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Du Royaume de Siam.

Tome
2 / . Par monsieur de La
Loubere envoyé
extraordinaire du Roy auprés
du Roy de Siam en 1687 &
[...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


La Loubère, Simon de (1643-1729). Auteur du texte. Du Royaume
de Siam. Tome 2 / . Par monsieur de La Loubere envoyé
extraordinaire du Roy auprés du Roy de Siam en 1687 & 1688.
Tome premier [-second]. 1691.

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01

£>

Af.

CQ.->>(X-'
a
•zsg&à LECTEUR,. ;

.
§§§fl|§ ^ n'ay Pre^luç d'autre
SSlil part à ce Volume, que
Pliyilli d'en avoir aflemblé Jes
Pièces. Quelques-unes font des
Traductions, qui ne font pas de
ma faç^on : en quelques autres
je n'ay prefque fait que tenir la
plume quand on m'en a diclç
,
la fubftançe. S'il y en a qui pa-
roiflènt trop étrangères à une
Relation de Siam, elle ne le font
pas tant à mon Voyage, dont
on m'auroit peut-être pardon-
né PHiftoire fi i'eufTe entre-
,
pris de la faire : & encore moins
à laconnoiflTance générale que
,
j?ay tâché de donner de tout l'O-
rient pour faire mieux connoî-
,
tre par là le génie des Siamois,
En tout cas je demande grâce
pour deux ou trois Pièces au
AU LECTEUR,
plus y qui ne déplairont peut-
être pas en elles-mêmes, fie que
j'ay données à la curiofite de
quelques perfonnes que j'ho-
,
nore.

VU
Ifv} *;££A VIE
WTE VETAT
1

TRADUITTE DU BALI.
Bl
§Pf?fjf|| P R E s la naiiïànce de Pou- * Cetiu*
ti Sat* , qui par fes bon- f; sn°£
S^^^Ë nés oeuvres dans la fuitte mona-co-
««S^ des temps parvint au Ni- àTôntî
reupan, fon père le Roy Tâoufou- ££„/„"* vis veut
tout confùlta les devins pour favoir
ce qu'il deviendroit, & la fortune Biii,
qu'auroit un fils, à la naifiance du- c°^t
quel ilavoitparu tant de merveilles. e»sia-
Tous l'afsûrérent qu'il avoit grand ™Xn **
fujet de fe réjouir puis que fi fon fils dit Pour*
,
demeurait, dans le monde, il fèroit poua*
Empereur de toute la terre, ou que Tchâo*
s'il fe faifoit Talapoin en abandon- pomua
nant les plaifïrs du fiécle , il par- Baii.
viendroit au Nireupan. Il faut favoir
que cet Empereur avoit fept fortes
de chofes, qui luy étoient tellement
particulières, qu'il n'y avoit que luy
qui les eût. La première étoit une
Tome JJ. A
i Vu Royaume de Siam.
boulle de verre, dont il fe fervoit
pour fè défaire de fes Ennemis, en
la jetant contre ceux, qu'il vouloir
faire mourir ; laquelle étant lâchée
alloit couper le col à l'ennemy, puis
retournoit d'elle-même. La féconde
C'étaient des Eléphans & des chevaux
d'une bonté & beauté extraordinai-
res , qui voloient avec la même fa-
cilité qu'ils marchoient. La troifîé-
,
me étoit une pièce de verre, par le
moyen de laquelle il pouvoit avoir
tant d'or & d'argent qu'il vouloit î
car pour cela il n'avoit qu'à la jeter
en l'air,& delà hauteur qu'elle alloit,
ileroifioit une colomne d'or ou d'ar-
gent. La quatrième étoit une Dame,
venue du côté du Nord, d'une beau-
té merveilleufê, qui avoit une mar-
mite de verre foutenuë par trois co-
lomnes de même ; puis quand elle
vouloit faire cuire du ris, elle n'a-
voit qu'à y mettre tant foit peu de
ris, & le feu %'ajlumoit de luy-mê-
me, & s'éteignoit aufli deluy-même
lors que le ris étoit cuit :1e ris fe multi-
plioit tellement en cuifant, qu'elle
en pouvoit nourrir jufqu'à 500.hom-
mes & davantage. La cinquième é-
çoit un homme, qui avoit loin delà
"Du RtyMme de Siam. j
rçîaifbn, & qui avoir des yeux fî pé-
riétrans qu'il voyoit l'or, l'argent,
,
& les pierreries dans le fein de la
terre. La fîxiéme étoit un grand Man-
darin d'une force & d'une valeur ex-
traordinaires. La dernière étoit qu'il
avoit mille enfans de la Reyne feule,
qui à la vérité n'êtoient pas tous for-
tis de fon ventre. Un lèul en étoit
forti, & les autres s'étoient engen-
drés de Peau, du fang, & de tout ce
qui fort à l'accouchement. Chacun
de ces enfans en particulier étant de-
venu grand, étoit capable de terraf-
fer, & de vaincre tous les ennemis ,
que leur père eût pu avoir. Or il y
eut un des devins , qui prenant le pè-
re à part , luy dit qu'aflùrément lbn
fils abandonnerait le fiécle quitte-
,
ront la Royauté, & fe confacreroit à
la pénitence en fè faifant Talapoia
pour pouvoir par fes bonnes oeuvres
arriver au Nireupan.
Ses parents au nombre de dix-mil-
le.ayant appris par la réponiè des de-
vins que le domaine univerfel de
, monde le Nireupan é-
tout ce , ou
toient aflùrés à ce jeune Prince,réfo-
lûrent entr'eux de luy donner, quand
Élferoit un peu avancé en âge, ebi«
A ij
ij. "Du Royaume de shm.
cun un de leurs fils, pour être à fk
fuitte : & ils le firent ainfi. Quand
donc ce Prince, après la pénitence de
quelques fept années qu'il fit dans les
bois, fut devenu digne du Mireupan,
quantité de ces jeunes gens dont
nous yenons de parler qui étoient à
là fuitte , fe firent Talapoins avec
Jbui : mais parmi cette grande troupe
il y en eut fix, qui quoy qu'ils fuf-
jfent fes parents Se à fâ fuitte ne
,
voulurent pourtant point le fuivre.
Nous en rapporterons les noms ,
à caufe que dans la fuitte nous ne
parlerons plus que d'eux. Le pre-
mier s'appelle Rattia , le fécond
Ànourout le troifiéme Aanon
,
le quatrième Packou, le cinquième ,
^"a/.1" Quimila , le fixiéme * Tévetat :
'fcntque & c'effc de ce dernier que nous écri-
é^o^frére vons l'Hiftoire. Un jour les pères de
desom- ces fix jeunes Princes s'étant par h^-
dom*" zar^ rencontrez enfemble après
,
par avoir parlé long-temps de plufieurs
«ne HÎ-
n-c'aVÙe cno^es: indifférentes l'un d'eux fît
faire ,
reflexion aux autres qu'aucun
fon pi.
Km-
ICIlt. de leurs fils n'avoit fuivy le Prince
pour fe faire Talapoin: & ils difoient
çntr'eux : eft-ce que , parce qu'aucun
d_en.os enfens n'a voulu fe faire Tala^
t)H Royaume de Suffi. f
poin, nous ceflèrons pour cela d'ê-
tre fes parents ? Voilà pourquoy lô
père d'Anourout l'un de ces fix jeunes
Princes, qui fut le fuccefïèur du Roy
Tâoufoutout, dit à fon fils que quoy
qu'il fût de fâng Royal cependant fi
,•
Sommona-Codom vouloit le rece-
voir à fa compagnie pour Talapoin ,
qu'il ne l'en empecheroit pas , enco-
re que des gens de fa condition ne
fuiviflènt pas cet exemple.
Anourout Prince accoutumé à fes
plaifirs & à avoir tout ce qu'il fou-
haittoit,ne comprenoit pas ce que
vouloit dire cette parole de refus,
non. Un jour que ces fix jeunes Prin-
ces fe divertifioient au jeu de boulle ,
èc joiioient des confitures pour la col-
lation, Anourout ayant perdu, en-
i
voya un homme à fa mère la prier
de luy envoyer des confitures ce
,
qu'elle fit : puis les ayant mangées,
ils joiiérent une féconde collation
puis iinetroifîéme, &une quatrième; ,
& fa mérc luy envoya des confitu-
res , jufqu'à ce qu'elles furent ache-
vées : mais comme Anourout en
voulut envoyer encore chercher Cx
mère alors dit au ferviteur : non,, il
ny en a plus. Ce qui ayant étérap-
A iij
% "Du Royaume de Si4m.
porté au fils, & le fils ne concevant
pas ce que vouloient dire ces parol-
les non il ny en a plus, pour ne les
,
avoir jamais oiïy dire crût que ù.
,
mère vouloit dire qu'elle en avoit
encore d'autres excellentes, dont le
nom devoit être ces mots, non il n'y
en a plus. Il renvoya donc Ton fervi-
teur à fa. mère pour la prier de luy
envoyer des confitures non il n'y en a
plus ; fa mère comprenant par là fe
que fbn fils n'entendoit pas ces mots, t.-<

non il n'y en a plus, refolllt de lésfe'


fe
luy apprendre. Elle prit un grand F
plat vuide, le couvrit d'un autre ,
& le donna au fèrviteur pour le por-
à fon fils. Mais alors les Génies' J ,,

ter
de la Ville Koubilepat fàifànt refle- ||
xion à tout ce qui fè paflbit entre f%
le Prince Anou.out & fa mère, &
fâchant que le Prince n'entendoit l|
pas ces mots non il n'y en a plus il
,
( parce qu'autrefois dans une autre siK;
génération il avoit donné aux Takr
poins par aumône fà portion de ris
& avoit demandé & fbuhaité que ,
dans la fukte des temps, qu'il vien- ,
droit renaître en ce monde, il n'en-
tendît point ce que vouloient dire ces
jpraots, non il n'y en.a fins 3 ny ne con-
2># Royaume de Sidnt. $
lïât ny ne sût le lieu où croiflbit Je
ris) ils fedirent qu'il falloit vite s'at-
fembler avec les autres Génies pour £'£„£"
,
voir ce qu'il y avoit à faire, parce que invuinera.
fi Anourout trouvoit le plat vuide,en h"; fà d'é
punition leur tête fe briièroit en fept «cumpsn.
morceaux. Il fut donc réfolu qu'ils le purn *
rempliroient de confitures apportées
du Ciel, ce qu'ils firent. Le ferviteur
qui portoir le plat, l'ayant posé & mis
au lieu, où ces jeunes Princes étoient
à fe divertir. Anourout, qui n'atten-
doit que cela pour payer là debte à
fes compagnons, courut au plat & le
découvrit, & le trouva à Ton ordinal
re plein de confitures , mais II excel-
lentes que toute la Ville fut embau-
mée de leur odeur : l'excellent goût
qu'ils trouvoient à ces confitures, fe
répandit par tout leur corps. Le plat
fut bien - tôt vuide, & fur cela A-
nourour faifant reflexion à Ta bonté
de ces confitures fe difoit à luy-mê-
me : il faut que ma mère ne m'ait
guère aimé jufque-icy, puis qu'elle
ne m'avoit encore jamais donné des
confitures non il n'y en a plus. Etant
de retour au logis il s'en alla deman-
der à ia mére,fi elle aimoit fon fils. Sa
mère qui i'aimoit paifionnément, fec
A iiij
8 Du Royaume de Siaftt.
toute furprife de cette demande, Se
luy répondit qu'elle faimoit comme
fon coeur , & comme fes yeux. Et
pourquoy3fi ce que vous dites eft vraï,
ne m'aviez vous donc jamais donné
de confitures non il n'y en a plus. A
l'avenir je vous prie de ne m'en point
donner d'autres : ie fuis réfblu de ne
plus manger que de celles-là. Sa mère
étonnée d'entendre ainfi parler fon
fils s'adreflàau ferviteur, qui avoit
,
porté le plat, & luy demanda en fe-
cret, s'il avoit vu qu'il y eût dedans
quelque chofe lequel luy répondit
,
qu oiïy, qu'il avoit vu le plat rempli
d'une elpéce de confitures , dont il
n avoit jamais vu auparavant: &pour
lors la mère d'Anourout comprit le
myftere, & jugea bien que le mérite
ancien de fon fils luy avoit attiré ces
confitures, & que les Génies fupé-
rieurs luy avoient rendu ce bon
office. Dans la fuite donc quand le
Prince demandoit de ces confitures à
fo mère, elle ne faifoit que prendre un
Îilat vuideje couvrir d'un autre, & le
uy envoyoit, & le plat fe trouvoit
toujours rempli comme j'ay dit,
Anourout n'entendoit pas auflî ce
que vouloient dire ces paroles, prem-
Du Hopume de Siam. 9
f
iâre la pagne ou habit de Talapoin
,
& ayant prié un jour fon frère aîné
Patia de les lui expliquer,Patia luy dit
ce qu'il favoitj que prendre l'habit de
Talapoin, c'étoit fe faire rafer entiè-
rement les cheveux , & la barbe ,
dormir fur uneclaye, & s.'habiller
,d une pagne jaune. Ce qu'Anourouc
ayant entendu, il dit à fon frère qu'é»
tant accoutumé de vivre à fon ailè,Sc
d'avoir toutes chofesàfouhait,il au-
roit bien de la peine à mener cette
vie : & Patia luy répliqua : puis donc
mon frère que vous ne voulez pas
vous réfoudre à vousfaire Talapoin,
voilà qui eft bien .-mais auilïpourne
pas être ians rien faire , apprenez à
.
'1

travailler, & demeurez au logis de


mon père tant qu'il vous plaira. A~
nourout luy demande ce qu'il vou-
:
"

loit dire par ce mot de travailler, qu'il


n'entendoit point : Patia luy dit alors,
comment fàuriez-vous c'eifc
ce que
que travailler , puis que vous ne fa-
vezpas ou le ris croît ny_.comment?
En effet un jour Quimila, Patia & A-
nourout difcourant enfemble, fur le
lieu où pouvoit croître le ris, Quimi-
la répondit qu'il croiflbit dans la gran~
ge ; Patia, dit que non>& afsûra qu'il
A v
Io Du Rôymme de Siam?
croiflbit dans la marmite : & Anott-
rout leur dit à tous deux qu'ils n'y
entendoient rien & qu'il croiflbit
,
dans le plat. Le premier ayant vu un
jour qu'on tiroit du ris de la grange,
crut que c'étoit là qu'il croiflbit. Le
fécond l'avoit vu tirer de la marmir
te, & ceft ce qui luy donna lieu de
croire,qu'il croiflbit dans la marmi-
te : mais le troiiiéme qui n'en avoit
jamais vu qu'au plat, crut effective-
ment que le ris croiflbit au plat,quand
on avoit envie d'en manger : ôc ainfî
tous trois n'en làvoient rien.
Anourout dit enfuite aux deux autres
qu'il netoit point porté à travaillera
qu'il aimoit encore mieux fe faire Ta-
lapoin ; & il s'en alla en demander la
permiflion à là mère. Elle la luy rë-
fiifa deux ou trois fois : mais comme
il ne fèrebutoit point,& qu'il la pref-
ibit toujours davantage, elle luy dit
que fï Patia fè failbit Talapoin, elle
luy permettoit de le fuivre. Anou-
rout s'en alla donc folliciter fès cinq
autres compagnons de fe faire Tala-
poins, & ils réfolurent de le faire
îèpt jours après. Ces fept jours é-
^ant paflèz ils fbrtirent de la Ville,
avec un grand équipage, faifant fera-
Dit Royaume de Sîtwi. ri
blant de s'aller divertir à la campa-
gne. Us avoient à leur firite quanti-
té de Mandarins fur des Eléphants ,
avec bon nombre de gens de pié.
Mais principalement ils avoienc à
leur fuitte un Barbier de Profelîîon
nommé Oubbali. Etant arrivez fur
les confins du Royaume ils renvoyè-
rent toute leur fuitte hormis Oubba-
li : puis ils fe dépouillèrent de leurs
habits, les plièrent: bien proprement,
& les mirent entre les mains d'Oub-
bali pour luy en faire un préiènt, Iuy
difant qu'il s'en retournât à la Ville,
& qu'il avoit dequoy vivre à fon aife
le refte de fes jours. Oubbali tout
trifte de fè séparer de ces lïx Princes,
& n'ofànt pourtant contredire à ce
qu'ils luy ordonnoient, après avoir
pris congé d'eux fe rerira en pleurant,
& prit & routte du côté de la Ville
d'où ils étoient fbrtis enfemble. Mais ,
il luy vint bien-tôt en pensée que
s'il s'en retournoir, & que les parents
de ces jeunes Princes valent les ha-
bits de leurs enfants, ils auroient fu-
jet de le ibupçonner de leur mort
& même de le faire mourir, ne vou- ,
lant pas croire que ces jeunes Princes
euûent quitté des habits iî précieux
A vj
i* Du Royaume de Siam.
pour les luy donner. Sur cela il pen-
dit ces habits à un arbre, Se s'en re-
tourna chercher ces jeunes Seigneurs.
D'abord qu'ils le virent, ils luy de-
mandèrent le fujet dejtbn retour, &
luy le leur ayant declaré,leur témoi-
§na qu'il vouloit demeurer auprès
'eux,& prendre l'habit de Talapoin.
Ces jeunes Princes le prefentérent a-
lors à Sommona-Codom le priant
,
de luy donner l'habit plutôt qu'à eux:
car fe fentant encore pleins de l'elprit
du monde, & le coeur fuperbe, &
voulant s'humilier,ils defiroient qu'-
Oubbali, qui leurétoit fort inférieur
dans le monde, fût leur ancien dans
la Religion, afin d être obligez à le
refpeclrer, & à luy céder en toutes
* Je,c^y chofes : la * Règle roulant qu en-
u^note Ere deux Talapoins le plus ancien
^ue ie aye tous les honneurs , quand mê-
a"ra"in me le plus jeune feroit beaucoup
jerc. dans pjus Qyam. Sommona Codom leur
roT ' accorda leur demande, & ils prirent
&
pourra y j'habit peu de temps après Oubbali.
en rtmar- Etant donc
quel-
f entrez *•,*_
dans leur temps
^ucr
qu'autre. <}e pénitence Pattia par fou mérite
eut le coeur, les yeux, & les oreilles
céleftes :c'eft à dire qu'il làvoit tout,
qu'il con^oiflfoit le coeur des aitfres *
"Du Royaume de Siam* .fy.
qu'il voyoit tout, & qu'il entendoit
tout, malgré l'éloignement & mai- * L«J nfa
gré tous les obftacies. Un jour après 'f^im
Sommona-Codom eut prêché ic'Ur/«,
que ,
Anourout fut élevé jufqu'au degré Cua.îcni
d Ange. Dans le même temps Aanon Téyetat *
Talapoinchery de Sommona-Codom ™ais,il
alla juiqu a /«MM premier degré de faire voi*
laperfecfion.PaCKOu & Quimilaaprès 2,"^
s'être bien exercez pendant long- qu-iisat-
temps à la prière & à la méditations, ^"ea*
furent élevez jufqu'à devenir Anges, font pour
Il n'y eut que Tévetat qui n'obtint ™{quèe*
autre chofe qu'une grande puifiance, ceux de
& le pouvoir de faire des mira- /ômhp^
CleS. * le bien.
Sommona-Codom étant allé avee
fès Talapoins à la ville de Kouiàmpt
les habitants venoient leur faire tous
les jours des prefents, tantôt à Som-
mona Codom, tantôt à Moglà, & à
Saribout £cs deux principaux favoris»
dont l'un s'afieyoit à fa> droite, &
l'autre à là gauche v les uns à Kafbp
& à Pattia, les autres à Quimila &
à PacKou, ou à Anourout, mais ce
qui eft remarquable, perfonne n'en
fit à Tévetat & on ne parloit noia
.-
plus de luy que G. jamais il n'avoit
Çté au monde, dont il fut extrême^
14 Et* Royaume de Siam.
nient indigné. Eft-ce, difoit-il, que
je ne fuis pas Talapoin auflî bien quç
les autres? Eft-ce que je ne fuis pas
de fàng Royal comme eux ? Pour-
quoy perfonnc ne m'a-t-il fait aucun
prelènt ? Il refolut donc fur l'heu-
re de chercher quelqu'un qui luy
en fit, & de s attirer des difci-
ples. Le Roy de la ville Pimpifaan
étoit arrivé jufqu'au premier degré
de la perfection avec cent-dix-mille
hommesjtous difciples de Sommona.
Codom : & il àvoit un fils encore jeu-
ne, & qui ne favoitce que c'étoit que
le mal. Tévetat longeant à aller sé-
duire ce fils, pour le fervir de luy
dans fes mauvais deflêins, fortit de
la ville de Pinmefàn pour aller à Ra-
chacreu & prit, par la puiflànce
,
qu'il avoit, la figure d'un petit en-
fant avec un lèrpent autour de
,
chaque jambe, un autre autour de
ion col, & un autre autour de ia
tête. Outre cela il en avoit un qui
le prenant par defîùs l'épaule gauche
s'en venoit deCccndrc delfous l'épaule
droite par devant & par derrière. En
cet équipage il prit l'eUbr, & s'en alla
par les airs à la ville de Rachacreu.
Il defeendit fur les pies d'Achataû*
"Du Royaume de Siam. IJ
trou,qui étoit ce jeune Princeiils du
Roy de la ville de*Pimmepifari,& qui * n yîene
voyant Tévetat de cette manière, le pjn,p!fLv
corps tout entortillé de ferpens, en
eût grand'frayeur. Tout épouventé
d'un cas fï étrange il demanda à Té-
Vetat qui il étoit, & Tévetat luy ayant
dit Ion nom & l'ayant entièrement
,
raflùrc reprit là première forme
c'eft à dire {on habit de Talapoin ,
& fes ferpens dilparûrent. Acbata- ,
fatrou conçût ainfî une grande efti-
jne de Tévetat, & luy fit de grands
preiènts honneur qui acheva de
,
perdre Tévetat par 1'orgiieil qu'il en
conçût ; car des lors il forma le
deflèin de fe faire le Maître & le chef
de fes confrères. Il s'en alla donc au-
près de Sommona-Codom : il le trou-
va qui prêchoit chez le Roy, le fa-
liia, l'approcha, & après quelques
xlifeours il luy dit, qu'étant déjà dans
un âge fort avance , il n'êtoit pas
jufte qu'à l'avenir il prit tant de
peine mais qu'il devoit fonger à
,
parler le refte de fes jours doucement
& à fon aile. Je fuis, ajoûta-t-il, prêt
à vous ayder en tout ce que je pour-
ray, & comme le foin de tant de
Religieux vous accable, vous pourrez
té "Du Royaume de Shm.
k l'avenir vous en décharger fur moy*
C'eft le langage, que luy mettoit à la
bouche le defîr extrême de fe voir au
deflus de tous. Sommona - Codom
qui le connoilïbit, refufa & méprifa
la demande , dont Tévetat fût u ou-
tré qu'il ne fongea plus qu'aux moyens
de s'en venger. Il s'en retourna à la
ville de Rachacreu chercher Achata-
iàtrou fon difciple , & luy periuada
de fe défaire de fon père pour mon-
ter plutôt iîir le Thrône, $c
pour luy
donner enfùite les moyens de faire
mourir Sommona-Codom, & de fè
mettre à fa place. Achatafatrou fit
donc mettre fon père dans une baflè
folle chargé de fers, & s'empara du
Thrône. Tévetat luy en témoigna
fa joye, & le pria de fe fouvenir de
la promeffe qu'il luy avoit faite. Le
nouveau Roy luy donna tout aufiï-
tôt foo. hommes armez de flèches ,
pour aller tuer Sommona-Codom.
Ils le trouvèrent qui fe promenoit au
pié d'une montagne ^ & fa feule veuë
leur imprima tant de crainte & de
refpecT:, qu'il n'y en eut aucun, qui
osât jamais lâcher une flèche : ils de-
meurèrent tous immobiles , chacun
avec l'arc bande. Sommona-Codom
Du Royaume de Siami if
les pria de luy dire l'auteur de leur at-
tentat ; & quand ils le luy eurent
dit, il leur fit une prédication, à la
fin de laquelle ils parvinrent jufqu'aa
premier degré de perfeftion, & s'en
retournèrent chez eux. Auflî-tôt que
Tévetat vit qu'ils avoient manqué
leur coup , il s'en alla luy-même fur
la montagne, & fe mit à rouller des
pierres en bas à defièin de tuer Som-
>
mona-Codom : & quand il crut eft
,
avoir aflèz roullé pour le tuer, ilde-
fcendit de là & l'appelk deux OM
,
trois fois par fon nom. Sommona-
Codo m qui avoit monté la montagne
par un côté, lors que Tévetat deicetv
âok par l'autre, répondit qu'il étoit
en haut : auflî-tôt Tévetat remonta ,
& en même temps Sommona-Co-
dom, qui le favoit fans le voir dé-
pendit fans être vu. Tévetat remon-
ta encore inutilement, & il en mou-
rait de rage. Cependant Som mona-
Codom fe voyant ainfi persécuté fe
difoit à luy-même quelle faute ay-
. ,
je fait quel ,
crime quel péché
, ?
,
Prefèntement que je fuis au comble
de la perfection, que j'ay fait une G.
grande pénitence, que j'ay tant prê-
ché & enièigné une fi fainte Do-
ïî T>» Royaume de Sidm.
ôrine, on ne cefiè pourtant/de me
pourfuivre pour me faire mourir. Et
en s'examinant ainfi il & fouvint,
*s°como" <ïu'un iour étant yvre * il avoir at-
,
dom pc- teint un Talapoin d une petite pierre
eft5punie" <3U'^ ^uy av°it jetée, & qui luy avoit
même en faitfortir un peu de fang,& il connut
tn-ftr' qu'il en devoir être puni dans cinq
cent générations de fuite^qu'il l'avoir
été déjà dans 499. & que c'etoit icy
la cinqcentiémc : outre quoy il avoit
été long-temps en Enfer. Ceft pour-
quoy fâchant d'ailleurs que s'il ne
permettoit à Tévetat de luy faire
quelque mal, il le feroit mourir de
rage, & aller en Enfer après fa mort,
il voulut bien qu'un petit éclat d'un
caillou que luy jeta Tévetat, & qui
fe brifa contre un autre, vint le bleC-
fer au pîé jufqu'à luy tirer un peu dç
fang. Ce Ait même luy qui tendit fon
pié pour recevoir le coup, & par là
il modéra la colère de Tévetat, qui
oublia pour quelque temps la refolu-
tion de le tuer.
Un jour comme Sommona-Codorri
s'en alloit demander l'aumône à la
ville de Rachacreu Tévetat en é-
,
rant averty fit que le Roy luy en-
voya au devant fes plus méchants
Du Èâyaume diSiiàk- Ï0
Eléphants, pour luy faire du mal s'il
ne (è retiroit pas. Sommona-Codorri
ne lajflà pas*de continuer fon chemin
avec fèsTalapoins j & comme ils fu-
rent prés des Eléphans , Aanon fç
mit au devant de fon Maître , pour le
garentir de la fureur des Eléphans
en s'y expofant, mais ils ne firent
mal à peribnne.
Au fortir de la ville Sommona-
Codom fe retira dans une Pagode, où
le Peuple en foulle luy apportoit à
manger. Il mangea, & prêcha en-
fuite à toute cette multitude, qui
étoit fbrtie au nombre de dix mil-
lions de perfonnes pour le venir
,
entendre: & il s'en convertit quatre-
vingt-quatre-mille dont les uns al-
,
lèrent jufqu'au premier degré les
,
autres jufques au fécond, les autres
juiqu'au t roifiéme d'autres jufqu'au
,
quatrième degré de la perfection.
Plufieurs s'étendirent fur les louan-
ges d'Aanon , ce qu'il aymoit allez
fon Maître, pour avoir exposé fa vie
pour luy. Surquoy Sommona-Co-
dom leur dit que ce n'êtoit pas là la
première fois qu'Aanon l'avoit fait.
Une autrefois leur dit-il, que j'étois
Roy des Ong ( c'eft une efpéce d'oy-
1# £« Royaume de Siant.
fèaux) Aanon étant Ong auflî & rriôfï
cadet, il me fàuva la vie .en expofane
Ja fîenne à ma place* Quand le Roy
Achatafatrou eut entendu ainfî loiier
Aanon d'avoir exposé fa vie pour fon
jMaître il retira les joo. hommes *
,
qu'il avoit donnez à Tévetat : & ain-
\\ Tévetat fe vit abandonné de tout
le monde. Il avoit beau demander
>
perfonne ne luy donnoit ^ non pas
même pour vivre : réduit à l'extré-
mité de chercher luy-même là vie, il
retourna auprès de Sommona-Co-*
dom & luy fît cinq propofïtions
,
qu'il le pria de luy accorder. La pre*
miere,que s'il y avoit des Talapoins
qui vouluflènt s'obliger à vivre dans
les bois & loin du monde le refte
de leurs jours, il le leur permit. La
féconde que ceux qui voudraient s en-»
gager à ne vivre que d'aumônes, pufi
lent s'y foumettre. La troifîéme qu'il
laifsât la liberté de s'habiller pauvre*
ment à ceux qui le deûreroient toû->
jours faire & qui s'obligeroient à
,
fe contenter toujours de vieilles pa-
gnes rapetafsées & falles. La quatriè-
me qu'il permît à ceux qui le vou*
droient, de renoncer pour toute leur
Vie, à avoir d'autre Convent ou d'au*
Bu Royaume de Shmi if
tre logis, que le deflbus d'un arbre;
& enfin que ceux qui ne voudroient
jamais manger ny viande nypoiflbri,
pufïènt s'en xâter la liberté. Sommo-
na-Codom luy répondit qu'il Falloit
laiflèr à chacun là volonté, & n'obli?
ger perfoniie à plus qu'on ne vou-?
droit, ou même qu'on ne pourvoit,
Tévetat le leva âpres la réponfè de/
Sommona-Codom, & dit tout hauf
à tous les Talapoins qui étoient pré*-
fènts : que tous ceux qui voudront
être bien-heureux mefujvent:& auflî-
tôt une troupe d'ignorans au nombre
de cinq-cent, deçûs par la belle appa-r
rence de Tes faunes intentions,Te re-
folûrent de le fuivre, & de gar?
der exactement les f. choies qu'il ve-r
noit de propofer. Ils avoient des dé-
vots qui les'nourriflôientj&qui pour-
voyoient à tous leurs befoins : quoy
qu'ils sûflènt que Tévetat avoit v,
pour ainiî dire, mis la guerre entre
les Talapoins en fe séparant de fon
Maître. Quand Sbmmona Codoni
-
vit qu'il prenoit une fi méchante con?
duite, il tâcha de le ramener, par di7
verfès prédications qu'il luy fît, pour
luy faire voir qu'il n'y avoit pas de
J>lus grand crime que celuy;* là. Té*
»f T>u Hoyâumt de Siam.
vetat l'écouta aflèz paifiblemerit ;
mais fans en faire aucun profit : car
il quitta brusquementSommona-Co-
dom. Il rencontra en chemin Aanon
qui demandoit l'aumône de porte en
porte dans la ville de Rachacreu, &
luy dit qu'il venoit de quitter fon
Maître, pour vivre à l'avenir à fa fan-
taifîe. Aanon le dit à Sommona-Co-
dom^qui réponditqu'il le favoit bien,
qu'il voyoit que Tévetat étoit un
malheureux qui iroit en Enfer. Voi-
,
là juftement, ajoûta-t-il, comment
font les pécheurs : ils commettent
de grands crimes, & ils appellent ce-
la faire du bien, & ce qui eft bien ils
l'appellent mal. Les nommes ver-
tueux font le bien fans peine, au lieu
que c'eft un fuppliçe pour les mé-
chants ; & tout au contraire le mal
déplaît aux bons Se les méchants
,
s'en font un plaifir. Sachant donc le
lieu & l'endroit, où Tévetat s etoit
retiré avec Ces joo. difciples, il y en-
voya Moglâ & Saribout pour les luy
enlever. Ils trouvèrent Tévetat prê-
chant » & lors qu'il les vit, il crût
qu'ils avoient comme luy quitté leur
Maître. C'eft pourquoy après fon
Sermon., il leur dit : je fay que quand
Du Royaume de Stam. %$
ygus étiez avec Sommona-Codont
vous étiez fes deux favoris, & qu'il
vous faifoit aflèoir l'un à fa droite SC
l'autre à fa gauche , je vous prie d'ac-
cepter la même cholè auprès de moy.
Pour ne le point fâcher,& pour mieux
couvrir leur deflêin, ils luy dirent
qu'ils le vouloient bien, & s'aflîrenc
en eiFet à fes cotez. Alors il les priai
de prêcher à ù place pendant qu'il
iroit rcpofer. Saribout prêcha 8C
après ion Sermon
,
Tala-
i
tous ces joo.
poins arrivèrent jufqu'à la perfeétioii
d'Ange s'élevèrent en l'air, & dif-
,
parûrent. Consali difciple de Tévc-
tat courut l'éveiller & luy conter touc
ce qui s etoit pafsé. Je vous avois
bien dit de ne pas vous fier à eu*,
luy dit-il : puis il commença à fe fâ-
cher & à tel point qu'il battit Con-
,
xali jufqua luy faire fortirlefangpar
>

la bouche. D'autre part quand les


Talapoins, qui étoient avec Sommo?
na- Codom, virent revenir Moglâ &C
Saribout avec leur compagnie ils
,
allèrent auiïî tôt avertir leur Maître,
& luy témoigner 1 étonneraient- où
ils étoient de voir revenir Moglâ &;
Saribout fî bien accompagnez, après
Jes avoir vu partir feuls. Moglâ 86
24 &u Royaume de Slam.
Saribout vinrent auiïifaluër leur Maî-
tre, & les Talapoins nouveaux-ve-
nus dirent à Sommona-Codom, que
Tévetat l'imitoit en toutes choies.
Vous vous trompez fort de croire
leur dit-il,qu'ilfalïè ce que je fais : àla
yerité autrefois il m'a contrefait, mais
préfentement il en ufe de même.Pour
îors fes difciples luy dirent : nous la-
vons nôtre cher Maître que Tévetat
vous contrefait préfentement, mais
qu'il vous ait contrefait par le pafsé
jious n'en lavons rien, c'eft pourquoy
nous vous prions de nous l'expliquer.
Il prit donc la parole, & leur dit ;
vous faurez qu'autrefois étant oy-
feau mais un oyfeau qui cherçhoit
,
là vie tantôt fur les eaux, tantôt fur
la terre, Tévetat en ce même temps
étoit Oyfeau de terre, & à grands
pies. Il voulut à mon exemple pren-
dre du poiflbn, mais il s'embarraiïà
Je col dans des herbes, fans jamais
pouvoir en fortir, & il y mourut. Il
me fouvient auflî que j?êtois une fois
un de ces petits oyfeaux rouges, qui
mangent les vers des arbres, Téve-
tat étoit un oyfeau d'une aurre efpé-
ce, & il affe&oitde le nourrir com-
uieinoy. Jççhcrchois les vers dans
les
Royaume de SUm.
"Oit ^
les arbres, qui ont le coeur enfermé
au milieu du tronc, 8c je cherchois
ces arbres dans une grande & Ipa-
cieufe forêt, luy'cherchoit les vers
.
dans des arbres fans coeur, mais qui
ont une apparence de coeur; & là tê-
te fe brifa par punition. Une au-
trefois j'êtois né Rachafî , & luy
' êtoit né chien Sauvage. Or les
Rachafî ne vivent que des Elé-
I

'îs phans, qu'ils tuent dans les forêts : &


'$( le chien des bois voulut faire com-
;| me moy, mais il luy en prit mal : car
ï ' les Eléphans le foulèrent aux pics Se
l'écrasèrent.
Quelqu'autre jour Sommona-Co-
dom prêchant à fes difciples leur par-
' la de Tévetat, & leur dit. Une fois j'ê-
tois un de ces grands oyfeaux terre-
ftres à grands piés,8clui étoit Rachafî.
En mangeant de la viande il voulut a-
valler un os,qui luy étant demeuré au
gozier l'étrangloit. J'eus compaffion
de luy,je luy tiray l'os de la gorge à la
prière qu'il m'en fit, en avouant que
quelque force qu'il eût, il ne pouvoit
pourtant fe fecourir. J'entray donc
dans fà grande gueule, qu'il ouvrit, &
lui ôtay cet os avec mon bec:& com-
me il m'avoit promis récompenfe, je
Tome II. B
Reliure trop serrée
a6 Vu Royaume de Sîam.
lui demanday feulement quelque cho-
fe à manger, mais il me répondit que
m5ayant laifsé entrer dans fa gueule
& en fortir fain & fauf, c'étoit la plus ,
grande grâce qu'il pouvoit me faire*
j'étais-une autrefois un cerf,&Téve-
tat un chafîèur. Etant allé un jour 3
la chaflè il monta fur un arbre, qui
porte de petits fruits que mangent les
cerfs, & s'y fit comme une petite
maifon, pour fe tenir à l'affu,& caché
en attendant fa proye ; & comme le
* c'cft un cerf * PoHtifat fut arrivé fort prés de
de'Vùm™ l'arbre, Tévetat luy jeta des fruits

mena- pour le faire approcher davantage :


:

codom. ma|s 2e cerf poutifat


voyant ces
fruits tomber de côté & d'autre, le
douta de l'afFaire,& remarqua le chaC-
feur fur l'arbre, auquel il dit de ne
plus l'attendre qu'il n'iroit pas le
,
chercher plus prés. C'eft ainii que
Tévetat délire beaucoup. Une autre-
fois Tévetat étoit pefcheur : ayant un
jour jeté fa ligne,l'hameçon fe prit à
un arbre tombé dans l'eau : luy
croyoit que l'hameçon tint à un gros
poiflbn, & fongeant déjà qu'il en
cevroit ; faire part à.fesamis, il en
fut fâché parce que ces préfens luy
,
en ôreroient la meilleure par tie.Pour
T>u Royaume de Siam.
prévenir cet inconvénient il envoya
ij
ion fils qu'il avoit avec luy, porter
à là femme la nouvelle de la prife
qu'il croyoit tenir , & ordre de s'en
aller fur le champ faire querelle à tons
fes voifîns. Elle prit donc fon petit
chien, & s'en alla fur l'heure chez te:
plus proche monta chez luy &
, ,
commença à luy chanter poiiille & à
fa femme : de là elle s'en alla chez un
autre, & enfin chez tous. Tévetat
étoit cependant après fa ligne qu'il
ne pouvoir retirer de forte que pour
,
l'avoir il fé dépoiiilla , mit fes ha-
bits fur le bord de l'eau, fe jeta dans
l'eau & donna contre l'arbre un lî
,
malheureux coup, qu'il fe creva les
deux yeux. Les pariants luy dérobè-
rent fes habits : & la querelle de fa
femme avec fes voifîns luy coûta
tout le peu d'argent qu'il avoit ,
par un procez qu'ils luy firent pour
cette injure. Après cela Sommena-
Codom fortit de la ville de Rachacreu
pour aller à Savati : il y fut mala-
de dans un couvent où il fe logea : &
en même temps Tévetat fut auflî ma-
lade d'une maladie, qui le tint neuf
mois. Il avoit une extrême paffiori
de revoir Sommona Codom fou
-Bij
-*îl Vu Royaume de Slam.
Maître, &: il le témoigna à fes difêif—
pies, les priant de luy faire la grâce
de le porter vers luy. Ils luy deman-
dèrent comment il y ofoit penfer, &
quel bien & quel fecours il ofoit at-
tendre de luy, & après l'avoir tant
persécuté. Il eft vray, leur dit-il, que
pour le bien qu'il m'a fait, je ne luy ay
fait que du mal : mais n'importe port-
iez mo,y à luy, cela me luffit. Ils
luy obéirent, & l'ayant mis fur une
claye ils fe mirent en chemin pour
,
aller chercher Sommona - Codom,
Comme ils approchaient, les difci^
pies de So,mmona-Codom coururent
avertir leur Maître, que Tévetat ma-
lade venojt pour le voir. Je le fay,
leur répondit-il je fay qu il vient ,
»
mais, il ne me verra pas. Depuis que
vous luy refusâtes, répliquèrent les
difciples, la grâce qu'il vint vous
demander, touchant les cinq articles
qu'il defîroit obferver, nous ne l'a-
vons vu içy. A ces mots Sommona-
Codom leur dit : Tévetat eft un misé-
rable qui a toujours fuivi fon ca-
,
price, ôf ne s'eft jamais foucié de
-garder la Régie que j'ay tant pris
,
de peine à luy enfeigner,- c'eft pour-
quoy, quoy qu'il vienne exprés poii?
T>u Royaume de Sfam. i§
me voir, & quelque bonne envie qu il
en ait, il ne me verra pourtant pas ;
parce qu'il a voulu s'oppofer à moy *
*& mettre la divilïon entre mes difd-
ples. Comme Tévetat fut à une lieuë
au lieu, où étoit Sommona-Codorh -,
tous lès difciples l'en allèrent avertir
derechef ;& il leur dit encore : je le
fay bien, mais pourtant Tévetat ne
\
me verra pas. Quand Tévetat fut à
I
une demie lieuë de la Ville , les dïfci-
I pies revinrent le dire à Sommona-
jj Godom : il eu vray, leur dit-il, ce-
pendant il ne me verra pas. Quand
Tévetat fut arrivé à l'étang, qu'ils
nomment Bukoreni ) prés du lieu où
étoit Sommona-Codom les Tala-
,
poins allèrent encore dire à Sommo-
na-Codom qu'il étoit tout prés à
,
quoy il répondit ; quelque prés qu'il
foit, néanmoins il ne me verra pas.
Tévetat étant donc arrivé à cet étang,
fes difciples le mirent à terre fur le
bord de l'eau: & comme il voulut
commencer de- marcher , fes pies
s'enfoncèrent, & entrèrent dans la
terre, & peu à peu il y entra jus-
qu'au col, puis jufqu'au menton. Se
voyant en cet état il commença à iè
recommander à Sommona-Codom t
B iij

.-!
50 "Du RoyMme de Siarn.
& à s'offrir à luy, confeflànt qu'il ë-
toit tres-parfait , très-grand : qu'il
ramenoir les perfonnes égarées au
bon chemin, comme fait un palefre-
nier qui a foin de battre lès chevaux
les
pour corriger quand ils font mé-
chants : qu'il connoiflbit & favoit
tout: qu'il étoit plein de mérites. Il
s'humilia reconnut la faute qu'il a-
,
voit faite, & en demanda pardon.
Sommona - Codom cependant pen-
£ànt à ce malheureux, fe difoit àluy-
même : pourquoy l'as-tu reçu chez
toy ? pourquoy luy as-tu donné l'ha-
bit ? ne valloit-il pas mieux le laif-
fer demeurer dans le monde ?! mais
non, reprit-il, car s'il-y fut demeuré,
il n'auroit fait que tranfgreflèr les
on void cinq commandements, & pécher. II.
S".?' "' auroit ôté la vie à une infinité d'ani-
quels fom raaux : il fe feroit fàifi du bien d'au-
commll- truy, par tout où il en auroit
pu at-
dements traper : il £è feroit laifsé aller à toute
tnois,.'*" forte d'impureté
: il auroit été men-
teur Se impofteur : on l'àuroit veu:
toujours yvre comme une bête : &
enfin il n'auroit fait aucun bien, &
n'auroit jamais fongé à, l'avenir .Voilà
pourquoy je l'ay reçu. Après cela;:
fommona-Codom prophetifa qu'a-
t>u Royaume de Siant. J-t
pïéè cent mille * Kan ïdvetat feroit ^^
Dieu Se Ce nommeroit Attifaripethie- ii L*« ,'
quepout. Cependant Tévetat fut en- £^.* <*«'

fevely dans la terre, & jufqu?aux en- minions,


fers où il eft fans pouvoir fe re-
, faute d'avoir aimé Sommona-
^jjj «

muer, lions ai,


Codom.Son corps eft haut d'un Jod, ^;™",i
c'eftàdire de huit mille braflès : il eft d'autres
vj dans l'enfer Avethi grand de <?fo. Jèf^^s
' îieù'es : il a liu? fà tête comme une <L« fe

grande marmite de fer toute rouge pr0eunrdcent
-.
<-,
de feu, & qui luy vient jufques fur miiu an-'
é, les épaules : il a fes pies enfoncez Jj"/$"°y
dans la terre jufqu'à la cheville pvfc
& tout enflamez. De plus une ccnfmT" ,
grande broche de fer qui paflè du lf-. on
eouchant au levant, luy entre par les «t'^a "
épaules & luy fort par la poitrine; droit so-
nne autre le perce par les cotez, p'Xnl*
qui fort du Midy & s'en va aullentille
Nord, & traverfe tout l'enfer ; & & ™"
une autre luy entre par la tête & ch^ms'ce
le perce jufqu au pié. Or toutes ces purifie"'*
broches tiennent des deux bouts &t f°«ede
font bien enfoncées dans la terre., Il g^iTài
eft debout fans pouvoir fe coucher, 0tLyoif
ny fe remuer. Les Difciples de Som- ""moi"'
mona-Codomparloiententre-eux du Pout ?ui
^^
pauvre Tevetat,
T-' i-n .. n.avort Mercure
difant qu'il •
veut dire,
pu venir que jufqu'à l'étang BuKoré- «n»**»»
B iiij
3i J>ti Royaume de Star».
fctncmde ni & non jufgu'au convent, qui en
: & Sommona-Codom
Dieu.fcje eft proche
ne doute r
prenant la
, parole, leur
, ,.
dit
pas que que ce
'«jjeaif n'^toit pas la première fois^qu'il étoit
bail Peut,
arrive
r _
c
. , un iemblable. A
cnatiment
, .
n ,
a Te-
,
r,e vienne
quoy"quc vetat,d être englouti &c enfeveli dans [;

j-.iye VU lesenfers.il me fouvient, pouriiiivit- ;:


^"Ire1""" ^ Sue Tévetat dans une de {es gêné- £
>
deux mots rations étoit chalîèur & que pour ;'
,
feur«dif l°rs J'^t03S Eléphant des bois. Com- *
ferentes ; me donc un jour il étoit à la chaflè
"o« peu & qu'il/e fut égaré & perdu ne fa- ,
exafe dis chant où il étoit, moy le voyant dans
iîiogra/"
l!ne fi grande afflidrion , j'eus pitié de
F*". luy, je le mis fur mon dos, le tiray £
hors des bois, le rendis prés de chez B
luy & puis m'en revins. Etant re- |$
,
tourné une autrefois à la chaflè ,
comme il me vit avec de fi belles
dents il luy vint en pensée que s'il *'
,
avoit de femblables,il les vendrait
en
,
fort bien & fur cela il m'en coupa
,
les deux bouts. Ayant mangé l'ar-
gent qu'il en avoit eu , il revint m'en
couper autant, & une troifléme fois !

il acheva de couper ce qui m'en re-


ftoit. J'en fus extrêmement affligé, &
en témoignay tout le reflèntiment
dont j etois capable : mais il ne por-
ta pas loin, là faute ? car comme iX,
Dit Royaume de SUm. 35
ïn'eut laifsé , la terre s'ouvrit &
l'engloutit, (ans luy donner le temps
de demander pardon. A ces mots
de Sommona - Codom , tout le
monde fe réjouit de la mort de Téve*-
tat ; & Sommona-Codom dit encore.
Je me ibuviens qu'anciennement Té-
vetat étoit né Roy de la ville de Pa-
ranafî. Il avoitnomPingqueleracliaé
\ U tourmentoit tellement lès fujets
\ qu'il n'y en avoit pas un feulqui Yai-
i mât : au contraire tous l'auroient
voulu voir mort : & fa mort arriva,
lors qu'il s'y attendoit le moins. On
en fit des réjoiiiflànces publiques ,
hormis le Portier de la Ville qui
pleuroit de tout fon coeur : & comme,
on luy en demanda la raifbn :ah!
dit-il, je pleure, parce que ce mal-
heureux,méchant comme il eft, tour-
mentera les Diables, comme il nous
a tourmentez , & les Diables ne
le pouvant fouffrir, nous le rendront,
& nous ferons auffi misérables qu'au-
paravant. Voilà le fujet de mes
pleurs.
Sommona-Codom ayant cefsé de
Î'arler les Talapoins le prièrent de
,
eur dire où étoit alors Téverat , &
dans quel lieu il étoit allé renaîcre:& il
B v
34 T># Royaume de Sidm.
leur dit qu'il étoic allé renaître
dans le grand Enfer Averhi : mais
luy dirent-ils eft-ce qu'après avoir ,
,
tant fouffert en cette vie, il eft enco-
re allé fouffrir en Enfer? oiiy, leur ré-
pondit Sommona-Codom, car vous
devez favoir que tous les pécheurs
quels qu'ils foient & de quelque ,
,
condition qu'ils puiilènt être lbit
Talapoins, foit ,
laïques après tou-
,
tes les fouffraaces de ce nionde-cy ,
en auront d'autres incomparablement,
glus grandes & plus fâcheufès.
Fin de la Vie de Tevetat.
On me donna cette Vie de Ttvetat ati
moment que je partois four mon retour; &
je la reçus fans avoir le temps d'y regar-
der., J'ay trouvé au bout, le commence*
ment d'un autre Ouvrage , fur lequel je
n'ay pu interroger personne. Je donne ce
que j'en ay.

EXPLICATION DU PATIMCWC*
eu du Texte du Vinac.

VOdoiti c fairequatre chofes, que l'on


Y
avant que d'entrer
dans l'explication du Patiinoiiç, -fe*
Du RoyAumede Siam. 35
ton ce que Somrnona-Codom a én-
fèigné i°. Jl faut balayer la falle où.
l'on s'aflèmble,zs'. Il faut allumer les
lampes ou les bougies, 3". L'on doit
préparer de l'eau dans âcs gargoulet-
tes, ou dans d'autres vafès deftinez
à cela, pour ceux , qui auront foif.
4^. L'on doit étendre des nattes
pour s'aflèoir, on des tapis. Après
donc que les difciples ont balaye, ils
le vont dire au Maître j qui leur ré-
pond qu'ils btit bienfait: puisilsluy
ài&nt qu'ils ont allumé les lampes i
& le Maître leur dit qu'il n'êtoit pas
néceiïàire puifgue le Soleil luit, &
qu'il fait grand jour.Enfuite les difci-
ples luy difent qu'ils ont apporté de
l'eau & étendu les nattes : bon , leur
Ait le;Mattfe, voilà qui eftbien. Voi-
là donc, difent les difciples au Maître,
ces quatre choies que Sornmona-Co-
dom aenfeignées & ordonnées avant
que de commencer la lecture du Vi-
nae. Oay, répond le Maître. Le I>lfci-
pe. Quelles font les quatre chofes
qu'il faut encore faire après celles
dont nous venons de parler, & les-
quelles Sommona-Codoma auflî pre-
fcrites. ? ne tfoiai-ee pas celïes-«y",
%?* QHand ii arrive quelques nau-
£ vj
16 DuRoydtime deSUm*
veaux Talapoins après l'explicatîorf
commencée, s'ils font moindres en-
nombre que les auditeurs, ils font o-
bligez de dire qu'ils croyent & re-
çoivent de tout leur coeur ce que l'on
a déjà explique : que ii au contraire
ceux qui arrivent ibnt en plus grand
nombre que les premiers, il faut re-
commencer tout de nouveau ce que
l'on a déjà lu z°. Il faut favoir &C
,
dire dans quelle faifbn de l'année l'on
eft, 3°. conter le nombre des audi-
teurs , 4°. enfeigner. Commencez
donc, s'il vous plaît, par la première
de ces quatre chofes.
Fin du Fragment.

LES PRINCIPALES MAXIMES,


des Talapoins de Stam traduites
du Siamois.
N'E tuez point les hommes. Non
feulement les Talapoins ne tuent pas*
mais ils ne frappent jamais perfinne.
Ne dérobez point. [ chair.
Ne commettez point le pédié de la
Ne vous glorifiez pas dijànt que
vous êtes arrivé à la iàinreté. Touê
homme qui n'efl pat Tulapoin, nefannip.
7>u Royaume de Siam, yf
devenir fatnt, c'efi a. dire qu'il m Jau-
nit parvenir à un certain degréde mérite.
Ne creufez point la terre. Cejl par
refpeB Pour cet élément.
Ne faites mourir aucun arbre. Il
Um efi défendu d'en couper aucune bran~
the.
Ne tué'z aucun animal.
Ne buvez aucune liqueur, qui en-
yvre,
<

\ Ne mangez point de ris apre s midy.


) Ils peuvent manger des fruits le foir, &t
| majçher du bétel tout le long du jour.
"' Ne regardez point les chants, les
danfès,ny les joueurs d'instruments.
Ne vous fervez point de lenteurs
iïïr vous.
Ne VQUS afîèyez ny ne dormez
,
dans un lieu aufli élevé,que celuy de
votre Supérieur.
Ne gardez ny or ny argent. Il leur
efimême défendu d'en toucher\ mais ils
obfervent mal celte règle. Le métier de
Talapoin efi un métier à devenir riche
,
& quand ils le font ajfez., ils quittent le
cloître & fe marient.
Ne vous entretenez pas de chofès,
qui ne regardent pas la Religion.
Ne faites pas d'ouvrage qui ne;
foit ouvrage de Réligioa. ,
j# Vu Royaume de Siam.
Ne donnez point de fleurs à des
femmes.
Ne puifez pas de l'eau en un lieu,
où il s'engendre des vers.
Un Talapoin qui va faire jfes néeef-
frtez, & qui n'a pas auparavant pui-
sé de l'eau pour fe laver, pèche. Les
fdletex. naturelles leur pareijfem des
fautes.
Ne faites point amitié avec les sé-
culiers en vue de recevoir des au-
,
riiônes d'eux.
N'empruntez rien des siculiers.
Ne prêtez point à ufure quand ce
,
ne lèroit qu'un feul cory.
Ne gardez ny lance, ny épée, ny
aucune arme de guerre.
Ne mangez pas avec excez.
Ne dormez pas beaucoup. '
Ne chantez point dechanfons mon*
daines.
Ne jouez d'aucun inftrument, Se
évitez toute forte de jeux Se de diver-
tiflêments.
Ne jugez point vôtre prochain, ne
dites pas : celuycy eft bon, celuy là
eft méchant.
Ne brandillez pas les bras en mar-
chant. /// obfervent peu ce précepte.
Ne montez pas fur les arbres.
T>ttiïoymme de SUm^ jp
gefi de peur d'en coejfer quelque bran-
che.
Ne cuifez point de tuile,ny nebrû>
fcz le bois. C'eftpar refpetk pour la terre
& pour le bois. Il efi auffi mal fait de
mire la terre que le ris >& iteft malfait
de détruire le bois.
Ne clignez pas les yeux en pail-
lant, & ne regardez pas de; traversa
avec mépris.
Ne travaillez pas pour de l'argent..
I Ils doivent vivre d'aumône, & non du
travail de leurs mains.
Ne donnez pas de médecines for-
tes aux femmes enceintes. De peur de
faire mourir l'enfant.
Ne regardez pas lés-femmes pour
contenter vos yeux.
Ne faites aucunes kicifïons, qui
fallait fbrtir du fang.
Ne vendez, ny n'achetez aucune
chofe.
En mangeant ne faites point tchibe
tcbihx tebiabe tebiabe, comme font les
chiens. C'eft le bruit defagreable que:
font certaines gents en mafehant lente-
ment & rmlUment. Les Siamois ont
grand foin des décences.
Ne dormez point dans un lieu ex*
£osc à la .vue,.
^.o t>tt Royaume de Siam.
Ne donnez point de médicine ofif
il entre du poùon. A caufe du péril de
tuer. L'art de la Médecine ne leur est
pas défendu : ils s'en mêlent beaucoup.
C'eji pourquoy bien loin que les Sia-
mois fe feandalifent de voir les Mif-
fionnaires exercer la Médecine c'eft par
>
là principalement qu'ils les finirent
& qu'ils les aiment. Il faut que les ,
JMiffionnairts guèriffent gratuitement les
malades ou par l'art de la Médecine,
,
ou par Miracle.
Un Talapoin pèche, fi en marchant
dans les rues il n'a pas k$ fens re-
ceuillis.
Un Talapoin qui ne rafe pas fà bar-
be, ks cheveux & lès fourcils &
qui ne fait pas fes ongles, pèche. ,
je ne fay fi cela a d'autre fondement
qu'un excès de propreté.
Un Talapoin qui étant afîîs, a fes*
pies étendus ou fùfpendus, pèche. La
modeflie veut, a leur avis} que les jam-
bes fiient croisées & les pies placez,
prés des genoux.
,
Apr. s que vous avez mangé ne re-
cueillez point les reftes pour le len-
.

demain. Ils les donnent aux bêtes.


N'ayez pas pluiîeurs vêtement,
Du Roymme de S'tsm. 4*
'te Peuple leur en donne fiuvent par
aumône & ils en font part a leur fa*
,
miVe.
Un Talapoin qui aime les petits Ta-* 1

lapoins, & les careflè comme fi c'ê-


toient des femmes, pèche.
Un Talapoin qui fait femblant d'ê-
tre auffi auftére qu'un Talapoin des
; bois,& de garder la régie plus exa&e-
1 ment qu'un autre, qui fait la médi-
l tation pour être vu, & qui étant feu!
i
nobferve rien de tout cela, il pè-
che.
Un Talapoin qui a reçu une aumô-
ne , & qui va auffi-tôt la donner à un
autre, pèche.
Un Talapoin qui parle à une femme
en lieu fecret, pèche.
Un Talapoin qui fè mêle dans les
affaires du Roy, qui ne font pas de la
Religion, pèche.
Un Talapoin qui cultive la terre,
ou qui clévedes canards,des poules,
des vaches des .buifles des Elé-
, ,
phants des chevaux, des cochons
,
des chiens à la façon des séculiers,»
pèche. Ne pas cultiver la terre, eft un
refpeEl pour cet élément : le refis fent
purement la pauvreté Monaftique.
r£& ## toyaume de Siam.
Un Talapoin qui en prêchant ne
parle pas Bali, pèche. Cette maxime
rt'efl pas bien rendue far le iraduBeur.
leur manière de prêcher eji de lire du
Baly t oit ils ne doivent rien changer,
mais ils doivent le commenter en Sia-
mois & ne rien dire qui ne fuit dans le
,
Baly.
Un Talapoin qui parle d'une façon
& peniè d'une autre , pèche.
Un Talapoin qui dit du mal d'au-
truy,pc'che.
Un Talapoin qui étant éveille nefe
lève pas aullî-tot, & fe tourne d'un
côté & d'autre, pèche. Ilfattrpour-
tant qu'il foit heure de fe lever, c'eft A
dire qu'ils pttiffent difeerrter les veines de
leurs mains.
Un Talapoin qui s'affied fur une
même natte arec une femme pé-'
che. ,
Un Talapoin'qui- embraflè «ne fem-
me , pèche.
Un Talapoin qui fait cuire du ris,
pèche.' Parce que c'eji faire mourir cette
Jimence.
Un Talapoin qui mange quelque
dhofe, qui ne luy a pas été offert
les mains jointes pèche. C'est vani-
,
fc'x car le r effet! veut en ce Païs-la qu'on
Du Royaume de Éiam. 4f
dànne tout à deuxmains. Les Talapoins
fe croyant faints, font fort vains à l'é-
oarâ des séculters)qtt'ils croyent chargez,
I de péchez. Ils ne falitent perfonne, non
l pas même le Roy, & quand le Sancras
prêche eu parle au Roy, le Roy tfi der-
i riêre un voile pour mettre à couvert la
Majefté': mais quand ce Prince ne peut
•** éviter un
Talapoin il le faluë & U
faim
,
le Prince.
,
, Tdapain ne pas
Un Talapoin qui fonge en dbr-
.» niant qu'il void une femme, en for-
!
fe que l'effet du; fonge l'éveille, pè-
che. Quoy que tout cela fait involon-
taire.
•! Un Talapoin qui délire le bien d'au-
t-ruy , pèche.
Un Talapoin qui urine iiir le feu',
&r la terre, ou clans l'eau, pèche. Ce
ferait éteindre le feu, & corrompre ces
deux, antres éléments. JWandelflo rappor-
te qu'il efi défendu- aux Banianes d'uri-
ner à terre. Il n'a pas fit le précepte en-
tier; & il a, été trompé , quand il Ta
cru fondé fur la crainte de tuer quelque
infeEl-e. Si cela était
, il ferait défendu
aux Banianes de répandre aucune li-
queur , & d'ailleurs ils ne croyent aucun
infetie dans le feu, Pytha^ore défendok
d'uriner contre le, Soleil.
%4 'Du Royaume dé Sitimi
Un Talapoin qui dit des injures à
la terre, au vent, au feu,à l'eau, ou à
quelque autre chofe que ce foit, pè-
che.
Un Talapoin qui excite les gents à
rompre enfemble, pèche.
Un Talapoin qui va fur un cheval,
fur un Eléphant, ou en Palenquïn
pèche. // m doit charger ny homme ny ,
bete ny arbre.
Un Talapoin qui eft habillé avec
des vêtements précieux, pèche.
Un Talapoin qui fe frotte le corps fi
contre quelque chofe, pèche.
Un talapoin qui fe met des fleurs
aux oreilles, pèche.
Un Talapoin qui fe Ccrc de fouliersj
qui cachent fés talons, pèche.
Un Talapoin qui plante des fleurs
t
ou des arbres, pèche. Ils nefliment
pas permis de faire des creux en terre^
Un Talapoin qui reçoit quelque
chofe de la main d'une femme, pè-
che. La femme pofe quelque part l'au-
mône quelle fait au "Talapoin & le
,
Talapoin la prend ou la femme l'a posée.
Un Talapoin qui n'aime pas tout le
monde également pèche. Ce n'efi
,
fat dire qu'il faille aimer amruy autant
que Joy-mêmc.
"Du Royatttne de sUm. 47
Un Talapoin qui mange quelque
choie qui ,-iit vie, comme par exem-
ple des grains qui peuvent encore
porter fruit, pèche. Ils ne défendent
pas de manger une chofe , qui ait eu vie.
Un Talapoin qui coupe ou arrache
quelque chofe , qui ait encore vie,
;' ' pèche.
!f Un Talapoin qui fait une Idole, pè-
che. C'eft,difent-ils,parce que l'Idole eft
au deffus de l'homme, & qu'il y a de
l'incongruité que l'Idole foit l'ouvrage
lU' de ï homme, dautant que dans la juft/ce
l'ouvrage eft an deffous de l'ouvrier. £,*
séculier donc qui fait l'ldole>péche auffi
u
1 mais félon eux le péché eft inévitable ,
,
aux séculiers, Au refte les Particuliers
n'ont point d'Idole chez, eux, & les Sia-
mois n'en font ny n'en vendent que
>
pour mettre dans les Temples.
Un Talapoin qui ne remplit pas
une foiïê qu'il a faite, pèche. 77 pèche
enfaifant lafoffe & il pèche en ne ré-
>

parantpas le mal qu'il a fait.


Un Talapoin qui n'ayant point de
travail à faire, retrouflè la queue de
fa pagne pèche.
,
Un Talapoin qui mange dans de
l'or ou de l'argent, pèche.
Un Talapoin qui dort après avoir:
4# Du Royaume de Siam.
mangé, au lieu de faire le fervice de
la Religion, pèche.
Un Talapoin qui après avoir man-
gé ce qu'on luy aura donné d aumô-
ne , fe plaît à dire, cela étoit bon, ou
celan'étoit pas bon , pèche. Ces dis-
cours fetnent la fenfualité, & non la ï
mortification. jj 1

Un Talapoin qui fe glorifie, difànt: h


je ibis fils d'un Mandarin, ma mé- |
re riche,
eft pèche. |
Un Talapoin qui porte des pagnes |
noires, blanches, |N
rouges, vertes, ou
pèche. Ils comprennent fous ces quatre | :
Mouleurs & fous la jaune,toutes les autres j;
couleurs borfmis les couleurs des ani- f
,
maux y qui ont fouvent des noms parti-
culiers. Le jaune & lefeuille-morte, par
fxemple , ont un même nom, le bleu & ' ,î
le verd de même : ils appellent le bleu pe- <

tit verd. »
Un Talapoin qui en riant élève fa
voix, pèche. „,-|
Un Talapoin qui en prêchant chan- f
-ge quelque chofe au texte Baly pour \
j
plaire, pèche. !*|

Un Talapoin qui donne des char- "


-
nies pour rendre invulnérable, pè-
che. /// creyent que l'on peut fe rendre
invulnérable même aux coups des bour-
Du Royaume de Slow. 47
féaux en exécution de juftice.
Un Talapoin qui fe vante d'être
plus favant que les antres, pèche.
,;
Un Talapoin qui defire de l'or ou de
,,
l'argent, difant : quand je fortiray
j|; du conventje me niarieray, & jefe-
|§ de la dépenfe, pèche.
ray
|p Un Talapoin qui s'attrifte deper-
P dre £es parents par la mort, pèche. IL
n'est pus permis aux Creng , fefl à dire
V aux Saints
de pleurer les Cahat, cesi à
dire les Séculiers.
Un Talapoin qui fort le foir pour
|| aller voir d'autres que fon père, ou
:%

|| fâ mère , ou fès ioeurs, ou fes frères ,


| & qui fans y penfer s aoiufè à cauièr
dans le chemin, pèche.
r Un Talapoin qui donne des pa-
; i

k gnes, de l'or, ou de l'argent à d'au-


tres qu'à &s père & mère, frères $c
loeurs pèche.
,
Un Talapoin qui court hors du con-
.

vent,pour attraper des pagnes, OH


de l'or, ou de l'argent, qu il croit que.
a
Ton a volé pèche.
,
Un Talapoin qui s'aflîed fur un ta-
pis tifsû d'or ou d'argent qui ne
luy aura pas été donné} mais que,
luy-même aura fait faire pèche.
,
Un Talapoin qui s'aflîed fans pren-
'4$ "Du Royaume deSiant.
dre une pagne, qu'ils ont pour s'af-
fèoir defius, pèche. Cette pagne s'ap-
pelle fantat, & fert a élever, le TaUpoin,
quand il eflajfts. Quelquefois ils je fer-
vent four cela d'une peau de buffle pliée
en plufkurs doubles.
Un Talapoin qui marchant dans les
rues n'a pas boutonné un bouton
qu'ils ont à leur habit, pèche : & G.
allant dans un balon il n'a pas dé-
boutonné ce même bouton, il pèche
suffi. C'eft le bouton de VAngfa. Je ne
fay pas la raifon du précepte.
Un Talapoin qui voyant une trou-
pe de filles affifès , touflè, ou fait du
bruit pour leur faire tourner la tête,
pèche.
Un Talapoin qui n'a pas la pagne
de deilbus bordée, pèche : & fi celle
qu'il a fur l'épaule n'eft pas de plu-
sieurs pièces il pèche auffi.
,
Un Talapoin qui ne prend pas tes
vêtemens dés le grand matjn pè-
che. ,
Un Talapoin qui court dans les rues,
comme fi on couroit après luy, pè-
che.
Un Talapoin qui après avoir lavé
lès pies fait du bruit avec fes pies,
,
frit fur du bois, foit fur de h pierre,
puis
V» Royaume de Siam. 49
puis monte au logis d'un séculier,
pèche. Ce bruit eft pour faire remarquer
la propreté de fes pies.
Un Talapoin qui n'a pas appris de
certains nombres, ou calculs, pèche.
Ce font des nombres fkperflkietix. Le P.
Martini dans fon Hiftoire de la Chi-
ne , p. \6. nous apprend que les Chi-
nois font aufïï extrêmement fupëriH-
cieuxfur les nombres, & qu'ils croy-
ent entre autres chofes le nombre 9.
le plus parfait & le plus heureux de
tous, & celuy de 10. le plus impar-
fait & le plus malheureux. Par cette
,
raifon le Roy de la Chine a pour le
, de fon
fervice Palais 9999' barques &
non pas 10000, & dans quelqu'une
de fes Provinces il a 999. rcfervoirs
ou viviers, & non pas 1000. Il pré-
,
fère le nombre heureux & bi?arre,au.
nombre rond & malheureux. Quand;
les Chinois le Jfoluént c'eft par neuf
profternations.
Un Talapoin qui montant au logis;
de quelqu'un fait du bruit avec les
pies, & marche pefamment, pèche.
En plufimrs de ces régies on découvre
plufieurschifcs, oit les Siamois mettent en
partie la politejfe, car ils la veulent ex-
iréme dans les Talapoins*
Tome II. ,C
yo Du Royaume de Starit.
Un Talapoin qui lève fa pagne pou?
paflèr l'eau, pèche.
Un Talapoin qui lève fa pagne en
marchant dans les rués, pèche.
Un Talapoin qui juge des gents
qu'il void difant : celuy-cy a bien
,
fait, celuy-là a mal fait, pèche.
Un Talapoin qui regarde les gents
fièrement, pèche.
Un Talapoin quife mocque de quel-
qu'un , ou qui le faille, pèche.
Un Talapoin qui dort fur quelque
chofe d'élevé, pèche. Ils' n'ont point
d'autre bois de lit quttne claye,
5
Un Talapoin fe nettoyant les; dents
avec un certain bois ordinaire pour
cela, fi le bois eft long, ou s'il les
nettoyé en parlant avec d'autres, il
pèche.
Un Talapoin qui mange & qui en
,
même temps caufeavec quelqu'un
pèche. ,
Un Talapoin qui en Rangeant fait
tomber du ris d'un côté &c d'autre,
pèche.
Un Talapoin-qui après avoir manè-
ge, & après avoir lavé £1 boùche,cur
re fcs dents, & puis fiffle des lèvres
en prélènce des féculiérs, pèche.
Ln Talapoin qui ceint là pagne an
Du Royaume de Stant. ft
deflbus du nombril, pèche.
Un Talapoin qui prend les vete-
mens d'un mort , léfquels ne font
pas encore percez , pèche. Ils pren-
nent -volontiers chez, un homme,q»i vient
de mourir.
Un Talapoin qui menace quelqu'un
de le faire lier, ou de le faire mettre
à la cangue, ou de luy faire donner
des coups de coude, ou qui le mena-
ce de quelque autre fupplice, ou de
parler au Roy, ou à quelque Grand
contre luy, ce Talapoin qui en ufc
ainfï pour fe faire craindre, pèche.
Un Talapoin qui allant quelque
part que ce foit, ne penfe pas à gar-
der les commandements, pèche.
Un Talapoin qui fe lavé le corps
&c prend le courant de l'eau au delîùs
,
d'un autre Talapoin plus ancien que
luy, pèche.
Un Talapoin qui forge du fer , pè-
che. Cela ne fe fait pas fans éteindre le
feu dont le fer cfi ronce.
Un Talapoin qui penlànt aux cho-
fes de la Religion, doute de quelque
choie, qu'iln'entend pas clairement,
& qui par vanité ne veut pas interro-
ger un autre, quipourroitTéclaircir ,
pèche.
C ij
1% Du Boy.iume de Siaml
Un Talapoin qui ne connoît pas les"
trois faifons de l'année, & combien
i\ fe doit faire de conférences en cha-
que faifon, pèche, Jay dit en parlant
des faifons, que les Siamois n'en ont que
trois , l'byver le .petit été, & le grand
>
été.
Un Talapoin qui fait qu'un autre
Talapoin doit de l'argent à quelT
qu'un , & qui cependant entre dans
Je Tçmple avec ce Talapoin pèche,
,
Nous avons vu cy-dejfus une régie qui
leur défend d'emprunter des Séculiers.
Un Talapoin qui eft en inimitié ou
en colère avec un autre Talapoin, 6c
qui néanmoins vient avec ce Tala-
poin aux conférences, qui fe font des,
chofes de la Religion pèche.
,
Ut\ Talapoin qui fait peur à quelT
qu'un, pèche.
Un Talapoin qui fait prendre quel-
qu'un, qu'il fait qui perd de l'argent,
h c'eft moins d'un tical , pèche ; fi
c'eft plus d'un tical ce Talapoin,
,
doit <être chafsé de la Religion.
Up. Talapoin qui donne des mé-
decines à un homme qui n'eit pas,
malade, pèche. Us ,
ne veulent point de
médecines de précaution.
\Jn Talapoin qui fiffle avec fa bou;^
Du Èoyaiutoe de Siam. Jjî
fche pour fe divertir, péché. Ce pré-
cepte tfi générai. Il efi défendu aux Ta-
lapoins de ftffler pour quelque raifon que
ce foit, & ds jouer d'aucun instrument ;
de forte qui ces mets , avec fa bouèhe
pour fe aivertir, qui font dans ce pré-
cepte , ne font pas pour en rétraiffir la
unification , mais feulement parce que
la langue Siamoife aime a exprimer la
manière des chofes , qu'elle exprime.
,
La langue Hébraïque efi du même gé-
nie mulier fi fufcepto femine pe*
,
pererit filium , &o Et cette même
remarque fe peut appliquer k quelques
autres de ces maximes des Talapoins.
Un Talapoin qui crie comme les
voleurs, pèche.
Ûri Talapoin qui a Coutume Sa-
voir de l'envie contre quelqu'un, pè-
che. On diroit que félon eux , un aile
»
d'envie n'efl pas péché mais il peut
»
être qu'en cela la traduction ne répond
pas bien au fens naturel du précepte.
Un Talapoin qui fait luy-méme du
feu, ou qui le couvre, pèche. Il riefi
pas permts d'allumer dufeu, parce que
c'est détruire ce qui fe brûle, ny de cou-
vrir le feu , de peur de l'éteindre. Pyr
thagore défendait de donner un coup d'é-
pée dans la flamme*
C iij
J4 T>u Royaume de Siaf».
Un Talapoin. qui mange du frais
hors de la fàifon de ce fruit, pèche.
,

Je fuis ferfuadê que ces mets hors de


lafaifony* doivent entendre avant la
fàifbn j farce que ceft tuer la fememe
qui eji dans le fruit, faute de la laijfer
mûrir.
Un Talapoin qui mange d'une de
ces huit chairs , iàvoir d'homme ,
d'éléphant, de cheval, de ferpent ,
de tygre, de crocodile, de chien, ou
de chat;, pèche.
Un Talapoin qui va tous les jours
demander l'aumône à un même en-
droit pèche.
,
Un Talapoin qui fait faire un ban-
dége ou baflîn d'or ou d'argent, pour
y recevoir les aumônes, pèche. Ils
revivent les aumônes dans un bandege
de fer.
Un>Talapoin quidort dans tin mê>-
me, lit avec fbs difciples, ou autres
peribnnes que ce foit, pèche.
Un Talapoin qui met la main dans
la marmite pèche. C'est pour cette
,
raifin que l'injure de culiére à pot efi
l<a plus grande qu'on puijfe dire à un
,
'
Siamois.
Un,Talapoin qui luy-même pile du
ris, le vanne, & le nettoyé > ou qui
Da Royaume de Siam. #
pilife de l'eau pour le cuire, pèche.
Servir au péché eft péché.
Un Talapoin qui en mangeant fe
barbouille autour de la bouche com-
me un petit enfant, péchc^
Un Talapoin qui demande l'au-
mône, & qui en prend plus qu'il n'en
peut manger en un jour, pèche.
Un Talapoin qui va faire fès né-
eefïïtez en lieu découvert, pèche.
Un Talapoin qui prend du bois, ou
autre chofe pour faire du feu, en un
lieu où quelque animal a coutume de
prendre ion repos, pèche. Il y a en-
core dans VexprtJJion de ce précepte
quelque chofe du génie de la langue Sia-
moife, car ce précepte ne veut pas dire
que le Talapoin puijfe pour quelque rai-
fin que ce /bit prendre du bois en un
lieu où quelque animal a coutume de
,
prendre fon repos, ny qu'il puijfe faire
du feu de quelque bois que ce puijfe
être : mais le fins du précepte e§i, que
c eft une double faute de faire du feu, dr
de prendre du bois en un lieu, oit quelque
*nimal a choifi fon gîte.
Ua Talapoin, qui allant demander
l'aumône toufïè, afin qu'on le voye,
pèche. Il pèche tout de même toutes Us
fois qu'il touffe pour attirer les regards
Ç iiij
'56 Vu Royaume de Sidm.
des autres> quand et ne feroit pas tn al-
lant demander l'aumône.
Un Talapoin qui allant dansf les
rues fe couvre la tête avec fà pagne,
ou met un chapeau , comme font
quelquefois les séculiers, pèche, Les
*JTalapoins fe couvrent du foleil avec leur
éventail en forme d'écran qu'ils appel-
»
lent Talapat.
Un Talapoin qui ôte fà pagne, afin
que quelqu'un voye ion corps , pè-
che.
Un Talapoin qui va chanter, ou
plutôt réciter, chez un mort, pèche,
s'il ne fait réflexion fur la mort
fur ce que tout le monde doit mou- ,
rir , fur l'infèabiJité des chofes hu-
maines fur la fragilité de la vie de
,
l'homme. C'eft en partie la matière de
leur chant auprès des corps morts.
Un Talapoin qui en mangeant n'a-.
pas les jambes croisées, pèche.; En
général ils ne peuvent s'ajfeoir autrement
en nulle occafton.
Un Talapoin qui dort dans un lieu,
où d'autres ont couché enfemble
pèche. y
.
Un Talapoin qui étant avec d'au-
tres séculiers, & caufant avec eux
étçnd {es pies pèche. La modestie
,
Du Royaume de Siam. 57
'veut qu'ils croifent leurs jambes.

MEMOIRE DES FRAIS


de Jufiice traduit du Siamois.
QU A ND le Juge reçoit la pre-
mière requête pour ce 1. liv.
, s

Le Juge , ou Tchdou Mtmng fait


conter les lignes & les ratures , 8c
fait mettre fon fceau à la requête,
pour ce 3.1.
Le TchdoH"Me'ùang envoyé la re-
quête à examiner à l'un des Confeil-
lers tel qu'il luy plaît, mais ordi-
,
nairement au Nâï des PartieSj& pour
montrer le logis des deux cautions
des Parties 1.1.
Pourceluy qui va fommerles deux;
Parties de venir à la Salle de Juftice.
3. liv.
Quand il faut dormir une nuit en
chemin. 4.1.
Pour avoir la liberté de donner
chacun une caution pour le Juge
,
iâ". livres pour le Greffier qui é-
crit. 3. livres c'eft l'acceptation des
cautions.
Pour copier les raifons des deux
parties pour préfenter au Juge, au
t
C v
58 Du Royaume de Siatn.
Greffier 3. livres, au Juge 3.livres.
Pour le Greffier qui va oùir les té-
moins. 3. livr. Et s'il y a un jour Se
une nuit de chemin 4.1. En ce Pdis-la
en va chercher les témoins chez, eux pour
vecezioir leur depojition & on ne dépu-
,
te a cela qu'un Greffier. La loy ne pref-
.
crh ny recollement ny confrontation de
témoins, quoy que les Juges ne laiffent
pas quelquefois de confronter 1 au moins
l'accufateur avec l'accusé. Les reproches
contre les témoins n'y font pas auffi en
ufage & fouvent l'accusé ignore qui
y
font les témoins qui dépofent contre luy.
Si les Parties font oiiir plufîeurs té-
moins on prend pour chaque té-
moin L ,
1.
Pour copier les dires ou productions
des deux Parties, & les mettre en
.état d'être préfèntées au Juge pour
.

juger. 4.1. tant au Confèiller qu'au


Greffier.
Pour le Gouverneur ou Juge pour
ftoir en la Salle de Juftice. j. 1.
Quand il y a des Oc-Prâ pour Se-
cond ou Belat, & pour Confèillers à
y
chacun y. 1. aux Oc-Loùang 3. L
Quand le procès efl: jugé, pour ec-
luy qui le garde 3.1.
Collation, ourepas dès Con&iU«s»
3. I*
Du Royaume de Siâty. 59
Quand il eft #. & jugé, de yoir ^
îoy du Pais qu'ils appellent z-PfJ
,
Jiajja rit di ea£ ajat caati pour le
•>

Çonfeiller qui la, lit,. qu'ils appellent


Pengt 3. liv. Plus une toile blanche
d'environ ;quaËFe aunes , plus envi-
ron çinqiliiyfcsiipefan^ de ris plus
i|e
pné bougie ;çire jajme, plus cinq
>

bouchées d'Arek, & ^de bétel, plus


;

une poule, plus deux pots d'Arak,


plus des fleurs & une natte pour
jrnejÈt^e^ ^us;r|es.liyre,s. ; Dequoy les
deux Parties payent autant l'une qup

DES MESURES DES POIDS


,
<&.des Monnogeide SiAm.

LEs mefures Siamoises fe forment s^efu


ou fecompofèjat de cette forte. «"' eUl
Peetmtvampleuâc ç'ejfc à dire., huit
>
grains de yis entier, dont la( premiéiîe
envelope n'a pas été brisée au mou-
lin, valent un doit, en Siamois »ion.
,
Douze doits valent un. kettb c'eft à
,
dire une paulme-,, ou l'ouverture du
pouce & du doit moyen.
/. DçmJCmè yaiïmiifrfîk jCeft à dire
C vj
(ïo Du Royaume de Siam.
depuis le coude jusqu'aux bdûts des
doits. ''' ''•-''' !•'
Deux Savaient un fc», c'eft à di-
<-':'-• "
'!

re une coudée, depuis le bout des


doits jufqu'au milieu de là poitrine.
Deux Ken valent une brafie qu'ils ap-
pellent V^OUÀ , & qui vaut à peu pires
un pouce moins que nôtre toilechofé : fi
bien qu'il s'en faut tres-peu; de
leurs huit grains de ris, qui font

'
que
leur doit, ne vaillent 9 de nos lignes
que nous eftimons ëgâleS'à9.^grains
crorge. "•'• (•f.['"• ,;r-ï<? -•-j;
Vint ^é«4! font une corde qu'ils âpv
pellent yê».
Et cent fen y c'eft à dire cent cordes
font une de leurs lieues, qui revient
à deux mille brades. Ils appellent leur
Iieuë r'oé mng, c'eft à dire, un cent,
rôë veut dire cent, & neng veut dire
un. Ainfi les Italiens difent un mille.
„ Enfin quatre de leurs lieues ou
8000. vo'ud ou brajfes , font un JoeL Et
,
ce font là toutes leurs mefures des
longueurs. ::;;.
,
ji. Voicy les noms & les valeurs des
Motaô^i poids & des monnoyes tout-enfem-
ble. Il eft vray que quelques-uns de
ces noms ne lignifient pas des mon-
noyes , mais des valeurs ou des, fom-
Du Royaume de Siam. €t
mes, comme en France le mot de .-li-
vre ne fignifîe pas une monnoye ,
mais la valeur d'une livre pefant de
cuivre , qui eft une fomme de vingt
fols.
Le pic vaut cinquante Cath.
Le eau vaut vint teils.
Le teil quatre ticalt.
Le tical efè une monnoye d'argent*
& vaut quatre mayons,&c c'eft le poids
d'une demie once, à raifon de quoy
le cati péfe deux livres & demie.
Le mayon eft une monnoye d'ar-
gent, & vaut deux fo'uangs.
Le foùang eft auflî une monnoye
d'argent, & vaut quatre payes.
La paye n'eft pas une monnoye, &
elle vaut deux clams. Mais la fing.

paye., c'eft à dire les deux payes font
une monnoye d'argent, qui vaut la
moitié d'un foùang.
Le clam aufl] n'eft pas une mon-
noye, mais il eft censé pefer douze
grains de ris. Voilà ce que l'on m'a
dit, & fur ce pié là le tical. peferoit
768. grains de ris entier. Ce que je
n'ay point éprouvé.
Tous ces noms-là ne font pas Sia-
mois mais vulgaires parmy les Eu-
,
ropéans qui fout à Siam. Je ne fay de
€i Pu Royaume de Slam.
quelle langue cft k mot de pic. Il fî*
gnifie aux Echelles du Levant une
torte d'aune, dont les neuf en valent
cinq de Paris : à Siam c'eft le poids
de cent vingt-cinq livres de ièize
onces.
Le mot de cati elt Chinois, & s'ap-
pellefchang en Siamois ,• mais le cati
Chinois vaut deux catïs Siamois,
Teil, ou comme d'autres écrivent
tael, eft auflï un mot Chinois, qui fe
dit tamling en Siamois mais le cati
,
Siamois ne vaut que huit taels Chi-
nois, au lieu qu'il en vaut vint Sia^
mois, comme j'ay dit.
Tical & mayon font des mots dont
j'ignore l'origine, & que les Siamois
appelknt baai Scjèling. Foùang, paye
& clam font du langage Siamois.
Quant au rapport de cette monnoye
à la nôtre, à le prendre vulgaire-
ment, & fans cette précifion qui n'effc
pasnéceflàire au commerce, «« ba&t
ou tical, quoy qu'il ne péfe qu'ua
demy écu, vaut néanmoins trente-
fcpt fols & demy de nôtre monnoye,
à raifondequoy un CAÙ vaut cinquan-
te écus.
Du Royaume de Slar». 6$

LISTE D E S ME U BLE S?,


Des Armes , & des Habits des
Siamois, & des parties de
leurs Maijbns.
Pffi,gros couperet qui leur tient ,„„£„«.
lieu de hache. commum
C/W,cifeaudeMenuifîer. *tou*''
Le'ùai, fie.
JCob, rabot.
Kabila, virebrequin.
Qmpb une befche.
y.
Reiiàn, maifon.
Sam} piliers de bambou, qui por- p„t^P
tent la maifon,quatreou fîx en nom- du"5
bre plantez à égales diftances fur mu-°ak
j
deux rangs : ils ont douze ou treize
pies fur terre.
Root, les deux bambous gifants ou
pofez en travers, comme des pou-
tres fur les piliers, le long de la face ,
& le long du derrière de la maifon.
Ranecng, les autres bambous gifants
ou couchez fur les piliers, deux ou
trois en nombre le long des deux
,
cotez de la maifon, & fur les deux pi-
liers du milieu, lors que la maifon eft
affife fur fix piliers.
ê^ "Ou Royaume de SiatH.
Preiidng, clayes fervant de pïarl*
cher bas ou de premier plancher.
,
Fak bâtoiïs plats & liez parallèle-
y
ment enfemble, pour mettre fur le
plancher, au lieu de carreau, ou de
parquetson en met auflî fur les clayes
qui fervent de mur au lieu de lam-
bris. ,
Me fa, mére-muraille, ce font les
clayes ou la ménuiferie qui fervent
de mur extérieur. ,
Fk les clayes qui font les princi-
,
pales cloifons.
Louk fà, fils de cloifons c'eft à di-
,
te les moindres cloifons.
P^k-toa, bouche de devant, c'eft à
dire la porte du logis. Pa\ veut dire
bouche.
Nâ - tang garde-vifage ou fenê-
y
tre , ce font des manières d'auvent
que l'on hauflê, & que l'on foûtient
avec un bâton, & qu'on laiflè re-
tomber quand on veut fermer la fe-
nêtre. Il n'y a nulles vitres. Nâ veut
dire vifàge, tang, garder.
Ken, la claye qui fert de plancher
d'enhaut, ou de plat-fond.
Dang, les deux piliers de bambou
pour porter le comble.
Çh£/i, le bambou gifant ou couché
Du Royaume de Siam> '€f,
forces deux piliers, pour faire le dos
d'âne du comble.
Cloon, les clayes du comble mifeS
en pente des deux cotez de I'OK-
Kâï.
JCiak feuillages qui fervent de
,
chaume.
Kraboiïang, les tuiles : mais les mai-
fbns des particuliers n'en ont pas , fî
elles ne font de briques : auquel cas
elles appartiennent aux Européans ,
aux Chinois, bu aux Mores.
Pê, le comble.
Hong, chambre.
Gadâï, lechelle de là maifort.-
Toi?g les deux bambous qui font
les deux cotez de 1 échelle.
Koengaddi, leséchelons*
Ssëà natte de jonc.
Tl-noriy\z place où l'on met la nât- Lesut.
y
Mea-i
te pour fe coucher, quand on n'a blcs«
point de bois de lit. Non veut dire
dormir. 77 veut dire lien.
Tiang-nSn un bois de lit fans que-
,
nouilles ny doffier, mais avec quatre
ou fîxpiés, qui ne font pas joints par
des traverfes. Le fond de ce bois de
lit eft un treillis de gros jonc, com-
me en ont ces chaifes, qui nous vien-
nent d'Angleterre, 5c doxit les Art-
'0 t>u Èûjdume de SiaiH.
gloîs énvoyent le bois aux Indes £
pour l'y faire garnir de jonc.
Cri un pareil bois de lit > mais fans
y
pies. Tous ces bois de lit font fort
étroits, parce qu'ils ne fervent qu'à
une feule perfonne. IL n'y a, que les
gens du peuple, qui couchent en im
même lit avec leurs femmes ; & ils
n'ont point de bois de lit. Parmy les
gens riches , chacun a fon lit & f»
chambre à part, mais en petit.
Fouk-reng-nèn, matelas ou plutôt
,
lit de capoc, efpéce d'ouette au lieu de
plume. Ils ne Ibnt point piquez, ro»g
Veut dire dtjfous , non y dormir.
Pa-peu-r.on , toile dedeflbus à dor-
mir , ou drap de lit. Ils n'ont point de
fécond drap de lit, qui foit autre que
la couverture.
Pa-hoHin-nên ,- toile de deflùs à dor-
mir , é'êfîà dire la couverture. Ce
ae font que de fimples toiles de co-
ton*
Mon, oreiller lin peu long , mais
lors même qu'ils couchent enfemble;
chacun a le fien, comme en Eipa-»
gne. Mon vent dire aufliun carreau
à s'appuyer, car ils nes'afTeyent ja-
mais demis.
Man-cati-tî-nôn, riefeau de devant
Du Royaume de Siam. &f
le lieu à dormir. Man vtxA dire ri-
deau ou tapiflèrie. Can Veut dire de-*
vant. Ils mettent un rideau devant
leur lit pour n'être pas vus, parce
que d'une chambre à l'autre il n'y as
point de porte qui ferme.
Man - can-fak-rcuàn , tapiflèrie de
toile. Man rideau ou tapiflèrie, ctn
devant, faj^ les bâtons plats liez pa-
rallèlement pour ièrvir de lambris,
rsuan veut dire maifbn.
Prom, tapis de pié.
Kiam c efè la même cbofe.
, tables à rebord
Tloum, & fans pié
appelées autrement bandéges, & par' ,
nos Marchands platteaux. Quand ils
mangent enfemble, chacun a"fa ta-
ble à Siam, comme à la Chine. Ils
n'ont ny nappe ny fèrviettes, mais
le bois verni de leurs tables fè net-
toyé fort aisément avec de l'eau chau-
de : & ainfi ils fè paflènt aisément
i
de nappe.
Jjfip, coffre,
il
Hip y chtpokn, coffre du Japon.
Hip-ltn, cabinet à tiroiiers.
Tady un plat de cuivre, ils y fer-
rent d'ordinaire leur poifïon.
Mè-can pot à mettre de l'eau
,
tan veut dire pot, mê veut dire mère. ,
%% Vu Royaume de Siam>
Can-barn , bouli de cuivre à faire*
bouillir de l'eau pour le Thé, tiam
Veut dire de l'eau.
Can-nam-noï petit cannâm. C'eftun
gobelet arrondy par le bas & fans
patte.
Kon thoo pot à biberon.
K»n thii, bouli de terre pour le
y

thé.
Tiocnoy, petite taflè à thé.
Tiocyai, taflè plus grande,
Taboï-tong-lyin-nam culiere de Cui-
,
vre pour boire de l'eau. Ils en ont
au/fi de coco pour cet uiâge ; ils per-
fent une tafïè de coco de part en part,
& pouffent un bâton dans les deux
trous , qui traverfe le coco & fert de
manche. Tong veut dire également
de l'or & du cuivre jaune^Te»^ dî, or
bon,Tong,leiïang,or faux ou Uton.Km
veut dire également manger & boire,
félon qu'il fe dit d'une chofe folide ou
liquide. Ainfi lès mots de prendre &
d'avaller font communs en nôtre
langue, aux aliments folides & aux li^
queùfs.
Taoiiac culiere à pot. C'efl la
,
plus grande injure qu'on puifle dire
à quelqu'un, comme fi on le taxoit
d'être afsez gourmand pour prendre
Bu Royaume de Siam. %y
(de ù. propre main au pot, & iâns atT
tendre que le pot foit vuidé dans le
plat. Il n'y a que les efdaves quifafl
fent les culiéres à pot, ou qui les
touchent.
Toiiai, alîiettc , ou plat de porce*
laine.
Tcham, jatte de porcelaine à met-
tre du ris. Ils ufent beaucoup de por-
celaine parce qu'il y en a de fort
,
grojïiére &c à très-vil prix.
T;an petite foûcoupe à mettre
,
fbus la tafle à prendre du thé..
Moi -câou, poèflon à cuire le ris, ma
elpéce de pot ou de poèflon, caou,
ris.
Quion, cuiller. Ils, n'en ufènt que
pour prendre des confitures, dont on
fert toujours dans de petites, foûcou-
pes de porcelaine avec le thé.Ils n'ont
point de fourchette, ny de faliére. Ils
ne fervent point de fel à table.
Mid, couteau, ils en ont chacun
un petit pour fendre l'areK , ils ne
s?en fervent pas comme nous, en te-
nant ce qu'ils veulent couper entre
le pouce & le trenchant du couteau,
mais ils mettent toujours le pouce
fur le dos du couteau, & ils en gui-
dent ie trençhant avec l'index de 1^
y0 Du Roydutne de Sîam.
main droite qu'ils tiennent étendu.
Mid coâne, rafoiïer ou couteau à
rafèr. Leurs rafoiiers font de cuivre,
coâne veut dire ralèr.
Tin quian, chandelier. Tin veut di-
re pié, quian eft une bougie de cire
jaune. Ils ne favent pas blanchir la
cire, dont ils ont en abondance; &
comme ils n'ont point de boucherie ,
ils n'ont point de ïiiif, & le iliif fe-
roit en ce Païs-là d'un méchant ufa-
ge , il fondroit trop à cauiè du
chaud..
Fen , une autre forte de couteau
plus grand qu'ils portent fur eux
,
pour leur ufage, & qui pourroit leur
ïèrvir d'arme en cas de befoin.
Mid-tok, forte de couteau à tra-
vailler le bois avec lequel ils atta-
,
chent le feuillage qui leur fert dç
chaume.
Krob, boîte d'or ou d'argent pouf
l'areK & le bétel. Le Roy les donne,
mais ce n'eil qu'à certains Officiers
considérables. Elles font grolîès &
couvertes, & fort légères : ils les
ont devant eux chez leur Roy, Sç
dans toutes les cérémonies.
Tiab autre boîte pour le même
,
pfage, mais jCans couvercle & qui
. ,
Vu Royaume de Shttt. *fi
demeure au logis. Ceft comme uni
grand gobelet quelquefois de bois
,
verni ; & plus la tige en eft haute,
plus il eft honorable. Pour Fufage or-
dinaire ils portent fur eux une bour-
fe où ils mettent leur arejeSt leur
,
bétel, leur petite tailè de chaux roua-
ge , & leur petit couteau. Les Portu-
gais appellent une bourfè boffeta, 8ç
ils ont donné ce nom aux Krob ,
dont je viens de parler, & après eux
-nous les avons appeliez boffetus.
Ou ton, crachoir , dont ils ufènt
tous à caufc du bétel, qui les fait
fort cracher.
:
.
Keùk, balon ou batteau étroit 8Ç
.

long pour un Officier feul.


Çreu, balon pour une famille entière. m
Moung rnpfcadiere c'eft un ciel
, ,
& un tour de lit de gaze dont les
,
feuls Talapoins fe fervent pour n'être
•pas incommodez des coufîns, & ne
ïè mettre pas dans la néceffité d'en
tuer. Les séculiers n'ont point de ces
mofeadieres, mais ils tuent les cou-
fîns fans 1erupulc.
Kkoui, faureiiil. Il nfy a que le
Roy, & les Talapoins, qui enayent,
pour s aflèoir plus haut que les au-
tres gens, Les Talapoins fe çroyenç
ji Du Royaume de Shm.
fort au deflùs des autres hommes.'
Menamotit, pot de chambre. Les
feuls Talapoins en ufent parce
>
qu'il leur eft défendu d uriner ny fiir
la terre , ny dans l'eau, ny dans le
feu.
TVi
Lom-fo\y bonnet de cérémonie.
jLes ha- Zom veut dire bonnet pok, veut
,
dire haut. Il eft blanc d'ordinai-
re , mais à la chaflè & à la guerre il
eft rouge.
Pa-noung, toile-autour. Ceft la pa-
gne , qu'ils portent autour des reins
& descuiflès. Le Roy donne les plus
fines, qu'on appelle Pafompae, & on
n'en peut porter de cette fineflè 3 qu'il
ne les donne.
Sejià-kaou la chemife de mouflèline,
qui eft leur véritable habit. Le mot
»

de feiià veut dire aufli natte , mais


alors il a un autre accent, & les Sia^
mois l'écrivent avec d'autres çara&é-
res.
Tchet-na, mouchoir. Les Seigneurs
le font porter par leurs enclaves, &
ne s'en chargent qu'en entrant dans
le Palais : mais ils n'oferoient fe mou-
cher devant le Roy : la plupart font
fans mouchoir.
: P(t-b«ttm,toilfdedeJfns. Ceft cette
toile
Tau Royaume de Stârn. f$
toile',. qu'ils portent en manière de
manteau contre le froid ou en é-
,
charpe fur les épaules & autour des
bras.
Rat-fa-yih ceinture dans laquelle
ils panent leur poignard. Ils la met-
tent auffi comme une écharpe fur le
jufl-au-corps de guerre.
Pa.fa.bai, écharpe de femme.
i«ïr&»/ïvefte à mettre Cous
là chemifè de mouflèiine.
r Seiià hoam, juit-au-corps ou che-
mifè rouge pour la guerre & pour
la cbaflè. ,
Mo»k chapeau. Ils les aiment de
routes couleurs, hauts, pointus, 8C
>

d'un doigt de bord. '


Psun-nok-fap mouiquet ou fuiil. Ar_y,\
,
Peun veut dire canon. Peun yâï ca- "*

non grand, pour dire le gros ca-


non.
To'ûm, lance à la Siamoifè.
Stok, zagaye, ou lance à la MoreC
que, c'eft comme une lame de fàbre
au bout d un bâton.
Dab, fàbre. Ils le font porter par
un efclave, qui le tient par refped:
fur l'épaule droite, comme nous por-
tons le mouiquet fur la gauche.
Krid, poignard que le Roy donne
terne //. J>
74 ®u Royaume de S tant.
aux Mandarins, Us le portent pafsé?
dans une ceinture au côté gauche ,
trais beaucoup fur le devant. Les
Eurôpéans l'appellent çrift par cor^
riiptioni
JCautar, arc.

Lo, rondafche,
Na-mai, arbalefte, mal veut dire?
bafton.
Lan, dard , c'eft un bambou fer-
ré,
Laotty dard de bambou durci au feu
,
&ns être ferré. Lkou écrit d'une au-
tre forte veut dire toute liqueur, cju$
peut enyvrer.
Mm-taboug, maflè d'armes,
. Mai-tâou, bâton à s'appuyer.

LES NOMS DES JOUR, S,


Des Mois & des Années
des Siamois.

Ï. X T An en Siamois veut dire jour*


les jours, .y Les noms des jours font.
: Vm Atbity jour du Soleil, ou Di-
jnanche.
Van Tchm jour de la Lune , om
fcundy.
D» Royâtifne de Sum. fi
Va» Angkaan , jour de Mars , ouf
Mardy.
Van Pont, jour de Mercure 3 ou Mer-
credy.
Van Prahaat, jour de Jupiter, ou
Jeudy.
Van Sme, jour de Vénus j ou Ven-
dredy.
Van Saoft, jour de Saturne , ou Sa-
jmedy.
Les noms des Planètes font donc
Achit Tchan , AngKaan , &c. Il
,
cfl vray qu'ils ne nomment pas les
Planètes hors des noms des jours,
fans leur donner le titre de Prd, le-
quel, ainfî que je Pay dit plufïeurs
fois, marque une très-grande excel-
lence. Ainfi Pr/i Athit veut dire le
Soleil, Prd Tchan veut dire la Lune
Prd Prahaat veut dire Jupiter : mais,
le mot Prd s'écrit avec un P. plus
fort que celuy qui cft dans la premiè-
re fyllabe du mot Prahaat. Tous ces
noms au refte font de la Langue Ba-
lie. Le Soleil s'appelle Tavan en Sia-
mois & la Lune Doên. Abraham Ro-
,
ger dans fon Hiftoire des Moeurs des
Bramines nous a donné les noms des
jours en Samfcortam, qui eft, dit-il,
la Langue favarite des Bramines de/
y6 pu Royaume de siam.
Paliacate fur la Cpte de Cqromandel.
Ils font pris auQî des Planètes. Su*,
riavvoeram Dimanche Jendrawaram
Lundy Angaracavvaram Mardy ,
,
Buttavvaram Mercredy , Brahafpiea-
,
vvararn Jeudy Succrawaram Venr;
,
dredy Sennivvaram Samedy. Il eft
,
évident que Vvaram veut dire jour,
que Sstria eft le nom du Soleil, peut-
être avec quelque inflexion pour mar-
quer le génitif; & que Jendra elt le
nom de la Lune peut être aufti avec
quelque inrlexio.n:)laquelle étant ôtée
laùlèroit quelque rellemblance entre
ce mQt,& le bali TtvW. Quant aux au-
tres noms, Angaraca tient allez à'An-
gh^aan: Butta,(\u'i\h.\Xl prpiionçer Bout-
ut, n'eft autre chofeque Pont : Prahat
convient avec le commencement de
Brçhafpita &Ç fuccra & foiiç font un
,
même mot. Senni & Sâott paroiflènt
plus éloignés, & Sttria &c Athit n'ont
rien de commun : mais ce que le mê-
me Auteur ajoute, eft remarquable,
que le Dimanche eft appelé Adi-
tawaram dans la langue Vulgaire de
Paliacate : car c'eft là que nous re-i
trouvons le mot bali Athit.
Les Chinois félon le P. fyla.rtini
,
dans fon, Jtf'jtoria Siniça p. }i. ue
,
Du jtâ/dunie de SUto. yf
Ifomment pas les jours pat lés Plai
netes, mais par les foixantc noms,
Iqu'ils donnent aux foixante années
de chaque Cycle : de forte que leur fe-
maine, pour m'expliquer ainfî, eft
une révolution de foixante jours.
Les Siamois nomment les mois par i r.*
leur
. j
ordre. Les Mou.

Deiian , veut dire mois.


Deiian ai, mois premier.
Deiian Tgii, mois fécond.
Deiian Sam, mois troifiéme. .]
_
Deiian fù, mois quatrième.
t Deiian haa, mois cinquième.
Deiian bou\, m°is fixiéme.
Deiian k*t, mois ieptiéme.
Deiian peet, mois huitième.
...
Deiian cdou , mois neuvième.
Deiian fib, mois dixième.
Deiian fib-&, mois onzième
Deiian fib-fong mois douzième.
,
Le Peuple Siamois n'entend pas les
mots ai & Tgii, qui font les noms
«les deux premiers mois ; mais il y a
apparence que ce font deux vieux
mots numériques , qui veulent dire
un 8cdeux:Ôc cela eil même évident dû
mot Tgii parce que les Siamois difcnt
Tgii-fib pour dire vint, ce qui eft mot
à mot deux-dix. Tous les autres noms
D iij
*?ï pu Royaume de Fiant;
de mois font encore en uiàge pour Su
gnifier des nombres avec cette dif-î
jférence que quand ,ils font mis de*
yant le fùbftantif ils lignifient de purs
nombres, & que quand ils font mis
après, ils deviennent des noms qui
marquent l'ordre. Ainfi fam Deuatt
veut dire trois mois, & Deion fam »
mois troifiéme.
ni.
III. Pii veut dire année., Les douze
i« An. noms des années font.
**"' PU ma mia , Tannée de la petite
Jument.
PU ma mi Tannée de la grandfe
»
Jument..
PU vok > Tannée du finge..
PU Racaa Tannée de la corneille*
3
PU. Tchio, Tannée du Mouton.
PU Cou/Me, Tannée du Cochon-
PU Çho'mt, Tannée du Lapin.
PU Tchlou, Tannée du Lézarda
jPUITan* Tannée des Poules.
y
PU Thoy Tannée du Bouc.
PU maRongy l'année de la Canne
-4e mer-
PU ma $ng Tannée âa grand Sers-
. >
jeotv
La plupart
A de ces noms font auflî
de la langue Balic, Or comme les Sia-
mois.ièiervent. éx C^cle de foixante
«ilfîées, iïs âewoktitmmkibixaintè
noms, pour nommer les ibixante an-
nées de Chaque Cycle ; Se pourtant
les perfonnes, que j'ay pu confulter,
ne m'en ont su donner que douze,
qui fe répètent cinq fois en chaque
Cycle, pour parvenir au nombre dé
ibixante : mais je ne doute point
que ce ne foit avec quelques addi-
tions qui en font les différences ,' &
je croy en avoir trouvé la preuve en
deux dates de lettres Siamoifes que
,
j'ay prifès avec foin fur les origi-
naux, La première effc telle, Dans
ie premier mois le £'nc; jour depuis ta
s
pleine Lme dans l'Ere iziy. l'année
Tchlou ftpfoc. Et la féconde eft ainfî.
f->e huitième mois, Ô* le premier jour
dtt déconrs de la Lune de l'année Pii
Thfapfecde l'Ere zip. Le mot d'E-
re dans ces deux dates veut dire Am-
plement année, félon le langage Es-
pagnol de forte que c'eft tout un de
,
dire l'Ers vtz% &c de dire Tannée
TchloiT iàpfoc : de dire l'Ere 2151. &
de dire l'année pii tho fapfoc. D'ail-
leurs comme le mot PU veut dire an-
née ils pouvoient mettre Tho- fa~
,
jpfoc au lieu de Pii tho fapfoc,commc
*& ont rois Tchlou Iàpfoc &
, nott
D iiij.
|8ô Vu. Royaume deSUm.
pas Pii Tchlou fàpfoc. Ôr ces deux"
années qui font celles de itfSy. &
16^87. de JESUS-CHRIST ne font pas
,
Amplement nommés ou par Tchloit
& Tho c'eft à dire du Lez.ard & du
,
J5c«c : mais on a ajouté aux mots de
Tchlou & de Tho le mot de Sapfoc
que je n'entens pas, & qui s'ajoûtoit
aux noms de la douzaine d'années ,
qui couroit alors , pour la diftin*
guer des quatre autres douzaines
d'années du même Cycle.

DES MOUÇONS ET DÉS


,5
Maries du Golphe de Siam.
NO u s éprouvons fur nos Mers ,
que quoy que les vents y foient
fort changeants, ils changent pour-
tant avec cette régie prefque infail-
lible, de ne paflèr du Nord au Midy,
que par le Levant ; ny du Midy au
Nord, que par le Couchant ; ny du
Levant au Couchant, que par le Mi-
dy ,- ny du Couchant au Levant, que
par le Nord. De forte que le vent
fait toujours ainfi le tour du Ciel,
panant du Nord vers le Levant, &
du Levant vers le Midy, & du Midy
Du Êôjidume de Siami Si
Vers le Couchant, & du Couchant
>

vers le Nord, & prefque jamais en uft


fens contraire, que les Pilotes appel-
lent à contre. Cependant dans la Zo-
ne Tempérée , qui eft au Midy de la
Ligne, lorfque nous Naviguions ces
Mers, qui lont au Levant de l'Affri-
que , nous avons à nôtre retour de
Siam éprouvé que les vents alloient
toujours à contre,' mais pour afsûrer
que cela doive être toujours ainfi , il
faudroit plus d'une épreuve. Quby
qu'il en foit le vent ne va point à
contre dans le Golphe de Siam, mais
il n'y fait le tour du Ciel qu'en un
an ; au lieu que fur nos Mers il le fait
•en un petit nombre de jours, & quel-
quefois en un. jour. Lorfque dans les
Indes le vent fait" le tour du Ciel en
un jour, il eft orageux : c'elt ce qu'on,
ïappelle proprement un ouragan.
:
Dans les mois de Mars ,d'Avril,&
de May le vent du Midy règne à
Siam le Ciel s'y brouille, les pluyes
,
commencent,- & font déjà aiïez fré-
quentes en Avril. En Juin elles font
prefque continuelles, & les vents
tournent au Couchant, ceft à dre
tiennent du Couchant & du Midy.
Lin juillet, Aouft & Septembre ks
D v
$r &»Koy»Mme de Siam.
Vents font au Couchant on prefque
au Couchant, & toujours accompa-
gnez de pluyesjles eaux inondant les
Terres à la largeur de neuf ou dix
lieues, & à plus de cent cinquante:
Jieuê's au Nord du Golphe.
Pendant tout ce temps-lâ, & prin-
cipalement vers la my - Juillet, les
Marées font fi fortes, qu'elles mon-
tent jufqu'au deiïùs de Siam, & quel-
quefois jufqu'à Louvo ; & elles dé-
croifïènt en vint-quatre heures avec
cette mefùre, que l'eau ne redevient
douce devant BancoK que pendant
une heure,- quoy que Bancok foit à
fcpt lieues de l'embouchure de la Ri..
viere t encore l'eau y eft-ellc tou-
jours un peu faumaftre.
En OAobre les vents tiennent du
Couchant & du Nord, &lespluyes
ceflènt. En Novembre & en Décenv
tore les vents font Nord, ncttoyent
le ciel, ôcfemblent abbatre fi fort la
Mer, qu'elle reçoit en peu de jours
toutes les eaux.de l'inondation. Alors
lés Marées- font fi peu fènfïblcs, que
jîeau eft toujours douce à deux ou;
trois lieues dans la Rivière, & qu'à
certaines heures du jour , elle Teifc
même, à une lieue dans la- Rade. Mais
Du Royaume de SÏam. §3
,Cri tout temps il n'y a à Siaisr, qu'on
flux, & qu'un reflux en 24. heures.
En Janvier les vents ont déjà tourné
au Levant, & en Février ils tiennent
du Levant & du Midy.
C'eft une circonftance confîdéra-
fele, que dans le temps que les vents
font au Couchant ou qu'ils tiennent
du Couchant, les courants du Golphe
portent rapidement les VaineauX'finr
la côte Orientale, qui eft celle de
Camboya, & les empêchent des'e»
velever ; & qmdans le temps qwe 1&
vents font au Levant ,ou qu'ils tien-
aïenc du Levant, les courants portent'
fer la cote Occidentale de forte
,
qu'alors il faut craindre en Navi-
guant de s'y affilier, comme difène
tes Pilotes, c'eft à dire de s'y abbat-
tre. Or cela prouve, ce me femble»,
qjue les vents ont beaucoup de part
aux mouvements de la- Mer, d'autant
plus qu'on a éprouvé, que ces cou-
rants ne font qu'en la partie fupé--
rieure des eaux, & qu'au de flous el--
lés ont un courant tout contraire
,>
parce que l'eau fupérieure étant coa--
tinuellement roullée fur*le rivage,»
s?ên retourne par deflôus vers le côte
d'o&ellç eftyenuë. De même itfcm^
&4 Dû Royaume de Si4m.
:
ble que ce font les vents de Midy,
qui pouflèntle flux & le foûtienneht
,
pendant fix mois bien avant dans la
Rivière, & que ce font les vents de
Nord qui luy défendent prefque
,
Tentrée de la Rivière pendant les llx
autres mois.

DESCRIPTION DES PRINCIPAUX


Fruits de Siam.
L'Es figues d'Inde, que les Siamois
appellent Trompes-d'Eléphant ,
Clo'ùey-ngoùan-tchang n'ont point du
,
:tout le goût de nos figues , & félon
moy elles n'en ont pas le mérite.
Ainfi les melons de Siam ne font pas
de vrais melons, mais le fruit d'un
,arbre connu dans les Iiies de l'Amé-
rique fous le nom de Papayer. Je
n'ay point mangé de ce fruit là. Mais
pour revenir à la figue, elle eft de la
grandeur & de la figure d'un cerve-
Jat. Sa peau verte, qui devient jaune
& tachetée de noir dans fa maturité,
fe sépare aisément de fa chair molle
& pâteuiè ; & c'eil ce qui luy a fait
donner le nom de figue : mais dans
le milieu de fa chair il n'y a point de
Qa RofAtmederSid^ $$
Vuide,ny de ces pepin<(,qui fofitmm»
,me un petit gravier dans flos figuesy
lors qu'elles font un peu sèches;
Son goût eïï'fort, & il a quelque cha-
fe d'aigret & de douceâtre tout en-
semble.
La banane, que les Siamois appel-
lent (lent-d'Elephant Gloiiey-ngaA-
effc à
,.
prés la marne cho-
tchang. peu
ie que la figue-, fmon qu'elle eft plus
verte & un peu plus longue, &qu'elT
"le.a des angles, & des faces ou cotes
plattes, qui fe réijniiïènt en pointe
par les deux bouts. Ces fruits pen-
dent par bouquets, ou plûtôtpar grot-
tes grappes du haut du tronc des ar-
bres qui les portent. Les figues Jtè
durciflènt à la braife, les bananes qui
ne font pas tout-à-fait fi délicates
crues, s'y ramollinent, y perdent ce
qu'elles ont de douceâtre, ôc y ac-
quièrent lej goût de nos pommes de
reynette cuittes au pommier.
La goyave ( en Siamois Lom-KUc ,
hue veut dire fils , JCiac ell le nom
du Goyavier ) eft de la grofleur d'une
pomme médiocre. Sa peau eil d'un
verd grisâtre, comme celle de cer-
taines poires : fous cette peau elï une
£Jb,air de la confiftence de celle du
S& ïfa Royaume de $hm<
cirroiîimais*pas fi blanche. Quand ok
ta mec dans la bouche elle ferit 1»
fraifè, mais bien-tôt ce goût defraifè
fe perd, parce qu il devient trop fort.-
Cette chair qui n'eft que de l'épaif-
fèur d'un écu contient une fubftance
liquide comme de la bouillie, mais
•grisâtre, & qui ne fêroic pas moins
agréable à manger que la chair, IL
ell& n'ctoit mêlée d'un nombre in-
nombrable de petits pépins fi durs y
qu'on les peut difficilement mâcher.
Les Jacques, en Siamois Ca'nottn,-
font de la figure d'un gros melon mat
arrondy. Ils ont fous une peau grife
& façonnée comme du chagrin, un- 1

allez grand nombre de pépins ou;


noyaux : noyaux fi l'on prend garde à
leur grofieur, qui eft prefque comme:
d'un oeuf de pigeon ; pépins par le
bois mince & poli qui les renferme.
<ïcs noyaux donc ou pépins étane
grillez ou bouillis ne différent de nos*
marrons ny par le goût, ny par la*
eonfîftence, finon en ce qu'ils font,
ce mefemble, plus délicats. Ils tien*-
nent par un bout à une pulpe qui les
enveloppe tous , & les sépare les
ans-des autres. Elle fe déchire aisé-
ment lèlon le ièns de fes fibres : elle
THtïïoymme de Statiï. t-f
eft jaune, fucctilente, pâtciile,& liiêl
me gluante, d'un goût douceâtre 8C
d'une odeur forte. On ne fauroit £*
mâcher, on ne fait que la fuccer.
Ils nous fervirent un fruit fèmbla-
ble à des prunes & nous fuîmes;
,
trompez à l'apparence.. Il avait la
chair & le goût de la neffle, & tan-
tôt deux, tantôt trois noyaux, mais*
plus gros, plus plats 8c plus lices, que
la neifle ne les a. Ce fruit s'appelle
moitjjidk en Siamois.
Le coeur-de-boeuf a été ainfî nom-
mé à caufe de fa groflèur & de là fi-
gure. La peau en eft mince, & ce^
fruit eft mol parce que ce n'eft au*
,
dedans qu'une efpéce decrefme blan-
che, ôcd'un goût aûez agréable». Les'
Siamois l'appellent Mancout..
Le Durion,en>Siamois Tourne», qpi
eft un. fruit fort eftiméaux Indes, m'a;
paru infupportable par fa mauvaife-
©deur. Ce fruit eft de la groflèur de
nos melons couvert d'une robe épi-
neufe comme nos châtaignes. Il a;
même, comme les Jaques plufieurs.
,
eoques,mais groflès comme des oeufs,
dans lelquelles eft contenu ce que
l'on mange, au dedans dequoy il y a
encore un.noyau- Moins il y a de ces
88 Du Royaume de Slam.
eoques dans un même Durion, plus le
fruit eft agréable. Il n'y en a jamais
.moins de trois.
La Mangue, en Siamois Ma-moiian,
tient d'abord du goût de la pefche &
de l'abricot : fur la fin ce goût-là de-
vient un peu plus fort,& moins agréa-
.
ble. Les Mangues font fort eftimées
j'en ay vu de grandes comme U main, ,
d'un enfant, elles font plattes & en
•ovale mais pointues par les deux
,
bouts à peu prés comme nos aman-
,
des. Leur peau eft de la confidence
de celle de nos pavies, de couleur ti-
rant fur le jaune;mais leur chair n'eft
.qu'une pulpe qu'il faut fuccer, & qui
ne quitte pas un grand noyau plat
qu'elle enveloppe.
je n'ay point vu Je Mangouftan
qu'on dit être encore meilleur que les
Mangues.
Les Siamois ont des fruits aigrelets
qui defâltérent, & qui pour cela me
paroiflbient les plus agréables de
tous. Ils font petits comme des pru-
nés , & ont un noyau entouré d'une
-
chair blanche qui fond aisément dans
Ja bouche.
.

Le Tamarin eft auffi aigret. C'eft tin


.
fruit enfermé dans un bois comme
.
Du Royaume S de tant. î$f>

Une amande, & puis plufieurs de ces


fruits font encore enfermez dans une
goufie. J'en fis confire, & j'en trou-
yay le fîrop fort agréable pendant
mon retour : mais peu àpeu il perdit
fa petite aigreur , & il ne luy refta
plus que le goût de la pimprcnellc.'
Audi l'arbre qui le porte & qui eft
fort grand, a-t-illa feiiiUe femblable
à la pimprenelle.
J'ay apporté de ce Païs-là pïufîeurs
fortes de confitures liquides qui é-
toient venues de la Chine à Siam,il y
àvoit deux ans, & elles n'ont pas
laifsé de Ce conlèrver aflèz bien juft
qu'à Paris. Le firop fur tout en étoit
fort beau & n'avoit rien de candi,
malgré la chaleur des climats par lef-n
quels il avoit pafsé. Ces confitures
avoient peut-être été faites avec du
fuçre candi, qui eft le feul purifié,
qu'ayent les Orientaux. Je m'en rap-
porte aux Confituriers.
Je ne parle point des cannes de fu-
çre dont Siam abonde, ny du poivre,
parce que j e. n'y en ay pas vu. Le Roy
de Siam en a, dit-on fait plantée
,
cent-mille pies. C'eft une plante qui
a befoin d'appuy comme la vigne f
& le poivre y pend auifi par petites
$& 35» Royaume de Sîat».
grappes pareilles à celles des gra«
teilles.
L'Ananas , en Siamois, S«parot,a. la
chair blanche & le goût de nos pavies.
Sa chair eft mêlée d'un peu de bois
,
/ non pas d'un bois qui en foit séparé,
comme il y en a dans nos nois, mais
d'un bois qui y tient , & qui n'eft
que la chair même trop durcie ; &
c'eft par le centre qu'elle commence
à Ce durcir. On croit l'Ananas mal
Jtàin, parce que fon jus, dit-on ron-
le fèr^ Il jaunit quand il eft ,
mûr
ge ,
& alors à le fentir {ans l'ouvrir , il as
l'odeur d'une pom me cuitte. Sa figu-
re eft comme d'une groflè pomme dé
pin y H a de petites pellicules biens
arrângées,fouslefquelles, à les voir,:
on croiroit que font les pignons. Li
plante qui le donne le porte an ibm-
met de là tige, qui n'a pas trois pies
de haut, L'Ananas y tient tout droit
fur le petit bout; & il a au gros bout
une touffe de feuilles-, comme de pe-
tits glayeuls, courtes, recourbées en
dehors & dentelées, Quelquefois
,
du corps.de ce fruit, & par les cotez,
il Ibrt en manière de loupes, un oit
deux autres petits ananas qui ont auf-
£ leurs touffes* Or toute touffe eau*
*Da Réydumede SuniT Jf
pée & mife en terre peut donner un
autre ananas , mais chaque plante
n'en porte qu'un, & ne porte qu'une
fois.
Le coco, en Siamois, ma-prdou eft
une efpéce de notfette mais bieii
,
groflè à la vérité pour une noifètte -,
comme on peut voir par ces rafles dé
coco que l'on nous vend. C'en éft lé
bois qui eft naturellement revêtu *
comme celuy de nos nois, d'un brou'
ou écorce verte épaiue de plus cfuri
pouce, & pleine de fibres, dequoy
on peut faire des cordages. Dans
le bois du coco eft une liqueur très--
agréable, & le bois en cil iï plein,
qu'elle jaillit allez loin quand on lé
perle. À mefure que ce fruit mûrit *
cette liqueur & congèle aux extrémi-
tez ; c'eft à dire auprès du bois, & y
forme une chair denoifettefort blan-
che & d'un fort bon goût ,• l'eau qui
n'eft pas encore congélce demeure 1

toujours au centre du fruit, & à las


longue elle fc congèle toute.
fi t)u Myiume de SUni*

DE LA LANGUE SIAMOISE
. .

,
& de U Balte.
LÀ langue Siamoife a trente-fepr>
lettres & la Balie trente-trois
,
mais ce font toutes confbnnes. Quant ,
aux voyéles& aux diphtongues, dont
il y a un grand nombre dans Tune &
l'autre langue elles ont à la vérité
,
des caractères particuliers dont on
,
fait d'autres alphabets : mais de ces
caractères quelques-uns fe placent
toujours devant la confonne quel-
,
ques-autres toujours après, d'autres
dcffiïs d'autres deflôus : & néan-
,
moins toutes Ces voyéles & toutes
ces diphtongues ainfi diversement fi-
tuées à l'égard delà confonne,ne fè
doivent prononcer qu'après elle.
,-
Que fi dans la prononciation la
iyllabe commence par une voyéle
ou par une diphtongue , ou fi elle
,
neft qu'une pure yoyélé, ou une pt*<-
re diphtongue , alors ils ont un cara-
ctère muet, qui tient la place d'une
confonne, & qui ne fe doit pas
prononcer.
Ce caradére muet eft le dernier
"Du HLêfaumede Star». $f
dans les deux alphabets Siamois 86
Bali. Dans le Siamois il a la figure de
nôtre o , & il vaut en effet un o, lors
qu'il fe doit prononcer , & n'être pas
confonne muette , c'efl à dire lors
qu'il efl précédé d'une confonne, ou
deluy-rriêrne. Dans l'alphabeth Bali
ce dernier caractère vaut ang, quand
il n'eft pas confonne muette ; mais fa
figure n'a nul rapport à pas une de
nos lettres. Ainfi la première lettre
de l'Alphabeth Hébreu qui eft VA-
Itfh, fèrt de confonne muette , par
rapport à laquelle on place les points
qui font les ' voyéles j & il y a appa-
rence que l'Aleph s'eft: prononcé au-
trefois comme l'Alpha des Grecs,
,
qui a pris fon nom de YAleph.
Les prononciations Siamoifes nous
font très-difficiles à imiter : & elles
répondent fi mal à la plupart dés nô-
tres , que de dix mots Siamois écrits
en caractères François, & lus par un
François, il n'y en aura peut-être
pas un, qui foit reconnu & entendu
par un Siamois naturel , quelque
loin qu'on prenne d'accommoder
nôtre orthographe à leur prononcia-
tion.
Iîs ont l'r. que les Chinois rj'onç
94 E* ZojaUme de Stant.
pas. Ils ont nôtre v confonne, mais
ils le prononcent fouvent comme le
W. des hauts Allemans, & quelque-
fois comme le w. des Anglois. Ils ont
auffi le «^ des Allemans que nous
,
n'avons point : car les Allemans pro-
noncent Engel-, par exemple , d'une
manière que nous attrapons difficile»
nient, & qui n'eft qu'un g. prononcé
jdevant l'e & \'i, comme devant Va,
piais fort mollement & beaucoup du
nez.
Ils ont une prononciation moyen-
ne entre nos deux prononciations de
jo & de ;«,& de là vient que les Euro-
péens difent tantôt camboja, & tan-
tôt camboya, parce qu'ils ne lavent
prononcer jufte à la Siamoife ces for-
ces de mots.
Il en eft de même du mot Kikï qui
veut dire, coeur. L'on ne fait s'ils di-
jfent plutôt JCiaï que ciai prononcé à
l'Italienne, parce qu'en effet ils ne
difent exaÂement ny l'un ny l'autre,
mais quelque chofe qui tient de l'un
& de l'autre.
Us ont nôtre afpiration qu'ils pro-
noncent pourtant plus doucement, 8ç
quand ils en mettent le caractère
Rêvant unç.conibflfte(ce
que hlm-
Eu Royaume de SUtfK 9f
gue Françoife ne ibiifïre jamais )M$f
ne le font que pour affoiblir la pror
nonciation de la confbne,- & en gé?
lierai ils parlent fî mollement,..qu?oit
ne fait fôuvent s'ils prononcent unç
pt, ou un#. tioci^Tchip.
ils .n'ont'point nptrc a voyelle que
.

Jes Chinois ont, mais ils pnt nôtre «


jel que. nous le, prononçonsdans nos
monofyllabes et, ,Ip, me^que j/r,/e-j-
mais cet « ne fbaffre point d'élifîon
en leur langue, comme en; la nôtré^
l'ofe mgmè dire qu'ils n'ont point
d'autre e que celuy-là ? non pas méV
me dans lés cris des Pagayeurs, 'ho,
ke, he, qu'ils prononcent , comme
nptus prononcerions ho ,htu, heu ; ny.
dans les fyllabes qui iïnifïènt par une
conlbnne, commecélle-^cy, pet, qui
veut dire diamant brut, & qu'ils.pro-
floncentplûtpt^e»*, quepêt. f
Ils ont Un a extrêmement bref qu?ils;
écrivent par deux points, ainfi, :
& qu'ils prononcent nettement à la ,
fin des mots, comme en ce mot
Baly, Prd qu'ils donnent à tout'ce
,
qu'ils honorent le plus : mais quand
cet 4 fe trouve au milieu d'un mot,
il pafïë fi vîte qu'on ne le difbern|
|>as,. & qu'il, revient à nôtre f niwe4
96 3u "Royaume de Slam.
ï>e là vient que le mot Pa*yaqu?on
traduit par celuy de Prince, & donc
i
le premier a s'écrit par deux points
£é prononce Pe-yk, ou Pia, ,
quoy que
dans les Relatiqns on le trouve écrit
Pejà & Pujà, par la confufîon de Ve
muet avec Vu 8c de 1 je avec Vj con-
fonne. Cet a marqué par deux points
ne,,fouffre point d'autre lettre après
Juy dan§ une même fyllabe.
idCéft une choie fort finguliére que
dans les fyllabes qui finifïentparùne
cpnlbnnej ils n'achèvent pas de la
prononcer à nôtre manière : maïs
leur , langue demeure attachée ou au
palais, ou aux dents, félon la natu-
re de la conïbnne ; ou bien leurs lè-
vres demeurent fermées : & c'eft ain-
fi qu'ils terminent ces fortes de pro*
nonciations, je veux dire fans redé-
tacher la langue, & fans rouvrir les
lèvres. Ils ne fauroient même pro-
noncer une alpirate à la fin d'une fyl-
labe fût-elle au milieu d'un mot. Ils
,
prononcent Petpayàtong. quoy qu'ils
écrivent Petchpayutong. Ils appellent
le Convent du Palais vat Jt farapett
quoy qu'ils écrivent farapetch. Ainfî
quand ils voulaient dire m oeuf ils
gîifoient
m tank i mais ils ne imi-
yrojenç
Du Royautote de sUnt. $7
vroient pas les lèvres pour achever à
nôtre manière la prononciation du
h. Par la même raifon ils prononce-
ront une n pour une r & pour une
/. à la fin d'un mot, parce qu'à la fin
des mots ils ne détachent pas la lan-
gue du palais, comme il l'en faut
détacher dans la prononciation de
IV. ou de 17 : car dans celle de 17.
la langue ne tient point au palais
par les cotez. Lis écriront Tahar, &
/I4ar, Se ils diront Tahan & Ma??.
Ils ont beaucoup d'accent comme .

les Chinois : ils chantent prefque en


parlant; & l'Alphabeth Siamois com-
mence par fix caractères differens,
qui ne valent tous qu'un K. plus on
moins fort, & diversement accen-
tué. Carquoy que dans la pronon-
ciation les accents foient naturelle-
ment fur les voyéles , ils en mar-
quent néanmoins quelques-uns en
variant les conformes, qui d'ailleurs
font d'une même valeur. D'où il effc
peut-être permis de conjecturer qu'ils
ont écrit au commencement fans
voyéles' comme les Hébreux &
,
qu'enfin ils les ont marquées par des,
traits étrangers à leur Alphabeth &
qui pour la plupart fc ,
^âçëhT>taors
Terne II. /f/: ï£%\

'•«)'
98 Va Royaume de Shm.
du rang des kttres,commeîes pointf,
que les Hébreux récents ont ajouté k
leur ancienne manière d'écrire. Qui-
conque donc a appris à donner lç
vray accent aux fïx premiers caractè-
res de l'Alphabeth Siamois, pronon-
ce aisément les autres; parce qu'ils
C>nt tous rangez avec cet artiiiee
dans leur prononciation il ,
faut
que
repéter à peu prés les mêmes accents.
Ils lifênt l'Alphabeth Baly de même ,
finon qu'ils ne luy donnent que cinq
accents, qu'ils répètent' cjnq fois dans
les vingt-cinq premières lettres , les
huit dernières n'ayant point d'accent.
Et autant que je puis juger du Han£
crit, par 1 Alphàbeth, que le P. Kirr
Ker nous en a donné dans Ion China
illnfirata cette langue, qui eft la
,
langue favante des Etats du Mogol,
a cinq accents Comme la langue Ba-
lte : car les caractères de fon Alphà-
beth font diviiez de cinq en cinq.

Dit premier Alphàbeth Siamois.

LE premier Alphàbeth eft dès con-


fô'nnes qui io'nt trente - fept en
nombre, & que j'ay mifes dans leur
•rdre naturel avec leur valeur au
Urou JUphabetri Siamou.
Ko Khh Kho Kfib Kkoo Khoo-riyoîcho chp^cho 4° ohooy>o I c/o £o tho tho
.*

p 2> & & 99 t2r^p &>•


<é ac&'ar&rfr çpn 2f?
t. (2/

JCâ Kl JÇi K&ju. Ket£, /Cote JC u. -K& K&~ ^-—JÇcu/yi /~ï~^Xa.ai'Ka?~y

£L. 9Ï7 ft & fr ?> f> 97 <T9> fT?? é9> <^9? é9>
KCLOIC JCam. Kct-.
f9X> 97? 9ÏZ
Keiu, Ka^i: Kâou. £">"- &£"- &sgy £^ JCoiy, Kc*&
9%)' 9)9 9)0 9)0
3. <T&€? 97?e? 97?9 ï?9 9?Q
Keou. JCeotc <^4Coiiy JCot AOtiaiL JCtaou^, -K*ik^=?

6^979 é69?9 /fy& ?>£>£? 9?9â? <rf>e?9 <r97£)


J~CL Sudte de cet<Alpkah etn. est CL ICLip^^che Suiuxurte.
cf&conUeplanche- tlo. SL .-pa-qr. a g ,

;
Kta-,
c=^5
Ketùxi
c%
JCeit-cL.
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JCe.t. peet.
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Ca-ou..
io- il-
Jihç.Szb-et,
'a' SLO 30
. ÊRfjk >

rtib-tfong ^Jaii^Sil?. <Sam—3iè. &Cc \& ' & 7


-
Du Royaume de Shm. 99
-âeÏÏùS} exprimée par nos cara&i-
res, autant qu'il ma été poffîblc;
Ce double trait ( \ j ) qui s'y trou-
ve iix fois j eft pour marquer les en-
droits où ils s arrêtent en difànt leur
Alphabeth par coeur : car c'eft une
efpéce de chant. Ils difent d'abord
fept lettres, & puis les autres de iix
en frx.
Le tiret qui eft entre les noms
de deux lettres marque qu'ils pro-
,
noncent fort vite la lettre qui pré-
cède le tiret, & qu'elle fait un
ïambe avec la lettre fui vante lors
,
qu'ils difent leur Alphabeth par
coeur.
J'ay mis des accents aigus ou gra-
ves fur ]a valeur de certains cara-
éiérts, pour marquer qu'en ceux là
les Siamois hauflènt, ou baillent lit
voix. L'aigu marque l'élévation de
la voix, &: le grave en marque l'a»
bâillement mais Pabailïèment n'elfc
,•

pas égal à l'élévation. Où ils élè-


vent la voix , c'eft de plus d'une
quarte, & prcfque d'une quinte ,• &
où ils l'abaiiïcnt, ce neft de guère
plus d'un demy-ton.
Où j'ay mis une h après le K, c'elt
pour marquer que le K. fe doit pro-
E i;
ioo Du Royaume dé $iam.
noncer avec une afpiration à l'Alle-
mande & non auffi Amplement que
,
noftre c. dur ; &où j'ay mis deux pp.
c'eil pour marquer un p. plus dur que
le nôtre.
Le Ngo fe prononce devant toutes
les voyelles comme nôtre g. de-
,
ïo8cl'n;
vant l'a, avec cette diffc,
rence qu'il fe prononce beaucoup
plus nonchalamment & tout à fait
du nez , ce qui luy donne quelque
chofe de \'n au commencement de la
prononciation. A la fin des mots il fe
prononce fans détacher la langue dit
palais : on dira Tong, & non Ton-.

Les trois premières lettres de la fé-


conde diviiion fe prononcent entre
le qmo & le cio des Italiens,
Le fo fe prononce à la Caftillane
en grailèiant.
,

Le do qui effc à la troifiéme divi-


fion fe prononce comme un to à la,
fin des mots,, Sç ils n'ont point d'au-
tre to final.
Ils ont un double yo, l'un à la fé-
conde diviiion & l'antre à la cinquiè-
me ; ils les prononcent entre nôtre
yo &c nôtre jo , & il n'y a entre ces
deux lettres d'autre différence fînon
,
pu Royaume de Staffl. îàt
que le dernier yo qui eft celuy de la
cinquième divifion eft le véritable yo
final : ils le mettent après les voyel-
les pour faire des diphtongues , quoy
qu'ils ne laiflèntpas d'y mettre quel-
quefois l'autre, mais par ignorance :
car cette ortographe jti eft pas dans
leur Alphabet, où font toutes leurs
Diphtongues. Or ces yo font pour-
tant cernez des confbnnes comme
,
IV eft censé confonne en Alleman Se
en Efpagnol dans ces diphtongues ta
ie, io , tu,avec lefquelles une voyel-
le qui les précède dans les Vers, ne £e
confond point, mais fait fa fyllabe à
part. Et néanmoins quoy que les Sia-
mois mettent les jvo parmy les con^
Tonnes, ils fentent fi bien qu ellesTon-
nent comme des voyéles, qu'en écri-
vant les mots y qui commencent par
un yo dans la prononciation, ils pla-
cent à la tête un o muet} comme ils
font à la tête des mots, qui commen-
cent par une voyéle : cela n'en: pas
régulier, mais ils font incapables de
toutes ces petites attentions.
Le No qui eft la dernière lettre de
la troifiéme divifion ne fe prononcé
pas à la fin des mots comme nôtre n.
mais comme l'« des Gafcons & des
E iij
ioz Vu Royaume de S'tant.
Espagnols. Je l'ay écrit par une m
fimple, en écrivant les mots Siamois
par nos caractères; & quelquefois,
pour éviter des rencontres ridicules,
que ces mots faifoient avec des mots
de nôtre langue, j'y ay ajouté un e
féminin ,• quoy que cela foit mal, crt
ce que les Siamois n'en prononcent,
point, puis qu'ils ne détachent pas
la langue du palais en prononçant
leur » à la fin des mots.
Le Vb & prononce indifFerémrnenc
comme nôtre ^confonne, ou com-
me le w. des hauts Allemans, qui eft
nn b. prononcé mollement,, 8c ians
achever de fermer les lèvres, ou en-
fin comme l'w des Anglois, c'eft à
dire comme notre e« dans le mot oiii..
Le PoSt met auffi après dès voyelles
pour former certaines diphtongues »,
auquel cas iliè prononce comme nô-
tre ou*
Les trois fp de la dernière di vifiorr
ont l'accent tant foit peu-plus aigu?
l'un que l'autre la. voix montant par
,
degrez julqu'au dernier.
Le ho fc met quelquefois devant
les, conibnnes pour en adoucir la;
prononciation.
LlO eil une con&nne muette
,.
"ÙU Royaume de Siafit. 103
Comme j'ay dit qui jfcft à placer le*
voyelles comme VAleph fert à pîa-»
,points des Hcbreux
cef les , lors
que la fyllabe commence par une
voyelle ou qu'elle n'eft qu'une
,
Voyelle : mais io devient voyéle
& le prononce comme nôtre «quand ,
il eft précédé d'une autre conlonne»
ou de luy-mtme.
Dttfceotjd Alfhabtth Sictmoù.
LE fécond Alphabeth Siamois
eft celuy des voyelles placées
à l'égard du premier Jto comme
,
on les place à l'égard de toute au*
tre confonne , & à l'égard de l'a
muet..
J'ay mis fiir chique voyelle fà va-
leur exprimée par nos cara&éres*
l'accent aigu marque que la voyelle
eft brève & d'un ton élevé, l'ac*
cent circonflexe marque que là
voyelié eft longue & d'un ton bas.
Et la différence de ces deux ton»
eft d'un peu plus d'une tierce ma-
jeure.
LV, & l'ê tiennent toujours un peu
de nôtre tu quoy que la prononcia-
, beaucoup plus ouverte;
tion de l'ê {bit
E iii;;
ÏO4 Du Royaume de Stant.
que celle de IV, & qu'elle tienne
moins de nôtre eu.
Eu, OH & ai font des prononcia-
tions {impies} quoy que nous les écri-
vions chacune par deux lettres.
Aï eft une diphtongue & non une
fimple voyelle , & le prononce com-
me dans nôtre exclamation de plain-
te , ai.
Aou eft suffi une diphtongue qui fe
doit prononcer commet» en Italien
& en Efpagnol ; mais l'orthographe
Siamoifè en eft tout-à-fait bizarre :
car elle vaut ea.
Am eftfune fyllabe 8c non pas une
Voyelle. L'a y eft marque nettement
après le I&,& ce petit o qui eft par
deflùs marque Ym finale. Ils ont
,
mis Vm finale parmy les voyelles.,
parce qu'ils l'ont marquée au deflùs
dés confonnes à la manière des
voyelles : ils placent auffï quelque-
fois à la fin des fyllabes & des mots
Vm qui eft dans leur Alphabeth des
confonnes.
-;Le dernier a qui {è marque par
deux points eft un a fort bref, qui
ne fouffre point d'autre lettre après
luy dans une même fyllabe, & qui
ne fe, prononce guère qu'à la fin des
"Du ÈoyaUmè de SiârH. iojr
inots : car au milieu il fe perd fou-
tent , & devient nôtre e muet ,
tel que le premier t de pureté : c'efl
pourquoy en plufieurs mots Siamois
jr'ay obmis esta , & quelquefois je
l'ay éerit par un e. Ainfi j'ay mis
foebat pour Joccabat, B-lat ou /?£/<«•
pour Balaty parce que cette ortho-
graphe approche plus de kur pro-
nonciation.
Le caractère du premier a fè lie toû-*
jours à la conforme , & fe met tou-
jours après elle , e'eft un a long, qiui
en. vaut deux, comme nous écrn
viorfs autrefois aage pour ,*>«•.
Les quatre voyelles fuivantes fô
mettent toujours iiir la conforme, &3
les longues font marquées par ur»
trait de plus. Les deux voyelles à'au-
près, favoir la fixiéme & lafeptiémô
fe mettent deflôus & la feptiéme
,
n'eftquc le trait double de la fixiéme.
Les cinq d'après fe mettent devant fo
confoîifle & l'e long n'eft que IV
,
bref redoublé.
L'aou confifte en denx caraefté-
fes qui valent ea comme j'ay dit ,
& l'é le met toujours devant la eoit*
Jfonne, & Va après ftivant leui
nature, ,
* Terne II, % V
Xo6 Du Royaume de SUm.
L'm finale marquée par un petit #
fe met toujours fur la confonne &
,
iè prononce fans redétacher les lé-
Très.
Va bref & aigu marqué par deux
points fe met toujours après la con-
fbnne,& ne foufFre nulle lettre après
luy dans la même fyllabe.
Toutes ces voyelles ainfî difpo-
sées , tantôt dellùs , tantôt deflbus,
tantôt devant, tantôt après la con-
jfonne, fe prononcent toujours après
elle comme je l'ay déjà dit. Cela
,
feroit un embarras pour nous, quand
la fyllable commence par une mute
& une liquide , comme celle - cy
prêt, dont ils arrangeroient les let-
tres de cette manière çprt, de forte
que nous ne faurions s'il faudroit
dire prêt ou pcrt : mais ils pronon-
cent toujours la liquide devant la
voyelle, difànt prêt, & non pen.
Ils ne fauroient même prononcer
fert, mais petit ; ils diront auffi peut
pour pelt, & ils arrangeront ainules
lettres , lept ou rept ou mpt. L'e fe
prononçant toujours après la confon-
ne, qui le fuit dans l'écriture, ne km
laiflè aucun doute dans cette ortho-
graphe.
î>ti Roj/Aumede siam- -1°?
ï)titroifiéme Alphabeth Siamois*

CE T
Alphabeth
dont la
eft des
plupart
diphtoii-
font bien
gues>
orthographiées & aisées à lire ; mais
dont quelques - unes fe prononcent
d'une manière aisés différente de
leur orthographe; On remarquera
dans celles là que les voyelles s'y
prononcent félon leur arrangement,
celles qui précédent la confonne fc
prononçant les premières , quoy
quelles fe prononcent pourtant au-
près la confonne* Par où il paroît
que voulant placer certaines voyel-
les devant là confonne ils ont
,
choifî celles qui dans la pronon-
,
ciation des diphtongues fe pronon-
cent les premières. Il y a aùlîî dans
cet Alphabeth quelques fyllabes ,
qui ne font pas des dipthongues*
î)'m quatrième Alphabeth Siamois que
jen'ay pas fait graver* ,

CET
bes
Alphabeth eft des fylla-
qui commencent, & qui .

finiflent par des confonnes & il ap-


;
prend deux chofes, JU première
*TomeJl. É vj *
Io8 tfu Royaume de Siam.
ce font deux voyelles, un a & un
qwi ne
«, doivent jamais ny com-
mencer la fyllable ny la finir, mais
itrs toujours entre deux confort-
nes. Elles ont un accent particu-
lier. Ua fe marque par un accent
aigu ' , fouvent fort allongé , 8e
toujours placé fur Ja première con-
fonne de la fyllable ; & lV fe mar-
que par un double accent aigu ' '
qu'ils mettent auffi fur la première
confonne de la fyllabe. Quand dans
U prononciation la fyllabe ne finit
pas par une confonne, ils mettent
IV muet à la place de la féconde con-
fonne, comme on le pe>.vc voir dans
Ja fyllabe K "o dans l'Alphabcrh
•des Diphtongues Siamoifes r ils
s'en difpenfènt néanmoins quelques-
fois après- l'accent '' qui mar-
,
que Va., niais jamais après les
deux accents ", qui marquent IV.
Quelquefois aufîî au lieu du dou-
ble accent, qui marque IV ils met-
tent un petit » fur la première
confonne & quelquefois ils- ne
,rien & les fois
-mettent , toutes
que deux conformes font imç fyl-
kbe , ccffc IV qu'il y faut focts-
«catcudre. La. féconde cJbofe que cet
"Du Royaume de Siam. 105*
Xîphabeth apprend, ce £>nt les cou-
ronnes finales : lavoir le premier k>,\&
ngo^s. </<? Je noJe MW, & le ^.Toutes les
fois qu'ils iïmfïènt une fyllabe, par"
quelque autre confonne,c'effc imefaiv
te contre leur orthographe. Ils ne
prononcent jamais que celles-là à 1»
fin des fyllabes & ils ne montrent à
3
lire à leurs enfants aucune fyllafoe,qui
finifle par aucune autre confoiKie,que
par celles que je viens de dire. 11 effc
yray qu'ils prononcent le do comme
un to,8c le bo comme un po à la fin de»
iyllabesjf &des mots ,.& que d'aiv
très confonnes iàniiïènt les fyllabes,
quand elles font redoublées au milieu
des mots.
DM Alphahetb Bdis.
ILs ne. font pas diificiïes à entendre'
après ce que j'ay dit des Siamois $
les lettres fur la valeur defquelles \ ay
marqué un accent aigtt,fe prononcent
d'environ une tierce majeure plus*
haut que les antres, & toutes fcs au-
tres fe prononcent dans une parfaite
monotonie- Le tiret marque que le*
deux lettres entre lefqueiles il le trou-
ve , font un ïambe dans la prononcia-
tiool.es cinq qui fuivent la viatiéaiei
no Du Royaume de Siani.
ne font pas aujourd'huy de valeur du>
fêrente des cinq, qui les précédent
immédiatement t mais peut-être cela
étoit-il autrement, lors que cette lan*
gue étoit vivante.
Vfs Chiffres Siamoisi
JE n'ay rien à dire des chifiïesSia-
mois fînon qu'un habile homme
,
m'a dit qu'ils reflèmblent à ceux, qu'il
a trouvez dans quelques médailles
Arabes de quatreàcinq cent ans d'an-
cienneté.Voicy les Noms Siamois des
Puiflànces du nombre dix.
Nèee, qu'ils prononcent Noai veut
dire
.
nombre.
Sib, qu'ils prononcent^ veut di*
,
re dix , & dixaine*
Rôt, qu'ils prononcent Rie t veut
dire cent, & centaine*
Pan, mille.
Âie'ùing, dix-mille*
Seen, ou sen, cent-mille ou ceri*
>
taint'de mille* Abraham Roger, pag*
104. Des Moeurs des Bramines , dit
qu'à Paliacate Lac veut dire cent*
mille, 8c Bernier dit Le que, dans fa
Relation des Gentils de t'indoujian,
pag. ui,
Vu Royaume de S'tam. 1ti
Cot, million. Abraham Roger à Vent
droit cité, dit quaPaliacate, Coii vaut
dix millions.
Lan j dix millions*
Les nombres fe mettent devant le
fubftantif, comme en nôtre langue :
mais ces mêmes nombres fe mettent
après le fubftahtif pour lignifier les
noms d'ordre. Ainfi Sam dt'ùan veut
dire trois mois , & De'uan fam Ietroi-
fiéme mois»

Des Pronoms de U première perfonnt.

COu , ca , rdou
,
âtamapapp, cà*
Tchdo» Câ-ppa tchâott, atatiou,,
,
font huit manières de dire je ou
,
nom : car il n'y a point de différence
du pluriel au fingulier.
Coû eft du Maître parlant à fon en-
clave.
Ca eft un terme refpe&ueux de l'in>
férieur au fupérieur & par civilité
,
entre égaux : les Talapoins ne s'en
fervent jamais à caufe qu'il* fe cfo-
yent au deflùs des autres hommes.
Raoti marque quelque fuperiorité
ou dignité, comme quand nous dî-
y

fons, Nous tel, dans les aâes-,


Moub veut dire proprement, corps
in Vti Royaume de Si/im.
c'eir. comme fi l'on «fàfoir ma» csifjt
pour dire moy x il n'y a que les Tafas
poins qui s'en fervent quelquefois.
jitAmâpafp,dkun. terme baliaffefté
plus qu'aucun autre aux Talapoins.
Câ Tchkou eft composé de câ, qui
j
veut dire mey. > & de Tchaou qui veut
dire Seignt*rr comme quidifoit moy-
du-Seigneur ou moy qui appar-
,
tiens à vous Monfeigneur, c'eft-à di-
re, qui fuis vôtre efclave. Les efcla-
ves en aient envers leurs Maîtres, le
menu peuple envers les Grands, §£
tout le monde en parlant aux Tala-
poins*
Câ-ppa-Tcboeou a encore qûeïqwe'chof-
fe de plus ibâmis.
AianeH eft un mot bali introduit
depuis trois ou quatre ans dans la kn-*
gùe Siamôife, pour pouvoir parle?
de foy avec une entière indifférence *
c'eft à dire &ns hauteur & jEans fijû-
Jniilïon..

Des Prtwomt de /# fceondt # d* U


traifiemt pfrfoniif.

TEù, Ta» i
Eng, M an , Otcham ,•
fervent également à ld féconde
& k la troiiiéme gerfonne.s pour les
Du Royaume de Siant. it$
nombres fingulier & pluriel : mais
ibuvent on fe fert du nom ou de la
qualité de la perfbnne à qui l'on
parle,
Teû eft un terme tres-honorable
»
mais on ne s'en fert guère que pour
la troifiémc perfbnne , ou pour les
Talapoins en la féconde perfonne ,
c'eft à dire en parlant à eux.
Tan, eft un terme de civilité.entre
perfonnes égales. Les François l'ont
traduit par le mot de Monfieur;
Eng à une perfonne baflè.
Man avec mépris.
Otchdou à une perfonne baffe qu'on
ne connoîc pas.
Des Particules qui tiennent lieu de
conjugaijofts.

LE temps préfent eft fans particu-


le. Par exemple pen veut dire être,
& rdeu pen veut dire, je fuis eng
,
pen, tu es , & /'/ eft Et derechef rdoH
pen veut dire , nous femmes. Tan umg-
Idï pen fous êtes. Kon Tang-lâï pen.
>
Ils font. Tang-ldï veut dire tous, ou
beaucoup, & c'eft la marque du
pluriel,
Kon veut dire gents, comme qui
dirent les gents font, pour dire en,
114 &a RofAttme de Siam.
général ils font, ou l'on efl.
L'imparfait fc dit mot à mot, ta
ce temps moyêtré ou temps ce ôtft
,
quand ce moy être ', pour dire fitois i
t/ieiià nan rko pen. Mona VCut dire
temps, OU quand nan veut dire c;. Le
,
J>alsé fè marque cardai, ou par lion,
& quelquefois par tous l'es deux. Mais
dai fe met toujours devant le verbe f
& lêeu après : aifflfi dai pen , Ou râo
ddï fen j'ay été ou bien rdou pen
,
lêou, ou bien encore Rdou ddï pen
Jêou.Ddïyfeut dire trouver, Ièott veut
dire fin.-.
Le plus que parfait fé compôfe des
particules de l'imparfait, & du pafsé*
Ainfî pour dire, quand vous vîntes
j avois déjà- mangeras dirons, moiïk
tan ma r rdott daï fan fanrred Lêou ,
e'effe à dire mot à mot, temps, ou»
eptandvous venirvffîoy déj&maflger
acheter. Ma veut dire &<?»«-, & avec
d'autre* accents & une autre ortho-
graphe il veut dire cheval Se chien..
Kin veut dire manger, fanrred vettf-
dire achet/er ? & ce terme s'ajoute au
pafsé poui» former le plus que par-
fait.
Icna efl la marque du futur : raow
eka. $en je ièray : cette particule;
,
Du Royaume de Siam. ii j
précède toujours le verbe.
Hdï marque l'impératif, & fè mec
devant le verbe. Tem le marque au/ïï
& fe met toujours à la fin delà phrafer
haï h*», mangés, ou bien, kjn teut,
ou bien haï ktfl teut. Hai veut dire
proprement donner, & on s'en 1ère
aum pour dire, Afin.
Reu effc la marque de l'interroge-?
tion. kin lion reâ ï a-t-il mangé ? ou
avés vous mangé ? Lêou, comme
nous avons dit , cil la marque du
Êafsé rêu fe met.toujours à la fin de
,
phrafe.
t

Pour dire;> mangerois, ils difent,


/* vaudray manger tcha eraï kjn.
,
Tcha eftlamarque du futur ,crdï veut
dire vouloir & ainfi tchoe erai veuc
,
dire je voudray & Rin veut dire
j ,
Manger.
Pour dire fi f itois k Siamy je ferait
eontent, ils difoîsnt mot à mot , fi
tnoy être ville Siam, moy coeur bon beau-
coup. Coeur bon veut dire content, 6C
Hé verbe, je ferais j eft ibus-entendu..

De la ConfiruBkn.
Ils ont des pronoms démonft'ratifs^
& point de relatifs. Ils ont des préV
II6 Du Royaume de Siafâ.
polirions & des adverbes ou ait
,
moins des noms pris en ce fens là.
Le nominatif précède toujours le
verbe, & le verbe précède les autres
régimes.
La prépofîiion précède auflî ce
qu'elle régit.
Quand deux fubftarîtifs le fùivent
le dernier efr. censé au génitif. Fan
athit, jour du Soleil, atbit qui veut
dire Soleil eft au génitif.
L'adjeétif eit toujours après le
iiibftantif,& l'adverbe après l'adjeérif,
ou après le verbe auquel il fe rap-
porte.
Leur conftruétion efr. toujours plus
Courte que la nôtre,parce qu'elle man-
que d'articles, & de beaucoup de
particules que nous avons, & fbu-
vent de verbe : mais le tour de
leurs exprelîîons nous paroît long
fi nous les traduifons mot à mot. ,
Pour dire, comment cecya^t-il nom ?
ils difent ny fiheu rai c'cft à dire
,
mot à mot cecy nom comment ? où ils
fiippriment le verbe. Mais pour dire
apportez, moy cela , ils diront , alleu, ,
prenez, cela , & venez.. Pour dire
donne du ris a ton enfant, ils dilènt,
prend ris donne enfant manger •' la
,
"Du Royaume de shnt. \Vj-
conftruftion eft. toujours courte ;„
mais le tour de l'expreffion eft long,
parce qu'ils expriment toutes les cir-
conftances.de l'a&ion.
En nommant les choies particu-
lières ils fe fervent prefque toujours
du mot général} auquel ils ajoutent
un autre mot pour la différence. Ils
difènt, tête de diamant , pour dire
diamant, & ils ont deux mots l'un
pour le diamant brut, pêt, & l'autre
pour le diamant mis enpeuvre, ven:
hoùa pet, hoiïà ven koiià veut dire
tête. ,
Pour dire un homme , ils diient peu
tchÂy pour dire une femme peu ying
,
qu'ils prononcent prefque pou-ging ,
& pou, veut dire perfonne : pour ,
nommer les bêtes , ils mettent le
mot de corps , co/ps de boeuf, corps de
iiat.be. Louk veut dire fils,loukjc%aotit
fils jeufie c'eft à dire fil(e. Schâou en
,
Siamois veut dire jeune, comme nang
en bali. Pour marquer la femelle pàr-
my les animaux , ils employenç le
mot mia. Ils mettent le mot ban 9
qui veut dire village, à prefque tous;
les noms de leurs villages*. Ban-paçx
tret-yâi, village de la bouche àude'troit
grand. Banc-pac-tret-noë village de.
>
ni? Du Royaume de SUm.
£a bouche du détroit petit. Ban-zut ;
•village du couvent. Baie - pac- nam
village de iàbouche de l'eau,
,

Lf Pater nofter, & l'Ave en Siatmit


avec la traduction intcrlimAire.
it nom qui tare au Ciel. Nom de Dieu
fête
Pô râo you favang. Scheu Prâ
glorifier en tout lieu par gencs
**articu- *hâïprâkot tous heng kon,
icdclim- tcus offrir à Dieu louange.' Royaume
tc'*"e' tang-lâï touâï Prâ pon. Meiiang
do Jjieu, je demande trouer à nous.
Prâ cô hâi dâï çêrâo, haï
finir conformément au chetur de Dieu ait
féou ning tchâï prà
Rov.iume de la Terre égi'émeut dit C'el-
Meiiang Pen-din femo lavang.
.Nourriture de nous «fc tous les jours y'e d.mande
Ahan râo touç van cô
trouver à nous e» jour ce. Je demande
Mï dâï Kê râo van ni. cô
redonner offences et nous , également nous
prqt bap râo, ièmo râo
pardonner aux ^crfonnes qui taire olfeiice i nous.
pqpt pou tam bap kêrâo.
Ne nous tomber dans c.iufe de piihé :
Yâ hâï râo toK nâï Koiian bap :
délivrer dehuts malheur
hiï poun idac anerâï tang-poang.
cous.

Amen.
pa Royaume de SÏttm* fl£
V Ave,
P'cine de grâce , Dieu
itYve Maria Ten anifong,
Pra
i te dans le lieu de vous. Vous tU
you heng *Nang. Nang *Nange*
f'smme jufte-bonne plus que cemofba-
foum-bouï yingjfoiïâ Nang |j;£" y««
toutes Avec hls ventre , ({«m le lieu
n *, 1..;
Tang-lai. Tom outong, heng ajouté au*
IOUK
tfe voiiS Dieu, U Verïbnne de Jefu
nangPrà, Ongifiio Ye& founv „„d
th.inrable plus
jufte- noms ma-
ïf
que rqus. raillins
Jboiii yingiconâ Tang-laï.
Mercde Dieu avilir fo»
Sanâa Maria Mê Prâ thoiii
prière à Dieu pour nous gents de péché
ying von Prâ * pro r#o son bap * c.e^ la
maintenant 4c <«« temps lie nous motlatinf
tçit-bat-ni lé njoûa rao *jtcha *paniCu,
mourir - le du fit,
jaï. Amen, "*

INSTRUMENT A FUM^,
dont Us Mpres, qui font k Siam
?
fi fervent.
ILs ont une bouteille de verre de là
figure de nos carrafles, horfmîs
Qu'elle a une patte pour être plus fer-
rie , ilsl emplifiènt d'eauàdeïny, &
ils mettent dans legoulet^left égal
iio t>(* Royaume âeSiâtn.
par tout & aflèz long, un tuyau d'ar-
gent entouré d'un ruban de laine afin
qu'il ferme mieux : mais ce tuyau n'y
entre que de la longueur de deux trar
vers de doigt,quoy qu'il ait plus d'un
demy piéde long. Au haut bout éft
une petite taiTe ou d'argent ou de
porcelaine laquelle a le fond perse
pour communiquer avec le tuyau i
& c'eft dans cette taflè qu'eft le tabac
fiir lequel ils mettent un charbon ar-
dent. Du côté du tuyau il en fort un
autre plus petit en forme de biberon,
ou plutôt c'eft le petit qui entre dans
lé grand par le côté, & il defcend par
dedans le grand &c autant que le
,
grand même fans néanmoins en
,
remplir toute la capacité mais laif-
,
iànt du vuide par lequel la fumée du
jabac, lequel feconfume dans la ta£-
fe de porcelaine puiffe defeendre
,
dans la bouteille. Enfin à l'orifice in-
férieur du petit tuyau ils mettent un
autre petit tuyau de bambou entouré
auffi d'un petit ruban ou d'un peu de
fùyt platte , lequel deïcend julques
.dans l'eau. Maintenant çeluy qui
veut flimer ayant posé à terre cette
bouteille de verre ou plutôt toute
,
çetee machine que je viens de décria
il

H:
DttRoyatme de Siam. iii<
re, met dans l'orifice fupérieur du
petit tuyau d'argentJe bout d'un brin
de bambou, qui quoyque d'un feul
jet, eft quelquefois long de lèpt à huit
pies. Les deux bouts en font garnis
d'or ou d'argent, & outre cela l'un
des deux eft garni d'un petit tuyau de:
criftal, que celuy qui fume met entre
fes .lèvres. De cette forte il femble
qu'en voulant fumer,il devroitatti-
rer à fa bouche l'eau de la bouteille, à
caufe de la communication, qu'il y
a depuis la bouche du fumeur juf-
qu'à l'eau de la bouteille, favoir par
le grand brin de bambou, par le pe-
tit tuyau d'argent auquel il tient, &
par le petit tuyau de bambou qui en-
tre dans l'eau, & qui tient au bouc
inférieur du petit tuyau d'argent :
niais au lieu de cela l'air extérieur ne
pouvant entrer dans la bouteille, la
fumée du tabac defeend le long du
grand tuyau d'argent non feulement
juiques dans la bouteille, mais juf-
ques dans l'eau pour s'infînuer dans
le petit tuyau de bambou, d'où elle
mpnte jufqu'à la bouche de çeluy qui
fume. De forte que celuy qui a in-
venté cet inftrument,a fort bien com •
pris qu'il feroit plus naturel que la
Tvmlh E
IÎÏ Vit Royaume deSiam.
famée fût attirée dans l'eau & dé
,
l'eau jufques à la bouche du fumeur,
que non pas que l'eau,qui eft plus pé-
fànte que la tumée,cedâtàlaforce de
cette attra<5Hon.
Quelquefois il y a plusieurs petits
tuyaux autour du grand5atin que plu-
sieurs perfbnnes puiiTent fumer de
Compagnie au même infiniment &ç
-,
pour 1 affermir davantage on l'afïïet
fur un baflin de cuivre couvert en
Cet endroit d'une petite pièce de drap,
qui empêche la patte de la bouteille
ae gliflèr fur le baJîîn.

JEU DES ECHECS,


des Chinois.
T E Echiquier eft Composé
T.
\^
pefcrip:i6
de leur £-
u
comme
s.
le nôtre de é±. quar-
' . ^
ebiquier, rez, mais qui ne font pas
. . ,, ,.
diitinguez
&dcnom- en blancs Se en noirs. Aufîî ne pla-
de leurs
ieufs cent-ils pas leurs picçes dans les quar •
iȐces.
pièces. rez ^ majs aux coings des quarrez ,
c'eft à dire aux points où les lignes de
l'Echiquier s'entrecoupent. De plus
l'Echiquier eft partagé en deux moi-
tiez, trente deux quarrez pour cha-
cun, des deux joueurs, & ce? deux

îlu Royaume de $iam< n$
tfioitiez font feparées par unéCpâCe
qu'ils appellent U Rivtere. U cil de la x
grandeur d'un ra-nade quarrez, & ne
va pas d'un joueur a l'autre : niais dit
inême fens dont oïi range tes pièces
fur l'Echiquier. Ce' ne font done pas
Jes quarrez qui font les cafés de leur'
jeu,mais les coings des quarrez. Et
ainfi ils ont neuf eafès fur chaquq lir
gne>& il y en a cinq fois neuf ou qua*
lante-cinq en chaque, moitié de 1E-
ehiquier j je. les, ay awquées par d**
ronds.
Ils owt tren^«feu£ piscfes cott^n^
nous , fèize pour chaque joiïeur fej
:l
ânes blanches,les autres,noires : mali$<
3_

ces pièces n« ft>nt pas toutes, tes- Mê-


mes que tes nôtres', Sfe ils, fl<s te? 5

dilpoienç pas; towt^fa-iti dfc.fàêmç: fit'


maniéré. Chaque' jouiçur ai un Roy $$
point de Darne, deux Garder, oéu#
Eléphants, deu* Chevaliers-, <ten£
Charrfoçs,-,. deufjç Çatapn*, & eing
Pions. Chacun dçs jowejws pkce jpçuf
pièces ftw la pjemièïe ftgue 4e \%~
ehiquier qui eft dç fon: câtéiau& pointa
©ù cette premier Jïgnç eut divine',.
& à ceux où elte eâ tern>i#ée. Ces-
neuf pièces ibflt te Ro]* qxi'off
i4
flîtt au milieu les deux Gardes, q£#
,
1*4 JP* ÈoyaUMe de Siafiï.
font prés du Roy, l'un à droit & 1W
tre à gauche, les deux Eléphants qui'
font prés des Gardes, l'un adroit Se
l'autre à gauche les deux Chevaliers
,
enfuite, auflî l'un à droit, & l'autre k
gauche, & enfin les deux Charriots
qui occupent les deux coings de l'E-
chiquier. Les deux Canons le placent
à 1a deuxième café devant les deux
Chévaliers,& les Pions à la première,
à la troifiéme, à la cinquième à la
,
iëptiéme & à la neuvième cales de la
quatrième ligne, c'eft à dire de celle,
qui d'ans nôtre Echiquier sépare les
premières cales de devant les piéces>
d'avecles fécondes,
i T. Le Roy ne fait qu'un pas non plus
d«akirsclic
que dms nôtre jeu, mais il n'en peuc
*'*'"*• pas faireeritout fens : il va en avant,
ou en arrière, ou à côté, comme
vont nos Tours, mais il ne va pas
de biais comme nos Fols. De plus il
ne peut fortir d'une marrelle, qui
eft fon champ de bataille ou fon Pa-
lais & qui contient quatre quar-
, qui dans" nôtre Echiquier font
rez,
ceux , où nous plaçons le Roy & la
Dame, & les Pions du Roy & de h
.'..-.."
Dame i & enfin ils ne roquent ja^
mais.
î>u Roydume de SUm- ii$
Les deux Gardes ne fortent point
auflî de la marrelie & ils ne font
,
jamais qu'un pas mais de biais, com-
,
me nos fols, Se non autrement.
Les deux Eléphants vont du fens
de
,
nos fols , mais ils font toujours
deux pas & jamais ny plus ny
,ils paflènt
moins, & ne pas la riviè-
re : ils n'entrent point dans le camp
de rennemy, J'ay appris que l'Elé-
phant s'appelle// en Arabe, & que
c'eft de ce mot fil que nous avons
pris celuy de fol pour cette pièce de
nos échecs qui repond à l'Eléphant.
Le Chevalier va deux caiès comme
le nôtre, dont l'une eft félon le fens
de la marche de nôtre Tour & l'au-
,
tre eft félon le fens de la marche de
nôtre Fol. Niais leur Chevalier ne
paflè pas par deflùs les pièces : il faut
qu'il ait le chemin ouvert, au moins
d'un côté. Je m'explique, La marche
du Chevalier eft composée de deux
pas,com me j'ay dit, dont lun eft félon
la marche de nôtre Tour & l'autre
,
félon celle de nôtre Fol. Il faut donc
que le premier pas du Chevalier foit
libre au moins en un fens, c'eft à dire
ou félon la marche du Fol ou félon
celle de la Tour. D'ailleurs le Cheva-
P iij
ïtS Du Èôyauwe de Siam.
lier peut paflèr la riviére,& h largeur
1
de la rivière eft eftimée un pas, de
deux qu'il doit faire comme fî elle
,
étoit un rang de quarrez.
Les Charriots marchent comme
nos Tours,& peuvent palier la rivière.
Les Canons ont auffi la marche de
nosTours,& peuvent paffer laRiviére.
Les Pions ne font qu'un pas com-
me parmy nous,& ils n'ont jamais la
liberté d'en faire deux,non pas même
la première fois qu'on s'en fert. Ils
peuvent parler la Rivière qui eft tou-
jours contée pour un pas , & quand
ils l'ont paiîee, ils peuvent aller non
feulement en avant, mais aufïi à côté
comme la Tour, & jamais de biais
comme le Fol, 8ç comme nos Pions
quand ils prennent, ny auffi en arrié-
re , non pas même quand ils ont été
au bout du jeu, ce que nous appelons
aller à Dame.
11 T. Le but du jeu eft de donner échec
le but du &mat comme parmy nous ; & le
Jeu. „ oblige
eil
_
Roy t •• / parmy eux, comme
parmy nous , de le tirer d'échec, ou
en changeant déplace, ou en fecou-
vrant de l'échec.
Toute pièce prend, en fe mettant à
T
Ja place de la pièce qu'elle prend
.CCWDCW ,
Du Royaume de Shm. 127
pourvu que le chemin de l'une à l'au-leuts P,V-
* ioit
%TC r-• il.
libre. Il
Tl n y a que
, le
1 ^
Canon ces ptsD-,
nw.
qui a befoiu qu'il y ait une pièce entre
]uy,& celle qu'il prend,& il n'impor-
te que cette pièce fbif amieou enne-
mie. L'on dit qu'elle luy fert d'afïuft.
Ainfî il faut qu'il y ait une pièce entre
le Canon & le Roy, pour que le Ca-
non donne échec au Roy &; lî la piè-
,•

ce qui eft entre deux , eft du jeu du


Roy,celuy de qui le Roy eft en échec,
le peut tirer d'échec en ôtant cette
pièce, & en découvrant le Roy de-
vant le Canon. Au refte un Canon
peut fervir d'affuft à un autre Canon*
Leurs Pions ne prennent point de
biais, comme les nôtres, mais dans le
fens naturel de leur marche, qui ell
en avant, quand ils n'ont pas pafsé la
rivière; & en avant ou à ccké félon la
marche de nôtre, tour quand ils ont
pafsé la rivière.
On ne peut mettre ny laiflèr fon
Roy vis à vis de l'autre Roy qu'il
n'y ait une pièce entre deux, celuy ,
qui le feroit, ou qui voudrait ôter la
pièce qui feroit entre deux, mettroit
luy même fon Roy en échec, ce qui
ne fe peut. Le Roy pourtant ne peut
rien prendre que ce qui eft à une cafe
F iiij
Ïi8 I>u Royaume de Siaml
prés de luy , & félon la marche dé
nôtre tour, & non félon la marche
de nôtre fol.

DE L'INSTRUMENT,
à corner des Chinois.
L'INSTRUMENT à conter dont &
fervent les Chinois eft un chafiîs
de bois de figure quarrée, mais beau-
coup plus long que large. Il eft divi-
sé en deux quarrez longs, par une
rringue parallèle aux deux grands
cotez, & terminée aux deux petits,.
Ces trois tringues parallèles ( je veux
dire les deux grands cotez du chaflïs
&ia tringue du milieu ) font enfilées
à angles droits par plufieurs brochet-
tes ou de bois , ou de fil d'archal,
lefquelles font tontes parallèles entre
elles, &c parallèles aux deux petits
cotez du chaffisj & placées par éga-
les diftances pour la bonne grâce. Et
enfin dans chacune de ces brochettes
fontpafïèz fept boutons, deux d'un
côté de la tringue du milieu, Se cinq
de l'autre leibuels peuvent aller
,
& venir le long des brochettes, c'eft
à dire,s'approcher delà tringue du
* jwy»»*«y*^)|ip(!f*q>j#tiiBjù --'
î)tt Royaume de Sîam. 119
tiiîiieu & s'en éloigner*
Cet instrument qui dit composé
>

tout au plus de vint ou de vint-cinq


brochettes : car le nombre n'en eft
pas certain fe pofe tout plat & non
,
fur le coté, & Ton tourne vers foy
les bouts des brochettes qui portent
chacun cinq boutons* La manière de
s'en fervir eil fondée in. fur ce que les
boutons ne marquent, que quand on
les poulie prés de la tringue du mi-
lieu. 2°. fur ce que chacun des cinq
boutons vaut un point, & chacun des
.deux boutons cinq points, toutes les "1 ii

fois que ces boutons valent quelque


chofe c'eft à dire toutes les fois
,
qu'on les approche de la tringue du
milieu. 3 '. fur ce que les brochettes
de fuite ,*à les prendre de la droite à
.la gauche valent nombre, dixaines\t
>
centaines, mille & toutes les aucres
,
puiflànces du nombre dix dans leur
ordre naturel. Au refte on peut en
même temps marquer pluiîeiirs fem-
mes en divers endroits de cet in (tra-
ment, en prenant telles brochettes ,
qu'on veut pour marquer nombre, Se
les prochaines à gauche pour mar-
quer dixaines , & centaines , & ainfï
de fuite. Et cela fuffit pour faire corn-
¥ y
ÎJO "Du Royatmè de Sioem.
prendre 1-ufage de cet infiniment &
ceux, qui lavent conter au jeton. La
vîtellè avec laquelle j'ay vu les Chi-
nois qui font à Siam s'en fèrvir, eft
inconcevable mais ils dilènt que
,
c'eft un effet d'un apprentiflàge de
deux années. L'inftrument peut être
plus fimple fi l'on veut en ne met-
,
tant à chaque brochette que quatre
boutons d'un côté &c un de l'autre,
parce que cela fuffit à marquer julqu'â
neuf en chaque brochette, qui eifc
tout ce dont on a befoin ; & c'eft
dans cette fimphcité qu'étoit l'inftru-
ment Romain, que j'ay dit dans ma
Relation que Pignorius nous a don-
,
né. D'oà les lavants tireront à leur
gré leurs conjectures, pour décider
lequel de ces deux inflrumens eft pro-
bablement l'original, ou le plus com-
posé ou le plus fïmple. Le fimplc
îèmble,
une correction du composé,
ie composé Ièmble avoir ajouté au*
fimple pour plus de facilité & d'e-
,
xaâàtude dans l'ufage*
"DitRoyittmedeSÎant. *jt

DU CAP DE BONNE-
EJperanet.
J*E N donne trois vues différentes ,
dont les deux font entièrement
jaouvelles,& la troifiéme><jui eft celle
dont le point de vue eft à la rade, eft
copiée d'après une fort bonne Carte
Hollandoife.
Tout le monde lait que les Hollan-
dois y ont un établillêment impor-
tant , qui afsûre leur navigation des
Indes Orientales. Le Fort qui le dé-
fend ne feroit peut-être pas grand'
,
chofe en Europe : mais il fiiffit eu ua
Pais où il n'y & point de voilîn à
,
craindre, & où il ne peut aller d'en-
nemi confldérable, que de fort loin ,
&c par conséquent avec beaucoup de
•difficulté.
Le Jardin de la Compagnie, dont le
jslan eft dans l'une de ces eftarnpes
,
eft fort fpacieux, comme on en peut
juger en le comparant an fort : Ôc
quoyque le terroir n'en l'oit pas trop
•bort,il fournit en abonda-nce les choux*
les citrouilles, les oranges, les grena-
des, 6c en un njot les légumes, & ks
'S vj
132» Du Rây/tume de Siawi
fruits, qui fe confèrventàla Mer, &
dont les Navigateurs font avides
dans les voyages de long cours.
J'y ay vu en un coin , & fous un
même abry, un camphrier, un figuier
d'Europe\ & un arbufte haut d'envi-
ron deux pies, qu'on difoit être celuy
qui porte le Thé, & que j'euïîè pris
pour un jeune poirier. Il n'avoit ny
îieurs, ny fruit, & fort peu de feuilles.
Tout auprès & fous un autre abry é-
toient deux ou trois pies d'Ananas,&
ce fût tout ce que l'on m'y montra de
rare pour le Païs. Le raifin n'y eft
plus rare,mais il n'y a que celuy, que
les Hollandois y ont plante. Le vin
en eft blanc & aflèz bon. Quelques-
uns de nôtre troupe allèrent jufqu'au
ibmmet de la Montagne de la Table, .

pour y chercher des plantes extraor-


dinaires : mais il n'y en trouvèrent
point. Néanmoins a y regarder de
prés, il n'y en a aucune , qui n'ait
quelque chofe de particulier, que les
plantes de ces Païs-cy n'ont pas. Les
coquillages que l'on y trouve ne font
pas des reftes du Déluge, comme
quelques-uns ontfoupçonné : les.Oy-
,
ièaux ,les Singes, & ks Hotantots,
ks y portent> & les y laiflènt. ,
^»i*. •:,.i!,i',".. n>-y-^:;-*X^A^:^A^.v;^^VKiiîH;..-li>f;^.ï.!.'- r.$x- ; -
pu Royaume âe Sîam. 133
Les Allées du Jardin s'entretiennent
prefque d'elles-mêmes parce que là
,
terroir ne produit que la moufle s'il
n'ell cultivé : d'ailleurs la propreté du
jardin n'a rien, qui ne fente une fage
économie, ny rien, qui fente une trop
grande négligence, comme un jardin
potager de Marchands, plus attachez
au profit, qu'ils en tirent, qu'à des
agréments , dont ils ne jqiiiroient
point.
L'eau qui l'arroufe par plufieurs pe-
tits canaux, y entre au ibrtir d'un
moulin qu'elle fait moudre,& au def-
fous du jardin elle fert au blanchiiïà-
ge. On en détourne feulement une
partie, que l'on conduit à un refer-
voir,qui eft au bord de la Rade, & ou
les.Navires en vont prendre leur pro-
vision.
Le jardin eft divisé en plufïeursi
iguarrez grands à peu prés comme le
quart de la Place Royale, Ils font en-
tourez d'efpalliers, pour les mettre à
Couvert des vents, qui font quelque-
fois aflèz furieux, pour faire périr les
Vaiflêaux à la Rade, s'ils n'ont de
bons ancres & de bons cables. Ces
vents fe forment des nuages, qui s'af.
Semblent quelquefois entre la Monta-
154 &u Royaume de Siam.
gnede la Table, & celle qu'on a appe-
lée la Montagne du Vent à caufe de
ces orages. Une allée de citroniers &
d'orangers plantez en terre, qui va>
d'un bout du jardin à l'autre, le ref-
fent tout à fait de leur fureur. A cela
prés la fituation du jardin, & celle du
village qui eft un peu plus prés de la
Radcjfont fort bonnes; car elles font
tout à fait exposées au Soleil,& à cou-
vert des vents de Midy, qui font les
vents froids de ce Païs-là.Les Hollan-
dois,qui y font habituez, difentque lî
le vent de fud-Oiïeft n'y fouffle pen-
dant leur été, qui eft nôtre hyver,les
maladies du poulmony font(fréquen^
tes &dangereufes.
Le peu de séjour, que j'y ay fait
w
«e m'a pas permis de m'inftruire à
fonds des Moeurs des Hotantots ha-
bitants naturels dû Cap :quoy qu'ai»
fimplicité extrême, dans laquelle ils-
yivent,ce ne puiffè être une longue
«étude. On les appelle Hotantots
parce que quand ils danfcnt, ils ne
r
aifent jamais en chantant que cette
parole Hotantot. L'amour du tabac
& de l'eau de vie, que les étrangers
leur offrent, & qui leur a fait recevoir
ks Holkndois en leur Païs x les fatt
IfatastfoLs' 7ïa6i&xfiJ' ï2jzù/.7"e./sdie &yj /Je Jîomi-e £jnye^â^çe. ÏV£:
Tin KQjaume ie Shm. 13 $r
etatnfêr. tant qu'on vent, c'eil a dkë
frapper tantôt d'un pié, & tantôt de
l'autre, comme qui foulle de k ven-
dange , & dire inceflammcntjc avec
vivacité hotantot, hotantot, mais
d'une voix tout à fait baflè, comme
s'ils étoient eiîbufflés, ou qu'ils crai-
gniijènt d'éveiller quelqu'un. Ce
chant muet n'a nulle diverfîté de
tons , mais de la me/lire t les deux
premières fyllabes de hotantot font
toujours deux noires, 8c la dernière
toujours une blanche.
Ils vont tous nuds comme l'on peut
voir dans la figure, que j'endonne.
Ils n'ont qu'une peau iur leurs épau-
les en manière de manteau : encore
la quittent-ils à tout bout de champ p
& alors il ne leur refte, qu'une petite
bourfe de cuir pendue à leur cou par
un cordon, & une pièce de peau un
peu plus grande que la main, pendue
par devant, & attachée avec un au-
tre cordon au tour de leur corps r
mais cette petite pièce ne les couvre
plus, ny quand ils le montrent par
le côté ny quand ils font quelque
,
mouvement un peu vif.
Ils ont h taille agréable, & la dé-
marche plus aisée, qu'on ne làjuroàt
i$6 Vu Royaume de SUm.
dire. Us naïffent auflî blancs que les
Elpagnols t mais ils ont les cheveux
fort cotonnez & les traits tenant
,
quelque chofe de ceux des Nègres :
& d'ailleurs ils font toujours fort
noirs parce qu'ils fe graillent le
,•

corps & le vifage. Ils fe graillent auflî


la tête, & on les fent de vint pas,
quand ils ont le deiïùs du vent. Nos
gens leur donnoient les marmites ,
& les chaudières à laver ; & avant
toutes chofes , ils en prenoient la
graifîè à pleines mains & s'en oi-
,
gnoient tout le corps depuis la tête
jufqu aux pies. La graille les défend
de l'air & du Soleil, les rend fains
& difpos, & ils préfèrent ces a-
vantages naturels à la bonne odeur
& à Pagre m ent. Us font fi agiles que
plufîeurs d'entre eux gagnent les che-
vaux à la courfe. Il n'y a torrent,
qu'ils ne paflent à la nage. Ils font
adroits à tirer de l'arc & à darder ;
,
& ils ont du courage jufqu'à l'intrépi-
dité. Us viennent quelquefois à bouc
d'un lion, pourvu qu'ils ayent ou af-
ièz de peauxjou allez de hardes pour
bien garnir leur bras gauche. Ils le
mettent ainCi dans la gueule de cet
animal, & ils le percent d'un dard ou
T>» Râydume de Siami ïyf
3'un couteau qu'ils auront à la main
droite. S'ils font deux, l'un tué' le
lion tandis que l'autre l'amufe. S'ils
ïbnt plufîeurs, & qu'ils n'ayent rien
pour fe garantir des coups du lion,
ils ne laiflènt pas de s'expofer tous à
la fois : l'un deux périt d'ordinaire,
mais le lion périt auffi par les coups
que les autres luy donnent. Quelque-
fois ils fe fauvent tous,& fe défont du
lion.
Leurs femmes le graillent comme,
eux, quoy qu'elles affe&ent quelque
parure, comme d'attacher à leurs
cheveux courts, cotonnés, & pleins
de graine de petits os,& de petits co-
quillages. Elles ont auffi des colliers
de diverfes couleur de verre, d'os ou
de telle autre matière, félon que les-
étrangers leur en donnent,ou leur en
vendent.Elles ont à chaque jambe une
cinquantaine d'anneaux de cuir, qui
battent les uns fur les autres & font
,
quelque bruit, quand elles danfent,
éc qui les défendent des ronces
quand elles vont faire du bois ; car ce ,
foin les regarde, & non leurs maris.
Eux & elles mangeoient les tri-
.
pailles fans prefque les vuider, quand
nos gens leur en donnoient, & à
ï$ Du Royaume de Slam.
Îieine les mettoient-ils un moment fîif
es charbons. Si nous leur oiFrions
de l'eau de vie}ils famaflbient pour la
recevoir , la première coquille, qu'ils
trouvoient à terre>& après avoir ibuf-
flé dedans, ils s'en lèrvoient pour
boire. Ils mangent leurs poux auflï
bien que les Cochinchinois: & quand
on le trouve étrange , ils répondent
en phifantant, que c'eft parce que
leurs poux les mangent.
•Ils logent fous de petites huttes faites
de feiiillage ou de groflès nattes de
jonc,dont le haut me' venoit à peine à
my-corps , & il me fembloit que je
h'euilè pu me coucher dedans de ma
longueur. Ils font un trou en terre fous
ces nattes, & dans ce trou profond
d'environ deux pies ils font leur feu,
fans le foucier de la fumée dont leurs
huttes ne defempliflènt point. Ils vi-
vent de chaflè , de pefche du lait &C
de la chair de leurs troupeaux.
Dans cette pauvreté ils font ton-
jours gays, chantant & danfant tou-
jours , vivant fans affaires & fans tra-
Vail3& ne fe fouciant de l'or & de l'ar-
gent qu'autant qu'il leur en faut pour
avoir un peu de tabac 8c d'eau de
rie'; corruption que le commerce
Dit Royaume de Slam. 10*
étranger a glifsée dans leur? moeurs.
Comme quelques-uns d'entre eut
fe furent exercez à darder devant
nous, je leur offris cinq ou fîx pac-
quets de colliers de grains de verre
coloré; & ils me faifirent tous fi bien
la main, que je ne pouvois plus l'ou-
vrir pour lâcher les colliers & je ne
,
pouvois d'ailleurs m'expliquera eux.
Je fus quelque temps dans cet em-
barras juqu'à ce qu'ils s'aperçurent
,
qu'ils dévoient me laificr en liberté
pour avoir ce qu'ils deiïroient. Ils ai-
ment ces colliers pour leurs femmes,
& quand nous eûmes remis à la voi-
le je sus qu'un laquais des nôtres
, avoit vendu
en un écu à l'un d'en-
tre eux. Le peu d'argent qu'ils ont,
& dont ils font peu de cas, eit le
falaire du fervice qu'ils rendent
,
quelquefois aux Hollandois, & aux
autres étrangers , qui abordent au
Cap : mais ils s'empreiîènt peu à
leur en rendre.
Ils n'ont chacun qu'une femme
leur Chef Jfèulement en a trois 8c ,
l'adultère eft puni de mort parmi eux.,
Us tuent leurs enfants quand ils en
,
ont trop : & comme ils marient en
tres-bas âge ceux qu'ils gardent, o»
ÎJ4* t>M toydume de Stam.
Voit parmi eux beaucoup de petites
filles déjà veuves qui manquent
,
d'un article au petit doit : car quand
«ne femme perd fon mary, elle fè
fcoupe un article du petit doigt, ou
du quatrième doigt, fi elle a été af-
ses fouventveuve, pour setrecou~
pé tout le petit. Elle peut néanmoins
s'en difpenfer, fi elle veut : & il y a
quelques maris qui ne s'en difpenfent
pas, quand ils ont perdu leur fem-
me. La plupart d'entre eux fefont
eunuques àdemy, pour être plus pro-
pres aux femmes > & quand l'âge
vient d'y renoncer, ils fe font eunu-
ques tout à fait, pour fe priver en-
tièrement de leur commerce , 8c
jouir d'une vieilleflè plus faine. Les
Hollandais avaient élevé «à TEurb-
péane un enfant Hotantot, & l'a-
,
voient envoyé en Hollande. Quelque
temps après ils le firent retourner au
Çap,où il pouvoit leur être utile par-
mi ceux de fa Nation : mais dés qu'il
fe fût retrouvé parmi eux, il y demeu-
ra , & renonça à l'habit & à la façon
de vivre des Hollandois.
Ils ne commettent point de vol entre
eux , ny dans les maifons des Hol-
landois où ils font reçus fans pré?
}
Vu Royaume de Shm. i$i
catition:& fi le cas arrive, ils lepuhi£
fent de mort. Néanmoins à la canv*
pagne, lors qu'ils le peuvent sûre-
ment, & qu'ils efpérent de n'être pas
découvertS;ils aflailînent quelquefois
pour voler, & font voir que le mépris
des richeflès n'eft chez eux que la
haine du travail.
Les Hollandois nomment leur i
Chef, & ce Chef eft leur Juge * mais if'

ceux qui n'ont pûfupporter cette dé*


pendance étrangère, font allez plus
avant dans le Pays vivre avec les au-
tres Caffres.
On m'avoit dit d'abord qu'ils n'a-
voient nul fentiment de Religion :
mais enfin je sus que quoy qu'ils
,
n'aient ny Prêtres ny Temples , ifs
ne laïfient pas aux nouvelles & aux
pleines Lunes de faire des réjouïnan*
ces publiques,qui fentent le Cufte.Je
iôupçonne qu'ils ont quelque teintu-
re du ManiGhéïfme , parce qu'ils re-
connoiflènt un Principe du bien-, &
un autre du mal, qu'ils appellent le
Capitaine d'en haut, & le Capitaine
d'en bas. Le Capitaine d'en haut, di-
fent-ils, eftbon, iln'eft pas néceflài"-
re de le prier , il n'y a qu'à le laiflèï
faire il fait toujours, bien mais
, : k
141 t>» Royaume de Siam.
Capitaine d'en bas elt méchant, il !e
faut prier pour le détourner de nuire.
C'effc ainfi qu'ils parlent, mais il ne*
paroît pas à leur conduite extérieure,
qu'ils prient beaucoup. Un tfol-lstn-*
landois, qui a voit de l'èfprit& du la-
voir, me dit qu'il avoit trouvé parmi'
its Hotantots les noms d'Â-fdtfubal &
de Bocchus.

RE'GLES ETE L'ASTRONOMIE


Sàavmife i four calculer les moteve*
mens du Soleil & de la Lune > traditi-*
tes dm Siamois, & depuis estaminet£
& expliquées far M.< Cafmi de l'A"
cadémie Royale des Sciences.
MONSIEUR PELA tOURBJlf
Envoyé extraordinaire <J» Roy
à Siajsnai rapporté un Marmfèrii; Sa*
mois, qui comprend des régies pour
cakaler les mouvement du Soleil 8$
de k Lune; félon la méthode de ce
ï»îays-là, éc àom il m'a commaniqu-é
la- tradu&km 9» il a. awffi apportée
a
<de Siam.
Cette méthode eft e^raordkiaarç,
€>n ne s'y ièrt point de Tables mais
>•

^feulement de l'addition, i'oiiftradiony


umlup.Uca.uao, & divisa de tcxtaùis
"Du Royaume de sUm. 145
nonïbres,dont on ne voit pas d'abord
le fondement, i}i à quoyces nombres
Je rapportent.
On cache fous ces nombres diver-
fes périodes d'années folaires,de mois,
lunaires, & d'autres révolutions, & le
rapport des unes avec les autres. On
cache auiîl fous ces nombres diverfès
eipéces d'époques qu'on ne diftingue
point, comme l'époque civile , l'épo-
que des mois lunaires, celle des équi-r
noxes, celle des apogées , & celle du
cycle folaire. Les nombres dans lejfc'
quels confiée la différence entre ces
époques, ne font pas ordinairement à
la tête des opérations aufquelles ils
fervent, comme ils devroient être ie?
Ion l'ordre naturel : ils font fouvent
mêlez avec certains nombres, & les
fommes ou les différences font mul-
tipliées ou divisées par d'autres; car
ce ne font pas toujours des nombres
fimples,mais fouvent ce font des fra-?
crions tantôt fîmples, tantôt compo-
sées fans être rangées en folrme de
,
fractions, le numérateur étant quel-
quefois dans un article, &le dénomi-
nateur dans un autre ; comme fi l'on
avoit eu un defièin formé de cacher
la nature ôç 1-ufage de ces nombres,.
144 Vu Royaume de Siâm.
On entremêle au calcul du Soleil des
chofès qui n'appartiennent qu'à la
Lune, & d'autres qui ne fonr. nécef-
faires ni à l'un ni à l'autre, fans en
faire aucune diftincfcion. On y con-
fond enfemble des années folaires &
des années lunifolaires, des mois de
la lune & des mois du foleil, des mois
civils & des mois aftronomiques, des
jours naturels & des jours artificiels.
On y divife le Zodiaque tantôt en
douze Signes félon le nombre des
mois de l'année, tantôt en 27 par-
ties félon le nombre des jours que la
Lune parcourt le Zodiaque, & tantôt
en 30 parties félon le nombre des
jours que la Lune retourne au Soleil.
On ny parle point d'heures dans la
divifîon du jour; mais il s'y trouve
des 11 m" des 7 o 3raes & des 8 00 miS
parties de jour, qui réfukent des o-
pérations arithmétiques que l'on pref-
crit.
Cette méthode effc ingénieufe; &
étant îlévelopée, rééfrfiée, & purgée
des chofes fuperfïuè's elle fera de
,
quelque utilité, fe pouvant pratiquer
fans livres par le moyen ae divers
cycles & de la différence de leurs é-
poques ; c'efl pourquoy j'ay tâché de
U
Du Royaume de Siam. 145
J a déchiffrer, quelque difficulté qu;
j'y aye rrouvée d'abord , non feule-
ment à cauiè de la confufion qui y
régne par tout,&. des noms qui man-
quent aux nombres fuppofez; mais
aulîî à caufè des noms extraordinai-
res qu'on donne à ce qui réfulte des
opérations, dont il y en a plus de vint
j qui n'ont pas été interprétez par le

j
Traducteur & dont je n'aurois ja-
, lignification, fi jen
niais trouvé la a-
auparavant découvert h métho-
:
: vois

de; ce qui m'a àuffi fait connoître que


l'interprétation que le Traducteur a
faite de trois ou quatre, autres noms,
n'eft pas a fiez jufte.
Dans cette recherche j'ay diflingué
premièrement, & séparé des autres
nombres ceux qui appartiennent aux
époques, ayant reconnu que .ces nom-
bres font ceux que l'on aonnoit à a-
joûter ou à fouftraire,ou Amplement,
ou en les divifanç ou multipliant par
certains autres nombres.
Secondement, j'ay confîdéré les
analogies qui réfultent des multipli-
cations & divifions des autres nom-
bres séparez des époques ,• &ç ç'efÈ
dans les termes de ces analogies que
j'ay trouvé les périodes des années,
Tome IU Q
146 Du Royaume de SLm.
des mois,& des jours, & les différen-
ces des unes aux autres , que l'expé-
rience des chofes agronomiques, &
J'occailon de diverfes opérations que
j'ay faites, m'a fait reconnoître.
-J'ay crû que les Millionnaires à
.,
qui l'Allronomie donne entrée chez
les Grands & chez les Sçavans par
flJJI tout l'Orient, pourraient tirer quel-
que avantage de ce travail pour l'in-
telligence & pour l'explication de
TAftronomie Orientale que l'on
m. ,
pourroit aisément rectifier & confor-
mer à la nôtre fans apporter que très-
peu de changement à la méthode, en
corrigeant les nombres dont elle fe
fert.
:
J'ay çrqsauffi qu'il ne feroit pas inu-
tile de réduire l'Agronomie de l'Eu-,
rope à cette forme, afin de s'en pou-
voir fervir au -défaut des Tables qui
abrègent beaucoup le travail. Cette
méthode feroit bien plus facile à pra-
tiquer dans la forme de l'année Ju-?
tienne &c de la Grégorienne dont
nous nous fèrvons, que dans la for-
me de l'année lunifolaire dont les O-
rientaux fe fervent : car leur difficul-
té principale confifte à réduire les
années Junifolaires Scies mois lunai^
È
T>M Royaume de Siam. 147
res civils aux années & aux mois du
Soleil, que la forme de nôtre Calen-
drier nous donne immédiatement; &
ce qui m'adonne le plus de peine, c'a
cré de reconnokre la méthode dont
ils fe fervent pour les réduire, dans
laquelle les diverfes efpéces d'an-
nées , de mois, & même de jours
,
que l'on fuppofe & que Ton cherche,
ne font point distinguées. C'eftpour-
quoy on ne verra pas d'abord h raifon
de l'explication que je donne, & de la
détermination des genres aux eipéces
que je fais dans, le commencement ;
mais on la comprendra dans la fuite
par la connexion des chofès , & paç
ce qui en réfulte néceflàirement.
J)e l'Epoque Agronomique de cette
méthode.

J'A Y tâché de découvrir quelle eft


l'Epoque d'où l'on commence à
compter icy les mouvemens du Soleil
&de la Lune; & à quelle année, quel
mois & quel jour de nôtre Calendrier
elle fe rapporte : car il n'en eft point
parlé dans cet Extrait, qui la fuppofe
ou connue, ou expliquée peut-erre
ààas les chapitres précédens du ma-
G ij
148 Bu Royaume de Sidm.
nulçrit d'où cet Extrait a été tiré,
puifque fans la connoiflànce de l'E-
poque il eft abfolument impoflïble de
pratiquer cette méthode.
J'ay trouvé que cette Epoque eft;
Agronomique & qu'elle eft: diffé-
,
rente de la Civile : ce que j'ay recon-
nu , parce que Ton prefcrit icy de
commencer à compter les mois de
Tannée courante par le cinquième
mois dans l'année Embolifmique qui
eft de 13 mois, & par le fïxiéme mois
dans l'année commune qui eft: de n
mois. Car cela ne feroit pas intelli-
gible G. l'on ne fuppofoit deux diffé^-
,
.

rentes Epoques d'années , dont l'une,


qui doit être l'Aitronomique, com-
mence tantôt au cinquième, & tantôt
au fixiémemois de l'autreyquic&h
Civile. Ce qui ma fait encore con-
hoître que l'Epoque Aftronomique
eft différente dé l'Epoque Civile non
feulement dans les mois mais auflï
,
dans les années, c'eil l'opération que
ton fait icy pour trouver l'année de
la naiflànce de quelqu'un en fbuf-
,
trayant ion âge du nombre des. an-
nées échues depuis l'Epoque ; car cet*
te opération feroit inutile, fi l'on ne
demandoit que Tannée de la naiflàft*
î>u Royaume de Shmt 14$
te après l'Epoque Civile que l'on
connoît immédiatement, & que l'on
compare à Tannée courante pourfça-
voir l'âge d'une pèrfonne.
Gela étant fupposé, j'ay cherché
premièrement le iîécle auquel cette
Epoque Agronomique fe peut rap~ •
porter ; & ayant trouvé dans le cal-
cul du Soleil fait par cette méthode 4
que deux lignes & vingt degrez qu'on
y employé ne fauroient marquer que
l'endroit du Zodiaque où fe trouvoit
l'apogée du Soleil dans l'Epoque, le-
quel apogée devoit être au vingtième
degré des Gémeaux ,• j'ay jugé que
cette époque deVoit être vers le fe-
ptiéme iîécle, où l'apogée du Soleil
fe trouvoit au vingtième degré des
Gémeaux félon la plupart des Tables
Àftronomiqucs.
Secondement, ayant trouvé que le
nombre 62.1, que Ton entremêle au
calcul du Soleil, ne fauroit être que
le nombre des jours compris entre
l'Epoque Agronomique & le retour
de l'apogée de la Lune au commen-
cement du Zodiaque ; Se que le nom-
bre 3*3z que l'on y employé enfui-
,fauroit être
te , ne que le nombre
des jours pendant lefquels cet apo>
G iij
tyo Vit "Royaume âe S'tam.
gée fait une révolution; j'ay établi
gue l'apogée de la Lune, qui en 6zi
jours fait deux Signes & 9 degrez
étoit dans cette Epoque au 21 degré,
du Capricorne : Et parce que l'apogée
de la Lune par la révolution qu'il fait
• en 8 ans
&* , retourne au même de-
gré du Zodiaque douze fois en un
fiécle ; j'ay diftingué les années du
fiécle aufquelles l'apogée de la Lune
s'efl: trouvé en ce degré, & j'ay exclu
les autres années.
Troifïémement, ayant trouvé par
la manière dont on fe fert icy pour
Calculer le lieu du Soleil, que cette
Epoque Aftronomique eft très-pro-
che de l'Equinoxe moyen du prin-
temps, qui au feptiéme fiécle arri-
Voit le 20 oit zi de Mars ,• parmi ces
années choilîes j'en ay cherché une
dans laquelle l'apogée de la Lime ar-
rivât à ce degré du Capricorne vers-
le 21 de Mars, ce qui ne fe rencontre
qu'une fois en 6z années à quelques
degrez prés; &c j ay trouvé qu'en l'an-
née 6$$ de J E s us-OH R IS'T l'apo-
,
gée de la Lune étoit au 21 degré dit
Capricorne le 2.1 de Mars*
Quatrièmement, j'ay remarqué que
cette Epoque Agronomique doit a-
Du Èoydume de ÈUm* tft
voir commencé à une nouvelle tune,
parce qu'on réduit les mois lunaires
en jours pour trouver le nombre des
jours depuis l'Epoque,& la valeur des
mois entiers étant ôtée de la fomme
des jours, le refte fert pour trouver la
diftance de la Lune au Soleil.
En Tannée £38 de JESUS-CHRIST la
nouvelle Lune équinoxiale arriva le
ii de Mars à trois heures du matin à
Siam,lors que le Soleil par fon moyen
mouvement parcouroit le premier
degré d'Aries,l'apogée du Soleil étant
au 20 degré des Gémeaux, & celuy de
la Lune au 21 degré du Capricorne.
Ce jour fut encore remarquable par
une grande éclipfe de Soleil qui arri-
va le même jour, mais 14 heures a-
prés la conjonéHon moyenne.
Cinquiémement,par la manière de
trouver le jour de la femainc qui eft
pratiquée icy, ilparoît que le jour de
l'Epoque fut un Samedi : & le 21 de
Mars de l'an £38 fut auflî un Samedi.
Cela confirme encore la certitude de
cette Epoque, & fait connoître le fa-
voir & le jugement de ceux qui l'ont
établie, qui ne fe font pas contentez
d'une Epoque Civile,comme ont fait
les autres Aitronomes; mais gui en
G iiij
ïjît "Du Royaume de SiAta,
ont pris une Aftronomique, qui fiât Ici
principe naturel de plufieurs révolu-
tions, lefquelles ne lauroient recom*
mencer enfemble qu'après plufieurs
fiécles. Cette Epoque elt éloignée de
S ans & 278 jours de l'Epoque Per-
fienne de jefdegerdes dont la pre-
,
mière année commence en l'an de
JES-US-CHR IST <fji au itfde Juin.
Ces régies Indiennes pourtant ne
font pas cirées des Tables Perfîennes
rapportées par Crifococa : car ces
Tables font l'apogée du Soleil plus re-
culé de deux degrez, & l'apogée de la.
Lune plus avancé de lix degrez ; ce
qui ne s'accorde pas fî bien avec nos
I Tables modernes. Les Tables Perfien-
font auffi l'équation du Soleiljplus
nés
.
petite de 12 minutes, & celle de la
Lune plus grande de 4 minutes; ce
qui s'accorde mieux avec les moder-
nes. •' *
-

Ces régies Indiennes ne font pas


non plus tirées des Tables de Ptolo-
mée où l'apogée du Soleil eft fixe au
y degré & demi des Gémeaux ; ni
des autres Tables faites depuis qui
font toutes cet apogée mobile. Il
femble donc qu elles ont été inven-
tées par les Indiens,- ou que peut-êtts
T>ttRoy4umedeSiam. 15-3
fclles ont été tirées de l'Aftronomje
Çhinoifci comme on le pourrait con-
jecturer de ce que dans cit Extrait
les nombres font écrits de haut en;
bas à la manière des Chinois : mais il
fe peut faire que cette manière d'écri-
re les nombres foit commune à ces
deux nations.
Ayant trouvé l'Epoque Aftronomi-
que de cette méthode, & le rapport
qu'elle a avec les années Juliennes ;
on peut rectifier les Epoques des moa-
vemens du Soleil & de la Lune par
les Tables modernes, en ajoutant en-
viron une minute par an à l'apogée
du Soleil, & en corrigeant les autres
périodes. Ainfi il n'y aura plus 4o
difficulté à réduire en jours les an-
nées & les mois depuis l'Epoque j & ft
l'on corrige aufli les équations con-
formément aux Tables modernes, on
trouvera par cette même méthode-Je
lieu du Soleil & celuy de la Lune avec
beaucoup plus de juftefiè. Nous don-
nerons cette correction avec le iup-
plément de ce qui manque à ces ré-
gies après que nous les aurons ex"
,
pli que es.

G r
ï$4 V*KoyAmè êeStAnC
Jiéglespmr trouver
le lieu du Soleil & Explication»
de la Lum an temps
de la naijfancc dç
quelqu'un.
L t.
i°.Tyojiz l'Ere. î°.T 'Ere en-ce
A JL/lieu eft le
Jiombre des années depuis l'Epoque
Agronomique, d'où l'on prend le
mouvement des Planettes , julqu'à
l'année courante; qui paroîtra dans
la faite.
*o. Souflrayes, l'a- z«. L'âge de la
gede la ferforme de perfonne eft le
l'Ere, vous aurez, nombre des an-
l'âge de la naijfan- nées depuis fa
te. naiflànce jufqu'à
l'année courante,qui étant ôté de VE-
fe y refte Page de la naiffance, c'eft à-
dire, l'an depuis l'Epoque aftrono-
«nique dans lequel, la naifiance eftar-
ïivée.
3°. Multipliez- p. En multi-
1* par ii. pliant les années
far 12 on lès réduit en mois. Ces
Hiois feront folaires chacun de jo
jours io heures & demie un peu
,
plus ou un peu moins, félon les di-
«crfeshjpothefçs, û les années font;
"Du Royaume de SiAT». 155
polaires ,• ou à peu prés fi elles font
lunifolaires & en fi grand nombre,
que l'excès des unes récompenfè le
défaut des autres.
4°. La forme de 4Ï. A]outez.-y
l'année dont il s'a- le nombre des mois
git icy, eft lunifb- de Vannée couran-
laire, puis qu'il y te : & four cela ,
en a de commu- fi l'année couran-
nes de 12 mois lu- te eft AttiKa-maatv
naires, & d'abon- ceft-à-dire,fi elle a
dantes ou embo- i; mois de la Lu*
lifmiques, appel- ne,veius commence-
lées dttikawaat
, rez, à compter par
de 1} mois lunai- le f mois que fi
•,

res. De ce que elle n'eft point At-


l'on commence à tiicamaat vom
,
compter les mois, commencerez, a
:non par le pre- compter par le 6
mier mois de l'an- mois.
née,mais par le cinquième, fî- l'année
eft embolifmique, Se par le fixiérne û
l'année n'eft pas embolifmique j'ay
,
inféré qu'il y a deux Epoques &- deux
formes d'années différentes, l'une
Agronomique, & l'autre Civile ; que
le premier mois de l'année Aftronc*-
mique commence au cinquième mois;
de l'année Civile emboliimique qui
feroit le fixiéme mois fans l'inferticw,
G V);
ij (> Du Rofium de Siam.
du mois embolifmique qu'on ne conV
pte point parmi les u mois-, & qu'on
fuppolè être inséré auparavant;& que
dans les autres années, dont tous les
mois font comptez de fuite fans in-
tercalarion le premier mois de l'an-
,
née A/tronomique n'eft compté
qu'au fîxiéme mois de l'année Ci-
vile.
Mais comme l'on ne détermine
pas icy exprefsément lî on doit com-
mencer à compter un mois entier au
commencement ou à la fin du y-'on
du & mois, il fe peut faire que l'on
prenne pour premier mois de l'an-
née Agronomique celuy qui finit au
commencement des mois dontileft
parlé dans cet article. En ce cas, l'in-
tervalle entre le commencement de
Tannée Civile, & le commencement
de l'année Agronomique ne ferait
que de j ou de 4 mois entiers : au
lieu que fi l'on ne compte un mois en=
tierquàlafin du y ou du 6 mois,
& que le premier mois que Ton com-
pte félon cette règle foit le premier
de l'année Aftronomique; l'intervalle
entre les commencemens de ces deux
eipéces d'années fera de 4 ou de y
mois entiers. Nous verrons dans U
Du Royaume de Siam. iff
fuite, que les Indiens ont diverfès es-
pèces d'années Agronomiques, dont
les commencemens font diiférens, 8ç
ne font pas beaucoup éloignez de
l'Equinoxe du Printemps ; au lieu que
Tannée Civile doit commencer avant
le Solitice de l'Hyver.tantôt au mois
de Novembre, tantôt au mois de Dé-
cembre de l'année Grégorienne.
On ajoute le nombre des mois de
l'année courante,qui font mois lunai-
res , à ceux qu'on a trouvez par l'ar-
ticle s qui font mois folaires ; & l'on
iuppoie que la fomme, toute hétéro-
gène qu'elle eit, foit égale au nombre
des mois folaires échus depuis l'épo-
que Agronomique. On néglige la
différence qu'il peut y avoir, qui ejr»
une année ne fçauroit monter à un
mois entier; mais on pourrait s'y
tromper d'un mois dans la fuite des
années, lî on ne prenoit bien garde
aux intercalarions des mois, après
lesquelles le nombre des mois que
l'on compte dans l'année Civile, effc
plus petit que celuy que l'on compte-;
roit lans les intercalations précéden-
tes.
5 '. é\ 7\ On f. Multipliez.
Cherche icy le par 7 lenemtee
*ï 58 tiU Royaume dé Si4m.
trouvé art. 4. nombre des maïs-
6„ Divifez. la lunaires depuis
forntne par ziS. l'époque Agrono-
mique dont on a,
quotient de la di- parlé à l'article i,
-vifion au nombre jufqu'au commen-
trouvé art. 4- ; cela cement du mois
Vins donnera le courant : ce que
Maafàieen (c'eft- ion fait en tédui-
k-dtre, le nombre iànt les mois 1b-
des mois ) que vous laires que' ïom
Farderez.. fuppofè avoir été
trouvez cy-deflùs, en mois lunaires,
par le moyen de la différence qui e/fc
entre ks uns & les autres. Dans les
opérations que l'on fait, on fuppoie
que comme 228 eft à 7, ainfi le nom-
bre des mois folaires donné, efl à la
différence dont le nombre des mois
lunaires furpaflè le nombre donné
des mois folaires écoulez pendant
le même elpace de temps ;qu'ainfi en
128 mois folaires, qui font iyannées,
il y a 218 mois lunaires & 7 mois de
plus, ceft-à-dire, 235 mois lunaires.
Voicy donc une période femblableà
«elle de Nunu & de Méton, & à no-
tre Cycle du nombre d'Or de 1? ztt-
nées pendant lefquelles la Lune iç
rejoint 2# fois au SolejuV
Tfu tùynume de Sidm, i$p
Nous verrons néamoins dans la
iuite de ces périodes qui s accordent
«nfemble dans le nombre des mois
lunaires & des années folaires, ne
s'accordent point dans le nombre des?
heures,àcaufe de la grandeur de l'an-
née folaire & du mois lunaire, qui effc
1

fupposée diverie dans ces diverJès


périodes : & que lïndienne n'éffc
point fujette à une faute fi grande que
le cycle ancien du nombre a Or,qu'oiï
a été obligé d'ôter du Calendrier Ro-
main dans la corréftion Grégorien*
ne, parce qu'il donnoit les nouvelle*
Lunes plus tardives qu'elles ne font x
à peu prés d'un jour en 312, années ;
au lieu que les nouvelles Lunes dé-
terminées par cette période Indien-
ne s'accordent avec les véritable»
dans cet intervalle de temps à une
heure prés, comme l'on trouvera en>
comparant ces régies avec les fuivanr
tes.
IL II-
ON réduit icy
de
l°,
JL
T) Ofez.
Maafar
U
les mois
la Lune en jours : ken.
mais parce qu'on z°- Multipliez*
fait tous les mois le par 30.
de 30jours, ce m ¥> Joignez-y les
i6o Du Kôjâume de Slant.
jours du mois cou- feront que des
rant, mois artificiels
plus longs d'environ ÏI heures, i/S
minutes que les Aftronomiqnes, ou
des jours artificiels qui commencent
aux nouvelles Lunes, & font plus
courts de zz minutes, 32 fécondes
que les jours naturels de 24 heures,
qui commencent toujours au retour
du Soleil au même méridien.
4-. Multipliez. On réduit les
le tout par 11. jours en onziè-
J-. A'putexry mes de jour, en
tncore le nombre de les multipliant par
ÎI : & on y ajou-
te 6*Q onzièmes, qui iront 5? jours
& /,. Je trouve que ces 52 jours Se
ïi font les jours artificiels ,;quiau
jour de l'Epoque étoient échus depuis
qu'une onzième partie de jour natu-
rel & une onzième de jour artificiel
,
avoient commencé enièmble fous le
méridien des Indes auquel on ac-
commoda ces régies.
_#°. Divtjez.. te Apnt mis, à
tout par 703. part ce qu'on à-
7 . Gardez,' le joûte toujours par
numérateur que l'article y il pa-
,
vous appellerez. A- raît par la 2, 3, 4,
jiamaan. 6 & s opération »
"Du Royaume de Si&m. léi
que comme 703 S\ Prenez, le
eft à 11, ainiî le quotient de lafrtt<-
nombre des jours ïiion trouvé art. 6,
artificiels qui ré- & le fou Tiray z. dit
:•

fulte des opéra- nombre trouvé art.


tions de l'art, 2,8c y.le refie fera l'ho-*
3 eft au nombre roconne ( ceft-k-
des jours à raba- dire,le nombre des
tre pour avoir le jour! de /'Ere )
nombre des jours que vous garderez..
naturels qui repond à ce nombre des
jours artificiels : d'où il paroît qu'en
faifsnt le mois lunaire de 30 jours ar-
tificiels; 703 de ces jours furpalïent
d'onze jours le nombre des jours na-
turels qui les égalent. 1

On peut trouver la grandeur du


mois lunaire qui réfulte de cette hy-
pothelè : car fi 703 jours artificiels
donnent un excès de 11 jours ; 30 de
ces jours qui font un mois lunaire
^
donnent un excès de de jour ; 8ç
comme 703 eft à 330, ainfï 14 heures
font à 11 heures,i5 minutes, ^fécon-
des ; & ôtant de 30 jours cet excès, il
refte 19 jours, iz heures, 44 minutes,
3 fécondes pour le mois lunaire, qui
,
s'accorde à une féconde prés au mois
lunaire déterminé par nos Aftrono-r
mes.
t§i t>u JÊLôyâwme de Sidin.
À l'égard de la valeur de 55» joùf&
éc ji que Ton ajoute avant la divifion,
ïlparoîtqtte ûfo} jours donnent n
à iouftraire, £? jours & /, donnent
7*"de jour,qui font22 heures, 11 mi-
nutes & demie,dont la fin du jour ar-
tificiel a dû arriver avant Ja fin du
jour naturel que Ton prit pour l'Epo-
que.
Vanamaan eft le nombre des
5'03mes parties de jour qui reftent de-
puis" la fin du jour artificiel j.ufqu'à la
fin du jour naturel courant. On s'en
ièrt dans la fuite pour calculer le
mouvement de la Lune , comme o»
l'expliquera cy-aprés.
Le quotient que l'on été dit fiom-
bre des jours trouvé par l'art, j. eft la
différence dès jours entiers, qui fè
trouve entre le nombre des purs ar^
tificiels & le nombre des purs natu-
rels depuis f Epoque^
L'horoconm eft le nombre des jours
naturels écbeus depuis l'époque Af-
tronomique julqu'au jour courant. Il
fembleroit qu'à la rigueur l'addition
«les jours du mois courant prcfcrite'
par l'article 3 , ne fe devroit faire
<ju après h multiplication & la divi-
fion qui fert à trouver la diffirenc©
ttu Royaume âeSUm. Û$
iâes jours artificiels aux jours natu^
rels,parce que les jours du mois Cou-
rant font naturels, & non pas artifi-
ciels de 30 par mois : Mais on voit
par la fuite que cela iè fait pour avoir
avec plus de jufteflè Vanarnaan qui
fert au calcul du mouvement de la
Lune.
III. J II.
IL fuit de cette i"<TyOfez. fho-
opération & de X roeonne.
l'avertiflèment 20. Divifez.- It
,
que fi après la di- par7<
vifîon \V refte 1, 3°. Le numéral
le jour courant fe- teurde la frattiofï
ra un Dimanche; efi le pur de la fe-
& que s'il ne ref- maine.
te rien, ce fera un Samedy : l'époque
Aftronomique de Vhortcenne effc donc
un Samedy.
Si l'on fçait d'ail- Nota Que le
,
leurs quel jour de premier jour «fe U
la femainc eft le femaine efi le £>:-
jour courant, on manche.
Terra fî les opérations précédentes
"ont été bien faites.
IV.
ON réduit icy i°. TyOfez, /*ho«
JL
les jours en roeonne.
800™ de jour. Le XP. Multipliez,-
tôd- ïiuRoydume de Stam.
le par 800. nombre 373 ât
î'f. Soaflrayek.- l'article 3 fait 5"
de jour qui fout
Divifiz. le
,
heures & mi-
4°. - II 11
far zpzzoj. nutes. Elles ne
J . Le q»ctil!7t peuvent-venir que
fera /Ere, & le de la différence
numérateur de la des Epoques, ou
,

fraÛion fera le de quelque corre-


Krommethiap- ction puis que
,
ponne, que vous c'eft toujours le
garderez.. même nombre
que l'on fouflrait. L Epoque de cet-
te Seftion I V. pourra donc être 11
Heures &11 minutes après la précé-
dente-
VËre fera uii nombre de périodes
de jours depuis cette nouvelle Epo-
que, 800 défquelles feront zsizzof
jours. La qijèAion èftde fçavoir quel-
les feront ces périodes? 800 années
Grégoriennes qui approchent de
,
fort prés d'autant d5annëes foîaires
tropiques, font z$z ï.94 jours. Si donc
nous ïuppofons que l'Ere foitle nom-
bre des années foîaires tropiques de-
puis l'Epoque, 800 de ces années fe-
ront trop longues de 13 jours félon
îa corré<5tion Grégorienne.
Mais fî nous fuppofons que ce foieiy
Vu Royaume de Slartt, ify
des années anomaliftiques pendanç
lefquelles le Soleil retourne à fon a-
poge,ou des années aftralespendant
lefquelles le Soleil retourne à la mê-
me étoile fixe; il n'y aura prefquc
point d'erreur : car en 13 jours , qui
eil l'excès de 800 de ces périodes liir
800 années Grégoriennes , le Soleil
fait par fon moyen mouvement i2JT
48'. 48". que l'apogée du Soleil fait
en 800 ansàraifon de 57". 39'". par
an. Albategnius fait le mouvement
annuel de l'apogée du Soleil de ^9''.
4"'..& çeluy des étoiles fixes de 54".
34'"- & il y a des Aftronomes modela
nés qui font ce mouvement annuel
de l'appogée du Soleil de 57" ; 8c ce-
luy des étoiles fixes de j 1". Donc lî
ce qui eiï icy appelle Ere, eft le nom-
bredes années anomaliiliques ou as-
trales : ces années feront à peu prés
conformes à celles qui font établies
par les Aftronomes anciens Se mo-
dernes. Néanmoins il paroît par les
régies qui fui vent, que l'on fefert de
cette forme d'année comme fi elle é-
tpit la tropique, pendant laquelle le
Soleil retourne au même lieu du Zo-
diaque, & qu'on ne la diftingué point
4cs deux autres efpéccs d'années,
i&» "Du Royaume de Sidm.
Le JÇrommethiapponne qui refte après
ïa divifion précédente, c'cft-à-dire,
après avoir pris toutes les années en-
tières depuis l'Epoque, fera donc les
g00meS parties de jour, qui relient
après le retour du Soleil au même lieu
cfuZodiaque:&ilparoîtpar les opéra-
tions fuïvantes que ce lieu étoit le
commencement cPAries. Ainfi félon
cette hypothefè l'Equinoxc moyen
du printemps fera arrivé n heures
11'après l'Epoque de la Séétion pré-
cédente.
r. V.
î°r T> Q/èx. le PUISQH'A l'ar-
X Krom- ticle y on a
methiapponne. trouvé le jour de
z°. Souftrayezr la lèmaine par
f» l'Ere. Vboroconne d'une
3°. Divifez, le manière très fa-
-
refte par %, cile ileft ii. utile
,
de s'arrêter à cel-
4". Négligeant
la fraUion fiu- le-cy qui eft plus
,
firaytz. X du quo- longue & plus
tient.
j\ Divifcz. le reftc par 7 : lafraCtioH
vous donnera le jour de lafimaine.
Nota, Que quand je dïray la, frac~
tien 3 je n'entends parler que du Nwné-
Mfcur.
Du Royaume de sUm. \Gj
VI. ri.
CErrafflionfbllf-de
TTE i°. TTOrocon-
jrXne.
611 que l'on ôte 2°. SouJirayez.~ea
toujours de l'horo- 6n.
conne , quelque 3'\ Divifex. le
nombre que \'ha- nfte par 3232. La
roçonnt contienne, fraiïion s'appelle
marque une Epo- Outhiapponne ,
que qui eft 6xx que vgut garde-
jours après l'Epo- rez..
que de l'horoconne-
Le nombre 3232 doit être le norrir
bre des jours que l'apogée de la Lune
employé à parcourir le cercle du Zo-
diaque ; car 3232 jours font 8 années;
juliennes & 310 jours. Pendant ce
temps cet apogée achevé une révo-r
lution à raiibn detf'. 41", qu'il faiç
par jour, même félon les Aftrono-
mes d'Europe. L-apogée de la Lune
acheva par conséquent fa révolution
621 jours après l'Epoque de Yhorecon-
ne. On fait donc icy : Comme 3234
jours font à une révolution de l'a-
pogée., ainfî le nombre des jours
après l'Epoque de l'horaconne eft au
nombre des révolutions de l'apogée.
On garde le refte qui eft le nombre
des jours appelle Offtkiappwrtit* Jt'Qit?.
i68 T>u Royaume de Stam.
thiapponne fera donc. Je nombre des
jours échus depuis le retour de l'a-
pogée de la Lune au commencement
du Zodiaque , ce qui paraîtra plus
évidemment dans la fuite.
Si vous veniez. Ayant déjà ex-
avoir le jour de ta pliqué la vraye
Jimaine par l'Qii- méthode de trou-
thiapponne, pre- ver le jour de la
nez, le quotient àe femaine , il eft
lit divifîofi fufiite; inutile de s'ar-
multipliez, le par rêter à celle -cy,
-
y ; puis jo'gnez.-le On laifïè le foin
a /'Outhiappon- de l'examiner, &
}Xf,puisfiuftray'tz.- d'en chercher le
tn 2 jours ; divifez. fondement à ceux
far 7. Ufraftian qui en auront la
marquera le jour. çuriofîté.
Tout ce que def- Nonobstant le
Jus s'appelle Pou- nom de Force du
lafburiat, comme Soleil que l'on
qui diroit la force donne icy aux o-
du SolciJ. pérations précé-
dentes , il eft confiant que ce qui
a été expliqué jufqu'à préfent, ap-
partient non feulement au Soleil,

*"•
fP
Wis auffi àlaLune,

X
1 /-.
Ofiz.
- le
VII,
PO u R trouver
Kromme- ce que c'eft
thiapponne,
"Du Royaume de Siam. iga
que le nombre thiapponne.
î43îo,il faut consi-
dérer que le Kr0m- pari^fto.
wtbiapponne font 3°. Gardez - le
les 800 ,,,'s parties quotient, qui fera
de jour qui ref- le Raafî c'eft- à-,
,
tent après le re- dire , le Signe oh
tour du Soleil au fera le Soleil.
même lieu du Zodiaque, &que l'an-
née folaire contient 25*2207 de ces
parties, comme il a été dit dans l'ex-
plication de la Séâion 4. La douziè-
me partie d'une année contiendra
donc 24350 & ,\ de ces 8oones par-
ties : c'eft pourquoy le nombre 24350.
marque la 12' partie d'une année fo-
laire pendant laquelle le Soleil par
fon moyen mouvement fait un Si-
gne.
Puis que donc H&°o de jour doji-^
nent un ligne , le Krommethmpponne
divisé par 24350 donnera au quotient
ks Signes que le Soleil a parcouru ,

depuis Ion retour par ïbn moyent


mouvement au même lieu : le Raafi
donc eft le nombre des Signes par-
courus par le moyen mouvement du
Soleil. On néglige icy la fraétion
de forte que Tannée folaire refte
«j
ïçy de ^Too, c'eft - à - dire de &
.

Tome //. , H
170 Z)« Royaume de Siam.
jours \, cornme l'année Julienne.
4°. Pofez. la fra- Puis que par l'ar-
ction de la divijîon ticle précédent
fufdite, & la divi- ^S de jour don-
Jèz,par Su. nent un Signe du
J\ Le quotient de moyen mouve -
Onglàa c'ejlà- 30e partie de
,
dire le degré oit donnera un de-
^
la divijîon fera le ment du Soleil, la

,
fera le Soleil. gré qui eft la
,
30. partie d'un Sij;ne. La 30e partie
de 24330 eft Su * qui font un degré :
divifant donc le refte par 811*, on
aura le degré du moyen mouvement
du Soleil. On néglige icyleSjquine
peuvent faire une différence çonfî?
dérable.
6 \ Pofez. lafra. Puis que dans
Bion de cette der- un degré il y a
niert divijîon, & sôj parties ; dans
la divifez, far 14. une minute qui
,
7 >. Le quotient eft la 60" partie
fera le Libedaa , d'un degré , il y
p'-ejl-à-dire, la aura 13 ï0 de ces
minute. parties. Négli-
8'. Soustrayez, geant la fraction,
3 du Libedaa. Ton prend le nom
j?\ Mettez, ce bre 14, qui divi-
qui est au Libe- fant le relie, don-
daa an dejfous de nera les minutes.
&tt Royaume de Stam. tfi
£â fouftraiftion /'Ongfaa,eW'On-
que l'on fait icy glàa audeffous du
de 3 minutes eil Raafï : cela, fer*
une réduction une figure qui s'ap-
dont nous parle- fellera le M Ute-
rons dans la fui- iomme du Soleil
te. qke vous garde-
On prefcrit icy rez. • Je croy que
de mettre les de- ceïi locus mé-
grez fous les Si- dius Solis.
gnes, oc les minutes lous Les degrez
en cette manière raaji, Signes.
,
ongsatt,, degrez.
libedaa, minutes.
Cette difpofîtion des Signes degrez
,
& minutes l'un au délions de l'autre
dt appelle figure, Se elle marque
içy le lieu moyen du Soleil.
FUI.
v 11 r. Pour trouver U
vray lien du
Soleil.
LE nombre 1, i°. T) Op-z.-U
JL
que Ton fouf- Matte-
trait du Raafeàzns iomme du Soleil^
l'article 2, & le ctfi-à-dire, la fi-
nombre 2.0 que gure qui comprend
,
l'on fouftrait de ce qui eïl dans le
ÏOngsa.i dans l'ar- raauV? ongfoa,c£*
ticle 3, font z Si- le libedaa.
H 9
I7& Du Royaume de Siam.
z°. Sonflrayez.x gnes & 20 degrez
du raafî. Que fi qui marquent fans
cela ne fe peur , a- doute le lieu de
joûtez. 12 au raifï l'apogée du Soleil
pour le pouvoirfai- félon cette hypo-
re ; puis le faites. thefe,dans laquel-
3 '. Souftrayez, le on ne voit au-
20 dHongÙL&.Que cun nombre qui
fi cela ne fe peut, réponde au mou-
tirez. 1 du raaïî, vement del'apo-
qui vaudra }o dans gée.Ilparoît donc
le ongfaa ; puis que cet apogée eft
vous tirerez, le 20 uipposé fixe au 20
fufdn. degré des Gé-
meaux qui précède le lieu véritable
de l'apogée, comme il eft à préfent,
de 17 degrez, que cet apogée ne fait
qu'en 1000 ans , ou à peu prés : d'où
l'on peut juger que l'époque de cette
méthode eft environ mille ans avant
le fiécle préfent. Mais comme la gran-
deur de l'année s'accorde mieux icy
avec le retour du Soleil à l'apogée &
aux étoiles fixes, qu'avec le retour du
Soleil aux Equinoxes ; il fe peut faire
que le commencement des Signes
dont on fe fert icy ne fait plus pré-
,
lentement au point équinoxial, mais
qu'il fbit plus avancé de 17 ou 18 de-
grez , G>ç aiiifi il. aura befoin d'être
Z>« Royaume de Siam> 175
Corrigé par l'anticipation des Eqtfi-
noxes. On fouftrait donc icy l'apo-
gée du Soleil de ion lieu moyen ap->,
pelle Matteiomme, pour avoir l'ano-
malie du Soleil ; & le nombre des
Signes de cette anomalie eft ce qu'on
appelle Kenne,
il paraît par ces 4°, Ce qui reïle*
régies que le Kart' ra apre's,cela s'ap-
m eft le nombre pel/era Kenne.
des demi Signes î°, Si le Kenne
-
de la diftance de eft 0, 1, ou iw/tl-'
l'apogée ou du pé- tipliez. le par 2. ;
-
rigée prife félon vous aurez, /cKan-
,
la fuite des Signes, nc
félon que le Soleil 6°. Si le Kenns.
eft plus proche eft ;, 4 ,ouy, vous
d un terme que de fouftrairez. la figu-*
l'autre : de forte re de cette figure-
qu'à l'article 5 on
prend la diftance 19
de l'apogée félon 60
la fuite des Signes, qui s'appelle atta-
à l'article 6 la di- thiat, & vaut 6
ftance du périgée Signes.
contre la fuite des 7... S* le Kenne
Signes, à l'article eft 6,rj,%;fouftrayez.
7 la diftance du 6dnra.AU, lerefte
périgée félon la fera le Kanne.
fuite des Signes,8c 8>. SileKcntXC
H iij
174 Bu Royaume dé Star»'.
eft 9,10, H ; foufi à l'article S fa diw
fraj^i la figure de ftanee de l'apogée
cet le figure - cy contre la fuite des
II Signes. Dans les
%9 articles 6, j, & 8,
<So il femble qu'il fauc
qui s'appelle Toii- toujours Abus-en-
araailmouneton- tendre Multipliez,
ne, & vaut 12 Si- le raafi par i,com->
gnes : le refle dans me il paroît dans
le Raafi fera le la fuite.
Kanne. Dans l'article 6
* 3»'. S« vous pou- quand les degrez
vez,, tirez, ij du de 1 anomalie ex-
ongfaa ; ajoutez, i cédent ifs on a-
au Kanne :fivo-us joûte i au Kanne;
ne pouvez, point » parce que le X«-
n'y ajoutez, rien. ne, qui eft un de-
io°.Multipliez? mi-Signe vaut \$
y
te ongfaa par 6o. degrez.
ii°. Joignez,-y On réduit icy
le libedaa : cela les degrez & les
fera le pouchalir, minutes du Kanne
que vous garderez. en minutes, dont
iz". Confide'rez le nombre eft ap-
te Kanne. Si le pelle le pouchalit.
Kanne eft o , pre- Il paroît par ces
nez, le premiernom- opérations, que le
bre du chaajaa du- Chaaiaa eft l'équa-
Soleil, qui eft jy, ,• tion du: Soleil, cû*
Du Royaume de Slam. 175
Cuïée de 1 f en ijf & multipliez. le
-
degrez , dont le par le pouchalit.
premier nombre IJ-°. Si le Kanne
eft iS te fécond- efi quelqriautre
0 ,
>
le troifîéme nombre, prenez. fc~
j94,- & que ee font Ion le nombre , le
des minutes, qui nombre du chaiaa
font entr elles aattit, & le fouf-
comme le finus trayez, du nombre
de ij, de 30, & de du deffous ;puis ce
4Î degrez : d'où qui restera dans le
nombre du dtffôus
il s'enfuit multipliez. - en
,le
3S
que les é- 67 pouchalit. Par è-
quationsde 94 xempk ,fi lt Kanne
60,7^^90 Xi6 efi ifjbxjhayez. tf
degrés font 119 de 67 & du reïfe
,
116,119,1^4 134 multipliez,. Si le
Kanne eïl z, fouf-
qui font difpojtez trayez. 67 de 94 y
à part en cette & du refle multi-
rorme, & repon- puez, le poucnalir.
dent par ordre au 14 . Divifez. la
nombre du Kanne femme du poucha-
1, 2, x,4, f .tf.-Pour lit multiplié-, par
les autres degrez poo.
on prend la par- if 1, "joignez, le
tie proportionnel- quotient au nom-
le delà différen- bre fkyérieur du
ce d'un nombre à chaiaa dont vom
H iiïj
ïyS "Du ÊâyAume de Èiatiï.
vous ejtes jervts. rautre^qui reporta
i6'\ Divifez. U à 15 degrez qui
fomme par 6a. font .900 minutes,
iy°. Le quotient faifant Comme
fera ongfàa : la joo, à la différen-
fraitiovjera le U- ce de deux équa*
bedaa. Mtttez,un tions; ainfi les mi-
o au lieu du raafï. nutes qui font an
i8°. Mettez, la farplusdn Kanne,
figure trouvée par à la partie pro-
Varticle précédent portionnelle de
vis-à-vis dumut- l'équation qu'il
teiomnie du So- ,
faut ajouter aux
leil. minutes qui ré-
Confidércz.
i<?°. pondent au Kanne
le Ken de cy-dif- pour faire l'équa-
fus. Si le Ken <ft tion totale. Ort
o, (,2,5,4,Ç;//s'ap-
.
réduit ces minu*
pelle Ken fbuf- tes de l'équation
trzyAnvainfi vous en degrez & mi-
foujhayerez. la fi- nutes, les divifanc
gure trouvée à l'ar- par 6a. La plus
ticle 17 du mat- grande équation
teiomme du So- du Soleil eft icy
leil. de 2 degrez 12
,
v
20
efi6,j,
S* h Ken minutes : les Ta-
bles Alphonfines
8,9,10,11,
il s'appelle Ken a- la font de 2 de-
joûtant:aivf vous grez, 10 minutes:
joindrez, ladite f- nous la trouvons
"Du Royaume de Sian*. 177
a'uftdegré,57 mi- £«*•**« matteiom
nutes. On appli- me^* Soleil ;, ce
que l'équation au qui votis donnera
lieu moyen du So- enfin le fbmme*
leil , pour avoir pontdfo Soleil que
fon vrai lieu qu'on vous garderez, fre-
appelle Çommepont* citufemtnt.
ÏT8 Z>'« Royaume de Shm.
IX. IX.
i°- T) Ofix. le IL paroît parces
±. Somme- opérations que
ront du Soleil. les Indiens divi-
ia.. Multipliez. fent le Zodiaque
par 30 et qui eft en 2.7 parties é-
dans le raagL gales qui font
,
3'•'• Joigaezry ce chacune de 15 de-
qui eft dans le on- grez, 40 minutes.
gfaa- Car par les lîx;
50.. Multipliez. premières opéra-
le tout par 60. tions on réduit
&\. Joignez, -y lès Signes en de-
te qui eft dans le grez,& les minu-
îîbedaa. tes du vray lieu
7°. Divifez. - le du Soleil en mi-
tout par 00. S le nutes; & en les di-
quotient fera la vifant après par
X€UC. du Soleil. 800, on les réduit
8°. Divifez la: en 27"" parties
fraBion reftante de cercle; car 800
par 13. le quotient minutes font la
fera le naatirçuc, 27*ne partie de
que vous garderez, 21 <£bo minutes qui
au dejfou s dureac. font dans le cer-
cle : on appelle donc reuc le nombre
des 27™" parties du Zodiaque, dont
chacune eft de 8oo minutes, c'eft à-
^

dire, deI.J degrez , 40 minutes. Cet-


te divifion eil fondéeiur le mouve-
Bu Royaumede Siam. 179
ment journalier de la Lune, qui eft
.çrtviron de i? degrez, 40 minutes ,-
comme là divifion du Zodiaque en
3<JQ degrez a pour fondement le .

,journalier du Soleil dans


mouvement
le Zodiaque , qui eft à peu prés d'un
degré.
La <fon\B- de ces parties eft 15 !, com-
me il paroît en divifant 800 par 60.
C'eftpourquoy on divifele relie par
1}, négligeant la fra&ionj pour avoir
ee qu'on appelle icy natireuc, qui font
les minutes ou 60^" parties d'un'
tfHC,
X.
À>- POUR tA LUNE
four trouver le
matteïomme de
la hune.
SE t o ,N l'art*, &* ryofcz: Vx~
JL namaan.
'cle 7 de la III..
Seâion Kanarnaan 20. Divifcz,- If
eft le nombre des par zj.
705"" parties de }". Miprifeiu h*
jour qui relient fraliion , <£• )oi-
depuis la lin du gne£le quoiicnt a~-
pur artificiel jus- vec /'anamaan»
qu'à la fin du pur 4;'. Divifez. lé'
naturel» Qtioy que tout paréo-, lequel
fek>n cette régie ..
tient fera onglàaj>.
H vj;
iSo Vu HoMMè de ÈiàM.
laftattionfera li- Yanamaoen ne pûîE
bedaa & vont fe jamais monter
,
mettrez, un o au jufqu'à 703,' néan-
raafi. moins fi l'on pofe
703 pour Vanamaan, & qu'on le divilè
par 25,félon l'article 2 , on a,z8'i, pour
le quotient. Ajoutant 28 à 705, i&ofl
l'article 3, la fomme 751 fera un nom-
bre de minutes de degré. Divifant 731
par 60, félon l'article 4, le quotient
qui eft ii*, 11', eftle moyen mouve-
ment journalier par lequel la Lune
s'éloigne du Soleil.
De ce qui a été dit dans la II. Sedfcion
il réfulte qu'en 30 jours Yanamaan
augmente de 330. Divifant 330 par
2j, on a dans le quotient 13 ). Ajou-
tant ce quotient à Yanamaant la lôm-
me eft 343, c'eft-à- dire j d. 43'.
dont la Lune s'éloigne du Soleil en
30 jours, outre le cercle entier.
Les Tables Européanes font le
mouvement journalier de izd. 11'. Se
le moyen mouvement en 30 jours, de
5 d. 43'. u". outre le cercle entier.
5". Pofez, autant Après avoir trou-
de jours que vous vé les degrez 8c
en avez, mis cy- les minutes qui
<tcjfu< au mois cou~ conviennent à / a-
rantfeiï.i, fl.j. natnaan , on cjierr
Hit Rouume de Siam. jrôi
çhe les Signes & 6°. Multiplie®
les degrez qui ce nombre par 12.
conviennent aux y\ Divi/èz. là
jours artificiels du tompar^Oi le quo-
mois courant. Car tient, mettez^h att
les multiplier par raâu" de la figure
i% & les divifer précédente qui a un
par 3oJc'eft la mê- o an raafi , & la
me choie que de frallion joignez.-!*-
dire Si trente à /'ongfaa de la
, artificiels
jours figure.
donnent 1i Si- 8 ). Joignez* tou-
gnes , que donne- te cette figure a»
ront les jour arti- mateiomiiie dtt
ficiels du mois Soleil.
courant ? On aura $ \ SouflraTz.
dans le quotient 40. dit libedaa.
les Signes. La fra- Que fi cela ne fie
ction Ibnt des peut vous tin r. z.
y
3o'nes de Signe du ongfaa qui
, 1.
c'eft-à-dire des vaudra 6o. libe- ,
degrez. On les daa.
joint donc aux de- 10 '. Ce qui refit-'
grez trouvez par ra dans la figure
l'anamaan qui eft est le matteioirt-
,
l'excès des jours me de la Lnnû
naturels fur les cherché.
artificiels.
La figure dont il eft parlé icy eft îst
«Uftance de la Lune au Soleil, après
ïSk Hu Êaymme de STiam.
«jjLi'on en a- ôté 40 minutes, ce qiif
cft ou une corréâion faite à répo-
qîie, ou la réduction" d'un Méridieni
à un autre : comme on l'expliquera,
dans la fuite. Cette dîftancê de la
Lune au Soleil étant ajoutée au lieu
moyen du Soleil , donne 1© lien
moyen de la Lune.
XI. xr.
SU R la Se&'oiy
X thiappon- VI. on a re-
ne. marqué qne to».
2*.- Multipliez^ thiapponne eft le
far $.
ie nombre des jours
3°. Divifet- le après le retour de
far 808, l'apogée de laLu-
4n. Mettez, le ne qui fè fait en
quotient au raafi. jiji jours -r- 808
y.- Multipliez, jours font donc la
l'afrattion par 30. quatrième partie
<£'.- Drvifez,-la du temps de la;
far 808. le quo- révolution de l'a-
tient fera ongfàa. pogée de la Lune,
7^.. Prenez: la pendant lequel il
fraûion rtftante fait )> Signes, qui
,-
<£* la multipliez, ibnt la quatrième
far 60. partie-du-cercle.-
8L. Dïvifez, la On trouve donc
fwnme far 80$, le par ces opérations
quotient fera U- le raouvemeat de
"Du Royaume de Siam. 18$;
PàpogcerdelàLis- bedaa.
ïic , feifant Com- 9". A)ouie&. 2.*-

me 808. jours font /zwlibedaa;./* ra~


à ?. Signes ; ainfï afîj/'ongiàa» & le
le temps pafsé de- libedaa feront U
puis le retour de matteiomme dt
l'apogée de la Lu> louthia, que vous1
ne eft au mouve- carderez...
ment du même apogée pendant ce:
temps. Il paroît par les opérations
iiiivantes que ce mouvement fe prend
du même principe du Zodiaque d'où;
l'on prend le mouvement du Soleil.
Donc le matteiomme de louthioe, eft
le lieu de l'apogée de la Lune.

XII. Pour leSommeyont


delà Lune.
T>u TES ces
régies font
ID. T)Ofez> le
x. mattriom^
conformes à cel- me de la, Lune
les de la Se&ion z'\ Pofez. vis-
VIII. pour trou- a- - vis , le mat-
ver le lieu du So- teiomme de \oil~
leil & s'enten- thia>
,
dent aflèz par j°. Souftrayezle
l'explication faite matteiomme de
de cette même louthia dn mat-
SecTrion; teiomme de l»
La différence
1&4» Royaume de SUmt
"DU
4°. Ce qui refte n'eft que dans le
dans le raafî fera Chataa de la Lune
le Kenne, dont il eft parlé
5\ Si le Kenne icy à l'article 12 ,
*B o 1,1) mtthi- & 15. Ce Chaian
,
f'liez,.-le pari & confifte dans ces
fera le Kanne. , nombres.
6°. Si le Km efi 77
3>4>'jyfiitfirayez- 14a
le de cette figure- i09
nt 5 z<}6
t-9 186
6o
7°- Si le Ken eft La plus grande
6> 7>%>fouîtrayez,- équation de la Lu-
en 6. ne eft donc de 4
8c. Si le Ken eft degrez <>6 minu-
$ , 10,11, fiuf- teSjCommelafont
trayez.-le de cette quelques Aftrô-
figure-çy
t nomes modernes*
il quoy-que la plu-
3-9 part la faflènt de
6o j degrez dans les
p*. Si le Kenne conjonctions &C
tji i ou z multf dans les oppofi-
y
p iezrle par î ; ee tions.
fera le Kanne,
io°. lirez. 15 du ongiaa., Ji cela je
peut; vous ajouterez. 1 <w*raajfi,- finms
vous ne le ferez, peint.
Dit Royaume de Slam. jflf
II". Multipliez, /'origfaa /w 60, &
joignez, y le libedaa, &fera le poucha-
lit , que vous garderez..
Ii°. Prenez, dans le Chaiaa de la Lune
[e nombre conformément au Kanne, corn'
me il a été dit du Soleil \ fbufirajez, lé
nombre de dcjpts de celuy de deffous.
i;°. Prenez, le refit, & en multiplie*,
le pouchalit.
14 '. Divifez, cela par poo»
15". Joignez ce quotient au nombre de
deffus du Ghaiaa de la Lune*
16J. Divifez. cela par 60: le qmtient
fera ongfaa, lafratlion libedaa, & un
0 pour le raafî.
17 >. Mcttez.vis-a-vis de cette figure le
matteiomrne de la Lune.
l8„. ConfidèreTL le Ken. SileJîeaeJi
0, i, 1, i , 4 » 5 » fouftrayez, la figure du
matteiomrne de la Lune fi le Ken e£i
;
6y 7> S 10, II, joignez, les deux
, p,
figures enfsmble , & v«us aurez, le forn-
mepont de La Lune, que vous garderez,
bien.
XIII. XI H.
CETTE opéra- POfez. le fom-»
tion a été fai- mepont de la
te pour le Soleil à Lune, & opérant
laSé&ionIX. Elle comme vous avez,
eft pour trouver fait au fomme-
ïtSé t>tt Royaume de Siafn.
font du Soleil, h
caution de U
1/OHS trouverez, le Lune dans fes da-
îtuc & le natti- tions , qui font
reuc de la Lune. les i7'm" parties
du Zodiaque.
x ir. X I V.
iv T) nfe£ Ie
JL fomme
LE
pionne eft
donc Ja dif.
-
pont de la Lune. tance de la Lune
2°. Alettezvis- au Soleil.
k-vis h fommepont du Soleil.
?•". Soiijîray'z le fommepont du Sa-
leil au fommepont de la Lune, & reflet
ra le pianne, que vous garderez,.
~ XV XV.
t .
T>\ Refiez. lt
JL pianne
CEs trois pre-
mières opé-
& lepofez. , rations fervent à
z-. Multipliez réduire en minu-
le ràafi par jo j tes la diftanoe de
joignez-y le ong- la Lune an Soleil r
faa. la divifànt par
3,. Multiplie^ 7*0, on la réduit
le tout par 60 ; &' à des 50 TI parties
»
feignez-y le libe- de cercle car 720
daa. ,
minutes font la
4P. Divifez le jo"e partie de
tout par j2iO , le zitfbo minutes qui
emvtient s'appelle font toute la cir-
Éttt, que vous ga-r- conférence. Le
Z>» Royaume de Si/im. tti
fondement de cet- direz..
te divifion eft le 5°. Divifex. U
mouvement jour- fraÛion paru, le
nalier de la Lune quotient fera nat-;
au Soleil, qui eft ti itti,.
à peu prés de la
30 ,s,e partie de Fin du Souriat;
tout le cercle. On
co'nlïde're donc la poiïtion de la Lu-
ne, non-feulement dans les Signes
& dans fès- ftations , mais aufîî dans 1

les 3om'-'s parties du Zodiaque qui font


de 11 degrez chacune, & s'appellent
t'nii divifant le refte par 11 on ales>
minutes on les foixamiémes parties-
d'un itti, qui font chacune de n mi-
nutes de degrez, dont la Lune /éloi-
gne du Soleil dans la foixantiéme
partie d'un jour ; ces foixantiémes-
parties s'appellent natti itti.
j$3 "DttRûydttme de Siami

B.E'FLËXIQNS SUR LES


Régies Indiennes.
/. Des Epoques particulières de là
méthode Indienne*

AP n E' Savoir expliqué les régies


cornprifes dans les Se&ions pré-
cédentes, & trouvé diverfes périodes
d'annéesjde mois,& de jours, qu'elles
fuppofent : il nous refte à expliquer
en détail diverfes Epoques particu-
lières que nous avons reconnues dans
les nombres employez dans cette mé-
thode, qui étant comparées enfemble
peuvent fervir à déterminer l'année,
lemois,le jour, l*heure,& le méridien
de l'Epoque Aftronomique dont il
n'eft point parlé dans les régies In-
diennes qui la fuppofent connue
,
d'ailleurs.
Par les régies de la Section I. on
cherche le nombre des mois lunairesi
échus depuis l'Epoque Aftronomi-
que. L'Epoque que l'on fuppofè dans
cette Seciion eft donc Celle des mois
lunaires ,• & par conséquent elle doit
êtreàrheurc de la conjonction moy-
Du Royaume de Slam. 1S9
eftne d'où commence le mois où eft
l'Epoque.
Par les régies de la Seéiion II. on
réduit premièrement les mois lunai-
res échus depuis l'Epoque en jours
artificiels de 30 par mois, qui font
plus courts que les jours naturels
d'un midy à l'autre , de "0i de jour
,
e'eft-à-dire,de 22 minutes 32 fécondes ,
d'heure.Ces jours artificiels ont donc
leur commencement aux nouvelles
Lunes , & à chaque trentième partie
de mois lunaire ; mais les jours natu-
rels commencent toujours naturelle-
ment à minuit fous un même meri-r
dien. Le terme des jours artificiels ne
s'accorde donc pas avec le terme des
jours naturels dans la même heure &
la même minute,finon quand le mois,
ou une des 30™ parties du mois
commence à minuit fous le méridien
donné au choix de PAftronome. Au-
près ce commun commencement la
fin du jour artificiel prévient la fin du
jour naturel fous le même méridien
de de jour, dans lesquelles corç-
7o;
fifte pour lors YAnamaan, qui aug-
mente toujours d'une 703™ de jour à
chaque onzième partie du jour, jufi
qu'à ce que le nombre des 703™" par»
190 T>u Royaume de Siam.
tiesjmonteà 703, ou furpafïè ce nom*
brercar alors on prend 703 de ces par-
ties pour un jour dont Je nombre dçs
jours artificiels ïiirpaflè le nombre
des jours naturels échus depuis l'E-
poque ; & le refte, s'il y en a^eit l'A?,
wamaan. Le jour de cette rencontre
ou concours du terme des jours arti-
ficiels avec le terme des^jours natu-
rels fous le méridien que Ton choifït,
eit toujours une nouvelle Epoque 4e
YAnamaan, qui le réduit à rien ou
,
à moins de 11, après avoir atteint .ce
nombre 703 ; ce qui n'arrive qu'à
peu prés , à chaque période de 64.
jours , comme il paroit en divifant
703 paru , & plus exactement, onze
fois en 703 jours. On prend donc à
chaque temps donné pour l'Epoque
•de l'Anamaan le jour de la rencontre
précédente du commencement des
jours artificiels avec le commencer
ment des jours naturels, qui fous un
même méridien n'arrive que cinq ou
fix fois en une année.
Puilque donc à l'article de la Se-
5:

étion II, on ajoute 6$o onzièmes de


jour à celles qui font achevées depuis
l'Epoque de la Sedrion I, on fuppofe
<jue cette Epoque fut précédée d'une
D« Royaume de Siam. 191
filtre Epoque qui ne fçauroit être que
cellede YAnam&an, de éjo onzièmes
de jour ; c'eit-à-dire, de ^9 jours r;
qui donnent % de jour pour ÏJfnom,
maan, fous le méridien des Indes Or-
rienrales auqicl on accommoda les.
régies de cette Secftion II.Ce qui mar-
que que fous ce méridien la conjon-
ction moyenae qui donna principe
au jour artificiel depuis l'Epoque
Agronomique, fut de %° de jour a-
vant la fin du jour naturel dans le-
quel cette conjonction arriva ; & par
conséquent qu'elle y arriva à une
heure 4.9 minutes du matin fous le
,
méridien que l'on fuppole à la même
Secftion : mais à l'article 9 de la Sec-
tion X , on pte 40 minutes au mou-
vement de la Lune, & à l'article 8 de
la Seétion VII, on ôte 3 minutes au
mouvement du Soleil ; ce qui éloi-
gne la Lune du Soleil de 37 minutes,
a l'heure que l'on fuppofoit être arrir
vé la conjonction moyenne de la Lu-
ne au Soleil, à la Secftion 11.
Ceft pourquoy j'ay jugé que les
40 minutes orées au mouvement de
la Lune,& les trois minutes ôtées au
mouvement du Soleil, réfultent de
quelque différence entre lç méridien
\$i Du Royaume de Siam.
auquel ces régies ont été accammo,'
dées du commencement, 8c d'un au-
tre méridien auquel on les a réduites
depuis : de forte que fous le méridien
fupposé à la Seélion I[ la nouvelle
,
Lune dans l'Epoque arriva à i heure
4.9 minutes du matin; mais fous le
méridien que l'on fuppoiè à l'article
9 de la SeétionX, à la même i heure
4.9 minutes après minuit, la Lune é-
toit encore éloignée du Soleil de 37
inimités qu'elle fait en une heure 13
minutes ; donc fous le méridien fup-
posé dans l'article 5 de la Seftion X,
la nouvelle Lune ne feroit arrivée
qu'à trois heures z minutes après
minuit. Le méridien auquel ces ré-
gies ont été réduites, feroit donc plus
oriental que le méridien choiiî du
commencement de ; heure 13 minu-
tes, celkà-dire, de 18 degrez & un
quart, & ayant fupposé qutan les ait
réduites au méridien de Siam elles
auraient été accommodées du com- ,
mencement, à peu pré?, au méridien
de Narfinga.
Ce qui perfuade davantage que cet-
te fouftraétion de 40 minutes au
mouvement de la Lune, & de 3 mi-
putes au mouvement du Soleil, eft
causée
Du Royaume de Siam. 193
causée de la différence des méridiens
de 1 heure 13 minutes, eft qu'en 1 heu-
re 13 minutes la Lune fait 40 minutes,
Se le Soleil en fait 3 : c'eft donc par la
même différence de 1 heure 13 minu-
tes que Ton a ôté 3 minutes au mou-
vement du Soleil, & 40 minutes au
mouvement de la Lune.
Sans cette çorrefpondance de ce
qu'on ôte au mouvement du Soleil
avec ce qu'on ôte au mouvement de
Ja Lune qui montre avoir pour fon-
,
dement la même différence de temps,
& par conséquent la même différen-
ce des méridienSjOn auroit pu croire
que la fouftra&ion de ces 40 minutes
a été faite long-temps après ces pre^
miéres régies; parce que l'on s'eft ap-
perceû dans la fuite des temps, que le
mouvement de la Lune n'étoit pas
précisément auflî vite, qu'il réiùlte
des régies précédentes qui font le
,
mois lunaire environ trois quarts
d'une féconde plus court que les Ta-
bles inodernes ; 6c cette différence
monte à une heure & 15 minutes
d'heure en 450 ans, ou à peu prés.
Ainfi fi 450 ans après l'Epoque on
,
eue comparé les premières régies;
aux obfervatipns, on, auroit pu jugeç
Terne lU l
ip 4 Du Royaume de Siam.
que la Lune retardoit, à Regard de
ces premières régies, de i heure & i$
minutes, ou de 40 minutes de degré.
Mais cette différence qui eft toujours
la même quand on l'attribue à la dif-
férence des méridiens, ne feroit pas
toujours la même fi elle dépendoit
du mouvement de la Lune ; car elle
augmenterait d'une minute en 12 ans,
à quoy il auroit fallu avoir égard
dans la correction de ces régies.

/ /. Détermination de l'Epoque Aftronii'


rnique de ta méthode Indienne.

PU s que ces régies Indiennes ont


1
été apportées de Siarn,& que Tan-
née Civile des Siamois commence
dans la fàifonqûe nous trouvons de-
voir commencer félon lçs régies de
la Seélion I, comme nous montre-
rons cy-aprés , il eft raifonnable de
fuppofèr que le méridien auquel ces
régies ont été réduites par les addi-
tions dont il eft parlé dans la Section
Vil, & dans, la Seftion X, eft le mé-
ridien de Siam : donc par le calcul
que nous venons de faire, la nouvel-
le Lune qu'on a pris pour Epoque ,
a dçû arriver à j heures du matin à
Du Royaume de Sian*. 15? j
Siam. Comme le mois lunaire de
cette méthode s'accorde à une fécon-
de prés avec le mois lunaire établi par
tous les Aftronomes d'Europe , l'on
peut fùppofer que cette heure de la
nouvelle Lune de l'Epoque eil afîèz
précife, pouvant être tirée des ob-
servations des éçlipfes de Lune, qui
font beaucoup plus faciles à détermi-
ner que tous les autres phénomènes
des Planètes. Nous .nous pouvons
denc fervir des Tables communes
pour chercher les nouvelles Lunes
arrivées vers le feptiéme iîécle à trois
heures du matin au méridieu de Siam,
dont la différence au méridien de
Paris nous eft connue aflèz éxaâe-
ment par plufîeurs obfervations d'é-
clipfes de Lune, & des Satellites de
Jupiter, que les Pères Jéfuïtes en-
voyez par le Roy dans l'Orient en
qualité des Mathématiciens de Sa Ma-
jefté ont faites à Siam,& par les ob-
,
fervations des mêmes éçlipfes faites
enjnême temps à Paris à PObferva-
toire Royal ; par la comparaifon de£
quelles oblèrvations on trouve que
la différence des méridiens de ces
deux Villes eft dç fîx heures 34 mi-
nutes,
ni
jy6 T>u Royaume de Siam.
A ce caractère de temps nous pou-^
vctns ajouter la circonflance de l'E^
quinoxe moyen du Printemps,qui fe-
Ion l'hypothe{£ de la Se<5tion I V a
deû arriver à 11 heures n minutes au-
près la minuit qui fuivoit la conjonc-
tion moyenne de la Lune au Soleil
prife pour Epoque, félon ce qui a été
ait fur l'article 5 de la Se&ion I V ,
ojà l'on ôte IVo de jour, c'eft-à-dire, 11
heures & 11 minutes des jours échus
depuis l'Epoque;ce qui diminue" d'au-
tant le Krommethiapponne que nous a-
vons dit être le temps échu depuis le
retour du Soleil au point du Zodia-
que , d'où l'on prend le mouvement
du Soleil & de la Lune, qui doit être
le point équinoxial du Printemps.
Mais il ne faut pas prétendre que
les Tables modernes donnent la même
heure de cette Equinoxe ; car elles ne
s'accordent pas pien enfemblc dans
les Ëquinoxes, à caufè de la grande
difficulté que l'on trouve à les déter-
miner précisément. Elles neçonvien-
lient pas avec les Tables anciennes de
Ptolomée dans lesEquinoxes moyens,
3 3 ou 4 jours prés ;
c'eft pourquoy il
iùffit qup nous trouvions par les Ta-
bles rftodçmes une nouvelle tm%
Da Royaume de Siam. i$f
arrivée à j heures du matin à Siàni *
à un ou deux jours prés de l'Equind-
xe moyen du Printemps trouvé par
les Tables modernes.
Le lieu de Papogée du Soleil, qui fé-
lon ce que nous avons tiré des régies
des articles 2. & 5 de la Seétion VIII j
étoitau temps de l'Epoque Agrono-
mique au 2.oe degré du Signe des Gé-
meaux , marque le fîécle où il faue
chercher cette nouvelle Lune Equi-
noxiale, laquelle félon les Tables mo-
dernes fut environ le feptiéme a-
,
prés la Naifïànce de JESUS-CHRIST.
Il eft vray que comme ces régies ne
donnent point de mouvement à Pa-
pogée du Soleil, onpourroit douter,
s'il n'êtoit pas en ce degré au temps
de l'Epoque, ou au temps des obfer-
vations fur leiquelles ces régies ont
été faites. Mais le fîécle de cette Epo-
que eft encore déterminé par un autre
caractère joint aux précedens : c'eft le
lieu de Papogée de la-Lune, qui félon
ce que nous avons tiré des articles *
ôc 3 de la Section VI, étoit au temps
de l'Epoque au zoc degré du Capri-
corne , & auquel ces régies donnent
un mouvement conforme à celuy
que luy donnent nos Tables quoy
Iiij
-,
Ï9$ Vu Royaume de Siàm.
qu'elles ne s'accordent eniemblectaiîg
lés Epoques des apogées, qu'à un ou
deux degrez prés.
Enfin le jour de la fémaine a deû
être un Samedy dans l'Epoque puif-
,
que £don la. Se&ion 111, le premier
jour après l'Epoque fut ua Diman-
che ; & cette circonftance jointe à ce.
qui a été dit que le même jour fut
prés de PEquinoxe donne la xlernié-
-,
je détermination à l'Epoque.
Nous avons donc cherché une nou-
velle Lune Equinoxiale à laquelle
,
tous ces caractères conviennent ; &
nous avons trouvé qu'ils conviennent
à la nouvelle Lune qui arriva l'an 63S
après la Naiiîànce de JESUS-CHRIST
le 21 Mars, félon la forme Julienne, ,
im Samedy à 3 heures du matin, au
méridien de Siam.
Cette conjonction moyenne de la
Lune avec le Soleil félon les Tables
>
Rudolphines qui font préfentement
le plus en ufàge,arriva en ce jour-là à
Siam à la même heure, la réduction
des méridiens étant faite félon nos
obfervations : & félon ces Tables ce
fut 16 heures après l'Equinoxe moyen
cîu Printemps; l'apogée du Soleil étant
l
à 19 degrez des Gémeaux ; l'apog 'e
T)u Royaume de $Um. iy$
3e U Lune à 21 degrez & demi du
Capricorne,-& le noeud descendant de
la Lune à 4 degrez d'Anes : de forte
que cette conjon&ion Equinoxiale
eut auilî cela de particulier, qu'elle
fut écliptique, étant arrivée à fi peu
de diftance d un des noeuds de la
Lune.
Cette Epoque Agronomique des
Indiens étant ainfi déterminée par
tant de caractères qui ne peuvent
convenir à aucun autre temps on
,
trouve par ces régies Indiennes les
conj onctions moyennes de la Lune
avec le Soleil vers le temps de cette
Epoque, avec autant de juftefïè que
par les Tables modernes, entre lef-
quelles il y en a qui donnent pour ce
temps-là la même diftance moyenne
entre le Soleil & la Lune , a un ou
deux minutes prés, la réduction é-
tant faite au même méridien.
Mais depuis cette Epoque, à mefùre
qu'on s'en éloigne, les moyennes di-
fiances de la Lune au Soleil trouvées
par ces régies , furpaflènt d'une mi-
nute en douze ans celles que les Ta-'
bies modernes donnent,comme nous
avons cy-deflùs remarqué ; d'où l'on
peut inférer que fi ces régies Indien?-
I iiij
ibô Du Royaume de Sldé.
nés, au temps qu'elles ont été faites?;?
donnoient les moyennes diftances dfl
la Lune au Soleil plus juftes qu'elles
ne les ont données depuis , elles ont
été faites allez prés du temps de l'E-
poque établie par ces mêmes régies.
Elles pourraient néanmoins avoir
été établies long-temps après fur des
obfervations faites aflèz prés du
temps de l'Epoque ainiï elles repré-
,•
fenteroient avec plus de jufteflè ces
oblèrvations que celles des autres
,
temps éloignez de l'Epoque : comme
il arrive ordinairement à toutes les
Tables Agronomiques qui repréfen-
,
tenc avec plus de juftefie les obfer-
vations fur lefquelles elles font fon-
dées que les autres faites long-temps
,
avant & après.
J 11. De l'Epoque Civile des Siamoisi

J'K Y jugé par les régies de la pre-


mière Séétion, que l'Epoque Civi-
quieften ufage aux Indes Orien-
tales, eftdiiFérente de PEpoque Af-
tronomique de la méthode Indienne
que nous avons expliquée.
J'en ay prefentement de nouvelles
aflïïranees par diverfes dates de Let-
Du Royaume de SUni. aô i
très Siamoifès qui m'ont été commu-
niquées par Monfieurde la Loubére
& par d'autres dates des Lettres que
,
le Père Tachard vient de publier dans
fon fécond voyage de l'an 1087 ; par
lefquelles il paraît que l'année 1^87
fut la 2231 "- depuis l'Epoque Civile
Siamoife, qui fè rapporte par consé-
quent à Tannée ^44 avant la Naifïàn-
ce de J ES u s-C H.R 1 s T ,- au lieu que
par les régies 2 8c 3 de la Sé&ion Vlir»
6 par d'autres cara&éres de cette
méthode Indienne, on voit que l'E-
poque Aftronomique fe rapporte au
7 lîécle après la Naifïànce de J E-
sus-C HRIST,
Cette Epoque Civile Siamoife eft
du temps de Pythagore dont les
,
dogmes étoient conformes à ceux
que les Indiens ont encore aujour-
d'huy, & que ces peuples avoient dé-
jà du temps d'Alexandre le Grand t
comme Onéfïcritus envoyé par Aie*
xandre même pour traiter avec les
Philofophes des Indes leur témoin
,
gna , au rapport de Strabon au li-
vre IJ.
Les Lettres que les Ambafïàdeurs
de Siam écrivirent le 24 Juin i<fS7„
«toienc datées félon M. de la Look
XV
±0 v t>» ÎLoyditrtie de Stanti
bére âtt huitième mois,lepremierjourdit
decours de l'année Pitofapfic de l'Ere
2.231 ; & félon le P. Tachard, du hui-
tième mois lu fécond plein de la Lune
y
de l'année Ihoh napafic de VEre 2.231. Le
plein de la Lune n'arriva que le jour
iuivant : & le mois lunaire qui cou,
roit alors,étoit le troifiéme après l'E-
quinoxe du Printemps \ le premier a-
prés cet Equinoxe ayant commencé
le 11 Avril de la même année : donc
le premier mois depuis l'Equinoxe
fut le fîxiéme mois de l'année Civi-
le qui dût commencer le IJ No-
,
vembre i£8£.
Il paraît auffi que la même année
fut Embolifmique de 13 mois, &
qu'il y eût un mois qu'on ne mit
point au nombre des autres : car le
3.0 Oftobre de la même année on
Comptoit le quinz-téme jour de la Lune
onzième de l'an 2231 ; & entre la plei-
ne Lune de Juin & celle d'Octobre
il y eût 4 mois lunaires. Cependant
on n'en compta que 3 , puifqu'à la
pleine Lune de Juin on comptoit le
huitième mois, & à celle d Octo-
bre on né comptoit que le onzième ;
il y eût donc dans cet intervalle de
temps un mois intercalaire qu'on ne
"Du Royaume de Siam. 203
compta point. On trouve attflî cette
intercalation en Comparant les Let-
tres des Ambaflàdeurs avec trois Let-
tres du Roy de Siam du 22 Décembre
de la même année 1^87, rapportées
par le Père Tachard aux pages 282 ,
288 & 407 qui font datées du 3. dtt
, de , première
deceurs la Lune de l'année
2231 : Et il paroît que fi la Lune de
Juin fut la huitième Lune de l'année
Civile 2231, celle de Décembre fut la
quatorzième de la même année Ci-
vile, que l'on compta pour la premiè-
re Lune de l'année fuivante,quoy-que
l'année foit encore nommée 2231, au
lieu que fuivant les dates précéden-
tes elle devrait être nommée 2232,
Peut-être ne change -1 - on pas le
nom de l'année Civile, qu'elle ne
foit aflèz avancée, & qu'elle n'ait at-
teint le commencement de l'année
Aftronomique : ou bien jufqu'à ce
temps-làils la nomment en deux ma-
nières. Car une autre date que M.
de la Loubére vient de me communi-
quer , eft ainfi marquée , Le 8 du
cro'Jfant de la première Lune de l'année
223' / 2. qui eft l'onzième Décembre i£S7»
Il i'emble que cette forme de date
marque que l'année peut en ce mois
I vj
a.04 Du Royaume de Siam.
être nommée ou 2131, ou 2232 :cé
qui a du rapport à la forme dont on
fe fert préfentement dans les pais
Septentrionaux, où Ton marque /bu-
rent les dates en deux manières, fça-
voir félon le Calendrier Julien, & fé-
lon le Grégorien;& aux dix premiers
jours de Tannée Grégorienne, on
marque une année de plus que dans
la julienne.
En comparant la date du 20 OAo-
bre, qui fuppofe que le premier de
la Lune fut le 6 de ce mois ( lequel
jour fut aufli celuy de la nouvelle
Lune) avec l'autre date du onzième
Décembre,qui fuppofè que le premier
de la Lune fut le 4 de ce mois, on
trouve JL9 jours en deux mois, com-
me le mouvement de la Lune deman-
de. Selon ces dates le 22, Décembre a
dû être le 1? de la Lune, e'eft-à di-
re , le quatrième jour du decours,
qui dans les Lettres du Roy de Siam
eft marqué le 3 du decours, le plein
de la Lune étant fupposé au IJ : ce
qui marqueroit Tintercalation d'un
jour faite au plein de la Lune , à
moins que ces Lettres ne foient anti-
datées d'un jour, ou qu'on n'ait man-
qué d'un jour da«$ le rapport qu'oa
Vu Royaume deShm. 165
en a fait à nôtre Calendrier.
Parmi les dates précédentes, 8C
quelques autres que nous avons exa-
minées il n'y a que celles du 20 Oc-
,du
tobre & 11 Décembre qui s'accor-
dent bien enfemble & ayee le mouve-
ment de la Lune, & dans lesquelles
on prend le jour même de la conjon-
ction de la Lune avec le Soleil par le
premier jour du mois. Les autres da-
tes différent entre ellça de quelques
jours j car dans celles du 24 Juin on
prend pour le premier jour du mois;
un jour qui précède la conjonction ;
au contraire, dans les dates du 22 Dé-
cembre Ton prend pour le premier
jour du mois un jour qui fuit la con-
jonction. Ainlî les dates qui prennent
pour premier jour du mois le jour
même de la conjonction peuvent
,
être censées les plus régulières.Nous
avons calculé ces conjonctions , non
feulement par les Tables modernes,
mais auffi par les régies Indiennes,
de la manière que nous dirons cy-
aprés, & nous avons trouvé qu'elles
s'accordent enfemble dans les mêmes
jours de l'année.
Ces régies Indiennes peuvent donc
fervir à régler le Calendrier des Sist»
îoét Du Èâymme de Siam.
mois, quoy - qu'elles ne foient pas
préfentement obfervées exactement
dans tes dates des Lettres. Sans un
Calendrier où les intercalations des
mois & des jours foient réglées félon
cette méthode,, on ne pourroit fe fer-
vir de ces régies Indiennes dans le
calcul des Planètes fans faire la mê-
me erreur qui fe feroit glifsée dans le
Calendrier; à moins que cette erreur
fût
ne connue par l'hiîloire éxacîedes
intercalations, & qu'on y eût égard
dans le calcul.
Quoy-que par les régies Indiennes
on cherche le nombre des mois é-
chûs depuis une Epoque par le
,
moyen dïin Ciclede ziS mois Solai-
res fuppofez égaux à 32.5 mois Lunài-
res,qui eft équivalent au Cicle de nô-
tre nombre d'or de dix-neuf années
dans le nombre des mois Solaires &
des mois Lunaires qu'il comprend ;
on voit pourtant par la plupart des
dates Siamoifes que nous avons pu
avoir, que le premier jour de leur
mois même en ce fiécle ne s'éloi-
, ,
§ne guère du jour de la conjonction
e la Lune avec le Soleil ,• & que le
Calendrier des Indiens n'eft pas
tombé dans la faute dans laqueUç
Du Royaume de Siàrn. lof
étoit tombé nôtre vieux Calendrier
où les nouvelles Lunes étoient ré-
,
glées par Cicle du nombre d'or qui
Jes donne plus tardives quelles né
font : de forte que depuis qu'on eût
introduit ce Cicle dans le Calendrier
(ce qui fut vers le quatrième fîécle)
jufquau fiécle pafsé l'erreur étoit
,
montée à plus de quatre jours. Mais
les Indiens auront évité cette faute,
en fe fervant des régies de la Seétion
I. pour trouver le nombre des mois
Lunaires ; & des régies de la Seétion
II. pour trouver le nombre des jours
& des heures qui font dans ce nom-
bre des mois; lefquelles étant fondées
fur l'hypothefe de la grandeur dû
mois lunaire qui ne diffère pas de la
véritable d'une féconde entière né
fçauroient manquer d'un jour qu'en-,
viron en 8000 ans ; au lieu que l'an-
cien Cicle de nôtre nombre d'orfup-
pofé qu'en 235 mois Lunaires il y ait
le nombre de jours & d'heures qui
font en 19 années Juliennes, lefquel-
les excédent i3j mois Lunaires d'une
heure 27', 33"; qui font j jours en
1J63 années.
Il paroît aufïi que le Calendrier
des Indiens eft fort différent de ce?
io8 Du Royaume de SiAin.
luy des Chinois , qui commencent
leur année par la nouvelle Lune la
plus proche du quinzième d'Aqua-
rius, ièlon le P. Martini, ou du cin-
quième du même Signe, félon le P.
Couplet (ce qui n'arrive qu'un mois
& demi avant l'Equinoxe du Prin*
temps ) &c qui règlent leurs interca-
lationsparun Cicle de foixante an-
nées : ce que font auflî les Tunqui»
nois au rapport du P. Martini dans
,
tes Relations.

IV. Méthode de comparer les dates


Sitmoifes AUX régies Indiennes.

PO u R examiner fi les dates Sia-


moifes s'accordent avec les régies
Indiennes, nous avons cherché par
ces régies le nombre des mois com-
pris dans les années écheûè's depuis
l'Epoque Agronomique & Tannée
courante , & nous y avons ajouté les
mois de l'annie courante que nous
,
avons commencé à compter par le
fixiéme mois de l'année Civile, pour
la première date qui fut du huitième
mois avant l'intercalation d'un mois;
& pour la féconde date qui fut de
l'onzième mois, & après 1 intercala*
Vu Royaume de Shm. ïà§
iloti. d'un mois, nous avofis Com-
mencé à compter les mois de l'année
courante par le cinquième des onze
mois que l'on comptoit alors, qui eft
le même mois que l'on avoit compté
pour le fîxiéme avant l'intercalatiorî
ci'un mois félon l'explication que'
, donnée à l'article
nous avons qua-
trième de la I. Se<flion.
Nous avons fait la même chofê"
pour les dates fuivantes : ayant vé-
rifié qu'il faut commencer à compter
par le cinquième mois , pendant le
refte de l'année Aftronomique Se
pendant celle qui luit immédiatement
l'intercalation. Et ayant enfuite cal-
culé le nombre des jours compris
dans ces Ibrrîmes de mois fiiivant lesf
régies de la Section II, nous avons
trouvé que le nombre des jours trou-
vé par ces régies s'accorde avec l£
nombre des jours compris entre l'E-
poque Aftronomique de l'année 6tf ,
& les jours des conjon«5tions d'où
l'on a pris le commencement des
mois dans plufieurs de ces dates 8c
particulièrement dans celles du zo ,
Q&obre, & du S Décembre qui nous
ont paru les plus régulières.
Cette méthode, dont nous nous
5to- ï)UÈoy4unte de Sût».
ïbmmes fervis pour comparer les da-
tes Siâmoifes aux régies Indiennes j
nous a fait connoître les termes dans
nôtre Calendrier entre lefquéls doit
arriver la nouvelle Lune du cinquié-.
nie mois de l'année Civile après
l'embolifmique ou du fïxiéme mois
,
de l'année après une commune, par
où on doit commencer à compter les
mois félon l'article 4 de lai. Séftion,
& qui peut être confîderée comme
la première nouvelle Lune d'une ef-
péce d'année Aftronomique lunifo-
îaire que nous avons jugé devoir
commencer après l'Equinoxe du Prin-
temps. C'eft pourquoy il eft à propos
de donner tout au long un exemple
de cette comparaifon, qui fera con-
noître l'ufage de ces régies & fervira
Comme de démonftration de l'Expli-
cation que nous en avons faite.
EXEMPLE POUR LA I. DATE.
NO us avons cherché quel doit
être félon les règles Indiennes
>
le nombre des jours compris entre
l'Epoque Aftronomique, & la con^
jonction moyenne du huitième mois
de l'année Indienne Z23i}encette for-
me.
Pu Royaume de Sidm. 2.ÏJÇ

far les Régies de la SéÛiott I.


Depuis l'Epoque Agronomique de
l'année Julienne de JÉSUS-CHRIST
^38 jufqu à l'année 1687 il y a 1045
,
années, qui eft l'Ere félon l'article 1 i
l'ayant multipliée par îi, filon l'arti-
eh 3 , on a izjSS mois Solaires.
Il faut y ajouter les mois de l'an-
née courante, article 4 ; & parce que'
les Ambaflàdeurscomptoient le hui-
tième mois de l'année 1231 avant
î'intercalation d'un mois, nous com-
mençons à compter par le fîxiémedé
ces mois félon notre explication ; ain-
fi au huitième mois nous aurons trois
mois à ajouter à 12^88 qui feront la
fomme de 12j.p1 mois ,
Les multipliant par 7, article
produit fera 88137.
j,
le
Le divifant par 228 article ê, le
,
quotient fera 386' à ajouter à 12^1
article y ; & la fomme fera 12.977
,
mois Lunaires.

Par les règles de la SeBion 1 ï.


Multipliant ce nombre de mois par>
article 2 , le produit donnera
30 ,
tî£ l>a Éâjrdumt de SUm.
38^310 jours artificiels.
Les multiplians par 11, article 4 j
le produit fera de 4282410.
Divifant ce produit par 703, article
6, le quotient fera <SOÏ>I t->\
L'ayant fouftrait de 383310 jours ar-
tificiels article 8 il refte 383118
, ,
^
gui eft le nombre des jours naturels,
écheûs depuis l'Epoque Aftronomi-
que jufqu'à la nouvelle Lime du hui-
tième mois de Tannée Indienne 2231.
Lafra&ion ^ étant réduite donné
heures 4' 34" dont cette conjonc-
«?
tion arriva plus tard à Siam fuivant
,
ces régies, que celle de 1 Epoque Af-
tronomique de l'an 638.
Par le moyen de nôtre Calendrier
on trouve le nombre des jours é-
cheûs entre le vingt-unième mois de
Tannée Julienne i<5"38, & le 10 Juin
de Tannée Grégorienne 1^87 par ce
calcul.
Depuis Tannée é$i qui fut la fé-
,
conde après la biflèxtile <S$6, jufqu'à
l'année 1^87, qui fut la troifiéme a-
prés la biflèxtile 1^84, il y a 104?
ennées, parmi lefquelles il y eût 262
bifïèxtiles qui donnent 262 jours plus
qu'autant d'années communes. En
1045 années communes de 56} jours t
Du Royww de SiAin. xx$
\\ y a 282,92 j jours; & y ayant ajoûtç
161 jours pour les biflextiles, on aura
4831S7 jours en 1045? années tant
communes que biflextiles entre le
7.1- Mars de l'année Julienne 638, 8ç
le 11 Mars de l'année Juliennp i6$j,
qui eft le 31 Mars de l'année Grégo?
rienne,
Depuis le31-Mars jufqu'au 10 Juin
,
il y a 71 jours qui étant ajoutez à
,
donnent 383218 jours entre
583147
,
le 2ic Mars de l'année julienne 6 5 8-,
où ell l'Epoque Indienne des nou-
velles Lunes,& le io*Jiiin de l'année
Grégorienne léSj, jour de la nou-
velle Lune du huitième mois de l'an-
née Siamoilè 2231. Ce nombre de
jours eft le même que nous avons
trouvé entre ces deux nouvelles Lu-
nes , fuivant les régies Indiennes.
Pour trouver le même nombre dç
jours par l'une & par l'autre métho-
de dans la conjonction d'OAobre dç
la même année 1687, après J'interca-
lation qui paroît en comparant la
date de ce mois avec celle du mois
de juin précédent -, il a fallu compter
8 mois, commençant parle cinquiè-
me des onze que l'on comptoit.Dans
la çonjondion de Novembre on erç 3
±T4 2># Royaume de Smm.
compté 8 ; & dans celle de Décembre
<d'où commença le premier mois de
l'année 2232 on en a compté 9 a-
, y
joutant 8 mois à ceux de l'année cou»
rantejufqu'à la nouvelle Lune du ]\
Mars 1688 , d'où commença le cin-
quième mois de l'année 2252. On
commença à compter de ce 5= mois
pendant toute l'année qui fuivit l'in-
tercalation & qui fut commune; 8c on
ne commença à compter du lîxiéme
mois, qu'à la nouvelle Lune qui ar-
riva le 19 Avril de cette année 16S9,
On commencera auffi à compter du
fixiéme mois, à la nouvelle Lune qui
arrivera le 9 Avril, jufqu'à l'interca-
lation qui fe fera dans la même an-
née, après laquelle on fuivra le même
ordre qu'après l'intercalation précé-
dente. Nous avons jugé à propos de
rapporter diftinftement ces exem-
ples, afin de déterminer plus préci-
sément l'article 4 de la I Seétion ,
auquel on pourroit fe méprendre fi
l'on ne l'avoit édairci ; & l'on n'au-
roit pu -le déterminer fans plufîeurs
calculs faits félon la méthode précé-
dente.
Du Royaume de Siam. ZT$

y. Les termes des premiers mois de*


années Indiennes.

A Y A N T calculé par la même


méthode, fuivant les régies In-
diennes les moyennes conjonctions
,
çLe la Lune au Soleil pour plufieurs
années de ce fîécle & du fîécle jftii-
'.
vant nous avons toujours trouvé ,
,•

que chacune de ces conjonctions


tombe à un jour auquel la moyenne
çonjon&ion arrive félon nos Tables,
mais prefque trois heures plus tard
que par les régies Indiennes.
Par ce moyen nous avons déter-
miné dans notre Calendrier les ter-
mes entre lefquels doit arriver la,
nouvelle Lune d'où il faut com-
,
mencer à compter les mois de l'an-
née courante fuivant l'article 4 de
,
la I SeAion; & nous avons trouvé
qu'en ce fîécle cette nouvelle Lune
eft celle qui arrive entre le z8 Mars
& le 27 Avril de l'année Grégorien-
ne , qui font préfentement le iS
Mars & le 17 Avril de l'année Ju-
lienne.
Nous avons auflî trouvé que ces
terrées d,ans le Calendrier prégorieii
jtiê "Du Royaume de Sidm.
s'avancent d'un jour en 139 années,
& reculent d'un jour dans le Calen,
drier Julien en }oi années. : ce qu'il
falloit fçavoir pour pouvoir fe fervir
parmy nous de ces régies Indien-
nes.
Pour déterminer dans ces Calen-
driers les termes entre lèfquels doit
arriver la nouvelle Lune d'où doit
commencer Tannée Civile des Sia-
mois félon ces régies, il nous a fal-
ju établir un fyftême d'années com-
munes & embolifmiques bien ordon-
nées dans le cycle de 1? années, le-
quel fyftême foit tel, que }e cinquiè-
me mois de la première année après
l'embolifmique, & le fixiçme mois
des autres années, commencent en
ce- £écle entre le 28 Mars & le 27
Avril de l'année Grégorienne.
Selon cette régie l'année Civile
devroit commencer en ce fiécle 3-
yant le 12 Décembre, Car fi elle com-
mence le u, J'année fuivante qui
commençerojt le 1 Décembre feroit
après l'année commune., 8ç félon h
rpgle on ne commencerait point à
compter par le cinquième mois qui
arriveroit le z? Mars mais par le
,
jfixiéme mois qui commencèrent le
Vu Royaume de Siam. itf
a? Avril : ce qui eft contraire à ce
que nous avons trouvé par le calcul,
qu'en ce tiédie il faut commencer à
compter par le mois qui commence
entre le 18 Mars & le Z7 Avril. On
pourrait donc fe tromper dans Tuia-
ge de ces régies aux années qui com-
menceroient après le 11 Décembre
de Tannée Grégorienne.
Nous trouvons auflîpar nos calculs
que félon ces mêmes régies l'année
Siamoife devroit commencer au iz
Décembre en Tannée Grégorienne
1700, qui ne fera point biflèxtile. Ce
fera donc le terme le plus avancé,
qui doit être éloigné du terme pré-
cédent d'un mois entier.Ainfi la nou-
velle Lune qui arrivera le fiécle fui-
vant entre le 12 Novembre & le 12
Décembre fera celle d où devroit
, félon
commencer ces régies Tannée
Civile des Siamois.
Cependant nous avons vu depuis
peu une date du premier janvier
1^84 où l'on fuppofe que le com-
,
mencement de Tannée Siamoife fut
à la nouvelle Lune qui arriva le 18
Décembre i£8$. Cette datte étant
comparée avec celles des Ambaflà-
deurs de Siam, où Ton, fuppofe que
Tome //. K
il
S T>'t> Royaume de Sidm.
le commencement de l'année 22 JI %
à la nouvelle Lune qui arriva le 16
Novembre \6%6 montrerait que les
,
termes du premier mois de l'année
Siamoife, félon l'ufage de ces temps,
font éloignez entr'eux tout au moins
de 32 jours quoy que félon les ré-
,
gies ils ne deulïènt pas être éloignez
de plus d'un mois lunaire, ou de 50
jours.
Cela confirme ce que nous avons
deja remarqué qu'en ce fîécle on ne
,
fe conforme pas exactement à ces ré-
gies dans les dates, quoy qu'on ne
s'en éloigne pas beaucoup. Mais com-
me ces régies font obfcures, & qu'il
faut fuppléer des circonstances qui
n'y font pas exprimées diflinétement,
il peut facilement arriver que le peu-
ple s'y méprenne.
Ainfî, après avoir déterminé ce qui
fe devroir. faire félon ces régies, il
faut apprendre des Relations des
Voyageurs ce qui fe pratique aétuej*
lement. Cependant nous fçavons par
les dates que nous avons vues, que
l'ufage préfènt ne s'éloigne jas bça,u*
coup de ces régies,
Bu Royaume de Smm. 219

fj. Diverfes efpéces d'années Solaires


félon les régies Indiennes.

CHACUN de ces termes dont


nous avons parlé, peut être con-
fidéré comme le commencement
d'une efpéce d'année folaire dont la
grandeur eft moyenne entre celle de
Tannée Julienne & celle de la Gré-
gorienne, puis que nous avons re-
marqué que dans la luite des fiécles
ces termes s'avancent dans Tannée
Grégorienne & reculent dans la
,
julienne : le terme qui tombe préfen-
tement au 28 de Mars , eft fi proche
de l'Equinoxe du Printemps, qu'il
pourrait être appelle Terme Equi-
noxial, & pourrait être censé le com-
mencement d'une année folaire Af-
tronomique.
On ne fçauroit accorder enfemble
les régies de diverfes Sections qui
parlent du nombre des années é-
cheûè's depuis l'Epoque fous le nom
d;'Ere, fans fuppofer diverfes efpéces
d'années Indiennes.
Il eft parlé de l'Ere dans lai Section,
où nous avons dit que l'Ere eft le
nombre des années écheûè's depuis
K ij
aiio Du Royaume de Shm.
l'Epoque Agronomique. On la rç-
four eh mois folaires & en mois lu-
naires dans la même Secftion ; & dans
la SectionII on réfout les mois lunai-
res en jours artificiels de 50 par cha-
que mois lunaire , & en jours natu-
rels tels qui font dans l'ufage com-
mun.
Il eft auflî parlé de Y Ere dans h
Seétion IV, où l'on voit qu elle effc
composée d'un nombre de ces mê-
mes jours qu'on a trouvé à la Section
II ; de forte qu'il fembleroit d'abord ,
que ce fût la fynthefe de la même Ere,
dont on a fait l'analyfe à la Section
I oc II.
Mais ayant calculé par les régies
de la Se<ftion I & II, & par le Supplé-
ment, dont nous parlerons, le nom-
bre des jours qui doivent être en
800 années , lequel nombre dans la
Section IV eft fùpposé être 191107,
nous n'y avons trouvé que le nom-
bre de 191^97 jours, 8 heures 807
minutes ; qui eft moindre de.? jours,
15 heures minutes, que celuy de
, 33 fùppofè dans
291107 ours que l'on la
IV Seélion fc devoir trouver en ce
même nombre d'années. Cette diffé-
rence ejîl plus grande que celie quife
"Du Royaume de Sîam. ïiî
trouve entre 800 années Juliennes 1
qui font de 2.91100 jours ,- & 800 ari-=
nées Grégoriennes qui ne font que
,
de 2.921.94 jours; dont k différence
cfè de 6 jours : &c en 800 de ces an-
nées qui réfukent des régies des
deux premières Séétions il y a un
,
excès fur les Grégoriennes de 15
jours, 8 heures, 24 minutes,- & un
défaut à l'égard des juliennes de 2
jours, rj heures 5^ minutes ; au lieu
,de la Séétion
que 800 années IV, ex-
cédent de 7 jours 800 années Julien-
nes , & de 13 jours un pareil nombre
d'années Grégoriennes.
Comme l'année Grégorienne efl
une année Tropique , qui confifte
dans le temps que le Soleil employé
à retourner au même degré du Zodia-
que, lequel degré efl toujours éga-
lement éloigné des points des Equi-
noxes & des Sol (lices ; il n'y a point
de doute que l'année tirée des régies
de la Séélion I & II, approche plus
de la Tropique que Tannée tirée des
régies de la Séétion IV qui, comme
,
nous avons remarqué , approche de
l'année Afèrale déterminée par le re-
tour du Soleil à une même étoile fi-
xe, & de lanonuliftique déterminée
K iij
tu T>tt Royaume de Stam.
par le retour du Soleil à fon Apogée*
laquelle plufieurs Aftronomes anciens
& modernes ne distinguent point de
l'Aftrale non plus que les Indiens
,
fuppofànt que l'apogée du Soleil efl ,
fixe parmi les étoiles fixes ,• quoy-que
la plupart des modernes luy attri-
buent un peu de mouvement à leur
égard.
Ccpendant,il paroît que les Indiens
le fervent de l'année folaire de la
Séétion IV, comme nous nous fer-
vons de la Tropique , lors que félon
les régies de la Section, VII, VIII,
X, & XI, ils calculent le lieu du So-
leil & celuy de fbn apogée, & le lieu
de la Lune, & de fon apogée. Car le
temps écheû depuis la fin de cette an-
née appelle Krommethiapponne leur
fert à trouver les lignes, degrez, &
minutes du moyen mouvement du
Soleil. Ils fuppofent donc que cette
année confifte dans le retour du So-
leil au commencement des lignes
du Zodiaque comme nôtre année
tropique.
11 eit vray que préfentement les
lignes du Zodiaque fc prennent par-
mi nous en deux manières qui n'ê-
toient pas autrefois distinguées.
D/é Royaume de Slam. 123
Quand les Anciens eurent oblèrvé la
trace du mouvement du Soleil par le
Zodiaque, qu'ils l'eurent divisée en
quatre parties égales par les points
des Equinoxes & des Sol (lices, &
qu'ils eurent fous-divisé chaque qua-
trième partie en trois parties égales,
qui font en tout les iz lignes, ils ob-
ier vérent les conftellations formées
(l'un grand nombre d'étoiles fixes
qui tomboient dans chacun de ces
lignes, & ils donnèrent aux lignes le
nom des conftellations qui s'y trou-
vèrent, ne f uppoiant pas alors que les
mêmes étoiles fixes deuiïènt jamais
quitter leurs lignes.
Mais dans la fuite des fïécîes on
trouva que les mêmes étoiles fixes
n'êroient plus dans les mêmes degrez
des lignes foit que les étoiles fe fuf-
,
fent avancées vers l'Orient à l'égard
des points des Equinoxes & des Sol-
ftices, ou que ces points mêmes le fu£
&nt éloignez des mêmes étoiles fixes
Vers l'Occident; & on trouve préfen-
tement qu'une étoile fixe parlé du
commencement d'un ligne au com-
mencement d'un autre environ en
xioo ans.
C'eil pourquoy depuis que Ptolo-
K iiij
2 z4 &u R*y*tune de Siam.
mée, au deuxième fiécle de J E S U S -.
CHRIST, confirma cette découver-
te encore doutenfe, qui avoit été faite
trois fiecles auparavant par Hippar-
que,-on fait diftincTrion entre le Zodia-
que qu'on peut appeller local, qui
commence du point éqninoxial du
Printemps & eft divisé en 12 lignes,
&c le Zodiaque aftral composé de n
conftellations qui retiennent encore
le même nom, quoy-que préiènte-
mcnt la conftellation d'Aries ait paf-
sé dans le ligne du Taureau, 6c que
la même chofe Ibit arrivée aux autres
conftellations qui ont pafsé dans les
fignes fuivans.
Les Altronomes néanmoins rap-
portent ordinairement les lieux ôcles-
jnouvemens des planètes au Zodia-
que local ; parce qu'il eft important
de fçavoir comment elles le rappor-
tent aux Equinoxes & aux Solftices,
d'où dépend leur diftance de PEqui-
noxial & des Pôles , la diverfè gran-
deur des jours &des nuits la di-
,
verfité des Saifons,& quelques autres
cireonftauces dont la connoiflanceeil
d'un grand ufage.
Copernic eft prefque le feul parmi
nos Astronomes qui rapporte k&
"Du Royaume de Siam. 215
lieux & les mouvemcns des aftres
au Zodiaque aftral; parce qu'il fùp-
poïè que les étoiles fixes font immo-
biles & que l'anticipation des Equi-
, des
noxes & Solftices n'eft qu'une ap-
parence causée par un certain mou-
vement de l'axe de la terre. Mais
ceux mêmes qui fuivent fon hypo-
théfe, ne laiflentpasde marquer les
lieux des planètes a l'égard des points
des Equinoxes dans le Zodiaque lo-
cal à caufe des conséquences de
,
cette iituation que nous avons re-
marquées.
Ce fèroit une chofe admirable que
les Indiens qui fuivent les dogmes
des Pirhagoriciens fe conformaient
,
en cela à la méthode de Copernic ,
qui eft le reftaurateur de l'b.ypothér
fe des Pitbagoriciens. ^-
Néanmoins il n'y a pas d'apparen-
ce qu'ils ayent eu deflèin de rappor-
ter les lieux des planètes plutôt à
quelque étoile fixe, qu'au point équi-
noxial du Printemps. Carilfemble
qu'ils auroient choifi pour cela quel-
que étoile fixe principale comme a
fait Copernic, qui a choifi pour prin-
cipe de fon Zodiaque le point auquel
.£ rapporte la longitude de la pré-
K v
22.6 Ztor Eûfaumede Siam:
miére étoile d'Arles qui fè trouvoîe
premier degré ,
d'Arles où étoit le
au
point équinoxial du Printemps lors
que les Aitronomes commencèrent à
placer les étoiles fixes à 1 égard des-
points des Equinoxes & des SoliH-
ces.
Mais à l'endroit du ciel où les In-*
diens pofent le commencement des
figues du Zodiaque félon la Seétion
IV. & les Sections fuivantes, il n'y
a aucune étoile considérable : il ya
feulement aux environs quelques-
unes des plus petites & des plus oi>
feures étoiles de la conftellation des
Poiiîbns, mais c'eft l'endroit où é-
toit le point équinoxial au temps de
leur Epoque Aitronomique, d'où les
étoiles fixes fe font enfuite avancées
Ters l'Orient; de forte que le foleil
par fon mouvement annuel ne re-
tourne à la même étoile fixe qu'envi^
ron zo minutes après fon retour au
même point du Zodiaque local. Il é-
toit difficile que cette petite différen-
ce eût été apperceuë en peu d'années
par les Anciens, qui ne comparoient
pas immédiatement le Soleil aux é-
toiles fixes , comme on le compare
présentement » & qui çomparoieni
î)u Royaume de SUm.
feulement le Soleil à la Lune
nj
pendant
le jour , Se la Lune aux étoiles fixes
pendant la nuit, quoy-que du jour à
la nuit la Lune change de place parmi
les étoiles fixes tant par fon mouve-
,
ment propre qui eft vite & inégal,
que par fa parallaxe qui n'ôtoit pas
bien connue aux Anciens. C'eftpojr-
quoy ils ne s'apperceûrent que fort
tard de la différence qu'il y a entre
l'année Tropique, pendant laquelle
le Soleil retourne aux points des E-
quinoxes & des Solftices, & Kannée
Àftrale pendant laquelle il retourne
aux mêmes étoiles fixes ; & pour
lors ils avoient une année fblaire de
365 jours & un quart, que Ton trou-
ve préfentement être moyenne en-
tre la Tropique & l'Aftrale, & qu'el-
le furpaflè la tropique de 11 minutes
,
& eft plus courte que l'aftrale de 9
minutes.

VI1. Détermination de lagrandettr des


deux eftéces d'années Indiennes.

IL eft aisé de trouver la grandeur de


l'année que Ton fuppofe dans la
Scéb'on IV en divifant 2.92*07 jours
,
années dont chacune fe
par 800 , K vj
ixg "Du Royaume de Sittrft.
trouve de 3^5 jours 6"heures iz',3^".;
;
Il cil un peu plus difficile de trou,
ver celle qui refaite des Se&ions I &;
Il dans lefquelles il faut même fup,
pléer quelques régies qui y manquent
pour en pouvoir faire cet ufà-ge. Car
dans la*Se<fHon I on fappoiè que les
années font composées de mois lu-
naires entiers & que le nombre des
,
mois qui reftent, eft connu d'ailleurs:
Et à la Seélion II on fuppofe que les
mois entiers ont été trouvez par h
Se&ion I, & que le nombre des jours
qui reftent, elt connu d'ailleurs. Ce-
pendant un nombre d'années fblai-
rcs, qui n'eft que très-rarement com-
posé de mois lunaires entiers, doit
avoir non feulement le nombre des
mois, mais auflî le nombre des jours
déterminé. En effet, nous trouvons
que ces régies fuppofent tacitement
une année fblaire composée de mois,
jours, heures & minutes, qui régie les
années lunifblaires.
La manière de la trouver par ces
règles eft de réfoudre une année en
mois folaires & en mois lunaires, par
les régies j, $, 6, 8c y de la I Sedùon,
& de ne point négliger la fraétion
qui refte après la divjiîon faite par
"Du Royaume de Slattr. îi$
î'article 6 de la même Section ; mais
de la réduire en jours, heures, minu-
tes & fécondes, ou en parties déci-
males de mois, allant jufqu'aux mille
millionniémes, pour la préparer aux
opérations que l'on doit faire félon
les régies i, 2 3, 4, é, 8c 8 de la II
, ,
Seârion, tant fur cette fraétion que
furies mois entiers ,• & enfin, de ré-
duire de la même manière lafraétioû
appellée Anarntutn dans la Seétion II.
On peut encore trouver d'une ma-
nière plus fimple h grandeur de cet-
te annéc,en fe fervantdeshypothefes
que nous avons développées dans ces
deux Sedions pour trouver une pé-
,
riode d'années qui foit composée d'un
nombre de mois lunaires entiers &
auffi d'un nombre de jours entiers. ,
En fuppofant félon nôtre explica-^
tion des hypothéfes delaSeétion U,
qu'un mois lunaire eft égal à 30 jours
artificiels, & que 703 jours artificiels
font égaux à if92. jours naturels on
,
trouvera qu'en 703 mois lunaires il
y a io7<fo jours naturels ; & y ajou-
tant l'hypothéfe delà SectionI, félon
laquelle le nombre de 228 mois folai-
res ( qui font 1? années ) font égaux
J123J mois lunairesjon trouvera qu'ea
%$& t>0 Êojaufnéde Sïam.
ïtfffi années ïblaires il y a lé^iof
mois lunaires entiers , qui font
4878^00 jours naturels : d'où il ré-
sulte qu'un mois lunaire, félon ces
hypothéfes, eft de 2.9 jours, iz heu-
res , 44', *" *$'"> *î"" & l'année
,
folairede 365 jours , 5 heures tf , 13",
3

Cette année Indienne cachée dans


les hypothéfès tacites de ces deux-
Serions, s'accorde à deux fécondes
prés avec l'année Tropique d'Hippar-
que & de Ptolemée, qui eft de 365
jours , s heures , JJ/ , 12" ; & à 13 fé-
condes prés avec celle de Rabbi Ad-
da Auteur du y fiécle, laquelle eft de
/
J^î jours, j heures, f , zé". Si l'on
pouvoit vérifier que ces années & ces
mois euflènt été déterminez par les
Indiens fur lés obfervations du Soleil,
indépendamment de TAftronomie
Occidentale , cet accord de plufîeurs
Aftronomes de dïverfes Nations fi
éloignées les unes dés autres fervi-
foit pour prouver que l'année Tro-
pique a été autrefois de cette gran-
deur, quoy-qiie préfenrement on la
trouve plus petite de 6 minutes , qai
font en 10 ans une heure & en 240
,
ans un jour entier. Mais il y a appa-
fflt fîcymnte cte Sïaw. irf
rence que cette grandeur de f&ti**-
née n'a été déterminée que par
les obfèrvations des éclipfes & des-
autres lunaifons, & par l'hypothé-
fe que dix-neuf années folaires font
égales à deux cent trente-cinq mois
lunaires;laquelle hypothéfe approche
fî prés delà vérité, qu'ilétoit difficile
d'en obferver la différence que dans
la fuite des fîécles ; ce qui empêcha
Hipparque &; Ptolemée de s'en éloi-
gner dans la détermination de la-
grandeur de l'année folaire.

VIII' Antiquité de ces deux ejbêces-


d'années Indiennes.

NO u s n'avons point de connoif-


écife des
fance plus pr années
Indiennes que celle que nous ve-
,
nons de tirer de ces régies. Scaliger
qui a ramafsé avec beaucoup de loin
tous les Mémoires qu'il a pu avoir des
Auteurs anciens , du Patriarche d'An-
tioche,des MilTïonnaires, & de diffé-
rens Voyageurs, & qui les a insérez
non feulement dans ion ouvrage de
la Correction des temps mais aulîî
,
dans fes Commentaires fur Mani-
lius, & daas fes Ifagoges Chronolo-,
,'iyi, Du Royaume de sUm.
""
giqnes, jugeant que ces mémoires doî*
vent contenter tous ceux qui ont
quelque goût des belles lettres, n'éta-
blit rien là-defiùs qui fatisfaflè le P.
Petau ; &: il eft conilant que l'année
Indienne de Scaliger ne fe rapporta
n'y à Pune n'y à l'autre de celles que
nous venons de trouver.
Mais dans le Traité du Calendrier
du Cardinal de Cufe, il y a des vef-
tiges de ces deux efpéces d'années In-
diennes. Celle que nous avons tirée
de la Seéfcion IV s'y trouve prefque
en termes formels ; celle que nous a-
.yons tirée de la comparaifon de la
I & de la II Seélion s'y trouve aufli ,
mais d'une manière fi obicure , que
l'Auteur même qui la rapporte ne Ta
pas comprife.
Ce Cardinal dit, que félon Abra-
ham Aven-Ezre, Aftronome du dou-
zième fiécle, les Indiens ajoutent (à
l'année de jtff jours ) la quatrième
partie d'un jour & la cinquième par-
tie d'une heure, lors qu'ils parlent de
de l'année pendant laquelle le Soleil
retourne à une même étoile. Cette
année eftdonc de 365 jours, 6 heures,
& 12' ,• & elle s'accorde à 36' fécondes
prés, avec l'année que nous venons
Roymmt de Slaht.
"Du i$j
(te trouver par Phypothefe de la Sec-
tion IV. Cet Auteur ajoute que ceux
qui parlent de l'année félon laquelle
les Indiens règlent leurs Fêtes, difent
que de la quatrième partie il réfulte
un jour de plus en 320 années , Ex
qHarta plus 320 annis diem txurgere :
ce qu'il explique d'une manière qui
ne fçauroit fubfîfter. Cette année, dit-
il eji plus grande que nôtre année com-
,
mune y d'un quart, de 23 fécondes' &
de io tierces qui en 353 années font un
,
On ne voit pas le moyen de ti-
jour.
rer un fens raifonnable de cette ex-
plication.Car un jour partagé en trois
cent cinquante - trois- années donne
à chaque année 4 minutes 4", 4|'";
& non pas 23", 30"'. Le véritable fens
de ces paroles Ex quarta plus 32a
,
annis dtem exwgere > cft., ce me fem-
ble, que 320 annés de i6\ jours & un
quart furpaflènt d'un jour entier 320-
de ces années Indiennes. Un jour par-
tagé en 320 années donne à chacune
4 minutes 30 fécondes, lelquelles;
,
étant ôtées de 3^5 & un quart, lai£
fent 3<fj jours, s heures, %\ minutes
& 30 fécondes qui fera la grandeur
,
de l'ann.e qui régie les Fêtes Indien-
nes. Cette année n'excède que de i&
Ï34 &u Royaume de Sïàm:
fécondes la grandeur de l'année q\ié
Jious avons trouvée par la comparai-
son des hypothefès de la I & de la II
Sé&ion des régies Indiennes : c'eft
ponrquoy il n'y a pas lieu de douter
qu'elle ne foit celle dont il s'agit.

IX. Epoque des années folâtres Synode


ques des Indiens.

CETTE eipéce d'années folaires


cirées des règles des deux pre-
mières Sections peut eftre appellée
,
fynodique, parce qu'elle réfulte de
l'égalité que l'on iuppofeeftre entre
Ï9 de ces années folaires &2f mois
lunaires qui fe terminent à la con-
jonction de la Lune avec le Sol-eil.-
On peut prendre pour Epoque de ces-
années k jour & 1 heure de la moyen*
ne conjonction de h Lune avec le So->
leil, qui arriva le jour même de TE-'
poque Agronomique, à un jour prés
ae l'Lquinoxe moyen du Printemps ;
quoy-que Ton puiilè inférer des arti-
cles 5.,£,& 8 de la Section II, que l'on
prit pour Epoque de ces années le
minuit qui fuivit immédiatement
cette conjonélion moyenne, au mé~
ïidiçn auquel les régies de cette Seo
Du Royaume de Sur». îj|
tïoii furent accommodées. Ainfi! dans
les calculs particuliers,on n'aura plus
befoin de l'opération preicrite à 1 ar-
ticle \ de la Section H, qui eft fondée
fur la différence qui fut entre l'inftant
de cette conjonâion moyenne & le
minuit fuivant, à un méridien parti-
culier plus Occidental que Siam ,• ny
des opérations preicrites à l'article
S de la Section VII, & à l'article 9 de
la Section X que nous avons jugé
,
marquer les minutes du mouvement
du Soleil & de la Lune entre le mé-
ridien de Siam & le méridien auquel
avoient été accommodées les régies
de la Sedion II;& il fuffira d'avoir eu
égard à ces trois articles une fois
pour toujours.
L'Epoque de ces annfes Synodi-
ques fera donc le M. Mars de l'année
£58 de J E s us C H R 1 s T, à 3 heu-
res , 4 minutes du matin au méridien.;
de Siam.
La grandeur de ces années, félon le
Chapitre VII de ces Réflexions , é-
tant de $6| jours,5 heures,tf,iî'A6">-
5"", on trouvera le commencement
des années fuivantes dans les année*
Juliennes, par l'addition continuelle
de 5 heures, j,y,', 13", 4*'",ï"",ôtaat uw
ty€ t>tt Royaume de Siam.
jour de la fomme des jours qui réfufc
te de cette addition dans les années
biflèxtiles,- ainû* nous trouverons les
commencemeris de ces années folai-
res fynodiquès dont nous avons «xa^
miné les datesj comme nous les avons
ïcy calculées au méridien de Siam
,
aux heures comptées après minuit.
Dans les Années
Juliennes.

Jours, H. M.
Mars 17 2157
BiiîT i<f84 Mars 17 ï»
3
Mars 17 5 47
Mars 17 IJ42
Mars 17 2138
JBifE itf 8 8 Mars 17 3 33

"Dans les Années Années


Grégoriennes: Agronomiques
complètes.
Jours. H. M.
ÏVfars 104?
27 2157
Mars 27 3Î2 104^
Mars 27 5 47 1047
Mars 27 If 42 1048
Mars 27 2138 104?
Mars 27 3 33 JOjO
Du RoyMme de Sidm. ïjf
Ces commencemens d'années ar-
rivent un jour & demi avant les E-*
quinoxes moyens du Printemps fé-
,
lon Pcolomée ; & cinq jours & demi
avant les mêmes Equinoxes , félon;
les Modernes : ceft pourquoy ils peu-
vent être pris pour une efpéce d'E-
quinoxes moyens des Indiens. La
première nouvelle Lune depuis les
commencemens de ces années fblai-
res lynodiques, doit être la cinquiè-
me de l'année Civile quand Pinter-
calation a précédé ces commence-
mens , ainu qu'il eft arrivé fan 1^85
& l'an i<f88 ; & elle doit être la fîxié-
me de l'année Civile aux autres an-
nées.
Voicy ces premières nouvelles Lu-
nes depuis les Equinoxes de cette ef-
péce calculées pour les années pré-
,
cédentes.
Annécc Années
jiflronomiques Grégoriennes
complètes. courantes.
lo4j
io4<f Bifl". ' ïtf84

1047
1048
104;?
Ï050
*3 8 T>ti Royaume de Sidm.

premières cenjonElions des Années So-


Années Agronomi- laires Af-
ques courantes. tronomi-
ques cou-
rantes.
Après midy.
Jours. H. M.
Avril 25 22 41 i04<f
Avril 14 7 3° 1047
Avril 3 16 18 1043
Avril zz 14 yo 1045
Avril 11 22 38 IOJO
Mars 31 7 27 1051

J(. De la période Indienne de 15?. années.

PO u R connoître les premières


conjonctions des années folaires
fynodiques Indiennes dans nôtre Ca-
lendrier ilfuffit de calculer les com-
, des années de
mencemens 19 en /^an-
nées après l'Epoque.
Car chaque dix-neuviéme année
folaire fynodique depuis l'Epoque fi-
nit par la moyenne conjonction de
la Lune au Soleil, d'où commence la
vintiéme année. On trouve la gran-
deur de cette période en réfolvant 19
années en mois lunaires par les arti^
Vu Royaume de SiAmi 139
des 3,5,6, & 7 de la Se&ion I, & en
réfolvant les mois lunaires en jours
par les articles 2 , 4, 6 , & 8 de la,
Seftion II ; de enfin en réduilant la
fraction des jours appellée Anamaan
en heures , minutes,iècondes & tier-
ces : & par ce moyen on trouvera
que la période Indienne de 19 années
£itdc 6959 jours \6 heures, 19 minu-
tes , 21 fécondes, 35 tierces.
Quoy-que cette période Indienne
de 19 années s'accorde dans le nom-
bre des mois lunaires qu'elle com-
prend avec les périodes de Numa
,
deMéton, & de Calippus, &avec ,
nôtre cycle du nombre a'or, comme
nous avons remarqué dans l'explica-
tion de h Section I ; elle en eft pour-
tant différente dans le nombre des
heures.
Celle de Méton qui contient O40
jours, eil plus longue que l'Indienne
de 7 heures,3o minutes, ;S fécondes,
2.J tierces. Celle de Calippus, & cel-
le de noire nombre d'or qui contien-
nent 6>35> jours & iS heures font
plus longues que l'Indienne de 1
heure, 30 minutes 38 fécondes, 2j
,
tierces. Celle de Numa devoit être
d'un nombre de jours entiers, félon
i^ù Du Royaume de Sim.
Tite-Lîve dont voicy les termes : AA
eurfwn Luxa in dttodecim menfes dejcri~
bit annum, quem ( quia tricenos dies
fmgulis menfibus Luna no» expier de-
,
/unique dies folide anno , qui fotftitiati
cirtumagitur orbe ) intercalares menfibus
interponendo, ita dijpenfavit ut vige-
,
Jîmo anno ad metam tandem folis unde
crjiejfent, plenis annorum fpatiis dies
congruerent. On lit vicejtmo anno dans
tous les Manuscrits anciens que nous
avons vus , & non vigefîmo quarto ,
comme dans quelques Exemplaires
imprimez.
La période de 19 années des In-
diens eft donc plus jufte que ces pé-
riodes des Anciens, & que nôtre cy-
cle d'or; & elle s'accorde à 3 minutes
& 5 ou 6 fécondes prés avec la pério-
de de 23',- mois lunaires établie par
les Modernes , qui la font de 6959
jours, 16heures , 32minutes, 27fé-
condes.
Voicy le commencement de la pé-
riode Indienne courante de 19 an-
nées & des autres qui fuivent pen-
,
dant plus d'un fïécle dans le Calen-
drier Grégorien au méridien 4e
,
jSi^m, aux heures après minuit,
Du Royaume de Siam. 14.1

Jours, H. M.

162} Mars 27 21 57
U02. Mars 28 44 16
1711 Mars 28 6 tf
JBiiT. 174° Mars 27 23 2j
I7Î9 Mars 28 if 54
1773 Mars 28 8 24
1797 Mars 28 o jj
Biff. iSitf Mars 28 17 22

JF /. Des Epattes Indiennes,

L'E p A c T E des mois eft la diffé-


rence du temps qui eft entre la
nouvelle Lune & la fin du mois lb-
laire courant ; & l'Epaéfce annuelle eft
la différence du temps qui eft entre la
fin de l'année lunaire fimple ou Em-
bolifrriique, & la fin de l'année folai-
re qui court quand l'année lunaire fi-
nit.
Suivant l'expofition de la Se&ion
I, 223 mois lunaires plus 7 autres
mois lunaires font égaux à 228 mois
folaires. Donc ayant partagé le tput
par 128 1 mois lunaire plus l\s de
,
mois lunaire eft égal à un mois lo-
Jaire. ,
ï4* "Du Royaume de Si/un.
L'Epate Indienne du premier mois
eft donc tls d'un mois lunaire.
L'Epade du fécond £ & ainfî de
fuite ; & l'Epa&e de 12 mois quifonc
une année lunaire fïmple eft ï*s : l'E-
pa&e de 2 années [% : l'Epaéte de 3
années feroic iTs j mais parce que "3
font un mois on ajoute un mois à la
,
troisième année qui eft Embolifmi-
que , & le refte eft l'Epatée ,**.
Ainfi l'Epaéte de fîx années eft +?
l'Epa&e de 18 années eft \4|, »

'& y ajoutant l'Epa&e d'une année


qui eft lts]
l'Ëpadre de 1? années feroit I;;ss

qui font un mois lunaire.


On ajoute donc un treizième moi?
à la dix-neuviéme année pour la fai-
re Embolifmique : ainfi l'Epadte à la
fin de la dix-neuviéme année eft o.
Si l'on ordonne les années lunifo-
laires de cette manière, elles finironf
toujours avant FEquinoxe fynodir
que, ou dansl'Equirioxe même.Mais
on les peut ordonner en forte qu'el-
les finiiîènc toujours après l'Equinoxc
fynodique : ce qui arrivera, fi quand
1'Epaér.e eft o, on les commence par
la nouvelle Lune qui arrive un moi?
après rEquiiioxè fynodique : 6f ai
Du Royaume de Slamï 24.3
Cette forte le premier mois de l'année
yUtronomique commencera au com-
mencement du cinquième mois de
l'année Civile après TEmbolilme ; au
jieu que dans Tannée de la première
manière, le premier mois finiroit au
commencement du cinquième mois
de Tannée Civile après TEmbolif-
ine.
Cette Epade Indienne eft beaucoup
plus prècife que nôtre Epaète vulgai-
re qui augmente de 11
jours par an-
née ; de ïorte qu'on en ôte 30 jours
quand elle excède ce nombre pre-
,
nant 30 jours pour un mois lunaire ,
& la dix-neuvième année on en ôte
19 jours, que Ton prend pour un mois
lunaire pour réduite TEpafte à rien à
la fin de la dix-neuvième année lu-
nifolaire.
L'Epa&e Indienne d'un mois étant
réduite en heures, cft de xi heures,
45', 33", 46"'. L'Epa&e d'une année
cil de 10 jours 21 heures 6', 45;".
, ,
L'Epade de 3 années eft de 3 jours z
heures, $6', 13". L'Epaéte de u an- ,
nées qui eft la moindre de toutes
dans ,le cycle de
1? années , eft de 1
jours, 13heures is', 7".
,
On peut coufidérer TEpafte Iu-
L jj
st44 &u Roymme.de Siam,
dienne à l'égard des années Juliennes
& Grégoriennes ; & elle îèrvira à
trouver le commencement des an-
nées Civiles & Agronomiques des
Indiens, dans nôtre Calendrier, après
qu'on aura établi une Epoque, &
marqué les termes.
D'une année commune ou bifiexri-
le, à Tannée fuivante commune, Ju-
lienne ou Grégorienne, TEpa&e In-
dienne eft deio jours 15 heures, n'}
>

D'une année commune à Tannée


biflèxtile fuivante TEpaéte Indien-
,
ne eifc de 11 jours , 15 heures , n',
L/-Epaé|e annuelle doit être fon-
ftraite de'Ja, première nouvelle Lune
d'une année pour trouver la pre-
,
mière nouvelle Lune de Tannée fui-
vante.
Mais quand après la fouftraétion,
la nouvelle Lune précède le terme ;
on ajoute un mois à Tannée pour Ja
faire Embolifmique. AinÇ ayant fup-
posé la première nouvelle Lune a-
prés TEquinoxè fynodique de l'an
1683 cojnrne au Chapitre IX au tf
,
Avril, 22 heures, & 41 minutes.aprés
midy, c'eft-à-dire, au 16 Avril , à «>
VukoyàuttiedeSïani. îq.f
heures 41 minutes du matin au mé-
ridien de Siam, pour avoir la pre-
mière nouvelle Lune de Tannée fui-
vante 1684 qui eft biiîèxitile, on ôte-
ra de ce temps 1
jours , 15 heuresi
11
minutes, 32 fécondesj & on aura
le 14 Avril à 1? heures 29 minutes *
,
Î3 fécondes de l'année \6>'4 : & pouf
avoir la première nouvelle Lune de'
l'année folaire fynodique de Tannée
i6Sj, qui eft commune, on Ôtera des
jours préeédens 10 jours 15 heures *
,
11 minutes, 5 2 fécondes ; & on aura le
4 Avril à 4 heures, 17 minutes, 56 fe*
condess
Enfin pouf avoir la première nou*
velle Ltine de Tannée folaire fynodi-
que de l'année fuivante 1686, qui eft
commune , ôtant encore le même
nombre des jours,on aura le 24 Mars
à 13 heures 6 minutes, 24 fécondes*
i
Mais parce que ce jour précède le
terme des années fynodiques, qui
pour ce fîécle a été trouvé le 27
Mars ; il faut ajouter un mois lunai-
re de 19 jours,u heures , 44 minutes^
3 fécondes : ainfi Tannée fera Embo-
lifmique de 13 Lunes; & on aura la
première nouvelle Lune de Tannée
îynodique Indienne le *3 Avril à
1
L iij
Ï4.6 Du Royaume de Stdm.
heure^o minutes, 17 fécondes du ma-
tin à Siam; & continuant de la même
manière, on aura toutes les premiè-
res nouvelles Lunes des années fui-
vantes.
Dans ces régies Indiennes le nom
d'Embolifmique ou jittikamaat con-
vient à Tannée qui fuit immédiate-
ment Tintercaiation.
On peut auffi ordonner les années
Iunifolaires de telle forte que 1 addi-
tion du mois interca'aire fe faiîè
quand TEpaéte excède "tt, qui font
la moitié du mois : aiïn que le terme
foit comme moyen entre les divers
commencemens des années dont les
unes commencent plutôt, & les au*
très plus tard j, comme il fe pratique
dans nos années Eccléfiaftiques, qui
commencent avant l'Equinoxe du
printemps , quand l'Equinoxe arrive
avant le if de la Lune ; Se qui com-
mencent après l'Equinoxe , quand
l'Equinoxe arrive après le 14 de te
Lune. Mais il eft plus commode pour
les calculs Agronomiques de com-
mencer l'année toujours avant, ou
toujours après l'Equinoxe comme
,
on le pratique dans Tannée Agro-
nomique Inaiçnfle, félon nôtre ex*
Vu Royaume de Sum. 14f
Néanmoins il faut remarquer que
le point du Zodiaque, que les Indiens
prennent pour le commencement
des lignes, fnivant les régies de la
Scftion IV Se des Seétions fuivantes,
& qu'ils confidcr'ent en quelque ma-
nière comme le point Equinoxial du
Printemps , eft- éloigné en ce fiécle
de plus de 13 degrez du terme Aftroi
comique des années dont il eft parlé
dans la Section I ; de forte que le So-
leil y arrive le quatorzième jour a-
prés l'Equinoxe fynodique. C'eft
pourquoy une partie des années Af-
tronomiqiies lunifolaires qui com-
mencent après le terme établi parles
régies de la Seftion I , commencera
«n ce fiécle avant cette efpéced'Equi-
noxe j & l'autre partie commencera
après : de forte que cette efpéce d'E-
quinoxe eft comme au milieu des di-
vers commencemens des années lu-
nifolaires qui commencent au cin-
quième & au fïxiéme mois de l'an-
née Civile.

J. iiiî
zJfi Vu Royaume de Siam'.
Xl 1. CorfeÛion des mois lunaires »gj
des années folaires Jynodiquts
des Indiens.

IL eit tres-aisé d'accommoder les


mois lunaires des Indiens & leurs
années folaires fynodiques aux hypo-
thefes modernes*
Après avoir fait les calculs félon
ies> régies Indiennes il faut divifer
,
le nombre des années écheûé's de-
puis l'Epoque Aftronomique, par é
& par 4. Le premier quotient don-
nera un nombre de minutes d'heure
à ajouter j & le fécond quotient don-
nera un nombre de fécondes à fouf-
traire du temps des nouvelles Lunes
calculé félon ces régies.
EXEMPLE.
L'AN i<fS8 de JÉSUS-CHRIST, h
nombre des années écheûé's de-
puis l'Epoque Aftronomique des In*
diens eft iojo. Ce nombre étant di-
visé par 6 le quotient, qui eft IJJ,
,
donne 175 minutes c'eft-à-dire 2
,
heures, yj minutes à ajouter.
Ce même nombre érant divisé par
"Ùu Royaume tte S'iam. 249
£, le quotient eft %6z, qui donne 2tfz
fécondes, e*en> à-dire 6 minutes, 2-2
facondes à fouftraire ; & lequation
fera 1 heures , 48 minutes , 38 fécon-
des. Ayant ajouté cette équation à la
première conjonction de l'an folaire
fynodique iofi, laquelle, fuivant ces
régies, arrive le 31 Mars de l'année
1^88à 19 heures, 18 minutes infé-
,
condes après minuit ; la conjonction
moyenne fera le 31 Mars à 2-2
heures^-
17 minutes, n fécondes au méridien
de Siam. La même équation fert aux
années fynodiques qui réfultent du
temps de 235 mois lunaires partagé
en 19 années.
La première divifîon par ê iiifEra *
fil'on prend une fois & demie autant
de fécondes à fouftraire qu'on à-
,
trouvé de minutes à ajouter.
XIII. Différence entre les années fo*
iaires fynodiques des Indiens & les •.
années Tropiques*

SI les indiens prennent pour rfn-


née Tropique le temps que le So-
leil employé à retourner au com-
mencement des lignes du £odiaque; ,
félon ta Section IV Se ks fuivantesj
L v
sjo DftRdyaume de Siatft;
la différence entre ces années & I
Synodiques eft confïdérable, comme
nous l'avons déjà remarqué. Selon
l'Aftronomie Occidentale, le com
mencement des lignes eft le point de
l'Equinoxe du Printemps, où le demi.
cercle afcendantdu Zodiaque, terni
né aux deux tropiques eft coupé
,
pair l'Equinoxial ; car on ne s'arrête
plus à rhypothefc des Anciens quj
mettaient les Equinoxes aux huitié-
mes parties des lignes :& l'année Tro.
pique eft le temps que le Soleil em-
ployé à retourner au même point, ou
Equinoxial ou Tropique.
Les conjonctions de la Lune avec
le Soleil^ qui arrivent dans les points
des Equinoxes n'y retournent pas
s
précisément à la fin de la dix-neu-
vième année Tropique : car cette dix-
neuvième année finit environ deux
heures avant la fin du 255- mois lunai-
re , qui termine la dix-neuvième an-
née lynodique.,
Je dis, environ deux Heures : car
en cela les Aftronomes modernes ne
font d'accord entreux qu à ? ou v>
minutes prés parce que le temps
,
des Equinoxes étant très-difficile à
ftétenuiiier précisémenjt, ils.neVaCi
Du Éoyaume de Siam. îji
cordent dans la grandeur de l'année
Tropique qu'à une demy minuté
-
prés; quoy qu'ils foient tous d'accord
prefque jufqu'aux tierces dans la gran-
deur du mois lunaire. Ceux qui font
la grandeur de l'année Tropique de
3^5 jours, j heures 49 minutes, 4 fé-
,
condes & 36" tierces, auront la pério-
j
de de 19 années folaires fynodiques
plus longue de 2 heures précifes que
la période de 19 années Tropiques :
Ceux qui font l'année Tropique plus
longue auront une différence plus
,
petite : Et ceux qui font l'année Tro-
pique plus courte>comme la font pré-
fentement la plupart des Agrono-
mes, l'auront plus grande. On peuc
fuppofer icy que cette différence fbit
de 2 heures moins 3 minutes>puis que
le défaut des mois lunaire.; Indiens
en 19 années eft de 3 minutes ; & que
Fannée Tropique foit de 3^jours , ç
heures,48 minutes,^ fécondes. Ainfî,
fi à chaque dix-neuviéme année de-
puis l'époque Aftrônomique desln-
diens,on ôte 2 heures du terme Equi-
noxial calculé par les régies Indien-
nes fans la corred:ion;& fi 1 on en ête
auflî 14 heures 4* minutes pour le
,
temps dont on peut fuppoier que
L V)
iyt Du Royaume de sUm.
l'Equinoxe moyen précéda Pcpoqtw*
des nouvelles Lunes, félon ks hypo-
théfes modernes ; on aura l'Equinoxe
moyen du Printemps de l'année pro-
posée depuis l'époque conformé-
,
ment aux hypothéfes modernes.
EXEMPLE.
L'A N itfSifle nombre des années
depuis l'époque A agronomique
des Indiens eft 1048. Ce nombre en-
fant divisé par 19, le quotient eft
55 ,'9, qui étant doublé donne 110
heures, 1$ minutes, c'eft-à-dire, 4
jours, 14heures, 19 minutes; à quoy
ayant ajouté pour l'époque 14 heu-
res, 4< minutes,la fomme eft 5 jours,
5 heures, 5 minutes : & cette fomme
étant ôtée du terme de la même an-
née fynodique 1048 qui a été trouvé
cy deflùs au vy Mars i«f85 à 15 heures,
42, minutes du foir; il refte le 2z Mars
10 heures, 37 minutes du foir au mé-
ridien de Siam pour l'Equinoxe
moyen du Printemps de l'an i(JS5.
Vu Royaume de SiAm. tft
XlVé Examen de la grande périodt
Lunifolaire des Indiens*

NO u s avons trouvé au Chapi-


tre V11 de ces Réflexions , que
la période de 15357 années eft com-
posée de 165205 mois lunaires entiers,
qui font 4878600 jours entiers, fui-
vant les régies delalISeâion. Cette
période, félon les hypothéfes de ces
régies, ramené les nouvelles Lunes
qui terminent les années Indiennes
fynodiques, à la même heure & à la
même minute fous le même méri-
dien.
Mais l'ayant examinée par la mé-
thode du Chapitre XII de ces Réfle-
xions on trouvera qu'elle eft plus
, qu'une période d'un pareil
courte
nombre de mois lunaires félon les*
,
Aftronomes modernes, d'un jour &c
14 heures, qui eft prefque l'Epaéïe
de 11 années : & par la méthode du
Chapitre XIII, on trouvera que
l'anticipation des Equinoxes à l'é-
gard de ce nombre d'années fynodi-
ques des Indiens eft de 54 jours & ç
heures. Si l'on retranche n années
de cette période, on en aura une ds
if4- &u Royâunfè de Siam.
1334^ années, composée de \6y*ty
mois lunaires, ou de48745^4 jours
«gtii fera plus conforme aux hypothé.,
fes modernes.

XF". Grande Période Lunifolaire Equi~


noxiaie, conforme aux carrelions
précédentes.

MA 1 s au lieu de corriger h
grande Période précédente, il
eft plus à propos d en trouver une
beaucoup plus courte qui ramené
,
les nouvelles Lunes & les Equinoxes
à la même heure fous le même mé-
ridien afin d'établir des Epoques As-
,
tronomiques plus prochaines & d'a-
,
bréger les calculs qui font d'autant
plus longs que les Epoques font plus
éloignées de nôtre temps.
llcft extrêmement difficile, ou plu-
tôt il eft impoflîble de trouver des
périodes courtes & précifts, qui ra-
mènent tout enfemble les nouvelles
Lunes & les Equinoxes au même
méridien. Viéte en propofe une pour
le Calendrier Grégorien de 165580000
années, qui comprend 204.7;39047
mois lunaires.
©ii ne fçauroit vérifier la jufteifè
Du Royaume de S'iam; ïff
de cts périodes par la Gompàràifbrr
des obiervarions que nous avons
3
dont les plus anciennes ne font que
de 2 y "fiécles ; & ces longues périodes
ne fervent point à nôtre deflèin, qui
eft de reprocher les Epoques.
Il eft mieux de fefervir de pério-
des plus courtes -, quoy que moins
exactes , &c de marquer combien il
s'en faut qu'elles ne foient précifès
félon les hypothéfes que l'on fuit.
Par les régies de la première Sec-
tion & par nos additions, on trou-
,
ve que 1040 années fynodiques In-
diennes font 128^3 mois lunaires &C
i,;f;,?,',! ; & par les régies de la Section;
II on trouve que ce noqibre de 12863,
mois fans la fradion fait 379851 jours,
21 heures, 2+ minutes , 19 fécon-
des.
Suivant la correction faite par la
méthode du Chapitre XII de ces Ré-
flexions, à ce nombre de jours il faut
ajouter 2 heures & 49 minutes, pour
le rendre conforme aux hypothéfes
des Astronomes modernesrainfi dans
ce nombre de n$6y mois, il y a tj^t-
jours entiers, & 13 minutes -, vj fécon-
des d'heure.
Le même nombre dé mois avec la
ij6 Du àoyâttme de Siam.
ffa&ion, fuivant les régies de la Sec-
tion II & fuivant nos additions, fait
U^à jours , 13 heures, 16 minutes,
43 fécondes s qui font 1040 années
fynodiques Indiennes^
La différence dont ces années ex-
cédent les années Tropiques, par nô-
tre méthode du Chapitre XIII de
ces Réflexions fe trouve de 4 jours,
13 heures, 28 minutes, 2? fécondes; &
cette différence étant otée de 379856
jours, 15h i 16' i 43", il refte 375851
jours, 23 heures, 48minutes, 28 fé-
condes, pour 1040 années Tropiques;
& pour faire 379852 jours entiers, il
ne s'en faut que n minutes & 52 fé-
condes pendant lefquelles le mouve-
,
ment propre du Soleil n'efl pas feu-
fible,

XVI. Epoque récente des nouvelles £u*>


nés tirée de l'Epoque Indienne.
AYANÎ ajouté 1040 années à
l'Epoque Indienne de l'an 638 de
JÉSUS- CHRIST on aura l'an 1678
,
pour une nouvelle époque , dans la-
quelle la conjonction de la Lune au
Soleil fera arrivée le jour del'Equino-
xe moyen 13' minutes d'heure glus
Du Royaume de Siam z$f
tard à l'égard du même méridien, &
*5
minutes plus tard à l'égard de i'E-
quinoxe moyen : de forte que la côn-
jonftion étant arrivée Tan 6j8 à Siam
à 3 heures, a minutes du matin ; l'an
1678 elle y fera arrivée à 3 heures, 1$
niinutes du matin.
Durant cet intervalle l'anticipation
des Equinoxes dans le Calendrier-
Julien eft de 8 jours, lefquels étant!
ôtez de 21, il refte 1$ ; & ainfi l'E-
quinoxe moyen, qui en l'an 658 étoit
au 21 Mars, le trouve en l'an 16 78 au
1; de Mars de l'année Julienne, le-
quel eft le 25 de l'année Grégorienne.
La conjonction moyenne fera donc
arrivée en l'an 1678 le 23 Mars à 5
heures, 15 minutes du matin au mé-
ridien de Siam c'eft-à-dire, le 22»
,•
Mars à 8 heures, 41 minutes du foir
au méridien de Paris è

XVII. Époques récentes de ïapùge'e


,
& du noeud delà Lune.
PARCE que dans cette Epoque
des nouvelles Lunes, l'apogée &c
le noeud de la Lune étoient trop é-
loignez de l'Equinoxe, nous avons
trouvé une Epoque Equinoxiale de
Éj3 T>u Royaume de Sioem.
l'apogée, qui précède de 12 années
celle des nouvelles Lunes; & uneE-
poque des noeuds, qui la fuit de 12 an*
liées.
A l'Équinôxe moyen du Printemps
de Pan \t66 l'apogée de h Lune fut
,
au vingtième degré d'Aries; & à la fin
de la préfente année julienne 1:8.9,
le noeud Boréal de la Lune fera au
commencement d'Aries : mais à l'E-
quinoxe moyen du Printemps de
1690 , il fera au z6 degré & demi des
P'oifions à 3 degrez & demi du So-
leil. ,
L'apogée de la Lune fait une révo-
lution ielon la fuite des lignes en
2232 jours, félon les régies Indien-
nes ; pu en..2*31 jours &• un tiers, fé-
lon les Aftronomes modernes. Les
noeuds de la Lune dont il n'eir. pas
parlé dans les régies Indiennes, font
une révolution contre la fuite des
ûgnes en 6798 jours '.
Par ces principes on trouvera au-
tant d'autres Epoques que l'on vou-
dra de l'apogée Ôc des noeuds.
Du ÈoyAuttfe de Éiàm. i$c}

XPH 1- Epoque des nouvelles Lune/


prés de l'apogée & des noeuds de la Lie-
nt & de V Equinoxe moyen du Prin-
temps.

IL ne fe trouve point que lanou-'


velle Lune Equinoxiale foit arrivée
plus prés de nôtre temps, & tout en-
femble plus prés de fon apogée 8c
d'un de fes noeuds, que le 17 Mars de
l'année ioz9 de JÉSUS-CHRIST. Ce
jour-là à midi, au méridien de Pa-
ris, le lieu moyen du Soleil fut au
milieu du premier degré d'Aries, à -}:
degrez & demi du lieu moyen de la
Lune, qui fe joignit au Soleil le foir
du même jour'.
L'apogée de la Lune précedoit le
Soleil d'un degré 6c. demi ; 6c le noeud
defeendant de la Lune le précedoit
d'un degré, l'apogée du Soleil étant
au x6 degré des Gémeaux.
Il ferait inutile de chercher un au-
tre retour de la Lune à fon apogée, à
fon noeud au Soleil, 8c à l'Equinoxe
,
du Printemps. Le concours de toutes
ees circonftances enfèmble étant trop>
rare , il faut fe contenter d'avoir des
Epoques séparées en divers autres
téêo Dit Royaume de St4tm
temps, dont en voicy trois des plus
préciieSi
La conjonction moyenne dé la Lu-
ne avec le Soleil dans l'Equinoxe
moyen du Printemps , arriva l'an de
JÉSUS-CHRIST 1191, le 15 Mars
fur le midi, au méridien de Rome.
Uapogée delà Lune fut au commen-
cement d'Aries dans l'Equinoxe
moyen du Printemps, Tan 1460 > le
IJ Mars.
Le noeud defeendant de îa Lune fut
au commencement d'Aries dans l'E-
quinoxe moyen du Printemps, Tan
1513, le 14 Mars.
Une fera pas inutile d'avoir des E-
poques particulières des nouvelles
Lunes propres pour le Calendrier ju-
lien, auquel la plupart des Chrono-
îogiftes rapportent tous les temps
paflèz;
Jules Cefar choifit une époque d'an-
n.es Juliennes dans laquelle la nou-
velle Lune arriva le premier jour de
i'année, Ce fut la quarante-cinquié-i
me année avant la Naiûance de JÉ-
SUS CHRIST , qui eil dans le rang des
biflèxtiles félon que ce rang fut de-
,
puis établi par Augufèe & qu'il effc
©bfervé ,
préïèntement.
encore
Du Èoymme de Siam. iët
Le premier de Janvier de la même;
année quarante-cinquième avant JE-
SUS-CHRIST la conjonction moyenne
de la Lune au Soleil arriva fur les fix
heures du foir au méridien de Rome.
Et le premier de Janvier de Tannée
jz de JÉSUS-CHRIST la conjonction
moyenne arriva précisément à midi
au méridien de Rome.
La plus commode des Epoques
prochaines des moyennes conjonc-
tions dans les années Juliennes, effc
celle qui arriva le premier de Jan\
vier de l'an 1500, une heure & demie
avant midy au méridien de Paris.
XIX. Ancienne Epoque AJîrontmiqne
des Indiens,

NOus avons remarqué au Chapi-


tre 11J. de ces Réflexions, que
les Siamois dans leurs dates fe fervent
d'une Epoque qui précède Tannée de
J E s u s-C HRIST de 544. années, &
qu'après le douzième ou treizième
mois des années depuis cette Epo-
que , qui finifïènt préfentement en
Novembre ou en Décembre, le pre-
mier mois qui fuit & qui devroit être
saxfibué à Tannée {tuyaute, eit ençôçç
% 6i Vu Royaume de Shm.
attribué à la même année : ceguinotis
a, donné lieu de conjecturer qu'on at-
tribue auJîî à la même année les autres
mois juiqn'au commencement de
l'année Ailronomique qui commen-
ce à l'Equinoxe du Printemps. Cette
conjecture a été confirmée par le rap-
port de M. de la Loubére, qui juge
mêmes que cette Epoque ancienne
doit être aulîî une Epoque Allrono-
rnique.
La manière extraordinaire de com-
pter le premier & le ïècond mois de
la même année après le douzième ou
après le treizième, peut faire croire
que le premier mois de ces années ,
qui commence préfentement en No-
vembre on en Décembre, commen-
çoit anciennement proche de l'Equi-
iioxe du Printemps, & que dans la
fuite du temps les Indiens, foit par
mépriièjlbit pour s'être fervi d'un cy-
cle trop court, comme feroit çeluy
de (o années dont les Chinois fe fer-
vent , ont quelquefois manqué d'a-
jouter un treizième mois à l'année
flui auroit dû être Embojifmique ;
a où il eft arrivé que le premier mois
a reculé dans l'hiver; ce qui ayant été
^pperçeû, les mois de l'hiver appeliez.
Bu Royaume de Slam. iê$
préfentement premier,fecond & troi-
fîéme, ont été attribuez à Tannée
précédente.,qui félon l'inftitution an-
cienne ne doit finir qu'au Prin-1-
temps.
Aînfi l'année Indienne que l'on
,
appelloit 2231 à la fin de l'année 1^87
de J E s u s - C H R 1 s T ne devoit fi-
,
nir , félon l'inftitution ancienne
qu'au Printemps de l'année 1 6 8 8.
,
Ayant fouftrait ié'SS de 2131, il refte
I4 3 qui eft le nombre des année?
complettes depuis 1 Epoque ancien-
ne des Indiens jufqu'à l'année de
J Ï s 11 s-C H R 1 s T. Cette Epoque ap-
partient donc à l'année 544 courante
avant JESUS-CHRJST, félon h\.
manière plus commune de com-
pter.
En cette année la conjonction
moyenne de la Lune arriva entre
l'Equinoxe véritable & l'Equinoxè
moyen du Printemps à 15 degrez
de diftance du nçeud Boréal de là
Lune le 27 Mars félon la forme Ju-
lienne un jour de Samedi, qui eft:
une Epoque Aftronomique à peu
prés fémblable à celle de' l'an 638
laquelle aura été chpifie comme plus ,
récente & plus précife que la précç*.
ÀÇïXLt.
264 &u tojAume de $Um.
Entre ces deux Epoques Indiennes
il y a une période de 1181 années,
laquelle étant jointe à une période
de ig années, on a deux périodes de
600 années , qui ramènent les nou-
velles Lunes proche des Equinoxes.

XX. Rapport des années Syndiques des


fndtens a celles du Cycle des
Chinois de 60 années.

SE L o N la chronologie de la Chine
que le Père Couplet vient de pu-
blier & félon le père Martini dans
,
lbn jHfiftoire de la Chine , les Chi-
nois fe fervent d'années lunifolaires,
& ils les diftribuè'nt en cycles féxa-
genaires, dont le 74- commença en
Tannée de JESU S-C HUIST 1^83 ,•
de forte que le premier cycle auroit
Commencé 2.6.97 ans avant la Naif-
J&nce de J E s a s-C H R 1 s T.
Par les régies Indiennes de la pre-
mière §e&ion, en $0 années fynodi-
ques, il y a 710 mois folaires , &
74J mois lunaires & % Î II faut
,
rejetter cette fraction, parce que les
années lunilblaîres font composées
de mois Lunaires entiers. Cepen-
dant cette fjadiojft en i,st cycles fexa-
genajres 4
Vu Royaume de Sidm. xfy
genaires, qui font 1140 années,monte
à t'as gai font deux mois : donc h* les
cycles iéxagenaires des Chinois font
tous uniformes 1140 années Chi-
,
jioifes font plus courtes de deux
mois que 1140 années fynodiques
des Indiens. C'efr. poiirquoy fî les
Indiens ont réglé les intercalations
de leurs années civiles par cycles
fexagenaires uniformes le com-
,
mencement de l'année civile 2232, a
dû précéder d'un peu moins de 4
mois le terme de leurs années fyno-
diques qui eft préfentement au 27
Mars de Tannée Grégorienne ; ainlî
qu'il eft arrivé en effet : ce qui con-
firme ce que nous avions conjecturé
au Chapitre précédent de l'anticipa-
lion des années civiles.
Pour égaler les années du cycle fe-
xagenaire aux années fynodiques ré-
glées félon le cycle dej 19 années, il
faudroit que parmi 19 cycles fexage-
naires il y en eût 17 de 741 mois lu-
naires, & 2 de 743 : ou plutôt, il fau-
droit qu'après 9 cycles de 7 iz mois,.
qui font 740 années, le dixième cy-
cle fuivant, qui s'accompliroit à la
£oo: année, fut de743 mois.
Mais il y a lieu 4e douter s'ils et*
Terne II, M
vèé Du Royaume'de Stoem.
H&nt ainfîj puis que l'année Chinoife
a eu plufieurs fois befoin d'être refor-
mée pour remettre fbn commence-
ment au même terme { dans lequel
néanmoins les Relations modernes
ne font d'accord qu'à 10 degrez prés,
le Père Martini le marquant au 15 de-
gré d'Aquarius, & le Père Couplet au
5 du même Signe,- comme fi le ternie
'eût reculé de 10 degrez depuis le
temps du Père Martini.
Il efl indubitable qu'une grande
partie des éclipfès & des autres con-
jonctions que les Chinois donnent
comme obiërvces , ne peuvent pas
être arrivées aux temps qu'ils pré-
tendent félon le Calendrier réglé
,
de la manière qu'il eftpréfentement,
comme nous avons trouvé par le cal-
cul d'un grand nombre de ces écli-
pfès & même par le feul examen des
,
intervalles qui font marquez entre
les uns & les autres : car plufieurs de
ces intervalles font trop longs ou
trop courts pour pouvoir être termi-
nez par des écliplès , qui n'arrivent
que quand le Soleil effc proche d'un
des noeuds de la Lune; où il n'auroit
pas pu retourner aux temps mar-
quez , fi les années Chinoifes a voient
Du Royaume de Siam. iéf
été réglées dans les fiécles paflêi
comme elles le font présentement.
Le Père Couplet même do.ite de
quelques-unes de ces éclipfes, à cau-
iiê du compliment que les Aftrono-
mes Chinois firent à un de leurs Rois
qu'ils félicitèrent fur ce qu'une écli-
pfe qu'ils avoient prédite n'êtoit
,
point arrivée le Ciel, difoient-ils
juy ayant épargné, ,
ce malheur : & ce
Ecre a laifsé à M. Thevenot un exem-
plaire manuicrit des mêmes éclipfes
qu'il a fait imprimer dans fa Chrono-
logie lequel a pour titre Eclipfes ver&
,
0-ftlje, fans que les unesfoient di-
,
stinguées des autres.
Mais fans aceufer les Chinois de
feuflèté, on peut dire qu'il lé peut
faire que les éclipfes marquées dans
la Chronologie Chinoife foient arri-
vées & que la contradiction qui y
,
paroît vienne du dérèglement deleur
Calendrier fur lequel on ne peut fai-
re aucun fondement.

XXI. Compofîtion des Périodes


LunifoUires.

L'INTERVALLE entre les deux


Epoques des Indiens, qui eft de
.
M i)
a£8 DM Royaume de Siam.
1181 années, eft une période lunifb.
laire , qui remet les nouvelles Lunes
prés de l'Equinoxe, & au même jour
delà femaine. Cette période eft com-
posée de 61 périodes de 13; années, qui
font plus longues que ir$9 années
tropiques ; & de deux périodes de IJ
années qui font plus courtes que 1%
,
tropiques; le défaut des unes recorrç-
penfant en partie l'excès des autres.
Comme le mélange des années lu-
nifolaires, les unes plus longues, le?
autres plus courtes que les tropiques
récompenfe plus ou moins le défaut 5

des unes par l'excès des autres, autant


que Pincommenfurabilité qui peut
être entre les mouvemens du Soleil
& de la Lune le permet,- il fait les pé-
riodes lunifolaires d'autant plus pré^
cifes, qu'elles ramènent les nouvelles
Lunes plus prés des lieux du Zodia-
que où elles étoient arrivées du com-
mencement.
Les Anciens ont fait premièrement
l'eflày des petites périodes, dont la
plus célèbre a été celle de S années,
qui a été en ufâge non feulement pac-
tni les anciens Grecs, mais aufli par-
mi les premiers Chrétiens ; comme
il paraît par le Cycle de Saint Jf ippo-
î>u Royaume àcSiâm. 169
jyte,publié au commencement du
troifiéme fiécle.
Cette Période composée de cinq an-
nées ordinaires & de trois Embolif-
niiques s'étanr trouvée trop longue
,
d'un jour & demi, qui en zo périodes
font plus d'un mois;on étoit oblige de
retrancher un mois à la vingtième
période. Mais dans la fuite la pério-
de de 8 années fut jointe à une autre
d'onze ans composée de fept ordi-
naires &de quatre Embolifmiques
qui eft trop courte environ d'un jour
,
& demi,- & on en fit la période de
19 années, que Ton iuppofà d'abord
être précife, quoy-qu'elle ait depuis
eu befoin de eorre&ion dans le nom-
bre des jours & des heures qu'elle
comprend. La côrreéHon de cette pé-
riode fut l'origine de la période de
76 ans composée de 4 périodes de
19 ans corrigées par Calippus, & de
h période de 504 ans composée de
u> périodes de 19 ans corrigées par
Hipparque.
Les Juifs eurent une période de
84 ans composée de quatre pério-
,
des de 19 ans,& d'une de 8 ans qui re-
met les nouvelles lunes prés de l'E-
quinoxeau même jour de la femaine».
M iij
tyo Vu Royaume âeSiam.
Mais la période la plus célèbre dé
celles qui ont été inventées pour re-
mettre les nouvelles Lunes au même
lieu du Zodiaque,& au même jour de
la femaine, eu: la Victorienne de 532,
ans composée de zS périodes de 19
ans.
Cependant la nouvelle Lune qui
devroit terminer cette période n'ar-
xive que deux jours après le retour
du Soleil au même point du Zodia-
que, & deux autres jours avant le
même jour de la femaine auquel la
conjonction étoit arrivée au corn-
mencement de la période ,• & ces dé-
fauts fè multiplient dans la fùcceffion
des temps felon le nombre de ces pé-
riodes. Néanmoins, après même que
les défauts de cette période ont été
connus de tout le monde , plufîeurs
célèbres Chronologiftes n'ont pas
laifsé de s'en fcrvir, & ils la termi-
nent au même jour de la femaine &;
au même jour de l'année Julienne,
laquelle dans cet intervalle de temps.
excède l'année fblaire tropique de 4
purs entiers,. & de-Tannée lunifolaire
un peu moins de z jours.
Ils multiplient aulîî cette période
par le cycle de J5 années qui eft ce-
"Du Royaume de Siam. rji
Jny des Indiclions,dont l'origine n'eft
pas plus ancienne que de 13 fiécles',
pour en former la période Julienne
de 7(;8o années dont ils établirent
,
l'Epoque 4713 années avant l'Epoque
commune de J E s us-C HRIST. Ils
préfèrent cette période imaginaire,
dans laquelle le*s erreurs de la Pério-
de Victorienne font multipliées ij
fois aux véritables périodes lunifo-
,
laires & ils préfèrent auilï cette E-
,idéale qu'ils fuppofent plus
poque an-
cienne que le monde, aux Epoques
Agronomiques & aux Hiftoriques :
julques-là qu'ils y rapportent les faits
Hiftoriques des temps anciens avant
JESUS-CHRIST& avant Jule Cé-
far, bien que les Indiétions ne fuflènt
pr>int encore en ufage, qu'il ny eût
point alors de Calendrier auquel cet-
te période pût fervir pour régler les
.jours de la femaine,& qu'enfin le cy-
cle de 19 années étendu à ce temps-
là, ne montre point l'état du Soleil
ni de la Lune qui font les trois cho*
,
fès principales pour lefquelles ces
trois cycles qui forment la période
Julienne ont été inventez.Celt pour-
quoy elle ne donne point une idée
auffi jufte des temps anciens qui n'ê-
M iiïj,
Vft Du Ttoy/Hme dé Sinm.
toient point réglez de cette manière ;
que de ceux des treize derniers fié.
des qui étoient réglez parmi nous
félon Tannée julienne.
Mais les périodes lunifolàires de
1$ années, qui à l'égard des années
tropiques font un peu trop longues,
étant jointes à des p'eriodes de n an-
nées qui font trop courtes, forment
d'autres périodes plus précifes que
celles qui les compofent. Parmi ces
périodes les premières fos plus pré-
ciiès font celles de 3*4» de 353 &de
372 ans, dont la dernière fe termine
aiîffi au même jour de la femaine &
,
pourrait être mife à la place de la
Yiclorienne..

XXIL Périodes Lunifodaires compfr


sus de fiétles entîtrs,
LA première période tonïlbTaire
composée de fiécles entiers, eft
celle de 6"oo années qui «ft aufli
,
composée de 31 périodes de 15, &
d'une de n années. Olioy-que les
Chronologies ne parlent point de
cette période , elle ell pourtant une
des plus anciennes qui ayent été in-
ventées.
Du Royaume de SUm. 17$
Jofephe parlant des Patriarches qui
j>nt vécu avant le Déluge dit que Ami<t
,
X>ieu prolongeait leur vie tantÀtaufit7uiL,lC^
,
(te leur vertu, que pouf leur donner moyen
de perfectionner les Sciences de la Géo-
métrie & de l'Aftronomie qu'ils avaient
trouvées \ ce qu'ils n'auraient pu faire
s'ils avaient vécu moins de 600 ans ,par-
ce que ce n'eîi qu'après la révolution de
ftx fiêcles que s'accomplit la grande an*
née.
Cette grande année qui s'accom-
plit après flx ûecles, de laquelle au*
cun autre Auteur ne parle, ne peut
être qu'une période d'années lirnifo*
iairesfemblable à celle dont les Juifs
fe font toujours fervis ,,.& à celle
dont les Indiens fe fervent encore
aujourd'hui- C'eft pourquoy nous
avons jugé' à propos d'examiner
quelle a du être cette grande année*
lèlonfcs régies Indiennes,
On trouve donc par les réglés de
la L Seétion qu'en 600 années ihy
, folaires & mois
a 7100 mois , 74*i
lunaires & /,. Il faut négliger icy
cette petite fraéïion;: parce que les
années lunifolaires fîniiïent avec les
mois; lunaires étant composées de
,
mois lunaires entiers,
M v
£74 T)u Royaume de Sitm:
On trouve par les régies de lj
Seftion II, que 7421 mois lunaires
comprennent 119146 jours , 11 heu-
res , 57 minutes , 52- fécondes : fi
donc nous compofons de jours en.
tiers cette période, elle doit être de
ï\9\^6 jours.
tfoo années Grégoriennes font al.
ternativement de 21^145 jours, & de
t\9\^' jours relies s'accordent donc 3
un demi jour prés avec une période
hinifolaire de 600 ans, calculée fé-
lon les régies Indiennes.
La féconde-période lunifolaire com^
posée de fiécles eft celle de 2300 an-
nées qui étant jointe à une de 600,
,
fait une période plus précifè de 2.900
années : Et deux périodes de 2300 an-
nées, jointes aune période de <foo an-
nées font une période lunifolaire de
jaoo' années , qui eft l'intervalle du
temps que l'on compte félon la
Chronologie d'Eufèbe depuis la Créa-
tion du mondé jufqu'à l'Epoque Vuli.
gaire des années de j 1 s u s-C H R I S r»
Du Royaume de Siam. 275

XXI11. Epoque Agronomique des an-


nées de JÉSUS-CHRIST.

CËs périodes lunifolaires , & les


deux Epoques des Indiens que
nous venons d'examiner, nous mon-
trent comme au doigt l'Epoque ad-
mirable des années de JÉSUS CHRIST,
qui eft éloignée de la première de ces
deux Epoques Indiennes, d'une pé-
riode de 600 années moins une pé-
riode de 1.9 années ; & qui précède la
féconde d'une période de 600 années,
& de deux de ip années. Ainfi l'aix-
néede JÉSUS-CHRIST (qui eft celle de
Ion Incarnation & de la Naiflànce,
ièlon la tradition de l'Eglife, & com-
me le Père de Grandamy le juftifie
dans fa Chronologie Chrétienne, &
le Père Riccioli dans fôn Aftronomie
reformée )eft-auffi une Epoque Agro-
nomique, dans laquelle fuivant les
,
Tables modernes la conjonftion'
,
moyenne de la Lune au Soleil arriva-
le 24 Mars, félon la forme Julienne
rérablie un peu après par Augulte à-
,
une heure & demie du matin au mé-
ridien de jerufalem, le jour même--
de l'Equinoxe moyen, un Merore--
M vj
276 Eu Reyaumt df Sfafo.
dy, qui eft le jour de la création de
ces deuxAftres. ."''.-.
Le jour fuivant, ij Mars, qui félon
seTnn.1.
l'ancienne tradition de l'Eglife rap-
4(.f. portée par Saint Auguftin , fut le
jour même de l'Incarnation de Nôtre,
Seigneur, fut aufli le jour de la pre-
mière phafe de la Lune ; & par cou.
séquent il fut le premier jour du mois
félon 1'ufage des Hébreux, & le pre-
mier jour de l'Année Sacrée qui par
l'inftitution divine devoit commen-
cer par le premier mois du Prin-
temps , & le premier jour d'une
grande année dont l'Epoque naturel-
le eft, le concours de l'Equinoxe
moyen & de la conjonction moyen,
aedela Lune avec le Soleil.
Ce concours termina donc les pé-
riodes lunifolaires des ûecles précé-
dents, &fut un Epoque d'où com-
mença un nouvel ordre de fïécles,
fclon 1 oracle de la Sybille rapporté
jwr Virgile, en ces termes,
filt/L «i Magnus ab integro ftcloWimnafci*
turordo, :
Jàm nova progtmcs c&lo dcmilW
tur alto.
*.9.*.<r. Cet Oracle fèmble répondre à h'
* 7' Stop^hétie d'Haïe P.ATVHLUS nams 4
,
Jfu Eojmme de SiXtin trfjr
ifitUi',' oh ce nouveau neéftâppetfé-
£>ieu.-: &r Père -du âéclà à venir j Détis
forfis , Pater fmuri fiett/k
'• Les Interprétés remarquent dans
.'cette: Prophétie comme une chofe 1

.myfterktiie la fkuation extraordinai-


re' A'ïu&'-M-em final (qui eft.ie enafac-
tcre numérique de 6oo)dans ce mot
fOlciV kÀmu 'tipJttavdHm, où ztMem-
final eft à la feconde place, Fans qu'il;
y en ait -d'autre exempte dans tout le ;
•texte de llEcriture Sainte:,- dû ja-
mais une lettre ifinalé; n'eÉ placée
.qu'a lafifr' des mots.. Ce charaétene.
-numérique de ^60 dans cette fituâ-
-tion-pourroit foire allufion aux pe-
iriodesde ^ooanrtéés -des Patriarche*,
-leiqueiks -dévoient feterminer à l'^c-
•eompiiuement «le la Prophétie, qui
-eft l'Epoque dV>ù nous comptons,
préfentement les années de ].E s u s-.

X XI K Epoques desS^uiwxvsT.kl<U
Jîaftiques & du cycle vulgaire
, nombre dût;
du

LEs Chrétiens des-premiefsjui&de


fiecïës
ayant remarqué que les
«c temps-là ayoient oublié les régies
&jt pu Royaume du -S'anm.
anciennes.des années Hébraïquesid«
forte qu'ils célébraient la Pafqus
deirx fois en une année, comme té-
8«/W.<fe moigne Gonftantiji le Grand dans la
»«»*«i'*K- lettre
aux Eglifes , empruntèrent k
3> '•» forme des années Juliennes rétablies
par Auguile , qui font diftribuées par
des périodes de 4 années, dont trois
font communes de 365 jours & une
,
biflèxtile de 166 jours, & furpafiènt
les années lunaires de n jours. Ils
marquèrent donc dans le .Calendrier
Julien le jour de l'Equinoxe & les
jours de la Lune avec leur variation.
& ils la réglèrent les uns par le cy-
cle de S années, les autres par le cy-
çle de 19- années ; comme il paroît
,
par
. îarée
k règlement du Concile de Cé-
de Tan 196 de JESUS-CHRIST
& le Canon de Saint Hyppolytfc,,
: par
$c par celuy de Saint Anatolius; Mais
enfuite le Concile de Nicée tenu fan
J2f ayant chargé les Evêques d'A-
Jéxandrie comme les plus verièz
,
dans lfAiironomie, de déterminer le
temps de la Fête de.Pafque ; ces Pré-
lats & fervirent de leur Calendrier
Alexandrin, où;l'année commençoit
par le2^d'Aouft; & ils prirent pour
Eooquc des cycles lunaires de J#art.-
fit* Royxume de SÏam: tfâ.
fiées, la première année Egyptienne
de l'Empire de Diocletien jparce que
Je dernier jour de Tannée précéden-
te , qui fut le z8 d'Août de l'an 284 de
JEsus-C HRIS T", k nouvelleLunà
étoit arrivée prés- de midy ait méri-
dien d'Alexandrie. En comptant de
cette Epoque en arriére les cycles de
19 années, on vient au 28* d'Août de
l'année qui précède l'Epoque de JE-
SUS-CHRIST,* de forte que la premiè-
re année de JFSUS-CHRIST eft la fe-
conde année d'un de ces: cycles. G'efl
ainfî que Ton compte ces cycles en-
core préfenternent, depuis que Denis
le Petit tranfporta les cycles de la
Lune dir Calendrier Alexandrin air
Calendrier Romain & qu'iF com-
,
mença à compter les années depuis
l?Epoquc de JÉSUS-CHRIST au lieu de:
îes compter de l'Epoque dé Diode**
tien marquant l?Equinoxe du Pririr-
,
temps au 21 Mars, comme il avoir
été marqué dans l'Epoque Egyptien-
ne.
On auroit pu prendre pour Epoi'
que des cyles lunaires la- conjon&ioti:
équinoxiale de l'année même de
JÉSUS CHRIST plutôt que la coiv
-
jonction du 18 Août de l'année gré*
îl$b pu Royaume deSiaw
Çedcnte, & là renouVeller après £iS
•*

années, qui ramènent les nouvelles


Lunes au même jour de l'année ju-
lienne, & au même jour de laièmai-
ne ; qui eil ce que Ton demandait de
là* Période Viâorienne ; mais on ne
longea qu'à fe-conformer au règle-
ment des Alexandrins, qui étoit le
feul moyen d'accorder l'Égïife Orien-
tale & l'Occidentale. Ainn ces régie-'
fliens ont été iiùvis jujRju'aii fiecle
|>afsé iqnoy-qu'on eût apperceû de-
puis long-temps que les nouvelles
Lunes réglées de ktiorte, iuivant le
cycle de i>années anticipoient pref'
que d'unjour en jf 2 années julien-
nes .,&- que les Equinoxes antici-
paient environ de}jours en 400de
ces années.-
&X V. La Période Salaire Grcgorietms
de 400 années.

VU R s la fin du fiécle pafsé l'an-


ticipation des Equinoxes depuis
JÎEpoque choifîe par les Alexandrins
étoit montée à 10 jours; & celle des
nouvelles; Lunes dans les mêmes an-
nées du cycle: lunaire; continué &ns
interragition étoit montée à ^.joyrs 1
Du Royaume de Smm: ï&r
£*eft pourquoy on parla en divers
Conciles de la manière de corriger'
ces défauts ; & enfin le Pape Grégoi-
re XIII après avoir communiqué fort
deflèin aux Princes Chrétiens Se aux=
plus célèbres Univermez & avoir
,
entendu leurs avis, ôta dix jours à
Tannée i^8z-, & remit llEquinoxe a\x>
jour de l'année où il avoit été au*
temps de l'Epoque choifîe par- les<
Députez du Concile de Nicée.
Il établit aulfi une période de 40.0*
années plus courte de 3 jours que
400 années Juliennes, faifant Comi
mîmes les centièmes années à la ré-
ferve de chaque 400-w, à compter
depuis l'année i£oo-; ou, ce qui re-
vient à la même chofe , à compter,
depuis l'Epoque de JÉSUS-CHRIST. >
Ces périodes ide 400-années Gré-
goriennes: Temettent k Soleil aux.

mêmes pointsidu Zodiaque, aux'mê-


mes', jours du mois, & de là fernai-
ne :v & aux, mêmes heures fous le-'
même méridien;, la grandeur de
tfaranée étant apposée de if^ purs
f, heures ,49', ia"-
r
-!
Selon les ôbfèrvations modernes ;.,
aux.centièmes biiïlxtiles, l'Equihoxc:
moyen, arrive le n Marsà 10 heure*-
i$s î>u ÊôyaUme de Shm;
après midy au méridien de Rome ; 8è
la 96 ' après la centième biiïèxtile il
arrive au 21 Mars 2 heures, 45 mi-
nutes après midy, qui eft l'Equino-
xe qui arrive le*plutôt. Mais la 303e
année après, la centième biiïèxtile >
l'Equinoxe moyen arrive le 23 Mars à
7 heures, 12 minutes après midy,
qui eft le plus tardif de tous les au-
tres.
Par ces Epoques, & par cette gran-
deur de l'année il eft aisé de trou-
,
ver pour toujours les Equinoxes
moyens, du Calendrier Grégorien.
X X V1. Règlement des Epaftes
Grégoriennes.

DA Ns la correction Grégorienne
on n'interrompit pas la fuite des
cycles de19 années tirée de l'ancien- 1

ne Epoque Alexàndrihe y tomme on


auroit pii le faire j mais on obferva:»
quel jour de la Lune finit l'année
Grégorienne à chaque année du cy-
cle Alexandrin. Ce nombre des jourtf
de la Lune à la fin d'une année eft
l'Epadie de l'année fui vante. ' On
trouva qu'après la corréètion en la
première année du cycle FE^ads
>
Du Royaume de Siam. îfy
cfl i. Chaque année on l'augmente dé
ÎI jours,•
mais après la 15»
année or*
l'augmente de 12, ôtant toujours 30
quand elle furpafle ce nombre &
,
prenant le refte pour l'Epavfte';' ce
que l'on fait pendant ce fiécle.
On obfèrva auflï la variation que
les Epa&es font de fiécle en fiécle aux
mêmes années du cycle lunaire an-
cien & on trouva qu'en 2500 an-*
,
nées Juliennes elles augmentent de
8 jours ; ce qui fuppofe le mois lu-
naire de %9 jours , u heures, 44', 3",
„"'
10 , 41 . mi
Mais pour trouver les Epaeïes Gré- eaUnà.
goriennes de fiécle en fiicle, on fit Gre&'c-^ ^

trois Tables différentes dont on ne


crut pas pouvoir bien expliquer là*
conftrucHon que dans un Livre à £*£%££,
part, qui ne fut achevé que vingt- e
n.'».».
ans après la eorréâion. On crut d'a-
bord que toute la variation des E pac-
tes Grégoriennes étoit renfermée
dans une période de 300000 années :
mais cela ne s'étant pas trouvé con-
forme au projet de la correction or*
fut oblige devoir recours à des équa-,
tions difficiles dont on ne trouva!
,
pas aucune période déterminée..
£$4 t># KoyMmedï Sitm.

X Xf 11. Nouvelle Période Lunijo-


laire é Pafcbate,'
Pô u R fuppléer à ce défaut, &
trouver fans Tables les Fpacte s
Grégoriennes pouf les lîécles à ve-
tiir, nous nous fervons d une pério-
de lunifbkire de néoo années qui a
,
pour Epoque la conjonction equi-
iioxiale de l'année de JISUS-CHRIST,
& qui ramené les nouvelles Lunes
depuis la correction au même jour de
Tannée Grégorienne, au njcme jour
de la fcmaine 6c prefqu'à la mîme
,
heure du jour fous le même méri-
dien. Suivant cette période nous don-
nons à chaque période de 400 an-
nées depuis jssus-CfjRisT, 9 jours
d'Epacte équinoxiale en étant 19
,
quand,elle furpaflè ce nombre,- &
nous ajoutons 8 jours à l'Epacte é-
quinoxialé depuis la correction
pour avoir l'Epactc civile Grégo- ,
rienne, en ôtantso, quand la forn->
lîie furpaflè ce nombre.
A chaque centième année non-
.
Hàûextile, nous diminuons l'Epacte-
équinoxialede fijours à l'égard $e lai
eentiénie précédente &> nous pre*
>
Dn Royaume de Siain. aSj
fions chaque centième année pour
Epoque de 5 périodes de 19 années ,
pour trouver l'augmentation des E.
paétes pendant un fîécle à chaque an-
née du cycle à la manière accoutu-
mée. ,
Ainfi, pour avoir l'Epaéïe équi-
noxiale de l'année itfoo, qui eft éloi-
gnée de l'Epoque de JÉSUS-CHRIST
de 4 périodes de 400 années multi-
,
pliant 4 par jona 36" ; dJoù ayant
ôté 19 il refte 7 Epa&e équinoxia-
, ,
le de l'année i<5oo qui marque que
,
PEquinoxe moyen de Tannée 1600
arriva 7 jours après la moyenne con-
jonction dé la Lune, avec le Soleil :
y ajoutant S jours ,onaij, qui eft
l'Epaéle Civile Grégorienne de l'an Zxpl-C*h
1600 , comme elle elt marquée dans
la Table des Fêtes Mobiles Grégo-
riennes.
Il eft évident que KEpa&e équi-
noxiale de l'année ntfoo qui termine
cette période doit être o. Mais pour
le trouver par la même méthode ;
puis que l'année n£oo eft éloignée
de l'Epoque de JESUS-CHHIST de z>
périodes de 400 années, multipliant
19 par 9, & divifant le produit par
M*oûa le quotient 9 t & refte 9.
it 6 Du Royaume de Stam.
pourEpa<île équinoxiale : y ajoutant
8 on a l'Epaéle Civile Grégorienne
de l'année IIÔOO qui fera S, comme
Çlaviusi'a trouvé par les Tables Gré»
goriennes, à la page 1^8 de l'Expli-
cation du Calendrier. Ce qui fait voir
la conformité des Epacfes des fïécles
à venir trouvées par le moyen de
cette période d'une manière fi aisée,
avec les Epa&es Grégoriennes trou-
vées par le moyen de trois Tables du
Calendrier Grégorien.
Si l'on demande auflî les heures &
les minutes de ces Epa&es équino-
ucialesaux 4Qo=s années; on y ajou-
tera toujours ,8 heures, & de plus l
_& ,', d'autant d'heures qu'il y a de
jours entiers dans PEpaclre & un
,
.tiers d'autant de minutes. Ainfî pour
Tan 1600, dont l'Epa&e équinoxia-
le eft de 7 jours ; un tiers de 7 heures
jdt ih, 20' : un dixième efto'>, 42' :
un tiers de 7 minutes eft 1 :
lafom-
ïne ajoutée à 7 jours 8 heures fait 7
jours nh, 4', Épadc équinoxiale de
i an ifpo.
Otant cette Epaéte du temps de
Téquinoxe moyen, qui en 1600 ar-
rive le zi Mars à zo" après midy à
Rome , on aura la moyenne çoa-
DttRoymmedeSUm. £%*f
yon&ionprécédente au 14 Mars à-S,,
$6' : y ajoutant un demy mois lunai-
re qui efl; de 14 jours, 1811, zz', on,
trouvera l'oppofition moyenne au 19
Mars à jh, 18', Dans la Table des Fê-
tes mobiles où l'on néglige les mi- Ex[>i c*i.
mites, elle efl marquée au zj? Mars à p*s' 4"'
f heures.avoir;à heures minutes l'Er
Pour &
pafte équinoxiale aux centièmes non-
biilèxtiles, on ôtera à l'Epaéte trou*
vée dans la centième biiïèxtile pré-
cédente j jours, z'1, iz'pour la pre-
mière, le double pour la féconde
le triple pour la troifiéme ( emprun-
,
tant un mois de zj? jours iz>, 44/«
s'il le faut ) & on aura l'Epaéle à ljt
centième proposée jdont on fe fer-
,
vira comme dans l'exemple précè-
dent, la comparant avec l'équinoxe
moyen de la même année.
Par cette méthode on trouvera
*
les oppofîtions moyennes aux cen- ;
tiémes années non-blflèxtiles un jour
avant qu'elles ce font marquées de-
puis l'an iyoojuiqu'à l'an jooo dans
la Table des Fêtes mobiles qui eft fx?gJ!'
dans le livre de l'Explication du Ca- 414.'**
lendrier, où elles font marquées un f'^ol
jour plus tard que les hypothefçs,
3#S Vu Royaume de SUm.
-mêmes Grégoriennes ne demandent.
'A p- <»« Ce qui eft arrivé aufli dans les pré-
*df- <<>?• ceptes, & dans les exemples de trou-
' ' ver les progrés des nouvelles & plei-
nes Lunes, & dans les Epoques des
centièmes années non-bifkxtiles, &
dans tous les calculs qui en font ti-
rez ,• comme Ton reconnok en com-
parant enfèmble les pleines Lunes
calculées dans la même Table, dont
l'anticipation, qui d'une année com-
mune un à autre commune doit tou-
jours être de 10 jours, IJ heures , s'y
trouve tantôt de 9 jours, 15 heures,
comme de l'an \699 à l'an 1700 ; tan-
tôt de 11 jours, IJ heures, comme de
Tan 1700 a l'an 1701 ,• & ainfï de mê-
me aux autres centièmes non-biflex-
riles.
Il y eut fur ce fiijet des différends
qui donnèrent occafîon d'examiner
Txpi.cai avec foin le "progrès des nouvelles
f£' s*x- Lunes d'une centième Grégorienne
à l'autre ; & néanmoins ces contef-
rations ne furent pas capables de .

déveloper pour lors les vrayes dif-


férences qu'il y a entre diverfes cen-
tièmes communes & bifïèxtiles.
,
Mais comme ces calculs des pleines
Lunes n'ont été faits que pour exa-
miner
D/t Royaume de Simm. tt-j,
miner les Epa&es qui étoient ré-
,

glées d'ailleurs les différends ne


,
tombent que fur l'examen qui é-
reéliiîc fait voir la ,
jiifteflè de
tant ,
ces ' paétes Grégoriennes plus gran-
de que les Auteurs mêmes de la cor-
rection ne la fu ppofoient.
C'efl: une choie digne de remar-
que que les hypothefes Agronomi-
ques du Calendrier Grégorien Jfe
trouvent préfentement plus confor-
mes aux mouvemens celefies que
l'on ne les fuppofoit au temps même
de la correction car comme il pa-
,*

roi: parle projet que le Pape Grégoi-


re XIII envoya aux Princes Chré-
tiens l'an 15775 on fe propofa de
fuivre dans le règlement des an-
nées les Tables Alphonfines qu'on
jugeoit être préférables aux autres ;
mais pour retrancher trois jours à
400 années juliennes , on futobli-
gé de fuppoier l'année fblaire plus
courte de quelques fécondes que l'Al-
phoniïne, & de préférer cette com-
modité à une plus grande jufteflè : 8c
néanmoins tous les Aftronomes qui
ont depuis conféré les obièrvâtiqns
modernes avec les anciennes onc
trouvé que rangée Tropique eft ea ,
Ttm iU H
i^o» t>u Royaume de SUm.
jeffetimpeupluscourte que l'AIphon-'
fine, quoiqu'ils ne foient pas dac-
cord dans la différence précife.
La grandeur du mois lunaire qui
refaite de l'hypothefe Grégorienne
de l'équation des Epaétes qui eft de
8 jours en 1500 années juliennes, eft
auiïî plus conforme aux Astronomes
modernes, que le mois lunaire des
Alphonfines ; & la difpofition des
Epaéles Grégoriennes , & les nou-
velles & pleines Lunes qui en réful-
tent, font auffi fouvent plus précifes
que ceux mêmes qui donnèrent la
dernière main à la correction ne pré-
tendaient.
Enfin, tout le Syftême du Calen-
drier Grégorien a des beautez qui
n'ont pas été connues par ceux mê-
mes qui en ont été les autheurs ,
comme eft celle de donner les Epac-
tes conformes à celles qui fe trou-
vent par la grande Période Lunifo-
|aire qui a pour Epoque l'année mê-
me de J E s u s-C H R s T , & le jour
1
même qui félon la tradition ancien-
,
ne précède immédiatement le jour
,
de l'Incarnation ; d'où l'on peut r>
jer les Equinoxes 6c les nouvelles
|*unes avec plus de facilité que de 1%
Vu Royaume de Sîam. tyt
poque Egyptienne du nombre d'Or j
dont on a voulu en quelque maniè-
re garder le rapport.
Il eût été à fouhaiter que, puifque £*&**$
dans le projet envoyé aux Princesf"*" 4l
Chrétiens & aux Univerlùez onpro-
pofa de retrancher de l'année Julien-
ne fur la fin du fîécle palTé 10 ou ij1

jours j on en eût retranché u, qui


eft la différence entre KSOO années
Juliennes & KÎOO années Grégorien-
nes , pour mettre les Equinoxes aine
mêmes jours de 1 année Grégorien"
ne qu'ils étoient dans l'année Julien-
ne, félon la forme rétablie par Au-
gure, dans l'Epoque même de JÉ-
SUS-CHRIST , plutôt que de les
remettre aux jours où ils étoient au
temps de l'Epoque étrangère choific
par les Alexandrins pour leur com-
modité particulière : & qu'au lieu de
régler les Epaéles par le cycle défec-j
lueux des Alexandrins, 6c de cher-
cher des équations 6ç des correc-
tions pour les Epaules portées par ce
cycle., on eût auffi pris garde à la
giande Période Luniiblaire de ntfoo
années que nous venons de propo-
,
fer, qui donne immédiatement les
vrays jours des Epades ; qui ramena
Nil
*9 z 7}u Royaume de SUn?.
les nouvelles lunes au même jour de
l'année & de la femaine, & qui a
une Epoque la plus augufte & la plus
mémorable parmi les Chrétiens que
l'on puiflè imaginer.
Je ne doute point que fi on eût
trouvé dés ce temps-là cette période
.

gué nous venons de propolèr, on


rie l'eût employée non - iéulement
par l'excellence de ion époque, mais
auffi parce que la grandeur du mois
qu'elle fuppofe eft autant conforme
aux Tables Alphonfines , que la
grandeur de Tannée qu'ils établi-
rent pour fe conformer à ces Tables
Je plus que la commodité du calcul
Je permettoit.
Car cette Période eft composée de
243472 mois lunaires, & de 4236815
/ours naturels ; & par conséquent
elle fuppofè le mois lunaire de 19
jours, izh, 44 , 3 , y , 28 , 48 ,
*o""'Y,& lès Tables Alphonfines le
fuppofent de 19 jours, 121, 44'> î"'>
*'",5*"", y"'"', qui eft plus court de
%"': que celuy de nôtre période.
Selon Tycho Brahé le mois lu-
,
naire eft de z? jours izh 44', 3"?
,

$'", j.f", 4^" , ,


,.48""",'qui excède
|ç nôtre de £' ,• ainfi ce mois cil
Du Royaume de SUift. 2£j
moyen entre cduy d'Alphonfe & ce-
Juy de Tycho Brahé. ;

C'eft pourqùoy cette grande pé-


riode composée d'un nombre de ces
mois entiers & d'un nombre de pé-
,
riodes Grégoriennes de 400 années,
& par conséquent de femaines en-
tières, & de jours entiers, pourrait
être proposée pour fèrvir comme de
régie à comparer enfemble toutes les
autres périodes , & pour y rapporter
les temps avant & après l'Epoque de
JÉSUS-CHRIST laquelle ieroit la rîit
,
delà première de nos périodes & le
commencement de la lèconde : &
comme cette grande période a été in-
rentre dans les exercices qui le font
à l'Académie Royale des Sciences 5c
à 1 Obièrvatoire Royal fous la pro-
,
tèéiion & par les ordres du Roy ; il
femble que fi la période julienne a
pris fon nom de Jules Céfar & là
,
Grégorienne de Grégoire XIM, celle-
cy pourroit à auilî jufte titre être
nommée la PÉRIODE LUNISOLAIRE
DE LOUIS LE GRAND.

Notez , que ce qui efl dit an commen-


cement de la page 155, que dans cet £x-
N iij
;*94 Pu ^oyatme de Siam,
trait les nombres font écrits de haut en
bas À la manière des Chinois, fe doit en-
tendre qu'ils mettent la fbmme des mi-
mues fous celle des degrés t celle des Je.
tondes fous celle des minutes celle des
*

tierces faut celle des fécondes , & ainfi


de fuite, comme nous mettons les Jouî-
mes les unes fous les autres, lorfque nous
en voulons faire l'addition : mais dans
lhaque fornrae particulière fait des de-
,
grés ,foit des minutes, ficondes tierces,
,
rangés
ou autres les chijpfes font dans
, nôtre manière de les
cet Extrait félon
ranger.
Notez, aujfi que le mot de Souriat,
qui Je trouve page itfS & ailleitrs , eji
le nom du Soleil dans la langue favame
de Paltacate, & que le mot aatir qui fe
,
trouve pag. 175 efi encore le nom du So-
leil , mais dans la langue Bulie , &
<aujfi dans la langue vulgaire de Palid'
cure j comme il a été remarque cy-def-
fus au chapitre des noms des jours , des
Mois » & des Années.

FIN.
"I
t>u Royaume de Étante i$$

LE PROBLEME DES QUARRE'S


Magiques félon les Indiens.

CE Problème eft tel :


Un quarré étant divisé en au*"
tant de petits quarrés égaux que l'on
voudra, il faut remplir les petits
quarrés d'autant de nombres donné?
en progreffion Arithmétique , de
telle forte que les nombres des petits
quarrés de chaque rang foit de haut
,
en bas , foit de droit à gauche , &
ceux des diamètres facent toujours
une même fomme.
Or afin qu'un quarré foit divisé en
petits quarrés égaux , il faut qu'il y
aie autant de rangs de petits quarrés^
qu'il y aura de petits quarrés à cha-
que rang.
J'appeileray les petits quarrés des
cafés, & les rangs de haut en bas des
montants, &c ceux de droit à gauche
des gifants ; & le mot de rang mar-
quera également les montants 6c les
gifants.
j'ay dit que les cafés doivent être
remplies de nombres en progrefiio»-
N iiij
ï$6 "Du Roymme de Sîant.
Arithmétique & parce que toute
,
progrefïion arithmétique eft indiffé-
rente pour ce Problème , je prendray
la naturelle pour exemple & je
prendray l'unité pour le premier,
nombre de la progrefïion.
Voicy donc les deux premiers
exemples favoir le quarré de neuf ca-
fés & celuy de 16, remplis l'un
,
des neuf premiers nombres depuis ,
l'unité julqu'à neuf, des fèize pre-
miers nombres depuis l'unité jul-
qu'à 16 : de telle forte que dans le
quarré de 9 cafés la fomnic de cha-
que montant, & celle de chaque gi-
iânt eft 15 , & celle de chaque diamè-
tre aulîî iy : & que dans celuy de 16
cafés la fomine de chaque montant,
& celle de-chaque gifant eft \6, &
celle de chaque diamètre aufli \6.

4 9 ' 1 : 1 115 j 14
[ 4
î 5 7 | 12 I <r 7 :

.?
s j 1 £ 1
8 ;
10 il 5

iLLL-lJi
On appelle ce Problème les quar-
fés Magiques parce qu'Agrippa
,
Vu Royaume de Shm. 10
dans fon fécond Livre de Occulta Phï-
lofephiâ chap. 22. nous apprend
y
qu'on s'en efè fervi comme de Ta-
lifmans, après les avoir fait graver
fur des lames de divers métaux : l'a-
dreilè qu'il y a à ranger les nombres
de cette manière, ayant paru aflèa
merveilleufe aux ignorants, pour en
attribuer l'invention à des elprits fù-
périeurs à l'homme. Agrippa a don-
né non feulement les deux quarrés
précédents mais les cinq d'enfùite,
,
qui font ceux de 2j, de 36 ,Ae 4^ de
,
<?4, & de 81 cales : & il dit que ces
fept quarrés ont été confacrés aux
fept Planètes. Les Arithméticiens de
ces temps-cy les ont regardés com-
me un jeu d'Arithmétique, & non
comme un myftére de magie : & ils
ont cherché des méthodes générales
pour les ranger.
Le premier que je fâche qui y ait
travaillé a été Gafpar Bachet de Me-
ziriac Mathématicien célèbre par
,
{es Savants Commentaires fur Dio-
phante. Il trouva une Méthode in-
génieufe pour les quarrés impairs,
c'eft à dire pour ceux , qui ont un
nombre des cafés impair : mais il
«'en peut trouver pour les quarréj.
NV
498 T>u Royauriïe de Stam.
pairs- C'eft dans un livce in 8 qu'il
,
a intitulé , Problèmes plaifants par
nombres.
Mr Vincent dont j'ay fcuvent par-
lé dans ma Relation mt voyant un
,
jour, dans le Vaiflèau pc ndant nô-
tre retour, ranger par «imufèment
des qu rrés magiques à la manière
de Bachet me dit que ks Indiens
,
•de Suratte les rangeoient svec bien
plus de facilité & m'enfe gna leur
,
méthode pour les quarré imparrs
ièulement, ayant difoit-il oublié
^

cdk des pairs. ,


Le premier quarré qui eft celuy
de 9 cales revenoit au quarré d'Agrip-
pa, il étoit feulement renversé :
anais les autres quarrés impairs tu-
toient eflèntiellement différents de
ceux à'Agrippa. Il rangeoit les nom-
bres dans les cafés tout d'un coup &
,
iàns hélîter, & j'efpere qu on ne
defàpprouvera pas que je donne les ré-
gies & la démonftration de ce:te
,
méthode qtri efl iùrprenante par
,
ion extrême facilité à exécuter une
choie, qui a paru difficile à tous nos
Mathématiciens.
i". Après avoir divisé le quarré to-
tal cqiespetits quarrez, on y place
Dit RoyaumedeStant. %<$$
es nombres félon leur ordre natur
rèl je veux dire en commençant
,l'unité & continuant
par , en par *>
3. 4. & par tous les autres nombres
de fuite & l'on place l'unité, ou
,
le premier nombre 4e la progrejTjQa
arithmétique donnée à la cafe du
milieu du gifant d'en haut.,
2". Quand on a mis un nombre
dans la plus haute café d'un montant,
on met le nombre fuivant dans Js
plus baie cafe du montant qui fuit
vers la droite : c'eft à dire que dp gi-
fant d'en haut on defeend tout d'un
coup à celuyd'en bas.
5„. Quand on a placé un nombre
dans la dernière cafe d'un gifant, on
place le fuivant dans la première ca-
le du gifant immédiatement fupe-
rieur c'eft à dire que du dernier
, à droit
montant on revient tout d'un
coup à gauche au premier mon-
tant.
4 . En toute autre rencontre après
avoir placé un nombre on place les
s
fuivants dans les cafés qui fuivenc
diamétralement ou en écharpe de
bas en haut & de la gauche à la droi-
te , jufqu'à ce qu'on arrive 3 l'une
«fc$ cafés du gifant d'en haut,
ou, du
N vj
joo Du Roy Mme de Sîam.
dernier montant à droit.
V. Quand on trouve le chemin
bouché par quelque caiè déjà remplie
de quelque nombre alors on prend
,
la café immédiatement au deflbus de
celle qu'on vient de remplir, & l'on
continue comme auparavant diamé-
tralement de bas en haut & de la gau-
che à là droite.
Ce peu de règles aisées à retenir
fùmTent à ranger tous les quarrés
impairs généralement. Un exemple
les va rendre plus intelligibles.

17- z+l i 8 iy I

i~* >_-* —. M ii*


>— i
23 y 7 H
4 (> I. 20 22
IO 12 • Ii) 21 3
h«t >— t-^ R^4 ^^
JI l8
;
2f 2 j>

Ce quarré eft efientiellement dif-


férent de celuy d'Agrippa : la Mé-
thode de Bachet ne s'y accommode
pas aisément-, & au contraire la Mé-
thode Indienne peut aisément don-
ner les quarrés d'Agrippa en la chan-
geant en quelque choie.
is. On place l'unité dans la café*
Du Royaume de Sùtm. 301
tjui eit immédiatement ibus celle du
centre , & l'on pourfuir diamétrale-
ment de haut en bas, &c de la gauche
à la droite.
2 . De la plus baflè café d'un mon-
tant on pafiè à la plus haute café du
montant qui fuit à droit ; Se de la
dernière café d'un gifant on revient
à gauche à la première café du gi-
fant immédiatement inférieur.
5 '. Quand le chemin eit interrom-
pu , on reprend deux cafés au deiïbus
de celle qu'on vient de remplir,- &
s'il ne relie point de caiè su defïbus 3
ou qu'il n'en refte qu'une,la première
café du même montant, effc censée
revenir en ordre après la dernière ,
comme fi elle étoit en effet au def-
fous de la plus.baffè.

Exemple tiré d'Agrippa.

n 24 j 7_ i
zo- 3^
4 12 ^25 j S \6
17 £ ^il^i 2-
10 ï8 1 14 22
23 6 i? 1 15
|ûi T>tt RôjMume de Siam.
Comme Bachet n'a pas donné \i
demonflration de là Méthode je
,
i'ay cherchée ne doutant: pas qu'elle
ne me donnât aufîî celle de la Métho-
de Indienne : mais pour faire enten-
dre ma Démonftration, il effc nécef-
faire que je donne la Méthode de
Bâcher.
i . Le quarré étant divisé par cafés,
pour ttre rempli de nombres dans
l'ordre Magique il l'augmente a-
,
vant toutes choies par les quatre co-
tez en cette manière. Il ajoute au
-deflîis du premier gifànt, un autre
gifànt, mais raccourci de deux cafés,
lavoir d'une à chaque bout. Sur ce
premier giiànt raccourci il en ajoute
un fécond raccourci de deux nouvel-
les cafés. Au fécond il eh ajoute un
troifiéme plus raccourci que le pré-
cédent au troifiéme un quatrième
,
& ainu* de fuite , s'il eft nécéflàire ,
julqu'à ce que le dernier gifànt n'ait ,
qu'une café. Au deilbus du dernier
gifànt il ajoute de même autant de
gifants plus raccourcis l'un que l'au-
tre : & enfin au premier montant à
gauche & au dernier montant à
,
droit ii njoûte aufïï autant de mon,-,
tants ain,fî raccourcis,
Vu Royaume de SUm. jo|.

a a font les quarrés de 9 & de 2? ca-


fés b b font les cafés d'augmenta*
tion.
Le qnarré étant ainfi augmenté
Bachet y place les nombres fuivanf
Tordre [naturel tant des nombres
que des cafés , en la manière fui-
vante.

l>ams cette 4iïpofition. 03 voit que


3$4 T>u Royaume de S Uni.
les cafés du véritable quarré font al-
ternativement pleines, & alternati-
vement vuides, & que fes deux dia-
mètres ibnt entièrement pleins. Or
les cafés pleines ne reçoivent aucun
changement dans ia fuite de l'opéra-
tion, & les diamètres demeurent tou-
jours tels qu'ils font par pofition
dans le qnarré augmenté : mais pour
les cafés du véritable quarré, qui
font encore vuides elles fe doivent
,
remplir des nombres qui font dans
,
les cafés d augmentation en tranf-
,
portant en bas ceux d'enhaut , & en
haut ceux d'en bas chacun dans
,
fbn montant ; ceux de la droite à
la gauche & ceux de la gauche à
la droite, chacun dans fbn gifant,
& tous à autant de cafés, qu'il y en a
dans le côté du véritable quarré. Ain-
fî dans le quarré de 9 cafés qui n'en
trois dans fbn côié, ,
l'unité qui
a que
cft dans la café d'augmentation d'en
haut,fe tranfporte à la troifiéme café
au deflôus dans le même montant, 9
qui eft dans la café d'augmentation
d'en bas fè tranfporte à la troifiéme
café au defïùs dans le même mon-
tant. 3 qui eft à la café d'augmenta-
jiofl à droit, fe tranfporte à gauchç
Du Royaume de Sidm. $r>f
à la troifiéme caCe dans le même gi-
fant : & enfin 7 qui eft dans la cafe
d'augmentation à gauche fetranfpor-
te à droit à la troifiéme cafe dans le
même gifant.
De même dans le quarré de 2f ca-
.

fés qui en a f dans ion côté, les


,
nombres qui font dans les cafés
,
d'augmentation d'enhaut defeendent
f
caiès au deiibus chacun dans fon
montant. Ceux des caiès d'augmen-
tation d'en bas montent cinq cafés au
deiïùs chacun dans fon montant.
Ceux des caiès d'augmentation à
droit parlent f cales à gauche chacun
dans ion giiant ; & ceux des cafés
d'augmentation à gauche pafiènt j
caiès à droit, chacun aufïi dans fon
gifant. il en doit être de même dans
tous les autres quarrés à proportion ,
& par là ils deviendront tous Magi-
ques.
Définitions.
1. Dans le quarré augmenté de
Bâcher les rangs d'augmentation;
,
feront appelés comfkmevts des rangs
du véritable quarré, dans' lefqucls
les nombres des rangs d'augmenta-
tion doivent être traniportés : & les
rangs} qui doivent recevoir des com-
$0 é t># Royaume de Si4M.
{déments feront appelés rangs dL
,Or
foetllants. Comme par la Méthode
<Je Bachet chaque nombre des cafés
d'augmentation le doit tranfporter
à autant de cafés, qu'il y en a dans
le côté du véritable quarré, il s'en-
fuit que chaque rang défaillant eft
autant éloigne de fon complément,
qu'il y a de cafés dans le côté du vé-
ritable quarré.
2 . Parce que le véritable quarré,
c'eft à dire celuy qu'il faut remplir
de nombres félon l'ordre Magique,
cil toujours compris dans le quarré
augmenté je le confîdereray dans
,
le quarré augmenté, & j'appelleray
fes rangs & lès diamètres les rangs
,
& les diamètres du véritable quarré :
mais fes rangs fbit gifants foit
, ,
montants, comprendront les cafés
d'augmentation qu'ils ont aux deux
,
bouts ; parce que les nombres qui
font dans les cafés d'augmentation
,
ne fortent ny de leur gifant nyde
leur montant, quand on les tranf-
porte dans les cafés du véritable
quarré félon la Méthode de Bâcher.
3\ Les Diamètres du quarré au-
gmenté font le montant moyen &
gifant ,
le moyen du véritable quarré s
Du Royaume de Siam. $oj
& ce font les feuls rangs qui ne
,
font pas défaillants, & qui ne re-
çoivent point de complément, ils
n'acquièrent & ne perdent aucun
,
nombre dans l'opération de Bachet Î
ils fouffrent feulement le tranfport
de leurs nombres de quelques-unes
de leurs cafés en d'autres.
43. Comme le quarré augmenté a
des rangs d'un. aiure fens que ne
,
font les rangs du véritable quarré je
,
les appelleray bandes & barres. Les
bandes defeendent de la gauche à la
droite comme celle ou font les
,
nombres 1,2,-3,4, h dans l'exemple
précédent, les barres defeendent de
la droite à la gauche, comme celle
où font les nombres 1, 6 11,16, zi3 ,
dans le même exemple. ,
Pre'paratièn a la Démenftration.
Le Problème des quarrés Magiques
eonfifte en deux chofes. La première
cft que chaque gifant & chaque mon-
tant fafîènt même fomme, & la fé-
conde que chaque diamètre fafïè auflî
cette même fomme. je ne parleray
pas d'abord de cette dernière condi-
tion non plus que fî je ne la cher-
,
chois pas. Et parce que pour parve-
nir à Li première, il n'eit pas nécef-
30 S Vu Royaume de Siam.
faire que tous les nombres, qui doi-
Yent remplir un quarré Magique ,
foient en proportion Arithmétique
continuè',mais qu'il fuffît que les nom-
bres d'une bande foient arithméti-
quement proportionnaux avec ceux
de toute autre bande, je marqueray
Jes premiers nombres de chaque ban-
de par les lettres de I'Alphabeih latin,
& les différences entre les nombres
d'une même bande par les lettres de
l'Alphabeth gi ec.-& afin que les nom-
bres d'une bande foient arithmeiique-
men; proportionnaux aux nombres de
toute autre bande, je marqueray les
différences des nombres de chaque
bande par les mêmes lettres grecques.
Du Royaume de Shm. 309
m, Rien n'empêche qu'on ne mette
le fîgne—' au lieu du figne ~* ou de-
,
vant toutes les différences , ou de-
vant quelques-unes , pourvu que le
même ligne foit devant la même dif-
férence en chaque bande : car ainfi
la proportion arithmétique ne fera
point altérée.
2 . Plus un quarré fera grand, plus
il aura de lettres latines, & de let-
tres grecques : mais chaque bande
n'aura jamais qu'une lettre latine, &
toutes les lettres grecques ; & la let-
tre latine fera différente en chaque
bande. Chaque barre au contraire
aura toutes les lettres latines , 8c
toutes hormis h première auront
une lettre grecque , qui fera diffé-
rente en chaque barre.
Démonstration.

De-là il s'enfuit 1 que les Diamè-


.
tres du quarré augmenté ont chacun
toutes les lettres latines & toutes les
grecques , parce qu'ils ont chacun
une café de chaque bande , & une
çafe de chaque barre & que les car
,
fes de chaque bande leur donnent
toutes Jes Jetfres latjn.es, Se les caT
3ÏO T>u Royaume de Shm.
{es de chaque barre toutes les grec,
ques. La fonime donc de ces deux
diamètres eft la même favoir cel-
,
le de toutes les lettres tant grecques
Sue latines prifes une fois. Or ces
eux diamètres font un montant &
un gifant dans le quarré Magique ,
:parce que dans l'opération de Bachet
leur fomme ne change point par h
perte ou par l'acquifition de quelque
nombre comme je l'ay déjà remar-
qué. ,
x . Comme les rangs du véritable
quarré, lbit gifants , lbit montants ,
font autant éloignez de leurs com-
pléments qu'il y a de cafés dans le
,
côté du verirable quarré il s'enfuit
,
que les bandes, & les barres, qui
commencent par un complément ou
au defTus de ce complément, n'at-
teignent point , c'eft-à-dire n'ont
point de café au rang défaillant de
,ce complément ; & que les bandes
& les barres qui commencent par un
rang défaillant ou au defïïis , n'ont
point de café dans fon complément :
donc les lettres du rang défaillant
font toutes différentes de celles âcs
compléments, parce que différentes
:i?andes ont: différentes Jkttres lâû*
Du Royaume de Siam. gi r
nés , & que différentes barres ont
différentes lettres grecques.Mais parce
que toutes les band.es & toutes les bar-
res ont chacune une cale dans tous
les rangs défaillants on dans leurs
compléments : donc quelque rang
défaillant que ce foie aura toutes les
,
lettres quand il aura reçu ion com-
,
plément il aura toutes les latines
,
parce que toutes les bandes pafïànt
par tout rang défaillant, ou par ion
complément y laiiïènt toutes les let-
tres latines , & il aura toutes les
grecques , parce que toutes les barr
res palTant auiîï par tout rang défail-
lant ou par fon complément y laifr
fent toutes les lettres grecques. Et
ainfi tous les rangs défaillants feront
même .fomme dans le quarré Magt-
que, & la même fomme que les dia-
mètres du quarré augmenté , qui
font les deux feuls rangs non-défail-
lants du véritable quarré.
Que cette Méthode ne peut convenir 4itf
quarrés pairs.

La Démonftration que je viens de


donner, convient aux quarrés pairs ?
comme aux impairs, en ce que CUÛS
$n Vu Royaume de Sîam.
le quarré augmenté pair, tout rang
défaillant & fon complément font
la femme qu'un rang du quarré Ma-
gique doit faire : mais il y a cet in-
convénient aux quarrés pairs , que
les nombres des cales d'augmenta-
tion trouvent remplies par d'autres
nombres les cafés .du véritable
,
quarréqu'ils devroient remplir:par-
ce que toute cale eft pleine, qui vient
en rang pair après une cale pleine, &
que dans les quarrés pairs les cafés
des rangs défaillants viennent en
rang pair après celles des complé-
ments , les rangs défaillants étant
autant éloignez des compléments,
•que le côté du quarré a des cafés , &
Je côté de tout quarré pair ayant les
cafés en nombre pair.

Des Diamètres des quarrés Magiques


impairs.

Il eft clair par l'opération de Ba-


chet, qu il entend que les diamètres
font tels qu'ils doivent être par la
feule pofition des nombres dans le
«juarré augmenté : & cela fera tou-
jours vray pourvu feulement que
l'on fuppofe que le nombre de la café
du
Vu Royaume de Slam. 313
du milieu de chaque bande foit moyeri
arithmétique-proportionnel entre les
autres nombres de la même bande
pris deux à deux : condition, qui effc
naturellement renfermée dans le Pro-
blème ordinaire des quarrés Magi-
ques, où l'on demande que tous les
nombres foient en proportion arith*
métique continué'. Altemando le nom-
bre moyen de chaque barre fera auf-
fi moyen arithmétique-proportion-
nel entre tous les nombres de la ma

me barre pris deux à deux : & par là
chaque moyen pris autant de fois qu'il
y a de cafés dans la bande ou dans la
barre, ce qui effc tout un, fera égal à la
Comme totale de la bande ou de la
barre. Donc tous les moyens des ban-
des pris autant de fois qu'il y a de ca-
fés dans chaque bande, ou, ce qui effc
tout un, dans le côté du quarré, fe-
ront égaux à la fomme totale dit
quarré : donc pris une fois feulement,
ils feront égaux à la fomme de l'un
des rangs du quarré Magique: & il en
fera de même des moyens des barres i
parce que les moyens des bandes
font un diamètre, & les moyens des
barres l'autre il effc prouvé que les
,
diamètres feront juffces par la feulé
* Tome IL O
314 &u &?*»&£ de*$iamf
polltion des nombres dans le quarrâ
augmenré, pourvu que chaque moyen
de bande, foit moyen arithmétique-
proportionnel entre tous les nombres
de ià bande pris deux à deux.
Au refte comme il n'y a dans les,
quarrés augmentez pairs, ny vérita-
ble quarré ny diamètres du véritable
,
quarréjparçeque les bandes des quar-
rés pairs n'ont pas un nombre T(tt>j/tns
c'ert encore une raifon , qui fait que
cette Méthode ne fe peut accommo-
der aux quarrés pairs.
Aioyens de -varier les quarrés Magi-
ques par le quarré augmenté
de Baçhet.
i°. En variant l'ordre des nombres
dans les bandes ou dans les barres
, ,
pourvu que l'ordre qu'on prendra
Foit le même dans toutes les bandes,
ou le même dans toutes les barres ,
a£n que dans cet ordre les nombres
d'une bande ou d'une barre foient
arithmétiquement proportionnels à
ceux de toute autre bande ou barre:
mais il faut qu'aucun des diamètres
ne perde aucun de fes nombres.
20. Ou bien (ce qui reviendra aq
m£me ) en variant Tordre des bandes
Vu Royaume ie Sitm. JI?
entre elles, & ceiuy des barres entre
jcliesdaxislequarré augmenté : car ce-
la ne trouble pas la proportion arith-
métique qui eft le fondement de la'
Démonftration précédente : mais il
faut fe fouvenir de laiflèr toujours en
leur place la bande & la barre , qui
font les deux diamètres.
3 '. En ne mettant pas
le premier
nombre de chaque bande dans la
première café de chaque bande : par
(exemple ;

d, «,
,
esc,b, font les cinq lettres
de la première bande, dont Tordre
«ft arbitraire, & la lettre d, qui eft à
la première café de cette première
bande, ne fe trouve à la première
cale d'aucune autre bande : mais à la
quatrième café de la deuxième baa-
*Tm<IJ. *Oij
p6 Tfu Royauriïe de Sianf,
de,à la deuxième delà troifiéme, à h
cinquième de la quatrième & à la
,
troiliéme de la cinquième. D'ailleurs
la fuite ou Tordre des lettres doit;
être le même dans chaque bande.
Mais parce qu'aux bandes où la lettre
d eft dans une café plus baflè que la
première, il ne refte plus allez de ca-
fés au déflbus, pour mettre toutes les
autres lettres de fuite, les premières
cafés des bandes reviennent en ordre
1

après les dernières, & font en ce cas-


là censées les rderniéres cafés de leurs
bandes. Cifçonifcance qu'il faut bien
retenir. ' ' "":'"'
Si donc on diipoiè djans un quarré
augmenté les nombres .dans chaque
bande, comme jaay difposé dans les
bandes de ce quarré-cy tes lettres at
b, c,d,'e* j & que l'on continue d'o-?
pérer comme Cachet, ç'eft-à-dire de
tranfporter comme il faic, les nom-
,
bres des cafés d'augmentation dans
les cafés vuides du véritable quarré,
le véritable quarré fera Magique au
moins quand aux rangs, foit giiânts,
foit montants, car je ne parle pas en-
core des diamètres.
' J'appelleray: cafés capitales , celles
-puTe trouvent les lettres, pareilles.»,
Du Royaume de S'taM. $xf
à ïa lettre qu'on met dans la pemié-
re café de la première bande, que
j'appelleray première café capitalek

Préparation à la Démenftratiott.

i . Il faut obfervér eh difpofantcëâ


lettres, qu'après avoir choifî la café
capitale de la féconde bande préS
d'une lettre de la première bande que
j'appelleray lettre d'indication de
,
telle forte que cette féconde café ca-
pitale foit aufïï la féconde café de la
barre qui commence par cette lettre
d'indication, on choififlè la café capi-
tale de la troifiéme bande, auprès de
ïa lettre de la féconde bande, pareille
à la première lettre d'indication, de
telle forte que cette troifiéme café ca-
pitale foit la y de la barre où fera la
féconde lettre d'indication. Oh déter-
minera de même la café capitale dé
chaque bande auprès delà lettre d'in-
dication de la bande précédente,,
D'où il s'enfuit qu'il y a autant de
cafés capitales que de bandes & pas
davantage. s ,,'
Il s'enfuit nuflî que non feulement
la lettre d eft toujours fous la lettre
c dans une même barre, mais que
O iij
£i8 "Du Royaume de Siam*
toutes les autres lettres font toujours
Jbus les mêmes lettres dans les mê-
mes barres, & que les lettres ont
auiîî un même ordre dans toutes les
barres comme elles en ont un mê-
,
me dans toutes les bandes, quoy que
l'ordre des lettres dans les barres ne
foit pas le même que Tordre des let-
tres dans les bandes.
iu. Le choix de la café capitale de
la deuxième bande qui détermine
teluy" des autres n'elr. pas entière-
,
ment arbitraire. Pour le régler il
faut avoir égard au nombre des rangs
du véritable quarré qui eft le norr.-
,
ibre y dans l'exemple précédent, &
qui eft toujours la racine quarrée dii
nombre qui exprime la multitude
,
des cafés du véritable quarré &
ainû* je l'appelleray la racine du ,
«quarré.
' Prenez donc un nombre à vôtre
Choix, pourvu néanmoins qu'il foit
moindre que la racine du quarré, &
premier à cette même racine &
,
au en y ajoutant deux points, il foit
encore premier à la même racine du
quarré : ce fera par ce nombre que
,
ïious déterminerons le choix de la
jfeconde café capitale : & appelions-
Du Royaume de Siartf: %!>)
|e le nombre déterminante •"

La féconde café capitale ne doit pas


être la féconde cale de la féconde
bande, parce que cette féconde cale
fe trouve dans le diamètre montant
du quarré augmenté &c qu'il ne
,
doit y avoir deux lettres pareilles
dans aucun des diamètres du quarré
augmenté : & ainfî comme la pre-
mière çafe capitale eft déjà dans le
diamètre montant la féconde n'y
,
peut être. Il faut au contraire que
la café que vous choifïrés dans la fé-
,
conde bande pour féconde capital
,
le, s'éloigne autant de la féconde Ca-
fé du diamètre montant que vôtre
,
nombre déterminant aura d'unités
-,
& en même temps vôtre féconde
capitale, fera éloignée de la premiè-
re café capitale d'autant de gifants,
que vôtre nombre déterminant -* z
aura d'unités. Ainfi dans l'exemple
précédent la féconde café capitale >
fa voir la café de la féconde Bande
,
où eft la lettre d, eft la féconde café
après celle qui eft dans le diamètre
,
montant,& elle eft dans le quatrième
gifant au deflbus de la première café
capitale, qui tout feule eft regardée
comme un gifant, & le nombre 2.>
O iiij
$zo D» Royaume de Sîam.
qui détermine cette féconde café
capitale eft premier à 5 qui eft
, ,
la racine du quarrê & 1 -+ 2 c'eft-à-
,
dire 4. eft encore premier à j k
,
troifïéme cafc de la féconde bande %

eft donc la première qui s'éloigne


,
du diamètre montant, & c'eft par
celle-là qu'il faut commencer de
conter l'éloignement des autres : de
forte que la première café de cette
ièconde bande eft en ce fens-là la
plus éloignée de la féconde calé
,
<juoy qu'à conter d un fens contraire
«lie la touche.
Vous pouvez donc dans l'exemple
précédent où la racine du quatre
,
eft y, prendre ou 1 ou 1, ou 4 qui
,
Vous donnent trois cafés différentes,
<lont vous pourrez faire vôtre fécon-
de café capitale, 1 eft premier à 5
£c 1 -* 2 c'eft-à dire 3 eft aufll pre-,
,
mière à j, & 1 vous donnera la café
où eft b, diftante de trois gifànts de
Ja première café capitale. 2 eft pre-
mier à 5 , & 2 -* z c'eft à-dire 4 eft
auffî premier à 5, & 2 vous donnera
la café où eft d, diftante de 4 gi-
fànts de la première café capitale. 5
eft aufll premier à 5 mais parce
,
que } -* x c'eft-à-dire 5 n'eft pas pre-
T>u Royaume de sUm, $it
ïTiier à j, ? ne vous peut donner cq,
cet exemple, qu'une faufle caft capi-
tale. 4 eft premier à j, & 4 -* 1 C'eftl
à-dire 6 eft auflî premier à ç, mais
de 6 il faut ôter j qui eft la racine, 5i
il reftera 1. Et 4 vous donnerais Cals
où eft « la quatrième en éloigné*
>
ment de la café du diamètre mon-
tant , & a un gifant prés de la pre-
mière capitale. Le nombre 4 Vous
donnera donc l'arrangement de Ba-
chet, qui a mis toutes les cafés capi-
tales dans la première barre : & tou-
tes les fois que vous prendrez pouf
nombre déterminant un nombres
,
moindre de l'unité, que la racine di*
quarré, vous tomberez dans Parràrir
gement de Bachet.
}°. De-là il s'enfuit que le Diamè-
tre montant n'aura aucune autre ca-
fé capitale que la première qu'il à
, ,
déjà, & qu'ainfî il n'aura pas deux
fois la lettre qui fera dans les cafea
,
capitales. Pour le prouver fnppoW
fons que nos bandes foient aflèz al-."
longées vers la droite, pour faire
autant de nouveaux montants, quer
nous voudrons ; & marquons le pre-
mier montant, qui fera autant, éloi-
gné du diamètre montant ; que laf
9 y.
pi Du Royaume de Siam.
racine du quarré a d'unités : c'eft-
"à-dire qui lera le cinquième adroit
du diamètre montant, fi la raci-
ïie du quarré eft 5. Et à pareille di-
ïtarice de ce premier montant mar-
jguë marquons en un fécond, &
,
£ûi's un troifîéme, &un quatrième,
toujours à pareille diftance l'un de
1 autre jufqu à ce qu'il y ait autant
,
dé montants marquez que le nom-
bre déterminant aura d'unités. En
ce cas-là comme le nombre détermi-
nant & la racine du quarré font pre-
miers entre eux, le dernier montant
Jriarqué fera la fcul, dont h diftance
$ la prendre depuis le diamètre mon-
éant,ibit divifîble par le nombre dé-
terminant.
Suppofons aufïi, que maintenant
.
gue les bandes font afïèz longues ,
on y marque les calés capitales tout
de fuite,. & fans revenir jamais aux
premières cafés des bandes, comme
il falloit faire avant que les bandes
fiùïènt allongées, parce qu'à lors el-
Jes n'avoient pas aîlèz de cafés après
la capitale, pour recevoir toutes les
Jèttres de fuite. Je dis que dans ces
fupppfitions nul de ces montants
, de cafç capitale fo
l^rgu^z ji'aiura
Dit Royaume de Siam. '3 23
îion le dernier : parce qu'il eu le Ccal
montant marqué dont la diitancë
depuis le diamètre montant jufqu'à
luy, eft divifîble par le nombre dé-
terminant : car comme les montants*
où font les caiès capitales, font au-
tant éloignez ( favoir le premier du
diamètre montant, le fécond du pre-
mier le troifïéme du fécond &C
, ,
ainfi de fuite ) que le nombre déter-
minant a d'unités, il s'enfuit que
nul montant n'a de calé capitale que
la diftance,depuis le diamètre mon-
tant jufqu'à luy , ne foit divifîble
par le nombre déterminant. Il de-
meure donc prouvé que nul mon-
tant marque horfmis le dernier n'au-
ra de café capitale : & la café capitale
qu'il aura fera la première au delà
du nombre des cafés nécélïàires à
vôtre quarré augmenté, parce qu'en
contant la première café capitale, il
y en aura autant d'autres avant celle-
cy , que la racine du quarré a d'uni-;
tez.
Or quand vous marquez les cafés
capitales dans un quarré augmenté
félon la méthode que j'en ay donnée
cy-deflus de telle forte que quanct
,
parVenez à laderniére cafe d'il-!
vous
314 Z>* Royaume de Siam.
ne bande vous revenez à fa pre-
>
mière café comme fi elle étoit a.
,
prés la dernière, vous ne faites au-
tre chofe, que placer fucceffivement
toutes les cafés capitales à l'égard
du diamètre montant, comme dans
Je cas de l'allongement des bandes
vous les placeriez Tune après l'autre
à l'égard de tous les montants mar-
quez fucceflivement. Et aucune de
Vos cafés capitales, finon une pre-
mière furnumeraire ne peut tomber
dans vôtre diamètre montant, com-
me nulle autre linon une première
Surnuméraire ne tomberont dans \ô-
ire dernier montant marqué.
4 '. Que fi vous regardez la pre-
mière café capitale comme un gi-
iànt, & que vous faûrez les mêmes
fuppofitions qu'auparavant, de telle
#>rte qu il y ait autant de gifants
marquez , que le nombre détermi-
nant t 2. aura d'unitez , & auffi di-
sants ( favoir le premier de la pre-
mière café capitale , le fécond du
premier, le troifiéme du fécond, &
iU'nfi de fuite ) que la racine du quar-
té aura d'unitez : De ce que la racine
«ju quatre & le nombre déter-
,
miti&M >-* * ièat prenwers entr«
Du Royaume de Sîam. $ ij
fcux & de ce que le nombre déter-
,
minant -*' 2 exprime la diftance des
gifants, où fèroHtles cafés capitales
,
vous prouverez qu il n'y aura que le
dernier gifant marqué, qui ait une
café capitale, qui lèra la première
furnumeraire : & par confequent,
que le rang défaillant, dont la pre-
mière café capitale eft le complé-
ment , n'aura pas de calé capitale,
parce qu'il eft le premier gifant mar-
qué : & vous prouverez aufli que la
première café capitale furnumeraire
doit revenir au gifant de la première
café capitale, & comme elle doit re-
venir auiîî au diamètre montant, il
s'enfuit que la première café furnu-
meraire c'eft-à-dire celle que vous
,
voudriez marquer après la dernière
des nécéfïàires, eft la première café
capitale même parce qu'il n'y a que
,
celle-là qui foit commune, a fongi-
fant & au diamètre montant.
ï .Del'ordre des lettres pareil dans
toutes les bandes & pareil aufïï dans
toutes les barres, vous prouverez
que toutes les lettres pareilles, font
en même diftance lesunes des autres,
& en même ordre entre elles , que
les kcires des ca&§ capitales entre
%té Dft Royaume de Stant.
elfes, & qu'ainfi toutes les cafés qui
contiennent lettres pareilles peuvent
être regardées comme capitales, de
telle forte que deux lettres pareilles ne
fè trouvent jamais ny en même mon-
tant ny en même gifant, ny en un
rang défaillant Se en fon complé-
ment. Ce qui n'a pas befoin d'autre,
démonitration.
Dcmonflration,

Cela fupposé la démonstration du


Problème eft facile car dés que nul-
,
le lettre n'eft deux fois ny dans au-
cun des diamètres du quarré au-
gmenté ny dans aucun rang défail-
,
lant & fon complément, il s'enfuit
que chacun des deux diamètres, &
chaque rang défaillant & fon com-
plément ont toutes les lettres, &
que par confequent ils font même
tomme.
Des Diamètres.

La bande qui fait l'un des Diame-


metres étant magique par pofîtion ,
comme elle le doit être, demeure
çiagique, parce qu elle ne reçoit au-.
Bu Royaume de Siatn. $tf
Cime lettre nouvelle ny ne perd
,
aucune des fiennes. La barre qui fait
l'autre diamètre fe trouve magique
par l'arrangementj&la preuve en eft
tdk.
Autant que la barre de la féconde
eafè capitale s'écarte, de la première
barre autant la barre de la troifiéme
,
café capitale s écarte de la barre de
la féconde, & ainfi de fuite, les pre-
mières barres aufqueiles vous revends
étant contées en ce cas là comme
venant après les dernières. Or la
barre de la féconde café capitale s'é-
carte de la première barre d'autant
qu'il y a d'unités dans le nombre dé-
terminant -* i. Ceft pourquoy fi le
nombre déterminant -* i eft premier
à la racine du quarré la démonftra-
tion précédente fuffit pour prouver
qu'aucune barre n'aura deux lettres
pareilles ceft pourquoy la barre
,
qui fervira de diamètre n'aura pas 1

auflî deux lettres pareilles & ainfî


,
elle aura toutes les lettres une
fois.
Que fi le nombre déterminant -* r
eft partie aliquote delà racine du
quarré, alors chaque barre aura au-
tant, de lettres pareilles qu'il y aura
3iS Du Roymme de SUm.
d'unitez dans le nombre détermi-
nant -+ i, & il y aura autant de let-
tres différentes qu'il y aura d'unitez
dans l'autre aliquote de la racine du
quarré, qui fera le quotient de la di-
vifîon faite de la racine par le nom-
bre déterminant^ -* i. Ces lettres di-
verfes feront donc en nombre impair,
parce que ce quotient ne peut être
qu'un nombre impair , étant aliquo-
te d'un nombre impair. De ces let-
tres en nombre impair l'une fera la
moyenne de la première bande, les
autres prifes deux à deux feront pa-
reilles a des lettres de -la première
bande qui prifes auili deux à deux fe-
ront également éloignées de la mo-
yenne , l'une vers la tête de la bande
l'autre vers la queue : delbrte que fi
l'ordre des lettres de la première
bande eft que la moyenne par fa fi-
tuation , foit moyenne proportion-
nelle entre toutes les autres qui pri-
fes deux feront également éloignées
d'elle alors la barre qui fervira de
diamètre fera magique parce que fi
elle n'a les lettres moyennes de tou-
tes les bandes , elle en aura la va-
leur car des autres lettres, qui ne
f
feront pas moyennes, fi étant prifes
Du Roy*ume de Siam. 329
deux à deux l'une eft plus foible
,
que la moyenne de fa bande, l'autre
fera plus forte dautant que la moyen-
ne de la fîenne; & ainfî les deux en-
fernble vaudront les moyennes de
leurs bandes. Par exemple dans le
quarré de 81 cafés, dont la racine eft
$, fi le nombre déterminant eft t
comme 2 -* 1 c'eft-à-dire 3 eft partie
aliquote de $ dont l'aliquote cor-
,
respondante c'eft-à-dire celle, qui
,
revient de la divifiôn de 9 par 3 eft
,
auffî 3, il y aura dans chaque barre
trois lettres diverfes qui y feront ré-,
pétées chacune 3 fois. La première
des différentes fera la moyenne de
,
la première bande, les deux autres
d'entre les différentes feront pa-
,
reilles à deux de la première bande
également diftantes de la moyenne.
De même dans le quarré de 225 cafés
dont la racine eft 15, fi le nombre
déterminant eft encore 2 comme 2
,
* 1, c'eft à dire \ eft partie aliquote
de ij (dont 5 eft l'aliquote correipon-
dante, ) il arrivera qu'il y aura dans
chaque barre 5 lettres diverfes répé-
tées chacune 3 fois. LJune fera la
moyenne de la première bande, les
4 autres feront pareilles à 4 de la
33© Du Royaume de Sidm:
première bande qui prifes deux \
,
deux feront équidiftantes de la mo-
yenne,
La conclufion eft donc que lors-
que le nombre déterminant -* ï eft
premier à la racine du quarré , la
barre qui fert de diamètre ne peut
être que magique : mais que lî le
nombre déterminant + ï eft aliquote
de la racine du quarré la barre qui
, être
fert de diamètre ne peut magi-
que, que la lettre moyenne de la pre-
mière bande ne ibit moyenne arith-
métique de toutes les autres lettres
de fa bande prifes deux à deux &
,
qu'elle ne la fok des lettres de fa
bande qui prifes deux à deux font
en égales diftanees d'elle, & dont
les pareilles doivent entrer dans la
barre qui fervira de diamètre. A ce-
la prés Tordre des lettres de la pre-
mière bande eft arbitraire.
Au refte les plus proches de ces
ï ettres équidiftantes feront chacu-
, éloignées de la
ne autant moyenne
que le nombre déterminant -* ï aura
d'unitez , les fùivantes feront autant
éloignées de ces premières chacune
,
delà tienne, & ainfî de fuite.
J'ay dit qu;il faut prendre la fe
Du Royaume de Siant. jjt
conde café capitale dans la féconde
bande, quoy qu'on la puiflè prendre
en telle autre bande que l'on vou-
dra pourvu que la bande de latroi-
,
fîéme cale capitale foit aufli diftante
de la bande de la féconde café, que
celle - cy le fera de la première &
,
que la bande de la quatrième cale ca-
pitale foit en cette même diltance dé
ja bande de la troifiéme, & ainfi de
fuite, les premières bandes revenant
en ordre après les dernières. Mais
outre cela il faut que cette diftance
foit exprimée par un nombre premier
à la racine du quarré, & la choie
reviendra au même c'efb-à dire k
,
mettre une café capitale en chaque
bande. Que fi vous mettiez la fécon-
de cale capitale en une bande dont
,
la diftance depuis la première ban-
de, ne fut pas exprimée par un nom-
bre premier à la racine du quarré
alors plufieurs cafés capitales tombe-
,
roient en la première bande, laquelle
étant fupposée pleine de toutes les
lettres différentes ne pourroienf
,
recevoir les lettres pareilles qui
remploient les cafés capitales. ,
33 *> ~DH Royaume de Siam.

'cintre moyen de t/arrier la quarreç,


Afagiques,

Vous doublerez les variations pré-


cédentes fi vous faites dans les bar-
,
rés , ce que nous venons de faire dans
les bandes, & dans les bandes ce que
nous venons de faire dans les bar-
res : prenant pour l'un des diamè-
tres , une barre qui foit magique par
{>ofïtion & rendant magique par
,
'arrangement la bande qui fera l'au-
tre diamètre.
De ces principes il s'enfuit que lç
quarré de 9 cafés eft toujours le même
fans pouvoir recevoir de varierez e£
fentiellcs,parcequ'il ne peut avoir que
2 pour nombre déterminant : & par-
ce que le tranfport des bandes ou des
barres entré elles ne fait qu'un fïtn-
ple renverfèment,à came qu il n'y a
que deux bandes & deux barres fli-
jettes à trânfpofîtion, & que la ban-
de & la barre qui fervent de diamè-
tres, ne peuvent fe déplacer.
Il s'enfuit auffi que toujours l'un
des diamètres pour le moins doit
être magique par pofition : & que le
plus grand & le plus petit des nom-
Du Royaume de Stant. fjjf

bres propofez pour remplir un quai>


ré Magique, ne peuvent jamais être
au centre, parce que le centre eft tou-
jours rempli par quelqu'un des nom-
bres du diamètre par pofîtion dans
,
lequel, foit-il bande ou barre, le plus
grand nombre ny le plus petit ne
peuvent être.
Au contraire le nombre moyen de
tout le quarré , c'eft-à-dire celuy qui
par la pofîtion eft au centre du quar-
ré augmenté, demeurera au centre du
quarré. Magique, toutes les fois que
le diamètre par pofîtion aura la cale
capitale £. l'un de Ces bouts mais en
,
tout autre cas il en fortira, & il ne
fprtira pourtant jamais du diamètre
par pofitiqn.
Toutes lefquelles chofes fe doivent
entendre félon les fuppofitions expli-
quées cy-deiïùs. D'ailleurs je fay que
les quarrez Magiques impairs peu-
vent être variez en un nombre fur-
prenant de manières, auxquelles tout
ce que je viens de dire .ne convier-
droit pas.
Au refte l'une des diverfes Métho-?
des, qui réfultent des principes, que
j'ay expliqués, eft l'Indienne, comme
on le pourra éprouver en tranfpos»
13 4- -Du Royaume tke Slam.
tant dans un quarré augmenté les
nombres d'un quarré Magique In-
dien de telle ibrte que les cafés
,
d augmentation foient pleines des
nombres qu'elles doivent rendre
,
au véritable quarré. On verra que
les nombres feront rangez dans le
quatre augmenté,en Tune des manier
ires qoe fay expliquées.

ECLAIRCISSEMENT
4f h Méthode Indienne.
Comme j'eus communiqué ià Mon-
sieur de Malezieu Intendant de Mon-
seigneur le Duc du Mayne les quar-
rés impairs Indiens, ftns luy rien
:dire de ma déqionftration que je
,
n'a vois pas encore achevé de dé-
brouiller il en trouvacme qui n'a
>
nul rapport an quarré augmenté de
Bachet, & que j'expliqueray en peu
«Je mots, parce que les chofes qqe
fay dites , m'aideront à me faire en-
tendre.
Soit un quarré que nous appelle-
rons naturel, dans lequel les nom-
bres foient difpofez félon leur ordre
naturel en cette ^manière,
Du Royaume de Slant.
i.1 h.i i.
tf 7 8
i'i
5*
io
#f

,
II 12 IJ 14 1$
Itf 17 iS Ijp 2Q
I 2*4
21 22 23 2f ;

Il s'agit de difpofèr ces nombre?


Magiquement dans une autre quarrç
d'autant de cafés <& vuide.
1". En conlfdérant ce quarré je voy
que les deux diamètres, & le mon-
tant , §ç le gifant moyens font la mê-
me fomme : ce que Monfieur de Ma-
Jezieu croit avoir donné lieu au Pro-
blème, par l'envie de rendre égaux
auiîï les autres gi&nts &lesautre$
montants, lias détruire l'égalité dcç
diamètres,
2". Je voy >cjue le premier giiànc
contient tous les nombres depuis l'u-
nité jufqu'à la racine du quarré : que
le lècond ghant contient ces mêmes
nombres & dans fc même ordre,
mais augmentez chacun dtane raci-
ne : que letrqifîémecontientauflî ce?
mêmes nombres dans le même ordre
augmentez chacun de 2 racines: qu'il
m eft de même de chaque gi&nt,
j}6 T}0 Royaume de Si»m.
fînon que le quatrième â, chacun de
ces nombres augmenté de 3 racines,
que le cinquième les a augmentez de
4 racines èç. ainfi à proportion des
,
autres gifants ? s'il y en avoit davan*
tage.
5°. Il s'offre donc naturellement à
mon efprit de confîdérer un autre
quarré, où je mettray dans chaque
Sifant les mêmes nombres qui font
,
ans le premier, c'eft-à-dire depuis
l'unité jufqu'à la racine du quarré,
fans les augmenter d'aucune racine
en aucun gifant; & je trouve d'abord
que les gifants feront égaux en leurs
fbmmes, ayant chacun les mêmes
nombres ; & que les montants de ce
nouveau quarré auront le même ex-
cès les uns fur les autres que les
,
montants du quarré naturel , par-
ce que la différence des montants
*kns le quarré naturel ne vient
,
pas des racines attachées aux nom-
bres mais de ces nombres qui
,
font repétez dans chaque gifarir,
comme l'on void en cet exemple,
où les traits attachez aux nombres
marquent les racines dont chaque
nombre eft augmenté da,ns le quarré
paturel,
I
.
Du Rêyâume de Siam. tfj
T1 J-?
^ T
y7*
T*
T 4 I 5

i!7* y7*T7*
~p "Vaf *-ïr? ^ÏJ?
4
*->T^
1
i""
2
z"" ?^ 7» ?"
3 5

4". Il eft évident qu'en ce quarré


tous les gifànts font égaux, en ce
qu'ils ont chacun les mêmes nom-
!
bres, & que les montants ne font
inégaux que parce qu'ils n'ont pa»
chacun tous ces nombres différents
qui font en chaque gifant, mais au
contraire un fêul de ces nombres ré-
pété autant de fois qu'il y a de quar-
rés en chaque montant. C'eft pour-
cjuoy je rendray les montants égaux
entre eux, fi je fais que pas un de ces
nombres nefoit deux, fois en chaque
montant, mais que tous y foient une
fois. Et parce que ces mêmes nom-
bres portent chacun même nom-
bre de racines en même gifànt, je
rendray auili les gifants égaux entre
eux , fi je fais que chaque gifant n'ait
pas tous ces divers nombres de luy-
même-, mais qu'il en emprunte urj
de chaque gifant. Ainfi les Diamè-
tres font déjà égaux entre eux,parçtf
Tome //, R
$38 T)/t Royaumede Stam.
qu'ils ont chacun les nombres divers
qu'il faut avoir & qu'ils en pren-
,
nent un de chaque gifant , c'eit-à-
dire l'un fans racine, l'autre augmen-
i,
té d'une racine, l'autre de l'autre
de 3, fit ainii de fuite.
Donc le véritable fècret eft de dif-
pofer tous les nombres de chaque gi-
iant de fens diamétral, c'elt-à-dirc
en écharpe de telle forte qu'ayant
,
posé un nombre, le fuivant foit, en
vn autre giiant &'un autre montant
en même temps. Ce qui ne fe peut
mieux exécuter que de la manière
indienne.
rV_ j_ i
_ _
~
(
I

ZZ
!

^~ Z.ZTO ZZ
I ' / 2
Vpilà les nombres du premier gi-
fant* dilpofez en écharpe deforte
,
qu'il n'y en a pas deux en même
montant ny en même gifant. Je doy
donc diipofer les nombres du fécond
gifant de même manière, & parce
que je doy éviter de mettre le pre-
mier nombre de ce gifant fous le pre-
Vu Royaume de Stant. $jcf
mier de l'autre je ne puis mieux
,
taire que de le mettre fous le der-
nier en cette manière.
,
I l }'

?:
j
rr~ —r
T ! ^T_
Je difpofe avec la même économie
les autres gilants, mettant toujours
le premier nombre de l'un ibus le
dernier de l'autre ; & je mets pour
l'un des Diamètres le giiant du mi-
lieu parce que naturellement il e/fc
,
Magique.
llll
2 ///
•jîr ~~ 4
-r
1
*~,n
îI
7,77
5 II

4 1 1 <f 1

Il eft clair que dans cette difpo-


fition aucun gifant ny aucun montant
n'ont deux nombres ny d'un même
gifant, ny d'un même montant du
quarré naturel, & que le diamètre
que nous n'avons pas fait par pofin
Pij
34X> "Du Royaume de Siam.
tion, n'a auflï qu'un nombre de cha-
que gifant & de chaque montant du
quarré naturel. C'eit ce que Mon-
ficur de Malezieu a pensé, fans avoir
ci* le loifîr de l'approfondir davan-
tage ; & c'eft évidemment le princi-
pe , fur lequel la Méthode Indienne &c
ntêrne celle de Bachet font fondées
gfc toutes les autres
,
dont j'ay fait
,
yoir qu'on peut varier les quarrez
Magiques.. Et fi l'on prend garde
que dans un quarré Magique , les
rangs en écharpe ou parallèles aux
diamètres font défaillants 3c qu'ils
,
ont leurs compléments , on verra
que le quarré augmenté de Bachet,
& le quarré Magique ont des pro-
'prierez opposées. Dans le quarré au-
gmenté , les bandes qui font fes vé-
ritables rangs, ne font pas Magiques,
Se fes rangs défaillants augmentez
de leurs compléments le font. Dans
le qtiarré Magique au contraire ks
rangs font Magiques, & les rangs
jdéfailiants §C leurs compléments
contiennent chacun ce que contient
une bande du quarré augmenté.
Pour achever ce que Moniteur de
Jvlalezieu a pensé il y faut feuler
,
pent accommoder ce que nous a*
Du Royaume de Siam. %^t
voris dit du choix des cafés capitales t
& parce que cela eft: aisé à faire, je
n'en parleray pas davantage.
Monfieur de Malezieu s'eft avisé
auilî que fon Principe doit fervir aux
quarrés pairs, & cela eft vray : mais
il fe trouve encore icy de la dif-
ficulté dans l'exécution parce que
,
dans les quarrez pairs les rangs dé-
faillants & leurs complémens ont
chacun une café dans le même dia-
mètre , ou n'y en ont point du tout,
deforte qu'en difperfant les nombres
d'un gifant dans un rang défaillant
& dans fon complément, on met
deux nombres de ce gifant dans un
même diamètre où l'on n'y en met
,
point du tout, & l'une & l'autre de
ces deux chofes eft également mal.
D'ailleurs il n'y a point de gifant
dans les quarrez pairs qui puifle
,
fournir un diamètre par pofition : &
ainfi il faudrait s'éloigner un peu
dans les quarrés pairs, de la manière
Indienne de difpenfer les nombres ,
& en mettre un dans chaque rang, &
un dans chaque diamètre : mais la
Méthode ne s'en préfente pas d'abord.
En voicy néanmoins le premier
exemple.
P iij
^42 T)u Royaume de S mm.
8 j il I J4 i
i
2 13 12 7
*-- ' 1—» ' >— I—-
9 6 3 i<f

15
\
4 i
T IO
Dtf /.* Méthode Indienne des
Qiiurrés pairs.
Je croy lavoir devinée fur les
Exemples des Quarrés de \6 de 3^
, >
& de ^4 cafés, qu'Agrippa nous a don-
Ces.
1". Comme les rangs font en nom-
bre pair dans les quarrés pairs ils
,
peuvent être confiderez deux à deux.
Comparant donc le premier au der-
nier , le fécond au pénultième , le
troifîéme à l'antépénultième, & ain-
fi de fuite en nous éloignant égale-
ment du premier & du dernier rangs,
nous les appellerons oppolèz ,foient-
ils gifants foient-ils montants.
,
Or parce que les nombres d'un
rang font arirhmétiquement propor-
tionnais avec ceux d'un autre rang
de même fens il eft clair à ceux qui
,
entendent la proportion arithméti-
que , que deux rangs oppofcz font la
même ibmme totale que deux autres
rangs oppofez, & que fî 1 on par ta-
T>>t Royaume d> SÎarn. 543
ge cette fomrae en deux égales, cha-
que moitié fera, la fomme que doit
faire un rang Magique.
z . Les nombres oppolez font auflî
le premier & le dernier de tout le
quarré le fécond & le pénultième
,
le troifïéme & l'antépénultième, &C ,
ainiî de fuite en nous éloignant éga-
lement du premier & du dernier
,
nombres : de telle forte que la fomme
de deux nombres oppofez efl tou-
jours égale à la fomme de deux au-
tres oppofez.
De là il efl évident que les nom-
bres oppofez à ceux d'un rang, font
les nombres qui font dans le rang
opposé & que pour rendre les ibm-
,
mes de deux rangs oppolez égales ,
il ne faut que prendre la moitié des
nombres de l'un des rangs, & les
échanger contre leurs oppofez qui
font dans l'autre. Par exemple. ,

^rx_i
^T"
J.1-, Ji, JL,

1.z. 3. 4. font le premier rang natu-


rel du quarré de 16 cafés ,&i$. 14 iÇ*
16. en font le dernier rang. Il ne faut
pour les rendre égaux, que prendre
P iiij
344 "Du Royaume de Sidm.
x & j qui font la moitié des nombres
du premier & les échanger contre
,
14 & if leurs oppofez : & ainfi r. 14.
IJ. 4. feront la même fomme que 15.
2.3.16.
Les gifants entre eux, Se les mon-
tants entrt eux fe peuvent rendre
égaiix par cette Méthode : mais par-
ce que-îe choix des nombres oppofez
fe peut faire de plusieurs façons, les
Indiens en ont choiu" une, qui efl ai-
sée à retenir qui laiïïè les diamè-
,
tres tels qu'ils font dans le quarré na-
turel , parce qu'ils font tels qu'ils doi-
vent être , & qui arrange les mon-
tants, lors qu'on nefonge qu'à arran-
ger les gifants. Toute la méthode
conûfte donc à favoir arranger deux
gifants oppofez & en voicy les ré-
gies. ,
ii. On prend la moitié des nom-
bres du gifant fuperiewf & on les
,
transporte au gifant inférieur : & on
prendleurs nombres oppofez dans le
gifant inférieur, & on les tranfporte
au fupérieur.
a°. Les nombres qui demeurent en
chaque rang y demeurent en leur
,
place naturelle, & dans leur ordre
naturel : les tranfportez fe placent
Vu Royaume de Siam. 345-
chacun dans la café de fon opposé, 6c
par confequent en ordre renversé.
3 . Le premier & le dernier nom-
bres de chaque rang demeurent dans
leur rang naturel le deuxième & le
,
troifiéme font tranlportez le qua-
,
trième & le cinquième demeurent, le
fîxiéme & le feptiéme font tranfpor-
tez , & ainfi alternativement deux
font tranlportez & deux demeu-
rent.
,
Exemple.

57 j
j*\ tf
I I
60 61 j"' TI T4

1.1.3. 4. f.tf. 7. S- font le premier


rang naturel du quarré de tf4 cafés ,
57 , j8. f9. 6'o. tf1.tf1.tf3. ^4- enfont
le dernier. 1 & 8 premier & dernier
nombres du premier rang y demeu-
rent & en leur place naturelle. 57
& tf4 premier & dernier nombres du
dernier rang y demeurent & en leur
place. Enluite z & 3 font tranlpor-
tez , 4 & j demeurent , tf & 7 font
tranfportez : & de même des nom-
bres du rang opposé j8 & ^9 font
tranfportez tfo & tfi demeurent, tf*
& *J font tranfportez, 1.4- î- 8. qui
P Y
3 4 6 E* Royaume de Siam.
demeurent au premier rang y font
dans leurs cafés naturelles, & par
confequent dans leur ordre naturel.
z. 3. 6. 7. q ïi font tranfportez, font
dans les cafés de leurs oppofez &
font dans un ordre renversé. De ,
même s7. 60. 61. 64. qui demeurent
dans leur rang, y font dans leurs
calés naturelles & dans leur ordre
,
naturel. 58.5.?. 62.. ($. qui font tranf-
portez font dans les cafés de leurs
oppfez & dans un ordre renversé.
Tous les rangs oppofez fe doivent
ranger fur ce peu de régies : mais il
n'effc pas toujours certain qu'il faille
mettre le premier nombre du rang
à la. première cale à gauche car de
,
cette forte le premier & le dernier
montants confèrveroient tous leurs
nombres naturels, & ne ièroient pas
égaux. C'eft pourquoy il faut les ren-
dre égaux par les mêmes régies que
les gifants, en tranfportant la moitié
des nombres du premier montant
dans les cafés de leurs oppofez, laif-
Ant le premier & le dernier dans leur
montant,tranfportant le deuxième &
le troifiéme,taillant le quatrième & le
cinquiéme,tranfportant le fîxiéme &
Je feptiéme & ainfi de fuite félon
,
Du Royaume de Siant. 34J
les règles que nous avons données
pour les gifants. La tête de chaque
gifant fera donc à droit ou à gauche
félon que fon premier nombre fera
demeuré ou tranfporté au.premier
,
ou au dernier montant, à droit ou à
gauche»
Exemple dit quarré de 64 cafés.
ï "isi\6x\ 4 ; <j9 W8 8

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161 yoj 2' i3_ 12 H £ 9*

Î7i 7 6 iCo' <5i


I
64 3 2
Mais ces règles ne fu ffifent qu'aux
quarrés pairement pairs : & il y a
quelque observation particulière poul-
ies impairement pairs.
Tout quarré impairement pair,
fi vous en ôtez une enceinte ("c'eft-à-
dire le premier & le dernier gifants
le premier & le dernier montants ) ,
laiflè un quarré pairement pair, qui
doit être rangé fuivant les règles cy-
deflus à un petit changement prés,
P vj
3 4? "bu Royaume de Siam.
que nous dirons. Il faut donc voir
comment s'arrangent le premier & le
dernier gifans parce que le premier
,
& le dernier montans s'arrangent de
même.
i". Les gifants , étant d'un quarré
impairement pair, ont chacun un
nombre de cafés impairement pair :
mais fi l'on ne prend pas garde aux
deux cafés moyennes de chaque gi-
fant, alors il reftera en chacun un
nombre de calés pairement pair que
,
nous appellerons les cafés pairement
paires. La première régie efl donc
de tranfporter la moitié des nombres
des cafés pairement paires, & de
tranfporter ceux , qu'on choifîroit
pour cela, dans un gifant d'un quarré
pairement pair. Ainfï le premier &
le dernier nombres demeurent dans
le! irs cafés, le deuxième & le troi-
sième font transportez le quatrième
,
& le cinquième demeurent, le (ïxié-
me & le feptiéme font tranfportez,&
ainfï de fuite : mais je ne parle que
des nombres des cafés pairement pu-
res , & je ne comprens que ceux-là
au conte que je fais , non plus que
il les cafés moyennes n'avoient pas
des nombres.
Du Royaume de Sidm. $qj
t°. Les nombres tranfportez ne
pafîènt pas aux cafés de leurs oppo-
lêz, mais dans les cales qui font vis-
à-vis des leurs, c'eft-à-dire dans leur
même montant : & ainiî ils ne fe
trouvent point en ordre renversé
dans le gifant où ils paiïènt.
Exemple fris an quarré de 100 cafés*

I
j '
!
H?! I

Je n'ay pas marqué les nombres f


6 6 dans cet exemple , parce que ce
font ceux des deux cafés moyennes
du premier giiant, Se que les nom-
bres des deux cales moyennes dit
premier gifmt, dans chaque quarré
impairernent pair, ont une règle par-
ticulière, que je donneray. Quant
aux huit autres nombres, i, z , 3, 4-,
7 , , 9 , 10,
S qui font ceux des cafés
pairement paires, ils font rangés fé-
lon les règles que j'ay données. i°. le
premier & le dernier font en leurs
cafés naturelles puis le deuxième
, tranfportez
& le troifîéme font ,
le
quatrième 8ç le cinquième demeu-
rent en leurs cafés naturelles
, le
35"° Du Royaume de Slant.
dixième & le feptiéme font tranfpor-
tez. r\ les traniportez, favoir 2,3,
8 9 font dans les cafés vis-à-vis
, >
des leurs, & dans leur ordre narurel,
& non dans un ordre renversé.
3". Quant aux deux nombres
moyens, le premier demeure, & le
fécond eft transporté. : mais le pre-
mier ne demeure pas dans fa café
naturelle. Il pailè à la café du fécond,
& le fécond n'eft pas tranfporté à la
café qui eft vis-à-vis de la fîenne
mais dans celle de fon opposé : parce ,
qu'il faut que le premier laiflè fa café
naturelle à fon opposé qui fera
,
tranfporté en ce premier giiànt, &
que le fécond laine aulïï à fon oppo-
sé la café qui eft vis-à-vis de la
,
iîenne.

li 1I4I Vf_l T
1 li°ï 1 1
r~riT7î~f7"ri~i rrj i~~i
Les nombres 5 & 6 font les moyens.
5 demeure dans fon gifant, mais il
pafïè à la café de <», & G eft tranf-
porté à la café de fon opposé & non
,
à celle , qui eft vis-à-vis de là fienne.
4. Les nombres du dernier gifant
Du Royaume de Slatn. 3 jt
s'arrangent de cette manière. Le pre-
mier & le dernier demeurent dans
leurs cafés , les autres rempliflènt
les cafés qui font demeurées vuides
dans les deux gifants, & il faut les
y placer tout d'une fuite, mais dans
un ordre renverse. De cette maniè-
re les deux gifants deviennent égaux,
parce qu'ils fe font donné l'un à l'au-
tre la moitié de leurs nombres des
cafés pairementpaires, & que leurs
nombres moyens font fomme pareil-
le en chaque gifant les opposés
,
étant enfemble & non en gifants
différents. On pourrait fi l'on vou-
loit ranger le fécond gifant comme
nous avons rangé le premier, mais
alors il foudroie ranger le premier
comme nous avons range le fécond.

11 l5>5lj?Sl4 15»-<'l S
1 7 1^3 l^ilio.l
I.91I2I3 I57UI5ÏI94 1 8 l 5-1100I

Les nombres ?i & 100 , qui font îç


premier & le dernier, du dernier gi
fant, demeurent dans leurs places
naturelles les autres qui font sz,
,
93, 94, 95 ,96 ,97 , 9**59 > rem-
plifiènt les cafés, qui étoient demeu-
3yï Royaume
T>u de Siam.
récs vuides dans les deux gifants, &
ils y font mis tour de fuite , mais
dans unordre renversé.
5°. Le premier & le dernier mon-
tans des quarrés impairement pairs
fe rangent l'un par rapport à l'autre,
comme le premier & le dernier gi-
fans : & par ce moyen tout le quarré
impairement pair fe trouve Magique,
& par une Méthode aisée à retenir ,
& à exécuter de mémoire.
La Démonftration en eft fenfible.
Gar à confidérer les nombres comme
nous les venons d'arranger dans le
premier & dans le dernier gifans
,
on void que les nombres oppolèz
pris deux à deux y font placés ou dia-
métralement dans les cafés première
& dernière de chaque gifant, ou vis-
à-vis dans un même montant, &
parce que les nombres oppofez pris
ainfî deux à deux font toujours fom-
mes égaies : il s'enfuit que ces deux
gifants étant au haut & au bas du
quarré pairement pair & intérieur
déjà Magique ajouteront fommes
,
égales aux diamètres & aux montants
de ce quarré pairement pair inté-
rieur & qu'ainfï les montants &
,
les diamètres du quarré impairement
Dit Royaume de Siam. ^|
feront égaux en leurs fommes. Il en
fera de même des gifants du quarré
impairemenr pair parce que for*
,
premier & fon dernier montants a-
joîkeront auffi fommes égales aux gi-
fants du quarré pairement pair inté-
rieur. Et nôtre Démonftration ieroic
complette, n'étoienr les deux nom-
bres moyens tant du premier & du
dernier gifants que du premier 6c
,
du dernier montants : car ces nom-
bres n'étant pas placés chacun vis-à-
vis de fon opposé ajoutent des fom-
mes inégales aux gifants & aux mon-
tants moyens du quarré pairement
pair intérieur. Donc pour reparer
cette inégalité, qui n'eft que de deux'
points il faut faire un petit change-
,
ment dans le quarré pairement pair
intérieur ce qui fera la dernière ré-
,
gie de cette Méthode.
6\ En rangeant le quarré paire-
ment pair intérieur , félon les ré-
gies des quarrés Magiques pairement
pairs, il faut renverfer 1 ordre, que
devraient avoir félon ces régies des
quarrés pairement pairs les deux
,
dernier gifant
nombres moyens du
du quarré de 16 cafés, qui eft au cen-
tre de tout &; les deux nombres
,
3 f4 VuÈ ryaume de Siant.
moyens du dernier montant diï mê-
me quarr de fe,'ze cafés. Vous affoi,
blirez ainfi le premier montant & le
premier gifant moyens du quarré
pairement pair : d'autant que dans le
premier gifant du quarre- de \6 cafés,
le premier nombre moyen eft tou-
jours plus fort que le fécond &
,
que dans le dernier montant du rac-
ine quarré de \6 cafés, le nombre
moyen fupérieur eft plus fort que
l'inférieur*
Quarré de trente-fîx cafés.

241} JI i<fii4 is>

,
? 17.21
22 20 18 •

12! 261
5 I10 29 zf !

Hl H I-! I—i _>!>— 51


31 !
* !
4 .33 35
»! - , * I..I.

Ce quarré efr. celuy d'Agrippâ fî-


non que fay mis à droit, ce qu'il a
>

mis à gauche parce qu'il a pris les


,
quarrés qu'il donne d'après des Ta-
,
lifmans Hébraïques, où l'ordre na-
turel des nombres eft de la droite à
Du Royaume de Siam. 355
la gauche feïon la manière d'écrire
des Hébreux.

Quarré de 100 cafés.

' 90J12 s s 87 J5 [ i<s" 84. sj r? H


8o|7i» 23 >4761 7î i 7 18 72 21
IW69 35 34'6^ ^
Î7 38!6"ît 70
l^tî *! IZiltïti 2 tl j£
îi' li; 11 tZ JI Ifl H J H _}£
61'35» £3 £4 3J 3667
<T8 }i> 40
30 i£ 73 74 2f M,77 78 i«j 71
20 82
ii 17 S5
8~j14*
13
sjP^T
5?ii 2 3 i>7 * 9$
I M 8 j 9 I
100

Dans le quarré de 56 cafés les nom-


bres 9 & 10 qui font les moyens du
,
dernier gifhnt du quarré de itf cafés,
qui eft au centre font dans un ordre
,
contraire à celuy qu'ils devroient a-
voir félon les régies des quarrés pai-
rement pairs. Ainfî 14 & 20 qui font
les moyens du dernier montant du
même quarré de i<î cafés >{ônr dans un
ordre contraire à celuy qu'ils de-
,
tf6 Du Royaume de Stant.
traient avoir par les mêmes régies «
Car il faudroit que 10 fut devant 9 , 6c
que 14 fut fous zo.
Dans le quarré de 100 cales au
feptiéme gifant les nombres moyens
35 & }6 font mis contre les mêmes
régies des quarrés pairement pairs :
36 devrait précéder 3c félon les ré-
gles : & 4 4 & 54 qui font les moyens
du feptiéme montant font aulïi ren-
xcrftz parce que 44 devroit être
y
fous 54.
Dans tout quarré pairement pair
rangé magiquement iuivant les ré-
gies que fay données il eft infailli-
,
ble que dans le gifant qui eft immé-
diatement fous les gifants moyens,
les deux nombres moyens foient dans
vn ordre renversé, c'eft-à dire que
Je plus fort précède le plus foible :
car où ces nombres moyens font
tranlportez, & par confeqnent dans
un ordre renversé , où ils ne font
pas tranfportez , & ils font encore
dans un ordre renversé parce qu'a-
lors leur gifant commence à droite :
d'autant que G. les nombres moyens
de chaque rang ne font pas transpor-
tez comme on le fuppofe, les moyens
du premier montant ne le font pas
3
7}u Royaume de Siam. $ <;-/
Se ainfi les gifants moyens commen-
cent à gauche, donc legifantaudef-
fons commence à droite. Par un pa-
reil raifonnement on prouvera que
félon les régies des quarrés paie-
ment pairs les nombres moyens du
montant qui eft immédiatement après
les montants moyens font rangés
,
de telle forte, que le plus fort eft
toujours au defïùs du plus foible.
Voilà la Méthode des quarrés pairs
d'Agrippa qui font à mon avis les
,
Indiens dont le mérite ne confîfte
,
pas à donner la feule, manière pofïï-
ble de ranger les quarrés pairs mais
,
la plus aisée à exécuter de mémoire t
car c'eft à cela principalement qu'il
femble que les Indiens, fe foient at-
tachés. Au refte les quarrés pairs In-
diens feront auflî Magiques dans la
progreffion Géométrique.
Les Indiens ont donc connu deux
Principes pour le Problème des quar-
rés Magiques, dont ils ont appliqué
l'un aux quarrés impairs, & l'autre
aux pairs. Les Mathématiciens de ce
ce Païs-cy, qui ont travaillé làdef-
fus, n'ont connu que l'un de ces deux
Principes, qui eft celuy des quarrés
pairs i mais Us l'pn,t accommodé auf-
2.5 8 Vu Royaume de Siam.
fi aux qnarrçs impairs & de plus ils
,
ont ajouté une condition finguliére à
ce Problème, qui eft. que le quarré
Magique foit rangé de forte , qu'en
luy ôtant fa première enceinte, c'eft-
à-dire ion premier & fon dernier gi.
fants fon premier & fon dernier
,
montants , le quarré intérieur qui
reftera fe trouve Magique de cette
,efpéce c'eft-à dire
même pouvant
,
perdre toutes lès enceintes l'une après
l'autre, & laifièr toujours pour refle
quarré Magique pourvu que ce
I.111 ,
relie ait au moins 9 ou 16 cafés :
,
parce que te quarré de 4 cafés ne fau*
roit être Magique..
Monfîeur Arnaud a donné la folu-
tion de ce dernier Problème à la fia
de fes Eléments de Géométrie & a-
,
vaut qu'il l'eût fait imprimer la pre-
mière fois, j'avois aufli réfolu ce mcr
jne Problème dans toute fon éten-
due m'.iyant été proposé par feu
,
Monlîeur de Fermât Confèiller au
Parlement de Thouloufe dont la
,
Mémoire eft encore en vénération
parmy les favants, & parmy les
gents de bien : mais alors je ne devi-
ïiay point le principe des quarrés im-
pairs d'Agrippa, ny la raifon, de }a
Méthode de Cachet,
"Du Royaume de Shm. 359
Enfin je doy rendre ce témoigna,
ge à Monfieur Sauveur Profeflèurdes
Mathématiques à Paris, qu'il a trou-
vé une dvimonftration des quar-
rés impairs Indiens que Monfieur
,
de Malezieu luy a communiquez : 6ç
qu'il a trouvé auïli une Méthode pour
ranger les quarrés pairs. Je luy laiffè
Je foin d'en faire un jour part au Pit-
blic, & de plufieurs autres chofes
de fon invention parce que ce Cha-
,
pitre eil déjà trop long.

DU SOIN DES MOEURS


chez, les Chinois e£* de l'ancienneté
»
de leur Hi'sioire.
LA Chine eft heureufement fïtîiéc
pour n'avoir point à craindre de
guerre étrangère. Elle n'a d'autres
Voifins que la Tartarie au Nord, Se
le Tonquin au Couchant d'hyver.
Par tout ailleurs elle eit bornée ou
par l'Océan , ou par un defert de
plufieurs journées de chemin, ou par
des Forêts, & des Montagnes pref-
que impratiquables. Le Tonquin eft
un fort petit Etat, fi on le compare
à la Chine : & il eft fitiié fous ces Cli-
mats chauds, d'où il n'eft jamais
3^0 Du Royaume de §iam.
forti de Conquérant. Le Tartare eft
xle tout temps accoutumé à ne faire
que des courles fur fes ennemis, &
non des guerres en forme. Une mu»,
faille fur les frontières de la Chine
,
.qui ferme les paflàges, que les mon-
tagnes laiflènt ouverts , a foffi du-
rant une longue fuite de fîécles, pour
arrêter toutes les entreprifes des
Tartares.
Il ne faut donc pas s'étonner fi les
Chinois font peu belliqueux, &c ft
les Tartares quoy que plus foibles, &
d'ailleurs peu propres à faire des con-
quêtes, les ont pourtant fubjuguez
deux fois dans lejpace de trois à
quatre mille ans.
Mais autant que les Chinois ont
ignoré la guerre , autant ont-ils été
habiles dans la feience du gouverne-
ment. Leur bon efprit naturel la
leur a fait cultiver avec tant de loin
dans le repos dont leur Pais a prefque
toujours joiii, qu'après les Lois que
Dieu dorma à Moïiè, il n'y en a peut-
être point qui faflèiit un corps de Po-
litique plus complet , ny dont les
parties concourent mieux à même
fin que les Loix Chinoifes. Auf-
,
$ ee Peuple eft- il le plus nombreux
qui
qft£âiY~j'âmâ&'%& Wnfàfô&è ^ pççxj^tè
1
peïK-ÛTe'lèVëupWâèr IDièu rcê qm;*
à monlèns, eit la meilleure' marque-
d'un heureux gouverneraient..
J'ay allez dit dans ma Relation^
comment les-Chinois ont acea^maH-
dé leur Religion à leur Politiqiie
^
en faifaht de fEfprit 'du Ciel &: des;
autres Eiprits une République iïjviuV
Me pareille à la leur, dont ils dp*
pbfént que les. membres ont unecor-*
refpondaiace fèçreee- atvec les Jnem-»
bres de la leur & qu3ils puniflenç
,
les fautes cachées de leurs Rois,. de*
leurs- Magiftrats & de chacun dft
*
leurs Citoyens en particulier;,
j'ay marqué aufll comment ifc ont
pourvu à la;durée de leurs Loix.pai:
ia crainte de leurs parénîs morts
qu'ils ittppofent devoir s'irriter e« M

l'autre vie, des fautes que leurs en-


fants commettent en celle-cy ô£
%
principalement du grand manqué.de
reiped- que ce jferoit aux Chinois, en-.'
vers leurs ancêtres , de changer tes
loix qu'ils leur ont laifsees. Ce n*eft
donc pas une vaine cérémonie que
ce deuil de trois ans accompagné
d'une extrême aufterité, & fepàré
4e, toute fonction publique, que ïe$
X«ms IL Ôr
3J6* DU RûyaumAdf Siam-
Loix Chinoifès ordonnent anî*: en-
fants à Ja more çfeleur Père & de leur
l^lere, & dont elles ne dilpeniint pas
même leurs Rois. Elles ne pouvoient
trop imprimer dans les Efprits ce
réfpeft qui a toujours été leur plus
-,
grand appuy- ;
Mais ce que j'admire le plus dans
les
.
Loix de la Chine ç'eïl le ipjn
,
qu'elles ont de former les moeurs
puis qu'il n'y aque les bonnes moeurs, ,
qui piiilïent maintenir les Loix, com-
me ijLn'y a que les bonnes Loix qui
puiiïènt faire les bonnes moeurs. Pla-
ton , ce me femble, a connu toute
l'importance de cette maxime & fi
,
ma mémoire ne me trompe, il veut
en quelques endroits de fesLoix,qu?el-
Jes fc mêlent de l'intérieur du do-
xneftique de fcs Citoyens : & parce
qu'il jcrajgnoit que cela ne parût trop
jnouveauades Peuples aufîï libres que
ïes Grecs l'étoient de fon temps, il
cherche quelque excufè au peu qu'il
en dit.
Les Chinois au contraire n'ont
|>oint hefîtc à donner des Loix à
brefque toutes les avions des hom-
mes.' Un de leurs plus anciens livres
«régie flon feulement les Rits
>
q4
Du Royaume de Slam. $6$
concernent la Religion & les Sacrifi-
ces , mais tous les devoirs des en-
fants envers leur Père & du Père
,
envers les enfants , du mary envers
la femme, & de la femme envers le
mary , des frères & des amis entre
eux , du Roy envers Ces fujets, Se
des Jfujets envers leur Roy, des Ma-
giftrats envers le Peuple, & du Peu-
ple envers les Magiftrats. Dans ce
Livre qui a autorité de Loy, les Vieil-
lards font regardés comme les Pères
de tout le monde & du Roy même,
les Orphelins y font regardez com-
me fes Enfans , & tous les Citoyens
comme frères entre eux. Le P. Mar-
tini dit qu'il n'y a prefque point Hift.fin.Pi f
,
d'adion humaine quelque petite î*1* |
,
qu'elle foit, à laquelle ce Livre ne if
donne des Loix, jufques à caufer de ?
l'ennuy par'un trop petit détail, je \
ne doute pas que tous les Européans |
n'en jugeafïènt comme luy, fi ce Li- |
vre venoit à nôtre connoiflànce , |
mais c'eft toujours un témoignage i

bien ancien du foin extrême que


,
les Chinois ont pris de tout temps
des bonnes moeurs. '

Et parce qu'ils favoient la force ,

qir> l'exemple des Rois fur les Peifc


5&f ï>« Royaume ie ^m.
pies leur plus grande étude a été
»
toujours d'inipirer la Vertu à leurs
Rois, Le Peuple difent-ils eft com-
, ,
me les épies dont une campagne eft
couverte, les moeurs du Prince font
comme le vent, qui ks incline, où ïi
veut.
Leur, Politique n'a donc point de
.
moeurs, particulières pour leurs Rois,
& d'autres moeurs pour les Peuples.
Leurs Rois, font obligés à reipeéter
les vieillards : ils en nourriflent en
chaque ville ; & l'Hiftoire Chinoifè
marque avec éloge ceux de leurs
Rois, qui leur ont rendu plus de de-
voirs, & quelques autres, qui ont:
fait aflèoir a leur table & au deiïùs
d'eux leurs frères illégitimes qui
,
jes devançoient ,
en âge. Leurs Rois
font obligez au demi de trois ans à
|a m,ort de. leur Père & de leur
$vlere & ,
à s'abftenir pendant ce
, là des foins du
temps - gouverne-
ment , quoy que peut-être cette Loy
ait perdu fa vigueur dans les der-
niers temps. Lors que la Chine étoit
«nqore divisée ÇJI petits Etats, qut
Itqienr autatnt de. Fiefs de ce grand
empire,Ven-cum; Roy de Cin chafsé
tH% jhnj>çm Rpjauniepaj les artifices
D u Royaume de Siam. çêf
<<k fa Maraftre, ne voulut
pas entre-
prendre de guerre pour y rentrer,
qu'il n'eût parte le deuil de ibnPerc
pendant trois ans.
Ils croyent entre autres chofes qua
les parents morts peuvent abréger
ou prolonger la vie de leurs enfants;
ili leur demandent une longue & heu-
reuïe vie, & llir ce fondement ridi-
cule ils ont en mêmes termes que
,
nous ce Précepte, que nous tenons
de Dieu même, & dont fà Vérité
éternelle nous efl garent : honore
ton père & ta mère, afin de jouir
d'une longue rie.
Xiti le premier Roy de la Race Ci-
na , ayant exilé fa Mère pour fes-
impudicitez, & parce que Ion aduk.
tire s'étoit fervi de la faveur de cette
PrincefTe ,pour fe révolter, & pour
àflèmbler une grande armée, fût for-
cé par tous fes Miniftres à la rap-
,
peler de l'exil, quoy qu'il fe fût fait
Roy par la force, & que par là il fem 1
blât devoir être plus forr que le&
Loix.
Hoéï fécond Roy de la race Hana
ayant auiîî une Mère impudique
.,
Cofa l'en punir : mais ne voulant
pas régner & jfouffrir fes impudici-
QJ9
3 66 *Da Royaume de Siam.
tés, il luy abandonna le Gouverne-»
ment par une pieté ourrée , &: fe
plongea luy-même dans la débauche :
fi bien que Hiâovu le fixiéme Roy de
la même race, fît mourir la u eyne
fa femme, de peur de laiffer après
luy une veuve débauchée , & une
m-re incommode à fon fucceflèur.
Je ne finirais point lî je voulois
rapporter tous lés exemples de l'extrê-
me refpeét que les Rois Chinois ont
pour leur Père , & pour leur Mère,
j'ajofiteray feulement qu'ils ne chan-
gent point leurs Officiers , comme
ils n'innovent rien en leurs Loix.
Ils font élevés auflï à n'avoir pas
moins de refpeél pour leurs Gouver-
neurs , que les Particuliers en ont
pour leurs Précepteurs. Ils appellent
Colâo leur Gouverneur, qu'ils font
pour 1 ordinaire leur premier Mini-
ître comme le Grand Seigneur ap-
,
pelle fon Grand Vizir laid c'eft-à-
>
dire Gouverneur. Ce refpeét eft fi
entier chez eux , qu'ils châLient, com-
me je l'ay dit en quelque endroit de
ma Relation, le Gouverneur du Prin-
ce héritier préfbmptif de la Couron-
ne, des fautes que fait ce Prince , tk.
qu'il s'eit trouvé des Princes, quié-
î)u Êoybtitfie deSidrb. $6j
tant devenus Rois ont vengé féuïis
Gouverneurs. .";'"

Outre le Colâo', qui eft'le ' prince


1

pal Confeil du Roy il a d'antres


,
OiEciers, dont la feule fori<ftion cft
de le reprendre publiquement de
fes fautes. Yvus le premier Roy de
la face Hiâa qui félon leur Hiftoirû
,
commença de régner iio?' ans avant
JESUS-CHRIST donna pleine li-
berté à tous les gertts de bien de luy
donner des confeils i & néanmoins
parce qu'il fe trouva une fois repris
avec trop d'aigreur en prefencé dé
fes principaux Confeillers, il en fût
fi fâché, qu'il avoit refoln de faire
mourir celuy qui luy avoir fait cet
affront : mais la femme l'appaifa.
S*étant parée plus qu'à l'ordinaire,
elle fe ' prefenta devant luy ; & com-
me il fût encore blefte de cette paru-
re , qui dans le chagrin ou il étoit,
luy lèmbla hors de propos elle luy
,
dit, qu elle le venoit féliciter, d a-
voir dans fâ Cour des ferviteurs aflèz
courageux & allez fidèles , -pour ofèr
luy dire la Vérité. Cette liberté d'a-
vertir le Prince paflà en Loy dans la
fuite du temps : il y eut comme j'ay
dit, des Offices créez exprés pour
|6S Du Royaume de Si»m>
l'exercer, -fans néanmoins l'oter à,
3*3$ un autre Officier rde l'Etat ,* &
les Chinpis o,nt toujours ,été fi ja-
loux de cette prérogative.,-que. plu»
fleurs font morts pour la foutenir, &
qu'il y a eu, même en ce fïécîe , des
exemples, que lors que le Roy s'dt
obiliné/â. ne pas. écouter (quelque
corréàion -importante ,: les Officiers
-de fa Cour , au nombre quelquefois
de deux-mille, font entrés dans fon
Valais, pour y dépofer les marques
de leurs,Offices. De forte qu'il eit
jmpoflible qu'un Roy de la Chine
fnifîè demeurer Roy, s'il eit vicieux
un certain point. Auffi, luy dit-
*on fans ceflè , que c'eft fon exemple.
'qui doit rendre les .Magiftrats i & le
Peuple vertueux,, & que sfitlè-départ
<le la Vertu de fes Ancêtres, les Mia«.
giilrats & le Peuple venant à fe cor-
rompre dans leurs moçurs oublie-
.,
ront la fidélité qu'ils luy doivent, &
qui eft leur premier devoir , & leur
première vertu. Les exemples en
font fréquents dans leur Hiftoire : en
quoy ils n'ont pas mieux pourvu à la
sûreté de leur Maître, que tous les
autres Etats Defpotiques. Selon eux
H y a 4000 ans que leur Royaimie
Vu Royaume de S mm. $ 69
dure dans ces maximes qui le ren-
,
dent l'admiration de tous les voiïîns.
Saint François Xavier rapporte dans
fès Lettres, que les Japponois luy ob-
jecïoient inceilàmment que la Reli-
gion Chrétienne ne pouvoit être vé-
ritable puis qu elle étoit ignorée des
,
Chinois, je fay pourtant que les Chi-
nois ont des Vices, mais, ils pèchent
peut-être moins contre leur Morale»
que nous ne péchons contre-la nôtre.
Combien nos moeurs n'ont-elles pas
dégénéré deceliesde nos ancêtres? &
les Chinois incomparablement plus
anciens que nous, eilimént encore
que c'eit une honte de violer leurs
moeurs en public, & de manquer, aux
égards qu'ils fe doivent les uns aux
autres, ou par quelque deibbeïflànce
envers leurs parents , ou, par quelque
querelle avec leurs égaux. Ils font .in-
fidèles dit-on dans le commerce:
, ,
mais peut-être ne le font-ils qu'a-
vec les étrangers, comme les Hé-
breux ne prêtoient à ufure qu'aux
étrangers : & d'ailleurs , les Chinois
qui ont commerce avec les étran-
gers, font ceux des frontières, donc
ce me me commerce étranger a gâtç
les moeura
37° Vu Royaume deS'wm.
Le plus grand vice des Chinois fans
doute cft une extrême hypocrifie:
mais outre qu'il yen a par tout, par-
ce que c'eft un vice qui fe dérobe à la
corré&ion des Loix, c'eft peut-être
un moindre mal, qu'une corruption
publique.
Que s'il en faut croire l'Hiftoire
Chinoife c'eft la vertu toute feule
,
qui a formé ce grand Empire : l'A-
mour de leurs Loix, qui furent d'a-
bord établies en un coin de ce Païs-
là, attira peu à peu au même joug
toutes les Provinces voifines, fans
qu'il paroilîè que les Chinois ayent
ioûmis ces Provinces p^r aucune
guerre. Il eft vray que tous ces pe-
tits Etats, qui étoient au commen-
cement autant de fiefs héréditaires
donnés pour l'ordinaire aux Princes
du fàng Royal, ont été réunis à la
Couronne par des guerres Civiles,
lors que la race Royale a changé &
,
que des Ufiirpateurs ont chalfc du
Thrône les Rois légitimes : mais il
paraît que la première fujetion de
tous ces petits Etats à la Couronne
de la Chine a été volontaire. Ils
dilènt que 44 Royaumes amoureux
delà vertu de Venvaro, le fournirent
Du Rffydume iéSiam. 371
âfes Loix. Il régna for les deux tiers
de la Chine, lors qu'elle étoic en-
core divisée. Quoy qu'il en foie, les
Chinois ont été de tout temps enne-
mis de toute guerre comme de la
principale caiife ,
de la corruption des
moeurs; & ils ont préféré les moeurs
à toute la gloire des conquêtes, 8c
à tous les avantages du commerce
avec les étrangers.
LtRoy Sivenj neuvième de la race'
Hana , <fo ans avant la Naiilànce de
JÉSUS -CHRIST craignant les
,
fuites de quelque mouvement des
Tartafes, qui quelque temps aiipara^
vant avodent été confinés dans leurs
Montagnes par HÂovu, 8c qui é-
toient revenus s'emparer" du plat Pais*
Voulut les prévenir & leur faire la
,
guerre , avant qu'ils fc nïHïent ea
état de la porter darts la- Chine.< Et!
un autre Pays Cette prudence eût pil
être approuvée, mais elle ne le tut
pas à la Chine, oit le foin des bon-»
nés moeurs eft la première affaire de
l'Etat. L'Hiffcoire donc rapporter que
fon, premier Miraiftre le difsiîada de
cette entreprife par ce difcours.Qyoy
Seigneur, Vous- fongezaenvaMr les
Pays étrangers,_ quand il y a deff
tTem/I. ÇLv>
37^ Vu Royaume de Shm:
grandes choies à réformer dam Je
vôtre. Prodige jufqu'à cette heure
inoiii parmi nous ! en cette année un
fils a tué fon père, fèpt frères cadets
ont tué z5 frères leurs aines- Voilà
des traits d'une audace intolérable,
& qui préfàgent une tres-dangéreufe
corruption dans nos moeurs. Ceft de
quoy nous devons nous allarmer,
c'eft à quoy il .faut appliquer un
prompt remède r car tandis que ces
crimes ne feront pas foufferts à la
Chine, la Chine n'aura rien à crain-
dre des Tartares : mais s'ils étaient
une fois foufferts» je crains qu'ils s'é-
tendroient non feulement dans tour-
tes les terres de l'Empire, mais mê-
mes dans le Palais Impérial
Sous Juen, dixième Roy de la mê-
me race> les Provinces de Quangr
tong, & de Quangfi, & l'Ifte de
Hainan s'étanr révoltées il aûem-
,
bla autant de forces qja'il luy fut pot
fible, pour les ranger à leur devoir s
mais Kiaf»> qu'il nomma pour kur
Général lé détourna, de cette guerre
par ces paroles» Autrefois leRoyau^
me de la Chine étoic borné au Le-
vaint par l'Océan » au Couchant par
k dclcrt fablûftocux & au Mtdv par
.,
2>« Royaume de SÎAtii. 375
fe PleuveKiang,: maispeu à petfil é-
tendit fès limites moins par les atv
mes, que par h vertu. N'as Rois rece-
voient humainement fous leur errv
pire, ceux qui s'y foûmettoieat d'eux-
mêmes par l'amour de nôtre juftice
& de nôtre douceur,& pluûeurs Pro-
vinces voifines s'yfournirent : aucune
n'y fût contrainte par la force* C'effe
mon avis que vous vous abfteniez de
€ette guerre, fie qu'imitant les bons
Rois qui ont vécu avant vous , vous
fcs £»ifiez revivre dans vos maximes.
C'efk aux appas de la- vertu, ôc non k
rhorretir desarmes,à rappeler à leur
devoir les Peuples rebelles.
La Chine pourtant a eu quelques
Rois ConquérantSimais deux ou trois*
tout au pins, fi je ne me trompe :
encore difent ils, qu'Hiaovu, qui fut
l'un de ceux-là fe repentit des guer-
res qu'il avoit faites ôc ne fe
, fes Conque-
fou*
cia pas de eonfervex
tes.
çu-Cum Pu» desDifci|fes de Con-
ferius lay demanda un jour quelles
chofes étoient néceûaires à un bon
gouvernement. Abondance de vi-
vres , hiy répondit-il aflèz de fol-
>
dats, & de munitions de guerre»
J7 4 ®u Royaume de SJAfti.
de la vertu dans le Roy & dans le"!
iujcts* J'entends ce que vous me dic-
tes, reprit leDifciple, mais s'ilfallok
manquer de l'une de ces trois choies,
laquelle abandonneriez-vous la pre-
miére?Lesfoldats, repartit le Philofo-
phe. Mais s'il falloit encore manquer
de vivres ou de vertu, lequel de ces
deux partis choifiriez-vous ? Je choi*
lirois, dit-il, de manquer de vivres. Il
ne pouVoit mieux témoigner le mé-
pris de la guerre,& l'amour des bon-
nes moeurs. Platon ne vouloit qu'un
petit nombre de Citoyens- dans fa Ré-
publique, parce qu'il craignoit la cor-
ruption dans la trop grande multitu-
de & qu'il ne le foucioit pas tant que
,
fa République durât, comme qu'elle
fût heureule, & par conféquent ver-
tueufè tandis qu'elle dureroit.
,
Enfin les Chinois n'ont jamais né-
gligé l'inftrudtion du Peuple. Outre
qu'il effc aisé de favoir des Loix qui
ibnt publiques, & qui ne changent
jamais, ils publient tous les quinze
jours par cry & par affiche un petic
,
nombre de Préceptes, qui ibnt le fon-
dement de leur Morale, comme les>
Commandements de Dieu le font de
Jajiôtre*
Du Royaume de Siam. 575
Il n'ont pas auffi négligé les châ-
timents puis que les Magiiîxats ré-
,
pondent des fautes de leur famille,'
les parents de celles de leurs enfants,
les fiiperieurs de celles de leurs infé-
rieurs & qu'ils ont tous droit de
,
punir les fautes de ceux, dont ils ré-
pondent : mais j'ay déjà touché ces
Chofes, & quelques autres dans ma
Relation.
C'ell ce que j'avois à dire du foin
que les Chinois ont eu de confer-
ver leurs moeurs , dont la durée elfc
iàns doute la plus grande merveil-
le qu'on ait vu parmy les hom-
,
mes. On peut foupçonncr que leur
Hilloire eft flattée en quelque chofe.
Ils ont pu mentir , fans craindre
d'être contredits par leurs voifîns :
& il y a de l'apparence qu'ils n'ont
pas toujours dit la vericé , puifque
leur Hilloire eft l'ouvrage de leur Po-
litique. L'Office d'Hifhorien eit chez
eux un Office public. 1/Hiftoire d'un
Roy s'écrit après fâ mort par l'ordre
de Ion liicceilèur, qui quelquefois a
étéfon ennemi, & aucune Hilloire
ne fe publie, que la race des Roiy
dont elle parle, ne foit éteinte , ou
m moins chatèée du I hrône. Il n'effc
"57 $ Vu Royaume de Siam„
permis à aucun Hiftorien de révo-
quer en doute les Hiftoires déjà écri-
tes, ny à aucun particulier d'écrire
l'Hiftoire : chacun feulement peut
faire des abrégez des Hiftoires déjà
publiées. Il n'y a donc qu'une feule
Hiftoire générale, & point de Mé-
>moires particuliers. Cependant iln'y
a nulle apparence , qu'ils ayent cor-
.rompu à deilèin le gros des événe-
ments ,• & les Hiftoriens Romains
n'ont peut-être pas cté plus fidèles
•dans tout ce qu'ils ont écrit à l'hon-
neur de leur Patrie, & à la honte de
leurs ennemis.
Mais "une raifon particulière jette
un grand doute fiir l'Hiftoire Chinoi-
fe depuis le commencement de leur
Monarchie jufqti'à environ 200 ans
avant JE sus- CHR IST , parce que
Xin le premier H qy de la race Cina,
qui regaoit environ 200 ans avant
J E s us - C IIR 1 ST fît brûler autant
. ,
qu'illuy fûtpoiïïble tous les livres
,
de la Chine qui ne traittoient pas
}
de Médecine ou de Divination. Leur
Hiftoire marque qu'il exerça de gran-
des xruautez contre ceux qui ca-
,
.choient des livres, & qu'ainiï il en
iéchappa peu à fa fureur, & qu'il fl'eja
T>ttRûytumt de S'tmn. 377
échappa prefque point d'entiers: évé-
nement fort iïngulier parmy ceux,
qui.détrtiifenn de temps en temps la
Mémoire des choies parlées. Cela
fuffit donc à mon avis pour douter fi
l'on veut,que ce grand Empire fe foit
formé fans.aucune guerre.
Malgré cet tp perte de leurs livres^
les Chinois ne laiifènt ,pas de donner
.

une Hiltoire complette non feule-


ment depuis le commencement de
leur Monarchie, mais depuis l'origi-
ne, du Genre humain, qu'ils font re-r
.

monter à plufîeurs milliers d'années


au delà de la vérité. Ils reconnoiiïènt
pourtant eux-mêmes que leur Hiiloi-
re a l'air d'une Fable ,en tout ce qui.
précède le commencement de ieur
Monarchie, mais il a été difficile juf,..
qu'à cette heure àc leur perfuader-
qu'ils n'ayentpas eu une longue fuite
de Rois avant JE s u s-C H RUT, qui
remonte au delà du temps , où nôtre
Chronologie ordinaire met le Délu-,
ge : deforce que plufîeurs d'entre les,
Millionnaires ont crû qu'il falloit
avoir recours à la Chronologie des
Septante félon laquelle le Déluge,
,
eft plus ancien de plufîeurs Siècles,
que félon la Chronologie commune*
f]% Vu Royaume de SUrn.
Ce qui rendoic l'Hiftôire Chinôue
plus vray-femblable ceft qu'elle
,
marque fous chaque Roy les £cli-
pfes, & les autres Phénomènes cë-
ieftes de Con Règne : mais Monfieur
Caffini ayant examiné le temps d'une
conjonction des Planètes, qu'ils met-
tent fous leur cinquième Roy, il l'a
trouvée plus récente de 500 ans que
leur Hiftoire ne la fait : & il prouve
ce même méconte de 500 ans par une
autre remarque Agronomique rap-
portée au règne de leur feptiémeRoy.
Ainfî la Monarchie Chinoife paroît
moins ancienne de 500 ans que les
Chinois n'ont crû, & onpeutpré-
flimer que dans cette fuite de Rois
qu'ils nous donnent, ils en ont mis
qui ont régné eh même temps en di-
Verfes Provinces de la Chine y lors
qu'elle étoit divisée en plusieurs pe-
tits Etats feodaraires d'un même
Maître. Moniteur Caffini m'ayant
donné Ces Reflexions fur ce fujet, j'ay
crû devoir les ajouter icy & enri-
,
chir encore une fois mon Ouvrage
d'un Chapitre de fa façon. Et parce
qu'il m'a communiqué une nouvelle
pensée qu'il a eue" fur la fituation de
la Taprobane des anciens je Tay
,
Du Royaume de Siam. 3 751
prié de me la donner : tout ce qui re-
garde les Indes ne pouvant être hors
de propos dans ce livre & tout ce
,
gin vient de Monfieur Cailini étant
toujours bien reçu de tout le Monde.

R E F L E XI O N S S UL AR
Chronologie Chinoiïe par
Moniieur Caflini.
/. Syfiéme des Chinois.
L'Es années des Chinois font Lutti-
folaires dont les unes font com-
,
rîiunes de 12 mois Lunaires, les au-
tres Embolifmiques de 15.
Le premier jour du mois eft ordi-
nairement le premier jour après la
conjonction de la Lune avec le So-
leil de forte que les Eclipfes du So-
,
leil arrivent ordinairement lé dernier
jour du mois, comme l'on peut voir
dans la Chronologie Chinoife du P.
Couplet.
Si les commencements des mois
s'éloignent de cet Epoque des con-
jondions, il eft aisé de les y remet-
tre après l'obfervation d'un Eclipfe
du Soleil.
L'ordre des années communes 8c
3*S o "Du Royaume de Shm.
Émbolifmiques eil réglé par le cycle
de <5o années, dans lequel it font
Embolifmiques & les autres Com-
,
munes-
Suivant le P. Martini dans fon Hif-
toire Chinoife,les a-nnéescommen-
cent à la conjonction de la Lune a-
vecle Soleil la plus proche du quin-
zième degré d'Aquarius : c'eft à -dire
du point du Zodiaque qui eft à éga-
les diftances des points du Solftice
d'hyver &c de l'Equinoxe au Prin-
,
temps : ce qui fuivant cet Auteur a
été ôbfervé depuis le vingt-cinquiè-
me fiécle avant la Nailïànce de JE-
sus-CHKist jtifqu'au fiécle préfcnt :
-quqy que ce commencement ait va-
rié fuivant la volonté de divers Em-
pereurs , & qu'on ait été obligé quel-
quefois de corriger l'année des er-
,
étoientglifsées.
reurs qui s'y
Il y peut y avoir plus d'erreur dans
l'Epoque des années, que dans 1E-
ypoque des mois, parce que les points
'au Zodiaque qui déterminent les pre-
miers mois des années ne font pas
,
viftbles immédiatement, comme les
Ecliplès du Soleil, qui déterminent
.les commencements des mois.
J.1 eltiûniiantj comme le P. M«u>
Bit KoyMmt de Statu. 3$^
fini' remarque, qu'après une période;
de 60 années Lunijblaires les coth-
jonctions de la Lune avec le Sole$
ne retournent pas au. même poinjt
du Zodiaque, mais qu'elles antici-
pent de trois degrez, que le Soleil
ne parcourt qu'en trois, jours, qui en-
dix Périodes de 60 années montent â
30 jours. Ainfî pour empêcher le com-
mencement des années de s'éloigner
de plus d'un ligne du quinzième de-
gré d'Aquarius il ferait, nécefiairç
,
que les Chinois ajoutaient à chaque;
Période de <5oo ans un mois extraor-
dinaire par deffus les zx mois, qu'ont
adjoûte à chaque Période de 60 an-
nées. Néanmoins le P. Martini dit
qu'ils n'ont pas belbin d^ucune m~
tércalation : ce que je croy qu'il faut;
entendre d&s intercalations de ces,
trois jours à part, mais non pas des,
intercalations extraordinaires des,
mois, quand cette différence de trois
jours eit montée au mois entier.
I I. Doutes fur la Chronologie Chinoifi.r
Mais on ne içait pas fi cela fe pra-,
tique régulièrement, ou files Chi-
nois ajoutent quelque mois extràor-
«djoairc à leurs aidées pm régie. ^
381 D/t Royaume de Siam.
quand ils s'aperçoivent que le com.
mencement de l'année s'eft trop é-
loigné du milieu d'Aquarius & Ci
,
les inrcrcalations des mois tant ordù
mires qu'extraordinaires , &. font à
propos.
Nous avons fujet d'en douter , de
ce que le P. Couplet, qui a été long-
temps à la Chine, dans fon Traitté
de la Chronologie Chinoife dit que
les Chinois commencent leurs an-
nées à la conjonction de la Lune a-
vec le Soleil la plus prochaine du
cinquième degré d'Aquarius ce qui
,
doit être ainfî préfèntement ; defbr-
te que depuis le P. Martini jufqu a
prélent l'Epoque des années Chinoi-
ses auroit recule de 10 degrez.
Si l'obfervation rapportée par le
P. Martini au lèptiéme livre de fon
Hifèoire ctoit véritable le commen-
,
cement de l'année Chinoise fe feroit
éloigné de plufieurs lignes du quin-
zième degré d'Aquarius depuis le
,
temps' que ce degré a été aflîgné
pour limite moyen des années Chi-
«oifes : car il dit que Suivant les Hif-
toriens Chinois , dont la foy luy eft
pourtant fuipede, l'an 204 avant l'E-
poque de J Es u s-Ç a ». 1 s x, dam Je,
J)u Royaume de Siam, $83
commencement de l'année, cinq Ma,,
netesiç trouvèrent dans la conftella^
tion de Cing, qui préfèntement s'é*
tend depuis le commencement du
Cancer juiqu'au commencement du
lion, ôç alors par çonfèquent s'é^
tendoit depuis les 4 ou^ des jumeaux
jufqu'aux mêmes degrez du Cancer,
On peut voir fans autre calcul que,
cette obfervation ne s'accorde pas
au fifteme des années Chinoifes : car
puifque Mercure ne s'éloigne pas du
Soleil de plus de 28 degrez, ny, Venus
de plus de 48 ; il efl conftant que Ve-
nus ne pouvoit être dans la conftel».
lation Ctnq avant que le Soleil eût
pafle la moitié du ligne d'Anes qui
eft éloigné de deux lignes entiers du
milieu d'Aquarius ; & que Mercure
ne pouvoit le trouver dans cette con^
ftellation à moins que le Soleil n'eût
paûe le commencement du Taureau,
& parce qu'il étoit néceiïàire qu'au
moins un de ces deux Planètes le
trouvât dans cette conftellation pour
accomplir le nombre de cinq ou
,
tous les deux, fî la Lune ne s'y
trouvoit pas ; ( car le Soleil dans
cette nypothéfe ne pouvoit pas s'y
prouver; à eft çonftaiw que le Soleil
ijS?4 Du Woymntt de Simm.
fle*pouYoit être moins éloigné dit
milieu d'Aquarius que 'de deux fî.
gnes entiers dans lecommencëmënt
-de l'année auquel on marque cette
, L'Hiftoirc Chinbifé
conjonction. mar-
que aufli qu'en' divers temps if.s'éft
trouve des égarements dalris les an-
nées Chinoifes qui ont obligé divers I

Empereurs de les remettre à la pre.


miere Epoque. Ces égarements peu-
vent être arrivez pour a voir interca-
lé des mois trop fdùveht, on pour à-i
voir néglige ks intei'calatiofls; des
mois,.quand il falloir les Faire, 'Se
comme nous ft avons pas THiftoire
de ces intercalations, on .ne fçauroit
fe tirer des embarras qu'il y-a pour
cette caufe dans U Chronologie' Çhi-
ïioife.
On Içait quel a été celuy des Chi-
nois en ce même fiécle : car nonob-
stant l'ancienneté de leur magnifi- 1'

ques Oblërvatoires fournis de tou-


tes fortes d'Inftruments , & les am-
ples Collèges & ks Magistratures
o Aftronomie cette Nation tres-ja-
loufe de là propre gloire & enne-
,
mie des étrangers a été obligée de
mettre à la tête de (es Aftronomes
jjourla corjç&ion; de leur Calendrier
les
Tin Royaume de Siam. $8f
tes PP. Jefuiccs, qui y font allez pour
y porter une Religion contraire à Ja
leur, & de combler d'honneurs les
PP. Ricci, Schall, Verbieft, & Gri-
maldi, qui du temps même de fora
abfence en Italie a été éleu par l'Em-
pereur jde la Chine pour Préfîdent du
Magiftrat de l'Aftronomie. D'où l'on
peut juger que les Chinois n'avoient
pas de Méthode fi certaine de régler
leurs années, qu'ils n'ayent reconnu,
qu'ils, ne font pas capables de les régler
tous feuls fans de grandes erreurs.
///. Obfervation ancienne du concours des
Planètes dans la corifidlation Xe.
Le P. Martini attribue au cinquiè-
me Empereur de la Chine qu'il dit
avoir régné depuis l'an 2^3 julqu'à
l'an 245 5 avant JÉSUS-CHRIST, la
règle de commencer Tannée par la
nouvelle Lune la .plus proche du 15
d'Aquarius.
Il dit que fuivant l'Auteur de l'Hif-
toire Chinoife cet Empereur vit cinq
Planètes jointes enfembleau jour mô-
me de la conjonction du Soleil & de
la Lune dans la confteliation Xe qui
préièntement commence vers le dix- ,
huitiéme degré du ligne des Posions,
Tome IL R
jSo* Pu Royaume de Siam.
Çc s étend jufqu'au quatrième degré
à'Arles, & qu'il prit ce jour-là pour
Jecq nmencement de l'année.
Il ne dit pas-en quelle année de
fon règne for. la conjonction des
Planètes : Mais comme cette COUT-
jonérion eft très-rare, nous pouvons
chercher fi elle a pu arriver, entre
Cannée 271* & ^y avant JESUS-
C H. R in dans cette conflellation

Cette recherche effe importante


doutant que cette Epoque feroit plus %

ancienne que lç Déluge de plufieurs,


fiécfes fùivant le calcul de ceux qui
mettent environ 2200 années entre
le Déluge & la NTaifîàjice de j E s u s-
CHRIST,
IV* Des confiellathns Chinoifes.
Pour Inintelligence de ce chara&é-
rç céléfte , nous avons examiné les
Confie Mations Chinoifes dont le P.
,
Martini dans fbn Hiftoire, & dans
fon. Atlas Chinois donne le Catalo-
gue calculé pour l'année \6z% à la
manière d'Europe & nous les a-
,
vons comparées avec nos conftella-
îions calculées pour la même année.
* |hjfous awiîs trouvé par cette çoni-
T>ttRoyaume de Siam. $f
paraifon que chaque conflellation
Chinoife commence ordinairement
par quelque étoile fixe confîdérable,
qui en Tannée i£;8 fe trouve dans le
Catalogue de Tycho prefque toiU
,
jours dans la même minute que le
,
commencement de la çanftdlatio»
correspondante dans les deux Cata-
logues du P. Martini, à la refervede
3 ou 4 , dans leiquelles il paroît qu'il
y a erreur de nombres dans les deux
Catalogues , d'oùladiftanceprilèdu
point de l'équinoxe ne s'accorde pas
avec les degrez & les minutes du li-
gne du Zodiaque , auquel ces can£
tellations font rapportées , commç
elle s'y accorde dans les autres con-
ftellations.
Ceft pourquoy nous les mettons
icy en deux manières, fuivant lest
nombres du P. Martini & fuiyant nô"!
tre corré#.ion.

R i\
$8j& Bu Royaume de Siam.
CONSTELLATJONES SltfENSES
' ex P. Afaroini hijioria
, & ex ejus
Atlante Sinico ad annum ioz8.
Nomen, Longitude». Gradus. Signa.
JGo ip 198 18 ; 9 sQ.
Kang $ 109 14
3J>
JJ U 4
Ti b ii? J4 9 Î4 in
TangO x57 48 *7 48 n-i,
Sing 3 .14* 54

.* 3 4 -B
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,Yi o* 2-5» 7
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Sing. © 141 9 xl 9
Chang 3) 1/03?.
i'6
031 nji
-Ye o* 168 18 3 tf nj
Çbia £ 2.8/ $# ; is «a
ï>a Royaume de Sîam'.' 38^
F I X JE A D 1 Nîfl A ,
Conflellationum Sînenjium ex compara-
tion? tabula fr&cedentis ad Tychsnica
dediiÛs,.
£ongitud'ines Tychinica;
adannum 1618,
Nomina. Fixoe^ Grad. Min_,
Kio Spica Virginis.
Kang Auitrina in fimbria Vifgiriisv
^ i?-i4
ta
1 8 3 9

Ti Lucida Jancis auflralis. ï*! SJ4


Fang Àuiiralistrium in fronte Scorpii. n\ z 7 49
Sing Rcccdenslucent.incorp.Scorpii. -H * J 4
Vi Dexter humérus Opluuci. -W ao 8
Ki Cufpis Sagittarii. -H * ; 4 î
Teu Anteccderisin jaculo Sagittarii. ^o f. î
NieuAuftralis in cornu prKced.Capric. Jb * 8 4
Niu Anteccdens'inmanu Aquarii.
/
Rs: é j J
Hiu In humero finiir.ro Aquarii. ws 1 ï I +
Guci- Dexter humérus Aquarii.
Xc Piima ala: Pcgafi.
wi'u
X 1 8 zo
Pi Extrema ala; Pègafi,. V4.1
Ti)
Quei lu finiitro brachiô Andumed.r. ji
Lcu Sequens in cornu auliral.Arieris. "V" 1 8 46
Guc}'In fcmore Arictis. \f 1 r4<f
Mao Occident, triuna lucid. in Pkiad. V * 3 3 7
Pie Oculus Tauri Barcus. H 316
Sang Recedens Bakhei orientis. H 1714
Cu In extremo cornu auftrali Tauri..rc I
9 3 J
Cing Pes fequaisprsced Gemiuoium <5> o 7
Qlj'ei Borca pra:ced.inquad. lat.Canc. Q, O} }
Lieu Scptemtrionalis in roilro Caucri. O ;,') o
Sing Cor Hidrje. Q* % x 9
Chang In mcdio corporc Virginis. Kg 037
Ye In bafi Craceris 11g r Sj 6
Cliiii Tertiaia ala auftiina Virginis.
sus 4 j2
R iij
300 "Du Royaume de Siam.
Cet accord des nombres de ces
Tables Chinoifes avec celles de Ty-
cho, à peu prés dans la même minu-
te, nous donne lieu de juger que ces
Tables ont été calculées par les Pe~
xes Jefuites, qui depuis un fiécle font
allez à la Chine, & non par les Chi-
nois. Car quelle apparence y a-t-il,
que fans être tirées des Tables de Ty-
cho elles y futfènt fi-conformes? Nos
Aftronomes de ce fiécle ont de la pei-
ne à s'accorder dans la même mi-
nute dans le lieu des étoiles fixes :
& l'on fait qu'entre le Catalogue de.
Tycho & celuy du Langrave de HefTe
faits en même temps par d'excellents
Aftronomes, il y a une différence de
plufieurs minutes. C'eft pourquoy il
n eft pas vray-femblable que les ob-
fervations des Chinois s'accordent
prefque toujours avec les obfèrva-
tionsde Tycho dans la même minute.
V' Méthode de terminer les conftellations
Chinoifes à chaque temps.
Le P. Martini remarque, que les
Chinois déterminent les longitudes
dans le Ciel par les Pôles du monde :
c'eft-à-dire par de grands cercles ti-
rez par les Pôles perpendiculaires à
£># Royaume de Statoti \ §ï
jPEquinoxial, où nous marquons lest
aicenfions droites des étoiles. Ç'eft
pourquoy les étoiles qui font entre
deux cercles qui paflènt par les ...pôles
& par les deux étoiles fixes qui ter*
minent une conftellation fe rappor-
tent à cette conftellation même.
Mais il paroît par la comparailbrt
des deux Tables précédentes que
,
les longitudes ne lbnt pas marquées
dans la Table du P. Martini diffé-
remment de ce qu'elles font mar-
quées dans la Table de Tycho qui
réduit les étoiles à 1 ecliptique,, ôC
nonpasàlequinoxial. Elles n'y font
donc pas marquées à la Chinoife ;
mais pour les réduire à la manière
Chinoife, il eft nécéflàire de rappor-
ter les étoiles qui font au commen-
cement de chaque conftellatioo à
l'équinoxial, & de trouver leurs af-
cenfîons droites, & les points du Zo-
diaque qui auront les mêmes alcen-
fions droites, feront au commence-
ment de ces conftellations.
Quand une étoile tombe dans le
colure des folftices comme le pié
}
des jumeaux dans cette Table d'où
commence la conftellation Cing , il
ny a point de différence entre, &
R iiij
'$fi Du Royaume de siam.
longitude à notre manière & Çotx
,
afcenfion droite, quieft la longitude
à la Chinoife ; mais à mefure que les
étoiles s éloignent du colure des fol-
ftices la différence de leurs longi-
,
tudes 3c de leurs aicenfions droites
augmente d'autant plus , que les la.
titudcsou les déclinaifons des étoiles
font grandes. Et parce que les étoi-
les fixes s'cloicnent toujours d un
colure & s'aprochent de l'autre par
tin mouvement parallèle à l'eclipti-
que & oblique à l'equinoxiale, cette
différence varie continuellement
,
6c autrement en tine conftellation
qu'en une autre : d'où il arrive que
d'un fiécle à l'autre la même conftel-
lation Chinoife déterminée par deux
étoiles fixes s'élargit ou le rétraiflit,
& ne comprend pas toujours le me*
me nombre d'étoiles fixes.
C'eft pourquoy pour lavoir eu
quelle conftellation Chinoife tom-
be une Planète en un certain temps,
il faut trouver pour ce temps-là l'af-
eenfion droite de la Planète &
ïafcenfîon droite des étoiles fixes,
prochaines, qui déterminent le com-
mencement & la fin des co^ftella-
jàons; ce que nous n'aurions pas icea
£>/<? Royaume de Slam. 39^
&ns la réflexion que nous venons de
faire, que chaqueconrtellation com-
mence par une certaine étoile fixe ,
& fins lavis que le P. Martini nous
donne que les longitudes Chinoi-
,
ses fe prennent des Pôles du monde,
c'efl-à-dire différemment de ce qu'¬
elles font marquées dans cette Table;
Il paraît par cette Table que la
,
conitellation Xe dont eil queition
,
commence par la première de l'ai-
le du Pegaie, & finit par la derniè-
re de la même aile , puifque fuivant
la féconde colonne de cette même
Table cette conflellation commence
l'an 1628 par les iSdegrez & 2.0 mi-
nutes des Poiiîbns, où nous trouvons
en la même année la premi re de
l'aile par la Table de Tycho réduite
au. même temps ; quoique la premiè-
re colonne de la Table Chinoife don-
ne deux degrez de moins , ce qui'
fans doute eft une erreur d'impref*
fïon ou de calcul, qui s'eft glifîee'
dans les deux Ouvrages du P. Mar-
tini.
Les originaux des Tables de Tycho
& de Longimontanus donnent auifi:
la dernière de l'aile en 4 degrez &
une. minute d'Ariés où finit lacon^
,
3$4 tut Ê.oynume deSivm.
ftellation Xe,8c où commence la cûn-
ftellation fui vante Pi quoique les Ta-
bles Rudolphines, les Philolaïques &
celles du P. Riceioli montrent la mê-
me étoile en 4 degrezdes Poifïbns,
ce qui certainement eft une erreur
des copiiles quis'eftglifsée dans les
,
ouvrages de ces Aftronomes. Com-<.
me ces deux étoiles ont une grande
latitude Boréale la première en
,
ayant 19 degrez & 2.6 minutes, la
féconde 11 degrez & $ç minutes ; la
différence entre leur longitude 8c
leur afeenfion droite, que les Chi-
nois prennent pour longitude cit
confîdérable prefèntement, dautant ,
que ces étoiles font proche du colure
des équinoxes, où cette différence
eft plus grande qu'ailleurs. Mais elle
n'étoir pas fi confîdérable ancienne-
ment quand ces étoiles étoient pro-
che du colure des folftices.
y /. Détermination du temps dti concours
de cinq Planètes dans la
conflellation Xe.
'Ayant réduit ces étoiles à lequino-
xial au vingt-quatrième & au vingt-
cinquième iiécle avant la Naïfïànce
de J E s u s C H R 1 s T nous n'avons
- ,
Du Royaume de Siam. j
point trouvé qtfentre les Cercles
^
,
des déclinaisons qui paiïènt par ces
étoiles cinq Planètes fe Soient trou«
,
vées jointes enfemble, ny en ces fié*
clés, ny en deux autres avant &c
après, pendant que le Soleil étoit dans
le Signe d'Aquarius, ainSï que porte
l'HiStoire Chlnoife.
Mais nous avons trouvé que Sa-
turne , Jupiter , Venus, Mercure , &£
la Lune le trouvèrent dans cette
constellation Chinoiie déterminée
par cette méthode , le Soleil étant.
au zo d'Aquarius, l'année 2012 avant
l'Epoque de JE SUS-CHRIST., le
x6 de Février Suivant la forme julien-
ne le 9 de Février Suivant la forme
Grégorienne qui court présente-
,
ment , & que le jour fuivant :', de
Février à 6 heures du matin à la Chi-
ne arriva la conjonction de la Lune
avec le Soleil , qui peut être celle
qui fut prifc pour époque des années
Chinoilès.
Alors fuivant le catalogue de Ty-
cho, & fuivant le mouvement qu'il
donne aux étoiles fixes, la première
de l'aile du Pegafe d'où commence la:
conflellation Xe étoit àzSdegrez jo
minutes du Capricorne, Se le cercle
396" D» Royaume de Sfam.
de fa déclinaifon coupoit récliptiqùé-
à 24 degrez du même ligne.
La dernière de l'aile du Pegafè é-
toit à 12 degrez 8c demy d'Aquarius
& fon cercle de déclinaifon coupoir
l'ecliptique, & le raportoit à l'onziè-
me degré du-même figne.
Le matin du Février dans le cre~;
,s6

puicule à la Chine.
Commencement de la conftella-
tion Xe. ~fr 24
Saturne étoic, % 24
Jupiter. % z£
Mercure. >o 27
Venus.' «a 4,
La Liine. sw 8
Hn de la conflellation Xe. sx 1 r
Et en 24 heures ou environ arriva-
la conjon&ïoii de la Lune au Soleil.
La Chronologie Chinoife met cet-.
te conjonction des Planètes entre
l'an 21513 & l'an 243 s avant la Naifîàn-,
ce de j ES us - CHRIS T. Il y aura>
donc une différence de 5 liécles entre;
le temps marqué par cette Chrono-
logie &s le vray temps. Ainfî TEpo-^
que Chinoife ièra plus récente de $
ficelés que les Hiftoriens Chinois ne.
la fuppofenc.
Bu Royaume de fiant. 39j
VII- Obfervation ancience dun filjiice
d'Hyver faite a la Chine.
Cette différence de cinq flécles
dont il paroît fuivant ce calcul, que
les Chinois font leur Epoque trop
ancienne, eft confirmée par un autre
endroit de l'Hiftoire du P. Martini,où
cet Auteur dit que fous Jâo feptiéme
Empereur des Chinois le folftice d'hy-
ver fut obfervé vers le premier de-
gré de la coaftellation Hiu qui
préfèhtement commence vers le 18 ,
B'Aquarius, de forte que depuis ce
temps le folftice s'eft éloigné de plus
de 48 degrez de fon premier lieu, il
rapporte cette obfervation à l'année
.20 de Jâo laquelle il die avoir été la
2342 avant la Naiflànce de JESUS-
.CHIUST.
Il paroît par la Table que cette conr-
ftellation Hiu commence par letoi*.
le qui eft dans l'épaule gauche d'A-
quarius qui l'an i£z8 étoità 18 degrez,
,i6 minutes d'Aquarius ,• mais fan-
jiée 20 de Jâo elle étoit en 2.9 degrés
du Sagitaire & quelque minutes
.,
cuis que le folftice d'hyver, qui eft
.toujours au commencement du Ca-
|?rjçorne étojt au premier de kcc%
19^ 25» Royaume de. Si41».
ftellation fïm. La diftance entre ces
deux lieux du Zodiaque eft de 4? de-
grez 16 minutes, que les étoiles fi-
xes fuivant la Table de Tycho font
en 547S années,à raifon de 51 fécond
des par an : d'où ayant été i6z$ an-
nées au plus qui font depuis lOEpoque
de J £ s u s-C H R 1 s T la 20 de J^to
,
fèroit l'année îS'jn avant k naiflânce
de JÊSUS-CKRIST, que le P. Martini
fuivant l'Hiiïoire Gbinoife met en
l'année 2547 avant JÉSUS-CHÎUSTJ la
faifànt plus ancienne d'environ de
4?7 années. Ainfi! il y a environ ç
fiécles de différence entre cette Epo-
que tirée de l'Hiftoire Chinoiiè, & la
même Epoque tirée du mouvement
des étoiles fixes fait dans cet inter-
valle de temps comme nous avons
,
trouvé par l'examen de Pobièrvation
des j Planètes dans 1$ conftellation
Xe.

$elon te P. Martini, a» commencement


lit foi fJiftoirede laCkim ril fernbl'e que
les Chinois ne content que cinq Planètes,
Saturne, Jupiter Âf'ars-, Péntts, &
,
AfercHfj, & qu'Us jhppofent an temps
fie leur çtnqttiém' fimpertuy fa csneoim
7>tt Royaume de SUm. 399
de ces cinq Planètes en la constellation
Xe , au même jour qu'il y eut cojonftio»
de la Lune avec le Soleil. Ma's fi cette
ebfcrvatian Cbinoife fe devait entendre
ai»fi, ce [croit une bivûë toute pure
& fans fondement : un tel concours n'é- t
tant point arrivé an temps marqué par
les Chinois, ny bien loin de la de fine
,
qu'on ne faurait peut-être ou le prendre.
Les Hifioires appuyées d'obfervations
Aftronomiques méritent donc d être exa-
,
minées avant qu'on y ajoute foy. Ainfi
un conte dèclypfes, qui eft au commence-
cément de Diogene Laèrce, & qu'il rap-
porte après Sotion, tft condamnédefauf-
feté par Monfieur Caffini. Sotion contoit
488^} années entre Vulcain & Ale-
,
xandre le Grand, & dans cet interval-
le il mettait }7$ éclypfes folaires > efr
t
831 lunaires.
Il ne faut pas auffi ajouter une foy
trop promte à une Hiftoire parce »
quelle nous.donne une fuite de Rois bien
arrangée. Les Perfes nous en donnent une
de cette nature que nous favons être
,
pleine de faujfetés : & nous avons des
Généalogies de nos Rois depuis Adam
?
fluifint encore plus faujfes. Ce ri eft pat.
feulement d'une fuite bien ajujiée , que
ht Hiftoms aujquclles nous croyons ?
âj.oo Du Royaume de Siam-
prennent leur certitude, mais de ce quel*.
les font confirmées les unes par les au^
très.: toutes, les Nations qui ont vît avoir
une connoijfance des mêmes chofes, les
rapportant de même, au moins pour les
circonfances les plus importantes de
>
telle forte que là , oit il y a divtrfué
d'avis MOUS retombons dans le doute.
L'Hifioire des Chinois n'a été ny con-
tredite , ny confirmée par leurs Poifïns :
elle ne peut tirer nulle autorité de leur
filence ; & aitifi tout ce que nous pou-
vons faire y
eft de la croire véritable ex
gros , fur tout depuis environ zoo ans
avant JÉSUS CHPIST ; mais non en ce
qui choque nos Htfloires , qui font mieux
attestées que les leurs,.

DE I/ISLE TAPROBANE
far Monfeur Cajjini.
LAfuivant
fitiutioa de l'Iile Taprobane
Ptolomée fepriéme li-
au
vre de là Géographie étoit vis-à-vis
du Promontoire Cari.
Ce Promontoire eft placé par Pro-
.lomée entre l'Inde & le Gange plus
,
„prés de l'Inde que du Gange.
Cette Ifle Taprobane étoit divisée
,j>gr JU ligue Equirioftiale en deux
parties
Du Royaume de Sittm. 401:
parties inégales, dont la plus grande
étoit dans rhémifphére Boréal, s'é-
tendant jufqu'à u ou 13 degrez de la-
titude Boréale. La plus petite partie
étoit dans l'hémifphere Auftral, s'é-
tendant jufqua deux degrez & demy
de latitude Auftrale.
Autour de cette Ifleilyavoit 13 ?&
petites Ifles, parmy lefquelles il y en
avoit i9 plus confïdérables, dont le
nom étoit connu en Occident.
Le Promontoire Cori ne fauroit
être autre, que celuy, qui eft appelé
préfentement Comori, ou Comorin,
qui eft aufli entre l'Inde 6c le Gan-
ge, & plus prés de l'Inde, que du
Gange.
Vis-à-vis ce Cap il n'y a pas pré-
fentement une aufli grande Ifle que
la Taprobane qui foit divisée par lJë-
quinoxial, & environnée de 1378 If-
les: mais il y aune multitude de pe-
tites Ifles appellées Maldives, que
,
les Habitans difent être au nombre de
12 mille. Suivant la-Relation de Pi-
rard, qui y a demeuré cinq années.,
ces ifles ont un Roy, qui fe donne le
titre de Roy de 13 Provinces, & 12.
mille Ifles.
Chacune, de ces treize Provincçç
TOTM II, S
'jtpx Du Royaume de Siam.
«il un amas de petites Iflcs, dont
chacune eft environnée d'un grand
banc de pierre, qui la ferme tout au-
tour comme une grande muraille :
on les appelle Attolons. Elles ont
chacune trente lieues de tour, un
peu plus, un peu moins, & font de
figure à peu prés ronde, ou ovale.
Elles font bout à bout l'une de l'au-
tre depuis le Nord jufqu'au Sud; &
elles font fèparées par des canaux de
mer > les unes larges, les autres
-fort étroits. Ces bancs de pierre qui
environnent chaque Attollon ^ font,
îfi élevez & la mer s'y romp avec
,
-
«ne telle impétuofîté, que ceux qui
font au milieu d'un Attollon, voyent
ces bancs tout autour, avec les va-
gues de la mer qui femblent hautes
comme des maifons. L*ènclas d'un
Attollon n'a que 4 ouvertures, deux
du côté du Nord, deux autres du côté
du Sud , dont une eftàî'Eft, l'autre à
rOuèit, & dont la plus large eil de
aoo pas , la plus étroite un peu moins
de 30. Aux deux cotez de chacune de
;
ces entrées il y a des ïfles , mais les
courants & les grandes marées en
diminuent tous les jours le nombre.
5Pirar4 ajoute qu'à voir le dedans
T>u Roy mm de Siam. 40^
d'un de ces Attollons, on diroit que
; toutes ces petites Ifles, & les canaux
de mer, qu'il enferme, ne font qu'¬
une plaine continué', & que ce n ê-
toit anciennement qtmne feule Ifle
coupée & divisée depuis en plufieurs. ,
On voit prefque par tout le fond des
' canaux qui les dîvifent, tant ils font
,
peu profonds,à la refêrve de quelques
endroits : & quand la Mer elî. baiïè,
l'eau n'y vient pas à la ceinture, mais
feulement à mie-jambe preique par
tout.
Ilyaran courant violent & perpé-
tuel qui depuis le mois d'Avril juf-
,
qu'au mois d'Oftobre vient impe-
tueufementdu côté de roiieft,& eau-
fè des pluies continuelles qui y font
l'hyver,• 6c aitx autres fix mois les
vents font fixes du côté de l'Eft , Se
portent une grande chaleur , fans
qu'il y pleuve jamais ce qui caufe
,
leur etc. Au fond de ces canaux, il y
A de greffes pierres, dont les Habi-
tants fe fervent à bâtir, & il y a aufîï
tout plein d'une efpéce de broufïàil-
les qui reflèmblent au Corail : ce
,rend extrêmement difficile le paf-
qui
£age des bateaux par ces canaux,
iinfeot témoigne que fuivant les
S ij
404 Du RtydumtdeSîawl.
Malabares,ces petites Ifles ont été am-
tresfois jointes à la Terre-ferme §C
,
que par la fucceflion des temps elles
en ont été détachées par la violence
de la mer à caufe de la baflèflè du ter-
rein.-
Il y a donc apparence que les Mal-
dives font un reite de la grande lfle
Taprobane & des 137S Ifles qui
,
l'environnoient, qui ont été empor-
tées ou diminuées par les courants,
fans qu'il- en foit refté autre chofe
que ces Rochers, qui dévoient être
autrefois les bafes des montagnes;
& ce qui refte dans fenclos de ces
rochers, où la mer fe romp de forte
qu'elle n'eil plus capable que de di- ,
vifer, mais non pas d'emporter les
terres qui font enfermées au dedans
de leur circuit.
Il eft certain que ces Ifles ont la
même fituation à l'égard de l'Equi-
noxial & à l'égard du Promontoire,
& de l'Inde & du Gange, que Ptolo-
mée aflîgne à.divers égards de l'Ifle
Taprobaae.

FIN,
TABLE
PES PIE'CES CONTENUES
EN CE VOLUME,
LA Vie de Téve'tat traduite du Balii
page r,
Explication duPatimouc ou du Texte dtt
Vinac. 34.
JLes principales Maximes des Talapoins
de Siam traduites du Siamois. $$
/Mémoire des frais de Juftice traduit du
Siamois. 57
J)es Mefares, des Poids, & des Mon-
Koyes de Siam, 59
JLifle des Meubles, des Armes, & des
Habits des Siamois & des Parties dt
3
leurs Maifons. 65
£es Noms des Jours, des Mois , & des
Années des Siamois. 74
J)es Mouçons & des Marées du Golphg
de Siam. Sa
Defiriptiott des principaux fruits de
Siam. 84,
De la Langue Siamoife, & de la Ba-
lte. 92.
Jnftrument à Fumer, dont les Morts, qui
font a Siam, fe fervent. 11Jj
* tome II. " X
TABLE DES PIE'CES &e.
,
fea des Echecs des Chinois. 121
De l'inftrument à conter dtsChinoisi 12,8
Du Cap de Borine-Éfperance. 131
^Régies de V Agronomie Siamoiji potir
calculer les Mouvements du Soleil &
de la Lune, traduites du Siamois, &
depuis examinées & expliquées par
,
4 Jkfonjîeur Cajfîni &c. 141
,
Le Problème des quarrés Magiques félon
les Indiens. £75
Du foin des Moeurs chez, les Chinois, &
de l'ancienneté de leur Hiftoire. $jp
Réflexions fur la Chronologie Chinoife
par MonfeurCdJfihi. 379
De la T'tprobans var If même Mpnfeur
.

Çajfîni. ^ 409
>;
--A
__^
TABLE
JDES PLANCHES DE CE
SECOND VOLUME.
LE Bananier.
Jacquier.
Le
page 8f
86"
L'arbre qui porte les Durions. 87
Le Manguier. $$
L'Ananas. $Q
LeCoûàticr. 91
Les Alpha beth Siamois & Balpsen traif
Planches. J?8
Jnjirument à fumer. HO
Echiquier Chinois. Iiî
Jnftrument à conter.^ Ii8
Çap de Bonne-EfperMtt* 13*
Autre. ' fi* îbid.
^

fjotantots, * ï|4-
Errata du fécond Volume.
PAge il}. 1. dern. dirent > lif. diroit, p. n£.j.
& n?. par tout où il y a rao lif. raou.p. i J'J ;
de
3. que la , lif. que de la , />. 15 9. J. 1. /*/!
,
que > p. 18 r. 1.14. jour , /«/". jours , p. tto. I.7.
qui,/{/. qu'ils, p. 297. 1. derniere>peut,/*/'.pût>
,p. 319.1. 19. tout, /«/è^ toute.
Page'jj+. au quarré de j/S. cafés à la pre-
mière café à gauche,du quatrième rang gifant,
au lieu de }.'mettez rj. p. 361.]. jo. Rits lif.
Rites, page 369.]. *8. donc lif. dont. p. 387.
3. iz. d'où lif. où p. 388. 1. i. Marcini lif,
IMaitini.p. 389. 1. 3. ad /*/! cum. 1. n. Rece-
,dens /«/".Pratciedens. 1, 13. Opluuci lif. Ophhici,
p. 404. J. if' égards lif. endroits.

*#'
Par tout où il y a fais dans les deux Tprneç
jseitezpays. *'\ ','/

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