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Pierre
HESBERT
SAHEL
EDITIONS
Décembre 2021
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SOMMAIRE
Avant-propos
1. Non de d’là !
2. Miserere
4. Mauvais indics !
5. Tu es le fils de ta tante
6. Sensibleries
7. Territoires
8. Latin de cuisine
10. La Pissette
13. - Chut !
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Références
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Bazeleg-an-Dezerzh en Breton
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1. « NON DE D’LÀ ! »
C’est ton histoire. C’est celle d’un gamin. C’est l’histoire de ta famille.
C’est l’histoire de ton coin de cambrousse, c’est l’histoire de tes étés
successifs qui n’en forment qu’un, et n ‘en formeront qu’un jusqu’à ta
disparition, c’est l’histoire de ton microcosme, c’est ton ambiance. C’est…
Allez, « Non de d’là ! Alors tu vas causer ? Bon je le fais pour toi ! »
Tu montes la côte pour aller comme tous les soirs d’été, à « la Belle
Etoile », chercher un litre de lait frais entier et une demi-livre de beurre en
motte à saler. Il n’y a pas de loup. Tu n’es pas le chaperon rouge. Tu
risques une oreille chez le meunier, histoire d’entendre le bruit sourd de la
meule sur le grain, tu dérobes des étincelles au maréchal-ferrant, tu
flaires le douze et demi étoilé d’Algérie, chez le bistrotier-épicier, tu plains
la voisine qui rame ses haricots. Si tu es attentif, tu entends très
distinctement des « Non de d’là ! ».
Tu ne réfléchis ni longtemps, ni beaucoup. Tu te dis que tout cela vaut
bien un « Bonjour ! »
Toi, tu ne lances pas de « Non de d’là ! » Tu en es sûr ? Oui ! Tu fais un
ample signe du bras droit aux lanceurs de « non de d’là ! », en même
temps que tu leur sers ton « Bonjour ! »
Normalement, tu dois y ajouter : « Madame ou Monsieur ! » . C’est selon.
Si tu les imites, ta mère te reprend. Dans ton, son milieu, on ajoute :
« Madame, Monsieur » à « Bonjour ». Et on n’oublie jamais de saluer.
Pas le premier, mais on doit répondre au salut ! Jamais de « Monsieur
Dupont ou Durand ! » C’est d’un peuple, c’est bon pour les relations
d’affaires ! dit ta mère, sentencieusement. Ton père ne contredit jamais ce
type de propos sur le mode de salut à autrui, même s’il n ‘en a cure. Il ne
vient pas souvent t’accompagner, en tout cas moins souvent qu’au début,
et compense ce déficit par l’envoi de longues lettres au style humoristique
fleuri. Il y narre comment il repeint la cuisine à Paris. Quand il vient nous
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sous leurs airs madrés ! Ils engueulent tranquillos leur créateur, qui fait la
pluie et le beau temps, ce qui est très important ! autant qu’ils le peuvent,
dès qu’ils croisent leurs semblables, sans en avoir l’air, sans être repérés,
avec leur code à eux. Pour un peu tu regrettes de ne pas les avoir
prononcés ces « non de d’là ! » Tu te serais senti intégré à leur monde.
En sachant tout ce que tu viens de dire, tu aimerais savoir s’ils le
balancent tout seuls ce « non de d’là ! » dans leurs carrés de choux et de
patates, et de tu ne sais plus quoi.
Tu t’embusques dans un fossé où somnolent des nœuds de couleuvres
moites – mais qu’importe !- ou au coin d’une haie, pour vérifier si Léonie
n’oublie pas de balancer le nom du Seigneur, en enfonçant sa fourche
du sabot droit paillu, sous les mottes de patates à longues tiges vertes
.Léonie c’est la fermière qui se prend pour une bête de somme. Elle est
noueuse, et son occiput s’orne d’un chignon squelettique.
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2. MISERERE
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Celui qui dit « Monsieur ? », c’est René. Le « Monsieur » c’est ton père,
qui est là pour une fois ! René, c’est René Poisson, quinze ans, fils de
Monsieur et Madame, de la maison basse en face. Monsieur est
cantonnier. Madame est mère au foyer. Elle disparaîtra dans son feu de
frites, impotente. Cela c’est beaucoup plus tard, quand tu ne viens plus
vraiment à la Bignette, pas plus que René.
René ne tient plus. Il a la « courante ». Tu lui demandes de se taire, de ne
pas troubler l’éloquence de l’orateur des Musées nationaux. Rien n’y fait.
Ton pater doit donc s’appuyer une invective du cicerone, et demander où
se trouvent les toilettes. Ton père est obligé de t’abandonner avec ton
frère à la culture cistercienne. Le « Jacques Dufilho » de service n’a pas
trop sourcillé. Il sait que ton frère et toi ne donnerez pas le pourboire en
usage, car le porte-monnaie s’est allé avec son porteur.
Dans les toilettes médiévales, il est trop tard pour ton René de se
servir des tinettes. La débandade ! Oh le falzar ! A poil le René ! Ton
père lui balance des seaux d’eau. Où a-t-il trouvé un seau ? Secret ! Il lui
flanque des douches horizontales. Enfin c’est ce qu’il t’a raconté une fois
arrivé à la Bignette, hors les oreilles de René. Le René, il se planque dans
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René est rendu à ses parents, propre comme un chou neuf. Deux heures
après, René arrive à la porte de la cuisine. Il offre, de la part de sa mère,
à la tienne, des pêches, bien mûres, et bien grosses, avec ses bonnes
paluches.
Remerciements et congratulations réciproques, plus bla-bla bignettard sur
tout et rien.
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4. MAUVAIS INDICS
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clou, fait dix mètres. Un Poisson dans son champ. Il toque à la porte de la
mère Poisson. Cinq minutes. Il repart. Tu ne le revois pas avant sa peine
dans la côte de Pontmain. Tu entends même le grincement de la chaîne
de vélo, et les bruits de pneus crissant sur le gravillon.
Raffut de freux dans le sapin. Ta mère ne t’a pas confondu avec un
corbac. Ce n’est rien ! Cela a dû lui suffire, elle n’insiste pas. On repose
les défuntes sur la croix émaillée de leur cimetière. De temps à autre,
discrètement, enfin tu le crois ! tu passes à vélo, coupes la patte d’oie du
carrefour, juste pour voir ! Les peaux pendues au poteau se ratatinent
chaque jour un peu plus. Mouches et les guêpes le savent et profitent des
derniers lambeaux. Elles sèchent, blanchissent. Bientôt, les n’auront plus
que les écailles. Recyclage !
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5. TU ES LE FILS DE TA TANTE !
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Elle a écrit, elle n’écrit plus. Personne ne la publie. Son carton, comme
une fidélité à une contrainte qu’elle s’impose pour poser. Et puis, peut être
que son élevage des enfants de sa sœur, l’empêche d’écrire. C’est
bruyant les enfants. Où se mettre au calme pour noircir les feuilles du
monde, alimenté par les pensées que lui inspirent les coupures de
journaux qu’elle entasse ?
Tu échafaudes son roman à sa place. Tu es dedans avec ton frère.
Elle t’a adoubé, comme lui : Chevalier Pierre, Chevalier Jean ! Pourtant tu
n’as pas le souvenir d’avoir passé une nuit à genoux en prière à la vierge
et à ses saints, en attendant l’événement.
Tu marches dans sa combine, ton frère suit. Elle menace les chevaliers
de punitions médiévales. Aujourd’hui tu ne te rappelles pas vraiment
lesquelles. Tu as un vague souvenir de ses tances rétro.
Elle règne à l’ancienne.
Ses fermiers, qui incarnent le lien féodal s’il en fut dans ce siècle, sachant
qu’elle est là en vacances à la Bignette, quand eux n’en prennent jamais
–ils ont une voiture- luxe !- viennent lui rendre un hommage vassal, pour
lui extorquer- c’est son expression !- une soue à cochon, ou une toiture.
Ils lui apportent- prévention - des poulets plumés, de mottes de trois kilos
de beurre salé, endimanchés. Tu vas soutirer pour eux, du cidre sur à la
barrique de la cave en terre battue. La casserole émaillée écaillée attend
sous le robinet en bois. Elle recueille les gouttes. Tu sers dans les brocs
en grès du buffet en merisier de la salle à manger.
A Pontmain, lieu célébrissime de l’apparition souriante de « La Belle
Dame » en 1871 aux enfants Barbedette, elle achète les cierges pour la
Bonne Vierge. Tu les allumes à ceux qui survivent sur le plateau de fer.
Satisfait, tu notes que plus une pointe de fer n’est libre.
Pour Léonie, la Duchesse, c’est Anne de Bretagne. Elle lui loue trois
hectares, et la maison accolée au pignon gauche du « château ». Troc,
truqué ! Léonie, elle, la fermière, qui n’a plus de dents, et mâche la potée
avec ses gencives, elle vide le château méthodiquement et
insensiblement ! Quand on boit le café et la goutte chez elle, assis sur les
deux bancelles de châtaigner clair, on utilise les verres du château, enfin
ceux qui y étaient l’été d’avant. La tante, ne dit rien. Elle sait, elle a su,
elle refuse de savoir. On est au-dessus de cela, non ? Ce serait d’un
mesquin ! On répartit le fruit ! Qu’est-ce que cela peut faire ? Plus riche ?
Moins riche ? Allez savoir ! Pour cela il faudrait faire les comptes ! Les a-t-
elle déjà faits ? Non ! Passez le chemin, alors !
La tante se pique de lectures. Elle fait rapatrier en son « château »
des caisses de cartons de journaux venus de son appartement de la rue
de Tournon. Celui-ci est situé dans l’hôtel de la marquise d’Entragues,
refait par Michel Neveu, entrepreneur aventureux. Elle gère les logements
se cet hôtel, assez mal cependant, par fidélité à son oncle Ambroise, le
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6. SENSIBLERIES
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Il l’a dépiautée pour savoir, voir. Dire si, en le faisant, il a pensé qu’elle
souffrait, serait comme faire faire de la dentelle à un maçon ! Horreur !
René disparaît définitivement de ton paysage mental ce jour ! Il pourra se
pointer, il ne sera plus associé à de nouveaux Mont St Michel.
Les mœurs rurales sont différentes des us urbains ! Dire qu’elles ont
plus rudes, ce n’est pas sûr, mais elles le sont incontestablement.
On ne s’émeut pas de la souffrance animale. On vise l’efficacité !
On suspend le poulet au chevron par les pattes. On introduit le couteau
dans la gorge, le sang pisse dans la bassine émaillée blanche en dessous
vite, puis parcimonieusement.
Madame Poisson a bien fait le travail. La carpe et le … Tu ne te rappelles
plus. Bon à plumer, entre les genoux sur son large tablier noir ! Au
suivant !
Le poulet a terminé ses soubresauts. Tout cela t’occupe quand même un
moment. Peux-tu dire que tu en as eu horreur ? Peux-tu dire que cela t’a
plu ? Non, ni l’un ni l’autre ! Curiosité.
En tout cas, tu continues à manger du bon poulet de grain, élevé en
liberté, tué en liberté, un poulet avec un foie et un gésier comme on n’en
trouvera plus !
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Les canards ne sont pas mieux lotis dans ce terroir brutal. L’aîné
des frères Madelin, Marcel, te montre le coup des canards. En fait il aurait
pu l’écrire autrement avec « le cou des canards », car il s’agit bien de
cela. Léonie découvrira après qu’il lui manque un canard-dinde. Elle en
déplorera la perte, et rira du reste. Le fils Madelin décapite la bestiole,
histoire de te montrer- oh stupeur !- combien l’anatidé s’en fout de son
cou, puisqu’il continue à tourner, à marcher aussi gauchement qu’avant.
Pense à Saint Denis, portant sa tête décapitée. La comparaison fait un
drôle de couac ! Tu es un peu étonné, mais pas trop choqué, à la
réflexion, préparé que tu es par les Saintes Ecritures. Ce qui vaut pour un
homme peut bien valoir pour un animal ! Cependant tu lui dis
qu’une démonstration, cela te suffit. Tu ne sais même plus si tu en as
rigolé. Tu te ruralises !
Tu es assis sur un banc lourd d’une forte tablée de battage chez
Léonie, qui rassemble tous ceux qui l’ont aidée à la moisson des trois
hectares. Réveil cinq heures. Tu en fais partie d’une certaine façon. Il y a
du lapin entre autres plats, du lapin aux raisins. Ton voisin, un bon
rougeaud, sort son canif à lame courbée à l’extrémité, et éborgne la tête
du lapin prélevée prestement dans le plat. Tu ouvres des yeux ronds. Il te
propose l’autre. Yeux épouvantés. Il le gobe tout pareil content de lui. Il te
semble, à la réflexion, que l’œil albinos – tu te souviens mieux
maintenant, c’en était un !- te regarde encore. Sur l’instant il te dit que
cela n’est rien, que dans ce milieu, cela se pratique, que des beaux yeux
cela ne se refuse pas.
Rude le monde rural où tu n’es pas né !
Chez toi, à Paris, le boucher, le volailler font le boulot hors ta vue. Tu n’as
rien observé de la préparation des animaux qu’on leur livre déjà occis.
Tu découvres la mort qui rôde partout, que les hommes accélèrent,
celle qui t’attend – mais tu es un peu jeune pour y penser vraiment !-,
celle qui ne secoue pas autant la pensée de tes petits camardes de jeux
du hameau.
Les chauves-souris tu les détestes ! On t’a dit qu’elle se mettent
dans les cheveux, qu’il faut leur couper les pattes pour t’en débarrasser.
Tu les vois rôder entre chien et loup, et tu ne te risques pas trop dehors à
la nuit montante. Et puis cette ambivalence de souris et d’oiseau à ailes
préhistoriques de ptérodactyles, c’est dégoûtant. Des oiseaux velus, avec
des ailes en angles de parapluie noir ou marron ! Beurk !
Par le cœur percé au volet de la grande chambre aux murs tapissés de
papier Jouy rose, une chauve-souris est entrée dans la souricière, et
n’arrive pas à en ressortir. Elle fait un bruit inquiétant, et terrible pour ton
frère et toi, mimant les bruits du cerf volant, rasant murs, plafond et draps
de lit. Sauf que le cerf-volant tu le maîtrises ! Ici, maintenant, rien , tu es
sans défense, tu as la trouille, tu es comme l’autruche : si tu ne vois rien,
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à rien, rien qu’à entendre de ton cousin, qu’un ramier, ç’aurait été mieux !
Honte ! Honte à toi ! Tu aurais mieux fait de réfléchir avant cela. Tu te
venges sur le pot de cornichons dont le niveau baisse dangereusement.
De cet instant tu conserves une méfiance pour le chasseur, et, paradoxe
pour paradoxe, tu ne refuses jamais de plumer un faisan, ou de faire
mariner une gigue. Comme l’autruche, la tête dans le sable !
Il y a des animaux qui t’émeuvent et d’autres pas !
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7. TERRITOIRES
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Si j’étais une souche J’ai vu pourrir sur pied,
Beaucoup de mes vieux frères.
Si j’étais une souche, Que j’aime la chaleur du
Je me planterais soleil.
Tantôt pour surveiller Quand le pic-vert
Une berge de rivière, Jouera des castagnettes
Tantôt pour tenir éveillés Sur mon épiderme
Les yeux d’une clairière. Pour en extraire les
J’attendrais le vol léger vermisseaux,
Du martin-pêcheur. Je saurai le présent proche.
Je guetterais l’éclosion Quand je ne l’entendrai plus,
Des champignons. Je saurai la minute venue,
Si j’étais une souche, Celle du silence non révolu.
Je songerais au temps Il se pourra qu’à mon pied,
Où j’avais encore des bras La vie grouille.
Que malmenait le vent. Mes enfants posthumes
Mais ce temps-là est révolu. Seront petits rameaux verts.
Je ne suis plus qu’une souche Les plus hardis, Seront arbres,
Aux bosses disgracieuses Les plus beaux
Et à l’écorce fendue. Seront souches.
Je sais l’heure proche.
Pierre Hesbert
14 décembre 2003
Poème et crayon PH
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8. LATIN DE CUISINE
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Pas plus que pour Georges Perec, ton vélo n’existe. Tu empruntes,
comme ton frère, celui de ta tante ou de sa sœur.
Vélo pour femme, à cadre oblique. Larges pneus ballons dépareillés,
vastes selles en cuir prévues pour larges derrières. Pas de dérailleur. Tu
as un vélo, c’est le principal ! Une vraie bonne bête de la cambrousse,
capable de porter deux gamins à la fois. Un engin du terroir pour aller
chercher au bourg le pain de quatre livres, bien levé, à larges écailles de
croûte, en travers du porte-bagages, avec un sandow pour le tenir.
Et ce frottement de la dynamo contre la jante ! Ce bruit qui n’est
qu’à lui. Inimitable ! Une sorte de chuintement régulier dans les plats, un
halètement presqu’humain dans les côtes où tu te tiens dressé sur les
pédales, un silence feutré dans les descentes, où ton regard tente
d’explorer plus loin que ce que montre le faisceau du phare. Un vélo qui
en voit de toutes les couleurs, fait pour les chemins creux, la boue, les
cailloux, les gravillons de bord de route, les champs. Un trompe-la-peur !
Une bonne bête endurante qui a de larges garde boue, un catadioptre,
une pompe à embout qu’il faut souvent remplacer, une boîte de rustines
et de la colle, des sacoches.
Tu es fier du catadioptre. Tu ne sais pourquoi. C’est la seule chose
que tu astiques. La chaîne a bien de la patience. Quand elle est trop
sèche : un bon paquet de graisse, et ça repart ! Il y a longtemps que tu
ne prêtes plus son vélo à ta mère. Tu as commencé à rouler debout
dessus vers tes dix ans. La selle surbaissée ne pouvait quand même
accueillir ton fessier. Tes mains étaient trop petites pour tenir poignées
et freins. Tu as trouvé ensuite une position plus agréable et réussi à
t’asseoir enfin, le temps passant.
Dans un pays où il faut rouler soixante-dix kilomètres pour voir la mer et
ses bateaux, quand l’élément aqueux local ne permet pas à une seule
barcasse de flotter, sans s’emboîter dans des paquets de nénuphars,
comment se croire à la mer ?
L’homme est ainsi fait. Il veut quelque chose qu’il n’a pas. Et quand
il a ce quelque chose, il veut autre chose encore. Tu es ainsi.
Avec ton frère Jean, tu rêves de navires, bercé par les exploits de
Suffren et des corsaires malouins de la Bibliothèque Verte. Tu aurais pu
te présenter au concours Lépine avec l’expérience qui suit.
Il est donc question d’armer des navires de course. Nouveau charpentier
de marine, tu t’emploies à trouver un tissu convenable pour une voile
carrée. Des branches de coudrier, croisées font le mât et la vergue. Le
plus difficile est de lier le bas du mât au guidon. Cela tient un moment, et
puis lâche. Tu recommences inlassablement. Les rares habitants du coin
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Tu n’as plus qu’à te remémorer les sauts de tes gardons dans le panier
d’osier brun où tu les déposais.
C’est bien comme cela, de toute manière. De toute manière tu ne portais
pas la carte de pêche timbrée requise. Et tu épuisais le lieu. La pêche en
eaux douces à double sens !
Paix aux poissons !
Cinquante mètres en aval, le vieux moulin, abandonné, au droit de
la porte du Petit Bois, juste en dessous du pré au curé, il est là avec ses
aubes pourries qui ne tournent plus. Le canal de décharge te fournit
encore quelques poissons, puis plus rien ! De grosses pierres arrondies
permettent de franchir le cours. Une fenêtre derrière le moyeu. A
l’intérieur, après être passé par le pré Gervis, tu trouves une grosse
pierre plate, avec le chemin creusé pour la meule qui a disparu. Plus de
plancher en haut. Tu aperçois les ardoises, et le ciel quand il en
manque. Tu écoutes vraiment : la roue ne veut pas s’y mettre, et faire
avec ses aubes sur l’eau du ruisseau ces « flaps-flaps » attendus.
Sur la pente du pré, le lavoir qui enregistre la trace des lessives.
Alors l’eau est laiteuse. Tu notes la planche mouillée, où les genoux de
Léonie se sont esquintés. Elle les a logés dans une sorte de grand sabot
de bois garni de paille. A l’avant un plan incliné, où elle bat, et rebat le
linge qui ne lui a rien fait. Elle le tire d’une lessiveuse, qu’elle a chargée
sur la brouette encore suintante de fumier. Elle l’a faite rouler sur un
sentier qui prend la courbe de niveau du champ à partir de la route.
Les jours sans, le cresson montre le bout de son nez, et les grenouilles
font à nouveau tapage. Chacun son tour !
Le Pré entre Petit Bois et Glaine Guy Hesbert et sa fille Catherine 1950
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fait pour le porte-bagages. Elle n’est pas plus bavarde qu’alors. Toi non
plus ! Tu l’as bien reconnue, avoue-le ! Elle t’a percé à jour aussi, bien
que tu aies troqué ta brosse contre une raie à gauche, bien que comme
elle, tu aies pris des centimètres.
Elle se tient près de la porte du wagon de seconde, dans le train qui fait
Austerlitz-Auteuil. Tu es proche de la porte opposée un bouquin entre les
mains, comme les parigots qui ne veulent dire bonjour à personne. De
quoi ils auraient l’air ? Non tu le demandes ! Ton regard croise le sien. Ils
s’accrochent plus que dans la boulangerie. Les corps ne bougent pas.
Cela dure une station. Chacun se dit que s’il ne dit rien, s’il ne fait rien, il
n’y aura plus que le souvenir fugace de moments d’enfance. Et chacun
ne bouge pas, paralysé. La station suivante approche. Tu ne sais pas si
elle descend, et elle descend brusquement sans prévenir, sans regard
de regret. Elle est montée travailler à Paris évidemment !
Tu as quand même noté cette ombre dans ses iris à la lueur
blafarde des néons ? Non, tu crois les avoir vus, alors qu’ils n’y étaient
pas. Et a-t-elle noté cette étincelle dans tes pupilles, qui disent tant de
choses, tant de choses que tu aurais aimé débiter banalement ? Et ce
banal aurait été magique, source de souvenirs revenus à la surface des
choses, avec leur poids, leurs silences, leurs odeurs, leurs
questionnements. Timides, bornés, incapables de franchir la même
barrière que celle de la boulangerie, comme si sa mère était encore là en
train de chanter le prix du pain de quatre livres ou trois centimes de
caramels. Une histoire lamentable, qui laisse plus de blessures pour
l’instant et pour la vie entière que nulle autre. Celle de la bêtise ! Celle du
« on ne s’est jamais parlé, alors on ne va pas le faire aujourd’hui. Jamais
tu ne la reverras dans un wagon RATP, ni dans une rue, ni ailleurs ! Un
vrai ratage ! Tu enrages de toi-même après-coup.
Te rendre à la Belle-Etoile pour les courses du quotidien, c’est
prendre la route « BOL ». Trois lettres et une trinité incarnée totalement :
Madame et Monsieur Fouillard, et Mélanie, la fille de ferme. On dit
comme cela, on ne dit pas un truc politiquement correct pour cela. On
est nature, et on ne dit rien. Personne ne se choque. On parle de
« garçons et de filles de fermes », pour ne pas dire « filles fermes ». Le
secteur est encore un gros employeur de bras costauds. Travaillent dur.
Les femmes sont bavardes, lui moins, le patron de la ferme, mais il aime
écouter aussi ce qui vient d’ailleurs chaque été.
Mélanie, tu la revois avec ses bottes courtes ; elle charge les
bottes à la fourche comme un homme. On parle de tout, de la pluie, du
beau temps, inépuisablement. Ta mère s’y entend particulièrement à ce
type de bavasseries, beurdasseries en langage gallo. Cela peut durer
une heure comme cela, sans s’apercevoir que le temps passe. Temps
sans épaisseur ! Pourtant les heures passent, ponctuées par la sonnerie
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de l’horloge quatre fois l’heure. Les têtes pensent à cela, mais c’est
comme si en ne disant rien du temps qui s’écoule, et de ce qu’il reste à
faire, les vaches qu’il faut rentrer, le lait à traire , et le reste, c’est comme
si les esprits en ne disant rien , snobaient l’horloge. Ta mère est un peu
fautive, elle sait qu’ils ont à faire, mais ils lui pardonnent, elle est
tellement en accord avec eux !
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invités après le déjeuner. Elle fait le tourisme qu’elle peut, à son échelle,
loin des indications du Guide Vert.
Tu arrêtes ton vélo sur le bas-côté herbu en posant tes prunelles
sur les tiges bien droites dans une jeune touffe de châtaigniers qui part
en rayons de soleil, qui fera un bel arc, ou une belle flèche droite. Tu
sors ton Opinel, et tu coupes à la base. Tu fais une belle section en
biseau. C’est ce qui marche le mieux. Une coupe perpendiculaire
marche moins bien. C’est sans bavures. Avant de peler la tige, tu sens
sous les doigts les légers renflements qui pointent comme les seins des
jeunes filles sous le pull, promesses de branches. Après l’écorçage,
l’Opinel les effacera, particulièrement au milieu, là où ta main serrera
l’arc.
Lorsque la route Biclou coupe celle de Louvigné, il y a une futaie
pentue. Tu y retrouves la Pissette (Glaine), qui passe dessous le pont.
Au pied des hêtres. Les haltes sont propices à te bleuir doigts et fonds
de culotte, assis que tu es pour récolter les myrtilles. Il n’y en a que là
que tu en trouves dans ton univers de quinze kilomètres carrés.
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Dans les deux chambres du grenier, hors les lits aux barreaux
métalliques terminés par des boules de cuivre, il y a de petites tables de
nuit en noyer, dont tu entrevois par les portes demi ouvertes, les pots de
chambre, surmontées de lampes aux abat-jours déformés, étoilées de
chiures de mouches, aux teintes auréolées par l’humidité. Un fil
électrique torsadé gainé de tissu bruni par le temps, en pendouille. Il y a
longtemps que les ampoules ont claqué ; elles demeurent enfoncées au
culot. Rien ne dit que l’on pourrait les en détacher. Alors on n’y touche
pas.
Et puis ces paravents qui cachent les tables de toilettes en sapin,
avec leurs cuvettes à fleurs roses, leurs brocs et porte-savons en
faïence assortis.
A leur pied les seaux de toilette à couvercle, aux anses rouillées, qui
recueillent les eaux de toilette, et le contenu nocturne des pots. On
descend tout cela quotidiennement. On file le porter tout au bout du
potager, dans le champ derrière, sur le tas de fumier, pour lui tenir
compagnie. Il ne désapprouve pas, ça le change des vaches ! Il attend
les visites sur le coup de dix heures. Parfois les seaux n’ont pas reçu
leur content, et il attendra le lendemain. Cela signifie que le contenu des
seaux a été versé gaiement au pied des hortensias ?
Tu te souviens de ces soirs sombres, où ton père – au grand dam
de ta mère, et aux applaudissements de ton frère ricanant sous sa
couverture- te hisse sur le rebord de pierre de la fenêtre sur jardin au
premier étage. Tu calmes rapidement ton appréhension du vide, debout,
excité par ce que tu vas faire à la nuit sans dimensions, ponctuée de cris
narquois de chouettes.
Dans le noir mat tu entends distinctement le choc sur l’allée, de l’orbe
tendue que tu émets. En fin de séance le « floc » plus mat -le jet est
moins tendu- atterrit sur les hortensias que l’on arrosera le lendemain
pour chasser l’odeur sûre de l’urée.
Trivial, mais si satisfaisant ! Et quelle bonne humeur, ton père
maintenant fermement tes hanches ! Confiance absolue d’un fils. Le vide
n’a plus rien d’un volume inquiétant. Tu t’en ries.
En bas, tout en bas, la cave. De l’intérieur de la maison, tu y
accèdes par le fond du couloir dans cette entrée carrelée de damiers
noirs et blancs où dort le lit clos breton. Plus d’une fois tu y as fait le pied
de grue dans cette cave, puni sans aucun doute. La porte – elle est vert
d’eau- qui la commande, est lourde, et frotte aux carreaux du sol. Il faut
une force terrible pour la mouvoir, et ta mère y peine. Elle émet un fracas
monstrueux, qui rend la perspective du cachot sinistre. La relégation le
sera moins quand tu découvres un bouton électrique haut perché. La
durée de ton séjour y est variable. Cela dépend de la lourdeur de tes
fautes. Jamais, jamais, tu n’émets le moindre gémissement, la moindre
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13. CHUT !
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une belle cible. Par dépit tu les fracasses. Tu n’admets pas ce vide. Plus
tard des Parisiens reprennent la maison. Celle-ci devient proprette. Plus
aucune relation comme avant. Page tournée.
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Elle est toujours dans son rêve. Elle y est plus qu’un musulman dans son
pèlerinage à la Mecque. Elle l’aura fait assez pour aller quarante,
soixante fois au ciel. Elle peut même- mais elle ne cède pas vite à cette
vie-ci !- se payer l’espérance de plusieurs vies et réincarnations.
Elle continue à payer des charpentiers et serruriers pour qu’ils rendent
impénétrable l’accès à la maison. Rien n’y fait.
Pour parachever leur œuvre néfaste les voleurs qui tentent de démonter
sans succès l’escalier intérieur en chêne tourné portent leur dévolu sur
une cheminée Louis XV en marbre qui s’envole. Ils n’oublient pas les
pierres taillées des étables qu’ils revendent à des Parisiens en mal de
bicoques.
Jehanne est sous curatelle, la demeure héberge des clans de jeunes qui
y font la fête, font du feu dans la grande cheminée de la salle des
chevaliers. Une sorte de squat campagnard. Les curateurs font murer les
ouvertures.
Tout fout le camp, que reste-t-il de nos amours ?
Un songe bien doux, sans doute ! Marquant, terriblement marquant, trop
bien marquant ! Tu n’aurais jamais dû t’attacher à ce coin ! Trop tard ! Tu
enrages face à ce gâchis, face à la connerie, face à tout, face à toi, face
à cette tante qui n’en aura jamais fait tant qu’à sa tête !
Certaine cousine tienne, les pieds encore moins sur terre que les tiens, a
l’idée mystique de transformer La Bignette en centre de pèlerinage
Marial. La Bignette est vendue, les prés sont cédés aussi. Une route a
amputé la terrasse. Que sont devenues les affaires personnelles de
Jehanne ? Las, las ! Et son roman ? A-t’il été brûlé ou dérobé ?
Vas-y Marie, tu as encore de beaux jours devant toi. Tu n’arrêteras pas
les cons, voleurs, croquants, pèlerins et rêveurs ! La maison est vendue
Depuis l’eau coule sous les ponts et la « Gentilhommière » convertie
enfin au confort accueille les hôtes de passage, grâce à une belle
initiative. Valérie a accepté de reprendre quelques visuels familiaux
transmis par Jean dans certaines chambres « oder zimmer mit Wi-Fi »,
assurant d’une continuité distante quelque peu nostalgique.
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Tu lèves donc les yeux, lassé de la pénombre. Les volets à trèfle, cœur,
pique ou carreau, du premier étage font obstacle à ta montée. Il doit
régner une pâle lumière. Façade aveugle, cécité fatale, paupières closes
pour toujours. Les trois chambres du premier sont dans l’ombre du
sommeil définitif. Que reste-t-il ? La coiffeuse, les lits jumeaux Louis XVI,
à couvre-lit vert, les tables de toilettes et leurs pots en porcelaine rose et
bleu, les seaux hygiéniques, la bibliothèque maillée, le piano désaccordé
sur lequel ta mère et ta tante jouaient à quatre mains la Marche Turque ?
Partis ailleurs ! Où ?
Qu’est devenu le livre sur Bournazel, héros colonial, en gandoura rouge,
qui te permettait de t’endormir, et que tu retrouvais au réveil sur l’étagère
au-dessus du lit dans la chambre alcôve du milieu ? Il est sans doute
avec sa cape rouge, encore à chevaucher sa jument, regard fixé sur un
ennemi improbable, attendant la mort au combat, comment la trouver
ailleurs que dans le désert ?
La salle à manger ne doit plus être qu’une pièce vide, vidée aussi
de son buffet deux corps, avec sa vaisselle blanche, sa huche aux
craquelins de Pontmain à beurre salé, sa jardinière en cuivre patinée sur
la cheminée. Tu songes que le marbre de celle-ci a été aussi récupéré.
Forcément !
Enfin, dans la cuisine, en bas des trois grandes marches
grinçantes, intérieures entre les deux pièces, le quintal du fourneau de
fonte, a-t-il échappé à la voracité des violeurs ?
Maison morte, vigne-vierge et vigne à raisins, ne sont plus là pour
orner les pignons. Les massifs d’hortensias n’ont pas totalement disparu
des pieds des fenêtres des deux côtés de la maison. Maison
d’épouvante ! Plus de visites. Tu vois encore des fermiers, ta famille a
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des fermes, venir rendre visite à leur « maitresse », avec des paniers
remplis de poulets, beurre et œufs une fois l’an. Une tradition. Et puis les
visites des mayennais de Mayenne, les Floch, les Boisaubert, les trois
sœurs Pellier, les Montigny, la marraine de Laval et son mari Jallot qui
se déplace en voiture dont le cheval fantasque inénarrable s’appelle
« Gamin ». et te reviennent en mémoire les séjours de tes cousines
germaines, Sabine, Colette, Bénédicte. Tu as eu le plaisir de
t’embarquer avec ton frère Jean dans la carriole tirée par ce Gamin et ce
fut difficile à son cocher de l’arrêter !
Seule la pompe à bras pour tirer l’eau du puits subsiste derrière la
maison. Elle est malade, avec son air penché. Les bacs en granite semi-
circulaire, avec leurs capucines, ne sont plus là non plus.
Plus d’allée des pommiers, plus de pêcheurs sur l’étang Gervis, plus de
carré de choux pour le cochon de Léonie, plus de grands pins. Une
friche improbable, non cultivée, règne sur l’arrière de la maison.
La maison de Léonie est vide. Tu distingues par le trou de la serrure de
sa porte son vide total. Tu cherches l’armoise en merisier d’autrefois, la
table et ses bancs du même bois, le chaudron noir sur la crémaillère
dans l’âtre fumaillant toute la journée. Dans l’arrière-salle, qui servait de
chambre, tu sais déjà que son lit a aussi disparu. Il n’y a même plus
l’échelle pour aller à son grenier.
Il demeure les communs, avec leur liseré de brique, en bas de la
pente fermée par la grille en bois de toujours, qui ne demanderait qu’à
céder, si on la bousculait, et la laiterie où on barattait à la main, avec l’
étable à côté. Tout est fermé aussi, plus solidement que la maison
principale.
La grange a sombré. Tu t’attendais à y entendre le cri victorieux
d’une poule qui aurait pondu son œuf de la journée. Rien, rien que du
plat, du terne, du sol indigent, sans mémoire ! On ne peut même pas
imaginer la niche de la chienne, Sirène, à sa gauche. Rien, pas
d’aboiement possible. Tu as envie, soudain, d’en pousser un, à sa place.
La soue du cochon est là, bien debout, couverte, le poulailler est
vide, non clôturé. Le sol y est toujours infécond, gris de strates de
fientes. Dorment quelques châtaigniers courbes, dont ne voudrait aucun
bûcheron. Les autres sont partis se faire débiter.
Le poirier qui ne donnait que de petites poires maigrichonnes, au dessus
du tas de rochers face à la porte de Léonie, a péri. Le bac profond et
extrêmement lourd en granite, là pour abreuver les trois vaches a été
dérobé.
Les rhododendrons ne fleuriront plus devant la maison, les buis
n’abriteront plus les escargots, le mûrier, les vers à soie.
Il reste « le Petit Bois » qui a perdu son cirque ;
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Références
Ouvrages :
« Une petite fabrique de souvenirs ISBN-10 28225003222 » Pierre Hesbert Ed.
Kirographaires (liquidation de biens 2013)
« La découpe des hôtels d'Entragues, 1774-1778 10 bis, 12 et 14, rue de Tournon,
11 et 13, rue Garancière Paris, comportant aussi l'histoire du 20, rue de Tournon
de Jean Hesbert chez Guénégaud ISBN : 978-2-85023-153-7
Liens :
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/demeure-la-bignette-la-bazouge-du-desert/aa3c180d-
a97c-4f35-a2b9-5beb96e2ef31
https://www.pepiniereagrumesdeprovence.fr/citronnier/1-citronnier-bignette-menton.html
https://tableaux-provence.com/blog/vie-pratique-provence/bignette-fete-olive
https://www.societe.com/societe/sci-la-bignette-898743471.html
https://fougeres.maville.com/actu/actudet_-la-bazouge-du-desert.-les-pecheurs-prennent-soin-de-la-
riviere-_-4852641_actu.Htm
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Gaduet
https://www.cybevasion.fr/chambres-hotes-la-gentilhommiere-la-bazouge-du-desert-e67920_en.html
https://www.chambres-hotes.fr/chambres-hotes_la-gentilhommiere_la-bazouge-du-
desert_67920_it.htm
https://www.niortagglo.fr/sortir-visiter/agenda/madame-de-maintenon-ou-les-songes-de-bignette-
16242/index.html
http://www.infobretagne.com/bazouge-du-desert-situation-feodale.htm
https://actu.fr/pays-de-la-loire/pontmain_53181/pollution-sur-la-glaine-les-pecheurs-inquiets-et-
mecontents_239817.html
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QUATRIEME DE COUVERTURE
Une sorte de tendresse adulte pour le gamin qu’il était dans ce trou
rural frontalier de l’Ille-et-Vilaine et de la Mayenne immergé dans un
microcosme familial de quatre à dix kilomètres de rayon, formant toute
sa connaissance de l’univers d’alors à l’aune des déplacements
pédestres et vélocipédiques d’alors
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