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- Z & KT/
E V A N G E LI Q VE S -ET
A P O S T OLIQV E S S VR
|- les Dimenches & Feltes folennel-
| - les de toụte l'annee:
où font contenues pluſieurs belles/entences,tirees -
- c_4 L 7° O N,
P A R B E N O I S T R I G A V D.
M. D. x c I I 1. - *f
* - * ,
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:- i
*
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A T R E S-E X C E L L E N T
ET R E V E R E N D I S S I M E SEI
N
E P I S T R E. M
tres-obeyffantferuiteur. Ie n'ignorespar
que vostre heroyque & vertueuſe gene
rofité ne doyue estre decoreeparplus am
ples (9 magnifiques honneurs: mais voi
cyqui mecöfôle. Car comme nostregrand
Dieu n'a point en deſdain ne en horreur
les petits dons des pauures. e Ainstvostre
dignité & grandeurfinguliere, qu’auez.
acquife parhaults & rememorables faits
ne mešþrifera les deux petits liures de-
diez cº conſacrezà vostres tres-venera
ble feigneurie. ‘Receuez les doncques
Monfeigneur,d'auffi bonne volonté,com
me de tres-humble caur ils vous font
*preſentez, De fainéž Estienne de Furan,
lepremieriour de Iuin. 157 1.
Viuez heureuſement en la
garde de Dieu.
ELo Qv ENTIS S IMO ECCLE
A T Q_y =
S I A S T A E, P E R S P I C A C I
venerabili viro, domino Leonardo Ianier, in
fignis Eccleſiæ parrochialis S. Stephani Fura
nei Pastori vigilantiſſimo , Matthæi Catini
Epigramma Encomiasticum.
Dyſtichum Extemporaneum.
Diuină/ophiă docethicliber, & tamen ornat:
Ornari voluit fophia haud contenta doceri,
|- S. T. T. - - .
W
H V G V E S C H A R R E T” O AV CO N
feiller du Roy & threforierancien des cent Gen-
tils hommes de fa malfonfous la charge de Mon
feigneur le Comte de Retz, à l'Autheur.
E L E G I E.
C choſe memorable,&qu’vn aćte diuin
Surpaſſant de beaucoup l'entendement
humain, -
R O C H DV B OYS A
L'autheurfon venerable Curé.
E tien effrit est ſubtiló diuin
Außi est-il à bonté tout enclin,
Ton eloquence est de grande efficace
Et estremply de vertus & de grace:
Tu esrećřeurở diligent berger
A garantirton troupeau de danger,
Depeur que là ne s'en vienne en farage
Leloup cruel & y face dommage.
Lefainéž Eſprit du Seigneurfouuerain
Toufours conduičřton loüable deffain,
Heureux Furan,heureux & fans doutance
D'auoir pasteur de fi grande prudence,
Pourfaire fin ó direpour le mieux,
Partes labeurs tu merite les cieux.
L'IM
/
L’ I M P R I M E V R A V.
L E C T E v R, s a L v T. -
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Y :
S E R M O N S EVAN
G E L I Q_V E S, E T
| A P O S T O L I Q_V E S S V R.
les Dimenches de toute
l'annee.
, D E . L’ A D v E N T. , , 3.
tu, comme ſi tu ne l'auois point receu: Donc,
fi nous conſideronslą natiuité du corps, nous,
fommes tous freres: pource que nous naiſ
fons nuds, trempez,& motiiliez de fang,com- :
me dit le Sage : Nemo ex regibus ali ans.
natiuitatis initium : vnua introitiu est omnibus ad
vitam : & ſimilis exitus. Nul des Koys n'a eu
autre commencement de natiuité: vnc meſme , ,,
entree eſt à tous à la vie & vne meſme --
Tourquºy . ſpirituelle,nous
p trouueronsqu'à bon droit, &
à bonne cauſe S.Paul nous appelle freres, pour
pluſieurs raiſons. -
s 3.
IO p REM1ER D1M ENCHÉ
Fahrtºn & d'impieté.Secondement, pource que lespe
bres, de tene- chez font commis par la fuggestion des malins
seres - - - -
SE C O N D D I M EN CHE
- D E L’ A D v E N T.
R v N T figna in fole, & luna, &
|stellis. Noſtre Dieu cognoiſſant le
naturel des hommes estre diffe
}| rent , & qu'aucuns d’entr'eux font
li ayiez à gouuerner, que l'on a d'eux ce que
- B 2
go S E C O N D D I M E N C H E
D E . L’ A D v E N, T. , z 33
formee par vertu diuine. Car(cőme dit Orige
ne) ainſi qu'en fon aſcếfion il eſt monté dedans
vne nuee,pareillement pour monſtrer ſa ſuper-
eminence, il retournera en vne nuee. Et de ce -
- i A 2.
36 S E C O N D . D I M E N C H E
TR OT
. S- 41
T R O I SI E S M E D IM E N C H E ..
D E L’ A D v E N r.
F || V m vidiſſet Ioannes in vinculis opera Matthrt.
Christi. Quand Iean euft ouy en la
); } priſon les oeuures de Ieſus Chriſt, il
Elenuoya deux de fes diſciples, difans:
Es-tu celụy quidoit venir, ou finous en arren
dons vn autre? Il n'y a dignité,puiſſance,ou au
thorité concedee aux hőmes,qui ſoit plus gráde
que la prophetique & apoſtolique, c'est à dire,
l'authorité & puiſſance de preſcher & annon
cer la parole de Dieu. Quand Dieu enuoya Ie
remie pour preſcher fa parole au peuple d'Iſ- ..
raël,illuy dit: Ecce constitui te hodie ſupergentes Fire"."
& ſuper regna,vt euellas,& destruas, & plantes &
edifices, &c. Ieremie ie t'ay faićt auiourd'huy
grand perſonnage ſur mon peuple: va, couppe
& taille,fay comme tu l'entendras: arrache &
lante: edifie, & deſtruis ainſi que bon te fem
lera. Si vous voulez confiderer au Chriſtia
niſme la puistance de ceux qui font estat de la
predication,voyez que leur dit l'Apoſtre fainét
Paul, parlant à eux en la perſonne de fon difci- _
pleTimothee: Predicaverbum opportunè & im- ****
portunè,argue obſecra,increpa Et eſcriuất à Tite Tir.2.
fon diſciple, luy dit: Ie veux que tu ayes ceste
liberté de reprendre toute perſonne. Et com
ment? argue cum omni imperio. Et nous voyons
cela auoiresté practiquéparlesanciens qui ont
esté constituez Pasteurs ou Predicateurs. Voy
C 5
42 T R o 1 s 1 e s M e d 1 M E N c H E.
la comme parle Elie au Roy Achab, qui luy
i Reg is. difoit:Tune fais que troubler rout mő Royau
me. Reſpond Elie: Ce n’est pas moy qui met
les troubles: mais pluftoft toy & tes predecef
feursauez tout gasté. Voylà vne grande liber
té, de parler ainſi à vn Roy. Voire-mais qtti
rend ceſte parole du Prophete à l'endroit de
fon Roy excuſable? L'authorité & dignité de
preſcher la parole de Dieu. Qui a dőné ſi gran
de liberté à fainét lean Baptiste contre Hero
de ? c’eſt qu'il eſtoit conſtitué de Dieu pour an
-
pia 3
D E L’ A D V E N T. . r 43
pia,ipſe impius in impietate fua morietar,fanguinẽ
autem eius de manu tua requiram , dit Dieu par
fon Prophete, à ceux qui ont commiſſion de
preſcher: Si tu n'aduertis le meſchant qu'ilfe
retire de fa meſchanceté, & il meurt en icelle,
ilfera damné:mais fon peché & damnation re
tournera fur toy : car tu es cauſe de fa perdi
tion: mais ſi tu l'aduertis, & il n’en veut rien
faire, Liberasti animam tuam , Tuen feras def-
chargé,& ne reſpondraspoint pour luy. Ce que
confiderant Origene en l'homelie vingtiefme
fur les Nombres, quandilexpoſe le comman
dement que Dieu feiſt à Moyſe de faire pen- . .
dreau gibet,Verfafolem, les Chefs, & gouuer-*****
neurs du peuple:parce qu’ils n'auoyent pasem
peſché les enfans d'Iſraël de tomber en forni
cation auec les Madianites, vient à dire : Ce
n'est pas peu de cas auoir charge en l'Egliſe:
Sufficit mihi promeisproprijs argui delittis, ſufficit
mihi pro memetipſo , & pro peccatis meis reddere
rationem. Quid mihi necefe est pro populipeccatis
ostentari contra/olem? circ. Si ceux defquels i’ay
la charge font mal, & ie ne les argue, i'en fe
ray puny pour eux. Parquoy i'ayme beaucoup
mieux n'auoir charge de perſonne, fçachant
bien quei'auray aflez à faire à reſpondre pour
moy, fans rendre compte, & estre puny pour
les fautes d'autruy. Il est donc bon à voir que
c'est vne charge bien dangereuſe que d'eſtre
predicateur, & Paſteur du peuple. Car c'est
vne choſe rare, que voir vn Paſteur, & predi
CatCllt
44 T R o I s 13E s M E D I M E N .
cateur quifoit fi libre, qu'il dife & prefche la
verité à vous, parce que la, vie y pend le plus
fouuent. Auez-vous veu beaucoup de Pro
phetes,ou d'Apostres, qui ayent libre
ment, fans endurer la mort ? Ils font bien clair
femez. Et pource quand noſtre Seigneur ap
pelle aucun en l'eſtat de predication, il le mer
Matth.re. comme la brebis en la gueule desloups: Ecce
ego mitto vosſicut ouesin medio luporū.Ceſte char
ge donc eſt accompaignee de grandes fafche
ries, & perfecutions. Comme ont experimen
té les Apoſtres , qui ont eſté mis en priſon,
foüettez, lapidez, & en fin mis à mort. Ouy
mais,dira quelqu’vn,pourquoy Dieu ne les de
liure-il,& ne leur donne la domination ſur les
Tyrans: Ie reſponds que c'eſt pour-autant qu’il
ne veut pas vaincre par armes , & violence,
comme faićt le monde: mais par patience,
manſuetude, & humilité. Regardez quand le
fainct Eſprit a armé les Apoſtres pour aller
conqueſter tout le monde, quelles armes leur
a-il baillé la langue ſeulement,& non pas vne
pistolle, ou vne eſpee. Et les ſucceſſeurs des
Apoſtres comme ils armez? de la langue
feulement, ainfi comme les Apoſtres. Voylà
les vrayes armes des Apoſtres & de leurs ſuc
Luc 2 r.
ceffeurs. C’est ce que noſtre Seigneur auoit
promis donner à fes Apoſtres, vobis os cá
fapientiam cui nonpoterunt refistere & contradice
re omnes aduerfarij vestri. Allez, ne craignez
point: ie feray que vous ferez plus forts que
tout
: D E ; L’ A D v E N r. 4 ;
)
tout le monde: car ie vous armeray. bien. :le
vous donneray fageffe pour mediter, & bou
che pour parler. Ouy-mais, on nous mettra en
i priſon, & fera-on mille maux. Ne vous fou
ciez: c'eſt tout vn. Nonobſtant toutes perfe
cutions, afilićtions, & tourmens,vous gaigne
rez contre les perſecuteurs & Tyrans, Carve- *Estrs.
rité est toufiours la plus forte. A ceſte cauſe -
w,
|
|
aufquels l'Euangile de Dieu eſt annoncé, font
les humbles d'eſprit , & qui craignent Dieu.
Finablement par les parolles de Ieſus Chriſt,
nous pouuons qu'iceluy veut eſtre
similitude cogneu par fes bonnes ocuures. Ainſi que le
Matth.2 r
bon arbre n'eſt cogneu par les fueilles: mais par
les fruicts. Aufii Ieſus Chriſt est cogneu en
nous, non par parolles,ains par bonnes ceuures.
* En figure dequoy noſtre Seigneur maudit le
figuier n'ayant que les fueilles.C'est ce que re
Matth. r. proghoir noſtre Sauueur aux Pharifiens: Popu
|
61 T R O I S I E S M E D I M E N•
Qv AT RIES ME D I MENCH e
p + ' a b v = N r. ;
Is e Rv NT Iudei ab Hieroſolymis ft van.".
V cerdotes & Leuitas ad Ioannem, vt in
y terrogarent eum; tu qui es ? Les Juifs
*RA*A enuoyerent de Hieruſalem des Pre
stres & Leuites à fainét Iean pour l'interro
guer, difans: Quies tu? Laćtance Firmian au
premier chapitre du 3. liure de fes Inſtitutions
diuines, diſputant de la cognoiſſance de veri
1 E -
č36 o yA T R1Es Me p1M ENcH e
té, dit que Deus naturam humanam veri adipi
fiendi cupientifimam fecit, Le naturel de l'hom
me eſt tél, qu'il defire fort cognoiſtre la verité.
Et de faićt l’eſprit de l'hőme ne fgauroit auoir
plus grand tourment, que quand il a des dou
tes & difficultez. Et voyons cela tous lesiours
ar experience, que l'homme ne veut point e
ſtre abuſé ny trompé, s'il luy est poſſible. Mais
c'eſtvne choſe bien difficile que d'acquerir co
gnoistance de la verité,tefmoing S.Baſile au li
ure De Spiritu Sančio,ad Amphilochium, chapi
tre premier. C’eſt vn treſor que verité, qui eſt
bien difficile à trouuer, in obſcuro latere existi
matar (dit Laćtance au lieu preallegué) il eſt
bien caché, & n'y a que Dieu qui l'enſeigne
& reuele par l’Eſcriture, comme monſtre do
ĉtement , au premier chapitre du
premier liure de fes Inſtitutions Diuines. Or
n'eſt-ce pas aflez de fçauoir cela : mais outre
il faut cognoiſtre le lieu où c'eſt qu'on trouue
la verité. Elle ne ſe trouue pas en l'eſcholle
des Philoſophes(comme diſpute La
ćtance, contre eux au commencement de fon
premier & troifieſme liure) mais en l'Eſcritu
re fainéte, comme dit Sainćt Bafile en la pre
miere de fes Epistres. La verité premiere
ment couchee par eſcrit aux liures de l'ancien
Teſtament, & puis du nouueau a eſté declaree
au peuple de Dieu. Voylà les liures où c’est
qu'on trouue la verité. Mais toutefois elle ne
laille pas pour cela de demeurer en fon obſcu • /
. Il tC,
D E . L' A d v E N r. , 67
rité, & eſtre difficileà cognoistre:carlaloy de
Moyſe, qu’est-ce autre chofe qu’vn ombre?
Ceux qui gardoyentladićteloy, auoyent biếla
verité:mais tous ne cognoiſfoyent pas la verité
cachee deſfous l'efcorce de la loy. Pareillemét,
combien que la predication de l'Euãgile foit la
manifestation de verité, ce n’eſt pastoutefois à
dire que les liures du nouueau Testamếtfoyết
fifaciles,qu'en les liſant,chacun les puiſſe en
tendre:autrement S.Pierre parlant des Epistres***.”
S. Paul, à tort fe complaindroit de quelques
gens ignares , & inconſtans; qui abuſoyent
temerairement, & à leur damnation, des Epi
fires de S.Paul qu'ils n'entendoyent pas. A tort
pareillement feplaindroitS. Hierofine en l'E
pitread Paulinum, de pluſieurs de ſon temps,
:l'Eſcriture fainéte pouủoirai
ément eſtre entendue de tous ceux qui met
toyent le nez dedans. Et pourtant ditle meſme
Docteurfur le premier chapitre de l'Epistre S.
Paulaux Galates (ce qu'il auoit aprins defon
maiſtre Gregoire Nazianzene, furla fin d'yne
Epistre qui est la 32. parmy les Epistres S. Baſi
le) qu'il ne faut pas eſtimer Euangelium effeia
verbis Scripturarum, ſed in fenfa: non in ſuperfi
cie,fedin medulla: non infermonumfolijsfèd in ra
dice charitatis;Quel'Euangile&veriré de l'Ef
crirurene conſiſte aux paroilesimais au fensiny
en l'ap arence,maisấu dedans.Mais pourquoy
que l' Eſcriture fain
- ' , E 2
68 o y A T R 1 E s M e d 1 M E N.
ćte en laquelle ſe trouue la verité,fuſt tant ob
fcurcie? S.Auguſtin auliure premier de la do
ćtrine Chreſtienne. Et S, Chryſoſtome en fon
homelie 34.fur S. Matthieu, en donnent plu
fieurs raiſons : Obſcurata est notitia veritatis, ne
non tam vtilis inueniatur,quàm contemptibilis. Cā
temptibilis enim est, fab illis intelligatur, à quibus
nec amatur,nec custoditur. Vne raiſon eſt, à fin
qu’on tienne grand compte de l'Eſcriture
faincte,laquelle eſt contéptible, fi ceux là l'en
pendent, deſquels elle n'eſt aymee, ny gardee.
L'autre raiſon eſt:|Quia effet Deusalios voluit effe
dottores, alios diſcipulos. Nā ad illos quid ſic Deus
dicit per Efaiam: Loquimini facerdotes in cordibus
populi. Ad hos autem quos voluit diſcendo cogno
steremyfteria veritatis,fic dicit in Cantico: Inter
rogapatrem tuum,& dicet tibi, presbyteros tuos có:
annuntiabunt tibi.Dieu a voulu que les vnsfuſ- ,
fent Doéteurs,les autres Diſciples, Car fi tous
eſtoyent fqauans en l'Eſcriture fainéte, il ne
feroit point neceſſaire d'auoir des Docteurs, &
pource l'ordre feroit confusen l'Eglife. C’eſt
auſſi, addamandam hominis ſuperbiam,dit S.Au-
guftin.Pourautant quefcientia inflat,pour t'hu
milier, Dieu permet que bien fouuent tuliras
l'Eſcriture fainéte, & n'y entendras rien, non
plus que ceſt Eunuque duqueleſt faićte men ;
tion aux Actes huictiefme. Car pour auoir
l'intelligence des lettres Sainćtes,en toute hu
milité ; il y faut trauailler continuellement
- a UICC
- DE L’A D v E N r. &9
åuec prieres , & ieufnes, demandant à Ieſus
Chriſt l'intelligence d'icelles: Qui habet clauem
Dauid, qui aperit ý nemo claudit, comme dit S.
Iean en l'Apocalypſe: & fainét Hieroſme en
l'Epiſtre ad Paulinum. Orya-il pluſieurs per
fonnes auiourd'huyaux troubles qui font en la
religion, qui difent qu'ils veulent fçauoir la
verité, & pourla cognoiſtre, ils veulent la cer
cher,par ce qu'il est eſcrit: Querite & inuenie- **"*/
tis.Et pourtant vontlire les liūres de Caluin,&
autres Heretiques,pour voir s'ils y trouueront
la verité, ou pour le moins voudront mettre le
nez à l'Eſcriture pour là cercher la verité, ne
fçachansà qui ils doiuent croire , pource que
tout le monde ſe vante d'auoir la verité de fon
Ioan, fe
coſté. Ioinćt qu'il eſt dit : Scrutamini ſcriptu
ras. Ipf enim funt que testimonium perhibent de .
me. Aufquels ie reſponds premierement que
c'est bien fait de defirer la cognoiſſance deve
rité:mais il faut diligemment regarder où c'eſt
que tu la trouueras, Car il y a eu beaucoup
qui l'ont autrefois cerchee, leſquels ne l'ont
pas trouuee : Quia non modo quid effet verum
ipſum,fed etiam quomodo; aut vbi, aut qua men
te querendum effet nestiebant. Comme dit La
ćtance, chapitre premier, liure trơiſiefine de
fes Inſtitutions. Ils ne cerchoyent pas la verité,
où, ny ainſi comme ils deuoyent. Et ne fai
foyent pas comme les Iuifs, deſquelsil est faićt
mention en noſtre Euangile : lefquels ſtu
| . E 3
7o Q v A T R 1 E s M e D 1 M E N.
dieux de cognoiſtre la verité, l'ont cerchee où
il falloit (car ils l'ont demandee aux Prophetes
de Dieu) & pource ils l’ont trouuee. Mais
apres l'audirtrouuee, ils ne l'ont pas fuyuie ni
embraſlee: ains font demeurez obſtinez , &
n'ont pas voulu recognoiſtre & receuoir le
vray Meſſias promis en la loy.
Aufſi quiconque voudra trouuer la veri
té, s'il ne veut perdre fa peine, il la doit cer
cher en l'Egliſe Catholique, & non pas en la
Synagogue & conuenticule des Heretiques,
ny en leurs eſcrits , comme a tresbien remar
qué Vincentius Lirinenſis , en vn liure qu’il a
faićt il y a plus d'vnze cens ans, Aduerfaspro
phanas vocum nouitates. Secondement, ie ref
pond auec Tertulian, au liure depreſcript.ad
iuerſus hareticos, capite 8, 1o. 11. & 12. que plu
fieurs errent lourdement, qui fe fondent fur
Matth.7. ce que diſoitnoſtre Seigneur en fainćt Mat
thieu : inuenietis. Et ne confiderent
à quel propos cela eſt dit: carà qui parloit
ors noſtre Seigneur ? Aux Iuifs qui atten
doyent encores le Meſſias : Qui habebant vbi
quærerent Christum. Vnde ait illis : Scrutamini
Scripturas, in quibus falutem ſperatis. Illa enim
de me loquuntur. Hoc erat, Querite & inue
nietis : Namque & fequentia optimè in Iudeos
competere manifestum est, pulſate & aperietur
vobis. Allez, lifez vos Prophetes , & vo
ſtre Moyſe, & vous trouuerez que ie ſuis le
Meſſias
D E L’ A d v e N r. . 7r.
Meſſias duquel ils ont tant parlé. Or estoit
il expedient que les doćtes en la loy exami
naffent fi c'eſtoit luy que Moyſe auoit promis.
Et pour le fçauoir, falloit confiderer s'il fai
foit les miracles qu'auoyent predit les Prophe
tes , que le Meſſias deuoit faire. Et pour
tant c'eſtoit aux luifs qu'il eſtoit dit : Čher
chez & vous trouuerez la verité. Mais à
nous il n’y a plus de querite. La verité eft
trouuee & cogneuë il y a long temps. - Et
comment apres tant d'approbations de la ve
rité , la voulez-vous encores chercher ? D'a
uantage quand ainſi feroit que cela fust dit
de nous auſſi bien comme des Iuifs » Que
rite cớ inuenietis , voudriez vous toufiours
chercher ? Si vous y amufiez fans celle, & ne
vouliez vous refouldre à ce que l'Egliſe en
a determinee, & à ce que les anciens en ont
creu & laiffé par eſcrit , Vbi erit quarendi fi
nis ? vbi statio credendi? vbi expunctio inuenien
di? apud Marcionem, & cætera. Si fans ceſſe
vous cherchez, iamais vostre eſprit n'aura re
pos. En fin conclud Tertullian, Nemo quæ
rit, nist qui aut non habuit, aut perdidit. Per
fonne ne cherche la verité , finon celuy qui
ne l’a iamais trouuee, & par conſequent n'a
iamais esté Chrestien : ou qui l'a perdue,
& par confequent ſe declare deferteur de la
verité, & apoſtat : Car tous les Chreſtiens ont
trouué la verité en l'Eglife Catholique, quand
- E 4
7z , Q v A T R 1 E s M. E ni M E N c H E
ils font venus au Chriſtianiſme. Et s'ils n’euf
fent estimé que la verité eſtoit du coſté des
Catholiques, ils ne fe fustent iamais rengez
de ce cotté la. Et puis qu'en l'Egliſe Catho
lique vous auez trouué la verité, pourquoy
l'allez vous chercher aux liures de Caluin,
ou d'autres Heretiques ? Vbi omnia extranea,
cr aduerfaria veritati , & ad quos vetamur ac
cedere, dit Tertullian chapitre douzieſme. Si
doncil eſt queſtion de chercher la verité, que
ramus in nostro, & à noširis, ó de nostro, cher
chons là où il faut , ainſi comme ont faićt les
Huifs, defquels il eſt parlé en l'Euangile du
iourd’huy, recitee par monſieur Sainćt Iean,
difant : Les Iuifs n’ont pas enuoyé inconti-
nent des aniballadeurs à Sainct Iean , mais
que le bruit & la renommee d'iceluy
estoit publice & diuulguec partoute Iudee: &
que tous fçauoyent qu'vn admirable perſon
nage s'eſtoit apparu au defert, lequel manife
ftement diſoit que le Meſſias promis en la loy,
& lequel par fi long temps auoit eſté defiré,
eſtoit venu. Tunc,alors ils ontenuoyé des am
baſſadeurs & meſlagiers à Sainćt Iean. Ladi
ćte ambaſſade eſt de tous coſtez excellente &
honorable : de la part de ceux qui enuoyent,
font les principaux du popülaire, par leſquels
ledićt populaire eſt gouuerné : du d’où ils
enuoyent,c'eſt de Hieruſalé cité Royale & Sa
cerdotale, ville metropolitaine & capitalle de
| Iudee,
D E L’ A D v E N r. |- 73
Iudee, où floriſſoit la loy. De la part de ceux -
qui font enuoyez, ce ne font pas gens idiots
ou fimples, ains c'eſtoyent gens folennels, de
grand fçauoir, & litterature: car c'eſtoyent les
grands Preſtres facrificateurs de la loy. Celuy
auquelles ambaſſadeurs font enuoyez, la bou
che de verité rend tefmoignage de fa gran
deur, quand il diſoit: Inter natos mulierum, non Matth.r.
furrexit maior Ioanne Baptista, &c. Ie vous dis
en verité qu'il n'eſt pas iſſu entre ceux qui
font naiz de femmes, vn plus grand que Iean
Baptiſte (lequel paflage eſt doćtement expo
féparfainćt Ambroife, fermo. 64.& fainćt Gre
goire Nazianzene : Oratione funebri in Athana
fium, fainét Cyrille Alexandrin libro 2.in Ioan
nem,cap.34.& libro 2.theſauri,cap.4.fainćt Iean
homil. 38. in Mattheum, & homil.
27. peris imperfetti, in Mattheum, Sainćt Cyril
le Hieroſolymitain catechest tertia ad illumina
toi,S.Auguſtin in Pſalm. 29.& 141.6 ferm.4.de
natiuit.Ioannis Baptistæ, & cap.f.lib.2.contra ad
uerflegis & Prophetæ, & per Eufèb.Emiff homil.
1. de Ioanne , Chryfologuefermone 174. AMaximus
fermone defančio Ioanne Baptista.S.Bernardyſer
monede excellentia Ioannis Baptiste, & Alphon
fu Abulensts in cap. 3. Matthai, voyÎà l'ambaſſa
de de toutes parties excellenre & folennelle.
Les Iuifs fçauoyent le temps du Meſfias estre
prochain, à cauſe que le ſceptre Royal leur
quoit esté oſté, felon la prophetie de Iacob: ~
- L E I O V R. D E N O E L *
m- »
* **
* -
D IM E N C H E E S O CT A V E S
D E S R O Y S.
*
**
o c T A v e s d E s R o y s. 137
feſte Ieſus Chriſt a obſeruee comme
te11m
oigne fainét Iean l'Euangeliste. Sixieſme- Ioan.ie.
ment les feſtes qu'ils appelloyent d'vn mot
Greç, veounvías, c'eſtà dire, les iours de nou
uelle lune, pour le benefice du diuin gouuer
nement, pource qu'aux iours de nouuelle lu
nela mutation de temps s'apparoiſt & mani
felte. Et dicitur à víos quod est noua, & uivi lu
na: quia tunc renouabaturlumen lune, quod extin
tium erat. Septiefmement leurs Sabbats, qui
ſignifient les iours de repos , par vn mot He
breu, Sabbath, qui eſt autant à dire, qu'il a re
poſé: & ce en memoire du benefice de crea
tion. Finablement la ſynagogưe Iudaïque fai
foit feſte & memoire de la grace de Dieu
faićte à Hefter, Iudith & au Capitaine Ma
chabee, comme il eſt dans leurs hiſtoires:com
bien que ces festes ne fustent pas fi folennel
les. Ainſi nous autres Chrestiens faiſons feſte
aux folennitez de la Vierge, des Sainćts, &
Sainćtes de Paradis. Veu que nous auons re
ceu de Dieu de plus grands & plus excellens
benefices que les Iuifs , pourquoy n'aurons
nous pas pluſieurs iours rendre graces à
Dieu, pour nous fanćtifier par l'audition de
la parole de Dieu, par la communication du
corps de Ieſus Chriſt & des autres facremens,
la participation des oraiſons tant particu
ieres que generalles, faićtes en l'Egliſe de
Dieu ; par la diſtribution charitable des au
moſnes faićtes aux pauures de Dieu ? où il
I 5
138 D1MENcHE es
nous faut fçauoir que les faincts Peres de no
ftre fainćte foy , ont institué les feſtes pour
pluſieurs raiſons. Premierement à l'exemple
de l'Egliſe,en laquelle continuellement eſt ce
lebree la feſte des Sainéts, de la folennité def.
quels, Gaudent Angeli, & collaudant filium Dei.
Secondemét, ad excitandam imitationem (com
me dit fainćt Bafile, homilia in Gordium marty
rem,& fainét Auguſtin cap.z o.libro contra Fau
stum Manicheum) à raifon de leur imitation , à
fin que chacun tafche felon fon pouuoir à en
fuyure la foy, eſperance, charité, humilité, pa
tience des Sainćts : à l'exemple du Capitaine
r. Mach.z.
Machabee, qui diſoit à ſes foldats: Mementote
qualiterfalui fatti fant patres nofiri in mari rubro,
cùm fequeretur eos Pharao. Ayez memoire com
me nos peres ont eſté fauuez quand Pharao
les pourfuyuit auec fon oſt. Car la fouue
raine religion eſt d'enfuyure celuy duquel tu
celebre la feſte. Tiercement à caufe de noſtre
neceſſité. Car nous auons neceſſairement be
foing des interceſſions des Sainćts. Et c'eſt ce
que remonſtre fainét Auguſtin au lieu prealle
gué, nous celebrons, dit-il, les memoires des
Martyrs, Vt & meritis eorum confociemur di pre
cibus adiuuemur, pour eſtre participans de leurs
merites, & de leurs interceſſions. Car comme
les grands Seigneurs ont des grandes cauſes
aux grandes cours & grands parlements qui
font plaidoyees deuant le grand Prefident,
aufquels facillement & iournellement on ne
- peut
- o c r A. D e s R ơ vs. I39.
peutaller; ils ont des procureurs ; & aduocats: *
pour eux.Pareillement eft-il de nous, qui auốs
en cesté grande cour celeſte , les Sainéts qui
font nosmediateurs,aduocats, & interceſſeurs,
enuers Dieu pour nous. Quartement , pour
donner honneur & loüange au Seigneur des
Sainéts, à fçauoir à Dieu, qui par fa fainćteré,
afanćtifié les Sainćts, cốme qui honorele fer
uiteur du Roy, il honore le Roy en fon fer
tement Laudate
uiteur: dominumque
, pour l'eſpoir infančias
nous eius,
auonsQuin-, 4 rro.
aux '/al.
Sainćts d'estre exaucez de Dieu, par leurs di
gnes interceſſions. Car fermement nous de
uós eſperer qu'en celebrár la feſte des Sainćts,
ilsprieront pour nous : carils ne font pas in
giats,& inciuils:ainsliberaux,& magnificques
enuers leurs deuots feruiteurs.Car fi eux eſtans
viateurs en ceſte preſente vie, ils ont prié pour
leurs ennemys, & perſecuteurs (commeil eſt
commandé en fainćt Matthieu cinquieſme.
chapitre) à plus forte raiſon prieront-ils pour
leurs deuots & beneuoles feruiteurs. Laquel
le raiſon eſt fi preignante, que fainót Hie
roſme n'en a point voulu vfer d'autre, diſpu
tant contre Vigilantius Heretique.Et combien '
que tous lesiours quant à leur nature & crea-
tion,foyent egaux:toutefois à raiſon du com
mandement de Dieu, &de fon Egliſe, ils ne
ont pas tous egaux. Car le Sabbath en
l'ancienne loy eſtoit vn iour comme vn au
tre, auquel le Soleil luyſoit comme en vn
allt IC,
/
140 - n1 M en cH E:Es
Exod. 29. autre. Et toutefois Dieu a commandé ce iour.
*** ** principallement là estre celebré. Ainſi l'arbre.
de ſcience du biế& du mal,à raiſon de la crea
tion eſtoit egal aux autres: mais pource qu'en
ceſtarbre là,outre les autres , y auoit comman
dement de Dieu,pour ceste cauſe,il n'eſtoit pas
egal aux autres arbres.. Ainfi la chair du pour
ceau, des lieures , & autres animaux, eſtoit
Genef. 2.
Leuit. rr. viande comme les autres. Et toutefois pour
ce qu'il y auoit commandement de Dieu, ce
n’eſtoit pas vne viande egale auec les autres:
ainfi les iours, à raiſon de la creation font
egaux: mais par l'ordonnance du commande
ment de la celebration outre les au
celetration tresiours,ils ne font pas egaux. Ainfi l'Egliſe
de iour du a institué le iour du Dimenche,par la tradition
****** des Apostres: Premierement, F cauſe que le
Sabbath n'eſtoit en partie que figure du repos
que Ieſus a apporté par ſa ſaincte reſurrection,
il a eſté bien raiſonnable de changer la figure,
en ce qui eſtoit la verité meſme.Secondement,
pour la ioye de la reſurrećtion , & pour la
miſſion du fainét Eſprit, lequel au four du
A fainét - Dimenche fut enuoyé aux benoiſts
Acostres, & parfa venue, il a conſacré le iour :
du Dimenche. Tiercement,elle a mué le Sab
bath auiour du Dimenche , à fin qu'enco-
\res ne fuſſions pas veus Iudaiſer. Ce qui a
/ *
*
*
ocTAv ES DEs R o Y s. I 43
Dieu a en haine nos feſtes, & elles luy font abo
minables. Et Dieu reprochoit cecy par Efaye: E/2.r.
Incenſum abominatio est mihi,iniqui funt catus ve
fri. Vos facrifices me font en abomination,
vos aſſemblees font mefchantes , & dit Amos: Amos s.
0dic proiecifestiuitates vestras.I'ay hay & reiet
té vos feſtes. Car vos aflemblees font meſ- -
V
o c T A v E s D E s R o Y s. 153
tant fuis-ie demeuré en fa maiſon. Nous mon
ftrant toutefois exemple d'eſtre obeyſſans à
nos peres & meres, eſt deſcendu en Nazareth,
& s'eſt rendu obeyſſant à eux. Quidni magifter
virtutis officium pietatis impleret ? & miramurf?
atri defert,qui fubditus est matri? dit fainćt Am
fur ce lieu:Comment euſt-il eſté le mai
ſtre de vertu, s'il n'euft donné exemple depie
té ? Et nous eſmerueillons-nous s'il defere à
fon pere, puis qu'il obeyst à fa mere ? Ce qu’il
dit contre les Arriens. Vovlà la Vierge à qui d obefines
eſt ſubiećt & obeystant , celuy qui eſt le Sei- :
gneur de tous, à qui toute creature eſt ſubie-mere, reze
čte. Et fa mere conferuoit toutes ces parolles ple de Ife.
en fon coeur, comme vn threfor precieux,& de
prix
state,ineſtimable. Et Deum
& gratia apud Ieſus proficiebat
& homines.ſapientia,ớ-
Et Ieſus :p -
profitoit en ſapience,non pas quantà foy-meſ
me (car dés l'inſtant de fa conception, il a esté en er dien.
réply
& desdeſept
l'eſprit
donsdedufapience,&
S. Eſprit) d’entendement, e lecomment.
mais il a profité E9" hänet,
CI1 aux autres.Tout ainſi que nous di- similitudedu
fons,le maiſtre fait grand profit aux eſcholles, "aire /
cholle, G’ de
quand fes eſcholiers profitent fous luy, en do- l'ëfant Ieſus.
ćtrine, & erudition. Secondement,pource que
de plus en plusila enſeigné , & demonſtré, a
uecques augmentation de ſon corps, la fapien
ce de laquelle il eſtoit toufiours plein. Et par
ce moyen il fembloitaux hommes profiterpar
continuelle augmentation de fapience. Tier
cement, il profitoit par maniere d'experien
F
134 : D I M E N C H E E S
PR E MI E R D IM EN CHE A PRE s
1. E s o c T a v e s d e s R o ys. . . '
Vptie fatte/unt in Cana Galilee, eộ Ioan.2.
erat mater Iefà ibi : vocatus estau
tem Iesta & diſcipuli eius ad nuptias.
Nopces furent faićtes en Cana de .
- Galilee
156 1. d 1 M E N c H E A P R E s
Galilee, & la mere de Ieſus y eſtoit. Et Ieſus
fut auſſi appellé aux nopces & fes diſciples.
Notire sei Ieſus Chriſt a voulu affifter aux nopces, pour
u affisteraux pluſieurs raiſons, que vous trouuerez en no
* - - / - - -
ffer
* qui
/
1 e s o c T A. D E s R o y s:
qui font liez & ioinćts en ceſte fainéte allian
ce de mariage, par la grace du Sainćt Eſprit, &
qu’ils puiſſent viure enſemble:non feủlement
d'vn meſme pain & d’vne mefitie viande,mais
auſſi qu'ilsayent enſemble vn meſme coeur, &
meſme volonté, d'vne mutuelle amour, vraye
vnion & concorde, par le moyen de fa fainéte
benedićtion, auec toute purité, & integrité, &
loyauté, & que les parties ne facent aucun tort
l'vn à l'autre: Et par ce moyen vouloir remplir
leurs maiſons, leurs iuſtes entreprinſes & la
beurs de fes fainćtes benedićtions. Et tout ainſi
qu'il a aſſiſté aux nopces,luy plaife inſpirer tou
tes leurs negoces à ſon honneur & gloire, &
qu'à l'exemple de la Vierge laquelle a priéfon
fils de vouloir fecourir & ſubuenirà
ce & neceſſité des pauures efpoux & eſpouſe,
qu’ils ne fustent confus : ainſi les riches de ce
monde qui poſledent les richestes terriennes
vueillent fecourir à l'indigence des pauures
membres de Ieſus Christ:& que par l'intercef
fion de la ſacrée Vierge & mere,nous puiſſions
accomplir le cómandement qu'elle enfeignoit
aux feruiteurs desnopces, difant : Quodcunque
dixerit vobis, fàcire të struate. Tout ce que mon
fils vous dira, gardez-le, & le faićtes. Lequel
eommandement nous puiſſions garder en no
ftre memoire, & le faire par oeuure exterieure,
& que nous puiſſions donner les vns aux autres
bonnes & falutaires inſtructions & reforma
tions de bien viure, pour à perpetuité obeyrà
: , :» L 5
*
4 -
17o 11. d 1 M E N c H E A P R E s
Dieu & fon S.Euangile,& à noſtre fainćte me
re l'Eglife Catholique, accompagnez des dons
fpirituels & iuſtificatifs,à fçauoir vraye foy en
Dieu, ferme eſperance en ſa fainéte mifericor
de & charité ardente,en aymant Dieu pour l'a
mour de luy & nostreprochain,pour l'amour de
Dieu : & que finablement il vueille conuertir
l'eau de triſteſſe en vin de lieffe en fon pais &
paradis celeſte, pour le louer à tout iamais au
fiecle des fiecles, c'est à dire, eternellement.
Amen. . - , , *1 : * " _ ·
S E C ON D D IMENCHE APR E S
L E s o c T A v E s D E s R o Y s. : ?
' '/ i, i “ :- - *- * *
Matth.s.
Mfarc.r. V M defendiffet lestade
J.n.e.r. funt eum turbæ multæ. Quãd Ieſus fut
deſcendu de la mótaigne où ilauoit
* - enſeigné fes Apoſtres les huićt bea
titudes, il deſcend en la vallee pour enfeigner *.
L E s o c r. d E s R o y s. . . 175
feigne par quel moyen noustrouuerons le falut
& du corps & de l'ame enuers Ieſus Chriſt: à
fçauoir,par la foy,par la cognoiſſance,& cőfeſ
fió de nos pechez, & par deuot ſuffrage de prie
res & oraifons:Cőme nous lifons ailleurs de la
Chananee, qui diſoit: Fili Dauid miferere mei. Matth.rs.
Marc.7.
Fils de Dauid,ayespitié de moy.Carpar ces pa
roles elle monstroit ſa foy, & prioit. Apres que
nous auốs ouy la foy,l'accez,l'oraiſon du ladre,
oyons & retenons ce que s'en eſt enfuyuy, &
quelle choſe ceſte foy & oraiſon ont obtenu de
Ieſus Chriſt.Cőme nous enſeigne S.Matthieu,
difant: Et extendens Ieſus manum tetigit eum, di
cens:Vole,mundare.Et Ieſus eſtendit fa main,&
le toucha,difant:Ie le veux,fois net.O admira
ble bonté de Dieu ! Noſtre Seigneur monstre Nostre sri
l'affection de famifericorde,non ſeulement par
auffipar fignes & effects.Il eſtend
a main,il le touche: maisie vous prie,que fe- le,/g , er
roiricy le Pharifien? certainement il euſt crié, «uures.
difant: Chaffez, chaffez ce ladre deteſtable &
abominable qu'il ne nous infećte. Il deſtour
neroit fes yeux & fa face pour ne le voir. Il
eust demandé de l'eau pour fe lauer les mains,
s'il euft ſeulement touché les veſtemens du la
dre: tant estoyent-ils affećtionnez en leur per
uerfe religion & apres l'obſeruãce de leurstra
ditionshumaines,fans estretouchez d'affećtion
mifericordieufe enuers les pauures:comme no
stre Seigneur monstra fort bien en la parabole
du Sarnaritain. Mais nostre bon Dieu & pere
- II CS
176 I 1. D I M E N C H E A P R E s
tres-debonnaire, qui ſeul eſtoit pur & fans ma
cule,ne chaffe point ce pauure de fa pre
fence,ains eſtend fa main & le touche: & en e
ftendãt la main,cela ſignifie qu'il luy veut don
ner ayde : & en le touchant, cela fignifie & re
trait preſente argument de myſtere. La loy defen
doit le touche doit que Pperſonne ne touchast la lepre
p ou le
i - lepreux , & ce n'eſt pas de merueilles. Car la
pre, e pour- loy ne pouuoit faire que la lepre ne foüillaſt,
quoy. ou infectaſt celuy qui la touchoit.A ceſte cau
fe elle defendoit letouchement de la lepre,non
asà fin que les lepreux ne fullent guaris: mais
à fin que ceux qui les touchoyết ne fuſſent ma
culez & foüillez. Mais Ieſus Chriſt touchant la
lepre n'a pas eſté fouillé par la lepre : ains au
cốtraire la lepre a eſté nettoyee. Extendens Ieſus
-
“”“”“
Diete.
manŭ.Ieſus
Celle qui a eſtendãt
forgé & lacreé
main.Mais
les cieux,quelle main?
& laquelle
Tfal. 144.
quand il ouure , remplit de benedićtion tout
animát, comme dit Dauid:Aperis manum tuam,
& reples omne animal benedictione. C’est à dire,
toute ehofe viuante, ayant corps fenſible. Il
eſtend la main vraye organe de la Deité, & par
, laquelle la diuinité operoit aux ceuures mira
: culeuſes.Il atouché pour nous enſeigner qu'en
arr, G peur- ce cº Ps plenitude de la diuinité habitoit cor
7uoy. , porellement,c'eſtà dire,reallemét & parfaićte
ment. Pour nous austi enfeigner que ſon corps
eſtoit vn corps de vie , & la chair du fils de
Dieu tout puiſſant, instrumét de la diuinité de
laquelle elle a vertu. Car tout ainſi que le fer
~
- enflam
1. E s o cT. - D E s R o Y s.: 177 i
enflambé du feu ardent, adioinćt auec le feu, similitudedu
i|faiaa l'operation
chair eſté vnie au du feu.diuin,&
Verbe que le ver:
Ainſi apresque la " e Ie
|
be diuin a eſté faićt chair,& homme,ceſte tref
facree chair,comme le Verbe diuin,chafle tou-
tes langueurs, playes, maladies, & meſmes la |
,
|
|
|
|
# mortirenouuelle & viuifie toutes choſes:& par
i
i
ceſt attouchement & eftendue de la main,font
entendues les richeſſes de la bonté de Dieu, &
| |
-
| |
liberalle largeſſe de fes dons & benefices:con
tre l’auarice infatiable des riches chiches, qui
au temps de cherté ferment leurs greniers aux || | |
|
| | |
de ceste façon : Tu staillic, aut/defab/tabello Iacºbi .
edum meorum. Demeure là, ou bien fieds toy
fur l'eſcabeau de mes pieds. Et encores apres: - , , , ,
Vos exhonorastis pauperem. Vous auez deſpriſé
le pauure. Car à iceux ils ſe monstrent | ru
des, rigoureux, & auſteres, qu'ils ne daigne |
/
ont authorité de commander , gouuerner & r. Petr.2, v, *
,!
.
iuger, voire obeir etiam diſcolis aux rigoureux ** : « n * * **
|
yeu le miracle: mais s'ils croyent, en teſmoi
gnage de falut pour eux, ou bien en teſmoi
gnageà eux, c'eſtà dire, que par leur teſmoi
gnage il fut receu comme pur , fain & net.
Gue fi apres en hayne de moy ils te vouloyent
chaffer de la compagnie des hommes purs,
fains, & nets,tu leur diras:Vous auez receu de
moy les dons comme d'vn pur & munde: &
comment me voulez vous maintenant de
chaffer, comme fi i'estoy immunde ? Partant
Jeſus Chriſtcommande que le l “ fe pre
3
|
181 , 1 1. d 1 M E n ç fi è A p R E s
fehte aix Prestres: cớinbłen qu’il foit gúary.
Pouřlious enfeigtier, que combien que Èhom
meghreitien foit purgé parla gracd de Dieu;
paredistrition de cede; de la lepre de l'ame,
qiH est péché : toutefois if est teầu & obligé,
fila contihodité & Faiſancefe preſente,femő
ftter & preſenter aux Preſtres de la nouửelle
löy;föufiłäy ouurir ſøn eeçứr parvraye confeſi F
confefið . fieri;laquelle est faefanientalie, rieceſſaire, &
7e
T R O I S I E S M E D I M EN CHE
a p R r s 1 es o c r. d E s-, -:4;
R o3 vs.
|
,, * , , * r: , ,
h
Ce que nous cognoiſtrős plus apertemét fi nous
voulons encores confiderer la recompenfe la
|| quelle leur estoit promife.Et quelle? Et pource
la mort,& les tourmẽs:car leur maiſtre les auoit
aduertis de cela:Quãd vous irez preſcher mon
Euangile,tants’en faut que vous foyez lesbien
V enU15 vers ceux aufquels vous annoncerez ces
|
bonnes nouuelles,qu'ils vous perſecuteront,&
feront mourir. Qui eſt celuy quivoulustenfei
gner vne chofe friuolle ſeulement pour fe fai
re tuerà credit? Et l'vne des chofes qui cốfirme
|||
plus nostre foy Chrestiếne,est celle là, que ceux
qui l'ont preſchee, fe propofoyent d'endurer la
mort,apresautres grādes afflictions, pour leurs
gages, & recompenſes.- Vray eſt qu'ils eſpe
royent vne autre recốpenfe, non pas tếporelle:
mais ſpirituelle. Et de faićt;nostre Seigneur au
dernier fermon qu'il feità fes Apoſtres en fa
Cene,il leur diſoit: In mundo prefiram habebi
tử.Et au parauant que leurauoit-il dit? Ecce egº
- - mitta
1 e s o c r. p r s R o vs. 18;
mitto vos ſicut oues in medie luporum.Sçauez vous
bien auec quelle eſperanceie vous enuoye. Er
quoy,Seigneur,viurős-nous long temps? Non:
mais ie vous enuoye comme moutons en la
boucherie. Vous en la mifericorde des
loups. Ie ne vous promets que toute afilićtion,
& peine. Cecy l'ancien
Testament:comme a tres-bien remarqué fain&"*""·
- -
|
. . . 1 E s o c r. d e s R o y s. 199
nant , il dormoit à fçauoir de corps , mais il
veilloit d'eſprit & de diuinité. Comme il eſt ef
crit aux Caņtiques:ego dormio,corautē meum vi- gant f.
gilat. Ie dors & mon coeur veille. Il dormoit :
pour nous donner à entendre”“”“”“
a verité de fon humanité. Carle Verbe diuin
eſt faićt chair & hőme. Ce n’eſtoit pas vn dor
mir fainćt ou fimulé. Car comme vray hom- |
fastiques. -
uy , funt canes muti hon valentes latrare : ne
- - - * A * *
1 e s o c r. d e s R o Y s. zor
destreffe & extreme neceſſité, ne fçauoyent
qu'ils deuoyét faire, finő auecques le bon Roy
Ioſaphat leuer les yeux à Dieu,en implorant la "**°.
grace & beneuolence de Ieſus Chriſt: penfans “*”
que toute perſonne qui inuoquera le nom de
Dieu, fera fauué:& aủecques Ieremie: Domine "*""·
frtitudo mea & robur meum, & refugium meum
in dietribulationis. O Seigneur tu es ma force & #
ma puiſſance, & mon refuge au temps de tri- .
bulation. Les Apoſtres font icy trois chofes. christ, e ci
Premierement ils s’en vont à luy auecques affe- ment.
ćtion. Secődement ils l'eſueillét auecques cla
meurs & cris.Tiercemét ils le prient auecques
fupplication. Et pource dit noſtre Euangeliſte,
Accefferunt. Ils font venus auecques vne ple
nitude de foy. Accedentem enim ad Deum, opor
tet credere. Car il faut que celuy qui vient à .
Dieu, qu’il croye. Auffi ils font venus auec- *
rs. If, È #
Matt. | Imile fatium est regnum cælorum ho
Marc. 4. | mini qui feminauit bonă femen in agro
AY || fito. Au S. Euangile d'auiourd'huy
čij (Chreſtiens) nous auons à confide
Böté de Diete
rer principallement deux choſes : fçauoir eſt la
G’ malice du
bonté de noſtte Dicu , & la malice du diable,
diable. infidiateur de nos ames. La bonté de Dieu,
quand il eſt dit (le Royaume des cieux ) c'eſtà
dire , l'Eglife militante, la congregation des
Chreſtiens,& la foy Catholique (eſt faićt fem
blable à vn homme) à fçauoit Ieſus Christ (qui
a femébonne femence) c'eſt à fçauoir,la parol
le de la foy &de l'Euangile (en fon champ) c’eſt
à dire, en fon Eglife. Auquel lieu nous faut
noter que le Royaume des cieux n’eſt pas prins
pour le Royaume triumphant, auquel main
tenant regnent les eſleus auec Ieſus Chriſt, &
font heureuſement aſſis auec Abraham, Iſaac,
1. E s o c r. D E s R o y s. , 2o7 | |
| ?'^//2
2ο8 I 1 I I. D I M E N c H E A P R E s
rem dedi te domui Iſrael.& audies de ore meo ver
bum & annunciabis eis ex me. Ie t'ay mis pour
guetteur ſur la maiſon d'Iſrael, tu eſcouteras
la parole de ma bouche, & les admonneſteras .
de par moy. En figure dequoy il eſt dit que,
erant pastores vigilantes & custodientes vigilias
Luc.2.
notiis ſupergregem filum.Les Paſteurs veilloyent
gardant les veilles de la nuićt ſur le troupeau.
r. Petr. J.
Aufquels ſemblablementil eſt dit:Sobry eštote,
& vigilate: quia aduerfarius vester, &c. Soyez
fobres,& veillez,pourtant que voſtre aduerſai
re le diable chemine comme vn Lyon bruyant
à l'entour de vous,cerchất quelqu’vn pour de
Les ‘T’affeurs uorer, auquel reſiſtez fermes en foy. Les Pre
de l'Egliſe lats dorment en trois manieres. Premierement
dorment en
trois manie quand ils font abbeſtis & endormis en pareffe,
7"efe negligence, & laſcheté. Contre leſquels crie
Prouerb.or. ce grãdoracle de fapience Salomon : Diſcurre,
festina.fi/cita amicũ tuum:nedederis ſomnum ocu
lis tuis, nec dormitent palpebre tuæ. Va, marche &
follicite ton prochain, ne donne point fom
me à tes yeux, & que tes paupieres ne fom
meillent point. Mais helas? Dormiunt in letiis
Am 0s 6.
eburneis, & laſciuiunt in stratis fuis. Ils dorment
en leurs licts d'iuoire , & follaſtrent en leurs
Ioan. I 3.
couches:Vident lupum venientem, &c. Ils voyent
le loup venir qui matte,perd, eſpard,deſtrouste
& brigande les brebis Chreſtiennes: & neant
moins ils ſe taifent. Quia non pertinet ad eos de
ouibus. Ils ne ſe foucient point des brebis. Se
Philip.2. condement les Paſteurs dorment, Quando que
fua
|
- L E S O C T, D E S R O Y S, 2ο9
fta funt querunt , & non que funt Ieſu Christi.
Quand ils cherchent les choſes qui font à eux
meſmes, nőpoint celles qui font à Ieſus Chriſt.
Tiercement,ilsdorment:Quandopaſcunt femet: *Richa".
ipſos,& non pafcuntgregē domini. Quand ils paif N
s)
2I 2 I I I I. D I M E N G H E . A P R E S -
|
”
de Ieſus
: font Christ, & du diable & de l'antschrift ."
|
contraires. Dieu feme bonne femence,
& le diable mauuaife: Dieu feme grace, & le res.
diable coulpe: Dieu femie vertus, & le diable
vices. contre humilité de Dieu cherie,
le diable feme orgueil de Dieu hay : Contre, , , , ,
charité,rancune contre douceur, fureur: con- -
ai
| !
- *
|
1 e s o c r d e s R o ys.
penſons,combien nostre Seigneur ayme le fro
2r7
|
ment.Car il ſouffre la mauuaiſe feméce en ſon
champ, nő pour autre cauſe que le froment ne
foit arraché. Et pource toutes choſes font fai
F
||||
|
ćtes pour le profit des efleus,à fin qu'ils obtien
nent falut: Sic Deus volens aftendereiram crno- R?” ?
tam facere potentiam faam fieftinuit in multa pa
| tientia vafaire aptain interitã,vt oftenderet diui
|
sr
»v
tias gloria fue in vafa mifericordie, que preparauit
in gloriam. Ainſi Dieu voulant monſtrer fonire,
& bailler à cognoistre ſa puiſſance , a enduré
en grãde patićce les vaiſſeaux d'ire,appareillez
|
à perdition, pour monstrer les richelles de fa
gloire, & vaiſſeaux de mifericorde; leſquels il
a preparé à fa gloire. Et pource difoit-il:Oal-*""·
titudo diuitiarum fapientiæ & ſcientiæ Dei, quàm
incomprehenſibilia funt iudicia eius, & inuestiga
biler via eiu. O profondeur des richeffes de la
|
fapience & cognoiſſance de Dieu! Que fesiu
gemens font incomprehenfibles: &fes voyes
impoſſibles à trouuer. Veritablement les iuge
mens de Dieu fònt vngrand abyfme,& pource
il eſt dit:Sinite vtraque creſcere. Laiffez croiſtre
enſemble l'vn & i'autre, bons, & mauuáis, ap
prouwez;& repronuez. Çar fi toutevne cómu
nauté eſtoit arrachee, alors les iuſtes en icelle
feroyent perdus auec les mauuais & iniustes.
Car auiourd'huy Saul lapide fainét Estienne, Aå,z.
: & bataille cốtre la foy, quidemain eſt changé,
non par nature, ains par grace, en autre hom
me,& faićt la fidelle & claire trompette de l'E
. - O j
218 111 1.o D 1 M E N c H en A P R E s -
–
1 e s o c r d r s R o vis. i 219.
ils ne pourront fortir desenfers. Comme il eſt
notoire du mauuais riche. Et pource il prioit
: que le Lazare fuſt enuoyé à ſes freres. Et par Luc.ro. **
ainſi, Ligatis manibus & pedibus mittếturin tene- ******* *
bras eæteriores, Les pieds & mains liez feront .
plongez és tenebres infernalles. Alligate ergo ,
faſciculos ad comburendum, Liez les donc- Lierinfizet•
Fø4 472
/*
i22 I I I I. D I M E N C H E A B R E S
*
1. E s o c r d E s R o Y s. 223
en la fournaiſe du feu ardant, & puis il est in---
corporé au corps de l’homme pour l'entretene
ment de ſa vie. Ainfiest-il desbons Chrestiens
que Dieu ayme.Car comme le froment,ils font
fruiét de bonnes æuures, & fainétes operatiós.
Ils font battus,& viſitez'de steaux, & verges de
noſtre Seigneur en ce rnortel monde.. Ils
•• • /* * * . font
* „ Tit. I.***
cuits en la fournaiſe du feu d'amour diuin. Et ,.,,.
toute leur vie est profitable & vtile à tous, en Luc.rs.
parolle,en cốuerſation,en foy,& charité,en do
ctrine; & chafteté, en grauité de bőnes moeurs.
Finablement: Recipiuntur in eterna tabernacula.
Ils font recueillis aux eternels tabernacles ; &
celestes manſions: pour nostre
defquelles estre poſſeſ-a...
feurs, nous ſupplierons bon Dieu & Pe- Oraiſon.
re Sauueur, de dechaſſer du milieu de nöustou-,
te zizanie. A fçauoir,tous fcandalles de peché,
& d'herefie, à fin qu'apresle diffinement de ce
monde , & au grand iugement general, nous
pui ffions eſtre recueillis, commele pur grain de
froment, au haut & celeſte grenier de Paradis,
pour loüer celuy qui vit eternellement auec
ques le Pere, & le S.Eſprit,auquel ſoit gloire,
& loüange eternellement.Amen. -
D IM E N C H E D E L-A
s E P T V A G E s 1 M E.
228 D 1 M E NC H E D E |
W foruoyer, & aller hors le droićt chemin. Tier
- cement il eſt yffu, c'eſtà dire,il s'eſt manifeſté,
geneſ '°' non à tous:mais à Abraham, difant: Num celare
Genef: rº. potero Abraham que gesturu fum:cum futuru fit
in gentem magnam & robustifimam, cớ benedi
| | | | || cendefint in illo omnes nationes terræ ? Scio enim
quod præcepturufit filijsfilis & domuistiepost fe vt
|| |
4 " | | | | tt |
ir || || ||
custodiant viam domini,& faciant iudicium cớ iu
ffitiam. Celeray-ie à Abraham ce que ie fais,
veu que de luy doit venir yn peuple grand, &
| | || fort, & qu'en luy feront beneistes toutes les
1 | | | nations de la terre? Carie fçay qu'il comman
dera à fes enfans & à fa maiſon apres luy, que
ils gardent lavoye du Seigneur, pour faire iu
ftice & iugement. Et apresque les enfans d'If.
raël furent detenus en Egypte, meflez auec
ques les Gentils,& qu'ils eurent aprins à faire
leurs oeuures, ayans mis en oubly qu'ils fuf
fent les enfansd'Abraham,& la fainéte femen
ce.Quartementilestyſlu,c'eſtà dire,il a mani
feſté ſon courroux aux mefchans, & famiferi
corde aux bons,en deliurant les Iſraëlites de la
dure feruitude d'Egypte. Pharao oppreſſeur
inhumain auec ſon armee,cheuaux,& cheuau
cheurs,furét ruez jus en la mer,noyez, & abyſ
mez,tellemét qu'il n’en demeura d'eux iuſqu'à
vn ſeul : enfans d'Iſraël cheminerent
par le fecau milieu de la mer, & les eaux leurs
estoyent comme murailles à leur dextre, & à
leur feneſtre. Et en ce iour là,le Seigneur fauua
Iſraël de la main des Egyptiés,& Iſraël veit les
Egy
- - LA S E P T V A G E. 2.29
Égyptiens morts ſur le riuage de la mer. Iſraël
donc veit la grande puistance que le Seigneur
auoit exercé contre le peuple
craignoit le Seigneur , & creuſt en luys & en
Moyſe fon feruiteur. Finablement quand le
veſpre du monde s'approchoit, & qu'encore
pluſieurs eſtoyentoyfeux, à fçauoir le peuple
Gentil. Il est yffu,c'eſtà dire, il s'est manifeſté
en fon fils: Qui est imago & figura ſubstantia eius. Heb.t.
Quj est fon image,& la figure de fa ſubstance: ""“.
maispourquoy Vt conduceret. Pour loijer des
ouuriersà ouuter en ſa vigne. Notammétil dit
(ouuriers) & non ſeulement auditeurs,ou par
leurs,qui ne font que parler,& caqueter, con
tempteurs,gabeurs,& corrupteurs de la parolle
de Dieu, deprauateurs desŠainćtes eſcritures.
Cőme auiourd'huy lesnouueaux dogmatiſtes.
Et quand il euſt fait conuenance auec les ou
uriers:Ewdenario diurno.D'vn denier pouriour,
c'està dire, de la vie eternelle, de la couronne
de vie ; & de gloire. Le denier ſignifie la vie Denier, vir
eternelle, pour pluſieurs raiſons: car la ron eternelle.
deur du denier qui n’a ne commencement , ne
fin,repreſente labeatitude eternelle: Quia re
gnieius non erit finis. Secondement, le denier
a l'image du Roy imprimee. Ainfi ils verront
le Roy en fagloire faceà face. Tiercement, la
clarté du denier fignifie que:Aliquid coinquina- Apoc.21s
tum non intrabitin regnum celorum.Rien fouillé
n'entrera au Royaume des cieux. Et que tous
les corps des bien-heureux feront conformes c-'
- P 3 #*
*jê B I M’E N C II E C D E .
------------
1. A s E p r v A G E s 1 M E. - 233
diuines, pour fuyr le mal & faire le bien: veux
tu alleguer que Dieu ne t'a pas donné diſcre
tion pour diſcerner entre le bien & le mal? ou
qu'il ne t'apas donné liberal arbitre,pour choi
firle meilleur & delaiffer le pire ? toutes telles
allegations font friuolles. Car le contraire eft
verité.Toutefois nostre Seigneur:Pater mistri- **"*"
cordiarum & Deus totius confolationis.Le pere de
toute mifericorde , le Dieu de toute conſola
tion ne leur reproche point leur menſonge ou
mauuaiſe vie, pour ne les vouloir confondre,
ains doucement leur dit: Ite & vos in vineam .
meam. Allez vous en auſſi en ma vigne (Corde Re”.”
creditur ad iuštitiam:ore autem fit confestio ad falu
tem)en croyant de coeur pour estre iuſtifiez, en
confeſſans de bouche pour eſtre fauuez. S'en
fuit maintenất la remuneration.Cumferò autem
fatium effet. Et quand le foir fut venu,c'eſtà di
re la fin du monde, ou le temps du iugement
lequel fera à la fin du monde.Dixit Dominusvi
nee procuratorifio.Le Seigneur de la vigne dità
fon procureur, à fçauoir Ieſus Chriſt, qui eſt le
de Dieu le Pere & de l’homme en
'æuure de noſtre redemption contre peché,
la mort & Sathan. Carila appaiféle pere, le- ':
quel griefuement eſtoit indigné à l'encontre ::
de nous: à la cour Celeste il est à la dextre de """""
Dieu, & faićt requeſte pour noustoufiours vi
uãs pour interceder pour nous. Et ſi quis pecca
uerit aduocată habemus apud patrem Ieſum Chri
fumiufřum : & ipſe est propitiatiopropeccatis no
234 d 1 M E N e ti e d E :
fris. Et fi aucun a peché, nous auonsvn Aduơ
catenuers le Pere, Ieſus Chriſt le iuſte. Et ce
luy eſt fatisfaction pour nos pechez: Voca ope
rarios. Appelle les ouuriers. Il ne dit pas, appel
le les oyſeux, ou les auditeurs de la parolle, &
non facteurs:Et redde illis mercedě filam. Et leur
payc leur loyer, cominençant aux derniers qui
font venus à vnze heuresiuſques aux premiers
qui font venus au poinćt du iour. C'eſtoit iuſti
r
ce rendre à tous: mais rendre aux derniers pre
mierement, n'eſtoit pas contraire à iuſtice, ains
oſtenſion,& indice de mifericorde,quãd toute
fois on a rendu aux autres ce qu’eſtoit raiſon
| nable. Car aucunefois les derniers en labeur,
font les premiers en loyer. Comme le bon lar
ron eſtentré premierement an repos de paradis
que fainét Pierre : combien que ledićt S. Pier
| re a precedé le bon larron en labeur, & à ſuy
ure Îefus Chriſt auecques les autres Apostres:
Cùm veniffent.Et quãd ceux qui eſtoyent venus
enuiron vnze heures: Acceperunt fingulos dena
Glºirº“ºr rios. Ils receurết vn chacũ d’eux vn derier,c’eſt
zn elle à tous eſ v , . - / - -
238 D 1M E N c H E :D e
tin:Bonum est homini quiportauerit iugum domini
à iuuenturefna. C'eſt choſe bône porter le ioug
de noſtre Seigneur,dés le commencement de ſa
Esel“.º. ieuneſſe.Ce n’est pas chote mauuaiſe de beau
1. Cor. IJ.
coup labourer;trauailler continuellement,tant
que ta main peut. S. Paul fe glorifie, pource
u'ilalabouré plus que les autres.ll admoneste
2.Timo. 2 . ſon difciple:Labora ficut banus miles Christi. La
Galat. s. boure comme vn gendarme. En vn autre lieu:
Bonum faciemtesnő deficiamus. En faiſant biế,ne
deffaillonspas. Et dont vient que fouuếtil ad
uient qủe ceux qui premierement & plus lon
guement labourent, toutefois ils font faićts les
derniers: & ſi encourent l'indignation du pere
de famille#Reſponſe.Il n’y a autre caufe finon
-- «
* Y
qu'ils ne labourent pas comme enfans:mais cő
- ''
: * me feruiteurs. Ils ne cherchent pas la gloire de
- *** nostre Seigneur: mais leur particuliergaing &
' prouffit, ils feruent pour le loyer, lequel s’ils
n'eſperoyent,ou s'ils ne craignoyết la peine, ils
ng s'approcheroyét pas de la vigne. En leur la
beur, ils ne conſiderent finom le falaire, en di
fant en loeurcoeur:nous auons fait ce que nous
deuions,pource le ciel nous appartiết. Et quãd
ils entendent que nous ſommes tous pecheurs,
& que:Omnes egemusgrana Dei.Nous auốs tous
os beſoing de la grace de Dieu.Ils ſont marris d’e
stre comptez au nombre des pęcheurs. Ainſi ils
pechent premierement.Secondement,quấd ils
voyết que pardó n'eſt pas refuſe aux pecheurs,
- ils en font enuieux. Finablemét,ils murmurent
...! ' COIl
*
L A S E P r v A G E S I M E. 239
contre le Seigneur & pere de famille, en l'ac
cuſant d'iniuſtice. Et par ce moyen ils perdent
la grace & faueur du pere, & font toutes leurs ***
ceuures inutiles. Et par ce moyen ils ne meri
tent autre choſe que malueuilláce & indigna
tion. Ce que iadis Moyſe auoit predićt adue- v * *
peu en demeurent. -
DI MEN C H E D E L A
S E X A G E S I M E. r"
246 DI M E N C H E D E
monde a honte de vous, mais Dieu faićt com
pte de vous:carvous eftes aymez de Dieu mon
pere:Ceteris autem in parabolis vt videntes non vi
deant,có audientes non intelligant. Et aux autres
amateurs du monde, qui ont grande opinion ,
tie de la femence
foulee,& cheut
les oyſeaux du pres demãgerent.
ciella la voye, &Ainſi
fuſt rolle *
*
l a c_v 1 N Q y A G E s 1 M E. 2ý5
tefois l'Euấgile fructifie grãdement en ce petit
nőbre des efleus.Cardit S.Matthieu:Semẽ quod Matth.rs.
cecidit in terram bonam, dedit fruttum alius cente
fimum,alius ſexageſimum,aliustricefimum. Que la
femence laquelle cheut en bonne terre, rendit
fruićt. L’vne centiefme, l'autre foixantiefme,
l'autre trentiefme.Ce que nous referősaux ma
ricz, aux vefues, & aux vierges, que virginité
foit le fruićt centiefme:viduité le ſoixantiefme:
& mariage le trentiefme.Par là nous voyős que
la foy laquelle eſt conceuë par l'Euãgile, porte
à tous ceux qui croyent, riche & abondất
fruićt, pour la vocation & condition d'vn cha
cun.Prionsdonc noſtre bon Dieu & Pere Sau- ºr“i/”.
ueur, qu’illuy plaiſe nous faire ceſte grace,que
nous puiſſions ouyr fon S.Euangile, tellement
l'honorer & retenir, qu'il puille prendre ferme
racine en nos caurs, que le malin eſprit,ny les
vieux pechez, ny les cures & folicitudes mon
daines ne les puiſſent arracher: mais que fina
blement nous puiſſions produire fruicts en la
vie eternelle,par la grace de Ieſus Chriſt noſtre
Seigneur & Sauueur,qui doit estre loüé & ado
ré enſemblement, auec le Pere, & le S.Eſprit,
au ficcle des fiecles.Amen.
D I M E N C H E D E L A
Q_v I N Q v A G E s 1 M E.
S/umpſit Iesta duodecim diſcipulos dicens.
Deuot auditoire, le fainét Euangile d'au- La .
- iourd'huy
256 D I M E N C H E D E
diferem mët.
croix. Carils ſe courroucent,ils murmurent,iu
rent, & blaſphement en leurs tribulations, &
aduerſitez. Mais les bons & fidelles Chreſtiens
cognoistent le mystere de la croix. Carils fça
uent que noſtre Seigneur mortifie noſtre chair
par fa croix, & par icelle il glorifie l'homme.
Et pource facilement & patiemment ils por
\
tent la croix fe glorifians en tribulation. Sça
Iacobi r. chans que : Tribulatio patientiam operatur, pa
tientia autem probationem probatio vero fpem:Íþes
ɔ
*
*
- 1 A Q v 1 N Q y A G E s 1 M e. 263
Dieu viuất. A peine pouuoyent-ils croire qu'il
deuft mourir, & que la vie mouruſt, & que
l'immortel fuſt mortel. Finablement ils pen
foyent que telles parolles eſtoyent paraboli
ques.Et pource ils cuidoyent qu'il falloit pren-
dre telles parolles autrement qu'elles ne fon
noyent. S'enfuit la feconde partie de nostre S.
Euangile, où il eſt faićt mention de l'illumina
tion d'vn aueugle.Fattum est autem cum appro
pinquaret Iestu Hierico,cecus quidam ſedebatfecus
viam mendicans.Et aduint quand Ieſus s'appro
cha de Hiericho,vnaueugle eſtoit astis pres de
la voye, & mendioit. En la premiere partie de
l'Euãgilenoſtre Seigneur predit à ſes diſciples
l'infirmité de fa chair en forme humaine: mais
à fin qu'ils ne fullent troublez & ſcandalizez,
ou que par trop grande triſteſſe ils ne fustent
engloutis ou abifniez, tout incontinentil de
monſtre la puiſſance de fa diuinité, en illumi
nant vnaueugle,auquelles deux chandelles de
lumiere eſtoyent eſteinćtes. Ainfi ceux qu'il a
eftonné par parolle,il les confirme par miracle.
Parle premier il monstre la verité de fon hu
manité,par laquelle il eſt moindre que le pere.
Par le ſecond il manifeſte la verité de fa diui
nité, laquelle il est vn auec le Pere. Vn
aueugle eſtoit affis, voyons icy la defolation
& conſolation de ceſt aueugle:duquel il est dit,
Cæcus,vn aueugle: voy là vne triſte calamité &
mifere, quelle ioye pouuoit-il auoir,eſtant af
fis aux tenebres, & ne pouuoit voir la lumie
264 d1 m enche D E
qu'i
* L A Q v 1 N Q v A G e. 267
qu'il veut au ćiel, en laterre, en la mer, & en Apºtal.rº
tous les abyſmes,fils de Dauid.Voila vne con- ’”
festion de douceur & de miſericorde humai-"“
ne quia eſté faićte de la femence dė Dauid fe
lon la chair. Nous fçauons que Dauid estoit xem...
debonnaire & en mifericorde il a obtenu le -
LE
272
LE P R E M I E R D I M E N C H E
D E c A R E s M. E.
&
b * c a a es v r. 273
concluſion de l'Euangile du iourd'huy : Wade
retro fathana,comme s'il diſoit: Tu n’as plus de
uiſſance, retire toy arriere, tu as la teſtebri
Et non feulement luy a caffé la teſte, &l'a
vaincu, mais auſſi nous a enfeigné la maniere
de combattre fathan, & le ſurmonter: Reliquit
nobis exemplūsvt/equamur vestigia eius. 1.Petr.2,
Il a faićt comme yn bon maiſtre d'eſcrimes
qui ne dit pas ſeulement à ſon apprentifil faut
aínfi faire & bien tirer ſes coups, mais auſſi il
prend les armes,& s'en fert le premier,&mon
ftrecomme il faut faire. Ainſi Ieſus Christ qui
est nostre maiſtre pour nous apprendre à guer
royer & vaincre noſtre ennemy,ila voulutià
rer les premiers coups, & nous monſtrer com .
me ib combattre fathan, & luy reſiſter,
quandil nous affaut & tente en diuerſes mae
nieres. Or depuis qu'il faut faire vn combat,
la premiere choſe requiſe, est qu'il faut confi
derer & cognoiſtre les forces & rufes de fon
ennemy, pour ſe donner garde d'estre furprins.
L’ennemy de Ieſus Christ & le nostre, c’est le
diable, qụi non ſeulement eſt fin & canteleux
de fanature, mais austi eſt fort ennemy: voire
le plus puiſſant quiſoit deſſus la terre, le m'en
rapporte à Iob,qui le dit au chapitre 41. Non est
potestaa fi perterram, que comparetur ei,quifačius
est vt nullum timeret. Sainćt Paul n'en dit pas
moins en l'Epistre aux Epheſiens, chapitre fi
xieſme, où il nous aduertit que non est nobis col-,
luctatio aduerste carnem & fanguinem,/ed aduer
- S
2.74 -I . D I M E N C H E
27$ I. D I MÍ E N C H E ' - ·
nous veut liurer entre les mains de noſtre ca
pital ennemy. Caro concupiſcit aduersta ſpiritum.
Les autres traiſtres font auarice & orgueil,
conuoitife des biens & honneurs mondains.
De peur donc que ne foyons trahis par iceux
& furprins de nostre ennemy , il nous faut
fuir les occaſions de peché entrans au defert
apres noſtre Capitaine Ieſus Chriſt, & fuyans
les mauuaiſes compagnies : & puis prendre
«les armes ſpirituelles, qui font ieufne, oraifon,
&aumofne, pour combatre nos ennemys, à
l'imitation de noſtrė maistre, entreprenant le
combat, comme il eſt recité en noſtre Euan
Matth. 4. gile : où il est dit: Tunc duiius est Iosta in defèr
tum àſpiritu, vi tentareturà diabolo. Alors Ieſus
zue... fut mené de l'eſprit au defert pour estretenté
du diable : à fçauoir apres qu'il fut baptifé. Et
quand il eut ieufné quarante iours & qua
rante nuićts, apres il eut faim. Où il nous
faut noter, que les faićts & oeuures de Ieſus
Christ ne nous apportent pas tant feulement
conſolation : mais auſſi exemple de bonne
vie & de fainćte conuerſation. Car il ne fuf
fit pas de dire que Ieſus Chriſt a ieufné &
prié pour moy. Et pource ie ne feray rien:
Matth.rs. ains me repoſeray & feray oyſeux.Jeſus Chriſt
a porté fa croix, pour l'enfuyure comme il a
dit:Siquis vult venirepost me,abneget femetipfum
cớ tollat crucem filam & fequatur me. Si aucun
veut venir apres moy, qu'il renőce foy-meſme,
& porte fa croix, & m'enfuyue. Il a eſté hum
ble
D e c A R E s M. E. 279
ble pour l'enfuyure, distite à me quia mitis fum Matth.ri.
& humilis corde. Apprenez de moy que ie fuis
debonnaire & humble de coeur. Il a eſté chari
table, & tu dois faire à fon exemple charité à
ton prochain. Exemplum dedi vobis, vt quemad- Ioan.n.
modum feci vobis, ficcớ vos fàciatis. Ie vous ay
donné exemple, à fin que vous faciez comme
ie vous ay faićt. Les oeuures de Ieſus Chriſt
nous prouffiteront , fi auec les fiennes nous -
–– – –– –
182 1. d 1 M E N c H e
plus fages pour nous fçaủoir donner garde
de noffre aduerſaire, & par quelle maniere à
fon exemple il nous faut puistamment refifter
contre ſes tentationstafficientés in authorem fidei
& conſummatorem Ieſum, quipropostrofibi gaudio
- fustinuit crucēconfuſione contempta:en regardant,
comme dit fainét Paul,au chefde la foy & con
ſommateur Ieſus, ieguei
S’ tentatiös, pour laa iớve
que pour
-) 1oy aà lauy
e pourquoy propoſee , a enduré la croix, ayant contemné
honte. Dieu permet que nous foyons tentez:
Premierement à fin que nous foyons estayez
& approuuez. Car le patient n’eſt point co
gneu finon en aduerfité, & par tentation nous
fommes approuuez. Secondement à fin que
****** nous cognoiſſions nostre infirmité , laquelle
* * * iamais mieux ne pouuons cognoiſtre qu'en ad
|-""|
, uerfité & tribulation, cốme il appert de fainčt
|- • -- * : . . Pierre, defauoüant fon maistre. Ër pource no
*
284 1. d 1 M E N c H e -
|
D E C A R E S M E. 285
pour pluſieurs raiſons (lefquelles font recitees Tourque,
en nostre liure intitulé. Probation des fainéts "/". Christ
Sacremens) mais principalement pour nous 1 :
dóner exemple,comme dit S. Ambroife epistre i .
8i. Etpostea furit.Apreseut faim, vtperestritio
nem fé adhumanã imbecillitatem ſubmittens, ten
tatori anſampreberet,comme dićt S.Bafile, hom.
1.deieiunio,& S.Chryſoſtome hom. f.ex varijs lo
cis in Matthæum. C’eſtoit pour attirer finement
ſon ennemy & le noſtre au combat.Voyons en
quelestat & pitoyable deſarroy nospechez ont
conduit & mené nostre Seigneur. Celuy qui eſat. 1,,.
donne viande à toute chair , qui ouure fa main
& remplit & raffafie tout animal de benedi
ćtion, de la cuiſine duquel infinité d'eſprits
celestes font nourris : celuy qui paiſt les oi
feaux du ciel,les animaux de la terre, lespoiſ-
- - • P72 c07°es ag
º
fons de la mer,& leshommes viuans fur later- faim.
re: toutefois a faim & defire le manger. Le *
tout pour nous & pour leſquels il s'eſt fait pau- 2.cer... .
ure,pour nous enrichir.Et encores Ieſus Chriſt * * * *
- -
tlt
D E C A R E S M E. 297
titou grấd,ignorant ou fçauất, honoré ou mef-
priſé: bref, il ne crainét perſonne de quelque
estat, dignité, office, ou condition qu'il foit,
qu'il ne le tente. Quartemết,il tente auſſi ceux
quiveulent faire penitence : car Dieu permet Les penitens.
que les plus forts,& vaillãts cheualiers endurét
glus grand aflaut, pour auoir plus grãde vićtoi
re,&cőſequemment plus grãde gloire.On voit
les Roys affaillir les forts chaſteaux , & non
point les petites villes ou villages, qu'ils peu
uent auoir facillement. Auffi le fort deſdaigne
batailler contre le foible, les Princes ne don
nent pas les aflauts contre les villes qu'ils tien
nent en leurs mains, mais contre les rebelles.
Ainſi bataillent les diablespar plus forte tenta
tion contre lesbons, & qui contredifent à leur
obeyr. En figure dequoy il eſt eſcrit en Ge
neſe: Que le Roy des Elamites leua vne groſ Genef. 14.
fearmee contre les Roys de Sodome & Go
morre, à raiſon que douze ansils auoyent eſté
leurs tributaires,&à l'an trezieſme ils s'eſtoyết
reuoltez de leur feruice, en defniant le tribut
accouſtumé. Ainſi eſt-il du pecheur qui rendoit
tribut au diable,quãd il eſtoit en l'eſtat de pe
ché, & payoit quatre deniers en recognoistan
ce d’hommage. C'eſt à fçauoir mauuaife pen
fee, mauuaife volonté, mauuaife parolle, &
mauuaife oeuure. Et quãd il a faićt penitếce,le
diable leue fon armee. Aflauoir grand nombre
de fes genfdarmes & miniſtres, infidiateurs de
nosames,qui noustentent en mille manieres,à
T 5
4 293 1. d 1 M E N c H É : - -
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- D E c A R E s M. E. 3O
ftres offrent le corpus Domini a la Meſſe, & les
prieres pour le peuple : & le peuple reſpond,
Amen. Or les prieres faićtes pour autruy, ont
figrande efficace, que fi quelqu'vn priant pour
foy n'a eſté exaucé, par autruy il le fera: telle
ment que ceux qui font indignes d'impetrer
quelque chofe par eux meſmes, ils l'imperre
ront par autruy. Comme vous auez d'Helie le
prophete, lequel a impetré de la pluye pour le
peuple d'Iſrael, combien que ledićt peuple fust
indigne d'eſtre exaucé de Dieu, & auoir de la
pluye. Dieu veut eſtre prié par autruy, com
me Dieu monſtra bien au Roy Abimelech,qui
auoit offenſé en prenant la femme d'Abraham:
Dieu luy diſt: Tu as beau me prier, ie ne t'e
xauceraypoint. Mais va t'en à Abraham & luy
dis qu'il prie pour toy. S'il le faićtie l'exauce
ray. Car tu es indigne d'eſtre ouy. Semblable
ment nous auons des amis de Iob,leſquels s'e
ftoyent moquez de luy,quand ils demanderent
pardon à Dieu,il leur dit: Ite adferuum meă Iob,
é orabit pro vobis. Quant eſt de vous,ie ne vous
eſcouteray point, car vous en eſtes indignes.
Mais adreſſez vous à mon feruiteur Iob, & ie
l'exauceray. Vous voyez que les prieres des
gens de biếfont vallables pour autruy, meſmes
encores que ceux pour qui on prie n'y penſent
pas: comme nous voyons de fainét Paul, qui a
esté conuerty par les prieres de fainét Eftien
ne , comme dit fainćt Augustin en vn fermon
de beato Stephano:Si Stephanus nõoraffet, Eccleſia
V
* .
C6 I I. D I M E N C H E
316 I I. D I M E N C H E
318 I I. D I M E N C H E
Secondement la Chananee auoit vne ferme
Esterance, eſperance en la bonté de Dieu. Car en vain &
our neant elle euſt prié Dieu & fes Apostres,
} elle n’euſt eſperé eſtre exaucee. Semblable
ment tout pecheur doit auoir ferme confiance
que Dieu luy fera mifericorde,quand illuy de
(harité,
mande pardon.
Tiercement ceſte femme auoit vne fincere
charité & amour à fa fille, de laquelle elle a
uoit fi grande compaſſion qu'elle reputoit &
faiſoit la douleur de fa fille fienne & propre:
parquoy elle diſoit : Seigneur aye mercy de
moy. Laquelle charité vn chacun priant Dieu
doitauoir. Car il ne doit ſuffir à l'hőme de prier
Dieu feulement pour luy , ou procurer fon fa
lut propre, finon qu'auffi il prie Dieu pour fes
prochains & procure leur Cőme dit l'Ef
criture: Mandauit Deus vnicuique de proximo fuo.
Ecclef. 17. Dieu a donné commandementà vn chacun de
fon prochain.Et fainét Iaques:oratepro inuicem
Iacob. f. vt faluemini. Priez l'vn pour l'autre, à fin que
vous foyez fauuez. - -
T R OISIE SME D IM EN C H E
.. . D E C A R E S M E.
| i
| ||
| 7
||
i
,!
|
que ce n'estoyent que faux Dieux qui fedui
foyent les hommes parvne fauffe religion. Et
pourtant dit fort bien Laćtance libro quarto in
4. -
| | |
| .ii fitu
*
D E c A R E s M. E. 325
ftitutio. diuin, cap. 27. Neceffèest veram effe hanc
religionem,que damonum astutiam intelligit, vim4
retundit , & eos ſpiritalibus armis domitos ac fuba
čtos,cedereſibi cogit. Et fi les Dieux des Payens
n'ont puiſſance de chaffer les diables hors des
corps des hommes,ils ne font pas vrays Dieux,
dit Laćtance. Et pource nous auons argumết &
marque manifeſte, que noſtre Egliſe & religió
est la vraye Eglife, & la vraye religion. Caren
icelle les diables font chaſſez par force: & non
pas en l'Egliſe des heretiques,ny en la religion
des Payens.Ce qu'il faut bien remarquer apres
Laćtance,& S. Auguſtin contre Petilian, où il
fait confeffer aux Donatiſtes que ceſte puiſ
fance de chaffer les diables par force n’estoit
feulement qu'en l'Egliſe Catholique. Et qui
cốque a voulu hors de l'Egliſe Catholique en
treprendre ceſte puiſſance, a perdu fa peine &
s'en est mal trouué.Ie m’é rapporte aux enfans
d'vn grấd Preſtre de la Synagogue,deſquels il
est fait mentiố aux Aćtes des Apoſtres chap.19.
qui furent bien frottez & furết contrainćts de
s'enfuir. Ie m'en rapporte auſſi à Luther, qui
voulut ſe meſler de chaffer vn malin eſprit,l'an
1545.L'histoire eſt recitee par FridericuStaphilus
in Prodromopa.404.qui pour lors estoit diſciple
de Luther,& afferme qu’il estoit preſent, quãd
cela fut faićt,& qu'il eut fa part de la paours&
dit ces mots. Anno 154 s. puella quadă demonia
ca è Mifîne ditione addutta est Vvitembergam ad
Lutherum ceutertium Heliä,ea fpe quod Luthern
3
326 i i, o 1 M e s c t e A-F
*
claues
» b Ë ë A R E s M. F. , 347
claues du diable.La quatrieſme raiſon de Ieſus Raiſon *:
Christ est prinſe par la contrarieté & diuerſité
des volontez. Qui non est mecum, contra me est:
qui n'eſt auec moy par vn meſme vouloir, il
eſt contre moy : car il faićt oeuures contraires
aux miennes. Parquoy voſtre fauffeté & blaf
pheme eſt condemné : Car le diable ayme
orgueil, & moy humilité. Ilayme malice &
moy bonté. Il fuſcite debats , noiſes , con
tentions, procez, guerres, batailles: Il trou
ble la paix, il parle menfonge, il fe refiouyt de
la perdition de l'homme. Mais moy i'enfei
gne douceur & humilité, ie recommande la
paix, ie preſche verité, ie me refiouys de la
conuerſion & falut des pecheurs. Qui non col
ligit mecum , ſpargit. Et qui cueille auec moy
en l'vnion de foy, d'eſperance & charité, en . --
~
35o . . 1 i 1. d 1 M E N c h e
facrifices, ou des traditions pharifaycques &
non purifiee interieurement : auec tels facrifi
ces Dieu ne fe refiouyr point fans le coeur con
trit & humilié. Par dehors ils apparoiffentiu
ftes aux hommes: mais dedans & au coeur, le
uel noſtre Seigneur regarde,ils font pleins de
& damnation:ils fontor
nez exterieurement par fimulation de bonté,
ou de fainćteté, comme murailles blanchies
auec vne compoſition corporelle & feculiere
fainćteté. Voyla l'habit de l'ordre.Nous auons
la teſte rafe,nousieufnons, nous pſalmodions,
nous prenons des diſciplines,nous difons fou
Ile Int | Meſſe,nous monſtrós vne fainćteté par
t1IÇ
D E C A R E S M E. 355
tiré hors de leurs entrailles, & mis ſur la terre: -
qui font le fruićt de leur veħtre: mais les font
teter le laićt vicieux & corrompu, dont apres
procedent vne infinité de maladies:comme ve- , .
rolle,lepre,&autres femblables:Ainſi que plu
fieurs medecins ont experimenté,au grăd dom
mage des pauures enfans,& eternelle infamie
des meres.Car il eſt tout certain que fila nour
rice eſt louche,fuiette à yurongnerie, ou mala
die, ou autremét de meurs corrompus,l'enfant
fera louche non parfon laićt, mais par ſon fre- cera, ez
quentregard:fi elle eſt yurongne, elle prepare fºr tiure de
l'enfant à le faire yurongne. Comme on lift en faktilitatea
la vie de l'Empereur Tybere, qui fut grand
yurongne,parce que la nourrice qui l'allaićtoit
non ſeulement beuuoit exceſſiuement, mais
elle ſceura l'enfant auec les fouppes de vin. - **
***
Ie
ſpőce noſtre Seigneur nous donne à cognoi *
d e c A R e s M. E. 357
mens de Dieu.Certainemēt la parolle de Dieu .
& la loy de Dieu : & garder la parolle de Dieu . .
eſt obſeruer & garder la loy de Dieu, & luy o- , ' '
1
372 1 1 1 1. d1M ENcH e
ham, & Tobie, à fin que fust donné exemple
à leur poſterité de leur trefgrande patience.
Item il tente fes amys & efleus, pour le com
ble degrace,exercice de vertu, & pour acque
rir plus abondant le threfor de gloire.D'auan
tage Dieu tente,à fin que l'homme ſe cognoiſ
fe. Iamais fainét Pierre n’eust cogneu fon im
perfection, s'il ne fuſt tombé au peché de ne
ze diable të gation. Le diable tente, premierement pour
4
° **** ćtes
quoy.
deceuoir & damner,Ananias,&
des Apostres,de comme il appert aux Sa
fa femme A
*
# | |
, , d e c a R s s M e. 375
de celuy qui donne viande à toute chair? Ce
luy de la cuifine,duquelles oyſeaux du ciel,les
poiſſons de la mer, les animaux terrestres font
nourris, ſubstantez, & alimentez,d'autant plus
nourrira-il les creatures raiſonnables qui au
ront foy & fiance en luy. Que fainćt André
fans eſtre prié, toutefois il a preſenté les pains,
comme preſt de les offrir & bailler, cela de
monſtrevne treſgrande charité,laquelle accuſe
& reprend noſtre tenacité & chicheté. Voylà
les Apostres qui portoyent des pains pour leur
viure neceſſàire, ils eſtoyent prests de le com
muniquer à la troupe famelique. Er autre rai
fon ou excuſe ne peuuent dire ou alleguer les
Apoſtres, finon qu'ils doutent qu’ils ne pour
ront fournir ne fatisfaire à tous. Mais les ri
ches & chiches mondains, vieux auaricieux &
idolatres de leurs threfors, tant s'en faut qu'ils
donnent les choſes necestaires, qu'ils ne don
nent pas les chofes fuperflues, & qu’ils ont par
trop grãde abondance:ils ayment mieux que la
vermine & les poux mấgent leur bled,que files
pauures le mangeoyent.Maisle temps viendra,
&plustoſt qu'ils ne penſent, en deſpit de leur
barbe,& leurs dents, que les pauures mangerőt
leurbled, & les vers mangeront leurs puantes
charongnes. Et pource tel exemple Apoſto
lique eſt bien rare, bien clair femé, & qu’on ne --- - --
&
D E L A P A S S I O N. 399
& froide: pource plus griefuement en cela pe
che le vieux que le ieune. Or tout peché a
quelque motif à le commettre, excepté le pe
ché de blaſpheme. Orgueil eſt le motif qui in
cite l'homme en habits pompeux: Auarice au
plaifit d'auoir des biens fếporels:Delećtation à
luxure:Gloutónie à gourmander & yurongner.
Maisie te demande,ổ blaſphemateur,qu'est-ce
qui t'eſmeut à blaſphemer le precieux chefde
leſus Chriſt? Lequel pour toya eſté couronné
d'eſpines aigues & penetrātes ſon chefrufques
au cerueau. Regarde les groffes gouttes de
fon rouge ſang, entremeflees auec les larmes
qui diſtillent de fes deux yeux, comme de deux
fontaines, & decoullent parfon triſte & do
lent vifage. O maudiét, miferable, mal-heu
reux, & damnable ! C’est pour toy couronner
d'vne couronne de gloire immortelle. Et ponr
toute gratuité & recompenfe, tu blaſpheme &
iure la teſte Dieu , laquelle il a inclinee en bas
our te baifer. Et en deſpit de Dieu , tu iure
| teſte Dieu. Penfe & repenſe que fera ce que
de toy, qui iure la chair Dieu , laquelle pour
toy a esté defchiree, defchiquetee, hachee me
nu comme chair à pasté : liee, flagellee,pour te
deflier desliens de peché,des lacs de fathan, &
des priſons d'enfer, & pour toute recompenfe
tu iure la chair Dieu ? Et toy qui iure le fang
Dieu,propoſe deuất les yeux de toname, com
me ton bon Pere & Sauueur par le pris de fon
fang,fi amplement eſpanché,qu'il ne luy en eft
pas
4OO D I M E N C H E
-
- * -- -- - - -
*
* a *
-
-:
-
: : ::
'uifs qui one
Premierementpour raiſon de cognoillance:
Car les luifs n’ont point cogneų feſus Chriſt s pourquy.
eſtrevray Dieu,comme teſmoigne tajnçt Paul:
Si cognouiffent,nunquam dominū gloriæ crucifixif-y-Cºr-2.
fent:S’ils l'euffent cogneu, iamais ils n’eustent . . . . .
crucifié le Seigneur de gloire : Scio, fratres,quia:. Ait.s.
* - - - - - -
412 - . D1 M E N c h e -
;
- D E LA P AS s I o N. 4 I3
& s'eſt efiouy. En ceſte fentence nous faut no
terpluſieurs
en qu'Abraham a veu lePremierement
manieres. iour de Ieſus quand
Chriſt Abraham
le
|
414 D I M E N C H E -
& -a:
quel aucun eſt enflãmé, il eſt pacifié, & le grãd
-'.
*
embrafemét d'ire & de cholere est mitigué &
appaiſé.Car nostre Seigneur veut & cốmãde,&
fa volonté,de rőpre & vaincre le coeur
de nos ennemis, par l'exhibition de benefices.
Ainſi le preſchoit ce grãdlegiſlateur Moyſe aux
Exod.23.
Rom. I2•
enfans d’Iſraël.Dốc Dieu veut q nous furmon
tions nos aduerſaires,non par cőtention,haine,
contumelie,ire, & perſecution:mais paramour,
douceur,debonnaireté,patiéce,humilité,& par
exhibitió de bốnes oeuures. Mais tu diras,Il eſt
indigne que ie luy face bien.Ie te reſpond que
Ieſus Chriſt veut que tu foyes digne peur faire
tel bien,& noſtre Seigneur est digne en faueur
duquel tu luy faces bien. Donc à l'exemple de
Ieſus Christ,c'est chofe plus glorieuſe de fuir le
courroux en ſe taifant, q le parlát.
prouerb.ro. Et cốme dit le Sage:Melior est patiens viroforti.
Voylà cốment les Scribes & perfecu
toyết la verité. Laifſons donc leurs entendemés
charnels,& prenốs de la parolle de Dieu celuy
Oraifon. de l'eſprit. Prions donc Ieſus Christ qu'il luy
plaife vouloir reformer entre nous & nos en
' nemis vne vraye paix & cốcorde, ofter de leurs
coeurs toutes haines & malueüillãces,faire ceſ
fer tous debats,proces,guerres & batailles,dif
fiper leurs mauuais conſeils qu'ils machinent à
* l’encon
D E S - R A M E A V X. 417
l’encontre de nous, & dechaffer toutes choſes
contraires à la tranquillité Chreſtienne, & que
11OUIS puiſſions viure en paix auec Dieu & nos
prochains, à fin que finablement nous puiſſiốs
paruenir au Royaume celeite. Amen. ***
436 p1M E Nc H E -
d e s R A M e A v x. 439
nue du Roy. Ainſi Ieſus Christ auant que
d'entrer en la cité de Hieruſalem , il a enuoyé
deux de fes diſciples, comme auantcoureurs. * *
Ä ·
& meſſagers, pour annoncer la prochaine ve * .*
nue de noſtre Seigneur en Hieruſalem. Se
condement, quand le Roy entre en la cité, les
Princes & Barons du Royaume luy font com
pagnie. Ainſi auiourd'huy entrant en Hieru
falem, il a eſté accompagné des douze Apo
ftres, comme de douze Princes. Les Barons
estoyent les ſeptante deux diſciples, leſquels
probablement nous croyons auoir esté prefens
en ceſte entree. Tiercement,à l'entree du Roy
les citoyens & rećteurs de la cité font compa
gnie à leur Roy : Auffi auiourd'huy la trom
pette a fonné. A fçauoir le Prophete Zacha
rie, difant : Dicitefilie Sion : Ecce Rextuus venit
tibi manfaetus. Dićtes à la fille de Sion, voicy $
ton Roy qui vient à toy debonnaire. Quarte
ment on a accoustumé de preparer les rues, &
les aorner de tapis: Ainſi auiourd'huy grande
trouppe ont eſtendu leur veſtement en la voye.
Et les autres couppoyent les rameaux des ar
bres,& les eſtendoyết en la voye.Cinquiefme
ment,à l'entree du Roy on crie à haute voix,vi
ue le Roy: Ainſi auiourd'huy les trouppes qui
alloyent deuant, & celles qui ſuyuoyent,fem
blablement les petits enfans, comme il eſt diét
en fainét Iean,crioyent,en difant : Ofanna filio
Dauid, ô fils de Dauid, nous te prions fauue
nous. Finablement en telle entree le Roy eſt
Ee 4
- D I M E N C H E
44o -
*