Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d’utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.
En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
- Z & KT/
E V A N G E LI Q VE S -ET
A P O S T OLIQV E S S VR
|- les Dimenches & Feltes folennel-
| - les de toụte l'annee:
où font contenues pluſieurs belles/entences,tirees -
- c_4 L 7° O N,
P A R B E N O I S T R I G A V D.
M. D. x c I I 1. - *f
* - * ,
$ *
/
:- i
*
|
-*
*
|
-
1
-
-
*--
;** |
A T R E S-E X C E L L E N T
ET R E V E R E N D I S S I M E SEI
N
E P I S T R E. M
tres-obeyffantferuiteur. Ie n'ignorespar
que vostre heroyque & vertueuſe gene
rofité ne doyue estre decoreeparplus am
ples (9 magnifiques honneurs: mais voi
cyqui mecöfôle. Car comme nostregrand
Dieu n'a point en deſdain ne en horreur
les petits dons des pauures. e Ainstvostre
dignité & grandeurfinguliere, qu’auez.
acquife parhaults & rememorables faits
ne mešþrifera les deux petits liures de-
diez cº conſacrezà vostres tres-venera
ble feigneurie. ‘Receuez les doncques
Monfeigneur,d'auffi bonne volonté,com
me de tres-humble caur ils vous font
*preſentez, De fainéž Estienne de Furan,
lepremieriour de Iuin. 157 1.
Viuez heureuſement en la
garde de Dieu.
ELo Qv ENTIS S IMO ECCLE
A T Q_y =
S I A S T A E, P E R S P I C A C I
venerabili viro, domino Leonardo Ianier, in
fignis Eccleſiæ parrochialis S. Stephani Fura
nei Pastori vigilantiſſimo , Matthæi Catini
Epigramma Encomiasticum.
Dyſtichum Extemporaneum.
Diuină/ophiă docethicliber, & tamen ornat:
Ornari voluit fophia haud contenta doceri,
|- S. T. T. - - .
W
H V G V E S C H A R R E T” O AV CO N
feiller du Roy & threforierancien des cent Gen-
tils hommes de fa malfonfous la charge de Mon
feigneur le Comte de Retz, à l'Autheur.
E L E G I E.
C choſe memorable,&qu’vn aćte diuin
Surpaſſant de beaucoup l'entendement
humain, -
R O C H DV B OYS A
L'autheurfon venerable Curé.
E tien effrit est ſubtiló diuin
Außi est-il à bonté tout enclin,
Ton eloquence est de grande efficace
Et estremply de vertus & de grace:
Tu esrećřeurở diligent berger
A garantirton troupeau de danger,
Depeur que là ne s'en vienne en farage
Leloup cruel & y face dommage.
Lefainéž Eſprit du Seigneurfouuerain
Toufours conduičřton loüable deffain,
Heureux Furan,heureux & fans doutance
D'auoir pasteur de fi grande prudence,
Pourfaire fin ó direpour le mieux,
Partes labeurs tu merite les cieux.
L'IM
/
L’ I M P R I M E V R A V.
L E C T E v R, s a L v T. -
-
. ..
- *
-. . .."... ' "
. .
S
. .
ER *
- ***
-
- * * *
Y :
S E R M O N S EVAN
G E L I Q_V E S, E T
| A P O S T O L I Q_V E S S V R.
les Dimenches de toute
l'annee.
, D E . L’ A D v E N T. , , 3.
tu, comme ſi tu ne l'auois point receu: Donc,
fi nous conſideronslą natiuité du corps, nous,
fommes tous freres: pource que nous naiſ
fons nuds, trempez,& motiiliez de fang,com- :
me dit le Sage : Nemo ex regibus ali ans.
natiuitatis initium : vnua introitiu est omnibus ad
vitam : & ſimilis exitus. Nul des Koys n'a eu
autre commencement de natiuité: vnc meſme , ,,
entree eſt à tous à la vie & vne meſme --
Tourquºy . ſpirituelle,nous
p trouueronsqu'à bon droit, &
à bonne cauſe S.Paul nous appelle freres, pour
pluſieurs raiſons. -
s 3.
IO p REM1ER D1M ENCHÉ
Fahrtºn & d'impieté.Secondement, pource que lespe
bres, de tene- chez font commis par la fuggestion des malins
seres - - - -
SE C O N D D I M EN CHE
- D E L’ A D v E N T.
R v N T figna in fole, & luna, &
|stellis. Noſtre Dieu cognoiſſant le
naturel des hommes estre diffe
}| rent , & qu'aucuns d’entr'eux font
li ayiez à gouuerner, que l'on a d'eux ce que
- B 2
go S E C O N D D I M E N C H E
D E . L’ A D v E N, T. , z 33
formee par vertu diuine. Car(cőme dit Orige
ne) ainſi qu'en fon aſcếfion il eſt monté dedans
vne nuee,pareillement pour monſtrer ſa ſuper-
eminence, il retournera en vne nuee. Et de ce -
- i A 2.
36 S E C O N D . D I M E N C H E
TR OT
. S- 41
T R O I SI E S M E D IM E N C H E ..
D E L’ A D v E N r.
F || V m vidiſſet Ioannes in vinculis opera Matthrt.
Christi. Quand Iean euft ouy en la
); } priſon les oeuures de Ieſus Chriſt, il
Elenuoya deux de fes diſciples, difans:
Es-tu celụy quidoit venir, ou finous en arren
dons vn autre? Il n'y a dignité,puiſſance,ou au
thorité concedee aux hőmes,qui ſoit plus gráde
que la prophetique & apoſtolique, c'est à dire,
l'authorité & puiſſance de preſcher & annon
cer la parole de Dieu. Quand Dieu enuoya Ie
remie pour preſcher fa parole au peuple d'Iſ- ..
raël,illuy dit: Ecce constitui te hodie ſupergentes Fire"."
& ſuper regna,vt euellas,& destruas, & plantes &
edifices, &c. Ieremie ie t'ay faićt auiourd'huy
grand perſonnage ſur mon peuple: va, couppe
& taille,fay comme tu l'entendras: arrache &
lante: edifie, & deſtruis ainſi que bon te fem
lera. Si vous voulez confiderer au Chriſtia
niſme la puistance de ceux qui font estat de la
predication,voyez que leur dit l'Apoſtre fainét
Paul, parlant à eux en la perſonne de fon difci- _
pleTimothee: Predicaverbum opportunè & im- ****
portunè,argue obſecra,increpa Et eſcriuất à Tite Tir.2.
fon diſciple, luy dit: Ie veux que tu ayes ceste
liberté de reprendre toute perſonne. Et com
ment? argue cum omni imperio. Et nous voyons
cela auoiresté practiquéparlesanciens qui ont
esté constituez Pasteurs ou Predicateurs. Voy
C 5
42 T R o 1 s 1 e s M e d 1 M E N c H E.
la comme parle Elie au Roy Achab, qui luy
i Reg is. difoit:Tune fais que troubler rout mő Royau
me. Reſpond Elie: Ce n’est pas moy qui met
les troubles: mais pluftoft toy & tes predecef
feursauez tout gasté. Voylà vne grande liber
té, de parler ainſi à vn Roy. Voire-mais qtti
rend ceſte parole du Prophete à l'endroit de
fon Roy excuſable? L'authorité & dignité de
preſcher la parole de Dieu. Qui a dőné ſi gran
de liberté à fainét lean Baptiste contre Hero
de ? c’eſt qu'il eſtoit conſtitué de Dieu pour an
-
pia 3
D E L’ A D V E N T. . r 43
pia,ipſe impius in impietate fua morietar,fanguinẽ
autem eius de manu tua requiram , dit Dieu par
fon Prophete, à ceux qui ont commiſſion de
preſcher: Si tu n'aduertis le meſchant qu'ilfe
retire de fa meſchanceté, & il meurt en icelle,
ilfera damné:mais fon peché & damnation re
tournera fur toy : car tu es cauſe de fa perdi
tion: mais ſi tu l'aduertis, & il n’en veut rien
faire, Liberasti animam tuam , Tuen feras def-
chargé,& ne reſpondraspoint pour luy. Ce que
confiderant Origene en l'homelie vingtiefme
fur les Nombres, quandilexpoſe le comman
dement que Dieu feiſt à Moyſe de faire pen- . .
dreau gibet,Verfafolem, les Chefs, & gouuer-*****
neurs du peuple:parce qu’ils n'auoyent pasem
peſché les enfans d'Iſraël de tomber en forni
cation auec les Madianites, vient à dire : Ce
n'est pas peu de cas auoir charge en l'Egliſe:
Sufficit mihi promeisproprijs argui delittis, ſufficit
mihi pro memetipſo , & pro peccatis meis reddere
rationem. Quid mihi necefe est pro populipeccatis
ostentari contra/olem? circ. Si ceux defquels i’ay
la charge font mal, & ie ne les argue, i'en fe
ray puny pour eux. Parquoy i'ayme beaucoup
mieux n'auoir charge de perſonne, fçachant
bien quei'auray aflez à faire à reſpondre pour
moy, fans rendre compte, & estre puny pour
les fautes d'autruy. Il est donc bon à voir que
c'est vne charge bien dangereuſe que d'eſtre
predicateur, & Paſteur du peuple. Car c'est
vne choſe rare, que voir vn Paſteur, & predi
CatCllt
44 T R o I s 13E s M E D I M E N .
cateur quifoit fi libre, qu'il dife & prefche la
verité à vous, parce que la, vie y pend le plus
fouuent. Auez-vous veu beaucoup de Pro
phetes,ou d'Apostres, qui ayent libre
ment, fans endurer la mort ? Ils font bien clair
femez. Et pource quand noſtre Seigneur ap
pelle aucun en l'eſtat de predication, il le mer
Matth.re. comme la brebis en la gueule desloups: Ecce
ego mitto vosſicut ouesin medio luporū.Ceſte char
ge donc eſt accompaignee de grandes fafche
ries, & perfecutions. Comme ont experimen
té les Apoſtres , qui ont eſté mis en priſon,
foüettez, lapidez, & en fin mis à mort. Ouy
mais,dira quelqu’vn,pourquoy Dieu ne les de
liure-il,& ne leur donne la domination ſur les
Tyrans: Ie reſponds que c'eſt pour-autant qu’il
ne veut pas vaincre par armes , & violence,
comme faićt le monde: mais par patience,
manſuetude, & humilité. Regardez quand le
fainct Eſprit a armé les Apoſtres pour aller
conqueſter tout le monde, quelles armes leur
a-il baillé la langue ſeulement,& non pas vne
pistolle, ou vne eſpee. Et les ſucceſſeurs des
Apoſtres comme ils armez? de la langue
feulement, ainfi comme les Apoſtres. Voylà
les vrayes armes des Apoſtres & de leurs ſuc
Luc 2 r.
ceffeurs. C’est ce que noſtre Seigneur auoit
promis donner à fes Apoſtres, vobis os cá
fapientiam cui nonpoterunt refistere & contradice
re omnes aduerfarij vestri. Allez, ne craignez
point: ie feray que vous ferez plus forts que
tout
: D E ; L’ A D v E N r. 4 ;
)
tout le monde: car ie vous armeray. bien. :le
vous donneray fageffe pour mediter, & bou
che pour parler. Ouy-mais, on nous mettra en
i priſon, & fera-on mille maux. Ne vous fou
ciez: c'eſt tout vn. Nonobſtant toutes perfe
cutions, afilićtions, & tourmens,vous gaigne
rez contre les perſecuteurs & Tyrans, Carve- *Estrs.
rité est toufiours la plus forte. A ceſte cauſe -
w,
|
|
aufquels l'Euangile de Dieu eſt annoncé, font
les humbles d'eſprit , & qui craignent Dieu.
Finablement par les parolles de Ieſus Chriſt,
nous pouuons qu'iceluy veut eſtre
similitude cogneu par fes bonnes ocuures. Ainſi que le
Matth.2 r
bon arbre n'eſt cogneu par les fueilles: mais par
les fruicts. Aufii Ieſus Chriſt est cogneu en
nous, non par parolles,ains par bonnes ceuures.
* En figure dequoy noſtre Seigneur maudit le
figuier n'ayant que les fueilles.C'est ce que re
Matth. r. proghoir noſtre Sauueur aux Pharifiens: Popu
|
61 T R O I S I E S M E D I M E N•
Qv AT RIES ME D I MENCH e
p + ' a b v = N r. ;
Is e Rv NT Iudei ab Hieroſolymis ft van.".
V cerdotes & Leuitas ad Ioannem, vt in
y terrogarent eum; tu qui es ? Les Juifs
*RA*A enuoyerent de Hieruſalem des Pre
stres & Leuites à fainét Iean pour l'interro
guer, difans: Quies tu? Laćtance Firmian au
premier chapitre du 3. liure de fes Inſtitutions
diuines, diſputant de la cognoiſſance de veri
1 E -
č36 o yA T R1Es Me p1M ENcH e
té, dit que Deus naturam humanam veri adipi
fiendi cupientifimam fecit, Le naturel de l'hom
me eſt tél, qu'il defire fort cognoiſtre la verité.
Et de faićt l’eſprit de l'hőme ne fgauroit auoir
plus grand tourment, que quand il a des dou
tes & difficultez. Et voyons cela tous lesiours
ar experience, que l'homme ne veut point e
ſtre abuſé ny trompé, s'il luy est poſſible. Mais
c'eſtvne choſe bien difficile que d'acquerir co
gnoistance de la verité,tefmoing S.Baſile au li
ure De Spiritu Sančio,ad Amphilochium, chapi
tre premier. C’eſt vn treſor que verité, qui eſt
bien difficile à trouuer, in obſcuro latere existi
matar (dit Laćtance au lieu preallegué) il eſt
bien caché, & n'y a que Dieu qui l'enſeigne
& reuele par l’Eſcriture, comme monſtre do
ĉtement , au premier chapitre du
premier liure de fes Inſtitutions Diuines. Or
n'eſt-ce pas aflez de fçauoir cela : mais outre
il faut cognoiſtre le lieu où c'eſt qu'on trouue
la verité. Elle ne ſe trouue pas en l'eſcholle
des Philoſophes(comme diſpute La
ćtance, contre eux au commencement de fon
premier & troifieſme liure) mais en l'Eſcritu
re fainéte, comme dit Sainćt Bafile en la pre
miere de fes Epistres. La verité premiere
ment couchee par eſcrit aux liures de l'ancien
Teſtament, & puis du nouueau a eſté declaree
au peuple de Dieu. Voylà les liures où c’est
qu'on trouue la verité. Mais toutefois elle ne
laille pas pour cela de demeurer en fon obſcu • /
. Il tC,
D E . L' A d v E N r. , 67
rité, & eſtre difficileà cognoistre:carlaloy de
Moyſe, qu’est-ce autre chofe qu’vn ombre?
Ceux qui gardoyentladićteloy, auoyent biếla
verité:mais tous ne cognoiſfoyent pas la verité
cachee deſfous l'efcorce de la loy. Pareillemét,
combien que la predication de l'Euãgile foit la
manifestation de verité, ce n’eſt pastoutefois à
dire que les liures du nouueau Testamếtfoyết
fifaciles,qu'en les liſant,chacun les puiſſe en
tendre:autrement S.Pierre parlant des Epistres***.”
S. Paul, à tort fe complaindroit de quelques
gens ignares , & inconſtans; qui abuſoyent
temerairement, & à leur damnation, des Epi
fires de S.Paul qu'ils n'entendoyent pas. A tort
pareillement feplaindroitS. Hierofine en l'E
pitread Paulinum, de pluſieurs de ſon temps,
:l'Eſcriture fainéte pouủoirai
ément eſtre entendue de tous ceux qui met
toyent le nez dedans. Et pourtant ditle meſme
Docteurfur le premier chapitre de l'Epistre S.
Paulaux Galates (ce qu'il auoit aprins defon
maiſtre Gregoire Nazianzene, furla fin d'yne
Epistre qui est la 32. parmy les Epistres S. Baſi
le) qu'il ne faut pas eſtimer Euangelium effeia
verbis Scripturarum, ſed in fenfa: non in ſuperfi
cie,fedin medulla: non infermonumfolijsfèd in ra
dice charitatis;Quel'Euangile&veriré de l'Ef
crirurene conſiſte aux paroilesimais au fensiny
en l'ap arence,maisấu dedans.Mais pourquoy
que l' Eſcriture fain
- ' , E 2
68 o y A T R 1 E s M e d 1 M E N.
ćte en laquelle ſe trouue la verité,fuſt tant ob
fcurcie? S.Auguſtin auliure premier de la do
ćtrine Chreſtienne. Et S, Chryſoſtome en fon
homelie 34.fur S. Matthieu, en donnent plu
fieurs raiſons : Obſcurata est notitia veritatis, ne
non tam vtilis inueniatur,quàm contemptibilis. Cā
temptibilis enim est, fab illis intelligatur, à quibus
nec amatur,nec custoditur. Vne raiſon eſt, à fin
qu’on tienne grand compte de l'Eſcriture
faincte,laquelle eſt contéptible, fi ceux là l'en
pendent, deſquels elle n'eſt aymee, ny gardee.
L'autre raiſon eſt:|Quia effet Deusalios voluit effe
dottores, alios diſcipulos. Nā ad illos quid ſic Deus
dicit per Efaiam: Loquimini facerdotes in cordibus
populi. Ad hos autem quos voluit diſcendo cogno
steremyfteria veritatis,fic dicit in Cantico: Inter
rogapatrem tuum,& dicet tibi, presbyteros tuos có:
annuntiabunt tibi.Dieu a voulu que les vnsfuſ- ,
fent Doéteurs,les autres Diſciples, Car fi tous
eſtoyent fqauans en l'Eſcriture fainéte, il ne
feroit point neceſſaire d'auoir des Docteurs, &
pource l'ordre feroit confusen l'Eglife. C’eſt
auſſi, addamandam hominis ſuperbiam,dit S.Au-
guftin.Pourautant quefcientia inflat,pour t'hu
milier, Dieu permet que bien fouuent tuliras
l'Eſcriture fainéte, & n'y entendras rien, non
plus que ceſt Eunuque duqueleſt faićte men ;
tion aux Actes huictiefme. Car pour auoir
l'intelligence des lettres Sainćtes,en toute hu
milité ; il y faut trauailler continuellement
- a UICC
- DE L’A D v E N r. &9
åuec prieres , & ieufnes, demandant à Ieſus
Chriſt l'intelligence d'icelles: Qui habet clauem
Dauid, qui aperit ý nemo claudit, comme dit S.
Iean en l'Apocalypſe: & fainét Hieroſme en
l'Epiſtre ad Paulinum. Orya-il pluſieurs per
fonnes auiourd'huyaux troubles qui font en la
religion, qui difent qu'ils veulent fçauoir la
verité, & pourla cognoiſtre, ils veulent la cer
cher,par ce qu'il est eſcrit: Querite & inuenie- **"*/
tis.Et pourtant vontlire les liūres de Caluin,&
autres Heretiques,pour voir s'ils y trouueront
la verité, ou pour le moins voudront mettre le
nez à l'Eſcriture pour là cercher la verité, ne
fçachansà qui ils doiuent croire , pource que
tout le monde ſe vante d'auoir la verité de fon
Ioan, fe
coſté. Ioinćt qu'il eſt dit : Scrutamini ſcriptu
ras. Ipf enim funt que testimonium perhibent de .
me. Aufquels ie reſponds premierement que
c'est bien fait de defirer la cognoiſſance deve
rité:mais il faut diligemment regarder où c'eſt
que tu la trouueras, Car il y a eu beaucoup
qui l'ont autrefois cerchee, leſquels ne l'ont
pas trouuee : Quia non modo quid effet verum
ipſum,fed etiam quomodo; aut vbi, aut qua men
te querendum effet nestiebant. Comme dit La
ćtance, chapitre premier, liure trơiſiefine de
fes Inſtitutions. Ils ne cerchoyent pas la verité,
où, ny ainſi comme ils deuoyent. Et ne fai
foyent pas comme les Iuifs, deſquelsil est faićt
mention en noſtre Euangile : lefquels ſtu
| . E 3
7o Q v A T R 1 E s M e D 1 M E N.
dieux de cognoiſtre la verité, l'ont cerchee où
il falloit (car ils l'ont demandee aux Prophetes
de Dieu) & pource ils l’ont trouuee. Mais
apres l'audirtrouuee, ils ne l'ont pas fuyuie ni
embraſlee: ains font demeurez obſtinez , &
n'ont pas voulu recognoiſtre & receuoir le
vray Meſſias promis en la loy.
Aufſi quiconque voudra trouuer la veri
té, s'il ne veut perdre fa peine, il la doit cer
cher en l'Egliſe Catholique, & non pas en la
Synagogue & conuenticule des Heretiques,
ny en leurs eſcrits , comme a tresbien remar
qué Vincentius Lirinenſis , en vn liure qu’il a
faićt il y a plus d'vnze cens ans, Aduerfaspro
phanas vocum nouitates. Secondement, ie ref
pond auec Tertulian, au liure depreſcript.ad
iuerſus hareticos, capite 8, 1o. 11. & 12. que plu
fieurs errent lourdement, qui fe fondent fur
Matth.7. ce que diſoitnoſtre Seigneur en fainćt Mat
thieu : inuenietis. Et ne confiderent
à quel propos cela eſt dit: carà qui parloit
ors noſtre Seigneur ? Aux Iuifs qui atten
doyent encores le Meſſias : Qui habebant vbi
quærerent Christum. Vnde ait illis : Scrutamini
Scripturas, in quibus falutem ſperatis. Illa enim
de me loquuntur. Hoc erat, Querite & inue
nietis : Namque & fequentia optimè in Iudeos
competere manifestum est, pulſate & aperietur
vobis. Allez, lifez vos Prophetes , & vo
ſtre Moyſe, & vous trouuerez que ie ſuis le
Meſſias
D E L’ A d v e N r. . 7r.
Meſſias duquel ils ont tant parlé. Or estoit
il expedient que les doćtes en la loy exami
naffent fi c'eſtoit luy que Moyſe auoit promis.
Et pour le fçauoir, falloit confiderer s'il fai
foit les miracles qu'auoyent predit les Prophe
tes , que le Meſſias deuoit faire. Et pour
tant c'eſtoit aux luifs qu'il eſtoit dit : Čher
chez & vous trouuerez la verité. Mais à
nous il n’y a plus de querite. La verité eft
trouuee & cogneuë il y a long temps. - Et
comment apres tant d'approbations de la ve
rité , la voulez-vous encores chercher ? D'a
uantage quand ainſi feroit que cela fust dit
de nous auſſi bien comme des Iuifs » Que
rite cớ inuenietis , voudriez vous toufiours
chercher ? Si vous y amufiez fans celle, & ne
vouliez vous refouldre à ce que l'Egliſe en
a determinee, & à ce que les anciens en ont
creu & laiffé par eſcrit , Vbi erit quarendi fi
nis ? vbi statio credendi? vbi expunctio inuenien
di? apud Marcionem, & cætera. Si fans ceſſe
vous cherchez, iamais vostre eſprit n'aura re
pos. En fin conclud Tertullian, Nemo quæ
rit, nist qui aut non habuit, aut perdidit. Per
fonne ne cherche la verité , finon celuy qui
ne l’a iamais trouuee, & par conſequent n'a
iamais esté Chrestien : ou qui l'a perdue,
& par confequent ſe declare deferteur de la
verité, & apoſtat : Car tous les Chreſtiens ont
trouué la verité en l'Eglife Catholique, quand
- E 4
7z , Q v A T R 1 E s M. E ni M E N c H E
ils font venus au Chriſtianiſme. Et s'ils n’euf
fent estimé que la verité eſtoit du coſté des
Catholiques, ils ne fe fustent iamais rengez
de ce cotté la. Et puis qu'en l'Egliſe Catho
lique vous auez trouué la verité, pourquoy
l'allez vous chercher aux liures de Caluin,
ou d'autres Heretiques ? Vbi omnia extranea,
cr aduerfaria veritati , & ad quos vetamur ac
cedere, dit Tertullian chapitre douzieſme. Si
doncil eſt queſtion de chercher la verité, que
ramus in nostro, & à noširis, ó de nostro, cher
chons là où il faut , ainſi comme ont faićt les
Huifs, defquels il eſt parlé en l'Euangile du
iourd’huy, recitee par monſieur Sainćt Iean,
difant : Les Iuifs n’ont pas enuoyé inconti-
nent des aniballadeurs à Sainct Iean , mais
que le bruit & la renommee d'iceluy
estoit publice & diuulguec partoute Iudee: &
que tous fçauoyent qu'vn admirable perſon
nage s'eſtoit apparu au defert, lequel manife
ftement diſoit que le Meſſias promis en la loy,
& lequel par fi long temps auoit eſté defiré,
eſtoit venu. Tunc,alors ils ontenuoyé des am
baſſadeurs & meſlagiers à Sainćt Iean. Ladi
ćte ambaſſade eſt de tous coſtez excellente &
honorable : de la part de ceux qui enuoyent,
font les principaux du popülaire, par leſquels
ledićt populaire eſt gouuerné : du d’où ils
enuoyent,c'eſt de Hieruſalé cité Royale & Sa
cerdotale, ville metropolitaine & capitalle de
| Iudee,
D E L’ A D v E N r. |- 73
Iudee, où floriſſoit la loy. De la part de ceux -
qui font enuoyez, ce ne font pas gens idiots
ou fimples, ains c'eſtoyent gens folennels, de
grand fçauoir, & litterature: car c'eſtoyent les
grands Preſtres facrificateurs de la loy. Celuy
auquelles ambaſſadeurs font enuoyez, la bou
che de verité rend tefmoignage de fa gran
deur, quand il diſoit: Inter natos mulierum, non Matth.r.
furrexit maior Ioanne Baptista, &c. Ie vous dis
en verité qu'il n'eſt pas iſſu entre ceux qui
font naiz de femmes, vn plus grand que Iean
Baptiſte (lequel paflage eſt doćtement expo
féparfainćt Ambroife, fermo. 64.& fainćt Gre
goire Nazianzene : Oratione funebri in Athana
fium, fainét Cyrille Alexandrin libro 2.in Ioan
nem,cap.34.& libro 2.theſauri,cap.4.fainćt Iean
homil. 38. in Mattheum, & homil.
27. peris imperfetti, in Mattheum, Sainćt Cyril
le Hieroſolymitain catechest tertia ad illumina
toi,S.Auguſtin in Pſalm. 29.& 141.6 ferm.4.de
natiuit.Ioannis Baptistæ, & cap.f.lib.2.contra ad
uerflegis & Prophetæ, & per Eufèb.Emiff homil.
1. de Ioanne , Chryfologuefermone 174. AMaximus
fermone defančio Ioanne Baptista.S.Bernardyſer
monede excellentia Ioannis Baptiste, & Alphon
fu Abulensts in cap. 3. Matthai, voyÎà l'ambaſſa
de de toutes parties excellenre & folennelle.
Les Iuifs fçauoyent le temps du Meſfias estre
prochain, à cauſe que le ſceptre Royal leur
quoit esté oſté, felon la prophetie de Iacob: ~
- L E I O V R. D E N O E L *
m- »
* **
* -
D IM E N C H E E S O CT A V E S
D E S R O Y S.
*
**
o c T A v e s d E s R o y s. 137
feſte Ieſus Chriſt a obſeruee comme
te11m
oigne fainét Iean l'Euangeliste. Sixieſme- Ioan.ie.
ment les feſtes qu'ils appelloyent d'vn mot
Greç, veounvías, c'eſtà dire, les iours de nou
uelle lune, pour le benefice du diuin gouuer
nement, pource qu'aux iours de nouuelle lu
nela mutation de temps s'apparoiſt & mani
felte. Et dicitur à víos quod est noua, & uivi lu
na: quia tunc renouabaturlumen lune, quod extin
tium erat. Septiefmement leurs Sabbats, qui
ſignifient les iours de repos , par vn mot He
breu, Sabbath, qui eſt autant à dire, qu'il a re
poſé: & ce en memoire du benefice de crea
tion. Finablement la ſynagogưe Iudaïque fai
foit feſte & memoire de la grace de Dieu
faićte à Hefter, Iudith & au Capitaine Ma
chabee, comme il eſt dans leurs hiſtoires:com
bien que ces festes ne fustent pas fi folennel
les. Ainſi nous autres Chrestiens faiſons feſte
aux folennitez de la Vierge, des Sainćts, &
Sainćtes de Paradis. Veu que nous auons re
ceu de Dieu de plus grands & plus excellens
benefices que les Iuifs , pourquoy n'aurons
nous pas pluſieurs iours rendre graces à
Dieu, pour nous fanćtifier par l'audition de
la parole de Dieu, par la communication du
corps de Ieſus Chriſt & des autres facremens,
la participation des oraiſons tant particu
ieres que generalles, faićtes en l'Egliſe de
Dieu ; par la diſtribution charitable des au
moſnes faićtes aux pauures de Dieu ? où il
I 5
138 D1MENcHE es
nous faut fçauoir que les faincts Peres de no
ftre fainćte foy , ont institué les feſtes pour
pluſieurs raiſons. Premierement à l'exemple
de l'Egliſe,en laquelle continuellement eſt ce
lebree la feſte des Sainéts, de la folennité def.
quels, Gaudent Angeli, & collaudant filium Dei.
Secondemét, ad excitandam imitationem (com
me dit fainćt Bafile, homilia in Gordium marty
rem,& fainét Auguſtin cap.z o.libro contra Fau
stum Manicheum) à raifon de leur imitation , à
fin que chacun tafche felon fon pouuoir à en
fuyure la foy, eſperance, charité, humilité, pa
tience des Sainćts : à l'exemple du Capitaine
r. Mach.z.
Machabee, qui diſoit à ſes foldats: Mementote
qualiterfalui fatti fant patres nofiri in mari rubro,
cùm fequeretur eos Pharao. Ayez memoire com
me nos peres ont eſté fauuez quand Pharao
les pourfuyuit auec fon oſt. Car la fouue
raine religion eſt d'enfuyure celuy duquel tu
celebre la feſte. Tiercement à caufe de noſtre
neceſſité. Car nous auons neceſſairement be
foing des interceſſions des Sainćts. Et c'eſt ce
que remonſtre fainét Auguſtin au lieu prealle
gué, nous celebrons, dit-il, les memoires des
Martyrs, Vt & meritis eorum confociemur di pre
cibus adiuuemur, pour eſtre participans de leurs
merites, & de leurs interceſſions. Car comme
les grands Seigneurs ont des grandes cauſes
aux grandes cours & grands parlements qui
font plaidoyees deuant le grand Prefident,
aufquels facillement & iournellement on ne
- peut
- o c r A. D e s R ơ vs. I39.
peutaller; ils ont des procureurs ; & aduocats: *
pour eux.Pareillement eft-il de nous, qui auốs
en cesté grande cour celeſte , les Sainéts qui
font nosmediateurs,aduocats, & interceſſeurs,
enuers Dieu pour nous. Quartement , pour
donner honneur & loüange au Seigneur des
Sainéts, à fçauoir à Dieu, qui par fa fainćteré,
afanćtifié les Sainćts, cốme qui honorele fer
uiteur du Roy, il honore le Roy en fon fer
tement Laudate
uiteur: dominumque
, pour l'eſpoir infančias
nous eius,
auonsQuin-, 4 rro.
aux '/al.
Sainćts d'estre exaucez de Dieu, par leurs di
gnes interceſſions. Car fermement nous de
uós eſperer qu'en celebrár la feſte des Sainćts,
ilsprieront pour nous : carils ne font pas in
giats,& inciuils:ainsliberaux,& magnificques
enuers leurs deuots feruiteurs.Car fi eux eſtans
viateurs en ceſte preſente vie, ils ont prié pour
leurs ennemys, & perſecuteurs (commeil eſt
commandé en fainćt Matthieu cinquieſme.
chapitre) à plus forte raiſon prieront-ils pour
leurs deuots & beneuoles feruiteurs. Laquel
le raiſon eſt fi preignante, que fainót Hie
roſme n'en a point voulu vfer d'autre, diſpu
tant contre Vigilantius Heretique.Et combien '
que tous lesiours quant à leur nature & crea-
tion,foyent egaux:toutefois à raiſon du com
mandement de Dieu, &de fon Egliſe, ils ne
ont pas tous egaux. Car le Sabbath en
l'ancienne loy eſtoit vn iour comme vn au
tre, auquel le Soleil luyſoit comme en vn
allt IC,
/
140 - n1 M en cH E:Es
Exod. 29. autre. Et toutefois Dieu a commandé ce iour.
*** ** principallement là estre celebré. Ainſi l'arbre.
de ſcience du biế& du mal,à raiſon de la crea
tion eſtoit egal aux autres: mais pource qu'en
ceſtarbre là,outre les autres , y auoit comman
dement de Dieu,pour ceste cauſe,il n'eſtoit pas
egal aux autres arbres.. Ainfi la chair du pour
ceau, des lieures , & autres animaux, eſtoit
Genef. 2.
Leuit. rr. viande comme les autres. Et toutefois pour
ce qu'il y auoit commandement de Dieu, ce
n’eſtoit pas vne viande egale auec les autres:
ainfi les iours, à raiſon de la creation font
egaux: mais par l'ordonnance du commande
ment de la celebration outre les au
celetration tresiours,ils ne font pas egaux. Ainfi l'Egliſe
de iour du a institué le iour du Dimenche,par la tradition
****** des Apostres: Premierement, F cauſe que le
Sabbath n'eſtoit en partie que figure du repos
que Ieſus a apporté par ſa ſaincte reſurrection,
il a eſté bien raiſonnable de changer la figure,
en ce qui eſtoit la verité meſme.Secondement,
pour la ioye de la reſurrećtion , & pour la
miſſion du fainét Eſprit, lequel au four du
A fainét - Dimenche fut enuoyé aux benoiſts
Acostres, & parfa venue, il a conſacré le iour :
du Dimenche. Tiercement,elle a mué le Sab
bath auiour du Dimenche , à fin qu'enco-
\res ne fuſſions pas veus Iudaiſer. Ce qui a
/ *
*
*
ocTAv ES DEs R o Y s. I 43
Dieu a en haine nos feſtes, & elles luy font abo
minables. Et Dieu reprochoit cecy par Efaye: E/2.r.
Incenſum abominatio est mihi,iniqui funt catus ve
fri. Vos facrifices me font en abomination,
vos aſſemblees font mefchantes , & dit Amos: Amos s.
0dic proiecifestiuitates vestras.I'ay hay & reiet
té vos feſtes. Car vos aflemblees font meſ- -
V
o c T A v E s D E s R o Y s. 153
tant fuis-ie demeuré en fa maiſon. Nous mon
ftrant toutefois exemple d'eſtre obeyſſans à
nos peres & meres, eſt deſcendu en Nazareth,
& s'eſt rendu obeyſſant à eux. Quidni magifter
virtutis officium pietatis impleret ? & miramurf?
atri defert,qui fubditus est matri? dit fainćt Am
fur ce lieu:Comment euſt-il eſté le mai
ſtre de vertu, s'il n'euft donné exemple depie
té ? Et nous eſmerueillons-nous s'il defere à
fon pere, puis qu'il obeyst à fa mere ? Ce qu’il
dit contre les Arriens. Vovlà la Vierge à qui d obefines
eſt ſubiećt & obeystant , celuy qui eſt le Sei- :
gneur de tous, à qui toute creature eſt ſubie-mere, reze
čte. Et fa mere conferuoit toutes ces parolles ple de Ife.
en fon coeur, comme vn threfor precieux,& de
prix
state,ineſtimable. Et Deum
& gratia apud Ieſus proficiebat
& homines.ſapientia,ớ-
Et Ieſus :p -
profitoit en ſapience,non pas quantà foy-meſ
me (car dés l'inſtant de fa conception, il a esté en er dien.
réply
& desdeſept
l'eſprit
donsdedufapience,&
S. Eſprit) d’entendement, e lecomment.
mais il a profité E9" hänet,
CI1 aux autres.Tout ainſi que nous di- similitudedu
fons,le maiſtre fait grand profit aux eſcholles, "aire /
cholle, G’ de
quand fes eſcholiers profitent fous luy, en do- l'ëfant Ieſus.
ćtrine, & erudition. Secondement,pource que
de plus en plusila enſeigné , & demonſtré, a
uecques augmentation de ſon corps, la fapien
ce de laquelle il eſtoit toufiours plein. Et par
ce moyen il fembloitaux hommes profiterpar
continuelle augmentation de fapience. Tier
cement, il profitoit par maniere d'experien
F
134 : D I M E N C H E E S
PR E MI E R D IM EN CHE A PRE s
1. E s o c T a v e s d e s R o ys. . . '
Vptie fatte/unt in Cana Galilee, eộ Ioan.2.
erat mater Iefà ibi : vocatus estau
tem Iesta & diſcipuli eius ad nuptias.
Nopces furent faićtes en Cana de .
- Galilee
156 1. d 1 M E N c H E A P R E s
Galilee, & la mere de Ieſus y eſtoit. Et Ieſus
fut auſſi appellé aux nopces & fes diſciples.
Notire sei Ieſus Chriſt a voulu affifter aux nopces, pour
u affisteraux pluſieurs raiſons, que vous trouuerez en no
* - - / - - -
ffer
* qui
/
1 e s o c T A. D E s R o y s:
qui font liez & ioinćts en ceſte fainéte allian
ce de mariage, par la grace du Sainćt Eſprit, &
qu’ils puiſſent viure enſemble:non feủlement
d'vn meſme pain & d’vne mefitie viande,mais
auſſi qu'ilsayent enſemble vn meſme coeur, &
meſme volonté, d'vne mutuelle amour, vraye
vnion & concorde, par le moyen de fa fainéte
benedićtion, auec toute purité, & integrité, &
loyauté, & que les parties ne facent aucun tort
l'vn à l'autre: Et par ce moyen vouloir remplir
leurs maiſons, leurs iuſtes entreprinſes & la
beurs de fes fainćtes benedićtions. Et tout ainſi
qu'il a aſſiſté aux nopces,luy plaife inſpirer tou
tes leurs negoces à ſon honneur & gloire, &
qu'à l'exemple de la Vierge laquelle a priéfon
fils de vouloir fecourir & ſubuenirà
ce & neceſſité des pauures efpoux & eſpouſe,
qu’ils ne fustent confus : ainſi les riches de ce
monde qui poſledent les richestes terriennes
vueillent fecourir à l'indigence des pauures
membres de Ieſus Christ:& que par l'intercef
fion de la ſacrée Vierge & mere,nous puiſſions
accomplir le cómandement qu'elle enfeignoit
aux feruiteurs desnopces, difant : Quodcunque
dixerit vobis, fàcire të struate. Tout ce que mon
fils vous dira, gardez-le, & le faićtes. Lequel
eommandement nous puiſſions garder en no
ftre memoire, & le faire par oeuure exterieure,
& que nous puiſſions donner les vns aux autres
bonnes & falutaires inſtructions & reforma
tions de bien viure, pour à perpetuité obeyrà
: , :» L 5
*
4 -
17o 11. d 1 M E N c H E A P R E s
Dieu & fon S.Euangile,& à noſtre fainćte me
re l'Eglife Catholique, accompagnez des dons
fpirituels & iuſtificatifs,à fçauoir vraye foy en
Dieu, ferme eſperance en ſa fainéte mifericor
de & charité ardente,en aymant Dieu pour l'a
mour de luy & nostreprochain,pour l'amour de
Dieu : & que finablement il vueille conuertir
l'eau de triſteſſe en vin de lieffe en fon pais &
paradis celeſte, pour le louer à tout iamais au
fiecle des fiecles, c'est à dire, eternellement.
Amen. . - , , *1 : * " _ ·
S E C ON D D IMENCHE APR E S
L E s o c T A v E s D E s R o Y s. : ?
' '/ i, i “ :- - *- * *
Matth.s.
Mfarc.r. V M defendiffet lestade
J.n.e.r. funt eum turbæ multæ. Quãd Ieſus fut
deſcendu de la mótaigne où ilauoit
* - enſeigné fes Apoſtres les huićt bea
titudes, il deſcend en la vallee pour enfeigner *.
L E s o c r. d E s R o y s. . . 175
feigne par quel moyen noustrouuerons le falut
& du corps & de l'ame enuers Ieſus Chriſt: à
fçauoir,par la foy,par la cognoiſſance,& cőfeſ
fió de nos pechez, & par deuot ſuffrage de prie
res & oraifons:Cőme nous lifons ailleurs de la
Chananee, qui diſoit: Fili Dauid miferere mei. Matth.rs.
Marc.7.
Fils de Dauid,ayespitié de moy.Carpar ces pa
roles elle monstroit ſa foy, & prioit. Apres que
nous auốs ouy la foy,l'accez,l'oraiſon du ladre,
oyons & retenons ce que s'en eſt enfuyuy, &
quelle choſe ceſte foy & oraiſon ont obtenu de
Ieſus Chriſt.Cőme nous enſeigne S.Matthieu,
difant: Et extendens Ieſus manum tetigit eum, di
cens:Vole,mundare.Et Ieſus eſtendit fa main,&
le toucha,difant:Ie le veux,fois net.O admira
ble bonté de Dieu ! Noſtre Seigneur monstre Nostre sri
l'affection de famifericorde,non ſeulement par
auffipar fignes & effects.Il eſtend
a main,il le touche: maisie vous prie,que fe- le,/g , er
roiricy le Pharifien? certainement il euſt crié, «uures.
difant: Chaffez, chaffez ce ladre deteſtable &
abominable qu'il ne nous infećte. Il deſtour
neroit fes yeux & fa face pour ne le voir. Il
eust demandé de l'eau pour fe lauer les mains,
s'il euft ſeulement touché les veſtemens du la
dre: tant estoyent-ils affećtionnez en leur per
uerfe religion & apres l'obſeruãce de leurstra
ditionshumaines,fans estretouchez d'affećtion
mifericordieufe enuers les pauures:comme no
stre Seigneur monstra fort bien en la parabole
du Sarnaritain. Mais nostre bon Dieu & pere
- II CS
176 I 1. D I M E N C H E A P R E s
tres-debonnaire, qui ſeul eſtoit pur & fans ma
cule,ne chaffe point ce pauure de fa pre
fence,ains eſtend fa main & le touche: & en e
ftendãt la main,cela ſignifie qu'il luy veut don
ner ayde : & en le touchant, cela fignifie & re
trait preſente argument de myſtere. La loy defen
doit le touche doit que Pperſonne ne touchast la lepre
p ou le
i - lepreux , & ce n'eſt pas de merueilles. Car la
pre, e pour- loy ne pouuoit faire que la lepre ne foüillaſt,
quoy. ou infectaſt celuy qui la touchoit.A ceſte cau
fe elle defendoit letouchement de la lepre,non
asà fin que les lepreux ne fullent guaris: mais
à fin que ceux qui les touchoyết ne fuſſent ma
culez & foüillez. Mais Ieſus Chriſt touchant la
lepre n'a pas eſté fouillé par la lepre : ains au
cốtraire la lepre a eſté nettoyee. Extendens Ieſus
-
“”“”“
Diete.
manŭ.Ieſus
Celle qui a eſtendãt
forgé & lacreé
main.Mais
les cieux,quelle main?
& laquelle
Tfal. 144.
quand il ouure , remplit de benedićtion tout
animát, comme dit Dauid:Aperis manum tuam,
& reples omne animal benedictione. C’est à dire,
toute ehofe viuante, ayant corps fenſible. Il
eſtend la main vraye organe de la Deité, & par
, laquelle la diuinité operoit aux ceuures mira
: culeuſes.Il atouché pour nous enſeigner qu'en
arr, G peur- ce cº Ps plenitude de la diuinité habitoit cor
7uoy. , porellement,c'eſtà dire,reallemét & parfaićte
ment. Pour nous austi enfeigner que ſon corps
eſtoit vn corps de vie , & la chair du fils de
Dieu tout puiſſant, instrumét de la diuinité de
laquelle elle a vertu. Car tout ainſi que le fer
~
- enflam
1. E s o cT. - D E s R o Y s.: 177 i
enflambé du feu ardent, adioinćt auec le feu, similitudedu
i|faiaa l'operation
chair eſté vnie au du feu.diuin,&
Verbe que le ver:
Ainſi apresque la " e Ie
|
be diuin a eſté faićt chair,& homme,ceſte tref
facree chair,comme le Verbe diuin,chafle tou-
tes langueurs, playes, maladies, & meſmes la |
,
|
|
|
|
# mortirenouuelle & viuifie toutes choſes:& par
i
i
ceſt attouchement & eftendue de la main,font
entendues les richeſſes de la bonté de Dieu, &
| |
-
| |
liberalle largeſſe de fes dons & benefices:con
tre l’auarice infatiable des riches chiches, qui
au temps de cherté ferment leurs greniers aux || | |
|
| | |
de ceste façon : Tu staillic, aut/defab/tabello Iacºbi .
edum meorum. Demeure là, ou bien fieds toy
fur l'eſcabeau de mes pieds. Et encores apres: - , , , ,
Vos exhonorastis pauperem. Vous auez deſpriſé
le pauure. Car à iceux ils ſe monstrent | ru
des, rigoureux, & auſteres, qu'ils ne daigne |
/
ont authorité de commander , gouuerner & r. Petr.2, v, *
,!
.
iuger, voire obeir etiam diſcolis aux rigoureux ** : « n * * **
|
yeu le miracle: mais s'ils croyent, en teſmoi
gnage de falut pour eux, ou bien en teſmoi
gnageà eux, c'eſtà dire, que par leur teſmoi
gnage il fut receu comme pur , fain & net.
Gue fi apres en hayne de moy ils te vouloyent
chaffer de la compagnie des hommes purs,
fains, & nets,tu leur diras:Vous auez receu de
moy les dons comme d'vn pur & munde: &
comment me voulez vous maintenant de
chaffer, comme fi i'estoy immunde ? Partant
Jeſus Chriſtcommande que le l “ fe pre
3
|
181 , 1 1. d 1 M E n ç fi è A p R E s
fehte aix Prestres: cớinbłen qu’il foit gúary.
Pouřlious enfeigtier, que combien que Èhom
meghreitien foit purgé parla gracd de Dieu;
paredistrition de cede; de la lepre de l'ame,
qiH est péché : toutefois if est teầu & obligé,
fila contihodité & Faiſancefe preſente,femő
ftter & preſenter aux Preſtres de la nouửelle
löy;föufiłäy ouurir ſøn eeçứr parvraye confeſi F
confefið . fieri;laquelle est faefanientalie, rieceſſaire, &
7e
T R O I S I E S M E D I M EN CHE
a p R r s 1 es o c r. d E s-, -:4;
R o3 vs.
|
,, * , , * r: , ,
h
Ce que nous cognoiſtrős plus apertemét fi nous
voulons encores confiderer la recompenfe la
|| quelle leur estoit promife.Et quelle? Et pource
la mort,& les tourmẽs:car leur maiſtre les auoit
aduertis de cela:Quãd vous irez preſcher mon
Euangile,tants’en faut que vous foyez lesbien
V enU15 vers ceux aufquels vous annoncerez ces
|
bonnes nouuelles,qu'ils vous perſecuteront,&
feront mourir. Qui eſt celuy quivoulustenfei
gner vne chofe friuolle ſeulement pour fe fai
re tuerà credit? Et l'vne des chofes qui cốfirme
|||
plus nostre foy Chrestiếne,est celle là, que ceux
qui l'ont preſchee, fe propofoyent d'endurer la
mort,apresautres grādes afflictions, pour leurs
gages, & recompenſes.- Vray eſt qu'ils eſpe
royent vne autre recốpenfe, non pas tếporelle:
mais ſpirituelle. Et de faićt;nostre Seigneur au
dernier fermon qu'il feità fes Apoſtres en fa
Cene,il leur diſoit: In mundo prefiram habebi
tử.Et au parauant que leurauoit-il dit? Ecce egº
- - mitta
1 e s o c r. p r s R o vs. 18;
mitto vos ſicut oues in medie luporum.Sçauez vous
bien auec quelle eſperanceie vous enuoye. Er
quoy,Seigneur,viurős-nous long temps? Non:
mais ie vous enuoye comme moutons en la
boucherie. Vous en la mifericorde des
loups. Ie ne vous promets que toute afilićtion,
& peine. Cecy l'ancien
Testament:comme a tres-bien remarqué fain&"*""·
- -
|
. . . 1 E s o c r. d e s R o y s. 199
nant , il dormoit à fçauoir de corps , mais il
veilloit d'eſprit & de diuinité. Comme il eſt ef
crit aux Caņtiques:ego dormio,corautē meum vi- gant f.
gilat. Ie dors & mon coeur veille. Il dormoit :
pour nous donner à entendre”“”“”“
a verité de fon humanité. Carle Verbe diuin
eſt faićt chair & hőme. Ce n’eſtoit pas vn dor
mir fainćt ou fimulé. Car comme vray hom- |
fastiques. -
uy , funt canes muti hon valentes latrare : ne
- - - * A * *
1 e s o c r. d e s R o Y s. zor
destreffe & extreme neceſſité, ne fçauoyent
qu'ils deuoyét faire, finő auecques le bon Roy
Ioſaphat leuer les yeux à Dieu,en implorant la "**°.
grace & beneuolence de Ieſus Chriſt: penfans “*”
que toute perſonne qui inuoquera le nom de
Dieu, fera fauué:& aủecques Ieremie: Domine "*""·
frtitudo mea & robur meum, & refugium meum
in dietribulationis. O Seigneur tu es ma force & #
ma puiſſance, & mon refuge au temps de tri- .
bulation. Les Apoſtres font icy trois chofes. christ, e ci
Premierement ils s’en vont à luy auecques affe- ment.
ćtion. Secődement ils l'eſueillét auecques cla
meurs & cris.Tiercemét ils le prient auecques
fupplication. Et pource dit noſtre Euangeliſte,
Accefferunt. Ils font venus auecques vne ple
nitude de foy. Accedentem enim ad Deum, opor
tet credere. Car il faut que celuy qui vient à .
Dieu, qu’il croye. Auffi ils font venus auec- *
rs. If, È #
Matt. | Imile fatium est regnum cælorum ho
Marc. 4. | mini qui feminauit bonă femen in agro
AY || fito. Au S. Euangile d'auiourd'huy
čij (Chreſtiens) nous auons à confide
Böté de Diete
rer principallement deux choſes : fçauoir eſt la
G’ malice du
bonté de noſtte Dicu , & la malice du diable,
diable. infidiateur de nos ames. La bonté de Dieu,
quand il eſt dit (le Royaume des cieux ) c'eſtà
dire , l'Eglife militante, la congregation des
Chreſtiens,& la foy Catholique (eſt faićt fem
blable à vn homme) à fçauoit Ieſus Christ (qui
a femébonne femence) c'eſt à fçauoir,la parol
le de la foy &de l'Euangile (en fon champ) c’eſt
à dire, en fon Eglife. Auquel lieu nous faut
noter que le Royaume des cieux n’eſt pas prins
pour le Royaume triumphant, auquel main
tenant regnent les eſleus auec Ieſus Chriſt, &
font heureuſement aſſis auec Abraham, Iſaac,
1. E s o c r. D E s R o y s. , 2o7 | |
| ?'^//2
2ο8 I 1 I I. D I M E N c H E A P R E s
rem dedi te domui Iſrael.& audies de ore meo ver
bum & annunciabis eis ex me. Ie t'ay mis pour
guetteur ſur la maiſon d'Iſrael, tu eſcouteras
la parole de ma bouche, & les admonneſteras .
de par moy. En figure dequoy il eſt dit que,
erant pastores vigilantes & custodientes vigilias
Luc.2.
notiis ſupergregem filum.Les Paſteurs veilloyent
gardant les veilles de la nuićt ſur le troupeau.
r. Petr. J.
Aufquels ſemblablementil eſt dit:Sobry eštote,
& vigilate: quia aduerfarius vester, &c. Soyez
fobres,& veillez,pourtant que voſtre aduerſai
re le diable chemine comme vn Lyon bruyant
à l'entour de vous,cerchất quelqu’vn pour de
Les ‘T’affeurs uorer, auquel reſiſtez fermes en foy. Les Pre
de l'Egliſe lats dorment en trois manieres. Premierement
dorment en
trois manie quand ils font abbeſtis & endormis en pareffe,
7"efe negligence, & laſcheté. Contre leſquels crie
Prouerb.or. ce grãdoracle de fapience Salomon : Diſcurre,
festina.fi/cita amicũ tuum:nedederis ſomnum ocu
lis tuis, nec dormitent palpebre tuæ. Va, marche &
follicite ton prochain, ne donne point fom
me à tes yeux, & que tes paupieres ne fom
meillent point. Mais helas? Dormiunt in letiis
Am 0s 6.
eburneis, & laſciuiunt in stratis fuis. Ils dorment
en leurs licts d'iuoire , & follaſtrent en leurs
Ioan. I 3.
couches:Vident lupum venientem, &c. Ils voyent
le loup venir qui matte,perd, eſpard,deſtrouste
& brigande les brebis Chreſtiennes: & neant
moins ils ſe taifent. Quia non pertinet ad eos de
ouibus. Ils ne ſe foucient point des brebis. Se
Philip.2. condement les Paſteurs dorment, Quando que
fua
|
- L E S O C T, D E S R O Y S, 2ο9
fta funt querunt , & non que funt Ieſu Christi.
Quand ils cherchent les choſes qui font à eux
meſmes, nőpoint celles qui font à Ieſus Chriſt.
Tiercement,ilsdorment:Quandopaſcunt femet: *Richa".
ipſos,& non pafcuntgregē domini. Quand ils paif N
s)
2I 2 I I I I. D I M E N G H E . A P R E S -
|
”
de Ieſus
: font Christ, & du diable & de l'antschrift ."
|
contraires. Dieu feme bonne femence,
& le diable mauuaife: Dieu feme grace, & le res.
diable coulpe: Dieu femie vertus, & le diable
vices. contre humilité de Dieu cherie,
le diable feme orgueil de Dieu hay : Contre, , , , ,
charité,rancune contre douceur, fureur: con- -
ai
| !
- *
|
1 e s o c r d e s R o ys.
penſons,combien nostre Seigneur ayme le fro
2r7
|
ment.Car il ſouffre la mauuaiſe feméce en ſon
champ, nő pour autre cauſe que le froment ne
foit arraché. Et pource toutes choſes font fai
F
||||
|
ćtes pour le profit des efleus,à fin qu'ils obtien
nent falut: Sic Deus volens aftendereiram crno- R?” ?
tam facere potentiam faam fieftinuit in multa pa
| tientia vafaire aptain interitã,vt oftenderet diui
|
sr
»v
tias gloria fue in vafa mifericordie, que preparauit
in gloriam. Ainſi Dieu voulant monſtrer fonire,
& bailler à cognoistre ſa puiſſance , a enduré
en grãde patićce les vaiſſeaux d'ire,appareillez
|
à perdition, pour monstrer les richelles de fa
gloire, & vaiſſeaux de mifericorde; leſquels il
a preparé à fa gloire. Et pource difoit-il:Oal-*""·
titudo diuitiarum fapientiæ & ſcientiæ Dei, quàm
incomprehenſibilia funt iudicia eius, & inuestiga
biler via eiu. O profondeur des richeffes de la
|
fapience & cognoiſſance de Dieu! Que fesiu
gemens font incomprehenfibles: &fes voyes
impoſſibles à trouuer. Veritablement les iuge
mens de Dieu fònt vngrand abyfme,& pource
il eſt dit:Sinite vtraque creſcere. Laiffez croiſtre
enſemble l'vn & i'autre, bons, & mauuáis, ap
prouwez;& repronuez. Çar fi toutevne cómu
nauté eſtoit arrachee, alors les iuſtes en icelle
feroyent perdus auec les mauuais & iniustes.
Car auiourd'huy Saul lapide fainét Estienne, Aå,z.
: & bataille cốtre la foy, quidemain eſt changé,
non par nature, ains par grace, en autre hom
me,& faićt la fidelle & claire trompette de l'E
. - O j
218 111 1.o D 1 M E N c H en A P R E s -
–
1 e s o c r d r s R o vis. i 219.
ils ne pourront fortir desenfers. Comme il eſt
notoire du mauuais riche. Et pource il prioit
: que le Lazare fuſt enuoyé à ſes freres. Et par Luc.ro. **
ainſi, Ligatis manibus & pedibus mittếturin tene- ******* *
bras eæteriores, Les pieds & mains liez feront .
plongez és tenebres infernalles. Alligate ergo ,
faſciculos ad comburendum, Liez les donc- Lierinfizet•
Fø4 472
/*
i22 I I I I. D I M E N C H E A B R E S
*
1. E s o c r d E s R o Y s. 223
en la fournaiſe du feu ardant, & puis il est in---
corporé au corps de l’homme pour l'entretene
ment de ſa vie. Ainfiest-il desbons Chrestiens
que Dieu ayme.Car comme le froment,ils font
fruiét de bonnes æuures, & fainétes operatiós.
Ils font battus,& viſitez'de steaux, & verges de
noſtre Seigneur en ce rnortel monde.. Ils
•• • /* * * . font
* „ Tit. I.***
cuits en la fournaiſe du feu d'amour diuin. Et ,.,,.
toute leur vie est profitable & vtile à tous, en Luc.rs.
parolle,en cốuerſation,en foy,& charité,en do
ctrine; & chafteté, en grauité de bőnes moeurs.
Finablement: Recipiuntur in eterna tabernacula.
Ils font recueillis aux eternels tabernacles ; &
celestes manſions: pour nostre
defquelles estre poſſeſ-a...
feurs, nous ſupplierons bon Dieu & Pe- Oraiſon.
re Sauueur, de dechaſſer du milieu de nöustou-,
te zizanie. A fçauoir,tous fcandalles de peché,
& d'herefie, à fin qu'apresle diffinement de ce
monde , & au grand iugement general, nous
pui ffions eſtre recueillis, commele pur grain de
froment, au haut & celeſte grenier de Paradis,
pour loüer celuy qui vit eternellement auec
ques le Pere, & le S.Eſprit,auquel ſoit gloire,
& loüange eternellement.Amen. -
D IM E N C H E D E L-A
s E P T V A G E s 1 M E.
228 D 1 M E NC H E D E |
W foruoyer, & aller hors le droićt chemin. Tier
- cement il eſt yffu, c'eſtà dire,il s'eſt manifeſté,
geneſ '°' non à tous:mais à Abraham, difant: Num celare
Genef: rº. potero Abraham que gesturu fum:cum futuru fit
in gentem magnam & robustifimam, cớ benedi
| | | | || cendefint in illo omnes nationes terræ ? Scio enim
quod præcepturufit filijsfilis & domuistiepost fe vt
|| |
4 " | | | | tt |
ir || || ||
custodiant viam domini,& faciant iudicium cớ iu
ffitiam. Celeray-ie à Abraham ce que ie fais,
veu que de luy doit venir yn peuple grand, &
| | || fort, & qu'en luy feront beneistes toutes les
1 | | | nations de la terre? Carie fçay qu'il comman
dera à fes enfans & à fa maiſon apres luy, que
ils gardent lavoye du Seigneur, pour faire iu
ftice & iugement. Et apresque les enfans d'If.
raël furent detenus en Egypte, meflez auec
ques les Gentils,& qu'ils eurent aprins à faire
leurs oeuures, ayans mis en oubly qu'ils fuf
fent les enfansd'Abraham,& la fainéte femen
ce.Quartementilestyſlu,c'eſtà dire,il a mani
feſté ſon courroux aux mefchans, & famiferi
corde aux bons,en deliurant les Iſraëlites de la
dure feruitude d'Egypte. Pharao oppreſſeur
inhumain auec ſon armee,cheuaux,& cheuau
cheurs,furét ruez jus en la mer,noyez, & abyſ
mez,tellemét qu'il n’en demeura d'eux iuſqu'à
vn ſeul : enfans d'Iſraël cheminerent
par le fecau milieu de la mer, & les eaux leurs
estoyent comme murailles à leur dextre, & à
leur feneſtre. Et en ce iour là,le Seigneur fauua
Iſraël de la main des Egyptiés,& Iſraël veit les
Egy
- - LA S E P T V A G E. 2.29
Égyptiens morts ſur le riuage de la mer. Iſraël
donc veit la grande puistance que le Seigneur
auoit exercé contre le peuple
craignoit le Seigneur , & creuſt en luys & en
Moyſe fon feruiteur. Finablement quand le
veſpre du monde s'approchoit, & qu'encore
pluſieurs eſtoyentoyfeux, à fçauoir le peuple
Gentil. Il est yffu,c'eſtà dire, il s'est manifeſté
en fon fils: Qui est imago & figura ſubstantia eius. Heb.t.
Quj est fon image,& la figure de fa ſubstance: ""“.
maispourquoy Vt conduceret. Pour loijer des
ouuriersà ouuter en ſa vigne. Notammétil dit
(ouuriers) & non ſeulement auditeurs,ou par
leurs,qui ne font que parler,& caqueter, con
tempteurs,gabeurs,& corrupteurs de la parolle
de Dieu, deprauateurs desŠainćtes eſcritures.
Cőme auiourd'huy lesnouueaux dogmatiſtes.
Et quand il euſt fait conuenance auec les ou
uriers:Ewdenario diurno.D'vn denier pouriour,
c'està dire, de la vie eternelle, de la couronne
de vie ; & de gloire. Le denier ſignifie la vie Denier, vir
eternelle, pour pluſieurs raiſons: car la ron eternelle.
deur du denier qui n’a ne commencement , ne
fin,repreſente labeatitude eternelle: Quia re
gnieius non erit finis. Secondement, le denier
a l'image du Roy imprimee. Ainfi ils verront
le Roy en fagloire faceà face. Tiercement, la
clarté du denier fignifie que:Aliquid coinquina- Apoc.21s
tum non intrabitin regnum celorum.Rien fouillé
n'entrera au Royaume des cieux. Et que tous
les corps des bien-heureux feront conformes c-'
- P 3 #*
*jê B I M’E N C II E C D E .
------------
1. A s E p r v A G E s 1 M E. - 233
diuines, pour fuyr le mal & faire le bien: veux
tu alleguer que Dieu ne t'a pas donné diſcre
tion pour diſcerner entre le bien & le mal? ou
qu'il ne t'apas donné liberal arbitre,pour choi
firle meilleur & delaiffer le pire ? toutes telles
allegations font friuolles. Car le contraire eft
verité.Toutefois nostre Seigneur:Pater mistri- **"*"
cordiarum & Deus totius confolationis.Le pere de
toute mifericorde , le Dieu de toute conſola
tion ne leur reproche point leur menſonge ou
mauuaiſe vie, pour ne les vouloir confondre,
ains doucement leur dit: Ite & vos in vineam .
meam. Allez vous en auſſi en ma vigne (Corde Re”.”
creditur ad iuštitiam:ore autem fit confestio ad falu
tem)en croyant de coeur pour estre iuſtifiez, en
confeſſans de bouche pour eſtre fauuez. S'en
fuit maintenất la remuneration.Cumferò autem
fatium effet. Et quand le foir fut venu,c'eſtà di
re la fin du monde, ou le temps du iugement
lequel fera à la fin du monde.Dixit Dominusvi
nee procuratorifio.Le Seigneur de la vigne dità
fon procureur, à fçauoir Ieſus Chriſt, qui eſt le
de Dieu le Pere & de l’homme en
'æuure de noſtre redemption contre peché,
la mort & Sathan. Carila appaiféle pere, le- ':
quel griefuement eſtoit indigné à l'encontre ::
de nous: à la cour Celeste il est à la dextre de """""
Dieu, & faićt requeſte pour noustoufiours vi
uãs pour interceder pour nous. Et ſi quis pecca
uerit aduocată habemus apud patrem Ieſum Chri
fumiufřum : & ipſe est propitiatiopropeccatis no
234 d 1 M E N e ti e d E :
fris. Et fi aucun a peché, nous auonsvn Aduơ
catenuers le Pere, Ieſus Chriſt le iuſte. Et ce
luy eſt fatisfaction pour nos pechez: Voca ope
rarios. Appelle les ouuriers. Il ne dit pas, appel
le les oyſeux, ou les auditeurs de la parolle, &
non facteurs:Et redde illis mercedě filam. Et leur
payc leur loyer, cominençant aux derniers qui
font venus à vnze heuresiuſques aux premiers
qui font venus au poinćt du iour. C'eſtoit iuſti
r
ce rendre à tous: mais rendre aux derniers pre
mierement, n'eſtoit pas contraire à iuſtice, ains
oſtenſion,& indice de mifericorde,quãd toute
fois on a rendu aux autres ce qu’eſtoit raiſon
| nable. Car aucunefois les derniers en labeur,
font les premiers en loyer. Comme le bon lar
ron eſtentré premierement an repos de paradis
que fainét Pierre : combien que ledićt S. Pier
| re a precedé le bon larron en labeur, & à ſuy
ure Îefus Chriſt auecques les autres Apostres:
Cùm veniffent.Et quãd ceux qui eſtoyent venus
enuiron vnze heures: Acceperunt fingulos dena
Glºirº“ºr rios. Ils receurết vn chacũ d’eux vn derier,c’eſt
zn elle à tous eſ v , . - / - -
238 D 1M E N c H E :D e
tin:Bonum est homini quiportauerit iugum domini
à iuuenturefna. C'eſt choſe bône porter le ioug
de noſtre Seigneur,dés le commencement de ſa
Esel“.º. ieuneſſe.Ce n’est pas chote mauuaiſe de beau
1. Cor. IJ.
coup labourer;trauailler continuellement,tant
que ta main peut. S. Paul fe glorifie, pource
u'ilalabouré plus que les autres.ll admoneste
2.Timo. 2 . ſon difciple:Labora ficut banus miles Christi. La
Galat. s. boure comme vn gendarme. En vn autre lieu:
Bonum faciemtesnő deficiamus. En faiſant biế,ne
deffaillonspas. Et dont vient que fouuếtil ad
uient qủe ceux qui premierement & plus lon
guement labourent, toutefois ils font faićts les
derniers: & ſi encourent l'indignation du pere
de famille#Reſponſe.Il n’y a autre caufe finon
-- «
* Y
qu'ils ne labourent pas comme enfans:mais cő
- ''
: * me feruiteurs. Ils ne cherchent pas la gloire de
- *** nostre Seigneur: mais leur particuliergaing &
' prouffit, ils feruent pour le loyer, lequel s’ils
n'eſperoyent,ou s'ils ne craignoyết la peine, ils
ng s'approcheroyét pas de la vigne. En leur la
beur, ils ne conſiderent finom le falaire, en di
fant en loeurcoeur:nous auons fait ce que nous
deuions,pource le ciel nous appartiết. Et quãd
ils entendent que nous ſommes tous pecheurs,
& que:Omnes egemusgrana Dei.Nous auốs tous
os beſoing de la grace de Dieu.Ils ſont marris d’e
stre comptez au nombre des pęcheurs. Ainſi ils
pechent premierement.Secondement,quấd ils
voyết que pardó n'eſt pas refuſe aux pecheurs,
- ils en font enuieux. Finablemét,ils murmurent
...! ' COIl
*
L A S E P r v A G E S I M E. 239
contre le Seigneur & pere de famille, en l'ac
cuſant d'iniuſtice. Et par ce moyen ils perdent
la grace & faueur du pere, & font toutes leurs ***
ceuures inutiles. Et par ce moyen ils ne meri
tent autre choſe que malueuilláce & indigna
tion. Ce que iadis Moyſe auoit predićt adue- v * *
peu en demeurent. -
DI MEN C H E D E L A
S E X A G E S I M E. r"
246 DI M E N C H E D E
monde a honte de vous, mais Dieu faićt com
pte de vous:carvous eftes aymez de Dieu mon
pere:Ceteris autem in parabolis vt videntes non vi
deant,có audientes non intelligant. Et aux autres
amateurs du monde, qui ont grande opinion ,
tie de la femence
foulee,& cheut
les oyſeaux du pres demãgerent.
ciella la voye, &Ainſi
fuſt rolle *
*
l a c_v 1 N Q y A G E s 1 M E. 2ý5
tefois l'Euấgile fructifie grãdement en ce petit
nőbre des efleus.Cardit S.Matthieu:Semẽ quod Matth.rs.
cecidit in terram bonam, dedit fruttum alius cente
fimum,alius ſexageſimum,aliustricefimum. Que la
femence laquelle cheut en bonne terre, rendit
fruićt. L’vne centiefme, l'autre foixantiefme,
l'autre trentiefme.Ce que nous referősaux ma
ricz, aux vefues, & aux vierges, que virginité
foit le fruićt centiefme:viduité le ſoixantiefme:
& mariage le trentiefme.Par là nous voyős que
la foy laquelle eſt conceuë par l'Euãgile, porte
à tous ceux qui croyent, riche & abondất
fruićt, pour la vocation & condition d'vn cha
cun.Prionsdonc noſtre bon Dieu & Pere Sau- ºr“i/”.
ueur, qu’illuy plaiſe nous faire ceſte grace,que
nous puiſſions ouyr fon S.Euangile, tellement
l'honorer & retenir, qu'il puille prendre ferme
racine en nos caurs, que le malin eſprit,ny les
vieux pechez, ny les cures & folicitudes mon
daines ne les puiſſent arracher: mais que fina
blement nous puiſſions produire fruicts en la
vie eternelle,par la grace de Ieſus Chriſt noſtre
Seigneur & Sauueur,qui doit estre loüé & ado
ré enſemblement, auec le Pere, & le S.Eſprit,
au ficcle des fiecles.Amen.
D I M E N C H E D E L A
Q_v I N Q v A G E s 1 M E.
S/umpſit Iesta duodecim diſcipulos dicens.
Deuot auditoire, le fainét Euangile d'au- La .
- iourd'huy
256 D I M E N C H E D E
diferem mët.
croix. Carils ſe courroucent,ils murmurent,iu
rent, & blaſphement en leurs tribulations, &
aduerſitez. Mais les bons & fidelles Chreſtiens
cognoistent le mystere de la croix. Carils fça
uent que noſtre Seigneur mortifie noſtre chair
par fa croix, & par icelle il glorifie l'homme.
Et pource facilement & patiemment ils por
\
tent la croix fe glorifians en tribulation. Sça
Iacobi r. chans que : Tribulatio patientiam operatur, pa
tientia autem probationem probatio vero fpem:Íþes
ɔ
*
*
- 1 A Q v 1 N Q y A G E s 1 M e. 263
Dieu viuất. A peine pouuoyent-ils croire qu'il
deuft mourir, & que la vie mouruſt, & que
l'immortel fuſt mortel. Finablement ils pen
foyent que telles parolles eſtoyent paraboli
ques.Et pource ils cuidoyent qu'il falloit pren-
dre telles parolles autrement qu'elles ne fon
noyent. S'enfuit la feconde partie de nostre S.
Euangile, où il eſt faićt mention de l'illumina
tion d'vn aueugle.Fattum est autem cum appro
pinquaret Iestu Hierico,cecus quidam ſedebatfecus
viam mendicans.Et aduint quand Ieſus s'appro
cha de Hiericho,vnaueugle eſtoit astis pres de
la voye, & mendioit. En la premiere partie de
l'Euãgilenoſtre Seigneur predit à ſes diſciples
l'infirmité de fa chair en forme humaine: mais
à fin qu'ils ne fullent troublez & ſcandalizez,
ou que par trop grande triſteſſe ils ne fustent
engloutis ou abifniez, tout incontinentil de
monſtre la puiſſance de fa diuinité, en illumi
nant vnaueugle,auquelles deux chandelles de
lumiere eſtoyent eſteinćtes. Ainfi ceux qu'il a
eftonné par parolle,il les confirme par miracle.
Parle premier il monstre la verité de fon hu
manité,par laquelle il eſt moindre que le pere.
Par le ſecond il manifeſte la verité de fa diui
nité, laquelle il est vn auec le Pere. Vn
aueugle eſtoit affis, voyons icy la defolation
& conſolation de ceſt aueugle:duquel il est dit,
Cæcus,vn aueugle: voy là vne triſte calamité &
mifere, quelle ioye pouuoit-il auoir,eſtant af
fis aux tenebres, & ne pouuoit voir la lumie
264 d1 m enche D E
qu'i
* L A Q v 1 N Q v A G e. 267
qu'il veut au ćiel, en laterre, en la mer, & en Apºtal.rº
tous les abyſmes,fils de Dauid.Voila vne con- ’”
festion de douceur & de miſericorde humai-"“
ne quia eſté faićte de la femence dė Dauid fe
lon la chair. Nous fçauons que Dauid estoit xem...
debonnaire & en mifericorde il a obtenu le -
LE
272
LE P R E M I E R D I M E N C H E
D E c A R E s M. E.
&
b * c a a es v r. 273
concluſion de l'Euangile du iourd'huy : Wade
retro fathana,comme s'il diſoit: Tu n’as plus de
uiſſance, retire toy arriere, tu as la teſtebri
Et non feulement luy a caffé la teſte, &l'a
vaincu, mais auſſi nous a enfeigné la maniere
de combattre fathan, & le ſurmonter: Reliquit
nobis exemplūsvt/equamur vestigia eius. 1.Petr.2,
Il a faićt comme yn bon maiſtre d'eſcrimes
qui ne dit pas ſeulement à ſon apprentifil faut
aínfi faire & bien tirer ſes coups, mais auſſi il
prend les armes,& s'en fert le premier,&mon
ftrecomme il faut faire. Ainſi Ieſus Christ qui
est nostre maiſtre pour nous apprendre à guer
royer & vaincre noſtre ennemy,ila voulutià
rer les premiers coups, & nous monſtrer com .
me ib combattre fathan, & luy reſiſter,
quandil nous affaut & tente en diuerſes mae
nieres. Or depuis qu'il faut faire vn combat,
la premiere choſe requiſe, est qu'il faut confi
derer & cognoiſtre les forces & rufes de fon
ennemy, pour ſe donner garde d'estre furprins.
L’ennemy de Ieſus Christ & le nostre, c’est le
diable, qụi non ſeulement eſt fin & canteleux
de fanature, mais austi eſt fort ennemy: voire
le plus puiſſant quiſoit deſſus la terre, le m'en
rapporte à Iob,qui le dit au chapitre 41. Non est
potestaa fi perterram, que comparetur ei,quifačius
est vt nullum timeret. Sainćt Paul n'en dit pas
moins en l'Epistre aux Epheſiens, chapitre fi
xieſme, où il nous aduertit que non est nobis col-,
luctatio aduerste carnem & fanguinem,/ed aduer
- S
2.74 -I . D I M E N C H E
27$ I. D I MÍ E N C H E ' - ·
nous veut liurer entre les mains de noſtre ca
pital ennemy. Caro concupiſcit aduersta ſpiritum.
Les autres traiſtres font auarice & orgueil,
conuoitife des biens & honneurs mondains.
De peur donc que ne foyons trahis par iceux
& furprins de nostre ennemy , il nous faut
fuir les occaſions de peché entrans au defert
apres noſtre Capitaine Ieſus Chriſt, & fuyans
les mauuaiſes compagnies : & puis prendre
«les armes ſpirituelles, qui font ieufne, oraifon,
&aumofne, pour combatre nos ennemys, à
l'imitation de noſtrė maistre, entreprenant le
combat, comme il eſt recité en noſtre Euan
Matth. 4. gile : où il est dit: Tunc duiius est Iosta in defèr
tum àſpiritu, vi tentareturà diabolo. Alors Ieſus
zue... fut mené de l'eſprit au defert pour estretenté
du diable : à fçauoir apres qu'il fut baptifé. Et
quand il eut ieufné quarante iours & qua
rante nuićts, apres il eut faim. Où il nous
faut noter, que les faićts & oeuures de Ieſus
Christ ne nous apportent pas tant feulement
conſolation : mais auſſi exemple de bonne
vie & de fainćte conuerſation. Car il ne fuf
fit pas de dire que Ieſus Chriſt a ieufné &
prié pour moy. Et pource ie ne feray rien:
Matth.rs. ains me repoſeray & feray oyſeux.Jeſus Chriſt
a porté fa croix, pour l'enfuyure comme il a
dit:Siquis vult venirepost me,abneget femetipfum
cớ tollat crucem filam & fequatur me. Si aucun
veut venir apres moy, qu'il renőce foy-meſme,
& porte fa croix, & m'enfuyue. Il a eſté hum
ble
D e c A R E s M. E. 279
ble pour l'enfuyure, distite à me quia mitis fum Matth.ri.
& humilis corde. Apprenez de moy que ie fuis
debonnaire & humble de coeur. Il a eſté chari
table, & tu dois faire à fon exemple charité à
ton prochain. Exemplum dedi vobis, vt quemad- Ioan.n.
modum feci vobis, ficcớ vos fàciatis. Ie vous ay
donné exemple, à fin que vous faciez comme
ie vous ay faićt. Les oeuures de Ieſus Chriſt
nous prouffiteront , fi auec les fiennes nous -
–– – –– –
182 1. d 1 M E N c H e
plus fages pour nous fçaủoir donner garde
de noffre aduerſaire, & par quelle maniere à
fon exemple il nous faut puistamment refifter
contre ſes tentationstafficientés in authorem fidei
& conſummatorem Ieſum, quipropostrofibi gaudio
- fustinuit crucēconfuſione contempta:en regardant,
comme dit fainét Paul,au chefde la foy & con
ſommateur Ieſus, ieguei
S’ tentatiös, pour laa iớve
que pour
-) 1oy aà lauy
e pourquoy propoſee , a enduré la croix, ayant contemné
honte. Dieu permet que nous foyons tentez:
Premierement à fin que nous foyons estayez
& approuuez. Car le patient n’eſt point co
gneu finon en aduerfité, & par tentation nous
fommes approuuez. Secondement à fin que
****** nous cognoiſſions nostre infirmité , laquelle
* * * iamais mieux ne pouuons cognoiſtre qu'en ad
|-""|
, uerfité & tribulation, cốme il appert de fainčt
|- • -- * : . . Pierre, defauoüant fon maistre. Ër pource no
*
284 1. d 1 M E N c H e -
|
D E C A R E S M E. 285
pour pluſieurs raiſons (lefquelles font recitees Tourque,
en nostre liure intitulé. Probation des fainéts "/". Christ
Sacremens) mais principalement pour nous 1 :
dóner exemple,comme dit S. Ambroife epistre i .
8i. Etpostea furit.Apreseut faim, vtperestritio
nem fé adhumanã imbecillitatem ſubmittens, ten
tatori anſampreberet,comme dićt S.Bafile, hom.
1.deieiunio,& S.Chryſoſtome hom. f.ex varijs lo
cis in Matthæum. C’eſtoit pour attirer finement
ſon ennemy & le noſtre au combat.Voyons en
quelestat & pitoyable deſarroy nospechez ont
conduit & mené nostre Seigneur. Celuy qui eſat. 1,,.
donne viande à toute chair , qui ouure fa main
& remplit & raffafie tout animal de benedi
ćtion, de la cuiſine duquel infinité d'eſprits
celestes font nourris : celuy qui paiſt les oi
feaux du ciel,les animaux de la terre, lespoiſ-
- - • P72 c07°es ag
º
fons de la mer,& leshommes viuans fur later- faim.
re: toutefois a faim & defire le manger. Le *
tout pour nous & pour leſquels il s'eſt fait pau- 2.cer... .
ure,pour nous enrichir.Et encores Ieſus Chriſt * * * *
- -
tlt
D E C A R E S M E. 297
titou grấd,ignorant ou fçauất, honoré ou mef-
priſé: bref, il ne crainét perſonne de quelque
estat, dignité, office, ou condition qu'il foit,
qu'il ne le tente. Quartemết,il tente auſſi ceux
quiveulent faire penitence : car Dieu permet Les penitens.
que les plus forts,& vaillãts cheualiers endurét
glus grand aflaut, pour auoir plus grãde vićtoi
re,&cőſequemment plus grãde gloire.On voit
les Roys affaillir les forts chaſteaux , & non
point les petites villes ou villages, qu'ils peu
uent auoir facillement. Auffi le fort deſdaigne
batailler contre le foible, les Princes ne don
nent pas les aflauts contre les villes qu'ils tien
nent en leurs mains, mais contre les rebelles.
Ainſi bataillent les diablespar plus forte tenta
tion contre lesbons, & qui contredifent à leur
obeyr. En figure dequoy il eſt eſcrit en Ge
neſe: Que le Roy des Elamites leua vne groſ Genef. 14.
fearmee contre les Roys de Sodome & Go
morre, à raiſon que douze ansils auoyent eſté
leurs tributaires,&à l'an trezieſme ils s'eſtoyết
reuoltez de leur feruice, en defniant le tribut
accouſtumé. Ainſi eſt-il du pecheur qui rendoit
tribut au diable,quãd il eſtoit en l'eſtat de pe
ché, & payoit quatre deniers en recognoistan
ce d’hommage. C'eſt à fçauoir mauuaife pen
fee, mauuaife volonté, mauuaife parolle, &
mauuaife oeuure. Et quãd il a faićt penitếce,le
diable leue fon armee. Aflauoir grand nombre
de fes genfdarmes & miniſtres, infidiateurs de
nosames,qui noustentent en mille manieres,à
T 5
4 293 1. d 1 M E N c H É : - -
-----
|
- D E c A R E s M. E. 3O
ftres offrent le corpus Domini a la Meſſe, & les
prieres pour le peuple : & le peuple reſpond,
Amen. Or les prieres faićtes pour autruy, ont
figrande efficace, que fi quelqu'vn priant pour
foy n'a eſté exaucé, par autruy il le fera: telle
ment que ceux qui font indignes d'impetrer
quelque chofe par eux meſmes, ils l'imperre
ront par autruy. Comme vous auez d'Helie le
prophete, lequel a impetré de la pluye pour le
peuple d'Iſrael, combien que ledićt peuple fust
indigne d'eſtre exaucé de Dieu, & auoir de la
pluye. Dieu veut eſtre prié par autruy, com
me Dieu monſtra bien au Roy Abimelech,qui
auoit offenſé en prenant la femme d'Abraham:
Dieu luy diſt: Tu as beau me prier, ie ne t'e
xauceraypoint. Mais va t'en à Abraham & luy
dis qu'il prie pour toy. S'il le faićtie l'exauce
ray. Car tu es indigne d'eſtre ouy. Semblable
ment nous auons des amis de Iob,leſquels s'e
ftoyent moquez de luy,quand ils demanderent
pardon à Dieu,il leur dit: Ite adferuum meă Iob,
é orabit pro vobis. Quant eſt de vous,ie ne vous
eſcouteray point, car vous en eſtes indignes.
Mais adreſſez vous à mon feruiteur Iob, & ie
l'exauceray. Vous voyez que les prieres des
gens de biếfont vallables pour autruy, meſmes
encores que ceux pour qui on prie n'y penſent
pas: comme nous voyons de fainét Paul, qui a
esté conuerty par les prieres de fainét Eftien
ne , comme dit fainćt Augustin en vn fermon
de beato Stephano:Si Stephanus nõoraffet, Eccleſia
V
* .
C6 I I. D I M E N C H E
316 I I. D I M E N C H E
318 I I. D I M E N C H E
Secondement la Chananee auoit vne ferme
Esterance, eſperance en la bonté de Dieu. Car en vain &
our neant elle euſt prié Dieu & fes Apostres,
} elle n’euſt eſperé eſtre exaucee. Semblable
ment tout pecheur doit auoir ferme confiance
que Dieu luy fera mifericorde,quand illuy de
(harité,
mande pardon.
Tiercement ceſte femme auoit vne fincere
charité & amour à fa fille, de laquelle elle a
uoit fi grande compaſſion qu'elle reputoit &
faiſoit la douleur de fa fille fienne & propre:
parquoy elle diſoit : Seigneur aye mercy de
moy. Laquelle charité vn chacun priant Dieu
doitauoir. Car il ne doit ſuffir à l'hőme de prier
Dieu feulement pour luy , ou procurer fon fa
lut propre, finon qu'auffi il prie Dieu pour fes
prochains & procure leur Cőme dit l'Ef
criture: Mandauit Deus vnicuique de proximo fuo.
Ecclef. 17. Dieu a donné commandementà vn chacun de
fon prochain.Et fainét Iaques:oratepro inuicem
Iacob. f. vt faluemini. Priez l'vn pour l'autre, à fin que
vous foyez fauuez. - -
T R OISIE SME D IM EN C H E
.. . D E C A R E S M E.
| i
| ||
| 7
||
i
,!
|
que ce n'estoyent que faux Dieux qui fedui
foyent les hommes parvne fauffe religion. Et
pourtant dit fort bien Laćtance libro quarto in
4. -
| | |
| .ii fitu
*
D E c A R E s M. E. 325
ftitutio. diuin, cap. 27. Neceffèest veram effe hanc
religionem,que damonum astutiam intelligit, vim4
retundit , & eos ſpiritalibus armis domitos ac fuba
čtos,cedereſibi cogit. Et fi les Dieux des Payens
n'ont puiſſance de chaffer les diables hors des
corps des hommes,ils ne font pas vrays Dieux,
dit Laćtance. Et pource nous auons argumết &
marque manifeſte, que noſtre Egliſe & religió
est la vraye Eglife, & la vraye religion. Caren
icelle les diables font chaſſez par force: & non
pas en l'Egliſe des heretiques,ny en la religion
des Payens.Ce qu'il faut bien remarquer apres
Laćtance,& S. Auguſtin contre Petilian, où il
fait confeffer aux Donatiſtes que ceſte puiſ
fance de chaffer les diables par force n’estoit
feulement qu'en l'Egliſe Catholique. Et qui
cốque a voulu hors de l'Egliſe Catholique en
treprendre ceſte puiſſance, a perdu fa peine &
s'en est mal trouué.Ie m’é rapporte aux enfans
d'vn grấd Preſtre de la Synagogue,deſquels il
est fait mentiố aux Aćtes des Apoſtres chap.19.
qui furent bien frottez & furết contrainćts de
s'enfuir. Ie m'en rapporte auſſi à Luther, qui
voulut ſe meſler de chaffer vn malin eſprit,l'an
1545.L'histoire eſt recitee par FridericuStaphilus
in Prodromopa.404.qui pour lors estoit diſciple
de Luther,& afferme qu’il estoit preſent, quãd
cela fut faićt,& qu'il eut fa part de la paours&
dit ces mots. Anno 154 s. puella quadă demonia
ca è Mifîne ditione addutta est Vvitembergam ad
Lutherum ceutertium Heliä,ea fpe quod Luthern
3
326 i i, o 1 M e s c t e A-F
*
claues
» b Ë ë A R E s M. F. , 347
claues du diable.La quatrieſme raiſon de Ieſus Raiſon *:
Christ est prinſe par la contrarieté & diuerſité
des volontez. Qui non est mecum, contra me est:
qui n'eſt auec moy par vn meſme vouloir, il
eſt contre moy : car il faićt oeuures contraires
aux miennes. Parquoy voſtre fauffeté & blaf
pheme eſt condemné : Car le diable ayme
orgueil, & moy humilité. Ilayme malice &
moy bonté. Il fuſcite debats , noiſes , con
tentions, procez, guerres, batailles: Il trou
ble la paix, il parle menfonge, il fe refiouyt de
la perdition de l'homme. Mais moy i'enfei
gne douceur & humilité, ie recommande la
paix, ie preſche verité, ie me refiouys de la
conuerſion & falut des pecheurs. Qui non col
ligit mecum , ſpargit. Et qui cueille auec moy
en l'vnion de foy, d'eſperance & charité, en . --
~
35o . . 1 i 1. d 1 M E N c h e
facrifices, ou des traditions pharifaycques &
non purifiee interieurement : auec tels facrifi
ces Dieu ne fe refiouyr point fans le coeur con
trit & humilié. Par dehors ils apparoiffentiu
ftes aux hommes: mais dedans & au coeur, le
uel noſtre Seigneur regarde,ils font pleins de
& damnation:ils fontor
nez exterieurement par fimulation de bonté,
ou de fainćteté, comme murailles blanchies
auec vne compoſition corporelle & feculiere
fainćteté. Voyla l'habit de l'ordre.Nous auons
la teſte rafe,nousieufnons, nous pſalmodions,
nous prenons des diſciplines,nous difons fou
Ile Int | Meſſe,nous monſtrós vne fainćteté par
t1IÇ
D E C A R E S M E. 355
tiré hors de leurs entrailles, & mis ſur la terre: -
qui font le fruićt de leur veħtre: mais les font
teter le laićt vicieux & corrompu, dont apres
procedent vne infinité de maladies:comme ve- , .
rolle,lepre,&autres femblables:Ainſi que plu
fieurs medecins ont experimenté,au grăd dom
mage des pauures enfans,& eternelle infamie
des meres.Car il eſt tout certain que fila nour
rice eſt louche,fuiette à yurongnerie, ou mala
die, ou autremét de meurs corrompus,l'enfant
fera louche non parfon laićt, mais par ſon fre- cera, ez
quentregard:fi elle eſt yurongne, elle prepare fºr tiure de
l'enfant à le faire yurongne. Comme on lift en faktilitatea
la vie de l'Empereur Tybere, qui fut grand
yurongne,parce que la nourrice qui l'allaićtoit
non ſeulement beuuoit exceſſiuement, mais
elle ſceura l'enfant auec les fouppes de vin. - **
***
Ie
ſpőce noſtre Seigneur nous donne à cognoi *
d e c A R e s M. E. 357
mens de Dieu.Certainemēt la parolle de Dieu .
& la loy de Dieu : & garder la parolle de Dieu . .
eſt obſeruer & garder la loy de Dieu, & luy o- , ' '
1
372 1 1 1 1. d1M ENcH e
ham, & Tobie, à fin que fust donné exemple
à leur poſterité de leur trefgrande patience.
Item il tente fes amys & efleus, pour le com
ble degrace,exercice de vertu, & pour acque
rir plus abondant le threfor de gloire.D'auan
tage Dieu tente,à fin que l'homme ſe cognoiſ
fe. Iamais fainét Pierre n’eust cogneu fon im
perfection, s'il ne fuſt tombé au peché de ne
ze diable të gation. Le diable tente, premierement pour
4
° **** ćtes
quoy.
deceuoir & damner,Ananias,&
des Apostres,de comme il appert aux Sa
fa femme A
*
# | |
, , d e c a R s s M e. 375
de celuy qui donne viande à toute chair? Ce
luy de la cuifine,duquelles oyſeaux du ciel,les
poiſſons de la mer, les animaux terrestres font
nourris, ſubstantez, & alimentez,d'autant plus
nourrira-il les creatures raiſonnables qui au
ront foy & fiance en luy. Que fainćt André
fans eſtre prié, toutefois il a preſenté les pains,
comme preſt de les offrir & bailler, cela de
monſtrevne treſgrande charité,laquelle accuſe
& reprend noſtre tenacité & chicheté. Voylà
les Apostres qui portoyent des pains pour leur
viure neceſſàire, ils eſtoyent prests de le com
muniquer à la troupe famelique. Er autre rai
fon ou excuſe ne peuuent dire ou alleguer les
Apoſtres, finon qu'ils doutent qu’ils ne pour
ront fournir ne fatisfaire à tous. Mais les ri
ches & chiches mondains, vieux auaricieux &
idolatres de leurs threfors, tant s'en faut qu'ils
donnent les choſes necestaires, qu'ils ne don
nent pas les chofes fuperflues, & qu’ils ont par
trop grãde abondance:ils ayment mieux que la
vermine & les poux mấgent leur bled,que files
pauures le mangeoyent.Maisle temps viendra,
&plustoſt qu'ils ne penſent, en deſpit de leur
barbe,& leurs dents, que les pauures mangerőt
leurbled, & les vers mangeront leurs puantes
charongnes. Et pource tel exemple Apoſto
lique eſt bien rare, bien clair femé, & qu’on ne --- - --
&
D E L A P A S S I O N. 399
& froide: pource plus griefuement en cela pe
che le vieux que le ieune. Or tout peché a
quelque motif à le commettre, excepté le pe
ché de blaſpheme. Orgueil eſt le motif qui in
cite l'homme en habits pompeux: Auarice au
plaifit d'auoir des biens fếporels:Delećtation à
luxure:Gloutónie à gourmander & yurongner.
Maisie te demande,ổ blaſphemateur,qu'est-ce
qui t'eſmeut à blaſphemer le precieux chefde
leſus Chriſt? Lequel pour toya eſté couronné
d'eſpines aigues & penetrātes ſon chefrufques
au cerueau. Regarde les groffes gouttes de
fon rouge ſang, entremeflees auec les larmes
qui diſtillent de fes deux yeux, comme de deux
fontaines, & decoullent parfon triſte & do
lent vifage. O maudiét, miferable, mal-heu
reux, & damnable ! C’est pour toy couronner
d'vne couronne de gloire immortelle. Et ponr
toute gratuité & recompenfe, tu blaſpheme &
iure la teſte Dieu , laquelle il a inclinee en bas
our te baifer. Et en deſpit de Dieu , tu iure
| teſte Dieu. Penfe & repenſe que fera ce que
de toy, qui iure la chair Dieu , laquelle pour
toy a esté defchiree, defchiquetee, hachee me
nu comme chair à pasté : liee, flagellee,pour te
deflier desliens de peché,des lacs de fathan, &
des priſons d'enfer, & pour toute recompenfe
tu iure la chair Dieu ? Et toy qui iure le fang
Dieu,propoſe deuất les yeux de toname, com
me ton bon Pere & Sauueur par le pris de fon
fang,fi amplement eſpanché,qu'il ne luy en eft
pas
4OO D I M E N C H E
-
- * -- -- - - -
*
* a *
-
-:
-
: : ::
'uifs qui one
Premierementpour raiſon de cognoillance:
Car les luifs n’ont point cogneų feſus Chriſt s pourquy.
eſtrevray Dieu,comme teſmoigne tajnçt Paul:
Si cognouiffent,nunquam dominū gloriæ crucifixif-y-Cºr-2.
fent:S’ils l'euffent cogneu, iamais ils n’eustent . . . . .
crucifié le Seigneur de gloire : Scio, fratres,quia:. Ait.s.
* - - - - - -
412 - . D1 M E N c h e -
;
- D E LA P AS s I o N. 4 I3
& s'eſt efiouy. En ceſte fentence nous faut no
terpluſieurs
en qu'Abraham a veu lePremierement
manieres. iour de Ieſus quand
Chriſt Abraham
le
|
414 D I M E N C H E -
& -a:
quel aucun eſt enflãmé, il eſt pacifié, & le grãd
-'.
*
embrafemét d'ire & de cholere est mitigué &
appaiſé.Car nostre Seigneur veut & cốmãde,&
fa volonté,de rőpre & vaincre le coeur
de nos ennemis, par l'exhibition de benefices.
Ainſi le preſchoit ce grãdlegiſlateur Moyſe aux
Exod.23.
Rom. I2•
enfans d’Iſraël.Dốc Dieu veut q nous furmon
tions nos aduerſaires,non par cőtention,haine,
contumelie,ire, & perſecution:mais paramour,
douceur,debonnaireté,patiéce,humilité,& par
exhibitió de bốnes oeuures. Mais tu diras,Il eſt
indigne que ie luy face bien.Ie te reſpond que
Ieſus Chriſt veut que tu foyes digne peur faire
tel bien,& noſtre Seigneur est digne en faueur
duquel tu luy faces bien. Donc à l'exemple de
Ieſus Christ,c'est chofe plus glorieuſe de fuir le
courroux en ſe taifant, q le parlát.
prouerb.ro. Et cốme dit le Sage:Melior est patiens viroforti.
Voylà cốment les Scribes & perfecu
toyết la verité. Laifſons donc leurs entendemés
charnels,& prenốs de la parolle de Dieu celuy
Oraifon. de l'eſprit. Prions donc Ieſus Christ qu'il luy
plaife vouloir reformer entre nous & nos en
' nemis vne vraye paix & cốcorde, ofter de leurs
coeurs toutes haines & malueüillãces,faire ceſ
fer tous debats,proces,guerres & batailles,dif
fiper leurs mauuais conſeils qu'ils machinent à
* l’encon
D E S - R A M E A V X. 417
l’encontre de nous, & dechaffer toutes choſes
contraires à la tranquillité Chreſtienne, & que
11OUIS puiſſions viure en paix auec Dieu & nos
prochains, à fin que finablement nous puiſſiốs
paruenir au Royaume celeite. Amen. ***
436 p1M E Nc H E -
d e s R A M e A v x. 439
nue du Roy. Ainſi Ieſus Christ auant que
d'entrer en la cité de Hieruſalem , il a enuoyé
deux de fes diſciples, comme auantcoureurs. * *
Ä ·
& meſſagers, pour annoncer la prochaine ve * .*
nue de noſtre Seigneur en Hieruſalem. Se
condement, quand le Roy entre en la cité, les
Princes & Barons du Royaume luy font com
pagnie. Ainſi auiourd'huy entrant en Hieru
falem, il a eſté accompagné des douze Apo
ftres, comme de douze Princes. Les Barons
estoyent les ſeptante deux diſciples, leſquels
probablement nous croyons auoir esté prefens
en ceſte entree. Tiercement,à l'entree du Roy
les citoyens & rećteurs de la cité font compa
gnie à leur Roy : Auffi auiourd'huy la trom
pette a fonné. A fçauoir le Prophete Zacha
rie, difant : Dicitefilie Sion : Ecce Rextuus venit
tibi manfaetus. Dićtes à la fille de Sion, voicy $
ton Roy qui vient à toy debonnaire. Quarte
ment on a accoustumé de preparer les rues, &
les aorner de tapis: Ainſi auiourd'huy grande
trouppe ont eſtendu leur veſtement en la voye.
Et les autres couppoyent les rameaux des ar
bres,& les eſtendoyết en la voye.Cinquiefme
ment,à l'entree du Roy on crie à haute voix,vi
ue le Roy: Ainſi auiourd'huy les trouppes qui
alloyent deuant, & celles qui ſuyuoyent,fem
blablement les petits enfans, comme il eſt diét
en fainét Iean,crioyent,en difant : Ofanna filio
Dauid, ô fils de Dauid, nous te prions fauue
nous. Finablement en telle entree le Roy eſt
Ee 4
- D I M E N C H E
44o -
*
fçauoir,que tous les honneurs que les Iuifs au- íaoyuēt exuber
• • y1 :» , f. : (Y- \ - -
|
d es R A M E A v x. 443
contfaire , le mauuais riche pource qu'il n’a
voulu coupper les petits rameaux de ſes arbres
au pauure Lazare , il eſt mort, & finablement Lws.ro,
enfeuely aux enfers. Et pource les riches de ce
preſent fiecle, en ces fainćtsiours principale
ment deuroyent vaquer aux oeuures de pieté,
en diſtribuant de leurs biens aux vſages des
auures: conſiderãs que leſus Chriſt a eſté tant
& magnifique, en eſpandant ſon pre
cieux fang pour noſtre redemption. Finable
ment nous deuons crier en difant à noſtre Sei
gneur,Oſanna,c'eſtà dire, nous te prions fauue
nous:vaquer à oraiſons & pures prieres, perfe
uerer aux loüanges diuines,difans auec le peu
ple des Hebreux, Beneist ſoit celuy qui viết au
nom du Seigneur. Pource mes amis & freres
Chrestiens,vn chacun de vous preſentement fe *
D E V OT E EXHORTATI ON
P o v R i E I o v R D v
Vendredy beneiſt.
EF E pitoyable myſtere de la doulo
reuſe mort & angoiffeuſe paffion de
| Ż || ueur
s--
Ieſus » Chriſt
pour lanoſtre Seigneur
reuerence & fau
de laquelle
nous ſommes icy aſſemblez(mes amis & freres
Chreſtiens) conſiſte premierement en la cruel
le flagellation du precieux & digne corps de
Ieſus Chriſt , comme il eſt eſcrit en S. Iean:
Hoan.rº. Apprehendit Pilatus Ieſum có: flagellauit: Alors
Pilate print Ieſus & le flagella. En laquelle fla
gellation l'humanité de Ieſus Chriſt fut dechi
ree,dechiquetee, hachee menu comme chair à
paſté, par la ſynagogue Iudaïque, coeur tyran
nique,depraué,defordonné,dereglé.Regardez
(ô Chreſtiens) par deuotion, pitié & compaſ
fion, le Prince le plus excellent de tous les
Princes, qui de corps conuerſoit auec les hom-
ines,& d'eſprit celeſte. Voyez lafon- |
a taine |
p v v E N D R e dy " E N E 1 s r. 44f
taine de ſcience,de laquelle lesignorans arrou
fent leurs eſprits & entendemens,quia en hai
ne peché & vice,qui fait trembler les monſtres
diaboliques en leurs abyſmes infernaux. Con
templez celuy qui ne fait threfor que de ver
tus,leRoy des Roys,le Seigneur desSeigneurs,
le Dieu des Dieux, le Prince des Princes, le
Sainćt des Saincts, le Monarque & Empereur
du ciel & de la terre, d'Orient & d’Occident,
de Midy & de Septentrion,des mers,des mon
taignes, de toute la machine du monde,& de
tout le circuit de la terre. Lequel auiourd’huy
pour nous a eſté fi inhumainement flagellé &
diſcipliné,quedés la plante des piedsiuſqu'au
fommet de fa teſte n'auoit lieu ny place de fan
té.Oame deuote fille de Dieu,eſpouſe de lefus **********
Chriſt,propoſe maintenant deuant les yeux de
ton ame,& contemple ton eſpoux,lequel pour
toy eſt lié en vn pilier tout nud deuant le peu
ple,foüetté comme vn larron:qui toutefois eſt
fans vice, tache & reproche. Regarde de pres
les verges moüillees & teinețes de fon rouge
fang.Lefquelles iete conſeille garder & porter
en ton coeur. Car elles t'enflamberont vn feu |
les boiteux, & les aucugles. La terre feche & ... ...
non aquatique,doit eſtre arroufee. La terrefe-*"***
mee,ne doit point eſtre derechef femee: on ne - ***
doit porter le bois aux foreſts,ne ietter l'eau en
la mer,ny ofter l'eau en la ferre feche,Telles fi-
militudes nous enfeignent de faire bien & au
mofne aux pauures deſpouillez des biens de
çe monde,& non aux riches, qui abondent en
biếs temporels: Et valdè mane vna/abbathorum
venerūt admonumentā,orto iamfole.Et bien ma .*
- d e P As oy e s. 47;
foit quelque faueur, il feroit chaffé hors de la
fynagogue , comme vn excommunié. Aufſi
la fraćtion du feau du grand Gouuerneur ne
les a point deſtournees de leur bon & fainćt
propos qu’ils auoyent deliberé de mettre en
execution : A fçauoir, embaufmer le corps de
Ieſus Christ. Le tout conſideré nous voyons
que ces femmes eſtoyent puiſſantes; fortes &
conſtantes , leſquelles nonobſtant les fuſdi- ----
474 - 1 tE IovR -
perpetré
rence ou corps.
audit commis La quelqueiniure ougrande:
pierre eftoit fort irreue- .i * ,
ource fans l'ayde de plufieurs, les femmes ne
'euffent peu oſter.Et quãd elles furent entrees
dedans le monument: Viderunt iuuenẽfedentem
indextris coopertumstella candida elles veirét vn
iouuenceau à fçauoir vn ange en eſpecedeiou
uenceau:qui pluſtoſt s'est apparu en telle eſpe=
ce que nő en eſpece de vieux,pour demonstrer
leioyeux& floriffantaage auquelles iuſtes ref.
fuſciteront auiour du iugement:lequeliouné
ceau estoit affis au coſté dextre. Lequel estoit
accouſtré d'vn veſtement long & blanc, pour
la ioye de la refurrećtion. Et elles s'eſpouủếte
rent à cauſe de telle viſion. Car comme dit S.
Matthieu:Erat aſpettus eiusſicutfulgur, & vesti
menta ſicut nix.Son regard estoit foudroyant &
le veſtement flambloyất comme la neige.Mais
il leur dit:Nolite expauefcere:nevous eſpouuen
tez point:Paueantilli,qui non amāt aduentum fit
ernorum ciuium (dit S. Gregoire en l'homelie
d'auiourd'huy)pertimestāt qui carnalibus deſide
* * *, 7"4f4
'476 L E . I O V R.
478 L E I O V R. ~^
la grace
deuãt abonde
vous où peché auoitinterpreté
en Galilee.Galilee
- - -
abondé. figni-
-
Il ira “ Galilee
/ -
-
48o ' L E IL V N D Y
|
eſperer.Ceste iournee ſpecialemét est de Dieu,
où il nous conuient refiouyr, en laquelle apres
Oraiſon. leurs nous eſt furuenue ioye. Priős dőc noſtre
Dieu & pere redépteur, lequel triompham
mentauiourd'huy eſt reſſuſcité,qu'il luy plaiſe
nous receuοir fous fa fainćte protećtion & fau
uegarde,& parle merite de fatreſſacree Refur
rečtion, nous reſſuſciter de mort en vie fpiri
tuelle,de coulpe à grace, à fin que nous foyons
participans de laioye eternelle, & en la gene
ralle Reſurrećtion nos corps & nos ames foyết
beatifiez en la gloire celeste, pour le remercier
auecques le Pere & le S.Eſprit, vn Dieu eter
nel,tout puiſſant & immortel.Amen.
TE TVNT FT ETRSTVE 5.
N T R e les articles de nostre foyau
cuns font faciles à croire, comme
la natiuité, mort & ſepulture de Ie
fus Chriſt, d’autant que cela a esté
manifeſté à tous ceux qui l'ont voulu voir.
Mais il y en a d'autres , aufquels on ne croit
pas,finon auec grande difficulté, comme l'arti
cle de la Reſurrećtion : parce que nostre Sau
ueur ne s'eſt pas manifeſté à tous en general,
fed testibus duntaxat preordinatis, mais à ceux
que noſtre Seigneurauoit ordonnez pour estre
fidelles teſmoings de ce grand myſtere : ainſi
comme trefbien le declare monſieur S. Pierre
en l'epiſtre duiourd’huy, prinſe du fecond cha
pitre
D e P A s c v e s. 481
pitre des Aćtes: Hunc fastirauit Deusà martus,
cuius nos omnesteftes fumus. Ioinćt q ſe reſſuſci
ter foy-meſme est vne chofe qui excede toute
puiſſance naturelle. Et pourtất nostre Sauueur
eſtant refuſcité, pour en bailler preuue ſuffi,
fante,s'eſt plufieurs: tellement que
iceux non ſeulement par apres n'ont point re
uoqué en doubte qu'il ne fuſt vrayement ref
fuſcité en fon meſme corps qu'il auoit auant ſa
mort: mais auſſi en ont donné aux autres fidel,
le teſmoignage, à fin que perſonne n’ęust plus
occafion d'en douter aucunement, Mais entre
autres il s'eſtmanifeſté le meſme iour qu’il s'est
refuſcité,à deux pelerins,allans de Hieruſalem
en Emaus, leſquels estoyent fort marris de la
perſecution & du tort qu'on auoit faićt à Ieſus
Chriſtinnocent, comme il eſt,
cité en noſtre Buangiles par nonfieur S.Luc,
qui dit:Duo ex diſcipulis Hefa ibant ipſa die in sør
stellä nomiye Emaus.Deux des diſciples de Ieſus
alloyết ce meſmeiouren vn petit village nom
mé Emaus, lequel estoit loin de Hieruſalem
enuiron ſoixante stades. En cefainét Euapgile
eſt faićt mention en premier lieu cốment Ieſus
Christ s'est apparu à deux de fes diſciples, parr
lans & deuifans deluy en la voye. Secốdement
commentil leurinterpretoit les fainétes eſcrir
tures.Et finablement commentil s'est donné à
cognoiſtre & manifesté à eux en la fraćtion
du pain. Il eſt dićt au commencement de l'Er
uangile, que deux des diſciples fuen.
482 L E v L. V N D Y
s s, -
deuiſoyent entr'eux de toutes ces choſes qui
eſtoyent aduenues à leurbon Seigneur & mai
ftre.A l'exếple deſquels nous fommes inſtruits
quand nous cheminons en compagnie; que
nous deuons parler des choſes ſpirituelles &
gloire de Dieu,&pour l'edifica
tion des auditeurs. Comme nous enfeigne ce
granddoćteur S. Pierre: Si quis • 4"4/8,..pa...
fermones Dei : Si aucun parle, qu'il parle com
me les parolles de Dieu. Car la coustume des
deuotsperſonnages est d'auoir conference en
la voye des chofes bonnes pour releuer le la
beur & trauail du chemin : meſmes auſſi que
Ieſus Chriſta promis que:Vbi duo veltres cögre- Matt.rs. .
gatifuerint,in nomine meo,crc.là où deux ou trois
feront affemblez en fon nom, il fera au milieu
d'eux. Et pource que les deux diſciples deui
foyent entr'eux de toutes ces choſes qui estoyét
- Hh 3
486 ,, L E L V N D Y . *
finxit
D E F A s Q v e s. fot
finxit felongiusire.Approchant du village,à fça
- uoir les deux diſci
Ieſus , il feist femblant d'aller plus
loing.Ce que toutefois il n'a pas voulu,pour de
mőftrer par ceuure exterieure, qu'il estoit loing
& eſtrangier de leur foy.S. Augustinlib.de më
dacio ad Confentium cap.12.6 13.monſtre claire
ment que icy Ieſus Chriſtn'a point méty, Quia
prefigurabat quodpostea perfecit, dum
fettus est omnes cælos: & que c'eſt trefmal
faićt de colliger de ce paſſage qu'il eſtlicite au
cunefois de mentir, ou diſſimuler fareligion.
Car c’eſt vn erreur condamné par le Concile.
Il a faićt auſſi femblant d'aller plus loing,pour
nousenſeigner à l'exemple des deux diſciples,
de receuoir les pauures eſtrangiers,pelerins, &
paſſagers en nos maiſons, & leur faire miferi
corde,& les contraindre s'ils font difficiles.Car
telle mifericorde eſt à Ieſus Chriſtfaićte & ex
hibee: & paricelle, aucuns ont eſté plaiſans à
Dieu,& ont receu lesAnges en leurs logis.Mais
ces deux diſciples n'ont parles Anges: mais le
Roy des Anges, non ſeulement ils l'ont receu
en leurs maiſons exterieures : mais auſſi aux
maiſons de leur coeur interieurement. Coëge
runt illum,dicentes: Mane nobifcü domine, quoniã
adueſperastit,erinclinata est iam dies. Ils le con
traignirent par inſtantes & prie
res,difans auec grand' affećtion de coeur. Car
leur coeur estoittellement enflambé en l'amour
de Dieu,& illuminé en la foy par les paroles de
Ii 3
yo2 - , L E -L v N n y
Íefus Christ, qu'ilsne pouuoyent estreraſlafiez
& faoulez.Et pour mieux dire, en oyấnt fa pa
role , la faim & defir de l'ouyrife croiſſoit &
augmentoit. Pource ils ont propoſe & delibe
rédele mener auec eux, pour enſemble pren
dre le repas & le repos:pource ils ont dit: Ma
- ne nobistum,demeure auec nous. O petition &
demande falutaire, & par deflus toutes choſes
- vtile & neceſſaire ! Car quand noſtre Seigneur
demeure auec nous, il y demeure comme la
lumiere, illuminant noscoeurs , en decháffant
lestenebres de vice & de peché. Et comme le
pere qui confole les defolez; & comme la mere
efchauffe,nourrit,& fomente fes petits enfans:
comme le doćteur qui enſeigne à fes diſciples
choſes vtiles & falutaires: comme le prote
ćteur qui deffend des iniures: comme l'amy
communicant & faifant participation de tous
fes biens:& cőme le chef eflargiſſant à ſes mế
bres la vie de foy,d'eſperance,& de charité: &
comme la racine &vraye vigne eſpandant à fes
rameaux & brấches l'humeur de grace, les fai
fant florir en bonnes affećtions, & frućtifier en
bonnes æuures & fainctes operations. Pource
- mes amys prions Dieu parfa fainéte mifericor
de & par fon fainćt nom, qu’il vueille demeu
rer auec nous. Car le Soleil commence à s'ab
fcốfer,& le iour eftjà decliné. Et intrauit cum
illis.Il entre auec eux. Etfaċiä est dum recũberet
cum eis. Aduint que quand il eſtoit affis à table
auec eux,combiếqu'ils cuidoyết que ce fuſt vn
- pau
- d e P As Q_y * s. fo;
pauure pelerin» toutefois ilsne l'ont pas mis à
parti mais l'ont fait aſſeoir auec eux à la table,
Ce que les arrogans, ſuperbes & puillans du
mõde onten horreur & abomination. Mais at
tens vn peu,&tu verras que bien-heureux ſonr
les miſericordieux. Car pour vne petite miferi
corde,il en rendvne treſgrande. Accepit panem
f benediritaefegit, & ferrigebatilis;
pris
le pain à la il l'auoit prisà la cene,
& le benciſt, en proferant parolles de benedi
Étien,& lerompit, cốme prudent diſpenſateur,
& les diſciples pour celane murmurēt point à
l'encốtre de luy:pource que le pauure & eſtră
germanie le pain qu'ils deuoyent & vouloyent
mãger,& leur en bailloit. Et aperti funt oculi eo
rum & cognouerunt eum: Leurs yeux incontinent
furent ouuerts, c'eſt à dire,les yeux interieurs,
qui premieremét eſtoyentfermez, en ne le co
gnoiſſant,ils l'ont cogneu, quãd ils luy ont fait
mifericorde, & qu'ils l'ont contrainćt de de
meurer auec eux. Et par ce moyen illuminez en
la vraye foy & cognoiſſance de Dieu, & en
faiſant mifericorde, ils ont obtenu mifericor
de, laquelle a mué leurignorance en vraye co
gnoiſſance de Dieu. Et ipſe euanuit ab oculis eo
rum. Il s'euanouyt de leurs yeux. Ce qu'il a
faićt, à fin qu'ils fuffent plus enflambez en fon
amour, & que plus legieremét & foudainemét
ils annonçaffent aux autres diſciples les choſes
qu'ils auoyét veu & ouy.Mais que fignifie que
fi legeremét il s’eſuanouyt de leurs yeux,apres
* * - Ii 4
fo4 LE Lv NDÝ -
a esté cogneur car lors le deuisd'enſemble
euſt eſté ioyeux, recreatif, & eust apporté
plusgrädplaiſir que au parauant. Ie te reſpond
que feſus Chriſt eſtoit venu, & s'eſt apparu
aux diſciples, pour confirmer leurfoy, & non
pour delecter,allecher, & recreer la chair: le
quel euanoyement instruićt nostre foy , & nos
mæurs ciuiles. Car quandil s'euanouyt, cela
fignifie en partie que apres fa reſurrection il a
rins vn corps glorieux, & en partie que fon
oyaume n'est pas de ce monde. Item apres
qu'il a faićt ce qu'il auoit deliberé de faire, in
continent il s’euanouyt. Cela nous enfeigne
vne honeſteté ciuile,ắ fin que quãd quelqu’vn
aura faićtenuers les autres ce qu'il veut faire,
qu'il ne feiourne beaucoup,ains qu'il fe retire.
t dixerunt adinuicem:Nónne cor mostrum ardens
erat in nobis,dum loquereturin via, & aperiret 720
bis/tripturas ? Ils ont dit entre-eux, noſtre cæur
n'eſtoit-il point ardant en nous? nous donnant
à entendre que l'Eſcriture fainéte est l'organe
par lequel les auditeurs font enfiábez ar iar
deur du fainét Eſprit. Et furgentes eadem hora
regreſifuntin Hieruſalem: llsfe leuerent à ceſte
meſme heure,en laiffant la viande du corps. Et
l'heure tarde ne les a point retenus, ne le long
chemin, ne la cauſe pourquoy ils eſtoyent ve
nus à ce village. Car c'eſtoit le iour de bon
nes nouuelles. Et ils ſe leuerentà ceſte meſme
heure , & s'en retournerent en Hieruſalem
tres-vistement. L'affection plus les porte que
*. les
- - p * P As Q y ss. -, -- yoj
les pieds: il femble qu'ils vollent, & non pas
qu'ils cheminent. Carle iour estoit ià decliné
auát qu'ils euffent cogneu Ieſus Chriſt, & leur
falloit cheminerſoixante stades, pour raconter
ceste ioyeuſe nouuelle aux Apostres. Et inuene
runt congregatos vndecim, & eos qui cum illis erāt,
dicentes : quod furrexit Dominus verè,& apparuit
Simoni: Et ils trouuerent les vnze aſſemblez,&
ceux qui estoyent auec eux, difans:le Seigneur
est vrayement reſſuſcité, & s'est apparu à Si
mon. Et ipst narrabant quagestaerant in via, er
quomodo eum infattionepanis. Et ils
recitoyent les chofes qui auoyent esté faictes
en la voye , & comment ils l'auoyent cogneu
en la fraćtion & brifement du pain,non pascố
mun,mais celeſte & eucharistique, comme di
fent fainét Hieroſme, de peregrinatione Marie,
fainét Iean Chryſostome, de varijs locis in Mat
theum, fainét Augustin, cap.2.r.lib.3 de confenf,
Euangel. &Theophilaćte ce paſſage:cőbien
que Čaluin en fon Harmonie n'a point honte
de le nier, & dire qu'il ne s'en veut pas rappor
terà faînét Augustin. Et par leur relation les
Apostres fe font refiouys en nostre Seigneur,
ayans lieffe en leurs eſprits, donnans honneur,
loüấge & gloire à nostre Seigneur Ieſus Christ,
le nom duquel foit beneist, auec le Pere & le
fainét Eſprit.Amen.
*
Ii 5
5O6 –––––––1–– - -
DOCTRINE M O RA LE Po v R
*** L E F E E E R I Ni e HR e sir 1 E N F A 1 :
: - fant fà peregrination de ce pre- 3 :
av: toɔrº tuo; - - 3. ' ?
Cödition des –-
FE= HoºM ** = s; qui. veut
M H Chreſtien * asteur
* *
pelerins.
|tément faire ſon pelerinage de ce
|monde au pays & celeſte Paradis, il
È lluy conuient obſeruer les cốditions
es pelerins qui vont viſiter les lieux fainćts &
acrez. La premiere condition despelerins eſt,
que peuils fechargét de viures & de veſtemés.
Maisleurfuffitauoirleschofesneceſſairespour
parfaire leur Tels & ſemblables
doyuent estre les pelerins de Paradis, cóme dit
r.Tim. e.
S,Paul: Habentes alimenta,& quibus tegamur,his
contentifimus: Nous ayans la nourriture, & de
quoy puiſſions eſtre couuerts, foyonscốtens de
cela. Et faut noter que l'Apoſtre ne dit point
ayans les greniers pleins de bled, ou les feliers
pleins de vins, ou la bource pleine d'orou d'ar
gent: mais il dit: Nous ayans la nourriture:Ny
auſſiil ne dit point,ayans les robbes doublesou
fourrees,ſomptueuſes,ſuperflues,&precieuſes.
Mais, nous ayans dequoy nous puiſſions eſtre
couuerts, foyons contens de cela. Doncques
il ſuffit aux pelerins du ciel, qui tendent & af
pirent eternellement demeurer là, d'auoir la
nourriture & la vesture. Car tout ainfi que la
longue robbe & fuperflue empeſche le pele
rin à diligemment & legierement cheminer,
Oll
-- d e a p A so v R s. joj
ou pareillementgla trop grande charge de vi
uressiAinſi à propos quant aux biens tempor
rels; A la mienileyolonté que les auaricieux
vfuriers, rapinghrs, fymoniacles vendeurs des
facremens & achepreurs de benefices & poſlef.
feurs des biens eccleſiastiquess vouluſſentimº
primer en leurs cæurs & retenir ceſte admo
nition falutaire. I'ay opinion que s'ils y pen
foyentils ne feroyent tant affectionņez apres
leurs conuoitiſes & auarices. La ſeconde con
dition des pelerins de ce monde , c'eſt qu'ils
endurent beaucoup d'incommoditez, com- . . .
mefaim, froid,chaut, maladies: quelquefois
ils font deſpoiiillez parles larrons, brígans &
voleurs:aucunefois batus, iniuriez : & en tout
& par tout-il faut qu'ils prennent patience
pour l'amour & honneur de Dieu. Ainſi les
pelerins du ciel ont beaucoup à ſouffrit, en ce Aéř. r*.
monde,comme dit l'Apoſtre:Per multas tribula
tiones oportet nos intrare in regnum Dei: Par plu:
fieurs tribulatiốsil nous faut entrer au Royau
me de Dieu. Les bons en ce fiecle font per:
fecut ez & affligez : mais en tout & par tout
neceſſaire. Comme il est eſcriten zuelas.
ainćt Luc. In patientia vestrapaßidebitis animas * :
vestras, vouspoſfederez vosames en voſtre pa
tience. Doncques en parience il conuient at
tendre la bonté de Dieu, lequel nous fera mi
fericorde.La troifieſme condition des pelerins.
de ce monde, eſt de continuer & pourfuyure
leur chemin, Cars'ils s'arreſtoyết à vne chacu
ne
367 ; TE rv n p v . . . . .
tie cité,ờuen quelque bon logis,ou en vn cha
cun préverđoyant, ou fontaine d'eauë douce:
ou s’ils ſe vouloyent arresterfous chacun arbre i
fueillu au temps de l'eſté, iamais ils n'attein
droyent le but & firi Ainſi
les peletins du ciel doyuent diligemment con
tinủer le chemin de bonne & vertueufe vie
vne fois commencee. Car s'ils ſe vouloyent
arreſter aux delećtations du monde & de la
chair, iamais ils neparuiendroyent au Royau
me celeſte. Pource fainét Pierre ainſi nous en
,,r,,,.,, feignoitscharifimiobsterozostanquam aduena,
& peregrinos abstinere vos à canalibus deſideris,
que militant aduerfiu animã. Ievous ſupplie cő
me eſtrangiers & voyagers, abſtenez vous des
deſirs charnels,quibataillent contre l'ame. La
quatriefmecődition des pelerins de ce monde,
c’est qu'ils defirent leur pays, & penſent fou
uết & de leurs maiſons & de leurfamille.Ainſi
les pelerins du ciel ont merueilleux defir de
paruenir au pays celeste,& à la maiſon de leur
pere,en penfant fouuentà leurs parens & bons
amis qui font au Royaume de Paradis.Tel pe
lerin estoit Dauid,qui diſoit à nostre Seigneur:
*/"". Quam diletatabernacula tua Domine virtutum:
cöcupifcit & deficit anima mea inatria domini.Cor
meũ & caro mea exultauerunt in Deữ viuum:Sei
armees,cốbien font amiables tes ta
iernacles, moname fouhaitte & auſſi defaut
aprestes falles.Mon coeur & ma chair treſſail
lent de ioye apres le Dieu viuant.Et en vn au
' , tfC
nei cu D E P A s-ogy e s. P/sl. sz.
i nant
volabo & requiestam? Quime donneraaistescố
me à la colombe à fin que ie m’envolle,àfça
uoir au ciel, & queie me repoſe en la faincte
montaigne de Dieu?Ghoſefemblable diſoit S. Philiper.
diffalai&effecum Christo. I'ay defir
d'eſtre ſeparé du dorps&eſtre auec IeſusChrist,
La cinquieſme condition despelerinsest, qu’ils
fuyent mauuaiſes cõpaigniesstant qu’illeurest
poſſible pour les perils quis en peuuentenfuy
ure.Ainſi les pelerins durciel fuyent la compai
nie & familarité des mefchans,à fin qu’ils ņe
oyent faićts ſemblables à eux. Car comme dis P/al.r7.
Dauid: Cumperuerſa peruerteris. Auec lesper
uers, tu feras peruərty. Mais il y en afplu
fieurs qui ayment mieux enfuyure mauuaiſes
compaignies,& eſtre dấnez auec pluſieurs,que
d'enfuyure bonne compaignie,& estre ſauuez
auec peu des efleus. Voyla les bonnes condi
: tions des pelerins de ce preſent fiecle,à l'exem
ple deſquels les pelerins du ciel doyuent faire
femblables choſes pour paruenir au Royaume
de Paradis,lequel nous vueille donner le Pere,
le Fils & le fainćt Eſprir.Amen. . . . . . .
L E MARD Y D E ''
FEEFa. Onſieur Sainét Paul parlant de la
\ / mort & reſurrection de nostre Sei
|| |gneur diſoit': Tradid vobis imprimis i.arinit.,,.
| quod & accepiquod Christus mortuus
- - est
... saffd . . 1 s v 1. v N D v.v |
*** #propereatisnostris,e reſurrexit tertiadieſesun
dum| pturus; Íe vous ay enfeigné ce que
i'ay'entendu', c'estique fifús Gªhnſt est mort
& reffufcité letroffiefine iour fe
, , , , lớn les eſcritures: Puis pour produer la mef
* me chofe parvne autré inaniere de preūue sil
dit qu’apres fa reſurrestionibaeſté veu par S.
Pierre; parles vaze Apofiteseitans enſemble;
& puis par plus de cinq cens Chreſtiens affem
bleż: AĪouistimè autem vistia est, crimihi tanquam
abortiuv, te l'ayvèurnoybineſme en chair & en
os: inais ç’a eſté aprestaus les autres.»Nous
.*R...\, auons donc deux manieres de proutier la refur
rěction: l'vne est par les eſcritures, l'autre eft
pat fidellestefmoings. Quant pour la pre
imiereg nous auons des figures & propheties
aflez:lefquelles önt esté interpretees par mon
fieur fainct Augustin, fermo.i.de pastione Domi
mi , accommodant à ce propos l'hiſtoire de
Samfen prinfe du chapitre fezieſme des Iu
ifest dit, que Samſon entra en la mai
Hid'vnepaillardeen la ville de Gaza.Les Phi
listifis aduertis delcey pour le prendre & faire
* lendemain au marin mourir, ils enuironnerent
la maiſon où il estoit entré & fermerét les por
tes de la peurġu'il n’euft aucun moyen
de fortir & efchapper. Mais Samſon apres a
uoir dormy iufques à la minuićt s’est efueillé,
& s'en allant a prins les portes de la cité & les
. ***^* a empörtees fur vne haute montaigne. Que
fignifie cela? Veritablement ceste hiſtoire fe
* | roit
- : D E FA s'8 yÉs. frż
tölehdictie, siityätiöiềjugljiệräystệreća:
af deföủsistettié; Saifridone estai la fi:
: deirostreSaifứetit, lequel eſt eiſtrẻ emls
iảifoù d'vriepaiHarde:e'ef'äfçãườir la Synă:
gögre desiuifs & l'Egliſe des Genils, lëſ:
tiếlles äướyenfélté figureës parles dețixpaila
| 1ằrdes de Săloition. Öisestiil'endoriñý qủáńf
il agilaurélatförten lá eröik: & piśķesteỆ
Rfeillé à la minüjét; eestà fçauor, qiiandrstie
Helijöide répostie: E; s'est inoristré ført g-vè2
Ha férreoskörfegii,cötainedir Dauid Pflirtiół
&Éąfebreißisika Aèmvºstrilatonipa sºcii:
fö - Hềnfèr; & les á möittees if
ieste qui hag
źnstnim christu halinicipt di
uitatem Nous àtomsþáteHRnieñtà figurg
de foſeph, quiparenưiếadoit este vêndi þar
fesfretësáux rinaeliis pour l'eſpoir qu'ils
audzenrju’on ne parleroi máis delly. Mais
id:contraire, Dieu afziet queça éstệ lệínoyeri
parlequelila esté exaltéen Egypte, presăủoit
endur beaucoup de peine & de mal, Quest
gnifioitcela aurrëchöfe; fron que le yraỹIo
fepiſpatenuie feroit
ire & domestique ; & par les Iuifs liufé entre
Hesthäins de Pilare pou estre crucifiể, & pour
effacer la memoire de fon nom. Mais ils ont
esté bientrompez & frustrez de leur folle eſpe
ranée: 'Carpárlembyen de fa mort & paffiori,
'Deus exaltauitilii,& dedit illi nomen quod effi
romnenomen (cóinedit faina Paul, Philipz.)
« , »i:vs - Dieu
3I2. D v M A R d y, , . ----
- | _ */ - - Ioan. r. Gº r.
4. Il eſt au milieu cốme gouuerneur & condu- Heb.7.
éteur de ſon peuple. 5. Il eſt au milieu comme .i. a.
mediateur de Dieu & des hőmes, toufiours vi- Rem.s.
uant qui faićt requeſte pour nous. Icy nous faut'
noter que nostre Seigneur Ieſus Chriſt en tout testa chrip
& par tout,a tenu & tient le milieu. Premiere- a tenfeer:
ment en la Trinite,
de perfonne c'est
qui tient le lamilieu
moyenne & ſecon- e miliensi "
des perſonnes
en la diuinité. Carle pere l'engendre, le fils eſt
nay,le fainét Eſprit procede de tous deux. Se- '
condement il eſt nay à la minuićt. 3. Il eſt mis
par fa mere en la creche au milieu du boeuf &
1
de l’afne.4. Il est offertparfes au milieu ,
- , * K 2.
516 L E M A R D Y- - .
-
---- *
* -
faincts & ſacrez, & contre les feruiteurs & mi
niſtres de l'Egliſe de Dieu. Confideré donc
le diuin ſeruice & la reuerence diuine,laquel
Je au temps de paix est exercee , & le repos de
fon Egliſe. Et au contraire,au temps de guerre
les offenſes contre l'honneur de Dieu, de fon
Egliſe,& de ſes feruiteurs. L'eſtat Ecclefiaſti
que affeĜtueuſement doit defirer & prier pour
lebenefice de paix. Le fecond estat est de No
bleste : leſquels Nobles ſemblablement auec
l'Egliſe, fontinuitez à defirer la Baix. Carau
temps d'icelle ils viuent en grand repos & feli
- cité auec leurs femmes. Ils procreent des en
l'image de Dieu, „Ils augmentent leurs
richestes. Mais au contraire,autemps de guer
ze il faut prendre les armes fur le dos, fouuent
coucheraux champs furla dure.Pour les crain
, : : *- - ćtes
*
d = r a s ov = s. f13
stes nocturnes:il faut aller au feruice du Roy,
fouuent le feruir à leurs propres deſpens, en
durer chaut, froid, faim, ſoif, & pluſieurs au
tres incommoditez. Aucunefois ils font prins
par leurs ennemys, deſpouillez, defarmez , &
defmontez, menez en dure ferui
tude & miferable captiuité, mis à grande ran
çon, &pour leur deliurance, il conuient ven
dre rentes, feigneuries, & chaſteaux, dequoy
ils font appauuris, . En outre leurs maiſons &
chasteaux font faccagez , & aucunefois mis à
bas & ruynez. Leurs cens & reuenus par leurs
fubiects ne font payez, & fouuent il aduient
u'ils font meurtris & tuez en la guerre. Ce
les incommoditez que ſouffre l'estat de
Nobleſſe au tếps de la guerre.Partantie telaiſ
fe à penſer s'ils n'ont pas matiere&occafion de
procurer & defirer la paix. Le tiers estat eſt
des marchãds, laboureurs, & artizans,qui fem
blablemét doyuết defirerla paix, pour estre re
leuez d'vne infinité de griefues oppreſſions,
rapines,larrecins,forces,violences,battures,ef
forts, & autres maux qu'ils endurent au
de guerre. Paụuresmarchands n’oſent aller ſur
les chấps pour traffiquer leur marchandife Car
s'ilsfont trouuez, ils font deualifez, on leur
couppe la gorge. Les artizans prennent lesar
mes,aucunefois par force, pour aller à la bou
cherie, où ils ſont meurtris & tuez, dont leurs -*** i * i *
femmes demeurent veufues,& leurs enfansor . *****
**
d e Qy A s 1 M o D o. fr -
. . .– –– =
D E Q v A s 1 M o D o. 55
fpirituels. Il a donné vne fois le fainét Eſprit,
luy encores estant en la terre, pour nous enfei
gner que nous deuons aymer noſtre prochain.
Il l'a donné vne autrefois du ciel, pour nous
prouoquer à l'aymer. Quorum remiferitis pecca
taremittuntureis. Ceux aufquels vous pardon
nerez les pechez, ils leurs feront pardonnez, à
fçauoir par vertu diuine, laquelle ſeule effećti
uemēt remet les pechez, comme la cauſe prin
cipalle, en cooperant parla vertu des in
ftrumentallement. Ceux aufquels vous les re
tiendrez,c'eſtà dire,aufquels vous n'auez point
pardonné, pource qu'ils n'ont point vraye pe
nitence, & ne font dignes de l'abſolution, ny
d'obtenir indulgence, ils font retenus de Dieu
à leur damnation eternelle. Par ceste parolle
il demonstre comment & en quel vſage il
leur a donné le fainćt Eſprit, Certainernent
en remiſſion despechez, Carà celuy auquel ils Pſal.st.
font remis, il eltbien-heureux : Il a Dieu qui
luy fauoriſe,ila repos de conſcience, il never
ra point la mort, il poſledera la vie eternelle.
Voylà la puiſlance & auctorité des Apostres,
à laquelle nulle mondaine puistance ne peut
estre accomparagee. Meſmes S.: Iean Chryſo
ftome,lib.s.de Sacerdotio,conclud de ceſte puiſ
fance donnee aux Prestres parnostre Seigneur,
qu’ils font à preferer, non aux Roys
& Empereurs, mais auſſi aux Anges : d'autant
que Dieu n’a iamais dit aux Anges, Querum re
miferitis, &c. Quelle choſe plus ioyeufe peut
Mm 5
554 » D 1 MENcH E
eſtre ouye, & plus neceffaire à nous, que telle
puiſſance, parlaquelle aſſeurement nousnous
glorifionscontre le diable, en la confeſſion de
nostrefoy,quand nous difons:Ie croy que la re
miſſion despechez eſt en l'Egliſe Catholique
Dauấtage, cőbien que remettre les pechez foit.
le propre oeuure de Dieu, toutefois les Apo
stres auſfiremettétlespechez, non fimplement:
mais ils baillent & adminiſtrent les moyens
par leſquels Dieu remet les pechez. Leſquels
moyens ſont la parollerde Dieu, & les ſacre
mens de fon Egliſe:defquels moyens il est dićt
Matth. 2 s. en S.Matthieu: Ite,docete omnes gentes,baptiſan
tes eos innomine Patris, & Filj,& Spirituafančži.
Allez, enſeignez toutes gens, les baptifans au
nom du Pere, & du Fils,& du fainét Éſprit. Et
en ceſte parolle l'abſolution facerdotalle est
fondee, que nous difons ſacremét de penitếce:
: » ' commelil appert Par le meſme Chryſoſtome,
au lieu preallegué,difant,que Christus his verbis
in Apoštolos transfudit omnem potestatem quam à
patre accepit. Et fainćt Ambroiſe lib.i.depænit.
-2 & lib.side Spirituſančio;cap.19, S.Hierof
me in cap.16 Matth. Sainćt Baſile inregulis bre
uioribus questi288. & deuant eux Origene, hom.
2.in Lenit.&Tertullian lib, depænitent. Sainét
Gyprian strmo delapſis, & lib.z epist. Mais plus
apertement &roidement que tous, S. Augu
stin en pluſieurs paſſagesimais fpecialement de
adulterconnuh.cap.vltimo, epist. 18 a.&tratř.49tin
Jøannemsoù il reſpondàvne obiećtion de quel
? 11: '.', - ques
| - D E , Q y A s 1 M o D o. i5s
ques vns qui diſoyent,il ſuffit de ſe confefferà
Dieu: Ergo finecauſa clauesinstitute/unt in eccle
fia: & frustramus verba Christi. Thomas vnus ex
duodecim qui dicitur Dydimus nõ erat cum eis, quã
do venit Ieſus.Thomas vn des douze qui eſtap-,
pellé gemeau,n'eſtoitpoint auec eux quand Ie
fus veint.Il eſtappellé Dydimus, qui est vh mot
Grec, lequel eſt interpreté en Latin Geminus,
c'eſt à dire, Gemeau. Carila eſté doubteux en
la foy de la reſurrećtion de Ieſus Christ. Cela
n'a point eſté faict þar aduenture ou par cas
fortuit:ains par diſpenſation & prouidence di
uine : à fin que noſtre:Seigneur euft plus fou
uent occaſion de foy & demonſtrer
la verité de fa reſurrećtion;&à fin que le difci
ple doubtant quand en ſon maiſtre il touchoit.
les playes de fa chair", il guarist en nous les
playes d’infidelité, comme dit fainct Gregoi
re.Les autres diſciples luy dirét: Vidimus domi
nam,nous auons veu le Seigneur. Ils commu
niquent à Thomasła ioye qu'ils ont receuë par
l'apparition de noſtre Seigneur.Ce qui est pro
pre à vraye charité. Nous auons veu le Sei
S'enfuyt la pertinacité de Thomas qui
eur dit: Nist videro fixuram clauorum in manibus,
fuả có mittam digitum meum in locum clauorum,
& mittam manum meam inlatus eius,non credamp
Siie ne voy la perfure des cloux en fes mains,
& mette mon doigt au lieu des cloux ,& met
tema main en ſon costé , ie ne croiray point,
qu'il foit reſſuſcité ; & veritablement apparu à
* * *, VOUS,
d1ME NcH e ,^
|- i i Ieſus
DE Q_y A s 1 M o D o. ~ 559
Ieſus Chriſt,& de Ion Egliſe,euſteſté vaiſſeau
eſleu, pour l'exaltation de la gloire de Ieſus
Chriſt : & toutefois l'vn & l'autre eſt aduenu.
- Donc de nul ne fe faut defeſperer, tant qu'il
vit en ce monde. Deux choſes font aduenues
à Thomas, outre fon eſperance. Car il voit Ie
fus Chriſt veritablement reflufcité, il oyoit ce
dequoy premierement il doutoit: pource il le
confeſle Seigneur & Dieu. Seigneur, car il a
furmonté la mort. Dieu, car il fçait & co
gnoiſt toutes choſes. Il l'appelle fon Seigneur
& fon Dieu : car ce n'eſt pas aſſez de croire
qu’il eſt Seigneur & Dieu, finon que tu croye
qu’il eſt ton Seigneur & ton Dieu », c'eſt à di
re , que tu croye en luy, & que tu ayes bonne
& ferme fiance en luy, & que tu eſperc toute
bonne choſe de luy: Et Ieſus luy dit: Quiavi
dišti me, Thoma,credidisti:Pourtant que tu m'as
veu, Thomas, tu as creu. Il ne dit pas, pource
que tu m'as touché,tuas creu. Beati qui nõ vide
runt, & crediderunt.Bien-heureux font ceux qui
ne l'ont pas veu & ont creu. Tacitement no
ftre Seigneur predićt la vocation de nous au
tres, qui iadis eſtions Gentils, & maintenãt par
la grace de Dieu,Chreſtiens.Comme difant,ce
que tu n'as pas creu, fera occaſion aux autres
de croire. Carles Gentils croiront ma refurre
ćtion , laquelle toutefois ils n’ont pas veu de
uant leurs yeux : parquoy tant plus feront-ils
heureux, que moins ils auront veu. Ceſte pa
rolle grandement nous confole, à fçauoir, que
- :* . '-- CC llX
56 o D I M E N C H E v
-, -, Oo
578 1 r. d 1 M E N c H e ..
yeux & ne voyent point, ils ont des oreilles &
n'entendent point. Tels font les mercenaires
en l'Eglife, qui ne cerchent pas les brebis,ains
les biens des brebis: leur propre profit & par
ticulier gain temporel : le laićt pour grafie
ment & delicieuſement eſtre nourris : la laine
pour pompeuſement eſtre vestus : leshonneurs
aux marchez les falutations & les premiers fie
ges aux affemblees. Videt lupum venientem : il
voit le loup venir, & le peril eminent, il fçait
quel dommage fait la faulfe doćtrine, il voir
pluſieurs damnablement pecher , il le fçait,
ille voit, il le cognoist: & toutefois il ſe taiſt.
Il voit le loup venir, aflauoir, l'heretique qui
veut ſubuertir la foy, femer erreurs, feduire
vrlo les coeurs des innocens par faux blaſons &
douces parolles, & par icelles induire & pro
? : uoquer aux Car le loup ſelon les cődi
: tions repreſente l'heretique par pluſieurs rai
ar Égni fons.Premierement,le loup eſt vn animalplein
' . fueilles
. pour- de tromperie, il Et quand il n'est
des arbres. rameaux &
pas veu,
fubitementil faute & fe rue fus la brebis. Ainſi
l'heretique fe cache fous les fueilles d'hypo
crifie & de fićtion , pour plus facilement dece
uoir, quandofa malice ett couuerte. Et fous, la
couuerture de fainéteté il exerce les oeuures
« non de charité, mais de charnalité, deſquels
*** 7., parle noſtre Seigneur, diſant i Attendite à falsts
: rni&» prophetis qui veniunt ad vos investimentis outum,
intusantem fant lupi rapaces: A fructibus eorum Co
g; / } gnoſce
APR Es P As Q y E s. f79
gnoſcetảeos. Donnez vous garde des faux pro -
hetes qui viennent à vous en veſtement de
: mais par dedans font loups rauiſſans,
vous les cognoiſtrez par leurs fruicts.Seconde
ment le loup eſt vn animal goulu, gourmand,
glouton. Car fi de nuict il entre en l'eſtable.
des brebis il ne luy ſuffit pas pour fatisfaire à fa,
voracité & gourmandıfe tuer vne brebis pour
remplir fon vếtre mais aufli il en tue pluſieurs,
lefquelles il laiſle mortes. Ainſi l'heretique.
n'eſt pas content de tuer l'ame d'vn Chreſtien,
mai par ſa fautie &erronee doćtrine,il tue tous,
les Chrestiens qu’il peut, comme l'experience,
a demonttré & iournellement demonstre en:
noſtre lamentable & deplotable temps. Tels
loups n’eſchaperont pas le iugement de Dieu:
teſmoignant le pſalmiste Royal Dauid : les
operateurs d'iniquité,qui deuorant plebem meam.P/al. 13.
ficut estampanis,qui deuorent mố peuple Com-,
| -* Pp 2 -
596 I I I. D I M E N C H E
bles à la fem- es ne peuuent plus COII1II lOCl CÍIl CInt CitIC a C-,
- In
6o4 1 1 1. d 1 M e N c H e
Infex tribulationibusliberabit te,& infeptima non
tanget te malum:En fix tribulations tu feras de
liuré, & le mal ne te touchera point en la fe
ptiefme.Par fix tribulations,il entend toutesles
afflićtions de ce monde, qui en fixiours a eſté
creé:mais par la feptiefme est entendu la mort,
en laquelle mort triple mal touche les meſ
Triple mai chans. Premierement horreur, peur & frayeur
touche te, des diables. Secondement honte de compa
mesthant à roistre deuant la face du iuge eſpouuentable.
****** Tiercement douleur de corps & afflićtion d'eſ
prit, à cauſe de la perpetuelle damnation. Nul
de tels maux ne touche les bons. Car premie
rement ils n’ont point crainte des diables: veu
qu'ils ont Dieu qui les conduit , comme leur
guide,chef &capitaine.Secondement ils n’ont
point honte de comparoistre au iugement de
Dieu : veu qu'ils ont Ieſus Chriſt qui eſt leur
| aduocat & patron enuers le pere celeſte. Tier
cement ils ne fentiront point la douleur de
damnation:veủ qu'ils auront Ieſus Chriſt qui
est leur redempteur, & qui franchement les
mettra en parfaicte & entiere liberté : Mulier
cùm parit,tristitiã habet, quia venit hora eiu:Cùm
autempeperit puerum tam nõ meminitpreſſurepro
ergaudiữ quia natus est homo in mũdum. Quád
** Í *"* la femme enfante elle a triſteſſe, pourtant que
?"
rezrzez2 #
":"
s e
fonheure est venüe: mais quand elle a enfanté
fon, s vn enfant,il ne luv ſouuient plus de la douleur
pºur1uy pour la ioye qu’elle a qu'vn homme eſt nay au
monde. Mais elle fe refiouyt. Premierement
- - à cauſe
- A p R e s p a s Q v e s. 6o5
à cauſe qu'elle a engendré vn enfant.Seconde
mét à cauſe qu'elle a euadé & efchappé le pe
ril & danger de la mort. Tiercement pource
qu'elle a enfanté l'heritier de fes biens & la
beurs. Comme à la natiuité de Sainćt lean
Baptiſte pluſieurs s'efiouyrent, & grande ioye Prow,2 t,
fut au pere. Carcomme il est eſcrit: Exultahit
gaudio pateriušti, le pere du iuste fautera de
ioye. Et qui a engendré vn fage s'efiouyra en Gene.2 r.,
iceluy. Comme Abraham qui en la parabole re
ceut ſon fils:pource il l'appella Iſaac: c'est à di
re,ris ou ioye. Et Sara ſa mere dift, Dieu m’a
faićt rire: tous ceux qui l'ouyront riront auec
moy : Car Dieu a rendu & faićt ceste miferi
corde admirable en moy. Semblablement
uand le fauueur de l'humain lignage fuſt nay,
& ſacree mere s’efiouyt d'vne ioye
pleine de loüange.Pareillement les paranym-
phes celestes par grande ioye chanterent &
annoncerent la ioyeuſe natiuité du tref-haut
& puiſſant fils de Dieu fouuerain. Nostre .
Seigneur pourfuyuant fa fimilitude & com
paraiſon, dit: Et vos igitur nunc quidem tristitiam
habetis,iterum autem videbo vos: vous donc au
maintenant auez triſteſſe, mais de rechef ie
vous verray.Carapres marefurrećtion & aſcé
fion, ie me monſtreray viſiblement au royau
me des cieux,où vous verrez ma reſplendiſſan
te clairté,commeie ſuis face à face: Et gaudebit 1.petr.r.
cor vestrum : & voſtre coeur s'estouyra d'vne
ioye inenarrable & glorifiée, Ilya sani; dif
Cren
6o6 * I I I. D I M E N C H E
*
6 I2 II I I. D I-M E N C H E
- t1TC.«
- A P R e s P As Q v e s. 617
tiré. Il nous eſt beaucoup plus proffitable: car
autrement les Apoſtres eullent toufiours eſté
en doute en fa prefence viſible, & iamais ne fe
fuffent eſueillez & eſleuez aux choſes plus hau
tes & excellentes.Partant diſoit Ieſus Chriſt: Il Il estoit expe
vous est expediét que ie m’en aille par ma paf: diēt que Ieſus
(hrist s'en al
fion,reſurrećtiő,& aſcenſion. Premierement,il last à ſon pe
est expediết que ie ſouffre.Car par ce moyen ie re, G pour
fatisferay pour voſtre peché & offenfe. Secon quoy.
dement,ilvous eſt expedient que ie meure.Car
par ma mort voſtre mort fera morte. Tierce
ment, il eſt expedient que i'eſpande mon fang,
Car ainfi ie vous reconcilieray auec mon pe
re, & le vous rendray propice, miſericordieux,
& fauorable. Quartement,il vouseſt expediết
que ie retourne à mon pere, pour aſſiſter đe
uất ſa face, & pour estre enuers luy vostre me
diateur & aduocat, pour plaidoyer & defen
dre voſtre cauſe.Cinquiefmemết,il vouseſt ex- Ioan.
Hebr.º.
2«
pedient que parma paſſion ie vous impetre la
miſſion du faînét Eſprit. Sixiefmement,il vous e
eſt expedient que ie monte és cieux,pour vous
monſtrer le chemin , & vous ouurir la porte
d'iceux,laquelle eſtoit fermee.Septiefmemết,il
estoit expedient aux Apoſtres que noſtre Sei
gneur retiraſt ſa preſence viſible & corporel
le.Car quand ils levoyoyent corporellemét,ils
ne cerchoyent & eſperoyent en luy que chofes
temporelles & corporelles , & entendoyent
que toutes fes promeſſes deuoyent estre ac
complies corporellement, charnellement, &
Q_G i
618 . I I Î I. D I M E N C H É -
|
-
·
| "
. .
a oſté fa preſence corporelle & viſible, ils ont
, apprins que le Royaume de Chriſt n'eſtoit
" pas de ce monde, & que toutes fes promeſſes
eſtoyent ſpirituelles pource en mefprifant tou
. tes chofesterriennes,ilsaimoyết les chofes fpi
rituelles, & du tout defiroyết les biens eternels
& celestes.Huićtiefmement,il estoit expedient
que Ieſus Chriſt fe retiraft au ciel : car autre
ment il euft eſté veu ſeulement en Iudee, & de
eu de gens: mais maintenant il eſt preſent à
******. tous, comme il nousa promis. Ecce ego vobif
cumfum omnibus diebus vſquead confirmmationem
feculi. Voicy ie fuisauec vous en tout temps,
iuſques à la conſommation du monde. Fina
blementicy nous ſommes inſtruićts que noſtre
Seigneur aucunefois ofte aux fiens ce qu’ils ay
ment,ou en qui ils fe fient.Cőme les enfans,les
. biens,lesamis,la fanté corporelle, ou proſperi
* té temporelle. Aufquels expedient qu'ils
foyết priuez de telles choſes,à fin qu'ils appré
nent d’aymer Dieu, eſperer & fe fier en Dieu:
car poſſible qu'ils de telles chofes
en mal. Pource nul ne foit marri ou doulent fi
| Dieu luy oste ce que trop ilayme:car il le faićt
pour fon proffit & falut. Nistabiero, paracletus
non veniet ad vos. Si ie ne m’en vay,le confola
teur ne viếdra pas: non pas qu’il faille entendre
que la prefence corporelle de Ieſus Chriſtem
- peſchaft
A p R e s p a s Q v e s. 619
þeſchaft la prefence du fainét Eſprit. Car pre- za prstnie
mierement comme empeſcheroit la fainčte, "'" Ieſus Chrisë
:
precieuſe & treſſacree
- - *
.*
CeIte
624 1 I 1 1. d1 M ENc H E
ceste cauſe a remarqué que per antonomastam :
l'eſcriture entend infidelité par le nom de pe
ché: alleguant ce paſſage pour exemple.Si non
veniffem & locutus eis non fuiffem peccatum nã ha
berent,idest,infidelitatem.Et pourtăt le fens de ce
lieu icy eſt tel: Arguet mundum de peccato. Le
fainét Eſprit conuaincra le monde d'infideli
té, & luy monſtrera manifeſtement qu'il a eſté
infidelle. Icy nous faut noter que c’eſt autre
Differëte en choſe croire Ieſus Chriſt, à Ieſus Chriſt , & en
tre croire Ie
fus Christ à Ieſus Chriſt,comme dit fainét Auguſtin, trači.
Ieſus Christ, 29.in Ioan.cr fermo.24.lib.3.de verbis Domini,6
69 en Ieſus homil. i o.in can.1.Ioan. Premierement, croire Ie
Christ. fus Chriſt, c'eſt croire qu'il eſt fils de Dieu, &
fils de l'homme, & qu'il fauuera tous ceux qui
obeyrőt à ſes commandemens. Secondement,
croire à Ieſus Chriſt, c'est croire à toutes les
choſes qu'il a dićtes, & qu'il a reuelees aux
fainćtes eſcritures. Finablement, croire en Ie
fus Chriſt,c'est en croyất l'aymer,eſperer,& du
tout en luy ſe fier,l'adorer,prier, craindre. Et fi
nous defirons eſtre fauuez, il nous faut auoir
ces trois chofes. Croire Dieu, à Dieu , & en
Dieu. Et de iustitia mea,/cilicet. Et de ma iufti
ce, c'eſtà dire, il prouuera manifeſtement au
monde que ie fuis iuste., Pourquoy ? Car ie
Rom.ro.
m’en vay à mon pere. Le fainét Eſprit repren
dra le monde de la iuſtice , bonté, & fainćtetê
de Ieſus Chriſt, laquelle ils n'ont pas acceptee
ny enfuyuie: combien qu'elle foit par parolles
veritables , & par ceuures miraculeuſes. Ou
bien
A P R E s P A s Q y e s. 625
bien le fainćt Eſprit reprendrale monde de iu
stice, c’eſt à dire, il condamnera la iuſtice du
monde. Car les Iuifs fe promettoyent iuſtice,
c'eſt à dire, iuſtificationpar les oeuures de la
loy.les Gentils par les vertus moralles. Mais le
fainét Eſprit condamne la iustice des Iuifs &
des Gentils. Non pas que ce foit chofe mau
uaiſe feruir aux ceuures de la loy, ny aux ver
tus moralles; mais pource que ny la loy, ny les
vertus ne iuſtifient point deuất Dieu,ſans la iu
stice de fon fils Ieſus Chriſt. Car fi telle iuſti
ce nous pouuoit faire iuſtes, nous n’euſſions
pas eu beſoing de Ieſus Chriſt , comme dit
fainét Paul: Siper legem iustitia,ergo gratis mor- Galat. e.
tuu est Christus. Si la iustice estoit par la loy,
doncques Ieſus Christ eſt mort pour neant, &
en vain. Et pource il dit: Quja vado ad patrem:
carie m’en vay à mon pere,comme diſant: Ma
iuſtice peut penetrer le ciel, & hardiment con
fifter & s'arreſter deuant Dieu. Ce que ne peut
faire nulle autre iustice. Doncques il demon
ftre que la vraye iustice par laquelle nous fom
mes iustifiez, c’est que Ieſus Chriſt eſt allé à
fon pere, c'est à dire, que fa paſſion & reſurre
ction est nostre iustification. Traditu est pro-Rºm.“
pterdelitta nofira,ớ refurrexitpropteriuštificatio
nem nostram. Il eſt mort pour nos pechez, il eſt
reſſuſcité pour noſtre iustification, De iudicio
autem, quiaprinceps huius mundi iam iudicatus est,
Et de iugemét, pource que le prince de ce mő
de eſt ja iugé. Comme difant: Si Dieu en fes
- R r
626 I I I I. D I M E N C H E
*
iuſtesiugemés a iugé, condamné, & damné les
Anges pechấs:pareillementil iugera, condam
nera, & damnera les pecheurs incredulles &
impenitens. O grand aueuglement, digne de
grande reprehenſion ! Car fi le prince, capi
taine & chef des mefchans eſt ja iugé, fembla
blement feront iugez les membres d'iceluy,
& enuoyez aux flammes infernalles. Adhuc
habeo multa vobis dicere,fed nõ potestis pertaremo
do. Ie vous ay à dire encore pluſieurs chofes:
mais vous ne les pouuez porter maintenant.
Car les Apoſtres auoyent oublié pluſieurs cho
fes.Ils n'entendoyent pas droićtement ne clai
rement pluſieurs choſes que Ieſus Chriſt leur
auoit dit obſcurement, & par paraboles. A ce
fte cauſe le fainét Eſprit leur estoit neceſſaire,
our leur reduire en memoire les choſes ou
liees, & leur declarer les chofes non droićte
ment entendues, & rendre le vray fens & in
telligence aux chofes obſcures. Par là nous
fommes inſtruićts, que fans le fainćt Eſprit
nous ne pouuons entendre les facrees & fain
ćtes eſcritures. Les Apoſtres auoyent ouy pref
cher Ieſus Chriſt pluſieurs fois , encores ne
fçauoyent-ils pas que fon regne eſtoit ſpirituel,
que l'Euangile feroit par eux prefché aux Bar
bares,Gếtils & idolatres. Encores ne fçauoyent
ils pas que la croix fuſt la voye pour paruenir
à la gloire,& que la foy fuſt la vraye iuſtice. Ils
ne ſçauoyent pas que la grande fapience de ce
monde estoit grấde folie deuant Dieu, ny auſſi
COII11Il Cint
A P R E s p A s Q y e s. 627
comment,pour quelle cauſe,& par quelle ba
taille le diable feroit vaincu & condamné. Il
faudroit dire encores beaucoup de chofes:
mais vous ne les pouuez porter maintenant.
Car vous n'eſtes pas encores renouuellez par
le fainćt Eſprit.Et meſme que vous eſtes plains
de trifteffe,pastiős vehementes, leſquelles em
peſchết l'aćte de raiſon:Cum autem veneritſhiri
tuille veritatis,docebit vos omnẽ veritatem. Mais
quand ceſt eſprit de verité fera venu, il vous
enſeignera toute verité. Noſtre Seigneur at
tribue pluſieurs excellens & nobles titres au
fainct Eſprit : par leſquels on peut cognoiltre
qu'il eſt vray Dieu. Car Dieu feul peut con-
foler parfaićtement , & feul enfeigner verita
blement.Il vous enfeignera route verité neceſ. Estris
faire pour voſtre falut: à fçauoir parvne inte
rieure inſpiration,par laquelle vous fçaurez & „
preſcherez les chofes.Premierement qu'il faut
croire: comme les articles de la foy , leſquels
font vne principalle verité,laquelle vn chacun
Chreſtien doit croire indubitablement.Secon
dement le S. Eſprit vous enfeignera les cho
fes qu'il faut faire, comme le decalogue, c'eſt
à dire,les commandemens de la loy, eſquels vn
chacun (parfa grace) doit accomplir & croire.
Tiercement ce qu'il faut fuyr, comme peché,
lequel eſt le pere de la mort, qui par fon glai
ue ineuitable a tué & meurtry tous nos prede
ceſſeurs,& qui par ſa fureur horrible fera mou
rir tous les viuans de la terre, & tous leurs ſuc
Rr 2
628 II I I. D I M E NC H E
ceſſeurs. Pource vn chacun doit bien craindre
peché qui est le pere de la mort : à grande dif
ficulté le larron entreroit dans la maiſon pour
defrober,s'ilfçauoit y estre apprehendé,& puis
condamné à la mort. Quartement le S.Efprit
vous apprendra les chofes qu'il faut craindre:
comme le redoutable,terrible, & eſpouuènta- -
* ** A p R e s P As Q y e s. 629
İle me clarificabit. Cestuy-là me glorifiera aux
cæurs des fidellesparvoſtre predication, & par
vous, il annoncera ma douloreuſe paſſion, vi
đorieuſe reſurrećtion, & glorieuſe aſcenſion,
contrele monde,peché,la mort, Sathan, & les
enfers.Il me par les miracles que vous
ferez, par la vertu & inuocation de mon nom.
Et par Ë on cognoistra que i'ay toute puiſſance
tant au ciel qu’en la terre: Quia de meo accipiet
& annunciabit vobis.Car il prendra du mien, &
levousannoncera, Car premierementie fuis
le verbe & la parole de Dieu.Doncques il pré
dra du mien.Secondement il prendra du mien:
c'eſtà dire,de ce qui eſt eſcrit de moy en la loy,
aux pſalmes,& aux Prophetes.Prions ce grand oraifon.
& fainét Eſprit de verité, qui procede du Pere
& du Fils,qui eſt la meſme verité eſſentielle &
eternelle, laquelle eternellement ne peut mế
tir, qu'il luy plaiſe nous enfeigner toute verité He*.º.
Catholique, nous donner la grâce de ne tom
beren erreur & herefie damnable: ains de per
feuerer en fa fainéte foy, à fin que tous d'vn
cæur & d’vne bouche,nous le puiſſions adorer,
donner honneur,loüange & ceux qui
font tombez & defuoyez, les recueillir en la
congregation des fidelles, & reduire en la co-
de Dieu, de la verité, & de leur fa
ut, à fin que par l'illumination du S. Eſprit,
nous foyons finablement conduićts & guidez
au pays & celeste paradis.Amen. . . : ?
* - " Rr 3 · : :
6;o
D IM Ę N C H E CINQ y I ES ME
A p R Es p a soy e s. -
reexauce & oćtroye, 2.Car le fils a osté la cau- de fon Fils, 69°
fe pour laquelle le Pere nous estoitinexorable, pourquoy,
à peché, lequel empeſchoit nos orai-Iºani.
fons. Et en oſtant peché il a faict nostre appoin- ***, **
tement,vraye concorde & alliance auec le Pe- - , :, :
s
que Ieſus Chriſt felon la nature humaine prie
pour nous: toutefois comme Dieu il ne prie
pas pour nous : mais auec le pere & le Sainćt
Eſprit, il exauce nos prieres , & nous donne
les choſes iuſtement demandees. Ce que les
Apostres ont cogneuprincipallement apres la
miſſion & reception du fainćt Eſprit. Tierce
ment ou bien cela fe peut entendre qu'il ne
fera pas neceſſaire que le Seigneur Ieſus prie
pour les Sainćts qui feront, viuront, & re
'gneront auec luy en la felicité & beatitude
eternelle: car en icelle n'y a point d'indigence
ny neceſſité:Ipfe enim pateramat vos. pe
* re vous ayme. O parolle de grande conſola
tion, le pere vous ayme. Quelle choſe plus
grande nous pourroit aduenir ? Il femble estre
treſgrande choſe d'eſtre aymé des Princes &
des grands Seigneurs. Toutefois le pfalmo
Pſal.uz graphe nous enfeigne & preſche : Nolite confi
dere in principibus, &c. Ne vous fiez pas aux
Princes ny aux enfans des il
n’y a point de falut.Bien heureux est celuy que
Dieu ayme: Quia vos me amastis & credidistis,
Grc.La cauſe pourquoy le pere nous ayme, c’eſt
„pource que nous aymons fon fils & que nous
: croyős en luy:Voyła łeferuice au pere plaiſant
pere. & aggreable:à fçauoir aymer fon fils, & croire
en luy. Si donc le pere nous ayme pource que.
nous aymons ſon fils, il s'enfuit que ceux qui
n'aymét pas le fils,lepere ne les ayme pasauffi.
O amour ineſtimable ! Nostre bon Dieu &
-
A p R E s p a s Q y e s. 653
pere createur nous a donné le monde, & tou
tes les choſes qui font en luy, il nous a donné Amour ines.
les Anges en miniſtere:Sic Deus dilexit mundum tarable du
vifiliumfuum vnigenitumdaret, &c. Dieu a tant! celeste
aymé le monde, qu’il a donné fon fils vnique, 2:a f27*
nonpas pour iuger le mondermais à fin que le het.r.
monde par luy foit fauué. Il nous a donné fon Ioan.s.
fils pour estre compaignon de nostre peregri
nation, & feruiteur pour nous feruir en vian
de de refećtion,en prix deredemption, en prix
de labeur: mais à mieux dire, il nous a donné
1.Cor. 9.
touteschofes en luy & auecques luy. Et luy
meſme s'eſt faićt toutes choſes à tous. Autre
raiſon pourquoy le pere nous ayme, & la foy
comme il dit: Et quia credidistis,quia à Deo exiui,
parce que vousauez creu que ie fuisistu du pe
re. Ilioinćt & accouple enſemble charité &
lafoy, car foy & charité font deux vertus ex Charité pre
cede la foy.
cellentes & aggreables à Dieu. Il met charité S pourquoy.
deuant que la foy. Car premierement charité
est plus grande que la foy.Secondement pour
ce que la foy fans charité est morte & infru
étueuſe:Ewiui à patre crveni in mundum. Ie fuis
illudu pere en prenant chair humaine & for
me de feruiteur,& fuis venu au monde: Iterum
relinquo mundum & vado ad patrem. Derechef
ielaille le monde par ma paffion, & par ma
prefence corporelle & viſible. Et ievay au
pere pour receuοir honneur & gloire. Toute
foisIeſus Christ n'a pastellement laiſſé le mő
de qu'il ne foitauecques nous par fa preſence
" . - corpo
6;4 v. d1M ENcHe
corporelle au fainét Sacrement.Ceux qui font
mortellemét naurez des erreurs ſchiſmatiques
veulent fi eſtroićtement attacher le corps de
Ieſus Christ au ciel, qu'il ne puitſe eſtre en au
* tre lieu.Mais les Catholiques indubitablement
croyent que le corps de lefus Chriſt eſtant çà
bas au fainét Sacrement par vertu diuine,puiſ
fance infinie & felon ſon bon plaifir,il eſt fem
blablement & en vn meſme inſtant au ciel &
à la dextre de Dieu le pere. Ainſi l'ont creu
ceux de la primitiue Eglife, comme il appert
par ce que dit fainét Iean Chryſoſtome lib.3. de
facerdotio.O miraculum! Qui furfum fedet ad dex
terampatris, ſacrifici tamẽ tempore hominum ma
nibus continetur. Auffinous croyons qu'il eſt au
ciel fans l'enclorre ny enfermer qu'il ne foit
auffi en la terre. Voyez en nostre liure des
fainćtsSacremens en l'article de l'euchariſtie
chapitre feize. Ses diſciples luy difent : Ecce
nunc palam loqueris & prouerbium nullum dicir:
Nunc/cimus quiastis omnia: Voicy maintenant
tu parles apertement, & ne dis aucun prouer-
be,maintenant nous fçauons & croyős que tu
fçais toutes chofes : ce qui appartient à Dieu
feul, auquel ſeul tous les threfors de la fapiếce
Re”.º. diuine font & abondent. Il cognoiſtles coeurs
de tous les enfans des hommes, les yeux du
quel font plus reluyfans que le Soleil. Car ils
voyent toutes les voyes des hommes, les pro
fonds des abyſmes, & penetrent la profondité
despenfees,cognoiſſent toutes creatures auant
qu'el
A p R E s p A s Q v E s. 655
qu'elles fuffent creées. Et non opus tibi vt quiste
interroget. Et n’eſt pas de beſoing que aucun
t'interrogue. Car auất que t'interroguer,tu co
gnois quelle chofe on te veut demander. Non ****
estvlla creatura inuiſibilis in confþettu eius, &c. II
n'y a aucune creature inuiſible deuất luy.Tou
teschofes font nues & deſcouuertesà fes yeux.
Finablement , ils confeffent la diuine & eter
nelle generation: par laquelle le Pere eternel
lement engendre le Fils,difant:In hoc credimus, Ioan.s.
quia à Deo existi:Nous croyons en cela,car tu es
ilfu de Dieu. Quj croit auffi, il n’est pas iugé:
maisila vie eternelle. Prions noſtre Dieu eter- ºr*/""·
nel,tout-puistant, & immortel, qui nous a pro
mis,que par l'inuocation de fon fainćt nom, le
Pere celeſte exaucera nos prieres, leſquelles
nous luy preſenterons, luy plaiſe continuelle
ment augmenter en nous la grace de fon fainét
Eſprit,à fin que par deuots fuffrages d'oraiſons,
vers Dieu & les Saincts,nous puiſſions obtenir
remiſſion de nos pechez paſſez, preferuation
despechez aduenir , augmentation en vertu,
en bonnes oeuures, que nostre vie
ſoit à l'honneur, loüange, & gloire de noſtre
Seigneur,à l'edification de nos prochains,falut
& remede de nos ames. Noſtre Dieu par fa
bonté nous doint à tous la grace, que finable
ment nous foyons fauuez.Amen.
LE
656 - - - -
|| | | ||
| || Deux const
tous les Euangeliſtes qui recitent le comman
derations re dement de Dieu pour prier. Icy nous deuons
- , noter deux confiderations requiſes, leſquelles
ies doinent doyuent preceder noſtre oraiſon. La premiere
-
| |
–– – – –
682 Q_y A T R 1 E s M E I o v R
troischofes,foy,eſperance,& charité. Et la plus
grande d'icelles eſt charité. Et pource que tout
s'abolit,& perit,fors charité,& que charitas nã
quam excidit, charité ne defchet iamais, & que
feule charité accompaigne les morts,& que les
eſprits des morts en |autre fiecle font plus puiſ
fans,& de penſee plus purs & plus
prochains vers Dieu, & en charité plus par
faićts, il faut conclurre auec fainćt Hieroſme
contra Vigilantium, qu'ils defirent & priét Dieu
uriai."* nous paruenions en leur ſocieté & com
, , à fin d'eſtre auec eux participans de la
/ „a beatitude eternelle.Si quis mihi ministrauerit,ho R
9'f4/72 norificabit ettm pater 77362446 qui in calis est. Si aucun
yeza ey"ág-
LE I O v R D E L'A S C EN S I O N.
FEāS N dit communement que Victoriā fe
quitur triumphus. Vne perſonne apres
SS-4 jauoireu vićtoire de fes ennemis,a cou-
ftume de triompher, c'est à dire, estre exalté &
honoré d'vn chacun. Ce qui eſt aifé à demon
ftrer par pluſieurs exếples prins de l'Eſcriture
fainćte. Au liure de Heſter, chap.6.il eſt faićt
mention d'vn meſchất capitaine nőmé Aman,
qui auoit en haine le bon feigneur Mardo
chee, auquel il feiſt dreffer vn gibet de cin
quante coudees de haut,eſperant qu'il y feroit
pendu, & que par ce moyen il auroit vengean
ce de luy. Mais Dieu le Createur qui reprobat
cogitationespopulorum , & dißipat confiliaprinci
pum,P/al.32.qui diſpoſe cependất que les hom
mes propoſent,a bien renuerſéfa malheureuſe
entrepriſe. Car en la preſence d'Aman le bon
Mardochee a eſté iuſtifié deuant le Roy Aſſue
rus, puis apres glorifié, eſtant veſtu de robbe
royalle, & ayant la couronne du Roy fur fa te
fte. Et finalement fut monté fur le chariot du
Roy , & fut honoré de tous. Nous lifons d'a
uantage
688 L E I O V R.
/
D E L’ A s c E N s I o N. 691
nonåntecinquieſme du vieil & nouueau testa
ment, & en vn fermon dixhuictiefme de natiui
tate Domini, & Paul Orofe en fon hiſtoire liure
feptiefme, & pluſieurs autres doćteurs anciés)
enuiron fur les trois heures apres midy. Car les
propos contenus en noſtre Euangile ont esté
par luy tenus,lors que ſes Apoſtres difnoyent,
& ont eſté affez longs: puis les a menez apres
difner par la ville de Hieruſalem en la montai
gne des oliues,vers Bethanie.En memoire de
quoy fe faićt auiourd'huy en l'Egliſe Catholi
que vne proceſſion,comme dit Durád in ratio
nalidiuinorum officiorum. Et apres pluſieurs bel
les remonſtrances, il est monté du mont Oliuet
au ciel. Et comme eſcrit S.Paulinus epi. 1.ad Se
uerum,en la place où eſtoit la plāte de fes pieds
lors qu’il eſt monté au ciel, a eſté l'herbe ver
doyante iuſques à fon temps. En ce lieu on ba
ftit vne Eglife,mais il ne fut iamais poſſible de
pauer ceſt endroit là?& toufiours y estoit l'her
be verdoyante. Voyons maintenant comment
eſt monté nostre Sauueur.Propria virtute, de fa
propre vertu, n'ayant que faire de l'aide d'au
truy.Lequel miracle eſt propre à luy ſeul,com
me remonstre S.Auguſtin epištol. 3. ad Volusta
num,& S.Iean Chryſoſtome lib.3.de facerdotio,
& homilia de aſcenstone, & deuant eux Sainćt
Cyprian, au fermon qu'il a faićt de l'Aſcen
fion de Ieſus Chriſt. Car nous ne lifons point
qu'aucun Prophete ny Apostre ſoit monté au
cielen telle forte. Nous trouuós bien que He
Xx 2
1
692 L E I O V R.
|, :
me vous auez allegué du chapitre quatriefme
epistol. ad Ephestos, veu qu'il y auroit penetra
tion de dimenſions. Car cela eſt repugnant à
toute philoſophie & raiſon naturelle, le ref
ponds
D E L' A s c e N s 1 o N. 693
ponds que ſi nous voulons nous arreſter à rai
fon naturelle, iamais nous ne comprendrions :
cela. Car c'eſt vne chofe ſupernaturelle. Mais
comme dit fainét Paul 1.Corin.is.ce corps qui
est maintenant lourd & poifant fera leger &
fpirituel apres la reſurrection,c'est à dire, il au
ra les proprietez d'vn eſprit, il fera leger com
me vn ange, & en vn moment fera en tel lieu
que l'eſprit voudra, comme dit S. Augustin in
epistol.ad Dioſcorum. Or eſt-il ainſi que nostre
Seigneur lors qu'il monta au ciel il auoit fon
corps glorieux, auquel n'y auoit peſanteur ny
eſpoiſſeur qui empeſchaft d'entrer où il vou
loit.C'eſt pourquoy nous diſons le iour de Paſ
ques & de Quafimodo, par le teſmoignage
desanciens doćteurs, qu'il ne failloit pastrou
uereſtrange que noſtre Seigneur fuſt forty du
fepulchre fans faire ouuerture, & qu'il fuſten
tré en la maiſon où eſtoyent aſſemblez fes
Apostres les portes estant fermees. Car c'eſt
Dieu qui donne telle vertu à vn corps glorifié,
ainſi comme auiourd'huy le don de gloire a
faićt que le corps de noſtre Seigneur eſt mon
té au ciel plus facillement que maintenát nous
ne deſcendons d'vn lieu haut en bas. Reſte
maintenant à fçauoir pourquoy nostre Sauueur
est monté au ciel.N'eust-il pasmieuxvallu que
apres fa reſurrećtiő il euſt toufiours veſcu auec
fes Apoſtres:Sainét Auguſtin tratta. 9. in Ioan,
& les autres anciés difent que cela n'a pas eſté
faiót fans grandes raiſons, & finon pour nous
- Xx 3
694 . 1e 1 o v R.
inſtruire en pluſieurs articles. Premierement
pour monſtrer qu'il a grande puiſſance, non
feulementen la terre:mais auſſi au ciel. C’eſt ce
qu'il difoit en Sainćt Matthieu vingthuićtief
me:Data est mihi potestas omnis in celo črın terra.
Tellement que maintenant fedet à dextris Dei
(comme dit fainét Marc) pour monſtrer qu’il
n'a rien perdu de fa puistance par ſa mort, ains
pluſtost qu'elle eſtaugmétee.Caroportuit Chri
fium pati & ita intrare ingloriam ſuam. Luc. 24.
Secondement il eſt monté au ciel pour noftre
grand bien , & pour nous afleurer que nous y
monterons apres luy. Car ainfi comme il eft
mort,à fin que mortamurpeccato, & eſt reffufci
té à fin que nous eſperions reliuſciter auec luy,
auſſi il eſt monté au ciel,à fin que nous eſperiős
d'y monter apres luy,& que les membres iront
au ciel apresleur chef. Car comme on dit com
munément : Là où la teſte pafle tout le corps
y paſfera aiſément. C’eſt ce que difoit vn iour
noſtre Seigneur : Vbi ego fum, illic & minister
meus erit,Ioan.12.Tiercement à fin que le meri
te de noſtre foy fust plusgrand nostre Seigneur
nous a voulu ſoubstraire fa preſence viſible.
Car s'il fuſt toufiours demeuré en ce monde,
nous n'euſſions eu que demye foy. Les Apo
ftres auoyent ceſte foy qu'il estoit fils de Dieu: .
maisils n'auoyent pas la foy touchant fon hu
manité laquelle ils veoyoient. Car,comme dit
S.Paul Heb. 11. Fides est argumentum rerum non
apparentium. On croit les choſes que l'on ne
* Volt
- D E L’A s c e n s 1 o N. 695
voit pas. Quartement, c'eſtoit pour nous don
ner aſſeurance de l'immortalité, & qu'il y a vn
autre mõde que ceſtuy-cy. Finablemết, c’eſtoit
pour nous ouurir le ciel, qui eſtoit fermé au
arauant,comme nous affeure fainét Paul He
9. Nondumpropalata erat via Sanctorum.Le
chemin de Paradis n'eſtoit pas encores frayé:
& noſtre Seigneur, Ioan.3.difant:Nemo aſcendit
in celum, nist qui deſcendit de celo, &c. Il falloit
qu'il y montast le premier, pour nous monstrer
le chemin , & nous ouurir la porte de Paradis,
parce qu'il en auoit la clef. Or eſt il tếps de ve
nir au texte de noſtre Euangile:au commence
ment duquel S. Marc le fidelle chancelier de
la fapience eternelle,efcrit la gracieuſe appari
tion de Ieſus Chriſt, difant:Recumbētibus vnde
cim diſcipulis, &c. Il s'apparut à vnze diſciples
estans affisà table. Ecce quàm bonum & quàm iu- "/**"*.
cundum habitarefratres in vnum.Voicy que c'eſt
bonne chofe & plaifante que freres habitent
enſemble.O apparition pleine de grace & con
folation plus douce que le rayon du miel, à la
quelle toutes choſes defirables ne font dignes
à comparager. Car comme teſmoigne fainćt
Iean:Nous auons veu ce qui eſtoit dés le com- r.Ioan.r.
mencement. Ce que nous auons veu de nos
yeux. Ce que nous auons regardé, & nos mains
ont touché de la parolle de vie , & que la vie
est manifeſtee. Et auſſi teſmoignons & vous
annonçons la vie eternelle, laquelle eſtoit en
uers le Pere. Et apparuit nobis. Et il apparut à 4* rº.
Xx 4
696 L E I O V R.
&
7oo L E I O V R
DE L’ A s c E N s 1 o N. 7o;
Et apres que le Seigneur Ieſus eut parlé à eux,
il fut receu au ciel, & fe fied à la dextre de
Dieu. Certainement Ieſus Chriſt a eu double Luc.r.
&propre vertu , par laquelle il s’eſt efleué au
ciel. La premiere eſtoit la vertu de diuinité: olo/C2.
car comme dit fainćt Paul, in eo corporaliter ha- (
bitat omnisplenitudo diuinitatis.En lũy toute ple
nitude de diuinité gift corporellement : c'eſt à
dire,reallemét & parfaićtement,ſelon laquelle
aucune chofe ne impoſſible à Dieu. L’au
tre vertu eſt de l'ame glorifiee,mouuãt le corps
glorieux comme elle veut.Cartant grande fera
l'obedience du corps glorifié à l'amebien-heu
reestellement que | où voudra estre l'eſprit, là Aéž. r.
incốtinent & foudainement fera le corps. Et fi
nous liſons que les Anges là ont esté prefens,
& que vne nuë l'oſta de deuant leurs yeux.
Mais quand tu entends qui s’est eſleué,cognois
le feruice de la cheuallerie celeste: & non pas
l'ayde, & la nuë ne la point eſleué: mais l'a re
ceu & oſté de deuant leurs yeux. Comme dit
lePſalmiste:Eleuata est magnificētiatua ſuperce ‘P/at.s.
los. Ta magnificence eſt eſleuee par deſſus les
cieux,en menant auecluyla captiuee.
Illiautem profetti pradicanerüt v ique domino coo
perante,& fermonem confirmătefequentibufignis.
Etapres iceux partirét & preſcherent par tout,
le Seigneur ouurãtauec eux, & cốfirmát la pa
rolle par ſignes qui enfuyuoyent. Par leſquels
fignesilsont eſté cốfirmez en la foy,corroborez
en eſperáce, enflammez en charité, abốdans en
- - Yy
7o6 L E I O V R.
/
| 712 D 1 M E N c H E E s o c r.
auoir la grace de Dieu en ce monde, & le thre
for celeſte au fiecle aduenir. Couppe ton pied
lequel aux eſcritures fainctes fignifie amour &
, comme la main fignifie les oeuures
* que nous faifons. Si donc tu as vne perſonne
enuerstoy que tu aimes comme toname, fi el
le t’est occaſion de pecher,ou que tu ne la puiſ
fe auoir fans pecher, comme font concubines,
paillardes, & autres perſonnes pecheurs ou pe
chereſſes, qui te prouoquent à peché, il les te
faut enfermer dehors , reietter, & debouter,
fuyr, & refuſer comme vne ladrerie , comme
vne peſte, comme vn diable, & comme vne
meſme mort. Mais voicy vn mal douloureux:
tous les iours nous ſommes ords & falles, nous
iettons telles parolles derriere le dos , & les
meſpriſons comme fonges ou menſonges , &
toutefois nous difons tous que la parolle de
Dieu demeure eternellement. Or donc il te
- faut confester que c'est la parolle de Dieu, &
alors elle te condamnera: ou dire que les Apo
ftres & Euangeliſtes ont de leur teste entre
meſlé ou controuué telles parolles. Et par ainſi
tu leueras & osteras toute la foy & auctorité
des Euangelistes.Si vous fçauez ces chofes(dit
1ean.rs. Ieſus Christ)& vous les faićtes,vous ferez bien
*****: heureux. Si vous les fçauez, & ne les faićtes,
vous ferez battus de maintes playes; & auec le
e mefchantferuiteurlespieds & mains licz,vous
ff. ferez iettez & plongez aux tenebres exterieu
res,où il y aura pleurs & grinffements de dents,
- par
DE L’ A s c e N s 1 o N. 723
ar tous les fiecles des fiecles.Scandalle paffif, .
prend par le dire ou faire d'au
truy,eſt fort perilleux, & lequel doit eſtre foi
gneuſement fuy & euité : lequel procede par
l'occaſion de l'exces ou peché d'autruy. Com- :
me le ſubiećt voyant fon maistre abonder en
delices,faire les voluptez de la chair,tranſgreſ
fer les iuſtes loix de Dieu,meſpriſer les louan
ges diuines, & il enfuit fes veſtiges,fans confi
derer que ceux qui enſuiuent le condućteur,
aueugle.tombent auec luy en la fofie:autquels "catt.rs.
| arlant fainét Iean,n'enfuiuez pas le mal:mais "***
bien.Car la terre s'ouurant & fendant foubs
lepied de Choré, Dathan & Abiron, les a en
glouty tous vifs. Ainſi la mer non ſeulement Ex, u.,,
a couuert Pharao: mais auſſi toute fon armee: Gene
ainfi le deluge a fait defloger tous les habi- Genfrº.
tans de la terre,excepté huićtinnocens qui ont
eſté fauuez à l'arche de Noé. Ainſi la flamme
deuorante a conſommé les habitans des cinq
citez circonuoifines,& pource: Noli emulari in Pſal.so.
malignantibus,neque zelaueris facientes iniquita
tem.N’aye point enuie aux meſchans, ny aux
operateurs d'iniquité.Carlegierement comme
le foin ils fecheront, & comme les herbes deſ
cherront. Mais pluſtoſt eſpere en Dieu, & fais
bonté. Et le Dieu de bonté te fera mifericor- .
de en ce preſent fiecle, & en l'autre t'introdui
ra. Pour lequel obtenir vn chacun de nous
preſentement le priera,& humblement le ſup
pliera, que par la grace de l'eſprit de verité, il
Zz 2
724 d 1 M. E' s o c T. D E L' A s c.
nous vueille enfeigner toute verité neceſſaire
pourle falut de nosames, nous faire veritables
en parole & en ceuure,c'eſtà dire, aimer, par
ler,& faire la verité,cheminer , s'efiouyr, eſtre
ferme en verité, ne rien faire contre la verité,
nous entretenir en la foy,& en la verité de le
fus Christ & de fon Eglife , indubitablement
croire aux tefmoignages de Ieſus Chriſt, par
leſquels noſtre foy eſt alleuree & renforcee,
euiter & fuir tous fcandales: à fin que par bon
ne vie & exemplaire conuerſation, nous auec
11OSi , & nos prochains auec nous,
puiſſions paruenir à l'adoption de la vie eter
nelle, pour en icelle eternellement glorifier
Dieu le Pere, Ieſus Chriſt fon Fils, & le fainćt
Eſprit,vnfeul & vray Dieu, qui regne & vit au
fiecle des fiecles. Amen.
F I N D V V O L V AM E D E
puis l'Aduent iufques à la
Pentecoste.
SER
-
GEL I Qy E s ET AP o sToLI
Q_y E s , s v R LE s FEs rEs so
lennelles de toute l'annee, où ſont contenue plu
fieurs belles fentences, tirees de lafainšte Estri
ture cớ anciens Dočteurs.
y -*
* f
738 LA F Es r E
tenant s'il viuoit il diroit, Infælicistima Gallia
que monstris abundat. Iamais pays ne fuſt tant
affligé par les heretiques, qu’eſt maintenant
ceſtuy-cy. Regardez, faićtes indućtion : En
tout temps il y a eu de grands perſonnages, qui
ont reſiſté aux heretiques. Simon Magus le
ɔremier heretique : il y a eu Sainćt Pierre qui
a faićt rompre le col. Du temps des Ar
riens, Sainćt Baſile. Du temps des Donatiftes
& Marcioniſtes, fainćt Auguſtin, fainćt Am
broife & pluſieurs autres. Et du temps que
les heretiques venoyent en France, fainćt Hy
laire,fainćt Irenee. Mais maintenant où trou
uerez vous vn qui s'oppoſe pour tous. Mais au
contraire pluſieurs font loups, les autres abie
runtpost auaritiam,ils ne tafchent qu'amalfer ri
cheffes. Ils ne confiderent point l'hiſtoire qui
eſten Efaye de ce grand Pontife qui amaffa des
richestes, & puis il s'en alla en fon pays faire
bastir pluſieurs fomptueux edifices , vn beau
monument pour estre enfeuely eſtant mort,les
Prophetes crient apres luy : Reuiens, reuiens,
le loup entre en la , mais il n’en faićt
rien. Efaye dićt alors, Helas tu ne confideres
as comme tu feras emporté ſous le manteau,
& tu fais baſtir vn ſepulchre de la laine de tes
brebis. Et il dićt au cinquante fixieſme chapit.
Ipstpaštores ignorauerunt intelligentiam, omnes in
viam ſuam declinauerunt , vnufặufguepost auari
tiamfaam, a fummo adnoußimum videntes vana:
dormientes ó amantes fomnia, & nestierunt fecu
ritatem.
D E S. N i c o 1 A s. 739
ritatem.Orçà c'est l'office du paſteur d'estre vi
gilant en fon office.Origen.homi.4.& 6.in Leui
tic.& in Exod. Il diſpute des habillemens que
auoyent les grands preſtres au viel teſtament.
Voyez le ſeptieſme & vingthuićtiefmecha
pitre d'Exode. Premierement il luy falloit
deux grofles ceinćtures, qui fignifioyent force
& conſtance , & il les falloit mettre fur fes
reins, de peur que le grand Pontife ne vint à
fuccomber au peche de la chair. C'eſt pour
quoy il eſt dićt en nostre Euangile: Sint lumbi
vefiri precintti. Apres on luy bailloit vn quar
reau au milieu de la poićtrine, qui fignifie la
parolle de Dieu. Le pasteur eſtant armé de ces
deux vertus, il peut affeurément annoncer la
parolle de Dieu, fans auoir crainte de ſuccom
ber. Il faut qu'il monſtre le chemin au peuple.
Il dit en apres, & lucerne ardentes in manubiu
vestris. Or apres que nous fommes bien re
ftraincts par force & conſtance, il nous faut a
uoir la parolle de Dieu en nos coeurs,des flam
beaux en nos mains. Voyez les Apoſtres eſtans
ainfi armez, virtute magna loquebantur verbum
Dei. Ceſte lumiere c'est la parolle de Dieu, qui
toufiours eſt claire. Dauid Pſalm.119. dit, Lu-
cerna pedibus meis verbum tuum Domine,& lumen
femitis meis. Ma lumiere eſt la parolle de Dieu
qui me conduit. S. Pierre au chapitre
dit: Et virtutes annunciabitis eius, qui eripuit vos
de tenebris,in admirabile lumen fuum. Entre voüs
autres qui auez la parolle de Dieu par les Pro- i
Aaa 2
74o LA FEsTe
phetes & Apoſtres, vous huez la lumiere de
Dieu, maintenant nous le confeſions & co
gnoiſlons par fa parolle, comme par vn enig- .
me , mais les bien-heureux le cognoiſtront e
uidemment facie ad faciem,en la propre forme.
Les parolles donc de Dieu font nos lumieres,
par leſquelles ſommes conduićts à la vie eter
nelle , par la cognoillance & eſclarcistement
qu'ils nous baillét. Et outre la parolle de Dieu,
nous auons encore vne autre lumiere,qui ſont
les gens de bien. Regardez en fainćt Luc 1o.
fainét Iean Baptiſte eſt appellé lucerna ardens:
à cauſe qu’il monſtroit la voye aux luifs : il
nous faut confiderer la vie des fainéts perſon
nages, laquelie nous feruira de guide pour al
ler en paradis. Si ie voy la maniere de vie d’vn
fainct perſonnage, dont il a acquis paradis,
cela me fert de lumiere, qui m'illumine.Con
fiderez la vie de fainct Nicolas , comme il a
ieufné, il a esté chafte, & par ce moyenila ac
quis paradis. Si ie fais comme luy, Dieu n’eſt
accepteur de perſonnes, il me baillera la vie
eternelle comme à luv. Et nosheretiquestaſ,
chết à eſteindre ceste lumiere que nous auons:
ils ſe mocquent de l'honneur que nous por
rọns aux ſainćts: il ne s'en faut efmerueiller,çar
ils font femblables aux larrons, leſquels vou
lans defrobber quelqu’vn, s'il a vne lurniere,
ilstafchent premierement à l'eſtaindre. Aufſi
eux voyans que les fainćts nous feruent de lu
miere,ils taſchết à l'eſtaindre,ils veulent qu'ils
* . :- - - foyent
D E S. N I C O L A S. 741
foyent fous le lićt. Et mon amy: Nemo accendit
lucernam,& ponit eam fab modio. Luc dixiefme.
Ce font nos lumieres, & tu veux qu’elles foyết
cachees, on ne met pas la chandelle fous le
lićt , mais fuper candelabrum, on la met fur le
chandelier, au milieu de la maiſon, qui est l'E
glife:Domus mea, domus orationis vocabitur, dit Matth.2 r.
Ieſus Chriſt: il faut qu'ils foyent au milieu de
l'Egliſe, à fin qu'ils foyent veus, & qu'en les
voyant nous nous fouuenions de leur vie. Et
voylà pourquoy nous leur portons honneur.Or
nous parlerons au Quareſme de l'adoration des
Sainćts. Donc nous auons deux lumieres.La 1.
est Ieſus Chriſt,Ioan.1. Erat ille lux vera. Et puis
il y a encore les fainćts qui nous feruent de lu
miere. Or ce n’eſt affez de fçauoir qu'ils ont
bien veſcu,mais ille faut monſtrer par nos oeu
ures ce que nousen croyős:Wt videāt bona opera
vestra.Il faut que les Eueſques monſtrent leurs
bonnes oeuures, à fin qu'ils foyent imitez du
peuple. Mais nos Caluinistes difent, ils font
idolatres,paillards & hypocrites:Vides festucam
oculo,&c.Conſidere quel tu es: Nam tu mæ
chando, mæcharis. Tu ne veux point auoir de
lumiere:nevideantur operatua mala. Comparez
vn petit la vie des Martyrs & Apoſtres à celle
de Caluin,& vous verrez la difference qu'il y a.
Or donc il faut auoir lucernas ardentes, non pas
que ſeulement ils nous feruent, mais auſſi à la
poſterité, qu'ils foyent illuminez par nos bon
nes ceuures. Et pource fainét Paul admonne
Aa a 3
742 L A., F E s T E *
D E S. N I C O L A S. 743
cheuaux & autres. Les Sainćts ne vous ont pas
baillé ceſte lumiere. Or voicy la concluſion de
noſtre Euangile.Eugeferue bone in modicofidelis,
fpra multate constituam. Dieu nous appelle fes
feruiteurs , & vrayement nous le fommes, il
faut donc faire ce qu'il nous commande , il
nous a commandé de faire bonnes æuures, il
luy faut obeyr, il eſt noſtre Createur & Sei
gneur, illuy faut referer toute chofe. Si quel 3
/
parez
|
L A v I E R G E M A R I E. 757
parez aux estoilles, elle eſt plus prompte, plus
puiſſante pour nous fubuenir & fecourir par
fes dignes interceſſions, enuers fon Fils no
ftre Seigneur Ieſus Chriſt. Quintement,la Lu
ne croiſt & decroiſt: ainfi la vierge Marie
toufiours croiſſoit en vertus, & toutefois de
croiſſoit en humilité ; s'abbaiſſant & faiſant
petite,comme elle-meſme dit en fon cantique:
Reſpexit humilitatem ancillafue. Dieu a regardé Luc.a.
l'humilité de ſon ancelle.Sixiefmement. Fina
blement,quand le Soleil eſt couché,il n’eſclai
re plus par fa clartésains la belle Lune nous il
lumine en la nuićt: ainſi quand le Soleil de iu
ftice eternelle s’eſt couché en l'arbre de la
croix, puis monté en la glorieuſe dextre de la
maieſté paternelle, la Vierge mere conſtante
& pleine de foy, pureté de coeur & de corps
en bonne conſcience , & ayant conferué en
fon coeur & memoire les myſteres de nostre
redemption, elle inſtruiſoit & illuminoit les
Apoſtres & diſciples de fon fils Ieſus Christ,
de ce qu'elle auoit plus veu & ouy des parol
les de vie eternelle, & doćtrine celeſte. S’en
fuit l'autre proprieté & comparaiſon de la Vier o„arain.
ge mere au Soleil,ainſi que dit le texte : Eletta ä, i, viége
zt Sol. Efleuë comme le Soleil.Premierement, Marie **
comme le Soleilfurpaſſe tous autres astres en *""·
lumiere & clarté : auſſi la vierge Marie en la
gloire celeste est eſleuë fus tous les glorieux
eſprits de tous les Sainćts & Sainćtes de pa-
radis, & plus excellente en , comme
758 b e 1 a co N c e r r i o n d e .
ſeule mere du fils de Dieu, redempteurd'hu
maine nature. Secondement, comme Ieſus eſt
efleu entre tous les hommes: Auffi fa mere eſt
efleuc entre toutes les femmes. Tiercement,
comme le Soleil eſt ſeul, & n'a point de fe
cond: Auſfi la vierge Marie eſt ſeule, & n'a
point de ſeconde. Quartement, comme le So
leil eſt clair,ſans macule, & n'est point foüillé,
corrompu,ou infecté,combié qu'il enuoye fes
rayons fus les fumiers & puantes charongnes:
auſſi la bonne Dame est impolluë, fans macule
en ſa conception & vie, combien qu'elle foit
nee au monde entre pecheurs,& de parens qui
ont eſté foüillez par peché originel. La der
niere proprieté & fimilitude , comme dit no
, ſtre texte des Cantiques: Terribilis vt castrorum
“”“”“/” acies ordinata. La Vierge eſt terrible comme
de la Vierge , * - J "A
l'armee des batailles bien ordonnee. C’est à
mee bie» e- ſçauoir, à l'ennemy infernal. Car comme Par
4 : fºr mee bien ordonnee, & en bon equipage, eft
v “ difficille de rompre & furmonter: mais plustoſt
* afle partout, & abbat toutes puiſſances: ainſi
eſt-il de la vierge Marie,tant elle eſt munie de
. . . graces & vertu, qui la deffendent comme géf
, d'armes. Car les ceuures de vertu font les ar
* - meures ſpirituelles, leſquelles l'aduerſaire ne
' ’ peut vaincre ne ſurmonter. Secondement, la
Vierge eſt accomparee à l'armee terrible &
eſpouuentable à l'ennemy,lequel nenous peut
nuyre,n’endommager,quãdla Vierge des vier
gesspar ſes prieres & dignes interceſſions,plai
. - doye
L A v 1 E R G E M A R I E. 759
doye & deffend noſtre cauſe deuant le grand
Preſident Ieſus Chriſt en la cour celeſte. Þour
ce l'ennemy craint plus les prieres de la Vier
ge que vne armee. Car ſon oraiſon nous eſt
vne armeure contre les aflaux & alarmes de
ce faux dragon lucifer & de tous ſes miniſtres
infidiateurs de nos ames. Ce n'est pas de mer
ueille fi fa priere nous fert d'vne armee de def
fence. La raiſon eſt peremptoire. Si par l'o
raiſon de Moyſe, & par la priere de Iudas Ma
chabæus, le peuple fut plus fort à vaincre leurs
ennemis que parglaiue,lance,bouclier,ou au
tres armeures: par plus forte raiſon, la Vierge
des humains fpecialle aduocate,finguliere me
diatrice, nous vaut plus que vne armee contre
les ennemis & aduerfaires. Pourtant mes amis
& freres Chreſtiens, ie vous inuite & prie de
chanter auec l'Egliſe ce ioyeux & admirable
Cantique à l'honneur & loüange de la Vierge
Marie, en la cốception de laquelle toutes crea
tures tãt terreſtres que celeſtes,tant hőmes que
Anges fe refiouyflent & la difent bien heureu
fe,defchantans & par grãd'armonie & melodie
difans: Que est ista queprogreditur quastaurora
confargens. Quj eſt celle qui vient foy eſleuant
cőme l’aube du iour,belle cóme la Lune,eſleuë
ainſi que le Soleil, terrible commevne armee Oraifon.
biếordőnee.O tres-heuree Vierge,c'eſt à vous
principallementà qui nous deuons auoirrefu
ge & recours pour auoir de vostre Fils ayde &
fecours. O ſacree Vierge & digne mere,nous
Bb b 4
76o P O V R L E I O V R
. .. .. .
*
D E s. T H o M A s.
Auguſtin ferm.i.de Trinitate,& Orig.li 6.contra 4“g fºrm.t.
Celfum. Anciennement au ſacrifice de la Meſſe, Orig.
- - - - 1b. óT, cozy trag
E TRØ.
W. | Tephanus plenusgratia & fortitudine, -4°.7
RÍ faciebat prodigia & fgna magnainpo
pulo. Monfieur fainét Luc en l'epi
= A || ſtre d'auiourd'huy nous preſche cő
me fainct Eſtienne plein de grace & de force,
faiſoitlechoſes
entre peuple.merueilleufes,
O la belle &&noble
grandsliaifon,
fignes :::: alliace * a)
* c :” de grace er
à fçauoir, de grace & force.Grace viuifie,iuſti- af
fie, beatifie, & glorifie. Et force furmonte le
monde, peché , la chair, & Satan. Il faiſoit
choſes merueilleuſes, & grands fignes entre le
peuple, pour la confirmation de la foy, & de
la doćtrine Euangelique. Mais l'ennemy ce
faux dragon,infidiateur de nos ames & de no
ftre falut, a par ſes malignes fuggeſtions fuſci
té guerre & bataille contre le # , iuſte, &
1I1 IMO
78o A V I O V R *
- ’auez
782 - A V I O V R. -
796 3 4 A V I O V R I
feintifes & fimulations auoir le zele de Dieu,
comme s'ils ne pouuoyent ou vouloyent ouyr
ny endurer les blaſphemes de S.Eftienne, les
ennemis de toute verité, forgeurs de menfon
ges, fongeurs defauffes doćtrines,qui ne peu
Sap. r. uent fouſtenir faine & faincte doćtrine. In male
uolamenim animă nõ intrabit/apiētia,dit le Sage,
La fapiéce n’étrera point en vne ame maligne,
comme elle ne peut entrer en l'ame de ces ma
lings Iuifs,felon le S.& ſacré Euangile.Lesen:
fans du diable, de l'antechrift,& de tóute fauf.
feté,ont bouché leurs oreillesà la verité, laquel
le furmőte toutes choſes. Et impetă fecerăt vna
nimiter in eum. Et d'vn courage,c'eſtà dire d'v
ne pareille malice & volontéobſtinee,vindrent
impetueuſement, efmeus non par raiſon, ains
parrage & furie diabolique:Eijcientes eum extra
ciuitatem,lapidabant eum. Et le fetterent comme
homme peſtilentieux,ſeditieux & perturbateur
de la cité & republique,comme vne brebis ga
leufedommageable & dangereufe,infećtãt les
autres parfon attouchement & frequentation !
le lapidoyent non conuaincu,non confeſſé ains
fans reproche & tache de reprehenſion. En
quoy trefmanifeſtement ils mentoyent de dire
qu'ils obſeruoyếtła loy,ſelon laquelle les blaf
Zeuit.24,
phemateurs deuoyét estre lapidez hors la cité.
Ettestes.Et les refnoings q fauffemét l'auoyent
: Af accuſé de blaſpheme.O faux teſmoingsforgez
tefmoings. à la tauerne qui venez au iugement pour & en
faueur des meſchás fauflement & meſchấment
: Ci depoſer
S A I N C T , E S T I E N N E. 797
depoſer contre les iuſtes & innocens, ne crai
gnez vous point la fentéce de Dieu, ne redou
tez vous point l'ire de Dieu, le tonnerre du iu-i
gement de Dieu:quand vous y penfez, ne faićt
il point trembler vostre coeur dans le corps,
quãd fi aigre & fi aſpre punition fera faićte des
faux & damnables teſmoings, quand il faudra
comparoir deuãt la face du iuge tref efpouuã
table? Eſcoute faux teſmoing,e coute:& tere-
ueille,miferable creature , qui fauflemét cốtre
l'innocết depoſe.Eſcoute d'oreilles eſtendues, . * , * *
..\, .
les faux teſmoing, doyuent eſtre punis tempo
rellement. Car le iuste & equitable iuge doit faux "tef.“
condamner le faux tefmoing à amende pecu moings.
niaire & peine temporelle.Secondement leiu
fte iuge doit condamner le faux teſmoing ci
uilement. Cartelle maniere de gens,felon les
droićts,font infames,indignes de la compagnie
des fidelles & catholiqueschrestiés,incapables
& inſuffiſans de procurer,accuſer, condamner
teſmoigner, iuger,ne tenir aucun office ne be
nefice.Tiercemét les faux tefmoings ferőt pu
nis corporellemét:car par le iuste iugement de
qu'ils ſont frappez de
pluſieurs griefues maladies corporelles, & au-
cunefois priuez de l'vfage d'aucuns de leurs
membres:cóme de la veuë, ouye, parole, trem
blement de mains, ils deuiennent tous fecs &
arides,comme il est eſcritaux Prouerbes de Sai Treu.ro.
D dd 2
798 A v 1 o v R
lomon,testis falſia non eritimpunitus, & qui men
dacia loquitur,non effugiet. Le faux tefmoing ne
fera impuny, & qui parle menfonge,n’eſchap
pera la punition.Quartemét, le faux tefmoing
fera puny ſpirituellement. Car fouuent il ad
uient que telles gens meurent fans confeſſion,
fans teſter, & aucunefois enragez & infenfez.
Finablement, eternellement feront punis en
': ** l'autre fiecle.Car il estefcrit:Testis mëdaxperi
****** bits. Et, nõloqueris falſum testimoniü.Le faux tef
r„ „e moing perira: Tu ne diras point faux tefmoi
„eing /en - gnage cőtrető prochain. Le faux teſmoing est
blable à Iu- à Iudas,qui vendit Ieſus Christ.Car
í 1 qui par argét depoſe contre la verité, cóme Iu
““ das il véd IeſusĊhrist,qui adit,le fuisla verité.
Voylà la premiere offenfe qu'il cómet,àfçauoir
contre Dieu,qui eſt la fouueraine verité &vie.
Secondement,il offenfe le iuge, quand par fon }
faux tefmoignage il deçoit le iuge.Tiercemét,
fon prochain,quand en faueur dumefchant, il
depoſe & teſmoigne cốtre l'innocent, cóme il
appert par l'exếple à tous notoire de fainćte Su
|
fanne. Finablemét,il offenfe foy-meſme, quád
parfon faux teſmoignage il oblige fon ame, ,
pour auec les monstres diaboliques eternelle
mét estre dáné aux abyfmesinfernaux. Et pour
ce quád il est queſtion de depoſer,il y faut pen
fer meuremét & fagement. Si on tefmoigne de
laverité, ce n'eſt pas peché. Mais teſmoigner
antrement,c'est vn treſgrief& dãnable peché.
„. “Et pource l'Apoſtre fainét Paul nous enſeigne
- : depo
D e s A 1 N c t e s T 1 E N N e. 799
deponentes mēdacium,loquimini vnufậuifļue veri
tatem cumproximofuo.Oſtez menfonges,& par
lez en verité chacun auec fon prochain : car
nous ſommes membres les vns des autres. Et
testes depoſuerunt vestimētafaa ad pedes adolestã
tả, qui vocabatur Saulus. Et les faux teſmoings
qui fauffement auoyent accuſé S. Estienne de
faux blaſpheme,meirét bas leurs vestemếsau
des pieds d'vn adoleſcēt, qui eſtoir appel
lé Saul: lequel estoit conſentant en ceſte lapi
dation. Car il gárdoit les veltemés des tyrans,à
fin que plus aifemết & fans empefchement ils
le feiffent mourir: qui comme de la main de
rous lapidoit le fainċt martyr, & premier tef
moing de Ieſus Christ. Sed obtinuit mistricor
diam à Deo, vt efferfidelis:Maisiła obtenu mife
ricorde de Dieu, pour eſtre fidelle. Carigno- *
----
8oo - - -1 E I o v. R. . . -
- *: : : qu'il
D E S. E S T I E N N E 8o;
qu'il enuoye vn deluge pour faire defloger de
#
deſſus la face de la terre es aduerſaires. Mais .
fainét Eſtienne nous vous prions dićtes nous
des nouuelles,que demandezvous à Dieu ? Ne
fatuas illis hocpeccatum. Ne leur impute point
ce peché. Quelqu'vn me pourra repliquer:Ie
fus Chriſt eſt Dieu immortel & homme treſ
parfaićt, ie ne le pourrois fuyure, il va trop fort
pour moy.Ie te propoſe fainét Estienne homme
pur : tu ne peux maintenant pretendre aucun
manteau d'excuſation. Et fitu me dis autremết
ie t’en donneray vn des enfers, à fçauoir Iu
les Ceſar, duquelil est dit en fes loüanges,qu’il
auoit la memoire fi freſche & de fi grande te
nacité, qu'il n'oublioitiamais rien,ſinon les in
iures. Qui eſt contre ceux, qui comme vieux
pots rompus & caffez,ne reçoyuent que plume
ou vieux charbons pour allumer le feu, & ne
peuuết contenirbốne liqueứr, ilsgardent hai
nes long temps en leur coeur , & prient Dieu
qu'il puniffe leurs ennemis , leurs enuoyant la
mort, ou autre mal. Certainement noſtre Sei
gneur leur peut dire, ainſi qu'efcrit fainét Au s As »
gustin au fermon d'auiourd'huy. O homme * ** **
***
a *
*
conuertatur & viuat. Car ie ne quiers pas la
mort du pecheur, ains qu'il fe conuertiffe &
qu'il viue. Atrendons dönc tous icy, & amol
, 3. *** Ddd 5
- N
8o4 A v 1 o v R : D E s. 1 E A N
liffons nos coeurs à aymer bons & mauuais: &
prier non feulement pour nos amys & bienfai
ćteurs en Dieu : mais auſſi pour nos ennemys
& perſecuteurs,&pour l'honneur de Dieu,que
vraye paix & cốcorde ſoit reformee entre nous
& eux & que toute haine,rãcune, & malueuil
lance foit oſtee de leurs coeurs, & qu’il vueille
diſſiper & destruire les mauuais confeils qu'ils
l’encontre de nous, & que toutes
choſes contraires à la tranquillité Chreſtienne
foit dechaffee du milieu de nous,à fin que nous
puiſſions viure en paix auec Dieu & nos pro
chains:& que finablement par les dignes inter
ceffiốs du glorieux eſprit de mőſieur S. Estien
ne, nous puiſſions paruenir auec luy au lieu de
paix ſupernelle, laquelle nous vueille donner
| Pere,le Fils,& le S.Eſprit.Amen. r : ft f : : , ,
TFTSVETETTNETTERNT
L' E v A N G E L 1 s T e.
rea».zr. HēF) I x 1 r Iestu Petro:Sequere me. Mes
Pfal. 72. \\|amis & freres *
L’ E v A N G E L 1 s T e. 817
ce à Dieu nous fommes pourueus auec fainét
Iean d'vn bon pere & d'vne bonne mere. Voy
là mesamis & freres Chreſtiens,l'excellence de
la garde baillee à noſtre Dame.Sainćt Eftienne
remply de grace eut la charge des bonnes ma
trones conuerties à la foy Chreſtienne. Sainćt
Iean interprete garde à la charge de la mere
de grace Marie : ie ne fçay que ie dois mieux
dire, ou que la mere gardoit fon fils & difci
ple, ou que le fils & diſciple gardoit fa mere
& maiſtreſſe Marie. O Dame des cieux, Roy- oraiſon 2 ta
ne du monde, Imperatrice des Anges, repara- Vierge.
trice de l'honneur des femmes, finguliere ad
uocate d'humaine nature, refuge des pauures
pecheurs & pechereffes , nous vous fupplions
que vous foyez toufiours noſtre mere ; & que
toufiours nous foyons vos enfans, en nous re
ceuant en voſtre protećtion & fauuegarde, par
le moyen de vos fainétes & dignes intercef.
fions. Nous vous prions auec les prieres de
l'Eglife, monstrez vous estre mere, que celuy
qui pour nous a voulu eſtre vostre fils , par
vous vueille receuοir nos prieres , à fin que
par vos dignes interceſſions, & de monfieur
fainét Iean l'Euangeliste voſtre fils & diſciple,
our la reuerence duquel nous fommes icy af
blez,voſtre tres-doux,tres-gracieux,& mi
fericordieux Fils Ieſus , par la charité de fori
Sainét Eſprit , nous doint la grace apres le
cours de ceste preſente vie , que nous puiſ
fions paruenir au port de falut perpetueł, pour
- - - - -> Eee 4
818 * A V - I O V R.
,, . - X
D E S I N N O C E N S. 827 ,
fixle temps determiné, mais ſeulement tu re
uiendras quand ie le te diray. Obeyflant à
Dieu en tout & par tout , il reçoit toutes tri
bulations & aduerſitez fans murmurer, & louč
Dieu de fa volonté qui luy eſt manifeſtee. V
, AV
838
AV I O V R D E LA
C I R C O N C I S I O N.
D E L A c 1 R c o N c 1 s 1 o N. W 841
Galat.& fainćt Auguſtin quest. 1o.ex veteri testa
mento ) par laquelle les Iuifs feroyent diſtin
guez & diuiſez tel ſigne d’entre les Gen
tils: comme par le Bapteſme & autres Sacre- "tilité de le
mens nous ſommes distinguez & diuifez d'en- ';
tre les Iuifs & Turcs. Secondement,elle a esté ”
instituee pour fignifier vne ſpirituelle Circon
cifion,par laquelle nous ſommes inſtruićts cő
ment nous deuons circoncire & coupper de
toutes parts tous les defirs charnels & toute
noſtre naturelle concupiſcence ; & rebellion à
la loy de Dieu ( comme dićt fainćt Bernard
fermon.i.de Circun.)Ainſi Moyſe interpretoit la
Circonciſion, difant: Circumcidet Dominus Deus Pest.sº.
cor tuum & corfeministui, vt diligas Dominū,&c.
Le Seigneur ton Dieu circoncira ton coeur,
& le coeur de tes ſucceſſeurs pour aymer le
Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, & de
toute ton ame, afin que tu viues. Et le Pro
phete Ieremie, Vous hommes de Iuda & ha
bitateurs de Hieruſalem, Circumcidimini Domi- Here”.*
no , & auferte praputia cordis vestri. Soyez cir
concis au Seigneur, & oſtez les prepuces de
vos coeurs, à fin que parauanture ma fureur
ne iffe comme le feu , & qu'elle ne ſoit allu
mee, & qu'il n'y ait perſonne qui l'eſteigne,&
ce pour le mal de vos oeuures. Et fainćt Paul
- t:Vos circuncifestis circuncistone nõ manufa- º""/*
čła. Vous eſtes circoncis de Circonciſion faićte
fans main, quand vous auez deſpouillé le corps
des pechez qui font de la chair par la Circon
ciſion
842 A V I O V R.
A V I O V R D E S R O Y S.
Matth.2.
852 A V IO V R
&
DEs R o y s. 86;
& concerne la foy. Ce n'est pas aux marchans,
laboureurs, mechaniques, & artiſans d'estre
appellez aux Conciles, pour auoir leur aduis
fus les difficultez qui fourdét de l'eſcriture,en
matiere de la foy. Ils iugeront mieux de leurs
marchãdifes,quinquaille,& labourage, que de
parler de S.Paul, ou du fainct Euangile. Ce
n'est pas fuſee à demeſler pour eux. Comme
dit Horace,trattent fabrilia fabri. Que les for
geurs traićtét & fe meſlent de leurs forgemens.
Donc apres auoiraſſemblé tous les principaux
preſtres & ſcribes du peuple:Scifcitabaturab eis
vbi Christunasteretur.Ils'enqueroit d'eux où le
Christ,c'eſtà dire,leur Roy grand preſtre,& fa
cré Prophete deuoit naiſtre. Et iceux luy di
fent,in Bethlehem Iuda. En Bethlehem de Iu
dee.Donc non parignorance, ains par certaine
& obſtinee malice de coeur, ils n’ont pas vou
lu croire. Pource Ieſus Chriſt leurreprochoit: Ioan.s.
Si vous eſtiez aueugles & ignares, vous n'au
point de peché, à fçauoir contre le fainét
ſprit, par lequel vous refistezà la verité : &
combien que la cognoiſfiez, toutefois vous la
repugnez, & combattez à l'encontre d'elle.
C’estoit la coustume des luifs de toute ancien
neté,comme leur reproche S. Estienne,femper
restitistis Spirituifančio, ſicut patres vestri. Vous
& vos péres auez toufiours reſisté au fainćt
Eſprit:Sic enim striptum est per Prophetam.Caril Mich.s.
eſtainfi eſcrit par le prophete Michee : Et toy
Bethlehem, terre de Iuda , tu n'es pas la plus
- Hhh 3
864 A V , I O V R.
D E s R o y s. 867
ils ont adoré le Verbe diuin en enfance, ils ont
adoré la ſapience diuine : en foibleſſe, puiſſan
ce: en pauureté, richeſſe : en humilité Roy des
Roys, en forme d’homme ils ont adoré le Dieu
des Dieux, le Roy des Roys, le Seigneur des
Seigneurs, le Dieu des vertus , le Prince de'
maieſté , & de gloire immortelle. O fages
Roys, que faićtes vous? vous n’auez pas adoré
le Roy Herode, & adorez vn enfant : vous n’a
uez pas adoré le Roy Herode en ſon palais
triomphant, & adorez en vne estable le petit
enfant : vous n’auez pas adoré le Roy Herode
vestu de drap d'or, de pourpre, & de foye, &
vous adorez l'enfant couuert de petits drap
peaux ? S'il est Roy,où est fon eſcuirie, où eſt
fon throſne Royal? où eſt fa cour? où font les
Princes , Seigneurs & Dames, pages, ferui
teurs, où est la falle Royalle. A la verité voicy
vn Roy d'eſtrange façon, tout au rebours des
autres. Pour ſa cour il a Ioſeph & Marie : pour
fon eſcuirie, l’afne & le boeuf: pour ſa falle
Royalle, vne eſtable: pour tappis, petits drap
peaux: pour ſon throſne,vne creche. Les trois
Roys diuinement inſpirez,ont cogneu la diui
nité cachee en l'humanité: parquoy ils l’ont
adoré , & apres auoir deſployé leurs threfors ..
luy ont faićt de notables prefens : l'oblation d # :
deſquels est grandement loüee en l'Euangile.
Premierement ; à raiſon de leur preciofité (car ſubstance , à
il eſt dit, threfors) contre ceux qui donnent à l'exemple 4“
Dieu le pire.S'ils ont quelque pain moiſy,de la ""
5 -
868 A V I O V R -
*
872 A V · I O V R.
comme la myrrhe, à fin que ne retournions en
la voye de peché:mais par les fentiers de vertu
nouspuiſſions retournerà nostrepais Oriental,
& paradis celeſte:auquel nous vueille condui
rele Pere,le Fils,& le fainét Eſprit.Amen.
S E RM O N A V I O V R
S A I N C T H I L A I R. E. -,
| D E S. H I L A I R. E. 875
il n’en faut aucunement douter.Et fi vn mem
bre d'vn corps endure,il y a telle ſymmetrie &
fympathie entre tous les membres d'vn corps
que les autres compatiſfent: & au contraire fi
vn membre fe refiouyt, cõgaudent cetera mēbra,
De là vient qu'en l'Egliſe , quand on veut ce
lebrer la memoire de la Vierge Marie, ou de
fainćteGeneuiefue,ou de quelque autre fainćt,
on cốmence biếfouuết l'office de la Meffe par
ceſt introite, Gaudeamus omnes in Domino,ớc,de
façon que la celebratiố des feſtes des Sainćts,
n’eſt autre choſe qu’vne aćtió de graces à Dieu
& vne refiouyſlance de la felicité des Sainćts . . .
auec loüange.Et à la verité c’est biếeſtre enne
my de vertu,& ſe monſtrer enuieux, & vouloir
empefcher de faire bonnes æuures, quand on
est marry de la loüange qu'on dőne aux Sainćts
qui ont esté gens vertueux. Y a-il en ceux-là
quelque ſcintille de charité, qui ne veulentau- niffes galai
n'y a
cunement congratuler à la felicité des Sainćts aucune rha
rreſpaſſez?non certainement, Auſſi leur maistre, .
Cafuin cốfeffe que luy ny fes femblables n'ont
aucune cőionćtion auec les Sainćts de Paradis.
Mais nous diſons & croyons le cőtraire, & l'E
glife Catholique ſe cőformant à l'eſcriture ce
febre leur memoire, Mar.14, Heb. 11. Ecc.44.6
Prou. to.AM iusti cum laudibus. Voylà dốc
deux des cauſes pour leſquelles de
Bastl.in Gor
tout téps!'Egliſe Catholiĝa celebré toustesans dinm marty
au iour de leur trefpas la memoire des Sainćts rem,
trefpaſſez: cóme a bien remarqué S.Bafile
/ I ii
876 A V I O V R
laire à qui
ter,& ont bruflé
Poićtiers, & delesfainét
offemens de àfainét
Irenee Lyon,Hi-& "v te/area
des E
de pluſieurs autres Sainćts,l'an 1562.vtteitantur; :ofế
historia.Sila memoire desgés de bien qui nous claud, de
Ont precedé , eſtoit bien imprimee & engra- saindes.
uee en noſtre
fermon coeur, il ne faudroit
& aduertiſſement, point autre
pour corriger no- . :ar
*
monde,
: * -
dum ordinem Melchiſedech. De laquelle eſt chef
* ,
noſtre Seigneur Ieſus Christ , lequel Sainćt
Paul Hebr.4.appelle pontificem magnum. Vous
ne fçauriez parler d'vn Prestre, que vous ne
parliez d'vn grand Miniſtre. Caril est Miniſtre
de Dieu. A qui à dit Ieſus Christ: Qecunque li
gaueritis ſuper terram, &c. Et quorum remiferitis
resta christ apeccata,& c. Non regi,nã imperatori,non etiaman
döné plu gră ,fed foli facerdoti. Comme remonſtre fort
e
de ********
au prestreque
bien S. Íean Chryſoſtome libr. 3. de facerdotio.
• ,* • - -
886 . A v ,1 o v R |
|
re de ce lieu de fainét Paul, & autres lieux de
l'Eſcriture fainéte,c'est preſenter à Dieu lefa- ,
crifice de la Meſſe (car nous n'en auons point :
d'autre propre aux preſtres) prier & eſtre me
diateur entre Dieu & les hommes, enfeigner |
le peuple, & diſtinguer entre lepram & non le |
pram. Monſieur S.Paul 1. Timot. 3. & ad Tit. i.
deſcriuant les condititiós d'vn Eueſque & d’vn
bố Paſteur,les depeint de ces naïfues couleurs,
il faut, que
vm Rey é di fant: Oportet epiſcopum irreprehenſibilem effe,
yzt
France.Vigil.Ofælix
uersta De qua ob eãGalliaquefola
cauſam dixit D. Hierony,ad-
caruit mõširis. France.g***
Et pleuſt à
Dieu que nos Euefques de France,
depuis 4o.ou yo.ans, euffent eſté imitateurs de
S.Hilaire, tant par eſcrits que par predications
& remonſtrances, refistans virilement à l'here
fie de Luther, & de Caluinsha nous ne fuſions
* * - : ** pas
89o A V I O V R.
pas tombez en tel defaſtre ny telle miſere que
nous voyons auiourd'huy en France de la
quelle on peut bien dire:Infæliæ Gallia que fca
tet monstris: O pauure France qui est toute plei
ne de monſtres, & en partie par la negligence
centre!
sefques
&
fe ignorance des Eueſques
font pas oppoſez, vt murum&pro
Pasteurs qui ne
domo Iffael,à
i "*"* Fimitatió du bon faina Hilaire,qui n’est pour
neant appellé Sacerdos magnus. Car vrayement
il a eſté grand non feulement en fes progeni
s. Hilaire de teurs ( qui estoyent des plus nobles de toute
nelle rece l'Aquitaine) mais auſſi en humilité,& fain&e-
*“1":"*" té de vie,& zele pour la religion, ieufnes, veil
les, oraiſons, abſtinences & toute forte de ver
tus qu'il eſt poſſible s'exercer. S. Hilaire est
dićtgrãd en fa doćtrine, laquelle il a bien faićt
cognoistre par les liures qu'il nous a laiſſez, &
ar les diſputes qu'il a fouſtenues pour la re
Catholique contre les Arriens. Outre
cela il a eſté Magnus,en conſtance & magnani
mité, laquelle a eſté cogneuë, par ce qu'il n'a
iamais perdu courage en temps d'aduerfité,
Carles Arriens voyans que Sainćt Hilaire, &
rr,i ton, E- deux autres Eueſques, c'eſtà fçauoir, Mediola
xe/ques ont nensts & Vercellensts, empeſchoyent que l'here-
tr *fie Arrienne ne peust aiſément prendre pied
en l'Egliſe Occidentale, par ce que c'estoyent
trois pasteurs qui veilloyent iour & nuićt fur
leur trouppeau , & faifoyent tout ce qu'ils :
Í pour rembarrer les loups qui vou-
oyent gaster leur trouppeau, par le conſeil &
|- - mence "
| D E "S." H I L A I R E. 891
menee de Saturninus Eueſque d'Arles , com
me dićt Sainćt Hieroſme in libro de Scriptoribus . -
Ecclestasticis, s'aduiferent de perſuader à l'Em- Rafº des he
pereur
& qui parConſtantius
l'eſpace de: vingt-quatre
( qui eſtoit deans,n’a cef- ;: :
leur fećte, 44 •
s E R M O N D E LA CONv ER :
º si o n d e M o n s 1 E v R s. ..
- } &', ' , ' ' , Paul Apostre.- -, , 2 ; :jv,, , ,, , (}
,; ; ; ; , , ,, , , :
a Aulus adhuestirans minară cread. ***
indistipulos Domini, acceſſit adprin
B) ier”facerdotum, & petit ab eo epi
-| -24 . folasin Damastum adfinagogas,ztf?
quos inueniffet huius vie viros ac mulieres vinčios
perduceret in Hieruſalem. Deuot auditoire, le
tres-heureux & veritable Euấgeliſte monſieur
fainét Luciaux Actes des Apostres, parlant de
z ż, - la
9oz d e L.A c on v e Rs 1 o N -
* * 1CIAS
S A I N C T- P A V L, 9of.
.
biens de Dieu, toutefois plus grieuemét ils pe
chent contre l'honneur de Dieu.Car comme il
leur a donné plus grands biens, & plus enduré
patiemment, & attendu plus longuement, cer
tainement ils feront iugez & condamnez plus
grieuement & rigoreuſement. Et cumiterface
ret, contigit vt appropinquaret Damaſco, & ſubitò
circumfulfiteŭ lux de cælo,&c.Aduint qu'en che
minantil approchade Damas, & foudainemét.
vne lumiere reſplendit du ciel: & eſtant cheu.
en terre, il ouyt vne voix qui luy diſoit: Saul,
Saul,pourquoy me perſecutes tu? Ceſte lumie
re repreſentoit la viuification , &
vraye illumination du fainét Eſprit, pour chaſ
fer les tenebres d'ignorance, de rit & en
tendement de Saul Sainćł Chryſoft.hamil.4.de
laudibus Pauli,faićt vne queſtion : Si Dieu vou
loit fe feruir de S.Paul, & en faire vn Apostre,
pourquoy ne l'a-il appellé & illuminé plustost?
Là & en l'homelie3s. fur S.Matthieu,il reſpőd
que Dieu nous appelle quãd il voit qu'il y faićt
bon, & que nous ſommes preſts de luy obeyr.
Il n’eſt point faićt mention icy des merites &
bonnes oeuures de S.Paul. Car l'eſprit de Dieu grace e mi
nous dốne à entendre la grãde & gratuite bon-/ ** **
té & mifericorde de Dieu, & l'amplitude de fa : ""
grace diuine pour la cognoiſtre , confeſler & -
*
- s A 1 N c t P A v 1. 915
fiant que Dieu a folicitude des fiens, combien
qu'ils ne lefgauét & penſent pas,comme ilap
pert par pluſieurs anciens exemples, comme de
Ioſeph, qui par fesfreres fut vendu en Egypte,
femblablement des Iſraëlites. Aufſi nous faut
il donner garde en ceſte preſente histoire, que
Dieu non ſeulement eſt le cómencementimais
auſſi la perfection de tout bien en nous.Car ce
luy quia commencé,iceluy meſmeaccomplira
le bon vouloir, la bonne parole, & la bonne
oeuure. Car c'eſt luy ſeul qui opere,& quidon- Philier.
ne accroiſſement à toutes bonnes choſes : les
forces naturelles font ſuffiſantes aux oeuures
exterieures: mais aux oeuures de noſtre falut,il
faut attendre la rofee celeſte, c'eſt à dire, la
grace de Dieu. Partant dira le bon Chreſtien.
Nonin arcu meoſperabo. Ie n'eſpereray point en
mon arc, c'eſtà dire,en mes forces. Ory auoit
il vn diſciple en Damas nommé Ananias. Ce
mot nous donne entendre que Dieu cognoiſt pien cogneist
les gens de bien par leur nom,comme il appert" º
de Moyſe. Mais au contraire au dernier iour ,
du grand iugement qu'il fera dit aux meſchãs,
combien qu'ils foyent vierges, & qu'ils ayent
faićt miracles. Neſcio vos, diſcedite à me. Ie ne 4(atth:7.
vous cognois point, departez vous de moy.
Ce pendant auſſi nous admonneſtez
de nostre coſté de chercher les brebis perdues
& efgarees, & que nous foyős plus prompts &
foigneux à ce faire que nous ne ſommes pas.
Il eſt dit que le Seigneur dit ha l
Lll f
:916 D E L A C O N V E R S I O N
P O v R L E 1 O v R D E LA
p v R 1 P 1 c a T 1 o n.
Et ecce homo iustus,cui, &c. Luc. 2.
K O s T R E Seigneur qui eſtoit ve
| nu en ce monde pour fauuer tous,
(1
{ NN | tess'estdevoulu manifeſter à toutes for- Pourque, te
perſonnes : pour monſtrer ft de Die"
qu'il eſtoit nay pour appeller à falut le Iuif &
le Gentil,le grand & le petit, l'hőme & la fem- , manifester
me,le maiſtre & le feruiteur,il a voulu manife- à toutes fir
fter le haut myſtere de fon incarnation à tous. tes degens.
Nous voyons en l'hiſtoire Euangelique, qu'au
parauant qu'il fuſt nay, l'Ange Gabriel s'appa
Il t
-
, * -
922 F o V R L E I o V R.
rut à Zacharie , & luy diſt, qu'il auroit vn en
fant precurfeur du Meſſias.Voylà donc ce bon
Preſtre quia reuelatió de l'incarnatiố de noſtre
Seigneur. Et cela ſuffira de preuue pour l'estat
facerdotal,& des grands. Et quant aux petis,les
Paſteurs meſmes en on ouy parler, lors qu'ils
veilloyent fur le troupeau que l'Ange s'appa
rut à eux,difant: Refiouyſſez vous: Èuangeliz?
vobis gaudium magnum, voſtre Sauueur eſt nay.
Dốc les grans & les petis(comme vous pouuez
voir) ont eu declaration de ceſte bőne nouuel
le.Et quant pour le ſexe feminin, toutes fortes
de femmes en ont ouy parler:La Vierge Marie
famere premieremét,à laquelle l'Ange Gabriel
a annoncé qu’il feroit Dieu & homme.Voulez
vous exemple de l'eſtat de mariage? Elizabeth
femme de Zacharie,viſitee par la Vierge Marie
prophetize de luy,& dict: Vnde hoc mihi vt ve
niat mater Domini mei ad me ? Ma coufine vous
auez vn enfant en vostre ventre,iele fçay bien,
lequel eſt mon maistre & Seigneur, & vouse
ftes ſa mere. Voylà vne femme mariee qui a cő
gratulé à la Vierge facree mere de nostre Redế
pteur. Si vous voulez de l'estat de viduité, les
veufues en ont cogneu quelque chofe. Ie m'en
rapporte à S.Luc qui faićt mention d'vne bõne
veufue, nőmee Anne,laquelle estoit Prophete,
& iour & nuićt elle vaquoit à oraiſons & ieuf.
nes fans partir du tếple: & à l'heure que nostre
Sauueury fut apporté,elle y eſtoit, & conſoloit
tous ceux qui eſtoyent là prefens, donnant tef.
- moignage
D E L A P v R I F I c A T I o N. 923
moignage de luy qu’il eſtoit le Meſſias. Voy là
voſtre Seigneur & maiſtre,duquel les Prophe
tes ont tant parlé : Apres les petis enfans l'ont . '
recogneu, Exultauit infans in vtero, dićt S.Luc Luc.r.
(parlãt de S.Iean Baptiſte) pour la prefence de
nostre Seigńr qui eſtoit au ventre de la Vierge.
Voylà donc tous eſtats,& toutes fortes de gens
qui ont eu cognoiſſance de noſtre Seigneur.Et
quãd des vieux,nous en auős exemple en noſtre
Euangile,où il eſt dićt:Et ecce homo erat in Hie
ruſalem, Voicy encore chofe nouuelle,& digne
d'admiration,vn homme de bien, & craignant -
Hoan. 2o.
pour le gére de mort qu'il fut dit à fainét Pier
re. Cùm fenueris,alius te cinget & ducet quò tu non
- vis Luy donnant parcela affez asmen
- CIO1t
D E L A P v R I F I c A T 1 o N. 933
feroit crucifié, & qu’il mourroit de mort vio
lente ? Il auoit bien efté reuelé à fainćł Pierre,
tempus fue refolutionis instare. Et fainét Symeon
auỏit bien eu ceſte reuelation : Tu ne mourras Dieu reuele
point que tu n'aye veu le Meſſias. Mais l'heu- |
fe & leiour delá mort,il n'y en a aucũ teſmoi-
gnage en l'eſcriture: Nam de die illo & hora ne- le journ;
mofcit. Vigilate itaque, quia ne/citis diem neque l'heure
horam.Mais pourquoy luy auoit eſté reuelé ce
la? pour fa confolation. Ie ne doubte pas que
auiourd'huy il ne faſche de viure à pluſieurs,
voyans les troubles, les blaſphemes, & la cor
ruption desdemoeurs.Et
Polycarpe c'eſtvoyất
fontemps, ce que
les diſoit fainćt
herefies qui de S.
&
D E S. M A T H I A S, roof
& offrons à Dieu.Donc de toute antiquité on a
porté & offert chandelles en l'Eglife. Et pour
quoy trouue tu cela mauuais?neveoy tu pas que
l'eſcriture vſe de fes metaphores & façons de
parler:Sint lübi vestriprecintti, & lucerna arden
tes in manibus vestris. Et Ieſus Chriſt dit de luy- leant,
meſme:Ego fum lux mundi.Et pourquoy n'vfe
rons nous des choſes qui nous repreſentết ceste
vraye lumiere, qui eſt Ieſus Chriſt, auffi bien
que la parolle? Or maintenons & perfeuerons
toufiours en ceſte foy. Ainſi ſoit-il.
P O V R L E I O V R
S. M A T H I A S.
- - - • I 2 ez, constre le
heretiques. Auffi depuis Simon Magus, il n'y Pape.
a eu vn feul heretique qui n'ait contredit au
Papat,& à la ſucceſſion & chaire de Romme.Si
vous voulez bien voir ceſte matiere, liſez vn
beau paſſage qui eſt en fainćt Augustin in libro
de vtilitate crededicap.17.où il dit. Sedi Petrinon
tribuereprimas partes/amma est impietatis & præ
cipitătis arrogantie. Et laraiſon pourquoy fainét
Auguſtin diſcerne ceſte chaire des autres &
la recognoist par deffustoutes, c'est que circun
Nn n 5
Ioo8 p ov R L E, 1 o v R :
firepentibus hereticis damnatis cõciliorum iudicio.
Pourautant que nous auons, dit-il, toufiours
experimenté que tous heretiques l'ont astaillie
toufiours de tous coſtez : & toutefois tous
ceux qui luy ont liuré la guerre , n’ont iamais
failly qu'ils n’ayent eſté en fin condamnez.To
tiuspopuli iudicio conciliorumgrauitate, diuinorum
miraculorum auttoritate. Et ce pendãton a expe
rimenté les miracles & chofes prodigieuſes
que Dieu a enuoyé à ceſt effećt. Ortout ainfi
que fainét Pierre a eu eſgard à cela que le mi
niſtere de Iudas ne fuſt vacant: mais y a mis or
dre. Auffi c'est le premier poinét que nous de
uons remarquer en noſtre hiſtoire que nous
auons toufiours cogneu en l'Eglife Catholi
que que le Pape ſucceſſeur de fainćt Pierre,
c'est luy qui a condamné tous les heretiques:
c’eſt luy qui comme fainćt Pierre veut rem
plir le fiege de Iudas d'vn homme de bien. Si
vous voulez regarder entre les Payens, vous
trouuerez de cecy vne belle histoire en Eụfe
be libro 7.cap.3o.de vn Paulu Samo/atenus, qui
eſtoit vn meſchant Eueſque & heretique, le
quel fut condamné en vn fynode qui fut con
gregé de ce temps là. Eſtant condamné par les
Euefques de ce pays là, on luy ſignifia. Il fant
que vous quićtiez voſtre Egliſe, elle n’eſt plus
voſtre : ceſt heretique n’en voulut rien faire,
mais voulut tenir bon. Les autres Eueſques
s'en vont à Aurelianus Empereur ethnique, &
luy preſentent requeſte, qui cốtenoit semm:
1.IS
d e s. M A T H i A s. 1οο9
ils l'auoyết condamné &excommunié,le ſup
plians y preſter la main,pour mettre la choſe à
execution.Ce Samoſatenus refiſtoit & fe defen
doit tant qu'il pouuoit. Nonobſtát ceſt Empe
reur Aurelianus,inſtruićt par les Euefques) car
autremét ne l'euft ſceu,veu qu’il eſtoit Payen)
va ordőner & ſtatuer: Quydin dogmate omnes cõ
cordes effent cum epiſcopo Romano. Ie vueil que
Paulus Samo/atenus cede, s’il n’eſt concorde &
conforme en doćtrine auec l'Euefque de Ro
me.Enuiron ce temps là,ou bien toſt apres : S.
Cypr.lib.s.
Cyprian libro 3.epist 13. reſcrit au Pape Estien epist.is.
ne d'vn Eueſque d’Arles nommé Martianus,
& dit,nous auons lettres des Eueſques de Frã
ce,qui contiennent que ce Martianus s'eſt mis
de l'herefie de Donatus. Vous entendez bien
voſtre charge, c'est de reſcrire au peuple qu'il
ne communique auec luy. Voilà ce que tou
fiours ont recogneu en la primitiue Egliſe,que
la charge du ſucceſſeur de S. Pierre, eſtoit de
pourueοirau ministere. L'histoire est toute cő
mune d'vnCecilianu,tát deprauee qu'elle puiſ
fe estre par Caluin, lequel eſtoit accuſé com
me s'il eust baillé les ames desChrestiens pour
eſtre bruſlez des Payens.Les Donatiſtes le cő
damnent, & à tort. Nonobſtant vont preſenter
requeſte à Conſtãtin,au nom de s pour
eſtre iugé de luy en ſon palais (combien que
Caluin deguiſe tant qu'il peut fainct Augu- celuindegui
Rin, fiest-ce qu'il ne peut deprauer l'histoire: /; les matie:
carelle eſt bien amplemét dedãs Opta- "“
- tus)
IO I O .P O V R. L E I o V R
tus) cóment,dit Cőſtantin,m’entremeſleray-ie
de cognoiltre de voltre religion ? vostre iuge
eſt au ciel, allez à voſtre ordinaire. L’Euefque
de Rome,ą eſtoit pour lors Melchiades, lequel
aſſemble vingt Euefques, dont y en auoit trois
de France.Les Donatistes cóme heretiques font
toufiours remuans , viennent à Conſtantin ſe
laindre,que Cecilianus auoit esté ſouſtenu par
|Pape,luy demandãs qu'il leur donnaſt vn au
Heretizues tº iuge,pour lors il ſe teint vn autre Concileà
importuns. Arles,il les y enuoya.Non contens de ce Con
cile,ils retournét pour la troifieſme foís à l’Em
pereur Conſtantin:lequel fe met en chaire,non
pas pour iuger du droićt, mais du faićt, à fça
uoir, fi Cecilianus auoit baillé les liures des
Chreſtiens à bruſler aux Payens,& là il deliura
ledit Cecilian” innncét. Oron n’aiamais veu au
trement aduenir,finőconfirmafratrestuos.Apres
est venu vn Theodoſe & vn Gratian , qui ont
faićt loy,pour cognoiſtre & fçauoir qui on doit
iuger heretique.Ils ſe trouuoyent lors en fi grã
de perplexité, parce que l'vn difoit, cestuy est
heretique,l'autre diſoit que non. O, difent ces
95' ſent les bons Empereurs,nous recognoiſſons pour Ca
Catholiques. - - - - -
n'impofe ne à
dire, il n'est pas predićt,à fin qu'il foit faićt:
nie aux mais pour autant que toutes chofes font pre-
ehosts. fentes à la maiesté deDieu,pour le : auquel
elles ſe font. Et pour monſtrer qu’il cognoist
toutes chofes en vn moment,il predićt par l’ef
criture les chofes ainſi que doyuent aduenir,
&
S A I N C T M A T H I A S. 1o 15
& qui font futures, quant pour noſtre regard,
mais qui font preſentes à Dieu.Parquoy la pre
dićtion de Dieu n'eſt que pournostre regard,&
conſequemment n'eſt cauſe que la choſe pre
dićte aduienne ainſi, mais c'eſt à caufe qu'il
fe faićt,que Dieu le cognoiſt. Comme fi ie voy
faire vn meurtre,ie dis bien,on faićt vn tel cas.
Or l'aduertiffement que ie donne n'eſt pascau
fe que cela fe face:Ainſi Dieu ayất toutes cho
fes preſentes deuant luy, fa OLI CO
· · : «--
gnoiſſance n’eſt cauſe que es choſes ainfiad
uiennent, mais le cognoiſſant certainement il
le faićt predire, & la prediction fe faićt pour . . . . .* * *
* -ro . . .. , , , , , . . . . . . .. . . .. : AV
.* ' , .
iott
Av Io v R D E L' ANN ON
c1 A T1o N D E LA .
vierge Marie. v
|
. . . . . . . - - - - - - - - - -- - ----
d e E A v 1 e R G E M A R 1 E, tołp
uince en la terre de promiſſion , où Iuifs &
Gentils habitoyent,ainfi que pouuons recueil- -
---- - -= – = = = =
Hoşo I o V R D E L’A N N o N c.
confoler. Et au contraire vint le mauuais An
ge à Eue, en applaudiflant,mais à la fin ietta le
venin. Car il delaiſſa Eue toute deſolee. Les
bonnes Dames furent troublees en la refurre
ćtion, & à la vifion des Anges: mais apres elles
furét confolees. Zacharie fut troublé de veoir
l'Ange à la dextre de l'aurel:& Gedeon fut auf
fi troublé quand il veit l'Ange qui luy parloit:
mais apres l'Ange les a refiouis. Et l’Angeluy
dit: Ne timeas A4aria inuenistu gratiam apud Do
minum : Marie,ne crains point,car tu as trouué
grace deuất Dieu. Conciptes in vtero, & partesfi
luum, & c. Tu conceuras en ton ventre, & en
finteras vn fils, & appelleras fon nom iefus,
Celuy fera grãd, & fera appellé fils du Souue
rain. Et le Seigneur Dieu luy donnera le fiege
de Dauid ſon pere, & regnera fur la maiſon de
Iacob eternellement,& fon regne fera fans fin,
Premierement, l'Ange declare que noſtre Da
me aura vn fils. Secondement, il luy declare
fon nom, lequel fera nommé Ieſus.Tiercemét,
la qualité de l'enfant & excelléce: car il regne
ra comme vn Roy. Mais que veult dire l'Ange
que l'enfant fera grand, veu que le Prophete
Eſaie l'appelle le petit, ou bien petit; quand il
I/a. 9, dit: Paruulus natus est nobis, le petit enfant nous
eſt nay? Reſponfe;il est petit en l'humanité, &
grand en diuinité. Il eſt petit en humilité, &
rand en maieſté. Le petit & le grand font en
Et fon Royaume, dit l'Ange Gabriel,
n'aura iamais fin. Quand on avnieune Prince
pour
D E L A V I E R G E M A R I E. I of I
pour fon Roy, on craint merueilleufemét l'of
fenfer.Car on regarde qu'il regnera log temps
auoir memoire à punir l'offenfe contre
uy commiſe. Comme nous eſperons de no
ftre bon Prince Charles Roy de France, à qui
Dieu doint bon iour, longue vie ; & heureuſe
proſperité. Le temps viendra qu'il fe fouuien
dra des rebelles & ſeditieux qui ont leué les ar
mes cőtre fa Maiesté, fe plus for
tes villes de fon Royaume, ont depopulé &
ruiné fon Royaume, faccagé les Egliſes de fes
villes &villages,à fon grand regret,intereſt, &
dommage: defquels comme ie croy, & plutoſt
qu'on ne penſe,il en fera faire iugement & iu
ftice : & bien-heureux feront ceux la qui au
ront bien verſé ſoubs l'obeiflance de fa Maie I e Roy le/las
fté. Icy nous faut entendre que noſtre Roy regnera eter
- VA » - - - -
F I N.
T A B L E D E S P O IN C T S
P LvS R E M A R Qy ABLE S S v R
L E P R E M I E R T O M E D F S S E R-
Degréprochain de prudence. fọ ố
Demander à Dieu que c'est. 633
le Denier est la vie eternelle. 229.230
Dure departie. 34
au Deſert pourquoy Iesta Christ a esté mené. 2 so
pourquoyle Diable est appelé homme. 209
la feste de la Dedicace. 136.137
Dieu le createur comme feul autheur & donateur
de grace & de gloire,doit estreprié. 639
Dieu donne à l'homme pluſieurs chofesimais en les
demandant. 631
- Dieu
T A B L E.
Dieun'est pas autheur depeché. 213.21f.216
Dieu est iffu cinq fois pour l’æuure de nostrefalut.
22 J
- F -
Diffinition du Ieufne. 28 f.
quelle chofe nous enfeigne l'Illumination de l'auen
S ss 2
“e
T A B L E.
gle. Y 267
Impieté des heretiques. I9I
. Ingratitude des hommes. 204
l'Intercefion des Saintis nous est neceffaire. 13 s
Inuečtiue contre les nobles. - l 24
Inuettiue contre les fàcramentaires. 28 6
Inuečtiue contre les delicats. 697
plus grandløye a esté en la natiuité de Iesta Christ
qu'en fa refurrečtion & aſcenſion. 93
quatre Ioyes font exprimees en l'estriture fainčie.
647. -
Sss 3
T A B L E.
Perfeuerance en oraifon. 6 57
beaucoup de Peuples font appellez:mais bienpeu de
e/leuz. 2J4.
Prediction de Iestu Christ à ſes Apoštres. . 6 og
les Premiers qui ont plus longuement labouré en la
vigne pourquoyfont les derniers. 237
Prefcher aux hommes est vne charge onereuſe ố
honorable. - 42
contre les Prefcheurs quipresthent eux mestnes,cer
chant leur gloire. 242
lepremier Prestheur de l'Euangile. 1 o9
cõment la Prefence corporellede Ieſus Christ n’em
peſchepoint la preſence du fainči 619 #*
Preparer la voye à Iesta Christ que c'est. 63
contre les Prestres. * - 2f9
Prier/ans ceffer. 664
Dieu veut estre Prié,& pourquoy. | 646
les Princes standalistY; f7
rt upernicieuſe,
s denefDie
Dontri
Dot à la Vierge Marie. - 929
7ft
- E
Efficace du nom de Iestu. 349
de l'Egliſe de Dieu,cinq chofes font diffes. 7 6 o
tant plus l'Egliſe est affligee,tant plus est elle ferme.
7 63
l'Eglife est comme vn roc. 766
à qui appartient l'Election des Eue/gues. , 1o29
les bons & fages Empereurs n'ont iamais voulu fe
meſler de conferer les Euesthez. 1033
l'Eſcripture/Ginéte pourquoy fait mention des bons
& mauttais. & 29
l'Estriturefuncte est obſcure, & pour iuste cauſe.
1 0 0 0. *
Pierro
r A » L e.
Pierre & Iean font aymez de Ieſu Christ, c'eom
777e7ff. 3 o7
comment il faut Plorer les morts. | 834
les Saintis ont le Pouuoir ó le vouloir de nous ay
der. 898
la Prediction des eferitures n'impost neceſſité aux
chofès. 1 0 14
Prerogatiues de monsteur fainti Iean. 813.814
la Prefence de Iestu Christ manifestee en pluſieurs
lieux. - 837
pourquoyles Prefires font exempts de taille & tri
but au Roy. 883
les Sainčis entendent nos Prieres. 9 og
le Prince mauuais, mauuais les fubiects. &? ó a
Priuauté de faint? Iean auec Jefus Christ. 314
Priuilege defainti Iean l'Euangelifte. 812.813
comment la Probation est bonneparles fens. 76 e
Promeffe de Iestu accomplie. 781
le Propre de Ieſu Christ est d'entremester trifteffe
auec lieffe,ớ au contraire. 82 f
pourquoylesfaux Prophetes font de Dieu permis.
764
la Prophetie de Michee,Exte enim exiet,&c. est
expliquee. * 863.8 64
pourquoy les Pfalmes de Marot font defendu.999
qu’est-ce que Pfalme. 996
Punition ordinaire des heretiques. 1 o 17
Punition de Iudae far ceux qui denostre temps ont
perfecuté l'Eglife. 1 o 19
Punition des faux tef'noings. 737
contre la Puiffance de Dieu on nepeut reffter. 9 og
Ttt r
r A » L e. ^
pr
par le Waifeau où Moyſe fut expofë, efi entendue
la vierge Marie. 747
Veoir Dieu en la Meffe,c'est vndire des Chrestiens
ez?7C1e72 f. 773
les V.ierges de Dieu. 337
la Verité eftfortifiee par chofes contraires. 76 s
Vertie
r A s 1 e.
Vertu cổ tribulation compagnes inf.parables. 826
Vertu dufigne de la croix. 393
Vertus du nom de Ieſus. 349
il fault imiter la Vertu & foy des Saintis, contre
les Caluiniftes. 377
Vicißitude des chofes,eft ordinaire. 31 3
la Viedes Chrestiens est vne perpetuelle croiæ. 827
la Vierge Marie cöparee à l'aube du iour. 734.73f
la Vierge Marie est conceuëfans peché originel.7yı
la Vierge Marie est comparee au Soleil. 7J7
pourquoy la Vierge bien-heureuſe entre toutes les
femmes. l 04 f
*
v
ở4t
fel. circonciston & institution,& pourquoy.
**
à Lyon.
:
|
|
|
-
|
-
*
|
|