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'NI
d. E . 302852

THEATRE ~
"DELA NATVREË
ê_ VNIVERSELLE DE
[EAN BODlN
IVRISC.
Auquel on peut_ contempler les cauſes efficien
tes 8c finales de toutes choſes , deſquelles
Pordre eſt continué par queſtions 8C reſpon
ces en cinq liures.
Gemma nan main: plaiflznt que profitable à ceux qui
'voudront rendre mzſim de tante: qunſtiorz:
prapoſíe: en Philoſhpbíe.
K
TraduictduLatixxgar M.FRANç0 xs D B FCYGE*
ROLLES ourbonnois Docteur aux Arcs
499/ 8c en lWedecme.

Par IEAw P1LLEH0TTE,àl’enſci


nom de IESvs,

M. D. X ÇV I I.
l
73-.;
Amc priuilcge Pomj dix ans."
ÏÎ (Ill IÎOÎ
Je]
and q
æ_-
S
p,, ET TRES-VERTVEVX
'Seigneur , M; @Artm Prurzier,
_Sagne-ur de S. Andre', Virieu,
[Ka Buzſfiere , Üctc. Conſhillerólu
R0), E5 Preſident m/d Court de' _\ .
Parler/zen! zi Gíenïoéle. . A*

Q NSE 1 cNk. Si les plus.


ſages du ſicópſcil d’vnc
C

_ : Republiqucſion; autre
_ , R'3.
, fois.iuîgé,_quedſitatr’tIeGÊË
7'
capitaines que çeuxdie leurs enne
misct nſefloyent"pointîê-bîaſmckîäë!È
dohnaer Peine ſi -Iäñg rèmpsïczíÿeïïàa.
Fuerre pourëÿ'ne*ſerri_ñäe~,"de laîcjüëî-'Ie
'~ a beauté”, com nié dit ëfioſhetej; "ſe
' ctpouuoit comparer äct- óéIIe' :deé/?Diëtzx
immortels, Yeſtiſfnſſëcrczië âëplüs forte
*r 2.
E P l S T R E.
raiſon ,que ceux là ſont beaucoup
_Plus âpriſitr, qui nuict 8c iour tra
uaillent pour acquerir en leur eſprit
la ſcience des choſes naturelles, de
laquelle la beauté eſt tant grande,
que ſi quelqu’vn l'auoit viie ſois ap
Perçeuë au deſcouuergſon ame ne
ſeroit pas moins attaincte de ſon
amour, que le conſeil des Troyens
q 'de celuy d’Helene,apres qu'ils l'eu
" rent veuë paſſer deuant leurs yeux.
Mais d'autant que la ſcience neſe
ſfaict pas voir à tout le mondqſinon
à quelques vns, qui ont l'ame plus
diuine, auſij ne ſe trOuue—il gueres
de perſonnes qui [la carſieſſengcar l'a
mour ſuppoſe touſiours la “cOgnoiſ-ſi
_ſince de llafchoſe digne d’eſtre .ai
méc): dom; . il aduient que les vns
pour enſiauqit puifſt Parlerſſôc les au,
.çr-çsñſpqur auojir \ſeu ſon ombre en
;Paſſant ,deſirent de la cognoiſtre
.plus ;à ,Pl-einſ, tellement que lors
qu'elle
E P I S T R E.
_qu'elle fè preſienre à rrauers les plus
'~ " eſpeſſes tenebres de la nuict ils s’ef—
forcent de luy mettre les mains defl
ſus , ne plus rct1e moins que le Poète
»dir d’Aeneas , lequel ë voyant Feſpri:
de Creufà
3,… Sïzffhrça par trois fſioi: Æaccoller ſhïr
image, - ,x
ſi @Il-aix trois fois dejà; mains s'enfuit
l'ombre rvolage ~
,p p Pareille au rventlegcr Ùauxſongès
ct ailez. - ’
Par ainſi eſtans de plus en plus en.
flamez à la cognoiſtre ils cerchenr
tous les moyens de Pallecher dans
leurs filez par tant de careſſes quel
les ſont ſuffiſantes à fleſchir ſa ri
gueurâleur amitie. ToutesfOis-veu
qu'il n'eſt pas facile îde ſurprendre
vnc Deeſſe en forme humaine ſims
luy auoir au prealable faict ſitcriſicc,
les vns luy prcſenrcnt les Premiers
eſpics de leur moiſſoſinpu le premier
'l' z
EPXSTRE.
_ fruict qu'ils onc cueilly d’vne ieune
plante , 8c les autres luy cerchans
quelque Preſent digne de \à gran
deur Ïembarquenc auec Iaſon , 8c
nauigent en Colchis Pour con
queſter ſoubz (I1 co nduicte la. toiſon
d'or, ou bien ils s'en vont auec Her_
cuIe crouuer les Heſperides pour
auoir des Pommes gardées par vn
Dragon,& la ſouſliennenrquelqiles
têps le c_iel de leurs eſpaules , cepen
dant qu’Achlas ſe repoſe, ou bien ils
penetrerit quec Aenée en l'A ucrne
pour rapporter de là le riche ra
meau s’eſians èſſigayez quelque :EPS
au champsElyſienaTel a eſté Bodin
lequel ne sſieſtant contenté de faire
voile en [Àrchipelage d’vne ſcien
ce , a tourné Ia proue de ſon Xiauire
ſur l’Ocean de toute ſvniuerſelle
Philoſi) hie , en telle ſorte qu'il a
heureuſÊmeut voyagé par toutes les
iſles de nature, dont il nous a appor
- ce
EPISTRE.
té ceíquîl a trouué de plus precieux .
Pour preſieurer à ceſte Deeſſe , la
quelle vous fäict Voir auiourcſhuy
en ſon Theatre François , cpmme à
celuy qu'elle honnore le Plus, tout
ce quëil y a de beau 8c de rare -en ce
à** ~.
monde. Feſtime donc, Monſieur,
que vous n'aurez pas mOinsaggtea-z
ble de le contempler, qu'elle de le
vous repreſenter, ſi tant eſt que vo
ſtre grandeur ne ſe deſdaigne d'y
paſſer quelquesñſois les yeux, 6c ſi la
ſerieuſe Occupation de voſtre eſprit
' orné de toutes ſortes de vertus ne
vous empeſche dentremettre la Ie
cture de tant d'autres beaux liures
pour dôner vne heure âceſtuy-cy,,
qui ſe vient rendre entre voz mains,
comme ſoubs la protcctiô de celuy,
qu’on ſçait auo-ir de tous temps eſté
non, ſeulement amateur des lettres,
mais auffi conſeruateur dïcellesî, 6c
de ceux, qui en ſont Profeffion ten-q
+4
E P I S T R E.
dant au bien publiqpour lequel i’ay_
entrepris de le mettre principale
ment en lumiere ſoubs voſtre faueur
&protection , âfin que ſi ie ne puis
ſatisfaire à cant de beneſices, par leſ
quelsic vous ſuis obligé dés le iour
de 'voſtre heureuſe cognoiſſance,
qu’â tout le moins vous entendiez
par ceey,
tant que Fingratitude
de Pouuoir ſur tſſnoy n'a
enpas eu
tant
dîannées , que de m’en auoir oſté la
_ ſouuenâce, ia-çoit qu’elle nfaiſt eſté
Pluſieurs Fois rafreſchie en mes vo
yages' par pluſieurs notables perſon
nes, 8c entre autres par Monſieur —
Saporte Conſeiller ô; Medecin du
Roy,' lequel ie nomme'
d’autancqu’envoſtrſie par hôneur,
conſideration
ilm’a aidé de ſes moyens pour 11111
uancer au Doctorat en Yllluſtre Vni
uerſixé cle Montpellicgen laquelle il
ct nïtſt pas ſeul-Smet comme vn aſtre,
mais auffi , comme Vn Soleil eíèlaict
^ rant
~~

_ E P 1 S T R E. _
ſſ* rant Tl-Iemiſphere
tout des rais de ſon
de diuin ſçauoir
la France. Cc
l Heroic donc crop peu,Monſieur,quc
cccyſſpour vous ceſmoigner le de
. uoir,qui mbblige par toutle monde
y' àvous, ſi ic deſperois àſaduenir
d’auoir c’eſt heur de vous offrir
quelque autre ſruict de mon labeur
L de plus grand conſequence. Telle
j>ſi ment qu'à ceſt eſigard , 8c en Partie
l _qu'ayant tourné mes yeux ſur Plu
,_ ſieurs autres,ie n’aurois trouué per
* ſonne_ plus digne que voſtre Ex'ccl—
lence, veu qu’il .eſt bien conuenable
d’addreſſer vn graue auteur decoré
de toutes ſciêces, à vous,qui les auez
ſ1 parfectement acquiſes , qu'on ne
les vous iugeroit pas moins naturel
les que voz vertus hereditaircgçom
l me on les aPperçoit deſlia »croiſtre
de iour en iouîr en la Perſonne de
Monſieur voſtre fils ,BC de tous les
voſtrcsflar quel auteur Pourroit on
ſ 5
ſ E P I S T R E.
crouuer mieux verſe en toutes ſortes
de ſciences que ce grand luriſcon
ſulce,qui Outre Fexcellêce de ſa ,pro—
ſeſiion monſtre bien par ſes cſcripts
qu'il n'a riê ignoré, ſoit des langues,
ſoit de l’hyſtoire,ſoicdes Mathema
tiques , ou ſoit de routes les autres
parties de la Philoſophie? Ie paſſe
ſouſibs ſilence ce qu'il a cognu cle la
Medecine '85 Theologie. Ce n’eſt
donc pasdeſans
verſion ſoncauſe ſi ie vous1loffre
liurrzauquel la
a vou-ſi
lu inſèregcorurme dans vn parterre,
tous les plus beaux ſions de cc ſte di
uerſe cognoiſſance , Puis que vous
eſtcs doué dela meſme, ſi vous ne la
ſurpaſſez : mais ce que ?admire par
deſſus en vous eſt qu'a l'exemple des
Anciës Senareurs vous n’-auez point
meſpriſé de conioindre parmy tant
d'honneur-S ôc de reſpect vne dou
ceur accompaignée de juſtice 8c in
tegricé à ceux, qui our leur refuge à
vous,
E PI STRE.
vouspurre l'amour 8c affection que
vous Portez naturellement à voſtre
Roy &à voſtre patrie. Tels ont eſté
iadis ces Premiers Senareurs de l'E_
ſtat Romaín,ôc les Amphyctions 8c
Areopagires encre les Grecs , ſur
l quoy ic m’eſtendrois plus amPle-ñ 1
ment , n’eſtoic Pinfiniré du ſubiect
de voz merires , laquelle ie doibs
pluſtoſt admirer auec reſpectueux
ſilencqque cemerairemëc taſizher de
Pcxprimer plus au long , veu que ce
ſeroic auſii ſurpaſſer la briefueté d’v
nc Epiſtre. Vous receurczdonc S’il
vous Plaiſt ces arrcs de mon affe
ction 8c deſir que Fay de demeurer
tout le reſte de ma vie,
Monſeigneur
De Lyon ce Premier Octobredg”.

Uaſtre plu: humble W


affſſeffionnéfiruzſiteur.

F. DE FOVGEROLES;
....————~
CLARISSIMO N O BIL ISSIMO
,Q4712 vm o D. ARCTVRO PRVNER] o
,_ Santandreæ Domino, Conſiliario Regimôc ,_‘~.
ſi in \ſiuprema Delphinatus Curia Senatori am
Pliſsimo. '
ÿ R A N D E _ſim qzwdcmzquefinn cantexerat alim
Ïflùiddſſ doctrinde maioſum namſirmBodínus
Enplenis tandempandit tibi Gallica: vlnis:
Namqueforifeſſus dam tu reuacaris ab nfl”, -
Dam tetricosctT/acmidis 'zmltus rando” ſea-anal:
Magnus Anagmſîes clara Wirtmeprobatus
Aeternam viridipangi: zibífiande coranam.
A: meritis minimum eſt (ÿ- mm optabile mum”
Iſla tuisUJumcÏo lice! ipſc aptatm eburno)
&Ma realimita Telopsfaccret tua l67)1]707‘ï,PÎ71”.ſ.
Maior zæixſimimi572071 que con/amina 'verfit
Iſtbmia, -victom cum tallit ad aſtra Çozjynthas,
.At tata iilzi rcrum hÎc flñÎflÏÆ,D6íqflC,
Imperium Mundi quiln/.c eſt ej*- ſùmma patsſtas,
Obtulitxvt cumule: më-rita tibi !aude decarem.
lîrimóíqëzefæcundo pollet quaſi-mure 72-1114:
Victrices capiti laura: Hederamqneflquaccm
Impanenslibro munuſcnlafandit in i/ZU.
Praha-rca gemmi; grauidas ex æquore cancbas
E! plenis lcctos calatbí; per 'Uada lapillo:
Camficuaſhlis radzante: [me Hyacinzbum
Sapplairumaizzros adamantas @- Ëgne rubentc:
GemmaLBe-rillurnqneſæ-os -viridcſÿueſmaragdos
Ad ie bullato Tnittunt TQrë-ſiidcs aura.
Ældfilfla! monteſqne [Ûqfldï 'rupeſcſizueſêquutas
Orpbeafflulfizret :mm dumpollice chez-das?
Nonfion: in nnmcmm pecndr: pictcqïzc Wlncïm E
- ' t
.Et qu” agit Prom” armmm ſhb .Square dim;
.Ad tua concurruntſzrzſîtafirmidine :acta,
gèginetiampatefëzctafizis Iaicſédibu: imi:
Antra liber damn nignzſque vider: lacnm”
Vmie cana repumper montes trdmite lymphz
PÏ-ecipiteſèue caduntgelidis conmzllibns actes. 5
Necſàtis Ant” tibi Tèlluri: camera tom v_ ’ſſ
,
Rimaríque damum ditimerræque feaeſſm, -' ’= 1
____. Din” *Ubi opmtd qnæfitu: in arbore ramm' -- J
Cemla ſèpteno conſizrgit and aſtra mèmlla. '- ' un
Altíùs o” mentém 114cm4” in lnminix auras ‘ î
Attallensgzoctis teneb roſäzſèdc relictoz
Luctame: ?xmms Ü-ſèuifulmirzi: ira): ' _ S L"
Pruſſe-ct” mulce cœlomm é* templçzſêrena.
Ndm tufióblimè valirantis 4d aſtra ing-Île:
Memix aqua;fiectùaerreno Ô' corpo” über ï ‘
@Azzteuolmpauidæs -Uolucreacand nnbilafírzdís, _
Et quantum pamlm connexe mundm Olympe AL
Obtineat ffimiumteleïi metîre vol-ml. —
Nec taper tractm cælorum 'Udfflfl moróttur - '
z/Ietherzls immenſí malcgrzectorzcira [ze-Tarbes '~
Pírtzſiga aflrífizraxſÿherarum ræpele lapſu:
Denique nec !Îles-mier rapi ímpatemidſrſizlí;
@Aer-ibm ex mdÿx inzorquen: Sÿicnlæzflamœ,
'NH-ba nec erronumfflrono necldbentia
À Syderdfiammffemzz.ſizbtcr cdtem lapſù
mundum
Impealiungtardanzó/Ëaÿuó-,qrainprptinw amne
Termenſm jfdtiumjizhflemfdſttzia
Tbznſîliens ample; 'victor
Dimdſſm teſíñrlt in mala.
Ergo tibí quondæzm cœlarum in ſëde lomto
Tam; qui” crit Ô*edaxgmzgni
iuſti: tua gloriafdctù.
93mn nec tcmpm Iouisſſ iródnec igïlfl
Innidieque comes 12H07 mm car-pet i” dus-Sm.
' Iîïde F. M.
Ïííîÿèîîîîæ-în-Uî...

A M. DE S. AWDREC
Cher Soucy de Themis,clair aſtre de ſcience,
Duquel l'honneur autät s’eſleue vers les cieux,
Q1; dans le Dauphiné les Alpes ſourcilleux,
Ou que loing leur coupeau ſe monſtre en_
cuidence:
le vous offre Peffort de ma foible puiſſance
Le premice des fruícts d’vn labeur otleux,
Par lequel ie voudrois vous leuerittſſiqſſés cieux
Et qu’vn meilleur ſubject m'en donnaſt l'aſpe
rance.
Toutesfois tel qu'il eſt ne le refuſez point,
Mais attendez de moy quelque choſe en ſon
poinct :
Fay tiré le rideau de la muſe Latine,
Qui couuroit aux Fräçois nature 8c ſes threſord,
A ſin qtſà voſtre nom on la voye dehors
Ayant pour ſon Soleil voſtre faucur diuine.

F. D. F.
PREñ
E Penſe m'eſt” uequitté de a
mu promeſſe Mur u l'endroit
v v _ d"un miËAmygue ele pluſieurs
’ _ > &ſdf qui mïcuuyätſÿïiéde eouurirle
g gſſ_ TH E ATRE D 1-. N AT VRP.,

d'0” rumuge françcia; àſin que ceux ,qui ont


cle-ſia le rer/fe deſes æuures m la meſure lun
guemefzdſſeut defíituez de eefíuſ eyjequelſur
pzgſſe tom les autres um; enprqffit , qu'a” peut
tirer defi; lecture, quepour leur donner [apre
Preeoulffſunee &le ee , qui Îieuſt [MM moins eſté
commun aux autres nations , qu'aux Françoù',
qui ont eſteuë-'l’zluteur,eomme_ -vueplautepmée
de tant bellesfleurs , quWU-rz chacun en 'voudra
àlk-zduenir enrichir jim ſeuuntctr, meſme ie
mïzſſeure que l'Auteur cſhmait reliure óleuairg_
eſtre tem: bien receu , que quelguïvrzàle-releue
rait a-'elu peine de le traduire. Tauteisfais , ieſi
crains qu'aucun: uu lieu de nïeuflcuuçirgreſſ,
ne trouuent muuuuls que ie me ſo” oeeupíñàv
eefle trualucîfion, -veu qu'il euſl eſte_ plu/Y rut!
firm/rôle que l'Auteur meſrine Ïeuſfſifuict ou
qu'il
P R 'E F A C E.
qu'il fuſiolemeureï' enſon premier eſtat, que d'e
ſlre change' o" propbanc' en le communiquant à
'Un chacun : Ô* que d'ailleurs il euſtmieux cſteſi
1-- _ ſtunt, que Bodin Iurtſconſulte ſe fu/l du tout
f
,- ~' - aolonne à reſte partie de Philoſophie , laquelle il
auoit heureuſement trntctee enflt Republique,
que de lïuuozr quittce pour' traicter des choſes
naturelles, deſquelles perſonne ne doit auoir la
eognoiſſanee que leſeul Plój/ieien. 111.41): il; neſe
monſirent pas moins en eeſſeſorteiniurieux à
effl Auteur qzfenuzſieux à la nation Frunſoiſe,
perſonnes nonſeulement nées à contredire , é'
reprendre le labeur oles hommes oloctes , mais
auſſi à ſe vanter auee toute outreeuyolanee , que
c'eſt-î eux , auſquels il enfaut rapporter la rene_
ſure; combien qu'il n) aiſtrien de plus ſot-que '
leur effirit , ne qui fait moins capable de raiſon:
eur s'ils eomprenoyent l'intentiô de ceſt Auteur,
lu mienne neſeraitpoint à reprendre ; -Ueu .qu'il
s’e/Z propoſé par toutes ſes æuures d'illuſtrer,
comme François ,ſa nation ales eſeripts deflm
diuinſçuuoir» é' mo] de faire ioujr aux Fran
çois ele ee qu’z~l leur offre en ſon olocte Theatre,
pourleur repreſenter les merueilles de nature;
neplus ne moins quefaiſoyëſit iadis les grrîols ea—
pitaines ou peuple olſiWnf-“lxilleqllíol ils leur alon
noyent -vn Theatrepour leurfaire 'voir quelque
choſe de rnmou en leur repreſentant l/óyſtoire
~ - au
_IJBIÎ

P R E F A C E.
au -zzifde quelque choſe-ſignalée. Et certes il n'y
a auiaurcſhu] peuples , Entre lequel; fleuriſſent
tant de cloctes cffiritsçulïn en u veu en France:
lïſoluäls tjſtdns nefflflzubs le mcſme ciel , lequel
noſire Auteuruuoit choiſyfflourſhnfiiaur , n'ont
pro: flulemët obſcure); la gloire de tous lesprece
_vl
dents Philoſophes touchant la pnrfection des
lettres bumainthmuù qui ont auſſi ſur luffiltn
deur de leur ëliuin ſſuuoir couuert la lumiere
;les Anciens The-ages Ô' \Medecins , ne plus ne
moin: que le .ſoleil lcs eſtoilles .par ſon louer.
ſeſzuſſà ſoulffiſilence ceux , qui .t'a-ſtunt retirc-Ï
de caſte 'Uie , nous ont laiſſe' leur mer/noire im
mortelle Parleurs oliuinr eſtrzſiſts; nhdclreſſhnt
fier autres mu Event-queſta" ceuxmuſquels Dieu
u fuit lu grace d eſt” encor' -vzſiuunts pour le
bien à" 'Utilité de ceux qui s'adonnent À lu ca
gnoffluncc des choſes naturelles", Pour lu raſ
porterà caſte ſcience,ſans laquelle luſanté cle
l'homme neſe Pourraitguarentir des maladies:
tel eſt monſieur Hucher Profeſſeur (TConſtiller
du Roy en lu tres-illuſtre Vniuerjjiéde \Mont
Pellier , lequel ie nomme' par honneur 1 tm!!
à cauſe cle ſes merite; , que Pour atttant qu'il
tient f); nutſſunce ole la Picardie ſeminaire
des homme; doctes .qui ſont en France , é*
là ou Bodin à -Uoulu rendre flan Effirit à fin
que deſc: cendres [zeuſi renuiſire mcar quelque
TT
PREFACE.
Phœnixe. Il ne nous reffe done] , puis que nom
n'avons ſans mains à Preſent de leurpays d'hom
mes dofles en ce royaume, que iddu [Europe de
l.: Grece d* Italie ,- l' Aſie des Indiens d” chal
deens; lï-Ëffriqtze des Egyſzriengó' tout le mon
de auiouroſ/yuy de noſtre France ,ſinon d'en”
chinembellir d** orner chacun ſelonſupui an
ce noflre langue à l'exemple des Anciens ,qui
ſvoire meſmejquelleÿſutres n? \leírſfufflnt peler
lncognues , n ont u; e Pour' ce u e‘ crzre en n
leurpropreuſie ne dira) pus _ſeulement en proſe (fr
en -Uers les Hysîfoires , mue; auſsï lu Philoſophie.
les Loix , lu Meiecizzed” T!Ecologie , combien
que telles doctrines ne ſe puiſſent comprendre
de ceux . qusſſen liſent les liures ſans exercice.
Tels ont c/lépourfuire court, Galien d" Pluturñ
que , Cel/e é* Ciceron , deſquels les deux pre
miers Pouuoyent bien eſcrire en Lutin s'ils euſ
ſent -Uoulu é' les autres deux en Grec; mais
Pourquoy celdſinon àfin de monſtrer , ainſi que
'veut Pluton. qu'ils rffesîíoyentyd/JſetzlementneË
Pour eux en ſe cercímnt Une gloire purmy les
nations efírunges, muos uuſsï Pour leurpatrie en
lu): communiquant en langue vulgaire leur do
- ctrine .P Ciceronu traduit? en »vers Lutins les
Pbenomenes dffirutm dkutunt qu'il 'voyait que
lu. cognocſſhnce du leuer ó- coucher des cſtoilles
:feſtozt [des moins neceſſaire à l'Agriculture de
ſo”
~

PREFACEJ
i ‘ ſon pays que plaiſante ii ln pdrfection des effa
La
Y
des d"un homme docti'. On ne PEP” toutesfoi:
reprit de re/l dffſny enſn iettneſſſſe , m' d uma” en
ply-s grand Mgr trndttit [zlttſzſienrs littres de Pln—
i ton en C/lflflgfflíflltí 720m5 des Dialogues_ ni de
r ce qtiffinntpere delegue-nie il ?inſu-t eſgnller le
bien dire du ieune Marttoiinnſn ſes cglogues
l Theo critiques, Portree que les bämes de 561cm1):
là iugeayent avec plz/M grande egnitídn labeur
des autres gite ne [ont ,è Prefent [eux de naitre
ſiecle. Ceſtpourguoy ie voutdroù 9 ue rettx, qui
-verrît eefíe Tuer/ion fuſſent tels en mon endroit,
é' 'qtiils penſrſſent queie neſlltſſè point Art-tio!
ni Îſige-nere , auſſi n'ny ie pm cntreprzà' "Un la.
Learning-nel ñïeſjïere autant de gloire , qu'ils en
ont en d'avenir tmduict les deux Flu-x clegnnts
auteurs, ſvn d'entre les Grecs *ffdutt-EÆIEÏ_
Lntinsfſontesfois ie me 'contente de rrſcſtre ef-Ë,
ford-cf de reparer mn lnngneJng-ttellesïſzëoit'Ani
cnnement corrompu? en me: peregrindtiértíî
nanſeulement aux extremiteædéln Fräncfi: 51)
ffeſigtfon parle en autant de diner? dièifectëfl
qtùíy-n de 'villes ',\ mais auſſtſiſiept 'on ſinik? an?
pnrmy ln plus Part des regions deſiſlïnropeſi-tcllóîî
ment qffionïpeutbien dire de maya zjnc tePoëte
dirdeſón cajíitaink TWatan; z _ "‘ î" P*
~_ - ~ "WV " dî-Lñn-Nfîz-Yda 'reg (ſicfivrimſzxà-portat "
— Ognuibuserrâeeeÿxîtertès-&fiuctx-busïqſtas?
' —- ' ‘ l TT 2
ï

P R E F A C E.
Qi a eſte' la cauſe qu'en 'voulant en eigner les
autres ie me ſuis inſtruit? may-me me à Parler !d
François . é' ale eereher, comme qui dirait a ta
ſton , les tltſictzſions les plus Propre: ale reſte langue
pour exprimer le Theatre de Nature en ſa
nazfuetéſoutesfois ie 'voudraisqzionfiſauuinſi
ieÿque noſtre langue eſt tant tourte qu'elle ern
prunte inceſſamment les dicttſions des autres, -
commeſont auee elle lœffiaignolle d” Italienne
dela Latine; lvíttique, [Unique, Doriqueó'
ç/Ieolique dela Grecque; la Chalalaiquenfyria
que é' Arabique de lflebraique ; lÿínglotſe,
.Flamande é* Souſſe de ſzílemande , ainſi
des autres , qui en ont 'Une prineipale pourleur
matrice , ſont il aduient qu'au defaut des di
ctions wſzſitées on [renal tant dextrement qu'on
Peutles mots des' angues, auſquelles on a traitté
Fremieremëſit en beauxtermes les arts @ſcien
tesztelle que/Z la Grecque; ou aufquelles certai
nes pierres, minerauxffllantes pazffiznsmſeaux
é* autres animaux prennent nazſſznee , comme
rie/fans propres ailleurs , qu'en ees regions, ou
on les a trauue{, é' ou ils ont eſté Premiere
ment nammeff e/Yaeun ſelon leur naturemæ 0e
turreneæqui eſzëla cauſe que nous en -Ufonsfims
ío...,
reſſrebenſebnznon pas comme entre les Gothi
ques de noſtre temps ,qui aiment mieux a 1’e—
,tem-ple du Grillus Home-rique; Q” fiugibus
' rcperus
P R E F A C E.
reperris glande VCſCCb-lfuſ, 'Uſer de dictions
Barbare-s que ÆaiancerProprementſarmy leurs
eſcripts à [exemple ole Ciceron quelque cliction
Grecque au defaut des Latines , à' principale
ment en cffl nage auquel les hommes oloctes ont
faict' renaiffre Farm] nou-s ſa cognoiflíznce.
Voila lapremiere raiſon , qui mſſñſſostſſi' à ceffe
traduction. Laſeconole neſtPa/s moinsſorte que
la precedente , »veu la priere cle-pluſieurs de mes
amis , leſquels eſians amateurs oles lettres ne
pouuoyent neantmoins contenterleur cſv-it hors
ma Preſence cles choſes , lcffiuelles ils cleſiroyent
_ſſauoir en P/iilofiópbie pour nauoir les langues
familier”, Ëſhans autrementfortſtudieux aux
liures François &Principalement en ceux , qui
traictoyent des queſtions hautes à' dignes ele
leurs eſprits : tel eſta-it monſieur Portalgarde ole
la monnoye à Montpellier , é* monſieur Gay à
Die , F' en ceſte -Uille cle Lyon monſieur Guille
min mon patriotte, qui m ontſhuuentesfois prié
tantpar lettresquelzar leur -viueſarolle de leur
donner quelque liure François pour attaindre
la cognoiſſzznce desſecrets de nature-de laquelle
choſe ie Penſe ne m'eſt” Pac moins acquitté
enuers eux en cecyque d'auoirfaitgrandPlaiſir
a quelques Chirurgien: é* Apoticaires , auſ
quels ne reſteraitplus que oleyorîter la robeſour
faire honte à quelques ignorans 3 leſquels pour
TT 3
P R E F A C E.
nepouuoir comprendre Botlin en le liſant , ni à
quellefin ie l a) tſadllièſſï ne laiſſent de meſliire
de l-vn à* ele l'autre, combien que tcteſliſimeſſour
mon regard Flu-s honneſte de ne leur rien reſ
pondlre , que dirriter par raiſons leur malice.
remettant cela a-Unmeilleurſubject, auquel ie
leur monſſreray que maſont' sïſſemlplus loing
qu'a 'U726 traduction. Æantà l'auteur, iln’a
pa! faute de mes raiſons Pour ſa deffente nan
plus que le Soleil deflamb. aux Pour' cſtre veu a
plein miel)- .Fuiſque ſes æuures font aſſË-æ aſſa
roiſírequel ila cſtëzómefnze etſiuyñ cyſïeſmotſſns
enſeront le premier liure deſon Tbeatmauquel
il sœſteuepar la Phyſique óïMetapliy/íquefflom
me par deux ailes iuſques a la L iuinite' .- ó- le
einquieſme du meſine, auquel il Fenetre par
FArit/imetique Ô' Geometricte aux ſalue profonds
ſecrets des :baſes eeleſhes; ie Fauſſes-joués ſilence
le quatrieſme liure , auquel fa) aólmireſes tle~
monſtrations touchant [immortalitff de lame;
&le ſecond ótroiſieſme, auſquels il a reſolu
ales queſtions , leſquelles nauoyent eſte' encor'
miſes en auant, au a Muſe de leur obſeurite , ou
peut óſtre , qu'on n'y auoit Pa; eneo r'penſe : par
ainſi qu'on aſſeſſ- maintenant ele s eſinerueiller
ile la eaſiſepourquoj t'aime (jv /younare Îç/Iau
teur é' niemjzloye pourſa defenſe ne plus ne
'moins que les Trojensſſozer Helette,e_’ſ.ſſ"ſſant ;l'aura
- qu 'Un
PRE F E.
gti-vu chacun ëdeflende comme mo): , la heaute'
R, ,deſouſçauoir contre la 'violence deſes enuieux.
s'il me fltillait donc oercher quelque louange
par -vne zzerjïan , zïpenfl-rois la rneriterplm
grande de rue-ſire plu/Îdffl occupe' ſur aſtuycy,
que ſur quelqtiautre, d'autant guïl mefiuzhle
du toutraiſonnuhle que les æuures d'un Fran
çoisſojent leïies en Françoiæpuis que ie vois, que*
les ,nations effrunges ne ſe ſont point deſdai
gníesde tourner en leur propre langueſes au»
tres æuurmcÿ" quïl_ y a plus de peine de traduire
-i/n liure de Philoſophie en vulguireffl-ufixneſim —
ple hyfloire oupoeſie , tant à cauſe des phraſes,
gui repugnent aux noſíres , que des termes qui
nous deſffaillent;finallement quand il n'y aurait
autre choſe , que le deſirque l'a) du hienpuhlic
&que tout le monde philoſaphefflncor' neſerois
ie à hlaſmenpuis que lu Philoſophie nous ſepare
de ceux , qui s'approchent plus du naturel de;
heſies que des hommes 5 _puis d'ailleurs celà les
p daim er à aimer, ceusqqui ont de la dactri -~
l ne,puis que la ſcience n'a point deuneznyon
tunt qu on Pignon. Que-lotion me dira icyque
pour entendre telles matieres , qu'il faudrait au
preulahle , que ie leur euſſe donne' rune Logique
Françoiſe à' quelques rudiments de Phyſique?
ce que ieque
confeſſe deuoire/lrefuictmœuſteſíéque
ie fçuy [MMM a def-ia mis fu Dtſialecttſique
“l” T 4
PREFACEI
en Francosflxó' que monſieur du Freſne .1 dûctf*
mentparaphraſſſé la Logique dffiriſtote. ,Qgant

a la Phyſique, ie ſuis apre-i a en mettre *Une en


lumiere z qui ſuiura teſte 'verſion , en laquelle
?eſſere de traicter methodiquement é' hriefue—
ment tout ce qui appartient a laſcience natu
relle , la ou enpaſſant ie deffendray Bodin en ce
que ie le -verray conforme a la *verité Philoſo
phiquefflomntepar meſme occaſion, ie tireray le
rideau de deuant ee,qui lu) aura eſte' conuert en
nature diſhutant contre quelques ſiennes opi
nions z qui ne meſemblent[Jas de miſc-,ó- Par
leſquelles il s'attaque hienſizuuent contre Ari
ſtote. Maintenant Pour 'venir a ma 'ver/ion
ie n'ignore point que l'office d"un hon Tradu
cteur neſoit du toutſemblable a cela] des Ancñ
haſſadeurs enuoyeæ-vers
@ayons qu’Homere Achillenen
leur fait ce que
repete-r les nous ct
meſmes
parolles d' dgamennäſans rien changer, adiou
ſter ou diminuer des choſes, leſquelle on auott
deliherées au cbſeil des grecgóparl elles o”
peut 'voir qu'il faut que [Interprete exprime
.4_.-uL.n_,~.
jídellementffamecle l'auteurſans rien changer,
diminuer ou adiouſier auſens,- ce qui rfeuſt eſte'
Poffihle defizire a Neſtor, Vliſſî' Ô" Phænix tou
chant les ſeules paroles , ſi Achillcs cuſt eflé
.You/ſſe ou Anglais,ſinon par le moyen de quel
que ?ruche-menteur def-ia il faut changer les
paroles

\
P R E F A c ‘E.
paroles d'une langue en l'autre de mot à mot
s'il eſtfflgſiille , ou ZCËIÂ neſe peutfaire, 'Uſer de
pdruphruſe en augmentant le nombre des di
ctions, 'Une ne peutfuffirefflu exprimer en 'Un
mot, .t'il e/Zpg/Ïiblezee quel'auteuru du? en deux
ou pluſieurs. Toutesfczi: , _noue ne _flammes pas'
touſiours uol/Zruincts à teſte reigleuſuutít qu'on
ne doit [DM_ſeulement ejſicrirepour par]er, mais
auſi Pour bien dire , neſltu ne moins qu'on ne
-Ucſt PM 'une 70556701” ſe defi-mire alufroid,
mais auſſi pour beauté ó- oruement de teluy
qui lu Porte. Ie d] eeey en paſſunnàfin que i’ulle
à l'encontre des eulomnie: de ceux, qui ne trou
uent rien bonſinon ce, guifortde leur boutique,
mais ils meferont certe:grand plaiſir u''eſtimer
beaucoup leur luleurzpourueu qu'il: ne m'effiri—
ſent é** ne torrent-Dent Pointle mien , lequel ie
ne laiſſera) _pourtant de reeommunolerà ceux,
quiſrenólrontlu peine cle le lire , en attendant .
quelque choſe de mon cru , que ?eſſere bien !eſt
faire uppdroiſſrefiirles Mathematiques.

TT!
,ñî--íjîd ...—.——..——— ————---—.._—.—.—— î?

DlSTHLV ES, (LVATRAINS, ET


AVTRES VERS SVR LB THEATR E
François de M.De Fougerolles Docteur aux
Arts 8c en Medecine.
ſÀa-Dſſl-rçt u-.Àſſlalæv aívæſirâvdz Z57' Oldſſçav
ſſ~ï> TJ; qu'une, Ëplſſov Walfflzzelſid. ÀUOÜEÀÊL
IIOÀMÈ ſuoîmdè raw-T Meïldççdrñe, WÛÀÀUÎ HD0990?)
HOAÀ' êTdſſH ,Ëyfflv -aToÀÀaZ xaeplſépevce.
I A. Kumi-rx lxleMeſ-defio; Mueuyœſſlncï.

......~...—.-——.-—.——. ——_..__1_ ..____.___—_


ï ) .

CE4 qui Ljuſi deluxe inelmſau gianxl Stagyrite,


‘ ²' Nature l'a faict voit a Boîm amplement,
I
-Glmre pleine d'honneur ,mais qui eſt plus petite,
Que d'offre interprere' d'vn homme aulll lçaunnt.
D. Iayſe Adam-de augmnd C Onſetl.
*x

Encÿtlopædia Medicarumfizrſzkun
z». Artem ſi decret nobilem,
Txbi, qui Mutlaematu calle-M Exólnîçd,
Linguuſëzue 4d vnguem prineipex,
ſ Îêælerundu quinetium Eoçôv my/Zeriu,

ſ/Êzzif-;zze dote: delu


Victrix Uirenſizue Palma iure camper”,
E1 Iuurm de edem ſêquux.
E730 mam afiïrmu pere-mem gloriam .
'LUZ-rule mucte :ſta nm.
Proc-ul face/ſum inuidarum ſhoîflïnæíllz,
Rumpuntur d" iſfliem iliu.
I. Hemichexa us Aruernus Iuriſc.

_ Bodin
:-z-À--À-u
Bo_c_iin fſiuſt doctc en tout,rien ne luy firſt caché
Es langues 8c ſecrets de toutes lcs ſciences: "'
Mais ce qu'en
Fait ſes diſcours
ſoy que vous
vous auez leseſtes attaché
meſmes cognoiſiſiances. _f ,d--.
Ã.. ;f —_~
L GíllonBourb. Profeſſeure” droict. _íſſ ,j
‘\
I

1
-————.-—

gullicu Romano du: lucem Scena 'line-nm ~


Nec mirurn: banc Gallia alter Apollo dedit. :d
PcLVimarus Lug.Doctor M.

——-—-—— -——__. - ,.__...—..——‘——_——-—


Bodin a dc ſa docte main ſi _
Dreſſé pour le peuple Romain,
Le Theatre de la Nature
Contre le temps 8c ſoniniure,
Et comme tres parfect Ouurier
A faictlequel
Dans vn traict
rſinondeDe
ſonFougerolle
meſtier,

Ayant fort bien ioüé ton rolle


Tu luy as donné des tapis
Tiſſus à belles fleurs de Lis.
Phil. Dïluefnes,de Berry.
ET CONTENV EN TOVT
CEST oEvvRE.
. i IE v ſouuerain Auteur de toutes
ſi —, choſes ,leſquelles ont eſte' fſiaictcs
par ſon admirable ſageſſe en tout
~ ' le contenu de ce monde, me ſem
… n45") ble n’auoir rien Faict de plus ad—
mirablemi qui ſoitplus à priſer, que d’au0ir ſe
pare' au commencement les parties de la matie
re ,qui eſtoyenr conſuſes les vues auec les au
tres , &deles auoir veſtues de forme &t figure
conuenable à la nature dc chacune d’icclles , 8c
finalement diſpoſées chacune ſelon ſon ordre
au lieu quileur eſt naturellement aſſigne'. Car il
n’y a rien au monde,qui ſoit plus plaiiànr à voir,
ou qui recrée auec plus grid volupté l’eſprit de
l’l1omme,oi1 qui ſoit plus commode que l'ordre.
Voilà pourquoy nous recerchons diligemment
en toutes choſes quelque diſpoſition conuena
ble à noſtre propos', ä fin que apres qtfon l'a.
trouuée , on rraicte plus dextremenc par ſon
moyen ce qui nous eſt propoſe' pour ſubicct; au
contraire il n'y a rien qui nous ſoit plus deſplai
ſant à voir,ni de plus difficile à comprendre que
ce,qui eſt confus 8e deſordonné: de ſorte que
ceux , qui meſpriſenr de ſuiurc aux Arts 3 qu'ils
enſeignent, quelque methode , ou qui indiſcre
~ tement
n
DE UAVTEVR.
tement confondent leur doctrine, me ſemblent
du tout ſemblablesà ceux , qui mettent en \tn
monceau peſie melle le Froment ;mec l’Orge,la
Mouſtardede Millet,le Ris 8c les legtnnes,telle—~
ment qtfils ne peuueut faire leur profflt , ni de
chacun ſeparement , ni de tout le monceau en
ſemble , voire meſines qu’ils ayent traicte' Fort
ſubtilement quelques queſtions parmy vn tel
deſordre. Auſqttelles choſes me prenons garde,
ie me ſuis propoſe' au commencement de ceſt
oeuure de monſtrer quel ordre ie veux tenir par
tout ce mien diſcours, à fin que nous ne ſoyons
contraincts de faire ainſi que pluſieurs, leſquels
/ traictent vn ſubiect en enſeignant comme on le
doit apprendre , ou pluſtoſt en confondant le
noir auco le blanc. Auquel vice Ariſtote s'eſt
- laiſſé gliſſer , veu qu'il s'efforce en ſa Phyſique
d'expliquer qu’elle methode il Faut ſuiure en
?enſeignant , ce qui eſt vne queſtion ,laquelle
appartient au Dialecticien, 8c laquelle il a neant
moins laiſſée indiſſoluë. PUIS &Paillettrs Iean Pi
cus Prince dela Mirandolle monſtre aſſez , que
Fordre , qu’il tient en ſes queſtions naturelles,
;s'eſt pas ſelon la ſeigle de l’Analyſie 6c Com
poſitióæar il faict, que les liurcs des Cieux ſuy
'dent les huict de la. Nature,& aptes ceux~cy les
liures de la Generation ,les Meteores,les Mine
rauxdes Plantes , les liuresde la Generation des..
animaux, de leurs Parties . de leur mouuement
ôcprogrez, les liures dc ÏAÛÇMÊC finalement
ceux, qui ont eſté appelle: Opuſcules de la, na_
ture.Lequel ordrmcombien
raut à la verittäque qu'il ſoit :ne,
celuy dfiſiriüotç, plusſein
a ~ ,le
:1, v
' toutes
INTENTION
toutesfois auoir ceſte incommodite' , qu’il ne
failloit pas , que la doctrine des cieux 8c corps
celeſtes prccedafl: les liures de la Generation,
puis qu'il eſt tout manifeſte, quels. choſe com
poſée ne doit point preceder la doctrine de ſa
compoſitiomôc que les Meteores, qui ſe ſont en
l'air,ne doiuent pas precederla doctrine des Mi
neraux,qui ſe ſont aux entrailles de la terre. Or
puis que la doctrine des mouuemcns celeſtes
appartient au Phyſicien (car il n’y a rien qui ſoit
plus propre au Phyſicien , que le mouuement,
ne qui ſoit plus aborrët du Mathematicien , que
de parler des choſes mobiles ) il ne dcuoit pas,
ainſi comme il me ſemblegranſpoſer vne ſi no
* ble _ſcience que celle des cieux deuant les que
ſtions des plantes , mineraux 8c animaux , veu
qu'il Faut par le conſentement de tous traicter
remierement les choſes les plus faciles,8c laiſ
ſer pour la ſinles choſes les plusdifficilcs. Car,
quelle choſe pourroit on tro uuer de plus diffici—
le à expliquer que la doctrine des mouuements
celeſtes,ou qui ſoit plus Obſcure à entendre, ou
qui aiſt vn plus excellent ſubiect? Toutesſois
Ariſtote ayant entrepris d’en dire quelque cho”
ſe , a mis beaucoup de queſtions en auant, leſ
quelles il apaſſées en quatre liures ſans les de
cider. Et certes ce n'eſt pas 'de merueille, puis
que les Mathematiciensmous enſeignent allez,
qu’il n’aia1nais ſçeu ni l’ordre,ni le nombre des
Planetes: mais Platon à fiaict plus ſagement que
luy,lequel pour euiter,comme vn horrible præ
cipice, les deſtourrs 8c contours d’vne ſcience
cant facheule l’a appellée «pdg-dv ê; B473:- comme
' qui
DE L' AvTEvR.
qui diroit vn Precipice profond. Ce qu'a eſté la
cauſe,que nous en auons parle' en dernier lieu.
Puis doncques qu’on doit commencer par les
choſes plus ſacilles, 8C qu’il n’y a rien qui ſoit de
meilleur comprendre que les choſes ſimples ,il
ne ſaut pas douter que la premiere &la plus
ſimple hypoſtaſe de nature ne ſoit encloſe en la.
matiere veſtue de ſes accidêtsflaqtlelle eſt com
me la premiere lie de naruredeſpouillée de rou
te F0rme,telle qu’eſt la cendrezlaquclle combien
qifelle ſoit par le Feu deſpouillée de toutes For
mes,ne laiſſe pourtant de ſubſiſter contre Topi
nion du vulgaire nîayant autre choſe pour ſon
eſſence que la matiere côioiucte aux accidents.
La ſeconde Hypoſtaſe de nature conſiſte de;
matiere, Forme 8c accidents tels que ſont les
elements.
La rroiſieſme Hypoſtaſe de nature eſt celle,
laquelle Outre la matiere Forme ô: accident eſt
auſſi compoſée de deux elements,comme la va
peur' 8c exalarion , deſquelles Fvne ſe faict d’air
8c d’eau,8c Fautre d’air 6c de ſeu.
La 'quatrieſine Hypoſtaſe de nature eſt celle,
qui ſe fait de trois elementæcomme la nuée;
' La cinquieſme ſe fiaict des quatres elements,
qui ne ſe ſont pas alſemblez par artifice , mais
parle ſeul moyen de nature, qui les. a conioincts:
en la ſorte qu'on void aux pierres 8e au .reſte des
minſictauLqtÎi ſont ſans vie. ' -
La ſixieſine Hypoſtaſe de nature eſtkles ehoñ:
ſesgqui ont vie,comme les plantes.
La ſeptieſme e_ſt des choſes, leſquelles outre
la Vie ont ſentiment 8c puiſſance d: ſe mouuoirz'
comme
INTENTroN
comme les belles eſt
La. huictieſine brutes.
des choſesflelſiquelles entre
la vie &lle ſentiment ont quelque intelligence,
comme 'homme.
La neufuieſine eſt des choſes , leſquelles ou
tre la tnatiere, la Forme, la vie ,le ſentiment 8c
Pintelligence ont quelque choſe dc plus clair 8c
excellent que tout le reſte,tels que nous ſaiſons
les Anges 8c autres corps celeſtes.
La dixieſine eſt exempte de toute condition
corporelle eſtant infinie 8c par deſſus l'ordre de
nature,à ſçauoir Dieu eternel 8c infinyPat ainſi
il ne Faut pas Farteſter à la Fable de Critias dans
Platon touchant Fenfſiantetnent de cinq formes,
puis que nous voyons , qu’il y en a neufſans le
dixieſme otdrezon peut entendre par cecy , que
les dernieres Hypoſtaſes de nature ſont plus
compoſées que les premieres.
Or doncques,puis que les choſes ſimples
doiuent precedct celles , qui ſont les plus com
poſées, nous auons tellement diſpoſé l'ordre 8c
deſcription de la nature vniuetſe le , que nous
commençons le ptcniietliure par la diſpute du
premier Principe de nature , entant qu'il eſt le
plus ſimple principe de tous les autres, qui ſont
en nature : aptes lequel nous continuons la do
ctrine dela matiere , de la forme 8C des cauſes;
&par meſine moyeu de leurs adioincts , à ſca
uoir,du mouuetnent, de la generation 8c cor
ruption,de l'accroiſſement, 8c de toutes les au
tres eſpeces de mouuement auec leur depen
denees :comme la diſpute du lieu,du temps, du
vuide, du finy, 8c de Fmfiny : pour Feffect; dela
quelle
D E L' A v T E v n.
quelle nous nous ſommes propoſez deux cho.
ſes principalement à faire en ce liure, à ſçarloir,
de mettre en auant quelques demonſtrations
Pour prouuer qu'il n'y a qu’vn Principe de na
ture, 8c que ceſt luy ſans autre , qui a iadis baſty
le monde de ſon plein vouloii-,ôc qui le gouuer
ne à Preſent , 8c auquel il doit donner
iour fin. *ſi
quelque

De là,nous diſputons au ſecJnd liure des ele


ments 8c des meteores,leſquels, d’autant qu'ils
ne ſont pas de longue durée à cauſe deleur in
conſtance , ſon Pluſtoſt de nouueaux aboutiſſe
mens des elements que des corps Parfects 8c
naturelszapres leſquels nous diſputons des Pier
res,1netaux,ôc autres mineraux.
Nous diſputons au troiſieſme liure de la na
ture des plantes &des animaux. '
Le quartieſine liure com rend la doctrine
de l’Ame , de laquelle Ari ore Penſe que le
Phyſicien doit premier traicter que du corps, '
pource , dit—il , que l’Ame eſt plus noble que le
corps,mais il cuſt fallu par ſa meſme raiſon,qu’il
cuſt eſcript ſa Meraphyſiqite deuant la Phyſi
que , pource qu'elle precede en excellence la.
doctrine des choſes naturelles , ce quil n’a pas
faict,l’ayanr traictée par apres.
Le cinquieſine comprend le traictédes corps
celeſtes,à ſçauoityle moun-lement ordinaire d'vn
chacun, la grandeur des eſioilles , ?admirable
harmonie qu’ils ont enrfeux, leurs interualles',
demarches, aſpects &concurrences. toutes leſ
quelles choſes ne doiuenr eſtre laiſſées en ar
riere par ceux , qui ttaictent_ les choſes natu
TTT
I N T E N T 1 o N
:elles , puis qu’il n'y a eſtudc plus inſatiable , ni
_quil attire à contempler auec plus grand dexte-ſ
rite Æentendement ſa. beauté que ceſte là,qu1
nous deſctipt ce_ cours &nature des aſtres :de
ſorte que tout ainſi,quc nous auons commencé
noſtre diſpute par le premier Principe 8c auteur
de ,toutes choſes ,tout de meſme nous auons
concluſid 8c finy noſtre liure à ſon honneur eſians
.teuenu àluy. '
Ort-nous n’auons rien cu en plus grande re
commandation que de garder l'ordre indiſſoltx
ble de nature . leur coherence , affinité 8c con
ſentement, 8c de monſtter comme reſpond la.
premiere extremite' à la derniere 6c leur milieu
auec toutes les deux , 8c le tout auec vnc cha
cune de ſes parties. Nous nc nous ſommes pas
beaucoup arreſtez ſur Fhyſtoire des plantes 8c
- .des animaux , pource que telle matiere a eſte'
copieuſement traictée par Ariſtote , Theophra»
ſte,Pline, Dioſcoride, Galien, Matheole 8c plu
ſieurs autres , nous eſtans propoſez de deſcrire
ſeulement ce que les autres auoyent oblié à di
re , 8c qui eſtoit neceſſaire à cognoiſtte àla po
ſter-ire', 8c duquel l'experience nous afaict cer
-taine cognoiiſance. Nous auons par mcſme
moyen conioinct les cauſes de chacune choſe
auec ſon hyſtoire : cat outre que ceux , qui ſe
parent Iſihyſtoite des choſes naturelles de leurs
.cauſes , ettent grandement, ils faillent en cccy
ſur tout, qu'il ſont contraincts de repeter ſou
nent vnc meſme choſe : comme par exemple.
l \land on raconte ſhyſtoire du mouuemcnt dc
lQccan ,il faut quant 6c quant y apporter les
cauſes
Ô a ‘
Ÿ" ~~
IDE IJAVTÉVR. l*
cauſes efficientes 8c non pas les tranſporter
ailleurs. Et certes les liures de Pline ſont pleins
cfhyſtoires naturelles, leſquels, combien quïls
ſoyent eſcriprs auec vnc admirable diligence,
nhtteignent toutesfois gueres ſouuent les
queſtions touchant leurs cauſes. Il n'y arien
pourtant qui ſoit plusſptopre au Phyſicien que
de s’enqucrir des cau es efflcientes de toutes
choſes , 8c meſme de ne aſſerle plus ſoutient
leurs cauſes finales ſoubs ËlenceQue ſi dëauan
ture on nous reproche que nous ſommes en
different auec les autres, ie leur monſtreray que
ie m’cfforce en tant qu’il m'eſt poſsible de prou- _
uer mes raiſons par arguments neceſſaires 8c de
reſuter les ſauſes opinions des autres par de tres
certaines 6c euidentes demonſtrations. Ce que'
nous auons principalement ſaict aux queſtions
des Principes de nature ,des cauſes des choſes
naturelles, de ?origine &de latin du monde,&
de ?Ames de laquelle nous auonsæomme il me
r ſemble,eſclaircy,& rendu plus Faciles toutes les
ſortes de-queſtions , qui en auoyent eſté propo
ſées auec grand' obſcurité auparauant. Finale
ment , nous iſauons mis en auant aucun pro
bleſme &Ariſtote , ni d’Alexandre Aphrodiſée,
ſinon ceux,leſquels ils n’auoyent cncorſpropo
ſez; ou s'ils les auoyent propoſez ,qui ont de
meurez ſans eſtre expliquez; ou s’ils ont eſté
expliquez , qui n’ont pas eſte' confirmez par
aucune raiſon; ou finalement,deſquels Fhyſtoi
te eſt fauſſe pour la vraye.D’ailleurs nous :mons
ſuiuy ceſte methode en noz demandes 8c reſ
ponces , ayans iutroduict par dialogue la per
TH' ï
INTENTION DE I-'AVTZVR
ſonne de T H E o u v s , comme diſciple , 6c dc
M Y s T A c o G v E, comme maiſtre, pource qu'il
n'y a point de methode plus commode,
. ni plus Facile à la memoire
q uc ceſtc-c
**k Y .
——_——.—.À_————..—.——.—_—.——_.À_—_À.U.í_

APPROBATION DV THEATRE '


’ D E I. B.

O VS @Fini-ELS que Peintre ;le ñlîexîcellen


rëſêonſítlte I.Bodirmſinfiríjzte L E* 'T H zi 1
_j
ne LA NA-rvniz VN_ ivamszñn 1,15 eſt díz
_gne zik/Ire mi: en lumiere . lui” à cauſé qu'il ne re:
pugne rim à lu Foy Catholique .que-.dîqflre caxgfſiom”
aux decret: de lu S. Egli e. Romaine -, Ô-Ïmſſeſnſſe auſſi
el cſtudepour
pour lu belle
autant qzfil ddctïlflëäqfll)
peut coutenuë-.Ce
porter grand profit noix q”

may F. I. le Conteuíuguſlín confirme', ce x z. Fargo-ier'


1596. .}— *— mi)
ñ Signe' ' ï - , d 'é'
1 5 _f LCOMIGS'
5593:? . . " ..iii-l
'[4 i ſi , l "ſi L' *E5

z; ,Q1 ~ ' ' …ill-l'E X


T O V S auons concedé de mettre en 'lumieô
re le THEATRE D a Not-rn” -zdé
I. Bodin luriſconſiiltc, comme vn œuure plein
de doctrine ce 12..Feb.1596.

Signe'
~ CHALON OJÛHOÎAL.

TTT z
qEXTRA1cT
!llÀi

du_ Priuilcge. l
, ~ z An. grace &- priuflege-du Roy ,il eſt
…, permis àlean Pillehotre, Libraire X
»Z
^ Lyon', dîmprífner ou faire imprimer
vn liute intitulé, L E T H E A 'l' R E.
nx LA NATVRE VNlVERS ELLE,de
Ieçn Bodin Iuriſconſulte, traduict du Latin par
M. F.,-~,De -Fougerolles Docteur en Medecine."
Etſontfaictes treſ-expreſſes deffenſes à tous Im
Primeurs , Libraires 8c autres de ce Royaume,
d'imprimer ou faire imprimer ledict liure ſans
le conſentement dudit Pillehotte , iuſques au
temps &jeune de dix ans , ſur peine de con
fiſcation des liurcs, qui ſe rrouuerós imprimez,
8c d’amende arbitrairœcomme plus amplement
eſt declare és lettres données-à Paris le xiiij.iour
dîAouſtz-nnl cinq ee-ns quatre vingts dix ſept,65
de noſtre Regne le- Neufuieſme. ' - ï
n :.'- 1.-'
Parle Conſeil . -

L E N A 1 N.
A À . ſi' .IJ r ſ ‘l
-——-~—_î—— -——-—î—..—__..._. .—…—.——————.

SONNET SVR LA
MATIERE DV PREctMliEK

liure du Theatre de Iean Bodin Iutíſc.


traduict du Latin par M. F. de
Fougerolles Docteur
Medecin.
1c ~k
>4
Si Pelfrit glu François deſire de cognoiſtre ſ
Eouurierpurles effèctzde ſon urnſte main,
S’il ne ſe 'veut monflrer ingrut ou inhumain
@A celuyujui luyfuit ce beau mande uppuroiſlre:
S’il veut cognoiſlre àplein leſeigneur é" lectmui/Zre,
Lequel de moins que rien du ſôir du lendemain
Peutfuire Ü' dehuſtir le monde deſh mai”
Luy donnant ou zzſtuutſà fin ou premier eſlre,
Qu'il contemple de Dieu lu 'vertu ceflefizis
Luforce ó- les effects en ce liure François:
Qu'il liſàôgraue Auto-manu premier du Theatre
Leprincipe du toutfeternite' deDieu
Le vuioleſiïnfinyſie mouuemenùle lieu,
Et des corps informe-z lu matiere merutre.

, ' LES
————-—-————.î..————~.—.î—î

LES PRINCIPAVX
.POINTS DES CHOSELQÏI
ſont traictées au remier liure du
Theatre de a nature.
*k*
3E

Auquel le Theoricien 8c Myſtagogue diſpu


tent des principes, cauſes 8c affections du corps
natureLde l'origine 8c ſin du monde.
De la nature é" Mgfflnſſïínee du corps naturelfiction I.
De la fabrique du monde, 1 I.
fDes eauſênde leurseffleces Ü-proprietez. I I I.
De ?Eternití du monde , de ſh forme cj- de ſa ruy
ne. I I Il.
Des cauſës interieur” o# exlerieures des ehoſês. ſſ.
Des Principes du mande. VI.
De la premiere matiere , comme elle n'eſt qu'une ó
oommune à toutes choſês. VII.
Du mauuement. VIII.
ÏDu lieu. I X.
Desrneſlangent
ſhbſtaneesauee
des elements , câ- en
les autres corps. p quelle ſârte ils ſe
X_ſi
De l'ordre des chcſts en leur generation. X

LE
i
s P R EM 1 E
'ſi ï 'TH-E
.YRË
œbEun-g-t..

LA NATVRñE. — 1'- ſi*

s<" . l.). ~ 'i i l ſi* Î

dÃuquel _il eſtchoſês


&ions Çdctes traictírlcs Prîriefiipéssſiduſës
naturelles : la naiſſance* d"
, nature,
d” Molſinde.
câ- cognaiſſçzpcc
.E1 premiére-ſhear
glzſisearſijzs naturel'
la definition "

1.. 5';

. -SEGIIO N, ..I._. ,
'n‘
1 l. . - ' q …ï .
L E -TH r. Oî-RŸLF-ſxflî NW.) _
.."
> V 11s @Sim nie ſembles eâi
‘ ï - ſi ctrine
ſite .tellement
a 8C ornéremply deſde-s,
de perfection,
naturellezqiſil n'y aperſonne,
~~ _ ’ Ÿ—N* qui enſeigne
lorrtézni de meilleurexvos
aueſſcplus grant? ;dex
terite' que ztoy_ ce , qrfil 'a appris par longues
veilles 8c inſiny labeur &eſprit , &que tu-nfakñ
donné ſur toy>ceſte puiſſance de ſonder leplus
profond de ron entendement touchantla co'—.
gnoiffizæice de toutes choſes , re plaict-il que
A nous Îuyuions en ce diſcours la louable cou
fiume des citez les plus belles &mieux admi
niſtreſies? :'
ñ À
ä Pnzuxzx Livn!
"‘ LE 'ſiMYsTAcocvL
l

l'E S T r M E que ccluy-là auroit vn courage


íngtat , ou, pour mieux dire , enuieux , qui ne
communiqueroit liberalement quelque cho
ſe de ce , qu’il a à ſuffiſance , 6c qu’il ſçait de
floir porter profitil än'en
communication vu autre.
eſt en veu
rien que par ceſte
moiirsſitiche.
Carla force 8c nature des ſciences eſt telle,
que tant plus on enſeigne 8c diſtribuer-on à vn
autre ſon ſçauoir , tant plus en eſt-on inſtruit):
6c cnrichvêſſqant à ce que tu m’eſtimes fort li
beral de mes phítaſiesxe n’eſt pas de merueil—
lezcar c’eſt la couſtume desſptodigues, leſquels,
combien qu’ils ſo ent crc -necelsiteuxmeant
moins ils ne laillxent pour cela deſpardre en
chacun lieu ce peu qifils ont : tout au contrai
re des riches auaricieux, qui ſont d'autant plus
tenans &chiches qu'ils auront amaſſe' richeſ
ſes ſur richeſſes. Mais que veux-tu dire parla
couſtume des belles 8c bonnes villes dont tu
as parlé?
T H. CREER le Magiſtranqifon appelle My
ſtagogueffluquel eſtoit commiſe la charge de
receuoir courtoiſement les eſierangets recer-.ñ
chans la cognoiſſmce des antiquitez 8c autres
choſes honneſtes , les mener par la ville , leur
monſtret route l'antiquité du lieu , comme
Templesfſheatres,PortiqueSz 8x' d_e leur dóner
àeutëdre tout ce quïl ſçauoit de beau 8c de ra~
rude meſme auſsiunoyHq-.ii voyage par ce mon—
de cóme par vnc ville,'deſir-e d’eſtre inſtruict de
toutes choſes”. fin que ie puiſſe entëdre de toy
tant
SEcTxoN I. . z
tant ee,qui ſe fait en haut qu’en bas,tant oegqui
eſt premïcndernierzque'moyen , finalement les"
cauſes de toutes choſes auec- leurs fins 8c de
pendances. M Y S 'r A c. Certes tu demandes
vue choſe ,laquelle eſt la plus. belle 6c difficile
de toutes les autres , 8c laquelle feſtimerois”
comme
pouuoisvnc grande
obtenir de felicite'
quelque &bleatitudqſi îe la
homme , ouſſîde
quelque, Dieu : car nous ne ſommes* paslirieæl
nus pour autre fin en ce Thnatrcälu-Mondcz
que pour entendre-tant qu’il nous-eſt poſiîäle,
Fadmiràble bonté z zſagellë.- &ipniſiance deï ce»
grand Ouuricr de toutes choſes, &t PODÛLCM;
rauis aucc plus ardente affflction äcelubret. ſes
louanges en la contêplationdecc ION-T ,~ 011-.
urage incôparablexſiceluvy-Mais puiſquezlîcffl-ë
me , que ce ſeroit 'trop grand aſcheté , que
mon -ämitié ne firſt reciproqueà la-tiennesôc . .
que ie rſencoutirois pas petit reproche en Ît’eſ—ó
conduiſant .en telle “choſene lc.veux,toutesfgis«
auec condition que FIISQ1c me demanderais-im»
ortunement la reſponſe.. de ce-,qzie je tïtumy '
librement confeſſe' ne ſçauoir pars., '.9 TnSrH-»h
T Fi. Ie ſerais vn grand ſogſi ie le 'cle-ſirois….
6c cncor’ plus impudent,ſi ie demandais de ſça-z
uoir ce que tu ne me pourrois- enſeignerzmais à
fin que la memoire des choſes pallëes-,ôe la cóz
ſequence
nouyllſientde lacognoiſſance
_arrrſtans par trop dïcelles ne s’eua-—
noz diſcours aux
ſeules parolleskóme nous voyós quïl eſt adueñ_
nu à pluſieurs,leſquels,cependänt quïls rccer-z
choyent trop curieuſement la beauté 6c grace
du bien dite pour teſiotlyrzleur eſprit-,ont lailſi
’ . A 2.
4 PREMIER LlV~RE
ſe' gliſſer de leur-filé la. principale choſe , dont
il eſtoir queſtionfie te demande premier-einen:
que c’eſt que Phyſique. M Y S T. C'eſt la ſcicnñ
ce.' T
desu;choſes
Qgi eſtNaturelles.
le (ſiubiect deñ ceſte ſciencezM Y.
Le corps Naturel. -.
;J I' H. WſiCIL-CC que Nature? M Y S T. Ceſt
l'eſſence 8c la meſme efficace , laquelle a eſté
àbaillée par choſe-dés
chacune don 8c grace
ſon duremier
ſouuerainCreatcur
origine. ſi
T H. Rourquoy ne deſſins-tu la-Nacurqeſtre
'cle ſoy—meſme' 8c deuant tout autre choſe le
principe du mouuem-enr 8c repos», leſquels' on
apperçoic au corps naturelëM Y. Ceſt l’vne des
3 Au (Jill. dt
hphyfiquc_ definitions deNarure ,laquelle Ariſtote ï Iuy
1b Auts-llqiuſle a barllée en certain lleus routesfoxs luy-meſine
qîufffljpoä El' “lappelle ailleurs tanroſt ſorrne , tanroſt ma—
dcfiny la 9a- rlere, 8C quelquesſols generation où corps na
ë" 5' m' turel,voire meſmc il appelle de ce nom preſque
iſ chacune ſubſtance: Combien que ni .la .forme
naturellemi la lnariere ne peuuent conſiſter en
aucune parrdïelles meſrnesmi n’ont *aucun Fô—
clement en la-natureñjni ne rreuuêt aucune la
cc: auec' les autres choſes naturelles , qui ſſmt
c A.. 51_ d, rengées aux Categoriesor puis °qu'vne ſeule
.T°Pï‘1"ï‘- choſe lle-peur íauoir plus quedëvne definition,
faut que de deuxïvneñ ſe ſaceñſeulemëuſçauoir.
que de routesces clefinir-ionÿsilaæëyſſen aiſt as
, vnc qui vaille rien , où 'il ſalir qUŸvHÎc ſeule ſoit
. - legitime. Tout ainſi donc que lercdrps marhe—
marique eſt le ſubiect des mathematiques; le
corps artificiel ,’ des arts meehaniqiles 3 le
corps humain de la medecine , tout de mcime
le
—_
TT,
SECTIONML, .' 5
le corps Naturel eſt lexſubiectóie Phyſique,
6c non pas la Nature ou ſubſtance” formezdifſi
_i_e,où matieresà fin que nousne fdçions les ſubñ
ſtâcescorporflelles &incorporelles eſtte le-ſub
icct d’vne meſine ſciencezCe qui ne ſe peut Fai
' re ſins grand” confuſion des choſes D-iuines 8c
HumainesPar ainſi nousentendrons cy apres,
qu’aucun des principes de Nature , deſquels
Ariſtote aiſt parle', ne peut eſtre de ſoy-meſiue
où deuanr tout” autre choſe la premiere ſource
du mouuement ;comme ziuſsi ſa definition ne
peut eſtre aucunement receuable. Ce que ap
paroiſtra en temps 8c lieu. .‘
TkLDequoy ſe fau r-il enquerir pour la perſe
cte cognoiilànce du corps naturel 2M.De trois
choſeszdeſqrtelles la premiere ſera de Peſtre d’i
celuy
ſieſme, àlaquelle
ſeconde
fin de
8c ſes proptietez
vſage , 8c la troile
il aefié procréeſſ:
premier lieu contient la definition, qui eſt l'in
time eſſence de la choſe cognue-par ſes vrayes
cauſes 8C effects: la ſecóde comprend par la de
ſcription les propres vertus 8c ſacultez d’icel—
le ;finallement la troiſieſine declaire à quelle
fin 6c vſage ſont telles proprietezs par ces trois
ſortes de queſtions eſtant deuëmêt expliquées,
ont pourra_ entierement comprendre 8c @a
uoir ce , qui eſt' de la doctrine du corps Phy
ſiclen ou naturel, ſans qu’il en faille cerchcr
vnc quatrieſme.
T H. Si ainſi eſt, que tu dis,la ſeule Phyſique
comprendroii* toutesles autres ſciences en el
le meſme z puis qu’il n’y a rien,qui ſoit contenu
en ceſte grande eſteudue du Monde,qui ne ſoir
A z
6 ’ PRIMLER LtvnE
ou corps
iect naturel ou accident.M.Le
de Phyſiqueufſſeſt propre
autre choſe ſinon ſub
ce,que
--les Philoſophes ont appelléEsTM-z NATVREI.,
toutefois le prenant corporel 8c mobile : com
me auſsiiceltly Eſtre naturel eſtant incorpore]
d ^u4 Ldzx, 8c ï immobile eſt le vray ſubiect de la Meta
meuPhr-c-s- phyſique. Quant aux] accidens,chacun ſe ra —
porte à ſes arts 8c ſeienceszcomme par exemple
es couleurs à la Peinture, les ſons àlaMuſi
—que,les odeurs à laParfumerieJeS ſçaueurs à
1 la Cuiſine du ſtiand Apicius,les nombres à PA
rithmetiquc ,les grandeurs 8c dimentions des
corps ſolides àla Geometrie &Stereometrígla
doctrine des ombres 8c rays des corps lucides à
FOptique 8c Catoptrique : finalement les vi
ces &c vertus à la. Philoſophie Moralle.
TH. Faudra-il clonqque le Phyſicien laiſſe la _
diſpute des accidents P M. Cela ne ſe eut faire
-aucunement,d’autant qu'il faudrait aiſſer par
;meſme mo 7 en la ſeconde q ueſtion, q ui eſt en
tieremenk Fondée ſur les proprietez de chacu
ne choſeusc ſur tels autres accidentssni ne fau
cdroit au preallablc , que le Phyſicien diſputaſt
ni du mouuement , ni du temps , ni du lieu, ni
.auſiî des premieres qualitcz. Tout ainſi donc
que les ſciences de Mathematiquc rraittent
.cela ſeulement, q ui eſtimmobileſhe q ui ſe eut
ſeparer-par la ſeule raiſomôc que la. Ivietaphyfi
i que comme Royne 6c Princeſſe dela Philo ſo
phic. ſe diſtrait, tant quül eſt poffible , de l'inn
ſicrfection dela matiere 8C des accidens :tout
'de meſme la Phyſique ne penetre pas plus auât'
quïëæla matiere, 8c à ce , quicſt enclos en elle,
ſoit
l
SEcTroN ~IL
ſoit accident, forme ou autre choſe ſemblable;
ſans laquelle on ne pourrait iamais explique:
la nature d'aucune choſe. ~' ' - ï
T H. Ne falloir-il pas auflï s’enquerir s'il ÿ
auoit
ceder vn
parcorps Phyſicien? MY.' On leſi doit
Hypotheſe. ~ con
_A

queTnoz
H E ſens
o R. ni
Pourquoy
la NatureceIàPM Y. Ce n'eſt pas*
nous contraignenſit ä
cófeiſenquïl y aiſt vn corps narurelzmais d'eux
tít qu'aucune
ſubject ſcience
ſoírzautotrr ne cuſt
duque elle prenuenque' 'le î
s'occu ſſezcorixſi'
me Auerroes à rreſ-bien monſtré s il aut cort-î.
ceder celà à l'exemple des Mathematiciens;
qui par Hy *otheſe demandent pluſieurs cho
cs ſembla les, qui ſont d'elles meſmes allez
claires 8e euidentes,où remettre ceſte queſtion a u _z 1. des
à la cognoiffitnce ² d'vne plus haute ſcience.~:""'"‘“'”*"
Wir à ce, qui eſt encor' douteux 8c incertain; Mm_ ..ie
fïjauoir, ſi le 5 corps Mäthematique eſt vray ï" AWT-sf):
corps où non,on ne treuuera en aucune part, :ſiſi-ËÎË-olſizäſpſi
< que les Mathematicieus en ayent diſpute', mais del-HW*** d”
ſe nous parlée.
ont laiſſé ceſte ucſtiomcomme appartenance m,, .n ſo,,
à] M '
c" eſt grand abſurdi
ë '.. l' u.
.lac eraphyſ: nalement :en Luck
re, de vouloir auec la ſcience enſeigner auffi. mcwhfflqn,
le moyen de ſcauoir.
TmDefiniſſons d6c,que c'eſt que corps nad
tutel PM. C'eſt ce que ſay drct au parauant,
que les Philſophes a pellent L' E s T n E ,qui
eſt muable 6c compo é de nratiere 8c formezie
com prens en ce lieu auec la Forme les accidens..
T H. Peut-on demonſtrer ceſte definition!
.On ne peut demonſtrer aucune definition, Îlæfflfièfftä*
4 puiſque les principes des demonſtrations ?Lqſflſſig l
A 4
8 11113M131». LXVRE
/
ſont clcfia definitions z mais on la peut com
rpodernét expliquer, combien qu’il n’y aiſt au
cune definition tant ſoit elle parfaicte 8C cui
denœzqui puiſſe eſgallpr ce qui eſt deſiny.
._ _TH [Expliqueinoy clonc,s’il re plaiſtqzar or
dre les parties de ceſte definition; 8c Premiere
mél; celleJaqiçelleñ tu as baillée, co ment bien _
à, ce _MondeuM Y S T. Pourquoy non? puiſ
quedeſt Yncorpangiturel &voire treſ-Parfaict,
comme_ eſtantbien vny auec ſes parties , com
poſé de ſa forme & matiere, 8C ar ſa cauſe Ef
ficientmqui eſt eternelle, poſé us _vn creſ-ſoli—.
de fondement; ~
TH E o R. Qtjeſt-il donc beſoin d’vne cauſe
Eſfieientmpuisque _la forme n'eſt pas ſeulemët
… cauſe formelle , mais aufii Efficienre du corps
~_ naçurelzni ſettlement cauſe Efficiente du coräs,
naturel, mais auffl Hnalle du meſme ſubie .>
' ’ A" u*** Yſs T A-&Ainſi a-il eſté ² eſcrinpar Ariſtote,
Phyſiquï- - -— . ,. , .
ſans Eoutesfois quil laiſt Preuue par aucune
r raiſonzcar Pacquiſition dela forme n’eſt autre
- ~ lorsquelle laproductict
choſezque terminaiſon de Peffort, ou
\me pomme de quelque
Nature,
autre
ſer quechoſe
cectſte ſemblablezmais,
Forme de pomme quiFuſt
POuſſOlE pen…
la derniere
fixnpour laquelle Nature la prodnirte? Le meſ
ÏL A" ²- l- &ï me auſſi a"~eſcrir,que Fame 'eſtanc ſa cauſe effi
ſſſi" c* cientezeſtauſgdi ſa Forme 6c ſa fin. Nous dirons
c Ainfflupz. clone , ï quïly a deux ſortes de fins , l’vne
(ë 9°“‘“²°""* pour la generation , 8c l’.1utrc pour le ſubiectg
tre Ariſt. "n z. ~ ~ _ — ſ ,
x_dc,ſe,,z…_.,, &leſquelles
ſilyuante,laParquoy
premiereilne
le rapporte
ſandra pastou !ours
ëifflñctíün 4ſſ- la que nousa
_ _penſions , que); 5111,13 forme LR' la cauſe eſſiñ
CICHEC
SECTION_I.." 9
ciente ſoyentvne meſine choſe.Il Faudrait cer—
resexcuſiér cela,ſi Ariſtote auoit eſtably en Nañ
ture deux principes interieurs, à ſçauoir,la m2,
tiere &la Forme, 8c par meſine moyë deux au
tres exterieurs , à ſçauoir, la cauſe efficiente 8c
finale. Par ainſi ceſte interpretation renuerſi:
de fond en comble Paduis &Ariſtote , comme
d’vn,qui a mal à propos eſtime', que la forme
eſtoit au corps naturel vne meſme choſe auec
la fin 8c cauſe efficiente.
T H. Pourquoy la Forme ne ſera elle la. meſ
me cauſe efficiente 8C finale du corps naturel?
MY. Parce que la forme sœngendreroit d’elle
meſmeÆc le corps naturel (ſi on prend garde à
ſes parties ,veu que la forme eſt la princi ale
partie du ſubject )ſe produiroit de ſoymje_ me.
Or c’eſt vne choſe abſurde par Yaduis cſc tous
les Phyſiciens voire par î Faduis d’Ariſtore ä Aus-Sc 9.1
,- . , . . . ela meta la Y
quil y aiſt aucune choſe , qui ſe puiſſe ſa1— 5,1"_ 5m31_
re :ſelle meſine : auffi Nature ne permet-.lffl-d* Pïmï
tra, ni la raiſon ne conſenrira , ue ce qui ſîſi
tient ſa naiſſance d’vne autre cho e, ſoit la 'ï s- lË--dela
meſme que celle-là, qui la(produitre. D’auan.ñ Îïſilſinſſſiudc
ge , ſi la Forme eſtoit cau e efficiente du ſub- "mïr-"Phr
iectsccluwqui donne mouuementme precede
roir pas la choſe,qui eſt eſineuë, ni l’Archite- "Êînffl" 4*”
ctel’edifice,ee que toutesſois Ariſtote ſouſtiët nſiſiſiſiſix'
eſtrenecelläite, quandil diſpute contre Pla*
ton', qui aſſeuroit que les Idées eſtoyent les
.Cauſes efficſiienres de toutes_ choſes-z La firme,
ditquelque
. -re Ariſtotechoſe
, doit e/Zre uuec
preeeder 0'" ſim ſtzbiect
e/Îre uuee ,leremis di- __
fxbiect' l ſi ' ' i

repugne à f5] entieremenL_ Voila ces propres


. A A j
10 PREMIER LIVRE
parolles. Tout ainſi donc , que pour la fa
_
çon d’vne toille, le Tiſſeta-n outre la matiere
eſt requis pour la façonner , qui pourtant ſoit
autre que la toille , &qui la procede de Nam _.—
re &aagq n’y apportant autre choſe , que la
la ſeule tiſſeure , à fin , que moyenant icelle,
elle ſoit parachcuée 5 le meſmc dirons nous
aduenir en la nature : car il n’y a rien, qui
ſoit lus frequent repete' en la Phyſique,
que a ſimilitude du corps Artificiel aucc le
Naturel.
, TH. Sila Forme n'eſt pas la cauſe efficien
te du corps NatureLoù ſera ſa cauſe efficiente?
ïufiñïxhgjpŸfſ M Y. Theophraſte ² recetchant en ce lieu les
lcgcliap. ç_.i_—:z cauſes des plantes , qui viennent d'elles meſ
Ëâfrqlgjfslpäîfll: mes , n'a pas doute' de recercher dans l’air8C
tu ch. 2. la pluye leur ſeminaire , ſuyuanc en ce la ſen
tence &Anaxagorns ,mais montant auſsi plus
haut s’eſt addreſsé aux influences celeſtes;
comme Meres de tout ce qui fengêdre ça bas.
Alexandre Aphrodiſée 8c Auicene 8c preſque
toute Feſchole
Sectdquïls ayentdes Philoſophes
eſtégiennët auffi,de quel
pour ne
aſſſſtleu
ré,que les formes
de laſipremiere , qui
cauſe deſccndêt
ſont 8c deſcoulent
par la diſpoſition des
cauſes celeſtes diſtribuées à chacune ch0ſe:Ce
5 A!! 2. l. de que Ariſt.” ſe contrediſant aucunement, ſem
la generation
dc, animaux_ ble conſeſſegquand il a eſctit,que l'homme eſt
&w 7.8: s.de engendré de Yhomme &du Soleil : que s’il eſt
ainſi , ne ſera-cepas recercher l’vnc &—l’autre
noire des ani- cauſe efficiente hors le compoſé 8c ſubicct?
“""" mais on expliquera cecy plus amp-lement en
ſon lieu :ce ſera aſſez poutle pre ent ,d'aucun
monſtre
SECTION/ I. r:
monſtre , que la forme 8c cauſe efficiente du
corps naturel ne peuuent eſtre vnc meſme
choſe; 8c que la fin pour ce regard, ne ſe peut
acommoder ni auec Pvne ni auec l'autre.
T H. Bien:poſons le cas, que les cauſes ſu
perieures par la continuelle agitation des
corps celeſtes ſoyent ouurieres de ce , ui eſt
compoſé des quatres elementsztoutes ois ce
corps naturel de la maſſe de tout le monde n'a
pu auoir telles cauſes efficientes par le cours
é: mouuement des aſtres, que s’il eſt ainſi, côñ
me il eſt treſ-certaifflqui aura eſté la cauſe effiñ
ciente dïceluy? M Y S T c A. Qu'elle penſetois
tu auoit eſté , ſinon ce dernier Principe crer
nel , à qui il 11] a rien de pareil en preemiñ
nence , ni à qui aucune choſe ſe puiſſe oppo
ſer d’eſgalle randeur ou puiſſance , lequel,
dſiillltânt qu'il;eſt infiny , ne peut eſtre renfer
me' dans Peſtroitte barriere de ce monde P il
a eſté xieceſſaire , qu'il fuſt du tout exterieur,
non pas comme Fame du mondedaquelle Ana
xagotas appelloít ² Ëyixäoy , ou comme ſon a Pure 8c ſans
intellectflequel pluſieurs autres ont nommé meflunge.
x.,
_
yrnuvgàv ne luy donnans plus longue cſtendue,
quedans l'enclos de ce Monde.
TH. Pourquoy non? MY.Parce que ni la par
tie par ſon tout, ni le tout par ſa partie ne ſc
peut ſaire, auffi la creation ne ſe peut commu
niquer proprement àautre , qu'a la premiere
cauſidDauantagcJl Faut que les Formes ſoyent
entíeremët plongées 8C enſerrées dansle ſein
eſt latotalement
de matiere; mais ils tiennent
ſepare , que
8c diſcraict dePintellect
la n-nflcte
corporel
12. PREMIER _LlVILE
corporelle d’ice_lle , comme ſe pourra-il donc
fairmque la remiere cauſe ſoir Ouuriere 8c ſor
me touten emblede ce tnondeI-Dhuanta e,cc
ſeroit choſe abſurde, puis qu’elle eſizinânie,
qu’elle ſuſt partie de la compoſition du corps
_de ce Llondtzqui eſt finy : 8c encor’ plus imper
cinenr &eſtimer , que ce qui eſt neceſſaire au
corps naturel , ſuſt la cauſe efficiente d_e ſoy
âmeſine,& ce,qui eſt eternelzaiſt cu commence
ment 8c origine; &que I’Architecte ſuſt partie
de la maiſomlaquelle il auroit baſtie. Dc là on
peuſt vcoit , que la Forme de ce corps naturel,
lequel on appelle Monde, n’a pas eſté cauſe eſ
ficiente düceluy , mais pluſtot celle-là , quieſt
exterieure , &qui n'a aucune affinité auec la
matiere de ce Monde.
De la fabrique compoſition du Monde.
-— S E c T 1 0 N I I.
TH E o R- Qqi ſont donc les moyens deſ
quels a vie' ceſteſouueraine cauſe en la fa
brique de ce Monde Z MY S TA G. Il n’a pas
eu faute., ainſi que les autres Architectes,
de beaucoup d’ouuriers 8c &inſtruments pour
la Fabrique de tant 8c rant de choſes ,- qui
ſont toutes Ordônées 8c agencées les vnes auec
les autres , &toutes auec le tout par vnc treſ
belle liaiſon 8c ſymmetrieëcomtne nous _voyons
tant de beaux ornemcn-S de ce módæraflt diſ-lſſc
dëaſtres reluiſans, qui ſont en graués ſur le bleu
tableau de Fadmirable hauteur 8c grandeur de
leurs ſpheres : le ciel auffi inſpirant 8C expirät
la vie a toutes
ct choſes,, 8c au milieu
~ _ d’iceluy la
region
ſſSECTION Ilſi." v, rg'

region elementaire où Peau 8c la terre s'entre


' laſſaní conſpirent de toutes pars' à la parſaictc
ronde urdŸvne boule , qui eſt ſuſpendue auîmiP
lieu deïairzdeſquelles l’vne eſt naturellemêr ſd
lide &lveſtue d'herbes 8C de fleurs,de bois 8c de
toutes ſortes de ſruicts, 8c dîvne inſatiable va”
rieté tant' dëanimauz priuez ;que chamäeſtrqs:
~ Et l'autre de nature ant i-ë-‘
qiude , enſerre dans moins compacte”
ſes cauérnes 'tant d’inc~ro*~ſi
yables troupesgrandeur:
ne admirable de poiſſonsſôz: monſtres
delà aufli d'v
ſortſictenten
tant d'endroits les Fontaines gelées , la Varieté
des Iſles eſparſes par la mer, Pamœnité des 'ri-z
(ſages ;Peauvitree des ruiſſeaux ,le tapisverd
des charups, 8c les profonds ahyſmes des cauerq
nes,le plancher de la raſe campaigne ,la terti-î
ble hauteur des montaignes penchantesde ga
ſouillement 8c vol des oÿſeauxfinalement l’aſ—’
ſemblée des: hommes
meſme loy S’eſtans leaſſociez_
8c qui eſtencoiſi' ſous, l’i1
plus beau vnc-'
nombrable ſimultitttde des Angesdeſquels nous
ne voyons non plus que le Createur admirable
ouurier de tant de choſes, lequeLdés aufli toſt_
quül avoulmleur a dóne' naiſſance pourla pet
ſection de ce móde,qui a eſté Formé ſur l’exem~
plaire eternel , qui eſt enclos en ſon diuin en
tendement. Et ne faut pas douter, ſi noſtre iu
gement ne ſe trompe , 'qu’vn qui iadis a pu
baſtlr vn tant admirable ediſice , ne l’aiſt pu
auffi baſtir, s’il~a voulu,en vnſmoment. D'au
b tant que
ſſ/finie tout ainſi
demande , qu’vne
quelque vertu
temps &puiſſance
Pour agir, com:
dc meſme Finfinité n’a Faute dflzucun temps
~ _ pour
i4. Pneuun Livni
pour telle actiommais Faict tout en vn momë t.
T &Pourquoy donc tient-on que la fabrique
de c_e monde a eſté poſée , bafiic 8c accomplie
en hXiOurSPM Y. C’a eſté pour säccommoder
àla capacité de Pentendement de l'homme : à
fin que nous comprinſiïons mieux l’0tdre 8c
deſcription de chacune choſe, 8c auffi our ce
lebrer en repos leſeptieſineiounle ue ce grid
Ouutier s’efl:oit conſacre' , comme e iour de la
natiuité du Monde. Car on ne pouuoit expli
3 s "com" quer en vne parolle ‘ ce que Dieu auoit faict
‘ \ . .
ſurle Genere. a vn moment. *Si toutesſois quelqÏvn penſe,
âſſ_îl‘iſf_f“"" que le Monde aiſt eſté ſaid: dans Peſpacc de
Albert leGräd ſix iours,comme pluſieurs s'en tteuuentÿic ne
en la 49 queſt. '
dunmiaéq luy rppliqucra): pas beaucoup , Ourueu qu D',Il
h En PEE-ci.. me cocede , qu vuc cauſe eternel e &infinie l a
pu faire ſivu moment. Et comme ondíct , que
ndnbnwin_ Pythagoras ſacriſial vne Hecatombe ,non pas
mníaſímyl. pour auoit enſeignqcomme quelquesvns pei1 ñ
eſu…&Hicrofmc
Gen-ſc_ Perntäque l: quatre’ crie l²Hyppthenuſe îpſt _com
md. r… 1, 1S en euxqua rez con enans e toit an
“Ëſglſçlggzïæ-n gle par ces trois nombres 5.4. 5. Mais poura.
' I \ - .
1, penu]ſime uoir trouue a. deux ſi ures . de li ne drome
.
PWPOÛKÎPÎ-«Ÿï ropoſees , ° diſſemblab es 8c mega les entt’el~
ſon premierli- . . … _, - _
u..., es , vne tierce , qui full: a l vne lemblable 8c a
lïal-zïïsmpïrïäzä" l'autre eſgallezDe meſme nous deuons cent
tion dus. HM, Hecatombes à celuy-là ,qui de la forme 8c de
frïicſ* Gïomï- la matiere a ſaict vn ~l~iert,à ſçauoir,_le Monde,
qui eſt eſgal a la matiere ,laquelle 1l contient
toute , 8c ſemblable à ceſte ſonne, laquelle ce
grand Architecte auoit en ſon en-tendement,
deuanr ue l’:iuoir faict. Or donc,à ſin q ue
nous Pentendions plus apertetnent; la matiere
du
î-ÏÏÏ

S-EcTION Il. l;
du móde ſoit com
c ' priſe par ce quadri
gle à droirte-ligno
c , 8c que la forme
Archetype du mó-ſi
: de , ou autrement
Ê l’Erernel exemplai~
lI rc 3 quicſtoit
.
en Pen
tendemët de Dieu,
ſoir la figure A,à la
quelle on applique
la figure n,la uelle
_ ſoir ſemblabl à la.
figure A , 8c eſgale au propoſé quadrangle c,
Tour de meſme le monde a eſte' ſaict ſemblable
à ſa Forme exemplaire,8c eſgal à la matiere vni
uerſelle : non pas que ie veuille dire par ces de
móſtrarions Geometriques,que le monde qui
eſt exactement rond ayt ſa forme triangulaire,
mais il nous a fallu vſer pour plus Facile decla
ration de ces figures à droitte ligne,d’autär que
perſonne n’a encor' declairé la quadrature du
cercle ,combien qu’Orouce en ait eſcrit vn li
ure, mais pluſieurs excellens ² Geometriens, ï Nonius Por.
tugons.
luy eſtant encor viuâigont clairemêtdemóſtre' Buteon Dam'
par euidentes raiſon-s Fabus 8c deception de ſes phinoin,
paralogiſmes. Toutesſois, ſi quelqwvn prend
plaiſir àla quadrarure du cercle , telle qtſon la
peut ccpre enter groffieremêt aux ſens,à ſin dc
ſe pouuoir accómoder à ?intelligence de la ſa
brique du Módeuious propoſerós le cercle A,n’,
auquel ſoit inſcrit le quarréñAz B, c, D, par la 9.
propoſition du quatrieme' &Euclide , 8c qu’oi1
luy
~

R Iſ M l !E R L1V nE
luy applique le c -
cle E, F , qui luy t
eſgal par Hypothe
ſe: le plus petit cet
cle ſera ſemblable
au plus grands &eſ
a Au ;.liu.dex
gal au quarré.L’opi~
Ethiq. 8L aux nion &Ariſtote ² ne
prcdicamcnts. H ſera pour cela veri
table,à ſçauoir, que
le cercle
qu'on ſe peut
peuſt quarter
trouuer , d’autant
lëeíſigalite', ſi onqu’il
peutpenſe,
trou
uer quelque choſe de plus grand ouſſde plus
petit,s’il ſſadiouſte , que cela ſe doit entendre
en la cóparaiſomlaquelle on ſaict entre choſes
ſemblables. Cat on ne dira pas,que le nombre
ternaire ſoit eſgal au cercle , pour eſtre moyen
entre le binaire 6c le quaternaire; de meſme
auſſi vn arc eſtant comparé. à vne droitte ligne,
ne fera pas', ſi on applique vn cercle_ plus
petit ou plus grand àvnquarré propoſe' ,que
pour cela on en puiſſe trouuer vn eſgal :autre-e
ment ceſte tant fameuſe 8c certaine demon
ſtratioil ſeroit ſaulſe 8c deceuable , àſçauoir,
que deroutes les fioures
(7 qui ont leur circuit
eſgaLla circulaire eſt la pluscapable : de là on
peut aſſez entendre , qu’vne ligne oblique n’eſt
aucunemêt meſurable à la droittmCe que per- '
ſonne ne doit admirer , puisquc le coſté du
quatre' ſſeſtmeſurable par ſon diametre, com-i
bien quil ſoit d’vne meſme Nature.
T H. Ie veux que le monde aiſt telle condi-z
ſió,que tu 111215, expliquéegmais qui empeſche
a m que
~’

SXEctC *r LJOÎN' HI Id ï I7
ra
re que
8c laçestrois principesDieuzdis-ie,
Forme nfaient la matie
elite'. enſcmblefflbmtſſuè en;
ſeignePlatmïïñ-Car par cze' dnoyen la lïremierg
cauſe _ſezaxûuuriere
laquëllezcombiê ôc-Tumice
queue :de ce
ceſte ſorte, elle-Motrdez
nezpreſi-î ; - ~'
cede pas les autres-ſelonle temps, 'ell'- eſtîcouceí 'I j ct
fois-premiere .ſelon Perdre de nature-amples” '- -- '
moius- ue _le Soleil , lequel; ils-diſent ‘ eſtre. la'
_ cauſe eêcientede la lumleeozeombieiuquîilêſoiu
ſelonle temps enſemble aueczelle, lazpreeetlaue ñ
toutesfois ſelon .ſa nature. —_M'Yl s-ruÿ; Ariſtote fhſäicfi' TI:
Fvutles premiers Philoſopheaqui_ nous DUO-dee z deiaihyſi
uaucézsîeſt en ..oecy retire' cle/la doctrinede Pla? Ïfäïfgîd'
ton -, ſhuſtcnant quelemondeieſtoit er-ernel :zbí bunîfgnſiri
GapPlàró ayant eſtably troisprincipesñ Coärer- WF. ,, . *,1

1iels,,-à>ñ Fçéneir Dieu-gala… Martine» 6c la formel


enemplairxs-;il confeſſe? nieänrîmoihsqtſilïeflenè
gendre 'tant
pinion. dellieu ,nonquezdé-,lïgmoespeiit
de l’vn pas cueétMctispuisencouſirin
que IFo-'g

des inconxmoilitez les-plus- itnpertinêt-es qùfon:


po-urrdiedirècomme Driretihe pouuoir rieivPai-ñ;
re de ſoymeſme , 8c qdeíſilratitupæſiulſécdïmelctne-ſ
ceffité
fait ineuitable
cſſneorÏ .ilſauróirpar
touteschoſes faiiîbhuparauaht ., &t;
énntraincta-.celàë
rendroit lamaturc .deDieuinfit-.rieùro celle desz c ,m5 c,, ſi…
hommosffluiœngſclon ſon direz-libertéduifaire-Thqïïï ,häï
cecy ottcelaztnaisÿæutreopiniournëeſhpasmnéilï ÃÏVËŸ: 55,;
lcure,quiîſouſtientsquofflemondq a eſtéddſpuiä-Tiwæc
vne infinité-dîannécs inxnumerahlegquitàutepilffiſiſiëzïï ÃËJQ.
fois doit prendre fin ; ou- bien», 's'il yza aucune-poura v! Ac;
choſe., qui- aiſt eu commencement aupataſſli an'tÎ-,
qui puiſſe de ſon propre ï naturel demeurer cômmcmxêr -
~
q_ par apres ſempiternelle. - v!_ ñ_ ,Y ñ _ .— n, 'qui .ne doiuc
.Pœndœſhh
i8 PIEMlER LXVRE
T H.S’il y auoit cent 8c octante uatre Morſ
des diſpoſez tellement dans vne ſtgure trian
gulaire,que chacun des amples cuſt le ſien,8c vn
quatrieſine fuſt au milieu, es autres eſtants di—
a “WWW” ſ oſez tout au tour, comme ï ſonges. iadis ce
“PÏÎÏËË Nourriſſon des Nymphcs 8c DemQns; ou s’il y
ï*P°ſï‘ï“"ï' auoit vne milliaſle infinie de Mondes dans vn
‘““"' ~vuideinſiny,ainſi que Metrodorus 8c Anaxagm
ras l’ont penſé; encor” irfaſſeurerois-ie, qu'ils
ont tous eu commencement , 6c par cóſequenr
quïls doiuent finir: que ſi däuantage nous re
ceuons,qrt‘ii y aiſt eu pluſieurs Mondes ſucceſ
ſiuementlîvn apres l’aurte,comme 'ie vois que
:rep-app ,HK les bHebrpuxÆc Origene _en ſes liures o?) aíçxûv,
-D,,,,,,,,_' ont opinezie ne douteray iarnais pour celà, que
PArchitecte de rant de Mondes ne ſoit Eternel
5c touſiours à ſoyſemblable. Mais \ſautant que
pluſieurs ne concedent rieidſinô ce,qui eſt ma
nifeſté par: beaucoup de raiſons neceſſaires ,ie
vouldroisſque ru me demonſtrallès ce, dont tu
parlois maintenänà ſçauoir, que le Monde doit
quelque iour finir, à ſin que par lànous puiſiiós
recueillir , que le Monde a eu iadis commence
ment-, deslà auſſi par quelles raiſons tu peux
, . preuueizque 'la premiere Cauſe nïigiroit ſinon
-> . ’ enfant que la neceſſite' la pouſſeroitzſi on con
" l

e 'A-us-.Lde
,ſcedoit que leMortde; fuſt de toute eternire' : Et
_ v , _ _ _ .
Phyſiqugëtau dîaurat que les pvmcipalles queſtions dela Phy
äteîëpfflſygäîiſique ſont: fondées: fizroes demonſtrations , ie
œ au x.t.d«1a.trouueroisbonzqtſon-reſoluſt premieremêt, ſi
fïffſſaïfiadïî_ elles ſont vrayesrou n'on; M Y. Ariſtoteuayanr
Alexzndægiur autrcſtibizect pour eſtimer ,que-le Monde Full:
t.: Ldeſ- Me, . - - v .- ~ — .
!alfhyfiqpſefz :Eteinel , alaille par eſcupt *"- , que la premiere
. caule
.î_.__._

SEcTÎo~N !L1 r9
cauſe eſt incitée Biſon
deſtinéedaquelle ſijon'action
eſtoi t “aparïrne necefläire
Iaſi premiere Cani
ſe, il ſaudroit neceſſairement, quick-Monde
print ſin : toutesſois d'autant queles demon"
ſtratious de la naiſſance &fin du Monde ſont
fondées ſur les ſuſdictes concluſions , ie de
mande cant ſeulement par Hypotheſe, ce que
ie preuueray tantoſt clairement , 8C ce que
Parmenicles 8c Meliſſus
naturels ont deſ-ia :trreſteſſ anciens 'philoſophes
comſſiſiirieſſvn decret irl
reuocable,à ſçauoi r, quëil n’y~al~ u’vn ſeulprinſſ-ſi
cipe de toutesmatiere
mierementla choſes,__c_luq_uel ont iſſuesrespre
&la ormeëpuiscta les
cauſes efficiëtes des corps inſerieursde uelleſſs
aſſembleur 8c conioi iſſient en *chacun ;eorpsiictcï
turel la forme aueclä tnatiere. ’ ſi’
T mie' coiiſentirayä èeiquetu me disſipreſi
mierement tu ufenſeignes les Rudihieiiſictts de la
Phyſique ,Bé en premier lieu_ quelleſſdiſteranſice
on fait entre la cauſeôt lé 'përincipeïſſM Y. 'Prin
cipſieſieſiſt ,ſingulier , ni neſpſeiitſeſtre entendu de
plus quedvnîe choſe,ni 'nſieſdepend d'autre prin
cipe que
deſſus de ſoymerite
ſoy,ilſirie : car ſi'plus
quelque
cſeſtre'choſe eſt par
appelléprin-ñ
cipe,d’autant qu'il rapëcifte-ſonorígine àyn au
tre , qui le deuanceſſoit Tirage, ſoit de nature*:
Mais par la F 'doctrine 'd’Ariſtote‘ meſineless Au zideia
principes doiuenr eſtre de 'telle ſorte, qu’ils_ne ÏËÈÏŸJÏÏLË
raportent point leur origine iii à eux, ni à dfliu- zñ l- de \a Mc
tſires,au contraire routes les autres choſesà eux ŸÏPËËFÏÏŸÎÜÏÎ
meſmeszquant au nou) de Cauſe,il s’eſtend ſort xsglæ APÏÎÏD
loing voire meſme iuſques aux principes &dlfflî
toutesctautrſies ſortes de Cauſes : de là ſion peut
- B 2.
2.0 Piçi-:Minn LIVRE
_çgrendre que' Damaſcene s'eſt grandement
trompé, quand il fait que la cauſe eſt par deſſus
le principe: car s'il y auoit quelque choſe par
deſſus, ou plus anciene que le principe,le nom
de principe ne luy conuiendroit aucunement.
Des C4 aiſés @'- de leursgcnres é* puiſſances.
ſ S E cT x o N I I I. .— .,_—_,._,z_î.—-]_+I—_—\._

ctT H E o R. Queſt-ce que Cauſe? M Y. C'eſt


d'où quelque choſe prouient : oril ſaut remar
quegque les Cauſes ont auiſi leurs Cauſes, ex
ceptée _la remiere ,en laquelle il ſe ſaut arte
ſteçäc de laquelle dependent toutes les autres,
comme en vne chaine d'or vnc boucle de l’au—
tre boucleiuſquesäç
mierſſe ce qu'on
, ainſi que Platon ſoitſuiuy
_, ayant venuHomere,
à la pre—

recite de Iupiter, qui du plus haut Ciel laiſſe


pendreen terre Eeïçdr Xçuoutſivne Chaiſiie d'or,
çeqifieſt beauço u p, mieux exprimé aux liutcs de
Ia naiſſance
bout du Monde
_de laquelle , par ceſte eſchellc
Dieu eſtoitactſſisficpar , au
laquelle
deſcendoyent Sçctmſſóſitoÿent le~s Anges des cieux
en terre , 8c de la ,terre aux cieux. : l'office deſñ'
quels a meſine eſté rjecognu de Plutalîquc .GC de
Ptoclus ACädCllÎlÇiÇli par telles PJÏOIlÊSJTTOPÛ/.Lfl
yoyctletſis "roti 75v Oîälfflfflfälëv 'otÎt-Ûlçactivrsszäÿ [Toi 're-TV 0599505149”

T5234. 7è; ,O-Ëm Portans les commandements de


Dieu
Dieu.aux hommes , 8c lesſi veux des hommesà
T H. Le
.effect, M principe
Y S T_. Ie eſt
t'aſſyil deſ—ia
touſioiirs
dict,attache' à ſon:i
qu'il n'y
qu'vn principe, qui eſt totalement exterieur, 5c
.qui ne peut eſtre ſouille' d'aucune taſiähe oîu co
ſſpulzttion
sEcſloNë-“IIL _ar
pulation de la matiere dóeeMondease quiïpſieut ï ïſïî' ï" 4v
de ſoy-meſme demeurer» immuable : mais ?les ſictſiſiſiwm'
cauſes inſericteures ſe rapercënr-à leurs effects;
auſquels bien ſouuenr ellesſ-ſóntſadnexes, 8c
bien ſouuent auſſi en ſont diſtraicteszmais d’au—
tant plus
gnez Feſſect princípſieJant
du dernier ou la Cauſe ſont moins
plus en efloi
ſeront-ils
plus ſimples &excellents , 8c ainſi meriteront b ,r t .
mieux d’eſtre appellez Cauſes h des Cauſes 8c .ù Yi*:
effectgqui en deſpendent. Cauſeeïſtïffl".
TH. Combien y a il de ſortes de Cauſes? ſidſiſiffſict'
MY. Les Anciens ſe ſont contentez de 'qua
tre , à ſçauoir de l’Efſiciente,' cle la Matiere, de
la Forme,ôe de la FinzAuffi bien pour dire vray,
on n’auoit pacts beſoin d’vn plus grand Nombre:
.Car les Cauſesaucunementpu
conſeruames 8cd'elles
corrumpantes
appartiennent meſmeſis,
ou d’ailleurs à la Cauſe efficiente : d’aurant que
la Cauſe conſeruante dfvne choſe ne peutveſtre
la corrumpante d’icelle meſme , commeil ap
'pert par cea parolles s_ Fay Ê cree' le Demoliſſeurdſaíf I'M-î
pour deñruire. Car ſoit: que ce Demoliſſeur ac~
compaigne la matiere , qui eſt deſ-ia aſſez in~
conſtant; d’elle meſme , ou ſoit quelque autre
vertu exterieure , ou Fimbecilité meſme du
'ſubject , ou qu’vne forme repouſſe Fautre par
conrrarieré, tant eſt, que cela ifapporte que
trial-heurà chacune choſe. Mais vne 8c meſme
Cauſepeur eſtre d’elle meſme Ouuriere 8c con—
ſeruatrice de quelque choſe,relle,que nous en
tendons la premiere, qui a baſtyle Môde d’elle
meſme, 8c le conſerue 8c garde de ruine 8c per
dition. Ce qui n’cſt pets neceſſaire aux autres
u.. PRlMl-ER LIVRE
~ cauſes dcpendautes; veu que l’ſiArchitecte, oû
' autre
iours .ſemblable ouurier,
ſon ouurage ne preſerue
de corruption pasceluy.
: car touſ i

qui conſerue vn Nauite baſty par vn autre,


en le_ rabillant 8c luy applicant continuelle
ment quelque-s pieces de bois , a eſté plus pro
prement appelle' par les Academiciens Cauſe
efficiente, ue con etuante.
T H.. Aîkſtdl beſoing de conterla ſin entre
les autres Cauſes,puis que pour la parſection
du corps naturel; on n'a Faute que dela Marie
re , comme de laquellezôc de la Forme, comme
parlaquelle 3 8c de Plîſficientqcomme auec lañ
quelle vue choſe ſe peut Faite? MY. D'autant
que nature ne fait rien en vain , &que la Fin
eſt l’vne des plus nobles Cauſes de toutes,coni—
me. _celle à qui de bon droit toutes les autres
ſe doiuenr rapporterzPour ceſte raiſon Auicene
:i AUG-Î dela
e,æcſ;_ſphyñq[]c.laillgée ² la plus noble pour en diſputer. Car,
qui ail de plus digne ou de plus excellent, que
de bien entendre a quelle fin vue chacune cho
ſe a eſté produicte?
T H. Pourſuy donc l'explication de la do
ctrine des Cauſes. M Y. Soubs ces quatres ſor
tes de Cauſes,deſquclles
coinprinlctcs la Cauſe par nous
ſoy,&auons parltflſout
la Cauſe par ac
cident; la Cauſe prochaine , 8: la Cauſe efloi
gnée; la Cauſe neceſſaire , &Z la Cauſe contin
geutegla Cauſe en acteuflc la Cauſe en puiſſance.
T H. Qu'eſt-ce que la Cauſe de par ſoy? M r.
DClJq.. lle Feffect prend ſon CſſCſÎCQÔÇ de la
b Olfflaſïrclïtqliellc 1l dcpcud l” totallemeut.
cnmmilncm: HC
Cauſe totale.
TH. @L'eſt-ce que Cauſe par accident?
' ~ M Y.~
SEcTioN III. zz
M Y. Celle—1à,qui ne produict pas :Yelle meſmc
ſon effect , mais qui ien ſouuent le produict
contraire à ſa Natures cóme par exemple, Pair,
quieſt gelé, eſt Cauſe de par ſoy de ſa ſroidure,
6c de par Paccident, que les cauernes 8c fontai
nes, qui coulent ſoubs terre , ſoient chaudes,
comme au contraire , l'air eſtant eſchauſé eſt
Cauſe par accident , qu'on apperçoit les meſ
mes fontaines tres-froides. A ct
T H. WÏſt-cqque Cauſe contingente? M r. ſi
Cellezqui depend ou des euenemens , ou de la
volonte' des hommes.
T H. W’eſt—ce,que euenement? MY.Ce,ques
n'eſtant deſtiné ni par Nature,ni par la volonté
des hommes produict (ſoir qu’il aduiene ſou
uent, ſoit qu’il aduienne raremendvn inopiné
eſſect,qui~ eſt appellé par le vulgaire ſortunesla
quelle n'eſt autre choſe , que la ² concurrence ² ^""'-‘l°"
Phyfiqugsc au -
de deux ou pluſieurs Cauſes à vn effect, lequel ó.i.dc la Meta
on n’eſperoit aucunement; ou, comme dir bghäfifflîuſiin
PſOCllÎ$,Adl‘MUVIKñ Ouai-angle, c’eſt à dire, vne vertu ſuicctccaegdefi
occulte &Diuine , laquelle raſſemble les Cau- "M"
ſes diſtraictes ſur vn effect, comme ſi quelqu’vn
ſans y pëſer print vne eſponge imbibée de plu
. ſieurs 8c diuerſes couleurs , 8c qu’en la iettant
temerairement contre vn tableau ,il depeint la
face de Socratesztels 8c ſemblables cas ſont ap
pellez ſortuitszde là on peutentendre, que plu
ſieurs ſe trompent 8c deçoiuengquandils pen
ſent , que rien ne ſe Fait ſortuitement. Mais il
ne Faut pas icy eſtimerque ſi Coriſque tombant
d’en haut a allſiomméSocratæqui paſſoit au deſ
ſous,que celà ſoit vne Cauſe ſorwitqcar autre
B 4
24 PnEM1,E,_zt,—ct‘I.,xvnE

uientpnt pourrait faire iniure à _la Diuine- pro


uiqdgncezqui peut ,eſtrqsïæſt-ſtruie de ce, moyen
. P93; çhaſtipr quelque vice en Socrate”, ayant
lél-ÇËRIÇDOÃIIS euſtz~pitié_de Coriſque,,qui dot
nzçiſ., :,' _combien que toutes-fois eeſtkffect aiſt
beaucoup de diuerſes ,Cauſes 3 comme en pre
mier-.lieu Coriſque,, puis aptes ſon imprudence
ou _temerité ;de sïeſtte, couché en vn lieu pour
dormir, d’oùſivn "grand danger luy pouuoit ſur
uenir-S d’auantage,le _ſommeiLla cheuttedape
ſanteur, la promenade de Socrate, 8c telles au
tres choſes ſemblables. Mais c’eſt autre choſe,
quedeſtablir des Cauſes ſimplement contin
gentes,& autre choſe de parler des Cauſes en»
trelalſées les vnes auec les autres par ordre
Ëÿffiiügcn; 8C eſſentiel. a
… z ~i~ H. (Lyappclles tu Cauſes miſes par ordœ
contingent 8c eſſentiel? M Y. L'ordre contin
gent eſt, ,quandvne Cauſe nc depend pas d’vnc
.autrez ou quand pluſieurs Cauſes d’vne meſme
raiſon ſon-t, reciproqueszcomme par exemple le
filslne laiſſe pas cſengendret non-obſtant que
ſonpere ſoit deſ-ia morLMais quand les Cau
ſes ſont diſpoſées par ordre 8c ſuitte cllentielle,
la ſccóde depend de la premiere, entant qu’elle
eſt Cauſe, 8c ainſi en routes façons qu’on la
prenne plus parſecte; que ſi dhuanture il y à
pluſieurs Cauſes ſingulieres , il ſaut qu’elles
ayant concurrence enſemble à vn meſine effectz,
8c qu'il y aiſt diucrſe raiſon entr’elles touchant
leur office,ce qui n’eſt pas neceſſaire aux autres
Cauſes ,qui ſont diſpoſées par ordre contin
gent : toutesſois il ne ſe peut faire , que deux
Cauſes
SEcijxoN III. a;
Cauſes ſſſioientffeſgalement parſectes d'endroit
d'vn me me e ect 8c en .vne meſme ſiiitte. Au-ñ
ttenient il y auroit quelque Cauſe , par ſoy,_la
quelle eſtant oſte'e ſſempeſcheroit pour ,celà
que ?effect n’euſt exiſtent-ze , ce qui repugne
lourdement aux dectets de Nature. Delà ſen
ſuit,quc deux Cauſes efficientes n’ont aucune
ment peut en meſine rang 8c d’elles meſmesſ
conſiſter en la fabrique de ce monde3ce,qui ſuf
,fit pour preuuer, quîilni a qu’vn principe , 8c
pſquglremlbarrcr lçiqppinion de ceux , qui en ont
e a y us ue vn.
T mÆêſt-ce , que Cauſe neceſſaire? M Y.
C'eſt—ce,qui de tonte ſa force 8c vertu s’addreſñ
ſe à effectuer necellairement , ce qui ſe fait,
comme par exemple le ſeu eſtant approché du
ſouffre,deſpl0ye neceſſairement
brufler; aliïnſi tout ce, qui ſe ſaËr la force
, eſt pour
eſtimé le ÈP-ſ“"‘y‘_'í;‘*ſiî
ï ſe
faire nece
T H. airement, uand
OLijeſt-cmquelC auſeileneſait.
acte? MY.C’eſt— ‘ ~

ce , duquel l'exiſtence commence 8c finit auec


ſon effect: car tout effect, qui eſt en acte,a aufii
ſa Cauſe en acte.
T H. WÆſt-egque
C’eſt-ce,qui Cauſe enpuilſance?
n’eſt pasfponioinct M Y.
aillec ſoil: eſfictect,
8c entre le:qmais
terpppſée uel 8ccfiautant
l’e ect Flirt?queqchſacunpfdes
a ue ue c o ein

Cau es otentie es eſt voi ine de on e ect,


tant plug fort deſploye elle? ſon efficace à l’en—
droit dïceluy.
TH. Ie ifentens pas comme vne choſe ſe
-puiſſe faire par la Cauſe contingente , puis quc
les. choſes paſſées ne ſont pas moins neceſſaires,
B S
1.6 PREMlER'L_lVRE
queleslpreſentes. MY.Rien i1’empeſche,qu'vne
Cauſe oit volontaire 8c auſſi contingente à ce,
qui deuoit auenir, deuant qu’il fuſt ſaiŒÆant
aux Cauſes neceſſaires,il y en a. vnc diuine , la
² 5: Aueuſtín quelle pluſieurs appellent “Deſtin : la ſeconde
nuliure Dell l ſ C - - - r
z,,,.,z,,<,,,-,_ Naturel e . atroi ie me ontramcte, qui a tire
b 'WWF *"- pluſieurs en la meſme erreur, en laquelle 5 Ari
LScotusfiu-[c ote S , e ſt oit
prhpflnudnc. ſt . l ai. e gi et, ne comprenansaplas

gzſzïï: líulrï ſeulement ſoubs les loix d’vnc telle necc té


n H '

î; u…-
dia” °"
s. de“les choſes
h aſſées
\ 8c_ reſentes,mais auſli toutes
²3- l - autres c o csavenir.
T H. Pourquoy ifappreuues tu ceſte opiniô?
M Y. Dïzutant que toutes choſes à venir ſont
muables , puis qtſelles dependent de Dieu , qui
ne peutpas ſettlement flechir 6C reflechir là où
ilveut 8c dontil veut les volontez des hom-
mes , mais auffi rcprimer la violence des beſtcs
ſarouches, commander aux natures inanimées;
empeſchet aufli que le feune brufle ;retenir 8E
oſteràla Nature toute ſa force : toutesſois la
M d lus malñheureuſe opinion de toutes, eſt de'
Aphrodſſétau ceux , qui croyent ï 8c confirment par leiÎrs eſ
C CXQD FC ' '

1 Ldesdifficul- cripts, que la premiere Cauſe n'eſt pas ſculemêt


tez. m8. incitée par telle neceffité à ſon action continue,, a
mais auHLque Dieu ne pourroit empeſchenquc
ce que Nature fait , ne s’accompliſſe 8c pa—
’ raſchcue.
ë ^"² Ldcla TH. Qqi a donc pduſſé 4 Ariſtote àeſcrire,
Phylïà ;m 2.8:
5_z…,,d=;_…,c que la premiere Cauſe eſtoit contraincte par
:Jrhſſzqvt, 8c *neceſſite deifeſtre oiſiue? M Y S T. Il a proſere'
z-Ãrſiazíïâlſigſi beaucoup de choſes touchant Dieu,qui ſont in
dignesne ne diray pas d’vn Phyſicien, c’eſt à di
re, d’vn ſpeculareur à veneur &le 151 Nature,
mais
T"
SECTION III. 2.7
p mais auſſi d'vn Metaphyſicien ;comme quand il
l'appelle ï Animal; encor' n’a il rien dict ou faict ala Mïtaphyſ.
Au u. l. de

de plus indigne,apres auoir confeſſe que la pre


- 5 - t - b Car comme
miere Cauſe eſt de toute etermte ouuriere du SCL… m
conſeruatrice de toutes choſes , que de l’auo1r laecxniereque
aſſeruie ſous vne contraincte neccflite' , 6c d’aſ- âfoàîſâſ'
ſeuret neantmoins que luy meſme a ſon ſranc- 1q;.1. des ſen
qui ile-ſpend
arbitrel deſâyl-mcfrne,
4Vous appeüom ('9- cjui neî,peut
, dir-il Ceſteſire
hommeciîtrainfl
lihre, Cauſe eſt ref.

, ‘
parlapuiſſance u >2m autre.. Mais,
' qui' ail' dcſpen- fed
mind_dela P re
dant moins d’vn.,éautte que Dieu ?ou que peut c ^u 1.1. dela
on peſnſeä de plus clſtrange à la reſolution d'vn MmPhlſi ‘
Philo
T u.o lſïaſſildrl
e, ue mouuciinent
tel eo inion?de l’Ocean, lequel
'

'nous vo ons les


de la Lu1ie,& deſrllaiouucmexits
endre entierement du cours
treſ-cerrains des

aſtres 8c de leurs ſphercs entaſſées l’vnc dans


l’autre pour ſe rauir &tournoyer inceſſamment
ne teſmoignent elles pas , que les Cauſcsaufii
ſuperieures ſont rauies 8c portées par la meſrne
neceſsité? M Y. Il eſt raiſonnable 8c conuenable
_ auſsi en tout l’ordre- de Nature , que les choſes
inſerieures ſoyent obligées ſous la puiſſance des
ſilperieureszpoutesfſiois, qui voudpoit tät reſuer,

?ſtre
ue de
rerfnues
en erpar
, les
la choſes
force des
d'en
plus
iaut
baſixels?
ouuoir
Car

les Poëres conſelſexir bien par leurs fictions fa


buleuſes, que Saturne le plus haut des Planetes
eſt exempt des loix de Iupiter , nmis qu’il n’eſt i
pas neantmoins
de ſon exempt deOrſon
enuie 8c mal-talant. ils ARM-Sel”,
appellent c'eſt
celà Ëmions. A _

Deſtin, qui ne conuienr à aucune Cauſe qu'à :UT ſg*


Dieu d ſcuLC ar Ariſtote penſe ', 8c ne ſe deçoit 5……. '
pasen
2.8 PREMIER Lxvnz
pas en cela , que perſonne ne merite aucune
loüange, de ce qu’il fait par contraincte. : par
ainſi Dieu , qui ne fait rien ſinon par neceſsité.,
ue meritcra
ſiou pas grace
luy rendent que lespour
hommes
tant ql’honnorent,
de beneſices,
leſquels .ils reçoiuent iournellemcnt de luy, ce,
qui eſt vne grand abſurdite' , combien que de-là
encor' ſe peut enſuiuir de beaucoup plus gran
des lourderies.
T H. Et quelles. MY. Æctíl n’y anulle Proui
dence , ſi leMOnde eſt appuyé ſiirla neceſsité:
par ainſi Dieu ſeroit exempt dëauoir ſoucy d’au
cune choſe,comme ont penſé follement Epicu
rc 8c Straton de Lampſane. —
T H. Pourquoy n_’y auroit il point de proui
dence? M Y s. Pource qu’on ne Papperçoit ſeu
lementqiſen deux choſes , deſquelles l’vne de
mande d’eſl:re , à' l'autre,qui eſt, deſire de bien
cſtrc , ce que la ncccſsite' entierement renuerſe ~~
8c abolitzcat la ſuitte neceſſaire des Cauſes ſait
leur ordre tellement ſtable &ï immuable , quëil
nc peut æduenir autrement , ſinon que l’ordrc
ſuſt rcnuerſe' des Cauſes , qui ont deſtiné quel
qu‘vn,làns pouuoireſtre garanty, aux flammes
dc mille dangers preſents 8c à venir. (Lie ſi on
vient à abolir la prouidence, on oſtera par meſ
me moyen Dieu de ſon eſtre z d’autant que luy,
qui doit eſtre le maíſtre 8e conducteur de Natu
re,ſeroit enſerré ſoubs vne ſeruile neceſsité, 8c
par ainſi n’auroit aucun pouuoir d’ordonner des
affairesuieſqucls la principale charge luy appar
tient , comme àla premiere Cauſe, veu meſine,
que _le plus petit Vermiſſeau du Monde a eſte'
cree
SECTION III." 2.9
,cree pour quelque vſage.
T H. Certes cela\ me ſembleroit im ertinent,
mais vne ſeule choſe rrauaille mon e prit,à ſça~
uoir,qu’il ſaut,ſi Dieu preuoid à Fœconomie de
tant de choſes , ou qu’il le faſſe pour ſoy , ou
pour le Monde. Or il ne le ſait-pas pour ſon
regard , d'autant qu’il n'a pas Faute du Monde:
autrement il ne ſeroir pas ²AUſſlæçiëÉÇoÜo:>tfeS-ſu_ſ— :octo: ÏËPÏËJ
fiſanr pour ſoy,duqttel nom luy meſme s'eſt ap- l°ffl°= Htbrcn
pellézni auſſi pourle regard du Monde,car ainſi Sm"
le Monde ſeroir la ſimquilimireroit la beatitu
de de la nature Diuine ;tcar la En eſta-touſiours '
plus excellente , que tou; ce,qui rend à elle; b ,
’M Y. l' Alexandre A phrodiſée s'eſt aidé de eeſte diſſilcjulieiz' d”
raiſon pour deffctendre les decrets de ſon mai- 1s. c'
ſtre : 8c certes il tie ſeroir bien-ſeant à la Diuine
Maieſté,de faire aucune choſepour ?vne ſimqui
ſeroir hors d'elle meſme: Tayfhtſſct, dir-j] v, :dure:
choſes pour muy-voire meſme lemflhdntpnur me' vom..
ger: Il ne' pourroit auſiieſtrepar la rétention dir'
Mondc-…ou pour procurer ſon bieiimimeilleur,
ni plus heureux éſtant' deſ-iaxdiè ſoy-meſme
ttes-bon 8C tres-heureux :- inhisriälîïſe plaiſt 8e
reſiouyt en ce qu'il ſait -apparoiſtre/ la' bonté,
Puiſſance &ſatſgelſc ſans y eſtize>pouſſé d'aucune
violente neee-.sité ou vtilité quelconque, .
T H. le Ïentens pas encor' bien .comme le
progrez 8c ſuitte .des Ca-uſes naturelles_ pourrai
eſtre inuariable , ſi-nous ſaiſons -que-Dieu ſoit
muable,qui cſt- vne choſe abſurdemu contraire, ü “
ſi Dieu .eſt immuable , certes ie ne Voir? aucune
ÇhOſC z qui nfempeſche de croire ,' que-le Mon
de ne ſoir fonde' ſus vne neceſsite immuable.
M Y.
zo PREMXER LIVRE
M Y. Le progrez des Cauſes n’eſt ni inuariable,
niDieu ne peut eſtre chägézcar ſi Dieu ſe chan
geoigcommelïlatonà tres-bien eſcript, il fau
dtoit qu'il ſe changeaſt d’vn meilleur eſtat en
vn pire , 8c qu'il deſcendit du ſommet de bonté
8c puiſſanceà l’autre extremite'. Car veu,qu’il
eſt tres-bon 8c tres-puiſſant, il ne ſe peut faire
ni meilleur ni lus puiſſantzmais c’eſt bien autre
A choſe de penſer , que Dieu ſoit exempt de pal?
ſions, 8c que de ſon eſſence il ſoit immuableiêc
autre choſe de penſer, n’il aiſt libre puiſſance
pour dclibcrcr de ſes aſtlæircs; Or cc,qu’il à vne
fois reſolu demeure conſtant 8c inuiolablc:
mais , qui auſeroit aſſeuter quelle 'choſe Dieu
a decretéc? - -.
T H. La ſuirte neceſſaire des Cauſes 8C la
conſtance de tant de choſes naturelles ne nous
contraignent elles pas de c0nfſicllſier,qu’il y a vne
neceſſſsité de Nature? MY. Noir, mais pluſtoſt

ſommes inſtrnicts tant parles ſens,que par l’ex—


perience meſme,quc Nature ſe changezdc ſorte
que rien ne ſeta-exem t dœſtreaſſeruy ſoubs les
loix du Deſtin , ſelon a ſentence de quelqtfvn”.
Car, nous voyons 8C' meſineñfort ſouuent ,- que
le bon froment Ïabaſtardit en bled de moindre
bóte', &n ceſtuy-cy encor' de pis en pis degenere
en yuraycgSc au contraire que l’yuraye s'en re
tourne par meſme chemin en bon Froment : &t
a ctYn l'annee, que de ls; corruption
lerpentJ-Lt de Phommc
mcſme il n’y a pas longs’en gendre
temps, V11'
² que
1 1' 7 I. ‘
ceux de Lans,auec leſquels ieme luis tctiré,ont
veu vn ranloquel vne lemme groſſe auoit enſan
teſiayant au parauât eu le vëtre ſi gros 8c tendu,
qu'elle

~-~~* ,

SEcr-roN III. zi
qu'elle ſembloit deuoir faire v‘n Elephant: on
voit auſsi naiſtre pluſieurs monſtres, &auſsi
pluſieurs maladies eſtre en vigueur, defiuelles
on n’auoit iamais auparauíc ouy parlerztels ſont
les cſtranges efforts des tempeſtesdes grans de
iuges des eaux , 8c les embraſements inopinez
de la terre , qui ſurutennent auec grand violen
ce,8c pluſieurs autres tels monſtres 8c prodiges ,
eſpouuenrableszil ſetoit trop longde recitericy ~. ~
parle menu ce qu'on a veu, comme tant de di—
uerſitcz de pluyes accompaignées de pierres,
ſang,laict,& Froment
quite' nous fait Foy par: deſquelles
ſes liures ²choſes l’anri— *Îuï-Îral-_liure
&hyſtoiresſſj a ſu… om_

qui en ſont pleines, de ſorte qu'il Faut neceſſai- Ëjÿjggfggg-l-í_


remengque Dieu trauaille en cecy par deſſus la Iredauffl des
NatureParquoy l' , Hyppocrate s’eſtâ't pris gar- Ca_
de , que la ſorcedes maladies populaires 8c in- merarius_ au l.
curables eſtoic par deſſus la Nature ;a eſcript, m.
qu’elles
:ceeſtoyent ſuſcitées pardes
la Medecins
puiſſance de
de ?ne par_ Fou:
Dieu , que ſi‘Fernel Prince'
noſtre
-
ſiecleI a- doctement
-
traicté 'en deux liures,
'
yidemrorum er
.Âflnurlſſgſſfllom ,
qui ont eſte eſcnpts ſur le precedent axiome 3, Gali… (f:
dÎ-lippocrate touchant pluſieurs choſes eſpou~ iceuxi
~ c Au . 'Dr ab
‘ naturellesDH-tuantage',Alexandreë'Apirrodiſée,
uantables Outre le coïufs. 'ordinaire
. des Cauſes' fis.
dm.” "é" m'

qui a conſondtl-le Deſtin auec la Nature , con; giâïflÿgcä dj:


feſſe que neantmoins l’vn &lautre eſt muable: clmpirrc De
«Sc-que par le vouloir de Dieu?8c par noz prie- fm'
res, qui luy ſont adreſſées ( car il vſede ces pa
rolles) Perdre de Nature poniuoit eſtre renuer
ſe' , ſoit meſine par effort ’, ou patënoz meurs 8c
ſaçonsgde 'viurezlinnlelnenr ce que n'on s voyons
chacun jour eſtre ſaict en parfiepardelliEsl-;s
î decrcrs
zi. PnEMxEn Livni.
dccrets de Nature,8c en partie contre la Natu
re meſme par Partifice exſecrable des Sorciers,
. ne deiQonſtte-il as aſſez, que la force de Natu
re n’eſt pas neceſſaire? Car il ne ſe peut faire au
cunemennquc ce, quivient tantoſt d’vne façon,
a Au l. l. dela
rantoſt d’vne autre,ſoit neceſſaire,eomme
_
-Ari_
Metaphyſique. ſtore meſme le confeſſe , qui en penſant eſtablir
b Auum m_ la fortune b? a., renuerſe' tout cc,qu’il auoit dict
pllïhunrcíït. de la' DÊCCÏWÊ- i

, T i-i. Et bien; concedons que pluſieurs cho


ſes difforrnes 8c extraordinaires ſe faſſent aux
parties dece mondeztouresfois ceſte deformité,
«Sc ce,que nous penſons eſtre mauuais,ſera au ſsi
neceſſaire pour ?ornement 8c ſiilut de ce Mou
. … de; car onne pourrait ſans celà diſcerner le bon
:n *ſàſîfflfiîfi d’entre le mauuaisæar ainſi *Faccord de ce Mon
ridion c. u. e; de eriroit*: .ce qu’on peut veoir en la muſique,
ÎËLË-Lfiëàî* ë-à' en ſiquellc le combat 8c diſcord des notes rend
auizdcianaizu. ?harmonie aux oreilles plus douce &agreablm
“ d" b*** ' M Y. Paccorde tout ce ,que tu nie viens ;de di
_ re,hors mis la neceſsite', laquelle tuiconclus par
- ~_ ‘ ton diſcoursxar ſi nous ſommescontraints d’e
ſtre mauuais par la neceſsité des Cauſes ſupe
. ' rieures, qui çletoir. reprendre Yn autre homme
d S, Ãug, au z'. de laſchete' 2A puisqtſil n'y a “aucun crime , que
:r3²"“"‘p’ë" celuygquieſtyalpntairmWe ſizau ,contraire ce
~ Monde icyeſt adminiſtré par vne grand' equité
8c iuſtice, il faudra, ,que tu confeſſes , quïäbon
droit les mauuaís ſont 'chaſtiez 8c punis ct, 8c
qu'aucune neceisite' dependente des Cauſes, ſu
perieures ne_ nous contrainct à pecher ; mais
que la volontéa eſté laiſſée libre à l’homme,par
izquelle il ne peut ſeulement ſurmonter ſes af
ſections,
SEcTION III. 'Ëj
ſections, mais auisi l'influence ſides aſtres. D'a
uantage Ariſtote à eſcript î, que Pentendement m
a Au 5d
s.] c" “l
deFa
de Phorum? fai? librement toutes choſes à ſon ?eſa Mcragliyſſ
re' , 8c me
igarion; me ans, qu'il
combien aucunaiſt
changement ou mu- “P”
failly grandement
d’auoir (obligé la Diuine Nature ſouſis les loix de
la nece Site'. ſi' ~
T H. Rien ifempeſchmcomme il me ſemble.,
que plu ſieurs choſes ne ſe faſſent par neceſsité,
&que luſieurs auſti ne deſpendent' d'ailleurs
que de lhvolonte' de Fhommecomme auſti plu
ſieurs autres' ſe peuuent rapporter au rencon-ñ
tre 8c Fortune. MY Rien n’empeſche,pottrueu
que tu ifobliges pas la premièreC-auſe ſous telle
neceſsité,qu'elle ne puiſſe renuerſer,ſi elle veut,
l'ordre de Nature 8c les fondements* de ce
Monde aiiſsi. ~ ~ i ï *
TiLToutes ces raiſousdeſquellestrt as auan
cé ont grand credit Parmy les gens de bien,
mais d'autant qu'elles ſemblent eſtre ridicules
aux Epicuriens , qui ont trié, qu'aucun bien ou
mal ſe faſſe pour le regard d'vne Fin,'r$cſſ,c1ſſſiu'ils ne
s'arreſtent qu'aux preuues euidétes des derríonñ
ſtations ,ie teî prie baille moy quelqueraifbn,
par laquelle ie puiſſe ſatisſaiſireà ceuxñcyFïe à
ceux-là: M Y. b Dhutantplctus qifvne Cauſiſeîèſt b scqrus ſur le'
puiſſante , d'autant lusgrands ſont fes effects, 1.1.
w des…hd-h
ſenten

8C principalement (Yelle eſtînſinieà ſi donc la ſtinälun.


premiere Cauſe eſtant infinie :agit neceſſaire
ment, il S’enſuyura par meſineniôyen,‘quèla
vertu des Cauſes ſecondes, qui ſont finies, ſera
inſinic,& par ainſi, qiſvne choſe finie a vne For
ce infinie: la ccliſequence de ceſt argumenfleſt
C
34 PREMIER Livni
apertement fauſe,qui ne void donc Pantecedent
cſtre de meſme?
T H. Ie ne puis veoir le moyen detirer vne
'telle conſequence de ceſt argument. M Y.Tour
ce z qui agit neceſſairement 8c naturellement,
agit tant que ſa vertu 8c pouuoir ſe peut eſten
dre , comme par exemple , le ſeu ne brufle pas
par meſurennais tant que ſir Force ſe peut eſten
dre là , où Narutea limité ſa chaleur; ſi donc la
remiete Cauſe n’a ſon action naturelle libre,il
Faudra quand elle agit , qu’elle communique ſa
_vemyqui eſt infinie,à la ſeconde Cauſe , 6c par
meſine raiſon , que la ſeconde tranſporte teſte
force infinie à vne troiſieſmc z 8c ainſi conſe
quemment de l’vne à ?autre iuſques àla plus
extremezdeſt à dite,qu’il faudroit que ceſte pre-ñ
miere Cauſe fortiſiaſt 8c cnrichiſt les autres,qui
ſont ſiniesmaduques 8c periſſables,d’vne infinie
bonté 8c puiſſance; puis-que meſrine tous les
Philoſophes iuſques aux Epicuriens confeſſenc
d’vn commun accord,que la premiere Cauſe eſt
d’vnc infinie bontéÿcpuiſſance
TH. Les puiſſances de toutes les 'cauſes ſe
roicnt de cette ſorte eſgaliſécszôc ainſi la ſecódc
auec ſa vertu infinie ädherant au Ciel ,quieſiz
finy,ne lc pourrait en agiſſant mouuoir en reps
'i Surleàlſle
lamezaphyſx. ſiny ec limite'. MY. Auertoës_ a treuuéſceſte
ſh"
4 quiena vu
eſlé opinion tant abſurde 8e impertmentezqu en qc
d'Alice-auſi laiſſant la doctrine &Ariſtote 1l auroit ſepare la
:co: 305w' premiere Cauſe (dfliutant qu’clle cſtoit infinie)
u z. , un” de lëoffice, lequel Ariſtote luy auoit aſiigne' à _
Il.
mouuoir les Cieux; 8c auroit ap liqué àla pre.
miete ſphere,comrne finie , vng econde Cauſe
pareille
pareillementSECTION
finie , à fin qu'il III.
ifaccouplaſt les
35

choſes finies auecles~in uies , diſpoſant par


meſme moyen les autres intelligentes chacune
' en ſon rang; ce, qu’Auicene a ſuiuy de point en
point; 8c l’vn 8c l’autre eſtant en ce diſcordarïç'
à. AriſtotmCar ceſtuyñci vouloit,que toutes lesſſ
intelligentes deſpendiſſent immediatement de
la premiere , 8C. que ſans deſpendance l’v~ne de,
l’autte,chacunc coinmuniquaſt d’elle meſineä
la premiere. Cc que ces deux Philoſophes
deteſte. ſi ouiï:
TH. Ie crains qu’on ne nfeſtime vn lourd
eſprit; car ie ſuis encor* ſur ce doute, ſi les
Cauſes Naturelles ne ſont ,neceſſaires,qu’il n'y
aura point de ſcience Naturelle ï : car ilſiauta AlcxantLſut
que les Cauſes des choſes ſoyenc nece(î~aires,::-;4°‘²M°‘
deſquelles on tecerche la ſClCÙCÔ-'M Y. Etcer- P Y'
tes il n'y a point de ſcience des choſes Fortuites
oucontingentcs, auſſi_ ne diſons-nous pas,qu"il'
ymais
aiſtc’eſt
aucune
bien ſciencefpour treuuerchoſe
autre a _ſſaire,qu’vne vn threſori
Natu
relle, laquelle ne ſe_ fait ni par rencontre, ni par
hazard , ni par Paueugle conduitte de fortune,
mais va touſiours_ dŸvn meſme, traict : ſinon que
ſon coursſoit empeſché par la_l)iuine puiſſan
cc , laquelle pour celà ne deſtruit pas les fonde
mens de ceſte ſcience : car ſi ?empeſc he oſtfvne
pierre ne tombe en bas pour la ſouſtenir dela
main,ie n’aboliray pas pour celà le_ principe, par
lequel on eſt enſeigné , que leschoſes peſentcs
de leur propre inclination_ tendent touſiours
en bas.
T u. Yentens maintenant aſſez clair , quels.
~ C 2.
36 PREMXER LlVRE
. par neceſiite, mais
. rien
. . Cauſe ne fait .
premiere
qiſelle aſa volonté libre , que s’enſuit—il de-la?
_M Y. \ſil Faut , ſi la 'remiere Cauſe a vne vo
' I P z . . ,
Lonte,ou que ceſte volonte ſoit libre, ou qu elle
ſoit contraincte par neceſsiteſi : ſi elle eſt con-.
trainctedl n’y.a plus de volonté , cat il ſaudroit
qu’elle ſuſt contraincte où d’vſſrie- plus haute, où
' .-d’vne plus baſſe,où chine eſgalemù de ſoy- meſñ
me : mais ce ne ſera pas d’viie plus haute, d’au—.
tant qu’il tſya rie' de plus haut , que le premier
principezni d’viie,qui luy ſoit eſgalgpource que
deux choſes ne ſont pas eſgalles, deſquelles Pv
,ue contraint l'a-urne; ni encor* moins de ſoy, car
perſonneneſt oblige' à celàzil reſte. donc qu’elle
ſoit contraincte par une Çauſe inſerieurexe qui
eſt impertinenr , puiſqif elle eſt plus imbecille,
ſinorique quelqu’vn penſaſt , que Dieu à ſaute
de ſes cteatures 8e des richeſſes dhutruyzclioſe.
qui n'apas beſoing de grid repliqu e, puis qu’A—.
riſtote meſme Pappelle AJ-rouéps-œ ou (cóme nous
auons deſ-ia dit) c’eſt à dire , tant riche 8c tant
puiſſant , qu’il ne peut par aucune louange ou
puiſſance cſtre plus grand ou plus honnoré:
Que pourrois ie donc dire de plus ſriuole , ou
qui nietitaſt mieux -reprehenſion, que de Foblie
gerà vn labeur ,auquel il ſuſt contrairict? Car
par ainſi la nature de Dieu ne ſetoit pas ſur
toute autre excellente , ſi elle eſtoit ſubiecte à
vne neceſsité en Nature, par laquelle le Ciel,
la mer, la terre 8c tout ceMondeicy Fuſt gone
uerné; tellement que ceſte vertu ou puiſſan-ó
ce auroit vne beaucoup meilleure condition,
que Dieu_ meſme, ſoit que ce fuſt :vnc nature
iuaniméc
Srcirrou ITIL ‘3"7'
inanimée , ſoit que 'ee fuſtſivn Deſtin incite' par
grand violence. ~
-De ÎÈte-mite' du Mondeffllefiz Ruyne c? Forme.
SEcTroN IIII. ’
T H. Bien; il Faut que ie Concede, que la pre
miere cauſe agit ſans eontrainctgpùis qu-e tu le'
m’a.s tres- bien exprimé par tes ſiibtiles raiſons,
mais puis qu'elle _eſt enrichie &vnc infinie puiſ—
ſçauoir,
ſance , il qu’elle
ſaut quea voulu
l’vn’e ,deque le monde
deux ſuſt de_
choſes ſoir',

toute Eterniteffou qu'elle iÎe l’a pas vouluzſi elle


l'a voulu ,le monde eſt Eternel _, clar elle l’a pu;
ſi elle ne la voulu,elle a mieux aime tenir cachezj
tant 8C tant de threſorgque de l'es auoirdeſplos
yez; ce,qui eſt plus propre a vn auare, ou a vn,
qui porte elnuie au bien d’vn aurre,que non pas
a la maieſteDiuine. MY. C eſt 1 argument ² de “Tififæï-gſëïäï
Proclus, qui s’eſtant propoſé en ,tout 8c par tout m…
de defendre la doctrine »Apademique a eſcript. &ux;
que Platon n auoit dict ſino par hypotheſe que ,u m!" q… a
le mode euſt eu cómencement, ſuyuant en celà fflſífflekèôvc'
l, autorité
. de Plotimlamblique
. 8c Potphyre, l, od ‘ ſſ ï ſ ſ n P''
pinion deſquels le b Cardinal Beſſario a auſsi ‘-°Y ïïfflllflu
taſché de confirmendiſangque le mot de Naiſd ÏÎIËJTËJZÏ
ſance du monde ſe deuoit interpteter dans Plañ 'rire-UY- 49X*
tomconſetuariomcomme fi Dieu par ceſte per- ïctſiuſſzl_ c….
v . IG t

petuelle procuration 8c tutele du monde en- "ï Tffliïïfflffl'


Ÿcndraſt continuellement _le monde , ce qu'a ct c**
emblé äPhilopone 6c à Plutarque de ſi petite
conſequence , qtfils l'ont iugé indigne d e reſu
tationztoutes-fois ce grand perſonnage Origeñ
ne n‘a pas meſpriſé ï cfextirper _ deſraciner eKpxÛb
Au I» fle”
58 PEE-MTS”. LIVRE
iuſſſques aux plus petits filaments la force 8c viñ
gueur des arguments de Proclus. Car iceluy a
eſcripr , que Dieu auoir Forme' 8c ſormeroit cy
apres pluſieurs mondes conſecutiuement l’_vn
apres ’autre, penſant par ceſte communication
dela bonté de Dieu :iuec _les choſes produictes,
que ſa gloire en ſeroit beaucoup plus illuſtre.
Ce qu'il n'auoit pas ſeulement tiré des ſecrets
Hebraiqttçs ,mais auſsi l'aurait leu dans les eſ
, A,, ,AMM-E cripts du Maiſtre de ſageſſe ² : laquelle opinion,
cieſiane, a au quand elle ne ſeroit fondée ſur aucune demon
ÎÏŸ: 'ËJÇW ſtrarion , encor' renuerſeroit elle de fond en
ïul-Dç--vrr- comble leurs arguments: mais puis que nous
ÎÎÏJJÏÂÆZ auons monſtre par cy deuant , que la premiere
"WH-ï- ſej-í- cauſe , n'eſtant contraincte par aucune neceſsi
une moi-dati”. - . — .- ñ .
refait tout ce qu elle vent, il S enſuit auſsi, que
puis que le monde aeu commencement , qu'il
doit auſsi auoir ſin ſelon le commun conſemù
b ""5 ï" ſonîmenft du 5 dire des Philoſophes. '
T'
&TËJËŒÏrh d ſi* TH. Cecy n. eſt pas de petite . conſequence.
âîif-“ul-l-du
ëi .
ainſi
,
qu'il me ſemble,
. … .
tant pour
. .
ſe degroſsit
Num_ ſu… l eſprit a la cognoiſſance des principes de natu
7- d… Mïra- re , ue pour auoir parſecte cognoillance de la
"WW Ph y i'ique.car
- , ſinous entcn
ñ d ons vnc fois' 8c co
Ÿnoiſſons par bónes raiſons,que toutes les cho
esdeſquelles nous voyons, ont‘vne nature ca
duque 8C labile , nous Ïeutendrons pas ſeule
ment les cauſes 8c principes de nature, par où il
ſaut commencer d'apprendre , mais aulsi nous
entendrós beaucoup mieux &auec plus grand'
certitude Pvnique force 8c faculté de chacune
choſe; de ſorte qu'ayant depouillé l'arrogance
de noſtre ame ambitieuſelamour 8c l'honneur,
que
SEcTioN IIII. "39
que nous deuós à ceſt Ouurier tant volontaire,
en ſeront beaucoup plus grands. Ie te demande
donc là deſſus
monſtrer auec
la ruyne congé , —qu’il
de ceſimonde, te plaiſe
ſi tant me
eſt , que

la premiere cauſe ſoit volontaire. M Y. Rien ne


peut eſtre Eternel,de qui la premiere cauſe eſt ² a Scaliger ſur
volontairezmais la premiere cauſe eſt volontai leSuhtſiüité
liure de
con
la

re, comme nous auons deſ-ia preuué : par ainſi tre cardan.
le mondene
ſieſtat ſera pasdeſpend
8c condition Eternal, pour-ce quedeſon
_entierement la
volonté d'vn autre que de ſoy.
T H. Po urquoy adiouſte tu,volontaireë M Y.
Pource que ce n'eſt pas aſſez pour repreuucr
lëEternité du monde , d’auoir enſeigné que le
monde eſt conſerue' par vn autre que ſoy :car
tout ce qui ſe fait par ordre de narurc,ſe fait n_e~
celläiremenc, s’il n'eſt empeſché , 8c s'il ne deſ
pendde quelque cauſe volontairezor lavolonte'
8C la nature ſont deux diuers principes , en ce,
qui ſe fait , deſquels l’vn a bride aualëe ſe laiſſe
tranſporter ou nature le guide , 8c Fautre ſans
contraincte auancc 8c retient ſa courſe comme
bon luy ſcmbleſoit en la generation, ou ſoit en
la garde &tutele des choſes engendrées: mais
ceux-cy conſeſiàns que le monde eſt conſerué
continuellement par ſa premiere cauſe , 8c que
par ceſte continuelle conſeruation il S’engendre
8c
eſt prend naiſſance,
neceſſaire diſenteſtre
ne pouuant quechangéeÆc
telle ſollicitudç
pour i
ceſte cauſe ils cſtablíſſent l'Eternité du monde;
ce qiſils ne pouuoyent faire , ſans au Prealable
auoit monſtre, que la cauſe ouuriere 8c conſer
uatrice de ce monde fuſt libre ôéexemptc des
z l q.
A
40 PREMIER LIVRE
loix de l'Adraſtie,c'eſt à dire de l'enuie,& qu'elle
pouuoit delaiſſer , quand elle voudroit, la con
duitte de ſon œuure. Or il ſaur neccllſſnirement
que s'il auenoit que ceſte cauſe abandonnaſt la
. conduitte du monde, qu’il tombaſt en ruyne,
puis que rien neſe pcuſt ſauucr loy-meſinemon
plus que ſe faire ſoy-meſm e, &c encor' moins ſe
' pourroit—il garantir, ſi ſon ſalut dclpC-d de quel
ue autre choſe, comme eux meſmes aſſeurent.
a Mi mLdeſa
luemph_ Leqſſentendant Aniccne dit ² , 93e la credzidre
Alfixandrc ſur rie/tou 71C”, c0 mme "venue de rien : ('7' que quam et cc
qu'elle eſtoil, elle le ter/oi! de lu premiere cauſe: orílrzſy
peut auairartcune premiere amfl-,ſî le monde eſt Em'
ncl. Voylà ſes parolles. De là on peut tirervne
autre demonſtratiotnqui n'aura pas moins d'ef
ſicace 8c clairte' que la precedente. —
T H Comment cela .>~M Y. D'autant qneles
choſes Eternelles n'ont ni premieresmi dernie
res cauſeszmais le monde a vne premiere 8c der
niere cauſe : car il n'y a rien li frequent dans
Ariſtote , que le nom de premiere canſezil s'en
ſuit donc contre luy , que le monde n'eſt pas
EterneLToutes-ſois iceluy voyant que les cho—
4 ſes Eternelles n'auoyent rien , qui les precedaſt
b M15.] de ſa ou ſuyuiſt , 5 ñà dict , gègïlles ejfoyenltouies Eter
MëîëPhïſi nelle.; @'- enrre ice-jle: prive-parlement les premie
qſiſi' rer. Leſquelles parolles monſttenr bien ,qu'il
entendoit celà de leur durée 8c non pas de leur
nature : car pourquoy leroyent elles premieres
ou dernieregſi le Monde eſt Eternel,& ſi le pro—
grez des cauſes eſt neceſſaire?
. T H. Poſons le cas, que ceſt ouurage du móde
depende d’vne
‘ cauſe Eternelle
ſi , 6c. delaquelle la
volonté
SEcTioN IIII. ffl 4P
volonté ſoit libre , comme tn dis :mais ſi ie dy,
qu’eſtre 8c vouloir ſoit vne meſme choſe en
Dieu , le monde par la volonté de Dieu demeu—
rera , comme il-eſt, Eternel : pource qu'il veut,
qu'il ſoit ., comme il—eſt. M Y. Quelques Peripa-ñ
teticiës,ainſi qu'a eſcript Iuſtin en ſes queſtions
contre les Gentils , ont vſé de ceſte diſtinction,
qui repugne aucunement à la doctrine d'Ariſto—
ce : car ll S’enſuyuroit de tres-grandes abſiirdi
tezià ſçauoir, que l'eſſence 8c la volonte' , c'eſt à
dire,la ſubſtance 8c l'accident ſeroyent vne meſ
me choſe: d'auanrage,veu que l'eſſence de Dieu
eſt pure 8c ſimple , il ne ſe pourroit faire qu'il
vouluſt eſtre pluſieurs choſes , 6c encor' toutes
ces choſes n’eſtre qu‘vne.
T H. (Lie la volonté ſoitdiſtincte de l'eſſence
de Dieu; il ne Faudra pourtant penſer , que l'ou
uriet d'vn ediſice ſi beau , 8c lequel il aymc 8C
cherit ſidelicieuſement, le vouluſt ſans aucune
neceffite' abandonner : or rant qu'il ne l'aban
donncrzuil Faudra qu'il demeure neceſſairement
ſein iternel ſans tomber en decadence , veu
me me que la puiſſance 8c bonte' de ſon ouutier
eſt infinie. M Y. Epicure meſme le confeſſe treſ—
grand 8c tres-bon; mais,qui pourroit pour celà,
aſſeurer, que c'eſt , qu'il a deliberé , ſinon celuy
auquel il auroit deſcouuert ſa volonté? C'eſt aſ
ſez pour6c letout-ce
monde preſentqu'il
d'auoir enſeigne'
ctſſiſerre dans ſa, que le
grand
cſtenduë ne doyuent eſtre deleur propre natu
re ſempitetnels,que ſi i'ay 1nonſtré,qu'il ne peut
eſtre de ſa nature ſempiterneLil faudra au prea
lable qu'on me confeſſe , qu'il a en commence
C 5
42 PREMIER LrvnE
ment. C'eſt grand mcrueille ² &Ariſtote ,qui
a Au z. l. dela
Gamma,, 8c confeſſe bien de parole que Dieu eſt Tuteur 6c
Êvxïäkïîqnâ. Procurateur de tout .le monde niant de ſaict
Mçmdc 5X1: qu'il ſoit tel , quand 1l eſtablrt par ſa doctrine,
xandrc. que le monde eſt Etcrncl 8C ſonde' ſur la ne
ceſsité. e
TH. Pourquoy celà? MY. Poutce que ſi le
monde a de ſa propre nature-vn ordre neceſſai
b Alexidre au rc 8c crernel, il n’auta pas faute de Dieu b pour
ſiïdcîſfiſffiffl ſe conſeruer :car eſtant ainſi eſtably ,il gardera
. touſiours ſon ordre neceſſaire ſans aucun ſeñ
couts de Dieu : mais on void iey que la conſe
quence de ccſte raiſon eſt fauſſe, tel ſera donc
Pantecedant.
T H. Si le monde doit finit Pourquoy eſt-cc
que Platon introduit Dieu parlant à ſes creatu
res, &leurs diſant qu’elles aycnt confience d’e
ſtre immortclles à Pauenir? MY. Certes il ſe
monſtre en celà beaucoup plus modeſte que
Ariſtote,qui fleſtrit ?honneur de ſon maiſtre en
le reprenant d’auoir dict , que le monde ne ſini
fni” ſh" T5- toit pas,auquel il auoit donne' commencement;
dlkuineſmïîi Car ‘ Platon iſaſſeure pas (implement, que le
"m &W F” monde ſoit ſcmpiternel , mais pluſtoſt delaiſſc
T] a, . .
IOÏÊÃÃQMÎ" ce negoce au franc 8c liberal arbitre de ſon ttes
cmd” "ï ſi*** ſage Architecte : veu meſmc , qu'il auoit tou()
4.{.c. .dk, . . _,
:WJ :ours entendu 5c enſeignéfflqu aucune des cho
gueiont ;u cô- ſes ,qui ſont conioinctes l’vne a.uec Parure par
DCC ~ . - .
,-.,,.,.Îà-,ÈÎ,Ï ſuitte elſenticlldôc qui ont eu commencement,
âmgozle azul. ne ſeroit exempte de ccſte ruyne vniuerſelle:
U 1C 3U - ~ - ~ -
z, g; 6j_ d… neantmorns, 1l ernt,que Dieu par ſa ſingulier:
MïïïphYfiquï- bonté auoit reſoulu , que ce monde ,lequel il
Alexa dre ſur . a
z, mſi; 5,9_ auoit tant ſagement agencé 8c embclly d vne ſi
gentille
SEcTiodi IIII. 4.3
gentile façon, ordre, mouuemenr 8e accorchde
meurcroitdà iamais ſtablrzſans declieoir en ruy.
ne ou per ition.
T H. Ie_ te demande donc,ſi Dieu peut contre
les Dectetsdeſquels il a vne fois atteſté Qceſta- '
bly en la nature,gatder le monde 8c tout—ce,qui
a eu commencement 8c doit de ſa propre incli- y
nation auoit ſin, qu'ils ne ſentent ceſte derniere
ruyne? MY'. S’il :1 vne fois reſolu que le monde
doyue perirulſperirarzcar il n’y a rien,qui ſe puiſ- a 5mm ſur le
ſe°oppoſer a es tlecrets-:mais ce ſouuerain Ou-ñ z_ Ld., 5,…
urier areſolu l” que le monde à la fin ſeroit acñ °‘_‘°"'²"-*Î"*~
ſtion dela ſe
_ cable de ſa vieilleſſe :‘il ne ſera donc pas ſempi- …nde dim….
ternel. Voyre meſine les Anges ne iont pas de fllf" &WW
1C ï Za
leur nature immortels, s'ils rfeftoyent ſoubſte- i, .u pſzzu…. —
nuz 8e appuyez par la puiſſance de leur Crea— :°²-lſ²)'=²"<
. .
teuncomme ° Damaſcenearres-bien eſcript, 8c c 5.E, ſo., L”,
laquelle d Gregoire le Grand appelle beaucoup ä !à d S a
mieux la main du tout puiſſant , ue ceux , qui …iſiſilzc 1,”.
. . . . U C "

eſtiment ceſte puiſſance eſtre ab oluë ſans au- 301° ?ſk 1-1
. e CDÎÊÛCCS
cun ordre : veu qu’on ne peut vſer de ce terme .nſihquznzó
d’abſoluë puiſſance, ſinon a\ ?endroit d’vn,qui &Eh 1- din??
- 1 - ñ ñ dion enl arti
auroit eſte alfranchy par les loix : Mais le ſei- du_
gneur de ce monde tres-bonÿc tres-grand ſera- A15*** wé? 1
il de ?autorité d’vn peuple ou d’vu Senat mis en à ŸLÃÏÂEÏÏ"
telle franchiſe? que pluſtoſt il ſe garantira touſ— Auîffl-_ï ſu' \ï
iours des loixdeſquelles _luy meſme a preſcript JLÎÃÂËÏCQ"
&impoſé ſur la nature.
T H. Mais on rnëauoit autre-fois enſeigné,
que les principes des choſes ſenſibles eſtoyenr
eorruptibles , 8c des choſes Eternelles incorru—
ptibles. M r. Ainſi ° la penſé Ariſtote, 8c tous ï _M S-i-dv
ccux,qui. ont eſte' imbibez
. de ceſtc doctringqui
. c” l,
de
44 PREMXŸÏL LIVRE
de vray me ſemblent auoir abuſé du loiſir quïls ‘
ont eu en leurs eſtudes. Nous auons par-cy de—
uant monſtre' , qu'il n’y auoit qu’vn principe
Eternel tant des choſes ſenſibles quînſenſibles;
45C que ce principe rfeſtoit principe, S’1~l y auoit
quelque choſe par deuant luy , 8c que de tout le
reſte il n’y auoit rien,qui de ſa nature nc ſuſt ca
duc 8c labile s leſquelles choſes combien que
Faye diligemment demonſtrées, toutes-fois on
les pourraædeclater encor' plus apettcmentmon
ſeulement _en la conſideration des choſes ele
mentaites,mais auſsi de lainatrlre celeſte.
T H. Ie te prie donc, que tu mettcs en auant
le reſte de tes autres raiſons , puis que nous ne
ttaittons pas vne matiere de petite conſequen
ce,à ſin cïextirpet inſques aux plus petites raci
nes la vigueur de leurs ſubtilitez. M Y. Tout-cc
"qui a mouuemêt eſt corporel, 8: auſſi cópoſe' de
parties : tel eſt le Ciel, car il a mouuement; il
faut donc qu’il ſoit corporel 8c compoſé de_
parties.
T H. We s’enſiiit—il-de là P MY. Ale tout-ce
qui eſt corporel 8c compoſé de partiesxſt auſsi
pariblc 8c diſſoluble; le Ciel eſt de ceſte ſottczôc
ï Aïl-'zdïlï ainſi par conſequent diſſoluble. *Ariſtote 8c 5
Generation &ſi Aucrroes confirment la propoſitions l’A ſſum
Corrnptiu . ~ .
S. Auguſt. au s. ptió n’a beſoing d’eſtte círlnircic, d’au[ät que lc
l. DSÏv-ñ-it-n»
Scorus ſur lc Ci-:l n’eſt pas vn corps imaginaire ou mathema
l. des ſenrcn- tique, mais naturel 8c mobile, 8c qui eſt enclos
crs en la
queſt. 'lïll I. dans ſes limiteszcar il a des parties hors ſes par..
diffinctiun ties 8c Outre ſa quantité meſurable , vne figure
b Au líurc De
ſn bflantn orb”. 8C vn mouemenLOi' la quàtité corporelle com
prend en ſoy la maticreitout ainſi que la qualité
par
\

SEcTioN IIII. 45
par la ſigure 8c mouuement repreſente 'la ſor
merſoir donc la matiere, ou ſoir la Forme, l’vn'c
ſans l’aurre, ainſi qu’ils diſe-nt, ne pourra ſubſi
ſter d’elle meſtne , ſans faire vn corps compoſé: _
Maud ie dy le Ciel, dit Ariſtote , ie ² dylafivmezèzâÿ" 1h”
mais quand ic dy ce Ciel là , ie dy telle_forme eflre m
telle matiere. Par leſquelles parolles il confeſſe
que le Ciel eſtcompoſé de Forme 8C_ matiere, b M x 1 d 3
comme
A hrodiaſulſi
ée. a ſaict ſon inter-prete
' . 5 Alexandre difficulieh
‘°*
PT H E o idPourquoy donc Ariſtote aſſeure-íl, ſi
que le Ciel eſt Eternel. M Y. Il a eſté le premier
d’-entre les philoſophes , qui a oſé ſouſtenir vne
tant lourde opinió, mais en celà meſme il mon—
~ ſtre Pinconſtance de ſes decrets : car il aeñſcript
que le Ciel eſt compoſé de matiere 8c de forme,
&qu'il eſt circunſcripr de ſa quantité , toutes
ſois à fin qu’il ne fuſt contraînct; de lè confeſſe!!
cortuptible,il a nié contre
les Mathematiciês, lesaueunetiiêt
qu‘il fuſt principes dediuiſi-j
tous ſi*
ble,veu qufflls monſtrent euidemmendque couz-d
te quantité eſt diuiſible , autrement elle ne _ſeó _
toit' pas quantité. Le meſme ï appelle ſimple ::4111 1- ü.. du
corps le ciel, d'autant qu’il le penſe mouuoir ſi '
d’vn ſimple mouuement,qui luy eſt toutesfoís
communiqué , ainſi qu’il dit , par la vertu d’vn
autre ue de ſoy , ſi donc ce mouuement vient
de que que autre,il ſera violent , car tels ſont
tous les mouuements , qui viennent d’ailleurs
que de lent ſubiect; or eſt—il,que le mouuement
violent ne peut eſtre ſimplecar le ſimple mou
uement doit_ eſtre propre à la cl1oſe,qui ſe ment
dſisllc nieſtne , é; tion pas par vn autre : il ſaut
' donc
46 PREMIER LXVRE
donc par contraires raiſons, que le‘mouue—
ment du Ciel n’eſt_ ſimple , que ſon corps auffi.
ne le ſoit paszde ſorte qu’A ri ſtore à mis celà en.
auanr , craignant_ que s'il Üoblioir iuſques là de
dire, que le Ciel eſtoit compoſe' ,il ne ſuſi: con
… trainct auſſi de confeſſe-r, qu'il efloit Periſſable;
a Au l. u_ d… pourquoy a-il donc “eſcript qu'il eſtoic compo—
Ciïl- ſé deforme 8c de matiere? Le meſine auffi en
h Aufldc h ſeigne b, que les clîjlſrîeîfl-ES ſoncdeorígs ſîmêleïgflſck
meï-lz-&aln- que tout cor S mo i e e eut un er: e 1e e _
ËqÏËdŒPEŸ de ceſte ſorte? il eſt donc giuiiible 8c par conſe—
quent diſſolublcs 8c quäinſi ſoit , on :z obſerué
ï
quil n’eſt pas_ ſeulement mobile en quelques
vnes de ſes Parriegmais auſsi que tous les cor S
cclcſtes , qui ſont enclos_ dans_ la capacité de !la
neufuieſiïic &L dixieſme ſphere ( deſquelles le
mouuement eſt circulaire au tout du centre du
móde,_ourre vne infinite' de diuerſes agitations)
_ chanceleiur hors leur chemin preſcript de nas'
Ë°^,ñ,‘;.,'f;.‘z’j,,‘f“ rureP-ar ainſi Boeee a tres-bien dictïque 'Tout ce
gÏeggÏÎiçNd: qui oſé bar.: la plie-Étage_ cauïſf eſt cea) on oelozxÎcſt à di
puomme_ ‘ re,eT H.
_com O e incommodité
@Pelle _e mer es natures.,
y &uroiuil de dire,
que le Ciel iſa aucreeeſſence que ſa Forme , 8c
a P “mme qu'il eſt exe-m E cie-matiere ê, M Y; d A uerroes à…
Dz/-ëïfl-»W- cſcripc celàà n quïlne faſt contr-.liiact de con—
,n l, u_ _ceder que les corps, ccleſtes dculſent qfluelque
que ion du 4-10111' defaillir ,_ ne polluant par meilleur moyen
èfiläfffdc
. en garennr . Ariſtote
. d’eſtre repris. d,auoir
. attribué
.
la z-qucfi-dfl s— àla. forme des cieux vifautrc matiere que cſſelle

ËÏŸÀÎËL, ,n des elements , 8c neantmoins les auoir eſtimés


la saqueaiqn ſimples 8c inècorruptibleszde ſorte que luy meſ
g: ËQËJÃÏÎ me on celà à mieux merite' d’eſtrc repris qu’Ari
ſtOEe
SEcTrou IIÏI.. 4:;
ſtore, veu qu'il eſt manifeſte au ſens que le Ciel
eſt vn corps 8c voire tres-grand, 8c que tourle
reſte des aſtres., qui y ſont attachés , ſont auſſi
munis d’vne quantite' corporelle , qui ne peut
eſtre ſans matiere.Car ſi le Ciel eſto_it Forme in
tellectuelle,comme Auerrocs l'a penſe', il ne ſe
roit pas ſeulement vuide de tnatiere, mais auſti
exempt de quantités: figure; ni ne pourroiten
aucune façon ſe mouuoir: 8c toutes-ſois nous
le voyons ſe porter de telle viſteſſe d'Orient enñ
Occident que meſme il rauir par ſon ſoudain
mouuement tous les autres cieux auec leurs
aſtres : Pour ce regard Auicene auec le conſen
tement de tous les Arabes 8c Latins a reiette' à
bon droit l'opinion d’Auerroes , veu qu'il eſt
tres-euidentë par tant de raiſims naturelleaque a Au ë. a: s. r.
dell Phyſique.
' rien ne ſi? peut mouuoinqui n'a vncor S.
Tri. Pourquoy n'y aura-il deux _Orres de
matietc,l'vne celeſte 8c l'autre elemenraireêMY.
C'eſt vne nouuelle inuention &Ariſtote iſeſtant b _Au 1.1i. du
Ciel.
fondée ſur aucune raiſon : car il faut , ue puis
qu'il a baillé aux elements 8c aux choies mix
tionées des quatres elements vne premiere ma»
tiere, qu'il en baillaſt au Ciel vne ſecondeunais
il euſt mieux faict z ſi à rebours il euſt baillé au
Ciel la remiere matiere z qui eſt plus ſimple &z
plus a ranchieñ dümmondicité que la ſeconde;
6c aux elements la ſeconde , qui' ne peut eſtre
ſimple 8c eſpurée :neantmoins, que la matiere
du Ciel ſoit telle qu'on voudra, il faut neceſſaiñ
rement, qu'elle ſoit touſiours eu diſpoſition de
receuoir d'au tres nouuelles formes:d’où il S’en~
ſuiuque la ruyne des cieux ne depend' pas moins
de
48 PREMlER Lrvſirtr
de la matiere, qui eſt la cauſe interieure de tou
te corruptiomque la perdition des autres corps
naturels. Ia ſoit quëen cecy,n0n plus qu’ei1 plu~
ſieurs autres choſes,Ariſtote n’aiſt aucune con—
ſtance,puis quïl appelle le Ciel tantoſt icy pre
a Au Llinre du
Ciel c. :t, 8c :m
mier element , tantoſt ailleurs a element' des
1.1.4” Moteu eſtoilles 8c ſimple corps , d’autant qu’il a ſon
res c3. 8L au 2.
LDnmó 1mm. mouuemeut ſimple,ce qui eſt entierement Faux
c.). comme il appert par les demonſtrations aſtro~
nomiques : car combien qu'on luy concedaſt
quül ſuſt agite' d’vn ſimple mouuemeut , encor’
ne diroit—on pas,qu’il fſiuſt ſimple corps, nô plus
que le plomb , qui ſe laiſſe couler en bas par vn
ſimple mouuement,n’eſt pour cela exempt- de
b Au z. liurecompoſition. Däuantage Plutarque aeſcript l*
p; pl] iti Phi
lófipmmm c.n. qtfAriſtote tenoit , où quele Ciel eſtoit vn fcuſſ
ou _qu'il eſtoir mixtioné de diuerſes qualitez,
comme chaleur 8c Froidure,ce qui móſtrc_ com
bien il a eſte' variable 8c inconſtant à ſa doctriñ
nezmais nous declairerós en temps 8c lieu,qu’il
n’y a íamais e-u qu’vue mati-ere commune à tou
tes choſes.
T H.Si le Ciel eſt accomply d’vne Forme tres
parfccte, ie ne vois pas , que ſa matiere en doiue
deſirer vne plus par-ſecte pour changer ſon an
cienne à vne nouuelle , que S’il eſt ainſi , il faut
neceſſaire-mât qu'il demeure touſiours en cſtre.
M Y S T. Iln’ya ſorme,pour quelque parſection
qu’elle aiſhqui puiſſe raſſaſier Papetit de la ma
tiere,ſmon quëau prealable on luy baille vn acte
oppoſé directement à la priuation des autres
formeszmais la forme n'a aucun acte oppoſe' à la
priuation d’aucune autre que de ſoy ,commeon
dxroit
_ î…. _

SE c Txo-N. II—I>I. 49
dirait la Forme du Ciel il: forme du fcuzil fau-t _
donc que la priuation du. feu [gitan Ciel z fina
lement , ſi le Ciel eſtcompoſé de matiere 8c dc
forme, il faut quïl ſczreſolue en celà lncſmc;
d’où il-a eſté comPoſéÆc certes on ne pourroii
trouuer en .coute la :Jacuœ vn principgqui ſdi:
ylus certain que ccſtuy-cy.. _ ..
TH. Ceſt vn decret Fort» commun cncrcles
Philoſophes; qucIout-ce qui sfengcndrc Duſt
corromp, sëengcnædre 8c ſe corcomp en la mme;
:c: il faut
dcmcnt de donc
toutcclauenature-z
la matiere, qomme
ſoit' le. ſubiectle corſa
fonï

ſtant 8c pcrpemcl de toutes .les formes cumul(


tibles. MY. A 'ſtore parccfl: argument eſté;
Eliíſant l’Erernic de la matiere a nié qu'aucune
generation ou corruption ſc peuſt faire ſans
Prcalable
mouuemen: changcmengni
des cieux , ccle.qui
changement ſqnsíc ç
eſtpres-cércain
quit à ce , qui appartient à lañgçnera-tion 8c; coca
ruptionzcar nous ne diſons pas , que la matiere
aiſt eſté ongêdrécmar il cuſt fallu que denffeſté
encor' d'vn: autre , mais ngus diſons , qu'elle a.
eſté crcéc ,ï côme nous cxpliquerons cy aptes;
T H, Ençof heſite-idem quel_ ues argumëtég
lcſqucls-Agiſtore a mis cn auanc; çauoinquc s'il
n'y a rien de contraircau Ciel,s’il n'y. _a ni chaud
ni &aid
rien z ni ſccni,qui
dïntcrieur humide
puflſç; ſiporter
finalcmcpt il n'ya;
nuiſapocſſaû
mondezéc' ſi däillcursil n'y a aucun danger cx?
teciculaqui leëmcnaſſcgïoù c'eſt qu'on Pourrdih
craindrógæiixëtcllc ruÿnafluäſtnnfix
M Y. Ariſtote Prendſſcclà au monde!
comme :Drreſté z quîÿl
deuoit-premiercmencprcuxæçr z à ſçauoit , qu'il
50 PRE-Mina Livni-z
n'ya rien au Ciel, qui ſe contrarie ; car les mou
uemenrs des cieuxſhnc contraires les vns aux
autres , 8e meſme les vertus des aſtres ont des
contraires effects les vns aux autreszfinalement
lccocps _de la Lune a ſon eſſence pariblqeſtant
ccnebrcux 'Br obſcur S ce qui eſt ſignifie' par ſes
diuers changement, eſtantrtantoſt ronde 8c cnñ
cidre U6: tanroſt moindre &a demy-cercle. On
verxa auſſi cy-apres .que le Soleil n'eſt .pas chaud
&qu'il ffeſchauffe pas par accident ,mais plu
ſtoſt deſa ropre naruremó comme cauſe effe
ctiue ( ainſi qu'ont aceouſtunÎé de parler noz
Philoſophes [mais comme forme eſſentielle.
DOnc,ſi ceſt argumër eſt vala ,que là,où il n'y
a point de contrarierc' ,il n'y ſt point de cor
ruptiomil fenſiiyura, que rien ne ſe peuſt cor
e En la care romprezpuis qu'il a ï eſcript par tout , qu'il n'y a
zorie de l'a ſub
ancmät en la rien de contraire à la ſubſtance : la contrarieté
categorie de
l]
n’ap ocre donc .pascorruption aux choſes. na
ture les? .-: =
-1 T u. Coneedons qu'il n'y a rienîde contraire
en laſubſtance du Ciel.: mais qui Youdroit ſou
ſtenir qu'il receuſt aucune ruyne. parzlezconflict
des qualitcz contrairesëMY; La ruync 8c pec
llltion d’vne choſe ne vient paspcu. ſouueixcdes
qualite: contraires de ſon ennemyzcôme quand
le~feu eſt eſtainctzpar l'eau 5' routes-fois leplus
ſouuent
quand il elle arriue ſans
eſt \ſiufl-ſioque' parcontrar-ieté , comme
tro grandquäntité
d'huile , qui eſt pourtant ſon amillier aliment;
oui mcſmmquandà
ïſiſltiícſt faute
ſon extinction la &Yalimët il s’eſuanouit,
plus frequence : il ad
uieptauflixluelcs plantes 8c animaux meurent
~— DSU-l
SECTION IIII. 5x_
naturellement d'eux meſmes , combien qu'ils' ;_
n'ayent receu aucune violence de leurs enne
mis, 8c qu'ils ifayent eſté ſuſſoquezmi par trop'
granePquantiteÇni par defaut d'alliments,quand—
,ils 'ont atteinct la derniere periode de leur vie,
laquelle nature a aſſigné à chacune plante 'od
animal: laquelle mort, pour dire vray-eſt natu-'ï
relle &ïuon pas violente :-combien plus à ſorte
raiſon le' Ciel', ſi ſa matiere eſt compoſée d'eau
&de ſeu,comme les Hebreux, qui ont eſté ſort
ſubtils interpretes_ de la Naturemous enſeignít
par Flîthymologie de ſon nom Schumann: , c'eſt
à dire eau 8c ſeu.Et n'eſt à propos de cecy,ce que 1‘l‘ïl' ‘ 'Il il
Democrite
eſtoyent de 6c Platon
ſeu; car ſi ont eſcript ,8cque
ces celeſtes les cieux
flambanctres
natures iſeſtoyent temperées par la-mediocriñté'
de l'eau ,ils ne fomenteroyent pas de leur \alm
raite 6c viuificariue chaleur les autres natures,
mais pluſtoſt les bruſleroyêt par vne trop' rid'.
8c exceſtiue ardeur, comme Socrates di pute
ſubtilement dans ï Xenophon. Auquel propos annmaimflä,
ln l'es-Com.;
s'accorde fort bien le dire de Ciceron , parle- Ëflfcſucuſctdſilwï
queleſtoir
leil ila elegamment eſcript , qui
ſemblable auxſifeux, quesór
le ſeu
auxducorps
So
des animaux; Gallien l'appelle chaleur connée
ou radicale, laquelle il dit -auſsi eſtre temperée
aux animaux egallement de ſeu 6c d'eau ,mais
qu'elle eſt beaucoup plus abondante ñ aux
corps celeſteS,qui outre ceſtechaleur ſont auſsi
participans d'intelligence, comme nous-moir- _ :
ſtrerons en ſon lien. .‘ _ ’ "‘ ' . . : 'ü
T H-.Wl a donc incite' Ariſtote anicizqifiby '
cuſt des contraires qualite: au Ciel! >M !EDHE
1 D 1_
54 PREMXEX LXVRE
tant qu'il a penſé,qu’il n'y auoir rien au Ciel dg
melange' ou de compoſéMSc que les qualirez pte
miercs
_aux ne ſemixtionez.
corps trouuoyentToutes-fois
en aucune llliy
grt,ſe ſinon
con
trediſanr a eſcripr, que c’cſt aſſez qifvne ſub
ſtance ſoit corporelle pour receuoir quantité_ 8c
qualité; il s'enſuit donc par conſequennque ſi le
Ciel eſt vne ſubſtance corporelle qu’à Pauenanr
il aiſt auſsi quantité 8c qualite' : o: puis que les
qualitez ſont encre elles contraires , il faut ne
çeſſdirement que leur fixbicct rcçoiue Pinçom- '
ſnodice' de telle contrarieré :combien qu’il ne
faudroit pas plus grand' preuue de ccſte deſtru
a Aux-têtu ctiomque Paduis meſineÏAriſtore ï, qui appel
!hi-tique
alealſisignée
la matiereà laprincipe de corruption,
compoſition du Ciel. laquelle il
Ce ſerait
auſsi grand folie, que de penſer, que les parties
eſſentielles 8c clementaires du monde fuſſent
'alternatiuemët corruptibles, 8c que le tout full;
exempt de telle corruption :veu qu’on connoiç
ctEv-:cîcmæëpl toute
la ſaueur 8c nature de l’Ocea~n par vne
petite goutte de ſon eau : laquelle raiſon l* Pro
Fr? *HI-HT M:
you . elus ne pouuænt diſſoudre anie' gite les elemëts
fuſſent_ partie du monde , mais quüls luy eſto
yent pluſtoſt comme vne_ additió ou aboutiſſe
mentzEc certes ſa. reſpóce eſt tant legerùquëelle
ne merite pas qu’on uy \epliquqcar c’~eſt,,com
me S’il nioir,que les lettres, qui ſont_ en chacun
mot , ne fuſſent partie du diſcours; jvais conñ_
ç m; l d": eluons pluſtoſt parle meſme. argument , que
?hyfiäqè 5d; tout_ le monde eſt corruptlble, par lequel ° An
‘ ' _flore auoit conclu, que route la-íſÏſſÃ_ ſçroit
mïile, ſi vne de les parties cuſt eſté mobile:
. ñz com;
_ SiEcTioN ſſIIſſIſſI, j;
tout de-meſinaſi nous voyons les corps des ele
ments ,— qui font vne bonne 'pattiedu monde;
tomber en decadenceñ, il faut auiIi neceſſaire?
'ment -, que le monde vniucfſel paſſe Par le meſ- ~
me chemin de corruption. V ‘ —
T H.Il eſt vray,que nous voyons les elements -
8c les choſes compoſées des elements alterna-ó
tiuérnent 's’cngendrer, ſe- changer 8c mourir;
qui: au toutzperſonime ne l’_a veuícar, ainſi qu'a
eſcript î Ariſtorcddeſpuis 'tit Ïannées, auſqueld Èiâü ialla Ôiï ,
Ales la-memoire des hommes ſe peut eſtendte.
Perſonne' nëa deſcäouüert aucune corruptiô aux
corps celeſtes. MY. De lä on peutaflei 'enten
drcz que ce ſubtil perſonnage a. eu Faute dſarguó
ments de meilleure miſe pour confirmer FIE-ter
a hité dumonde; &autant que par meſine raiſon
il faudrait que l'or &la Pierre z qui pour cette
occaſion a eſté appelléc des Grecs Ãyíaë-Ûëç” . fuſ
ſent Eterſinels, &autant qu'on dit-qiſils ne' ſe di-'ï -
friinuent ni changent 'par' aucune flame”, ni pat
iîouilleure z ni_ par vieilleſſe z leſquels ÈOUICSÈ_ l_ A , _ _ _
fois il** confeſſe cſtre corruptibleszcomme' le' res Îud*
p - A P _ ‘
ſite des autres' corps naturels.
_ T H. Mai: ‘~' 2 dit Afiffóre” 5 tout les Tlyiloſôpbes (AU ïàl- ?:13
liemtmnque le Ciel eſt creme!, comme aſian: leſgge de ffſîäzîalfichë
la DininízéM 1.Le rcſmóignage de leurs ëſiripzs racjùzn s- cuis
8c icy requisicar Plucarqucëzqui atecueilly en v " "’P“°"‘
liure les decrets de chacune ſecte _des Philoſo
phes , a laiſſé par memoire que les Academi
ciens z Stoiciens 8C Epicuriens cenoyent pour-d ~
reſoulu queeſcript,
nie Gallica le' monde
queeſtoic corrupciblezEr'
les' arguments meſ
d’ſſAriſtô~*
ce iëiiïliàfltPſſF-fefriité du inc-define- eoncluÿdefiÿ' …
Ë ' D 3
54 PREMXER LXVRE
rien auec certitude : autant en diſent les He
a Rubi Maymô
m ſon l' l_ d” breux²,qui comme ſecretaires de l'antiquité ont
Doutes ami tres-bien expuise' de la. vraye ſource,la certitu
Îäëfiſîlâ *G* de de la natiuité 8c ruyne conſequente de ce
monde,car s’il ſaut adiouſter ſoy à aucû peuple,
aîlïhïvdffiïï Porphyre leur b deſere le premier honneurôä:
,fflïctſſi credit , comme à ceux , qui ont communiqué-ä
"ï" *if-WMP tous les autres la vrayc hyſtoire de toute l'anti
quire' : Auffi Platon a touſiours eſtimé, que tant
~ ï W r plus les autres nations ont eſté voiſines de ceſte
engence Diuine, c'eſt-lx dire du peuple Hebreu,
que tant plus o_nr—ils eu ſaine doctrine. Peut
eſtte qu'Atiſtote craignoit , que ſile Ciel n’e—
ſtoit, que Dieu ſeroit ſans vn ſi beau 8c eleue'
domicile , mais puis qu'il ſaut , que le Seſſeur
iouyſſe d’vn Eternel repos , auſſi ſailloibil que
ſon ſiege ſuſt ſtable ô: immobile; toutes-Fois
Ariſtote luy fait virer 8c reuirer de grand viteſſe
ſon ſiege , 8c l'a attache' 1ans luy donner repos à
continuerce rapide mouuement: Et n'a pas eu
honte de ttauailler d’vn Eternel labeur , celuy,
lequel nous ſçauons auoitídonne' ſceſte puiſſan
c zzzzhizxæ… ce au (Îiel de ſe ï tourner oy-me me.
T H. Mais,puis que nous voyôs que les corps
celeſtes ſont agirez d’vn continue] 5c conſtant
mouuemengſoit par vne premiere , ſeconde ou
autre cauſc,ie voudrois ſçauoir S'ils ne peritont
pas pluſtoſt , que leurs mouuements n'auront
d An z. l. de celle; maisiamais
ſe laſſent les Moteurs ſem Îicernels, 8c qui
àmouuoir,Æteſinoignent ne
aſſez,
:_Î";‘c°l:"9ſ'e‘t:‘[que tels corps ne ceſſeront non plus..MY.Mais
phyfiscaa-…Lpluſtoſt le contraire, puis que la ſin de chacun
ë" F""“"°‘ âiuouuemët naturel eſt le repos,ce queW-riſtote
Nicomachc.
confia
._‘_._-__‘. … .. ..a

SEcTroN IIIl. 35
confirme fort ſonnent _, ll faut neceſſairemenr,
que les corps celeſtesqui ſont agitez d’vvn natus '
re] mouuement, ſoyent quelques iours à~ la PM”
fin en repos, 8c qu‘ils apportent par ce repos à.;
chacune choſe naturelle 8c au monde vne-pers
dition 8c ruyne tres-certaine. - r. -
T XLÀÏÎÃOLC vſurpanr ce decret commun des
Philoſophes, à ſçauoir, que ſans exception routÏ
moüuemeut tendoit àvn reposmeantmoins il ar
excepté au liure du Ciel les mouuements cela-i
ſtes. MY.Iln*y a rien plus indigne dëvn Philoſo-,
phe , qu’aptes auoir- propoſé vnaxiome general*
de luy retrâcher ſon autorité par vne exception
aux liures ſuyuants. Mais qifeſtoit il beſoingr
d’vne telle exception , puis que c’eſt vne orandffl
abſurdité de nier que le repos ſoit la fin . du.
mouuement à vn ſubiect n1obile,mais auſií d'ail
ſeurer,qu’vn corps mobile 6L termine' ſoit a itó l
&vnmouuement Eternel &infinyî Et me mè
Auerroës ſe _trompe en ce , qu'il a cleſtinéla ſe
conde cauſe pour inciter 8c mouuoir le pre
mier Orbe celeſte , craignant par ce coutinuel
mouuement de laſſer la: premiere cauſe, 6c d'en
ſerrer ?amendement infiny de Dieu dans le cir
que d'vn‘Otbe finy 8c termine'.Par ainſi voulant
reprendre l'erreur d’Ariſtote, luy meſme s'eſt
laiſſéñprendre au piege d’vne plus grand’ faute
d’auoir donne' contre les decrets de nature (auſ
quels n’eſt rien tant contraire , que de dire ï Ÿſſijgfdſfi
qu’vne puiliance infinie ſoir encloſe en vne Metaphyſi» ſi
grandeur finie) à vn Orbe limité vn Eternel
mouuemengôc à vn entendemmt infiny vn ne. n
goee perpetuel. Cat Ariſtote b :iegtguc la pre- ſiçääglä" “
. . .,. , . _ 4
56 PREMlBR. LIVRE
micreeauſe eſt infinie &incorporellcz à fin, dit
il., qlſvne vertu infinie ne ſoit encloſe en vn
corgs finy 8c limité : de là nous pouupns com
prendre , que les :nouuements des Orbes cele
ſtes ne ſont ni Eternelsmi infiniz,puis, que leurs
cor S ſont finiz &lin1icez. . ,
l'a. Certes res demonſtrations ne me ſem
blenrpas ſeulement probables , mais auſiï tres
proprcs Pour faire çondeſcendre vn autre 'à ces
raiſons ;mais vne ſeulechoſe me trouble mon
— eſprit, ä ſçauóir , ſi nous poſons le cas , que 1c
monde aiſt eſte' crec',il Faudra qu’en tant 8c cane
dïnnumerables millions de ſiecles (exceprez ſix
milles années, qui ne ſont encor' cxpirées) il y
aiſt eu vne meruexlleuſe obſcuríré au vuide inñ
comprehenſiblmquia recedé le monde : 8c par
zinſiil n’y aurait
reueillanr , commepasd’vnſo1nmeil,ſe
ong temps , que, Dieuadÿſe
ſeroit
donne' 'à la creation du mondgauquel Pourtant
il deufl bien coſt bailler ſa Fin 8c ruyne pour re
tourner de ſonaction motrice-à ſonfpremier re'
Pos. D’auanta e,il faudra confeſſer, que Dieu
deficit deuanr a creation du monde que Crea _nca,,

teur en pouuoir , mais no** pas en effectœ Orla


maíeſte' de Dieu n’eſt pas periremenr inc-efeflëe,
ſi deuant l'Acte il ne peut eſtre appelle' Crea
teur , \Tailleurs auffi , il ſemblerait qu’il y cuſt
?Llelque chan gemenrà ſa Nature. M Y.Les cho
'F es , deſquellcsla. vertu 8c pouuoir conſiſte Tar
vne naturelle neceffiré, ont leur puiſſance us
debi-le que Faction : mals la ch0ſe,de laquel c la.
puilſance actiue :ſcſi: obligée à la ncceffité de
Nature, a ſa puiſſance 6c volante' au lieu de
….. l'action#
SBCTÎON IIII. 57
l'action: or nous auons cy deuant monſtre', que
Dieu eſt exempt des loix de la neceſſite na
tutelle.
TH. Mais ceſt choſe abſurde &attribuer à
Dieu apres vne infinité de millions de ſiecles
quelque choſe de nouueau , comme la nouuelle
fabrique de ce monde, M Y. Voilà la principale
raiſon , qui a incité Proclus d’auoir inrerpreté,
?ne Platon auoit ſeulemêt parlé par Hypothe
e de la Naiſſance du monde: 6c de faict il n'y a
riê dequoy on ſe doyue plus garder en choſes ſi
hautes 8c efloignées de la capacité de l'enten
dement de Phomme, que de laiſſer eſchapper
par imprudence quelque choſepù l'honneur de
lavMajeſte' de Dieu ſoit inteteſié. Car c’eſt cho
ſe abſurde däittachet la premiere cauſe , ui eſt
eternelle 6c d'vne infinie eſſence ,àvn 1 petit
corps que le ciel,qui ſe meuſt de ſoy meſme ar
;eſte vertu 8c puiſſance, uiluy eſt nature le
ment acquiſes 8c encoi-'p us abſurde &obliger
Dieu par vne ſeruile ncceffite' àfaire ou mou
noir quelque choſeunais le plus abſurde de tout '
le reſte eſt Æextimcr , iaçoit que Dieu cuſt cteé
dix milles mondes de rien,8c les eufl: encor’ re- _l _u l a .
duicts en tien ( comme ont pense' î Origene 6c Amd,, ' ct"
les b Hebreux) que pour celà il ſe changeaſt, ou 5 14°" H*
breu au 3.1.4: _
remuaſtsou languiſt d’vn trop long ſeiour 8c re- pam… .n,
- que toutes choſes prennent naiſſance
pos,pu1s ' lſ Ss. .
rgäîlîäaficï
8c finiſſent par ſon .ſeul clcin 8c volonté,de luy, z…. c_
dis-ie,qui eſt vrayemenr 'ÎTÆVTOLFEËTOYſZ-O ur puiſ— 5 “:1” “lier”
ſantzcar ce temps innombrablqqui
. . eſt tant log
z Èfflnſiſſlſiù
OC ....5
a

à Pentendemêtdes hommesaout ce temps, dis - v 'WW "‘*


un." ï Ü "ïïïï
ïie,inc9rnptehenſible eſt preſent a l’Eternel,ſans f…. 9mn...
D 5
58 PREMXER LIVRE
aucune ſucceſſion de ſes parties. Car le temps,
qui paſſeuie delaiſſe pas Dieu en arrieremi Dieu
auſſi ne Pattend pas à Pauenit ,mais pluſtoſt ce
riche Treſorier ſe poſſede tout en vn moment -
indiuiſible , 8c qui ne ſe bouge iamaiszPar ainſi
il ne cognoit pas qu'il aiſt eſte' ou qu'il doyuc
eſtre,mais cognoit implement ſi ſeule eſſence
immuable 8C que ſa puiſſance n’a eſté deuant
ſon Actezleſquelles conditions ne ſont propres
aux choſes caduques 8c labiles, mais conuie
nent ſeulement aleternité comme eſtranges
aux choſes compoſées 8c naturelles. Car le ciel
ifapperlgoit rien du Pendemain , ni ne s'eſt rien
acquis ur le paſſe', eſtant ainſi oblige' à vne c6
tinuelle ſucceſſion de momentszCe, qui ne có~
uient aucunement àla ſimplicité de Paternité,
de laquelle la. vie ne ſe peuſt terminer , eſtant
b 30mm la toute auec ſoy 8c à ſoy-meſine en parſectcpoiſiñ
6_ Proſe du v ſeſſion. ïParquoy, ſi le mondeo” la matiere
LciíeiacÂ-_nſo- cuſt eſté de tout temps auec Dieu _, comme le
m” "‘ veſtige eſt auec le pied , encor' pour celà ne
pourrOit-ileſtre appellé eternelzparce qu'il ne
conſiſte pas comme Dieu en ſimple nature,
, mais eſt rengeſi ſous la ſucceffion du temps, c6
bien plus à ſorte raiſon ſil'vn 8c l’aurre ont
eſté créez?

DE: Cauſès întericures Ô' Exterieur”.


SECTION V.
T H. Maintenant ?encens par tes raiſons, leſ
quelles tu as miſes en auant ,que le monde-a
cômence' 8c qu'il doit finalement quelque iour
dt ' PCÏIΔ
SEcTroN V. 59
perir-.Toures-fois ie ne puis comprêdre encor'
quel a eſte' l'origine de chacune choſhMY. luſ
ques à prelenrïay eſté contrainct d'expliquer
aſſez amplement qu'il y auoit vn principe de '
toutes choſes,8c qu'il ny en auoit pas plus d'7”, ‘
laquelle choſe ſiie ne feuſle demonſtre' ru euſ
ſes touſiours hæſiré en celà qu'il 'y auoit trois
principes de nature, à ſigauoir la matiere,la For
me,8c Dieu, ainſi qu'a voulu Platon; oula ma
tiere,la Forme, la priuation , 8c le lieu ainſi qu'a
monſtre Ariſtote; ² oula priuarion, la forme 8c ï A" 4- liurË
Mirandole
Ie mouement
5 toutes
, ainſileſquelles
qu'a ſouſtenu
opinions
Picus
nous
de ,la
a» líïïÿaux
JËËIË35m?
uons demonſtrées impertinentes _Ôc . abîſiirdes. E" “me”
Ayans donc poſé ce fondement nous dirôs que
toutes choſes ſont cree'es,ou engendrées , ou
faicteszôc parle mor de faire nous comprenons
auec diſtinction ces trois ſortes de parler.
T H. QÇeſt-ce que Creation 2 M Y. c'eſt
'vne ſimple naiſſance ſelon ſon tout, à ſçauoir
lors qu’vne choſe , qui n’eſtoir au parauant ni
matiere ni ſorme,vient de rien à eſtre quelque
choſesà ceſtc—cy eſt op oſe' l‘Abolii~ſemêt,‘a ſça
uoir , quand vne cho e , qui eſt en Acte S'en:
nouiſt en vne ſimple priuatió de ſon eſſencqla
quelle nous appellons Anichilation. Or eſt au
tre Pordre de Creation, 8c autre l'ordre de Ge
neration S d'autant qu'en 1:1 Generation , apres
que nature a eſté eſtablie, Fhabirude precede la
priuarion , comme la lumiere les renebres,& la
veuela cæcirézmais en-la Creation c’eſt toutle
contraire,car les tenebres recedent la lumiere,
la priuation l'habitude, 8c a puiſſance ſon Acte.
T H. Qu'eſt
6D PREMIER Lrvnz~
T &Peſt-ce que Generatiô? MY. Ceſt vn!
naiſſance elon ſa pattiqquand lamatiere s’in-"
ucſlit d’vne nouuelle forme ayant premiere
ment tepouſse' la "vieillgqui ſe retire de ſon ſus
icct mobile. _ k ,
T H- Oifeſtùce que Córru tionëMnCeſtla
perdition de la Forme Naturelle en 'vn ſubiect
mobile , laquelle precede le terme tant de la
gcnerarió que de la corruption; &ſuit le corps
compoſe' de matiere 6c de forme.
T &Weſt-ce que InformcÛM Y.C’eſt veſtirſ
de Forme conuenable vne lnatiere deſpouillée"
a lſaie a vſé Je de toute autre forme,entre laquelle ï, la Gene
trois eſictions,
leſquelles ſe ration 8c la Creation eſt ceſte differencmque la
rapportéeà ſes
\rois mots, i] Generation a le corps phyſicien pour' le terme
ï forme', il a d’où elle depart : l'information a la premiere
cree', il afaict.
matiere eſtant toutesfois nue 8c vuide de toute
formezla Creation n’a ni corps phyſicien ,ni
matiere premiere pour terme dont elle comz
mence, mais ſeulement la pure Priuatiomdeſt
àdire vn rien: toutesfois elles ont toutes vn
meſme rermqauqtlel elles tendent 8c' finiſſent,
à ſçauoir le corps phyſicien ,mais il yagrand'
difference entre elles touchant le terme dont
elles commencent.
T_ H. QLſeſt-ce que la Matiere É M Y. C’eſt la
cauſe interieure , 8c le ſilbiect paſſible des for
mes,& comme diſent les Grecs -Hzvœníäîcav Adi/ESM,
c’eſt à dire , les tablettes blanches pour y rece
uoir toutes ſortes de figures ,— qui de ſa propre
nature eſt vuide, 8c ne ſe trouue en nulle par":
touteſeulegæinſi queles Grecs ſignifient par le
mot Kvvwäîacſſlanlaquelle choſe on vcrrà cy îprñsz
ie e
n
ſiSEQTXONÃ-f.- 6x
fi elle eſt vraye ou non. ~ ' .
T rLÆÆſt-ce que Forme? M Y. C'eſt la Cau..
ſe,quí informe -le ſubiectzäeſt à dire, qui eſtanr
vnie auec la matiere fait quëvne choſe aiſt Par-z
ſecte eſſence. ſi ~
TH. Tu as dict auparauant que la premiere
Cauſcſilaquelle ru appelles exê laire 8c ouurie- ‘
*te de toutes choſes 3 auoit cree la matiere 6c la
forme 8c les auoir accouplées lëvne àſautre 5 6c
. qu'elle eſtoit de ſoy-meſme le premier 8c vniz
que principe de toute la nature 'vniuerſelle ; 8;
qu'il failloinla creation eſtanr parfecte 8c 'la na.
rure diſpoſée 8c eſtablie , qu'on _rernediaſt à la
corruption, de toutes les çhoſes ,qui ſontſous
le Ciel de la Lune , par vne continuelle genera
tion, Y a-il donc quelque autre Cauſe; outre.
Celle de la Crcacxonsqui ..ſoit Cfficiente de ceſte
Generation: M Y, Ouyzôc certes,qui eſt ſuiecte
êç dçpendâte du premier Principe &Cauſede
toutes choſes :_ cfauanragejelonela Varieté des
choſes,qui
ſo ſont
uuentct que produictes,
pluſieurs il ſeont
Cauſës peut faire bien
concurrence
à la Generation d’vn meſme corps naturel: en
premier lieu les aſtvregqui inçirent routes ces_
choſes inferieures , puis_ apres les elements 8c
arries elemenrairess De meſme auſſi les intel_
ſigencesfflui ſont ſurueillançes_ rant aux choſes
céleſtes qu-'elementaires :_ finalement vnc_ cer
taine vertu ſeminalle,_qui eſt donnéeëà chacune
choſe,coinme nousen_rnonſtrerós
elle ſera expliquée ſon lieu… cy
. ſi .aprégquand_
' TH. Mais puis quetoutes, _ces ,Cauſes ſon.:
contenues en quat-regcznrcä-äſçïuoíîi d* CMF?
efficiente.,
62, PREMIER LIVRE
efficiente , materielle , formelle 6c finale ,ie ne
_puis comprendre pourqluoy la. ſin ſera cauſe du
corps natureLpuis qu’el e eſt derniere,& qu'elle
n'eſt en viage ſinon apres la parfection 8c ac
compliſſement du corps naturel. M Y. Il y-a
deux cauſes intcrieures la matiere 8c la forme:
8c vne,qu1 eſt entierement exterieure, à ſçauoir
la ſin,pour laquelle le corps naturel eſt faictzen
tre les cauſes efficientes il y en a pluſieurqai
dentes en partie interieures comme la force
ſeminalledes eſprits 8c la chaleur naturelle : en
partie exterieures , cóme les cieux, les elemêts,
6C leſis intelligentes meſmeszDe toutes ces Cau
ſes il n'y en a qn’vne,qui ſoit le ſouucrainôc der
nier Principe de Nature,à ſçauoir Dieu.
T H. La Priuarion n'eſt elle pas auffi auc-uneñ
ment Cauſe du corps naturel? 'M Y s. Ouy;ainſi
qu'a atteſté Ariſtotegmais d'autant qucce prinñ
cipe n'a point d'eſſence, ni ne dóne aucune ver~
tu au ſubiect , il ne peut proprement eſtre ap
pelle' principczpour ceſte cauſe Plotin l'a entie
a m un" de rement reiecté ï des principes 6c fondements
la Marieke c- de Nature, par ainſi n’eſtant rien d'elle meſine
'4' auſſi ne peut elle eſtre deſiniezmais ſi quelqu'vn
penſoit que la priuation fuſt principe comme
eſtant le terme d'où depart la naiſſance de quel»
que choſe , 8c comme l'vne des extremités en la
ligne, il la diroit improprement principe, d'au
tant qu'il doit eſtre de telle ſorte,qu'il aille au
iſiubiect 'ſon eſſence ou partie de ſon eſſence: 8c
toutes-fois la priuation ne peut eſtre principe
en la ſorte qu’A riſtote la prinſc , d'autât qu'elle
n'eſt pas le terme de la generatiommais p UÊOË
e
ſi

SECTION V. 63
de la creation : cat il ſaut que la generation ſe
faſſe touſiours de quelque choſe , 8c quelle aiſt
le corps Phyſicienlpour ſon terme d’out elle de
partzmais la ſeule creation ala priuation pour le
terme dont elle depart , pource que ce , qui eſt
cree',n’eſ’c rien au parauant d’eſtre creé.
TH. Pentens que tu reiectes tous les autres
principes de Nature hors—t‘nis vn;& ue pour
ceſte raiſon tu appelles la matiere 8c a forme
Cauſes inſerieures 8c non pas principes: mais_
pourquoy appelles tu ſeulement principe ce,
par deſſus lequel il nÿrarien de remier? M Y. A
fin , s’il aucnoit que nous bail ifſions quelque
choſe par deſſus le principe , que nous ne ſuſñ
ſions contraincts d‘aller par progreſſió de cauſe
en cauſe ‘a Pinfiny : ce que,ie ne diray pas ſeule
ment que la Nature , mais auſſi que la raiſon de
l'homme peuſſe end-urer z or puis qu’aucune
ſcience ne peu): eſtre de Pinfiny , il ſaudroit to
tallement abolirla Phyſique: ce que ie laiſſe
pour le preſent à pourſuyure , d’auranr qu'ils.
eſté aſſez debatu par la ² doctrine des autres? Arífl--u 2-1.
- - dela Met h.
Ph1Ï°Ï°Ph°L c.z. 6c a” tÏdc'
T tt. Y'a pelles tu, aller par progreſſion de la Meraph. ſur
cauſe en
ordre cauextremité
d’vne e a Pinſiny.desMCauſes
Y. Quand on va ex-
en l'autre par re: :.1, &au z.
tremite' ſans la ouuoir trouuer : comme par x51*** '"75'
exem le , ſi queFqu’vn penſe que Pherbe naíſt Alexandre ſur
le z.l.dela Me.
lÿeour a 8c
viure nourriture
ſeruicededu beſtail, 8c le
Phommezôc laeſtail pour
l'homme pour. taphxa.

honnorcr 8c ſetuir Diemôc deſc-chef Dieu pour


- quelque autre choſe , 6c ceſteñ-lÿ pour vn’autre ‘ -
plus hautqéotuſuyuant touſiours -ainſi iuſques
à tant
\

64 PREMIER Lil-vne
à tant que la progreflíon dela Cauſe finale ſoie Y "ñ
infinie. Autant en peut-on iuger du reſte des ~
trois autres Cauſes , ou meſmeſi, luſieurs auñ
tres Cauſes ſe rapportent enſemläfe à vne plus
hanrefic ceûc là àvnc autre,ſans pouuoir trou
uet la derniere. ~
T H. Peut-on demonſtrer ce dernier principe
de Nature? M Y. Nullement. ~
T u.clemonlhrarion
quels, Pour uoy-non? ſoitMfondée
Y. Pource quëilprin
ſur des faut

cipes plus hauts «Sc plus cognuz, ue ce qu’on


veut monſtrenor ce, qui eſt fondé _ur la dignité»
d’vn autre principemc peut eſtre principe.D’a—
uanragqla demonſtration n'eſt que pour mon-
ſirer la çoherence des affections 8c des accidens
auec leur ſubiect :l or aucune affection ou acció
dent on
ainſi ne ne
rtouue lieu
le peut au premier principe;
demonſirer. _ i par
~
TH. Ne pourra-on pas le definir 3 M.Encor’
moins. ~ ~
T u, Pourquoy non 7 M.Pouree ?ne la defi
nition eſt ſeulement des choſes,qui _ont termiñ ~
nées 8c comprinſes ſoubz les premiers genres
8c differêceænmais ce prinpiäe eſt en toutes ſor~
a Ariihau u.). ,tçs inſiny, 8c meſmes en ç ï .infiny s non pas
:Fclſſiſſſiſſzſſſiälîhj: pour eſmouuoir d’vn _eterncl mouuement les
premiere czû- cieux, comme nous 11.10115 preuué contre Ali-ï _
ſe ù 'c , - ~ -
?PQ-SL GZ* ſtore ,mais pource,qu’il ne peut eſtre com ris
me. _ ni du lieuznx du céps,ni de Fenrendement d au
" - 1 de h con homme viuanucomme a treſñdoctement
~ hyfijlpreuqc eſcrit S.Damaſ{;enc)m auſſi pour num: vne in
gïffll* ïfflfl' finite corporelle ,qui ne ſe rrouue en _aucune '
"Pſiſſuſi pargmais pluſtoſt par ſon eſſence, par ſon crer
Dite,,
SEcTioN V. 65.
niteflôc par ſa puiſtancezor il n'y peut auoirau
cun genre , qui ſoit commun à vne choſe finie
8c à vne infinie : par ainſi ce nom d"Eſtre ne
pourra eſtre cómodement le genre de ce prin—
cipe,ſoit qu'il ſuſt vne voix equiuoque à la ſub~ “hifi & Mg_
ſtance &à Faccidenncóme pluſieurs penſent ² 5 xwd… nié…
ou ſoit qu’il leur ſuſt vniuoque: pource que les L" tÎ-“Ë È?
differences de l’Eſtre ne ſeroyent pas Eſtre,puis ,ctqſiſe ſan;
que c'eſt vne choſe abſurde , q~ue de definir le ſgfflî îfflëgë
genre par ſa difference ; 6c ancor' plus abſurde Scbtns ſur 1E
de vouloir definir ce premier principezmais ſur ï--î-dë: ſëîjäffl'
tout il me ſemble treſ-impertinengque d'actu'- ÃÎÎnÃe la diï
buer au principe , auquel on ne peut riê penſer LÏñŸ-Séîfflä-r
de plus ſimple, la difference, qui eſt touſiours …zzzizuenio-I
neceſſaire d'entrer à la definition :car s'il auoit dïfflfîîî ²²~'
difference, il ſemblerait aucunernêt_ eſtre com
poſé,puis que la meſmc proportiomqui e du
corps naturel à la matiere 8c àla forme , e la
meſine dela choſe definie au genre 8c à la difl
ference. .
TH E. Pourquoy eſt-ce que ce principe ſe
peut ſeulement interpreter par negation , c'eſt
à dire,en le niant eſtre cecy 8c celà? M Y.On ne
peut cognoiſtte l'affirmation , ſinon par l'aide _
de la negationmi la negation ſinó par ſaidede-b A?? a" ²,-'~
Iſiaffirmarió F: &certes toutes choſeæqui ſont ÃſſÈſſuctÃſiÏÏÃſſiſſi
hors le principe peuuent proprement 8c \ſians MMM-Yſ
incon ſuite' eſtre deniées du rinci e,autâ‘t en
P .
.pourrOit-on dire du rien,en le niant d’eſtte tou
te autre choſe, qui eſt.Orctquant a ſes attributs,
ou à ſes diuers noms , ils iſexpliquent ï pas gnſſfrëffſëc":
tant la nature de Dieu,que ce qui eſtäutour d'i— ‘ ct ſ ſi
cellezfinalemët on ne le peut ſçauoir parla cho
d
66 PREMIER LIVRE
ſedaquelle luy meſine eſt; pource qu’il eſt,íe ne
ſçay quelle choſe inſinie,qui nedonneroit pas
moins de peine d'eſt” comprinſie par ſoyñmeſ
me,que Sſiil la nous ſailloir cóprendtc par d'au
tres cauſes infinies; par ainſi perſonne ne pouñ
à Akim… u, uant monter iuſques à la derniere d’icelles ,
de la Mcùph- faudrait neceſſairement que la ſcience en fuſt ï
S. Thomas en - 1
!a ,Lqucn_dl, totalement deniee. p
z. »Sc s. article T H. Pourquoy eſt-ce que lëentendement de
J: l'homme ne cóprendra ce principe infiny, puis
8c en la .o.q. qu’il deſire 8c ſouhaitte des richeſſeggrâdeurs
?f d* 8c voluptez infinies? M. Si Fentendement de
Sqotmnlaprf_ l'homme ne peut pas meſme cóprendre en ſon
?jf 'TJËËËÎ eſprit vn corps ou vne ligne,qui ſoir de ſaict in—.
du zdiugeſi finie ,mais s’il luy faut apres qu il a bien loing
eſtendu ſa. enſee, u’1~l s arreſte tout court en
ſeionant viie extreiiiité, combien moins pour.
b^nſelmcnie ra-i comprendre ceqprincipe inſiny , duquel
“P ffläîfſf: l'eſſence eſt incorporelle , 8c laquelle ne peut
;Taï-ie choſe, eſtre limitée d'aucune fin e (faïaſi grandpeine (dit
“TËÏLŸLJ15 Platon) e/Icelle ane-infra de lüzntcndement: Et d'au
ËÏi-è en l'en rant qu'il faut que la volonteff ſoit inſerieute à
ëïïſzſlffiëaffqpl_ Fentendemcnt, ou qu'elle-ſoit en ſomme d'vne
des Echiqucs-,egalevertuſii nous ne pouuôs comprendre en
&G"‘S"®"N‘ noſtre eſprit vne infinité de richeſſes ,il nous
Ë‘"'*ë“Î-“'“î r… beaucóu 1 1 'ſbl d 1 s "d ſ -
cent-cn onz. P1110 11S Ol l C C C C lſcſoll
vouloirztoutcsſois, d'autant que pluſieurs ſou—.
bien ellre des haittent ce,qui ne ſe peurfaire naturellement,
comme voler on quelque autre choſe ſembla.
fflzçqu…. k, ble,ils ne deiirent pourtant rien,qui ne ſe puiſñ
r-iffe ïôPfflf' ſe encor' comprendre par ï Yunagination de
ÏJÃſi" ſi *ſſſiſilhomæncſ
1
‘De
SECTION V I. 67'.
SDE: Principes du monde.
SECTION V I.
T H. On m'a autrefois enſeigneflqtfvne meſ
me ſcience eſt d’vne choſe 8c de ſon contraire:
Puis donc que les choſes finies ſont contraires
aux infinies , pourquoy ne cognoiſtra-on l’1~nſi
nie,ayanr conceu la ſcience d'vne choſe finie?
M. Certes ru argumenrerois ſubtilemennsïl y
auoit quelque choſe contraire à l’infinie,car ce
contraire ſeroir pareillement in ſiny,& par ainſi
il y auroit en acte 8c de ſaict deux inſinis en
ſemble côtre nature,où 11s ne ſeroyent pas con
traireszMais diſons F luſtoſt, Q ue tout ainſi q ue
le grand 8c les petit ont relatifs, auſſi ſont l'in
ſiny &le finy : &ne ſaut pas dire , que ſi quel
qu’vn peut tenir vne paulme ou vn eſt-eufen ſa
maimque pour cela il yuiſſc tenir rourlvn mon
de,c6bien que l’vn 8c Yautre ſoyêt finis ; encor’
beaucoup moins pourra-il imaginer vne inſi
nire' de millions de mondes,pour auoir compris
en ſh "x1 entendemët ce monde-c .Or s'il Y auoic
aucunä choſe de contraire au Premier Princi
pe,c’e à dire à la Premiere cauſcdccrtainemenr
vn Mal infiny 8c vn Bien infin ſeroyenr de
ſaicte/nſembledeſquels en brief e ruineroyent,
ſinon il Faudrait qu’ils miſſenr en côſuſion par
. 9 v -
leur perpetuelle diſcorde route lamirable 8c
plaiſante harmonie de ce monde.
T H. Ce principe ſe peut-il pas comprendre
par cóparaiſon des choſes ſemblablesëhhnAuec
grand obſcurité -î ;car il hëy a rien,qui Puiſſe re— a Au qæhap.
d’Eſaye.
p re ſenter P ar l uni l itu d e ce P rinci e.
~ ï E 7.
'TI
68 PREMXER LXVRE
T H. Puis ?ne ce principe eſt principe de na
ture 8c de la cience naturelle, pourquoy n’eſt—
il clair ô( euident de ſa propre lumiere,c0inine
ſſl A” &Ldes ſont. les autres
. .
principes des / ſciences?,_ M.ï Il n'y
choſtsnamrd a r1cn,dit ² Amcenetde cache en la ſageſſe de ce
l** chap-e. grand Ouurier , mais nous ſommes tant: aueu—
glez que nous ne 'pouuons pas veoiië vne tant
b Au i.l.dec claire lumiere: Ce que le ° Maiſtre de ſageſle a.
zffilälïz- a dit en ſens contraire , que Dieu demeure cache'
r a ~. _ . . .
…de 1,. MQ… dans lesprenelpres. Mais tout ainſi que par 1-111
PhYſi‘l"" ter Îoſition dvn cor 1S diaphane nous voyons
la lendeur
1105s du Solei
ce principe par ſa-tout de né-eſine vo
demonſtration Täyo”ous
T),
c'eſt 'a dire, par ſes effectzî, qui ſont comme vn
lnoyen, par equel nous le comprenons.
d ce "°‘“ 5"' T H E; PóurquOy dis-cu que ce principe eſt
eſſable de 1A' . . 4 5 _ zñ . _ . . ,
ävnfibbdcſççnd eternel P M31 ource quil faudrait, puis que le_
uver c-..t * ternite
Ùnàfiintäqu: ~ eſt vne‘ vie
~ ô-cvne exi epcc.-~inteimina
- ’ _

zzuczfflp… ble,que Dieu euſt Origine ou de oy ou de quel


“:²'~“‘l“Ÿ’“’ que autre; non pas dvn autrqparcc qifaiuſi il
que Mſg….
igioitſſl i. e _ue ſeroit
. pas principe;
. . ni. de. ſoy pauſſnparce
. que
diïfiſſll WP riê ne ſe peut faire ï de ſoyëmeſmefflóme nous
PÛlÀUIÎÏËbOUÏN _ ſt z d a _ ſ
qu…,a,.,…,,… auons mon re cy~_ euanr , l aut donc nece -
3 d*** qu* ‘-_ ſurement qu’il ſoit eterneliOr il n'y a aucun de
14]. Le _qui a . _ , \ . .
en; ffialluſ- , tous ſes attributs,c eſt a dire de es ſurnoms,qiu
Pfflï P" l** luy ſoit tär propre que le nom d d’Eter~nel,d’au~
autres , quard l .
H5 z, 9,5"…- tant que tous es autres, qui luy ſont donnez,
P°“"²/~"-9i" ſe communiquent auſſi à toutes les Creatures,
ſtill-Z cal-tout” ſ l . ſ
çhofgsſunznu ce eu attrnut nu ementzCombien que, i ce
Hfflnflïíà principe ſe pouuoir deſinigou deſcrirqdemon
1),… ſeuzſi… ſtrer ou en quelque ſorte entendre , ce lieu icy
'IW i' W" ne ſeroit proprmpour enſeigner ou expliquer
vienne de dite - ,, . . _ ,
Ilfiray. tout ce» qu O pourroit dire de ſon elsecqvertu,
z 8c _
8c puiſſanceS ,E mais
c T pluſtoſt
r 0 N la
V Metaphyſique;
l. 69

Toutesſois on peut rraicter commodement en


ceſte doctrine
cipe en nature,Phyſicale, qu’il n’y a qu'vn
eſtanr relaſitiuement prin—
ainſi appel
lé, c'eſt à dire, pour quelque reſpect des choſes
dependentes de luy, tel qu'on le peut entendre
en la Caragorie 76v T56; TI , 8c non pas en la _ I
ſi queſtion 'n' ſec”. ne dirons nous pas,qu’il
T H. Pourquoy ~ ‘ y -'a

deux principes coëternels 8c inſinis du monde a \


8c de la nature, tant pour raiſon qu'il y peut a
uoir pluſieurs cauſes ouutieres d’vn meſme
corps naturehque pource auſILque tous les an
ciens,ou~peu s’en faupont ² arreſteflque les prinñ j'a-TZR- Z951
cipes de nature eſtoyent contraires cntr’eüx,or ‘ 7 WF"
vne choſe nepeut eſtre contraire à elle meſme;
ſi elles ne ſont deux-j? M. Si nous concedonï
qu’i_l~y aiſt deux principes* de nature _il ſäudtoil
que laplus grand' abſutdité du' monde ~ Sieiiſui#
uiſt,äi -çauoir , qu’il y a _tout enſemble &pour
vne Fois deux inſinis .en acte , 5c que pourtant
,Pvn niTautre n’eſtlinfiny;d’au_tant queçieux inz
finis \bm lus grans qrŸvn _infiny ,ſi &par ainſi
vn mſiny eroit _lus peut qu vn mfinyçleſquels',
sïlîsîeſtoyent dilſtints de perſonne, 8c quieleurz
ſiibſtaäüces fuſſent diuiſéesklïvne deſautre _, 6;
que l’vn rfëuſt pas la forcdflë autre,n’auro'yen;
auffi' aucune puiſſance l’vn ſur _l'autre eſtans
ainſi eſgaux; mais d’a‘utancqu’ils meçtçnt deux
principes' contraires , ils' Eroubleroyent allié
duelletnent' par contraires, puiſſances" _tout
?accord .ôc hÏ-irtnonie du mondèzôc s'il .n’y aurait
.rien ,dzc ?his haut gu- Ïde Plusyxgſſanta qui peut):
. l z
70' PREMIER LIVRE
par ſi Maieſté reprimer 6c ren ger deux contrai
res principes , qui ſeroyent cuir’eux comme
deux egaux magiſtrats.
T H. Pourquoy ne conſpireront-ils d'vn
commun
ce mondeaccord à a rocurzition
P M. Dïxutaliit qu'ils ne 8C tutellepas
ſeroyent de

n Au 1.1. de la contraires principes , ainſi qu'Ariſtorc les ² pê


Phyſique.
ſcfgeuoir eſtre; mais ce leſur ſeroit choſe trop
di cile de conſeruer deux i ris em ires ſoubs
vne ineſme amitié 8c egale Ëuiſſa1icg:d’aiitaiit
que,comme dit le Poètes .
Un Rayſâ” compagnon Îfdſſcnre de l.: ſi),
Ni ne peut, s'ils flnt deux, de l'autre prendre 10)'.
Ven meſine qu'aux monarchies les plus mode?
rees les magiſtrats ne peuuent garder repos ni
concorde entre-eux. Or il fi-audroit qu'en tel
eſtat, comme iadis les conſuls Romains, ils
euſſent alrernatiueinenr les faiſceaux, 8c qu'ils
prinſent l’vn apres l'autre pour ſe releucr d’vn
-ſi Faſcheux labeur la côduirte du monde, pour
_ce que .tout enſemble il n y pourroit auoit deux
principes d'vne puiſſance 8c ſageſſe infinäaÿe
ſi au contraire nous concedions,coi1tre nature
que I'vn 8c l'autre fſiuſt d’vne infinie eſſence_ 8;
puiſſance , l’vn \Ëroit aſſezſſuífilſanr 6c capable
our -enrre ren rç _atout eu a conduitte du
gronde 8c pfr ainſiſgutre ſeroit inutile : ce que
nature alſiholrre eſtrangemenrïlaquelle ne peut
endurer eu auſii
inutilegnais ement
qiilſiilu’vne
y “aiſtcho e ſoir en
quelque vain ou
multitude
ſuperfluc. D'auantag~e , s'il y auoit deux princiñ
es extremement bons,tous deux enſemble,ou
Èvn apres l'autre feliçireijoycnc , 8c encor' pue
^ ^
ñ.\ 'vn
Sſi E c ne
I'm ne fuſt,l'autre i- laiſſeroit
r o N V as I. moins de fe
71
liſſciter pour celàzde meſmegtuſſipeilx eſtans deux
cauſes eſſentielles d’vne meſme choſe, S’il aue~
noir que l’vn Fuſt oſtémeantmoins le monde ne
laiſſerait pour celà dhuoir S6 Eſtre. Finallemët?
ni l’vne ni l'autre ayant ſa Force diniſée ne ſc~
toit toute-puiſſante, ni n’auro_it ſouueraine ſa:
geſſe 8c ponuoirzdautant que tât plus vne ver
tu ſe communique à pluſieurs choſes, tant plus
eſt elle grande,c61ne il appart au rencontre de
pluſieurs flâbeaux, car tant plus il en viët d'au
tant plus grande eſtla lumiere, eſtät toutesſois
moindre 'en chacune des ſes partieszbriefſiil ſau
droit que la multitude de tels axiomes ſuſt en
vain infinie, ſi on receuoit plus que d‘vn prinw
cipe 'de nature. Ce qu’a ï' ſemblé à Ariſtotqqui ïhfflſfiïï-l-'Ïîlï
recerchoít ceſte queſtion aſſez ſubtilement, Êeſiæäſi ct ſi
'vne choſe forc- abſiirde , par ainſi eſtabliſſaxit
vne premiere cauſe de toutes choſes il aconë
elu par les vers dT-lomere parlant d’Aga
memnon l*: b Au 1.1l”. d!
Oſſun E7433? -firakuxzaipæerlmâs Heigl-VO; ſſiſſſ”, Plliade.

ET; Bdaxmvſſr:
C’eſt à dire: »
Il Weſt pa: b5 d'anan- Mm de Royszſhirfiul Trinæ, ‘
_ Soísſiul R” hovznoréſidr la Grecque Prouince.
Sinon peut eſtre , que quelqu’vn vouluſt in*
terpretenqLfAriſtOte a poſe' vne premiere :and
ſe 8c vn premier Principe non pas de durée ains
47
de naturezmais nous auons reiecte' ce ſophiſme
par cy—deuant. —
T H. Wie] inconuenient y auroit-ñil , ſi nous
diſions qiſAriſtote Œlſſa voulu. eſtablir plus que_
E 4
72 PREMlER LIVRE
d’vn priucipe,du monde , 6c que les autres trois
principes de Nature., à ſgauoir la matiere, la
Forme 8c la priuarion rapportent leur origine à
icelluy. M Y. Il auroit tres—bien ſaict,s'il confeſ
ſoit que ces trois Principes tinſſent leur origi
ne de la premiere cauſe; mais illes ſaict coërcr
nels auec la premiere cauſqôcaſſeure qu'ils ſont
auec elle de meſine temps 8C duréezôc s'il n'a pas
a Auhliundu ² voulu que la_ matiere Oula Forme dcpêdiſt de
fill-v l d… la premiere cauſe, mais que chacune b cóſiſtaſt
phynqſizſi c, 5_ d'elle meſine , 8c ne raporraſt à. vne autre ſou
5è a" "-1 **ï 'ï origine , 8c qiſautrement ils ne ï pouuoyent e
M h. 1 . . . ,. , . , .
14a ſtre principes, s ils riroyent leur naiiſance d ail
MetaPhYſiqvï le_urs,& ſi le monde ifeſtoir Erernel. Or ilñrfya
Ca . , . , -
;KU415 l, rien de plus abſurde que deſtablir pluſieurs
PhYdFÏHÊ-Alî- principes Eternels,& iceux eſtre conrrairesxo
Xſilfl TC I" I. . - -
deſfflwſtzósmelnous auons dict_ par cy-deuant., Combi-et!
capds. qu’il ne ſe puiſſe faire que Plus de deux Princi
ñ cs ſo ent cótraires entiîeux, ource ue il-Ofi
PT. ..ſ11,.d,A.fl .l
.
recoit trois principes e on auis
J
r1 tite , r s _
ne pourront aucunement eſtre contraires les
d ^" Pfflhct” vns aux autres, daurant que tienne peut .uatuë
tellement contrarier d qu'a vne ſeule choſc.Par
mètde laqua- _ . , \ ~ .
lite'. ainſi,ſi on oſte la priuariori,laquelle a bon droit
‘ P‘°““' les Academiciens 8C Stoiciens relectent , il ne °
reſteroir que la matiere &la Forme, qui ne
euuent e re entre elles contraires en aucune
i?açon, puis
~ qui'~l~
nîyarie
~“d_e ſiaui~d e ni'dſ
e ireux
que la _matiere eſt des formes s au contraire , Oñn
void queles
uerſenſir choſes ennemies
8c bouleuerſent ſe en
de fond pouſſent,
combleren—

me l'eau 8c_ le ſeu, 8c ne ſe rreuuenr en aucune
part ,enſemble ; mais la fiorincôc la matiere ſe
portent
portent vne
*‘ ſi SEîcrroN
parfectze amitie îVI.
lëvneà l'autre,
73

qu'elles ne permet-l'vne ſans l'autre ſti-ſeparer


que par la ruine de leur ſubiect ;par ainſi, ſila
priuation eſtoit principe encor' ne ſeroit elle
point contraire a la matiere ni à la forme', mais ñ
croit ſeulement oppoſée à l'habitude par pri
uation. ' " - ‘
. TH.- S'il n'y adquïvn Principe de Nature , il
faut qu'il ſoit -vmott “par Gëre,ou par Eſpcce,ou
par Nombre.
ce que M r. _Ilifeſt
nous 'auons rienqu'il
deſimóſtré de tout cela,par—
ne peut eſtre
comprisſoubs aucun genre ou eſpece: carles
choſes,qui ſont appcllées vnes ,ſont ſitbiectes
(par laquelle qu'on-veuille de ces façons) d'en
durer diuiſion ouaddition, rntenſioh ou remiſ
ſison , extenſion :in contraction , ou le tout e11
-ſemblegmaisce Principe de Nature n'eſt pas vn
lE :M S, c'eſt à dire ,~ vn eſtre , ainſi que 'Parſimeniæ
_des diſait que ron-tes choſes Ïeſtoyent qu'une,
nizn’eſt P as ſim P lement toutes choſes , comme
' auoit atteſté Xenophaneszmais eſt plu-ſtoſt vni.
té abſtracteñqui ne depend d'aucune autre cho
ſe eſtät en routes façós impatible 8c indiuiduc.
t T H. Certes-'tunſas ſatisfaict quant àlanaiiï
ſance 8c trcpaſſernent du monde, 8c à ce qu'il a
.eſté baſty par vnPrincipe Eternel-S mais ie n’ay
pas encor' veu s'il .a eſté engendréou_ cree'. Bien
eſt vtay queie me ſouuient que tudefmiſſois l'a
creation vne-ſimplenailſance des choſes proue
nantes ſelon leur tout de la pure Priuariou,
c'eſt à dire de rien , 8c que tu diſais , que la gc
neration eſtoit vne naiſſance ſelon quelque
partie,à ſçauoirqttand le corps naturel ſe veſtit
E 5 .
74 PREMXER Ltvil-t
d’vne nouuelle forme ſe depouillant de la viel
le. M Y. Il y a trois o inions 8L non pas d’auanë
rage toucfliànt la nail ancî: duſtn’1onde,l’vne de
ceux,ilqeſt
rien ui venu
ouſtienent
en Act? u’i a e e les
, cpmme cree, 6c ue de
Chalciiæeni

8c Hebræux,& uele me me doit retorneren


rienzla ſeconde ?ſt de ceux, qui ne tiennent pas
qu’il aiſt eſté creé, mais ils monſtrent qu'il a eſté
engendré d’vne matiere difforme, comlme les
Academicíens, St0iciens,E icuriens &ï es ane
ciês Latins 8C toute la ſectepdes Arabes, excep
re' Auerroës; 8c que par meſme raiſon il doit
finir 8c retourner auec toutes choſes en ſon
chaos ,hors-luis Platon &quelques Academi
ciens, qqilbnt eſtimé eſtre lſempiternel. npin
ñ as ar aNature , mais ar e don 8c race e
(Lori PCIreateur. La dernigre opinion egſt d'Ari
ſrote, le premier, qui n’a baillé au monde ni
.naiſſance ni ſin, mais a ſoufltenu qu’il a eſté
de route eternite' 6c qu’il ne doit iamais auoir
ſin. Ce que nous. auons monſtre eſtre Faux par
noz diſcours precedens : Tous les autres (hors
mis les Chaldæens 8c les Hebræux) n’ont pas
eſté tant abſurdes,& ſi toutefois ils ont eſte' au
cunemêt abſurdes de côfeſſer queDieu eſt vrac-nf;
U) æavraxçd-ræç-.Pere 8c Toutpuiſſant 8c pourtâr
ne l’ap ellëtCreateur, mais ſeulemêt Ouurier,
nuque ils ſont la _matiere coëternelle , ſanslao
quelle il leur ſemblgquëil nëeuſt rien pu faire.
ſi
TH. Ne preuue—on pas par. la,que la maù
tiere du monde eſt eternelle, (ſautant qu’il cuſt
-faillu , ſi elle eufi: eſte' engendrée , qu’elle Peuſl:
eſte' de quelque autre iuatiere,8c ceſte n encpor'
. _ _ vn
SEcTroN VI. 75
d’vn autre,8c con ſccutiuemêt qu’vne telle pro
greſſion cuſt eſte' infinie ?mais tu as enſeigné
cy-deuät que nature deteſtoit Finfinite' au pro
grès des cauſeszil ſaut donc conſeſſer qu'elle n’a
eſté engendrée. M Y. Elle n’a pas eſté ſimple
ment engendrée 8c toutesfois elle \feſt pas ſans
auoir eſte' engendréqſi nous auons eſgal qu'el
le a eſté ptemieremët creée par ceſte cauſe, la
quelle nous auons appellée Efflciente ou Oui
uriere du monde. ' i_
T H. Elle a dôc eſté creée de rien?MY.Pour
q T H.non?
uoy V
Mais les Phyſiciens nient -aſſeurement
qtfaucune
ſont choſe
tres-bien ſe ſil-tu
5 car uiſſeexclus
faire de rien.les
toutes' Mcauſes.
Y. Ils
8c principes , rien ñne ſe fera de rien :mais ſi tn ~
penſes que Dieu , qui eſt la cauſe efficien-tcdu
monde , ſoit quelque choſe ,la matiere näutä:
pas eſte' creée de rien. .
T H. Fay touſiours penſe' que ce decreggjæ
rien neſé far/bir de riemne sffenrêdoit aucunemêt
de la cauſe efficíêtc, mais pluſtoſt de la. matiere,
c’eſt à dirematiere
, que le monde n'a, pas
maiseſté faict ſans
quelque precedente qu'il a fſiaillu
que la matiere aiſt eſté interpoſée comme vn
moyen entre la cauſe efficiente 8c Peffect. Er.
certes ce principe de la ſcience naturelle ne me
ſemble pas mpins veritable , que celuy des Me
decins,à ſçauoir que,Le.r cîtrazres ſhm remedcx de;
60711741761 . par lequel touteleur doctrine eſt ap
puyée comme ſus vn pinot. M Y. ll ſaut que les
principes des ſciences ſoyenr tant clairs 6c eni
dents ,que perſonne :ſen puiſſe aucunement
douter,
76 ~ PnEMiEitLivRE
douter, ou leur apporter quelque exception;
'cïl-Iläïêiudcï toutesſois comblé que ï (iallien aiſt dict que ce
bfflux AP… bdecret dT-lippocrate ſoit conſtant 8C perpe
ËEXÏÈËLËÎU 1. tuel en l'art de Medecine , 8c qu'il ne penſe . pas
c m… Apjm_ qu'il ſe puiſſe violer par aucune exception;
:gſxr-j: 8c 1 neanñmoins ° Hippocrate meſmc &auſſi 4 A
nd,, z_ 'm1535' uieene commandent de guarit le vomiſſement
j: Parti; par le vomiſſement , 8c le couts de-ventre par
ſi "M" vn autre cours; Et meſmes Hippocrare ayant
amoneſté qu'il ſailloit eſchauffer les parties ra
ſroidies ,il excepte' ceux , auſquels le ſang de
couloit; tel a eſté Albucaſis Arabe eſcriuant
u'il ſailloit reſoudre vn' intemperie chaude :Sc
ſtiche parivn cautere actuel', 'ce que l'experien
ceiournaliere nous enſeigne à-Pédroit de ceux _,
qui ſe ſont bruflez,quand ils approchent des
auſſi toſt au ſeu la_ partie aduſte. Mais puis qu'il
faut que les Principes de Phyſique ſoyêt beau
co-upplus certains que les Principes de Medeci—
ne, comme luy eſtant vn phare àſa doctrines
tu as toutesſois pris pour principe, ce qu'il re
failloit conclurrezon appelle cecy TS-êfaipxînou
petition dePrincipe. ²
T H. Il n'y a: 'ſcience tant ſoit elle aſſeutée 8c'
conſtante ,laquelle ne ſoit en danger d'eſtre Fa.
cilement renüerſeé , ſi tu esbranles ſes Princi
. pes en les
doyuent pasniant , puis que
dectmdſinſtrer les Principes
, mais doyuent ne ſe
eſtte
e Ariſtote au concedez pour la manifeſte verite' , qui reluit
F: l-dïhſffléï' on eux : quant à ce que rien ne ſe ſaiót de rien,
"W2"
que; @a …PE
1c… tous l es ï Ph y ſic i ens d’v n c ômun _accord y con
"W" fflîſffl" ſentent; ou autrement il faudroinque Dieu.
tement de tous
z., Phyſicicns, cuſt faict le Monde le prenant de ſoy,8c par ;äuſſi
“ .9
SEcT1oN VI. 77
il _ſeroit quelque choſe de ſa portió î. Or toute
choſe, qui ſerolt ou qui ſ8 Feroitzſeroit innpar- genes däsTer
ſecte ;pource qu'il ſaudroit que ce firſt le tout
pour ce ſaire ſoydneſine , 8c que ce ne Fuſt pal tilllſiian a ſua
le tout pour ſe faire de ſoy meſmegcar S'il eſtoit; °“‘"‘ '"7'
1
il ne ſe _feroit pas, pource que des-ja il ſeroít ;EC
s'il iſeſtoit pas,il ne ſe ſeroit paszpourcè qu'il ne *
ſeroit rien ;par ainſi il n'a pas ſaict le Monde de
ſoy ;ſi donc il ne l'a pas faict de ſoy,- il ſaut ne
ceſſairement qu'il l'aiſt creé 8c ſaict d'vn beau -
rien : Parquoy,ſi
il ſaut demonſtreronque
veutrien
renuerſer
ſe peut ce Principe,
faire de rictê.
M Y. Si iç preuue que toutes les formes ſe ſont
de rien, c'eſt à dire,nc ſe Font d'aucune matiere,
voſtre principe 8c tout ce , qui eſt baſty deſſus,
tumbera en vn meſme inſtant; puis de là On
monſtrera comme le tout s'en retourne à rien,
dont il eſtoit venu.
TH. ,Ie tc prie declaire m'en' la demonſtra
tion. MY; Ariſtote aſſeure l' fermement que **Audi- &7-85
toutes les Formes naturelles,hor,s—mis la forme
de l'homme ,ſont certaines par la corruption F-‘h^1ffl"d'=
de leur ſubicct de mourir: mais il ſaut que ce, ſi? ſſſſſidſſct'
qui meurt 8c s'en retorne àrien ;ſoit venu de
rien 5 car lacorruptió n'eſt autre choſe que l'ex
tinction de la forme , qui s'en retourne en rien,
ne plus ne moins quela generation eſt la naiſ—
ſance des ſormes,qui ſe font de rien,c'eſt àdire, c Scotia-furie
fic-ientezcar nous&lautre
qui ne viennent voyós ceux,
pamque9 qui
deveulent
la cauſe exë
cſ7 ſupp ;le la r.

cuſer Ariſtote -, auoir ainſi inrerprete ſon dire.


Mais il ne faut pas auec ſi grand peine recet- Pme ïinſi au
cher ce , qui en auroit* ſemble' àAriſtote , pu~ ' ë"“ ‘“ MW'
phyſique.
que ce,
78 PREMIER Lrvnz
i Au \.l. dela que ce,qu’il en a ² dict eſt tout clair 8c euidentï
Phyſique. .
car il a eſcript appettement , qu'il faut raporter
à la matiere &t non pas à la cauſe efficiente ce
principe de Phyſiquqà ſçauoiîr, 933e riËm-fl-fdict
'de rie-ms( pour ceſte raiſon il re tend Empedo
cks d‘erreur,d’auoir confondu 'Amirieſilaquel
le il auoit conſiituée cauſe efficiente des cho
ſes auec la matiere. Semblablcment Alexandre
Aphtodiſée l’vn des plus ſubtils d'entre les Pe
ripateticiens voulant nier que la forme fuſt en
b Ainſi argu gendrée a vſe de ces parolleszllfózzzdroigdit-il b,
gumentc Herñ
megane] dans que [afin-me fezſgendrdjï d’vn: azrtrefirmë-,Ü- qu'on:
Tertullian au generationfaſt d’vn: autregeneration. Là où il m6
lim-e qui nelle'
faiâ contre ſtte clairemennque la forme ſe faict de rien.
ſoyñ T H. Ie ne vois pas que celle conſequence
ſoit neceſſaire,ſi les formes s’ê retournët à riê,
qu’il faille qu’elles ſoyenr venues de rien; M Y.
Il n’y a tien en toute la Phyſique de plus certain
ni de plus vſitéæar il faut que la choſe s’en re
tourne à rien,de laquelle la production a eſté de
rien , veu que-il y a meſine proportion de la ge
neration à la corruption que de la cteationà
Yanichilation , ou à vne ſimple extinction. Il
faut doncques confeſſenque les formes ſortent
en acte d’vn beau rien , c'eſt à dire d’vne pure
priuation , puis que our la ruyne de leur ſub
iect elles s’eſuanoiiil ent en vn rien , ne plus ne
moins qu’on void vn feel de cire imprimé d’vn
charactere , duquel la figure n’ayanr rien eſté
aſiu arauant , dés auffi toſt qu’elle eſt monſtrée
au femÿeſuanoülſt en rien.
TH. Explique moy encor' celà plus aperte
ment,s"il te plaiſhM Y . Tout~cc qui ſe COEIOÏIËP,
en n
SLCT1ON VI. 79
en fin s'en retourne en celà,d’où il eſtoit venu,
6c tout ce , qui ſe compoſe , ſe fait des meſines v
Phyſicians
choſes, auſquelles
enſeignent
il ſe:il
reſouncomme
Faut doncques
tous
quelesles² taphyiſ^riſto—
formes ayent eſte' rien au parauant , ſi elles s'en *Pëhîfîcëzsi- d***
retournent en rien.
TH. Nous Yoyós nei-moins que les parties,
deſquelles eſtoit compoſé le corps naturel , s'en
retournent par la mort à leurs premiers ele
ments. M Y. Poſons le cas que le Rheubarbe ou
vn cheual ſoit compose' de la matiere elemen—
taire de ſeu , disñie , d'air , d'eau , 8c de terre:
ſi on brulle l'vn 8c l'autre ce,qui_eſt huileux
8c chaud conçoit la flamme, 8c ce,qui eſtoit hu
mide ſeſuapore en eau, comme on void aux ti
ſons exrremite'
leur du bois verd eſtant mistoute
rëenuoyenr au Feu,
leurleſquels
eau en par
fus ſi
meuſe vapeur, 85cc, qui eſtoit d'air , s'enuole à
ſa prochaine nature en lëair,ce, qui eſtoit terre
ſtre tend au fond auec les cendres/z mais ceſte
forme ,laquelle eſt vnie auec la matiere, l'ame,
diSMie , Vegetable 8c ſenſible , la vertu de mouà
noir, d'ap ſieter ce, qui eſt ioyeux,&de ſouïr ce,
qui eſt de plaiſant, 8c la force de tiret les hu~
meurs corrompues nëapparoiſhen aucune part,
auxelementsflar
meniide ils n'ont
ſens,ni aucune desaucune parrie,ni d'a-
facultésdeſquelles ſ-
nous 'auons parlé. Puis doncques que ces deux
formes ſont reduictes en rië parla mort 8c der...
niero reſolution du cheual 5c du Rheubarbe , il
ſaut aulsi neceſſairement , qu'elles ayent eſté
faictes de riqn parles cauſes efficientes. f ’
I'a u. Q.
ue em 9°_ſchement y. a-.il <1 ue les
m”or—
né_
So PREMXER LIVRE
‘ mes ne ſoyent produictes du ſein de la matiere?
M Y. Ainſi l’a penſé ï Auerroës &pluſieurs auſ
ii veutque let tres Peripareticiens, mais' en celà ils fiaitriſſent
ſort Pautorite' des liures &Ariſtote ä") aidez-admi
de la matiere Tamauſquels on ne voit rien plus ſouucnt b re
ËâËÎ-fffl U peſé que Les principe: de nature e/Zre Jeux mcfincs
ban). Lde la é* deuam tome autre choſê au corſSſuztHó-el , ni ne
d: fgpouuaireſire appelle-z,principes .Fils naiſſoyent mumu'
meſme Phyſ- lement le! 'Um de: autres au cafe-ux mefinex; par ain ſi la
“P” - ſorme ne ſeroit pas principe de nature , ſi elle
rapportait ſon origineàla matiere: Scmblable
ment les formes ſeroyent materielles , &par
ainſi s’eſtendroyent,s’appctiſſeroyent 8: ſouffri
royent extenſion &remiſsioiulaquelle choſe
c Ariſt. au 8 l.
de ,a Memphy leur eſt abſurde , comme il eſt monſtré en la °
ſique e.3.mnn_ Phyſique : mais rant s’en faut qſſtlriſtotf: aiſt
ſh* q” “i” enſe' uela ſorme ſoit tirée du oiron dela ma
ne ſe peut fai q _ _ t3 , _
re. tiere , puis que meſme il l’a d dchnie cſtre vn
;Ëhîſàäſiléffîë l” principe actiſôc cauſe efficiente du corps natu
relzôc la matiere vn principe paſsiſ interieurda
quelle ne ſe peut ſi proprement appeller prin
cipe que la ſorme,qui donne eſſence au ſilbiect.
e “arfflius ſi_ Ce qui conuient tres-bien ñà la ° doctrine de
cii-ius au m. 1. Platonzcar il nie que la matiere aiſt de ſoy aucu
ËËÊŸËIŸÏÏKÏ; ne vertu formatrice : que ſi celà eſt vray , com
c.7. ment ſe pourra-il faire, que les Formes ſoyent
tirées .du ſein de la matiere , c’eſt à dire que le
Ciel 8c autres corps celeſtes lesformes auſside
pluſieurs choſes beaucoup plus diuines, doyuêt
leur origine à vne lourde &Z difforme malle? La
conſequence eſt abſurde , il Faut donc queles
formes ne viennent d’ailleurs._que de la cauſe
efficiente, comme Auicene a tres-bien eſcript:
or il
-SECTION VI. 81
or il appelle la cauſe efficiente des formes In
relligencedaquelle choſe, ſi elle eſt vraye ou nó,
on verra
feſſer puis
, que lesaffdrmes
reS.Autrement il faudroit
ſe ſont d'elles meſmescon-
², *Ariſtote -ctuz .
mais ce ſeroit choſe trop abſurde de le confeſ- Ëhÿî" Mm'
ſer, 8c encores plus impertinent , que d'eſtimer
qu'il y euſt vn progrez inſiny de formes, ce qui
Ëenſiiyuroit neceſiaircmennſi elles ſe ſaiſoyenr
d'elles meſines.
— TH. Les Formes ne ſont elles pas ainſi apz
pellées , comme , qui diroit en Latin F o R l _S—
M A N E N 'r , d'autant qu'elles demeurët dehors .
8c viennent exterieurement? M Y. C'eſt vn ſon—
ge des Grammeriens , auſquels ſeroit meilleur
de direMA N A NT, que MANE N1', puis que
les Formes accompagnent couſiours le ſubject,
lequel elles informent : mais ils diroyent beau
coup mieux , que le nom de Forme vient du.
Grec Mopçñ . ainſi' que S c o R Tv M du mot
,Eng-ATM par la figure appellée Metatheſe.
TH. Si nous concedons que les Formes Nañ
turelles periſſent par la ruyne de leur ſubiect,
que ſeront elles autre choſe ſinon accidents.
M Y S T. Il ne s'enſuyt paszcar nous ne voyons
pas moins bdemeurer vn corps en ſon entier b Mm… z…
pour la perte de ſes accidents . A Z11 ſer** M**
T H. Pluſieurs accidents ſe peuuent ſeparer ,Ioîplſſujnz aux
ſans la ruyne de leur ſubiect , toutes-Fois on en Pïïdíäalîlcs ê?
peut excepter beaucoup,8c entre autres ceux là, e. U"
qui ſont vtayement propres àquelque choſe,
comme la chaleur au Feu , 8c Fhumiditéà l'eau.
qui neï-pcuuent abandonner ni le Feu,ni l'eau
que__l'vi’i
ct 6c l'autre ne ſe corrompent.
F M Y. *Ils ne
8:, PREMIER LIVRE
ſeront pour celà appellez formes,car autremët.
ſi nous confondions les formes auec les acci
dens,ils sëenſuyuroit vn rand deſordrexomme
ſi nous voulions definir e ſeu par la chaleur 8c
_ſeau par lffhutniditefltortte choſe chaude ſeroit
ſeu, 6c route choſe humide ſeroit eauzla conſe
quence eſt impcrtlncntmauffi ſera Fantecedanz:
de la on peut ſiveoiij que le ſeu, outre ſa chaleur
naturelle, a auſfi vne Forme , ne plus ne moins
qu’vn ouurage
luy donne a ſa8cforme
eſſence moyenartificielle
d’eſtre. , laquelle
ſi
T H. La meſme pro ortion , qui eſt entre les
formes naturelles 8c a premiere matiere , eſt
elle gardée entre les formes artificielles 8c la ſc
n Ans r. dela conde matiere P MY. Ainſi l’a ² penſe' Ariſtote;
Mtsayhyf. combien que celà ne. ſoit par tout vericablexar
nous ne voyons pas que la premiere matiere re
çoyue indifferemment toutes ſortes de formes,
autrement toutes choſes naiſtroyent de toute
choſeJaquelle on voudroit,ainſi que ſouſtenoit'
Anaxagoras; mais on void par experience que
la ſeconde matiere reçoit indifferectmment tou
tes ſortes de formes accidentales,comme on di
roir celles des arbres &ë des animaux, leſquelles
vn Ouurier imprime ou engraue ſus Pargille ou
(us la cire :il ya encor' entre elles ceſte dilsimi
litude , en ce , que les choſes naturelles ont en
elles meſines certaines cauſes actiues 8c aſci
ues de leur repos 8c rnouuemenr ;les choſgs ar
tificielles
cant n'ont ſeulement
que Pactiue que la paísiue , d'au—
eſt en l’ouuſirier;ſemblablernent_…
les choſes naturelles ont la cauſe interieurmpar
laquelle. cccy ou_ celà doyuc nailin: de telle-HS;
ce c
SÉëTXoN VISE ſi 83-'
celle-inatierez' mais les choſes artifiéielles deſpÈ-l
denf entierement du vouloir de ?Ouurier , de i
ſorte qu'il a bien peu-de matierezdeelaquelle il Ÿ
ne puiſſe ſaire' ce que bon-lily ſemble : routes- l
fois' l’vn~e &l'autre conuiennent _en celà quellaï”
forme &d'une au ſubiect tant naturel que artifi- ñ'
ciel ſon propre nom 8c ſa vraye eſſencelaquel-"é
le on appelle @utremêt L’ E S T R E F o n M En; ñ_
TiñizQfappelles-tu l'E‘ſtre formel? M Y. Ce,
quidèſpendde l'a? forme ſeulement &comme ce* ſi*
que les 'Metaphyſiciens appellent en leurs- Vrai-î?
uerſels-eſſenee formelle , #GT en leurs Sin uliers i)
exiſteiice perſonnelle-â laquelle toctutects- ois nez! ~ -~
deſpend- päsfjmoins de lamatiere 8c cauſeeffl-'í "î"
ciente ou tuzrice., que dela fo-rrrierneſmeu-Or-Î
entre lfEſtre' formel naturelïôcf ;lflîlîreſormelïſil .
accidental
ſe conſerſſlieily aceſte
bien difference
hors le , que-le
ſubiect par nani-rei*
le moyeti de 3 _ \-
ſon eſpecſiesrnais Paccidentctal-neiſuliſiſte fêulcí-'iſil '
ment îqueparïle bene-ficede ſon' fiſrlsiectitouresääë
fois ilëſt commun à toustles- deux :fe ſe pouuoiírsï
definir
loſophſesparlaqueífió
ſiappellent-qſiiàlitatiuer;
?r3 îctïêälvfllaquplle
oîèſt ànoz
direſaiäï;

ctepîfîläîcienianïle u’eſt t'a-cz: ou qu'eſt delay..


laquelle Ariſtótede a ptdprezaukorite' ². eſcriptëâ M7 Ldela
ne pouîioirsïaccpmmodërÿzàautreïqu'à -la ſu ;Mfflvhïſ
ſtaiice meſfneî Înaisñen celàríous ne preſeronsÏ
pas l'autorité à la raiſon; car quand on demandbîſii'
qœeſſt-_óe-qtiê “couleurërpon neïdetnaïde pas-moins
laëqiiirlîtëéîdëîlaïeoüleiitouï sôwàfrzf Enrique ſi oh"
deinafläóirla definition Œvn corps naturel. A
:TÆL-Onfimſſ;
formëgqiii donneautres Fois
eſſence enſeignéque
àrchaïcuictie c'eſt *n*
choſe:M la?

~ ~" F 2.
84. PREMXER LtvnE
Il ſaut adiouſter eſſence formelle; pourceque
l'eſſence appartient tant 'a la nature des choſes
vniuerſelles que particulieres, tant ſubſtantiel
les que accidentalles , 8c tät corporelles que in-—
corporelles : oula matiere Ïexempte vne b0n—_
ne partie de ?eſſence co rporellqainſi fait la For.
me , mais les carlſes-efficientes #attribuent la.
principallc partie. ~ L; A
TH_ E o R. Laquelle des deux Ïengendre ou
Ia-tnadriere ouſi Iafqrme ?_M Y. Ni_,l’v_ne ñi l'autre-z
ſiizpus tecefchons bien la aEQl-lpeäqlſflîlêchoſe.
quis-PE-concenuë-ranraux pro rieté; &rforcq

_q Mex. ſut-le rrxeſine , ains le compoſé eulemen-t. ?parla co-.


7"** *î “-“-²*pulqtion de Pvne 8c de Pautre-äflemtnc äuſsi la ,
. phyſique.
matierc ne_ doit poin": .eſtrc aPPec-llcíc- jchaudc….
froidegpesâteglçgezrqmais luſtoſt le corps, qui 5
eſt c6 oſe' de matiere, de Emfizäí _dhqcidentsz
car. il illoxt que lañmatierezqui dçuzoitſi. eſtre leur.
hklztâ_ au Ti ſubiect* lxfufl; _Vuydc 8c priuée de \Oljtçgſotmçs
!BPC
8c accidents-nnzplus' .ne moins que jlïcatl_ de ,roue ſi
tes ſaucurs. a 8E Fairdc toutes odcurä-aütläçänçnë ñ
..ju
elle cuſt repquſeffllts formes &Lasf-idtntê Ainſi.;
. que Peau infliſc ~dc quelque ſaucxärrſ-Çfuſcſid? re-ñ l
ñ~ ;choixlëaucxeslaquclleïonluyſvcut iÿínprkflcr; .
’ Ïffllànragcsll-&Spqutzfalre ~qu’Vſ.ï-;GP.\B$; Haz):
turelſe corrompe 86j gaſteſians toutes-foiÿzque x,
ſes parties la matiere, dis-i_ c», &dla ferme ſoy-cn.; ' g —
u intcreflëes..
:-T H.- En-qttelle… ſorceäM-duñLîhot-_Xzme
. 111...” ï ñ a ñeſtant_
,- -

mort (r Fame; pourtant_ -cſtanrq-ſuruiuaïxtçzí, ,les


Egyptiens. auoyêc
leäcoxpssdc de eótlſtumc
lîeuùectlopcr Êërcmbäùſmahr
ſi àrciſiçiqllcmÿnt de la-. ,
JIIÊZÆlſiQËz 6-: de -baxxdçë tant cÿgcſſez qu'ils_ .le
. 'LT creuſet:
‘szc'r'xoidvi. ê;
' eonſeruoyent (hors~mis les humeurs 8c entrail
les) plus de deux milles ans ï. Er iheſme auiour-F PW” iſo*:
d'huy on tire hors du ſable,autour des pyramfl yſizzſſèâſioâſſſiuuz.
'cles de Memphis, des corps fort entiers, ui ſi* gïïdVlçnï
auoyent eſté ſoubſterrez au temps , qu'on ſiii- ,säſizzſizcſſi-zz_
ſoit les ſacrifices d‘Iſis , comme on a apperçeu peiieípcf -ËÎ
parles images ,leſquelles ils enfcrmoyenc dans 'ÆŒSRÏÃÏÏJJHÎ
les corps enſepulturez : neanrmoins on pourra bt-"Wïtï 7,1"'
dire,que tel homme eſtoit vrayement &a pro-ë dwſiffl"
prement \parler corrompu, pource que la cor
ruption e termine à la deſtruction du' tout,
voire rneſme que toutes les parties fuſſent en
tieres ; comme par exemple vn nauire ne ſera
pas moins eſtime' deſtruict, côbiê que ſa proue',
pouppe, 8: carine ſoyent enrieres, ſi 'tant eſt
qu’e les ſoyent vne fois ſe arées l’vne de l'autre.
TH. Il eſt toutes-Fois Ort commun aux ef'
cholles , que la generation ne ſe fait pas de ce,
_qui eſt totallement en actemi de ce, qui n'eſt riä
du tout , mais pluſtoſt de ce , qui eſt en puiſ
ſi que lade
ſance receuoir nouuelles
corruption ſe faſſe en_ſormeszil Faut dont:
ce , qui n‘eſtni en
actemi totallement rien. M Y. Si Fantecedagit de
leur raiſon eſt veritable le conſequent ne ſera
pas faux; mais ie ne puis concederTantecedant,
qui eſt 5 d’Ariſtote~, par-ce qu'on ne peut imagi- b Au h Je 1A
ner aucune choſe, qui ſoit moyëne entre lſiEſtre Phiſ
ôc le Rien : car nous voyons que la generation
commence par vn corps naturel compo ſe' deſ-ia
de matiere 8c de Forme, comme par ſon terme
dont elle prouient , 8E ſe finit 8c termine en la
parfection dïcelluy : mais la murariomqui pre
cede la generation a pour ſon ſubiect accornply
F 9
86 PrzEMiEitſſLtviXE
. de matiere 8c de Forint: le petit embryon , ou le ,
ſang,ou la ſemencùou la racine des plantes, ou
leurs reiettons, ou les rudiments des mineraux.
ou autres choſes ſemblables , qui ont auſsileur
forme 8c matierezparquoy ce,qu’Ariſtore a ima
gine' 8c controuué entre ſeſtre 6c le non eſtre,
eſt vne pute fiction , laquelle n’a aucun lieu en
nature , ni ne peut eſtre aucunement attaincte
par la penſée.
TH. Tu veux donc , que le corps naturel ſe
pcorrompewoire meſmc qu’il n’y aiſt que la ſeule
forme , qui periſſe , la matiere tenant touſiours
b’on contre la corrii tion : @e s'il eſt ainſi , il
ſaut que la matiere Æit eternelle :par-ce que,ſi
elle ne ſe corromp par la ruyne de ſon ſubiect,il
faudra conſeſſer par les raiſonsdeſquelles nous
auons par cy-deuât alleguées, qu’elle n’a iamais
cuſt commencement. M Y. Ce a eſte' l'opinion
_d’Ariſtote, en laquelle il ne ſe faut pas arreſter
dauantage pour la reſutenpuis que nous auons
par cy—dei1ant preuué que le monde auoit cuſt
commencement, 8c de là conclu qu’il deuoit
auſsi finir. '
.T H. ñï ourquoy eſt-ce que la matiere ne de
p meurera' auſſi exempte de ruyne apctres la fin du
monde,lequel tu appelles corps Phyſicien, puis
que tu as dict que le corps naturel ne ſe cot
romp que pour regard ſeulement de ſa forme ne
.plus ne moins qifvn nauire , quand ſes parties
_ ont diſtraictes lívne de l’aurre?iviY.POurceëqu’il
,faut ainſi _quenous Fauons monſtrée 'eſtre ve
-nue de rien,que__de meſme elle s’en retourne en
Jieiizcat il_n’y a qhoſe tant conueuable à nature,
ſi ' ' que
Size-cron Vi. A87'
’ ue quand vn ſubiect ſe reſoulr en la meſme
orte,de laquelle il eſtoit venu :_ca'r ce z 'qui eſt
compoſé des "elements, s'en retourne aux ele
ments; ainſi Fautñil que les elements &corps
celeſtes, qui ſont moins meflangés,s'en retour
nent diſſouls en leurs premiers rudiments: Or
ce , qui
plus ſeraque
ſimple dernier 8C ne ſe' pourra
lſſoyp,faudra,s'i~l reſoudreà dis
eſt cree',c'eſt en
refait de rien -, qu'il s'en retourne 'en rien , ne
'plus ne moins que nous voyons les Formes s'en
retourner à rien par la ruyne de leur ſiibieéhde
meſmc auſſi , il ſaut que la premiere matiere
Ïeſuanouiſſe en rien -, puis quelle 'eſt venue de
rien. _ _
T H. Si le monde petit par conflagrarion .fau
dra-il pas . apres que le Feu aura conſommé ſon
aliment, qu'il s'eſtaigne 8c que_ les cendres te
ſtennleſquelles, comme vne premiere matiere,
ne pourront eſtre conſommées par aucune vio
lence de Feu,ni corrompues par aucun effort dé
ourriture? M Y.S'il y a aucune marierqlaquel
ſe aiſt en nature hypoſtaſe ou ſubſiſtance, cet*:
tainement c'eſt la cendre
quels on appelle Atomes8c-, ces 'petits qu'ſſi
d'autant cor s' s,leſ
ſont
índiuiſibles , n'ayans d'eux meſmes aucune ver
tu -, mais pluſtoſt eſtans inſeconds ils apportent
aux terres les plus fertiles vne ſteriliteù
T H. l'ay auſſi autres-ſois apris , qu'il jy auoit
certaines formes , qui pouuoyent bien ſiibſiſtet
eſtans meſmes ſeparées de la matierezmaís qu'i
celle matiere ne pouuoit demeurer ſans la fôr
me. M Y. On verra en temps 8; lie-u , que tou*
tes les formes, leſquelles ï AriſtotFe penſe pou a M n11: _Is
~ 4
88 > PREMXER LIVRE
uoir eſtre diſtraictes de la copulation de la ma
'tiere,onc quelque choſe de corporel : mais il eſt
beaucoup plus vray ſemblable que la matiere
puiſſe demeurer ſans ſorme,que la Forme natu
ïllC ſans matierezpatquoy nous auons monſtre'
cy-deu it, que toutes les Formes naturellcs,qui
ſont aſſociées aux corps,periilſient entierement
par la ruyne de leur ſubiectſi, mais que la matiere ñ
sïſinueſtir de Formes l'vne apres l'antre demeu
rant Eouſiours conſtante ôcſerme. il eſt donc
plus vray ſemblable qu~e la matiere peut de—
meurer deſpouillée de toutes formes , puis
qu'elle eſt le commun ſubiect des Formes 8c ac
cidents,quc la forme ſans la matierezne plus ne
moins que les accidents ne peunent ſubſiſter
ſans le ſubiect,combien.qne le ſubit-ct puiſſe de
meurer ſans les accidents : ce, qui doit anenir
a Seo… en” ar la 'combuſtion de ce monde , ou elle ne ſe
.w _cm5 dun doit faire aucunement. ²Et c eſt cela , deqnoy
13. diſtinction nous aurons parle en la preſace de ce liure, que
Ëfnſàzſſſfäïfſfeſſence de toutes choſes eſtoit comprinſe en
ſe demeurer dix genres, deſquels la premiere matiere ( telle
ſ“"f°“"" auec ſes accidens qu'eſt la cendre deueſtue de
toutes ſortes de forme) rieur le premier rang:
le ſecond
forme, , vnſes
&ſide element accomply
accidents de ſa matiere,
: le troiſieſine , deux
elements,comme la vapeur 8c l'exhalation,delÏ
quelles l'vne eſt compoſée d'eau 8c d'air,& l'au
tre d'air 8c de feu : le quarrieſine, de trois ele
mentgcomme la nuéezle cinquieſine , dequa—
tres elements , comme les pierres 8c metaux,
qui ont receu leurs formes par concurrence de
naturqôcuon pas par artifice ; le ſixieſme rang
- eſt des
SEcTroN
eſt des animez VI.ſont les plan89
ſeulemengcomme

teszle ſeptieſme eſt de ce , qui eſt orne' de vie 8c


ſentimengcomme les beſtes bruſteszle huictielÏñ
me de vie ,ſentiment 8: intelligence , comme
l'homme : le neufuieſine d'intelligence auſti, —
mais ayant par deſſus quelque choſe de plus ex
. quis,co1nnÎe vne eſſence inuiſible accomplie de
beaucoup de parfections , telle qu’on attribue
aux Anges: le dixieſme eſt de Dieu Eternel,de
Dieu,dis--ie, qui eſt par deſſus tout ordre de na
ture , 8c de qui l'eſſence eſt exempte &libre de
tout attouchement corporel. a
T H. S'il y auoit quelque matiere , qui fuſt
vuide 8c 'exempte de forme , elle ſeroit d'elle
meſmes vn eſtre ſenſible, 8c par ainſi le ſubiect _
de quelque ſciencezor Ariſtote nie ² que la ma- Ãcfflſſzÿäbêſil:
tiete puiſſe autrement eſtre entendue, que par
l’Analogie qu'elle a àla forme:& de là pluſieurs
preuuent que la matiere eſtät difforme ne peut
eſtrevhEſtre de ſoy-meſmepource qu'elle nÎeſt b Le …Mme
pas cecy ou celà. que les Grecs declarent l' par au 7.liu.de la
-rà T), 8c auſſi qu'elle n'eſt aucunement qualifiée: MëîîPh'
d’auantage , ſi la matiere eſtoir quelque choſe
compoſée, on ne la pourroit appeller principe,
' qui de ſon propre naturel eſt ſimple : elle ne ñ
pourra dóc jamais ſe trouuer ſeparée de la for
me.MY.Ainſ1 la eſcript Ariſtote : duquel ſi l'opi
nion eſt vraye ,pourquoy ail deſiny ï ,que la c Au s.1.dc la
matiere eſtoir celà,dequoy ſe faiſoit ou ouuoit ŸZÏÎFJËŸSŸÏ:
faire quelque choſe d E Car en vain definiroit- Phyſique.
d Au 7.l.dc l:
on,vne choſe,qui ne ſeroit en nulle part, 8c c6 Phyſique.
me on enſeigne cómunemënce, qui n'eſt point,
n'a ni dcfimtionmi differencemi qualitéde meſñ
F 5
90 PREMIER LlVRE
' “‘ "l-*fflî me auſſi appelle * tantoſt la matiere principe de
!h y r'que . ſoynieſme, tantoſt auffi cauſe, qui_ d, elle meſme
b eſt voiſine à lſicfliciêtgôc qui eſt comme le fon
,5;ſ:‘q²u"e'_d°'² dement b de nature , 8c partie du ſubiect ‘ , 8c
c Au 7.l.de la ſubiect des diuers changemens: elle eſt donc
““‘Ph7“9“‘— quelque choſe de ſaict , ou (comme on dit) en
acte, 8c par conſequent en l’vne des' dix Cate—
gories , mais ce ne ſera pas au rang des accidês,
il ſaut donc qu'elle ſoit entre les lubſtances. Et
certes la terre , laquelle pluſieurs interpretent
d M Geneſt matiere,eſtoit au commencementmnſi qu'il eſt
'cſcript aux liures def la Naiiíanlçe d du mange,
vuide 8c exê te des
tionsomcortiime Ormes vn
dit Heſiode, e aGILLES
ro redecon
tenei

bres; que pourra-elle donc eſtre autre choſe,


ſinon la matiere, qui eſtoit difforme 8c auoit la
face 8c ſemblance d'vn vil monceau de cendres,
ſoit qu’elle aiſt eſté creée telle au commence—
ment de ce monde,ou ſoit qu'elle Fuſt reſtée de
la combuſtion d'vn monde precedantêPour ce
ſte cauſe la cendre des aniinaux,plantes,pietres,
metaux
terre ôc deeſtant
meſme tout ce n'on tireſemblent
brciifléezme de la terre,&
aucula

nement retirer a la premiere matiere, puis qu'il


n'y a aucune difference entre la cendre des vns
ni des autres eſtant vne ſois deſpoiiillée de ſa
forme. Mais à fin que cela ne ſemble incroya
ble, Ariſtote a bien mis pour fondement , que
uel ues
:ÂÛËRÏÆ-Ëää: auſiiq* formes, demcuroyent
naturelles non ſeulementſepare-ſes
diuines, de
mais
la
inatiere,qui eſt vne choſe beaucoup plus abſiir—
de que Fautrezcombien ſera-il plus raiſonnable,
que la matiere , qui eſt comme la lie 8c baſe de
nature,
~ SECTION VI. 9l
nature, ſoit ſans toict , c'eſt à dire, ſans forme,
que ſi le toict demeuroit ſuſpendu ſans fonde
ment? Celà meſme eſt confirme de Fauthorite' .'
de Platon ² ,qui a eſcript que la matiere eſtoit Fil*
cecy 8c celà,c'eſt à dire,qu’elle pouuoit eſtre c0- de la The-IL
gnue d'elle meſme 8c non pas par FAnalogie 815: dl* "W"
d'elle à lavſormeiäc qu'elle e oit ainſi le moyen ſi ſi" °'
entre ce , qui eſt entierement parſect, 8c ce, qui
n’eſtoit du tout rienzor ſi cela ne conuient aux
cendres-,il ne conuient à choſedu monde.
T H. Pourquoy doncques n’appellera-on la
terre premiere matiere, ne plus ne moins que la
cendre? M. Pource que la terre a ſa propre For
me,8c d'a1lleiÎrs eſtant touſiours pleine 8c com
ine enceinte des ſemences des pierres, metaux,
plantes 8c animaux, móſtre vne ſi grand fecôdi
b Au 2.1i”. de
te' a qu’elle eſt à b6 droit appellée par Homere 5 Podyſſce_
"névëſhçüíz 8C par pluſieurs autres ë Zetſſdbpo; : 1113.1.8 c Oppian au r.
la cendre ne peut ni en gendrer,ni eſtre corrom- l* d* 'î dun."
pue par feu , par eau ,par air, ni par aucune au
tre choſe qu'on vueillezpour ceſte cauſe Hippo
crate reprend d à bon droit les anciens Phi oſo- gaâlïzelätfl;
phesïqm penſoyent que les principes de nature m_
ne di eroïyent en rien aux elemens.
T H. Mais puis que la cendre eſt vn corps
?rant quantité 8c qualité (car elle eſt colorée
eichc 8C ſalée) il ſaut qu'elle ſoit vn cor s na
turel,ou marhematiquepu diuin: mais eîle ne
petit eſtre vn corps diuin, puis qu'elle eſt inani
mee ;ni vn corps mathematiquequi n'a aucun
fondemêt qu'en la raiſon de l'homme, uis ue
la cendre a Hypoſtaſe :il reſte donc\qu elle ſoit.
vn corps naturel s mais ils le defini ent Cr qui
d?
9s PREMIER LtvnÊ
d? accomply de matiere câ- dc firme. M. C'eſt la de
finition du corps naturel S mais il faut que nous
dreſſiós noſtre diſpute ſur celàztoutesſois Fenſ
ſevoulu,que tu euſſes premieremêt conclu par
la definition ,laquelle tu viens de prendre ,— en
ceſte ſ0rte:le corps narureLainſi que nous l'a
uons definy au commencement , eſt accomply
de matiere 8c fſiorme,ou de matiereſiorme 8c ac
cidenszmais la cendre eſt accomplie de matiere
8C accidenszôc n'on pas de Forme; tu vois la con
cluſionzla matiere de la cendre n'eſt autre choſe
qu'vn nombre infiny aggregé dätomessorpuis
qu'vn atome n'eſt autre choſe,ſinon ce,qui ne
ſi: peut diuiſer , on ne pourroit facilemêt aſſeu
rcr qu'il fſiuſt corps ou nou.
T H. La cendre eſtant eſparſe au vent s'en re
tourne elle eu rien , ou ſi elle ſe change en
quelques autres corps? M Y. Vn atome ne me
ſemble pas eſtre corps naturel , ou qu'il s'en re
tourne en rien. p ſi
T H. Il ſaut qii'vn atome ſoit corps,ou quel
que choſe incorporellezsîl eſt incorporel il ſera
vn poinct ou autre ſemblable accident , ſi nous
diſons qu'il eſt corps ,il ſera contre ſa nature
touſiours diuiſible en parties diuiſibles. M Y. ll
n'eſt iii poinct , ni accident; autrement il líauñ
droit que l'accident ſubſiſtaſt de ſoymeſme 1ans
ſubſtance , 8c que le poinct vagaſt en_ l'air ſans
aucune ligne , ſi doncques telles coníequences
ſont abſurdes ,il s'enſuyt que l'atome eſt vn
corps , qui n'eſt pourtant diuiſible en parties
touſiours diuiſibles , autrementil ne ſcroit pas
catome,c'eſt à dire indiuiſible.
TH:
S 1E o 'r 1 o N V I. 9z
T u. La quantité continue n’eſt elle pas diui
ſible infiniment. MY. Ainſi Paſſeurent les Ma-v
thematiciens , qui ſouſtrahent par la ſubtilité
de leur penſée la quantite' d’auec la matierezau
ttementyſi
cn corps, illeFaudrait,
corps mathematique neen
qu'il ſe diuiſaſt ſe \ſiupcrſi
diuiſoir

cies,ainſi laque
lignesgÿc penſdit Timee,&
lignefinalcment la ſu erficieen
en poinóïssde là on c_t
pourroit voir s’enſuyuir vnegrand abſurdite', à
ſçauoinque le corps säugmenteroit de poincts, z …mon au
6c la grídeut de ce,qui ne_ ſeroit pas grâdeur ï, L'ulti- Gene.
&la quantité
dëautít de ce qui ne
qu'ils dcfinlſſcnt ſeroit pas
le poinct quantité:
F-,Celà qui” r…) de ce qu'il
— - d l
"m" Pfflïffl- .ñ @LILI ?Fini-Ê
T H. Pourquoy ne penſerons nous le meſme fflïffliï en ſu
rficies.
' du corpsnaturelz M r. Ariſtote confeſſe bien, 'z-…ide .u
quele corps _naturel eſt diuiſible infiniment, en 'ct-d* 1-1
a tant qu'il a quantité, non pasëen rant quïleſt
corps natutel,c"eſt à direfpour raiſon de a quí
tiré non pour raiſonyde a matierezôc, certes ce..
' (le ſentence. ſemble à pluſieurs bien puerile, car
ell' eſt nezplusx, ne, moins. ,que , ſi quelqſſvn diñ_ _
ñ ſoit ,pqufivne belle.Yoid,d‘aixtanr‘q11‘elle a des
yeux, 8c non pas dautantgœ-ÏÊIIË aides oreilles: ñ
ot tout ainſi que reſte vertu animale 3 qui_ a ſon .
liege aux yeux_ 9- n'eſt meſniſie
. ,reticedesctſbreillesïsde pas alhohſc Jacque-zx…
le. oräps n'eſt pan;
privé Ear-là cWutÊcn-xcñëk läëfärmc 6;. Sizzla»
matiere de. .ce-.asilæëy soxxëïieucæozär taiſondoñ… z
la quantiréæñlc .çqlrpsñdoncquesnaturel ne_ 115.54_ . ’ .
pas moins diuíſib l." dans Iëinfinyçquc ,le ,corps z
mathcmatigiœ,, iaſçoit \t'il nfaiſt ni forme , ni
mältlïſï-YCKÇÊJÙËÃÏ dirai mn. eſt Yu =çcciclcnc.for.t_ .
conne
94 PREMIER Liv-RE
conuenable au corps naturel :par ainſi ſi on di- a
uiſe l'eau en gouttes 6c gouttes des petites gout-
tes,chacune des gouttes aura ſa' ſ0rſne²8c marie ²
re 8c toutes ſes dimenſions corporèllesfià ſça- -
uoir long, large 8c profond; de ſorte que la ſor- ï
me 8c matiere de chacunepetite goutte ne ſera -
pas autre , que celle d’vn grandis( profondlae '
ou de tout ?Ocean , pourueu 'quäfælucune *choſe
exterieure ne corrompe
ture: ou autremêt par contrarietë
il Faut conſëſſer ſana- ſi'ë
qudlà quanñ
tite' continue ne peut eſtre diuiſée îenîparties ín-î-Ïffl
finiesœontte les deſicrets des Geotiiettienszdelſié 5
quels les ï demonſtrations trzmberoyeiittour àſií”
a EucLenla i.
propdu 10.1. coupfondements.
par terre, s’il~'failloit
leur l' —î - conceder
’-_²’ *f* 'f' celà
' "TV3contre
- " ï —ſi
T H. MaisEuclide ſèmble-aiüïir Ÿtïëuifëtëfi lit”
ſeizieſme propoſitió du troiſieſme liureile plus ^~
petit angle , à ſçauoîir de continfigeheez 8c 'au-ï
troiſieſme theoreſme de POptiqu e* il-ſemble di-ï
re 'que les choſes ;viſibles 'ont Yi? 'cerräíäíiînter-'ï
ualle de leur diſtance; IeqiieleſiſtííiiŸattei-nctîonyſl
ne peut paſſer plus -Ôutre pour* *rifroëíjrîilnêſclioſezî
ce qui ne ſe pourroît faire autrëffiëiffllïäîiiſenl
trouuâr le plus 13ètirîlirigl²e,'atiqù'e’l bii-'nepeurn
eſtendre aueiineiälàlê fleſſoctubsi’ MWÉ Si on' 3
trouuëftfilflpîeiiëèflg e ôéfvnſſje ËeciiëiYgHë-,ñ qui*
termiriaſtî?
. upprhcie , on
, \ ~‘ . .. poutroietrouileren
….2 …ñ!'.—,..,. 7
iiirſſiífficſiccïrpsgqut ſéró-iïſitértïiïctiffi ËÎW r'
cri-laupeffiveîëzMäisü-Ëæítclirle
ne ſeiziêſriieprd 'cïiſifiôxjfiſirſríe Zirpïcëëïägñëï
aiſé ulîctnŸnt-'enîeiidu

nepouuoit 'rumba \en lïínglêflëîeóîiëíägéfice 'i


circulaire 8c de Zlroitte Ÿigneîífië queſpai: ainſi il-'ïï
auèfioit que èeſïſiaiigle de 'cdntiñgeiäîctïeſtîíitſiſſ
ñ ‘ ' p us
S E c 'I' 1 o lus
N V etitl. u’aucl~i au95

tre angle aigu de droi


Ï" tre ligne : toutes-Fois
riëiſcmpelctche qu’on
x ne puiſſe trouuer vn
ſſ W plus petit angle de
413 1 L' m Elif droitte ligne à ?angle
_u S aigu de droiîte ligne;
t ni à l'angle de conrin—
gence,qui eſt circulai
re , vn plus petit de
1-* meſh-re genre 8c quali
4 té. Comme par exem
ple,on peut touſiours
trouuer à Pailugle A ,n,
6 c c,&àl’an e D,E,P,
vn qui ſoitgplus petit,
côme on diroit G, 5,”,
ôc 1,12, x , 8c L, LM, 8c ainſi enſiiyuant iuſques
à vne inſiniediuiſion de l’angle:mais on ne peut
pas trouuer ni penſer mcſmes à l'angle de con
tiugence P,v,s, vn plus petit à droitte ligne, tel
que ſetoir T,V,S. 041511” à ce,qui appartient au
rroiſieſine Theoreme de l'optique , à ſçauoir,
ue les choſes viſibles ont vn certain interualle
,Je leur diſtance, lequel eſtant vne fois attcinct
ne permet paſſer plus outre de la veüe , les in
terpretes Pont mal entendu: car il Ïaiamais
llecriſe'
plus8c encor’
petit moins
angle dict,qu’on
;mais puiſſe trouucr
qu’on peutzbien trou

uer la baſe de ?angle ſi petite , qu'elle el:


blouiſtla veuë; .ce, qu'il. faut pluſtoſt attri
buer àsó imbecilité
~ qu'a. la- petitcſſe
î de- laviſible;
choſe
96 PnEMrEn LlVRE
viſible; d’autant que la faculté des ſens eſt finie,
mais la quantité eſt infiniment diuiiible; com
me on peut voir en la plus balle figure, en la
quelle A, eſt l’œil 8c n,c,la choſe viſible.
T H. Eſt—il neceſſaire, que les choſes, qui ſe
peuuent faire,ſoyent auſſi en acte .> M Y. ll n'eſt
a Au 3.l.de la
pas neceſſairenflc meſme Ariſtote ſe trópe gran~
Phyſique &au dement en cela, quand 1l penſe ² qu’vue choſe
Ldu ſentiment eſt autät en acte que ſa puiſſance ſe peut teſten
chape.
dtezveu qu’il n'y a aucun nombre , qui ſoit de
ſaict ou en acte infiny,cóbien qu’il puiſſe s'alig
menter d’vne ſuitte infinie : au contraire nous
voyons en nature les \grands cor s", mais nous
!faperceuons pas ainÎi les plus pîtitszcar comñ
bien qu’il peine nous apperceuions les petites
fanſreluches voletantes en l’air,toutesſois nous
conſeſſons , qu’elles ſe peuuent diuiſer en vne
infinité cle portions,ou il ſaqdroit que la quan—
quantitéquant
rité S’accrcuſt deauce,
cocips ſans eroit
ui ne matiere,il eſt im
aucunement

poſſibile que nous le puiſſions cóprendre, meſ


mc par noſtre penſée.
T u E o n.Pourquoy eſt-ce , ſi vue quantite'
eſt propoſée entre deux extremitez , qu’on ne
peut palr aucune detractiqp de ſes parties, ſai
re quela aveuille
qu'on maſſe , cor oreſine,eîpuiſée
ſoit?en our tantdegtoute
rande

grandeur , puis qu'elle eſt- terminée 8c non


pas infinie P-'M-Y s T. De peur que nous ne
ſoyons contraiucts. de porter les incommodb
rez ſuſdictes , à' ſçauoir , que la matiereivni
uerſclle &ä tous les corps ſe reduiſenreu rien.
Car la cendre eſtant diflipée en atomes 8c dore-ë
p.1.] chef
ŸŸŸWÏ ~ ”~

cheſramaiſéeSEcTÎONIV-I-fiſſct.
parles pluyesretombe encor* en
97
‘ terre' d’où par ſa 'grand legeretéaelle s’en e-ſtoitg
vollée -eſtant chaſſée en IŸaitpar les ventsŸïla-îï A .
aquelle
eſcript,
choſe
que° leAuerroës
dire d’Atiſtoce
ne pſiouuant
íentêdoit-h
expliquer-Ê..
des? TJ; Îſ-'ſffl

formesfic nonpas de la matierefllaquelle inter-“Ôdſſ Ã MZJOL_


pretarion ne ſe peut entendre aucunement des AW" F” ‘ ſïſſ
corps Homogenées ou dëvne mèſme ſiibſtâce, [z, iufi, gm…
pouuült lul

comme nous auons monſtre arc -deuant-cn F"!²"=<β'íl²,*


Y - unit qu- nette,
l'exemple de ſeau, de laquelle chacune goutteímzi, n…. P.,
retiem la meſme Forme, ui eſtoit au Tout 'cle- F" !²"‘ fflffl
nant que d'en auoit eſte' ſLPatée. ' \ ~ ç-z- ñ m” ""9"
T l-I. Que ËCſPOÛÜIÎOÎS-flhſi-!C Ïdiſois,que les '
corps ſie peuuem diuiſer infinimennmais qu’on’~ï
iſa 'u encor’atteindre ccſte diviſion? M vo.: Ca*
eſte Popinion de Thomas Aqum-,auquel l‘EſcQt'ï .
repliqueſubtilernent cn ceſte ſorte; ſi le corpg
naturel ſepeut diuiſer infinimennileſt certain
quïl a pu eſtre diuiſé infinimêndhutâtq d’vne- ë
choſe poſſible .nesenſuit iamais vne impoſſi
ble. Pour mon regard, il me ſemble plus com
mode,ſi nous diſons, que tout ce corps ſe peut
diuiſer infiniment, toutesſois qu'il n’a iamais'
cſté,ni «ne ſera diuiſé en acte ou de ſaict : autre-
ment-ilfaudtoitñque la Force 8c puiſſance de nos” _
ſens, laquelle eſt finie, s'accreuſt ï en infinie, ſi‘ feſänféllſf-cd:
tant oſtoit,qu'vne choſe ſenſiblgen” tan-t îqu’èl—‘ '
le peut eſtre apperceue-,vſeſſ-diëuiſaſt en acte ou'
deñſaictinfiniment,d’autant que nous apperccd
utionsïla centieſme partie de la millicſrne d‘vn
grain de Pauogäc la matiere ſeroit do ſaict infiſ
nie en_ la capacite' finie du premier ciel, 8c v!!
corpsfiny en iacte comptendroit ynóitrfinirédô
' G
ſiſſx
98 PRIMIIR LIVRE
corps en actcæpoſons le cas,que la concauité du
' premier Orbe ſoit remplie de ſi petite ſemence
qu'elle eſblouiſſe-la veuë, 8c qu'un chacü grain
(Ficelle ſe puiſſe diuiſer en ſix cents milles par
cellettesJa quantité toutesfois dîcelles ne ſera
pas moins finie,& qui plus eſt, pourra eſtre cô
‘ " W" d" priſe en certain nôbre , ainſi que 'Archimede a
Sable.
autresfois dembnſtrehpar ainſi-,ſi-ces petits cor—.
uſcules ſe
v -niment pOu-uoy-ët
parſſvne ,telleveoir,ils
diuiſioncroiſtrzoyent in—
z combien que
pluſtoſt ceſte diuiſion les deuſt naturellement
diminuer. Donquesztelles 8c autres abſurditez
contraignant de conſeſlpegque tousles corps ſe
pguueut diuiſenou auoir eſte' diuiſez en acte ou
de ſaict en parties eg-ales ou inegales dïvne qu:ï—_ ñ
rité terminée ,comme on diroitîvn- cor S d’vn
pied en douze poulccs :zou bienffluîils e peu-
uent diuctiſer en parties infinies. 8c inegales d’viieñ
quantité qui n'eſt- pas determinee ,mais que_
ceſte diuiſion n'eſt encor' ſortie en ſon plein
~ TH. Ta raiſon ne me ſemble pas moins ab
ſurdeque l'autre , puis quïleſtialſcz :euident à
ÿn chacun ,quoy
ſieeſtepuiiſaiſſice qued'aucune
n'eſt tu me ſçaches dire,quc
importance, la
quelle ne ſe reuoque quelques-fois en Acte:
il faudroitauſlhquïl y cuſt vn corps ou vne
quantité, qui fuſt ïdîvne extreme eſtendue, qui
toutes-fois ne Ïamoindriſtjamais par aucune
dectaction de ſes arties, mais qui pluſtoſt s'ac-.
ere ſt en* vne in nie quantité dëicelles. MY.
C'a ſte' vne ſentence de tout temps fort -cele-ſi
,bte entre les" plus .ſages ,a ſçauoir,
i '
qu'il loir)
Fail—
loir a quandSECTLONTVLN-
deux incommoditez ſe preſen—
99

toyent , cuiter la plus grande: car ſi tu penſes_


que ceſtuy-là erre moins , qui dit ue le corps
naturel :l'vne quantite' determinee ſe peut di
uiſer en deux ou trois milles petits atomes ou
corpuſcules,8c non pas en plus grand nombre,
- il Faudra , que tu conſeſſes le meſme touchant
lc corpsMathematique , car nous parlons tant_
en l’v_n qu'en l'autre de la quantite' continuçzni
ne Faudra pas , que tu confeſſes ſeulement celà,
maisz auſſi
— cies 8c \laque tout corps
ſuperficie ſe reduit
en ligſines ,ôc en ſuperſi-p
la ligne en'
poincts ,c'eſt à dira en rien , 8c que 'to us lesſi
corps naturels periſſent ſans corruption, c'eſt.
à. dire , s'en retournent en rien , 6c certes on ne
pourrait. trouuer vn meilleur argument que .
ceſtuy-cy , pour preuuer_ que la matiere eſt VF',
nue de rien. v , ' -_ r . .
T i-i. Pourquoy n'y a-il rien ,aux Mathema
tique de certain,, qui ne ſemble aux Phyyſicieiiſis
eſtre faux? Car nous voyons qiſvn glolbetouz,
che la planure d’vne ſuperficie , non pas en Yn
poinctrmais en longitude 3 Cependant on sſaſ- ‘ , _ ,
leeure
glo par
qe _Bela
la demonſtration
ſuperfiqieſino ſe-Cieomertiqpe
touchée …que,².,_que_
dëvii -Ÿïſzucliïïïuen y'

ſFul Poinct-'M Yñ Il ſemi: bc-&UCWB EPM \Fa ÊÎÏÊËÎËÏÎË iÎ


que 'tu repeuſſes les ſuſdictes_ iſnçoiigruitez, et; la us. pre-pué
quílles tu craignois tannque ceſte~cy,p.,dqe,p_e_ut ſfflfÿſh” °
qu a vn ſeul
8c meſine 8c meſme
choſe CHIÇHÔCŒFÏIŸLYÇE
!ſcſi ſoit vraye 8c Fauſt: _cpur en,
ſemble , car il n'y a qtſvne ,verité , .ÙÛÛÇ ne
moins qu‘vne ligne droitte çiigrç çíepit; ,eqtçrtxiÿi
rez,.mais e lignes obliqiies.il'$'c1"çpeut…tr, —
'- ' \W 04- G i.
tio PnEMtEn Livnr
uer ſi grand nombre que de ſauſes raiſons : car
nous ne dirons pkas,que ſi les ſens ſe trompent,
que pour cela l'ordre de nature ſoit rcnuerse',
ou que les demonſtrations les plus celebres
ſoyent esbranlées, leſquelles il ne ſaut pas em
-n Apbtodiſée
au 6.!iu. de la btoiller ² par-my le falacieux iugemêt de noz
Metaphyſ. ſens,puis qu'il n'y a rien tât eſloigné de lzrGeo
Auicêne ‘ au 6.
liu. des choſes meme que le ſentiment 8x: le uiouement , car
naturelles. autrement ſi nous voulions balancer au iuge
ment de noz ſens les theoreſines de Geome
trie,on ne pourroit rien trouuer en telle doctri
ne qu'on peuſt conceder aux Mathematicieus.
T H. Qgel inconucuient y auroit-il , ſi nous
diſions , qu'autre eſt le corps naturel &ſenſi
ble, &qtfautre eſt le corps mathematique, 8c
que pourtant l’vn 8c l'autre peut bien de ſoy~
meſme ſubſiſter? IRM. Ca eſte' l'ancienne opi
nion des Academiciens , mais qui eſt merueil
leuſement deceuable; car ſi le cc-rps mathema
tiquea vne propre Hypoſtaſe 8c cóſiſte de ſoy-I
mcſme , ilF-aut qu'il ſoit en-vn corps ſenſible ouſi
aude hors 'cſicelluyzſi tu~dis qu’il eſt en vn corps
b A- APhfflÈ- ſenſible ,voilà quantôc quant la b penetratiouÏ
ſur le 3. rl ſi "-
Mçtaphyſſi.
. ñ .
. de leurs
. .-
dimenſions~ , laquelle S'enſuyura (con—'

treles principesde Phyſique) mais ſi tu dis,


quîlefflthors le corps ſenſib e, il Faudra cercher
-. 'vii lieu hors .leſeparez
mondedes
, oùcorps
ſoyent les corps mai.
tſiliedïatiqíies l-'liyſicienszde là
Îóü peut entendte,qu'il n'y a point de corps ma
khemïítiques en part du mondeſinon en la pen—
'ſéeſeäflement ,laquelle à grand
&parer dtjlaſſmatiere. _ peine les* peut
T'H~.~Ne pouuons nous pas euiter ces incom~
l _fi ~ ſi… :FÎOdi
ñSEcTiozLzVl.- po.;
.moditez , deſquelles nous ation; parlé nous
diſons,que le plus petit, d'entre les _Ëoiïps eſt
vn atome,& que le p us grand eſt la plus haute
ſphere ?M Y s T. Ccſteraiſon ſemblqeſtreplus
.propre , d'autant que .par ge moyen rie-n 'n em-,ñ
peſche, que FVniteÏ. ;ne ſoit le. plus petitznprubre
indiuiſible,eſtant toutes-Fois quätitéæar autre?
ment il ſaudroir que lezlzinaire 8c tous les-at),
tres nombres , qui ſe ſont aggregés ôçaccreus
des vnitez 6c ſe teſoluenten elles ,ne fuſſent
point accomplis dezquantiré. ñ 4 , …ñ…_ ñ. ,,35
- T H.Donqiies,par~,ta meſmedoctrinelaligne
, jeta accomplie dc poincts,_& le temps; dñueong-î
'tipuel-flux des moments ,ce qu'on a deſia de:
monſtre eſtreque
asipource hors de raiſon, MY. definillctoyenç
lesPythagorie-ns Il nef-enfait

?Vnité eſtre vn poinct qui eſtoit ſan; lituaçió,


zôe
quelepar
Poinct
là ilsvne
enſëignaiſtntqtlc
vnité qui auoit ,lÎvnitçî
ſituationpou, àgaie
..eſtre d'elle mcſmecomme auſlſii-,ppuuoit-vtz_ arg,
me; mais il4n’eſt pas ainſi_ _du-poinctffljlduæjgp,
ment, deſquels l-'yigi ne peut eſtreÿanszlæ Ligny.
8c ?autre _ſans le temps; ;.Et. ‘mcſine .Ariſtote ſ5
trompe. en celà.,.lequaiidilypur que lcPafsé
m-QmCÇl-r)
.ou inſtant-ſoit ,tflſfflſſíîiëië _temps ïäcdtv ..ñ z ,z .JR

temps auenir, 8c de là concliid leternitéælu


-monde, comme ſi lq Pgſsé eſtoit COUÊQÎXËQZÔÇ fa
uenir par_le moyen-deſiziílaiice du Ççfflpfi .fj-c,
ſent (duquel l'eſſence ſerait :vt moment, ,cſc
qui eſt 'faux , car conime.la,lignc.z__,,_h,,_è
. eſt
de encloſe
meſme laentre deux-termesà
Durée de ctchacune@auoit A-BÇ C.
choſe 'Çſtfïnÿ
:dferiſinée entre deux moments-ä [ça-noir, 4G _ſ95
,ñ .1 - 'r-.ctu G 3
10-2. PnEM-rzn Livni:
commencement 8e de ſa fin, ou pour mieuxñ di
re , de ſa naiſſance 8c de ſa mort z Däiuanrage,
'tout ainſiquïe 'laligne' LA, B,, C, n'eſt pas limiñ
\ée par-autres termes-que ,C , 8c que tout ce,
qui eſt aurnilieu B ,dde ces deux exttemitez A,
'C,eſt continu ſans aucun tetme:de meſme auffi
. le rnomengqui maintenant occupe le preſent,
n'eſt pasîle terme ni du palsé ni de l'au~enir: car
la continuité , 'ſoit-du temps ſoit de la -ligne,n'h
aucun terme tant qu'elle dure en \I1 continuitë.
'Parquoy
_haiſtte les animaux,
ati-pres dela merleſquels Ariſtote eſcript
Pontiqugquand le ſſSo
leil ſe 'leue , 8c mourir, quand il ſe couche ,Ônït
le temps de leur durée vn iout endèſíſ""qui
eſt enclos entre deux- 'moments , à Ïſçäuolr
"du ſoírôc du matin: aiiiſi le ini-dy ne peut' eſtre
leterme du matin 8c du ſoit, pource Lie/le
ſepropoſe
ëeinps du ioureſt
la durée'
'continmdemeſmc
du móde Elemenraird'au “i “Ileſtre
- dëſiir' 'milles ans,elle n’aura ſeulementîque “d'eux
’ 'c'xtrer‘ni~_tez, aſçauoir, le premier moment, au
que-tend 'cómmençæ--æ 'le dernier , auquel elie
doit Jíniripai* ceſté diſtinction toutesles ſubti
a' Ariſtote enliiëz-'Êritſoles , -par leſquelles il penſait j* bien
r' MmŸhyſ' 'eſtabliſirFcternit-éct du dioxide, feſiianouïront en
~ "W-'J 1 r' ‘_ Y'
' T Ti; Si la ſmatiëreïleſi tóuies choſes- &reduit
par. Petubraſement *du monde en petits-corpu
ſcules,cels que *nous-allons appellé lesïaroîines,
comme ſe pourra-ilſaíre qu'elle sïçſuàïnoiíiſſe
par Ÿvneïſimple ruine ,puis que par ceſſe raiſon
äípremiere matiere ne peut eſtre corrompue,
nîayaht ?ni forme ,ui-aucune choſe dchoi-sx-&u
ë dedans,
SEeTXON VI. 'toz
dedans,qui la puiſſe conſumer? M Y. D'autant
qu’il ſaut neceſſairement , que la ſimple deſtru.
ction s’enſuyue quelqu-e iours des choſes, deſ
quelles la naiſſance eſtoit ſimple ~. ou (comme
onâdit) abſoluëzpuis donc que la matiere a eſté
creée,8z que
venue-en actedeoſſupure 8c ſimplene
eſſence,elle priuation ellecot
ſe pourra eſt

rpmpre , ( poutce que tiene ne ſe corromp; qui


na eſté au-parauanr engendré) mais ſartdraï,
qu'elle “s'en retourne en ſa pure priuation ou
aneantiſſement, pour cauſe de-la raiſonJaquel
le nous auons alleguée par-ty dcuantà ſçauoir
que. toutes choſes s'en 'retourneroñr parle meſ
_me cheminidont elles ſont venues en leur naiſ
ſaneezou bien (ſi quelqu’vn tteuue meilleur) la H
"rendue-matiere, apres quetoutes les formes
erontcorrompuespar Pembraîíëment 8c com- p
buſtion de -ce mondtzſereſoudæa' en perñirsatoñ V î
mes ,'66 derecheſ les atomes en vn beau tien: . ‘
ainſi le monde aura touſiours ſimple Eu-inelôc
erdition de'
llesforps ſa matiere.
eeleſtes Ie nëentcns'
doyuent petit parpasiey que
feu”, puis _

qu ils lie-ſont pas ſubiects à la Force 6c violence au s Chad” 5,


des* elemenësunais
~ , pluſtoſt, comme — ‘ — ñ ~__ ſim
nous eliſe: Segmex.t.^r‘
au “die
'gne laſainctë Eſcritute
flaiſtriront dſſe vieilleſſe. "z qu'ils ſe vſeront 6c m' c4.
l'aime \
l* Au ?ſaillie ..
TH. Weyouloir ſignifier le maiſtre de Sa,
pience , “quandil diſoit ° , que la generation 8; Ffilfflx "à-Cd Je
. a corruption ſe ſont l’vne apres l'autre, mais c" ‘ ‘*
'que latence demeure etemellcment cn ſa. con'
ſtance?
de M Y. Pay opinion
la marierqlaquelle ſeloſin, les
qu’illoix
entendait celà
de nature ſe
veſtit &deſpouine parordrc des formes l’vne
x04 PREMIER LIVRE
apres l~autre5 pour ceſte cauſe,il ſem ble ſhuuent
I Au z. l. des Yappeller ë' paillardncomme celle,qui appete de
Proucrbes c.7.
toutes parts les maris des autresz-ôc qui apres
eta-auoir aſſouyſon appety les exterminez, ainſi
b,^l’exem le.
dmriû… ?au quï'mterpiete
. _ ~
Rabby Maymon b . . .. , ;
Îl , .

;.1 de [a 0…,, - _: T-H. Pourquoy celà? M Y. Pource qu'_e4l_a~ma—


:ë ConÇlCſC eſt la Can-ſc, interieure de la corruptiondflc
' -le Principe paſſif ,zou peu s'enſaut,de tous les
_changemena , ñ _ — ñ - ,
T H. .Nc ſetoitäce .pas sîapptochet de plus
.prés delaverittcſifioh entendait lÎEternité de la
z remiere matiere par le dire du Sage , touchant
lîeternclle Fermeté a dela terre ,laquelle …Platon
c I_ ſon Ti. appelle ï pou-r ceſteraiſon la plus ancienne de
nice. ;tous les Dieux ,v car ainſi la premiere matiere
ruiſſellera dc-touteEterniré de ſa c-auſçeffi
elëtemefplus- ne moins qñu’vn fleuuç ,de la. ſour_
.d“PM”
Au Lc-dïlï _säiddrellſiant
cc de ſa ontaine :veumeſme quüldit» ailleurs S4
au ſouuerain Ou urier ,den toutes
~ choſes, Ti” aA 'bdſïy-leſ monde ;firme matiçrtflzfi; foſ.
me: Comme -sÎil vouloir ſignifie-r parzçeflÿlen
rence -, que la matiere nŸa eu aucuncommçnceſi
ment par la creation :ou il ſaudroitëconcedet,
que ce vuide , lequel lc monde rcinplihſuſttleſ
puis vneinfiui-tóde ,millions dCp ſiecles priue' de
v tout corps 8c de toute matiere. MY. ll-efkim
poſſible, que-la' matiere ſoit eternelle, ſinon en
ñ accordant qu’elle eſt vne [ÎartieÏdu _Creatcuia
.c'eſt à dire.vn Dieu c0rporel,& qui a vne nature
atible auec
lzefiny 8C diuiſiblegqfinalement en conioignant
lïnſiny ,les choſes eternelles auqc

_les caduqucsÆC ce, q'ui eſt conſtant &immobile


, à vnc matiere ,qui ;n'a -ni tenuſe, ni fermeté. _Er
_,2 " certes
certes_ c'eſt,
— 51E
grand
czTmerucille
xo-N~VI.d’Ariſtote‘,
à quia
105
ſi ;voulu reprendre î les auciens-TheologiengOr-ñ ï A" '²— “- d*
phee, diszïiezôczfleſiode,
. . , Portree. qu ,.ils diſoycnt
. :oÿſiſip
l' h y ſſſ

quela_ [matiere toute nuitzzou le chaos 8c' confus


,ſion des_ choſes , auoit precedé -Pordreÿläziíqm
dit-il a î-Uæíctv- eſíëpremier, que la-pujffamreffiuis n'ai
ſtantobliéñdſcſon dire ,il fait que' la matiere ſhit
crernelle; Cïäſtà dlre,que.l’a puiſſance. ſoit deuät
Pacte,:íl-ſiſïlioit.
-dant 8c li priuation deuzſmtlâhabitudeucepmçd
dict au-parauanr ,. que la matiere'
cſtditvuc »puiſſance diffſiorrnei, dÎaurant qu’elle
11C ſe P-Quuoit excited-ni mouuoiirdîcllemeſmp. " "f, f
De là on périr-en rendra-,queſesscorærections ſont ,
. - . _. ,_ñ *- i, p b AIII.&Z.ÎI.
!a-!IÊICHPUIS qu ilvcut contre les dectets. quel: 4,1, ,hyz-,qm
Priuation ſoit .im Principe- ;cilnnature , laquelle
Prccede lïactezainſi que lanuictïlc iouiëôc la ma
tiere la' forme: Dîizuantage @il Eaux ,que les cho*
ſes , quiſQnt vnies aycno, entſiréicllxs quelque
.conueiiancezmais il ntya :aucune proportion de
*FOuuties ;qui eſt infinyzzä ilótMaxticre ,qui ell
terminëb… ct' ji .luz ',1 1,51..: :- 1'. '» l"ſſ*‘~' "7"
ñ "If xzzzl-Ïauælldonc , que 1a_ Ruble-tre ruiſſelle de î ‘_ _ſ ' _ .
Dieu» comme la lumiere dusîoleilrcatäainſi elle ñ— v
ne ſera pas,poz~t—ion— dïcelluygnon» lus que la lu-ñ ſi ‘ "’
miere du; Soleil? MX. Si nouspolgns le cas,qu'e
-le- Soleil _ÇlÃÏÛRÏCLTdCÎOUIÔ _Eternité , il faudra
auſſi- ue ſa-lumizere. ſoit erernÊlI-Êiflsiril-nezpeitt
eſtre änslumierezmais ilfiiudroiq eucorſiqucñde
ceſte ſorte _IÂWÏÎÃIÃCÏÊÎ fuſtjcoëdernelle à Dieusſi
nous :ſauons eſgardà &irritations-Autrement il
faudroit-eonfellèr que la condition des formes,
( par' leſquelles la matiere eſt OÎQÔŸPMÔÔLÜGÊIÛÜ
richiezaiidíiquÿg void aux corps céleſtes, a-.ſtfes,
x06 PRÊMrEctn LIVRE
ôcinte-lligences llſeroit inferieure ?reelle dela
matiere , -rie- pſiouuans ſubſiſter d'elles meſmes
7.4:.
ſms eſtre 'ſoubſtenttes dela :nain de ñleur Crea
teur z 8c qu'au contraire la matiere,qui eſt la lie
dumonde, vne lourde maſſe, ſans ame, «Sc-ſans
beauté , demeurait en Eſtre aptes la fin de tit de
chóſeædeſquelles la moindre eſt plus excellen
teqtfelle meſmel_ Mëaisil faiir neceſſairemcnt,
que-lemoteue precedeen temps la choſe mobi
le; or il a fallu que la matiere 'aiſt eſte' incirée 8c
eſmeuë pour eſhe informéenël à donc :du-ſii fallu
a En ſa Meta
que le môrëurl'aiftñprecedée.Ariſtote a vſé ² de
phyſique.
l! tbn-(leſquelIl-es
ceflJe-raíſon- ournionſtrer que l'es-Idées
il appelle formes &cauſes 'de effi
Pla
'J cientcs) ne oiæuóyeair eſtreítoutenîſiemble 8c ſi
lazfois auec e premier moteur- ,pource , dit-il,
ele moteur-ne precederoit pas de ceſte ſorte
kmobileror il-fæugque l'a forme ſoitîeînſcmble
auec le, ſillÿlect,
façon qifvne 'car ilne ſe peutcommence
define-choſe faire 'en aucune
auſiec
b Secma-eſt_ de Pautre en vn meſme temps , 8c qtfauffi-ellela l?
:ÏJÏÏ ŸJÏËZS preeecle. ïEt-'cerws- Alexandre Aphrodiſéeñ , l'vn
Ëiràrä-:Ãs dei; des plus renpſhiäaeätïdæntre les ïPeripateticiens,
hqudzigfjgi_ rcherchant curry-vn peu de prés ïa eſcript ï qu'on
que. prmuoit prexiuerr pnrlà' , que Dieu ſauuetaiu
Îzffiïcjſfllgzctïï Oum-ier du Tour- eſtoit auaixtïlie temps 8c toute
7- autre-choſeztoutesëfois on ne tïrouue_ pas ſa de
monſtration; Peut-eſtre craignoit- il-de renuer—
ſer :de fond, en
la nature quecombletant ſesautheurAſſriſtoref
ceux-de ſon decretps touchant

mais 'le ceſte


craicte' penſequeſtion.
que nous auons aſſezſi i par_
' lepaſſé
~
- -.' TîH. Si la premiere cauſe a precedélſilon le
’ temps
SEcTXONWÏ-I. 107
temps la matidtmquelque temps auroit eſte' de- ’
uanr le temps,ce qui ſemble du tout repugner à
,la raiſon. M Y, ; Ouy voyre , ſi nous receuons la _
definition ï d’Atiſtote , par laquelle il definir le 'ſu-fil 344Z: l*
temps, Níziubre du fumier mnbzleſêlo” le reſpect de ,Läcſſlſiſiſſÿgſizſil
cagquiéſaſideuängcÿ- de cgqaiſùyt apres. Pour ceſte 7575H"
cauſc Plotin 'b- premierement 8c- res luy F. Pi- b Au L… d,
cus ï de la MirandO-le ſont reiccteezcomme ſi le VEtÊmitc' a:
temps ne pottuoit-'dſtre , meſine qu’il n’y cuſt J“Ã:""*_’f4d
point
tempsde mouuemenLPar
la durëede chacuneainſi ils deſiniſſent
Choſtäqui le vanité.
vient à la ñ ſi
notice de noz ſens z.. toutesfois oeſteï definition
n’e’ſt pas moins' ſubiecte à eſtre* reprinſe que h
precedente ,d'au-tant que s'il n'y avoir* us de
mouuemennil n’y aurait rien,qui .filſtî enſiblo:
dîailleurs , puis-que la m-eſureprecede naturel
lement les choſeszqui doyuenr .eſtre meſurées,
comme Ariſtote meſime confeſtëzyil-ſbdut qu’il
Hifi-entendu par le nombre
as celuy , duquelnous” du mounernent
conronsſſäsc non
-ſilpputom
lbs ñannées,mais -pluſtoſt le monument meſme,
qui 'eſt nombréïôc 'ſnpputézor puis qu’il 'eſt plus
probable, que-le temps ſoit la meſiiredu mou».
'ííemennque le mouuement du tem s , ce -ſcm
#ne choſe
-uíement le impot-tin
temps -nſieEte de dire,q~ile-
puiſſe auoir ſonans le mou
Eſtrie-d'ab
ſurdité ne ſera pas ,auſſi moindre de vouloir
-pluſtoſt îſuppurer \le -temps - par :le mouuemenr
Un premier ëffiêbilq, que par le mouuemcnt du
Soleil
ï** WT Hou
E. 'dede Lune. definiſirons-nous.
Coxmnënlt ' ‘ u . donc le

*temps P M Ya Il' vant niieuiuqueïie confeſſefran


jcbement 'auec "Callian,queie ne [Ëayſque ſiſe
ff a() e
108 PniEMiEn LivnE
le definiſſois mal à propos; car il il n'y a rien
meilleunquíd on ne peut definir quelque choñ
ſe,que de luy accommoder quelque de cription
conuenable,telle que ceſtc cy,‘a ſçaiioir,Qi_ie le
V temps eſt vne partie detefminée de Yeternité
infinie. Combien que ceſte definition ſoit H011?
nelle, ell’ eſt-tontesſois
- - ditenyleſqueſſlles nous exempte des incommo
anions _raeontées s ainſi
.ſi cent
nice ansſerót
infinie; vne
. partie determinee
. de - l'Eter-.

ñ ë THE; Si donques Dieua ſait ,la matiere en


.certain t‘emps,l:r puiſſance a eſté cn Dieu, qu'il
'fiſt quelquechoſe, ou qu'elle ſe fillzzëeſt à dire,
.que le moyen d'agir ou faire, ,de parir ou endu
rer auoitïeſtée enluy. M Y. Ce ſont les ſriuolles
ſubtilitez-des Spphiſtïsæbmme ſi la puiſſance,
.qui eſt en une cauſecfficiente, eſtoit ſemblable
(à la puiſſance' ,qui eſt en: lamatiere entiers les
formes ;cou comme ſi quelque. choſe -pouiioit
eſtre rout- enſemble 8c à lafois le .ſiibiectîôc eau_
ſe efficiente de quelque choſes car il agiroit en
ſoy-meſmtzceëque nous. auons monſtre par-_cyz
deuanteſtre'. malñcóucnableódDÏ-Ûuantagcscd-qzli
scſteternelufa rien deuaiiſit ni apres-ſoy, comme
les 'cho ſegquizfontleur repaire en la puiſſance,
-mais Dieîu eſt mur en ſoy &gen-ſon acte , com»
me-nnushimns, deſiadeclairé. j.. i .— .- Il
.-.. -Tu-MO-\uel .inconiienieii-t,yÎaitroit-il, ſi dans
.diſionsqne lazmàtierenſanpus eſté cteée , mags
qu'elle eſt engendrée de tout; ,eternitéî M "x,
;Coſte fagomdeæpæirlcrnt Plaitraucuncmentäîaux
’ -Bhyſiëiehs,ponrce. que gcaefiatíonxale- tin*
ÊciPc-ieſozxpngine encersdîaëÿcmps Pic GIÊHPË l
RL . OI
l
Orl il ſaut neceſſairement,
"S~Ec‘rioN'queVII.
tout ce,qui
‘ s'en
109

gendre,ſe cortompenflc qu'il aiſt eu d'autre part


que de ſoy le commencement de ſon origine;
mais ce, qui de toute etetnité :i eſté', n'a eu ni
commencementmi ne doit auoir ſin. Dhuanta
E'.
ge,ſi le matiere auoit eſte engendréefil ſaudroit
qu'elle l'euſt eſte' de quelque autre precedente,
ce que nous
ctcedentes ne auons monſtre
ſe pouiroir pari'eſte
ſairesil noz donc,qu’el—
raiſons pre
le a eſte' creée. Oſſr-'combien que ceſte o inion
ſoit authoriſéc du teſmoignage de pluſieurs ² a Mſäfflä-ds
pprſonnes, qui ont eſté autät ornées dintegri- z-(Êÿfmâ BL
te de vie,que reſpectées parleur diuin ſçauoir, “- œſ-vz- ?ï
monſtrations,
ie ne lairray pourtant
puis qu'il
de laeſtverifier
indigne
paraumes
Phyſhorrcdeſiafle
de- LÏLËÏſiYÃ

cien de defendre pat l'autorité des autres ce, ſi" "ct 'm'
qu'il doit enſeigner par bonnes raiſons &C argu—
ments neceſſaires, principalement en ce temps; '
auquel vn chacun-neue qu'on luy monſtre' _aper
tement toute choſe, qui eſt en controuerſe.
.ç, ,- I
Â

gge tante: cbbfi: ont 'Une meſine matiere… ' ñ 1


Vſſ l 'a
'SECTION “h
TH. Nous auons aſſez, commeilffme-íſiemä
ble, diſputé_ ſur ceſte queſtiommais d'anti: que-
tu auois dict vn peut deuant , que 'la mîzizieſe 3';
uoit eſté creée exempte 8c void-e de* toutes Foy.
mes,ne s'enſuit~'il pas de là,qu'il n'y reuſſqſſvnë
ſeule 8c meſmc matiere , qui îſuſt coſimmune- ä
toutes choſes? MY. Certainement ceſte defois-Z , ,
inité de la matiere eſt ſuffiſante pour preuuer "ſi"ſi" ' “* "
- , ñ --1 HSM… .
que toutes choſes n ont eu quävnc *meſinewfle .
' com
no PREMXER LXVRB
commune matiere: or quant à ce qu'elle a eſte'
au commencement 'fini img-aa; 8c Liege-à Zóxoç,
c’eſt 'a dire matiere ſans forme 8c forme ſans
matierenl ne ſe confirme pas ſeulement parles
*Œgſſädffllë liures des ï Agiographes , mais aulIi par les e
ſcrips de Parmenides, Meliſſus , Platon, Anaxa
gorasieucippus, Democrite , HeſiodqBaſile,
Hieroſinexflc Boëce,& finalement par l'autori
cté des Poëtes ,laquelle eux meſincs tenoyent
ric à ric de main _en main des plus anciensdc
leurs predeceſſeurgqui ſſeſtoyent gaires efloi
gnez de la premiere enfance du monde , &des
premiers hommes, leſques Dieu y auoit en
gendré. ,
T H. Mais ie deſirerois d'eſtre enſeigne',
pour quelle cauſe tu eſtimes , qu'il n'y auoit
qu’vne meſme matiere de toutes choſes 2 M Y.
Pource que toutes choſes , entre leſquelles il y
a quelque difference , ſont diſtinctes les vnes
d'auec les autres on parleurs- gëres, ou par leur
eſpeces,ou parleurs indiuidus :mais la premie
re matiereeſtant encor' ſans formes n’auoit au
cune deces differences, il ſaut donc qu'elle aiſt
eſte' dés le commencement de ſon Origine d'7
ne meſme 8c ſimple naturezcar la forme a ce
meſme vſage en la matiere pour la diſtinction
dez corps particuliers , que la difference aux
vniiterſels pour la diſtinction des choſes ſingu~
lieres : mais la matiere n'auoit pas encor' veſtu
aucune forme, il ſaur doncques qu'elle aiſt eſté
ſimple 8c commune a toutes choſes.
b A" “L” - T H Pourquoy donc Ariſtote la nie-il l' auoir
l' "m,' h yſe eſté vne meſme 8c commune a\ to ut? M &Pour
ce qu'il
"-' '
SECTION VII-z ux
ce qu'il vouyoit , (que toutes choſes ne naiſſent
pas de toutes cho es;ce,qui l’a contrainct de di— _
re,que les choſes, qui eſtoyent de meſme Gen
re,auoyent vne meſme matiere; 8c que les choq,
ſes , qui ſont de diuers genres,auoyent diuerſeg _. “g
matieres : ainſi,dit~il, que ſont les choſes cor- -
ruptibles 8c les Eternelles ;là Où il erre double.
mentspremierement en ce,qu’il ne s'eſt pas pris
garde, quela ſubſtance eſtoir le gente commun
8c meſme vniuoque de toutes, ,les autres ſul»
ſtances,ôc qu'elle eſtoir par concequët leur ma."
tiere :ñ D’auantage , quand nous monſtrions-au
parauant qu'il n’y auoit rien, qui fuſt par-cid,
pant de la matiete,qui ne fuſt aulIi corruptible,
icelluy pour preuuer ſon eternité a eſcript,
qu'elle n’auoit rien de cpntraire , pourcùdit-il,
qu elle eſt vne &meſme choſezcependanteg .ſe
contrediſant il dit ï, qu'elle eſt autre en cec ct' 'ſi' ""‘d°
_ Y la Metaphylî.
6c- autre en celſiEt certes on peut voir par le di- chapuzmier.
re du Poete que la _tnatiere n’eſtoit qu’vne l*: .ñ »ÏLJŸlËl-“fiïzíj
Den-em qzlefloillc au CieLcn [me la moiſſbn, __ morpho. Boèct
_Etqu.ïenla mer on md
~ le voltige-m:
~ Patſſſſo”,
~ _ l_
ce ?Ôfflçfioí
lin e d

Nature encorfflríauoítau mwdevqdí-Uneface. . Vd- z philoſophique


Laquelle o” apyella du Chan: rude maſſe. ,Ï .
TH. .S’il n’y auoit en toutes choſes qu'y”
matiere, .qui empeſchetoit quëvn boeuf ne na
puiſt dela ſemence d’vn cheîualjôc de l’œuf d’vn
erpent vne colombe 2 M Y. Entendons cecÿ
plus exactement: lffordre de toutes choſes: .eſt
tcl,qu’vn ſe ul principe de nature-doit confronte
ptecedeîs_ 'comme .eſtant ſimple &c -impatiblct
8C telle eſtla-matiere , laquellel eſt zſuyuie dc la.
Dinde oudu premier nombre, des compoſèzzde

'î' *ñ
i” PRÏËMIER~LTXVRI
_ làſort le corps naturel accomply de 'ſa matiere .
âcfſijffifääfls' 6c de' ſa ſormczle ſecond ² ordre des compoſez
animaux Sign: comprend le corps naturel 8c les accidents ,4 par
gſzíëflçízàëô la propriete deſquels chacune choſe eſt-dictm
de nature eſt cte d'il-nec lautre. s toutes-Fois c eſt‘vne ;meſme
:i: Premiere matiere , qui eſt commune “à tous; ce,
:Îtapillp: de ſa qpi ſe pedut* aſſez enltendrde par lalreſofllïtiogpde
~ c acun es cor e ieen reszcar es ce res vn
chenal ne ſont Sii riendifferentesä aim ' pendre:
düm
dres homme,ni les cendres desy plantesaux cenla
des aiiiiriaux. Mais s’il a diffſſerenceul
ſaut cercher en la compoſition des corps natu
rels,entreleſquels il y en a , qui (but plus mix-_
tionez les vns que les autres ,cómeñde meſine
auſſi les elemcntsſont plus ſimples que_ tous les
autres corps compoſesde leur nature, :iuſquels
ils fourniſſent leurs ſubſtances our ſeruir de
premiers rudiments 8c pour :-rai 'er 'de gros en
r" gros les lineaments des indiuidus: pour ceſte
:A ſ, _Ml-cauſe ils ſe. tranſmuent facilement de l’vn en,
3j" l'autre; comme lîeau en air , 6c Fair en Feu, ou à
l' . p _rebqurs le ſeu en air,8c lîair en 'cau,ce qui eſtapî 1
-H-'ñ 7 pellecirculaire generation Ou- corruption, qui
- eſt ſeulement propre aux elementscar on trou
ue pluſieurs choſes, leſquelles ſont compoſées
&ceux 8c de leurs propres accidents 8c qui
auſſi ſe tranſmuent, non toutesſois de .l’vne à
ïautre comme les elements , mais-en droitte
ſuittezqui-eſt autrement- appellée droitte genes
tationgcomme quand du ſang ſe Brit la ſemence,
:le la' ſemence ïengendre 'vn œuf' ,Wde l'œuf-vi;
poullendn- oulleç les vermiſſeauxfiuallemenr
desveſitmii eaux-“leselemeiitsrounzeſinersïl-viët
#i . à poinct
SEcTioN VII. ii;
'à poinct de Yœuſou du poullet ſe peut engen
drer
la le chile,du
ſcmêceſi chile
8c telles le làng,du
autres choſes ſano la chair 8c
sêbîablesMais
la ſeule action du Feu eſt _ſuffiſante de tranſinuer
immediatement toutes choſes en les deſpouil.
lant de leurs Formes naturellegôc en leÏrerniÔL
yant par vn ſimple changement en leur-S - ele
ments : toutesſois les corps .celeſtes ,leſquels
nous auons monſtre' eſtre compoſez de ſeu-“BC
d'eau, ne ſe tranſmuent point de l'vn—en l'aime,
&t moins encor' en la nature des corps elemen
taires,ni'ne ÿengendtent ,"ni ne ſe corrompent '
aucunement; mais pluſtoſt ſaut penſetyquïcetflt”
‘eſtans par vne ſimple par_
naiſſance creezdecadenee
de rien, - ' — ~
s'en deuoir retourner vneſi ſimple
encor" en rien , dont ils eſtoyent venus; ſinon
?uequelqſſvn penſàſt, qu'ils deuſſent premier
e reſouldre en ſeu 85e eau , 8c ceuxñey dcrec-hÿſ
en rieiLDe là on peut entendre,qu'il n'y a qu'y'
ne remiere matiere commune à toutes choſes
difſerentes l'vne de l'autre par la ſeule Varieté de
leurs Formes 8c non pas de la matiere, 8c que les
choſes,qui n'ont qu'une forme vniuerſclltgſoirt
pourtant differentes les vnes des allkſfîs ï_ par,, Algn… m
_vne multitude innumerablc de leurs accidents, \a Logique
car ceuxlà ſe trompent grandement ,qui pen
ſent , que Heraclite n'eſt different à DCUÏOCFÏPC
que pour eſtre autre en nombre ſeulement.» ï .
T-H. N'eſt-ce pas cc, que les anciens ſoli
loyent b dire , _Qæſzly a vne chaſt- , qui dduicm tou- länäirîjue dit
tex aan-mé' ?me auſſi, quífizit tomes [ci- autres , En- ;—,JA°n;;î‘;j;{;
tendans par cecy la Forint: 8C par cela la matië --l-dëla Gene
_ Y.C , eſt vn axiomc,qui
rerM . . plaiſt
. mie:_ ucillcule
. — z 3; U" _
Î
ctſiſil
,x14 PREMlER LÏVRE
ment à Ariſtote , iaçoit qu'il conuiene mieux ä.
lamatiete qu'a la Forme 5 car ce n'eſt pas à dire,
que s'il y a vue premiere matiere, de aquelle ſe
faſſent toutes choſes,que de meſme il y aiſt vne
premiere ſorme,de laquelle ſe ſaſsët toutes cho
ſes,veu qles formes ſont rres-differêtes les vnes
des autres,& qu'elles periſſeut l'vne apres l'au
tre, mais la matiere au contraire tient touſiours
bon 8c Ferme contre tousles nouueaux change
mens.Er meſme Gallien nſappreuue pas les rai
ſons d’Ariſtote pour l'Eternite’ du monde,il erre
1 Au l.dçi’vi toutesſois en tant qu’il nie 3 , qu’vne matiere
ſage des “î” aiſt eſte' commune à routes choſe-Hicks qu'il re
tics la 'l , . , ,
arlç deægäa: prend Moyſe dauoir eſcript que [homme
III. auoit eſte' crié-Tendre' du limon de la terte,& ineſ
me paſſant plus outreſſil enleigne-,que la matieñ
re de chacun animal 8c de chacun membre eſt
differente d'auec l'autre: ce qu'eſt-ant receu , il
faudroir totallemenr, qu~vne multitude de ma
tieres s’enſiiyuiſt controles decrets de nature.
Caril ne ſe prend pas gardeà ce, que nous auós
au parauant dict , que la diſſimilitude de toutes
_choſes deſpend de la Varieté des Formes «Sc acci-ñ
dents, ce ,qui'ſc peut aſſez comprendre ar la
definition ,Sc deſcription de chacune choſx.
TH. Mais comme ſe peut-il faire qu'il y aiſt
au ciel ou aux aſtres quelque choſe de terreſtre?
MY, Ttîur ainſi comme il n'eſt pas neceſſaire,
que le ſeu ſe ſalle de l'eau ou de la terre , tout
de meſine le ciel ne ſe doit ſaire de la terre; auſſi
tous les corps , qui Sffsngendreut ſoubs la con
cauite' du ciel dc la Lune, ne ſont accomplis des
quatre ClCKÎÎE-ËÙIS , car pluſieurs d’iceux n'ont
que
SECTIO_.N VII. 1x5_
que deux ou trois diceux , comme la neige, la
roſée, la bruine,la greſle,les nuées, le brouillard
'85
en* tous leshaute
la plus autres8c moyenne
mereores region
, qui ëengendrenr
deſſFair.
T H. Puis
Ouurier doncques
dumoſinde que, ceengendre'
a crée grand 8c 8ceternel
ſaid:
la premiere matiere ê; les formes , deſquels
les ſont accomplies toutes les choſesdeſquelles
nous voyons,ôc pluſieurs autres,qu_i ſont beau
coup plus
n'a ilexcellentesdeſquelles
pas auſſi pourueu quenous ſontlca-ñ_
chées, ſon quuragcte,
demeuraſt aſſeuré de tout_ , danger iuſqiies pif
temps prefix, qu'il luy a aſſiqné? MY. On _rie
po urroit mieux dire.Car il a_ tel_ ement preſcript
à toutes ſes crearures les _limites de leur nail?
ſance &de leur mort,qi1e tant moins elles ,ſont
eſloignées de ſa nature , comme les corps ccle
ſtes,d’autant
tant plus elles_ſont
ſontelles de plus d’icelle
efloignées longue ,durée,
d'autant

plus ſont elles de brief &court aage : mais-il a


proueu par la meſme ſageſſaque les choſes,auſ—_
uelles il auoir donné plus conrte durée , _euſ—
ſent des ſubſtituts, ui naquiſſent en leur place,
les vns d'eux meſm S, comme les pierres , me
—tauX,8c tout ce,qui ſe foſſouye dis les entrailles
dela terre; 8c quant au reſte, qui auoir vie, qu'il
reparaſt la mort de ſon eſtoc en Senqêdrant de
ſa
ſurſemencmcomme
toute choſe,queleslesplanteszmais i a euarmctez
animaux fuſſent ſoing

de Force, d'armes, 8c &agilité Pour ſe defendre,


repouſſer &euiter leſſs aſſauts de leurs ennemis,
en leur empreignant vn merueílleuii deſir tou
chant l'amour ;Sc les yoluptez, ,- àHfin que
1. parſ
3x6' Pnzurzn Lxvnſiz

ils peu ſſent conſeruer leurs races 6c pourueoirà


leur poſte-rité. _
T H. N'eſt-il pas plus vrayñſemblable que les
corps celeſtes ont eſte' creés par la premiere
'l ?mm ſur cauſe, 8c les corps elemenraires Par les cauſes
le Time: , a inſerieuresz
"°‘"" M Y. Ainſidoctrine
desctAcade1niei1$,~deſld Pour Penſe ² Pluſieurs
deſquels Manes
1, s, …guffln Përfièh auoit tire' *ſon ſſopiniomlàquelle eſtoit
“T” Ffflmffl- líèäùcolí Plus abſurde qſiuc cecy 8c' laquelle il
diuulgapaſirrourîle monde en eſtablillänt deux
ſzrinkíí 'ès de roiíteſſ“l:r11larure,l‘vn deſquels eſtdit_
pouſit”, &ä choſes bonnes 6c celeffes , Bcëlëaurre
Pour les choſes ſmzrliuaiſcs 8c elemenraires:
mais nous
ſiçlictctctau' auons monſtre'
parauapr, quecelàpar
neceſe que nous auós
pouuoir ſaire
aucunement ;d"au't~:in<r que la creation appar
tient proprement äzla
rien communicable aux_Maicſté diuine
creaturects ffeſtanc
: maisla pro
Ëaſgation , generation,changcmenrgranſmuta
tion', Combienqtîelle enaiſlt la \ſiuperintendeæx
ccte, appartienrjaux elements 8c auſſi aux cauſes
8C puiſſances inférieures , horsñmís a quelques
vnes,qui en ſont exceptées. . , ï
@Ag Geneſt.
T H. Pourquoy a-il doncques eſté ?corn
mandéî la terre de produire les Plaintes, &à
l'eau les Poiſſons 8c Volatilles ?M ÿ. D'autant
quels. maieſté du Princeôc ſeigneur de nature
7s en monſtre beaucoup .plus venerable 8x' ma_
gnifíqrîe , quand elle commande de Porter aux
iólemcnrs', ce qlſelleatroit au Parauaizt creézcó
'bien que_ par le _mot de Creation on ne doit pas
ſeulement entendre ce”, qui eſt tiré 'par' vnc 8C
*mçſine çguſe efficiente d’vne Pure príuatioz] en
Acte,
Acte ,ou duSECTION
non eſtre à eſtreſſVIL'
quelque choſe.,
117

mais auffi Onrpeur vſer quelques-ſois du meſ


me mot , quand il y a concurrence des cauſes à
vn meſme effectzpar ainſi pluſieurs choſes doy
uenr eſtre eſtimées venir de la premiere cauſe,
leſquelles toutes-ſois ſont engendrées par or
dre de naturesdïtutant que la premiere cauſe
donne touſiours plus grand Force 6c vertu aux
choſes engendrées, que la ſeconde , Voire meſ
me que la premiere cauſe ne fiſt rien ſans l'in
terpoſition 6c moyen des cauſes ſecondes,troi—
ſieſmes ou aurresz Etne ſaut pas douter, que
Democrite ifaiſt eſcript ſelon la vcrité,quand il
dit que les bons 8c mauuais Eſprits (leſquels il
appelle images) ſont eſpars en tout lieu 8c en
toutes places eſtanrpreparei pour executer
les commandement de Dieu tounpuiflanr.
T H. Les elements eſtans-enſeuiencez 8C
comme 'engroiſſls des choſes, leſquelles ils pro
duiſent, ifenfantent-ils pas d'eux meſmes les
corps naturels?
ſi baille' M 8c
aux plantes Y. aux
Ce animaux
ſouuerainlaOuurier
ſemence'a
pour eſtre le principe de leur Origine-,ôc aux ele-a
ments vne vertu ſemiualle, laquelle eſt “ezicitée
à la generation par Finfiuence des cieux, par
leurs mouuements, 8c chaleur, 8c par laide des
Genies ou Eſprits des elements. _
T H. La ſeſimence n’eſt elle pas la Forme meſ—
me,qui eſt tirée du ſein de la matiereëM Y.Nous
auons monſtre par arguments,qui ſont ſiiffiſans
à faire condeſceudre les plus opiniaſtres à. n02
raiſons , que celà ne ſe pouuoit faire aucune*
ment 3 auſquels nous pouuons Acncof adiôüê
H z
'H8 PREMlER LIVRE
ſterceſtuy-cy, ſçauoir, ſi la ſemence eſtoit ſor
me,il n'y auroit point de difference ni entre les
œufs &les poulets, ni entre les lances &leurs
ſemencesmi ne ſaudroinque la emence ſe cor
' rumpiſt aux champs pour exciter aux plantes
nouuelles Formes , aux quelles ſe termine leur
generation: Et certes la vertu eſt tres-grande,
qui eſt encloſe enla ſemence, comme le rudi
ment des Formes accomplies,& en quelque ſa
çou moyenne entre Fengendré &celuy,qui en
gendre, 8( toutes-ſois plus imparſecte que l vn
8c Fautrezil ne ſaut pourtant eſtimer , que la ſe
a Ariſt._attz.l, mence ſoit animeé,
le ², ſiquelle ou , comme
ſoit vn petit Platon la
animalscncof l'appel
pour
ra—on moins appellerſorme , pource que la ſor
…z Platon_ - me tout enſemble &a la ſois eſt auec ſon ſub
iectzOr la ſemence 8c ceſte vertu ſeminale, qui
excite la matiere,precedenr touſiours la forme,
cependantla chaleur naturelle de la ſemence,
outre celle du ciel , qui y trauaille 6c opere par
vn grand artifice , s’aſſocie 8c ioinct à la cha
leur dela matrice , qui la receuë ,66 là on a re
marqué que les yeux ſont la premiere partie,
b Anîcene a" qui ſe ſorme,& la derniere, qui ÿaccomplilſe ſi":
ce qiſeſtant manifeſte en toutes ſortes d'ani
les. maux,on ſobſerue ſur tbut aux oyſeaux, pour
ueu que leurs oeufs ne ſoyent conçeus ſans
mafltztels que les Grecs les appellent Prenez-día:
(far ainſi on pourra voir que les deux extremi
tés du germe , qui a'dhere ſus le iaune de Fœuſ,
ſont le commencemët des deux yeux. De là on
peut entendre qu’vne grande vertu gener atiue
, »eſt contenue_ en vne petite quantité de la ſe
mcnce
SECTÎON Vil. 119
mence du mafle , ſans laquelle rien ne ſe ſeroit.
T H. Si la forme n'eſt aux ſemences , pour—
quoy eſt-ce que Gallien a eſcript , qu'elles ont
quelque diulnité , laquelle il appelle 'r3 5-270',
-nê M v'. Poutce qu'il penſoit z que la ſemence
euſtquelque architecte pour ſi bien diſpoſer 8c
agencer les membres auec les irîembres-,ôc cha
cune partie auec ſon Tout; mais il ſeroit mal
conueuable d'attribuer totalement ceſte vertu
à la ſemencuautant en peut-on dire de ce, qu'a
eſcript ² Ariſtote diſant que la ſemence vſe de aAuLliŒ-dcg
la chaleur Celeſte, comme d'vn inſtrument, veu :LIP a** 'm'
qu'il ſeroit plus conueuable de dire,que—les ver- '
tus celeſtes vſent des ſemences comme de cer
tains inſtrumentszcar il n'eſt aucunement con
uenable à la nature,que les elements comman
dent aux cieux 8c les choſes baſſes aux plus hau
tes : veu qu'il eſt aſſez euident , que la ſemence
n'a de ſoy aucunevertu efficientmcar elle a ſaute
de la matrice ſoit de la mere,ſoit de la terre, ou
ſoit des eaux, 8c auſſi dîvne chaleur moderée
accompagnée ou du ſimgmëſtruahou du iaune
de Fœufſiou de quelque humeur alimentairùäc
outre' tout cela de la concurrence des elements
auec vne diſpoſition beziigne des aſtres en leurs
naouuemenrs 8c ſiiblinies vertus s laquelle der
níere choſe venant à defaillir, rien ne ſe pourra
engendrenPar ainſi nous voypns bien ſonnent,
que la matrice des ſemmes eſt Fçrméefpar pu
nition diuine,oii que leur maris ſont la ches 8C b l. i
eneruez, comme nous auons traicte' ailleurs b» Dînîoiónëiädîlſt
T H. La ſemence des femmes n'eſt-elle pas "k
moins neceſſaire à la generation que la ſemence
H 4
izo PREMXER LXVRE
des hommes? M Y. Gallien le nie ; mais on peut
apettement le conuaincre du contraire, de ce
que les ſemmes,qûi meſmes ont des genitoires
intetieuresme peuuent concerioir au tenips,au
quel leur ſemence s’cuacue auec les menſtrues.
TH. Q~ue reſpondra-on à Platon , qui a eſ
a Au Timee. cript ï* , que les Eſprits celeſtes ont charge des
formes pour les .inſerer aux corps naturels?
M Y. Peribnne ne peut douter, S’il prend garde
vn peu de pres aux ſecrets de nature , qu’il n'y
aiſt des Anges 8c Demons, (deſquels ce monde
icy eſt tout plain, ainſi qu’a eſcript M.Cicero~n)
qui ont concurrence auec les cauſes ê( actions
naturelles,& qui ſont pouſſez 8c retenus par le
commandement des autrcs,qui ont plus grand
puiſſance. Par ainſi. Ariſtote s"eſt deccu lour
b Au 1- 1- dela demengquâd il a eſcript b, que rien ne ſuruient
Phyſique
&exterieur au corps natureLqui luy ſoit clien
c Àul-Ldc la tiel,ayan_t routesſois voulu ‘, que la Forme fſiuſt
"W474" ë' ²'le principe eſſentiel 8c qui ne rſiuſt ſuſcité cle la
-_ís-u . .í
8H
maticre de peur de tirer vn principe d’vn autre
principe : Ce,que Alexandre Aphrodiſée enſei—
gne ſiibtilemcngquand il dit,que 134ch? 'Dren-de
in puiſſance Uzſi1bj1îznëT,”i/,~ÿrn .jíïir (ÿ ſzi/ſózr; mais
ce qui depend du principe eſt premier en puiſ
ſance qu'en acte s il ſaut donc,puis que la Forrqe
eſt ſimplement vn acte , qifclie ne depende de
la nmtiere,ou au t_re1nent vn principe contre ſa
definition ſortiroit d’vn autre principe. Il n’eſt_
pas ſeulement [monſtre par ceſt argument que
la Forme vient d'ailleurs que du giron de la ma—
tiere, mais _auſſi quïl y a des cauſes efficientes
extericurer-,ók qui pteçedqnt- le ſiibiecten têps,
moyen,
SECTION VII. Ill]
moyen,8c ſubſtanceunais il ſant rapporter à la
matiere les paroles , deſquelles a vſé A rodi
ſée ë* , autrement, ſi on penſoitaqlſil parlait de ſasïïclcîîſiÿëf
toutes ſortes de princïpesnl s'enſuiuroit contre que. È
les
la verite'
_ne lairroyêt
,que les
de formes
mourirzon
ſingulieres
ne pourroit
auroyent
trou- o
auffi eſte' de route eternité,8c neâtmoins qu'el—

uer. vn propos moins conuenable que ceſtuy-cy


en la Phyſique.
T H. Par quel moyen diſent-ils, que les For
mes viennent des cauſes celeſtès? M Y. Les A-e
cademiciens ont eſte' auteurs de ceſte opinion,
laquelle Alexandre b 8c apres Iuy Auicene ï 8c 1135"** ²- La*
preſque toute la Famille des Arabes , hors-mis EÎËÏ' 1e 5, d.,
A uerroës d, ont tache' de defendre , à ſçauoir, 1² MMÈWß
ne les Formes deſcendoyent vne chacune par ÎŒÏÃJſſËJ-…Ïl
ſim. ordre de la premiere cauſe aux ſecondes, :lïllïïl- D b
aux Anges,dis-ie,0i1Intelligêces, qui ont char- [zfilsſiirbſiæſſ 7
ge de mouuoir 8c exciter les orbes des cieux.
Or ils eſtabliſſent trois ordres de Formes. Le
preſmier eſt des formes des ch0ſes,quli ont qnâ
tite continue, 8c qui leursſont baillees tantoſt
plus grandes tantoſt plus petites à meſure de la
capacite' de leurs corps. Le ſecond ordre eſt des
formes , qui donnent vie , leſquelles combien
qu'elles ne shugmentent ni diminuent par ex—
tenſion ou compreſſion de leurs corps, touteſ
ſois elles n'ont aucune Force ſans les corps,telle
qu'eſt l'a*.ne Vegetable des plantes,& la ſenſible
des animaux, leſquelles vſent de leurs ropres
inſtruments.Le rroiſieſine ordre eſt des Formes,
qui ne ſont ni corporelles,ni ſacultez des corps,
:Sc diſent qu'elles ſont ſimples 8c indiuiſibles,
H s
12.2. PREMIER LlVRE
tels ſont les Anges .85 les ames des hommes.
Voilà leur o iníon touchant les cor S animez
&c les intelligences ſeparéesJaquellePon verra,
ſi elle eſt vraye ou non en la diſpute , laquelle
n Au 4.l.de ceon en fera en ſon lieu ². Nous .auons toutesfois
preſent œuure
cy-deuant dict.qu'il y auoit _dix ſortes de diffe
rences eſſentiellesxäc que la fable de Critias,qui
eſt dans Platon touchant Fenfantemeut de cinq
formes,eſtoit mal-conuenable.
T H. Ceſte opinion , de laquelle cu parlois
maintenant, ſe peut à grand peine accommo—
der à pluſieurs raiſons ,leſquelles tu auois cy
deuant alleguées. M Y. Outre Pincongruité du
flux des formes celeſtes ,l'opinion de ceux-cy,
qui tiennent qu'elles ſont infuſes par le mini
ſtere des Genies ou bons Anges,traine auec ſoy
ceſte incommodité,qu'elle ne ſemble conceder
aucune efficace à la vertu, qui eſt en ceſte ſe
mence pluſtoſt qu'en ceſte la. D’auantage , ſi
l'agent exterieur n'apporte tien àhntcrieur, il
faudra qu'il ſoit hors la nature,ou qu'il ſoit vio
lent;s'il eſt violent,il_ne pourra eſtre de longue
durée 5 s'il eſt hors la narurezil ne ſeruira de rië.
b Au x.l.de la Want à ce qLFAriſtOEe auoit b arreſteſique tou
’ Phyſique. tes choſes,qui ſuruenoyent exterileuren-Îentſiau
cor S natureheſtoyent accidentel es, nous l'a
uoii: monſtré cy-deſſus eſtre plein de fauſetézôc
que ſon argument, lequel il tiroir de la forme
artificielle,ne concluoit neceſſairement.
T H E. Pay touſiouts penſé ,que l'architecte
eſtoir le principe efficient de la maiſomôc meſ
me tant eſſentiel à ſon ouuragmque la cauſe ef—
ficiente naturelle eſt principe eſſentiel au corps
Phyſi
~ rf
ſſSEOTXON VIII. ſur
Phyſicien. M Y. Rien ffempeſche , qu’vne. ſor
me artificielle ne ſoit accident 8c forme eſſen
tielle du corps phyſiciengcar le principe 8c pre
miere cauſe efficiente du monde, laquelle nous
auons monſtré eſtre du tour exterieurmeſi: tant
eſſentielle au monde, que ſans elle il :ſa pu au
cunement auoir ſon Eſtre 5 il n’y auoit pourtant
rien en la Forme Ou en la matierqleſquelles n’e
ſtoyent encores point , qui aídaſt ce grand ou
uriexuPar ainſile dire &Ariſtote ne ſe trouuera
veritable , quand il a eſcript ² , que Part eſtoit ?Fiſh
poſé en vn autreunais que nature eſtoit poſée P y' ct*
en ſoy-lneſmegpuis que nous auons veu , que
la cauſe efficiente du monde eſtoit totalement
exterieure , ne plus ne moins que nous auons
monſtré en la generation de chacun corps na
turéLque les formes-venoyent exterieuremenr.
T H.Mais,le corps naturel eſtant entierement
parſectfa Forme n'eſt elle pas le Principe inte
rieur de ſon action? MY. Diſons pluſtoſt la Cau
ſe de l'action , car ce nom de principe ne con
uienr à autre,comme nous auons dict, quëa vn
ſeul: carla Forme eſt la cauſe actiue interieure
du repos 6c du mouuement , non pas pourtant
touſiours ,puis que bien ſouuent elle eſt inci
tée par vne exterieure , pour raiſon cle laquelle
elle deuient paffiue.

D” Monmmeïzt. a

SECTION VIII. K.
' T H. Æëeſt-ce que Mouuement? MY. Ceſt
Pacte d’vn,qui agit en vn ſubiect mobile.
' ſi T Üc
_x24 PREMHÊR LIVRE
TH. Pourquoy ne le definis-ru vn acte de
Peſtre en PUiſſanCÊ,Cn tant quîl eſt de ccſtc ſor
te? M Y. Ceſte definitioiylaquelle \u tiens d’A—
aPhyſiq”
Au ;Me°‘ct"uement
la riſtoteueſt beaucoup
meſme plus Obſcurgquc
combien le mou—
u’il euſt eſté Fort
laquelle D”. ’ q
maſcencd ſui. conucnable , qu’elle firſt plus claire 6c eui
Ezu*: ſi "V" dente,ce qui eſt auffi requis en toutes defini
tions, 8c principalement en ccſte-cy., d'autant
quflriſtote meſme reiectant tout ce que les
autres auoyent dict tlu mouucmcnr a eſcript,
u il eſtoir Fort difficile (fentendrc quelle choñ
lle il eſtoit , 8c toutesfois ſans la cognoiſſance
dîiceluy on ne peut expliquer vne infinité de
queſtions touchant la nature.
TI-LPOUPQUOY cmbrouille-il rant ſes parolles
\Pobſcuritéë M Y . Pluſieurs pcnſenuquſiil l’a affe
ctée exprez,à fin que perſonne ifouuriſt le thre
ſor cache' aux ſecrets de la nature , comme ont
peut entendre parles lettres , leſquelleslil e11
uoyaà A exandre. qu'il
dre ſe Plaignoit le Grand-,car ainſi(Saisu’A
auoit publié exan
linres de
Phyſique intitulez *Purmëv &Ènpcdæycxſſflrv , il fiſtreſi
fſcâäzciſiàzil-;a Ponce b .- (lofils eſtoyent ſzublicz, eomine n’e
9,115_ flans publiez : ce quül auoit apris a faire long
temps au Pamuant en liſant les liures dlieracli
te , auſquels la ſcience de
tantſſobſcuremenuque nature
Platon eſtoir
en les traictéc
liſant auoit
accouſtumé de dire,enqu'il
qu’vn iqui nauigeaſt faudroir
Delos auoir quel a
pour demander \

FOracle leur explication s deitoit lors , qu’1l les


expliquait à ſes diſciplesxî: quëil leur cliſoit ſhu
uenr Parlant de Democrire , Emi-wmv , ou ſu":
obſêur: ainſi fait _le Calc-mar , quandil degoÿge
. > . on
SECTION VIII. t2;
ſon ancre naturelle dans l'eau , à ſin que, par ce
moyen l'ayant troublée il ne _puiſſe eſtre apper—
ceu des peſcheurs,qui le pourchaſſent : de meſ
a me_ a eſte'
les,à fin Ariſtote obſcur aux queſtions
de ifeſtreſſconuaincu diffici—
cfaiioirapporté
vne ſauſe raiſon, ou qu'on ne penſaſt, qu'il n'a
uoit moyen d'en donner vne meilleure; cat au
trement en ce, ui eſt clair 8c euident, il n'a pas
accouſtumé d'vl'er de telle obſcurite'.
T H. Toutesſois il ſemble expliquer ſa deſi
nition du mouuement par exemples , quand il
dit , qu'il faut entendre lacte 8c la puiſſance,
quand vne meſme choſe en partie s'eſineuſt, 8:
en partie ſe repoſe. MY. Si tant eſtoit , qu'vne
choſe fuſt en partie eſinenë 8c en partie paiſiñ
ble,deux choſes op oſées l'vne à l'autre s'appli
qucroyent tout enſtimble 8c àla Fois à vne meſ
me choſe,dit Atiſtoteímais il replique à ſon ob
iection , diſant ï , que celà ſe fait pour diuerſes a Au ).l.dc la
Phyſique c4.
conſiderationszcar il s'enſiiyuroit vn plus grand
inconuenient, à ſçauoinque deux propoſitions
contradictoires d'vne meſme choſe ſeroyent
enſemble vrayes, telles que ſont ces deuxicy,
Socrates va, Socrates ne va point; ou Socrates i
voit , Socrates ne voit point S car ſi Socrates ne
veoit point des oreilles,ce n'eſt pas à dire pour
tanr,que Socrates ne voye des yeux,& par ainſi
il eſt vray, que Socrates veoit 5 il eſt donc Faux,
que Socrates ne veoit point. Autant en peut on
iuger du mouuemët &repos en Soctatres,s'il ſe
tenoit ſiis vn pied deb0ut,8'c que de l'autre il ſe
remuaſtDhuanrage il n'y a diſtínctiomqui puiſ
ſe _l'aile trouuer
ct vray , qifvne flcſche , laſclit'e
qui eſt
12.6 PREMIER LtvRE
laſphée
vo enqu’el
e, uis Pairïerp
e epartie
retſinueſetout
repoſe , 8c en partie
enſemble 8( àla
fois :PDc la on peut entendre , qu'il n’y a rien
plus Faux que de diſſre,que le mouuemſient eſt en

‘ partie enqu'il
tage,ſſce acte,8c en partie
dit,qtte en puiſſançe.D’auan
le mouvement d’vnc cho
ſe,qui Fengeudre, eſt lors qu’elle sïzugeudre, 6c
non pas de celluy,qtli l'en endre,n’eſi: ſans ob
ſcurité; dïautant quïl SſſCIIſËYUIOÎQqUC Pacte ſe
roit des choſes,qtti patiſſenuôc nóp pas des cho
ſes , qui agiſſent , puis qu’il adefiny le mouue
ment eſtre vn actezvoyla pourquoy nous auons
dict en noſtre definition , que le mouuement
;hçgâäèäcffzlff eſtoilr l'acte de llagiſſant:finallementil appplle. î*
l» An x-Ldel- 1c a oeneration
ailleursdbb, mais on mouucment
diſputera la , deſſu?
ce uen1 ſon
me
Gmcragion 8L heu' p
corruption. _
T &Weſt-ce que Reposíî lglr. Ceſêliæ prima.,
tion du mouuement en vn u iect n10 i c.
TH. Pourquoy ne (Ïlcfinirons nous pluſtoſt
le mouuement parla priuation du repos, que le
repos par la priuation du mouuemexit, puis que
la fin eſt rouſiours plus excellente , que ce, qui
f tendà la fin , or le mouuement s’adreſſe au re:
ſfigffflflíàſn; pos? M Y. Ceſt l'opinion des Pythagoreens ï,
dre Aphrocÿi- qui mettoyent à couſte' droit au rang du Bien
ÃÏÃÏËZËËJË: l‘vnice' , ?infinité 5 la drpitture , la lumiere , le
maſle,le 'relposuflc a colle “gauclie au rang du Mal
la pluralite ,le finy,l Ubliquite ,les tenebres , la
— ſemellezlemczuuement: \mis ſoit,quele repos
fuſt plus excellent que le mouucmenule Mcu—
ùerncnr pour celà ne pourra cſtre priuntion,
puis quïlqeſt acte touſiours oppoſé ala priua
dï'
tion:
SEcTroN VIII. 12.7
tiomôcmeſme , veu qu’il y aquarre ſortes d'op
poſitionsqzerſonne ne dira Pourtannque le re
pos 8c mouuemexit ſoyent relatifs eſtans reci
proques les vns a-.ÎX autres , comme le pere du
filsde fils du pere, mais le mouuement n'eſt pas
rnouuernenr du repos; Us ne dirontpas auffi,
qu’ils
i *par ſoyent
leurs concradicto1res,qu’ils
negatiues, comme quand sœixpliquent_
on dir , il eſt

docte,il n'eſt pas doctezrnais le repos &mouue


men: n'ont point de negariues; ils ne ſeront pas
auſſi contraires , d'autant qu’vn contraire n’a
pas vn autre contraire pour ſa fin, comme le
mouuement le repos; il reſte donc,que le mou
uement 8c repos ſoyenr auquarrieſmc genre
des oppoſez , c’eſt à ſçauoir de Fhabirude 8c
Prruauon.
TH. Pourquoy eſt-ce , qu’on ne definir le
mouuement vn acte des Formes en la matiere?
M Y. D'autant que le mouuemenr naturel ne ſe
fait pas touſiours par ſa forme,comme Ariſtote
enſeigne ï, mais bienñſouuent par ſes accidents, a Au zi. de la
car la forme d’vne pierre ne la fait pas deſcendre Phyſique c.z.
n
en bas , ni la forme du feu ne le porte pas en
haut, mais
ſi l'autre la peſanteur
eſt cauſe en l’vn 8c la Iegcreté en
de ce mouuemenr.
TH. Pourquoy ne ſe fair-il pluſtoſt par la
forme , que parles accidents? M Y. Pource. ue
routes choſes Peſantes auroyent vne me me
forme , autant en ourroit-ondire des choſes
legeresweu que cel es-cy montent touſiours en
haut , 8c celles~là deſcendent touſiours-.en bas:
comme on peut veoir en Cleombrotus, lequel,
ayant leu l’Axiochus de Platon, ſe precipifavo
lonraíî ~
12.8 PREMIER LIVRE
lontairetnent du haut en bas ; tellement que ſa
cheute, combien qu'elle cuſt commence' par ſa
forme , c'eſt à dire par ſa raiſon,ne ſe fiſt autre
mentque par le moyen de ſa peſanteur; autant
en peut on dire d’Aſclepiades Medccin , qui
(commepn dit) auoit faict paſches auec la Na
_ ture de ne iamais deuoir eſtre malade , toutesñ
fſiois,eſtant des-ia ſort vieihainſi qu'il deſcendoir
d'vne eſchelle ſort haute ,il ſe laiflſia par impruñ
dence tomber en bas , laoù il fuſt par ſaſipeſan
teur ſracaſſé *Sc meurrry , 8c non pas par ſa _
forme. '
T H. Puis que le mouuement eſt de ſi grand
conſequence, 8c qu’il eſt naturellement acquis à
chacun corps Phyſicien,p0urquoy ne Yappelle
tons-nous auſſi bien princi e interieur de la na
ture que la matiere 8c la ſgrme? M Y. I. Picus
n_ En ſti poſi* erſonne rres~d0cte a eſté de ceſt ams ² 5 mais il
“°"" Faudrait par meſine raiſon , que le repos Fuſt
principe de nature , puis que le repos a precedé
le mouuement,& que le mou nement tend à re
os , comme à ſa ſin , eſtant en tout 8c par tout
beaucoup plus digne.
T H. Pourquoy appelles-ru le mouuement
_ acte de Fagiſſant en vn autre? M Y. Pource que
5l E" rien n'a ic l' en ſoy-meſine, ni ne ſouffre rien de
Ãctuſie, &au Z84 ſoy-meſmemi ne s’incite point naturellement à
91-1 “rf *ëe-“äîſû mouuoir. .
il. ëglgAmc T H. Pourquoy non? M Y. A fin que le mo
* 3- teur 8c le mobile, l'action tk la paſiîon, l'acte 8C
-la prliflance , finallement choſes contraires ne
ſoyent
ſiibiect tout enſemble
8C cſvne meſme8:raiſoihſans
àla Fois en vnlnctnatu
que meſme

rc
i SECTION VIII. 12.9

re de telles choſes contraires ſoit en rien in- d


tçreſſée. Quint à ce qu’A riſtote dit ï, que rien T, Ëïfiglgziîf;
ne ÿengendre de ſoyñmeſme , mais qu’eſtant desänimaux <
des-ia engendré il ſe peut augmenter de ſoy~ "A
meſme , celà me ſemble rant efloígne' des deñ<
crets de nature , que ſi quelqifvn diſoit que ce
monſtre de Matree ſe nourriſt &au gmentaſt de
ſoy-mcfipe, ne mangeant autre choſe que ſa
_s P ro'Y'a
re cE oau'.
R. Les animaux ne.ſe meuuent-ils - ,

pas deux meſines? M Y S T. Ceſt vne Façon de b Tou… f…


parler populaire 5, qui eſt entierement reiettéc Arm… P….
du commun vſage des Phyſiciens. dî ſſl** ſſl”
c ‘
T H. Pourquoy? MY. Pource qu’il n’y a rien,
qui ſoir en acte 8c puiſiance tout enſemble 8c à
la fois eſtant vne meſme choſezcar il ſaut qu’en
tout corps naturel ily aiſt quelque choſe mo
uante a comme la forme ou l'accident, 8e q el#
que choſe eſmeuë , comme le ſubiect , duquel
combien que la forme ſoit vne partie , elle ne -
ſe meut pourtant d’elle meſme, mais ;midi MCE
Cnnà; , ou par accident, au mouuement de tout
ſon ſiibiect.
TH.Puis que le dernier principe de la nature,
par lc moyen duquel toutes choſes ſont fermes
ou eſmeuës , ne peut eſtre esbranle' par vn au
tre , ne s’eſmeut il as de ſoy-meſme? MY. S’il
S’eſmouuoit , il ne ſerait pas ſeulement muablc,
mais auſſi corporel , mais l’vn eſtimpertinent,
auffi ſera lautre. '
Tl-LWCHC proportion eſt entre le moteurôc
.le mobile? M. Lameſine que de Pobiect àla ſa
culté,8c de Yactiictau paſſiflôcde la cauſe i1 lfeffcct.
I
lzo PREMIER LtvnE
TH. Combien y :1—il de ſortes de mouue
ments? M. WËILICZË ſçauoir , de Peſſence, de la
qualité,de la quätitédfc du lieuzLe mounetnenc
de l'E ſſence eſt la naiſſâce 8c la mortgde la W5
tite' l'accroiſſement 8c decroilſenïët; dela (hp
lité Falteration ou d-ÃÃÜI/ÜÏÎ; , c'eſt àdire , quand
quelque choſe aduient au corps naturel ſans
que la ſubſtance 8c quantite' ſoyent aucune
ment changées; finallement le mouuement du
Lieu eſt, quand la ſituation de quelque choſe
ſe change.
T 1-1. Aſeſt-ce qifAccroiſſementê M Y s T.
C‘eſt vne addition naturelle d’vn corps aſiec vn
autre corps,iuſques à ce qu’ils ne ſoyent qu’vn,
àlaquelle eſt contraire la diminution , ſoit que
l’vn'e 8c l’au tre ſe ſaſſe de choſeSi-ſemblables aux
ſemblables , ou de diiſelnblables aux diſſembla
bles z il lïimporte; pourueu ue le corps , qui
.T-'augmente ou decroiſt , ouſelon ſa partie ou
ſelon ſon tout, ſoit le meſme en nombre ,qui'
eſtoit au parauant: En ce mouuement icy, eſt
auffi petite
bien compris celuy du
ſemence lieu,à peu
Sct’efleue ſçauoiizquand
à peu de lavne
ſu
erſicie de la terre iuſques à ce qu'elle alſt egal
ſiſe' de ſon hauteur 8c grandeur les plus hauts
arbres des ſorètz :ce , qui m’a ſemblé bon d’a
iouſter ícy,à ſin &arracher à pluſieurs Fopinion
a Au 3.1l'. a d'Ariſtore,qui nie ²‘,que les plantes ayent aucun
l'Ain”. mouuement dd lieu.
T H.L’eſtac ou côditió du mouuemët ne cô
ſiſteñil pas à ſe ſaire de ce,qui n'eſt ſubieóhen ce,
qui eſt ſubiectwu au contraire de ce faire de ſe,
qui eſt ſubiectxn ce,qui :feſt ſubiectzou autre
ment
SſſËcTIQN VIII. rzl.

ment de ſe faire de ce,qui eſt ſubieéhen ce, qui


eſt ſubicctwu en cores au cótmirc,~de ce,qui n’eſt
ſubicct, en ce,qui n’eſt ſubiecÎt; laquelle dernie
re ſoi-tc cſtimpoffiblezdïzutant' que rien ne ſe '
peut faire ſelon ſa condition? MY. Ce , que ru A &G l
viens de propoſer eſt ſelon Faduis d’Ariſtore ï, Ë.,;'zî;,ſ,q;..,
mais qui eſt torallement efloigné de la raiſon, ſi
cu arregardes vn peu de pres de quels exemples
il vſe : car il eſcript , gyge lagenerationſê _fizit de ce,
. qui TÏË/Zfizbiciſihan ce, qui ëſtfixóitct : (ój la corruption
de ce,qui eſifirlóicct , en ce , qui n'eſt ſùbirct: leſquel
les parolles appartiemcnt Propremët àla crea:- '
tion 8c à la. ſimple anichilatiomleſquelles Ari
ſtote auoit touſiours rant deteſtéeszmais diſons
Pluſtoſhquc la generation 8: corruption ſe ſont
de ce,qui eſt ſubject , en ce qui eſt ſiibicctgcom
me du terme dont elles departent pour aller au
terme , où elles s’arreſtenc . auſii de vtay toutes
mutations ſe font: en la matiere, comme en lenf
cemiet ſubiect paffif 8c interièur:Et Puis d’ail— z
leurs Ariſtote b renuerſe ſes decrecs en ceſte ŸLÊËÆ; T:
Partition , vcu qſſuſien .pluſieurs autres lieux. il Ëäïâêuz-l-Ï
ramene à tous Propos , que la generation ſe n… 3'_y1z'_ſi[;:,3
faict de quelque choſe , 8c que Ie ſubject perſi-.ÿlîhyſiquï c- z
ſte T
encores
H. Combien
apres la corruption.
ſont requiſes de choſes
" ñ ne?
' î

celîàires au mouuement? M Y. Six;_,_le moteur, _


le mobilezlc terme du depart, lc terme dc Fairi
uéezle lieu,l‘c cempszôc faut noter, que tout ain
ſi que le corps eſt en vn lieu , que tout de meſ
*me le mouuement eſt au corps. —
T H. L’Acte du Moteur 8c du Mobile , ou de
_ ?Agent 8c du Patienune ſont ils pas vne meſmc
I 2.
x52. PREMlER-LÏVRE
choſe? MY. Ceſte queſtion eſt embrouillée de
Terreur de ceux , qui appellent la ſeule Paffion
z A590,, ,u Acte ', car vn meſine Acte conſiſte ² de ces deux
1- l- d* VM*** choſes , à ſçauoir , de l'action 8c de la paſſion.
dit qu’vnmeſ~ C _, ſt _ ſ A d .
…Hm ,ſi d., e qu e ant am 1 , t1 ore ne Cllolt pas
ſcnïimïnr 84 faire le mouuement propre d’vne choſe palli
dela Choſe ſen - la -
ſiblmnœmfll e,m co oquer Acte entierement au corps
*F02* dïs~í²'>*paffible,car de ceſte ſorte ilſaudroit que la paſ
plneauydcla - \ z _
1l- lu y Faudrait
.
Phyſique. lion fuſt al A g ent,ou_ autrement \
pour ſon regard appliquer tout enſemble 8c a la
fois choſes contraires :car l'action ſe doit en
tendre action tout le telnpgauquel elle ſe faict
8c occupe autour du ſubiect,cn acquerant quel
que parſection au terme , Où elle pretend : mais
~ FActe eſt commun cant à Faction de l’Agêt qu'a
Iapaſſion du Patient. 4
T H. Conced6s,qu’vn mcſine Acte ſe doyue
entendre de l'action de la cauſe efficiente, &de
la paſſion du ſubiectgpourqtloy ne ſera auſii biê
V - l'action du patient que de Fagiflànt? M Y. Pour
"euirer que Fagent 8C le patient ne ſoyent vnc
meſme choſe tout enſemble 8c à la foissque ceñ
luy, qui cnſeigncme ſoit celuy,qu_i a prendzcar
perſonne ne doute quhucune facu té pafliue
doyuc eſtre tenue actiue pour raiſon de l’agiſ——
ſantmi que lîictiue doyue eſtre tenue, paſiiue
pour raiſon du patients Tout ainſi donc que la
viſion eſt Factionq de Fame , qui vſc de l’oeil à
?endroit des choſes viſibles; de meſme l'action
du loueur de la Harpe eſt en luy-meſme, 8c la
v paffion aux ~auditcurs,comme de meſme lſiActe
en tous les deux.
ñ T H. Pourquoy ifagíra Peau auſli bien con—
crc. lc
ÊËcTION VIII. \zz
tre le feu, que le feu contre l'eau meſine tout
enſemble 8C à la fois , 8c pourqnoy ne ſouffrira
l’vn dc l'autre(cóme font ceux, qui :fentretuenr
au Duel aſſigné) 8C que chacû d'iceux ne ſoit a
gent 8c patientëMnRien n'empeſche,que deux
elements côtraires ifagiſſent 8c patiſſent entre
euX-meſines :t0utes—fois l'action ſera double
tout enſemble 8c à la foisïcarct en tant (ſii-l’vn agir,
il n’endu
rien, re rien
quand , 8c en
meſine tant
ainſi qu'il patit,il
ſeroitſſ,que deuitne faict
bſieliers
courâs l’vn cótre l'autre Faſſoumalſent àcoups
de teſte 8c de frontzpour le regard des elements
la partie du feu,qui aoit contre Feaumerepatit
rien
ties de ſeauzcomme
appellécs iſeſt maqifeſtqque
ôgoſſioyeesiè' ôiict ſimilaires' les par_l'a
pont*
meſine conſideration
partſſies,que à~l‘endroit
le tout à l'endroit du 'de leurs agtres
toutïſct. "j" '
' T ſiH. N’as tu pas vne autre diuiſionîlirmäuſi
nement, outre la precedente FMY. Ôuynflccteii**
cor' en quatre ſortes , ſçauoir eſt,le nafurel, vo
lontaire
ment , violent,
vſage 8c melle',ſide
au mouuement quilſſicteu
n'ont pas ſeule
en lieu, mais
alrffict “au reſte des parties de la ſiiſdicte diuiſiô, à
ſçſiàiſſfoîgen la naiſſance 8c eſtinctiô , cngl’accſſro'iſ—
ement
'ſi ſi Hſſ.8C(Riel
diminutiomen l'amie-m;LocalêM
eſt le mouuement ou alteration.
Y.>Ce—
luy, ui' change la place &ſituation deqnclque
choſie, ſoit de la partieſilctoſiit du tout: ou ſoit du
milieu au milieu du mondc:ou ſoit,qu'il ſe faſſe
autour
vage 8cdu milieu du comme
inconſtanr, monde :quelques
ou ſoit , qu'il fuſt -'
vnſſsſſeſti
ment le mouuement de ſſtrepidſſation-&c des pla
netes, 8c des animauxg ! ‘
Z
PREMIER LIVRE

‘ \Du Lie”.
SECT-ION IX. .
:ZT u. Weſt-ce
Iaſiſittíation quenaturelgou
du corps Lieu? M Y. La meſure Où
l’cſpace,là de

le corps, naturel peut eſtre contenu.


'T H. _Pourquoy ne definiſſons-nous le lieu
~cſtre la ſuperficie creuſe ,laquelle comprëd de
ſſon cirçuy la Y.ſuperficie
contentſſrëM courbe
Pource que ceſtedudefinitioſhla
corps,qui eſt
a Au …Ldciznquelle eſt prinſe ²~d'AriſtOte , ifexplique ſeule
Phyſiquïffl- _ment que les bornpsäxk extremitez du lieu 8c
_Fon
o' pas _ſa naturpfcoiqme
_uel-ali (ïdquelqrfvn
ne uſtzſſvnpoinctzou que ledeſiniſ
corps
fuäfl ſiipct
vuide des _cie Icarfi-le 'monde eſtoitle du
corpsjqtctiſſictſiÿgſontcontenug lieutout
ne
,lairſzoitzpçviircelà
_cçÿſtkeſpptçe 8c ceſtecl’eſt1:e en nature
ſitſſuaciô,en , c'eſtlesà corps
laquelle dire,

.ſontzçontenuæôcnon pas contient,


_rieures tant çlu _cſſOt-ps, qui les ſuperficies exte
ue de ce
luy, la
,tant quPeſt coiztenu.,
_courbe puis que
quel-a* creuſe ſontles
les uperſicies
bornes l& i
limites des corpsuflc non pas la quantité ou na
ture tlulieu meſine.
, 1._ H, p i le lieu eſt la). meſure de la ſituation 8C
quantité) des corps, Faccidcntſera accident. de
.l’acçiaien_ts ce, quifieſtinal
.pluſieurs enleignent, MſſŸſiconuenable,ainſi que
A dire vray celà ſem
z, Su… “dcp-big h.ii1‘1_p‘e'rti—i1ciiſſt_ä Aleggçndre Aphrodiſéeunais
la MïfflPhYfifſiztallt eſt, il, ſzzudijolt que le temps ne ſuſt la
que. incſu,i,'le.___llctu ŸBQQUÇŸJIËÜD t_ , comme il l’a deſinyſiſ
.ayät ſuiuy Ariſtote,
.~ ni que la couleur Fuſt acci
ſi dent
SECTION IX( x35
dent à la lumiere,ou les nombres äPharmonie,
ou
tureſſla du
demarche
lieu aiſt àenl'aſoy
dance; combien
quelque choſeque
de laarti—
na».

culier entre läiccident 8c le corps; cat le lieu a


toutes leàñ dimenſions du corps, comme longi
tudc, latitude 6c profondité : «Sc toutesfois il ne
peut proprement eſtre appelle' corps , d’autant
quül n'a point de matiere , ou autrement deux
cor S ſeroycnt enſemble 8c ſe ſeroit penetratió
de lîurs dimentions : par ainſi, ſi on peut imañ
iner aucun corps Mathematiquejl Faut que 'le
Ëeu le ſoic,ou autrcmentil faut confeſſcnqiſil
ii- yTenH. a Peut-on
du tout iiuſſi
oint.imaginer ,qui y aiſt .vn.
lieu par deſſus lesſſcíeux, où il rſy a point de
corps? MY. _Ainſi ſont penſé Metroſidorusô;
Anaxagoras , qui ont eſtably vne infinité de
milliaflès de mondes , comme. fait auſſi celuy,
ui ſe diſant familier des Nymphes 8L .Dempns
llrouſtenoigquïl y auoit cent 8c octaiiîte quatre
mondes. diſpoſez en forme -triangulairezlaqifiiel
le auoit en chacun. de ſes_ trois angles 6c :indui
lieu ;vne vnitézPicus rapporte ceſte vnité du mi.- '
lieu aux autres trois -augulaircsyæinſi que Pvniè
té intelligibleſe rapporte àlîiutellectuellmani-z
male., 8c ſeminale. Parquoÿ .cles Hebreux ont
beaucoup mieux Fait,d’àuoîr appellé Dieu Ma
kgn , c’efl: àñ dire, lieu ,pource-quc la. Maieſte' <3;
eſſence de Dieu eſt deſſus le-ciël', qui enclofl:
tout le monde vniuerſcl , car ils ne diſeutpas aCiel. _Au 3.1i. du

que Dieuſczilmau monde , maimpluſtolïque .le Pſeau. in. 44.


88.92.93. ioh
ixiondocſt en Dieu, toutesfois le ciel tfoſtpas &un
moinsîgoutëcclà appelle' *le ſiegede la diuimtéi iſayenu 6-66.
i I 4

ſ
156 PREMXER LIVRE

combien qu'elle ne ſoit ni encloſe dedans,ni re
leguée
T H. dehors. ' '
Cóment ſe peut-il faite,qctue ce monde
icy 8c les autres choſes corporelles ſoyent cou —
tenues des incorporelles? M Y. Certains corps
ſont ſeulement contenus des autres,de laquelle
ſorte ſont les ſolides,qui n'ont point par dedäs
de creux ou concauité, comme vne boule d'or
mafflſ, à laquelle tien ne ſe peut egaler ni en ſo
(’ liditeſini en peſanteutzcertains autres corps cô
tiennent 8c ſont contenus , comme ſont ceux,
qui ſont creux 8.'. ſpongieux , au mouuemeut
odeſquels lc licu auſſi ,qui y eſt contenu, ou
les choſes corporelles , qui y ſont encloſes, ſe»
remuent,commc vn tonneau, quand on le tou
1 lezcettains corps enſerrent tous les autres dans
.leur capacité, ſans qu'ils ſoyenr contenus d’vn
autre corps , 8c de Ceux-cy il n'y en a qu'vn, à
ſçauoit la derniereôc plus gtâd ſphere ,laquelle
-Dieu ſeul enuitonnemon as d’vn corps mate—
riſiel,mais pluſtoſt (l'vne el ence inſinie,qui gouä
uerne tout le monde. Par ainſi Ariſtote à mal
ï^“l"'“c""ſaictpd'auoit nié ï , que le dernier Orbe ſuſt en
lieu ou en place,& neantmoins il confeſſe, que
chacune partie du ciel eſt en ſon lieu , ce qu'a
donné occaſion à -Iuſtin, d'auoir eſcript contre
luy,combien que' telle fauſete' ſoit manifeſte,
'qu'elle ne meritequbn s'occupe à la reſutet.
T H.ll ſemble,qu'oi1 diſpute en vain du mou
' nement de lieu en lieu,puis que ce,qui s'agite,
ne ſe 'ment ni aulieidauquel il eſt,ni au lieu,au
quel il [feſt pointaM Y. CezSophiſme ſort de la '
‘ boutique des Apothetiqucs
Ã
.ou Philoſophes A
phcctlſſ
_ SEOTXON 1X. 137
phectiquegqui eſtoyent eſcholiers de Pirrlio ², ct D “enim
auſquels ont peut reſpondre en 'deux ſortes; :n [ſi, .i, d;
premiercment, pource que le mouueinent cir-ſſ ?Yïïlwſffllſiîen
culaire ſe peut ſaire ſur deux poles ou deux lêſſiſiquïgion.
oincts immobiles: ſecondemenr , poutce que PY"h°“îë"“'
_ ce
ſe par
rectcleur
despropre
corps mouuement
, qui changent
8c dc lieu 8c pla
ſucceffion de'ſſ
leurs parties, ne ſont pas au terme , dont ils e- _
ſtoyent departis b, ni au terme , auquel il vont, E_ fïgfſghïî
mais pluſtoſt en l'eſpace, qui eſt contenu entre ſlqnc , &au s.
les deux termes,clt1depart,diS—ie,8< du lie-u, au- d* l* M°“Pl"
quel ils tendent, comme par exemple vndard
ou vne fleche apres que l’Arcl1er lſia laſchéc de
ſa main, ne-ſe meuſt point ſus la cordemidans
la butte , mais pluſtoſt entre les deux extremi
rez : 8c d’auta'nt que tout mouuement ſe fait en
temps~8c lieu, il eſt neceſſaire que la quantité
continue du lieu reſponde à laquantité conn
nue du corps , par ceſte ſeule raiſon rien,qu_í. _
ſoit indiuiſibleme ſe peut mouuoir ?de lieu en-äcfffÿgçflgfllk'
lle”. ' ' ſi _ - - P au dernier c.

T Hx-Siainſi eſt , que tu dis ,il Faudrait que


tout corps? naturelzqui a mouuement, enpar—~
tiesîægitaſt ou mouuiſt. M Y. C’a eſté vnct Axio
me general EYAL-iſtoto d ,lequel toutes-ſois en d Aïïl- d" cſ3
I
certaines-choſcs eſt trouué ſiveritable,&
tres deceuable :veritable, Dure-garde en
le d’au—
mar I:
cher des reptilesmu animaux; rampans : dece-ſſ
uablezſi on regarde la nage des poiſons en l'eau,
&le vol des Oyſeaux enfait: il ſera auſli faux
8c 'deceuable à l’endroit des fleches 8c autresſi
choſes ſemblables, leſquelles on laſche de laÏ
main, . 8c qui n'ontl rien deſtableou
I immobflp"
5
rio PREMlER LIVRE ,
en aucune
là ne de leurs
ſe pourra parties.Ni
trouuer meſines
veritable auffi, ce
au Globe lc-ſſ
quel on ſaict rouler en ſon tour à Fcuuiron des
pales, où le tout ſe meuſt ſans qu’aucune de
ſes parties ceſſe , ſinon que ïluelqtfvn vouluſt
aſſeurer contre les principes des Mathemati
ciens , que les oles ou pomcts du globe fuſſent
arrieS.Et me me l’orbe des eſtoillesfixes &les
ſept ſiiiuans des Planeres ne ſe meuuenr pas
ſeulement en leur tout 8c en leur parties , mais
auſiî ( qui eſt vne choſe beaucoup plus incroia
ble) leurs axes 8c polcs S’eſmeuuent en haut 8c
en bas , deunnt 8c dcrniere,a droit &à gauche,
comme nous monſtrerons, quand nous en ſe
ronsvenus à la diſpute.
T H. En combien des ſorte de mouuement
s'agirait les corps Naturels? M Y. En trois , à
ſçauoir, en droit , circulaire , 8c vagabond: le
premier conuienr proprement aux choſes pe
fljuites 8c legeres : Fautre , au premier 6c ſecond
Cielsle troiſieſme aux atomes 8C à ces corps,
qui participent dujdroit 8c circulaire mouue
mput, tel queſt le uiouuement de trepidation
8: des Planetes ,je toutes les autres agitations
' violentes ouyolonñtaires ,qui pan client ou de
clinenr des ſimples-mouueinens aux compoſez.
z ,T H.; _DY muy quÎcl-.lue choſe de l'ordre des
Moteurs ou cauſes .motrices entiers leurs. mo
ebiles.
muësMY. Ilya certaines
ſeulement choſes,
m: ſaiſants qui ſont Eil ſ
rien mouuoirdclñ_
les* qt1’eſt,lañptcniierejlvîariere_ouLlie de .nam-rez
laquelle reçoit; tous* les inouuemcntsrôc toutes-z
'_ ;i5 rïagite ui-rfeſmeur rien : lesautrcs ſont cſ
~
. _ ’ meuës
SECTION IX. x39
meuës 8C reciproq nement ſe ſont mouuoit I'v
ne Fautte, tels ſont les corps des Elemeutgqui
reçoyuent 8c endurent
&t les donent tous ces changements,
auſiiatnrautres; en eerang ſe ſi
peuuent mettre les cieux , leſquels eſtans pouſ
ſez &agitez par les autres exciter auſſidc leur
Vertus à ſe mouuoir tout ce», qui leur eſt infe
rieur: le Moteur du premier Orbe eſmeut bien,
mais il n'eſt pas eſmeu ou incite' par vu autre:
Or il n'y aqu’vn Seul, qui ſſeſmeut point 8c qui
n'eſt pas eſmeut ou incité par quelqtfautre , ô:
qui ſeul iouiſt d’vn eternel 8: bien heureux re
pos. Par ainſi c'eſt ordre requis en nature (par
lequel vne choſe ſeulement eſt eſmeuezôc d’au—
tres quieſineutlent ſeulement: d’autres auffi,
qui ſont tous lesdeux enſemble , à ſçauoir ,a eſ
meuës 8C eſmouuantes : 8C vne ,qui-rfeſineut
point , &î qui ffeſtaucunement eſmeuë) ren
uerſe de ſond en comble l'opinion cYAriſtote,
laquelle auoit aſtraiuct ² la premiere_ ,cauſe à :|_Au 1.1i. au
mouuoir
T H. neceflairement.
Puis donc que tu' asÏ , enſeigne'
f. _ A ,que
q en ſaMmpÎz.
les diuers mouuements 8C changements ſe ſont
en temps 8c lieu 8c parla reuolutiqir des orbes _
celeſtesme penſes (tapas auſſi quîÀlfai-.lleflnom- J . .
brer la naillanee…8ç_la mort enlquclquſivnvcleÿ L' ;ſ _ _
genres du mouuement? MY. Iïourqtioy nqn? ſi* ~_ z ſiſi
T H. Parce que ;gut mouuement ce ;fait en
longueur de tempsuouresfois la generation 8c
corruptiomou la naiſſante &mon de quelque l' “"5 .Wl
' .
choſe ſe ſont b-en vn pomct de ~tempszils_
. me ont deter
ne ſont …ing Adam.,
_doncques pas rſinouuement. MY, Auſſi ne dis-ie ^“"’°°‘ &A
z , , Aphrodiſée en
pas qu auqune _choſe s engendre ou ;corrompe l, "mp1,,
, . ſans
x40 PRÉMXER LXVRE
.ſans quelque traict de temps.
T H. Si la matiere ne ſe veſtoit 8c deſpouil
loit de Formes en vn inſtant, les formes eſſen
tielles ne _ſe diuiſeroyêt pas moins que les acci
dentelles, 85 les animaux ſeroyent moitié viuäs
8c moitié mortsdäcſaudroit que toute leur ſub
ſtance ſuſt quelque ſois plus 8C quelque Fois
moins ſubſtance : d’autant qtſvne partie de la
forme ſeroit en la matiere , 8c l'autre partie en
ſeroit dehors,& y auroit intenſion 8c remiſiion
a Ariſt. au 5,1
de Formes ne plus ne moins que de qualitez,ce,
dE ll Phyſique
qui repugne a ſelon mon iugement aux princi
pes de nature. M Y. Voire meſme que nous c6
cedions,que la derniere parſection de Pacquiſi
tion de ſorme ſe ſaſſe en vn poinct de temps,
c’eſt à dire , comme quand la derniere tuile eſt
ageancée ſur la maiſon, ou quand on donne le
dernier coup ſiir le olobe_ pour ?arrondir parſe—
ctement , ilne Senſuiura pas toutesſois de ceſt
exemple' , que la generation ſe Falſe en vn in
z:
\. ſtant, 8c que la irratiere ſoit entierement deſ
I"...
pouillëe de' Forme, ſi elle n’eſt en tout 8c par
tout parſecte 8c acheuée.
b Selon Ariſt. T n! Il Faut neceſſairement que la choſe 5
au 6.liu.de laſoi
Phyſique c. az' c ’ qui amouuement , mais ce , qui s’engen—
8e. enultÆ-cau dre n’eſt poinudoncques ce, qui s’engendre n'a
4~ °l*M‘-'²²P- pôiiil de mouuemeut. M Y-. Ie ne t’ay pas auſIi
-'a'ccordë,que ce,qui s’engendre,ne ſoit point.
'“* ‘T’H{On ne peut bailler aucun temps,qui ſoit
moyen entre le- dernier moment, auquel la
"vieille forme eſt depouillée, &île premier m0
mengauquella notruelle Forme eſt introduicte,
. _ 21.. 5 par ainſi ,ſi la nouuclle Forme eſtintroduicte
.
.… _ au
SEcTIoN IX. 141
au meſme inſtit que la vieille a eſté repouſſée,
ll faudra neceſſairemêgque la forme s’acquiere
8c perde ſans aucun temps : parce que la choſe, -
qui s’engendre,n’eſt pas encores engendrée , 8c
que celle,qui eſt engendrée, ne !Kenpêdre plus.
MY. Pentens que ce,qui s’en gendre, oit conſti
tué entre deux extremitez,deſquelles l’vne ſoit
d’où commence le mouuement, 8c Fautre , en
laquelle finit le mouuement, 3c que hors ces
deux extremitezœant d’vn couſté que dautre il
n'y aiſt rien , qui empeſche le repos des choſes
en leurintegrité : maisil eſt appertement Faux
de dire,que ce , qui ſe ſait entre deux extermi—
tez ,ſe faſſe ſans quelque continuité de temps,
car au tremët les animaux ne porteroyent point
tant de iours 8c mois leurſruict , ni l’orne de
-meureroit point tant de centaines d’années à
Ïengëdrer aux entrailles de la terre , ſi la gene—
ration ſe ſaiſoit àvn moment :comme auſſi le
temple de Diane , qui a bien demeuré deux cêts
ans ou enuiron à eſtre ſaictÇn-'a eſté en ce mo
ment baſty 8c accomply,auquel on luy miſt ſus
ſon roict la derniere tuile en le couurantzEc ne
faut pas penſer, que cc temple euſt moins laiſ
sé d'offre , ſi on ne luy euſt adiouſté ceſte tuile,
qui deſailloit pourla parfecte 8c entiere con
ſommation de ſa ſormemon plus qn’vn borgne
laiſſe d’eſtre homme pour auoit perdu vn de ſes
yeux,vn chaſtré S6 genitoire,vn mâchot vn des
doits de ſa main,8c encores beaucoup moins ce .
ſophiſme doit auoit lieu aux corps homogenées
ou ſimilaires , telle qu'eſt la nature des elemêrs.
pierres, metaux, 8c ſemblables choſes.
' TH .
142. PREMlER LIVRE
que la_ Forme ſoitque
T H. Pcſtime tout cene
acquiſe, , qui
ſoitſe auſſtre
fait deuant
choſe
que la preparation dela matiere , laquelle pre
paration eſt pluſtoſt vne &Maloba-H ou change
menuque Mimet; ou mouuemenLMY. Ainſi cer
zznnFranc_
um ſuſdictœspa
r 1t— ²‘ Ariſtote aucc raiſon probable, veu
gde'. quil deſend ſort 8c Ferme , que ?alteration ne
ſe fait qu’en la ſeule qualitézmalſis pourlquoy nie
ras~tu,que la triple agitation des e ptits aux
veines , nerſs 8c arteres du petit Embryon du»
rant neuf mois qu’il eſt au ventre de ſa me
re , ou qu’vn ſi grand accroiſſement , qui ſe ſait
en (à matiere 8c ſubſtance ,né ſoit vn mouue
… ment? ou quivoudrit penſer,que Faccroiiſemët
de la portée ne dent eſtre autrement appellé
q ue
T alteration?
H. We repondrons-nous donc à ce que tu
;Ëhçgqäàle-&ï f" dis u’Ariſtote aconclu b auec rant dïæbſurdité,
~ que es Formes receuroyêt 1ntenſion,8c extéſió
ſila generatió 8c corru tió ne ſe ſaiſoyentàvn
moment? M Y. L’Eſchol)e des Arabes 8c Acade
miciens,& Auerroes entre les autres, côſeſſent
Pintention 8c remiſſion des formes aux corps
homogenées , comme nous auons des-ia dit:
quant aux corps heterogenées , combien qu’ils
- ne ſoyent entierement parfects, on ne dit pas
pourtant que leurs formes sëeſtendent ou ſe
comptimengmais que ce,qui eſtoir im parfectôc
manque , reçoit peu à peu ſa parſection : par
ceſte ſolution on peut euiter beaucoup d’au
tres abſurdirés ,qui ſont de bien plus grande
’ A importance.
T H; (Lg-el inconuenient y auroit-il de con
ſeſſer,
SECTXON IX. 145
ſeſſenque les formes fuſſent acquiſes 8c ſe pet
diſſent à vn momentêMr S T. Que les ſubjects
des formes (auſquels ſe Fait ce» qu'ils appellent
preparation de la matiere) ſe deſpouilleroyent
8c veſtiroyent en chacun moment de formes.,
puis que le changement ne ſe peut ſaire en la
ſubſtancexomme cuxñmeſines î* conſeſſent, ſi- âcÿïſiíë” 7-1
non en .la ſeule qualitézmais ils concedent que y Mſi"
?accroiſſement de PEmbriOn 8c Pagitation 8c
mouuement de ſes eſprits 8c artetes n'appar
tiennent aucunement àla qualité :_ il. ſaudroit
donc,que l'vne de deux choſes fuſt,ou qu’à t0u~
tes les heures, que Faccroiſſcment 8c agitation
de la triple ſubſtance ſpirituelle, disñie, humo
ralle,& ſolide ſuruient ,àla ſimple matiere, que
autant de vieilles Formes fuſſent repouſſées , 8c
autant de nouuelles introduicteszou autremêt,
c] le corps naturel 8c animé rfeuſt point de fot
mezque ſi toutes ces choſes ſont mal-conucna
bles,il faudra par meſme côſiderariomque tout
ce, qui depent de tels fondements, ſoit mal aſ—
ſeuré, à ſçauoir , que la naiſſance 8C extinction
des formes ſe faſſe en vn moment ,cóbien que
ie ne veuille niet , que la derniere parſection
#acquiert en vn moment.
T H. Les formes des animaux ſeront donc
ques dés le ventre de leurs meres n’eſtans touñ
tesſois encor' parfectes: mais ce, qui n’eſt en
cores parſectme peutaucunement eſtre forme'.
MY. Il vaut mieux conſeſſer que la Forme eſt
imparſectfflque de dire que le corps ſoit du tout
ſans forme, ou qu'à chacun moment il ſe veſte
8c deſpouille d’vn nombre infiny de formes-CÊ
nc
144. PREMIER LlVRE
n'eſt donc pas de merueilles , ſi pluſieurs ont
i S. Thomas abandóné ² l'opinion d'Ariſtote. Et meſine Ale
d'Aquin , la
que] Scutus xandre Aphrodiſée ,lequel tient entre les Phi
oppugne au u, loſophes le rang des plus ſubtils , dit 5 que les
li. des ſenten
cesenladiſtó. choſes, qui effengendrent , acquierent quelque
queſt”. choſe de parfection, ne plus ne moins que fſiait
b Sur le _mdc
la Metnphyſ, vne muraillgquand on la blanchit iſeſtant en
cor' du tout blanchie. Car qui eſt tant aueuglé,
qui ne voye que le germe d’vn oeuf ſe façonne
premierement és yeux , 8c puis apres qu'il ſe
crayonne groffierement de ligne en ligne à la
ſemblance 8c figure du reſte d’vn oiſeau , s’ad—
iouſtant peu à peu l'accroiſſement 8c parfcctioir
de chacun membre,&: que neâtmoins les yeux,
qui auoyent eſté les premiers commencez,ſont
les derniers en toutes ſortes dfimitnaux, qui re
çoyuent leur parfection? Dhuantage , qui ne
void qu’vn grain de froment ſe corromp pro
mierement en terre,8c puis delà qu'il excite ſon
getmgdu germe l'herbe, de l'herbe les feſtucs,
des feſtucs Feſpy, de l'eſ y la fleur,de la fleur le
grain premiercment in orme ,puis apres par le
beneſice de l'aliment 8c de la chaleur du Soleil
accomply en ſa parfecte 8C entiere forme? Si
donc ceſte forme ne peut eſtre appellée forme
inſques au dernier momenùauquel elle a receu
ſa parfectió,il faudra,que le ſubiect aiſt eſte' ſans
-forme,ou qu'à chacun moment il ſe ſoit vcſtu
de pluſieurs formes , parce que la mutation ne
ſe peut faire en la ſubſtance. Et d'autant que lc
temps eſt accomply par vn continue] flux de
moments,qui ſont en puiſſance inſinis, il fau
clroit auſſi necellſiairelnëuqdà .chacun moment
- vne
3 .
' SECTXON. I-Xñ” ſ47
vneTinfinité de formes ſortiſſent en effect.
H. La figure ou forme exterieure ne s'im~ſſ
prime-elle pas dans vn inſtítau petit Einbryon?
M Y. Des auſii toſt que. laſetnence s'attache au
fond de la matrice, la figure ſe conçoit, comme -
'eſtant imprimée d’vn petit cachernoutesfois la.
petiteſſe Ïempeſche point qtïellene foireu
tierement impriméefic toutainſi que les Peine]
ttes crayonnent leurs tableaux de gros encgros
:tuant qu'y adiouſter les Ways: couleurs , ainſi
fait nature aux premieres deliueations du petit' -= '
Embryon 2 mais c'eſt bien autre chqſedïmpriñ '
mer les figures des animaux à la ſemencnäe 9.1.1.
tre choſe d'acquerir la parfection de la. forme;
8c meſme Gallien dit î., que 'la figure de l'homo* Av líurc 1?
me 8e ſes membres diſtincts commencent día Jf" ſ""""'~
paroiſtre au ventre de la-mete dés laſixieſiſie ~ſi"'”" ‘
iouſir, mais que le cœurzlefoyeïôc le-'cenueau red.
~ Pour
quierent vn autre temps atiílſiril
ſe diſtinguencomme 8è; plus_ long-terme
vetmquezchaë
cun membre en particulier? apres ſes :letter-pres
mieres diſtinctions ÿaccompliſſe entierbmcant*:
le dernier temps de toutezlar-pat-fection &l'ac
complilſemcnr eſt , quand en neral-uchaeun
mclnbteîreſpondà la parfectiô ſon .Tour-MEL
läzditæilzzduient aux malles
«Sc aux femelles-dans quatredans quaranteionrp MYñY.
Eeingtsôcdixziours; ,, _, .l ' .T
n
lots qtfilscommencent
ê: l'autre à ſeſemouuoir;
long temps apres maispéuiä'
renfoctrctdôc l’vn
peu reçoit accroiſſement '; or l'accroiſſement-eſt
mouuementzôr nonſuruient
nale chacü des ſens pas chanàglîæmimahpourucu
"ement :en ſitu-ſiſi

quîl ne ſoit auorté &tuant qtfauoirlçobtenu \Â


148 Pneursn Livni;
ï AW-'zifflî parfectionl par ainſi Ariſtote a repris ² ſans 0c
Genermodes . . .
animaux. caſion Democtitc diſant que nature eſhauchoit
premierement la. forme des animaux , 6c puis
apres qu'elle leur adiouſtofit peu à peut ce , qui
defailloit pour leur accomp iſiemen: : car nous
apprenons celà par Pexperience meſme.
T H. Pay toutesfois entendu dire que nature_
näccommençoit iamais vn mou nement, lequel
elle ne pouuoit accomplir. M. Ce 'dire eſt 'vn
b "Hdd, axiome &Ariſtote l’\,qui toutesfois neſſpeut ap
rhäíqpíiäêrälj partenirà autre qu'a la premiere .qauſe, laquel
Èhyſ_ le auſſi ne peuteſtre empeſcliee d agir par vne
autre,qui luy-'ſoitTuperieurc en pniſtance-ou di
gnirézmais nature bien louuent ne viſe pas droit
" dans le' but,ou our cauſe de Pinſirmiré du ſub
iect,ou peruer té des, genies ou eſprits malins,
c Henry-n" ou de la puiſſance d'v\ne cauſe ° ſuperieure , qui
Ïligriebſäçclu". s’y oppoſe ñ, de .làzjvienent tant d'erreurs aux
» monſtres , cle là. ſhrtent les peſtcs 8c malien
contres, 8c,ſiquinaiſſent
mageables \annule trouppes
contre de beſtes-dom
l’ordre 8c cou
&urne de naturel.” a > ñ : ‘ '
T-R. Les- asnimaiix ne naiſſent-ils pascfvnei
meſme eſpece .tânvde la. ſemence que putrcfzñ
&iour M. D'une nadine-entierement z combien
‘ AM1_ d… que Ariſton: nie 4;, qifils.ſoyentæïvndneſine
Generaziôdes genres 6c paſſant.- mcores_ plus auäntfouſtient,
'"“’““"‘ “" qnïucup :zinvimal ne Eengendre parsapres des
balizczzqui ſontvne fois nées de putrefactionzce
!joe Fexpetience ,' imiſtreſſe de toute cognoiſñ_
ſamemxonſtte eſtre euidemment Eaux.
'F H. Par quelles raiſons eſt-il amene' à preu
ne: celà? M. D’autant qu’il craignoinqueïiattx
[C
SEcTibN 1X. x49
re ne miſt auec le temps en plein effect, outre
les viſibles,vne infinité d'eſpeces,leſquelles elle
tiendroit ſerrées en ſa puiſſance : car il penſe,
que les Soris,quiſe ſont engendrées de pourri
ture,ſoyent_de diuetſes eſpeces aux autres, qui
ſe ſont engendrées par la voye de propagation;
mais nous voyons , que les vnes 8c les autres
conſetuent leur eſpece par ladicte voye de pro
pagatiomautít en pouuonsnous dite des Fou
ques , qui ne laiſſent pas moins de pondre des
œufs 8c les eſclorres , iaçoit qu'elles ſoyent en'
Ëendrées des vieux fragments des manier-ez..
pourris. .
— ‘ T H.- Il faire, que les effects ſoyent diuers des
choſes,qui ont diuetſés cauſeszmais ce,qui s'en
gendre de pourriture, ſemble eſtre engendré
par certain cas ſortuit,or il n'y a rien, qui repu
gne plus à nature que les choſes ſortuitcs,& ce',
en quoy il y a/equiuoque,leſquelles doyuent ä , A,, ,4 d….
meilleure raiſilbn eſtre appellées monſtres. Mñ. Gçncrariô des
Ariſtote ² 8c Auerroes b ont tenu ceſte opinion», z, 5…, ,La
. 1' - . . IÏÎIIÙRÜXO

mais nous leurs pouuons ſacillement repliquef, la PhYſiq m*:


diſans,que
vne beſte , le
quiMulet,le' "Bardotde Cliië—loup,&
a deux teſtes-,doyuent eſtte ap? z-,lñdïln Trini

pellez monſtres , pource que la matiere aeſté_


peruettie,ou pat.l'imbecillité,qui eſtoit en ellezï-qurſt-T
' ,ou par Partiſice des hommes :mais puis que les cproueſſe
Le Muet 8c
d’vn
Rats 8c les Fouques , qui ſont nez tant de la_ Aſne pour pe.
pourriture que dela ſemence , ont chacun' de re 8c d'vnelnu
numputwmc_
meſines membres , meſines actions ,dc meſures 'c z lc Buda?
.
obiects; ont, dis. -ie,
. chacun ineſiue inclination,
. . . .vffſiâîèîſſf°poſſi
, ' d²
inſtinctficſacultez; &tant aux vns, qu'aux au- Wc à d’vn= ſi

tres ſont meſnies amis , ou ennemis , façon de ñncfft'


mm_ Liv-Jr

K 2.
Îjô PREMIER Lrvniä
viurc &propagation de-leur race , quiles pen-ï
ſera donc éſtre differents en eſpeces? Autant en
faut-il in'ger des' plantegqui naiſſent par ſemen
ce 8c par_ naturegôt autant auſſi du femlequel on
prend_d²vn autre ſeu z 8c de celuyzlequel on tire
du Fuſil ou par Partrition de deux bois l'v‘i1 con
tre Pautrezou par le choc du fercôtte vn caillou:
querſi Celà 'a lieu à l'endroit des feux 8c des plan
~tes,il Faudra auſſi qu'il ſoit veritable ä l'endroit
des animaux, 8c ne faut as craindre z que pour
celà il senſuyiie vne nite' de leurs eſ eces:
certainement , s'ils n'eſtoyent d’vne me me el'
ece d'animaux, il ſaudroit que les premiers
?leſquels la “terre 8c l’Ocean ont premiere
"ment engendre' en la ſorte de ceux-ty) fuſſent
ſterils &inſecónds
T ü. ConeedonS,que les animaux naiſſent eſt
tneſme eſpece tant de la pourriture que de la
voye de propagation z 8c que les plantes , qui
naiſſent de leur bon gre' -, ſont de meſme nature
auec ’t':’elle's,qui naiſſent de leur ſemence, 8c que
c'eſt vn meſme ſeu z qui eſt tiré du fuſil , auec
l'autre,qui eſt cóſerue' au ſouierzpourquoy eſt
ce,queñla terre ne peut produire de_ meſme tout
le teſte des autres animaux , auſſi bien que les
Rats , Grenouilles , Coleuutes , 6C Eſcarbots?
MY… Nous rendrons la cauſe de cecy en ſon
lieuſſoutesſois ce,qne quelques V135 des Philo
ſophes Arabes ont ,penſez l'homme ſe pouuoir
engêdrer dulimon de la terre eſtant tëpere' par
la chaleur .des aſtres , ne me ſemble auoir aucu~
ne gracegtel a eſté Atiſtides en ſes Panarhenées,
quand il recommande les Athenicns ſur la noñ
bleſſe
- SECTXON ,IX- 15:'
bleſſe de leur 'Origing les appellans ÆUTÉXOQYM 8:
g-nyeveî; ou çngeances de laterrexſtimant ~qu’ils
fuſſent en endrez de la terre , ainſi que les an
ciens pen_ Oyent , que les Mirmydons' fuſſent
venus dc formis en hommes. P
TH.La generationgui ſe fait de putrefaction,
ne ſir fait-elle pas par la concurrence des cle
ments contraires entre euxqneſinesïM Y. Pour-z
quoy nou? Puis que rien tzîetnpeſçhe , queles
choſes, qui eſtoyent au parauanr_ contraires. ne
puiſſent çſtrc .tout enſemble 8c àla fois en vn
-meſme _indiuidu du corps Phyſicien , la nature_
de l’vn 8c de lfautre eſtant confuſe , 8c_ la nature_
de la contrarieté de tous deux eſtant ſuprimée:
car,ſi on melle du vinaigre auczc de l’eau,la, fpſfi
me de l’vn 8c de Fautte petit &ainſi ſe fait de
tous .les deux PQxiçra-tz FEIÊ-ctrc ſc fait !ant
par art que par nature aueç vne certain-e portion
d’argent mcflpée 8; diffuſe çſgallement aueç ſor,
tellement; que çe n'eſt plus quîvne choſe , tant
'celuygqui ſe ſait par nature,que celuy,qui ſe fai;
par art, combien que l’vn 8c l'autre ſoyenç ;liſ
ſerents dc l'or &ç de Yargent ; finalement tous
_les corps ſe compoſent de choſes contraire; ñ
cſtans enſemblernenr contemperées,
TH, Çornment ſç peut-il faire , que le corps
naturel shccroílſc ô; kompoſe des choſes a qui
ſont entrëelles tant contraires z veu qu’il n’y a
point de contrarieçé en la ſubſtance? M Y, C'eſt
vn autre axiome ² dffAriſtote preſque xeceu par 3m,
AW Catfl 91
d… pb_
tout; maiaqui ſera celuy, quivoudta teupquer \Im-ze 6c de”
en doubtgqtle les accidents, qui ſont tres pro* qualité .
'pres à chacune çhgſij entrſieux fort contraires ~
lé z
i552. PREMIER LlVRE
&incompatibles , ne viennent des ſubſtances,
z qui ſont entr’elles fort contraires? Car ſi la ma
tiere ne peut eſtre contraire à la matiere , puis
qiſelle eſt le commun ſubiect des contrarietez,
qui ſont aux choſes, il ſaut neceſſairement que
les .Formes , d'où naiſſent à chacune choſe ſes
propres accidents , ſoyent entfelles meſmes
contraires, ainſi que Faber Stapulenſis a inge
;ctï-ciciiezrplxflſnieuſement enſeigné ï: Car les choſes ont leurs
,hffqufl cauſes _contraires , deſquelles les effetíts ſont
contraires; 8c les cauſes ſemblables , deſquelles
les effectz ſont ſemblables, Et meſine Ariſtote
ne ſe ſouuenant plus de ſes decrets a eſcript en
z, A., ,_ 1;, D, quelque part b , que la forme eſt contraire ä la
22"” "WW" farine; Ilfaut, dit-il, confïſfifflque cmqttiagmcÿ- qu:
pannzſtfembldlælrezz genre ( ou en matiere) mms
diſſemlóldlvle d' contraire enfbrme : ce , qu’il repete
fort ſouuent. ~
TH. Pourquoy penſe-il , que les accidents
contraires naiſſent de la Forme de chacune cho
ſe,comine qui diroit la ſeichereſſe de laterre,8c
l'humidité de l'eau 2 MY. Parce qu'il ſaut ,que
les accidens, qui ſont en chacune choſe ,ne vc- _
nans point par dehors ou exterieurement ne
viennent dhilleurs que de l’interieur,à ſçauoir,
de la matiere ou de la Forme; mais ils ne vien
- dront pas de la matiere ,laquelle tout le monde
c ylzzô e,, ſo,, confeſſe ï eſtre totallement dËTMoz-,ſans qualité;
731M*- il ſaut doncques qu'ils n-aiſſent de la forme:
mais ſi tu pen ſes,qu’1~ls tiennent ceſte contrarie
té tät de la matiere que dela ſorme,ou du com—
~' pole de l’vne &de l’autre , il ne te fiaudra pas
moins, pour celà çonfeſſer, qu'ils puiſent leur
_z origine
SÆ lac1'ioii
origine dans toute lctſubſtancmôcX.
ainſi,qu’onU;
le
Ÿeuille prèndre,la ſubſtance_ eſtre contraire à la
ſubſtance.
. ._
Desſizlſizííance: de: Elemcntsxÿ* e” quelle ſâm ilfi
meſldngcm aux autre-x carps. '
SEcT1oN X.
T H. Comment ſe peut-il faire, que les ſub
ſtances des elements,qui ſont tant contraires
les vnes aux autres , ſe meflangent d’vn'coſim—
inun accord à Paccroiſtement d’vn meſme corps
naturel? M Y. Iltout
on arregarde ne ſaut pas s'envniuerſel
le monde cſmerueiller , ſi
, lequelct
eſt accomply des choſes , qui ſont toutes les
vnes aux autres contraires HSE-differentes.
T H. On m'a autres-Fois enſeigné ,qu'il n'y
auoit que les qualites des Elements,qui ſe meſ
langeaſſcnt les vnes auec ſſlcs autres ,ſôc que ce
n’eſtoit pas leurs ſubſtances. MY. La ſeule au
torité des pluſieurs gtaues ² perſonnes ne nous a Galle” au!,
des Eli-mente,
contraint pas de couſeſſer , que les ſubſtances &au l,del'V.
des elements s'attemperent ou meflangent les Tage
ties.
des pa:

vnes auec les autres , mais auſſi le poids de Mm… .u z_


pluſieurs raiſons., par leſquelles ont le [Îei1r'-d"²l'^"‘°°-*~
dit que la clia~
PFC” Ueſ- leiir,par laque!
T H. Ie te priflbaille m'en la demonſtration, "DE dïqzíſ*
car i:eſtime,que ce lieu icy n'eſt pas de petite COËLË… ;ſiſi-J
conlequence, pour obtenir la coguoiſſance des 'ïgïſlſèï fflſ
plus grands difficultez de la ſcience naturelle. È', Î-_'._…ſi,","‘_'
M Y. Toute choſe , qui eſt compoſée 8c qui ſe d* c* qu'il di
ſciit-que l'ame
peut reſoudre
ſ , ſe reſout en ce , dont elle eſtoit
l eſtoit feu;
colïlpoſemmais routes les choſes compoſces ſe
.d J - K 4 ‘
454 PklíMxlî-“R Lx-vnE
reſolucnt aux elements; il Faut doncqtxcs qu’el
lesſoyent compoſées des _clemencs.Nous auós
làu-Parauant declaire' ceſte demonſtration, c6
hieu qu’il ifeuſt eſte' beaucoup neceſſaire , cat il
eſt manifeſte ànoz ſcns,que les corps ſe diſſol
uent cu _la :matiere elemcntaire : comme par
exemple ce , qui eſt du fethquand vn tiſon de
bois btufle', S’enuolle auec la flamme en la rc
gion du Feu , 8c l’eau—en vapeur , Fair en fumée,
la terre en cendre ,ainſi chaſcune ſe retirantà
Pelement dont elle eſt venueunais perſonne ne
dira, que la va eur, ou la Fumée, ou les cendres
des bois con ommez au Feu ſoyent accidents,
a AînfiPa eſ-,mais pluſtoſt les vrayes ² ſubſtances des corps
cript Galíé au l
:il, deFYſagc natälæ 55's_ l ſ d l f_
ï* Pïfflïï: H. 1 es u ances ese ements econ
:Ïîſiſſizſizuſiſiïfl,
' 'H' fondent aux corps lT)1X[l0l'lcZ,ll
. . . Faudra confeſ
liurc qu’il 4a ſer, quïly a pluſieurs Formes ſubſtantielles en
‘ faióha ſcans”
Manama, Acte-en vn meſme ſubit-ct tout enſemble &à
Î;²::nſ:z}1eï:: la ſhiæſi elles ne ſont ſubſtantiellesxlles ſeront
œepapzſaul_ accidentelles ,mais tu as monſtre na gueres,
d* l* Wfflïfl' uc celà ne ſe ,pouuoit faire. M r. 1l n’ aper
"d°”f’°““" onne-ainſiquçzie penlſiqæquieſtime, queles For
naturelles.
mes des elements demeurent en 'eresl'vne a
uec l’au_tre &c toutes enſembles uecla forme
du corps mixtioné; pource que la derniere For
me,qui
Acte audonnele nom autres
\ſiubiect ,les au compose' , eſt ſeule
,a ſçauoir en
des _ele
ments,n’y ſont qu'en uillinceztctouteæſois rien
b A" z “in ffempelſiche , que .la ubſtancc des elements ne
c,zz,z,,,',,m, ſoit au co.rps rmxtione,comme a CſCſl t “Auct
ï-zr- roes,combien qu’il ſemble ailleurs ïlke contre
1 .d ° 1ſi dire
ŸÎŸÃPŸÏL . , quand 1l. eſcnpt,
. que _les elements ne ſont
n Cn
SEeTioN K, _x55
en noſtre corps qu’en puiſſance ſeulement, fic
-non pas de faict,
T’H.Ou .eſt en noſtre corps l.: fçmqui bruflcï
où eſt ſeau _.> où eſt la terre i? MY. onu deſia de
_monſtre , que les choſes , qui- Ïont eliuetſes en?
tr’elles_,ne ſe corrôpent pas ſeulemét, mais auſi
ſi celles, ui eſtoyent contraires eſtant vne fois
meflang . es ,Sc quëoutrç la ſubſtance elemen
taire,qui eſtoit côtemperée deleurs-qualitez 6c
dela chaleur celeſhz-lç compos-e' eſtre vne-cho
ſe diuerſc &F autre que ce,dont il .eſt Fompoe
sé.Ca_r où ſera lfairaimpù ſera .Peſtaiiag au metal
d'vne cloche, iaçoit meſme , quÎilfuſt composé
de l’vn 8c de ,lautre fondu 6c confondu eri
ſcmblc Y Où
.lëûxicrar trouucra-on
.P Car les .formesl'c.au— 6c le vinaigre
eſſentielle-s ſe corróen
peut de _telle ſorte_,qu’on ne ſçait plus _où _elles \
ſont paſſées.; de mcſme ni lc feu > ni l'eau, nila
\CUT _IJÏRPPEIOÎÏÎÇDF aucunement… au ÇOÏPS de
l’homme,ou autrementil ne ſemi! pas mixtio
né,ſi les elements y dcmcnroycnt ſimples 6c
entiers. Et tout ainſi que _le Seizaire ne peur e
ñſtre appellé du nor~n de l’vnité,ot1 du binaire, ou
du ternaire, combien qu’il ſoſt composé de
ces trois enſemblegtel iugement pouuons nous
faire touchant le meflange des quatres ele
ments. _ _ . ' . p
T H, Les animaux ne peuucnt ils pas ainſi ſe
reſoudre,qu’on yoye leurs elements diſtains 8c
ñſeparez l'vn d’auec l'autre? M v. Parle moyen
du feu on en peut auoit la pleine. 8c parſecte
cognoiſſance; toutes—ſois beaucoup p us eui
demment au bois verd ,qui bruflezimis diſons,
_ K 5
:56 PREMIER LIVRE
i: re prie, que peut eſtre autre choſe le triple
eſprit des animaux , qu’vne ſubſtance aeréeëêu
que peut eſtre la cendre autre choſe ſinon la
terre? Et meſme le ſang 8c le laict des animaux
cſtans diſtilez en vn Alambic S'en retour
nent en eau parla ſeparation de leur ſcroſite',
en perdant toute ſaucur 8c couleur. Car on
raconre,quc Fauſtine Femme de D.Marc Au gu
ſte beuſt ainſi le ſang d’vn Gladiareur s‘eſtant
deceue de la ſemblance , laquelle ceſte li
queur donnoit àl’eau, à fin quärſtant ainſi (aou
lée de ſon ſang elle effaçaſt entierement de
l'eſprit le deſir , u‘elle auoit de iouir de la
compagnie de ce G adiareunlequel elle aimoic
äoutrancqde ſorte qu’clle conçeut de ſon ma
ry ?Empereur Commode, qui retira metucil
lcuſemehc à la ſcmblance dudict Gladiareur.
T H. Il-me ſemble aduis , que ie le vois deſ—
iaztoutes-fois ie m’eſmerueille,pourquoy on ne
void rien de tout cccy , pas meſme vn ſeul ele
ment de tous. _les autres, le corps naturel eſtant
encor' debout &en ſon entier. M Y. Vois- ru vn
emplaſtrc composé de ces qüarre choſes , à ſça
uoir,de
fſiois cire,reſine'e,poix,8c
eſtans greffe? Qui
mcflangez 8c confondus toutes
enſemble
ne laiſſent aucune apparence de la ſemblance
ni de.l’vn , ni ’de l’autre:Encores moins y aura
- il &apparence des ſimples elements aux corps,
leſquels nature a parſects &accomPliH qui ont
vne Force &t vertu totalement diſtincte des ele—
mentszGallien à uſé bien à propos de ceſt exem
ple pout-premier ce quenous cerchons : dont il
app-crt euidemmenr ,que la vertu 8c puiſſance
1 .. . 7 des
SEcTioN X. 157
ï
des ſimples elements ne detneure pas ſeulemët
aux choſes rneflangées,inais auſſi leurs ſubſti
cesscomme nous auons propoſe'. r
T H. Quel ineonuenient y auroit-il , ſi nous
diſions , qu'il n'y aiſt que les qualites des ele
ments,qui ſoyent aux corps naturels, mais non
pas leurs ſubſtices? MnAinſi l'a eſcript ² à Ale- , 4.15… d..
xandre Aphrodiſées mais s’il ſailloit, que toutes humm
choſes fuſſent accomplies des accidents 8C non
pas des ſubſtances , les accidents pourroyeut
ſubſiſter d'eux-meſme zſans aucune ſubſtance:
d’auantage,toutes choſes compoſées ſe redui
royent en rien par l'extinction 8c decadance des
accidents elementaires:finallement vn nombre
inſiny des indiuidusæles plantes , des animaux,
8c des mineraux , leſquels nous voyons ſe re
ſoudre pour la plus grand part e~n eau,en air, 8c
en terre, nïiugmenteroyêt rien les elemcnts,ni
les elemëts ne ëappetilſcroyêt rië par quelque
infinite', qui ſuſt de leur detraction en la conti
nuelle productió des autres choſes.Ce quïtſtít ‘
mal cóuenable , il ſaut aulILq toute la doctrine.
que eſt baſtie deſſus , ſoit abſurde 8c efloignéc
de la raiſomCaT-,dit Gallien ï', la cbalcnreſtpar le b Au 1.11.4.
conſêmcmenz dede/u le: “Philqſâpíyex 'Un accident” “"““‘“'
fè”, Ô' quelque cboſêplnsſïmple que lefëu.
T H. Toutes-ſois pluſieurs ſe trouuennqui
ont tenu ï , que les ſubſtances des elements, ï 54?” “à
ni leurs accidentsne ſont point aux corps mix- 'Âïfidiſiſſſiſſſſ
tionez. M Y. Telle a eſté ſopinió de Iean Duns,
qui pour ?excellence de ſon eſ rit fuſt appellé
Docteur ſubtil; toutes ſois,il F5ut, que 1'vn des -
deux ſoit_ ou que les ſubſtances des elements
ſoyent
x58 PREMÏER Lgvag
ſoyent aux corps naturels, ouleuts accidents."
uis qu'ils confeſient , que tous les corps meſ
angez sacçroillſient 8c accompliſſent par leur;
moyen: mais ſi on regarde nos raiſons preccñ
dcntcs ,il faudra, neccſſaitcment ,quele milieu
des deux extremitez , à ſçauoir des accidents 6c
de la. ſubſtance des elemêts , ſe ſouſinette ſoubs
leur certitude. Cat quant à ce , que dit FEfcOt,
que les vertus 6c facultez des elements ſont au
corps 6c non pas leur qualitcz ou ſubſtances,on_
n'a pas faute de replique, puis qu'il eſtñtres cui
dent,que les facultes des elements ne ſont au
tre choſe que les accidents meſineszmais com
\ment qu'il le prenne, il s’enſuiuroit au moins
contre ſon opinion , que les accidents des ele
ments demeuteroyent 'au corps melle' ſi les ſa~
cultez y demeurent.
T H. Ne peut-on as faire la meſme confu
ſion par art,qui ſe ait par nature? M Y. Rien,
rfcmpeſche, qu’ó ne la faſſe en pluſieurs corps,
8c principalement en ceux , qui ſont liquides,
toutes-fois àcondition que les eaux ſe mefle—
tôt auecles eaux,&les choſes vnctueuſes auec
' r …~ les vnctueuſes. Car Alexandre Aphtodiſée ſe
glaſs; trompe grandement , quand ildit ²,que l'huile
ne &peu; mefler auec aucun _autre corps , puis
que nous voyons , qu'elle ſe mefle facilement
aux reſſcs 8c autres choſes vuctueuſcsÆc tou~
tes-ſins il ne ſe eut meſlet en aucune ſaçó auec
l'eau, pour cau e de la grand' diffimilitudgquîl
y a dela nature dc l’vn a celle de Pautrezde meſ
me auſii l'eau, pourſi chaude qu'elle ſoit, ne ſe
peut meller auec les metaux fpdus ôcliquificz»
' - mais
SECTION X. i”
'mais au contraire reiaillit auec grand violence.
Icy le dire de Gallien ne ſera en tout 8c par tout
veritable,quand
ſubſtances auec illes
eſcript ² , que eſt
ſubſtances la mixtion
pluſtoſt des a Au I. ii. des
vn ſſrëîîlfflîmë"
œuure dela Diuinité ou cſc laNàture z que de
l'Arnfice, mais s’il y a rien,qui ſe meſlange par
l’artiſice,qu’on ne le doit pas appeller propre
ment mixtion , mais plnſtoſt communication
des parties auec les parties. Car, qui eſt celuy,
qui ne voye bië,que l’cau verſée au vin ſe con
fond ôc meflange peu à peu , 8c que les parties
de l’cau ne ſe meiſilenr pas moins auec les parties
du vinzque le tout auec le toutzôc qu’vne petite
goute d’eau verſée dans vn tonneau de vin, ou
vn pot de vin dans vn Heu uc ne ſont pas moins
'vn rneſine corps;d’autant que les choſes plus
debiles ſe laiſſent maiſtriſer àla forme des plus
puiſſantes. De meſme auſſi ſe ſait vn tymbrc
auec Pairein 8c Yeſtain fondus enſemble ,Pelez a
ctre ſe fait d’ot 8c cfargët confus Yvn auec Pau
tre par certaine proportion de leurs parties, 8c
qui 'eſt du tout ſemblable a celuy, lequel natu-Ï
re a elaboré dans les minieres. Mais les choſes,
qui ne ſont ni liquides , ainſi qu'eſt ?huile 8c
l'eau,ou qui ne ſe peuuent liquifieizen la ſort-e
des pierres 8C metaux, ſe ſondeur 8c meſlígent
auec plus grand difficulté 5 par ainſi ceux, qui
ſont la poudre pourles inſtruments de guerre.
ont de couſtume de broyer_ 8: pulucrilèr ſort
menu le ſoulphre &les charbons dc Saule Clia—
"cun à part, puis apres d'y adiouſter le ſalpetre
(qui ſe trouue ou dans le fumier du beſtail aux
lieux fort humides , ou le long des paroits aux K
vieux
.x60 PREMXER-LIVRE
vieux ediſices, dont c’eſtqu’on le tacle ôctire)
eſtant broyé 8c pulueriſé de meſme ſorte ,que
ſ.i mefler
le ſoulphre &charbon
le tout enſemblededans
Saule; puis apres
vn mortier , 8c de

long tem S le battre auec vn pilon , iuſques à
ce, qu'ils ſoyent aſſez meſtez.
T H E. S1 les parties de l’or 6c delätrgent ſe
mefloyent les vncs aux autres, jamais on neles
pourroit ſeparer -l’vne de l’autre , mais nous
voyons au contraire,que l’or ſe ſepare entiere
ment de l'argent par Peau-Fortzll faut donques,
que Ia mixtion ne ſoit pas vraye, qui ſe fait par
art. MY. On ne peut pas moins ſeparer auec
Peau-fort l'or d’auec Fargent de Pelectredequel
nature a mcflängé, que de celuy, lequel les ou
uriers ont confondu ; dïtuantage le ſeu ſepare
bien l'huile 8c Peau des parties terreſtres des
choſes, leſquelles ont diſtile , ainſi que demon
ſtre ſort~bien la Pyrotechniefflarquoyxe ne ſe
ra pas de merueille, ſi on peut ſeparer Peau 8e le
vin, qui onteſté long temps conſus enſemble,
auec vneeſponge ramoulie ou legerement im
bibée Ïhuileſſoutesſois vnc liqueur ne ſe meſ
le pas auec vne autre liqueur tout à coupzcom
me tu pourras eſpreuuer, ſi tu prens deux vaiſ—
ſeaux aſſez capableszqui ayent leurs orifices par
deſſus eſtroitsgleſquels tu rempliſſes l’vn de vin
rougeôc l'autre d’eau claire,8c ainſi eſtans rem —
plis,ſi tu ioint-S 8c accommode l’oriſice de l’vn à
l'orifice de Faurre les ayant premierement aſ
ſeurez auec vn peu de cire tout à l’entour,à fin
que les liqueurs ne diſtillentpar la contiguité
des deux orifices ;puis apres ayant renuerſé les
' deux
,ññ-_v-ſ

SEcTtoN ïX.'- 161:


deux vaiſeaux l'un ſur Feutre, de' ſorte que ee—
luy de l’eau ſoit deſſuszceluy du vin ſoit deſſous,
ſi tu prens garde , tu verras l’eau, lqui eſt deſſus, ,
aller au fond comme la plus clame , &c le vin',
qui eſt au ſond, monter del us comme le plus
leger z ſans toutesſois que par ce eſchange de
vaiſſeaux en vaiſſeaux le vin 8c l'eau ſe ſoyenr
meflangez ni changez en couleur,ou ſaueut, _
ſinon que le vin en ſera aucunement debilité 8c
Peau retiendra quelque peu le gouſt du vin , de'
laquelle on peut donner à boire ſans danger 5.”
ceux,qui ont la fieure.De là ſe peut auſſi enten
dre,que les corps liquides ne ſe meſlent point >
entre eux-meſmes en vn moment,mais'plttſtoſt‘
qu’il y ſaut quelque ſucceſſion de terhpsï. ~ l; _
TH. Puis donc que les filbſtances des ele
ments ſe meflent aux autres 'corps ;pourquóyff _ _
eſt-ce que
nature? leurs
MY. elementspe
Ainſi ſont-principes
Fauoirpenſé de r . p
Ernpedocles, ‘
…Ï-ſſ
mais nous auons demonſtre' cy-dettant g qtfils
nëeſtoyent que les rudiments de natureypouf
ſaire 8c aecom lit: les corps Phyſicians', 6c que'
toucesfois ils n_ eſtoyent priikicipesädffautant qu'il'
y en a dautres ,qui les precedent, &çſur l'anti-î
quité deſquels ils ſont appuyezïà iſiçauóirla”
matiere 8c la ſotmezmais qutrdîcétix mediocre-Ÿ
ment tempete: ſe ſaifoyêt tous les autres cotpfl
naturels 8c compoſez. 1-?? T' 'L ï ?ſi
T H. Quel temperaunent le peut-il faire, ou‘
comme ſe'peuuent accorder les 'quatre elemëts?
àla compoſition du corpsînaturehpuis quïls]
,ſe machinent les_ vns aux autres leur ruine 8c:
_jzíecditione M Y. Dc la mort &extinction d’vn‘
chacun
ióſſz Pix-EMXER LtvRE
chacun d'eux,qui a côcurrenceſſ à la generation
du corps compoſé ſe ſait le temperament , qui
eſt le port ſalutaire de toute aſiſieurancc contre
leurs tffêftsd . ñ
ñ TH'. . Si ?element du feu eſt melle auec les
corps compoſez non ſeulement touchant ſes
propres Forces 8e Vcrtuäzfflais aullî _en acte meſ
ine 8è :le faictzcomment ſe peuc~il ſaire,que les
animauäſuqui on: inſpire' dansleurs poulmons
vne petite flamme de ſeit z meurent tout auſſi
Loſt ſins aucun reſpir Car Porcia , Îfaÿañt 'au
tre moyen de foſter la vic pour paſſer leregrer
[ſelle portait en ſon cœur de la mort de Bru
z: ,moutuflç dés _auſſi toſt z; quelle cuſt humé
quelques ilímes de feuzôc meſme les _iuges des
Hebreux ,necontraignoyent anutremér lle-mou?
rit ceux, qui eſtqyenîç -eondemnæzz à _eſtte bruſñ*
a Rubi Liſt lez,ſ1no~n en aualanrfif quelques flämes de feu.,
ſur le n. c.
Pflxodc M un 'eſt xreſieertain, que, le. feu corrôp 8c me
deſaict toutes choſes z leſquelles il a vne fois
Iäiſiernüſll fait la Colocynte 8c les» Aconitsz
toutêsfois_g’ils ſont meflcrôcconfondus aueó
d'autres vcnins .court 'resdautn s'en faut qu'ils;
tuent. uc pluſtôſt
empoilîannéæiq ils ſauucnt-Cÿlklyg
la motttvailä Poutqùoyquiona pre*
.eſté

ſeçue ccluygnixa beu la poiſon, par \vne contre


poiſoflp laquelle_ il a ſaillu auoir eſté. premiere”
ment compoſée de choſes contraires , ou deuät
qifcſtre' fermentéë en la bouëtc :ou apres auoir
eſté teceuë en lëeſtomach pour. faire _vn tiers_
cópoſé s qui artcſw C76 tumultuuitetdiſcord dis_
les veines 8c arteres du tnaladræscztoutainſi que;
«la ſubſtance des-poiſons ſi: mellange de faict &s
en acte,
S i; e T x o n. X. i 6z
en acte,de meſme auſſi les elemtës ſe meflêr de
faict &en actezcar que penſerois-m eſtre autre
choſe cefie chaleur naturelle, qui eſt_ inſire en
toutes ſortes d’animaux,qu’vn feu tëperé auec
_dëeauunais tu me diras, n'on ne lezvoid as au
~ corps 5 ie te reſponsgqiſon
(l ne le void non
P plus .ſi
qtfien_ la chaux vijue, _laquelle toutesibis eſtant
mediocrement arrouſée d’eau brufle ardam-q_
meritzcomme _le ſeu ne ouuoit eſtre ailleurs,
qu'en la flamme ou aux charbons ardentszïadè. a
iouſtcray enÇQîſſ Çecy,que la chaleur natuîclle a_ ~ .\
… ſaute d'huile ou d'autre ſemblable liqueur pour:
ſon aliment , ne plus ne moins que le _ſeu ,‘ quii
Mirai-nt , s'il n'a quelque entretient z_ auſlilſiſie_
peut eſlzaindre ceſte chaleur par trop. grand
abondance d’aliments,ne plus ne moins que; le _ '
feu , ſi ſ on verſe deſſus tropſi grand'
cfkiuílô- ſi quatttité,
_,
i
T' H. La chaleur naturelle donne elledqnc
vieêkM Y. Elle ne la baille pas d'elle meſme.,__au—_
\rement il Faudrait quele Soulphre, la Naphte,,
le PYIÏEFÇSFF-llyzhêíbcala
- Thlaſpi_ Flammule-lc
, 1a MQuitatdeſſ ,_ le Zingctmbre.lîcziùrcdc
euſſent
Yiqvoire irizeſme apres audit eſte ſeparez deleur ñ_
tige ç au contraire la Cîguë , la Mandragore, le.
PauotJe _Solatron 8; toutes les autresplantes,, ,
qui .ſont .tres- .froides de leur ccmpcraixſïeut 6c-
puilſancemïauroyent point de viqvoire æeſine.
qu'elles fuſſent bié cultiueſſeſis ſut-leur plitezmaisſh
diſons. que :du: ainſi que la vie des Plantes _tire .
ſon origine de l'ame viuifianrc , de meſme_ auſiiſ
faut-il dite de la vie des animaux , qui leur. eſt,
inline dés le premier origine dela naiſſance ciffvxz
L
164 PREMIER Livnſſia
chacun par l'aide 8c ſecoursdes influences des
cieux. ~ z V
T H. Si les quatre elements , qui ſont tant'
contraires les vus aux autres , ſe meſlent de
toute leur ſubſtance pour receuoir leurs formes
enſemble, comment pourront nous interpreter
ceïcy,qui eſt tant Frequët aux eſcholles de Phy—
ſique , ,gg/je les cho/Expſuiſônt entre elle: maj/ine: com
trairë-.gnepcunent tout enfimble ej" à la fôÀr eſt” en 7m
mſſncfirbirëî? M Y.- Auſi eſt-il veritable , files
' ,choſes contraires les vnes aux autres gardent
leur meſme nature, laquelle petit par ceſte con—
Fuſion &mixtion , à fin que le corps Faccroilſe
Bcsaccompliſſe de tous enſemble moderément
confus 8c meilangez.
~' T zi. Ie voudrois ſçauoir, ſi ceſte contempe
ration ſe Fait egallement de la confuſion de tous
les quatre elements? MY. Elle ſe ſait eſgalle
ment ,ſoit qu'ili1’y aiſt que deux elements , ou
ſoit qu'il yque
beſoing, en aiſt troischoſes
toutes ou quatre, carilrÿeſt
ſoyent as
compoſxéles
’ M ,_ 1;_ de, de ccs quatre natures z \niais ceſte egalité eſt:
Temperamërs gcomletriquedaquclle Gallien appelle *- 'FPDF JL
xeuacrtwlz”, ou àla iuſtice ,( 8c non pas Parithme
b La geo… tiquedaquelle il appelle Zuyoïrzou au poids) qui
"i-XM eſt tune ſe trouue, ainſi qu'il luy ſemble , qu'au cuit
interieur de la.pauline de la main des mieux
bçesvzñſi-[iz-iſ- conteinpcrez. \inſi Solon Fuſt creé legiflareur
gqzœïn ;In-l par ſes citoyens; condition qu'il garderoit vne
lesâcsuxcyd- grand egalité en promulgcant ſes loix, les prin——
J ÃÜQÎL,, d, cſſipaux des citoyens entendoyent Pegalité geo
'äçamſolflti-'ñ metriqueſla populaſle Farithmetique "Les vers
'Mctſictph' de Boëce ‘ Seuerimquand il adreſſé ſa parolle à
qilï
~

SEcTxoN X. 165
Padmitable prouidence de Dieu , ſemblent ap
partenir à ceſte proportion des elements aux
a* choſes meflées, diſant:
'Îîægrxídciparmrſlzræ O'- par nombre les pa:
Der Elemenanqui 'vom Ô- !ornent;Mr compas
L'un à Ëautre ennemis comme; à ruyne,
Mami tzzfàigque lefroid la chaleurrfióxzcrmínc,
Ni leſt-ç enduro)- lïzmphitrite moi/cm :
p TM tim.: le 'vol regie' du 'viſte- coureur,
.Et Iexgand: affêrmí: de la terreſtre Forte,
./1fl” que l’vn en hautfómtre e” b.” m- .TX-mparze.
T H. Mais il faudrait de ceſte ſorte que d’vne
ou de deux eſpeces teſultaſt vne tierce , 8C que
en la fin finale il y euſt vne infinité cl’eſpcces en
la nature. M Y..De deux ou pluſieurs Formes ne
ſe fait pas vne troiſieſme; mais de l'extinction
&ruyne de deux ou pluſieurs formes des ele
ments, ui eſt comme le terme du deſpargſe fait
par la âgelſe admirable de ce grand Ouurier
quelque certain troiſieſine , qui eſt comme le
terme 8c but Où pretendoit nature,y adiouſtant
vne vertu 8c Faculté ,beaucoup plus Diuine,
qu’elle ne reçoit des elements : quant aux For
mes,elle les a determinées en certain nombre.
Toutesfois rien Ïempeſche que les hommes ne
puiſſent artificiellement meſler les ſimples eſ
peces en nombre preſque inſiny d’cſpeces com—
lies
oſées
pierres
,comme
&autres
les metaux
mineraux
auecpefle-meſiefvn
les metaux , 8C

auec l’aucre , dauantage cſenter les plantes ſur


les plantes, 8C dîaccoupler les animaux auec les
animaux , ſans toutesfois qu'on puiſſe aceom—
moder tout en toutes choſesxoname qui fſieroit
L z.
166 PRI-:Mtrn LtVnx-z_
le Nlithridat, medicament compoſe' de ſoixante
ſortes_ de ſimples , ou peu s'en Faut :84 certes il
auient ſouuent , que lzi Pureté 8c Puiſſance des
eſpeces ſimples 8c naturelles ſe corromp 8c ga
ſte par vne celle confuſion des plantes , ani
mauxunetartxuflc pierres pretieuſeſis ; ce que na

ture ne deteſte pas ſeulement z mai; nuflila loy


i “F P” d" Diuine ².
ëeuxcëquç.
(De l'ordre de; cbaſhuqud .r'e”gcndre”t.
SEcTXON XI,
'I' H. Ale] ordre ont les choſegqtri Sëengen
çlrent? M Y. Il y en a, qui ſont engendrées 8c
nffengendrent point , comme le Mulet_ 6c le Bard
dot, «Sc pluſieurs' plantes , auſquelles on a faict
changer de naturel en les confondant les vnes
aux autres , 8c celles-cy Ïentretrennent auec
grand dxfficultéfic meſme leurs eſpeces ne ſont_
de longue durée, on peut mettre en ce rang les
plerres, metàux,&_ minetaux, auquels nature a.
donne' longue duréezil y en &qui engendrent 6;
ne ſont point engendtéesfflomme Peau 8c la ter
re, deſquelles Fvne produit les mincraux z pier
res , metaux, plantes 8c animaux , 8c Fautre les'
Poiſſons 8c oiſeaux, outre pluſieurs petits 8c
grans reptilæleſqtzelstoutcs, deux engendrent.”
8c_ toutesfois ni_ l’vne ni l'autre \ſont pas eſté_
engendrées, maísbien creés :il y en a. la. plus
_grandſgartigtlui cngendrêt 8c ſont_ engendrées4
telles ont lesplantes 6c anirnaundefquels cha
cun eſt venu de ſon ſemblablezil y en a Jaunes,
qui Îſcnïgendtcnt z m' nc ſont engendrées , mais
qui
~ſſ

SEÔTÎÔN XI. 1.6i


quileincitent toutes
aeſté les autres à engendrer 8e tel
eſt ciel , qui cieé &ſi non pas _engendréä
il n'y a qu’vn principe de _toutes choſes ,— qui 'n'a
eſté creé ni engendre' , 8C duquel toutes choſes
trouueut leur naiſſance ſims toutesfois-particid
'perà ſa nature. _ A
z p T H. Combien de ſortes a la enerariónë
I. .q M Y'._ Deux,vne circulaire 8c l’aurre Ëroitté. _
l K T H. Qgſappelles ru generation droittet? M.
(ligand quelque choſe .engendre, &neſt point
teen 'endrée de ce, qu'elle_ auoit engendré; 8c
celà Feſaiten deux ſortes ,— Pvtie quandles clio-T
_Ies imparfectes _tendent aux plus parfeftesitlſï .
ques _à cezque nature ſoit paruenuë à la no-Î
ble forme , comme' quand la ſubſtance de lÎalizd
ment' ſe change en chileJe Chile en ſangJe ſang
'en ſemenceda ſemence en petit embryon vege
table, le petit embryon \Vegetable en animal ,
ſenſiblelanimal ſenſible en raiſonnable, qui eik
le dernier reſort de' nature; lautre ſorte eſt;
quand vne choſe .dechoit dſe ſa parfection _en 'vu
"ire eſtagcomïne
ſieur quand les
corps. reſte encor** befizes
entier ſont_ſamortes
auec ,figure
quelque eſpace de temps ,de là la figure _auſſi ſe'
percLpuis les parties ſe' changeur ou en Vermiſ
ſeaux ,- out or
elements _elles
.celàsfientournent
eſt commun äàleurs premiers
!fi-ousſiles corpÿ
côpóſenque leur .corruption apporte touſiours
auec
uientſoy
auxvne »ſacheuſc
choſes, qui odeurz
citoyen:8cau-parauant
meſine celàd’lv
add
.ne odeur 8g' ſarteur tréſî laiſante, car ainſi 1'.), A
#ſcript Theophraſte *en air-DEI 5544B” , diſant,- i 1…_Ae W;
air @zz-ân- Wäœarydefizñä direzqtíc tou: ;Hani-lè du":
_ \z *

\la
168 .PREMXER LlVRE
corrompueſt de mauuaiſc: odeur.
T n. Quelle choſe eſt la generation circu
laire? M Y. Telle qu’on la void,qu~and l'eau en
gendre la vapeur, la vapeur l'air , l'air le ſeuzôc
derechcſle ſcuFair, l’air la vapeur ,y la vapeur_
l’eau. _ p
T H. N’eſt—cc pas pluſtoſt vn changement
des elements? M r. Il ne ſe peut ſaire.
' T H. Potwquoy nou? M Y. Parce que le châ
gement ſe ſait cependant que le ſubiect demeu—
re ſerme en ſon entier, comme quand 'd’en—
fſiant on deuicnt homme: mais en la generation
8c corruption vne forme ſe pett , l'autre ſe re
couuresla vieille ſe corromp,la nouuelle S’en—
gendre: autrement l'eau 8c le ſeu neſeroyent
qu’vn meſme corps naturel.
TH_E. Nous voyons toutes autres choſes
(comme les impreſſions de l'air, les pierres, les
metaux, 8c tout ce ,qui ſe caue dans les cauer
nes de la terre,) Fengendrer parla conrempera
tion des elements 8c de la chaleur celeſteunais
ie ne puis entendre cóme la naiſſance des plan—
tes 8c des animaux ſe peut ſaire d’vne ſi petite
quantite' de ſemence, qui eſt informe: ſçauoir,
s’ils tirent leur eſtre par la ſemence de toutes
les parties de leurs peres,ou \l'vne ſeule,ou s’ils
ſont engendtez par Pefficace 8: vertu des Ge
nies 8( eſprirs,on ſi.c’eſt ar la puillſiance effeñ
ctiue des aſtres? MY. Il emble hors de raiſon
n Arîfl-Iv 1-15- de dire,comme pluſieurs ont eſtime' ²,que la ſe
dc la Genera
tion des am mence des plantes 8c animaux procede de cha
maux c- 17- 6c cune de leurs parties ,— puis que la ſemence eſt
homogenée ou ſimilaire , 8c les animaux ſont
here
SECTXON XI,- 169
heterogenées ou compoſez de parties diſſém
blables : Œauantage , il faudroirque les choſes
engendrées euſſent double ſexègZC que les mu
tilez n’e endraſſent pointleurs eſpeces parſe—
ctes :il croit auſſi mal-conuenablc de dire,que
la ſemence ſorti des ongles, des os 6c des che
ueux,qui ne ſe pounroyent reſoudrepourleur
ſolidité en ſemence ſ1 liquide , 8c puis auſſi il
faudtoigque la chair, les os,les nerfs,l'es veines
ſi: changeaſſent en -ſang,car du ſimgvient la ſe
mencezicy Ariſtote ſe trompe grandement "‘,le- a Au 19.8: zo.
quel Gallien a ſiiiny diſant b, que la ſemence de ſé fffelffl- P***
la Femelle ne ſert de rien à la procreation des bgiiuſiiiui-e D.
animaux,car à quoy ſeruiroyent les genitoires fffflüfflmfflï'
.aux femmes, 8c tant de voluptez 8c paſſeñtemps ~~
' qu'elles ont au conflict veneriemôt de rendre ï c Ariſtote au
meſme ſans compagnie des hommes leur ſe-ó **L "‘..d"“
Generatxo de:
v .mence(ainſi qu’elles conſcſſentfli nature la leur animaux du ,
auoit donnée ſterile ou inutile P Or il n'y 9"* l” “W
a rien
_ plus irraiſonnahle
_ _ que deſtimer
. Dieu
, pëcſansſſllrîó.
me: ſec' m

_ôc nature auoirfait quelque choſe en vain: cat Pëëfflëdñ" hë'


_ mes e ç
ſi ſon ſang menſtrual
ratiomque ſeroit-ilſideeſtoit ſuffiſant
beſoing à laeuſſent
qu’elles gene- 5"”
Caille; ,IL

des teſticules ou des vaſes ſpermatiques pour


leur parſection ?On a toutesſois cognu par ex.
perience que les femmeæquirfont point de\gc
nitoites,ne ouuoyent conceuo1r,voire me me
qu’elles euſſent leurs menſtrues ainſi que les
autres femmes ſecondes. Il ſaut donc, que ce
treſgrand 8c treſſage Ouurier de nature aiſt mis
dés le premier commencement de la naiſſance
de toutes choſes une admirable vertu en la ſe
mence de chacun animal 8c de chacune Plantes
L 4
1'70 PÏLEMÎER LIVRE
à fin que de 121,8( 'par le moyen des cauſes tele*
ſtes ils 'tiraſſent 8c entretinſent leur race de ſai
ſon en ſaiſon.
T H. Certes il me ſemble-que tu as ſuffiſam
ment diſputé &auec beaucoup de belles 8c cui
dentes
_res raiſons,du Principe dedëſiiceluzude
les "cauſegquideſpendët naturqôc de tou
la naiſ
ſanceäc fin du monde, de la nature particuliere
du lieu,du teinps,ïiu’ mouuement , laquelle ap
partient à la nature vniuerſelleàmais deuät que
venir aux elements 8c aux corps elementaires,
8C de là à chacune des eſpeces des choſes ,qui
ſont contenues en ce 'monde-,donne moyfiîl Te
plaiſt,vn tableau de 'tout ce monde vniuerſel, à
ſin que la diſtribution de toutes chaſe-s »nous
eſtant miſe deuant les yeux pour y arregarder
comme dans vn Theatremous entendions plus
commodement l'eſſence 8c faculté de chacune
choſe. M Y. Auſſi mæfforceray-ie de le ſaine,
mais d’a‘utan~t que Platon n'a rien trouue' de plus
difficilqque detpouuoir bien diuiſermous n'au
rons pas tant aute de Pauroriné des autres à
bien artinäcdefinir que' de noſtre propre rai
ſon, ſoubs la conduite de laquelle ie veux mai
‘ chcncomme il in’a touſiours ſemblé bon de fai
re en toutes les diſputes de la nature.
'- Fit: d” premier lin”.

BONNET
I3 74
iSONNſſEVTſſ S VR' LA
m cdd-ccd.

MATIERE DV. .SECOND,


liure din
rraduict dctThearre
Iurrſiſconſulte pardeM.
Teatfflv
F,
de Fougerollc-s-D... l
Medeein. _ …
*k*
P.

\pd-ez rejíreporzípdrM 110157:[Zi-nca


Ver: l'uſine'palaisfflù_ſciemment les Dieux,
3113i Ïcamïærirä' le fè” é' la :armé-le: cieux r
Font mauuair O' changerpar lqnrſdſizinèſik ordonnance
~1l nou: fantjcy bm contempler Pitxcanſtance .
fDe: quatreſimple: corp: P11” a FMS” :naima:
93j nedſerment
Mm quecefferdu
Pen/Bitdebat :uns-yeux
Iuſtſijuc tambëpdr dec-idem”
Mai.: Dieu,qui zientld mai” à ?accordant dífl-'ïlfd
Leur reprime le flein c” Zermatt-m: dfdccard .
Cependant que le: :auxpar le: :aux _ſont .chaſſis
E! que du ciel Obflifl' lefaudraynt ejêlóuſir
Enduit deſànfe” lutte-nbre: de L'air
Et que lesperlesjônz Hifi” Or encbaflíci.

L5,
.ſi ~ï~d
I,~
.____—.——————_._——d——d _.........-i——d—-—-

LES_ PRINCLPAVX
POINTS 'DES CHOSES, V)
ſont traictécs au ſecond liurc du
Theatre dc naturç.
Auquel le Thcoricien diſpute auec Myſtaë
gogue dcs elcmcntsmcteoregpicrrcs , metaux
&autres mineraux.

De: diuerflsſhrtes de: corps naturaſhfiction. I;


De [4 diverſion des Accidentx. II.
IDHpremier: rudiments* de la natureylófiuels nous ap
pellom elements. III.
Dufimde laflæmmadu charbon ó- de lafizmeéJIII.
De Vaio-gin rtombremrdre Ô* nature des ven”, de: ex
halatians , des Demon: (ÿ Genimdu tremblement
de la :made: !empefles en l'air. V.
De l'eau é" de la terre , de: Iſle; , Flame: ,fſiontaines,
h mer tam Oceame ſſque Medirerraníe. VI. ~
De: flfléeſibmiflsrflſëe,flfgcägïíſlt, eſclairxgfiudredo
Tierra-vapeur: d* pluyes. V! I.
De Parc celëſtezde faire, du Parelio: , du Pardfileîzo:
é' des Cameras. VII I.
De la Ierre,de.r pierresprecieufi: Ô* commune; , ó- de:
metaux é* de tous le: autre: miner-eux. I X,
De l'Arbre d'argent appelle' Arjgyrodendran , (ÿ- de
l'arbre de pierre appelle' Corail. X.

LE SE
LE -ï
SIîCC)N[) l…lVI{E
,Dv THEATRE DE
LA NATVRB.

?Bi
@duquel il eſt t'a-dicte' de: Element; ej* idescorſ:
cſcmentairehqui rfompointde Wie. Etpremicrement
de la dimſîon des corp: tutto-ela_
SECTION I.

x LE THEORICXEIL_

_ E v queſentendemenr de Fhô
.V v' ' - " ' _ me ne eut
;Î- -ñ prendrle aucunement
le Premier com»
Principe de
_fflz-;iniffló Nature , commetu as docte
' ". ment declare au liure preceder.
~ ‘ ’ ‘ &que voire meſme qu'il le cô
Print , que portant il \ſappartiendroit à ceſte
doctrine , qui eſtenrieremenr fondée en la cô
templation du corps naturel, dlkſlüel nous a
uons ſuffiſamment traitté les cau e538: mon
ſtré par quel moyen il naiſt 6c prend accroiſſe
ment: explique moy maintenant , s'il te Plaiſh
ſoubs quels Genres 8c eſpeces ſont compris tic
les corps naturels que leurs accidents. L
- E
174 SECOND _LIVRE
L-E LIYSTAGOGŸE.
Lëſiæ STRE N AT VRE L eſtle premier ob
iect deiïntellectzcar ce, qui eſt hors les limites
de nature , ell: iugé appartenir à la Metaphyſij
que o.u premiere Philoſophie, d’a\ut'ant quïleſt
infiny,8c ne peut eſtre compris deſſſcutendemët
de l'homme. —_ _ - q _
T H.Tu as dictau liilte precedennque le der-ë
nier Principe de nature 'rie pouuoit eſtre en
clos dans les limites de la ſignification del’E—
S T R E., ce que Yaccorde t mais veu que ce mot'
' "°'P*‘Y'ï²" d’E S 'I' n E eſt ² Èquiuoque , il ne pourra aucud
C-ÛCÙÛGIG. _ _ > . _
ment eſtre genre , ou autrement 1l faudrait que
b iii-moreau l'a difference b ne Fuſt pas l'E S T R Lpourceque
ïfiläggfflë la difference ne ſe dit pas du gcurexomme qui
voudroitdireJa raiſon eſtre animal: 8c toutes
fois la raiſon,combien que d'elle-meſure elle'
n’aiſt point' dhypoſtaſe , eſt autät bien _l’EsTRE,—
que l'animal meſme. M Yi ,I-'abondance preſ
que infinie de tant de choſes z 8C la Faute 8c
grand nece- té que nous auons de parolles
“propres à les exprimer , nous a contrainct iuſ
.qtlcï-là de' mettre l'E S 'r R E au lieu du genre
3315m _ commun
rie-iraniensdepas
toutes choſesd_lſoëEtictnion
icy ſuyure toutes-Fois nous
de PEſcot ‘z
Amina… z, qui a eflablyliï S T R E pour c genre des choſes
,queſtion 3- -creécsnflr qui nſſoilt-PQS eſtécreéesgpource qu'il
d E,, ſo,, m_ s'efforce Üdœfficlorre Finſiny auec le finy, &É de
menides. confondre les choſes eteruelles auec les cor
ŸÎËÏJÏÏ ſi" 'Îruptib-les- -d .Platon abeaucoup iuieux ſaid-que
s, Denis, _DACÊUX »qui ont ncdiiict Dieu' ſoubs l'ordre des
ÎÇÈ” ""'"~'~ cauſes naturelles.. quand enfile faiſant lîvn des
Princi
Section l. l 17;
Principes de nature il l'a affranchir de la cem
nexioii que les cauſes ont les vnes ati-ec les
nutremÇar Dieu ne peu; eſtrele' premier obícct
de Fentendemenr de ?homme , pource que le
premier obiect sïtſgaliſe à la puiflàxiceJaquelle
eſt en Fhóme en toutes ſortes finie 8c limitée,
_mais Dieu eſt ,infiny,
TH. Comment veut-tu donc que fr s T n E
ſoit le genre de toutes choſes-Z MY.Parce que
tout ce , que Fentendement de ?homme peut
comprendre, enſerre auec ſoy eſſentiellement:
tout l'eſt” de l'E s_T R E , 'ou eſt contenu en ce..
qui le comprend. Car tous les genres , eſpeces,
accidents , indiuidus 8C dernieres differences
ſont rcceuës eſſentiellement (ou comme diſent
nosPhiloſophes quiditariuemçnnles Grecs ap
pellent cela T3 Tx' img) ſoubs la Propre ſignificæ
_tion de PE s 'I' n E : De ſorte que l_es choſes, aux
quelles P: S T a E eſt equiuoque , ſont encloſes
aux autres', auſquellesil eſt vniuoque. Or l'E
s T Riz traturel eſt cour ce, qui eſt enclos dans la_
capacité de cegrand 8c ſ atieux Monde..
T H. Combien de ortes y a-il d’E ST* R E
naturels?
cident. MY, Dçuxſa ſçauoirle
ct ~ corps
~ 8c l'ac
T H. Combien de ſortes y añil de corps naruñ
tels Y M Y, Deuxzà_ ſçartoir le corps commencé,
le corps arſectgle parfect_ eſt celuy , qui a def”,
obtenu läparfçcte formerlc cômëce' nſr matie
re,qui rend à vne forme plus pgrfectqcomme la —
ſemence, qui ſutgeorne. ou comme les prev.
miers rudiments des ſortes
I' HzCombienide minerauzt.
y Evil_ CIQCOIPÈPC”
x76 SECOND LXVRE
fectsèM Y. Deuxzà ſigauoir, Felement 8c le corps
elementaire.
T H. Combien de ſortes y a—il delements?
M Y. Deux; à ſçauoir l'vne des legers &l'autre
des peſantszcelle des peſans comprend la terre
8c Peauscelle des legers le ſeu 6c l'air.
T H. Combien de ſortes y a—il de corps ele
mentaires? M Y. Deux; l‘vne des conſtans , 8c
Fautre des inſtablesdïnſtable a deux rudiments
de ſes eſpeces , ~a ſçauoir la vapeur &c Pexhala
tion , deſquelles ſe ſont 8c mixtionent les im
reſiïons de Pair , comme la roſe'e,leS nuées,les
Erouillarsda bruinedesiſieuëtombant
neiges,la grefle , les eſ
clairs,les tonnerres,le , l’arc cele
ſte, Paire lumineuſe ,les flambeaux , 8c le reſte
des phâtoſines qu’oii void par deſſus nous ;leſ
quels, (ſautant qu'ils ne ſont de longue durée,
peuuent eſtre appellez corps inſtables de natu
re, à fin qu’il y aiſt difference deux 8c de ceux,
qui ſont conſtans 8c fermes en nature. Or de
ceux-cy ſont deux ſortes_, à ſçauoir, celuy , qui
eſt animé,& celuy,qui eſt ſans ame.
T H. Combien de ſortes y a—il de corps ſans
ame? M Y. Deux;l'vne de ceux,auſquels nature
n'a point donné d’ame 3 6c ceux-cy ont encor'
deux genres ſoubs eux 3 l’vn terreſtre, auquel ſe
rapportét les ierres 8c metauxxäc autre aqua—
tique,auquel ont contenuzſambre &les per
leszl autre ſorte des corps ſans ame cſttde ceux,
qui ont eu vie,mais auquels Fame n'eſt plus-tels
comme onlpourroit dire les plantcs,qui ont eſte'
couppées ur leurs tiges -, ou les corps des ani
ïux priuez de vie. ,
'I' H.
SECTION I.--" x77
T ir. Combien de ſortes y a-il de corps ani
mez? Mdr.. Deux; à ſçauoitzla belle ou animal,
&la planternous ne ferons pas icy vne troiſieſñ
me ſorte de ce , qui eſt moitie' :plante.&îmoitié_
animal, qu'on appelle Zoómflav; parue' \quíil ſe
rapporte au genre deel’eſpece,par- aqçxelle il ex
cede l'autre en dignité ou- vſagíez “comme fait;
lëAndrogyne oui Hetmaphtodigczau' &age , qui
luy eſt le plus conuenable : toutesfois combien
que ie ne les veuille appeller ſimples , ie ne lair- -.
ray neantmoins de les nombrer entre les ſim-ñ'
ples pour plus Fraude commodité de la diuifió,
qui e' doit tou tours faire par deux branchesfic
laquelle on appelle Jlncoſſlopſat. z à fin que ce, qui
participe
facilementdeauoir
lanature
eſté de deux , ſentende
meflé. ct , plus
T H r. Combien de ſort-es y a-il de plantes?
M Y. Deux par deſſus les axitreszà ſfauoinarbre
8c herbezôc l'vne 8c l'autre eſt ſerti e ou fietile;
8c encor' ceſte-eybôc ceſte-là ont ſoubs elles
beaucoup (Yeſpeccs 6c de dífferenceszquant aux
arbriſſeauxjls ſe rapportent aux arbtes,comme -
à leur genreuflc les grandes herbes,qui ſont ap
pellées des Grecs Qçózavë, ſe rapportent au gen
res des plus petites , ear il n’y a point de diffeñ
rencede
ceſſe entre-elles ,que par la grandeur
leurs tigeszauttſiement oulpeti
ſi nous vou ions
eſtablir plus de deux ſortes de plítes,il faudtoit
qu’il y cuſt grand confuſion en ceſte diuiſion,
puis qu'il y a des herbes, qui eſgaliſent de leur
hauteur 8c ddleur Forme bië ſouuêt la ſembläce
des ieunes arbres. Ce qu’on void à la ſauge ,au
riçinus ou . paume-dieu , à Palthéc ou maxime
v blanche,
\.
178 SECOND Ltvne
blancheÀe Pluſieurs autres ſemblables.
T H. Combi-en de ſortes y añil d'Animaux?
M Y. Deux; l'vne de ceux, qui ont intelligence;
?autre de ceux, qui ſont brutes 8c irraiſónables.
'l' u. Comlnien de ſortes y a-il d’animaux,qui
onelïnulligenco? M Y. Dcuxz l'vne de ceux,qui_
ſont patdeſſonbz le ciel de la. Lune , Pautre de
ceux, qui ſente-par deſſus , leſquels on appelle
celeſies. .m-. - - '
T ELCombien à ſortes y a-il d'animaux_ Ceñ
leſtes? Mr. Deux; l'vne des viſibles, comme
h_ 1 ſontlesPlanetes &les eſtoilles fixesslïtutre des
ËOÏŸŸLŸQÏÎ_ inuifiblcgtels que ſont les ï Anges 8c les intel-j
e: &Baſile on! ligences celefies.
T H. Combien de ſortesy añil d'animaux in
Aben-eſra, 8c tclligibles ſoubs le ciel de la Lune? M Y. Deux;
Ÿ3:“Ÿ;‘_ſh{‘,u',',' Pme des viſibles , comme l'homme s 8c lautre
cMf-;îi-»u-T, des ittuiſiblesfflomme ſont les Genies ou les eſñ
ÎLÈÎOÎ' prits,qui ſi: tiennent dis les corps des defuncts;
p… a intel-ol] comme ſont les Anges de bonne ou man_
l‘®“"" uaiſe nature. " ~'
T \LCI-ambien de ſortes y a-ñil_ de beſtes Bru
tes .P M Y. Deux 5 l'vne des çetteſtresJautrç des
aquatiqueszmaijs de ceux-ey s'en-trouvent auffiñ
deux autres ſortes, à ſçauoir, lëvne de ceux,, qui
volent, 8c Paurre de ceux ,_ qui nageur, pource
,que (ainſi qu’on lit au liure dela Naiſſance du
monde ) les oiſeaux ſortirent 8c naſquircnt des
eaux. ‘
Combien de ſortes y a-il d'Oiſe-aux ou
de beſtes,qui volent 2 MY, Deux 5 à ſçauoir, de
ceux, qui ont plumes, 8c de ceux, qui ſont ſans
plumes_ : il y a encotes deux' ſortes de ceu_x,
qui
SECTION I. A 179

qui ſont ſans plumes , à ſçauoir, des inſectes,


comme la mouche 8L le pa illon,& de la chau
Ue-ſourisqui eſt ſeule en ſon eſ cce.
T H. Combien de ſortes y a-i dbiſeaux, ou
de beſtes à plaines ?Cinqà ſçauoir , de proye,
comme l'aigle; aquatiques , comme le canard;
poudreux, comme la poule; oiſeau de chant,
comme le roſſignol 5 gourmand, comme le coq
.d’Inde:8C encor’ de chacune ſorte il y en a plu
ſieurs
ſeronteſpeces, comme on verra au
expliquées. ſi lieu, où elles
T H. Combien de ſortes y a-il des animaux,
qui nagent P M Y. Deux 5 l’vne de ceux,qui ont
le cuit doux 8c poly; 8c Pautre de ceux, qui ont
le cuit rude 6c ſcabreilxsceuihqui ont le cuir
ou la peau polie , ſont encor.” de deux ſortesscar
les vns ont des 0S, comme Pan uile; 8c les au#
tres ſont ſans os,comme la ſeicïiezceuznqui ont ñ
le cuir rude 8c ſcabreux, ont pluſieurs eſpeces,
entre leſquelles ſont les eſcailleux , comme' la
carpe 5 les coquilleuigcomme la tortue marine;
les
neux crouſteleux, comme la
, comme Pheriſſon langouſtesles
marins eſpi
8c de ceuſix-cy
vne infinité dautres ſemblables eſpeces.
T H. Pourquoy as-tu oublie' ceſte ſorte de
poiſſon ,laquelle on foſſoye dans terre? MY.
1 ource que combien qu'on la ſoſſoye dans cer- m,
tains lieux,com1ne aupres de la mer a Politique, Ëh,'RÎÎQB‘YÎ-ÎÃZ
toutesſois on ne la doit pas plus reduire en arr ainſi eſcnyc.
8c ſcience ,qui eſt des choſes touſiours certai
nes,que les monſtres,qui naiſſent ſortuitemêt.
T mCombien de ſortes y a-il d'animaux ter
reſtres? MY s. Deux 3 l’vne de ceux, qui n’ont
NI ‘
380 SECOND LIVRE
point de ſang. laquelle
res des inſectegqui comprend
rampentſi ſiu' la tous les 'au—.
terreëôc en-z

tre de ceux,qui ont du ſang , laquelle ſe diuiſe


encof en deux ſortes; deſquelles la premiere
_comprend ceux; , qui ſont leurs_ petits en vie, 8c
la ſeconde ceux, qui ne les ſont envie ſans preñ_
rnierenient eſclorre les œufs ,_ ſonbs ce dernier
eure ſont compris tous les ſerpents , hors-mis
ſavipere 8c la plus grand partie des inſectes 8c
xeptils , qui pondent les œuſs ainſi que les oi
ſeaux 8c bonne partie des poiſons.
T H. Combien
z rſſeſtres,qui ſalſent_deleurs
ſortesy a—ilend’animaux
petits vie .à M Y ter
S T.
Deux g l’vne de ceux,qui ruminent 8c l’autre de
_ceux,qui ne rnminent pas:entre ceux,qui rumi
nent il en a,quin‘ont~point de_ cornes,comme
toute orte de chameaux 8c de lieures ; où_ ils
ont des cornes , 8c ceux-cy ſont veſtuz de poil,
comme les boeufs 8c les cheures, ou de laine,
comme les brebis &moutons c, entre les bœuſs
ſe_ treuuent_ des domeſtiques 8c des_ ſauuagcs;
entre les domeſtiques les trainaireaux &les
bçeufflesæntre les ſauuages_ les Vronsôc Biſous,
TH'. Combien de ſortes y a—il de cheuresÿ
Y. Deuxgrvne des domeſtiques, 8c l’au tre des
ſauuages ; les ſauuages ſont côine les cheureux,
'les biches,_les dains,~& les cerfs.
'I' i-i, Combien de ſortes y a-il_ d’animaux,qui_
ruminent 2 M, Deux; l’vne de ceux , qui ont_
l'ongle, fendue, entre les domeſtiques le porc,
entre les ſiuuages le chenal-farouche: [autre
de _ceux ,qui non point_ l'ongle fendue; &j de
Eeuxó-cy y'a encor' deu-x. genres ;le Premier de.
ceux, ———.
ſ SECTION I. i8!
c_eux,qui ont le ied ſolide ,le ſecond de ceux,
qui ont le pied' iſtingué endoigts; ent-re ceux,
qui ont le pied ſolide ', les vns ont les dents,qui
ſortêt hors la gueule, cóme l’Elephant 8c FHip
Popotamùôc les autres les ont plates , comme
le cheual,l’aſne,& le mulet monſtre,qui pam..
cipe des deux natures : entre ceux , qui ont le
pied diſtingué en doigts , ſont les eſpeces ſui
uantes, comme le lion,le tigre, la panthere,ñle
loup, l’once,l’ours, le chien, le renard, les eſpc-T
ces. des inuſtelcs,les chats 8c les rats. .
TH. Tous les corps naturels ſont-ils com
. pris ,aux genres precedents P M.Pourquoy iicii?
Toutesſois ce,qui participe de l’art 8c de -la na
ture d’autant qu’il eſt ſemblable aux monſtres.
des animauxMSc le
plantes,comme à ladrap,le
Falſiſication
papienladuſoyeſſnâz-tout
naturel. dee
ce . qui ſe fait de confuſion ſides pierres &ine
taux,ne peut eſtrerapporté à aucun genre-qu?
celuy des ſimples, dont il ëa eſté mis en ouura—,—
ge,en _tant qu’il eſt corps naturelgrnais en cant,
u’il eſt artificieLon le reiecte hors la diſcipline
de nature. - ï '
De laſſdiuÿïon de: accident.

S E c T I 0 N I I.
T H. Mais puis que les accidens ne peuuciit
ſubſiſter ſans les corps, ni les corps ſans les ac~
cidens, pourquoy les ſeparesñtu les vns des au
tres? M. Nous les auons enclos tous enſemble
ſoubs la meſme eſtêdue de ?Eſtrcsmais veu que
la ſubſtance corporelle eſt differente en toute
façon des accidêts,qui ſontincorporels-,le plus.
M 2.
182 SECOND LIVRE
conuenable _eſt de Eraicter d’vn chacun ä part;
toutesfois , ainſi que nous tëauons aduercy' au
commencement de ce diſcoursmous ne diſpih
terons pas d’vn chacun par le menu.
T H. Commence donc,s’il re Plaiſhde com
prendre par ta diuiſion les premiers genres des
accidents, à fin qu'on puiſſe mieux* entendre
quel naturel eſt plonge' dans Peſtendue de la.
Premiere matiere,ou que c’eſt,qui luy conuient
ou ne luy conuient pas. M. Archicas Prince de.
Tarenre auoit iadis compris en dix genres tout
ce,qui eſt enclos dans la capacité de
encetelle
monde
8C eſtendue de ſa naturedouresfſiois ſor--ñ
re,qu’il he leur bailloit par deſſus aucun genre,
qui leur Fuſt cómun :mais puis qu’il n'y a qu’vn
monde 8c vne vniuerſité de toutes les cho
ſes ,leſquelles il enſerre dans ſa grand eſten~
due, tant (dis—ie) des corps que des accidents,
il eſt neceſſaire que de meſmcil y aiſt vn prediñ
camenr , qui ſoit commun à toutes choſes , à
ſçauoir, FEſtre , 8c de le diſtribuer en deux mê
bres le corps,dis—ie,& Faccidenc.
'I' H,QL_1_’eſt-ce
nacureLqui qu’acc1denc?M.C’eſt
ſiiruienc vn l'aide
à la iſſubſtanceuflc par Eſtrc

de laquelle il a exiſtence,
T H. Combien de ſortes y a-il d’AccidentsZ
M Y.Deux; l’vne, de la quantité , Fautre de la
ualice'.
a T H. Pourquoy ne les diſtribues-tu en plus
de ſortes que de deux? M Y. Parce que ſoubs ces
deux genres tout le ſecte eſt compris 5 car , qui
voudrait douter que le Lieu 8c Eſpace du reps
ne fuſt çonçenu dans le- genre de la quznriréz
quant
SEOTIONH. 183
quant älïction 8c à la paffion, à la ſituation 8c
habit , 8c meſme aux relatifs , on ne leurs pour*
roit trouuer vn genre plus conuenable , quela
qualité. ’ _
TH E 0 n. Pourquoy eſt-ce donc que les
Stoiciens ont voulu , qu’il y euſt quatre Pra:
tlicaments , 8L Plotin cinq , Architas dix :M Y. rl
Il ne Faut pas que nous regardíons-,de quel
le authorité chacun a eſcript ce, que bon luy
ſemblait ;mais pluſtoſt de quelles raiſons il
a vſeÏCar quant à ce que les Stoicicns eſtabliſ
ſent ce,qui eſt vngce-,qui eſt lautre; le repos, le
mouuemeut : comme les quatre premiers genñ
res de toutes choſeszon eut voir, que ceſte did
ſtribution n'eſt pas ſcuîement deſaillante en
vne de ſes parties , mais auſſi redondance en
l’autre;parce qu'il Faunque ce,qui eſt contraire,
ſoit touſiours ſoubs le meſme genre de ſon c6
traire z mais ce,qui eſt vn , 8c ce, qui eſt l'autre,
ſont contraires , ainſi eſt le .repos au mouued
ment, ils ne Peuuent donc pas eſtre les quatre
premiers genres de toutes choſes. ~
T H. Combien de ſortes y a-il de quantítez?
M Y.Deux:l’vne. des choſes continues, l'autre
des diſcretes. '
T H. YÆſt-ce que quantité continue 2M.
De laquelle les Parties ſont enſemble.
T r-i. Oueſt-ce que quantité diſcrete P M.De
laquelle les parties ſont diuiſées par nombres
les vnes des autres. _ A A
T H. Sur quelles choſes ſe fonde la quantité
côtinueëM. En la lôgitude, latitude 8c profon
dité corporellefflc en l'eſpace du tips 8C du _HEU
3
184 SEcoNo LſixvXE

., T H.Combien de ſortes ya-il-de corps diffeó


rents en quantitéêM. Deux; l'vue,des parfccts;
8c l'autre des imparfects. \
T PLÆſſCſt ce que corps parfſiectêM. Duquel

les ſuperficies ſont en tout 8c par tout eſgales.


T H. Combien y a-il de corps parfccts? MY.
.Six
corps, le, qui
Globe
a. enouſirla(ſiuperficie
boule :lequatre
Tetrnëdrc
tri-an:ou le
les;
le Hexaëdre,ou le corps , qui contient en .1 ſu
perficie ſix quartez.; l’Octaëdrc,0u le corps,qui
comprend en ſa ſuperficie huict hexagones ;le
Dodecaëdre , ou le corps , qui encloſi: en ſaſuñ
pcrficie douze pentagones 5 Flcoſſcdre, ou le
corps,qui a en K1 ſuperficie vingt trianglesstous
les autres ſont imparfects. w
T nzCombienct de ſortes y a—il de differences
des lieuxEM Y. Sixsen haur,en bas s deuanr,der—
nieresà droit,à gauche. -
T H.C6bien de ſortes y a-íl de differences du
_tëpszM Y_.Deux,le paſſe' 8c l’auenir,qui sót ioints
l’vn àl’autre par Yinſtanc ou mométindiuiſible.
T H. WMI-ce que qualitéî-M Y. Parlaquel
le chacune choſe eſt qualifiée ou dicte eſtre tel7
le quelle.
T H. Combien de ſortes y añil de qualités?
MY. Deux; Pvneinrellectuele 8c l'autre ſenſi
blezla ſenſible eſt encofidouble,interieure 8c
exterieure. '
T H -Aurour de quoy 's'occupe la qualité ſen— ~
ſibleôc exterieure? MY. Autour des paſſions &
actions des ſens :Ainſi les ſaueurs ſe connoiG
ſent par le gouſt ,les odeurs par Fodorar ,les
ſons par l’oye,lcs couleurs par la veuëz laquelle
iugc
ÏEcTioN Il. 18j
iuge auſſi de la lumiere,de la figure,du inouiieï
ment de lieu en lieu-,ôc du repos. Le dernier de
tous eſt le Tact,par lequel _ont iuge des premie-î
'res qualitez,du chaud,du froid; du ſec, de lîhu:
midegäc
la des autreszqui
"peſanteur, en reſultenc
de la legererefldc , comme
ce quiſſeſt de”
tabou-S
'reuigde ce qui eſt applany, de ce,qui eſt ſtable,
de ce quieſt mobile; V
T H. Combië de ſortes y a-il de qualitezſi ſen-S
ſibles intcrieures? M Y. Deux;l’vne,qui eſt pro;
'Pre à l'ame ſeulegſautre, qui eſt commune tarif
à l'ame qu'au corps : 8c ceſte-cy' conſiſte 'Cri
bonne ſantéforcgpromptitude, 8C :en la i entÿ
leſſe 8c excellence dela beauté &bien earicez
auquels ſont oppoſez lamaladiez lïmbecilitëda
tardiuetéJa laideur ou deformiré. .
_ Tqualires
les H. Soubs quels Genres
d_e l’ame2M ſont
Y; Soubs cornſirinſes
deuctxzdeſqiiel?
le premier eſt naturel , Pautrc eſt volóntaireälé
volontaire derechefcon ſiſte en deux,à ſçaíioir;
enſApetit 8è en la declinarionz
tre encofct ProduitlAffection ou8clſiHabitudenSi
l’vn 8c lſau
routes deux. derecheſs ou Louable ou Vitieu-ï
_ſeQuant à_ l'autre genrede la qualité naturelle'
defamez il eſt du tout ſepare' ,85 diſtſfaict de ïlïi
volonté ,ä ceſtuycy
tiſſo_n,l'attraction
aſſimilation (lſilCCiiX appartiennent
8c diſtributionîdcs
aux parties,par~lalavegeta
alliniſènts
refen

tion z coiicoËl-.Ëiſdes ſubſtances , 8: wjxſíulſion


des excremeniâ, _ V q __
l THI En quoyëconſiſte la, declinatidné MYREnc
la fuittc çluſſmalzqui _eſt vray,ou apparent; com.:
íñcóqui difóitzlà ddùlcurfluiafflifi 6C tormeïié
ñ ñ 4
x86 SEcOND LIVRE
te le corps 8c Fame: mais Fappetit conſiſte en la
iouyſſance du vray bien,ou de lhpparêt; laquel—
Ie apportcvne volupté delectableàlïzme : de là
vient que lamour ?engendre à l'endroit de
ceux-cyxk la haine à Fendroit de ceux—là.Quät
au reſte,qui appartient aux affections 8c habi
tudes de l'aime, qui ſont loiíables ou vitieuſes;
nous Fauons relegué de ceſte doctrine en vn
:Rodin :rfi-ia petit ² liuret, auquel nous Fauons ſommaire
B's' ment compris. ~
ſireque la ver
“‘ “ë “WWF Despremierx Rudimcnrx de Nattire , quiſinl appellez.
point au mi
lieu , &quelle Elements.
eſt la nature
*WWW* ſſSEcrioN III.
la vſraye ſœli* y
“‘°' T H E o n. Te plaiſt-il de moy Faire la deſcri
ption de ceſte belle machine du monde &de
outes ſes parties par le meſme ordre , dont
cognoiſtre
tu les m'as propoſées
, tant qu’il
, à nous
fin queſera
nous
polldſiildle
uiffions, ce

tres-ſage Architecte 8c conſeruareur de l’eſtat


du monde , 8C que par ceſte connoilſance nous
ſoyons rauis de plus .grand affection à Paimcr
ſur toutes choſes? MY S T. Il n’ -a rien queie
faſſe de meilleure volonte', non eulement à fin
que nous aimions 8C cheriffions ce grand Ou—
uriet de la nature, mais aufli à fin que nous ce
lebrions en toutes ſortes de loiian es ſapuiſ
ſancmbonté 8c ſageſſaCat nous ne ommes ve
nus pour autre choſe en ce monde, ſinon pour
eſtre ſelicitez par la connoiſſance &iouyſſan
ce dïceluy. Er certes ceux,qui à toute heure
_propoſent des queſtions dela nature, &ne ſe
ſouuicn
SEcTxoN III. x87
ſouuiennent du Pere 8c aucteur dïcelle , me
ſemblent eſtre trop impies 8c ingtars de ſes be
ï
_neſices , puis qu’on doit rapporter routes les
diſputes de la nature à ceſte fin principalement,
en laquelle toutes choſes de ce monde tenñ
dent,à
T H.ſçauoinà ſa gloire
Tu as dict 8c louange.
en premier lieu qtfiſſl ſailloit
commencer par les choſes les plus ſaciles,c’eſt à
dire , par les plus ſimples , comme de ſaict tu as
commence' parles plus ſimples cauſes , qui ſuy
uent conſequutiuement le dernier Principe de
nature,par la matiere,di—ie,& par la Forme,deſ— -
quelles ce corps Phyſicien du monde , 8c qui eſt
le plus grand de tous,a eſte' compoſé: apres tu
l'as diuiſé deſpuis les plus hauts de ſes genres
iuſques au moyens , 8c deſpuis les moyens iuſ
ques aux plus baſſes eſpeces; ne veux-tu pas
auſſi nous repreſenter deuant les yeux les indi
uidus, c’eſtà dire, les corps nieſines Phyſicicns?
MY. Pythagoras commandoit de ne deſcendre
lus bas qu’aux indiuidus :pource que toute
ſcience eſt des vniuetſels , &n'y a pas vne, qui , Arme" au
ttaitte des ² ſinguliers : car tout ainſi qu’il n'y-a Ëpzizſmz 11.…
point de ſcience de Dieu,pource qu'il eſt inſiny F* ſï WÎNPïY
en acte (auſſi bien la curieuſe diligence de S0- 'que'
crates ne le peut atteindre, mais Fault qu’elle
sî-irteſte tout court , quand elle eſt montée inſ
ques à luy) de meſme eſt-il des ſinguliers , auſ
quels il ſe Faut atteſter , quand on eſt deſcendu
iuſques à eux: arce qu'ils ſont par ſucceſſions
inſinis, 6c preſque 'tous diſſemblables les vns
aux autres quant à la Varieté des accidents,mais
non pas quant à la forme. Or il Faut noter icy,
M 5
18S SEcoND LIVRE
que la conſideration des indiuidus ou ſinguliers
(combien que d'eux meſmes ils ne fſiallſient aucu—
ne ſcience) ſert de beaucoup aux ignorans pour
auoit vne ſenſible connaiſſance , laquelle noz
Philoſophes appellent intuitiuezcomme auſſi
ceſte meſme conſideration confirme ſort la cer
titude-, laquelle les hommes doctes ont acquiſe
en la diſcipline 8c ſcience de leurs genres 8c eſ
pecesDe là on peut entendre 1 que tous les arts
_ 8c toutes les ſciences ont commence' par la
Î-“ÿgäſèſiſÿf connoiſſancc ï ſen ſible,qui eſt appellée ZÜVÛÉWQ
fig” :ſil-Tori - ou compoſition des indiuidus ſoubs leurs eſpe
,UMR ces z 8c des eſpeces ſoubs leurs genres , 8c des
la rhylíque. genres ſoubs leurs vniuerſelszôc que par meſme
moyen, ſi on veut methodiquement enſeigner
les arts 8c ſciences aux autres , quïl Faut coin-î
mencer par Fvniuerſel 8c compoſe' en deſcens
dant par la reſolution de leurs membres 8c eſ
pas affſiezxarildfaut
peces que ceux , qui recerchent
aux' ſim' les 8C-indit1idus:enc0r’ la
ne ſera ce

ſcience des choſes naturelles,vſent d’vn certain"


circulaire tornoyement , comme qui voudroit
…. prëdre ſa courſe d’vne extremité à lautre boutz
&de ce bout derechef s'en retourner àla meſ
me extremité; par ainſi il ne Faut pas touſiours
r, oudzſczzc, nous atteſter ‘a la xíldïêæaó b , mais il faut auffi
reprendre la montée , allant des vniuerſels aux
indiuidus 8c des indiuidus derechefaux vniuer
ſels, à fin que nous trouuions par ce chemin les
threſors de nature cachez aux choſes ſingulie—
res tât en l’air ê: en l’eau,qu’en la terre 8c ſoubjs
la terre , autrement nous adiouſterions plus de
Foy aux oreilles qu'a noz yeux meſines. Cat'
nous
SEcTION III. 189
nous en voyons quelques vns nfauoit eſcript
auec telle diligcucedesſichoſes naturelles , qu’il
cuſt bien eſté de beſoin , pour auoir lneſpriſé la
conſideration des choſes ſingulieres.
T H. Le ſens de -Pouyc n’cſtil pas plus aſſeu
ré que des
conte des yeux?
choſes.Mverirables
Y-. Ouy cerres,quand
, toutesfſioisonà ra
fin
qu'on les enſeigne comme treS-vcritables, il les
faut examiner tant qu’il eſt Poſſible par la veuë,
parce que Fvſage 8c Fexperiêce ne Ïenſêignent
pas , quand on traine des choſes ſenſibles. Par
ainſi il fauuque ceux,qui eſpetent de paruenir à
la connoiſſancedes
ſent deuanr les yſicuxchoſes naturellesſie
8c autres propo
ſentiments les
vertus des plantes ,les ſaueurs , les odeurs , les
couleurs, la figure, la nature des metaux 8c au
tres mineraux, 8c la diſſectíó des animaux auſſ.
T H. Tout ainſi doncques que les elements
&accompliſſent de matiere 8c de ſonne, comme
les ſyllabes de conſonanres 8c voyeles; de meſl
me auſſi les corps naturels ſe ſont des elements,
comme les dlctions de ſyllabes ; 8c d’aucant que
cu as commencé par les rudiments des elemëts,
Fordre requiemcommcie penſe, qu'on diſpute
d’orcs en auant des premieres natures , ou qui
ne ſont encor' que commcncées iuſques aux
dernieres 8c plus parfectes natures : defi à _dire
que lnainrcnant nous commencions de diſpu
ter des clemeucszäc premieremelït ie te deman
de cecy z qu'eſt-ce qu’Elcment 2 M Y. Ceſt le
Premner rudimenr de nature compris de matie
re 8c de Forme. ñ
T H. Ces elements icyJeſquels nous voyons:
ne
190 Sfflrcouv LIVRE
ne ſont ils pas auſii compoſez d'autres elemëts?
M Y. Ainſi l'ont penſe' pluſieurs , qui opinent,
qu'il n'y a pas vn element en toute la nature,
qui ſoit ur : laquelle choſe -, eſtant ainſi qu'ils
la ropoſtngil n'y auroit point d'elements:mais
il audroit que les animaux,qui inſpirent 8C reſ
pirent l’air , tout enſemble inſpiraſſent 8c reſpia
raſſent auec l'air la tetre,& auec l'eau le ſeu, ou
le tout pelle-ruelle : laquelle choſe eſtant mal
conuenable , auffi ſera tout ce , qui en deſpend.
Ils ont print occaſió de ceſte etreur,de ce qu'ils
ont veu l'eau troublée de bourbe ou limon 8c
la terre humectée parles pluyes 8c ruyſſeaux:
mais ils ne voyent pas que ſi l'eau ſe repoſe vn
peu, que la bouë va au Fond , 8c l'eau pure par
deſſus; 8c que la terre eſtant deſechée par les
raix du Soleil , que l'humidité seſuanouiſt en
vapeurs.
T n. Comment ſe peut il faire, que les ele
ments ſe conrrarians les vns aux autres par vn
ſi grand diſcotd de leurs qualitez ayent gardé
neantmoins deſpuis tant de ſiecles vne paix in
uiolable entre-eux? MY. La liaiſon conuenable
des v~ns auec les autres; à ſçauoindu ſeu,qui eſt
tres-chauddiuec l'air,qui eſt tres—ſroid,par vne
tenuite' 8c ſiccite' de ſubſtance, qui eſt conuenaà
ble à l’vn 8c àl’autr_e:de l'air , qui eſt tres-Froid,
auec l’eau,qui eſt tres-humide , par la ſroidure,
quiconuient à l’vn 8c à l'autre:de l'eau , qui eſt
tres-humide auec la terre,qui eſt ſort ſeiche par
la peſanteur , qui conuient à l'vne 8.' à l'autre.
Sans ceſte humidité, laquelle l'eau communi
que àla terre par ſon voiſinage ,les parties ter
reſtres
SECTlON Ill. 19x
reſtrcs ſe diſſiperoyent en poudre &atomes 8c
ſe rendroyent dti tout par ſa ſieichereſſe ſteriles;
au contraire lfhumeur les fige 8c caille, 6c les'
rend plus ſecondes.
T H. Declaire moy cecy plus apertemennsëil
te plaiſt ;car ie ne-comprens pas encor” aſſez
bien z comme de ſi uiſſans ennemis peuuent
ſi long temps garder la paix ſans la rompre 2 M.
Propoſe toy quatre voixsdeſquelles la plus hau
re te repreſente le feu , qui par ſi ſubtilité e—
netre tout 5 l-.i plus baſſe,la terre,qui par ſa oliñ
dite' eſt comme lefondement des autres; 8c les
moyennes voixdeſquelles ils appellent la. Taille
8c la Contre,te- repreſentent l’eau 8c l'air 5 rou—
tesfois à ceſte condition que la proportion,qui
eſt entre la terre 8c Fair , ſoit entre l'eau 8c le
ſeu , Geſt à dire , quëil y aiſt d’vne 8C d'autre
part double correſpondancglaquelle on appel»
le Diapaſonzôc que la proportion, qui eſtde la.
terre à l’eau ſoit de l'air au ſeu,c’eſt à dire,qu’il
y aiſt de l’vne 8c l’autte part vne 6c demy corñ
reſpondance pour le Diapente: finalement que
la proportion,quieſt de l’eau àl’air,ſoit de l’air~
à l’eau,c’eſt à dire , qu’il y aiſt entre-eux tierce
8c demy correſpondance pour le Diateſſaron.
Voilà d'où vient Pharmonie des elements , qui
n'eſt pas moins plaiſante à contempler , que
l’autre,qui eſt aux voix diſcrettes les vnes des
autres par vne gentile 8c reçreatiue proportion
aux oreilles. ll s’en faut donc beaucoup que
ceſte contrariete' des elements machine laruine
du monde,que pluſtoſt il Faudrait dire que ſans
elle le monde petiroit : ne plus ne moins que
Yhat
192. SEcoND LIVRE
r.. l'harmonie quand on oſte la correſpondance
des voix ai ues d’auec les grauesrcar autremët
le ſeu par [äpenetrante chaleur, ou l'eau par ſa
grand' humidité rauageroyent tout le mon
de ;ainſi l'air eſinglaçanæópar ſa violente froidu
re, ou la terre deſſechät outre meſure feroyent
que les plítes 6c animaux ne pourroyent viure.
T H E, Amy? ne ſcroicñce pas vne meſme
harmoniùſi nous colloquions la tctre au lieu
des eaux,qui ſont ſoubs la Lune,& les eaux en
la place dc la terre ,puis que ce ſont des meſ
mes elements? M Y s. Il auiendroit ne plus ne
moins que ſi nous confondions ces quatre
nombres 2.. 5.4. 6. qui ſont daccord 8c diſpo
ſez par proportion harmonique _en leur chan
geant ainſi de place 5.6.4.2.. qui ne gardent au-ñ
cune proportion díſcrette &Arirhmetique ,ſi ni
LcnombrcBi-d
naire commE. .
eſianc le plus
ſimple repre
ſente le feu z 8L
le Tcrnairc
l'air : le Qyï
eernaire l'eau:
le Senaite cô~
me le plus C6 -
poſe' de tous
repreſente la
ten-e. Le Dia
penthe eſt cô
pri: en ceſte
preſente figure
encre 2. à 3 8c
entre 4,6: 6.1i:
le Diapaſon
encre L8: 4.8L
entrez. 8c 6.5, çoncinue de Geometrie , ni harmonique Mu ſi
nalemenc 1e
Diatcſſarô eſt cale, Mais ſi tu_ diſpoſes la terre en la place de
enclos entre 3. Peau 8c le feu en la place de Fair en ceſte ſorte
564
34.6.4,
SECTION III, \x93
z,_z..6.4 tu feras bien la proportion Geometrid
« que diſioincteunais
rſiſy aura non pasqla
iamais proportion continuqainſi il
Harmonique,
ſiT H. Qÿeſtoir-il beſoing de quatre corps
elementaires ,veu que deuſt eſte' aſſez de trois!
Car ſi nous cerchons Pharmonie des elements
par les nombres, elle conſiſtera en ces trois icy
2.3.4. à ſçauoir au Diapenre du premier au ſe—
çond, 8c au Diarelſaron du ſecond au quatrieſñ
me, Seau Diapaſon du quatrieſine au premier."
MnTrois nombres ne ſont aucunementſuffld
.ſans à la proporriomſi celuy du milieu nleſt re
pris deuxfois, parce que la proportion ſe ſait_ de
.deux- correſpondancesÿc la _correſpondance de
deux_ quantitez ou *Ëôſonancesfir mèſinmcom
bien que celuy du milieu des trois nombres fuſt
repete deux fois ,-encor’ n’y auroit-il point de
ſyſteme ou
nſiie,ſinon_ en de diſtance_ çonuenable
y adiouſtät à Pharma
le quatrieſmeſſît (Pau
tant que la nature elementaire eſtvn corps ſo
lide, de meſme eſt-elle accomplie de nombres
ſolides : mais il faut que lesñnombres ſolides
ſoyêt aggregez 8c alliez par deux autres moyës,
à hnfique par quelque proportion ils fentre
tiennent, ²_Ca_r de huict, qui eſt le Cubeou le ê fl-n-"JÏU
ſolidedu binaireè vingt 6c ſeptzqui _eſt le Cube
_du ternaire,, il ,à
proportionaux y aſçauoitydouze
deux nombres-GÇmoyens 8c
dictxhuict,
outre .leſquels on iſen peut rrouuer vn moindre
ou vn plus grandſeſte derniere raiſon eſt tirée
du Timee de Platonçmais i—l ſi: faut_ prendre gar
de que les, nombres, leſquels il-a ainſi diſpoſés;
onçla proportion Geometrique,_-mais nail-i_ pas
’ " *Haz
I

194 SECONDLIVRE
Pl-larmonique , laquelle nous auons exprimée
par les nombres precedents.
Dflfilfldülñ flamadu chzrboæude ldfumeſſe.

SEcTioN IIII.
T H. Ceſte harmonie tant conuenable du
monde par les elements, qui ſont tous differêts
les vns aux autres ,ifcſt pas moins admirable
que plaiſante à contempler: maintenantexpli
que moy,s’il te plaiſt ,la Force 8c nature de cha ~
cun d’iceux,& commençons premierement nos
diſcours par le Feu, pource qu’il _eſtlc .plus ſim
plede tous les atÎttcS,8c qu’ila vne eſhcace ad—
mirable en toute la lmturefiffll Y. PtÎis que les
formes ſont cachées , 8c que nous ne les pou
uons apperceuoir, il ſaut neceſſaircment que
nous expliquions ce,qui eſt vrayement propre
àchacune choſe, cóme ſi ëeſtoit ſa forme meſ
me ,autrement ilſeroit impoſſible de pouuoir
trouuer la definition d’aucune choſe. Donc
ques,à fin que nous deſiniſſions le Feu, nous di
rons qu'il eſt vn element le plus ſimple ,le plus
ur,le plus atrenuéJe plus c aud,le plus lucide,
ſe plus lepet, le plus rapide , 8c le plus puiſſant
de tous es autres : le quels adjoints ifexpli
quêt point la difference ou forme naturelle du
feu,par—ce qu'ils ſont accidents , 6c que la vraye
difference ou pluſtoſt la forme eſt vne ſubſtan—
ce,qui n’a pas encor’ trouue' ſon nom.
T H.La nature des Aſtres 8c des Cieux n'eſt
elle pas plus ſimple que le ſeu meſine ê M. Celà
ne ſe peut faire» autrement le ciel ſcroit vn cle
ment:

SEcT1oN IIII. t9;


ment : mais il Faut icy remarquenqiſAriſtote à
determine' , que la matiere 8c eſſence du ci-ele
ſtoyent bien autres que celles des elements (ce
que nous auons reſuté en partie au premier li
ure,8c reſuterós encor' plus amplement au cin
quieſme)& que les eſtoilles ou aſtres eſtoyêt la
plus craſſe «Sc eſpeſſe partie dcleurs orbes , ce,
qui eſt aucunement tollerable , combien queâs Denísmô-ct
nous teni0ns,que c'eſt vne meſme nature ² ce
leſte : mais sëil l-ſiaut diſputer par coniecture des neuf proprie
choſes tant difficiles 8c efloignées de nos ſens,
ie penſe (lue perſonnÎ [ŸRËËÎËCŸX eäPuäléblana— ſnÊu-t
ture ont
qui des puiſe'
cieux dgns
ue le_esriche~ treſorde
o op es laeſainctc_
reux, ÈÏËËÎÏTÊÜÈËË:
…’ . A
eſcripture les ſecrets de nature, quand il nous ffiôlâuïg: fiäï:
enſeignent par la propre ſignification des noms été du ſecqnd
que le ciel eſt cópoſé de matiere &de Formezcat Lïſgîlcsffiä:
le mot Schdmaiim , ſignifie du feu 8c de Peau, gesfeu de plus
comme qui diroir Aſèh le Feu 8C Matiz” , l'eau. 2;:
Et meſine cccy a' quelque apparente raiſompuis m5 Seraphin …~.s-.a-.a
que la. langue naturelle des Hebreuxl a eſte _ / qui
à d…vaut autäc
que
baillé diuinement au gen-re humainzôc que rou- bruflcr.
tes les autres ne ſont que artificielles &z-imimaë
ttices de ceſte-cy :Par ainſi on peut penſer ue
les noms on; eſté; premierement impoſez ſe -On
le proprenaturel de chacune choſe. Et certes
Gallien ſemble auoir tres-bien expliqué-la na
turede la. chaleur inſi-ré des anitnaux , quand il
la definic vn certain. temperament de feu 8c
d’c—au. Car ſi les aſtres 8c les cieux meſmes e-e
qſtoyent totalement accomplis d’vne nature de
feu, il y- a ,ia long temps que ce monde, qui a ſi
grand nombre dëorbes 8c d’vne telllle grandeur,
196 SECOND LXVRE
fuſt pery par ſon embraſement : 8c meſine l’ex—
perience nous enſeigne que Pelement du feu
ne peut demeurer en aucune part ſans aliment,
autant en poumons-nous dire des aſtres , ſi leur
eſſence n’eſtoit fondée ſur autre choſe , que le
ſeu.
T H. Pourquoy ne ſe deſiníra donc le ſeu vne
chaleur tres-forte,puis qu’on le tire non ſeulem
ment du mouuement , mais auſſi dela concur
rance des rais du Soleil, ou dc la colliſion de
a Ainſi quedî: deux corps ſolides. MY." Les Stoiciens appren—
Ciceron au z.
liure Denaru nent ceſte definition , laquelle b Alexandre A—
r4 Dtïflïſfl.
b Sur [clim-c phrodiſée 8c Laurent *Valle ont ſiiyuieme pen—
dEPAme. ſans pas que Pelement ſoit autre choſe quela
:Aunliu dela
Dialcûiquc. qualité propre d’vn chacû dïceuxzlaquelle opi—
nioneſtät veritable ,le ſeu ne ſeroit ni element,
nicorps , nine ſeroit aggregé de matiere Sc de
forme, mais ſeroit ſeulement digne d’eſtre apñ
pellé accident : mais le ſeu ſur tout autre ele
ment; eſt tres fort 6c tres violent, comme celuy,
quine ſe laiſſe jamais changer de ſa nature ſans
s’exteindre du tout , veu meſine que les autres
elements ſans leur ruine ou perdition ſe peu
uent changer comme la terre , quand elle de
uient humide , ou Pair 8c Peau, quand ils s’eſ~
chauffent 8c rarifienr. Dïzuantage , ſi nous
concedions que les Formes des choſes ne fuſñ
(Ent rien que de purs accidents , il faudroit
confeſſe: contre les decrets des Phyſiciens,
les Formes n’eſtre pas ſeulement atteinctes
pars nos ſentiments, ni relaſchées , ni com
rimées ni les ſubſtances ſiiruenir aux ſub
.anccs &mais axiſſi faudrait confondre _leur
ſ DQIUÎC
SEOTX-ON IIII. 197
nature aueè les accidentsſi
T H. Ie ne vois pas pourquoy nature puiſſe
eſtre confuſe, ſi j'eſtime ce,que tu appelles For
me , n’eſtre rien que le propre accident d’vne
choſe , puis que nous voyons que les Formes
viennent 8c Ïentournent de rien en -tienî, ne
plus ne- moins que les accidens :ca: tout ainſi
que le feu,ſi on oſte la chaleur ſentorntzîâïrien, A
de meſme Faict Peau, ſi on ſeiche ſon humidité.
M. Il eſt beaucoup
conſequence de ceſt plus Facile àde l'endroit
argument remuer-ſerdb

Peau que du feusparce que Peſſence du Feu- eſtât


de plus ſubtile nature , que Peſſence de Peau 'ou
de Pair s’euänouit deuant nos yeux entieremêt:
mais qui ne void que Peau eſt vn corps; &qui
ne la -pälpe auſſi auec la mainzſi donc elle eſt vn
corps naturel , il Faudra certainement , qu'elle
ſoit aggregéede matiere 8: de Forme. D’auan—
tage , F1 Peau ifeſtoit autre choſe qu’vn ſimple
accident , elle ifoccuperoit point de place , au
tant en poùuons nous iuger du Feu z car autre—
ment en vain fſieroit-on des conduits 8c canaux,

par leſqueldïau monte en haut contre ſon in


clination,ce qui demonſtre aſſez qu’elle eſt !core
potelle,puis que nature la. faict monter ainſi,ne
polluant rien endurer de vuide. Auſſi le femqui
s'eſt pris en la poudre des Arquebutres, S’enſort
auec grand violence , à fin qu’il ne s’enſuyue
vne penetration des corps , laquelle nature ab
horre eſtrangelnent z mais les qualirez 11’occu—
peut point de liemqui eſtla cauſe pourquoy on
ne
leurditrempliſſent
pas que laÿſaueunou la' couleur,ou
quelque place,ou qu’vn la
ferCha"
arct
2.
19S SECOND LIV/R!
dent ſoit plus peſant qu’vn froidmu au con
' rraire.
puisT H. Pourquoy
qu'on appelles-tu
le trſſouue le ſeu pars
en pluſieurs tres-leger,
caché
dans les_ plus
M.Pource que ljaroſondes
choſe eſtçauernes de S’efleue
legere, qui la terre!à
_drortte ligne contre-mont, pourueu-qtlſielle ne
ſoitencloſc de_ quelque corps plus
dautre force,quictl’empeſchezde eſpez,ou
rneſine eſt elle
_~

appellée rres-peſante,quand elle s’cmporte c6


.rrebas , comme la terre , à droitte ligne par ſa
peſanteur: ſinon des
,alut «Sc integrité que loix
par de
violence
nature_, ou
les pour le l
choſes
-peſantes sefleuaſſenr çontre-mongôæ les lege
;res deſçendiſſent en bas; tous les autres ele~
_ments ;Sc corps elemenraires ſont appellez pe
ſants ou legers pour le reſ .ect de ces deux-cy:
.mais le ſeu lgiiſe
.veuilleme ~ our neant-ſimoins
tant qu'il)ſoitdeabaiſſé, qu’on
ſont propre
rnouuernent 8c legereré de s’enuoler pasſſdeſſus
la terre,l’eau,ôc_ l’air,&_ meſine d’autât~ plus viſte
.que ſa flame: ſera grandestout au. contraire_ quil
ifaduientà l’air , combien quëil ſo e de l'eau y
teſtant_ eriſejrré,lneant—i_noins il eſt certain qtſvnc
veſcie enflée 8c remplie d’air eſt quelque peu
gNousliſſunsplus ² peſante qſſeſtanr vuidcz_ Et ne Faut icy
au zS-_cdc !ob —Penſcr_ quele feu Puiſſe eſtre enclos dans les. ca
ë qUËDieqar-nís
quelque_ poids iiernesde la terre ſi la commodité de ſon ali
auvent." - ment ne l’y retientpluſtoſt
: combien
cm1. ſit. flztncſiſeyent vnc que
choſeſon braſier
ignée ou.
bruflante que le feu meſine.,
Tm. Pqurquoy vcuëffrttt que les choſes. pe—.
ſautes. sïempoitëi cótc-ërmóc, ôëzqucles choſes.
’ ~ lcgcres
SECTION .IſſIII. 199
legeres deſcendent contre-bas 'pour le bien 8è
ſalutdtt monde vniuerſel ?MY s. Parce que la
fuitte du Vuide tauit en haut la maſſe des eaux;
comme on peut entendre par les canaux 6c'
aqueducts des fontaines; car le ſalut 6C integri.
'té du monde vniuerſel conſiſte "en ce z que
tout ſoit remply de corps; de là vient que ce
mouuement des choſes peſantes contre-mont
ne tepugne point àla nature , comme on peut
veoit aux Reſpubliques bien adminiſtrée”
que la commodité pttblique eſt touſiouts pre
ferée à celle d’vn 'omtne riué; au contrai
re auflî on peut veoir bien ouuent, que le feu
deſcend en bas par la violence des machineæqtti
pouſſent quelque choſe tudementzà fin quffil ne
s’enſſiuyue quelque penetration des dimenſions;
T H. Weſt-ce ue flamme? M YV. Ceſt 'vne
fumée
T H. graſſgqui
Oſſgſeſt-ceeſt allumée.
que '
braſier? Mir s. Caſh-ne i

terre graſſe,qui eſt allumée,


T H E. La Fumée n'eſt-elle pas 'vne certaine
cerreſtritézqui sffexhalä des corps, qui btuflent?
M Y. Ainſi l’a eſcnpt a Ariſtote, toutesfois ſans = A" 7-- lîüfë
1 , _ p V _ _ _ . _ ’ *D2 gtnnutian:
eſtre fonde d aucune raiſon; cat puis que lafu- ó- ,,,,,,,,;,,,î
mée ſe change en ſeuzôc que tout chan ement 0-1-3* 4
ſe fait des choſes-,qui ont entt’ elles que que afñ'
finité , il Faut neceſſaitement que la_ Fumée 'ne
ſoit as vne choſe terreſtre, puis qu’iln’y à rien
de p S peſant —, plus eſpez ,pluslourd que la ‘) .
terre; 8c au contraire rien- de plus legerzc hand,
tare , tapidezôc peuetran-t que le ſeit, auquel la
fumée, qui eſt graſſqeſt appropriée pour con*
uenable alimentzear ſi quelquſvn airèuſe La t'es
N z \
2.00, SECOND LlVRE
re ou la cendre d'huile par deſſus, à ſin qu'elle
s'allume 8c conçoiue la flamme, il ne ſaut pas
enſer pour cela quela terre oula cendre bruſ
e,mais pluſtoſt l'huile ou la grellſſcgqui a eſte' eſ
panchée par delIuS. Voilà pourquoy Platon eſ
cript que les trois elements l'eau , l'air,6t le Feu
ſepeuuent bien tranſinuer les vns aux autres,
non -routesſois la terre,laquelle il compare à
cauſe de ſa ſolidité au Cube ou Hexaëdre , qui
contient en ſa ſuperficie ſix quadrâgles de cou—
ſtez eſgaux,& qui ne ſe peut changer en autre
figurezäc le ſeu à la Pyramide,l'eau a FO-ctaedrc,
l'airàl’lcoſa~e~dre,qtni ſont figuresdeſquelles ſe
peuuêt biê diuiſenôc .auſſi par ce meſiue moyen
changer lesilvnes
ſimilitude y aiſtaux autreszcombien
plus de \ſiubtilité quequ'à
nonceſte
pas
&apparente verité, en laquelle Platon a ſui
uy l'exemple de Democrite, qui comparaît les
ſaueurs aux figures Geomerriqueszcar il eſt aſ—
ſez manifeſte que la maſſe de l'eau ê: de la terre
n'a autre figure que la ronde ou ſpherique ,qui
eſt_la plus parſecte de tofites les autresdaquelle
ne conuient pas ſeulement pour comprendre
les autres figures parFectesun-ais auſſi pour conñ
tenirles corps les plus parſectSCe que Euclide
ï Dïïvuïïÿlïï monſtre-par cesparolesquaud il dit, ~- rain/lay ;Jp
läïſſctzſſ-ÎË: î 7m
ſi ~ KHz-cd: &W lUGWËï/Abífïſ
1 ,ueyſſrn Maxim-ich”.
8M! l” "n°5 T_ H, Comment ſe peut-il Faire , que la ſu?
;Ëÿflaïjſſÿäê mée, laquelle eſt graſſe, Obſcure 8C treſieſpeſſe
plus °²P²l>l= s'efleue pardeffiis l'air, qui eſt plus pur 8C plus
q” 'a m'a" ſubtil? M Y. De là on peut cntendre,qu'il ne ſe
peut ſaire,que la Fumée ſoit terreſtre , puis qu'
elle monte touſiours aux lieux plus eminciits,
&qu'elle
S Ecr 10h IIII. ſſzot
8C qu’elle nage ne plus ne moins par deſtuîs l'air,
que fait l’huile par deſſus Peau. a ‘—
T H. Comment cela? M Y. Parce que la Fu
mée, qui eſt graſſe, 8c de ſa nature participante
du feu, a la meſine proportion à l’air,qu~e l'hui
le à l’eau,ou l’eau de vie à l’huile , ſur laquelle
elle nage, carla fumée ‘n’eſt pas tant efloignée
de la nature du feu,qu’elle eſt diſtante de la na
ture de la terre: 8c pour dire vray ,il y a long
temps,que le Feu,qui eſt cache' aux cauernes des
montagnesffluſt conſomme' touteÿles terres,ſi
ceſte lie d nde,à ſçauoir la terre,ſe pouuoit
~ changer co > me la fumée en Feuzce que touteſ
fois Ariſtote a enſeigné pour choſe \reflect-tab
—ne:il‘s’enſiÎit donc cout-re 'telle abſurdite' , qu'il ſ*
ifyïa rien de terreſtre eu la fuinégpuis q-tfelle
' eſtpluslègere que l'air. ' ï —
T H. Toutesfois tu as dítaulliureſiprecedent,
que les eaux degeneroycnr enzaiſzſſœ de là clerc
'cheFque l'air s’en retournoit eneſſau. MY. Cea
ſte_ Facilité de la naiſſance 8c corruption ci-rcuï
laire d’vn element en Pautre rfempeſche point
qu’on ne la doyue appeller Generation , com»
bien qu’Atiſtote ne l'appelle d’autre nom que
de perrputarion ou changement, comme il dir
;At-MCM . ‘ . ~ '
TH. L'air ne ſe change-il pas auſſi en Feu?
M. Ouy pour_ vtay,s’il eſt vnctueux, car il ne ſe
peut changer autrement en flamme , combien
qu'il ſe puiſſe fort eſchattffer.
ï ~ T H. Pourquoy eſt-ce donc que **Theophrañ- ?Au liure d'4
ſtCîaſiPſèS Ariſtote 'a deſiny que la flamme eſtoit W'
vn air allumé-P M. Il‘a plus mil! Faít,qu‘il ne det
~~ _ 4
2.02. SEcoNn LIVRE
uoit; car autrement il euſt ſaillu,que les grans
embraſements des villes 8c foreſts euſſent
il ,y a ja long temps conſumé toute la region
de Pairzmais il luy euſt eſte' mieux conuenable
de definir la flamme vne graſſe fumée , qui eſt
allumée , puis que ſans la graiſſe la-ſumée ne ſe
pourroit allumeizce qui appert aux herbes Ver
des,qui ifexpirent rien au ſeu dbnctueux pour
aallecher ſa flamme, \mais pluſtoſt le repouſſent
6c eſtouffent. Toutesſois s’il y a quelque graſſe
exhalarion en Fair, comme il aduient quelque
_ fois és iours dffñjſte' , la flamme ?me quant
&quant , mais au meſme mom en ,q ue Fair eſt
purifie', elle S’exteint. q
T H. Si la flamme s’eſteint,comme ñſeïpdutñil
faire, que Felement du feu puiſſe ſubſiſter ſans
aliment voiſin du ciel par deſſus toutes les ree
_gions de Pair P M Y_S~. Pource que les elements
.n'ont Faute däiliment-pour ſe nourrir :car ceux
qui penſent,qu’il n’y a point deſc-u en la region
elementaire , mais pluſtoſt quelque choſe , qui
participe de la nature du ſeu, Font le ſemblable
de ceux, qui diſent que le blancieſt au monde
ele1nentaire,8c que la blancheur eſt en ?intelli
gible, en laquelle ſorte' le ſeu ne ſeroit autre
choſe qtſaccident ,ce que nous auons reñfute'
'ailleurs : car combien que le Feu n’a paroiſſe
point aux corps Phyſiciens ,il ne lai( e neant
moins d’eſtre aux compoſez,és vns plus,és au
tres moins. Ayonps pour raiſon' irreſragablqque
tous les corps conçoyuent par vn Fort mouue
ment la chaleur, par vn plus Fort Fardeur, par
vn treſ-ſort la flammqlelquels degtets de cha
' leur,
SECTION IIII. 12.03
leur, atdeugôeflamme nfeſtans aux compoſez,
auſIi dïceux ne ſe pourroyent-ils exciter ou
mettre hors. Ayons auffi pour raiſon inexpu
gnable à verifier noſtre dire,que le bois Sec s'al
lume plus ſacilemennle bois verd plus 'tard,par
la ſeule attrition 8c conſrication de l'vn à l'au
trezmais ſur tout autre bois celuy eſt propre à
_ s'allumer promptemët
eſt ſec 8c onctueux quand laurier,le
commeſſle on le brouye,qui
ſi uier,
le noyer, le lierre, l'oliue, le pin 8c ſemb ables
portans la poix-reſine. Mais il faut icy remar
quer que la flamme ne sëefleue point par deſſus
terre,c6me quelques vns ont penſé , pour eſtre
attirée par la vertu des aſtres à ſuyure la loy de
Yaliance qu'ils ont auec elle,mais pluſtoſt_ pour
cauſe de l'aliment gras en la Fumée, lequel elle
deuore par grand auiditézôc meſme ne s'eſteint
pas pour auoir 'conſommé ſon aliment , mais
reprend pluſtoſt ſon chemin au lieu plus emi
nent 8cm conuenable à ſa nature. ~
T H. Le ſeu .eſt-il tant aiſorpyë dans les corps
naturels,qu'il ne les-puiſſe bruſler? M Y. Le feu
n'eſt pas ſeulement-en puiſſance és compoſez,
mais auffi en Acte s toutesfois -il n'a aucune effi
cace de brufler , s'il n'eſt excité par -quelque
mouuement ,- comme on peut voir en la pierre
du ſuſihlaquelle participe lus du ſeu qu'aucun
autre corps , hors-mis la cſtaux, 'laquelle eſtant
_ mediocremenr arrouſée brufle par vne tres
Ftandärdeurë toutesſois erſonne n'y peut voir
a ſubſtance du ſeu non plus qu'aux plantes,qui
bruflerit par leurs propres ſacultez 5 comme le
pytrhetre , l'euphorbe,la flamule , le poiute,la
. N 5
2.04 SEcoND LlVRE
mouſtarde; combien qu'en les touchant on les
trouue froides en Actezcomme de meſme la lie
de l’huile de cedre,de l’arbre,porte la poix,
de napthe,de ſoulphre,de_s œuſs,de ſalpetre,de
virriol , de tartre cuit , s’enflame eſtant ar
rouſée auec vn peu d'eau par deſſus; car le feu,
qui eſt cache' 8c aſſoupy dans ceſte lie , s’excite
comme au combat par la preſence de ſon aduer—
faire.
TiLPourquoy dit~on que la terre patit 8c
que le ſeu agit 3 M Y. Tous les elements patiſ
ſent 8c agiſſét les vns aux autres, 6c les vns plus
&les autres moins , ſelon qu’ils ſont plus pro
ches ou plus efloignez de la nature celeſte :car
vn gros Feu conſume vne petite quantité d’eau;
8c vne plus grand” quantite' d'eau eſteint vn pe
tit feu; la terre ſe detrempe d'eau , 8c l’eau ſe
trouble dela terreztoutesſois le ſeu 8c Fair, qui
ſont voiſins du cie],ont beaucoup plus d’effica
ce que tous les autres , 8c mcſine il u’y aaucune
excellente action,qui ne s’eſcoule du ciel.
T H. Welle action peut eſtre des corps cele
ſtes aux elements , veu qu’il n’y a aucune vertu
d’agir enuers le patient,ſi ce,qui agir,ne le tou
a Au ſeptieſme
liure de la Phy che? MY. ² Ariſtote a diuulgué ceſte opinion,
ſiquc ü: auxió. laquelle ſe trouue quelquefois veritablegmais
liure des ani— auſſi le plus ſouuent fſiauſe : Sül n) a attou
maux.
chement , dit—iI , il n)- a point d'action, il :ſy apaint
duke-ration. ll ne s’enſuyt pas.
T H. Pourquoy non? M Y. Pource que tout
ainſi que les cxrremitez des choſes,leſquelles
on appelle continues, ne ſont qu’vne choſe, de
meſme cſt-il des choſes , qui ſe couchent , leſ
quelles
SEcTioN IIII. 405
quelles doyuent auoir leur extremitez enſem
ble : mais nous voyons contre l'opinion d'Ari
ſtote que les choſes,qui agiſſent, ſont bien ſou
uenr diſtraictes par longinterualle de celles,qui
pariſſenr.
T H. Celuy,qui tire ou qui pouſſmquiporre
ou tornenſadliere-il pas au corps mobile ê M Y.
Combien que ie concede celà en telles choſes,
il ſera pourtant faux à l'endroit de l’Emant,qui
attire le fer, 8c de l'ambre , qui leue la paille, 8c
de la naplute, qui alleche le feu; voire meſme
qu'ilsſhyent diſtraicts par long interualloCeſte
opinion auſſi ne peut auoir lieu à l'endroit de la
tOrpilleJaquelle enuoye vn merueillenx engoiÿ
diſſement aqx mains des peſçhqurS , qqi tirent
le filet ou la ivnezcomme de me me on a 0ui:
ra trouuer fadlſe, ſi on prêd garde à la verliu de
la Lune, laquelle meut tout l’Occean par vn
tres-certain 8c conſtant mouuemeut voire meſ
me que l'air ſoit calme 8C paiſible , ou qu'il ſoit
agité au contraire du mouuemeut de la mer par
lîmpetuoſité des vens,qui reſpirent deſſus. Fi
naleinent,(à fin que ie paſſe ſoubs 'ſilence le tor
noyement des rouës 8c le vol de tout ce qu'on
darde en l'air , auſquels la force de celuy , qui
po uſe, eſt imprimée) la verité 8c fauſete' de ce
ſte opinion ſe peut voir par l'action du corps à
l'endroit de l'ame , 8c de l'ame à l'endroit du
, corps :entreleſquels, comme ils diſent, il n'y a
point dhttouchement , toutesſois celà ſe void
beaucoup mieux au *mouuemeut de l'ame que
du corps.
T Il. Comment cela? MY. Celuy ,qui vpid
on
206 SECOND LIVRE
ſon ennemy de loing, toutä coup Feſmeut, de
uienr PaſlCzhCſitC, 8C ſriſſonne par toute ſa per
ſonne; ce mouuement de Fame vient premiere
ment de Pagiſſant exterieur en Fentendement,
&de là ~s’eſpanchc par tout le corps. On peut
voir par cecÿ , que bien ſouuent leur decret eſt
conuaincu de fauſeté ,lequel ilsponr tenu pour
inuariable , à ſçauoir , que les exrremirez des
choſeS,qui agiſſent 8c patiſſennſe touchent l’v
ne Fautrezcombien qu'il aduienne ſouuent que
le Feu nous chauffe par Pinrerpoſition d’vn au
tre corps , comme qui diroir de l'air ou de Peau
ou du metail ou d’vne pierre eſtans eſchauffez.
T H. Pourquoy eſt-ce que les metaux fondus
bruflenr plus ardemmenr , que la flamme melſiñ
me du Feu? M Y. Il n'y a rien qui bruſle plus ar
demment que le feu; toutesfois ſa chaleur eſt
plus penertante au metail, qu’au chaume 8c
qu'au
eſpez boiszpource que tant
plusplus vn corps eſt
6c maſsifſſ d'autant ſa chaleursen
flame par grand ardeur : car c’eſt vn decret
perpetuel en nature, que la vertu eſt couſiours
plus grande en la cauſe efficiente qu’en ſes ef?
fects: ce qui ſe, peut aſſez bien accommoder
au dire commun , Wc chacune cha e eſt telle.
par la choſh, ê” eſt plus celaſiquî-lle me me : com—
me par exemple , ſi le merail eſt chaud , il
faut qu'il ſoit tel par la cha-leur du feu , quieſt
plus chaud, 6c duquel il tient ſa chaleur: en ce—~
a Au z. liure cy î Ariſtote s'eſt deccu , quand il dit que Peau
des parties des
animaux ca. bouillante eſt plus chaude qu’vn petit ſeu,puis
qu'il ſaut neceſſairement que le ſeu ſoit touſ
iours plus chaud que l'eau , que_ l'huile , que le‘ ’
' inetail ’
QSECTION IIIl. “Z67
metail meſme pour ſi feruents 8c ardents quîls
ſoyent; puis que dans peu de temps l'es vns 8;;
les autres ſe fiafroidiſſent iuſques à ſe glacer ,le
feu demeurant touſiours d’vn meſme eſta: 8c du
' tout ſemblable à ſoy-meſme-.car s’il y a quelque
choſe,qui _ſoit chaude,elle ne Peſtque par le feu,
qui eſt enclos dans ſa ſubſtance , 8c comme on
dit, par accidentzil n’eſt donc pas de petite con
ſequence de ſçauoir qu’vne choſe (oit chaude
par nature, ou par cas ſortuit, ou par le moyen
d’vn autre. ~ _
T I-LF-.ſt-il auſsi veritable ce que pluſieurs di
ſent, que tant plus vne choſe eſt chauffée,, tan; u
plus eſt-elle legere? M Y..L’experienc_e monſtre
le contraire îcar ſi vne choſe peſimte deuieuç
plus legere ,celà ſe fait pour cauſe qçſelle de.
croiſt 8c shmoindrit , cóme fait l'eau ſur le feu, ſi
quand elle ëeſuanouít en vapeurs.
ſi TH. Pourquoy eſt-ce que le feu languit ou
s’eſteint eſtantſi expoſe' aux tais du Soleils &C l”
.Peau chaude ſe refroidit plufloſt au meſme o?
leil, qu'en la frclſicheur de lffombxï-“M \ë- P91!! la
meſine raiſon, laquelle nous-aucuns dcHa dictei
à ſçauoir , que les. choſes contraires @ſtaps 0P:
poſées à leurs contraires mQEſtœnr de plus en
plus leur vertu ê; efficace , ge qu’elles ge, ſon;
:flans conioinctes àleuts ſemhlabñlets- v . L
T H. Pourquoy eſt-ce que les plus pçofoji-z
des cauernes de la terre ſontcmbxaſées de feux;
qui flamboyent touſiours , 8c principalement
aux pays,qui ſont de ça 8c de là les deux Tropi
ques? M Y. Pource quePair , qui eſt froid exte
_rieurcment , teſerre Pouuerture de la terre , 8c_
YCPOU,
2.08 SEcdND Livnï
repouſe la chaleur vers ſon centre : mais quand
les terres ſont dcſcchées elles entrebaaillennôc
Font chemin à la chaleur,qui s’expire : pour ce
ſte cauſe les caues 8c autres lieux ſoubſterrains
ſont en Eſté glacezzôc en Hiuer Fort chauds : de
meſine eſt-il de la complexion de l'homme, la
quelle en Eſté reſerre le Froid en dedans,cepen—
dant que les parties exterieures ſont halées; 8c
en Hyuer le chaud au milieu,cependant qu'elles
ſont gelées par dehors. .
T H. Pourquoy eſt-ce qu'on guarit pluſieurs
maladies par le Feu 8c par les cauteres , qui ne
peuuent eſtre chaſſées ni par la purgation de la
cacochymie , ni par la ſeparatiô de la partie cor
rompue; comme ſont les vlceres, tumeurs,flu—
xions ,peſtes , morſures de chien enragé; tant
que,ſi quelqu’vn met ſus ſon bras vn petit bout
de corde allumé iuſques a ce qu'il ſoit conſumé,
il ne Faillira de guarir? M Y. Il eſt [res-certain , di:
Hyppocrare , que la maladie deſtinrurable, laquelle
ncfipetnguarir par le fêu : Parce que la vertu de
ceſt element eſt Diuine ,laquelle ne peut rien
endurer dïmmonde : ceſte mienne raiſon peut
eſtre confirmée, de ce qu'on void que toutes
ſortes d'ordures ſe nettoyêt par la lexiue,qui ſe
fait auec de l'eau coulée parmy les cendres du
bois brufle' : 8c meſme il n'y a rien plus frequent
en Grece que de guarit toutes ſoi'tes de ſieurcs
par l'application des cauteres actuels.
SEcTroN V. i 2.09

'De l'an-Mie la nature de: Wenmdc leur nambrqó* de


leur ordre-mier exhzldzziongdes demon! de Pair,
. de: Genies , du tremble-ment de la
terre, (j- des rampe/Ier.

-SECTXON V.

T HILŸeſt-ce que Pair P M Y. C'eſt Felement


A duquel
eſt plus noſtre aſpiration
froid que tousſiless’aide le plus,& lequel
autres.
T H. A quoy profite ſon reſpir 8c halene?
M Y. A raſreſchir 8c deſecher :car la nature de
ceſt elemepnqui nous ſaitreſpirenôc qui nous
anime, a eſte' communiquée à toutes ſortes des
animaux,qui ont des pulmons pour reſpirer.
T H. Porquoy donc les Academiciexis ² , Pe- a_ Arifio. H114;
ripateticiens , 8c ſur tous les autres l” Auerroës 'tïfſrîsdï
Prince de la ſecte philoſophique des Arabes, dela 'oenmï
ont enſeigné, que Pair eſtoit chaud 8c humide? ËJËËHÏ c°““'
MY.C’eſt vn erreur inuetcrée de ceux ïrqui ont b Au ;Jraicteſſ
penſé que l’air ne ſe pouuoit autrement mieux fflfſaÿïſiflhä;
allier auec lëeau 8c le ſeuiqueſtant participant ſenzogrſ '
de la qualité de l’vn 8c de l-*autre : pou rce qrſen “î f”
voyant que le ſeu eſtoit rreſ-chaud 8c l’eau treſ- Ariſtote au li
humide, ils ont penſe' , qu’il eſtoit conuenable, axial?
que l’air participant des deux extremitez ,ſuſt …
pareillement chaud 8c humide: combien que
contre leur intenſion il ſolt Froid &ſeuil con
uient toutesſois auec l’vn 8C Fautre
mais en autres qualitez ,à ſçauoir, en element,
ſroidſſurc ſ
auec Peau , 8c en ſechereſle 8c tenuité de ſub
ſtance auec le Feu.
T H. Iïoù iuges-tu que Pair eſt ſec e M Y. De
CC (IUC
2.10 SECONDJſiIVRI-L
ce que tant plus il eſt agité,d'autaut plus prom
ptement il deſechc. p
T H. D'où iuges-ru qu'il ſoit rreſ-ſroidêMr.
De ce que les nuées,les vapeurs,les neiges &la
grefle ne ſe congelenr pas ſeulement en ſa
moyenne region, où
lnentſſſſlctc manifeſte la qualité
lc plus de chacun
, mais auffi. ele
de ce qu'il
a Hippocmeseſt plus ² fro1d,quand ll eſt agite', qlfeſtaut pai
au z. liure Dcſiblezveu que tous les autres elements ſont de
‘““"- rant plus cſchauffez, qu'ils ſo11t agitez, iuſques
à conceuoir en partie le Feu par le ſeul mouue
b Au x6.Pro~ menncommc " Ariſtote confeſſe treſhiei] :mais
51".” ’ “"11 ſe trompe en ce
Section as. ’
qu'il excepte l'eau ’
puis
qu'il eſt manifeſte
rend d'autant plus àchaude,qu'elle
vn chacun , que la mer
cta eſté ſe
agitée
par grand' violence : voilà pourquoy les pa
eſreniers agirent l'eau en- hyuer , laquelle ils
donnent à boire à leurs cheuaux, a fin que
ayant acquis quelque chaleur par ce mouue—
ment , elle porte moins de dommage à leurs
cheuauxul n'y a raiſon de plus grand poids que
ceſte-cy, laquellenous auons tirée du mouue
ment
TH8eE. bouillonnnemenr
Le ſentiment nousde eſinſeione
la mer. que les
eaux 8e les autres corps. Ïcſchauſtſient par le

mouuemenr : routesſois ic_ ne vois point de


moyen , par lequel ie puiſſe juger que le mou
uemenr rafreſchiſſe l'air. M. ll n'y a choſe,qui
ſe puiſſe comprendre plus facilement: car ſi tu
reſ ires doucemêt de abouche cótre ta main,
ru ſentiras l'air ſort chaud, qui eſt enclos dans
res poulmonsæommevenât auffi d’vn lieu ſort
chaudcmais ſi ru reſpïires par grand' vehemencc
ayant
SEcTioN V. 2.”
ayant la bouche demy fermée,à fin que l'air ſor—
te par plus grande violence, tu le ſentiras froid:
il n'y apoint dautres raiſons plus pertinentes
pour monſtrer la cauſe pourquoy FÀutan eſt
chaudwenant des regions expoſées àla chaleur
du midy , quand il ſouffle lentement , ni pour
quoy il eſt Froid, s’il ſouſfle par plus grand' vio
lence.
T H. On ne peut pas appliquer deux qualitez
en ſouuerain degre' à vn meſme elementzôc en
cor' moins y pourront-elles conuenir, ſi elles _
ſont ² contraires comme le chaud auec le ſroi , Ècffÿſäcÿzfifj
leſec auec Yhumide : mais l'air , ſelonl’aduis de tion des, anſii
Platon 8C d' Ariſtote , eſt chaud 8c tres humide, '“‘“"’°"'
comme ſe pourra-'il donc Faire u'il ſoit ſec 8c
tres Froid? M Y. lls'enſuit vne inſtnité d'erreurs
d’vne mauuaiſe poſition : car on 'peut iuger
que l'eau eſt tres humide , de ce que , ſi elle
pett vne ſois ſon humidité , elle s’eſuanouit en 2
rien ~,_ce qui n'auient pas quand elle eſt chaude:
ſi doncques vne grand' humidité eſt imprimée à
l’eau , 8c vne grand chaleur au feu, 8c vne grand
ſéchereſſe en la terre,il Faudra certainement at- E. A.. …z D,
tribuer à l'air le ſouuerain degre' de Froidure: en Fjtîfflſîë” ſi"
laquelle opinion a eſté b Gallien prince des Me- J]
decins apres vn Hyp ocrate , duquel il a ſiiiuy ſïfflnd d** *ê*
icy la ſentence_ con rmée par Fautorité des ï ,u
Stoiciens meſmes. 1-1- Den-m'
Dunn”.
T H. uelle abſiirdité Y auroit—il,ſi nous coii- v lutarqueaul.
.cedions que l'air eſt chaud 8c tres humide? M Y. Vævrcmícr __
. . , . , d_
Il s'enſuit bien tant d abſurditez qu on ne ſçau- gÿſipgcſa,, 3
toit dire, laquelle eſt la plus grande : premiere- ïſfflpïdï meſ- .
ment , ſi l’air eſtoit chaud 8c humide ,il ÿemfla- ËÎ æiï~ſſi~~ſic
1'., .

O
N2. SECO-ND LIVRE
tneroit facillement , veu qu'il eſt voiſin du feutctſſſſ
apres,la nature de l'air qui ſetoit chaude 8c hu- ſi ~
midùexciteroit inceſſamment des Heures putriſi ,
des 8c des maladies populaireHpuis qu’on void,
lors que les Àutans reſpirent, combien que le
gerement , qu'encot’ humectexit 8c eſchauffent
ils l’air,dont il aduient que les corps ſeipourriſ
ſent tout àcoup 8c que pluſieurs maladies pu
trides Ïengendrent : D’auantage tous les ani
maux viuans ſi: flaitriroyexit 6c dans peu de
temps mourroyent enſembles d'autant_ que la
chaleur naturelle , qui aſon principal ſiege au
cœut,ne ſe pourroit temperer par aucune reſpi-ñ t,
ration ou inſpiration , ni rafreſchir par la conti—
nue agitation dés poulmons : d'ailleurs les va—
peurs ne ſe poutroyenr jamais conuertir en
nuéesmtl en neiges,ou en greſlezmais ſe refoul
:lîäîä-eïäſ; droyeut pluſtoſt comme en riemôc meſme “Ari
Patti°.‘ 'ſtore confeſſe , ce que Auicene confirme auffi,
que l’air ne ſe pourrit iamais,qui eſt vne raiſon,
à laquelle on ne ſçauroit ttouuer vne plus gran—
de , pour prouuer que l'air ſoit ſec 8c froid; car
tant lus il eſt agité, tant plus eſt il ſec 8c froid,
qui ont les deux qualitez ennemies de pourrió
ture , ce que les payſans ifignorent point : Mai:
B Au 2. l- deg ëëëfl ?me clyzzſê trap/Inſide, dit 5 Gallien, que de ren
ËTÊ noyer la connaiſſance aler qualite-L des elements' deugmt
Mlr-'tílmfimpí meilleur in e , que lesjêntimcntx , czmzbien que telle ~
”"d“'°~"‘&3"' cannazſſanceſêpuzffi- demonſtrerparla raz/im meſme.
T H. Ie te prie baille m’en la demonſtration?
M Y. Celà eſt la choſe la plus froide de toutes
les autres,par la force 8c vertu de laquelle tou
tes les autres ſc refroidiſſeur, ſe roidiifent, 8c ſe
glacent
SEcTr-ON V. 2.15
glacent; orſpar la vertu 8c puiſſance de l’air tou
tes choſes e refroidiſſeur , roidiſſent 8c engla
çent : donc l’air eſt Pelement le plus froid de
tous les autres; car par ſa puiſſance 8c vertu Ia_
neige,la grefle 8c les metaux s’endurcilſent,gla
cent 8c aſſemblentpar moiteaux s 8c ſur tout la
ſuperficie des eaux
’ quelle ſe glace aux fleuues
du ſſcouſte' 8c touche
, qu’elle eſtangs l’air;
,~ lai

Tdi. Nepas
1s non peut-on pas de là iutgeuque
du couſte',qu“elle touche laPeau e_ſt{
terre.

tres—ſroide,d’aurant que, pour \chaude qu’elle


ſoit par le ſeu,elle re rend touſiours ſa premier-e
ſi re ſroidure?
gemët MY. Il audroit
des pierresunetaux 8c faire le meſme
plantes,8c iu~z
de tou
tes ſortes de liqueurs , deſquelles la plus grancſ
part eſt chaude en puiſſance, qui, combien que
le ſeu ne les aiſt pas moins chauſſées que. l’eau,_
routesſois dans vn rien ſe refroidiſſeur par l’at—
touchement de.l'air , 8c meſme l’eau ardant ,la-z
quelle eſt tant, chaude en puiſſance, qtſeſtaura,
vne fois chaude en acte , ne deuiendroit ia-_
mais froide , ſi l’air , qui Yenuironne , n’eſtoit~
froid. -
T H. Puis que l’air eſt tant Froid , pourquoy
ne ſe gele~il point? MY. TheOphraſt-e ?penſe-a Au 5- liure
qu’il ſe ele , quand il recerche la_ cauſe pour-Ëïaxÿfizſſziinſi'
quoy il e glace , ou ſi c’eſt pour raiſon dela te—
nuité de ſa ſubſtance,ou ſi c'eſt pour ſa craflituñ
de. Mais Theophraſte ſe deçoit en ſon_ opinion.
Car,veu que toutes choſes ſe gelent parla froi
dure de l’air , il ne ſe peut faire que l’air ſe gele
8c glace , non plus que le feu_ ſe brufle , par leñ
quel toutes choſes ſont bruflées : la raiſon de
O 2.
:14 SECOND LivnE
cecy depend de la nature , qui n'endute iamais
u'vne meſine choſe agiſſe 8c patiſſe touten—
ſemble 8c a la ſois de ſoy-meſme. Mais la que
ſtion euſt mieux eſte' Faicte , s'il euſt demande',
ſçauoir ſ1 l'eau ſe glaçoit ou par la tenuite' de
l'ait ou ar ſa craſlitudeëSi l'air ſe pouuoit con
geler, i ſe ſeroit fort eſpez 8c maſſif comme
l'eau glacéedaquelle ſe reſetre en ſoy 8c occu
pe 'moins de place que la liquide: dhuantage
l'air demoureroit ſtable comme l'eau,& la ſan
e,& tout ce, qui ſe congele: car tant plus l'air
ſe ſait eſpez 8c nubileux , tant plus adoucir-ilſa
fſiroidurgcontre ce,qu'en apenſe' Theophraſte ï:
n Au ſuſdit
lieu Et au contraire , tant plus il eſt clair 8c ſerain,
comme quand laBize ſouffle ,tant plus tou
tes choſes ſe roidiſſent de ſa froidure : ayons
pour prenne' de m6 dire, que l'air eſt plus chaud
aux lieux 8c pays maritimes , ou ſoit ar la cha
leur 8c temperature de la tegion,ou lbittpar les
eaux , qui expirent par leur agitation es va
peurs chaudes , qu'aux lieux,qui ſont efloignez
des eaux. Cc que i’ay trouué eſtre veritable , au
voydage queie fis en Angleterre , 8c eſtre l'vne
des principales cauſes , pourquoy c'eſt , qu'elle,
qui eſt ſituée aux pays Septentrionaux, eſt plus
,temperée 8c moins Froide que la France , où le
ſerain du matin oc du ſoir eſt tres pernicieux
aux vieillars 8c à. ceux principalement, qui ſont
des-ia malades: ce qui n’aduient iamais en An
gleterre, auquel pays le beſtail paſſe toute la
nuit au ſeraiiLôîc ſait ſes petits hors les eſtables.
T H. Pourquoy as tu dit , que l'eau ſe glace
bien cu la ſuperficie des eſtangs,riuieres,& ma
^ reſcages,
SECTION V.ſſ u;
l rcſcages; 8c non pas en leurs fonds? M Y. Pour
ce que, quand le vent ſouffle du c0ſte’ de la läize
6c que toutes choſes ſe congelent par ſa froid u
re,le plus profond des riuieres eſtant _exemptd c
?accouchement de l'air 8c du ſouffle des vents
ne ſe peut geler; car autrement celà porteroit
vn grand dommage aux poiſſons,qui pour ceſte
cauſe cerchent en hyuer les gouíphes les plus
profonds pour ſe deffendre du roid en plus
grand' ſeurete'. ~
_ T H. Welle choſe eſt le vent? M Y. ( 'eſt le ï 4 pxuzuquz,,
mouuement de Fairzceſte definition eſt la meil *E* Dé*
leure 8c lajplus ancienne de toutes les autreszde nions des P '
laquelle routesfois l' Ariſtote s’eſt retiré teme- “Web”
b Au 1.1. d”
rairement (ans en auoir apporte' vne tneilleure. Mettons c. z.
TH. Combien de ſortes y a-il de vents? M Y. Ïuz: Tóÿí
Deux; vne naturelle,& l'autre violente.
T H. @feſt-ce qu’vn vent naturel? M Y. Ce
luy, qui S’excite en certaines ſaiſons de l'année,
6c en certain temps limite'.
T H. @Eſt-ce qu’vn vent violent? M111. Ce
luy,qui S’excite , outre l'ordre 8c teneur de na
ture', ou parla force 8c puiſſance des demons,
ou pour euiterlc vuide,lequel nature deteſte.
T H E o R. Pourquoy S’excite-il pluſtoſt par
les demons , que par vne exhalation? M Y s T.
Parce que toute exhalation eſt naturelle , qui
S’excite ſans violencezor il n’y a rien de naturel,
qui puiſſe eſtre violentzmais nous voyons quel
que ſois, que les foreſts ſont renuerſecs par les
orages 8c tempeſtes,que les ediſices ſont abat
tuz,que les nauires eſtâctt en rôd torctnoyez ſont
en ſin ſubmergez par les contours des tourbil
I
2.16 SEcoND LIVRE
lons,que les gris arbres ſont arrachez 8c tranſñ
portez en vireuolte de lieu en lieu, contre-le
propre naturel des vents , deſquels le mouue
ment n'eſt ni en bas ni cn rond ni par violence:
nous voyons auſſilerplus ſouuengque les picr—
res d’vne merueilleu e grandeugquc les trabs,
que les animaux meſines ſont efleuez en l’air,
8C que les groſſes tours changent de place: d’a—
uantage chacune region a ſon vent propre 8C
particulietycomme Seneque a remarqué par les
obſeruations des ancienszce que teſinoigne aſ
.d . ï

ſez , que chacun pais 8c region a, ſes bons Ge


niesôc demons,qui moderenr Fair pour le bien
8c ſalut des animaux 8c du fruict de la terre : 8C
que de meſme il y en a , qui ſont malins 8C per
’ turbateurs de Pair , pour diuine vengeance 8c
punition des pechezzoutre celà, pluſieurs pro
uinces ſe trouuent,qui ſont le plus ſouuent 8c
par grand vehemence commentées du ſouffle
des vcnts,comme la France, Noruegue , Angle
terre, Lybie, Circaffie.
T H-Nœſt-il pas plus vray~ſe1nblable,qu’vnc
bonne partie de l’air eſt eſineuë par vne exha—
lation ſeiche 8c chaude, laquelle par ſon mou
uement oblique entraine auec ſoy l'autre plus
ï AU Z. dg] prochaine partie? M. Ainſi l’a penſé ï Ariſtote,
MCICOÎ. C-S, ct
au 7- l. de la qui aſſeure que le moteur 8c le mobile ſont en
Phyſi ſemble :mais nous luy auons reſpond” au par
auant par arguments neceſſairesztellement que
ceſte ſienne Opinion :feſt pas moins abſurde,
que ſon fondement.
T H. Pourquoy cela? M. Parce qu’il confeſ
ſe que rimnc ſe meut de ſoy-meſine, comme
~ eſtant
SEcTI-ON V. ;x7
cſtaut vn decret inuariable des loix nde nature;
car ſi quel ue choſe ſe mouuoit d'elle meſme,
elle ſeroit ſeule tout enſemble 8c à la fois en
acte 8c en puiſiancc ſelon vn meſine cffectmais
le vent, ainſi qu'a eſcript Ariſtote, eſt vn mou
uement de l'air,qui a eſté incite' par vne exha—
latiou- chaudfflſi doncques ſcxhalatjon n'eſt au
tre choſe,qu’vnc fumée Ouvn air eſchauffé,qui
ſort des lieux 8c places chaudes,il Faudra neceſ
ſairement , que Pexhalarhn eſtant air , 8c l'ait
eſtant incite' de Fexhalarion, qu'il ſe meuue de
ſoy-meſme,
en -T H. Wi
ceſte empeſche
excthalation que l'air,qui
ſortant eſt compris
des cauernes de la
la terre,n’incite_ auec ſoy l'autre air, qui luy eſt
prochaineM. Ceſte exhalation ou ceſt air rari.
fieroit pluſtoſt le plus proche,que de Peſmou
uoit, comme
ment on peut ap serceuoit
des animauægleſqu combienau mouuc.
qu'ils cou. ſi
rent auec violence, toutesfois on näippetçoit
par ceſte courſe , que l'ait ,eſcſmeuue aucune.
mentzôc encor' moins pourra-on penſer que les
tempeſtes 8c otages :ſeſineutlent en l'air par vnc
exhalati0n,qui eſt treſ-tare, molle, ſouefuc , 8c
preſque inſenſible. Mais qui voudroit dire, ſi
-non qu'il fuſt du tout inſenſible 8c aucuglé,
qtſvne exhalarion ſe contorne obliquementa
Car s'il,fau_t parler-des choſes legetes, on void
cóme elles ſont rauies de leur bon gré en haut,
or il n'y a tien apres le feu,qui ſoit plus leger
que lafuméedaquelle cóbien qu'elle ſoit craſſe
8c Fuligineuſe , routesfois elle s'en monte" en
haut: combien à plus forte raiſpn ces legere;
4.
ï

2x8 SEcOND Livni;


exhalacionsdeſquelles ſont du tout incompre
henſibles à noz ſensèll faudroit donc, ſi le vent
eſt vne exhalariomqtte tous les vents s’eſleuaſ—
[ent à droitte ligne contre-mont 8c que leur
mouuement ne fuſt pas biaiz ou oblique: c0m—
bien u’iln’y aiſt meilleur aroumêt que ceſtuy
cy,à ëauoir , par quelles raifdns on peut prou
uer,que Pair eſt eſmeu des cxhalations,puis que
il n'y a perſonne,qui aiſt la veuë tant aiguqqui
les puiſſe veoir?
T H. Ie te prie baillc moy vnc demonſtration
plus claire P M Y. Toute exhalarion sŸcſleuc có
tre-mont par ſa le CICIÔJC vent tornoye obli
quement 8c bien ſouuent ſe precipite contre
bas: le vent ne vient donc pas de lexhalation.
däuanrage, toute exhalation eſt chaude 8c ſeiñ
chezmais les vents ("ont froids,ils ne rocedent
Q donc pas des exhalatioias. encor’ cîſte-cy, ſi
Porigine des vëts venoit de Pexhalation, la plus
grand force d’iceux Ïapperceuroit , lors qu’il y
auroit lus grancP abódance cſexhalarionzmais
en Eſte, quand il fait grand chaud,8c quand les
terres ſont de toutes arts creuaflctées pour ex
. ſpirer
en plusleur fumée
grande , il n y a rien
abondance lusexhalations;
quelles frequentmi

8c neätmoins c’eſt lors que l'air eſt le plus tran


«qu-ille 8c le moins agité : doncques Pexhalation
a Au 7. li. delle ſera pas la cauſe efficiente des vents.” Ariſto
l' P5754*** te confeſſe celà meſme, à ſçauoir, que les ven rs
ſe repoſent durans les Grans chaleurs : 8c de là.
meſinc il pèſe que ſur fè midy ſe faſſe vne gräd
tranquillité. Padiouſteray ceſte derniere dem6—
ſtrationztout .ce qui eſt eſiueuuient ſon mouue
RICHE
SECTION V. 2.19
ment de quelqifautre que de ſoy : le vent eſt vn
mottuement dc Pair; il Faut dóc quïl ſoit eſmeu
de quelqſſautte que de Fair. anais Fexhalation
eſt vn air fſiumeux : le vent n'eſt donc' pas incité
8c eſmeu de l’exhalation.Car quant à ce ue dit
Ariſtotmque tout ainſi qu’vn flot pouſſe 'autre
flot,que de meſme vn air pouſſe l'autre aixzcelà
eſt plein de fallace, ſi on prend garde , que tout
ainſi que les muſcles remuët la n1aín,& la main
Farc , 8c l’arc la fieſches que tout de meſme le
flot pouſe le fionmais il Faut premicrement que
le flot ſoit Ouſſe' par quelqlſautre que le flotà
ſçauoic de Pains( l'air encor’ de quelque autre
choſe ſemblabletne plus ne moins que les muſ
cles ſont pouſez 8c incite: des facultez de l’a—
me,qui eſt le principe du mouuement.
T H. Pourquoy eſt-il plus Facile de renuerſet
les ſaillies opinions, que d’eriget 6c eſtablir les
vrayes? M Y, Il y a. deux raiſons ', la. premiere,
pource qu'il eſt plus facile à tenuer er, 8c de
ſtruire que de conſtruire 8c eſleuer; la ſeconde,
pource qubn peut parler fſiaulſemët en dix mil- \
les façonsz-Yvne choſe , mais on n’en peut pac
ler que d’vne Façon ſelon la veri-téane plus ne
moins qu’oii ne peut tiret qifvne ligne droitte
6c Fort petite entre deux extrcmitez,& vne in
finité dbbliques 8c 'trauerſieres hors ceſte-là.
Or defi; la choſe la plus difficile 8c la plus ob
ſcure, qui ſoit en toute la nature, que de pou
uoir exactement çſtablir quelque certitude de
Porigine 8c' nature des vëts; pource qu“a grand' _
peine les anciens Philoſophes ont-ils peu tou
cher en leurs queſtiôs la puiſſance des demons,
0 5
2.2.0 SEcoND LIVRE
8c meſine la plus grand partie d’iceux n’a iamais
ſſ penſé_ qu’il y cuſt quelque eſſence ſpirituelles
combiê que Democritc,Heraclite,Platon, Por- ‘
phyreJamblique,Plotin,Proclus cófelſcut qu’il
y a part tout des cſpritszou :neſine, comme eſ
cript Ciccron, que ceſt ait eſt remply dames
immortclless deſquelles les vues ſont debon
naires, 8C les appelle »zMæœ-'fflz-dcz 5C les autres
ſont maliçicuſes,6c les nomme NEON-eſpera; 5 les
vnes comme eTprits bienfaiſſianà , 8c les autres
comme vindicatifs 8c malſaiſans : voilà pour
quoy Democritc diſizir , qu’il failloit prier les
Dieux immortels que nous reucótriffions pluſl
I En ſa Mega.
Shïſlquc»
coſi: les bons ,que les mauuaist Ariſtote ï* con
feſſe auffi,qu’il y a des dcmonsgoutesfois il n’a
rien laiſſe' par memoire de leur eſſence ou de
leur puiſſance 8c officezmais puis qu’il n'y a rien
en naturqqui ſoit oiſiF ou en vainzilfaut neceſ
ſairemcnr , quïls ayant quelque Office 8c quelñ
que ropre action: Or toutes actions ſont ou.
des cïioſcs diuiues,ou des naturellespu des hu
maineszdont il s’cnſuit que ?office des demons
conſiſte ou à cclebrcr 6c honorer Diemou à di;
tiger les cauſes aux effects tant des corps cele
ſtcs que clemërairesmu à procurer le ſalut des
gens de bien , 8c la punition des meſchís 5 S’oc—
cupans auſſi aux gouucrnemenrs des empires,
royaumes, &citezzon ne pourrait trouuer cn
cor vn lieu pour affigner leurs offices outre
ces trois icy.
' T H. Ie voudrois ſçauoir de roy,ſi la diſpute
des Demons appartient à la cognoilſancc du
Phyſicien 2 M Y. Si les Demons ſont corporels.
comme ſi
SECTION V. zu
comme tous les Theologiens 8C Philoſophes
enſeignenrdls appartiennent à la conſideration
de nature : or , qu'ils ſoyent corporels , celà ce
peut ² móſtter par pluſieurs raiſons neceſſaires, ï Ce Wíï" de
ſans que nous nous arreſtions àläuthotité des ;ſiiſſzſſſiiäſſcſicälëâj
autres. Mais à fin que nous ne delaiſions trop ſent cum.
loing la queſtion que nous auôs propoſée tou*
chantles vents
inconſtance ,ie, qu'on
ſaict diray ne
en peut
vn mot
rcticn ,que leur
conclurre
de certain touchant leur nature: Car il n'y-a
rien , que ſoit plus inconſtant 8C variable que
leur mottuement- Par ainſi Auerroës voyant
que les Philoſophes
ſſeuxmiauecles ffeſtoyôc
Medecins d'accord
touchant ni auec
l'origine 8c
naiſſance des vents z 8C que., our ſon regard,il
ne pouuoit ſouſtcnir ar probables raiſons ce,
qu'il en auoit propoſe,dit ainſisſi cecy ne ſatis
faict, que i'ay propoſe' ,ie n'ay rien cſauantage,
qui puiſſe ſatis-Faire ou eſtre mieux conuenable
à la raiſon, Qiant à moy arregardant ceſte ma-ñ
tiere vn peu de plus pres : i’ay rrouué qu'il y az
uoit deux ſortes de vents; l’vne des ordinai
res , qui ont leur origine du Soleil S 8c l'autre,
des propres 8c particuliers à chacun pays 8c re
giomqui ſe rapportent àlïnſtigarion ou impul
ſion des Demons , comme par cy apres ie le ſe
ray entendre par exemples 8c preuues tres-cer
taines.’A tourle moins les exemples 8c autori
tez tirées dela ſaincte Eſcripture ne me defau
dront pas : car entre les amirables Faicts de
Dicuzleſquels le b Prophete recite , ceſtuy-cy Ïſäfflîfflîſt
ſur tous les autres a accouſtumé dfeſtre propo- m_ ſiſiſimſi
ſé,quand il dit parlant de Didi:
.
"r"
zi.: SEcoND LlVRE
Viſio) les Vents aile-Zed: ſv” &Falun-pale
EjIÏe le: Meſſager: deſhfivrtcparolc.
Et en autre part. _
933i tire du tbræſôr defi; riche abondance k '
Le: 7102114144' -Uom par tout teſînoígnant j):
puzſſwce.
Car le mot Hebreu Ruacío ſignifie le Vent ou le
ſouffle. ,
T H. Par quels arguments peut-on preuuet
que le Soleil eſt moderateur de la region de ‘
l'air? M Y. Par pluſieurs , ô: ar ceſtuy-cy re
miercment, à ſçauoir, que le vent a pre que
touſiours couſtume de reſpirer , quand le So
leil ſe leue , du coſte' d’Orients&quand ilſe
couche,du coſte d’Occidët:d’au:ïtage les nuicts
ſont plus tranquilles que le iour,,parce que
la Force des rayons du Soleil eſt beaucoup plus
grande ſur l'Hotiſon que deſſoubs s d'ailleurs,
quand’le Soleil decline vers le midy en hyuer,
il excite les Autans; 8C quand il reuieiit vers le
Septentrion en Eſté,il eſmeut la Bize; 8c quand
il paſſe par deſſus l’Equateur,lors que les nuicts
ſont eſgales aux iours,tâtoſt le Leuät ſouſpite,
tantoſt le Zephyre halenezfinalement les vents J
ſe contornent de droit àgauchc 8c de gauche à l
droit ainſi que fait le Soleil par le Zodiaque:
mais d'autant que cecy aduient le plus ſouuent
ſeló le couts du SoleiLil le Faut rapporter à ſon
. mouuementme plus ne moins que le flux 8c re
flux de l’Ocean depend du cours de la Lune,
ainſi qu'on verra cy—apres.
T H. Pourquoy n'y a-il vne meſme conſtan
ce du mouuement de l'air , que du flux de l’O—
_J ca
en,
SECTION V. zzz
'cean , puis que le mouuement du Soleil n'eſt
pas moins conſtant que celuy de la Lune? M Yi'
Il ne Faut pas douter que celà ne ſe faſſe par
prouidence diuine pour le bien 8c ſalut de tout
ce môde elemëtaitezäc meſme on peut recueil
lir de là, que le mouuement extraordinaire dc
l'air depend d’au tre part que du Soleilzcar ſi les
Autans reſpiroyent inccſſammët aux trois mois
de Fhyuer; non ſeulement les rats 8c la vermi
ne , mais auſſi les fieures putrides 8c les mala
dies
tage po ulaires
, ſiPla Bize moleſteroyent
ſouffioit ,ie neladiray
terrezDhuan
pas tout
l’hyuer,mais ſeulement trente iours ſans inter
miffiomil Ïenſuiutoit hors, les deux tropiques,
que les plantes 8C les ſruicts periroyent, ſi la
terre nüzſtoit couuerte de neige, 8c meſme auſ
ſi , qu’il n'y auroit animal , qui peuſt viure
paſſez cinquante degtez de [Equateur tirant
vers le Pole.
T H. Wi eſt l'ordre des vents le plus con
uenable a nature? M Y. Ceſtuy-cy. Les Zephy
res,qui ſont fort temperes,8c qui ſont appellez
oiſeleurs (d'autant qu’ils ramenent les oyſeaux
paſſagers) commençent du couchant à reſpirer
doucement ſur la Primeuere pour eſchauffer
les terres.Apres eux regnent du couſte' d’Oriët
les Trauerſiers , qui ſont vn peu plus chauds &t
plus ſecs que les precedents,par leſquels la ver—
tu de la terre eſt excitée à produire les fleurs,
lors que le Soleil ſaict ſon entrée au ſigne du
Toreauñ. A ccux-cy ſuccede la Bize,qui reſpire
entre le Septentrió 8c Orient, qui eſt tres foide i
&Ëqui eſt autrement appellée des Grecs ê-rwídr
~ ou
2.2.4 SEcoND LIVRE
ouAnniuerſaire , comme eſtant le plus certain
vent de tous les autres; or ils commence de re
ſpirer 'clurant I‘Eſté aux grandes chaleurs enui
ron quarante iours ou plus pour le reſreſchiſ
ſement de l’air.Apres ceux-cy ,lors que la vier
e ſe leue , le Ga bin, qui eſt chaud 8c humide.
ſe donne quarriere entre le couchant 8c le ini
dyzſouflantàſoppoſité de la Bize. La Galerne
ſuit de preshqui eſt Froide 8c humide, &qui re-ñ
ſpire entre le Septentrion ô: lecouchantlors
que le Soleil entre au Scorpion 3 ceſtuy-cy a de
couſtume de faire ceſſer les maladies populai
res, ôc d’arroſer la campaigne de pluye , qui eſt
fort ſalutaire au bien de la tſierre,& meſine celà
luy eſt vne ſeigle inuariablewoilà pourquoy les
Hebreux 8c Chaldeens l’oiit appelle' En!, qui eſt
a Duqucl m°² autít à dire que ï delugemon ſeulemët pource
onavſéauhl. qu’ils tiênêr tſi] les eaux en ce mois là couurirêt
des Rays c. 6.
en meſme ſi» toute la ſuperficie de la terre , mais auſſi pource
gnificariou.
qu’en ce temps meſine les eaux ont de couſtu
me de ſe desborder en pluſieurs partsJ-es der
niers ſuyuaus ſont les meridionaux , qui ont de
couſtume de modcrer le ſroid par leur chaleur
temperéeà la charge &condition qu'il ifyaiſt
point de vent propre àla Region , par lequel
Feſtar oul’ordre ordinaire des vents ſoit chanñ
ge',comme on void au Languedoglà où le veut
tcgne le plus ſouuent,lequel Pline eſcript e
ſtre appe le' de ceux du pays Alcan 8c meſine au
iourd’huy la populaec l'appelle Autan ,les La
tins Vulíumm &les Grecs Xpzês-nç, lequel,com~
bien qtſil reſpire ailleurs lentement , il ſouffle
bien par telle violence en ce lieu là ſi , qu'on ne
süilſeure*
\
2.2.5

'S
ÊMHMML

Sezfmtrío”.
s"aſſ_equre pas aux maiſons , qui ſont vn peu plus
efleuées que de meſureDe ſorte que ceſtuy ve
nant aceſſer,ſon oppoſitqà @auoit la Galerne,
cómëce derechef à luy ſucceder, lequel les lia
bitant dela Gaule Narbónoiſe appellët le Cer
re , comme sëiſs le vouloyent nommer Circim
du nom Latin: 8c qui n’eſt pas moins violent
que leur Autanrzcôbien
ſappcllenſſt que d’vn
le plus ſouuent routeszles Gaules
nom peculier
la Galerne, comme leur eſtant fort frequent 8c
commun z 8c ſans lequel la region_ ne ſeroir_ pas
_ rant ſalubre 8c Ferrilezce quäeſtanr connu par
ce bon pere Auguſte-il erigea , ainſi qu on_
dir,vn autel pour ſacrifier à ce vent 'rant ſa
lutaire ; car luy cſtanr en Gaule Pauoit en—
tendu beaucoup priſer desſi habirans; combien
que
22.6 SEcoND LrvitE
que toutes—fois il ſoit pernicieux tant au menu
qu'au gros beſtail, 8c principalement enuiron
Peleuarion du lſi'ole de cinquante cinq degrez;
mais ſur tout 1l eſt dommageable eſſs veaux , qui
ſont nez depuis peu de iours au~parauant.Voilà
pourquoy on l' lle en Picardie l’Eſcorche—
veau; parce qu S veaux , qui ſont nez en ce
paſs-là, quand la Galerne ſouffle,meurent bien
coſt, ou eronr du tout inutiles en Pagritulture
des paſiis de Flandre,où on les meine ala foire.
T H. Comment ſe peut-il faire que le veſint
ſoit chaud 8c humidmpuis que tu as dit vn peu
au parauant que l'air eſte-it de ſa propre nature
tres-ſec 8c froid 2 M Y. Ainſi le veux—1e , pour
ueu qu'il ne change en partie ſon natutehcom
me quandil ëeſchauffe en paſſant par le feu, ou
par la zone torride,ou quand il s’humecte tra
uerſant par les regions aquatiques , ou autres
lieux mareſcageux , comme on peut veoir en la
Bize , qui fait deſcendre les grands pluyes ſur
YAffriqUe, pource qu’en paſſant tant de larges
mets elle attire comme vne eſponge Fhumidi
té de l’eau:au contraire les Autans ſoufflans en
Ethiopie font glacer-les riuieres 8c ruiſſeaux,
ainſi que F.Aluareſc teſmoigne en ſon hiſtoire
² En &ï Prv-Ethiopiquesce que meſme ² Ariſtote ne s’eſt
ÎÏTÏ 'Lu' point oublié à remarquer. Par ainſi il appert
b Sur le ſccôd que ë Auerroës s’eſt laiſſé dcccuoir ,quand il a
fÃ’,P_î‘_°“""’ſi1ii1y l'opinion ° d’Ariſtote, par laquelle il ſou
cAl-meſme l. ſtenoit que le vent eſtoit ſec 8c chaud. Nous
ſi “MP” auons monſtre au param-ant que l’air eſtoit de ſa
nature ſec 8c froid,& eux à Foppoſite qu’il e
ſtoit chaud &humide, 8: ne ſe contentans de
celà
SECTION'V. 3,17
celà ils diſent encor’ que le vêt eſt ſecôc chaud:
mais ils8cneviolent
incite' voyenr, tant
pas que
plustant
auſictiplus le vent
eſt-il Froideſt
8c
penetrant , voire meſine qu'il vint du collédes
‘ regionsachaudes, lequel combien quil ſoit par
ccte moyen chaud, toutesſois dacquerra ia-rnais ,
pour ſi loing qu'il ſe porte Ia froidure dela-Bi
ze ,ni la Bize la chaleur des Autans ou' vents
Meridionaux. Et ſaut penſer que tant plus lÎvh
&l'autre reſpire doucement en ſa region, cant*
plus retient-il ſon naturel ,parce qufils ont de
couſtume l’vn d'amener le Froid des- regjós Froi
des,& l'autre le chaud des regions chaudes. Pſiat
ainſi,il ſaut rapporter aux regions,qui—ſont -de
çà le Tropique de Cancer ,la deteſtation , que
ſont ² Hippocrate 8c b Celſe ſi Fort touchant [Ïhâſſtlfiſf 3°
les Autaus en la conſtitution de l'air, 8c ſe ſou- b Au .Mii-ue
uenir quüls ne ſont _point ſi ſeruénts en plu» ""P-‘*
ſieurs parts de là Tropiques, quepar deça par vn
certain priuilege 8c propriete du lieu; pQgant
aux Orientaux «Sc à ceux ,qui reſpirent du co
q ſte' d'Occident , iaçoit qu'ils retiennêt auec plus
grand' conſtance leur tqmperament (car les-OO
cidentaux ſont preſque par tout humidesvjäcles
Orientaux declinent plus ſur la ſiccité) neant
moins on apperçoit que ſelon la-diuerſité des
regions ils changent de temperamentzce qu'on
peut remarquer au Mexiquedà où là. region eſt
inceſſamment balliée des vents tant que le So
leil demeure au ſigne _de Gancer-,ôc qui eſt en
core plus remarquable , c'eſt que durant le
temps , que le Solei-lëſair I: courſe. par ?Eſcre
IÎlÔQ ;le “Lion , 8C la Vicïſſgeÿ la 31-0112: pluye ne
. f. _H ) ‘

1 r
zzÿ_ SEcoND LIVRE
ceſſe (Yatrouſizt toute la contrée depuis Soleil
ï Vois Ÿhîſioi_
:-ç des Indes,
couchant
iuſques à la my—n_uict,² auquel temps
principalement la Bize 8c le Garbiu reſpirent:
tout le teſte de l'année eſt preſque exempt de
pluyes en ce lieu~là, Ceſte meſme vertuflc For
ce,qui artouſe le Mexique,par la reſpiration de
la Bizegrrouſe auſſi de groſſes 8; Fortes pluyes
PEthiopicJors que le Soleil paſſe ſoubs FEſcre.
uice, d'où viennent ces grandsinondarious du
Nil par toute l'Egypte, combien qu'au contrai
pelaſBizgqui eſt ſciche ôî-_Ftoidqdeſeiche par
. _on ouffle l'Euro e 6C l'A_ ie.
h Vôíïüfflb" T H. Pourquoÿ eſt-.ce quT-Iomere l' ne fait
pu,, 'T mentionñde plus que de quatre vents? MY s T,

.Ss
Pourcc qu'il_ ne remarxluoit que les plus vehe-Ê
mçntspar leurs effectsfii_ ſçauoirz la _Bize 8c_ le.
~ ~ Gatbiu,
SEcTroN V. 12.9:
Garbin ,la Galerne ê( l’Autan :apres Homere,
les Atheniens _en adiouſterent encor' quatre >
ſoufflans plus doucement au milieu de ceux- cy,
par les lignes 'trauerſieres de l'Orient en l’Oc- ~
cident 8c du Septentrion au Midy, 8c efleuerêt.
ſur vne tour à huict angles vneſtatue de bron
ze,qui eſtoir creuſe par dedans pour ſe tourner
plus Facilement au gre' du vent ,laquelle tenoit
en ſa main vne baguette , par laquelle elle î'. vizm,, z..
monſtroit ſur chacun angle de la tour , quel fflñï-..Mïlïüb
vent ſouffloit. Apres les Atheniens quelques am'
autres en adiouſterent quatre pour parfaire .le
nombre de douzezôc apres ceuX-cy pluſieurs de'
noſtre temps ſont venus iuſques à ſeize en y
adiouſtät encor' quatre. Les mariniers ont dou
ble' ce nombre 8c ſont venus iuſques à trente
deux: mais ſi quelqtfvn veu-recercher plus par
lc menu le nombre des ventszil trouuera qu’il y
en aurant,qu’il y a de degrez en la ſuperficie de
FHoriiIſion, à ſçauoir trois cents ſoixante.
T mcombien a de circuy FHoi-ilſon viſible?
M Y. Il peut auoir enuiron Octante 8c huict mil- r '
liaires,& chacun lnilliaire mille pas,
T H. Comment cela? M Y.Parce que l’eſten
due de noſtre veuë ne s’eſtend lus loing que
de quatorze fois mille pas ſur la ſu erficie cour
be des campagnes de la terre 8C dela merzlequel
nombre eſtaur double' accomplit le diametre de
Fl-Ioriſon viſible ſur la rondeur du Globe de
l’eau 8c de la terre , à ſçauoir de 2.8. milliaires:
maintenant donc_,ſi on veut trouuer le circuy
de l'H0riſon,qui termine de . toutes pars noſtre
veuë ,il ne Faut que triplet le Diametre , 8C y
2.
;zo SEcoND LIVRE
adiouſter ſa ſeptieſhue partiezpar ainſi il reiiſii
ra 88.milliaires, ou ſi tu aimes mieux octante
8c huict mille pas 5 leſquels eſtans diuiſez par
560. vents ſelon le nombre des degrcz de PHO
riſon,i’eipace,qui ſera entre-deux dïceux, con
tiendra z44. pas ſur le Globe viſible de Peau 8C
de la terre s ceſte diuiſion :feſt pas en vſäge par
my nous. Toutesfois , ſi nous voulons ſuyure
la diuiſion des vents ſelon le nombre de douze,
la diſtance de l’vn à l’autre ſur l’Horiſ0n de la.
raſe campagne aura 7535. pas. .Mais ſi nous
voulons ſuyure la diuiſion des mariniers par le
nombre de ſeize , la diſtance d’vn chacun ſera
de 4888. paszôc ceſte derniere cy eſi: celie,qui a.
eſte' practiquée iadis par les Augures de ‘ To
ſioiſcn3cu|~d.ſCal~lC , qui auoyent de conſtume de diuiſer le
!ce ciel en eize temples ou patties,à ſin qu'ils ob
ſeruaſſenr delà le vol des oiſeaux a 8c que par
meſine moyen ils fiſſent leurs vœufſis 8c impre
cations ou pour le bon-beur , ou contre le
mal-beur.
T H.Pourquo'y eſt-ce que les vents ſont plus
faibles ſur le lieu de leur naiſſance qu’en autre
part? M Y. Tout ainſi que les principes de tou
ſites choſes ſont fort debiles au commencement,
ainſi eſt-il des vents , qui prennent peu à eu
accroiſſementzôc tout ainſi que les fleuries (tout
'ſort eſtroicts vers leur ſource 8: origine,_& plus
larges &profonds là où ils ſe deſchargent en la
— mer, ainſi eſt-il du mouuement de- l’air, qui ell:
çFaucant plus grand qu’il ſe porte plus loingDeñ
meſine auſſi la lumiere des lampes eſt plus forte
làz Où elle .ſÇ FCUÏIÃÙC z 6c la. force des' animaux
?n
S E c T 1 o N ſſV. 2.3i
en Fextremiré dufiux de leurs eſprits. ſi
T H. Iuſqifen quelle partie de Fairÿengen
dre la Force des vents,deS brouillardgdes nuéesz
des pluyes,des grefles, des eſclairs,des Poudres,
des tonnerres , des orages , des tourbillons , 8c
des petits crapaux 8x' grenouillettesſi? M Y. ^Plu—
ſieurs limitentla regionpde Fair , où ces choſes
Ïengendrent, à 2.88. milliaires par deſſus_ terre,
contre ?experience maiſtreſſe de la cognoiſſan
ce, 8c contre le conſentement de tous les an
ciens Philoſopheæqui tiennent que ceſt eſpace
n’e>~ccede pas deux milliaires par deſſus la ſupeiï- _ p _ à
ficie de 'la terre. Poſſidonius ² dit que pour le 'ë
plus il ifen ſiirpalſe pas trois. p _
T H. Pourquoy ont—ils penſé que ces choſes
ne ÿengendrent plus haut? M Y.Pource qu’i~ls
ont veu , que les cendres , qui eſtoyent au cou
peau des plus hautes montagnesnfeſtoyent au- _ , _
, d, _ - . b Suidds par;
cunemenr chaſiees par le ſouffle despvents , ni …de mum_
arrouſées par la pluye-,comme on a obſerve' ſur ‘1“F- “TPM”
, , _ . -_ fois P-urarqué
la montagne d Olympe en Theſſalie ,BC ſur le c,, ,a ,ze d.
Pic des iſles Tenariſes, leſquelles deux monta- fëîlïïmilſÿlïä
gnes a grand peine Ont-elles a niueau-dej leur zenagomſiſiu.
\ . \ . ~ ſl UC CC

cyme iuſques à leur pied crois milliaires: car b âÿàrlïï 1° "WH


Dicearque/
. grand Geometrien
. ailſieure 3 qu’:il- n’a eſefièſſcqpqe
III C [e,

pas rrouue plus de mille deux cents cinquante Îlsvmrtzfflïs


\ . . ó - ITC ſſl UC
pas a niueau de la cyme au pied de Pelion, qui ,actſimf n°3…
eſt la plus haute montanne de toute la Grece. P” Pl” lfflè'
,z- o ñ fonde de du(
T H. -Lunrerualle donc de la ſiiperfieie de la (me, ni ,a
terre iuſques à la concauitë de l’orbe de la-Lu- Plushffl-Ëï *"5
ne,qui. comprendfflin
- ſ
iqu .1 on ir,l 15000.~
e fl_ -l*l d,,
ragnc Il CREE*
Po… é,,
exempt de luyes , de v-enrs,ôc de tempeſtes? hauteur ledict
M' L - '
Y. arai on nous conuainc qui4-1 e ain
- ſ &eſpacgëcſtà
_iz - dirk"ésoç‘_ÿigä
P 3
2.32. SEcoND LIVRE
meſme les anciens l'ont monſtre', quand ils diñ
ſent que Ittnondaqrïelle eſt la preſidête de l'air,
empeſche que les ſuricsne 'S'enuolent en l'air;
_c'eſt à dire,que~les puiſſancegquipreſident par
plus grand pouuoir en la plus haute region de
'ainempeſchêtque les inſerieuresme leur Faſ
ſent violence. Voilà d'où vient Feflancemcnt
des foudres 8x: preſteres ,contre le naturel mou
uement du Feu.
T H. Pourquoy eſt-ce que les vents com
mencent de ſouffler du coſté , Où les nuées ont
premierement eſté diffipées E M Y . C'eſt vn eſ
fect de la cauſe antecedente , à ſçartoir 'que le
vent les diffipe 8( diſgrege là prcmieremenæt.
T H. Pourquoy eſt-ce que ceux ,qui depar
tent du port d'vne grand' Ille , ſentent laäſorce
du vent plus roide , que lors qu'ils departét du
riuage d'vne plus pegite P MY. q~uelqu'vn pour
roit rapporter ce à aux rayons du Soleil, qui
ont de couſtume d'agir de plus grand vehe
.mence là,où l’eſpace eſt plus grand,qtle là,ou 1l
eſt plus petitsôc pluſtoſt en terre , qui eſt vn
corps ſolide & im1nobile,qu'en l’eau,qui eſt vn
cor S mol 8c inconſtant , 8c qui diſſlpc par ſa
mobilité les rayons du Soleil.
T H. Pourquoy eſt-ce que les Autans ame
nent la pluye , lors qu'ils reſpirent lentement?
M Y S T. Cela iſauient ailleurs qu'en l'Europe:
pource que le vent , qui reſpire du coſté d’Aſri
que, Sïmbibc des vapeurs ', leſquelles il attire
en paſſant la mer Mediterranéczque s'il aduiët,
qu'il ſouffle auec plus grand' violence ,-il ne diſ
íipc pas ſeulement les \rapeurs ,maisaçiſiï les
’ deſſeiclic'
4...!

SEcTioN
dſſeſſeiche de telleſorte, qu'ellesV. 2'33
ne peuuentſſÿaſi
monceler en nuées : en quoy on peut -voir l'id
mitable ſageſſe de la prouidence de Dieu : Caîztë
lila chaleur des vents Mèridionaux deficit ra
frelchie moderement parla pluye , toutes cho
ſes ſe corromproyent 8e pourriroyent ?que ſi
cfauenture ce vent eſt plus impetueux que de
couſtume , ſon ſouffle "cneſt plus ſec 6c plus
froid. ^ -
T H. Se peut-il faire , que deux vents -coñj
traites reſ irent tous deux enſemble' ôcàïla ſois?
MY. Pluſieurs le nient , mais l'experience' les
conuainc du contraire ;Car c'eſt lors principal#
lement que ſe fait la tourmentez quand :tous
voyons que deux contraires mouuements ſont
eflancez par deux cauſes contraires ': dei. là ôli
peut entendre que l’vn des vents eſt naturel 8c
que Fautrc eſt violent :comme il apport quand
Cecias (qui reſpire entre l’Orient 6c la Bize)
ſouffle en laplus baſſe region de Pair , 8C que
l'autre qui luy eſt contraire ſouffle 8e chaſſe les
nuées en la plus haute , ce que ifeſtant entendu
par le populaire , a donne' occaſion à pluſieurs
depenſer
vne choſeque
tantCecias attiroit
eſloignée les nuées . qui
de nature,queiſi eſt
quel
qufivn diſoit qu’il peuſtcxpirer 8c inſpirer tout
enſemble 8c à la fois-De la on peut preuuer que_
le mouuementauffides qu’il
ventsne ‘n‘eſt pasfaire
ſeulement
contrairennais ſe peut ſiauctt-ñ
pement quele vent tire ſa naiſſance des exha*
ations.
T H. (Lu ſont les vents contre nature? M Y".
Sont ceux,qui ne ſont pas: excilpez par' !éd-Force
_ . 4
2.34. SEEOND LIVRE
du Soleil, mais
niesscommſic pluſtoſt
celuy ,qui par
tout les Eſprits
acoup 8c ge'
pargrand
orage _Cſcliltſf dſivne nuéefflppellé Ecnephiaszôc
'comme le tourbilló , qui pirouëtte nommé Ty
phousôc comme celuy, qui brufie partout, oû
il ;Puiſſe , appellé Preſter', qui outre Fellance
meucde Fair ont decouſtume cle troubler les
autres_ elenucxits :Dont- iladuient , que-deuant
les ſſgrands orages les Feux erraus apparoiîſſent
ça 8( lſia : il aduiexit auſſi quelques Fois que les
Genies-ſuyueut le \vent naturel luy donnaus
plus grand Forcc-,quelques Fois ;Milli-qu’ils le. reñ
pouſſent sïzppoſans à luy de toute leur puiſñ
ance. .—
z IJ-nCoſixri-[nentcelaê M Y.Cccy ſe peut com
prend-te plus Facilement au mouuemët de l’O—
ceanzlcquella Luneguide 8C gouuernc en- ſon
continuel flux 8c reflux ,voire meſme que Pair
ſoit. ;tranquille 8c. paiſible: toutes-Fois s’il ad
zuient.- que Fair .ſoir auffi d’vn meſme Coſte'
legerement eſineu,il~aug1nentera parſon agi~
,tation le mouuement de la mer , mais s’il add
Picngquïl ſoiten
enfler de plus eſmeu ar flots
pluslles grandde
violencc,il Fait
la mersmais
deſtiàlors ſur tout que la met eſt agitée par
gta-nd YÎDÏÊCG: quand il y_ a 'vn vent contraire à
l'ordinaire 8c :Îaturel mouuement de l’Ocean,
é( principalement ſi les Demon: s'y entremcſ
~lentsparce quela mcrcſt àlots agitée d’vu tri
ple triouucment , à ſçauoit par là Lune , apres
par le Soleil , qui eſineut l'air à ſon Ordinaire
mouuement, fixaalement par l'impulſion des
Genic-ssqiu,C excite-Erica
~
torbillons ſ,ôc
i
quiiurent
con ñ
"_".~ï~"’~" ". ~'~~"
Tg- _:~,
. v; .l L'a_
. . tf6' ſi -V
:S-_E ?jt a zz; î
l
i-urent contreïlecours naturel des vents pour ſi
ſi ctexcitcr les orages 8c tempeſtes ë, telles que le
l‘oëte Latin les-apdeſcriptes:
Le: Wen” femieîailtans par temps-ſte Ü- orage
— Qpæifait rtſônner l’air (ÿ-gEm-îrle Tin-age.
T H. Pourquoy eſt-ce que les tempeſtes,
ïorageHgrc-ſles,fonnerres, 8c foudres s’eſieuene~
ſoudainement , ſi quelqtſvn touche' la roche
Cyrenaiquc , ou ſi on iette vne pierre dans la.
_ _…_ _a_
cauerne Dalmarique , ou dans le acPyreneen,
ou ſi on remueentreñles
Mont-ſaconſi les pierres,qui~ ſont enPyrenees?
montaignes l'autel du

M Y. C'eſt vne choſe,laquelle les circonuoiſins


ou eſpreuuée ſouuentesffiois ;voylà pourquoy
ils ont de couſtume d’auertit les eſtran crs
voyageants par _là de ne rien ietter en penſant
au lac Pyreneen , 8c qu'ils ne remuent pas les
pierres de leur place de l’autel,qui eſtbaſty ſur a u a d”
le Monbſacon ï , ſur peine de la' vie :-Ce qu’e— dun-MT..., z.,
ſtant neglige' par pluſieurs,a apporté de grands :îî"“l::"Bl::'
calamitez au pays champeſtreOn ne peut ren- Pizr… d. p…
dre aucune raiſon vraye ou vray-îſemblable' de "ll *MLC ïF' r*:
la cauſe de cecy , ſinon la force 8c puiſſance des ÊLÏMÏ-Ïſiſictfj
Demon5_ ~ x-q.- ~ te Suce” , par
_. , . leſquelles il
T H. Mais cecy eſt encor plus admirable, ,ſi deçzndudz
quëou raconte des corps tirez des ſepulchres ;ſfknhbäggîſi
en Egypte ,leſquels ſi on tranſporte ſur mergſtgd, 5……
dis les nauires,il s’eſleuera de ſi groſſes 8c vio—~' -
lentes tempeſtes , u’elles ne ccſſeronriamais,
que le Vaiſſeau ne ſoit deſcendu à Fond, ou que
les marimers nfl-iyentietté le corps dans la mer,
ou deſcharge' leur nature en iettanr tout ce,qui
eſt dedansgenlîcau*: d'où peut eſtre ,ie te prie,
156 SEeoND LIVRE
ceſte force des orages? MY. Ifexperience fait
ſoy de cecy deſpuis ſi long temps , que meſine
les Egyptiens auoyent ſaict 'des loix , par ,leſ
quelles ils Obligeoyent celuyëdu nauire de por—
rer a ſes deſpends la perte du naufrage, duquel
les ſcruiteurs on mercenaires auroyent mis à
cachette dans quelque balle les ſuſdits corps”
leſquels Pline appelle Sepulturesmedicinales,
8c le vulgaire Mumie : carces corps ont eſte' rär
bien embaumez auec des eſpices ſi ſoueſues 8c*
odoriſeranres , que par la mordicarion ô: exſic
cation de tels aromatiques leur conſiſtence re
tire entierement à la durté 8c couleur du ſiicre
Candic
plus long: 8c meſme,
tempsſſ ſansà corruption,
fin qu'ils ſe conſeruaſſent
ils les plioyët
8c replioyent auec des bâdelettes de roille fort
dçſliée , apres leur auoir oſté les inteſtins., 8c
mis en leur place les images d'lſis,ôcdore' la
peau auec des Feuilles de fin Orzcar il n‘y a rien,
qui garde plus de rouilleure,& qui_ cóſerue plus
long temps vn corps ſans pourriture , que lſor.
De ſorte ' ue les ſepulchres dc tels corps em
'bauſinez ſont preſque inſinis dans la pu re &î ſei
che arene , qui eſt principalement autour des
innumerables pyramides du grand Caire,& au
quels vne ſi grid vertu medicinale eſtencloſe,
que pluſieurs eſtiment , qu’on ne les ſoſſoye
pour autre raiſomque pourle bien 8c ſalut des
autres corps viuanrs. Er pour dire vray, le Roy
François premier de ce nom auoit de couſtumc,
en quelque part qu’il allaſt , de porter auec ſoy.
de la Mumie , comme vn ſingulier 8c ſouuerain
remede contre routes les maladiesPerſonnc ne
~. peut
SEcTioN V. 257
Peurdoncques doubter, As’il n'eſt du tout hebe—
«WHEN
re' , que tout cecy ſe fait par Yartifice des De—
mons. h A
TH.Eſt—ce pour autant que ces Mumics ſont
execrables cfauoit les images d’IſiS encloſes
danselles, ou ſi c'eſt que les Demons ſont mar
ris qu’on leur rauiſſe leurs Mumics 2 M Y S T.Il
eſt douteux à iugerztoutesffiois il eſt vray-ſem
blable , que tels orages 8c tempeſtes ſuruien
nent , pourFexecratiOn de celuy, qui a violé la.
ſepulture. Car on a obſerué deſpuis longues
années , ſelon le rapport de la venerable anti
quité,que les tempeſtes 8c orages. sfeſleuent par
conflict des vents , qui conſpirent ſur la mer,
pour Fexecration de quelqu‘vn , qui nauige:
voilà pourquoy ils auoyent couſtume de iettet A
le ſort , à fin de ſurmerger celuy , ſur lequel il
eſtoit ï eſcheu , car lors dés auſii toſt les vents ² Au Lcliaide
10m5.
faiſoyent fCtſalctQÔC pacifioyent la mer.
T H. Mais il me ſemble du tout incroyable,
que la force des Dcmons ſoit ſi grande , qu’ils
renuerſent de fond en comble par .telle impe
ruoſiré les montagnes , les foreſts, les villes 6c
edifices? M Y.Mais au contraire il eſt beaucoup
plus incroyable,ie ne diray pas ſeulement hors
de Iaiſommais anffi hors du ſens commumque
vne exhalation.,qui n'a point de force,& qui eſt
du tout inſenſible ,, puiſſe exciter par vne _ſi
grand* violence Pair ( qui par ſazmollelſe n'a au
cune prinſe pourzſe laiſſer mener à Vaiſe) qu’il
iſeſhranle pas ſeulement la mer, qui eſt tant
large 8c ſpacieuſe, mais auſſi la maſſe. de la tc:
re : car commcenautrc part ſay-paſſe' _mon
- ICÏDPS
\
258 SEcoNn LIVRE
‘ ^“ Pî°ſïctfflï temps à deſcrire en vers ²:
du liure mis en
langage Frnn Sowner” la terre Cïfllrfl! é* rentzeæſè les 'uiller
coispar Nico. @Ãtzrózpantſhzu leflzix lesfuyar: plw [Habiller,
la: Liber.
Oufaiz parſôn rremblerä' horrible: contours
D” bam en bmglzjfer (7 rcnuerſër- le: tom-x,
Ou bien on Pay! beózgler (F ſi” l'air eïttrzprendre
OH bien E” fifa-Haim” iHſq/-Iau centre drſàcndrïz.
T H. Il ne Faut pas s’esbahir ſi la terre crouflc
8c ſe ſend quelque-fois , cat celà ſe fait pour
euïter la penetration des corpsdaqrxelle nature
deteſte ſi Fort, qtfelle fait en moins de rien que
vne- balle Fort peſaute outre-paſſe par grand
violence lïeſpace de plus de deux milles pas,ſi le
canon eſt long d’vne vingtaine de pieds z com
me on peut voir aux artill-eries 8c autres inſtru
d Auxm…- ments 'de guerre. MY. Ce que ï Ariſtote a eſ
TCS.
cript , que le mouuemeut de la terre ſe Fait par
Yair-,qui eſtenclos 8c rembatré dans ſes cauet
nes,ſeroit aucunement probablqfi l’air Oula fu
mée ſe pouuoir tout à coup eſmouuoir : car les
tours 8c murailles des villes ne ſont pas eſcroul
-lécs par autre moyen que par le ſoudain eflauñ
cement de lîair apres que la poudre ſulphtlrine
8c nitreuſe s'eſt allumée dans 'lèsmines 8c ta
niereszmais illa ſautſi bien ageancer 8c reſerret
ſoubs terre, qu'il n’y aiſt vne .ſeule rime ou ſeu
dalſe,qui donne paſſage à l’air,autr_e1nent la ſor
ce de la' poudre ÿeſuanouïroit ſans aucun effect,
comme ſçaue-nt tres-bien ceux, qui renuerſent
les meurs des villes par les mines ſouſterraiiues.
JMais comme ſe pourroit il Faire que l’air de ſon
bon gré deſcendit en bas ſoubs terre , à fin que
contre ſa nature, de ſubtil qu’il eſt ,il dettinr
craſſe
ï
SECTION V. 2.59
craſſe 8c eſpez P Car quant à ce que Fair remplit
ñ.,
les cauernes de la terre,celà ne ſi: fait pour autre
choſe, que pour cuiter le vuide, qui eſt du tout
_contraire à la penetration des corps : mais la
-—ñz.ſñ-ç.—nñ,-.,7—
fuitte du vuide rend Pair plus ſubtil 8c attenué,
lequel eſtant ainſi ſiibtilizé empeſcheroit plu
ſtoſt,que laterre ne S’eſinet1ſt,que de Finciterà
ſe mouuoir.
T H. Pourquoy cſt-ce que la fumée s’eſtanc
allumée ſoubs terre ne Fera les meſrnes effects
par nature, que les hommes ſont par art ?M r.
Parce que les hommes ſont contre nature vio
lence àla nature. D’auantage,la terre des mon
taignes eſtant par tout rare 8c ſpongieuſe ne
a peut renfermer Fair : que ſi d’auenture elle eſt
plus ſolide , comme là où il y a des roches 8c
cailloux, il n’y a point
puiſſe penetrer. auſſi de moyen
Dïtilleursïlflaiſir , qui que Fair
ſeroir eny
clos, monteroit touſiours en haut à droitte li
gngcomme la fumée ,iuſques aux nuées, puis
qu’il eſt de ſa nature plus leger que la terreunais
on void au contraire, que lors que la terre s'eſ—
meu
8c ſt, qu’ild'air:
tenuite' ya vne grande
8c que les tranquillité,
mouuementsſipureté
dela
terre ſont contre celuy de l’air en beaucoup de
ſortes , 8c vn chacun en la ſienne tres variables:
comme il appert par ce mouuemenr qu’on ap
pelle Epiclin te , _qui esbranle la tîerre a angles
droitszôc par celuy,qui eſt nomme' Chaſmariasr
par lequel
pireruSc la terre s'enfonce
parſiceluy,qui (:11 basſæhs
eſt appellé Rſſheté,rie-nkexj
par le~ſi
quel la terre ſe ereue en faiſant outſiierſiſiturezceltiyî
lequel on nomme Oſtcÿ', renuſierſeſila terre; Palſi.7
\nanas
ï
1.40 CEcoND Livne
matias l’efleue de ça 8c de la par ſes eilancemëts
reciproques , 8c qui panchexitdvn 8c d'autre
coſté: Mycetias reſemble au beuglement des
toreaux , ou au cris 8c gemiſſemexits des ~fem—
mes. ll n’y a qu’vn ſeul mouuement appellé
Braſté , par lequel la terre s’eſleue 8c eſlance
à angles droits contre-mont. Mais ce mouue
ment peut confon~
dre tous les Sophiſ
mes de ceux , qui
attribué: à Pair Peſ
motion dela terre,
par lequel on a ven
vne grande mótaiñ
gne chíger de pla
ce à plus de deux
ou trois milles pas
de là,comme ſi elle
eſtoit portée deſſoubs terre par des Croche
teurs. Car Ioſephe teſinoigne qu’vne montai
gne, qui eſtoit voiſine de Hieruſalem , a eſté
träſportée en vn autre lieu vis à vis dela place,
où elle eſtoit au parauant. Amerbache a eſcript
que le cas ſemblable eſt aduenu en Souiſſe Pan
née M. D. I. x1. Ce qui fuſt mande' au Roy de
France tant par lettres , qui deſeriuoyent ce cas
eſtrange, que par la topographie ou deſcription'
du lieu,8c_ laquelle nousauons veuë auec grand
admiration par le moyen de M.Cogner,quil’a—
uoit cnuoyée à ſa dicte Iviaieſtéz 8c laquelle du
deſpuis Nicolas Liber iuge dc Senlis perſon
ne digne de
:Sc ſçauoir toute louange_
a enregiſtré pour
auſictpetit ſa 'doctrine
liuret a eſcript
du
SctEcTxoN V. 14!
du_ mounement de la terre , lors qu'il traduiſoit
en vulgaire Frâçois PI-Iyſtoireltalique du rrem
blemët de ladeux
Dïruantage, terre,qui eſtoit aduentfià
monraigxies Ferrare.
aupres de î Mo- a Iulle obſeſſ
dene en Lombardie , lors que L. Sylla, 8c Qj"‘"‘°""'
Pompée eſtoyenr conſuls ,_ s’encoururent_l’vne
—~-m~—-—ſ—
vers Fautre en ſiiurelant 8c puis ſe retirant auec
vn grand bruit 8C fracaſſcment ſoubs terre.
‘ T H. Ceſie hyſtoire de 5 Fetrare eſt fort cele- l* Cïïïïkdblï?
bre 8c preſ ue familiere aux propos d’vn cha
cun , niais 'gautät eſt-elle plus admirable que la 157i
ville de Ferrare decttoutes
ne cnuitonnée eflgſituée en vne 8c
parts tresarrouſee
belle lei
de
fieuues, M Y, Celà eſt vn tres certain 8c euident
argument que ce terrible mouucment de Fer
rare 8c ou
de~l’air ded’vn_c
ſa campaione neencloſe
cxhaliation peut eſtre adrïenu _
aux entrail
les de la terre.Parquoy pluſieurs ont eſcript que
celà s’cfl:oit ſait par le moyeu de l'eau , ce qu'A
riſiore n’euſt iamais penſe' , pource qu’on ne
peut pas attribuer à lëeau les meſines effects
qubnartribue à fait… Car ainſi ileuſt fallu que
les eaux ſe fuſſent eflancées par grand* violence
contre-monïnôc que la ville s’y fuſt, toute plon—
gée', comme dans vn deluge , veu qu'on peut
bien
ringucſſquelques~ſois eflancer Feauyauec
de moyenne longueur vne ſy
äplus de ſoixante
pieds àdroitre ligne eontreemont , .combien
plus a Forte raiſon, là_ où _la violëce eſt cóioincte'
à vn ſi grand amas d'eaux? Finalemët les grands
mouuements de la_ terre nc ſont pasñlímirez_ dis
vn petit pays-g mais sœſtendenr .par routes les
contrées des 'plus grandes “region” comme il.
' ' /aduint
~

x42. SEcOND LIVRE


aduint l'année _qu’Annibal entra en Italie , en
I Pline &lul laquelle la terre ² ttetnbla cinquante ſept fois.
le Obſequent.
Uauantage ,l'année M. o. X L v. preſque toute
l'Europe ſuſi inſeſtée de tremblemêts de terre.
De meſme , lîaxinée M. D. i. X x X. la plus grand
partie de la France 8c de l’An - leterre ſuſi: telle
ment esbranlée par les tremb ements, que meſ
me ceux , qui nauigeoyent en la mer de Calais,
reſentirent [emotion de la terre par le trouble
ment de l’eau ,ſans qu’il y euſt aucune apparen
ce,que l'air fuſt eſiueu au lieu, où il n’a pas ac~
couſtumé d’eſtre reſerré. Cecy eſt auſſi digne
deſire remar ue', à ſçauoir, ſi les tremblements
de terre ſe faiſoyent par l'air ou par les expira
tions encloſes
tions aux viſcetes
qu’ils ſe fſieroyent de la terremous
principalemët ver
en hyuer,
quand la ſiiperficie de la terre , eſtant par les
eaux glacées endurcie en crotiſtt-,reſetre les. cx
piratiousuÿ bouche leur paſſage , à ſin qu'elles
-ne ſortent : toutesfois on void aduenirlc con-
traite en ce que les plus grands mouuements
de la terre ſiiruiennent en l’Aut0nne , auquel
temps la terre eſt entierement exempte d’exr
halationHCar le tremblement de terte,qui ſur
_uintà Fetrare , commença aux Ides de N0
uembre M. D.,xt II t. Et le tremblement de
l’E uropqduqùelnous auons parlé maintenant,
ſuruint au mois de SCPËClſilÎbſCſED ce meſine
mois la ville- de Conſtantinoble eflât eſctouflée
cngloutiſt trois -millcs perſonnes dans vn ino~
.menUAu meſine moiszdel’annee.M.cccc.1.xxix.
la meſinc ville crouſlaencoi-'rauec vn metueil
,leuxeſpouuantemcnt-dcs habitaus. ,
- T H.
SEcrioN V. 2.4,;
T H. Si les Demons eſmeuuent 6c troublent
l’air,la met , 8L la terre -: s’ils eſpouuentent les
ames des hommes craintiſs par Foudre , neiges,
groſſes pluyes,teinpeſtesprages, gtefles, trem
blemenisxde terre, mugilſements , tonnerres,
pluyes ſanglantes , ſoudaines ouuertnres de la
terre,torches ardentes,8c par la concurrence de
pluſieurs choſes monſtrueuſes 8c inopinées z il
Ë reſte a recercher , ſi les actions des Demonsou
Genies ſont naturelles? M Y. Ainſi l’a laiſſe' par
eſcript Theophraſte Paracelſe,qui a veſcucom
me on dit, long temps ſamillierement auecles
Demons , comme on peut aucunement remar
quer par ſes œuures : De là eſt venue ceſtepeſte
de magie naturelle, laquelle s'eſt ſaiſie de Pen
tendement de pluſieurs pauures ignorans z 8c
de laquelle nous ne tiendrons plus long diſ
cours en ceſt endroit, puis que nous en auons
parle' ailleurs äſuffiſance: ïadiouſteray ſeule
ment cecy,qu’il n’y a que les actions de Dieu 8c
des hommes , qui ſoyent libres, comme nous
aiions monſtre' au liure precedent; quant à l’a
ction des Demons , elle eſt tellement retenue
par la Diuine puiſſance qifils ne ſont, ni ifen
rreprennent rien ſans. ſon congé 8c licencezdontz
il aduient que ni les oragesmilcs ſoudrcsmi les
maladies populaires , ni les ruynes 8c tremble
ments de terre n’ont aucune cauſe ordinaire ſe
lon les loix conuenables à nature.
T H. Il iſappartient donc pas au Phyſicien de
diſputerdu naturel des Deinons 8c Genies? MY. '
Il appartient iuſques là au Phyſicien de diſpu-í
ter de la nature des Demons , où il luy eſt loiſi
Q,
2.44. SEcOND LIVRE
ble de rcnucrſer les opiniós de ceux,qui aiment
mieuxaffigner des cauſes lourdes 8c pleines de
ſottiſe à cc,dont il eſt queſtiomque de le reſerer
aux Demons , ou de conſeſſer Franchement,
qu’il ne ſentendent pas; Et certes Heraclite le
flmuflweſnſ premier, puis apres luy Theophraſte, 8: Plutar
la findelavie que? ont eſcript , que les plus beaux ſecrets
eſtoyexit cachez 8c incognuz aux hommes,d’au
me de l'ame tant qu’ils pcnſoyent , qu’il ne failloit adiouſter
“d” D‘"‘°"‘ f0y,ie nediray pas ſeulemët aux ſens,mais auffi
aux plus euidents effects,qui nous ſont mis de
uant les yeux. “Mais combien plus grande a eſté
la modeſtie &Hyppotärare; lequelîvoyaínt qu-il
ne ouuoit com ren re aucunemeum es cau
ſesËc principes ges maladies populaires , ni lc
i moyen de les guarir ( iaçoit qu‘il aiſt ar le
commun conſentement de tous emporte' lac pris

par deſſus ceux , qui ont eſcript auec certitude


de la nature) a bien oſé shddreſſerà la maieſté
Diuine pour luy rapporter la cauſe dïcelles , à
Pexemple des Poëtes tragiques, qui introdui
ſent touſiours quelqu’vn des Dieux,ou pour re
prendre plus librement les vices des hômes,ou
pour leur dónerà repreſenter, ce,qui ſeroit im
poffible de faire ſelon le cours ordinaire de ceſte
vie:GalIien à l'imitation dëHyppocrateme pou
uant trouuer la cauſe- tant admirable de la force,
qui eſt cachée dans laſeñmence, a eſcript qu'il y
auoit quelque Diuinité encloſe:De meſine auffi
_Auerroës ne pouuant expliquer tant de choſes
admirables ,leſquelles on contemple aux corps
celeſtes,a eſté contrainct de remettre leur con
duitte à vne cauſe,qui ſurpaſſe nature : Pline n‘a
' @ſcript
SEcTioN V.. «24-5
eſcript pour autre raiſon , que la cauſe du
feu", appellé des anciens Mariniers Caſtor 8c
Pollux , eſtoit cachée dans la Maieſté de natu
rc , ue clhoſe
queläue Tour de
monſtrer, u’ilyauoit
Diuin. Cciigqui en icelii
voudiſoit renÏ

dre raiſomparquoy vne lumiere vagabóde mar


che ſiirle repos de la nuict 2 &pourquoy elle va
de lieu en lieu,comme vn oiſeau, qui changedc
place P ou pourquoy on Fentend bruirqcomme
ſi quelqu’vn palrloit êſAutant ſeront-ils empeſ
che' de rendre
feu-follet a cau e,
eſpouuante our uo c’eſtſzilflam
lesË/Oyaägeuiispar ue le

me ſuſpendue en Pairëôcpourquoy c’eſt qu’il


pourſuit ceux,qui s’enfuyent , 8c mene dans les
eaux 8c precipices les autres,qui le ſiiyuent? ou
pourquoy c’eſt qu’il retorne,ſi on l'appelle en
pſifflant? Et certes ie trouue qu’il nſeſt beau
coup plus auantageux de confeſier honneſte
ment mon ignorance , que d'en rendre vne rai
ſon ridicule : comme ſi quelqifvn me deman
doit , pourquoy c’eſt que s’eſteint Ie Preſtere
.pouſſé des nuées tout flambant par grand vio
lence,ſi on eſpand deſſus du vinaigre? Ou pour
quoy vne petite pluye abat le tourbillon?
Il eſt vrayſemblable que Pexcellente froidure
du vinaigre peut eſteindre ce feu ,puis que nous
voyous que la Napthe ,le Camphre , la lie de
l'huile du Larix 8C du Soulphre, qui ÿemflamêt
-en iettant dëeau par deſſus, sïéſteignent, ſi on y
verſe du vinaigre,ou de l’vrine,ou ſi on y eſpard
des cendres. Mais d'autant qu’il me fache d’ar
reſter mon diſcours çn telles fadaiſes , fayme
mieux .confeſſer honneſtcmenr mon i gnorauec
(L12.
~l

3.46 SEcoND LIVRE'


"en raportant aux Demons tout ce que nous
voyons , qui ſe fait par deſſus nature touchant
l’eſclair,tonnerre 8c Orage, que d'en rendre vne l
cauſe ridicule: routesſois ie ne voudrois aſſen
rer quemon opinion ſuſt meilleure que la leur,
ſinon en tant qu'elle eſt plus vray-ſemblable,
que tout ce qu'ils gaſouillent de leurs legeres
exPTiratioxis.
H. Pourquoy eſt-ce que la Biſe ne ſouffle
pas ſi ſort la nuict,que le iour; &FAutanlplus le
iour,qt1e la nuict? M Y. Ie ne puis 'eſtimer a cau
ſe de cecy eſtre autre que Diuine. Carſi nous
diſons que le Soleil,, qui nous eſt _touſiours du
Coſte'vents
des de midy -, rcprime
, noſtre ar ſa
raiſon ctſlära chaleurpuis
inutile, la Force
qu'il
ſaudroit , qu'ils sïiugmentaſſent pluſtoſt par la
chaleur , ſi tant eſt que les vents naiſſent d'vne TLF-ï:
exhalation ſeichezôc meſine la Bize ſouffle plus
fort
quandle iour q, 8c eſlance
le -Sſſoleil principalement auauec
ſes rayons temps
vned’Eſté
plus v
penetranre ardeur : toutesſois ie recognois icy l
vne grand' 8c ſinguliere honte' de la prouidence
de Dieu, qui fait tout à bonne fin z quand elle a
'eu eſgard és grands chaleurs des iours d'Eſté
les temperanr par la ſroidure de la Bize S 8c és
grands ſroiduijes des nuicts de l’Hyuer , les eſ
chauffant par la chaleur des Autans. A
T H. Pourquoy eſt-ce qu'on ne peut par deça
.les tropiques ni ſemer, ni planterzni cultiuer la
"terre , ni penſer les playes &vlceres quand la
-Biſe ſouffle? Parce que l’air,qui eſtîdes-ia de
ſa nature ſroidnëaſroidit encor' tfauantage' par la
froidure de la Bize,ce,qui a ſaute de chaleur.
T H.
SE c T 1 o N V. ;47
Tr-LPourquoy eſt-ce que l'année ſiiyuäteefl;
ſterile du bien de la terre-,ſi la Bize ſouffle lors
que le Soleil paſſe par le ſigne du ScorpionzMy.
Parce que la Bize retient la plu e , qui eſt alors
Fort neceſſaire pour le bien 8C aluc_ des ſcmen.
ces :car ſans icelles les ſemences ne euuem_
ni germer, ni- la vermine mourrir, qui fes cóſuù
me , 6c qui a de couſturne de ſe perdre en cer;
cain temps. Ce que nous auons veu eſtrcaduſiczfl. i
nu en Fannée M.D.t. X X 1 Lapres laquelle ilſirïçnè
_ ſuyuiſt vne rand” cherte', parce que ſon autonë
ne fuſt fort
auoyent eichezvoilà Pourquoy
anciennement les Hebreux
de couflzſſume de &lire
des vœuz 8c prieres generales à Dieu,qu’ilíhſy
pleuſt leur euuoyer en Aubonne la pluyeæ, à. fin
qu'ils ne fuſſent imporrunez du cry des pau*
ures paſſages leurs demandansſaumone, ~ ~
I T H. Si nous rapportons lacauſe des Vents
ordinaires au Soleil, &I des extraordinaires aux
Genies &Demo-ns
ceux , qui opinencj , que
quelesreſpondrons nous à
Pleiadesſi, Hyadesz
Arcturusde Chien, &c les Cheuteaux ſont caue
ſe des tempeſlÿçsfflluyes,ardcurszôc oragesïM Y”.
1’ay trouué que Pobſeruation des ancienssçü
deceiie en celà. , laquelle _rapportoit à. ces aſtres
,la diſpoſition 3C changement de Pair , laquelle
ſe deuoit pluſtoſt _raporter àla_ diuerſiré, 'dulç
uer 8c çouçher du Soleil 8c _àla varieçé, des, gli
— mats 8C regions, On le peut facilcmenrcomd
prendre z de ceque tous les aſtres ont changé
çle place;de, deſpuis
telnps, plus_ d’vnHſyparchusiuſques à noſtrç
igſine ou peusëîeu faut, de!!!
iladuient , que l'ancien leuèr ê( coucher dee_
*La
z48 SŒCOND-LÎVRE
aſtrestant I-leliaque que Chronique ne s’accor
de en rien auec celuy de noſtre temps.
TH. Pourquoy non 2 MY. A cauſe du triple
mouuement de 1.1 huictieſine ſpherezmais à ſin
que nousiſallions ſi loing cercher vnqexemple
dutemps " dſiHyparchus ,nous nous contente
rons de ceſtuy-cy ,lequel nous anons tiré de
(Iolumelle, au temps duquel ,ainſi qu’il dir. les
Pleiadesiſe leuoyent auec le Soleil ſur l’H0ri~
ſon à. Romme au vingt 8c ſixſieſme degré d'A
ries; ou au vingt 8c huictieſine en Alexandrie:
mais 'en ce temps icy elles ſe' leuenr auec le
dixieſine degre' du ToreamOn peut veoir par
ceſt exemple, que le leuer & coucher de tous
les 'aſtres ,delſipuis le temps de_ Colugielle ivuſ
ques àpreſent , s'eſt retardé de quatorze degrez
du Zodiaque. Par ainſi , onpe pourra pas rap
porter le changement de Fair aux eſtoilles ſi—
xes , ainſi qu’on penſe' les anciens,puis quſiil n’y
a aucune conuenance. Mais Sïlfaillczit conce
der, que la Canicule excitaſt les chaleurs lorſ
qu'elle ſe leue auec le Soleil,il fandroit que
principalement celà aduint aux regions, oùla
Canicule eſt verticale, comme ſur Pextremité
d’Af'rique,ſiir l’Aſie Orientale , 8c ſur vne bon
ne parrie du Breſilunais tant S’en Faut , qu’en ce
temps
leur là , auquel redouble
Horiſſioiuclle elle ſe leue auec le Soleil
la chaleur ſur
du Soleil;
que pluſtoſt alors toutes les contrées ſont là
chargées dc pluye 8c de neiges, dont iladuient,
en Aftiqucprincipallemêt , que le Nil 8c le Ne
re 8c telles autres riuicres ſe debordent quand
e Soleil ſe leue auec la Caniculefflinſi quelcs
— Eliza
..J

'SÉCTXON VI. 249


Eſpagnols teſinoignent par leurs ² Hiſtoiresù . AL_
Il Faut donc que la force ordinaire des vents, le CJ? r..
changement 6c tenue de l'air ſelon les ſaiſons ſe Ethic-Pique*
rapportent au Soleil. Car 'tout ainſi que nous
voyons que la Lune preſide au ſoye 8e auxhu
meurs du corps humain , 8c que le Soleil regit
le corps 8c les ſacultez vitaleszde meſme la Lu
ne commande ſur ?Ocean , 8c le Soleil ſur le
mouucment de l'air; de ſorte qu’il y a vne bel
le proportion de leur vertus 8c puiſſances tant'à
l'endroit du grand que du petit Mondezcar c6
bien que la mer quelques-ſois ſoit cſmeuë par
la tourmente 8c otages , elle ne laiſſe neant
moins de continuer ſon ordinaire mouucment
par le cours de la Lune : autant en pouuons a
nous dire de Pair, qui outre ſes mouuements
particuliers aux regions ;Sc pays,a neant-moins
vne agitation ordinaire ,laquelle garde ſa te- ' ./
nent toute lëannée ſelon le cours du Soleil,
combien que toutes—fois il ſoit plus difficile
«Tobſeruer que le mouucment de l’eau.

De l'eau Ô' de l): 2cm ,des Flames d* de:


Iſle.: , de: fbzzrainc-.Hdcläûccenn é" ~
mer M-diternzníe.
S E c "r i o N V-I.
_T H.Tu m’as ſatiæſaict abondammenhcom
me ie penſe, touchant la nature de l’air : il reſte
maintenant que nous diſputions de la nature
de l'eau :mais à fin que nous ſuyuions Perdre,
lequel nous auons garde' iuſques à preſent , ex*
plique moy premieremennsïlte plaiſhque cîeiï
L#
~l

L50 SECOND LlVRIi


que l’eau?M Y. Ceſt Felementle plus humide.
_ T H. Si Fhumidité n'eſt qualitéda chaleur
ne ſera pas auſſi qualitézsi au contraire l'humi
dité eſt qualité , elle ne ſera pas ſubſtance cor
porellemiais pluſtoſt vn accidentîM Y. Nous a—
uons des-ia monſtre que l’eau eſt vn corps , 8c
voire le plus peſant de tous les autres, ſans au
cune penetration de ſes dimenſions: elle n'eſt
donc pas vn accident ,mais vn corps , de telle
ſorte , qu'en uelque part où ſoit ſon humeur,
là eſt~elle auſſi cotporellerncnt : 8c 11e ſaut pas
penſer queſargutnent , qui eſt tiré de la cha
eur,ſoit neccllairezparce que la chaleur n'aug
mente rien le corps eſchauffé , ce que ſait bien
lffhumiditäquand elle le rend plus peſant , plus
grand,8c plus ſolidezcomme on peut Voir en la
paſte , qui eſt plus peſante d’vne ſCPElCſiDC pat
tie que le pain cuit,parce qtfen la cu—itte la cha—
leur du ſeu conſume la ſeptieſme partie dc l’hu—
i)iidiré,& ineſine tant plus on le cuit , tant plus
ſecôc legier deuiët-ñil,ce,qui ne ſe pourroit Fai_
ï re aucunement, ſi l'humidité eſtoit accident:
car autrement le corps des animaux ne recep
uroit aucun
quoy ceux-làaccroiſſemêt par les humcursPar
errent grandement, qui dilſienr a
uec le commun , qu’il y a quatre qualitez ſou
ueraines, à ſçauoir le Froid, le chaud, le ſec , 8c
l’l1umide;s’ilS penſent que Fhffmidité ſoit quel
que choſe abſtracts du corps, puis qu'elle eſt
compoſée de ſubſtance 8C accident : mais s'il
aduientqubn entende par Fhumidiré Fabſtrañ
ctiou deſon eſpece, on pourra bi_en ſans danger
argumenter de ceſte raiſon du ſec à Pliumide,
7
comme
SEcTxoN VI. 2.5l
> comme de l'accident à l'accident.
THEOR. Pourquoy eſt-ce que les autres ele
mens ne periſſent comme Peauayâs perdu leur
propre qualité ?M r. Celà n’eſt propre,ſinon
à Peau &au feu, cat ſi le ſeu eſt abandonné de
ſa chaleur , ou Peau de ſon humidité , il eſt im
poffible que Pvn ni Pautte puiſſe ſubſiſter: au,
contraire ni ,l'air pour auoir perdu ſa froidure,
ni la terre pour cſtredeſtituée de ſa ſiccité n’en
eſt rien moins interelſée,qu’au contraire ell' en
eſt rendue beaucoup plus foeconde. '
T H. On uſa autrefois enſeigné,quele ſec 8c
Ie chaud eſt - ,nt qualitez actiues, 8c ue le
froid 8c Phuffde eſtoyent qualites pa iues.
M Y. 'Ainſi Pat enſeigné Ariſtote, ſans toutes—
fois Pauoir confirme par aucune raiſon proba
' ble: mais , à ſin que tſſu :Pentendesda qualité de
chacun agit
ſubiect eſt d'autant lus excellente,
qu'elle de plus grand effircacc à l'endroit
d’vne plus in firme,qui luy eſt contraire ;dontil
aduient qu’vne grande abondance d'humidité
repouſſe 13; ſurmonte la ſiccité , ;comme auffile
froid trop penetranr eſteint vne petite chaleur:
par là on peut entédre queles qualitez agiſſent
8c patiſſent les Vnects entre les autres:mais— "
d’auanture la _force du chaud 8c de Phumide eſt
balancée eſgalement auec le ſec 8C le froid ,le
chaud 8c Phumide emporteront touſiours,d’au
tant que dïceux depend la generation, 8c de
ceux-là la mort 8c corruption. Car quant à ce,
que Heraclite dit ,que les ames cœleſtes ſont_
ſeichesles appellent arides , il sfabuſe grande
ment: car les corps coeleſtes ſont compoſez de
5
2.52. SEcOND LIVRE
ſeu 8c d'eau, COlſiDlTlCdlÎOUS auons proposé au
liure precedent.
T H. Pourquoy eſhce que la terre ne s'en
fonce point dans l'eau , puis qu’elle eſt plus pe
ſante? MY. Ariſtote säeflzmonſtré douteux en
celte demande' :… car luy-meſme conſelſez que la
terre deuroit eſtre de toutes pars enuironnée
des eaux,mais qifelle a eſté toutes-fois deſcouæ
uerte en quelqu’vne de ſes parties tant pour le
bien 8C ſalut de quel ues animaux, que pour la
conſeruation de pluiÿeurs oyſeaux 8c beſtes rê
panteszdont il ap crt par ceſte prouidencgque
a premiere cau e eſt libre en ES actions , 8c
qu’elle n’eſt obligée aux loix de attire , contre
ce qu’en auoit dict Ariſtote. Mais combien ell:
il plus adinirable,qiie la terre nage ſur les eaux,
ui ſont ſuſpendues en l'air2ComlÎien que per
llgnne n’aiſi: encor’ declaré par eſcript la pro
portion dela peſanteur de la terre àlapeſanñ
teur de Peau; ?encens icy la peſanteur de l'eau
des puys 8C des Fontaines , non pas de lÎeau de
pluyqquieſt plus le eresniauſſi de l’eau dela
mer , qui eſt p us pe ante.
² L* PMP*** TH. Quelle proportion peut eſtre entre la ~
donde la e .
ſantcurdesîé- peſanteur de l'eau 8c de la terreêM Y. Si tu peſes
:rende Peäu vn vaiſſeau dïiirain rci-Tiply d’eau douce auec
ouc: &z . ñ ~
ſtauſajeñe ,dz lc poids plus exquis encre les march-ins, 8C
!ſalem-z a: du ſi apres auoir remarqué la peſanteur dïcelle,
C ñ
Luendu Pc tu la verſes, rempliſſant le meſme vaiſſeau de
ſt 71- parties. terre fort ſeiche,pulueriſéc,8c preſſée, tu trou
Peau douce . ~
1D,… ſalée ueras que la ² proportion , qui- eſt entre 92.. 8C
laren-e ſeiche 74.011 entre i6. 8c i3. eſt de meſme entre la.
E? mîterrc 8c Yeauzôc fait: icy remarquenque la terre
humide
SEOT1ON VI. 2.55.
_ humide n'eſt 'pas terre, mais pluſtoſt vctne maſſe
_ d'eau 8c de terre. Maisvoicy ſur tout vne cho
ſe,qui
plus eſt digne
laterre d'eſtre remarquée,ſçauoir,q
eſt deſeichée tät. ſi
au Feu , d'autant plus
peſante deuient-ellgde ſorte qu'vne brique,qui
n'a eſté cuitte qu’vne ſois , n'eſt pas ſi peſante,
que celle,_qui
tesfſiois a eſte'
la cendre eſtrecuittepar
plus legeredeux fois.Tou
que l'eau deſa
trente ſixieſme partie,8c flotte meſme par deſ
ſi ſus,iuſques à ce-qſſeſtant
tnidité,elle S'en bien abbreuéeàd’hu—…
alle au fondzſapeſanteur celle
‘ ſſOn
de la.peterre,eſt
ut veoir cOmme-la proportion
par cecy,qu'il dedifferen~
y a grand 14.5. 1 6.

ce de la cendre à la terre; comme nous -auons


deſia dictzparce que la terre eſt vn elemët accó
ply de 'ſa forme ôc-matieresôc que la cendre n'eſt
autre choſe , que la lie des corps elementaires
bruflez,& qui tcpteſentmcomme vne image, la
premiere matiere deſpouillée de routes ſes
Formes; 1- _ — . .
T H E. Si la terre eſt plus peſante que l'eau,
comment ſe peut-il ſaire , qu'elle ſoit ſoubſte
nue par les eaux? M Y. Il n'y a pas grand diffeñ²
rence entre la peſanteur de la terre .85 de l'eau
de la mer: car la proportion de lctvne à l'autre
eſt, comme de 9z.à 90. De l'eau de la mer à,
l'eau doucefflomme de 92.. à 74. De la terre au
ſehcomme de 9z.à x06. Or il eſt treſ—certaín,
qiſvne petite motte de terre iettée en l'eau s'en
va au Fond; mais il n'eſt pas neceſſaire que ce,
qui ſe fait en la partie, ſe faſſe auſſi au toutzcar
vne petite piece d'airain deſcend bien au fond
de l'eau ,ce que ne feta pas vn grand plat d'ai
rein,
2.54 SEcOND LlVRE
rein ,lequel combien qu’il ſoit plus peſant que
l’eau,n~age pourtant deſſuszde là on peut veoir,
ue lſiargumenutité de la partie à, ſon tout,n’eſt
a_ Au 2. liu.du
ciel c. i3. pas
neceſſaire,duquel toutesfois ² Ariſtote avſé
pour monſtrer
monde, que qu’vne
ayant veu. la terrepetite
eſtoitpiece
au centre du
deſi terre

deſcendait ſoubs l’.eau.Il_ eſt auſſi moins proba


bcomme i'_liñ ble,'que la terre ſoit b reprimée par le contour
:j :ÏHËEŸË: noyemêt de lZiinWant à ce quîvne petite mot
l'Hiſtoire na- te de terre sſien va au fond ,ſi on la met deſſus
"W" °'5' l’eau,il ne sîenſiiit pas pour. celà, qu'elle s'en alle
droit iuſques au centre du tnóde-,l-a-raiſon veuë ‘
8C experience, quinous enſeignenn-quëvn œuf
crud demeureſuſiendu'
doucezôc entre
l’autte ſaléQ-ſion deuxeauií,
leſt-niet-pai" l’vne
deſſus la
doucezſoubslaqu-elle, il deſcend ſans paſſer plus
auant ; comme i10l1S..dl1~OnS cſiy-apreseôc .ne faut
pas auſſi conclurre , que les vapeurs-ô( ſubtiles
expitations de la terre s’efleuent iuſques à la
concauité de l’orbe de la Lime , ſi on les void
sëefleuet juſqu-ès aux nuées. '
T H. Il ſembleroit eſtre contre nature , que
leschoſes peſantes ne dcſcendiſſent pas à fond,
MY. Ce ſeroit vne choſe abſurdgque de pen
ſer que nature euſt ſubſiſte' ſi long tem .s ſans
decadence, ſi elle ſe repugnoit z ou que a terre
peut conſeruer des ſi long temps ſa ſtabilité e
ſtant fondée ſur l’eau,ſi,çelà ne conſentoít aux
loix de nature, Or nous xſauons pas ſeulement
le -teſinoignage de la ſaincte Eſcripture pour
preuue, qu'elle eſt fondée ſur ſeau, mais auſii
Pexperiencezcar la mer embraſſe tant affectueu
ſcment ,la terre , qu’il ſemble que la nature de
\ lſivnfl;
~

SEcTiONſVL :.55
l'vne, 8c de l’autre ne’n _faſſe quſvne.
les T H. Combien
eaux profonde_
_, ou combien eſt—elleeſtpar
la de,
terre oubs
ſi '
nente? M Y. Il eſt difficile de reſpondſi
demandezcar
terre eſt toutetouchant
ronde 8e: ce que Pline
ſolide,& que'dit ²,que
d’vn: la c.6.dc
cou- a pli-nem: I
ſon rſiiiſi.
ſté ell” eſt enfoncée dans l’eau,la fauſeté ſe ma- ÏŸÏQÏOÈËZ 45':
, nifeſte en celà principalement ,queles terres globe dela ter
deſſus
ſont deles eauxïro-utesfoigsïl
toutes _pars du 'mondem'eſt permis d’en
eminentes par que l'autre
'dire mon aduis par coniectureue penſe que l'a*- fſiſüsflgäîä
baiſſement de la terre ſouſi-bs les eaux , qui Pen- lîexperierſiice
uironnenueſt däaſgale peſanteur ä icellesxomſi :Ïſíälîë 1° “ct"
me par exemple vn nauire chargé s'enfonce ſi
autant dans l’eau,que la peſanteur de l'eau, qui
*eſt au rour,fair place à la dimenſion dudict na
uire :car on a experimenté pluſieurs fois, que
tre ſtadesneou
l'eſpace contient pas plus
enuſiiromlä où ledegué
diſtance de qua
de la mer ap
paroit plus profond: mais on trouue quelques
fois des montaigues , qui ſont plus hautes de
vingtehuict ſtades; par ceſte raiſon on peut cô
prendre , que la ſeptieſine partie de la terre ſe
roit enfoncée
comme il me ſoubs
ſemblel’eau,à laquelle
,le ſecret ,s-'accordæ …
gleqtfelEſdrasſi
auoit reuelé,quäd il eſcript b, que les eaux' 'oc- "‘ſi‘“'4²lî"'°~"
cupent 8c contienne-nt la ſeptieeſmepartie de la. _
terrexcar il ſeroit impertinene de 'rapportervcez
ſte ſeptieſme partie aux eaux, lquiïco-uurent la
ſuperficie de la terreweu (comme ilëappert par
les tables Geographiques &Hydrographiques
?des nauigarions
Peau du iourd’huy—)que
ont leſiur ſuperficie exterieurela preſque
terre -Bc
dëvne
256 SEcOND LIVRE
d’vne meſme extendue.
TH. Si la terre nage par deſſus les eaux 5c
neæend tout d’vne venue versñle centre de
la ,où eſt-ce que les anchres s'accroche
ront? ou d’où_ tirera la Boulide le ſablezMr s.
L’anchte peut par ſa peſanteur eſtant iettée ar
reſter le nauire , 8c la Boulide arracher le ſables
d’autant que la terre s’eſtand fort loing du ri
uage ſoubs les eauxzmais quand on eſt venu en
haute nier comme en FOcean , la Boulide n’a
plus d’vſage ne ſeruant ricn qu’aux guez voi
ſins de la terre: 8c meſme on trouue en plu
ſieurs pars la mer tout ioignant le riuage ſans
fond 8c ſans riue,c0mme en ceſtc part de la mer
Pontique, qui pour reſte cauſe a eſté appcllée
a kroſond. par les Grecs ï Bai-reg, 8c au deſtroit &Angle
terre 8c dT-Iibernie 38C auſſi en la plage de Fn1ſ—
landes 8C en la mer Caſpie , qui de toutes pars
eſt enuiróneſie de la terre,& de laquelle les eaux
ſe regorgët par deſſoubs dans la mer Pontique.
Tellement qu’il ne Faut s’eſmerueiller,ſi autres
b L'an 389d” fois la terre s’eſt enfoncée au milieu h du mar
ñla fondatiô de
la Ville, lors che' de Rome par vn ſi profond 8: horrible
que Scruilius
Halal &Genu abyſme,qu'on n’en pouuoit trouuer le Fond,8>c
tius eſtoyent duquel expira ceſte peſte , qui ſaiſit toute la
Conſuls.
Ville. ., .
T H. Sila terre eſt ſouſtentïede lÎ-au ,pour
quoy ne flotte—elle comme les _nauires 2 M Y.
Pour cauſe de ſa grandeur 8c. de la ſtabilité , la
quelle ce grand 6c ſage Ouurier luya donne'.
T H. Il faudrait donc que les plus petites
ifles , qui ont moins de peſanteur flottaſſent.
-M Y. La plus grand partie desiſles adhere par
deſſoubs,
î

SEcTioN VI. 257 ‘


deſſoubs les eaux à la terre ſerme,comme les E_
ſſchinades 8c Cyclades à l’ArclÎipelage, exceptéc
l’iſle de Delos : Item les Orcades à lëEſcoſſe : les
Srœcades du coſté de Marſeille, 8c l'Angleterre
du coſté de Roüant à la Gaule : Sicile à l'Italie:
les deux Baleares Majorque 8c Minorque à l'Eſ
paignuRhodes à l’Aſie : Cyprc à la Syrie:Pha—
ros à YEgypte, ainſi qu’on a cognu par la ſonde
8c boulide de plom . ’
T H. Pourquoy exceptes tu l’iſle de Delos!
M Y s. D’autant qu’on trouue ar les ² ancien-À Denis Afer,
nes obſeruations Strabon,& ?ô -
quelque temps au ,parauant
qu‘elle ale cliancé
deſa re de
desplace
Per-p. onius M… ſ
es; autant en dit-on de Salamine , 8c des deux
ifles, qui ſont au lac Tarquin enToſcane, là où
le vent,ſe ſeruant des_ arbres comme des voiles,
les pouſſe çà 8c làzOn eſcript le meſme de Fille,
qui eſt ſur le lac appellé Cutilia en Vmbrie , la
où ſa ſoreſt ſort eſpeſſe ne ſe void le iour en
meſine ſituation , qu'on l’auoit veuë la nuict
precedentùOn trouue auſſi les Saltuaires en ce
lieu de la mer Adriatique, qui eſt appellé Nyinñ'
pheon ; ce qui eſt approuué veritable par le
commun conſentement des eſcriprs les plus an
ciens auec les plus modernes. "
T H. Wi empeſche que ces iſles ne s'enfon
cent ſoubs l'eau par ſucceſſion de temps P M Y.
On trouue bien que celà eſt aduenu à certaines
iſlcs,non toutesſoiſis par cas ſortuitzou par l'inn
puiſſance de natureunais pluſtoſt par vengean
ce 8c punirion-Diuine. Car il y ades-ia long
temps que les ifles de Salainine 8c d’Helice ſont
abyſinées ſoubs- les eaux; de ſorte que le ren- _
contre j
i
M.;

2.58 'SECOND LivRE


contre de Ciceron eſtant au gur s’eſt trouue tres _ l
veritable , quand il dit , que Salamine periroit ‘
pluſtoſhque ce,qui s’eſtoit fait en Salamine.
T H E. Eſtñil vray ce , que ?encens dire à plu
ſieurs l-eripareticiens, que l'eau eſt dix ſois plus
grande que la terre? M Y. A grand” peine pour
toit-on trouuer vne raiſon vray ſemblable pour
premier leur dire, ſi on prend garde à la diſſe
rence de la peſanteur de ~vne 8c de Paurre , qui
eſt ſort petite , comme nous auons monſtre' vn
peu au parauant en comparant l’cau douce auec
a terre (car Feaupmarine eſt plus peſiœnte que
l'eau douce) mais 1l Faudrait ainſi , quela terre
ſuſt dix ſois plus peſante que l’cau , 8c que l’cau
gardaſt ceſte proportion auec l'air , puis qu’vne
once d'eau, qui s'eſt changée en vapeurs, oc
cupe cent fois plus de place , qdauparauant
qu’elle fuſt changée. Combien que ceſte
opinion des Peripareticiens ſeroir ſuffiſante
de renuerſer de fond en comble la ſentence
d'Ariſtore,à ſçauoir, que la terre occupe le cen
tre du monde. Car ſi la terre ÿeſtendoit tout
:l’vne venue íuſques au centre clu lnonde,& que
meſine elle ne Farreinr que de ſa ſuperficie ſans
paſſer outre il Faudrait neceſſairement qu’elle
fuſt couuerre de Pafflrtence de l'eau , &que le
Diametre de l’cau ſuſt deux ſois plus grand que
celuy de la terre : comme il apperr par ceſte
treſ-certaine demonſtration de la proportion
des globes à leurs Diamerres. Car le Diametre
du plus petit globe A,B, eſtant doublé en cube,
rend le globe A, c, D, huict ſois plus grand que
Ie petit globe A, B. Mais ſi on triple en cube le_
- Diame
x
SECTLlI-N Vl. 2.59_
4 _ Diametre du plus petit
~ globe D, E, F, il fera le
globe A, 13,0, plus grand
J vingt &ſept fois que le
petit globe p,E,F.Com—
ment 'pourroit donc en
telle ſorte aucune partie
de la _terre apparoiſtrc
par 'deſſus l'eau , ſi ſon
;cime çſtoit aus; celuy_
du monde; puis que le
_Diameçre de la terre
auec çelu de lfflcaiueſtät
en double proportion
multiplie' cubiquemenr,
monſtre que ſeau eſt
huict fois plus grande
._ que toute la terreëÇom
me par exemple le Dia
metre dela ;éric ſoit de
ſept parties,
Peaude 8c celuy
quatorze de ſi
, ſi on
ñ ._ _ les milltctiplie cubique

ment I'm fera 543.66 Feutre 2-744- Celà ffflſſctzſi
on diuiſe _le plus grand parle plus Petit nombre,
le quotient rendra le nombre de huict ) qui eſt
la iuſte quantité, parlaquellê .la \eſſe ſuïffloflſf:
l'eau. ' ~ v
_ TH- La Geographic 8c Hydtographie nous
enſeignent; que les terres s’eſtendent fortloing
ſoubs le midy ôç ſoubs le Septentriomlà où elles
ſont fort diſtraictes 8c ſepatées lesvnes des au
tres; 8C derechefqu'elles ſont fort CÜÎCMÏUÊS &S
. R,
A60 SEeoND LlVRE
ſeparées les vnes des autres ſoubs l'Orient 8c
l'Occident z dont il appert, que ce n'eſt pas vn
meſineContinennmais pluſieurs parties dela
terrt-,qui
Il ſontqu'ils
ſaut certes l'a eſparſesxomme
conſellſſeiitſicelàdes ifles.
bon gréMmal
Y.

ré qu'ils veuillent , ou , tout à rebours de


Feur opinion,que la terre eſt dix ſois plus gran
de que Fextendue de l'eau; ce qui eſt du tout
abſurde :car nous vovons que nature obſerue
_par tout, que tant plus grands ſont les corps,
dfliutât plus auſſi leur ſubſtäce eſt-elle minceôc
ſubtile,& au contraire,tant plus leur eſſence de
nature eſt craſſe &eſpeſſe d'autât plus auſſi Ont
ils petite eſtêdumCar tout ainſi qu'il n'y a riê de
plus ſolide 8c maſiiſ que ,l'or , auſſi n'y a-il rien
de tant rare 8c qui ſoit en plus petite quantité
quïceluyzautant en peut-on dire albppoſite du
plus haut CieLauquel il n'y a rien de ſemblable
ni en grandeuizni en ſubtilité de ſubſtance. De
meſme auſſi dirons nous de la terre, laquelle eſt
aucunemêt plus ſolide 8c plus peſante que l'eau
douce ayant proportion auec elle,cornme 8.à 9.
8c à l'eau ſalée, comme pzſa 90. 8c parce occu
ant moins de place que l'eau. Et meſme com
bien que la ſuperficie dela terre ſoir aucune
ment plus ample 8c eſtendue que celle des eaux;
neantmoins i Faut neceſſairement quela capa
cité interieure de leur globe tirant au centre
ſoit toute remplie du. corps de l'eau, veu que le
Diametre de la circonférence tant de l'viie que
de l'autre ioincte enſemble comprend 7440.
miliares,comme nous inonſtrerons plus ample
menten ſon lieu.Nous auons maintenant aſſez
demon
SrcTioN VI. 26x
demonſtré , qu'il ne ſe peut Faite aucunement
que la terre ſoit poſée au milieu du monde , ou
qu'elle entorne de tous coſtez par ſon contre
poix le centre d’iceluy,quand voire meſine nous
n'aurions eſté Foiidez ſur l'autorité de la ſainctc
Eſcripture, laquelle nous preFerons à toutes les
raiſons qu'on nous pourroir alleguer àl'enconſi
tre; combien que nous ne ſoyons deſpourueuz
d'arguments 8c démonſtrations ſuffiſantes Pour
1e Faire entendre.
—-« —q— 1—
T H. Ie te prie , puis' que la choſe le merite,
qu'il te plaiſe mettre en auant tels arguments?
MY. Si la terre ne nageoit par deſſus l’eau ,il ,
n'y auroit ni fleuue,ni Fontaine,qui arrouſaſt la
com a ne. touſiours eſté tiré en ceſte opinion
TPHîgFay
de croire, ue les Fontaines, qui accroiſſent les
fleuues, tignnent leur naiſſance de l’air,qui s'eſ
peffit dans les cauernes de la terre , 8c qui deſ
coule de là, comme les gouttes de l'eau par la
fleutte d'v11 Alambic. MY C'eſt vn' autre opi
nion d'Ariſtote,qui n'eſt pas moins digne de ri
ſée que les precedentes : (car il ne ſe ppm Faire
en aucune, quçe
ptement Fa on ue l'air
lesſleaux e corrom
ſortent e 1 \ſiſteſſe
à grînd rom

de leurs ſourceszôc meſine s'il aduenoit que celà


ſe peuſt ſaire en vn moment , tout l'élément de
l’air,qui eſt de ſa nature tres rare,ne ſuffiroit pas
àla production d'vne ſi grand abondance d'eau
qui decoule en vn iout; ni meſine les larges 8C
profonds abyſmes de l'Ocean ne ſeroyent _capa
bleS,voire qu'ils Fuſſent vuides , à receuoir vne
ſi grand Force d'eau , qui s'y verſe iournellcä
‘ R 2.
:561: SECOND LIVRE
\ ment. Mais que pourroit-On dire de plus Friuoó
le, que d'eſtimer que lair, qui s'eſt retiré dans
les cauernes de la terre pour euitcr le vuide , ſe
change en eau, veu que' les cauernes de la terre
ne ſont rien moins eſçoillées de l'air , qui y eſt
enclos,par quelque continuel flux des eauxzqui
y puiſſe eſtre 5 car il Faudrait ainſi que tout Fair
/_ efondiſt en eau: lay honte de telles_ ſadaiſes.
Mais combien plus Diuine a eſté Pancienne opi
nion des Hebreux , laquelle eſtant tirée 'de
leurs ſecrets a eſté premierement approu
uée de Thales Mileſius; 8c aptes_ luy de Platon,
de Philomde Seneque , 8c_ de George Agricola,
ſ par laquelle il eſt certain que les fontaines 8c
ËCËÏÜJÏ: riuierels *viennêt 8c s’en retornêr de l’Ocean en
Philô
J: au livre l’0ceanpar
Ægäſffflgſicoule parles
le pores
moyen&lconduietsi
de la mer , laquelle s‘eſ—
la terre?
'senïqucïſiuz-LDbnt 1l aduient que la mer ne croit ni ne de
c.9.dc ſesquev _croit
fiionflmffll_ . receuant
^ ' touſiours
. _ ‘ autant
' ‘ d,e ‘tri_ uts des

les. ~ ' _'fieuues,qt1’elle eſt liberalle d’enuoyer par toute


la cette ſes richeſſes. _b Ariſtote le premier s'eſt
DE crit-IME" efforce'
"””"""-' le eſt CO1en("ſi vainl del reietter
l ' Du'ceſte
ſi opiniomlaquel
~& ſſ ll
\Eſdrasqau 1,1. y i orme aux oix ruines naruïe es,
tudernleri
Pline au Ll-C d
comme 1l a preſque
-
Fzuct

le
‘ ë
ſemblable
- ’
a l, edrolt‘
36_ M 674k _e tous _es decrets de ſes deuanciersz
gai. l i a Tihlfautorite' delhntiquite' eſt grandezmais
Mufmflsſ il_ me ſemble aduis,qu’il faut_ debattre ai_- raiſon
~ les_ queſtions_ ,ſprincipalement quand a_ diſpute
ſe fait des_ cho es naturelles. M Y, Voire meſme
que nous faſſions deſpourueuz d'autorité , les
raiſons , leſquelles nous auons alleguées , ſont
aſſez ſiiffifizntes pour preuuet noſtre propoſió
çiomôc certes vne ſi. grid multitude de .fleuries,
s qui_
d SEcTioN VI. àâà
qui deſpuis tant &années ſe deſchargenr dans
_ l’Ocean
ce monde , eufitil y a des-ia
eleinentaire ', &ctlong temps ſubmerge'
ineſineflattaint la ſu#
perficie creuſe du ciel de la Lune,ſi les eaux par
ceſte circulaire peregrination ïſeſimpeſſichoyent
Paccroiſſement 8C decroiſſeſhentde la ineräpuis
'que la pluye__a bien dans quarante ioiirs eſ
'pandre vn ſi grand deliige parſdefliis 'toute la
tcrre,que les .eaux ſiirpalſoyeni: les plus hautes
inontaigncs de quinze coudéesflbmbicn 'qu'on
ñ— _—
pourroityalleguer icy pour eîonſirmatió de mori
dire,qu’il
'on ne veuta gementir
' luſieurs fontaines
les ſens) d'eau douce (ſi
qui ctſuyuent le
flux 8c reflux _de Pocſcanſis 8c meſme fi on iettè
quelque 'choſe dans le fleuue Alpheus; onílîe'
'trouue puis apres,ainſi quam dir; dans Aïerlîiué'
ïſe", qui eſt vne fontaine en Syracuſe, eiitrelaä
quelle 8c le fleuue
mer Là trauerſer ²; il _ y ^ a~vn grand interualle
' '
— '— a Pline 'a Yêäï
T H. Comment ſe peut il faire , que tantde P°"i"““ct"
belles Fontaines ruiſſellent l’eau ſreſche_ inſicelÏ
ſamineiit,tant,dis-ie,de beaux ruiſſeaux rebſſoni
diſſentmeſine
voire des entrailles
iuſques àde la “terrecontre-rnontg
decouler du coupeauſideſſs
Ceſt hautes
'plus argument confirmedans
montaignes de plus en 'plus l’opi—
les plaines?

nion des anciensipar ce que Pinſupportable pe


ſanteur
ſée de la terre;
z contraint par laquelle
les ſeauxſi la inet
à rebondir eſt preſ
en haut par
les cauernes voiitees &par leä veinesôcſi cori
duicts de la terre, non ſeulementauk plaines _GC
campaignesnnais auffi à la cÿme du coupeau des
plus hautes montaignes ; ôcmeſiiics il y aplrid
' 3
2.64._ SECOND LivnE
ſieurs fleuries , qui decoulent .auec ſi grand'
abondance dés leur origine,qu’ils peuuentporñ
ter,quant 8c quant que l’eau ſort de ſa Fontaine,
les plus grands nauires , deſquels on tii'e la voi
ture aux autres fleuuesmomme
aupres dDrleanS laïctpetite Loyre. on peut, veoir
_T H..Si les fontaines 8c riuieres tiennent leur
ori ine de la mer, comme ſe peut—il faire , que
les ?mitaines ruiiſellent au coupeau des plus au -
tes montaigncs , puis que les eaux ne rebondiſ
ſent iamais plus haut, que le lieu dont elles Viê
ncntèMY S T. Pource que les plus hautes mon
taignes ſont plus baſſes que la rondeur de la ſu
erficie de l’eau,ôc qu'elles ſont deprimées par
la peſanteur de la terre: voilà pourquoy on dit,
queles nauires s'en vont en hauuqnand On leur
donneqvoile hors le Poſſizcïqlſfl-lcs deſcendent.
en terre , quand elles prennent port: car Ceſt
alors principalemêt que les nauigeans peuuent
voirzà l’aiſc,comme la terre eſt pancliante vers
vn lieu plus bas,qne la mer. ’ _
T H. Pourquoy eſt-ce que les eaux ne rebon
diſſent iamais plus haut que lelieinduquel elles
ſont venues? MY. Celà n'eſt pas tant propre à
‘ l’eau , que commun à toute autre liqueur ,lors
que lapartie ſiiperieure preſſe Finſerieure: que
s’il aduient qu'elles rebondiſſent plus haut que
leur originemelà ſe ſait ou pour_ ernpeſcher que
les corps ne ſe penetrent , ou que le vuide ne'
faſſe violence àla nature.
T H.- Si le globe des eaux eſt plus eſleué que
la tertgpourquoy ne cou Uſe-ll de ſon extêdue
la planure des champs? M Y. Il la couure polur
a
Section VI. a6;
la plus grand partie; ce qu’on peut conſiderer
non ſeulement aux petits ruiſſeaux , eſtangs,
lacs, 8C fleuueszmais encot’ plus facilement en
l’Ocean qu’en la mer Mediterranée, qui eſt en
cloſe dans vgcirque plus eſttoit; car, quant aux
bras de l'Oeean,pe—rſonne ne doute qu'ils ne ſoc
yent de fort longue eſtendue, 6c toutesſois na
_ture ne leur' à point oppoſe' de ptomontoires
pour ſeruir de bouleuers contre l'effort 8c vio
lence de leurs eaux : neanrmoins ce grand Ou
urier a ſi ſagement limité leur ſouſpirail, quil
ne ſurpaſſe iamais ſes limites , ſinon par com
mandement , ou pour chaſtier les crimes 8c pe
chés,ou par l'induſtrie des ho1nmes,qui luy ſont
changer de place 8c ſituation auec grand Force
de chauſées 8c barricades. Il y a vn exemple ſin.
gulíer de la vengeance Diuine aux villes mari
times d’Antilſe,de Tindare, de Burrhe, &d'Eli
ñce ,lcſquellessles eaux ont engloury auec leurs
citoyens ,— 8C froiſſé au riuage par les flots le re
ſte de ceux, qui ſe ſauuoyent auec des nauires
de ce piteux deſaſtre. Mais ceux là non gueres
moins receu de malencontre, qui ſe ſont oppo
ſez àla liberte' de la mer par des chauſſées 8c al
Cines pour la rembarrer dans moins Ïeſtendue
de payszcomme de noſtre temps 8c de noz peres
ceux dÏ-Iolâde 8x' de Zelande, auſſiquels l’Ocean

a oſté plus de cinquante mille 'harpeuts *de ter


re,ayanr premierement rennerſé les chauſſées
8c vſurpé , cóme de droit naturel, toute la con
trée: car on a beau faire,il eſt impoſſible qu’on
puiſſe iamais preſcrire aucune choſe contre la
volonté de Dieu 8c les loix de nature.Mais cecy
R 4
tt
v

2.66 SECOND Lxvnñ


eſt encor’ plus admirable, que tous les princes”,
qui ont entrepris de ſeparer du continent le
Peloponeſe par vne tranchée au long de ſon
Iſthme,ſont premieremeut morts que de Fauoir
commence', comme C. Ceſar, Deffletrius, Ne—
ronzôc Doinitiau. ” ’
T H. Soubs quelles loix eſt preſcript lelmouë
uement du flux ô: reflux de la mer B M Y s T.(Îe
mouuement deſpend entierement du cours de
la Lune,comme_ nous verrons .en temps 8c lieu,
eſtans veriuz à ſon explication.
T H.N"cſt—il
mouuemêt pas plus
eſt propre auvray-ſemblable queque
corps de l’ctOceau, ce

de Pattribuer à la Force de la Lunezpuis qu’il


faut que les cauſes z qui agiſſenuſoyent preſen
tes à leurs effects? MY. La preſence neſignifie
pas en ce lieu icy le voiſinage des corpszmais la
Force &puiſſance des cauſes, voire inëſme que
* elles fuſſent Fort diſtantes les vnes des_ autres:
pour reuenir donc à noſtre' propos,il eſt impoſ
ſible que le flux 8c reflux ſoit propre des eaux,
puis que les lacs 8c fleuues he Fagittent pas de
A çhÿgzpt ;liſtes mouuement; Or quant ce quüffiriſtote ² dit,
que le moteur 6c le mobile doyuent eſtre en—
ſemlzlenl n’eſt pas neceſſaire de nous y' atteſter
dhuantage ,puis qu’il eſt tout euident en l’E—
mät,l’Ambre,la Naphte 8c la Torpille, que ſon
dire n’a ſaute de plus lógue reſutatiomque cel
le,laquelle nous en auons deſia ſaicte.
T H.Mais puis que toute ch0ſe,qui agindoit
extendre ſa force à Pextremite' par les choſes,
qui ſont intetpoſées entre-elle 8c Feffect, pour
*quoytfagitera la Lune le Feu , 8c le Feu l'ait-l, 8c
’air
ï
\
_W SEcTxoN VI. 2.67
l'air Peau; à ſin que l'ordre 8c ſuitte des agiſſans
ſoit continue 8c conforme àla nature? M Y s T.
Parceque chacun corps naturel n'a pas plus
d’vn mouuemen~t~,qui luy _ſoit proprexſi d’auen—
ture il y en a d’àuantage,ils dependent de l'ap
petit,ou dela vólontézcomme aux ànimauxsoû
ils ſont violents 8C “extrangersfflôme aux corps
inanimez ,leſquels -, s’ils ſont peſants,deſcen
dent en bas 'z s’ils ſont legersunontent 'en haut:
voilà pourquoy Peau-verſée d’en haut ,tend
de ſon propre naturel en bas à droitte ligne
comme peſantezilfaut donc par là c~onclure,'que
le flux &reflux dela mer luy eſt eſtrange : or la
certaine 8è inFaillible ſympathie 6c conſente
ment de la mer auec la Lune , conuainc aſſez
'que ſon mouuement ne depend d'autre par
t:ce qu’on a ſouuentësFois experimente' , voire
meſinc que l’air Fuſt agité par vn côttaire mou
uement de l’air 8c reſpiration des venxs.
T H., L’Ocean ne #agite-il pas d’Orient en
Occident ë M Y. Il ne ſe peut moiiuoir 'par cir
culaire mouuement , d'autant que les deſtours
8c contours de la ſituation de la terre 8c de la
mer ne le luy permettent pointèmais il va 8c re
uient çà 8c là par les riuages" de toutes parts
du monde. _ ~ v
T H. Mais nous voyons que la mer Mediterd
ranée deſcend de l’Orienr en l’Occident,& que
de là par gtâd violëcc elle ſeiette dans l’Ocean
au deſtroit de Caliz. M Y. La mer Pontique 8c
Helleſpontique 8c toute la mer Mediterranée,
qui ſont encloſes parmy la terre,cerchent quel
que ouuerture pour ſe donner paſſage dans
R 5
:.68 SEcoND Lr-vnEſ
POcean, qui eſt leur ſeiour. Car les fieuues,qui
coulent dans la mer Caſpie ,ſont receuz de là,
comme d’vne priſon , par deſſoubs vne voulte
ſoubſ-terrainddans la mer Ponrique; 8c la mer
Pontique eſtnnt auſſi encloſe de terres 8C përis
paſſe par H-Ielleſpout, 8c de là au deſtroir d’A
bydos,& d’AbydOS à l’Archipelage,& encor' de
là par le milieu,qui diuiſe l'Europe d’auec FAF
— ſriqueme ccſſznt de courir iuſques à ce qifellc
ſe oit venue rendre au deſtroir des colonnes
&Hercules , où elle trouue ſon paſſage pour ſe
ietrer dans ?Oceanzainſi la mer Baltique,qui eſt
enſerrée entre les deſtroirs de Sueue 8c Scan
die, cerche le bras de mer de Danemarch, 8c de
là celuy de Flandre ,ſpuis apres declinant de Se
ptentrion à gauche e iertc de grand force con—
tre le Midy entre la France 8c I’Angleterre.Maís
ſi tu nauiges vn peu plus auanr ſur l’Ocean,lors
que le ciel eſt ſerein 8c Pair tranquille , tu le
verras tranſparent comme vn cryſtal, 8c qui de
meure entierement ferme 8c immobile ſans
qu'on y apperçoiue aucun flux ou reflux.
T H Pourquoy eſt-ce que la courſe de ceux,
qui nauígêr dÏ-Àſpaipne en Italie,ou dffîſpaigne
en Angleterrmeſt p us lente 6: tatdiue,qrle la
courſe de ceux, qui nauigët d'Italie 8c &Angle
terre en Eſpaigxie? M Y. Pour cauſe de la Force
des eaux,qui deſcendent du Golphc de Flandres
vers le Midyzëc de celles qui s’eſlancenc des ma
rais Meotides dans la mer Pontique , CY de
là en la mer Mediterranéc pour ſe deſcharger
au deſtroir de Gibaltal dans l Ocean.
T H. Pourquoy eſt-ce que les autres mers,
horſims
SEcTroN VI. 269
horſinis vn Ocean,n’ont ni flux ni refluxdequel
on puiſſe obſeruenſmon ſort petit? M Y. Parce
qu’elles ſont enſetrées de toutes pars ‘dans l'en
clos de pluſieurs terres Fort eſtroites 8c efleuécs.
T H. Pourquoy eſt-ce que POcean eſt plus
eſincu ou plus moderé en vne part qu’en l'au
tre? M Y. Pource que Peſſort d'vn fleuumqui
coule à Pentree de la mentantoſtiretarde le flux
de l7Ocean en ſes ſouſpirauxpu rantoſtle haſta
&ñrepouſq quand il s'en retourne en ſes abyſ
mes: de meſſſine auſſi les Caps ou promonroires
retiennent principalement là ſon flux,où il n'y
a point de fleuues.
T H. A quelle ſin ou vſàge nature a elle de
ſtiné le flux 8c refluxde POcean? M Y S. On ne
pourroit nombrer à combien d’vſages nature
Pa inſtitue', ſi on prend garde à ſa commodité
pour nauiger à temps opportun , pour les voi—
tures 8c ſur mer 8c ſur terre, pour ſurgir, pren
dre port 8c en departir , pour nettoyer les or
dures 8c reptimer la pourriture , pour exercer
la peſcherie , pour Pvſage des ſalins 8c confe
ction dfflſehfinalement le flux de la mer ſemble
exciter à tous les animaux leur Forces 8c vertus
Iangtllſilſſalïtes 53C meſine il y en a pluſieurs , qui
penſent qu’il n'y a'point dîxnimaux , qui meu—
rent, cependant que la. mer ſait ſon refluxzce
que les anciens ont entendu ſeulement des h6—
mes , combien-que ie penſe que celà ſoit Faux,
veu que le reflux demeure ſix heures à ſe faire,
8c autant en ſon depamauquel têps il n’eſt pas
poffible que quelqiſvn n’expire Paine : toutes
fois on peut facilement obſeruet cecy, veu que
la
5.70 SEcoND Livitià
la mer commence ſonlflux depuis le leuer de
la Lune iuſques à ce qu'elle aiſt artainct le; cer_
cle Meridional, laquelle apres s’en retourne de
la quand la Lune a paſſé le Meridional iuſques
à ſon couchant. Toutésfois 'on n'a pas faute de
lus rand'
_ V_ ex
_ P erieiicey
. our ſcauoir
._ _ P~ our ‘l uo_Y
es huiſttes 8c coquilles reſentet _tat exactemet
le retour de la marée 5 voire meſme qu’on les
aiſt tranſportées en ierre fort loiug de la mer,
quand, à l’heure 'qtfelle reuiènt 5 elles baail
lent 8c entre-ouutent leurs coquilles 'pour in
ſpirer l'aure de la 'meri dont on peut aſſez aper
tement co iioiſtre z que l'aure marine eſt vitale'
8c ſalutairË'aux aniihaux.
T ii. Pourquoy eſt—ce que la mer a de cou:
ſtume Œexcitetle vomiſſement 8c bien ſouuent
auſſi le cóurs de ventre? MAY s. Celà aduient ä'
ceux,qui
toutesfoisnevnchacun
ſont pas accouſtumez jä ùmùígensc
nîy eſt pas ſubiectxar Ïaÿſi
eſté ſept fois, ſur l’Ocean ſans que _Ïaÿeÿſté atñ'
tainct de ce deſordré, combiê que ie fuſſe' crue:
lement tourmente' par les orages 8c tempeſtes
iuſques aauoir eſté en dan ger de ine_ Pïdre, les
voiles eſtans toutes rôpues 8c fracaſſéesmeant
moins i’en_~vis à lors ,qui vomilſoyent le ſang
par grand deſtreſſe: ce qui ſuruient en partie,
pource qu’on eſtime que la nature de a mer
eſt tät pure,qu’elle purge 8c nettoîye toute cho-
ſes, 8è en partie auſſi que tout mouuement 8c
8; cſbrſianlement excite le vomiſſement ,coin
me on eut veoir en la ruſe' des brigands de Li
bye; leliiuels à fin qu'ils puiſſent tirer plus com
modcment par extorſion l'or deuore' par le
voyaä

d?
' SEeTioN VI. ;,73
voyagers , leur commandent de-boire du laid:
de chameau , puis apres les pendent auec des
_cordes par deſſoubs es aiſelles aux arbres , 6c
ne ceſſent de les ,branflet 8c_ agiret en haut 8c
en bas iuſques à tant qu'ils_ ayent rendu par la
gorge l'or-auec le lâigſt de chameau, Or le vo
iuiîſemçnt eſt beaucoup plus cruel ſur l'Océan
que ſur la mer Mediterrauéez comme aufli ſont
les tempeſtes &ç otages :_ ce que lulles Ceſar e
‘"——~T_-.
ſtant dictateur a eſpreuuéfflommç il eſcrir, lors
qu'il (paſſait premierement en Angleterre auec
grand perte_ de ſon_ armée Ççde ſes vaiſſeaux, ~
~ T H. Pourquoy eſt—ee,_que l'eau_ marine eſt
Plus claire &limiiidcz le ciel. ?flanc ſcrain ,que
l'eau douce ;veu que l'eau douce la ſiir aſſe en
legerete &ç ſubtilité de ſes_ parties 28C 'eau de
nier ceſte-cy en çſpeſſeut 8c pesâteurïM Y.Par—
ce que tär plus la r~ner eſt eſloignée de ſes uez,
d’autät plus eſt elle pure,parce' qu'elle ÿeſéume
8c puriſie_
aux riuîgesdeneles
ſes ordures~,leſquelles_
pouuanſſt ſutſiporter :elle
maisiette
les .
fleuues ont facilesſià ſe troubler? ou parle vët,
qui les_ melle auec la pouſſiete,ou par leur cour-
ſe, ui_ entraine
onctlionne_ repos_laàbouë auecdouce
leur eau leauçtoutesfois ſi
iuſques à ce

qu'elle ſe ſoir purifiéexlle en_ eſt beaucoup plus


liquide,
voilà dontôcmeſine
viëgqtïonflotte
nagepar deſſus la marine:
plusiſacilement ſur —
mer que ſur les fleuues ,d'autant que ſon eau
eſt plus eſpeſſç, que la leur.
T H. D'ou vient la ſalure dela merèM Y.,
Ariſtote penſe qu'elle vient de la commiction
de plusſubtil de la terre , qui eſt attiré par l'ar
- l ’ dcur
272. SEcoND LIVRE
deu: des rayons du Soleil, mais ceſte opinion
eſt plus digne d’eſtre propoſée par vne vieille,
que par vn Philoſophe. Car la ſaueur dela me: l
!feſt pas ſeulement ſalégmais auſſi amereÿdont
il ſemble qu’elle aiſt pris ſon nom , eſtant appel-ë
lee inet comme amere en luy rerrenchant la
llogie ne luy
remiere eſt pas moins
«Sc derniere lettre eonuenable en He
, laquelle Ethym0—

breu, qifcn François 8c Latin z car les Hebreux


entendent par le mot Mamr eſtre amer 3 8c
meſine ils ont appellé en leur deſert vne Fontai
aln Exode c- ne , qui eſtoit ametc, du nom de ï* Mara. Mais
"' pour reuenir à noſtre propos , tant plus la
met eſt efloignée dela terre,ffld’aurant plus ſur
paſſe-elle l’eau douce en clairté; elle eſt neanr
moins plus amere 8c ſalée que Fautre , qui ſe
trouble 8c melle par le voiſinage des riuages
auec la lie de la terre. Dïiuantage , ſi Fopinion
d’Ariſtote eſtoit de miſe , il faudroir que Fvrine
des animaux &le ſel (lequel On cire des puys
les plus profonds aux entrailles de la terre, 8C
là où les rayons du Soleil ne peuuent penerrer)
euſſent tire' leur ſaueur ſalée de Fardeur du So
Ieil,ce qui eſt mal-conuenable.
T H. On dit pourtant que Yvrine &la ſueur
ont eu leur nom par antiphraſe,d’autant qu’el—
b En la
ak… deszz.rm_
ſe les ſont crues? M Y. Ariſtote b raporte ceſte ſa—

blcmes. lure à la crudité ne ſe ſo uuenant plus de ce qu’il


auoit eſcript ailleurs, veu que tit plus ſalée eſt _
l’vrine,d’autant plus grand teſmoignage donne
elle de ſa cócoctiongcomme de meſine on peut
iuger des cendresïeſquelles tät plus elles ſont
cuittes,d’autant
ſ plus auſſi ſont elles ſalées.
T H E.
SÎ-:cTſſxoN VIſſ. 1.75
T H. Explique moy donc , s’il tefplaiſt , plus
clairement , pourquoy c’eſt que la alure de la
mer ne ſe ſait ar Fardeur du Soleil,puis que le
ſel ne ſe peut !Sure autrement que parla grand'
chaleur du Soleil? M Y. Ie ne nie pas que le ſel.
ne ſe puiſſe faire 8c cuire tant par l’ardeur du
Feu que chaleur du Soleil, quand par ce moyen
ſa partie plus humide sfieuîpore 8c diſiipe en
Pair; toutes-ſois il ne s'en uit pas dela que la.
mer ſe faſſe ſalée par Fardeur du Soleil; autre
mët la ſupetfide la mer ſeroit la plus ſalée, 8c au
cótraire, tant plus le gué ſeroit profód, d’autir
lus douce y ſeroit l'eau.Pat ainſi,les mariniers
ſe pourroyent facilement accommoder , quand
l'eau douce leur eſt defaillie , en deſcendant
auec vne corde vn vaſe au fond de la mer :ſi
apres, ayans decouuert 8c recouuert ledict vaſe
parle moyen d’vne autre corde; ils le tiroyent
du Fond en haut tout plein d’eau douces qui eſt
vne choſe,à laquelle les mariniers n'en pour
roit trouuer ſa pareille,au tant deſirable que ce
ſte-cyztoutesæſois l'experience iournaliere m6
ſtre le contraire, combien que Ariſtote ï bon
gré mal gré la nature aiſt o iné autrement, a Au zmkro.
donnant par ſon autorité àpiiiſieurs occaſion bl""°d‘l²²5*
queſtion.
de s’eſtre entrelacez aux erreurs de ſon opiniô.
TH. D'où viendra donela ſalure à la mer?
M v. De la meſine cauſe efficiente , qui a Cale'
la Solde ou Alcali,& quia ſalé les pois Cices 8C
la Sauge,& qui a mis la douceur au ſucre &Yar
mertume au fiel: 8c meſmes on peut veoir en
celſia,comme Padmirable ſageſſe de ce ſouuerain
Ouurier ſe manifeſte en toutes choſes,quand iÎ
a bai
ïſſ. '
" .

a;74 SEcONDÎÜLIVRE
baille' du ſel aux_ plantes 8c animaux out les

deffendte de corruption. Cas ſi la ſentence


d’Ariſtote, de laquelle .nous parlions mainte
nant,eſtoit veritable , ily aia long temps , que
tant, auroyent
de de lacs ,qui ſonteſpards
ſiattitcz par tout leardeur
par lactçoſintinuelle mon
du Soleil ceſte ſaluregôc_ ptinci alemçnt ceux_
lä,ſur leſquels les raix du Soleil rappëtàdroit
te ligne. Mais les Anciens pour monſtrer que
la mer eſtoit de ſa propre nature ſalée,& que ſa
ſalure n’eſtoit pas ſeulement en la ſdperſicie,
mais auſſi au plus profondmnr dict que Salacie
_ Femme cle Neptune faiſait ſa demeure au fonde
IuÎÎdÛlÎÜIÈ ² d; la. mets' leſiquel nom , _comme Seruius à.
de Dieu. »çſçrippluy a eſte' impoſe' de _laſalç1re,
îfflfflſfiſſſîljläî TH, Comment a-.on connu qu’il y adu ſel
cin. ſ en toutes les plantes 8c animaux ?M Y. De ce
qu’on le tire de toute ſorte de ſien 8c vtine des
beſtes S däuantage dc ce qu'on le peut tirer
Ades cendres de toutes ſortes de plantes eſtanr
premíeremeilt coulées auec d'eau douce par le
feutre. Car quant à ce , que M. Varro a eſcript,
que la nature auoir baillé aux pourceaux vn
ame pour leur ſel, cela ſe doit entendre auoir
eſte' pluſtoſt dict par plaiſir 8c gayeté que ſelon
la verité de la choſe :parce ue la vie ne pour
roir eſtre
ceſiaux, de ailtres
ni e's longueanimauæpour
durée ?ans ſelſiniaux
fort_ pour—
qu'ils_
fuſſent animez. ‘ ~
T H. Par quel moyen aæon entendu , que le
fond dela mer eſt plus ſalé que_ ſa ſuperficie?
M Y.La raiſon n’en fait pas ſeulement Foy , mais
_auſſi Fexpericilçezcar ſi la raiſon a lieu,oxxë pourñ.
— ra
SEcTXON VI. 275
ra comprendre par icélle que la. mer eſt plus ſii
lëéïiëaæxſond qu’à la cyme , pourcc que le ſel par
ſa peſanteur deſcend touſiours en bas, car il eſt
-cſaurant plus peſant: que la terre,que le nombre
de io6.excede en quantite' le nombre de 92.011
le nombre de l 8. le" nombre de 1 6. 2*. Donc , ſi
vne petite motte de terre deſcend au fond, c6
bien à lus Force raiſon le ſel y doit~il deſcëdre,
qui la ſurmonte en peſanteur? Par ainſi, ſi toute
la mer eſt ſaléegant plus elle ſera profſiôde , tant
plus ſera elle ſaléezmais il n'y a Perſonne, quine
puiſſe voir que la nier eſt par tout ſalée.
T H.Er quelle a eſté l’experience,par laqueL
le on-a cognu , que la ſuperficie des eaux eſt
moins ſalée,que leur fond? M Y. On la. peut en
tendre de ceux , qui cuiſeur au feu les eaux des
ſóraines ſalées our faire le ſel; carils eſpuiſent
premieremcnt ſes eaux douces &moins ſalées,
qui nagenr en la ſuperficie de leurs vaiſeauxzor
pour cognoiſtre euidemment iuſques en quelle
parc ils les doyuenc expuiſer, ils mettent vn
œuf* crud ſur l'eau , lequel deſcend iuſques à a Aup… de
ce qu'il aiſt rencontre' l'eau ſalée , là où il ſarre- Bordcauxdàcn
Bourgougnc.
ſte ſuſpendu encre les deux. De là on peut faci
lement comprendre ,que Peau marine eſt plus
ſalée au Fond qu'à la cyme , 8c en la cyme ou ſu—
perficie plus douce que vers le fondscombien
que l'vne ſoit expoſée à Fardeur du Soleil 8C
a des aſtres,&l’autre en ſoit garantie.
T H. Si routes les 681F( tiennent leur origi
ne de l'Océan
qu’vne ui eſt
grid' pdÿtie eſtdoucépljnepÃrie/amcre,
alé our uOv eſt ce

8c vne partie aigrc ou Auſtere? M Y. Toutes les


S
mè'
:,76 SECOND LIVRE
I I ï

eaux , ou peu s en Faut , s adouciſſeur eſtans co


lées parmy la terre, 8c d'autant plus ſont el
les douces , que leurs fontaines ſont eſtoi
gnées de la mer; ce qui ne doit eſtre trouue' ex
. . 'I' .
trange , pins qu’on peut voir par experience,
a Au 1. li. de qtfvn vaſe ~" de cire , eſtant plonge' tout fermé
l'hiſtoire des
ïnimlllx. Gü dans la mer,tire à ſoy les eaux moins ſaléesdeſ
quelles sïædouciſſent par ceſte colatureſſoutes
ſois il aduient ſouuent,que les eaux Sïmbibent
de la ſaueur des metaliques , de ſorte qu’elles
ont vne vertu toute differente des autres eaux,
comme on peut voir au lac,qui eſt en la Marche
d’Ancone , 8c en la Fontaine appellée Tiretaine
aupres de (Llairmót en Auuer ne, là où Fay veu
A
qu'en moins de deux ou tro~i~s Ëeutes le bois ,la
paille,8c les Feuilles des arbres deuenoyët piet—
rezil ne Faut donc pas eſtimer incroyable ce que
L A , i' e . dit. de la fontaine
deppiäoiſſgſiabffline . en Catie . au Cap de
Iuiellccds. Crie,en laquelle en moins de huict mois la ter
re y eſtant miſe deuient pierre. Pluſieurs petits
ruiſſeaux ſe ttouuent auſſi, qui bouillonnêt d’v
ne Forte 8c violente chaleuncombienque a l'in
terualle d’vne paulrne de là,ou d’vn doit ſeule
ment,il s'en trouue vn autre , auquel on ne
pourroit trouuer ſon ſemblable en Froidure, ce
que Fay veu 8c contemple auec grand admira
tion en Roargue , là où vne fontaine regorge
inceſſamment dans vn baing public ſes eaux
auec ſi grand ardeur 6c abondance , qu’on
ne les ſçauroit deſiret p plus grandes ni plus
chaudes.
T H.D’où vient vne ſi gtand’ chaleur és eaux,
qui bouilloiinent ainſi , ſinon du feu,qui les eſ
chauffé
~

SECTION VI. 2.77


chauffe' par deſſous terre? M Y. Oiielques vns
penſent que c'eſt vn ſeu ſiilphtlrin , mais on les
peut reſuter par les ſuſdictes eaux chaudes,qui
ſont en Roar g ne 8c à Ronceuattx, vcu . Welles
ſont inſi P ides.D'atÎantaoe,ñ vne ſi tſiant
g rande abon
dance d’eau,qui deſcouled deſpuis d'années,
euſt, il y a deſia long temps, eſteinct ce feuzau
ttement il ſaudroit; ou qu’vne ſi grand' quan
tité de fiames ,qui ſont cachées ſoubs terre,
' euſt della deſeiché ceſte eau, ou qu'elle euſt re
duit la terre par lon embraſement en cendres.
T l-l. (Lue penſetois-tu donc eſtre cela? M Y,
l'eſtime ſelon mon aduis, que la Forte-agitation
des eaux,qui ſont ſoubs la terretſoit la cauſe de
ceſte chaleunquand elles _reiailliíſent dezſort
loingà trauers des 'cataractes , precipices ,Cc
lieux interrompus des cauetneSLe qu'on peut ſ
remarquer au ,mouuement de la _mer ;car ſi_ elle
demeure ſeulement agitée deux ou trois iours
par les orages,il n'y a aucune fiíoidure , qui em
peſche,qu’elle ne s'eſchauffe outre meſureztott
tes-ſois il n’ya point d'orage , qui dure_ plus_
haufde trois ÃOUÇHÆÎ voudroit donc douter,
que la mer ne deuint plus chaude que l'eau
bouillante z ſi l'orage _conrinuoit ſept iours en
tiers à Pagiter ſurieuſement P Veumeſme qu’on
ne trouue point de fontaine d'eau chaude,en
quelque part que la terre eſiflance le Feu ,Acorn
me on peut remarquer au Mont-Veſuue 8c
au Mont-Gilbel , qui neantmoins ſont enui
ronnez 8c enceints de tous coſtez de mers. Car
cóbien qu’ily aiſt grand' quantité d'eaux chau
des,quidecolent des Fontaines en Italie (ainſi.
S 2.
9.78 SEcOND LIVRE
que pluſieurs teſmoigneut , qui ont eſctipt,
qtſelles shpprochent du nombre de ſoixante)
toutes-Fois on ne remarque en aucune part,
que le Feu ſorte peſle-meſle auec ſeau des Fon
taines, ni les Fontaines auec le Feu , qui fläboye
des cauetnes des montaignes.
T H. Pourquoy eſt-ce que ſeau ſe gele pluſ—
toſt ſortant de bouillir,que venant Freſchemenr
de la Fontaine P M Y. Peut eſtre que les contrai~
res, s’eſtâs donne'- carriere, agiſſent plus Fort en
tr’eux,iuſques à ce que l’vn ou l’autre ſuccom—
be:peut eſtre auſſi que l’eau ſe glace luſtoſt a
ptes que le Feu a diſſipé ſes plus ſiibti es parties,
d’aurant que les craſſes 6c eſpeſſes ſont plus Fa—
ciles à ſe cailler 8c prendre z ce qu’on peut re
marquer en la bouë ou Fange , qui sëendurcit
pluſtoſt que l’eau pure , parce qu’elle eſt plus
eſpeſſe.
T H. Pourquoy cſt-ce que Peau marine, veu
qu'elle eſt plus eſpeſſe que la douce,ne ſe glace
iamaismi le vinaigre auſſi ,ni le vin,ni la ſemen—
ce des animaux P MY. Æelqlfivn pourtoit rap
porter celà à la chaleur naturelle,ou acquiſezà
la chaleur naturelle principalemêt touchant le
vin,la mer,8c la ſemence : à la chaleur acquiſe
touchant le vinaigre ſeulement , lequel apres
auoir perdu ſa chaleur naturelle en acquiert
vn' autre par ſa vieilleſſe 8c acrimoniezla ſemen
ce auſli eſtant laſchée ſe reſoult par le Froid en
eau,qui eſt vn teſmoignage de ſa chaleur.
T H E. Pourquoy eſt-ce que Peau douce, la
quelle on porte ſur mer dans des tonneaux, ne
ſe peut plus corrompræſi iuſqucs à ſept Fois en
certain
SECTXON VI. ' 279
certain temps elle s’eſt corrompus , 8c autant
de Fois remiſe en ſa premiere pureté P MY s.~ Il
ſaut cercher la reſponce de ceſte demandùpar
my les autres ſecrets,qui ſont cachez en la na
ture du nombre ſeptenaire. .
T H. -îburquoy eſt-ce quele corps d’vne be
ſte,qui eſt Freſchemcnt morte, deſcend au fond
de Peau douce , 8C qu’il sfeſleue dix iours apres
(comme aufli les corps de tous les autres aniñ
mauxſhorſinis de Panguile) 8c flotte par deſſus
Peau, veu qu’il ſeroir beaucoup plus raiſonnaë
ble,qu'il deſcendit au Fond le dixieſine iour ſuy
uant,lors que Peau a occupé la place de Paigqui
eſtoit enclos dedans 5 8c qu’il flottaſt ſur Peau,
cependant qu’il eſtoit frais 8c que ſes eſprits
n’eſtoyent du tout diffipez , qui le rendoyent
plus leger P M Y. Serait-ce, pource que Peau ne
peut rien endurer cPimput 8c ſafleësi quelqifvxí
reſpondoit, que ce n'eſt pour autre raiſon que
les corps flottent, ſinon dïiutant qu’ils ſe ſont
remplis d'eau ', ie luy repliquerois,qu’il Faudrait
par meſme moyen , que les nauires , qui s’en
ſont remplis , ne ſe ſubmergealſent point , 8c
que les corps des poiſſons ne flottaſſent par
deſſuszm-ais la pluſpart des poiſſonxquí ſont en
Peau douce ont vne veſciedaquelle eſtant plei»
ne d'air pourroit lus facilement ſupporter le
corps qifau dixie .ne iounauqizel elle S’eſt cre
uéeznous parlerons de Panguille en ſon lieu.
T H. Par que] moyen cognoiſtra-on qu’il y
a vne fontaine ſoubs terre P M Y s T.Par les va
peurs ,qui s’cfleuent ſur le lieu deuant Soleilapmafqklteñ
euantsou pat-la grand ï abondance des arbres pulgmn..
. 5 z

180 SrcoND Liv-RE
qui y croiiſengou par vn vaiſſeau cache' vn peu
profond ſoubs la terre, lequel on a remply de
laine blanche en renuerſanr ſon orifice contre
baszcar ainſi le iour ſuyuant la laine repreſente
ra la ſaueur 8c vapeur:de la fontaine: toutes
fois le plus ſoutient l'eau de la pluye abuſe les
lOllſdàllſsd
’ T H. Æfeſt-ce que l'eau de la pluye? M Y s.
L cau,qu1 tombe des nuees diſſipces en bas.

'Des nuées, de la bruim-,de la rafle, :le la neige , de la


greſlædex eſclairs, de lafiudre, des ſonner-rer,
des vapeur.: , ej* de: player.

SECTION VII.

T H. WÆſt-ce que la NuéeêM Y.Ceſte que


ſtion n'appartient pas aux elemens , mais aux
corps elemêtaires,qui ſont inſtableszck qui däs
peu de temps ſe diſſipentztoutesſois l'ordre re
quiert que nous en diſputions maintenir, d'au
tant qu'il n'y a ricn,qui s'approche plus à la na
ture des elements-,à ſçauoir de l’eau,de l'air, 8c
8C du fetLMais pluſieurs ſe trópêgqui appellé:
les vapeurs,les exhalatiós,les nuées,la roſée ,la
bruine,les neigesda grefledes eſclairs, la Foudre
8c toutes ſortes dümpteſſiós ignées corps meſ
lez ;Sc imparFects: puis que toutes ces choſes
ſont corps Phyſiciens compoſez de matiere 8c
de Formes or on ne requiert rien dauantage
polur la parſectiô du corps naturel que ces deux
choſes. Donc pour reuenir à ta demande ie re
ſpons,que la nuée-eſt vn corps , qui s'eſt eſpeſſy
8c
SEeTioN VII. 12.31
BC faict de vapeur 8c exhalation en la plusfroide
region de Pair.
T H. Pourquoy eſt-ce que les rayons du S0
leil ſont obſcurcis 8C retenus par Poppoſition
d’vne petite nuée , puis qifils penerrent 8c eſ
elairent iuſques au plus profond des guez des
plus hautes 8c plus eſpeſſes eaux? M Y. Seroír
ce, pource que la nature de l’eau eſt treſ-claire
8C reſplandiſſante , 8c que la nuée ſe fait d’vne
exhalation fuligineuſe , laquelle nevnous peut
pas moins oſter les rayons du Soleil, que fait
vne eſpeſſe fumée la ſplendeur de la flame?
T H. Qu'eſt-ee que Bruine? M Y. Vne roſée,
qui s’eſt pluſtoſt eſpanchée que de s'eſtre eſpeſ— ’
ſie en nuee. V y
T H. Combien de ſortes ya-il de roſées I'M.
Deux, l’vne qui deſcëd de Fair en bas, 6c Pautre,
qui reſſnë 8c de outre de Pexrrcmiré des fueil
les des lances ſur la terre, 8c principalement
des fueilles de la vigne 8C des inenues herbes,
combien que neantmoins leur ſuperficie ſoit
ſeiche &aride : de laquelle choſe pluſieurs ne
ſe
cielprenans arde deont
auec la ſtieur confondudeslaplantes.
Pexrremité roſée du
ſi
\ T H. Ækſtæe que la Neige? MY. Vne 'pluye
eſcumeuſedaquelle eſt legerement gelée;
TH. Weſt-ce que la Grefle? M. Ceſt vne
pluyqlaquelle s'eſt caillée fort eſpeſſe.
T H. Pourquoy eſt—ce,que les nuées ſe reſol
uent en hyuer, quand il fait grand froid,en neiñ
pe; 8c en eſté,quand il fait grand chaucLen graſ
e? M. Parce que tant plus la froidure de Pair
eſt en hyuer pouſſée en bas, tät moins fait-ilde
a î 4
2.82. SEcoND LIVRE
Froid en haut: 8c au contraire tant plus la cha
leur de l'air eſt en eſté repouſſée en bas , tant
moinsde chaud Fait-il par deſſus l'air 5 qui eſt la
cauſe pourquoy la neige tombe en hyuer & la
n Au ;.liu.des grefle en eſté ;contre i l'opinion d’Ariſtore,qui
MMM" penſe que la nuée,qui eſpard la grefle,ſOir plus
chaude que l'autre d'où deſcend la neige,com
me ſi elle Faiſoit par ceſte chaleur aiſage 8c Ou
uerture à la Froidure pour ſe ſai it des gouttes
&les glacer,laq_uelle opinion eſt plus Froide
que la grelle me me.
ſortT eſpeſſe
H E. Pourquoy eſt-ce que la_
ſoubs l’Equateur, &ſi grefle tombe
qu'il n'y Fait
iamais neige PM. Pour la meſine raiſon,laquel
le nous auons deſia dicte : voilà pourquoy nous
b En l'hiſtoire
des Indes. liſons que pluſieurs 5 Eſpaignols moururent de
froid en trauerſant par le coupeau des plus
hautes montaignes de la region du Peru,qui eſt
poſée ſoubs l'Equateur; combien que toutes
Fois il
rable. yFaſſe enct la plaine vne …chaleur intolle
T H. Pourquoy eſt-ce qu'il Fait grand Froid
long temps apres que les neiges ſont tombées
à rand Force? M. Seroit-ce pour autant que
Faîondance des neiges empeſche &retient que
les vapeurs ne ſe peuuent engendrer, d'où ſe
font les nuées,qui chaſſent le Froid en couurant
l'air de leur eſtendue ?autrement il Faut qu'il
Faſſe grand Froid.
~ T &Pourquoy eſt-ce que les neiges eſchauF
ſent la terre, puis qu'elles ſont tant Froides 2 M.
Celà ſe fait x3" WHBeCnxàt-,ou comme noz Philo
ſophes ont accouſtumé .à dire,par maniere d'ef
'u
SEcTioN VII. 2.83
. fſiect 8c de caulſie,mais non pas de ſoy-meſme ou
formellement. Et meſine en cecy ſe peut veoit
la Diuine bóté, ui a diſioſécelà en ceſte ſorte,
\ I

à ſin que le bien de la terre 8c les nouuelles


plantes ne fuſſent opprimées par la violente
.froidure , eſtans ainſi couuerres 8c defſiendues

des neiges ,leſquelles ſe venans à fondre peu à


peu Fomentent les champs , 8c leur donnent
Fertilité : car il n’y a rien, qui ſoit plus ſecond,
que la neige. ~
T H. Pourquoy eſt ce , que la blanche gelée,
qui eſt vn peu moins glacée que la neige ,ne
brufle pas moins par où elle paſſe,que le ſeu
meſme? MY. Les ² Latins ont tresbien appellé a Feſtus ſur le
mot Prat”.
par ſon nom la blanche-gelégquand ils ont ti
ré ?Ethimologie de Pruind du verbe Perura;
pource qu’elle brufle entierement les tendres
bouttôs des vignes 8c des arbres en les reduisäc
en cendres Fort menues :d’auantage elle teinct
bien de telle ſorte la paille, 8c les eſpics,8c le
froment meſine de noire couleur, qu'on diroít
que c’eſt la cendre d‘vn charbon pulueriſé :ie
confeſſe libremêt que la cauſe m’eſt incognue:
8c meſine il me ſemble qu’elle eſt cachée dans
le threſot des ſecrets diuinszvoilà pou rquoy on
rrouue , que cecy a eſté inſeré parmy les loüan
ges de Dieu,comme vn miracle eſpouuentable,
quand le Prophete chante b: ’ ' b Pſeaume 147
Qgi de neige vez/fit lex momnle: WauxJa Flaine,
CJme_ ſvn chaud hóóhët dc malle blanc/Za' laine,
Qgmzd lex mortel: humains ne meſprzſënlſà la):
Maisjict en fè: ediftsznconſtante eſt' leur-fi).
çſilorixamm: la flamæam terrefait dqſâendre
S 5
2.84 SEcoND LIVRE
La bruinc , qui reduit l'honneur de: champ: 'en
cendre.
a Au 5.1iu. de T H.Iay leu autres fois dans ï Theophraſte
tan/i: plant-ri
chap. 19. ceſte queſtion, pourquoy c'eſt que la neige, qui
eſt plus froide quela bruineuie gele point ainſi
de ſa froideur les plantes , cóme fait la bruine?
de là on peut entendre que ce, que tu appelles
brufleute,eſt pluſtoſt vne glutinarion faicte par
le froid.MY.Ainſi la penſé Tlieopliraſtcófautâr
qu'on ne peut rien apperceuoir, qui ſoit plus
froid au ſentimentmi qui ſoit plus dommagea
ble à toutes ſortes d'ani1naux z neantmoins ce
effect eſt contraire à ſa propre cauſesparce que,
fi tu verſes de l'eau ,lors qu'il fait vne extreme
froidurgpar deſſus des choux ou d'autres ſem*
,blables plaines , tu ne verras pas qu'ils ſe ſoyêt
tant deſeichez, que de tomberen cendrc,com—
bien que leurs feuilles ayent eſte' au parauant
pelées &î couuertes de glace :mais les herbes,
eſquelles le froid emporte,ſe flaiſtriſſent peu à.
peu, 8c retiennent encor' leur humidité,ce qu’ô
peut voir en toutes ſortes de Pepós 8c de Cour
ges,qui ont eſté ſemées ſiir,l’arriete ſaiſon.l'ad—ñ
iouteray ſeulemët cecy en paſſannque le Crea
teur de ce monde à voulu faire pluſieurs cho
ſes contre les loix de i1ature,à fin qu'il rauiſt par
là les hommes à Padmirer 8c aimer de plus ar
dente affectionzquaud ils recognoiſtroyent par
ſes œuure s admirables , qu'il eſt le Seigneur
&t maiſtte de nature.
T H. D'où vient ceſte admirable blancheur,
qui eſt en la neige? M Y. Serait-ce à cauſe de la
Pureté de l'air enclos dans l'eau tranſparente,
qui
SEcTxoN VII. 2.85
ui deſcend du ciel? Car on void quePeſcume.
Ëfſiait blanche par ce moyempourueu que Peau
ne ſoit _teincte cPautte couleur ,comme quand
le ſang eſpanché ſur la neige la rend de couleur
rougezde là on peut entendre que la blancheur
ne ſe ſait pas ſeulement de Pair , quieſt enclos
dans Peſcume ,mais auſſi qu’il faut , que Peau
ſoir pure &nette
T H. D’où vient que la nuée eſt tantoſt noi
re , tantoſt .rouge ,‘ 8c tantoſt blanche com
me neige? M Y. Tout ainſi que la Fumée rend la
flame rouge , qui eſt d'elle meſme claire 8c re
luiſimte , ainſi ſait vne exhalation fumeuſe de—
uenir rouge vne nuée ,laquelle de ſoy—meſme
eſt blanche: mais ſi la vafpeur ou exhalation eſt
vn peu trop eſpeſſqelle era que la couleur de
la nuée ſera noire: Or on peut recueillir que le
rouge ſe Fait du noir 8c du blanc , de ce que la
Fumée eſtant oppoſée à la ſplendeur du Feu fait
ttouuet la flamme rouge : voilà pourquoy vn
charbon allumé deuient rouge ,~ 8c pourquoy
c’eſt que le Soleil rougir par Pinterpoſition de
la fctutnée entre lily "eſt noſtre veuë.
T H. Pourquoy eſt ce , qu’vne nuée , qui eſt
rouge au coucher du Soleil, ſignifie la ſerenité
du temps ;Scan leuer les vents 8c orages: 8c
que la noire tant au leuer qu'au coucher ſigni
fie la pluye à venir? MY S T. Parce que la
nuict diffipe Facilement par ſa ſtoidure la nuée
rouge, qui S"eſt ſaicte de la ſeule 'exhalationz
toutefois ſi la meſme nuée eſt tournée deuers
lc Soleil leuanc , elle ſignifie que ſans Faute le
Vent accompaignera la chaleur du io utzmais la
~‘ noire
2.86 SECOND LIVRE
noire nuée , de quelque coſté qu’elle ſoit , ſi*
gnifie touſiours , qu’elle doit eſpandre à Force
pluye,pat ce qu’elle teſinoigne par ſa uoirçeur,
qu’elle eſt chargée de grands vapeurs.
T H. Pourquqy eſt—ce que la blanche gelée
ne tombe jamais mon quand le temps eſt tran—
quille ôcſerain? M Y. Pource que l'agitation 8x'
mouuement de l’air diffipe la bruyne, ou la re-ñ
duit en nuée.
T H. Pourquoy eſt-ce que la ſerenite' accom—
paigne touſiours la ldruyne? M Y. Pource que la
matiere dela nuée eſt tombée en bas par Faute
d’exhalation,ce qui rend le ciel ſerain.
T H. 'Pourquoy eſt-ce que la vapeur s'efleue
en haut,puis qu’elle eſt plus eſpeſſe que la con
ſiſtence de l’air? MY. Il ne s’efleue aucune va
peur en haut ſans exhalation , car Fexhalation
eſt plus chaude 8c plus legere que la vapeur,
cóme on peut veoir en la Fumée, laquelle pour
ſi eſpeſſc 8c craſſe qu’elle ſoit par la vapeurdu
bois,qui brufle, ne laiſſe neantmoins à s'e{leuer
en_ haut attirant auec ſoy la vapeur à cauſe de la
chaleur 8c natureFvne
du Feu
voilà pourquoy 8c ,qui Faccompziigne:
Yautte sX-íctpeſſit en
nuée dans la plus Froide region de l’air ,.d’où
nous voyons tant de diuerſitez de chOſeS,qui ſe
ſont mixtionées ôcptoduittes en l'air.
TH. Pourquoy eſt-ce que Ie Froid ſuruient
apres la cheutte de la greſle? M Y. Le Froid ne
ſuruient pas ſeulement apres la cheutte de la
grefle, mais auſii apresla neige 8c les grandes
pluyes,qui ont arrouſé la terreztant pource qu'
eſtans tombées de la plus froide region de l’air
’ elles
4 ï
SEcTioN VII. 2.87
elles imbibeiit de leur meſme qualité la lus
proche de la terre; que pour cauſe de la diſilipa
tion des nuées ,qui defendent de leur eſtendue
la froidure de…l’air : toutesfois pource que la
neige 8c la grefle ſont plus Froides quela pluye,
auſſi le Froid dure plus long temps apres la
cheutte de la greſle 8c de la neige, que de la
pluye.
T H.D’Où vient la naiſſance de la roſée, de la l
bruyne, de la grefle, des pluyes, des neiges, des
btouillards,des eſclairs, de la Foudte,de Parc au
ciel 8c des autres impreffions? M Y s. De la con
Fuſionnnixtiomadionction, agglntinarion, aſil
milation , complexion, retention, effuſion des
elements 8c corps elementaires. Car les choſes
ſemblables ſe peuuent facillement confondre,
comme l'eau douce auec l'eau marines 8C les diſ
ſemblables mefler, comme la vapeur auec l'ex
halation; lëadionction ce Fait des choſes, qui ne
ſe peuuent ni mefler, ni confondre , comme le
Feu 8c l'eau; la complexion , comme quand la
nuée enuironne l'air ou le feu; Feffuſion , com
me quand elle ſe fondſiôc diſtilles toutesfois la.
raiſonôc les ſens nous contraignent de confeſñ
ſer qu’il y a pluſieurs choſes , qui ſe font parle
miniſtere des Genies 8c Demons , comme le
tonnerre 8c l’eſclair.
T H. Æïſtſi-cùque Peſclair? M Y'. Vne ſplen
ſideur, qui tout à coup reluit du profond des
nue'es. -
T H. Weſt-ce que la Foudre? M Y. C'eſt vne
exhalation , qui eſt enflambée , 8: qui par l'aide'
des Denſons eſt portée çà 6c là; &z en fin iettée.
- en_
2.88 SECOND LXVRE
en bas parles vertus 8c puiſſances ſuperieures
auec tel bruit 6c violence , qu'elle eſpouuantc
le cœur dans la poitrine des plus aſſeurez , laiſ
ſant vne trace ar là où elle paſſe d'vne ttes
forte odeur de ſouphre.
T H. Combien de ſortes y a-il de foudres.
MY S T. Trois; l’vne,quipour cauſe de ſa tenui
té perce 8c briſe toutes choſes , pour ſi dures
qu'elles ſoyent', la ſeconde , de qui la Force S’e
ſtend plus loing à renuerſer 8c diſſiper tout ce
qu'elle rencontre; la troiſieſine met le Feu par
tout, où elle paſſeztontesfois en chacune appa
roit euidemmentla Force des Genies , qui dar
dent par grand puiſſance le Feu , qui eſt leger,
contre ſa nature en bas , monſtrans en celà des
effects admirables de leurs actions.
È Pœvhyreâ T H. Les î anciens ont-ils pasz entendu par
DTZCC. . . -
ces trois ſortes de foudre 3 les trois dards de Iuñ
pitet , à ſçauoir, le blanc, le rouge , 8c le noir.
M Y. Ainſi le penſe-ic; car le premier dard n'eſt;
point dommageable , d'autant que lupitcr ne le
randit iamais que par ſon ſeul conſeil, lors
q _ princ-i alement , qu'il veut amoneſter les hom
:“ſ-Ëi’;~g‘s“-Ëjf mes ( elon ce que dit 5 Sencque,que ceſte ſeule
eux-elles c. 49. foudre ſe peut pacifier , laquelle Iupiter delaſ
P'î';°;“!²*“”- che) le ſecond dard eſt dommageable z cat en
c" ſi 5 ſi chaſtiant il bleſſe , mais il ne tue pas; 8c ne ſe
brandit iamais ſans que Iupiter n'aiſt appellé en
ſon conſeil les moindres Dieux: le troiſieſineñ
eſt celuy,qui
carnage ſe lance
6c tuerie des lots,qu'il
mortels , Faut
8c uifaire rand
ne dgepart
iamais de la [nain de lupitet ſansclauoir com

muniqué au cóſeil des grand Dieux ſotîuerains.


Voilà
SEQTION VII. 2.89
Voilà comment les Preſtres &Theologiens de
Iupiter tenoyent cachez ſoubs la couuerture
de pluſieurs ſentences les ſecrets dela nature : à
ſçauoir , que Iupiter,, qui de ſon :Îarurel eſt vn
bon Planete, Ïexcitoit iamais les miſeres 8c ca
lamitez ſur les hommes , ſinon pour chaſtier
leurlaſchetez , lors que par ſa conionction ou
aſpect il ſe communiquoit aux autres Plane-ï
res ſilperieurs , ou inferieurs : c’eſ’c à dire que
Dieu , qui eſt l’Architecte de ce monde 11’i1nPo—
ſoit ſur perſonne ni pertc,ni dommage , mais
quïlſe Faiſoit rendre conte dela punition des
crimes 8c laſchetes aux Puiſſances infſierieures,
ſoit que ce Fuſt ou de toute vne ville,ou de tou
te vne Famille, ou de chacune perſonne. Cc qui
eſt teſinoigné diſertement par Parolles expreſ
ſës en la ſainctc ² cſcripture touchant la cheutte a Augmchi
de Iob. r .‘
des foudres. Mais quandàcmque b Pline penſe b Au z.liur.dc
que les flames deſcendent dc Feſtoile de IuRi ſon hiſioirena
tutelle.
tet, ie n’en parletay pas plus auant , veu que les
raiſons ſont lus legeres,que de meritet qu’on
leur faſſe reſäoncc. ’
TH. Pourquoy eſi-ce qu’apres Pcſclair on
entend ſonnent dans la nuée,qui s'eſt creuéewn
gros tonnerre; toutesfois le plus ſouuent on ne
void que le ſeul eſclait ſans aucun ſon,les nuées
demeurans eſclattées 8c comme my-pztrtíes?
M Y.On appelle celà ouuetture ou Baaillement
des nuées,c’eſt à dire vne grancP inflammation,
qui ſemble my-partir le giel par ſa ſoudaine
ſplendeurztoutes-fois il n’y a pas vn plus grand
argument Pour demonſtrer que le tonnerre ne
ſe fait pas. Parle fracaſſement des nuéeszpuís
qu’en
2.90 SEcoND LIViRE

qu’en l’vn 8c en Fautre il y a vnmeſine* eſclat


temêt de nuée :mais que pluſtoſt celà eſtincité
m_ quelque par quelque vertu diuine , ik comme diſent les
'em' dmine Philoſophes Grecs @Sram &diſant/Hop Nuouz/H.
ËÏSËÊŒRÂÎËSÊ T H E o R. Pourquoy ne conſeflerons nous
' que le tonnerre ſe ſait par le fſiracaffement 8c
bruit d’vne nuée P M Y.Telle certes a eſté la Phi
a Au x .lilhdfs loſophie ï &Ariſtote , nëeſtant toutes -Fois ſon
M‘”°‘°‘ “'3' deſie ſur aucune raiſonzcar la flame ſeroit touſ—
Etau ó..liu.des _ , ,
Meteores c. iours accompaignee du tonnerre , apres que la
dfflfflî- nuée s’eſt briſée, 8: meſine on iſentendroit ia— _
mais le tonnerre ſans la preſence de quelque
nuée: ce que routes-fois eſt plein de fnuceté:
pource qu’on entend ſouuent les tonnerres en
têps ſerain , &lors meſine que l’air eſt purifié
de nuéesgcëme auſſi on apperËoit tres-ſonnent
que le feu S’eſclatte de la nué aus qu'on enten
_ l de aucun des
Duumuir tonnerre. Car ſrapé
Pompéesñſut Hercnnius
, ainſi ,qu’ó
eſtant
lit, '

de la Foudre ſans que le ciel euſt eſte' au—para—


gPliqſhÈÈä-i-rlc- uant b changés dauantage on entend ſoutient
NËEÆAML 5,_ des tonnerres dans les tours à' cauetnes : com
me de meſine on dit de ceux , qui entroyent
dans l’Ediſice du labyrinthe d’Egypte:leſquels,
nonobſtant que le ciclfuſt ſerein , entendoyent
de ſi horribles tonnerres,qu’ils en eſtoyent tous
c Au z.liu. des
queſt.Nac.c.zx. eſpouuantcz 8c mis en Fuitte. Ce que ° Sene
que venant à contempler , a eſté contrainct de
conſeſſenque quelque puiſſance diuiue y eſtoir
cachée.
T H. Ne voyons nous pas aux inſtruments
de guerre comme piſtolles, arquebuttes, 8: at
tilleries , que Fair ÿeſclarte auec grand bruit 8c
grand
~

SECTION VII. 19x

.Td
grand tonnerre? M Y. La raiſon :ſautoir pas
moins defficaceà l'endroit des nuées,ſi leur
matiere eſtoit de Fer ou d'airein,8c ſi au lieu d'en(
halation elles eſtoycnt pleines de poudre,de
ſouphre , 8c de nitre , ou qu’il yeuſt en elles
quelque danper de vuide z mais puis qu'il n'ya
rien plus mo que la vapeur , ni rien plus leger
que Fexhalarion s 8c qu'il n'y a aucune barrica
de,par laquelle l'air ſoit retenu enclos és nuées,
comme dans vne priſon; veu qu’il luy eſt libre
de s’eſtendre , monter 8c deſcendre par tant
de grands pays 8c regions; quiſera celuy tant
hebeté de Pentendemcnt , tant aueuglé de ſon
iugement , qui ſe puiſſe tenir de rire , s'il penſe
vn peu a telles niaiſeries 2 Etineſmes nous a
uons veu,que le tonnerre s'entend, ſans que le
ciel ſoit couuert de nuées.
T H. D'où vient qu’vne forte odeur de ſou
,hre moleſte 8c remplitxout l'air du lieu,ſur
ſequel eſt tombée la Foudre? M Y. Il n'y a plus
certaine preuue de la preſence du Diable , que
l'odeur du ſouphrezcar par tout où les Demons
conuerſcnt auec les hommes ( par ceſte mau
dicte Foy ,laquelle ils ſe ſont donnée les vns
aux autres ) ils laiſſent touſiours apres eux ce_
ſte vilaine odeur du ſouphreme ue les ſorciers
expreuuent Fort ſouuenr ,Sc me me le confeſ
ſent. . ~ ~ 7
TH. Pour uoy eſt—ce qu'aux regions Froi
des tombent ort peu de foudres? M Y. A cauſe
du deffaut 8c indigence des exhalations chau
des 8: vnctueuſes , deſquelles les Demons
ſeruenncomme d'inſtruments propres 51155,11;
T
292. SEcoND Livitr
"aériens, Or Fexlialation eſt fumeuſe 8c graſſe,
qui Faf-ait eſtre cóuenable aliment de ceſte nad
ture. l
T H. Toutes ces raiſons peuuent faire que ie
condeſcende plus facilement àſopinioii d’He
raclite,de Deinocrite, de (I iceromſinalement à
ce qu’en ont penſé les Aeademiciens , qui ont
enſei né,que ce monde eſtoit plein de Demós:
mais ſeroit-il auſſi veritable, que ces feux, leſñ
uels nous appellons Folets ou' volages, 8c qui
?ont vagues au tout des ſepulchregpalusuflc gi
bets , ſoyent Dernons , ainſi que pluſieurs pen-Y
~ -ſentêM Y. (Liand il n’yauroit autre raiſon pour
preuuer que ces feux ſont vne illuſion des De—
mons —, que leur ſeul departement , encor' n'en
VOHd1~0ÎS~iC pas douter. Car , qui ne reconnoit
en _eux quelque choſe plus qiſelementaire , de
les veoir venir promptement de loing ,ſi on les
'appelle en ſifflant, 8c meſine auec danger ou
de tuer celuy , ui les aappellé, ou de le battre
'cruellement ,ne ferme viſte-ment la feneſtre
'du coſté dont il les void venir : ils attirent
auſii dans les fleuries, precipicenëc aut-res lieux
dangereux les voyageurs, qui les ſuyuent pen
ſans que ces feux ſoyent quelqtfivn , quiñſe reti-ñ
re en ſa maiſon : par ainſi,ſi on les veut chaſſer,
'on ne pourroit trouuer meilleur remede , que
le preſirruarifiduquel
'iis inuoquoyent Diſſeu ont vſé les
à haute anciens
voix quand
ſe couchans
'le viſagecontre terre 8c adorans ainſi ſa maie
ëſté. Autant en peutñon iuger des feux errans
'ſur' les vagues de la menleſquels les anciens ont
appellé Caſtor 8c Pollux, qui ſuyuent pas à. pas
ceux,
_SEC-Tlobl VII. 2.95
ceux,qui ſont tormentez ſur lamer par les tem
peſtes 8c orages , iuſques meſine à entrer aux
lieux plus ſecrets des nauireszils tiennent pour
bon-beur Paſtiſtance de deux ,mais s'il .auient
qu'il n'y aiſt qu'vn Feu ſur la prouë ,ils l':.~p el
lent Helene, laquelle , ainſi qu'ils opinent , eur
apporte de grands dangers 8c tnal-heurszil Faut
icy rapportetle dire du Prophete,quand il châ
te les metueilles de Dieu ² : arſcaumeioz;
Qui fait le; 'vents aile-Zac 1'71” à l'autre Pole
Eſt” le: meſſage” deſizfirce é* parole,
E! que dufëzt ardent laflëzmbrmteffi/lendeizr
Nmctct Ô- iom' lefémur/lt lè/î/zogmcſhgrzzndeyr,
Car c'eſt de ces auteurs ſacrezſſ qu'il Faut tirer
les ſecrets de nature. Et ccrtes l' Plinea eſcript Ëufeſidfſflÿ:
que la cauſe 8c cognoiſſance des Feux etr-ans, ûUireN-Àturcl
(leſquels il appelle Caſtor-ex) eſt cachée dans la 'ſi'
Maieſté de nature.
T tñrPourquoy eſt-ce que la chaleur eſt plus
ardente en Eſte' deça &de la les deux tropiques
qu'entre leur enceint , où eſt la Zone torride,
puis que le Soleil iette ſes rayons à droitte li
gne ſur les pays 8c regions , qui ſont entre les
deux tropiques , 8c par tout ailleurs oblique
ment 8c auec moins de Force? Car il aduient
quelques Fois , qu'il Fait ſi râd' 8c Forte chaleur
aux pays de Poloigne,Ruâe,Pruſſie 8c Moſco
uie,que non ſeulement les tropeaux, bergeries,
biensſôc fruictsde la terre en ſont conſumez,
mais auſſuqui eſt plus incroyable, les villes, vi
lages , 8c foreſts en ſont reduittcs en cendres,
tant y eſt grande la veheinencc de l'ardeur du
Soleils comme il eſt aduenu l'ani1ée'i475. en
T ’ z.
2,94 SEcoND LIVRE
laquelle les villes 8c villages de Stradoiqne , de
Veliſque, de Coninie, de Balſe, de Che me, de
Lubonillede palais de Lucicin, le monaſtere de
Mogilne furent entierement bruflezdtem l'an
née 1 5 2. 5 .les ſemencesſhleds, ſotcſtsxÿc villapes
furent conſumez parla tneſmc ardeur du So eil
p Thomas Cm en Moſcouie. ï M Y s 1-. Poutce que l'ait gros 8c
mqaulfliur_
deſſ ?hiſtoire eſpez (à cauſe des vapcursdeſquelles s’efleuent_:
de 1'01"13*** des pluyesſileuues 8c mareſcagegdeſquels ſont
Sigiſmfidul Li .l \ \ _
bei-en Phiſtoz- pleines les rcgios 8c pays deça 8c dela es tropi
ſſtîſî “WM” ques) eſtant vne fois eſchauffé retient plus fa—
ct l çillement ſa chaleur : comme on peut voirau
bois,auqnelle Feu eſt plus ardët qu'en la paille,
&au mctail qu’au bois.Mais entre les tropiques,
là où les regions ſont plus ſciches 8c plus arides,
l'air ne peut, ſinó à grand* peine, arder ſa cha
leur Pour cauſe de ſa tenuité,_com íen que ic ne
nie pas que les pierres iſacquierët là vne ptand*
cha eur eſtans vne fois eſchauffées par es ra
yons du Soleil , à cauſe de leur ſolidité corpo~
telle. l ‘
T H. Explique moy cecy_,,s’il te plaiſt, plus
appertemcntêM Y. Ceux,qui veulentviſtetnent
6c à petite deſpence cſchauſſer les eſtuues ,_ ont .
de couſtume de verſer vne ſuffiſante quantite'
d’eau aptes
puis dans vn baignoir,qui
ayant a ſon
bien ferme' les fond de pierre,
eſtnuesſi, à fin
que la vapeur n’expire,_ils allumer par deſſoubs
vn Fagor, equel eſtant brufle' fait que les eſtuues
ſe rein liſſent d’vne fort eſ eſſe vapeur z dont_
vne veñemente chaleur en oct à Fenuiton: par
çecy on peut entendre 4 que Feſpeſſeur de l air
cgnlètuc plus ſacillcmcxit la chaleur , qui a eſté
i\ ' excitée
p SgrcîfrioN VII. 3,95
excitée parla vapeur des eaux,—qu'il n’euſt faict
au parauât à cauſe de ſa tenuitésvoilà d'où vient
que les pluyes augmentent la chaleur ardente
de lëEſte, [Läpres qu’il a plut,les rays du Soleil
frappent de us la terre eſtant encor*: humide;
parce que les vapeurs s’efleu'ent en haut plus
facillement ,leſquelles puis apres dans 'peu de
temps 'ſe conucrtiſſent en nuées. _ ñ
T H. Les pluyes ne tombenbelles donc ia
uées d’aillcurs
mais en haut? MqueY. des
Ainſi
va lala opiné Ariſtote
’eurs,q’ui ſins
ſe ſont elle
toutesfſiois auoir eſte' Fondé ſur aucune 'raiſon
probable. < _
ï T H. Pourquoy non 2 M r. Parce que , ſi ces
ſubtiles vapeurs , par leſquelles les nuées ſa»
moncelent en l’air,8c eſtans amoncelées ſe fon
dent goutte à outte ſur terre,eſtoyent ſuffiſan
tes 'our vne â grand’ abondance de pluye , la
_que le nous voyons liournellement tomber du
ciel, la montée 8C deſcente des eaux ſeroit touſ
iours circulaire; 8c par ainſi ni la terre par ſa ſic
cite' , ni l’Eſté par ſon ardeur, ni les plantes 8c
'animaux par leurs' aliments nhttireroÿent allf
cune humidité 5 leſquelles choſes eſtants mal
conuenables,il ſera neceſſaire,que le détriment
des eaux elementaires ſoit repars' parles eaux',
qui ſontdeſſus le eielzautrement ilfaudroit que
Paſſiduelle ſubſtraction des parties conſumaſt à
la fin finale toutes les eauxelementaires. _
TH. Si Peau ſe' chan "e en vapeur, &la va”.
peut en eau, il me' ſemb e aduis , qu’elle1i’auta
l pas faute de reparation de ſes parties. MnTelle a
eſt mon opinion z tnaisïeau, qui ſe dectſeiehe. 8l
T z
2.96 , SEcoND LIVRE
conſume parla ſiccité dela terre , par les cha
.leurs,& par Paliment des plantes 8c animaux ne
retorne plus en eau.Et meſme apres que lai terre
s’eſt roſtie par les longues 8c affiduelles ſeche
reſſes d’Eſté , comme en Libye 8c en pluſieurs
autres deſerts de l’AFrique,là où le ſable eſt mer
ueillcuſemcut ſec 8C aride,les pluyes ne laiſſent
pourtant de romberaucc grand’ affluence d’hu—
midité. D’où viendroyenr donc de ſi grans delu
ges d’eau , qui' ont eſté 8c doiuent eſtre en cer
: ?m6 en ſon cam temps (ainſi comme tous les ï Philoſophes
Timee. coufſieſſent d vn commun conſentement) ſi telles
eaux n’eſto yent verſées des autres, qui ſont par
âAlexandre. deſſus les ci eux? Car il eſt euident par la. ſainctc
ŸËÏLÈZÏËILŸ eſcriprure ,“ que les eaux ont ſurpaſſé les cou
cou. peaux des plus hautes moutaignes de Pauteur
de quinze c oudées apres que les grâdes pluyes
eurent cout inué quarante iours ſans ceſſe.V.oilà
pourquoy n ous y liſons,que les cataractespu la
bóde du .ciel ,Furet ouuertesDe là auſſieſtvenue
ceſte autiqu e Façon de parler des Mathemati
ciës , quand ils diſent que les portes du ciel ſont
ouuertes ap res vne longue ſechereſſe, de la
quelle telle le ur eſt Pouuerrure , qu’elle Fuſt'
apres trois a ns 8C ſix mois en Syrie ô: Paleſtine,
lors qtfAcab us eſtoit Roy de Samariezcar on lit
que l). ſe: h: re ſſe auoir bien eſte' ſi grande, pour
11'111 Dir pl ut d el ong temps au parauant, que les
Fotitzuzizsjl zu u es, 8c lacs Sïſtoyent tatis 8c de
ſe-:h eagle telle ſ orte,qu’il n’y auoir plus d'eſpoir
d: p1.” oír viur e iſeuſt eſté le bon Helie , qui
ñ ptr ſespiieres ſi t deſcendre telle quantité d’eau
d.: :iel-,q u’ils p e nſoyent d’vne grande ſechetfekiíe
' e re
l
SECTION VII.- 197
eſtre venus à vn deluge. .
T H.Ne ſe peut-il pas faire qu'autre la gene.- ſ ,
ration circulaire les pluyes #augmentent au " -.
milieu de la region de *airê MY. Ouyñdeæuparla ,.
puiſſance de Dieu 8c contre le coutsotdinairc
de naturedaquelle n’endure aucune augmenta
tion ſans le decroiſſement d’vne autre choſeçce
qu’on peut voir facillemenr aux eſtuues 8c
alambics , qui ne rendent pas plus d'humidité
par la diſtilatioiuquïls en auoyent teceu au pa
rauant; toutesſois 1] ſe Fait touſiours quelque .
déperdition de l'humidité pour ſi bien que ton
alambic ſoit luté,voire meſme qu’il Fuſt de ver..
re,qui ne reçoit volontiers »l'impreſſion d’aucu
ne humeur pour raiſon deſa ſolidité : mais po
ſons le cas que toute l'eau de la mer,des fleuries,
des lacs, des Fontaines , des puis,& mareſcages
ſe Fulle conuertie en vapeurs , 6è eſleuée en
haut-SC qtfaſpres S’eſtre amoncelée en nuées de
recheF elle e Fondiſt en pluyes, &les pluyes
en [UÎITCRUXJÎCULÎCS 8c riuieresiuſques à ce que
la mer fuſt remplie 5 il n’y auroir, pas pourtant
Æauantage d’eau verſée d’en haut quîly en ſe,
roit monté : de là on peut entendre facil-lement
8c comme par vnepclaire demonſtration, ce que a En Genere
nous liſons ² aux liures dela Naiſſance du mOn-ï( --Siítvsvflxn
de,à ſçattoinque les eaux,qui ſont deſſus le ciel, ſi' d*
on eſté diuiſées d’anec les eaux , qui ſſſont deſ- Bïdſſffllvmeſ
ſ
ou b S l e cie
. l
, par 1,.intetpo ſmon
. d 1
e amac I*une
. me chapitre.
Rzbbjzuzymô
’ de . tous les corps celcſtes
aggregee . ,. de ſorte âgsägſtſeïrïjiïï'
r. ~
a qu’il y a autant de diſtance du premier mobile z, Ra… …A
iuſques à Yorbe des eaux , que l* lëinterualleſieſt 35 lfflbij ("P
‘ , le dede-Qc
long deſpuzis les eaux élémentaires iuſilttcs a Mg_
T 4
2.98 SEcoND LivnE
l’orbe du premiermobilezà quoy appartient ce,
uc ſe chante
. , dans le Prophetegliſànt
. ²:
z yſcaumc 1 9.
verſet lo_ zz; Lambnfe d'eau to.” palais voulu"
Pſelumc 14s. Comme s il vouloir dire,que Dieu ſuſi: aſſis ſin:
les eaux du deluge , ou ſur vn ciel aqueux , qui —
bhccffleſhheſt appellé ailleurs grand b cryſtal &la ‘ 'table
ë: c. rc. 6c en marbrine du mondes 8C que meſme il Fuſt cou
Bxodcc 2.4. - d 1d 1 d l ſ
cſhbHAkíba uert ôcenuirone e nuees, come e u i ro/'
ainfi que teſ phete reſmoigne pourſuyuant ſon chant d:
moigno Moſes E [ñ d h l z
Maman m… n m4 cſc arſùr a nue exporte, i
ur: des Dou- ll faut donc cercher ces ſecrets de nature , qui
m' ont eſté incognus aux Grecs,dans les ruiſſeaux
drſnumcus. _ _
des fontaines Hebraiques.

DE l'arc celeſle, de l'aire, d” double Saleil, de la,


double Lune, de.: canular.
SEcTioN VIII.
T u.Pourquoy eſt-ce que l’Arc celeſte n'ap
parait iamais qu’en temps de pluye , 8c toutes
ois il n'apparoit pas toutes les Fois , qu’i~l plut?
M Y. Pource qu'il ne ſe peut Faire ſans vne nuée
chargée de pluye,8c ſans que le Soleil ou la Lu
ne ne luiſent à Foppoſite.
T H. @feſt-ce que l'arc celeſte Z M Y S. Vn
arc de diuerſes couleurs , qui eſt exprime' dans
vne nuée cane 8c arrouſée d’humidite' , lequel
auſſi retient pres que touſiours la figure ou
d’vn arc, ou d’vn deiny cercle. Il y a pluſieurs
ſortes d'arcs, qui repreſentent le celeſte; com
me celuy, qui ſe Fait ſur le Diainâtdequel Pline
appelle Arabique, 8c qui ſe trouue en ſi grand'
a ondance aux. monts Pyrenées , qu'on n’en
tient
SEcTioN VIlI. 2.99
tient preſquepoint de conte : car ſi on le met
- contre les rays du Soleil ,il repreſente vn arc
rompu, duquel les angles ſe finiſſent en yra
mide, c'eſt a dire, duquel les extremitez e ter
minent en pointe de clocher. L'arc ſe ſait auſſi
»en la meſine ſorte, ſi on preſente vn trigone de
verre,ou vn verre plein d'eau au SoleiLOn peut
auſſi voir vn arc aux petites gouttes , qui ſont
eſpaiſdues ou ſur les herbes par la roſée; ou ſiir
les voiles des natures parle cóflict des rames,
qui les ont eſgarées à Poppoſite du Solei—l. On
peut recueillir par ces diuerſes ſortes d'arcs plu~
ſieurs ralſons,qui ſont ſuffiſantes à-reſuter ton
tes les abſurditez ,leſquelles on a auäcées tou
chant le celeſte.
T H. Pourquoy dit--on que l'arc celeſte a eſte'
mis pour ï ſigne,qu'il n'y auroit plus de deluge? a En Genere
M Y. Pource que le Soleil ne peut exprimer ſes “'7'
reluiſantes couleurs diſtinctement dans vne
nuée, qui eſt beaucoup noire 8c eſpeſſe,8c prin
cipalement ſi elle couure tout le ciel, car ainſi
elle ſignifie qu’elle doit verſer de grades pluyes
ſur la terre: ce qui ne ſe peut faire, quand l'arc
celeſte apparait , pource qu'on _ne le void ia
mais, ſinon quand il y a vne nuée tranſparente,
8c quand l'autre partie du ciel eſt ſeraine. Ce
ui eſt vn treſ-certain argument que la pluye
ſera legere.
T H.Pourquoy eſt—ce,que quelques vns don
nent à l'arc quatre couleurs,les autres mille,les
autres vn autre nombre? M Y s. A cauſe de la
confuſion des couleurs :maison verra tantoſt
par no: diſputes, qu’6 ne pourroiîrtreutter d'a
5
zoo SEcoNo LXVKL
uantage en nature de ſix couleurs ſimples , à
ſçauoir ,le blanc, le noir ,le rouge ,le verd , le
iaune 8c le bleu 5 deſquelles l’arc celeſte eſt
coulore'. ~
T-H. Pourquoy eſt-ce qu’on peut veoir deux
ou trois arcs celeſtes 8c quelquesſois plus ou
moins en vn rrreſine temps? M Y. A cauſe de la
reflection des vns aux autres ſelon la diuerſité
des lieux oppoſez , ſi les nuées ſont de 'toutes
pars, leſquelles ſe puiſſent renuoyer de l'vne à
l’autre leurs aſpects; ne plus ne moins que les
miroirs,qui ſont à ?oppoſite les vns des autres,
leurs images. Mais tout ainſi que la reflection
d’vne choſe propoſée ne paſſe pas du premier
miroir au ſecond,8c du ſecond au troiſieſinegSc
ainſi conſecutiuement , qu’elle ne S’arreſte au
ſeptieſmewoire meſine qu’il y euſt vne infinite'
de miroirs oppoſez : de meſine eſt-il des arcs
celeſtes,qui peuuent bien eſtre *en moindre 116
bre de ſept ſans
s’abuſent,qui le pouuoir
pèſent quſiil n’y exceder: car auoir
en pourroit ceux

plus de trois. Toutesſois à grâd peine en pour


roir-on trouuer quatre à la Fois, car il ſaudroit
ainſi que les nuées sefleuaſſent en pluſieurs
pars oppoſées les vnes aux autres en vn meſme
temps,ce qui empeſcheroit qu’il ne ſe ſiſt,pour—
ce qu’il Faut quandzil ſe Fait , qu’vne partie du
ciel ſoit tonſiours ſeraine.
T H E. Pourquoy eſt-ce , que les miroirs ne
peuuent teceuoir plus de ſept reflectionsë M.
Celà depend, comme nous auons deſia dict, de
la propriete occulte du Septenairexar ſa puiſ
-ſance eſt Fort grande en toute la nature.
d
. TH.
SECTION VIII. ſ 301
T H. Pourquoy eſt -ce, que toute la nuée n'eſt
pas imbibée demeſines couleurs P M.Parce que
la concauïté circulaire de la nuée fait , que la
force desrays du Soleil ne ſe puiſſent vnir en
> autre part, qu’à ?oppoſite de la nuée concaue,
là où ils ont concurtencmcomme on peut veoir
dans vn baſſin , ou contre vne colonne de mar
bre Fort poly,qui eſtoppoſée au Soleil,lä où on
nhpperçoit, q~u’vne ſeule ligne, qui deſcend du
chapiteau du cylindre en ſa baſe , 8c qui eſt re—
marquable à cauſe de ſon inſigne clairté re
ſplendiſſante au long de la figure cylindroide.
T H- Qſeſt-cùque l’Aire? M.C’eſt vne ſigu
re circulaire en temps tranquille donnant paſ
ſage à trauers l’air couuert 8c eſpez à la clairte'
des aſtres,ne plus ne moins qu’vne feneſtre à la
claitté de pluſieurs fiambcauzude ſorte que du
couſté dont elle commence de ce fendre , de là
auſſi le vent commence de ſouffler ,’ ce qui adñ'
uient auſſi aux nuées, quand elles ſe creuent.
On peut iuger de Fhauteur du Soleil 8c de la
Lune ſur FHemiſphere par le lieu de Faire 8c
de Parc celeſtexar tant plus haut eſt Farc cele
ſte,tant plus proches ſont le Soleil ou la Lune
de lſiHoriſon OrientaLou Occidentalsëeſt à di
re ,que tant plus le Soleil ou la Lune ſe ſont
abaiſſez vers les parties infſierieures de l’Hemiſ—
phe re d’autât plus auffi efleuenbils l arc celeſte
contrednont :autant en pouuons nous dire de
Faire,
s’en laquelle,ſi'
efleue le SoleilŒauantage.
au contraire ou la Luneſ ſont bas,

T H E. Qÿentendent les Grecs par les mots


de Parelios 8c Paraſelinos P M. Vn double Soleil
zo). SEcoND LÏVRL
8C vne double Lune z deſquels ie confeſſe fran
chement que ie xfentens aucunement la cauſe.
Car ceux , qui ne mettent autre differëce entre
l’Aire &le Parelios, ſinô que l’vn eſt proche du
Soleil &Pautre efioigne' , ÿefloigncnt pluſtoſt
euX-meſines dela vraye
procher. ſiEt meſmes raiſon auſquels
pluſieurs, que de s’en ap
Paduis
&Ariſtote n’eſt0it aggreable , touchant ce qu’il
en auoit enſeigné, ont nie' tout à plat ,qu’on
peuſt veoir vn double Soleil : diſans que c’e— e
ſtoyent Phantaſies des yurongnes 8c des per
ſonnes, qui auoyent Perdu leur ſens,& comme
dir quelque Poëte: _
@Auſÿucls ancient de ?Je-Dir deux Tbelm au lim
&l’vne
E't *Un double Soleil Ô* 'une double Lune.
Mais il faudrait ainſi que les yeux de tous fuſ
ſent eſblouis
rendement d’ſivnd’vn meſme
chacun ſuſicliartnc-,ôz
ſaiſy &l’vnequemeſme
l’en~

teſuerie 8C eſiourdiiïement.
T H &Le iuges-tu des Cometes 8c des au
tres feux,qui apparaiſſent en Fair ſoubs diuer
z Au x. l. de: ſefd figures? MY. Il y a vne opinion &Ariſtote ï
Matures: 7.
couchant les cometes , laquelle eſt bien tant
commune, qu’elle a laiſſé fort eu de lou-rs eſ
prits , dans leſquels elle ne ſe oit logée, à ſça
uoir, que c'es feux ont eſté là releguez par vne
graſſe exhalatiomlaquelle dés aufli coſt qu’elle
commence à deË-iilliizeux pareillement ne Pou
uít ſubſiſter ſans elle, qui leur ſeruoit cfalimêt,
ſont contraincts à. ÿcſicindre 8c diffiper. Mais
d'autant que ie ſuis ennuye de telles bague
naudcries, il me ſemble que ie ſci-ay :vieux, ſi ie
îcOfl
SEcTioN VIII. ſi 593
confeſſe franchement mon ignorance , que de
propoſer quelque choſe pour Yaſſeurer teme
rairement ,ou pour mÏarreſter aux vaines opi
nions ,leſquelles les autres y ont apporté \car
tout ainſi que le vin n'eſt pas touſiours profita
ble _aux malades , mais le plus ſouuent leur eſt
treſ-conrraire 8c pernicieux 5 dont il aduient
qu'il eſt beaucoup meilleur de le leur defendre
du tout, que ſoubs Peſperancc de quelque vri
lité, qui eſt en doute a on laſchaſt la bride à l’in
ſolence de leur maladie iuſques à les mettre en
danger de leur ſalut; de meſme il eſt beaucoup
meilleur de laiſſer les curioſitez desi norans
deſpourueües de reſponce , que de les a breuer
de Fauſſes opinions. Car nous auons deſia de
monſtré,que les exhalarions ne ſe peuuent eſte
uer plus haut_ que de deux ou trois inilliaires
par deſſus terrezmais on ne peut nier que les
cometes ifapparoilſent en la plus haute region
de Fair, qui eſt exempte de toute ſorte d’ex i—
ration Fuligineuſe 8c de l’odeur ſulphurée ,f
quelle les autres feux laiſſent en leurs veſtiges;
on ne peut aufli nier,qu’ils ne ſoyent remarca
bles à tous les peuples , qui viuent ſoubs vn
meſine Hemiſphereçce qui ne ſe poutroit faire
s’ils nffeſtoyent voiſins à l’orbe de la Lune , dti
quel la plus petite diſtance au centre du mon
de a dëinterualle zz.. diamettes de la terre , c’eſt
à dite 11.2760. milliaires : 8C meſme certains
Aſtronomes ont eſcript, que ce grand comete,
qui apparuſt au mois de Nouëbre l'année r 57;.
_eſtant 'au çoſté droit de Caſſiopeia , n’auoit
point eu de paralaxe , 8: qu’il ëappartenoit aux
~ eſtoillcs
504 SEcoND LrvnE
eſtoilles fixes z ce qui eſt neantmoins Faux : car
il ne s'enſuit pas, qu'il fuſt vne eſtoille fixe pour
n'auoir point euſt de paralaxe ou de diuerſité
d'aſpect,parce que la doctrine des paralaxes eſt
beaucoup deceuable,en tant que ſon vſage ne
ſe peut eſtendte par deſſus Feſtoille de Venus,
de laquelle la difference d'aſpect eſt deſia fort ~
petite : 8c d'ailleurs ce comete diſparuſt dans
cinquante iours, ce que ifaduient aux eſtoilles
fixesMais d'autant qu'il eſtoit immobile (ſelon
ſt ſituation en l’aſtre de Caſſiopeiazcar il auoit
ſon mouuemeut ordinaire par le premier mo
bile) 8c proche de noſtre Zenit ,il a donné 0c
caſion àpluſieurs de penſer qu'il ſuſt vne eſtoil
le fixeztotttesfois on peut iuger par là, qu'il n'e
ſtoit pas ſort loing de l’orbe de la Lune,8c qu'il
eſtoit auancoureur pour ſignifier les calamitez,
qui ſont ſuruenues apreszcar les anciês de tous
temps, auſqucls la memoire s’eſtend ſort loing
a Citer-on au
Mliure d: u
vers la venerable antiquité, ont ² remarqué,
tu” Dunn”. qu'il ne failloit point meſprifer Pobſiaruarion
!line au zJiu. de ce que ſignifient lesñcometesscombien que
de ſon hiſtoire' outre les abſurditezdeiſiquelles ie viês mainte
Naturelle.
.nant de manifeſter, l'opinion d'Ariſtote puiſſe
cncourir vn nombre infiny d'autres plus gran
des incommoditez.
'I' H. Ie te demande quelles? M Y. Si nous cô
cedons que les expirations ſtuneuſes s'efleuent
iuſquesà la concauité de l’orbe de la Lune: ce
que toutes-fois ne ſe peut ſaire,car quel moyë
y auroit-il ue toutes les exhalations de l'air
sïtmoucelal cn_t tout en vn globe à fin de te ai
ſtre vn ſi grand ſeu .> Ou ſi les expitations Ent
eſparſes
SEcTioN VIII. 305
eſparſes par rçut Fair, Pourquoy ne_ſeront auſti
eſpars ça 8c là les cometes ?Mais nous voyons
pluſtoſt en eſté, lors qu'il fait grand’ ardeur
8c ſechereſſc, que peu s’en Faut que l'air ne
S'alume de toutes pars par les expirations , qui
s’eſteueut , iuſques à ce que tout à-coup ſa ina
tiere eſtanr conſumée il viene à s’eſteindre , 8c
pourtant , on ne veoid pas que tout ce feu S’a
moncele en vn Globe.D’auantage,ſi vn comète
ÿengendre de l'expiration ,- pourquoy eſt-ce
que celuy , qui eſt appelle' Iouial, ſe monſtre en
l'air auec vne ſi grand* clairte' 8c pureté de -ſa
lumiere; &l'autre , lequel ils appellent Saturë
nien,auec vne obſcuriré meſlée de couleur paſ
le tirant ſur le bleu ;comme de .meſme le Mer
curíal eſt cotnu S le Martial enflame' 6c fort ter
rible à veoir; celuy de Venus auec vne longue
perruque , puis que les exhalations n’ont qu’v—
ne meſme matiere 8c vne meſine Hypoſtaſe?
On dit que ceſtuy-cy ſe porte 'par tout le Zo
diaque , tel qu'on l'a veu Pannée M. cccc. LXX.
aux ldes deIanuienMais comment pourroyent
ils aller d'Orient en Occident auec vne telle _
conſtance ,laquelle nous auons veu auoir eſté
en celuy , qui apparuſt au mois d’Octobre MJ);
i. X x v i iqui ne peuſt par aucun vent ni orage
eſtre diffipéfi leur matiere eſt vne exhalation,
puis que Ariſtote ſouſtient que les vents en
ſont excitez,ce que nous auons n’a gueres c6
naincu de Fauſſe-té P Pourquoy auſiï verrions
nousles Cometes en hyuer pluſtoſtqffen eſte',
puis qu'alors il y a peu Æexpirarions 8c encor’
fort debiles eſtant retenues dela terre,quieſt
glacée
506 SEcoND Lrvnr
glace' parla froidureêPoutquoy auſſi lesverroit
on pluſtoſt du coſté de Septentridn que de Mi
dy? Ou pourquoy auroyent-ils tant de diuerſi
rez les vns auec les autres 8c chacun deux auec
le reſte des figures flambantes , comme le Cri
neux auec le Barbu z 8c celuy . qui eſt faict en
lame d’eſpe'e , auec ces deux icy ,puis que les
exhalations n'ont point de figure? Poutquoy
auſſi ſeroyent diiſcmblables les vns des autres,
le Tôneamla Torche, le Foſſé-cornude Dtagó,
la Lance, 8c vn nombre pres quïnfiny d'autres
celles figures , qui ſont toutes differentes non
ſeulemêt à celles-cy, mais auſſi entre elles meſ
mes,veuë la precedente raiſonWeu auſſi qu’vn
comete peut qttelques-fois cſgaler en gran
deur la troiſie me ou quatrieſinc partie de la
terre,comme celuy,qui apparuſt trois mois du
raut,en Panuec' M. ccc. xr 1 1 LEt vn autre qua
tre mois,en l'année M.ccc.xxxvu.Et vu autre,
l'année M. cccc. Lxxx 1. qui ſe porta d’vne tel
le viteſſe(par toutle Zodiaque,qu’il paracheua
preſque a courſe dans vn mois ,l'ayant com
mencée au ſigne de Libra, &c de la pourſuyuan:
ſon train faiſoit au commencement 40. degrez
chacun
qui ap iour
artiſtz tout
puis ſur la fincVAouſtôc
le lnois_ 1 zo. ltemde
vnSeptê-ſſ
au tre,

bre_ de 'année M. o. tvt. ceſtuy-cy tint ſa cour—


ſe de l’Equateur vers la eure Outſe ayant ſa
ſplendeur d’vne clairté fÈrt a parente, 8c qui
eſtoit bienſi grand que ie ne itay as, quelcs
expirations ,qui ſont ſi ſeiches 8c egeres,euſ
ſent pu ſatis-faire_ à l’ali_meut , qui luy cuſt
eſte' neceſſaire pour deux mois , auſquels il
continua_
SEOTION VIII. 307
continua ſa lumiere , mais auſſi les ſoreſts , qui
. ſontpar tout le monde ne luy euſſentpu ſuſ
fire. Combien que i’aye paſſé ſoubs ſilence le ~
coinete , qui apparuſt du temps de l'Empire de
Neron, qui duraſix mois entiers , ainſi qu’a eſ-l A ld
cript Seneque ². Ioſephe a auſſi eſcript 5 , qu’il quzäizſfi' ..î
en apparuſt vn autre ,qui fiíba vn an entier ſur "ïïïlïï-'ï-H
le temple de Hieruſalermau parauant dc' la ruyîa- bzffl,,
Au liurc De…
huhu-n,
ſi nelaiue;
duditmais
temple
ue lôclville,
a iment ayant
cuſt ulaſ_u_fàgure d’vpi
_reà ,vn
Ërand feuzPlucſieurs petits Sophriſtes ſe ſont ha
zardez de dire que le Soleil 8c les autres aſtres
ſe iiourrilſoyent des exhalationsdaquelle choſe l
eſtant, digne de riſée- nffeſt pas pour celà. plus
.
di- c Ainſi ^ ref
gne d eſtre mocquée que les precedentes. Car ï moignequeCite
Poſidoniusprenoit ſon argument de là , que F" ²“ T**
tout le monde deuoir eſtre conſuine' par feu, fai.:m" "ſi
d’autantqu’il penſoir, que Phumidite' ſeroit ſi
. nallemenr
des aſtres. conſumée , laquelle
ſi eſtoit
i ſi l'aliment_~ ,
- ’ T H. On,m’a autrefois enſeigne' que la queue'
des comeres eſt touſiours de Fautre coſté du
Soleil; laquelle choſe 'eſtant ainſi, _le comete ne
pourra eſtre vn embraſemenr, ni_ vne hypoſtaſe
de ſeu, mais pluſtoſt vne apparence de. Pyrami
de , qui sëeſt ainſi façonnée-par la. concurrence _
des rayons du Soleil 8c de l'oppoſition d’vn,
corps plus eſpez que l'air. M Y._ On remarque,
bien celà, auxcometes Orientaux 8c à ceux, qui
ne ſe bougent d'v_ne place, mais cela ne ſe void_
plus au reſte des autres cometeszcar on aaſſeu
rement obſerué,que le comete creſpelu ou clic
, uelu (comme il te plairaqueiefappelle) ietrc
V
- . l.
a

;O8 SECOND-LIVRE
par derriere ſoy ſa queue' ou ſa perruqueme plus
ne moins qu’vne torche iette ſa flambe en arrie
ï
re',quâd celuy,qui la porre,court viſte en auant,
ou quand ſans ſe bouger il la leue en haut : car
ainſi la flamme ,Ïelſigarguille comme des ra
yons , ou comme vne barbe, quipend du men
t_on en baszde meſme eſt-ilclvn co1nete,s’il ſe
forte &Orient en Occident , car ainſi ſa perruñ.
que ſe retrouſſe deuers ?Orient ; ce qu'on a
peuyoir au comete , qui apparut Pannée 1577. _
au mois d’OctObre,& qui eſtoit rauy auec gräd’
force par le cours du preuiier .mobile : Mais ce-ñ
I
luy,qui apparuſt Fannée 15y6.ai1 mois d’Aouſt,
4 _Ïenoir ſa tourte du Midy au SepÏentrió ayäc ſes'
heueux retrouſſez versle Midy.- De là on peut
entendre que l'opinion eſt fauſſe de quelques
vns 3 qui penſent que le comere ſoir vne appa
rence Pluſtoſt qſſvne vraye Hypoſtaſes auſſi de
ceux , quisrre
tre que cctelle 'penſent pas que
du reſte des ſa natureflambanñ_
impreſſions ſoit au-ñ

t.
_ ces en l’air,qui cout à coup apparoiſſenc 8c tout*
ä coup ſe retirent du regard des hommes.
T H. Dhurànr qifon a remarqué de route
antiquité , que les comeres ſont meſſagers
amant-coureurs Oude Faminùou de peſte 8c au—
tres maladies populairespu des-guerres ciuiles
(ce quiifauient par les cxpirations , qui ſe ſont
_allumées) Faduis de Democrire ne ſeroit-il pas
vray—ſemblable,par lequel il enrend,comme il a
laiſſé couché par eſcripr , ,que les comeres S'en
rerornent finallement en eſtoiles fixes? M Y.
Certes celà eſt ProbableMSc ſi touresfois il iſeſt
pas ziecclſairc: 8c mc ſemble Probable en celà,
— — _d’autant
SEcT1oN'VJII. '309
d'autant que les anciens ont obſerué que les cio
metes venoyent 8c s'en retournoyent ſans 'auſi
cune generation ou 'coriiuption z ainſi que Pline
teſmoigne : c eſt a dire , quñe les cometesnes e—
ſteignoyent non plus que les autres aſtres,mais
que peu àpeu ils ſe retiroyent de noſtre .veuëz
mais celà ne ſe peut faire,ſi nous ne confeſlonï,
que les cometes s'efleuent peu à peu en haut,
iuſCl ues à ce (l ue a s'eſtans retirez au 'firmament
~ auec les autres eſtoilles , nous les perdions de
veuë : toutesfois c’eſte raiſon n'eſt pas neceſſai
re,, parce qu'il ſe peut faire ,~ qu'ils periſſent
totalement puis que nous ne voyons pas que le
nombre des' eſtoilles Ïaugmente par leur ve
nue: de
cauſe mais il extreme
leur ſe pourroit auſſi on
hai-iteur bienncfaire qu'à ſi i
les peuſt

voir,non plus que les petites eſtoilles.


TH. L'aduis de Democrite me fait penſer,
que les cometes ſoyent les ames des hommes
illuſtres; leſquelles, apres auoir demeure' vvn
nombre infiny d'années ſur la terre, ſont final
lement reduittes à Fextremité commune des
autres choſes,qui ont eu naiſſance, &qui pren
nent ſimvoilà pourquoy il Faut que de deux
choſes l'vne ſoit , on qu'elles font le ,dernier
triomphe de leur vie bien—lieureuſe,ou qu'elles
s'en retornent au ciel eſtoillé comme des aſtres
reluyſans; voi-là anffi d'où ie penſe que vient la'
famine ,les maladies populaires, 8C les guerres
ciuiles , comme ſi les peuples 8c les citez eſto
yen( abandonnées de leurs' gouuerneurs 8c
bons capiraines,qui ſouloyent appaiſer parleur
preſence la fureur de la maieſté Diuine. M Y. Ie
" r 'V 2.
~

3;); Szcoug Lxvnz


pe voudrais pas temexairemcnt_ rien aſſcuxjez ni
adiouſiet Foy à Faduis des autres tduchanr; vne
choſe tant eſgarée de Pençendcment des hom-z
mes , 8g laquelle pour ſon hauteur ne peut fa
çillement eſtre attaincte de leur iugem cſkzquanç
àmoy , il me ſuffit cfauoir monſtre par argu
ments cces-cextains 8c propres Pour faire neceſ
ſairemenc condeſcendre à mon opinion lesaul
ctes,que lcs cometes ne ſont point exhalations,
auſquelles laflammc ſe ſon: prinſc S lcſquclsJi_
ainſi eſtoigÿengendreroyenr pluſtoſt_ au pres de
la terre, où 1llayplus
tions,qu’en a plus grand'
haute quantite'
region d'eXhala-.
del’aic,là où pi, ſi
les vapeurs , ni les cxhalarions ne peuuent Pe
netrer; car ſi tant eſtoit que les ex ñiraçions S’eſ—.
leualſent juſque là, comme ils di_ ent,elles [ſap
porteroycnt Point nx la guerre , ni les_ maladies,
m' la_ ſterilitémſais pluſtofl: parleur abſence , aſ
fluencedc tout bien 8C proſpcriré :mais ce,que_
le Poſéte Lucain dit auoir veu deuant les guerres
çiuiles,eſt tres-certain;
.Alors le ciel cſtoitpdzr des aſtres ;tonneaux
DE toute-War: drei-tnt comme par desflambeaux!
5H35 duſzole dzure' chaſſayent la nuict óâſëurc;
Le: torches ;Fenuolaycnzſôulvs Publique ceinture À
_ .Du ciehqui courrouœſſ aux hammcsfe mon/hait,
‘ Dîdntrepar; ?me peur lîdutre peur rencontrait
De voir le: [gangs chene-mc aux aſtra dpparozſlre,
_Et le camete en iëzzinquiſôuuentfdzit cognag/Zre
Aux affizirex publics 'Un tri/Ze _euénemenn u
.Et duxfceptre: de; Roy: 'Un non-Sean changement,
A ce propos Virgile dit.
Qt! iqgmgijtgnt definir-e: eſëlattdntg: .
- ' ' Ni
ſiËËeTioN ſſIX. ſi ;i1
ï Ni tam defiux [Will-ins dans les nues tonames
93'071 'vid drdreſôuuentſanbs lepale enfiíme'
_ Parlóÿs vapeurs de l'air-Je come-tr aüumë.
Toutesfois ceux-là 'en donnent d~e belles , qui
diſeîmque le comete porte malheur aux' Orien
tauanquand il eſt en la ſection du ſigne d'Arles,
8c aux Se tentrionaux 8c Occidentaux , quand
_il eſt en a ſection de Taurus z 6C 'telles autres
bourdes de ſemblable 'eſiſtoffez
\

T: la terre, píerresprtcieuſſſî: é; diam, des minerai-ie


~ O'- des metaux.
S 1-: i: T 1 o N ~ I X.
T H. Puis que nous auons pzracheué noſtré
propos touchant la nature de tous les corps
clementairesqui ſontinſtables 8c de petite dti-ï
tée; maintenant l’ordre requiert que nous di-j
ſions quelque choſe du_ naturel des corps , qui
ſont 'conſtans 8c Fermes 8c, de plus longue dti-T
'réeó M r. Entre toutes les ſortes des corps nas
v turels il ne s‘en trouue pas vn, qui ſoit plus fer
me' 8C conſtant que la terre , laquelleſipluſieürâ
eſtiment eſtre vn element, les autres ſeulement
_ vn corps elementairc “5 parce qu'ils ont veu que
,les autreselements ſe c angeoyent facillement
les vns 'aux autres,mais que la terre toute ſertie
demeurcroit immuable , comme celle lä , qui
- donnoit à tout le reſte des corps vne conſtance
inuariablcxWand ie dis,que la terre eſtïvn cle~>
ment , 'fentens ceſte terre, qui eſt entre les cles_
ments la 'plus peſante z 8c non pas les cendres,
qui ſont vne-terreſtre conſiſtance .des 601'115 G16*
_ ‘ q v I.
zz”- SEcouD LXVRE
mentciireszôc comme la lie de la premiere lnatïe
rc , eſtant eu tout ê( par tout beaudoup plus le
ere que la terrezcar nous auons deſ-ia dict que
fiterre cſtoit pluspeſante que l'eau , 8C que les
ccndresſſeſttxyent pas ſeulement plus legeres
qtſieelle , mais auffi qu'elles naireoyent deſſus:
8c meſinezcombien que la terre ſoit vn peu plus
peſante que l'eaude la met, voire qu'elle fuſt
deſpouillée dejoute humidité , toutesſois tant
plus elle eſt cuitte 8c recuitte,d’autant plus peñ
ſante deuient-elle.
T H E. Si la cendre deuient plus legere que
l'eau pour auoir eſté deſtituée de toute humeur
par la force du ſeu , comment pourroit la terre
acquerir quelque peſanteur par la cuitte ,veu
qu’il ſemble par la meſme raiſon qu'elle en de
uroit deuenir plus legere? MY s. Parce que la
premiere cuitte diſſipe l'humidité; la ſeconde,
raſſemble 8c ioint ſes petites parties eſgarées
les-vues des autres,8c reſoult par meſmemoyë
l'air, qui s'y eſtoit enclos, &c'qui empeſchoit la
peſanteurſpar ſa legeretésccæqui pourroit ſem
bler à plu lClllTS incroyable,ſi l'experience mai
ſtreſſe de toute cettitudeme nous conduiſait à'
ceſte cognoiſſance.
‘ 'T H E. Puis qu'il y a tant de ſortes de terre
ſi IOUICS differentes lCS VDCS ClCS autrescomment

a-.On pu trouuer ſon poidsP MY. En la ſorte


que nous auons dictztoutesſois il ſe Faut pren—
dre garde , qu'on ne comprenneles metaux
8c .mïneraux .ſoubs le nom dela terre, com
me 'on pourroit diretla terre. apportée _de
Lemnos , laquelle les_ Grecs appellent. aps-azur,
. .a ~ 8c
SÏÔTIÔËIX. zz;
8E
ellenous ä Pauenantdit
eſtoigcomme Terre-ſigillée, pource
Gallien, cachetée que
du ſeau ſ -
du grand Pontiſe de Diane , au lieu de laquelle
les Triacleurs ont accouſtumé de ſuppoſer en
vente quelques crayes de nulle Valeur, 'car la
vraye marque de la terre-ſigillée eſt quand elle -
nage ſur Peauztoutesſois les Apoticaires au de?
faut d'elle ſubſtituent le plus ſouuent la crayé
_rouge , laquelleils appellent Ochre , &de la
quelle ſe ſeruent les charpentiers à marquer,
ſur le bois. Car la terre ſigillée apporte grand
remede à pluſieurs maladies 5 aucuns ne la peti
ſent èſtre autre choſe que le Bol Armenic. On
trouue auſſi pluſieurs autres -ſorteslde terre,
comme 1a Galazimite —,laquelle,ainſi qu'ils did
ſent,, guarit toutes \brtes de ² playes: 8c Plîryë g 1-1…. ,u i),
three, la Chie, la Cimolie, la Pignitis ,laquelle &ï ſ7" Híiſtïïifi
on vend pour PEſYthÏCCËZC la Samienne,qui eſt ;Ïſiſiſiſſſi 1-' ſſ'
ſort en vſage
Dîæïätage , onentre lespluſieurs
trouue »Peintrestcrſireszqui
&z Medecins;
ſont
ſiappellées ou metaleuſes, ou nirreuſes, ou ſul* _x
phureuſes,ou bitumineuſes,ainſi qu'elles parti- ’
cipent de la nature de pluſieurs corps meſianë
gez,auſqnelles on ne peut accommoder le nom
d’element , nô plus qu'a la terre,qui s'eſt autre*
fois bruflée par le iuſte iugement de Dieu;telle
qu'eſt la. terre de Hierico l' ,laquelle ne peut b En' Geneſe
produire ni -plantes,ni animaux; combien que CJD. Au Deu
tcronſſotne c.
deuant Pembraſement de Sodome elle fuſt mcr
ueilleuſement fertile 8c planrereuſe en toutes zz'. l "m"
; . i ſſ
ſortes de delices ruraux 5 'à laquelle nous en
voyons de ſemblables en pluſieurs pars, qui ont
eſté bruflées 8c rendues execrables à cauſe de
./ V 4
;i4 SECOND LIVRE
Fimpieté des hommes , leſquelles , ainſi que ie
a Aïlllgtï D:
remfllſiu. penſe ï, Caron appelloit pourries commandant
\
r aux Laboureurs ‘de les euiter , pource qu’elles
;iuoyenr entierement perdu leur forme ter
reſtre.
ſiT H.Faut—il pour celà que la terre cendreuſc
8c ſabloneuſe perd-e ſon nom P M Y. Ouy certes,
ſi ell' a plus de cendres ou de ſable que de ſa
nature terreſtre :ne plus ne moins que l'argent
eſt touſiours appelle' argent s’il y a plus d'ar
, ent uede cuiure,combien u’oiile uiſſca P —
peller aiigent cuiureux.Car la terre,qui eſt trop
graſſe, e rend plus ſeconde, ſi Onla fait plus
friable auec' vn peu .lade\ſiabloneuſe
cendres eſpatſes par
deſſus; au contraire ſe rend fer
b Plſſincauq.),
tile ſi on la mefle parmy dïirgillc b, oi! parmy
de ſon Hiſtoi
re nacurclleic. ceſte terreflaquelle nous autres François appel
4 lons Marne. Car le fiable tout pur, c’eſt à dire, ' <
ce petit grauier ſterile, qui eſt ſur le riuage des
ficuues 8c de la mer, 8c qui ſe tire fort ſonnent
de la terre pour lëvſage des maſſons, ne doit
point eſtre appelle' du nomde la terregtel qu'eſt
celuy, qui eſt totalement deucſtu de plantes par
le grand &vaſte deſert de LibyeNoilàzqui m'a
ſemble bon de dire deuant que venir àla diſpu
te des corps elemcntaires
conſtance. ſi , qui ont quelque

T H. Combien de ſortes trouue-On de corps


elcmentaires,qui ſoyent ſtables 8c permanents?
M Y. Deux z l’vn_e , des animezzôc l’autre des in
animez,c’eſt à dire, de ceux,qui ſont ſansame;
6c qui ont ame.
T H. Combien ,cle ſortes trouue-on de corps
_ inam'
-K- A…
_ SEcTÎON IX. _i315
ſ _ínanimez ou ſans ame? M Y, Deux; Pvne , par"
nature,& l'autre par priuarion. Par priuation,
comme les corps des animaux defuncts 8c des
plantes ſeparées de leur tige, ou ſoit leur tout,
ñ ou ſoit leur partie, Par nature , comme ce qui
n'a point eu de vie, ni ne la peut auoinduquel
nous faiſons auſſi deux autres ſortes 5 l’vn_e, de
ce-qui Ïengcndre dans l'eau -, comme l’Electre
ou PAmbreS 8c l'aime de ce,qui ?engendre en
la ſuperficie de la terre, ou en ſes plus proſoih . 1
1 des entraillesmux entrailles de la terre, comme
les pierres &les metaux; en ſa ſuperficie, comñ …
me quelques excrernenrs, deſque S les vns ont
vie , comme les truffes 8c champignons , 6c les
' autres ſont ſans-vie, comme le ſouphre 8c plu
ſieurs autres excrements , qui reſſemblent au '
glu. Toutes choſes terreſtres ( ſoyent-elles ani
mées,ou deſtiruées de vie) ſe diuiſent encor' en
liquidespn 'en dures 2 en celles z qui ſe fondent,
ouen celleszqui
eelles,qui ne peuuenteneſtre
ſe fleſchiſſeſinnou fonduó roí-ñ
celles,qui;ſe z en
diſſent : en cel1es,qui endurent le marteau, ou
en celles,qui luy reſiſtent z en celles, qui ſe fen
dillent,ou en celles,qui ſont maffiueszen celles, ’
qui ſe peuuent paiſtrir &r broyer , 'ou en celles,
qui ne ſe euuent ni paiſtriùni broyerzen celles,
qui ſont riables,ou en celles, qui ſon; gluantes
&tenantes z en celles,qui ſont fragiles , ou en
celles , qui ſont ſolides: 'en celles ,quis’allu—
ment, ou en celles,qui ne ſe peuuent allumer:
,en celles , qui ſe compriment , ou en celles, ui»
demeurent pleines : par ainſi il faut qu’vi1 e e
\ menî-Ou déuxnu meſme crois, ou quatre tous
V s
5x6 SECOND Livni: .
Y enſemple (ce quiaduient peu ſouuent) domi
nent e alcment
re. Touêesſois en vn meſme
certains cor S elementai
corps elempentaires ſont
parfects 8c accóplis de deux ou trois elements,
ne plus ne moins que les dictions de deux' ou
trois lettres 5 de meſine les Hebreux enſeignent
que les cieux 8c les aſtres ſont compoſez de
' deux elements , à ſçauoir, de feu 8c (l’eau tant
ſeulement. Il faut donc, que nous commenciós
par ce qui nous eſt plus familier 6c- cognu , 8c
qui eſt moins compoſésôc par meſme moyen,
que nous expliquions, quels ſont les liens , qui
contiennent chacune choſe dece monde en ſon
integrité &ç paffection. _
T H. Quels ſont ces liens , qui contiennent
- chacune choſe de ce monde P M Y s. Premiere
mcnt ceſtuy—cy,qu’il n’y a rien,qui ne ſoit rem
ply de quelques corps , mais auec telle conne-
nance qu'ils ſont contiguz ou continuz les vns
~ aux autres, à fin qu’il n’y aiſt aucune ouuerture
pour donnetpalſage au vuide; qui eſt la princi
pale cauſe ,par laquelle la peſanteur s’efleue
contre-mont , combien que ſa nature y repu
gne,ou pour euiter le vuide, ou la penetration
des corps. Apres,on void comme les eaux em- i
braſſent 8c contiennent ſus leur eſtendue toute
, la grandeur de la terre, à ſin que par leur humi
‘ dité elles .retiennent ſes parties , leſquelles à
cauſe de leur grand’ ſeichereſſe ſont ſubiectes
à ſe diſſoudre facilemennPuis au (ſi nous voyôs
que le limon, qui ſurpaſſe toute autre choſe
en fecondité , eſt moyen entre l’eau 8c la terre;
les vapeurs entre l’eau 8c Pair s 8c les exhalatiós,
v qui
SEcTxoN I_X. ;i7
qui ſont plus legeres que les vapeurs,entre l'air,
8c' le ſeu pour conioindre l’vn 8c l'autre de ces_
deux elementsgäc lëEthra entre le feu 8c le ciel,
ainſi que quelques vns ont voulu dire,combien
.que ſeſtime que ce lien ou moyen n’eſt autre
que le Feu ou le cieLmeſmeNotÎs voyons auſſi.
que Fargille Participe du limOn 8c des Pierres
par Faffinité qu’elle a tant enuets l’vn qu’en
' uers -Fautres comme de rnefine le cryſtal entre
l'eau &les diamants z le mercure ou argent vif
entre l’eau 8c les metauxSlePyrites ou laMarca
ſite,entre les pierres 8c metaux; le corail entre
les plates 8c les pierresslc Zoophyte ou laPlanñ a
taninwalqqui a ſentiment 8c mouuement, com
me les animaux,& qui tire ſon aliment de terre
Parſes racines vmbilicaires , ou qui adhere aux
pierres 8c rochers par ſes fibres, participe de la
nature des plantes &des animauxsſAmphibie
ou Panimal ,qui vit partie en Feat) 8c Partie en
terrqparticipe à la nature des Poiſſons 8c ani
maux cerreſtregcomme le Veau marin 5 l'Her
ma hroditc aux deux ſexeſis ;quelques poiſſons
volfæints à la nature des Oiſeaux 8c des autres
aquatiques, 8c de ceux-cy on en a trouué deux
-ſottes,l’vne, qui vÔle,8c ſi elle n’a point de plu-ñ
qmes,l'au tre, qui ne vole pas, 8c ſi elle a des Plu
mes au lieu deſcaillesg la chauue-ſouris , ayant
des ailles , commeles oiſeaux (toutesſois ſans
Plumeslôc des dents,& du ppil,& des mammal
les, comme la ſoutis,s’enciole entre le naturel
des oiſeaux &Ïanimaux tampants ; finalement
le ſinge eſt receu entre la beſte brute 8c Phom
me; 8c les hommes , qui participent en patrie
. ' auec
31S ~SEcoND Lrvnïs
auec les animaux , 8C en Partie auec les Anges,
conſpirenr auec les \ms 8c les autres par ~vne :ea
G
ciproque ſimilitude 8c ſociete' z 8c ſe changent
aucunement de là nature des vns en là. nature
a Alcraïdre A-(lCS autres. Car 'route choſe ² moyenne entre
fïffldzflſ; ſ3: deux autresz eſt de ceſte ſorte qu’ellc s‘accor~n=
l'Ame- mode Facilemen! en leur nature , ſinon pour lê
moins elle y Participe. _
TH. Ceſt amas 8c liaiſon de tout Pvniucrs
8c de 'toutes ſes 'arties eſt admirable , laquelle
àhaute voix reſäloigncla ſageſſe de ce grand
Architecte du monde. Mais il nous ſeroit plus
facile d'entrer en la contemplation de cant de
choſes diuerſies que d’en ſortir: “parquoy ic te
prie que tu auiſes derechcfpar où ru veux_ com;
mencer. M Y. Par ce corps clementaire ,lequel
cſt plus “proche &eſtre element qu'aucun de
tous les autres z qui ſont ſoubs l’orbe dc là
Lune. _
T H. Ie te demande donc que tu 'me diſes,
qui eſt ce corps au deſſoubs de la Lune, qui eſt
plus proche d’eſtre ElcmentêM Y s T. A D'autant
que les corps celeſtes ne ſont pas ſeulemenê
compoſez d'eau 8c de feu z mais auſſi d‘vnc na
ture inrelligible , ce que monſtre aſſez qu’il ne
ſont pas ſimplegie ne penſe pas qu’il y aiſt rien
de lus ſimple apres les elements que le Cry-s
&al'I' &Quelle~ choſe 'eſt le~ Cryſtal? M Y.Vne
pierre z laquelle s’cſt faicte d'eau gelée par vne
forte 8c violente froxdure , deſpuis pluſieurs
années aux plus hautes montaigncs.
T H.Ie penſais que les pierres Fengendrioyêr
vne
z
'd’vne ſcichcsEcîloN
expiratioii. M Y s. IX.
Ainſi la eſcript
~ 319² .
I

Ariſtote , 8c que les metaux ſe failſioyent auſſi_ jdâïjpè"c_î_“


d’vne euaporation : mais il ne pourrait preuuer
ni_ l’vn , ni Fautre; parce que rien ne ſe conuer
tit en pierre ſans eauzêc meſine,ce,qui ſeiourne_
_ \long temps en l’eau , 8c priizcipallernent ſi elle l
icourt, deuient en fin pierre comme le bois , 8e
la terre , qui degenere en grauier 6c cailloux
tres-durs, Et Certes M._ Alaigre de Çlairmont
me ſitveoir vn, tronc de boisgtluquel la moitié
S’cſtoit
a dela pctrifiéedu_duMont-dîoſir_
Fontaine coſté , _quienflottoit ſur l'eau
Auuergne( on
l'appelle Tiretaincÿùôcmeſme Fay veu en persô
ne' que lesfeuillçs 8c petites brâches des arbres
ſe petrifioyêten moins de deux ou trois heures
au ruiſſeau de la fontaine dü-\lliaç aupres de
Riou au ſuſdict pays, de laquelle choſe peuuent
faire Foy les racines auec leur moëlle &eſcorçe
petrificts , leſquelles nous en apportames pour
monſtregôcñles auons encorïce qifon pçutre
marquer auſil en pluſieurs autres pars: Com-e
— bien que Çeorge Agricola aiſt eſcriptſpar grid* .
merueille qu’il en auoic_ autant veu en Boë-ñ
me : à ce propos
Couïllon Matheole
de pierre tecite,qu’il
dffvn chenal auoit vn
;. dîailleurs le l ,
Diamant, auquel n’y a rien de* ſemblable en
durte', ne ſemble eſtre ſaid; d'autre matiere que
d’cau pure.Or qui a-il_ de plus eflgignéfie ne di
tay pas de la raiſon , mais de la, nature meſme)
ue de enſer que les ructauigqui ſont tant pe
ants z loyent engendrez d’vne \Ïrapeur ſi legere!
Ou , qui a-il de moins conuçnable à la nature
~ ' queſi de dirczqucles pierres,qui_ ſont tant eſgſeſñ
l ſ ct .T53 .
;zo SEcoND LIVRE
ſesfroides 8c peſantes ,Toyent ptoduictes d’vne
vapeur tant ſubtile,chaude 8c legere? Car ni la.
vapeur , nil’ex iration ne peuuent s'arreſter en
aucune part ans. premier s’eileuer en haut;
mais les pierres 8c metaux ſe forment 8c ac
croiſſent dans les eaux 8c cauernes des entrail
les de la terre, 8c non pas en l'ait.Et veu meſine
que chacune choſe ſe reſout aux meſmes natu
res,dont elle eſtoit compoſéenlne ſepeut faire \
aucunement par nature,que les metaux ſe pro
duiſſent des vapeurs , veu' qu’eſtans fondus en
la Fotnaiſe ou cuits long temps au feu dans la.
forge ils n'expirent la moindre vapeur du m6
de: ce que les Alchimyſtes ont eſpreuué il y a
long temps àleur grid' perte 6c_ dommage: en
cor' moins dirons nous que les pierres s'en
endrent d'vne exhalation , veu quelles croiſ
ſent dans les eaux,dont aucune Force d’exhala—
tion ne peut ſortir eſtant de ſa nature ſeiche 8c
chaude. '
T H E. Qiielle difference met-on entre la
glace 8c le Cryſtal 2 M Y. Ceſte-cy principale
ment,à ſçauoir, que la glace commune ſe vient
à fondre , lors que les' Autans reſpirent , ou ſi
on la preſente aux rayons du Soleil,ou àla cha—
leur diifeu: mais le Cryſtal ne ſe peut fondre,
ſinon en vne ardente Fornaiſe par la Force 8c
vehemencc de la flamme , qui brufle affiduelle
mentspuis eſtantfondu il ſe reprend derechef
tout auſſi toſt, qu'il aſentu la froidure de l'air:
\Ÿlſiauantagc la glace nage ſiir l'eau, mais le Cry
ſtal deſcend incontinent au Fond 5 ſoit que ceſte
reſiſtance au Feu 8c peſanteur notable luy aiſt
eſté
ï
\
.
SECTION
l I'
IX.' zz;
'eſte' acquiſe par vne ſubſtance terreſire 8c pier
reuſe,
endurcyou8cſoir pourauoir
.figé demeure' long temps
par la froiduredaquelle a de ſi
couſt-ume defaite les corps rates 8c legers plus
eſpez 8c plus peſants qtfauparauätzcar tous les
corps , qui ſe ſont prms 8c caillez , occupent '
. moins deplace qiſeſtans fondusIoutes-fois il
eſt plus probablgque le Cryſtal aiſt acquis par
~ ;ſon antiquité vne nature pietreuſe 8C terreſtre;
laquelle luy cauſe ceſte deſcente 'au fond de
Peau. Car ſi les gtiez des fleuues gelbyent en
hyuer (cequi ne ſe peut .faire naturellement;
parce qu 11s ſont principalement chauds loſs
que leau S eſt glacee en ſa ſiiperſicxe parla r1
gueur du Fro1d)en rompant ceſte glace 8c la ier-_ñ
tac au flçuue elle ne flotterolt nô plus par deſ
ſus Peau que le Cryſtal, ainseſtant luspeſanre
que la ſuperficielle ſe laiſſeroic glxiper au fond:
mais veu qu’il n'y a que la ſuperficie du fleuuc,
ou la patriede Peau a plus 'voiſine,qui ſe caille
ê( fige par-la froidure , il aduientque la glace,
, quieſt la partiela pluslegcre de l'eau , nage 8c a
flotte par deſſus,ſi onl’y a vne ſois miſe.
x TH. Continent ſe peut-il faire, que le Cry~
ſtal d’eau glacée ſe conuertiſſe en pierre ;puis
quëvn mitoer de Cryſtal 8c ce petit Orbe , qui en
eſt fait tout expres,bruflenc tout ce,qui leur eſt
mis deuant par les rayons du Soleil? M Y. Celà'
ſe fait parla concurrence des rayons du Soleil
ſut vne pointe en pyramide 8c en Forme' de clo-ñ _
chet,ôc1neſme,ſi tu façónes vne piece de glace
en forme de mitoer ardent , elle ne bruflera pas
moins,que ſi elle eſtoit de verre, quand tu la
ñ ' preſen
x
32.2. Sſſizcorço Livni:
preſenter”
íäy en Eſté ,aucſſarSoleil : mais il de
les miroers ſaurverre
fairebruflent
ceſt-eſ
_ auec plus grand' difficulté en Hyuer à cauſe des
\az-ons du Soleil , qui ſont plus foibles qu'en
E é. -
T H. Welle choſe reſemble
M Y.Toute ſorte de Diamant. " plus au Cryſtale_
ſi
T H. La Chtyſocolle :feſt elle pas plus ſem
blable au Cryſtal que le_ Diamant ê M Y S T. La.
Chryſocolle , qui eſt vn mineral metaliquege
ſemble lus au_ ſucre Candic qu’au Diamant
toutes-Ëbis on la peut contteſaire artificielle
ment auec du Cryſtal &duſcl Ammoniac : les
Orfeurcs vſent tant de l’vn que de l’autre, 8C
Pappellent communernent Boras , ſans lequel
l’or ne ſe pourroit_ ſouder auec l'argent,
ï
.
Pline au 31.
TH. Combien de ſortes de Diamants nou*
- .
1.', de ſo., Hz. lle-on? MY. Les anciens en on remarque, ſix a :
ð“'““²“~ct toutes-fois il n’y en a qu’vne, qui ſoit au jour...
dhuy eſtimée digbe cfeflre appellée Diamant,
à ſçauoir cell_e là,qui pour cauſe de S6 indôpta
ble durré a eſté appellée par les Grecs äctdpu, _
car elle eſt bien cant ſolide , qtfelle ne ſe peut ni
ct fondre pardele fet,
marteaux ſeu,ni btiſc-:r ſe
leſquels ſurrompenr_
lÏenclur-nePllbſtoſt
arles
queDiamant
de de luy Porter quelque
nt.: donuſiient pasdommage:
ſi bien aux leautres
nom
eſpeces, , encre leſquelles il y en a vne,4qui eſt fi
gurée à ſix angles z 8C ſi bien eſleuée en Pointe
tb Au ("ſdi d’vn coſte 6c d'autre ,_ qu'il n’y a aucun artifice,
.nçuaucgué. " qui la ſurpaſſe en gëtileſſezbPline l'appelle Dia.
mant
'ueſſr enArabique, combien qu'on
ſi grand abondance la Puiſſe
aux monts trou~
Pyrenées,
P ſ . i o qu'on
SEcTioN IX.- _zzz
\
qu’on ne pourroit rien deſirer , qui fuſt a plus
grand meſpris que ceſte pierre; car on y void
toute la terre pleine de Diamants de diuerſes
figureædeſquels les vns ſont blancs , les autres
rouges,& les autres de couleur brune; pluſieurs
, auffi ſont comme gros d’vn nombre de petits
diamanrsdeſquels ils enfantent du tou: ſembla
bles à eux meſmes en figure angulaire &naine
té de cOuleur.Les autres ſortes ſe trouuent ſort
ſoutient en Angleterre 8c au terroir d'Alençon,
leſquelles eſtant polies par les Lapidaires re
' tiennent touſiours ie ne ſçay quoy de plaiſant
à la veuë auec vne tranſparence gentile; mais
leur fragilité 8C trop grand* abódance eſt cauſe,
qu'ils ſont à meſpris.
T H. Quelle dignité ale Diamant pour eſtre
ainſi preferé à toutes les autres pierres ptetieu
ſes? M Y. Ie n’en vois aucune , ſinon ſa durté in
dóptable 8c la naiueté de ſa ſplendeur , laquelle
eſblouít les yeux : touresſois par ſucceffion de
temps le ſeu le ſurmonte , 8c le reduit par ſi!
flame en cendre. Il eſt pourrit vray , qu'il perd
toute ſa lumiere 8c ſplendeur en la ſuperficie,
s’il demeure l'eſpace d’vne heure dans le ſeu,
combien que pour cela il ne ſo-it gaſté; car ſi on
le polir derechefſiil recouure ſon premier luſtre, '
ſon poids neantmoins s’eſtant aucunement di
minué; dont il aduient , que tout ſon corps ſe
côſume peu à peu par le feu,ſi on l'y laiſſe trop
longtemps. Ie ne doute pas que les diamants
ifayent
tre quelque
Fvtiliſſté ſinguliere
8: plaiſir vertureçoit
, quîon naturelle ou
‘a veoir
leur ioyeirſe ſplendeur; toutesfois ie ne conſeil
X

*fi
32.4 'SECOND Lrvne
tiray iamais à ceux , qui diſent que le Diamantſi
chaſſe les Demons,pource que leur opinion eſt
g pleine d’i~mpieté,vett qu'elle deſtorne les hom
mes de l'honneur 8c reſpect, qu'ils doiuent à vn
ſeul Dieu, à ſonder leur confiance ſur vne choſe
ſriùole. lls ont penſé par meſme erreur que le
Hiacynthe gardoit de aſoudreſi
T H. Welle pierre ſuit de pres en excellence
le DiarnaniêM Y. Le Saphir, qui eſt clair 8c lui
ſant , 8c auquel on aoſté (non ſans auoir fair):
grand' iniure ala nature) la coleur bleue l'ayant
paſſé par le feu s combien qu'on ne pourroit
voir aucune choſe plus plaiſante à la veuë que
la coleurceleſtemi qui ſoit plus topreà recréer
l'eſprit : voilà ourquoy les Heb reux appellent .
toutes choſes belles du nom de SÛFÏÏHUMÛC mel'
me on dit que le ſiege dc Dieu eſtoit d'vn beau
_ gagna,, c_ 8C grand ~ ſaphir: aulſi n'y a-il rien de plus plai
ſant a voir que ceſte pierre par ſa lumiere tranſ
Ezechicl c. l.
T lou
parante. ' '"
TH. (Qi ſont les pierres tranſparantes par
leur ſplendeurêM Y. Le Chryſtahle Diamanr,le
ſaphir ,le carboncle , Peſineraude, la hiacynthe,
Pametiſte &la ſatdoincSDe laquelle on trouue
trois
~ le ſottes,~a
beril; ſçauoir,
de laquelle ſontPOpale, la Chryſolite,8c
derecheſcinq ſortes, à ſ
ſçauoit la premiere , qui retire plus ?ne les au
tres au chryſtal, ſonix ou l'ongle,le ardonix,la
eornalnie 8c le Lichnites _: toutesſoisul n'y a pas
vne ſorte entre toutes ceſtes icy, qui uiſſe s'eſ
galler au carboncle en clairteflduque Pardente
umiere eſt bië tant penetrantc,qu'elle eſblouit
la veuë de ſa ſplendeur; voilà pourquoy les Heñ
breux
ï

’ SECTION IX. a 52.5


breux Pap ellent Bdrechet .~ car l’autre,lequel ils
ont appel é Anzm , n’eſt pas le carboncle, mais
pluſtoſt la. ſardoine , laquelle noz Françoisap
pellent vn Balais.
T H. Les autres pierres precicuſes ſont-elles
deſtituées de ſplendeur? MY. Elles n’en ſont pas
entieremë t priuéesfii elles [ont artificiellement
polies , coutesſois il n’y a aucune diligence , qui
es puiſſe rendre ſi luiſanrcs ou tranſparentes,
que ſont lesprecedentes. En ce ſecond ordre
nous mettons les quatre ſortes de Iaſpe, qui
ſont differentes les vnes des autres en leur ſeu
le Varieté de couleurgdeſquelles la premiere eſt
celle de la Turquoiſe bleuë , qui ſe :toune à
commodité en Perſe,là où ceux du pays ?appel
lent Peroſâz , ?inter-prete Chaldcen a tome' le
mot,qui eſt au 2.9.c.de FExode, Títrchia, S. Hie
roſme penſe que
Iuifſis appellent ce ſoit PAgathe
communement , laquelle8c les
Turcbuſè!, de
laquelle la couleur retire aucunement ſur le
b' e11. La Topaze ou, autrement la Tane repre
ſe \ce la couleur du pourteau z 8c a eſte' appellée v
pour
me , quiceſte cauſe par
dicoit,de les _Hebreux
couleur verdſie. [Mach, com8C
L’Agathc
toute la ſequele des affins (le ſon eſpece , com
me la Dendragathc
Hemagathqqſiui ont, ou
Phaſſagathe , Ceragathe,
la figure d’vn arbre, ou
(l‘vne colóbe, ou des. cornes,0u du ſangLa der
niere ſorte de _Iaſpe çomprëd la Selenite ou lu
narique,la Lidiene ou pie-tte de couchezlï-Thca
mede , la Ttachite , Pldæene , la Charcçdoine
l’Armenienne,la Samienne; la Galactitgqui eſt
blanche comme laict, la Taraxippczla Illdaiqllï)
X z.
~

32.6 SEcoND LivRE i


qui retire à la Forme d’vn gland ayant ſa couleur
pafle. On met le Porphyte en ce ſecond rang
auec l’En_hydre, le Plaſtre,& la Phengite ou au*
trement Mirailliere , laquelle nous appellons
ſont les derniers-en
coinmunement nonibrez
France en ce ſecond
Talc. ordre,
Les marbres

deſ uels ily a pluſieurs eſpecesdeſquelles nous i


pa( ons ſoubs ſilenceLe troiſieſine rang eſt des
pierres, qui ne ſont ni luiſantes de nature, ni ne
peuuent acquerir par artifice aucune ſplen
deur: la premiere de ces pierres eſt de couleur
bleuëdaquelle, pource qu’elle iſa point de nom
propre, on appelle communement Lapis, 8c eſt
ſeule entre toutes les autres, qui aiſt de petites
_marques d'or , PlineFappelle Saphir. Aetites eſt
la pierre de l'Aigle, de laquelle on en côte qua
tre ſortes l’Ophite, la Chelidoniene, la Melite,
laquelle noz François appellët la pierre douce,
8c laquelle, ainſi qu’on dit, ſe peut diſſoudre en
humeur , la derniere eſt appellée Aſterite à.
cauſe des petireseſtoiles,deſquelles elle eſt mar
quetée. Apres celleS—cy vient la pierreJaquelle
on appelle de Miſene , 8c la pierre d’Hercules,
laquelle demonſtre le lieu de l’Or , 8c le Sarco
phage , 8c le Smiris , nous Pappellons au
trement Emeril, duquel vſent les Lapidaires
&Ê Orfeures pour polir 8c adoucir les autres
pierres , 8c qui meſme ſe reduit en poudre par
les Alchimyſtes pour la melle: auec l’Or. Puis
auſſi le Geayet, qui ſent le Bicume; 8c FHæma
titedaquelle nous appellons (de meſme ſignifi
cation que les Grecs) pierre ſanguine; laquelle
les Triaçlcurs çontrcfont auec du Bol Armenïc
ï .3
SËCÎIÔN IX. 32.7'
àla naturelle 8c la vendent ainſi aux Peintres,
Charpenti rs 8C Apothicaires. Il y a auſſi vne
piertgquiâent des lndes , laquelle on nomme
Laqttefct; puis le charbon de pierre, lequel on ti
re dans noz minieres , pluſieurs l'ont confondu
auec le G eayet s’eſtans abuſez à la ſeinblance de
l’vn à Pautre 5 il eſtoit appellé des anciens la.
pierre Traciene tres—prOpre aliment au feu des
forgerons , leſquels pour Palumer Parroſent
d'eau z 8d: P our Feſteindre d’huile.Nous PO urri’OS
icy prolonger noſtre diſcours touchant tant de
ſortes de cailloux, 8c principalement touchant
Pardoiſe, de laquelle les maiſons eſtäts Zouuen
tes repreſentant aux yeux vne belle couleur'
'bleuës on trouue auſſi la pierre de foudtezôc de
ï TufFinalement il y à pluſieurs ſortes de crayes,
leſquelles eſtants toutes de diuerſes couleurs
conuiennent en celà, qu'elles ſont toutes de
molle conſiſtence. Ie laiſſe en arriere la pierre
ponce ,laquelle-ſeule de toutes lesautres nage
ſur l’eau eſtant bruflée au feud ' ‘
'I' H E. OLÎ eſt la plus' grande de toutes les
pierres precieuſes , 'qui ſont reſplendiiſantes?
M Y s. L’Eſineraude,laquelle ² ona veuë quel- LAW? q*** &ii
que fois de quatre coudées de hauteur; 6c meſñ dflînffïifiàz;
me à preſent on en trouue à Genes 8c ä'Mag— re.
debourg de la grandeur d’vn pied.
TH. N'a-on pas cognæu la propriete' de plu
ſieurs d’icelles par leur cótinuel &affidu vſage
depuis tant d’années,qu’on les porte? M Y.Q._1_i
- en doute P Mais on s’abuſe à ce que pluſieurs
en diſentzcar les Grecs eſtiment que lïAmethió
ſte (à laquelle on ne pourroit trouuer ſaſctn*
x i
~

328 SECOND LIVRE


blable en beaute', ſi ſon frequent vſage ne la
rendoit meſpriſée)n'a pris ſon nom (Tailleurs,
que de ſon effect , comme ſi elle Oipeſchoit
ryUrOEgnFſlCifl-ÏÇS Hebrelux lzappellêt auſſi pour
re ar de es e ects Ha cina ,qui vaut autant à
diÿe que prouocanr les ſonges, combien que ie ~
ne veuille nier,quc pluſieurs 'choſes nous inci- l
tent à ſongencomme les eſpices 8c viandes fla
tueuſes: mais ie ne puis croire que tels ſonges
ſoyent vetitables , qui ſont prouoquez ou des
Pierres ou des Plantes , ainſi que dit lamblique
du Laurier , car les vrays ſonges ne ſont com
muniquez d’aucunc choſe que de la ſeule grace
8c bonté de Dieu. On raconte de ſemblables.
bourdes de ?Agathe , quand ils diſent,qu’ellc
engendre vne force inuincible aux Luicteurs. ï
T H.Mais pourquoy auroit creu Dioſcoride .
6c les autres anciens Grecs,que la Pierre de l’ai—
gle, ou autrement FEtiteS , decelaſt les larrons,
Yappellant pour ceſte cauſe nztevrlézteyxav 5 dy—
moy qu’elle raiſon odpourtoit tirer de là, pour
demonſtrer qu’elle puiſſe deceler vn larron .> M.
Celà n’eſt pas ſeulement confirmé par l'expe
rience des anciens,mais auíli parla preuue , la—
quelle en ſont ioutnellement les moderneszcar
en la petite Aſie,& preſque par toute la Grece,
on a de couſtume de pulueriſer ceſte pierre fort
menue , laquelle on trouue en abondance en
Egypte ſur le terroir d’Alexandrie,&puis apres
en meſlent quelque peu auec de la farine, de
laquelle ils fót des petits pains ſans leuain de la
peſanteur d’vne once , deſquels ils en baillent
trois àmanget dans trois morceaux ſans boire,
à cha
SECTION IX. 329
chacun de ceux,qui ſont ſuſpects de larrecin:
dont il aduient que ceux,qui ſont innocens du
larcimpcuuent manger ſans danger les ſuſdicts
trois petits pains :mais il n’y a aucun moyen,
que le larton puiſſe aualer le troiſicſine ſans
îeſtrangler.
T H. Penſes-tu auſſi que cela ſoir vne choſe
.fabuleuſedaquelle i’entens dire comm unement
à tous , que l'ED-m; des Hcbreux (lequel nous
appellons Turquoiſe, qui a ſa couleur tirant du ‘ ’
bleu ſur le verd demonſtre par ſon obſcurité
non accouſtumée le danger où eſt celuy,qui le
porte,& quïceluy eſtant paſſe' elle vient à ſe
rompre 2 M Y. Il eſt vray ſemblable qu'elle s'ob
ſcurciſſe aux dangerszcar lors que le ſouuerain
Pontife des Hebreux demandoit conſeil à Dieu
des choſes futures , il ſe veſtoit de ſes accou
ſtrements ſactez, 8C mettoit ſur ſa poitrine vn
tableau, qui eſtoit orné dc douze pierres pre
cieuſes,& ſur lequel eſtoyent eſcripts les noms
des douze principales familles du peuple He
breu (ils appellent ceſte table ² Vrim Ü Thumi”, |perfection.
Claix-té R

8c les Grecs Àópzor , ce que les interpretes La


tins ont maltourné rationaLau lieu d'oracle)ſi,
eſtät ainſi veſtu, 8c aptes qu’il auoir fait la pric
re, on voyoir la clairté des douze pierres pre* l' LËŸTWŒ
cicuſes plus apparente qſſau-parauant , ou iu- 'ſ_'~ſi~,,,,°3_‘:"Ë,
geoit de là que les affaires deuoyët bien ſucce- ſExñ dtäätſup
der; ſ1 au contraire elles eſtoyent plus obſcures “gſiſîfflï
que de couſtuuie,on iugeoit auſſi de làquelquc tïzï-ïſïîſdrffläœ
grand calamité deuoir lſiurñuenir ſilr l'affaire pu- °
blic. Quelques vns ont.” eſtimé que certaines f< RPM-N'a l
.
lettres apparoiſſoyent aux pierres. par la colle- d;ËQMÂLÏLÏÏJ
.A ' 4.'
X 4
3,30,- SECOND LIVRE
ction deſquelles On recueilloir Poracle : car eu
chacune des douze pierres eſtoit engraue' le
nom de l’vne de ces douze familles. Moy-meſ
me a-y veu vne Topaze enchaſſée dans vue gai'
niture d’or, laquelle s’eſtoit briſée en pluſieurs
pars : ceux, qui ne ſont entendus à la cognoiſ~
ſauce des pierres, prennent le Topaze pour vne
Eſmeraudezles Toloſaus luy attribuent la meſ
me -vertu,& diſent,que par ſon integrité ou Fra
cture on peut iuger de la pudicité ou impudi-ñ
cité des hommes &ſit des femmes.
TH. Pourquoy eſt—ce que le Sarcophage a
eſte' appellé de ce nom? M Y. Pource qu’il a de
couſtume de conſumer dans quarante iours to
ralemët les corps exceptées les dents : Pline 8C
Dioſcoride eſcriuent,que celà eſt appteuué fort
ſouuent. On Pap elle communement la pierre
Aſiatique, à cau e de la ville de Troas en Aſie:
ceſte pierre n’eſt gueres diſſemblable à la
Ponce.
T H. Combien de ſortes trouue-on de mar
bre? M Y. Vn nombre pres quînſiny, ſi on les
diſtingue par la Varieté de leurs couleurs : car la
pierre, laquelle on appelle Ethiopique , eſt vne
eſpece de marbre noir ,auquel eſt contraire le
marbre blanc, qui eſt appellé des Grecs Parien
à cauſe de l’1~fle de Paros ,dont on Famene, 8c
duquel les Geneuois vſent ſouuent à l’orne—
ment exterieur de leurs beaux edifices : il nëeſt
pas toutesfois de ſi longue durée que le noir, ‘
ce qui eſt communement peculier à toutes les
choſes blanchegqui ne ſont iamais de ſi longue
durée que les noires, mais nature les a recom—
penſées
SEcTioN IX. zzrſſ
penſées 'en grace 8c beauté,ce qu'on peut veoir
principalement en l'A lbaſtre , combien qu'il
ſoit plus fragile que les autres marbres : Pline
l'appelle Onix, mais ceſtuy-ey eſt mis entre les
pierres precieuſes, qui ſont plus rares, au con
traire l'Albaſtre eſt preſque ineſpriſé par ſon
trop frequent vſage. On peut inſerer le Por
phyre entre les eſpeces des “marbresdequel n'eſt
pas moins plaiſant à veoir à cauſe de ſes peti—
ñ tes taches blanches 8c rouges, deſquelles il eſt
piolé eſgalement , que digne d’eſtre employé
par ſa durté à faire quelques excellents ouura
ges de longue durée, par laquelle il ſurmonte
toutes les autres ſortes de marbre.Or iaçoir que
les anciens Fayent taillé 8C façonné en pluſieurs
figures, ainſi cóme on peut Voir en vne cuue au
temple de S. Denis, on en-a toutZsfois auiour—
d'huy perdu Pvſage ne le pouuanr par aucun
artifice dompter :Be meſme Coſine de Medicis
Duc de Florence ne peuſt en pluſieurs années
percer vne colonne de Porphyre, combien qu'il
euſt cerché de toutes pars des Ouuriers excel
lents pour ce faire, 8c dreſſé des roües 8c artifi
ces propres à-tel vſage.Les móts Pyrenées ſont
remplis de toutes' ſortes de marbre , deſquels
ils ont embelly toutes les plus belles maiſons,
ou peu s'en ſilur, de la France 8c de l'Eſpaigne.
T-H. Wi ſont les ſortes des crayes? M Y S T.
Pluſieurs 8c diuerſes , routesfois les princi—
pales ſont l'Ocre , le Sandix , les trois ſortes
d’Arſenic ,la terre Sigillée , l'Ei'ythre'e , la Sa
mienne , la Cimolie, leſquelles à cauſe de leur
molleſſe: 8c ,friable nature ſont_ diſtinctes des
X 5
.352, SEcoND Lxvnn
pictreszôc de la terre, parleurs ſaueu rs, puiſſan
ces &peſanteunLes autres mincraux,qui ſont
confus auec les lnetaux z doyen: eſtre neceſſai
tement ſeparez d'auec les ſortes des craycs 8c
des pierres.
- TH E. Penſes-tu pas que le Vitriol 8c l'A-lun
doyuenc eſtre nombtez entre les pierres? M Y s.
L‘Amianth0s des Gtecs ou noſtre Alun de plu
' a Au commë- me cſhcommeîie penle,la pietre,laqiÎelle **Stra
cement du 10,
hurc.
boa pelle Cariſtiasdtlquelainſi qu’il a eſcript,
on au: la toilezon le tire ſoubsla montagne ap
pellee Cariſtosdaquelle n’eſt pas trop 10mg du
terroir d’Athenes:ils ont de couſtumqdít Stra—
bo,de pignenfilet 8c tixtre ceſte pierre, 8C ;Pen
faire des napes 8c mantils, leſquelles, quand on
z, E,, ſon F_ l_ les veut nettoyer , on paſſe par le feu : Alexan
È-\Àuſccondl dre b Ttallieñ 8c Hieroſme ï Çardan ſont de
qu'il a cſhípl' ceſt adu1s:Iulles Scaligerffl. eſcript que la pier
M-:-re Amianthos croiſtden lAmetiquc-,auprcs du
dmmfflcſ ' fleuue appelle Dares , toutesfoxs 1l n interprere
pas quelle-pierre eſt ceſte là, ou à quel genre
elle doit eſtre rapportée: pour mon regard ie
penſe auec Mathiole ,que ceſte pierre ſoit l’A
lun , lequel les Droguiers appellent de Plume,
_ pource qu’il a des filaments , comme ſi on l'a
ghçäoii-reh-dî: uoit filé ou entortillé : voilà pourquoy d Dio
Plantes cm3. ſcoridc a eſcript que l’Alun,lequel il appelle au~
ttcment creualſé , n'auoit eſte' .nommé pour
autre raiſon Trichites que pour la ſemblance,
laquelle ont ſes filaments auec les cheueux,dt1
quel on faiſoit des voiles en Cypre,auſquels
le ſeu ne pouuoit s'allumer. Auſſi ne peut il
bruflcr pour quelque feu qu'on luy applique,
voilà'
I
SECTION… IX. 353
voilà pourquoy ceſte ſeule pierre ſur toutes les
autres peut à bon droit eſtre appellée Ayllœvîaf
ou inuiolablectluant au reſte de ſemblables mi
neraux, comme la Chryſocolle ou Borax, 8C le
Vitriol naturel (car on le peut faire artificiel)
ils ne peuuêt eſtre rapportez au genre ſides pier
reszni auſſi l’Alun de Roche,lequel les ouuriers
des minieres ſeparer ſansdifficulté des cailloux
8c roches alumineuſes en ceſte ſorte: on prend
les cailloux, qui ſont tirez de la miniere , puis
on les met dans vne grand’ Foſſe, qui eſt de bri
que bien cimentée auec chaux 8c ſable,à ſin que
l'eau ne Ëeſpanchezlaquelle onpverſe par deſſus:
celà ſaict,l’eau au bout de quelqs iours ſe caille
en Alun glace', qui ne doit non plus que les pre~
ccdents eſtre rapporte' au genre des pierresztât
à cauſe de leurs diuerſes odeurs 8c ſaueurs, que
pour autant qu’ils ſe peuuêt ſondrezce qui_ n’eſt
commun aux pierres, qui ſe calcinent pluſtoſt,
qu'elles ne ſe fondent ,ſinon que par le moyen
du ſel ou des herbes ſalées,comme la Solde, on
les fiſt auec grand difficulté liquifier au ſeu, ou
que la pierre ne Fuſt de ſa. nature graſſe ou me
talique , comme quelques cailloux obſcurs 8C
les eſpeces de Marcaſite , leſquelles ſe fondent
en conſiſtance 8c nature de-verre.
T H.D’où ſe ſairle Verre?MY.Il ſe ſait preſ
que de toutes ſortes de pierres dont on peut ti*
rer le feu :Item, il ſe peut ſaire-auec du ſable
blanc, du Sel, du Nitre , 8c de l’Ochre , pour
ueu qu’onñ melle auec 'le ſable les cendres des
plantes ſalées, 8c principalement de celles , qui q
ont plus tie-ſel, comme de l’Alcali z leqtllcl
' es
554 SECONÔ LIVRE
les Italiens appellent d’vne meſine ſignification
Salſizla , 8: ceux de la Gaule Natbonnoiſe (Où il
y ena grand’ abondance ) Solde ou Salicorte,
dont ils fontauleFeu
ayant cuittes ſel ,ſicendreux
duquel lesouverriers
pietreux les
vſent
pour faire fondre les pierres , qui ſont les plus
ſeicheszDe meſine eſt-il de la Fougere, laquel
le tfeſt pas inutile à faire les verres. Les Alchi
miſtes
pierresſçaucnt ſi biêencôtrefaire
ptetieulſies adiouſtanttoutes ſortes de
les couleurs,
qui leur ſont conuenables , que les plus habiles
y ſont le plus ſoutient trompez: ce _qu'ayant
apris par experiëce i’ayme mieux le tenir ſoubs
ſilence que de le diuulguer.
T H.Le Sel terreſtre n’eſt~il pas auſſi au rang
des pierres? M Y s. Le ſel terreſtre deuient tel
lement pierre,qrÎ’Oi1 en peut baſtir les maiſons,
comme en la Calabre ô( en la Pannonie , tou
tes—ſois tels edifices ne ſont pas de longue dud
rée,voilà pourquoy le ſel terreſtre ne peut eſtre
proprement appellé pierre , parce que les pier
res ſont ſans ſaueurs 8C de plus ſolide matiere:
mais le ſel mineral , ammoniac, & aquatique
ont vne ſitueunqui eſtaperteænêt ſalée,acre, 6c
mordicante , 8c principalement le ſel ammo
niac ,par le moyen duquel vn vaiſeau d’argent
ſe peut changer en verre. Or toute ſorte d’eau
ſalée ſe .caille 8c fige parle moyen du feu 8c du
Soleil :car il y a vn petit lac au terroir de Car
caſſonne en la prouince de Narbonne , qui
s'appelle Mnrſillctte , lequel aux grandes cha
leurs d’Eſte’ S’endurcit tout en ſel. On dit que
les lacsde Tarente en l’Apulie , 8c de Lacan en
Sicile:
SEcTioN IX. zz,
Sicile 85 quelques autres en Phrygie ſont le cas
ſemblable , auſquels autant ſurcroiſt de ſel la
nuict ſuyuante ,qtfau iour precedent on en a
retiré : mais les maiſtres des Salins en Langue
doc ſont corrópre d'ordure 8c ſaſlete" ce lac de
Marſillettùquandil eſt figé en ſel, à ſin que les
voiſins ſe venans à fournir de ſel vers iceluy,ne
diminuent le reuenu de la gabelle des Salins
maritimes. Toutes-ſois nous voulons amone—
ſter icy que le ſel nitre (tel que Pline 8C Gal—
lien lëont deſcript)n’a aucune conuenance auec
les lelgdelſiquels on vſc en la façô de lapoudre
des Arquebuttes &inſtruments de guerrezcar
ceux-ay ſe font de fiêt 8c de terre, qui ſont im
buz de Fvrine des animaux en les coulant 8c
paſſant auec d'eau dâs vn linge, laquelle eſtant
recueillie en vn chauderon , ils Font tant
bouillir &cuire , qu‘elle S’eſpeſſit 8C fige en ſel:
mais celuy, duquelils parlent, eſt naturel.
T H.Ie ne doute pas que ce,que ru me viens
de dire , ne ſoit veritable , mais ie m-'eſmerueib
le fort, que parle moyen du ſel ammoniac l'ar
gent ſe puiſſe Foudre en verrezil me ſemble quîl
ſeroit beaucoup meilleur que du verre on fiſt
de l’argent,que de Fargent du verre. M Y. Celà
ſeroit vne choſe fort agreable à noz ſouffleurs
de charbons : mais tout ainſi que Circe n’aia—
mais peut faire deuenir les beſtes hommes, c6
bien qifelle fiſt deuenir les hommesbefieszde
meſme l'art ne peut changer ne donner vne
plus digne Ferme que la naturelle à quelque
choſe que ce ſoit ,mais ouy bien vne pire 8c de
moindïc Yaletw. ‘
Tu
336 *SECOND LiVRE
T H E. Toutes-fois apres _que Circe auoit
transforme' les hommes en beſtes; de beſtes el
le les reſtituoit encor’ en hommes. M Y. De
meſme auffi l'argent , qui auoit eſté change' en
verre , s’en peut retourner de nature de verre
en nature d'argent.
T H. Ie te prie monſtre moy comment? M Y.
Mets la quantité quelle que tu voudra de ſin
argent tremper en l'eau forte ou de Depart, il
ſe fondra tout en eau , de ſorte qu'il n'apparai
ſtra aucun veſtige d'argent z puis apres tu pren
dras du ſel ammoniacdequel tu diſſoudras auec
d'eau douce de puis,ou de fontaine, ce qu'eſtât
ſaict, melle ceſte eau ou tu as detrcmpé le ſel
ammoniac auec l’autre,en laquelle l'argent s'eſt
fondu: à lors l'argent apparoiſtra au fond du
vaiſſeau, comme du ſable ou des cendres: ceſte
cendre là eſtant recueillie 8è meflangée auec
du Borax doit eſtre miſe au feu dans vn creuſet
iuſques à ce qu'elle ſe ſoit encor' diſſqute 8c tu
auras vne matiere , de laquelle tu pourras faire
vn vaiſſeau de verre : Si d’auanture telle marie»
re 'de verre n'eſt aſſez claire 8c rranſperante,
iette encofle tout enſemble dans l'eau de De
part en adiouſtant tant peu que tu voudras de
Borax auec les cendres d'argent, leſquelles tu
remettras enſemble au fcunuſques à ce qu'elles
ſoyët fondues.Si maintenant tu veux reſtituer
la nature du verre en la premiere forme de l'ai'
gentzmets ceſte matiere de verre dans vn petit
creuſet , 8c ce petit creuſet dans vn plus grand,
les-ayant ainſi mis au feu , l’ardeur fera, que ce
ſte matiere eſtaiit fondue le pur argept ſe ſepa—
re
SEcTiON IX. 337
re du teſte , de ſorte que tu trouveras tonſſ ar
gent au vaiſeau,qui contient,8c le reſte au vaiſ
ſeau,qui eſt contenu.
TH. Ceſte Metamorphoſe me ſemble adñ
mirable, que de Fai-gent l'eau ſe ſaſſe, de Peau la
cêdre,& de ceſte meſme cendre encot’l’ar ent.
M Y .Par ce moyen meſme Fargent eſt pu riâé de
telle ſorte ,qu’il ne luy reſte plus aucune choſe
Œeſtrange : toutes-Fois il faut porter patiamñ
ment,s’il s’eſt aucunement diminue'. —
T H. Donc,puis qu’il te plaiſhexplique moy
en-qu’elle parus: comment les pierres s’engen
drent deuant que venir à diſputer des metaux.
M Y. Vne bonne partie des pierres s’engen
drent au Gué des eaux 8C aux riuages , vne au
tre bonne partie aux entrailles de la terre , 8c
vne autre partie auſſi aux corps des animaux,
mais il n'y a que la ſeule pierre de. la Foudre,
laquelle s’engendre dis peu de temps aux nuées
par vne admirable Force 8c vertu ſoit de Natu
re,ſoit des Demons, qui raſſemblent les atomes
de la pouſſiere auec la pluye pour Former ceſte
pierre. Orleut generation ſe fait de matiere
terreſtre parle moyen de l’eau 8c aide des in
fluences celeſtes.
TH. Welles ſont les pierres, qui s’engen—
drent aux animaux P MY. Autant y a-il de ſor
.tes de pierres ou peu s'en ſaut,qu’il y a de ſortes
dauimauxztoutes-ſois on en a remarque' deux,
qui .ſont pretieuſes par excellence , à ſçauoir la
Perle 8c le Bahalzehar, lequel eſt corrópu par la
langue de la pop ulace, qui l'appelle BeznanLes
Perles on eſté iadis merueilleuſement chaires:
car Cleo
~
338 SEcoND LIVRE
car Cleopatrxncp euſt deux chacune peſant vnc
once,qui furent eſtimées cinq cens mille eſcus:
nous liſons , qu’elle en aualla vne diſſoute auec
du vinaigre ſur la ſin du ſouper »pour cauſe d’v
ne gageure,qu’elle auoir faict auec Marc Antoi
ne ,lequel des- deux emporteroit le prix en ex
quiſe chairté de leurs banquets : maintenant
leur frequent vſage les rend plus meſpriſées , 8c
meſine par ſucceſſion de temps leur beauté ſe
flaiſtrit; on-eſtime que leur poudre eſt rres-vtile
aux paſſions cardiaques.
T H. Pourquoy tient -on ſi chaire «Sc precieu
ſe la pierre Bahalzehanpuis qu’elle ſe fait d’vne
matiere tant vile &gtoſſiereë MY. Parce qu’il
n'y aremede plus ſalutaire pour rompre ſou
dainemenrla force à toutes ſortes de venins que
ceſte pierre , laquelle ne ſert pas ſeulement de
preſeruatif, mais auffi dbutidote tres alſeuré:
voilà pourquoy les Hebreux(qu1n’out au mon
de leurſemblables .à exprimer vne choſe ſelon
ſon propre naturel) Pont appellée Bdbafflebal,
c'eſt à dire dompteur de venin :ils nous ont
auſſi enſeigné le lieu naturel,0ù elle croiſt.
T H. Où croiſt elle donc? M Y. En Peſtomac '
d’vu cheureau , qui eſt en Perſe : mais dîautant
que les Triacletlrs ont accouſtumé de ſuppoſer
les drogues
mes,on falſiſiéespas
nſſe Pachette pour les vrayes
autrement 8c legiti
quëapres en
auoir fait Peſſay par la mort de quelque beſte:
car on baille à deux chiens ou à deux chats le
plus cruel venin ou la plus malheureuſe poiſon,
qu’il eſt poſſible de trouuer , puis apres on fait
aualler à ſvn des deux chiens ou des deux chats
I quelque
~

SECTION 11X. 339 i


x

quelque peu. cle la poudre de cçſte pierre ſësîl ‘


aduient que; l'vn dcszcliiens meure, auquel on
n’a‘poin_t_ 'baillé däntidote , 8c que l'autre re.
,aſie ain Zcfduuc ,auquel on l'a baille', onïiugc
T H. Les cheureaux
parlàdelintcgrite des autres pays
de Lapierre. _ ne
_ peu
l

' nent-ils pas_ engendrer_ des pierres_ de ſemblable


I faculté: M Y. Ie nePap peu encoficognoiſtre,,
5 q niailszlſſſelon rmonaduis _e dire du Poète eſt ve..
rica. e: _ _ . —
,-.- Tome choſêpar; :Entry-Tue croi/Zaki Muñoz-ale .ï
Ni m touteſhi/Tm la !me nïzſtflfzçondeg '
Tflñ. Les_ iertes des_ autres-animaux \ſong- p
l elles, pas_ au l_ quelque_ vertu_ (in uliere contre
le poiſon ?FM Y. On attribue preſque lameſme_
Proprieté à lalarmczquèsîeſtconuertiïe en_ Pier,
re apres_ cent_ ans, à_ l'angle dezÿœjl du çeltfiqÿçelle,
qu Orl. 1T1 :Rapports, vne, laquelle auoit eſté ~
tée dÏVu, qui Fuſt pris_ a_ la chaſſe Helle sfeſtoir
defïía quelque peuendutcieï »mais elle_ ifeſtgit_ -
pas 'entierement petrifiée touresfois_ ieinäy
pas encor" exgerirtfenté ſarvertu; Oiratttibne
auſſi lameſmc force aux_ pierresde pluſieurs all-N'
tres animaux.. ſi -
l T” H E.- Deſquelsíó M). A lafpierteñ de certains
poiſſons ,_ leſquels on peſche ort_ ſoutient en la_
me! ludique , 6c non ailleurszon, les appelle 'II
buram. Qu priſe auſſi beaucoupcontre e venin;
la Chelonite , qui ſe trouue aux tottueszliidiſi- j :ſi
ffies, 8C la Barrachire aux grenouilles ;ï 8c la
ectoriediine aux vieux' coqs, 6c la Çaymaine .
en certains poiſſons de_ ce nom , 8c la Crapaudiñ \
ITC-qui ſe trouue en la teſte des vieux crapauds.,
Y
~
ï
349 SE-.cQNn Li-vnz
\temp-On dit que la pierre
du Taureau ,gnarir , qui ſe
laiaunillſie ,Vôctrouue
celle , au
quifiel
ſe
trouue en' ſes rognonSJa grauelleſi: la pierre Ci
uædiqnezlaquclle on ti-re de la teſte du poiſſon
appellé Iaunardymonſire le diuers cliangemenr
\ii-Hem s,car~ſi elle eſt trouble., elle ſigniſiela
~ Ièmpe r* c, ſi elle-;cſhcl-aire 8c tranſparantede ſe
rcimheszpicrres, qui ſe ttouuent en grief abon-ñ
dantc. aux- eſcrettiees des fleuues., ſeruenr de
ſouuerain remede à ceux , qui ſont' atreincts de
diſſenrcricott dela- grauelle , ſi Onles boit auec,
du vin blanc eſtants .reduictes en poudre. A
grandjzeinopourroit-on ,trouuer vn animaLau
quel les pierres ne- sŸengendrent 8C principale
ñ \Dead-ten la peti-cezveſéie du fiel; leſquelles , ainſi
qualexperienc-emouſtrqont vne grand* vertu,
ce [fion peurzneuiazquer en la pierre , qui croit
Zelda Toroàn Mſleïlaqu elle la Force eſt admi
rable pour. uäxitïln Œllniſſezvoilà pourquoy les
I-uifsÿ, QÃÎÏËJLËIÎPIUDſiÎhÎCctS Z1 ceſte maladie que
.les autres , ont de couſtume de la demande! ſo
gnèmſement aaucizzBouelu-r!, &gplüæppellent en_
Natalie HameZm; 'Y ’
T HL Comment ſe peut il faire, que la pierre
dela. Foudre sïzngendre dans vn moment aqec
Nnexelleipeſzænteur, qu’vne tombaſt &une les
aurreszqui cheurcnr en grand quantité par vne
‘-.
_ . foute rempcſtgqui s’eſtoit eſleuée en la ville de
.t Gorpœt_ “Creme au Pont,qui peſa cent 8c dix liures ï
ï°**?*“*°*"-dSinature
~ 1acopeut
yan; 1 eur en ſe _moment
pervn 8c 1- o d eurfabriquer
d e ſoup h re?
8c or.

gäniſer vn Xiombrc infiny d'animaux , tels que


-ÊIQUS VOYÔS lcsñGre1iOuil1cs 8C petits crapauds,
qui

R'
1 .—L._ _._ _l_

SEC-Trou 'IX. 541


qui ÿeſiïierueillera , ſi elle Forme des pierres
ſait en amaſſant les atomes 8c pouffieresct tout_ en

en vn corps? ‘. - ’
T H. We diras-tu desçicrregqui ſe trouvent
aux petits des HirondellesêM Y.A_l'ex.Trallian a a En ſon 1.Le.
2.1.5: en ſon a.
eſcripr²,qu’on trôuue deux pierres aux petits de Leds.
la premiere nichée des Hirondelles , deſquelles
'l’vne eſt blanche , qui apporte remede au -mal l
. o l
eadu c, 8c lÎautre rouge, de laquelle on ne dir la
vertu ë : Cardan aſſeure , qu’il a veu telles pier b Au 2.l.du:._
rraiâé contre
res,toutesſois ie ne voudrois conteſter, que ce, 1°* Mïdïfflÿï
c.7.
qu'on en dit,ſuſt veritable. -
T &Pourquoy void-on ſi peu de pierres pre
cieuſes 8c reluiſantes,& au contraire pourquoy
y a -il ſi grande quantité de Tuſ 8c de Cailloux? ,
M Y. Parce quenattrre a produict àplus grand'
abondance les choſes , deſquelles l’vſa~‘ge nous
eſtoit ſort neceſſaire; mais quant aux autres
thoſes,qtii ſont moins vciles,comme les venins,
ou les pierres pretieuſes , deſquelles nous nous
pouuons paſſer , elle S’eſt monſtréc plus chiclœ
8c auareztoutesſois ell’ a ſemé par tout la pierre
d’Aimât ou Herculiennmà laquelle on ne pour
- roit trouuer ſa ſemblable entre toutes les clio
._’, ſes naturelles, ou qui ſuſt plus Œmirable, ou de
plus grand vtilité. Ie laiſſe là ſes vertus 8c' pro
prietez en la iuedicinedeſquelles Gallienſaiteſi
gales à Pl-læmàtite , 8c leſquelles , ainſi qu'a el?
cript ï Aëce, ſont ſort certaines à la guariſon c AuLliure.

dela goutte , voire meſme qu’on ne la ſiſt que u

tenir en la mainztouresſoisla meilleure eſt celle,


qui #apporte des Indes 8c cſlîthiopie.
T H. Pourquoy eſt-cequeï ?Aimant attire le
Y z

‘5
541. SEOOND Livni!
fer à ſoy? M Y. Pluſieurs ont penſé que l’Aimang
8c le Fer faſſemblent 8c conioingnent enſiemz
ble àcauſe_ de la ſeniblance qu'ils ont l'vn auec
Fautreçmais leur aduis.n'eſt pas aſſez limé; puis
qu'il faudrait
sctêblables aux ainſi,que les metaux,qui
metaux qu'e's cailloux, atſont plus
tiraſſent
ICS, metaux 8C non pas les caillouxzils alleguent
la meſme raiſon à l'endroit de l'Ambre,qui _attiñ
_re la paille. Mais ie leur demande , qu'elle af
finité a l’Arnbre auec la paille , ou froment?
mais au contraire Faffinité ôcſemblance de l'Ai
rein auec le fer eſt bien ſi grande ,que l'vn ſe
peut changer facillemêr en la nature de l'autre;
qualit à moy ie confeſſe librement que Ïignore
totallement la cauſe , toutesfois ie ne laiſſeray
pas pour
autres parcela de refurer
pluſieurs les fauſes
arguments opinions des
neceſſſiaires,_à ſin
de deux choſes l’vne 5 ou qu'ils s'adonnent auec
plus grand' diligence à recerchçr les-ſecrets de .
nature , ſinon qu'ils nffayent pas honte de conñ
feſſer au_ ec moy leur ignoranceOn ſap elle au
trement Siderite , à cauſe du fer qu'elle attire,
comme qui diroit la Ferriere 5 noſtre populace
l'appelle la Calamite 8c la pierre d'Ainiant_. _
~ T H. Nïſt-iÿpas plus vray-ſemblable que le
fer attire l’Aimanr,que FAimant le fer? M Y’._ On
ne peut facillemêt iuger, lequel des deux attirç
l’autre:car ſi le fer eſt beaucoup plus peſant que
l’Aimanr,l’Aímant eſt attiré par le ferzſi au con-t
traite l'AiÎmant eſt plus peſant que le fer , le Fer
eſt attiré par l'Aimant;_ en cecy on eut voir que
g En' ſon 1.1i. Alexandre Aphrodiſée s'eſt ² abu é, quandila
des difficult”.
9-3
nié que le _fet attiraſtllAimant. Dhuantage z il
~ faut
p Section IX. 343
ſaut que la quantité de Pvn 8c de l'autre ſoit lis
'mitée , car pour_ ſi grand que ſoit PAimant il
“rſattirera iamaisyvne groſſe maſſe de Fer, ni vne'
groſſe maſſe de ſer vn grand Aimant,mais plu*
_ ſtoſt chacun vne petite portion de l'autre,& ce
par interualle co-mpetant à ſa Force.Ceſte vertu
aufli S'ex ire par ſucceſſion de temps , car PAi
“mant peſiint deux onces,qui eſmouuoit vne clef-ſi
de demy peſanteur l'année paſſée , d'icy à dix
_ans ne la pourra eſmouuoir, de ſorte qu’il ſem
ble que ſa force Ëenuieilliiſe , comme celle des
animaux , ainſi quhſſeuroit Thales Mileſius,
auſquels le temps eſt preſcript de leur vie , ce
qui ſe manifeſte dhuantage , ſi on le frappe ru
dement à coup de marteau ſur Penclummlà
où il perd entierement ſa Force , comme s'il
rlnouroit de mort violente.- Toutesſois on
peut par là iuger que PAimant _attire le fer,
d'autant qu'eſtant froiſſé rudement par les
marteaux , ou enuieilly par longues années il
“perd ſa force , 6e neantmoins le fer ne le peut
tirer pour ſi gros qu’il ſoit 8e petite la particule
de ceſt Aimant fleïry de vieilleſſe. Il y a 'vne
'raiſon pour preuucr que c'eſt PAimant ' ui 'at
tire le ſer, 8c non pas le ſer PAimant , à çauoir
que celuy—d'EthiOpie,qui'eſt plus peſantzattiiçe'
tous les autres,qui ſont plus legers , mais_ il ne
ſe trouue aucun fer , pour ſi peſant qu'il ſoit,
qui attire vn autre fenſinon qu'il fuſt frotté de
PAimant. Touresfois c'eſt vne reigle generale,
que par tout, où'ſe trouue l'Aimít,qu'il y aauſ
ſi vne miniere de Fer , 8C non 'pas au contrai
Ïezce qu'on peut remarquer en 131e d'Elbe, qui
5
544 SEcoND LIVRE
eſt Yoſſiſine au ſin-age de laſſToſcane ,laquelle eſt

A tant fertile
nombre en Fard:
infiny cn Aimant,
dſſaxuxécs quepollible
il ſa eſté depuisxnde
luy vuider ſes nuiniclt-Sglui ſont préſque ínnu
lnerables , de ſorte que tant pluson \ire dc fer,
d'autant plus en rement-il , ainſi qu'on] void le
boisT rccroiſtrc en la
H- L’Aimant neForeſt.
ſe peut-il pas fſiondreèM Y.
Non : conxlzicn que Ta peſanteur. donne ſiconic—
cturc du contraire , veu que ceſt vnqpíelre me
taleuſe.
T H._Co1nme1ſſÎEſe' peut-il
. faire que ?Aimant
.

dclnonſtre la region Septencrionale? M Y. Il ne


'demonſtrc pas plus vne region quhutre : car
il. ſe tome eſgalcmcnt
ſur laaux quatres angles du
du
monde, àſçauoir, ligne [ranlctuerlälc
Midy auseptcntrionfflîc du Seprcntriol] au Mi
dyz 8c ſur 'la ligne cranſuerſale de l’Orient en
l’Occident~,& de l’Occident en l'Orient : ces
.deux lignes-onc ſſtrouué leurs propgcs noms e11
la lègue
-crion Latinazqtxí appelle
au M1dy,(,~a»d”1ëz5& la ligne
celle du Septem
dſiOrienc ſien Oc-ÿ 'ſi
cidcntjDcczzz-Ûëiï-i. ï
T H. Comment
geremenr le bout decela? M Y S.enSion
l'aiguille ccſſzſte frotte
partie le~
dc
la pierrrc d’A1~:nanE , laqùcllc dcdanr quſiclle Full:
taillée au "rochër arte-gardon la Partie Septem
criondle, B: ſi apres adoir eſté ajnſi frottés on la
me: ſus vn petit pinot a contrepoids , de ſorte
qu’il luy ſ01: libre de ſe corner la, Où ſon naturel
Ia portczſcxtrclniré de Felguillczqu] a :sf-lé ſro[
_reſſc de FAinÎanc ſc tçrnera vers le _Septentri0n.
Lflîſguille alameſlne vertu dc ſc corner enla.
Partie
SECTlGN~IXS 54;
partie méridionale, ſi elleeſbfrottée de la pier
re d’Ai1nan’t taillée au meſinerocher, qui vië
ſoit vers
autres le midy.
parties Autant en
de lÏAimantſſ peut-on
tournées iugerl’O
deuers des_

rient ou deuersFOccident : combien que ceſte


pierre neyſe puiſſe d'elle meſine corner vers les.
diuetſes parties du monde,mais ſeulement Peſó
guille :de ſer,qu_i en a eſté FrotteeOr on-ne peut_
entendre ce,que nous en auons dit, que par la
ſeule experience. I.
dt

TH. Fentens qu vn tel vſage eſt difficile-Si


*enſeigner , toutesffiois explique le moy tant
qu'il te ſera poffiblexlvly s T.Si ru mets vne pie
ce d’Aimant ſur- vne petite eſclape de bois, qui
nage dans vn vaiſſeau plein d’eau , tu pourras
cognoiſtre qu’elle partie cſiceluy eſtoit cornée
vers le Septentrion ou vers le Midy :car ſi tu
oppoſiis le Coſte' d’vn autre Aimant,qui viſoit
vers le Midy deuant qu’auoir eſte' taille' en ſa ſi-î_
\nation naturelle ,au meſine coſté , qlui arre
gardoit le Midy,de celuy,qui flotte ſur ’eauSce—
.luy ,lequel tu_ Oppoſes ,chaſſera l’autre deuant
ſoyzôc celuy qui nage, ÿenſuira en arrierexSi au
contraire tu preſentes le coſté Septentrionalde
l’Aimant,lequel tu tiens àla main,au coſté Me
ridional de l’Aimant, qui nage ſeur Peau z iſiouſi
dainerrient ceſtuy-Çygqui ëenfſiouyoit , S'appro—
chera de lëautre,.q-…1ile chaſſoir 5 de ſorte que
l’vn sïaccouplera 'a ſature par vne admirable Faë'
’ miliarité de naturefflombien que le.bord du v
vaiſſeau de bois,contenant l’eau,ſoit interpoſé
entre les deux. Le meſine auffi aduiendra , ſi Eu
mets à trauers le bout cïvneſîpltunc vne' el?
\:4
l
546 SEcoND LÎVRE
lis.ueille
mets de ſerdans
ainſi , qui vn
aiſtverre
touché l’Aimant,
plein 8c l’Ai—
d’eau:car ſi tu

\n
mant , lequel tu tien en la main ,chaſſera d’vn
coſté l’eſgueille,8c dePautte la rap ellera. On
pourra veoir le meſme effect; ſi le guille eſtant
touchée de l’Aimant 8c miſe à contrepoids
ſur vn “pinot (comme aux quadrans 8c Horolo
ges portatifs) on luy preſente auecla main l’Ai—
mank du caſte' , lequel on voudra S l'experience
par ce moyen monſtrera enco r’,quelles parties
dela pierre ſont Meridionales ou Septentrio
nales. . -
T H E. L’Eſguille,qui eſt frottée de l’Aimant
monſtre- elle donc les vrais Angles du Septenz
tion &du Midy ?MY.Non certes; car elle de
cline vers l'Orient de douze de ces degrez 8c
enuiron trente minutes,par leſquels l’Horiſol1
eſt diuiſé en 560. parties , c'eſt à dire , de plus
d’vne trentieſme partie du plus grand cercle!
car la ligne merídionale dernonſtre ceſte admi
rable declination, laqucllefeulſe attribue' àl’e
ſtoille Polaire , ſi la rneſine eſtoille nëeſtoir tor
néeautoufldu pole par le rapide mouuement
du premier mobile , 8C de ſurplus par lemon
nement de trepidation , qui la fait en ſa plus
longue _diſtance eſtre efloignée duvray Pole de
quatre degrez ſeulement : mais Feſguille , qui a
eſté ſrottée de la pierre d’Aimant,deſpuis qu’el
le a rencontré ſa ſituation ,ne bouge demeu
rant immobile contre le cours de Peſtoille Po
laire. ' î
T H. [flîſgnille Aimantine eſt—elle de meſme
vertu 8c propriete' de là l’Equate_‘ur que par de
,a
ça.
Srcrioſſn 1x,', 347
ctça? M Y. Les Eſpagnols 8c Anglois, qui ont en
uironne' par leurs iiauigations tout le circuit de
l'eau , aſſeurent qu'elle a e'erement la meſ \ l
me vertu que pat deçazde là on peut refuter l'o
pinion de ï ceux,qui enſent queſcſtar de Peſ-,pzacois Gui.
guille Aimantine ſe c ange par delà les Heſpe- cË-rdin e? FW
rides , ou par de là l'E quateu r, 8c qu'elle s'arre- MMM* '
ſte tout court ſous la droitte ligne du cercle
meridional , 8c qu'elle monſtre de ſes deux exññ _
tremitez Pvn 8c l'autre Pole , quand on eſt par- '
uenu àl’lfle
s'abuſent du ont
, qui Corbeammais
ſſeſcript que ceux-là
les deuxſureſtre-
tout ' C °
mirez _de Feſguillc declinent de l'vn 6c l'autre
Pole de 45. degrez , quand on eſt venu ſoubs le
545. degré delongitude : car il ne faut pas ad—,_
iouter foy temerairement à ceux, qui ne ſe ſont
iamais cxercez aux nauigarions.
T Hluſques où s’eſtend la force de l'Aimant,
8; cQmbieii doit auoir d'eſpace l'interualle de
la pierre 8c du fer? M Y. Demy pied d'eſpace,oii
peu s’en faut: Combien que la grandeur 8c bon
te de la pierre (qui ſe connoit par la "couleur
rouſſeffalſent qu'elle deſploye auec plus grand'
efficace ſes effects :Or on ne pourroit aſſez ar—
regarder ſans grande recreation vne infinite'
«ſeſguilles , ou de clefs accrochées les vnes aux -
autres , 8c comme peiidnes en l'air par l'arron
chement de la pierre &Aimant zpoutueu que
les plus petites dependent par ordre des plus
grandes iuſques à ce,que la derniere , qui eſt la
plus groſſe 'touche la pierre. De là on peut
vcoir que la force de l'Aimant ſe diminue par
Vn trop long interualle , 8c qu'vne eſguille ne
ï
5
e
r

5'43 SEcoND LIVRE


peut] demeurer pendue en Tair ſans adlierera
uec ’autte. _
TH.On
Roy dit qn.rſino'e~ſuſt
des Macedonieſſns femme de Lyſimaque
perſuadée par Di
noctate Architecte de faire vn temple,qui euſt
la voute toute &Aimant , à fin qu’elle fiſtveoir
au. peuple vne ſtatue de ſet pendue en l'air par
a grand miracle-.MY, Pluſieurs attribuent fauſſe-ñ
‘ l ment le cas ſemblable il la chaſſe de Mahomet:
ſi tou tesñſois,ſi l’Aimant auoit vne ſi grande pro
prieté à baſtir les voutes des edifices ,il ſau
droit que la ſtatue touchaſt le lambris de la
voute, 8c qu'apres que l’Aimant auroit expire'
par ſucceſſion de temps ſa force, qu'elle tom
_ , baſt en bas.Carl’Aimant à ceſte conuenance a
,- , uec la Torpille,que l’vn 8c l'autre communique
~ (avertu par-Pattouchement , cat tout ainſi ue
la Tor ille enuoye ſa Force de Fameçon au lé,
x &du le' àla ligne , &de la ligne à la mam de
eeluyzqui peſche,8c de la main à ſon bras , 8c du
bras par tout le corps 5 de meſme Fait l’Aimant
à la-premiere clefſi, la premiere à la ſeconde , 8C
la ſeconde conſequutiuement à Fautre iuſques
à la derniere.
T H. Il apperr euidemrnent par ce', que tu as \
dict ~, que l’Aimant attire le fer ou par quelque
vapeur ou Odeur, ou par quelque expiration,
qui ſort de luy. MY. On nhpperçoit aucune
odeur' à l’Aimant , ni aucune vapeur ou expira
tionzce que Democrite venant à admirer re
couroít àſesaroîmes pour leur en raporter la p
?cauſe ( comme il auoitaccouſtumé de faire en
1 ñ toutes autres choſes )ôc dire que l’Ainjiant at- 1
- , q . .
tiroir '
SECTION IX. 349
tiroir le Fer par Famitie' de leurs atomes. La
quelle râiſtîn , couxbien qu’elle ne ſoit receuë
entre, les
n riſée c’y Philoſophes ,quiPeſtiment
eſt-ce pourtant queFAimantdigne
perd de
ſa.

Force s'il reçoit quelque coup violant comme


s'il rendoír ſon ame , 8c qu'apres elle ne reſtaſt
que le corps ſans vie : toutesfois on pouſſoir
beaucoup mieux rapporter la cauſe de tout ce ï
3'B.,

cy à l’expuiratió,qu’a lame 5 parce que la Naphte


attire la flamme par ſon expiration , ô( volre
meſme d'vn Fort loing interualle : ainſi eſtñil de
l’Ambre,qui leue la paille, ſi on Feſchauffe pre
mièrement parla Frictionzcar à lors on luy ap- ſi
perçoit vne ſuaue exhalationfipar ſon Odeur.
Ceſta-raiſon icy, combien qu’elle ne ſemble à '
A. Aphrodiſée ² probable , eſt beaucoup plus a E,, MMA…
vrayñſemblable que la ſienne , par laquelle il des difficulter
ſouſtient le contrairqdiſmc que ſi l'Aimanc at- “MF”
.tiroir les Fe: par l’expiratiô,qu’il atrireroir pre
mierement
legſſers que lalesmaſſe
petits
du Fragments
Ferzmais il ,qui ſont
sïtbuſe enplus
ce
là,car nous voyons que la Naphte attire le Feu v_
tout à coup ſans aucun Enouuement de Pair:
mais il vaut beaucoup mieux paſſer ſoubs ſilen
cela cauſe de cecy, 8c d'admirer là deſſus la ma- v
ieſté de ce grand Ouurieryq de vouloir temectrai

rement monſtrer ſa Follie parmy telles raiſons. .


TH. Si ainſi eſtoit que le Fer expiraſt quel- ,
que allechenuexit à l’A.i1nant , la preſence du
Diamant ſſempeſcheroir pas ſa Force? M Y.Plu
ſieurs le penſent ainſiunais celà eſt autant Faux, '
l que ſi on diſait
eſt Frotté du ſucque
des l’Aimant
aulx z ou perd ſa Force,
que les s’il
chordes,
. p / qul _
/
a
I
350* SEcouD IXIVRE
qui ſont faictes de boyaux de moutfflonsdne ſe
peuuenr accorder aux inſtruments !le Muſique
auec les chordes Faictes des inteſtins du loup:
ce que toutcÿsfois eſtant enſeigné pour choſe
veritable a eſté puis-apres trouuéfaux Par l'ex
perience maiſtreſſe de 'toute certitude : au 'con
traire,il y a beaucoup de choſes z qui ont eſté
tenues Pour fabuleuſes , leſquelles toutesfois
U" Yvſagéc à móſtrées eſtre vctitables, comme on
pourroic dire ce que Dioſcoride a eſcript de la
Pierre de l’Aigle, qui eſt appelle' des Grecs Me
wlízxeyxav, Pource qu‘elle decele le larromqtli la
mâgéc dans uelque viande, ou dans les petits
painsulcſquels nous auons deſia parle'. Toutes
fois z quant à ce qu’A'c~ce a eſcript , que ce'
ſtc meſine pierre attachée au bras empeſche
qtfvne_ femme groſſe rfauortesôè que ſi on l’at
tache à la cuiſſe d’vne, qui eſt au trauail d’en
faut,
meſmequ’elle luy moyenne
que celà fſiuſt vray ieſa n’en
deliuraiÎce 5 voire
~voudrois rien'
aſſeurencomme auſſi ie ne voudrois dire qu’il
fuſtlſiauxfans en auoir fait Fcſſny en vne Fern
me,qui eſt ſubiecte dïæuorter fort ſouuent. _
T H. Ne ce ſemble-il pas aduis, que l’Ambre
citrin ſoit vne pierre, par ce que cu en as 1nain—
tenant dict endetaFAmbre
uſierſes façós diſpute?citritude
M y. On_YAmbrE
Parle engris,
di
ôc du Capa” , qui eſt appellé vulgairemexxt
Camphte , leſquelles . trois ſortes de natures
toutes differentes les vues des autres ont auffi
neceſſairement diuers origineztoutesfois cruz!,
qui ont reccrche' diligenxment ces trois choſes
icy, penſent qu’ellesToyent larmes , leſqäelles
e ants
ï- ct I

SEcTroN IX. 5;;


eſtantscheuttes de certains arbres dans la mer
acquierent leur durré tät par lagitatió des flots
que par ſucceſſion du temps: par ainſi ils veu—'
lent que le Camphre deſcende de ?Ambre ap
pellé Caſwm , 8c FAmbre gris 8c citrin de quel
ques autres arbres,qui portent la _reſinéez mais
ven qu’il n’y a rien plus frequent _en la mer
Baltique que l’Ambre,& qu’1ln’ya point_ en ſon _
riuage d’arbres pourtans la reſinée, l’aduis de ï a Agzomere a
Dioſcoride me ſemblera_ eſtre plus veritable,quÎ Ëíïÿlff LV3"
tient que ?Ambre citrin_ deſcend des larmes tät cecy dei-ſſzzin.:
ctde l’vn que de l’autrc Peuplier dans les fleuries, fflríë 'WW-ë
8c qukzſtant porté d’iceux~en la nier il ſe fige 8c' le '93'
endurcit e'n ce que les Grecs appellent HÀEËÛç-æv,
8c quelques ,autres Muc-Jody” . comme s’il auoit
_ſon origine auec l’or, Mais nous monſtrerons
puis aptes, ue l’Electre de l’or (duquel Porigiñ
ne eſt proba le) eſt bien autre choſe que l’Arn—
bre citrin, duquel nous parlons à, preſent. L’au—
_tre ſorte d’Ambrc,laquelle les FrançoisJtaliens
&Eſpaignols appellent tous d’vn meſine nom 1 .
Ambre gris,eſt beaucoup plus rare 8C precieuſe
que ?Ambre citrin ou iaune,luy eſtant entiereñ_
ment differente_ de_ couleur,odeur 8c faculté:
quand au_ citrin , il eſt vray-ſemblable qu’il ſoit_
vne larrne,qui_ S’eſt caillée 8c endurcie,d’autant_
n'on trouue fort ſoutient parmy, ſ5, ſubſtance
de petites bourdilles, Formis 8e papillons, qui Y
ſont enclos S tel_ qu’il nſcn fuſt donne' vn en_ la
ville d’Anuers.
T H, _ljopinion de ceux,lqui diſent que l'Am
brc citrin ſe fait de ſperme de Balaine , ne s‘ap
proche-elle pas cfauantage :ï la verité , que cipe
— ~ c

/
352. SEcoND LIVRE
ſte—cy? M Y s T. Elle ne _me
qu'ilſemble ni vraye ni ſi'
vray-ſemblablgdautanr ifapparoit aucun
“veſtige d’Ainbre aux Balaines,qui ont eſte' prin
4 ſes mortes: dauaiirage-,ven qu'il y a troisſſeſiie
ces d’rl\1nbre ,le blanc, lëobſcnr 8c le noirs le
blanc eſt plus precieux de tous , auquel le noir
eſt contraire 8C en valeur 8c en couleur, ce que
demonſtre bien qu’il ne tient pas ſon origine
du ſperme,qui de ſa nature eſt blanczdailleurs
on ne trouue point &Ambre autour des Otca—
' — - monde
des , ôc-toutesfois on ne pourroit en part du
trouuer plus grand nombre dſſOrques
8C Balaines, qtfautonr de ces ifles-làd.
T H. Ne pourroyenhils pas eſtre quelques
excréments de la mer? M &Tout auſſi-coſt que
Ÿentës ce mot d’excremêt,dés auffi-toſt ie com
prens vne ſaſçheu ſe Odeurzde ſorte que le'nom
cſexcrement ne cóuiendra pas mal à la Ndphte,
ainſi appellée par les Chſialdeës,8c par les Grecs
Ãmœkſſla; , 8c par les Latins Bin-mien , de laquelle
‘ le lac de Paleſtine eſt tout plein appelle' pour
ceſte cauſe Aſphaltite , celle peut-on veoir la_
fontaine aupres de Montſerrand en Auuerg-ne,
&pluſieurs autres en Chaldee,ôc celle laquelle
on voit aupres de Modena en Lombardie , qui
verſe la liqueur appellée Petroleon,& qui n'at—
tire pas moins a ſoy le ſeu que la Naphte ou Bi
t-umesſinalement le ſouphre ſera au rang de ces
choſes , leſquelles doyuent toutes eſtre appel
lées excremëts vnctueux de la terre 8c de ſeau.
Mais,quant à l’Ambre gris &a l’Ambre iaune,
on ne pourroit rien trouuer , qui reſpire plus
__ plaiſante Odeurzil ſera donc beaucoup meilleäir
e.
ï . a
l SE-cT--kor-LIX.
, de croire , _qu’ilcts tiennent leur originedes "Z55
lar
mes' du Peuplier
ſinégqueſſ 8c autres
d.e les eſtimer arbres porrans
e-xcrements la re- ~
dela terre;
touteſſsfois il ſe ſaut prendre garde de ne les in
ſerer parmy les eſpeces des pierres.
T H. Pourquoy ne rapportes-tu les eſpeces
de Pyrites (nous Fappellons Marcaſire) au rang
des autres
. técs., pierres?
routesfois MY.eſtre
, ſans Gallien les y ad'aucune
lſouſtenu rapp0r-. a
robable_ raiſon:clct’autant que le Pytites, le Stiñ.
gion. (lequel d'autres appellent Antimoine ) le
îMinionpu Vermeillon , l’Azur ou le Bleu (le
a Marhíole ſur
.
quel ‘\pluſieurs_ pèſent eſtre l’Armenien)
v
² l'Or le 46x11”. du
pm ou Arſenic, le Sandarachſôeles autres eſ- cinquieſmelí
ure dt Dio.
peces,qui luy ſont adherentes , commele Sori, ſcoride, ſi
—Chaleitis,8; Myſi,8c telles-autres choſes , doyH
uent pluſtoſt
pierres, eſtre appellez
dkſiutantquïils demy—1netaux‘
participent z que_
aucunement_
à la :nature des pierres 8c des metaux,comme la;
calamine ou cadmie (laquelle nos ,Alchimyſtes
appellent Tuttiç.) tant naturelle :que arrificiel~
le, ſoubs quel» mot nous comprenons les eXCrC-ï'
~ ments, qui ſe ſont expirez du cuiure 8c de l’aſ*-‘.
gent: _Car Gallien -aî eſcripr , quïlauoit veu és
minieres de.Cypre trois ordres de mineraux di
ſtinctslesñvns des. autre-s par leurs couleurs; le
Sori,qui eſtoir au lieu plus-bas ;le Myſigluquel. .
la. couleur retire-ä l’or,'- a11'-lieu*p—l-us haut-“zôclez
Chalcitis' au milieu ; &ç xlit Œauanrage que le
Sori ſe change en ChalCÎEÈSNZCY le Chalcltis en
Myſi. Æelques lvns penſent,que ſoubs le nom
de Calaminc ſoyenr cópris le Spodiomle Pom-À
pholixnÿcle Diphrygesdeſquels ſont par aucunsl ‘
z J appe
f
l-Il* '
î
ï 'l
;ſ4 SECOND LZVRB ñ . l
appellez ï Metallins : combien que ceux, qui ,
a Mdthîuleau
“MMM” c,, recerchët toutes choſes plus par le menuzayent p
dcuär alltguc'. eſcripc que ces mincraux ſont differents les vns
d’auec les autres tant par leurs ſacultez que va
rieté d'accidents : on met auſſi difference encre
la fleur d'aitein 8c ſa rouillure ,laquelle on ap- a
elle cäinmunement Verd-_dc-gris à Montpe~
lier, les filles dc ceſte ville la raclent ſur_ des
lames de cuiure , leſquelles on a couucrtes de
» grappe de raiſins medioctement arrouſée de
vin purzôc
ques la laiſſéelesquelque
à_ tät qu'elles iours repoſer,
de couurent iuſ
reſicueillants
ainſi. coute l'année ceſte rouilleure :_ mais la
fleur Æairain ſe fait, comme. pluſieurs penſent,
d'airain ſondu 8C raſroidy,ſi apres qu'il eſt ſon- l
du 8c encor' chaud on verſe d'eau par deſſus en
le couurant d’vue platine de fet, iuſques a ce
que la vapeur de Pairein ſe ſoil: attachée à la la-. ,
X me de Fer, comme de petits grains de miller de
‘ , couleur rougez-.Le Diphryges n'eſt pas la fleur
de_ Paireimmais pluſtoſtla lie, qui eſt reſtée au
fond de_ la fournaiſe aptes qu'on en a tiré l’ai—
remzon ſepare auſſi Peſcume du plomb , ſi lors
qu’il ſort_ prcmietement dela fournaiſe (apres
qu’il s'eſt pris-Sc fige,eſtant toutcsfols encor'
chaud) on verſe par deſſus de l'eau. Want au ~ a
Stibion ou Antiznoine , il eſt. totalement
4 4, pierre metalique, laquelle ne ſe fond pas ſeulc- i
ment. mais auffi donne \noyau au ſer de ſe Fon
dre plus Facilement z 8C qui meſine , eſtant
Fondue , degenere en la nature du verre. Item
la Plombagine (laquelle nous appellons aurrc—
mât Lirarge) n'eſt autre choſe,que ce qui reſte
fi’ . ñ en
SEcTzON IX. 35;
en la Fournaiſe a P res q n'on a ſe P are' l'ar Z ent.
d’auec le plomb, qui eſtoyent confus enſemble
par ſon moyen ;elle eſt cauſe auſſi que Fargent
retire aucunement à la matiere de Faireinzcom
me de ſaict elle le repreſente par ſa couleur
rouſſe: combien que les ouutiers des minieres
appellent celle, quicſt iaune,Litarge d’or;& la
blanche,Litarge dhrgenr. Toutesſois nous di—
rons cecy comme en puiſant, que le commun
Sandarach des apoticaires n’eſt pas le vray Or—
pin,mais la gomme des geneurietsdaquelle eſt
de treſ-plaiſante odeur : pluſieurs auſſi abuſent
du mot de Sdndimqui ſe fait auec de la Ceruſe
bruflée,ei1 le prenant pour cc que nous appel
lons Sandarach.
T H. L’orpin &z Parſenic ne ſontñils pas vne_
meſme choſe? M Y. Non :car l’vn eſt ouurage'
de nature , 8: l’autre ouurage de Pouurier : car
ſi trLpilcs en eſgales parties autant de ſel que
d’eſcume d’Orpin , en les Faiſant par apres cui—_
' re tous deux enſemble iuſq ues à ce, ue l’vn 8C
l’autre s'efleue en haut,& adhere à la couuertu
re du vaiſeatndans lequel ils cuiſeur, tu auras
de l’Arſenic:mais ſi tu fais cuireFOrpin 6c l’Ar
ſenic enſemble,ils ſeront ce que nous appellons
Reagakſinalemêpt, ſi on bruſlc le ſel Ammoniac
auec l’Argent vif en les ſaiſanqcóme nous auôs
deſia dict) cuire iuſques à ce, que l’vn 8c l’autre
ſe ſoit amaſſé en haut,tu auras ce qu'on appellé
Sublimé, auquel on ne pourroit rien preferer,
qui ſoit plus ardent ou penetrant.
T H E. Ne penſes—tu pasque la Ruzine ſoit _
contenue parmy les eſpeces de Marcaſite Y M Yx
Z
~l

;ſ6 SEcoND LIVRE


Elle a quelque choſe de meralique , qui' retire
au Maſcheſer, duquel les Femmes en Aſie vſeiit
aſliduellementzcar c'eſt le plus excellent depila-ñ. ‘
toire de tous les autres, par lequel le poil- de i
ceux, qui ſuent aux baings,toinbe dans moins '
de demy heure en la partie,qui en aura eſte' tour
chéezon debire bien ſi randëquantité de ce me...
talique ſur le lieu,où iſcroiſt, que les Rantiers
publics leuent plus de vingt milles eſcus de rc—
uenu tous les ans ſur les marchans,qui en ſont
trafic. a
T H E.A quel vſage ſont' toutes ces choſesP
M Y. De la peinture 8c de la medecingdeſquel
les toutesfois pluſieurs ſe ſerueznt au dommage
, des autresCar les Empiriques abuſent plus ſou
tient de leutAnrimoine prepare en confiſtence
de verre,que d’en vſer ſelon .leur intention à la
guariſon des maladies ; toutesFois ſon vſàgc eſt
grand pour faciliter la Fonte des_ metaux , auſ
quels il rend auſſi le ſon plus clair &plus pene
trantzles Potiers
vaiſeaux de terreen vſent«Sc
iaunes auſſi .pour rëdre leurs
reluiſautsſſ.
T H. Combien de ſortes y a-il de Marcaſitesa
MY S. Autant qi1’il y a de meflanges des pierñ.
res 8c des metaux naturels; car celle,qui eſt ap
pellée Çhryſites prend ſon nom de l'or, lëArgy
rites de Fargen t, la Chalcites de l'airein,la Mo.
lybdites du plomb, la Siderites du Fer, qui ſont
toutes contenues ſoubs le nom de Pyrites,c6—_
me ſoubs leur genre, parce qu’_elles ſont briller
de tous coſtez_ les eſtincelles du Feu , pour ſi
peu qu’on les touche l’vne contre l’autre , 8c
meſine tant plus abondammcngquœlles :iurqnt
P113
.— SEcTxoN X. 557
plus de matiere metalique que dhutresce qu’on
peut eſpreuuer en la Clialcites.

fDe: Metaux.

SEcTroN
T H. Weſt-ce .X, Y
que MetaIPM Ôïſtivn

corps elementairqqui eſt liquificatiſ8c mallea


ble 5 c'eſt à dire , qui ſe peut fondre 8c_ endurer
_ le marteausôc qui eſt engendré aux entrailles de
1a terre. - . _
T H E. — Pourquoy Fappelles-tu liquificariſs?
M Y s. A fin qu’il ſoit ſepare' des .ſortes de pier
res 8c crayes,qui reſiſtent i1 la fonte,,
T. H. Pourquoy Pappelles-tu malleable? M v.
A fin u’il ſoir diuiſe' des pierres 8c marcaſites;
Ieſque les, combien que par le moyen des flam
mes 8c des ſels elles ſe puiſſent fondre , neant
moins reſiſtent au marteau.
TH. Pour uoy adiouſte-tihqui eſt creu aux
entrailles de (la cette? M Y. Pour le diſtinguer
de la cire 8c de toutes ſortes de reſinées , qui ſe
peuuent fondre 8c eſtendreanais elles ne croiſñ
ſent pas' en terre. Car combien qu'on trouue
de petits fragments d'or. en certains lieux par
my le ſable de pluſieurs fleuuesùqui ne penetrêt
pas trop profond dans la ſiiperſicie de la terre,
il ne s’enſuit
croiſſent danspas
les pour celà,
viſceres declaueterre,
les metaux ne
parce que

les fieuues,qui 'paſſent ar les minieres des me


taux, les apportent della , comme le Tage des
P-Ortugois , 8c le Cliryſorhoas des Syriens , 8c
PAUrÎgeac des Tholoſanssôc pluſieurs autres:
… ñ Z 2.
358 SECOND Livan.
qui trainent auec leur ſable des fragments d'or.
T H. Combien y a-il de metauxeM Y s. Six;
ſi ſtauoir, l'or, l'argent, Fairain, l‘eſtain,le plób,
a Auliuredeilc' er , qui ſont compris en _vn verſet de la loy'
“fflîîbî” "3" Diuiiie î*: on n'y en trouuera pas Œauantage. -
T H. Pourquoy n'y en a-il autant que de la
nctetes-?M &C'eſt vne inuentioii des Chimyſtcs,
leſquels, pour accomplit le nombre ſeptenaire,
ont mefléle ciel auec la terre en adiouſtant l'arn
ent vif eſt
läurqqui auxmoyenne
autres ſixzicelu ourtant
enttelxau de ſa iia~
8c les metaux,
ne peut eſtre compris en leur genre : car c'eſt
vne reigle infaillible en nature _, que les corps
mixtionnez ſont touſiours diſtincts dëaueç les
i ſimplcszvoilà pourquoy la loy Diuine n'exclut),
pas ſeulement l'argent vif d'arme les metaux,
mais auſſi tous les autres,qui ont eſte' confon
. dus par artifice pelle-melle. _
T H. Mais il ,me ſemble, qu'il n'y a rien plus
ſemblable aux metaux que l'argent vif. M r. Il l
leur eſt bien tant ſemblable , qu'on ne le pour— l
roit,ſinon à granÿpeingdiſcerner d'auec l'ar— ë
gent, Peſtain 8c plomb fondus : 8c meſme les
roguiets meflent le plus ſouuent du plomb
auec l'argent vif, à fin qu'ils affrontent ceux,
qui ſont cu entendus à la cognoiſſance :l'vne
telle frau e,ca'r le plomb eſt dix fois à meilleur'
marché que l'argent vif: mais leur tromperie
ſe deſcouure facilement,ſi on_ le coule à trauers
vne peau ſubtilement percée. Car l'argent vif
paſſe outre 6c le plomb demeure au fond. Onde
melle auſſi parmy l'on-Sc ain il'vn &l'autre ſe
reduit en vne maſſe de \nelle c nſrfiance, en la—
quelle
SECTION X… 359
quelleseſuuanoiſt du tout la couleur de Porzcar
on ne, pourroit autrement dorer- les vaiſeaux
d'argent qu'en ceſte façon , leſquels on met
apres au feu à ſin que l'argent vifÿeſnanoiiilſe
par
ſur la force de la, chaleur
le/vaiilſieau auquel , il&que l'or.-ſidemeure
adhere ferme
mennqufil pourrait ſembler eſtre d’Electre , ſi ,
on auoit confondu eſgallement les deux me-ñ
-taux
T alſemble. '
H. Weſt-ce que .
PEIectreP Mrſit. C'eſt .vne *
eſgalle ² confuſion de l'or auec-Pargenglaquelï- ñ' Pline."

le ſe fait ſouuent par' nature,8c encor' plus ſou


uen( par l’artifice,qui imite la nature. Car tou- _
chät ce que Dio ſcoride a eſeript lnque l'Ambre, b E" ſh" “m”
qui a la couleur d'or, eſt- appellé des Grecs ÏiM- ë
x çov , il le faut entendre ſelon la commune
opinion de la populace,à laquelle les hommes
doctes Saccommodent à parler. -
TH. WÏſt-ce que l’Acier? M hs; C'eſt vn
fer, qui de ſa nature eſt tres-dur, ou qui a eſté
endurcy par artifice : à ſçauoir quand on laiſſe
cuire quelque peu Ïauantage ſa maſſe 'dans
la fournaiſe,ſi puis apres on la iette dans l'eau
froide toute ardente. ~ ~ ' -
T mPourquoy eſt—ce que le fer acquiert vne
-tant grand' durté,ſi on le iette dans l'eau froide .b,
eſtant ardent?
la froidurſie M Y. les
reſerre Seroit-ce
partiespour autant
du fer que
en elles
lneſmesles rendant plus ſolides? Car le froid
fait que l'eau gelée deuient» plus dure, 8c qu'e-l
le occupe moins de place. pOu ſeroit-ce pour .
autant que l'eau penetre par les poreS,8c sïinſi»
nue parmy la ſubſtance du ſer-ardient?O_Lî ſeroit
- 4
l
3m60 SECO-ND Livni!

ce pour autant que la moleſſc &humidité du


fer ïexpire
Peau? tout enſemble
Toutesſifois auec raiſon
ceſte derniere la vapeur dc
eſten
rierement contraire à la premiere, qui eſt plus
vray-ſemblable z veu que,ſi on plonge le Fer ar—
dent dans de Fort vinaigre, il ſe compta luſtoſt
que de ſe rendre malleable , tant ilre iſte aux
marteaux :voilà Pourquoy les Lacedemoniens
:Plutarqueen aubyenr de couſtume de Faire leur ² monnoyc
l* "ë dîLVdc bar-res de Fer,8c de Paſſerer 8c atrremper eſtâc
curge.
route rouge dans de Fort vinaigre ,' à fin qu'on
ne la peuſt appliquer à autre viage : ce, qui eſt
vn argument aſſez ſuffiſant pour monſtregque
lc ;vinaigre sïnſinue par les pores 8c ouuertu
rès occultes de Facielyautrement la ſubſtance.
interiîczurc,laquclle
tionmſſe, ſe rendroit ne
pasreceuroit
Fragile. point d’altcra
T H. Wäcſt- ce quels. Plombagine? M Y s T.
Ceſt la confuſion du plomb 6C dc Fargent tout:
cn vn corps. , .
T H. Weſt-cc que le Biſſemut? MY. (Teſt
la mixtion du plomb 8c de Feſtain. .
TmQÿeſt-ce que le Cuiurc iaunc P MY S T.
C'eſt la mixtion de la' Calamine ( autrement
nous Pappellons Tutrie ) auec l’airein, aulſiquels
,on adíouſte du verre pilé, à fin que la couleur
ne periſſe par Peuaporation. -
T H. ÆÆſt-ce que PAUrichalqUe ?M Y.C’eſt
.îl’ai'rein, duquel la, ,couleur retire à Porzmais ſi
nous cerchons autrement la propriete du mot.
.c'eſt vne confuſion
dëaiiſi-cinzſiuonz d’or ceauec
il Faut que ſoiteſgalles parties
vn or impur 6c
:participant- à Pairein, ne plus ne moins que
nous
S E c T "1 o N X. 36 Î
nous pourrions dire PA rgyrochalqucceſt à di
re vn argent impur 8c participant-à. l’Aireíu. —
T H. WH): ce c] Metal de cloche ?C'eſt vne
confuſion de l’Airein au ec YEſtaixi , auſquels on
ndiouſte vn peu de plomb noir z à ſin que le ſon
en ſoit plus douxôc plaiſant aux oreilles.
T H. Welle_ choſe me ditasñtu ,auoir eſté
,ce , qu’on appelle l’airein de Corinthe .> M Y s.—
C’eſte confuſion , qui ſe fiſt de toutes ſortes de
— metaux z lors que les ſtatues, qui eſtoyent ä
grand nombre, ſe fondirent en Pembraſement
de Corinthe. . - _ A q ñ .
T H.L’or ne Ïengendre-_il pas de ſou-phre 8C:
d'argent vif ë MY. Il ſemble que celà ne ſe
peut faire naturellement, veu qu’il n'y aſian,
qui reſiſte plus au feu que l’or : 8c toutesñfoisll
,n'y a rië,qui s‘enfla1ne pluſtoſt que le ſouphre',
ni qui ſeuapore plus promptement quelïaxz
ent vif: &meſme z 'veu qu’il n'y a rien deplus
Force odeur que le ſouphre , ilſaudroit quezſo:
rerint quelque choſe de ceſte odeur, ce qtæene
fait aucun rnetail. ' _ z, ,l
T H E o n. Pourquoy ne sïngendrcra l’o_r,dç
Souphre &z &Yargent ViE, ſi on les cuir ;Interne
pere à ſa nature P MY. Parce que depui-S .taux
d’ínées que les Alchimyſtes ſouffleurs de char;
bons ont conſumé toutes leurs richeſſes. ,_8c~
employé tout leur labeur &induſtrienon ſeu
lement d’vne Façon, mais auſſi de Pluſieurs ſor_
tes 8c artifices pour paruenir à c’eſt effectzzils
:ſont
du ſeuiamais
l’or,oupuierre
faire (ainſi
de ceux-cy
quîls par leuadyzen_
diſentſiphilpſizï
q ſophale. D’a.i leursmous auons deſia-mgnſxëé
Z 4
361. SEcoNo Lrvns
que toutes choſes ſe diſſoluent aux meſines
elements ou ſimples corps , deſquels elles ſont
compoſéeszcar il ſaudroit en telle ſorte que l'or q
ou vn autre [Îletflll ſe diſſoluſt en ſouphre 8c
argent vif, mais on iſa iamztis pu tirer de For, ‘
ie ne diray pas ſeulement quelque petite goutte -
d'huile ,mais auffi vne petite vapeur.
u. Toutes-ſois Ariſtote , Pline, Ceber,
Albert le vrand , 8c tous les autres Chymiſtes
ſont en celà differents entre eux , que tous les
Philoſophes , liorlïmis George Agricole, pen
ſent que les metaux ſe Font des vapeurs de la
terre , 8c que celuy , duquel la plus grand’ par
tie eſt terreſtre , ſurpaſſe tous les autres en pe
ſanteur , comme 'a Fauenant celuy , quia plus
d'humeur ſurpaſſe tous les autres en legereté:
les Alchimyſtes , tfeſtans d'accord auec ceux
cy,nient que les metaux ſe faſſent des elcmërs,
&veulent que le ſouphre 8c argent vif ſoyent
leurs principes; diſans auffi qu’enrre tous les ‘
metaux il n'y aque For, qui ſoit parſect 8c que
les autres ſont bien commencez, mais non pas
accomplis. M Y. Nous auons refute' par raiſons
neceſſaires la vanité des Alchimyſtes : il reſte ,
maintenant à renuerſer ?opinion d’Ariſtore,
I~..c_~
*-ñ— — -
laquelle nous auons ſvn peu au-parauant rou
chée : car comme ſe pourroit -il faire qu’vne va
peur legere, qui de ſon naturel s’elleue touſ
iours en haugfſiuſt repouſſée en bas dans les en
trailles de la terre, 8c qu'elle engêdtaſt les plus
-pffeſanes corps ſiidetu tous
Îëuſióhde ê-Qge les autres ,qui
me repliquegqire ſont au
la ſubſtan
ïce- delïoreit terreſtrefic la .litbſtance de l’Eſtaíi1
- a -- ſ ' aqueuſe,
Section-X. 36;
ct aqueuſe ,Ze qu’en l’vn preſide vn element le
Q6113( en l’autre vn element peſangceſte reſp6—
ce encourira de tres-grandes abſurditemparce
que,ſi nous concedons que la terre domine en
la ſubſtance de l’or (auquel nature n’a rien Fait
de plus peſiinthl s'enſuyuta que les corps legers
auront plus &humeur en leur ſiibſtai1ce,leſ
quels toutes-Fois ne ſe peuuent Foudre ,ôcque
les choſes , qui ſe fondent Facilement ,comme
les metaux , n'ont gueres ou du tout point_
d'humeur 5 mais telle conſequence eſt Fauſſe,
qui ne void donc Fantecedêr eſtre meſme? D'a
uanrage, il eñſt certain que tant plus humide eſt
la terre,d’autant plus peſante eſt-ellezqtfon rê
pliſſe donc vn vaiſſeau de terre (ſçaehant re
mierement le poids de l’vn 8c de.l’autre Æpa-ſi
rement) 8c qu’on verſe apres autant d'eau.par
deſſus que la cette en pourra boire , de telle
ſorte qu’il n’y demeure rien entieremët de vui
de,qui ne ſoit remply :l’eau ou de terre : ſi on
prend la peſiiutcur de l’vn 8c de l’autte tout en
ſemble les aya-nt vuidé du vaiſſeau , lequelon
doit bien torche: 8c remplir d’0ri~ondu,àſin
qu’eſtant auſſi pese' on ſache par la , que l’or eſt
dixFois-plus eſant(quiy eſtoit contenu) que
foute la ma( e de l’eau 8c de la terre :on trou
uera auffi que tous les autres metaux ſont
moins peſants que l'or , 8c toutes-Fois on
n'en trouucra pas vn,qui ne ſoit beaucoup plus
peſant que la terre humide: de la on peut veoir
que la peſanteur des metaux ne vient pas ni de
la ſubſtäce de l’eau, ni de la ſubſtíce de la terre,
mais pluſtoſt dy quelque diuinezpuiÿſancc , la
364 SEcOND LIVRE.
quelle ie confeſſe ne pouuoir entendre; main'
tenant il me ſuffit d’auoir deſcouuert par rai
ſon rSc par experience la ſauſſeté , qui eſtoit ca
chée dans la doctrine d’Ariſtote , à fin que Fer
reur inueterée deſpuis tant d’anne'es Fuſt cui-s
denteu ~
T H. Ne ſe pourroit-il pas-Faire , que la ſub
ſtance de l’eau ſe reſerraſt ſi eſtroittement auec
la terre , que l'or en acqueriſt vn plus grand
poids 2 M Y s. Nature ne peut endurer la pene
tration des corps :il eſttoutes-fois certaimque
l’eau &l'ait ſe peuuët eſpeſſir ou ratifier à cer
rain poids 8c à certaine meſure ,cat ſi tu preſ
lſesl’eau,qtli eſt dis la ſyringue,vn peu plus que
de meſure,il Faudra neceſſairemêt que l'eau re
iailliſſe dehots,on que la ſyringue ſe creue : cat'
combien que_l’eau glacée ſoit quelque peu plus
preſſée 6c ſolide que l’atutre,qi1i eſt liquideztou
tes-fois ſa contraction eſt bien tant petite,
qu’a grand' peine peut elle atteindre la centieſ
me partie de ſon eſtendue: mais la maſſe d’eau
8c de terre tout enſemble eſt dix ſois moins pc
ct que tuqla
ſante ne maſſe de l’or
pourrois d’vn
croire , ſi meſine
tun’en volumezce
fais Feſſay.
T H E. Qin-lle proportion ont les metaux
entre euxtouchant leur eſanteur &volumeP
M Y. Il n’ysa rien plus peſEnt en nature que For; \
Pargenr vif le ſuit de pres en peſanteur , ſur le
quel nageur tous les metaux, ’or exceptérapres
Pargent vif vient Fargent fixe , puis l’airein ,le
fer ,Peſtainz les marcaſites ſuyuenr ceſt ordre, .
les eſpeces deſquelles ſont plus peſantes les
vnes que les .autresià ptoportipn des metaux,
qui
S E c 'r 1 o N X. 365
?ui reſpondent à leur nature : apres les marca
ires ſuyuent les autres pierres , qui ſont toutes
differentes en peſanteur entres elles : 8c apres
les pierres certains bois ſolides , comme PEbe—
ne,le Buis,le Breſil,8c le Gay-ac ;toutes les pier
res, hors-mis la Ponce , ſont plus peſantes que
la terre 8c l’eau:le Sel eſt plus peſant que la ter
re :la terre eſt plus peſante que Peau marine:
l'eau marine que l'eau douce :l'eau douce que
les cendres :les cendresque le vin rougezle vin
rouge que le blanc z le blanc que l'huile :l'huile
;que l'eau de vie,laquelle s'euapore en air, car ſi
cu en iettes vne pleine cuillierée au vent,il n'en
.tombera pas vne goutte en terre'.
TH. De combien, donc ;eſt plus peſant l'or
ë quePatgent vifP M Y S T. La proportion de la
peſanteur de l'or à la peſanteur de l'argent vif
eſt , comme la proportion de Pexces du nombre
1:55 1.2.1.1 deffaut du nombre 1-158. c'eſt à dire
pres qu'à meſme proportion de quatteà trois.
a De l'or au plomb , comme x 5.5 l . à 998. vnfipeu
moins de trois à deux. De l'or à l'argent xe,
cóme 1 55 1 .à 9 29mn peu moins de neuf acinq.
De l'or à Pairein, comme 1 55 r . à 72.9. c'eſt à di
.re, comme vnàdeux. De l'or au fer , comme
15-51. à 654. De PoràPeſtain ,comme x55 1. à
E600. ou ,comitre dixhuict àſept. De l'or 'ala
certe , comme 1551. à r 35.011 , connue vnze 5c
demy àvn. De Pargen-t vif a la terre , comme
I 15 r. à 1~z5.ou,comme huict 8c demy à vn,Du
plomb àla terre, comme 998. à r 35. ou , com
ame ſept 8c demy à vn. De l'argent à la terre,
comme 729. à 155. ou , comme ſept à De
' lairein
~

566 SEcoNo LHÏRË


lkiirein àla terre, comme 63 j. à x z ;.ou,comme
quatre 8c demy à vn. Deleſtain à la terrmcôme
600A tzjuouſicomme quatre à vn. Le ſel eſt en—
cor' plus peſant que la terres parce que la ro
portion de ſa peſanteur à la peſanteur de lîau
tte eſt , comme de 18 ſi. à x 6.- Derechef later
re eſt plus peſante que l'eau marine de Pexces
de 9 1.3.1.1 deffaut de 9O.L’eau marine eſt plus eñ
ſante que la douce de Fexccs de po. aude aut p
de 74.. La proportion de Peau douce aux cen- î
dres eſt, comme 74. à 72.. Le vin rouge eſgalle
'l'eau de ſon poids, ou peu s’en faut , pourueu
qu’il ne ſoit trouble' de lie , toutesfois le vin
blanc eſt quelque peu plus leger que le rouge,
&plus peſant que ’huile àproportion de 72.. à
70'. L'eau de vie nage ſur Phuile. Delà on peut
comprendre facillement le poids entremoyen
de toutes les autres choſes narurellesfles vents
ont auffi leur poids , car les vtres 8C peaux en
flées ſont plus peſantes que les autres , qui ſept
, 5Mo!, Ms_ vuides d'air;de ſorte qu’il n’a pas eſté dict ² ſans
quelque raiſ0n,que Dieu auoit baillé aux vents
auffi leur poids. ñ
T H.
cune Nous ne
ehoſe,il auons en ſomme
rcteſte.ſinon queletupoids de cha~
m’expliques
qu’elle proportion elles ont de leur volume 8c
grandeur? M Y. Elles ont la meſine que de leurs
poids , toutesfois en diuerſe maniere : car tout
ainſi que peu
ſtain,ou Por s’en
eſt trois foismeſine-railſion
faur,par plus peſant onquepeut
l'e

dire,que le volume ou grandeur de Peſtain, qui


- eſt de meſme Oids qu’vne maſſe d’or , laquelle
nous nous Æmmes propoſé , .eſt 'trois fois
-' — plus
SEcTioN X. 367
plus grande en ſa maſſe que le volume ou gran
deur de l’or: ar lequel exemple on peut Facillc
ment recuei lit 8c entendre la proportion du
volume au poids de toutes les autres choſes;
Cecy a eſté premierement demonſtre' par M.de
Candales ?Archimede des Fran ois, lequel ayât
pris la matiere de chacun des (ſx metaux d’vn:
meſine longueur ô: forme (comme on a accou
ſtumé de tirer l’or 8c le ſer en filet par vn petit
pertuis) la peſa exactement aux balances , mais
d’autant que Parc-ent vif ne pouuoit eſtre tiré,
pource qu’il eſt ſſuide ,il imprimaſt vne petite
piece 'd'or ou d'argent dans vn os de ſeicbe;
pui? a res en auoir oſté la piecenl rempliſt la ca
uite dargent vif , lequel 1l verſii apres dans
l’vn des coſtez de lañbalance , à ſin qu’il peuſt
par ce moyen trouuer ſon iuſte poids. Et ainſi
que ie nfenquerois de luy,pourquoyil ne pren- -
noir la meſure de tou… les autres metaux en les#
fondant 8c verſant dans vn vaiſeau en la meſme
ſorte quil auoitſaict de Pargent vifiil me teſl
.pondit que tous les metaux , qui ſont figez oc
cupent quelque peu moins d‘eſpacc que les li—
quides ou fondus , ce qu’on void en l’eau gla
cée ,la uelle eſt quelque peu lus reſerrée que
la liquidezquant a moy ie ſuis e premier, qui ay
ris 8c recueilly le poids du ſel &de la terre-,de
Peau ſalée 8c de l’eau douce, du vin, des cendres
8c de Phuile; ce', qui n’auo—it iamais eſte' auparaë
uant traître' paraucumqui aiſt eſcrí c.
T H. Pour
. .q uo
ñ y eſt-ce
, q ue Por e ſondi auec
plus grand diſticulte queles autres metaux? M. a_ A” Ldu Sen.
Ainſi' certes l’a penſé ² Ariſtoteuuais il ſe trom timent c3.
Pëi
368 SECOND Lrvnz
pe; car il ſe Fond Facillement voire meſme par la
ame du chanure , quieſt Fortlegere, ou parla
flame allumée de la paille d’vn fumier , ou ſi on
adiouſte vn peu de plomb à l'or, qui eſt au
feu : quant ace qu’il penſe, que l'airein &le Fer
ſoyent de plus Facile Fonte,il s’abuſe encor' vne
fois S car il n’y a rien , qui ſe Fonde auec plus
grand? difficulté que le Fer,voilà pourquoy les
forgerons y adiouſtent de la Marne ( qui n’eſt
autre choſe que Fargile ou terre graſſdà fin qu’il
ſi: fonde plus Facillemennôc tOutesFois le Fer ne
ſe ſondta iamais , ſi on iette vne lame d’airein
dans ſa Fornaiſe, ce que les Forgerons euitent
ſur toute choſe; car meſme que les autres me
taux ſe puiſſent fondre pluſieurs Fois , neant
moins deſpuis que le Fer a eſté vne Fois Fondu,
à grancfpeine_ qu’il ſe puiſſe iamais plusrefon
re.
T HE. Pourquoy eſt-ce qu'entre les metaux
il n'y a que le Fer 8c l'airein qui ayent Forte
a A!! líï" **Y odeur? M Y. ² Ariſtote penſe que celà ne vient
deuil auegue- d.
ailleurs, que de ce qu'ils ſe fondent plus Facil
lement que tous les autres metaux,ce que nous
venons d'enſeigner eſtre rotallemër Faux; pour
ce que ceſte Forte odeur ne vient d’autre part,
ſinon de ce qu'ils ont plus dexcrements que
tous les autres. Car iliſy a que l'airein 8c le Fer,
qui ſoyent atteincts dans peu d'années 8C. con
ſumez de rouílleure,ce qui ifauient aux autres,
ſinon long temps apres : on tie/nt pour aſſeuré
que l’or n'eſt iamais atteinct de ceſte corruptiô,
8c meſme qu’il garantit par ſa preſence , que les.
autres metaux ne ſoyent de long temps en
~ë-; — rouîllez
.. fi
SECTION X. 369
rouïllezNoilâ pourquoy Marc Agrippe vouluſt
qu’on_ doraſt le toict de ſon temple, lequel on
appelle Pantheon,& qui ſe void encor' auiour
d'huy entierà Romme , à fin que l'air-ein des lo
ſes, qui le couutoyent, ne fuſt conſiime' par la
toiiilleure. '
T H. L'or ne ſe peutñil pas aulIl_ corrompre &t
diſſoudre? M Y- Nous auons def-ia ² demonſtré ï A" 'im Pre#
que tous les corps ſont corruptibles , combien 'dm'
que l'or ſe corrompe plus tard que les autres:
car, quivoudroit aſſeurer que par ſucceſſion_ de
temps Pqr ne fuſt ſubiect à. la rouilleurgcomme
les autres metaux? veu que Far ent, qui ne ſe
rouille pas ſacillement eſt en n ſaiſy de ceſte
imparfection; ce qu'on peut *vcoir en celuy, qui
a eſté caché quelque temps en terre , deuenant
" tout couuert de rouílleure noire, p r
TH. Mais on ne void pas que l'or s'amoiii
driſſe par aucune violence dela flamme? Mr.
Certainement ie ſçay que M. Budée a pluſieurs
fois prié 6c comme forcé les Orfeures de Paris
à luy dire, ſi l'or receuoit aucune perte au feu,
il ne luy fuſt iamais poſſible' de tirer aucune
certitude de leur rapporntantoſt -l’vn aſſeurant
que l'or ſe diminuoit , tantoſt l'autre diſant le
contraire. Qiant à moy i’ay touſiours penſé,
qu'il ſe peut diſſoudre 6c anneantiumais pource
qu'vn chacun fuit le dctriment_ &l'vne choſe
tant precieuſe , on n'a iamais pu par experience
tirer la certitude de ce , qui_ en eſtzce, qui ſe
pourroit faire, _au lieu de creuſets de terre ou
vſoit à la fonte de l'or de creuſets d'acier , qui
euſteſté ſoutient aſſeré ;Ge meſme on a obſerue'
par
570 'SEeoND LIVRE
par les medailles 8c pieces d'or ,leſquelles l'Em
pereur Vaſpaſiexi fiſt monnoyer , que le plus fin
or,qui aiſt eſte' iadis,s’eſt abaiſſé de ſa bonté par
ſucceſſion d'années : ce que les Orfeures de Pa
ris n'ont pas ſeulement eſpreuue' touchant la
bonté , mais auſſi touchant le poids , lequel ils
auoyent pris exactement à la correſpondance
de ſon ancien , la où ils ont trouue', que l'or s'e
ſtoit abaiſſe' 8c decale' de la ſept cent 6c ſoixan
te neufieſine partie: 8c ne faut douter, que le
tout ne ſe puiſſe corrompre par le feu , excep
tées ſes cendres , ſi la flamme à peuſt emporter
quelque,partie de ſon poids.
T H. Comment? M Y. Nous voyons que tous
les metaux s'en vont partie en fumée 8c partie
en eſcume,le ſer,dis—ie,l’airain, Sc-Feſtaimquant
à l'or argent ,ils reſiſtent Œauantage à la cor-v
rupti n, 8c principallement l'or, qui ne ſe laiſſe
façiläment corrompre; le plomb ſe peut total
lement calciner par la reuerberation du feu,
mais il ſe rend ainſi plus peſant d’vne dixieſmc
de ſes parties, 8c ſans reuerberntion il s’eſua—
nouyt comme le reſte des metaux en fumée,
hotſmis ſon eſcume,qui demeure.
T a. Pourquoy eſt-ce que le plomb calcine'
parla teuerberation du feu deuient plus peſant
d’vne dixieſme de ſes parties,puis que les autres
metaux ſe font par la calcination plus legers?
MY s r. Seroit ce pour autant que le feu re
ponſe la nature de l'air , par laquelle le plomb
eſtoit plus leger? Car la terre ſe rend plus lègeñ
re par la premiere cuitte, 8c plus peſanre parla
ſeconde 8c troiſieſine, parce que les cboſes,qui
ſont
I
_’S—E~C T11 OYN'. DX.: - 37x
ſont de' leur narurexſplus legc-res, common di
roit la partie aërée, e conſument par le feu z &i
au contraire,les terreſtres 'Fvfïniíïſientæſaiianta c
ſi emforce Been vigueur POIÎÏ luy reſiſter. g
~ "1"-.XLEPOUrqUOyÎtrQUUe-on certain Fer,qui>ſc
peur ſouuêt fondre &cttirerzôè d’autre,qui (paſ
éeY.vnc
M Lesfois) ne ſe
petits peut.du
grains plus ni Fondrc,ni‘
ſen-qui tirer?ä
refërctnblent
lat-rondeur de la graine du Çôriandre , ſe-peuâ
nent
nous fondre parautrelnët
appellons le moyenMamſſtæmais
'del' Ærgilloælaqttncile
s’il elÿdíi
poffible de ſeparer exactement ces petits
grains d'ail-ec le ſable pierreuxJe Fer ſe pourroir
fondre plus Facilement-BC plus .ſoutien-cz mais
&autant; que celle' nature pierreuíë ſe *change
'confuſement parmy ile-ſer en-verre, ilñ 'aduicnit
que le Fer«sñ’en fait plus aigrefic quül reſiſte d'ä.=
tlanrage au. marteau-,ne plus ne moinäqtſvne
pierre ,zqui ſe rompt_ plufioſt-que de ſe laiſſer,
eſtendreſur Yenclumezonfaír
metail pierrcux de ceſte ſorte
les pbtsj àſeuxzſideſqucls de
on vſc_
pour faire cuire la viand-erg-ôc pluſieurs autres
vaiſſeaux pour diuers VſageSSS-E principalement
les balles djAſſiueſiCd'
. Tj-LPOUIEIUOY appelle-on lëeſtain Tyran 8c
le plomb Roy des metaux? MY. Parce que, l’e
&ain gaſte tous les autres metaux en lesrendant
plusail-grés 8c plus fragiles , ne' ſe poutrantplus
ſeparer-depuis qu'il» eſt vne Fois confondu auec r
eux :île- plomb tout au contraire les purifie 6c
rend meilleurs ,BC meſhie ſ2 perd pour -le bien
8c ſalut-des autres metaux, ce qui eſt la preuué
GC teſmoignage ;l’vn bon Roy.. ‘ r 'W ‘
ñ_- e AA -
571 5150.0 IPDYSLIVÆYE,
T K E. Pourquoyÿqz-.Ãëce-quŸvneëlamekYaireiu
raſſemble Faſſrgent-;AÏW eſtoit Fondu 8c confus
parmy Fez-diſortizläburquoy eſtñce quela meſ- l
me lame dhirein. èſhmt iettée en' la. ſhui-valiſe;
où -leforzveflazchaufféſdifflpciteil-emenfítouie la, I
manierqdudict Fer!, qtfellensëen va “ptêſqueſii nou? l
teen &initie ſans: que le \bi-pſg gaulle auc-uneruêt?
fondrdíM r. Czpſoxít choſes tceſ—certaineê,deſ—ſi l
quelle' '_ Le ne penſrçpas qníil y _aiſtaucl-'fi-lîälſün, '
qſiuül gm grahdïægfliuité cnttefflſairein .86
Ïàrgentætoutesfaisæeſteaffinité Ellen-cpf. p] us
grande entre le' ferzflk lîaireinqpuis .queñous
Voyons quelëm changeifſiaeilclflexitſanæture en
líeíiènoeóde
\gas -FautreiumÎis-eſtanh
à ſearoïiiller-à- Faune de leſiu”tous deux
grand* ſub:
ſiccitéſi, ï
ilzaduieiſdſion .mer viie-lame dhireind dans le '
feu, qu’elle tire touteia gtiaiiiè 'de Par ſſ~lle,‘la—
lſ

quelle, lnsíſorgeeonskauoymu .mile-aux eau-pour 1


faire fondre le ſei: , qui-tibia. principale. cauſea E
par-laquelle-il n'a ſepeuæfondre :zdeæneſine, vn i
petit ñlopin- dîcñſiicreófempeſehc: que le Ïläläifl-ÛC” ſe \
uiſſzeſpeffirleurbenñrezzäſi onzle iettezdans da,
' Een-nière; -Qn rpuuEauffl.-ſepare~r lëargene fondu
d’auec Peau fort , fi on lemetzquclque-Îiemps
trempe-n dansîlëeàihcn laquelle Yon aura! diſſïult
vnípeu deñſelîAmmoniaczz … '-1 .4 ?j …î
THLÎPOŒITqUOY
rénîagueres dela eſizce que For,
1ninſileje~~ôc qui_ qui':i‘Se_ſ_lé-ti~.
a eſtévjpuriflé
au poſſible en la fſiournaiſegietupunc encorîtouſit
@fine- à-toucher- par ſa. ſlſildfiſſet; 8è &nal-plaiſant
zux- 'Oreilles par le ſon , ôcà slaæïvcuë par la C0114
!EUR-M
faſt Y. Pource
deſimoindte quelcque
valeur vieux Or (combienquïíl
le ;pur Sfngſcltemeni:
v
ñ ' tiré
~—

SEcTtoN X. 375
tite' derla miniere ,à cauſe de ſon meflange 8c
confuſion ou auec l'argent ou auec Faireín) eſt
plus molVôc gracieux aux oreilles, pour cauſe
quÎila eſté plus ſouuent ſonduzon pourra neât
moins mitiger Faſpreté de l’or ſreſchement ti
rézſi on luy melle en ſa Fonte vn peu de verre
pulueriſé , ou vn peu d’Alcali auec autant de
cire.
T H. Peut-on ſaire l’or potable? M Y. Pour
quoy non? Et meſme de telle ſorte qu’on le
boira comme de l'huile: non pas que ie veuille
dire qu’on puiſſe tirer aucune huile ou vapeur
de l’or:mais tout ainſi qu’on peut changer l'ar
gent en liqueur par le moyen de Peau-ſort , de
ſorte qu’il napparoit rien en l'argent , qui ne
ſoit eau,& dela meſme eau tourner l'argent en
poudrezde meſme auſſi l’or Fondu ſe peut chän—
er en la ſemblance de l'huile , non. pas de" la
ſubſtance, mais/pluſtoſt dela qualite'.
T H eëCcſt or peut—il ſaire,qu’on viue plus
long temps 8c plus ioyeuſemenr, ſi on le boit?
M' Y. Comment ſe pOurrOit-il ſaire,puis que la
flame ne peut rien tirer de l'eſſence de l'or
.pour ſi ,ſorte 8C continuelle, qu'elle ſoit.
. - T H. -Pourquoy eſt-ce q.u’vne playe , ou pic
queure , ou ambuſtion , qui a eſté ſaicte par
une ï lame d’airein, eſt plus facile à guarir, art-marquen
que par vne lame deſcr? Ou pourquoy met-on d* f”
vn clouxr d’airein dans la venaiſon pour empe-q ſiſi'
ſcherqifelle ne pourriſſe ? M Y s. Lcxperience
"nous fait certains de telle choſe : voilà pour
quoy
auoyent.
les eſté
anciensſauſquels
móſtrcz parleurles ſecretsde
ayeulx, “ſaiſoyent
nature

A A 2.
574
374 SEcoND LIVRE
leurs armes 8c glaiues tout d’aircin , non pas
qu’ils euſſent Faute de Fer, duquel il y a grand'
abondance par tout ,mais à ſin qu'ils traictail
ſent les armes moins cruellemennôc que la cu
re des playes ne Fuſt pas tant difficile que par le
ferccar nous ne liſons pas dans Homere qu’il y
cuſt en ce temps là aucunes armes , ſinon d’ai—
rein, &meſme pluſieurs ont eſcript,qu’il n’y a
plus ſouuerain remede contre la pourriture 8c
morſure des ſer ents que ce metail par ſa pro
priete' occulté. r certes le mot Hebreu, qui ſi
gnifie ſerpent, ſignifie auſſi airein. Voilà pour
quoy nous liſons que ceux,qui eſtoyent piquez
de leurs morſures eniettant la veuë ſur vn ſer
pent d’airein,aínſi qu’il leur eſtoit enioinct, Fu
reur guarís: 8c meſme , combien qu'en celà la
puiſſance de Dieu Fuſt merueilleuſe , toutesſois
il leur Fuſt pluſtoſt commandé de Faite ce ſer--ſſ
a Aux Nom-z
bres cha. peut ² d’airein,que d’vn autre metaiLle me ſiiis
certes pluſieurs Fois eſinerucille' pourquoy c'eſt
que les Medecins 8c Chirurgieiis n’vſent pluſ—
coſt eu coupant 8c retrenchaut les parties ſu
perflues dëinſtruments d’airein que de Fer. Plu
ſieurs onr affigné-la cauſe dela vertu medicale,
qui eſt en lîiirein, ſiir ſa legerete', mais nous
auons monſtre, parce que nous auós deſia dict,
‘ï que le Fer eſtplus leger que Pairein. @Land ic
dis airein,i’entens celuy, qui eſt png-autrement
a pelléCtÎiurùôc non pas ccluy,qui eſt appel
lxcomttiunement Loton,& qui n’a que ſa troi
ſieſme partie d’airein eſtant conFuſe auec deux
parties de Calamine jaune. Mais ce,qui eſt plus
admirable à ſaitein, eſt a qu’en donnant guÊrL
O11
S E c 'r r o N X. 37;
ſon aux playes par ſon tranchägil ſh rend mor
tel aux ommes, ſi on prend vne dragme de ſa
rouilleure.
T H E. Comment ſe peut—il faire,que le Cui
_ itre,qui eſt de couleur rouge , faſſe le Verd-de
grissôc qu'on faſſe des Eſmeraudes vergles , leſñ.
quelles bien ſonnent ſiirpaſſent en beaute' les
naturelles , auec du ſable blanc meflé auec du
vermeillon ou du plomb rouge dans vn mor
tier d’airein E M Y.>Celà eſt certainrmais la frau
de ſe deſcouure parla peſanteur des Eſmerau
des fauſſes, laquelle ſurmonte la peſanteur des
naturelles d’vne dixieſme partie:8c auſſi en cea
là que les Eſineraudes ſophiſtiquées ſe ſaiſiſſent
facilement de graiſſe 8c d’ordure,ce que ne Font
. les naturelles. On pourraaufli de meſme faire
des pierres precieuſes de couleur iaune,qui reſñ
ſem leront les naturelles par le moyen du fer,
combien qu’il ſoit de~ſa nature noiraſtrczcarzſi ’
tu piles dans vn mortier de Fer Vn caillou ou du
ſable calcinez , tu feras de ceſte matiere vne
pierre,de laquelle la couleur retirera äl’or:maís
il eſt ,beaucoup plus Facile àdcſcouutir la frau
de de ceſte-cy , que des aurreszôc certes il eſt
fort neceſſaire de ſe prendre garde à. telles frau
des , à fin que ceux, qui ne ſont entendus à la
eognoiſſance des naturellesme S’abuſcnt au lu
ſtre des artificielles. Nous eſcriuons donc cec
comme l'ayant experimentézmais dell: alſeziu -
ques à preſent diſputé des metaux.

AA T_
~

576 SEcoND LIVRE


Del-z Plantmgentine, é' du Corail.
SEcTioN 7X1.

T H. (lue s'enſuit~il aptes la diſpute des me


taux P M Y Entre les plantes 8c metaux il y a vnc
choſe moyenne appellée des Grecs Agyvgéæóv
Jçoi-,car comme dit le Poëte:
Le: MHſts ont donne' à la Greccfacunde l
Dc 710mm” ronde-mem toutes clooſê: du Monde.
Mais nous pouuons dire de noſtre langue com*
me vn Poëte Latin dit de la ſienne:
Il ne nou: :ſi permtſir e” 1015i lieu Üfizíſon
D’-U er der mo” Francoisſans diſcrete rai/Fm.
Diſons toutes-ſois Plantargentine : car on
trouue aux Minieres vn arbre d'argent ,lequel
iette ſort au long 8c au Parge ſes rameaux , qui
ſont appellez par les ouuriers des minieresVe—
nes &argent par
croiſſement ,comme S'il s'embloit
ſesſſracines prendre
8c filaméts, ac
non par
_ aſſimilation , mais pluſtoſt par addition de la
La" Rif-ff; matiere. Et certes î* George Agricola a eſcript
mm. qu'on trouua vne vene d’argent , de laquelle
Phauteur eſtoit de ſoixante piedz,la lógueur du
tronc de vingt,& ſa largeur de neuſpoilces paſſr
continue connexion de ſes branches metall
queszde là on peut aſſez entendre que ceſt arbre
ne s'eſt point engendreflcomme penſe Ariſtote
parlant des metaux , par vne exhalation.
T H. Welqtfvn pourroit eſtimer celà in
croyable? M.Nó plusincroyableffl] ſi quelqu'vn
diſoinque les plantes de pierre deuiennent ar
bres, ôc qu'elles tirent leur aliment des racines
aux
äuit rameaux, corrſme 1e' xzeéäfwæçou
ctSBñÔÏIó'Nſſ“ XîI. ,~ou'Cora1~l,

'qui ajvneî nature moſiyenheentresles plantesôè


Ies pierres ,de meſrrieîla plante delëargénſit eſt
'fiiézyènneentrcſiílés arbreslôt les metäuxzcar il
'n'y apoint de metaffzqui_ rroíſſe en' acti*bre',²comë-‘
mectlargent-tmais il ya ceſte differenceentrë
lïkçyugäœevæpov
reſon aliment8:par
le 'ſes
ÀzBAÆED-Ÿpaz-,que le .Corail ſes
_racluſiés ôcproduict [i4

tarn eaux couuersdeſcorcezôc


les pierres de mouſſeilîctoſiiſt:
6c rochers, entſirſſe' leſquelles dehors'
mais l'arbre de l'ai-geneve iſiette rieriíliors de
terre, ni n’a aucune apparence notable de _raci-î
nesſi- Car c'eſt vne' choſe fabuleu-le, ce-qtieles
Poëtes
d’0ſir ont eſcfipr
;ſinonque des voulions
nous rameäuxôc des pormnes
entendre par les
pommes d'or, ce qtfonlditcommunement des
autrespommes , quand elles ſont bien meuresſi;
comme cecy: * ’ î —
ï" Dizſic bellespommts fai' taillia*: de ma ?rmi ŸíîSll° **uk
~" Âuiaſturdhuy ie luy mande (ÿ-zíix ahtrex demain. Bucol;
T H. Comment ſe peut-ilfairezqueles plan-l
res 8c les bois deuiennentpierreſiüäxMÿz Cela
auîenſit fort ſouuent , comme nous auons rnoſin
ſtrer atrſiparauant , 8c meſme deuiennenſit' telle
ment píerre,que leurs racines 8c rameaux, tou*
ſe leur figure , eſcorce , 8c moëlle , n’ont autre
choſe,qui ne ſoit pierre; 8c principalement là,
où il y a des ruiſſeaux , qui coulent alÎpres , tels
que ceux, auſquels nous en auons fſiaict l'expe
rienctkſicomme en la Fontaine d’Ailliac aupres
de'ſiuiſſClairmont en Auuergne
ſort 'du Mont-d'or , 8c enpaysîffſouſitbs#
au meſme la Fontaine,
?dis il fautſſtemarquer cecy , qtfilrffy apoint
1
"‘ ‘ 4p" AA 4
378 SECOND Livre,
d’arbres , qui ſe conuerriſſe en pierre tant qu'il
eſt envie , mais ſeulement le bois mort 8c ca.
I
duc :"8: meſme le Corail ne ſe change Point en
Pierre tant quïleſt viuangſinon apres qu’on
a taillé 8C deſpouille' de ſon cſcorcc : car par lc
moyeir de Peſcorchcr de ſon eſcorce il deuient
dur 6c rouge. t . -
TH. Combien de ſorte y a-il de Coraux?
ñ-p'.
M Y. trois :le rouge,lc blanc , 8c le noir; qui ne
ſont pas ſeulement differents en couleurs, mais
zuſiî en pro rietez. La premiere ſorte eſt plus
exquiſe quefes autres tant en beauté qu'en fa
culte',& de laquelle le Peuple dïndie fait gräqd
cas , non
ragie ſeulement
ou flux_ pour
dc ſan g,&: arreſter
Pour vne les
rſieprimer Herriot*
blux-z
ches fleurs des femmes ,mais auſſi Pour plu,,
ſieurs autres Facultez ,leſquelles ſont du tout
diuines , ainſi qu'ils penſent. De là vient que le,
Corail eſt beaucoup plus precieux aux Indes,
que leurs Perles,Diamants , 8c Saphiræôc prin~
cipallemenr en ce temps , auſquel les rochers
< d'Afrique _ont eſté eſpuiſez de leurs. riche-IES,
coralines. La mouſſe du Corail , laquelle ..x1033
appt-allons Coraline ,eſt le plus exquis remede
de tous les autres Pour tuer les vers,ſion la i
le auec du vinaigre , pourucu qu’clle ne ſe oit_
entierement fleſtrie de vieilleſſe.
TH. Seroir -il auſfi veritable , ce que Pline a
eſcripr, que les coraux portent vn fruict', qui,
eſt ſemblable aux ceriſes 8c: aux cormes P M Y.
Uarrifice des Ouuriersa. deçeu Pline aurremët
diligent inquiſiteur de nature: car eux ayanzÿs
accouſtunie' de tournoyer 8c “polir des petit; i
" fragments
SECTION XI. 579
~ fragments de corail en Façon de boutô,ou pier
re precieuſe , ont donne occaſion à pluſieurs
de penſer,que ce Fuſt ſon Fruict. v
T H. Certes nous voyons bien les rameaux
8c ctites
gegns branches
, qu'ils desleurs
ont tiré Coraux ,‘ 8c, ar làiu
alimentspdes raci
nes:veu meſme auſſi qu’il y a pluſieurs autres
cboſes,qui deuiennent de molles , quelles e*
ſtoyent au-parauant , dures comme pierre,tel~
les que Pargilledaquelle eſtant tirée des cauer
nes dela terre 8c expoſée au Soleil acquiert vnc
durté preſque inuincible : mais il ſeroit trop
difficile de vouloir aſſeurerle meſme de l'arbre
d'argent.MY. Siles rameaux de lïïiçyupó-Pzvæçog
' eſtoyent ſi petits que du ÀIÛßIVTg-ov; on '
les porteroir publiquement pour
monſtre , 8c vn arbre d’ar
genr,comme vn arbre
de pierre.
x x

_.,_. ,_

Fin tin/Zoom! livre. ., . —


_
S80
n” .-' . .il, i5. i'

SONNET S VRîŸL~ A
MATIERE DV TROISIESME
liure traduict du Theatre de lean Bo'
din lutiſconſulre par-MI. 7
de Fougerolles D. ' l
Medecin.
1c *k —
q >1
C’efl trop pe” deſÿauoir, o” de- contempler lëflrä
DE: element: groſfiemdes pierre: , ou metaux,
Si ie meffiriſë icy parle-rdc: animaux - —
Leſèucls nature afaifl enpluſicursſhrtes nmſtre:
Puis qu'on nePourrait veair en terre m' cognoiſtre
Rien deplnxgratieux que lexnxicgnard! oyfi-aux,
On quelc tnpiz-Uerdrde: champs ó- clnirsruiſſuaux,
Dans leſèuel: ?Ete-ruelles pozffiznr-àfógict crazjlre.
?c voi: le: nnimhäcgqnirémpnns par le: champ:
Par la Pleine Ô* les monn- 7107H leur proye card-mnt:
En tom ce &on Ouvrier monſtre ſhgrand' _ſageſſe
Campaffant à chózcnnſùr flan patron cer/ain
Le corp: -orgdnizédeſh dizaine mai”,
Peur _y loger aprcz leur: éſjzritr, à large/ſe.

LES
381

LES PRINCIPAVX
POINTS' DES CHOSES, WI
ſont traictées au troiſieſme liure du _
Theatre de la nature.

Auquel le Theoricien diſpute auec Myſta


gogue des plantes 8c des animaux.

Dc:planter qui nniffzznt d'elles mcfnegc-ÿ- de celle: leſ-Ï


qnclle: il faut cnltiucr ,Ô quelle dfflerencccllcr
ant le.; vnc: auec_ lescznlresſeólion. I.
Dc: arbres Conzſifcrc: , é* cle: Plantes ,leſquelles auec
le fmictfleuriſſent , qui apportent ou nhpportcnt
rien , qui nous donnent ln laine ou le como”, qui
ſont ſàlubrcx aux animaux ou mortelles. II.
DM GH] , de: champignons, é* boule-Z. ' III.
fDcsplazTte: dent) animaux appellé” Zaaphym s C5'
de: coquille: , dan: lcſizncllex .Bengendrent lc: Cn
nnrds. IIII.
De la generation de: animaux] qui n'ont point de
ſhngfflles animaux rnmpnnx , ó- zle: inſèctcx dela
terre. . p p V_
Des ſârtcs de: Serpes, Ô* combien chacune comprend '
d'a-ſp SCSI. VI.
Dercrouſtclcmaſic
inſu-Ie: aquatiques , des coquille: , de: pofflonæ
cailloux, e/fzineux, vniaquï fixm dc:
œuf: premiere-me? ou lenrspctits en vic, desſzozffiznr
manu: ou de Finir-rc, de ceux qui pdrzicdíperzz de:
demo natures nppelle{flvnpljzbzes. - VII.
Des Rats qui -Uiucnt nuroHr dos eaux ou en l'eau , ó
qm' ſé tiennent aux maiſon: ou aux champs. VIII.
~ Dc:
z 8 2.
De: TaupegMufló-llegl-'urets eÿ* Chats. IX.
De: Leſter r) quatrepied:ſizuuages câ- damefliques. X.
De: aiſé-Mx de chant é' de iargon , de: oifi-auxpou
dreux ó- ſanuag”, des oiſeaux deproye ó- aqua
tiques. ‘ XI.
Des animaux cbaſtrez: Xl I;
De l'amour de: animaux , comment il; cancoíuent é*
enfintenï. XII I.
De la brieuete' ó- duríe tant dela 'vie des hommes, que
Dede: autres ,animaux.
lïnimitié XIle;I 'Um
laquelle les animaux ſc'- portent II. ct

aux autres'. XV.


De la_fabrique du corps' humain-Ô* de lëvſàge &ſub
ſtance de chacune defi-S parties. X VI.

LE
TROlSIESME LIVRE
DV THEATRE DE
LA NATVRE.
33T
v @duquel il eſt trdicte' d” naturel de: Plante: é*
Animaux. E;on
d’elle: meſme: premierement de:dePlant”,
par cultured" qui flmfflflï
leur-diſtinctio”. ſi

SECTION I.

LE ËïTHEORXcXEN.

î V 1 S qu’il n’y a qu’vne ſeule cqlliñ_


î* gatiô des parties de tout ce m'on?
de auec ſon corps , pourquoy n’y
a-il auſſi vne ſeule ſcience d’ice+
luy 85 vue meſine diſpute!
ï
LE MYSTAGOGVE.

C'eſt \autre choſe de vouloir enſeigner la


connexion 8C diſpoſition desſparties l‘vne auec
,lautre 8c de chacune enuers ontout 5 8c autre
choſe de vouloir contemplerſeparemët la for- _
ce 8c vertu de chacune dïcelleszceſte admirable
liaiſon du monde altec. ſes parties a eſte' ncgligéç
à ttai
584 TnorsrEsMn LIVRE
à traicter pa( vne bonnepartie de ceux , qui
ont eſcript deſi la nature , 8c auſſr laiſſée enñ ar
ricre par vne autre bonne partie des Philoſo
phes , qui n'en ont voulu expreſſement eſcrire:
toutesſoisil n'y8ca qui
ctceſtſicſſſciënce; rien,ſoctitctde
qui ſoit plus
plus à deſirer en
grandëimpor
tance aux ſtudieux des choſes i1aturelles,que
cecy : ce que nous auons aucunement 'exprimé
au liure precedent , là où nous auons diſpoſe'
l'ordre des elements 8c des corps elementaires,
deſquels la nature eſt inaniméeunonſtrant au ſsi
auec quelle autre partie vne partie auoit con—
uenance, 8c quelles ,choſes leur appartenoyent:
Apres nous auons auſsi monſtre, en quoy con
uenoyent les pierres 8c les metaux enſemble,
8c par quel moyen ,ils ſont connexes les vns
auec les autres 5 que les metaux ſont allies des
plantes par vn arbre d'argent , 8c que les plan~
tes ſont tnariées aux pierres par le_ moyen ,dfvn
arbre de Coraihcomme par la Forcſie cie-quelque
glu,qui les tine collez enſemble. .Maintenant il
nous ſaur diſputer des plantes 8c animaux , non
pas ſelon la tnethode de Medecinamais plrtſtoſt
des Philoſophes, comme nous en auons des-ia
faictT ailleurs
H E-o n.Faduerriíſemenr.
@appelles tu -ctP-lantc? M Y.- Vn

ſcorps Vegetable.
T H.Q3_e‘lle difference ontq les
_ plantes d’aucc
les pierres' 8c l'es metrruxñêîM. Ceſtc-cy princi
palement , àſçauoit que les pierresvôc metaux
croiſſent
ctdes ſansauec_
parties vie, les
8c saugthenteut par addition
parties z-'ſſmaisles plantes
Toubſtiennent leur vie, à cauſe-tuent leur eſpe
’ v ce
ï
”SÃE_C’T’I on ~i.-'~ 'ï " 58;
ec en attirant Paliment par leurs racinesdcquel
puis apreselles élaborent par concqction 8c aſ
'ſimilarionde . ſi; ſubſtance en la leur , reiectans
leſuperfiu tant par leurs Feuilles que parleurs
Fruicts, - — ~ p ' ~— ' —
-KDT Haz-î.- Combien de» ſortes y' a-il de Plantes?
Mm Deux; l'arbre ſi8c ſhot-ben - -' -
.-.- 'ñT H E. Pourquoy n’y adiouſtes cu les arbriſi
ſeaux? M Y. Pource qn‘ils ſont comprisſoubsle
nom .- d’arbre , à la grandeur duquel ilspar icn.
nent—,ſi
Faire vſſnon les eſpece
autre cultiue,des
autremêt il Faudrait! uſſi
grades herbesdeſquel
les ſont appe-liées des Grecs @gaſy-azra ſ ‘ î.
- T H. Quelle difference mets-tu entre les ar-Î. l
bres 8e les herbes? M. IJes arbres croiſſent auec
leurtroiic en Ïexcefliueïlon ñueur,8oles herbes
demeurent baſſeszles arbri eaux icrtenrdes ra
meaux dés leurs' plus baſſes racines, ceque ne
Font les arbresdes grandes herbes-ont quelque
mediocrité entre-le naturel des arbres 8e des
herbes ,comme la-Ruë , le Violier, le Lierre &z
lfflAuronnïe. ~ - .ñ- - _ a .- ' ~
.- T -ſoiit-:lésparties desplantesêMles
Bacinûs, les tronosÿles-nameaſiuig-les Feuilles,_les
chartonsou la bourrezïlesëllettrs ,les ſemences:
. lès Fruictsr, les eſcoeces ,ſi lîaubour ou-la-ſeue , la
ct ihoëlede ſiic,le~"s gouſſes. v* ' - @d ' , , I N
ñ> T-H.Toutves
plantes? ccsïchoſes
M-YHOnrles ſetrouuent-elles
trouue aux
preſque toutes ſi'.Ïï- Tñ
A
. l 1
aux_ arbres parſects", niaisnon -pasainſi aux.
autres.
—- -ÏF FINI-FZ Cha‘ pignoſſnsgsc-Bolwlezzqili
-. ~ '2 . croiſe.. l

ſent centrales arbres ,la niouiſeñ, les-reſines >78;


,'- toutes
386 TROISIESME LlVRE
toutes ſortes de gommes ne ſont—elles pas auſſi
parties des plantes? M. Tout ainſi qu’on ſepare
d’auec les parties des animaux leurs excrem Ets,
de meſme doit-on diſtinguer les excrements
des plantes d’auec leurs parties , combien-que
routesſois il ly aiſt ſouuent plus d’vtilite’ aux ex
crements des plantes qu'en leurs parties , com?
me on peut voit aux larmes de la Myrrhe , du
Bauſine,.de l’Encens, du Lentiſque, 6c en la re;
ſmc du Geneurier , 8c aux Boulez du Larix,
leſquels nous appellons Agaric , 8c les an
fort enMedicament
ciens vſitge pour familier , pource qu’il
ſon meſprisctentre les eſtoit
ſerui
teurs d’vne famille.
TH. En combien de ſortes 8c manieres ſe
produiſent les plantes? M. En pluſieurs; car la
plus grand* partie #engendre d’elle meſme par
ceſte vertu,qui a eſte' donnée de la Diuine bon
te' aux terres,8c corps terreſtres , comme on
pourroit dire aux rochers; le reſte naiſt par le
moyen des.ſemcnces,& racines,8c pat la propa
gation ou en entant les greffes ſur le tronc, on'
en fichant ſoubs l’eſcorcc lesbourgeons, ou
en planraut les r.eiettons , ou finallement par
la force de quelques larmes. . 2
T H. Rourqnoy y adiouſtes-ru les larmesëM.
a Theophtaſte
Pource que les larmes du Lis 8c de la grand'
au 2.1. des
de Phi
Ache eſtants' -deucnues ſeiches au Soleilîen gen
\loire Plä~ drent le Lis 8c la grand’ Ache: ſice qu’on n’a pas
ICS Cal
encofiobſerue aux autres plantes. .
TH. Poutquoy cſt-ce que la terre apport-s:
abondamment-toutes ſortes dffierbes pourctl’ali
mentdesbeſtes bruſtes 8c tnefine ſans eſtre cul?
U a ti/uee;
~*~ '
Sñ-D cñ‘r”1’ bgNî ’ 1.'
.L . 397 ſi
,Ïtîuée ; 8c au conſifralre, ellerëfuíſicæ de pqrter les
- l autres pour Pvſväçſſge ;des hommes' , ſiuonîq~u’clle
ſoit diligetmrierïrs-îſictxltiuée ë MY. Certaînem-eht
tu 111*215 propoſé vnc nouuellc' queſtion , 8c qui
n'a iamais enc0r’ eſté miſe' én auant par perſon
ne de ceux, qïui ont eſctipt des Plantes; Annxa
goras 8b" Thepphraſte penſent quevles ſe1nen~ a Au linre cy
euât a] iegue',
ces des plantes tombent du ciel 8: de l'air par 6c au premier
my la pluyezmais Pourquoy tomberoyenr pluſ :iure cha.s.L)z
vnuflsPlantar-Û.
toſt du ciel les Trcffles 8c Grames, 8c pluſieurs
autres herbes comme les Aconírs 8c vemctns,que
les bonnes plantes fertiles 8c neceſſàíres à la vie
de Fhommezcomme le Bled? Premierement ce
grand '85 ſage Ouurier de toutes 'choſes com
manda à la terre qu’elle pottaſt les plantes 8C
animaux,qu1 vont deſſuszmais ayít crée l'hom
me particulierement 8c l'ayant diſtraict du meſ
lange des autres creaturesjl vid qu’il ſe laiſſoic
porter de la 'contemplation des choſes intelli
gibles, ä laquelle il eſtoir cree', là Où ſon appe
tit deſordonné le pouſſoitgil vouluſi: pour le re
tenir en deuoir Fexercerà l'agriculture 8c nour
riſſage du beſtailgcc
ſa fſiœcondité qu’ilàfiſt
de porter en eſtant
Force Fruictsà la terre
pour la
nourriture des hommes , à ſin que parce ſo ucy
il' reprimaſt leur inſolence 8c deſhordement, 8c
les oblígeaſt àrecercher religieuſemexït leur vie
ſur ie dos de la terre,& de recognoiſtre ci leurs
labeurs eſtoyent vnins 8c inutilegſinotu en tant
qu’il les beniroit de ſa grace; &auffl à ſin que
les champs ne ſc rempliſſenuſi on ne les culti
Q
uoir,, de beſizes farouche-S ,leſquelles
, .
eÿy-fnſſenr
.
looeès comme dans vnc Ûarene 11eme de bam
° ° BB
/~ l "ſi- ~ ‘ "=.-~ſi.
, .. :
58.3_ TRO!S_ÏESME LIVRE” W
cades des bois ôç l’ambrulſiches,qui euſſent fiiſy
toute
doute,ſon
ſi laeſtendue
terre_ cuſt_: ce
eſte', touſiours
qui fuſt aduenu ſans ~ſi 3J*
d'elle meſ-
me chargée
fins_ aucune d’arbtes,vignes,bleds
agPiculturſie. 8g legumages
ſi~
T H. La terre ifapporte-elle pas auſiiſſ aſſez
&aliments pour Pvſage de l'homme ſans qu'on
la cultiue 2 M Y. Ouy, àvn,qui eſt ſobre 8c honq
nçſtezcar on Ïentretenoit bien en_ vie deuant le
deluge auec des glands, des pommes, des noix,
&du laict ſans manger la chair des animauxxar
onnëauoit pas encofeu auæfparauant le delugc
conge' de la tnanger. Et ne aut icy penſer que
~ la terre produite aucune choſe temerairement:
car ſi les pläres croiſſent Zçviuent par le moyen
du naturel de la terre,on ne doit pas douter que
ceſte meſine terre ne ſoit cultiuée par le moyen_
de quelqſſautte nature, laquelle nous n'appar
çeuons pas,& qui_ fait queapres
les champs enſemen
cez enf-ſiantcnt, comme vne Froiſſç , plu
ſieurs choſes d’eux-1neſmes,leſque les ils nourñ.
tiſſent _ôc augmentent eſtants rendus ſeuils par
les natures ~ſuperieures 8c celeſtes: iaçoit 'que
coute-s les_ eſpeces des plantes ne ſoyent produi..
ctes en toutes, parts, ~ ~ ‘
'ſinPourquoy eſt-ce queles plantes ne peuñ_
uent naiſtre en certaines
qu’on yterres par quelque tra
uail,ou induſtrie apporte,&_ toutesfſioís
en_ d’auttes parts elle viennent_ ſans peine larñ.
cmcnt? Ça: Pluſieurs Çcriſicrs 6c Pommiers
Ëauuages croiſſent_ ſas culture en_ certains lieux,
ÔË ICS. Capriers 8c Violiets iaunes naiſſent d'eux_
mcſincs çótré les
ct murailles
' ôc-rochers, leſquels.
toutes
SEHCTÏON I. 589
toutesſoisſii on les veut cultiuenmeurentfflou ç
à grand' peine profitent-ils Z' M Y. Celà n'a pas
eſté fait ſans Fadmirable prudence de ce grand
Ouurier, comme luſieurs autres choſes , auſ
quelles reluit ſa ſageſſe ,ôc principalement en
ce , qu'il a relegue' des pais &çdes prouinÂes
beaucoup de choſes dont on ſe pouuoit pal. r;
de là vſent que les vignes 8c etpices croiſſent
aux regions chaudes,.à ſin que les habitans, qui
ſont d’vne nature plus Froide, fuſſent ſomentez
liearvin
leur
8c chaleur:
les eſpices
8c au
auxcontraire
Scytlies nature
8c Allemans,
a oſté

qui ont plus grand abondance de chaleur na


turelle que les Mcridionauxz ainſi eſt-il de tou
tes autres choſes,qui naiſſent ſelon l’opportu—
nité du lieu. _
T H. Poutquoy eſt~ce que la Berle, le Creſ
ſon,le Cutra e,la Grenouifiettede. Naſturce, la _r
Pulicaïre ² e 5s d’vne Faculté treſ-chaude naiſ- Î-.muîiſïzſiſzrÎzſi:.
ſent neantmoins en lieux Froids 5 la Canne, qui f srzinsä *ſt
eſt \ref-ſeiche en lieu fort humide. MY. A fin ct" ſi" "
que nature donnaſt à chacune (ficelles vn lieu
conueuable à l'ordre qu’elle a ſiiiuy en la di
ſpoſition de toutes les parties de ce monde, ce,
qui ne ſe pouuoit faire autremengſi les-choſes y
contraires ifeuſſent eſte' colloquées en lieux ñ
ñ contt ires, cônie les choſes chaudes aux lieux
froidÿ, 8c les Froides aux lieux chauds : ainſi
voyo &nous lciaune d’vn œuflqui eſt chaud,
au milieu du blanc,qiii e-ſt froid, 8c le ſue d'vnc
orange,qui eſt Froid, au milieu de ſon eſcorce,
ui eſt chaudezfinallement la terre,qui eſt treſ
Zicfiedansſenclos des eaux,qui ſont Fort lui
' B B z.
590 TROlSXESME LIVRE
inides: 8c l'air , qui eſt \reſ-Froid , au milieu de
ſenceinct du ſeu, qui eſt \reſ chaud.
T H. Pourquoy eſt—ce,queles plantes ſauua~
ges ſourde plus lógue durée que les cultiuées,
comme l"Oliuiet lauuage plus que Ie priué; 8c
le Pin plus que le Pignol; &les Ctenadiergqui
portent les Grenades aigrcs, plus que ceux, qui -
portent les douces 5 à' les Aniandiers, qui por
tent le_s Amandes ameres , plus que ceux , qui
portent les douceszäe
cteu lieux arides , plus quelesceux
aurtesgqui naiſſent
, qui 'naiſſent en
lieux humides P M Y. Parce que les arbres cultiñ.
uez em loyent toute leur vertu en Fabondan
ce des ruicts, &c les autres , qui ſont laiſſez en
friche , à nourrir leurs branches 8c rameaux;
Œauantage ,la trop grand' abondance d'humi
dité Fait , que les arbres ſont mols 8c caducs;
finallement Fartiſice effœmine 8c viole aucune?
_ment le naturel des plantes. .
T H E. Pourquoy eſt-Ce que les plantes , qui
croiſſent dans 3 peu
a Au Lliwdes par) dïinnéeſis M Ydes.tempssenuieillifſent dis²
Ainſi certes 1k eſcript
îäïſcêdïskl* Theophraſte , tOutesFois on' le ttoiſue le plus
"' ſoutient
Saulectsufleloiug de eſpeces
verité: de
carPeuplierdes
combien que les
les deux Pom
miers,Ceriſiers,8cſſ Pruniers croiſſent ſoiſiidaine
ment apr-es qu'ils ſont culriuez , 8: declinent
promptemët de leur eſtat en d-ecadence; rieantñ
inoins l'Oliuier, le Til , «ZX l’Orme ne laifiſient
pour celà d’eſtre de lonäctiſiæeffläurée, com ien
qu’il n'y aiſt point d'argile , qui croiſſe auec
moins de difficulté que lfivn de ceux-ty. >
- T Hi Pourquoy eſt-cequc les arbres, qi? ne
~ OIÂË
~"Î~TP~”—~:|-—“_IW~ ~ l_
.k.J cv r .
, .
-1 J
o
l .r t
-SEeÎrroN-ñÎ. *
39W
ſonepas cultiuez
les cultiuez 2 MY s..boiirgœnnent
Parceſiquïls nepluſtoſt'
_ſont pasque
re'
tardezſpourauoit eu leutsraciuescouppées ou
arrachfléeszuiraſroidis .pour auoit. eſté -deſchauſ-ó
ſez.ſi_.~~ > v _~ ſ J. _U:._
_ Pïourquſiioyuvoid-æon.que les- plan-tes ſe
changent ñdïvneäbonne :condition en' vne 1nan—
uaiſiſegôcîcóſvne pire en vnemeſiilleure P M Y-—._ Celà
aduientfpreſ-quï'ordinairement de… la. temperaëd,
ture oujntemperatu-re: de lîannée: car ſi la ſai-E'
ſoncëíîtitcrile_ le Froumentídegenete eIrSe-iglc
ou en Yurayezſi elle eſt ftnconde lYuraye s'en
retourne 'ou en Seig-lemu en,_.bbſi1'1‘FtOn1enr;le
Grehadierx aigre sëadduci-t z, ‘ <l’Oliui‘ec ſauvage
quelquesfois s'affranchir., le Baſilic ſe change
en .Setpolerz 8c lè Peuplieg: &Figuierblanóè en
Peuplier 8c Figuier-noirsiou au contraire, ilsuſií
.fihangenrde lvnà lîautte
enxMen cm8: laMente , comme -Raiforr
en Creſſonda le Ctÿcffidfi
.en ſ
Chou,&: le Chou en RaifornpTellemc-…nt quéæ? a Au 9.l.c.i!-.
Theopîhſravſtcz Sëeſlzabuſé- ence qu’il. PCnſOÎLqLIC
ceïchmiigemeiar ne MClTOiE dhilleurszqtïee de la ſ ſ ' ſ ſ
‘ des cauſes de!
corruption ou ſiiperfluite' des burner-i rs : car z ſi Plëfflffl*
ainſieſtoit ,les-plantes
d’v.ne -ſimau-uiaiſe _zne-'ſeen
ñsçondirioil. changeroyent pas
vne meilleure,
comm-entiers :vO-yons. qt1e~l’Yur.-tye
'FortïſouiientiezTFroment, &ſi .la Seigle(echange
en Ton-E
ſellezqtïi cſtauîxæilleure q …'~":T‘le= Froment-i - .s î)
T H. Potnſquoy eſtſicc que la ſemence :l'vne
année "eſt-;rqſñboxineg de d'eux dans n/*eſt ſi bond
ne,dctrois axisifeſt pasiboimgdu reſte du _têps
nec-vaut du' 'tout rien : .az-rebours des animaux,
leſquels tant PlLTSTIlS 'ſont apgezpiant plusdîœ.
a. z ~ B B_
;92 TR-OISlESME LrvR-g,
conde eſt leur ſemenceïMxnPource que les :ni-Ê
!HŒUX ont vn certain temps limité, paſſé lequel
leur ſemence eſt touſiours Propre à la genera
tionunais
fix pour lalesparfſiection
plantes n'ont point de tempsſinon
pre
de leur ſemence,
lors qu'elle eſt bien meure 8c tellement remplie
de ſuc,qu’elle ne deſire rien clauantageztoutes
fois il Faut ueceſſairement que par ſucceſſion
de temps elle le flaiſtriſſe 8c deſeichezOn trou
ue neanhmoins quelque Plantes , deſquelles
tant plus vieille eſt leur ſemencegant plus heu*
ceuſe auſſi eſt leur naiſſance , à ſçauolr ,le C0
riandreJes Eſpinarsgôc le Naſturcezparce que la.
moëlle dela ſemence eſt contregacdée par vn'
infinité de petites couvertures.
l TH. Pourquoy juge-on ceſte ſemence mcil~
lente de toutes,qui eſt la plus peſante ?Mv s T.
Parce que par la peſanteur on iugeqdelle eſt
pleine-ide ſuc ,au contraire par la legeré qu’ellc
efi vuide ôcflaiſtrie. — - ’ .~ '
TH.Parquoy'ſont les ſemences tant pluslfer
tiles,qu’elles ſont plus petites? M Y. 1 Theopha
ï A" 11-647» ſte penſe ï que celà ne vient dhilleursſiſinóquc
des eau ſes plà ſiles petites' choſes ſontvpluſtoſt parfltictesùäc ac
\CSO
complies que les grandesfic que pour ceſte cau
ſe le Millet,lePan1c:,.& le Pauot ſont ttes-fer
\ils , mais ſi_ ſa raiſon eſtoit de miſe ,il faudrait
. queles hômes &fengczddraiïſient pluſtoſt queles
cheuauxwen que qu ils ſont plus petits.: diſons
donc , que la raiſon eſt beaucoup plus vray
ſern-blable de, ceux qui enſeignent', que tant
plus la force 6c verm d’vne choſe eſt :ſtrai
ctement enclqſeffluque- par tant plus grand' vio
5. '. l ~ lence

'U
- .ÏEÛCTXOJI I. 39;'
lence ſort-elle en effect; -" _
'I HV. Pourquoy eſtëce que les_ arbres , qui
'prouiênent de ſemence', degenerent 'du naturel
e de leurs parents P8: qu'au contraire ceux , qui
ſont produicts de leurs ſiirgeons 8c greffes re;
'tiênent lañmeſmc bonté deïlcur naturelaM Y s.
Certainementni le Figuier, le Poirierzhi la'.
Vi gne,ni lëOliuier ne sengendrcnt pas de leurs
ſemences,ce que Font bien le Figuier ſauuagmle
Poirier ſauuage,l’Oliuier'ñſatruage —, 8e la Vigne
ſauuage , laquelle autrement -nousappellons
Lambruche : On ne peut apporier autre raiſon
de cecy ſinon que le tronc, &les ſurgeons ontſi
plus de Force que la ſemence,- comme eſtans
moins …efloignez de la Forme de l'arbre: car il
n’y a pas tant de diſtance , ou ſi grand changea
ment
la d’vn tronc ouv ſurgeon
ſemence; ſi , ' àvn arbre
_ que
_ de'

T H.Pourquoy eſt-ce que toutes les plantes,


ou peu s'en Faut , 8C ſur tout la Vigne le Fi
guier verdoyent touſiours entre les limitespdes
deux Tropiques? M Y s T. Parce que la froideur'
_ne les 'empeſchîc pas de tirer continuellement
l'aliment' de la terre pour reparer la cheutte des*
Feuilles caduqucszde' là onpeut entendre que la
definition
arbres, qui,laquelle ²‘ Theophraſte
ont touſiotctirs a baillé
leurs Feuilles au!
'verdesz
eſt deceuable &E maLFondée.
p T Huez-“Pourquoy-*eſt-ce que de çàôc delà les
deux Tropiques il y a certaines' eſpeces d’ar-=
bres,- qui ſont touſiours verdoyants , &c tout le
teſte ſemble/eſtre
ſontlvouſiours mort en hyuer?
verdoyante M Y.laCeux-là
,deſquels Chaltffll
B B~ 4.
594 TROXSJESME LlVRE
naturelle eſt plus abondante, par. laquelle ils
ſont ſomentez Thyuer, auſſi ceux-là , qui ſont
plus vnctueux , ou qui ont plus d’humcur radi
calnparlaquelle les Feuilles tiennent pluscom
ſet
memectnt 8c croiſſent plus abondamment,
IDÏJC Lau‘riier,l~’lſ,le. Geneurier,l’()liue, la Sabi
ne zÏArbre de viezle Lentiique , le Terbenrhin,
le Rhododendron g le Smilax , l'Arboulſe , le
Líerre,la Cannedà Rue,les Choux, l’Autonne,
le:Serpolet,l’Origan,la petite 8c graud’ Ache,le
Laurier Mexandrin ,le Roſinarin, la Sauge, le
Thym,le Buys,le Colaſtre, le Phylliſtre , l'Oux,
lëOrangenles deux ſortes de CÎEIUDÎCIUÔC tous
les arbres Coniſereæqui .portent leur ſruict en
formede pomme de pimêc qui ſont de leur na
ture' vnctueux. - a ‘

De:plantegquipartent [cuifiuict enforme de pomme


de Pinzdc collcgqui partent touſiouffldex _ferti
les é* jïcrile-.wd-æcelleigqniportent la
‘ lzzznezzleMarzclle-s.
ſS-EcrioNſi Il.

THEOR. (Lu ſont! les arbres Coniſeres?


M Y &Les trois ſortes de Pins , les trois eſpeces
de Cedres,l’arbre de la Poix,le .La-Fix ,le Sapin,
le Cyprésda Torche , le Tetbenthiuzor tous les_
arbres' Coniſeres rcllÏuent la recine : 8c toutes
tois ceux _ , qui reíſuent la renne,
.
ne portent pas
\
_
leurs Fruict en Forme de pomme de Piuzcar le
LentiſiquQFarbre de vie,l’arbre, qui porte FEn-t
ccns,le Geneurier 8c la Sabine reſſuent bien la
refinmôçne portët pas-neant-moins leurſruict
- ' en ſor
SEcT-ÎON II. 393
en Forme de porrime de Pin.Or à ſin qu'on tire à
plus grand' abo-ndaiace la reſine de l'arbre de la.
Poix,les ouuriers ont de cortſtume de diſpoſer
S6 bois coupé en petites pieces en Forme de py
ramide ô: de le couurir de terre 8C de mottes(_ne
plus ne moins que lesëcharbonniers) deuät qu'y
mettre le ſeu, qui s’y’doit prendre ſans flame:
caràlors la reſine deſcoule du bois arla force
du ſeu ſur des tuilles diſpoſées pour griſe couler
ceſte matiere dans des vaiſſeaux , qui ſont pre*
parez à la recepuoir 8C l’appelle-on\poix du p
nom deſarbre , qui eſt nommé des Latins
Pica-a. ct

T H. Pourquoy eſt-ce que les arbres Coniſe


res ne peuuent drugeonner ſans racines? M v.
Parce que eſtans couppez ils vuident par la tail
le d'en bas leurs reſinesqui euipeſchc-nt le paſ
ſage de leur alimentzcar les pores eſtans eſtouñ
pez parla reſine ne peuuent attirer le ſuc de la.
terre ,ne plus ne moins queperſonne ne peut
tout-enſemble 8: à la ſois tirer 8c rendre ſon
halene. . ‘ -~
T H.Pourq.uoy eſt ce que les plantes,qui ont
leurs cymes couppées , drugeonneur plus alai
pgremenr que les autres. hors-mis celles ,qui
'portêt la reſiuedeſquelles ſe deſeichét, ſion les'
fíîtlllC? Mr. Parce que les plantes, auſquelles
ou a retaillé les rameaux , ſont redonder l'ali
.1,4_—r.
ment , qui ſe diffipoit par les branches ſuper»
flues au reſte de leurs parties ;au contraire celë
les ,qui portent la-reline, ſont ſuffoqueſſes par
telle abondance d'aliment , qu'elles ne la
peuuent digerer : ce , qui ſe peut clairement
~ BB 5
396 TROISXESME L' x v R 'E
vcoir aux Sapins,Cedres 8c Larix, qui ſurmon
i tent tous les autres arbres de leur Cyme, telle
…fflne ,ſuffit ment qu’on en a rrotlué quelques ſois qui a
âiníî_ parl-rä-ruoyent d'humeur centôcquarante pieds ² : de
,ÎPLÊL ſi* ° là on peut fitcilement entendre que la raiſon de
b Au s liu-dgs Theophtaſte 5 ne peut eſtre appreuuée , quand
::s‘::ct_:Î'“Pl‘~ il pcnſe,que ces arbres, auſquels on a retranché
la cymeme meurêt d’autre choſe que de ſeiche
ceſſe, veu qu’ils ſe .nourriſſent largement parle
bas,8c principalement en ce que le tronciettc
ſans ceſſe grand” abôdâcede reſmesïleſi bleſſe'.
TH. Pourquoy eſt-ce que les arbres Coni—
ſcrersyitem l’Oliuier,l'IF, le Geneurier ,le Buysz l
l'arbre du Treffle &c FEbene ne ſe corrompcnt
iamais par moiſilſeureuii par vermoliffſieurc? M.
ſi Seroit ce pourautant que leur graiſſe ſuffqque
la verrnine ?ou que leur humidité Screſine rc
ſerre la concauite' du bois comme du glu on du
bitume,ä fin que l’air ne puiſſe penetrer iuſques
au milieu par les pores 8c crmduicts poury ap
porter corruption? Car les anciens ont voulu,
qu’on lambrillhſt de ces bois les temples,& que
les ſtatues des Dieu en fuſſent ſiaictes : ce qui ſe
peut veoir par les trabs de _ Cedre du temple
d’Vtique, qui onreſté trouuez exempts de tou
te vermoliilſſcure mille 8c deux cent ans apres' ”

qu’ils y furent mis. L’Yeuſe,la Palme, l'arbre du


Trefilc s’approchent ſort en durée à çeuX-cy,
leſquels ,outre quëils ſont de longue vic eflanrs
plantez,demeiirctit auſſi 16g temps apres auoir
eſté couppez ſans corruption. Le ſeul Oliuicr
entre tous les autres arbres demeure exempt
de vermolilſeute à iamais, ſi on Fappbque à l,’v
ſage
SEeTioN II.. 397
ſage de la marinezvoilà pourquoy Salomomqui
aeſté tresdiligenr inquiſiteur des ſecrets de
naturewouluſt qu’on fabriquaſt les Lambris du
temple auec l’Oliuier.
T H. Pourquoy les arbres vnctueux meurept
ils, quand il fait grand froid , 8c les autres , qui
ſont d’vne nature plus aride, ne reçoiuent au
cun dommage? M Y s. Parce qu’il n’y a rien aux
arbres arides,qui ſe puiſſe geler; mais le ſuc,qui
abonde aux vnékueux , s’attrappe facillement
ar les .fortes froidures -, leſquelles enuoyent
ſeul' engordiſſement iuſques à leurs plus peti
tes. racineæparquoy, il eſt aduenuautresfois en'
toute la France , 8c principallemenr l'année
M. D. 1.x i x51. queles Noyers,Lauticrs-,Oulx,
Oliuiers, Granger: , 8c toutes les ſortes de Ci
'troniers ſe gelarent par vne fort violente froi
dure , hors-unis ceux ñ, qui auoyent eſte' taillez
iuſques à la racine ,— qui eſchapparent le danger;
car Pannée ſuyuante ils repouſſarent dehors
terre leurs tſurgeous, 8c tous les autres, qui n’a
-uoyenr eſté tailleznnoururent. _\
T H. Pourquoy eſt-ec que toutes les plantes
deuexians vieilles portent leurs fruicts de meil
leur gouſt 8c pluſtoſt tueurs? M Y. Parce que les
nouuelles plantes convertiſſeur leur alimentà
s'agrandit; &r d'ailleurs, parce que elles attirent
ſans ceſſe pour leur nourriture vne humeur
cruë _BC indige ſte,qui empeſchgque le _fruict ne
I
vient ſi coſt a ſa maturite: mais les vieilles plan- .
res ayans desñia aat-teinct leur cróiſt apportent
moins &humeur indigeſte àleurs ſruicts, voilà acauſe
Au 1.1.41( la
des Hi
-pourquoy elles les cuiſeur mieux. ² TheoPh ra tes aude”.
ſte
598 TROISIBSME LiVRÉ
ſte penſe que la maturité ſe Faſſe par le moyen
dc la chaleur 8L compreſſton; ce quÏ-ſt cn Partie
veritable quant à la chaleunſanæque toutesſois
celà ſoir vne ſeigle generale : car ſi tu attaches
par Force le ſruict&ctdeuaut
.il ſecomptimera rideta qu’il
bien ſoit
, 8c aſſez meurt,il
touresfois

xfacquerra pour celà ſa ,marutitézſi au contraire


vn Vermiſſeau a entame' vue pomme ſur Farbue,
elle s’en meurira pluſtoſt , Parce qu'elle n’attire
.point Æaliment , nou plus qtfvne belle n1orte;
comme auffi celà ce peut voir aux Pepons , leſ—
quels , S’ils ſont blecez, ſe meuriſſeut plus toff,
dïtutant qukſtans morts ils_ perdent la force de
plus attirer leur alimeut : voilà Pourquoy on
pla-rice des ſiguiers ſauvages» aupres des. dome
ſtiques, carles ſauuages cngendreutävne infini
té de petitsles
eſguillons mouchetons , qui iqueiirrderletlts
figues des domellliquesgleſquelles

par ce moyen venans à eſc-Ouler leur humidité


aliment-aire haſtent la maturité S ſide [meſme
auſsi vn raiſin ſe meuriſt pluſtoſt , duquel la
queuë a eſte' entamégou deſcchéc par- le Soleil,
ou à la racine de la vigne duquelil y à vn ver
miſſeamo-u ſi ſa 'ſouche eſt deS-ia vieille.. r
T H. Pourquoy .eſt-ce que le NoyeſitzLaurier,
-Lierre,& kieuriëer eſtans deſechez ſenflammèt
pluſtoſt par la ſeule conîctricarion- que les ra
meaux des autres arbres? M Y. Parceÿquîils ont
quelque chaude actiirionieatïeo leur graiſſe 11a-
'turelle/ ' ''
T H. Pourquoy eſt-ce que les ſilaritcs ,qui
ñſoiir empeſchéies “de porter leur fruict ou ſc
' Hieuce par Paſsidueile \election de leurs ſommi
-* [CZ
SPCT I o N; II.- V39,
rez ou branches fiipetflues ſont de plus longue
Ÿigueur que les autres' ,qui ſe flaiſtriſient facil
lemët, ſi on leur permet de porterleur ſrnict 8c
ſemence î? M. Parce qu’e” fait, en empeſchantz Timphufl.
qu-ëelles ne portent leurs fruictæque leur Force ²"²-'- cvs-dg
ôc vertu naturelle Seſpanche par le tronc,bran— Isffflfflrhî
ches ,GC rameaux., d'outil aduient qu'elles en ' ſi
ſont plus vigoreuſes z au contraire Feffuſion
continuelle de la ſemêce retranche Preſque tOu-ct
re la force des plantes &animaux , 8c eſpuiſe
toute leur humeur radicalezcar le Silphion , le
quel-nous appellons communement Angeli
que,ne viſt que trois ans,ne portant ſa ſemence
qu'en la dernierdannéeqäalſée laquelle il meurt;
toutesfois , ſi on le tond , il prolongera encof
quelque temps ſa vie.Et meſme on ne pourroit
ailleurs trouuer plus ſorte raiſon pour preuuer
mon dire qu’en la' vignqlaquelle ifePtant taillée
ictte beaucoup plus ²de fruictceſte meſinc ane_
née, mais en laſuyuante , ou en la ,troiſieſme
pour le plus tard,ſi elle ne meuruelle ſera pour
le moins
TH. Pourquoy
ſterile. ſont diſtinguées
- . les plantes

par leur ſexe :- M, Celà ne vient &ailleurs , que


dela couſtume de Pluſieurs ſi" , qui abuſent des z, Añfim c…
noms; car .ils appellent les plantes ſemelles, W_ Iiurc des
qui. ſont plus menues ou plus ſterilesgott
. P] i.
meſme cuïſcſſl"îfilſî
les fertiles , ſi elles ſont .plus humides ou plus 'ſindluídvsiſun
lilllées, ou plus molles , ou moins nouëuſes, ou Ãîſdſſlſſeſſctſjſſaſſfſſi_
Îlus blancheszau
l -
contraire ils- a cllent malles parlait
mnt mdesditatil
lesplus ſertiles, 8c celles , qui abondent plus en …s des agi, °
rameauzgou qui iont plus noeuſesmu qui croiſ- Evaux.
ſent auec' lus Urand’ dífflcultéyou ui \ont lus
. T? d
,uſes
I

400 TnorsiEsME LXVRE


dures, ou plus noireszce qu'on peut remarquer
en l'Oliue ES; Oliuiegau Figuier 8' àla Figuiere,
au Pin 8c Pignolle , au Poirier 8c à la Poiriere,
çombien que ſelon les contrées tant le priué
que domeſtique ſoyent compris ſoubs vn meſ-—
me genre : 'ſoutesſois , ſi on veut determinprle
genre des plantes par l'exemple du ſexe'des
animauxmn doit appeller malles celles, qui ont
plus de ſemcnce,de vertu,8t :Yeſprirsz 8c ſemel
les,celles,qui ont plus d'humidité 8c de ſan :on
pourra par ceſte raiſon appeller le vin b anc
malle , pource qu'il abonde plus en eſprits 8c
qu'il eſt plus amiable 8c vigoreux , 8c par conſe
quent la vigne blanche du meſme gente , parce
que levin blanc eſt plus leger que le rouge ,au
deſſus duquel il nage; ainſi le rouge ſera appellé
femelle 8c ſa vigne auſsnpar la meſine raiſon on
appelle l'Aimaiir,duquel la couleur tire du bleu
ſur le noir , femellgpource qu'il eſt plusimbeñ
cille; 8c le rouge,ma\le,pource qu'il attire auec
plus grand' eflicace le ſer. Toutesſois ont a re
marqué de toute antiquité que les Palmes ſeñ
melles deuiennent ſteriles, ſi les malles ne ſont
plítez tout ioignant d’elles,ou,à tout le moins,
,ñ w ſi on he iette ſiir les ſexuelles la fleur des malles
meflangée parmy de la pouſſiere : mais c'eſt
ï A1? Dali; gf) grand cas de Theophraſte .1 qui appelle ² la fc
ËË,“C_‘,‘,_,‘,_,,_² melle du Til fertile 8c, odorante , 8C dict quel:
malle eſt ſans odeur 8c ſans ſruict; veu que le
malle n'eſt different de la ſemelle , ſinon en ce
qu'il eſt plus nouëux , dur, 6c cſpineux. Autant
en a—il dict du Cormier-malle 8c ſemelle. -—~ » -
T H- Pourquoy eſt-ce que la force eſt plus
grande
SſiiscTioN il. 49;]
ct granſſde, en la racine des plantes , qu'en leurſſleó
' mence ou Feuillage? M Y. Celà ſe doit entendre
veritable aux racines ,i qui ſont attachées l'E-ly
uer , car les Feuilles ont beaucoup plus de Force
YEſté, &les ſemences l’Autonne,lors que elles
ont tiré des racines toute la vertu dela plante:
tOutesFois il y-a certaines plantes, deſquelles la
~— -vertu eſt principalement en la racine,8_c leſquel
les la conſeruent long temps ſans corruption,
comme celle de l’EIebore iuſques à trente ans,
de la Vermilage iuſques à quarante _ans , de la
petite Centaurée iuſques à douze ansÿluſieurs
a Thenphrlä
auſſi_ ont eſcript
des Aſiies retient² ſa
que la racine
Force iuſquesd'a-iàdeux
Cocombre
cents &des le nJ _
poiectdes
ans,parce qu'elle ne ſe deſeiche pas Eicillernent: :UŸŸË:
toute la plante de l’Aloes,8c de la Squillqautreſi Phyſtoire des
ment Oignon marin, vi-uent deux ou trois ans "ëm" “'4'
touſiours verds apres auoir eſté attachées hors
de terre. ~
T H. Comment_ ſe peut-il faire qu'elles de
meurent ſi long temps ſans eſtre rangées de la.
verminez M Y s T. Il n'y a point de racines , qui \
ſoyent rongées dela_ vcrmineÆnon les douces:
car les ameres, acres,aigres 8c ſalées Font mou
rir toutes ſortes d'inſectes hors-tnis le petit
Sphondille (lequel nous appellons en pluſieurs
parts de la France le Turc) car ceſtuy -cy entre
tous les vermiſſeaux b ne laiſſe rien ſamy met- neb Theophra.
n_ meſme
tre la dent, a ~ lieu. — '
T 1-1._ Ijherbe ,laquelle Homere appelle- Ne c Quelques
penthes, &les Herbiers *de noſtre temps Rue' v… P,z,,…,, q
ſauuage , a-elle tant de_ vertiſii comme ils diſent; “nufflçäläí”
. . . . c.
car ils_ luy attribuent laforet: de pouuoit effacer gel-Nha!
totalle
402. TnOisiEsME L x v n E
totallement de l'ame la triſteſſe 8c memoire des
maux paſſez? MY. On dit quHelene \nella ceſte
herbe parmy le bruuage de Thelemaque , à ſin
qu'elle luy effagaſt de- Fame toute ſa triſteſſe 8c
* la memoire de les trauauxa la recerclie de ſon
pere Vliſſe :mais le dire ÏHODICIC ſe doitplu
ſtoſt entendre par allegorie qſſautrcmét, pour
ce quïlveur ſignifier par ceſt' herbe l'admira
ble beaute' de la preſence &Helene z la grace &ï
bien ſeance de ſon parler , Fhonneſieté 8C cour
toiſie de ſes meurs , la îciuilite' 8c gentilleſſe de
’ ſon majntiempar lequel elle adouciſſoit Fennuy
de FAmſiy dc ſa maiſomcommc par la ſouveraine
vertu de quelque herbe. Car s'il y a aucune
plante, qui aiſt la Force aſſez puiſſante pour diſ
iper le chagrin 8c triſteſſmqui nous mine,ie ne
penſe pas qu’on la puiſſe trouuer' plus ſin
guliere
par ſon qu’en ceſteil ruë
ſtuict,ou ſauuage , Ouque
faudracótſiclſer en ce,qu'on
la vigne
dit du Nepenthes,n’eſt qu’vne Fablezvoilſia pour
quoy Bacchus eſt appellé des Grecs Maï-Umm
ine qui ditoit deliurant ou Liberareurscar pour
alfl-Iceleſiaile
COIDIIÎÂ …zz d. ceſte raiſon meſme on a accouſtumé ~ teſ ue ‘
Étant*** J" 'F' par tout le monde de preſenter du vin à boire à
fiigwmmu tOus-ceux ,leſquels on mene au ſupplice î. La
OÎÏC ÊUXË -

raz-v
eſt rccômmi- ſemence
de' au Pſeaume —~'
de la Moſelle
'
aî auſſi vne grand' Force
103_ R au Le_ pour ſaire dormir , comme &cmt-ſmc le ſuc dÎ
Paz… auffi a_ Pauot appelle' Opioinlequeloxi tire dela plante
des lugas.
yantſuiuyrin apres Pauoir legerement attaincte auec le tran—
tcrpreïägtion chant de quelque Fer , ce ſuc icy a certes beau
Fëhſildſiſſl” coup &efficace àſaire dormir, toutesſois on dir
urle Deutero _ \ _
n-rmcrltïy' ar- qu’il augmente le courage a ceux , qui en vſent
ffiîfiſgäeſk mediocrement; voilà pourquoy les Aſiatiques
ont
SECTION II. 403
ſont meſtier ordinairement de ‘l’auallet. ~ l \rv__I
T H E. Pourquoy eſt-ce,que toutes les plaiſ
tes,0u peu s'enfuir ſe repoſent alternatiuenïër
d’vne année à Fantre, 8c ne portent pas capti
nuellementîleurs ſrtiicts ê M'Y. A fin qiſellèsſe
repoſent apres leur portée ſelonf-Pôrdſtre pre D

ſcript de naturezôc meſineon voídïpreſqué OF'


dinairement que la, ſeptièſvrfe wirinëe eſt ſoft
temperée 5 ſinon que Dieu'—‘pä‘r‘ſä‘puilſan'c~e &HR
peſchaſt le cours'Ïleënatttrezbbmme -il eſt att;
cresfois ² adueînu en Egypïe* ,où la terre fiiſt a En Geneſt
a chap”,
ſept aiîs 'ſans »ceſſe 'fertileen toutes ſortes 'de
biens , 8c -ſept 'ans ſuyuznëtäſät ſterile, quïè
ſeroit impoflible d’ou'ir -îqltîèllèîàîſt jamais eſt
ſemblable : drque 'la ſept-ieſine-'année ſoit «Ori
dinaîrëmentſertile, on-Içïpetff 'apprendre ( ou
* tre 'PObſerugtion-J ?de îceqnep la loy Diuine
commandoit deî laiſſer repoſer ſäns cultiuei'
la' 'terre lætſeptieſme année,ä _fin que cezqtfeſillè
ïporterdití dflçllednëſffiez ſóulaègeàſt .les plu F pe'.
tits :ſi ce quinëaduenditîpbiht ' _arns"qu’ai1
ï preaëlaë
ble-Pannée-pkeeèdenteſ?n’eùſt
Dieu porté
auoit pion-fils) aſſez de bien ( ainſi
pour_ que
les délit
*annéesríſeſtbctbllgé
Dieu FUyiiÏHÎeSPÎſoubÿla
de làonneceſiïté
peut" entendre *que
des ëloixtſè
näcure-;îcqmlijle 'nous àñónÿrnonſiſtrç' au coiff
"nieneèkneniîdeè~eſtèuurèſiï
T :i3 _ſ ~.‘~ " f ‘ por
ſont'leSMbrZeËJTËſqÏÎÊISon'dit 3

ter fmict' ſiefruíct ?M Ps 'TL 'Henin-qui en tous


, temps 'retient tout #eníïziñlôie
conſièxuillëézffeurs leïn-igenzäë,
ëfzifictïitomiríc Bóií
lÎOcttäË-fierî,
les Limonnîèrsfles (ſi itrôniëfsgflc--lej Geneurieï.
- ï T !ille teſte des plantes a-il-'vn temps prefiät
S c 'x :
l
I

4.04
our bourgconner?
TROISIESMEM Y s T. Ouy
LIVRE
certes,ſi…cllei i'

_ſont ſemées ou plantées auec eſlite 8x: temps l


opportunzcar le Baſilic, la Raue-bete, 8c la R0- 4‘
nette drugeonnent de terre enuiron le troi
ſleſme iour: le Pourpil , 8c l’Aneth enuiron le
quatrieſmezla LectueMSC la Mouſtarde enuiró le
cinquieſinezla Raiſort 8c la Blete enuiron le ſi
xieſinevgle CocombreJa Courge,l’Orge,8_ç preſ
que toutes ſortes de legumes enuiron le ſe-_
ptieſiueçles Arroches enuiron le huictieſme: le_
- "Y ,Gerh enuiron le dixieſmegles Oignons enuiron
~' le vingtieſmeçle Coriandre enuiron le Vin t 8c
_cinquieſinez lïOriganxençiirgn le trentie me;
_lſAche enuiron le quarantieſinezont de couſtuz
;ne le plus _ſouuerir de ſurgeonner, 4 _
_THQ Pourquoy eſt-ce que .les arbres portent
plus grandÎ quantité_de fruicts. 8c de meilleure
ſaueur , ſi on les ,eme derecheFdçs ,gtcÏÇs du_
meſine arbre , qui a deſiaeſtcjíenté 'pluſieurs
f9is,que ne ſont les autregqui ne lÎODFi-Ëflçl (1,116
vne fois 3. M Y. Parce que nature_ SÎEffQICÊ \,0 uſ
_jours de reparer la playe auec plus_ grand' ?bouz
çlance &aliments non ſeulemcPE-HUÃ zplantes,
niais auſii aux animaux, ce qujon peut reman
quer _aux Os rompſiuurauſ uelslnatuçcgetnuoye
bien tant cfalipmentsí( _ſilsllſiont Ÿnefggsbien re..
mis) que la rnoëlle regorgegparglçdäs en ïbQ-ljl-E
dancgiuſques,
ncud ou càllntsà;ſpots:
,fairela.agitour de .Ka- toçnpurç
renforcer-HC. nlcſme vn
de
celle ſorte-ci FQÉË Dax .apres-zen eſt beaucoup plus
-— ont
fou ,ectſtleſ
quäu-'Pärauënæa ainſi; ſom- lzcë-ëxbre-,s rem-ñ.
açtſiainctspaçſla_çojgnéeffluandiils , qui.
.liſſtnt le lieu. entamé de_ calloſirë Pour. guarir
leurs pla-yes… ' TH'.
SEOTXON II. 405
Tîi. Mais puis que tu as diuiſe' les arbres en
fertils 8c ſterils,dis moy maintenant, ie re prie,
qui ſont les ſterils P M Y. Ie n'en (cay point d’au—
tres que les Saules , leſquels Homete appelle
&Àemnéfflx; , comme qui diroit en noſtre langue
Gaſteffiruicts , parce que leur fruict ſe perd
auec la fleur , combien qu’il ſoit aſſez grand à
Fvſage du bois.
T H. Wi ſont les arbres,qui portent bien du
fruict , mais , qui eſt du tout inutile pour aliñ'
menter Fhomme 2 MY S. L’Aune , le Peuplicr
blanc 8c' noir,le Bouleau,le Til,I’Erable,le Plät,
le Suſeau, le Freſne, FAgnus-caſtus , l’Olme, le
Laurier, le Figuier d’Egypte, le Cyprès, l’IF,-le
Sanguin,le Nerprun,le Tamarix ,la Ferule , le
Troëſne, le Vaciet, l’Arboſier,le Myrre,la Vior
ne_,le C otin,l’Oux,la Verge-rougeda Fran gule,
la. ColutéczſAnag ris,la Geneſte, læSabine, le
Siliquaſtre, l'Aube pin,8c Preſque toutes ſortes
Œeſpines. le ne comprend pas icy les Ioncs 8c
les Cannes,deſquels les vns ont leur Fruict in
utile à l’hoimne,les autres Font treibon 8c dc
licieuzgcomme celuy,qui porte le ſuccteztel _eſt
aufli le Ionc du Papiendiiquel la tige a trois an
glesæzar outre ceäluffl porte quelque ſruict boni
à mangeizil a au 1 pluſieurs autres vſaêes pro—
pres au ſeruice de Phomine , comme à aire des
cordes , voiles de nauire , inatelats , pauillons,
finallement 8c le papier, duquel ont vſé les-and
ciens à .eſctire. i
-TH-_L/Ïl. me ſemble aduis que ru laiſſes les
cheſnes 8c les ſau S entre les plantes , qui ne
portentñpoint de êruict , puièqäe tu~nſen fais
2.
ïñ /,
4E5_ TnorsrzsME LXVRE
aircune_ men-tion auec les precedcnres? M Y S T.
'Fang s'en Faut que ie les laiſſe au rang des Plan.
tes ſteriles , que pluſtoſl ie les eſtime les plus
fertilesdetoutes les autres parce qu'ils ne dó-ñ
nent-Pas ſeulement ſoulagement à la vie des
beſtesunais auſii à celle des hommeszâc meſme
vncertain Gryllus en Homere ne viuoir que de
glans en la mode des anciens,voire meſme que
lfflvſagc des bleds fuſtdeſiainilenré. Car outre
vn nombre infiny deecommoditez , leſquelles
on peut tirer des cheſncs , on ne pourroit trop
Priſer celle du Route, qui tient la premiere Pla
çe entre les cheſnesweuſquîilzporte lc gland 8c
.Theophrznz ſept eſpeces de ² Galles toutes differences les
au ;.lî.de l’hi vnes. aux autres en eſpece _Ge-vertu : Puis auſi?
(loire des plan
.tes chap I. ſon Guy , lequel lesd-Druides 5 tenoÿent Pour
b _Strabp 8c ſacre', dhuanrage, ſa _F-ou gere,ſon Polypoæleſſek
l'une. Boulez -treſñpropres ä_ lîvſage de la medecine:
que dirayñie de la pierre Blquë,qui croiſt en ſes
racinſſesſôc de la PſCClCllſCMannC , laquelle on
recueillir ſouuent en la ſu enfieie de ſes feuil
les? Ie ne laiſſeray paſſer (Ÿmbs ſilence Pvtilite"
de ſes galles pour la teincture, de ſes eſcorces'
Pourlc .courroyage , de ſon bois Pour la Fabrid.
que , finallement du peritïvcrmeillon ,qui ſg_
cueillir en FYeUlE , eſpece de cheſue , rcçlLpro-z
pre pour enrichir les teincturiers dëEſcarlatet
toutes leſquelles ſortes nature produit d’e'lle—
meſmezmais les autres, ſinon bien peu,ne peu;
ucnt venir ſans trauail 8c agriculture; -l, S; ñ … 7
'T H. Wi ſont-elles? M Y. La Vifnezëfêli
uier,le Figuier, le Pómienle Poirier, eCeriſier,
lîAmandicr. le Prunier, le Chaſtagnict 3 le Peſ- '
chier,
~ Sectcîrroizz IſſI.'ſſ 407
cliſſier , l’Abricotier, le Meſplier, l’Au’elanier, le
Coignierde Meurienle COrmierJOraHgier, le
Limonier, le Citronier: car l’Euro e ne porte ,..
pas les autres ſortes däirbres, qui (gut en bien *ſix
plus grand nombre,ſinon auec difficulté eirpelt ŸË
&endroits; &meſme ne les reçoit pas toutes
indifferemment , puis que la plus grand* part
dïcelles a eſté entierement incognue à noz
predeceſſeurs 8c autres anciens eſcriuains , qui
nous ont laiſſé FI-Iiſtoire des Plantes.
T H. N'y a-il pas auſſi des arbres,qui portent
la laine &le coton? My s. Qui en douteêpuis
que Pexperience iournaliere nous fait Foy de
ce que Herodote 8c Theophraſte en ont eſcrípt,
diſans, qu’il y a des arbres enëArabie, qui por
'tent la laine: ce, qui ne doit non plus eſtre ad
miré que le Coton , qui nous vient ordinairea
ment de toute FAffrique 8c des Indes.
T H. Wi ſources ſortes d’arbres, deſquelles
FEutope eſt depourueë? M Y. Premierement le
Figuier Indique admirable à veoir , lequel on
plant-e en pluſieurs parts de la Franceſians tou
tesſois
le u’il rapporte
Ganeclzanus, aucun
le Duria, fruict,puis
le IambosJe .apres
Nama, le

MufZule Nymbus,l’Atbre—triſte,le Negundusde


Iaca, le Iangomas, le Cîarandus, l’Auzuba, l’Hi—
guero, le Caoins, le Dattier, les Myrobalans, la
Noix muſcare, le Corus,le Mangaszle Iaiama,le
Panamäle Molé, leſi Bengale, le Carambolas, le
Caucaos,le Brindonéfie Mûgode Burra,le Cur
cas,la Noix Indiquede MecoacandeTaromaca,
l’Oc0col,le Daturale Carcopalide Moringozle _
BreſiLle Cacé,le Meurier dffîgypreſteflemgnia
' C C i3
40S TnoisrnsMis LIVRE
fera,le Laca,le Caphura,l'Anacarde,le Malaba
rron , les eſpeces de Caſſe, la racine de China,
l’Yerne,le Zarſe-parille, le Mimoſa, le Reubar—
be,le Comalangaçtoutes leſquelles ſortes il m'a
ſemblé bon d’inſerer icy, à fin que ceux de no
' ſtre monde prennent affection tant qu’il leur
ſera poſſible de les faire venir 8C cultiuetzcar on
_pourra voir paricelles rant la grand' liberalité
de Dieu enuers nous que ſon admirable ſageſſe
à Pendroit de ſes Creatures.
T H E. Poutquoy eſt-ce que les plantes , qui
ſont vtiles tät pour alimenter Fhóme que pour
. le medicamenternie ſe cultiuent qu’auec grand'
labeur en P eu de rouíuces fort elloi nées, veu
que nature s’eſt monſttée prodigue à produire
par tout vn nombre infiny de chardons 8c d’eſi
pines,qui ne ſeruent de rien P M Y s. Celà ne ſe
fait ſeulement pour reprimer Pinſolence des
hotnmes,mais auſſi pour exciter leurs eſprits,
quand ils croupiſſent aux vilains eſgouts des
delices de ce monde, à emhraſſenmal gré qu’ils
en ayent, Fagriculture, qui eſt le plus innocent
de tous les arts.
TH. Welle vtilité peut-on tirer de l’Elle
bore , qui tue les animaux P Item de tant de ſor
_tes d'Ac0nits, du Napellus , dela Colocynthe,
qui font mourir les hommes P M Y. L’Ellebore
tant blanc que noir à ſon vſage en la medecine
l pour le ſalut del homme 5 les autres , leſquel
ſi es tu as nomméesme ſont point à meſpriſer, ſi
onles melle en certains medicaments: toutes
foís il n'y a point de venin , qui ne chaſſe les a
nimaux ou par ſa ſaueur, ou par ſon odeur : car
que
SEcTrON II. 4D
que pourroit-On trouuer de plus amer que Ya
Colocynthe? ou plus horrible que la ſaueuc des
Aconits? Et meſme le Napellus porte en ſes
fleurs pour teſmoignage . ddſa cruauté la de
formité de la teſte d’vn_mort; quant auk Aco
nits, ie ne penſe pas qu’ils puiſient nuire ni par
_ leurs feuillesml parleurs fruicts —, ni meſmepar
leur racine, ſinon qu'elle ſuſi: attachée de ter
re enil certain
fois
homme n’eſt pastemps
\bien Facile&edeàappreſtée
entendu l’auoir ar :quelque
à tous
tel malegce A plantes;
propos uſi- des
toutes-g _

ſans la culriuer auec diligenceícanſi dïiuanturë


elle vient d’elle meſine- en quelque part,- ce _ſas
'geîOuurier de nature la ſi bien cachée, qu’on
ne la. pourroit trouuer, ſinon aux profondes
vallées, ou ſur les plus hautes montaignes ſort
eſcartées de la cóuerſation des hommesptt au
lieu , auquel perſonne Ïhabite, ſinon les bc~²
ſtes rauiſſantesqnour la ruine deſquelles on la
met en vfige : car on a de couſtume dc tuer les
Loups &Pantheres auec les deux Aconits ap?
pellez de ce effect Lycoctones 8c Pardalian
ches en les meflant auec de la-chait pour les a
morçeräde meſirie
ſuc venimetuE abbreue-on
du Napelltts , àifinlesqu’on
fieches du
puiſſe
frapet deloing ſans danger les beſtes rauiſſans
tes. Il ne Faut icy penſer que ce l' _qtfAuicehe l? Au ï _ioinê
dit ayant ſuctiuy ï .Gallien ſoit veritable pni meſ- :Ënlfe Èflëfflï
me proche dela verité ,à ſçauoir , qu’vne fille c Ausuundcê
full: tellement nourrie dés ſa ieuueſſe de Na; ſimPl"""‘
pellusqu’elle faiſait mouritlpar ſa ſeule reſpi.- .
—ration ceux , qui auoyent a compagnie , veu_ .
qu’il' eſt] plus vtay-ſemblablè' ,Cquc celà ſe fiſt
4
410 Tnoisrrsur LIVRE
par la puiſſance du mauuais Genie ,ne plus ne
moins que nous liſons que le malin eſprit fiſt
a Au z. c. de
mouritles premiers maris de ï Sara dés la pte
Tobie. miere' nuict qu’ils voulurent indiſcretement
auoir ſa comtpagnieMutrement il euſt ſallu que
ceſte ieune lle, qui viuoit de Napellus cuſt
faict mourir de ſon halene tant les ſeruiteurs 8c
ſeruantes de ſ1 maiſomque ceux, qui Fauoyent
efleuée dés ſon ieune aage , puis quela cruauté
de ceſte herbe eſt ſi grande, qu’elle peut faire
mourir vne Perſonne par ſon odeur, ſi quel
qu’vn porte rant ſoit peu ſa racine entre les
mains. On ne peut nier , pour tant que quelque
b Theoph. au mauuais venin,ne ſe change par vſage en l* ali
mdefHiſloirc _ _ _
des Plantes c. ment non pas toutes-ſois celuy , qui ſeroit ar
I8.
me' d’vne telle violence que le Napellus : la Ci
guë auſſi(qtÎi autrement ſert de plaiſante paſtu
re au beſtail) ne ſemble auoir eſte' procrée pour
autre ch0ſe,ſinon pour faire mourir plus dou
cement ceux , qui ſont condamnez à iuſte
mort , mais la vitieuſe malice d’aucuns s'eſt
haſardée
ment troisdecent
mixtioner
ſortes de8Cpoiſons
compoſer ſogneuſe
pout tueſſr les
hommes. . _ \

TH. Wi ſont doncques les marques pour


cognoiſtre 'la ſorce des plantes? M Y. IL’Odc:ur,
la laueimla Forme.
l T H E O R. Qui ſont les herbes demaunaiſe
OdeurI-M Y. L’vne des Cotulcs,l’vn des Marru
bes,la Spatule,la Coniſe,Ie Glauciomlc Pcuce
dan ou (Lieuë-de Porc, le Freſiie, tout le reſte
des plantes ſentbou,oi1 pour le moins n’eſt pas
tant pnant que les precedentcs.
TH.
SEcTioN II. \4II
T ILWÎ ſont les herbes AcreSPMY. La Be
toine , la GermandréeJEufraiſe,le Talictromle
Fumeterre,le Leontopetalon ou Patçe-de-Lyó,
le Trucheran ou Millè-pertuis ,la Meliſſe, la.
Scabieuſe, la Linaire,la Chamomile ,le Thym,
le Poliot,lc'Serpolct, l’Origant, lſie Fenoil, l'A
neth,le Seſeli, FArOn ou .‘ied—deñveau,l’Arge—
mone ou Fleur-Œainour; toutes-fois il y en a,
qui bſllſlcnt 8c enflament la bouche par leur ar
dente acrimonie.
T H. @i ſont-elles? MY. La Flamette, la
troiſieſhie eſpece de Ioubarbe, la Grenouillet
re,le Pyretre,l’Euphorbe , la Lanceolc ,le Tur
'bit, la Mouſtarde, le Dragonzle Pointe, le Zin
gembrede ThlaſpiJes Aulx,le Carpobalſamus,
le Curage. ._ - p
TH. Q_ui ſont les plantes Ameres? M Y. La
Colocynt he,l’Abſynthe ou le Fort,l’Al0ëS,l’El
lebore , l’Auronne , l’Atmoiſe, la lvlarricairede
Creſſon ,le Paſtel ,la Perce—feuille , la Rue ,la
Morſureñd u- diable, le Paſſe-veloux ,la Mario
laine,la Taſnée,le Cocombte ſau uage ,la fleur
du Lierre terreſtrc-,la fleur des Lupins, la Che—
lidoine, le Cyſtus , la Piuoiue, le Narciſſe ,le
Rheubarbe ,le Chamepytis ou lue arthritiqtle,
la Sementine,la Maure-Je Marrube,la Qgeuë
de-chettalglâ Linaire ,le Moly , la Prunelle , la_ _ ~
Blaittaire , lëAbſſnthe de Xeinthonge :le reſte
des autres ibrtcs eſt preſque touſiours de ſa—
ueut do-.Îce , ou auſteremu aigre :mais ſoubs le
nom de iſiaueur douce nous comprenons toutes
les herbes,qui ne ſont ni acres,m ameres , ni ai
gres,ni auſteres ,ni ſalées; toutes fois il y ena,
CC;
4”. TaoisrEsME Livni!
qui par excellence ſurpaſſent toutes les autres'
en ſinguliere douceuucomme le Ioiic du ſucre,
le Mouton ou Aureille-de-rat, la Conize,le
Bec-de-gruedaloubarbeſhorſïmis Fa troiſieſine
eſpece appellée des Latins Illecebngqui eſt acte
au gouſt) la Conſoudeda Langue4deñſerpent,
la Violette,le Lys ,le Satyrioii , 8c celle, qui eſt
nommée des François 8c des Grecs en chan
geant peu de lettres z-Àuicuçífa, Regalice.
T H ~E.Mais , veu que tu as dir au-parauanfd
qu'il n'y auoir point dc plantes , qui nëeuſſent
du ſel ,pourquoy n'en trouue-on quelqifvne
par-my vn ſi grand nombre ,qui ſoit FaléePMYù
a Au Miu. des
cauſfldcsplâ_ Ainſi Certes l'a eſcript ² Theophraſte n'ayant
ccsc-Lflci-z. apperceu aucune laueur ſalée aux planiesuiiais
'celà ne vient d'ailleurs, ſinon quela Forte acti
monie 8c aigreur , qui eſt aux herbes , couure la
ſalure de telle ſorte, c1i1’il n'eſt pas Facile àla
… diſcerner des autres ſaueurs : tOutesFois on
Ëlîlilcpgpgèçîpk Ïappelr-pobit apperteilrîent en' la l' Solde > laîluel_
Au… ,u 5_ i_ e es e reux appe ent Kñlules Arabes AIM
dï Pfflflvireli, c'eſt à dire ſel, laquelle croit en abondance
Îc'g"ſi'ſſiſſ'd°' d'elle meſine au cerroii' de Narbonne: de meſ
4. taug.. e»
ſzſíſſadïrgl' me auſſi eii la Fougere,& en la Sauge,de laquel
P… ,óœſipffl le les paylants &z ceux qui ſont aſliegez vſent à.
*T* 13 fflïſiffl* Faute de ſel ; 8e en la tige , \rouſſe , 8c Fruict des
;cih:Pïwſiilzuêdî
ſ l l' poix
. Cices
. , qui. ſont le ſeul
5 legume ,- auquel

ſifflïï ï" \i7 les Gouſſons ifauſent ,aucunement s'adreſſer,


uredeFHiſtoi . t . .
,c dciPlanſes-volla pourquoy on en Fait prouiſion pour plu
ſieurs annéesparf…
corrompent qu’on aiſt crainte
la vermine,& qu’ilsſorſſſe
meſine ceſte
te de legume ſe plaiſt aux lieukx maririn-iesflà où
elle croiſt heureuſement , tant luy eſt aggrea
t ble
SECTION II. 41;
hle la ſalure. Want à ce que Theophraſte à
eſcript, que la ſaueur ſalée n’eſtoit point natu
rellement acquiſe aux poix Cices ,il n’cfl: pas
beſoing de le conuaincre par meilleure raiſon
que parle commun iugement d’vn chacun, ie
ne ditay pas ſeulement touchant les Poix Ci
ces , mais auſſi touchant le reſte des plantes,
deſquelles nous auons maintenant parlé.
T H. Le ſel n’eſt—il pas contraire à toutes ſor
tes de Plantes 2 M Y. Theophraſte Paarreſte' ï ²^“ +~“"~‘*î‘
. . . , cauſcsdcspla.
pour vn decret mulolable , totltesſois n eſtant m_
fonde' ſur aucune raiſon,veu que les anciens ont
appellé l’Ocean pere de toutes choſes , &que
'Venus eſtoit née Je Fcſcume de la mer , dót elle 1
a pris ſon nom &Aphrodite z car il naiſt dix Fois
plus dc ſortes d'animaux en la mer qu'en la
terrezäcmcſme les Poiſſons ne tiennent pas ſeu- '
lement le principe de leur origine de l’Ocean,
mais auſſi toutes ſortes &oiſeaux -, ce qui ne
ſemblerait ſe rapporter àla ſalute, ſi .nous ne
voyons qu’vne grand' multitude de rats s’en
gendre là , où ily aabondance de ſel. Mais que
pourroit-on trouuer plus fertile que les lieux
maritimes 2 Car ils ont afoiſon de Myrtes , dc .
Cannes , de Ioncs , 8c ſur tout grand’ quantité
d’Algue,qui iette ſes racines tres ſecondes ſoubs
l’eau de la mer. D’auantage,vet1 qu’il n’y a rien, ~
qui ſoit tit ſale' que Pvrine 8c le fient du beſtail,
toutesſois on ne pourroit trouuer aucune clio
ſe,qui ſoit plus commode pour la feconditë des
plantes, que de faire coucher les brebis (deſÏ
quelles l’vrine eſt ſort ſalée) ſur le lieu , auquel
ont veut faire venir en abondance le bledlôc
es
414 TROISlESM! Livni;
8C les vignes : ainſi eſtñil du fient ,lequel on Cſf
pand, quand il veut plouuoir, ſur la terre, à fin
qdeſtant ar-rouſé de l'eau du ciel, ou autre
mcngilap orte aux terres 8c iardins grancſ ſer
tilité par a ſalure , laquelle ſe recueillir par la
pluye (ainſi qiſon ſait le ſel nitre par le moyen
de l’eau)en coulant le ſien. '
T H E. D'où vient que les plantes d’vne meſñ
me eſpece ſont ſouuent differentes les vnes des
autres en odeur, couleur, ſaueur &c Faculté? M.
Il faut rapporter celà à la Varieté-des lieux , 8C
au voiſinage 6C attouchement des plantes , ou
au vice des hommes cutieux,qui ont de couſtu
me de cortópre la liberté naturelle des plantes
par Finfame ſeruitudc de leur artifice en meſ
lan eant les' racines , reiettons , 8c ſemences
eniêmble; ou en les mettant en infuſion auec
des couleurs 8c ſaueurs eſtranges z ou enleur
attachant la moëlle dela tige, quandils ſont
porter bon gré mal gré imture au Ceriſier des
Raiſins , ou des Roſes inutiles; aux Vignes des
Raiſins ſans ſemencexflc aux Arbres des Primes
ſans noyaux en leur tirant la moelle; à l’Oux
des Roſes verdes 8c ſans 0deur,à la Geneſte des
Roſes iaunes; à quoy nature ne repugne pas
ï A" Dwfflv ſeulemêumais auſſi la loy l.) iuine, qui dcffend ²
'ſiſi ſiſi' expreſſement, qu'on ne conſonde ni les ſem_en——,
ces , ni les plantes les vnes auec les autres , qui
ſont de diuerſes eſpeces. p
T H. O\u_i ſont les plantes , deſquelles la ſa- .
ueur eſt meflée? M Y. On trouue au Scordion
l'amertume accompaignée (ſacrimonie 8C au
ſteritézle Sanicle eſt auſtere &artierzle Ladanon
eſt
SEcTXON II. 4Ií—
eſt acte 8c auſterezſAcore 8c les Tytimales ſont
acres 8c' amers.
TH. Les parties des plantes ſont elles diffe
rentes en ſaueut? M Y S T. Preſque rou~ſiours,8c
principalement le ſruict .eſt different en ſa
ueur des feuilles , branches , racines .ôc autres;
parties , leſ uelles ne ſont pas ſeullement diffe
rentes en lctlaueur , mais auſſi ſort_ ſouuent en'.
odeur, comme on peut voir aux Feuilles du Cod_
riandre,leſquelles ſentent parfectement le fient
de Phomme , ſi on les preſſe legerement entre
les doigtsxombien que ſa fleur ne ſoit point de
mauuaiſe
l- bon odeur, reſpire
: l’Aſclepias &que deſa ſemence
ſa racineſente Fort
vne aſſez

ſouëfile odeur, mars ſa fleur tout ,auconttaire


ſent fort mauuais : on ne pourroir rien flairetj
de plus dc-lectable
toutesfois que la Roſe
leurs -fſieuillesgigcs 8c 8c- la Violette,
racines ne ſen-Ê
tent preſque tien
ſonodeurſitant .: la fleur
ſouëfue d.u Ioſſemin
8c penetrante a bien
quïellexiî
re par vehernence lîe ſang du né, neantmoins ſa
racinegſes feuilles 8c rameaux, ſon ſruict_,ſon ſuc ~_.
8c aut-res parties ,ſont entierement. priuez dîo-î
deur--c Itemla racſſi-ne delà Pulic-aite eflzdoucey
ſes feuilles actes , ſamoëlle chaude r; 8c. ſa ſèñ.
meiäee tres Froide r lesſeuillcs du \Figuier ſont?
fortfflameres -~,~ touresſois 0n- ne pourroir. rien '.
trouctuerde plus doux que ſon fnuictg-...z - - .-1
T H. Pourquoy les fruicts,qui ſont aigresznci
ſes corrompent-ils de long tempsfiii nîendurent
aucune importunite' de la vermine? MrdParce
que toutes choſes aigres rhſroiiliſiènt ,ï ñpene- -
ttent &ç extenuenr, qui ſont les. troisicóditiong-ï
(1111
--~

416 ~TROISIESM E LIVRE


qui rcpugnentàla pourriture : Voilà pourquoy* l
on trempe dans du vinaigre les corps des ani
maux ,leſquels on veut garder long temps ſans
corruption.
T mPourquoy le Ftoument ne ſe conſume-il
par la Nielle s’il eſt melle' parmy ou du Seigle,
ou du Panics ,ou du Millet, ou ſi on plante des
Raiſons au meſme champ, où il eſt ſemé? M Y.
ll n’y a rien, qui ſoit plus aiſeuré Par l’experien—
ce que telle choſe , toutesſois ie ne ſçay à quoy
en rapporter la cauſe , ſinon à la Diuine prouiñ
dence , laquelle veut ue la prouiſion des pau
ures gens ſoit conſeruee de la Nielle &ï par meſd
me moyen lebon Froument,qui ne ſe met-que'
ſur la table des riches maiſonsznc plus ne_ moins.
que les gens de bien , qui ſont parmy les meſï,
.chants conſeruent bien ſouuët parleurs biens-.
faicts 8c prieres les autres de perdition. -
T H. D'où vient que laſemence des plantes.
actes ou douces eſt plus acre 8c plus douce que
yleareſte des parties
quelque (ficelles Z M elle
vertu enlaſplanïte, Y. Parce quedes’il
la tienctt ſa
ſemence : car tout ain i que le feu n’cſt eſtime'
pour autre choſe tres-chaud ,_ ſinon d’autant_
que par ſon moyen toutes choſes ſont chaudes; ñ
de meſme eſt-il de la ſemence de la Colocynthe,
laquelle nffeſt pour autre- choſe eſtimée tres- ~
amere,ſinon (Tailrank que 'par elle route la plan- v
te eſt amere. ’
T H'. Les plantes ſont ſiel-les l .mortelles
_
aux
hommes pour cauſe de leur forte ſroidure , ou
chaleur? M Y. Pluſieurs l’ont ainſi penſé toutes
fois ſans eſtre ſonde!, ſur aucuneraiſon , veu
que
SEcTION Il.. 4117
que les Plantes ont vne certaine propriete, la
quelle , tout auſſi qu*elle eſt pernicieuſc à quel
ques animaux ,de meſme eſt -elle ſalubre à plu
ſieurs autreszôc meſme nature n’a nen produict,
qui doiue eſtre appelle' de ſoyñrnelme domma
geableupais pluſtoſhcomme dit la ſaincte Eſcri
pturgdoit eſtre eſtimé tres-bonzqnät aux plan
tes,le_ſquelles Pluſieurs ont mis temerairement
au rang des venimeuſes, ie dis, qu'elles ne peus
uent nuire à_ perſonne par leur qualite', mais
bien ſi onles prend en trop exceſſiue quantite',
comme le Pauot , le Solatron ou Moſelle, leſ
Hyoſ-cyamùles Pómes d’Amour,le _Colchicon
ou Saffran des prez , la Ciguë, la ſemence du
Pſyllion,lequel nous appellons Pulicaire, la Fez,
' rule, la Mandragore, toutes leſquelles indubi- ñ
tablemenr font' mourir les hommes ,_ [i on les
prend en exccflîuç quantité, 8c_ au contraitflz
' eſtans prinſes modercmemz ſecourent grande
ment. ceux z .qui ne ſe peuucm repoſerla_ uuict
en reprimanr les actes billard-mations , ou aſtîce
flanc, la. fluxiçn du ſang : ,deſotte que' ce ſoupç
rain Ouuricr de nature n’a- rien laiſſe' au' monde
pour ſi Cminïfix qu’il ſoir en- Force , auquelil
nffaiſt_ çont-_repeſé ſon contraire antidoteBc re
medegroire meſme aux plus cruels &abomina-ñ.
bles veningquëon pourrait dirczcomme à FEE-Z
phorbe,l’Antheuphorbes&z à la ThorczlſAnrlig
re ;.85 tout_ ainſi que FAriſarOD me: les-Tçrçaux a AITi-dillian
en fureur ſi on: touche de ſa 'racine leurs, 'é genie en ſon 2.1. c.
coireszdemeſme eſtdil certainque la Ly ſilmaquí: 153.
atteſte ceûc-fiircur z ſi on Lalcuc &Stack-cam cold b Columclle
Qu. ÃQnleSlÏÇËnVnFígUiÊ-Ëírlïzd.; - - — e'n ſon 4.1… a5.
ſu..
.r-z ï--ñe~p-uñ-doïfflh l-ſ -í
418 TnorsissMr LIVRE
TH E o n. Qii ſont les plantes venimeulſies,
leſquelles peuuent eſtre aliment à certains ani
maux &medicament aux autres? M Y. La Ciguë
eſtant mangée immoderement fait mourir les
hommes 8c les Oyes , neautmoins les Bœufſis 8c
Eſtourneaux s’en repaiſſſent delicieuſement :la
~ Ferule eſt per-uicicuſe
ſtaiLhotſ à toute
mis aux Aſnesk: ſorte. de gros
les branchſſesñde be
Flſôc
I
du Freſiie, qui porte les Cantarides, ſont mou
_ tir toutes ſortes de beſtail, qui ne rumine poin;
. au contraire celuy, qui rumine s’en repaiſt Fort
bien ſans danger: lcs Feuilles du Rhododen
dron ſont mourir les beſtes 5 toutesfois on ne
ourroit trouuer plus ſou tterainremede contre
ſa nuiſance des ſerpens : la Cigoignc ſe delecte
des Feuilles dti-Plant, qui ſont du tout enne
mies auxChauues-ſouris: finallement le Pleu
uidr (nous Pappellons autrement Biſer) cerche'
les feuilles de Laurier , les Eſparuiers-le Hiera
Eſſc, l'Vpe YAdianton ou Capiuene ,- les Cor
neilles la Verbene, les Eſtourn eaux‘le'Myrte,lſſc
“Petdreau la Cäne,les Biches le -Seſclizl-es 'Aigles
le Callitrichon , le Cygne l’Agnus~—caſtus z le
Cheureul le Dictame, les Grenouilles la _Greñz
nouíllette , les Serpens-le Fenoilgcomme leur
rîefuge 8c ſalut ;ôc--ſouuerain preſeruatiſ contre'
le peti] avenir', ou pour alimencïçonue—nable_à
leur natutqſelón l'inſtinct 8c doctrineſlaquèllq
le Createur leur 'a- imprimé en Fame: de ſerre
- que, ſi tuvoulois-changcrleur appetit ,ñtu ce…
uerſerois auflî-'toute leur nature, comme! en
baillant aux-Lyons du Foin' 8z—dc>l’A'uene- au
~ lieuçde chair; 8c -aiix Bœuſs 'Be Cheîuaux de la
‘- chair
SgcTxoN IſſI. 4:9
chair au lieu d’Auene: delà on peut entendre
que-rien ne doit eſtre appelle' ſimplement 'mau
uaisen toute la nature, ſinon en le comparant
auec/quelque autre choſe de meilleur;
TH E. Pourquoy eſt-ce qu’vne Chemie dc
meure immobilcdcomme ſi on Fauoír eſtant-die,
_apres qlfelle- a broute' la cuymc-..du Panicauc ,85
que les autres ſont auffi comme rauies ſansſe
bouger? M‘Y. Anous
ſes, de laquelle cauſe de Pantipathie
auons descecho-e
'deſia parlé: que . l
eſtant veu du Chreuriexzil. tire dela gorge de
ceſte beſte le morceau de-'Pänicatlt :_ 8c .meſme
elle särreſte- tout courlzſivquelquëvn luy pignc
auec les doigts la barbegcarcîeſt le plus fſiotſianiſi
mal de tout le troupeau. . . ~ . Ê e ‘
TH E… Pour-quoy; eſhcc que la Vigne 8c le
Chouxda Fougere 8c la Canne, le Noyer 8c le
Cheſiw ſe-flaiſtrillctent par lc commun voiſina
ge des vns aux aurreſisPHL/Ix s.T-.. A cauſe delai
conrrariere* naçurellc entre- les vns, 8c_ les. au»
treszcar on ÿenyureem beuuanr le vin rropîar
gemenrgôc on rabaſt Pyurongncric ſi on Prend."
pourantidore-le ſuc des Chouxmu contraire' la
Squille
drues rendne
pat-,ie lesſçay
Planrespar-ſon voiſinage-Phi;
quellſie-,Puiſſance occulrefic
_ cæchëczïaur rhreſorsu demeure.. ' —
" FI" HE. Pourquoy clio-on que les dcmons 6.-.,
I ſorciers, ſont ennemis de laSquilleïôc dela. Rue?
M YÎ s". Seroir-cepourï-atttanr que ?vne-GC Pau*
tre eſt ſalutaire au- genre humain z duquel &ls
pourchaſſenr la ruine P. cac routes les deuxlplí
ces ſont mcrueilleulement roficables contre'
les maladies populaires &rcocrc Iegcnínspïífl*
._ ñ D _
--‘d i -ëñ--äl flîèí-.ËÎT
42.0 TROISIESME LIVRE
ciparlleiuent la Rue , qui abondez copieuſement
enſeldcquel on tire de ſes cendres bruflées en
lcsñaou-lanr auec de l'eau, laquelle ſe caille apres
la cuirtezcar il n’y ameilleut pteſeruatiſ contre
lapeſte que le ſelvde la Rue diſſoult auec du
vinaigre. Voilà pourquoy les beſtes venimeu-—
ſes,lcs ſorciers 8c demons ne peuuent ſiirporrer
la force du ſel, parce qu’il cóſcrue de pourritu
re la nature des meilleures choſes dece monde,
deſquelles ils procurent entierement la ruine.
.' ~ T-HJPOUIq-UOY-Cſt ce quele ſeLqui s'eſt eſñ
, 'pcſſypar .le Soleil nſin: la ſuperſicíede Peau ma—.
g rineærepreſente la ſouëíue odeur des violettes
l JÛMÆS? MY. Parce que telle Odeur des Vioñ
_ Iettes de Mars eſt en quelque façon la fleur ſa
' lée dela terre &dela mer: car la terre produit
ceſte odeur en la Violette ſur le printemps ,
quand routes choſes fleuriſſentzôc meſme l’vri—.
ne de ceux ,qui ont vaualle' la Terbenthine lió
quide repreſente enticrcmër la ,plaiſante odeur
de ?la Violette :. mais l-'vrine eſt ſalée, comme
nous-auons deſia dict. i 1 .
. T H. Pourquoy eſtâce que PErabIe 8c le Bou-f
lead naiſſent
vieux? C-heſnesen,qui
la place des vieux 8c
_ſont couppez, Faugaôc des _
que aprſicsñ
que le Boulean eſt mort le. Troëſiie, oulaNiïore..
ne renuifl: 'enla meſme place,ou quelque autre
choſe ſemblable? M !- Ceſt vne coufiume _Or-t
dinairezen nature que de ſiibſtitucr en. la place
des bonnes, ñplantesquclques.
dtcſi Yaleur 6c apres celles-ſſcy autres de autres_
uelques moin-z
muſiours en c iran!! comme e~GcneuxicrzlaÎ
GcncſtcsllAnbzl-Ïläinzdc meſme aufli nous v9 6s
ſi' ct. l z D31. \Q
S E c T r O n’- Ilîlx- "ſi 4er
naiſtreen la place des racínes-_ùiorteswiu Glaç
yeul la Cſiguë,ou la Chelidoine,ou quelque dau*
tre choſe de moindre cóſequeneezleqùel chan'
gement n'a iamais eſte' cognn par les eſcripïç
de anciens , toutesſois citant treſñcertâinſpät
?experience i-outnalſete quîenfänè les moder- ,, . z… A
nes": ear tout ainſi quelès 'Vetmiſſe-EUX, EIE-arme '“ U~:.
eorrſîÿîidnî
'botsj' :les des
&ñeſſains 'belles , qui lerlſiurpalſoÿentîvçn
Mouſches- 'slengëdrent dé -.I’x'.
*S
excellence' , dermeſmedoirſſeſttb 'le iîugeuíeiiï
ainſi que” ie-penſgfflä-lfenflroit- des~ Planteéſi ²E
certes ce ſont des raiſons; outre l-_es 'alítrës ?leſl
’ ?nulles-nous 'auonïs defi: miſes* ënèauam ;qui
.ont allez ſiifflſatttes ourprenuei! quels; 'naïeñſi'
re peu-a peu ſenuieil ir,v.eu meſme qulèîlïès-pllſs
anciens Autheurs des, hiſtoires ſeplaignoyeüï
que le genërehumain Ïeſtoitëplus à éorhpèfÿk
à ſes -predecelſeurs,ni 'eh Force-ni en grandeur;
ni eudurée. '_ " '- v ë: - 'f ' ï 'î
'z ~, -n-.d 'I' -
- A … -d 'mlLL-l
l
-_ - 2)” 671),_ Cbaſmfiigvidrilïó- iÿpnllz.. ~ ï)i-
l

--ha ’ îo ~l..ſiiſi—'ct-J.llí-‘²â ~
r

ſ3: "dd 4-
'USEQËÎÔN 1411T.. e 53»
TÏLPOÜÏQUOY eſt-ce que le GuyJa Moiſſlſſezlg'
Cuſc-utefles “Champignons 11è naiſſent pointjïlï
leur ſemenecgmais-
M Y Ps. croilſentaïux autres
'Cefonr colnmſieſſpnſtitles' plarítèsi
8c tumeurs des “
plaùteïsmuëquí ~ſont ma adds, ou ²quiſontïxlvfia
' tro
dlt vieillesJeſquelles
cle “laſſpï-le: î' --roiigerrt laforet:
- Scñ IHH' ï:
).

- —. T1!
des n-.zLes
raeſiiiîes -Champjgnbns
'dîdui-meſmes-P n'ont-ils
MY pasaulll
s 'LOuYcèrtesz l

mais moyenant touſioutsquellque) bois Penn-y


« 'a ë l 1
41; TigzqxsxEsME LXVRE
Plſxdfiſſoübâgôfl principallemcnr le Saulgsïlflè
.íopbflççrré efignr_ moiſſy , produira tout auſſi
.toſtdes chämpignons , autant cu dit-on dela.
_içrreæqiii pour ceſte cauſe a eſte' appellée des
4 Kali-ms Fang-Dj?- dc Every. vn champignon. '
a Au :.li.c.u. ë ct T u. Le Guy nesîængendre-il. pas desexcrc
Ï
l.
de. cauſes des ments des oiſeauxëM Y.Amſi cernes l'a eſcripc ï
planta. Ihcophraſtç, ſims rouççsfois auqir eſté fondé
ſur; alÎl_C.!1n_Ç-_\~3Êſcpng, Ïeq bquc Le Guy cqoliſi le
I ÙÃTU cune-is: O31 s- ès ranc cs des.- ar ces.
Eloi; les zçiſcaux; ;Le ;ſe ;peugeot Poſer., ni leur
l fienxâziæſflſteradäiiflstlrs. il-ne croælſilc plus ſou
,que deſſus_ _lesbvieux arbres , ?ui .ſont
.me mc en. crit nom rqcommc el us c 0m
mieffllpſſug le Poirier,
le Pcunflicr, deſſus deſſus le Sorbicr,
le Sayirudcllſius _eſſus
la. Icrbenthiz'
pezôçforl: rarement deſſus la Ycuſe,qui efi: vne
eſpece de: chcſnês ccſtuyrcy a_ eſté reçcrohé ſoi—
Ëneoſcmcnr Par la. ſuperſtition des -ancicns
ſoldes, qui auoyerir de couſtiime de le coup
ger en Petites Pieces”. ſin qu vn chacun, de
ççux, qui aſſiſtqyçnr aux 'ſacrifices publics, leſ
quels on celebroit le premier ioïÎr de l'an , en
l!
p… ènflſxpgſczdc ëlä eſt
wlourdîhuy ctcpzz venulequ’oii
Etang: demande
premier encor'
idur-de-Yan _
r

la Sperme en MISS amiscczquëe les Lärins appellent, Stream 5a. ’


ï, !une dc Cali
l' \Uli (nousæiurrcs çſtcenncszſiſoubs _lenom dcGuya.
" Pànëncuficac- lcd-Latina" appellent le Guy-félin”,
ôclesfirecs THEM-d. - ' ._-.
’- ’ .z , . ï

T H. D'où naiſſent les Trufflcs i3; les Bolczi


MY. A grand' peine le; Peuhon rapporter au
nombre des Plantes,
les-degourcïctsleurs puis qu’ils
Parties, ſOnſ-'dCſPDUÎÎ-Ô
8c qu’ils ne_ naiſſſcnr,
" 3 :n, ç l 1110!]

1 ,J
F
Szcrrou III. 42.3
ſinon parmy-le ſable apres les longues pluyes
accompagnées de foudres 8c tonnerresztoutes
fois puis qu’ils ne croiſſent pas par adition de
matiere , comme les metaux 8c pierres , :vais
luſtoſt par affimilation de ſubſtance, 8c qu’ils
ſement de delicieux aliment aux animaux , il
faut necelſairement les colloqucr ou au rang
des plantes,ou les iuget quelque choſe moyen
ne entre la terre 8C les plantes., ce qui me ſem~
ble eſtre le plus conuenablc. _
TH. En quel rang mettrons nous le Iogné
des Indiens,qui reſſemble aux Ets; lequelzquâd
on le prend auec la main , retire ſes Feuilles ; ſi
on le tient :Pauantage ſe flaiſtrit; ſipn le quitte.
reuerdoye encor’ ?M Y. Certes c'eſt vne hiſtoiæ
re,laquelle nous auôs apprinſe des Eſpaígnols,
mais ſi tät eſt qu’elle ſoit veritable, on ne pout
roit appeller le Iogné plante, mais _pluſtoſt Z0)
ophyte. — S
IDE.: zyaplayte: e5- toquílle: portant le: Can-rid:- .E1
SECTION _ IIÏI.
T H. WMI-ce que ZoophyteÏ M Y s. Ceſt
vnebeſte moitié plantqqui participe à deux na
tures, à ſçauoir à la plante par_ ſes racines , deſ
quelles elle tire ſon aliment de terresôc aux be
ſtes par ſon ſentiment 8c mouvement.
T Hcombien y a-il de ſortes de Zoophytes?
M Y. Deux z l’vne,qui ſe tient perpetuellement
contre les rochers , ſi on ne Perrache ,comme
les NactesJes Eſponges,8c les Huiſtresdäzutrc,
qui ſe tient attachée aux'. racines 8c petits fila
DD 5
424 \TÎLOI-SIESME LIVRE
ments des plantes, ou contre les pierres 8c ro
chers iuſques
parfſiecte a tant qu'elle
grandeurme plus neſoir paruenue
moins à ſa
qu'on void
les Mucles drugeonner 8c croiſtre autour de la
tige des Algues , leſquels ne tirent pas moins
leur origine du bour eon de ces plantes, que lc
fruict de l'herbe meËne, iuſques à ce,qu’ayants
attaint leur grandeur, ils tombent des filamens
cn bas,comme vne pomme des branches de ſon
ï Au 3.1. dela atbrc,quand elle eſt meure. Par ainſi ² Ariſtote
8ï"“‘"° ““ s’eſt grandement deceu en ſon opinion , quand
animaux c. n.
il apensé »que les Mucles naiſſoyent parmy le
7 ſable, cômelaBuſſine 8c autres ſortes de poiſ

l?i ſons encoquillez, les ayant veu deſia grands 8c


parfects s’eſtre ſeparez des plantes &c rochers:
mais lors que Ïeſtois en Flandre ſur la riue de
la mer , ie vis vn nombre inſiny de Mucles qui
endoyent de la tige des Algues cóme de petits
d.în
-ñ .îdſicſ-oñuci~-d.nîçdù-ſ.Lua-.
bourgeons ſermemêt attachez à ſes menus fila
mëts,leſquels l’Occan auoit laiſſé aprez ſon flux
dcſcouuers dans les marais:& vne bonne partie
des plus gros,qu1 s’eſtoyent ſeparcz de l’Algue,
côme le ſruict de ſon arbre , quand il eſt meur.
T H. L’Eſponge ne ſe Forme-elle pas de Feſ
cume de la mer 2 M Y S T. Ce ſeroit choſe trop
temeraire de Faſſeurer, puis qu’vne autre eſpó
ge renaiſt en la place de la premiere, apres qu?)
l'a arrachée de ſon lieu.
T H 1-: o R. We te ſemble-il des arbres d’Eſ—
coſſe ,quiportent les CanatdsëM Y. Pluſieurs
ont penſe' que les arbres' de la region de (Lun
quelden portoyent des pommes , leſquelles 'e
ſtät tombées en l’eau engendroyét des oiſons:
mais
ñ* SEeHoN ÎIIIÎ." 42.;
maisees
que les arbres
habitans ont obſerué
là portent ſougneuſement
des Coquilles z ctcomd
me les rochers en la mer: leſquelles , eſtans cle
uenues plaines 8c en 'leur parfecte grandeur,
s’eſizloent faiſims ouueiture à des petits Diſons,
qui s’enuolent en l'eau : on les appelle commu
nement en leur langue Clalç-gujfi , c’eſt à dire,
oye de _Clakiszôc certes Abraham Ortelius m’:t
aſſeure' de la verite' de ceſte choſe m'ayant mon
ſtre des coquilles,leſquelles auoyent eſte' ap
portées d’Eſcoſſe à Anuers toutes pleines de
petits oiſons,ce que ie nëauois peu croire aupa
rauägvoire meſine que l'Ambaſſadeur d'EſeoſÎ
ſe le m’euſt aſſeure, auquel !ie m’ê eſtois -enquis.
A T H.Ne penſes tu' pas q-u-'il faille rapporter
eeſteſorte d’~oiſons aux Zoo'phites? M YMOÎnS
queTlesH. Mucles.
Pourquoy cela- ‘-E ^ MY'
' ' S T. Parce
_ que çſies
oiſons ſortent de leur coquille à demy-ouuerte
8: S’enuolenr ſur Peau ;apres qu'ils ont acquis
leurs parfect ſentiment 8c mouuemeut, ne plus
ne moins que le petit Embryon du ventre de
ñſa mere , à fin qu'ils cerchent leur vie à la fa
Êon des autres oiſeauxzautrement les Fouques
etoyent Zoophytes , puiſqu’elles ſont oiſeaux
aquatiques,qui ëengendrent afliduellemeiut du
bois pourry 8c des fragmens des vieux nauiñ
resæſtant premierement couuertes d’eſcorces,
comme dans des petites gOuſſeHauſquelles el
les ſe tiennent attachées par le bout du bec(
_dont elles tombent , comme vne pomme de ſa.
queuëzapres qu'elles on pris leur accroiſſemët:
enſemble auec le ſens &le mouuemeut :mais
’ _.0 D D 4
4.16 TROXSÏIBSME Liv \UE
combien que les Mucles-tienent leur Origine
de l’Algue,toutes—fois ils n’abandonnentia—
mais leur coquilles , mais ſe reſerrent dedans,
comme en vne maiſon à doubles portes. ~

fDe lageneration des animaux, qui #ſont point


deſàng, ~des
m animaux
eèſiies terreſtres.
reſt-pan” ,

SEcTxoN V.

TH. Welle choſe eſt interpoſée entre les


Zoophytes 6c animaux plus parfects Z M Y.
Toute la race des petits animaux , qui n'ont
point de ſang , 8c qui naiſſent aux autres , deſ
quels le plus petit ( qui neant-moins fait la
guerre aux grands Geants ) eſt le Citon ;puis
_ aLcndeÆc aptes ceſte—cy le Poux,le Morpion,
6c la Puce,qui ont accouſtumé de naiſtre ſoubs
?Epidetme du cuir des animaux : horſ mis le
Morpion, qui ÿengendre en la ſuperficie du
cuir,8c qui ne luy adhere pas moins qu’vn Ron.
ver aux oreilles des chienszla Puce n'eſt pas
moins commune aux chiês 8c aux chats qu'aux
hommes.
TH. Le reſte des animaux n’eſt—il pas auſſi
ſubiect à ſa vermmqcomme les preccdês? M Y.
Pline aſſeure qu’il n'y a oiſeau ni beſte , qui ne
ſoit ſubiecte à ceſte vermine , horſ-mis l~Aſiiez
?Êtes-Fois ie ne voudrois pas conteſter, qu'il
u Tvra ou non. aurait nature exempte' I’Aſ— ſi
H yPourquoy
ne de ſes inſectesëxvl ï …A cauſcde la grancPduñr-ñ
tc' de
SEcTxoNſiV. 42.7

té de ſon cuir 8c de la ſiccite' 8C froidure de ſon


temperament: caril n'y a point d’animaux,qui
ſe puiſſent engendrer ſans vne chaleur tempe
rée d'humidité.
T H. Mais on mhiautres-ſois enſeigné que
le Ron-ver ou Morpion de Chien ne naiſſoit
oint ſur les Chiens, mais qu’iceux le recuil
ſoyent à la chaiſe parmy les bois , où ce vermilÏ
ſeau naiſt. MY. Certes ceſte opinion eſt plus
vray-ſemblable :mais ileſt ſifort accroché au
cuir des Chiens , qu'il ſemble plus vne accroiſ
ſimce de chair que non pas vn animal: quanrau
ventre des animaux , 1l y a pluſieurs beſtioles,
qui y naiſſent comme les Vers , les LombrisJes
Scolopendres , ou autrement les Chenilles des
inteſtins ,SC pluſieurs tels autres inſectes.
TmCombien de ſortes y a—ilde generation ñ _
des animaux ?MY- Sixïzcar pluſieurs choſes aAfin…
Toutes ,gm
fois

s engendrent ſims Paccouplement du malle &mer que cinq


de lafemelle , comme les vers auxñcharoignesègflïfÿſäÿdg
8c toutes les ſortes des animaux dans leurs co- animauigcom*
' - l
quilles , leſquelles , combien qu 7elles ayent eſtea voy:
bien ’ n
Zum_
engendrées, rfengendrent rien pourtant d'eux mentſ qu'il y
Cn ï 1X.
_. du
meſmes
bon :grſſé
quelques choſes
de nature ſontengendrent
, qui auſſi prodnictes
leurs
ſemblables en [àccouplant
enſembltxcomme malle
les L. henilles 8c Femelle
,Mouches, Eſſſ
cargots,Pctuces,Poux,Poilſons crouſteleux, cer
taines ſortes de Rats 8c Oiſeauxdeſquelles ſont
engendrées ou du ſuperflu excrement,qui s'ex
hale parla ſueur des plantes 8c animaux , ou du
ſable de ;la mer , ou de terre pourrie , ou d'vnc
coquille,ou de quelque bois,qui ſe moiſit, ton
DD 5
42.8 TROISIESM! Livni!
tes leſquelles conſervent' leur eſpece par la.
voye de _propagation en deux ſortes S deſquel
les l’vne~ eſt , quand vne choſe engendre l'autre
ſans qu’il y aiſt rien dînterpose' z ainſi les Rats,
qui ſont nez aux nauires pourris engendrent
leurs ſemblables ſans aucune interpoſitioiï;
l'autre eſt,quand vne choſe engendre Fautre
moyennant quelque interpoſition, comme qui
diroit des œufs , ainſi que ſont tous les inſectes
8c ſerpents (hors-mis la Vipere ) 8c tous les
oiſeaux 8c poiſſons crouſteleux 8c eſcailleux:
pluſieurs animaux engendrent en conçeuant 8C
eſcloant premierement leurs œufs en la matri
ce 8c en enfantant vn animal vif, comme la Vi
pere, &toutes ſortes de Balaínes :quelques au
tres auſſi ne produiſent ni œufs ni animal, qui
leur ſoit ſemblable ,mais pluſtoſt ie ne ſçay
quoy ploye dans vne petite veſcie , qui toutes
fois a vie 8c ſentiment ,comme toutes ſortes
de Grenouilles,qui enſanrët vne petite beſtiole
empaquetée dans vne membrane noire , ſoubs
laquelle on luy void vne queuë , 8c meſme , qui
peut viure quelque temps en nageant en ceſte
forme. Voilàles ſix ſortes degexierarion, Or la
plus grandëpartie des inſectes prend naiſſance
'des charoignes des autres animaux , comme les
vermiſſeaux, Gueſpesxäc Eſcarbotszon dit auſſi
à Virgile en qu’Ariſteus ² reparaſt les ruches de ſes Abeilles
ſon 4.liure des
Georgiquſſes. par lc moyen d’vn Taureau premierement aF-ñ
fame, puis eſizouffé en luy bouchant les con—
duictsxant de la reſpiration que des autres ou
vertures de ſon corps apres lëauoir de ceſte ſor
tematté deſſus des
' À herbes odoriferantessvne
bonne
SEcTtoN V. 42.9
ctbonne partie des autres inſectes s’engendre du
' ſient des animauxæomme les Eſcatbots 8c rou
te ſorte de Vers , 8c auſſi des excrements des
hommes naiſſent les Lombrics: vne autre parñ
tie Ïengendte des plantes , comme les chenil—
les,deſquelles il y a autant &eſpeces que de ſor
tes d’arbres,cxceptéc toutes-fois la Vigne 8c le
Til,& que ques autres en petit nombre, qui en
ſont exemptszſinallemcnt les inſectes s’cngen—
drent renferme: dans les feuilles des herbes 8c
des arbres, 8c principallemenr certains etirs
vermiſſeaux en la btonde de Forme , lefâuels
eſtans pilez 8c reduicts en huile ont vnc mer
ueilleuſe Proprieté à guarir pluſieurs vlceres;
on trouue auffi en la bronde de l’Yeuſe le vet
millon de couleur rouge,duquel on teint l'eſ
carlaté ,pluſieurs Pappellent Alkçlvne: : autant,
en pourrons nous dire de cespetirs animaux
cachans leurs ailles ſoubs vn hemiſ here rou
gedefquels ſont appelle: Cocheni les par les
marchants , qui les vendent aux Teinturicrs*
pour imbibetles eſtoffcs de draperie d’vne ri
çhexouleur.
T H. Le petit Ver qui a de couſtume de filer
les plus precieux accouſttementgqui ſont pore
tez des Roys
au rang des (ſi (Sc Princes,Mne
henilles? Y. ſera-il
Toutes paslesauſſi mis
chenil
les ont preſque vn meſme origine , à ſçauoir,
de Pexcrement des plantes 8c corruption de
l'air,il leur eſt auſſi couſtutnier de filet vne toil
lc en maniere cle pauillon , cóme ſi elles ſe vou
loyent mettre à couuett , poutueu que le froid
ou les pluyes ifinterrompenc leur labeur ,ou
que
i
430 TROXSXESME Lxvnr
que les oiſeaux n'en faſſent leur bechéeſſoutes
fois la Chenille ou Ver à ſoye,laquelle plu#
ſil
I Miſt. :u g. l,
de l'hiſtoire ſieurs ‘ appellent Bombyx a eſté remierement
de: a imaux c. trouué en l'Iſle de Co ainſi ue p uſieurs eſcrip:
I). &au l. Le.
ï
4
4 l. met le B6 uent,diſaxis,que Pamphílezlle de Platis a eſté
57* en !re les laPremierhqui aiamais faict des accouſtre
Mouches.
ments de ſoye , &que de là eſt venue leur en
gence , laquelle auiourdhuy remplit tout le
contenu du mondezmais les vns ſont d’vn ariuis
8c les autres d’vn autreztoutes-fois ce different
ne vient d‘ailleurs,que de ce quffiriſtoteleura
donne' occaſion d’errer, quand ila mis le Bom
bys ou Vera ſoye au rang des Mouches :mais
ne vOyenc-ils pas que routes_ les Chenilles ſe
changent en Mouches 6c Papillons?
T H. Comment ſe peut faire cela P MY. La
Chenille ou ver à ſoye ëengendre ou de ſoy
meſme (comme iadis entre les Seres) ou par le
moyen des œufs,qui ieſpeilhlſent eux-meſmes
au mois d’Apuril; dont il aduienr queles Petits
vermxſſeaux ſont premierement noirs , mais
apres qu’ils ont mangé des feuilles de Meurier,
ou d’Orme , ou de quelque autre arbre ſembla
ble,ils acquierent auecleur corpulence la blan
cheur tout enſemble ; par ainſi ſur le mois de
Iuimlors que le Soleil entre en l’Eſcreuice , ils
commencent de cercher des eachettes ,àſça
l
uoir , des petits deſtours &contours dans les
angles des rameaux Forchus pour ſi nicher en
ſeureté , &filer P lus commodement leur re- ~
tieuſe coille,de laquelle ils Senuelopër, comme
dans vne petite maiſon de ſoye tiſſue en Oualle:
Puis apres ayant depouillé leur vieille peau 8e
cſtans
. .MS501! 0:2( _. c._a 45,:
eſtans commexænſeuclis de ſommeil ,,ilsſi'dor
ment--toutñle reſtedu tempsduſques ace que le
Soleil ſoit arriué au ſigne de la Vierge :lequel
y eſtant venu , ils depouillent encor’ pour la- ſe
conde fois leur peaude
leurs maiſonncttes dorée,8c apres auoir
iſoye faictes percé
en ;vitale-ils
s’cnuolent eſtans deucnuz Papillons tres blancs
8C iolis : apres #eſtre ainſi expediez-en repuró
geant leurs corps' des eXc-rements', les malles
commencent de s‘apparier.aucc les femelles;
qui enſerrentPextſemité de leur fondement
dans celuy des mailesdeſquels eſtans beaucoup
plus minces que_ les Femelles le tiennent neanc
moins fermement accroche' comme d’vue main
de Fer diuiſée à ſix aggraphesrd-emettrans ainſi
longuement accou rez ;A pres-ce accouplemêr
la femellesffleſtant ſxpatcſſc: Fait-bien vneſi grandi
quantite' cſœùfs- &ztartr -bicnlçliſîpoſcz pac ordre
cohtiguz-les, vns aux atures-ztjuïl ſeroir pré)
_ quîmproffible de les &par-ec du-yÛemícr-coupzfiè
nallem-entgzle-«Soleil eſtautvertnzaux Balances
oil-pour le' plus. tard au Sçärpiotiè ilsmeurewt'
apnes 'aueir demeuoé- euuirotyttoisrtäoisc-ſans
bqite niſi-manger en lennti-auai-l-zſœnmncil_ &ÎÊÛEQ
Iäeächangement :des :anges Chenilles-:xgîeſtpas
de'longucdutéezr-ceíuy.piouréanttidu trek-à ſoye a Arm l 5_ c
.v ' — — ~ ' ' ' A' "I ~ ſi . ſſ ſi . '
s accomplit- sianszſix moisâgjriaisvà- \fini quflnp 194i: Phyíjco..
rc des
crcèmnroiigeäurſſce coconsïz -cettx, .quititenr maux. am

Ê ſoye les eſtouffentdansÎzIqatL-“chandc , pour


ſimuer
dormentce, precieux ouumgezpcependänr
horſmis quſſelqrlezpew- qui]
demafles &ſes
mellesſteſquels ils gardent pour conſentie: l'en:
gcance.. .z ;wa î ..-z',' '--’:"…-v_‘*': 45.. ' ï

\ N
43a. TROJSIISME Livni:
T &C'eſt vne admirable Meramorphoſee uc
de voir les Chenilles ſe châget en vne Chry ale
imoualœôc la Chryſale apres auoir-long temps
dormy ſe reueiller , comme ſide .morte elle re#
ſi ſuſcitoit en Papillonzmais d’où vient aux autres
Papillons
De vne lictdes
la diuerſite” grand' Varieté
couleurs de couleurs?
, qui M.
ſont aux au
tres Chenilles : carla Chenille de la ſoye ne de—
uient poin' autre raiſon Pa illon blanc ſinon
pource qu elle eſtoit des-ia b anche auparaiiât:
Mais la Pytio-campc,
de couleur ſaffranée ,ſ laquelle le :um engendre
eſt mortellement »veni
meuſqceſte-cy ſe change eh Papillon de ;ſa cou
leur: 6c meſme touteÏceíltezvrace .de veruiine,la—
quelle nous voyons dans les maiſons-ſe'. *change
en certain rempsen Papillónszôcle Çulut, ou ſe
petit vers qui luít la nuict , ſe change auſſi en
Mouche, qui eſt appcllée Æaucſis Latin: Cirrus.
On: peut icy titer-.vne belle comparaiſon des
hommes auxveriniſſpauxæar ceux, quiñont eſté
amateurs de la vertu ,— 8c qui ont exiſt vne naine
honte' ſans fallaoez eſſependíït que leur ame eſtoit
cncloſe dans laipriſon de ce corps tenebreux,
apres. qu’ils auront demeure' - quelque temps
dans le tombeau ’ 8c que leur corps ſera reſuſci
té , comme-vne ſemence ſhrtznrxlc- terrqen la
qndlle elle auoir eſtémiſe Pour engeahce d’vne
nouuelle. moiſſon , finallement laiſſanS-en terre_
toute, [dur corruption ils' S'en reuolleront en
haut veſtuzs d’vne robe blanche s mais ceux,qui
auront eſté madrczj, malicieux, 8c adonnez aux
laſchetez quand ils eſtoyeut en viqretiendront.
auſſi apres qu’ils auront reprisleurs corps , les
meſmes
SECTION V. 453
meſnies couleurs de leur vie malicieuſe. i _
T H. Wi ſont les autresi-nlectes? M Y s; Ils
ſont preſque infinis , de ſorte que, ſi quelqlſvn
penſait pouuoir nombtet par ordre chacune de
eurs» eſpeces , on ſe rrouueroitfort loing du
conte , veu qu'il nÏeſt pas meſme polſible de' les
pouuoir exprimer par leur nom.Car lesplantcs
8c ſemences , qui pourriſſent , ont chacune-leur
Yctmingcomme le GoulTomPArtreJa. Garpate,
la TigneJa Blatte, la Chenille; le Luca-Ulla Pu-ñ
naiſeJa PytauſteJa Nigue des Indiens : il y en-Da
pluſieurs
de natureautres , qui8csengendrent
de la terre de la roſée ;ſidu.8cbon gré
eſtants
ainſi engendrées conſeruent neanrmoîns leur
engeance par la-voye de propagation,à ſçauoir,
les Elèarbots , Mouches, Fox-mis ,SSC toutes les
eſpeces de Locuſtes , leſquelles poluz fla-'PIUÊ
and' art grimpeur par les pla-rites., 8c' pour_
'autre aurent .de lieu en limb-mais leznombre
eſt beaucoup plu-S. grand detcelles a qui &talent;
comme le Bruſc &la Cantvharide:Bczcucreíles
Mouches il y en-a , qui tirent leuîrszcſguilloixsi
hors recommandezdes.
Plus le ventrezcornmeï les Abcillk-SCQLÎÊ
inſectes).—z$c ſont ks
ICS Gflcſſipes,
&les Frelonſis :les autres leæireiztiderïlûbonchk.- ,
comme les Taons , les Mouches canines, les»
Moucherons ,les Puces, ôc-Puxiaiſdszlçſquelles
Parle moyen dëvne petite fleute .titenrleuzc eſ-Ëz
gueillon fort 'ſubtil , .comme d’vue zgainezzôç. lç— ~
Flament tou-v bellètnent à traders lecuir , .puis
Fænetrent iuſquestaux os , 8c…ainſizſuccenç-le~
a. ngzrflc meſmes ldàzmuuches ſont bicrxzſszuzwnv* '
diſtinguées yan Latinas-ailes; car les-vníïsdcs. Oui?
…z ſi z ſimples,
434 TROÎSXESME LIVRE
ſimples ,les autres doubles , 8c quelques fois il
aduicnt qu’elles ſont triples.
T H-"NC Faut—il pas auſſi rapporter entre les
inſectes, les Aragnes, Phalanges, 8: Scorpions!
M Y s T._ Ils ſont aucunement inſectes, mais qui
tiennent vn lieu moyen entre les vrais inſectes,
deſquels nous auons deſ-ia parlé , 8c lai nature
des Serpents. — ' 4 ï
-. T n. Pourquoy cela ê M Y. Parce qu’ils ſont
tvesñvenimeuxæar ils peuuent faire mourir vne
perſonne,ou par leur ſeule 'morſute,ot1 par vne
legere picq-ueure , ou eſtaus meflez parmy la
viande. .ï > d,
T H. Viſeur les inſectes luiſänts? M Y. Le
Culul
qui ,autrement
vaut appellé
aſſurant à dire des Grecs
que lttiſänt, Aziz-away”,
8c FEſcarbOt
ambant des Americains , qui luir bien ſi ſort
la nuict: , qu*on peut facillement lire &cſcrire
en ſa clairté , ainſi comme les Eſpaignols , qui
ont faict ce voyageJe nous racontent.
T H. Pourquoy
beaucoup eſt-ce
de pieds aux que la nature
inſectes? à donné
M r.A fin qu’ils ſi
euſſent meilleur moyen de ſe ſauuencarnarure
les auoit des-ia deſtituez de force 8c dïarmes,
ſiñ defendre.
tellement qu'a grand peine
î ſe fuſſent ils peut
~
_ TH. (lqelquesauttes animaux ne sïtngenñ.
drem~ils pas des vers .> M Y. Pourquoy none. car
toſſutct ainſi que les Fouques,qui ſont engendrée:
des vettniſſeaux arr-bois pourry des nauires.- ſi
sïnuolët enoiſeaux, de meſine les Grenouilles
(comme nous auons des-ia dlctï) ſont premiercæ
mët eniielopées dans vne membranùqui traine
VDO
S L c T 1 o N V. 45 5
vne queue' , 8c nageur de ceſte Façon quelque
temps iuſques à ce que ceſte couuerture s’e—
ſtant rompuc elles ſautent a quatre pieds ſur
terre. —
T H. La generation des Grenouilles eſt-elle
de meſme en Pair qu'en la terre? M Y. Elle n'eſt
as de meſrne,puxs qtfelles ſont ſort diſſembla
lês,l’vne de Pautrezcar celle de Pair ſe ſait par
~ le moyen d’vne vapeur 8c exhalatiomqui s’efle—
ue en haut meflée de POUŒCICMPICS que la ter
re a demeuré long temps deſeichéc par la ſorte
ardeur de l’Eſte', ôc principallement sïl n'a plu
de long temps art-parauangdont il aduient que
ces Grenouilles tombent de l'air auec la pre
miere pluye,qui deſcend lors ſurla terrezce qui
ne doit non plus eſtre admiré que la pierre du
foudre , laquelle s’engendre dans la nuée des
atomes poudreux, qui ſont cóſus auec la pluye.
T H. Ne ÿengendreroyent-elles pas pluſtoſt
de la commixtiſſon de l’eau &de la pouſſiere ſur
la chaude ſuperficie de la terre ê MY. Il ſaudroír
ainſi aduenant que ceſte generation ſe fiſt en
vn inſtant: mais puis que la generation eſt vn
mouuement , il ſaut eneceſſaitement qu’elle ſe
faſſe en quelque eſpace de tëpszor on ne pour—
roit auoit plus certaine preuue de ce que les pe—
tites Grenouilles tombent toutes viues auec la
pluygque de les trouuer ſur les feuilles des ar—
res; veu auſſi que les Grenouillegqui naiſſent
en la terre 8c aux eaux, 'ont vne queue' 8.' vne
membrane par deſſus , auec laquelle elles na
gent &viuent quelque temps, mais les petites
Grenouillesne tombent pas qu'elles ne ſoyent
EE,
436 TRorsrEsME LlVRE
habiles à ſauter à quatre piedszquant à moy ie
ne puis penſer que celà ſe puiſſe faire ſans l'aide
des Genies, non plus que ceſte grand' quantite'
de Grenouilles , qui fuſt excitée deuant le Roy
d'Egypte , 8c la conuerſion, des verges en ſer~
pents. —
T!! farm de: Sezpectntx, câ- cambien chacune
comprend d'a-Faces.
SEcTioN VI.

T &Wii ſont les eſpeces des Serpents E M Y.


Le Laiſard , le Chameleon , le Typhlops , le
Chcrſydrede Dragon ou Cóleuure,la Scythale,
laquelle on dit ifauoir point de venin,l’Hemor~
rhoïs, le Seps, le Dipſas, le Baſilic, lëAmphiſhe-ñ ſi
ne, la Fleſche, la Vipere, l'A ſpic, la Cenchtene,
.i la Salamandre, leCrapaud 5 chacun deſquels a
ï; encor’ par deſſoubs ſoy pluſieurs autres eſpe
ſ ces, comme l’Aſ ic, qui en a troisàſçauoir la
i… Cherſée, la Che ,idoine , 8c le Pcyas S deſquelles
la premiere fait mourir dans trois heures,la ſe
UÎ _conde dans moins' que rien, la troiſieſme plus
tard que les autres: ortoutes les morſures des
- Serpents ſont preſque toutes mortelles Fhô
me , ſi on nëy apporte remede ſoudainement:
quant aux Aſpics z on n'y-peut apporter autre
ſecours,ſinon que-de promptement retrencher
' ,leur morſure: toñutesfois on tient quedcŸeſt la
plus douccte mort de toutes, que de mourir par
leur itioyenzvoilà pourquoy on dit que Cleopa
3, tra vouluſt mourir de lamorſure de PAFic nô
Ï mé Ptyas, parce qu'il fait deſcendre vn orc_ 16g
~ ' ſom
SECTÏON VI. ' 457
ſommeil ſur la perſonne, qui en a eſté mordue:
car chacun Serpent a ſa diuerſe façon de faire
mourir par ſa picqueute.
T H. Et quelle? M Y. Le Serpent Dipſiu eſt
ainſi appellé, pource que ceux, qui en ſont picñ
quez, meurent de ſoif: FHemorrhois , poutce
quffille fait couler inceſſamment le ſang par
tous les orifices du corps z la Fleſche a pris ſon
nom de ce qu'elle
ctceluy,lequel ſe lance
elle veut cóme
bleſſer vn traict
àmott; cótrep ‘
de meſine
fait la Cenchrene , laquelle en ſautant plus dc
vingt coudées de long attainct celuyJequel el
le poſuit , en luy faiſant venir Fhydropiſie 8c
pluſieurs vlcetes pourris.
T H. La Vipete n’a-elle pas eſte' appellée ain
ſi,ou pource qu'elle petit par vio]ence,ou pout—
ce qu'elle fait ſes petits par force 2 MY S. Ainſi ‘
certes l’ont penſé les ² Anciens 8c meſine Ni- ë' &Hífflſfflï
. l' CCI -
cander, diſant: ñ :HMËQÏÃÏÃ,
, Hlilllcd- Sopyuſxiva Z710; &anpe-T »cuvée-Mn d²VÎP°ïï$-P~’i~
’ , , \ … “ ,z L… , 1 . z _ canderau trai
Oxça; 04h.? ezzçum :taq- avi-EMO” OHŸ-UVÏ ñ cte de la The- a
C'eſt .a dire, 'îfflwï-Ovipí-n
@pendant que l'amour le: deux \Hyeres
. ' touche, Îhaſfïîîéuîll:
u l'

La femme prend le chefdu Ïnary damſiz bouche, ïſtétraduir dc


Grec en vers
Lequel Æaíſê Tauie elle trenche de: den”, Lazinspar B9_
EFI/lai; apré: les pelirrpartez, dedanxſexjîanc: ein meſmcLl
. U l' C
En dcfihiïantſbncaïptſë *Ua-agent panrílmr pere …ä eſcîigïgn
Fazſiim man-ſir ainſi cruellement leur mere. , ſes commen
. lexperience
Mais , _ .
maiſtreſſe .
de toute certitude ' ſ“' QP -
nous enſeigne , que l’vn 8c l'autre eſt faux : 8-:
meſine on void en noſtre France , que pluſieurs
Viperes ſe trouuen tdes deux ſexes dans le fleu
ue du Clane aupres de Poitietsdeſquelles eſtans
E E 2.
458 TROISIESME LJVRE
encloſes dans vne fiole de verre ſont leurs pe
tits ſans que le malle ou la. femelle ſe ſoyent au
cunement offencé. Parquoy il me ſemble eſtre
_ lus conforme de la veriteflqifelle s'appelle Vi
ſh_t’èlî'ſſí’_'ll'pei‘e de ce qifelle ſait ſes petits en vie ² entre
ch._;4. dc PHi- tous les autres Serpents (ayant premierement
:°-';;_d°‘ ‘""~ coiſceu 8c eſclos ſes oeuſs dans ſon ventre,com~
me ſont les poiſſons Carrilagineux)que de pen
ſer autrement.
T H. Que dirons-nous du Baſilic,ſera-‘il auffi
vray qu’il falſe mourir de ſon regard P M Y s T.
Comment ſe pourroit faire celà? Ce que tou
l* F" ſh" *li* tesſois ie voudrois dire ſans offencerAëce bzcar,
:hiilzſſzlſi The. qui l’a iamais veu,s’il tue par ſon ſeul regardïCc
\íïïiïïï- que ï Nicâder en a eſcript me ſemble plus vray
ſemblable
cruel ,à ſles
de tous auoir ,que leFaiſant_
Serpents Baſiliciſſnourir
eſt le plus
par
ſon tres venimeux ſouffle , c’eſt à dire par ſon
expiration,les animaux,qui ſont autour de ſoy,
auquel le Poëte Liſcain ne contredit pas. Ce
d Hîcremic c.
2.151… chMſcul Serpent ſur tous les autres ne peut eſtre 4
!ſeaume n. charmé par aucun barbotement des Magiciens,
ni eſtre empeſché , ſinon par la puiſſance dini
ne , qu’il nctaPPOſſC de grands eſclandres aux
hommes : pluſieurs penſent que ceſte ſorte de
Serpent Fengredte deſœuſ d’vi1 Coq, ce qui
eſt Faux, puis que tels œufs ne ſe trouuent gue
res ſouuent ( combien que toutesſois on ne les
trouue que trop ſouiient) leſquels ont eſte' au
c VOyTAçiLQIIÎCSſ-Ol-S remis pour ſacrez de noz ° Druides‘
commandans qu'on les portaſt au ſein,ce qu'ils
iſeuſlſſent pas ſaict,s’ils euſſent creu,que clëiceux
naquiſſent des Baſilicsneu meſine que les œufs
s’expeil
ï'
SEOTION VI. 439
Ïexpeilliſſent facilement par la chaleur de
Phomme. '
T H. Ie me ſouuiens d’auoit leu dans Athè
née quîly a vne beſte appellée Catoblepe, qui
peut faire mourir vn homme par ſon regard.
M Y s. Ie ne penſe pas que ce bon Dieu pere 8c
createur de toutes choſcs-aiſt iamais creé vne
beſte tant perniciettſe,qu’elle puiſſe par ſon ſeul
regard porter vnfi grand mal-heut aux autres
animauxzcar ſi celà eſtoit vray, combien de ra
uage &hommes 8C beſtes auroit-elle faict tant
aux champs qu’aux villes P Or quant à ce que
dit Athenéqque la Catoblepe eſtoit de la gran
deur 8( forme d’vn bœuf , laquelle fiſt mourir
par ſon regard vn grand nombre de Paiſſansfic
Genſd’armes Romains , 8c en telle ſorte qu’on
n’en ſuſt iamais venu à bout,ſi ceuxe,qui eſtoyët
bien montez, ne Yeuſſent accablée de loing 8c
par derriere à coup de dards,par le moyen deſ—
guels ce monſtre eſtant vaincu Caius Marius
ſt porter ſa peau à Rome pour eſtre pendue
en trophée au tem le d’Hercule:ſi ceſte Hiſtoi
re eſt veritable,il audra neceſſairemengque la
Catoblepe aiſt eſté vn monſtre, tel que PAffri
que a de couſtume d’en engendrer pluſieurs,
parce que les Hiſtoriens n’ont iamais faict meñ/
moire d’aucun animal de ſon eſpece.Telle peut
eſtre auroit eſté ceſte beſte, de laquelle on fait
mention aux anciens contes des Hebreux , ap
pellée [adobe, qui vaut autant à dire, ſi on l'in
terprete,que Demon ſçauant ſelon les Grecs,8c
Genie ſelon les Latins,laquelle reſpondoit- du
milieu d’vn crane,8c faiſait mourir_ par ſon \cul
EE z
~

4.40 TRoisiEsME LIVRE


aſpect ceux,leſquels elle regardoitzcat ceſt vnc
choſe couſtumiere aux ſorciers que de tirer
quelques parolles du crane de la teſte d’vn hô
me mort par le miniſtere des Demons, qui leur
rcſpondengVoilà poutquoy ils eſtoyent appel
lez encienncment Quxäyæyol , c'eſt à dire Atti
reurs des eſprits.
'I' u E o R. Ne ſcroit-il pas auſſi veritable
qu'il y aiſi: des Serpents ou Dragons ailez ,qui
Ïenuolalſent parmy Fair ſeló ce qu’en a cſcript
Lucain en la guerre ciuile?
E: 'vous auſſi Dragons qui rempezen tou: lieux
San:faire ma! aucumSer-penr cheri: des Dieux,
Qui comme lcfi” Or lui/EL en la lumiere
Der rayon.: du Soleil, quiſê lcuepremiere:
Wu: deuenez. cruelxparlïzrdeïzte chaleur
Wi vourfzit bausllonnerle peſZi/ezzt malheur
_ Du paiſân veuimmx, que &Afrique vou: donne:
Ï/tmsfiñdez. l'air-ſtrain ó- la nue, qui larme,
E” fiëyuant: acbzzmrz quelque tendre Taureau,
Lequel vou: enleuzz alu milieu du tropez-tu
.En 'valant haut (ÿ édsſhrlcs ruſh: campagne:
E'tſhr ler mon” clac-nu: de: plux haute: montagnes.
M v; Lëvn le dit,l’autre le nieztoutcs-ſois , ſi on
recerche la verite' de cecy vn peu plus ſubtile
ment , il faudra neceſſairement conſelſer que
c'eſt vne fable , puis qu'on nous apporte d'Ara
bie 8c d’Aſriquc en Europe toutes ſortes dc
marchandiſe 8L les corps de pluſieurs animaux,
là où Ceſt qu'on dit que ces Dragons volants. ſe
trouuentſiàns que toutes-fois il aiſt jamais eſte'
poſſible à perſonne-Jen auoir veu aucun ni
mort, ni viflquifuſt ailé ,ui pas meſine la de
- lpouillé:
'W
SEcTioN V-I. 44!
ſpouillézcar ſi les ailes croiſſoyent aux Serpens,
ce ſeroit lors principalemêt qu’ils Faiſſent leurs
deſpouillesilaquelle choſe ne ſeroit pas plus
commune' aux vns qu’aux autres , non plus
qu'aux chenilles de s~enuoler auec des ailes a
pres qu'elles ont laiſſe' leurs vieille peau 8c neät
moins on ne trouue aucune apparence \failles
en la vieille deſpouille des Serpês.Or pour ſca
uoir que c'eſt que Dragon, ce n'eſt autre cho
ſe qu‘vu grand Coleuure, qui ſe tient le plus
ſouuent en l’eau , 8c qui n’a point du tout de
venin : on l'appelle autrement xÉçÏuÆço; 8c
xóËMdæaç ſelon les Grecs , Nazrix ſelon les La
tins,&: Cobra” ſelon les Indiens; ceſtuy-cy eſtant
deuenu en ſa parfecte grandeur englotigainſi 4
qu’ondit,les hommes 8c les Cerfs tous entiers,
8C meſme fait la guerre aux Elephants , toutes
fois l’Europe ne les porte pas d’vne telle gran
deur q ue l’Afri q uezcar on trouuavn
. Coleuure
. .
dans le fieuue Ba g tada en Afri ue. ,M- Attilius
Re g ulus eſtant ConſiiLle
\ uel eſtoit tant g rand
que deux hommes a cheual ne ſe fuſſent peut
veoir eſtans de ça de là : ſa longueur excedoit
cent 8c vingt pieds , ſa force eſtoit preſque in
uincible , car on ne le peut premierement tuer
qu’il n’euſt ſaict mourir mille 8C cinq cês hom
mes de guerre. On trouue fort ſouuent aux e
ſtables ceſte ſorte de Coleuure appellé Boa de
ce,qu’elle ſe nourriſt en tettít les vachesQiel-ñ
/quesfois auſſi on trouue des Laiſards verds,qui‘
croiſſent à la grandeur d’vneBalaine ,tels que
nous en auons veu vn ,lequel on auoit amene' à
Paris : ce que ie n’amire pas beaucoup , veu
EE 4
441 TROISIESME LlVRl-I
qu’ó a trouue' autres fois vn lóbris dans les en
trailles d’vn hôme,qui auoit trente cinq pied de
lógxóbien
me ne paiſeclaucmeſure
la lógueur des fois
dc ſept inteſtins de l'hô
ſon hauteur.

T H E. We me dirasvtu du Serpent à deux


teſtes? M Y. C’eſt celuy ſans doutte , lequel on
~ appelle Amphiſhene, pource qu’il court en a
uant 8c en arriere , 8c ſemble d’auoir , pource
qu’il eſt mouſſu, vne teſte en chacune de ſes ex
tremitez : voilà pourquoy Gallien apenſé ,que -l
Pſhnphisbene auoit deux teſtes , dpupoTéçO-rsv ~
Cali-Wau- , U) Ænçoréçæ-rev Exxon” TLM) MEQœÀLUJ :ou l
comme Pappellc Nicander aôzuxpzicaígnvav: maisſi
celà eſtoit , il faudrait auſſi confeſſcr que Cer
berus euſt trois teſtes : toutes—fois on dit que
ceſte ſorte dc Serpent ne nuictàperſonne.
TH. Pourquoy comprens-tu les Stellions,
Chameleons,& Laiſatds ſoubs vn meſmc gen
re auec les autres Serpents puis qu’il: ſont amis
aux hommes, 8c ceux-cy ennemis? M Y &Parce
qu’on peut colloquer ſciubs vn meſmc genre
ce, qui diſcorde auec vne autre choſe par quel
que contrariete. 4
T H.Et—il vray que le Chameleon ne vit que
de toſée2M.Telle eſt l'opinion de pluſieursztou- _
tes—fois il y en a cinq eſpeces, qui ont tousvne
langue cane , longue d’vne palmgaueclaqucllc
ils attrappent promptement les mouches en
les poutchaliänt.
T H. Pourquoy repreſente-il toutes les cou
leurs , qui ſont autour de ſoy .> M Y. Il eſt preſ
que touſiours verd eſtant tachete' de petites
cſtoilles blanches auec des lignes de diuerſes
' d»
‘ couleurs,
SEcTioN VI. 4.4;
couleursſelou l'occaſion de la variété des cho
ſes,qui luy ſont voiſineszne plus ne moins que
le Poulpe; repreſente routes les couleurs des
choſes prochaines. .
T H. Comment celà? MY. Pource que le
cuir du corps du Chameleon 8c du Poulpe
eſtât poly 8c tranſparent repreſente tou-tes ſor
tes de couleurs ne plus ne moins qu’vn verre.
TH. Seroit-il auſſi veritable , que la Sale
mandre vomiſt la flame, 8C qu’elle ſe pleuſt däs
vn braſienM. Il n’y a oint de beſte,qui puiſſe
viure dans le ?feu ſans e bruller: caril n'y a cho
ſe en ce monde , qui ſoit moins ſubiecte à cor
ruption que ceſt Element , 8C toutes-fois il n’y
a rien , qui ne ſe corrompe par ſon action , voilà
pourquoy les Veflales le veilloyent inceſſam
menncomme vne choſeîdiuine: mais pour re- —
uenir à la Salemandre ,;il s'en faut beaucoup
qu’elle ſe plaiſe dans le ſeu , qu’au contraire i’en
ay veu aupres de Tholoſe ,leſquelles 'eſtoyent
ſi lourdes 8c ſtupides, qu’elles ne marchoyent
ſinon entant qu'on les p0uſſoit,8c meſines eſtäs
miſes au ſeu deuant que brufler eſteignoyent
par leur grand’ ſroidure le braſier , ce qui eſt vn
argument aſſez ſuffiſant pour monſtrer leur ex
treme ſroidure : au reſte on ne la trouue iamais
ailleurs qu'aux lieux froids 8c humides. Qrant
à ce qu’Ariſtote a eſcript î que quelques groſ— a Aus. liui-.de
l'Hiſtoire des
ſes mouches naiſſent dans les ſornaiſes du cui Miniature.”
ure , 6c quelques Vermiſſeaux rouges dans la
/
neige , ie ne diray pas qu’il ſoit \veritablemi
meſme vray—ſemblable,puis qu'il n’y a rien,qui
ſoit tant efloigné de la generation 6c corrup
EE 5
444 TROISXESME LlVRB
tion , que Pextremeintemperarure du froid 8c
du chaud.
T H. Mais nous voyons les Grilletgqui ſont
vne 'eſpece de ſauterelles ſe tenir aux chemi
nées,& forneaux de noz inaiſons,&ſi_de là s’ê al
ler la nuict cercher leur paſturcLMYJls s’engen
drent autour des Forneaux en des petites cauer
nes parla vapeur chaude 8c humide du lieu , 8c
ſont ainſi entretenus par la chaleur du feuztou
tes-fois on ne les a iamais veu conuerſer dans
le ſeu , qſſaucontraire ils ſe bruflent des auſſi
toſt qu'on les y a iettez.
T H. A qu’elleſin ſont procrécz tant de ſor
tes dänimaux pernicieuiucomme les Mouches,
i Eſcarbors , Chenilles , Vermiſſeau): , Aragnes,
Puces,|Poux,8c autres inſectes ,Ze auſſi tant de
trouppes de ſauterelles,& ſi grid nôbre de Ser
pents? M.Le tout pour lëembellilſement 8c har
monie de ce rnondezcombien que ie ne vou
drois meilleure reſponce' (quand il n’y en auroit
point d’autre pour appaiſſer les complainctes
de Pline 8c de tous les Manichéens, qui ne ſont
pas moins impies cuuers ,Dieu , que iniurieu
ſes à la nature)que le commun dire des Philoſo
phesà ſçauoirque Tov T E STREJN TANT
(LVESTRE NEST PAS MAVVAIS.
TH. (Lielle harmonie 8c conuenance auñ
ront ces choſes auec le monde? M Y. D’aurant
qu‘il n’y a rien ,quine ?engendre 8c ne ſe cor
rompe ſeló l'ordre eſtably ennarure ,il faudroit
—.—u_.— —._
neceſſaitement
choſes infectaſt que la corru
les autres tion n'y
, lijDieu de pluſieurs
auoit re

medie parla generation des inſectes, qui ſe Fait


du fient
SEcTION Vl. 445
du fient 8c des charoignes des animaux,6c autre
matiere pourrie :car par la naiſſactnce de telle
vermine la puanteur 8C pourriture s'efface , la
quelle ſert puis apres de paſture aux Oiſeaux,
ou à eux meſines en ſe mengeant les vns les au*
tres : par ainſi il auient, que les charoignes ne
nuiſent poin par leur puanteur , ni la vermine
parleur Eſtre.
TH.Maisil ſemble que tant de trouppes d'A
raignes 8c de Chenilles ne tiennent poin leur
Origine ni du fient,ni des charoignes. MY.N0n
certes ,i car elles naiſſent de la corruption de
l'air, qui ſe purge par leur naiſſance, ne plus ne
moins que la terre ſe nettoye de ſon immon
dicité par la generation des Rats,Bruſcs 8c Cra
pauds. '
TH. Cóment pourroyent telles choſes netto
yerlîmpurete' de l’air 8c de la terre , puis qu’el
les ſemblent pluſtoſt les infecter? M Y. Tout
ainſi que les grands amas &Araignes 8c de Che
nilles
Pair; emportent le venin,
de meſme ſont qui les
toutes s’eſtoit amaſſé
ſottcsſide en
Cra
pauds,8c de Serpents,quand ils attirent de tou
tes pars le venin, qui eſt eſpandu ſur la terre
8C ſur les plantes, en ſe deuorans les vns les au
tres ou en ſeruäts d’aliments à quelques beſtes.
Car les mouches ſuccent le ſang dela bouc',
qui eſt deſſus les playes , 8c les Araignes viuent
de mouches, 8c les Poules mâgent les Araignes,
&les hommes les poules , qui ſont vn aliment
'tres-conuenable à leur nature. Finallement les
_Lelärds 8c Stellions,8c ſur tout les Hirundelles
8c autres petits oiſeauigchalſent ordinairement
- \ aux
~
446- .TROISIEPME LXVRE
aux vers, Mouches 6c Chenilles : car ce ſouue
rain Ouurier à pourueu par ſa ſageſſe , laquelle
ſe manifeſte en routes choſes,queles plus petits
animaux , 8c deſquels on ne tient preſque poin
de conte , euſſent leur paſture ſelon l’occurren
ce des ſaiſons 8c du temps. Et meſine les Mau-
che_rons,ayans ſeruy long temps à la maturité
desſruicts en les piquant de leurs eſguillons,
ſont en ſin deuorez parles Charmes-ſouris, qui
ſe recréent merueilleuſement a la ſriandiſe d’vn
tel aliment : finallement les Araignes eſpuiſent
Phumeur venimeuſe des autres Araignes, 8c les
Serpens mangent la chair des autres Serpens
. ct apres leur
autres mortterreſtres
animaux : combienneque neantmoins
ſe repaiſſenr les
iamais
' de la chair de leur ſemblables.
’ T H. A quelles beſtes pourroit eſtre aliment
le Crapaud , qui eſt tant venimeux? M Y. Aux
formisdeſquelles ÿaſſemblêt à groſſes trouppes
pour le deuorer,lors principalement qu’il eſt
vieux &qu'il eſt deuenu gros 8C gras du venin,
lequel il a fiiccé dela terre,ne luy laiſant rien de
reſte que la Carcaſſe auec la pierre appellée
Crapaudine, de laquelle la vertu eſt excellente
pourçffacet 8c guarir la maligne importunité
de toutes ſortes de venins; tellement que ceſte
beſte, laquelle nous iugeons la plus impure de
toutes les autres , n’eſt pas ſeulement vtile ce
* pendant qu'elle vir en expuiſant le venin dela
terre , mais auſſi apres ſa mort en nous laiſſant
vn bon preſervatif contre le poiſon, &aux For
mis ſa chair pour faire bonne chere.
T H. Mais pourquoy eſt-ce que les Sauñe
re es
SEcTtoN VI. 4.4.7
telles Ëaſſemblent à groſſes trouppes, 8c s'en
vont ainſi paſſans la mer de region en region,
8c en ſi grand nombre 8c tant eſpeſſes z qu’elles
obſcurciſſent le Soleil 8c en fin apportent vn
rauage ſi grand ſur les champs , où elles ſi: po
ſent,qu’il n’y a point de calamité pareille e M Y.
Celà ſe fait par vengeice Diuine, aquelle exci
te ces animaux pour punitió des meſchâtsôc des
prophanes , de ſorte qu'elle repreſente aux vns
la crainte du ſiipplice,& chaſtie les autres à bon
eſcient; däiuantage , ces Saurerellesicy s’eſtans
bien engraiſſées du bien 8c fruict de la terre
s'en retornent en des pays deſerts pour donner
aliment aux hommcs,qui ſont opprimez de fa
mine. Tellement qu’il aduient, que ceſte impe
tuoſire' de Sauterelles eſt du tout ſalutaire tant
Our donner chaſtiemenr au mauuais, que ſou
lagement aux gens de bien. -
T H. La Sautetelle peut~elle ſeruir d’vtile ali
ment aux hommes? M. Ouy certes de tres-lala
bre , 8c qui ſurpaſſe tous lesautres aliments en
pureté pour la nourriture d’vn homme tempe—
re : Otily-a quatre ſortesideSauterelles , deſ
i quelles Pvſagc eſt permis enla âzloy Diuine , 6c a A,, hum_
principalement Yeſpece de Yophiomache, qui a *in* c-u.
eſté ainſi appelléemon tanràcauſe de ce qu’elle
ſe combat aueclc Serpët, que .pour dompter 8c
reſtreindre les entendez
tits (qui ſont ſalles debotdemëts de noz
ſoubs le nomct de 5appe
Set-b Philou He.
pcnr ) par vne couſtume de viureſans ſe char breu iiitcrp
te en ſes Alle
ger l'eſtomac de groſſe viande. ñ gories dela Bi
TH. Poutquoy nëvſons nousïdonques de blela volupté
par le Serpent
ceſte ſorte d'aliments ë M. Parce qtfàqquarantc d' Adam.
degre” _
448 TROISlESME LIvRE
degtez de-ça Fequateur , les Sauterelles ſont
plus petites qu’elles ne doiuent eſtte pour le
l manger des hommes, qui ſont poſez vers le Se
Ïi ptentrion eſtans de leur naturel de plus ſand'
i _ nourriture que les autres,qui ſont ſoubs ſe Mi—
1 Ëhçfhſſkÿſä dy : par ainſi .Pline 8c ² Ariſtote appellent les
i animaux e40. Sauterelles delices des Arabes 8c Syriens-z delà
on peut entendre , que ceux ſe ſont deceuz,leſ
l quels , ffayantiamais gouſté les delices de ceſtc
i b Eraſine aux viande , ont auſé corrompre b le lieu de l’Euan—
z gile,oùil eſt dict, que S.Iean ifauoit pour vian
‘ de S-MIIC. de autre choſe que des Sauterelles appellées
ixçíÿestellement que pour auoir mal leu ils ont
confondu ce mot auec &Xſat-ſion , ou 41x964”, qui
vaut autant à dire que pommes ſauuages:mon—
ſtrans auſſi en celà , qu’ils iſauoyent iamais en
tendu la nature des Sauterelles.
T &Pourquoy nature a-elle niis par tout des
coleuures tant aquatiques que terreſtres, 8c re—
legue' toute autre ſorte de Serpens loing de la
frequence conuerſarion des hommes? M. A fin
de laiſſer le moins nuiſible des Serpens pour
putifierles eaux 8c la terre,en releguanr tout le
reſte,qui eſt plus danpereux, aux deſetts d’Afri—
ue 8c &Arabie ,poùi s ne peuuent nuyre à per
ſbnnezau contraire,ſi nature en a laiſſé quelques
vns army les lieux où les hommes, conner
ſent e plus ſouuengelle leur a oſté leur fierté 8c
malice , comme nous voyons eſtre aduenu aux
vi etes,qui ſont au Clane pres Poitiers,où elles
ſeîaiſſent prendre àla main: le meſme void-on
aux Lyons de Barbarie , qui ont Paudace tant
abbaiſſée 8c le courage tant abbatu, qu'ils s’en—
ſuyent
SECTION VI. 449
fuyent du deuant d’vne femme,qui les pourſuit
äcoup de baſtons ". a ainſi l'a er.
T H E. Pourquoy trouue-on plus de vipcres, u”
8C coleuures que d’autres ſortes de Serpens? M.
On peut en cecy admirer auec loiianges la bon
te' de ce grand Maiſtre qui a ſi bien ponrueu
pat-ee moyen à la compoſition de la Theria
que,où elles ſontfort neceſſaires : Æauantage,
on dit que la Vipere eſt le ſouuerain remede 8c
preſeruatif contre la lepre : ce que pluſieurs eſ
criuent l' auoir eſté cognu par rencontre ,lors b Azhznó,,
Principallement que quelques lepreux s'endor
mirent en vn lieu-ou il auoir beaucoup de Vi
Peres , deſquelles Pvneſuſt allechée par Podeur
du vin duquel elles ſont ſort ſriandes) ſi bien
que rempant de ſa cauerne dans leur baril elle
s’enyura , 8c ne Pouuant ſortir fuſt contraincte
de mourir, par ainſi ayant demeuré quelque
iours en infuſion imprima tellement ſa forceau
vin que tous ceux
inopinement leur, ſante'.
qui en (Liam
burenùrecouurerent
auiſirCeraſtes,
defi: vn Serpennqui
les gratcleuſes ne retire
de ſon paslepctreſiſiblanche:
cuir àla mal des eſcail
mais il eſt different des autres en cecyzquïl pot
tedeux comesquelques-fſiois_quatxcd quelques
fois huict en ſon front, deſquelles,, apres les
auoir attachées , on ſe ſert en Pluſieurs façons
contre le venin. .. 7/ ;'5
T H. C omment ſe peur-il faire quïzne petite
morſure de .Vipere excite routſoudainetnent
V vne tumeur au membre , qui-a eſté bleſſéauçe
vne rant griefile douleur , que la morts’en en
ſiiyueu, 8c ,neantmoins ſa chair entiere eſtant
mangée
A
450 T-xorsrzsmr LtvaE
mangée eſt Fort ſalutaire 8c profitable? M Y s.
Parcſe qu’il n'y a rien de dangereux aux Serpens
hot -mis leurs morſure.
T H. On m'a autresſois dict que le Serpent
auoit de petites veſcies autour des dents,où le
venin eſtoit caché, leſquelles ſe venis à creoer,
lors qu'il mordoit, eſpandoyent tout le tenin
deſſus la playe. M Y. Telle eſt' l'opinion de plu
ſieurs, qui toutcsſois eſt mal conuenable, car il
faudrait ainſi que ſon venin ëeſpanchaſt, tou
tes les fois qu’il prend ſa paſture. Perſonne ne
doit admirer ou tenir pour choſe nouuelle que
la ſeule morſure du Serpent ſoit mortelle ,puis
que la legere piqueute faicte par Feſguillon des
pinnes d vne Viue 8c d’vn Scorpion marin, leſ
quels nous mangeons entre les autres poiſſons
delicieuſement , eſt ſuffiſante d’exciter mille
ſymptomes mortels, quelqÏvn s'eſt picqué
tant ſoit peu a leurs eſpines : d auantage , ce pe
tit ſtylle , qui eſt en la Paſtenade marine , eſtant
deſeché fait mourir les plantes 8c animaux par
\a ſeule piqueute, ſi on n'y remedie de bonne
heure. ~
T H E.Cettainement,ainſi que ie vois,l'hom.—
me eſt ſubicct à pluſieurs grands dangers , voire
meſine à ceux
machinent. M ,Y.leſquels les petites
Ouyſi certes ceuit , bcſtes luy
qui ſont
meſchants 6c vitäieuxæar autrement il n'y a pas
aucune eſpece d animal, ſi on veut regarder de
pres , auquel nature n’aiſt baille' quelque ſalu
taire medccinc contre les veninsñ, qui ſont per
nicieux. '
'I' u. En q uelle
_ ſorte? M… Si q uel tfvnaeſté
. .
picquc
S E CT lb-ÎN' ~ VI. ‘ſi 431-.
picqué par vn Scorpion matin ou-par l'inſecte'
terr‘eſtre,on ne pou/rroic trouuer plus ſingulier
remede, que d’eſpardre par deſſus la plaYe 'leur — ſi
\Ernie en les eſcachärzlrem -on ne pourroirtrôud
uer meilleur preſeruatiſs contre la morſirre de ñ i
toutes ſortes des Serpents que de s’oíndre le 1
corps ou la partie,laquelle on craint-Ïeſtre oſ- > ,
fencée,de l’huile,dans lequel on a creue' 8c c
ſtry les chenilles ² : dïruantage, le poil du meſ- ſaa Nicanderen
.ſhemquh
me chieinou de la. meſme beſte ſarouchmqui a E: Dioſcnridc
deſſus la. playe,
mordmeſt voire meſme
vn rreſbon remede,ſans
ſi onautre Forme mlle des
Papplique
de medicament: 8c meſme il ne Faut pas douter Ch°""*
quëvnêerpêt ne guariſſe ſa morſure, ſi des auſſi
coſt, qu’1l a picqué,on le tue 6c met tout frais
deſſus la playe, puis que la Theriaque compo
ſée pour la plus grand' part de chair de Viperes
eſt rofitable à la îguariſon de ceux , qui ſont
blel ez par les Serpents, Ce qu'on peut veoir
apperrelnenc en ce. que fiſt M.nAmbroiſe Gal
Doyen des Medecins
la preſence à MontIPX.
du Roy Charles e ier, uand aſ
8c erilceſte en

ſemblée ſolennelle (laquelle on -a accouſtumé


de faire aux grandes compoſitions des medica
ments) il print
Vipere,de , apres auoir
la Theriaque enſſ ſa eſté picquéend’vne
bouche,& miſt
ſur la playe , de laquelle il firſt incontinenr
guary.
T H. Pourquoy eſt-ce que toutes ſortes de
Serpents 8c bcſtes venimeuſes , ſouſticnnent
plus long temps la Faim les autres animaux?
M Y s. Parce qu'ils ont peu de chaleur naturel
le , ce qu'on peut facilement iugcr en ce-qtſils
FF
~

452._ TROISIESME LIVRE


i ne naiſſent iamais , ſinon aux places les plug
chaudes 8c principallement , qui ſont tournées
vers le Soleil du Midy, 6C en ce qu’ils ſe tien—
nent_ cachez tout l’hyuer dans_ terre,,de laquelle
r ils viuent plus ſouuent que de chair,ce qui teſ
z rnoigne combien peu ils ont de chaleur : mais_
lj Dieu
que lapar ſa prouideuce
famine nïrritaſt dea voulu
plus entout
pluscecy,à fin
Fiiſinpor
tſunité de ces animaux pernicieux à faire nul-z
l ~ , ſance à la_ vie de l'homme, -
I 'I' H E-'Pourquoy eſt-cemonobſtant que les
' Serpents_ baiſſent-mortellement tous les hom
mes , qu'ils erſecutent neantmoins 6c tuent
pluſtofl; les ſgmmes que les_ malles :ce qu'on
eut remarquer facilement aux Scorpions, qui
ſont en lus grand nombrgdeſquels la picqueu
xe tue dés_
porte (ſoudainement
auſſi coſt le les Femmes,
remede ſi_ on
requis n’y sapT.
2 MſiY
Seroit-ce pour-autant que_ tout_ Serpent eſtant l
ſin 8c cauteleux cognoit que les Femmes ſont
plus debiles que les hommes,comme celles,qui_
peuuent facilement eſtre violées ne ſe pouuans
defendre , ſinon aueç grandffl difficulté? Ou- ſe
roit-ce pour-autant_ que Dieu a pourueu par
ſa bonté que ce, qui eſt_ d; moindre çonſequen—
ce en la nature, ſoit_ le premier violé, 8c_ ce, qui
‘ eſt plus excellent ,ſoit de plus longue durée?
Au l. liure
Ãç lîlliïdrñ. Car nous ² liſons en Homere que la peſte ſe
ſaiſit premierement des beſtes brutes que des
- hommes. Ou ſeroit-ce pour-autant_ qu’il y a
vne mortelle anti athic entre la femme 8c le
h En Gçneſe Serpçnnainſi que ſions apptenôs en la l' ſaincte
shagzgz
Eſcriprurcê Car. cecy .ſe dcmenfltc Principalle.
!ÊTRE

—————.Kx2- 7 ,
~
'~' 'Ste r1 OſſN Vîl; v 4;;
ment en ce qu’vn Serpent choiſit vne femme l
au milieu de la plus grandſalſembléqqui our
roit eſtre deshommes, pour luy faire cliniques
embuſches à ſes pieds. lë ïñ ' - '
T H. Pourquoy eflz-ce que la-ſemelle du Serſſï
penreſt de plus longue vie, plus grandcnflc plus
dangereuſe que ſon malle? Min-Celà ne ſe void
pas ſeulement aux Serpents,- mais auffi en tou'
tes les ſortes des Poiſsôs 8C Inſectes; 8c meſme
auſſi aux Oiſeaux 8c Beſtes ſauuageÿqui viuent
de rapine 8c de ſan ,comme FOdrſeJaPanthèÃ
re 8c le Tigre , deſquels le malle eſt 'touſiours '
de moindre Force 8C corpulêceque la femelle:
car ſi quelqifvn a fra pé le ina-fle de ces ani
maux farouſches ~, la Semelle neñceſſera qu'elle
ne Faiſt trouué,l~ſiuſt—il au milieu de la plus grid'
aſſemblée du mondezôc meſme la Seiche prend
vengeance de_ celuy, qui auroit frappe' ſon maſ
lc,mais au contraire le mafle ï s’enr~uit , ſi on a lïdAlrjgzâï-_Dſi
frappe' la femelle, ce que ce ſage Ouurier a 0b- Je: ,nſmfäſiî
ſetué par toute la i1ature,à fin que la choſe, qui chap.:
_peut porter dommagqeuſt aucunement ſa for
ce retranchée , ce qui n’eſt pas aduenu aux au
.tres ſortes d'animaux, comme aux hommes 8c
bcſtes de ſeruicqdeſquels l’vſage eſt profitable,
car les malles ſont en ceuX-cy plus grands, plus
robuſtes,& d*vne plus belle apparenceà ſin que
les' hommes en tiraſſent plus grand aide 8c
profit.
T H E. Concedons que telles ſortes de Ser
pents &Inſectes ſoyent vtiles ou pour nettoyer
l'air, ou pour ſeruir d'aliments les vns aux au
tres , ou pour la parſection- 8c embelliſſement
FF 2.
~
454 TRQÏHESME Lrvnn
de ce monde,encor’ ne puis-ie veoir comment
les Poux, Puces, .Citons, Punaiſes 8c lvlouſchcñ.
:ons ſoyent _vtiles , puis qu’ils ne _ſement d’au-.
tre choſe qu’à moleſtet les autres animauxeM 1._
_S’il n'y auoirautre vtilite' aux animaux , deſ
quels_ laipopulace ſe plainct auec ignorance,
que pour chaffiffllalaſcheré des meſchants,en—
cor’ les deucoit-on iuger grandement neceſſai
I tcsztoutesfſiois ccsjanimaux, deſquels tu parles,
ne ſont point ſaſizheuzgſinon en Eſtéœu quand
les Autans ſouffleht, en laquelle ſaiſon le ſom
meil eſt à tous_ dommageable 8c à pluſieurs
mortel :_ il failloit donc qu’il y cuſt quelque eſ
uillon,qui exciraſt ces pareſſeux enſeuelis dans
E: ſomme 8c dans le vin , pour ſen aller à leurs
beſongncs vôc affaires publics,, ou pour s’a,ddon
ner à l’ſtude des choſes honneſtes , comme à la,
eótemplarion des choſes hautes, ou pour chan
ter les louanges de-leut Createur,& q par ainſi
_ils fuſſent chaſſez de leur couche pour le bien
8c ſalut de leurs perſonneszcombien que neant
moins_ les Mouſcherons, qui ſont les plus fall
çheux de tous, peuuent ſeruir beaucoup en ce
qu’ils auancenr
icqueure a SSC_ la maturité
qu’ils des «Paliments
ſeruent fruicts par leur.
auſſi
Èhauueñſouris, …
5 ex [nfictes aquatiques , de.: Coquilles ,_ de: Poiſſons_
çroufleleux , Nailly-ux; , effineux , mol.; , fgnfin;
leur.; peti): en vie, marin: , dcflauuó, d*
qui 'zz/inuit partie en terre, é"
partie en l'eau. _
S .E c. T r o u. VlL
T xx-Qgi. ſui! de. pres les Scrgcntsêc Inſectes.
\ËFEË
SEcÎÏÔNVIIS 45j
terreſtres? MY. Les Inſectes aquatiques ;qui
be leur 'retirent pas ſeulement en ſcuiblance
de nom -, mais _auſſi de figure ,- ou -bien- peu
Yen faut. ñ ñ
T u. Qui ſont-ils P -M Y s. La Scolependre
ou Chenille ;lapetite
Cantharideda MOuſcheË-'lë-Tauanz le marine,
RetnOreſigFEPrOille Ver , 'la _

deſquels la plus grand partie ſe tient aux riuaä


ges, l’autre Fartiedans; le gué ſoubS-les-ondes
.de la. met: " ' - -
T i-rEîſid. _Pourquoy ſe tiennent-ils dans -lesî
grief; ſoubsïſondeede la mer? M Y.A fin quteqíaît
?admirable “prouidence de l’Aucteur de nature
ils repouſſaſſent en la ſitperficie de la mer '65
vers les riuages_ les grands Poiſſons 8c Bafaineîâ_
PourYvſage de ?homme : car lors que ces be-ï
Res marines deſcendent aux guez ,— vn grand
nombre dïnſectes lespouríctuit en telle ſortez
qu’elles ſont contrainctes de s’efle’uer en haut!
nous ne comprenons routesſois ſoubs le nom
des inſectes le Lieure marin-,qui nage touſiours V
en la ſu erſicie , ni auſſi la Truffie , ni le Poul'
mon,ni le Pinceaumi la Plume, parce quïzucttn
de ceux-cy n’a point de ſentiment; mais doit
eſtre pluſtoſt nombre' 'au rang des exctetnents
de la mer que de ſes inſectes.
TH E. (Lui ſuit de pres en affinité les Inſe
ctes aquatiques? M Y s T. Les Oſtracodermesz
c’eſt à direzles Coquilles <, deſquelles il y en a
deux ſortes 5 l’vne , qui ſe loge dans vne gouſſe
ierrettſe s’ouurant à deux battansz la où elle
e ſe ſerre auec deux ligaments rant" fermes;
qu'il ſcïit impoſſible de ſoulurliqr ſans luy \HF
. ſ Z
n
45g TnorsrEsMr Lrvnr
ſe violence, aceſte-cy appartiennent les Hui
_ſtresd les Moules ,les Flammes, les Berdins ,la
;Pointée ,les Flions, les Crouſilles, les Nacres,
lesManphes de couſtqpux, 8c les Solenes , leſ
uelles ont toutes di erentes les vnes des au
«Èfes tant en figuîrefqtſeu naturelle propriete:
.l'autre .ſorte des-Oſtlîacodermes eſtde ceux,qui
ſont. pareillement CIſIClOS en des coquilles ſans
;Qqtesfois qu’ils y_qu’il
ligament, d’autant oyent
n'enattachez
eſtoit pal:ar aucun
bcſoing,
puis que le_s deſtours 8: cótours, qui ſont ſaicts
enligne ſpirale ,empeſchent que lerſpetit poiſ
ſon ne tombe en has, de ceſte ſorte ont toutes
les Toupies,deſquelles la Varieté eſt preſque in
finiexomme les Pour res,les Limaces, les Po
lypesôc
tton de entre autres
tous les admirable Nautillon
nauigagesJequelſſ deſployePa
ſes
voiles au vent, quand le ciel eſt ſerein 8c gou
uerne ſon nauire artificiellement elaboré par
le moyen de ſes pieds , deſquels il ſe ſert com
me de petites rames 8c autres attelages pour
ce faire.
TH. Aurions nous apptins des beſtes bru
tes à faire les Natures 2 MY. Pourquoy non,
'puis que l’art Îmitp la nactlure 2 Car le Nautlil
lon n’a non _ us aute e nani a c que es
autres eſpeceîde Polypes , ce qfi ſe void ap
pertement en ce,que ſoudainement il ploye ſes
voiles 8c tout ſon attelage pour ſe retirer au
fond de la mer S'il aapperçeu quelques oiſeaux
de rapine voler par deſſus ſoy:Et meſme les Pa
trons des natures non pas ſeulement appris de
luy la forme du nauigage ,mais auſſiæiand le
tem ps
ÊEcTXON
kſiêps eſt propice pour deſpartirVII. ,4jŸ
du pornôæ deſñ
player les voiles au vent: de meſme auſſi les
. _Architectes ont pris l'exemplaire des viſettes
pour monter aux edifices ſur la coquille des
Pectoncles, _ ‘
T H. Pourquoy eſt—ce que 'toutes ſortes de
coquilles Ouurent les battans de leurs gouſſes
au retour du flux de la mer en ſes ſouſpiraumôé
les reſerment à ſon deſpartwoire meſmesqdel
les ſoyent tranſportées en des pays fort eſga
rez des .lieux maritimes P MY. Seroit-ce pouf
ñauoir pris ceſte habitude lors que le flux 8c re- ~
flux dela mer les venoit trouuer 8c les laiſoit
en leurs rochers 8c ſouſ iraux 'par certaines
heures limitées, deſquel es elles ont retenñu
apres la periode par accouſtumance? Ou ſeroit
ce qu’elles apperçoyuent-,voire meſme qu'elles'
ſoyent encloſes,l’efflcace de la natuſſrede la mek
'en l’aure 8c vapeur de FOceanP _ . _:21
> THE Les Oſtracomalaques , ou les* poiſſons
'crouſteleux ſont ils compris ſoubs le genre des'
coquilles? MY. Ceux-cy ſont beaucoupeplus
parfects _que ceux-là» , auſſi ont-.ilsîbeaucoup
plus de ſentiment que les autres; car outre le
gouſt le tact ils ont auſſi la veuë, 8c meſme
en certain temps ſe deſpouillent deleurs cron'
.ſtes comme le Serpent -,le Rouget , 8c PEſcar-s
hot de leurs vieilles peaux: ils ſont auſſi beau-ï.
coup plus conucnables pour alimenter l’hom=
me que les coquilles , comme de vray ſont coud
tes ſortes EŸEſCreLÎÎcŸ, qui ſortit preſqule Èmï
rinſesctſoubs ſept e peces , à çauoir z a ñ aria
go uſte marine, l’Aſtaci1s,la CreËÈtte-lä Cigale,
._ 4
438 TROISIESME LIVRE
PEſcreUice de riuiere, 8c les Gamares.
. . TH. Cóment ſe peut-ilfaire,q1‘1’il ſurctoiſſe
aux Eſcreuilſe; d'autres pincettes en la place,
où elles ont eſte' ptemieremexit attachées? M Y…
Parce que toutes ſortes de poiſſons coquilleux
8c crouſteleux ne ſont gueres efloignées de la
nature des plantes z' leſquelles eſtans coupées
reiettent_ encor' des ſiirgeonszle meſine aduient
auffixeæi quelques parties des animaux,comme
quand vn artoil ſutcroiſt au pied , ou vn doigt
en la main ,lequel on peutappeller Zoophite
ou plantanimale; Geſt auſſi vue choſe commu~
ne aux pieds des Polypesusc à laqueuë des Ser
pents 8c Lailzirgquc de renaiſtre apres qu'ils
ont eſté ou rongez,0u~rompus,ou cou pez,de
ſorte qu'on aveu fort ſouuent des Lai ars ,qui
auſioyent double queuëme plusne moins que
lesarbtes .Pluſieurs œiettons du lieu, auquel ils
ont eſte' couppez. ~ - ~ ñ' '-' >
— - T ?nale compreus maintenant la cauſc,po~ur
quoy c'eſt qu’ó trouue auxEſcreuiſſes des fleu
ues) quelques-fois les pincettes de deuant tels
lement inegallegque l’vne ne ſemble quemninë
tenant: de naiſtregant elle' eſt courte , Pautre;
ayant-deſia attainct ſa parfecte grandeur.: nnais_
queîveut direequëon ne trouue en part du mô
de poiſſon en plus grand' abondance? M Y. La
l-iberaliré de ln prouidence de l’Autheur de na
ture a bien eſté tät grande , qu’elle n’a laiſſé au
cune part au monde , en laquelle elle n’aiſt c6
muniquéabondamment ce,qui eſtoit neceſſai
re à la vie de-Fhomme : car ,- quelle choſe trouj
ueraſt-ſion-plus vtileî que ſeau. .pour s*en ' (Bruit,
-l 1 ou qui
SEcTioN VII. »Afp
ou qui ſoir plus delectable à veoir a ou qui cuſt
eſté plus precieuſe, ſi elle n’eſtoic tantſcôrnttnè?
de meſine a elle largement eſpandu les Eſere
uiſſes par toutes les marges des fl-Egqçç 6C ruiſ
ſeaux , voyant qu’il nëy auoir tien \qui fuſt ni
… plus vrile , ni plus delicieux à niäger qufflicellesz:
8c certes les EſCſCulſſCS Ont bien eſté :an: eſtí-ſi
méesles
tous , qu’vn
friands;
certain
nauigeaſt
Eſoptts
de ,Rome
“lèct plus_
ensſitlauoÿ
ftiaiicl

nie pour en manger à ſi1ffi’ſance,'çlſſ_’atitantq ~u’il


auoir entendu dire,qu’elles naiſſoyeiät FdtîtÊ el
les 8c et? grand nombre en ce lieu :inaiscty éŸ
ſtanr venu a: ayantſſla appris qu'elles nailſoyeije
encor' plus grandes 8c de meilleurſigotſitſt en A'.
friqueul fiſt próptement voilezàſ fin qñu’y'eſtant
il
ſe en
de mange-nfl
ce poiſſon àn'eſt
~plaiſir. Et meſme_
pas tant la friahdi-ffl
recornſſrnctandalälë;
que ſon vtilité eſt grande enſſpſiluſietits choiſies,
comme àdonner ſecours aux ernſſpoiſonnez; ï
ëleliurer lztfemme groſſe de ſon fi* iiéflhvquanſid il i
eſt mort,& à reſſtenirYautre, quiſië îen vie, iuiÎ- ~~ ct
ques à ſon terme , pour remedſiier *ä 'la difficulté ctñ J \
\

d’vrine ,'86 -pôur donnerde'quelque


Ccmgqtli-ſonrattſſaincts allègement
la morſure des chſiiêsä - —
curage; : dauantage , on pſeutſſèlonner_ ſſgtand
ſoulagement à eeuir,q’uſſi ſont 'trauailles de Flliai: ſ
- I
pierresdeſquelles 'on troune
que paſſion ,S’il boyùent 'en aux Eſcreuiilſſes
poudre 'dëefi - 'ſi
les _petites .»‘ '

riuiere : tnais c’eſt \in grand plaiſir de veoir, ’c~ctô_ſſ~ '


ment le rnafle garde le trou de ſa cauerne ~e~n vn
rocher , ſe tenant Ferme àſentrée, la teſte con
t-re bas , &ſes
empeſcher quedeux 'pincettesnepréparées
ſes corriuaux pour
lu yzſidefſſroben
, _ FF 5 _.
460 -IitoſstJEsME Lrviuz
douze ou quinze femelles ,leſquelles il tient
encloſes dans ſa logette endurant pluſtoſt qtſä
luy arrache les bas de ſa poitrine que de per
mettre qu'on le defloge de ſa place.
F TH.Qi_1_i ſuit en ceſt ordre les poiſſons Crou
ſteleuxrMv S T. Les Eſcaillettx : car en ſomme
' il n’y a que
Qnszffllſyn deux ,ſouuerains
de cſieux genres
qui ont le cuir Liſſe'des Poiſ
«Sc-aplañ'
ífliygôcctfautre de ceux, qui l’ont Rude 8c tabou
tèuxj celle ſeconde ſorte cóprend encor" ſoubs
_g ſoy quatres eſpeces de poiſsós à ſçauoinles Co
quilleux 8C Crouſteleux , deſquels ndisauons
deſia parle' ; 6c les Eſcailleux 8c Eſpineux , deſï
quels' nous parlerons
ſ TiLQgi maintenant.
ont les eſpeces des EſcailleuxêMY.
Elles ſont,à dire
teſis differentes lesvray,en
vnes desgrand nombre,ôc
arttreszmais tou
il n’y en
a point, qui ſoyent à comparer , touchant l'ex
g cellence du gouſhau Pagre 8C à la Truitte,de la
'-
.
'ï voy Pierre
quelle on trouue cinq eſpeces, leſquelles
,—
eſtans
' 3.1.… qu; z. deuenues en leur parfecte grandeur S appellent
di" !W df Saumons* : il y a auſſi les cinq eſpeces 'de Mer
.- uerſite de nos . .
,un kunde- lus , puis apres l’Orph1n, la Doréïîzle DentaLle
~. ÎËSPÊÏÊ" = *âîLeparasJe Rouget, le Capriſquede Raſoüer,le—
_ Rôdclaejtketou- Mormyrede Dard,la Merluche,le Scate,l’Abra~
ïhïïnïäï ſfflïſ- me,l’E.ſcharbor,le Chaſtagné -, la Çarpe,le Cor
-——.—~e.'
ÜÃ, :J1 ſſózſ_ bin,le Melandrinde Sargonde Melanure,le Mi—
'"5 a AW** lan,I’Hirondelle,le Barbeau,le Phycis, le Merle,
ËÏJHÃÏJÎËJ le Cinctede autrement' Iaunard , l’Hepatus ,la
r ï" Mflſïe bl"- Perche,la Late,l’Exocete,l’ſiOmbre , les quatres
ñ45km*
rïz.s;

[J, eſpeces de Glauc,l’Equiſole ,le Brochet, PAIO


P'°P'i®²ïſſ ſe,les douze eſpeces de Tourdes; les autres qui
Grecque 8c
du_ “ruyuent, ne ſont ſ - i
pas i exquis que CS PÃCCÊ
cnrs
SECTIOAN VII. 461
dents , combien qu'ils ſoyent eſcailleux ,à ſçañ.
uoir le Iulis,le Tymaleda Channe, la Tanchede
_ Sudis,le Chromis, le Broehetó,le Narillon,l.és
trois eſpeces de Gobions,le Liparis,le Myſtedc
Bopigre ,la Sal ille , l’Anchoyez,.le Picarel, les
quatre eſpeces 5e Chabots,les deux eſpeces de
Cythares , 8c autant de Laiſars 8c de Loups, le
Scorpió,la Blenc,l’l~larät, 8c la _Sardine : le reſte
des Poiſſós Sót bië tät menus qu'ils paſſent our
tre les ſeimes 6c filez,sis pouuoir eſtre Zretenus.
auxTH.
plusFayetits.
affection
M Y.deOn
lespeut
cognoiſtre
mettre iuſ ues
ent-lent

,ran le P olis, l’Aburne, la Bulbaque, le Cobi


, tis e Gobion de fleuue , la Phoxene , la Spina
telle , PAndrOmiS , Œngraulis , l'Alouette cre
ſtéc, le petit -Metlan , l’Atherine , quiſQuE ,tons
_ eſcailleuzghorſ-_mis la Phoxene 8c la Spinarclle.
T H E o &Combien de ſortes trouue-an !de
Poiſſons cſpineux? MY. Deux; l'vne quiæaades
eilîguillons par dehors,8c des areſtes par-dodanê;
à çauoir, l’Vranoſco e,l’Amie, lazFaux,_le San
glier,la Lirc,les deux. otïtzes de Rougets, -lîArai
gne,lc Marquereamle SeſerimPEperlan : l'autre
a ſorte a bien des cſguillons par dehorsgnais elle
n'a point d'eſpines par .dedans , ſinon des_ Carti
lages en leur place, comme on pourrait dire les
trois eſpeces rondes, des Matſouins autrement
Epaulars , 8c entre les poiſſons plats l'Aigle, la
Scatine,les trois ſortes de Rayes, la Tareronde,
la Raine peſchereſſefic la Torpille… _
T H. Qu ſont les poiſons Liſſez 8c aplanísè
M Y. Ils ſont comprins en trois cſpecesxla pre
miere eſt de ccux,qui ſont appellez Plats,cOm-_
\ me
462 TRÔISXESMÉ LÎVRË
le Tutbor,îla Barbutqect, les cinq eſpeces de
'Paſſereauxdes quatre ſortes de Soleszla ſeconde
de ceux ,qui ſont eſtendusen long , connue la _
Murcnqla Lamproye ou l’Echeneis,le Congre,
1a Muſtelleda-Barbotte,l'Anguille,le Spondille,
'le Serpent
liſſez marinzla
8c aplſianis troiſieſine
,maisqui non de ceux,qui
pasle ſon;
cuir ferme
- Pour reſiſtenqnand-onles
de ſimg ont quelque atttrſietouche,
humeur&qui au lieu
reſſemblan
, te ouà Pencte, ou au :ſang pourry , comme la
Seiche,le PolypùôcleíCalemaiï.- ' - <-- ñ
‘—~T‘~I-Î. Qqi
moleſſe ſontlesM
de ceuxñcy? poiſſons
Y." Tous,qui retirent
les' plus à la
i' "Sands,
deſquels on fait deu-x ſortes; l’vne,dé ceäixſi, qui
font premierement desœufsÀèuant quîexclot-æ
ire leurs petits; 8c l'autre de ceux,qui font leurs
etits en vie ;à la premiere ſorte ſeœraportent la.
K/Iolnë, le Glanis,le Silure, l’Attilius, 6c l’Acci~
penſer. A v - h r - V
T H. ſont les gros poiſſonszqui font leurs e
petitsctcn vie? M. Le DauphimleThunhezle P6-
pile,le Myſticeteda Balainede Phyſaleda grand'
Scolopendteda Lamie,le Matſouimle Priſtes,le
Glaiuegle Veau marin, l’Or,thago'riſque ,la Ba
lance , le Renard marin , les quatre ſortes de
Chats marins', le Chiê marirnleſqttels,combien
qu'ils enfantent leurs petits en 'VIC , toutesfois
conçoiuent' les-œufsï en? la ſorte des autres
poiſſons,& leseſcloent en leur matrice premier
que d’enfanter.Lc reſte 'des autres poiſſons n'eſt
- as cognu en noz riuages, comme_ ſont les Ti
Eurons des Indes,la Manate,la Morſe, 8c le Re
uers . par l'aide duquehcomme par lſiadmiraläle
in u
l
'SEÇTLON VII. 46;
induſtrie d'vn Chien de chaſſe,les Indiens ont _ _
a couſtume d’attraper les autres î.; Finallement il LAÏΟÏ-Ïïädct'
n’y a point de riuagqqui n’aiſt ſa ſorte ſingulie- Indes.
re de poiſſons, leſquels la Diuine prouidence
procure pour la prouiſion annuelle des hom
mes 'en les Faiſant multiplier ahondammennen
partie par la voye de generation_ , «Sc en partie .
extraordinairement par ſa ſeule benediction. _A
T n.. EX lique moy,s’il te plaiſt, qu’elles ſor
tes de poil ons ſe delectent pluſt ſt en vn_ rinas
gequëen l’autre P M Y.'Il ad uient ouuentfluëvne
ſi grand' multitude dŸHarens aborde au riuage
de Flandre 8e d'Angleterre. apres PEquinoxe
Auronnal , que les filez des peſcheurs ne les
peuuent contenir ſans eſclatter: &toutesſois
paſſé ce temps , il eſt impoffible d’en trouuer
aucun en part du monde , de ſorte que ie croi
rois ſacillemennque ceux , qui ont eſchappéla_
peſche, ſont en fin deuorez_ par les autres gros -
poiſſons.
ſi T H. Ne ſeroyent-ils .pas eſclos dela lemen _K
çe de leurs œuſsz M Y. Celà ne ſe peut faire au-Ë
cunement, puis que nous les voyons en vn meſ
me temps aller en trouppe tous enſemble, 8c'
tous d’vne meſure egalle,ou peu s’en faut , àla
grandeur d'vn chacunzôc toutesſois on ne trou.
ue leurs œufs en aucune part,ſoit quon les cer-r
che aux guez 8c aux riuages , ou oit qu'on les
veuille trouuer entre les pierres 8c _la mouſſe,
de la mer.
T H. Ne peut-on pas auſſi peſcher aux autres.
(Puy certes
riuages_ :_ carlaautres
quelques pçſchqſortes
eſt fort grande au \.17
de poiſſons?
_ nage-r
464 TROISIESME Liv RE
nage de Danemarch , 8c en Holande de. Saul
mons 8c &Eſturgeons , leſquels ils appellent
Silnres: telle eſt la 'peſche des Aloſes au tiuage
d’Aſriquc,leſquelles ceux du pays appellent 14
mm: : on les trouue auſſi ſort ſouuent au riua—
ge de la Gaule Celtique , mais non pas qu'elles
yabordent à ſi grand* force-z on ne vid iamais
tât de Marſouins 8c de Balaines qu’il_s’en trouue
autour_ des iſles appellées Orcades , leſquelles
toutesſois ne viennent pas tout à coup,comme
les precedentsmiais prennent peu à peu leur ac
croiſſement en rempliſſant de leur engence
toutes ces regions là: on void ſur le mois de
Mars à. force Lampmfiyes au riuage de Bretai
. gne, 8c vn nombre in ny de Chats marins (ap
pelles autrement cn noſtre langue Filles) au ri—
nage de Normandiegiuſquels ſuccedent le mois
ſuyuant au meſme lieu les Marquereaux, qui ſe
peſchent à grand nombre. D’auantage,ceux de
Laleques en Portugal Font vu merucilleux pro
fit des Sardines, le quelles ils prennent àgrand
foiſon
ſolſtice tous les ans ſur leur riuage
d’EſteÏ. ſi enuiron le
' TH. Pourquoy as_ tu accommode' le nom
«l'Echo-ncis aux Lamproyes, auſquelles conuien
… droit mieux le nom de Murene? M Y. Parce que
la Lamproye (qui prend ſon nom de- leſcher les
pierres) eſt ſeule entre tous les autres poiſſons,
qui s’accro.che auec ſon meuffle contre les pier
res 8c nauires,co1nme ſi elle les vouloir emmor
cer à gueule ouuerte 8c par ainſi atteſter aucu
nement le cours des nauires , dont il eſt aduenu
qu'on ?appelle auſſi pour ceſte cauſe Bernard:
quant
quant aux Murenes,
SEcTioN deſquelles le riuage de465
VII. Si

cile eſt tout plein , elles ont grand difference


auec les Lam royes,car ceſtes icy ont la bouche
ample 8c de ,gure orbiculaire, ſans dents, 8c à
chacun _coſté en deſcendant des oreilles enlbas
ſix pertuis g mais la Murene a_ le meuffle pointu
_ àla façon des Anguilles , ayant auſſi la gueule ~
bien fournie de dens diſpoſées en forme_ d’vne
ſie , en ſommedeelle
Lactmproye,& a le corps
meilleur gouſtplus petit que la
au manger.
TſiH. Çontinuene te prie,à m'expliquer quels
Poiſſons conuerſent plus ſamillieretnengou qui
— ſont pluſtoſt propres en ceſte region,qu’een_l’~au
tre. MY, Les Elopes ſeplaiſent grandement au
riuage de Rhodes,les Gobions en celuy _de Can
die ,les Muges autour de Narbonne j, les An
ehoy-es aupres de Marſeille,les Thons en l’Hel
leſpont , principallement_ enuiron PE-quinoxe
Autonnal: les Merluches ſortent au riuage de
la Floride à grand Force enuiron le Solſtice d’E—_
ſte', 8c toutesſois on ne les y peſche pas au file',
mais ſeulementàla ligne. ~
' ~ T H. Pourquoy penſes ru que telles ſortes de
poiſſons ſoyent propres à ces riuages , puiſque
on les peut preſque par tout peſcher? M Y._ l’in—
terprete cecy , quand ie dis propre de chacune
region, comme ſi ie diſois que tels Poiſſons ap
partiennent là , oùil s'en fait plus grande peſ
che en certaines ſaiſons de Pannée, comme ſi
Dieu en_ vn moment ſuſcitoit toutes ces troup
pes de poiſſons ſans aucune propagation pour
en faire vn preſent à la neceſſite' des hommes:
toutesſois il n’y àrien, qui ſoit plus admirable,
TW
466 TROXSIESME LIVRE
que de voir marcher les Thons en _eſquadronz
qui eſt parſectemêt carré en cube,ñôc meſine au
, quel ne defaut rien,tant ils ſont ſerrez 8c eſpez,
comme, s’ils S’eſtoyent diſpoſez en bataillon,
tellement qu'en ceſte demarche ils renuerſenc
² “F5 q” ſoutient ,les nauires
donnaſſnïlïiſſaut ſur Fflelleſpont
par grand violence î'. en leur
nous liſons c- ', \ _ . \
fire nducnu a I H E. D’ou peuuent ſortir tout a coup de ſi
Alïffldîë- groſſes armées de poiſſons , qui ſont preſque
tous ñd’vne eſgalle grandeur? M. Il Faut iuger
que celà ſe ſait par vne certaine prouidence de
ce trcs~bon 3c tres-grand Ouurier de nature , à
fin qu’il ſuruint en certains temps aux aliments
des hommes &des beſtes : mais ſi quelqu’vn
penſoit que ces poiſſons ſortiſſent l’Eſté de
de leurs taſnieres, il ſe tromperoit, puis que les
Harents 8c les Thons ne ſe tnettent en câpaigne
ſinon ſur l’Aut6ne, 8c les Eſtourjons 8c les Sau—
mons ſur l’Hvuerzd’auanrage,la ſœtiſicarion de
tous les poiſſons, qui ſaonnent leurs petits ſe
lon Pordre de nature, ſe fait ou ſur le riuage,ou
dans les rochers , ou parmy l’algue,ou encre les
ioncs 8c cannes des' lieux maritimes , mais il ne
faut pas penſer qu'aucune ſœtification ſe faſſe
au profond des guez , 8c encor’ moins des Ha—
rents 8c Marquereaux , qui ne ſe trouuent plus
en part du monde paſſée leur ſaiſon.
T u. Certes ceſte ſaillie des poiſſons eſt ad
mirable, ſion prend garde à ce,qu’eſtans tous
(l'vne meſine grandeur ils apparoiſſent dans vn
moment aux contrées , qui ont accouſtumé de
les receuoir en certaines ſaiſons,mais pourquoy
;ſaduient-il le cas pareil aux Oiſeaux 6C beſtes
champe
-ï Sæ-c THÊÔNPVÎI. 467
chain aſtres? Mir. Lespiſèaux n'ont pas irioins
leur? aîlliëännuëllcïque les poiſſons ,laquelle
toutesfoisffeſt pas ſi Frequentezcar, qui 'eſt ce
—luy,qui‘ne ſçait , que les Ramiers viennent à
Æíd** t-róuppe de la mer'Thyrrhene au terroir
‘ Toſcane ,85 de la mer Celtique autour de
'Rhoízon void le meſme deluge des @yes nœud'
ges en ces quartiers Briolanois L: 8E des Biſeti',
qui artiuent en ſi grand nombre 'ſurñſA-utoîlifiè
par toute la Beauſe de nUIrFPfancezîqübë-'lës
habitans du païs en peuuent nïan-ger-ëàïlſavgälffi
leur
tontesfois
nids , ni,les-
il n'y a'creuſes
aucun”des
rtidyen
*dents'ni-deëifêdttüct
, comme ‘>'vi‘_~~
fiiitdesſi autres oiſetíuätſäpres queléiiïiïsïpetitlsf ct'
ſont cſpeillis: autant enpouttoiasœiorts encor'
diíre des Pleuuiers ²,~qui arriuënt en nÿcſiaäéïfäiÿ- a c'eſt vne :r:
ſon--zlgtand trouppes ~tduëé"<‘l’vne grandeur au :ÊËGÊKÏÊÃPÈÏÎ
terroir d Orleans, la où le peuple penſe qifils res differente
ne viuent que d'air ſeulement ,parce 'qt-t'on ne fäfſiſfflgfë:
leur trouue aucune' vianüéäîafiâ ICS' bdÿqux ai prendrai-uen:
res qifonïles a- freſchement dſüeflflieñî lîlctffie P°“"ſi’“'
ut pas icydouter que les âuëresflcon-frëqesôc ſi
regions näiyentileur prouiſion annuelle conce—
'déc de 'la libctdlitédîui-iäeſi ne( 1s ne'i'l_1ë>’i‘n‘s~'qii'e
les-ſuſdites ptouincegdeſquelles nÔusparlî-ons
'maintenant : mais: ceux , qui ſpntîgnorans' de
telles choſes ,ne laiſſent pour cela-de prendre
ce reucnu
fois auec d’eſiux
perſimne grand'applaudiſſementztoutesſi
ne recu-che nonplirs la
cauſede tant de bicns,que ſeroit vn porceau
apäeäíeſtre bien -repenv deîglands ſoubs vn
Cepe." i
-' Tnrî. Certes dè-ïſte opinion me ſemble du
~ GG
.4568 Tnp-t-JtEsM-E L _IYRE
tout nouuelleñec n~e penſe pas, qujaucunv de;
.ailerons .Îſcriuams lïaiſt jamais miſe gagnant,
_puis qu'1 s n’ont point recognu d'au-tte genera
ñtion des poiſſons 8c Oiſeaux quelbrdinziire,
M Y. s. Sïls ne veulent condeſcendre .à, níeſsrai
..ſqrysnls doyuent pour le- moins açquieſçei-_à de
que le ſens leur enſeignezmais qui ſeroit celuy
pqug-yçudtoit penſer que les cailles s'en firfifeaz
ñzzglees iadis_ àupalnp _des Iſraelltçs en l] granæ
-Iuÿlybÿc ,ñqiſelloeóayentñ ſelon Perdre de nature
ſqudginernét couzuertñla terre de deux coudees
djhautuoqñrztoutñzlcylóg du chemindvne iourneſſe,
a Au [lui-clics «$5 fflfiſfflciîaü- WOËSEFAPBBÃJ- auquel tips elles
äſzïê“g'iſ'ſputñ ſont, rares ë Car ilnígſtoît, as-poíliblçfioiſi
ñ . 'xe .tnçſœed
rnbndé »que ÏTQÜÏËSËLÊÔDËTÏ] s z qui
,,fi1ilſieiit.-enſemblçàqtfçlles ſont. au
_euſſent-pu
-j l_ _ < fairtîvnſi groszamazszqueïzcſtuyçcy en vn-meſ
ñ ‘m—°—' 33m4" 7a-- v .î zz- .Is, .' 3l- ..‘ i. ’-. .zz
l 'ſjj-_V — IJÂYQÏZÈ viendrai-vendeurs donc-ſi cläg ne
i'ñ-‘-‘²-n..'LH-WV' ain't-i
VFDQ èſiïædſiiflnfllffl]raiänrtiesde
ne' as autres ,ais-JM Y la
s. Îmîÿpougï
N S ~

. iettclljfl-\Æalïÿpidôf ÈÇÏBÏUŸÊÈDÏÛEPIQS
que es amxcrs M odieux-H e» ÛHŒCRT_ _yrr,,_
ne_ pour . \ic-Edit &P1 Yolamniezäíi de; lai their-Ocea
Dsæpîqæw (Matter Îſurzle Estroindcläbçarx_ t: IQBI*
*ËËSÆOIËË ſi-quelquwn.Yquloincoqtrjſter icy que
ces _oi eaax- prennent .leqffljzold Afrique ,pour
.venir en la Toſcane, Ça lesautres de ñla Floride
pour venir ſe pourait-guet en la Gaule Celtique,
il ſe níóſtreroit ridicule, meſmeaux petits en
ſans, puis que le terroir de ,Volaterre eſt, diſtant
de l'Afrique de plus de mille 8c deux cents mil
_liairçzs lrali ‘l ueszôcñla-FIQIÏHC
,
dËvnc diſtance"ſi in—
_
' t me
S_Ede cRoantLDhua-ntagenzôbiêri'q
finie au paſs T x o N -VÎÎI i_ les
469
cailles sïrnuolëtctailleurs lors 'qlffiutonnqîÿapl
procheuoutesſois il ne Faut-pas 'penſer 'qu'elles
paſſent la mer ainſi , car ſi e les shfforceutîà-la
paſſer, elles ne rardent gueres à ſe moyen-apres'
’ ~u'elles ſót parties du titlage,à cauſe de leuepe
Èænteunôc de ce qu'elles ont les ailes-fort @Sat-ï
tes. De là vient qu'on les peſche auîeèſſëgrâd "proſ
ſit autour des riuages d'Italie, ſiîectlles ſontſieFſi
forcées de paſſer la mer,lorsï prinéipallemenf
que la Galerne ſouſflezAilerroës ²~ 8c Auicennê ſiſſzaîféëfflîſſ'
ſconſeſſent queceſte extraordinaire generation le' 2. liu.de i:
ſe 'peut faire. - ſi .~' ‘- ~ — Phyſique
T H E o. Concedons que b la mer(laquelleſi b En' Geneſe
Moiſe appelle mere des Poiſſôs_ 8c des Oiſeaux-j- **WP-Î
8c les Poëtes mere de toutes choſesſhous done
ne par la prouidence de Dieu toute ceſte prdui
ſion annuelle des Poiſſons 8c des Oiſeaux pour'
nous alimenter, 'tontesſois ie ne puis apperCe-ſi
uoir pourquoy'lerHirondelles~ 8c ces oiſeauzſit'
appe lez Seleucides s’efleuent tous les ans pour J
s ennoler les vns icy les autres là, puis qu’i S ne -
ſeruent de rien à l'aliment de lliomme? M Y s.
Les
ſiuct* leoiſeaux Seleucides
mont CaſIius, lorss'enuolent tousaſſe
quele Soleil les ans
par
PEſcreuice, à fin qu'ils rauagêt les groſſes trou
pes desiSauterelles 8c autres inſectes ,de peut
que; telle ver-mine ne conſume le ſruict de la
terre eſtant en vie , ou qu'elle Ïinfecte l'air
eſtant_ morte par ſa pourriture s ces Oiſeaux,
ayants ainſi mangez toutes les -Sautierellesgÿeu
retournent 8c seuanoüiſſent tellement, qu'ils
ſemblent n'auoir iamais eſté-au' monde s le cas
G G " 2.
470 Tkolsll-ISME LIVRE
ſemblable eſt des _Hirondelles -, quand elles te
toument ſut le print-EPS pour diffiper les Mouſ
ehesôcles inſectesœou comme les CiËongnes
poutjextertninet lesôerpents, deſque es nous
parlerons etr-leur rang. »
…Jf H.. Pourquoyeſt-ce que les Poiſſons-ne ſi:
tzejxnenqçnlpleine merÿou dans les guez pro
fonds &çfloignez
ſidelsfapprochet desCertes
Z MY. nuagesëqui les contraint
celà n’auient point
ſſflux Polſſons pour y auoir eſte' pouſezspat Fitn
vp '. H. "P ï
ſigctuoſité du reflux de la met,puis qu’ó les veoid
.d 2"'
Il i' icn ſouuët
mais il faut monter
pluſtoſtcótre le cours
attribuer celàdes
:àlafleuues:
bonté

-\ 1
de_ IÏOuutier de nature, quifacilite par ce moyê
9 .
..qt la peſche à Phommmquand il luy addreſſe rant
de ſortes de viandes , voire lors quül n'y pen—
ſe pas : voilà ourquoy tout le riuage _eſt cou
vert de Mon( e marine,de (joquílleszôc _de Plan
tes,à' fin que les Poiſſons y _ſoyent allechez pour
prendre leur paſtute, ou pour y fairelput pcq
tits, qui. eſt la. cauſe, qu'on les ty ſiirprend_ p us
Facilement ,jveu meſine (comme nous auons
deſia__ dit) quïl y a des inſectes,qui les central-g
?nent par leur importunité de. ſortir des goufz
'res en s’en allet vers. les riuagesxaryoire meſq
meque pluſieurs Boiſſons ſoiyenr aPPF-,llczLMa-f
riniers à cauſeyqtfils' ſe tiennent en pleine mer,,
6c les autres Riperans pour eſtre domeſtiques
des .riues,il n‘y en a ppinttottçesfois qui _ne s’ap-_.
proche de la tetreeù certaines iaiſons,& meſ
me auſſi leplusjſouuenty, eſtans pouſſez par la.
ICΟÎIËCIÏC- T. t .. <
ir. (La ſont les Poiſſons qui abandonnent .
' la
SECTION'VII;’² 4?!
la mer 6c montent contre le cours dqs fleuuesx
M Y s. Les Saumons, les AloſeSJes Eſtourjoctns,
les Lnmproyes 8c quelquesſoislesBarbëauxjæe
qui aduientñpluſtoſt, s'ils rencontrent! des Bar
ques, qui partent de Pemboucheure dela; mer." o'.
chargées deSel. v . ‘- _:’ ÿ' '- ²"'
T H. Combien de ſortes de mouuemſiençs ont
les Poiſſons? M Y. Pluſieurs :carñles Eſcreuices
marchentdes Coquilles ſe trainëgles' Milans 8e
les Torpilles volet, tous les autres nageur, -
en diuerſe ſorte : car les Muges 8c Barbeaux' na-ct
gent auec leurs pinnes,les Pdlypes auec-leurs
pieds,les Gamares en ſe courbant 8c eſlançant,
le Serpent
ſant, marin 8c
le Pectoncle enlaſautant.
Larnproye
~ ſi en ſe fleflshiſd _ſi
- 1': r.-.’

q T H. Pourquoy eſt-ce que les Poiſſons meu


rent,ſi on les ferme en vn l1eu,où il n’y aiſt point
d’air, ven qu’ils n'ont point de poulmons pour
l’iuſpirer,ni pour Yexpiter? M Y. Ils ne meurent
pas pour eſtre ſeparez de l’ait,ce qu'on peut re-'l'
marquer aux Poiſſons qui ſont enfermez ëfidesi
viuiers de bois, comme dans vne arc he, là où-il-s
sœngraiſſent ſans mourir; mais ſi on les (être
dans quelque vaiſſeau eſttoit, rien [ſempeſche,
qu'ils ne meurent, ſoit que tïu leurs donne de;
Fair,
ainſi ou
ils ſoit que tudelesFroid
meurent empeſche d’en
FI-Iyuer 8c iouït: car
de chaudſſ
l’Eſte' : au contraire S’ils ſont au large dans leurs"
viuiers, ils nagent le Printemps 8c Autonne en >
la ſuperficie de l’eau,8c PEſte' 6c l‘Hyuer au Pläls ’
rofond dëicelle out euitet Pextremité u+
Froid 8c du chaudzge ſorte que l'air eſt domma- a
geable à toutes ſortes de Pcèillëns , qui- nÎon-c _
ññr 3
~
_l 473, TitoisiEzsME LlVRl
point de poulmons, pluſtoſt que ſalutaire.
'. ,_ ~' ,, THI; H; E 0 R. Pourquoy eÃ-ce qu’on ne trouue
point _demaſles en toute Feſpece des Rougets?
2A5 &iii-gde M xs. Ainſi l’a eſcript ï Ariſtote , mais l’expe
ſrience quotidienea monſtre le contraire: car
les animaux , qui n’ont point de malles ,n'ont
auſſi point de. ſemelle , comme les anguilles 8c
. toute autre ſorte de poiſſons coquilleux , non
obſtant que le peuple penſe que les petites an
b Au &ſiuhdc guilles ſoyent les malles. Oppian b Poëte s’eſt
la chaſſe. aiſſé attraper à ceſte erreur , quandil eſcript
qu’6 n’aiamais veu la ſemelle du Rhinocerot:
mais celà ne vient dïiutre part , ſinon que c'eſt
vne beſte rare 8c qu'en toutes ſortes d'animaux
les femelles ſont touſiours plus accortes &ru
ſées que les mafles- pour euiter les embuſches
des Chaſſeurs. - —
T H. Pourquoy eſt-ce que les poiſſons de
mer ſont plus doux à manger que les poiſſons
de r-íuiereêM Y s T.Les poiſſons ne ſont pas ſeu
lement differents les vns des autres en ſaueur,
mais auffi leurs parties entre elles—meſines , ce,
qu’on peut remarquer en la queue du Thon &z
en la teſtedes Sardines , deſquelles le gouſt eſt
acte , l’Aloſe retire ſur l'acte 8c octueux ,les
Moules 8c Holuturies ſont aucunemêt amers:
la SeicheJaLaHgOUſte, les Nacres, Polypes, 8c
coquilles participent au ſilléîla Creuette,le Pe—
ctócle,les Huiſtresdes Merlucs 8c tous les poil?
ſons pierreux tirent ſur le doux : la Phole 8c la
Paſſe d’eau douce i1’on_t point de ſaueur : mais
ſur tous les poiſſons les pierreux emportent le
peisquant àla boméôc delicatelſe du manger,
‘ _ _'_‘ _z ou ſoit
' ou ſoit_ïque~S~E~cî'r,1~_o'î'rf
cela-vienne dlujäiuets
“VIILpaſturagede
473
nel les planſikſicsîmaritimes leurs donnent , ou
it "que nature par antitheſe ou coſintrariſietó

fiſt avides-choſes 'chaudes au milicn des Froi


des,& les froides au milieu desrhaudes , 8c les
:meres pariny les douces , 8c -lës douces parniy
les'
cônje-anieres : car
'rnôſtre la mer eſt ſaléedonc
ſon-lnomſóbien 8c amere , ainſi'
que POu-ſſ
.urier dc nature aiſt mis du ſel en tous les autres
animaux( comme on' eutïuger ar l’vn-ine 8C
par la Pituite ſalée) à 'n de les ClCÆndſUdc cor
~ ruption ,il-n'a pourtant point baiſſé de ſc] 'aux
poiſſons , puis qu’il n'en cſtdít pas beſoingneu
qu'ils conuerſent danS-vnî element ſalé; veu'
aufſi 'quetous les animaux ſe nourriſſent dc
choſes- doux,&
fuflènt douces , neretinſſent
il faiiloit auſſiÿoint
que ceſte
les poiſſons'
ſaiſſieuſſr”
amerezpour leur ſeîruir cſàlinäentêcombien que
par-certains degreîz îchàcuiileîîtihoſç ſoit *plus
douce ou plus ariiere,8è’a’iſiſi²d'è'ïtoutes les auſi-j
tresT qualitez: ~ '
H5- Aiëellwspourtoïi ~~ '"la îpaſtuteïleusl

poiſſons ſinon Tes [Boiſſons rtieſmes P-'M Y. Tou:


ainſi que les poiſſons ſont differëtsles vns 'aux'
autres ſelon la Forme deleuts bouches 8c de
ñ leurs denr-sgleæneſine auſſi ont-ils diuerſe pa
finie": mais ï Ariſtote s'eſt trompé èn ce qu’il='^v3—lí"-d=s_'
. . . .— — parties dcsant
ditzque tousies poiſſons ont leurs dents en For- "ma, …LW
me de ſie z puis que pluſieurs ſon-t xduméÿomc,
ayant-s les dents hors la gueule, &brume les ſan-
gliçrs ;pluſieurs aufflxapxdçóÿov-Te;;ayants les
dents-Terre: &diſpoſez en façon d’vn ſaigne',
8c quelques autres \IM-ruähmc, qui 'ont les*
' GG 4
474 Tnois-XESME LtvuE
dents plattes, commeles belles , ui ruminent,
«Sc pour ceſte cauſe ſont appel ez cbuxóçdyaz,
parce qu'ils ne viuent que d'herbe ou de
mouſſe marinezquelques vus n’ont. point de
dents ſur le deuantj, qui toutes-fois ſe ſeruent
des molairesxomme _la Calpe : tout le reſte des
poiſſons n’a point de dens mangeäs indiferem
ment toutes ſortes de viandes,dontils ont eſté
appelle; négoce-yo: , comme le Loup, le Bar
beau_ , .les poiſſons* eſcailleux 8c crouſieleux,
horſ-mis les Eſcreuiſſes de riuiere , qui ont des
dents plattes au plus profond de l'orifice de
leur poitrine. Finalement il y a quelques poiſ
ſons, qui ne mangent que d’vne ſorte de vian
de appellez. pour ceſte cauſe Marée-eye; , com
melc Muge,l’Ancho e,_la 'Sardine .ñôala Molet
te: mais il yen a plu leurs ,qui ſont Edgar-Mayo!,
qui mangent la chair z, comme la plus grand
partie de ceux,qui ſont couuerts (Yeſcailles , 8c
qui au lieu des areſies ont des cartilagesi: quele
ques vns ſe trouuent parmy ceux-cy appellez
Isfizâÿrçoçanparçe qu'ils mâgent bië pluſieurs ſor
tes de viandes,m:tis qui neant-moins, _ſe dele-z_
ctêt en vne_ ſur toutes les autres comme le Bar
beau ou Surmuleíœſtant autrement vn bon -
poiſſon) qui ſe repaifl: euidemment du Lieure
marin , auquel on ne pourrait rien trouuer 'de
plus dangereux àñlfhoininegde meſme la Dorée
ſe delecte
lſſe,le Scaredes
de Coquillesda
la Mercuriale,Nlurene dela
le Polype desTorpil
Hui
fires,& la Molue-
les ſortes de la
Rondelet Courge, toutes
nourrillondes_ leſquel
Nympcthes
me ſemble auoir le mieux du mfflidçzexpliqué,
comme d
SECTION SVI-L- -. 475
comme celuy , qui ne sïſtoit point proposé de
tranſcrire ce que les autres en auoyent diff.
. mais pluſtofl: de ſupplier àleur defaut en reti
ï
dant la cauſe de pluſieurs choſes' dignes d eſtre
cognues des hommes doctes ,. ce-que nous ïſi*
nous icy raporré ſuperficiellemengcornme pro
pre à noſtre ſiibiectxn laiſſantlerefie à trainer
aux Medecins. — W» r
T H E o i1.- Pourquoy eſt-ce ..que les beſtes
marines ne deuorent rien ſans eſtre renuerſées
ſur leur dos voire meſme qu'elles ayent l'O-u.
uerture de leurs gorge cornée contre basêM Y.
A fin que leur proye , qui ne peutmonter en
haut ne deſcende au fond du Gué , ou,peut er
ſtre,a fin qu'elles dempeſchent la' clairté à leur
veuëq, 8c que leur ombre nïoffuſqiie la viande
qu'elles pourſuyuent. Car ce ſage Oum-ier a.
tellement pourueu à toutes vſortesffldänimaux.
queles vns_ en cheminant ,lesautresen- rem
pant , quelques autres en volant pluſieurs
ennageant s'en vont' cerclier- leur îpaſtupezlaz
quelle ils ſaiſiſſent, Payans rrouuée,ou des grif
fes,ou du croc de leur meufflescpuis aptes la te- \ t
nans ainſi ils s'en rcpaiſſent- Aouzen la ſucceanr,
ou en la deſchirant ,ou en l'en lotilſant, ou en
la maſchant'. .Et meſine les, oil ons 6c oiſeaux,
qui ne viuent que: dcr-coquilles ,apres les auoir
deuorées , tuées., &demy digerées par la cha
leur de leur eſtomacſles rcuomiſſent encor' de*
hors,à fin quïlspuiſſent
eſtoit bon à manger. ~ choiſir. dedans
. ce,ct ,qui
TH r on. ,D’où vient que leszpoiſſon: 'de
riuiere ont tousxme petite veſc-ie pleine de
' GG 5
476 Tuo-r-SXESME Liv un
ventzôc les' maritimes n-'ctcn ont pOihtPMY .Parce
qu’il failloiu ïneçeſſairement que les poiſſons
des fleuues
peſcher en euſſent
paſſa legercte'vnepleine
que leur d’air pour cm1
peſanteur tiſſe
es portaſt aufondïdes guez , à cauſe que l'eau'
douce eſt plus ſubtile que l'eau marine,ôc ceſte
cy plus propre-Elia nage , comme eſtant plus
ſolide 8c eſpeſſe : adiouſtons encor' que la plus
grand' païrtiez-des poiſſons marius a -ſa figure
platä, &ceux de 'l'eau douce aucunement plus
ſon e. ' * ~
TH. D'où peut venir. c’eſt air enclos de tou
tes parts dans la veſcic_ des poiſſons 8c meſme
au milieu deleau; qui de ſa nature repouſſe
l'air 2 M ruelle
ſons,la s.— Deectictrcite
la chaleur
ctpeuà interieure des poiſ
peu des eſprits en
ceſte veſcie. , tſi -
TH. Pourquoy ell-ce que les poiſſons ma
rins ſont meilleurs que 'les poiſſons de fleuue?
Mr s.— On pourroirdamander de meſme ſorte,
pourquoy les poiſſons des tiuietes ſont meil
eurs que les poiſſons des lacs, 8c les poiſſons
des lacs,que ceux des maraidôc les poiſſons des
marais queſiceuxqui ſont foſſoyez dans terre? à
quoy on peut re pondre que ceux-cy ou plus
&impureté que ceux là :mais l’Ocean ne peut
cuduret aucune ſafleté,ce qu’on peut appercc
uoir auxmauuaſiiſe
qifvnc Moules odeur
de riuiere,qui n’ót, autre
dela boue' gouſt_
au contrai
teles maritimes ont vneſſtres-bonne ſcuzeur ï: 8c
meſme les poiſſons de l’_Ocean ſurpaſſcnr tous
les autres en bonté-,grandeur , 8c delicatefſe; ce
que nous auons experimentéà Tholoſe 'z la 0p
~-ſi\ - ., 1s
ï
SEcTroN .VIL 477
ils ont commodité dela voiture des poiſſons
rant d’v1ie mer que d'autre. "
T n E. Où trouue-on ces poiſſons ,leſquels
onfoſſoyeîdans terre? M Y. Autour des fieuues
8c lieux maritimes, 8c principalement aux re
gions , qui ſont autour de la mer Pontique, có-*À
me a eſcript
on en tire à-Theophraſte : quantauaux
grand' abondance Huiſtres,
riuage de lact
Gaule Celtiquedeſquelles n’0nt rien dedäs , ſi#
nonie ne ſçay quoy de terreſtre 8c de mauuaiſe'
odeur. '
T H. Pourquoy eſt-ce quela Loy diuine def
fendoit au peuple Hebreuzde ne mâger aucune
ſorte de poiſſons, ſinon celuy, qui auoir des
eſcailles 8c des areſtes
ſont de meilleure 2 MYque
nourriture s. les
Pource qu’ils
aurreſſs, cô
me auffi les pietreux, qui ſont de leur nature
friables :tous les autres ont ou leur ſubſtance
dure , comme le Milan , le Rouget,la Vine,
PHirondelle, PVX-anoſco e,& toute ſorte de,
poiſſons Coquilleux ;ou Eaux ſubſtance molle,
comme le Spare,l’Eſcharbot deriuiere, les An
choyesôardines, 8c Meletes 5 ou leur ſubſtance
glutineuſe , comme le Congre ,la Mutene ,la
Lamproye,& la Molue; ouils ont leur ſubſtan.
ce dure 8c graſſe tout enſemble eôme les Mar
ſouins 8c toutes ſortes de Balaines : Or toute
graiſſe eſt fort ennemie de la ſante de l’hom—
me par le commun conſentement des Mede- __
cins : Voilà
fendoit Pourquoy
Pvſage ceſtepeuple
à ce meſme Loy ſacrée en ² de-'uſgſil' “fſſſ”'
, lequelDieuq
auoir choiſy parmy toutes les nations.
ï TH. Pourquoy eſt~ce que nature a donné
plus
478 TROXSXESME LIVRE
plus grant? ,óUI-Îcſtllrc de gueule aux Glaucs 8c
Chats marins qu’aux autres poiſſonsêMx-.pour
ce qÏlils ont decoulſtèime de cäherfleurs Petits
dans c ventre, s’i S ont vne is e Ouuanrez
dela preſenccde leur ennemy: mais îyans paſſé
leur crainte auec le dxîgcníls les reuomiſſent Fa
eillcmEcxe-quïls n’euſséc peut fairc,ſi naæurc ne
Leur cuſt donné ample Olllltllîtüſe [Four c'eſt ef
ect. dŸvne
deur D’auant~ e , veu
Balaginejl u’ineceſſaire
a elle s croit entquîlgeuſñſi
en ran

ſent la gueule fort ouuerre à proportion de'l‘a—


Iirnenr qu’ils doyucnt receuoir, car on a :rouué
dans le ventre du Carcharias , qui fuſt pris :fai-î '
guercs pärmy les Chats marins au. nuage de
Bayonnewn homme tout entierzil eſt vray ſem
blable que ce poiſſon ſoit de Peſpeçe de celuy,
qui engloutifl: Ionas dans Fabyſme de ſon ven
cre,8c qui. trois iours apres le reuomiſt ſur le ri
uage, comme ſont les Chars 8c les Glaucs leurs'
petits faonsxar le mo: [hrcbarias ne ſignifie pas
vne certaine eſpece de poiſſon , mais ſe prend
äcnerallemenr Pour toute ſorte de tels mon
res marins; . ,
~ T H. Combien qu’il y aiſt beaucoup cle cho
ſes, qui ſont dignes dÏeſtre admirées en la naru
re des Poiſſons, touresfois il n’y en a pas vne
plus admirable que ce qu’on dit de la Torpillc,ſi
tant ell: qu’il ſoit veritable. M Y. C’eſt vnc cho
ſe veritable, 8c laquelle ?experience iournaliere
:ſa pas ſeullement eſpreuué , \mais auſſi ap
Preuué : à ſçauoir,qu’ellc ſtupefie tellement les
Poiſſons, auſqucls elle chaſſe,qu’elle ne les rend
pas ſeullement engourdis , mais auſſi les pel?
cheurs,
…cheurs , quiSECTION ;Vllſj
la tiennent_ ou amoreéeauſſbqut d;

la ligne , ou prinſe dans leur file', eizjes rendant


peu à peu perclus de tous leurs" membres, auſſ- _
quels
donneelle ofi-.e leſentimenuôc
tremblement, combienvoire meſme
qu’ell'eſſ, leur ' "
ſoit mor '
te; voilà. pourquoy on Pappelle Ïſprpille ſiâu
110m Latin
mſſent,en .TÏç-rpedo,
meſme ſensqui
queſignifie, en ’aoui-diſſe
les Grecs ppllen;
:Nay-tſi Ce qu’on dir de la. Lancette de a Tare;- _
ronde n’cſt pas moins admirable que Ie precçí- .
dant , veu que paſſa picqueurc elle ne me pas
Ieullement les autres poiſſons ,fxhais auſii tous
,les animaux terreſtres ;iuſques appt plantes meſ* q "‘_'__“ '
mes , leſquelles s’en fiaiſtriſſent 13C ,de_ſiſſeichent;
toutesfois on a recours au meſinepqiſſon pour
medecine de ſa picqueute en Pap liquant dell
ſus apres l'aurait eueſintre' ; ce 'me _me os ezſtaxic
tiré du poiſſon mort. 8c bien, fort deſieiçhé peu;
apaiſſer la douleur des dents ,. non_ pourſuit_
raiſon que pource quilles ſtupefiedjÿetons-LÊÏ
poiſſons il nÏya que-la-Tage-rgpdqleëSçqnpifzÿz
la Vine… deſquels les picqucures _íbxçntz-veniä
meuſes, toutesfois leur ius Scwſanifflv apportent
le remede neceſſaire. i, ſſ ñ'__._~ _ ſi L' .
T H. Les Set-peus marins-_ne-ztuent-ils .pas
comme les terreſtres? M Y. Il y a deux Serpents
marins , l’vn qui eſt rougçaſtreäcîlhutre titan):
ſur le bleu; on mange_ ïv!! &F -ÏÆPÆÆÊ ſilctïÿidfllÿ(
ct,<ct:omn1e les autres poiſſon-'szairſiluqlç-ilfflç
?ont en rien _éliſſemblablesſſgit en ce qnfils nÏfflg
leur ,morſure VGIÎlHICUſCæ-ÛŸÎ ſoil; quïlsnepuif;
ſent Viure :ſans l'eau : combien, que quelques
ë Serpcns terreſtrcsdcommszæle- CQLŸÙLÎÎÛEÜÃBÙÎÏ
ſoubs
~

48e Tnëot-SXESME Lrvnn


ſoubs l'eau ’, qui pour ceſte cauſe on eſté appel
lez des Grecs xéçouæpo: , animaux de vie ambi
. Lei-dim”, gue,ou comme ils diſent, Meet/a ï. _ P
Maphibies. TH. Q1) ſont les animaux ambigus , qu ils
* appellent Amphibies? M Y s. Q1) ont rencon
tre vne vie moyenne entre les animaux certe
*ſtres &les animaux aquatiqueszcomme la Tor'
tuez l'Hippoporame, le Cordulns, le Veau ma
tin,le Latax, le Loutre.le Bieute, Plchueumon,
le Coleuure 8c PEſereuiſſe' de riuiere, le Rat
aquatique , qui eſt autre que le Capriſque : car
b Aſma" au _ces ſortes icy dorm-ennôe font leurs petits ſur la
7_ 1;_ d,, m_ dure hors del eau,ce,qu1 eſt atlfli commun l” au
maux. Dauphimau Veau marin, 8c a toutes ſortes de
Balaines deviurc en Peau &faire leurs etits
ſur la terre, leſquels elles allectent ne pſiis ne
moins que' les autres animaux , qui' ont des
mammelles. Toutesfois le Cordulus _a obtenu
a r deſſus tous les autres Amphibies d’auoir des
Eîanehes ( c'eſt ce que nous ap ellons aux Polſ
ſons aureilles)
poulmons, 8c de combien
paiſtre en qu’i
terre, !ſaiſi pointſou-ſi
8C le plus de
~uent auſſi en l'eau. < v ~ '
T H. Mais les Tortues des foreſts &les C ro
codils terreſtres ne s’eſgayeut iamais dans lëeau.
M Y. Ils ne peuuent toutesfois demeurer long
temps ſans eſlezquant aux Tortues marines elles
iſabandounent gueres la mer, ſinon lors qu’el—
'les veulent pondre leurs œufs , leſquels par
a tes elles
cldoent parlacouutent
chaleur dudeSoleil
ſable,: àces
'finTortues
qu’ils s’eſ
icy

ont bien la gorge tant forte qu²elles peuuent


briſer le fer ô: les cailloux , ce qui eſtoit neceſ
ſaire
' &ire àtces
_ 2.-!animaux our callin- les coquilles481
Seerr--o-Nxzvllaî des
lhnaceszcſilëſqublles' sviuentx». l-d. 'ñî-.ï--WŸE-'r
a . Tu E. Telles ſortes :Paniínauxîmcſlſiemblent
eſtre plus terreſtres queaquatiqnesnó Amphi.
biesnnais iete demande s’il n’y -apofint de bee.
ſte , qui repreſente d’vne de ſes parties «le poifl
ſon , 8c de Bauer-e vn animal rempant? M. Il n'y
en a point, horſÎ-misle Bientot car \à figure ap?
partient toute àlactforme. d’vn: beſtexàquatre
pieds , &ſa queitë ,aqui eſt toute-couuerte d'eſ
eailleszàlatnature
preſence des poiſſons;
lect gouſtzilzclemeurev deſqnelselle
preſque te: 'a HS. ...- s
affidUCllCb
ment de ramadan: pat-tiesdehotsfeauzôcbdeëf": ‘,’_‘ jſfj
Pautre au dedanæaÿant les- pieds cle-derriere ap'.- S l.- -Ïñ -z ‘
planis
uoirmieuxna-gerà
, comme ceux~d’vne
lhiſe : patænfilæ
Oyeyàſinnature-dc
.de Pou# î"ſi

ceſte beſte eſtzmayeame erxtrerles poiſſons &Abe


ſtes à quatre piedsſiæiſant preſque touſiours ſon
ſeiout aux. rimes-ties -flcullflîzi oùzil: baſtiſt ſalm
gette auec pluſieurs eſtæges-lîm ſur; läurtezôä
aueclest planchers conudnableatklŸa demeure.
ll eſt Put tousles_ autres animanx- dangereux-dd
laîdent ,- cari ilënez quitte íarnaiszſætſptinëſé , quil
rſaiſt entendu eſclaæricr-lesos .dans ſa gueule. .
T.; TH. Eſt-il vrazxñaufiitceiqtfbn ditïdu Bieure,
quîil shtrache auec les dents les fenitoires pour
les laiſſer attx..zchaiſeursñ,j qui' epourſuyuent _
pour ceſte fin ê' MY ST. Pluſieurs î eſcfíllïntſiäeriællæcläiçſiäiï
beaucou- de choſes fauſſes pqurdxeíiíablôs-ÏPÜFG C-s
quelles "experience deſeouureëauec le? temps
eſtre fabuleuſes : mais ilſſſſeſt meilleuizle croire
que les Chiens de chaſſe les luy-artazchent.- Paf
ce.qu’il deuance ſelon 'ſit proportion tous les
. - autres
4.8i. TRſſÔISIDSMI-Z L.: v n l
autres animaux en' grandeur z 8c peſanteur de
couilles,8c meſine tout ainſi ue les Chiens ap
ettent fortles teſticules du angliende meſme
Font-ils celles du -Bieurezcar ſi eeſtebeſte s’arra—
ehoit ſes genitoires , elle le ſeroit pluſtoſt pour
ſedeſeharger de leur peſanteur, qui Fempeſchc
de Sîenfouyrt, que pour auoir eſgard. à leur pro
ptieté ', de laquelle les tnedecins donnent ſe'
eo u rs aux hommes , côme ſi ell’ auoit appris de
quelque-Archigenel( qui à faict vn li-ure entier
du Caſtoreomainſi appellentñils ſes-genitoires )
n Galliïn enque ce-medicament eſt ² profitable au mal cas
xhLdu ſimples
medicaments. duc,aux tremblements# à prouoqucr les men
P_lin==5-z-l-d=ſtrues.Le Louttedequel pluſieurs penſent eſtre
MMM* m' le Bieure- ,- fait aufli ſa demeure .entre l'eau 8c la
terrezil ſe 'les
ou pärmyſſ tient-aux
cannes riuesdäns
, eſtantvnlesſiiules creux,
gouffre inſatia
ble de oiflîons: il a tou ſiours ſon poil ſecſ, voi..
re me mdqçril- aiſt demeuré long temps dans
Peauzilñnïl pas les pieds applanis, ni-la queue' ef?
cailleuſe , comme: le Bieure ,mais il a velu~e~ 8c
longue comme/les
du muſeau- ,_ quiiuyChats, auſquelsil
eſt toutes ois plusreſſemble
uioufflſie.
Vn chaſſeur-ayant :vnc :ſois :remarqué la trace
de ceſte beſte deſſus laneige-,lors que les eſtancs
eſtoyent “gelez , le ſuyuiſt de ſi pres, qu'en fin il
_, p trouualſa 'lo c'dans la cauerneedÿn Saule, où
il auoit faict on nid,s c’eſtuy—cy.l’ayant attrap
pé le me
aſché monſtra
dela gorge,' diſant ,' qu’il-
ſa ptinſe, ifauoit
,- qu’il iamais
nectfuſt pre—
mierement mort.
T H. Pourquoy met-on Plchneumon entre
les AmphibiesäM. Pource que le plus ſouuerlit
on c
SECTION' VII.V 483'
on letrouue parmy les marais 8c autouſſt des
Heuues cetchant
le cuirdedetuer les delcteichée
Serpents, auquiSoleil
s’en
dutciſſent bouë
pour ſe defendre, comme d’vn cuirallſie contre
luyzíl enuahit auffi courageuſemené Pe Crocſio
dil en luy entrant parla gueule dans la poicttiñ
ne pour le faire mourir : il tue auſſi les Phalan~
ges , comme Oppian- a elegammexir deiſicript
'au liute de laChaſſczil a auſſi vn eſguilltnycomé
ſme l'es Gueſpes -,— duquelil picquc rudement:
!Combien qtfauttcment il ſoit douieffique,coin—
me vn chagauquçl il retire en façon de viure.
T H. Potfrquoy appelles-tu auſſi ?Hippopo
en l’eat1_ſſ&- _ratrtoſt MY.
tame-Amphibie? Parce que'laquelle
en la terre,ſur tantoſt ilil fait
eſt

ſes petitszil' eïk' de la grandeur d'vn Aſne , ayant


la voix, comune vmCneualsôc la queuë,com~n1~e
vn Porczôc les dents eminentes horsïla gueule,
comme vn Sangliersle mcuffle,c6me vn Veau,
lequel quelques vns ont autresfois îconPondtt
auec l’l-lippocampe,qui repreſente entierement
de ſa forme la Chenilleſſinon qu’il eſt aucune
ment plus grandzatlffi a-il pris ſon nom dïçel
le. Nature l'a Fabrique' par vn admirable artifice
8C ne ſe ,bouge jamais de l'eau : &meſme com
bien qu’il ſoit tellement venimetïx , que ceux ~
en meurennqüi vſent de ſon venin,il 'eſt toutes
fois vn antidotc ſalutaire contre' la tnotſure du
chienentagë,& 'contre la cruelle poiſon du Lie
ute marin. Il a ſa ceſte ſort ſemblable au meuf?
fle d’vn Cheual,& \a quetïë rëtrouſſtäe ſoubs lc
ventre comme les Chenilles ;voilà poutquoy
on le pourroit appcllerkÎhetïalñchenille.
H H
484 TROISIESME LIVRE
T H E. Ne comprens-tu pas auſſi le crapaud
x ſoubs le nó des Grenouilles. leſquelles tu mets
au rang des Amphibies? MY. Ils ont tous deux
vne meſme _figurqmais leur naturel eſt fort diſ—
ſemblable-f. .car le Crapaud ne ſe tient point en
l'eau, ni ne ſaute point, ni n’a point de voix, ni
n’a ſa. couleur verde ou rouſſaſtre, comme la.
Grenouille, mais demeure preſque touſiours
‘ caché dans ſa caucrne, ſinon lors qu’il ſe met
en campagne pour recueillir le venin d'auteur
des plantes,tout au contraire des Abeilles, qui
le haiſſent à mort : 8c meſme veu que les Gre
nouilles ſont rreſ-delicates 8c bonnes à man
ger principallement à Fl-iectiquc , toutes-Fois il
n'y a plus grand' peſte que la chair du Crapaud,
laquelle n’eſt pas ſeulement pernicieuſe, ſi on
la mauve,
D
mais auſſi :ref-dangereuſe , ſi on la
flaire ſeulement.

*IDH Rats, qui -Uiuent en l'eau, Ô autour de: eaux,


e” la mai/â”, é' par-m] le: champs.
-SEcTr0N VIYII.
T H E. (Ltd animal ſuit de prés la nature des
Amphibies? M Y s._ Le Rat aquatique. ?encens
celuy_,qui vit autour des eauxxar »il eſt du tout
animal terreſtre
mentdans l'eau. ne Faiſant
- ſa.ſi demeure aucune

T uCombien y a-il de ſortes de Rats P M Y.


Pluſicurs,comme l’Aquatique,le Mus-araigne,
le Criqueule Ruſtique, le Pontique, l’Alpin, le
domeſtique autrement appelle' Souris, duquel
ſont deux eſpeces: finallement on trouue le
» Gliton,
SEcTioN VIII. 485
- -Gliron , qui retire au Rat , comme de vray ils
ont tous preſque vne meſme figure , combien
que leur nature ſoit diſſemblablezctais la faute
des mots
ſieurs nous
choſes. ſanscontraint de laiſſer
les pouuoir nommer_Paſſer lu
deleurct_
propre vocable.. ſi
T H E. Pourquoy parles-tu.dîvn-.Ravzaquati
que, puis que l'eau eſt poiſon aux Rats Î_M,Y s. a Au 5,15.….
Ainſi certes. l'a eſcript Ariſtote* contre Pexpc-lſiffíſtfflï* d**
tience, qui le dementdauoir dit , que les Rats anima" u"
meurent ,s'ils boyuentdelïtau :cat ceux, qui
veulent con.ſe_ruer-l;e__ur_s.l_iures 8c accouſtrcmês,
quîls ne ſhyent: rongez des Ratsdempliſſcnt
d'eau quelque eſcuellſgà ſin que ?ayants beuë,
'ils ïabſtiennët de frippeÏ-:Bc meſme les Rats
ont de couſtume_ de lecher par terre latſixliue
des hommes à faute d'eau; .
T H. D'où ſortenttoutàdcoup tant de CIŸOUPÊ"
pes deleſt
lons, Rlts
uelsagreſteszappellez autrement
, apres _ailoirzîrauagé Mula
le bien de
eterrexeſiiano iiiſſent_ tellemfinqifon nëen t-rou—
ue pas vn dehoræntdans les cauernesz? MY s.
*Certainement ils ſont vnjlean de Dieu_ mande_ k
du
ne. ciel; lequel
ſçachans 5 Pline
d’où 8c ï Ariſtote_
ſortoyentrant ont admiré,Ein-rene, _ l ſi
de Ratstout_

coup -, m' en quelle part ils _ſeretiroyent-apres °’^“ "lffl-d'


,— 'l'hiſtoire des ‘
auoit faict rauage du biende la'. rerrennon-ſtrans animaux au
au ſii, qu'ils confeſſoyent tacitement , quii-Ly a-_ffflfflïïïhïr
uoiteffizctsde
res beaucoupnature , delſilquelles
de choſes ar deſſusonlesordjnaië.
ignore le;
cauſesgscî-que par ainſi Dieu autheur de natuxëe_
:reſtait aſtrainct
T H; Ne aux loix
voudroit-il de la neeeffitc',
pasmieux s ...'
opinëſſr, que_
ſi HH 7.
—-~

486 TROISIESME LIVRE


toute ceſte vermine s’engendre de la boue' 8c
ourríture de la terre eſchauffée par la chaleur
du Soleil Je plus ne moins que les Brucs 8c
Chenilles 3 M Y. La terre ne ſe poutriſt iamais,
car s’il aduenoit ainſi ,-il faudrait que tous les
ans elle ptoduiſiſt des trouppes de Rats ,puis
’ qu’0n la void ordinairement fomenrée de.cha—
- leur 8c humiditefflportertoutes 'ſortes de-fruicts;
mais ce que nous deuous le plus admirer eſt,
qu’vn ſi grand' nombre de Souris feuanoüiſt
en telle ſorte , .quñ’onñn’en trouue pas 'vne ni
morte ni viueapres qifelles ont diſſipé les
.fruicts :autrement il faudroitqſſelles .infectaſl
.ſent de leurs chatongnes toute lat-Terre, ou
'qu'elles la moleſtaſſent par leur infinie prepa*
gation , 8c par :ainſi Fabondance 8c- cherte'. des
ſruicts ne viendrait point de la maindeDieu,
maistpluſtoſt
T H E o. Poutquoy
de l’ordreeſt-ce
de nature.
qu’il .Yque les

deux eſpeces
naiſſent des Rats-Guides
Æeuxaneſmesïct-en* Grenouilles,
fi grand* qui
abondance
Pagny les quadtupedes, lveu que 'les autres :ini
q vmaux,qui ſót vtiles &zproufitablesme croiſſent
u
Î-_fſſin ſinon auec-labeur ſelô la voye de propagation?

-îſiî ~ſi~~°. _ ' j- du


MY'monde
s T. Tout ainfiqtte'
nouñtriſt ce Sage d'hommes
vne infinité adminiſtrateur
par
ſi Ã. .-- . la venue annuelle det-beaucoup de' ſortes de.
"- 'ſſ' ' 'qPoiſſonsôc Oiſeaux, leſquelles il excite en vn
moment:
.gance, de meſmc
quand il leur auffi chaſtie-il
reprime .leur erro
ſa liberaliſité , ou
Ïefficace de-Feau, ou de la terre,ou de Fair, ou
la ſœcondité des animaux pour les ranger de
leurs cleſhordemêts ſoubs ſa crainte:de là vient
(IUC
SEc~T1oN VIIL_ 487
que les eaux tantoſt ſe dcſhordenr ſur la' plai
ne, ou que l'air rautoſt inſecte les animaux par
ſa corruptiomou que le ſeu rantoſt s’alume ra-z
uageanr par tout les Edifices d’vne-ville , deſ
quelles
que du choſes on ne ſçait
deſhordemenſit non iuiurieuſe
de ceſte plus la cauſe;
ver
mine, ou des maladies populaires. A]
T H. Quelques animaux ne ſe pourroyent
ils pas cacher tant ſecretrcment, qu'on ne les
vid en aucune part? M Y. Non certeszcar com
bien que pluſieurs animaux ſe retirent le iour,
neantmoins ils ſortent la nuict en campagne
pour cercher leur paſturqcóme les Chashuans
8c Hibous , les Chauue-ſouris 8c Pluſieurs bc
ſtes Farouſches,
iour la iouïllſianceleſquelles abandonnent
de la terre à l'homme ſur le
pour
la luy laiſſer cultiuer, en reperanr altcrnatiue
ment ſvſage d’icelle ſur .la nuict pour Prendre
leur reſection. Quelques animaux ſe cachent
tout l’Hyuer,comme certaines eſpeces de Rats
8c de MuſtelleS,l’Heriſſon,
Taixomles laTaLÎlpe,lesl’Ours,
SerpentSJeS Sanſuſies,& le
Glyrôs,
qui paſſent preſque tout FI-lhyuer en dormant
ſans boire ni mangerztourcsfois quelques ani
maux ſe Font prouiſion &aliments pour en Vlr
ure l’Hyuer dans leurs cachots 8c raſnietes,
comme le Coqu u, l’Abeille, la Formis, la Gue
ſpe,&les Eſcurieux : routesfois on rrouue les
Glyrons ſeuls entre tous les autres animaux,
qui Peuuent demeurer ſans manger,coinme en
ſeuelis du ſommeil, tout Fl-lyuer.
T u. Comment ſe peutñil faire que les Gly—
:ons demeurent ſi longtemps ſans boire 6c
HHz
~

488 TROISXESME LIVRE


ſans manger? M 'l S. Parce que leur graiſſe ſc
caille dans les conduits,qui ſont reſerrez par le
froid, 6c meſme auſſi pour-autant que les a-ni-ñ
maux diſſipent moins d’humeurs,quand ils de
meurent imtnobiles,dont il aduiengqiſils ſup- '
portent plus facilement la ſaimytar le ſommeil ;
abbat le trop grand deſir de boire 8C de manger,
ce qu’on a treſhien remarqué au Gliromainſi
que chantent ces vers icy:
Cependant que le! mumsſhm de neige couum,
' Ie dar: enfèuely auſi-mn: :au: Hitler.:
Sam boire é* ſims manger, c5*- tamm oi.: m:
graiſſe .
PIM-que jamai: ſ2- renal fi” me: roignons effieſſe.
T H E o n. 'Si les Glirous demeurent ſi long
temps ſans ſe reueiller , il Faut qu’ils paſſentle
reſte de Fannée ſans dormir? MY. Pourquoy)
nonïôcmeſme il ſemble que ceſte beſtiole aiſt
compaſſe' vn quartier de l’anne'e pour dormir
conrinuelletnennà fin que les hommes enten
dent par là, qu'ils n'ont qu’vne quatrieſine par
tie du iout naturel pour le temps determine' ‘a
leur ſommeil, c'eſt à dire ſix heures , leſquelles
eſtans aggregées comprenent au bout delëan
«née ces trois mois entiersziaſoit que les cnfſians
dorment Æauantage, 8c les vieillards vn peu
moins: car le ſommeihqui _eſt trop profond en
ceux-cyfflccompaigne ſouuent la mort , com
me de meſme les petits enfans ne ſont pas de
longue durée, qui dorment moins,que leur na
turel ne porte.
T H. Ne ſeroitñil pas meilleur de croire que
:-les Glirons meurent en hyuer,8c que puis apres
ils
—SECTION VIII. 489
ils reprennent la vie , ne plus de moins qu’on
dit du Philoſophe Epimenides , 8c de pluſieurs
autregleſqtlels apres auoir dormy l’vn ſoixante
ans,& Fautre trois cents,en fin rerournerent en
viezMY. Les Glirons ſont bien tant aſſoupis,
qu'ils ne ſe bougent d’vn meſme lieu , ni pour
eſtre Frappe: ,ni poureſtre eſbranlez , ni voire
meſme qu'on les bleſſe : mais ſi on les plonge
dans vue fontaine , incontinent ils ſautent hors
de Peau: de là on peut entendre qu’ils on vie
par la reſpiration : de meſme auſſi peut-on iu*
er que ces Dormars ifeſtoyent pas morrsmon
Ëulemët en ce,qu’ils ne ſe pourriſſoyent point,
mais auſſi en ce,qu’eſtans reueillez perſonne
d'eux ne monſtroit qu'il full: enuieilly en vn ſi
long eſpàce de tem s.
T H. Mais cecy emble à pluſieurs Fabuleux?
MY S T.Ie ne doute pas que pluſieurs ne le ſié
nent pour vne Fable: toutes fois il ne leur doit
ſembler plus incroyable que ce qu'on void or
dinairement au Gliron :car il Faut neceſiàire~
ment que la nature luy ſupplie le deffaut du
boire 8c du mangenou autrement qu'il meure,
puis
tres, que
vne c'eſt vne naturelle
chaleur beſte , qui: &ſi
a, comme les au
meſme les an
ciens Philoſopliesfflriſtote, diſ-ie , 8c Chryſip
pus , n'ont iamais douté dela verité de l'Hiſtoi
re de ceux,qui ont eſcript qu’Epimenides 8c
pluſieurs autres auoyent dormy tans d'années,
puis
choſequ'ils
,que :ſont eſté ende controuerſc
de la cauſe ceſt ſommeild’autre
admi- ct
table.
T u. Quelle raiſon pourroit-on apportenqui
I-I H 4 '
490 TROXSXESME LlVRI-I
tſiuſtvray ſemblable 2 M Y. Ariſtote penſe que
ccux,qui dormêt ſi proſondeméttaxit dhnnées,
ne comprcnent pas le temps plus long d’vn mo
ment , ne plus ne moins que tu ne trouuerois
vne ligne gueres longue,ſi tu iettois ra veuë
tout à coup deſſus les deux cxtremitez :mais
ceſte raiſon me ſemble ſort Froide , car ſi elle
eſtoit veritable , tant plus vne perſonne dormi
toit tant moins Ïenuieilliroit-clle; mais c’eſt
-vne choſe aſſeurée,que nonobſtant que le ſom
meil ſoit vtile aux enfans 8c icuncs hommes,
ncant-moinsilcſt pernicieux à ceux , qui ſont
de plus grand aage :comme au contraire tant
plus ils ſont vigilants tant plus auffi \ont-ils ví
goureux. Donc ues. our retourner aux Gli
rons,la cauſe de eur ommeil eſt euidcnte,vet1
quïls ne le continuent point plus d’vn quar—
tier de Yannée, lequel eſpace eſt bien requis
pour le repos de.l’hon11ne,cóbiei1 qu'il ne dor
me pas trois mois deſannée ſans intermiſſion,
toutes-fois
puiſſe ie ne _vois point
perſuadetſſqœvn homme de dorme
raiſon ſoixante
, qui nie

ans continuellement ſàns qu’il nïnterrouipe


parTinterualle ſon repos.
H. Pourquoy les Loix des Cenſſieurs Ro
mains ne deffendoyent pas moins de manger la
chair du Gliron que la Loy diuine ê MY. Les
Legiflareurs
s’eſtoyêt tant des
propoſez vneHebreux que des Latins
meſine choſegſioutcsfſiois
a Ainſile re
leurintëtió eſtoit diuerſhcar les Romains ne ²
contc Pline. deffendoyent Pvſage du Glirou pour autre rai
ſon que pour reprimer la diſſolution des ban
quets , cnioignans par meſine moyen expreſſe—_
ment
SECTION IX. 491
ment de ne manger Pepigaſtre ou le ſiioin- du x
pore : au contraire la Loy diuine ne ² vouloir' a Au Ieuitë
que le peuple Hebreu mangeaſt de ces deux quecdmlît en
Hai# c. 6s.
animaux,d’autant qu’elle les tenoit pour vian Et Deunc. x4.
de impure &immonde , de meſine auſſi ſay
veu quelques vns qui n’euſſent mangé pour
choſe du monde des Glitons , 8c d’auttes,qui
renuerſoyent 8c fouilloyent les ediſices cham
peſtres pour les y trouuer cachez,tant—ils en
eſtoyent friands. '

ŸDH TdHpH,MH_/Zel1e.r,F”rer: é* Chats.

- S E c T 1 o N I X.

, T H. Qielle choſe ſuit de pres la nature des


Rats? M Y. La Taupe, qui eſt remarquable par p
ſa cecite' entre tous les animaux.
T H. Pourquoy nature luy a-clle donc baillé
l'humeur vitrée' 8c l'humeur cryſtalline 8c tou~
tes les tuniques des yeux( horſ-mis vne ) 8c les
deux nerfs optiques , ſi elle eſtaueugle? M Y S.
Serait ce à ſin que la ſplendeur de la clairté du
Soleil la contraint de ſe retirer dans ſes ca”
- uernes en luy csblouilſant les tendres pellicu
les de ſes yeux ?car ceux, quiles ont fermez,ne
laiſſent pour celà d’apperceuoir la lumiere, qui
s'approche, ce qu’on peut facilement experiñ
menter ,ſi antoine le viſage vers le Soleil les
yeux eſtans fermez 8c en les couurant de la
main , car ainſi on ne iuge de rien que des te.
nebres , comme auffi en les decouurant on ap- '
perçoit quelque lumiere confuſe. De là on peut
~ I
HH 5
493. Inoxsrr S M E Liïv n E
Super que les Taupes ſont aduerties par ceſte
ſp êdeur de ſe donner garde , qu'elles ne ſoyent
attrappées hors leurs taſnieres. Mais ſi nature
leur euſt donné entierement Fvſage des yeux,
elles n’euſſent peut ni fouir la terre , ni la ietter
en haut , eſtans touſiours moleſtées de la pou
dre,qui leur euſt remply les yeux , 8c meſme à
qu’elle choſe leur euſt profité la. veu~e ſoubs ter
re? Quant aux autres animaux rempants,qui ſe
retirent dansles cauernes , cóme les Muſteles,
Serpents,& Crapauds,& auſquels a eſte' neceſ—
ſaire de ſe trainer ſur terre pour cercher leur
vie d'autre part que des racines,d’où viuentles
Taupes, nature ne leur a point oſte' les yeux,
mais auſſi leur a donné auec iceux pluſieurs
moyens pour ſe deffendre ,ou la promptitude
pour s’enfoui~t , ou tous les deux enſemble, có
me aux Serpents 8c Muſtelles.
T H. Wi ſont les eſpeces des MuſtellesêM Y.,
La Belette blanche ,le Furet ,la grande Fouine
8c la etite (proprement. appellée Marte)le Pu
tois , e «Chat ſauuage 8c le domeſtique; car ces
eſpeces ont entre elles grand’ affinité , rant à
exercer ſur les Rats 8c Serpents vnc haine mor
telle , qu’a les pourſuyure ordinairement à
mort. ‘
T H..POurqt1oy ne rapportera-on la Zibette
au rang des autres Muſtelles P MY. Elle eſt ſort
ſemblable au Chat,ſinon qu’elle eſt vn peu plus
haute 8C plus grande queluy ;dont-il eſt adue
nuque pour ceſte cauſe les Italiens Pauroyent
appellée du meſme nomzles anciens ?appellent
petite Panther: ou Parddltflgneïſtant en rien có
traite
SECTION IX.
traite ni aux Serpëts, ni aux Ratszelle a vn_ trou
ſoubs ſa queue', qui n'eſt pas loing du cul, dont
on recueillir ce precieux 8c odoriferant excre
ment appellé ZibetteParquoy il faut icy inter
preter de la Zibette, ce que les anciës diſoyent
du Par-dau); , à @auoir , qu’il allechoit tous les
autres animauxde ſon odeut,8c que puis apres il
les deuoroit : les Marchan ts l'amener d’Afrique
en Europe pour ſe bailler à certaines perſónes,
qui font meſtier de Fappriubiſer en le nourriſ
ſant de petits poulets 8c autres viandes delica
tes,& en recueillät apres doucement de ce trou
auec vne petite cueilliere ce excrement,ne plus
ne moins que nous faiſons les ordurees de nos
oreilles. _
T H. Mais Theophraſte nie ï qu’il y aiſt au- :aſſïjſcfflqfſäſ
cun animal, duquel l’excrement ſoit de bonne tes 0.1.6.
odeur z 8c meſme combien que Fexcrement de
la Pâthere ſoit plaiſant aux autres beſtesmeant
moins il dit qu’il eſt faſcheux à l'homme. MY.
Certainement Theophraſteſſ monſtre en cecy
apperterhent qu’il tfaiamais
la petite Panthers, veu la Zibette
8c qu’il n’aiamais ou i
apperceu
par ſon odorat , combien ſon recrement eſtoit
ſouef. Or , qui auroit dict à Fhomme, que ceſte
beſte attire les autres par la ſouefueté de ſon
odeur pour les deuorer , ſi Fhomme meſine n’a- ~
uoit apperceu par ſon fiairer que ceſte odeur
eſt fort plaiſanteïCombiê que, outre la Zibette,
on trou-ue encore au plus profond de FAfrique
8c des Indes vne Cheure , laquelle on appelle
Moſèbot, ifayant qu’vne corne au 'front &les
dents eminentes hors la gueulgcomme vn San -
glicr:
..~

4.94 TROisiEsME LIVRE,


glier: au nombril de ceſte beſte äengcndre vn -
apoſteme d'où ſort vne matiere ſanglante, lañ
quelle on nous apporte dans des petites peaux,
on l'appelle communement le Muſchsgiinſi que
Serapio, Aëce,3c Sethi ont eſcript : le petit Po
lype,& la Cane Indique (a creſte rouge) retirët
entierement a ſon odeur , 8: meſine on trouue
vne glande aupres du nerſ optique des petits
Cochons, laquelle,quand on la maſche,repre—
ſente parſectement l'odeur du Muſchs.
T H. le penſe que la Ginette eſt vne eſpece
dc Panthere,veu qu'elle eſt mouchetée de peti~
tes taſches blanches 8c i1oires,& qu'elle a, com
me
C'eſtla vne
Panthere , les dents
beſtgquiſſeſt ſorten Forme de ſie.
rare,laquelle M Y.
neant
moins eſtant appriuoiſée s'accommode parmy
les Chats domeſtiques , tellement qu'il ſemble
qu'elle ſoit vn monſtre engendré ou des Chiens
8c_ des Loups , ou des Chiens ô: des Chats : car
les animaux ſont beaucoup plus ſrcqueptgqui
côſeruët leur eſpece par la droitte voye de proñ
pagariomque les monſtreszmais on nepourroit
rien voir de plus rai'e que la Ginette.

D” reſte des [veſtes à qumrepicds Mm ſâzutmge:


que domeſtiques.

SEcTioN X.
v9,, …mme T H. Se pourroit-il engendrer quelque mon
Plfflï R Gd' ſtre d’vn Loup v5( d’vn Chien? M Y. ll y a en Ci
ner t -. h . . .
…HOŸLÊCZŸÎ licie vne ſorte de Loup iaunaſtre, laquelle eſt
gêÿïifflïwresfort frequente,& qui n'eſt rien di llemblalzle aux
flmaïX. . . . - a
Chiens ſoit à hurler ou ſoit aſureter autour des
granges ‘
S E c T 1 o N X. 4,95
granges 8c villages_ : on ne la peut eſtimer eſtre
née des Chiens 8c des Loups , parce qu’elle eſt
toute rouſſe, ce qui n'eſt aucunement commun
à toute Peſpcce des Chiens, ou des Loups,deſñ
quels , s’il naiſt quelque choſe, Pvſage a obtenu
de ?appeller
ne Panthere
doit trouuer ou Lycyſque.
impoſſible , veu que Ce
leurqu’on
c0ſin~
uerſittion domeſtique,& Faccouſtumance Ordí~
naire , laquelle on leur ſait auoir. enſemble dés
leur tendre jeuneſſe, les peut appriuoiſer 8c Fai
-re apparier par le moyen de Famour , qui con
ioinct le ciel-au ec laterre, les eſttemitez auec le'
milieu , 6c Phaut auec le bas &le tout auec le
tout : comme les Tygres tres-cruels auec les
Chiens,les Cheuaux auec les Aſnes, lesBœuſs
auec les Cheuaux, les Lyons auec les Pards, les
Chiens auec les Renards,& meſme les hommes
auec les beſtes
monſtres , d’où
ſeſſſont il eſt ad-uenu
engendrez que pluſieurs
:-toutcsfois .il !ſy a
point d’animaux,qui Sëaccouplent plus: ſouuent;
auec les autres,que le Chien : -ñ ce qubnepeut,
con ſiderer par FHyſtoircJaquelle eſt don ſirmée.
tanrpar les actes publics , qui en ſont gardez-în
Ver-Feuille , qui nîeſt pas loing de "l holoſe ,qué
par le teſinoignage de pluſieurs, qui trouuerent
dans les vignes vne petite Chienneaccoupplée
auec vn Lieureglïzdultere deſquels fuſt deſeouñî
uert enë ce,-qti’eſtants attachez on ne les pou
tio-it ſeparer lëvn de l’autre.ï -‘(' p
.T H E. Peut eſtreque parzce dcbordement on
pourroit entendre ce que M.- .YaMon a eſcriptà…
ſçauoir, que les Loups ſont des” Chiens ſauna.
ges? MY. -Ie, reprendroisvolontiers e_n cecy M.»
Varron,
496 TROISIESM! LIVRE
Varron , toutesfois ſans luy intereſſer ſon hon
neur , veu que nature a tellement diſtinct le
le Chien d’auec le Loup,qi’ie l'v.n ne peut endu
rer ni la preſence, ni l'odeur de l'autre z nonob—
ſtant que la difference de la forme du Chien à la
ſemblance du Loupne ſoit pas grande: car l’vn
eſt tres-ſidelle côſeruateur du troupeau 8c l'an
tre ſon ennemy coniuré z' dï-iuantage , ils ſont
fort differents tant en queuë,poil,que proprie
té naturelle,en ce que le Loup retient la voix i
l'homme &c le perclud de toute virilité, au con
traire on ne pourroit rronuer plus grand ſoulas
a Actius en ſ6
6.Le.” pour ceux,qui ont l'eſtomac dcbile que de leur*
appliquer deſſus vn petit Chien.
THPourquoy eſt-ce que les Chiësloups 8c
Lyons ſe tiennent
n'y a autreſi cauſgſinó
fermemët attache: en leur
coit?M.Il vn petitos,quſiils
ont au milieu de leur membre, autour duquel
les eſprits 8c humeurs shſſemblent: ce qui n'a
pas eſté faict ſans prouidence de nature , à ſin
que la femelle conçoiue peu à peu 8c auecmoins
de difficulté , car autrementla ſemence tombe
roit de la matrice de la femelle par la chaleur de
n conuoitiſi: , laquelle euſt empeſché,que le
ſperme ne ſe fuſt atteſté au fond de ſa nature. _
T u. Pourquoy dit-on communément que
le Loup ne viſt iamais,ni ſon pere,ni ſes enfans?
M. Parce que les autres Loups tuent celuy , le—
quel ils
auec co gnoilſentſilces
la femellezcar ar l'odeur s'eſtre accouplé
beſtes rauiſſantes ne ſe

faiſoyent mourir entre elles,il ſeroit impoſſible


aux hommes d’empeſcher de toutes parts leur
effort tam ſur le gros que ſur le menu beſtail.
. T H.
S E cn -r-o N X. 497
T H. Pourquoy cſt-ce que le Chien flaire plus
exactement que tout autre animal P M Y. Parce
que la nature luy a donné le nerf de l'adore.:
plus grand qu"a vn bœuf meſme : de là vient
qu'vn Chien ne mangera iamais de lachair d’vn
autre Chien pour quelque appreſt qu'on luy
faſſe auec nouuclles odeurs , ou~nouuelles ſa
ueurs.
T H. N'y a—il pas pluſieurs eſpeces de chacun
des autres animaux,comme du Chien? M Y'.Vne
eſpece ne peut pas auoir d'autres eſpeces ſoubs
elle , combien qu’on la puiſſe trouuer en diner
ſes ſiguresgrelles qu'on void aux Chiens,& qui
ſont fort differentes les vnes des autres :car ce
tres-ſage Ouurier de nature en a faict quelques
vns pour la chaſſe 8c uelquesæzutres pour la
arde du beſtail , Lé au \quelques autres pour
e ſoulas des hommes: 8c meſme il a euſt eſgard
que parmy les Chiens de chaſſe quelques vns
euſſent les iambes courtes 8c le cor S rant plus
auantageux en longueur , à ſin qu'il: penetraſl
ſent plus facillement aux profond des taſiiicres
des beſtes farouſches : au contraire, que les Led
uriers,qui ſont deſtinez à la courſe , euſſent les
iambes longues , maigres 8c faith-es , le ventre
eſtroict ,la poitrine large pOur-reſpirer mieux à
laiſe , &le muſeau aigu pour mieux fendre l'air
en courant , 8c la queuë pluzslon ue que le-s an
tres pour ſe contorner 8C…. donner taule en cou
rant , ne plus ne moins qlſm nauire par ſon
gouuernail ; que les Dogucs euſſent les narines
Ort ounerres &le front larges, 8c que les nerfs
de leur odorat fuſſent …fort-amples a à fin de les
rendre
498 TnoisrEsME LlVRE
rendre lus addroicts tant à flairer qu’a pour
ſuyure la proyc. Et que les Chiens , qui vont à
l’eau,full~ent Barbets, à fin qu’il ne fuſſent pas ſi
toſt offencez de la froidurc 6c humidité,qu’e—
ſtans deliez 8c tonduszſinallement le meſine ou
urier à faict que les Chiens , qui ſont conſerua
teurs des troppeaux, fuſſent plus robuſtes auec
vne plus grand audace,tanr pour attaquer les
larrons , que pour reſiſter aux beſtes ſarouches:
quant aux petits ,leſquels pluſieurs nourriſſent
tant chercment , ils ont ſouye plus ſiibtile que
les autres , 8c ne dormcnrpas ſi profondement
que les grands , leſquels ils excitent eſtants aſ
ſoupis du labeur 8c Fatigage du iour. Qqelques I
Chiens ſe peuuent auſſi' tellement enſeigner,
qu’ils apperçoiuent de loing les Cailles 8c Perl
dreaux,8c ne artent iamais du lieu aſſigne', que
laproye ne ſgit aſſenée ou'd’vi1 coup de balle, l
ou defleſchqou qu’elle ue ſoit enuelopéc dans
le-ſilé. .
T H.- Ne trouue-on pas telle diuerſité entre
le teſte des animaux? M. Il uëeſtoit pas neceſſai
re: tOutesFois onítrouue deux ſortes de Loups,
qui ſont aucunement differents tant en gran—
. deur qu’en couleur. 'Want à lëHiene ou Lo nip
garou , de -laquellepluſieurs ont-tantdiuer e
ment opiné. , elle n'eſt autre choſe , \mon vn
a Au li. de la homme changé eh Loup ,ñduquelnons auons a
”““°“°""' -celuy
parlé n'appartient
ailleurs, «Tautant
rien qtæla Cog-noillance
à la nature d’i
:ct il y-a auſſi
deux ſortes de Pantheres,deſquelles lîvne eſt vn
peu plus grande ayant la queuë plus courte, 8c
’autre vn peu plus petite ayant la queuë- plus
longue,
. 'SËclîT>—Îîr)1I~ÀI3'Û{-'. .-'v1 2499.
longueælezlaquelle- rî-gstsïamflîäîieſiäípärlëä' -Il-îÿ ſ
a auffi deux ſortes dËPi-irsſtpiff-iïne t6… differïuäs
qtfeirgróïdenr. ²Wantatztxëlïigëresgzn ;ión .crouſ- a -
uezqiſvhe iídttezï-luçſirelle eſttrçſhelle àsvñeoir , à
tſiaſhſé de_Ëſa peau polie 8c 'elegance-recit Vilë' be;
W ct ncllnïſtirtpalſeïtoutes les autres eÎn agili
- ſ &ç orcp corporelle', de? ſorteſiſique bien-Tou
xigiamcte-_lle ² eſtand les Lyons ſur, a place tous a Çiccron aux
-deüitïïcez- a a z" 'a = - - ÎÎËIÊÉSLÎ"
Ei- Iii; eo. PourquoyXioucsïappelleroitzdn-le
LytniR-oÿdes animai-ixë Mi S T-.- -Œeíníeihppek
.ppumce nſil ſoir nileÎplus-fort ni le plus! ile, .
,maisràz anſe .de-aſcii grand? courage &twc_321
;nimñiléydeî laquelle il aïpris ſon nom 'en Held-crin
Mæiybiiïcoiniæve -qui -kappelleroit ſort ;Epolirce
—qu’il,n>e fait pointîla guerre à aucſſune ſorte ,dÿa
anima-intl, ni par haineſiquûl leur porte.,- ni. par
'Jcraince "d'en-x, ayant 'celà de bon en ſoyzquëil diſ
fitrſſinle ſa: forceîa ux îbeſtesxleſquelles' il çognoit
.Partoirrmoins puiſſante-que laſienne. ' - ~
'- x- TSH i o; Si' les Lyorrstont ſiígrandcottrage
:pourquoy Ëeffrayeiit-ils au moindre eſpouueiîſſ
itementsqtfoíi leur donnepar le btuit~des rouës
:BC des charrettes,oi1 par le .chant &aſpect d'vn ſ
i--Coq, ou en voyant vne torche allumée, ou
pourquoy dorment-ils les yeux ou-u-erts, com
»me l'es:LieureS P MY. Ifamplitude des yeux 8c
la brieſueté des pauñpieres fait-apparoiſtre plu
-ſieurs beſtes dormir les yeux ouuertszmais quät
à leur eſmotion , elle ne vient d’ailleurs que de
la. chaleur cholerique , de laquelle les Lyons
-abondent ſiir tous les autres animqanx , dont il
~aduient ,ïquç .tout auſii-toſt qu'ils _voycntvle
' _ I I
5.0.0 TROÏüSIEs-ME LlVRE
plumagezôc laïcteſtnruuge d’vn Coq. ou qu’ils
entendent
çoiuent ſa voix-eſçlazttænte ,ou
la fiamblelrougiſſante u’ils ilsappet
du lieu., s'eſ
meupuentauec plus grand* promptitude , non
pour la crainte de telles choſesdnais luſtoſti
cauſe de ?haine qu’ils portent nature lelznegÿà
ce, ?ui leur offence les oreilles ,ou qui- riz-t ie
,h …H pre cnte quelque choſe triſtqcomme le rouge:
veu meſine auſſi* que les Taureaux ne ſomet
teut pas moins en furie , ſi on leur monſtre du
drap rouge, que les Lyons parcelles choſes.
T.u..—Douc~ -a-on tire' la conſequence que les
~ les Lyolmſont copieux en bileôc chaleur plus
que. les autres animauxè-M Y. De-cequïls. ont
preſque touſiours la fieure tiercedaqtlelle pour
ceſte cauſe s’a pelle Lepnine) 8c principallç
ment. quâd le Soleil paſſe par le ſigne du Lyon;
ils ne mangent gueres ſouuent, ſinon dvn-iour
à lautre alternatiuement ,jtoutesfois ils paſſent
fort-ſonnent trois iours entiers ſans manger,
mais il leur ell-preſque ordinaire de demeurer
deux iours entiers ſans viandenls ont-le ventre
rant conſtipé qu’ils ne fiehtent iamais , ſinon
auec grant? difficulté, leur vrine eſt treſpuante:
nature les a ainſi affiiiectis à telles incomtno
direz , à fin de reprimer aucunement Fimpè-z
tuoſite' de leur .ferocité , 8: auſſi à ſin de re
trancher leur inclinarion tant adonnée à la ra
u Ariſtote au
2.1i”. de l’Hi< pine: ceſte ſeule beſte ² n’a point de vertebres
ûoiredïsíml au col,duquel l'os eſt tout d’vne venue ſans
maux chapd. -
ioinctures, ce que nature a aufli ſaict, ä fin que
neſtànt point aiſée à ſe fleſchir pour cauſe de
ſon col, qui eſt roide, elle n’euſt pas rant dëîzi
‘ té
lité à ſii courſezſes os ſont auiIiX.tant durs 8c 501
SEcT-ioN ſo

lides,que ſi on les ftappeuls rendent des eſtin


.celles de ſeu , comme vn. caillop; leur grand*
ſeiícberelſe fait auffi qu'ils n’ont point de moële.
TH; D'où vient qu’il n'y a que le ſeul Lyon
entre les beſtes rauiflantes, qui naiſſc les ycu-it f

ouuerts? M Y. Ce n'eſt pas de ce qu’il voye plus


clair que les autres, comme quelques *- Grecs aHOwen.
Euſtatíusſhr

ont penſé, quand ils diſent que le Lyon a pris


ſon nom de Muy pour cauſe de ſa veuë,car il
n'y a !point de baſteæquivoyÿînt plus clair que
les oi eaux , 8c ſur tous de rapine: mais diſons
.pluſtoſt que. c'eſt à cauſe _qu'ils ifonr pas les
paupieres grandes à proportion-de leurs yeux:
de là vient que les mouſcherons tourmentent
.ſi cruellement les yeux- des Lyons ..qu'ils les
-contrai-gnít quelques-fois cde ſe ptecipiter eux
meſmes_ aufond deeſt-ce
T n. Poürquoy l'eau. que les Lyons ontv en i

haine les Singes 2' M r. Parce ~ ue la .nature de


Pvn 8c de lfautre eſt fort diſſe lablëí car il n’y
a -riemqui ſoit plus malicieux. ne plus ruſé qu'vn
Sin ,ce W311i leſt-fort abhorrent du naturel du
Lyon) 8E'. auffi parce que le Lyon ſe guarit eſtät
rnaladeen manÿeant ceſt animaLqui luy eſt vn
fingnliet :eme e. c /nrrſ l
~ . î |

-: Tzu Ea-Poutquoy donccraignent les Lyons


?dramas-aqui eſt aucunement ſemblable au Sin"
ge ñ? ‘Mgë.q:~'0n~ n'y. peut apporter aucune raiſon
probable, ſinonqœe-Dieu -a donne' à l'homme
a-rgvaceſpeciale que tous les autres animaux
Fuſſeut dſpqnuentez mon ſeulement par ſa pre
.finccflnalst zufiipdz ſa' Poule voix,8c que le plus
*m -_ «. II 2.
3'01' TnoísxEèsME LrvnE
petit h-omme dti-monde eonduictſiſt à «chap de
baſtons- par tout où il.. *Voſſùdrditſlcs *Blpphaixs
a !Jceneſc ~
ehapJ. meſines, quilaſont-t-ant-'grandsg
moi ne' par ce qui -eſt-x'.ſſdict,
parole aïe' Dieu, quactndilïeſt 'tef
.que *Etemcl ezngraimiapres le delugſſe la' 'crain
.te de ?homme à rourlesranimatlxzcecy eſt-don
,_ 'ques vn ſecret de nàrurçffluqtæeſ-on ne 'pourrait
ſſ:.... I… »apporter rrſeilleure raifongqne de .dire *qu'il a
eſte' decretſſé par \me loy' eïernellezïqueles-cho
.ſes lus nobleæôälplu-s propres à *commander
fui ent- Pardeſſus les moins excellentes :ſcarjde
ceſtéſdrte le ſoquenæin Ounrietdeznaturc côl
mande *aux Ange; , 8c les Aifges azuæphnmmes,
‘ &les hommes aux-beſtes', !fame aujçorpsggäë la
ñ raiſon-à -lëaaconu-oitiſedcn. e: a .-7 :-Ji-c nf ‘
* da'. "ILÏnLes Ours nkizxtaiispzid quelque thoſe,
qui
bienconuienlre a laiſemblanqeídeÿhinxxmefarſſíi
que les Singes? M Yſi-'S Ti'. LesſiLS-ingcsärùles
;Ours-ont-çelà de commun auec_ 'lïhrímme que
ie replis-Trié
\eſt de; leur coudé des
tourne' tout-areläourſis queautres
deleñrszgenoui
abimauxÿ
.ils eonſſuiennentaufliſvnôæ Yaùçreaueç-lîhonu
;thé en' .cezqtiſiils ſont. 'Psampliages ..z-.gzfils 'paris
Ïgenvtuuïtes ſortesdalimemsgÿç.ſurtout eſtania_
;trelî-friands diÂ-:miel: ils: säneouplen tíaîllfflzalüfic
leurs femelles ſe tenans embraſſe” par: -reife
…eommeules hotlſmïoszxlëxän 'Ça Parure; eſt smÎÏani
"‘ -mal forflmſé &le ſa 'nature :mais c'eſt Mazel-Défi
du tout admirable que ?Ours aocojnpægàïíefpg
tout ſa; femelle 'désquîelle-a.- oonoeuueitbdn
pas apresïqlfil luy apperçoir ſhnî-V-Etreaengoo
—ſir,mais auſſi &dés le iout ſuyuantzquffîb l'a 'Bo
mertezce qui a eſte' ſouuêtesfqis… Yeriliérparläeaä
~ periencc
'_.7-SEct1.'oN-.X.H ;dz-z
perience là, ctoù publiquemïçniſ onfait .ſottirilès
Ours à la chaſſe ,îcommeïizpuk auons ſouuemz
veu en AngleterreÎr-*Ïïſ-:ózaï 5.9.. r . - ~
. T n E.—Le'_Matmt>ſi*t Wells-il pas auſſi compris
ſoubs. l-'eſpece .des—Sii1gesü'-—MIÎ-‘si On penſen
tendre par Ïifininxitiégcæfilsllíeizortent mortelle
n1en‘t'lO's-Àrns.
\ier-ſes eſpeces artiſan-tres* , \fils Cynocect-phale,
:‘ commel-“atfiiſlizlùeï ſand-deux di-s
qui .a la pttîſhf comnrçſvn Chiensôc lefiephegqui;
alles' ieds 8c leslmailisſeíffdalæhles ànlîlmſhmeä
tels 'ont leRhoſomaclrezlelerfy, 8C. lë Tatonact
'deſqtfelleseſpecesdilrſÿÿen acpas vne plusruſée
que leSi-ngedequeïl-peitt i0u~er de lëvfleùtte,,
danſſier~ au ſon des inſtrumentsxflc meſine quelñ'
ques-foips eſcrirezſa differenceeſt fort manifeſte
“entre le reſte
entctre .les des animaux,d’autant
quadſſrupedeæ-qui .ſſioitſansqu'il eſtſeul'
quéſſuë; '
T I-LPÔurquoy nature' luy a-elle oſtépluſtoſl:
laqueuë qifaux autres beſtes? M Y.qu’il
Parce
s’en pouuoit Facilement PflſſCLPUíS ſe qu'il
conſi
tornoit aiſément de tous coſtez pour contrai
cter chacune partie de ſon corpsnnais elle~a biéî
baille' aux grandes beſtes vne queue' non ſeule#
'tirent pour ornement , mais auſsi pour 'chaſſer
lësMouſches, de lëimportunité deſquelles elles
ſont inoleſtéegdïiutant qtfelles ne pouuoyenr
aucunement, ſinon auec grand difficulté , tou
cher ſur leur doz : quant aux autres animaux,
qui ſont plus petits, comme le Çhiemle Loup,
8c le Lyon , ils ont eu vne queue pour aider
leur mouuementme plus ne moins que les h6—
mes ſe ſeruent de lëeſlancemêt de leurs bras en,
courant, ou ſautant, ou dançant, 8c les oiſeaux,
ë-"j d \ II .3
504 Tnorsr-ESME Livne
~ &c Poiſſons de leur queuäcomme d’vn gouuet~
nail de nauire à ſe guinder en l'air,8c en Peau;
toutesfois on doit excepter la volaille,à la uel
le nature a baille: au lieu du croupion la plante
des pieds 8c le bec ou plus longmu plus lat ,
comme aux Oyes o Grues z Cigongnes , 6c l'î
:ons :mais les Set cnrs, Laiſards, 8c Crocodils
ne ſe ſement ,pas ſgulemem de leur queue' pour
s’eſmouuoir,car ils s'en frappët rudemendquíd
ils ſe battennfinallement le Marmot a laqueuë
longue 8c prime, de laquelle il ſe ſert pour ap
puy, ou pour monter 8c deſcendre des arbres,
car il s‘en attache aux branches,comme d’vne
vrille de vigne en la repliant autour par plu”
ſieurs cercles : ?Eſcurieux ſe ſert de ſa queuë‘
pour ſc garantir de la chaleur du Soleil,8c pour
repouſſer la pluye 8c le venttfinallement les Re
nards ont eu la qneuë plus boutrue qu'aucun
autre animal, non ſeulement pour les commo
ditez, deſquelles nous auons parle', mais auſii
pour s'en aider en la chaiſe, car le plus ſouuent
il en deçoit les v0lailles,qui vont à trouppe,ſai—
ſant ſemblant de leur ietter ſa queuë ,comme
vne pierre, à fin qifeſtans eſpouuentées il les
faſſe deſcendre des arbres en la plainesſi d’auen
ture il eſt enuitonnée de toutes parts des
Chiens , il l'a remplit d’vtine &de ſien , à ſin
de leur en artouſer le muſeau,tellement que les
Chiens ſont contraincts par la faſcheuſe puan
teur,qui en ſort,de lëabandonner, ainſi comme
n Au ;Jimde
la chan": a eſcript ² Oppian , 8c comme de faict nous a
uons eſpreuuefipour ceſte meſine cauſe il entre
dans les Taſiiieres des Taixous , à fin de leur
empeſirher
’\ .

_.~SECTION X. 50-;
cmpeſcher l'entrée parla puanre odeur de ſes
excrements. '
ſi vneTu n o ,&WWII
beſte qui n'eſtcepas
qu’vn Taixon?
gueres M Y.C‘eſtà
diſſemblable
vn petit porc ,de laquelle vne eſpece à l'ongle
fendue 8c vit de tacinesayant ſa couleur noire
' 8C blanche en forme triangulaire, d'où ſi face
eſt diſtincte :l'autre ſorte a ſes pieds fenduz en
doigs eſtanr aucunement plus ſemblable au
chien qu'au porc , tant en ce qu'elle a les- on
gles tranchantes , comme vn raſoir , qu'en ſon
muſeau 8c façon de viure : parce qu'elle ne vit
pas ſeulemët de inieLmais auſſi des charoignes:
il ſemble , qu'il aiſt tire' ſon nom du mot He. I
breu Taſêlóaſêh , mais Finterpijete Chaldéen
Pappelleîütſgondnparce qu'il iugeoinqdellefull: î surlc zçïtdde
Flixode.
diſtincte de ſix couleurs diſſerentesfflomme de
ſix diuerſes fleurs: en quoy il me ſemble auoir
erre', parce que tant l’vne que l'autre eſpece du
Taixoii eſt toute blanclie,hors mis que l’vne a,
deux triangles en la face ,qui ſont diſtincts de
couleur blanche 8c couleur noire : mais il n'y a
ni oiſeaux que le Paon 8c Char donneret,
ni poiſſons que le Iule , ni animal à quatre
>x pieds que le Tygre, qui ſoit diſtinct de ſix di
uerſes couleurs , deſquels le dernier aeſté en
tendu &è non autre par l’incerprere,quand il dir
que c'eſt vne beſte forr-raraCar on ne la trou
ue en aucune part de l'Europe ni de l'Aſie horſ
mis en Hircanic ,pas meſme en Afrique, ſinon
en la plus profonde Ethiopie : mais-on peut
chaſſer en routes pars aux Taixons,qui retirent
aucument au Porc-eſpicz
ñ . ' ii 4
ſp6: TnoisirsurſiLivna
rï-*Tctn E o. u’e ll: -c—e q uëvii P orë-“eſp ie? MY s! -
L’Erimologie du mot, de
ou' airnie de** fleſches ſignifie vn pôf-(Ïhëtilld
laqiiellêñlligíîifiéârſſſon
s'approche le mot 'Tirs-là ,~‘ par 'lequel les~’Grecs
entenſide-ntvn porc Cheueluî toutes-fois- ſëiänaë
~ ture? &îſcmblance retire plus à lT-Ieriſſon ,caê
lîvnï c'ſt l’autre n'eſt pas inutile medicamentâlâ
leprïe -ôêïiux Dartres. Toutes—ſois lePorſſc-e* _
_,_L4Ã,_
ſpidenbandant ſon cuiriette par grand' force
ſes Sies ôC-'eſguillons ivuſques à bleſſer-les chiëô
8C les hortimes ,qui le pourſtiyuenrnie plus ;ne
moins que s'il leur auoir laſchédes fleſchesé ‘
mais" les ,Heriſſczns ſe roulans en rond euiteiſt
facileméntlamorſure des bcſtes par-le moyen
Îdeleurlcuir heriſſé de tous eoſtezdîeſguilles
ſi ſoritpoigiſianrcs. "
7' 'TT-II Puis que nous ſommes tombez ſur ſe
'diſcours 'des porceaux, ie voudrais ſçauoir de
toydomeſtiques?
' les , iilesſauuagésM ſont de meſme
Y. Tousles eſpece
deux ontauec
ceſſr
ñtainement les dents… auaiicées' hors Ia gueule,
’ tous deux ſont gourmans ,domeſtiques
ctfecondsnombien-“queles 8c tous deux
lestres
ſur

paſſeiit en ſecódite, ce qui me fait_ penſerzquïls


ne ſont. qtſvne .meſine eſpece , veu auſſi que,
s'eſt-ansaccouplezñdans les Foreſts,jils ne ſont
Tpäsleurs petits vmonſtreux àïleuwpropre ſem
blance , ils ſont tôutes-ſois aucuneme-nt diffe
rlouts en giuuſſe &- en ſaueur ,ôcîmeſinele ſan
.glier eſt beaucoup plusrobudſte , plus grand 8c
‘ dangereux que le porc doirieïſtique : mais o-n ne
pourroit trouuer PluS.l"0l'[C'.‘l'é11Ÿſ0i1 »poursprett
. ' uer qu’ils ne iont qifvqe-meſinoei-ſipece ,ñq-ue
ñ- ñ " de voir
~ E c* T 1 oſi N XJ' " A ſo??
de voir les petitsct,qui ſont engídçez peflemeíctà
l'e des ſau uages
ſiuemexit leur Btdomeffiqucsjptoëréer
meſine raçëâtÿe ſucceſ
rſiiëeſipour-j
Ëoyent-fairêïtutrement. ‘ ſi ' , — _ "
_ -T HT', Uîóùſæriſicnt éiſoriffièſſtctrouùeſipoſſint' dë.
Pſióurceauíſſenda plu orandſſiparctrie 'd’AfriqiÎeí
MY. Dictéu par fa ſingu iefie bon-téï n'a pas vouñ'
lu que" les niericlionauät ,quideſont
lepre 'vſaſtenteicti leutëmâgeſſiſſ' ceſteenclins
beſtqàfinà la

‘ que de plus en plus ils netorcibaſſentaux meſ


mes
peutaccidents,auſquels.elle eſt ſubiecte.
recueillir par pluſieurs' -Or,on
raiſonsſiqctuqles
Meridionaux 8c Africains Êjnſſt ſubiects pour la;
plus grand' partie à ceſte 'maladie , d'autant:
qu'en ces regions là la lepre èſtëvneïmaladieſſ
populairmdonr elle s'eſt eſpandue par tſſoiit le
monde; 'Car Pline a eſcrïípt' qu'on n’auoit
point veu de lepreuxen' Italie deuant Porn-Ã
pée le grand , &que ceſteſinaladie eſtoit fami
liere en Egyptezà ce propos Plutarque dict que_
de ſon temps lſia Grece commença 'de veoir des
lepreux. ~ ' ’ ſi
T H.Pourquoy nature-a elle donné aux Por
ceauxle col_ maílifgle ventre grand , 8c le cer
ueau treſpſierit? M Y. ÎAſin qu'ils ?engreſſaſent
plus facilement , 8c qu’il rfeſſuſſent autre ſoucy
que deleur ventre. ï
TH. D'où vient queles Porceaux ne peu
nent ſupporter l'odeur Îd'vn vnguent odorife
rant ſans mourir? MY. »Ce n'eſt pas tant àcauſe
que ceſte beſte ſe nou riiſt naturellemér en tou
te ſhfleteſi 8c ordure,qu~à cauſe cle lefficace 8è
vertu des _onguentæpar laquelle les chiës, che*
I l 5
508 TROXSXESME Livni!
_ uaux,8c oiſeaux, 8c le plus ſouuent les hommes
z _ . ſiïctä_ meſmes ſont ſuffoquezwu
ſe: en rageôc fureur. pourV le moins
\ pouſ
" .. , Inu. Qqi ſont les beſtcs outre les Porceaux,
qui ont les dents e_minentes hors la gueule? M.
7L’Ele hant , Pl-lippoporame s 8c la beſte du
~ î Muſclisgleſquels nous auons deſia parlé.
TH. Welle choſeaſElephant plus que lcs
autres beſtes 2 M. Vue grande corpulance , vne
rare ſageſſe, 8c vne longue durée de vie:d'a—
uantagenl ales cornes quelques fois tant gran
des,qu'clles peſent plus de 2.2.0.liures.
T H. Ogelle choſe eſt moyenne entre les be
ſtes à corne 8c celles,qui ont lesdents eminen
tes hors la gorge? M. Ulïlephant.
T H. Pourquoy cela? M. Parce que ſes dents
ſortent du cerueamcomme les cornes 8c non
pas _de la mandibule, comme les autres dents,
elles ſont d’auantage plouyables en tous co
. ſtez, comme on peut veoir aux arcs 8c cercles,,
8c en pluſieurs autres ſortes d'inſtruments 8c
vtenſi es ,leſquels ſont ouuragez par la main
de Pluoirier, ce qui n'eſt proprea la nature des
dents,qui eſt fragile eſt mal-traictable.
T H. Qielle choſe s'approche à la grandeur
de l’Elephant 2M. Le Rhinocerot s lequel com
bien
moinsqu’il ne arme'
eſtít ſoit ſi grand
d'vne que l’Elephant,
corneôc neant
d'vne cuirallſie
plus dure que le fer atta ue vaillamment ſon
cnnemy 8c le met le plus ſonnent par terre.
TH.En quoy differe le Rhinocerot du Mono
cerot? M.Le Rhinocerot eſt arme' d'vne double'
corne ,mais il en a vnc , qui eſt plus petite que
l'autre
SEcTroN X. ;og
l'autre: il y a deux eſpeces de -Monocerots :I'v
ne, la uelle les Grecs ² appellent (Fg-ULB: l'autre n ATîſÿËï 'F'
laque] e nous ap
que Serapion 8c eellons AſneArabes
reſte des Indique, iepenſe chap-x».
entendent

par ceſtuy-cy le Meg/Elan: , car l‘Aſne ſauuage n’a


point de cornes , mais ils diſent que le Moſchos
eſt vne eſpece de CheureuLlequel a des cornes,
6c des dents eminentes hors la gueullezon peut
par eecy entendre qu’Ariſtore s'eſt deçeu, quid
il a reſolu aſſeurément , qu'il n'y auoit point de
beſte cornue , qui euſt les dents eminentes , ou
en forme de Siezie n’auſerois icy aſſeurer de-la- .
quelle de ees deux beſtes eſt la corne ,qui ſe
void à S. Denis en France; toutes-fois ellea
plus de ſix pieds en longueur eſtant tellement
creuſe ,qu'elle pourrait tenir en ſa cavité plus
d’vne Barre de liqueurson luy attribue d'ami
tables vertus contre le venin ,le commun l'ap
pelle Licorne. ~
T a. N'y a il pas aufli quelque propriete oc
culte aux cornes du Cerflqui ſurgeonnenc abô
damment tous les ans? M Y. Ie rſauſerois terne
rairement aſſeurer qu’elle propriete occulte el
les ont ,toutes-fois il eſt tres-certain que les
Serpents ïenfiiyent par le ſeul flair de leur fu
mée , 8c qu'il n'y a meilleur remede contre les
lombris , que de boire quelque peu de leur ra
cleure pour les faire mourir.
T H. D'où vient qu'il n'y aaucune ſorte des
animaux, qui laiſſe tomber ſes cornes tous les
ans , ſinon des Cerfs? M Y. De ce qu’ils ont les
cornes maſſiues , 8c les autres les ont caues , ce
que demonſtre appertement ,queeeux-cy ont
’ moins .
*jlſſo TrtorsrESME: LivnE
moins d'humidité
abondance." — ſi , 8c les autres en
‘ ' plus'
ſi a grand'
'
T H EXP-outquoy eſt-ce que_ le Cerf ne va ia-ct
mais du ceſte' d'où le vent
contraire2ſi‘MctY..Seroit cereſpire ;mais tout
pour aut-ant au
qrfilſq
delecte que le vent le rafroſchiiſt. par derriere.:
zOu ſeroit-“ce pour empeſcher ſelon ſon pouuoit
que les-Cliiensſne' le deſcouuxér par. ſon odeur?
Toutesſois à ſin-que perſonne ne doute queles
Cerfs n'ayent telle ëſageſſenl ſaur rentêdre qu'on
en -a autresfois Ïveu vn parmy les Taureaux,
quiſe ſouſtenoitides v pieds de deuant ſur le dos
d’vn Boeuf en marchantſſſur Pextremitédes on.
gles des pieds de derriere , à fin” d’o'ſter~aux
Chiens Yoccaſió de le cognoiſtre par ſon odeur:
par ainſice (age Ouurier de nature a donné aux
A Cerfs pour ornement des cornestant pour s'en
dçffendrmque pour auoit quelque vſage en ine
decine, mais il leur a donné ſiir tout vne ſinguë
liere prudence out ſe donner garder des em
buſches , leſque les on leur peut ſaire 5 .Se aux
Taureaux 8c Monocerots des cornes pour ſe
battre; aux Sangliers des dents crochues; aux
Lyôs,outre lcs.d-ëts,des onglesôc vne force d’vn ~
courage inuincible : dauantage , il a baillé aux
vnsvne promptitude des' pieds pour ſe ſauuer
en ſuyant-,comme aux l) ains 5 aux autres vne li
queur noire pour troubler l'eau., commeà la
Seiche ;à quelques vns dengotdir les membres,
comme à' la-Torpille .z finallement. il avdonne' ‘ à
certains animaux vne telle pnanteur d'exerc
ments,qu’ils.en ſontabandonner la place à leu-rs
ennemis-,comme au Renard… . . ,_
—'—': T H.
l
. ,. :S Eíc 'r 101” Jeu? ;xy
“f T.. mWi íbntilcsautrësanimâuxzqui ont des.
comes-JAH Sc Le-Bœuf, le?
wuresſiólesæbeſtesgïſmibs quinom
eſtladuquel-nous
plus utile 'de
comprenons: ldsVrons ou-Bœuffles , ;qui ſont
ſauvages , &Giles Biſous ;nonïpaszle Machle , ni
ÏAlCLzziaçoiE 'quîils retirent aucunement. à la.
ſemblance exterieure :l’vn &œuf; veu que-leur
nature eſtdmtourdilſernblazble. ï .- -LE a 'i _
-z T? H. !You vienne-que. tu penſes -que le Bœuf
p ſoir le. plus-utile -detoureslesë
ce qdil-Ïyaſiſiaurlune belles! MxùzDe_
partie au Bœuſſidclaquelle
on ne puiſſe oiænrquelqucæproffirrí uw. ~ @a
T H-.Pêlltqlloy ſe .delectenlltaht les-Abeilles …
au lient desñ-Bœufs , comme ,ſielles-xéceuóyent 3 ñ dvn-ze? -
quelque plaiſirà Yodoneozpuisquïalælfis …dcteſteml ,,,'_;,_…5 'L
lc fienr detnus. .les autres: animäuxâëlÿh Duree
que le Bœuf eſt le plus temperédczrouslcstaníî ſi _p
maux ,> ranren ſoir- manger 8c bOÜ-ÏHUCËCOÏÏ:
outre ce quïlſè-delecte deóboirelïeau» uteïôq
nette , 8c -quïil-rumine apres auoit. pris: oùbreq .
mehr :85 ſimplement ſa reſectidri‘a"sdornc~ſikl ?dei
uieut que ſa concoction en eſt beaucoup &nei-ln
leu-re.,
fiinsayant8e qtfilſe nettoye
touſiours ſa plus ſouuent
matiere -les into-d
'ſïſianſſiliqabſifdenz
vofl-'äí pourquoy.- la loy-Diuine commandqitïlcl
flaireë Peau» expi-æroire : auec .des- CendrcSdd-'Nncx
Geniſſeſroulſe., deLHyſſope, du-Cedregôt (della:
grame-Ëdfläſcarlate le tou-reſtant brufléehſemT;
ble' :.8: :mrouſrídîean de Fontaine viuexleſqrlellflſisi
choſes ne ſont pas ſeulement nettesdtàlwifimavx
mtqmais auffiſœæt vtelïpropres à mundifier les
ordures.detotlteslesíautresd-.— - .r .
T H.— Welle thoſe .Sîapproehe ClClI-LIIQ-ÏlËÛ
u
ſi'

5”. 'Iînñorsræsuz L r v n E
du Bœuf! MY. Les beſtes portansñlainezcatfvn
8c Pautre porte des cornes, l'vn 8c l'autre rumi
ne, l‘vn &l'autre a l'ongle fendue', 6c de l'vn 8c
de l’autre,on peut tirer dix milles commoditez,
ſoit our la nourriture, ſoit pour lesveſtemêts.
ou ſoit pour vne infinité d'autres vſagcs ne*
ceſſaires àceſte vie.
T H. D'où vient que les moutons ſont du
caſte' de Septentrion ſans cornes? MY.De l’hu
midite' 8c ſroidure tant du paſturage que des re
gions meſmes S au contraire les Moutons ne
portent pas ſeulement des cornes en Afrique,
comme a penſeſi Homere, mais auſſi les Brebis y
a Ariſton 1'? naiſſent ï cornues , de ſorte que bien ſouuent
&Ldſſtfiyſtoi ‘ fl _ l
,edcnnzmwx es ma es ont quatre cornes , te s que nous en
:-ï
b Auzſhdela -
auons veuen -r l
Francexe q ue 5 O ian aeſcri P t
@Mſn pour vn mi ac
- T K. D'où viente. que les Chſſeures, qui n’ont

point' naturellement des cornes , ſont plus co


pieuſes en abondance de laictque cel es , qui
15m cornueszM. De ce que ceſtes-icy ſont d’v—
ne temperature lus ſeiche &plus chaude , au
contraire .celles à ſont plus froides 8c plus hu
mides , d'ou: il aduientqdelles portent plus de
laict : on void aufii que les Vaches ont leurs
mammelles plus ſeiches aux regionsMeti io
nalcs, leſquelles neantmoins ſont quelquesſois
tant pleines de laict aux pays froids , .qu'il ſem
ble , qu'elles doyuent eſclatter , 8c principale
ment en Holandc. ‘ '
T H. Pourquoy eſt-ce queles ſemelles pat-my
les animaux cornus,ſont !pluſtoſt eſcornées que
l'es mafleghorſmis en l'e pecc des Bœuſs 2 M Y.
‘ Seroit
ÿ Sncrtonëctxæ 51-3
Seroít-ce pour autant que le ſage Ouurier du
monde auroit iu é que telles armes ſont inuti
les aux ſemelles Ê cauſe dela crainte naturelle
ment em rainteà leur ſexe? reſeruant ſeulemët
les feme les des Bœufs , auſquelles , conibien
que paiſibles, ila donné des ;cornes pour les ac
coupler au ioug. Ie me ſouuíens à ce propos
d'vne Biſche cornugvlaquelle Loys X; l. ayant
pris en la chaſſe , vouluſt faire efleuer en baiſe
ſelon ſit naturelle effigie dan; le portique du
chaſteau de Blois :ce que Pluſieurs ayansveu',
qui ſuíuoyent ſa cour, commetzcerent d’intet‘
Keren, 8c de là augure: vn grand mal-beur à de
nPrince,_le reprenans d’auoi eſpouſe' Anne
deBreítaiíÎe, qui-eſtoit Femme vn courage vn
Peu plus 'ut que la dignité de ſon mary ne
requeroit, auſqucls 'ſe Roy ſiſi; vne reſponce
aſſez ſacctieuſqà ſçauoícque toutes les Biſches
eſtoyent dés le commencement cotnues , mais
que-celu ., quirles leur auoitdonnées., les lent
auoicau i Oſtéesgparce qu'elles en abuſoyenr.
-' T n; Ne-ſeroit-il-Pas meilleur dc penſer que
ceſte Biſche articipoit aux deux ſexes? M v. Le
&atuairc ne Fe-fufiz_ pas oblié de ñrematquer cecy
ſin' ſon labeur , comme-vne choſe, la nelle at
couchoit le 'plus fonïentrcprixiſc: com ien que
ie ne doutepas qu’il n'y aiſt des_ Hermaphrofli
tes cn toutes les eſpeces des LHÙTIRUIQCÛ que ie
n'a
cel ctoutesfois eneof-remarqué
de l’h0mme,8c du Cheual,8cendes
autre qu'en
Brebis,8ſic
des Cheures,8c des Lieurcsà finqubn cntcude
Par là qu'il yña vne treſ-bellc connexion en la.
nature de chacune choſe auec ſon Tout , 8c des
cxtrc
ï ñ.
,L14 T R oi S 1.5 s MJ_ L-rv n E
.çxttenſiiiteï auec leur Milieu : car-FHetmaphroÎz
dlctëfic. panticzi pe.- aucunemenr, , çom me-vn moyen
desdeux-eſtremitez'. àLFYn 15L Ëautiîeſeſixetſſie ſoil
a Aulffl" Weſpece” 3- . :zi-,À-.ëzi-.Ï-Ê. . , ' -vque-ñ tous 'M A.
.,., .T Ho' Mais zM-ñïïarronrïenſeiizſne
’ leſis
n Ÿïflïſiſlo .Lieures ſont Herſſmaÿhtoditeîs. MÎÔOI-Îy certes'
sîeſtantilfonde
quelle eſtoitſiuiñlſopinion. de; ancien
abbreué :Îmaisictm- 8:; d? par
azcbgnu. h
experience. quotidienne, que lere-.tnaſles ſon
diſtincts des ſemelles peu: Iäſièuizſèxcsſmitesfois il
eſt_ cettain- qnîon:
teszparmy-les .trou-ue
Lieureſis plusauelintiajuth-'ſiirqc
qu'en d-Hegmaphrndi.»
dŸ 'rnaüxwoilà
abſente vn ſipeudepourquoy
pluspres lesHebibmï-qttizon;
l-ègdſieercts deficit-ua
.turgprennent touſiou re .le;'L.ieu~i\e,. ſoubs ;leflſnh
feminin- Arrivée-Ms parte qu'il y —a plus d-e-femelſ
les que de maſles : meſme iliËrqitjmp-aflſiiblc
qu’vn malle ſelon natumpoiîta-ſtïàesqxeflis-…ſahs ct
matrice, ou qifzme ſemellepnur cotîdeuſiioitſans
la -ſemeucxf- mæſhfline : derlaéoii: pp &LIËÏJÏSOIÛPP
quïil_ yaiquelques Hermaphrodites ípamny' ;l'es
Lipuràstç-pdmbien
tous lbkidouxſii &iles;qiſilslne :participent pas
cezqlrxriêay-aarrmtfois aprisà
_d’vn chaſſeur bien entendit, ;qui-ſim?&di-enſeigné l'a
veritëde deſtel elioſezdelaqueldle iïcſtois encor'
endoubieuCaixilnfaiſeuooitíqnëilry auoitbeauæ
coup. 'dïvlerrnaphroditessen zcpſteleſpece , leſi
quels routes-fois' ifeſtoyentf kann' fœemids _que
-lesſeinellcsgflc que tant äenïſailloit que les maſ
les ſurchargeaiſent .apreslz &uQirdconcL-eu' a puis
ïluïlsnc-Porroycnciamaiswcurréeñ .z H ~ i
~ T H.D-'Où vientqueila-ſteflwidite' des Lièureg
eſt plus grande BC qiſil yo a ihQins dT-lermaphro.
a 4 dites
SEcTXÎÔNîWÎXL ;'13
dites aux autres eſpeces des animaux qtfen la
leur? M Y.- A fin qu'ils ſuſſentmonnne la Com
mune prouiſion des hommes,oiſeaitx,& beſtes
des rapine : 8c meſme on dit qu’v1~1 Líeureeſſi

ehappé des pattes des Chiens de chaſiE-ſuſt en


ſin rauy d’vn Chien de mer ſur le riuage de-Siñ
zcile,car ce Poiſſói] eſt de ſonnaturel gourmand,
voilà pourquoy Martial cïn-*a* ſaict vn EpiL
gramme: ~ <
7)” le: oiſêóæux valdzïmpar _les mſſonſíres nage-ENI', _
La Îerraſſdirgeÿ- l'eau comm-En) _ſim mamie

Êt pem-
par leranímdlzzxſtzz-“lórierre Tam/vaux? _ ’ ſſ'q‘
Et eëîîre le cichſiflſhn [bien mÿzſhſtzir.
Pour ceſte cauſe-ceſte: ſeule beſtioleuai obtenu
’de ſurcharger ſa graiſſe 8c d’en faire d’vne-ven—
a Sti-abo au z,
“trée ² trois ä la ſoisz-&incontinent ql1’~elIÏ"ÛſtJi“_deſa Geo_
deliïirée de 'conceſiuoir encoresdeConil eſtplus Graphic-Fian
fœcohd que le Lieutezleq-täël combien quîil luy ſi" ſ°"l“ſi°“°
ſoitsót-icſiunertienqê idiſſemblable ,non ſeulement, ' '
en ce quiil eſtïdepliís peèíte corpulencqsç plu-s Ê., ~
tard à éouërir ;combienëîqtfileſoit plus robuſte
Zàlcburageux que leſi-Lieure ,mais auſſi en ſie-e
*qu'il -ſe- caueſdes tiaſníeres , caron n’a- iàrnaîls
-veu cauet vn Lieure: ils ſont en tout le reſte
'ſemblaïlzlesxäc meſmes" ils shccouplent ſortſſóicti-c
uent l’vn_a'ue~'_c< lëautre', tous deux ſurcharge-rit
leur groiſſe ,îôc l'vn 8c l'autre a la planteltlësz
pieds veluë ,eequi ne conuienr à-ailcuxie au'
ïtte beſte. , ' "~ - ‘ *ſi ~
T Fr. Les Lieures 8c Conils- ont-ils lesrlents '
platteïs P M Y s. Ainſi eſtoit-il neceſſaire ,veu
qu'ils ifauoyent les dents, ni eminentes, ni en
forme de Sie , 8c qu’ils ſe repaiſſoyent des ra
K K
516 TnoisiEsME LIVRE
meaux, ſoin 8c paille, ne plus nemoins que les
autres animaux HÀdTuó-fèifle; ,qui ont les dents
plattes.
T H. Combien y a~il de ſortes de bcſtes che
ualines ou de trauail 2 MY s. Le Cheual,l’AſI—
ne,le Chameau,8c l’Elephant;nOus auons deſñ
ia dict, que ce dernier eſtoit moyen entre les
beſtes cornuesôc excornées , pour oſter hors
a Philuflrate
com: ,PMU de diſpute î* lesanciens ,qui ſouſtenoyent que
"iut Orpi-n les Elephans ont leur dents en partie de corne,
'k «Sc en partie de la nature des os. Il n’y a que lc
Cheual 8c l’Aſne entre les animaux, ayants les
dents plattes,qui ſoyent ſans cornes.
ñT-H E. Pourquoy [ſas-tu mis en ce rang les
Mulets 8c Bardots? M v s T. Pource qu'ils ſont
monſtres de nature, engendrez d’vn Chenal 8c
d’vn Aſne : car tels monſtres ne produiſent ,ni
ne maintiennent aucune eſpece en la nature,
b Les Auuer comme auſſi ne ſont les Iarrotz b., qui ſont en
ÏJÂÎËW* gendre: d’vctne lument_ 8c d’vn Taureau.
T u. Pourquoy ſont-ils donc plus robuſtes
&de plus longue durée que les Aſncs 8c Che
_pauxë
uaux 8cMlaY.fſiroidure
s. D’autant
des que la achaleur
Aſncs moderédes
VnChe
tem
perament mediocrc a leur nature , il aduient
2311313 ſont de longue durée : par ainſi il ne ſe
e !lutarque en
1,… d, cm5 ut pas eſinerueiller , ſi le Mulet de Pallas à
l* Cïnſïür- veſcu quatre vingts ans Siaçoit q les Cheuaux
ne paſſent point le trente-cinqnieſme, 8c les
Aſncs à grand’ peine le rrentieſme: Et meſine
d ma…. ,L pluſieurs ont d eſcript pour miracle , que quel
îîçälhfüjfiſ: ques Cheuaux ſont paruenus iuſques au cin
çhapſzſiſſſiſſſſ ‘ quantieſme ou ſoixantieſine an de leur aÊgc
H EE
\
S E c T i o N X. 5 r7
T H F.. D‘où vient que le Bardogqui eſt en
gendré d’vneChcual 8c d’vne Aſiieſſe z 8c le Mu
let,qui eſt engendré d’vne lumenr 8c d’vn Aſiie,
ſont plus ſemblables à Peſpece des Aſnes que
des Chcuaux , puis que le Chenal ſurmonte
l'Aide tant en grädeur de courageôc de corps,
qu'en ſorcewigueur 8c chaleur naturelle? M v.
De ce que l'humeur melancholiquc (laquelle
domine grandemët ſur les Aſnes) a plus grand'
force 8c vertu en la generation, que l'humeur
ſanguine du chenal: voila pourquoy les ani
maux melancholiqtles ſont plus adonne-z à la
luxure que les autres:d’auantage,les Aſnes ſont
plus robuſtes ,ſelon leur ptoporrió que les Che
uaux,car ils portent preſque double chargeÆz
ne ſe laſſent pas_ inconçinent, comme le Clie
ual , iaçoit qu’ils ſoyent; occupez continuelle
ment au labeur.
T H. Se peut-il ſaite,ce que tu me diſc/is nÿa
gueres,qu’vn monſtre print nai (lance d’vn Tau—
reau’8cd’vne Iument? MY s. Les Auuergnats
appellent Befſie, ce qui naiſttant de l’vne que de
l'autre eſpece eſtant en tout 8c par tout ſembla
ble au Mulct, horſmis la teſte, laquelle reſſem
bleroit à la Face d’vn Taureau,ſi elle eſtoit cor
nue 5 toutesfois ce monſtre ne doit eſtre com;
paré à ſes parens ni en grandeur du corps , ni
en ſotce,ni en longueur de vie, car on le nour
riſt pluſtoſt pour plaiſir 8C oſtentatiomque pour
-autre choſe, tels' en auonsuious veu pluſieurs,
qui eſtoyentſort paiſibles 8c appriuoiſez.
T H E. D’où vient que la Mule 8C tels autres
monſtres ne poſteriſent- point lcur- engeance? —
KK z
518 TROISIESME LIVRE'
M Y s. De ce que les eſpeces ne ſe multiplient
'infiniment , carla nature deteſte Finfinite' : 8C
meſme, combien qtiîAriſtóte aiſt eſcript que les
biulets engendre-ntenſisyrie Pardeſſus la Phœ—
nicic-…ôc que Theoplríraſlſite aiſt dict le meſme des
Mix-lets de Capadoèe ,> touteszfois' Faymerois
mieux 'croire que Oe- fixſtvqnelque eſpece d’Aſ—
n-eſſe que de-Pvlulez de-laquelle les Italiens ont
a 11'116 OW?- touſiours~ A eſtimé le Fruictzcónnne Prodigieux,
.- vz. ſi _ . j l . _
quent au íiuze PorfeFſin_îa1:qËL9l]t\-L'_
des Frodiges.; ~ ſi ' i ſi— ï

_ T H²E.D
ſouuët ou vient que queîla
queſilîAſſſneflègDu la Iumenr auorrequ’vn
Viachæou plus

autre
force animal? MY.
dir èóſtrſiage eſt?Seroit-ce#
pylpsgrâdeportnautant c] la .
au Cheualpout
Fiuter c1"Ë1~—‘a’E1~x-‘ſſ<ai1t1‘es ſlÿë-ſtdsi? Ou_ ferait-ce pour
atlrant que laíùmèntñreçoit-encof-lcjmafle par
_ e_ Pluſieursſifoislîſixir ſa porkéezdontilpeur aduenir
quelle tomp les ligaments de ſa matrice? Car
leè femmes'lüliriqueääarxortent quelques-fois
Pour ceſte \define cauſuAutänt en pourroit-on
iuger des' autres animaux, ſi-a-pres auoit conceu
ils appetoyentencor” lemaſie» ’
T H. Poîurquoy ſe noyenftles chevaux dans
vn fleuuewoite lneſiñe qu’il-S “xfayent rien beu,
s'ils demeurent 'dans' ſeau ?plus que de meſure?
M Y S. Parce qtſils Ont-l'orifice du fondement:
Fort large,doxut ilſſs ſeï rempliſſent d'eau.
T H E. I)’Où vientque le Chenal entre 'tous
lies autres animaux rèdoublc ſon courage par
Peqrlipage de guerreÆc qu’il ſe reſueille en ſur
ſaut au bruit dela trompette en tapiſſaxit du
Pied en terre 8C hennilÏſſant-à haute voix pour
monſtter ſon allegrelſc? M Y-‘s. De >cevqu’il eſt
vnc
à "ËizcrioulX-.t ſi
f' 519

vne
eſt abeſte genereuſi:
belliqueux , 8c del”laquelle
:Ariſtote le-ñ courage
s’eſt trompe' en ce î ^"²²'5l‘3"
cha p (lc lui). ‘
qu’il dit ,que les cornes ont eſté données aux z, Au z.liu.c.z.
cerfs pour le combat , 8c la viſteſſe aux Che- d=?i*²"l°>d"
. Inlmí-Iuſſd
uaux pour galouper la ſuitte , puisſquïl n’y a
rien
pli-is de plus crainnfôc
belliqueux que lefuyarc qu’vn
Cheuſial Cerf, ni
z corſinbíen de
qu’il
~ne~ſe puiſſe comparer ſſà laſviſtſiellſie' du Cerictzld'a——
uantagedes Cheuaux ſiontct-vne force naturelle
t ment empreincte äctpourſuyure par grand im
petuoſitéíleurs ennemiszen les frappant à coup
de pieds ,en les renuerſant entre leurs iambes
8c en les attrapant auec leurs dents , qui ſont
en nombre de quarante. t
T H. Pourquoy eſt-ce que les Aſncs 8c: Cha
meaux peuuent enduret ſi long temps la ſoif 8C
la faim , ce que ne peuuent faire les Cheuaux?
M Y s. Parce que ceuX-cy peuuent facilement
ſupporter ces deux pincommodirez, puis que la
melächoliedaquelle domine par
en leurs humeurs,
nſie ſe diffipe pas Facilement la ſueur eſtant
ctde ſa nature Froide ôctc gluante 5 au contraire la
force des Çlieuauigquiſont d'vn temperament
~ 1 plus chaud,i_l ſelareſout
pourquoy facilement
faut reparer en ſueuiçvoilä
ſouuent par leſi be-ñ
nſieſice des aliments. On pourra comprendre la
verité de \geſte choſe , ſi on conſidere ,comme
les Chameaux demeurent en la chaleur du So
î _Ieilneufou dixiours ſur le grauier des deſerts
l 'de l'Afrique ſans aucunement boire , ô: meſme

~ les Aſnes bdyuent Fort ſobrement ne touchant
. .'1 -ñ-'Peau que
-ſiîczſilAſnes du bout desne
8c Chameaux leureszde
peuuentla viure
vient hors
que les
\le

KK z
\

52.0 TROXSIESME Lrvnx


cinquantecinquicſine degre' de l’Equareur ti—.
rant vers les deux Poles ,- ni meſme le cheual
ſoubs PEquaterÎr pour cauſe du tcmperament
de la re ion, qui eſt contraires. ces animaux.
Par ain 1 le dire &Ariſtote ne ſe trouuera veri-ſi
² A" *L4* l* table, quand il a ï eſcripr,qu’iln’y a point d*Aſ-'-j—_ ſ
enerati‘ des . . ., ñ _
Ïngmzuxïz_ nes en ceſte partie de la France, qui eſt voiſine _- ‘
dîîſpaigne ,puis qu'on en trouue aſſez par tou- D
te la Gaule,6C principalement au pays d’Aniou '
8c d’Auuergne , qui ſont robuſtes , 8c deſquels
Ïeugendrent des beaux 8C grands Mulets.
'..-.:~ ~’ ' ï
De: Oſram-nde ceux quigaſâuillent iaigonnmt, ſi '-.1
Dcsſizuuages aquatiques câ- depïaye." ‘ 'JEL
, 1_ ,. _ ..
.ſ ÆSECTXON Xl. f

THStruthiocäinelus
plelle E o n. D’où vient
parque PAuſttuche nom
la confuſiſiqäiädu ſap? _
e :pd-OM- vn Pa ereau 8c xdynaoçvn ameau! ſi
M Y. De ce qu’ellc repreſente en partie vn Cha-ë __
n-ieau tant par ſon hauteur que pour auoir Yon-î
gle du pied fendue: 8C en partie pour auoirlaï…
ſemblance d’v-nnePaſſereau touchant ſes. ailes;
deſquelles elle ſe ſeſſrt point à voler,ſmon àÎ-.ŸAy
ramer l’air en courant pour auancer ſon pas : 6c ct
meſme il ſemble qifelle aiſt pris ſon nom d’vne
rang
telle entre
confuſion
les oiſeaux
, à cauſe8cqu'elle
beſtes rient
à quatre-piedsgîgÿ,,
vn moyen

commeſair auſſi la Charme-ſouris.


T H. Pourquoy la Chauue-lbtlris ê M Y. Par
ce qu’elle ades dents 6c des mâmelles 8C nour
rit de ſon laict , comme les Qæadrupedesnouä
‘ ſi tes-ſois
SEcTroN Xl. 52.1
tes- fois elle n'a que deux pieds, comme le reſte
des oiſeaux ,leſquels elle peut eſgallcr 6c ſur
monter en volant: 8c meſme tout ainſi ue
Pl-íirondelle chaſſe aux, Mouſches, de me me
faict la Chauue-ſouris aux Mouſcheronsc da
uantage le naturel de l'vne 8c de l'autre eſt de
cercher des cachettes pour ſe retirer en hyuer.
T H E. Combien de ſortes y a—ild’Hirondel
. les? M Y s. Matte , ſoubs leſquelles nous com
prenôs les Apodes 8c laFacule ':elles ont tou- ſÏ-“Ÿſäîdäff
tes vne meſme nature tant en leur façon de vi- Jnfflſſzu., deſ
ure,qu’en leur couleur,aduenement,ôc deſpart;‘1"²²‘°l‘l Lfflf
8c meſme auſſi en leur viſteſſc à voler,8c en leur Îzïîïſzzlîzuſzſſz
nature, qui ne ſe peut appriuoiſer , combien &ſwim
qu'elles ſoyent differentes les vnes des autres
en certaines marques 6c grandeur de leur
corps. _
,. T H.Pourquoy eſt-ce que [Hirondelle vole
plus viſte de tous les oiſeaux? M Y S T. Pource
qu'cllea les ailes plus grandes qu'aucun autre
oiſeau ſelon la petiteſſt: de ſa corpulance z ce
— que nature luy 'a donné rant pour chaſſer aux
mouſches,que pour euiter la rapine des autres
oiſeaux.
T &D'où vient que de tous les oiſeaux il n'y
aiſt que Fl-lirondelle , laquelle de ſon vol s'ap
proche tant quelques-Fois de la terre qu'elle
ſemble la toucher de les ailes, 8c quelques -fois
s'en
nue'esefloigne ſi ſort,
PſſM Y &Pour quelle
deux ſemble percer
cauſeS;l’vne les
a fin d’ac
traper les mouſches aupres de terne, car elle ne
prend iamais ſa nourriture qu'en volant:l’autre
pour ſe recréer 8c rafreſchir, quand il fait grand
KK 4
;zz TROIS1ESME LlVRE
clmud en Eſteſicar alors elle ſe retire du pres de
la (erre où l’air eſt chaud 8: tcrreſtrmpour
SÏeſleueE tellement en la moyenne region dc
l-ëzxir , que Fort ſouuent elle ſurpaſſe les nuécs;
:mais c’eſt à lors principallement qu’elle prend
ce chemin , quand elle veut exercer ſes Petitsà
voler , car tout ainſi qu’il fait plus beau nager
ſur le gouffre du milieu delëOcean ,qu’cn ſes
cxtremitez ,de meſine auffi vollc elle mieux à
laiſſe au milieu de Fair , qui eſt plus eſpez , plus
haut , 8c plus nubileuze, qu’en la plus balle re
'gion , où il eſt attenue par la reflexion des mis
du Soleil… ' _ l
T H. Pourquoy s’en vont les Hirondelles en
Autonneëquſſelle tourte preneur-elles , quand
elles s’en vont , puis qu’on n’en trouue pas vne
l’Hſiyuer en aucune part du monde? M Y. D’au
tant,qu’elles ſont inutiles à lëalimenr de Phoni
me,& que les Oiſeaux de proye ne S’en peuuent
n0urrir(car clles les Outrepaflent en ,volât d’vnc
incroyable viteſſe 18è aufli qu’elles ne trou ucnt
plus de mouſches pour leur nqurriturc , ſelon
Foffice auquel Dieu les a creées pour extermi
ner ceſte vermine , elles S’en. vont à groſſes
trouppes inconrinent apres l~Eſté (de peut que
Ia Galerne ne les [ue venant à ſouffler apres PE
quinoxe Autoiinaüaux pays 8c regions \mariti
mes, ô( ſe cachent là ſoubs de grands Promou
roires auancez ſurla mer , ſe tenans attachées
enuiron ſix mois les vnes aux autres par les
' Pieds comrele Rocher, iuſques à ce, que le Ze—
Phyre commence de reſpirer vers YEquinOxc
du Printemps , les_ admoueſtäc que chacune re—
<~ - UÛYC
.
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D, "H

~p{l’Ï'-*…-ſi=r{Ï~'²1Î'à1íi
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ñ . *Çâëëſ-ct ,
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qmericlio ‘ , _:J_.]1z.. plus " - . 4


' ct ‘ſi ' ‘ ~ ,leſquels-z ſ t]
îa dz: _ſouffle,ſont~
514.fin cxtinctes
en TnoisirsMr Livni!
parle froid PMY. Voylſſa… our
quoy les Hirondelles s’enuont tout auſſi toſt
que l’Equinoxe d'Autonne eſt venu , àſin que
les\pluyes ( leſquelles la Galernea accouſtumgfi
dîexcitcr, quandle Soleil paſſe par le Scorpion)
ne les perdent par leur froidure,car on a cognu
par experience tres-certaine , qu’il n'en eſchap
pe pas vne en vie , ſi tant eſt qu’elles ſc ſoyent
obliées ,de ſe retirer deuant que ce vent ſoufle:
par ainſi Ariſtote s’eſt trompé,s’il penſe que les
Hirondelles peuuent viurc ſans plume en cer
taines vallées , ainſi comme ila eſcript : mais ſi
quelquîvn prend la peine de s’arreſter quelque
temps au pres dela mer , il trouuera que ces
lieu maritimes ſont touſiours tiedes par la va
peur du flux 8c reflux de la mer,&: meſincqucl
ques ſois adueninqnîl fait là chaud , lors qu’il
ele 'aux eſmeue
tgouſiours autres lieux : car 38C
des vents la mer eſtailiiſi
eſtant reſ2gb
uc

tée elle s’enflc 8c boul de telle ſorte , qu’on di


roit par ſa chaleur que ceſt vn baingzde là vient
que les lieux maritimes ſont touſiours chauds
par ſa vapeur: ce que Pay apperceu ſans diffi
culté, lors que i’eſtois au tin-age de Flandre 8c
en la coſte &Angleterre , ou les habitans ne
ſentent aucune ſroidure , ſinon lors quela Bize
y ſouffle lcgeremêtzmais ceſt vne choſe couſtu—
p miere en hyuer ,que la mer ſoit agitée par les
Autans 8c par le Garbin;
i TirPourquoyraportes-tu les Apodes * par-J
Ou Marti
nets.
my les eſpeces des Hirondelles , puis qu’il n’y a
point d’oiſeau,qui n’aiſt deux pieds? M Y s. On
les appelles ainſi, nous pas qu’elles ſoyent en
tierement
\
1
SEOTION XI. 52.5
tierement priuées des pieds,mais à cauſe qu’el
les les ont tellement cours , qu’en diroit quaſi
qu'elles n'en ont point: toutes-Fois ce n’eſt pas
vn decret de natutqcôme Ariſtote a penſéque
tous les Oiſeaux ayent deux pieds,car le Manu
eordiatdfê a pointzles Portugais Fappellêt Oi
ſeau deParadis,&qui ſe trouue en la Floride dis
les Iſles Moluqtzes ſort plaiſant à veoir à cau
ſe de la variete' de ſes plumes , tel que nous l'a
uons veu en Europe par le moyen des Eſpai
gnolæqui le nous ont móſtre' nous ſaiſàns veoir
ſon corps,ceux du pays Pappellent @Mamma
co , c'eſt à dire,oiſeau de Dieu , ceſtuy-cy n'a. ia
mais eſté apperceu ſe repoſer ſur aucun arbre, à
cauſe qu’il n’a point de ieds : toutes-Fois il eſt
necelſairc,qu’i~l ſe repo e,ſoic en terre, ſoit ail
leurs , ou , comme ie penſe la verite', ſur les ar»
bres en ſe pendant aux branches par le moyen
d’vn filet , lequel nature leur a donné pour ceſt
effect , ce qui eſt plus vray-ſemblable.
Tmÿel oiſeau ſilít de resëla nature des Hi
rôdelles? M.Les quatre eſgeces des Paſſereaux,
car tätle paſſereau (1 PI-iirôdelle ſe tiennër aux ~
villes 8c villages,l'vn 8c l'autre chaſſe aux mouſ
ches 8c aux vermiſſeaux :toutes-ſois les paſſe
reaux Sëappriuoisët facilemêt, rſeſtís pas moins
vtiles au \niger des hóçnes que ſubiects à la ra~
ine des autres oiſeaux,cóbien que lT-Iirondel
E: ne ſoit bonne ni &manger
pluſtoſtnià appríuoiſer,
pource qu'elle ſe laiſſera mourir de fſiain
que de permettre par ſi nature rebelle , qu’en
luy donne la bechée, iaçoit qu’elle ſe delecte
merueilleuſement de la ſocieté des hommes.
' T H.
:TW-r
ll
'I
l

I*
Pl I
SE c’~r_ſ1—o'. N XL - 52.7
quele Pic s'en va cerchervne 'herbe pour ou
urir le trou , dans lequel ila ſaid: ſizspetits , ſi
rant eſt que
chenille, ?Oiſeleur
laque-lle le luy aiſt fermé-auec
ſotctidainement vnc
luy it ouuer
ture par ?application deceſte pla Z* MY. Il
eſt treS-certairæ que Pentrée auparauant cloſe
luy fait paſſageaoutesfſiois perſonne n’a encores
iamais veu ceſte herbe , de laquelle tu parlesſi:
car on euſt
re Peſſay 8c ſouuent pu 8c ſans difficulté
experiencezroutesfſiois ceſt vneencho
Fai

ſe du tout admirablqqtte lors que le Pic trouue


l'entrée de ſon nid Fermée , 8C qu'il ne 'peucrpeà
netter vers ſespetits; qifil ſe tormenœ en _telle
ſorte, qu’il remplit tout l’air de ſon cris, 6c. que ,
feutrée de
méeäſſians ſond'aucun
lïæide nid s’ouure , quiluy eſtoit
homrnezéiuànc, Fer…
cblmine
ſi quelquïtn auoit repouſſé par dedans-auec vn
autre clou celuÿ,qui tientïle paſſage .bouchée,
T H. Mais Plineñ a eſcript- quètla plante ,qui
ouure les poſtes , auoit eſté appellée de quel#
'ques vns MolyëM Y Sñ-Aïiiiſitzert/es l’a—il eſcripçz;
4 mais luyítneſine reiecte plaiſaminenr telles’va—
nirezzil ſeroit plus raiſonnable de' dire que cecy;
:lè fait par la Force &t puiſſance-des>De1nons,deſi
quels Felement de Fair eſt tou: pleiirg-qtte de
diuulguer telles baguenauderies; Carzlîûuurieiè
de nature n’a pas euſt ſeulement ſeing du; ſalut
des Pics,maiS auffi de pluſieur-s :petits animaux)
comme quand il reſtitue par ſa' ſingulieregbon
re' la veuë aux ieunes Hirondelles ,Pquiiontÿeſt-é
cruellement aueuglées des hommesfiäc? nbn pas:
auec ceſte plante appelles communement Che
lidoinedaquellc, combien qu'elle. porte remede
aux

\
\
52.8' TitoisiEsME Livni;
aux layes des yeux eſtant pilée auec du vin 6c..
du el, ne eut toutesſois reſtituer la veuë à
ceux , qui
voulu (Ent aueugles
ptîſicrire :par ainſi Ariſtote
quel medicament rendoit n’a
la
ÊHÇÈâÎrË-äîfi veuë aux unes Hirondelles , quand il adict ï,
Mim… …J qu elles la recouuroyent aptes auoir eſte' aueu
glées.- A ce propos appartient ce que Theo—
phraſte aſſeure apres toute ?antiquité du Che—
ureul, diſant, qu'il reiecte la fleſche hors de ſa
playe .s'il mange du Dictame,qui luy eſt vne pa
ſtiire ſamiliere en Candicſi: mais ſi le Dictame
auoir ceſte vertu 'a l'endroit des beſtes , pour
quoy ne l’auroit—i~l auſſi à Fêdroit des hommes,
pour leſquels toutes choſes ont eſte' lcreées? î
Æelques autres niër que la veuë ſoit reſtituée
aux Hirondellespar le moyen de la Chelidoi—
ne , quand ils rapportent ceſte vertu à quelques
petites pierres, leſquelles ne ſe croiiuent non
plus en leurnid que la Chelidoine , ainſi appel
lée des Grecs à cauſe qu’elle commence de ſur
geonner au retour des Hirondelles.
T H. Sçauoir-mon, ſi le Loriol ( lequel nous
appellons ainſi ſuyuans l'ancienne langue Grec
que de noz François en oſtant ſeulement [la
premiere lettre du mot xÀaç/Dv ~ eſt le meſme
Oiſeau que le Pic-iaune appelle' CloróuifM Y sT.
. Pluſieurs confondent inconſideremët ces deux
_ Oiſeaux; car combien que ſvn 8c l’autre ſoyent
preſque d’vne meſine grandeur 8c couleur, tou
tesſois Loriol ne frappe point les branches à.
coup de bec, ni ne fait pas ſon nid dans le creux
des arbres, mais pluſtoſt ſur le Chaume , ou ſur
les ioncsde ſuſpendant par vii admirable artifi—
ce:
SEcTÎO/-N Xl; 52.9_
ce: désauffi roſt queſes petits peuuent voler i]
ſe retire tellement du Pays , qu’on ne le \void
plus le reſte de Pannée : c'eſt vn Oiſeau, qui ne
-säppriuoiſe iamais , 8c qui ne retire pas tant ſiir
le verd que le Pic-iaunc , car il eſt plus, rouſ
ſaſtre.
Ie doute auffi , ſi ie dois croire,que ceux
!là guariſſent de_ la iauniſſe,qui ont premier; veu
vnI. otiol,qu’vn Lo-riol eux meſmes,8c que tout
ainſi qtfils .ſont
mër vemque de guaris
meſine pour
auffi ceſtPauoir remiere
Oiſgau meurſic
pour ne s’eſtre premier donné garde \leſi leur
veuë,car autrement ils ne guariſſent .pasmi Lo
riol ne meurt point? M Y. A grand' Peine le doi:
OIÎLCÎOÎIC , veu que Pexperienee n'eſt pas ztant
difficile, qu’on n’en puiſſe Faite la preuucr,- dc
meſme on :ſa iamais leu ce remede de laliau-A
niſſe dans les liures des doctes Nledecins , qui
ont recerché curieuſement tous les moyens,
qui eſtoyent requis Pour
maladie. ſi la guariſoxia ,de Helle
_
LT H E. Quelle eſ ece &Oiſeau ſuit ſde pre-S
l'ordre
ſons 8c des Pics?dffelſipeces
autant M. s quatre eſpece;, des
de -Me-ſanges qui Pin—
ſon:
autrement appellées Lardenes , au rang deſd
quels ſe rapporte le Tetcolou. Hauſſequeuë, a
cauſe qu'elle hauſſe touſiours la queue', 8c pam
che ſon col ſur le derniere, les Grecs l'appelle”
Ictuyfællc eſt fort differente-des autres Oiſeaux
de ſon eſpece : ſa langue «eſt longue de quatre
' doigs, laquelle s'auance 6c retire , comme celle
d’vn Serpennelle a auſſi ſes pieds fendux à qua—
tte doigs,deux ſur le deuant 8L deux ſur le der
tierc,
'î ~ 7'_-Bagite-ſign.
ï -Fſictíct-ſſ ~ ., 'ï î ?FPSi ~
E'

,.74 r ' . l .

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pſ1. ñ e31 , n: … _
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'._':-- _…~’. .Î ;lesîarle~‘diſcordii~î
bornes 8c' limitesde)
A _ _è — n
_ ſi ſſ*-’
ſſ pourautät
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' . ' z_ __.."'ÎÎ~___ l ~ :Eſſivſſïílſt .

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ï 'ï- l! l ' f
~ ï' ï L] r
l ' I. ï ' f. l '
S E c Ti o _N 'ct_Xſſ'I.ſi *- jzîx
par interualles de peu de durécîdontil aduient
que le diſcotd ne peut eſtre diſcerneſien lipett -
d’eſpace : car nous auons veu plus deſoixalizte
Muſiciens , tous enſemble en diucrſes parties;
deuant le Roy Henry deuxieſine de ce nomzqui
chanro
ble ent tant deſcouppé
de Fiedonner plus menu,qu'il eſtoitimpoſiif
8c tóutesſoispcterù
ſonne d'eux ne diſcordoit auec l'autre,ni meſ
' me auec la Baſſgcombië qu’ils fleſchiſſent leur'
voix par tous les tonsde la Muſiqueziaçoit que
ie ne doute pas,qu’ils n’euſſent renuetſé toute -
ceſte harmonie , s’ils ſe fuſſent atteſté le moins
du monde en vne ſeptieſmc , ou neuſieſme, ou
onzieſme,ou
toutesfois en la difference
la premiere d’vnſemble
raiſon me demy s'apſi-ñ‘
ron:

procher plus dela verité. f


'I' H E. Pourquoy n‘as~tu mis les Merles' 8c
Eſtourneaux au rang des' Oiſeaux de chant?
M Y s. Pource que la voix du Merle eſt rude 6c
trial-plaiſante; 8c que Plîſtourneaua pluſtoſi;
accouſtumé de gaſouillcr que de chanter, tou
tesſois ſon gaſouíllement eſt fort plaiſanuquíd
il va en trouppexomme on peut veoir en ceuxſ'
qui ſontdenourris
Royale à grand nombre
Fontaine-bleauzquit au en la maiſon
Nlerlefiaçoiizſſ
qu’il nc chante pas, il ne_ laiſſe neantmoins d'il
miter diſertemenr la languectde "l'homme, ſi on_
Penſeigne les ſix premiers mois de ſa ieuneſſe" a
prononcer quelpue chanſomcarzpalîë cete-raie,
il
lesn’y a plus deiar
Oiſeaux d’c petance
onctontdevn
Pirfſtcuire. Or tous
temps determiuſië
pour apprendre , Êuranëlêquel* on nedoit dif
fcter de les enſeigner, car il eſt Fort brief.
~' LL
552.T H. Wi
TROISIESME
ſont les Oiſeaux Lrvns
de Iargon P M Y. i
Le Parroquet, le Mverle,la Pic. YEſtouruèau, le
Geay, lachoucas, la Chouërrc ,l’Vpc, Loriol,
le Corbcau,_la _Cornçillm
TH. Dffoù vient que-le Parroquet iargonne
ſi diſtinctement, puis qu'il a ſa lanëuc plus dure
8c cſpcſſe qifaucun de tous les Oi eaux? M Y s.
Dc ce qifil Faut que nous enrendions Par là,quc
lſvſage de la parole n'a pas eſté baille àfhomñ
mcà cauſe dc la delicatcflſic 8c ſubtilité de ſa là
gue, mais pluſtoſt 93k priuilege de la bonté Di
uinc ,laquelle Pa voulu honorer de ce don par
deſſus toutes les autres bcſtes ,qui cn ont eſté
fruſtrécszôc meſme, combien que pluſieurs Oi
ſeaux imitent lc langage des hommes, toutes
fois il n’y en a pas vn ,qui Puiſſe entendre ,ce
qu'il dir; :
Tux, Seroir-il vray que les Petit; Çorbillats
ſoycnc abaudôncz de leur pcres au uidzôè qu'ils
ſoycnc là nourris miraculeuſement de la bonne'
Diuine 2 M Y.s.Ai~uſ1 pluſiçurs l'ont cſcripc; leſ—
i1els,àont
liable, ſinfſieinct
_de couurirzdc quelque
c] les Petits couleur leur
Cocbcſſailx.deſp,lai—
ſenc à leurs perçszçrqutgnt_ uïls donc point de
Plumes noircsfflpres qu'ils Zap; cſçlos, eſtis cn
cor' cendres 8c çouuçxts dq poil fqllççzmais Puis_
que les cſcriuains dç ?Hiſtoire naturelle non:
iamais rien cſctjp: ,dg 'c_ccy,8ç qu'au contraire ‘
a, A_u _Miu de Ariſtote 8c l? Pline .Eicnnqnt que la, Corneille
“"“°"° d” ſirepaiſt encor' ſcspctits long temps apres leur
animaux qu.
b Au …nude remicrc volée,8c quſiçlc malle meſme; nourrifl:
naturelle ch
u.. du. co.
a. ſemelle, çepçndçiric qlfqlle couuç ſes œufs, i:
ne me puis perſuader que lc Corbeau ne nou?
rit c
*Seegroæx XI. ~ 35;
tiſſe auſſi ſes petits. >Ec'cerees—Apollonius dans
Philoſtrate amendant le vers ſrEUſiPldCS-ÃMÛQÛFÔ
om; T07; favſſomv ñxluxñ 'ríxmzæu lieu de ÃyÛgdmHcil
a mis ÏTSULPOUI' rapporter de Phômeà tous les
animauxffl] leurs petits leur eſtoyent beaucoup
plus chers 'que leur propre vie. Et meſine ceſte
raiſon de la diuerſité de la couleur 8c plumage
auxCorbeaux
leurs petits , eſt, du
partout
laquelle ilsabandqnnent
fſiriuólle , puis queles
Cheuaux, Chiens , Bœuf: , Cygnes, Mer-les; 8l
Geays naiſſent bien ſouuent d’at1tre couleur
que de leurs parents. z. … . : 2.. .:223
T H. ‘Ql}_e reſpondta- on doncques aux vers
ſacrez du Royal Poëte , quand il chante Par
lant de Dieu ‘: ’ '-3 LPlÎ-:Ëîîäï 'S47
Q1351' rcpaiſí de f): mai” le;petit: à ldrgcſſê ë 1' "'
ËDE: Coz-beaux affämez., qui Pinuoquent ſhm ceſſe!
M Y s.— C'eſt vne phraſe Hebraique de. direxles
petits des Corbeaux Pour les Corbeaux meſi
meætouc ainſi que les Grecsdifent œäJv-riëarûv
les enfans des Medecins ,Pour les medecins
meſmesn Icy eſt caché vn ſecret , lequel com»
prend ſoubs le mot de Corbeau la ſignification
;les Dernons ,qui ſont appellez ailleurs parle
meſme Poëte peuples _cYEthioPid-:zpource qu'ils
demandennàDieu
pour les l’arophancs
viande , comme meſme 3*ô:dit‘ailleursſis"’ſ"‘"“"°‘
meſizhanrs

que ce :leliure
choſes Souuerain maiſtre 8c
au Dragon &auOuurier
Lyon de toutes
rugiſiſſant
leur viande , quand il permet, que les Vdemons
chaſtient les meſchan-tædätilvleurs il (croit-mah
ſeant dbſtimcr que Dieu eufftel ſoing des Cot~
beauxzôeqiſil negligeaſt de pourueoir à la Faim
L L ' 2.
534 TRo-1sxEsME_.L1vnE
des hommes 8c des autres animaux , qui ſont
beaucoup pluscxcellents : puis que ce diuin
Poëte dit en autrezpart, que l'Eternel ouure ſa
:Pſeaume x4; main pleine de viande à toutes ï ſortes &fani
maux. ~ v , .
ñ T HdDbùTvieut que la couleur des Oiſeaux
&nuages eſt ſi conſtanteääc que les Oiſeaux do
meſtiques ſont ſi variables en leur couleur 8C
plumage-P M _Y. De leur appetit deſborde' à l’a-'
mourz. tel quëonle void aux Coqs 6c Pigeons:
de n vient qu’ils sïmpriment plus facilement
tant de diuerſitez de couleurs , quileurs ſont
repreſentées aux maiſons: ayons our raiſon
de maudite ;que les Lieutes , Cai les'& Per
'ct leur
drix de couleur
blanche cendrée
ſiirles Alpesenperpetuellemët
terre , ſont de cou.
cou
uertes de neige, _ainſi que M.Varro 8c Pline eſ
criuent :de meſmeles llaous fc Pigeons ſont
touſiours blancs en' Noruege, où laûneiſige tom
be iiíceſſammentzct meſine nous auons veu en
Angleterre non ſeulement des Ours treſblancs,
mais auſſi des Corbeaux qui auoyeni eſté ame
nez. de la derniere ille de Thulé, auſquels on ne
pouſſoir comparer choſe du monde qui exce
da-en blâcheur. leur- bec, leurs ieds,leurs yeux,
&leurs plumes; combien qu’i S fuſſent au..ge—
*î * ' " ſtemourriture,deniarche,& figure du tout ſem
, blables aux autreſis-(Iorbeaux .: ce que toutes
5 A" ‘~”“:"" ſois &Ariſtote a-eſcript pour choſe treſ-rate
la generation . . .
de, …zmux que de veoir quelques-Fois des Outſesÿerdnx,
ïhïr-ï- &î Corbeaux de couleur blancheNous. voyons
auffi-quelquesfois des Conils 8c des Colombes
touffes, car ces" deux eſpeces icy sïmpriment
toutes
SECT-IONCX-I. ſſſz;
toutes ſor-tes de couleurs àcauſe de leur grand'
laſiriueté.
T’H,E'ct. Combien le ſortes iy a-ildes Colom

-besz M YLCÎnqS la domeſtíquepu Pigeon pat


th", l'a. Lñlienne , ou Pigeon de cdlombier , qui
eſt le plus ſouuent- , comme ſauuage ayant les
pieds rougeaſtres 8c les plumes noiraſtres : en
troiſieſme lieu le Ramier ,puis l-e Pleuuierïî, &a Ou Biſetë
la Tourterelle: car toutes ces eſpeces icy ontſſ
leur voix plainctiuesctvoilàïpôutquoÿ les 'He- z, .
breux'(ainſi qu’ils ſont lions intetpreresëdeîna- -v
tutelles ont appellées èſſleſiur langue-Iaæwflſiî-e :___Î
‘T H. Eſt-ce inoſtrePleuuier oii quelqueauä- ' '
treiOiſeatt ſemblabledequel tu as misïauranſſg ~ ſi ſ
des Colombes 2 MY. Pluſieurs penſent' que le l
Pleuuier n’e_ſt autre Oiſeau que celuy-,qîui a eſtéfi .
?pelle-ties Latins-Vînaga , parce que ſozrbeet r
on corps , ſa figure, ſon geſte, 8c ſa grandeur ct ~
s'approchent fort à la ſemblance des Colom
bes :toutesfois il leur eſt aucunement diſſem
blable en nature, parce qu'il ne emiſtpas , 8C
porte comme vn heaume -de cou eur cendreu
ſe 'en lâïteſte, ilïn’a auſſi rien de commun auec
les Colombes touchant les ſaiſons de faire ſes
petits,, car il a de' cou-ſtume de venir, comme
V vne pluyeà groſſes trouppes deſſus terre,com—
me nous auons deſudict.
T H E o R.Pourqu0y a-on conſacre' à Venus
Pen eance des Colombes P MY S T. Pource
quïälès
les ſont pondent \des couuent
Oeufs ſix mois apres qu’el
nées , &les , eſpeilliilſient , 8c
nourriſſent curieuſement: en partie auiſhdîzau
tant qu'elles ſe ſont Yam-our tous les mais de
LLz
556 TnoxstrzsMz LIVRE
l’an par petites careſſes 8c baiſers de l’vne à
l'autre ;toutes-fois elles ne gardent pas moins
eſtroittement la ſoy de leur mariage , &çprinci
pallement la ,Tourtourellc , laquelle aale couz
ſtume de garder chaſtement ſon veuuage apres
la mort de ſa. compaignc ,en chaſſantñà coup
d'ailes 8c de-zbec.- conſtamment ſes, amqureuxt
- ce quirfeſt pas. commun au reſte des oiſeaux
Poudreux. _ 2-, - ,ñ , ‘…
voyh dim T H. 'Wap elles,- u oiſeau-x PoudfëuxêM Y.
ſite' des non3ëL’Auſtruche,lOutardedelagielle ſont deux
ŸÏËLÙÈÏŸËË: eſpeces_ , le Fcancolindle Poulet,le_COq>-d’Inde,
lequel toutes le Phaíſan,le Paon,la Poule de Barbarie,la Per
:Ÿÿſçflgnäïj drix, la Caille , le Proycr , l’Alouette de mer, la
dre :je enccux Beîaſſqla Gallinotte, leſquels oiſeaux ſont ap
des oiſeaux
qu’en ceux des Pc] ez- des Grecs xanéysrdz, parce quîls ſe veau- ~
oiſſonnvoi- trent dans la pouſſiere , 8c les Poulesplus que .
“ÏOUÏËÏËZËZÏ tous les autres oiſeaux. .
rpm-ë: les La- T &D'où vient qu'il n'y a que le Coq entre
fëlcfîflf: tous les oiſeaux,qui chante à haute vois à la miñ
communsg: nuict auec battement d’ailes? MY S T. Pluſieurs
EËW* îfflî" penſent que cecy ſe ſait apres la premiere-con:
vojauſii Gcſ- coction : mais d'autant que cela ne leur :Eſt pas
'm' touſiours ordinaire, 8c u’1~ln’01o1t as tou tours
vne meſme viande , ni (ine meſmPe meſuremi
.vne lnelſſme force pour digerer,il ne ſi: peut ſai
_ re que leur concoction ſoit touſiours de meſ
mœlaquelle voire meſme qu’elle fuſt touſiours
vne, encor' voudrais-ie ſçauoir, pourquoy c'eſt
que les petits oiſelets de chantne ſe reueillenr
touſiours àla meſine heure pour chanter 2 Se
roit-ce que nature euſt donné ceſte propriete'
au Coq de chanter de trois en trois heures : car
il ſem
SEcTxoN XI. ‘ 537
il ſemble que pour ceſte raiſon les peuples O
rientaux' auroyent diuiſe' le , iour naturel en
huict parties à fin que de trois en trois heures
le Coq leur ſeruit d’Horologe, ce qu'on peut
remarquer en la diuiſion du iour par les He
breux , qui appellent les trois premieres heures
d'apres le Soleil leuant Prime,- les autres trois
ſuyuantes Sexte ,les trois_ d’apres‘ 'midy None,
les trois' ſuiuantes Veſpresgscainſi conſeentiz
uement ils diuiſoyent la nuict en quatre veil
les de trois en trois heures planetaires.
T H. Si ainſi eſt , pdurquoy ouyons-nous le
plus ſouueut la voix des Coqsairſans
Erection du tëpseMiMCelàîè paraucune diſd ſ
Plimulatió
les vns des autres~,ou peut eſtre',que quelquîffn
a obtenu la víctoirdcar c'eſt vne beſtc" generee
ſe , 8c à qui nature a donné- des' hetgots pour ed
ſperon ſur tous les autres oiſeaux) ouqu’il ſent*
le chan emeut de tempssou pour raſſemblef
ſes Pouñs , ou pour ' reſueiller les polrrofisä
meant-moins c’eſt vne reigle infaillible , qu’il'
chante touſiours quandle Soleil eſt aruenu en *
la li ne de MldYzPOſſllſCC que' ce cercle eſt \nua
riab e , mais FHorilTodſëſtinſtablewoilà pour#
quoy ils chantent ſi ſouueut ſur le point du
_ iour. ‘ ‘
T H. Ne ſeroit-il pas plus conuenable &j'eſti
mer que ceſt animal hardy 8c courageuxrcnd
Fracesqaſàlï CreateurëM Y s T.Ainſi certes l’a e
crlptPorrphyre ſelon Fallegorie ï ſuiuante ,à
ſçauoir , que les Coqs terreſtres (ou pluſtoſt les
hoxtinies)ſont excitez par le Coq Celeſte( c'eſt
le Soleil) de rendre graves _à la nature (c'eſt a
I. L 4
558 T n o"r;s LE SM~E L IV a E
Dieu ) de ce qu'elle lenraſaict auoir naiſſance;
car les graces 8c, ptieres des hommes n’ont ia-—'
mais plus grandïefficacmqneſluand elles ſont
a ?ſe-urne '28- ſaictes de grand' ardeur en la Îminuict;
Et nu 7. chap
de Iob. . TH. Pourquoy ;eſt-,ce que' les Cailles ont ,vn
chef d'autrecorpulance',
plus .petite _eſpece quelequel
la leur , 8c toutes
pour encor'cesſſ
de

çonſideratiqnsaeſtéza pcllédes Grecs dg”


p, m… 1-39 ypyiíjrgd l!, comme_ di pfenſatcur des Cailles?
WW" 31"* M Y, C'eſt \me choſe appreuuée par longueex
ou Roy des
Cailles. periexicqque.lescailles vont 8Cles
viênent à grid*
tnou esäc taclientde :pallſſeræ fleuries 8c la
me); Qubs làcontiuittc de Fortygometra, 8c:
quelquesſois du Prayer., pourueu \quŸelles ne
ſoyent contrainéËe-sde
Ævnetrop ſc deñleutvol;
longue traicteſſ noyer eſtans dont
laſſées,
il
aduicnt qu'au moka-d'octobre les Peſchcurs
font plus grand ptoffir en pluſieurs lieux de la.
peſche des, Cailleseque--des _poiſſons., 8c princi
paltlement au riuage de la mer-.de -Sicile ~ 8c de la
me: Tyrrhene, comme ſi elles ſe reccpuoyët au
O gróde l'eau Mere cômune de tous les oiſeaux.
T H. Pourquoy ne s'appellent donc tous les
Oiſeaux aquatiques , puis qu'ils ont tous eu
vne meſme naiflance dePeatÎZ M Y s. Certes ils
ſont tous ſortis de l'eau par le commandement
cle-Dieu ,mais d'autant qu'apres leur premiere
rzatiuite' la plus grand' partie commença de na
._ñ-.a ger en_ l'eau , 8c l'autre partie de ſe. vcautrer en
la pouſſierc-,ôc vne bóne partie de s’enuoler ſur
les hautes rochesfinallement vne partie de va—
gabóder confuſcmêr en toute place ,pourccſte
cauſcils ont eſté deſtincts de_ pluſieurs_ noms
’ ï ~ ſelon
SEcTioN XI. 559
ſelon leur nature 8x' Varieté des lieux. ‘ .
T n. Toute la volaille aquatique n’a elle pas
ſes pieds aplanis P M Y.Ceſte ſorte d'oiſeaux eſt
compriſe en deux eſpeces : l’vne, qui de vray a
les pieds aplanis , comme le Cygne, ?Onocro
tal ou Butor,l'Oye ,le Vulpanſer ,les trois ſor
'tes
ure de Canards
volaille, , le CorbeauGerſerolle
le Morillon,la aquatique,la ,leFouct
Bie
que,les trois ſortes de Griſars , la Piettſie, la Ta
dorue ,ôtle Colymbide' , la Sarcelle ,les trois
ſortes de Plongcons ,la Fouque a pieds-plats,
8c le Peuſin ;toutes leſquelles ſortes nagent 8c
ſe plongent dans l'eau 8c s'en retirent inconti
nent apres,hors—mis les Canard-s d’Afrique,qui
ſont plaiſants à odoter 3 ceux-cy demeurent lóg
- temps à ſe plonger , de ſorte que bien ſouuent
on les attendra plus de douze heures deuant_
_ qu’ils apparaiſſent hors de l’eau.
T H. (Lu) ſont les Oiſeaux aquatiques , qui.
n'ont pas les pieds applanis P M Y. Les cinq e
ſpeces d’Herons,le Flambít, la Begaſſe de mer,
l’Ibis noiraſtreJa Cigongnede C orlieu, la Bah.
ge,le Crex, les deux eſpeces de Cheualier-rou
_ ge,le Vaneau,la Fouque qui n'a les pieds appla
nis,la Grue,les deux eſpeces de Balle, l’Alcyon,
le Grippe—mouſche, le Porphyrion, le Veliei
lelquelgcombië qu'on ne les puiſſe ſeparer, des _
lieux aquatiques , toutes-ſois ils ne nagent
point, comme les ſiiſdicts , eſtans neant-moins
plus adonnez àla proye ue les precedents.
T H. (Ln ſont les diſdaux deproyeêM &Les
trois ſortes d’Aigles& les Vautourszles Eſpar
uiers , deſquels voicy les eſpeces , 8c premiere
' LL 5
540 TROXSXESME LIVRE
ment,le GerfautJe Buſard,lc Faucon ,le Sacre:
le Lanier,l’Eſinerillon,le Tiercelet, la Cercelle
8c le Milan , le Chat-luttant eſt auſſi Oiſeau dc
proyeï, comme l’Hibou &ñle Putois ,la Cheueſ
chcôc la Freſſayefleſquels nature a. tous armez
àla rapine de bec 8c &ongles ſort aigues 8c rc
cocquilléeszqttelques vns mettët en ce rang le
Coquuſi , mais ſa nature eſt particuliere 8c du

tout differente aux autres oiſeaux de proye,


puis ;quîil n'a pas les ongles recourbéesfflomme
euxzd’auantage,il ne vit point de chainſelon le
naturel de ceuxñcy , ſe contentant de manger
les chenilles,ou le grain du bled , au contraire
les autres oiſeaux de Proye ne le pqurroyent ni
rompre , ni auñallet,voire meſme qu’on le leur
cuſt mis en la bouche: finallement le Cjoquu
eſt vn oiſeau timide 8c fuyart , 8c lequel meſme
bien ſouuent eſt outrageuſement pourſiiyuy
des petits oiſelets , qui luy en veulent : il ſe ca
che auſſi tout Fhyuer dans les cauernes des ar
bres,auſquelles il laiſſe ſon vieux plumage en
reprennant le nouueau pour ſortir en cípaigne
ſur la Prime-Here. '
-' T H. Seroit-ilvray ce qu’on dict commune
menuque PAigle pond trois œufædeſquels elle
\fé eſcloſt que'deux,& que de ces deux icy elle
en retient l’vn 8c iette Parure? MY. Ainſi certes
a Au 6. liundc l’a ï-eſïcript Ariſtote 8c pluſieurs autres choſes
l'Hiſtoire des
animaux c.ë. ſemblables , leſquelles. ?experience a par apres
manifeſtées Fauſſes: autant en eſt-il de ce que
Albert le Grand a :ſcript des plumes de l'Aigle,
leſquelles ſe combattent ſur Peau auec celles
du Canard eſtant attachées deleur' place : tou
.. .. tesſois
tesfois il peut SEcTſſxoN
bien eſtre vray-ſemblable
XI. que les
541
plumes des Aigles conſumët toutes les autres,
non pas par antipathie , mais par leur deurté,
qui les fracaſſe ne plus ne moins que le chenure
la laine, quand ils ſont tous deux tiſſus enſem
ble.
T H. Pourquoy eſt-ce qu'on appelle l'Aigle ï
Srellaire Royne des Oiſeaux? M Y. Ce n’eſt pas
'à cauſe de ſa grandeur , veu que l’Auſtruchc, le
Cygne,le Butor,8c le Sacre ſont beaucoup plus
grands,mais c'eſt à cauſe que s’eſlcuant de terre
par deſſus tous les Oiſeaux elle regarde ferme
ment les yeux ouuers contre le- Soleil; &C que
du plus haut lieu , tant qu'elle ſe peutportcr en
l'air, elle regarde clairement par tout, iuſques à
ce que deſcendant viſte,co1nme' vne fleſche,ſur
la proye , elle luy doi-me quelque artainctc , ie_
ne diray pas aux Oiſeaux,qui luyſont inegaux,
mais auſii aux beſtes. à quatre.- pieds ', comme au
Cerf; par ainſi elle raua-ge tout par farapinedSc
prinçipalemennſi elle nourriſt ſes petits. ~
T n. Pourquoy onrles OiſeauxËdeproyqqiÎi
ne boyuent pas ,le ventre plus liquide que les
Oiſeaux, qui boyuent? M r. Tous les Oiſeaux
ont naturellement le ventre-laſehe pour deux
raiſons; lëvne', pource qu'ils tiennent lepr pre
mier origine de l’eau,qui eſt liquide; la- ſeconde,
pource qu'ils n’ont point de veſcie pour rece—
uoir les ſeroſitez &c les vuider : toutesfois le
ventre eſt beaucoup plus laſche aux Oiſeaux de
proye, parce qu'ils ne viuenr point de ſemences,
mais de chair &z de ſang; horſmis l'Aigle Bar
bue autrement l‘Offraye,qui ſi nourriſt des lus
* urs
542. TROXSIESMÏ-Lil-'IVRE
durs,plus grands 8c plus cruds os des animaux,
leſquels neantmoins elle digere, iaçoit qu’il~n’y
aiſt animal , duquel les excrements ſoyent plus
ſecs 8c aduſtes; mais auſſi bien ne mange-il que
de uatre en quatre iours de celle meſinc vian
de ſans
qu'il chair 8c pris
enſiauroit ſansſon
boire
nom, dont-il eſt aduerm,
ï'. ;Le Coq d'Inde
a Oſsíſrzgus_
aualle des petits os tous ronds , .Bt auffi des. bal
l'es,telles qu'on les luy ſaict deuorer, 8c les rend
aptesauec ſes 'excrements toutesentieregcom
!ne-chacun peut experimenterſſoutesfois ie ne
voudrois rien aſſeurer , ſi l’Auſtruche digere le
fer
car ou non
il ne me, lequel elle aualle
Fuſt iamais dansſon
poſſible eſtomac:
de lſiçanoir de
.ceux, qui en auoyent amenez quelques vnes en
France, la verité. de cecy , combien que ie leurs
viſſeídonner àmanger à ma preſence. '
TH -l-I. Pourquoy eſt- ce que- les Oiſeaux de
proye neſont point entre-eux aſſoſſiables? MY.
Seroit—ce our autan-tque toutes les beſtes ra
uiſſantesſgnt inſœcondes? Ou ſeroit-ce pour
autant que chacune eſt delle-meſme aſſez puiſ
ſante ſans ſe ſonder ſur la Force d'au-cru” Como
ment que ſe.ſoiñt,il ſaut attribuercelà a la ſageſ
ſe du Createurzlaquelle n’a voulu que les belles
farouqhcs 6c Oiſeaux de proye allaſſent à groll
ſes trouppes , à fin qu’ils ne ſe liſſeur-violence
les vns aux autres.
T H E. Pourquoy eſt—ce que nature a oſté aux
Oiſeaux malles les Ongles croehuës , auſquels
elſa-donné' des eſperons ç ou pourquoy aelle
donné des eſperons à-ceux , qui n’auoyent pas
les ongles crochues 2 M Y. A fin que nous en.
tendions
SECTION 'XIM- 34;_
tſiendions parlà, que nature à pluſtoſt donné des _
armes auxanimaux pour ſe deffendre que pou:
ſe meuttrir lesvns les autres.
T H. Nîy a.—il point d’oiſeaux,que les Grues,
qui changent de couleur de plumage? MY.Ainſi
certes l'a ï eſcript A riſïotexombien que Fexpe- z, A,, 3: u_ d,,
ce repugne a ſa doctrine : car le Cygne eſt du l *FYM-re des
commenccmêt noir , puis apres ildeuient blanc animaux C. l I I
par ſucceſſion de temps : mais ilſera beaucoup
plus abſurde ſi quelqu’vn penſe qu’Ariſiote dx "E-n
ſant cecy aiſt parlé de la cheurte des plumes, - .I.\I.

puis qu’elles ne tombent pas .ſeulement aux


Grues , mais auſſi à toute ſorte &Oiſeau dq
proye, 8c principallement au Coqulhqui chan
de plumes tous les ans. -1 .
ï

H. Pourquoy eſt-ce que les Oiſeaux cachent


leur teſte ſoubs leurs ailles , quand ilsïveulcnr
dormir? M Y S. Serait-ce pour ſi: tenir la teſte
chaude contre le froid? ou ſeroit-ce qu'ils cer#
client la ſituation de leurs membres,tellc qu'ils
Pauoyeut en leur premiere naiſſance dans l'œuf,
à fin de ſe repoſer mieux à leur aiſe? Car les
Oiſeauigdeuant qrſeſtrc eſpeillis,tiennent leurï
teſte ſoubs Paille droitte la ſouſtenangcomme
d’vn cheucgde la cuiſſe du meſme coſté.
T ſide
Fond H. Dîoù vient que
l’eau deuant les oeufsdeſcendent
qu'eſt” au
couuoz , 8c qu'ils
flottent deſſus,ſi le-petic poulet cſtformé Y MY.
De cc que la chaleur. a digeré en partie l'humeur
cn plumes tres—ſi1btilcs,8c en*partie en vapeurs;
qui ſe ſont-expirées par la orce des eſprits à.
trailers la coque de Pœuſzcarla coque des œufs
eſt de routes pars percée de petits trouszpat leſ
quels
544 TROISIESME LIVRE
quels Phumidiré …sffleſcoule petit à pecituSc mcſ- l
me les œufs frais ſont plus remplis que les
vieux , iaçoit qu’ils ifayent point ſenru la cha
Æeunce qu’on peut clairlerpent apperceuoinſi on
es arre ardeà crauers
T mgPourquoy a umiere.
eſt-ce - des Oi
que les œufs "

ſeaux decroiſſent touſiours , puiſque les œufs


des poiſſons tout au côrraire vont en sïiugmen
tant iuſques à ce qu’ils ſoyent eſclos? M. Ari
, ^u 3.1i. …ſtore
de
fflyſioffl, J penſe que celà vient de la chaleur , mais
animaux 6-4- ſa raiſon n’eſt pas probable? puiſſque cÊuranIt: lc
rem S ue les Oeufs des Oi eaux ont e chau ez
par lg clialcur du feu ou de leur mere, ils ne de
meurent pas ſeulement ſans croiſtre, mais auſsi
_Siamoindriſſent de poids 8c de ſubſtance : ton-q
tesfois ſi quelqu’vn penſe que les. œufs du Chat
marin, du Polype 6c des Tous ne prennent leur
accroiſſement d'ailleurs que .de la matrice de
leur mere , à laquelle ils ſont attachez auec des
petites fibres 6c racines fort deliées , ie ne luy
repugneray pointzmais il n’eſt pas le meſme des
autres poiſſons eſcailleux 8c cro uſteleux, car ils
ne communiquent en rien parla matrice les vns'
aux autres , veu qu’ils croiſſent inceſſamment
au riuage où ils ont eſte' pondus , voire meſme
au temps , auquel. touîr ſe roidir de froid, ce
qu’0n peut remarquer en la Truirte . qui fait en
Decembre ſes œufs ſur la riue, laquelle ſe glace
bien ſouuentzquant à l’Eſcrcuiſſe de riuiere,elle
fait certes des œufs, mais c'eſt apres, qu’ils ſont
deuenus
tenir en ſiſon
grands qu’elle
ventre ne les :Surplus
, .Sc touiesfclzis elle necon—.
les.

laiſſe pas ſur le riuage , cat elle les porte ſoubs


' ' ſon
SE cTio N, X-I. 545
ſon ventre attachez auec des petites fibresiuſf
ques à ce qtfils ſoyent aſſez gros pour eſtre _
clos:par ainſi leur accroiſſement ſe fait? pluſtoſt
Œhumiditéque de chaleur. . l V_
T H. Pourquoy nature produit-elle tant de
Vautours , de Corbeaux, de Cormeilles 8c de
Geays,8c
Outre tant d'autres,laquelle
la commodité Oiſeauxſi de
eutrapide? M,
eſtre tirée
en medecine de ces animaux , il: ont pluſieurs
autres vſages , comme de recréer Fhomme à la
chaſſe de Plîſparuierse 8c de_ nettoyer le pays de
vermine 8c de charoignes, leſquelles infectero
yent l'air de leur peſtilentielle Corruption :. 8c
meſme,qu'elle plus grande prouidencçdc Dieu
pourrait-on remarquer pour); bien de la .terre,
Elue de voir les CÇKbÊZUXQCOŸHCÏIlCSQ 8c _Geays
yute as à pas les laboureurs pour mangerlqs
vetmi eaux A6; telles autres peſtes des blerlse
voilà pourquoy les Anglois ontdeffendu par
loix expreſſes de ne point chaſſer à ces Oiſeaux,
TH. Pourqupy eſt-” qucles Oiſeauxſoux,
apres l'homme ,les plus luxùriçux &VUES les
animaux? M, Ariſtote uſe quſil n’y a tien dc
plus libidineux apres l’ .oimnc qucle Chenal.:
mais il cuſt.ſamieux
,ſitrcharge dióhle
\rentrée LÂÇHW ;Ëautant
en sîaçcqtxplaut quffxïl
désauíſisi
coſt que ſes petits ſont nais , ;Writing aníſisizyaÿ' '
la
groſſe
femelle
y eſtant
reçoit
pouſſée
le malle_ encor] qu'elle a _…
par Phumeuçſeſiumç

8c melancholiqumÿqui la tendpaillardefflar tous ï

les Medecins conſt-diſent que ee y iptquoguç à


la laſcíuetéz eſt GſCIÎIIÎCUXſZ-QËËI ;_ÛglJE7}JCCCIIÔ.ÎÏIË,Ÿ
ment quo feſqumç ſe faſſe par. rabondanc? dzïÿ
~ eſprits
546 Tn-OXSEESME Livns
eſprits 6c dela chaleur : par ainſi les Oiſeaux
outre leur bonne temperature ſont copieux en
~eſprits,ce qu’on peut entendre par leurs plumes
8c mobile agilite.
TH. Pourquoy eſt-ee que les Oiſeaux, ui
ſont veſtus chaudement 8c mollement de p?
- mes ſont pluſtoſt offencez par Ie Froid qu’vn
Bœuf, ou qu’vn Cheual , qui ſont couuers de
poil ſort court 8c menu? MY. A cauſe de la gran
de cenuiré 8c maigreur de leur euir,qui eſt per~
cépour donner paſſage d'la naiſſance des plu
meszau conrrairqle cuir du gros heſtail eſt Fort
eſpez eflzanr fourre' par delloubs de beaucoup
de graiſſe ,laquelle s'empare aux Oiſeaux pour
la plus grand* partie en plumes: de la vient que
les Hirondelles. Ci oignes , Cailles , GUUCS,
*Tourcourelles 8c E orneaux changent de pays
pour
‘ TH.ſeD'où
mettre
Viêten lieux
que les chauds 6c à Fabry. plus
Cerfs sœngraillſſent
en Eſte, qu’eu Aucóne, &le gros beſtail plus en
Automne qu’en Hyuer , 8c les hômes, Oiſeaux,
Glirósôc Ours plus en Hyuer qu'en autre ſaiſon
'de l'année? MY. De ce que le gros beſtail trouue
plus à manger en Autonne qu'en Eſte', lors que
e paſturage ſe reuerdir 8c que leur chaleur na
'turelle, laquelle auoir eſté cliſiïpée parla cha
~ 'pleur,ſe renouvelle par la têpèrarure de la ſaiſon; -
ÿuresfois les CerFs ëeſtans repeus au Prin
- emps dela Feuille des arbres deuiennenr gras
ſur l’Eſte' , mais leur graiſſe ſe diſsipe par apres à
cauſe du ru, qui les crauaille à la ſuitte des Bi
chêszquanr aux Oiſeaux,ils #engraiſſenr mieux
. en Hyuer,qu’en autre ſaiſoificóme fait preſque
route
ï ë: .SFC TÏKÏTÏFXIÊ- ſi F47
toute autre ſorte dſiânixïlallx.),poll‘l~çï _que le
froid reſerre leur peau &z bouche .le paſſage des
humeursdeſquelles eſtans retenues par dedans
[ſe _cçnuertiſſenr en graiſſe; _ ' _ i A p V
_renteirſeau
M T 5_}î_—_p’pù_VíCnt que lesqpoiſſons ,ne ,meul
Froide ,j prtislqrfils n’ont preſque
point de. chaleur? M Y.De ce quil fait chaud au
fond de -lïeau,ou ils ſe tiênêt lors principalletnët
Elles fleuues «Sc eſtangs ſont. elezzà la cyrnezle
reſte du poiſſon, qui eſt vàgargbond parle riuaz
ge eſtarmé contre lC.fID_ÎdDÔ_U _d’vne coquille,
ou d’vne crouflze fort eſpeflègQuant .à la mer,
pour peu qu’elle ſoit eſmeuëæelle boultñ en Hy-,ñ
uer, ayant auffi ſon Fond tiede .en la meſme ſai,,
ſon; car ainſi l'a trouue' boule ſouuerain Aux- _
theur de natureyquand ila pouruett que quel
ques animaux fitſſent \çeſtusde cuir , les autres
couuerts_ dîvne toiſon,les autres heriſſez d’eſpi—
ñnes,les_ autres enuironnez de lumes,& les _au
tres a-rmez
dufroidſſ .ou dîeſcailles pour re iſter ſi àlavioleiuee
de lachalettr. .
_rTxtLuPottrquoy ſont les animauxplus robug
_ſtes enEirrope-,qucn Aſie 8c qu’en. Affriquez
M Yi A cart-ſe de la ſituation_ Septentrionallezla
quelle, rend les animaux lus vigoreux en led:
a chaleur au dedansl,, .
ref-errant; ar ſa froidure l)
,quiz ſe ;Ÿiäipe aux païs _chauds à… trauexs _les
pores.,
là vienrzauſſi_
ouuçrts
quent-tous
de toutes
ſommes
parts plus
au corps:
robuſtes

en, Elle' quſen Hyuer 5 8c meſmeles_ ' beſtcs de


.tnontaignqles oiſeartxfles hómesdôz les plantes
_ſont plu; vigoureuſçs-aux -montaignes qu’en
'plainſçaçqaux valléesdä où 'Pair ?Il plus chaud.
548 TROXSXESME LivRE
ſ T H. D’ou vient que les beſtes courageuſe:
ont le cœur petit, 8c les craintiues plus grand?
M Y s T. De ce que la force rcſerrée en petit cſ
pacc ſort du cœur auec plus grand violence, au
contraire,elle ſe diſlipe,ſi le cœur eſt trop grid.
’ T H.D’où
ſortes vient ue les
des animauxcllſiont plusmalles de toutes
furieux, quand les
ils

ſont en leurru que les fet-ruelles' z 8: les femelles


aptes auoir faonné q les malles Y M.De la ialou
ſie,laquelle tranſporte fort 'ſouuët les animaux
en fureurzcomrne les malles pour l'amour des
femelles , 8c les femelles pour le ſoing qu'elles
ont de leurs peritszcar elles ne ſe ſient pas meſ
mes aux mafles,qiu les' ont engendrez,de crain—
re qu'elles ont qu'ils ne les tuentzpar ainſi le di
re de Theophraſte eſt veritable , quand il dit,
:eæiæçëmpflui Z9074. JltWÀæmæ-ÎÉX-:læ _ll-tdïliœë' ;allie-Oz ï. .
change 'en fu r! E o. 'D ou vient que tous les animaux,
teur. qui ont eſte mordus d’vn chien enragé , ſont
pluſtoſt ſurpris de rage, ou meurent premiers,
que Phomme P MY s. La cauſe efficiente eſt le
bon temperament de l'homme accompaigné
de prudence: la ſin , pour laquelle il nemeurt
pas ſi toſt , eſt pour-autant , qu’il eſt vne beſte
partici ante de la Diuiniteflôc laquelle prcſide
par del us tous les autres animauxzvoilà pour
quoy elle ſe recognoitÿplus tard 'de l'effort
de la corruption. Theodore Gaza a 'traduit
'ceſte hiſtoire des chiens enra ez en ſens conñ
traite de Fopinió d'Ariſtore,à çauoir,que tous
les animaux mordus des chiens enragez ſont
pouſſez de tape, par laquelle ils ſont en ſin ex-ñ
tertnineuhor mis Fhomme ſeulzcombien qu’il
" q 0K
SECIION XlLſi 549
ſoit manifeſte à vn chacun , que l'homme de
uieut enragé dix iours apres que le chien. l'a
mordu,& quezíi on neñluy donne remede dans
peu de_iours,qu’il n’y a rien , qui empeſche ſa
morale ſeul changement d’vn mot a cauſé ces a Sur le Llíu.
ſte erreur, d’autant que Gaza ï auoit leu dans de l'hiſtoire'
Ariſtote @AM au lieu de @PIE-z mais Ariſtote ne “”²"“'“‘~
rend aucune raiſon de cecy. Toutesſois ſi on
veut empeſcher, que la rage ne ſiirptennc ce
luy , qui eſt mordu d’vn chien enragé ,il le ſan;
plonger dans la mer , ou luy a pliquer ſur ſa
playe _vne lame de ſer ardente. I y a en Sauoye
vue chapelle conſacrée à &Humbernde laquel
le la clef guarigainſi u’on dit, la morſure des
chiens entagez , ſi on ?applique toute ardente,
comme vn cautere deſſusxoutes-fois ceux, qui
ſont chaſtremguarilſent pluſtoſt que les autres.
t x
_ 510-..) ?He's Animaux chañrez.
SEcTloN ~ X I 1.
T H. D'où vient qu’vne beſte chaſtréesap
ptiuoiſe pluſtoſt qu’eſtant entiere,& quëelleen ,
pert auſſi pluſtoſt la Force dſſe ſon cOUragePM Y.
De ce que l'audace vient ptincipallement de
l'abondance des eſprits 8C de la chaleur natu
relle:mais les animaux deuiennentplus laſchez
8C facilles ,apres que leurs genitoiresſont coup—
ez ,cfautantque la ſubſtance dïceux eſtant
ſpongieuſe leur engendroit à grand Force la
«matiere des eſprits 8c de la chaleur naturelle.
T &D'où vient que l’vn des deux ſexes eſt
touſioursp inutile aux Hermaphrodites) MY s
MM z ſi
550 TnotsrEsME I-_XVRB
î' ^“ **Éfflzdë Ainſi certes l’a eſcript ² Ariſtore,combien qu’il
desgeneration
la animaux deuoir excepter en premier lieu le Lieurezqttant ſ
‘l‘²P'** à la cauſe ourquoy les autres Hermaplirodíñ
tes ne ſe ſtîruent que d’vn ſexe à lafois,ie pen
ſe qu’il n’y en a point d'autre , ſinon que natu—
re donne à vn ſexe ce, qu’elle oſte à Pautre, de
peut que Faddonnant à Poffice des deux, il ne
deſaille à l’vn 8c à Pautre , de meſme void-on,
que ceux,qui ſont gauchcrsme ſe peuuentſer
uir de la main droictexoutes-ſois quelques vns
ſe ſeruent des deux mains: comme de meſme
Fay entendu dire,qu’il y auoit vn Hermaphro
dice,qui ſe ſeruoir des deux ſexes : voilà auſſi
a Eïÿla \ſv pourquoy il eſt deſendu 5 par les loix , que les
Hermaphrodires iſabuſent des deux natures ,
Haifa*: **ſi mais qu'ils choiſiſſent , laquelle ils veulent
,fflhzèdïq ' ſnyure. ~ “- ‘'
T n. D’où vient qu’vne beſtc chaſtréc croiſt
Œauantage, non ſeulement en ſtature de corps,
mais auffi en grandeur de cornes 8c de plumes,
comme on peut veoir aux Bœuſsfflorceaux, 8c
Chappons 2 M Y. Seroit-ce pour-autant _que la
ſemence ſe change en aliment des membreszqui
croiſſent d’auätage,à cauſe que Phumidite' n’eſt
pas deſeichép par la chaleur 8c eſprit prolifi
e M ,Jude que P Mi. lſexperience quotidienne nous en
lîhiſtoirc de, fait ſoynaçoit qſſAflſtoteF nîentende cecy que
animaux- des Cerſszpource que leſ erme retenu ſe con
uertit en aliment de tous Yes membreszau con
traire Peffuſion du ſperme 8c ſeichereſſe du
corps ffempeſchent pas ſeulement que le~poil,
les plumes &les cornes ne viennent, mais auſſi
les ſont decheoir , ne plus ne moins que les
plantes
~" e'

SEcTroN XII. 55x


.Plantes fenuicillilſent viſtemengqui ſont trop
abondantes à porter leur ſruict ou ſemencexar
ſi on empeſche par artifice qu'elles ne portent
leur ſemence,elles ſe reuerdillſiexit dés auſſi toſt,
8; ſont de plus longue durée.
_ T H. D’où vient q les chaſtrez ſont exempts
dela goutte , puis que les Chappons en ſont
moleſtez ê MY S. SerOit-ce pour-autant que
l'acte Venerien trop-frequent debilite 8c raſroi
dit les ioinctures 8c les nerfs des hommes ;.85
que la retention du ſperme , duquel abonde a
firoportion le Coq ſur tous les autres animaux,
umecte trop ſes ioinctures?
TH. D'où vient que les chaſtrez 8c les fem
_mes ne ſont ſubiects aux varices? M Y s. De ce
que les femmes ſe deſchargcnt de l'abondance
du ſang ,duquel ſe font les varices , par leurs
Purgations ordinaires: mais aux autres le ſper
me retenu ſe conuertir en grandeur : car nous
voyons que les chaſtrez ſont de Plus grande
ſtature que les autres.
T H. D’où vient que les chaſtrez griſonnent
Eluſtoſt que les autres hommes? M Y s. De l'a
Ondance de Phumeur, qui eſt en eux : de là
vient auſſi que les Femmes 8c les chaſtrez ne
deuiennent iamais chauues.
z T H E. Pourquoy eſt-ce que les chaſtrezMuſ
quels on a couppé , ou arrache' , ou caſſe' , ou
, tords les genitoites , ſurmontcnc tous les au
ttés hommes en prudence? M Y s. Non ſeule
l, ment ceux-cy, qui ſont chaſtrez parla main de
ſi l'homme, mais auſſi tous les autres,qui le ſont
55 naturellementzvoilà Pourquoy les Grecs appel
:s MM 3
552. TROISIESME Livns 4
lent les chaſtrez Eau-Ix” -Udçaè T3117 vÈv ËzHv 'à
cauſe de leur bon Entendement , 8c non pas à
cauſe de garder la couche des femmes mariées,
comme pluſieurs ont penſeflqui font deſcendre
ce nom d'Eunuque , de mig-è -rà êuuhd) Ëxæv. Cat'
la raiſon domine auec plus ample pouuóir ſur
la conuoitiſe,apres qu'on luy a retranché la ra
cine 86 amorce de lubticite':d'auäntage,les cha
ſtrez ou Eunuques, recognoiſſans Fimparfectiô
tant dela force de leur perſonne , que de leur
couragcI-,deuiennenr craintifs, ne 'plus ne moins
que prudents à reprimer les/paffions dre leur
ame, leſquelles leur ont eſte rerranchees en
partie auec les eſprits 8c chaleur naturelle :car
de ceſte ſorte la crainte faictquîls ſont mieux
aduiſez, 8c qu'ils ſe tiennent-de plus pres ſur
leur garde. Et certes l'experience nous enſei
gne qu'il n'y a rien de plus ingenieux que les
chaſtrez ,Sc qu'ils ont vne force incroyable de
memoire.
²’l“'²“1“"“ TH EOR. Pourquoy nïauoyent ² iadis les
lavie de De— , _ , _ \
men-lus 8c de Rois de Perſe , comme eucores n ont-ils a pre~
I-Yſimïïffl** ſent , ni le Turc , niles Rois d'Inde, aucun Tre
ſorier , ou luge criminel , qui ne fuſt chaſtré,
puiſque les Hebreux les repouſſoyent de l'office
de 1ud1cature,& ceux auſſi,qu1n'auoyenr point
l; \EPL \Mi d'enfans l* ?M Y s. Seroit ce pour autant que les
“T CUIC . '
,Ono-m Rabichaſtrez ne ſont pas moins auares que les fem
Mvſïï 136w mes ,leſquelles pour iouyr de leurs plaiſirs ne
Bſigſſæſiſma" ſont pas cant ſoutient liberalles ,qu'elles ſont
prodigues a donner outre meſure : toures—fois
ce n'eſt pas le meſine de ceux cy , leſquels' n'e
ſtans de leurs nature enclins aux voluptez,por
tent
Sæzcrbo N- XII. 555
tent pluſtoſt enuie aux plaiſirs des autres, que
de s’y addonner: par ainſi,veu qu’ils ſont cauts
&ruſezÆc qu’ils ne tiennent conte des amor.
ces de volupté ,ils recerchent plus ſeuerement
la. vie des autres , 8c tiennent meilleure raiſon
des finances ,85 s'adonnent plus aux affaires
politiques : d’ailleurs auſſi ils n'ont ni enſans,
ni amoureuſes , ni autre choſe, àlaquelle ils
puiſſent dóner ni leur argëtmi le bien dautruy;
dont-il auient qu’ils exercent plus ſeuerement
leur aigreur enluſticgq Fimbecillité des hômes
ne demande: car ceux,qui n'ont point d’enſans,
ne ſçauenr que c'eſt d'humanité , ni ifenten
dent pas bien , combien Fragile eſt leur nature.
TH. D’Où vient queles chaſtrez ne euuent
aualler ni la ratte,ni le iaune d’vn œuf m6 auec
grand difficulté 2 MY. On a ſaict preuue de ce
cy par pluſieurs
cectrtain ,qu’ils ſe ſois ,par laquelle
laiſſeroyent pluſtoſtil eſt tres
mourir
de Faim, que d’en manger :de laquelle choſe, ie
ne pourrois rendre autre raiſon , que du re—
ſtroilſiſſement de l’Oeſo hage par latrop grâ
de abondance de la grail ezcar la ſubſtance de la
tarte eſt ſpongieuſe 8C flatueuſe ,donrñil ad
uient,qu’en la mengeant elle ſe dilate. q
T H E o R. D'où vient que les Chienes &les
Truyes auortent , ſi on tue ,Ouſion chaſtre le
Verrat 8c le Chien ,deſquels elles ont conceu?
M Y s. Les anciens ontignoré entierement ce
cy,quiſembleroit du tout incroyable , ſi Fcxpc
rience iournaliere, maiſtreſſe de toutes cho es,,
ne nous contraignoit de le confſielſentoutes
e.
fois ie n’ay pas expcrimenté, ſi cecy eſt verita
MM 4.
,nt
.554 TRO! SIE~S ME 'Liv R E
ble àſendroit des Chats , des-Aſhes , des ,Che
uanx 8: autres animaux immondeszla raiſon de
cecy eſt cachée au treſor de nature: car ſi nous
diſions que les eſprits prolifiques ſe ſont eſua
nouis parla mort des-malles ,ou pour auoir
eſté chaſtrez z ou que les Femelles auortent ‘a
cauſe de la facherie qu'elles ont de ce que leurs
malles ont eſté chaſtrez, ou tuez :celà ſe mon
ſtreroit beaucoup plus veritable à l’endro1t des
hommes 8c des autres animaux , qui vont par
troupeauxfflppellez en laloy mondes 8c nets. d
T H. Pourquoy meurent tous les animaux
purPodeur d’vn: cauerne au prés de Hierapo
lis-,auioureſhuy appellée Alep, horsñmis les
chaſtrezëM Y. Seroitñce à cauſe que les chaſtrez
ſont d’vn temperament plus froid , 8c que l’o
deur les peut moins Offſſencer, d'autant qu’ils
ont moins &eſprits pour penetrer 8c porter
cc venin par leur perſonne ?Ou ſeroit ce _, qu’il
y aiſt quelque force malefique des Dei-Dons,
qui entrent ſoubs la cauerne (comme en la ca
!Pauſanias i" uerne Trophonienne ², laquelle eſt en Lebadie,
d… 8C telles autres ouuertures ſoubſterrainesdbù
nrc du Mvndï les Preſtres Pythiaques eſtans inſpirez 8c com
‘^l‘”"d‘" me furieux auoyent de couſtume de rendre les
oracles) laquelle n’aiſt point de puiſſance de
porter malencontreà ceux , qui ne ſe ſont pol
luez au desbordemcnt venerien , s’ils ne ſe ſont
premierement aſſeruis aux Demous? ‘ a
T H. Pourquoy ſe fait la voix plusaiguë aux
hómcs 8C aux Porceaux chaflrez qu'aux Bœufs
²^" 5435"* 8c Chappons ?MY s. Ariſtote b penſe que les
d" nerfs , les veines , 8c la voix. auſſi ſe laſchent a
\ PICC
SE 0110m XII. 555
presſique les genitoires ſont coupez , ne plus ne

moins que les cordes des inſtruments de muſi


que, quand elles ſont debandeés, mais pour di
re vray ceſte raiſon repugne entierement à l'ef
fect , car ſi tu pends à deux cordes d’vne meſ
me longueur
le poids 8c d’vneà' meſme
d’vnectl1~ure,& l'autre legroſſeur
poids le àl’vne
deux,
ceſte là, qui ſouſtient deux liures peſant ren
dra le ſon en double proportion , ceſt àdire,
en Diapaſon plus aigu que lautre corde, :par
ainſi les chaſtrez parleroyentïdeux 'fois plus
gros que les autres, ſi la raiſon &Ariſtote auoit
lieu : &meſme ceux-là parleroyent plus clair,
qui ſoubſtiendroyent de la main le poids de
leurs genitoires , qui eſt autrement fort petit,
mais Fay honte de telles fadaiſes.
T H. Qielle raiſon en apporterois-tu donc
ques PMY. 1l eſt certain que la voix graue ſe
faict de la force 8c abondance de la chaleur 8c
des 'eſpríts,qui font ouuerture au paſſage dela
voix, delà vient que les malades, femmes 8C
enfans parlent plus clair que les autres à cauſe
de leur imbecillité , 8c que les Alernans ont la
voix plus robuſte que les Ethiopiens , d'autant
que ceux-cy ont moins de force 8c chaleur que
ceux-làzle meſme peut-on dire des hommes 6c
Porceaux. Quant aux Bœufs &I Chappons , ils
ontla voix plus groſſe, combien qu’ils ne Payêt
' pas rant robuſte que les Cocqs 8C Taureaux , à
cauſe que ceux—c)ſ_ps’exercenr a crier par con
tention : tellement que tant plus on crie hau
tement , tant plus rend—on ſa voix eſclattante,
MM;
556 TnotSiEsME Livni-z
commeon peut remarquer en ceux, qui crient
iuſques à eſtre enrouëz.

De l'amour des anim-Momie leur conceptiomcÿ


de leur finiſſant-Y.
SEcTioN _XML
T H.D’où vient que les animaux malles ſont:
..communemêt plus. luxurieux le matin 6c l’Hy
uer,& les Femelles l’Eſte' 8c le ſoit, qu'en autre
ſaiſon? MY. De ce que les malles languiſent
eſtant affoiblis par la chaleur externe,qui leur
exhale la chaleurinterieure; cóme en cas ſem
blable,les Femmes ſont däuantage debilitées
ar le Froid en Hyuer, d’autant qu'elles ſont de
ſem' nature d’vne côplexion Froide 8c humide:
mais quand tout à rebours le Froid reſerre la
chaleur des hommes en lïnterieur , 8c la cha
leur de l’Eſte' modere la qualite' Froide des Fem~
mes ,l’vn 8c l’autre ſexe ſe rend plus diſpoſe' à
Pacte venerien , ſelon la ſaiſon , qui eſt propre à
ſon temperament. On peut icy admirer la gríd’
ſageſſe du Createur ,en ce qu’il n’a pas voulu
que les deux ſexes Fuſſent en vn meſme temps
enflamme: eſgallement à ?amour , de peut
ue leur desbordemêt
ſeulement deſ-reiglé
la procreation (qui ſeiſetnpeſchaſt
Faictſi beau
coup plus heureuſement quand l'amour eſt
moderé) mais auſſi n’apportaſt la perdition 8c
ruine des deux animaux,qui engendrent.
T H. Pourquoy retire plus le Fruict au Pere
qu’a la Mere,puis que les malles donnent ſi peu
de leur
S E cſirio N XIII. ‘ 557'

de leur ſubſtance , 8e que les Femmes,outreIa


grande quantite' de leur iemence ,Forniſſent au
petit embryon tout le reſte pOurPalitnentenM.
Ariſtote -’ nie que les Femmes rendent aucune
:Au 4.l.dcln
ſemence,ce qui ne merite' pas d'eſtre reFuté par gmfflziſ, 4e,
plus long diſcours , puis que nature n'a voulu iníœfl* c-z
que les Femmes coueeuflſiennauſquelles elle a—
i. uoir oſte' les genitoires. Seroit-ildonc plus ve

ritable de dite,que telle ſimilitude ne vient des


enFans aux peres , que de la ſemence du malle; r
laquelle a plus grande Force de chaleur &de
eſprits', quele ſperme de la Femelle , comme ſi
elle ne Forniiloit autre choſe que la matiere, 8c
le mary la Forme d'où ſort en effect la ſemblâñ.
ce P Ou ſeroit ce que telle ſimilitude ſe fiſtqdes'
idées des choſes ,qui viennent deuant l'aſpect
des Femmes , 8c principallemenr ſi elles les ai
ment' ardemmenr P Car lavarieteſi des couleurs
aux animaux ne vient d'autre part que de ce,
qui eſt deuant leurs yeux. Ifvne 8c l'autre rai
ſon eſt problable , toutes-Fois , Papptehenſion
de la Femme, qui conçoit,a beaucoup plus deſ
ſicace en celà,que la ſemence Virile.
THE. Pourquoy sÏ-ngeudrent pluſtoſt les
maſles , quand la Bize ſouffle , 8c les Femmes,
quand les Autans reſpirent? MY S T. On peut
remarquer cecy plus Facillcmenr aux btebis,qui
ſont en plus grand nombre , que le reſte du be
ſtail : car la Bize , eſtant Froide de ſa nature en
Europe 8c par toute l'Aſie Septentrionale , re
ſerre a chaleur des animaux en ſon centre 8c les
rend plus diſpoſt : au contraire l'Autan diſſiper
leur chaleur par les Pores ouuers en les Faiſant
fondre
, r
558, \TROXSXESME LIVRE
fondre tellement en ſueur, qu'ils ſont ſi langui
ſauts_ quÎils nhppettenr ni de manger, ni de S’ad~
dreſſer à la ſemellezde là vient auſſi que les An
guilles demeurent ſix iours ſans manger ſi la
-' 'Bize ,ſouffle,ce qu'elles ne peuuent faire,quand
z ;les 'Autans reſpirent.
T H. D’où vient que le nombre des mafles 8c
des ſemelles eſt preſque touſiours eſgalau reſte
de tous les animaux, 8c principallemêt aux Co
lombes; 8c quëil n'y a rien de plus incertain que
celà aux hommes , veu que quelques vns lſen
gendrent rien que des mafles , 8C d’autres,;r__1en
que des ſexuelles? M Y. Nous voyons que _ceurx,
qui ſont plus robuſtes , engendrent les mafles,
au contraire que ceux , qui engendrent les ſc
melles,ſonr plus imbecilles : ce qui ſe manifeſte
euidemment en celà,qu’il y a quatre ſois plus de
femmes que d’hommes aux pays Meridionaux:
mais au c0nrraire,aux regions Septenttiona-les,
là Où le monde àſä partie maſculine, le nombre
des hommes ſurpaſſe ou eſgalliſe le nombre des
femmes. Par ainſi nous liſons qLfHerculc euſt,
comme eſtant robuſte 8c gen-creux ſeprente -
a Ainſi l'a eſ deux malles 8c vnc ² ſemelle ſeulement ; Ge
cript Ariſtote
au 7.l.de PHY deon auſsi preſque en ce meſine temps,prince
ſtoiredcn ani des Hebreux,euſt de ſes femmes ſeptente,ôc vn
maux c.ó.
enſät , mafles.Acabus Roy de Samarie euſt ſep
tente mafles , toutesfois nous ne liſons pas
iſaucun de ces deux derniers aiſt eu des filles,
Ënon que nous diſions queles Auteurs on-t ne
gligé de mettre par memoire le nombre des fe—
molles.
T H. D'où vient que le temps eſt certain 8c
determi
SECTÎON XIII.‘ 559
determine' à tout le reſte des animaux pour
conceuoir 8c enſanter horſinis à Fhomme? M Y.
De ce que la volupté des autres animaux ſi:
conforme plus aux loix de nature,que l’ap etit
diſſolude l'homme, qui eſt debordé au po sible
à toutes ſortes (Pallecheinens : de la vient auſsi
que la ſeule Femme fait des enſans , quine ſont
bien ſouuent ſemblables à perſonne de lelírs
parens.
T H. Les animaux ont-ils vn temps prefix 8c
limité à la conception 8C enfantement? M. Ouÿ:
8c qui eſt certes
toutesfſiois limité desmoins
on Pappetçoit bornes
cn de nature:
Phommſſe,
qu’au reſte des animaux. ² ^ '
T H. Wi eſt-ce temps prefix? M. Les ï He- ï R-Îbicotfiï
breux,qui ſont les plus certains interpreteſis des
choſes naturelles , diſent que les beſtes appel
lécs mondes en la loy Diuine , comme les Bre
bis &les Cheures,conçoyuent 8c enfantent vne
fois ſeulement en cinq moiszles Cerfs auſsi vne
ſois ſeulement en huict moiszles Bœufs vne Fois
en neufmoiszmais quant aux beſtes immondes,
comme les Chats en cinquante deux iourss 8c
les Porceaux en ſoixante iourss 8c les Chiens
en deux mois; &lesRcnards en ſtx :les Loups,
les Lyons,les Ours, les Pantheresdes Singes 8c
les Taixons en trois ans vne fois ſeulement : les
Cheuaux , les Aſnes 8c Chameaux' .dans vn an
reuolu vne Fois : les Elephans en 'deux ans vne
fois: finallement l’Aſpid ne fait ſes petits en
ſeptente ans qu’v_ne fois :ôc certes on ifeuſt iä
mais pu recercher ou obſeruer par aucune dili
'gence humaine telles choſes', ſi Dieune les cuit
inſpireſſ
~

56D TROISIESME LIVRE


inſpiré à ces .doctes Hebreux , qui eſtoyent im- ,
bus d’vne doctrine plus Diuine que les autres
hommeszcar touchant ce que Pline 8c Ariſtote
ont eſcript du tem S , auquel les animaux ſont
leurs petits , celà ſgrapporte pluſtoſt au ſeiour, l
durant lequel les petits ſe tiennent enclos au
ventre de lent mere,qu'a autre choſe: ce que ſe
trouue pour la plus grand' partie auoir eſté par
eux neglige' 8C laiſſe' en arriere , ou autrement
«auoir eſte' ſi mal redigé par eſcript,qu’il n'y a au
cune certitude. .
T H E. Que diras—tu des Poiſſons? MY. Les
Poiſſons pierreux ſont leursppetits \deux ſois
tous les ans : la Carpe ſix Fois : legSargon &le l
n Scorpion marin dleux Fois l'année au Prèntemlpws
&enAutonne : aTruitte en Decem re: es
Moules 6c les Poulpres au Printemps ſeule
mentzla plus grand partie du reſte des Poiſſons
fait ſes petits en Auril , May , 8c Iuin: la Seiche
chacun mois de l'an.
TH. ue diras-tu des Oiſeaux? M. Toute
ſorte d'Oi eau fait ſes petits deſpuis ?Equinoxe
du Printemps iuſques à l'Equinoxe d'Automne:
l’Alcyon fait ſes petits en Decembre , les Pi
eons tous les mois de l'an, pourueu que le
Ëroid ou la faute d'aliment ne les empeſche.
T H. Que diras-tu de l'homme?? M. Le petit
enfant ſe parfait dans l'eſpace , ou peu s'enſuit,
de neuſmois lunaircszil aduſient moins ſouuqnr,
uc lenſant
?eſt contre naiſſe au depnature
l'ordre ſe tie me moisztoutes ois
que quelqtfvn
naiſſe ou pluſtoſt ou plus tard , combien que
nous liſions que pluſieurs ontëvcſcu , qui cſto—
yenc
'ïsrcrioirxrlllſ ;az
yenſit nez apresfile dixieſme , vnzieſme , douzieſ
me 8c trezieſmemois : 8c meſme le Preſident
Igné dela cour du Parlement de Rhoiian com
mandaſt' qu'on enregiſtraſt aux actes publics,
comme vne certaine femme s'eſtoir esſorcée
"de" 'faire ſon enfant au neuſuieſme v mois , ce
qu’elle n’auoit eu faire , “ſinon au dixhuictieſſi
'meſiauquel elle e fiſt tout-plein de vie,ainſi que
'les Medecins 8c ſages ſemi-nes en rendirent teſ
moignaFe digne de ſoy. D'ailleurs,il eſt certain
que plu ieurs Femmes n'ont pas ſeulement ſaict
trois beſſonnées , mais auſſi ſept 8c encore d'a
uantage , qui ont eſté toutesfois inutiles :ipluà
ſieurs ont ſaict des monſtres de diuerſes ſortes,
comme des Grenouilles 8E Scrpens , ce que ic
paſſe ſoubs ſilence. ' * a

DE la courte d' longue 'vie de: homme-râ- autre:


animaux. ' ' t

SEcTioN, XIIIëI'.

T H. D'où vient que 'les hommes ſurmon


tenc par tout en ſi grand ?nombre le reſte de au
tres animaux , puiſque les femmes n’enſantent
qu'en neuf mois vne fois ſettlement , combien
que la plus grand' partie d'elles ffenſantenr au
cunement? MY. Certes' la cafiuſe Îfliciente de
ſindïnnedede
cec cePqu'il n'y a point? d'animal
end d’ailleurs,ain iqu’i meterreſtre,,
ſemble,

bien peu exceptez,qui ſoit de plus longue durée


que l homme: car les animaux,qui viuent lon—
guemenncomme les Elcphans, denſantêt gue
res
ſ62. T it pçtzs l E s M,s-. ,L_ tzvzn E
tes ſouuent : _ceuxquiſonr plus; fœcpndacomz
me ,les Brebis, BœuſyCheures &Porçeaumiÿzç
comme auſſi_ toute. ſorte de Ppilſons 8c d'Oi
ſeaux,ontl_eu_: vie plus courrÊ-Duils ſeruentdç
aſture aux autres -a-iæimaux .7 43; 'meſine :ſi les
Kommesne sfépgçerminoyent les_ vns les autres
ou par_ le poiſon-ou par vne… cruelle ,guerrç, ou
ſi l'es maladies populaires ne les nzettoyent le
plus ſouuenrà tnort-,ä grand' ,peine pourrait
.toute la terre ſurporter_ leur multitude : ſi ngus
recerchonËí la,fin,pour laquelle ce ſage Ouurier
(lerand nombre
_toutes _ſur voulu
choſesa la terre,
queçaPhornme
eſté d.’autant
ſuſt qu'il
en

ſuy a pleu que ceſt animal capable de raiſon fuſt


par tout tresñſrequent , non ſeulement pour
commander 8c preſider aux autres animaux,
mais auſſi à fin que les plus ſages par leur con
ſeil gouuernaſſent les Villes,Circa-Sc Reſpubli
ques,ôc qu’ils conſeruaſſent la ſociete' des hom
mes entre les hommes: 8c ſur tout à fin que
quelques vns ſe trouuaſſent entre pluſieurs
pour contempler 8c preſcher ſes œuures, ſes
loix , 8c ſa iuſticezEternelle, 8c ,pourles mettre
en auant à vnchacun pour eſtreadmirées 6c
imitées. ~ . _ - . _ ,. _z_ſſ'H-'igiſj _ _.'
T H. D'où vie-nt que_ ilesÎPoiſſons perdent en
certaines années leurs ſanguins, 6è qu’en certai
nes ſaiſons_ certaines .peſtes entlahillent t rantoſt
les Oiſeaux +, Geztantoſt les [zeſtes .terreſtres ê ou
pourquoy ontjplusgrand ,cours les maladies
-po ulaires enzvn temps qu'autre? M Y. Lacauſe
c ciente ele cecy eſt quelque-ſois manifeſte;
ear ſi l'année eſt plus pluuieuſe que de couſtu
me
S‘E’=c *r 1 o-'Nï ïX-’IſiI'I I.ſſ-’ f6;
moelle apportera grairdfdoiïätjíärge àla voäaîiiâ,
aux Veërs à-ſoye,au-x A-raignes 8è Chenilles —-, c8} _
merau 'coiâträirgelle' ſem treſ-lſſxilubre à. !a nam"
re desplan-tes 6c poiſſonséz-ſi- à rebours Fan-nb.
eſt zſeiche elle ſera ſalutaireaux oiſeau-x, hofiſë
_mis aux Auetres, commeîaù-contraſiire eñlleſeiäa ï
treſ-ípernicieuſeau [Îoiſſouszdïiilleursgdut: ain:
ſi que les animaux terreſtres ne peuuentäfiiurè
ſans 'eſtre lſiuffoquez , sïlsiſoiitreſerrèï-“êñï-Îvfi
lieu ,- auquel ?eſpace ne--ſoit ſuffiſant pkzuiï-këä
ceuoirëſàirz qui eſt iieëelſaireîà refreſchirle-'Éit
ſichaleur par la reſpirationiydc mcſine efl-ilcïes
Poiſſons ,qui ſont enclos dans vnlieu , auqrtel
il nëy pas ſiiffiſantequantité (Peau . voilàîpôurï
quoy les Poiſſons
8c meilleurs' de _ſiclelicieiixſaf
8c plus l’Oceaiſ1 ſontmanger
plug grands_
'que
ceux, qui -iaaiiſent enſi la mer Mediſirerrafiée": 3C
meſmes lesCannes meurent dans Peau, ſi elles
ne ſont ÉTPburquoy
ſi (T): arrouſées de dit-on
la pluye.
que les Poiſſons v’i-> .pë
uentrnoinſis que les a-utres animaux? M Y .S'.Ainſi
certes Fonteſcript ² Ariſtote 8c b "ſheophraſteñ, adur-éd…
Au liu.devic
la

peut eſtre pour-autant qu’ils auoyent ï_ entend chapxz. _


du dire que le Thon 8c le Polype neviuoyent Ëafffèffgfÿîäſ
quedeux ans,laqu~ellc choſe iaçoic qu’el~le ſoihcescizap 14,. _
vraye aux Polypes , tOutesFois [Experience *de âélîligiâïfrï'
pluſieurs années nous monſtre qu’il n’y’ a pas des animaux.
vne bcſte de plus longue durée que le Poiſſon;
poire-ſoy de laquelle choſe on nelpourroit alle*
guer vne meilleure raiſomque ceſte grädcîcortë
pulance des monſtres marins ,laquelle rteſuſt
iamais venue en vne fi grandi maſſe, ſi les lon
gues années ne leurs_ cuiſeur dôme Reſt accroiſ
I\
564 Tnoxsissmt LIVRE
'ſçmentzçfauantagcdl y a vne autre raiſon' pour
ſi' ,preuue-de leur longue
on ,ſeul dir-Entre tous lesdurée,
autresc’eſt que le Poiſ
animaux n'eſt
filbiect à aucune maladie , 8c qu'il vit dans vn
element treſ-put 8c treſ-ſimplezvoilà pourquoy
ilscroilſent en telle grandeur , qu’ou a autre
fois pris vn Myſticetqqui eſtla plus grande de
toutes les coudéos
quarante Balaines,de
duquel-
lQngzFeſtendue eſtoiteſſuſt
de. .ſorte qn’il de
puîengloutit_ dans ſa gueule beaute. vn Elephât
entier-z adiouſtons .y encor’ que lez-Crocodil
aquatique excedc bien ſoutient trente coudées
de long , combien qu'à grand’ peine. le terreſtre
n’en puiſſe paſſer trois, i’ay.veu tnoy~rneñſme vn
Crocodil de vingt coudées : finallement tout
accroiſſement ſe ſait par _le moyen de la chaleur
8c humidité ,leſquelles deux qualitcz ſont Fa
milieres à la mer.
T H E. Les Poiſſons ne ſont—ils pas aulli de
longue durée en Feaudouee? M Y. Ouy certes,
_toutes-fois ils viuent moins qu’en_l’eau ſalées
car li nous croyons ce , que Seneque a eſctipt
d’vn Poiſſomlequel mouruſt ſoixante ans apres
que Pollion l’eull: mis dans vn viuieuauquel en
;eſtoit encor’deux ſemblables &de meſme aage
en vie,0n verra qu’ils ne ſont pas de tant cour
te durée qu'on diroit bien. D ailleurs nous li
ſons que l'Empereur Federic ſecond de_ _ce nom
ictta vn Brochet au lac dÏ-lelprungauquel on
auoir paſſe' vn anneau à trauers les oreilles auec
le nombre du iour 8c de l’année,lequel Fuſt pris
apres Pan M. c c_ t: c. x c v r 1. c’eſt à dire,
c c. t. x v.l.ans apres qu’il Fuſt tnis,eſtant dlqſia
a cz
SEcT1o.N.XIIII._ 565
aſſez gtos,dedans le lac, 8c toutesfois iljeſtoit
en ceſtaage fort vigoureux, On a auffi peſché
de noſiçrextcmps des Calpes, qui auoyent eſté
gardées depere en filsdans .vn viuier , 8c paf
ſoyent ſix-_vingt ans , auquel aage ne peuuent
meſme paruenir les î-Elephangqui ſont les ani- "Pline au 1.1.
tnauigqui _viuent le plus entre les terreſtres. d° ſh" “ſi”
_ q' . _ re. Philoſtrata
Tit E. D où vient que les Poiſſons ne ſont a eſcripeqirvn
* ' '
attaincts de maladie populaire,com1ne le reſte .Elephanta
ſw 30mm;e
desanimaux l' ?M-Y S 'LDeÎla pureté 8c (impli-.b Ariſhau 3.1i.
- - des eauxpôc_ ppincipallement
cite '- - ' ſi ' elles
‘ ſont_ de
des l'hiſtoire
animaux
ſalees, car le bois S endurcira pluſtoſt en pierre chapds.
que de pourrir en Peauzde l~a viët auſſi que leur
vie ſe termine pluſtoſt par guerre que par vieil- ‘
' leſſe ,parce qu’on ne les void iamais malades,
ni mourir d’autre violence que de celle qu’ils
ſe font les vns aux autres, puis qu'ils ne ſe cou
tentent pas ſeulement de ſi: rauager entr’eux,
mais auſſi en ce qu’ils ſe ruenr ſur leur propre
eſpece ſans meſme eſpargner leurs petits , leſs
quels en certain temps ils deuorentzce que n’a—
uient à aucun autre animal pour ſi famelique
qu'il ſoitzcar vn chien ne mägera iamais la chair
d’vn autre chien, pour ſi-bien qu'on Yaiſt appre
ſtéemi pour quelque faim qui le preſſe , ainſi
que fait vn Brocher vn autre Brochet: 8c meſ
me pluſieurs diſent que le Polype ne Sëabſtient
pasmeſine de ſa chair, qu’il ne ſe mange, ſi la
faim le_ preſſe par trop.
, T H. Pourquoy ne s’eſtend la vie du Polype
plus long de deux ans 2 M Y S. Pourceque c’eſl:
vn Poiſſon le plus Fœcond LY le plus paillard dt:
tous les autres : or , ainſi que nous auons deſia
' N N 2.
;d'6 TnſioisirsMr Livni;
dictg-la fœconilittí 8c effuſion trop —frequent~e
du ſperme eſt cauſeque les animaux-äenuieíl
liffënt
mondepluſtoſt. Car le bri-efuete'
a recópenſé-la ſage Diſpenſareur de ce
delalvieid-'vnc
fœcondircflôc la ſterilité dvnelongueur deîvie.
" chaudëz
l ſ J: llſdu H. La longueuïdevie
huruideïM Y’ s ne depend .elle pas
T. Siailÿſiïäſloiſjil'
~ pfaudróit que les LyOnS,Tigres,Poullets& Cail~'
les fuſſent de' lus lſiondictie vie ue les autres
' r ç æ- 1 ' ' D . > , d . c.

ammauxzmais les Elephans,qui ſont plus froids


qu'aucun autre animal ,ſont ceux , qui viuent
’ le plus :autant en diſonsinous des Cormeilles,
combien qiſellesſiayenſit peude ſan g ’8C'de~cha—
leur: däiuantage, les peuples Meridionaux vi
uent plus long temps que les Seprentrionaux, '
de \Tarte qu’il ſemble que l'humeur melancholiñ
que ſoit cauſe que les Elephans, Corneilles 8C
peuples Meridionaux ſoyent de plus longue du
rée que les autres', auſquels ceſte humeur n’eſt
pas ſi familliere , parce qu’elle ne ſe diffipe pas
ſi facilement que la chaleur 8c humidité, à cau
ſe de ſa tenacite'. ' — ' t
T H. On recueillir de ce que tu as dict , que
. la viedes animaux eſtencloſe entre des limites
incertains P MY S. Ce ne ſeroit pas vne choſe,
qui fuſt conuenable à nature: car Fhomme n’a
pas ſeulement le temps limite' de ſa vie, outre '
lequel il ne peut paſſer plus auant, i-nais auſſi
vne chacune beſte. Ce qu’il faut ainſi interpre
tectr, à ſçauoir , qu'on peut bien viure plus? ou
moins dans la barriereêc courſe de la vie, ſans'
toutes-fois qu’on puiſſe “paſſer outre: comme
. par exemple, poſons le_ cas que la vie de l’h0m
\BC
r
_. :EZC-;T r.o..N_, JXLLLI. , 567
me ſoífflliïzïíitéezäncufzzstriti.8c ſoixante; dix
ans A,, parccaqucfl ,ccltrzr,,.qui,a,l,e,plus vcſcu ,en :1 En Geneſe
ce _rnoirdemŸa pas paſſé cereriÿeqqle meſme auſſi WP*** ë'
P°VËF²:‘*°*? .dire quels .vie des. -F-.lsebanr @Mimi
\écæä tœís cents anfflísë .Çhaænpauæà cmt ans:
dçsz Çheÿanx à CÏJMIUËBFË-FSÊÏÊS Pigeons AM4:
rance: desÿaonsjzàlviiggt ;Çinqzr des B-,œ_uFS,
Chiens_ LÇQPOICËQlIXſÎZIÂÃXÊÜÇS .Perdrix à. din-Iſla
ſeptgdeslärelÿsis douzçzdeszſÿliſieures à dix:des
LisuŸEçs-óíëg Rats-ASEAïzsncèdcslîóulpzcs,3c
des Çtæqſpcstäñ-ſix ansëñfflæ--PDS JPPSÊSÊEÛÎË @Elus
ic ñvpululſâë-;iv-ixztcnic-ñqæëcz
bflFffiiflç_líls.ïi-uſçſſe œSY-ſoit- la &raye
d: .cnŸ-æzinzaux-zlaqucllc;;ne
iſis-Psitrzcxgti.uër-ſíizouvpartlqnguqsi obſervations
de pluſieurs hommes 5 car ilneſt pas Yrayrſîlïïr
blëblerëlllïälcsRâ-\ÏIÏËŸS&YËÇËÃÏËÆLÙAQUÊLFSRË5Pi15»
&Hi-léiFÃPÎSCOÛSHQPÏEÃ-QUFJIÊJÛHF lneſmcraccs
, nC—P9-$~_ll,i_11lſÊI}ï.ql1ſiä_ huict-zænszſeillaxïtcnta ainſi z, A., ,M4,
v.5.3', w… D; _,5 ñ, ïæñ“jl,fiíſtoire d”
. . T i” Q) liñPourquc-y _villcxitlzlus lqâig.tetnps.î“"îî““î‘ ‘*"7'
les maſtçszqjiç_ les Femelles MIX/Ia Y.- s Täfierpiqçg
POULÎSUŒMEQLÏYÎJC
ple_ auämäflesñſiqwauxYÊIŒQÊ-Ïêflfiîzſüſt
femelles. .tant ,enplus amv
leurs.”
ſprîts.
8c une:qu'en
_TtuycLeur ,ſñCUlÎSÏ'xYllϲl-C'?'C²Ê
peſipaſſent à grand'- peineVne,laYaçhc
quinz
_ſieſiÿeamaée de leur :tage ,. combien que leu-rs
malles
là, paruieunent
potyzquoy iuſqxxës au
les maflesïont_ Vingtieſnſezvoi-
plus .de dents que',_ ,~.'2:.~..
.h , _ Ïdſid t_
leursjfpmellcsz 8c pourquqydauffivils ſont com.- '
munectrctngntzplus grands :Sc plus robuſtes entre
leszanjnxattÿt de-peudeſtime
deçcuaen. ceſiqu’il , mais'-
eſcript, que Ariſtdte
les malles s'eſt -~ TF"_, …, .
viuent
plus long Loups aux regionschzudes, dſiaflifllfl
, ,.-- ſi NN r;
5-68 T n oîrî s i-Efism Eî L 1 v in E
quïls ſont ~ lus chauds; veu qu’ils ſont beau
coup plus roids' que' 'ceuxgqui ſont aux regions
froides. Par ainſi
mans &Scythes nou-s- voyons
îexſpirent que les' 'Ale
dſie leur bouchexom
me d’vne fornaiſe fumante vne vapeurſſfort
chaude, 8c qu”ils ſurpaſſenr en forcſie &- coura
rage ceux d’Afrique,ſſqui teſmoignent autre*
ment par leur “poil fort' 'ſñbtilî , &ſi parleur voixſi
rnince,8c par-ce qu'ils* mangent peuſi,'& qu'ils
ſonrimbecillesï dëléùr perſonne , 8c quîls ont
couſtumieretnent le ventre laſche , qtfils n'ont
pas beaucoup -de- clialeurnaturelle = toutes
fois 'ils viuent plüsque les' Seprenrrionaux,
ainſi quetousïles aijrheurs aſſeurentdvn corn_
mun conſentement. ë ñ ' _ ~'_ *
1- - T— H.Il me ſemble preſque incroyable quele?
hommesayent veſcu cinq cens, ou fixcens
a ans 9 ouilfaut que leursannees ‘ ayent eſté-'plus
A' courtes queles noſtres, ou qu'ils aya-m vſÿdes'
.lunaires au lieu
de ceſte ſorte des ſolaires.
ilfaſſudroir que M ?L Ouy', mais_
Mathrlſälaïfeuſt?
veſcrt que quatre ſivingts ans ;lequel 'on Cllſſt'a'l14
trement -auoirveſcu 969. Il faudroitàufflí que
Mctemnonffeuſt veſcuque cinquäte ſans' ;lequel
Homere appelle fils delïAurore , pou~r -ce~q’u—’il
auoir veſcu deſ-jacinq cens ans. Il faudrait
_Au p. &Leg-ruſh que ceux',- leſquels 'nous liſons -ï aux lij
de Geneſ. ïurje ſacrez de la-.Naiſſance duï mondeauoir ,
euſt des enfans à rrenreans, euſſent engendré
'au ſecond ou troiſieſine an de leur aagezmais
b Au ë_.ac7.c. nous liſons l* lapar parolles expreſſes, que 1
‘è"cd'ſſ'ſl“‘“ “Pan eſtoit de douze mO1s,& que le mois eſtoit i
m' d’vn: 'lunaiſom Mais qu'elle nation euſt eſté
.— tant
tant Folle,SECTION
que de meſurer XÏIIÎ.
?année par' autre
cours,que 'du Soleil? Ceſiſonr doncques des Ba'- ct
“uardsgqui diſent pour conuainçte de ſauſſete'
les eſçrips desHyſtoríens touchant la' longue
durée dela vieleuflannée
ne ſaiſóÿenſit des anciens-z 'que les Arcadrens
ctplusffongue que' d’vn
mois" lſitînafre; aimant mieux ainſi Fekpoſëràlä
riſééîdesſipetſſirs enPantS,que‘de‘s’arreſter’à la Ve?
“rſiité de lffjyſtoire. '
T, H.Y²auroit—ilſſe(í des Hyſtotiengqui äyctîenï
'eſcripſitqueſſſquelques homſimesſoyeſinäó partieiips'
'à ſix cents ans P M Y S .~ Il y en a", 8c entre &bſitïcÿ
Manethón Perſien, Beroſe Chaldeeſſn', 'Moſchus
Ethien ,ſſ Híeroſme Elgyptienî, NicolâsctFDamaſi
cene , Hoëmere, Hëſiode;Heeateuſis,Hel'lSfiiëiisï
Ephórttſis ,Thèopiqmpùs ’, AeniïÆidS-,îôt “Xëñdl
phonſi ?Aſiuthectiirs _Grecsg 'qui' teſrhoî ~ nent par
Fëſóxirïê' z que' ciùeïëtsës hëïzïfflïs Sir-x. etait…
veſcutrois' dents ,quatre
centsÿſepfieéiirsſiôc centsans.
neufcents , clnqcents
Et 'meſme, onſſ
ſrx_ gxſfeÿäîäjä'
c. du premier
dir ſiu’vn certainſilëanduëſem sraveſcu du fiez' ues duc ue
ele.<1denosperſiesrrdis dents ſoixante
P. ...q s
neuf' ai1s','fi:}q:‘e‘ſ:‘°"ſ:;
ainſi' queſontlſioy leſiseſcripts de pluſieurs Fran# eſeripseſtoyêl
çois &arme-mans dignes d’eſtre creuz pour leur “c” d* F”
. . , x \ - ñ - ..
mte rite a eſcnrecholîesveritables :d . auanta-
. temps en leur
entier!
ge, ctrankjoís Aläiareſe , qui a eſcript PI-lyſtoire_
ŒEthiO 'ieſinſiaſóuttcteſſtainPontil-'e
. MarcſA ?année \IÊLDÏXI xmeſinoigne qu'iliens,
des Ethio viſt
qui auoir deſ-ctjn paſſé le' cent cinquantie me an
de ſonaage, 8e 'toutes-fois ilſineſerſinbloít pas
qu'il
longuefirſtvièilleſſeJe
aucunement debilitépti
paſſeſſſoubs caſſe' ,d'vne
ſilence ſi
ce ?ne
Pline a :ſcript en ſhnliure des Cenſcurs, à ça
' ‘ ‘ NN 4 noir
5H70 TÆIŸQËISIIÏSMI LiNRE
Iiginque pluſieurs_ pçſeux_ eſtoyent paruenus
iuſques au,cent quarçnticfine an--deleur aage.
u.: ;Hz Pourquoy. eſt_ donc ,noſtreùvie mainte
1.Îê’.}-R.î!1Çl°ſî-'ldffl15NP -ÏÏÆQÜFŸ-ïſ acc-Pïaäſëiïæe au
commencement elle, eſtoit tant q ongneêM 1,5L:
ÊRiEÎÊ-Û P°E"-',²Î‘."P.²ŸPX que, D-iÇſil-I-\llailſt Y°}!1}.E.ainſi>
èfimque les anciens ſipeulſent _plus uçommode~
ïzasnäPfflíPlrclszïxqndæ-SÊC (11.16 Païſilcèlñïzlvñguc
durée ils peuſſent ſonder les Republig 1Ç_S_, in
uFïëFËî--lëîdaïÿ &zic-s !Ëiïïxces -ë &n95 Êfflcï 1°
SDHÉÏHËÊÏS alim ;PQHF cze -laiiïcï la ?Ogæwàſſancc
à lazpçſterité? Rar ainlLle monde el ËLiŸFPËUPlÉ
d? \PÊIÆÊS -PÏËFËŸÊX ilzwmíëñcfié 'AC-GFL airs ,zquelë
y_—.ie des-hommes fſuſt_ (retrancheefi pour_ ,rez
Pxiï-'EXÊEJ-a.iaſchsséæâcssïxxaqtïi.#HJÀPUPÊPÉ enz
îl°FËffl°Ï²².W.-\9H~.‘-FFŒiPÊ läÿfrÿaxäs &îëflhflrr
gement ,tr nſporçefljou (oitafinqique par le
î"”'°"°‘ î dfigea_ ns es autres lavequiiſeäiæxíæltzs
ÏBŒSWË =Î cïííctâëïïrïèiñſieïctïî? çémojë .
FËFËË HÎË LE Eæsſufir
o
l
'n --'|'1'!’T :l) .'
. n I' 2M) Ûſſlniiil
ntede
a_ .- longer
ñ ôçjnouttir
ñ tant,
_ de ,perigonnçg
'îîzjzïî-iæn ſiÈÊLfnflÎeçree-:ÉÊÉÊS,EYEÉJÊÎ19223115 ëuïïéc da?
.ñ -ñkiçup viebz_ díaillçurs auf; gpnîeuſt ain-ais' eſte
. î ï. ſiñïäflfi~PP9~ënBëïzlffl~ SBËFFCA_RîîPiîËFŸFPÊ-SÏBÈPFÏÏ?
- ,., … leslhgpimes, Fuilçnqgfaiét _pour,ſetep_buiſer
^ ’ dÊs-.HHÀTÊJÏWÊÊYMSYzzsóxsâëëtxeäz- … . ;
gi,,Iſpurquoyueſtcgyeut iadiszles
IÀPÊWÔßFÏFÏËLÆÃPSŸ* .corps-ſiſſóh
?Àhüffêä-Ïiue des

119Mssênätïëlïnaiqrcxxëîn :a Suxñ 'ÎQUP-EÎÊ-Ïſïzïïvnïs —


ëïëïsfóiblcs. 8;Paréfflè_lèùätégaïd-?ÏM Yctæand
1h31??-
HomereoupatleffllÎ-Aiaë
quand-Yäsgíls[Päïſſlcsíſis-Ïſïíïrïïxïë
deux cents_ aus _apres \ville
ſa

ſ 8;: deux
pas cents
entédre ansgpzres on, decez , on ne
_qiſſieſſl’ſſÿn._ui___lq’aut_rïe. doit
Grans:
; —- ‘ 8c tou
ſi\
8x' toutes~ſois ces deux Poëtes
SEc-TION icy ſont d’vne
XIIII, 571

meſine Façon de parler,quc l'v1_i_' 8: lautre ier


ta contre ſon _ennemy vneſi grand' pierre , quo
ainſi qu'ils diſent: ~. _ .a
*Douzle Held ,pounſaycntſhuſtergiïjde I4 teſte, A en ſon
Vtuſire que Izzſim; cbai/fl.çf”ſſen_t}74rm_)' ,le nfl: _ A n "
Der hazæzmer, qaflrzziaurdhzſy_ la lez-renom' apport-F;
Et rafflſitçs-fizix luy ſêul d'un; maizzſhrxtzgffzſizrl u, >’
,. La tenait [zalçnrée Ô- en ffqirfizfſóændgç
OnTour la dard”
dit auſſi bienfort
que lſie corps_ſin- Penzzemyjendue.
d’C)_r,eſtes _ ,
fils dïflzga:
memnon auoit 'huict coudées de long.Par ainſi,
çe_n’eſt pasſans cauſeſſÿ-Plineaæ. eſcript que _tous
les Autheurs ſe plaignoyent queſla _ſtature du
corps de l'homme, , ſa force. ſit viczôç-ſa vigueur
s'amoin_drjtſoy5_-E,Clc iour en .ÏPULÏ-çar Vitruuetâ,
determine'. la eqrrxtnune grandeur de l'homme
de ſix pieds , lors, qu’il eſcriuoit_ _pieçlRqſ
main , quicſt preſque plus peti; que .le ;pied
François de ſa ClQuZieſine~pg‘r5i-e_.;}jqpç on peu;
entendre quÎOreſtes- auoit dpnjæi epieds &eſtoit;
dUe-_ë- fi rant çſt-qiïe le Pied- des ,Çàxcós fuſt. eſga.]
au Prod deszñRotxïaitïsë ,CËEYS 21k auſſtñdigne dÎËT
ſtrc.- Pefflïffilléx-Çluî Ïcstmatshcs Slcs-dcgrcz ami
qttesſonfflçant hautes, qu'à grand', peine y pou—,
uonsynoug; a z preſent motiterzôc meſmes on-nç
.entreront ;rotin et aucun, qui ñpcjjt_ monter, pari_
es degrez de la plus-grande .zläyraznide d’Eg_,
ptezläqtïellemólhrc. allez, qu'elle eſtoit la igtan
_deur .de, ſes Architectes auregardgæle _cenxóig
noſtre ' tçmpsztotztes leſquelles ñraziſotiszdeinonz
ſtrent alſeuremenq ,—, outre lC$,_allkſpË,—lFſqL1_c-l-r
les nous auonsxleſia au commencement appgr-z
NN ;s
372. TROlSIESME LIVRE
tées,que le monde deuient vieux , 8c qu'il s'ap
proche de ſa ſin.
T H. D'où vient que les mafles , hors-mis le
f Vetrat , ſont plus aptes à engendrer ſur leur
vieilleſſe , que les ieunes :veu qu'au contraire,
la ſemence des ieunes plantes eſt plus' commo
de que des vieilles 2 MY S T.SerOit—ce pour au
tant que la ſemence des vieux aiſt vne plus ſo
lide hypoſtaſe que la ſemence des ieunes plus
liquide 8c moins conſtante? quant auëVerrauce
n'eſt pas de inerueille , veu qtfeſtant deuenu
viel il ne peut iecter ſa ſeinence,ſinon auec 'gti
de difficulté,pat ce que le ſang des porceaux eſt
touſiours luant 8c plein de fibres,&_eucor'
plus leur emence ,comme eſtant plus cuitte
que le ſang,dont—il aduient, que paſſez les pre
miers trois ans ils ne 'ſont plus vtilesà couurir
les femelles : mais “il ſe ſaut prendre garde de ne
chaſtrer ou tuer les -Verrats deuanr que les
Truyes ne-ſe ſoyêt deſchargées de leursvêtrëcs,
ſi tant eſt qu'elles ayent eîſté conuertes d’iceux,‘
autrementceſt
ment,car ellës
vneauorteront toutes-
choſe ,laquelle ſion'infaillible
act aſſez c7
> prenne', comme nousauons deſia-diîxîlïau para
uant : Pour leite-gard des ſemences dés vieilles
plantes , elles ſont moins vtiles que les nouuel
esïparce
ſées que la-vieilleſſe les a flaiſtries
de leuiîhiiuſfeùrîradicale.: 8ca eſpui
-'~~ ſi '. \‘-.
*f1 D'ou vient' qu'en toutes ſortes d'Ani
maux les pltisëieunes , 8c ceux, qui on moindre
cërpnlſſence ſont de' meilleur gouſt “que les 'au
tres P comme par exemple la Tourtourelle eſt
meilleure que le Pigeon Foueau , 8c le Foueau
- - «- que
p SEcTÎON XIIII. 575
que le Pattu ,ſ66 le Pattu que le Ramier , 8c en
chacun de ceux-'cy les ieunes ſont meilleurs
que les vieuxzde meſine la Perdrix Griſe eſt
meilleure que la ,Rouge , 8c le Mouton que le
Boeuf,
fâueurſſ',8cſoit
le petit Harent
en bonté de que le grand,Item
nourriture. ſoit les
en

peetits hommes ſurpaſſent touſiours en excel


'nee d’eſprit ceux ,‘ qui les deuancent en ſtatu- ‘
rede ,leurs corps: comme par exemple les E
gyptiens ſont plus ingenieux que les Scythes,
8c les Elpaigiîóls que les Aleſſmans. M Y.De ce
queſta forcezquieſtſiznieôc eſtroittement reſer
rë~e~,h’a.~eſſſgaré'e,ca~rainſi
lekſieſl: be_atfi'colip‘plu‘s de
eliepouuoinquevquand el ~
s’e’uan0 iii~t facilemët,
ceqiſpn eut remarquer aux 'ſemencesdeſquel-ſ'
les tant pilſius' elles ſont petites' ,' tant plus auſi?
ſtunt-elles ſertilleszyoilà
les LieuresîzlſſeſsctlÎats, 8c lespourquo les CerFs,
Aſneſſs óptnarctſiurel
lement ſicrainrifsgcſſpar .nature 'leur donnëſſctaulſiïn
> lecteur 'plus grand “ſſquſiaux autres animauxwinſi
ëſtlildu ſeljleíquel ſaleradîyzhe póiänéc ctvn pot*
tonneau enëſuitſ ilnſe-
d²eau;6=c'toutesl²ois‘ ?éſäuantaóe ’ _vn tonneau
iërapasjppſarêtqu v”

'bien lus_
drce ſonTóijldëauîdeljórsſiquëeſtäïîäl 'emyct pleiiipſ
dectirſſieſirre- afrſſi Haffirſieëä_ faiëÿgſÿſÿieïïesfflbfleſtes ras"
uiſſantes Iullſient le coeur 'plus FÊÎÎ-tiçellesb…
âffizïäë Tl" Ï* .nîélés ïflïfuir d? Eaflüœîaùäc au:
:H flu ,l 1'_ ?FIL ‘,_;-,.…,!-.~_ q. , .'
?îîTîiii70'613:Ÿîenfljueſſlesÿeÿtes'Ûlgproye ſont;
très… ^ -:.

plus puanlëesqliejlſeſſgauſſties?ÏM Yſi Déçſieqffelles:


Viuent dechäſiir' 8e dc ſangſitëdeſſîà 'vient &un; 'que' y
les excreriiënſſtsë des hommes' lffinï 'ctplusſſ- pliants*
' que
574 TROIS lEisME, L ivnn '
que
d’vne ;infinitéautre
d’aucun animal
dectſortesſſ , pource
tant qu’ils, que
d'animaux viuent
de
fruicts : voilà pourquoy les_ Puiiaiſes ëeugen-,ñ
dſirent 'luſtoſt en leur lict parſiſexhaſarion, uan-ñ_
té: de l)eur ſueur, ue ſ _on i ,as_eiſſ1 Peſtabe des ~
..
Cpheuaux, . q ne trouue
auquelon ñP. iamais cecttſſvilain…

inſecte
ne peuti: à&ſineſme on ſiirportegla
gſirandpeiictie dit quele peuple de Sina.
puantſieurldes
Tarrarejs ;qui leur
la Bizſie , d'autant_ _eſtceuxícÿ
que apportée_
ujçpar le ſouffle
Yiuent de
que ;ſe
lang 8c deſichair cruſdſſauautageælev Lyon a ſou'
ſienr,ſonvriſiiie_,_& ſa ſiiſſeur foſtpuauteuïion ſeuſia
lcmcntctpour les raiſon eau?
ſe qu'11.,3c.n1ziz ue alternarſiiueineſnr dlviiſiqurt
à lfaurré, :ée qu’iſſlie?cnte euſi tpſſôè 'ilàe
autrement fiibiſieétſiſà la_ eurect tierçel,…ct_q,uiï J
11311152 ct ϟΟÃL- F…- -ſ - Î ñÎſ -'ſ zct- ÏÏſſ . î ñetrzæg
.MO-î _
' ï T H, Dïgÿi' Yícíir 1.65. PQzſiſifſógig .ſhut Plug
go u rriiandà ajutré aiictimal 2 ſiM .YÜDeçg
ïiíîîíſyÎà peæäxdîalíſimëäcïs _eñſilÎÊFÉzÎFléS-æ car.. .a @au
cm; ldçlî.<-ñhälë.i1…n‘é,.èh°,c ſecsïär-?ËPÏEÔŸLLUPÊQIË
4è ddpceurñ; ?Tiff- Ïſa* œ- …YÊXÎ-…WS
ÏŸJſſIſiYÏËÃË.ÊÎË,ÏÎ-²ËPTFÎFS.SFHÜPË ÉÆÔ-næzfaít.
FHFÎËBS-ÆBÊÎÏÊPËPF
naurriïſxæisäïäñ 'ÈFŸWË-Wîzî-ËPPÈFÏÆÊFÏFËÊPÆFFW7;
féäïffl lus _äîâlèrñHEWÜËÏFËÊ-.ËŸPKHÆÎWF, la;
@ie zËËÊÊ-.HPÊÆPFÛËFÏÊ le MM ërñëæiuisëpcrz+
ËÏm-ÊËâîiâfflilFzlzîafiPcjſiifflïpu :Il :ïïxdiltre n1- ct.';:.'
-Ê-:TÏ-ÏCP. c_ liîfkWùäviËxffiîëŸÿPêÿ-lä] PÃ-Sflqít les,
ÃUUCS animaux parle V611( e CS
Eæïùíäzïzêfi èSMJiaLÀÊËHïæïlWÊEi-Ûszzsäqrcmçnts
EYES FPWÏPÎÆQFÏVREËHÆ*ËTÆPÆÆÃËIPFËHFÆVÊËa
î-Fï. SSLËÈÎËÈÏÔŒBŸŒïHÏÉſÎ &ARTS Êzïÿsiçurgdsä
ETREnude.zïeñssïsslläôëiflsgyæëærzsfi Fêfflzſâ
que
SECTIODHXIIIIJJ 57';
que les poiſſons (qui autrement n’ont' preſque
point d’excreinents en leur ventre) ſe corrom
pent pluſtoſt par la teſte que par le ventre: car
Forigine de toute ourriture eſt de l’air ,~ ce qui
:feſt pas commun E l’eau , en laquelle rien ne‘ ſe
pourrit: par ainſi la nature de l’air eſcliauſſe' 'eſt
entierement ennemie à ceſt animal de molle
conſiſtence,comme auflï pareillement elle cor
romp tout autre choſe; 8.: principalement ,~ *ſi
elle eſt abbreuée
Naueau, de l’odeur de
quand ilsflorilſent l’A‘ub‘epin,ou
i: car du
c'eſt alors que
lespoiſſons ſe corrompent plus promptement:
voilàpourquoy' les Poiſſonniers
qu'ils peuuent l depaſſer euitent
leurs' *charges rant
8c den—
rées auprés des Naueaux &Aubepins fleurisſiſiſſ
‘ TH. D’oi‘1'v_i_enc queëles poiſſons ont apré-
portion des autres animaux la teſteſplſus groſſe
que tous,8c toutesfois qu’ils ont moinsde cer
uelle?M.De ce que la grand abondance de cer
uelle euſt eſte' inutile auxfpoiſſons, veu qu'ils -
n’ont pas beaucoup de ner s , ni &inſtruments
pour les functions de Fame ſenſiblemfailleurs il ñ
fi1illoit qu'ils euſſent groſſe teſte pour raiſon
de Youuerture de leur gueule, à fin qu’ils peuſ
ſent plus commodement attrapper , en pour;
ſuyuant , 6c deuorer en mangeant s les autres.
poiſſons.
T H. Pourquoy nature a-elle donné vnctfiel
aux poiſſons , horſinis qu'au D’auphín plus
grand ſans _com araiſon qifaux autres beſtes?
Liv. Afin que a froideur de' líhnmidiré fuſt
plus commodement_tempcrée de' l'a chaleur de
la. bile , &î cc d'autant plus , qu'ils ontſi moins de
' ~ chaleur
576 Txorsxesmz LIVRE
chaleur que les autres , comme on peut remar
quer en l’Anguille. .
TH. Pourquoy ne flottent iamais ſur l'eau
les Anguilles mortes , puis que les autres Poiſ
ſons s’efleuent dix iours apresqâour le plus tard,
qu’ils ont eſté meurtris? Seroit-ce pour autant
qu'elles n’ont point de veſcieqpleine de vent?
M. Il ne vient pas de là, veu que t_ous les Poiſ
ſons coquilleux 8c crouſtelettx , comme auſsi
tous les animaux terreſtres n'en ont pointxmais
cela ſe Fait pluſtoſt de ce que les Anguilles ſont
bourbeuſes
rongnes des & procrées
autres du limon
Anguilles , oupottrqtto
: voilà des cha_—ſ

elles vont à fond,car ceſte ſorte de poiſſon ne a


Procrée pas par la voye de propagation , ni n'a
aucune difference de ſexe , comme les autres,
mais pluſtoſt tire ſa naiſſance 8c accroiſſement
du milieu de la boue'.
T H E. Pourquoy ÿengendrent Pluſtoſt les
Anguilles des charongnes des Anguiles,que les
autres animaux dela corruption de leurs ſem»
blables eſpeces , Puis que de ceux-cv s’engen~
drent des inſectes , &non Pas leur meſme eſpe—
ce? M. Certes c’eſt vne choſe commune à tou
tes ſortes &animaux Œengendret leurs ſembla
bles de la corruption de leur chaton ne ,~ de la
Pottrritute de leur ſang,de la liqueur Êiſtilée ou
exprimee de leurs parties , finallement des cen
dres de leur braſier , ſi tant eſt que* nature leur
aiſt oſte' le moyen de Ëengendrer par la voye de
Propopagntioi] : voilà Pourquoy les Huiſtres
naiſſent du laict ou del’humeut des Huiſtres , ſi
on l’a eſpíduë par deſſus les rochers 8c cailloux
de la
S-ECTXON XIIII. 577p
de la mer: 8c que les Anguilles naiſſent en l’cau
limoneuſe ou mareſcageuſcæen laquelle on aura
verſé ſeulement la decoction , en laquelle elles
auront eſté bouillies. Pluſieurs eſctiuent le cas
ſemblable des cendres du Phœnix oiſeau d'Ara
bie, lequel , ainſi qu’on ditſſerenouuelle par ce
moyen au bo ut de quelques années.
T H. Pourquoy n’ont point les oiſeaux de ve
nin , comme pluſieurs animaux reinpants ſur
terre , ou comme certains poiſſons de la mer?
M. Seroit-ce pour autant qu’ils ne participent
pas beaucoup à Pimmondicité de la terre?
T H. D’où vient que les oiſeaux ſurmontent
routes les autres beſtes en ſubtilité d'eſprit 8e
de veuë? M. De ce que leur eſſence eſt plus ſub
tile 8c ſpirituelle que des autreszce que ſe peut
entendre par leur legereté 8c agilité tres pro
pre à voler:d’ailleurs ils arregardent fermement '
le Soleil cót-re-monghorſmis quelques oiſeaux,
qui ne ſortent en campaigneque la nuict,ceque
/
les autres animaux n’ont— accouſtuméde faire. _
T H. D'où vient que la femelle ï ſurmon
ruſe 8Ctoutes
te en fineſſeles
, enſortes &animaux
conuoitiſe , en ſon malle, enct'.“²""
auarice en ſtoire°~""’²5’
des uni
_ _ _ , ll n’enrêd au
caurelle,en mal1ce,en docihté d’eſpr1t,& en ex- cunc raiſon.
" la
cellence de memoirezôc qu’au contraire le mafle
\ſiurmonte en force , audace , en grandeur de” x
corps &de courage,en excellence de raiſonner,,
finallement 8c en dignité de ſa preſence P ce que
certes ſe peut remarquer en la fabrique du nid
des oiſeaux
ſoucy , laquelle
des femelles; deſ end
8c atllisdi entierement
en ce du
, qu'elles efle

uen: 8c conſeruent auec vne :netueilleuſe dili~.


ZÊHCC
l
\

578: 'IÏÏFÀOÎXSXESME LIVRE


genceileùrs petits; 8c qu'elles leur Font proui
iion de viande neceſſaire auec choix 8c eflite; -
nal-lementqrufelles ne ſont rien pareſſeuſes à re
CCËCHCIFCC- qui leur eſt propre-pour plaiſir 3c
contentement?
de M. De
leur naturel plus ce quëîes
Froides que Femmes eſtans
les mſiafles 8c
ayans leur ſang plus ſubtil, auſsi ſont elles ne
ceſſairement plus imbecilles
d-'où il aduíentſique 8c plus craintiues,
ceſte crainte-accoiripaignëe
&infirmité les rend plus aduiſées à ſi: garder 8c
c AtIfLaUzJJIODſCEUC-ſ ’; 'de là! auſsi eſt Venu “qu’on dit, que
d' "Ÿîïſtffl" les Elephants ſont Fort ingenieux ëccordiaux,
desanimaux c. ,. _ V . . . ._ .
z_FÛ" “i” “ffl roid',
arce qu ils ont,ainſi
&ſqiſil-'s que ditſuctrporterlîntempe
ne peuuent Pline, leíàng tres
acemeſmepro . . \ . . .
P05 ’ que 1c, rature Froide des pays : voila pourquoyle Mak?
fflïPi-*îfläutîs ſtte de ſagelſqveneur , 8c contemplareur de na
:fflſizſiux, qui ture a expriméïen trois parollesle 'naturel des
ont le ſïnâä ſemellegquand il dit,que leur malice eſt incom—
ffigîflfi-Ëfiîe parable 5 ce qu’on peut remarquer plus Experte
Pl"$í"Ë°"í"-“" ment -au genre humain qu’on aucune autre eſ
JÎ,";,‘,‘Ë’,ËËΑ*“‘ pecc ,toutesſoisauec plus ‘grand’ perte 8c dom
mage, qu’on—ne Feroit ailleurs , 8c ce dîautant
lus qu‘vne Femme s’empeſche dïtuantage des
iiztrres , &affaires ſoyent publics , ſoyent do
meſtiquesñ- ' - ïy '
TH. Comment ſe peut-il' donc faire qu’on
baille aux hommes vne cetuelle deux Fois plus
ample qu’a Ia Femme, ſi tant eſt qu’elle ſoit plus
accorte que l'homme? veu que la prudence, le
i-u gement 6c la Force de la memoire depend d’vn
bon cerueaut-M Y. La ruſe 8c fineſſe eſt plus
propre aux Femmes que la prudence : parce que
ceſte-cy eſt touſioursaccompaignée de vertu,‘a
laquelle
SEcTxoN XIIII. 579
laquelle la ruſe 8c fineſſe ſont du tout enne
mies : toutes -fois la ruſe ne depend pas du cer—
ueau,mais du propre naturel de chacune choiſi*:
car les ï Seppenrs à comparaiſon des autres aniñ- a Le Serpent
maux ont ans proportion la teſte fort petirgfÿuîfflfffîlfgfſ
comme de meſme auſſi le Renard encre les be- dela cea-rf'
ſtes à quatre pieds ,leſquels neanrmoins ne cc
denc à aucune beſte du monde en fineſſe 8c
ſubtilité.
T H E. Pourquoy commence-nt tous les ani
maux leur demarche 8c mouuement du coſtéb ,
droit 8c ſe repoſent ſur le gauche b? M Y S T. dJï-'ËËËLËIÀ
Pourcc que le droit eſt plus puiſſant que le gau- d!" ïnívïau*
droit ainſi
che: du monde (connue
la partie nous monſtrerons
Septenrrionalle ailñ !Welle
eſtle coſté

leurs,quand nous ſerons venus à ce propos) 8c ‘


la Meridionalie_ le coſté gauche: dont il aduië:
que le monde ſe repoſe iur le Midy,& qu'il s’eſ—
leue ſur le Sepcenrriomce qui eſt beaucoup plus
manifeſte en ce que le mouuemenr de Trepi
clarion tient le pole de ſon axe plus eſleué en
la peripherie de ſon petit cercle du coſté de
Septentrion que du coſté de Midy, là où il eſt
lus encline' : de là vient que les ſonges ſont
geaucoup plus verirables, qui ſe fongquand on
dort ſur le Coſte gauche, comme fur la ſituai
tiomlaquelle eſt plus conforme àla l-mrurqque
ſi on dormoir ſur le coſté droit : de là eſt auſſi
venue ceſte ancienne opinion deDiogenes 8C _
dflânaxagoras, par laquelle , ainſi quëa eſcripc ï ï A" *Jin-dg*
Plutarque
abbaiſſé du, ils
coſtédiſoyenr quelaquelle
de Midy: le [donde s’eſtoirachaEſſ-s
opinion BÊJÆÈÏÎÜË"
eſte' la meſme que de Dcmocritgdîlîxupedoclïes v
O O -
/
580 TROISIESME LIVRE
8c de Leucippus , combien que les vns ſoyenr
ſondes ſur telles raiſons, 8C les autres ſur d’au
a Au4.liu.des tresrmais quant a ce qu’Ariſtote a eſcripr ²,que
les eſcreniſſes ont leurs pinces droittes plus
grandes que les gauches , l'experience , qui n'a
pas ſon pareil maiſtre ni en doctriue,ni en cer
titude,nous enſeigne que celà eſt plein de fauſ
ſeté : combien que ie ne veuille nier , queila
droitte ſe trouue communement plus grande
à cauſe de l'exercice, qui diſtribue ?aliment en
ſes parties.
T H. Pourquoy nature a-elle ſaict que tous
les animaux à quatre pieds euſſent les iambes
de deuant plus courtes que celles de derriere?
M Y S T. A fin qu’ils couruſſent plus viſte. L'art
auſſi imitateur de nature ſait,que les roues des
chariots ſont beaucoup plus petites ſur le-de
uant que ſur le derriere , à fin que par l'impul
ſion des ſuyuautes les premieres fuſſent pouſ
ſées plus viſtezvoilà pourquoy le Lieure deuan
ce en promptitude tous les autres quadtupe
des , pource qu'il a ſa partie antericure plus
brieſue que ſa poſterieure, 8c les iambes de de
uant trois ſois plus courtes que les dernieres:
de là vient que le Lieure ne peut cheminet ſans
ſauter ou courir.
T H. D'où vient que nature n'a point baillé
de fiel 8C_ de cornes aux animaux,qui ont le pied
ſolide, comme lcs Aſiies 6c Cheuaux, les Cha
meaux 8c les Elephans,ou pourquoy a-elle oſté
le fiel aux Cerſs 8c aux Daims entre les autres
animaux, qui portent cornes P M Y s. On peut
auſſi en cecy contempler Fadtnitablc ſageſiÈÃie
_u
à _
SEcTxoN XIIII. 581
l’AuthetÎr de nature, qui iſa pas voulu que les
. animaux ,deſquels l'homme ſe ſert ordinaire
ment en ſon labeuiyeuiſent aucune bile, qui les
inciraſt à cholere , ou des armes pour ;eſiſter à
ſon pouuoir,car autrement il luy euſt eſté treſ
difficile de les dompterôä appriuoiſer ſans dan
ger ou iuc0mmodité,puis que telles beſtes ſont
deſpourueiies d’entendeinët,ſans lequel il leur
eſt impoſſible de pouuoir refrener leur cholere.
Quant aux CerFs 8c Daims, qui ſont deſtinez à
?aliment de Phomme , il n’eſtoit pas beſoing
qtfils euſſent point de fiel , puis que tel excre
ment euſt reträche' par ſon intemperature leur
vie eſtant meflé parmy leur ſang , qui eſt ſubtil
8c Fort leger , ou autrement il euſt rendu ces"
animaux , qui eſtoyent deſia aſſez farouches
encores plus felons par le moyen de la bile,
fflii euſt augmente' leur cholere : voilà pour
quoy nature ‘a concede' aux animaux de rapine,
comme aux Loups 8c Lyons,d’auoir vn fiel, ou
excrement bilieux.
T H. Pourquoy eſt-ce que les Loups exterſi
minent tout vn parc de brebis , pour ſiſi grand
qu’il ſoit , ſi on leur donne _le loiſir ', ou pour
quoy eſt-ce que la Fouine 8c le Renard tuent…
tous les Coqs &toute autre volaille, quand ils'
peuuent entrer aux gealixiiers? M Y. Seroit-ce
pour ſe ſaouler de ſizngfflluquel ces beſtes ſont
fort gourmandes 2 Ou ſerOit-ce qifelles en
veuillent aux autres, comme ennemies de leur
eſpece? Et certes i’ay veu plus de ſeptäte Coqs,
qui furent maſſacrez de nuict dans moins que
rien_ par vne ſeule Fouine : comme de \neſme
O O 2. >
ï

582 TROISIESME LXVRE


?ay entendu Pour aſſeuré qu’vn Loup auoiit tue'
lus de trois cents Brebis au País de Berry :car
l'es bergiers tiennent pour certain , qu’vn ſeul
Loup ragagera toute vne bergerie , ſi on luy
donne loiſii-,tant ſoit peu,de ſe ietter dedans.
T H. Dîoù vient que l'Egypte otre les ani
maux de quelque eſpece que ce oit, beaucoup
plus grands quïtucune autre region? M Y. Ouy
certes,& ſur tout les Vaches,, Cheuaux, 8c Aſ
ncs tant grands,& les Brebis tant graſſes,qu’on
. peut leuer d'vne ſeule queuë de Mouton plus
de cinquante liures de graiſſeæc qu’il faut eſti
mer ne_ proceder d’ailleurs , que de la fœcon
dite de Peau du Nil , &de la temperature de la.
chaleur celeſtez les Coſinographes nous diſent
Iemeſme dela fœcohdité du ciel des Indes O
rientales. Toutes-fois les hommes ſont Fort pe
tits en ces regions là,parce qu'ils vſent moinï
en leurs aliments d’eau 8C (Yhcrbages que les
beſtes bruſtcszcar il eſt certain que tout accroiſ
ſement ſe fait par le moyen de Fhumidité tem
Perée de chaleur, dont il aduient que les mon
ſtres marins ſontſplus grands ſans comparaiſon
que les animaux terreſtres.
ÎDc Pinimitié, qui eſt entre le: animaux'.
S E c T 'r 0 N X V.
T H E. Chri ſont les animaux, qui ſe portent
rancune les vns aux autres? M-Y S. Le Serpent
à l'Homme 8c ſur tout à la fſiemmc,le Chien au
Loup, l’Oryx au Lyon, l’Elephant auRhinoce
roule Chenal au Chameau, le Crocodil à lŸIg—
neumon,
SEcTioN XV. ſ85
neumon,l’Abeille au Crapaud,le Millan au Bu
tor, l’Alouëtte au Chardónerer, le Chatuant à
la Corneille, le Mouchet-à l'Aigle, le Cerein à
l'Aſne, l’Ophiomache à la. Vipere.
T H. Pourquoy ſont-ils ennemis ſans s’eſtre
aucunement offencezg MY S T. A cauſe de la
contrariete' de leur nature,comme de Peau «Sc du
feu ,leſquels neceſſaibement ſe ſont Violence
l’vn à Fautrezcar en cecy ſe peut veoir la grand' ‘
diuerſité de leur nature , puis que l’Abeille re~
cueillir ſon miel des plantes,8c le Crapaud ſon
veninſſoures-fois quelques animaux ne ſe font
pointla guerre pour haine qu’ils ſe portent les
vns aux autres, mais ſeulement pour en pren
dre leur aſture,comme quand l’AigrOn peſche
aux Poil ons pour ſa nourriture.Il eſt bien vray
que l’Anripathie eſt fort grande en certains ani
maux,comme entre l’Elephant 8c le Porc,& en
tre le Cheualôcla pierredaquelle pour ceſt ef
fect a eſté appellée des Grecs -rdgíaéízvrvroç, d’au—
tant qu’elle ne trouble pas moins vn Cheual,
que la voix 8c aſpect d'vn Coq le Lyon:pource
que le naturel de l’vn &î de l’autre eſt plein d’au- ‘ _
dace 8c du tout deſtine' au combat. Mais ² Ari- ſiâäoïglc‘"‘ddcf
ſtore me (ſiemble auoir failly en cecy, d’autant animaux ch.x—~
qu’il oppoſe ſouuent à vne meſine choſe plu
ſieurs autres, comme contraires.
T H E. Pourquoy ne ſeront pluſieurs choſes
ennemies à vne ſeule ë M Y s. Si pluſieurs cho
ſes eſtoyent contraires à vne ſeule ,il faudroit
neceſſairement qu’elle periſt dans peu de iours,
dÏautant que vne ſeule ne pourroit reſiſter à
pluſieurszdaillcursul n’y a rien icy bas , qui ne
r O O z
ï
584 TROISIESME .Livni-z
ſoit compoſe' de natures contraires , dont-il ad
uient qtfvne choſe nc peut auoir plus que d’vn
contraire exterieur:D’auantage,ſi deux eſtoyër
contraires à vn , les deux enſemble n’auroyent
qu’vne meſme force 8c puiſſance ,"85 par ainſi
tout reuiendroit a vn; op autrement il ſau droit
que l’vn ſuſt en vain , ce que nature deteſte.
T H. D'où vient qu'il y a des animaux, qui
ſont ſort differents en eſpece, qui meant-moins
s'allier” enſemble par grand' amitié? MY S T.
Tels ſont le Cerf 8c l'oiſeau Francolin ,la Gri
ue &le Merle ,le Proyer &la Caille, la Per—
drix 8c le Daim , qui s’allient enſemble familie
rement ,non pas qu’ils ayent aucune ſemblan
ce de nature les vns aux autres , mais àcauſc
de la conuerſatiomäc pour s’eſtre accouſtumé
de viure enſemblestoutes-ſois ceſte conuerſà—
tion eſt cauſe bien” ſoutient , que leur amitié
~ n'eſt pas de longue durée, parce qu’ils pren
nentleur nourriture en vne meſine place , la…
quelle n’eſt pas touſiours ſuffiſante de leur ſor—
nir de paſture ſans controuerſe , telle eſt la.
Tourtourelle auec Flgrairie, Loriot auec le Ra
uatinſort
plus ,le repouſſe
Millau auec le Corbeau
touſioutsleſſ plus,fſioible.D’au
deſquels le

tres ſe perſecutentinceſſamment par diſlïmili


rude de nature, comme la Corneille 8c l'E-ly
bou,car ceſtuy-cy deuore les œufs de l'autre:
le Iaunet tue la Tourtourelle, le Pipo l’Aigron,
Ffimerillon le _Vautour , le Crex le Verdon, le
Serpent Flïommeÿant à ce qu’oii dit que le
Cerin 8c le Bruan ſe portêt ſi grand’ haine, que
leſang de l’vn ne ſe peut mefler auec celuy de
ï
l'autre,
SECTION XV. 58;
Pautre, c'eſt vne choſe du tout fabuleu ſe. Ilſin’y
apoint d’Antipathie on contrarieté à la nature
desſeautres
de animaux
manger; , qui ſenePOUtchaſſeXÎt
car le Loup èfſin
tueſſ point la Breñ
bis ,le Daim , le Cheureul , 8C l’Aſne ſauuage,
_que poutles manger; ni le Renard les Poules,
Oyes , 6c Pigeons que pour s'en nourrir 5 l'Ai
gron Peſche indifferemmentà toutes ſortes de
Poiſſons ;FEſparuier tue 8C mange les Pigeons,
Tourtourelles,& Alouettes :le Stellion les A
ragnes , 8c les Mouches: le Lyon nec donc pas
cnnemy au Taureau , àl’Aſne 6c au Renard: ni ñ
l'Aigle au Vautour , 8c au Cygne: ni le Char——
donneret 6c Cerein à l’Aſi1e ,ainſi qu'à eſcript
ïAriſtote. ' . a Au l. liur. de
T H.D’où vient que les animaux blancs ſont ?Hiſtoire des
animaux c. x.
les pires de tous les autres , combien que la
couleur blanche ſoir autrement recerchéeà
cauſe de ſabeauté? M Y. Certes cecy eſt prin
cipallement remarqué veritable aux hommes,
Cheures,bœuſs,Gelines, &r Cheuaux, ſi autre
ment ils n'ont la peau noire par deſſoubs le Poil
blanc, ce qu“on peut obſeruer en ſe Prennant
garde à la gorge tachetée de marques noires,
telles qu'on veoid aux cheuaux blancs d'EſPai
gne &de Barbarie, deſquels le cuir eſt aucune
ment par dellſious le poil noiraſtre : par ainſi
Phumeur aqueuſe-abonde aux animaux blancs,
auſquels ceſte raiſon n'a pas ſeulemenfllieu,
mais en la terre blanche , laquelle eſt 1neſpri—
ſée de tous les laboureurszau contraire la noire
n’eſt Pas ſeulement propre pour toutes fortes .
de fruicts , mais auffi tres commodefic ſecon
" ' OO 4
5&6 TROISIESME LIVRE
de pour la ſemence de l'or , ainſi qifHomere a.
eſcript. Item l’Aimanc b ne, le Peuplier blame,
le Cheſne blanc , 8c le orail blanc ſont touſ
iours :je moindre bonté qdeſtanrs d'autre cou
Ieurzdoxit-íl peut eſtre aduenu que les François,
ou pluſtoſt Gai1loiſ—grecs,auroyent tiré du mot
BÀaIf , qui ſignifie Iaſche , ceſte façon de parler:
car ce que les Grecs diſent BMEË nous l'appel
lons blancles Anglois tout à rebours vſent _du
,meſine mot: de 314ch: Pour dire noir: 8c certes
c'eſt vne choſe couſtumiere de veoir la Force de
_ Penrendement plus grâde aux noireaux qu’aux
blanchaſtres.
T H. Pourquoy fuſt commande' déslercom
mcncement à l’eau de produire la volaille 8C
les poiſſons ,85 àla terre les beſtes à quatre
yieds 8c le ceſte des animaux : mais Dieu ſe di
ſpoſant à faire Fhomme auroit parlé en pluriel',
comme s’il appelloit les Anges à ſon aide 2 M Y.
Seroit-ce pour autant qu’il failloit lier les An
ges auec les beſtes par le moyen de l'homme,
duquel la ſemblance retire rant à la nature des
vns que des autres , à fin que l'ordre des cho
ſes , qui ont eſté creées , fuſt continueflcomme
par vne colligation des parties du monde en
ſes parties 2 Or cecy —S’eſt faictyapres que Dieu
euſt ſnaracheué ce grancſ 8c admirable ouuragc
du monde ,lors dis-le , qu’il compoſiz l'homme
de l'eſſence cœleſte ê( terreſtre , à fin qu’il fuſt
vn lien commun de ce , qui e-fl: en haut , 8c de
ce,qui eſt en bas.
ñ T Hÿourquoy n’y a-ilautre animal de tout
le reſte, que l'homme ſeul , qui ſe punie reſſou
ucnir?
uenir? MY SEcTroN
S T. Ainſi l'a eſcriptXVL'
Ariſtote zmaís,
587

commeie penſe ,il ne trouuera perſonne , qui'


. ſoit de ſon aduis. Car , à quel propos retourne
royent les HirondelleHCigoignes, oiſeaux paſ
ſagers 8: d’vne volée,dc Pextremite' d’vn pays
en l’autre vers leurs' anciens domiciles ,ſi elles
n’auoyent la ſouuenance bonne? Ou comment
auroit recognulc chien d’Vliſtes ſon maiſtre e
ſtant de retour vingt ans apres ſon depart , puis
qu'il ne fuſt pas meſme recognu de ſes ſemi
teurs domeſtiques ?Et meſme l'Abeille (qui eſt
vn fort petit animal , iaçoit qu'elle n’aiſt point
de cerueau , auquel Ariſtote raporte entiere
ment la force dela memoire) s'en retourne en
ſa ruche,v0ire meſme qu’ellefuſt à quatre lieu'c~s
de là, autant que ſe peut eſtendre la ſuperficie
l'Orizon terreſtre, ce quelle ne pourroit faire,ſi
elle n’auoit point de memoire.
T H. Pourquoy eſt appelle' Fhomme abrege'
du monde , ou autrement Petit-monde : ou
pourquoy appelle-on le móde Grand-homme,
ou homme deſployé? MY S T. Certainement
on appelle Phommc Microcoſme , comme tu
peux appeller le 1n6de,d’vn mot nouueau, Me
ganthrope , car ces deux mots ne conuiennent
pas mal àla nature de l’vn 8c de l’autre, laquelle
eſt du tout reciproque , de ſorte que celuy, qui
entendra bien la force 8c compoſition de l’vn,
entendra bien auffi par le meſme moyen la na
ture de tous les deux enſemble.

OO;
588 TROISlESME LIVRE
Dc ldfdbriqu: du corps humainmÿ- de laſùbflance
(à- Wſirgc de chacune de ſé: parties.

SECTION XVI.

T H E o n. Te plaict-il donc de m’expliquer


la fabrique de l’Homme, qui eſt lè lien com
mun des Anges 8c des BeſteSPMY. Ouy Cer
tainement ; mais il faut que nous diſputions
premierement de ſon corps deuant que nous
venions à parler de ſon ame : combien qu'A
a Aul.l.dcl’a~ riſtore 'ſi' penſe qu’il ſoit meilleur de commen
[TIC,
cer la doctrine de Yliomme par la cognoiſſancc
de Fame que du corps ;Parce , dit—il, que l'ame
eſt plu: digne quete corps: mais il euſt faillu ainſi
ſelon ſa. meſine raiſon, qu’il cuſt eſcript (autre
ment qu’il n'a faict) ſa Metaphyſique premier
que la Phyſique , comme vne doctrine en la
quelle ilparloit des choſes diuines. Mais il ne ſe
prend pas garde que le corps eſt premier que
b ^u premier l'ame, &qu’il auoit l' dit, qu on deuoit touſ
liure dela Ph
ſique cJ. 7 iours commencer par la choſe la plus facile.Or
eſt-il que la doctrine du corps eſt beaucoup
plus facile que de Fentendement. Item, le do
micile de Fentendemêt a eſte' premier fabriqué
que d’y eſtre receu: cat apres que ſon Archi…
tecte l’euſt formé du limon de la terre , dés lots
il y lougea ſentendement , comme -en ſon do
micile en luyinſpirant diuinement Feſprit de
vie. Finallement puis quenous auons deſia di
puté des autres animaux , qui ont , quant a ce,
qui concernele corps, beaucoup de choſes có
munes auecles hommes,i’eſtime qu’il ſera plus
conue
SEcTroN XVI. 589
conuenable de commencer par icelluy noſtte
diſpute,que par Fame. ~
T H E o R. Welle liaiſon 8c affinité y a-il de
Phomme :îuec le mondeeM Y s. La triple re
gion du irióde, à ſçauoir l’elementaire,l’etherée
ô: la cœleſte,qui nous 'repreſenteut la triple na
- ture de l'homme: car les entrailles 8c tout ce,
qui eſt contenu au ventre inferieur, nous de
einnent la region elementairgen laquelle ſeu-
e ſe? Fait la generation 8c corruption des cho
ſesinſerieutes ;la region du coeur , en laquelle
la chaleur vitale , eſtant ſeparée par le Dia- _e Ile-panic_
phragme des entrailles ,Fait inceſſamment elſi-Ÿoxgzniquzzióz
chauffer les eſ tits , nous deſctipt ?Etheréez î‘Y°°l““‘ſf"!:
comme de meliiie le cerueau la Celeſte, en la.
quelle s’eſt logeé la natureintelligible. !ÛÎÈËZËÎÊÜPO
T H E. Pourquoy !feſt le monde intelligible zz Pzzmí….
par deſſusqui
de ceux, tous les cieux 2 que
eſtimoyent M Y.C’a eſté des
Feliſience l'opinion
corps zçsſgnzlesçs,

celeſtes n'eſtoit point compoſée de nature 1'11- ffllílïïgcsallës


. . tendons muſ
telligible , deſquels nous auons reFuté l'erreur clcsfflcrfgvei.
'en ſon lieu. Car, que pourrait-on imaginer par '"5 - fflfflîv'
. . , mbranes 8c
deſſus les cieux , ſinon Dieu meſme,qui eſt Fort
efloigné de la maſſe corruptible de ce monde,- Lï* OÎSMÏ
ques ſont co
84: quinX-ntre pour ſa part à Fintegrite' du tout …de …unie
d’iceluy : au contraire il n'y a rien en ce corps PVR-WMA*
ccrueau , la
vhiuerſel, qui ne ſoit corporel: ce que nous de- mai", 1311,…
monſtrerons par apres amplement. ' Píïd &C- ,
. Les excrcmets
T H E. De quelles parties * eſtaccomply le ſo… 55m, [.5
corps humain? M Y. D'os, de moëlles, deliga- Ongles 1 >6
UCUX.
ments , de cartilages , de nerFS , de tendons, de L,, guſſcæjçg
muſcles , de venes, dhrteres, des mignons, des ?um-HW Mr.
~ . nnt pas pa -
. vaſes ípermariqueædes vretercs,des b0yaux,du dad,, CMP,,
FOy e,
590 TnorHEsMiE LIVRE
foye , de la rarre , del’eſtomac, de la graiſſe, du
diaphragme , du nombril , du cœur , des poul
mons,du cerueau,des inſtruments du ſentimët,
des quatres humeurs, des trois eſprits, à ſçauoir
du naturehviral 8c animal,du cuir 8c de “ſepider
mezle reſte qui eſt au corps retient le nom d'ex
crcments , combien qu'ils ne ſoyent pas ſans
quelque vſage. ~
TÆLWC repreſentent les os au Microcoſme?
M Y. La terre du Macrocoſmedaquelle eſt com
me la Baſe 6c fondement de ce monde :_de meſ
me auſii tous les membres du corps humain
. ſont appuyez ſur les osznous comprenons ſoubs
le nom des os auſſi les dents.
TH. Pourquoy tombent toutes les dents
aux animaux dentez,horſinis les molaires? MY.
Les dents de laict tombent aux ieunes enfans,
' parce qu'elles ne leur doyuenr ſeruir de rien à -
Paduenir pour maſcher de plus dureviande, < i*
qu'ils nela niangeoyent au parauant : mais les '
molaires tiennent coup , parce qu’elles ne ſor
tent point des genciues , que l'enfant ne com
mence d’auoir deſ-ia quelque vigueur; neant
moins elles ſortent quelques fois plus coſt ou
plus tard , ce qui ſignifie à ceux là, qu'ils auront
'eſprit aigu 8( raſſy deuít leur aage,mais qu'ils
ſeront de plus courte durée, comme en ceuX-cÿ
le contraire : ne plus ne moins qu'on void aux
plantes ,leſquelles fleuriſſants de bonne heure
senuieilliiſent tant plus toſt.
TH. Pourquoy appelle-on les dents molai
res intellectuelles? M Y S. C'eſt vn ſecret,com~
me pluſieurs autres ſemblables , tire' de la do- ë.
ctrine
SEcTroN XVI. 591
ctrine Hebraïque : car ils appellent ainſi , non
pas toutes lesmolaires , mais ſeulemët ces deux
couples, quinaiiſent aux mafles enuirô le vingt
6c vnieſme an de leur aage, &aux femelles, enñ
uiron le dixhttictieſme: parce que lors ils com
mencent d’auoir la force de comprendre les
choſes, qui ſont plus efloignées des ſens, com
me la raiſon 8c intelligëce des loix 6c des ſcien
ces: car au—patauant pluſieurs ſe tourmenrent
en vain pour faire que les ieunes hommes ſo
yent capables d'entendre ce, qui paſſe la capaci
té de leurs ſens; combien que ie ne doute pas
que leur aage 'ne ſoit propre àcomprendre ce
qu'ils ont dcuant les yeux,comme les reigles de
Geometrie,d’Arithmetique, de Muſique,& des
autres arts, qui ſont ſondez ſur l’appuy d'vne
\
bonne memoire , comme la cognoiſſance des
langues , des loix 8c de la Poëſie: toutcsſois ils
n'en peuuent rendre raiſon certaine.
TH. D'où vient que les mafles ont plus de
dents que les femelles? M Y. Certes ce n'eſt pas
vne choſe confuſe , ainſi ² qu’Ariſtote äeſcript, a Au L”, d,
8c ne faut pas penſer que celà ſoit communà"”.ſſ"*°"° d”
animaux c3.
toutes ſortesdanimaux, ſinon aux hommes,
aux Cheuaux,aux Brebis,aux Pourceaux &aux
Cheures : ſi nous recerchons la cauſe efhciehte
de cecy, c’eſt la ſorce de la chaleur 6c des eſ- .
prits,laquelle eſt plus robuſte aux mafles qu'aux
femelles : ſi nous voulons ſçauoir la ſin , c’eſt
parce que les mafles ont Faute de plus grande
abondance &aliment que les femelles , 8c qu’ils
prennent leur accroiſſement plus tard, 8c qu'ils :—í.ñs—~-_.—q-,_
ſont de plus longue durée : car vn Chenal a v
PHS
592 TROISIESME LIVRE
pris ſon croiſt au ſixieſme 311,8( la Iumêt au cin#
quieſmezle Chenal a quarante dentædeſquelles
deux par deſſus 8c autant par deſſoubs le de
" uant tombent .de ſa gorge au trentieſme mois
de ſon aage,l’an ſuyuant il luy en tombe autant,
8; autant encor l'année apres ceſteñcy , pourueu
qu’il ne ſoit chaſtté. Les ſemelles des hommes
n'ont pas ſeulement moins de dents que leurs
mafles , mais auſſi elles les ont plus imbecilles:
voilà d'où vient qu'elles ſont cruellement tour
menrées du mal des dents , ſi elles ne ſont ſoi
neuſes de les tenir nettes,ne plus ne moins que
Ëeurs maris ſont ſubiects à l'a goutte.
a M m" de TH. Pourquoy ont les dents ſentiment puis
rvſage dai… que le reſte des os n’en a point ê M Y. Gallien ï
36;" ?mme eſcript pour certain que les os n'ont point de
d… …z_c_,,_ ſentunenUAuenzoar " aſſeure le contrairezAri—
'-‘ Mlîfflïë”. ſtore ï eſtime q u'ellesñ ſentent q uel q ue P eu:
parties demi” . . ,
maux, mais 1e penſe qu on peut reſoudre ceſte que»
ſtion par ceſte ſeule diſtinction , en diſant , que
les os ont ſentiment , à la nature deſquels les
nerfs ſe commt1niquent,co1nn1e aux dents,par—
ce qu'on ne ſent pas ſeulement vne Forte dou
leur en leurs racines , mais aufli on apperçoit
dés auſſi toſt en leur eſſence vne gtand’ ſtupidi
te' g ſi on les agaſſe de quelque ſaueur trop
aigre. ï
T H. D'où vient que les os ſont plus ſorts là,
où ils ont eſte' ſupudez qu’en autre part? M Y. De
la caloſité_, laqtelle s’eſt ſiucte par le moyen de
la tnoëlle , nep us ne moins qu’on void aux ar
bres , qui ont ſte' taillez ou entez , auſquels ſe
faict vn nœud plus dur que le bois meſme: cat
c'eſt
SECTION XVI. 593
c'eſt vne reigle infaillible, que nature s’efforcc,
tant qu’elle peut , de reparer ſa perte par vne
plus grand’ affluence de nourriture. ' -
T H. WEI vſage ont les muſcles P M Y. Pour
mouuoir , renforcer , 8c rendre les parties' plus
ornées. -
TH. Pourquoy eſt-ce que les nerfs, qui deſ
cendent
du du cerueau , ou
dos , s’entreſſlall'ent en qui ſortent
la teſte de l’eſpinc_.
du muſcle , ou
pſiour le plus loing , ne deſcendent pas plus bas
que le ventre d‘iceluy , s’eſpanchants parmy
tout ſon corps en menus filaments? M. La nad
ture mere de routes choſes a faict celà pour la
commodité du mouuement 8C ſentiment des
animaux : car les muſcles ne ſentiroyent rien
ſans nerfs, ni ne ſe pourroyent accommoder au
mouuement volontaire.
TH. Pourquoy eſt-ce que de yingt 8c huict
muſcles , par leſquels la teſte de Phomme fait
tous ſes mouuements ,il n'y en-a que deux ſur
le deuant pour la baiſſer, 8c douze ſur le derrie
re pourla leuerêMseroit-ce à cauſe que la plus
eſante partie de la teſte panche touſiours ſur
e deuant
derriere , 8claqu’il
pour leuera 8c
faillu àforce
retenir? Oſiumuſcles parà
ſeroir-ce
ſin qu’il euſt moins de peine à dreſſer ſa teſte
aux cieux pour y contempler les choſes hautes,
ou pour Famoneſter par ceſte compoſition de
retirer ſon ſoucy des choſes terreſtres pour
Pelletier aux choſes Diuines?
TH. (Quel vſage ont les moëlles ,- puis que
les os_ ſolides ſont plus fermes ſans elles , qu'au
trement? MñPour .Faliment 8c accroiſſement
des
594 Tnotsrtsmn Livni; l' ~

des os, 8c meſme auſſi pour les ſ0uder,quand ils


ſont rämpus :bdelà vèekpt qpeles osídesiambes
8C cui es des eſtcs eua ines ne e euuent
iamais conſolider , ſi elles les ont vne fcËis rom
puz 5 non ſeulement parce que nature les \leur a
baillez ſans mo~e~lle, mais auſſi d’autant plus ſo
lides , qu'il ſe trouue moins de beſtes propres à
porter
ct TH.laVne
chargqque celles—peut-elle
ſeule partie cy. ï _
auoir plu
ſieurs &diuers vſages? M. Pourquoy non? puis
que nous n’auons pas ſeulement la langue pour
la parolle,de laquelle les beſtes n'ont point d’v
ſage, mais auffi pour le gouſt des ſaueurs, pour
receuoir, remuer, &mettre deſſoubz les dents
la viande , pour Paualler 8c engloutir, pour la
rendre,& telles autres ſemblables vtilitez.
TH. Quel vſage peut eſtre des ordures de
l’homme,cómç de ſes ongles &de ſes clieueux?
M. Nature a donne' les cheueux pour ornement
8c pour deffendre la teſte auſh bien du froid
que du chaud : 8.: la barbe aux hommes , pour
les rendre plus honnorables,& pour mettre dif
ference entre les deux ſexes : quant aux autres
parties,_clle leur a donne' le poil pour couurir les
membres , qui ne ſe peuuent monſtrer honne
ſtement; ou pour retenir la ſueur, comme les
ſoulcils , ou pour empeſcher que la pouſſiere 8c
vermine n'entre dans les yeux , comme les pau
pieres: item,elle a bailleſi les ongles , qui ſont vn
des excremcnts du corps , pour renforcer les
doigts , pour eſcacher 8c briſer , pour diſtinguer J
le menu d’auec le gros , pour ſe gratter, lilou(
Ieuer comme auec des pincettes quelque c oſe
menuë,
menuë,8c SEcTro-N
auſsi (ce qu’il neſaut
XVI.pas oblier) pour
595

pincer les chordes desinſtrumentszdauantage,


nature a mis autour du conduit des Oreilles. vn
onguent, à ſin que les beſtioles y voulant paſſer
\ l - *
‘a trauers fuſſent attrapees, comme les Oilelets
au glu.
TH E. Pourquoy eſt-ce que nature a caché
les plus nobles 8c precieuſes parties au plus pro
fond de noſtre corps ,les poulmous , dis-ie , le
cœur, le ſoyc,ôc le cetueau .> M Y s. A fin qtfel
les fuſſent en ſeurte' contre tous les dangers 0P
ſenſibleszcanen premier lieu,elle a armé le cer
ueau d’vne petite membrane ſort ſubtile , puis
apres d’vne plus eſpeſſe, leſquelles ſont appel
lées meninges : eſtant ainſi empacquete' elle lb
couuerr d’vn caſque Fort dur, 8c ptincipallemët
ſur le deuant 8c derriere de la teſte; finallement
elle luy a eſtendu par deſſus vn cuir,ſort eſpez
8c heriſſé de cheueux cóme vn boucageztoutes
fois elle ne_l’a pas fi eſtroittement enclos,qu’elë
le ne luy aiſt laiſſé des ſutures pour dóner quel
que paſſage aux exhalations : d'ailleurs,elle a ſi
bien enuironné le cœur de toutes parts ,qu’il
ſemble eſtre clos de fortes murailles , comme
de Peſpine du dos par derriere,& par deuant du
ſternon impcnetrables elle a aulli tellement di
ſpoſé les coſtes à trauers les flancs,qu’vn coup
ne pourtoit qu'à grand peine penetrer iuſques
au iege de la vie ,_ pour y attaindrele cœur,
ſms eſtre empeſché de pluſieurs diuers .coud
tours. . _ ~
T &Pourquoy a baillé nature cinq lambeauit
aux poulmons,& vne cóſiſtence molle preſque
P P
596 Tnor-'siæsirr L-!VRE
ſemblable aux cſpongcs? M Y. A fin que ceſte
rareté 8c moleſſe,qui retire à Peſpongqfuſt plus
commode à ſe remplir d'air; car,lors qrfonñtire
le ſ0uffle,ils ſe dilatent, comme au contraire,
en le rendant ils ÿabaiſſent , ne plus ne moins
que des ſouffletszquänt aux lambeaux,il- a Fail
lu,qu’ils fuſſent pluſieurs ,à fin Æembraſſer le
cœurde
ſiſtant toutes
offence' ouparts , 6c à fin ilque
fleſtryntóme l’vn d’eux e
aduientſouuêt,
le reſte demeuraſt entier pour eſiienter la cha
leur du cœur en le raſreſchilſant inceſſamment
d’vn air nouueau par l'inſpiration 6c expiration.
T H E. Pourquoy ont eſté diuiſez d’auec le
cœur par lè diaphagme l’eſto1na'c,le ſoye,la rat
te,les roignonsJes boyaux,les genitoires,& au
tres entrailles 2 M Y. A ſin que les parties vita
lcs fuſſent plus libres 8c exemptes des excre
ments fuligineux du vëtre inſerieunvoilà pour
quoy auſſi elle a veſtu le cceur ſpecialemêt d’vn
manteau pour le deſendre de l'accouchement
des parties voiſines:d’ailleurs ileſtoit neceſſaire
que la conuoitiſe Fuſt miſe en vn lieu
que Panimoſiteſſ. ſi plus bas

T H. Pourquoy eſt l'eſſence du cerueau Froi


de 8c ſpógieuſùeſtant à proportion de la gran
deur de l'homme beaucoup lus ample qu'aux
autres animaux? MY s. A n qu’elle contint
plus grand' abondancedeſprits , laquelle eſtoit
du tout neceſſaire à lïhfimmeweil qu’il eſt le
lus \age de tous les animàrtx : il ſailloit d'ail
liïurs,qu’il ſuſt Froid 8c humide pour temperer
la chaleur_ _du cœur: mais nature n’a pas voulu
donner plus grand cerucau aux animaux , qu’il
OC
SECTION XVI. 597'
_ne leur eſtoit neceffiiire pour ſentir 8c ſe
mouuoir.
T H E. @elle viilité tire le corps de la Bile
:cte 8c amere ë M Y.D’eſtre exempt des obſtru
ctiôsdeſquelles
me mordicante ſont
de laem
biljeeſchées par ?amertu
, qui ouure les con;

duits du corps pour donner paſſage aux exerc


ments :’ la-meſiime bile peut empeſcherque le
corps ne fſiormille d’vne inſinitéde poux 8c lom
bris,ſi& que les humeurs ne deuíennent gluanæ ~
teszla meſme excite les hommes à la prudence,
8c leslesrend
. elle plus quelques-fois
eſmeuſit diſpoz à traicter
de ſeleurstaffaíresg
pcourrouſſec
iuſtement contre les meſchants , quand il les
faut chaſtier 8c punir. ' \' .
'I_~ H_- Pourquoy ſe melle la Bile aigre &auí
ſterelequel
aiiec le
ſans 'lesſang? M Y s.
animaux PourirriterdeFappetit,
mourroyent ſaimuîctc
pour refrener par ſa viſcoſité les humeurs trop
fluidesqôt pour inciter à Pacte Venerien : car il X -d

eſt certain queFamour ne s’enflame que de l’e— ‘


ſcume de la melancholie , dont il aduient' qùë
ceux' ,quiabondent plus de ceſte humeur qué
les autres , ſont aufli beaucoup plus paillards:
finallement la' melancholie modere la.prompci
.cudîedes :mouuernenſits de l'ame , .Sc Pinuiceë à
conſtanceuflc à mediter des choſes fort hauies
5c ſerieuſes. _ ’
îTH Ê. D'où vient que la pituite' douce eſt
eſpanchée par tout le corps ſails receptacle?
M Y. De ce qu'il ſaut qu’elle ſi: change en ſang;
car nous ſommes
ſes douces :— a: à finnourris 8c ſilbſtaxitez
qtfelleſſſſreprime parde,
ſa cho
douñ
2.
ï 598_ TROISIESMY LIVRE
ceur Pacrimonie , Famertume, Yaigreur, 6C Par
, deur des deux humeurs bilieuſes.
ñ T H E. Pourquoy eſt-ce que l’vrine, la ſaliue,
ſ la ſeroſité du ſang ont le gouſt du ſel ?M Y s.
Nature a ſagement mefle' du ſel en routes cho
ſes àſin qu'elles ne ſe pourriſſent facilement:
cat nous voyons par experience que les troup- '
peaux rendent leur vrine fort_ſalée,8c qu'il u_’y
a point d’atbre, qui n’aiſt du ſel parmy ſaſub
ſtance,ce qu’on peut remarquer apertement au
ſel , qui reſte au fond du feutre apres qu’on a
cuit la lexiue des cendres , qui ont eſté. coulées
auec d’eau douce : ar ainſi il aduient que les
ſix ſaueurs ſimples (Ent encloſes en noz quatre
humeurs, Panier, dis—ie, Paigte, Fauſtere, Pacte,
Te ſale' 8C le doux.
T H E. Pourquoy nature a-elle baillé des roi
nons aux beſtes à quatre pieds , puis qu’ils ne
Peur ſeruent de rien? M Y s. Ainſi certes l’a eſ
²...uzzmzzw
^‘.' *PW
parties que la² rnaieſte
es ani cript Ariſtote
. l de nature ſe manife/(ije
, toutes—fois mal tellement
ñ _ à topos : veu

en toutes choſes, quſil n’y ²a rien _qui ſoit man


que ou ſqpetfiuszcar le ſang ne ſe pourrait au—
tre ent eparer de la ſerolité, ni la ſeroſite' du ,
ſa ,qui s’eſco\uleroit au-lieu de Pvrinezôc meſ
tpe la ſemence ne ſe pourrait bien preparer ſans
'Iffaide desaux
les a oſte' mignons:
Poiſſonsc’y eſt-il pourtant qu'elle
8c auſſxOiſeauLparce que
fia ſeroſité ſe conſutne enceux-cy en plumes;
es autres n’e_n ont point faute, à cauſe de la pe
tite quantité de ſang,dont il aduiêt quŸils n'ont
point _de veſcie, auiii ne piſſent-ils point.
T H. Pourquoy eſt-ce que nature amis des
glandes “1
SECTLON XVI. ;gp
?landes par deſſoubs les gros vaiſſeaux , toutes
es fois qu'elle les diuiſe aux animaux? M Y S "1‘ſſ.
A fin qu’ils fuſſent ſouſtenus comme d’vn petit
couffiner plus mollement , &que la cauité des
angles fuſt _remplie de quelque corps ſpongieux
pour' sïmbiber des humeurs 8c excremenrsdeſ
quels-ſe_ fuſſent corrôpus en la place des lan
des , ſi elle fuſt demeurée vuide de quâqub
corps-propre pour les eſgouter. i* _
TH E; 'D’où vient que nature a baillé deux
eſtemacs aux Oiſeaux,& qu aux beſtes,~qui
ruminent, p-uis que le reſte 'Ïanimaux n’en a
qu-'vné M Y. De ce qu’elles n ont point par deſ
ſus des dents anterieures pour coupper l'herbe.
uand elles mangent, ſinon la mandibuleé que
1 d’auenture elles en ont, comme le Chameau,
ilfaut qu'elles
de chaleur pourn’ayerit
digſiererpas
leurſuffiſante
viande, _quantité
car' ceſte
líeſte eſt impatiente de' 'laîfroidure : quant aux
Oiſeaux , iaçoit qu’ils abondent de chaleur na’—
tutelle, neantmoins ils auoyent faute de quel
que ſecours our leur aider à cuite leur Vian"
dedaquelle ig auallent'
dents, comme ſans maſcher
les os, pierres, à faute
8c metaux de
:ct d'ail
ñleurs les beſtes,qui ruminët ſe paiſſent des herïſſ
bes toutes verdes , leſquelles ont faute de plu
ſieurs
re du concoctions
laict; pou; ' ſect changer
’ en. la natu

r") T~ níPóurquoy eſt—cè que le dedans de l’e—ſto


maeeſt liſſe' , 8c le dehors aſpre 8c rude par
luſieurs petites
oyau-ir-'ſont rudesfibres chameuſesliſſés
par dedans,& : 8c par
que de;
les
hors ?M r." C’a eſte' à ſin que rien ne_ ïarreſtaſt
PP z '
Goo TROXSXESME Livnr
en l'eſtomac :, mais il a eſté neceſſaire ,que la
viande fiſt plus long ſejour aux inteſtins 'pour
plus grande parfection de ſa concoction 3 voilà
pourquoy ils ont beaucoup de replis 45C conſi
tours en rond. ' î. . '
T H. D'où vient que les boyaux de l'homme,
de quelque ange 8c grandeur qu'il ſoigne Son
tiennent pas lus de ſept Fois ſalongueur ?BC
que ceſte me me longueur ne s’eſtend pas plus
long de ſept Fois la grandeur de ſon pied 2 Item
pourquoy c'eſt ' tous les boyaux ſont eſtroicts,
orſmis Paueubqui eſt Fort large à l'homme
ſur tous les aut S animaux 2 M Y s. Geſte-dere
niere queſtion eſt manifeſte en celà,que les_ bez
ſtes rauiſſantes,& _ſur toutes les Poiflons,n’,0nt
“preſque oint de boyaux,ſinon vn ſimple tout
.droit 8C ort eſtroict , à ſin que l'aliment , apres
_lequel elles abbayent tou ſiours , nc _demeurait
gueres en leur ventre : mais il rfeuſt pas_ eſte'
conuenable que l'homme, qui eſt nefflpoutvne
eſtude_ \plus honncſte ,Fnſt vn magazin inſatiaz
_ble de_ pain 8c devin-,Bc qu'il cuſt eu vne neceſi
ſitédaquelle ſans reÿlaſche le trauaillaſt à ſe deſz
charger le ventraQuant à ce,que tu m'as pro
Roſé du Septenaireul appartiêt entieremét zaux
V_ cretvs de naturedaqlle encloſt &termine tout
_ce, qu’ellea de beau pafflàçe nôbrezcar lagtoiiïe
de laFemme ſe códuic en ſa' matrice par ſepmai
ncsgpuis .Faage l'homme ſe termine par ſept
ſois _ſept ans.ou pour le plus tard par neuFFois
iflnfiquexo
din a eſcript ſept ans ‘ en cómençant äſenſance , puis 'a la
mi 4.liu. de ſa _pueriliteflôc delà venant à l'adoleſcEce,puis à la
jlepubliquï
ehapd, .jeuneſſe _, .auſquelles ſuççedç plſaagç viril, puis la
' h _ _' dïcllllï
SEcTpoN-XVL- 601
declination des forces , finallement ?extreme
vieilleſſe: routesñfois le Septenaire appartient
aux mafles , ainſi que le Senaire aux femelles.
Par ainſi,il ne faut interpreter d'autres que des
malles , ce que Seneque aeſctipt, diſant que de
ſept en ſept ans il ſuruienr quelque choſe de
nouueau àla perſonne : comme par exemple ſi'.
le-maſlez commence ſa uberte' à l'an quator
zieſme-de ſon aage , la fämelle le commencera
au douzieſme: Si le quarante neufuieſme eſt
dangereux au malle ,le trenteſixieſme ne ſera
as heureux. à la femelle, car l‘vn de ces nom
bres côprend ſept fois ſept-,ôc l'autre ſix fois ſix.
Seneque
ſſen ne parle
celà ſuyuy icy que du ſeptieſme
les Pythagoreës, amayät
qui appelloyent
— ñ - « - A' ſi* r.
le Se tenaire ² nombre .Oportun , nezdiſàns ïñlſfjkîſn_
rien u, Senaire.V0ilà pourquoyon eſpere que df* Aphffldí
lîtnfant viura q. uia P aſſ'c le ſe P tieſme iourñdeſà delIMetaph.
ſi' ſi" '° 2l"
natiuite'. Par ainſi la Loy diuinc ne commun.
doit de baillet aux enfans la circonciſion qu'au
huictieſme iour , à ſin qu'il y euſt vne meſim
cócurrêce de la natiiiire' de l’enf:ît 8c du-monde.,
à la circonciſion de l’vn,8c parfection de l'air.
tre:car les ſages des Hebreux eſtimoyent qu'en
ce iour meſme le corps redoubloit ſa force 8c
b Ariſhau
l'ame-la vertu :les "Grecs auoyent de couſtu- de Phffloirc7.1.
me dïmpoſerle nom aux enfans au ſeptieſme des animaux
iour; les 9 Latins au huictieſme; ſi c’eſtoit vne fîÿfäfſrîffjî"
ſemelle , 8c au neufuieſine , ſi c’eſtoit vn mail-e'. aux Progic
La generation de tous les poiſſons 8c inſectes m***
s’accomplit dans la reuoluriondu cours de la
Lune, ear le mouuemeut dence planete-z; qui
preſide. aucunement à la_ region element-aire,
M PP 4
602. Tnoisirsgfflt LXVRE
ſe conduit par quatreSeptenairesLes moindres
oiſeaux exclouent leurs 'œufs dans trois ſep
maines , comme les 'Poules , Perdrix , 8c Co
lombes :les plus gros-dans quatre Ïſepmaines,
a comme les Paonszôc Coqs d'Inde:tel iugement
Faut-il ſaire du temps, auquel les oiſeaux de ra
d Au s.l.c.zo.
3…,, 64h64,, pé
pine, d’auoir
font leur couuéezcar
que les²Aigles
Ariſtote
Phfiſtoiräder eſcript 8cs'eſt;trom-._
tauſſtres-oië .
IDIIÏIIUX. ' ' ~
ſeaux de proye -, 8c les Paons auſſi demeu
royent .trente iours, à exclorre leurs petits:
Want” aux autres choſes , deſquelles le natu
rel ne ſe r-eigle pas parle cours de la Lune, elles
ontde couſtume de ſe limiter preſque .touſ
iours par le Senaire,ne plus ne moins que nous
auons deſia dict , que pluſieurs animaux ſiniſ
ſoyent leur vie par le Senaire : D-"aillcursles
Abeilles ne viuent pas -ſeulement -iuſques au
ſixieſme an' de lcur-aage, mais auffi,qui eſt plus
admirable , elles font dans leurs ruches leur
logettes à ſix angles merueilleu ſement bien
comp-aſſez : 8c meſmeont trou ue des Diamants
.Arabiques , auſquels nature s'eſt” monſtrée ad
mirable en les taillant à ſix angles efleuez de
routes parts en pointe Y: item il n’y peut: auoir
en nature plus de ſix corps parſects :il y a auſſi
ſix metaux,
ples :-item ſix ſix ſaueurs
ſaculuez , 8c ſix, couleurs
ſenſibles ſim
ſi-tſiious y com-_
tenons lc ſens commitn ,comme nous dirons
bien coſt apres :A Œauantage ,le meſmenombre
der-ſix eſt ſeul entre les digitaux., qui ſoir.par—
(ect: Pay treuue «bon de dire cecy en pailant , à
ſin de rabaiſſer vnpeu l'autorité de l'opinion
&Ariſtote 8c deîſpheophraſte ,laquelle ils tien
ct l nent
'ñ Sjz cTrp N- XVI. 60;
'nent des Pythagoreens pour enclorre toutes
choſes parle nombre de ſept: ce que nous a7
*uons ſaict en partie par le paſſé 6c ſerons encof
*ey apres en explicant la differenceñ de ces ,deux
nombres -: car-Hippocte feſt 'contenté pour
:ſon regard de recerchet la vertuz du--Septenaitc
'en la graiſſe ſeulement-des hommcsga; nonpai
des autres animaux.- v? ï* ' - .' -
T H.PÔurquoy_çſt ce quîvnefemmeala cou
lcur vermeillgeſtant plus alaigte en la. oiſſe
d’vn filsïque Ïvneëſiliee Item. ourquoy emcut
pluſtoſtle maſleqïæie-la femel e,puiſque ceſte cy
n'a mouucment qu’au bout de trois -mois , 8c
Kabuto dansqnarante iours? M Y; T Cela ſe fait
ppt la chaleur, laquelle eſt plus ſorte aux. mai?
' s qu’aux.ſemelless,& laquelle ne s’eſtend pas
ſeulement iuſqujes à colourer la mere,qui le.
porte dans ſes flanqs, mais auſii à larendre plus
‘prompte &vigoureuſe , comme de -meſme ~ elle
incite l'enfant à. ſe mouuoi-r de bonne heure:
carla chaleur eſt-diſpoſéeà-lîairc mouuoir ,ne
lus ne moins que le froid äfaire ceſſer. 5
' l T H. - Pourquoy deſend la Loy diuine, que la.
'Mere ne ſorte ien ~public de quarante iouts , ſi
dllffla iſaictïëvn maſleyní de trois mois , ſi ell’ a
FaiÇHv-ne: femelle-W mais luy commande de ſe
contenir en ſes purgations è M v. Pourcc qui!
y a plus-de-ſàng 8c 'de ehair en la ſemelle quëau
malle, 8c plus -cſeſprits 8c de nerfs aux malles
...Pr-faux Femelles ,dont-il aduient que la mere
e-potre' beaucoup mieux de ſaire vn enſannqui
nwnſtre-ſà Pottiez-que non pas vne;fille,qui teſ ., — \
1 ſi ſi j

moignefimbecillité de ſoy &de ſa mere. ~’." 9.- 4


ñ - P P 5

l
,C04 Tnoxstzfflun LivnE
2 a' THE. ;D’où vient que l'homme eſt le lus
aillard de tous les animaux? MY. La cau e eF
~dance
ciente efhjumeur
de cecy eſt, qu’il a8cplus rand’ab0n
flatueulle mâancholique
en l'homme
.ſon (qui Peſguillonne
ſieſcume \qu’il 8c proportion
n'en y a auec chatouillepar
au
ceſte deſſtous les autres. animauàghors-_mis qu'au
Lieure, lequel nous auons deſia dict a1' cy
deuant ſurcharger-ſa groiſſe, auſſi eſhilz) extre
mement melancholiſques voilà pou \quoy :ratu
ëre appulliuquïl ſuſi: l. ſecond; »veu qu’il failloit,
u’i uſt
geſtes a antes.
rauil royecommunc-des hommes &des .ſi
' l

_T n. Pourquoy reçoit encor' la femme ſon


mafle apres eſtre pleine , veu qu'elle ne con
çoit plus , deſpuis qu’vne fois elle eſt groſ
ſe P M Y. Afin que bon gré mal gré, que la Fem
me vueille, elle ſoit attirée par l'amorce 8c alle
chement des voluptez , non ſeulement à la e
neration des enfans , mais auſſi à aimer 8c er
uir ſon party , 6c à luy conſerucr' Paſſociation,
pour laquelle ils ſe ſont mariez enſemble ,au
trement il faudroit queceſteqalſociation ne ſuſi
de longue durémpour-le peu de plaiſir u’vnc
femme auroit parmy tant de douleurs 8c alici
tudes à enſanter 8c elleuer ſon fruict : par ainſi
laſageſſc de Dieu_ ſe manifeſte en celà meſme,
que les lourds eſprits ont accouſturne' de repro.
cher; .comme viccñ, aux ſemmeszcar il n’y a pas
a Les clire
moindre vtilité à conſeruct en amitié ceſte aſ
ffiens le pel' ſociation coniugale, qu'a procréet des' enſans ä
mettent brer», ſimmary. Voilà pgunquoy les »loix ciuilcs ne. .ï
mais non pad
le] Hebreux. permettent pas» !utilement aux feimnes de ſe
A '~ A marier
SÉcTtoN xvr. ’ 6e;
marier aux »hommes-entiers , mais auſſi aux
chaſttes 8: Eunuchesà ſçauoir pour ſe ſoulager
l’vn l'autre. ' - ' - - N
, T H; DÏoù vient qu'on dit que la force des
hommes eſt aux reins , 8c- des &elles au nom
bril? M Y. a De ce que- les fem ont les inte-d
ſtins , qui ſont ioignans 'a leur nombrihbeau
coup plus grands 8c plus amples que les hom
mes,comme en cas ſemblable elles ont la con,
uoitiſe beaucoupplus
mes ontauſſffi grande
les muſcles :maismieuxfor
des reins les homo

nis 8c renforcez,8c tout leur corps plus-remply'


.de nerfs: finallement les mafles ont beaucoup
.plus de ceruellczquè -les femmes , d’où naiſſent
.toutes ſortes cle-nerfs parmy le corps. . ,
u;- -T H. Pourquoy eſt-ce , que les muſcles 8c
,boyaux des hoirirriesſont couuers de beaucoup
degraiſſe? M Y 51T. La graiſſe en couurant ces l
'parties -aide la concoâiou , -tempere la ferueur'
.des deux hulnenrs-'bilieuſeg 8c deffend du froid
NanimaLquand il eſt nud. 'A cecy a eſté adiouſté
«le cuit* tant eſ ez, ue toutes les beſtes mour
-royent pluſtoſl du oid que les hommes: cat ſi
nature euſtobnuert l'homme de poil,ou de
plumes.; ouluy euſt donne' vne groſſe toiſon,il
euſt euiuſtesoccaſion de ſe plaindre,qu’elle luy
auoir oſtéle-moyen de choiſir 8c porter vne
infinite' d’accou-ſtrements,pour les changer ſe»
lon ſoccurrcuice
lieu. _ de la variete' du temps ct8c du
T H E. Pourquoyda point de ñ graiſſe la lan
gue des hommesmi des autres animaux? M Y.
A fin qu’elle n: bouchaſt pas ſa lenteur les pe
tits
606 TJLoirs IESMB - L-iva E
tits pores &conduits de la langue,qui eſt ſpon
gieuſe , autrement il euſt eſtéimpoffible, quëel-i
le euſt pu diſcerner les ſaueurs , 8c l'aliment,
du-veninzôc ce qui eſt vtile à la nourriture,de ce,
qui ne luy eſt s vrile: mais la grniſſe- euſt eſte'
du tour impäruneà l'homme ,- quand il euſt
voulu parler. . … —
.: TH. Mais ſrîlges hommesn-'euiſent iamais
apris a parler, la maigreur dela langue ne leur
euſt pëoint donné laspnrolle, nirlagraiſſe ne la
leur euſt point oſtée P MinVoire meſme que les
hommes- nffeuſſent iamais apris à parler eſtans
efleuez parmy des noutriſſes muettes, neant
moins eſtans deuenuz grands &en voyant leurs
ſemblables -i-ls euſſent commence' ñd’vſer de ſi
gnes, comme les eſtrangers ont accouſtume' de
faire , quand ils ffentendent le langage du payé,
puis apres ils euſſent ietté à lhuanture leur voix
'ſans aucune articulation ,dela il: leur euſt eſté
neceſſairement force de former leur parolle.
Combien que ie ne doute pas que Dieu n’aiſt
baille' au commencement a l'homme vne lan
gue naturelle,à ſçauoir l’Hebraique,par laquel
le il nomma chacune choſe ſelon ſa nature.
Yelque temps* apres s'eſt enſuyuie la conſu
ſion des lan ues artificielles , laquelle retient
bien peu dela naiuete' de ceſte- premiere naru
relle &cque
cecÿ, D-iuineztoutesfo-is on peut entendre
;voire meſine qſiueleshommes par
n'euſ_
ſent iamains apprins à parler , que neantmoins
ils euſſent pu conrrouuerïquelque languages
lequel ni-'euſt deſpendu ni de la dextcrité de la
langue , ni deŸſa ſiccite' , 8c encor' moins de ſa
graiſſe
L
SJÊCTXON XVI., $97
graiſſe ou meigreur. . T l, _ __ 5
~ T mÆœſt-ce que Graiſſe? M Y. C'eſt la. plus
graſſe partie du ſang , qui s'eſt caillée : nonpas
par la froidure , mais pluſtoſt par l'abondance
des fibres 8c eſpeſſeur des humeurszautrement,
ſi nous diſions que la graiſſe s'eſt calllée parla
froiduredes entrailles,qui ſont fort chaudes, 7s;
ſur tout le cœur, qui boüil touſiours par grand;
T H. D'où
ardeurnie vient pas
ſeroyent uccouuertes
le cœur, Feſtomach
de graiſſe, ,la
veſcie du fiel', la vellcie de l’vrine , &c la matrice
ont beaucoup de fibres les vnes droictesdcs au
tres tranſuetſales , obliques 8c circulaires , puis
que les fibres des muſcles ſont toutes_ ſimples!
M Y. De ce que les muſcles n’ont qu'un ſimple
mouuemenr; au contraire ces parties ſuſdictes,
8c les boyaux aufli,ſe meuuent en pluſieurs ſor
tes parle moyen des fibreszcommedes droittes,
quandelles attirent ou euſſent ce, qui eſt con
tenu dans les boyaux; «ſes tranſuetſales 8c obli
ques,quand elles le retiennent s 8c meſme il n'y -
a pas vne ſeule ſorte de fibres, laquelle ne conlÎz
pire auec les autres à ceſte fonction de retenir
ce,qu'elles contiennent.
T H &Pourquoy ſont lus eſtroictes lçsvai
nes 8c arret-es , lors qu’el S ſortent du foyeôç
du cœur pour monter aux parties ſuperieures;
que quand elles deſcendent en bas aux parties
inférieures S puis que le thorax , la teſte., 8c les
bras ont Eaute d’vn meilleur aliment , 6c auec
plus rand' abondance , que les cuiſſes ô: les
iamb S e M Y. Celà ne ſe fait pour autre choſe,
que pour faire monterle ſang auec plus girîand'
orce
6'08 TnoisiEsME Livni!
force 6c violence par le moyen de Peſtroiffilliire
de l'orifice des veines 8c arteres: autrement ſi
.lesovaiſſeaux-,qui montent en haut eſtoyent lar—
ges par deſſoubs , le ſang par ſa force &peſan—
teur tomberoit en bas. Les ouuriers ontimite'
cecy aux tuyaux des ſ6taines,qui verſent Peau
contre-mont : car ils ſont que les canaux ſont
lus eſtroicts du coſte que leau reiailht en
haut, que du coſte' dont elle deſcend en bas:
on ne pourroit trouuer vn exemaple plus com
mode que ceſtuy-cy pour enten re ?anatomie
du corps humain , touchant la raiſon de la que
ſtion , pourquoy c'eſt, que les veines Sc arteres
ſont plus eſtroictes,quand elles commencent
de montenqtfautrement.
TH. Pourquoy ont tous les conduicts', l’e—’
ſtomac,os,& boyaux pluſtoſt la figure ronde ou
faprochante àlarondeur,qu’vne
Pſiource que ceſte autre?
figure n’a point de M-Y s.
deſtours,8c
que d’ailleurs ilrſy en a pas vne des lſoperime
triques,ou de celles, qui ont leur circuit eſgal,
" qui ſoit plus capable que la circulaire : ell'a d’a
uantage vne admirable force 8c nature enuefs
a Euclidc au toutes les autres figures,8c ſections des lignes'.
3.l.de ſa Geo T H. Pourquoy ſont tous les muſcles tant
Inertie.
les ronds que les longs,8c ceux,qui ſont en oua
le, veſtus de menus filaments des veines, nerfs,
8c arteres? M. A fin qu’ils ſoyent ſortiſiez par
les trois eſprits, à @auoir par l'animal, vital, 8c
naturel. ’ , ñ — ,
T H. Pourquoy ſont les arteres totſſiſiours ac—
compaignées de veines en' quelqueſſpart ou elles
Ëeſtendent? M. A ſin que les ſacultez naturelles
8C
‘ SEcTION X‘VI."-' 6051
8c vitales ſe conſetuent
aide 8c ſecours. l’vne ?autre
~ Pat
— leur ct
T H. Les nerfs,veines 8c arteres n'ont-ils pas ï A_ ü de
leur origine du cœurgM. Ainſi certes l'a eſcriptï Praz-noire 'des
Ariſtotctmais ſon oÿiniomparle commun c0n-"“"“;“" *W15*
ſenrement de tous les Medecins , a eſté miſe -ſſiſiÏparz-iïsſſàzſisſi
ſoubs les pieds,patce
. qu,.il n p y a tien
. de plus eui-
. — Ëîçfïÿlfdz:
' _ .

dent en l'anatomie , que de voir les nerfs dCſ-partiesdclaní .


cendre du cerueau , 8c les veines ſortir du foye, “"94
comme en cas pareil les arteres du cœur. Ila
penſe' par meſme erreur,que la force de tousles
ſens procedoit du cœut,veu qu'il eſt aſſez mani
feſte que tous les nerfs prennent leur naiſianceſi'
du cerueau , 8c que ſi ſa ſubſtance a eſté bleſſée,
que par conſe uentaffoiblis
adminiſtrcngſlont les ſens,8c8cdebilitez
les nerfs,qui les
: ne plus
ne moins que la pureté dn ſang ſe cotromp par,
le rneflange de l'eau, ſi la faculté du foye eſt vne
fois debilitée en lëhydropiſiez ' a,
T H. D’0ù vient que le ſang coule des narines
de Phomme ſeul, puis qu’il ala teſte en haut,
8c tous les autres animaux en basë? M_ Y s. Celà
ne ſe fait pas à cauſe de la ſubtilité du ſang,
comme quelques vns penſent , vetvque le ſang
des oiſeaux eſt plus ſubtil que de l-*hommc , 6c'
que le ſang des Boucs 8c Lions eſt beaucoup
plus chaud : mais pluſtoſt à cauſe qu'il a le col
plus court 8c eſtroict , 8c que ſes veines 8c arteñ'
res , qui montent du bas en haut,luy'ſontplus
reflcs qu'aux autres animaux : de là vient que.
e ſang coule contre-mont auec plus grand for
ce vers Porifice des petites veines , qui ſont ca- ' , , _
chées ſoubs le cuir delié des narineshAdiouſtons . — ñ ,
y l’a
6x0 TROlSXI-ISME Lrvnr
p' l'abondance du ſang , qui eſt eſpanche' parmy
c grand muſcle qui. couure le viſage , equel
n’eſt point aux autres animaux. A
T H. D’où vient que le viſage 8c les oreilles
rougiſſent d'heure , 6c paliſſent de crainte aux
… ,. hommes? Mg ë. Seroit-ce pour autant que na
* ' ture noſtre mere s’esſorce de ſecourir les ar-.
ties affligées enleur enuoyant pour aide le Eng
&les eſprits , ne plus ne moins qu’ell’a accou
ſtumé de faire en toutes les playes 8c vlceres!
Car les oreilles 8c toutes les autres parties du
viſage ſont offencées, quand elles entendent,
»voyeur 8c ſentent les iniures 8c inſamies: mais
c’eſt autre choſe en la crainóle , parce que le
cœur 8c les autres viſceres interieurs contien
nent la vie , auſſi nature _en a plus de ſoucy,
quand elle retire le ſang des parties externes
our le leur enuoyer au dedans; de là vient,qu‘e
les membres paliſſent , eſtant deſtituez par de—
hors de ſang.
, TH. Pourquoy n'y a-il que Fhomme ſeul,
qui aiſt les oreilles immobiles? M Y. Pource qu’il
n’a point de muſe-les aux oreilles,comme les ali
tres beſtes, leſqudlles monſtrent par le ſeul re
muement dîcelles , quelle paſsion elles ont en.
l'ame : mais il n’a pas eſté neceſſaire , que les
hommes, ni les Singes cuiſeur geſte partie mo
bile pour declarer_ leur palsions interieureHPUis
que les vnsôc lesyautres ne ſignifient que trop
par la rongeur de _leur viſage, par le ris 8.: replis
des iouës 8c par- lemouuement des yeux, quelle;
a A" Î-*i- d* choſe leur touche le cœur dc-prez. Touresſois
l'Hiſtoire des . _ . . .
,nz,w,, w_ Ariſtote ' deuoit accepter les Singes,quand il a
p_ eſcript
SECTION XVI. 6”
eſcript, qu’il n'y auoit que Phomme ſeul,qui ne
mouuoit point ſes Oreilles. ^
T H. D’0ù vient que l’oreille gauche ſe gua—
rit pluſtoſt eſtangblecée, que la dtoicte 2 MY s.
Ceifeſt pas däutant, qu'elle ſoit plus humide, _
ainſi qu’i!, eſcript ² Ariſtote 5 mais c'eſt à cauſe Ërſbffeîxätífïî
que la partie gauche a moins de ſang que la7.
dtoicte, en laquelle eſt ſitue' le foye,comme la
boutique d'où ſortent à grand' Poiſon les hu
meurs ; de là vient que les parties droictes s’v—
niſſent 8c deſeichent auec plus grand' difficulté
que les gauches. On peut entendre parla meſ
m_e raiſon, que les vignes,& arbres reſiniferes,
qui ont vne Fois eſté taillez, ſont plus difficiles
à ſe reprendre (1 les autres,parce qu’ils ont plus
d’humeur,qui coule ſans ceſſe à la partie enta
mée: d’ailleursl’oreille droicte eſt plus pleine
d’excremcnt que la gauche.
T H E. D’où vient que nature a baillé deux
yeux &deux oreilles aux animaux? puis qu’vn
borgne void plu-cts clair,que cena/ç, qui les on:
tous deux ſains 8c entiers; puis äuffi que pour
viſer. plus droit , on a de couſtume d’en clor
re l’vn &c d’ouurir Pautre P. M Y S T. La force
d’vn ſens eſtant diuiſée. n’a. pastant (Pefficace,
que quand elle eſt vnie ; toutes-ſois ce grand.
Architecte de naturedeſt ſagement pris garde
à-beailcoup d’accidens,qui pouuoyent ,ſiiruenir
aux aniinaux,quand il a pourueu que l’vn des
yeuxeſtant Offenceflou l'vne
audes oreilles eſtanc
empeſſſchétæfautre ſiiruint defaut de la preñ
mier-e :-il a par meſine ſaiſon pourueu , que le
cerueau full double 8c. ſepare z comme d’vne
QR…
~

6”. TnoxsirsMn LIVRE


haye _à rrauers le milieu de ſa ſubſtance , ä co
ſte' gauche 8c à coſté droictà fin qu’en l’vne de
ſes Parties eſtant corrompu, il demeura de Pau
tre entienil a auſſi voulu que les reins 8c geni
toires fuſſent doubles, 8c quelque-ſois triples,
Pour la meſme raiſonzde là vient que les Grecs
appellêt ceux,qui ont trois geniroires, 711699515.
TH E. D'où vient que la matrice , les inte
ſhns,les membranesJa veſcieleſtomac, les vi
ſceres,8c le cuir meſme n’onr Point de mouue—
ment volontaire, combien que leurs ſubſtances
ſoyent nerueuſes ?M Y S T. Pource quüls n’onc
point de' muſclegdeſquels nous vſons au mou
uemeut volontairezcomme par exemple , nous
remuons les .yeux çà 8c lêuquand nous voulons;
ce qui ne ſe Pourrait ſaire,s’ils iſauoyenr Point
de muſcles.
T H E._ Pourquoy ont les yeux ſept muſcles
pour leur mouuemengôc ſept tuniques rondes
autour du petit globe Chryſtalin? M Y. Seroit
Ce à fin de repreſenter la diuerſité des couleurs
de Farc ccleſte, ou pour reſpondre aux ſept Or
bes des Planetes ,qui enuironnent de leurs aſñ
pects lumineux le globe terreſtre du Macrocoſ
me? Car le Macroeoſme 8c Microcoſme ſour
exemplaires l’vn de Fautre. Autrement, tout
ainſi qu’vne , deux , 8c trois tuniques pour le
plus, ſont ſuffiſantes pour les yeux des autres t
animaux; de meſine il me ſemble, qifelles cuſi
ſent eſté ſuffiſantes pourfaccomplilſement des
yeux de Phomme. -
TH E. Pourquoy ſont premieremenr com
mencez les yeux aux animaux z 5C les derniers
r Parſects
SEcTioN XVI. 615
parſects 2 M Y s. Pource qu'il n'y a pas vn mem
re en tout l'homme, qui aiſt tant de parties,ni
qui, ſoit plus admirable parmy toutes les cho
ſes ,leſquelles nature a fabriquées: de là vient
_auffi ,que l'œil peut eſtre attainct de ſix ving
maladies. - ~ a
T H E. D'où vient , que les yeux ſont noſiira
ſtrcs aux Meridionaux,blâchaſtres aux Septen-ñ
trionaux,& iſiaunaſtres ou pour' le moins de di'
uerſes couleurs aux regionspnoyennes entre
les deux P Mr S T. SCIOIË-CC pour-autantſiquè
les Meridionaux ſont plus melancholiquſies , 8C
les Scptentrionailx plus pituiteux , comme par
meſme raiſon les regions moyennes entre les
deux plus coleriques P On peut veoir en cecy
Yadmirable
il ſageſſede
a voulu que l’Ouurier
ceux , qui ont les de i1ature,quâd
yeux pets, ſuſſſ—
ſent en des regions obſcures ſoubs le Pole,à'ſin
que la clairte',qui eſt ennemie des yeux debiles,
fuſt temperée par les tenebres: au contraire,
ceux,qui ont les yeuxnoirs,& laveuë plus con
ſtante 8c ferme , ſont en Affrique , là où le ciel
n'eſt_ preſque iamais couuert de nuées ', eſtant
touſiours clair 8c ſerein 8c- illuinine' des rayons
du Soleil, qui brillent là inceſſamment le iour.
Et certes les animaux nocturnes , comme lès
Chats 6c Hibouts , 8c tels autres , qui \ont ap
ellez Nyctalopes, ont les yeux pers de la' cou
ſeur des Feuilles de Saule renuerſées ide-ſorte,
qu'ils voyent plus clairvla nuict que le iour,par—
ce que la lumiere leuræoffiiſque les yeux : au
contraire , ceux qui ont les yeux noirs ,ſe rê
créent merueilleuſement de la clairtë, ne lÎ-!ÏOIF
QQ 1
6x4 TnoisiESME LIVRE
nans rien de plus faſe-lieux que les tenebreszde
a Au ;Jim-e de
h genflaliohlà on peut entendre ²n ,qu’Ariſtote S’eſt lourde
d” animaux ment trompe,quand ll a eſcript que la noirceur
ëhîP” des yeux vient de Fabondance des humeurs ,
.puis qu’il n’y a rien de plus ſec qu’vn Ethiopie”,
ni rien de plus humide que les Scythes.
_ T H E. Pourquoy ſont les Indiens Occiden
taux 8C par de là FEquateur de couleur iiauna
ſtre,qui repreſente aucunemët celle d’vne Gre
nadezäc ceux,qui ſe tiennent au Fond d’Affrique
vers le Cap de Bonne eſpcrance,de couleur en
tierement noire: 8c ceux ,qui ſe tiennent en la
riue du fleuue Argenté, de couleur de chaſtai
ne: 8c ceux de Senille en Eſpaigne de couleur
Ëlanchqpuisque les vns &les autres ſont equi
diſtans tant de çà que de là à Pequarenr 2 M Y.s.
* Ou pluſtoſt A cauſe * du diſſemblable têperament des païs,
*PW* “l” qui peut eſtre changé ou par les montaiones,
rigee du So _ _ i'
leil, auquel ll ou
*ſi“'PP°"²’ tréepar
ouleseut
collines
eſtre à, cau
ou (par la vents
e des plaine8cdedes
la con
lu
ceflï raiſon. ’ . . P
- paſiis
yes,quiqifenregnent
’autre.'particulierement plus en vn
T H. Pourquoy ſont plus pelus les Septen
trionaux,que les Meridionaux? MY S. Lacauſi:
efficiëte de ce que les Meridionaux n’ont point
de poil, eſt la ſeichereſſe 8c chaleur, qui les cuit
exterieurement: mais les Septentrionaux ont
leur chaleiii' encloſe par dedans,quiiet.te le poil
en abondance à trailers leur cuir, qui eſt plus
rare qu’aux autres. De là vient auſſi, qu’ils ont
Ia barbe 8c la cheueluæe ſort grande ,laquelle,
outre Fornement de la teſte, a ceſt vſage, deles
defendre contre le froid du pais.
THE.
ï
SEcTroN XVI." 615
TH Eo. D'où vient, que files hommes ſont
nuds, ou veſtuz legerement contre le froid,qu_i
les
teſtepreſſe, qu'eux
ſur leurs scſtâs accroupis
genouxdeſquels panchentemct
ils tiennent la

braſſez des deux mains 8c mediocrement ou


uerts? M Y s. Setoir-ce à la mode des oiſeaux,
leſquels pour mieux dormir à leur aiſe courbêt
leur teſte ſoubs Faille droicte , car telle eſt leur
ſituation en l'oeuf, ainſi que nous auons deſia
dictzde meſme pourroit-il eſtre de l’homme,le
quel pour ſe defendre du froid imitetoirſeſtat
de ſon premier origine en la matrice? car l'hôt
me ſe tient de ceſte ſorte ploye ~a quatre replis
au ventre de ſa mere : On dit que ce trois fois
treſ-grand Helie ſe mit de ceſte ſorte, pour de.
plorer la miſerable condition des hommes ,lors
qu’il vouloir
preſque ‘ ouutir
quatre le ciel,
ans ferme' quidonner
ſans auoit demeuré
pluye,ſſa
ct\
RRA"
oit.
-i-líu-dïï

ſin qu'en tel eſtat il peut plus pitoyablement


adreſſer ſes veux à l'Eternel, pour luy faire
exauccr ſa prierezôc certes ceſte admirable con'
dirion de l'homme au vëtre de ſa mere, deuroit
rabattre quelque peu l'arrogance des ſuperbes.
, T H E. Pourquoy eſt-ce que deux gemeaux
l’vn malle 8c l'autre femelle peuuent viure , ſi
tous deux ont eſté conceuës 8: nais d’vue meſ
me portée de quelque beſte que ce ſoit,horſmis
que de l'homme , duquel les gemeaux , s'il y' a
malle -ôc femelle , ne peuuent viure tous deux
enſemble, car à grand' peine a-on iamais veu
que la femelle eſchappe ; iaçoir que deux ge
meaux mafles meurent le plus ſouuent,8c qu'au
contraire deux femelles d’vue ventrée ſoyent
AQ, z
O
61-6 TROÎSIESME LiÿnE
de meilleur nourrir :ZE efleuer 2 MY. Seroit-cc
pour autant que les malles eſtans plus chauds
8c plus robuſtes attirent plus d’aliment au ven
tre de leur mere que les ſemellesïOu ſer0it—ce>
pour
choſesautant que que
exquiſes nature
des eſt plus ſoigneuſc
autres', quiíctónt des
de
moindre importance? Delà vient z qtfap-res que
quelqffvn #eſt releué<d’vne groſſe maladie,
qh’1“laencor’ longtemps apres leſis iambes-fort
debiles, voire meſme
hrſſesſe portent bien ,que-tous les aut-resmem—
parce' qu’elles prennent
-lcur nourriture apres lesautres parties du corps,
nezpltts ne moins que los ſeruiteurs apres leurs
ñmaiſtres. Toutes-fois il aduicnr ſouuennquîl y
a-“certaines années d, auſquclles les gemeaux
mafles meurent ſeulement , 6c d’autres ;auſ
quelles il deſchappepas beaucoup de Femelles.
-ad .
:à ;DT H. Pourquoy tariſſent pluſtoſtñ les mam
melles aux nourrillctes , leſquelles nïzllaíctent '
as , qu’aux
-ljemcnt autres
à leurs , qui
petits ſe Font ſuccer
nourriſſons-ê aſſiduel—
M Yſionipeut

ſi rccercher la meſme raiſon à l'endroit des puis


8c fontaines, ñdetctqtlelles on tire Peau conti
noel-lement : autaçnt en poumons nous dire du.
.ſing ou moluc ,qui ſont tirez d’vne Partie, ſoit
parla Phlcboromie ou autrement-h, car nature
:Êeffojce en toutes façons: dcreparer le degafl:
;de 'cc qubnluyt-a oſté : E_t meſme il eſt certain
@qu’vn petit enfant: terra ſi bien vnc Vielle ri
;zdée en la_ ville dÎHansËen Vcrmandois , apres
que (à mere ſuſi: morte , qu’il luy fiſc venir à
:-force laict aux maiſinmellegduqtlel il Full: nour
: ty par ceſte vieille à ſufliſance : Par ainſi il ne ſe
faut
SECTION XVI. 617
ſaut pas eſmetueilzler, ſi on tient pour vray ce
a Au z. liut.de_
que a Ariſtote àeſcript ,quand 1l. d1t , qubnarfiiſtoire de
tire de quelques hómes à Orce laict: , pour s’e- animaux mo.
ſtre ſaicts ſlICCCI' long temps leurs mammellcs:
toutes-Fois ie dauſeroís pas alſeuter,s’il eſt/ve
rit-able, ou nou. . - '
T H. D’où vient , qu’vneñ Femme peuttirer
tous les iours de ſes mam1rielles,.ta.nt…qu’ellc *
nourrit, deux ou trois *chopinesſt de laict ſans
douleur ou deffaillance de cœur : 8è toutes-fois '
on ne pourroit tirer autant de ſang ni dïellemi
meſme d’vn homme robuſte en vn- iout ſeuleà
ment. , ſans l’ex oſer, au. danger de la mort?
Combien que lc Faict ne ſoitautre çhoſezque le b Ga… au m
5 .ſang le plus. pur 8c ſubtihqui eſt .ÇQmPOSſ 1. des Simple;
dfxne, matiere ſereuſe ,graſſeôccallleuſeizMy. mcd-C-S
Ie mïatteſte icy; ne ſçachaut faire autrejdzhoſe,
quïrdmlrer ce ttes-bon &etres-grand Auteur
de nature. .Cat combien quela Femme ſoit vn_e
fontaine de ſaugüomme
par ſes put on' peut
atious ordinaires, remarquer
leſquelles ctfſiont
regorge: leŸaict en ſes mammelles ) _toutes-Fois
ſi quel~qu’vn luy tire _par la Phlebotomie vne
chopinede ſang, ou/qtlelqrle_ peu d'auantage,il
luy fera pour le moins deſaillir le cœur,s’il ne la
precipite à la mort: 8c certes , ce ï qu’Ar1ſtote CA" -z-l-,dedla
aleeſcript , \feſt8cpassœntoſirrïſ:
laict vient veritable, quand
auxl il dict , que
animaux qui

ſont leurs ftuict en vie , elon 'occurrence de


la neceſſite qu’ils en ont pour efleuer leurs pe
tits , veu que le ruiſſeau du laict ne ſe tariſi:
point aux Femmes , nonobſtant qu’clles— ayent
euuré leurs enfans au bout de deux ans . mais ‘!I~_ñ—. ,

ACL-ï
618 TROISIESME LIVRE
demeure ſecond, comme au-parauant, pour en
allecter d’autres tant de temps que bon luy
ſemblqou qu’il plaict aux enſans de la reſter.
TH. D'où vient quetoutes les fois que les
enſans pleurent , que le laict elçguilloune la
mämelle dclaNourriceëMv S T. Certes l’ex e
riencc iournaliere nous ſait ſoy de cccy , à \ga- .
* uoir ne les nourrices accourent incontinenr
vers (leurs petits nourriſſons , dés auſſi roſt
qu’clles ſentent que le laict leur eſguillone les V
popeaux : car c'eſt lors qlfellcs lcsſtrpuuenr
criants pour auoir à tetrciffceque peureſtre
pouſſoir adueninde ce qifaumeſine rectmpgque
l'enfant a. parfect ſa concoctioxhletïrs mammal
les ſeroyenc auffiremplies de laict au meſme
inſtant: ou peut e ſtre parce qucle bon- Genie
de Fenfant admoneſte parſitclle legere vellica
riOn-la noutriſſe de ſon deuoir : ce qui eſt plus
vrayſcmblableweu que les enfants crient quel_
ques-fois pluſtoſt , 6c quelquesŒois plus
card 5 veu auffi que la nourriſſe 8c
l'enfant ne ſont pas t011ſ~
l'ours àſvne meſme
diſpoſition. e- ~'

~‘—²'- " _Y’}11':' ñ ~- ' "i


__ ñ. ,…’:)','..l':~ dr,...
Fi# 'più 'trofſxïzſne líure.
ï .
619
çjzz-:UÀ ..îF-ÏÀ-:À-u-Àííu-_m .î,

SONNET SVR L A
MATIERE DV QYATRIESME
liure traduict du Theatre de lean Bo
din luriſconſulte par M.F.
de Fougerolles D.
Medecin.
. 'k 'k
4

Le corps orgdznzze' des be/Ze: cé* de: plantes


San:ſ2- mounairſêroit ſùr la terre couche',
Le plu: bem: de ce 772m aux_yeuxferait cache',
Si d” mande rfeſtoymt ler partie: vin-turcs.
Le ciel rte-porterait le: ej/Zoille: luzſàrxm,
Si *Un eſprit 'zzimzm ne luy e/foit bailleſſ,
Siſh” com: ?reſtait point par "une ame regle',
-Æamd il e/Zl'Homme
En 7min dgitéſhrſh: rouë:
caduc tour-names.
aurait recmſi cie-Sym.: ct' ÿ -‘
Tour contemple-roſa” le rizouuement desrimx: f
En vdi”porterait il Fimageſiirſhfaçe ſi
De ce Dieng-zi iadir e” luy feſtflgureſſ, -~ \

Si de viure à iamzíi: il_ nïſ/Zoit gſſrznreſi4 ~ ' -


Qgelqne iour là, où Dieu luy conſhrmfi! place.
62.0 ſi

IÊÎÏÎÏNÊÎËXËÎ
POINTS DES
i ſont traictées CHOSES,
au quatrieſme WI
liure du
Theatre de la nature.
~ t**

Auquel le Theoricien diſpute auec Myſta—


gogue de l'ame tant dctes plantes,que des ani
maux, 8: que des hommes.

Depluſicurs definitions de Ïdmfidfl' ſés _fbrcesgnouue


ment: Ü-facultezz/èctio”. ñ I.
De laforce der/in: 6j" :baſés finfiblc: , de lmr nature
cé* des abiectx. _ I I.
De la 'veut' , de la lumiere , Ô*- der rayons câ- con
leurr. III.
De Fouye-,duſàn (ÿ- de la voix. IIII.
Dngouſt @'- de laſaueur. _ V.
De ſodamt câ- der eden”. . d . VI.
Dc ?Aixam-Gemem, (/9- de: animaux, qui ont ceſènzi..
mem exquir. . . VlI».
Dufizi: commande. la Thamëzſiamemoirtxdeſir, 710.
lome' Ô* Éonſhmement. VIII.
D; läïæzicndcmcn/,cä- cagnoiſſance du 'amy é* du
fiznx, de laſàicncfiç c’y** moyen deſjduair, IX.
De ?Addis de: GFÏZÏÜEgyptienr , Lutins, É Arabe:
rond-dam la nature de Fame, Ü- qmſiſmt ceux , qui
e” 0m le mic-Mx api-ic'. ‘ X
Des diffèrent-es des troisfâ rte.: James. XI.
DE lÎEcſZdſ-I- @L de ceux , qui ſhnſhbíectr à telle affé
Ëlio”. a XIT
Dë' Fame
62.1
-De Fame en Mm que corpore-He ou incorporelle.
< XIII.
'Dcblaſhbſtancè des Mugs:
Pe FI-Jritczzdämcriſſtſi @Agent é* des Demom. l XIIII.
U" Palible. XV.

DE ?opinion de Py/IMgarni touchant la peregriflation


de: amer (Pt/n corp.: m Faut” appeller' (Ille
tempficoſt. i j ' a ~

LE

L51*.

, \ſi

, --rmr
. .
622

QVATRIESME LIVRE
DV THEATRE DE
LA NATVRE.

Anqucl il eſt #dicté de FAme &implanter , des ée
fflcs bruſtes , raiſonnable: , delſimlendement Pati
ble des hommes, (ÿ- de lcurcuma/lement Agent b0” ou'
l
MÆHZZÆÎI, c'eſt à din-Mie leur Ange tuteldire au aduer
~ 1

fàzre. .Etpremteremcrzndes dmeïſes dpfinztmmæmauue


mentsfircesaë” proprictez. de FAM.

S E c 'l' l o N I.

LEITHEORXOXEN.

E v que tu as diſcouru des parties


du corps humain, leſquelles ſont
le plus ſouuent communes a-u re
’ —‘ ' /Ïlſſë- ſte
bondesautres animaux,
\ainſi queie ll ſeroit
penſe)que tu
adioinſes àce diſcours la diſputede l’Ame ,la
quelle pluſieurs penſent nîapparteniràla ſcien
ce de Nature.
LE
SEcTION I. 62.3

LE MYsTAcocvE.

Il ne faut pas douter, que la cognoiffimce de


l'Ame ffappartienne au contemplateur de na
ture,puis qu'elle eſt vne forme naturelle, com
me il appert aux plantes 8c beſtes bruſtes . Mais
d'autant que tous les Philoſophes , ou peu s'en
ſaut , recognoiſſent que l'Ame de l'homme eſt
d'autre nature que les ſuſdictes;& que pluſieurs
d'entr’eux- preuuent par des arguments n'on
ſeulement vrayñíemblablegmais aulsi neceſſai
resgpour faire conſentir à leurs raiſons les plus
opiniaſtres , qu'elle vient exterieurement en
nous , ô: qu'elle ſe peut ſeparer du corps de
l’homme,8c viure ſans iceluys quelques vns ont _
penſé,8c entfautres î Themiſtius,que la doctri- Îſiſilffl" d*
ne de l'Ame eſtoit moyenne entre les ſciences Aïíſt- «n Fait
naturelles 8c les Diuines. Toutesfoís , ſi toute qſiſilq” d°"'°
auuLdespzc…
ſorte d'Ame eſt formenaturelle du corps, tant *les des aní—
qu'ila vie, il faudra
entierement que ſa doctrine
à-la Phyſique appartiene
, 8c ce encor' bcau- qWJfflÏÏſPWF
coup plus , ſi l'Ame humaine eſtant ſeparée du Éſcäcflzîpctnfflſf
corps a ſon eſſence corporelle. ce qu'elle eſt
T H E. D'où vient que la definition de l'Ame plus
“queexcellen
,egcorps
eſt tant obſcure 8C embrouillée , comme il ſem- mai? il Fau
ble à vn chacun? MY sT. De ce qu’vne choſe dqëufëff:
ne ſe peut definir, laquelle nc conſiſte pas d'elle Metaphyſiqne
meſme : car l'Ame n'a point de ſoy-meſine au- Îäfählë “W
cune hypoſtaſc ou fondement , en tant qu'elle
eſt forme naturelle, ſinon par relation, ou en la
rapportant à quelqſſautre choſe : comme_ par
exemple , ſi quelqtfvn me demandoit , quelle
choſe
62.4 QY ATRIESME Ln ne
choſe eſt vnïoict, ie ne luy pourrois reſpondre,
ſinon le couuetcle de la maiſon , ou la derniere
choſe,qui a eſte' parſecte au baſtiinent : laquelle
deſinition ne tombe pas ſeulement en ruyne
auec lamaiſommais auſsi la maiſon tout enſem
ble ſi t_i1 luy oſte ſa couuerture z 'pource que tn
ne pourras plus definir le toict par le couuetcle
de la maiſomſinon en diſant que c'eſt vn Priſme
, ou vn amaz de bois 8c de tuilleszde meſine auſsi
ladeſinition de l'Ame eſt autre , quand elleeeſt
vne partie du corps animés &autrqquand elle
en eſt ſeparée , ſi tant eſt , qu'elle aiſt- hypoſtaſe
x - ou fondement, comme Fentendemêt de l'hom
mezquant à l’Ame des plantes 8c des beſtes elle
ne petit
corps quepas moins d'vne
la forme par fſieneſtre
la corruption demai
ou d'vne ſon

ſon parla ruyne de Pediſice. Car Ariſtote tient


que toutes les Formes naturelles periſſenr en tie
rement par la ruyne de leur ſubiect , toutesfois
il ſemble d’auoir excepté- celleï de l'homme,
5 Mm_ de 1. quand il dit ² que quelques formes ne [Dcteriſſent
Meraphyſiquc- point. ' '
T H. Ie te demande doncques, s'il te plait, la
deſinition de l’Aine? M il. Si on luy peut don—
ner quelque definition, i’eſtime que ceſte-cy eſt
la meilleureà. ſçauoir : que lëAme eſt vne forme
ſubſtantiellqqui viuiſiezdhurant que ceſte deſi
nition n'eſt pas ſeulement commune aux plan
tes 8c aux bcſtes , _mais auſsi comprend eſgalle
ment tant l'ame ,4 qui donne vie à l'homme, que
celle,qui luy reſte apresla mort.
_ comme
T H. Puis
tu disqu-eceſte deſinitionzeſt
,il faut queſſPame des generalle,
plantes 8è
des
SJ.CT!ON I. 6:.;
des animaux ne ſoit pas ſeulement forme ſub
ſtantielle , ce endant qu’elle les viuifie , mais
d .
auſſi celle de.] homme ne le viuifiant_ plus :mais
comment ſe peut-il ſaire,que Pentendement de
Phomme eſtant ſeparé d’auec le corps ſoit vne
forme viuiſiante , veu qu’il ne _viuilie plus le
corps en aucune maniere? Car rim ne -Uir ,_com
me nous liſons dans ï Ariſtote ,fil n’a *Un* 47mg Au z. li. de
flegetmllt : Mais la forme ſeparée d’auec lepcorpsl ^""“ſi ""‘
ne viuiſie , ni ne donne plus aucune vigueur au
corps , elle n’eſtdoncques pas forme viuifiante.
M i. Si la raiſon &Ariſtote eſtoit vallable, Dieu
meſme qui vit ſans corps , 8c qui eſt la premiere
cauſe viuifiante de toutes choſes,8c qui fait que
tout ce,qui reſpire,tienne ſa. vie de luyme pour
roit viure ſans la Faculté vegetante : mais le
conſequent d’vne telle raiſonieſtiugé d’vn cha'
cun des philoſophes eſtre du tout abſurde z il
ſaut doncques neceſſairement, que tel ſoit l’au
teceñdent : par ainſi , ſi les choſes incorporelles
viuifient , qui doiiteta que l'ame ſeparée de ce
corps ne viuifie , 8c ce d'autant plus qu’elle eſt
corporelle, ſi tant eſt, qu'il y aiſt quelque choſe
cn elle de co rp.Otel ,î qu'elle puiſſe viuifier? mais
nous diſcourirons de cecy en ſonlicu.
TH. Pourquoy ne ſiiyuons nous les defini
tions des Anciens? M Y. Pourcc que , de deux
choſes il faut que l’vne ſoit , 8c que Fautrene
ſoit point :à ſçauoir, que toutes les definitions
de l'ame ſoyent fauſſesfflu quîvneſeule, 8c non
plus,ſoit veritablezor elles ſont en nombre plus
de vingt non ſeulement differentes_ en paro les,
mais auſſi en-la choſe meſme,dont il eſt queſtiô.
T a.
62.6 QYATRIESME LIVRE
T H. Ne peutñon pas definir vne choſe en
a A" 6_ u_ a" pluſieurs façons? M Y. Non: ² car ſi vne meſme
Topiqucî, choſe auoit pluſieurs definitions toutes diffe
rentes les vnes des autres , elle ne con uiendroit
auec aucune dficelles en conuertiſſant la defi
nition auecv le definy , ou le deſiny auec la deſi
nition 5 ce que pourtant eſtñtres neceſſaire en
^ toute vraye definition', quicom rend la ſeule
eſſence (l'vne choſe: toutesfois i n’y a point de_
definition , pour ſi ſtable 8c ſolide qu’elle ſoit,
qui ne ſe puiſſe deſtruyre, d'autant qu’elle ne
peut eſgaller entierement ſon definy.
T H. Te plaictæil donc d’examiner chacune
de ces definitions en ſon oids 8c balance , à fin
que nous puiffions choiſi: la meilleure? MY s.
Ariſtote en a mis douze en auant tirées des an—
ciens, leſquelles il n'a pas aſpargnëes à refuter,
comme fauſſes (car il eſt plus facileà diſcerner
le faux, que de trouuer le vray) toutesfois il n'a
pas preuué la ſienne meſme, laquelle' ila laiſſée
à la poſteriré pour bonne.
T H. Ie te prie declaire la moy 2 MY. Pçſime,
pAAu x. li. de dit-il, 5 efl-vne Enteleclaie du corp.; nathrclmrganizé,
c SIT” m… (â- qm' a -víe en _puiſſance : '~‘ Heíichius 8C Plutar_
MMËXU… que entendent" parle mot d’entelechie , ce que
les Grecs appellent êvégyadv ,~ c'eſt à dire ( com—
meBudee Pinte-rprete) acte. Simpliciüs > The
iniſtius,8c A.Aphrodiſe'e le prenent pour T? èvſſls
MË; Max-W, ou pour -ràrêſleÀès ?Xe-v , ce que Her
molaus Barbarus a interpreté acquiſition -de
parfectió. Philo one penſe que le mot êflsMíxH-z
vienne de m) êx/Ëzædav MÊXHVÀ* c’eſt a dire , de
comprendre-vne parfecte vnion :mais l'ortho
graphe
SEcTioN-ñl.” _ Giſſ7
graphe de ce mor ne conuient pas aueëïinteri
preration de Philopone. Somme toutezëcſtlñ
couſtume d’Ariſtote Æembrouïller dhuantage
Œobſcurité vne choſe ,qui dëelle meſmfcſtoít 4. .-
deſia aſſez obſcure. On dir toutes-ſolſſsïilſlla
eſcript plus apertement à Eudemus ï vn-petic zeſlg": fa:
traicte' de Fame ,lequel s’eſt perdu par Piniure P '
du -temp-s. ï ' ~^ î
T H E. Pourquoy ne ſuyutons-nous l'in_tci-.'
pretation
que l'ame des Latins,par
ſoit vn* laquelle
acte duicorps ils veulent,
natuteLqui a" la
vie en puiſſance? M Y s. Pource qu’v’ne meſme
choſe ne peut eſtre tout enſehibleactê &puiſï
ſancennoteur 8c mouuemenizcauſe &f effſſectſiſiïſi
non pour diuers
commoditez ontteſpectsztellemët
donné occaſion àque telles 'inè A** l-líü-de
Ammonictusblä
de laiſier le party d’Atiſtote, 8c cfappeller l’ain"l me'
cauſe efficiente de ſon acte. ' î **ffl
T H. Pourquoy ainſi? M Y _s T. Pource quela
vie n'eſt pas ame,mais acte de l'ame ;ne plusctne

moins que la vcuëſiimaginatiomôc


ce neſiſontpas ames,qmais actions decognoíſſàn
Pai-'tiellï' 'ſi
T H E. Welle incommodité y auróít-il de?
ſuyute Popinion de Themiſtius 8c de 'Simplíî'
cius ,qui appellent l’E‘ntelechie acquiſition dect
parſectioníMv s. Ceſte .interpretation 11"* eſt*
pas” ſuiuie îde. moindresineommoditez *que la:
precedente." ‘ _ ~ ~ ~ p 'î'
~ -TH E; Comment cela 2 M Y S~T. Pource que'.
les' ames des hommes ne ſeroyent pas moin!)
mortelles par ceſte interpretation que par la*
precedente :car, ſi l’ame eſt acte ou parFectiduct-l
du corps naturel, elle ne pourra eſtre ſäs corps#
, R R N
"li
6x8 QYATHHESME L IVRE
item, ellene pourra ſubſiſter, ni entendre ſans
desorgaxies corporels , ce qui eſt entierement
, A… Lun… contre la doctrine dFAriſtOte ‘ : routes-ſois , ſi
l'ame cluP-z- quelquktn penſait que l'ame ne peut-entendre
_ſilnspr @ne corporelzôoqdeſtant ſeparée du
M-d fflcotjjæâſ; ementairc: de l'homme elle retint enñ
" ’ '~' gçrſ yneparure corporelle ,filardefiziitidp d’Ari_
ſtotc ne ſeïoir pour celà eírempte des fixſdictes
incqxpfflqairez. . - _ - z.- . . --Î ' z- -
.l .I-ÏELE. Pourquoy_ nonÿzzM Y s. _Pource qu’il
_laut hqu’vne ,bonne definitiçxi ſoirtirée de: lîelï
ſti-gc? _iînçſme de 1,5 choſe; a 8; non Pa? d-Pzlîhabí
rude ou relation dïnt-,a-_ujzrc : comme çeſievcy,
qui depend de la parfcctiflnudu çonpsôç non pas
dÇelle-zmeſizxescar celuyfflui definy lſiâlſſlflz laxpar-z
gil.» - . L dfçctiondvn.corpszoçgangiqule,ilnqdeſiny rien,,
"îgïuiſioiſityro re à _ſamëzmais 'au corps.- Ltemgon
trouue plu leurs corps naturels ,quLqnr Mie,
ſentiment, 8c moimçment. ſans organes , com
me.lespſpîongesœalypesgÿz l'Orne_ marine: (ear,
ſelpn Afflphrodiſée. celà ell: organiſçſigui a Bill?
ſlcteurs parties differentes les_ vuesdcs autres, 8g
deſquelles chacune sŸemploye à ſajpropre_ Fa
culté) _Uauantage , ſentendemerlc .patible iſcfl:
paslärderpiere Parſçction de Fhommè, puis que
läcquiïzxion d: lſi_°‘1.\‘ï!1°l°!“°"‘ a chrñcſtzbeauë.
coup ,p us excellenrqcomme cel een qui Iam-j
blicus; Auerroës 8c tous les Academicienspnlï
Roll-I la parſectionôc ſœlicité de _l’lTorn1ne,8c la
quelle _( ainſi quïls diſent ſuytlans en celà Topi
nibn_ de Dñemczcritç) !feſt communiquée à tous,,
a ſinon à lzíenpexx de-Rerſonncs. Fixiallemeunil
y a. de l'abſurdité Çn _ce,qu’il mer Pluftofl Fame…
' ‘ ‘ en
SEOTION-L' 639
en la puiſſance qu’en Pacte de vie , comme ~ſi
ceux, quidorment ,ne viuoyent :car ² Ariſtote a Au z.liu. Je
ËcThemiſtitÎs_ interpretenc
,
ainſi
_
ce mot de puiſ Fame chap. r.
'ſliemiſlL ſuit
ance, combien qu on ne puiſſe doubter , que ſon âuthoritc'.
ceux,qui dorment, n’ayent leur vie en actegpuis
quïls reſpirent Yairincelſammënqtfils ſe 'nour
- tiſſent, qu'ils ont Force &vigueur; autrement
Faudrait dire,qu’ils ſót 'morts 8c vifs tout en
ſemble, ce qui ne ſe peut fairezädîouſtons y eriÎ
cor' ceſte raiſon 5 les plantesgqui ont Patrie Veí
garante commune auec les' beſtes, ne dorment
point, 8C toutes-ſois leur' vie eſt touſiours èñ
,ñ . . ſ . ſ ‘. '. ‘ 1 i}..-.ſſ

T_H. Ictaçdit que tu ayeïs reiecté~à bon droit


_la definition éYAriſtoce, toutes-l'ais ceſte âcſiz
nitionegenerallc, à ſçauoiri-qùe l'ame' eſt -Unëe _forſi
*me viæéÿzæinte , ne me ſemble pas -bien expliquer
_la difference de
desîlidinïnés. M l'ame des plançeHdc-S beffes;
Y süÿarfiéîdeèpläntes 84': .— .Î
eſt celle", ſiñ
qui: _donne
ſtes èff vie, viÿueur,
cellezqui &force-z
anne auec Fame des'Iſien-
la-vigueurzle bef- .,l
"f 'XJ' .JÏJ ,ï
ciment,
' T HE.8cWelle
mouvement.”
chofſſéeſſfl: l'ame de Phomme?
M Y s. Celle qui-donne laîvie auec vigueunſenñ
cimenr,& intelligence: ſiir-quoyil Faut remar
quenque tout ainſi que le plus grand nombre
comprend le plus petit, 8c le Pentagone le Te":
tragone, 8c le Tetragone le-Trigone
gone le Cercleztout de ſſhſeſme faut-il, juger-des_-
6c le-Tti ñ

formes ſubſtantiellescar ceſte là eſt la plus ſim~ñ


ple, laquelle donne ſon- eflence aux ClÎOſCSJÎC
plus ne moins que le cercle aux figures, 8c la.
quelle peufl: ſubſiſter 'dëelleñ-'nxeſine en -nattrrê, _)ç,i..ï' ..
î “ſi” ſi R R 2.
630 QYATRLESME LIVRE
comme l’eau &les autresÿcorps ſimples des ele
ments; apres ceſte-cy vient la forme de plu
ſieurs elements enſemble , comme la forme
- d’vne pierrezôc apres ceſte—cy,la——ſorme des cho
ſes,qui ont vie auec la ſuſdicte compoſition
des elements , comme les plantes 3 puis apres
ceſte-cy enſuit la forme des beſtes , qui outre
les precedentes Formes a ſentiment 5 ?homme
outre toutes ces choſes a la Forme intellectuel
le,laquelle encloſt toutes les autres , .86 neant
moins il n’a pas plus que d’vne forme , car la
plus noble eſt touſiours en acte 6c toutes les
autres ne ſont que puiſſances 8c ſacultez
de la plus noble. Ariſtote touteæfois coni
pare autrement
contient que nous
le Tetragone Fame
8c le avnc_etcle,qui
Triſigone, mais mal "
à propos , puis quela figurctſſcitculaire eſt la.
_ plus ſimple de toutes ,BC pour ceſte cauſe elle
g Atiſiot. a e— ï ’ -
ffiípmſhſifl_ reſſemble plus-le eorjpspſimple _Qc moins gom
de ram; que oſezau contrairelame ,del homme _eſt de plu
ÏÃKËZÏLË: ſieurs 8c diuerſesñ ſortes, car ellezcomjprſend cel
xb-oycnrqè-eles
elles e Oyé:
le des beſtes 8c des plantesznon
_~
autrement.
, - “ë” \
Panidÿme, H. Poprquoy as tu oſté la raiſon a la de
la de raiſon. finition de lhomme P M Y s LElle eſt comprin—
:Ãlëîîifflàlo, ſe ſoubs le nom d’en,tenclement ;mais d’autant
M, XPH que Democrite ²,_A_naxagoras,Plutarque l²,Porñ
c Porphy au', phyre 58C les Stoiciens ſe vantent d auoir preu
dz.) ,zmxffl ue par bons arguments 8C par pluſieurs liures
7,3,, L4… eſcripts pour confirmer ceſte opinion, que les
kw_ \beſtes eſtoyent raiſonnables, Fay pris-de là Oc
Enan eſctipt caſiomde ſiibſtitueràla raiſon le nom d'enten
dſ; dement, à fin de ſeparer par ceſte difference les
lnímaux. hommes des beſtes brutegleſquelles ils auoyet
- comoinñ
SEcTroN I. 'G31
couioinctes par le lien de la raiſon.
T H. Ne ſerOit-ilpas meilleur de ſeparer les
beſtes brutes d'auec l'homme par la raiſon', 8c
l'homme d’auec
puis que les lesſont
beſtes Anges
delilaaraſſez
ſentendement,
conioinctes

àla nature de l'homme par le ſens &le mouueñ a …bm l.,


ment PM Y s. Certes pluſieurs ont ² iugé,qu'il Grand au :a
le faut faire ainſimiais ils ne prennent pas gar- WW
de,que, de ceſte ſorte ils deſpo-uillent l'homme
Œentendement, ſans lequel il n'eſt rien differêt
des beſtes brutes ſinon de figure , car il n'y a
rien,qui luy ſoit plus propre que_ d'entendre:
voilà pourquoy nous ſommes admoneſtez par
Peſcripture 5 de ne ſembler aux Cheuaux ,1iibPſ“‘“"‘°4"
aux Mules, qui n'ont point deutendement.
T H E. Pourquoy ne definiſſons-nous l'ame
le Principe de vit-,de ſentiment, &d'intelligen
ce? MY S T. C'eſt Ta ſeconde 'definition d'Ari
ſtotedaquelle conuient quelque peu à >l’hom—
me : mais il faudroit , ſi elle eſtoit bonne 8;
generalle , qu'elle ne comprint pas moins les …
plantes 8c beſtes brutes,que les hommesxmeſ
mes. Mais outre ces incommoditez elle a auſſi.
ceſtQ-cy, ſi on ſapplique à l'homme, que rien
, ne P eut eſtre a P ellé Princi P e de vie,ſenti~ment

8c intelligence, horſ-inis ?Autheur de nature,
ar lequel ſeul nous auons prisgircſ-,ôc exprimé
ſa vie,les ſens,8C ſentendements 8C parle bene
ſice duquel nous ſommes , ſentons , 8c chemi
non& ,
T H E. Pourquoy n'eſt l'ame d'air, ou d'eau;
puis qu’vn animal ne peut viure, ſi on luy fer
me le paſſage de la reſpiratiózon-
R R ſi ſes
3 humeurs"
ſi
633. VÀÀ-.TRIESME LIVRE
'ſe deſeichent ?M Y, L’vne de ces definitions il
eſté de Diogenezfóc Fautre d’Alcmeon:deſquel~
les il faut que l’vne ou l’autre ſoit fauſſe , com
me nous auous deſia dict , veu qu’vne choſe
ne peut que
auoir plus d’vne definition : carlſiuſt
voire
meſme nous definiſſions, que l'ame de
ſubſtäce
pas pouraqueuſe ou aërée,tout
celà anime', pource quelepluſileurs
cor S ne mê
_ſera

res n'ont point d’air ni d’humeur.D’auätage,il


faudroit qu’vn corps penetraſſe vn autre corps,
c'eſt à dire que l’_humeur penetraſſe l’air,ou l’air
l’humeur ,ou rousdeux la chair: ce que nature
ne peut aucunemêt endurer.D’ailleurs,les pli
tes ne reſpirent point , ni la plus grand' partie
des animaux: Et meſine , que rien ne puiſſe vi
ure ſans humeur , il ne ſenſuit pas delà toutes
fois , que Fame ſoit pluſtoſt d'eau que de terre.
T i-i. Pourquoy ne defiifiſſons nous Pamela
choſe , ſans laquelle on ne peut viure ê M Y S T.
Pource qu’il yapluſieurs parties ſans leſquel
les nous ne pouuons viure comme le foye ,le
cœur, 8c le cerueau : mais ie ne diray pas ſans
les parties , veu meſme qu'on ne ſçauroit viure
ſans l’vne des quatre humeurs: Et toutesſfois
perſonne ne voudroit dire qu'aucune pai'tíe
,ou humeur fuſt ſame des animaux ou des
plantes. - ~ '
—-
…L'Ange lÎHaſirmonie 8c accord des quatre nous
T H E o R. Pourquoy ne deſiniſſons ele
nientgpuiſqueles mœurs de l'ame ſuyuent leur
\temperature
craſic de leur ,temperament?
6c qu’elles ſe changent par
MſiY s. C’a la l’o——
eſté diſ

pinion preinietement d’Empedocles,,puis apres


de
SEcT1oN I. 633
de Timee , tiercement de. Gallien ², laquelle
Ariſtotebme ſembleauoir aucunement approu— ;ail Au l. auquel
“lonſhcquc
nee en trois diuers lieux ,vôc reiectée en Vnlesgmeurs de
ſeulnellemët qu’on peut veoir en cecyjla lege-q-"ſaëſſiſ,
tete' de c'eſt hóme,'qtli n'a-Jamais pu atteſter en 'docoigs
ſes eſctipts qu'elle ehoſeeſtoit lame*: comme l' ^" 4' l' J"
auſſi n ,a pu Gallien
, ,
ï qu ,_1l eſtolt
.. artícs des ani
, diſant encor' m-…\—.x. F.: :au z.
en doubte , ſi l'ame” de l'homme eſt autre cho-l*** l² GW”
Et au :des par
ſe , quele temperament des quatre humeurs ou ties des ani~
qualitez', d'où ſontlesñ autres ſormeszffiaurant, ?ſſii “u du
dit-il ct,~ qu'il recognoit _en l'homme quelque cauſe-cts; (ctym
choſe de Diuin, comme il Teſmoigne enplu- P‘°“îl°‘;",;,²_.î
ſieurs lieux 'de ſes -eſcriptſisi-ſi-'Foutes-ſoiſis ceſte Îſ-J-.zùſird-ehſſapſſsl
opinion du_ temperament ſe peut Facil—em_eſin'të'²" î5"í“'d°
_ . . ñ . -.… p Pvſagedcspar
renuerſer
ſirées- ,ſoit,' que
à Iuſtice les 'humeurs
comme ſoyent tem
parle Galliengct' Ôuſſ e- tieLEtnu u….
. - . i "dfcïulítinfnæſfïév ':11
qu'elles l'e ſoyent à²Poids -, c'eſt à dire à propor- Fu au gidç ſes
tion Geornetrique îoju 'Arithmetique ; po'u’rceffi‘ſſ'“ſſ'ï‘ï'iſr’g
quela qualite' eſtanr rnſſuableſide ſa nature peut Ëſzdmuſin. ſi
allerîêc venir du ſubíect - au ſubiect ſans le cor
rompre, 8c meſine qu'elle ſuſt en lÏVne ou en'
l'autre proportion, elle ne lairroit i1eantñmoin~s
de ſe changer en- vn moment , pource qu'elle -z . q!
eſt enperpetuel changement; tellement qu'il 'ï * Id
l 33:1]
ſaudroitque l'animal
queſaëtemperattuî-é bienmouruſt , tout
'balancée atlſſi-
ſeroit toſt
diſſou-ct
de patîlfincurrence du ſec àlîhumidefic de l’hu—~
mide au ſeo; du Froid au chaud,
fioidſÜatſiiſſantagcfiſirſſious 8c du 'chaud
definiffions au
l'ame par . _z n; d
l'a temperature des qualitez,il faudra confeſſer d! .
qu'elle n'eſt rien'qu'Accident, 6c voire Acci< î '~
dent desctAccidensz pource que ſi les qualitez
ſont' Accidents, leur temperature ſeroit Acci
ï I
. RR4.
654 QYATRXESME LIVRE
dent des Accidents. Item ſi les pierres 8c me
taux 8c tous les autres mineraux ſont tempereñz
des quatre qualitez elementaires ,il faudra pa
reillement qu'ils ſoyent animez.Puis d'ailleurs,
il nous ſeroit facile par ce moyen de faire vn
corps animé , ſi quelqtfvri verſoit d'eau bouil
lante deſſus la fange geléegcar on pourroit ain
ſi ſacilement tempeter les quatre qualitez voi
re meſinc àpoids 8c proportion Arithmetique,
à_ ſçauoir la grand' ſiccité de la terre,par la grid'
humidité de l'eau; 8c Pextreme chaleur du feu,
par Fextreme froidure de Pairzleſquelles choſes
'eſtanr abſurdesffluffi de meſme ſont les autres,
qui en deſpendent. A
T &Pourquoy ne ſera l'ame vn feu puis que
tous les animaux ont vne vigueur de ſeu ,la
quelle on appelle chaleur Innée? M Y s T. Ainſi
s Democrire 8c Leucippus ont-ils definy l'ame,
' car ils vouloyent , que le feu fuſt auteur de la
copulation des Atomes : mais de ceſte ſorte le
feu tueroit pluſtoſt , qu'il ne viuifieroit,s’il n'e
ſtoit temperé d'humidité. Toutes-ſois, l'argu—
, ment ,par lequel Ariſtote refuteleut opinion,
a Ma i.l.del’a- eſt falacieuxzpour ce dit-il, ² que l'ame rauiroir m,
m"'" haut le: c027” -Znimçz,ſielle eſtoit defemmais diſons p
luy que la maſſe de l'eau 8c de la terre empeſñ_
cheroit auſſi par ſon poids, que la legerete' du
feu euſtce pouuoit. - . ,P ~
_ , T H. Ne ſeroit ce pas aſſez de definir l'ame,
h Ainſi l aeſ
fflp, Mim… par la puiſſance de mouupire M Y. Tous b, ou
augſhdcſamhpcu s'en faut,la definiſſentparle manquement*
cognoillance , 8c ſubſtance incorporelle —: mais
ceſte definition ne luy peut conuenir , pour ce '
~ que
SEcTroN I. 63.5
que la cognoiſſance ne conuient pas au plan.
tes, 8c que pluſieurs choſes meuuennqili n'ont
point d’ame:commel’Ai1nant, quand íT-atrire le
fer : ou comme l'Ambre,qui attire l-alpaille : ou
côme les medicaments L holagoguesautremêt
appellez Cholaphyges , qui tirent 6c iettent la
bile hors le corps. Ilne me Faut. pas ic obiecter
l'opinion de Thales Mileſius , qui' ouſtcnoit
que ?Aimant eſtoit animé,pource qu'il attiroit
le ſer , puis que les racines des plauteszqui ſont
attachées de terre il y a ja long rëps,8c qui ſont
du tout fiaiſtriespnt bien la force de tirer 8c de
mouuoir les lÎüſIÎCuſS. Laquelle raiſon fait que
Plotin ² aileuroir., qu'il n’y auoit rien ,qui ne aFame.
Au liure de.

fuſt anime' s de ſorte qu'il conſondoitlcs choſes


animées auecles inanimées.
T H. Pourquoy neſera l'ame de Sang ?M Y- só
C’eſte definition eſt de Critias,, mais elle ne cô
nient ni aux plantes , ni a quelques animaux,
qui n'ont point de (àngszëc mcſffle lcs.- animaux
meurent bien ſouuent ſans perdre- vne-goutte
de leurs humeurs. . -
. T H. Combieude puilſances a l’amezMY S T.
Elle en a aujant ,qu'il y a de ſortes ,BC de' diuer
ſitez de membres au corps animé : il y a beau
coup certes de vertus aux plantes 8c en chacu
ne de leurs partiesgmaís ily en abeaucoup plus
aux beſtes S 8c encor' plus aux hommes , qu'en
toutes les deux ;comme qui dirait de viure,de
ſe mouuoir , de ſouluirtcr , dämalſer , d'aual—
ler, de digerer,de reiecter , d’engendter,de ſen
tir,d’imaginer,d’opiner,de raiſonner,de di uiſer,
de compoſende contemplendc ſe ſouuenir: ' i
4

RR;
636 (Lv ÀTÏHESME Liv nr
finallement-chacune partie du corps à ſon vſaſi
ge 8c ſesfacultez ;comme par exemple les yeux
àveoir 3 les oreilles à ouït ,- la langue à gouſter
&parler ;le ſang ànourrir 5 tel jugement peur'
on faire des aut-tes parties du corps , deſquel
les les facultez -ſortent de' l'ame , ne plus ne
moins qu’vn nôbre inſiny de petits tuyaux ſont
conduicts de la uiaiſtreſſe fontaine' en dix mille
parts d’vn verger: ou, ne plus ne moins que de
la forme d’vne pomme ſort la couleur,odeur,
ſaueuizfigureda force de laſcher le ventre 8c de
nourrir. Ayant aux actions,clles ſont en par
ties propres à l'ame ſeule ,Gt en partie à tout
l'animal : ou elles commencent en partie au
corps , 8c finiſſent en l’ame , comme le ſon ;ou
elles commencent
ſſient-au en partie
corps , comme en l'ame,
les paſſions 8c 8c ſiniſ
faſche
riesdeſquelles gaſtent premierement Fame , 8c
puis le corps par leur voiſinage: les maladies
tout au contraire affligent premieremenr le
corps,puis'apres Famezla volupté 8c la douleur
ſont communes à tous les deux._ . .1

T H: l_’—au'ois appris autrefois , que les choſes,


leſquelles tu appelles vegetanteſenſuelle , &t
intellectuelle'
moins eſtoyenbdes
des partieslcſſle Fame. aiues
MY S,ou pour le
T. Pluſieurs
ſont encor' auiourd’huy en ceſt" erreur : car ſi
nous confeſſions que ces trois choſes ſont par-
ties de l'ame , il faudrait auſſi confcſſer , que
toutes les facultez ſuſdictes auec vnnombrein
a Ariſhate a ſiny d’aiÎtres ,leſquelles lie paſſe ſoubs ſilence;
vſe de ceſt aï' fuſſent parties de Fame. ' Car pourquoy ſeroit
ument LIU

.de l’autre c. ,Îſ pluſtoſt la force du ſentiment partie defame,


~ ‘
'lp que
SEcTioN ‘I. 637
que la puiſſance fappeter, Æengendrcr, de ſi:
ſouuenir , ou meſme de vouloir, puis que la vo—
lonté tient le principal lieu en l'ame 2 Ceſte ab
ñſurdité auſſi .rfenſuyuroit , que l'ame ſe pour—
roic diuiſer en parties : mais il faut neceſſaire
ment , que ce qu’on appelle partie en l'ame ve
gerante , ou ſenſiielle, Ou intellectuelle ,- ſoit ſa
puiflance ou facultézôc que leurs effects ſoyenc
compris ſoubs le nom d'action ou de fun a Ariſtote au
ction ². z.l.del'Amc
T H. L'Ame ne ſe peut-elle pas diuiſer? M Y.
Ouy cerres,comme le genre en ſes eſpeceszmais
non pas comme le tout en ſes partieszcar ſi elle
ſe diuiſoit ain ſi,il faudroit qu’elle ſe d1uiſaſt,ou.
comme Heterogenée , ceſt à dire , compoſée de
parties diſſemblables les vnes aux autres,ce qui
ne ſe peut faire, ſinon par le reſpect du corps
animé en ſes parties, car autrement elle eſt ſim
ple formezou il faudroit,qu'elle ſe d1uiſaſt,cOm—
me Homogenée , Ceſta dire en parties ſembla
bles les vnes aux autres, ce, qui ne ſe peut auffi
faire , car nous voyons, que d'vue ame naiſſent
pluſieurs autres ſans qu'elle reçoiue diminu—
tion, ne plus ne moins que le feu de lalampe ne
ſe diminuepoint
yſſ veuille allumer;pour tant deque
combien flambeaux,qu’on
ie ne nie pas,
que les corps Homogexiées ne ſe puiſſent diui— v
ſer imaginairement en forme 8c matiere , com
me l'eau,la terre,& le feu; toutesfois ce n'eſt pas
proprement partition de la forme,ou de l'ame;
puis qu'on ne pourroit reallement diuiſer la
moindre partie de la terre ou de l'eau,ſans qu’el
le ne retint ſentiere forme du tout , 8c non pas
vne
638. QŸATRI-ESME LIVRE
vue partie d’icelle5 tellement qu'il peut bien ad
uenir , que d’vne Forme pluſieurs ſe faſſent , 8c
ue d’vne Ame pluſieurs autres prennent naiſ
ſances toutesſois en ceſte production l'ame ne
reçoit point de partitiô, comme de meſme il n’y
a point dï-'corlps uatureLqui aiſt vne partie de ſa
formqäc qui oit ſans Pautre tout enſemble.
TH. Toutesſois nous voyons,que les parties
des plantes 8c ſerpens , qui ont eſte' ſeparées de
leur tout, ont vie ,ſe meuuent auec ſentiment;
ce qui me ſemble ne ſe pouuoit faire,ſil’ame ne
receuoit partition. M Y. La faculté naturelle
de Fame n'eſt pas moins aux parties des ani—
maux , qui ont eſté retranchées de leur tout,
qu’aux branches des arbres,à ſçauoir en l’extre—
mitddes fibres 8c des netſs ,leſquels parle mo—
yen de la chaleur 8c des eſprits ont vn temps
apres quelque vigueur; comme de meſine les
greffes des plantes,leurs bourgeonsdeurs reiet—
tons,leurs troncs 8c eſcorces retiennent encor'
apres auoir eſté taillez ou attachez la vertu ſe
ininalle,ne plus ne iríoins qu'vne flecheJetient
autant de temps ſon mouuement , que la Force
a eſté grande de lŸarc , dîoù ell’a eſté decochée:
au contrairgſi nous penſons,que Fame demeu
re aux parties. des plantes,qui ont eſte' ſeparées
î ^“ ï- lî- &ï deleur tronc, ainſi ~* qifAtiſtote veut ,il faudra.
l'Aude cds.
auſſi conſeller , que la ſemence eſt animée , ou
qu’elle eſt vn animaL-&C ce au ec beaucoup meil—
leure
tempsraiſon , qu’vnon
reiecton _,1 qui dans
toſt peu de
ſe fiaiſtrigſi ne ſifentebien ſur vne
l, Au ,_ u_ de branche: toutesſeis, le meſme "Ariſtoteme ſe
l’Amec.z. ſouuenant plus de ſes raiſons , reprend Platon
ſon
SEeTroN I. 6S9
ſon maiſtre d’anoir dict , que la ſemence eſtoit
animée , 8c qu’elle eſtoit vn petit animal : ce
qrſeſtant eoncedé , il s’enſuyuroit que les ſe
mences des animaux auroyent ſentiment 6C
mounement.
T H. L’Ame=n‘.eſt elle pas eſmeuë? M r s. Elle'
menſt bien, mais elle n’eſt pas eſmeuë; quant au
corps il eſt eſmeu , mais il ne meuſt pas , ſinon
que Fame ?incite premierement. Toutesfois on
peut bien dire que Fame eſt eſmeuë par l'agita
tion du corps , comme le Patton par le moyen
du nauirc,mais c’eſt ar accident. ~ z,
T H. L'Amc a el e leprincipe de mouuoit
d’elle meſme ou de quelque autre? M Y. Ariſto-ñ
ñ te rient qu’elle Pa d’elle meſme-Anais nous auons
deſ-ia monſtre au commancemenr, que rien ne
peut auoir le principe de mounoir de ſoy-well
me, qui ne ſoit Eternal, 8c qui ne ſubſiſte telle;
ment de' fa_ propre nature , quïl ne doit rap,
porter ſon principe à vn autre choſe qu'a ſoy*
meſme , telle que nous-eſtimons la_ premiere
Cauſe. I b , _ ...r x,,.
TH. Concedonsñ. _que Fame -a leprinciped-c
ſon mouuement de la premiere cauſe,ou des au-ñ
tres cauſesconſequenîtegpoutquoy-ne ſe mtut
elle donc 8; le corps auſſi? M 1 Sr. Pource que
rien ne ſe ment de ſoy-meſine , 8c ue le moT_
teur doit touſiours 'eſtre autre que e mobile
' _ou ſelon ſa nature , ou ſelon .le ſirbiect ï. De là a Ariſtide 7.1i.
on peut entendraque la demonſtration-de Pla: E: ÃYŸÎË:
ton l' (de la uelle neantmoius ;les Academiy la Mttaphyſi.
ciens-ſe glori ent) eſt pluſtoſtvn Paralogiſme, q”
bEn ſon flick
ou decepfion qu’vn bon argumemdguand il rar- d….
onne
640 QYATRIESME LÎVRE
ſonne ainſi pour prcuuer que les ames des
hommes ſont ſempiternellcs : La chaſè , @aiſé
meuf? d’elle maſi/le , ſi* meuſt touſîour; , ce, guiſe menſt
tauſîounxſ? Eternel : ilfirm doncqucnque la chofê, qui
ſè meuſl d’elle meſme ,ſhit Etemeíle : Certes ſi ceſte
demonſtration eſtoit Fondée deſſus vn autece
dent veritable,elle ne preuuetoit pas ſeulement
que les ames des' hommes fuſſent &mpitcrnel
ñlcs,mais auſſi qùîelles ſont neccſſairem ent eter
a Au Lliure nelles. Or nous :zuons-deſ-ía ï monſtre' cy de*
nant , qu’il n’y auoit rien d’eternel , hors-mis la
premiere cauſe z Dieu tOutesFois ne' ſe 'pteut
mouuoir ne par l-uy ne par autre c* carsëil e oit
mobile,ou en quelque Façon muablenl ne ſeroit
de' ſa nature Sempiternel , ou pour' mieux dire,
EterneLÀOn peut iuget delà que Próclus ,î Her
mias, 8c- Syrianus A cademiciéns néTz-“ſont-pas'
moins deceus, quandils ont enlénd u,- que-île di;
re de 'Platon ſe' rapportait à PalñeîäesŸliomincs;
que Poſidoniugqui le prennoir fèulemênt pout
fame du monde; ou que Picusde la Mirandolle,
ui aeſcript,que la raiſon de Platon Ïentendoit
"ge-Fame8cde
“Ictïlo-tin de tous les animaux , ſelon Paduis de
Numenius. 2 i, î- - -

T H; Concedons que l'ame ne ſe 'tueur-point


d’elle meſm e, ſinon accidenrairement ~,' qui em
peſchera pour celà , qu’elle ne ſoit-principe du
Ïnouuemenr du corps? M Y S. Elleeſſcertes la _
cauſe interieure du mouuement du corps , mais
. non pas ſon Principe! car ce mot de Principene
\
peut conuenir a-aucune choſe qu’à Dieu ſeul:
8c meſme combien que Fame ſoit la 'cauſe inreë
rieure-du mouuemengelle n'a 'pas pour cela ce
' - 'î ſte
ſte faculté d’elle
Sec meſinc;
T I ou;
comme-f;
ZI., Ariſtotepeſh.
x, 641

ſe , ce quectnous. auons deſ-ia refuté : c’eſt auſſi b,l Amc”.


Au 3. li. de

vne choſe fauſſe d’auoir eſctipt , que lÏame ſen


ſuelle n’a point de mouuement z, Pourae , dit—il,
que plnficum anima” 0m ſêntimeni _, qui ne ſé
“menaient point ,v mais _il n'a apporté aucun_ exem
pl-e,ce qui confirmeïauantage \a tenierittäveu
que les eſponges meſmes , qui ne ſont pas-am'
maux parfects, ainsſçulemcntë Zooplîiytcss ont
çnouuemcnt 6e .ſe ñ_ reſtroiſiiflent xQLllesleS_ ſois
qu'on les tollçhïa cin-qu'on leszprzendñà lamain;
ou qifon les cou_ppe, :zôçtmeſmes lesſplântes, qui
nîoriraurrreñvicquezla ysgecatóinciskïälsuçnn djvu
lieu bas en häilïſizœr irentdesracinæ-lälimentz
ui eſt conuenablezañleur, nourï-itiircrpnurlc .di-i
_. tibuer du remix: auäebranchcsziäózdcs branches
aux_ rameaux-ï, 8c —.des .rameaux :aux feuilles 6c
fruictnqui le digqrfintgôc- en prennent aderoiſſeñ
19cm en toutes lotte; de dimenſionsi-ècqiii-'nxz
ſe pourroit faire ſansinouuemeaä. z. ,
z. SiÏ-Amësouzdes hommes.- ou dœzbcſtesï
n’a point de mouuemennilÎsÆrnſu-it qu'elle ne ſe,
reioüiſt point, mïqtñſclle ne ſe conrriſtepoint,
niqifclle ;ne ſe cóutroüce Pou… mais le conſc
quent de cecy Écfi: abſurde , puizsque nous vo-ë
yaris , que la ſeule. penſée a bien .ÏËÏÎÏÎJdÛ pou
' uoir,qu’elle pe-utquelquefois_tellemcnteſmou
uoir noz eſprits,, que tout. le corps frqmy , que;
les \cheueux Ïheriſſent , 8; que .tout-loviſagcñ_
change de couleur. MY s.- Nous appellons cœ
mouuement alteration, qui ſort de *ameôcſe
tranſporte aux parties organiques , îcornme,
quand nousdiſons que la colere 65119111101511??
" tranſpor
.642 QyATRIE SME LIVRE
tranſporte 8c- eſmeu vn perſonnageſircar en ceſte
ſorte l'ame eſt mouuantqôc tbutësfſiois elle n'eſt
pas eſmeudpnis que le viſage paflc —, Febulitio-n
du lang autour? du cœur', Fhetiſſernent des che
ueux en la teſte-,Sc le grincement des dents,qui
vienët de la penſéeme ſoptipoint ſuffiſants pour
reuuer que l'ame ſoit e meuë , ains culement
âtfelle meuſt E: orla cauſe de-'ce 'mou nement' et!
doubles l'vne ,qui eſt naturelle , 6c- ne depend
pas dela volonté , comfneîleëmouuement _du
cœur 8c des' artères , du -‘foye‘ 8è des' veines ,' du
ſommeil 8c de la veille, des' ſon gesgdela centro
&ion 8c dilfiribunon des »aliments , de l'ac
croiſſemeímtñ de 'tout le corps-Gode? ſes parties-S
l'autre eſt Volontaire',
des nerfsct,mtΗſclcs,8c comme&des
tendons; le mouuement
actions de
Tentendemenmoutesfois en ces deux *ſortes dè
cauſes ily en-a , qui ſont plus' proches du mou-i
uemenncomme 'les 8cnerfs
8C la chaleur i-nhée; 78C rnuſïíleäzles
d’autres,qui ſont' lus 'eſñï

loignées ;comme la preſence d’vn !amyfſaſpert


de ſondeenncmy
ioüit quelque;ou le deſirde
plaiſir ſe venger
&ct 'Voluptéí i” " , z "ou de?7
~ T H. Poils quelesvſhcultcz- 'de l'ame-ſont acci
dents Gc que l'ame? conſiſte de Ïellesſacultez , il
s'enſuitî que lîtm-e eſt compoſée d-'Accidentsdï _
M Y. Nous auons def-ia dict ,Équerame eſt vhe
forme,q-ui viuíífie: ſi' elleeſt ſorme,elle ne peut
eſtre accidentzïcar' aucun accidenene peut don-î
ner eſſence
deſ-ia moſinſtrévne
: orchoſe
l'ame, eſt
comme nousrſes
coguuë auons
fa—
cultez ;les facultez par ſes actions , 'ame n'eſt
doncpasfacultéou action , ni vie au-\Ii , pource.
‘- ' que
SEcTioN I. 643
que la yie eſt l'acte de l'ame, 8C que den ne peut
eſtre la choſe, par laquelle il eſt cognuzôc ineſi
me, tout ainſi qu’il y agrand' difference entre
l’eſtre 8c l’agiſ,de meſine auſſi il y a. ſand' diſ- '
ference entre l'eſſence 8c l'acte,enrte ſa puiſſan
ce 8c l’opetation,entre la cauſe ôèlſeffechôc enz
tre la ſubſtance 8c l'accident. Ie ne puis icy ap
preuuer'la ſentence de Iean Picus. qui appelle A (En ſes poli
les facultez de l'ame accidents en l'homme , 8c "°""
eſſence aux Angesgcar il faudroit de ceſte ſorte,
que les accidents ſe changeaſſent par le chan-V
gement de leur ſubiect: en ſubſtance z \vais onï
ne pourroit trouuer raiſon plus impertinente
que ceſte-cy. . ï K

T &Toutes-fois c’eſtla meſme opinion que


celle de &Auguſtin bzcaril a eſcripgque/Ïamel) au liurede
eſtoit ſa meſme force ôcverru. M Y s. Il fautdiñ 3P'"'*'-‘7”"~~
ſputer par raiſons 8c nô pas par Fauchoritézíles
autreszcar ſi la faculté de l'ame eſtoit l'ame meſa
ine,le ſens 8c l’entendemêt,la ſubſtance &Paez ,
cident ſeroyent vne meſme choſe; pource que;
ſi deux. choſes conuiennent a vne tierce , elles
conuiendront entreñelles meſines ; 8c ſi 'elles
ſont vne meſine choſe à l'endroit d'vne tierce,
elles-ſeront, auſſi vne meſine choſe à l'endroit?
cſelles-meſrneszmais tel conſequent eſt 'faux
(du ſens &de lT-Lirtendemcnt à Yendroirzde l'a”
) e)~ il‘ faut doncques 3 que par meſme raiſon
m ~ p
- a
l antecedenuſoit tel. D auantagenl S enſuiutoit
par ceſte meſme ſentence . ce que Diaearque
auoit * propoſé, à ſçauoit que l'ame n’eſt ,autre n
choſeqtſvne force &vîettmlaquelle eſt eſpanñ ~ſuſculangL
due par tout le corps, .Be laquelle vient à-pcrir
SS . .
O

644 QVÀTRÏESME LIVRE


par la corruption de ſon ſubiect, ce qui .eſt cô
mun à tous les accidents. Tellement,que ceſte
contraricté d'opinion afaict penſer à pluſieurs
n…ſe
L'Eſca-
d” IIſm_z. ï que les Forces de Fame_ eſtoyent moyennes
zenccuhoclus entre la ſubſtance 8c l accident. Si doncques on
‘“""'°d°l"~
me &du ne_ pe ut p enſet aucune c h 0 ſe 3 qu i ſoir moyenne
nou. entre la ſubſtance 8c l'accident , ce ſera ſans
doubte la quantité, ou rien du tout ?mais la.
quantité eſt efloignédde la ſubſtance de Fame
’ d’vn interualle inſiny.
TH . C’eſt aſſez expliquéfflombien la facul
té eſt diſtante de Pactiomôc combien l’ame eſt:
diſtante de toutes les deux : mais ie n’entend
pas quelle difference il y a des inſtrumëts ſen
_ ſoires au ſens , 8c du ſens au ſentiment z 8c
À ?nelle difference ont les vns 8c les autres des
orces de Fame? M Y s. Pour le te dire,l’ame eſt
la forme du corps animéSFœil eſt ſon inſtru
ment ſenſoire pour veoir ; la faculté de la veuë
eſt ceſte qualite' meſine,qui eſt en Pamesla vi
ſion eſt Foperarion de l’ame,qui vſe de ſa puiſ
ſirnceg-commc «l'vne main , 8c_ de l'œil comme
d’vn inſtrument; la neige eſt le ſirbiect ,. qui .ſe
peut veoir pan ſa 'propre lumiere ,oupat la lu
miere d’vn autre', ou par toutesiles deuxztoutes
ces choſes ſont requiſes pour la; vcuë : tel iuge-ñ
ment peut-on faire de tous les autres ſens.
T H. We vouloir donc dire Ariſtote, quand
ï Au iliu
' ' de il~ -
a eſcript ï - eſtoit
l' s que ſi lœil ~ annual
' , que la
l'ame. u
- veue ſeroit ſon ame? MY S T. C'eſt comme, ſi
~'_ ’ ..ſſi
__’ ^quelqu’vn
me , ou uediſoin, que eſt
Pedifice la vie eſt l'ame de
l’Architectie Phom
s car tout
ainſi quecla vie eſt lëactede l’ame,& non pas l'a
' ’ "me,
Si-:cTxoN I. 645'
me, tout de meſme la viſion eſt l'action de l'a~
me,& non pas ſon elſence.
T i-i. (Lÿeſt-ce que ſentiment? MY s. C'eſt
Papprehenſion de l'obiect,qui eſt mis deuant lç.
.ſens S lequel le recre'e,S'il luy conuient; ou l'of-p
fence,s'il luy deſplait:d'ailleurs,tout ainſi que
Pobiect ſenſible excite le ſens,tout de meſine le
ſens excite la phantaſie ; 8c la phantaſie l'appe
tit àôc Fappetit
dement : deſſſortela, volonté 5 8C ceſte-cy
que tantplus l'enten
ſentendement
eſt diſtant du lens,tant plus auſſi l'intelligence _
eſt efloignée du ſentiment.
T H. Les plantes n’ont~elles pas auſſi quel
que ſentiment? M Y. Platon, Plotin , Picus de _ A
la Mirand0le,8c Galien ² ont eſté de ceſt aduis: :elf
mais on doit pluſtoſt appeller celà ſympathie naturelle,qii_e
voluptézleſquelles
que ſentiment,qui deux
n'eſt iamais
affections
ſansſont
douleur
bien ella-id….
ou au :Tc:
loignées du naturel des plantes : car nous at- ËJËÏÆËZLZ:
lons metaphoriquement , quand nous di Oſlsywiue”. _
que les plantes ſe reſiouiſſent d'eſtre en lieux T*:
humides , ou au Soleil, ou à l'abry z ou que les chmdu :Jme
vignes cerchent des treillcs pour s'accrocher l" H‘P"P“““*
‘ par leurs petits agraphes aux branches des rar
bres voiſins pour les embraſſer &tenirferme
ment de leurs vrilles. ;
T n. Denant que venir à la diſpute de l'en-
rendement , 8c de la cognoiſſance , qui luy ape
partient, explique moy s'il te plaiſt la force 80
nature decttous les ſens 8c choſes ſenſibles', 8c
qui ſont les propres obiects de chacun dïceux !z
M Y s. Entre les obiects ſenſibles,il y en a, qui. ‘
ſont propres, 8c les :tu-tres communs : les pro
S S 2.
646 QyATRXESME Livret
pres ² ſont ceux, qui ſe peuuent premierîement
a Au 2.1i”. de
l'ame. 8c d’eux—meſines apperceuoincomme la lumie~
re par la veuë ;~ 8c les communs ſont ceux , qui
ſe peuuent apperceuoir tant par vn ſens que
par l'autre, comme la grandeur.

De la fire: @'- namrc Ô- de: obicct: dnſêm,


o** des Elm-ſh.: _ſenſible-L
'ï SEcTioN II.
T H E. Æœſtœe que le Sens P M Y. C'eſt vne
faculté,qui eſt portée de ?eſprit animal à l'or
gane du ſentiment , par le moyen duquel les
choſes ſenſibles ſont a perceuës.
T H. Combien y a-iîde ſens P MY s. Sixzla
b !laren I”
veuë, ſouye, le flair, le gouſhle tact, 8c le ſens
Thuin”,
commun: car les Academiciens b &Peripateti-z
(Ai-iſt. au z. ciens ï' ſont d'accordſſen Feſtabliſſemenr du ſens
liu de l'ame
chap.). commun.
T H. L'eſt-ce que le premier Obiect d'vn
chacun des ſens P M Y s.Rien antre,que le pro
pre obiect: c'eſt àdire ceſte choſe ſenſible ,la
quelle ſe preſente premier au' ſens , &non pas
celle, qui luy eſt proportionnée, comme quel
ques_vns penſent, car voiremeſine que Pœil ap
perçoiue la couleur,le nombre, le mouuement,
le poids en la BalanceJa ſigureJe repos,la gran
deur,la petiteſſeJa ſituatiomla diſtancelaſpre
té, l’vi0n, la ſeparation, l'ombre , Feſpeſſeur, la
grefiete', la lumiereæoures-ſois la lumiere eſt le
premier obiect de l'oeil, car ſans elle il ne peut
du 'tout rien veoir, pas meſme les couleurs.
T H E. ()\1__1’eſt-ce que Lumiere? MY s. C'eſt
vne
Seck*: o‘N‘ II.._ .647
vne qualité, laquelle ſortant d’vn corps lucide,
illumine ce, qui eſt obſcur, pourueii qu’elle ſe
termine contre vn corpsgjui faſſe reflexion de
ſes rayons-:il y a toutes-fois difference entre la
ſplendeur 8c la lumiere; pource que la ſplen
deur eſt des corps tranſparens ou luiſauts , la
quelle n'eſt autre choſe ,qiíe la reflexion de la
~ lumiere meſineztoutes-fois il y a certaines cho
ſesdeſquellcs outre leur ſplendeur ont quelque
lumiere en elles,comme le Cullut, 8c quelques
eſcailles,8c os des Poiſſons, 6c comme meſme
quelque bois pourry,qui ſe peut. veoir la nuict:
tellement que pluſieurs appellent premiere lu
miere la clairtéautre
vermiſſſſcainôt du Soleil, du feu, 8c de
'choſe ſemblables S 8cceſecon
petit

de lumiercda ſplendeur on reflexion de la pre


miere:pai' ainſi ils veulent que les mots Latins
Lñærÿ' íffmffl ſoyent communs àla premiere 8c
ſeconde lumiere, toutes -fois que Lux ſoit plus
proprſſe à la ſeconde 8c Lumen àla remiere.
T n. Pourquoy penſes-tu, qu'il aille, que la
lumiere ſe termine contre viiſcorps ~ſolide fai
ſant reflexion
Pourzce de ſes ne ſectpourtoit
que la lumiere vcuËveoir
MX enS
autre part qu'au' corps icfôiliſoriñ la clai rt &ſi/elle
rſeſtoit terminée par Un auttçicorps" plus ſolide
que l'air :-car ce xYeſt-'pasïlîoffidre ~de la terre,
qui-nous empeſche dſie Ÿeoírdenuictdnais pluſ
toſt-lesmyotrs
momen: meſme
vdiíoſiicts contredu
le Soleil,d'autant
lieu oppoſite duqu’ils
ciel
fort loing par clelfiisîla- pyramide de la terrëî,
ſans rencontrer de noſtre coſté aucun' corps
ſolide, auquel ils ſe puiſſent tetminerzce qui ſe
a .WII S S z
648. QYATEXESME LXVRE
.manifeſte ſien vne maiſon fort obſcure ,car ſi le
rayon du Soleil penetre dedans par vn crtnis,
8c qu'il ſorte par vp autre àloppo ite ſans

’/ i

g!i!i!I!i!I
!ñl-Iſſñſilçl-…l

un. u

J, C, la Soleil en «Bum (ier-p. GJ” mdiſàn ïbſchfï- ALB


__ Ie rayer-Am' p c À ,trainer-files tram E. 1-',ſims :ſite re
uerberr'. C, D, :Thym ui ej! reueiben' com” la ſan).
' 6,14 Ramin-e. D, là ffilcñdtnfi ’ '
rencontrer aucun corps ſolide pour reuerberer
ſa lumiercjl eſt ççrçaiiyquîl n’y aura pour celà
.aucune clairté eta-la iuaiſqnfit qu’on ne pourra
.rien veoir dedans.: mais d'autant que le corps
_de la Lune eſt plus ſolideque l'air,il reçoit nc'
çeflairement la lumiere du Soleil par laquelle _
jlreſplandit la nuiſct S tellement .que, ſi quel
qifautte corps ſolide, comme_ on pourrait dire
!a ſertË-CÃQÃC- GOllQQÛË .au ï-:iclznous ne. 1.6 'Yer
— A, ‘ tions
d

SECT1ON II. 649


tions pas moins que la Lune , toutes-ſois il ne
reſplendiroit pas tant qu’elle,à cauſe de ſon ex
cefliue obſcurité : Et meſmes,il n’y auroit, peut
eſtre, point de nuict , ſi vn grand nombre d’e—
ſtoilles n’eſtoit tant eſloigne' de la terre, ou ſi
elles Ïeſtoyent pas .plus diſtantes que l’orbe
de la Lune.
T H. La lumiere eſt-elle vne ſubſtance cor'
potelle 2 MY S T. Pluſieurs' ſont de ceſt aduis,
mais il ſe trompent gtandementzcar ſila lu*
miere eſtoit telle , elle chaſſeroit Fair de ſi pre
ſancc z Æauantage, les beſtes ne pourtoyent re
ſpirerd’ailleurs_
puis ni deiour , ilaus’enſuiuroit
Soleil, ni de nuict
vne à la Lune;
mutuelle pe-ſi
narration des corps ,laquelle eſt intollerable à
_ la nature. . d' t -
-T H E o R. Puis doncques que la lumiere ou
ſplendeur eſtjle premier óbiect* de la veuëqifel
le difference a elleauec la couleur P M Yñ. La lu
micreacoompagne tou ſiours la couleurgou ſoit
qu’elle ſe monſtre hlanchemuz-iaune, ou rouge,
ou ſoit qu’elle sîapcocherde l’vne de c'es trois
couleurs.; car les autres ne ſi: peuuentâveoir
ſans Elumieredorſſla co nleur-eſt v-ne qualitéadhe
rente .au corps, laquelle- eſtans_ illuminée excite
laveuë. '
.ui, TT ñ- ' ñ î .,1 y "".
ſi T”. Pourquoynfas-tutlelinyla couleur-vn
Actedircnrps tranſparent 8c terminésou, com#
males Ptytagoreens: difime, Papparoiſſanceñ du
corps ?d MY-s T. Cects «deux definitions ~’,‘ l’vne
&Ariſtote 6c Pautre deiïytbagoras, ne (peuuent
ſubſiſter : pource que' les» corps ne ont pas
moins coulqutez patñdcdäs quepar dehorszdíï
. S 4
650 QVAlTniESME LIVRE
uantage ,la couleur , qui ſe veoid à traucrs les
les corps Diaphanes , apparoiſt autre là,où elle
ſe termine,qu’en ſa ſuperficie :Item Peuidencc
8c clairte' d’vn corps termine' n’eſt pas cauſe de
ſa couleur, puis que les couleurs' ne laiſſent
. as moins d’eſtre couleursaux tenebres,qu’en
fa clairte' du iour ,GC que quelques couleurs
ſont ;pluſtoſt obſcures que claires 5 comme
pn 'peur veoinau nom-finallement , erſidn
ne de bon iugementnevoudroir -conſel er que
‘ la couleur fuſt Acte , puiſque l’Acte eſt en ceſte
faculté de Pamqlaqhelle ſe ſert des yeux &t des
“rayons en comptenaxntleſts couleurs. ;
- ,T H E. Yelle choſe eſtvn Rayon? M Y. Vne
.claiterqualiteflquiſort .d’vn corpsluictſant :~ or
ce,qui eſt clair,n’cſt pas ſeulement luiſandmais
nuffiſieſplendilſant;montes-Fois ilne faut. pas
"E" l* ²7-P'°* conceder î, quel- tous Îlescorps ſoyenr radieux,
poſition du I.
Ldc i, par,, _ , \ _
comnxexquelquñvnañvduln _ _ î.
due ñ _ .
“i” “WWW-d TEE_ E o n. D'où vient que la couleur Verde :ſi:
.monſtre blend'. la. nuictZ-Caren cecyz ſe 'ſ cogríoit
.Pimp-affection du' ſens ,ou lëimbecillité' de Pa
me.MY.De Fobſcuritécdes tenebresJaque-llde a
-móindrit la clairré
ſi in teinsſizdïeſ en jaune
couleur. la teinctiire duvertl:
lalainwz car
quiz-eſté
premierçmêt abbreuuée du ins de Paſtehduquel
mnſaitïla cou leuñnbleuëz-.tula verras tout 'auſſi
toſt deuenit verdmdäuâragctegſi ritfrottesïdîhui»
lnſqrtheſt preſque ,touſiours iaundvnïardbiſſie,
:elle changera - ſa couleur -bleuë en vende. Tou
nesr-_ſois la. Turquoiſe \Cflfllltdë nuict* ſa naiue
@couleur bleuë ſans laznthangcr, pourueu qu'elle
me ſoit falſifiée., par. ainſi ell'. .apparent touſ
:- ç 3 iours
SEcTioN Ill. 651
iours Verde: mais le Pourpre ſemble tantoſl: de
ceſte couleur , tantoſt d'vne autre, ſelon qu’il a
plus ou moins delumiere du Soleil,ou de la Lu
ne,ou du ſeu; ou ſelon que la Force de la veuë,
du ſon imbecillité le rend plus obſcur, ou plus
clair , 8c telles autres ſemblables varietez pro
cedantes de lïmparfection des yeux.

T: la voué' , de la lumiere , des rayon: é*


des couleurs.

Section III. _ *
T H. La viſion ne ſe ſait-elle pas par Femiſ
ſion ou proiection des rayons ſortans des yeux
contre Fobiect ë M Y. Ceſte ² erreurinueterée, :rl-caen ſon
touchant l'emiſſion des rayons ſortans des Ifflfdiu, ,u
yeux, a de deçeu Empedoclesœlaron ,ôc les A- miae des a
cademicienszquand ils diſoyent qu'aucun corps ſfiîfiſflfiîïfi:
viſible ne ſe pouuoit veoir toutà la ſois,8G que la Perfpeaiue
bien ſOUllCnt deux choſes appatoiſſoyent ,lors ‘°'“'“""°'
que les rayons des yeux ſe ſeparoyenLEt certes
ie ne doubte as , que la viſion ne ſoit doublc,ſi
on eſgare tel ement les yeux, que l’vn artegar
de en bas 8c l'autre en haut: mais rien n’empeſ
che pour celà , qu’vne choſe näipparoilſe auſſi
bien double par la reception de l’idc'e d’vn
corps viſible , que par Femiffion des rayons ,ſi
les yeux ſont comme des miroergqui reçoyï ‘
uêtles images des choſes obiectesMais qui a-il
de plus impertinent,que de penſer que les yeux
enuoyent vunoinbre infiny deñrayons par tout
BHemiſphereſdu ciel, 8c qu’ils atteignent dis vn
moment les 'aſtrehleſquels leur reuerbercnr au
' SS 5
652. (LVATXHESME Livnr
meſme mouuement leſdicts rayons? Item,ſi la
viſion ſe ſaiſoit par le moyen des rayons , qui
ſont enuoyez des yeux ,lalumiere du Soleil 8c
blancheur de la neige ne les Offenceroyent pas,
&toutes-fois il aduient ſouuent le contraire,
que pour les arregurder trop attentiuement on
pert la veuë : ce qui eſt vn bon argument pour
preuuer,que la viſion ſe fait pluſtoſt par la re
ception des images , que par Femifliôn des
Q rayons.
T H. D’Où vient doncques que les Chats 8c
Hiboux voyent clair en la plus gräd’ obſcurite'
a Tranquillius des profondes tenebres , commenous liſons ï
Ÿgfflîfä eſtre aduenu à Tibere Ceſar &à Caius Marius
cn ia vic de 8c àpluſieurs autres , qui pour celà ont eſte' ap
F-:iiií-Ït pellez Nyctalopes; veu meſme qu’il ifapparoiſt
las. decade a rien la nuict ſans clairte' dans les miroers: d’où
ŸZÇŸËÃÏÎZË; vient aufli que les yeux *î chaffieux infectent
ſes problemes de leur regard' les yeux,qui ſont bienſains , ſi
ſ‘®‘°“7“‘4' celuy,qui eſt entaché d’vn tel vice .n’enuoye
des rayons de ſes yeuxêcar les Pſylles ffeuſſent
pu autrement par leur regard porter tel mal
e Pun- u 7_ encontre , qu’on en Fuſt ï mort. M Y sT.
,zm d, ſo,, Les yeux ont quelquelumierezpar laquelle ils.
Hiſtoire nam- illuminêt quelque peu, ce qui eſt autour d'eux,
telle. 8c principallemennſiceſte lumiere eſtant plus ſi
d A. Aphro-Lcopieuſe d remply d’eſprits les organes , com
Ëïâàeîëë PW' me ont peut veoir en quelques animaux : 8c
ſi meſinc au Cullut ou Vermiſſeau appelle' des
Grecs ÀJMTr/ptsæou en FEſcarbOt desAmericains,
qui eſclaire aux plus profondes tenebres par
l’EmiſIiOn de ſes rayons tout ce,qui eſt autour
de luyzpuis d’ailleurs, les yeux ne .reſplêdilſcnt
d'autre
SECTÎON' III. 65;
d'autre choſe que de leur nature aqueuſe en
laquelle il y a quelque portion de Feu ;de là
vient, que les Chats 8c Hiboux voyent bien
de prez ce, qui eſt autour d'eux , non pas ce,
qui en eſt plus loing. Want aux vice des yeux
chaſſieux , il ne ſe communique pas tant par
l'aſpect,que par l'halene,qui corromp l’air z au
trement il faudroigque tout ainſi que le rayon,
a Contre ce
qui ſort de l'oeil chaffiertx ï , porte mal-beur; que dict t tiñ'
que tout de meſme celuy , qui ſort de l'oeil ſtore en ſes
Problemes ſc
bien ſaimdonna guariſomou poutle moins em &ion 1.Le. io.
peſizha la violence de l’autre.
… T H. D'où vient aufii , qu’vn mirocr ardent
enflamepluſtoſt vne cho-ſe teincte de quelque
autre couleur, qu'vne blanche , laquelle il ne
peut allumer , ſinon par long eſpacede temps,
8c ce,lors que le Soleil eſt plus ardent? M Y s T.
Certainement cecy ne ſe peut faire ſans proie
ction des rayons du SoleiLquí Ïvniſſcnt en for
me_ de pyramidgſoit que le miroer les reuerbe
' re» ou ſoit qu’ils pcnetrent vn corps diaphane;
cat tout ainſi que la couleur noire amaſſc les ra
yons 8c les vnit en pointes tout de meſme la
blancheur les dilhtaict 8c tebouchezcar tant lus
vne
ſon choſe
efficaceeſt ſiapointuntant
penetrcr . plus
voilàgrande auſſieſt
ourquoy les
-vicillars arrcgardcnt
deleur veuë íamaſsêtdcloing, à cótſire
en pointe n quelales ſlyï
choſi-J,
laquelle ils arregardcnt. Toutes-ſois ce,qu'Ari
ſtore a eſctipt. me ſemble du tout digne de ti
ſée s quand zidl- dict qu'Antiphron.. voyoir ſon b Aux Mer'.
image dans l’air- couuert de nuécs , Vitellion a ſti
auſli eſcript que le meſine eſtoir aduenu à vn
ſien
654 'BIATRlESME Ln RE
ſien compaignon; mais ce ſont pluſtoſt des illu
ſions des Demonsdeſquelles ils voyengcomme
nous auons monſtré en vn autre liurc : autre
ment tous ceux,qui auroyent la veuë courte ou
rebouchée ,verroyent en l’air nebuleux de ſem
blables images.
ñ TH. D’où vient que l'aſpect du Soleil fait
deueniraueugle , &beaucoup plus la reflexion
de ſes rayons contrevn baffimou contre vn mi
roer d'acier. reſplendiſſant, quid on les arregar
de veuë,
ſſi ~ ſ la atrenriuement : 8c qu’audans
ſi on Farregarde contraire il recrée
l'eau troublée
;dhncre moyennant vn verre clair à trois replis?
MY s. De ce que tour obiect ſenſible ñ& vio
lenr offenſe les ſens , 8c qtfaucontraire vn m0
.deré les recrée. Mais quandles rayons frappent
ñcontre vn miroer d’acier,ou dans vn balsin luyſi
ſant ils ſe multiplient tellement en ſa cauité,
qu’eſtans reuerberez en pointe ils frappent_ vio
lammenr les proches:
le ſeu eſtans yeux,8c neparbrulent pas veut
ainſi,ſi-on moins que
voir le ct
Soleil ſans danger ,il Faut premierement arre
garder ſa ſplendeur en terre , puis apres (à lu
miere à trauers vne nuée, ou à trauers vn corps
fiiaphane 8c bien eſpez , ou à trauers vn verte
verd : car tel rencontre des rayons aux yeux re#
crée auec grand profit la veuë : toutesfois il et?
beaucoup nieilleur-d-'zanregarder les Eclipſes du
Soleil, en l'eau' troublée d’ancre, ou par vn perit
pertuisdequel tri-auras faict obliquement ſauce
.vne petite cariere ou aleſne ;caf Lat-cèfmoycri_
:luuSoeſiffiz…
poulnîs Voir. ſans danger
.'
dfljfä veuële defaut’
91:1..

2 .-. _ T H.
Szcridn lII. 655
' TH. Si le regard ſe faitſiàns que les rayons
ſoyent enuoyez dez yeux aux choſes viſibles,il
s’enſuyura,qu’il eſt pafsiſôc non pas actif. M Y.
Ainſi certes l'a eſcript ï Ariſtote, diſant, que laï, A" z-li- de
vcue.. ne ſeroit
. 1
as ſemement -
paſsiue l Ame. &au 3.
de ceſtezzcffid, m_
ſorte , mais auſfi tous les autres ſens; ce que me»
nous demandons , toutesſois à condition que
Pobiect ſenſible ſoit tant violent, que le ſens ne
puiſſe deſployet ſa Force pour luy reſiſter , com
me quand le Soleil Frappe l'œil ſans qu'il yaiſt
quelque corps diaphane entre deuxzautrement
nous entendons
combien que le ſens
b qu'Ariſtote ſoit touſioursappelle
_ſe contrediſitnt actif": b A" :-liſſ- des
les ſens maintenant actifs , rantoſt paſsiſs; tou- æſiJſſiJfſi-ÏËJ
ter-Fois ſans vſer dela diſtinction que nous ve-— Cirlc-B-ílgiit
T H.
nous de Explique
faire* moy cecy
ſſî plus
' clairement ,ie Fois il n'ap

te prie? M Y. Si ſentir eſt agir; le ſentiment eſt SIÎÏÏŸZÏJÏË:


action; mais le ſentir eſt agir, doncques le ſen- l'A-ne c_- 7. ni
ciment eſt actzion. On peut argumenter auſſi en ÎZÜÎΟÏËÆÃ
la 'meſine ſorte : ſi voir eſt agir , la viſion eſt 3l»
action , laquelle ſort de l'ame moyennant l'in
ſtrument dela veuë : car l'ame n'agit pas moins,
quand elle void,ouiſt,gouſte,ou fiaire, que lors
qu'elle entend : mais ï Ariſtote a eſcript que ï Aut-!ÊEPA
Fame agit quâd elle entend, 8c meſine il appelle Ëxgÿffl-ËZË;
la ioye &le courroux , actions de l’ame aux or- de aux. é: 4. 1.
anes corporels; par ainſi,ſi entendrc,ſe reioiiir, Ëäàzſiffllfl”
ſe courroucer eſt agir, la cognoiſſance, la ioye,
8c le courroux ſeront actions ,Gt à plus forte
raiſon le ſentiment. Nous diſputerons donc en
temps 8( lieu , ſi entendre eſt agir ou non; main
tenant ceſt aſſez , que nous ayons monſtre' par
l’Hypo

K .
656 QyATniizsME LlVRE
l’Hypotheſe d’Ariſtote , que le ſentiment eſtoit'
action. '
TH. Toutes-fois le meſine eſcript, que l'en
rendement endure 8c patin , quand il reçoit les.
phantoſines par le miniſtere des ſens , 8c que
pour ceſte cauſe il eſt appellé entendement pa
tible. M Y s. Galien reprend dïnconſtance Ari
ſtote de dire maintenant,comme doubtcux,vne
choſe,& de la nier incontinent : mais c'eſt aſſez
que nous entendions , qu'il ne ſe peut faire na
turellement, que le ſens patiſſe parla choſe ſen
ſible , 6c qu'il agiſſe tout enſemble en l'ame,
quand il luy porte les idées des formes ſenſi
bles; puis que toute la force du ſentiment, en
tendement &mouuement departent de l'ame,
a Au 1.1.6: la qui ſent,agit 8c meuLCar ² Ariſtote a atteſté en_
Phyſique. quelque_ paêt pour vn decret inuariable , que
c'eſt vne choſe commune à toutes les Intelli
gences , de ne rien patir ou endurer des choſes_
materielles : car autrement il s'enſuyuroit qui:
les choſes celeſtes tireroyent leur parfection
des terreſtres , 6c que les ſuperieures ſetoyent
ſubiectes à l'action des inferieures.
T H E. Si nous coiicedons , que la vcuë eſt
actiue , 8c que toutesfois elle n'enuoye point
par proicction les rayons des yeux contre les
corps ſenſibles ,mais que ſeulement elle reçoit
l aux yeux,com~me
ges des en des eſchauguettesdes
choſes exterieures ima
5 la ſcience des Opti
ques touchant les rayons droicts , refleſchis , 8c
rompuz ſeroit-elle touſiours de meſme? MY s.
De meſine entietementzcar ſi nous concedons,
que la viſion ſe _falſe parla reception des inn-z
ges,
SEcTioN III. 657
ges, 6c non pas parla proiection des rayons, ſes
demonſtrations ne conclurront pas moins,que
la raiſon de ceux, qui nauigent;
Lars qu'il leurſemble 'voir les 'villes par le monde
Chemínez-,gÿ- qu'ils ſànt arrejfëÿdçſſux l'onde.
Car l'Auteur commun de la Perſpectiue vſe de
meſmes demonſtrations que Alkind1us,que les
Academiciens , 8c que les autres , qui penſent
que la viſion ſe faſſe par la proiection du raix,
qui eſt enuoyée des yeux , combien quïcelluy
aſſeure, qu'elle ne ſe fait,que ar la ſeule recep
tion des images : laquelle ſfntence n'eſt pas
moins appreuuée par les ſuſdites raiſons , que
confirmée de ce, qu'on void l'image de la choſe
ſenſible treſhien exprimée en la pr-unelle des
yeux , laquelle a eſte' pour ceſte cauſe appellée
des Hebreux ſubtils impoſiteurs des noms Ad- ,ï .
ham-lçatoracomme petit hommeau *._D'auanta- ,dÏÏ-Ïtîzisfiæil:
ge , ce argument n'aurait pas moindre efficace \rg-raz aux
pour preuuer que la veuë ſe fait parreception, dvfcjg;
que le precedent,à ſçauoir que l'ame auroit ſenñ- cpmrpe vnepe
ciment au dehors du corps, où elle n'eſt point,ſi Ÿÿelæſiëflífk
tant eſtoit qu'elle ſenriſt par emiſſion des ra- —
yons de ſes eſprits,8c non-pas par reception des
’ images des corps ſenſibles; ou certes il faudroit
de ceſte ſorte, que le rayon , ui aeſté enuoyé .
des yeux contre le corps viſib e , Fuſt renuoyé
par le meſme corps reciproquementaux yeux,
ce qui eſt abſurde , uis que la veuë ſefait preſ
que dans vn clein ’œil. Tout ainſi doncques,
que Pouye ne ſe peut faire , que premierement
- l'air du» ſon,qui vient de loin g,n'aiſt frappe' con
tre la ſonnette dozlbreille , 8c excite' le nerf de
~ Ponyeñ,
658 QVATRXESME Livni;
l’ouye; tout de meſine la viſion ne ſe fait ia
mais,ſinon parla reception de limage aux yeux,
8c par l'attention de l'ame à Pobiect viſible : car
le Lieure,le Lyon (8e encor moins les Eſcreuiſ
ſes , Gammares , 8c Langouſtes de mer) ne vo
yent pas en dormans les yeux ouuers les choſes,
uileur ſont au deuants ni meſme ceux . qui
ſont eu contemplation des œuures Diuines,oii
qui meditent les ſciences plus graues 3c eſloi
gnées du ſens humain , ifapperçoyuent pas ce
qu’ils.ont deuant les yeux S pource qu'aucun
acte ne depart de leur amelpour exciter le mou
ucment des inſtruments enſoires. Nousplaiſñ
ſons le meſine iugement à faire de l’odorat , du
gouſt, 8c du Tact , leſquels nïipperçoiuent pre
mierement les choſes ſenſibles , que le nerf de
l'odorat ne ſoit imbibé d'odeur , la langue de
ſaueur , 8c le cuir de quelque qualité: cecy ſera
once-f plus euident, _ſi quelqirvn pend vn ini
roer Cylindroide au? milieu d’vne chambre te
nebreuſe. 8C s'il' inet vn maſque par dehors la
feneſtre , 'moyennant qu'elle ſoit' fermée 8c
u'elle aiſt quelque fente , ar laquelle les ra
?ons ſoyent portez du maſque-contre le mi
roer; car par ceſte .maniere on verra l'image du
maſque , qui eſt dehors la chambre, pendue en
l'air au dedäs d’icelle,ce qui ne ſe pourroit faire
aucunement , ſi les rayons ſortoyent des yeux,
ou ſi la veuë eſtoit actiue 8c non pas paſsiue.
T H. D'où vient, qu’on nepeut Voir la cyme
d’vne tour , qui frappe de ſon image -dans vn
mkoer colloque' ſur la pleine.- ſiipeiïſicie-de la. -
terre, ſi celuy, qui arregardegsc lepmitoer auſsi,
~ ne
u.

SEcTxoN III. -Gſp


ne ſont en vn certain lieu proportionné des
vns aux autres? M Y s. Cecy n’aduicnt pas ſcu
lement aux miroers, maisſſauffi aux rayons du
Soleil &de la Lune,qui ſont refleſchis de Peau
contre vne paroygcar la reflexion ne ſe ſait pas
par route la paroy, mais ſeulement en vne cer—
taine place: de laquelle choſe la raiſon eſt, que
le rayomincident fait touſiours ſon angle elgal
au rayon refleſchy : comme de meſme, Feſteuſ,
qui a eſte' bandé contre la ſuperficie d’vue inu- ſi
taille bien vnie, fait Pangle dela p
d ligne ,par laquelle il eſt porte' en
ladicte ſuperſi ciæſemblable à Fan
° gle de l’autre ligne, par laquelle il
d. rebondit en ſe fieſchiiſantzcoſſiïime
, par exempIe,que la lettre A, ſpit
a Peſteufiqui eſt pouſſe' de laſiraquſier
re contre ſangle de [aligne …qui
E,, png", tombe en B , duquel lieu sîeſt re
que-Jafarcedo fleſchy lîeſteuſ en Faiſant ſangle
AC, de la ligne , qui ſe termine en
zaf-,mâmau D ,eſgal à ſangle B , de la_ ligne,
nement A, B. qui commençoit en A.
T H E. D’où vient celà? M Y S‘.De ce u’vne
ligne elroicte , qui tombe ſur vn’aurre -Ïroiéctíſſäc
ñ- ‘ .ou circulaire, fait ſes angles '
^ - neceſſairement eſgaux ſur le
ſommet-dïcelle : par ainſi,ſi ſi
le-rayon", qui eſt porte' con- q
tte quelque
refieſchy parcorps ſolide,
iceluy eſt la x5. propoli
,~ il ſaut
qu’il \etienne la meſme ſituation de l'autre F: “W d" '- ""
, A
car langlcñ A, eſt eſgal a\ ?angle C.IrenÎ langle
, de la G l me
triicPEllclidï.

l
X660 (LVATRÎESME LIVRE

0” n-e peut ?nir depcefïe ſorte le ſeule cyme de la tour,


u: [angle Mg” , qui tombe du mn-oer C , mfm ſêmblañ
Z10 aux anSle: droits b', E. Ce ‘I m' e P Oum: dire on
epargne :an: le 1mn” C, du pied de la n” B, que celu-y
qui arregdrdz de [doing au dedans ne paye autre choſe que
l.: cyme de [dicte tour. Car alors la diſtance B, fifa-a eſl
gaie a l'imam” 41,8, comme de meſme [Tianna-nr D, E, 3
la diſtance 15,0'. Ce qu] neſe peu: tout repreſènzer c” MSIE
figure, laquelle n'a pas eſke' taillée filon mon intention.
B , eſt eſgal à ſangle D , puis que vne droicteſi
ligne tombe ſur vne autre droicte. Pat ceſt af
gument) pris d’vn, iniroër (auquel on ne .peut
veoir, lextremite d vne tout ,qu en vne ſeule
place) on peut iuger quela veuë ſe fait par re
² A" ²3~1"°' ception 5 6c tirer de là la cauſe , POUſqUO! la
bleme de u. . .… . z ñ . x
ſection_ …ne voix eſtat briſee cotte vn corps ſolide, ſe reuec.
ï" F-l-dï “W bete ſemblable à la premiere en certain lieu, ce
…ſtuirc naturel
,hzfflÿ . qnous appellons Echo. ï Ariſtote ſemble dou
' tet
I

SECTION IIII. 66x /

rer de cecy,combien qu’il ne ſe puiſſe faire par


autre raiſon que par lcvprecedente.
T H.D’où vient,qu’on void premier l’eſclair,^
qu’on n’entend le tonnerre , puis que ceſtuyſicy
eſt premier que Fautre? M Y S T. De ce que les
yeux reçoynent de loing dans moins que rien,
comme d’vne claire eſchauguette , les images
qu’ils ont des choſes viſibles au deuant' d’eux:
mais les oreilles ne reçoyuent premier le ſon,
que leurs ſonnettes n'ayent eſté touchées.
fDe POuye, du San, ó- de la Iſa-ix.
SEOTION I I I I.
T H E. Qrſeſt-ce que le Son? M Y s. C’eſt I~e
bruit de quelque choſe, qui eſt porte' par quel
que autre à vne troiſieſine :comme par exem
ple le bruit de ce,qui ſrappqà ce,qui eſt frappé
moyennant Fair, qui eſt entre les deux.
—— 'T H.I'auois autrefois appris,que le Son eſtoit
le choc de deuxcorps legers 8C ſolides,qui e
ſtoit porte' à Paureille moyennant l’air,interpo—
ſé entre les deux. MY s. Ceſte definition eſté nl'ame
An gJiiLde
cliaps.
&Ariſtote ,laquelle defaut en l‘vne de ſes par~—
ties,&redóde
-roiti-on en l’autre.Car,quelle
trouuer-plus peſante que lechoſe pour.
meſſtail? on
qui reſonne plus Y Item,qui a—il de plus mo] que
vne nuée? Toutes-fois Ariſtote eſcript que lc
bruit eſclartät des tonnerre; ne-vient d'ailleurs
que de ſon fracaszce que nous auons 5 monſtre hce Au 2.1i”. de
preſent la*
par cy-deuant eſtre totallement Faux. Finalle beur.
ment, le Son ſe peut bien ſaire ſans eſtre porte'
aux oreilles :puis d'ailleurs", les Poiſſons ,n'ont
ï T T 2. ~
662. QyATIHESME LIVRE
point faute d'air pour entendre au milieu de'
l'eau, autrement ils Ïentendroyent rien,contre
a Au 4 Iiux-.de ce qu'en a eſcript ï Ariſtote , 8c contre Fexpe
l'hiſtoire de] _ _ _
animaux ch.o.r1ence des peſcheurs, qui aſſeuret,que les Poiſ
ſons ont lfouye fort ſubtile; d’autât qu’ils n'ap
..f
perçoyuent pas ſeulement le moindre accou
chement ,qu’on (ſiubtilemër
u’ils 'entendent puiſſe Faire-à Feauzmais
le bruit pour ſi auffi
baſ
llſieque ſoit la voix de celuy,qui parle,8c qu’ils ſe
recréenr 'a Fharmonie , comme les Dauphins,
qui S’approchent du riuage,ſi on les appelle du
. nom de Simon : comme les peſcheurs ont ſou
uentesÆOis experimenté. _
ſon, lequel eſt pou-llſié hors par la?M
T H E. @Willi-ce que la voix Y s.animalle
force. C'eſt lc

des poulmons 6c des eſprits. ~


T H. D’Où vient que-lcs ſons,qui ſont-main
tenant aggrcables aux oreilles,leur ſoyent au
meſme inſtant faſcheux, ſi leur harmonie ſe di
ſcorde? M Y S.De la grace des ſons,qui ſe tem
perent les vns auecles autreszmais s’il aduient,
qu’ilsdiſcraſie,ils
leur 'ne ſe puiſſent meflerenenſemble
ſe mettét à cauſe
debat,lequel de
d’euſix
entrera premier par Poreille , dëoù il aduient.
que Fame ſe centriſte. . .
T H E. D’Où vient, que ceux n entrent bien
ſouuent en Folie , qui ſe delcctent aux' ſredous
*d'vne courte Muſique , &qui( par maniere de
dire ‘ voltige par mille petites notes aux oreil
les de ceux, qui Peſcoutent? MY s. De ce que
les ſredons cſgarent ça 8c là les eſprits &t trou
blent leur repos 8c tranquillitédc contraire ad
uient ſ0 uuentes~fois aux ſurieugquand ils ſont
redui
SEcTioN V. 663
reduicts en leur bon ſens par le moyen d’vne
graue Muſique, 8c qui eſt compoſée pluſtoſt de
notes longues que de briefues.
T H E. D’où vient , qu’vne douce harmonie
rend ceux,qui s'y delectent plus humains que
les autres? ſvlY s T. De ce que la volupté, qui
eſt portée des ſens en Fame, en chaſſe la Barba
rie 8: cruautézmais il n’y a point de voluptcſiqui
penetre plus profond des ſens en l’ame,que cel
le qu'on reçoitpar Fharmonie. Car tout ainſi
que la medecine guarit les maladies de Fame par
la purgation du corps ; tout de meſme la Muſi
que guarit les maladies du corps, ayant reduit
lentendement en ſon bon ſenswoilà pourquoy
les anciens ont eſtimé qu’vn meſinc Apollon
.Fuſt Prince de la Muſique 8c de la Medecine.
Toutes les autres voluptez ne paſſent pas gue
res plus auant queie corps S &î ptincipallement
celles,qu’on prend du gouſt 8c accouchement.
7)” Gan/r' d” Sam-ur.
SEcTioNÀV.
T H E. Qui eſt Pobiect du Gouſt? MY s. La
Saueur,de laquelle la langue eſt iuge,8c de l’at
touchement auſſi.
T H E. Combien y a-il de ſaueurs 3 M Y S T.
a An Lllld”
Six ſimples; car Galien ² n'en reçoit point d’a~ Simples Ch-S.
uantage, à ſçauoinle doux,l’amer,l’acre,l’aigre,
le ſalé 8c Fauſtere: toutes les autres ſont meſ
langées,ou cótenues ſoubs le nom de douceur.
Car, quant à ce,qu’Ariſtote b a feinct des huict b Au Lliux-.de
?Ame chao.
ſaueuts au liure de l’Aine,on le peut facilement
TIS
664, AVATRIESME Liv RE
ctrefuter par les raiſons de Galien , veu que l'an*
ſtere ou aſtringent n'eſt autre choſe que l'aſpre,
8c que ſaigre n'eſt rien que le picquant. Theo
n Au Clin-des hraſte î eſt bien d’ac~cord auec Ariſtote quant
cauſes des plä
tes cliapd.
au nombre des ſaueurs ,mais il eſt en diſcord
touchant leur ſpecification ;car il veut que le
doux,le gras,l’au ſtere,l’aigre , l'acre,l’amer &le
ſale' ſoyent les ſaueurszcombien que toutes7
fois le doux ſoit gras 8c ſauſtere ſoit aſpre.Or
quant à ce qu'Ariſtote comprend l'amer ſoubs
le ſalé,il n'eſt pas de beſoing qu'on le reprenne
par la raiſon, mais pluſtoſt par le ſens meſine,
puiſque ſon dire eſt tel, que s’il propoſoit,
…que le feu fuſt froid. Theophraſte h n'eſt gue~
bAu 6.1i”.
Et au 4. l. c.ó. ſes plus conſtant a-ſes decrets qu'Ariſtote , car
des cauſes des
plantes. il “dit ailleurs ,qu'il n'y a que ſept ſaueurs , ſept
odeurs , 8c ſept couleurs ſans les determiner,ſe
contentant de ſuyure en celà les Pythagoreens,
qui comprenoyent toutes choſes par le Septe
nairezſopinion deſquels nous auons refutée
au liure precedenùC-ar il n'y aſque ſix couleurs,
ſix ſaueurs , ſix conſonances , _ix ſens,ſix corps
parfects, 8c 'ſix metaux,ſans plus.
T H.. D'où vient que ceux , qui ſont bleſſez
au goſier, ne perdent pas ſeulement la parolle,
mais auffi la faculté de -diſcerner les ſaueurs?
MY. Ie me ſuis certes eſmerueillé de ce que ie
vis Guillaume Prince &Orange , qui auoit per—
du la faculté du gouſt par vn rude coup receu
au col; 8c pareillement d’vn ſoldat François,
qui eſtoit deuenu muet d’vn ſemblable coup:
car le Goſier a vn double nerf, lequel deſcenñ
dant de la troiſieſineconiugaiſon Stäiittelalíe
en a
SECTION VI. 665
en la langue z vn rameau duquel luy donne l’v
ſage de la parolle ,86 l’autre la Force dflipper
ceuoir les ſaueurs 5 tellement que l’vn eſtant
couppe' la parolle deſaugmais ſi c’eſt l'autre,la
faculté de diſcerner les ſaueurs ſe perd. De la
a Au Ldn ſm
quelle choſe Ariſtote ² ne s'eſtanr pris garde a ciment.
arreſté pour choſe inſaillible,qu’aucuii animal
ne pouuoit viure ſans le gouſt :mais nous auós
veu que le Prince &Orange n’a laiſſé pour celà
de viure iuſques àtär qu’il aiſt eſté tué:car voi
re meſme , quïlcommandaſt, qu’on luy appre
ſtaſt ſa viande auec des ſauces acres , aigres , 6C
ſaléesæouteS-ſois, ainſi comme i’ay ſçeu de luy,
il ifapperçeuoit rien parle gouſt. Mais certes
c’eſt vne choſe moins eſtrange de voir, qu’vn
homme aiſt perdu le gouſt que la parolle; car
ie tenois au-parauant pour incroyable , qu’vn
homme peuſt perdre la parolle ayant ſa langue
entiere 8c ſes oreilles libres, Pexperience ne
m’euſt monſtre le contraire. -
T &Les ſaueurs ſe font-elles par le ſecPM Y.
Ainſi le penſe Ariſtote , mais il eſt conuaincu
du contraire par noz raiſons precedentes , veu
que la langue n’a perçoit rien moins le chaud,
le froid ,le ſec , ’humide , pour auoir eu ce
nerfſicotlppé. Dhuantage ,il s’enſuyuroir,qu’il
n’y auroit point de ſaueur aux liqueurs 8c vian~_
des humides.
D; FOdOMt , des odeurs 507m” c5" ïlîflhfldfflí.
S E c T 1 o N V I.
T H. Wi eſt Pobicct de FOdOratP M Y s T.
FOdeur.
“- TT 4.
666 (LvATitiEsME LIVRE
Tru: L'eſt ceque l’odeur?M Y s. Ceſt vne
exlialarion va poureuſe ,laquelle s’eſle nant d’v
ne choſe ſenſible penetre doucemenr-iuſques
aux ventricules intcrieurs du cerueau , qui ſe
cotii- iiulie &dilate ſelon l’inſP iratioii 8c ex P i—
, ration de lïaitpar-Fanimal.
:Selon Galiê T mPourquoy deſinis-tu l'odeur vne ² exha
ffijffſſſfſïäjdc lation vnporeuſczpuis qu’on dit,qu’elle ſe ſait
Yodoranlïtaid par le ſecêM Y. Ainli certes la dehnie b Ariſto
Ëèÿgfèſiſsëï* te , toutes-ſois ſans eſtre Fondé ſur aucune rai
6.E_tau7.liur. ion probable ,puis que tout le monde void
Bîſíſſſf; que les_ fleurs_.qui ſons deſechéesnſon-tpreſque
MHz-za quoyil point d'odeur, .Beau-contraire que les rrefches
:Ïcäffîfflîſfeîſ vaporeuſes rempliſſcntrle lieu-tour autour
bAuz. linndc d elles de leur exzhalation; Par ainſi Platon 'ï ,
èÈäcſllſiſiçèäſ lequel Galien d àſuyuy, àheaucoup mieux iti
timent c.s. qe
cEn ſonTi peut ſi..
de cecÿ qifAriſtote
u ance , quand il appelle la va'
d e ſſ]’ O d eur.. nous auons a iou
mee. , _ 7,
d Au .pliiidesſlîc ce mot vapoureuſe exhalariompuiſquel ex
ſimPlëëffl" halarion ne ſe peut faire ſans vapeur , ni la va.
pcur ſans exhalatiomôc ce d'autant plus que
e AFS-dl-ïlïllï* les choſes ° odoriſerantes ſont preſque toutes
m' ameres Ou pourries: Or. il eſt certain que toutes
m?) _ôſflôy. clioies ſem diables ſont chaudes.
T H E. D'où vient que Phommea l’Odorat,
f Thäophr. ?u plus F imbecille que les autres animaux? M Y s.
ËLLÆAËËEËÏË:Tlieophraſte a bien. eſcript cecy ſans toutes
ſois en auoit donné la raiſon : laquelle ne me
ſemble autre , que de ce que l'homme-à com
paraiſon des autres animaux a les narines ſort
courtes 8c le nerſde ſodorar ſort petitzle chien
aucontrairea ce nerf plus grand- qu‘vn Bœuf,
auſſi eſt-il l’aniinal,qiii flaire le mieux de tous
les
SEO-tion VIE* 667 t_
les autres: tellementque les beſtes , qui ontle
_ netfde l’Odorat plus pletit quele Chiemauan
cent leurs narines en auât , à tin qu'elles ſe rem
pliſſent plus promptement d'exhalations 8c de
vapcurs.On peur. icy voir clairement la grande
ſageſſe du Createur: car ſi ell' euſt donné à
l'homme l'odorat trop exquis, il n’euſt pas pu
ſeulement endurer l'odeur des autres,pas meſñ
me la ſienne :quantñau autres animaux ,ils ont
eu ceſte faculté ou plus exquiſe , ou plus debile
par diſcretion 8c iugement. a ,
T H. D'où vient que la force des odeurs ex—
cite quelques fois la Fieure,ouFHemOrrhagÎE,
8c quelques-fois met les hommes- en Fureur?
M Y S T. De ce qu'elle abbreuue tout à coup la
moelle interieure du cerueau :voilà pourquoy
il ſe faut prendre garde diligemment ,que les
inſenſez n’vſent d'odeurs trop violentes ;veu
que les iuments meſmes ,qui poſſrtent le ſaf
fran , ou telles autres eſpiceries odorifcrantes,
ſont ſiibiectez de tomber en tels accidents.
T H.D'où vient que ceux,qui vſent modere
mêt de bouquets 8c de fleurswiuêt plus lógue
ment 8c auec plus de contentemêt que les au
treS?M.De ce que l'ame neîdeteſte rien plus que
la puanteutzau contraire elle ne ſe delecte en
choſe du monde mieux qu'en vne plaiſante o
deur, laquelle efface promptement la triſteſſe
de l'ame,~& la remplit de gaillardiſe: car Pula_
greffe eſt "Un tlmſôr incomparable ï ,non ſeulement a ilacclcſin
pour la ſanté des corps,mais auffi pour le ſalut ſi"
de l'ame. ,
T H E. D'où vient que les hommes portent
TT 5
6&8 QvATniiEsMx-z LIVRE
plus impatiamment le dedaing d’vne puanteur
horrible,que d’vne ſäueur deteſtablcmu que
d'vn Son diſcordant , ou que d'vn regard hyñ ſi
.deux,0u que du toucher des choſes froides ou
chaudes P M Y s. De ce que l'odeur abbreuuc
promptement le cerueau Fontaine de tous les
ſens ,85 luy imprime plus long temps ſon ve
ſtige, qu'aucun autre qualite' ſenſible 2 car tous
les ſens,ſont efloignez du cerueau par vn plus
long interuallc, 8c ne ſont pas ſi ample ouuer
ture pour donner paſſage aux qualitez , que ce
ſtuy—cy.
T H. D'où vient que les fleurs meſmes , qui
ſont de tres—bonne odeur , ne ſont puantes , ſi
non lots qu'elles ſe corrompentP M Y. C'eſt vn
decret de nature que tout ce', qui ſe cortompr
.a Au liure
W13) Jazz-w. deuient puant,ceſt à dire,comme parle ² Theo
phraſtegſiir-Zv dxæçàvxdnrïæeç, toute puanteur eſt
mauuaiſe :il en ſait vn long diſcours , toutes
fois il n'en rend pas la cauſe :quant à moy , ie
enſe , qu'elle n'eſt pas autre que ceſte-cyà
ſçauoinque tant plus vne choſe , qui ſe chan
ge, eſt efloignée de ſa ſin,tant plus auſſi eſt-elle
imparſectez tellement que la. choſe , qui s'eſt
, . entierement changée , a obtenu ſa ſin 8c parſe
ction. Car vn œuf eſt bien de tres—bonne ſa
ueut , 8c meſme Horace l'appelle les delices ,des
anciens Royszle poulet eſt auſſi beaucoup plus
ſauoreux 8c delicieux qu’vn œuf, meant-moins
il n'y a ,rien plus puant ni de plus àmauuaiſe
ſaueur ni meſme plus ſideplaiſant toucher ’
quïceluy eſtant pourry ou couë , deuant qu'il
:iſt attainr la Forme du poulet.
D”
SECTION VlI. 669
7)” THELË-;ï des animauxguiant le TMS? exquis.

SECTION VII.

TH. Wi ſontles objects du TactëM Y. Le


chaud, le froid, le ſec, Fhumide; puis le mol ,lc
dur,l’vny,l’äſpre, le mobile, l’immobile, le cha
touillement : Or la Faculte' de toucher eſt eſpan
due eſgalement partout le corps,à ſin que nous
ſentions par tout l'occurrence des coups , du
froid,du chaud 8c des autres qnalitez.
TH. (L1) ſont les animaux ,qui ont le tact
plus exquis ë M Y S T.Ccux , qui oncle cuir fort
dcflié, comme les araignes , les vermiſſeaux.
Et certes ï , Ariſtote s’eſt failly grandement à M" ï-lïffl-*l*
l'ame au.
l'endroit du Tact , quand il eſcriſmqifon nc
peut apperçeuoir la choſe ſenſible , qui eſt mi
ſe immediatement ſur ſon ſenſoire; mais voire
que ceſte ſentence fuſt vraye à ?endroit de la.
veuë 8c des yeux,elle ſera meant-moins Fauſſe à
lëendroit des autres ſens 8c de leurs organes.
Il ſera auſſi faux , quelcs ſens ne puiſſent rien
apperçeuoir ſàns quelque moyen interpoſé,
comme ila eſcript 5.Car,quel moyen faut-il au b ^“²*lí”'* d*
l'ame cdz.
tact? Ou au gouflzëſſauantage , que ſert vn
moyen à la veuë,PiÎis qu’il Pempeſche plus,qu’il
ne luy aide? Car ſi l’eſPace,qui eſt entre la terre
6c le Ciel eſtoit vuide, nous verfions beaucoup
plus clair , veu que Fair nous empeſche plus
par ſa craſiitude &par ſes nuécs qu’ilne nous
aide.
T H E. D’où vient , qu'il nous ſemble tenir
deux choſes entre les deux doigs d’vne mainl, ſi
on es
670 QŸATRIESMB LIVRE
on les tranſpoſe de leur Ordre naturel ?M Y s. S1'
nous diſions , que c'eſten
vnerenuerſiuit
meſine choſe , que
de voir deuxobiects la ſitua-i
tion naturelle des yeux , nous nous tromperiós
grandement , d'autant que celà ifauieut pas, ſi
on entrelalle les doigs d'vne main aux doigs de
l’autre,ni deux choſes rſapparoifleiît pas de ce~
ſte ſorte , combien que les deux doigs d’vne
main eſtans tranſpoſez en-ſentent deux. Il faut
doncques dire , que la cauſe de cecy eſt occulte
aux doigsJaquelle eſt manifeſte auxyeuxzdhu
tant que les deux yeux n'ont qu’vne baſe , dont
il aduient qu'on ne void qu'vue choſe : mais
en eſtorçantë les yeux d'vne baſe on cn faict
deux , qui eſt la cauſe,comme Galien a claire
ment eſcript , qu’vne choſe ſemble eſtre dou
ble: tellement', que ſitufermes l'autre œil, tu
neverras quÏvne choſe. De là on peut' enten
dre,que Vitellio , autrement excellent Mathe—
maticien , s'eſt abuſé en celà ,qu’il penſe , 'que
l'aſpect des yeux s'vnit parle moyen de l'inter
A ſection des nerfs optiques,quand celuy , quieſt
à gauche va à dtoict, ou autrement.
TH E. D'où vient , qu'vi1 ſeul ſens ne peut
comprendre pluſieurs objects ſenſibles tout à
la fois, ſinon qu'ils ſoyent tellement meflez 8c
confus enſemble , qu'ils ne falſent qtfvnc meſ
me choſe ſenſible ? MY. Vn ſeul ſens ne peut
comprendre tout cnſemble,8c àla fois pluſieurs
ſimples obiects ſenſibles: mais il les apperçoit
bien s'ils ſont confuz enſemble : pource que les
choſes confuſes 8c melangées ne font qu’vne
meſme choſe , comme par exemple le bleu 8c le
iaune
SEcTioN VII. 67x
iaune eſtants conſuz enſemble ne ;ſont que le
verd :item la lumiere 8c la couleur contreyue
aroy,& l'aimer 8c le douxen vne medecincuel
ſe qu'eſt la ſaueur appellé: des Grecs yen/ulm
xgov: tout de meſme,le Diapaſon 8c le Diapente
eſtant confus ſont vne plaiſante .harmonie , qui
penetre dans l'organe de l'ouye , ce qui ne ſi:
pourroit ſaire,ſi les voix eſtoyent diuiſées. En
cor' moins s'accommoderoyent les ſens aux
choſes,qui ne ſe penuët mefler enſ Îble, com:
me iceux à la douleur 8c voluptésoffia muſique
à vne hemitrite 8c hemiolie; ou la liqueur en
l'eau 8c en-lſihuilùOn peut voir par cecy que Les
CuiſinierszParſumeurs 8c Muſiciens ſſs’abu_ſent
lourdemennquand ils penſent de pouuoir tou-t
enſemble 8c à lafois combler de voluptez leurs
ſeigneurs par Fartifice de leurinduſtriezcar Mu- “
lcaſſes Roy de Tunis couuroit ſes yeux à fin
d'entendre auec plus de plaiſir l'harmonie de la
muſique; maisencor' n'euſt—il rien entendu de
ceſte ſorte,s’il euſt deſtourné ſon eſprit des cho
'ſes ſenſibles aux oreilles , pour l'appliquer aux
choſesintellígibles de l'ame : 8c meſme , com
bien qu’on meflaſt anciennement des odeurs 8c a Plutarque en
ſaueurs au bíoireôc au manger des Roys ‘ de LÏËUKIÏßVA***
Perſe 5 toutesſois ilſailloit , qu'ils iouilſent al- ë
ternatiueinent des obiects ſenſibles de l'vn 8c
de l'autre ſensmutremët toutes les deux volup
tez ſe fuſſent eſgallcment diffipées par la diſtra
ction dïceuxsne
pourſuit plus ne moins
deuxſſ Lieuresme prêd qu’vn Chiemqui
ni l'vn,ni l'autre.
T H. D'où vient celà? M Y. De ce que chacu
ne bcſte n’a qu’vne ame , 6c non pas dauantage
pond
672. QŸATRlESME LIVRE_
pour ſe diſtraire tout enſemble 8c à la ſois à
tant de diuers obiects ,- combien que lëinſtru- ſi
ment ſenſoire ſoit ſuffiſant däpperceſſuoir tout
enſemble 8c àla ſois pluſieurs ſimples Obiects,
&meſine ,quine ſont pas ſeulement diuers,
mais auſſi contraires; comme le cuit pourra
bien comprendre tout enſemble "'86 a la ſois
l'eau chaude 8c l'eau gelée , ſi on les verſe par
deſſus luy 3 toutesſois laforce ſenſible de Fame
ne les apperçoiurapas toutes enſemble,mais di- l
ſtinctement l’vne aprez l’autre,& encor' moins l
les obiects de diuers ſens enſemble , comme le
doux 8c le blanc, le chaud 8c le verd , pource
qu'ils ne ſi: peuuent en aucune Façon confondre
ou mefler enſemble , comme de meſmeles ſens
ni leurs organes ne ſe confondent point : rou
tesſois,il y a quelques obiects ſenſibles , qui ſe
peuuent communiquer à pluſieurs ſens,comme
àla veuë 8c au tact d’a‘ prehendervne choſe
mobile ou eoye , vne CÏAOſC grande ou petite;
mais auec diſtinction. ~
T H. N’y a-il point dbbiects ſenſibles , qui
ſoyent communs à tous les ſens E- 'M Y. Point,
qui ſoyent exrerieurS-z mais il y en adeuxinte
rieurs,à @auoit la douleur 8c la. volupté.
T H. Qgelle difference mets t~u entre Pobiect:
formel &le materiel? M Y. On appelle Fobiect
formel celuy , qui s'egalize àla puiſſance 8C Fa
culte', comme la ſaucur au gouſt; 8c lëobiect ma—

a Seorus reieñ
teriel, celuy, qui ne s’y eſgalize pas, comme la
&e ceſte diſtin douceur: mais ceſte diſtinction eſt vaine Ëpuis
&ion au Û-.Lcn qu’il n’ya point dbbiect, qui ſe puiſſe eſgalliſer
la diſtinction
25. aux ſens , 8c que les obiects des ſens ſont con
crets,
SEcTioN VlII. 67;
crets,ôc non pas abſtracts.
T H E. Le ſens apperçOit-il ſon inſtrument?
M Y S. Ariſtote le nie ï, mais ie ne vois point de a Au z.l.de PA
me, c.9.
moyen , duquel il ſe puiſſe deffendre , veu
qu’vn pied appercoit l'autre pied , 8c vne main
l'autre main par e moyen du tact: : tous les au
tres ſens apperçoiuent d'eux meſmes la preſen
ce de leur organe,& par accident leur abſence.
Duſêm commun , de ldplsætntaſîe , de la memoire de
Fappetitſuolontéxÿ- conſêntemcnt.

S-EcTioN VIlI. 3
'i' &Welle choſe eſt le ſens Commun? M Y. l ct 3
Pluſieurs le prennent l' pour la phantaſie, mais l' AÀTF W515
ñ ,. . , me exan re
1l eſt plus croyable,qu il ſoir vne Force de l ame, Aphgodſſéz ,u
qui diſtint les differences des choſes ſenſibles, à lí- d* \Ëfflrï &ï
. , u . s
ſçauoir le blanc de lamer , le puant dela dou- ËOJHEŸHÊÏ
ceur, la conſonance du Froid; ce qu'aucun ſens ïïsſ°íï^ïílï°~
_ . Faire
ne pouuoit . , horſmis
. celuy , qui. eſteom-
— ſétea,ummzzau
bien pen
mun a tous. s-li- de PAM
TH. Weſt-ce que la Phantaſie? _M Y. C'eſt ſi"
la Force imaginarrice de l'ame ,laquelle reçoir- ct
les Formes,qui ont eſté apperçeuës des ſens; en
tre leſquels 8c laquelle ilya ceſte difference , à
ſçauoir que les ſens s'exercent en leurs propres
organes, cependant que l'animal veille, 8c que
l’obiect eſt preſents- mais au conrraire,combien
que les ſens de celuy, qui dort, ſoyent aſſoupis,
8c' qu'il n'y aiſt point de choſe ſenſible au de
ñuant d'en x,la phantaſie n'exerce pas moins pour
celà ſa Force par le moyen des Formes 8c idées,,
deſquel
674 (LVATRIESME LIVRE
deſquelles elle tire ſes phantoſmes , c'eſt à dire
l'imagination des Formes 8c idées , leſquelles
elle a exprime' des-ſens , qui les luy] 0111! pteſen—
iii-lle' _ 'zic'-_ A-
d, Toutesſcilis
tées , ce uiAriſtoije
eſt la to“ſadeſinie
te actionvn
de-moPuuemen
a iantaſie.
t,
Ÿſlîdſÿâhaïſ: qui ſort du ſens :mais puis qu'il ne fait pas plus
carie. de quatre ſortesde,mouuements, «Sc qu'aucun
dïceux ne eonuient àla phantaſie, on ne la doit
\ as definir
'qu'elle ar le mouuementzcar
ſoitptelle, tant tant
puis qu’il n’y a rien s'en ſaut,
con-_
traite à lÎimagination que le mouuement , ni
rien lus neceſſaire que le repos. Car tout ainſi
ue ll: ſens ſe diſpoſe à l'endroit des choſes ſen
b Au u_ de h :ſlibles ,droutflle meſſine St Feqtencëcment àlËu
Nature hu
'Win' °-" toit' es allſez
diſtingué anta ICS. eme
ſubtilement cesius a autres
quatre mots, ois
l'i
ma inarion, la choſe ima inée, Fima inaire,8c
iïmäiges
ſuyuants auſquels rcſponäent
, à -lctcgauoir Qœvſſlœaxſſar , les uîtte, mots
Qçrfllæçſſlôv eau/

'Iœmcàr 8c earl-dima. Car il veut que le premier


ſoit en l'action : le ſecond en _l'eſpe.ce,au tout de
laquelle l'action s’exerce,comme on diroit. en la
‘ couleur , ou en quelque autre choſe ſemblable:
tiercemét il appelle phanraſtique ou imaginaire
l'abſtraction de ceſte eſpece hors de ſon ſubiect:
finallement il veut que le phantoſme ne~ ſoir
autre choſe, que la vaine app-rehenſion de quel
que clioſe,qui n'eſt point en nature. 0ſt quant à'
e Au 6. l. des
ce* u’Auicenne
m… rieiiis ° a commun
, outre le ſens conſtitué, cettcclzs
'CID ie ens
ne inte
ſçay

- iliomme
n'en iu ?quiſe
et , ſinon uede
plaiſdit _c'eſt l’inuention
rendre d’vn
vne diſpute,
_ -qui eſt aſſez dcſia obſcure , ct encor' brouillée:
plus em
StzcTroN VIII. 675
brouilléezcar ſi on veut conſtituer d'autres ſens
aux interieures parties de l'ame , il leur faudra
par meſme moyen conſtituer dautres obiects
ſenſibles, 8c faire qu'il y aiſt d'autres organes ~
tout diuers aux ſenſoires exterieurs; mais cecy
eſt impertinent; la ſentence d'Auicenne ſera .
doncques
rieures de l'ame
mal conuenablc
le ſens commun
: carles
, laforces
phantaſie,
inteë

memoire,aux
pondent ap enſoires
etir, cognoiſſance
cxterieurs.8c volant-Stef
ſi ‘ _
T n E. Æœſt-ce que la Memoire? M Yes T,
L'eſtat'des formes ou images , qui ont eſté
exprimées en la phantaſie par les ſens , comme
par des ſeaux
8c ferme , ue: lequel eſtſenſible
ſobiect d'autantaura
pluseſté
conſtant
vehe- _ 'ſi>-—' ='ſi _ ‘-
q touſiours accompaigne' rleplaiſir
lment, qui eſt
ou triſteſſe,de voluptéou douleur : voilà- oucó >
quoy ceux , ui ont receu quelque plai ir ou "P". «Mb
deiplaiſit, ſe ſtiuuiennent” plus long temps ?qué , j
les
leurautres ,qui les
memoire, n'enc rolex-leſquelles
rauent' as ſi profond @a v ' - ~ 3m:
ilsliugentſi ~
dignes d'eſt-re appetéesou euitées. . ñë .
T H. (Della choſe eſt Flippetitl MJÎsNFnc
force .de l'ame à pourſuyute ce-,qui nous ſemz
ble- bontlaquellegduenanr qu'elle ſoit_ adonnéo
àr-la volupté corporelle, onîappelle. laifir char-ſi
ncl,ce quetles Grecs entendent par mo: dan; _
Ûvyíd.: mais ſi ceſte force-rendit_ ſe venger ² OÏÎUŸIËŸJËJËÏΟ
líappelleñ qcholere , les meſmeaGrecs la nommée.-tpe chapit, de
@UH-dau rtellement, que tout ain-ſi que la phanfl “PP”
taſie ſuit leſens , de meſme- auflisïappetit ſuie',
Iii ‘phanraſie,8c la volonté? [Pap tit.
T n E. Pourquoy-rappeur vpſlonte' — ne iſieav'
ñ d
,— . ' ſi V
676 QYATRÏESME Livnn
fufiſſiîääîg-lîë rontdilsvne meſme choſe? MY s. Ariſtote î a
ſi ſieſcripr, que c’eſt vne meſme choſe :omais , puis
que Yappetir eſt commun aux hommes 8c aux
beſtes , 8c que la volonté n’eſt propre à autre
qu'à l’homme ſeul, comment ſe pourra-il faire
b Au meſme qiſils ſoyent vne meſme choſeîEt meſme l” Ari
“su- ſtote eſtant tantoſt-daccord auec ſoy,& tantoſt
_en diſcorcLcomme c’eſt ſacouſtumeza enſeigné
ailleur-Hque Yentcndement 8c volonté eſtoyët
touſiours droictsdmais que la phantaſie 8c ap
lil'. eſtoy ét tantoſt droicts 8c rantoſt peruers,
lîquelle choſe eſtant ainſi , perſonne ne ſeroit
coulpable
cſiuuaiaeſ du n’a/ï de , ſa'
[Mz peche' dirlaſcheté: pource
S. Auguſtin »ï.‘, s'il:que
rfcteſtl: 7101m
Peche'
“b"²“’b“" taire; 8c meſme-la volonté ne ſe depart point
du. :deuoit , que YEUtQXÎ-demen-r ne ſe ſoit pDe-.ñ
mierement deuoyéde ſon: droictvcheminzcomæ
d_car le_pech_e' me &Thomas l'a treſbien expliqué 4;.- - -
n eſt polntzdi! E: “Ta H. LQIÊCllC choſe eſt la VolontézM Y s T.
~l,e lavolon… _ 5
ie', 2'” du? zſCeſt le-con cnrcipcnt de-;lfame , qui Uſe; d vne
uelqueeauc; - ' _
juan-on_ libre pmlſſance.- l = . l', , - ~.h , _ ’ .L,, z
. T H. La .volonre- ôpileconſentemenr n,on_t.—
ilspas la meſme diffetencetque le. ſens 8c l'ap
prehenſion-on- ſentiment? -M Y ;Pluſieurs om
, embrouillé icy aueeëles accidents des-accident#
les aurresaceidenrs
i , q.uand ils ont'. diſtinct:
- . . le
conſentement 'le uel : ils cllcnkfllollllêh)
"l"u. y P;4 “dïmec-larvnlontelzôc
' ‘ 1 q -
-la ,volonteI l
creee, 1
dauecñ
_u _Amp 1' ce
:à ,z ;du zz--Loel-le, qui uîäpasſä eſte' crcéc , 8c tant l’vne que
"-' 'Dſ- lîattt-rq dîvne-volonrérepugnante: combien que
laèvolqn-té
Pacte ne ſoir: routes-fois
de lîaſirnqsqiii-çonſenr autre choſe
librement, que
ſoir- qu’il
fafllcspourſuyurc. m Ÿlzcſcçcomme bonne, Olu
. _ . a
SEcTioN V111. &77
la ſuit, comme mauuaiſe: par ceſte definition
on peut reſoifdre vne infinité de queſtions ï a Gotoſtede
Scholaſtiques;
dire) le liberal Car la liberte'
arbitre eſt vne ,puiſlſianct-,laquel-
ou (pour mieux 12- LËËJËÎËÏ:
ë: S. 'rho
le
volonte'
a eſté donnée
eſt l'actediuinement
de ce liberalà arbitre
l'homme:, par8cle-
la 7. a :ſde ſa

quel nous deſirons le bien , ou ſuyons le mal; fzfflſäfffffffi


lequel deſir eſt ſuiuy &honneſtes actions , qui aigremelſt !cin
te moignent par tout,quelle eſt la volonté,qui lſuîïîäæfflfflô
conſent , ne plus ne moins que la declinarion ſ ſ
des actions deshonneſtesſiait a paroiſtrùquel
le eſt la volonté repugnante ~, aquelle ils ſai
ſoyent contraire àla conſcntantqcombien que
ce ne ſoit qu’vne meſme choſe,cat telle contra
rieté depend du ſubiect &non pas de la volon
tézautrement, ſi nous ſeparions' ce,qu’ils a pel"
lent Nolonteflde la Volonté, vn meſme ſubject
he-ſeroit pas capable de' receuoir vne choſe
contraire apres ſa conrraite,ce qui ſe fait ordi
nairement en toute la nature : par ainſi il ſaut
conclurre, qu’vne meſine volonte' eſt le ſubject
tant des actions
ſtes, tant du bienhonneſtes que des deshonne
que du inal. i
TH. Puis que tant de ſacultez de l’ame_ſonr
toutes diuiſéegcomment le peutñil faire, que _
l'ame ne le ſoit auffi? M. Combien que Platon
aiſt diuiſé l'ame en deux parties,Zenon en trois,
Panſietius en cinq,Soranus en ſe r, Çhryſippus
en huict,Apollophanes en nen , &Poffidonius
uiſe'
en douze;
en Paine
il n’y
z car,
a rien
quand
toutes-fois
ſame ſe , diuiſe
qui ſoit*
eiiſiſés ‘

Facultez, 'ce n’eſt autre diuiſion que du ſiihiect


en ſes accidents. Par ainſi les forces de l'ame
' ' V V z.
678 QyATntx-:SME LlvRE
_ſont ſeparées 8c diſtinctes les vnes des autres;
ou realement, comme l’ouye 8c la. veuë 5 ou el
les ſont ordonnées les vnes ſoubs les autres, 8c
ce en deux façons ;la premiergquand elles ſont
diſpoſées l’vue ſoubs l’autre , ſoubs vn meſme
pente, comme les ſens des choſes ſingulieres, '
oubs le ſens commun; la ſeconde,quand elles
ſont reduictes ſoubs diuers genres , comme la
Faculte' de cognoiſtre ſoubs la faculté dappe
tetztelletnent ue les forces ou facultez de l’a
me ont entr’e les la meſme proportion, qui eſt
entre les ſubiects de chacune dëicelles forces
ou Facultez : de ſorte qne,ſi la volonté eſt ſepa
rée de Pentendement ,il faudra auſſi_ que leurs
‘ obiects,tant,dis—ie,de l’vue que de l’autre,ſoy Et
diuiſez entr' eux , à ſçauoit la choſe bonne 8c
la choſe vraye, car le vray appartient a [Enten
dement ,comme ſon obiect ou ſubiect autour
duquel il s’occupe,8c le bon à la volonté.

De la Cvgnoſſzncé d* Entendemmt , da?


VM) é' de: Sciences.
SEcT1oN IX.
T H E, Depend-il de la volonte' de_ Phomme .
de cognoiſtre quelque choſe, c’eſt à dire, ſil’a
ction de ?Entendement depend du vouloir? M.
z A.. ,Jim-z Telle eſt ?opinion ² &Ariſtotezmais il faudroir
de l'ame. 'ainſi que Papprehenſion ou action desſens de
pendit de la volonté de Fhomme , ce qui eſt
faux: car mal-gré bon-gré que nous voulions,
nous ſentons les douleurszor l’Entendement 8c
cognoilſance accompaigncnt rouſiours le ſens
&:
I
SEcTioN IX. 679
8c ſenti-ment 5 il Faut doncques que nous enten
dions bon-gré mal-gré que nous voulions.
T H E. Entendons nous auffi les choſes ſin
gulieres 8c ſenſibles P M x &Pourquoy nonP car,
comment ifenrendrions-nous , quel homme a
~ eſte' Socrates, puis que nous anons ſon imape
treſbien exprimée aux liures de Platon,qui 'a
veu Fort ſouuent? ' -
T H. I'auois autresſois entendu dire aux eſ
chOlleS,que [Entendement deuenoit vnique 8c
a Henry en la ,
ſingulier en comprenât les choſes ſingulietes ². ,yqutſtion du
M Y s. Ouy,mais mal à propos, puis que la ſub- s-quuliber. Et
ſtance
en de l'Entendement
entendangq ne ſe
la ſubſtance dechange non plus s Thomas
l'œil envoyant, LËIÏŸLÎËJÃ'
enſſ
combien
puiſſe que la qualite'
changerzmais tellede l’vn procede
erreur 8c de l'autre ſe qu'on peuren
du di-

re d'Ariſtote,quand il a b eſcripnque PEntcmíe- :ÎLE “WÆËZŸ


memfait tout, Ô* que lfntendemcnt paſſible denim: líeſe pourucn
tout: Item quand il dit , que le Scm s'occupe autour r”
de: choſêsſîngulicre: , ó- lïEnz-cndemcnt autour de: b .aux liures
1min” elles: ce, qu'il a exprime' ailleurs ï par au— êktfſfſíu_ de
tres paroles, deſquelles toutes-ſois la ſentence l'ame :.3,
n'eſt pas differente en ſignification à la prece
dence 5 à ſçauoir, que la ſcience, Ô' ce qu'on finit,
n'eſt qrff-Une meſme_ chaſâzeÿ- que leſêm ej- la cho/éſen
ſible-n'eſt qu’vn meſme chOſZ-:mais ie ne penſe pas,
qu'il
_vn euſt u dire choſe
Philoſtfiphezveu queplus impertinente
la ſcience pour
eſt vn acci- z 1
dêt de l’ame,& que l'ame eſt la Forme du corps
animé, comme ou peut vgoit en l’Eclipſe de la
Lune,quand l'ame comprend Yeffect parla cau
ſe: car il faudroit de ceſte ſorte confondre la
ſubſtance auec les accidents, 8c rfeſtimer pas
3.
VVz‘
680 QVATRÎESME LIVRE
autre choſe , ce qui eſt hors la nature de Fame,
que l'ame meſme :finallement les choſes intel—
ligiblcs ſeroyent vnc meſme choſe auec les ſen
ſibles ,Buſy auroit auffi point de difference
entre les ſens 8c ?Entendementz mais pour de—
claire: ceſte abſurdite', on ne pourroit trouuer
meilleure raiſon ,que la ſuyuante tirée de ce
commun Principe ; les chaſtænqui conuienncm e”
fimble &XT/ne tratſieſnze , canuiennent auſſi entre elle!
meſmci : Car, s'il n’y a rien dïntelligible , qui ne
ſoit ſenſible ; ni rien en l’Entcndetnent,qui ne
ſoit au ſens; &ſi l’Entende.uent eſt vne meſ
me choſe , que ce,qui eſt entendu , 8c le ſens la
meſme choſe, que ce qu’on à ſentu , qui ne void
en ceſte ſorte que Flîntendement 8c le ſens ne
ſeront auſiiqſſvncmcſine choſe? Et certes ce
ſte \nal-heureuſe opinion a bien tant eu de pou
uoir enuers aucunsxsc a fiche' ſi ptofódemët ſes
racines,ie ne diray pas en l'eſprit des plus groſl
fiers 8c lourds eſprits , mais auſii en celuy de
ceux , qui ont par leur doctrine acquis entre
les doctes quelque reputation , que ie m’eſ
merueille , comment ils n'ont 'eu crainte de
deuenir Aſnes ou Chcuaux , toutes les fois
qu’ils penſoyent à l'Aſne d’Apulée , ou au
Bucephal d'Alexandre : mais FEſcOt Philoſo
phe ſur tous les autres fort ſubtil, S’eſt depar
5 A,, 1,1133 13 ty² ClCiîCllC opinion d’Ariſtote,de laquelle Tho
B-dfflíüctïô en mas dAquin 8c pluſieurs autres ſont neanñ
la Lqncſtion.
moins ſectareurs. Par ainſi laraiſondAriſtote
íeroit par ſameſine doctrine Fauſſe , quand il
veut quela premiere matierezlaquelle il appelle
remix-l,
ſi _ ſoirantre
_ ñ v queie. ſecondeflaquelle pelle
i ap
(

pelle eâa-ôn-rludſià
u cauſe qu'elle eſtIX-.z
SEcTioN ſenſible; ſinon
681

qu’il veuille diſtinguer la premiere matiere


d’auec celle de ce papier par le nom du genre
(à l'exemple des Logiciens,qui n'ont point d'eſ
gard aux choſes,ſinon aux ſeules parolles , qui ,
les ſignifient , tout au contraire des Phyſiciens)
mais ſi la matiere de ce papier eſt cognue tant
par le ſens que par Fentendement , qui doutera
qu’elle ne ſoit 8c von-Thau' 8c dich-riad' , c'eſt à dire,
8c ſenſible &intelligible tout enſemble?
’ T H 1-: o R. Welinconuenient y auroit—il,ſi
nous diſions, qu’vne choſe ſinguliere ſe peut
bien entendre , commeDieu , pourueu qu’elle
Thomas ², qui eſtZMY.
ne ſoit materielle beaucoup plus
' C'eſt l'Oiilnpertinentc
inion ele-S. âueffiÿoſiëdéf;

que la precedente; pource qu'il .nie , qu'on LpartieI.


puiſſe entendre Socrates , qui eſt en routes (Za
çons ſiny 8c circüſcript de ſes: limites:8c toutes
fois il aſſeure , qu'on peut comprendre en l'en*
.rendement Dieu,qui eſt en tout 8c par tout in—
ſiny ôcincomprehenſible. ſi — ' -
T H. We reſpondra~on à ceux,qui ont ar
reſté pour vn decretinuariable , que les choſes
immafierielles ſe conuertiſſent par deſſus elles,
ëeſtà natureà
àzleur diie ſe deſtournët de ce, uieſt
ce,qui eſt ſiiperieciir? M Yinferieur
S T.Ce- _

ſte opinion eſt l'vne des plus fauſſes, que b Pro- Tag? Alf***


'clus aiſt' iamais mis en auant :carîſi elle eſtoit
verſtabl-L-,ni Dièiuuiles Anges ne ſe deſtour—
ï neroyent iamais de leur grandeur 8c maieſté
:pour auoit ſoing du móde 8c des hommesitout
ainſi doncques , que riennempeſche que l'œil
meîſez-tourneſideïlſuszz .deſſous 6c àtdroict 6;
î'. VV 4. .
68a QvATiui-:SME LIVRE
à gauche, our librement veoir 8c faire con
rempler à 'Entendement les choſes terreſtres
&celcſteætout de meſme rien ſſempeſche que
ſlîntendement ne puiſſe comprendre 6c mediñ
ter les choſes corporelles 8c incorporelles ,les
choſes "hautes 8c baſſes , leur milieu 8c extre
mité , 'les choſes ſenſibles &inſenſibles : par
quoy il y a deſiailong temps que leur decret eſt
tombé,'par fautcdappuy ,en ruine.
T H. L’Entendement ſe peut-il auſſi enten
dre ſoyñmeſmeêMr S T. Ouy certes par refle
xion de ſoy en ſoy 2 car tout ainſi que le pre~
mier Entendement( c'eſt a dire Dieu) S'entend
premiw ſoy-m-eſine puis apres tout' autre
choſie : le dernier Entendement , tout au' con
traire , contemple premierement tout' autre
choſe -deuant que de venir à ſoy , ne plus ne
moins que l'œil qui ſe void dans le miroer : car
il ne peut 'autrement agir en ſoy-meſine ſans
vn moyeninterposé: mais il faut touſiours ne
ceſſairement que l'Action droicte de l'Enten
dement precede la refleſchie.
T H E. Yelle choſe eſt l'Action droicte de
l'E ntendement? M Y s T.Qi_1_and ['Entendement
_comprend premiercment quelque choſe ſin
guliere , comme qui diroit vn Lyon,puis apres
cognoiſſant parles effects qu'il eſtfort 8c puiſ
ſant,il conioinct l'vn auec l'autre 8c ſaict vne
propoſition , par laquelle il afferme qÏe le
Lyon eſt ſort: Item, quand il void que le Lieute
s'enfuit au deuant .du Chic-n , il comprend 8c
_Sc cognoit
.pour qu'ilil*n'eſt
laquelle pas(car
diuiſe fortdiuiſer
, qui eſt…
enlacſiecauſe,
lielq
’ c
SECTION IX.' 68;
eſt nier) 8c nie quele Lieure ſoir fort. Il entend
auſſi pluſieurs choſes par ſimilitude des autres,
com1ne quand 1l comprend Alexandre par l'i
mage meſme d’Alexandre;c0mme s'il viuoit:
8c quelques autres choſes par collection des
membres , comme quand il comprend la For
me du Minoraure ou d-'vn Centaure: 8c quel
ques autres choſes par les effects ſetïlemenr,
comme les Anges 8c autres ſubſtäces inuiſibles:
8c quelques
indíuidus autres choſes
ſenſibles parla perception des
en ſa coſignoifläncmcomlne
quand ilforme 8c conclud les vniuetſels.
T H E. Il me ſemble aduis que pluſieurs in
commodítez émpeſchent que ron aſſertion
tienne ferme ſur ſon fondemennſans qu'elle nc
tombe , par laquelle tu veux que Fame appet
çoiue par le moyen des ſens les choſes ſingulie
res , 8c que de là elle recueille les vniuetſels:
deſquelles incommoditez ceſte çy eſt la pre
miere , à ſçauoir que Fame ne peut rien enten
dre d'elle meſinezcar tout ce,qui eſt en ce mon~
de,ſoit la'ſubſtance,ſoir l'accident , eſt com ris
dans les limites des ſinguliers ou vniuer els:
mais puis que les ſens ſont de faux teſmoings,
comme diſoir Heraclire , Flîntendement S’abu—
ſera touſiours par lafaulſe repreſentariomquïls
luy ſonſit des choſes.M Y S T.Il y a en ceſte qu’e
ſtion deux poincts ſur leſquels il faut reſpon
dre: deſquels l’vn eſt , ſi l’Enrendemenr peut
rien comprendre de ſoy-meſme ſans laide des
autres ;la ſeconde , ſi ?Entendemenr acquieſcc
8C condeſcent en jugeant à la perſuaſion de ces
faux reſinoings , ainſi appelles-ru les ſens. CX'
VV 5
684 QYATRXESMELIVRE
ſteſſderniere partie appartient àlopinion d'A
riſtoi1,de Pyrrhon,& dÎ-Ierillus, laquelle a eſte'
prernicrcment ſoubſtenue par Socrates, puis
apres par Arceſilas 8c par les nouueaux Acade—
n Diegene! miciens ²,mais auſſi d'autät plus haye 8c reiet~
ſfjíîfä": 7;: tée d’vn commun accord par les ſeeres de tous
x5…. _ les autres Philoſophes , qu'elle auoit eſté auro
:ËËLËUÏWÆ riſée par les ſectes des precedents : par ainſi
liurespuur cô nous aurons peu de peine a reprendre ceux-cy,
ſi"“°ñ‘ “'5'” 8C principallemenr les Sceptiques , qui ont auſ
Cardmnl Creſ _
cence auiiurg ſi eſté appellez Ephectiques 8c Aporhetiques:
mais on ne les pourroit conueincre d’vn meil
queſtiôs rica-leur argument que de ceſtuy cy , par lequel il
"'"‘1""' ſe vantoyent d'auoir demonſtre' apertement;
que rien nef: peu: ſèanoir : Pource qu’il s'enſuit
par ceſte demonſtration meſme, qu'ils ont la
ſciêcc, que rie” me ſa pemſcanainôc par cóſequët,
que quelquechoſe ſerpent ſçauoirstellement
que s'il y a rien, qui e puiſſe cognoiſtre :qui
cmpeſchera qu-c le reſte,qui deſpéd dela meſine
doctrinesne puiſſe pareillemêt eſtre cognu? Les
ieunes Academiciens ſe voyâs pris au piege par
c'eſt argument ont auſſi nié de pouuoit de—
monſtre-r par raiſons , que Tien neſépcu/ fi-auair:
mais ils n'ont pas moins erre' en cecy que leurs
redeceſſeurs ,tant en ce qu'ils leur ont rompu
ſaſoy ,que pourdleur grande temeiité d'auoir
ſouſtenu , que me” ne fipent fiauoir , ce qu’ils ne
peuuent dcmouſtrer. Outre vn nombre in
finy de demonſtrations Mathematiques , leſ
quelles lcs contraignent bon gré mal gré. leurs .
dents de ~conFeſſer,cóm,e en la torture,la verite',
'a laquelle ils ne pouupyent condeſcendre-T c.
,~ . ñ "~ ' H.
SEcTIONſe fonde
ſ T H. Si Œntendemenr IX. en iugeanc
6S5

ſur les ſens , &ſiles ſens ſont rouſiours ſurpris


en fraude 8c deception, il ſaut neceſſairement
que l’Enten‘delnem: ſoir touſiours deçeu 8c
abuſé? M Y. Les ſens ne ſe trompent pas couſ—
iours ,comme pënſoyent les Academiciens, ni
ne ſon: pas touſiours ceſmoins irrefragables,
comme a eſctipt ï Ariſtote : car lors que l’œuil a ^uz.l.ç_cl*a_ñ
arregarde le Soleil , il rapporte à l’Eutencle- "‘:c°'5lè°s"‘}c‘t:
ment que _ſon Diamerre n'eſt pas beaucoup ?ont eouſiours
plus grand d’vn pied,& auffi qu’vne verge dr01~ :ſſgëſçîrſifiä:
cte eſt courbe, quand elle eſt la moitié dans ÿabuſelc plus
Peauztoures-ſois S’il regarde quelque choſe,qui ſ°““'~"“~
ne ſ ir ni trop proche, ni trop eſloiïïnégmais
d’eſ ale_ diſtance de la droicte ligne à a Baſe ,il
apperçeuraſeſgale grandeur d’icelle,à ſçauoir,
quand elle ſera en Faſpect de l'œil vn triangle
proche d’Equilateral. Mais quant à ce qu’Ari—
ſtore 5 penſe quela raiſon ſe peut bien trom- 1, A,, @ſtim
per 8c non pas le ſens , il n’y a Point d’apparcn— livïïlïïäu*
ce de verité: mais au contraire l’Entendement
deſcouure 8c fait iugemenc de l’erreur des
ſens , comme par exemplmque la grandeur du
Soleil n’eſt pas (l’vn pied , 8c qu’vne verge n’eſi:
llaasreigle
courbede en
Polyclere
Feauzla raiſon
,~ par laquelle
eſt doncon
, comme
corrige

les erreurs des ſens, s’ils ont failly en quelque


choſe: 8c laquelle n’a pas touſiours faute de
l’aide dïceux en ſes diuines operations.
T H E. 03e peut faire [Entendement ſans
les organes cor orels &ſans les choſes ſenſi
bles? MY s. Railënnegcompoſendiuiſègdiíÿo
ſer,conclurre,iugegcontemplenſe comprendre
ſoy
686 QyATEXESME LHRſiE
ſoy—meſme,8c de diſtinguer en toutes ſortes de
propoſitions le vray d’àucc le ſaux,le neceſſaire
d’2.uec le probable. s
T H. Axelle choſe eſt le Vray? M Y s. Ifeſga
liſſemenr de la cognoiſſänce
en l’Enrendectmenr desauec
de l'homme ehoſes,qui
celles ,ſont
qui
ſont en ſa Parolle; 8c de routes enfſiemble auec
les autres , qui ne ſont ni en la Parolle , ni en
Hînrcndemcnr.
TH. Ceſt vne choſe familiere aux propos
d’vn chacun , 8c laquelle on trouue receuë en
*tous les liurcs des Philoſophes ,' Wil :f) Erie”
en FEmendcmmLqui neſâil premierauxſemgôc que
pour ceſte cauſe il a eſté appelle' des Grecs
@Wax/Nov Àd-nàë-,ZC auſſi i'm-door yçæyzzzſſlâorgcom
me , qui diroir tablettes blanches , ou vn liure
auquel on n’aencor’ rien eſcript, ce qu’il diſent
auoit eſté neceſſaireà ſin que tout ainſi que na
ture a faict Peau inſi ide , Fair ſans odeur,& les
oreilles ſans aucun Fon Pour mieux cognoiſtre
8c auec Plus grid' certitude les ſaueumodeurs,
8c ſens; que tout de meſme elle a. voulu que I’a
me Fuſtdeſpoilíllée de toute Forme 8c cognoifl
ſimce exterieure pour mieux comprendre les
choſes íntelligibles , 8c de pouuoir iugerplus
equirablcmêt , 8c auec moins de corruption d’i
celles. M Y S. Poſons le cas que l'eau [res-pure
ſoir ſms ſaueur, 8c que l'air bien ſain Cx' tempe
re' ſoir ſans odeur, routesfois il ne sÏ-nſiiiura pas
pour celà que l’ouye 8c les ‘aurres ſens ſoyent
entierement deueſtuz de leurs qualite-z conue
nables, ce que ie voudrais encor’ moins eſtimer
dclame. C_ar nousvoyons que nature à Piole'
de
SECTION IX. 687
de dix mille petites couleurs le tetz des ycux,8c \
qu’elle leur a mis par dedans vnc flame de ſeu,
à fin que de la elle peuſt cognoiſtre Faffinite'
qu’elle auoir auec la lumiere 6c les couleurs, ſe
lon ce que Empedocles,diſoit, _gage le: chofexſèm
blabla: q/Zoyeru cagnnë: par leurs fi-mblables: Elle a
auſiï voulu pour ceſte meſme taiſomque le cuir
du milieu de la main faſt eſgallcment temperé
de chaud,de froid,dc ſec,8c d’humide,à ſin qu’il
peuſt mieux iuger 8c auec plus grand’ certitude
de ces quatre qualitez; tout de meſme nous te
cognoiſſons que la ſemence de toutes les ver
- tus 8c ſciences a eſté Diuinement eſparſc en noz
ames clésleur premier origine , à ſin qu’il ſuſtî ~ .
loiſible à Fhomme de viure ioyeuſement de '
leur ſruictacomme au milieu d'vn iardin remplY
de fleurs 8c d'arbres odoriſcrans, 8c de toutes
ſortes de biens à grand' abondance. Cat pour Fc
peuqifon cultiue lŸEntendemêgſa moiſſon dru- au .. 1. de m
geonne abondammennNous. voyons que Em _me. l_ En ſon Mc_
pedocles 'Platon "Philo °,Andelandus 4 8c les mnon. t
— ' '
Academiciens ' ' de ceſt adu1s.ma1s
ont eſte ' . ' quant cAuegcſ…
Au |.l.de ’ſes
il
à_ ce qu’Ariſtote nie *d qu'il n'y a point en noz rapporte le par
ames aucune trace ou veſtige des ſciences 8c ""5 "fflſhï
. . . . auquel eſtoit
vertus PM' 1C8 not1ons,il fait certainement que Adam :Name,
la nature des beſtes ſeit beaucoup plus excel— **audit eſt or
lente que celle des hommes , puis. qu , elles con- iſſune-ËEÛÏËÏÏ
ée d l'

cluent bien les vniuetſels par les ſinguliers S 8c ?:554 diſïíPliï


qu’elles cognoiſſent tous les autres hommes c ,ml.dcl’A
par l'aſpect d’vn ſeul; 8c qu’elles
.
demonſtrent, ""
e Au 3. li. de
que nature ne les a pas_ entierement deſpotir—1*^…zc_,_&…
\Îeuës de/raiſon , ſoit qu’il leur faille eu-iter le fäſïîffjlæfîäï
-danger , ou ſoit à faire pro uiſion &aliments ſe- …x gzhiffllz,,
lon
688 QYMTRIESME LIVRE
lon le cetnps,le lieu,6c la ſaiſomou ſoit ‘a efleuer
leurs petits 8c a les conſeruer. Et meſine , com
bien que Ciceron aiſt eſcript que nature ayant
donné beaucoup de vertus aux animaux , que
neantmoins ell’a reſerué à Fhomme ſeul d’eſtre
iuſte 8c equitable; toutesſois perſonne ne niera,
que les oiſeaux ne gardent la iuſtice en l'educa
tion 8c nourriture de leurs petitsfflndiſtribuant
à vn chacun ce , qui luy apparrientzon ſçait auſli
'que l'es Cigoignes nourriſſent leurs Peres par
grand pieté en leur vieilleſſe : däiuantage , plu
ſieurs grands Philoſophes de nom 6c de doctri*
3 f" 15":* ne,comme Porphyre ²,Plutarque 5,8: Gallien ï
P? ïſëxf" ont prcuue' ar dix milles argumês que nature
'm' ‘-“"l'"~ n’auoit pas fîuſtré les beſtes , leſquelles nous
XIV-Au “m appellons bruſtes ,—de raiſon. Combien àmeil—
_ſi ;Mſg-ML leurdroit les hommes ont-ils eſte' ornez 8c en
ſa MNU_ richis par ce pere de nature de la :ſemence de
E; ,u 11",., toutes ſortes de vertus 8c- ſciences 2-1 deſquelles
æ-Üipœ T5;- le charactere eſt tiré 6c ex riméÏen- *eur-enten
Ëafæy @poub- dement moyennant la luliniere 'qijil leur en;
guſilëpæ. _ communiqué parſoneſprit ‘ ſ .: ' . .'
îmArîczu-räït-i T H. Toutesſois ilme- ſemble 'que PEntende-ñ
,t ,n qd… s.. ment ne peut rien ſans Faide des-ſens. MYÛH
s~-l*-ſ"?~"-"" eſt certes excité parles ſens; ñouzſi nousaimons
1mm” moines . . > _ . .
a Mi. mieux direJuy meſme les reueille pluſtoſt &les
met en beſoigne , puis que de leur naturelils
n’ont qu’vne rude 8c groflïerecognoiſſance de
ceſte coherence , qui eſt des accidens aux ſub-ñ
iects,cai'ñlñ'es ſens ne deſcouurenït rienque lesacz
cidents , par leſquels ils ſont' tieantmoins ſou
uen-t ahuſez.Mais,qui a-iamaisñveu-ou ſentu les
form es ſingulieresîqui ſontñles ſens,par leſquels
nous
-SECT!0N IXU' 689
nous auons tiré la definition de cant de choſes,
laquelle contient lïnrimc eſſence de leur naru
re? par quels ſens auons nous exprimé les thre
ſorsTſſ8cH.lecrets de nature? de l’homme auoir en'
Si l’Enrendernent _ ,
ſoy la ſemence de toutes les ſciences 8cverrus, ~.
tous les hommes indifferemmenr comprendro
yenr toutes les ſcience-szroucesfois il y en a, qui
ſonrſi grofficrs 8c hebeccz,qu’ils ne different en
ricn des beſtes bruſtes , ſinon de leur preſence,
I Au 8.1i. de
comme Ariſtote 'a tres bien ² remarqué? M Y s. Iſiflyſtüire des
Mais combien meilleur eſt le jugement de ccſ animaux.
Di-uin Poërc,qui dir l' que les loüanges de la Dëil b Pſcaume t.
uiniré commencent à-ſe dcclairer en la bouché
des petits enfanædés qu'ils-pendent aux mârnelſi
les de leursnourricesë Pource qu’on a perçoit
deſ-ia en eux des' traicts manifeſtes de lîEnren-À
demennPar ainſi,ſi nous augmenrons' à contre
poilzcommebh diplargument precedent ne ſc
ra dëaucune efficaceÿpource zqùe', ſi les vns n’a
uoycnt leur Ençendemenrmîeux- cnſemencé
desprinci es *de vertu 8c ſcience .f ueles autres;
tous cſga lement ſeroÿem »capal-Ÿles de routes '
ſciences 6c_ dlœiplines; liaçoic qu’on vqye fgxg
fizuucnt que 'Ceux-aqui oncles ſem 'tres parfaicts ‘
Scenriers,
que ont? leur-eſprit
les aurres.Car tänt plusplus loud 8c
laſſ nature desſtupide'
ſcien-V
ces 8c des choſes ainrelligibles ?eſt haute 8c ſuñ
blime , tant moins conuient elle à Plînrende
ment de ceuxzcleſquels leur nature repugue aux
diſciplines. On peut voir par cecy,que la nature
na as donne” eſgallemenr à vu chacun la force
de ien entendre: ô: meſme tous les grands*
~ ' Philo
690 QVATXXE SME LIVRE
aAſmlohnePliiloſophes ² confeſſenp , qu'il y-a bien peu
mofflœſſomæl hommes , qui ayent lEntendement Agent,
;Taz-nï-kïiäzî: duquel neantmoins la lumiere reſplendit aux
a, ,AMM-M actions des hommesles plus ſages 6c mieux en
mfiuerroes au tendus' . . .
mctmcziuudc T H. TOUtCSſOlS il ne ſe peut Faire , que pour
Umï- quelque Force d'Entendement que l'homme
aiſt,óc pour tant
apperceuoir ingenieuigqifil
6c comprendre ſoit,qu'i_l
_a grace puiſſe
de la bctëa-u
té,la Varieté des couleurs, ladouccur de la Muñ
ſique, lc nombre infiny des ſaueurs &odeurs
toutes differentesmi apprendre les arts 6c ſciene
ces,s’il eſt aveugle, ſourd;ou impotent de telles
8c ſemblables facultez: 8c meſme tout ce que
nous entendons
deſpendencſies desa touſiours des ſont
choſes , qui acceſſoires,ou
tirées des
ſens :tellement que, ſi uelqu’vn des ſens eſt
corrompu par le vice de l'on organenauiais il ne
pourra acquerir pour ſon regard _la ſcience de
b Ainſi
“il” qu'eſ 'obieóhauñrour duquel il s'occupait l' :par ainſi
,Umm
auz-li-&ÊVA- on peut voir que pour tant ingenieux que ſoir
ŸQÂÏÎÆLŸ-Ïjz' vn homme , qu'il Ïapprendra iamais aucune
.An-Lac au :-l ſcience , ſi _tant eſt ,qu'il ſoit prit-ie' de tous ſes
aïe" Phyſi' ſens? M! s 1". Ceſt argument eſt ſophiſtiquezcar
il s’enſuyutoi~t par meſme raiſon qu'il n'y auroit
point de richeſſes clichéesaux threſors a pource
qu'on ne les void point , ni de couleurs au \a7
bleau , pource qu'elles n'apparaiſſent pas la
nuict,car,ſitu couures la terre de quelque toict,
elle ne _portera
combien qu'ellerien
aiſt pour ſi fertile u elle ſoit,
natitrellemencclaſcmencc

de toutes plantes encloſe dedans ſon doz : nila


poudre des arquebutes ne Ïallameraiainaip de
. oy_
"T

SEcTiON IX. 69,;


ſoy-meſme : mais ſi tu mets vne morte de terre
ſoubs le ciel à la pluye , ou vne eſtincelle de ſeu
dans la poudre , ceſte cy prendra quant 8c quant
la flame , 8C 1’autre par ſucccffion de temps
portera des herbes, ſelon que la nature l’en a
enſemencée : ie te laiſſe àſaire le meſineiuge~
ment des le
ſoulage: Entendemeuts des par
moins du monde hommes, s’ils tou
les ſensziôt ſont
tes—foiſis ils _ne tirent point la parſection des
ſciences d'ij:eux,ou autrement il ſaudroit con
feſſer la choſe la plus abſurde , qui ſoit poſſible
d’ou'i_~r,à ſçauoir, que l’ame',-qui a_ eſté diuineà
ment concedée aux hommes,eſt paſſe-cte; 8c en
richie parles ſens,qni luy ſont beaucoup infe
rieurs en nobleſſe 8: excellenctyäc qu’vne cho
ſe diuine tireroit ſa parſection
8C corruptiblefiaçoit que toute lad’vne
ForcecaduqucmsA ſt
8c puiſ- giizſſzzſiëiinî:
ſance des ſens ² depende tellement de l'a11ie',Ëſ“““°“({_²‘
que
puis ſans elle ils elle
d'ailleurs, ne peuuent auoir
ne donne pas aucune Force":
ſeulement de ſi “L'ÉV
la Îſſſæëff:

vie 8c la
ſoires force au ,mais
corrompus corps, auſſffi
qui a elle
les organes
triompheſen-
&HW…ſËeÏe .MEZIL
l'ame ne
ſſiîÏer-ÏËJ
dedans 8c dehors eſtant ſeparée de la maſſe cor
ruptible dïcelluy ſans laquelle les ſens nepeu-fflctî m" l"
. . l s 'l ſ
uent
T ſubſiſter,
H E. Qtiſſeſircſpondrons-nous
Fai-t bien elle. ' doncques à “ïlfllſſïffl ?i5
ï . u . Î fl o
Ariſtote, qui alleure b, que toute cognoiilance Ïzzf… ÃJÏ-Êzê_
depend des ſens ?M Y S T. Ariſtote ſe monſtre ïî-dïrenden
en ceſte diſpute
- de Fame preſque touſiours diſ-
. JÏÃTſſſiſi ct
l

ſemblable à ſoy-meſmaoblieux de ſes decrets, 5 E" F* Mffl


inconſtant au poſſible ; car àÿahæ eſcript., que
le ſens _n’eſt pas la ſeule cauſe du: ſentiment ,ni Poſtcrictrïffi
.
lEntendement a.
la cognoitîänçe; ñ en -vn D .
8c . u"' .d °
XX
692, QyAi-RXESME' Livni;
autre ² lieu que [Entendement ne peut pas en
E: au i.liu.dc tendre ſans l’aide du corpssneantmoins il a eſÏ
Lî 'Ïfíîſſſffgffàu cript b ailleutgque l~Entendement Agent eſtoit
;Aime Panic impatible,& ſans compoſition dſaucune choſe;
“’²P'5' doncques s’il n'eſt pas compoſé, ni meflangé
d’aucune choſe auec le corps,il n’aura pas fau
te,S: pour Ariſtote &contre Ariſtote,d’inſtru—
ments corpotelspour enrêdre. Combien qu’on
puiſſe preuucr par bonnes raiſons , que toute
cognoilſaxice ſe doit rapporter a l'ame, comme
luy IPPJHCDRDKQÔC non pas aux ſens, qui ne la
*ï tiennent d’elle,ſinon par emprunt.
T H E. En quelle ſorte? MY s. Tout ce ,qui
eſt cauſe de la cauſe , eſt auſſi .cauſe de Yeffect,
qui S’en en ſiiitsFame ſeule eſt cauſe de l’actió,du
. .L, mouuemêgde la vit-MZ(
ques les ſens ont quelquede tous les ſens:ſi done
cognoiſiſſance, quele

~ - - que force , quelque vertu ,ils ont, dis-ie, tout


celà par ſieinprunt 8c le doyuent rapporter à l’a—
me ,comme le tenans d’elle. Mais quandPEn-ñ
rendement contemple ce, qui eſt diſtraict des
ſens,tant s'en faut qu’elle veuille vſer d’iceux,
que meſme elle les bannir fort loing de ſoy.
Voilà pourquoy Democrite ſe reboucha contre
vn baſſin en la clairré du Soleil la veuë ,ſi tant
eſt que Yhiſtoire ſoir veritable” ſin que par ce
moyen il ſe fiſt plus doucement aueugle, car il
penſoit de ceſte ſorte ſe rendre plus propre à
contempler.
-T H E. Poſons, le cas qu‘vn homme fuſt pri—
ué de tous les ſcns,horſmis du tact, ſans lequel
il ne peut viure ,ni ſans. les autres apprendre
_ aucunediſcipline de toute ſa vies ie te demande
. ' _ là
!SEcTl-ON XX. 693
là deſſus, ſi ſon ame,—eſtanr ſtparée 8c ſutuiuanç
te au corpszentendroit rien? M Y s.Il ne ſe ,peut
faire .aucunement , que PEntendement &paré
du corps ifentende , voire meſme qu’il tÿeuſt
iamais rien entendu eſtanc enclos dans. la. pſ6.
ſon- de ce-corps. 4 - -ñ, _ñ
- -T-H. Pourquoy non P M t s. Pource quenti
ture ne faitrien en vain , pas meſmes ,les pietz
res, les plantes, les metaux, les animaux-Rdc:
eſtoilles, ſans leur dôner quelque force Oiióucri
tuzpar ainſi, ſi !Enteudement ſſeparé -du _corps
nîentendoit
faut doncquesrienneceſſaircment
,il ſeroit en vain
queenſur
nature; fl
laſi ruiñc
dela-conſequence deceſt argumêt nous bafliſ»
ſions ceſte ferme propoſitiomque l'ame ſeparéç
&ſuruiuante au corps peut entendreÆç-quîelxî
a dés ſon premier origine .ñceſteſorce &ct-piſ- ,
lance ſans aucune aide ouſecours -desdſienszœ
inſtrumëts .corporelæpar ceſte meſme raiſon 'll
ſentence de Simplicius eſt renuerſée-de ſondren
comble l, par- laquelle-il penſait ., qu'apres);
lffiomrneeſtoit mort ,Bd-voire meſme que
ſubſtance de ſon ame ne Fuſt aboliezqueençïnte
moins laſorce &entendre .periſſoit entieremët;
car YEntendement ſeroit-de ceſte ſorte en vain
en nat-uredïl-rfentendoit tien. Fay vſe' de ceſte
raiſon; combien , q u’il:y aiſt pluſieurs autresv ~ 't ï
..'47
-xèſii
arguments, par le quels on peut demouſtseizî.
quel-Enteudement n’a pas faute desorganek
corporels pourentendre. r q . - !Mil
Tdi-rl. le te 'prie metsëlesen auant-à cauſe
cle-la grandeur 8: dignité deteſte queſtion; qui
le merite bien-. M Y-&Silzlíotce
&.23 X X
de? IFEndeÃAÀcSŸ_
2. i
694 QyATniEsMn Livnz
ment eſtoit orgſiſſaniquejl ſedebiliteroit ne plus_
nemoins par la pre' ence d’vn vehement object
que-les ſens rneſmes S ce qu'on peut, remarquer
en l’œil,qui rebouche la bonté dela veuë, pour
auoit arregarde' trop-conſtamment le Sole-ils 6c
en l’aureille,qui
couſtéj deuient ſourde
les- gros tonuerres poureſtlarſitſſan
&foudres auoit eſ
-tesî "en" l'air! mais PEntendement au contraire
danſent tät plus excellent, qu’il rencontre plus
haut 6c plus noble-ſubiect; '
".- î T u. Pluſieurs vſent de ceſt argument d'Ari
o ſtore pour demonſtrer que la nature des ames
eſt immortellez: toutes-fois j'eſtime que PED
rendement
yeux ne ſe rebouche
, s'il s'efforce pas moins
de contempler longque les
tempſſï
quelque obieâ , qui. ſoit Fort excellengcorrſſime
enzpourroir dire Dieu , auquel on nie .pourrait
iicii comparer de plus digne .ni hors,ni~ dans le
monde. M Y S T. -Tu n'as .iamaiscmieuitqdarlés
toutes-ſois ſi tu lez/eux entendre U( moyennant
qu’il ſoit ñintelligible) ,il re faudra vſcr des meſ
ctnäes moyens . deſquels) vſent 'ceux ;qui veulent
artegarder
p pſièz deuant lelesSoleiLà ſçauoir
yeux, ou d'vn dans'
leveoir verrevn-vïaiil
fort eſ
ſeau plein d’eaiſii me 'ée :l'ancre ;ñ par-ainſi m,
pourras arregarder _ſieu par derriere ,comme
o' Au ;Mimie nous admoneſte ce ,grand Lepiſlatenr ² Moyſeg_
ſ81e66. Ceſt à dire z trauers le Cryſta deſes œuuresusc —
danslïouurage de ce mondæmais quant au re
ſte des autres choſes , qui ſont finies , &qui ſe
ciment' comprendre- par PEnrendemenr de
~ Drame, tanrplus Pobiecteſt noble,tant plus
aufli sïanobly YEiiOendemeE-tttout au contraire
- -' des
SECTXON IX. n69;

des ſens: dont on peut recueillir , que la force a n


8c vertu des ames eſt immottelle , 8c que la na— '
ture des ſens eſt caduque 8c ſubiecte 'a corru- a Aſuka-ſhe_
tion.
ard ſe Cancomme ditde² l'œild'vn
pouuoit ſeruir Ariſtote , adoleſcent,
ſi vn vieil? d"ſſ"‘"
miſtius au IJ.

comme du ſien propre, il verroit plus claires


ment 8c auec plus grande afflzurance , que le
Ionuenceau. , _
T n.eſtl'entens,pnrce
l'ame vne ſubſtanceque
6c tu
nonas pas
deſiavnectvertu,
dict, que

ou puiſſance ,ou acte, veu quetu as monſtréy_


que telles choſes eſtoyent accidents des ames, i
8c non pas leur eſſencezparquoyfii l'ame eſt ſub
ſtance,comme tu dis,il faut qu'elle ſoit corpo
relle,on incorporelle, mais elle n'eſt pas corpo
relle,elle eſt donc incorporellezſi elle eſt incor
porelle , elle ſera intellectuele , comme toute
ſubſtance incorporellezôc ſi elle eſt intellectue
le,les plantes 8c beſtes brutes, qui viuenr d'vne
ame,viuront d'vne ſubſtance incorporelle.M Y.
Si les formes ſinoulieres ſe pouuoycnt ſeparer
de la matiere 8c ſubſiſter d’ell_es-meſines, il Fau
droit confeſſer qu'elles ſont corporelles ou in
corporelles: mais puis que le corps naturel eſt
compoſe' de matiere 8C de forme,il faut côfcſſer 0
q ſa forme 8c routes les autres formes ſingulie
res tiennêt rano moyen ent_re les choſes corpo
o a

relles 6c incorporelle-Snie plus ne moins que les


_Academiciens iugeoyent , que les Formes vni
uerſelles eſtoy-Gt moyënes entre la nature dini
ne 8c celie des ames immortelleszce que Ÿopine
raiſonnable, pourueu qu'on entendre que telles
Idées ou formes vniuerſelles ſoyent en_ l'En
' XX 3
*Commefomópó __ Q1/ Ara ir S M:
1 L i vR E
l” W” en rendement de l Archetype ;cat autrement les
Dieu. eſpeces 8c genres des ſubſtances 8c accidents nc
ſont autre choſe,que quelques notions ou co
l gnoiſſances vniuerſelles,
ramaſſëes des leſquelles
indiuiſiduz des choſes nous auons
naturelles,
&leſquelles ne ſubſiſtent en nulle part du mon
de d'elles-meſmes,ſinon par le moyen de l'En
tendement humaimqui les reçoit en ſoy.Mais
a on diſpute on diſputî autrement de l'ame en tant qu’elle
.eſt genre ,85 _autremenren tant qu elle eſt En
m Logidë, a »rendement 8c forme de lhomme. .
autrement en T H E. Nous auons les defini-ffions des plan
“Vſiffl” tes,des beſtes,& des hommes diſtinctes les vnes
d’auec les autresfflhactine
renceztoures-'fois par ſaque
ſien telle ſorte' propre diffe
la plus ex
' cellente contient ſoubs ſoy toutes les autres:
'mais ie ſuis en peine de ſçauoir ſi nous deuons
, baillet aux plantes vne ame,aux beſtes deux, 8c
~ . aux hommes trois E M Y s. Ceſte demande m'a
touſiours ſemblé la plus difficile de toutes les
autres,qui ſe peuuent traicter de l'ame, à cauſe
'de la Varieté de pluſieurs doctes hommes , deſ—
quels les opinions ſont toutes differentes ſur
ceſte diſpute. A ' ‘
I 1

'Des decret: de: Thiloſäphe: Greçr,Ldtinózlígyſzrienx, ‘


> @Irak-aqui gm mieux difficile' de l'ame.

SizcrloN X.

ñ. ’ TH E. Te plait—il de moy propoſer' …les plus


;notablesfiiſin que les ayant ,toutes deuant
tries yeuxie choiiilſelaaneilleure? M Y. .Il y a
p z . J. A quatre
SEcTioN X. 697
quatre ſortes de nations , deſquelles eſt ſorry
le plus grand nombre des Philoſophes , qui ont
remply tout le monde de pluſieurs diſputes ’
touchant l'eſſence de l'ame, à ſçauoir les Grecs,
les Egyptiens ,les Latins,8c les Arabes :ie paſſe
ſoubs ſilence ceux de pluſieurs autres nations,
d’autant qu’ils ne ſont pas en ſi grand nombre,
on qu’ils ont Preſque tous conſentu à ?opinion
de ceux-cz/.Entre les Grecs premierement Ale—
xandre Aphrodiſée ,puis Simplicius , 8c apres -
ces deux icy Themſſtius commengarent enui
ron cinq cens ans apres Ariſtote d'illuſtrer de
commentaires les Iiures de Fame , mais ilsonc
eſte' ſdrt differents non ſeulement les vns aux fnſï²l~l~dê"²'
autres ,vmais aqffi à leur maiſtre. Car Ale- ,plſciesſſſſëariſzſſls
xandre interprette que FEntendement Agentäímſÿfæfflſſc
(lequel Ariſtote ï appelle immortel ,put, ſe- la gezÃËn-azſſion
8c ne coſimmuni- fËt:îLî:"l²i:*d':
_ parable , venant d'ailleurs ,
quant rien auec les actions du corps) n'eſt aùſi- iz…. 'Ez 'au
tre choſe que Dieu meſine : :ir laquellçzſen d; *LMP
tence il renuerſe entierementſes eſcripts 8c ar- príiîiier dinar:

guments
talite' de ſoneſtoir
de Fame mniſtte , ſur leſquels
Fondée. l’immor—
Simplicius pen- omzjdſi ſes…

ſe bien autrement : cad' il veut , quel homme ë" V" îfflffl


exprez celle
_aiſt pluſieurs eſprits 8c dehors 8c dedans , leſ- m… des A.
que
.
S ils aſſeure
,.
eſtre tous
.
inimOr[clS.ThC1ni~ËFÃLÏÏË?
, . , l leu
f**
ſhus n’eſtant d accord ni auec l vn,n1 auecl au* …de-z 47m,,
tre , eſcript que tous les hommes n'ont qu'vn “E” …ſv-is
Entendement :mais
I
. telle 5 erreur n , eſt pas de- ,ſiſiJlÏſi-ſſſz,
1 i ell J,'l
.meurée ſans faureurs , car Auerroës Payant fflôflœpartrê
entreprisà deffendre la ſexuée en tant de pars, Ïſueſiſſïïîjſj:
qu'elles. pris racine preſque par toutes les Eſ— Pïïtſonä-ïafim
:holes des Arabes z toutes-fois Auicene 8c les dzfflngſſi”
. . CD en C Ê

— ~ XX ' 4
ï
1
698 KLÏATEXESME LIVÏLE
autres ,qui ont rraicte' plus ſiibtilement ceſte
queſtion ,ont enſeigncfique Fame humaine e
ñſtoit immortelle , 6c que chacun homme auoir
la ſienne. p V.
T H. @ſelle opinion ont eu les Egyptiens
de Fame ê MY S T. Ammonius Saccas ſucceſ
ſeur cFAriſt-.trque , 8: qui‘a eſte' familier de Por
pliyre , 8c tous les autres Gymnarſiarques, qui
luy ont ſiiccede' , à ſçauoir Ammonius Her
meas,Olympiodorus, Aſclepiusntem le Gram
mniriemautrementappellé Pliilopone ,ſe ſont
bandez en pluſieurs liures contre Alexandre
Aphrodiſée 3C contre Themiſtius , eſcriuanrs
tous d’vn commun conſentement, que Fame
des liommes eſtoit exempte gletoute corrup
tió:toutes-ſoisPhilopone en parle plus apper»
tement , diſant que FEnrendement eſt creé 8c
_inſus de Dieu dedâs les corps,qui ſont deſia ſot
mez,& quiont premietement reçeu la Faculte'
vegetante 8c l'ame ſenſible :tellement qu’il
veut que le corps aiſt trois ames toutes diſtin
ctes par leur ſubſtance , 8c que les premieres
meurent auec Fhomme ſauf Fintellectuele, qui
demeure ſiirtuuante apres les autres deux, 8c
qui,ſelon ſes merites, doit eſtre chaſtiée de ſes_
crimes moyennant vn corps ſubtil, duquel elle
eſt veſtue; ou bien recompenſée de ſes bonnes
œuures au ciel eſtoilé,où elle reçeura de gran
des recompenſes. Mais quant aux crimes 8c
-ſouilleures des ames, qu’elles deuoyentlong
tem S ſe purger ,par le ſeuMSc errer au tour
des ſibpulchres 8c lieux inſerieurs, iuſques à tic
qu’elles ayent-faictreparation de lcur faute
- , _ ,_ p - pour
SEcTxoN X. 699 *
pour s'en retourner-au ciel, qui eſt leur origine,
8c dont elles ſont toutes ſorties.
TH E o n. Etles Latins qu'ont-ils enſc' de
ÏamEPM &Bien peu d’iccux,& encor' fare tard,
ont commence' de trainer la Philoſophie , en
laquelle ils ſe ſont monſtrez Fort n0uueaux,car
pour la definition generalle de l'ame ils mec
tenc en auant celle de l'homme , comme Sene
qucgqilandil dit: l'ame aſí-Un .Entendement ſpiri
tuel, qui eſt ordonnépaûr la beatitude Mm cri/Ê) qu'au
corp: meſme-zou comme Caſiſiiodore la definic,
Fame eſt vneſhbſtanceſjzirituelle crceſie de Die-MÉ- qui
Wiuxfie ſé” prppre corp: : ou comme S. Augu
ſtin ï , Fame eſt vnefiibſtance incorporellc tresprupre a_ 4d liur. D_
Pourgauuemer le corps : toutes-ſois , luy-meſine ſP'_'"" *ſſî "m"
ailleurs l’a definie vn eſprit intellectuel, rai
ſonnable , 8c touſiours viuant , 8c touſiours
mouuent , 8c capable de volonte'. Preſque tous
les autres b ſuyuent S. Auguſtin en la deſini- 1,5"…. c….
tion dſic l'ame , hors-mis Henric , S. Thomas 8c 69- qïtïflíô d"
n. traiâe ſur
PEſcot, quiont recerche' plus ſubtilement que l,, ſmunu,, ‘
les autres Latins les deerers de Philoſophie;
toutes-Fois ils ne ſe ſont gueres eſloignez de la '
definition de Philopouc. '
T H. OLſelle de toutes cesopinions s’a pro
che plus de la veritéëM Y. Nous auons de 1a dit,
qu’i] failloit que de deux choſes l'vne ſuſi; à
ſçauoir , ou u’eſles ſoyenc toutes fauſſes ,ou
qu’vne tant
qt1’iln’y ?Seulement
a. en toutes ſoitqufvncte
choſes 'veritable , pource
ſimple veri
té : routes-Fois 'ce ſeroit Folie de vouloir iuger
dela doctrine de ſi grands' perſonnages ,ie dis
-ſolie 8c coment-é pleine däurogancc. v -ï
‘ XX 5 ſ
700 QvATiuEsME LlVRE
v TK E. Ie ne demande as que tu iuges,ou
que tu me diſes, qu'il te ſgmble de leurs doctril
ne,& de ce qu’ils ont eſcript; mais ſeulement ie
voudrais ſçauoir ton aduis ſur ceſte matiere.
MY S.Ie me ſuis certes propoſe' de ſuyute les
decrets des plus doctes, 8c de ceux , qui ont ex
celle' cn ſaincteté de vie,& me veux comporter
par tout ce mien diſcours en telle ſorte, que ie
ne ſortiray pas des limites de la raiſon ,quia
eſté touſiours tenue,comme la meilleure de
toutes.

De la drfiffirænce de: Ames.. -

S E c T i o N X I.

T H E.Il ſaut que nous debattions ceſte que


ſtion , à ſçauoir, ſi ?homme ;ſa qu'vne ame , ou
s’il en a pluſieurs; puis aprez , ceſte çy , ſi vne
ſeule ame ſe communique à tous les hommes,
ou ſi chacun a la ſienne. M Y. Si Philopone euſt
demonſtre par raiſons, quïl y :iuoit trois ames
ñ rcaleineiit diſtinctes en l'homme , nous n'au
rions pas ſaute dautres raiſons que les ſiennes
* pour reſoudre facilement les _arguments des
Themiſticns tx Alexandtiens. i
T H. Pourquoy-non? M r S T. Pource que, ſi
l'ame Veget-aleſôc ſenſuelle éſtoyent ſeulement
diſtinctes \Fantic Pintellectuele, elles ne feroyêt
parleur corruption aucun effort violent conſ
,crc Phitcndeuient: mais il faut que ceux , qui
veulent, que l'homme
diuiſée toutes-fgisſi n'aiſtfacnlteLconfeſſcnt
parſes pas plus dÏVlÎ' 3H11:

n..
nCCCſ
neceſſairemengou
S_ E c qu'elle
'r i o eſt
N entieremët
XI. mor
701

telle ou immortelles pource que la choſe , qui


eſt vne 8c indiuiſible , ne peut eſtre mortelle de
l’vne de ſes parties, 8c immortelle de l’autre,
puis qu’elle n'a point de parties,ainſi qu’Ariſto—
a Au i.l.c.ó.&
.te ſemble auoir aucunement ² entendu. *Euh HM_
TH. Par quels at uments peut-on PICUUCÏChIpJ
que Fhôme n’a pas pŸus d’vn ame ?MY s. De ce
que le corps naturel n’a pas plus d'vne forme
en Acte b: car ſi nous 'voulons que Fhommeb Anerroes au
aiſt plus d’vn’ ame, il faudra par meſme moyen kÿcïfilcërŒl
iu ger que les autres animaux en ont pluſieurs: bc. ſi
dont ils’enſuyura, qu’en vn homme ſont deux
hommes , 8c qu’en vn Bœuf ſont deux Bœuſs,
pource que c'eſt la Forme , qui donne eſſence
aux choſes; par aiuſi,autantqu’il y aura déſor
mes ſingulieresyaurant y aura-il de ſubiects , &t
autant de corps naturels : mais la conſequence
de telles raiſons eſt Fauſſe; il Faut doncques que
tout ce, qui en procede , ſoit de meſine , à \Fa
uoir qu’i y aiſt pluſieurs ames en vn meſine ub
eiect, ce qui eſt abſurdeCar on ne pourroir deſi
nir vne telle beſte, qui autoit deux ou trois A,
formes , c’eſt à dire deux ou trois differences
icompçiuſes ſoubs vn meſme genre 8C vne meſ
me matiere.
T u. Ie ne vois point de moyempar lequel la
~ forme , qui vient de nouueau au corps naturel,
r puiſſe conſiſter , ſi la premiere demeure eu ſon
.entier au meſine ſubiect. MY s. La ſemence,
qui a ſa forme 6c matiere, eſt comme le proiect
.85 eſhauchement des animauxdaquelle ne peut .
demeurerlong temps en ceſt :ſtar ſans ſe chan
. ger.
70:. BATniEsME>LivnE
ger. Par ainſiſaiſons que l'ame vegetale ſur
uienne à la Forme de la ſemence, qui eſt encloſe
dans la inatrice,il Faudra neceflairement que la
forme de ceſte ſemence periſſe pour faire place
à l’autre,qui eſt ſiiruenuë : derecheFſaiſons que
l'ame ſenſuele ſiÎr-uienne à la vegſietalc, il ne
faudra pas pour celà que Fame vegetale pariſ
ſe,'mais qu'elle continue ſon deuoir en Famen
tant 8c nourriſſant par ſa Faculté Penfant , 8c en
luy adiouſtant la Force' du ſentiment. Par ainſi,
ſi Fame ſenſuele ne ſeiette point la vegetale,
Fombien moins la rationnelle repouſſera-elle la
cnſuele? Y
T H. Wei inconuenient y auroit-il , ſi nous
diſions, ue de Fame vegetale 8c ſenſuele ſe fait
vne' troſſieſinqqui eſt l'ame des beſtes? MY s T.
a A.. m4.… Nous auons deſ-ia ï demonſtré par cy-deuant,
²"‘"‘- que toutes les Fois qiſvnetroiſieſine forme ſe
faict de la confuſioiſde deux autres , que ceſte
troiſieſinc ne ſe fait point dïcelles , comme de
parties; &que , quand deux natures , qui n’ont
pas Lilie meſrrîe Hypoſllaſezonſt concurrence en
em deuxcſe
des e , uefait
*vne 8c ’autre e corrom
neceſſairement vne tierîe,85toute
que

differente des autres deux premieres : comme


par ſiexemplœquand on fait du mouſt par le meſ
ange du miel 8c du vin ,il Faut que la Forme de
,l’vn 8c de l’autre ſe corrompc premierement
que de faire vne troiſicſine , qui ne ſoit ni vin ni
miel. Mais on ne void pas de ceſte ſorte , quela
premiere Forme ſe cortomp aux animaux par la
- 'venue d’vne ſecondezque luſtoſtnous voyons,
que Ylîntendcmentfait on debuoir à raiſon
,. - ner, .
SECTION XI. 705
ner , diſcourir , contempler , cependant que la
coction des aliments ſe fait, que le Chyle ſedi
ſtribue,que la ſemence ſe prepared: ue le ſang
ſe caille en chair par tout le corps: ſinalement
tous les membres font exactemêt, leur debuoir,
8c meſme , mal gré bon gré qu'on veuille , ont
ſent les douleurs qui nous preſſent s tellement
qu'on pourrait dire , que ce ſont trois ames di
ſtinctes . combien' qu'à la verité ce ne ſoit
quïvne. . - .- .p ' .
T n. En quelle ſorte? M r. On-pourra com
Pendre cecy. luszfacilement par vn exemple de
l): forme arti cielle.: car ſi vn Peintre adiouſte ‘a
la teſte d'vn homme-la oitiËine , &àla;poitrine_
le ventre, 6c airventre ſes cuiſſes, 6c aux cuiſſes*
les jambes., 3c les pieds; par l'addition de la poi».
trine la forme de la teſte n'eſt point abolie -, .nig /

parläddition du ventre 8c autres-parties la ce~.


ſte ni la poitrine ne ſont point effacées : tout de_
meſme par Paccez de la acultc' (enſuele la ve
getale n'eſt point abolie , ni par l’aecez .de I'm-
~ lsellectuele la ienſuele :pourceiñque lafacultép
vegetale ne ſe peut proprement appeller en
Fembryon formeque
teſſzz- non plus complete
l'effigie de
deroutes ſes facul-z
la-teſteíou de la»
poitrine d'vn hommenie peut.faire,que le para
traict d’vne otrdc deux parties rendent l'image.
entierement
"Tl-L Nature.depeinte &parfecteſ
ne peut-elle pas faire en quel—. ſi
que ſorte, que deux ames aux beſtes , 8c trois
ames aux hommes ſoyenr ;tant eſtroictemcnt.
liées l'vne auec 'lîautr-e en vn corps, que .les liens
vcnans à ſe rompre toutes-les autres-periſſcnt
~ hors
~l
. l
704 V; ATR] ESME .Ln !CE
hors-mis Pintellectuellegui demeure ſu ruiuanî
a Au l. de
n… -c un… ce? car Galien * eſtime» que c'eſt aſſez, que les
cde. liens rompeur your faire mourir 8c corrompre
les ames; -ne-Plus-ne moins que defi: aſſez Pour
faire cheoir deux maiſons i-Oinctes enſemblemu
vne des deux pour le moins', qu'on leur arrache
les ferrements 8c arbourans z.- par leſquels elles
ſont ioinâes &ſouſtenues enſemble? M Y_. I_l
failloir doneques-,qſſil eufi dcmoníh-&dc quelle
ſorte ſont ces liens : mais il ya vnc choſe , qui
trouble For: ceſte diſputede lfameàrſçauoir que
Pluſieurs* ont confondu Iesſiïfäcultez de Fame
auec ſa ſubſtance , &les ſeiiizmeſmes auec la
force' dujlèntimenrſ Nous auons def-ia. demon-l
ſtrécy devant , que voire-meſmezqite .quelques
facultez de_ l'ame ſemblaſſenrdïſtreabolies par'.
le moyen de leurs organes , qui ſont evi-riez 8c
ſorrompſius ;’ que neæncmoins Fame ne receuoiq
neplusnetnoins
aucune perte ou qu’vn
dommage
homme-n'a
àxſaiîozrce
pas-du
8c vertu;
tout

perdu la veuë , qui auoif ſon œil' couuerr d’vne_


groſſe membxaneñ, pource que apres qu'on a ~
leué la peau de deſſus Pœilx on luy nettoycſ la*
raye.; auſſi l'ame ne doit non Plus eîîre eſtimée,
priuëe de lafverlë pour le vice de ſon orgañ
ne , qu’vn homme , qui ;noir les yeux voilez,
apres quîin luy a oſté le bandeau dc deſſus:
mais S'il aduenoie au contrairczquc les Facultez
ſenſuelles de l'ame periſſcnt ,~ leurs organffes
eſtans -toufiôurs ſains 8c entiers-z on pourrait
juger de là', que Pame ne pourkoi: .ſubſiſter ſan*:
ieeux, ne plus ne moin; qucle Feu ne peut eſtre
ſans chaleurzpar ainſi ceux,qu_i diflinguenti read
ſi“ lement
SECT!ON'XI. 705
lement l'ame ſenſuelle dela vegetale , font ne
plus ne moins, que s'ils diſoyent , que la faculté,
dc voit , toucher, -reiecter ,engendrer , &cuire
ſont pluſieurs ames diſtinctes l'vne de l'autre.. .-1
T H. Ie commence d'entendre ce que tu
veux direÀ-ſçauoinque ce,qui virenla matrice'
d’vne Femme , n'a pas encor' ſa faune parſecte,
mais ſeulement celle de FEmbtyon: car voire
meſme que ceſte _maſſe vitale Commence-de ſe
mouuoir 8c ſentir, il ne Faut pas dire pour celà,
* qu'elle aiſtattainct ſa Forum-,àlaqtlelleñelle tend
touſiours : mais' pluſtoſt que c'eſt vne preparaä
tion de la Forme humaine , laquelle commence
de monſtter ſa force parla faculté yegetale-,puis
apres-par_ le mouuetnent 6c ſentiment : mais
quel inconuenient y auroit-il, ſi nous diſions
que ce ſont formes? MY. .Si laſorme vegetale
eſtoit en l’Embryon, il ne ſeroit plus Bmbryonz
ni vne maſſe de chairimpatfectc-mais pluſtoſt
quelque choſe parfecte 6c entiereen toutes ſes . -
parties , tellement que nature-ayant obtenuſt
nn,ne paſſerait pas plus auantmmis Sarreſteroit
tout court ayant mis fin _à ſoit-labe-ttr.- Carre
n'eſt pas d’vne ame , comme d'v~n medicament,
qui le mixtionne en diuerſes lîaçons S puis que
par l'origine de la faculté intellectuelle ICS Pſ6
ccdentes ne ſont pas abolies .- ñni priuées de leur
office ñ: mais pluſtoſt ruiſſellcnt' dÎicelle-meſme
ame, 8c non pas d’autre, comme d’vne Fontaine
par pluſieurs organes conucnables chacune
partie ducorpsztoutesfois sîl aduenoit que les
parties fuſſent corrompues ,îôeles organes liez
ou cmPeſche-z , les foncttonsde. l'ame ſetoyſen;
' ans
706 QVÀÎRI-E s ME Livni;
ſans doubte ſuſpendues en telles partieszneant
moins les forces 8c_ facultez de l'ame ne ſero
ycnt n'ont lplus -abolies pour celà, que l'art de
peindre en 'ouurier , apres qu'on luy auroir rc
rtauché la main; ou Parchitectureà celuy , qui
baſtit pour eſtremntilé de ſes membres z com
bien que l'ame n’aiſt plus faute dc telles facul
tez,de croiſtre,digerer,& engendreneſtant ſur
uiuante apres qu'elle s'eſt ſeparée du corps.
~ ŸTK E.- Comment peut-on ſuſpendre les fa
ettltez de l'ame en liant les organes du corps? '
M Y-s. On peut voir cecy,comme i’ay autre fois
veu en vn chien , duquel on faiſoit la diſſection,
car,ſi tu luy attaches les arreres carotides enñ
ſemblement auec les nerfs coniugauxnl tom
bera en bas-comme s'il eſtoit atrainr de Phant
mal : mais ſi tu ne luy lies ſeulement que les ar~
tetes caforides,tu ne luy oſteras pas le ſenti
me… ôcleniouuement, comme pluſieurs ont
a Au comm? penſe', qui ont eſte' reprins ² 'a bon droict par
‘°'"°"ſi-"" "ſi Gallien ui meſine nous enſci ne de diſtin ner
urc de l vſagc ’q g g
du poux-Em" l'es quatre ~membres principaux par les quatre
Ëiïingâêaäſiäſ facultez —pi'incipales , à ſçauoir, le cerueau, le
ton. cœur,le fOye,8cles genitoit,es,qui reſpondentà
autant de «facultezſa ſgauoin-à Paniiualc, virale,
naturelle,8c genitale , leſquelles ne ſe confon
' dent point peſte-melle, ia—ſoír qu'elles conſpi
renr toutes enſemble par l'aide Fvne de l'autre à
“conſeruer le corps en ſon integrité. ‘
T H. Axelle' raiſon a incité Platon , Philopo
ne,& Ammonius Ïeſtablir trois ames en l'hom
me? M Y s. D’auoir
'meeſtoyeriſſt diſtinctsveu que les
en trois organes
diuers de l'a
lieuxzmais
ſ s'il
s’il_ failloſiir"-5conclurre
Ëcrxon le nombre
X71. des.~ ames' 707
par

la diuerſire' de ſofficeôc vſagc des parties , il-y


auroit ſansdoure quarteç-anſçsæn nous , mais
que_ dis-ie quatre ?dn-ais phifloſl: autant quëil y a
de membres 6c partiesrde ſorre , qui] y-auroíæ
plus de dix mille amesen vn Uorp's.Par ain-ii les
Medecins ont eſté mieux aduiſez que ceux-ey,
quand ils veulent que l'eſprit animal ſoit. influe
du cerueau,le vital du cœur,le naturel du ſoye,
&le genital des teſticules, qui ſont comme les
principaux inſtrumen ts,par leſquels Fameſaict
ſes Operations. ñ .
T H ñE. @elle Jioſcæeſt .Peſpricê M Y s. .Vnc
vapeur, qui s’efleue de Fhumeur radicale tem-ſi
perée de la chaleur Innée. . .
T-R E'. Ijacte, de quelque choſe que ce ſoit,
eſt la facultéñde lameſme choſmquiagîſhſelon
la certitude des plus aſſeurez decrers philoſoó
phiques : or,attireñr,digerer, pouſſer 8c croiſiere
ſont croiſtre,
que actes de digerer
Fame vegerale;
, expulſeril ſoyent
Faut doncques
facultcz ſi
de Fame vegetale, 8c non pas de lüntellectuela' ‘
M Y s. Fay deſia dict ſouuent , 8c diray encor'
pluſieurs fois , que vegerer ou *auoir vigueur,
croiſtre,attirer,& expulſer. ſont faeultez ſingu
lieres,& “quîl n’y a qu’vne faculté vegetale diſ
prette des aurres,leſquelles ne dependent pas
d’elle,mais elle meſme,& les autres auſſi d'Un-re
ſeule ame commune à routes.. . .H ‘.- \.
T n E. Comment pourroit .Fame, qurrfieſi
point , 8c. qui n’a pas encor' informé l'homme,
nourrii-,donner accroiiſemeng-mouuoir, 8c fa
çonner l'Embryon au ventre-de $1 mere ë. M Y s.
- Y
708 ſ QVAÎR IESME LXVRE
La mere nourrinôc ,donne vigueur à la ſemen
ceſiqu’e~lle q conoeu en ſa matrice en partie par
ſa chaleur 8c ſang menſtruahäc enï partie .par la
ſorce,qui eſt encloſeen ladicte ſemêceuuſques
à ce. que Fanimal .eſtant parſect rompleslacetz
des» Cotyledësrear Ceſt .alors que l'ame ou for
,ome humaine meurïôc ſent de ſa pleine force 8c
Puiſſance, 8c non. paszdvne eſtrangere , Faiſant
que le corps prenne accroiſſement de laenour
ricure,qu’on uy ndonne.- '
TH E. Si l'homme :ſa qu’vne ame, qui luy
donne vigueur BC mouuement , 6c delaquelle
ÂIÎÜYC à ſoy
lcsautizes- , comänedvizgfontaine
~forces,.qui , toutes
en ruiilſiellent; telles for
Ces,dis—ie,& ſacultez dependront du. plein pou
noir 8e volonnérde-Phomme , ne plus ne moins
que' I1 Force de .raiſhniler 8C d‘entemire, eſt po
ſée en ſon arbirrermaisla force devegeter ou
de ſentir ne dependpas dela volonte, ni meſ
me _la Faculté imaginarriçe, combien qLŸAriſto
pas: DLT-d* re *ſoit dautre opinionzmais il “a tort en cecy,
° ° P" ' car bonègré mahgre' que nous voulions , nous
viuons , vegetons, 8c ſentons bien ſouuent de
griefues douleurs ,leſquelles laphantaſie tire_
oontreſon gré des ſens. M it's 'ia-Tu raiſonnes
fort .ſubtilemenſinſi la volonté n~eſtoit auffi bien
ſaculteflquîvne chacune _des autres , deſquelles
nous auons parlémæ ſ L.
T H. Puis que la volonté rieur ſhubslä puiſ
\äméla Force dîentendraârfauraœlle pas leïneſ
meportuoir ſur-toute -Fame è M .Y s. 'riz Tant la.
fórçd d'entendre-que
àläätaed -dc vouloir
qui vctiuifiucomme appartiennent
les facultés à leur
! i' ñ propre
SEcTtoN XI. î 709
propre ſſiubiect; il eſt bien vray que les actions
dependent de la nature ou volonte' :car tout
ainſi que tu estunc'
mes,veuilles ouſans ta volontefltour
nommourras \ſians ta dc mel?
volon- "ſſ‘
té,8C auras plaiſir 8c deplaiſir , ſentiras la dou
leur 8c volupté, te nourr-iras 8C prendras ac
croiſſement, ſeras oppreſſe' du ſommeil 8c des ~
ſonges,& ſouffriras telles autres choſes conue- ‘
nables à ta naturmſinon que tu aimaſſes mieux
faire effort en ta perſonne, en luy oſtaut la vie:
toutes-fois, ſoit que telles actions ſortent de la
nature de l'homme, ou ſoit qu’elles_dependenc
de ſa vol0nté,l’ame
ſtreſſe pourtant efl: touſiours
de touſſs ces mouuements. Par ainſi, mai
Ari
a Au Lliute de
ſtote ne
il ſe 'trópe²,que
pas moi-ns , qu’il nous deçoit,
quand eſcrictpt l’amo|.ir,l’haine,la ioye,la l'ame chamäc
4. Et au ;Jiutc
chapó.
memoire, la crainte,la conuoitiſe, 8L la triſteſſe v

appartiennent à ceſte partie de Panic , laquelle


p r periſt auec le corps.; comme ſi Fame receuoit
. . .
uel ue artltionzGalicnb Our ſonre ardncſ,bA ſi' .r'ſi .d ŸÎ
q q P P cultcz am
penſe pas, que les ſaculrez naturelles dependêt "Wes “WP-I
d’ailleurs que de la nature,& non pas de Fame:
mais il cuſt mieux parle',s’ilñ cuſt dict,qu’elles‘ ne
dependoyenr de la volonté: car ſi elles ne de
cndent
fail de que
faudra l’ame,c’eſt à dire
le corps ſoit dela
incitéforme
par vnanima»
prinſiz r
cipe exterieunſims qu’ily aiſt aucun moyen in—
\ terpoſé : ce,qui eſt \nal conuenable 5 puis qu’vn
corps Phyſicien ne peut auoir plus que d’vne ,
forme, qui ſoit cauſe de tous ſes mouuements.
* 'T u. Comment ſe peut-il faire,qu’il n’y aiſt
pas plus d’vne ame en l'homme, puis qu’il y a ſi
grand ddbatôc noiſe-entre' la raiſon 8c conuoi—
.U 7 ~
YYz. i
710 QYATIUESME Lxvniä
tiſe,comme monſtre ceſte parole, qui ſort de la
bouche d’vne perſonne courrouſſée.
Eſteim Vierge ce fi”, qui M poitrine enflameſ
le ne peux retirer dw” tel braſier mon dmc,
MY S T. Ie reſpondray à cecy par diſſemblables
parolesí P
Ie croix m4 perte
772m dej/Ecuyer”,
!L132 lïgnorer n: la pourroíó;
'Etſî neſhay, m' ne voudrai:
Faire eñro mieux,
Ce qq: ie eux.
a Auliutc Dc S. Auguſtin re (gond ² auſſi à ce propos que le
libennbiirílpeche' rffëſtpm pecheïfil nîefl volantairaPar leſquel
les paroles on peut aſſez entendre, qu’il eſt en
la puiſſance d’vn chacun de dompter ſes paſ
ſionsgefrener ſa conuoitiſe,& reprimer ſon ap—
petit,8c de ne contenir pas ſeulement ſes mains
de la ra ine , mais auffi ſes yeux 8c ſa. penſée:
touteæſtzis ceux, qui ſe ſont tellement aſſeruis
aux vices,qu’ils en ont attire' , comme par ma
niere_ de dire, des cals 8c durillons en leur lia
bitude, à grand* peine que iamais ils reuienneiir
en leur bon ſens,ce qui n'eſt pas difficile à ceux,
qui au contraire ont accouſtume' de bonne lieu
re de ſe commander 8c de s’obeir:mais d’autant
que ceſte matiere appartient à vn autre ſubiect,
ie m’en deporte. ſi
TH E. Il me ſemble impoſſible en nature,
qifaucun puiſſe tout enſemble 8c à la fois ſe
co mander &s’obe~ir, ie ne diray pas tout en-ñ
ſem le 8c àla ſois , mais auſſi ſucceffiuement:
dont il s’enſiiit,que s’il y a quelque choſe, qui
f com
ï
SEcTioN Xl. 711
Commandefic quelque choſe,qui~ obeiæque ce
la ne peut eſtre vne meſme” choſe s mais que
vrayement ils ont diuerſes natures 9. M Y s T. ſia Platôen ſim.
L’appetit des beſtes brutes s’encline,où leur na- Ph°d°"'
ture les porte,ſans contraincte, 8c s'arreſte pa
reillement dans les limites qu'elle leur a preñ r4
ſcript par ſes loixzmais l'homme a vn franc-ar
bitre, par lequel ilpeut laſcher 8c reprimer les
reſnes à ſes affections deſhordéeszen quoy ſe
void principallement l'eſſence de ſon anne, de
pouuoir fleſchir 8c redreſſer ſes actiôs en routes
parts qu’elle veutztoutes-fois ce ne ſôt pas deux
ames,mais vne meſme,qui eſt pouſſée tätoſt ça
rantoſt là, maintenant à pou \chaſſer ce, qui eſt
honneſte 8c vtile, 8c maintenant à fuir ce,qui
ſemble deplaire aux ſenS,ne plus ne moins que
le Chicmquand il deſire de courir tantoſt apres
deux maiſtres, tanroſt apres. deux lieures, il ne
ſçait lequel il doit pourſuyure,ou s'il doit ſuy
ure ceſtuy-cy, ou s'il doit courir apres l’autre:
toutes-Fois ſon ame n’eſt point pour celà dou
blezde meſme auffi, combien que pluſieurs be
ſtes ſoyent preſſées de faim, neantmoins elles
domprent bien ſouuent leur appetit ;comme
nous liſons d’vn Lyon de Domitian,lequel,voi
re meſme q-…filfuſt affamefltenoit entre les dêts
vn ieune agneau ſans l’oſer deuorer , que pre
mierement ſon conducteur ne luy euſt faict ſi
gne de parole, ou contenance: Et meſme on
void ſouuent que les Chiens ſans contraincte,
ſedeportent de toucher à la viande de leurs
maiſtreSNOire-meſine qu'ils ſoyent affamez, 8C
que perſonne ne les empeſcheëeyſe ietter deſ- - _
ſi Z
p7”. QVÀTEXESME LivRE
ſiisziaçoit qu'ils n'ayent aucun reſpect au diſ
net des eſtrangers ,s'ils ſe peuuent accommo
der à le manger.
,D55 Ayuyu_ T H E. WC veut donc dire la .² fable de Pſy
ché ,ſinon que pluſieurs ames ſont diſtraictes
l’vne de l'autre en vn meſme homme P M Y S T.
On peut cognoiſtre de ce ,que Iulle Higinus,
8c Palephatus, 8c Hetaclide Ponthique n'en
ont point faict de mention, que ceſte fable n'eſt'
pas ſeulement nouuelle , mais auſſi , controu
uee parles i'eunes Academicienszlaquelle noirs
' interptetons en telle ſotte,que nous entendons
par Pficbcſi l'ame , 8c par laj-lle dis-Ray, la fille-de .
D-ieu 8c de Nature; laquelle auair deuxfitur:
plu: dngéex qu'elle , l’ame Vegetable 8c la ſenſue
'lezqui cſóoufizrent de.» mari”, les organes du corps,
auſquels elles ont eſte' conioinctes comme par
mariage 5 la plus nage? , la vegetablezfujt miſepär
fl” mary en ſerpents-ll..- priſlngau corps_ 5 la Puiſtreſie,
ſi la ſenſuele s enuoyn de: Satellites Oe 'Lſſzions hors_
ſi: mazſôn , les ſens officiers de l'ame , qui luy
annoncent tout ce,qui ſe faict par dehors; en
ſê plaignant de ſim marſëgqni Iatſſoirfin amïieſipour
' _ſers-ir à lngautte , en laquelle eſt exprimée prin
cipallement la force de l'ame ſenſuele s la plu:
.ira-nc de'Pſyché,
appelle?- toute: ſizrpzzffizzt
pource que 'Usmu en beaute',
la plus nobleÜ*com

muniqueïſon nom par excellence aux autre


de ux; ;Eq-Hells ne sïtbaaaanaiz a pezſhnne Dinant de:
mortelrfflnïi z/nſèulmaí/ITE ej** Sc122. eur imtffifïle Cu
pidon ,qui la venait !ramer la_ Tmíct z à l'Enten
'dement Agent, qui ſe communique la nuict à
_ ï ceux , qui ſont attaincts_ 8c rauis de Famourdi
r ~ - uin
1g,, SECTñI:QN.XI. 713
uiii,ôc _de .la cognoiſiſianoe descñhoſes Wcelcſtcsi;
ſe; ſés-name.: eſſayent telle: ,qiffclle le.: naquit-bien,,
mais elle ne le.: voyait par, les voix de FEntende
ment-“Agentíèar
uiſible , duquel on PEntëndenient
ente d ſouuent'Agent eſt in_
la vOiîx'î,‘8cſſ~
quelques ſons ſans artifice', Æictlec vn leger pin-i
cement* des oreilles) Ses ſaébzrfs; l'arme vegetal:
&la-ÎÃÏRËUÛLÇ &Stſtanx couflPflfléſ-Ë de ce, quïlie le:
dénude-Meir. ,ñ-'ziiſclle -ſczlñdgſtqrnojc ,des _choſes
balſespoùæ-sonternplerzlcs íihgſss hautes-z; .fi
rM-ïórxës «zz-RUES ?la deſk-tracteur 1m. tous.. ;ell-Tchad
mener; dis-fin Amyterriene-s
ſes celeſteszanx Cupidonzàïlts-fqynrc_ > des zchqgó
äeellçmgigx e, qn,—eſz‘ntjſêdl
Pdïflſſctîdfx Cupidon.» _de Œdztendement Agenxzdua
quel g elledependoit 5 ellefç/Ë grizfuemenz ;nzqiçſſéq
dasqſſdnis ;ale-Genus , en terre ouielle cheutszÿaf-“l
que: à &rez que .c'eſt-tnt rcpcnti; dyanzfait repamliagx
deſëfityte ,elſe NEUF!!! #riri-bleſsSpitz 'Un long din
:corſi-Hum z Cupidon: ſon_ beëeſtnmzË-'Îsvezts ſon bou
Amgcqà fia qedzuîëzſíant . raeoncglífe me# 11's); &Ile il”.
meumfl Pirſlflmellementſw eſflëîfſſíſèñſiii ;J ~ = ?ſ3 ':1 .l
T HUE. Certainementólïngokprflçation ,dc/CSA
ſte plaiffinœsfablcî \n’a did-tom recteéimaiscffldï
allez ÿrmhié,, qu’il 'n’y -a-ppszedeux amesíæiux
beſteslhi-croiszaux hommeszrlnais 'encor' permi? 211m., ' w
qUOY-lie. ſera Helle triple", eſtant-vneg, ou Yueae-Î U-I 15W'- ’
T-lib .- - ._
&ant _rtriplcizMiſzs r; P-ogircc quepature neiaeur? .ii .:— .Yuma
endure-r , qu’il y-aiſtvn Cerberus, à trois; ?neui
les, itinnneAiiiighishenc-à dbux teſtes , le quels
les' ſoyent* meant-moins- d'vn meſme genre-Bd
,meſme eſpèce.: 8c encorÏfiioins ſouffrirafflell”
que-denim nait-ures tres diuerſes , à ſçauoir ?aime
mortelle-Be Ïimmortcllezpmſſent compatir .eus
‘ .à
YY 4
714; QjÀËÎ-.XESME LIAVRE
ſemble', de peu*: qu’elle xiîengendre -de monſtre
duquel parle Human-ce~_ - — ’
-_ ñ; ,W21 ñ . '
ñnnäéfTF_ßPV-“îfflëfflŸFŸÉ"Ê’*“YVES“ŸÃΔÛXÎGŒ‘BF².
*FÊÃÈÎÃÙÊS
uLdÇhimez-ſſe.. pquztgng
.'— ſilk- teſte d’-Ur_z
ñ— - : _ V. … , … À _
' Le milieu ÆŸ/älïcſſhçfiëflfêfl', le derruztſçrjſſſfuffl_ Dſaganſ
T H. Si ſamedi ſimple 8c non pſſaäs îóriplc, -en
quel eſtac eſtêéllçäcíämofife 'corps :y eſt-çlle.
comrqe le tout èkíïſès" partiçsç; ou' ëpmmezlapar
tie en ſon -rotíiz-.duſ cOmme Fcſpeceſi ſoubs ſon
gen-reſou comme lêgenrc en ſes eſpeces', ou
comme Pacciäënt 'au ſübieëctäïon îcommc vn
cófpsmeflé 'aïfieéïÿîaïäuthffctſſe 'corpsgM Y s T. Tou—
tc's cèsïſſiortes dœſttecn quelque choſé ſont ab—
Iabrrentes de led-nature de Fame : car ſi Fame e
ſtoit accident, elle ſe pourrait ſeparer de Phô
me ſans la mqrç dïcelùy , ni ne baxllcroít point
d'eſſence au deëpsmarurel ,ce,qæ1i cible propre
debuoir dc Fame ,qui eſt la forme du corps, El
Ie n'eſt pas auffi- eſpece ou genre ;car puis que
les vhmerſèlknïórpoínxt-dœux-mrſiïœs aucune
HyPoſtaſc-“enz- la nature-z ils Ïaugmcntſièm ,~ ni
ne' diminuent aiorrplus la ſubſtance ..des ſingu
a Alexandre liers', que' s’ils.eſtoyent accidcnUs-'meſmes '.
Avhfflëîſïſſî ffl' l-vemdëame ne peutüuſſi eſtre au corps, comme
z.lnu.pcs dlffi
culte: c. n.
[cœur ences íPä-rçicsz; pource qu’elle pourrait
de -Ïeſte ſorte' rſcddimſhucrîpar .la< ſection du
corps humainÎ-;crxôà paume qu’elle 'enduro
V boirsdïeſtre dilauée &ſcompriméc tant. en ſes
'forces qu‘en ſon .cflèncm .Elle ?nïzſt-ſipas auffi
confuſe' au corps , Commelc miel-au .viadquand
on »faict le mou ne' ſclzcëut fait: que
í-_ſ
par
parla ruine des
SECTION
deux corps ſimples
XI. mictionez.
715

Fixialletnent , elle n'eſt pas comme ſubſtance en


ſon
ſtre le
ſubiect,
ſubjectpource
‘ de la-ſubſtance
que la ſubſtance
5 de laquelle
ne peutellcſia
e Aphrqd-î" ï-ſſ i
l. des difficul
eſt Panic' tez c.8. &I7

T H. Eſt-elle doncq au corps , comme vn


Patron dans le' nauite , ainſi que dit Ariſtote en
certain l' lieu , ayant ſuyuy en celà les Stoió bm^ug.l.de
m…. c,, l’a
ciensgou comme vn Cochier
gouuernelanímoſité en ſon chariotquiq-Pi]
8c concüpiſcenceme plus dump'ena"avoit
u'
ne -m oim tte/deux cheuaux,par les reſnes de la ~
raiſoiuaſhg que diſoyent les* Academíciensgouz
eſt- elle iïnfuſe au corps ,-èor'nrii~e~ vne forme ini
cO-rporelleqzout aſſigner 'FHyîpoſtale d’vn hom
melïſeul? M Y—s~.» Ladifflculté-'dèT-vnion de l'a
me auec-le corps à pouſſé itiſqueslà les Acade
miciens 8c Stoiciens
ne moſſinsdîauec de ſequeſtretſame
_le corps,que le Pilotene plus
d’auec
ſon nauire: mais il ſaudroit de zceſte ſorte que
Fame ne ïfuſt pas ſeulement* corporelle , mais
auffi qu’elle cuſt au cotpïvn lieu affigné, qui
ſuſi: vuide de tout autre cotpszôc- qu'elle ne Fuſt
pas partie ducërps anime' :ou autrement qu’il
ſenſuyuit que les corpsſe penetraſſent l’vn Pau
trc,ce' ‘q[1i- ñeï ſe peut faire; Dïulletlrs , il eſt
ilnpoffible -, .qu’il y aiſt deux Hypoſtaſes en
lliomme l’vne de Fame, 8c l'autre du corps,tant
qu'ils ſont enſemble , Pource que l'ame ne ſe
roit Point de ceſte ſorte la Forme du corps na- î
turel: car les choſes , qui ſont entierement di
ſtraictes 8c ſeparées des corps, ſont-Plus l'office
de * Moteurs,que de Formes. ° Aîfflffl* ²“
TH. En quelle
, ſorte-eſt doncq lamelau
, __ :luc-c
.Ld l ſi Enſ
H
YY;
716 QyATntEsME LlVRI-I
corps? M Y sñT. Comme la ſormeen la matiere
du corps xiaturel ôcorganique. . s , _ a
T H. Si l'amie eſt au corps de lfhoinrnmcom
mela forme e_n la .matiere ,il .f-zutzſans- douce,
qu'elle ſoit compoſée; ſi elle eſt compoſémqui
ne void qu'elle eſt en danger Slenzourir auec
l'homme; puis que toutes les autres Formes ſe
corrompenç ;par la mort du corps ,narurelï Si
elle n'eſt point vnie par compoſition auec la
matiere z elle n'eſt-pas forme, ,zmaisyqnelqœau
tre choſe , qui adhere au corps ñhumain., ou ar
appoſitionncornme_
uqir , quand l'eau na _l'huile auec l'eau,à
e par deſſouſibs-ôc ça?
l'huile
par deſſus ſanszſazpp r 5 ou par n)iſtion-,zco_1n—
me le ſrotnengzaucc; ,l'orge =, qui _ſes meſlent
bien , toutes-foisëſins confuſion deleurs ſub
ſtances-, ou par la ſoudure ,comme quand on
eſtend vne lame ,d'argent deſſus vne_ pieçe de
monnoye de_ ſçr 5 ou par Colligationñ, comme
les
treſischoſes,qui ſont enrrelaſſées
;ou par conriguiré , comme leslaVÎÎCS auxauec
?main au

l'inſtrument de _Fouuriersouópar aſſimilation,


connue la ſang-en chair.; ou par; Nne- ioincture,
comme deux-pieces de' bois eſnſemblezM Y.L’a
me n'adhere pointflauec le corps en-aucuüc de '
ces ſaçongſinóſ qu'elle ,ſoit entlerementïcorpo
relle,8c qu'elle aiſt ſon Hypoſtaſe entierement
diuerſe du corps humain :de laquelzleſorte' elle
ne pourrait eltrexforme de l'hom,me,tnais ſeroit
_ ainſi vn corps naturel, 6c tout different à celuy
de l'homme. .4
T H. Ne ſeroit-,il pas plus raiſonnable , que
Ylîntendcment faſt en l'ame ,ùôcäſatue auxtf?
ptits,
SEcTioN XI. 717
_prits,les eſprits au ſang,& le ſang au cOrpSPMY.
Ainſi certes l'a penſé ï Plotin , de la rai on du- ameAu Lde l'a

quel S. Auguſtin b ne s'eſt pas gueres eſloigne', b .du liure de


quand il a mis deux choſes moyennes entre l'a l'eſprit
Phomm.
8c de
me ôc le corps , à ſçauoir la vigueur ſenſuele 6c
l'eſprit phantaſtique : 8c meſines quelques phi
loſophes Hebreux penſent queſame, laquelle
ils appellent Nípheſcb , ſoit vnie par compoſi
tion auec le corps; 8c que l’Entendement,lc—
. quel ils appellent Nç/Ezmgb, ſoit conioinct àl’a~
me par le moyen de Ranch, c'eſt à dire de l'eſprit:
mais ceux icy auec leur philoſophie ſc ſont 4
~obliez que les beſtes ſoyët animées, puis qu’il y
.a pluſieurs animaux, qui n'ont du tout point de
ſang ~, ie ne diray pas aux parties moins commu
nes , mais auſliaux membres principaux , d'où
depend le ſentiment 8c mouuemêt. Finalement .
ſi Fffiitendement eſtoit en l'ame , &Fame en
l'eſprit , il faudroit qu’ils fuſſent continuz on
contiguz : s'ils ſont contiguz , il n'ya que leurs
extremitez, qui ſoyent enſemble, car il faut ne
ceſſairement, que les corps, qui ſe touchentme
ſoyent touchez l’vn de l'autre qu'en vn point
ſeulement , ou en leur ſuperficie , 8c non pas en
tout le reſte de leurí corps , ce qu'il ne ſe peut
ifaire :de la s'enſuit , qu'il n'y aura que ce point,
oula ſuperficie , qui ſoyent animez; tellement
quetout le reſte du corps ſera ſans ame. Si au
contraire l'Entendement eſt continua l'ame , &I
'l'ame aux eſprits,8<
àla chair; les eſprits
iceluy ſſmeſme au ſang,8~c, le
Entendement ſang
encor'
que l'homme reſpire en ceſte vie , ſera vn corps,
pource que \tous appellons les choſes conti
nues, ,
f
~l

718 BATRIESME LÎVRE,


nues,deſquelles Pextremité n'eſt qu’vne meſme
choſe.D’auantage,il ſaut neceſſairemengqtte le
moyeu de quelquechoſe que ce ſoir , qui con
ioinct deux extremitez enſemble ,aiſt uelque
affinité auecles deux exrremitezs 8c me mes A.
Aphrodiiſiëe-ï eſctipt que les extremitez ſe chan
a sutle 4.] de
la Metaphzïſi gent bien ſouuent en moyemôcle moyen en ſes
quezmutesſoís
nous auôs de.
extremitez: Parquoy , ſi l’Entendement eſt in~
monſtre au 7.. cOrpOrel,8c le corps ne ſoit rien moins que l’En—
Lde Ceſtœuure
que celà eſtoit
tendement ,ilſaudra vn moyen pour conioin
faux. dre deux natures tant diuerſes , qui ſoit en par
tie corporel 8c en partie incorporel , en partie
animé 8c en partie ſans ame,en partie ſimple 8c
cri-partie compoſe',en partie mortel 8c en partie
immortel , finalement en meſme temps 8c lieu
il y aura en vn ſeul ſubiect de grands contrarie
tez. Or il eſt certain parle commun conſente
ment de tous les Philoſophes , qu’il n’y a-pointq
de moyen ou de lien entre la Forme 8C la matie
re. Par ainſi , P uis i1el’a1ne
ll 8ceſtl Forme , rien ne
pourra moyenner entre e e a matiere.
TH.- Concedons qu'il n’y a point de moyen
entre la Forme 8c la marierùpource que l’vne 8c
l’autre ſont par leur copularionvne meſinc hy
poſtaſe du corps naturel; routesfois ſi l’vne des
parties eſt mortelle 8c l’autre immorrelle , qui
ſont deux choſes cótraires entre elles-meſmes,
il faudra que leurs actions ſoyent pareillement
contraires, 8c tout ainſi qu’il n’y a qu’vne hypo
ſtaſe commune à toutes les deux , il Faudra auffi.
que le compoſé aiſt des actions communes?
M Y. Nous auons deſia demonſtre' aux liures b
b A ſcauoirau
1.1. precedents , que nature ne ſe tranſporte point
d’vne
SECTlOBLXI. 719
d’vne extremite' en l’autre en quelque ordre des
cauſes qn’on la cerchc; mais, que toutes choſes
ſont en elle rres—bien ageaucées par le moyen
de l'ordre 8c ſuitte, de tout ce, qui eſt conuena
ble pour la conionction de telles extremitez:
parquoy , uis qu'il y a deux exrremiteïen la
nature de 'homme , à ſçauoir l’E[Tence 6c l’En~
rendement , nous les voyons conioinct/s par
quelques moyens enſemble , comme parrla vie
8c le ſentiment: car il y-a pluſieurs choſes , qui
\ſont que l'vne deces deux extremirez, comme
les elements, les pierres 8c mineraux, qui n’ont
que l’Eſtre ſeulement; dîautres ont auec l’Eſtre,
la vie , comme les plantes', 8C d'autres auec PE
ſtre,& la vie,le ſentimenucomme les beſtes ; 8c
*autres auec l’Eſtre , 8c la vie , 8c le ſentiment,
Pñntendemenucomme les hommes.Tellement
qu’il faut, puis qu’vn homme n’a pas plus d’vne
hypoſtaſe,que toutes ces faculrez ſoyent en ſon
ame , deſquelles les actions ſoyent auſſi l’vne
apres l’autre contraires , 8c quelques vnes d'i
celles moyennes, 8c quelques autres commu
nesmc lus ne moins que quelques membres au
corps ont moyens entre ceux , qui ont ſenti
ment, 8c entre ceux, qui n’en ont point,comme
les nerſs,qui ſenrent,& qui communiquent leur
ſentiment aux autres parties z au contraire
le ſangda greffe, les veines , 8c les os ne ſen-tent
rien , ni ne donnent à ſentir aux autres parties:
les dents 6c les ongles ont bien ſentiment d’vn
de leur coſte', mais elles ſont ſtupides de l’autre:
tout de meſme., puis qu’il y a des ſubſtances en
naturezqui ſont totalement incorporellesfflom
me
72.0 Q-ÏAIRIESME LIVRE
me Dieu 5 8c d’ñauttes qui ſont entierement cor.
porelles,comme vne pierre; 8c d'autres auſii,qui
ſont tellement plongées dans les corpts,qu’elles
en ſont inſepatables , comme Fame des plantes
8c beſtes bruſtes; il ſaut neceſſairement quïly
aiſt quelques ſubſtances moyennes entre toctu
tes ces extremitez , 8c qui ſoyent participantes.
de la nature des vnes 8c des autres , ëeſtà dire,
qui ne ſoyent pas tant plongées 8c vnies auec la
tnatiere,qu’elles ne s’en puiſſent deueloper. Cc
qui appartient à la ſeule Forme humaine &î à
d’autres point : pource que Fviiion de Feſſence
_ de Dieu ne cóuient aucunemët auec les corps;
:lſiîgfiſſfffÿï: ni la ſegtegatió ² corporelle aux ames ,des ani
quëäclfi. fai: Ênauxdl n ya doncques que l ame de lhomme
Mœphÿſ du eul, a laquelle ſoit donnee ceſte vertu de pou
ue toutes in uoir eſtre 1nſerée,comme forme,en la matiere,
8C de s’en tetirencomme vne choſe diuinezcar ſi
iaznanexchorſſame n’eſtoit plongéeou vnie par compoſition
?Ãîsfljälÿcfffë auec le corps Umain , mais au contraire, co_
exception rie talement abſtracte dïceluy , elle ne pourroit
ſëfj“îaîjfrîî“ eſtre ſorme de Phomme , ni demeurer long
qifa l'homme. temps en luy ſans aller &r venir, ni n’auroit e
ſtant ainſi ſeparée &Z diſtraicte ,Faute des' ſens
pour ſon vſage , ni d’aucune 'partie du corps
pour Ëeſinouuoir , ni ne ſeroit ſubiecte à tant
de paſſions ê: maladies; toutes leſquelles abſur
direz ſuyuent Popinion de ceux,qui ont eſtimé,
que l'ame eſtoit au corps de ſhomme , comme
vn Naucher en ſon nauirc-,Sc qu’elle ne ſe pou
uoit vnir par compoſition auec le corps.
T Tu penſes donc, que ceſte difference eſt
principallement entre ſame des beſtes 8c des
hommes, ’
.SECTlON XII. 721
hommes, qu.: l'ame des beſtes eſt tellemêt vnie '
auec la matiere par ſa compoſition, 8c plongée
ſi profond dans ſon hypoſtaſe, qu’elle ne s’en
peut iamais ſepater,mais meurt par la corru
ption du meſme ſubiectzôc que l'ame de Fhôme
n’eſt pas tant abſtracte ni rât plongée au corps,
c] quelques-fois elle ne S’é ſepare &c s’y revniſſe
quant 8c quantzvoilà pourquoy elle eſt moyen
ne entre les Formes totalement ſcparées de la'
matierezôc entre celles,qui ſont du tout inſepa~
rableszôc certes, combien que ceſte demonſtra- p
tion ſoit nouuelle , elle me ſemble toutes-Fois
fort excellente pour preuuer l'immortalité de
l'ame: mais ie te demande , ſi l'ame ne ſe peut ï
pas ſeparer du corps, Fhomme eſtant cnc0r’ vi
nant 8c reſpirant en l’air,ſans que ia mort s’en
ſuyue par ceſte ſeparation? MY.Si on pouuoit
demonſtrer, ce que ruine demandes, tous les
doutes, touchantlîmmortaliteſi de Fame, ceſſe
royent : d'autant que l'ame ffexploiteroit pas
moins ſes actions hors lc corps, qu’elle ſe paſſe
roit aiſement de l'aide des organes corporels
Pour les mettre en effect :on ne pour-toit trou-
uer meilleur raiſon pour preuuer l'immortalité
de Fame , que c’eſte-cy , de laquelle Ariſtote î .i Au 2. l. de
s'eſt ſeruy,comme par hypodieſe. ' [Ëſîfiëfiefkîÿïzäj
rcccqui eſt de
‘ De ÏECfflFIſÊ é" d: cetzraquiſóntſizbiectx à [Eq/Fuji corps, elle ſe

SEcTioN XII. PS.” “PW”


d iceliiy.

.T H- I-Îantiquité eſt toute pleine d'exem


ples de ceux , qui ont eſtcſſ raui-S en Ecſtalc z les
- ñ liures -
~

72.2. QyATi-.XESME Lîrvitis


liures des Theologiens,Philoſophes,Medecins,
Hyſtoriens ô: Poëtes nous en racontent choſes
eſtranges; mais ie ne puis diuiner comment celà
ſe fait. M Y s.Les Anciens ont tire' le nom d'Ec
ſtaſe ( laquelle ils appellent autrement Anago
gie)du verbe êfís-æoîrdgqui vaut autant à dire,que
ſeparer,8c .penſent qu'elle ne ſe fait autrement,
, A., 1;… que [Epilepſie , maladie appellée î' par Hyppo
ciel Ïipx T? cratc Sacrée , &par nous mal~caduc : d'autres
Haſſan. ont penſé qu'elle ſe fiſt par l'aide des bons,ou
des mauuais Demonszcgqui a donne' occaſió,à
b Au
h liure de mqn aduis, qu'Ariſtote aiſt ëlêppellé l'Ecſtaſe
Divin-don
parle ſonge. ieçœv vod-or i9 @Hdi- 'ſl pour faire di erence entre le
ï mal-caduc, 8c vne telle Diuine ſeparation de
l'ame , car ilauoit veu beaucoup d'Ecſtatiques
en Grece. Galien fait auſſi diſtinction du mal
caduc 8c de l'Ecſtaſe,laquelle il appelle Ôluſiyoxpaſſ
nov Mat-fav , comme qui diroit folie de petitedu
rée; Pline appelle ceux , qui ſont ſubiects à
l'Ecſtaſe , troublez d'Entende'ment. Mais ceux,
qui ont recerché plus dilitgemment la differen
ce de la nature de l’Epilep ie 8c de l'Ecſtaſe , 2P?
pellent les Ecſtatiques êvœdzpê-rd; , êvôwçmêc 15)
@Saudi-ETS , comme qui diroit , pouſſez d'vne ſu
reur Diuine , telles qtfeſtoyent les execrables
Pythies , 8c les Sybilles, poſſedées des mauuais
Demóss leſquelles n'ont eſté appellées pour au
tre cauſe ËJ/J-Êl-Fçlſſfllleûl .v 8c êvyds-çzz/_alvlaç , ſinon
pourceqifelles rendoyent leurs reſponcesfflyâs
leur bouche cloſe,par l'orifice de la partie hon
teuſe,& quelquefois du fond de la poitrine,qu'a
eſté auſſi laS.Baſile,Grcgoire
cauſe , qu'ellesNicene,&
ſont appellées
rïçvayaívſilcæç. Tertu
lian
SECTION XII. 71.5
lian ne dcteſtent pas ſeulemët par leurs eſcrips
les Deuinerelſes, mais auſſi Plutatque ²'. com- a Au líure du
bien que les Grecs ayent eſtimé que les Sybiles ΟÊWÏËÏPËÎ
ou Pythies fuſſent inſpirées deuinement , lorslesaſizdpcucuatlr
qu'ils employeur ces execrables ſorcieres à re- ſi "fflïëlëffl
cerchet les oracles des choſes futures :ne plus
ne moins quîauiourdſihuy aux deux Indes,là où'
c'eſt qu'on dit, qu'il y en a beaucoup. On void
aufli en Italie pluſieurs femmes poſſedées du p
malin eſprit : 8c pluſieurs autres en France 8C -
Allemaigne, qui ſe ſont adonnées à la ſorcele
tiëzleſquellesdoutes les fois,qu'il leur plaiſhſót
rauics tellement en Ecſtaſe, qu'elles ne ſentent
point ni les coups, i' les playes, ni qu’oi1 leur;
tite les membres, ni les torches flambaprenni
les lames de feu-ardent ſur leur perſonnes; 8c
meſme on ne leur apperçoit point de poux aux
arteresuii de battement de cœur en la poitrine:
tOutes-fois,apres que leurs
en leurs corps,elles ames
ſentent de ſont de retour
griefues dou-ct
leurs en leursmeinbres des coups, qu'elles ont
receu , 8c racontent ce, qui s'eſt faict à plus de
ſix cents lieiies de 131,8( a(l~eurent,qu'elles l'ont
veu faire. Ce qui a donné aucunement à pen
ſer à Ariſtote, quand il dit b,que ceux,qui ſont z, 4,11m, d,
rauis en telle ſorte, ſe 'ſouuienuent des choſesflï mfflwíœ
leſquelles
T H E. ils
I'ayn'auoyent
entendu pas veuës;
dirqqudſſceſſux, qui ſont
affligez du mal-caduc ,ſont differents en cecy
des autres, qui ſont ſaiſis du malin eſprit , que
ceux-cy expirent vne
ceux là eſcumenſit par faſcheuſe
la gorge 5puanteur
ceux-cy ,de6c
meurent cntietement immobiles , 8.6 ceux là
Z Z
~‘

72.4 QYATIUESME LivnE _


s’eflancent roidemeiit contre terre. Toutes
fois Fay opinion, que quelques vns ſe ſont ve- l
nir le ſommeil auec des herbes &medicaments
Narcotiquesfleſquels ayaus paſſé leur force,ne
detiennent plus tels dorniars dans le ſommeil:
a Au “linda ce quine doit ſembler eſtrange,puis qu'Ariſto—
la iíhyſiqædz. ce a bien eſcript ² que quelques vns ont eſte'
endormis plus de ſoixâte ans ſans ſe reſueiller,
ſophc Epime 8c ſans qu'ils ayent en vn ſi profond ſommeil
“id” iamais apperceu aucune extremíte' du temps.
M v, s. Ariſtote n’a eſcript cecy pour autre cho
ſe,ſinon pour le regard de pluſieurs Phyſiciens,
qui eſtoyent merueilleuſement eſtonnez de ce
qtſon racontoit du CaHÆDE Epimenides : car,
ainſi que porte l'hiſtoire,il entra vn iour d'Elie
ayant grand chaud dans vne cauerne pour ſe
repoſer , en laquelle il dormiſt ſeptante cinq
ans, puis s’eſtant tefiieillé ſuſtrecognu par ſes
parens 8c autres amis, qui le receurent, 8c auec
eſquels il paſſa le reſte de ſes iours ,ayant at
taint,quand il mouruſtſſaage de Cent ſeptante
vn an. Ariſtote nie, que ceux , qui dorment ſi
long temps , ÿenuieilliſtſient; mais s’ils ſe nour
riſſent ,s'ils prennent accroiſſement, s’ils ſont
-. ' ſubiects aux mouuements 8c interualles du
temps, qui les empeſchera d’enuieillir? Ou
Pourquoy n’y auroit—il vne infinité dſſîndymiôs
ſaiſis d'vn ſemblable ſommeil P On raconte que
_pluſieurs auttesmurte Epimenides, ont dormy
. pluſieurs années; routes-fois les Hiſtoires de
_ _ noſtre temps ne ſont mention que de ſept, qui
ſe cacherentëdu temps de Diocletian dans vne
cauerne,en laquelle ils dormirent plus de trois
. cents
ï

.S'EcT1oN XII. 7:.;


cents ans. Puis doncques, qu'ils peuuent viure
cant d.‘anx1,écs.ſans.boirekôc ſans, manger, il Faut
confeſſer,
me quïlseſtoyenc
11011s…auſions cſcript ² :anis en Ecſtaſe, com
ailleurs…
a Au 2. Iíure
T H 1;._I’ay leu autrefois ce,que tu as eſçripc_ dc la Dcmo-
iomanie.
ſ

ſur ce proposgorltes-Fois
croire,qu—’aſiucune à granfflpeineoupuiszíe
Bell-aſc ouAnagoUie Apo
carteric ſe puiſſe Faire täc Perruque *ame aban
donne
que ce le corps , mais Faurois
vn pluſtoſt opinion
Full: lemalócadugotl deſaillemſient de ' r —
cœur appelle' Lipothymiepu vne eſpece de Fu- ~
reur , ou vn eſtommment 8c ſtupidité par des ~
medicaments Narcoríqxres, ou vn ſitroublemenc
ffeſprit, lequel les ſorciers leur oncçdonné ar
l'aide des Demons.. M v sT.,Celàéne-peut @K16
vne fureur , pource qu‘vn furieux eſt eſmeu
ſans_ aucun relafſichc de mouuemenr; ni le mal
caduc, pource que ceux,.quien ſont ſaiſis, ne
Perdentmi le ſens, nl lc lnouuemeaxzi1ile bat
tement du cœur , ni le Poulie deaarcerevs., ni la
reſpiration meſme,qu’arl.concraire on lesvoid
ronfler-,eſcumelzôc ſe ſaſhr le viſage dëeſcunue;
la LiPochymie ou defaillelnent de cœur, rſeſt
pas, de longue durée :î finallement ſinuincible
appetit du dormir, qui ſe fait par le_ moyen des
herbes Narcociquesnſaboliſt pasle mouuemëc
aux endormisſtàçoir qui leur reprime la vertu
du ſentiment : ainſi que 1’ay entendu dire eſtre
aduenu à vn ieune-GcnEil-homlne du Langue-é
doc, lequel, eſtant tombé entre les !nains ctdes
Pyratcs Turquoisſiuſt chaſtré, ſans qu’il ſentifl:
aucune douleur par le moyen des lnedicamenrs
Narcoriques , auec leſquels ils lîauoycnlt PIC”.
ZZ 2. ſi
72.6 (LVATIUESLME LIVRE
~ mierement- endormy ; cat ils tiennent que les
meilleurs ſeruiteuts ſont ceux,qui ont eſte' cha
ſtrez. Mais les autres , qui tombent en Ecſtaſe
par Fartifice execrable des Demons(qui ne ſont
pas en Petit nombre) ſont priuez de tout ſenti
ment 8c mouuement, ſans toutes-fois que leur
ſanté ſoit en rien interelſeíegflc s’en retournent
ſains 6C entiers en racontans auec certain teſ
moignage pluſieurs choſes, qui leurs ſont ad
uenues,ou qui ſe ſont ſaictes fort loing de là.
çuîäîzſsqoffîlàCar nous liſons “qu’vn CCſEall). Hermotm de
v Cldzornenc eſtoit rauy en Ecſtaſe fort ſou—
uent,8c qu'on le ſrappoit eſtât en tel eſtauíàns
qu’il ſentit aucune douleur. Plutarque eſcript
le meſine d’vn certain Soleo : 8c meſme de no
BUÏËÃ: ÊVÆŸ ſtre temps Hieroſine Cardan confeſſe 'l' dc ſoy
rieté. 8C de ſon pere Fucce Cardan (duquel 1l eſcript
* Adly-com auſſr , qu’il auoit vn Daimon familier *) que
riz-wmv. toutes les ſois qu'ils vouloyent,leur ame eſtoit
tellement rauie dehors le corps., qu'ils ne ſen—
toyent en tel eſtat aucune douleur par quel—
ques coups ou playes,qu’oi1 leur donnaſt.L’hi—
ſtoire eſt auffi aſſez cognuë de Iean Duncs de
l’ordre de S.François, lequel on appelle autrc-ñ
ment l’Eſcot,car cſtant vne Fois tombe' en telle
Ecſtaſe,qrt’il n’auoit ni ſentiment m battement
de cœur,il Fuſt porte' comme mort dis le tom
beau: touteS—FoiS,at1 meſme inſtant qu’on luy
verſoit la terre deſſus ſon corps, il commença.
à ſe debattre 8c à sïzflancer rudetnent les mem—
bres contre le ſarcueil , ce qu’eſtant apperceu
par ceux, qui le portoyent enſeuelir,ils le tñire—
rent de la foſſe demy-morgauquel ne rcſtoic
gueres
SEcTnoN XII. 72.7 '
gueres plus que la palpitation , mais d'autant
qu’il-s'eſtoit rompu le col,& tout briſe' le reſt
par derriere , apres auoir perdu beaucoup dc
ſangil rendiſt en fin ſon ame à-bon eſcient.
T H E. N'eſt-ce pas vne meſme force , qui
fait tomber en Ecſtaſe tant les Demoniaques,
que pluſieurs Diuines perſonnes? .MY s. Ceſte
queſtion appartient à vif-autre doctrine. Tou
tes-fois , ſi quelqu'vn confeſſe que lëEcſtaſe de
Daniel; ZacharieÆſdrasÆzechiel 6c de S.Paul
a eſte' telle , qu'ils l'ont teſmoi née d'eux-meſi
a S. Auguſtin
mes , 8c ainſi que tous 'les eſcriuains ï l'ont *ſcripuu un_
creuë , qui ſera celuy , qui penſera , qu'elle aiſt de l'eſprit a:
eſté quelque eſtonnement , ou profond ſom- :Ÿlfcfflfleîÿâ
meil? i ' 4 aduenue à
T H E o. Si l'ame abandonne totalement le W7**
corps ,ll ne faudra pas doutereque celà ne ſoir
la-mort; \hais ſi elle ne ?abandonne qu'en par
tie, à cauſe que l'ame vegerale y demeure couv
_ ſtai1t'e,il faudra confeſſer, ou que l'ame ſi: diui_
ſe,ou qu'il y a deux ou trois ames en vn meſme
hóme,& que ſintellectuele ô: ſenſucle ſe ſepa
rent contre lesMraiſonsJeſquelles
.res alleguées. tu as n'a iſifap
Y S Td Les Academiciens gue

pellent î* pas ſeulement mort ceſte Ecſtaſe (ſoit il “Pllfäſaoë”


qu'on Fappelle Anagogie ou Apocarterie) mais ct ſi
auffi contemplation des choſes hautes 5 les
Hebreux l'appellent ï auffl le Bdiſêrde Id mort,
0u,comme ils diſent d, Une mon precieùfls pour- d Au Plëaume
'ce qu'il y a qu la contemplation quelque ſe
aration
Eien de lame appeller
plus doit-on d'auec lemort
corps: mais com—
l'Anago ie ou ..d""'mon
"ſſ“"[MH-
Pſychagogie de FEcſtaſœToutes--fois le ubiect
f. ZZ z
»T 'ſſ’~~ ~

7.28 QVATRXESMΠLIVRE


ne petit pas du tout, pource que 16's reliques de
Fame vcgetale luy ſoubſtiennent la vi_e en quel
que façon; a car S’il ~ niîauoivfque le íI-:ul Enten
dcmenç ’( lequel'pluſieurseſtiment cſtrëvne
partiedc lkæmçÿqui-ſc ſeparaſt du ~corps,0n
appcrçcuroit làns dou-bteſſajforcç animale à
ceuxgqtjïſontltóbcz en'Ecſtaſelparleſcntimët
8c mouuemènc Smais on nellcur 'appcrçoit pas
meſindle \bonnement du cœur ou des arteres:
D'ailleurs le ſommeil nepcut cſtreſi profond,
ñni lfféſtbnnc~ment~ tant aſſolîîpirvn homme, qu’il ~
. ne ſereueillé bien-,quand on ñlc "déſchire , 8C
qunudzon ltly~appliquc
ñle.corps. -Ilfaut des torches ardçntes
'doncqnesſſgpuisque ſu;
Palctneeſt
ſelon
ct du leurs decrets indiuiſible;
mande-laquelle chóſeilîneqtfclle" ſe ſepare
'~faut’plus's’cſ—
1neru‘éillér’,ſi quèlqſſvn PenſeàlŸElectreLqui eſt
vne ſorte de mçtâléólſius èſgàlexñêc de deux en
vne. eſpece par la miffion d’autâc dbrïquedïarñ
gent -, combien' que ce mzſſſoir pas propréïnent
.million ou aſſdhereluce de leurs ſubſtagnéesgmais
opluſtoſt vne vrayc vnion de formes; de 'laqueL
-lc on… peut ençor’ ſeparer For d’auec Fargenc
Par-le moyenla dc Peau For”
mais8cauſſl
nonlaſifſionncâctdc
ſeulement”
mariereêde matiere, la
.forme de kæltréó laut-'ñíntcn ëpcükÿónctîfſixíîtïde
Peau confſſaiſc pacmy ële vingquand on ſſlatirc
,toute pu~rc_par"le"n1ſio_ye11 d’vne'cſpongc'ramdlie
. . l l 'dïhuilez Sion' peut "doncquçsí ſeparer ëlesïîfot
__ A lmcsï rcrrèílres &zplonggéçîs en laíîlâtlſieſe ,autre
—. ñ 'combieuplus deſacilitvé"ſeffldoiſſtparer la For
' ’ * ~‘ :Ane-céleſte , qui nëèflîplä-Ïztéc en Plhommeſi
fpxofoxxdement que ŸCÔSICKICÛZICS , fixant 'eſt
S: l. _ l que
SEcTioN XII. 72.9
que les bons ou mauuais Demons les veuillent
eparer?
H E. Il s'enſuit delà, que Fame eſtant ainſi
ſeparée du corps , 8c comme voyagere , void,
-cntend,8C ſe ſouuient de tout ce , qui ſeſi ſair,8c
qui ſe dir , iſians yeux 8: ſans oreilles , ſans in—
ſtrumeiits de la phantaſie,ou de la memoire;
ce qu’vn Peripareticien trouue Fort eſtrange.
M Y S T.Ariſtotenie appertementque Fame aiſt
aucun ſentiment ou ſouuenance des choſes
parlées apres que Fhomme eſt decedé; mais il
ne verifie pas ſon dire ni par raiſon , ni par au
cune demonſtrarion, lequel aduenant qu'il Fuſt
vray, tel quil le propoſe,il ne ſaudroir pas dou-_
ter ,que voire meſme qu’il cuſt attaint en ſa vie
la parfection de toutes les ſciences,que ſon En—,
rendement en Fuſt pin's parſect
il fſiaudroit (ainſi comme diſent ou
les enricliyunais
Po~e~tes)qu’a—_
prez quïlauroit bu de l'eau du fieuue Lethé,
qu’il ſe ſuſt oblié toutes ſes ſciences. Item,ſi les
ames,qui ſont ſiiruitlantes au corps,n’ont point ,
de ſentiment ,ni les Demons , ui les Anges , ni
Dieumeſme ne voyent , ni nkntendent ,ni ne
ſentent rieiuchoſe tant impertinente , qu’on a' ce… qui
ne pourroit Facilement iuger,s’il eſt plus ab- péſeroyiireb
Àſurde ;que impie de penſer ² , que celuy , qui a leroycnt
xhoſqpour.
cneuu
ſorméFœil , Fuſt aueugle S que celuy, qui nous rir Ya tiſée du
a dôme' des .oreillesfuſt ſourd; 8c que celuy,qui FŸPÆZZŸÏUË”
aaçizqnçimodé la laiägue dans la. bouché , ſuſtdfeux au 39.
rſcaume diàſiír
muet. Car on peut a ez entendre parles corps “ifinm W_
des Angegquji ont des yeux de toutes parts , q u… .m, -vódeë
les ames intellectueles , voire meſinc qu'elles
ſoyent ſeparées_ , ,voyent _tres-clair auxlxluscſ- uiëdin?
- ZZ 4
750 (LVATIHESME LXVRE
peſſes renebres. Fiiiallement , ſiles ames n'ont
Oint de ſentiment , comment ſeront chaſtiez
ſes meſchants,& recompencez les bons? Com
bien qu'Ar1ſtotc ne ſoit pas moins inconſtanr
en cecy , qu'en pluſieurs de ſes autres decrets',
quand il a eſcript que l'Entendement concern
ple beaucoup mieux 8c auec vne plus grande
iberte' , quand il eſt deliuré des liens , par leſ
quels il eſtoit attache' en ce corps mortel. Mais
comment pourroit-ilcontempler ou _entendre
quelque choſe, s’il s’eſtoit oblie' entierement
les ſciences 8c diſciplines,
,ou sſiilleſquelles il a uoitſen—
au
parauantapprinſes nîauoit aucun
timent pour apperçeuoir les choſes ſenſibles?
,Au,_1_dz1~A_ Car il auoit deſia nié ² que l’Entendemët peuſi:
"W E* ²" 1-35 apperceuoir aucune choſesſinon parle moyen
1. Ldcs Poſtc- - ‘ .
Heu…. Er a., des ſens, deſquels il vſe, comme de ſes officiers
W*** d" SW- & ſatellites. Il ſaut doncques conſeſſer neceſ
ſairement que l'ame, eſtant ſuruiuante aprez le
. corps, void, entend , 8c ſent tout, 8c qifelle ſe
z, z… 1_ de ſczſoülllênſ tres-bien des clioſes,qu elle auoit ap
Allïsffliïï- pris au-parauant : car Philou bHebreu inter
Je" ("ſi ?he prete ainſi eleglſmment ces parolles de l’e
on. ~
d A" lim* d* ſcripture SainctezEz @Abraham ſhrzzfl dure: tome
1,31716. b _ 7 ſt x . 1-1 ,
cmlfflçflaſhſàſzſtzznce. ce a ire,qui Sen a a d e ſon
ſe* a qu* “"1- corps auçc toutes ſes ſciences 8c vertus: mais
'cluiſent aux
choſe; inn… quels perſonnages vois-ie auoir eſte' de m6 ad
zibles-Fraus- uis quand ie eiiſe à-Plaron ï, Plotin d, Por
LJ " bſt ' -
&JHÏÎRJÂÃËÏ phyre- ï , Marſi ius F, 8C a\ tant d.v autres Theolo
maux- -giens P Toutes-ſois , ie me ſuis pris garde
zazfſiâcſïſſipzſ_
fA m'— que' G-.ilien
. i'- s’eſt empeſtre'. en la-meſine er
ïip- h b re,ur~d’Ai'iſtote ,la où il eſcript, qu'il auoit
g uz-.c ap. c . 5 \ , x . - _
4,… ,mm-fi bien donne a penſer a. vn Academicien pour
011g
SEcTioN XIII. 73r
long temps ,quand il luy demanda, comment
läimeflaquelle les Academiciens comparentà ñ
vn Matelot ou conducteur de nauire ) pourroir - '
nauiger apres qu’elle ſeroit ſeparée de ſa bar
. que : mais il failloit que FAcademicien deman- ' .
da' reci rotuement à Galieii,s’il ne ourroit
_ P q P
point nager ſans barque? -
D” ſiege corporel de lſſg/ſmr.

SEſicTiON XPH.

T H. En qu’elle partie du corps ſe tient Fa


mePM Y.Nous auons dcſia dictzque Fame. eſtoit cœur
ail dizau l du
quelſiEn
eſpandue par tout le corps, comme la forme en !admet à M_
la matiere; Ge e au cou
.T H. D’où vient doncques que les Latins JÊËÎW” d"
appellent 'Uccorl-.íes 8c ſhow-de: les ſors , eſtour- bAinſiquedir
dis PFRESNÏC
point lourdaux,comme
de cœurs S8( les prudentss’ils ifauciycnt
8c bien adui- ſïcſdtísſiüPlë

ſcz z (To-“dëzti 8c corculi? MY S T. Pource qu’oi1'c‘”x[u_l_c.x_&


acreu de toute ancienneté,- que Fame eſltoitſïau io.Etau3.l. c.
. ~
cœuncar ainſi lë ont
~ -
eſcript -
Hippocrare ²,Chry _ des
4.. des parties
animaux
ſippe b , Ariſtote ï, 8c Alexandre Aphrodiſée d. !Êcan z._iiur. de
A
ſoutient
ce propos
en Feſcripſſture
conuient , ce° ,que
que nous
Dien liſons
recerchetant
le: au liure dela

' faict
ſecretsledes
cœur-ſiege de [ÆËTWÂCÜCC
Cœur! :Et : ſſtſioutes
en autre part F , queleſquel-
Die” a d Au ii. dera
. ., . .
lesauthoritezi expo e ain i , que 1e raporte la ?fiſcal-mc 4_
principale partie a tout le corps par la figure s…. 8:44. 8e
des Rhetoriciens appellée Synecdoche, pource Ëîècmd c'
que le cœur eſtle premier membre,qui vir,8{le Flob chapſzÎſ
'
dernier, qui" meurt , comme ËEËICD
' '
a eſcript z.. DM…‘ffd-i‘.,_
g Au 5. chap.

5
i

752. QYATRIESME Ln nſſE


‘ _ Toutes-ſois iceluy ayât ſuyuy Platon enſeigne
Ëîgſîfflſgÿzî ² que l'ame fait ſon principal domicile au
dans., cerueau , 6C apres luy Auerroes l' auſſi , Pour”,
ŸQËÃJQÜΔ dit-il, que les animauxſe peuuent remuer dc plu” en
place rffuyunx aim de cœur , no” par s'ils ont lu teſte
ï
caupíesmais on Hypotheſe eſt Fauſſe, puis que
nous _voyons que les Serpents 8c autres inſe—
ctes ne laiſſent pour celàjde ſe mouuoir, niles
mouches de vouler ,apres qi1’on leur a' trenché
Mais quand
la teſte à ce qciie
, combien lesn’a
u’ils hgmmïs dcuiennent
ent Oint de coeur.

Furieux, s’ils oilit la meninge du ceruean offen


ee(d’où
uer quePlerend
ſiegeondearlâme
ument Galien
eſt au our ren
ceruleaufil ne
ſaut pas S’y arreſter ,ſi on ne veut eſtre trom~
ipe', comme luy, puis qu’il ſuffit pour mettre en
* fureur vn homme , quëil aiſt le Diaphragme
perce-Lou autrement bleſſe' en quelque ſorte:
de la vient que les Grecs appellent Qpsgêîncoi.
les furieux @Z76 7E7;- cpçevcîi-,de ceſte partie,qui eſt
fort-proche du cœur.
t T H. Wei inconuenient y aurOit~il ſi nous
« . diſions que le ſiege de Fame eſt au cœur,ou au
~ cerueauèhzi_ r &Q1; le reſte du corps ſeroit ſans
ame 8c ſans forme,ſi toute l'ame eſtoit au cœur,
ou au cerueau : car elle ſeroit ainſi , comme vn
corps circuiuſcript dans quelque cauite'. D'a
uantage , ſi le cœur eſtoit inſtrument de la rai
ſon , prudencuêc Entendementdes beſtes bru
ſtes porroyent auffiiraiſonner &L entendre ,.65
-. les enfans_ ſeroyent plus ſages que les vieil;
‘ Iards ,, d'autant qu’i_ls ont l_e cœur plus ſain ôç
ſſentier. :Mais quantagſhque _lÎazneivſedes ſens
x

\
3 \ _ comme
A ' SEcTioN XIII. 733
'comme de ſatellites 8c meſſagers , elle ne s'en
ſc-:rt que pour receuoir interieuremeut les cho
ſes ſenſibles de l’*exterieu'r,mais on ne void pas,
que les ners organes des ſens ne les portent
point 'au cœur , comme au domicile de l'ame,
mais pluſtoſt au cetueau. Parquoy, il Faut pren
dre ceſte ſentence , par laquelle il eſt dict , que
-Dieu a donné à la prudence le cœur pour ſon
ſiege, ne plus ne moins que s'il eſtoit dict , que
Dieu a donné à l'ame d'eſtre prudentezcombien
que ie ne nie pas que le cœur ne ſoir le princi
pal inſtrument de la vie,lcque’l a bien :tant gran
de ſamiliaritéipar le moyen. des ar-reres caroti
des eſpaïdues
-queſſlque auapleu,
choſe cerueaiuqifau meſme
ou deſpleu inſtant
aux yeux, q
aux
oreilles,au palais,ou à quelque au tñre organe des
ſens, le cœur s'en reſent dés-auffitolhôc eſpand
ſur le viſa e exterieurement «du ſang, ce qui eſt
teſinoigne parlarougeur , ou le reſerre inte
rieurement au tour de ſes entrailles, comme il ,
aduienuquand on eſt pafle.
T-ri E. Si les inſtruments de lamemoire 8:
de la phantaſie ſont au cerueau,0u au cœur,
pourquoy n'y ſera auſſi l'inſtrument de l'Enten
dement? MY s. C'eſt vifautreopinion d’Ariſt0—
tré-laquelle ne ſeroit à meſpriſer,ſi elleeſtoit fon
déedeſſus quelque'bonneñraiſoiumais il ſau
dtoit ainſi,_que les animaux, qui n'ont, oint de
cœur,ni de cerueaugiſeuiſeut point au i de me
moire, comme vne 'infinite' d'inſectes , qui ſont
ſans cœur &ſans cerueaufôc toutesfois ils ont
meilleur memoire 8c beau-coup _plus parſecte
que pluſieurs Îhommes , puis qu’on les void re
tourner
~

734 QVATRI-E SME LIVIËE


tourner en leurs domiciles long temps apres
qu'ils en ſont deflogez , 8c ce d’vn ſort loing à'
diſtant interualle, &qifils ont ſoucy en prouo- 1
yant à Faduenir , en faiſant bonne prouiſion l
pour FHyuer de ce,qui leur eſt neceſſaire, 8c en
rongeant legerme du Fr0ment,à fin quëil ne pu
Iulle 6E ſe change en hetbeztoutects leſquelles in
duſtries nous voyons ordinairement en la Fot
a Aui2.li.des
Animaux.
my.- Et certes Ariſtote ne doit pas pluſtoſt ² ap
peller le cœur inſtrument de l’ame , que ſœil,
que la main, quëvn autre membre du corps , par
'lequel la Volonté de l’ame eſt ſigniſiées car tout
ainſi que l’ame reçoit par quelques membres les
choſes exterieures, tout de meſine elle exprime
par quelques autres ce,qu'elle a dedans; 8c meſ
mes il y—a quelques membres , qui ont ces deux
offices : cat les yeux apperçoyuent les choſes
ſenſiblesôc declarent les affections interieures
‘ de l'ame: item,la main porte la cognoiiſance de
-pluſieurs qualitez ſenſibles en l’ame z la meſine
exprime tacitement parfaction 8c par les geſtes
de l’Ouurier‘ce,qu’il a interieutemeut en ſon
ame,corn_me les meditatio-nsdes Arts, les ſcien
'ces,les vettusÆc les vices.
T H. Pourquoy veux-tu que l’ame ſoit vn
corps , ſi 'elle eſt contenue au cœur , o-u au cer
ueau? M YZPoUrce que toute choſe, qui eſt cir
cumſcripre, eſt vn corps, ſi tant eſt , qu’elle ſoit
d’elle—meſine en vn lieu. ’ '
T H E. Mais on m’a autrefois enſeigne' , que
l’ame eſtoit par toii: le corps , 8c qu’il n’y auoir
partie,en laquelle elle ne ſuſt toute; M r. Ainſi
que ie puis entendre, Gregoire Nicene a eſte' ‘
ñ -1 lAutheur
SEcTioN XIII., 735
lëAutheur de ceſt axiomefa fin qu’il ne fuſt con
trainct de conſeſſer , que l'ame eſtoit corpo
relle , s'il concedoit à Ariſtote ² , qu’elle ſuſt au ² A" 1-15- du
- , ' d
cœur ſeulement; ou a Platon, qu'elle fiiſt au
. cerueau,comme vne Pallas en ſa fortereſſezmu- 54 ï!! z- li- des
tesſois , combien que iaye deſ-ia demonſtreſi, Ëïäſictäuſàſiſ;
que l'ame eſt inſuſe par tout le corps, comme la 2-11- d? Fhyſt.
forme en la matiere; nean-moins on ne peut di» d" ſimmmx'
rc proprement,qu'clle ſoir par tout le corps, 6c
qu’il n’y aiſt partie , en laquelle elle ne ſoit tou
tezpource que ni la Forme, ni la matiere ne ſont V
pas corps d'e‘lles—meſuies,ſi elles ne ſont cóioin- _
ctes toutes deux enſéble; nonobſtât que Cliryñ _ ,
ſippus 8c Cleantes b aycnt iuge' , que les formes Ërſſſiînäzsg
eſtoyent corporelles, poprce, diſoyent-ils, que au z-Ldglaxia
la ſemblaiice 8c figure de quelque choſe ne ſe ſiïd” h°""
rapporte qu'au corps,laquelle mean-moins tient
ſon origine de la Forme : mais ceſte raiſon eſt
pleine de fſialace.
T H. Pourquoy penſes-tu mal-conuenable,
que l'ame ſoit par tout le corps , 8c qu’il n’y aiſt
partie en iceluy , en laquelle elle ne ſoir toute?
M Y. Pource que-rien ne ſe peut appeller tout,
s’il ne ſe diuiſe en parties 5 auffi ne peut—oii pas
entendre le tout,ſans entendre ſes parties:item,
celuy, qui met l'ame par tout le corps , 8c qui
veut,qu’elle ſoit tout enſemble en chacune des
parties d'iccluy , ne ſe contredit pas ſeulement,
mais au ſsi diuiſe les parties hors les parties:
ource que -les organes du corps ne ſont pas
ſeulementſeparezles vns des autres, ſelon leur
lieu &quantité, mais auſsi chacun des mem
bres d’iceluyzl'ame ne peut donc pas cn vn meſ
me
736 QvA-rnrr SME LIVRE
meinſtant eſtre toute au ſommet de la teſte, ni
tout enſemble 8c àla fois au cœur 8: a la plante
du pied : mais leur dire ſeroit receuable auec
plus de croyance, s'ils parloyent de la forme
d'vn corps Homogenée, comme l'eau , p0ur_ce,- .
que toute la forme de l'eau eſtactuellement en
toute l'eau, 6c n'v a goutte d'eau , en laquelle; l
toute la forme de l'eau ne ſoit contenue tirer”, ‘
toute la forme d'vn Saule eſt contenue actuelle
ment en tout le Saule , 8c n'y a partie au-Saule
enlaquclle elle ne ſoit toute contenue Poten
tiellementzpource que, ſi on diuiſe~vn Saule en
petites piecesfflliacune d'icelles. aura víe,_ 8c ier_
tera des racines dans terres ce que nousvo-yons
plus conueuable aux Serpents 8c inſectes qu'à
…J
l’homme,d'autant que ſon ame n'eſt pas totale
ment corporelle , ni totalement incotpprelle,
a AMM, “ſt comme nous auons dict î, quand nous parlions
Cul-UC. des formes. Car ſi la forme eſtoit corporelle au
corps naturel, il faudroit derechef trouuer vne
autre forme pourinformer-ceſte-cy, par ainſi 1l
ne
grezſeroit
d’vn 'iauiais
ſinombrefaict,car
infiny deil s'enſuyuroit
formes.. vn pro

fDe la ſhbſtance des Anges é* Demom.

SEcTION XIIII.

T H. Concedons, que cependant , que l'ame


eſt au corps humain , qu'elle n'eſt~ni corporelle,
ni incorporelle; mais,d'atlrant qu'elle ſe peut ſe
parer di1corps,8c.qu’elle luy demeure ſuruiuan
te,ſera-elle corporelle ou incorporelle eſtant ſe
x parée?

\.
a l'

SEcTr-ÔN XIIII. 757


parée? MY. Si les Anges tant de bonne que
de mauuaiſe nature ſont corporels, ſoit qu'ils
ayent leur elſenee d'air , ou dqſcu , ou celeſte,
qui doutera
la leur , que les
corporelle amesqu’elles
, apres n’ayent‘pareillcment
on-tſſſeparées
du corps humain? ‘
T H. Si Pantecedent de ta raiſon eſt verita
ble,il ne faudra pas douter du conſequent. M Y.
Auſsi iſa-il pas eſte' mis en doubte par Porphy
re î, Ariſtote b, Iamblique <,PſellLÎS d, Plotin ï, ï Mÿl-dïïfflb
Philoponc F, Ammonius 8 z .Olympiodortls, A. ſtcnrr de tuer.
z, A,, ,BULL
A phrodiſée l' , Gaudentius ',Merula,Apulee k, d*** Mfflrhy
- S.Baſile,Tertuliat-1, &Auguſtin l, leſquels enſei cſtates.
Aul des My

gnent [OLIS d'vn commun COÛſCHICHÎClÎÊ qlLC lCS d A" 1- de PE"


Demons ont leur nature corporelle
— : &Baſile "1 LſiÃuTJJſ-A_
d .
a auſsi ,eſcript que les Anges eſtoyent corpo-. "'6
rels,deladu1s— duquel eſt &Auguſtin- " , quand 1l Fxznffllæſſſſi
c A] c .
dir : ‘Il eſt certain que tout eſprit qi corp.; é* de 71m”- g A*** Cum
re corporelle. Item S. Gregoire app-elle les Anges dc
animaux raiſonnables , l’aduis duquel eſt aucu- h A" lim de
~ 1 . l'A .
nement confirme par Damaſceue diſant °:T0mci ETF” 43m._
claofi* comparée à Dicmqui eſtſèul incorporehſè !ram-re ſes lïſhns
grojſrere
. é* malerïelle:
. Mr 1l. :Ty-a que Dzeuſeuhquz
. .xdmc-é
E l'A("ſi
ſhizimmatericl ó-incorporel. Voilà ſes parolles. Sil _Avctl-Êïllïï
. . C ~
doncques nous exammom ceſte queſtion par Œêîjâcſfflllſilſtt
l'autorité desplus illuſtres Philoſophes 8c Theo lfflîlïſifflïiô d'A
logiens,& ſi nous la balançons au poids de leur ſi" ſ,, no_
raiſon , nous dirons que les ames humaines ont miïiïï-l_
leur nature corporelle,apres qu'elles ſont ſcpa- Ëglſiſäſizlſiſſct d'
rées de ce corps : 8c ce beaucoup plus que les o, Enlfflÿïvi:
Anges , puis que la Forme humaine a deſ-ia eſté iſhſiaà-lî_ l LP"
vnie par copulation auec vne !matiere gtoſsiere
6c corporelle, deuant qtfcſtrc ſeparée 8C ſurui
URHIC *n
73S QvATitrEsMH LIVRE
uante à ſon corpszmais les Anges ont leur natu
re beaucoup plus excellente &è Diuine queles
hommes; ce qui ne ſeroit pasveritable, ſi l’eſ—
ſence des ames humaines eſtoit iucorporellrzäc
qu'elle sîçipprocliaſt plus de la nature de Dieu
aprſçaumc &que celle des ² Anges , laquelle n'a pas moins
Z;"':'_{Î5““"“”eſté
X ſ toutetenue corporelle
la ſecte par Democrite
des Stoiciens 6C par
, que par les au
bAinſi qu* di' theurs precedents F'. A
Nemefius aux. , _ . ,
z, de [a nu… T H. Ie ne doute pas , que l authorite de plu
dïPhvmmïñ ſieùrs grands perſonnages n’aiſt beaucoup plus
‘ de pouuoir àperſuader lacroyance de quelque
choſe , qu’vne ſimple opinion fondée ſur des
raiſons inconſtantes , ê( ptincipalelnent s'il s'a
git de quelque choſe d'importance , 8c qui ſoit
beaucoup efloignée du ſentiment des hommes:
mais d'autant qu’il ſe trouue peu, ou point de
perſonnes, qui veuilleiit condcſcendre, ni îí l'o
pinion de ceſtuy—_cy, ni à l'opinion de l'autre,
pource qu’il leur plaiſt de le croire ain ll, ſans en
faire plus longue inquiſitioiupour ceſte cauſe
on les doit mener par raiſons neceſſaires à con
Feſſer la vcriténíäc meſmes onles doit quaſi con
traindre, comme en la torture , par des demon
ſtrations , à ſe deſpouiller de leur ſimple croyâ
_ ce,pour ſe veſtir dela cognoilſance de ce, qu'ils
*'- ^‘“.~ l" d” ignoroyent,& ſe rcngeràla ſcieucſieJaquelle ne
Poſter-rentes. _ , . . . ,
Scotus au 1.1i. peut ï compatir auec loplnion ou credulite.
däïhîàlîâſnëäë M Y S. Les Peripateticiens 8c Academiciens,
Z4. dela que] qui aſſeutent , que les Demons ſont cor Aorels,
HL?? lffltſſîäïäe diſeunque les ames des hommes eſtans Îeparées
ccêyuzorc a…. ſont exemptes de toute coneretion corporelle,
?WW F" F” ce que toutesſois ils ne demonſtrent pas : toy
Apologie. g neuÎ_
ï
ï

SEcTxoN XIIII. 739


neantmoins me demandes la demôſtration dela
choſedaquelle perſonne 1T2. encorïamais pu de
monſtrer; ie nfefforcetay pourtant de te con
tenter ,non pas tant pour renuerſer ?opinion
des Academiciens &Petipateticiens (tOllClmÙÎ
ce,qu’ils ſouſtiennent,que Fame de Phomme eſt
incorporclleflque pourfaite' enteudre,qu’il n’y
a point de ſubſtance exem te de eoncretioñ
corporelle , qu’vn Dieu ſeu : tellement qu’oñ
pourra auiIi par ceſte meſme demonſtratió bien
.entendue premier , que Dieu a ſon eſſence 8e
puiſſance infinie; laquelle infinite' Picus Prince
de la Nlirandple confeſſe ï ifauoir iamais put. En (expoſi
comprendre par aucune raiſon, 8c meſme l’Eſ—' mm"
cot \qui a eſté le plus ſubtil de tous les Scola- b An Llilhdel
ſtiqueszdit-apertemenr,qu’il \ſa iamais pu auoir ſſſſiîäſſ-Ÿl d**
la. demonſtration pourvpteuuer lïnſinievpuiſſi ſi
i ſance de Dieuznous obtiendrons cec dïzuantàè
Y
ge par “ceſte demonſtration ,que Fopinion de? '
Themiſtiens 8c Auerroiſtes ſera de fond en ?E633
ble renuerſée ,par laquelle ils ſOuſtiemÎ-ent' 'vri
Entendement vniuerſel entous lesehommesfſi'
T H E. Baille-moy,
ſtratiomlzaquelle ie teptie
comprend , ceſte
‘cn’ſ0y tantdemon?
d’v_tilí’-Î," v _~ g
re'. M Y s. Toute ſubſtanceygjui 'eſt &cloſe-dins - -- \
le_circuit
les Ames dudesplus grandorbe 'des cieux,eſt
hommesſifflfleſAnges_ finie; __- ct _. "
8è Demoensct
ſont enclos danslaîcapalité de lzrplusgfïnd' A .
ſphere elu-ïmondeä-ils ſont? doncquesŸ finis df ct._._,{,._'
termincz : pource qu’il n'y aíçien! dîfifihÿîgqiii
puiſſe eſtre enclos dans vnotbe flux. 1T
T H~ E oſi. ConceddiïiïîñlèëPäîènſuÿura-il pot r
celà, queles ames;des hôlnmelslfoyent
’ t ' r A A A
\
740 QVATRXESME Livnn
corporelle eſtans ſeparées d’auec le corps ?M Y.
Il ne Faut pas douter, que le conſequent de l’vn
ne ſoir la conſequence de l’autre. a ,
Tui-I E. Comment P M Y s. Pource que route
choſe , qui eſt finie en quelque part diLmonde
qu'on la cete-he, a des limites,daus leſquels el
leſe tient ſans lespaſſenôc vn lieu,dans lequel
elle eſt encloſe : mais il n’y a rien dlncorporel,
qui ſoit enſerré 8c limité dans aucun lieu du
mondesil Faut doncqnes
mes,les Anges &Demons que
neles amespas
ſoyent desincor-ct
hom

porels, puis qu’ils ſont contenus dans certains


ieux finis 8c rerminezzpar &infini faudra con
fcſſer, qu’ils ont leur nature fimÉ 8c terminée.
Item. toute ſubſtance, horſmis Dieu , a ſa puiſ
ſance finie; toute puiſſance finie a ſaidiſtancc
terminéeail fau-t doncques que tome-ſubſtan
ce finie aiſt ſa diſtance terminée: de là Ïenſuit,
que les Angesdes Demonsfic les Amos des hô
mes ſeparées de ceſteviefiç qui ſe, ſont retirées
deleurs eorps,,ſonr contenues en cerrainsljeux
rerminczzôc qu'elles ne ſont, pas peak tout, ni en
,pluſieurs lieux \defois-c'eſt à. dim-OC 4H ciel 8c
a An :Jii-.dts en la terreuzomme diſent FEſcot ï 8c Damaſce—
ſentences, ik
u_ …‘d;…,,_ne b. Carſi quelque ſilbſtance pourvoit eſtre
alan-lv): qu- _tout enſemble 855.13 Fois era-deux diueiſes pla— ' '
l* ^“ ""'°""ces , elle pourroiraufli, (à mzouuoir 8c repoſer
tout euſèmble
cAn -ë-Pi-dc lï-veoir clairement8c par
Maliesldemonſtxatims
Fois (comme il \Ie ëpeut
des
Phyſique. . _\
_Phyſicians
IÏÎCHI-
z, Gêiqlld. ne;_ ſe .Learn faire
ſ " z I( _ :[7 zi'- . l
.
naxurellcñ
"TE ^

_ T ELE. Dansquçls limites eſt enekpê la ſub


-Ãaiwe-.finieë Mii-s. On ne ,peut imaginer au;
.~ A .ññ, ~ ' CUM
, SEcTioN XIIII. 741
cuns limites de la ſubſtance finie 8l terminée
que la ſuperficie; or la ſu _erficie :feſt propre
que des corps ſeulementii ſaur doncques ne'—..
celſairemennque toute ſubſtance finie ſoit coír
porelle, autrement elle ſeroit infinie: veu, ,que
c'eſt vneſſchoſe mal-oonuenable de penſer que
vne choſe infinie fuſt encloſe dans vn corps fi."
ny,8c par conſequent,que l'eſſence Incorporelr
.le,qui nc peut eſtre limitée, ſuſt enſerrée dans
le corps delſhommeſAu contraireul n’y a rien
tant propre au corps,quc d’eſtre en vn lidmqtlſſi z
luy ſoit actuelement eſgalñ 8e termineflcomme ~ _ __ _'
au contraire il n’y a tien degplus conuenable à _ .
la ſubſtance Incorporellgque de n’eſtre limitée
dans aucune place. 4 q ,
T ;LP-ourquoy ne ſer-ont les Ames des ,homz
mes 8c les Anges' &les Demons en certain-heal
teririine', ſans routes fois-qifvne ſuperficie' fuſt aen Dnmaſcene
ſon ſecond
circunſeripte ,ſi tant eſtoitquïls fuſſent incor- me_ ong…
porels? M Y dCeſteopinion-cſtde ceux ²,qui di- Ts Nifflïï ï"
. l' d Ph
ſentque les Anges &c les Ames ,aptes at-iOir..ſiïΰs_Ëh.,.,ſſ,ctÃſſ.ſi
eſte' ſeparées dc leurs-zoorps ,ſont bien en lièuËl’Eï~c-r,B«-na-_
. . . cucunſcriptzcomme,
non pas toutes-fois . ,. . drd-Ïïſiïiiïſſïſſdzï
ils . r l
ſent , mais pluſtoſt definy : laquelle diſtinction ſenffliœi
. ñ - --r b i d s:
eſtan trouuéc abſurde par plufients5 a fait-qu llS gflſſjíä" d,,
ont eſcript -que ni les
. Anges: , . ni lessames
. ñ .des (dus-WB
- 4'".
d
hommes ne ſont Oint en vnlieu ci-rcunſcriptz :ËËZËËLÏËZOË
ni- definy , mais eulcment effectruel , laque-Hetre "EPY-Tlîï
ñ mns Anglicus
opinion a moins dbrznetir que la precedente; .n ſi… qu….
pource- qu’elle n'eſt pasrinrriqnée de contradi-«bennë-.le Bi-_e
ctionztoutes-ſois
elle ne permenni elle
auxa Ames,-
, ceſte incomtnoditezqueſſ
niraux-Anqesz.- ni lun_ lc Pariſifié

aux Dernons deſſ' monter 8': dcſcendtezdïſivn -lieUHËÎFÎW “mſi


AAA 2.' ^
~

742. QiffliÀërñríiEsmz LxvRE .


en aux-no 5 laquelle doctrine eſtant receuë,il n’y*
aura plus de moyen_ aux bons Anges ,ni aux
Ames des- gensendelaſiîcolſihpagnie
eſtre rcccuës bien 'de monter enames
des haunpout
bien
heurées; ni aux mauuaislÔſſe-mons 8c eſprits des
ſcelerars de deſcendre-ct-'ctaixx enfers (ſi tant eſt

1 qu’ils’ſOyeiÎt
qu’il ſubſtances
conuiendroitîeſin incorporelles
telle ) pource
ſorte, que les Anges
a Albert lc 81: Ames ſepatées fuſſent ² par rouhce qui ne-ſe *
peut fairez ſiſſelles ſont en 'quelque parc circa-n
Durand ï" z- ſcriprespu deſinies,ou autrement. ' '
ñ- TH E. Si ce, qui n'a point d’elſence,n'eſt en
Apologie. aucune Part , il faudra neceſſairemenſ, que celà
ſoit en quelque pargqui añeſſence : parquoy, ſi
ce,qu1~ a exiſtenctdeſt en quelquelieuJl-faudra
ct Il auſſi que Dieu,qu1~ aexiſtence-,ſoieen quelque
7 lieu:doutera,
qui laquelle qſſellene
raiſoneſtanr
ſoit du
de tout abſurde,
meſiïſſie' à l’en
..., droit desames ſeparéesë MY S T… (Ëecy eſt vn
. Sophiſine; qui a eſtéeonromé de-Ÿtnaíxëers ;dear
. la' deſtruction &l’vn argument ne ?enſuitïiamais
. _ _ ' —- __ ſi.cÏ" [traite
de' Yabolition dede
, la ruine. Faurecia-dem; guy
l'actrice-Ionc* debien au con
läinegarion
‘ ide lalconſcquenceu. ï ' -Ÿ ‘—‘ *ct
4~*‘.1.1-.
Z.
. t .
,a ,,1 . ' TÎYLE.' le me dóurçuuffiízque
|
ranäegument
3 ii z-lÿï-Jï ne ſoit pas \nains falàeîeuxsque *le 'dÎctlÏſiCſſbdſiAIÎ-è
l".”“7ſ,“1'°ſ"ſſctzſtote,ſſquand ileſcſſripe: Si 1-forme m _ſcfiniz e” M
~ ” '_ - ë fflmàticre, Elle eſt infinie borrla matieræcſſac il ne s’en
~ ſi ſi Jſiſuil nón plus, que 'la forme ſoir infinie 'ho/rs la
'ſd - - = ffldmäcierc, ſi elle neïſe Termine en la mariece-,que
'Ã _ſi. ~, ſi- (piwiqlfvn diſoir, que' le corps eſt infiny ,- qui.
ñ ñ - m' s "neſt-termine paxzvnaurrcïcorpszcar il faudrait.
""" "‘ 'ïſſparécſte raiſons que lc dernier Orbe ~, qui nfie feñ
' ’ !UE
ï
SEcT-ioN-XIIII. 743
ſinik pas-à «vn autre corps, ſuſt infiny. M Y s. Ie
me deplais en telles ſallnces 8c vaines badàuglef
ries , 'GZ ſur tout quand' on diſpute de choſes
hautes 8c ſerieuſes. Nous auons deſia monſtré
que toute la ſubſtance ,qui eſt comprinſc: dans
_ le côtenu-du- premier Orbe, eſt fi‘ni~e,ce cſueztout
?donde confeſſe; 8c qu'elle n’a point autres
imitcs que ;ſà- ſuperficie , pource que le point
-ne peut pas eſtre ſans lipne, ni la ligne' ſans ſu~
perficienii la ſuperficie ansicorps ,comme luy
eſtantñdu-'tout propreglteilmquc les ames ſepàgñï
ſées desecorps, ont vnëhcu /finy &defË-rfflinëîä
leur mæiire-,lëeſt -à- :llilreî, qu'elles ËÏÎIIÏHIÎÏCŸ_ v,
non as au lus' ran 'deu n'on e ñraititnàï n, . Ï _
.l*
ineiË-ni auçælusîietit lïeu-ëÿtlïVnſâourtdjtïpc-Ïií d —~ - **E-ë ï
eqyrnais' en vn lieu eſgaiiſëíà -Ieut eſſeneeikie lä
denſriiätïque lesAmes deshdfflmcszlesfflîngesgëe
lſieſisDemons ont quelque naturel cor ,biïellegfion
s.'d‘b‘s',’ní de chair; mais dîviieïe-ſt' iYÈſe-inuiſië
lefflomſhddïaiſir ou de 'ſcugou ôetoiîisïllês deuil*
enſqtlnbllflíoii de quqlque_ ſiiblſtfànee' óeléſtefíîla;
ue _e ~ aiſe tñ- aſu-bhlitéïla lus" a' &e
ilibſtance-äe- rdË-lſëseçrps ſubriâsl: parâù oy, ſi ~
nousîconcezlons,, eſt 'Ÿh corps ſpirituel;
elle ſera_ neäntmoiiis' tOſſP-ſiëläïtÿ- cor s-iequèl G fi
Q ne ourra eſtre *tout en Eiji &à à; is aue ² °‘° *d*
W-nïkautre “corps de meſmeíäættíilreèçcmaisÏlîaiPbe :i: Ïxiſi-ſſſi-Ïfſt'
\Erable pas aux ignoranïèaræ! "vſnrcvtpd, patrice
qu'ils nêctleípeuuentïsreôitï;ëncofmoins en#
ſeſilîſſit-i-ſſls; uele ſeinquiedcttbeàiícoup 'lus Ulÿtíl
que lëair oïiffcorporel ,î-“tlüandîïiisipenfllſient ;que
hors. la flame 78C *les cïhätbonsſiíilï n'y aiſt poin;
.de feu, .zz-LE, .-~ p.423» rw 22.1'- ' .MD l.) .ſul
AAA z
744. 'Qæ-ÀTIUESME LIVRE ,
à TH E o. Seroitñil poſſible, que nature euſt
rant à ,conçre-ccxzur, qu’vne choſe incorporel
le fuſt contenue en vn lieu, puis que les pojncts
8c accidents,qui ſont incorporelgſonrïcótenus -
chacun en lcur
ſtre queſtion lieu SSC Place
conſiſtgà ?M ,Ysïlſſya
ſçauoir, s. Toute no
quelque
ſiibſtante finie ëc_tetmine'e,quilſoir> inc-orpo.
le; 8c conſiaquutiuement, ſi vn corps-peut eſtre
en quelque part ſans occuper milieu-ni place? '
mais ru-lfçntens des poincts_ &C accidents STlelÎ
\læïíi-ls 2 d'autant ;fils !ïffllïſ-;drætixvineſmes au
gufiq Hygoſtaſe ans les _carpsmc ;etaient-auoir
_ p31, partzduſ monde exiſtence ni mouuemcmt-,fiſi
² ^" ‘~“"'d° mon, Ïparle moyen des corps; mais nous pal
' ln Phyſiques” ‘
chapfDH/m” louis_ içëyñdc la ſiihſtépce 6C 110D pas_ des accidêlsë
Ox'. qitanc; à ceux, Siÿiihient que lesïamnsſepa
réesñdasjcotps rhumalusſoyent corporelles… ils
ïçffllgrggillent. ñ-patmy beaucoup. de - comradiñ
&ions-z ;Zeſt ?à- dinc, ;quîlé p-ropoÿeiutſë me :que:
&ion aflfiçænagiueiuçríquçfie.MY
ñzſiîï.n.r.;'_fin.qzuelltszſotteë d’vneS. riegatiue. - î ‘
Poutrezqnîils
eonfeiſonr-qsleicçefinzſubæſtàntezfiniciîôalaquelle
ils ſont ixxcçEppſçllcmezpeutïcſtrezqu'en mï cer.
[ajn lieu .determine, dehoçs- lequel on ne pour
roit rien trouuer,- de, ſa. ſubſtancezcar ilsnc veu
~ ;_- këzx.- pasznxziîclle ſait-pair rounmaisqnvelle- aiſt- ſa
~ I, ç 45-: ëitcmïſiaixcrtcäezfi ?Edite- (à fin que Ïvſe_ de leurs'
propres_ paroles lljäflyäiité ou Ibiireflcomme ſi
0.11 dc-xuädkzit-Sxùzçlivznïæângc P au ciel-Où cf111'a_
~ !ne de lÎhótncie-nz tenez-oit ſoubs ,la terreilàidis
ici-où eſt' ſim act-irtnzou. ſa Pflfl-Ïêfl-&ê WH P33- en
- -ſoyëf par:
entre du ruóziezEQurzes-fqis
citcuſinſcriptcs eifquelque ils. niënquïzllcs
lieu,ou qu'elles
' A ſi chan_

SiEcTioN XIIII; 74;
changent de place,quand elles ſont precipítées
aux enſerspu quand elles s’cn reuolent au ciel:
il ſaudroir doncques que ces (eux propoſitions
fuſſent vrayes , l'An e eſt au ciel , l’Ange n'eſt
ſas au ciel : ce,qui eſt plein dhbſurdité; mais ie
eur demande , qrſelle autre choſe eſt ce deſi
nir vn lieu que de le circonſcrire? ou Pourquoy
appellons. nous le cercle . qui termine noſtre _
veuë ſur la ;ſuperficie de la terreſhlorizomſinon a
pource qufflii definir, c’eſt àdire , circunſcric la.
moitié du globe terreſtre : yarquoy, ſic'eſt vne
meſme choſe eſtre definîyvóa circumlcript en
vnc Place; ce ſera auiIi vne-meſme chpſe eſtre
definitiuemeſtnt ouñcircun-ſtrîptiuemeii: en vn
lieu .En meſme ï Damaſccnc- ,Autheurs de ceſte a Au …:4334
diſtinction confeſſe par ſes arolles, que l’vn &z *ï
Pautre :feſt qu'une meſmee 'oſe , diſant-On dit
qu: [Ÿinœlligence eſt circtmflrzfre làzvîc elle 'eſt eÿ-qapzçñ,
Te íntellectuelemenr. Mais -S-. Thomas 5 teiectant !z En 'vi-pl'
ceſte diſtinâion a eſcript que l'A-age eſt' en lieu, ;fflïäſnſiäî J]
non as routes -fiais _ar ſon-action , mais bien article. _
Rai-Ign
reï ,queapplication: 'Eſcocffl lez-reprend,
la- Preſence-_de-lëſhige 'dc i116; :-queſtion u
8E neceſſaire

deu anrſim operation , &qu'il eſt en l_ieu 'ſelon


la meſure de routes ſes di-Ëiêrionsdiſantainfi:
_Dïdutdnnqu-"il-.ne ſem aſh-e par #cunni en Une-place
infiníefflë' ;mon plu: petit lienſóuplu: grand Min:
ſèulamut 'm1 valu)- , qui egalize' à ſà ſùbſtdncàê
Vdilàífcs Propres parollesî -Qganc à Ariſtote;
il 4 enſe, que le lieu ſoisteént propre du corps,
quïîa ſoubſtenu partons: ſa doctrinmqufil eſt d A,, “Je h
l’vn des prineirpcsëde mur-ç ; mais nous anons Phyfiquç ï-;ñ
def-ix ïñdiſpufflficeräëſtïvnïïfionz - -= - Ë,3“;;{;‘;;'f‘°
746 QyATRiEsMi-z Ldvniñ:
?T H E. Si les Anges &les Ames des hommes
ſeparées du corps .caducdc ceſte vie retiennent
encor' vne natiire_ ,corporelle ,elles. .ſe diſſou
dront , pource qifelles ſont compoſées? M Y.
Nous auons deſia demonſtre' par. lc paſſé-,quïl
&fly -auoir rien defimplc. que Dieu -ſculz Canton:
:Aul-'Deuzbñ 06.-- quixſi bm la premierumznnndit Boëce ï,
dfflïïi*** :ſiſi-cecy a” celà : c’eſt à dire- quelquechoſe com
bAuliuLDr , .Y, ’ b‘
UMD… poſee. l.; ineſimLe-ii »autre part :zTvnte chaſe'
ſingplc 1mm, tflrc 4h11: meſme, Ô- mm paid-vil
!cim : ccïqui _neñ peut conuenir. à autre qu’a
Dieu; d’ont—il s'enſuit»,- que les ames des- hoir-ñ
_rues ,qui ſe ſontſelparecs .du corps caduc de
.ceſte viemeſontpas eulemêtcompoſéesmſiœais
_k , auſiiles Anges , qui… ont leur naturebeaucou
— pjus-diuine., L. .ei ' . > ,
TU! T; H. -Expîliqlzſië- moy cecy , iq ce prie ,plus api
' .p,e~r_temen,t. Mi' S T. L’ame eſt le_ ſubiect ,qui
d_ d luubſtiçnt les acgeidentsfflomme 'ui-diroinles,
l. _ Pa.: l Xjgçælçs -verrtiz_s,,& auſſi pluſieurs ſortes de perñ
_ 'ſi ~ tzutbations,,paiäjgiquelles elle ſcztronble z 18e
x; i_ 35:9 :gut ainſi. quezleyzcorpsſeucha-nge ,par leszpaſñ,
.. ſigusdc l'ame 2 fèlÿÿldÿzlïëïëſiîieſaine ſe -trauſi
muççägg ,EQ-LMectiqiiszdili ,corp-SE \ſpyñentñelles
aueç- ou CULODMÊÈŸUÇAÏVO upte z, na ementr, a
me ,n'eſt pas ſans Priuation ,laquellex-ſtotdi
naitement. conioiucteauec toutesx ſortes de
mouuementszoixtoute choſe., quiſc clianige_
parles .qccidentsÿz eſt vue ſubſtanceñcoinpo ée
de, telle 8c tellequalitéuflc de cecy-SSC delcclàieó
. ., r BÀÊMNÔ ie nîgæïptt pas içx a que- ÃÊ-Üſiaï* Y &c5
_ou
. ,_ .; ſi] dggiqpfltcſſñ allyqqgjlfrlçjtcfimçflſ , que tout ce,qui
ï ſ-:klïſî: eſt cree' tautzcorggiqljfflmjpgozppgelgaſaua:
A .i A A “l”
.

Srcrxozrxílll.. 747
cure ſubíectc a Paſlîon , 8c par 'conſequent corñſ
ruptible 3 &que les Anges meſmes ne Spont
royent long temps-ſubſiſter ſans le bene ce de
leur Crcateunqui
Par ainſi les ſoubfiienrde-ſa
, il 'ſaut n-cſſcelſairement grace.
, que ceux làſſ. a
boliſſent la peine des dan-met, 8c oſtent au”
gens de bien la recompencc , laquelle les at
tend en l’autrc Nic', qui ſoubſtiennennque les
ames ſuruiuantes apres le 'corps ne ſont point' '
ſubiectes à aucune Paffionzoeztousï ceux, qui
veulent quelles ctſoyent incorporelles', les ſont
ncceſiàiremcntëimpatibles ;Bcÿpurzçon-fequcnr;
quelles ne ſeront ni chaſtiéesmrrecſiompenſéeſſsſſ'
en l'autre :VÎ-C,CC,'qHlCfl7 abſurde. ‘ - -
T H. Puis doncquesque les Ames humaines;
les Anges, &les-Dcmons curl-em nature »cor-L
porelle, la ſubſtance ou matiere de ceſtenaturd_
eſt-elle eſgalementà tousde iueſme? M Y.Tant²
plus la. nature-des vns 6c des=ïatitres eſt excel
lentcdtazntaplusauſſi
uins : car Ss. Auguſtinſont leuiscorpspurs
parle f* deſſaceſte ſorte8c: Lara
die 5"… 5…,,

la”
corpscheuttëdſifvni--Ïbeillrure
, dit-iLd-H mauuais Ang” qualite'
pmenwncpîire,
eſiéehangez. _ . _

blzble àlïzirzfpez câ- nnclrreuduLa oùilmbnſtrez! ſ '. .Ï 4353;;


queles Anges uc ſont pas ſeulementfcorporelsL-Ï — ~ ~ a:
apresleurñ cheutte ~, mais auſſi deuant qu-'eſtre
tombez. *Le meſme dit 5 peu apres : Le: carpsb ^uz.l.DH.'-;
di: Alxgmqui 'eſtajmh au-parauunt plusſhbtilsfflnt hu m… urbimo.
au z_ l_
912g' :bang-k M dès, carpsplze; eſp”. cſ1*- dc -mpindre cz_- la 6- que
conditioæó.: à-[îrrqælils paſſent par ice” _fàæñirle Ëſgï "'
H monſtre auffi' en 'ce lieu , que' rien *rie eut'
'ſnuffrin s’1~l. nëdſtcorporel. . Le meſinesa eſgriptî
' en autre panique les Anges 8e Îlœvames ſont
i .1
A AA 5
748 B/_ATLXESME LXVREH

de ſemblable_ nature,ôc qu'ils_ ne ſonten rien


differcntsùqu-Ïïen officeLPorpbyxre enſeigne auſ
ſi en ſa Caverne Homerique ,queles Ames 8c
Demons ſont de nature d’air.Pèliilopo'r7ic eſt auſ
ſi &opinion que les Ames ſoyent vcſtues d’vn
cotpsaeré j Pource , .dit-il , que la nature intelle
ctuels ne pourrait ſouffſirir- autrement par 'Un corps:
tel qu'eſt lezfeud" ſi elles nîeſtoyent corporel
- les. On peut eta-tendre clairement par ces rai
ſizns , que les antes des hommes ſontencot? de
nature corporelle ,aptes qu’elles 'ont eſté ſepa
rées de later-irruption
On peut de ceſte.raiſizſins-
auſſi par_ ;les meſmes maſſe conuain
terreſtre.

crc de fau ſſeté Popinion de ceuirziqui penſent,


que les Ames des hómes ſhyëcnt de lëeſſence de
Dieu,, car. il liaudroit ainſi , q-'uëelles ,ne fuſſent
pas ſeulement incorporelles, maisïauffi , qu’el-—
‘~ les euſſent . vne eſſence 8c pui-ſtance infinie.
T H E o n. ,Pourquoy .cela, ?M15 s a". Po urce
que , tout ce , qui. ſeroit de ſa ï ſubſtancigſeroin
enticrerement Diempuis qu’il eſt idicorporel
8c indiuiſible :car il faut neceſſairement , que
la choſe ſoit en ſon entier , de laquelle on ne
a Seotus au 2.[
du ſentences, peut *tiret-la moindre partie, qui ſoit:par ainſi
en iaizdiſtin. il aduiendroihque tout ce , qui eſt propre d
fflfflî' Dieu , ſeroit commun aux Anges , comme d’a
-uoir vne puiſſance infinie , vne eſſence erernel
le, vne nature immobile 8c impatible !mais la.
conſequencede telles choſes eſt fauſſe , il ſaut
doncques que cezquila recede,ne ſoit pas plus
digne de foy ;par ainſi on pourra conclurreï
neceſſairemcntiquu lesAmes &îlési Anges ſont'
corporels ,combien que le monterôq deſcend '
. .f- dre,
SEcTioN XIIII. 749
dre,la mobilité 8c lcgercté des Anges , laquelle
eſt _ ſi g nifiée P ar les ï ailes teſmoi
_ g
'nent aſſez, da ,Au 1.8:. x0.e.
Ezechiel. 8c
qu'ils _ont leur nature neceſſairement corpo- al ë.c.d’lſayc.
.relle. — . _ .
TH ia 0 it. En qu'elle ſorte ?M ÿ s T. En ce,
que route choſe,qui ſement de lieu 'en lieu , ou
de placeen place , paſſe premierement par vn
eſpace plus petit que ſoy meſme; puis apres par
vn eſpace , qui luy eſt eſgal ;deuant que paſſer
par vn eſpace plus grand
ſtaneeincorporelle que ſoy : rqais
ou indiuiſible la ſub-
neſipeut aſ _~ ~.,

ſer par vn eſpace---moindre que ſſoy—me me,


pource qu’on ne peut appeller vne choiſieindi
. uiſible a ni rande , ni petite : il Fautdonc con
ſeſſer necei airement , que tout ce, qui change
.de place , eſt corporel. Item ,tout mouuez
ment ſe fait dans certain eſpace dc temps ,lei
quel ſera touſiours tant plus cor-nuque la cho
ſe mobile aura moins de mouuemdmsù par ainó - '
ſi on trouuera \in mobile infiniment; moins
mobile que tout autre mobilcsdopt il s'enſuit,
qu'une choſe indiuiſible ne ſe pourra. mouuoir.
It-emJa ſucceſſion B., (Ldurriouuctne-nt, qui
‘ ~ eſt côpris entre AIBI
'ſe fait par la reſiſten
ce du mobile B, au
c moteur A, ou de l'im
terualczſhc, au mo..
teur .Az ~, ou aumohi*
. le~B :zmaisvnïAngd
_ ñ- , .>I-' neferoiepoint cie-re.
ſiſtencc,s’il eſtoit: iiidiuiſible, , c'eſt adire incorr
pore). :ear il ne reſifieóroitpninr üîntcrualenii
l'inter
_—_.
750 WÊATRPESME -Livnn
Pinteruale àluy'
ct' conclurre de cec, nique
au tout
moteur : on peut
mobileeſt donc
neceſſaiñ
.—_.—_ .
.— rement “corpore .,&qu'il n’y a entendemcnt
d’hommc, qui puiſſe
'^'ffl-'“ ï-l- ² ſe porte' d'âne' comprendre qtfvn
cxtremitéàſſauſitre'. corps _
ſans paſſer
d-Ãfflyuſiſiſlfzparleſpafiſerg
l rh ſ . . , ñ. . _
-qui eſt comprmæ-entte les deux
;ïlï-“ÊW- f; 'ï -cxtrcmitez tzpzminſi —, ſi lelicœ' &eſt di-uiſible, il
zoydleqliäleMcxälaî ſandra foucrle' meſme ,que ;les Anges, les A
ghäïfîvï- l, mes,8cles Demon: ~, qui paffimſit par Finreruale
…Hj ſi Aſidu lieu ,ſoyerttſſvdmiíiblcsg;autrement il s’en~—
ſuyuroiqque lelieu ne ſerait-pas lieu, 8c que les
corps ne ſepourroyenrñ diniſerdz z ..-1 ~ ,-.1
ë TH Ep-Maispbuç eſtre , (i ou rapportoic
toutes cok- dmiónſtrations naturelles-à la Meta
phyſiqtwz-qubndles trouuer-oit ſort debiles',
puis qnetrnuus voyous beaucoup de choſes
ſeñëfairetonere las-lourde Nature. MY s. Nous
ne traictotſs tienvicy qui ffapparticnne à la Phy
ſiqnqqimrsd-nous parlons
eſt ſon proprectſubiect: cat du
puiscorps
que mobile, qui
nous auonſſs
demonſtréqueles íAngesïsôrDcmons 6c les
Ames ſepaxéds-de_ la maſſe conrſiuptible, où elles
eſtoyent encloſes ſont encor” apres vn corps
mobile , quidotùcra , qifilne ſoit du deuoir du
Phyſicien detraiéïer de leur natutcëMais la Me
taphyſique ne peut auoir autre ſubiect que la
ſubſtaheejrfinnobile &incorporelle :parquoy,
ceux là erréncígrmdement , qïíi ont eſcripr,
que les ſubſtæifies-ſeparées , à ſçauoir les Ames
6c_- Demons, oppaitenoyentà la Metaphyſique,
comme sïlsfflſtdyent ſubſtaſkflfiſíäſläféäs : mais
ie mkſmerueillſie .grandemcnrzqnanclic- cnſc
comme Ariſtote &du Peiipacet' 'eng
'i ' .c ont
,- SE.c—Ti ou YÎXÎIIII. 75x
ont pu ſoubſtenir -ceſte C-fſelfllſziſllyllä-ÛS en cecy
les veſtiges des Academieiens , vieu qu’ils auo
yent renuerſé -de-fond eh comble les idées de*
Platon. Toutesfois Alexandre Aphrodiſée , le
plus ſubtil de tou-s les Peripateticiensnfa point
penſé , qu’i~l y aiſt aucune ſu bſtaînce exempte de'
corps , 8c certes' tresëbien adſiuiſé à luy', ës‘il eaſt
excepté Dieu de ceſte concluſion vniueríſielſe:
combienïque' ce , qui eſtvefitable-à vnëe doctriïſ
ne , ne puiſſe eſtre-faux à vne autre, ſoit qu’elle
fuſt des Phyſiciens ou Medecins, on ſoit qu’elle
Fuſt des Dialecticiens ou Theolñgiîens, pour-ci!
que *la verité ne 'ſe peut trouue-r 'par tout en plus'
que d’vne ſorteÿarquoyçſi nous nhuions à Fori
ce demonſtrar-ions pripſes desÿçiivſes , effects,
ſubiects, adioinctsdôëcfaurreg-pbürbpreuuer que
lanarure des Anges-GZ
'de Fhommgſiſieparëc 'dedes Demons
ſa maſſe 8c de FAmU
corruptible, eſt_
corporelle; nous en aurions rîean-moins à ſuffiſi!
ſance , qui ſont tiréesde ce lieu de Dialectiquezñ' i

lequel nous appellOns-des Repugnances,


T H E. Et quelles? M Y’S.‘ Ceſte-cy premiere-
ment , que les choſes-corporelles nqjpeluuent
rormenter les ames, ſi tant eſt ?comme ils con
feſſent î', 'que l'es chdſesîçorporeílles ne peuuent _8ca Ammonius
Philopnne
agir contre les incorporelles , dont il" sïanſuyuraëncs
&tous P…lesami
au
que les meſchants neſpourtontxeſtre'chaſtiezmi zz… aupſh…
les bons recompenſez, leſquelsïre" oiuent alſezfîflfflmï ï
grande 'recompencezquandon fai' 'rendre con'- -
te aux meſchâts deïleur-s laſc-lïetezïon ne pour- =
roitconeeder vne lus perbicieufſie doctrine que .. . -
'ceſteſilà' [Jour e p rmcter- les erreurs "des" Epicu
riensuD’auëa~nrag-e,il‘ n’y-aura point derdifference
-’ ' ~ entre
l

752., DATKÎE SME .LXVRE


entre Pñnferêc le Paradis , entre la cette 6c les
cieux,ſieles Ames ſuruiuantes, &les Anges , &c
les Demons ſontincorpotels , pource qu’ils ſe
ront par tout, ouen nulle part du monde z puis
d'ailleurs ,le lieu dela retraicte tantï des bons
que des mauuaisleur ſera pelle-melle indiſc
rantzitem, veu qu'ils ſouſtiennenlgque la nature
des ſubſtawces ſepatées eſt indiuiſible, il faut
que l’vne de deux choſes ſont, à _ſçañuoir que tel
les ſubſtances ſont confuſes-&c meflées entiere
ment auec les corps , deſquels tout ce monde
icy eſt remplypuñ ufils confeſſentñzqffil eſt vuy
de de toutes cho cs.; Finalement l'erreur mal
heureuſe des Themiſtiës, Anerroiſtegëc Mani
cheens,quiont dict, qu'il n’y auoir qQ-.fvne meſ- l
me ame vniuerñſelle ,laquelle eſtoir diſtribuée a
tous les hommes , 8c laquelle , apres la corrñu- l
ption du corps,s’vniſſoit en elle meſmezôc qu’il'
n'y auoir
pas auſſi Actifiſſmais
ſeulement qu’vn Entendementz qui ifeſtoit
auffi Paſsifieſt appuyé?
ſur ceſte fauſſe doctrine , comme ſur vn pinot,
lequelefimt abbé-taxons leurs arguments, qui
ſont "nikon trente, ainſiqu-'ondisuæe (ont pas.
ſe , ent debilitezunais
couſlctpa-rterre. auſsi renueïſez_
Pour oonclurre tout à
,ſi -nons concez
doiîif , que les ames 6c les Anges ayent; leur nil-r
~ _ turez-"corpdrelles-il n’y,aura rien plus euident,que
,làdemonſtration z par ,laquelleon-preuue que,
z_ A. [JL d., ?Eſſence de Dieu eſt infinie , laquelle Scotus_
Sfflïflcœ- confeſſe ï n’auoi! encor” pu rrñouu-er.
l, E,, ſaMen_ T H.Si Ariſtote- n'a pas moins recognu l* pour
phyſique. celà lünfinie puiſſance. de Dieu… il Faudra auſsi
necclſaircmênque tout le reſte,qui eſt en Dieu,
~ ſoit
"T"
SE cr ION XIIIL_ 75;
\bit inſiny,mais— tout ce qui precede ceſte raiſon
eſt veritable, il faut doncques, que tout de meſ
me ce , qui la ſuit , ſoit teL M Y s T A. Il n’y a,
erſonne de bon entendement , qui doute, que
Fvne de ces deux raiſons eſtant concedée , l'au
tre ne s’enſuyue neceſſairement : mais Ariſtote
demande vn principe , ou comme les Grecs di
ſent, 'r3 êë Æçxît, c’eſt à dire,quand il veut qu'on
luy concede,ce qu’il debuoit preuuerà Iſiçauoir,
que Dieu eſt moteur du premier Otbeâtem en*
cor' cela , que le ciel eſt Eremel , ce que nous
auons deſ-ia monſtre eſtre .plein de Fauſſeté'.
Parquoyfflyant veu qu’il concluoit la verité par
vne fauſſe ſuppoſition, nous auons aduiſé de
cercher de plus certains principes , à fin que
nous euſsions des demonſtratiós de plus grand
poids 8c valeur pour enfoncer les raiſons des
Epicuriens : cat parles meſmes raiſons,parleſ
quelles nous auons
Yent corporels pteuué,
, finis , com que
oſezles8cAnges eſto
diuiſibleszſſ
nous conclurrons que Dieu euleſt Infiny,Eter—
nel,8cde tres-ſimple Nature. "
T H. Baille nfendoncqttesla Demonſtrariom
M Y S T. Il n’y a point de fiibſtance , que Fincor
potelle, qui. ſoit infinie ;Dieu ſeul eſt ſubſtance
incotporellesDi-eu eſt dôcqnes ſeul infinyJtem,
il n'y a poi-nt de ſiibſtame ſimple? que lînfinie;
Dieu ſeul eſt, vne ſubſtance. ttes-ſimple; Dieu
eſt doncques ſeul infinyœat- s-*il eſtoit compoſe',
il faudrait que quelque principe pa: deſſus luy
Feuſt compoſé : car tout ainſi que Dien ne ſe fait
de ſoy-meſineffluſii rien ne ſe peut compoſer de
ſoy—meſme. Or il faut neceſſaitement , que la
choſe,
,754 Qy Art” ESME a L ivTRÎE
choſmde laquelle Peſſenee eſt inſin-ie,aiſt pareil
lement tout le reſte, qui eſt en elle, infiny,ä ſca
uoir la. vie ,la puiſſance, la bonté, la ſageſſe, la
ſcience 8c toutes les vertus. ltem , la ſeule ſub-j
ſtance ſimple 8c incorporelle eſt indiuiſible 8c
immobile; Dieu ſeul eſt vne ſubſtance ſimple
8c incorpotelle,Dieu.eſt doncques ſeul indiuiſi
ble,immobile ,ESL immuable. ltê,il n’y a rien,qui
ſoit diuiſible,qui aiſt tout ſoneſtre en ſoy-meſ
me 5 mais Dieu a tout ſon eſtre en ſoy-meſme,
auquel il n'y a tien qui ſoit premier _ou dernier,
car auoireſté ,' auoit eſſence , &c debuoir eſtre,
n’eſt qu’vne meſme choſe en Dieu; il eſt donc
indiuiſible 8c vn acte put 8c parfect ; ñot il ſaut
neceſſaitement que toute choſe,qui eſt de ceſte
ſotre,ſoit etetnelle 6c inſinimDieu eſt donc mſi»
ny, etetnel,& tout-puiſiànt :leſquelles raiſons,
combien qu'elles appartiennent à vne autre do
ctrine , onteſté nean-moins miſes en auant , à
fin quelnoz precedentes demonſtrations ſoyent
eſclaircies par céſtes-icy, 8c detecheſ ceſtes-icy
'par celles-là. . . — —'
M TH. Afin doncques que ?entendc plus clai
rement at. les pteeedentes demonſtrations
lfetteur es Themiſtiens 8c Auerroiſtes tou
chant lîntendement Agent &vniuerſehlequel
ils penſent eſtre
dis—moy,s'il vnique enchoſe.
te plait,quelle tous eſt
leslehommes,
Patibleſi?
M Y. Rien autre , que l’Ame humaine, laquelle 4
eſt alors appellée Pariblqquand l’Entendement »
Agent Pillumine- de ſa claire &Diuine (plan-î
deur. :. ' " ‘ ” î
Da
SEcTioN XV. 75)'
*DE PEmmdeme-nt Agent, O'- de l'Enten
dement Paziblc.
SEcIioN XV.
T H E o n. Welle choſe eſt l'Entendement
Agent? M Y S T.C’eſt vn Ange bon ou manuais,
qui a eſte' baille' àçhacun des hommes,ou pour
dreſſer la vie des gens de bien au bon chemin,
ou pour chaſtier les laſchetez des ineſchants,
quand ils s'en ſont ſoruoyez. Or les Bons ſont
en partie exercez 8c illuminez à delibçrer 8c
prendre conſeil par YEnrendemeDt Agenr,dont
il aduient , qu'on dit,qu’ils ont vn bon Enten
dément pour ſe bien conſeiller; les autres vn
bon Eiitendemcnt pour mettre en effect leurs
conſeilsdequel ils appellent Practicien s les au—
tres vn bon Entendement propre à diſcourir,
8c bien iuger de quelque affaire ,appellé L0gi—
_ ciensles autres on ce mcſine Entendemët tres
fauorable à l'acquiſition des arts 8c ſciences,
lequel a eſte' pour ceſte cauſe appellé Ëwlrnzæo
7m65; quelques vns hautes
ſont occupez à la
plation des choſes 8c diuinesct parcontem
l'eſprit
Theoricien g 8c bien peu d'autres à veoir 8c
predire les choſes futures par l'eſprit de Pro
phetiezmais ce dernier exercice depend plus de
la pure lumiere de l’Entendement Agent, que
du labeur 8c induſtrie des hommes , ſans la
quelle les autres ne ſe ſont gueres ſouuent.
C'eſt ce meſme Entendement Agent _, lequel
Alexandre Aphrodiſée appelle Dieu î* , comme al'Ame.
Au liure de

fait auffi Appulée au liure,lequel ila eſcript du


Demon de Socrates: Platon b 8c les Academi, b En ſon
Theag.
B B B
756 QVATXHESME LIVRE
âcpllfiïcfflffl~ciens ?appellent ² EGM/Nav 6c KœÀaÆaíHMa-:il me
"b Au-Jiu des ſemble qufflxriſtote l* Pa ap ellé quelque-Fois
ffgäïîîfiîîäflê pur 8C imparible lc diſant Supaffiev èzaazſſevm, defi:
l’ame de 1'115 à direwenir en nous par dehorsxmais ie me ſuis
"W" fflëfflíx rauiſe',quand ſay veuîqu’Ariſtore appelloit ï ail
:iOn,&qu’elle .
vi… d. de_ leurs vn meſme Enrendcment Agent 8c Patible:
h°îî~ . les Philoſophes Hebreux Pappellër Inſtructeur
c Au z. flute .
dcFAme. 8C Pedagoguele mauuais Demon eſt auffi ap
pellé Enrendcmêt Agennpoutce qu’il incite les
hommes à beaucoup (factions \nauuaiſes en
les aueuglant de fureur, rage 8c folie, ou en ſe
ſeruant de leur miniſtere au ſiipplice des-pro
phanes 8c meſchants. a
T H E. Pauois autre-fois appris que deflcoit
vne meſme choſe que lffînrendemenc Agent 8C
Ie Patible,8c qu'il n’y auoir point de difference
_ enrr'eux,ſinon pour quelque coníiderarionxô
me par exemple, on Yappelle Parible, quand il
reçoit les formes 8c eſpeces par le miniſtere des
ſens,qui les luy repreſentent :mais quand il iu
ge des phanroſmeæqtli luy ſont repreſentées,
\ p &quïl examine chacune choſe en ſonpoids,on
Fappelle Agent. M Y S T. Ceſte opinion eſt ſans
:ZTE: ëâîîzſlſſ_ doute receuë dans les d Eſcholles , ſans toutes
monius 5c de fois eſtre fondée ſur aucune raiſon.
Sîmfflîîî” ſi" T H. Pourquoy non > M v S. Pource que c'eſt
le: liures de ' ,
PAmc. vne choſe mal~conuenable , qu vn meſine En
, _ rendement faſſe rouc,& c] de luy ſe faſſe tout,&
fkffffiàifflë toutesÆOiS Ariſtote ſe ° plaiſt en telles abſur
ditczzveu q rien ëne peut faire ni ſouffrir aucune
A choſe en \by parſoy-meſmrumais le contraire
aduiendroit, ſi tant eſtoit que Flînrendement
Agët fuſt la meſme choſe que le Patiblezcar vn
meſine
i

SEcTioN XV. 757


meſme Entêdemêt ſeroit tout enſemble en acte
8c puiſſance ſans diuerſe conſiderariomvn meſ
me Entendenient illumineroit 8c ſeroit illumi
nésaccompliroit 8c ſeroit accomply; parſeroit
8c ſeroit parfect d'vn autre,ce qui eſtoit obiecte' a Au 9.Iiu.dc ffl
aux Philoſophes de Megare ²,comme vne choñ ln Metaphyſ.
ſe la
~Tplus abſurde du monde.
H E o.Vnemeſme choſe ne peut-elle 'pas ct
maintenant ſaire,& maintenant ſouffrir? M Y s.
Ouy certes,mais diuerſementëcôme par exem
ple , l'Entendement _de l'homme vſe de ſa pro
pre ſunctioinquand il contemple les choſes,qui
luy ſont repreſentées parles ſens : mais quand
il eſt illuminé de ſon Eiitendement Agent, c'eſt
à dire,d’vn Ange, ou de Dieu immediatement,
il n'etait pas,mais il patits toutes-ſois il ne ſe
peut ſiiire par aucune raiſon,que l‘Entendemët,
qui beſogneme ſoit le meſme,q celuy,qſouffl'e:
car tout ainſi que l’œil s'arreſte en la couleur,
qu’il a appcrceüùſans paſſer plus outre , d'au.
tant qu’il s'eſt deſia acquité du deuoir de ſa pro
pre action, tout de meſme, quand l'Entende
ment contemple &iuge des eſpeces, leſquelles
il a receuës
action par en
ſe dreſſe le miniſtere des ſens,to-ute
la cognoiſſance ſon ſi
de la verité,
8c non pas _en ſoymeſme. Parquoy, il Faut rap
porter neceſſairement 'a l'Entendement Agent.
(lequel nous auons dict eſtre ſeparé de l'hom—
me en ceſte vie) ce que Theophraſte eſcript,
quand il dit, que l'Entendement Agent ſe com
porte ne plus ne moins à produire les choſes
intelligibles à l'Entendement Patible,que l'En
tendement de l’Ouurier en produiſant en -la ma
' B B B 2.
~

758 CLVATRXESÃEE LIVRE


tiere ſenſible les formes,où il faudra aurremêt,
que la doctrine d’A riſtote ſoit intriquée de plu
ſieurs contradictions,
I Au 3.]iu.de T H E.En quelle ſorte? M Y &Ariſtote a eſ
Fame
a j. chap. 4. Cf]' pt ²,qu’vn meſme Enrendcmêt eſt realement
8C de faict Actif &Paſſifimais quant à ce qu’il
eſt Actif , qu'il le tient immortel, 8c quant
à ce qu’il eſt paÏIif, qu’il le tient mortel 8c cor
ruptiblell faudra dócques q de ceſte ſorte deux
proípoſirions
ñ me me choſe côtraires ſoyent
indiuiiſiiblùen veritables
diſant en vne
que l'ame eſt
mortellc,8cq l'ame n’eſt pas morrellePluſieurs
voyans cecy eſtre tant embrouillé ont eſtime',
queſame ifeſtoit pas enrieremêt la retraicte 8c
nourriſſe des cóceptiôsnnais ſeulemët l’Enten—
b Au lieu pre
cedex-c. dement. par l'opinion meſme d’Ariſto te “,85diffe
que
ceſt Entendemeſint n’eſtoit pas ſeulement
rent en \by-meſme pour raiſon des phâtoſines,
. mais auſſi formellemenncomme ils diſenLMais
nous auons deſia demonſtrcſique la force d’en
tendre n’eſtoit pas vne partie de l’ame,ains pluſ
toſt vne faculté dïcelle; comment veulent-ils
clone ue ?Entendement ſoit formellement di
c Sur le liur ct
ſtinct e PameZWi a eſte' la cauſe,que lors que
Alexandre Aphrodiſée ï donnoit à l'ame ſix fa
de l'ame.
cultez pour entëdredeſquelles il appelle Intel
ligences,il auroit mis en dernier lieu l’Entend_e—
ment Agent en le faiſant immortehôc en le ſe
parant rcalement d’auec l’a1ne,8c en Pappcllant
du nom de Dieuzmais quant aux autres Intelli—
gences ou facultez de l’ame,il les a abolies, &.
eommc condamnées auec Fame meſineſſhemiñ
ſtius confeſſe bien que Ffintendement Agent
Buſſy-LOW
SECTION XV. 759
&Jçdflev ÉTHnſſu/ax , c’eſ’c à dire, vient exterieure
ment en nous ,mais il le ſait commun à tous
les hommes , comme vn Enrendemcnr , qui eſt \
au monde vniuerſelzmais Iamblicus veut ²,qu’il a Au liurc des
ſoit eſgallement diffus en tous les hommes , 8C ÊËËÎÊËLJ"
qu’il ſoit pourtant libre d'vn chacumà cauſe de
FEHtendemEt particulier qu’vn chacun &Apres
ceuxct-cy eſt ſilruenu Auertoës,qui a double' l'er—
teur de Themiſtius 8c d'AleXandre,poutce qu’il
ne fait pas ſeulement que ?Agët ſoit commun
à tous les hómes,mais auſſi le Pariblexſtimant
que des deux Entendements ſe faſſe celncty,qu’il
appelle &Acquiſition S 8c que apres que les hóñ
mes ſont morrs,l’Entendement d’vn chacun ſe
'retire en celuy meſine,qui ſe communiqnoit à
touszà laquelle opinion on ne pourroir trouuer
ſa ſemblable en abſiirdiré , tant elle eſt indigne
d’vn PhiloſopheEt certes Galien a demóſtre' “z “U lin-d*
par bonnes raiſons , que chacun des animauxſiïſîgcdctpctſſ
auoir ſon ame parriculiere coute differente des
antres,par leſquelles meſmes nouspouuons en—
ſeignenque chacun des hommes a ſon ame par
ticuliere differente des autres : mean-moins Al—
bert le Grand Eueſque de Ratiſhonne a Fot
’mé ï trente-îdeuxarguments pour renuerſer ff" Q3741”
Perreur d’Auerro'e~s S deſquels nous n’aurons .JzctÎË-.zzſſſſ ſil'
_pas Faute , ſi nous ſçaſſuons vſer des demon..
ſtrations, leſquelles nous auons apportées à ce
diſcours), quand nous parlibns de la ſubſtance
corporelle des Anges 8c des Ames, pource que
tous les argumëts de Themiſtius 8c d’Auerroës
ſont appuyez ſur ce fondement , que les ames
ſeparéesſongainſi qu'ils penſent, incorporelles
B B B 3
7'60 QVATRXESME LIVRE
8: immobiles, d’autant,diſent-ils,que les corps
ne ſe peuuent penetrer ni confondrezmais c'eſt
folie de .penſer que les Ames ſeparécs ſe con
fondent ainſi auec les autres corps , puis qu'el
les n'ont en nature aucune Hypoſtaſcz que la
corporelle. Carie leur voudrois demander, en
u’elle ſorte les corps des Anges 8c des Ames
ſéparées de la maſſe corruptible de ceſte vie , ſe
‘ enetteroyent 8c ſe meſieroyent tour enſem—
, les les vnes auec les autres en vn blot , puis c]
la lumiere ne ſe p_eut mefler auec la lumiere,car
s'il y :rpluſieurs flambeauxda lumiere d’vn cha—
cun demeure diſcrete 8c diſtincte de l'autre.
_ TH E. Si FEntendement Agent eſt ſeparé
de l'homme ,il ſaut qu'il ſoit ou Dieu _, »ou
Ange ,ou Demon : ilny a point de quatrieſme
nature. M Y ST. Il ne ſaut pas doubter, que
Dieu ifillumine l'Entendement des ſiens ne
plus ne moins que le Soleil ſait les corps par ſa
lumiere :mais tout ainſi qu'vn Sage Prince or
donne ſon eſtat en telle ſorte,qu'il y a des Ma
giſtrats 8c Officiers en toutes pars de ſa Pro
uiuce , afin que ſelon les ditierſes occurreii—
ces ils ſoyent chacun preſts d’cxecuter la char
ge , en laquelle ils ſont appellez :tout de meſ
iiie ce Sage Procureur du monde a mis des
Anges tant bons que maunais,comme en Gar
_niſou , pour executer chacun leur charge ar‘
toutes les contrées du monde ſoit au cielzſioit
en terre ,ſoit en l’air , ſoit és eaux , ſoit , diſ
ie ,aux villes 8C bourgardes , ou ſoit aux ani
maux , plantes , pierres , metaux 8c elements,
8c meſiue à vii chacun des' hommes', deſquels
- les
les vns ſont ,SEorioN
pour iſialatier les gens
XV. de bien,761
8c
. ~ I'
les autres pour chaſtier les meichants; toute_s-ñ Z
fois en telle ſorte qu’il a baillé le gouuerne— L.,
b. ment des autres à ceux , qui eſtoyent de plus
noble 8c excellente nature: tellement , que ce
ttes-bon 8c tres-grand Monarque du monde
commande tout ſeul par deſſus les plus hau
tes .uiſſances des Anges, 8: les plus hautesaux
- bai ès , &les baſſes aux hommes , 8c les hom
mes aux beſtes;l’ame pareillement preſide au
corps , 8c la raiſon à la conuoitize : 8C certes il.
,ii/euſt pas eſte Tonuenablc que Dipeu euſt bail*
e|des brebis pour garde aux brebis 1neſmes,8c
pourlaæconduicte des Cheures ÈBœufS, &aw
tres' animauægdès Cheures Bœu S 8c autres Cho
f _ſes ſemblables; mais ,pluſtoſt ila faillu que cc
fuſſent des Bergets,Cheuriers , 8c Paſteursæóñ
me Platon a eſcript ² parlant de l’Ange de Soñ a En ſon-ſh”.
crates : tout de meſme ll xſeuſt as e(’ce’.conl1e— gc.
’nablc,.que_les hommes dependil ſſenc immedia O

tement duplein vouloir 8c autorité des autres


hommes ,Hmais ilqaeſté neceſſaire que les An
ges ayenr eſte' -appellez à ceſte charge, auſquels
les hommes ſont autant iuferieurs , que les be
_ſtes bruſtes _ſont inferieures aux hommes : Et
cetteszlezdire de Ciceron n'eſt pas moins veri
_table-,que-digxie d’eſtte tire' de la. doctrine d'He
ſaczlitcñqcide Iſhales Mileſiempat lequel il alſeu~ ‘ ~Î
re_ queſilç-monde eſtínout plein d'Arves immer-v ‘
Eellcsnjat, dóm-e dit-Daniel l' ,jdix mil/mm dÎAm l' A" 4h39- 1°
ges eſtoyzmz-aawur de luy: on peut auſlí cognoi—_ , p _z
ſtre par ceznombte , qu 1l n’y a aucune confu~ - "4
ſion entre les Ames immortelles. .-\~.\' 'n n*
~
' BB B 4
…762 BÏATRIEËME LlVRE
T H E. Pourquoy doncques ont eſctipt Pla?
ame_
En ſon Ti tpn ï , Ariſtote l' , Democrite , Auerroës ° 8c
51:" Ll-de l'ai_- Alexandre Aphrodiſée “Lque perſonne ne peut
m c' ²' °" " atteindre FEntendement A ent , s’il n’eſt Phi
Ïêiiçíælſecflóliiiſ loſophe? MY s. Ceſt vneg opinion , qui n’eſt
Dë' pas nouuelle , 8c laquelle de tous temps a eſte'
a Sur le iii…- enracinée en Fame de toutes ſortes de nations,
dePame. -
m… Greg… que Dieu n a apas ſeulement baille
~ 1
des Anges
re Nicenq au pour Gouuerneurs aux villes &Prouincegmais '
d* l h°~ auſſià chacun des hommes pour les conduire
SSL-qui: lailqrce 8c gouuerners deſquels les V1Î.S ſont pour re
de rmœutctſ prendre les vices en chsſſtiant ſeuerement les
lîicus au 4.l.dc meſchans : 8c les autres pour recompenſer noz
:_H°P‘~Pl"°' honneſtes actions par pluſieurs beneſices :en
tre ceux-cy quelques vns ſe rendent rant ſa
miliers 8c domeſtiques à certaines perſonnes,
que bien ſouuent ils leurs donnent à entendre
par pluſieurs ſignes, qu’ils ſont preſents ,com~
me par quelque petit bruit,ou en leur tou
e lſaye au ſ0, 'chant ou pinçanr legerementles oreilles ° , ou
c-lvb 3";- &bien en les reueillant doucement par vne voix
;ïzîfigëgjhäîg ſans article , ou ſe ſaiſans apparoiſtre le iour en
Time*- ſorme ronde 8c luiſinte ,laquelle ſemble eſtre
de ſeu la nuict :a toutes-fois cecy aduient le plus
.ſonnent en ſongeant , quand FEntendemenc
Agent S’v’nit auecle Patible; car c’eſt alors qu'il
Finſtruict,l’admoneſte,l’eſpouuante,le- reprend,
riob ai-_zs- c. l’illumine,&’meſme.luy declaire quelques-fois
Îîÿïflfflïſîêï les choſes aduenir : mais s’il cognoit qu'on ne
fîäpäsâſi-Afé
Ëaſſagc de 5_c.’eſt
tienne
homme
conte de
ingrar
luy ,ll-
aumauuais
s’en va Demon
abandonne
,qui
Matthieu-Y' - s’en . ſaiſi-t , le promene ,Île vire , leetourmente
ſtlicüîſëfl) vidËr ' . ' I
-fmñzſm,,,,,,_eii telle ſorte , que-nous liſons Sauoirs eſïe
au z
SEcTION XV. 76;
Saiihduquel le mauuais Ange ne ſe ſaiſit point,
. I
que premierement le [bn ne l’euſt abandonne. 5, l, ;ſzzum
Il aduienr auſii quelques foiS,que lEntende _ 91..A
. _ - ) l- '

ment Agent eſt donne' pour predire les choſes 'ſikgué P,, 5_


_futures,ce qu’eſtant aduenu , homme viuantMïïïhíïu W
, trouuer,n1. ſouhaitter
ne pourroit . vn plus grid' s.ch:il' .
bien que ceſtuy-cy. Nean-moins , combien
qu’vn Ange fuſt donnéà Dauld , aprez que Sa
muël l’euſt Facré Roy , par ſaid! duquel il deſir
vn Ot1rs,vn Lyó,& vn Geanrztouteæfois il de- a AULLde 3a_
mandoit ï conſeil aux autres touchant les cho- muel c. 15.16
ſes futures,auſquels Dieu auoſt donne' par gra au* ſu*
ce ſpeciale l’Eſprit de Prophetie, à ſçauoir à
Nathan,à Gad,& à Abiathar.
T H. Il faut donc que ceux, qui prediſent les
choſes futures , ayent vn double Entendement
Agent, dïiutant qu’outre celuy , qui a eſte' don
ne à vn chacundés le ventre de ſa mere , ils ont
auſiile Prophetique. MY S T. Rien ifempeſche
que pluſieurs 'Anges ne ſoyent 'donnez à vn
peuple,à vnecite', àvne famille , ou à vn hom
me ſeul s ne plus ne moins que les grands ſei
neurs 8c illuſtres maiſons baillent à leurs eu~
ſans pluſieurs maiſtresgleſquels les vns ſeruent
à Finſtitution 8c doctrine ,les autres à les gar
der-Sc conſeruer , 8c quelques autres à les tenir
en ordre , les nourrir, 8c veſtir. 'Les Anges qui' _ _
piteſident aux citez ont eſté appellez P' des 'La-hf
'rins Dieux Tutelairesficïdes Hebreux Mel-Qin, @ne Romai
comine Roys 8c Princes… Par ainſimons liſons' “°'
c Au 4.. c. de.
ë .que Ioſilé chef de Parmée des Hebreux vid loſue.
l’Aiige de Dieu toutarmé,qui cheuaiichoit aus ~
prez de luy, lequel eſtant eſpouuanté par ſon
BBB 5

JN
764 VATRIESME, LXVRE
regard luy demanda , quel il eſtoit ?il reſpoiidit
_ qu’il eſtoit l'Ange de Dieu. De meſine auſſi
a En Daniel - , \
chzpdc_ nous liſons ², que lAnge des-Perſes reſiſta a.
I’Ange des Hebreux 5 voilà pourquoy il a eſté
diéhque Dieu ſeul fait la paix dels ſon haut
habitacle : il aduient auſſi quelquesñſois par
permiſſion diuiiie,que Feſprit de Prophetieſe
communique, comme vnelumiere de l’vn à
l'autre ,ainſi quïon peut entendre-Épar ces pa
tollesdeſquelles Dieu proſera à Moyſezaſfimble
b A,, ,_ d,, maffldit-il b,ſ-pzîte deux de: plus anciens du peuple,
Nombre* ï-lv- àfln que-ie [UH- diſtribue de l'eſprit ,qui eſtſhr to), ej
que i'm mette deſſus eux .~ ou comme dit l'interpre
conkclosſuſ te ‘ Chaldéen: ſiſi” que ſang-mente de l'eſprit,
d" N5- quicſtfizr roy: toutes-.ſois ceſt eſprit n'eſt pas dó
ne' eſgallement à :Vllclîílcul) , ni en toute perpe
d _Ainſi lâ _c-tuite' , coinmeleszparolles ſuiuaiites d demoii~
ÏÃÛFJSMÏÃÏËË_ ſtreut : il: pri; propbetiseſi ſans, rim plu: adiouſter:
on peut entendre d’icy que la Prophetie eſt
a; æamſſd, donnée quelques-fois immediatemëtz de Dieu,
IÏÏÎïrU-u fiſh &c que quelques-ſois elle eſt panſon comman»
Ange, dan_ dement inſuſe d’vn Ange auxhommeszon peut
nir lſiïſkîíldfl auſſi par les meſmes raiſons reſuter là vaine opi
Pmphſiœ' nion des Themiſtiens 8c Auerroiſtes touchant
!Enrendement Agent, quand ils ſouſtiennent
fort 8c Ferme , que tous les hommes n'en ont
qu’vn indiuiſible, jncorporehäc immobile.C ô
z Ainſi 13 .in bien que ie ne douterois d'eſtimer °auecmeil—
"Fr" Thÿfflí' leur raiſon , que le_ Soleil eſt Flîutendement _du
ſhut au lllhdc -
l-Ame_ nionde(1i tant eſt que le monde en euſt vn) ſuy
. uant en cecy aucunement Iean Picus,quiap
(En ſes Puſi- pelle f par Faduis des Academiciens la Lune
“°“" Ame du monde : toutes-ſois ñſfintcndenient
n'ait
SECTION XV. 765
:ſautoir rien de commun auec celuy,qui eſt
Agent en l'homme , 8c qui ne participe rien
en l'eſſence , force 8c nature de ?Entendement
Patible,c’eſt à dire de FAme d’vn chacun.
TH.Où eſt dócle ſiege de PEncêdcmëcAgêr?
M Y. on peutqifil
Peſcriptureë entendre
affiſtepar pluſieuispaſiä
à Yhôme eſtâr Po éesdeſ-
de z,_ſi
duz,,lobe
Ezſſ nm]
ſus ſon cheflainſi quareſinoignêc ces parolles: Pſſ²‘“'c"iſ33‘à‘::
La [ipc- de la trſtaglaquelle ſignifie l'Ange ou l'E” Ëſoïïèzddfſ
têdemët AgêLItE cecy b: La” que la lzſizſ-'cde Dim d
lutſôiz deſſus ma ieſtnen la [damier-cde laquelle ie mar- ŸUÊÏ 'ï c' ‘
chaispzzrlcsterzcbrex. Mais ce,qui eſt ï eſctipt ail
c Au zo. edcî
leurs,la lumiere de Dim cl? lejôuſjzirul de Flzämcpc Prouerbes.
rzurírinſèues duplm profzîd de ſi: entrailles, ſe doit:
cntëdre de l’Ame de l’hóme,ou meſinc de l'En
tëdemêt Patiblexôme nous liſons “à ce meſinc J33_ """'d°
Propos , que Dieu inſpira lëhómgaprez Fauoir
forme', du ſouſpiral de vie.Mais ces parolles ſui
uäces monſtrët que les meſchâts ſeront aban—
dónez de FEncendemenc Agégquíd il eſt dict;
la lumiere du meſtbant .Vobſcnrciraæj- ly! lumiere de
celnyquiluiz dcjfiuſíz tc/Ze, ;Vlrindraſor on ne
poiirroít trouuer plus certaine demonſtration
Pour preuuer cecyz que le. ſoudain changement
de ceux ,zqïziñſont atcaints de FEncendement
Agengſoir le bomſoit le mauuais,cac les Grecs
,appellent cant ceux , qui ſont. poſſedez du bon
Demomque du mauuais êrdſfouyívſſld; 8c êflnwær”
-xâs : toutesfois les actions du maililais. eſprit
.ſont plus manifeſtes , pource qu'il tranſporte .
ceuxdeſquels il poſſede ,de leur bon ſens en ſud.
zreur, 8c leur apprend à iargonner les mots' des
langues eſtrangeires , 8c les fajct parler , voire
meſme
766 AVATRIESME LXVR!
meſme qu’ils ayent la bouche cloſe , 8c meſme
fait ſ0uucnt,qu’ils expriment leurs conceptions
par l'orifice des parties honteuſes : toutes leíſi
quelles actions teſinoigneiut aſſez, que l’Enten
denÎent Agengſoit bon ou ruauuais , eſt entie
rement exterieur de l'homme , 8c qu’il va 6c
vient à Plîntendement Patible , duquel il ſe
ſcpare,ôc auquel il ſe conioinct ſacilemenndüx u
tant que s’eſi: ſon naturel _ 365m6” îvraarſſivax , cëeſt
àdire, de venir cxterieurementſi pour s’vnir à

l’Entende1nen~t Patible , auec lequel ila grand'


affinité 8c ſemblance de ſon eſſencezcomme cer
tes il eſt tres neceſſaire en routes les natures,
leſqu~elles s'aſſocient 6c vniſſent ſamilierement
les vnes auecles autres.
T H E. Si ?EntendementAgengſoit bonſoir
mauuais , ſe communique 8c conioinct à l'En
tendemenr Parible , ne pourra-il 'pas auffl ſça
uoirôcdeleouurir les penſées les plus ſecrettes
8c profondes de l'homme? MY s. Il n’yaque
z 5…; P…. Dieu ² ſeuLqui void le fond du cabinet des con
5²!°"‘<~> "1 l’° ceptions de tous les hommes : toutesſois l’En—
raiſon de la ñ ñ r
dedicace_ rendement Agent cognoit **bien la penſee de
*à P” ïoníï- celuy làffluquelilaeſté donné,& de quelle ame
"ÈËËHËÏ" ſiuſiôcpietc' il ſe comporte enuers Dieu :ce,qui eſt
alſez euident en ceux , qui ſentent la Force de
.leur Entendement Agent: car s’ils ont quelque
mauuaiſe penſée , ils ſentent au meſine inſtant
Taduerriflſſementde leur maiſtre,qui les deſtorne
des mauuaiſes penſées à Feſtude des choſes
honneſtes, non pas en leurparlanr-hors le ſomñ
meil, comme ſont les mauuais Demons,qùí ap
pellent les -Sorciers ôc-zdiuiſcnt ſouuent auec
. eux.
eux.A cecy
_ appartient
SECTION ce que Salomon
XV. a eſcript
767
diſant ë : Donne toy garde de maudire le Roy en la ſZE"_"I'°ſ~ d*
moindre de :Hyper/fle: , ou de vin-per” le riche au M- Lc c ſi c'
'bine-t de M chambre : Mr Farſi-tn du ciel emporter-a m
?ſoixgÿ- Feiſt-au aile' rapportera te: para/ler.
TH. 03e veut-il dire par celà? MY s. Ie
penſe , que le ſens eſt, que ceux, qui maudiſent
le Roy , c'eſt àdire,qui ſont profanes enuers
Dieu; en leurs couches, ceſt à dire en leur ame,
ou ſi tu aimes mieux en leur corps ( car le
mot de couche ſe prend ſouuent en Peſcripture
pour le corps ) Foiſeau du ciel eſt le mauuais
Demon,& l’oiſeat1 ailé l’Ange aſſiſtannqui rap—
porteront au grand Roy tes maudites penſées.
Non pasauque
iuſques plusriêprofond
ſoit incognu à luy, quidepenctre
des cachertes l’ſiAme,
maisà fin quïliuge (l’vn tel prophane : car les o
Anges ſe rendent parties pour accuſer deuanr
Dieu les meſchants, à fin que, apres la ſentence
du Iuge,ils chaſtient ſeueremêt le meſchant ſe
lon ſes demeriteS.Ie me ſouuiens qu’vne Sorcie
re me conſeſſa ,lors que ie luy faiſois bailler la
queſtion, que toutes les ſois qu’elle penſoit
&appeller le Demon , qu’au meſine momentil
auoit de couſtume de reſpondre. Uhyſtoire eſt
auffi aſſez cognue d’vn certain Sorcier appelle'
Laſcot , lequel deuinoir tous les poincts des
charres,quäd quelqtfvn les auoit tacitemêt re
marqué en ſa penſéezce qui me ſembla du tout
admirable , lors que ie vis faire vne choſe ſi
eſtrange en Angleterre , Où i’auois eſté enuoye'
Ambaſſade pour FrançoisDuc de Flandres.Mais
Pierre Capo Florentin deçeut- gentillement ce
~ Sorcier,
* 768 QVATRÏESM! LivnE
ï I n ‘

Sorcier,car à ſon abſence il aduertiſt vn chacun'


de penſer au point qu’il voudroit: ce qu’eſtanc
fait Laſcot ne pu iamais deuiner ce qu'ils auo
yent penſé à ſon abſence , parquoy eſtant tout
courroucé ilietta les chartes par terre. On peut
entendre ar ceſte hyſtoire, que l'Entendei~nent
Agent (Æit bon , ſoit mauuais) peut cognoiñ
ſtre,ce que celuy,auquel il—a eſté donne', a en ſa
penſée.
T H. L'Eſſence des deux Entendemens , 8c
l'Eſſence de toutes les Ames eſt-“ce vne meſme
choſe? M Y. Puis que nous auons móſtte',qu'elle
eſt corporelle, il Faut qu'elle ſoit ou d'air, ou de
Feu,ou de quelque Eſſence celeſte,ce qu'eſt aſſez
demonſtre' par la promptitude , agilitcflôc Force
des Ames: de laquelle choſe il ne Faut pas s'eſ
e, merueiller , ſi on prend garde en l'air , lequel,
combien qu'il ſoit ſans Ame , new-moins, ainſi
que nous apperceuons , penetre par tout : 6c à
plus Forte raiſon [Eſſence celeſte , laquelle on
eſtime commune à toutes les Ames immortel
lcs : voilà pourquoy les Philoſophes Hebreux
AÊCÊÎËÏÏÈË: ont treſhien î* dict , que l'Ame de l'homme_,_la
ku_ d.. c.. uelle eſt appellée _en Hebreu Neſſamah , tiroir
ngiſä-Êſuïpïſ" on ethimologie de Scbzmaiim, qui ſignifie les
ſineſin, É.. cieux, pource que l’Entendemè't tire ſon Elſen—
:-l-*Ÿiſdfflïï- ce du ciel; qu'a eſté la cauſe , que l'Eſſence , 8c
~ Force tant des vns que des autres eſt de meſine
naturezpuis auſſi ils diſenùque les cieux ont eſté
compoſez de Feu 8c d'eau,ce qui eſt aſſez ſigni—
ſie' parleur nom: voilà d'où vient ce propos:
to” auurage cſtconſémtzſſ par feu d** par eau : car il
parle icy de l'homme , qui eſt conceu dans la
matrice.
SEcTx-ON XV. 769
matticeMais Eſdras eſcript ² qtfil y-'a deux ſor
tes dëenfantcments , l’vn terreſtre 8c l'autre ce a Au 4.1. mo.

leſte :ce qui eſt de la cognoilſance d’vue plus


haute doctrine.
T H. Pourquoy ne ſe produyra auſſi bien l'A
me des hommes at la voye de propagatiô, que
celle des beſtesI-Ëar nous voyons les forces ad
mirables,qui ont eſté dôneſies parleur Createur
.aux plantes 6c aux beſtes dés leur premier Ori
gine,eſtre retenues 8c engencéeslpar la ſemëce,
en ce que les Singes &î Renards ont touſiours
prudents 8c ruſez,lcs Abeilles induſtrieuſes, les
Formis diligenteszpourqtïoy ne pourra pareille
ment ce ſouſpiral de vie,lequel Dieu apremie
rement inſpiré à Fhomme , ſe deriuer ſucceffi
nement des vns aux autres , comme la flame
d’vue flame,puis que nous voyons,que les hom
mes tiennent de leurs parents vne admirable
ſemblance, non ſeulement des corps,mais auſſi
.des mœurs 8c des actions de leurs Ames 2 Car
rien Ïempeſcheroir de ceſte ſorte, que l’Ame
ne fuſt fiiruiuante à la maſſe corruptible du
corps , apres queYEntendement Agent lëauroit
bien purgée de ſes imparfections en l'accom
pliſſant de belles 8c excellentes vertus. Car il
me ſemble qtfEſdras entend cecy , quandil eſ
cript b qu’il y-a en terre quelques matrices 8c b ê" 4- °~ d”.
threſors des Ames: autrement, ſi nous diſions, 41mn'
que Dieu eſt aſiiduellement occupé à créer des
Ames , leſquelles deſcoulaſſent inceſſamment
de luy , comme d’vue_ fontaine perperuelle , il
ſembleroit qu’il ne. ſe repoſeroit point de ſon
labeur &de ſes œuutes apres auoit accomply 8c
patfect
770 Qv ATRIESME LIVRE
parſect la fabrique 8c condition du monde vni
ÈAŸ* ë' *l* uerſel , comme reſmoigne ² Feſcripture. M Y s.
me ' Ceſt vne choſe profondément cachée aux plus
couuers
ſi l’Ameſi ſecrets
eſt toutdela ſcience
à coup Diuine
enuoyé en , laà ſçauoir,
matrice

b Ariſtote nie apres que le corps


creee deuant eſt formé , ou onelle
l' le corpsſſouteslſiois, aeſté
ne pour
roit croire ſans grand' abſutdite' , qu’elle print
de lon cgmpo- ſon eſſence 'du temperament des quatre hu
ſé- meurs , ou qu'elle fuſt engeancée par le moyen
de la ſemence , comme vne flame par vne autre
flame , ce que demonſtre aſſez le Maiſtre de ſei
e A_u li. de la geſſmquand il dit *"- , Îäſîais enfant ayant rencontre'
5“P"“°°* ?me bonne nature, ie dis, que lors que _EQ/lois bon , que
ie trouuay tm c077” ſans -Uiceó- mamie. Et certes
d Al_l 9. l. des Auicenne a eſcript &que les Ames eſtoyent
"m" d’Ellſſence celeſte , &quelles eſtoyent ainſi enñ
noyées en vn corps bien temperé par Faccord
e Enhhquÿdes quatre quîilitez elementaires. S. Thomas
mo,, de la 1'_ d'Aquin ° ne S eflorgne pas beaucoup de ceſte ï
diſtínctiqn de opinion, tOutesFois il veut, que ce ſoit lors,que
l” *Pam* le corps eſt arfect 8c organiſe' , que l’Entende
ment eſt inſils tout enſemble 8c àla ſois au pe-ñ
rit enfannAlbert le grand maiſtre de S.Thomas
l'mm
Alllx-ldlll
en la 7x,_z. tient f que toute l’Ame eſt inſuſe pour vne Fois.
queſtion. Henry E eſt en different touchant cecy auec l’vn
ÀÈÊÉÏÊJËËC lautre. Mais nous auons deſ-ia dict noſtre
libet. aduis touchant ce , qui me ſemble plus vray ſur
h A" ;L c_ de telle choſeMais quid à ce qu’il eſcripnque les l'
101,_ hommes ſont
1natrice,il formez
donne aſſez àpar Feſprit de Dieu
entendre,que en ſe
ctcelà ne la

fait pas ſeulement par la propagation tirée de la.


force contenue en la ſemence.
Tir.
SEcTioN XVI. 771
TH E. Pourquoy ne iugerons-nſious par la
meſme-raiſon, que les formes des beſtes 8c des
plantes ſont celcſtes ,puis que nous ne trou
uons en aucun des e ements les vertus ad
mirables , leſquelles ſont aux plantes , comme
les ſaueurs, les odeurs, les couleurs ; ni aucun
des ſentiments,comme aux beſtes ?'M Y S. Ari
ſtote ² 8c Galien conſeſſent auſſi, que toutes les la² ^" ‘-““~ 4°
generation
formes ont quelque choſe de Diuin,ou comme des animaux,
ils diſent, 'r3 3076W Tùquelque honneſte majeſté
de nature : toutes-ſois il ſaut conſeſſer parce
que nous auons deſia dict, que l'Ame des hom:
mes ſurmonte celle des beſtes de bien loing, 8c
qu'elle eſt diuinement inſuſe 8c illuminée par
l'Entendement Agent.
T H E. _Si tant eſt, que la nature des Ames
ſeparées,des Anges,&: des Demons ſoit corpo—
telle, il Faudra pareillemêt qu'ils ayent quelque
figure. M Y S.I'ay touſiours penſé,que la figure
des Ames eſtoit telle, que du Soleil,de la Lune,
8c des Eſtoilles: car ceſte figure eiicloſt toutes
les autres dans ſa circunſerenceuflc n'a rien qui
ſoit mal-vny ou rabouteux,ni rien, qui ſoit eſ
leué ou abaiſſe' par les angles ,ni rien, qui ſoit
inrrique' de parties mal-ageancées, ou qui ſoit
trop eminent,ou trop enſonceſibreſ c'eſt le plus
parſect de tous les corps. Car ce', que Daniel
promet aux excellents perſonnages d’eſtre ſem
blables aux Eſtoilles du ciehmóſtre aſſez,qtçel—
le doit eſtre la figure des Ames immortelles.
De la jiíetempficaſe Pyzbagmque.
S E c T I o N XVL
T H E. Il me ſemble preſque incroyable, que …
CCC
i ë n

772
ces AmesQYATRIESME LIVRE
ſitreſ-ſainctes, 8c bien-heurées fuſſent
recipitéeſis de ce luiſanr manoir celeſte, la où
ſſ lÿeur vie eſt bien-heureuſe dans la priſon ſaſle &z
vilaine de ce corps humain, pour y endurer dix
mille tourments , eſtants tantoſt pouſſées ça 8c
là par pluſieurs 8C diuerſes paflionsxomme par
les flots d’\'me tempeſte , tantoſt ſubiectes à vn
nombre infiny dïnconueniens , comme d’eſtre
quelques-fois pluſtoſt auortées qu’elles ne ſont
nées, ou de mourir en naiſſant , ou au berceau, -l
ou d’eſtre tourmentées de griefues douleurs A
'en ce corps,ou d’eſtre condamnées au ſupplice
eternel des enfers aptes auoir eſte' tirées a re
gret de la priſon du corps.MY S T. Tu pourrois
certes à iuſte cauſe mettre en auant cecy aux
Academiciengqui penſoyent que les_Ames fuſ
ſent toutes nées enſemble des le commencc- 1
- ment du monde , 8c qu’eſtans allechées par le
flux continue] de la matiere elles deſcendiſſent
chacune par ſon tout treſ-affectueuſemenr en
ce corps humain , aptes qu’elles auoyent ac
quis toutes les ſciences 8c vertus par la force
des corps celeſtes , deſquelles toutes-fois elles
sbblioyent , quand elles entroyent aux corps
terreſtres : nous ne deuons pourtant penſer la
cheutte des Anges ou des Ames celeſtes en ce
corps caducNSc terreſtrqquâd nous diſons que
les Ames ont leur origine celeſte, mais c'eſt aſ
ſez d'entendre qnÏelles ſont compoſées de meſ
asïhomu en mes eſſences que les èieux,ſoit que Dieu les aiſt i
la z. queſtion inſpirées,cóme enſeignent ² nozTheologiens,
gil:
partie.ËŸËÎÏſiœuures
ou ſoit que
, 8c Dieu' venant dc
à ſe repoſer à ceſſer de toutes
ſon labeur ſes
auroit
— apres
-ſſsæcrroN-XVI. i773

papres
Angeslanon
creation
pas deducréer
monde
(car remis la charge
c'eſt vne aux
choſegqſſui
n'appartient àzautre qu'à Dieu) mais dbngen- _ __ .
drer les Ames , comme tiennent les Academi
ciens; ou ſoir que la Force &vertu de propaga
tion aiſt eſté diuinement donnée dés le C01D*
mencement aux ames hu1naines,à ſin que lcur
generation ſe continuaſt de l’vne à Fautregà la.
poſterite' ,ne plus ne moins que la flame tirée '
d’vneî: autre
loir flame , ainſi qu’Apollinarins
touteS—FoiS,conunent que ce ſoit,il vou
fſiauſſt :GŸJT
touſiours rapporter cela à l'a puiſſance 8c bonté Ncmeſius eau —
infinie de Dieu , àſſfin que nous ne venions à ËLLÏËAÆÎÏËOÏ:
penſer
retour la
decheutte
'ce corpsdes
auames
ciel,, en ce corps,
oucten 8c leur.
quelque me,lâ où i1 di;
at1—g:“ſ:’m^'g::
ttc animalgcomme faiſait Pythagoras par ſa Meñ_ mſoins engeä.
tempſycoíſiqpar laquelle ilvouloigque les ames Jfâfſſ;
allaſſcnt
les deencor’
ſſfuſſent corps en corps engendrées
derechef à la r0nde,8c, ce
qu’el—
qui les
left corps,
sîfflî”par
eſt proprement appellé des Grecs 'Uæklïj/EVEÏÎÔL, Pſ
regeneration. p
TH.E. Si nous aboliſſons laMetempſjïçoſe,
laquelle n’a,pas
thagoriens eſtéauſſi
mais ſeulemët tenue
par les, par les Py.~_ -
ſſAcgdçmiciens
Scoiciens,8c
Ames meurent Egyptiens,il sffenſuyurauort
, ouqu’elles que les
ſe multiplient enſi
nombre infiny à cauſe _de leur continuelle gez
neratiomôc Faudra confeſſe-r par meſmetnoyen_ _ _
que le ſeminaire des Anges' 8c Demous - eſt en# '
tretetîu par ceſte pmpagation. M Y s T. Celle
derniere partie de ra ,concluſion a moins de dif
ficulté,ſi tu-penſes queſlesAmes des perſonnes
illuſtres, qui ont deuancédes autres en iuſtice
v C C C_ .z
774 QYATRIÉSME Luke'
8c integtite' cle viqdeuiennêt Anges, lors qu’cl- v
J les ſe ſeparent des corps,ce qui n'eſt pas ſeule- |
² 5- Mïâïhſíe: ment atteſte' entre noz Theologiñs ² pour cho— ‘
ÎÏÃÏËLQÏQË… ſe corraineunais auſſi confirme' par les decrets -
"vb-nïzſe" "'7' Philoſophiques_ tant des anciens Philoſophes
l fiGNI-Âflgflli
de toutes les nations,que des Indiens nieſines:
l dont on peut entendre par conſequengque l'e
ſtat des
: ſi traite de ames
celuy des
des meſchants ſera tout au conde
Ames bien—heurécs.Mais
…_ ç…-—
ſgauoiricy, ſi les ames des meſc_hants'doyuenr
prendre fin apres laqſuitte de_ quelques ſiecles,
nous le laiſſons parmy les autres ſecrets,qui ſór
cachez au cabinet de la ſcience Diuine. Neant- l
moin s,combien que toutes les ames,qui ont ia
mais eſteſideulsêt eſtre ſempitcrnelles,il ne s'en—
ſuit pas toures—ſois , qu'elles ſe multipliaſſenr l
infiniment , puis qu'il ne ſe pourroit faire par l
aucune puiſſaince' ou ſucceſſion de temps , que
leur nóbre ſuſt infinyzôùencor' moins ſe pour
ra-il faire, ſi tant eſt,que le monde doyue quel—
que iour finir , comme nous auons monſtté en
preuuant qu'il n’eſtoit pas ſempiternel. O\u_ant
à la Metempſycoſeïeſtime que c'eſt vne grand'
* abſurdité de Feſtimer deuoir eſtre telle à l-adueï
nir que Pythagoras,l’lotin,& Porphyre ont pê—
ſézmais s'il y en a aucune, ie crois qu'elle :ip
partient pluſtoſt an ſupplice des meſchârsqtfa
5 chap…. autre choſe, comme nous liſons en Daniel b de
‘ ’ " Nabuchodonoſor, lequel ſuſt changé parpuni—
tion Diuine en vn Bœuf. ~ '
T H E o. Certes,ie ne doute point que les
g Ames, apres auoit eſté ſeparées de la maſſe corñ
ruptiblc de ce corps,iie ſoyent encor' ſuruiuanñ
A . _ ’ tes,
SEO-moii XVI. 775
t'es , toutes-ſois ie deſire d'entendre , ſi celà ce
peut demonſtter par raiſons. MY. On ne pourñ»
roit trouuer vne plus certaine demonſtration
ſ que
ples le
8c commun
natíós,quiconſentement de tous lesd'vne'
conſpire en la_croyance peu

meſme choſe,lequel eſt aucunement comme la


loy de nature,de ſorte que ce n'eſt pas ſeulemët
, 'Ïnal ſaict de douter dauätage de cecy, mais auſſi
vn crime abominable : car comment pourroit
on autrement demonſtrer que le ſeu ſuſt chaud
ou nou, que par le commun conſentement des
Indiens,Gaulois,M0tes, 8c Scythes, auſquels il
ſemble eſtre tel: toutes-ſois les Hebreux , qui
ſont les meilleurs interpreres des ſecrets de na
ture,n'appellent
Iier,mais ianiais
en plurier la vie8c
Chaijzſſm, entiennent
nombre qu’il
ſingu~y

a deux ſiecles,l'vn appelle' Hal-ím-hegôc l'autre


Holëím-ñlaathidh , l’vn pour ceſte vie preſente , 6C
l'autre pour la Future , ils appellent auffi les
morts Dormans pour cauſe de la reſurrection:
car voire-meſme que les vns penſent que nous
deuions reſuſciter en vn corps d'air , les _autres
cn_vn corps de ſeu, 8c la plus grand' part en vn
corps celeſte,_& preſque tous en ce corps meſ—
me,apres qu'il aura- deſpouille' ſon imparfectió;
toutes-ſois il n'y a pas vn d'entre ceux-eyſtiorr
rtfls la ſecte des Epicuriens , qui ne tienne , que
l'ame eſt immortelle : voilà pourquoy Bglehan,
plus ancië qu'aucun des Dieux des Gentilsſſou
haitta en benillänt le peuple de Dieu , de ne
mourir d'autre mort que'de la. leur,diſant ² : A aNAombres.
u zzxlddei
I4 mienne 'volonte' que ie meure de la mort da.: iuÿïes:
mais à quelle fin euſt-il ſouhaitte' de mourir
' C C C 9
ï

776 VATRIESME LIVRE


de _ceſte mort, s’il n’euſt creu que les Ames e—
ſtoyent ſuruiuautes
leurs corps? ſi o à la maſſe corruptible de
T H E o n. Ie confeſſe , qu’il y a des choſes
'tant claires &xuidentes , que celuy , qui en
cercberoirles Demonſtration ,reſſemblerait à
_vn homme , qui voudroit monſtrer le Soleil
auec des_ torches allumées: meant-moins plu!
ſieurs ont douté de Fimmortalité de l’Ame, en
appellant ceux ,qui penſoyent_ que les Ames
fuſſent ſuruiuantes à la maſſecorruptible 'de
leurs corps , ſuperſticieux; ce que Ciceron ac~
commode à ceux là , qui prioyent inccſtam.»
ment les Dieux , que leurs enſans leur ſurue
quiſſent. Peſtime donc qu’il faille contraindre
ſ ceſte ſorte d’Epicuriens
faire confeſſer la verite ,par
I
raiſons
comme s’ils, pourleur
eſtoyent
en la torture. M Y S T. Ils ne me ſemblent cer
tes gueres,ou du tout riemdifferens de lana,
ture des beſtes bruſtes ,quand ils meſurent la
»fin du Bien 8c du Mal. par la douleur &volup
te' , &quandils penſennque les Ames ne s’en—
gendrent 8c corrompent pas moins par la’ for
cuite concurrence des Atomes , que le monde
\ïniuerlctc-lztellement que ceux, ui à ſautede
bonne inſtitution ſont venus iuſlſiques là que
deſc perſuader telle impieté, ne ſe pourront
…n'on plus retirer de leur follecroyance pour
embraſſer la verite' par la force des demonſtra
tions; qu’vne Putain ſe retiroit de ſa vie debor
dée àreprendre la pu'dicité qu’elle a deſia per
due,pour quelque remonſttance qu’on luy fiſt:
puis doncques' que les raiſons ne ſerucntqde.
ñ rien
SEcTroN _XVI. 777
_ rienà ceux-cy , 8c qu’il n’eſt pas beſoing de \de
' monſtrer telle choſeàccux, qui en ſont bien
aſſeurez, il me ſemble que nous les recerche
\ions en vain.
T-H E o R. Toutes- fois ?eſtime grandement
neceſſaire &profitable que nous ayons touſ
iours des demonſtrations preſtes de telles cho
ſes. M Y s T. Sion nous concede lffilypotheſe
des anciens ², la_ demonſtration a Ariſionamis
S’enſuyura ſans en
, auant celle
doubtc neceſſaire, àſçauoir que ſi l’Ame peut Hypotheſcmu
, faire quelque choſe ſans organes corporels, ²-l-“°F^"“~
qu’elle ſe peut ſeparer du corps : mais nous
auons deſ-ia monſtré,que Fame peut entendre,
raiſonner; contempler, 8c autres ſemblables ,
actions
ſuit ſans organes
, qu'elle corporels;
'ſe peut ſeparer dont ils
du corps.- s'en.;
Ariſto-— ^ - ſ
ce eſtime que ceſte demonſtration ſoit neceſſai
re,ſi rant eſt que FHyporheſe ſoit preuuée ,ou
concedée.O~u_e ſi däuanrute quelqu’vn -ſe trou:
ue tant opiniaſtre,qu’il ne veuille rien attri
buer àFAme, ſinon en tant que le ſentiment
le luy demonſtre
mettrſie deux autre, arguments
ie ne Fairray
en pourtant de
auant pour
conclurre
'corps caducque
de les
ceſteAmes ſont_ ſuruiuantes
vie,laiiſant au
en arriere vne ct,
infinite' d’autres arguments , deſquels nous' r
pourrions vier.
TH. @els ſont ils? MY. Nature Obſerue
perpetueliemeirgque deux extremitez ſoyent
conioinctes par vn moyen ,n’allant iamais d’v~ ñ
ne exrremité en l’autre .ſans paſſer parle mi
lieu :mais ily adeux extremitez ,à ſçauoir la
forme totallement ſcparée de la matiere, com
1 C C C 4
778 QyATRxEsME LXVRI
me les Anges : 8c la forme entierement vnic
auec la matiere,_ſans laquelle elle ne peut au-ſi
cunemenr eſtre , comme celle des pierres, me
taux, plantes ,86 beſtes bruſtcs : Il faut donc
qu’il y aiſtyne forme moyenne ,laquelle" con
ioigne ces deux exrremitez en S’vniſſant 8c ſc
parantîde la matiere. Et certes c’cſt vne reiglc
generalle en toute la nature,que la copulation
de deux extremitez ſe faict par vn lien moyen
participant de deux natures, comme nous auôs
deſ-ia demonſtre' : par ainſi, ſi I’Ame de l’hom
me ſe peut ſeparer de ſon corps materiel 8c ele
-mentaire , qui doutera qu’elle ne ſoir neceſlI-ti
rement ſuruiuante au corps,ôc qu’elle ne puilÏ
_ſe exercer ſes actions ſans l'office des ſens?
T H: Certainement ceſte nouhelle demon
ſtration me ſemble auoir vn grand poids pour
pteuuerlïmmortalité de l’Ame.Ic te prie don
ne moy l’autre?M Y S T.Si nous concedons qu’il
y aiſt deux extremitez , deſquelles Fvne ſoit
entierement corruptible, &Fautre totalement
exempte ,de corruption, il faudra neceſſaire
ment
ct ces quextremjtez,8c
deux 1ly aiſt quelque choſeparticipe
laquelle moyene àentre
leur_
deux natures eſtant d’vue part corruptible 8c
de l'autre incotruptible :mais il n’y a rien en ce
monde , qui ſoit participant de ces ceux mru
resſhors-mis l’homme, auquel les elements,les
pierres,leS mineraux ,les Plan tes,8cbeſtes bru
ſtes ſont beaucoup inferieur-es en dignité &CX
cellence , auec leſquels il eſt conioinct par l’E—
xiſtence &par FAme Vegetable 8c ſenſible, 8c
auec les Anges 8c Demons par la. raiſon &en
rende
' l \
SECTION XVI. 779
rendement, eſtant ſeul,qui puiſſe conioíndre
les choſes celeſtes aux terreſtres', 8c les hautes
aux balſeæôclïmmortalité auec la corruption:
ce,qui ſe peut facilement entendre p'ar le ſacri
fice du Lepteux , eſtanç guary de ſon infir~
mire'. '
T H. Explique moy, ie te prié , comment?
Mx'. Ileſt enioinct au ſacrifîcatçur ² de pren~ :Au i3- &i4;
du Leuítiq.
dre deux oiſeaux 8C d'en tuer vn aupres de C.
ſeau courante d’vn ruiſſeau , 8C de ſeparer l'an;
tre en luy donnant la volée, Payant toutesñſois
premierement lié durant le ſacrifice en vn ce
dre auec de Phyſope 8c du vermeillon , l'ayant
auſſi baigne' 8c expié au ſang de l’autre. Car ſi
quelqu’vn ſort de ce corps comme de l’eau d’v~
ne ſontainepur 8c net ,en ſe repaiſſant de la*
contemplation des choſes hautes , qui doute
ra qu'vn tel homme ne puiſſe impetrer de Dieu
?Entendement Agent ,duquel il ne iouïra pas
ſeulement ,mais auſſicntendra ſa doctrine par
ſignes 8c parolles expreſſes , 6c ſera ne plus ne
moins illumine' de luy,que la Lune , toutes les
fois qu’elle ſe tourne au Soleil 2 Mais , ſi au
contraire il aduient , que l'Ame deſtornée
de la contemplation des choſes belles 8c hon—
^ neſtes 8c de ſon Entendement Agent, ſouffre
qu'elle ſoit ſouillée 8c honnie d’ordure 8c ſaſle
te', eſtant abandonnée de la lumiere' 'celeſte,'
elle ſera èouuerte d’obcurité tenebreuſe, ne
ne plus ne moins que la Lune eſtant entrée en
l'ombre dela terre b pert la lumiere,qu’elle re b Leo Hebrew
il vſé de ceſte
ceuoit du Soleil, cependant qu'elle ſe deſtome elegance com
paraiſon au 5.
de ſon aſpect lumineux. LD: Ann”.
’ ‘C C C ^ 5
ſſ\

780 QYATRIESME LIVRE


T H. Welle ſimilitude eſt ceſte-cy P M Y S.
Du Petit monde au Grand mondedaquelle n’eſt
pas deſpourueue de Pautorite' de la ſaincte e
ſcripturezmr la lumiere de la Lune, dit Iſaye , ſëm
_ſëmblable à la lumiere du Soleilxÿ" la lumiere du S0
~leil fim ſhpt _fais plus claírequa de coufflume. Ce
_ qui eſt interpreté ailleurs plus clairement par
ahAu 3.l.dcMiIVllCl‘lCC, quand 1l dit ² : pourtant ,la nmct 'Uaus
C CC. ~
_firm pour viſio” ,1 U'. legtenebres pour dmmanan
- - ~
: le
Çolezllſè chotrchemſùrles Prophet” , Ô' le iour 3017]?
Chïflrflſüf :cmmleſquellcs parolles ne ſe peu
ucnt entendre que de FEntendement Agent 8c
du Patible. -
T H.I’auois autre-fois appris que ces parol
' les appartenoyent au iour du iugemenLM Y s T.
.O uy, ſelon l'interpretation des i gnorans, com—
bien qu’il ſoit autrement manifeſte , qu’e]les ſe
doyuenr rapporter à Flîntendement Agent 8c
au Patiblezdeſquels TA gent eſt appellé ailleurs
Sapin”
bAus.l.dela par Salomon b Soleil dïntelligence. Item cc

cAu i3. chap. cy ‘: les aſtres ne rëſolmdirant poin; dc leuïlumic


' *Plſïÿï- ,re ,le Soleil foóſcurcim en ſón lesær ,ó- lëz Lune ne
' d Lmçſmfl… luimpointltem encor’ cecy 4 : le Sole/Il num wr
14-9- ' gongneo-la Lime ſera huntsuſê, leſquelles Paſo]
les S’adreſſent aux mcſchants. Mais- les propos
ſuyuans apperriennent à la conuocation des
Efleusen, amant-
quand anrlalnmierc
il eſt dict :LeduSoleil
;Parcs iour:nemct!Mſi-Ta
la pluslc#
P I7
dem" de la Lune ne 'feſZ-læircr-.æplus ,mais le Seigneur
t e era l;Smic-rc per ÏÏHËLÜ
z' : t on S 0 l ei l m' ecauchem
plus , m' m Lune ne ſê cac/oem point , pour” que le
Sei/rneurfira m lumiere fimpiternelle. Item encor'
e Le meſme au <> e . . .- .
fiu_çhny. cecy :Le Soleil rcceumſhudasnemct apres la tranſit-ſl
me
SEcTion XVI. 78]'
me veille de lu nuictfli lumiere; @'14 Lune rcffizlrñdi
.Tfljroisfiir nu iour. Item encor' cecy ² : Le Soleil de
ſ iuſticeſè leuem à ceux qui craignent Dieu: C'eſt à 5rd…
a Au 4.c4.
li. de

dire , FEnrendemçm Agent ou le bon Ange.


Mais quant à ce, qui eſt dict , que ce ſera Dieu,
qui illuminera l'es eſleus,& non pas le Soleil, 8c
que le Soleil meſine receura lumiere S on peut
entendre aſſez appertement par ces parolles, .
que le bon Ange ne reluira non plus en la pre
ſence de Dieu, quand il viendra en l'homme,
que les eſtoiles en la preſence du Soleil, quand
il~ſe leue. Puis derecheſ, quand il eſt dit , que le
Soleil reprendra ſa lumiere apres la troiſieſine
veille de la Agent
_rendement nuict , ou
il Faut entendre
du boni Angecelà
,' ſſquidereçoit
l'Eri
la nuict la lumiereñDiuineÆc faitcqifon en rend ſ
des oraclesplus certains ſur le point du iour. Et
certes voilà l'opinion de Moyſe Maimon b le b neon a" !l
plus ſubtil de tous les Philoſophes Hebreux. ’ d” “mwſi
TH. Les 'Grecs Anciensà ce propos., 8c les
Pontiſes .dujSoleil en Samarie eſtiiñoyent que
Apollonfuſt
_ ,
lezptince de tous les, Diuins
_ . _
8: Pro:-
. c
.
Sur le liure
phetes : voilà pourquoy Themiſtnis ſemble ‘ :LP- dc l'ame.
pellerïle SoleilEntendemeñt du monde,& cer
.tes Entendement Agent : tOutesFois l'interpre
tation, laquelle tu' as alleguée des Hebreux., eſt
beaucoupdifferente de ceſte-cy : veu doncques
que Pvtilité eſtſi grande delvnion de l'Enten
dement Agent auec le Patible,ie nfeſineruoille
pourquoy ceſte conionction deſtperpetuellè?
M Y s. Si celà aduenoir , la vie de l'homme ne
ſeroit pas de long-ue duréeunais il Faudrait ainſi
que ſon corps ſe flaiſtriſhôc enfin qu’il mouruſt
.. ~ de
I
o
782. (LvATi-.EE SME Lil/RL
de ſaim,dc ſoiF,& de pauurete'.
T H. En uelle ſortez M Y. Ne vois-tu pas ce
monde icy e ementaire 8c tout-ce, qui eſt coin
poſé de ſes parties , comme _les plantes , beſtes
bruſtes,& l'homme meflne,ſe debiliter quelque
eu,tant que la Lune demeure *eonioincte a~ſiuee
le Soleil? Et que derecheF,lOrs qu’elle ſe retire
dïcelluy en augmentant peu à peu ſa lumiere
iuſques à ce qu’elle ſoit paruenue à ſa parſe
cte ſplendeur , à ſin de Fomenter les corps ele
inentaires., que tout deuient par ſa venue plus
vigoure ux,plein 8c robuſte? Le meſme aduient
_ordinairement à l’Ame,ou pour mieux dire à
l'Entendement Patible , lors qu’il s’vnit àlïjn
rendement Agent en telle ſorte, qu’il s'adonne
tant à la contemplation des choſes hautes 8c
Diuines , qu’il met le ſoucy du corps e‘n arriere,
eſtaiit comme eſleueſi en haut par la viteſſe de
ſes ailes , tellement que (s’il aduieiit qu'il ſoit
rauy 8c detenu plus de temps, qu’il ne doit , en
telle conſideration des choſes Diuines ) l’hom-—
me ſe flaiſtriſt peu à peu ayant neglige' le ſalut
de ſon corps : mais. ſi au contraire FA me rend lc
deuoir alternatiueïnent tant au corps qu'à ſon
Entendement Agent à l'exemple de la Lune.
chacune des parties de l'homme pourra con
ſeruer ſon eſtat auec grand laiſir &ſelicité
TH. La ſimilitude 8c aflfiiité du monde en
uers l'homme eſt-elle ſi grande , que ce,qui ce
fait en l’vn,ſe ſaſſe en läiutre? M Y S T. Ouy cer
tes,pourueu que nous ſuyuioris nature,cornme
Ÿvn bon capitaine : car ſi quelqiÿvn entend bien
la force du Soleil 8c de la Lune , 8c s'il compare
l’vn
SECTION_.XVI. 78;
l'vn à l’autre , il cognoiſtra ſans doute toute_ la
' nature 8c force de PEntendemeHt Agent 8c du
Parible s 8c pour quelle cauſe le premier Enten
deirient s'entend premierement ſoy-meſme, 8c
puis conſequemmenr les autres choſes,8c pout- _
quoy le dernier Entendement tout au contrai— _ .
re entend premier tout autre choſe , que ſoy—
meſme.
T H. We dirons—nous donc de ceux , qui ſe
ſont vnis aux mauuais Demons? M Y. Les cho
ſes contraires ont leur effects contraires , 8c
ſemblableinent leurs ſins diſſeinblables : car
toute pureté, integrité, ſplendeur., ſcience , ſa
geſſe 8c vertu ſort du bon Ange; mais le malin
Eſprit eſt auteur de toute impureté , impieté,
obſeurité, fureur, foliengnorance, 6c de toutes
ſortes de vices : il ſe fauticy ſouuenir , que tant
le bon que le mauuais Demon ſont Intelligen
ces actiues; mais le bon s'appelle eſprit du Sei
gneuizôc le mauuais eſprit parle Seigneur: car
lors que Saul fuſt ſacre' par Samuel , il cognu
qu'il eſtoit tout changé parle bon eſprit , qui le
conduiſent S tellement qu’il commença de pro
phetizer, 8c regna en ceſt eſtat enuiron deux
aus : mais apres qu'il ſe fuſt rendu nonchalant
d’executer les commandemens de Dieu, le bon .
eſprit, qui agiſſoit en luy, , ſabandonna en telle
ſo rte,qu’au meſme inſtant, qu'il fuſt délaiſſé, le
mauplais s'en ſaiſiîainſi que nfpus liſons?par ces 711531.] de Sa
aro es :Lëfrit u Sec' Mur e retira de Saul, é* ë-'ë'
!Baffin-it mali” lecraubliqpí* le Seigneur: Il n'eſt pas
dict icy le mauuaise prit du Seigneur , mais le
mauuais eſprit par lc Seigneur : car c’eſt ceſtuy
.~ ñ cy,
784 ÆATRIESME LlVRE
cy,qui aueugle les hommes de Folie 8c ignoran
ce, mais l'autre toutau contraire illumine les ñ
hommes de ſageſſe 8c clairté Diuine : toutesfois
a An meſa-n
c.”
“l’vn 8c l'autre a inſpiré Saul de prophetſe ²,
* mais la prophetie de l’vn eſtoit veritable,& de
ſi Pautre falacieuſe. a .
T H E. Yelle eſt la condition de l’F4ſi1tende~
ment Patible apres qu’il eſt ſeparée de la maſſe
cotruptible du corps elementaire? M Y. De de
uenir &Enteudement Patible Enteudement
äâïckzïllb' Aqent : car Paul Ricius interprete b ainſi par
câefii. be le allegorie ces parolles ſuyuantes , L'homme
aeſZécâ-eé du limon de la terre : c'eſt à dire ( outre
_ le ſens vulgaire) que d’Ame il deuient Ange,
.z Al.] me. de Cdïíl-ſſèrûnt. clic le Seigneur ° , Comme Anges de
S-Niaïïhïïffl Dieu: mais ceux_ ,_ qui auront inſtruict pluſieurs
/ à la piece' 8c à l’eſtude Æhonneſteté, Reſſvlcndironç
d A" dcmîucommedcsuſires d. k
c.dc Daniel. plendiſlſienſit
T H. S1 les Ames des perſonnes illuſtres
quelque iours comme les aſtres,reſ

pourquoy eſt-il
Pontifgquâd pluſtoſt
il fſiaict commandé
le ſacrifice pourau ſoueraul
le Lepreux
de laſcher Foiſeau , qui a eſté baigne' au ſang de
ſa compaigne , ſur la ſuperficie de laterre , que
de luy donner la volée au ciel? M Y. La refponcc
. de ceſte queſtion eſt cachée parmy les ecrets
dela ſcience ,Diuinezôc combien de temps auſſi
doit demeurer chacune ame en terre , quelle
charge 8c quels offices luy ſont àſsignez , qui
ſont les-remedes 8c les loix de la reparation de
ſes Fautes _deuant que de monter au ciel, là où il
n'y a rien dïmpur ,rien de terreſtre , ni rien de
fouillé s toutes leſquelles conſiderations ne
, doyuent
SEcriON XVI. -785
doyuent point eſtre curieuſement recerchéosſſ .
pour deux raiſons , deſquelles la premiere deſ
fend de ne paſſer plus auant que ſentendement
de l'homme ne peut porter; la ſeconde de ne
rien entreprendre ſur vne' autre doctrine, pour
ce que ceſte matiere appartient aux Theolo- '
iens. A
g T H. Ie cognois que ie te ſuis tantimportun,
que ie ſemble pluſtoſt d'eſtre ſor,que d'auoir'en
ſi . ton
ſins endroit quelque
inſatiable diſcreriommais
d’apprendre,& puis
que ie ne que
vois perie
ſonne,qui ſoir plus prompt d'enſeigner ce,qu'il
ſigair, que toy, accuſe t'en toy-meſme, puis que
ru m'as donné ceſte liberte' de tïnterrpgenle re -
demande doncques cecy , qu'il te plaiſe de con- -
clurre ceſte diſpute de l'ame ( puis que nous l'a
uons aſſez debattue ) par ceſte derniere que
ſtiomà ſçauoir , ſi tout ainſi que le premier En
tendement -de end entierement de Dieu , tout
- de meſme le lËcond depende du remiet, 8c le
troiſieſme du ſecond , 8c ainſi conſecutiuement
iuſques à l'En_tendeme~nt’~de l'homme , qui eſt
appellé la derniere des Inrelligences? M Y. C'eſt
l'erreur des anciens Academicieiis , laquelle
Auicenne ſouſtient² fort 8c ſermqquandilpen- a A" &Mah
ſe, que Plîntendemenr de l'homme ifeſt pas au- S-pnrtie du 6.l.
tremenr illuminé que 'par la Lune ,~nila*Lt1ne—Ë_ffeÎ{ïjſ°“Fî“
' beautéſiorce
que par Venus8c ,vigueunôc
laquelle luy communique
lesautres conſecuſa Algazcſ;

_ tiuement de l'vn a l'autre à ceſte-cy , iuſques à


ce qu'on ſoit paruenu au createur-du Monde,le—
-quel ils diſent n’auoir rien produict , ſinon le
premier EntendementucoutesſoisAuÀerroës re
iccte
7S6 QVATRIESMI LIVRE
;LŸÈÂÈÆÆ iecte ² ceſte opinion , cſcriuant que toutes les
_ z. …le why_ Intelligences des Orbes 8c toutes les formes des
ſlfflïï- choſes dependent immediatement, 8c ſans que
"ſi rien (oit interpoſé , de la premiere cauſe; 6c que
tout ainſi que pluſieurs miroers, deſquels les
vns ſont plus grands ou plus clairs, les autres
plus petits ou plusobſcurs , repreſentent le S0- ~
leil par ſa lumiere, ou plus clair,ou plus obſcur,
ou lus petit ou plus graiid,que tout de meſme
auſi: entre les Intelligences il y en-a, qui ſont
plus claires 6c plus parſectes que les autres. Par
ï ainſi ceſte ſentence me ſemble beaucoup lus
probable ue l'autre, laquelle monſtre combien
elle eſt a urde aux Eçlipſes dela Lunezcar elle
, ne pren pas ſa lumiere de Venus , mais du So
leil. Car ce ſeroit
qiſvnſſdiſoit , lorsne plusarregarde
qu'il ne moins la
que ſi quelà
lumiere
trauers pluſieurs petites pieces de verre, que la
lumiere ne peut pariienirà ſon œil, ſinonpar le
moyen du premier verre 5 ni au premier, ſinon
' llearmoyen
le moyen du ſecondsni8cauainſi
du troiſieſme', ſecond,ſinon par
conſecutiue—

ment. Car voilà d'où tient ſon origine l'ancien


b Iambuque ne impieté,par le rnoyben de ceux,qui vouloyent
au Ldes myſtc. comme par certains degrez venir des Hom
ÎF* 4°* ESYP* mes morts aux Demons , 8c des Demons aux
Ÿſiäſpſſgyuäpfl,, Heroes , 8c des Hetoës aux moindres Dieux, 8c
cil-SM Plorin- de ceux-cy aux grädsDieux des nari6s,& qui ne
pouuoyent penſer , qu’ily euſt autre moyen de
paruenir au Souuerain, que par ceux-Gy. Telle_
ment que pour ceſte pauſe, 8c pour obuiet à ces
c A" uc_ delmpletcs 1 auroit eſte deſendu par la loy Dz…
rExode. ne , qu'on ne mOntaſt-par des *'- degrez à l'autel
du'
SEeTÎON XVI. 7S7
du Seigneur, 8x' ce par expres commandement,
qui a eſté mis au pied du Decalogue,à ſin qiïon '
n’en pretendiſt point cauſe dïgnorance. Voilà
poutquoy Dieu parla ² à Moyſe,& Pillumina de ade,AuNombm_
nxhnp.

ſa clairte' ,ſans qu’il y euſt ,aucune choſe , qui E* ï" w- 3r


moyenna entre la maieſte' de Dieu 8c laſpetiteilcte ſi' ſſh' d' l E'
_ xndc 84 ‘ aux
de Moyſe : car voire meſme que les cptante- ſuivit"
deux vieillards ayent eſte' inlpirez par l'Enten
dement Agent , qui auoit eſté donne' diuinc
ment à Moyſemeantmoins on tient que cecy
eſt aduenu par ſexpſes cômandement de Dieu.
Concluons doncques que ?Entendemët Agent
(ſoit le bon Ange, ou ſoit le mauuais) ne peut
prendre poſſeſſion d'homme viuant ,ſinon par
le conſentement de Dicu , iaçoit que nous ſo
yons illuminez par la. claírte' de l’vn,8c trauail
lez ar la fureur de Pauttezôc ne faut pas (voire
me me qu'il ſoir veritable , que nous ne receñ
'uons point de benefi ces que par l'aide 6c mini?
ſtere des Anges ) que pour celà nous
rapportions tels benefices à autre,
qu’à Dieu ſeul, duquel ils
les -reçoyuent pour
les nous faire
' _ tenir.

Fin du quarſſriefme lim-c.

DDD
__-——ññ’

788

S o N N ET S v R L A
MATIERE DV CINQÏIESME
liure traduict du Theatre de lean Bo
din luriſconſulte par MJF. "
de Fougerolles D.
Medecin.
P7**
, *l*
v

m' voudra maintenan” retirer ale la !me


Son eſprit abbaiſléponr l'eſſayer l: cieux,
Et garder que deſſu; ?Ocean Parilla-ux .A
È” 'volant la moitenrſês diſk-ran: nflmfcrre:
' ſ Mſi! vogue dan: Azſgo Pour la raiſin conquer-re
De l'aflnyqñi relnit à treize diuersfiux:
@gil perce le lamóríó' des arbes lumineux,
Et' l'gſm-til aZgdreſſde leur criffialin Û/erre: _
Il 'verra ſti-nb: ſê: pied: tourner le cercle rond
D” ciel Forte-flambeaux f” ſein centre profiml:
Il 'verra dr deſſm le: efloiller brillante:
Vn million !eſprits ſi-ruiteurs du grand Dieu,
@Lila monde rauldmtgourterrterzt de ce lieu
.Ayant comme le _feu leursfimflamboyantes.

LES
_ W a 789
1.- … P, EAN c IP Ar v,
"XDOL-ÃÎÈÏ-\Iâ -DES H-o S E S .UE-LEM
ſont traictées aupcinquieſme liure du
Theatre de la nature. .
K 'k , ' -' L
A1. -~ V' 1

Auquel le Theoricien diſpute auec Myſta—


gogue des corps celeſtes,de leur nombtqmou
nement 8c grandeur. -_

D: la definition dd ciel, @combien il y a de cieux.


Section I ~
Du mouuemït de: ciexuzde: .aſh-ex cf7- desplanemll.
De: Intelligent-mpix' fin! mauuair le: Orbe: tele-ct”.
D”Inambrtä-
I I. grandeur de: eñoillcsgqni fi pendue-rt
>

'veoirx - [WI I I.
Deffióbere.
L1 Eli/lance ſ de ~ la terrez iuſÿldes
- 'l t' à la huictieſmeV.
De la diſtance (rj-grandeur de chacunplanete au re
gard debate-mr. ſi ſ ſi ſi ' VI.
D14 'fond circuit de la terre.. a x i" 'T' VIT.
De; Eclipſê; du Sol-cil (j: de la Lune. e" VI ÏL_
Deprincipalement delay-ne
la force é" Puiſſance-de -à-…Pmdz-an
chacun de: çorp!
des planete-tſi

iinfiricürs. , -- . . ,: ſi ñ ~
Della ſtſimatzan-_du monde-filon ſés partiçr. ï
Des Idée: Platoniquesócç z. ſi. Mg'. .ï XI.
De: Anges, trztelairtsîctde_ :quart: chgſês. ï l XII.

-_'*….-I.- ,ſſ;:. .m, ,' LJ” \JD D: z 'la .l


ClNQyIESME LIVRE
DV THEATRE -DE
LA NATVRE, ,…._
W. j(
çzfuquel il eſt traictë des corp: cele/Ie: de [cuir ml
' iùragrandeur cé* nombre : de leur: flrmenputſſæzncex
@effects : de l'harmonie des Un: auec les autre-AÔ- de
tom en eméle à canſêrucr l'E/Ia! de ce Inandeæíe leur:
intelligence.: é* de Dicuſônucmi” createur E9" confèr
nmenr de toutes cheſt-s. Et premicremcrzt de la defini
tionó- nombre de: cieux.

.\ SEcTioN ~I.
_ _cd v. 15E. 4I\ ' ‘ _.

.ñ…_ LE THEoRici_EN.
V i s que la diſpute de l’AmË:
nous a tite' à contempler la na
‘> _ p_ W" ture des ames 8c corps celeſtes,
ñ 449p qui ſont laplus noble 8c meillem
>’ ’ > i* re partie du monde,dou vient
.qucplulieurs ont -re-legue' ceſte cognoilſzince à
.la diſcipline des Mathematiques? . - ‘
A 7\' .. 4 …. ñ LA,
l LE MYSTAGOGVE.

1l eſt certaihqut toutes ſortes de diſciplines


ſont
-SEcTXON I. ñ 791
ſont appellées des Grecs MacG-Lula, toutes-ois
la propre 'ſignification-du mot s'eſt accommo
dée ſeulement aux ſciences ;deſquelles les deg
monſtrations ſont plus certaines,telle qu'eſt la
Geiometrie , ?Arithmetique , l’0ptique,la :C27
ptotrique , la, .Stereometrie 'Sc' la Muſique : de
ſorte. que_ ceux , qui ont doînioinct ?Aſtrologie _
à celIes-cymëont-pas ſeulement diſtraict l’hon—.
- nent de la. mais
la maiſon": ſcience naturellefflomme
aufflomſieſtécauſe le toict de
Œvnegrandf
confuſion parmy les artsvde îvlàtlrematique… z
T H E' o. Pourquoycelàëlÿl YT s. Pourde-qne
les Mathematiciens …ne traictét autre chpſie que
ce,que la penſée ſepare premierement dela ma?
tiere: au contraire les Plryſiciensdq
tout ce,qui eſt enclos;
Mathematiciens auuſein-de
ſepaſirent' lamſratiiegezles
:par-leur . penſée.: les
nombres, les poinctsszles lignes, &-121 &lperſicid
descorps, 8c ſeñretitantztant
uenſit detoute lning (lt-tilt
ſortezdennou-uement ſizlcsiP_ qu'a
ſiſiâï.
ciens*
ſens 8cauducontraire;
mouuemeut ſhyÿuent de pres
zdocttëcſtfll; quelaIÇDÊMF
traite dei-i
:ſa
trompent
ſ les: leplus ſouuent-;Ædoùeil
Nhthelnakicicnsi ne roimhêt pasaduientgque
:meſine htm
ſiibtilltezzmechaniquesz , ÏdîautantOntælazmaricœ
appuyéèszciſiiit _les lſiensnÿïqrſelles qu'elles ſont
annexeàleurs-demonſtrationsNoilà-poiitquay(
Archimeddrefuſa magnifiquement ,wdersfflſitiïèií
à-zlrqlqſtptſiné ſes inuzentiósmechaniqueszptæufis
éc- (diſait-il à ceux, qui lŸen ptioyent) que lap, . *IAP* R
inſtruments miechaniques' auoyentfflreudtvlz .quiz
Maarhemariquecſiquile. En ſommcyceuxqui-diſil
ſpupefitsdpsi Mathematiques en_ Bhyſioiensd-ôfi
db D D I) 5
~ F(
z/

792 CINQYIESME Livns


ceux qui diſputent de la nature en Mathemati
ciens,tenuetſent de fond en comble les princi
pes de l’vne 8c de l'autre ſcience. Cat l’Aſtrolo—
gie eſt de ceſte ſorte, qu’elle n'a rien, qui ne ſe
puiſſe rapporter aux ſens 8c mouuements ,' deſ
quelles deux affections les Mathematici-ens ſi:
detournentgtät qu’il leur eſt poſſibleyeu qu'ils
ne croyent rien ans demonſtration ',ñ mais il eſt
impoffible,qu’on puiſſe tien demonſttet par- les
ſens , puis qu’il lent. ſemble ,que le'Soleil'~n?a
pasdenx' pieds cie-large, &que la terre eſtÏfott
gtandeglaquelle nîeſt pas 'vn po-inét à comparai
ſon du» plus haueticielz. Finalement , qui dolutera'
ue' les bo s cVeneſiut
ghdiffihcerldu eſters' n'a - artiennent ‘a de
8c Ëgntemplareur a. co
na
cutezpuisqtfils ſontcompoſez de Forme &mas
tretearCatzAtiſtoteifarconioinct pour autée ſhi
les quatre liures du cielaux diſputes de 'la Pñlry—
ſiqnçgque pour-ceſte-taiſomlioutes-fſiois ,ll a-pafï
ſéïl-_egäefrent ceſtlî marieteiparce ;oomrnîediu
ſoir!eprocipioefdrt
vſſſſh a droicïtPPÏOÏONÊIÏC'
ton,- uŸelle-eſtrqàçæîïè:
ñv 'q ul; :P,B «zz-Il
u;
'J L) 5T. HiEſiiCËïéſhſſ-oäque le -Ciele MY :Nnraniä
mal auec Entepdèihentzqui-«ſe rſineuſttoiiſikûirs; l
3K1 Llfzihæívnedame
'Il miLPoutqnoyxSſt-.il
, quilleAipinialëùM-Uars-.Ïlloiirâ
Miuiſie ſ , ſans Laquelle
œ.
l ‘ ſterbriites ſercxyenñt-_plus exceflèntesqne
l-edafflresicar la chotfegxqiçgwit auec forccſôc &ds
tinmont ;eſt beaucoup. plus excellente ;ſſqllç-'de-z
qvíi Enfa- nt iſenszſintg viellîavpinſhquäd **Ezſiechiel
a Au 1.8: io.
chap. cſCtiŸ-U'dqlllî"l-G'_s.*IOÜCSÙÇÛlIC-&ÛS ſe tou” ent
Pctiiniæçi-ansrlfautrc-;ilíeniicniiquanrëÿdqaa mai»
fbidcltſanſſtlquſio deſtoitppouræaiſſutintqbeflfcfiirtſſjè
i 'cï (I Cl de
SEcTioN I. 1- 793
de vie eſtoit en elles. Ciceron a tres-bien dict
à ce propos,que les aſtres eſtoyêt des animaux.
8c qu'ils auoyent ſentiment. Touresëſojs ce '
:feſt pas aſſez que Theophraſte 8c Alexandre z Au"... du
Aphrodiſée ² ayent 'appellé' le cielco-rps ani- Difficultsz
mé' ,1 car cela meſine eſt commun auf-plantes, 'P' ~' f.

mais nous ne Pappellons pour- autre cauſe na*


ture
nec leintelligente , ſinonpour autant ,qu’il a añ» _ __
mouuement &ſentiment *Intelligencoſſi
Tia.
oril Faut neceſſairement-que tourceiyqui en. ñ v-ſ
tend , aiſt auſii ſentimentïôti. mouuement :car,
ainſi que nous auons dict au' liure -prccedentl
le binaire eſtadiouſte
auonsaulſi compris ſoubsauec
ani-mal- le ternaire.: nous v
Entendemenſſt
quiſé meut touſioctursàfin qifil y euſt «liſſer-Eee c._v yr.—~
entre-le ciel, lesAnges-ſi, &les Alnes z ear, ia….
çoit que S. Baſile ë ,- S. A Ambroiſe , Bit-Bed” c bien ſon Exa
ayent eſcript que ſoubslezmot; de.ñciel:"*ilFaill fës'u°r"ſe Gen_
comprendre la nature des Angescen-Yllyſtoi- '
re — dela creation &c ouurage dumondh (iparce,
diſent-ils,, que lanature duſiciel ôc-dest-Anges
eſt douée d’Entendement) nean-moinsrzles *Az -
mes .Angeliques ne ſont pas en continuelauou.
. nement, ni viſibles , comme' les autreswmps
celeſtes. 0-1', pour preuuerque les cieux. -Ont
vne' riatuted-ouëe d’Entendement,ie ne: veux
point. id’airtte argument que ceſtuy-cy ,par lea
quel Theophraſte 8c' Aleätandrepr-ettuent qu’il:
ont animez : parce que.; diſent-dh', ñſilescieuät
ifauoyent la Force Ïomtndro , iilsq-ſenoyent
beaucoup inſerieurs- 'az laidignité 8c, egipelleiica a comme Ra_
des hommesNoila pourquoy'. «Abraham ,Miam bi p-njd_ cuſ
Eſi-a d .ayant “Îfltctptetéz 1- réa-g? de ;cdi idèap' ?Lizz-ſzfi ‘°
ñ i 4
794 CÎN-;LVXESME LIVRE
motsadu .Pſeaume Le: cieux racontent, a eſcript
que la' diction Sapperim , ne ſe pouuoit accom
' mode: du Conſentement de tous les Hebreux
à autre nature qUŸà celle , qui a E-ntendement.
Item,cccy de 'lob ſignifie vnc puiſſance douëe
²^“3‘*‘²l‘²î'~ d’Ente—ndemcnt quid il dict ² : Lars que le: eſtoit
les mdiiniere: .Weſíoui/ſbyenr enſêmlólnc-ÿ- chdntoyent le:
louange; : cc que meſme le maiſtte de Sageſſe
1, Annaba,, ſemble aucunement ſignifier b ,quand ilî dit,
Pffluïïbïï- queDieu a crée le: cieux auec: Intelligence.
T H E. I'au0is~ autres Fois appris aux eſchol
Ics,quc les cieux ne ſe mouuoyent as (Yeux
meſines , mais quïlsñauoyent des Intelligences
ſcparées, qui les incitoyent au mouuement.
&fkzâàlyfiſſlâfflä M Y. (ileſt la doctrine &Ariſtote ï z mais Theo
6._Etaui.l.duPl1l~1ſt0 6c Alexandre ſignifient aſſez, que les
c’°”ï“' -‘ cieux ſont agitez de leur Ame propre,& qui
_ſſ î.; leur eſtî cocſſentielle , quand ilsrenſeignent,
' -’ quüls ſont des corps animez : car i le Ciele
ſtoit roule' par vne Intelligence exterieure, .ſon
— mouuement luy. ſetoit .accidentaire ,. de ſorte
qu’il ne ſetoit pas autrement agit-Emi tous ſes
aſtres auec luy,qu-vn corps ſans ame par .vn
moteur exterieur., mais qui ne veoid que le .
mouvement accidentaire-cſt violent Z or .eſt-il,
qu’il n’y a rien dcviolenr enla nature, qui purſ
ie eſtre de longue. dntéc.: mais au contraire
nous ne voyons rien de. .plus longue durée, ni
de plus conſtaugque le mouuement du ciel.
,, TUÆLLſappcll-cs tu AſtreSPM Y S T. Animaux
…J .4 ccleſteidzqui ont .ornez cſlntclli-gcnce; 8e: de .lu
.ri z- micra, 8c quiſdnten cóainnel mouucmentſiCe,
L33; quiicfiz. aſſez. ſignifie; pæezles- girolles de'
z -’: nic
Sircrrou I. 795

niel , quand il eſcrit ² ,que les Ames de ceux,


qui ont marché rendement en ceſte vie, 5c qui ſiſi ſ P”4"'
ont reduict au chemin de pieté pluſieurs ,qui
s’en eſtoyent deſuoyez, auront , comme des a
ſtres reluiſantgleur ſiege 8c domicile aux cieux;
par leſquelles parolles ont peut entendre ap
pertement l'eſſence 8c figure tant des An
ges z que des Ames celeſteszcar , tout ainſi que
chacun
en des autres
ce monde pour animaux à ſon lieules
ſon ſeiour,comme affigne'
poiſ- ſ
ſons la mer ,le beſtail les paſquis, les beſtes
ſauuages les montaignes 8c ſoreſts : de meſine b ce u; d…)
5 Otigene , Euſebe 8c Diodore diſent, que les fiſmcÎ-,zſpjſu
eſtoillesſOnt-es cieuX.Ce qu’ô peut auſli entë- de la ffiïïdïî-Ëv
dre par la cortine du pauillôflaquelle ce grand 1°"
Legiflareur Moyſe fiſt orner d'images des
Cherubins,pour monſtrer que les cieux ſe ma.
niſeſtoyent par la face Angelique des aſtres. En r E'
Cóbicn que ie nc doute pas , que &Auguſtin ï, ffflñdiſjfl ſſzct_
Hietoſme d , Thomas d’Aquin ,'l’Eſcot & plu- +zñ Erſffln
, . \ 1 ë: red: Gen.
ſieurs autres n ayent bien: propos appelle ce 451,… n…
monde animal : toutes-fois* Albert ,Damaſce-Â- ffl=ctïï4ï~ffl²"
:le 6c- Thomas d’-A qmn
. .
ï ment que les corps ce- ÃcEnç,laScſi…
l. aruc
z,,
lcſtes ſoYent animez: mais ledict Thomas d‘A— e!) 1H3- q***
uni ſe -monſtre en cec fort variable 8.: con- W" d"‘~^ſſſi
q _ \ ,ñ y P , - nde.
traitez ſoy-meſineÿaſce qu 1l confeſſe que tel
l-e-S fiibſtances ſpirituelles #uniſſent auec les
corps celeſtes s cequi nezſe peut .faire, ſims
.qu-'au prealablc ils .ne ÿvniſſenr 'en la meſine
Hypoſtaſe' d’vn corps animézſi ce corps eſt uni.
mé,,i~l ſaut necelſarrement qu’il aiſt viezôcdquFil
ſoit raiſonnable ou irraiſonnablezſi au .contraiz
træire ceſte ſubſtance ſpirituelle n'e fait pas vnc
DD D j
796 C I NW! t E s M E LivnE
meſme hypoſtaſc auec le corps celeſte ,il fau
dra iiecelſiirement , que le mouuement du ciel
'ſoit accidentaire , comme venant exterieure
ment du moteur au mobile ,ne plus ne moins
que le mouuement d’vne rouëyient de celuy,
q'ui la tourne :laquelle choſe eſtant abſurde, il
Faut auſſi neceilairenient ,que ſa conſequence
ſoit abſiirded , .. .
T H. Combien y a—il de Cieux 2 M Y S 'izlleſt
difficile cle pouuoir definir leon-nombre à cau
ſe de la Varieté des opinions, qui-ſont entre
les Autheurs' toutes differentes les vnes des
autres , 8c à cauſe de 'l'incertitude des demonñ
ſtrations de telles choſes: car -Eudoxus à deſi
ny, que les cieuxauec leurs-orbes deſetents
ii'eſtoyei1t pas plus de vingt 8è trois en nom'
bre. Calippus en a mis trente , 6c Ariſtote I*
“uſhhdch quarante 8c ſept , lequel Alexandre Aphro
Metaph. diſée aamande' b en y adiouſtant encores deux
b En ſes com par lîaduis de Soſigene , Prolemée tient qu’il y
mcntaires ſur
lc iz.liur de la attente &cv-n otbe celeſte n'y comprenant pas
Metapbiſilrioù
il raporte l'o les eſtoilles ou corps lucides des planetes : Lean
pinionde Ca du Mont-royalñen met trente ôc-trois ,î l'opi
lippui &TEM
doxus. nion duquel eſt preſque ſuyuie de tous ,parce
qu'on n'au0it pas' encor' cognudu-cemps dp
Ptolcinéhque laHnictieſme Sphere-&tout ce
qu'elle contient: fuſt agité-du mouuement dc
trepidation :par ainſió il veut que, laLune aiſt
cinq orbcs , Mercure ſix. Venus ;Marglupiter
8c Saturne chacun quatre, &t le Soleil trlciisgsu.
tre les
par eſtoilles
deſſus ou' cor
ceux-cv ſoikits encor-les
lucides des: aneres:
orges. dela.
Huictieſine , Neuſtieſine :ô: Diñxiſieiſnre … ſphere.
~ "-K ~ . ~ Mais
/
Mais Coperníçtenbutïelät
²--SE~cT1o*N— lbpíniôdffîudoxus
I; ~_ 797
veut que la êerfeſóic agitée autoſixir duct Soleil?
lequel il fait 'immobile au milieu du monde' :il à
auſſi oſté les' orbes cccentriqucs ;ile ſorte qu’il
a ſi bien diminue leur nôbie , qtfa grand' Peine ‘
e'n peut-on
deſept trouucrzhofſmis
orbesz ’ ~ les" Epiéydesdalus
ſi ct .

MT
Y s.H E.Recourir
Wc fraudra-il faire*foflëtfaineſides
à la ſacrée èſſreîle Varieté?
Hc- ſi
breux pour recercber lesTeckcrctsj d"imc_choſe‘
cant cachée ä Plînrendemcñr MTl-Ààhäme: caf
dn- nepouritóitmiçtíx
quelque sïídréſfficppùf
reſoltitibn cexmine ,Wind de en auqit'
recóurifſſ
à éës auteurs îfàcreti puiè que jzëlîanilfori ,ë ui’
faſt commandéîdeſitírc ² parce=gkäñ²d î Legiänſ
fleur Móyſejj-a eſté commelfflſirchëctfÿÿe du m6- a :u zz. &de
dezîayânc dix bottines" Pvne ſur “Yànccttë ornéesfflſiuîfſlîäîifſfiîg
duî pódrrfiälſictïäek ëCherubinszlefiſuîelles ’reprc- Hſſcbrcir .en ſes
ſehëoyenvlès* dix cieuxîauec là' IJLÈŒLÎËËÎ' 'de lcurs'^"‘g""‘î‘
aſtffls feſÿlêfidífàns. îEt meſmefldoinbien qÏAÎ-'ſſ'
biïäÿàm AbefflEſtëſäiſt ignorſéſſ_ Ièct-híbüilemení
&èæeÿídaræódxzeëndzóóins il~ 'intel-piété
fldffibre dèä dix orbcsſi-celeſtes eſt ſignifiéqiie_Pat
le?
COREL] du PŸſſeäunſilë ct,² Le! cieux' ſrrrtfflou roi-age" deſ
zïéJ-dàgHl-ciſhtagbkíens 'auffi nſbritſemblé a'-'
uoîf' cóneluâ Iéîfiiäſine nombre ;quand ,' outre
IäJŸcerré 6c' ïlëä Îiliiäïkcÿeux , ils fihſinagctiñbyeſſnt vn .
ÔPbÎË-Ahïjſizflbiizÿàree 'quëils n’auo‘ye~nc Éäà entoi”
Biën'cëbipíis-läïóbgfróilïſiancedes'md 'demeure
èelèflesî: coutèsêfbxcfils tcctnoyeffi ſîiîeſoſiluf
qíïiliF-xilloit "édneluiflrleu noníbre ſiffle De
UHF-ſas z. _Itjſfiäj …:233 -. "'.’.‘.’!I'.)!,'.‘.Ïï.)ſ.'5 , z ' I .

MSI…. -uaithoæitë dëîtels zeœfiùaifis a bien


3H0 ſi ſan;
798 CINQJÏLESILÆSſLlVRE
tant depouugir ;enuers__mo_y.,, que ie la prefere
auantagcuſei ieñtaux raiſons de ,tous lesauñ.
tres :toutes ois_,ie;prcndrois grand _plaiſirz que
tant qu’il te, ſeroit poſſible ,, tu prinſes la peine
de la àmoy
faire declarerſpar_
oeriiiç‘,;._q;uictne raiſons-ä
croyent_ _cauſe de
rien ,ſinon ſurſatis
bon
gage'. M r. On peut certes monſtrer , qu’il y a,
- dix orbcs rxiobiles., par, leſquels les flambeaux
* celeſtes ſont pprçegordirzqirerpent _ſelon leurs
cours : tourçsſoision ne_ peluttldempnſtrer par la
Force des meſmes _arguméts__le.c_iel _Criſtalitgñgui
eſt le demis! dF-,ïoiïzs-rôc .qui sncloik .tout cc, qui
eſt contenu uis noſtre ſçiquprerreſtreiuffi
ques à _ſïſlîupçlfflſ ie., eſtantîiznmobile ôçlimië'
tant les derngçrshors. du inqndejzauſſi Dept-ut;
il eſtre compris au,nombredesçiejziyzpuis
a autantſdediuflzance defon- _lusſſprochequ’il
iuſg
ques älu _';._que_dç_l’Oceaz) ipſäues ,au ciel, deg_
- eſtoilcs XËÇ, comme nousrnqnſtterqns par _çÿi
apresïcïſt luxzduquelpqxïs &nousparlé Sii… Pſ9'.
mier liurqzquanjd nous delponſtrionsffluffil ;ana-g
"toit la region Element .~ 'e Parinnu-Ïdetfiê des
es eaux, deſquelles ſoneËnçe eſt entierement,
parfecte : cat _lÎeſſence desgauttegſñqomme 139155
anons dict au, _meſme lieu ),—eſt_. _compoſée d'eau,
8c de Feuzçc .qui QPFOHPÎÊLHFÎPÔÃUE àçFſtuY-cYz-U
r T H_E.q,i\.‘j’gr,quels qdonçq argumcnîsudq-j .
mfflzſtrc-Qïäſiëäræîfl-r-auäíxorbcñsçslzcſtcs?Mii-Idea
anciens_.,a|,i’_qyçiit_,p.ſſez cognu, qqïſſputre les, ſept;
orbcs deep-Tigres errants ,ſii yz auoit vn _orbfi
des cſtoilles,, _qugljlsz penſqyengçfauoir qua-zz,
ſimple mouuement , iuſques au temps d’EudoF~_
ilçus de _de Marwan. quiençëçíäéflesærcænicrs , .qui
. _ . ' ont
‘ ~S.E'*c²'rio'N~-_I. "p 79~9
ont' apperceu par pluſieurs îobſeruationsë, que
les eſtoilles eſtoyent portées peu à peu tout à
rebours de leur premiere agitation , 8c que leur
orhemutreſon mouuement ordinaire d’Orien~c
en Occident.; ‘ſe rouloir d'Occident vers l'O#
rient : apres' ceuxſicy _vint 7l imoc-hafes', Hippar~
chus 8c Menelaus; &à quelque temps apres Pto- ~
lemée , qui confirmerent Pobſetuarion des au'
tres, aynns apperçeu que leseſtoilles(leſquelles
on eſtimoit auparauanr conſtantes à ſe mouuoir
d’vn ſimple mouuement) ’s’eſtoyent remuées
_de leur poſition' premierezqui fuſtla 'cauſe,qu'ils
eſtimerët bon d’aiouſter vne Neuſuieſme ſpheL
re aux huict inſerieures. A ceux-'cyſuccedarent
lonä temps apres les Arabes sèëEſpaignols, leſ
que S ayans rencontré dam-Roys Fort ëſtudieux
des ſciences' celeſtes , à ſçärtóir Mcnſor 8c Al
' phonſe , ÿadonneríenr à recercher díligemment
pluſieurs 8c affidues
les mouuements desobſeruàrions ils remarqué
cieux , tellement que

\et que la Huictieſme ſphereaëtlec les ſept ſiiyſi


nantes ſe-poëreit-enſeſêouknahttîu Septeutricín
vers l'Orie_nt~, 8c de la vers' le Midyäëé puis apres
qu’en paſſant par ſêécidenffelle 'ſen retour'
nóic-Enauóznem-ëçñie-scp-óóaædçùzzïsc que rei
mou(lekñèntſfacóbthplílſqif 'ſicfi 'lſieſpäcc' de ſept
ínilleëannéestce' que ,Iehändkifllÿlërht-_royal Fran
ÇÔÎS-dcct: nàËÎÔh< * ctaîdèmbfffflffllſſàiletſifflvnt' Plllä * Franconim.
gmnd' dexëçqiëéë qqcïpersdndèïszaudiç -encof
Faict auparauaxïhïnùttſië &diligence 'admirable "à
demonſtrer la Neufiiieſffle (ŸlièlfëBlàëſ-lféne frit
ſon mouuement tenant la routte d'Occident
vers ?Orient en neuf mille anszdelà on peut
conclurre
—- ~
.

800 C !Nqgjfllzâiflſtîz Li vnnp V


conclnrre quîil La' dix cieux en— comprenant le
dernier Orbe, q_ irauiſt tqusles .autres en vingt
&quatre heures,... ’ .. '
T H. Pourquoy aflnſi Z _ M3135 Pource que
a Ariſtote au chacun corpstnaturel ²t n~’a.qu’vn,propre mou- '
;äflëägä- *à* uemennqui_ lux _ſpit naturelstqus les autres ſont l
34,41.. dd, ,volontaires oujviolents z, ou pour le moins, ils !
ſont outre la uaturerde la choſezqui ſe meutzcar l
tout ainſi qiſvne_ pierre. ,ne .peut de ſon propre
mouvement ,monter e_n haut &deſcendre en
,bas ,-, aufflne peut vn meſmeciel, aller d'Orient
en Occident',
moiſſnsde &d'Occident
Septentrion vers en
,le Orient 8c encor*
Midy', ſims quÎil
:faiſtquelquepmouuement exterieur." , - _
TH. Wie Fenſnitzñildelà? ,Mr- ST. Qiê ceſte ‘ ‘
ſoudaine_agit_ation,qui ſe fair_ &Orient en Occi.- ’
dengôc par laquelle .tous les orbes ſont rauis en
yinË St uatre heures, eſt propre _du Premier
* ſ ;no
&quiile,auec'
equel nous Aappellons
emporte Dixieſme
tousfies ſphere,
autres, .neuf
.orbes inſerieurs _zſquezle ſecond mouvement;
_qui .ſe porte en— quarante-.nçuf milleſans par la
.rcmtFczdÏOcci-ienx .cp Orient_ s eſta-ir. Pour ceſte
cauſe ,appellé Ifflangtairçuiſt Proprede la Neuf
nieſme .Evere-laquelle le coxnmuniquc auxili
tres huit): infqrieuçes: que le_ troiſieſme mouz
vement d_ \xi !Êſemblïe à.” a qui. .char-celle ñ eſt
ñ- P²°Pffldë s-.HuiótxiçÿvcſEhcre-,Paalcquclellc
' faitauc vnçzygntppdertoyençn. ſept mille anis les
?titreszſi-.Etprbcsínfsrfisurs-horëlpäpolès-axes.
&centresdctdëux ſuycriczuxs», 1 — d :-v ñ î -
LP, ‘. *z

. D.. DE'.
SEcïTxoN Il; 801

7)” manner/tem de: Cieux, des Eflailles .v é*


des Planet”.

_S E c 'r r o N I I.
ï

T H.0n m‘a enſeigneflque tous les cieux ſont


agitez d’vn meſme mouuemcnt circulaire. M Y.
C’eſt l’aduis ï d‘Ari’ſtote 8c 5 d'Alexandre ,qui ï _Au z. li.du
n’ont iamais bien entendu les -mouuemens des &I; ,Jun
corps celeſtes, 8c encor” moinsñla doctrine de les difficult” c.
pouuoir comprendre à' cauſe de ſon-obſcutité: “'
car , qui euſt jamais ſoupçonne' , ſinonparlonz
gues obſeruationæque les cieux feleualſent -du
coſté de Septentrion- de neuſdegrez en haut, 8c
sïibaiilàſſent par meſme moyen du .coſté de
Midy d'autant de degtez en bas ,- tantoſt s’encliH
nants vers ?Orient tantoſt vers l'Occident, ini'
ques àce qu'ils s’en fuſſent retournez au. point
d’où s'eſtoir faíct leur depart 2. :Et certcsóon ne
pourrait zrouuer un plus fort argument, que ce
bigearre-mouuemectnt , 'pour monſtrer que les
raiſons &Ariſtote ;par leſquelles il eſtablit l'E
ternitédu monde , ne ſont dîaucune valeur;
comme nous auons 'def-ia' monſtre' au preñ,
mierliute. Caf il ,vent queles cieux ſoyent conde.
flans, 8c' qu'ils n’aye’nt outre rrrouuemët que ce
luy de-'leurs parties,ce,qui toutesfois eſt appet
rement ſan: , comme ont peutwirparñle mou-z î
nement de trepidation. Nouszclirdrzsdoncques,
que le mouuement du Premiemoizbe eſt ſimple,
8c îque ſes bles ſont immobilcs tique' le Second
Orbe a dou le mouuemeneôc que le Troifieſmp
l’a
~

802. CXNAVXESME LIVRE


l'a triple ; les autres orbcs ſuyuants en deſccnï
dant ſont ſubiects à ces trois agitations , parce l
ue les trois ſuperieurs communiquent leur
Zire: aux inferieurs :parainſi ce triple mouue- .
ment comprend la triple proportion de nature.
T H. En quelle ſortez MY. Le premier mou—
nement , eſtant comme vne reigle d’Arithineti
que inuariable , 8c comme la proportion d’vn
commun poids balancc',rauit toutes les eſtoilles
de tous les orbcs par vne certaine eſgalite' po—
pulaiteſa ſçauoir, quand le plus petit orbe n’eſt
pas roulé d’autre teneur de mouuemeut que le
plus grand en vingt 8c quatre heures.Le ſecond
mouuemeut eſt aucunement cótraire à ce pre
mienparce qu’il comprend laptoportion Geo
metrique , non pas. par eſgalitéde mouuemeut,
mais par ſimilitudeicar chacun orbe accomplit
ſon mouuemcnnſelon ſa grandeur ou Petiteſſe,
les, petits en peu de temps, ;SC les plus grands en
pluſieurs années. Le troiſicſmqqui eſt compoſé
des deux 'premienrepreſente lai-proportion Har
1nonique,laquellc comprend l’Arithmetique 8c
Geometrique : 8c certes ceſte derniere propor
tion, rend raccord 8c dance des aſtres 8c des
cieux, qui tantoſt vont_ en allant, tantoſt rector
nent en arriere
amctirable. , beaucoup
Cependít que toutes,plus plaiſante 8c
les eſtoillestant
fixes que errances repetenr ſept fois ce branle
parle mouuemeut dela Huictieſine ſ here , la
Neufuieſme les promene en egale diſèince par
tout le zodiaque. en quarante neufmilleans,
quieſt le plus long mouuemeut des cieux, 1c- ‘
quel eſtant venu à ſa periode , tousles aſtres rc
' tournent
tournent auSECTION
dernier poinct, dont
Il. auoir 'eſte'
803le

commencement de leur depart : quelques vns


ont voulu pindariſer ſur ce triple mouuement
des cieux le rapportant à celuy des Poëtes Lyd
riques 5 car le mouuement des Lyriques appelle'
Sttophe alloit de droict à gauche; l’Antiſtro
plie de gauche à dtoict , par leſquels eſtoit ſi?
gniſieflainſi que dit le vieux Interprete dePin-ñ
dare,le mouuement d’Orient en Occident , 8c
d'Occident 8c Orientmpres la Strophe 8C l’An.
tiſtrophe le Lyricien chantoit l’Epode en ſe te
nant debout ſur la lace. On ne fait pas men:
tion icy du troiſie me mouuement autour du _
Septentrion , parce qu’il, n’eſtoit pas encor' co.
gnu,comme n’eſtoit auffi le ſecond d'Occident
en Orientscar du temps de Pindare dÎ-Zſcliylus,
ÆI-Iuripides , 8c de Sophocles , qui ont eſté les
premiers autlieurs des tragœdies 8c montre..
ments Lyriques , Eudoxus n’eſtoit pas encore
nele premier, qui_ a,remai_'tqué_ le mouuemenfit
&Occidenten Orient , ain -l que dit Ptolemée:
mais il faut dire que lînterprete a controuué
,cecy pour recommander la dignité des Poètes
Lyriques. __ -
T n E. Certes ce. conte eſt du tout plaiſant
&admirable , non ſeulement , ſi on contemple
Le monuement de trepidation, maisauffi, ſi on
ſe prend garde a ?energie du Septenairezlequei
eſtant ſept fois repete comprend 8c limite le
rnouuement de tous les oieux.M Y s.Celuy,qui
aura arte-gardé vn peu de pres les admirablcs
ſecrets de la loy Diuine, pourra iuger ſans diffi
culté , que tels mouuements ſont ſigniſielpar
F. E E
804' CiNQj/LESME LlVRl
les decrets allegoriques ,qui y ſont contenus:
î euitiqueLeo
^P ?5-*5-4" veu.
qu’il eſtoit enioinct au peu le. Hebreu ‘. de
ned…. a.. U_ me
laiſſer repoſer àlavn
terre ſans ladecuretourner
tiuer la ſeptieſ
“F-*fflïfflïe annéezôc chacun eſin ſes
terres 8c poſſeflions, qui' auoyent eſte' alienêes
par leurs Ayeulx quarante-neuf ans auípar
auants 8C meſine aux ſeruiteurs 6c eſclaues de
reprendre leur ancienne liberté : car les He'
breux ont opinion que le monde elementaire
ſe repoſera apres
lenaiſire,ſoit ſix en
q le Feu mille
ſoitans au ſeptieſme
cauſe,ou mil
ſoit qu’vn
autre deluge le rauages 8c penſent auſſi, que p_
. tous les cieux doyuerit prendre lin' apres quaſ'
ſante-neuf
quanrieſtnc mille anscomplets
millenaiſire-il , 8è qu'au
y aura repos 'ein'
de toutes
choſes ,- lequel eſtant paſſé ~ u renouuellerà.
encor* le monde; tellemenizquep la creation
8C recreation de tant de mondes ils veulent 4
qifon-entende, combien eſt grande la puiſſance
8c bonté de' leiir Eternel Ouurier. Le mouue—.
ment delëa-Neuſieſme ſphere eſtant ſelon tou.
tes
uoſiſesdevarietez eſgaliſé
la Dixieſme en ~Fait
centvn trente-ſix
degré du Zodia-.
ans 8E
Jeux mois, c’eſt_ à dire, trois cents ſoixante de»
gtez en. quarante-neuf mille ans. — ^ —
~ T iris o. D’où vient ue' le mouuement des
aſtres dela Huictieſme ſp ere' nous ſemble eſtre
quelque-Fois plus viſte 6c quelque-Fois lus cari
diſe M Y s. De la tjrepidation ,’de laque le nous
auons parlé: parce que le mou nement eſt, plus
tardif, quand les eſtoilles ſe meuuent d'Orient
en Occident en paſſant par le Midy contre la
ſuçceſlion des ſignes z ô: plus viſte,quand elles
VQDË
SEcTioN II. 805
vont d'Occident en Orient en paſſant par le
**Septentrion ſelon la
alors le mouuemët deſucceſſion des 8cſignes;
la Neufieſme car
Huictieíſi
me ſphere conſpitent tous deux enſemble.
T nf. Comment a-on peut obſeruer cecy,
veu qua gtand’ peine ſix mille ans ont ericor’
paſſefldepuis la creation du mode iuſques à pre"
ſent? M Y S T. Les Mathematiciens ont iuge du
Lyon par ſes ongles ( ainſiqtſon dit commu
nemeut.) @ant à. ce,quc les Egyptiens ſe van
toyentiadis d’auoir en leurs hiſtoires les: Anna
les de plus de quarante 8c huict mille ans ,il eſt
autant certain , quexce , qui Fuſt reſpondu par
vn preſtre-Egyptien a Solon, diſant, qu il auoit
les memoires des chOſes,qui s’eſtoyent paſſées
depuis vingt mille ans iuſques à luy; combien
que neantmoins vn autre pteſtre du meſme pars
aiſt aſſeure' à Herodote,qiii l’en requeroit, que
leurs Hieroglyphiques ne Feſtendoyent pas
plus loing qu'à la memoire de treize mille ans.
Les Chaldeens ont eſté encor' plus bauars que
ceuX-cy , leſquels, à fin de mieux vendre leurs
coquilles,& de faire ttouuer meilleure leur-doñ
ctrine touchât les ſciences celeſtesffllſeuroyent
.qtſils auoyent employez quatre cents ſeptante
mille années en l'experience des natiiiitez H0- -
roſizopales ²: mais leurs liapelourdes ſe peuuët a Ainſi l'a el'
cript Liceron
;deſcouurit facilement parles eſcripts de Dio auliure De Dz'
_Ÿene Laërtien , qui les rapporte telles qu’on winner”.
. es luy auoit baillées, à ſçauoir qu’il y auoit _eu
cents creme-deux Eclipſes 'en x L v l i i,
lnillc* Dcccczt- X r l r.ans,combien que toutes—
fois il ;ſqit neceſſaire ,qu’il en adipeux” autant
..i _ EE z.
j.
806 CrNcLyxEsME LIVRE
en D c. r.. cat S'il aduient qu’vne année ſe ,—
paſſe ſans eclipſe de Lune ou de Soleil , la ſi1y—
uante en aura deux ou trois 8c quelque-ſois
quatres comme en ceſte preſente année 1590.
en laquelle nous eſcriuons cecy , nous euſmes
deux Eclipſes, l’vne du Soleil , 6c Pautre de la
Lunezſannée ſuyuante nous enaurós trois vne
du Soleil 8c deux dela Lune. Par ainſi, en vn ſi
grand nombre d’années,ä ſçauoir en X I. v r r r,
mille.Dccc. LXIII- il y euſt eu xxx v r r r,
mille.c c c. I. X X x. Eclipſes. Ie laiſſe en arriere
les ſables des Indiens ,Orientaumqui ſe vantent
'd’auoir les hiſtoires des choſes,qui ſe ſont paſ
ſées en ſept cents mille années : au rang deſ
quels ie ne comprens pas le(peuple deSina,qui
eſt beaucoup plus gentil d’e prit 8c mieux mo
raliſe' qu’aucune des autres nations ludiques.
T H E. Pourquoy cela? M Y s. D’autant que
leur Chronologie #approche du temps des He—
breux: d’ailleurs Diodorus ayant diligemment
rccerché du temps d'Auguſte les plus anciens
cabinets des archiues d’Egypte,trouua que leur
annales ne sïeſtendoyent pas plus haut de qua
tre mille ans.Item Caliſtene nepueu &Ariſtote
du coſté de ſa ſeur recercha, ainſi comme nous
a Sur leLliu. liſons en Simplicius ²,la Chronologie des Chal
du ciel.
deens aux memoires les plus anciennes de tous
les Hiſtoriens , 8c ttouua que leurs Annales rie
comprenoyent pas plus de M.Dcccc.trI.anne'es,
les ayant commen cées depuis leur derniere an
tiquité , en laquelle ils erigetent leur Empire
ſoubs leur Roy Nimerod enuiron deuxcents
ans apres le grand deluges ce qui fapprofche
dd orc
SECTION II.; 807
fort de la ſupputation de tous les Hebrcux :car .
Ptolemée fondant les racines * des mouuemens ‘* Les Bret.
celeſtes ſur la Chronologie des Chaldeens a
compris ſix cents ans depuis Salmanaſſar iuſ
qucs au temps de l'Empereur Adrian ,leſquels .
ſi nous adiouſtons au temps , qui s'eſt eſcoulé
depuis ledict Adrian iuſqucs à nous,on trouue
ra que les eſtoilles fixes ſe ſont auícées vn peu
moins que d’vn ſignezparce que le mouuement
de trepidation, ayant concurrence auec celuy
de laNeufieſme ſelon la ſucceſſion des ſignes,
commença d’eſtre beaucoup plus viſte à l'en
trée de l'Empire d'Auguſte , qu’il n’auoit eſté
long temps au-parauant.
T H E.Dis—moy donc,qui eſt le moyen mou
uemcnt des eſtoilles fixes ,lequel recompenſe
la viſteſſe d’vn temps par la briefueté de l'autre?
M Y s. Toute Varieté eſtant eſgaliſéqles eſtoil
les ſont par leur moyen mouuement en deux
cents ans vn degre' 8c vingt 8c ſept minuces.Car
lors , que la Huictieſine ſphere ſe porte ſelon
l’ordre des ſignes par le Zodiaque, les eſtoilles
fixes äauancent de ſeptante 8c trois degrez 8c
quarante-dettx minutes , 8c ce en l'eſpace de
trois mille 8c cinq cents anszmais quand ladicte
Huictieſine ſphere s’en retourne contre l’ordre
des ſignes,elle ne ſaict pas plus de ſept degrez,
quarante-neuf minutes, 8c cinquaute-huict ſc
condesdu Zodiaque de laDixieſine ſphere ,en
trois mille 8c cinq cents ans.De là vient que les
Anges des planetes ſe changent, que la decli
nation du Soleil eſt vne Fois plus grande qu'au
tre, 8c que Fliquinoxe tant du Printemps _que
- EEE z ~
808 CXNDQyIESME LIVRE

. de lïAutonne eſt variable ,lequel nean-moins


,Ptolemée 8c les anciens meſuroyent par Fin
terſectió de la Neuſiiieſme 8c Huictieſme ſphe
re toutes les fois que le Soleil auoir attainct les
deux premiers poincts d’ArieS &de Libra : car
ils penſoyët que le ligne Ecliptique de la Neuſ
uieſme Fuſt inuariable 5 combien que toutes
fois le vray Equinoxe ne ſe puiſſe faire ,ſinon
Y par l'interſection des li es», qui diuiſent la
, Huictieſme &Derniere phere en eſgalle diſti
ce de leurs deux poles; ce quidauienr que deux
Fois en ſept mille ans,c6m_e' on peut entëdre, ſa
cil-ement parles raiſons,qui ont eſté propoſées,
ſi on prend la peine de les recercher vn peu cu
=V°Yl² Th*** rieuſement ".- .
' dd? 1 .T HE o n. (Lt. eſt-il- de beſoing
. de reçepuoir
.
que-de lei du vn Dixieſine Orbe ,puis que nous ouuons en
M°"‘-‘*“Y²‘-
deB-ſanfirbd ñten d re 1 e mouuement d es e a 01~1 es fi Xes par
Rein-lala!, 8c la Huictieſine ſphere P MY. Pource que , ce
ſi R‘°°'"" temps pendant que la Huictieſine ſphere 8c les
autres orbes , qui y ſont contenus , vont d'0
rient en Occident en declinant vers le Midy
_ contre l'ordre des ſignes 5 la Neufuieſme ſphere
pouſſe tandis lentement ſelon l’ordre des ſi
gnes les eſtoilles vers ?Orientgde ſorte qu'en
Peſpace de trois mille 8c cinq cens ans,elle s’a
uance de ſept degrez , quarante-neuf minutes
8C cinquante-huict ſecondes meſurées en la
Dixieſme ſphere. Dc la on peut enrëdre 6c con
clurre ,- qu’il y a dix orbes en comprenant auec
les orbes de ces trois mouuements les ſept pla
neres : nous monſtrerons cy-apres que chacun
des planetes n’a pas plus d’vn orb-EMS: .qu’iln’eſt
.. ' * pas
e
Srerron Ii. 8e;
pas autrement neceſſaire d’auoit des Deſerents
8c des Epicycles , que pour Faciliter le chemin
à la cognoiſſance de ceſte diſcipline, laquelle
ne ſe pourroit ſans iceux comprendre. Et meſñ
mes ils n'ya pas moindre raiſon de reçepuoir
ces orbes imaginaireszqtle le cercleMeridiOnal,
l’Horizon , l’Equateur,les deux Tropiques ,les -
deux Poles 8c la ligne Ecliptiquedeſquels nous
cognoiſſons appertement auoir eſte' controu-ñ
uez par des hommes ſçauants , à ſin de mieux
‘ exprimer ſur iceux , ce qu'on ne pourroit ia
mais enſeigner de ſimple parolle-. l Tim”
. T H. D’où vient doncques z que Proclus ï a ËÎÏUÏD…
reiecté deux cents ans , ou peu s’en ſaut, apres
Ptolemée, ie ne diray pas les Deſerens-,ôc orbes
Epicyeles des planetes , mais auffi la Neuſuiell
me 8c Dixieſine ſphere? M Y s T. Il la faict cer
tes cecy mal à propos , veu que c'eſt vne eho—
ſe aſſez manifeſte par les demonſtrations 'pre
eedêres, que l'es cieux ſont agitez en dix diuer
ſes façons ,Sc qu’vn corps mobile ne peut a.
uoir plus que d’vn ſimple mouuement, qui luy
ſoit propre , ſinon qu'on veuille ;que les autres
mouuemêtes ſoyent accidentaires,comme pro
uenants d’vn Moteur exterieur. Mais il eſt cer
tain ,que tousles orbes celeſtes auec leurs e
lïoilles ſe tournent d’Orienr Occident dans
vingt &quatre heures. .Outrelequel mouue——
ment ,les eſtoilles fixes
quarâte-neuf-ſimille changent
ans, 8C de placetout
s'en retournent en

à rebours au premier lieu,dont elles auoyêt c6


mence' leur courſe , Ceſt à dire, que cependant,
qu'elles ſont rauies dans .Xzingtficiquarre heu
i ._ .. . F. E. E 4 .
Sro *CINQYIEËME LIVRE
res d'Orient en Occident , qu’elles _retrogra
dent par contraire mouuemenuquarre tier
_ ces ,ñ vingt quatres , quarante 8c vne cinquieſ
me -,— diauſept ſixieſines , 8c douze ſeptiefines ï.
le ſigncſſznzc Mais veu , que les eſtoilles fixes ſe meuuent
dîêäîzä- gigi: quelque ſois plus viſte , quelque ſois plus tard,
à; , 1.~~.,,;,,.,_ 8c qu'on apperçoit que les declinarions du So*
lïaïſzzſiſlſäîäkïäſ leil ſont inegales,& que d'ailleurs Yeſtoille po
ſjeſce;’&3jn_ laire fapproche &ëeſiongne du vray Pole du
a monde , 8c que les Equinoxes ont vne infinité
5 .a Daim,, de varietez , d’auantage,queles Anges des pla.
nctes apparoiiſenr tantoſt ça tantoſt la,il faut
'icitns ne PM», conclurre !Îeceſſairemcnt que tout cecy ſe fait
TW P45 Plus par vn autre mouuement ,que par celuy d’Oc
“ſim” cident en Orient , ou d’Orient en Occident.
Car Meton , qui a eſte' en grand' reputation
cent trente-deux ans apres Thales Mileſien,
trouua que la premiere eſtoille d’Aries eſtoir
exactement au poinct de l’Equmoxe du prin
temps : Timochares,qui vint long temps apres
ceſtuy-cypbſerua Fan quarante 8C vnieſme de
ljeauoitlailïë
uis Alexandreledict
le Grand,
Equinoxe
que la
demeſme
deux flegrez
eſtoil

en arriere: Hipparchus, qui full: cent cinquanñ


tc ſix ans apres Timocheres,trouua que la meſ
me eſtoille s’eſtoit auancée par deſſus l’Equi—
noxe de quatre degrez 6c neuf minuteszMene
laus , qui fuſt deux cents 8c vingt-quatre ans
apres Hi parchuspbſerua que la meſme eſtoil
le auoir aiſſéledict Equinoxe de ſix degrez 8c
douze minutes en arriere? Ptolemée trouua,
l’anne'e uarante 8c vnie me , a res Hi par
chus, quglameſme eſtoille ?eſtoiiiauanceyc par
. del us
l

SEcTuoN Il. 8”
deſſus l’Equinoxe de ſix degrez 6c quarante
minuteszflbategniuaqui ſuſt ſept cens «Sc qua
rante-vn an aprez Ptolemée , obſetua que la
meſme eſtoille auoit laiſſe' ledict Equinoxe de
dix-huict degrez &deux minutes en arriere:Al
phonſe ttouua,l’an trois cents octante 8c vn
apresAlbategnius , que la meſme eſtoille s'e
ſtoit auäcée par deſſus ledict Equinoxe de vingt
8c trois degrez 8c quatâte-huict minuteszVer
pere, qui aeſte' deux cents ſoixante-deux ans
apres Alphonſe , obſerua que la meſme eüoille
auqit laiſſé ledict Equinoxe de vingt 8c ſix de
grez 8c cinquante-quatre minutes en arriere:
Ceux de noſtre temps , c'eſt à dire, ceux , qui
ſont profeffion de l'Aſtronomie Pan de la nati
uite' du Sauueur Mil cinq cens 'nonante , ont
trouue que la meſme eſtoille ( 8c les autres par
conſequent) s’eſtoit auancée depuis Meton iuſ
ques à preſent de vingtñhuict degrez 6c vingt
~minutesxPar ainſi,ſi le mouuement de ceſte
eſtoille 8c des autres ,, qui la ſuyuent , continue
d-*vne meſme viteſſe , elles feront en trois mille
8c cinq cens ans ſeptente-trois degrez 8c qua
rante-deux minutes 8C cinquante-deux ſecon
des dela Dixieſme ſphereztoutes-fois, quand la.
Huíctieſme ſphere va &Orient en Occident en
declinant ſur le midy, les dicte: eſtoilles fixes
ne ſont au meſme temps). ſîauoir de trois mille
&cinq cens ans que ſept egrez ſeulementÿc .
quarante-neuf minutes. De là on peut veoir,
zoe puis qu’il y a dix diuers mouuemenrs,qu’il
ut neceſſaitement qu’il y aiſt dix orbes : parce
que outre les mouuements des ſept planetes,
J EEE 5
s

8x! CiNoJinsME LXVR!


qui ſont tous entre eux differents , on a obſer
né, qu’il y, eſtant
munique a vn triſiPmple
le mouuement , qui ſeſphere
, de la Dixieſme com#

a la Neuſuieſinesôc de la Neuſuieſmgeſtít dou


ble,à la Huictieſine S 6c de la Huictieſmqeſtant
triple,à routes les autres inferieureä.
T H E o_ n.D’où vient , qu’il y a vne ſi grand;
Varieté &opinions entre les Aſtronomes tous
chant le mouuement des aſtres 8c desplane
teszque l’vn diſe,que ce planete ſoit Directs-l'an
treau contraire ſoubſtienne en meſme temps,
qu’il ſoit Retrograde S 8c qu’au meſme inſtant
vn tiers vienne ,qui monſtre contre ces deux
icy,qu’il eſt Stationaire P M Y s T. Il ne ſont pas
ſeulement en diſcord’ touchant -lcs autres pla
netes ,deſquels la, cognoiſſance- eſt beaucoup
plus difficile que du Soleil, mais ils ne ſe peu
uent accorder en ce qifils propoſent de ecſtuy
,cy. Car Hipparchus a eſcrit que le Soleil -Fai
ſoit ſon cours en trois cents ſoixîte-cinq iour-s
8c vn peu moins que. la quatre partie d’.vn iour:
Ptolemée dir qu’il s’en faut moins de ceſte qua
trieſme partie d’vn iour ( c’eſt à dire de ſix heu
res)la trois centieſme partie: Albaregnius penæ
ſe que ce ne ſoit que la cent ſoixantieſme Paf”
tie : Thebit rabat de ceſte quatrieſine Partie du
iour neufminutes d’vne heurezHê-'ry Maclinien
eſcrit,que ceux ne ſeront iamais exêps d’erreur,
. qui obſerueront les Eclipſes du Soleil-&de la
Lune par les tables de Ptolemée ôC—d'Albate
. ,
gniusTouchat Mercure, ceux,qui- ont eſter eſti-
mezles plus doctes entre les anciens ,cóme So
ſigene (par l’aduis … duquel Iulcs Ceſar refoîma
_ ’an
SEOTION II. S15_
l‘anne'e)Theô,Paul,Heliodote ont pëſe',qu’il ne
s'efloignoic pas plus du Soleil que de vingt 6C
trois degrezffltolemée dit que c'eſt de vingt 8c
neuf : Pierre Alliacen de nonante : Augier Fer
:i Au lim-e des
ricr ² veut qu'il ſoit opposé auec Venus au So- ſagement, A_
leil ; mais ſon erreur eſt ſi groſſier , que i'en ay ſtrologiquel.
honte z veu que le moins versé du monde en
ceſte diſcipline
ſe retire iamais ne
du peut i noter
Soleiäſ , quede
plus loing Venus ne
quaran
te ôc huict degrezzôc Mercure de vingt 8c neuf;
8c toutes-Fois il a bien eſte' ſi impudengque d'a
uoir ausé fonder des decrets indiciaires ſur tel
les oppoſitions de Venus 8c de Mercure au S0
leil,qui n'ont eſté,ni ne ſeront íamais.
T H. D'où ſont doncques venues tant d'er
reurs,8c quel moyen y a—il de les amander? M Y.
Dela difficulté d'obſetuer les mouuements des
corps celeſtes, de la rareté de ceux , qui ſe ſont
adonnez auec diligence aux eſtudes de ceſte
ſcience, 8c de la brieuete' du temps, ſoit que les
deluges en ſoyent cauſe , ou ſoit que Yaage de
l'homme ne ſoit ſuffiſant pour la parſection d’v
ne telle cognoiſſance : finallement les inſtru
ments peuuent eſtre cauſe de toutes ces er
reurs.Voilà pourquoy les Mathematiciens d'A
lexandrie firent eleuer en vn lieu eminent de.
toutes parts vn grand Meteoroſcope , à ſin de ‘
~ remarquer plusexactement le cours des aſtres:
ce,qui ſeroit de beſoing qu'on fiſt és villes, auſ
quelles ceſte doctrine eſt exercée , 8: qu'on ne
fabricaſt pas ſeulement vn inſtrument , mais J

auſſi deux ou trois pour plus grande aſſeurance.


Car lors qu'on obſeruoit à Par-is la plus grande
hauteur
814 CtNLVtEsME LIVRE
hauteur du Soleil auec deux (Dadrantsfi , qui
cſtoycnt tant grands , qu’il les Failloit pendre à
la cyme d’vn \tabs Fort efleue',on trouua au meſ
me inſtant que Fhautettt du Soleil eſtoit en l’vn
plus grande de ſoixante 8c quatre minutes , 8c
en l'autre de quarante-deux: par ainſi,il Faut ne
ceſſairement , que ce different ne vienne d'ail
leurs que de la fauſſeté de l’vn ou del’autte in
ſtrument , lequel il Faudrait amander par vn
ï troiſieſine quadrant z 8c meſine tant plus grand
eſt vn inſtrument, tant plus certain eſt-il,pour~
ueu que ſa ligne perpendiculaire reſponde exa
ctement aux deux poinct verticaux , à ſçanoir
au Zenith 8c au Nadir, en laquelle ſouuentes-ñ
Fois on ſe ClCçOiLI-C baſton Aſtronomique eſt le
plus certain de tous, il le Faut toutesfois diuiſer
exactement , ou autrement on errera lourde
ment , principallement lors qu’on obſeruera le
Diamette des deux luminaires_ 8c de la terre,
auſquels ſi on ſe Faut ſeulement d’vne minute,
toute Pobſeruation ne vaudra rien: de laquelle
choſe nous Fait Foy le Diametre viſible du So
‘ * T-"Wsï °" leil , quid ileſt en ſon Auge,* cat il n’a lors que
;gfſictäzſipiznzï
A ſi l trente &vne minute
. 8c vingt
. ſecondesfflomme
!tt le, 5l": 'ſ- Albategnius a Obſetué, 8c trente-trois minutes
ne u en- ,. - r
Jïddzunz_ 8c quarante ſecondes, s ll eſt en ſon Perigee;
ËAOPPMÏŒ j* tellement que ſi on s’eſt deceu de deux minutes
0l] C ~ ~
MÏÊË- ,ſt [e ſeulement en ceſte obſeruanonnl Faudra neceſ
lîíudyſiu-l PW* ſititement qu‘on ſoit auſſi deceu en toute Phan
:c,°,,,;°,Îu"ſiÎ-,ſi teur de l’Ectl:entriqtte,laquelle toutesſois on n’a
de. pas obſerue plus grande q|.1e de quarante &ï
quatre Diametres de la terre,e& de la trentieſine
partie d’vn Diamettc, c’eſt àdire, de trois cents
8C
.V SEcTXON II. 8x5'
&quinze mille
parlieux , 'deux cents 8cil quarante
quatre encor.” dellſiusjîinalement, Faut cor
riget les tables des mouuementsxomiue admo —
neſte tres-bien Ptolemée, parce qu’vn petit er
reur par ſucceſiion de temps ſe fait Fort grand.
T H. Lequel des deux eſt plus certain en l'ob
ſetuation des mouuenÈnts celeſtes , à ſçauoir
Ptolemée ou Alphonſe? MY s. Leur different
eſt ſort petit, ſinon touchant le mouuement de
la Huictieſme ſphetezcat Ptolemée a remarqué,
mille ans deuant Alphonſe , que le mouuement
moyen, lequel le Soleil,Venus 8c Mercure ſont
dans vn iouneſioit de cinquante-neufminutes,
liuict ſecondegdix-ſept tierces, treize quattieſ
mes,douze cinquieſines, 8c trente-vne ſixieſme
en longitude :lequel moyen mouuement Al
phonſe , plus ieune que Ptolemée de mille ans,
a aucunement corrigé ainſi , le faiſant de din
quante-neuſ minutes, huict ſecondes, dix-neuf
tierces, trente-ſept quartes , dix-neuf quintes,
treze ſixieſmes , 8c cinquante-ſix ſeptieſmes.
Car le moyen mouuement de ces trois Planetes
eſt touſiours ſemblable touchant leur longitu
de; dont—il aduient que lämnée contient trois
,cents- cinquante-cinq jours , cinq heures , onze
minutes, 1x ſecondes, 8c quarante-neuf tierces
ſelon Ptolemée , ou dlx minutes,8c quarante
trois ſecondes 8Ce. ſelon Alphonſe. Or ceſte
difference d’heutes 8c de minutes eſtant aggre—
gée ſait en vingt 6c ſept ans enuiton cinq lieu
tes; 8c en ſix-cents quarante-huict aus cinq
iours entiers ſans heures ni minutes, lequel cir
cuit nous appellons la grant? Periode du Soleil;
Parce
816 CrNCLviESME LlVRE
parce qu'en tant d'années le Soleil auec Venus
8c Mercure recommancent la ſupptitation de
leur mouuemêt aux meſmes racines dont auoit
eſté leur depart ;ce que Ioſephe Scaliger a de
clare
emmEtdoctement parpour
ſupputée vneceſt
table, laquelle
effſſeéhôc en ila dili
laquel
e _il a pluſtoſt ſuiuy Ptolemée qifAlphonſe:
mais l’vn 8c l'autre ne ſont pas en grand diſ
cord ,car tout ce different ne ſçauroit monter
_ent
. tant d'années enuiron dem Y minute d’vne
heure.
T H, E. Wi eſt le mouuement des autres Pla
netes? MY s. Mars fait tous les iours par ſon
moyen mouuement en longitude trente 8c vne
minute , vingt 6c ſix ſecondes , trente 8c huict
tierces , quarante quatres, 8c cinq cinquieſmes.;
&fait ſon tour par tout le Zodiaque dans vn
an', trois-cents vingt ê( vn iour,& vingt 8c deux
heures. Iupitet par ledict moyen mouuement
fait en longueur tous les iours quatre minutes,
cinquante-neuf ſecondes,quinze tierces, vin Ït
8c ſept quartes ,_ ſept quintes , vingt 8c trois ë
x-ieſmes; &fait ſon tout par le Zodiaque en on
ze ans, trois-cens 8c treize iours, 8c dix &ſept
heures. Saturne fait enlongitude tous les iours
par ſon moyen mouuement deux minutes ſans
ſecondes,ttente cinq tierceadix-huict quatres,
quarante cinquieſines 3 6c ſon tour pat-tout le
Zodiaque en vingt 6c neuf ans,cent—cinquante
8c cinq iours,ſept heures,ou peut s’en_ſaut: i’ay
_dict en longitude, car il y-a vn autre mouueñ
ment
misſileenSolcilzvont
latitude, par lequel
dc-ça les Planetes,
8c de-là horſ
FEcliptiqiÈe.
Ka
SEcTxoN II.. 817
'I' H E: Wäppellcs-tu latitude des Planetesz'
M Y s ~1'. Leur diſtance de la ligne Ecliptiqucdc
laquelle s’eſgare quelque Fois Saturne 'tirant
vers le Septenttion de trois degrez,8c deux mi
nutes; 8c vers le Midy de trois degrez &cinq
minutes. lupiter decline egalement vers le Mi
dy 8c vers le Septentrionzmais Mars paſie quel
que fois ?Ecliptique , en shpprochant du Sep
tenttion, de quatre degrez 8c vingt minutes; 8c ‘
du Midy,de ſept degrez 8c trente minutes.
i M YTH
s. IlE.eſt
Æel eſt le mouuement
de pluſieurs dela
ſortes, &Fort Lune?
variable.
Cat ſon moyen mouuement en longitude eſt
chacun iour de treize degrez , dix minutes,
trente-cinq ſecondes , vne tierce , quinze qua
rrieſines,onze cinquieſines,quatre ixíeſines,& .
trente cinq ſeptieſmess dont-il aduient qu'elle
fait ſon tout par le Zodiaque enyingr &ſept
iours,treize heures,dix-huict minutes, 8c crête
quatre ſecondes : mais deſpuis ſa conionction
auec le Soleil iuſques à l’autre , elle demeure
vingt &neuf iours,douze heures, &quarante-î
quatre minutes , lequel eſpace de temps eſt ap? a u 7-2 rrojs
pelle cotnmunentcntï_ M015. Toutesfois il y-a ſzîfflfëgîäígîlsé
grand* diffirence entre ce Planeteucy 8e les au- quand z,, …me
Her( horſmis le Soleil) car lors 'qu’elle eſt la *mm* ?umrſ
ñ . , , - 4. , , , medegre dom:
plus efloignee de la terre eſtant en ſon Apogee …e eſhffldc_
&ne va ſi lentementë, qu'elle: ne fait que douze P-ÏÏ* ² 153'7
ddgrez &lhuict \minutes en vn' iourgmaîs quand ÏÎ,,,ŸËÏ,È,;OÏ,"Ã
ell' eſt en ſon Perigée, elle fait quatorze degrez- ſauge() 8c cc
&víngt 8c quatre minutes. Sa plus grande de- ,Ïgſſſſgóäz ÉTÉ'.
çlination hors l’Ecliptique eſt de cinq degtez: gcïdïïëñim-rs
~ ſi T H. Pourquoy appellewn ceſte-ligne Eeliël,c,‘},‘ſiſi,îq""
— ptiqueî
818 CiNoJiEsMn Livni;
tique? MY s. Pource que les Eclipſes du So
leil 8c de la Lune ne ſe ont en autre part qu’en
ceſte ligne,s’il aduient que la Lune paſſant deſ
ſus entra dans l'ombre dela terre , ou qu’elle
nous alla Faſpect du Soleil , on a quelque autre
nation ar lînterpoſition de ſon corps: de la
quelle (Loſe il n’euſt pas rendu raiſon du temps
de Platon ſans eſtre rigoureuſement puny; cat
les Grecs, qui appelloyent les Aſtrologues Ms
7eopa^erxeÎ98C Curieux des choſes hautes,eſtimo
yent que c’eſtoit vn crime capital de vouloir
Philoſopher ſur l’Eclipſe, de ſorte que pluſieurs
a Plutarqueen
1,… da…. en ont eſte, condamne: a\ la mort ² ._ auſiin, eſti.
clcï- moyent ils pas moins que les Indiens , qu’vn tel
defaut de lumiere vint d’ailleurs que du cour
roux des Dieux-,voilà pourquoy ils les appaiſſo
ï
yent en ſacrifiât au Soleil 8c àla Lune:& meſine
b P‘"'²"Γ° ï" les Romains l' penſoyent de leur reſtituer la lu
la vieŒAemi- .
.lius, miere a\ ſon de chauderon. De noſtre temps les
Indiens auoyent encor' ceſte religion enuers
IſiEclipſe, ce qu’eſtant entendu par Chriſtofle
Colomb (veu auſſi , qu'il ne les pouuoit autre
ment fieſchir à ſon amitié) leur fiſt entendre,
que la Lune leur cacheroit bien toſt ſa lumiere,
eſtant courrouſſée , de ce qu’ils violoyët le droit:
Œhoſpitalité à ſes fauoris 5 ce qifeſtant adiienug
ainſi qu’i] leur auoit aſſigne' le iour parle moz
yen des Ephemerides, les Indiens ſort eſbahis
le' keceuronr , en luy faiſant beaucoup d’hon—,
neuriflç de preſents. D’ailleurs Alexädte Aphrod
diſËe aeſcript au Probleme quarante-ſixieſme,
que pluſieurs eſtimoyent , que le Soleil 8c la.
Lime eſtoyent malñtraictez des Demons, 8c que
rl? pct " pour
SrcrioN II. 819
pour ceſte cauſe ils allumoyenr des torches 8c
flambeaux auec grand bruit de chauderons 8c
baſſins pour leur reſtituerla lumiere.En fin tel
le ſuperſtition seuanoüiſt en Grece, quand ils
a eurent
ne ſe faiapperceu par, ſinon
oit iamais long vſaqe , que [Eclipſe
enſilbppoſition ou
conjonction des deux luminaires : oi' eſt—il,que
l’Eclipſe eſt dautant plus grand , que le Soleil
eſt plus proche de ſon Apogée,_la Lune eſtant
proche de ſon Perigée en la teſte ou queuë du
Dragonzcóme au contraire, elle eſt dſiautät plus
petite,que le Soleil eſt plus proche de ſon Peri
gée, eſtant la Lune pareillement voiſine de ſon
Apogée 8c eſloignée du centre de la teſte 8c
queue' du Dragon.
T H E. Pourquoy appelle-on les planetes va'
gabons 8c errariques , puis que la certitude des
mouuements celeſtes eſt bien ſi grandgq nous
en voyons predire les Eclipſes , 8c quels doy—
uent eſtre les cours des planetes long temps au
paranantyquüls ſoyent arriuez? MY s. Ceux ſe _ ſi
trcompenuqui penſent que les planetes ſont ap—
pellez Erratiques, pource qu'ils ſe deuoyent de
l’Ecliptique,veu que le Soleil ne ſeroit pas ainſi
au nóbre des plancreszil eſt plus vray-ſemblable
qu’ils ayent eſte' appcllez de ceſte ſortæpourcc
qu'ils ſembloyent errer aux anciens, quand ils
ne leur voyoient pas garder la conſtance des
_ eſtoilles ſixes,qui ſont touſiours en vne meſine
poſition les vnes des autres ſans la changer;
pource auſſi qlaHuictieſine ſphere les rauir eſñ
galemenr ſans les confondre , ce qui n'eſt pas
commun aux ſept autres, qui en ſont horszron
FF F ..
\ .
8m CrnqyrEsMr Livni-L
tes—fois il ne faut pas penſer,qu’il y aiſt aucune
confuſion au cor S celeſtes , ni quela fortune
ou temerité les fäſſe errer,ou quëil y aiſt quel—
que choſe de vain ou de ſuperflu :mais au con
traire,on ne pourroit trouuer en choſe du mon
de plus grand ordre, plus grande aſſeurance, ni
plus grande conſtance,qu’en ces corps diuins.
T H E. Vn orbe ſeroit-il ſuffiſant à la Varieté
de tant de mouuements , comme on pourroit
dire de la Lune,ou de Mercure 2 M Y s. Si la va
riete' de telles agitations ſe fait tout enſemble
8c à la fois,il ne faut pas douter,qu‘il ne faille
autant d‘orbes qu’il y a de mouuemenszati con~ ï
traite , ſi tels mouuements ſe font l’vn apres
l’autre , il me ſemble qu'on s’en peut paſſer
aiſement.
T H. La difficulté de la queſtion merite bien
vn exemple pour la rendre plus intelligible.
M Y s. On baille trois orbes au SoleiLcombien
qu’vn ſeul ſoit ſuffiſant pour excuſer ſes mou
_ uemenrszcar Pagirariondes Deferenrs apparriër
à la Huictíeſine 8c Neufieſine ſphere,8c uó pas
à celle du Soleil: autrement il luy faudroit atiñ
iouſter vn quarrieſme orbe pour le mouuemët'
ra ide,qui ſe cômunique par laDixieſine ſphere
à on orbe.P’ar ainſi ayant oſte' les Deferenrsdc
Soleil :ſaura plus faute d’vn orbe Eccentrique,
puis quil n'eſt autre choſe,qu’vne ligne circu
aire tiree ſur le centre de FEcCentrique par le
Solcihqui la deſcrit en ſon propre orbe: 8c
certes Ptolemée :ſa rien elrripr de plus veri—
table , que Efau-oir dict que les mouuements de
tous les planetes deſcriuoyent des lignes Ec
ccnttiqucs. T u E.
31R GTI» l~ o N 32.-!
TÎHE. Ie concederois clecy plus Facilement
au Soleil qu'aux autres planeres, puis que ſon
morïuemenr , au regard d’eux., eſt fort ſimple:
car il n'a ni mouuemër-de larirudeuii Epicycle,
MY sfr. Si tu le concedes en l’vn, Pourquoy lq
nierasrtu en l'autre? ~ ~
T H E, Pource que l’orbe Deſerent de la re
ſte 8c queue' du Dragonme ſemble autre que
les deux orbes , qui portent FApogée de la Lu~
nezcar ceux-cy ſont tous les iours,ourre le mou
uemenr rapide de laDixieſinqonze degrez &ç
douze minureszôc Fautre quatre minutes. ſeule
ment tenant la meſme tourte que, les deux pre...
cedents contre la ſucceſſion des ſignes: mais_
PEcCentriqUe ſe Lotte ſelon l’ordre 8c ſucceiïió
des ſignes par ſon rñoyen rnouuernenr .tous les
iours treize degrez 8c pres d’onz_e minutesgdïz
trantage, il y a le mouuemeñxir de PEpicycle dis_
PEccErrique de la Lunedeqrlel on_ ne peut nier,
veu qu'il ſe porte en la partie. ſuperieure tout
ä rebours de ſon Eccentrique córre Perdre des ſi
1ignes,_& en \à partie inſerienre ſelon l'ordre 8c
ſucceſſion dſiceuxgdont il adrtient, que la Lune
va plus lentement , cènand elle eſtà Yhaur bout;
ou Apogée
rond) de. ſon
qui-ſtunt au baspicycle-(quí eſt vn
ou au Perigée Orbe
ſſdïccluy;
tout à rebours de lffEpícycleñ des-,àutres cinq
Plnnereszdkæilleurs, la Lune
rieté en_ ſon mouuement dealarirudeſſſi
auſſi-quelque
M Y S.va1c
Penſe quon peut expliquer tous ces mouued_
ments hot-ſims les troiszqui luy ſont commu-.
niquez par les premieres ſpheres , deſquels
nous auons- par-lé) par le meſme corps de la
- FFF 2,
82.2. CINQ_VIESM~E LIVRE
Lune en ceſt ſotte,que ie diray.Cat le mouue
ment de la teſte 'SC queue' du Dragon eſt vne
choſe feincte à plaiſirwcëtl qu’il n’eſt tien que le
lieu , par Où la Lune paſſe du Septentrion au
Midy,ou du Midy au Se tentrion en trauerſant
la. ligne ECliPtÎqUe : de (Être, que ſi on ſeinct 8c
imagine le moyen mouuemët des neuds ſelon
la ſucceſſion des ſignesul eſchoira, quÎilſoic le
meſme auec le vray mouuement , qui ſe porte
contre la ſuccefflon des ſigneszil ne faut pas
auffi iuget autrement des orbes Deſerents de
l’Apoge'e,qui tſeſt autre choſe,que le lieu où la.
Lune ſe monſtre la. plus eſioignéc de la terre.
Imagine toy doncques vn nauire , dans lequel
tu ſois rauy par le roide cours d’vue riuiere ,,
qui ſemporte d'Orient en Ôccidenncependant
que tu marches de la proue' vers la pouppe,c’eſl:
à dire,d’Occident en Orient z 8c qu’il y aiſt vne
formis, qui monte par derriere de la plante de
ton pied iuſques au plus haut de ta teſte en de
clinant tanroſi: à droict tantoſt à gauche,& que
delà elle S’en tourne par denanr cn deſcendant
de la teſte à tes pieds : De meſme auſſi eſt porté
l’orbe de la Lune par les trois premiers, qui le
rauiſſent contre ſon cours , cependant qu’il re~
.ttbgrade àrebourszôc que le corps lucide dela
Lune , qui eſt encor’ derecheſratly par cefluy
cy, tantoſt #efleue à Pexrrelnité plus haute de
ſon Orbe,& tantoſt deſcend au plus pres de la
terte,ſe tournant maintenant du coſté de Midy,
lnaintenant du coſté de Septentrion : par ainſi
pluſieurs 8c diuers mouuements ſe peuuent ſaiñ
te par vn meſme planete, à_la charge pourtant
qu’ils
SEcTIoN II. 323
qffiils ſe ſeront l’vn apres l’autre.
T H &Les planetes ne ſont-ils pas ſichez en
leurs Epicycles 2 M Y s T.~AiiÎſi le ſouſtiennent
les Grecs 8c Egyptiens : mais on peut entendre
clairement par les ſecrets Hebraiques ²,que les î limb” ë"
1.8L ioxhap.
,cieux 8C les aſtres ſont animaux viuâs 8c ſe mou
uents Œeux-meſines , comme nous auons deſia
dict. Parquoy il ne ſaut pas ëeſinerueiller , s'il
n'y a point de planete,qui ſaſſe ſon mouuemët
en rond ,puis qu'ils le ſont tous en ouale, la
quelle ſigure ſe void apertement au mouueñ
ment de Metcurezde là vient, que le centre de '.
Fotbe du Soleil eſt en la ctaffltude de l’orbe de
la Lune,& que le centre de Mars eſt dans Forbe
de Mercure,8c ainſi conſequemmêt les centres A
des ſuperieurs en la craffitude des orbes inſe
rieurs. Neant-moins on deſcript les orbes EX- -
centriques orbiculaires , deſquels il ſaut que lc
mouuement ſe faſſe ſur leur propre centre,
en roulant eſgalement ſelon leur figure cir
culaire autour d’iceluy : combien que nous
voyons le contraire en ce , que pour la plus
grand’ part leurs mouuements ſe ſont eſgale-ñ
ment autour du centre du monde:& meſine il >
eſt manifeſte par les demonſtrations Geome- d
\riques b,qu’vn cercle ne peut mouuoir eſgale—
ment ſur deux centres, pource que la Capa-bſfflgfflffïl"
cité
ceſtuydeslä-angles
touſiours , qui ſontarc
vn plusſigrand au en
centre , comprend
ce cercle ,qu'en MËLHË_
zi? *Z13Ã.:
dozſdîïlſióſiï-.ſi

T H E. Wi a donc incité les anciens de met


tre en auant tant d’orbes Deſerents 8: Eccen
triquesnant cſEpicyclcs 8c de Concentrique-s?
‘ F F F' z
B514 *CXNOJXESÏWE ſſïfirvàflr
M Y S T. Lagrande difficulté de ceſte ſçienceÆz
*le moyen delzrpouuoir dextremenr enſeigner
“ont requis ;qu’il yleuſt autant däjrbes , &t de
diuerſirez de leur-ſigures,qu’il y auoir de demó
Ïlrarions àfairc deſſus : carbu n’euſt ianiais au*
trcment u comprendre rant de-diuers-mouuſte*
ments , (lion nÏeuſt aſſigné_ tant de deſir-ours 8c
voltigements ſur pluſieurs lignes 8c diuers cer*
cles.E~t~cerres nous deuós bien remercier 'ceux
'là , qui onT-recerclie' tent qu’il-leur a eſté poſti
ble auec vn fi grandlabeur en tant dîmnées (ä
'y .1 ces
de enuiró deux milleceleſtes
mouuements ans) la diſcipline ſi exacte
,Pour la la-iſiller à la.
ſpoſtcriäé. On ne doit routes-fois -non plus eſtiï
merzque ceſte pluralité dbrbes ſoit naturelle
ment auciel des aplanetes (exceptez dix) que
les cercles imaginaires, qui ſont 'en la ſphe
re 5 commeTHorizon ,le Mcridional &c autres
ſemblables ; ainſi que Moabatra , Maurus, Ain
-moni uszôc Proclus nous -Ont enſeigné.
T H. Pourquoy non? M Y. Pourcc qu’il Fau
dmir que la meſine ſphere de la Lune fuſt diui*
ſée rcalemét &de faict enquzrtre orb-es, quiſe*
comprinſentlvn däs l’autre cóme quatre vaiſ
ſcauxJà ſigauoir deux Deferents de ſon Jäuge,
*deſquels le mouuement fuſt &Orient en Occi
dent , 8c vn Eccentrique au milieu des deux
DeFcrenrs,duquel ?le mouuemët fiuſtà rebours
de ceux-cy d’Occidët en Orïient,8c vn Epicycle
dis l'E cccn triqu e, qui Firſt parfecternent ród en
globefik ſepare de FEcccntrique , 8: qui fiſt ſon
mouuement particulierement diſtinct de tous
les autres s [0118 leſquels orbes ne 'ſemblent
Point
Srcrrou II. 82;
poíntcſtre conuenables aux Philoſophes , qui
recerchent ceſte doctrine plus ſerieuſement
que les autres :combien que ceux la meſmes,
*qui ont renuerſe les Ecceutiques 6c Epicycles,
ifayent iamais bien entendu ceſte doctrine.
T &C'eſt doncques fauſſement parler, quid
on dit qu'vn Planete eſt direct, retrograde , ſta
tionaire, gtancſipetit,legerJardiLM x S. Helio
dore ² ſemble reſpondre à ceſte, obiection par ſiâſiſiſiſimää
ces parolles : Combiemdit-ilgxivn diùqne lerpla- Alexandre
netcsfant leur mouuement inegallemennilnjæ a rim
pourtant 4m ciel, quiflzir defi) imgal Ô- deſhrdonné,
mais plufldzſi" tout) eſt Iviïrezglé Ô- rípaſïémcÃ-moins
51mm eſt dzduzlnque les eſtoille.: 'vom quelque: _finir plu.:
'viſte c5- quelque:fini:plus rareté* mgſme qu'elle: s'ar
reſtent quelques fbis.Mais Heliodorc ne rêd pas la
vraye raisó ni de ceſte tardiucté ni de ceſte prôp
ritude,laquelle n'eſt autre , à mon aduis , que
leur voiſinage ou diſtance dela terre :car lors
qu’ils s'approchent de terre ,ils ſe monſtrent
plus grands &plus legers, &lors qu'ils s'en elÏ
oignent , plus petis 8c plus tardifs , comme il
eſt euident à chacun ,qui ſe prendra garde aux n !name u
l' raiſons non ſeulement de l’Optiquc , mais 55, Thzofflſi
auſſi Geometriques. Aiouſtons auſſi à la cauſe 4° ä°P²í‘1“°
de la viſteſſe la concurrence du mouuement du Tſzſileſſſiſfflïſſîî
planete
deu‘x marchent
8c de ſonſelon
Orbela, ſucceſſion
à ſçauoir quand
des ſignes;
tous myquiïfipln;
commevau contraire le mouuement ſemblera Pſrit-llïj-îr cg
plus tardifiſi le planete va contre la ſucceſſion Î-Jäzg, "Jyen
des ſignes. D’auantage,quand les planetes s’ap- Le_
prochent du Soleil en venant à la cyme de leurs …Un 3
orbes, ils haſtent le pas .Sc montent en vn lieu
FFF 4.
826 CiNoJïiEsME LivIUE
eminent pour veoir paſſer leur Roy 8c pour le
reçepuoir plus honnorablement; mais-quand
.ils rm retourne,ils Yaccompagnent tant loing
qu’ils peuuent, puis shtreſtans ils Farregardent
de loingfflomme conuoiteux de ſa lumiere.
'T H. Pourquoy a-on baille à Mars 8c à Ve
nus des Epicycles d’vne telle gtandeurêMx S T.
Pource qu’ils särfloignent plus de ?Ecliptique
qu’aucun des autres , en ſortant bien ſoutient
de la latitude du Zodiaque ,laquelle il ſetoit
neceſſaire d’eſtendre pour ceſte cauſe iuſques
à quinze degrez,contre l’aduis des anciens ,qui
ne l'ont ſaicte que de douze : car il aduient
quelque ſois que Venus sſieſloigne de ſiîclipti
que de ſept degrez 8c vingt minutes tirant vers
le Septenttion ,comme en l'année M.D. v 1 r.
Itë en l’anne’e M.D.x x X r x. auſquelles elle s’eſ
gara de Flîcliptique vers le Septenttion de ſept
degrez 8c vingt 8e quatre minutes. Mais la plus
grande declination quelques
de Mars eſt du de
coſte' de Mi
dy,là oùilsſieſcarte Fois ſix degrez
8C cinquante-neufſimintltes, ſon inclination eſt
auſſi preſque touſiours Meridionale.
T H. Pourquoy? M Y s. Seroit-ceàfin que
Venus excitaſt les Septentrionaux à lamour,
d’autant quïls ne ſont pas adonnez à la luxute;
8c Mars les Meridionauxà la guerre , pource
qu'ils ifaiment pas le combat ?Ou ſCÏOÎÊCC,
qu’il aiſt eſté neceſſaire que Venus fſiuſt du coſté
de Septenttion , pource que Mercure eſtoit du
coſté de Midy 3 à fin que l’vn 8c l'autre accom
paignaſt le Soleil eſtans de ça dela , connue
dcuxSatellites autour de leurPrinceècat il ſem
lilc,
SEcTroN II. ' 827
ble , que pour ceſte cauſe la force &la beauté
des corps eſt plus grande aux Septentrionauxî; ² Ilïÿvlíïïs' *P
8c la vigueur de l'eſprit ô: de Fentendement fſſzeſigoîziäïè
aux Meridionaux, que la Force du corps à ceux des hœfflïàïïí
cy , &la vigueur de l'eſprit aux autres , comme äÿufiiläuî_ '
nous auons diſpute ailleurs Ÿ. Erau s-ï-Dïlï
TiLPoutquoy appelles-tu Mercure &Venus ſi"
Satellites du Soleil?M.Pource qu'ils ſe tiennent
proches de luy en allant tantoſt deuant tantoſt
derriere ſans l’abandonnet,8c qu’ils ont vn meſ
me mouuement moyen auec le Soleil ; car
Mercure ne s’efloigne pas plus loing de ſon
Roy que de vingt 8c neu degtez , 8c Venus de
quarante huict. Copernic veut que l’vn 8c
l'autre tourne autour du Soleil,lequel il a con
ſtitué immobile au milieu du móde en Clfltſäffil.
82.8 CXNOJXESME L-rvnr
T H E. Pourquoy appelle-on Venus tantoſt
l’eſtoille du matin , tantoſt Feſtoille du ſoir?
M Y S. Pource qu’elle ſuitôc va deuät le Soleil
tous les ans alternatiuement. _
T H. D’où vient que les anciens Democri
te,Anaximander,Xenocrates,Eudoxus,Platon,
Ariſtote à' Theon meſine,le plus docte de ceux,
qui ont interprete' Ptoleméc, tiennent pour aſñ
cure' , quele Soleil eſtle plus proche de la Lu
‘ ne,ſans qu’il y aiſt aucun autre planete poſé en-ñ
tre les deux? M i' S T. Pource que la Lime rauit
l'aſpect du Soleil aux hommes , ce que ne fait
pas Mercure ni Venus,qui a eſté la cauſe,pour~
quoy ils ont iugé , que l’vn 8c Fantre eſtoit par
a Au Timec.
deſſus le Soleil: &meſme Platon a colloqué ²
Mercure par deſſus Venus proche de Mars;
mais Ptolemée a demonſtré par pluſieurs rai
ſons ,qu'ils ſont tous deux ſoubs le Soleil , ia
çoit que Alpetragius ſe ſoit eſtbrcé de les ren
uerſer par d'autres arguments , qui ne ſont pas
de grand poids pour ce effect.
T H. (L1) ſont les arguments de Ptolemee?
M Y s. Premierement ceſtuy-çy,à ſçauoir que
tant lus rn orbe eſt petit,tant moins de temps
luy fgutvilà pourter ſon eſtoille autour de ſon
centre: comme par exemple la Lune fait ſon
mouuement en vingt 8c ſept iours 8c douze
heures , d'autant que ſon Orbe eſt le plus petit
de tous :apres la Lune ſuit Mercure , & apres
Mercure Venus , par ce qu'ils ont leur mouue
ment Fort ſoudain , &c ſur tout Mercure ,qui
fait bien ſonnent par ſon Orbe trois degrez 8c
ſix minutes en vn iourzdc ſorte queſt ces deux
Plane
SEcrÎoN II. 82.9
Tlanetes tfemployent beaucoup de temps à re
*trogtader , à monter , a deſcendre,às’arteſter,à
. ſe totner d’vn coſté 8c d'autre, ils ſeroyentleur
-circuit en peu de-moisñ: mais le Soleil n'eſt em
Ïbrouillé de tant de voltigements. Par ainſi l'ar
. reſt d'Ariſtote n’eſt pas inuiolablement irreſra
‘ Fable, par lequel ilveut que tant plus les eſtoil- ffl
es 'ſont diſtantes du plus haut ciel, tant plus
viſte auſii ſoit leur courſe en l’orbe , qui les
;porte-z car il faudrait de ceſte ſorte ,que le So
‘ cil , Venus 8c Mercure n’euſſent qu'vn meſme
‘eiel,puis
vn qu'ils ſont tous
an. Toutes-fois ormetrois leur courſe
peutnier , que dans
tousct
les planetes ifayent leurs cours egallcmët pro~
.pardonné-z combien que nous voy-ons par les
'demonſtrations optiques, que rät plus vn corps
*celeſte eſt efloigné
ſ6 _mouuemſiët en eſtde nous , d'autant
tardifiôc d’ailleursPlus auſsi
la diuer
ſité des declinations peut faire,que le cours des
+vns ſoit plus viſte,que le cours des autres.L’au—
“tre arêument eſt pris de Finterualle , qui eſt en
trela' ttperſicie du Soleil 6c dela Lune , pource
, que Ptolemée a monſtré ² .par Fobſeruarion des a AM1_ d, ſ,
l ²Eclipſes,qu'il y auoit entre ces deux luminaires *Sr-vile Nm*
cinq cens 8c trois Djametres terreſtres de di- P°ſ"‘°"'
'ſirancc-:lequel eſpacexſtant ſi gtandfuſt demeu
Yré vuide, (iles orbes de Venus 8c de Mercure m:
Yeuſſent remply : veu que depuis lc centre de la
terre iuſqucs à Iacyme de l’orbe de la Lune il
n'ya que vingt 8c trois Diamctres dela terre,
laquelle diſtance eſt preſque vingt tk deux fois
plus petiteque la precedente; ôcmeſine, la di
. _ſtancc plus prochaine de Mars 8c du Soleil ne
comprend
850 CINLVXESME
comprend pas plus de ſeptente 8cLrvniz
cinq Diame-ſſ
tres , laquelle eſt preſque ſept fois plus petite
que l'eſpace , qui eſt contenu entre le Soleil &t
la Lune. Adiouſtons y ce troiſieſme argument,
qui eſt pris de la ſubtilité de la veu~e~ de ceux,qui
a picnzfflmn_ diſent, quſiils ont ï remarqué en la couionction
'ï ïïïydïqud de Venus 8c du SoleiLvne petite tache obſcure,
ilÏlÎzAÃJËÎ :ſi par laquelle ils raiſon~nent,qu’elle eſt inferieure
ſfſſärëſÿtrc au Solcilztoutesfois ie nſiauſerois aſſeurenſi ce
Sncf_ ~ la eſt vray ou non , parce que la conionction de
Venus 8c du Soleil ſe fait fort rarement ar le
centre de leurs corps lumineux , puis d’ai leurs
on ne la peut voir ſinon auec grand difficulté.
Toutesfoigquand nous n’aurions pas toutes
ces raiſons, meant-mois le ſecret du ſanctuaire,
c’eſt à dire l’Archetype du monde le nous don
neroit aſſez à entendre. .
T H. En quelle ſorte? MY. Pource qu’il firſt
commande' en laloy Diuine de faire vn chau
delier d'or , qui euſt ſept rameaux ſottans tous
d’vne meſme tige , deſquels celuy du milieu
'eſtoit efleué par deſſus tous les autres en ſe
couchant quelque peu vers Poccident; ainſi
que tous les interpretes l'ont deſcript ſur les
plus antiques figures 8c portraicts , qui en ont
iamais eſté faictsflît certes on peut entëdre par
ce chandelier,que le Soleil a' ſon ſiege au milieu
des Planetes , comme vn Prince parmy ſes ſub
iects,ou comme le cœur au milieu de la poitri
ne , à ſin de communiquer~plus aiſement ſa lu—
miere à tous les corps celeſtes.
TH. Si Venus ſait vne petite taſche au mi
lieudu Soleil, lors qifelle S’eſt conioincte par .
ion
SECTION II. 83x'
ſon ccn-tre,c’eſt à dire,lors qu’ils ſont tous deux
en la ligne Ecliptiquc ſans latitudc,il Fenſilyura.
que Venus prend \à lumiere du Soleil: laquelle*
choſe ePcant ainſi , portrqttoy Ïapparoillt-elle
cornue, comme la Lunmquand elle ſe retire du
Soleil P Car ce ſeroir vn ferme argument pour
Preuuer,qu’elle eſt plus baſſe que le Soleil. M Y.
Seroir-ce pour autant que le voiſinage de Ve
nus ſoit cauſe , que le Soleil ne Pabandonne ia
mais de ſa lumiere en aucune de ſes Parties? Ou
ſeroit-ce pour autant que nous ne _pouuons
voir en Venus la figure à doubles cornes,pour
ce qu’elle eſt trop petite à noſtre veuë , 8c trop
efloignée de nous? Carla. Lune ne Sëefloignant
Pas Æauantage du cëtre de la terre que de vingt
8c trois Diamerres terreſtres , 8c du Soleil de
cinq cens 8c trois , nous peut ainſi Facilement
monſtrer l'obſcurité de ſa partie deſtournée du
Soleil : ie ffauſerois toutesfois rien aſſeurer des
autres Planctes , ſi luiſent de leur propre lumie
re,ou de celle d'vn autre.
T H E. Pourquoy doncques ont lesanciens
MythOlogue-s &expoſiteurs des ſables aſſigné
le lieu de Venus ſoubs la ſphere de Mars : 8c
meſine Abraham Aben-eſia a eſcripr ² , que les a f u 4.c.ſurlc
dix commandetnents du Decalçzguectreſpondent Dccalogtùe.
au nóbre des cieux ſelon l’ordre diſpoſé parles
Grecszcar il veut que les trois premiers orbcs
reſpondent au trois premiers commandemens;
le uatrieſiixrgqtti eſt Forbe de Saturne,à la ſim
ctigcariox] du iour du Sabbarlls le cinquieſine,
quieſt de Iupiter (car on dit qu’il chailra ſon
Pere Saturnexk qu’il le chaſſa de ſon ÏOYÏLÏÆÎÎÎC)
~ a 1cm
35.2. CXNOJHESME LrvnE
à Phonneur qu'on doit orter à ſes Paransrle
ſixieſme,qui eſt de~Marsîe Meurtticnace com
mandement, Tn ne tuem: Point :le fègtieſingquä
eſt de Venus la Paillarde , à ce commandement.,
Tu nepaillarderaspoint : Le_ huictieſine , qui eſt de
Mercure le_ Larſon , &qui; aeſte' anciennement
le Dieu des Trafiqueurs, àce commandement,
'Tu m- dffiobzrdspoinr; le neufuieſmg_ qui eſt du
Soleil ou &Apollon , lequel a eſté eſtime' des.
Grecs auteur des oracle.: 6c Prince dela diuina
tion,à ce _commandement , Tu ne dim:pointfizux
zçſmazgnage :ñ finalement le dixieſine qui Güde la
Lune”- ce cómandemen t, Tn ne conuoiteraspoint,
pource que les Anciens ont aſſigné la meſme
vertu àce Planete touchant le monde elemen~
taire, qu'au Faye des animauinauquel la ſaculæé
de tout debordemenr 8; conuoi-riſea ſaict ſon
ſiege. MY- Il y a plzusîde ſiibtiliré ô.: gaillardiſe
en cecy , que de verité: car les vingt 8c_ quatre
heures Planetaires monſtrent aſſez quel eſtoit
anciennem ëjr l’ordre des Planetes,comn1e nous
expliquerons cy apresJà où nous verrons quîls,
doiuent eſtre diſpoſez( en la. ſorte ,t que nous_
auons dict.
Tu. D'où vient quelques ſois, que la Lune
nhpparoiſt apres ſa conionction que le rroiſieſ-ë
me iour , quelque fois. le quatrieſineî_ M Y s. La_
concurrence de trois cauſes enſemble font, que_
la Lune apparoiſt aux peuples Seprenrrionauxz
le meſme iour, auquel elle feſt. ſeparer: dëauec le
Soleils deſquelles la Premiere eſi , qu’il E1111;
[ſelle ſoit en vn ſigne Septentrioxial , dell_ à
dire par deça ?Equareurzla ſccondcaqifclle ſolic
ct en a.
5120710” III 853,
en la latitude Septentrionalqdeftä dirc,par de
ça [Ecliptiquez la troiſieſme , qu'elle ſoit en la
partie inferieure de ſon Epicyclepù elle fait ſon
mouuement plus viſte. Ye s’il aduient que
ñ l'vne de ſes cauſes deſaille on ne la verra que le
lendemain , ſi deux cauſes deſaillenc elle ne ſe
month-era que levtroiſieſme i0ur,ſi toutes trois
deFaillent , elle iſapparoiſtra qu’au quatrieſme,
les Grecs appellenrceſte apparition enim.
T H. Po urquoy eſt-cqque la Lune ifeſchau-ñ
ſe de ſes rayons ſi bien que le Soleil? M Y. Il eſt
certain , que tant plus elle eſt proche de noſtte
point vertical , tant plus auſſi eſchatlffe-cllc la.
terrezcar nous voyons qu’elle têpere les grands
ſroidures de l’Hyuer, lors qu’on la void reluyre
en ſa pleine clairté, 8c lors qu’elle iette ſes rayés
plus droicts vers les[pays Septentrionaux,coin—
bien ue ſa chaleur oit de petite vigueunpourz
cc qu elle luit de la lumiere empruntée d’vn
autre. .
T H. Si rant eſt, pourquoy cſt-cc-,que ce grid
nombre d’eſtoilles , qui luiſent en la Huictieſine
ſphere z &qui ſont verticales à pluſieurs peu
ples,& deſquelles la plus grandëparrie ſurmon—
re cent Fois la. grandeur de la tcrreme chauffent
pas comme le Soleil? M Y. Pour deux raiſons,
deſquelles la. diſtance de la terre aux eſtoilles en
eſt l'vne , pource qtfelle leur affoiblit leur force
8c vertu; 'Fautre eſt ?emprunt de la lumiere,
pource qtfelles luiſenr toutes par le beneficc du
Soleil.
T H. Ne enſe-ru pas que le Soleil ſoir chaud
comme le FEU? M. Ariſtote ne .trouue pas bon]
qui
854. 'CXNCLYIESME LIVRE
qu'il y aiſt rien aux corps celeſtes,qui ſoit chaud
ou froid, ſec ou humide, eſtimant que leur cha
leur eſt excitée par le mouuemeut : finalement
il eſt venu iuſques là de dire que les corps cele—
ſtes deſtoyent ſubiects aux accidents , à fin de
conclurre parla, que leur nature eſtoit erernel- ‘
le; mais il sïtnſuyuroit par ceſte raiſon que leur
lumieredeur ſi gnredeur quantite', leur nombre.
leur mouuemeut ne ſeroyent point accidents;
ſidoncques ie le conuins par raiſons necellai
res , que telles choſes ſont accidents ſenſibles,
qui doutera que les autres le chaud , dis-ie ,le
froid, le ſec 8c l’humide,ne puiſſent eſtre aux
corps celeſtes , comme accidents 2 Ceſt àdire
(pour parler plus clairement) que le Soleil n’eſ—
chauffe 8c deſeiche pas ſeulemengcounne cauſe
potentielle,mais auſſi, comme actuelle; 8c quîl
n’eſt pas ſeulement chaud en puiſſance , mais
auffi en Acte. Combien que ie ne ſois pas ſeul
“de ceſt aduis , car il y-a- deſia long temps , que
Feſcholle des Arabes areiecïeflcomme ridicule,
ceſte opinion &Ariſtote; 8c meſme Albumaron
Babílonien eſcript entre les autres , que le SO
leil eſchauffe peculierement de ſa pro re &im
1 ſite chaleur S autant en dit Iſaac NarEonnois,
quand il penſe, queles corps celeſtes ne com
muniquent rien aux inſerieurs que leur chaleur.
Mais certes , ſi nous nous addreſſous aux He
breux ſecreraires de nature , qui ont ancienne
ment impoſé le nom à chacune choſe ſelon ſa
propriete',ils nous dir0nt,que le Soleil SſiaPPCllC
Chdmma/@pource qu'il eſt chaud.
T H. Fauoigautres-fois apris aux eſcholles
d~c
11 SEcT-[ON
de Philoſophie,que la chaleurII.
eſtoit excitée835
par

à le mouuemenr des corps celeſtes,& non pas de


a leur propre &interieure natureM Y &Ouy cerſi
:O tes, par le mouuemenr des corps elementaires,
comme quand on frotte vn bois contre vn au
E4~ tre bois, ou vne pierre contre vne autre pierre;
l: car alors ces matieres ic-y conçcxyuent la flame,
i' laquelle s'eſt procréepnr la mutuelle colliſion
r: de leur ſoliditézmais i' n’y a Perſonne rantïloiſd
d’enrendement,qu__i penſaſt, qu’vne choſe,quiſſſe
remue au Soleilſÿeſchauffſiaſt plus, que celle
. qui s’y repoſezvoilà pourquoy lesMedccins de
E: Fendent de s’y atteſter, diſans qu’il eſt meilleur '
': de ſe 8c
halle promener
ſerueur ça
de 6c
ſeslarayonszpuis
que de ſe repoſer en lè
d'ailleurs

Soleil ne fentre-frotte point par aucune colli


ſion auec vn autre cotpszil ſaut doncques con
feſſer , que le corps du Soleil eſt chaud- , en la
meſine ſorte que Ciceron l’a elegamment ap- _
pelle ² fiambanncomme le feuzauſſi Iean Picus Ÿ-“ſalïflifflſïï
Prince de la Mirandolle aſſeure l' conſtamment, Dieux. _
-~ -
ſans chaleur. 1 _ b Au; incon
que les cieux ne ſont point m l,, Mz…
TH E.Sile Soleil eſtoit chaud, il eſchauffæ Iogunchap-'l
roit premieremcnr la partie de l'air, qui luy eſt
i
plus prochaine :mais nous voyons le contraire
en la plus Forte chaleur de FEſté , car alors l:
moyenne region de l'air eſttoute gelée de grid*
froidure, M Y s. On pourroir-faire' le meſmeiu
gement du feu,qui eſchauffc plus vn corps ſoliÿ
de,qui eſt efloigne' mediocrement de luy,qu’il
ne fait l’alr,qui eſt compris entre ſoy-næſme 8c
le corps ſolide: parce que la tenuité de l'air ne
peut 'Eeëeînirïni confdruerlarclmlcuç, qui .le 'pg
ſi ſi -’- GGG
S56 ClNQyIESM-E LIVRE
nette :voilà pourquoy la chair ſe cuit pluſtoſt ſi
en Phaſte, ſi on niet par derriere quelque corps
ſolide, pour retenir &Z Faire reuetberarion de la
chaleur ,que ſion la laiſſe exhalenôc meſme
tout ainſi quele Soleil ne luit pas parmy l'air ſi
;ſes ſays ne rencontteiär quelque corps ſolide
(comme nous auons eſia demonſtre au liure
ppreeedët) de meſme auſſi le Soleil iſeſchauſtſſc:
zpoint;ſi ſes rayós ne ſont reuetberez par le ren-
- côtre d’vn corps ſolideſiqui luy ſoitoppoſésmais
Yvne 8c l'autre choſe aduient couſtumierement
au Feu à par ainſi , ſi nous ne nionspour autre
- -eaníè ..que le Soleil ſoit chaud, ſinon pource
qu’il cſchauffe pluſtoſt vn corps ſolide ,qui eſt
ſi .faudra parluy,qii’vn
Joingde aucre,qui
meſme raiſó niencſſl luy eſt ſoir
le Feu proche ;il
chaud:
mais la conſequence eſt Fauſſe ,de ineſme auffi
.eſt ſon anteeedent. Mais ceſte region de l'air,
quiSoleilzôc
ſi du eſt tonſionrs-gelémeſt tellement
meſme tant haute eſloignée
par deſſus terre,
que les rays du Soleil n’y peuuent attalndre par
leur reflexion pour Yeſchauffer. A ſin donc
ques qu'on entends plus clairement- que le So—
leil eſt chaudzil ſe Faut prédte garde aux toicts,
&pauillonsnflc meſmes aux nuées les plus lege—
resdeſquelles nous deſendent de la chaleur du
Soleil , combien qu‘il Continue touſiours ſon
mouuemcnt : ce, qui ne ſe pourrait Faire autre
menucomme on peut facilement entendre par
Peſperiëce meſine de celuy,qui ſe retire-à. l'om
bre,car en moins de rien il cuire la chaleur des
plus proches rayons z. comme dqmcſtne il m:
peut faire que les meſmts rayons nez-le btullentl
| I x l l SÏ
\

SEcTioN Il. 337


s'il ſe reti1'e de l'ombre tant ſoit peu pour ſe
preſenter au Soleil. . œ

T H E o. Si lc Soleil eſtoit chaud de ſaict 8c


actuellement, il eſchaufferoit autant de ſes ra
yons obliques que des droicts: mais il [ſexcite
point la chaleur que par la reflexion 8c briſe
mcnt de ſes rayons, 8c principalement de ceux
qu’il enuoye tout-droict. M Y s T. Nous auons
deſia dict,qu’il n’y a qu’vne meſme raiſon, de ce
que le ſeu &le Soleil chauffent lus ou moins:
car ſi tu preſentes au ſeu vn bal in d’airein ou
vn miroer de verre,qui ſoit concaue en rondeur
ou en pyramide , tu ſentiras plus de chaleuren
la pointe qu'en autre part: par ainſi , ſi noſtre
Feu clementaire eſtoit ſi ample , que celuy du
corps du Soleil, il ne brulfleroit pas moins' que
luy par la reflexion des rayons au miroerzcar la
demonſtration d’Atchimede n'a pas moins do
force à vn endroit qu'en l’autrc.
T H E o. Puis que la chaleur du Soleil eſt ſi
grande,qu’elle a enflameÇquelques-fois ( com-,
a Dans Cro
me nous liſons ² ) les bleds,maiſons 8c Villes, 8c mer cn Phi
ce meſmes en Scythie,quieſt vne regiomen la ſtoire de l'o
quelle les rays du Soleil ne tombent iamais. loigne'.
droictssne ſetoit-il pas plus raiſonnable d'exti
mer que le Soleil ne ſe bouge, &que la terre
tourne autour? M Y. Cet-eſté l'antique opinion
de Philolaus , de Tin-deus , d’Ecphanres,.de Se
leucus , d’Ariſtarche Samien , &Atchimedc 8:
d’Eudoxus,laquelle Co eriiic a renouuellée de
. noſtre temps , mais on ſe peut facilement refu
ter par ſa vanité meſinqcombien que perſonne
ne l’aiſt encor* attaque' à bon eſcient.
G G G 2.
S38 CiNQytEsME LIVRE
.T H E.Sur quels arguments ſe fondenuceux,
qui tiennent, que le Soleil ne bouge, 8c que la
terre tourne? M Y' s. Sur la viteſſe incroyable
des orbes celeſtes, laquelle ſurpaſſe la capacité
de l'Entendement de l'homme , 8c rinci ale
inent celle de la Dixieſmc ſphere , aquel e eſt
neceſſairement dix Fois plus grande que la Hui
ctieſme; 8c toutes-ſois ceſte-cy fait en vingt 8c
quatre heures quatre cents ſoixante-neuf mil
lions , cinq cents ſoixante-deux milles , huict
cents 8c quarante-cinq lieiiesstellementque la
terre au regard de ceſte _exceſſiue grandeur ne
ſemble qu’vn petit poinct : voilà le principal 8c
meilleur de leurs arguments z d'allumage, on
iſauroit pas Faute ainſi d’orbes Eccentriques
pour remarquer le mouuement des planeresmi
de rant de raiſons pour eſcuſer le mouuement
de trepidation en la Huictieſme: item,on n’au
roit pas faute d’vne Neuſieſme_ ou Dixieſine
ſphere. Mais ils ont oublie vn argumëuauquel
ils ne pourroyent trouuer ſon ſemblable en v3,
leur,à ſçauoir que le repos precede en excellen
ce le mouuemennquc es choſes diuines &ce
leſtes ont leur nature'conſtante,& que les ele
ments Font mobile, muable ,~ troublée, &ſans
xepos:& que pour ces conſiderations il eſt plus
robable,que ceux-cy ſoyent agitez,que ceux_
&meant-moins il y a de grands abſurditez, qui
ſiiyuent l'opinion d'Eudoxus , mais celles, qui
ſuyuent lëaduis de Copernic, ſont encor' bien
plus dangereuſes 8c mal-conuenables..
TH E. Wii ſont ce: abſurdirez? M Y s. En
doxus ;ſa iamais penſé au mouuement de trç=
Eider_
ñ
SICTlON II. Q3;
pidation -S voilà pourquoy ſon opinion a touſd
iours ſemble auoit moins d’erteur:mais Coper
nir aſſigne trois mouuements à la terre , à fin
de pouuoir defendre ſon Hÿpotheſe , à ſçauoir
le mouuement diurnal en vingt &quatre heud p
res,le mouuement annuel en douze mois, 8c le
mouuemêr de trepidation en pluſieurs années,
auſquels trois mouuements ſi nous adiouſtons
celuy de la peſanteur , qui ſe porte au centre,
nous trouuerons qu’vn meſine corps à quatre
diuers mouuements naturels,ce qu’eſtant con
cedé,il ſaut neceſſairemenuque tout ce,qui eſt
baſty ſur les fondeuients de Phyſique tombe
en ruinezcar tous ſes axiomes conſpirentà cei
là, qu’vn corps naturel n’a pas plus d’vn-clipart».
uemengqui luy ſoit propre, &que tous regard,
tres doyuent eſtre eſtimer! violents ou volon
taires :puis doncques qu’il penſe que la cette
:iſt uatte monuements,il Faut 'qu’il n'y en aiſe
pas glas dÏvn ,quiluy ſoit propre, 8c qu’il cone
eſſe n'a
querien
tousdelesviolenUqui-puillſie
autres ſont violentszmais na.)
ture eſtre de lon
gue durée. Car deſia la terre ne ſe ment pas du
mouuement -des eaux .mi les eaux du mouue
ment de l’air, ni l’air du mouuement du feu en
la ſorte,que nousauons dict , que les cieux ſe
_ tournoyentlvn dans Pautre
ceux,qui-vies eontſienoyent. :par ?agitation de
D’auantage,Coper-d
nicnb meſit pas tous les cieuîx d’vne meſme ma* '
turegmais veut que l'es vns ſoyent mobiles,
comme la Lune,Metcur_e,VenugMars, Iupitei'
«SL Saturne,& vn immobilœcomme laI-Iuictielſie
me ſphereſiï Mais à quelle fin rant de varietníl
GGG 3
/
l

84.0' CLNLVXESME LIVRE


(Liam à la terre ,qui ne veoir qu'elle eſt vne
roſſe maſſe lourdedaqttelle ne pourroit,à cau—
(ſe de ſa peſanteur,tourner,virer,de(liisudeíſous,
autour de ſon propre centre, 8c de celuy du
corps du Soleil tout cnſcmble,& Outre ces deux
icy eſtre encor' tracaſſée par le mouuement
de trepidation
ſonne, P Ie ne
tant ſoit-il penſe
peu verſépas
enqu'il y aiſt per
la doctrine ſſde
Phyſique, qui le vouluſt penſer, puis que nous
voyons que les villes, fortereſſes , chaſteaux 8c
montaignes ſe renuerſent bien ſoutient par le
moindre eſhranlcment d’vne contréezôc certes
vn Courtiſanulors qu’vnAſtrologue ſouſtenoit
deuant le Duc de Pruſſe l'opinion de Copernic,
dict plaiſamment en ſe tournant vers celuy,qui
preſentoit à boire au ſouppegG-arde que le pot
ne verſe. Treſbien aduiſé ,car ſi la terre tour
noit vne fleſcle laſchée à droicte ligne contre~
mont,ou
d'vne 'toutvne ierre
enpbas ne iettée à plombiamais
tomberoyent de la ſur
cymele

_ lieu perpëdicnlaire
:ſeſcſiarteroyent plusà en
leurarriere.
premier deſpart, mais
Ptolemée s'eſt
ſeruy de ceſt argument pour renuerſer Fopinió
d’Eudoxus.Par ainſi, ſi nous voulons recetcher
les ſecrets des Hebreux, 8c penetrer dans leurs ‘
\aurez cabinets , nous y trouuerons aſſez de
moyens pour confirmer noz precedentes de
monſtrations par la maieſté de la ſitincte Eſcri
a A" ï-ïhï-dï turezcar apres que le Maiſtre de ſageſſe a dict ï,
"Ecſikſiſiſiſi que le Soleil ſe portoir Fort. viſte d'Orient vers
Et auPſeaume _ _ .
n. FOccidentnl adiouſte quant &r quant ces paro—
leszMnxlx la !erre demz-urefi-rmc Eterncllement. Fina
lement toutes choſes ,qui ont vne fois trouue'
vne
vne placeñ,propre à leur nature,
SncTxoN s’y repoſent,
-III. 841

comme Ariſtote a ttes—bien ² eſctipt. Puis dóc- a Au :Men


ques que laîterre atrouué vn lieu conuenable 757W”
à ſa nature , elle ne s’en peut bouger pat quel# ~
quhuttemouuemennque ce ſoit. *ï
T r-i E. le ,te concede volontiers tout .le re
ſte,n'eſt
te routes-fois
.pas ſans?eſtime que ce decret
Paralogiſme d’Ariſto
ou deception: ſſ. ſi :ç
.ource qifilfaudroir amſi,que les cieux. fuſ
ent immobiles ,veu qu’ils ſont en vn lieu con-i q _
uenable à leur natureëM Y. Tu' repliques ſubriz' ſi . ct -
lement,car .pour dire vray ſiceſt argument ne
me" ſemble' pas neceſſaire , puis que c'eſt_ .vne
choſe grandement abſurdede dire ,comme AO
ríſtóte", que ;cures les parties. du ciel-_chan-l
qent bien de place, 'maisnpnlpas ſon toutz: Ca! _
iue faut que toutapprehetidc
taurclcñlſiens le dell): repo e-,óu qui ſe' meu-e_ _
apperteuient.,qu'il
n'eſt pas en repos z il ſe ment doneques-zcariff
ne sŸenſuit pas,ſi vne: choſe 'ne change dC-'PIÂCÔH
que pout-celà .elle nd ſe rneuue en quelqueflieua
D'autant-ages puis que nous auons des. certai-l
~ nes demonſtrations,ddmouuement de trepñfdaiñ
tion , il ne
du-ciel ſaut oyent
ar neceſſite' que tOutCs
pazsTeulernſient lesparçies
meuësunais
auŒ-qtteëles-;hti-ict Odlo-cs changent de lieu, 8e
qu’ils ſoyençagitezzhffus- , del-ſoubs, deuant,
derriere” b." ſ du). -ñ ñ .ñ - -—
î-…nuuîp If 3
.i

7)” Jnwlligcrzcesgai mtltflffl! les Orbe: cale/les. q,


1
.i':'l~"
A 'I ë. .) 'z Q
_Ëhxiçr i o N
f
III.
TH. Les' Anges ſont-ils mouuoir les orbeÔ-î
o v* G GG 4
\
842. C Hi OJXESME Livnz
ccleſtes 2 M Y. C’efl:~l’ancienne qpiniondesA
cadcmiciens ,laquelle a eſté tou iours ſoubſte
nue ric à ric par les-Peripateticiens,Latins,Ara
. z
~ bes , 8c par toutes
Toutes-foisle les ſectes
mſſo uucment ne des Philoſophes.
ſeroit pas de ce
Re' ſorte propre à-ſont orbe , mais pluſtofi acci
a 5…_ ,a Mew_ dentairùCar combien que ï Alexandre Aphro
phyſique. diſée 8c tous les Arabes aflignent à chacunorbe
deux 'Intelligencep , ceique Picus 'Prince de la
“in ſu pû_ Mirandolle confirme ?ajoutes-fois les He
:i-M. breux me ſemblent Philoſopher- plus' ſubtile—
ment, 8cenſeignent
ilsnons mieux- ſelonla
, que'verité
chacunde .orbe
choſtnquíd
celtſſîſte a
vne ameinfuſe ,' comme 'vn animal, par laquel
ledls ſont portez ,. ner-plus ne moins que_les hô
niespar la leur ;Bt-que cc= mouuenient efl: rei—_
gjlépar la conduicte_ d’vn" Ange ſuperieur, qui
y pizeſidcirmus ſommes enſeigne: ile-cecy apñ.
pertementgpar les-ſecrets du :Mere-ma quct du. '
chariotdîizechiel, 131'061' il eſcriphqua les rouës'
celcſtes zſont agitées-parjſeſprit , quiefi en ,Elf
les,, routes ñfois. queen mounemençg depend
dd la; volonté &franc-arbitre desctanimauxiquiz ~
lesrouchent. .H . . 1 Liv 'i ,.
.c, H E.Ie ne ſuis encor' aruenu àla cagnoiſ
fimce di: tels ſecretszmais ily a vnpetit Scrupw
Leñzquitrtctrauaille mon eſprit , àſçauoiri, 'uis
que les orbes celeſtes ſiznt en ſi grand nom re,
8C qu’ils ont vne telle amplitude 8C grandeur,
qu'elle' nous a eſté deſicripte en partie par les
Arabes 8: Eſpaicrnols _., 8C en partie comprinſi:
par les demonſtîarionÿde' Ptolemémpar lei?
quelles,nousentenziqns que la diſtance de l’or—
c- Uſi v. -ſi l bc de
SEcTroN-III. 84;
be de la Lune à l'orbe de la Huictieſme ſphere
eſt preſque incomprehenſible tant,elle eſt Eri
de 5 comment ſe peut-il faire , que ces or es,
dis-ie , rant grands 8c maffifs ne nous oſtent
point Paſpect des eſtoilles , 8c qu’ils ne nous
troublent point les rais de la veue' ,ôc toutes
nos obſeruarions des mouuements , puis qu’v
ne nuée,vne ſumeſiewne petite vapeur ſont ſuſ
tilàntes de briſer tant les rais de noſtre veue
que des eſtoillesdc par ainſi nous rendre confus
touchant toutes leurs Obſeruarions 2 MY s. Il
eſt vray que noſtre veuë ſe peut ſouuent trom
per à Fendroit des corps elementaires , qui ſont
eſpez 8c tenebreux; 8c meſme l’eau , qui eſt au-i
\rement claire 8c tranſ arante, eut faire qu’v
ne rame ou vn baſton allait ſem le tortu en el
le , 8c que ce ,- qui eſt au fond ,apparaiſſe plus
grand que ſa vraye meſurumais - 'eſſence des»
cieux eſt tellement mince 8c- ſubtile , qu'elle.
rfempeſche tien noſtre veuä, iaë-«çoirîgue les.:
corps des aſtres eſtans_ eſpez &zmafli nous:
puiſſent quelques-fois rauir Yalpect desautteszz
- qui leurs ſont ſuperieurs , quanddils ont enſem-ñ
ble concurrence auec nos ieuxzMais Pexperiê
ce depuis tant &années nous Fair Foy, que-Ilëob-W
ſeruation eſt tres .certaine desaſtres 8c eſtoilles,
qui ſe. leuent 8c ſe couchent ſelon quelqun:
partie de leurs otbeszſinon peut_ eſtre que quelñ-z
que erreur gliſſaſt par-my telles obſeruarions à»
cauſe du labeur ennuyeux dïcelleszoudu Vico
de Finſtrumennqtli mean-moins ſe peut facile
ment corriger par Feſtude 8c diligence des au
tres venaus apres.Car meſme que Viñtdllio pen
GGG 5
~
x

844 CINQYIESME LIVRE


ſe que les eſtoilles ont autre latitude en leur le
uer 8c coucher, 8c autre quand elles ont at-~
tainct le point vertical z nean-molns Gemma
Friſieu enſeigne en ſon baſton Aſtronomique,
que la diſtance des aſtres ſur Fl-lorizon appa
roiſt touſiours de «meſine en quelque part qu'ils
' ſoyent. '
T H. ll me ſemble plus croyable , qu'il n’ya
point d’orbes ,hors-mis la Httictieſine ſphere,
en laquelle tous les aſtres ſont colloquez en
leurs places eſtans eſpars çaôc là ,comme des
pierres pretieuſes ,qui reluiſent en vn anneau;
8c que les planetes ſe promeneur librement en
Fair, qui eſt contenu dans ce grid 8c incompre
henſible eſpace. M Y S.Nous auons deſia monñ
ſtre' qu’il ne ſe pouuoir faire naturellement,
qu’vne eſtoille ou autre corps ſe peut mouuoir
cndiuerſes parties du monde de ſoy-meſine.
Mais nous vouyons que les planetes ſe portent
tout enſemble &à la fois par deux mouue
ments contraires , deſquels l’vn paſſe d'Orient.
en Occident z 8c Pautre d'Occident en Orient,
outre le mouuement particuherJequel vn cha
cun d’eux a':item,il eſt certain que toutes les
eſtoilles fixed-leſquelles nous vouyons, 8c peut
eſtre vnc infinité des plus petites , qui ne vien
nent àla notice de noſtte veuë) ſont contenues
en vn orbe ſeul, puis que toutes d’vne meſme
teneur s’efleuent en haundeſcendent en bas,
vont en auant,8e tornent en arriere.
T H. D'où vient que les aſtres ſe monſtrent
plus petits quîls ne ſont ,puis que la flame
d’vne torche ſe monſtre de loing plus grande,
.~ . . v qu'elle
SECTION lIII. 845
qu’elle n’eſt? M Y. Vn flambeau n’eſcla,ire que
quelque eſpace ſeulement terminé de l’air,de
ſorte que ceux, qui Farregardent de loing,ne
prennent que pour vne meſme choſe le flam
eau 8c tout ceſt eſpace, qui eſt autour eſclai
ré:mais il n’eſt pas ainſi des eſtoilles , ni des au
tres flambeaux celcſtcs , pource qu’ils ne ſont
point pendus en l’air , car eſtans en la tres~pure
ſubſtance de orbes,ils ne ſont pas ſubiects à tel.
les affections de Pairzquant à ce, qu’ils ſe mon
trent tant petits au regard de leur grandeur ,la
cauſe n’eſt d’ailleurs , que de la baſe de la Pyra
mide ou du triangle des choſes viſibles, par le
quel elles ſemblent d’aurant plus petites
qu'elles ſont efloignées des yeuxzVoilà pour
quoy les aſtres s’en monſtrêt-beartcoup plus pe
tits, à cauſe,diſ—ie,de la grand* diſtance, qui eſt
entre nous 8c eux. . _ ,d
D” nombre
S Ecó-grandeur
c T x o Nde.: :fſífllillflffl
111T.: oiflbl”.n."
.

. T H. C ambien ÿ a-il cfeſteilles viſibles? M Y.


Les anciens en ont conté mille 8c vingt-cinq
compriſes en quarante huict images , qui eſtïle
nombre le plus 'grand des eſtoilles , auſquſiellesſſ
ſſla ſubtilité de la venëñſe ſoit Pu eſtendre :-ii
eſt bien .vray pourtant que Rabi Maimon en a
adiouſté à cellesñcy encor' ſeptentc .leſquelles,
outre Fobſcruarion des anciens ,ñ ont eſté res
marquées par les Egyptiens 65 Arabes , d’au-.
tant que le ciel eſt plus ſerein en leur pays,
qu'en autre part_ du monde. . a—
‘ - _ T H.
846 CINQVÏESMË LIVRE
TH. Ont-ils conté iuſques au plus petites!
MYI
en as T.remiere
Ils lesont diſtinctes
ils en mettenten uinze
ſix differencíes;
: en laſi e
condelî quarante-ſixzen la troiſiqeſine, deux cens
8c huict : en la quarrieſinmquarre cens octante:
en la cinquieſme , deux cens trente 8c vnezen la
ſixieſme,cent vingt 8c cinq.Mai5 ce,que l'admi
re en cecy,eſt,qu'en vn ſi grand nombre d’eſtoil~
les il ne s’en trouue pas deux, qui ſoyent Oppo
ſées :car combien que l'oeil du Toreau ſoit op
poſe' au cœur du Scorpion en meſines degtez 6c
minutes de lon itude &latitude , neantmoins
la traiection de eurs raïs n’eſt pas oppoſée.
î T H. Combien grande eſt l'amplitude de cha
cïíne eſtoille? M Y s T.Archimede pen ſoit,qu’on
ne pouuoit rien iuger de certain de Fhauteur 8c,
grandeur des eſtoilles,qui eſtoyent par deſſus le
Soleil: mais ceux, qui ont recerché ceſte co
gnoiſſance auec plus grand loiſir, diſent (ſelon
u’il leur a eſte' poſſible d’adiouſter ſoy àleurs
ſlmflque le Diametre des eſtoilles de la ſixieſme
grandeur ala meſme proportion au Diametre
de la terre,que vingt 8c vn,ä huictzleſquels deu;
nombres «flans mulripliez cubiquement , 8C le
plus petit ſoubſtmict du plus grand , monſtrenr
que telles eſtoilles ſont plus grandes que la ter
re dix-huict: Fois 8c vne onzieſme , 8c ainſi con
ſequemment des autreszcar celles de-la cinquieſ
me grandeur- ſont plus grandes trente-ſix fois
8c vne octaue que la terre; celles de la quarrieſ
me grandeur ſonr-ſplus grandes cinquante 8c
quatre Fois 6c vne econde que la terre z celles_
dela troiſieſine grandeur ſont plus grandes ſep
cente
S E c *r 1 o V. 847
tente-deux fois &vne troiſieſine que la terre;
' celles de la ſeconde grandeur ſont plus grandes
de octante-ſept fois ou peu s’en faut que la ter
res chacune eſtoille de la premiere grandeur eſt
plus grande que toute la terre cent 8c ſept fois
auec vne ſixieſme artie, car la proportion de
leur Diametre àceîuy de la terre eſhcomme la
roportion de dix-neufià quatre; ce qui ſi: void,
_ on multiplie chacun nombre cubiquemennen
diuiſant apres le plus rand par le plus petit,car
ce , qui reſtera ainſi, ſera Pezcez de la grandeur
de Feſtoille ar deſſus celle de la terre. Nous
auonsic v ' des Diamerres de la terre 8c non
pps de es ſemidiametres pour ſupputïr plus
a Le cube de
cilement ²~, malles”. le
T HI Comment ſe peut-il Faire,que les eſtoil cube de 4. eſt
Gandiuiſemain
les,qui ſont tant grandes, apparoiſſent tant pe tenant 6T5!)
rites? MY. La grand diſtance de la Huictieſme par G4.- il rc
ſtem x07. 8c f_
ſphete
deur deenlaeſtterre
cauſe, laquelle fait,
ſin'empeſche que lus
non, la proſom
de voir
l'eſtat 8c conuerſion des aſtres en eur leuer &ç
coucher , qu‘vne petite formis , ou qu’vn point,
inſenſiblcſ
De ?interuaíle d: la 'IÊ-rre à la Huictïejſimé ſphere'
é* autre: cieux,

ñ-_Secriou V.

T H _E o n. Combien dir-on que le centre de


la
MYTerre eſt efloigné
S T. On de la Huictíeſme
dit que Fintſierualle ſphere?
de l’vn àYï-Utrcë
contient dix mille 8c quarante Diametrçs de la_
ñ \CUC
~

848 … CiNAYusME LrvRE


terre auec onze parties de vingt 8c quatre.
TH. Qgelle eſt la grandeur du Diametre de
\ la terre? MY. On le diuiſe premierement en
cent 8c vingt partiesÆc en chacune partie on aſ
ſigrre ſoixante-deux lieuës Italiques, leſquelles
eſtant toutes aggregées ſont la ſomme de ſept
mille, uatre cens 8c quarante lieuës Italiques:
ce nom te icy des lieues eſtant multiplie' par les
dix mille 8c quarante Diametres ſiiſdicts auec ,
. leurs fractions comprennent la diſtance de la
ſuperficie de la Huictieſine ſphere au centre de
la terre , laquelle monte ſeptente-quatre mil
lions , ſept cens &trois mille , cent 8c octante
lieuës ltaliquesxomme nous auons deſ-ia dict.
TH. Comment a-on peut ſçauoir ce nombre,
puis que les Aſtrologues ſont en ſi grand diſ
cord touchant lïnterualle de la terre à la Hui
ctieſine ſphere? M Y.— !Lille Firmicus a eſcript,
que ceſt eſpace ne contient pas plus de cent
trente-nen mille , 8c cent lieues ltaliques; les
autres le ſont de cent dix-huict tnillions , de ſix
cens octante mille,huict cens 8c quarante huict
lieues Italiques: toutesfois les Arabes , Eſpai
gnols &Alemâds ſót preſque tous d'accord tou
chät ladiſtance,dc
ſſrement parleſiſinonlaquelle
quelquesnous
vns,auons premie
qui veulent,
qu’elle oit de nonante-ſix millions , ſix cens
nonante-deux ſnille , 8c quatorze lieuës Itali
ques , de ſorte que la difference du plus grand
interuallc au plus petit eſt de quarante-trois
millionsmeuf cens octante-ſept mille , ſix cens
ſoixante 8c huict lícuës tellcs,que nous auons
deſ-ia dict.
T H.
SEcTioN V. '.849
T H. Peut-on recueillir de ceſt interualle,du
quel tu as maintenant parle',le circuit de la Huiñ
,ctieſme ſphere? M. Ouy; car ſi on le double , il
ſera entierement le Dianietre de la Huictieſme
ſphere; lequel eſtant triplé,en luy adiouſtant ſa
ſcptieſme partie,ſeló la doctrine d’Archimedes,
rendra entiertriple
ainſi , ſiſſon le circuit de toutdeſon
le Diametre cercle. Par
la Huictieſmc
ſphere , qui contient cent quarante-neuf mil
lions, quatre cens 8c ſix mille , trois cens 8c ſoi
xante lieuës Italiquesmn aura la ſoirime de qua
tre cens quaranteehuict millions,deux cens dix.
neufmille 8c octante lieues Italiques , auſquel
les ſi on adiouſte la ſe tieſine du Diametre , à
ſçauoir vingt 8c vn mil ~on,trois cents quarâteñ
trois mille, 3c ſept cens ſoixante-cinq lieuës
auec cinqſeptieſines , le vray circuit dela Hui
_ctieſrne pherc ſera de quatre cens ſoixante'
neuſ millions , cinq cens ſoixanteñdeux mille,
huict cens quarante-cinq lieuës Italiques , 8c
cinq parties de ſept fractions d’vne lieuë. l'en
tens pour la lieuë italique le milliaire commun,
pour le iriilliare ie conte mille pas, pourle pas ie
prens cinq pieds geomettiques, pour le pied
geometrique douze poulccs ou eize doigts,
pourle doigt quatre grains d'orge a finalement
on meſure le grain &Orge par autant de lignes.,
que ſa groſſeur entre de Fois au doigt; toutes
leſquelles ,choſes ſont fondées ſur noz ſens,
combien qu'a grand peine les puiſſions-nous
_comprendre pariceux , tant elles en ſont eſtoi
gnées 8c admirables en noſtre critemleuienr
T H2 Ce grand 6c oſpouuantable circuit de la
. . Huicticſ
850 CrNoJiEsMu LXVRE
Huictieſine ſphere fait-il ſon tour dans vingt 8c
quatre heures aurourdu monde? M. Pourquoy
non P puiſque meſme le circuit dela Dixieſme
ſphere , laquelle eſt dix ſois plus grande que la
Huictieſmekomme le~s demonſtrations geome
triques nous enſeignent par la doctrine des cer—
cles,ſi nous poſons la cas, que le Diametre de la
Dixieſme ſoit trois Fois plus grandœomme il eſt
neceſſairaque celuy de la Huictieſine ) ſe roule
autour du monde au meſine eſpace de temps?
Or on peut entendre combien grand eſt tout
ce circuit , ſi on s'imagine , qu’vn homme faſſe
tous les ans ſept mille lieuës Françoiſes, qui
ſont deux fois plus grandes que les ltaliques,en
montant à droicte ligne en haut, car il ne pour
ra paruenirainſi aux eſtoilles fixes en moins de
temps que de cinq mille , trois cens,trente cinq
ans; lequel eſpace de temps il ſaut tripler, ſi On
veut , qu’il paruiene à la iuperſicie connexe de
la Dixieſine ſphere , pource que ſon Diametre
eſt trois fois plus grand, comníe nous ſuppo—
ſons,que celuy de la H uictieſmgce qu'on p0ur—
ra veoir par cy-aprez en conſiderant Pinterual
le des autres orbes , qui ſont preſque tous en—‘
tre eux inegaux,d’auta1it que la proportion des
vns aux autres eſt quelquefois double, quelque
fois triple, 8c contient quelquesſois autant 8c la
moitié d'auantage en l’vn qu'en l'autre : Pat
ainſi , ſi le Diametre du cercle c, D, eſt double
au regard du Diarnetre A, B, le cercle c, D‘ , ſera
'quatre fois plus grand que le cercle A, B, Et
däutant que le Diametre du cercle EJ, eſt trois
_fois plus grand, que leDiamctre A, n, le cercle
EDF:
'Size-tion V. 8ſt
— E , F., ſera neuf'
fois plus grand,
que' le cercle A,
ñ_ Item le dia- .
metre du cercle
G,H, eſt quatre*
_ſois plus grand
que le' diametre
du cercle A,B',il‘
ſera doncques
- - ñ — ſeize fois plus
-- — . rich-Parce que
a quatre
le binaire, eſtant multi lie' en_ ſoy-meſmeſeize.
,le ternaire neu ,Sc leſiqttarernaire , fait

T- H E. Combien-eſt efloigné Saturne derla


Îerreſſ? M Y &Vaud il eſt en Poppoſite de\l’Au
"ge, 'en la 'partie de ſon Orbe plus voiſine de la
“terrenl en eſt efloigné de ſept mille, cëtñ-Octan
te-neuſ diametres auec vne ſixieſmepartie:
mais_ quand il eſt ſort efloignéde la terre au
“lieu de l'Ange en la cyme de ſon orbe,ſa diſtan
ce eſt de
reſtres 5 dedix
là milles
on peut8c trente-ſix :diametres
c0nclurſie,que teiz
l'Eccentri
que deSatùtne a deux mi-lleſtiuict cents , qua
ïhnteñ-*ſix diametres terreſtres &eſpeſſeur ( ſi: on
prend les deux extremitezde ?Apogée 6c Peri
* De l'Ange
ſaéemoitié
* pour l'Eccentriquefflntrement il n'a que a O une”
de ccſte-eſpeſſeurdevcraffitudrÿneants z-AUËÎ, ſi
moin-s Saturne nhttainctepas les eſtoilles fixes,
"quiíſont efloignées du centre du monadeÎ(com
me nous auons dëſia dict ) de dix dnille '85 qua:
rantesdiaanîetres' terreſtres auecbnze parties de
-vingt 8c -cfip-Ëre-ſractionää: ptrvlſſlſitîſizèlſſä ſim:
HHH
852. CXNQYIESME Lnnïz p
'plus hautes que YApOgée de Saturne de qua-tre
diametres de la terre.
T H E. Welle grandeur a Peſtoille de Satur
. ne P. M Y S T. La proportion de ſon diametre à
celu de laiterie ,eſt comme la proportion de
nen ,à deux ;ſi- doncques tu les multiplies en
cube,tu feras de neuflſept cents vingt «Sc neuf,
ſi& de deuxdſiemblablement huictzdiuiſe mainte
nant le plus grand par le plus peti-t, 8c ilreſtera
nonante 8c vn auec vne partiedc huict ſractiósg
lequel nombre eſt la vraye quantite' pariaquel
Le Feſtoille de Saturne ſurmonte 1a grandeur
dela cette. ñ 'p ñv _z T., _ ,-,,,_,,,,,' …,
. T H E.. Combieneſtcfloigne' lupiter de la
terre a M Y s. En _ſa Plusægraudïdiſtmice deſept
mille , cent oCEanre-quatrc diametres dela ter_
re 8c demy ,auec vne partie de huict fractions;
&en ſa plus petitedvde quatre millegquarrc
centswingt-&ſix diamettes de la tem: 8c demy,
auec cinq parties de douze fractions.: de là on
, peut entendre ,- que Peſpeſſeur deſc-tbe delu
pitenou la craſſitudçdpar laquelle ſon Eecentrió
que
deuxvamille,
8c vient
ſept de PApOgée
cens, a1] Perigëe,,
ciuquäctte~ſept eſt de
diametre;
de la terre auec quelques ftactionszaiînſi ñque
les Arabes 8c Eſpaignols ont obſeruéæñ ,’ E
‘ " ~ ~ ‘ TH E. Wellezgrandeur a leſtolillcæleít-!Píf
ter! M Y s. On dirfque ſon diametre cónnent
quatre-Fois auec quatre parties de ſeptſractiôs
le diametre de la terregdeſt à direzquîilzyia-pror
portion de l’vn à l-'autrmcôme de trfimcrdtäfló
;a ſeptzdeſqucls l’vn eſtant multiplie' ,ſtpaçemem
mm cube ſait'ttm”~.dc'ux mille, ſeÿqzcenrgg (Qi
.' , . H :tante
_SEQ-TION- V'. 2 8:53
xante &- huict; 8c l'autre trois cents quarante
irois ;par ainſi,ſi on diuiſe le plus grand nom
bre par le plus petit , il reſtera au quotient no-—
’ Haute-cinq 8c demy, parlequ el nombre lfeſtoil
le de lupiter ſurmonte… autant defois la gran
deur de la. terre. ' -ñ
T H. Combien eſt eſloigué Mars de la terre?
M Y &En ſi; plus, grandïliſtance de qua-tre mille,
quatre cents ,vingt 8c quatre diametres--de la
.terre auec vne partie de quarante ſractlióesmajs
— 'quand il eſt plus, proche de nous,ſon intemalle
!feſt que de fix cents 8c lrmact diaz-metres air-ec
.Ynepartie de quarante-&ihuict fraction” 8e la
, On peut… recueillir la profondeur ou ŒafflTLË-c
de* deëſorbc de Margpar-laquelle ſon-Eqcentfi
que_ monte” 8E deſcendſlu Pet-igéeà Pílpogëe,
&de lÎApOgÉe ‘au Perigée &Eſtrie-trois mulle,
- huifir-eeutäôc quinze dramqtres de 'La-terre 8C_
z-demy.: .H , .L-v( eu*- .Md-ſſh
N ſiT-H. - Yelle gcandour-æ-Yolïoilzle -de Mars-g
M Y ed On dit que la proportion de ſon diame
treà cclu-y- de La teIre-_eſhcottune 1.1- proportion
de ſeptzà ſixzdeſiquels deux nombres Pvnleſtaæ-Êc
'multiplié ſéparement en cube v, fai: :trois cent-ä
quaranneæroi-Sñ, ê: -ilëauamre dcuxecents '86 _ſeîzeæí
par ainſi , ſi on- diuiſe le plus gran-d par leïphis '
petit;,il reſtera att-quotienr-_Wrsôc demy , e’eſt ?zz
dirœque -líeſtoille cle-Mark kſtæ-VDC fois-Gd derby
pluu grande que tout le lobexde--la ternes* r ’
' 'Mi Tru !JOombien -qſtœ oigäæ" leSo-'lleil-_de la.
turns? M Y- s'.- En ſaphir-proche diſtance de cing
cenu ſoixante diaanetfies de &azur-ref Be dei-n'y :A 8e_
En pl” glandezde ſiíx cents? 8a quatreldiänibä
~ *î 1 HHH a
854 CruLvrzsME LIVRE
tres 8c detnyzde là on peut entendre, que l’eſ—
pace , par où ſe porteñPEccentrique du Soleil,
ou la profondeur de ſon Orbe ,eſt de quarante
quarre diameeres terreſtres auec .vne partie de
-trenre ſractionszpar ainſi,la plus grande diſtan
ce du Soleil a la terre eſt de quatremillions,
_trois cents vingt 8e neuf mille, deux cents qua
rante &î quatre lieiies Italiqueszinais ſa plus pe
.etite diſtance n’eſt que de quatre millions , 8c
quatorze mille. Copernic a trouue' que la plus
— ?randë diſtance du Soleil eſtoit de cinq cents
eptante-ſept diam-etres de la terre 8c demy.
.En TH E. Où eſt l'Apogée
PElſicreuiliſieez.- z… _ du Soleil? . N11.! ST.,— _ e
T a E.—Si ainſi eſt, d'où vient ~qu‘en Eſtefllots
,que le Soleil s'eſt retire' par deſſusterre de plus
de trois cents vingt 8c \Èpt mille, trois; centsſoi
xante lieuës-It-aliquesmous enduriâsfplns grid'
chaleur qu'en Hyuer ,lors qu'il s'eſt approché
je nous de tout ceſt intervalle? M Y &Pource
que les rayons du _Solçilifrappenr PMS" dſoíctz
_ſôätombent plumperpendiculairement en Eſte'
ſuijces païs Septenttionaux- ,quälsne font en
Hyuerdors que le Soleil aanoine de force ſur
'le Septentriompourcequc ſes tazſrons- n’y \lima
~ nejnt qtfobliquement. . . …
T n E o. Par-qçml moyen a-on-.ñplt Cognoi.
ÃIQLqXÎC la diſtance du Soleil eſtoit plus gran*
de enzEſté qu'en: Hyuet? :M Y s. Pack. diamcz
_tre viſible duSolcil , lequel n'a cnla Gym.: de
;ſim Bîecentriquc, que trente minutes 8c vingt
ſecondes :mais quand il-eſt venu à Poppoſitc.
citant lors fort proche de la XCÆEC-ſÿn diams***
g @Qin
Sîcrion
comprend rrenteëtrois Vrñ"
minutes , 8c quarante
855

ſecondes. Item , ſombre 'de la terre eſt plus


grande de cinquante ſecondeszquand le Soleil
eſt en ſonAu c, que quand il eſt à l’Oppoſite.
Adiouſtós au L à ces deux raiſons vne rroiſieſ
me) ſçauoir qu'il demeure quelques iours plus
en la partie Septentrionale que Meridionalezce
qui ne ſe peut ſairqſans qu'il ne skſioigne d’a.—
uantage de la terre. _
T H E. D’où vient que ſombre dela terre ſe -
fait d'autant plus grande que le Soleil s’efloigne
Efauanrage du centre du monde tirant en haut?
M Y s. Pource que le Soleil eſt beaucoup plus
grid que toute la terrezcar toutes les fois qu’vn
corps lucide eſt plus grand qu'vn corps tene
breux,il fait que l'ombre de cefluy-cy eſt d’au—'
tanrplus grande, qu’il s"eíloigne däuantage; 8c
meſme la raiſon de cecy eſt toute euidente,puis
que l'ombre du corps- tenebreux Fait alors ſa q
Pyramide * plus pointuezau contraire tant plus Ègffljgzflffl
le corps lucide säpproche du corps tencbreux, ſi
pourucu qu’il ſoit plus grand, tant plus illumi
ne—il de ſes parties luy rendit ſa Pyramide plus
mouſſue , 8c par conſequent ſon ombre plus
courte: delà vient que tant plus le Soleil s'ap—
proche de la terre, rant plus auſſi Pillumine-il, l' c,, de…
non ſeulement, intdnfiuè , en luy donnant plus "got- Lutins
.de clairté , mais auſſi, rxtenſîuè, * en illuminanr ÃËËJNÊÏJŸ,
plus de ſes parties. Par ainſi, il aduiengque tant 'vogue Fran
plus la Lune eſt proche du centre de laterre, ;Ûgfqſigſäî
eſtant oppoſée au Soleihmoyennanr auffi la ſea ich- azè para
ction de l’EcliptiqtÎeSd’utant plus auſſi s’obſcur— ghſâîuſffflfff_
cit-elle 8c demeure plus long temps Eclypſée, tre-
3
83-6 Cixqyirñsus LIVRE
Dôme il a pert euidamment par la ſuyuante ſi! -
gure ;en aquelle le Soleil ſoit A, 6c la Lune,K.ï
8c le diametre de ſombre. -
de la terre ſoit F , G, n où
elie ſait ſon Eclipſe plus
grand que quand elle- eſt
a en l'autre diametre M , N,
en la lettre L. (Et meſme
le diametre du corps de la
Lune ſe monſtre plus grid
eſtant proche de la terre,
que lors qu’elle s’en eſt eſ
loignée.) La proportion
doncques du diametre de
l'ombre de la. terre, quand
l le Soleil
loigne' eſtterre)
de la en ſonati-dia
Auge
(Ceſtquandil eſt Fort eſ~
ſi \ met-re de la Lunenfieſpond
à la proportiomqui eſt en—;
f tre treze 8c cinq , comme
on apluſieurs foisobſer-r
ueCOn peut auſſi veoir en
ceſte figurqcomme le So
leil illumine 8c comprend
plus de parties de la terre
eſtät en Bzſonvoiſin, que
ilà, plus eflOi-gné : car non pas lors
lors que qu’ileſteſt
le Soleil en en
B,

il' nfeſtend Fextremité de l'ombre de la terre


'que iuſques à D : .mais quand il eſt en A, il l’e
ſtend iuſques à E. DÏ-.illeurs la Lune czſtant.
en F,K 9 G s-sbbſcurcira beaucoup. plus &~de— a
meure
SECTION' V.. 857
meurcra plus long tcmpsEclipſeſie, qdeſtant
en la ligne,ctM,L, N. _
TH E o n. D’où vient doncques,que tant
plus noſtre œil ell proche d’vn globe , d'autant
moins il voye de ſes parties: 8c au contraire que _
tant plus il en eſt loing d'autant plus il en .vnyeîl '
M Y S T. La choſe eſt certes , comme ;u la pro;
poſes, combien qu’il nous ſemble tout ' lecon»
trairqquand nous penſons eſians proches que
nous voyons la plus grand partie du glqbefis
la plus petite en cſtans efloignez. Mais la rai-
ſon de l’vn eſt , (ËJC la prunelle de l'œil eſt plus
petite que le glo estout à rebours du SO eil,
qui eſt plus grand ue la terre ; la raiſon de l'an
tre eſhque ce,qui P-:veoid ſouläwn plus . rand
angle , apparoiſt plus grand 5 85cc, qui e voi.d
ſoubs vn plus petigapparoiſt plus petit ï: com l2.3. Euclide au
Theoremn
me par exemple, ſi l'œil eſt en D, la Îveuë rom- de la Pcxſgeñ
beta en L , &en N, parce ctiuc.
que les raisviſuaux D , L,
8c' D, N, touchent la ſphe
re aux deux points L , N:
lequel arc ell: moindre que
la. moitie du globe K. Car
defi Pœil
i E que vne choſe certaine,
void touſiours
' moins de la moitie de la
.ſphere We l'œil s'appro
. che doncques de la ſphe
re enla-lcttreR , .la veuë tombera aux points
de confingicnçc. @nZ , 8-: en S. Par ainſi , on
.veoid de la lettre R , la partie" plus Pctltc de
/la ſphere K , qui ell: Z ,.5135 dc la lettre D, on
HH H 4
l
858 CINAVZESME Llvnr
._ void ParcN, L,qui eſt deux fois plus grand
que Z, S. Toutesfois le plus petit arcZ , &ſe
monſtre plus grand que Farc N ,L , parce que
l'angle R, eſt plus grand que ſangle D. Auſiï
a Parla Lpïtlï
faut-il neceſſairement , que ce, qui ſe void
tion dela Per ſoubsvn plus grand angle, ² ſe monſtre plus
' ſpcctiue d’Eu grand; 8c ce,qui ſe void ſoubs vn plus perinſe'
clide.
monſtre plus petit : De là vient, que la Lune ſe
monſtre plus Fraude que tous les autres aſtres,
combien qu’el e ſoir la plus pecire de tous , ex
cepté Mercure: 8c meſme elle apparoiſt egalle
au Soleil , lequel routes-Fois la ſurmonte en
grandeur d’vne infinité preſque de parties.
T H. (liſelle grandeur ale corps lucide du.
Soleil? M Y S T. La proportion du Diamerre du
Soleil àceluy de la terre reſpond à la propob
tion ,qui eſt entre les nombres onze 8c deux:
leſquels eſtans ſeparemenr mulripliez en Cube,
le plus petit faict huict 8c le plus grand mil,
trois cents , trente 8c vn; par ainſi, ſi tu diui-ñ
ſes le plus grandpar le plus perir , il reſtera au
quotient cent_ oixanre ſix parties 8c trois
octaues
quelle led’vne , qui eſt la
Soleilſiexcede la terre,
iuſte grandeur
ainſi que par la~
Ptole
pmée*a donne' à entendre le plus clairement,
qu’il luy :i eſte' poſſible, apres auoir veu vne in
finité de queſtions des anciens, auſquelles il y
' auoir plus de curioſité que de certitude.
T H E O R. Combien eſt efloignée 'Venus de
la terre? M Y S T. On tient que ſon inrerualle eſt
en la plus grand diſtance de cinq cens cinquan~
re—ſept Diamerres de la terre 8c demy; 8c q ſon
plus petit n’eſt que de octanrequarre :la diffe
ICIICC
ſiSECTION V. 859
rence de ces deux diſtances eſt de quatre cents
ſeptente trois diametres.
T I-LDonr a-on recueilly la difference de ces
deux diſtances 2 M Y.De la grandeur de l'Epicy
cle-de Venus,laquelle ſurmonte tous les au
tres Epicycles , ainſi qu’il ſemble à Ptolemée;
pourueu qu'il n’y aiſt point d'erreur en ſon opi
nion ,car il veut que Venus ne ſoit efloignée
de la terre en ſa plus petite diſtance que de ſoi
xante degre: : 8c toutes-fois la chorde du de
-my cercle de' ſon E icycle s’eſtand nonante de
grezsce , qui ne e peut faire ſans abſurdité:
'cat il faudroit ainſi , que Venus touchaſt la ſu
perficie de la terrezquant à moy ie penſe,que ce
. lſïîſt PaS VHC qrreur par imprudence OU par ſim*

-te
ne de memoire,
,que à ſinblaſmer
ieſſ _vueille qu’il nelaſemble à perſon
doctrine de ce
grand Perſonnage. ’ _ ‘ '
T H. (Axelle grandeur aleſtoille de Venus?
Ëaämffiſſſictſiſi ctÜÊſiËËÎÂÏË ËÊÎÏÎËEÏÎÊF ÏÈÏL
e e e atetre,e c ,
deux nombres ſi on multiplie en Cubelvg fe
ra vingt 8c ſept, 8c l'autre mille : par ainſi,ſi on
diuiſe le plus grand par le plus 'petit ,il reſtera
au quotient trente ept parties , par leſquelles
' la terre excede Venus.
TH. Combien eſt efloigné Mercure de la
terre? M Y. En ſa plus longue diſtance (quand il 4
eſt en ſon Auge ou vApogée) de_ octante trois
diametres de la terre auec cinq ſixieſineszen ſa.
plus petite (quädil eſt au Perigée ou poinct opñ
poſe' à l'Ange) de trente deux diametres 8c
vn quart : la difference des deux diſtances eſt
HHH j
îîî \

860 CiNoJrasME LlVRE'


de cinquante «Sc vn diametre auec vne ſi
xieſine. _
T H. Quelle grandeura Feſtoille de Mercu
cure PMY. La proportion du diametre de Mer
cure àceluy de la terre eſt, comme la propor
tion d’vn , à vingt 8c deux mille, neuf cens,cin
quantc-deux parties,par leſquelles la terre eſt
plus grande que le corps lucide de Mercure.
T l-l. Welle grandeurale corps lucide de la
Lune? M Y S' T. La proportion du diametre dela
terre à celuy dela Lune eſt telle,que la propor
tion de dix &ſept , à cinqzmais le Cube de
cinq faict cents vingt 8c cinqzêcle Cube de dix
ſept fait quatre rriille , neuſ cents , 8c tre
ze: par ainſi, ſi on diuiſe le plus grand nom—
bre par le plus petit , il reſtera au quotient
trente-neuf 8c, vn tiert ,qui eſt la-vrayequam
rite', de laquelle la terre excede la Lune en
grandeur. v
TH. Combien eſt eſloignée la Lune de la
terre? M Y s. Sa .plus longue diſtance ſemble
eſtre de crête-deux Diametres 8: d’vne douzieſſi
me; ſa plus petite de ſeize Diametres 8c demy:
de là on peut entendre , que le plus petit inter
ualle du centre de la terre au corps de la Lune
eſt de cent vingt 8c deux mille,ſepr cens ſoixan
te lieues Italiques.; ;Sc le plus grand de deux
cens quarante-cinq mille, cinq cents 8c vingt,
quand elle eſt en la cyme de ſon Orbe : toutes
leſquelles raiſons ſont plus fondées ſur la ſoy
des ſens , que deſſus des certaines demonſtra
tions.Qgant au Diametre viſual de laLune, Al
bateguius tíentquil a , lors que la Lune eſt en
ſa
ï

ſi plus grand Sdiſtance


E c r de
t elaNterre
V., vingt 8c neuf
861

minutesgrente ſecondes: Purbache cn retran—


che les *trente ſecondeszmais quand elle eſt en ſa
plus petite diſtance , le rneſine eſcript que ſon
Diametre eſt de trente-ſix minutes. Copernic
reprend icy Ptolemée 8c tous les Anciens , ce
que meſine Iehan du Mont-royal auoit deſ-ia
aucunement ſaict au vingräc denzieſme liute
de ſon EpitomaGemma Friſi emconſirmant l'o
pinion de Copernic , a trouue"par ſon baſton
Aſtronomiquc que la Lune en a Dichotomie,
(c’eſt en l’vri de ſes quartiers , lors qu’elle eſt en
ſon Perigéeou moindre diſtance) auoit de Dia
metre trente minutes , lequel r-outesfois ſelon
…Fobſeruation des anciens de-uoit eſtre de cin
quante minutes : parce qu'alors la Lune n'allait
eiloi ée de la terre , que de dix-hnict Diame
tres ſti-blement , tels qu'elle ena trente 8c deux
6c demy eſtant en ſon Ange : puis auſſi le Dia~
metre de la Lune , qui apparoiſt plus petit.
'quand elle eſt -en la partie ſuperieure de ſon
E picyclqpeut chäger infiniment le nombre des
minutes. .
T H. Les Aſtrologues ſont-ils d'accord tou
chant lëintemalle de ñlsa terre iuſques aux aſtres?
\
M r s T. Arareus penſe que le Soleil, eſtant en
ſon Perigée, ſoir eſloignc' dela terre de cinq
cengcinquante-cinq Diametres; les plus nou~
ueaux ſont ceſte diſtance de cinqcens ſeptenre
8c vn ; Prolemée de cinq cens octante 5 Albate—
'gnius de. cinq ccns ſepranre-troispu pour le
\mins de cinq cens ſoixante 8c demys Par ainſi,
ſi on prend la moitié de la difference du plus pe
tit no m‘
1
862 CÎNQNIESME Livni:
tit nombrp_ au plus gpand , l'interualle ſera? de
l
cin
diſdlnscens
, queoixante 8c diſtance
ſa vraye e tôcdem :mais
eſtyde ſinous
cinq cens
ſeptente—fix,ſa racine quarrée ſera vingt 8c quad
tre. Ogant à ?Apogée du Soleil , Hipparchus
penſe , qu’il ſoit diſtant du Perigée de quarante
8c huict Diametres terreſtres; Ptolemée de qua
rante 8c quatre; quant àmoyïeſtime, qu’il ſoit
de quarante neuf, parce que le ſeptenaire eſt la
racine quarree de ce nombre, qui a vn grand
pouuoir en la nature du ciel. Par ainſi,nous vo
yons, que le nombre quatre cinq cens ſeptante
- ſix ne comprend pas ſeulement l'interualle du
Soleil à la terre,mais aufli qtous les triangles à
droicte ligne , qui ſont contenus aux corps par
fects , ſont enclos en ce quatrézcar le Tetraëdtc
contient vingt 8c quatre Orthogones 8c autant
de cubes 5 l'Octa~e'dre en contient quarante
huict; le Dodecaëdre trois cens ſoixantezſEicoo
ſaëdre cent 8c vingt , tous leſquels nombres,
_ cſtans aggregez enſemble, ſont la ſomme de
cinq cens ſeptante-ſixzïeſtime aulILque l'inter
ualle de la terre à la Lune eſt compris , comme
les autres , parvn nombre quarré , parce que ſa
diſtance eſt de ſeize Diametres: de ſorte que
nous voyons que Padmirable Architecte de ce
monde a tout faict par grand ſageſte en nom
bre,poids,& meſure.
T H. Si la plus grand' diſtance dela Lune à la
terre eſt doubleà la plus petite , pourquoy ne
,voyons nous la Lune deux Fois plus grande au
Pcrigée qu'en l’Apoge'e à MY. C'eſt l'argument
de Copernic, parlequcl il taxe Ptolemée; mzltis
es
SECTION V.- 863
ſes raiſons ſont Fallacieuſes: car il n'eſt pas nc—
ceſſaire, qu’vne grandeurdiſtmte de cent pas ſe
monſtre deux
eſt diſtante de fois plus grande
deuxcens pas,ſi qu’vne autre,qui'
elles ſont toutes l
deux eſgalles; 8c meſme tant sëen faut , qu’vn le
puiſſe demonſtrer par aucune raiſon Optique,
ou Geometrique ; qu"au conttaite Foptique
nous enſeigne , que deux. gtzændetîts eſgallcs
eſtants diſtantes ine allemcnt,c‘eſt à dircgeſtanc
plus efloignées de ?œil l’vne que l’autre , ont
'touſiouts m/oindre proportiô des angles , _ſoubs
leſ uols elles ſont veuës, que de leurs diſtances:
a?ainſi il ſe peut faire , que les diſtances Obſer
Iſſées par Ptolemée ſoyent vrayes z_ ,8c que Les
Diametres 'ne ſoyent pas poux-celà beaueoup
, -pouuons
Èliffercntsiüger
en tous. les deux
lc meſme desinterualles. Nous
autres Plaſiuetes:
car il Faudrait ainſi , que Venus ſd ànonſttzſt ſix
fois plus grande en ſon Pcrigéqquïezn ſon Apo+
gée , puis qu’on tient que ſon pluskgrand ipterç
ualle eſt de cinq cens cinquante 6c c t Diane-_
ttes de la tctre,8c ſon plus petit de o ante-quad
trezil faudrait auſſi que Mars Fuſt ſi.: t fois plus
grand à Poppoſite
me , pourſicc qu'il adeen-ſa
l’Auge,ç1u‘eä— "Au-pc
plus longue mel:
' iſtancc?
quatre mille', quatre cens ,-85 vingt 6c quatrè
Diametres de la correcte en ſa plus petite ſculeñ
ment ſix cens-BC huict; car. lapcopottion de la.
plus grande diſtanceà la plus petite .eſt ſepefois
plus
peut grande
veoir laen excès..duToutes-Fois
moitie gſſlpbe de :perſonne nd
èlque eflîdil
c quelle-quelle ſoit ,ë ni-'pas me mç- ſon vray
Diamctzg-x). . .…'~.».... ..O2 . _ z
~ *THX
864. CXNAY 1E SME Lrvnr
T H. Pourquoy non P MY SI Pourcoquïl eſt
a Au zzſſbpo- m… guident par les demonſtratious ² Opti
iïccïglscdzëzlf" queszque la partie du globe , laquelle nous vo
elidc. yons, eſt touſiours plus petite que l’Hemiſphe-—
re ou moitie du globqſi tam eſt,que Finteruallc
des yeux ſoit plus
- petit que le Diamcñ
tre de la ſphere 1 c6,
me par exemplqque
B,G,ſoit Finrcrualle
des yeux , qui eſt
Elus petit , que le
Les lignes-P,
iametre T, K,,
H..&z—
u T, N, -tombcnt dos
. . .— yeux B-zN, 65C, H. _
en la ſphere Z, K, L. Dczlà-il eſtcuident, que v
l'arc N , Z,H, e-ſt plus-petit que lauroitíe de la
ſphere; 8c quels ligne N,.H , eſt beaucoup plus.
petite , que la ligne P, R. Par ainſuil ne-Fautpas.
entendre , ce que nous auons dictdes Drame
tres du Soleil, de la Lune,de lupitcrzdc Venue
8c des autres aſtres. 6c Planetes ,le iueſine de
leurs vrais Diametres , unis-ſettlement des vi
fiiaux : car la \define proportion qu’il y a de la.,
partie à la partie, la meſmceſt durent au tout.
Si maintenant :du contraire de ñntoſtte premiere
demonſtration , lïaiteruallc des yeux eſt plus
rand que le Diametrc de la ſphere, lapattie de
ſa ſpherqqui eſt compriſe entre les de-uxligne;
viſuales ,ñ ſera auſſi plus ?grandes . comme par
exern le que S15 6c .V, ſoyeurlïnreruallc-des
yeux, aveuë tombera en V,H, 8c CnSyN-'MRË
SEcT1oN VI. 86.5
la-ligne
Doncques N, la
H,partie
eſt plus
dellaetire que-la ligne
ſphereN, Z, H, P , R3.
appa- ‘

roiſt plus grande dela moitie. Mais il n’y apais


vne eſtoille
ſoit de viſibleparties
pſiluſieurs , de laquelle le Diametre
plus grand ne
que l'interi
ualle des yeux, puis que toutes les eſtoilles, qui
viennent à noſtre cognoiſſance, ſont plus gran.
des que toute la terre,excepre'es trois : quantäu
Diametre de la terre , il n’eſt pas viſual, car les
Anciens ont trouue' ſon vray Diametre parle
moyen de la Geometrie : de là s'enſuit, que la
grandeur des corps celeſtes au regard de la ter..
re,eſt comme vne grandeur viſible BC apparente
au reſpect d’vnevraye 8c legitinretcar-rout ainſi '
que le vray Diametre d'vne choſe reſpond au
vray Diametre de l'autre, demeſmc eſt-il du
Diametre ap arem à Fapparenr; . . ë 'i' 'z
T &Wei e proportion ya-il dela grandeur
du Soleil à la grandeur de la Lune? M r s T. .La
meſme que de nonante-quatre, à .cinqzcar ſi on .a
multiplie ces deux nombres ſhparementzen
Cube en diuiſant apres le plus grand parleplus
petit , on trouuera au quotient que-lc Soleileſt *
plus grand quelarLune de ſix mille, ſix cents,,
quarante &quatre parties 6c deux tiers. … .ii

l. D”. circuit Ü* de la rondeur del-a nm.. _


',._ z ï 3|.- - ſlt-u .. '. [-11

,L-. ~ SECTION» .Vl. : î-M-'íd


.- 2,: v…. 'J ~ nm" .51
T n. Par quel moyen a-on- purttouuer le .diiañ
metre de la terre?- M Y s T. Par ſa- rondeur 8: cib
cu_it ;mais ſentais 'icy parla-terre .M- globcfflui
~ eſt
~

866 CXNÆHESME LIVRE


eſt composé d’eau 8c de la terre meſme. l
TmComment a-on pu trouuerle circuit de l
la terre? M Y s. Par la meſure d’vne de ſes plus j
etites parties; en laquelle Hipparchqs 8c Ptoñ l
femée 8c les autres Mathematiciens ſe ſont
cxercez long temps, à fin de pouuoir compren
dre , combien d'eſpace de terre reſpondoit à vn
degre' cœleſte; tellement , qu’ayants trouue'
ceſte meſure, ils n’ont pas ſeulement cognu ÿ
combien toute la terre auoit de circuit en ſa
rondeur, mais aufli ils ont compris toute ſi
ſuperfieiqproſondité 8c grandeur parla Stereo"
metrie , ceſt à dire s par les demonſtrations ti
rées des corps ſolides 8c doctrine* des lignes cir.
TH. Comment
culaires. ~,' . eſt—ce , qiſils ont» procede

pour trouuer la correſpondence d’vne \patrie


du ciel à vne partie de la terre .> M Y s. En ceſte
ſorte : celuy , qui l’a voulu premierement trou
0 uer, apres auoir pris Fhaureur du Pole auec
.l’Aſtrolabe ou quadrant Geometrique , à com
mence' de cheminer à droicte lignevers le Ser
' ptentrionpar le moyen d’vn Directoire (à En
de
les mieux aſſeurer ſon affaire)
8c grandescampaignes, 8c ce parla de
auctſquelles bel
plann
re n’eſtoit point interrompue de deſtpurs 8c
contours des montaignes ou vallées,iuſques à
tant que Peleuation du Pole ſe fſiuſt changée
d’vn degre' :ce que pluſieurs ,ayans Faict ainſi,
les vns ont trouue' que ceſt eſpace de la terre,
qui correſ ondoir à vn degrégeſtoit quelques
fois moin rqquclques-fois-plns rand, que les
., autres ne diſoyeru , mais leur difläxem neſt päs
r :E , c
SECTION VI. ' 8K7
de grant? importance. Car Hipparchus trouua,
que nonante-ſix milliaires (ou lieuës Italiques)
par terre, 8c treize parties de vingt 8c deux Fra»
ctionsgeſpondoyent à vn degré du cielflîraſto
tene n'en trouua que octante-ſept 8c demy:
Ptolemée ſoixante-deux 8c demy :_ Alfragaiætts
8c Thebit cinquante-ſix & deux tietsgtellemexit \
que ſeptâte-ſix milliaires ſont le nóbre propor
tional entre le plus grand 8c le plus petit eſpa
ce.(Mille 8c quatre cents ans ſont paſſez depuis
Pobſetuarion dflipparchus iuſques à Thebit,
qui a recerché plus exactement tout ce quiap—
partenoit à ceſte doctrineJSi doncques tu mul
ti lies le plus petit eſpace,qui a eſte' trouue' par
-Thebinen trois cents ſoixante degteznu trou
uetas , que le circuit de la cette eſt de vingt
rnille,8c uatre
tiplies cecluy cents.
,qui lieues
a eſté Italiquesiſi
trouue tu \nul
par Ptolemée,

par les meſmes degrez, tu trouucras_ vingt 8c


deux mille,& cinq cents lieuëszſir celuy Eraſto~ î” ²“°²°“.“
tene ï, de trente-vn mille,, 8c cinq centszſi celuy Îavnfdſſzſſſi
d'Hipparchus,de trente-quatre mille , ſix cents l°ſ‘i“°"‘îgîî®
Îingt &dcinqdaſixieſme partie de ce circuit fait r
e Semi iarnctre de la terre.
T H E. 'de
particule Comment
.la terre ſeaiſt,
peut-il faire, qrfaucunc
proportion ſiauec vne
partie duciclzpuis que toute la terre n’eſt qu'vn
poinct inſenſible au regard «ſiceluyz M Y s T. Il a
cſtcertain,
lesſſdeux .que PHOriſOn
luminaires diuiſearties-,quaxidvils
en eſgales au grand orbe
ſont oppoſezdiametralemcnt lîvn en Orient 8c
l’autre en Occident , comme on peut entendre
plus clairement par les Equinoceslzcat ſi le gla
… I I
868 CiNcLvrEsME LivRE
be de la terre eſtoit ſenſible au regard du ciel,
FEquareur ne pourroir coupper en deux eſgal
les parties la courbe rondeur de la terre ,mais
pluſtoſt ſeroit que les Obſeruations du leuer 8c
coucher des eſtoilles ſembleroyent tät en l'Ho
riſon , qiſau cercle vertical ſort diſſemblables
par les Phœnomenes : car c’eſt autre “choſe de
iuger, par ce qu’vne choſe eſt,8c par ce qu’elle
apparoiſt. Le Soleil ne ſembloit pas eſtre plus
grand à Anaximene de deux pieds ', Anaxagoras
ne Fcſtimoit pas plus grand , que ce qu’il luy
apparoiſſoit. On a apperceu par pluſieurs ob
ſeruations, que le Soleil occupoit Feſpace d’vn
degre'
T H8cE. demy
Tu as8cdeſia
enuiron trois le
dictct ,que minutes.
Soleil eſtoit
eent ſoixante-ſix fois,ôr trois octaues plus grid
que toute la terrezque s’il eſt ainſi,il faut qu’vn
degré du ciel eſtant pres de deux ſois plus
grand que le Soleil, contienne trois cenrs,tren
te-deux ſois la terre. M Y S T. Toute quantité,
pour ſi grande qu’en la veuille, a proportion à
vne autre quärité, pour ſi petite qu'on la trou
ue,ou ſoit qu'on la puiſſe meſurenou ſoit qu’el
le ne ſe puiſſe meſurerzcar íl ne s'enſuit pas,voi
re meſme que le diametre du quarré ne ſe puiſ
ſe meſurer auec le coſte',que pour celà il n’y aiſt
aucune proportion entre les deux: car elle eſt
treſ-certainqcombien qu’elle ſoit Kctfifinſſlo; , ineſ
ſable, pource qu’on ne l'a peut exprimer ni par
nombres ni par parrieszcar le diametre du quar
re' peut bien meſurer le coſté double , nonob
ſtant qu’il ne puiſſe auec telle Facilité meſurer le
çoſté ſimpleà plus forte raiſon y aura-il con;
UCIÎBÛCC
SEcTioN"VI-. ſſ) ?tf9

uenance dela terre au ciel, puis que leurs pro


portions ne ſont pas ÃËËMÛM ,ineffablesptt leurs
grandeurs incapables de meſureziaçoit qu’ellcs
nous ſemblent inſenſibles touchant
ct les Phœ
' AMT
nomenes.- À 1
î ;T--H E ~o. La terre eſtñelle auſſi inlenſilflt hu
re ard de la grandeur des autres Hmct orbes
inä-rieurs P -M Y s. Ouy,quant aux orbes de Sa
rurnezlupiter 8c Marsſizmaisïelle commence? 'ail
cunemenr d’eſtre ſenſible 'au regard de- lſorlzil:
du Soleilzôcà-plus íortevrajſon, ſi. on klaxon)
pare à la grandeur des autres orbes inferieurs,
8: principalement àlcelutyäle la~Lune5_c'ô*m1ne
on peut comprendre_ parles Phœnbntëiiesi des
Paralaíëgóuïpar la diuerſite' des aſpectsdaqíæiel
le ne ſe rrouue point aux oſrbes ſuperieurs
T-H &Combien grand "eſt le diametre de la
terre? M Y s. Si tu \multiplies le circuit-du 'tout
de laſ terre,qui‘eſt de vingt 8c deux mille cinq
cents lieuës Italiques ſelon Ptolemée , par le
nombre de ſeprgçn le diuiſant apres par le nſiom
bre de vingt 8c deux ,il te laiſſera au quotient
ſept mille, cent cinquante-neuf lieuës Italiques
auec vne onzieſme pour le diametre de la 'rer
re,ainſi qu’Archimede a pu le plus diligenunêt
rccercher: par ainſi , ſi 'tu multiplies le circuit
de la terre par ſon diametre , tu trouueras~que
la ſuperficie du globe dé la terre contient cent
ſoixante
cents 8c vn million,
octante-neuf ſeptante-ſept
lieuës mille,cinq
ltaliſiques. Finalemêt,
ſi tu multiplies ce nombre par laſixieſme ar
‘tie~ 'du diametre, tuauras' la_ ſolidité ouffproſſion
- deur du globe.
"-313 ~ I I I z
- x

…870 CtNQyrt-:SME LlVRE


DE.: Eclipſê: du Soleil é' de la Lune. , .ï

SEOTXON VII.

TH E.Couoide,
M Y:‘sſiT. Welle Forme a. ſombre
c'eſt en forme dedePyramide,
la terre?
ñou de pointe de clocher. ï _A p
T H E o. Pourquoy a M Y S 1'.Pourceñ que-les l
Eclipſes nous demonſtrét par certaines ïraiſons
6è arguments neceſſaires , que le Soleil eſigplus
grand que la. terre. Car ſi la terre .eſtoit plus

d]
'

MM

L'ombre
droide C513”-
, quand le L'ombrele Concile,
quand LÎOMIDÎ-e
Soleil ef! de, quand Caſani
le_ Soleil A
Soleil ej! :ſpl à plu” grand que la :ſi plus peti: g” /
la tem. Sem. la um.
grande y
SECTION VII. 37:
rande que le Soleil, elle ſeroit ſon ombre Ca
ſaroidepu en Forme de panier, 8c meſme la Lu
ne iſeſclipſetoir pas ſeulement tous. les mois,
mais auffi tous les autres planetes 8c eſtoilles,' -
qui paſſetoyent parmy vne ſi large 8c grand
ombre. Mais, ſi le Soleil eſtoit eſ al à la terre,
il aduiendroit auffi, que les eclipíâs ſe ſeroyent
tous les mois eſtants preſque touſiours d’vne.
façon 5 8c meſuie les autres planetes 8c toutes_
les eſtoilles, qui paſſeroyent visà vis du Soleil
dans ſombre de la terre ÿobſcurciroyent.
T i-i E. Il eſt aſſez euident par les figures pre
cedentes,que le Soleil eſt plus grand que la ter
reztoutes-ſois on ne comprend pas pour celà la
grandeur de l'ombre terreſtre. M Y s T. On a
trouue' par les aſſiduelles obſeruations des an
ciens , que le diametre de l'ombre de la terre
auoit ſa proportion auec le diametre de la ter
re meſine , telle que leñnombre de trois à qua
trezde ſorte que le diametre de la terre eſt plus
grand que celuy de ſon ombre d’vne tierce :u Pffflfflifiï
partie 8c demy ï : dauanrage la proportion du MEMJÏ
diametre de la Lune au diametre de la terre eſt, Cudrrdífwrſ
comme cinq à treize.
T H E o. Combienseſtend la longitude de
l'ombre terreſtre? M Y s. La plus grande con
tient cent trentñeñquarte-diametres de la terre,
la plus .petite cêt vingt. 8c quatre 8c demy:com—
bien queienîgnore pas,que les nouueaux Ma
themati-ciens ne ſoyent quelque peu en diſcord
pour ceſte longueuruiii-nſi qu’il aduient ſouuêt
en telles choſegqui ſont ſi hautes 8c efloignées
des ſens des hommeszcat Copernic a mis pour
iI1 z
872i CiNAyrEszME LIVRE \
ceiíi trente-quatre ,- cſſent trente-deux 8c demy.
Ladifferencedes ombres, lors que le Soleil eſt'
crt ſa plus grand -hautqur 8c quand il eſt au plus
' basltle ſon orbe ,eſt deidix diametres 8c demy:
&qu’il faut recercher plus ar le menu dans
Ptolernée _, Theon ,' Purbac e , 6c Baſantin:
oar nous ſuyuons icy la brieſuere' en recuillant
* ſeulement ce, qui nous eſt le plus neceſſaire
pour la cognoiilance de nature. ‘
i. . T H. Wappelles-ru ombre? M Y s. Le com
,En 1, 4p…- mun Auteur ² de la Perſpectiue la definie vne
P<*ſi\í<~>d"1-‘-lumiere deſectueuſezmais il me ſemble eſtre
malñconuenable de vouloir definir vn contrai
re par ſon contraire :par ainſi,i’eſtime plus cô
mode de la definir Vne obſcure figure d’vn
corps ſolide par Fobiection de la lumiere.
TH.I’ay encor’ en mon eſprit vn petit ſeru
pule,quime tourmente ſentendement , ſſèauoir
eſt, d'où vient que quelques doctes per onnes
diſent,que l’Auge du Soleil ſoit plus proche
‘~~‘ ' tſſ maintenant de la terre ,qu’ellen’eſtoir du têps

- _Lp
~, _ de Ptolemée?
i aduis M Y. I’ay
pour le reſpect , queeſté antres~fois
ie portois de ceſt
à Fantaſi
b MJ] d. ſa te' de " Melanthon 8c de Copernic , mais 1e me
Phyſique. ſiiisdeſpuis rauiſe' par pluſieurs raiſonsmar 1l
n'eſt pas vray; ſemblable , que dés le temps de
Prolemée le Soleil ſe fuſt approché de nous de
toute l-'eſpelſeur-dc ſon Eccërrique, c'eſt à dire,
de plus de ſeize diametres terreſtres; veu que
la diſcipline des Eclipſes , ni le mouuement du
Soleil ne ſeroyent pas à preſent de meſmc,qu’ils*
ont eſté aucres'—ſois,auſqt1els nean-moins nous 1
hewpyons rien de changé.,ou,qui leur ſoit .ſur
-à .
.' l . . ucnu ’ . r
S E'c T ION VII. 875
uenu de nouueau. Car il faudroit de ceſte ſor
te,que l’Apoge’e du Soleil ſe fuſt abaiſſe' au lieu_
du Perigée, 8c que le Perigée fuſt deſcendu au
lieu de l’Auge de Venus. Mais les bonnes gens
eſtimoyent , que cela ſe faiſoit parla bonte Di
uine, laquelle approchoit àla terre le Soleil,
à ſin de prouuoir par vne lus forte chaleurà
ſa vieilleſſe caduque 8c eſpuiſée de vigueur,
comme ſi elle n’auoit dautres moyens pour '
c’eſt effect. Nous voyons,que les loix 8c decrets
de nature ſont touſiours de meſme , 8c qu’ils
ne ſe changent rien touchant la ſitûatiounnou
uemengconcordance 8c figure des orbes cœle-I
ſtes , 8c que les Eclipſes du Soleil ſont auiour
d’huy de meſine , qu’elles eſtoyent iadis , coin
me :il apperr par les 'obſervations des anciens _
eſtans confrontées auec les noſtres ï. a Det-id reco
.T H E. Comment ſe peut-il faite,que la Lu- ?Èäfimîïaîä
ne couure tout le Soleil ven empeſchanr que ſigma: &veri
nous ne le puiſſions veoir a plein aſpect , puis ‘° d" '"°""°'
ment du ciel.
qu’elle eſt plus petite de ſix mille , cens , qua
rantequarre parties 8c deux tiers 2 MY S T. Le
diametre de la Lime eſt deux fois plus petit
que le diametre de la terre , 8c le diametre de la
terre neuf fois moindre que le diametre du So*
leil 5 de ſorte, que le Soleil ſurmonte la terre de
cent ſoixante- ſix parties 8c trois' octaues _, &la
terre la Lime de trente—neuf parties 6c vn tiert,
dont-il aduient que ſombre de la_terre eſt_,en
yramide, &que ſon diametre (Ceſta dire la
ligne , qui
baſe)eſt plusdiuiſe la partie
petit que celuyſuAli:erreure d’auec
la rerre,8c la
deux
fois plus grand que ccluy de la Lunemommeil
II I -4
874 CiNQyiEsME LIVRE
apparoiſt en ceſte preſente ſigurezque le Soleil
ſoit A, 8c la terre B , &la Lune ſoit C, 8c la fin
de
ſe' ſombre D. Ce qlfeſtant
pour fſiondementgil o
ſe Æut
ſouuenír que la Lune paſſe
quelque-ſois ſans latitude à
trauets le centre C , de l'ombre
de la terre , comme il aduint en
ce grand Eclipſe de Lune , qui
fuſt ſans aucune latitude ſenſi
ble Pannee M. D. t. v. le I l x t.
iour de Iuin, à tteze heures a
pres Midy, au vingt 8C troiſieſ
W mc degré du Sagittaire ,le So
leil eſtant à Poppoſite au vingt
8c troiſieſmcfdegrc' de Gemini,
~ proche de ſon Ange. (auquel
lieu le Soleil fait ſombre d; la
terre plus groſſe 8c plus lon
gue , comme nous auons deſ-a
demonſtré) Le diametre de la
Lune eſclipſante eſtoit alors
de trEte-deux minutes 8c huict
ſecondes , ou, ſi nous voulons,
ſon ſemidiametre eſtoit de ſeze
minutes quatre ſecondes; mais
le diametre de l'ombre de la. terre eſtoit d'o
ctantc-trois minutes , trente-quatre ſecondes,
ou , ſi nous aimons mieux , ſon ſemidiametre
eſtoit de quarante-vne minute, quarante-ſept
ſecondes ;ſomme toute,les deux diametres ag—
gregez enſemble faiſoyent cent quinze minu
tes, 6c quarante-deuxfecondes,ou , ſinousail
mons
SrcTroN V1.1. , 875'
mons mieux,lcurs ſemidiametres aggregez en
ſemblefaiſoyent cinquante-ſept minutes , cin
quante 8: vne ſeconde: lors la Lune faiſhit par
ſon couts en vne heure mille , neuf cents, ſep
tente-trois ſecondes , c'eſt à dire trente-trois
minutes, ou peu s'en faut; 8c le Soleil cent,qua
tante-trois ſecondes,c’eſt à dire deux minutes,
vingt 6c trois ſecondes :par ainſi ſi on tire le
lus petit nombre du plus grand, il reſteramil
e , huict cents, 8c trente ſecondes au quotient;
diuiſe maintenant parle meſme quotient cênt
quinze mille, ſix cens octante rierces,ôc il re
ſtera ſoixapte-trois minutes, c'eſt à dire vne
'heure auec vne vingtieſine partie , dans lequel
eſpace de temps la Lune entra dans l'ombre de
la rerre,ëc par ainſi demeura eclipſée trois heu
res 8c trois quarts. Mais s'il aduient que la Lu
ne ſoit en meſme diſtance de la. ,terre , 8c quelle
ſoit conioixicte auec l’vn ou l’autre neud , à ſça
uoir , quand ſon diametre comprend trente
cinq minutes &vingt ſecôdes,c’eſt à dire, dou
ze doigts moins deux tiers , &celuy du Soleil
_ trente-quatre minutes ſans point de ſecondes,
c’eſt à dire onze doigts 8c vn tiers ,elle rauira
_ re
facillement
en quelquedepart
ce lieu l'aſpect
qu’elle ſoſiit_ du
, ouSoleil
bien àaulaplus
ter

bas de ſon Orbe , ou au deſſus ,ou -meſmes au


milieu: mais elle ne fait pas long ſciour en ce
negoce, car en moins de rien elle abandonne le
Soleil,veu qu’elle va de grid viteſſe &Occident
en Orient , 8c que le diametre viſible de l’vn 8c
de l’autre ſont preſque
toutes-foisiclle ne rauitd’vne
pas àmeſme
toutle egalité."
monde Et la '

III 5
876 . CiNcLvi ESME LIVRE
lumiere du Soleihſinon ſucceffiuemenr. Cc
que perſonne ne doit trouuer eſtrange , puis
que la pauline de la main eſt ſuffiſante d'em—
peſcher Faſpect du Soleil: de meſine auſſi tant l
plus pres eſt la Lune de la terre , tant plu- l
ſtoſt nous rauit-elle la lu—
miere,parce qu'alors le So_
leil embraſſe moins de ſcs
parties , que quand elle luy
eſt voiſine , comme nous a
uons deſia demonſtre' : 8c
meſme veu que Pombre de
la Lune eſt en forme de py
ramide ,ne plus nemoins
que l’ombre de la terre ,il
faut neceſſairement, que en
A quelque part qu'elle ſoit de
ſon Orbe, ou ſoit en l'Ange,
ou ſoit en ſon Perigée , que
\ F. les rais de Soleil embraiſent
ſi la plus grand partie de ſon
globe : comme par exem
ple , faiſons que la circon:
ference de la Lime ſoit de
trois cens, ſoixante degrez,
. le Soleil en illuminera cent'
octante-vn 8c trois quarts,
par ainſi il n'y auraq le reſte
à ſçauoir cent ſeptête-huict

'~ meſme Soleil illumine cent 8c octante par


ties 8c vingt cinq minutes de la circonference
dela rerre,parce que ſon diametre 'eſt plus
grand
SEOT1ONOVII. 877
grand.; mais s’il s’approche d'elle, il en illumi
nera beaucoup plus , comme en cas ſemblable,
s’il SÏ-ſloignc , il en eſqlaireræumoins : ce , ui ſe
peut repreſenter par ceſte figure en telle Forte:
que le Soleil ſoit A,la Lune B, 8c la terre D, ſi la
Lune B,eſt en la plus baſſe partie de ſon Orbe 8C
en l'interſection del’Ecliptique, elle obſcurcita
par ſon opacité vne partie de la terre,mais qu’el
le Pobſcurciſſe toute il n’y apoint de moyen:
car les peuples qui ſont entre A, 8c D , n’endu~
rent point &Eclipſe; ceux, qui ſont entre D, 8c
E,ne ſendutent qu’il demy; mais ceux, qui ſont
entre E,& C,perdent de veuë tout le Soleil.
T H E. Po LlſqUOyctîſtllhCS-[ll , qu’il ſai-lle me
ſurer par doigts les Eſclipſes de la Lune 2 M Y…
Pource que tout ainſi que l'année 6C le iour ſont
diuiſe z en douze partiegdemeſmeatlſſi diuiſe
on Yinterualle de l'oppoſition de la Luneiuſl
ques à la conjonction du Soleil en douze eſga
les parties, deſquelles chacune contient quinze
degrez , parce que la Lune Ïobſcutcit ou aug
mente ſa lumiere de quinze en quinze degrez
d’vn doigt, c'eſt à dire de la douzicſmc partie de
ſon corps entier. ~
TH. Mais par quel moyen a-on pu trouuer
la grandeur du Diametre de la terre? M. ‘ Pro-z Au g. e. du
lemce a ſubtilement obſetué par Faide de l’in i4.liurc. De ſa
rende Con
ſtrument , lequelon nomme Triquetron que laËruflion.
Lune S ’ hclipia
‘ ' ~ de l'a quatrieſine
~, - ~ , lors IcanduMout~
partie co… auf-Lac
qu’elle eſtoit diſtante en latitude de l’Ecliptique ſoi, 591mm,
~de quarante-huict minutes 8c trente ſecondes:
il trouua vne autre-ſois que la Lune S’eſtoit
Eclipſée de la moitié de ſa partie, lors qu’elle
' s’eſtoit
878 C tN-QUHE SME LrvnE
s'eſtoit eſloignée en latitude de -'l’Ecliptique
quarante minutes 8c autant de ſecondes, la Lu
ne eſtant touſiours en çes deux fois à l’haut
bout de ſon Epicyclezpar ainſi ſi on retire le plus
petit nombre du plus grand,la latitudedu Aza
drat reſtera au quotient , qui eſt le nombre de
ſept minutes 8c cinquante ſecondes , lequel
eſtant multiplie' par quatre,fait en ſomme tren
te ôc vpc minute 8c vingt ſecondes. Le meſme
Aucteur a obſeriſe' que la Lune eſtät en ſon Pe
rigée auoir trente-cinq minutes 8c vn tiert en
ſon Diametre viſual: car par ceſte meſme do
ctrine on-a cognu le Diametre de l'ombre dela
terre' auec ſa longueur. ,
T H. En quelle ſorte? M. Nous allons deſ-ia
dict par cy—deuant,que lïnterualle du centre du
monde iuſques au Soleil, eſtant en ſon Auge,
eſtoit de cinq cens ſoixante Diametres 8c demy
de la terre, ou ſelon Albaregne de cinq cens
ſeptante-trois, 8c que le Diametre viſual du So
leil en ſon Ange eſtoità celuy dela terre com
me onze à deux. Nous auons auſſi dict par quel
moyen on auoitcognu celuy de la terre : qu’on
faſſe doncques vne ligne D, F, E. qui touche la
ſuperficie des orbcs du Soleil 5c de la Lune, :à:
apres ceſte-cv vne ſeconde ligne A , C , qui ſoit
' perpendiculaire du Diametre A, D, au Diame
tre C, Fpro
xieſme , auoſiPtion
ointsdu
detroiſieſme
contingence ,parla
liure di
d’Eucli—
de : qifon fgſſe auſſi vne troiſieſine ligne B , C,
qui ſoit parallele à la premiere D , F ,E , à fin
qu’on aiſt le parallelogtamme D,B,F,C, duquel
lc coſte D,B, eſt eſgal au coſté F, C, par la tren
î ‘ tieſme
SEeTION VAII. 879
rieſine propoſition du pre
mier d’Euclide.Puis dôcques
qu’oii cognoit la proportion,
qui eſt*eutr'e le lſiemidiame
tre du Soleil A,D, 8c le ſemi
diametre de le terre C , F, la.
difference A, B, qui eſt entre
tous les deux Diametres _ſera
cognuelMais d'autant que le
coſte' B, C, eſt parallele àD,
E, ſangle C , du triangle A,
C , B , ſera eſgal à l'angle E,
du triangle C , E , F, par la
vingt-neuſieſine propoſition
du premier d’Euclide : de là.
s’enſuit , par la trente-deu
xieſme du premier , que les
deux triangles A, B, C, 8c
C, F, E, ſont Orthogones,
8c pour ceſte meſine cauſe
eſgaux 8c ſemblables z Par
quoy il Faut, ſeló la quatrieſ
me propoſition du ſixieſine
liure , qu'il y aiſt vne meſme a
proportion de E,C, à E, F, que de C,A, à B,A5
8C que le coſté CDF-aſqui eſtlalongitude de Faire
-de l'ombre de la terre) eſtant cógnu par la rei,
,gle d’or,quc Paptte coſté E, F, ſoitafl-\IÏÎ Confit
quemment cognu par la proportion des trian
gles à droictes lignes. Item , poſons le cas
que C, G, ſoit lïnteruallc du centre de la
terre àla Lune (ainſi qu’on la pu cognoiſtre
par ſon Argument )par ainſi ,ſi onſoubſtraict
la~
880 CÎNOJÎESME LIVRE
la diſtance C, G, du coſte' C, E, le poſte'
G,E, ſera cognu , 8c par meſme moyen les deux
rrian les Orthogoues C,E,F,& G,E,H,auſquels
Pang e E , eſt comnîun , ſeront ùcognus par la
rrente-deuxieſine du premier d’Euclide, 8c par
la meſine Rcctangulaires 8C Aquiangulaires.
Ce qiſeſtant ainſi poſe' , il s’enſuiura par la quañ
trieſine propoſition du ſixieſinqque la propor—
tion de G,H,à E, G, eſt la meſine que de C, F, à
E, F , mais de quatre de ceux—cy il y _ena trois
de cognus,ä ſçauoir E,Fñ: F,C : G,E : doncques
' -parla reigle de~troiS ( c'eſt par la reigle d’or) le
quatrieſme G, H, ſera cognu,c’eſt à dite le Dia
metre de ?ombre de la terre , parlequel la Lune
paſſe en ſon Eclipſe. Cecy ſeroit plus euidenr,ſi
on pouuoir ſi bien_ tirer ceſte precedente figure
ſur vn feuillet,qu’~on la tireroit contre vne pa
roy,‘a fin qu'on peuſt mieux repreſenter le Dia
metre du Soleil plus grand cinq ſois 8c demy
que celuy de la terre , 8c diuiſer lïnterualle du
, centre du Soleil à celuy de la terre en cinq cens
ſoixante Diametres de la terre 8c demy.Mais vn
'bon Mathemaricien cognoit combienl le Lyon
eſt grand par ſes ongles. U
T n.l’admitois auparauant la deſcription des
elements, la vertu des herbes :la figure des ani
maux 8C ſur tout la grand ſageſſe 8c bonté de
Dieu à l’endroit de chacune chpſe : mais quand
ie contemple .ſa puiſſance , ſaveſſe , maieſté 8c
conſtance admirable en la deſcription, gran;
deur , ornement, nombre , inñrerualle , mouueï- a
' ment , harmonie 8c figure des aſtres &orbes l
.celeſtes, iedcmeure rouresbahy. M Y. Qge ſe_
- toit-ce,
SEcTro'N VIII. 881'
roit-ce,ſi
8c à quel nous
vſagecognoifliôs leur force
chacune eſtoilleſſ eſt 8cdeſtinée?
nature
Toutesfois ce ſa e Architecte du monde , gou
uerne en 'telle ſârte: leur puiſſances 6c vertus;
qu’il n’endure point,que nous ſoyons aſtraincts
oubs la neceſiité du Deſtin.
T H. Dy-moy donc , iete prie , ſi les choſes
celeſtes ont eſté cree'es pour les hommes? M Y. _
Ta demande eſt telle , comme ſi tu Eenquerois
de moy , ſi les hommes ont eſte' faicts pour les
beſtes : car c’eſt vne reigle infaillible , que la ſin
eſt touſiours plus excellente, que leschoſtzæqui
tendent a elle.Car,qui ſeroitceſtuy -läupouruert
qu’il ne fuſt inſenſe' , qui penſaſt que les choſes
terreſtres fuſſent par deſſus les celeſtes , les ele
ments par deſſus les aſtres ,les tenebres par deſ
ſus la lumiere, 8c les effects par deſſus les cauſes
meſmes 2 Toutesfois l'arrogance de l'homme,
lïmbeillité 8c l'erreur ſont venus iuſques là,
qu'ils croyent que les aſtres 8c eſtoilles, par leſ- ‘
quelles ils reçoiuent vn' infinité de biens, n'ont
eſté _créez pour autre fin , que pour
moditez. ct leurs com?
i î'

.De lafbrce (9- puiffancc de la Lime ó- des autres


Planete: ſùr le: corps inférieurs.
ſiSEcT-XON VIII. ' -'
_ 1- 'z .
T l-l. Nous a-on pas laiſſe' par art la nature 8c
force des eſtoilles? M Y. Pluſieirrs nous ont laiſi- '
ſé par eſcript beaucoup de ivaines menteries,
mais il y en abien peu , qui nous ayent eſcript!
'.1
de
882. CXNËLVHËSME ‘LLvRE
' de telles choſes ſelon la verité , 8c meſme ceux
cy en eſcriuent tant maigremë r, qu’on ne pour
roit trouuer aucune doctrine,en laquelle telle
cognoiſſance ſoit moins attaincte , liorſ-mis.
que dela Lune; laquelle pource qu'elle eſt pro
che dela terre , 8c qu'elle illumine la nuict , de
monſtre aprez le Soleil ſa force 8c nature auec
plus &efficace ſur les corps ÎIÎÏCIÎCUÏHÔC princi
~ ' äallement ſur les eaux , que ne fait aucun autre
ambeau celeſte.
T u. Pourquoy 2 M Y S. Pource qtfelle s’ap~
proche le plus de la nature des elements : car ſa
I
olairté n’eſt point nette , mais tachetée de ma
cules blanchaſtreswoilà pourquoy les Hebreux
Pap ellent Luka-nella, 6c les Grecs en meſme ſi
gni cation ASE/MOM” , parce que ceux,qui ſont
en leur natiuité ſont plus blancs que les autres.
T H. Dy—moy doncques,qu’elle vertu elle-a
aux eaux? M Y. Certainement admirablezparce
quedors qu’elle ſe leue,la mſer s’cnfle 8c eſpand
es ondes
aſtre ſur le aiſt
admirable riua:igttainéïtqlaligne
e, iu ues à ce hc/leridio
ue ceſt

nalle , lequel venant à deſcendre du plus haut


lieu delHemiſphere du iour vers le couchant,
la mer pareillement ſe retire de ſon riuage dans
,les golphes de l’Ocean : Ainſi la Lune sÏcſtant
cachée ſoubz l’Horizon, la mer commence de
recheſ de s’ef1fler 8c eſpandte ſes ondes par les
plages maritimesduſques à ce qifelle aiſt artaint
l'autre ligne
' monter de ,la
du plus basminuict
lieu de ,Fl-lemiſphere
laquelle venant à
de laſi
uuict vers l'Orient, la mer ſemblablemenr reu
uoye ſes eaux du bprd au creux de l’Ocean.
' T u.
SEcTioN VIIIJ- 883
T ir. Certes i’ay veu celà auec grand' admi
tatiommais ie te demande,d'oi1 vient qu'elle re
tarde ſon flux-Sc reflus tous les iours pnreſquîe
d’vne heure? MY. De ce que la Luneñ ſe leue
plus tard, ont elle ſe retire 'tous les iours en ar?
riere-par ſon propre mouuement pres de qua*:
torze degrez , deſquels il en Faut quinze pour
faire vne heureeſgale : de là vient , queſi l'O*
ceant a couuert de ſes eaux le riuage à midy , le
iour ſuiuant il n'y viendra qu'enuiron~ l'heure
premiere, le troiſieſine iour à deux heures apres
midy; parce que la Lune a *retardé ſon- cours
d'autant d'heures ou peu S'en faut. *W " *1
TH; D'où vient,que la mer s’enfle plus ſort,
quand la Lune eſt conioincte ou oppoſéeïan Soi
leil qu’eſtanr en ſa quadrature ou en l'aſpect
Sextil? MY. De ce que les aſtres ont vne? Force
admirable eſtans Diametralement oppoſe: , 8c
encoas' plus 'gräde quand ils ont conioinct leurs
lumieres : d'ailleurs
8C conionction la Ange
en ſon Lune zeſt en l'oppoſition
tellement, qu'elle ſ
ſemble de ce lieu attirer à ſoy les eaux de PÔceí
8c les tenir ſuſpendues de leur *golphes en l'ait:
mais-elle n'a>pas tant de diſtance en \Zi-quadra
t~ure:, pource qu'elle eſt enſon Perigée , où ell!
s'eſt approchée. d'autant d'eſpace de l'Oc'ean,
que IŸOceaU-eſt efloigne' d'elle.’> ‘ î ñ 2 'i' ?ï
\ .
r' .- TH B o. D'ou vient que le flus dela mer-eſt
plusgrand aux-eonionctions de_slumiii21ires;qui
ſi? Fontenuiron les deux Equinoxes', 8c princi
paiement.enuironceluyÎde- Septembrhveu-que
en ce têps là l-es- eaux- ſont' plus baffeŸsenÆous
ies *fleuries 'Bttfonrainctsiäs cauſe :de la leichëreiſi
KKK
l
884 CincLyii-:SME LIVRE i
ſe d’Eſté precedent? M Y S T. Pource qu'en ce '.
mois les deux luminaires ſont conioincts ou
oppoſez ſur l’Equareur,le plus grand cercleLqui
diuiſe le monde en deux eſgales parties.. .
. . T H E. D'où vient que l'air ſe Fait tranquille l
8c ſerein, quand la Lune ſe conioinct au Soleil?
M Y s. l'eſtime que les Grecs ont appelle' pour l
ceſte .cauſe le temps de la conionction Taz-li, l
comme qui diroit temps de ſilencezmais ſeroit- A
* ce,que le Soleil luy tienne alors ſa force reſte
née,à monſtrél,
deſia ſin qu'elleque le mouuement
n'excite de l'air
l'ait 2 Car nous de—
auons i

P endoit
T H E.duD’Où
So eil.
vient,que le quatrieſme . iour
. de

la. Lune monſtre le plus ſoutient en quel eſtat


doit eſtre tout le reſte du mois , ſelon ce qu'en
dit Virgile au premier des Georgiques:
‘Së' la Lune au marin deſir quam- naiſſance,
Laquelle tout le mor): conduizſôubsſh puiſſance.
Êſleue purement les com” de ſôn fiont
Tmmc -vers le Soleil en cercle demy-rond,
77m1 ce iour cé* ceux, qui tiennent leur origine
2)” meſtnaionïgſêronr [Em :alimenté- bruit”.
MY s T. C'eſt vne choſe qu'oln voiqlt ſouuen?
mais
iours l'ex etienee monſtre qn'eine
aſſePuréc-Toutesfoisnb le quaiiire
n’e as tou
cho -
… ſi; n’eſt cauſe de cecy,que [En premier aſpect
ſextil ,qui commence à deſployer_ ſa Force en
.ce temps la, auquel elle eſt paruenue à deux ſiñ
gnes par de là le Solcilxou bien à cauſe qu'elle
a de couſtume Æeſtendre -lors ſa lumimc 8c ſes
ta onsñ lus a crtetnent en ten-e. er-î … —
.yTB-g.- o. Dgoù vient ,quela Lune dent-Juan;
_ñë ,1 ',1 . vieille,
* SEcT1oN VIH. 88;
vieille, les humeurs des plantes 8c animaux ſe
diminuent, 8c que les os ſe vuident de moelle.
que le cerueau ÿextenumäk' que la. Force de -
tous les cor 1s elementaires e debilitej MY s.
Seroit—ce plzurñautanr que la 1.1.1116 deucnatxr
vieille , ſe tourne dela region elemehmire vers
le ciel? Car tout ainſi , que le ſoye eſt le ſiege
de la nature vevetale des animaux , tout de
meſinc la Lune tient la place du ſoye en la na
ture ve etale des cor S elementaires.
T HîPourquoy clieillit-on en Lune vieille,
ce qu'on veut garder long temps ſans corruæ
ption , comme les arbres en les coupant pour
baſtir, la laine en la tendant pour drappcr, le
bled en le vanant pour mettre au grenieizô: les
animaux en les chaſtrant, à fin que tout celà R:
faſſe auec moins de danger en la vieille Lune,
qu’en la nouuelle, au deſcroiſſant qu’en-l croiſ- _ p
ſant T? M Y s. Pource qu’alors routes choſes ſiuſlſÿzſfbï
ont moins de chaleur 8c d'humidité , qui ſont poire naturel
les deux qualitez, deſ uelles rend naiſiance l'a ë'
pourriture 8c corruption en Fontes choſes.
TH, 1-1…- D’où vient, que les furieux ſont plus
inſcnſez en la pleine, Lune, qu’en aut-te ſaiſon?
M 'f- s. De ce que le cerueau S’cnfle alors ſi Fort, —.
qugl rempllit tout lp tíeſſt (il: la ire-ſte, leqpc-'l au
de aut de :1 Lune ai e 'en ouuent us de
deux doigt: d'eſpace vuide , tant il ſe cîm ri
_.— -T—- —
mezde ſorte que ceux,qui ſont ſubiects àl’e uñ
lition de ſang auec inflamation du ccrueamſont
en danger &eſtre ſuffoquez en la pleine Lune
par la force-zdes eſprits, qui le dilatent iuſñ
ques 'a crever, comme il aduint à Ioachim du
ſi K KK 2.
886' . CiuqyiEsMr-z LIVRE
Bellay Poëte de mon pais-lors qu’il s'en retour
noir en ſa maiſon venant de ſou pper.Et meſme
les Singes ſont plus triſtes au deſcroilſant dela
Lune,qui toutes-Fois ſe reſioiiilſent outre me
ſure , quand elle eſt au plein. Voilà_ pourquoy
les Romains auoyent de couſtume de- tirer du
ſang pour punition militaire,à ſin que par ceſte
“cuacuarion les eſprits ſede
ar le raſreſchillſietnent rafreſchilſent , 8c que
toute la' perſonne
lïinſolence ou deſhordement du Soldat ſuſtre
primézor on ne pourroit tirer plus commode
ment du ſang, que lors que la Lune a au gmen
te' ſa lumiere. " v ñ - > '
T n E.PourqtÎ0y’eſt-ce,que les' Anglais bat
tent les Futieuxle "quatorzicſine iour de la Lu
ne? M Y s. Ils ont ceſte
8c principalement co-uſtume
à Londres de les battre,
en YEgLiſeVapPEl-ſi
!ée de Nazarendequoy eſtant tout eſinerueillé,
” firent
ie m"enquis de la cŸatÎſe à leurs gardes ,_qui :me
entendre, queſicJeſtoit polir rep-tuner leur
fureur. Les preſtres en France ont de couſtume
d’vſer de meſme ſeuerité
inſenſezdeſquels à _Pendroit
onſſ meneîà des ſols 8e
&Reſtitueäaupres
de Soiſſons,
en 8c à S..—Maturii1enauleur
les pinçant,piequant,8c paisjde Beauſſe
arrachantléſſ
poil , auſquelles façons de' Faire _qilsſadiouſtent
quelques rieres auec des coupsi, Les Anglbisr
font cecy e quatorzieſme iour' dela "Lune, ear
c'eſt lors principalement que le ſangôc lésïeſ
ptits bouillent aux venes. - — ~ ' “U-'ſ
T H 2.11 me ſemble aduígque telles; choſes
ſont pluſtoſt pour faire deuenir vn homme o.;
ge inſenſé , que de reduire vii-homme inſènſé
- ‘\ v CII
SlcTioN IX. 887
en meilleur ſens? MY s T. Tu te trompes :car
“tout ainſi que la trop grande proſperité rend
les hommes deraiſonnables , tout de meſme la
douleur 8c calamité les rend mieux aduiſez : ce
(1 le Maiſtre de ſageſſe a ſignifie' en peu de pa
roles, quand il dit a ggze Fafjiiflion domic- entende
mermon ne pourroit trouuer ſentence plus ve-î
ritable que ceſte-cyzparquoy il n’a pas eſte' dict
ſans cauſe:W: Dim Els/dicte veuxqufil aimaTouë
tes-fois il n'y a rien de plus commode pour re-ï
primer la rage 8c fureur des inſenſez , que de
_ leur tirer du ſang: comme on peut veoir aux
femmes ,qui ont leurs menſtrues ſiipprimées:
car ſi elles les perdent à cauſe de Faage 8C vieil
leſſe elles deuiennent bien inſenſéesJoutes-fois
auec moins de fureur que les ieuneszmais il leur
aduient alors vne griefue douleur de dents, 1a
quelle reprime leur furie :de là vient auffi , que
ceux, qui ſe releuenr de la fieure ,ou de quel»
qu’autre groſſe maladie , ſont beaucoup plus
moderez 8c ſages que les autres , en quoy on
peut admirer Finçroyable bonte' 8c miſericorde
de Dieu enuers les hommes.
T H E. D’où vient que les maladies populai
reS,peſtes 8c guerres ſe renforcent ou s’ad0u—
ciſſent àla nouuelle ou pleine Lune,& meſine
quelques-fois au premier ou dernier quartier?
Car c’eſt vne choſe dés longtemps eſpreuuéc,
8C principalement s’il aduient que l’vri,des deux
luminaires S’Eclipſe. MY S T. Certainement ra
queſtion me ſemble du tout haute 8c difficile,
8C ce d'autant plus que 'perſonne des anciens ne
ne l’a cn'cor’ miſe en' auauLMais ſeroit--ce pour:
KK K z
888 CXNSLYXESME LIVRE
autant que la Lune ſoit,comme celuy , qui rect
cueillit la pluralité des voix par le ciel pour
donner la ſentencezou comme celuy,qui porte
le vaſe des balottes,leſquelles il baille à tirer au
Soleil ou pour châger l’eſtat du monde de bien
en mieux, ou de mal en pis :car elle eſtend ſon
pouuoir auec plus defficace ſur …la rerre,quand
e-lle a conioinct ſes rayons auec ceux du Soleil?
Ce qui ſe peut veoir appertemeut aux conioin—
ctions 8c oppoſitions des lumina1res,qui ſe ſont
ſur l’Equateur,8c prineipalemët ſi c’eſt au point
de l’Equinoxe Autonnal , où le monde a pris
anciennement naiſſance ( ainſi comme nous
auons monſtre abondammër par pluſieurs bel
ïflffllî” ²“ 4* les raiſons en vn autre œuure 'î ) auquel temps
ſidiſblzäuâ,
’ .d ſ R e - les Republiques
. ont de couſtume de ſe chager.
,

Car les aſtres du ciel ſont appellez armées de


Dieu, pource qu’ils s’arment'par le commande
ment de Dieu leur capitaine 8c Seigneur pour
exterminer les meſchants &pour cóſeruer les
bons,ôc ſe contiennent, quand il luy plaiſt les
reſrener par ſes loix 8c ordonnances , chacun
en ſa charge ſans faire mal ni bien, iuſques à
ce,qu’il leur laſche la bride pour executer ſi:
volonté. _
T H E o. Pourquoy ont les Luminaires plus
grand' Force eſtants oppoſez ou conioincts?
M Y s. Pource que leurs rayons ſe meflent beau
coup miquxgtinſi qu’on peut veoir aux miroers
ardents z 8c ce d'autant , qifil y aura plus
grand nombre de planetes conioincts ou oppo.
ez par le centre des vns aux autres auec quel- a
que eſtoille fixe de notable grandeur : apres la E
- comom
SEcTioN IX. _ 889
conioinction 8c Foppoſition ſuſpect Trigone
à plus grandîſorcc que le Wadrat, 8c le Qqa
drat ue le Sextilznon as que le Qqadrat ou
Sexti ſe faſſent en des Ægneædeſquels la natu
rc leur ſoit entierement contrairezautrement il'.
faudroit dire,que ?aſpect Diametral ſeroit plus
debile que le Wadrat, pource qu'il ſe fait touſ
iours en ſignes , qui ſont du tout oppoſez l’vn
à Pautrezmais c’eſt, pource que le Triſigone ne ſe
peutſaire en plus de parts du ciel, que de trois,
ni le Ogadrat en plus que de quatremi le Sextil
cri-plus que de ſixnellement que tantdplus les
rayons ſe diuiſent cu pluſieurs parties, ’autanc
moins onc—ils de forcezce, qui ce pourra enten
dre plus facilement par ceſte figure , qui feſt
propoſée deuant les yeux : en laquelle lëaſpect
ct ' Diametral eſt noté
d’vne ligne entre
deux ronds J' ,le
Trigone d'vn trií-'ñ
gle A ,le Quadra!
d’vn quaiîré u , le
Sextil— d’vne eſtoil
le *X- :car tout ainſi
~ les rays,qui s’aſñ
Memblët tous en vn
centre dans la ca
uité d’vn* mitoer
ardent, out plus cſeffieace qtfeſtâs diffipeznout
de meſme les rayós des aſttes,qui ſont enuoyezſi
en vn certain lieu dela cauité du cieLont beau
coup plus de force qifeſtans diffipez en trois ou 1
quatre partsll faut aulIi contempler cecy entre
KKK 4
890 CINÆVIESME LIVRE
les œuures de Yadmirable ſageſſe de Dieu , que
le centre de l’Epicycle de la -Lune eſt .touſiours
en l’Auge aux conionctions 8c oppoſitions des
luminaires :car s'il Se trouuoit alors au Peri
géedes Eclipſes tant du Soleil que de la Lune ſe
eroyent beaucoup plus ſouuent 6c de plus lon
gue durée,8c lors principalement, que la Lune
ſeroit au plus bas de ſon Epicycle. Mais quand
la Lune eſt Tiré-rom; à demy illuminée, elle a.
moins ;le force, voilà pourquoy elle s'approche
de la terre our la ſomenter de ſa riede lumiere;
8c routes-ſois elle ne peut de ce lieu là eſclipſçr
ni faire eſcripſer la iouyeuſe Face du beau So
leil. .
T H E. Comment ſe peut-il ſaire,quc Feffect
des conioinctions 8c oppoſitions s’enſuyue des
auffi roſt ,qu’elles ſont paſſées? Car la Lune
sÎeſclipſa eſtant oppoſée au Soleil par le moyen
de Pinterpoſition de la terre enuiron l’Equino
xe de Septembre,le iour deuant, ou pluſtoſt la
ſin Plutarque a nuict precedenreda deſaicte de Darius Ro de
remarque' ce Perſe par Alexandre aupres ² d’Arbela :vn ſiem
cy en la vi e blable Eſclipſeaduint enuironle meſme Equi
d'Alexandre 'noxe de Septembre , qui preceda Œvneſſnuictle
dekerſer , de
Dion, de Ni deſaſtre 8c tourte de Perſés Roy des Macedo
cias,& de Pe
Îopidas.
niens ,duquel on rriompha quelque temps a_
res en la ville de Rommezitennla Lune eſclip—
ſi: lc iour deuant que l’armée des Athenicns
fuſt miſe en tourte par les Siracuſienss &vn’
'autre ſois auſſi, quand Pericles partoit du port
de Pirée pour s’en aller contre les Pelopone
ſiens : Elle eſclipſa auſſi lors que Pelopidas
conduiſait ?armée des Thebains contre Ale
\

". xandrc
SECTION 1X. ' 891
xandre Roy de Plieres *z Item,le Soleil eſclip- :flâfäîfïllîëcîï
ſa en la conioinction de la Lune,lors que Dion ramide_ en
partit du part de Zacynthe pour renuerſer lañTh°ſſ²“"
puiſſance de DenisleTyran : 8C meſine on dit,
que le Soleil eſclipſa trois Fois , 8c la Lune vne
fois Pannée, en laquelle Pericles perdit ceſte ſi—
gnalée bataille contre les Peloponeſiens. MY s.
On peut entendre par ces exemples, ce que
nous auons deſia dict ,que les pertes 8c deſ
conſitures de guerre ont de couſtume de ſe
reengreger en la conioinction 8c oppoſition
des luminaires,tellement qu’il eſt tout mani
fſieſte,que la cauſe de cecy depend d’vne plus _
haute ,laquelle toutes-ſois n’eſt pas conduicte
par vne neceffite' ineuitable ,mais pluſtoſt par
la ſage prouidence de Dieu, qui gouuerne tou
tes choſeS.Toutes-ſoisileſt bon de voir, corn
me les puiſſances 8c grandeurs de Darius Roy '
de Perſe, de Petſés Roy des Macedoniens,de
Denis le Tyran , &Alexandre -Pheréen ont eſté
renuerſées de ſond en comble apres les Eclip
ſes. '
~ T H E. Si la Lune,qui emprunte ſa lumiere,
8c qui eſtſtla plus petiltle , apres Mercure,de rou
tes lespuillance
de la e oil es ,ate evertuquiqeſt
du Soleil, , ue dirons nous
la ſource de ~

toutelumiere , 8c qui eſt plus grand que la Lu*


ne de ſix mille', ſix cens , quarante-quatre par
ties 8c trois octaues? MY. Tout ainſi que la
Lune commande ſutles eaux 8c humeurs , de
meſine le Soleil eſtend ſa puiſſance ſiir l'air 8c
ſur les Eſprits : &tout ainſi que le flux 8c re
flux de l‘Ocean eſt gouuerne de la Lune , tout
v K KK j
892. CiNtLvrEsMPLtvRE
de meſine le mouuement ordinaire des vents
eſt regy par le Soleil: la Lune communique aux
choſes,qui ont vie, la force vegetale ,ñôc le So
leil la faculté vitalezceſtuy-çy preſide au cœur,
8c ceſte-là au foyezôc tout ainſi que la Lune eſt
ſoubs la puiſſance du Soleil , tout de meſme
l'eau eſt ſoubs la puiſſance de_ l'air: ce que nous
auons deſ-iadeclaire' , quand nous parlions de
la nature des vents 8c de la force du Soleil ſur la:
region Elementaire. \
TH. D'où vient que les Chaldeens appel
lentle Soleilîäahahdeſt àdire Seigneur 5C mai
ſtre , 8c les Hebteux Scheme!, qui vaut autant
à dire que SeruiteurëM Y s T. De ce que les vns
l’ont appelle' plus proprement que les autres:
car le Soleil , comme ſeruiteur de Dieu Tout
uiiſant, ne fait rien , ſinon ce que ſon ſeigneur
fuy commande : mean-moins les Chaldeens,s’a
donnants plus à la cognoillſſance des choſes
_ ſenſibles ,que intellectuelles , ne l’ont appellé
pour autre raiſon Seigneur, ſinon pource qu’ils
ne voyoyent rien au monde ni de plus admira
ble , ni de plus magnifique , ni duquel ils tiraſ
ſent plus d’vtilite’ 8c profit que de luy z voilà
pourquoy ils l’ont honoré , comme vn grand
Dieu 8c Seigneur de toute la nature , ce que
meſmesonr touſiours faict les Indiens Orien
taux.Mais les Hebreux , à fin de deſtourner les
hommes de telle iupetſtíxion ,l'ont appelle' ſer
uiteur , pour monſtrer qu’il n'avoir rien du
ſien: qu'au contraire, il n'eſt que diſpenſarcur
de ce, que Dieu createur de toutes choſes luy
a communique'. , a
T H.
SEcTroN IX. 893
T H E o &Pourquoy penſeñon que de vingt
1m15: edvingr-huict ans il _v aiſt bonne ou mau
uaiſe temperature d'air pour le bien &fruict
dela terre? M Y S T. (Ceſt vn decret plein de
tromperie , comme Fexperience ſaict ſouuent
apparoiſizre : Car on penſoit que la cauſe de cc
cy fuſt du cycle ſolaire ,qui ſe Faict de vingt
huict en vingbhuict ans par le moyen de vingt
8c ſept années, au bout deſquelles quelques
minutes aggregées Font cinq heures enrieres
ſans point de fractions :mais ſi on multiplie
vingt 8c ſept ans par vingt 8c quatre heures on
trouuera par le mouuelnent du Soleil que la.
ſuſdictc aggregation de minutes a faict en ſix
cents ,quarante-huictans , cinq iours entiers
ſans aucû reſidu ni d’heures, ni de minuteszcar
c'eſt la grand' periode du Soleil, qui ſe fait par
quatre-ſois ſept multiplie' par \latte-Fois ſix.
Par ainſifeſtimerois plus vray-?emblable que
toute ceſte varieté des années auec leurs eueñ
nements ſe reformalſenglors que le Soleil eſt
venu par ſon exacte mouuement au commen
cement du lieu , dont-il auoit pris ſa courſe,
qu’en autre temps', mais ſaurais Faure pour
preuuet cec’y de la ſtucllieuſe obſeruanon de
ceux, qui m ont precede. Les Hebreux enſei
gnenr, que ſi Dieu ſe propoſe de chaffier la ma
lice 8c laiſicheré des hommes par ſtcril-IÏCAFUCIË
res 8c maladies populaires , que c'eſt tou iours
l'année quatrieſine ou ſeprieſine de la creation
du módenelle qu’on interpretc Fannée de la na
tiuite' de Ieſus Chriſt M. D. r. x x X v. qui eſt le
einquieſme millenaire auec D. L r. dés la crea
non
l1
894 CINLLVIESME LIVRE
tion du monde 8c par ce Sepmenairedaquelle a ,
eſté ſuyuie d’vne grand'. ſterilité preſque par
tout:de meſine auffi Dieu deſploye ſouuent ſes
fieaux ſur les Pecheurs le quatrieſine 8c ſeptieſÎ- <
me iour aprez l'eſſence.
THE. (Lie dirons nous de la puiſſance de
Venus P M Y s. Tu me demande vne choſe, diſ- 4
ficile , à ſçauoir de cognoiſtre ce , qu'on n'a ia
mais pu comprendre par aucun trauail ou diſ
cipline. Carles raiſons de ceux ne me conten
tentſpas,qui diſent ,que Venus communique
par on influence la force 8c vertu dÆ-ngendrer
à toutes ſortes de plantes 8c d'animaux , qu'el
le donne le la beauté aux femmes ,la grace aux
hommes,& à tous deux la dignité de leurs pre
ſences : toutes-ſois pluſieurs ffeſtimenr pas
moins valables leurs raiſons pour la preuue de
ſes effects , que de ceux dela Lune, mais il me
ſemble , qu'il faudroit auoir,pout s'en aſſeu
rer, Fobſeruation 8c experience d’vn nombre
infiny d'au-nées. Pluſieurs des anciens ayans
veu,que ceux, qui auoyenr eu Venus en leurs
naiſſance pour maiſtrelſe de leur natiuite', e—
ſtoyent par deſſus tous les autres beaux 8C gail
lards ,ils iugerenr de là , que ſans doubre elle
auoit la Proprieté de les rendre tels : 8C certes
elle ſurpaſſe toutes les autres eſtoilles en beauñ
tézcaril n'y a perſonne pourſi gros 8c lourd e—
ſprir qu'il ſoit , qui ne prenne grand plaiſir de
veoir en temps ſerein la beaute' de Venuszdeſt
vne eſtoille , de laquelle la lumiere penetrante
eſt ſort plaiſante aux yeux , voylà pourquoy les
Hebreux Pappellent miÏtſc/a 5 car on ne prend
pas
SEcTioN IX. 'S95
pas' ſi grand plaiſirà contempler les autres, -ë
TH. We te ſemble—il de Mercure? MY s.
Qifil eſt le plus petit des Planetes, mais qui a
toutes-Fois vne grand' Forcezſelon _l'opinion des
anciens,à faire que ceux,qui l'ont pour ſeigneur
de leur natiuite' , ſoyent gentils dïentendement
8c de memoire,& treB-propres pour-ÿaddonner
àFeloquêceSa lumiergquireſſemble ä-vne fla
me eſtincellätqreueille l'eſprit des! plus ſtupides
à le cótemplegquand il ſe lcueou couche pour
le plus loingdu 'Soleil de vingt &neufctdegrez;
cat il ne s’eſgare~ pas plus* loing deſon Capi~~
taine. *"3
- T H E. Dy-moy-lanature deMars? Y. Les
Hebreux Yappellent Madin, deſtàdire robuſtê
8c focupource qu'il ſemble donner &routes ſor-ñ'
tes d'animaux Force 8c coura e. !leſt ati-mon#
de,comme la petite vecie du el 'enïlîlíémmezce
qu’il ſemble ſi 'nifier par Pacrimonie lleïſa ſpleirâ
deur z car perſonne ne lepeuraflegätderlong
temps ſanspenet-re
flambante ennuy dans~les
, -tant 'ſaxyeù-xë
couleur
f' '_- rouge-
— ſi' SB
\V
T Hſi E. Et Iupiter? MY s. Les nieÎſinesïHe-fl
breux le nomment ?Iſizddilçqui vaut @anni-adri
re que iuſte-,conitiie s'il inuitoilzſſ 'ceuxdqtiilfófit-ï
en leur ſſnariuitéxdœſtre iuſtes, hónneſtès, ſſſſGlilÎlſſ-S)
6c plus humains. llrepteſei-Ïte 'endïhonime
cerueau z voilà. pourquoy-fiez# ’aznc~'ie‘ns 'diſoÿeïiïtzï
que Pallas eſtoit née du cerueEiu-Ÿde "Iupi-relf-&Ë
non pas du ventre des Femmes-î, pourceïquñëilsî
eſtiinoyent impertinenpt de, redetcheriñ-la priſé!
dence aux “ſemmeszorîla prtkdence-"éſt 'ine \ïCſÏlT-'î
laquelle gouuerne noz conſeils erſteque 11311:1
~ e
'
896 CXNQVIESME
ideliberons LXVRE
de faire pour conſcruer la ſociete'
des hommes.
T H E. (Lie me ditasñtu de Saturne? M-r S T.
Les Hebreux,qui ont, comme bons interpretes
de nature, impoſé les noms à chacune choſe ſe
lon ſa propriete' , appellent Saturne Sçózbbazh,
qui vaut autant à dire quétranquille 8c atteſté,
pource ,que ceux,qui Font pour ſeigneur de leur
natiuite ſont volontiers paiſibles 8c arreſtez,
ayans leur entendement enclin à la contempla
tion des choſes hautes: il donne à la ratre ſon
temperament entre toutes les autres parties du
corps.
T H. D’où vient,qu’il ne paſſe iamais Samedy
(lequel iour a eſté des Anciens conſacre' à Sa
turne) que fait ne ſe change_ en vn plus beau
eſtat, car ſi les autres precedents dela ſepmaine
ont eſté faſcheux en pluyes ,ñceſtuy-_làïèra ſur,
tous les autres beau 8c ſereimde ſorte qu'on dit:
par commun - prouerbe , que le iour du Samedy,
ne ſe paſſe iamais ,que le Soleil ne monſtre ſon
viſagmmais ſi les iours precedents de la ſe mai~
ne ont eſté faſcheux par leur continuel e ar
deur,le Samedy ſera aucunement plu uieux pour t
rafreſchir l'air deſa rouſée? MY s T. Il Faut re
cercher la-"caule de cecy dans les ſecrets de la ſa
geſſe de nature , _ôc _pourquoy _auſſi au meſme
iour les corps reçoiuent nouuelleſorce, 8c l’eſ—
_rit lus grand' ſageſſe , ou pour lemoíns l'im
4 eei lite' en l’vn &la malice en l’autre ſe dimi
nue 3 Item,p0urqu9y ſont pluſtoſt chaſtiez les
meſchans le Mardy ou Samedy qu’en vn autre
iour? finallement pourquoyla loy Diuine nc te
noit
Szcrron IX. ,.897
noit pour nettoyé le Samedy celuy , quine l’e
ſtoit le Mardy P mais telles queſtions appartietb
nent à vnc autre doctrine.
, T H. Ie voudrais @auoir de toy, ſi le Samedÿ
à pris ſon nom du meſme planete,duquel i-l por
tcle nom tant Hebreu que Latin , 8c ſi les au
ttcsiours dela ſepmaine ont par meſine moyen
tire' leur nom des autres planetes , 6c la raiſon
comment celà s'eſt ſaict? M Y S T. La couſtume
eſtvſitée parniy toutes les nations du monde,
— ou peu s’en Faut , d’appeller les iours dela ſep
maine du nom des Planetes,excepté les He»
breux , leſquelsà fin de deſtourner les hommes
de leur diläns
bres,en ſu erſtitió les ont
Sabbath, deſignez-
ſecód iour' duparSabbatlÊ-ct,
les 416

troiſieſme iour du Sabbath,&c. Toutes-foisïíe


penſe,qu‘ils ont pris leur nó des Planetes, parce
que les Anciens croyoient que 'chacû iour recèl
uoit quelque nouuelle force par Pinfluencede
leurs vertus; ou bien que ſa premiere heure 'c6'
___ ._. mençoir- l -par- -
l ï 3 .Ã Î ÔÏ ..F ce Planete?)
__‘_ .JL ;4 _. ;.5 P… ' 'duquelil por
D 3 'ſid u 3 'toilfilenomï
..L _..7…_ __8__~_._9 _o‘°_~ car —fi quel
' Ÿï 35.* 1 l* qtlWní com
;L ;It ſi_‘5_ J4* J); 'mêeeälä pre
l 3 l l Gt ii 1,5 Ÿmiereſſlieute
"5- -_LZ_ - 18 _r9 zo Hddïosœäclze.
1 x - x "l o., 1 -qmndïiesóë
2.x 1.2. 2.3 2.4. .rs .. kflkéouçfie
medywauſſoir) à --~
diflribuerpçnroedrd-ehactuídœ
<~'~v--‘—(zflç1lï’!le$a~
Y "ct ’ Planctes
' 898 CiNQviEsME LivnE l
;
Planetes aux heures,la vingt &quatrieſme \era
de Mercure , 8c l'a-premiere du iour ſuiuant ſera l
de la Lune ,laquelle va par ordre a res Mercu
re, comme on peut voir par ceſte table: de là on
doit entendre, que l’ordre desPlanetes a eſte"
Iel deſpuis la creation du monde,que Ptolemée
a ſiiiupdiſcoxdant en celà dïaduec- lesîGrecs, qui
vouloyent que Venus fuſtv par deſſus le Soleil,
-óc Mercure par deſſus la Lune. ' - v
_, _ «T H. Dbfivient, que_ les Eſiccleſiaſtiques &t
les :Hebreuxcommencent leiogirtnaturel par le
(Soleil couehanrdes, Aſtrologues parle Midy, 8c
tous les autres par-la' mi-nuicta M,e Macrobe
diſpute ſur ceſte queſtion abondamment : mais
ilñia obliéla principale raiſon ², _de ce queles Heſi
breux 8c Chaldéensôc-toits les peuples. Orienó
,taux commencent leur iourzpar leqSoleil cou
ñcltanrdaquelle
-nuict-a recedén’eſt autre
,le iour, , ſinon» pourcelumieñ
&lesteuebres-la que.
re; -voi ès' Pourquoy
, z… Pzzmizz-.Naiſiànceuiu monde nous
*ſi* , queliſonsau liur-e dela'
le iour fuſtfaict du
chïríffl- :ſoir E8; du matin. Les Aſtſiloloîùes coſiitſiimeneent
-le iour parle MidyÃà finique cſſurs obſeruarionâ
.ſoÿcnt, Iplusrcertaines ,ï d a ‘ tant que ſile cercle
Meridional aſſigne' ä cerërai _ lieu eſtſitouſiours
…inuariable-par tout le mondezau contraire-l'Hal
zriaod fait par ſon obliquiteflqiveïle leuer 8; con—'
&her Çdesaſtres n’eſt pas par Iíoijſſctt conſtant. ſ
,z-L T u; Si- l'es Planetes ont tant de pkíuugirälcs
qſtoillesfixzes n’ap’rour—elles pas auffl quelque
Métal-P.- Mi Nous auons .def-ia Tdiſpute' par cy
,dcuaihrz quenature n'aurait Hé faict pour nean t,
zcfl-quezraus_—lès Plióyſiciens ;tiennent d’vn com
_. . ,î j ' mur;
'SEcTLoN IX.- ,' K39
mun conſentement pour vu decret inuarñiable
de_ naturezcar ſi les petits vermiſſeaux. les pier
res, les plantes ont chacune leur Proprieté: for
ce &Z vertu à effectuer pluſieurs choſes admira*
bleszcombienâ plus ſorte raiſon faut-il confcſñ
ſer que Dieu a donné ‘a ces flambeaux celeſtes
vn donlparticulîèſ 5C office de Faire pluſieurs
Choſes *in Cemonde inſerieuríſilſioutes-ſois on
:ſa pas cncores trouué alſeutement , qtfellçs
ſont leurs vertus 6c proprietez pour les redui
rc en art. . —
, , TH E. Pourquoy non? M Y S 'nPqurce qu;
toute la doctrine des Egyptiens z Chaldeens
.Grecs 8c Arabes. touchant la nature des .ſignés
E( maiſons celeſteszôc des gridcs Conionctions
des planctes ſuperieurs-cn chacune de. leurs tri:
plicicez, eſt ensñgrand danger de Eóbct en .titine
_ T u E. Poutqiroy ?M Y s r. Por-rec que les ſi
gncs, domiciles; tri licitez. irradiation-Ss 8c aſ
pccts ſant faudra. ut la puiſſance des .cſtoilles
fixes . aucelcſiuielies les plan-Etes eſtans COU* <
ioincts. ont maintenant ceſte vertu . tantoſt
vn' autre peut changer le naturel des hommes,
gu pour renucrſer l'eſt” des Republiques de
mal en pis . ou *de .bien en micuxzcumnne les an.
çiens ont ttelbien aduiſé ; mais leurs obſerua.
;ions tombent tout à coup en ruine: parce que
tous les aſtres ont changé de place , depuis, le
zçmps dÎ-*Iipparchus , tellement que les ſignes.
qui eſtoyent premierement du ſeu , ſont a pre
ſent de ſtatuts; neant-lnoins ils ont retenu vn
meſiue nom: ce, qui ne vient d'ailleurs a ſinon
de ce que PF-Cliptiquc de la 'pteLmËre ſpllctï
L
90è ~ CiNqyiEsMi-z LIVRE'
eſtant immobile, toutes les autres ont changé
:le ſituations ‘ .
T H E. Comment ont-elles change' de ſitua
tion P M Y s. Parle mouuement de la Neuſieſme
6c Huictieſine ſphere , leſquelles eſtoyent eſti
mées immobiles deuant Hipparchus :de là eſt
venu que les eſtoilles des Poiſſons ſont au Be
lier, les cornes du Belier en laTeſte du Taureau;
8c l’Eſpy de la Vierge en lzl.Balä~Cc,& ainſi con#
ſequemmët des autreszdont il S’enſuir, que tous
les Apoteleſmes 8C decrets des ſignes, maiſons,
8c triplicitez ſe ſont changezfic quetemps
tels ſignes
ont auiourdſihuy autre vertu qu’au paſſé.
Car quelle- affinité y a—i)l d’vn Taureau auec les
Gemeaitx, des Poiſſons auec vn Mouton, d’vn
Lyon auec vne Vierge,& du ſeu auec l’eauëPuis
&ailleurs ,il Faut que la petite conionction de
lupiter 6c de Saturne, laquelle ne ſie ſait que
vingt en vingt ans, 8c la plus gtandqqui ne ſe
fait que de deux cents quarante ans en deux
cents quarante années , aiſt ,maintenant di
uers effects , àcauſe de la-diuperſe nature des
lignes, qui ſe ſont changez :' 8c routes-fois ils
enſentcaclamirezſiacs
llaires, ue_ les guerres, peſtesnnaladies
de villes popuë
, renuerſements,

changements des Republiquesde mal en pis


ou de bien en mieux , ne pende d'ailleurs aux
hommes,que des grandes conionctionsfic non
pas de la. malice des ſcelerars 8c deteſtablespe;
cheurs.
T H &Certainement ton argument me ſem
ble ifauolr pas moins de Force que toutes les
raiſogmleſquelles Picus a doctement comptin
— ſes.
SECTION IX. 901
ſes en douze liures cótre les Aſttologues, pour
reſuter leurs vaines erreurs & pleines de lege
rete'. M Y s. On peut certes à bon droit ſe m0- '
quer de leurs iugements touchant le change
ment des religiós ô: republiques , comme nous
auons monſtre abundamment en vn autre œu- 3 A,, …mac
ure ².Car Prolemée Prince des Aſtrologues có- la Rcpubiique
feſſe meſme Franchement b, que la artie d’A~…ï,hÑſ,"z'_üu_d,,
ſtrologie,appellée Iudiciaitmexcedela capacite' Apoeclermca.
de Fentendement de l'homme : Eudoxus , Caſ
ſander,& Archelaus, qui ont eſte' Fort illuſtres
entre les Mathematiciens , ont ſaict le meſine
iugementznon pas qu'ils ayenr nie' tout à ſaict,
que les aſtres n’euſſent point de vertu : mais
poutce,diſoyent-ils,qu’oi1n’a pu obſeruer dans
ſi peu d'années, que le monde eſt creé ,qu’elle ~'
eſtoit la Force 8c vertu de chacun d’iceux :veu
que nous n’auons pas meſme bien cognu la na
ture des planetes,deſquels le mouuement 8c les*
effects ſont plus ſenſibles ,que de tous les au
tres S tellement qu'à bon droit Dieu conuainq
?ignorance des hommes ſoubs la perſonne de -
ñ - c Au ;l 8c 39.
celuy: V" d” "ï chaP-dc Iob.
LicrM-tu de M mai” leſêpt-dotzble flznnóraz-ë
DE: Pleiadcx aafldmffdu celzſte 'ſïzurcauf'
OIhfirM-tu laiſſer aux ectoiſler de POmfi
Le palnpour ailleurs tourner leur [dmc caurſë?
Taux-tu guider le PM du Bœafdudaciezrx,
guy' les Hyczdcrporte en ſon front [Mr Ier cieux,
Et ranger le: enfin” ÆAÏctë-re à tanſhruice?
Sc413- tu les loix ffün-hauRſËalZ-ttt l'heure-propice
*Tour aſſigner 4” ciel, comme à 10” ſêruiteur,
‘Z)e man/irez' icy bas-ſh paſſante grandeur?
- LLL 2.
l 902. CINQVIESME
Par leſquelles LIVRE
paroles il monſtte,que la 'puiſſan
ce des eſtoilles 8c de leurs orbes eſt ſiir laterre
ñ1
&r ſur tout ce qu'elle contient , comme limitée
parles loix inuariables de Dieu immortel, la-ñ
quelle toutes-ſois ne peut eſtre compriſe par
Pimbecillité
ſirneſme ni lesdeMathematiciens
Fentendemem; de
, niFhomme: 8c
les Philoſo—
phcs ne ſont pas eucor’d’accord enttëeux touſi
chanr la ſituation du monde :dont On potttroit
toutes-fois tirer vne infinité de beaux ſecrets.

Z): la Situation d” monde c? deſir Poſitions.

SEcTioN X.

T H E. W’appel_les-tt1 ſituation du monde?


M Y s. La difference du coſté droit 8c du caſte'
*ſigauche.
T H. Quelle partie du monde eſt donc droi
ſi cte ou gauche? M Y s. Si 1101.15. ſuyuons Empe
doclesfileomedes, le Poëte Lucaiu, Solinus 8c
Philou ,nous baillcrons le coſté droict au Sep
tenrtiomôc' le gauche au Midy : .de meſmeaufli
ce grand Legiilatcut Moyſe vouluſt que Pota
toire,_qu_i eſtoit l’Archetype du móde, lſiuſt poſe'
,eu telle ſorte,que le ſouuerain Pôtiſe ſuſi; tour
né du coſté d’Occident,quand il &criſieroit : 8C
Certes non ſims cauſe,puis que nous mlarchons
ſur le deuant àlkxemple de Pvniuers , 8c non
pas en artieremar de ceſte ſorte on tourne le
viſage Vers le couchangrellement que la main
dtoicte ſe trouue du coſte' de Septenrtionusc la
gauche ducoſté du Midy, De là on peut engen
l ï
SEcTioN X. 30;_
dre, que Pythagoras,Homere,Platon,Ariſtote,
Galien , Auerroës ſe ſont trompez , quand ils
ont alllgné le coſte' droict du monde ſur l'O
rieur. lequel Pline &Varro ont eſtimé eſtre lea M _h de
gauchezmais nous les auons repris ² ailleurs par i. Mecliàdt hi
arguments-neceſſaires. \ïüïíquï
T H E. Welle conuenance à lc Septenttion
auec la main droicte de Fhomme? M r s. Cecy
en premier lieu s que tour ainſi , que la 'Paſîlfl
droictede ?homme eſt plus robuſte que la gau
che; de meſme auffi les peuples Septenttio
naux ſont plus robuſtes, que ceux,qui demeuñ
rent aux regions Meridionales : 6c tout ainſi(
que le coſta' droict eſt plus chaud que le gau-'b A" “in de
h che, ce que .Ariſtote confeſſe b, tout de meſme laogneſatûên
les Scythes ſont plus chauds que ceux dëAffri-i des animaux ~
quezäc les Allemans que les Eſpaignols : 8E puis ſihſilſiſſ'
d'ailleurs ,le Faye eſtlen lapartieÿ droicteg-tlëoù
le ſang iruiſſclle rouge 8c vermeil par route lil
perſonne , comme d’vne fontaine par vn .verſ- ~
ger , de meſme auſſi les pquples Septenræios
naux ſont plus vermeils (Sc-rouges que-les Me
ridionaaot : la. tarte z qui eſt le: receptacle dela
melancholie, eſt ſur le coſté gauche z de meſine
auſſi les Meridionaux ſont plus noiraux , plus
rriſtesuflc plus enclins à la luxure,ce qui ne Viêt
d'ailleurs que de ceſte humeur noiraſtreJaqu-el:
le, comme nous
8c eſcunier auons duſia dict', faict monuel
le ſangzdätuantſſagegous-les bouillir

ments 8c toutesles actions de animaux com- , d.


mencent ï ducoſté droict-,Bc leur repos 8: cou- ËHËÊOÏËLŒAEÊ
cher ſe finit-ſur le gauche; En la viſion d’Eze— ËſFÎ/Âîîauæzgh 2.
chic] d-,lœl-Yoneſt à maindroictcdôc le Bœuf à (1,31: " ‘°~
LLL z
I

904. CÎNQyIESME LXVKE


âufflzzſiïiſifií' à gauche : 8c en la ² conſecration du ſouuerain
E…. …acné Sacrificateunonluy baignoit de ſang ?extremi
W**- té du poulce droict 8c de Paureille droictc : 8c
aux ſacrifices,on luy donnoit le quartier droict
de la beſte ſacriſiée , pource qu’il eſt touſiours
meilleur que Fautre. *
T H E 0 R. Pourſuy, ic te prie,de mexpliquer
la nature' de ces deux poſitions , puis qtfelle
appartient principallement à ce diſcours de
Phyſique , .66 toutes-fois ie veois qu'elle a eſté
omiie par les Phyſiclens. M Y. La Force 8c exñ
cellence des eſpritsiabondnnce de toutes cho
'ſes precieuſes , comme de 1’or , de largeur , des
pierreries , des drogues eſt indubitablement
aux regions Meridionales,& des corps aux Sep
tentrionales : D’ailleurs,touc ainſi queles aniñ
maux-.cótnençenr àſe mouuoir du coſté droict,
8c ſe repoſent ſur le gauche; tout de -meſme
le 'mouuement de trepidation commençe au”
' Septentrion par leleuation du Pole de ſa ſphere
iuſques à neuf degre:
ne Poledfabaiſſſie peu à, peu
cependant
du coſte'que
de l’au—
Mi-ñ'
dy autant-de degre: , que Pautrc s’eſtoic efleué;
Itemzle; malles ſe meuueut pluſtoſt au ventre
de leur mere ſur lecoſté dtoict que ſilr le gau
che; -8c lesfemelles tout au contraire , pluſtoſt'
(ii-r le gauchezque ſurle droictzon a auſſi Obſer
ué 'quïl y— a plus grande quantité de malles au
Septentrion que de femelles , 8c plus de femel
les au-Iviidy-que de -mafles , ce n’eſt doncques
pas ſans cauſe ſi Iornandes nppelloit la. Scythie
e~Ma~gazin deshommes S voilà d’où_ſant venus
tantde nations eſtrangeres de. ees. lieux-là en
' ñ . - .ſi J CCË
SEcT-roN X. 905
ces pays plus Meridionaux , comme les Goths,
les Oſtrogots, les A-lains, les l-lerulesz les Gue
pides, les Vandales , les François, les Huns, les
Tartates,les Turcs ,les Bourguignonsdles An
glois, les Poiteuíns ,les Bretons, les Norman:
8c pluſiurs autresztellemët, que tout ainſi qu'v
ne ſeule Femme eſtoit iadis cómune-'a pluſieurs
hommes en²Angleterre,de meſme auſii vn ſeul ï AŸnſi q*** 'fl'
homme eſtoit commun anciennement à plu» ;ſioſſſiäjgſiſiſiſiſfl
ſieurs femmes aux Indes. Artemidorus à auſſi Ceſar# Tïïi
obſerue' en l'interpretation .des ſonges,We l'œil m" ~
ſ dmict ſignifie touſiours W1 filx, (ÿ- le gauche; 7M: fille:
les den” du caſte' draict le: ami: , Ô- du caſh' gauche
le: amie-HE: meſines pluſieurs femmes tiennent
que Paureille
melle,de dtoicte
laquelle eſtnous
choſe mafle,8c la gauchedon-
auonsdeiſi-ia fe .— _a
ñné
ſont
la plus
cheszles
raiſon.Item,le
Soythes
robuſtesſont
pied droict
6c mieux
auffi plus
&lebrasdroict
fornisque
vaillans,courañ
’ . ,~—'> z
les- gau- - _ ñ ~ſiñ =--— '
- geux 6c puiſſants que les .Morts 8c Eſpaignolsct:
‘& meſmmcombien que Fhomme ſe puiſſe aider b ' -ï
indifferemmet d vne manncomme .de lautre b, ,ſizdkſig-ÎMŸQÏJË
. . , , - . Afſt t ñ

'Il 'nſy apoimpourtdnt dcfemWLq/ziſhi!, Azzcpnÿëëzoç, r" des ani


comme dit Hippocratcæ-,deſt à dire qui puiſſe ſe maux' s
ſeruir de ſes~deux mains. indifferemment , com~
me de la droictmpource qu’elle eſt plus infirme
que les maflesLŸeſt auſſi vne choſe appreuuéc
par le conſentement de tous , que les malles en
toutes ſortes dflmimaux s'engendtent pluſtoſt,
?uand la Bize regne , que quand les Autans re
pirent. En ſomme ,Finclrnation de Venus. eſt
preſque touſiours du coſté de Septenttion 8c
rarement vers le Midy , au contraire Mercure
LLL 4
906 Clugyxi-:SME LIVRE
ëencline touſiours du coſté de Midy, 8c Peu
ſouuenc vers le Septenrrion, de ſorte que ce
n’eſt pas ſans cauſe ,ſi les Scptentrionaux ont
plus belle preſence de leur perſonne, ſoit en
force &beaurému ſoit en gaillardiſe 8c viuaci—
té; 8c les Meridionaux meilleur memoire «Sc en
tendemeut, eſtans plus accords,ſubtils,ôc inge
nieux que les autresxommc nous auons clef-in
diſputé ailleurs abondamment.: mais outre ce
— cy,i~l.y—a pluſieurs autres ſccrets,qui Peuuenr
eſire tirez en partit-dde la nature de l’AquilOn-,
8c en partie de ce qu’en diſent les ſainctes
eſcriptures.
TK. Æícſout ces ſecrets ?à fin que , s’ils ap~
Partienncnt à la ſcience de nature' ,qu’en les
_ Hin-mg; …expliqueſi MY s r. Les Proplic tes a ſouvent
3-34 Ê-&ffl-ëï nous aduertilſent , que tous les maux doyuenr
Ÿ à** ct 'ſi' vcnirde lüAquilon , que les tourbillons à: teinñ
Iſaic .c- 41- œ peſteS-ſeſieuevront au Sèptenrriôn. Lucifer-ſc:
*z* vante aufli qu'il montera ſur la rnontai' ne du
t- Le meſme du ceſte' l' däAquilon, 8c qu'il ſera ſembla le au
F** ‘° ‘ct" "l" Tres haut, diſant: I: dim) à ſAquilon [vaille m”,
&m; @Zfldy ne nfcmpzſêhc point. Item , il eſt dict
fiat: ;.c.d‘A- d’ailleurs,que Dieu viendra du collé ï de Midy:
‘ 8c cin-autre parnque le chemin d'Abraham 6*.
d Au 1:. c.du ſtoit d vers le Midyzfinallemcnt ,les Magiciens
*Mk- …promcrtcnt de lier le Septenrrion parle Midy:
ſur quoy nous ne diſputerans pas cfauaiitagc,
dhutant que telles queſtions appartiennent à
hcognoilläncc du Metaphyſicien.
T H. Nhppartient-il pas a-.illi au Phyſic-ien
de diſputer des choſèidqui ſenc. dehors le mon
de 2 M Y S T. S'il y a quelque corps-naturel par
. deſſus

____._...__…ALÎ
SECTXON X.. 9'07
deſſus les cieux,il ne ſaut pas douter,qu’iln’ap
partienne à la cognoifflance du Phyſicien , c'eſt
du Veucur 8c contemplateur de Nature: mais
nous liſons auliure de la Naiſſance du mon- ICM i… n
dehque ſonArchitectc diuiſa les eaux d'en haut mier. P P
d'autre les balſes par Pmtcrpoſition des cieux.
Les Philoſophes Hebreux alſeurent ,que l’Or
be
ſur ,lequel
lequelilEzcchiel
dióhqtfilappelle 5 grand
a veu Dieu Chriſtal-,ôè
eſtant aſſls,eſt ËÊŸſ-æffffſe*
PEXUBÇ ſ
autant diſtant par deſſusle plus haut ciel ,que x
le plus haut ciel eſt diſtant 'cle l’Ocean , (Sc que
c'eſt Orbe eſt immobile z 6C que pour ceſte cauſe
il eſt appelle' ſiege de Dieuzcar par ce nxor de ſie
ge ils nîexitendentautrc choſe,que repos 8C

tranquillitédaquelle ne eut eonuenirà autre _ .


qu'a vn ſeul Dieu immo ile &immuable ,—ce, .
qui eſt beaucoup plus vrayñſemblable, que Yab
ſurde opinion d'A tiſtote ,indigne du nom d’vn ._
rel Philoſophe , par laquelleil eſtrainct l'Eter- -* -'.'
nelëann ciel mobile-comme ſon moteur , 8c ce ‘
en telle ſorte , quïl eſt coutrninct par neceſſite
àle mouuoirzce que nous auons amplement
reſute au commeneemêt de nos diſcours. Nous
auons auffi monſtre cy-dcuant que ees eaux ce- ‘ s —>
hordent
leſtes pleines
quelques-ſois
de Fœcondité
ſi largement
8c affluence, ,quelleÃ-s
ſe dell ‘

couurent toute la ſuperficie de la terre; 8c quel


?ues-ſois ſont ſi rares ô: retranchées quÎil s'en
uit de ſort grades ſeichereſteszdelà viêt \ſon
dit que le ciel eſt clos NIC couuert de uuees 4-, c AMM… d.;
ou quîl ſi: desbonde tellement , tſil rauage ROW-f* î"
route la terre par gta-nds. delugeszſinallement, Ãſiïſiäctjfiaſi…
ſi nou: liſons en la ſamcte Eſctipturv. que Pfiter- H6
_LLL 5
908 CXNAVÎESMH Lrvnz
nel eſt aſſis ſur les eaux du deluge.
T H. Si tant eſhporlrquoy ne conreñon onze
cieux ?M Y. Pourcc qu’ileſt dict, que Forbe des
eaux ſuperieures eſt ſepare des eaux inferieu
res par Pintcrpoſirion de la machine des ſpheres
celeſtcs, par ainſi l’orbe Cryſtalin ne peut pro
prcmêr eſtré appellé du nom de ciel: puis d'ail
. u. ~ ñ 4 leurS,cous les conſtant
Cryſiſtalín eſt cieux ſont mobiles,
ſans mais Forbc
ſe mouuoir: voilà
zcommczeſ_ pourquoy Rabi Akiba Fappclloít ² la cable
mais*** FfflbíMarbrinne du mondezce Orbe eſtoit auſſi ſi
Maymon aug., . , , . .
1_ m,,ſ,z,x,,,~,_ gmfie par la conſtruction de la Sacriſtiqlaquel- ~
le Outre ſes dix corrincs a~uoic par deſſus "vn
pauillon z 8c c'eſt celà , qui eſt ailleurs appellé
b A" rhume nuée, comme quand il eſt dict 'äque Dieu cou
:47- A ure les cieux de nuées , 8c meſme Peſcriprur-e
c A" Pſunmc faíct ſonnent mention "des eaux :qui ſont deſ
148.&au z. 8c ſus les cieux. Toutes-Fois , quelques _vns en
7- “k Gfflſ- ſeígnen t,que le mot Hfibîcügbïflílm-fljim; ne ſe líc
iamais quïu Duel nombre, 8c concluent par
là,qu’1~_l ſignifie tant Porbe des eaux,qLÎe le corps
aggregé des ſphere: celeſtes : mais i’eſtime,qtÎe
les parolles de Poraiſon de Salomon, quand il
;l çlçſïwfflïdit dz_ .Lc-cieldutjcl, @les cie-mc d” creux, ſe rap
7' 'ſi 'Porrenlñ-alîſieuremenc_ à Porbe des eaux parlant
d'vn ciel au ſingulier, 8c puis apres auxautres
'dixſphetes inferieures , Parlant des cieux en
Plzirier nombre. e
…d T H.—1e ne nfeſincrueille pas rantzquëil y aiſt ’
— N11 ciel-aqueux , ou Pourmieux dire Cryſtalin,
ë _ îar deſſus les autres dix', que ie m’eſtonne,qr1’1l
ſi Foix :an: efloigné du. premier mobile , que le
_ - - - r z z
~* premier mobile eſt efloigne de l Ocean , c eſt à
l . ._. .4

. __ x
SECTION X. 909
&ire ( comme les Aſtrologues nous enſeignent)
de dix mille 8c quarante diametres de la terre.
M Y. On void appartement en Peſcripturqque
la machine des cieux eſt interpoſée au milieu
des eaux d'en haut 8c d’en bas: voilà pourquoy
a Au ?ſeau-nc
les Hebreux
tant à dire , l’vn:
que leappelle' ² Heljén,
Tres-haut qui les
, ſoubs vaut au-M
pieds ſi
duquel le ciel eſt cſtendu 5 ,comme vn'- CEy--l, ;u 14441.
ſtalztotltes-foisxombien qu’il neñ ſoir eÎÎclos,ni "äxfflk- FÀËÈ”
exclos en aucune part du monde ,il eſt nean- L5H1? ſi
moins conuenable , qu’il ſoit par deſſus tous
les cieux,8c que ſon infinie puiflance les rêpliffi:
8c le certe auffi , aincíii qxflſÿièe a eſcript ;Ëqttäïd c A… wrap.
il ditæyjælcsfia” er :ſi: 'uc mem' 'rempſſ' em ' e
!rg/he dcſà marie/ZZ ce qui eſt bien raiſonnable,
puis qu’il eſt vn .Acte tres-ſimples: rreſ-purgôc'
que tout ce, qui reſte auïmonde, n’eſt rien__à.”ſón
regard, cóme ſubject à dix mille imparfections;
telles que (Peſtr-c compoſé d’Act_e*& puiſſance,
l c'eſt à dire eſtrîeen partie queelËue-ſchdſe -, 8c 'en' ~
partie quelque-“riêzpuis qu’il ,die—iezincorpo—
ÏULBËIOÙÎ le reſte V116 mqſſc corporellemu* Ourñ
le moins annexe 'ëoa-ctachëc àlañlourde-maſFe de
la matiere_ des YhDſeSe-corpdrelles. Îís qzfilveflzl
finallement -Ecſſeraiel z &quetouc [Plreſte
c
ſim propre nat-miel cafldtuzuineux 8c ſiiblectitla:
zizou. , ſinon cil-PDG queîlenr: Ouvrier' 8c crea
ceux: les ſOub-fiiexſrde ſapuilfinte main: our: ’
ceſte cauſe Finterpréte -Cliajdeen :fia, - par d ce 11.-; …c
tout du mot de Majeſté», Glaire ,î ôa-Pñuiſiäncezñremarqvé Paf -
toutcteslcs Fois qu’il à trouue en FI-Iebreu le M” Mſilſſcmffl'
…Oz , qui ſignifie la Preſence de Dieu.
T H. Il faut neceſſaircmenhqxflvn ſiſi grand
&de
910 CiNcLviizsME Lulu:
ëSc demeſuré eſpaccdqui eſt entre le premier n10'- _
bile USC le ciel Cryſtaliu, ſoit remply de quelque
corps ,tel que nous dirions Fair ou le ſeu , puis
?n'eut-re les deux il n’y a point d’autre ciel, ou il
audtoit autrement, qu’il ſuſt v uide , ce que nañ.
turc deteſte-eſtrangemenr. M Y s. Si tu me con—
cedes .- que la. maſſe des cieux eſt interpoſée au
milieu desenux d'en haut 6c d'en bas , il Faudra
que ru me concedes par hyporheſe que c’cſt, ell.
pace eſt' .v uide de corps celeſtes 8c elementai
res-z autrement il ſaudroitconſeſſenque le pre
mier Edit-bile va tourifvne tenue_ -iuſquesà l’or-_
bc Cryſtalinzce qui ne ſe. peu raccorder-aucune
ment à la S. Eſeriprure &r encor’ moins à la rai.»
ſon', à cnuſede Pincroyable_ viteſſe du moudre-z
men: rapidezqui fait ſa reuolution dans vingt -ôç
quärre heures. Par ainſi,il me ſembleroitfflmcilñ
leur de conſeſſcnque ce lieu ſoir plein d'y-Anges:
T 1-1._ Njy añil pas quelque choſe,qui ſoir n10
~ yenne entre Dieuôcles An eszôc qui participe
de la nature edesdeux? MY.- e,qui eſt incorpo;
rel 8c indiuiſiblc, ne peut' communiquçrà vn*
autre aucune partie de \bn eſſence: ear s’il ſe
pouuoir faire, qu’vne crearutc participait aueuâ
nenärnt à ?eſſence Diuine z elle: ſeroir Dieu cn~
tieremenr; pource que Dieirn-'a point de par-é
ties, nin-cſc peut diuièrenparcelles ſans ſe
communiquer. cout : par ainſi- il faut neceflài-S
remen r- , 'qu’il-ſoit diltraictdae- foute mixtioam &ç
ñ accouchement corporel.
z. ;,..,. x f

- J. D”
Srcrronixl. 9H
Das Ideſſc: de Timo”. A l ë ~ '~

S 1s c T i o N X I.

T H. l’ay touſiours penſe', que les Idées eſto


yent moyennes entre le Createur &t ſes creatu.
res , d’autant qu’e]les me ſemblent eſtte d’vne
beaucoup plus pure eſſence que les cieux 8c le;
Anges; 8c d'autant auſſi , qu'elles ſont en Dieu,
comme les
—ou,pour cauſes
parler eſſentielles
plus clairement,de qu'elles
toutes choſes;
ſont au . .ſi . .ct

CteateuncommeA ctes; Seau premier Enten-ñ


demenr crée (ie dis aux Anges) comme Puiſſan
ces ;_& en Flîntendement deſhomme, comme
Exemplaires; 8c aux indiuidus cómc Ruiſſcaux
de. leurs fontaines. MY. Ainſi certes l'ont ena
ſeigné les Acadcmiciens ²: mais ceſte opinion a f îlîfflîns ag
cſté pour la plus grand partie teſutſiée ar les ſie ſ
Peripateticiens l*: toutesfois leurs taiſgns ne Maſſi iusïîici
ſont as en tout 8c ar tout veritable: de nie ſiſſÏ-ſiſilſiîh”
P P a T logle de Pla..
tout à faióhquïl n’y aiſt point d’ldées,veu qu’A— Effl- ,ſi
riſtote meſimflqui eſt autrement aigrement ani— ,JÏQTÎÏÃÊÎÎ
mé par tous ſes eſcripts à les renuetſer ) !n’eſt féclcazàhyſxique.
propoſé vn argument indiſſolnble en ceſte ſor- ,Pgî…j,,ſ‘;;_^'
re ; S'iln'y 41mn pou” Ældérx, dictñil ‘,ll n) aurait
pain: en nou: de nation!, m' drſàicncc: . fino” que nou: ehietaphyſique.
Au 3.1. de id

*voulu/ſions dire, que lesſèidnreſfim en »raï-flan , mai:


o” ne pouvoir rien pcnſêrdcplu: dbſízrdó-:Voilà qu'il
dit. Les Idées ſont doncques des exemplaires
etetnels en Plîntendement de l'Eternel ouuricr;
ou,pour 'parler plus clairemengles Idées ſont la
cauſe' donnanteſſcncèà toutes choſes , en tant
qu'elles
912. CiNcLviEsME LXVR!
qu'elles ſont produictes en Eſtre intelligiblezce
n Au z. c. de qui ſe peut entendre par ces parolles. ï: Dieu
Gencſe.
auoit creéle: arbnſſttaræxffliczzant qI-ffilrfidſſenr enterre:
ne ſe pouuant rapporter ailleurs qu'à leur Açzè
ſſii/Wa; , comme dilent les Grecs,ou à leur premier
8c Eternel exemplairmqui eſt en l'Entendement
de leur Createur , par lequel les Formes de tou
tes choſes creéegengendrées 8c ſaictes ont eſte'
produictes, comme par lïmpreſſion d’vn Seau:
. car Platon n'a pas penſé que les Idées fuſſent
b Aurhdela
cauſes effectrices des choſes , comme Ariſtote
Metaphyfiqunllly impoſe l' , mais pluſtoſt que tout ainſi 'que
PArChitectc a en ſon entendement l'idée expri
mée,ſur laquelle il façonne l’edifice,qu’il baſtit,
tout de meſme ( s'il eſt loiſible d’vſer de compa
raiſon ) Dieu a eu les exemplaires Etemels
(ſe ſont les ldées de toutes choſes) exprimez
en ſoy: mais les Idées ne ,ſont autre choſe en
nous que les Notions des choſes vniuerſelles,
qui ont eſté recueillies en noſtre Entendement
par le moyent des ſens en apperceuant chacu.
ï ne choſe ſinguliere en ſon eſtre,dont iladuient,
que nous auons la cognoiſſance des principes,
demonſtrations 8C ſciences', qui tirent leur ori
gine des Notions, ne' plusne moins qu’vn ruiſ
ſeau l’eau de \a fôtaiueuoutes leſquelles ne ſont
qdaccidents , 8c non pas eſſences ou ſubſtances
intellectuelleHpuis u’il.n’y a point de ſubſtan
ce incorporelleyhor" r-mſiis Dieu , ainſi quefinous
auonsdernanſtré par cy-dcuant.
ï

De;
SgcTroN XII. 913
De: Ange: Tuzelaircs_ de tout” chffix.

SEcTtoN XII. ' _


TH. (Quelle choſe y a-il donq en la nature — '-'
corporelle , qui s'approche de Dieu? M Y s. Les i \me a"auſſi:
6c
deux C herubins , qui afliſtent ï àla preſence de Ezeebiel
Dieu Eternel , 8c qui ont chacun ſix ailes Ïfflîz ſ
. ae atteint 4.
deux pour
&deux voler,
pour 8c deuxles
ſe couurir pour ſe voiler
pieds: la teſte,
on peut c,
>enéfäî‘í,ſſêçgëâk²ï~ſ
tendre par cecy Fadmirable promptitude qu’ils ' '
ont à executer les commandemens de Dieu; .
toutes-ſois ils ont la teſte 8c les pieds voilez, '
r'
c’eſt à dire , que nous ignotons entierement la ~, ,_
ſin 8c commencement de leur origine : ils ont
auili des yeux eſpats en toutes les parties-del
leurs corps , à ſin que nous entendions par là,-'
ue rien ne leur peut eſtre caché : ſinallenientsï
ils verſent d'huile auec vn entonnoit da-nsvlesï
ſept lampes du chandelier d’or,c’eſt à ditegïíſſils'
diſtribuent la Force 8c puiſſance du Createur
aux ſept Planetes , à fin que nous entendions
par là ,qu’il ſe ſaur 'detourner de ſeruir aux
creatures pour rendre pu rement àvn ſeul Crea
reur tout deuoir 5c hommage,puis quïlznous-a
obligé par la creation a lîaimerôc honnorer'
eternellement. — T'
T H. Ven qu’il n’y a riernqui ſoit ſitant propre.
à la Diuine bonte',que de créer, &engendrer 8c
de faire,& de cóhler de bien toutes ſes œuures,
ie me tiens eſhahy d‘où vient la 'ruine 8c corrnñ: _
ption de ce monde &la mot-t 8c decadence, de)
routes les choſes , leſquelles-“yï onteſté PIÛdUlTJ' ,
f'
,ctcsë ,
914 CXNAVXESME LIVRE
ctes? M Y S. Platon 8c Ariſtote rapportent l'ori
gine de toutes ces malheurtez au vice de la ma
tiere,eu laquelle ils eſtimoyêt , qu’il y euſt quel
*unäarazlv que choſe de tnalefique*: ce qui eſt imperti
n. nent , puis
Clipture queLDidu
z Q430- nousWidguc
,liſonstout
diſertement un l'eſ
ce qu’il ewoilfiiièſſi,
dtoufiorzban: (ou ttes-beauacomme porte _plus
p 'elegzimmexit la phraſe Hebraique.) Pat ainſi le'
- s- Autuffin mal n'eſt autre choſe s que le defaut ² ou Prius'
eótie Fdoilus. “on du bien. i,
Dailleuasne-l I
liſons en 15x17 _ T H.Ne peut on pas definir les mauuais Au
:Ëjſt ges 'par la ptiuarion du bien ,-veu qu’ils ſont ef:
gecrîcrliqpäfi caces cotpoíelles? M Y, Toutes choſes,qui ſont
4,15.…. au monde-ſont bonnes, en tant qu'elles ſenti-ô;
qu'elles participent par leur meſme clſeucc de
labonté Diuiue: cat tout muſt que les. Satelli
tesdîvorteaux- 8c Nettoyeurs dïmmódicitez ne
ſont pas moins nèceflàitcs en vnc Reſpttblique
bien-polieécdquelcs Iugçs. lïlagiſtrars 6c. Cùta-z
' teurs_ s, tout dc meſme Dieu a minis-s Anges
commePrinccs 6C Gouuerneurs en !Puces les
parties de ce mondtäa tant aux lieux ccleſhsssque
cleœeutaires, tant-díſricsaux artimaux, Plantes.
minctaux, citez, promu-ces. familles ;q-u-'à cha
cune humaine çteatuts. Pour Procursrſa (gene.
ration. naiſſance. accrailſemeiïr 84 la con …eruet
ſoubs leur protection —: 8c ifeſtaizt conrenC-Cle
cecy, il a auſſi eſtably ententes pars des' Satelli
tes executeuts de ſaiuſticesleſquzels .tonus-ſois
ne ſont rien de leur pro rc atttoritc' ſanslex
pres commandement de icu, 8c qu’ils n'ayant;
en pleine çognoiſſancc de la cauſe deiſila iuz_
gée
i
, cie-pan; que Æcſtcndtc ſur les meſçhans
ſ ..
le.
ÛIPPIÎCÛ]
SECTION XI-I. 915
ſupplicezquüls ont merite. Par ainſi, YF-ſcriptu
re dit ‘,que Dieu a faict le Leuiat hanzlequel hu- âffjg-æ 4'
rne ſon fleuuc. c'eſt à dire, qu’il a ſaict la :ſature [Bru <4. ſie. de
L _ dg toutes choſes ſubiecte à ruine 8c decadeuce: Ania e_zx. c. de
&c-_ailleux-SJÛ-yfaict, dit Dieu 5,1- Dzſtructmrpaur Ezechiel. _
mure” ruine: Il aauffi ſaict Behemotbsailquel f" Reîſſſelſfſ_
afliſtent les Lyonsmigles 8c Corbeauxdeſt les gué. P
' Hcmons , qui ſont ſouuent appellez-.enläiſrri
,ture de ces nomszôc qui demandent ſans ceſſe
U( &flute à Dieu z c'eſt à ditede punir 6c cha'
. ſtier- ès meſchans,de la vengence 8c tuerie deſ
quels ils ſe tepaiiſenpcouæmc de leutvsande (ir
dinairc. C'eſt doncques «Peux , ou 'plait-eſt de
. nous meſmes , dîoùviennent les meurtres, pe”
flcszgucrres, ſtcrilitez. 8; tout coque nous ap_
pclions mah-Sc nózpasde l’Aut-eur de tous biens,
:Je felicite', ſinon pa; accident: car Dieuéparlcc m… …je
ainfi dc. ſoy-maſi”, lnſhindit-il ï, le Diflifiífſl” c 4,.
le bien dr cream l# mdiflëffiïflc la lwmiezacâ*: 97mm
le; renal-m. Car lors qu’il. r-'etire ſon eſprit d ;la d ſi* 34-3- de
mor! triompher-de,
flUÎÎl-ſſïëëÿſſlï ſes crcatures:
ſon. bicnilezznal.- lors:oſi
tout argſai . dis-ie,
ſin: ‘° '
UÎÊBS 3_ quand il relire ſa lumiere ï les tencbrcs
enfffiwæn poëíſefiion.; neplus .nc moins quel-a.
mins- rcnneiSe-Yn-baſtimcnr , apres-qu’on a re»
:touché læcplonnezguileſoiæbſtenoät: par- ainſi
131.114? fäumpas ?Cohen
:filxctïîäsäquanæl quïl faſſe tort
bon-luyſemble ï , ceäpcſíbtnre,
quróefl: du finffljfîffi?
‘ .' .ſi . . « i' :Lliïizdiffî- fflldleldlnacg c

T H. Pourquoy
Legiflateurgqui Fuſt-zizi
prioit reſpondufia
l’Architectcte nemonde
de ce grand
8c Auteur de routes choſes , qu’il luypleuſt luy
monſtrer ſa facez qrfhomme viuantfdela ver
' _ , MM M
916 CINQYIESME Lrvns
roit deſeoùuerte , ſinon ſon dos ſeulement par
derriere? MY. Il nous eſt ſignifie' par ceſteele
gante Allegorie , que Dieu ne peut eſtre cognu
par des cauſes ſuperieures ou antecedentes,
d'autant qu’il u’en a point, mais bien par derrie
riere ſon dos, Ceſt par ſes effectszcar il adiouſte
pen apres; le couurimy tes yeux de mec-main 1'50(
ceſtemain n'eſt autre choſe, que »les œuùœs de"
Dieu, leſquelles 1l a eſtendu es côme— vn tableau:
«Xl-etiam lies yeux d’vn chacü-,en-collocantílîhorh'.
mectnon pas en vn angle du 1nôde,mai_s au beau
milieu ,Ïſiïfin qu’il peuſt mieux de làäcaueë
lus ñgtançl facilité que &ailleurs , contempler
Vpiuers, &Toutes ?tesîchoſes , qui ſont conce
nues -en ce merveilleux Ouurage, 6c qui ſont en
noz yèlîxïj comme des lunettes pour voir plus
d:
clairement le Soleil à trauers les nuées , c’eſt à
&ire Dieu meſinevenï ſes-créatures. Voilà Pour-
quoy nous' ëauons entrepris- ceſte diſpute dela
~ A nature'&fleschoſesiñatutellesi, àſſfin que nous
D .

obtenions_ par elle(encor’ñ_que _bien legere) quel-ë


que kimi-Tage de la cognoilſance du Createur;
8c queïpar ce moyen-nous ſoyons rauïsïôë- ëóm
me tranſpottez à elaâcer haur 8c clair -ſes lOiíari-ï
ges -im-mortelles z; 8c que finalement eſtans' vel
nus de ſes crcatures àïle édgnoiſtre z 'Sc-delà coi
gnoillſianqe àïpreſclieí Ïesloüanglesi. nous ſoyons
\anis-par tcls- degrez- ?en haut» poutjouïr de' lai
.Mbeatitude Diuine : laquelle certes eſt le dernier"
l'uſage de tous les bien: de îſhbmmeaï (1 -ë
-ſt -v- : ,,~_… ſ' ‘ 'XVJD 'ñ -'il.d"~.i-Î d»
~

Fin du Theatre de Natureïradnict du Latin parizlí.


. ED: [diagram/les Bourflannois,Docteur Media.
ji” de PV/xiucrſitc' de Montpellier.
Î TA 'I' paracbeuí ceſte traduction ie me
ſhi: àduiſeſſffiy adiauſler *une tablapour trou
nerplu:facilement lu matiere de: cbaſhs , qui
_ſtim traicteſiespiïr tout ceſt æuure. 'Iïmtesfizisz iëſtoi: en
double , fi ie la debuoi: fltire par ordre Alphabetique,
commeles communes , quiſômplu.: propre: aux 'vom
Hes , qu'aux matieres; ou ſi ie la debuois diſjmfirpar
diuiſzſion de: choſênqui _yſbnt conte-nuage qui mîzſem
blé plus commode , däzumnl qu'on ne pourrait aſſeſ(
eſtimer combien de profil on peut tirer dîcelle, veu que
ceſte doctrine eſZ toute Philaſhpbique , é' qu’elle ne ſé
peut bien comprendrezſínonpar _les definition: é? dim'
ſíonJ, qui ſont cachíexàceluy, qui' lit confuſêmml. Il
_pourra dmc -Ufer de cartable: comme d"une parte au
ëÏ-uneplancbepour entrerauj Theatre Ô' pour ypreu
dreplaccfilanſ21 cdpdicileÃauJ/ëlo” .lu nature duſizbiect,
lequel il 'vaudra cantemplenó ce auec grand conten
temennfiunt eſt, qu'il 'veuille prendre lapeine de ier
quek, ter lesyeux deſſus, iaçoit , qu’elle: ne/lâjent pa: ſi qui
pl” que la matiere requemvit. Ie les a) neemtmoius _Liſe
:-zſr
q*
_eſterzdues e” perl-zine: choſêsplu: au long que l'Auteur
n'a traicteſſſà matiere , à fini d'en dqnnerplus grande
- inteügſiencez ó- ea dautre: choſe: ie le: ay abregëes; en
retrenehant
. . princípalmerzÿ
. J le: dzffinition:
ñ palm- le:
floreplus courte: â* fieiller. _z- - v1- Î
'H ñ ct'
—,"Ã' z/i
qÃDie-u. ZJ ï'IAS
.
:FC ‘
' "-1 , r” _, ex.. YZ. 'l ſi
' MIX
.Z104 d' …l **ï d .

.1
.U. u'. . A J.”
\

MMM i.
.f -

P o v n Tffloſſv Ïsſi' :Aſia s


PR E-MIE RE "T A-'BLE DV
Meurtre-Mn laqneäa la Nature eſt repreſ/êmíe
en general, '
. ïÎ
q Sepatez des choſes comedien
— Abſolusd( Entaſſez aux choſes _comme
la Nature,
Les Ptin
cipcs La forme du monde cotte
Correſ- [Pond 5_ pic…
I.
p POWÏWS 'La matiere correſpond cômc
pzzzeacî premiere ala nature.
Femme
Nature
tVade
nla
'Theatre
I.]
tiuien
etflſqeluel e ' Efficicntes cômc Dieu, le So
lxkcmfls leil 8c l'homme engendrent
r l'homme.
I Finale Dieu 8c Pvſage , auſ
' * quels toutes choſes ſe rap
portent.
[ 'La Forme acte interieur, qui a
concurrence auec la cauſe
efficiente. '
. lnſfflïcï La» matiere qui eſt le ſubiect
des Actes ayant correſpon
dance auec la fin.

Le lieu qui eſt la 'meſure du,


ſ corps naturel. ,
Le temps qui eſt la meſure
rxtemesä lelavuide
duréequi
du corps naturel.n’a
mutœſilb-is
Les Mc" . ‘ point
choſesde lieu en Torche-des
ſenſibles.
ctiœs.
Le mouuement, qui eſt excite'
- Suic c5, par Pappetit_ de la matiere.
;nc- **l
Internes Ifimſiny , qui çoucesfois ne ſe
~ trouue point en aucune ſub
ſtancgquantité ou durée.
l

*. cinLtxvnns.
La ſemence des cho
Cômen- ſes an imees.
cé Les rudimens des mi
, ~ Tl . ſLecorps “îſîl-“xy

ct l ñ
l
' P rf ict
a a
Fifi-Element' qui côfiſte
demacierescforme.
Uelementalre, qui eſt
compoſe' de deux
ou pluſieurs elcï
lficſtrç mens.
L
“fflld ſDiſcretre comme le
l nôbre duquel nous
nombrouszôc Porai
_QlLJP4 ſon par laquelle
nous parlons.
Continue comme les
. ‘ lignes par leſquel
les nous meſurons,
s q L 8c les figures 8c
l. cned corp; (ieomerriq.
dents ct l

Intclligihle qui com


prend les arcssc les
ſciences 8L vertus.
Q3135 4 Senſible qui comprêd -
[ toutes les qualitez
qui peuuenr exci
ter ou noſtre corps
ou noſtre ame, ,
MMM z
m.» .
i
.
POVR LE PREMlER LIVRI

SECONDE TABLE D V THEATRE


en laquelle Natura :ſi manſlréeplmſſacíulc
mem qu'en la prccedenge.
ï

(Le mouuement -des corps


cópoſez depëd de Pharma.
nie des quatre elements.
ï Le monuemét des elements
p Pliyfi.
{ 8c leur qualitez ſe rap
porte au mouuemenr des
cieux. '
Le mouucmentdes cieux ſc
rapporte â ſon premier
moteur.
Le mouuement du ciel exci
te la matiere à changer
de Forme.
R Aſtro_ Lalumierc des aſtres] diſpo
logique ſe la matiere a recepuoit
les formes.
, Pa! ne_ L'influence des cieux a cou
ccffité currecc auec l agent pif*

1l _
ticulier à la production
l des formes en la nmtierc.
(Mctaphyſ-icale , telle que
ſont les Idées de Platô ou
Vniucr _ l lcs eſpeces des Logiciens.

Nature
precede
te com
11 ſelle 4 Pliyſicale, telle n'eſt la ver
I
;u du ciel di ſe en cou
res choſes , par proper.
tió Geomctrique, ou tel
me Dieu De Na
ture le qu'eſt le principe du
premier
principe
l I
mouuementôt repos.
l(T elle qu'eſt la forme qu:
_ ,

8c _pre — eſt vnc Fort lanoble nature


LParticu
qui parfſiaict matiere.
mrete
cauſe here Telle qu'eſt la matiere qui
PEOuOl-d ſ eſt le commun ſubiect de
fill mo routes lcs mutations qui
dc _GC Hifi_ ſe fout en elle.
toutes
TABLE sEcoNDE.
toutcs à( Au regard de Dieu il n' a point de
ſes par- ‘ ſ fortune, pource qu'il çait tout, car
ties enle elle n'aurait point de nom , ſi nous
regiſsit \ nïgnorioi sles cauſes. Voila pour
cſtit ne- A 13W" quoy Boëcc diczsorspdtiiur franc; ip
antmoîs “me figue le c meat.
libre. l Au rcgarí des hommes il y avne for
tune , pource que beaucoup de clio
ſes ſe tout inopinémenc , deſquelles
K il aduienr quelque bien ou quelqu:
lpsans ne malheur.
ceſſité. 4 _ — Par lc deſtinfflomme de ve»
nir à ſa parfairtc giâdcur.
Neceſñ< Par la i1arure,côme de man
ſſairç 1 gcc &c de boire quand on
a ſainufi on ne vcurmou
nr.
Ala vo
omé ſ Libre de faire ce qu'on veut
_ (äns reprchéſiomcommc
‘ dc contemplcrydiſcourir,
raiſonner.
Abſ0lue{ Repriméc par les loix 8c par
la ciuilité , comme de ne
l trauailler le iour des fe.
_ ſtes,de ne manger à heure
' l iudue.
MMM 4,
Povn LE PREMXER LIVRE
TROlSIEME TABLEvctDV
The-tirez” laquelle tſZ monſtríeſjzecíalp
ment la nature cazzfl-qucnte.
‘.
’\

(Naturel qui eſtïcoymmun à toutes


| choſes comme celuy qui_ eſt
Cómun 4 en lafuperficie de la derniere
ſ ' ſphere.
I ] Artificiel comme vn tôneau pou!
L y mettre du vin 8: de l'eau.
Le .l~i'eu.{ ſSelon ſa poſition , comme le ciel *
~— _ y au renard du leuer 8c- coucher
I l îles eſtoilcs ou ſtabilité des p0
es.
l PIOPÎC { Selon ſa ſuperficie , comme cha
\ cune (plier: laquelle neant
l ~ l moins qu’elle change de poſi
tion par ſon mouuemét demeu
l h re touſiours en meſme lieu.

ſSans corps, carle de tnietcielen


. cloſt tout, ſinon que nousvou
l l-ions imaginer auec Democri
Abſolut te vne infinité de mondes.
l Sans ſubſtancesffle qui eſt contre
hors c A riſtote, quiveut que les bien
monde ~
_ heureuſes eſſences faſſét la leur.
Le vuidc L demeure.

AUCC les corps confiiſemcnt , ce


qui ne ſe peut faireóinon en di
CPÛZP* \ant u’vii corps ne ourtoit
ñ—\———— V? 3351C pas eſtre en vne place, i elle n'e
“fflffllc- ſtoit deſia vuide.
A uee les ſubſtäces ,tcllc que nous
entendons la priuation.
effets
D.

TROXSlEME TADLE. .
çSans termc,ſi tant eſt que le mon
D de firſt cremel côme veut An
* _ ſtore.
ſpïflé “T” Tcnniné, ſi le monde a eu com
I menccmcnt, comme veut Pla
ï . *PP* . .
L” le Ps ‘ Leptelent , qui_ contain: par ſon inſtant le
paſſé â Pauenir. _
Terminé, ſile monde doit auoir
fin ſelon les Theolo iens.
'H venir Sausrcrmc , ſi le mon e ne doit
oint auoir dezfin, comme plu
iicuts Philoſophes croyent.
ſ La geuerariomqui appartient â la
la naturqcommc la ſeule crea
tion à Dieu.; n'eſt autre cho
La coſittuptiomqui
De laſub
(ſtance - ’ ſe-,que la deperditiô de la pre
miere forme pour en _reccuoit
vnc riouuelle.

De la qualité , appelle-fe alteratió,


comme .du froid au cliaud._ _
[De l'ac
cident l on nature.
LDu liemquand vnc choſe change
de place. 1

De ſuſtance, comme Dieu incor


porcl 8c immateriel. … .
'Dc quantité , il n'y en a point ſe
M En acte l Delon Ariſtote
durée , DieucótrëDemocrite.
eſt ainſi infiny,8ſic
L rien autre.
En adiouſtit vn point à laligne,
onÿvuité au nombre.
En diminuant le point àla ligne
A ' ou Pvniré
MMM, au nombre. V)
Povn. LE sEcoND LIVRE
QYA-TRIESME TABLE DV
'Theatre laquelle nature eſt monſtríejjæecín
lement en l'Eſt” naturel.
ï

ë La ſemence des choſes animées,


g Les rudimërs des mineraux.
o
U _ .
_ 11A
5 Le limon entre n terre &l'eau.
r; l Les vapeurs encre l'eau'& l'air.
z Les exhalatiôs enrre‘l'arr 8c le ſeu.
L'Actu encre le feu 8c 1e ciel.
lfiargile entre le limon 8c les pier
I:
res.
Comm!
Le cryſtal encre l'eau 8c le Dia
Ka, Pour manr.
leregard< L'argent vif entre l'eau 8c les

rreseſtít l IDCERIIX.
Les marcaſites entre les Pierres 8c
metaux.

ï
' I
Lien
comme
Le Corail entre les pierres 8c plan
ces.
Uargyrodendron entre les me
taux 8c les plantes.
< Les truffes, champignons 8c bou
lez encre la terre 8c les plantes.
Le corps{ Les Zoophyres entre les Plantes
I 8L animaux.
*z Les amghibies entre les poiſſons
5..
8c animaux terreſtres.
L'Hermaphrodice entre le niafle î
~‘ l 8c la femelle.
I-'lchrhiopteros encre les aquañ
r la ti ues &o ſeaux.
La c auueñ ouris entre les ram.
l Pants «Sc oyſeaux.
l Le Singe entreles beſtes bruſtes
l
il
8c raiſonnables.
\L'homme entre les beſtes brut
l
tcs 8c les anges.
F'. Parſaict
QYATEHESME TABLE.
;k n ſLcfcuJaflax-nmc, !ccharbonda
_ . fumcé.
‘ ‘ (ëE L'air , les vents naturels e: vio
z l I3 lents.
“ï ‘ L'Eau , la met, les ficuuessífon
taines.

. 1 ,
Park-Fa
Ku rcrlqauec ſes cſpeccsÆc.

cndrcnt les metcor.


La vapeur , d'où s'en
KPW' ° Eumidcscommc lara
"Emi l ſcc,la bruinqla, 'luy-c.
(loſt3h14 la neigqlablanc c gc
l léc,la grefle.
lflîxhalatiô .d'où s'en
‘ gcndccnt les mcccor.
' ſecs, comme lc feu :u:
.Elcmcntax.rc &dédie; courbillôs, Bic.

‘ r_ Par Les Plantes cou


priuation
,. _— ._ . _. J\._ _. _ pécs
.JL-_ñz
Les corps de*: ani
Sans
ame maux Accedez.

Les aquatiques,
Pax
nature. cômc Pambrc.
I an: Les terreſtres en
Conſt la cinquieſmc
…A_ _.… , table.
\ . 1U r KAuec ame.
\

LLC? ?fflîídfflïï qui ne peuuent eſtre ſans luy,ne luy-ſans eux]


kdl-ſſ > Î >
.
. — .
. - _
Z

Î- — .
= ~ ~.
4‘ âE
\ . ï ,
. ~. I , zr--Î
.- .
Povn. I.; sEcoNo LIVRE
_CLNQVIESME TABLE .DV THEA
trùeſz laquelle
p nature eſt m Dnſtríejfecialement au corp:
parfſiaict coq/Zem! é' terrdflre comme
ſäm l” pierres.
Diamannsa hir,Car—
boncle,E meraudc, ,,
Cryſtali Hyacinthe( , Ame
ſDiapha- nes rhiſte.
n” . Chryſolite , Beril , O
nix,Corneline,Flä
opahues{
me,Balais.
Precieu-4 ſLe5 \aſp Êsda Turquoiſe,la Topa
ſQPAgathegSc ſes eſpeces,com
ſes
l me la Dendragathe , ,la Phaſa
gatlllie, la Ceragathe , ?Hama
gat e

_. _.g_ .: _. , l
LP olies
Les Porphyres 1’Enhydre , 8c le
Tale.
LCS Marbresd’Ærhiopien,Parien,
8c- l'AIbaſtre.
I Les Selenirez comme la Lydien
ncſſheamedqTrachite, Flde
ennc, Calchedonienne , Arme
niennc , Sanuenne, Galactite,
on peut adiouſter cn‘ ce rang
pierres
Les- L icy le Lapis.
1-:
- . La pierre de l'Aigle
nommée Aethitesôc
ſes eſpeces , comme
?Ophite , la Cheliſi,
donienneſta Melite,
(cailloux ou pierre douce,l'A
ſteríte. _
I Le Sarcophage,l’Eme—
ril,le Geayet,l‘Ardoi
Des mi ſe,lc Teufila Roche.
Le corps l nieres La pierre du charbô,de
côſtanr
iii 3..._ 0+ l L couche 1 dc foudre.
dïumant.
e:
r , ſ

ï1NQ__Vl:B$-—M-.I’ TA! lïfflſi*l


&zen-z o... ä > ſrêchtexlcsgndixdcs
me' trois eſpeces d'Arc_
ñ , l ſenic,la~ cette l-cmn!
[Cſzyc 4 enue,Samienne,Ery
thtee,Cimo1ie.nous
î_
k adiouſtons icy l'A
lun de plume , 6c de
roche.

Commu< ct Des be»


(flag z - Bahalzehal
le Taurin,,le Cetuin,
acc.

' CS ' l .ë poiſ DuTiburon,


Des à duÇync-ſſ
_ ſons. dqdesEſcteuifles. .
Desani- ë _
maux Dés oi- Des Cnqaóst sHirot-i
Ï ſeaux 'Ê &elleud a' l ~
La' Crapaudiaqla Gre-ſi
l Des ſer- \louillcttcl 8c celle
Kpens :qui ſe trcluue 'aux
_ _ l _l _ .l îTortues. ËÆ… _ ,z
l > ' Le Verre, le sel,l’Ambrſie,&le Carjfahrébiitſſ
~ - leur origine particulier, cóme apffi le B1
l, , tumcôcle Soulphreficïargent vifi
2 z- id . . i .a K U p \ -
I' LLesMot1ux.Voyla
"U --u :-~.- .~, .S- tablevſuyziantc…
. VI , HVICTPÏESME
l.

. A ‘
. .. ~ " v '
.ñd - ï" :df: líh'Î".!. ' ' . . ,j ſ ï-zi...~r.'í'~
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" ~ L...:Mſſ{ 2'- l ſ.- ‘² ñ- ~« --ctr-ÎÎËËŸ l

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.. d.. 1:35: Vn w-z--AJË
U371 _
x . . . . llſîl. L, _'
... ï -rl ..î
i I LJ "
Povn LE_ slconn uvnz
ÿ .i q _ SIXIESME TABLE
Theatre en laquelle natureejl DV
monſtre? jpe-l
;"5 = cmlemem aux miner-eux.
I
; _ct - il: ' rPour les Peintres Principalement le
_ Vcrmeillon 8c l'Azur.’
' ..ſſ_~_l;-.._ ſi _ l Uorpinsc ſes Parceniç
pin on fait alicz le ſori
, le
. “aŸ calchitisóc miſi. De l’or
'. T) nb .HLM
.. xfixzæszíkí-o . tealga 5c ſublime.
Pouzlc; | Soubs la calaminc on com
“îîf _
. ,_ cins.
M c a e- Ÿ prend le Spodiompom
pholixäcfliphty
ges.
l La fleur; &Tal-rein 8c le vetcl
~ .- î.. l, "H5, ‘~. de ſ15
._ ' j J, ſ* ‘ .,_._q ï | LaLiâxargedbrôccſargent,
, . i t — L ui peuuent aller au lang
__. :l ' ges eraycs. _
L” l*** Les [En Chryſires , Argyntes , Calcluces , Mo
uux. _ 3555,_ lybdites, Sidcrircs acc. autant qu’il
y a _dfflcſyeces de metaux.
l "iſſë-ſſſi ſi "Num 'o\, l'argent, le cuiurqlc plomb, l'e
ſtaimlc fer &c ſes eſpeces. L'argent vif
f tels - -
n'eſt pas metal.
ljelcctrqqui eſt vne miſtion d'or 8c
(P ſ d'argent.
arfaics. j La Plombaginc million de plomb 8C
d'au Cnt.
, LeBi cmut miſtiqn de plomb &c d'e
(hin.
Amfic_ Le Loton mixtion de Calaminc 8c de
. Cuiure.
Läkurichalquc nxixtion d'or 8( de Cui
Leuſe.
Tymbrſſe mixtion d'cſtain 8c de Cui
Uſe.
Uairein Corynthiaque mixcioix de tous
L les nlccaux enſemble.
Autre
ſ Sltllfll TADM”. -
. ,- v - \Relation-z
_ - Efloignez { '
l o il. l ſ Ptinci- L* "Penn
j . PCI
flFaPîlî' Proches. {Le ſoulphte,
I u " ct. «. t? L'argent vif.
ï A l Rudi. Les Metalins.
- u cm,, {LesMaxeaſites. _/
ñ A !flore-t l'argent En.
z Le fer durnlolfflígte.
Pars. Ileſtain de Comoésille.
I g ſ "; Le
Le cuiure
plomb. rouge. zf
_ Parfaits. ſi l ſi Î _, . ë
Autre di _ Ht ‘ 3 l_ 5* Le loton. ï
uilió des , ~A _: ſUAlrichalque. F
metaux. ' M fi ‘ Ifairemcorynthiaqne.
' .-.z, z.; z a c a' LeBiſſemut.
‘ ~ ~ La lombagine.
.....d,... .’\,—': 4 L' lectre.

- ciels L- '
argent CII YCIIC.
~’ m" ' .
,z - . (
l ‘~
~ ï K
' - … -Le vetrcçnargeut., sñl ü ï
4 ,, ‘ _ 'SEPTÏESME
.' ;.Î..- r.. Dm ~“ 1-.. -~ g
.~ l
Un d-L'.
' ſſſſ- ' À q '. Pa: l

.ñz . …A . YU; 5
(nu-a. _, ~- r. …z l 'QE
. . ,de
‘_’ l

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'c.t x _ l_ ) .. __, -od LJ


nsſſflionp
“ſrl” ſil ²db'~JJ
~

l ‘* Povn un 71015121”.
i SŸPTIESME TABLE DV THEATRE .
. Ju_ _en lac-pacte nature ſpecialement manſïríe :n14
z cagnoſſdnce des plant”. -
.ſi ' ‘ ' r

ll ~ ~ 7'- " __ ſi - 'FLERS


" f* '{ Racinesdronegramcaux,ſcuílles,cha
tons,fleurs,ſemence,fruict,çſc0xce,
bourgeommoeſle,ſuc,goufles..
. è f
‘ F-Xïſï" Boule: , mouſſe , uſines , gommes, le ï
N°11" guy-,la Caſiuthe._.
- !Übſtîcc v a Partis fruict c6
' ’ l me le Pómier.
_l — - P” cul_ CD: (""5 Ne partis point
, z v …ſe q de fruicts coz
. Nam-an | ,d me lesaule.
~ L” _ Dc Pu- Des racines ,des
3 -‘ _* Ê zic; { larmes , des
. q .l ~‘ l- k . \. branches.
p' 0 o o a” Sans culcurepar laprouideuce de Dieu.
i ſſſſ De haute fliſtaye connue les Faux 8c
È Arbre les Cheſnes.
\ Inteueure 'Debnflſieaux.
moyenne ë grandeur comme
‘ les ar.
.
_. _ç
Sagproclunt des arbres comme lc v iQ..
Herbe { lier.
Menue comme la laictuc.
‘ ‘U . .
; .5 Sauuages qui viennent d' c1.
‘ g < - Patrio - les meſmes.
l ä _ tes Domeſti ues leſquelles il
ÿ D Le lieu faut cu ciuer.
z.; Eſîrangeresvenans des Indes ou d'ail.,
.2 eurs.

gnoiſſw p] L nage de leur durée ou de leur Poſtée_


ce des Le tëps {Lí1la1ſ0l1 en laquelle ou lesplanre 8c en
laquelle elles naiflenr.
plantes
ñ--1v

'~' l .ï
S Ep TiEsMs Tanu.
des Plan ſChaude d'où vient la ſaueur aere,tel
rtcs_ s'ac— le qu'au Pyrethre 8c pointe.
quiert (Subtfle J Froide d'ou vient l'ai reur , comme
anya: la au limon ac grena es.
l Temperée d'où vient l'vnctueux,cô
me en ſhuil-le 8c emulfion des ſe
mences.
Chaude d'où vient la ſaleure,comme
la
En
matiere en l‘Alcali 8c en la ſauge.
Medio Froide d'où vient la verdure ,ñtelle
_ l crc
qu’au verius des gta pes de raiſin.
&Temperée d'où vient a douceuntel
._\ le qu'au ſuccreÆcct regaJice.
Chaude Ïouvienrſÿamèrtume , tel
' le u’au petit Centaurée.
Froi e d'où vient Paſpre , telle que
l Kczzſſç aux ſerbes qui ne ſont pas meures
1 Tempcrée d'où vient l'inſiyidicé,tel
. le qu'aux couiles graines des
Paſſion
Action
k bleds.
Entre elles cóme le 'choux 8c laviFne
Entreles autres comincle Nape lus
Inteme 8c l'homme.
- De bonnes en matjuaiſcs commele
.À froment en yuroye.
ſ Deſeigle
mauuaíſcs en bonnes comrrie la
en froment
forme
la
En
I.]
4 $itu\antieôm.e'Ont De feuilles largesfflſtroittes ,rondes
longues.
l De fleurs decwuppees, entieres, ſim
ples doubles.
Rampantes en terre , ſur les arbres.
{Montantcs en haut ou demcurantes
baſſes.
deux.
les
Verdc,rougæblanchqiaune, 8re.
Coulcur{Seiches vne fois l'an, oul'hyuer ou
l'E-ſté. I
En
tous
'Soueſue aux hommes 8L auxfautrcs
Odeur. animàux.
r.. Malplaiſmirc aux_ hommes (maux
beſtes. _
NNN
Povrg Le TROISIEME LlVRI-j,
HVIC-TI-ESME T ABLE EN
'Laquelle nature eſt
ſi cognaëffótnce desfÿccialemenz manſtréc enl.la
animaux imparfm,
I
- _ Eſtanc cousjours aetachcz, comme les
ſ5²5 m9" huitres.
“Êmcflî- Sc ſeparans quelques fois, comme les
muçlcs,
f
4 Comme les canards qui naiſſçnr de ce[
' _Auec taines coquilles qui cpmbçnc des at
mouueñ. bres enl'ea.u. _
Lmenr. Côme les cſcreuiſiës 8c lc laiſſard ;ſaurait
~ "îffl ~ que leurs membxoup. [cn,
²" Commçſſ les foulques qui naiſſent Elu
-’ '- ' bois curry _des nauites.
~~ï' “ ’ LeGou dillomleGouſſomles arcres,la
Wſbcs plä- Garpptqlatignefla blattefia chenille,
ces Sc ſe- le ldcau,_la punaiſefla Nigue des ln*
mences. diegsde grille: , la. formis, la millc- —
pc c. ‘…
i l' ~ ²~' ~ dehors; Aux
de,hommes
lc poux.le cixon,la [en
" _"' ' l Aux bcſtcs- communement
la puce 6c le morpion, ' .

_ Les lambris longs


[CS !htc platgmenus.
ſi fflfis Les ſcrpícs ê( che
çdam _ h nillcs.

Lesſivetmine
autres parties
que la ,la meſme
prcccdëte.
Moins parſects la chenille de mer , la.
~ ~. mouche , Le Tauan , la Cantharidc,
Des PME ' la remote , Feſtoille.
Jam* Plus parfects routes ſortes dliuíſtres 8c l
" " 8c coquilles. _
E' ~ (Preſque parfects coute ſorte d'alim…
QP”.
i- - comalgqucs. '
ſont.
HviſſcTxEsſiMn *rníiftff
ſont en* g og. (Les moubliessc mouchefflsdeläabeil
partie. ä [Des oi_ |les,les gueſpegles Tauans, les Can
ï g, ſ tharides, les eſcarbotsJes cerfs vo
eaux.
lans,les ſauterelles, les ldrucs,les ſor
[mis volantes 8c les papillonslirjdeux
luiſants le Ciilutäc-lîelcatbot des ln- .
:liens: .3

Des ſIet-{Les aragues , les phalanges , la Ta


pents ' rantule,les ſcorpions.

De la teqclèn l'eau comme le Bíeure. .


re. n l'air comme la channe-ſouris.
G.. d

f: En la terre comme le veau matinôc


' . la gtenquille.
Dc lun En l'ait cóme Plcltthioptere poiſſon
eſt
incognu
.L.— — —ñ— — —_ . qui vole.
—-— -q— ~—~'— —Ÿ—z-z~
iMoins
mparfaicts. Oiſeaux , comme les pleuuiers pour ?aliment des
hommes. ‘ ~ "’
_LT
ori. __ Qigdrupedes,
ine comme les rats pour punitiô' diuine.
d
Poiſſons', comme les harents pour la prouifion
des homm
ñ; kRcptctiles es. les crapauds sègrenpuilles
, comme ~ pour
rg
d? punition diurne. -

ä .
lä ‘ .i
I .Ê ſ3
- a
5 a
l F
l Côme le Giner né du chien 8c du loup,8c du_ chien
i l 8c du chat, le mulet d’vne iument 8c d’vn aſne. _
Lg Ce qui ſe faict parla confuſion de deux natures. ‘
LParfects côme les oiſeaux,quadrupedes,poiſi'ons, 8c ſerpents.
NNN z_
Povn t2 TROISXEME LXVR!
LA NEVFlESME, TAÏBLE EN
laquelleſäm monflrez. le: animaux terreſlrer.
ï

Des plantes la chenillqdcs bc- . A


, Les inſc (les aquatic pieds les pou!,
fiſt* “Z ctes. despoiſibns la mouc c dc
ſîîlïzî ' . mer,des ſerpentsFAragnc.
d , 5 Les Loop ites dc mer comme les muſ
cs im— cles 8c de tcrrc com m e le lo gm, des
Pë-*ſcctî- Américains l

U]
î , o ſVue bonne partie des inſectes,
,
a p _ ne nuiſent point aux hômescô
œufs.
fait
des
!Il me lc Stellion,Cameleon,& Laiſard.
4 u Pal' leur Le Baſilic ſelôAëcc.
c: \Êgârd- La Catoblepe ſelon
mm_-I
. rg ,.î—- _Jg~— ~— a Ath-Signée. ſ r
l t Ê ſerpents.
Les 'J par la L'a
C05. P":' ac cs e P e.
_. °‘ſ“‘° La Vipcre 8c toutes
^ autres ſortes de ſcr~
r-—, pents.
_ (En venin comme le Dipſas 8c le \
ga f.; Ptyas. ï
., è{ à' Avolcr come les Dragons deſ
'>z UU 'U= uels .P arle Lucain.
. , (ſhe.
.
ç ä u ——* g Ac eminer come lAmphibe
. 3{ LE A ſauter comme celuy qui s ap
j ä pelle Cençliris. _
lï ;a I du ſSans
ſi cornes comme le Lieure.
Les CerFs.
d 'g' ê Sauua- {Le—s Dains.
dg g ſ5 l 3 ges Les Che.
Hz; _:3 E{ :à: .6 _ iueux.
a B ſ- a. Princes.
ä 3- ! u l 3 . &auua- Les Vtons.
a I I Œ{ g "3 ges. Les Biſous.
.a 5 g _ Les Bœufs.
< I .a, I è' l LS Pnueï. Les Beufles.
(I
ü Q ‘ o.). LE* &Ane; laine comme les brebis.
Raiſonnablc
TABLE NEVFlESME. ,
0-70 Uongleälo poreót le chenal ſauunge
#O G fendue. 8c pluſieurs autres animaux.
l :mod
;mami (Ayant doigts comme la tau
î KÊÏXÉJÊÎ I e, les tats, les muſtellee,
ſes chats , les chiens , les
loups , la panthere , les *O

oumtygteglyonsdinges,
{' taixons. l
Les dents hors la
' [L'angle gueule côme l'E
(blide. lephant.
Ou plarteæcôme
le c eual.

Aquati — Oiſeaux poutre qu'ils tiennent leur naiſſance de


ques l'eau iclon Moyſe. .
' De moindre cotpulence comme les
Poiſsôs. ſitdínegbrochets 8c ſaumons.
De grandecorpulence comme les Ba
laines, -

Raiſonnable

L
, NNN z

I
_ Povk LX_ TRQXSXEMEï LlVRI:
LAD-IXÏEME TABLE DESŸ'
- animaux aquarique-.ggſÿduoir deſisoi- -
_ > fiawùó poiſſons.
' _ Attacliez aux éailloux comme les
" '.. ſCoqml- , HUltICS. ‘~
D :"’—._ ' ſ 4-" ÏÊUX Scparez des cailloux comme les Tur
ſi Doemrayiunl-cSnhce . ſ' Scabrcux~ binek.
Cloüſtcleux, comme les cſcrctticcs 8c ligouſtes.
Eſïfll' Pccítsfflomme la ſardines: melctte.
[eux 'CG rands,c6me la truicce 8c le ſaumon.
Par dehors 8c dedans comme l'eſpèr
lan,&c.
\Eſpineux Par dehors ſeulemêt comme les rayes
_IL' .—
o. 7 ~ - _ àrarcrondes.

_ ._._/L. _._.—. , Platgeornmelcs uatrc eſpeces de Soles_


-ñ- !X {Longs , comme a. lamproye , Fanguille 8c lc
.…_ _ Poiflons
r P0115. - magic. "1 " "
Molsfflofntne la ſeiche 6c le Polypc, 8re. -’
ï~'l
De gran Faiſansïies œufl comme la. moluë-SE le Silure. _
rñ dc cor- Faiſans leurs petits en vie , comme le Dauphin
pulence. 8c la Balaine.

L Mimet-aux comme quelques poiſſons au Pont 8c quelques hui


ſtrcs cn France.
IA
ï.) ſMo cns dcsfaurrcs belles &de leurs eſpeces l'Auſtruche &la
j .
_F4 c autre-ſouris,
"Z '
5- ' ſ Dome-_FPaſſaÆers commcla Cigoigne ,l'h1rondelle,6cc.
. .
“~' [tiques (Arte cz comme les poules 8c les coqs.
j Ë . .
…- g (En Piolant, comme les paſſcrcaux ,les pics, les
’ F; lcgnwſaiuges 8d lardeuuesJa guignequcuë.
' Ô En criqucranr comme Lor1ol,le Cocu,la Caille.
(S En fredounanr, commclcs petits oiſeaux de ca.
ge le Roffignolficc.
En gaſouillangcommc les mcrles 8c eſcnrneaux.
En yargonnanr, comme le perroquet, la pic 8c le
L G CMS_
' . Parſircts
TA BIR.
íPoudreux, comme les pou.
les, les Dindes, lapctdrix,
la caillc,la Begaſi e.
ſgîsmphêî A pieds plats , comme
é*
Aquari le Cygne,les oyes,les
canards,l’Onocrotal
112311:
Sp
d ui na ent.
QQ ne L l Diiiiſeî et?doigts, Dôme
chanté: L l'Ibi‘s,la cigmgnefflcc.
point qui ne nageur point.

ſSur les poiſſons comme l'ai


LViuät de Surgron,& la foulque,
les oiſeaux , comm* les
rapine Aigles ,Vaultours, 8c ICS
quinze eſpeces d’eſpar
uier.
En Paz. Sauuagesxomme leramier, le canard ,Paye
tie. ſauuage.
Domeſtiques comme le Pigeon z la canne,
Foyepriuée.
N N N q.

9
z Povn LE AvATnrEMiS-ET __
.‘ IJONZIEME TABLE EN
laquelle 071 contemple les animaux rdiſFmr/ables

. _ . '. I
Communsfflomme la terre, leau, l air 8c
_- l Les ele- le feu.
z_ ments. Moyens comme les quatre humeurs:
_ .. Proptes comme les dix parties ſimilaires. _

v. du_ _~ _ ê' Similaires, comme les os , les cartilage


z .’ ſ La les liens, tendons, muſcles, nerfs,att
~., . -ï _ tes,veines,chair,cuir.
' l l l Comme le cerueau 8c lesin
. _ L . *Ces par. _ ' ſtrumens des cinq cens de
1- kg_ 1 nature.
'1 y I Le cœurÿt les poulmons. '
[g _3 _ _ l Le fo e , eſtomac , rate , fic!, p
g, Otganb< v-clïciginteſtins. -
"² , _ _ ct ſ
.p lqflcs. ñ . Deſc uels il faut touſiours cô
' ſi crer le nombteda figure,
3 1 - ,_ la ſituation ,la ſympathie,
î 3 u. ' K l vſage , la compoſition ,la
î a E ſiibſtancc.
zſi ' ſ_c'g I,_rocrea . (Lu
- . eh ange.
Z l -4 v 4 nue. .
Qui terme. _
_ï Naturel Attrachue , reten
Nutriti- tiuc.
' ue.- Concoctrice , ex
Pulliue.
Ï Augmeutaciue.

' . Rcſpiratiue.
ä (Faculté V"²l°- Impulfiuc.
l l 'j . g Du mouuement. _
"_ ſ1; l _ = Exterieur les cinq S,,
l! _ -. -g _ä Ê Du ſenti _Aprclh _
_ " n l g 5< o ment. lPffl' {imagm.
l ‘g . f" .
__ -- U
La rieur
_- memes.
5 ' l "3 A larailohl
PVP” A la volonte. _
M Q LLCS fonctions reſpondent aux ſacultez. _
Raiſon!!
...A
__I._._

C i NoJſiirsi-iia LIVRE.
Bons , comme les Anges tiitelaíres , l'enten
Raiſón ables. a0 Dcsliô- dem ent Agent.
,z l mes. Mauuais , comme quelques Demons , puniſ
-3
Les
gen ſeumdeſtructeurs.
L DE; {Pctiſſts,comme des viles 8c citez.
r***
lieux_ Grands , comme des prouinces 8e monar
chics.
‘_ ' Fixes comme
ment, lescomprinlctes
ui ſont fix ſortes d-'eſtoilles
en quarantedu&huict
firma

U conſt: lations , les eſtoilles ſont en nombre de


ä AÜICS. 101L_
j: ſ Les planet” , ui ſont en nombre de ſept de la ſub
*: { ſtance 8c pa ions deſquels il eſt aſſez diſputé en
L5' reliure.

Mouuauteslïs orbcs ſelon l'opinion dmtiſtotc I:


Intelli- luſieurs autres. ’
benccs. Aiäſtantes à Dieu comme les Cherubins 8c Serañ
phinsÆtc.
ï

NNN 5
Poîvn Tovs LES

DOVZlESME TABLE EN
laquelle o” contemple le: ;Accidents
de FEſtre naturel.
_ e{L’ Oraiſon qui ſe ſaict de ſyllabes 8c dictions., ſi
Ülſſſïſ Le nombre pairimpair, 8re. -
’ Droictc. "
ï Les u' Mcfiée. _ _
Circulaire.
gm” Courbe. Meflée.
w n p_ Courbe.
. ,z Circulaire ecccntri ue con
ä l ï centriqne
. , meſiÈc, trian
— Supctfi- vlqscíes eſpeces. '
r~—-—-’\~:-s Gmdmfl Cics ä Qÿgdrangle 8c ſes eſpeces;
K cin? angles, fix angles', de
I plu ieurs angles.
Circulairqtettae
— P “ſſ ct .
Côrmue au… dre , hexaedte ,
&Corps octaedre , dode
caedte,icoſaedre.
Impatſeähſur tous les autres.
Du [jeu en haut en bus,à._droir à gauche,
Eſpace. dcuanz derriere.
Du temps preſent paſſé 8C aduenir. _ p
* Subtilqcommel'acr1mon1e,ar
gteurſtnctuofite'.
(Les neuſ Mediocrgcomme la ſaleure,le
laueurs. verius la douceur.
l - | Craffqcomme l'amertume l'a
L ſPICtÉHËL Finſipidite'.
L ſis- ſO ns--S&Des
De lainſtruments.
. voix.~ ' _
r (Il
U LalumigExtericure des corps qui luiſent
'5 aux autres. _
o te
F4
a. Interieutc la couleur 8c lumie
Exterieurs: re des corps. _
I Le tangi Premierc,chaud,ſtoid, ſec,hu
ble mide.
l Secóde,rate,eſpece,dure,m0ll°
[Les odcurs,ſoucſues,p uantes.
—*—— o—1~— … hCommunes la figurgmouuement 8c repos
Wllflé
,UE

eT ſ
Senſible.
U
CINKLIVRES

lCUIç,
La ſanté,force,beauté,agilité."
íDucorps{La maladigdebilité, laideur, ſor
t ne_
Naturelle, commelartractiô, rc
( renriomconcoctiomexgulſion.
I '
r_
Inter

l
ſ AnÊnte.
tececlente Deſir du ié,vlay
o u apparent.

ïl l

l
LDeFame<

I VolOn-4
L caire
D Fuitre du ma!,
vray ou apparaît.
ſl-labitu de, loua
ble ou vitieuſe.
ë 4 Les paffions,l'añ

l *U

ä
I-ï
-4
L-ñ
U

lntelle-
\g
,3 I' mounlavolupté,
ſhame, la dou
U beur.

Les ſciences 8c lcsarrs tant liberaux que mecha


ni es. _
* a ctuelle. Les 7er- Acfquiſcs commeles morales.
\US lu uſes comme les Theologales.

Nous auons acliouſté â ceſte traduction pluſieurs annota


tions S( fi ures,outre les prccedcntcs Tables, Pour
Penric iſſcmenc de ceſt œuure , la Fin du
quel ſoit à l'honneur 8c gloire de Dieu
‘ ctemellemcnc.
Emu-s quiſcſimt gliſſée; par meſgarde à
l'impreſſion. . ' -
Adioutez ala fin du Poeme Latin (illa) deuant gloria A
8c au ſldlillallt mettez (EM-ulm) pour gÃdſlîpædl-lſc? en la
&ligne de la 19.pa"e (eſtoit) pour rfloinlïlï la &ligne up. 1
(limplesjpour plnsfmplenlîn la 19.1.4741.(ilsjpourellcxEnla
zr.l.zo.p. (Laons) pourLM”. en la marge (Metaphyſique)
pour Phyfl ueÆnla u.l.76.p.(a)pour iLLn la Io.l.178.p.(dc)
our n. En a |8.l.l8r.(dc la confitfioifipour dccanflëſîon. En
a r8.l.r84.p.(derrierdpour dernierùEn la 2.7.1. 2.59 .p.(l'eau)
pour later”. En la 2.8.l.delalaz.l.4.6O.p.(bras)pour
En lazz.I.4.55.oſtczfe.En meſme p. ( la rerre)pour
banEnl'eau.
la r. ſi -
l,4,69.(Rhouan)pour ROMILEU la 2.5.l.47o.p.(8c)pour cmEn ‘
la Lr.l.48z.(l‘a)pour 4,En la 2._6.l.de la meſme page(la)pouſ 4
le. En la 18.1.7”. (ont)pour omEn la 18.1. 757. oſtez enclin la
derniere ligne 764.p.(ceſt)pour l'._ Entre la |4.8c rglig. ad_
iouſtez ( la diſtance des Planètes à la terre ſection V I.)
en corrigeant tous les tiltres à Fauenanr iuſques au 88;. *
feuillet. On trouuera uelques autres fautes de peu d" .
portancqqui ſont
ou ſuperfiue ou paſſ es par
defſiaillante oumeſgarde,comme vnepour.
tranſpoſée , laquelle lettre
. tant ne trouble point le ſens de lamarierc.
n

_filñïſ

-Unv

.4q
...-
.

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