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SATYRE
1871
©
Va juger au Palais les meilleurs avocats,
Blâmant tous leurs discours et les traitant de plats,
Tout étonné, dit-il, qu'à l'époque où nous sommes,
On puisse en un Palais, entendre de tels hommes.
Ici, c'est un commis à trente francs par mois,
Qui se croit un grand homme et veut dicter des lois,
De tout fait accompli, se rend juge suprême,
Ne reconnaît de bien nul autre que lui-même,
Juge nos généraux, fait marcher nos soldats.,
Nous promettant alors de brillants résultats;
Là, c'est un paysan dont les poings sont solides,
Et l'estomac rempli de différents liquides,
Jetant sur ses voisins un regard de dédain,
Prêt à laisser sur eux, tomber sa large main,
Convaincu que l'esprit consiste à frapper juste,
Et que l'on est qu'un sot, quand on n'est pas robuste;
Plus loin, c'est un vieillard commerçant enrichi
En volant ses chalants, dans l'usure blanchi,
Pour lui rien de sacré si ce n'est la richesse,
Il massacre en esprit qui vit dans la détresse.
Je ne finirais pas, si je voulais citer
Tous genres d'éléments: je saurai m'arrêter
Vous priant d'excuser tout d'abord ma critique.
Je crois dans ce café, qu'on parle politique,
Entrez donc avec moi, prenons place en un coin,
Que de gens on devrait nourrir avec du foin!
Mais voici le patron, sa face est rubiconde,
Il parait très-heureux de se trouver au monde!
Quelle tête, bon dieu! cet homme doit aimer
Raconter, bavarder, politiquer, rimer;
Comme il est rasé fin! Aussi mainte fillette,
En passant près de lui, fait un peu la coquette,
Le regarde dans l'œil, d'un petit air boudeur
Qui lui dit: Je t'adore, et tu fais mon bonheur.
Il s'avance vers nous: « Bonjour, mon cher poëte,
,. A-t-on
bonne santé?» « J'ai bien mal à la tête,
»
-
L'acrostiche abrutit" Vo-ons ce n'est pas mal,
» Toujours de vos
écrits, chacun fit son régal. »
« J'ai quelque peu de goût, car c'est là mon affaire,
,»
On naît poëte enfin, comme l'on naît notaire; ,.-
Mais chut! Ecoutons bien, Voyez près du comptoir,
Ce monsieur qui paraît chercher un démêloir
Pour pouvoir s'exprimer : « J'adore ma patrie,
»
Comprenez moi donc tous, etjugez, je vous prie :
»
Il faut que tout français mette tout en commun,
»
Désormais le peuple ne formera plus qu'un,
»
Le riche a fait son temps, qu'il rende avec usure,
»
Que l'égalité règne et cela sans mesure. »
Son discours est fini, le silence est complet,
-
:
Que répondre à quelqu'un qui vous parle aussi net!
Cependant une voix » Quoi! partager ma caisse!"
- « Vous plaisantez, je crois, souffrez que je vous laisse
» Sur ce raisonnement, "reprend en ricanant,
Un vieux républicain avant tout commerçant,
«
Corbleu je le veux bien, Vive la république!
» Mais donner notre argent, vous êtes trop comique
•>
Car faire des enfants, ce n'est qu'une sottise,
» Un résultat forcé d'une affreuse méprise. »
Parmi tous ces causeurs, je me trouvais assis,
J'écoutais et croyais ne point avoir compris;
Pourquoi donc tous ces mots qui ne veulent rien dire?
D'autres un peu plus loin, s'acharnaient à médire.
Je pris tout doucement, ma canne et mon chapeau,
Et sortis en songeant que l'homme n'est pas beau,
Que tout examiné, c'est une triste bête,
Si l'on veut le toiser des pteds jusqu'à la tête,
Car on ne voit que fous et gens sans jugement
Prouvant à chaque mot, leur déraisonnement;
Ces gens là sont des sots, mais c'est aussi le monde,
Le monde presque entier, pauvre machine ronde!
?
Qui t'a donc faite ainsi Je croirais que les dieux
;
Ont voulu propager la sottise en tous lieux
?
Voulez-vous un conseil Vivez en solitude,
Le temps vous sera long, livrez-vous à l'étude,
ALFHED LACOUR.
LES AVOCATS
;
Puis marchant doucement de diplôme en diplôme,
De l'abrutissement, indique le symptôme
Alors il peut parler, et faire des discours,
Les examens passés, on l'écoute toujours.
!
Eh bien ce n'est pas tout, il a sa parodie !
?
Auriez vous soupçonné pareille comédie
On voit des gens jaloux, qui n'ayant rien appris
Veulent bien mieux parler, et avoir mieux compris,
;
Et ces avocats-là, c'est bien la pire espèce
Je veux traiter des deux dans ma petite pièce
Et les réunissant sous un nom général
:
Je les assigne tous devant mon tribunal.
Avocats, avancez Si l'on vous fait injure,
Sachez prouver au moins que c'est une imposture.
!
Ne devint si flagrant. Comme des champignons
Les avocats poussaient Autant de lumignons
Pour éclairer la France, et faire sa fortune;
Le café, le trottoir, tout servait de tribune.
Personne n'ignorait, chacun voulait prouver,
On n'avait plus qu'un but, de se faire écouter.
L'ennemi moins causeur avançait avec ordre,
Accourant parmi nous, y jetait le désordre,
Mais on causait toujours, on faisait des caquets,
On entendait japper des milliers de roquets.
On vaincra, disait-on, notre belle patrie
Ne peut en aucun temps demeurer asservie,
On chantait, on criait: !
vive la liberté
Et l'on était vaincu parla duplicité;
Pourtant les avocats promettaient la victoire,
Rappelaient nos combats et notre antique gloire,
Et tous leurs mots ronflants nous faisaient espérer
A tel point qu'aucun fait ne put désabuser.
Il fallut voir enfin la France toute nue
Pour savoir qu'elle était complétement vaincue !
Cependant la dépêche annonçait des combats
Où l'ennemi perdait jusqu'à quinze soldats.
28 aoin 1871.
Alfred LACOUR.