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Recueil de farces, moralités

et sermons joyeux. , Farce


joyeuse à II personnages,
c'est à scavoir : Ung
gentilhomme, son [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


. Recueil de farces, moralités et sermons joyeux. , Farce joyeuse à
II personnages, c'est à scavoir : Ung gentilhomme, son page,
lequel devyent laqués.... 1837.

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FAR CE
IOYEUSE

A .11. PERSONNAGES

C'est a scauoir :

Vng Gentil homme.


Son Page lequel cìeuyenl Laques.

Se vend place du Louure


chez Techener Libraire.

10 -
_ #
SOIXANTE ET SEIZE EXEMPLAIRES.

Typ. PINARD , -rue d'.À;tiìo u-Dauphine , 8.


FARCE
IOYEVSE

Qui tut & n elt plus.


Le Gentil homme.
Pour quoy?
Le Page.
Ie veulx changer de maistre.
Le Gentil homme.
La raison ?
Le Page.
Vous estes reclus.
Le Gentil homme.
Mon page!
' Le Page.
Qui fut & n'est plus.
Le Gentil homme.
Pour quoy cela ? ?
X 4 )
Le Page;
le veulx changer de maistre.
Le Gentil homme.
Beaucoup de bons tours puys congnoistre
Que t'ay monstre le temps passe.
Le Page. ->

Vous chutes par vue fenestré


A la montre & fustes casse.
Le Gentil homme.
Pource que i'estoys espaffe
Et'hardy en vne'bataille
On m'a casse car on me baille
Le temps auenir plus grand charge.
Le Page.
Vous aues beau mentir que perge?
Car ie cuydepour abréger
.
Que vous estes hors de danger
De rien perdre a l'argent du Roy.
Le Gentil homme.
Tient on pas grand conte de moy
Quant ie fuys parmy les seigneurs? ,;
Le Page.
Ouy dea ! mes se sont les greigneurs
Aueç qui ie vous vis iamais
Que le fin vergus de Beauùais
Monsieur du Croq Hape Gibet
Oui ont tant use de débet
( 5 )
Et trouue chose non perdus.-
Yl ont este tous iroy's pendus
Par le prevost des marefchaulx.
Le Gentilhomme.
Vienca vienca!
Nombreres tu bien les monceaulx
Des cors que i'ey mys a fin?
Le Page.
Ouy dea ! ouy dea! se i'auois vn cofíin
Des poulx qu'aues mys a mort
Yl en seroyt plain Jusqu'au bort
Et fut y grand comme vn boyseau.
Le Gentil homme.
M'a tu pas veu porter l'oyfeau
Et tenir train de gentillesse?
Le Page.
Ouy dea! par hardiesse
Mais c'estouent poules desrobes.
Le Gentilhomme.
,
Touchant loueurs de cartes & de des
En vis tu onc en ta vye
Vn myeulx prise en seigneurye
Ny vn plus beau ioueur que ie fuys
Car certainnement ie poursuys
Tousiours le train des gentis hommes?
Le Page.
Iamais vous n'y perdues grans sommes
6?;(
?
En vn iour
. de vpstre viuant
Car iamais ie ne vous vis vailan t '
Trays soublz que vous n'en dusíes fis.
Le Gentilhomme.
Ie ne scay plus comme ie fuys.
Mon varlet se moque de moy.
. Le Page.
Non fais ie vous promais par ma foy-
Mais ie ne me puys cohtiertir
A. vous oûir fy fort mentir
Et vous gorgier en ce poinct.
Le Gentilhomme.
Or vienca. Ne te souuient y poinct
Que i' en tris fans plus d'à tente
Vailamment dens vne tente
Ou ie conquestis vne enseigne
Et sy ie prins vn capitaine
Et deulx pièces d'artillerye.
Le Page. :? * -., .
.^
Ou fuse?
Le Gentilhomme.
Dens vne tente.
' Le Page.
Ou?
Le Gentilhomme.
Dens vne tente.
h )
Le Page.
Vne bonne fuyte
Vault miéulx c'une mauuaise ateiíte.
Quant de cela ie n'en scay rien
Mais vrayment y me souuient bien
Qu'a la iournee des Alemans
Vous fuytes dens vng fosse
Et puys quant tout fut ebloce
Vous courûtes au pillage.
Le Gentil homme.
Tant tu me fais de dommage
De desplaisir &. destourbier
Et sy tu me vouloys vn petit.suplier
Et me coloquer en tous lieux
Tu t'en trouuçres beaucoup mieux.
Ie te pouruoyeres'deuant toùs.
Le Page.
Ie vous em prie prenes pour vous
Des biens fy en poues auoir.
Garde n'aues de m'en bailler
Se croi ge fy n'en aues d'aultres.
?

Le Gentil homme.
Y fauldra que ie vous efpiaultres,
Sy de bref vous ne vous changes.
Le Page.
Y fauldra bien que vous renges
Ou que vous vous férues vous mesmes.
(8 )
Le Gentil homme.
Tu scays bien que tu es ajmesmes. -

De tout mon bien d'qr & d'argent. ::';?.-


Tu congnoys toupsentierenient
Maistre & seigneur de mes trésors -??
,
Et tu m'entens bien en deulx m os.
Le Page.
Le deable emport qui vous vit iamais>
Que des gros
Qui courent parm.y ses maraus.
Vous n'aues iumens ne cheuaus
Ny habis qui ne souent en gage
Vostre chemyse est de louage
Et sy vous fauk Vng seruiteur. ??;?
Le Gentil homme i
Tu scays bien que tu es menteur; ;

I'ay troys ou quatre nobles fieulx


Et de la terre en plusieurs lieux.
Parmi les dames qui plus est
._
Ne me croyent pas la: où vy me vouent
Ie ne say aux qùellés entendre.
:

Lé Page.
II est bien vray que ie vous vis prétendre
En vn foeir au cler de la4une
De coucher auec queque vne
Qui d'une main estoytmanquete ?;,:....'? .
Et vous onga d'une ppuquete .; .
;( 9' )
La galande & reuintes tout nu.
Le Gentil homme.
Voyla pour loy bien mal congneu
Le bon plaisir que iet'ay; faict.
le t'ay acoustre en effaict
Depuys Tefpaffe dedixans.
Voyla le train des bons enfans
Maintenant ne conghoyfent rien !
Le Page.
Sy vous ay ge faict plus de bien
Que vous ne m'aues deseruy.
Le Gentil homme.
Vienca. N'en parle iamais.
Ne soyons poinct icy meffuy.
As tu poinct veu mon estan ?
Le Page.
Ouy ouy les neiges d'auten !
Y n'a ny estan ne clapier
C'est vng grand fosse de bourbier
Ou l'ont gregnouiles & murons.
Le Gentil homme.
Que dis tu ? " ?

Le Page.
Ie dis monffieur que les hérons
Vous ont faict vn grand dommage.
Le Gentil homme.
Vers quel coste ?
(io)
Le Page. ?

Vers le riuage.
Yl ont gaste le petit sien.
Le' Gentil homme. -
Ie t'en croy bien Page par Dieu !
Sy auoyt y force poueffon.
Le Page.
II y en ya autant c'iin oueffon
Porteroyt bien dedans son bec.
*' Le Gentil homme.
Mon grand muret
Combien contient y bien de tour?
Le Page.
Autant qu'on feroit de ce iour
A boyre chopine de vin.
Y n'a terre vigne ne vin.
Ie dis vray par faincte Marye.
Le Gentil homme.
Que dis tu ?
Le Page.
Vostre prarye
Contient enuyron quatre lieux.
Le Gentil homme.
À ! tu as dit vray femydieux !
Yl y font a la grand mesure.
Quans herpens ay ge de pasture?
(»)
Le Page.
Enuyron .iij. ou .iiij. cens.
Le Gentilhomme.
Qui ne le croyt y n'a pas sens.
Le Page.
Ouy bien autant de sens ie dis
Que fur la queue d'une souris.
Le Gentil homme.
Tous mes grains ou seront y mis?
Le Page.
Ou y seront?
Le Gentil homme.
Ouy ouy!
Le Page.
Cheux vos amys
Et me semble qu'i seroyt bon
De* les mectre en vn mulon
Prés du grenier ou est le foin.
Par ma foy y n'a pain ne grain
Qù'i seroyt mectre en sa gorge.
Ie dis vray par monsieur sainct George.
Ma foy ! ie ne l'ay poinct veue.
El est d'une estrange couleur.
D'auoynne vouela grand douleur !
le ne say qui luy eust baillée
Y n'en a pas vne escullee.
De cela ie fuys bien certain.
( Ì2 )
Le Gentil homme.
Et du reste de l'autre grain
Nous en avon a grand foyfon ?
Le Page.
Ouy dea! & de raison
Ma foy Monsieur pour vostre aimée.
Le Gentilhomme.
Vienca Page. Ceste iournee
As tu pas veu mes grans cheuaux ?
Le Page.
Ouy ma foy ! Monfsieur y font beaux.
Y les faict bon vouer a l'estable.
Des grans cheuaulx yl a le deable.
Y n'a que de vielles jumens -
Qui n'ont aux gueulles nules dens.
Voyela tous les cheuaux qu'il a.
Le Gentilhomme.
Page vienca. Qui ine bailla
Ce cheual qui est a ma femme?
Le Page.
Se fust le Roy Monfsieur mon ame !
Comme y baille de la bigorne !
C'est vn vieil chenal qui est borgne
Ce n'est c'une vielle carongne
De iument a qui les os percent.
Le cul & les iarnbes luy herchent
De malle fine pourete.
( »3.)
Le Gentil homme.
Vienca Page. Suy ge monte
A ton aduis a l'auanlage?
Le Page.
Ouy Monfsieur comme page
Qui va a pie le plus du iour.
Le Gentil homme.
Ie ne doibtz pas auoir de pour
Quant ie me trouue en quelque asault.
Page !
Le Page.
Monfsieur!
Le Gentil homme.
Pren mon courtault.
Ie te le donne pour etrenne.
Le tien te faict par trop de peine
Car y me semble par trop las.
Le Page.
Grand mercy Monfsieur.
Eh ! quel foulas! '
Ie me doys bien réconforter
S'il en auoyt pour le porter
Luy mefmes le poure cocu
De .xx. soublz ou d'un pourejsscu.
Penses vous qu'i seroyt du maistre?
Le Gentil homme.
Page ! v
(
i4 )
Le Page.
..

Monfsieur!
Le Gentil homme.
Y te fault estre
Dedens vn moys en Angleterre.
Le Page.
Et pour quoy faire?
Le Gentil homme.
Tu m'iras querre
Douze haquenes a Hantonne
Que le Roy engloys me donne. "
Y valent bien chascun cent frans.
Tu lui mairas mes chiens courans
Pour coupler auec ses leueriers.
Le Page.
Ouy! par ma fóy!
Y n'a que des chiens a bergers .
Tous ausy velus c'une vache
Et fy ont l'oreille ausy flache
Et ausy môle c'une trippe.
Le Gentilhomme.
Que dis tu?
Le Page. l

Que c'est la tippe. s


Monfsieur voules-vous qu'on luy maine.
Le Gentil homme;
Laquelle esse ?
( iS )
Le Page.
C'est Mariollaine
La plus belle du tropeau.
Par ma foy ! on luy void la peau
Tant est morfondue & rongneuse.
Le Gentilhomme.
Que dis tu?
Le Gentil homme.
Elle est plaisante & amoureuse
Ceste chienne la plus du monde.
Le Gentil homme.
Et c'est cela ou ie me fonde.
Le Page.
Voules vous qu'el y foyt menée ?
Le Gentil homme.
Ouy dea!
Le Page.
Quelle trainee !
Ceste chienne va fy a loysir
Qu'a paine poura le fuyuir
Vn cheual fy tost que le pas.
Entendes voús? ie ne mens pas.
Tant est vilaine orde & salle.
L,e Gentilhomme.
Page!
Le Page.
Monfsieur! -
.
( i6 ).
Le Gentil homme.
Dedens ma salle
Y faict y pas maintenant beau?
Le Page.
Ouy de! Monfsieur tout de nouueau
L'aues faict paindre pour seur ;
Mais quel salle ! c'est hideur.
II n'en a poinct que sa chemise.
C'est celle la dont y deuise *
Et de quoy il entent parler.
Le Gentilhomme.
Page!
Le Page.
Monfsieur!
Le Gentilhomme.
Va moy seller
Mon courtault qui est a l'estâble.
Le Page. .

Vostre. courtault de par le deable


! !

Ie n'en sache poinct qui vous hele


Que celuy de vostre brayete;
Qui vous donne bien du tourment.
Le Gentil homme.
Page !
Le Page.
Monfsieur!
'
i7 )
(
Le Gentilhomme.
Aproche toy légèrement.
Et tout le temps que m'as seruy
Ie me croy bien a ton serment
T'ai ge pas paye ton payement
Vaillamment pour chascun cartier ?
Le Page.
Y n'a poinct falu de papier
Pour en escripre la quictance.
l'en tiens encores fans doutance
Tout ce qu'en receus iamais.
Le Gentilhomme.
Gens qui ont seruileurs parfaictz
Lesdoibuent bien entretenir.
Le Page.
Mais leur laisser tout leur acquestz
Vaillamment fans rien retenir,
le vous suplye alons nous ent
Bien tost partons légèrement
Et laifes ceste vanterye
Dont estes plain c'est moquerye
De vous & de vostre affaire.
Adieu ne vous veuile desplaire.

FINIS.

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