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Recueil de farces, moralités

et sermons joyeux. , Le jeu


du Capifol : moralité à IIII
personnages, c'est à scavoir :
le [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Recueil de farces, moralités et sermons joyeux. , Le jeu du
Capifol : moralité à IIII personnages, c'est à scavoir : le ministre de
l'église, noblesse, le laboureur, commun. 1837.

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LE ÍEU

MORALITE A .1111. PERSONNAGES,

C'est a soauoir :

Le Ministre de l'Egliíe,
Noblesse,
Le Laboureur,
Commun.

Se vend place du Louvre,


chez Techener, Libraire.
SOIXANTE-ET-SEIZE EXEMPLAIRES;

PARIS, CBKZ A. PIHARD, quai Voltaire, t5.


LE IEU

MORALITE A .1111. PERSONNAGES.

Commun commence.

le commun populaire,
JLE fuys
Marchant fur le climat polaire7,
En peine & pleur, en crainte & sain.
Noblesse est fur moy fy colère,
Labeur mefaict quérir mon pain;
l'ey en corps malade coeur sain ;
le fuys ainíy qu'vn poure exain
Qu'on chasse volant d'arbre en arbre.
Je n'ay plus fur moy chair ne sain,
Chascun me descouure le sain,
Me rendant plus froid que marbre.
Le Ministre.
De qui te plains tu, poure sabre?
( 6}
Says lu pas que ie fuys ministre
De l'église qui administre
Salut, gardant le candellabre.
Le Commun.
le nie louháicte en Calabre,
Car parler contre toi ie n'ose.
Noblese.
Et fur moy í'ays tu quelque chose;
Dy hardiment, parle & defpefche,
Vers moy descharge ton courage.
Commun.
Noblesse, a vous je doy hommage;
Mais ie crains tant auoir dommage,.
Que la verile n'ose dire.
Labeur.
Commun, a moy parler, beau sire,
Voy en labeur s'il y a que redire ;
De luy prens nourriture faine.
Commun.
Par labeur i'ey lant de peine;
Mais de peur d'encourir fa haine,
Eu bien ne mal n'en veulx. parler.
Le Mini/íre.
Comme rien ne nous doibtz fêler,
Car nous sommes les trois estas,.
( 7 )
.
Et sans nous mal yroyt ton cas.
Tu vois noblesse qui te garde,
Qui tient efpee & halebarde
Pour debeller tes ennemys;
Tu voys labeur qui te regarde,
Qui vin & ble te.contregarde,
De peur qu'en terre ne soys mis ;
Puys en Veglise fuys cornmys
A porter sacres vestemens,
Pour te donner tes sacremens.
Commun.
Faire ne puys gráns parlemens,
Car ma bouche dire ne peuit
Ce que mon coeur dire ne veull,
Par quoy i'ayme mieulx a me taire.
Noblesse.
Tu feroys donq bon secrétaire ;
Mais ppur viure ioy.etisemeiU,
Afin de parler librement,
A quelque ieu nous fauìt iouer.
Conimìin.
le le veulx par eí'batement.
Afin de parler librement.
Labeur.
Dy nous donc quel ieu & comment.
(8)
Commun.
Ie ne say a quel sainct me vouer.
Labeur.
Afin de parler librement,
A quelque ieu nous fault jouer.
Le Ministre.
Je say un ieu fort a louer,
Et sy ny a sraulde ne dol.
Noblesse.
Dictes quel ieu?
Le Ministre.
Au capifol.
Labeur.
C'est un ieu a sage & a fol;
Mais pour veoir qui commencera,
Et comme temps on passera,
II nous fault tirer au festu.
Noblesse.
Vraymeht c'est tres bien debatu,
Les festus dont ie m'en voys faire..
Le Ministre.
Le plus long fera mys en chaire
Et fera le premier muché.
Labeur.
Fust il commun, noble ou vicaire,
(9)
Le plus long fera mys en chaire.
Noblesse.
Les festus ie viens de parfaire;
Tires chacun, c'est trop prefche ;
Le plus long fera mis en chaire,
Et fera le premier muche.
Le Ministre.
Voecy pour moy.
Labeur.
Et moy aussy.
Commun.
Voecy le mien. Dieu ! qu'esse fy?
Et qu'il est long.
Noblesse.
Et iey le dernier.
Commun doibt commencer premyer;
Sus, qui soyt en la chaire assis.
Commun.
My voela droict, de sens rassis.
Sus commences, ie fuys muche ;
Mais que doulcement soys touche.
f
Le Ministre râpe.
,
De qui te plains tu?..
Commun.
De l'Eglise.
.( IO )
Noblesse.
C'est a tort.
Commun.
Dont son coup deguisse,
Car c'est d'vne main délicate,
Et semble au fraper qu'elle frape
Moins, son coup le coeur poinet et mort;
Elle prend du vif et du mort,
Tant que son honneur trop abaisse.
Noblesse srape.
De qui te plains tu?
Commun.
De Noblesse.
Le Ministre.
C'est a-tort.
Commun.
Noblesse me blesse ;
Par noblesse iey toute humbleffe,
Non par noblesse proprement,
Car noblesse vit noblement;
Mais c'est par ses fins oficiers,
'Qui, pour amasser des deniers,
Trouvent mile traditions,
Dont pour leurs grans exactions,
M'engenfent fur mon dos la láyne."
( » )

Je pers sens, biens, force & aleyne.


Jls me font payer taille & guet;
Ils me font tenir en segret,
Pendant que mon bien on emporte,
Puys l'un d'eulx chèulx moy se transporte,
Qui vient veoir fy ma femme est belle.
Noblesse.
Tu comptes vray, baille lui beìle ;
Sus, eltens la main ; as tu peur ?
De qui te plains tu ?
Commun.
De labeur.
Noblesse.
C'est a tort.
Commun.
De labeur bien souvent ie dignes,
Et labeur vient fouuent cheulx'moy ;
En quelque lieu que ie chemines,
Labeur deuant touíìours moy voy ;
Ne me veuilles plus trauailler.
Le Ministresrape vn grand coup.
Sa, la main, y la fault bailler.
Commun.
Oh ! que ce coup est inhumain.
Dieu, que voela pelante main
( " )

Qui frape par moyen sinistre.


Noblesse,
.

De qui te plains tu ?
Commun.
Du Ministre
De l'eglise qui, par argent,
Porte les poins d'or & d'argent.
Noblesse.
C'est a tort; mais dis nous comment
D'en parler es fy résolut ?
Commun.
A tous bons entendeurs salut !
Premier ia il ne chantera,
Ne cloche fouuent ne fera
Sonner fans argent, c'est le premier pomct,
S'vn poure homme d'argent n'a poinct,
Et qu'il aduienne a la maleure
Que fa bonne femme lui meure,
la en terre on ne la mectera.
Noblesse.
Qu'as tu perdu ? laisse la là.
De qui te plains tu ?
Commun.
Je me plains
De noblesse; maïs mes gretz poinctz
i3 )
(

Ne la sont poinct a pitye tendre.


Noblesse.
C'est a tort.
Commun.
C'est bien babille.
Le poure commun est taille,
Bastu, robe & mutille,-
Pille, tribouille, barbouille,
Et sy se plainct de tel effort,
On luy dira que c'est, a tort.
\ Labeursrape.
De qui te plains tu? ^
Commun.
De malheur.
Que doi ge dire de labeur.:
Le Mih'stre.
Vrayment c'est bien adeuigne.
Sus, Labeur, mes toy en fa place.;
Labeur.
M'y voela déifia arriue.
Ne me joues poinct de falace> *

Le Ministre.
,
De qui te plains tu?
,
Labeur
Des faulx prélats
(
i4 )
Et des faulx prefcheurs,
Qui de mal dire sont amateurs,
Et prefchent par leurs traditions
De faulces expositions.
Le Ministre.
Croy toult le bien qu'il te diront,
Et ne faictz le mal qui seront ;
.
En foy soys toufiours resòlut.
: -Labeur.
Nostre foy ne tent qu'a vn but:
Pourquoy preschent,y deulx sentiers,
Fors que pour aquerir tribut
Et amasser force deniers.
Noblesse.
De qui te plains tu ? ?

Labeur.
Des gens d'armes
Que noblesse mect; fur les champs,
Qui me font plourer chauldes larmes,
Tant font leurs faictz ors & mefchans.
Noblesse.
C'est a tort ; noblesse n'enlens
Qu'on pille poures laboureurs ;
Car les preuotz aux champs estent
Pour punir tous les malfaietéurs,
( '5 )

Tens la main comme vn homme abille.


f
Commun râpe doulcement.
Labeur.
Ce coup est bien foible & debille ;
C'est loy, Commun.
Commun.
11 certain.
est ? ?

Vn seul coup iey'touche ta main,


,
Par quoy fault que soys muche ;
Ausy bien que moy ont-touche, ;

Et sy ont dict que; c'est a lor.t-.i.


. ,
Labeur., ii.j,
. . . . .? ..
Cela me rent tryste & fasche. .. >

Commun.' >;;'.'?.?. .:;,' ï-:.i:


Aufl'y bien que i»òy ont'louche.
Labeur.:
,
S'en est autant de despesche ;
Au foible on veoyt porter le sort.
Commun.
A.uffybien que moy ont touche,
Et sy ont dict que c'est a tort.
Labeur. '.-.
Commun, prenons en Dieu confort;
Car en ceste morte saison,
Contre equicte, droict & raison,
i6 )
(
De nous ioueront a capifol
L'vn âpres l'autre a leur plaisir.
Commun.
Jusque a mectre la hart au col,
De nous ioueront a capifol.
Labeur.
Commun, fuiuons monsieur sainct Pol ;
Prenons confort.en desplaisir.
?
Commun.
De nous iouerontau capifol,
L'vn âpres l'autre a leur plaisir.
Vous qui aues veu a lo'ysir
Nostre ieu, fy n'estes çontèns,
Excuses les gens ou le temps ;
Auant que partir de ce lieu,
Vne chanson, et puys adieu.

FINIS.

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