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Recueil de farces, moralités

et sermons joyeux. , L'église,


noblesse et povreté, qui font
la lesine : moralité nouvelle
[...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Recueil de farces, moralités et sermons joyeux. , L'église,
noblesse et povreté, qui font la lesine : moralité nouvelle à troys
personnages, c'est à scavoir : l'église, noblesse, povreté. 1831.

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MORALITE KOUL'ELLE A TROYS PERSONNAGES,

C'elt a icauoir :

L'Egliie,.
Nobleffe,
Pourete.

Se vend place du Louure,


chez Techencr, Libraire.
S01XAN/TE ET SEIZE EXEMPLAIRES.

Paris, Typ. A. PINARDf"quai Voltaire, iâ.


MORALITE A .III. PERSONNAGES.

L'Eglife commence en chantant.

v^'eft a ce ioly moys de may


Que toute choffe renouuelle,
Que ie le vous prefente, belle,
Entièrement le coeur de moy;
C'eft moy, c'eft moy qui fuys la mère Ëglife;
C'eft moy,c'eftmoy qui faictzfeulea ma guife:
le saulue & damne a mon intention;
Religion eft defoubtz moy commife,
Ipochrifie aueq papelardise,
Vérité, foy aueq ambition,
Puys i'ey après fymonie en deuise,
Soubtz femblant de grand deuotion.
Noblejfe.
C'eft moy qui fuys nobleffe la grand dame,
Qui n'ay iamais foulcy ne crainte de ame ;
( A )
Soytbien,soytmal,commeilmeplaifteftfaict;
C'eft moy, c'estmoy que coeur mondain enflame,
C'eft moy qui faictz alumer feu & flamme;
Puysquantieveulx tout foudaineftdeffaict.
Pourete.
C'eft moy qui fuys pourete fimple et frefle ;
C'eft moy en qui famine, deuil se méfie,
Soulcy, trauail et désolation.
S'ebaift-on, fy fuys deffaicte & grefle;
La pluye & vent, la tempefte &la grefle
Ne font toufiours en confolation.
L'Eglife.
Puys qu'entre vous fuys en conuention
Pour blanchir linge en nature paûue,
Mefnies aufy pour la subuention
De tous noz trois faisons une lefiue.
Nobleffe.
Je le veulx bien.
Pourete.
le ne fuys poinct trop retiue.
le feray tout ce que bon semblera.
L'Eglife.
Religion drapeaulx afemblera,
Par fainct femblant et par papelardife;
Ambition le linge baillera;
( 5 )
Pareillement la lefiue afera.
l'efchangeray auecques symonye;
Et vérité auecques foy teurdera;
Ypocrifie en tout temps versera;
Auarice le feu alumera :
Ceulx la feront tous de ma compaignye.
Nobleffe.
Ceulx feruiront dont i'ey la feygneurye.
Premier richefe et faueur laueront; i
Moy ie baftray foyt d'aual ou d'amont,
Et foie amour le linge fechera;
Dame iuftice aucune foys plira;
Rapine après le linge ferera.
Pourete.
Sy font donc tout de rien ne feruiray ;
Moy, fil vous plaift, dame, ie fecheray.
Nobleffe.
Tu etendera; c'eft pour toy bien affes.
Pourete.
D'eftendre, helas ! i'ey les bras tous cafés.
I'ey prétendu eftendre & entens,
I'ey entendu, atendu & atens,
Et fy pour vray nul chofle on ne me baille.
L'Eglife.
Tu eftendra toufiours, vaille que vaille.
( 6 )

Prens ce bafton afin de bien loing tendre.


Pourete.
Helas! helas! on m'a faict tant eftendre
Que i'ey la chair qui fuft très chère & tendre,
Pafle & defaicte, & mes membres rompus;
Mes os ne font pas a demy repus.
D'eftendre trop aionges font mes bras.
Nobleffe.
Tu eftendra chemiffes, napes, draps;
Apres viendra force pour tout ferrer.
Pourete.
Par force fuys presque au defefperer.
Long temps y a que par force n'ay rien ;
Par force i'ey defpendu tout mon bien;
Force iadis m'a du tout mis au bas.
L'Eglife.
Il eft grand temps mètre la cuue bas.
Nobleffe.
Il eft grand temps de prendre mon bafteur.
L'Eglife.
Pour aflbuuir noftre oeuure fans debas,
Il eft grand temps mètre la cuue bas.
Pourete.
D'eftendre, helas ' n'y treuue nus efbas;
Mais i'eftendray en attendant bonheur.
( 1 )

L'Eglife.
Il eft grand temps mètre la cuue bas.
Nobleffe.
Il eft grand temps de prendre mon bafteur.
Pourete.
Que de drapeaulx, vray Dieu, mon créateur,
Qu'efchanger voy a l'eglife a prefent.
L'Eglife.
Ce font drapeaulx dont l'on m'afaictprefent
Nobleffe.
Qui eft ce linge ainfy fouille?
L'Eglife.
Symonye me Ta baille
Au change de deulx grans cheuaulx.
Nobleffe.
Qui font ces deulx aultres drapeaulx
Tant remplys de polution ?
L'Eglife.
le les priris en religion,
Changeant prieure en chapelle.
Nobleffe.
Et comment effe qu'on apelle
Ce linge a double croys merche?
L'Eglife.
C'eit celuy d'vn archeuefche,
( 8.)
Que i'ay paye argent comptant.
Pourete.
L'eglife, changes m'en autant.
L'Eglife.
As tu amys ou force argent?
Pourete.
De cela ie suys indigent,
Mais plaine fuys de grand fcauoir.
L'Eglife.
Sans argent on n'en peult auoir.
Pourete.
Qui est ce linge, quant g'y pense?
L'Eglife.
C'eft d'vn qui l'a eu pour difpence
D'vn monfieur faifant fa defpense.
Pourete.
Vrayment c'eft d'vn affes beau linge.
Scauoyt il rien?
L'Eglife.
Non plus c'vnfinge.
Fors qu'il aloy t aucune foys
Acheter des febues, des poys,
De la chair, du lard, des naveaulx ;
Par foys y penfoyt les cheuaulx
Dont monfieur eftoyt fecouru.
'( 9 )
Pourete.
Àinfy foublz vous tout eft pourueu
Qui ne feroyt que dire en chaire.
L'Eglife.
Que fenfuyt.
Pourete.
le ne me puys taire.
L'Eglife.
Raifon pour quoy ?
Pourete.
Pour ce que l'on faict au contraire
De ce que l'on ne deuft point faire.
L'Eglife.
Au temps prefent y fe faut taire,
Si on ne veùlt eftre mis au bafaq.
Pourete.
Religion, afemble en vn grand faq
Force drapeaulx soublz faindre vérité;
Et pour emplir de bribes son bisaq,
Blafme auarice & prefche charité.
L'eglife efchange en grand auctorite
Linge sacre et le porte par fais
Petits afnons et grans afnes parfais.
Religion, ypocrite en fes fais,
Papelardant defoublz voixfaincte tremble.
( 10 )
Dont pour nourir moynes gras et refais,

Religion en tous pays afemble,


Soublz chafte habit, fon bien luxurieulx.
De trop ieuner y font peu amefgris ;
Mais d'afembler font toufiours curieulx;
Dedans leur cloiftre y font tant envieulx,
Que a grand peine eft cordelier, iacopin,
Qui n'ayt enuie a carme ou augustin.
Sy differens ils font leurs habis,
Trop moins en coeur l'un a l'autre refemble,
Pour atraper foyt du blanc ou du bis.
Religion en tous pays afemble

Soyt orge, ble, auoyne, febues & poys,


Fil, chauure, lin, gerbes, pomes & noys,
Beure, formage, ongnons, aulx & poreaulx;
De toute choffe empliront leurs fardeaulx ;
Puys quant ils font venus prefcher des champs,
De tout après vendent comme marchans;
Difant qu'ils ont gaigne cela gratis.
Puys vont, in caméra caritatis,
Boyre d'autant bon vin, bon ne leur semble
Pour afouvir leurs trop grans apelis.
Religion en tous pays afemble.
( II )

Enuoy.
Grand merueilleeftquantmoynes valentrien;
'e ne dis pas qui n'en foy t gens de bien;
Mais c'eft le moinglz ainfi comme il me femble,
Iamais ne vont fors la ou on dict tien ;
Car, pour afin d'auoir toufiours du bien,
Religion en tous pays afemble.
L'Eglife.
L'eglife fuys, qui defchanger faictz rage;
le troche, vens, ie permute & atire;
Mère ie fuys qui fes enfans oultrage;
Doulce leur fuys, & puys ie les martire,
Au feu les mes, & puys ie les retire.
Courtoyse fuys, puys tout a coup eftrange;
Par quoy on peult de moy ce propos dire:
L'eglife atire, & en tirant efchange.

Le linge sainct ie charge, sonile & gaste,


Et les deniers des poures ie defpens;
Et le prélat par argent fais en hafte.
le fais du mal, & puys ie m'en repens.
Du mort & vif iournelemenl ie prens;
Ce m'eft tout vu, or, argent, linge & lange.
Ainfy sans ceffe aulx veulx que i'entreprens,
L'eglife atire, & en tirant efchange.
( '2 )

De prieure, de cure & de chapelle,


Commèilmeplayft,i'efchangeenma guife.
I'ey le pouuoir, poinct on ne m'en repelle.
Ce m'eft tout vns on en parle ou deuife.
Auarice aufy par conuoytise
Le feu alume & par rapine atise.
Ypocrifie eft toufiours en mon change.
Pour amafer avec papelardife,
L'eglife atire, & en tirant efchange.
Enuoy.
Prince, auarice en mon coeur se retire,
Iusque a piller le ble dedens la grange,
Qui a cause a maint homme de dire :
L'eglife atire, & en tirant efchange.
Ils chantent enfemble.
Puifqu'a befogner on se reigle,
Afin vn peu de nous deduyre,
Chantons quelque bon vaudeuire.
Ce n'eft pas la guife de France.
( «3 )

Aueq faueur & richeffe eftre j'ame :


Lors on dira me voyant tout abatre
Nobleffe bat fans eftre baftue dame.

Auec plaifir qui toute ioye engendre,


Sa gouuernante eft dame auctorite,
Qui veulttoutveoir,toutfcauoir&entendre,
L'acompaignant de curiosité.
Sus le bon homme & faict piler & prendre,
Et bien fouuent faictpartir du corps l'ame,
Sans contredictdont par trop entreprendre.
Nobleffe bat fans eftre baftue dame;

Nobleffe bat & combat damoyfelles,


Ioyeufement par amoureulx désir;
Et f y ne veult choifir que des plus belles,
Pour démener ioye foulas & pUiiiir,
Et f'y le poure eft aulx champs a gefir,
Cherchantfecours, lors refpondra la dame:
Alens, alens, car tu as tout loifir.
Nobleffe bat fans eftre baftue dame.
Enuoy.
Prince, nobleffe a partout des feigneurs,
Prenantargentde tout, foy td'homme ou femme,
Sur laboureurs & fur poures greigneurs.
( H )

Nobleffe bat fans eftre baftue, clame.


Pourete:
Nobleffe bat fans eftre baftue dame,
Au moins de moy qui ne m'en puys venger.
Sy ie m'en venge, en prifon, lieu infâme,
Il me fera foubdainement loger.
Deuant mes yeulx ie voy guerre & famine;
Même la mort que le corps ronge & mynre.
Apres ie voys l'eglife qui m'opi'effe.
Nobleffe aufy qui toufiours bat fans ceffe,
En me faifant iournellement eftendre,
Et sy ie faictz a iustice l'entendre,
Elle me dyra qu'aueq faueur ie plye.
L'Eglife.
On voy t beau temps venir après la pluye.
Pourete, prens vn peu de paffetemps.
Sy ie paruiens a ce que ie pretemps,
le te feray eftre au déifias du vent.
i
Pourete.
On me repayt de promefle fouuent;
Mais tout cela ne rent mais fens content.
Nobleffe.
Quoyrefponstu?veulx tu mouuoir content,
le te commande en tout temps de te taire.
L'eglife & moy laiffe nous de tout faire.
( ÏS.)
N'ayesfoucy fors que toufiours eftendre;
C'eft a l'eglife & a moy fur toy prendre,
Non pas a toy dèfus nous entreprendre.
L'Eglife.
Seigneurs qui veult noftre moral entendre,
Les gens de bien ne tendons acufer,
Ne le malfaict ne voulons excufer;
Mais feulement foublz moral cler et ample
Aucun poura y prendre bonne exemple
Et de malfaict en bien fe coriger.
Nobleffe.
Sus, pourete, y vous fault defloger.
le vous commande apporter mon baftoyer.
L'Eglife.
De tout ferer ie vous veulx defcharger.
Nobleffe.
Sus, pourete, y vous fault defloger.
Pourete.
Puyfqu'ilvousplayftiem'envoystout charger,
Mais pour le moins payes voftre porteur.
; L'Eglife.
Sus, pourete, y vous fault defloger.
Nobleffe.
le vous commande d'aporter mon baftoir.
.,.-;,., L'Eglife.-..,
... ,: .....
Tu es tçop poure crochèteur, : .
Pour porter quelque bénéfice.
.
Pourete.
De vous n'aurai ge quelque office;
Suis ic payenne ou farafine.: .
Noblejff.,"'f,' '
. -, ,

A tu auras en tout fuplice .


Le,brouet,de,noftr,e euifi,n,e.; ,;.„.
,,
• ." pourpffi., ..,,-..- •....
. . .
Ayes pitié de Pourete.

Puifque toufiours as poure elle,


De nos deulx porteras, le faix
Sus l'egl ife d'à cors pa r fai x.
En partant de cefte majfon
Difons .deulx mosd'vrie chanfon.

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