Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
PAR M. D S BOUSMARD,
Capitaine au Corps Royal du Génie.
A METZ,
Et se trouve à P A RI S,
CHEZ PRA.ULT, IMPRIMEUR DU ROI,
quai des Augustins, à l'Immortalité.
I 7 8 S.
E publiant ce petit Ouvrage, l'auteur n'a d'autre
but
que d'attirer l'attention-publique sur une classe d'hommes
qu'on n'a faits doute oubliés jusqu'à prêtent,
que parce
qu'on s'efl accoutumé à croire leur malheur sans remède.
En esset, en les voyant confiés à la religion & à la
charité,
tomment pouvoit-ôn soupçonner que tout n'avoit
pas été
tenté pout adoucir leur sort? On ne Ce flatte
pas d'avoir
trouvé le mieux dans un sujet Ci difficile, mais peut-être
en a-ton ouvert la voie ? suisse quelque homme de génie
lié point dédaigner d'y entrer ! puisse quelque voix élo-
quente , ert possessïon de faire triompher la raison & l'hu-
manité, se faire entendre en faveur de
ces infortunés,
qui ont si peu mérité leur malheur ! heureux qui
pourra
les réintégrer dans leur état d'hommes & de citoyens
! il
jouira de la, gloire la plus pure, & dans san
propre coeur
d'une ré£ompenfe encore au-dessus de
cette gloire.
PRIVILEGE GÉNÉRAL.
-LOUIS,
par la grace de Dieu > Roi de France &
de Navarre : A nos amés & féaux Conseillers les Gens
tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes or-
dinaires de notre Hôtel, Grand-Conseil, Prevôt de Paris,
Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres
nos Jufliciers qu'il appartiendra; SALUT. Ayant
jugé a
propos de mettre sous notre protection la Société des Sciences
& arts de Metz, & encourager les travaux littéraires des
Membres qui la composent : Nous avons cru revoir lui
accorder nos Lettres de Privilège , de faire imprimer tous
les Ouvrages que ladite Société des Sciences & Arts de
Mets voudra faire imprimer en son nom : A CES CAUSES ,
Nous avons permis à ladite Société, &Nous lui permettons,
par ces Présentes,
, de faire imprimer par tel Imprimeur
qu'elle voudra choisir autant de fois que bon lui (emblera,
de vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume ,
pendant le temps de douze années consécutives , à compter
»
du jour de la date des Présentes, généralement tout ce
que ladite Société voudra faire paroître en son nom, après
avoir fait examiner lesdits Ouvrages & les avoir jugés dignes
de Pimpreffion. Faisons dêfensês à tous Imprimeurs, Li-
,
braires & autres personnes, de quelque qualité & condi-
tion qu'elles soient d'en introduire d'impression étrangere
dans aucun lieu de notre obéissance ; comme aussi d'im-
primer, ou faire imprimer, vendre, débiter, ni contre-
faire lesdits Ouvrages, ni d'en faire aucuns extraits, fous
quelque prétexte que ce puiiïe être , sans la permission
expresse & par écrit de ladite Société ou de ceux qui
?
droit d'elle à peine de confiscation des exemplaire#
auront
contrefaits, de trois mille livres d'amende contre chacun
des cantrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l
'Hôtel
l'autre tiers à ladite Société ou à celui
Dieu de Paris, & ,
qui aura droit d'elle, & de tous dépens , dommages &
intérêts conformément à l'Arrêt : à la charge que ces
,
Présentes seront enregistrées tout au long sur le Regisire
de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris,
moîs de la date d'icelles que l'impression déf-
dans trois ;
dits Ouvrages sera faite dans notre Royaume & non ailleurs,
papier beau- caraétere, conformément aux Ré-
en beau &
glemens de la Librairie & notamment à celui du 10
, Privilège;
Avril 17^, à peine de déchéance du présent
qu'avant le l'exposer en vente , le Manuscrit qui aura servi
à l'impression desdits Ouvrages , sera remis dans le même
état où l'Approbation y aura été donnee, ès mains de notre
très-cher & féal 1 Chev-alier Garde des Sceaux de
,
France le sieur HOE DE MIROMENIL ; qu'il en sera
, Exemplaires dans Bibliotheque
ensuite remis deux notre
publique un dans celle de notre Château du Louvre, un
dans
celier
celle
de
,
de
France,
notre
le
très-cher
sieur DE
&
MAUPEOU ,
féal
QU'Y
A
,
-T- IL de moins compatible avec
les bonnes n1œurs que la barbare insou-
ciance avec laquelle on compromet la vie
de ces êtres innocens, pour sauver la ré-
putation de leurs coupables mères ? Qu'y-
a-t-il de moins utile à l'État, que de laisser
languir leur enfance dans ces priions in-
fères & mal-saines qu'on nomme hôpi-
,
taux ; que de laisser croupir dans ces sen-
tines de l'humanité, toutes les facultés de
leur ame & de leur corps que la nature
appelle en vain au développement f Quy-
a-t-il de plus nuisible à l'Etat, que d'ad-
chaque année dans son sein, des
mettre
millions d'êtres dégénérés, parvenus à l'âge
des passions, sans frein pour les combattre
,
jettés, dépourvus de toute propriété dans
,
le tourbillon d'une société qui ne se main-
tient que par les loix de la propriété ; aban-
donnés sans guide, au milieu du dédale
,
,
de nos loix de nos usages & de nos mœurs,
dont-ils ont à peine l'idée ? Qui ne croi-
sa sûreté État
roit, qu'au moins pour ,
1
,
seule en prit soin. Mais, à ses yeux, celui
qui naît vit & meurt dans l'opprobre, est
le plus près du bonheur de l'autre vie, le
seul qu'elle ambitionne pour ses enfans :
elle n'eut donc garde d'écarter de sa tête
ce salutaire opprobre ; elle lui interdit l'accès
â ses autels & lui ouvrit les hôpitaux.
,
L'es tems plus éclairés qui succèdent enfin
à ceux où cette décision fut portée, & où
cet ordre de chose fut établi, reclament
une réforme en faveur des Bâtards. L'in-
térêt de l'humanité & celui de l'état, ré-
prouvent la dégradation & l'inutilité d'un
si grand nombre d'hommes auxquels on
refuse presque toute existence morale 8c
civile après avoir fait les plus grands frais
,
pour leur existence physique. La religion,
désormais mieux entendue, prononce elle-
même que si l'exigence est un bienfait,
l'humiliation n'est qu'un supplice, & que
si ce supplice souffert avec résignation ,
,
devient un mérite pour celui qui le subit,
il est évidemment un crime énorme pour
celui qui l'inflige injustement. L'intérêt de
la religion, plus encore que celui de la
société & de l'humanité proscrit donc
,
l'infortune des Bâtards, de laquelle naît
l'inutilité & même le danger dont-ils sont
pour l'Etat.
Quoique le pouvoir paternel ; si grand
chez les anciens 1 soit bien déchu parmi,
nous, & que l'éducation qu'y reçoit le
pauvre , soit nécessairement très-négligée,
on ne peut cependant disconvenir que ces
deux causes réunies n'influent encore puit-
sament sur le maintien de l'ordre. public.
L'enfant qui est témoin des travaux au prix
desquels son père obtient leur commune
subsistance qui voit souvent restreindre
,
cette subsistance plutôt que de violer le
droit de la propriété, qui se trouve alsocid
aux travaux nourriciers de la famille, dès
l'inflant où le moindre dégré de force ou
d'intelligence l'en rend capable ; l'enfant
du pauvre connoît, & les privations, &C
le travail qui les fait disparoître enfin tout
,
l'ordre établi dans la société pour faire
tourner à la subsistance une partie du su-
perflu du riche. Devenu homme , si ses
passions naissantes annoncent qu'il pourra
tomber dans quelque excès capable de trou-
bler l'ordre dela société son père, sa mère,
,
ses
tous parens s'alarmeront,le surveilleront,
employeront remontrances, exhortations.
prières, menaces, promesses, châtimens,
pour le ramener ; il faudra qu'il survive
à toute sa parenté, ou qu'il s'expatrie pour
pouvoir se livrer en paix à ses penchans
vicieux. Teleft encôre, chez nous, l'appui
que prêtent aux loix , l'éducation & le lien
qui unit les familles.
Le Bâtard, au contraire, nourri dans
un hôpital, séquestré de la société , en
ignore absolument les loix. Il reçoit régu-
lièrement sa subsistance ; elle n'est point le
prix de son travail, elle en est indépen-
dante. L'insuffisance de ce travail ne lui
fait point éprouver de privations, & san
succès le plus grande ne lui procure point
de jouissances ; l'obligation qu'on lui en
fait n'est donc à ses yeux qu'une con-
,
trainte dont rien ne motive la dureté, ôc
dont il se promet bien de s'affranchir au
moment où il sortira de la prison où on
le retient. Ce travail d'ailleurs, nécessaire-
ment sédentaire par la nature de ces éta-
,
bliflemens, s'oppose au développement de
ses facuités phyliques que, d'autre part,
la corruption de l'air, produite par lentasTe-
ment d'un trop grand nombre jd'êires res-
pirans ne peut que vicier ; le moral s'en
,
philosophe,
ajouter que doit s'appliquer la sagacité
que doivent tendre les efforts
de l'humanité & du patriotisme. Lecteur,
du
y
(i) l'enfant est une fille, il est clair qu'il faudra suppri-
Si
xnér ces mots : aittfi que sa postérité à perpétuité.
» vie, à l'égal de nos autres enfans, & de
remplir à son égard tous les devoirs de
» ,
bons père &. mère, ainsi Dieu nous soit
»
aide. A le de l'année 17... »
» en .....
r
Ici lesfignatures de homme ct de lafemme.
V.
En échange de l'acte d'adoption de l'ar-
ticle précédent, le Substitut de notre Pro-
cureur-général remettra aux père & mère
adoptifs, une autorisation d'emporter &
garder chez eux, l'ensant qu'ils viennent
d'adopter en attendant que , par nos let-
,
tres-reversales, nous ayons accepté & con-'
firmé la dite adoption , & que nous leur
ayons conféré sur le dit enfant, tous &
,
les mêmes droits de paternité, qu'ils exer-
des loix de notre État sur
cent en vertu
les enfans nés de leur légitime mariage.
VI.
Le Substitut de notre Procureur-général
sera tenu après avoir fait enregistrer au
,
Greffe de sa Jurisdi&ion , l'aB:e d'adoption,
de nous l'adresser en original, pour, sur
le vud'icelui, faire expédier les reversales
mentionnées en l'article précédent lef-
,
quelles après l'entérinement) dont notre
,
-
Procureur général les aura fait revêtir,
,
seront remises sans frais par son Substitut,
auxdits père & mère adoptifs.
V I T.
sont
font suffisans, d'autres fonds de bienfaisance
êc de charité que nous aurons soin d'y
âffeâer, il sera encore, des mêmes fonds,
'
attribué annuellement à chaque enfant
abandonné, à dater du jour de son àdop'
tion jusqu'à sa seizième année révolue, une
,
somme de 2o livres qui sera placée dans
nos fonds publics , pour y accroître au
profit dudit enfant, jusqu'à son établisse-
ment, dans la raison du denier vingt-cinq1,
tant de ces sommes annuelles de 20 livres,
que des intérêts produits chaque année par
placemens faits dans les années antérieurer.
1 X.
X.
XIII.
Dans aucun
cas & dans aucun, acte
autre que celui de partage de la succelEori
de leurs pères &c mères, les enfans adoptifs
ne seront tenus d'en prendre ni d'en rece-
voir la qualité; notre intention étant que,
hors l'héritage des biehs de ligne, duquel
ils seront exclus rien ne distingue chacun
-j
4 j 3 liv. f. d.
* . 1
? A 20 ans,
... , . »,
5 3 1 1 %
Un capital de Une rente de En tout,
A ï ans
2 6211. 2 s. 3
cf." 24l. 17f. d. 6461. 2 f. 3 4.
-
'A 3° ;qns y s'il n'a 1
/
mille adoptive, que po 1.
A sa treizième, que.. 80
A sa quatorzième, que 70
A sa quinzième., que.........
60
A sa seizième, que S0
Il en résultera que sans faire d'augmen-
tion de fonds pour lui, on pourra payer
pour sa dix-septièt11e année....... 4° h
Pour sa dix-huitième... 30 *
Pour sa dix - neuvième........ 20
Pour sa vingtième %
. *, 1
Piour sa vingt-unième ip
Pour sa vingt-deuxième....... 19
Pour sa vingt-troisième...... 18
Pour sa vingt - quatrième (i)... 18
( 1
On pourrait s 'étonner dq trouver la somme des
)
remboursemens plus forte de 33 livres que celle des. rete-
nues , venant sur-tout de lire qu'il ne saudra pour cela
aucune augmentation de fonds. J'avertis donc que je fup-
pose que les retenues sont placées chacune,,du moment
,
qu 'oii l a fait, dans les sonds publics , &. qu'elles y ac'croif-
sent au prosit de l adopté dans la ration du denier vingt-
,
cinq, tant de leur capital que de lenrs intérêts échus, ce
qui sufEt &. même un peu au-delà.. pour pouvoir faire
,
successîvement & à leurs époques respcélives les paiemens
,
indiqués ci-dessous.
A sa vingt-cinquième, il pourra toucher
sa rente que nous avons vu être de 24 liv.
17 s. ; plus donc de lacune dans les secours
qu"il reçoit de la bienfaisance du Gouver-
nement. ,
Je ne crois pas avoir besoin de dite que
ces hommes ne devront être payées aux
pères & mères adoptifs qu'autant qu'ils,
,
garderontl'adopté chez eux, ou que l'ayant
placé,, soit en conditiôn, soit en appren-
tissage il y sera entretenu convenablement,
3
j
tage aussi considérable que celui d'acquérir, à son pro£t la.
rétribution entière , promise à cette famille, pour son en-
tretien , il sembleroit qu'on eût voulu encourager, &. même
hâteT sa désertion de la mai[on paternelle ce qui implique-
,
roit contradiction avec tout ce qui a été dit des avantages
qu'il doit retirer 'de la surveillance de la famille adoptive,
&. de ses soins prolongés autant qu'il est possible. Il faudroit
donc apporter à cette disposition quelques modisication*
d'un détail trop minutieux pour avoi,r pu trouver place dans
LÈ corps du Mémoire. Lies voici : w
i*. Quand l'adopté s'enfuiroit de la maison paternelle t
ni lui, ni la famille adoptive ne devroit profiter de la ré-
tribution ; elle resteroit à la caisse des enfâns-adoptés. Cette
double privation seroit à la fois la jude peine, &. de la ré-
bellion de l'enfant, & de la dureté de ses parens adoptifs
qui l'auroient excitée.
a0. Quand l'adopté quitteroit la mai[ort paternelle dans
un but louable &. profitable à l'État, comme pour entrer
à son service soit terrestre Ou maritime la rétribution
, ,
entière promise à la' famille pour les années qu'il passeroit"
,
à ce service, accroîtroit la masse de l'adopté comme il est
,
dit dans le texte,
Quand enfin il sortiroit de la maison paternelle du
contentement des parens adoptifs, &. dans quelque Vue
utile comme pour aller exercer l'art méchanique qu'on
,
lui auroit enseigné dans des lieux éloignés où il fleurit
,
la rétribution pourrait, pendant cette absehce, être par-
tagée entre la famille & lui ; bien entendu que le confan-v.
tement dont il s'agit, auroit été conflaté à l'avance.
de !a, valeur de retenues; valeur qu'on
Tes
rembourseroit aux père & mère adoptiss à
la fin de la sécondé année, s'ils rendoient
la layette complette quoiqu'usée. Mille dé-
tails intéressans, à la vérité, parleur objet,
mais minutieux par l'expression qui s'effor-
ceroit à les rendre, se présentent à mon
esprit, mais ils s'offriront de même à qui-
conque réfléchira sur cette matière ; & je
n'en veux pas grossir ce Mémoire.
Je regarde l'article XIII comme celui
dont l'exécution importe le plus pour
anéantir le barbare préjugé, qui parmi nous
met le front du Bâtard dans la poussière.
En effet, veut-il acquérir le moindre office ?
on lui oppose le vice de sa naissance. Veut-
il être promû aux ordres sacrés ?
cette
même naissance est un empêchement. Veut-
il exercer une profession ? Les
corps de
métiers se désendent de l'admettre à la
maîtrise. Veut-il se marier ? la fille légitime
du mendiant croira se mésallier en lui don-
nant la main. Fût-il même reconnu de son
père ou de sa mère, & même de tous deux
îl est exclu de leur succession ! que ne doit-on
pas tenter pour effacer jusqu'à la moindre
trace d'une aussi horrible ppression?
C'est dans l'espoir d'y parvenir, que je
voudrois que les Bâtards ne fussent qu'on-
doyés dans le lieu de leur naiiïance, & ne
fussent portés que sur le registre des bap-
têmes de la Paroisse de leur famille adop.
tive ; & attendu que leur adoption & les
lettres du Souverain qui la confirment,, les
placent au rang des enfans légitimes, l'acte
de supplément des cérémonies de leur bap-
-
tême n'indiqueroit pas le vice (de leur
,
naissance ; on se contenteroit seulement de
faire, en marge, note de l'aae d'adoption,
laquelle note seroit signée des père 5c mère
adoptifs ; & hors le cas où une succession
en litige obligeroit de recourir à cette note,
il seroit défendu aux dépositaires des re-
givres d'en faire mention dans les extraits
qu'ils délivreraient, ni d'en accorder la lec-
ture à personne. J'ai beau chercher, je ne
vois à cela nul inconvénient (i). Le légiOa-
(1) En voici un qu'on m'a fait apperceyoir. L'adopté
tèur le plus sage n'est pas celui qui ne tient
4ucun compte des préjugés qu'il méprise,
mais celui qui y sacriec. Tels les intrépides
Romains sacrifioient à la peur !
Maintenant que j'ai démontrd la pofti-
bilité d'améliorer l'éducation des Bâtards,
& cren tirer une plus grande utilité pour
l'Etat, que j'ai ell même-tèms trouvé des
moyens faciles d'aiîurer leur subsistance,.
quoiqu'en dépensant pour chacun d'eux
d'argent qu'il n'en coûte aujourd'hui
moins
dans un hôpital, que j'ai plus tenté encore
pour leur bonheur, en faisant tous mes
efforts pour les dérober à l'affreux préjugé
les immole, je crois avoir en grande
qui
.
3
qu 'on ajoutât celle de rétablissement dans
le chef-lieu de chaque Jurisdiction d'une
maison située convenabl.emenr &
, ayant
plusieurs issues, tenue par
une Sage-femme
expérimentée, a qu^i on impoferoit sous de
sévères peines, la loi du secret. Cette Sage-
femme feroit obligée de recevoir gratuite-
fille enceinte qui se présente-
ment toute
roit, pourvu qu'elle dit son nom, que la
Sage-femme iroit porter au Magistrat qui
reçoit les déclarations. Cette Sage-femme,
ainsi que toute autre qui auroit accouchés
une fille, seroit tenue de porter l'enfant,
après l'avoir ondoyé, &c dans les vingt-
heures de sa naissance, au Procu-
quatre
du Roi, à qui elle déclareroit par
reur
serment, que 1 enfant qu elle lui remet est
illégicime. N'y ayant pas d'autres formalités
à remplir ni d'autres recherches à essuyer,
,
il seroit défendu, sous de grièves peines, j
quelles vous ôtez le seul espoir qui leur fait le poids d'une
existence flétrie Que d'hommes pervers & coupables, dont
!
nous nourrit & le père qui forma notre coeur , seront tou-
jours les seuls que notre cœur reconnoîtra. De tous les ani-
maux ,\l'homme est le seul qui , passé le tems du besoin ,
conferve de l'attachement pour les auteurs de son être ; ce
n'est donc point dans son physique qu'il faut chercher la
source de cet attachement ainsi prolongé pour lui seul, c'est
dans ce qui le distingue du reste des animaux c'est dans
,
son moral. Vous ne feriez donc, par leretour tardif d'un
adopté à ses père &. mère naturels que briser les plus
,
doux liens, sans pouvoir en former qui soient dignes du nom.
,que vous lui imposeriez. En élevant ainsi subitement à une
des premières classes de la société, un homme nourri dans
la dernière vous n'opéreriez qu'un déplacement forcé &.
, ,
par-là même nuisible ; l'élévation d'un tel homme ne
,
pouvant manquer d'être dangereux , à moins quelle ne soit
le prix de ses efforts & de sa vertu. En esset s'il n'a reçu
, ,
ni acquis, par lui-même, l'éducation de son nouvel état,
•
comment pourra t-il s'y proportionner ? il vaut bien mieux
pour la société &. pour lui , qu'il demeure laborieux culti-
ira eur , ou indulilrieux artisan , que de devenir un Seigneur
libertin, ou crapuleux.
mêlera parmi eux les enfans légitimes, bien
plus fréquemment qu'il ne-le fait au moment
présent, où l'on commence déjà à gémir de
cet abus ? Il est un moyen bien simple de
le réprimer ; c'est d'imposer aux Sages- f
femmes l'obligation de déclarer au Procu-
reur du Roi, la naissance de chaque enfant
légitime, avec le nom de ses parens, aux-
quels ce Magistrat pourroit en tout tems
en demander compte. Il seroit injuste, sans
doute, tandis qu'on pourvoiroit avec autant
d'étendue à la conservation, aux besoins,
au bonheur même des Batards de laisser
,
les enfans légitimes des pauvres périr for-
cément de misère dans les chaumières pa-
.ternelles. Tout enfant à qui le travail de
ses parens, réuni à leurs autres moyens >
ne peut procurer une subsistancesuffisante,
a droit à un supplément de la part de la
société ; c'en est même la dette la plus sa-
crée. A Dieu ne plaise que je prétende l'en
affranchir ! il me seroit, au contraire, facile
de démontrer qu'elle n'est point au-dessus
de ses forces, & que, par des moyens ana..
logues à ceux que j'ai développés pour les
Bâtards, il seroit possible d-'assures la con-
servation des pauvres, ôc d'en tirer une plus
grande utilité pour rÉtat, à moindres frais
peut-être que ces objets ne sont aujourd'hui
manques (i). Mais ce seroit sortir de la
,
ans. Si c'étoit un pauvre cultivateur qui , occupé de sa
culture ne pût aller que rarement en journée &. dont on
,
ne pourroit par conséquent vérifier & PIQUER le travail ;
on lui donneroit un sol par jour, ou trente sols par mois
par enfant. Le pauvre ouvrier de manufactures, &. le pauvre
compagnon ouvrier chargés de famille , feroient secourus
à la première indication. Sitôt que les enfans eux-mêmes se-
roient capables du moindre travail , on auroit soin de leur
en procurer , & on leur en accorderoit le prix.
Je sais bien que le secours que j'accorde au père de fa<
mille est bien modique ne pourroit suffire dans les
,
grandes villes ; mais dans les campagnes & dans beaucoup
de petites villes il seroit suffisant &. encourageroit le tra-
,
vail & la population. Les associations plus riches des grandes
villes pourroient donner des secours plus abondans &. pro-
portionnés aux besoins.
Ces associations philantropiques feroient encore un grand
bien , en plaçant sur la tête de chaque enfant qu'elles afliste-;
tienne à mes forces pour ne point tenter
de le palier. / 1
t
ce n'eût point été trop de la réunion du
génie du Philosophe, de celui de l'homme
d'État & du Jurisconsulte. Et moi, qui ne
fuis rien de tout cela, je m'y suis élancé sans
autre motif que l'amour de l'humanité,
sans autre guide que la vérité, & sans autre
moyen pour atteindre au but, qu'une idée
(impie, que je crois saine, & dont je desire-
rois sincérement qu'un talent plus digne de
la traiter, se fût emparé; car ce que j'am-
bitionne bien plus vivement que de rem-
porter la palme sur mes rivaux, c'est dfc
voir triompher & adopter un jour les
mesures les plus propres à corriger le sort
de la classe vraiment infortunée, au secours
de laquelle une société également célèbre
par ses lumières & sa philantropie, a ap-
pellés tous les amis de l'humanité. Ah !
si j'ai cru devoir à un travail si beau dans
ses fins, si grand dans ses rapports, le tribut
de mes forces, je dois bien plus encore à
l'intérêt de ceux qui en ont été l'objet,
de desirer d'étre, de tous ceux qui l'ont
entrepris > celui qui ait le moins réussi. S'il
en étoit ainsi je me réjouirois dans le
,
même esprit que ce Lacédémonien ? qui,
s'étant inutilement présenté pour être
admis au Conseil des trois cents, s 'en re-
tournoit tout joyeux de ce qu 'il s étoit
trouvé dans Sparte , trois cens hommes
qui valoient mieux que lui.
F I N.