, Hippocampi cuiusdam potius quam Hippopotami rationem
habuisse uideantur : quod etiam in Augusti, multa insigniora reddente numismata, capricorno facile appa-
ret. Quis enim hanc Capricorni formam genuinam esse unquam indicauerit ? Falluntur ergo plurimum qui
uanis antiquorum picturis tantam adhibent fidem, non enim est reuera Hippopotamus cauda Delphinea,
aut in girum contorta neque Romanis aliis unquam apparuit fluuiales equus ab hoc quem supra ostendi-
mus. Sed ea fuit principum, nominis sui celeritati atque admiratione studentium ambitio : ut dum se terra
marique dominari significare uellent, duo insignia utriusque elementi animalia, equum ac Delphinum,
inter se coniugerent. Quod effictum monstrum quia ad deiectamenti marini figuram (Hippocampum
uocant) accederet, etiam Hippocampi nomen quibusdam retinuit.
81. Nat., 9, 7 : exeunt et pecori similes beluae ibi in terram pastaeque radices fruticum remeant et quaedam
equorum, asinorum, taurorum capitibus, quae depascuntur sata. Une information que Pline avait probable-
ment tirée de la Géographie de Strabon (15, 1, 15) et qui est rapportée par les cosmographes au Moyen Âge

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aurait aperçu l’effroyable créature dont, non seulement la tête, mais tout le corps était pareil
à celui d’un cheval 82. Si les hommes de la Renaissance croient toujours à l’existence des
monstres, ils ne croient plus à celle des dieux : les naturalistes doivent désormais, pour jus-
tifier les prodiges de la nature, avoir recours à la science des Anciens et non plus à leur
mythologie. Promu au rang d’animal réel, quoique monstrueux, le cheval marin est devenu
objet de savoir.
Tandis que le grand ichthyologue Rondelet ne traite que de l’hippocampe 83, l’equus
marinus fait en retour en force dans les traités d’U. Aldrovandi et d’A. Paré, au moment où
s’éveille un intérêt croissant pour la paradoxographie et les curiosités de la Nature 84. Mais
la perspective a changé : en apparaissant successivement dans le traité Des monstres et
des prodiges de Paré (1573) puis dans la Monstrorum historia d’Aldrovandi (1642) 85, l’ani-
mal est classé d’emblée et définitivement parmi les créatures prodigieuses. À chaque fois,
le monstre est représenté par une gravure saisissante, empruntée à Belon et sans doute
inspirée des mosaïques antiques ou, plus probablement, des grotesques dont la Renais-
sance italienne renouvelle le genre. Pour Paré, les monstres marins participent de l’immense
variété de la Nature 86, mais l’ouvrage posthume d’Aldrovandi marque le passage des mira-
bilia à la tératologie : après lui, le cheval hybride n’appartient plus qu’à l’iconographie fan-
tastique, l’ichthyologie ne conservant, elle, que l’hippocampe.
Sublimé par l’iconographie 87, mais relégué au rang de l’exception, des aberrations de
la Nature, l’equus marinus disparaît en même temps du champ de la connaissance. Les
traités d’histoire naturelle de la fin du XVIe siècle ignorent jusqu’à son nom, privilégiant
l’« animal vrai » que l’on s’attache à représenter au plus près du réel. Après des siècles
d’obscurantisme, le discret hippocampus détrône l’equus marinus.

82. (Al-Qazwînî, Merveilles des créatures : « le cheval marin est un cheval terrestre, mais la crinière et la queue
sont plus allongées et la couleur plus lustrée et le sabot est fendu comme celui des bœufs sauvages et la
taille est moindre que celle du cheval terrestre et un peu plus grande que celle de l’âne », cité dans BOR-
GES et GUERRERO 1980, 55-56) et à la Renaissance. Voir aussi, sur ce point, CATTABIANI 2002, 223-224. Ces
chevaux gagnaient, selon la légende, la terre lors des nuits sans lune, lorsque le vent leur apportait l’odeur
des juments en chaleur.
82. p. 433 : Equus belua marina. Ad Cadaram rubri maris peninsulam exeunt et pecori similes beluae in ter-
ram, pastaeque radices fruticum remeant et quaedam equorum, asinorum taurorum capitibus, quae
depascuntur sata, Plinius. Nauta rei piscatoriae bene peritus et caetera quam bonus, et a mendaciis alie-
nus, mihi religiose affirmauit, se beluam uidisse marinam, cuius non modo caput, sicut Plinius ait, sed
etiam pedes equi speciem similitudinemque gererent.
83. Dont il fournit une représentation encore grossière, mais très proche, par ses détails de la réalité (Histoire
entière des poissons, II, Lyon, Macé et Bonhome, 1558, p. 79-80) ; voir KOLB 1996, 114. Les monstres
marins ne sont pourtant pas absents du traité de Rondelet, qui évoque successivement le lion de mer, le
moine et l’évêque marins (Histoire entière des poissons, p. 360-364).
84. Voir ici CÉARD 1977, 296-301 ; DASTON et PARK 2001, 148-151.
85. Aldrovandi, Monstrorum historia, 1642, p. 355 : Propterea ualeant, qui in fabulis Antiquorum magna liber-
tate equos marinos partim effigiem equinam, partim piscis repraesentantes constituerunt : ut quemadmo-
dum Columbae, Pauones et aquilae suorum Numinum, scilicet Veneris, Iunonis et Iouis currus trahere
finxerunt : pariter in aquis Neptunum ab huiusmodi Hippopotamis duci uoluerunt. Ideoque iuxta Pictorum
uoluntatem in magnam spectantium admirationem illam equinam formam erant commenti, quae potius
cuiusdam Hippocampi, quam Hippopotami esse uidebatur. Non enim cauda Delphini in Hippopotamo
unquam fuit obseruata ; neque Romanis alius unquam fluuialis equus uisus est praeter illum, de quo in His-
toria quadrupedum digitatorum uerba fecimus. Quocirca multi affeuerarunt ambitionem Romanorum
figurae huius equi occasionem dedisse : nam, ut terrae, marique ; Dominium cunctis manifestarent, duo
animalia utriusque elementi, scilicet equum, et Delphinum simul iunctos pingi curarunt. Hinc multi talem
figuram admirantes, et unum tantum animal esse existimantes simile monstrum, equum marinum nuncu-
parunt. Modo nulla admiratione teneri debemus, si icon proposita aliquam ueritatem assequitur.
86. CÉARD 1971, 106 (chap. XXXIIII) : « Ce monstre marin, ayant la teste et les crins et le devant d’un Cheval, fut
veu en la mer Oceane : la figure duquel fut apportée à Rome, au Pape pour lors régnant », une formulation
suffisamment vague, comme le souligne J. Céard (p. 189, n. 262), pour interdire toute contradiction.
87. Voir KOLB 1996, 109-110.

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Fruit d’une mythologie inventive qui voulut que le souverain des mers possédât ses
propres coursiers, le cheval de mer s’impose avant tout comme une création esthétique.
Une figure séduisante, aux formes ondoyantes et aux spires harmonieuses, figée à tout
jamais dans le marbre et le verre des sols romains. Progressivement amalgamé à l’hippo-
campe, avec lequel il partagera, chez les Latins, son nom, l’equus marinus connaîtra, par le
biais de la poésie et des arts figurés, une meilleure fortune que lui. On comprend, alors,
que ce cheval fabuleux, animal emblématique du maître des océans, ait tenu une place
considérable dans l’iconographie de l’Antiquité tardive et dans celle du Moyen Âge, où
l’image du cheval ichthyomorphe suffit à suggérer la luxuriance des fonds marins.
Mais justement, issue de la mythologie antique et préservée par l’imaginaire médiéval,
semblable créature, « à cheval » – si je puis dire – entre les règnes terrestre et aquatique,
n’a plus de raison d’être à la Renaissance, lorsque connaissance rime avec expérience. La
scission irrémédiable entre les deux figures du cheval marin accompagne chronologique-
ment l’émergence de la science moderne, désormais affranchie de l’érudition antique et
d’un héritage mythique qui jusqu’alors parasitaient le discours scientifique. Le cheval de
mer n’est plus qu’un monstre, un monstre dont on ne parlera plus dès qu’on aura pris cons-
cience que les monstres n’existent pas et qui redeviendra, pour toujours cette fois, une
figure ornementale. Seul demeure l’hippocampe, le « cheval-chenille », désormais réconci-
lié avec l’étymon de sa dénomination et sagement rangé parmi les animaux marins.
Pour autant, des siècles durant, le cheval de mer aura conservé, intacte, son ambivalence :
si l’hippocampus est parfois représenté sous une forme stylisée, à la manière des chevaux
fabuleux de Neptune, l’equus marinus emprunte à son tour, par les volutes de sa queue, à
la courbure du petit synthagnidé. Interférences, ou influences réciproques des deux aspects
d’une figure double ou plutôt dédoublée.

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