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C'eft a fcauoir :
La Mère,
La Fille,
Le Tesmoing,
L'Amoureulx
Et l'Official.
u
Y*
No
a cinq personnages.
La Met'e raimnelite.
De ta fortune, Marion.
Il fault que nous te marion,
Sy debuovt tout fol enrager.
( 6 )
La Fille.
Et dea, pourquoy vint-il rager
Tant de foys, comme vous fauez ?
La Mère.'
A ! Marion, pas vous ri'a lies
L'efprit encore affes propice
Pour vous garder de la malice
De tel deable.
La Fille.
Vous dictes vray.
La Mère.
' Sy veulx-ie fauoir de vray
Qu'en dira le iuge par Dieu,
le me fiïys trouuee en mainct lieu
Ou i'ay faict coiifultation
Du cas ; mais la probat.ion
Nous feva gaigner noftre caufe
Auec, fe i'entens bien, fa claufe.
Tu congnoys bien Guillot des noix ?
La Femme.
Ouy, ma mère, ie le congnoys ;
C'eft celuy que très bien l'oyft,
Quant a fa chambre m'encloyft,
F.t qu'il difoyt: ma Marion,
Très bien en femble nous ferion;
(7.)
Voules-vous pas eftre ma femme ?
Quant, luy refpondis ; fur mon ame
Que i'en eftoys très bien contente.
Los y fift tout a fon entente ;
Car ainfy vous me l'auies dict.
Guillot eft homme de credict,
On le croiera du premier coup.
La Mère.
Ceft très bien dict a coup, a coup ;
le m'en voys, fans me confifter,
.
Chercher fergent pour le citer,
le croy qu'il n'y faillira pas.
La Fille.
Àlon, ma mère, pas a pas ;
Sa maifon n'eft pas loing d'icy.
Le Luge entre.
Il y a long temps que n'iffy
Hors du logis pour aler veoir
Mes gens & faire mon debuoir.
le m'y en voy tout maintenant.
Celuy qui eft droict maintenant
Eft prife de Dieu et des hommes.
La Fille.
Mère, c'eft icy, nous y fournies.
La Mère.
Ce chemin eft beaucoup plus court.
La Fille.
Par mon ferment voecy la court,
le le congnoy, & que de gens
Que l'on medife des fergens
Qui vouldra, très bien ie m'en loue,
Il ne me fera plus la moue
Le trompeur. Monfieur le fergent
A efte très bien diligent.
De le cifter voecy la leftre,
Ou il ne fault ofter ne mecire.
La voela la relation.
Le luge.
Mon Dieu quel exclamation.
!
La Mère.
Dieu vous gard, fire.
Le luge.
Or fa, qu'aues-vous a me dire ?
La Mère.
Monfieur, la plus grand trahilfon,
Mefchanfete & deraiffon
Que vous ouyftes de voftre âge.
Le luge.
Or bien. Qui eft le perfonnage
Qui vous a faict tel defhonneur?
La Mère.
Se n'eft pas vn trop grand feigneur,
C'eft vn nomme le beau Colin,
Que le chault mal fainct Mathelin.
Luy puiffe ronger la ceruelle !
I'auois vne fille très belle,
Le mefchant l'a defhonoree,
Et voecy la poure efplouree
Qui de luy iuftice requiert.
Le luge.
Eft-il cille comme il apèrt ?
Aultrement n'y foroys que fere.
La Fille.
Que pour cela on ne diffère;
En voecy la relation.
La Mère.
O quelle babillation !
Laiffe-moy parler, fy tu veulx.
Monfieur, de Colin, ie me deulx
Qui a ma fille viollee,
Puis dict qui ne l'a acpllee;
Combien qu'i luy ayt fur bon gage
Promys fa foy en mariage.
Le luge parlant a la Fille.
Efl-il vray ? or dictes, ma mye.
La Fille.
le n'eftoyes pas fy endormye
Que ne me foyes bien aperçeue
D'auoir elle, ainfy deeeue ;
Mais a nul mal ie n,'y penfoys.
Le luge.
Colin, vien-cy, ou que lu foyes,
Aultrement te mes eii,deffaull,.
Le beau Colin entre*
11ne fault point crier plus hault ;
Me voecy a voftre prefence.
Le luge.
Or vienca : Par ta concience,
As-tu congneu charnellement
( il )
Le Te/moing.
Monfieur, monfiëùr, la chaffe eft grande,
le parle d'vne bonne gùife.
I'ay veu qu'on ne prenoy t chemiffe,
Fors que'de deulx mpys en deulx moys.
I'ay veu la mefurë de boys
Elire pour fix béaûlx foubz donnée
Qui a bien valu celle année
QuaranteJix : c'ell piteulx cas.
I'ay veu qu'i n'eftoyt aduocas
Que deulx ou trois en celle ville.
I'ey veu deulx cens cas, voyre mille,
Qui font au rang dés tféfpàffës.
Le luge.
Encore n'effe pas affes ?
Sus, refpondes fans faùlté nulle.
Le Te/moing.
I'ay veu qui n'eftoyt c'vne mulle <
Le Te/moing.
Vous né voules pas que ie mente,
Aufy ne veulx-ie, mon feigneur.
Acouftes, voecy le greigneur
Compte que vous oyftes onques.
Le luge.
Or fus, amy, defpefches donqués,
le ne veuil élire icy mefliuy.
Le Te/moing.
Encor ne fay-ge ou i'en fuy.
Atendes, monfieur, ie difoys
Que le monde eft cru de sept fois
Plus grand qu'il n'eftoyt de mon temps,
Et pour ce bien ie n'entens;
Car tout eft change, comme on voyt,
Sy on le faict comme on fonloyt.
le ne fay que ie vous doys dire,
Mais sy vous dirais-ge sans rire
Et fans mentir que fy on faict
D'oeuure des noces en effaicl
Comme on faifoyt au temps paffe,
Tout en eft moulu & caffe,
le le iure certainement.
Le luge.
Tu le pence donc vray ment.
(*8.)
Le Te/moing.
Ouy, monfieur, & fy le tefmoingne,
Sy on faict ainfi la befogne,
Comme on faifoyt quant ie fus ne.
Le luge.
C'eft honeftement tefmoigne.
Tu les vis donc tous deulx enfemble.
Le Tefmoincr.
Ouy, monfieur, comme il me femble ;
Mais Marion eftoyt defoublz.
Le luge.
Quans efcus, quans teflons ou foublz
Luy baila il ?
Le Te/moing.
le n'en fa y rien,
Toutefois, ie vous diray bien
Et iure fur ma confcience
Qu'il prenoyt tout en pacience
Et fans crier fort hauîtement :
«
Faictes, dict, & tout bellement
«
Colin vous elles bel & fage,
,
« Mais c'eft au nom de mariage,
«
Entendes-vous, mon doulx aray,
Colin ne faifoyt l'endormy ;
Mais ce mot un peu luy defpleuft.
C'9)
Le luge.
Toute foys en fin le voulnll.
Faift-il pas?
Le Tefmoincr.
Ouy, ouy, fans faulte,
Car elle avoyt la ïambe haulte
L'une fur l'autre fermement;
Qui n'eftoyt grand efbatement
Au pauvre Colin qui mouroyt;
Mais elle dict qu'il ne feroyt
Rien qui fuit fans qu'il fift promeffe
De l'efpouffer, & fans finefl'e.
En l'eglife de leur vilage.
Colin difëyt : « huy, h-uy, formage, »
Contrefaifant la baffe voix.
Un formage, par faincle croix!
Pour un fonrmagc n'en feray
Un coup, tant que viue feray,
Dict-elle. Se voyant Colin
Se laifa mener en belin
Et bender tout a l'on aife.
Y vous la tâtonne y la baife,
Y vous la couche fur le dos,
Et après cinq ou fix bon mos
Feill entrer Genfrey au bifaq.
( .*> )
FINIS.