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LE BREVET, OBJET LICENSING

( Techniques de Gestion de la propriété intellectuelle)

INTRODUCTION GENERALE :

La propriété intellectuelle recouvre l’ensemble des créations intellectuelles,


inventions, œuvres littéraires et artistiques, mais aussi symboles, noms, images
et dessins, modèles, noms de domaine. Elle existe sous des formes non
statutaires autant que statutaires :

(a) les formes non statutaires (secret, complexité de conception, avantage au


premier entrant) ;

(b) les formes statutaires (brevet, dessins/ modèles, marques, droit d’auteur).
Du point de vue du droit, elle se présente sous deux grandes catégories
d’aspects: La propriété industrielle avec les brevets (inventions techniques), les
marques (signes distinctifs), les dessins et modèles (choix esthétiques), les
connaissances techniques (savoir faire secret, topographies de semi-
conducteurs, obtentions végétales) :

− sa forme statutaire s’acquiert par un dépôt de titres (brevets, marques,


modèles, etc.) et parfois par usage (noms commerciaux et enseignes) ;

− sa forme non statutaire, à savoir les connaissances techniques (savoir-faire


secret, topographies de semi-conducteur, obtentions végétales), s’acquiert dans
la plupart des cas sans formalités (exception faite des certificats d’origine
végétale) du fait même de l’existence de documents ou procédures la

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matérialisant, mais disparaît dès la première divulgation. La propriété littéraire
et artistique avec le droit d’auteur, le droit des bases de données et les droits
voisins (qui incluent le droit des artistes interprètes et le droit des producteurs
de phonogrammes, vidéogrammes et entreprises audiovisuelles) : elle existe
entièrement sous forme statutaire et s’acquiert sans formalités, du fait même
de la création de l’œuvre. Le logiciel est concerné en même temps par deux
aspects de PI :

− le droit d’auteur protège sa forme d’expression ;

− le brevet d’invention protège ses fonctionnalités techniques.

D’autres formes non statutaires alternatives d’appropriation de propriété


intellectuelle peuvent être considérées pour rendre compte de certaines
stratégies d’entreprises, bien que statutairement reconnues : la complexité de
conception, l’avantage au premier entrant. Elles s’apparentent au savoir-faire
technique, mais intègrent aussi le secret des affaires .

D’une manière plus simple la propriété intellectuelle est régie par une branche
du droit privé qui regroupe les règles applicables aux créations /œuvres de
l’esprit humain. Lorsqu’une création n’est pas protégée, elle peut être copiée
plus ou moins aisément chose qui nécessite de mettre en place un système de
protection. C’est le rôle du droit de la propriété intellectuelle. Ce droit permet
au créateur qui a pris des risques, investi du temps, de l’argent pour réaliser une
œuvre ou une invention, de récolter les fruits de son succès.

En effet, le droit de la propriété intellectuelle protège les produits de la créativité


de l’esprit humain, produits qui remplissent un certain nombre de critères ou de
conditions.. Cette protection juridique confère généralement un monopole
d’exploitation ou des droits exclusifs au titulaire. Toutefois, le droit de la
propriété intellectuelle ne vise pas que la protection des créateurs ou inventeurs.
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Il réglemente aussi l’exploitation des œuvres de l’esprit afin que celles-ci
puissent profiter à la société. A cet égard, si l’on se contentait seulement de
protéger les créations intellectuelles sans organiser leur exploitation, la société
ne connaitrait pas de progrès technique, technologique et culturel. Ainsi, la
protection juridique accordée aux titulaires des droits de propriété intellectuelle
ne doit pas faire obstacle à l’expansion des savoirs, et partant, le développement
des entreprises et des Etats.

La propriété intellectuelle est une source de différenciation et d’avantage

concurrentiel durable pour les entreprises et les particuliers qui innovent. Les

marchés boursiers mondiaux commencent à mesurer la valeur des actifs


immatériels et de la propriété intellectuelle, laquelle doit donc être gérée.

Historiquement, la propriété intellectuelle a toujours relevé principalement du


domaine des praticiens de la propriété intellectuelle. Elle implique des
procédures juridiques comme le dépôt, l’instruction, le maintien en vigueur et
l’application des droits. Même si la propriété intellectuelle avait pour but
premier de protéger la position concurrentielle des produits et marchés de
l’entreprise, elle était pour ainsi dire universellement considérée comme un
processus juridique et, par conséquent, la responsabilité des décisions en
matière de propriété intellectuelle n’était pas du ressort des gestionnaires.

Les entreprises ont commencé à gagner de l’argent grâce aux droits de propriété
intellectuelle. Par exemple, les accords de licences de brevet sont devenus un
secteur d’activité majeur pour les sociétés pharmaceutiques. La gestion de la
propriété intellectuelle est devenue un facteur clé de succès.

La justification de la protection par la propriété intellectuelle de nos jours est


étroitement liée aux avantages économiques. En tant qu’instruments de

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politique économique, les brevets visent à rémunérer l’inventeur, à créer une
incitation en faveur de l’innovation et à contribuer à l’investissement dans des
activités additionnelles de recherche-développement. Les tiers ne peuvent
utiliser l’invention Brevetée qu’avec l’autorisation du titulaire du brevet,
moyennant l’octroi d’une licence par celui-ci ou, le cas échéant, en obtenant une
licence obligatoire.

Pourquoi le droit protège-t-il les œuvres d’auteur? En premier lieu, les œuvres
de l’esprit étant le fruit d’une création intellectuelle, leurs auteurs devraient
avoir le droit d’exercer un contrôle sur leurs œuvres. Deuxièmement, le principe
économique veut que les auteurs soient rémunérés pour l’exploitation de leurs
œuvres à titre de retour sur le travail fourni et les compétences déployées pour
créer leurs œuvres.

Troisièmement, le droit s’attache à inciter les auteurs à créer. L’argument avancé


est que si les auteurs tirent un profit de leur travail, ils continueront à produire
des œuvres créatives et originales. Enfin, quatrièmement, la diffusion la plus
large possible d’œuvres protégées par le droit d’auteur revêt un intérêt général.
Ces quatre principes cumulatifs et interdépendants sont le fondement de la
protection par le droit d’auteur. Dans la tradition du droit civil, le premier
principe domine.Dans les pays de common law, comme l’Afrique du Sud, les
arguments économiques et sociaux l’emportent.

La protection des marques se fonde sur le principe que la protection de marques

distinctives visant à distinguer les biens et les services de certains commerçants


par rapport à ceux d’autres commerçants met le public à l’abri des déceptions et
de la confusion. Le droit de la propriété intellectuelle repose en définitive sur
l’idée qu’en son absence, la créativité, l’innovation et la différenciation des

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produits seront insuffisantes. La valeur d’une marque est intrinsèquement liée à
la qualité des biens qu’elle désigne.

Le rapport de l’OCDE inclus dans les suggestions de lecture relève que les droits
de propriété intellectuelle demeurent des outils de politique déterminants pour
la promotion de l’innovation et de la croissance économique.

La protection par la propriété intellectuelle fournit des incitations qui assurent


une quantité suffisante de nouvelles inventions et créations. Cela stimule
l’innovation et favorise une croissance économique durable et généralisée.

Les droits de propriété intellectuelle, en tant qu’instruments efficaces axés sur


le marché, peuvent permettre aux entreprises de s’approprier plus pleinement
les rendements de leurs investissements risqués et incertains.

Pour résumer la PI est un ensemble d’outils au service d’une stratégie


d’entreprise :de nos jours les entreprises dépensent de l’argent pour constituer
un portefeuille de titres de PI (brevets d’invention, marques…) .Ces dépenses
énormes sont justifiées par les raisons suivante :

1- La PI Préserver un avantage compétitif : le but est d’empêcher un concurrent


de commercialiser un produit présentant les mêmes caractéristiques
innovantes, et de créer ainsi une situation de monopole sur l’innovation
brevetée ou les créations protégées.
2- Concéder une licence : le but est de permettre à un licencié d’exploiter des
titres de PI (brevets, marques) ou un logiciel, en contrepartie d’un versement
de redevances ou d’une autre compensation (licence croisée par exemple).
3- Participer à un « patent pool » (pool de brevets) : certaines technologies font
l’objet d’un grand nombre de droits de PI, détenus par différentes entreprises
(ex. : les formats MPEG). Pour éviter des négociations trop complexes et
favoriser une grande diffusion, les « patent pool » donnent un accès
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centralisé aux droits de PI « essentiels », et répartissent les redevances entre
leurs détenteurs.
4- Moyen de négociation : un usage répandu est celui de la contre-offensive ou
de la paix armée : en détenant des brevets, on dissuade les agressions des
concurrents qui détiennent également des droits de PI. En outre, le fait de
mettre en évidence les faiblesses des brevets des concurrents constitue
également un élément de négociation.
5- Outil de reconnaissance : la décision de déposer un brevet est une marque
d’estime et de reconnaissance pour les salariés faisant preuve de créativité et
d’innovation.
6- Outil de créativité : en utilisant les brevets existants, il est possible d’imaginer
des perfectionnements et des solutions techniques très différentes… qui
pourront se révéler, à leur tour, brevetables.
7- Outil d’identification des savoirs : le brevet est un moyen d’identifier et de
dater des savoirs techniques et leurs auteurs. Le secret constitue une
alternative au brevet, mais il présente un risque : un tiers peut aboutir à la
même solution et faire le choix du brevet.
8- Actif valorisable : dans les levées de fonds, les fusions acquisitions et
l’organisation de flux financiers, les droits de PI sont des outils essentiels.
Pour les investisseurs, la qualité du portefeuille de PI constitue un critère
majeur.
9- Outil de dissuasion : le principe de précaution conduit souvent à ne pas
prendre le risque d’enfreindre un droit de PI, même si sa validité est
douteuse. Dans des compétitions commerciales, la détention d’un droit de PI
permet souvent de faire « basculer » une décision.
10- Outil de communication « Modèle déposé, produit breveté… » : ces
mentions sont des labels d’innovation particulièrement valorisants. La

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détention de droits de PI renforce l’image de l’entreprise auprès des clients,
des partenaires financiers, et aussi des collaborateurs.
11- Information sur les brevets des tiers : la surveillance des brevets permet
d’alimenter une veille technologique et de s’informer sur la stratégie
technologique et commerciale des principaux concurrents. Cette exploitation
de l’information PI disponible gratuitement est très utile pour éclairer,
dynamiser, sécuriser et mieux exploiter les projets d’innovation.

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Chapitre I : Qu’est ce que la gestion de la propriété intellectuelle

Section 1 :L’innovation moteur de la propriété intellectuelle

De nos jours, dans les pays industrialisés, de nombreuses entreprises ont choisi
de ne pas fabriquer les produits qu’elles conçoivent et vendent. Il leur est difficile
de conserver ou d’acquérir un avantage concurrentiel dans le domaine de la
fabrication étant donné le bas niveau des coûts et la main-d’œuvre qualifiée
disponible, par exemple, dans les pays en développement. C’est pourquoi la
recherche-développement, le marketing et les ventes ont revêtu une importance
croissante en tant que source d’avantage concurrentiel. De plus en plus, ce sont
les actifs que les sociétés possèdent sous forme de technologies, de dessins et
modèles et de marques qui déterminent leur valeur.

Cette importance croissante est liée à l’évolution fondamentale de la façon dont


la valeur est créée et mesurée sur les marchés boursiers mondiaux où les actions
de sociétés de nombreux pays s’achètent et se vendent tous les jours. Certes,
l’accès aux matières premières, aux sources d’énergie et la solidité des marchés
demeurent des éléments importants en termes d’avantage concurrentiel mais
aujourd’hui la mondialisation et la mercantilisation des facteurs de production,
associées à la volatilité des cours, a transféré l’avantage concurrentiel à long
terme vers ceux qui savent comment innover grâce à de nouvelles combinaisons.

D’après L’économiste Joseph Schumpeter:

“l’innovation l’exécution de nouvelles combinaison… est la clé des profits

réalisés par les entrepreneurs… [l’innovation] est le seul moyen de créer une
nouvelle valeur économique à long terme”

L’innovation est devenue pour les entreprises un facteur de réussite essentiel.

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le terme “innovation” y est utilisé pour désigner le processus ou le résultat du
processus permettant d’amener sur le marché des produits (ou services) de
valeur nouveaux ou améliorés, depuis la formulation de l’idée ou du concept
jusqu`à la réussite de leur lancement commercial afin de répondre aux besoins
explicites ou implicites de clients existants ou potentiels

Le terme “innovation” englobe un concept beaucoup plus large, qui dépasse


celui de l’invention (idée particulière d’une connaissance nouvelle d’un produit
ou procédé) et fait entrer en ligne de compte des considérations économiques
en rapport avec le succès commercial.

Ci-dessous un certains nombre de définition de l’innovation

Une innovation est le premier succès économique pouvant être rattaché à un


produit, un procédé ou un service – Fraunhofer, Technologie-
Entwicklungsgruppe

L’innovation est la transformation d’une idée en un produit ou service


vendable, un nouveau procédé de fabrication ou de distribution ou une
nouvelle méthode de service – OCDE, Manuel de Frascati.

L’innovation n’est ni une science [ni] une technologie [ni] une invention, mais
l’application d’un savoir qui peut être acquis par l’apprentissage, la recherche
ou l’expérience – Padmashree Gehl Sampath.

il est essentiel de comprendre qu’en matière de propriété intellectuelle,


l’innovation est loin de se limiter aux brevets. Elle est en effet le plus souvent le
résultat de décisions de gestion d’acteurs du marché qui consacrent des
ressources (investissements) au changement de la position concurrentielle de
leurs entreprises à l’égard d’une ou plusieurs dimensions du système
commercial existant.

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D’après le Comité consultatif économique et industriel auprès de l’OCDE
l’élément déterminant de toute innovation est la créativité humaine,
l’innovation ne se produit pas dans le vide; elle a besoin d’une structure
fonctionnelle de stimulants et d’institutions

Cependant l’innovation reste encore un concept très large, dont les déclinaisons
en termes de stratégies d’entreprises sont infinies. C’est ainsi que plusieurs
travaux ont consisté, en faisant l’hypothèse simplificatrice que la création de
propriété intellectuelle était en lien direct avec l’innovation et par voie de
conséquence avec la création de richesse pour les actionnaires et les emplois, à
prouver par des analyses macroéconomiques qu’il existait un lien fort de cause
à effet entre la création de PI et le succès des entreprises.

Le lien naturel qui existe entre innovation et propriété intellectuelle provient en


réalité du fait que ces acteurs économiques, pour favoriser l’innovation comme
condition du succès, doivent intégrer une part de création et d’utilisation de
valeur ajoutée intellectuelle se traduisant par un avantage compétitif donné. Ils
chercheront ensuite à protéger cette valeur ajoutée en l’inscrivant, de manière
formelle ou non, comme actif de propriété intellectuelle (la PI) dont ils voudront
tirer le meilleur parti dans leur jeu concurrentiel à moyen et long termes.

Section 2 définition de la gestion de la PI

Le terme “Gestion de la PI” fait référence à l’administration et l’organisation de


sujets de propriété intellectuelle dans des établissements tels que des
entreprises, institutions de recherche publiques ou privées, et d’autres
établissements engagés dans la création et la commercialisation de droits
immatériels.

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En général, la gestion de droits de PI qui inclut les actifs immatériels pouvant
avoir une valeur commerciale ou nécessaires pour faciliter une exploitation
future – demandent une organisation centralisée responsable de la supervision
de la création et de l’exploitation commerciale de droits. Ces droits incluent,

 des brevets enregistrés,


 des modèles d’utilité,
 des marques,
 des dessins
 des variétés végétales,
 Droits acquis à travers une licence ou cession par des tiers
 ainsi que tout autre actif immatériel en s’étendant aussi à tout autre droit
tel que noms de domaine, droits au nom d’une institution

La gestion de la PI peut être synthétisée dans les points suivants :

● Inventaire, documentation et surveillance des actifs existants

● Conseil dans les processus de prise de décisions avec le personnel scientifique


ou académique

● Assistance dans la formulation de politiques internes de PI et dans la gestion


des licences et d’autres accords (exploitation ou recherche collective)

● Assistance dans la protection et l’enregistrement ultérieur de droits

● Détection de partenaires commerciaux potentiels et gestion des accords, y


compris l’assistance et la conduite des négociations

● Surveillance des droits de PI (en collaboration avec des avocats-experts

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SECTION 3 : JUSTIFICATION DE RECOURS A LA GESTION DE LA PROPRIETE
INTELLECTUELLE

La propriété intellectuelle représente un « accélérateur de la croissance » pour


les les différents types de société :

— aide aux levées de fonds ;

— différenciation technologique ;

— construction et valorisation de l’image de marque ;

— facilitation du développement à l’international ;

— augmentation du pouvoir de négociation et de la crédibilité de l’entreprise


auprès des partenaires ;

— source de revenus financiers complémentaires…

Si les droits de propriété intellectuelle octroient à leurs titulaires un droit exclusif


et temporaire d’interdiction leur permettant de se réserver l’exploitation de
l’objet sur lequel ils portent, ils peuvent aussi être de puissants moteurs de

la gestion de droits de PI qui inclut les actifs immatériels pouvant avoir une valeur
commerciale ou nécessaires pour faciliter une exploitation

Les aspects les plus importants de la gestion de la PI font donc référence à:

- la surveillance en cours sur les droits ayant été ou pouvant être créés,
- établir la titularité de ces droits,
- réunir les documents sur les droits existants (enregistrés ou non-
enregistrés),
- documentation et préparation de contrats de licence et d’autres accords (tels
que des projets de collaboration ou des joint-ventures),

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- documentation sur la titularité et d’autres aspects tels que l’évaluation de
droits ou,
- la mise en place de politiques de confidentialité ou d’audits de PI
Caractéristiques principales de la gestion des portefeuilles de PI Quels droits
existent-ils?
- Y a-t-il un marché pour eux?
- Quelle est l’échelle de temps pour gérer des audits de gestion de la PI?
- Quels droits ont-ils de plus fortes chances d’exister?
- Comment les droits (potentiels ou existants) sontils protégés de façon
interne et externe?
- Cela inclut tout droit enregistré dans tout document ou rapport, tout “droit”
d’actifs tels que noms de domaine ou d’autres noms non soumis à un droit
de PI et toute information technique, confidentielle ou savoir-faire ainsi que
tout outil de recherche pouvant être développé.
- Y a-t-il des plans détaillés pour des droits spécifiques et une demande
correspondante dans des secteurs spécifiques?
- Cela demande une collaboration étroite avec le personnel de recherche et
donc un “flux” continu de communication.
- Y a-t-il des accords de confidentialité mis en place?
- Quel est le statut des demandes?
- Qui détient ces droits?

La gestion de la propriété intellectuelle est devenue un facteur clé de succès.


Par ailleurs il est nécessaire de préciser que la gestion de la propriété
intellectuelle ne peut plus aujourd’hui être confiée aux seuls services techniques
ou juridiques.

Les gestionnaires ont besoin de visibilité et d’exercer un contrôle sur les

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éléments qu’ils “gèrent”. Ils se posent notamment les questions suivantes :

• Pourquoi en avons-nous besoin?

• Dans quels domaines en avons-nous besoin?

• Combien cela coûtera-t-il?

• Qu’est-ce que cela a rapporté (ou rapportera)?

• Quels sont les objectifs commerciaux poursuivis?

• Qui l’utilise et comment?

• Comment devrions-nous l’utiliser et pourquoi?

• Pourquoi est-elle importante?

• Qui d’autre s’en sert?

• Que vaut-elle?

En revanche, la gestion de la propriété intellectuelle nécessite d’intégrer les


processus juridiques d’acquisition, de maintien en vigueur,d’exploitation et
d’application des droits de propriété intellectuelle dans le cadre des stratégies
et des objectifs commerciaux.

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Chapitre II le système de brevet d’invention

Section I : conditions de brevetabilité

a) Brevet d’invention Objet de la protection.

Les brevets d’invention protègent les inventions qui sont nouvelles, impliquent
une activité inventive et sont susceptibles d’application industrielle. Une
invention est nouvelle lorsqu’elle ne fait pas partie de l’état de la technique. Elle
implique une activité inventive lorsqu’elle n’est pas évidente pour un homme du
métier. Une invention est une solution technique à un problème technique. Les
découvertes, théories scientifiques, méthodes mathématiques, créations
esthétiques, plans, principes et méthodes dans l’exercice d’activités
intellectuelles en matière de jeux ou dans le domaine des activités économiques,
ainsi que les présentations d’information, ne constituent pas des inventions et
ne sont donc pas brevetables. Il en va de même des programmes d’ordinateur
en tant que tels. Ont, ainsi, été brevetés, par exemple, un « procédé pour
augmenter la croissance des plantes ou une « machine permettant l’épluchage
et le nettoyage de produits alimentaires en particulier de légumes tels que les
oignons »

b) Mode d’acquisition

Les droits de brevet découlent de la délivrance effective du brevet par l’office


compétent à cet effet. Les brevets sont des titres nationaux, dont la protection
s’étend uniquement aux pays délivrant ces brevets ou désignés dans celui-ci. Un
brevet Tunisien, par exemple, ne confère de droits exclusifs à son titulaire que
sur le territoire Tunisien. Le brevet européen permet, quant à lui, d’obtenir une
protection dans les pays membres de l’Organisation européenne des brevets en
déposant une seule demande et en suivant une procédure de délivrance unique
auprès de l’OEB. Une fois délivré, le brevet européen s’analyse en réalité comme
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un « faisceau de brevets nationaux ». Une demande internationale de brevet
régie par le Traité de Coopération en matière de brevet (« PCT ») existe
également. Elle donne lieu, elle aussi, à la délivrance d’un bouquet de brevets
nationaux. Le brevet européen à effet unitaire permettra, à l’avenir, d’obtenir
un titre conférant une protection unitaire (et non plus nationale), dont les effets
s’étendront au territoire de la plupart des États membres de l’Union
européenne., il est difficile de prédire quand le système du brevet unitaire
deviendra effectif. Dès lors que la protection des brevets d’invention suppose la
délivrance d’un enregistrement (le brevet proprement dit), plusieurs bases de
données en ligne peuvent être consultées afin d’identifier ces brevets.

Les brevets sont valables pendant 20 ans à compter de la date du dépôt de la


demande (ou de la date de priorité), moyennant paiement des taxes annuelles
de maintien en vigueur.

C –titularité de Brevets d’invention

Le titulaire originaire des droits sur une invention brevetable est, en principe,
l’inventeur. Est considérée comme « inventeur » toute personne qui contribue
de manière substantielle à la réalisation de l’invention, par le biais d’un apport
créatif et intellectuel effectif. Il n’est pas nécessaire que cet apport créatif et
intellectuel, en tant que tel, satisfasse à toutes les conditions de brevetabilité.
Sauf requête contraire et expresse de sa part, l'inventeur est mentionné dans le
brevet. Il s’agit d’un droit moral dans le chef de l’inventeur, qu’il ne peut pas
valablement céder à des tiers. Lorsqu’un brevet a été demandé par une
personne qui n’est pas l’inventeur de l’invention et que cette personne n’a pas
acquis les droits de brevet sur l’invention (par le biais d’un contrat), l’inventeur
dispose du droit de revendiquer le transfert de la demande ou du brevet délivré
à son profit, en qualité de titulaire.

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Un co-inventeur peut également revendiquer le transfert d’une demande de
brevet ou d’un brevet, en qualité de co-titulaire, dans les mêmes circonstances.
L’introduction d’une telle action en revendication et les décisions rendues dans
ce cadre sont inscrites dans le registre des brevets. Dans le cadre d’un contrat de
commande, de collaboration ou de recherche et developement, il n’est pas
toujours facile d’identifier le ou les véritable(s) inventeur(s) en l’absence de
stipulations contractuelles sur ce point. Par conséquent, dans un souci de
sécurité juridique, il est recommandé de définir avec précision dans le contrat le
partage des droits intellectuels et les droits respectifs des parties. Dans les
contrats de R&D, les parties veilleront, dès lors, à prévoir des dispositions
concernant le partage des résultats de la recherche.

Lorsque plusieurs personnes ont réalisé une même invention indépendamment


l'une de l'autre, le droit au brevet appartient à celle qui a déposé la demande de
brevet dont la date de dépôt est la plus ancienne. Il existe certaines dérogations
à ce régime général, s’agissant des droits sur les inventions réalisées en
exécution d’un contrat de travail ou dans certaines fonctions publiques et le se

Section II VALORISATION DU BREVET

Les auteurs de la présente étude choisiront de parler de valorisation d’un brevet


lorsqu’il s’agit de lui trouver une valeur économique, que celle-ci puisse être
calculée directement à partir de revenus financiers identifiables sans ambiguïté
ou indirectement de manière qualitative, à partir de métriques non financières.
La toute première méthode de valorisation d’un brevet est liée à sa fonction
première de collecter des revenus de biens et services produits et proposés au
marché sous la protection du brevet qui garantit en principe au détenteur
l’exclusivité d’usage de sa technologie. Il s’agit donc d’une logique industrielle
où le brevet est le garant de la liberté d’exploitation de son propriétaire et où sa

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valorisation est « indirecte » (car les revenus ne peuvent être calculés de manière
directe). La dynamique est donc celle du marché, ses métriques de performance
sont celles du chiffre d’affaires réalisé (ou protégé s’il était considéré à risque de
la concurrence), du nombre d’emplois créés ou préservés, du nombre de
nouveaux clients conquis ou de partenariats technologiques (ou marketing)
conclus grâce à l’effet de levier du brevet (preuve d’une maîtrise technologique
et d’une capacité d’innovation reconnue).

Les méthodes de valorisation « directe », c’est-à-dire financière, consistent à


rechercher un flux de revenus directement engendré par le brevet et non plus
seulement à sécuriser un chiffre d’affaires ou une part de marché. Elles
impliquent donc la concession de licences à des tiers (par des contrats s’étendant
typiquement sur cinq ans) ou alternativement le transfert de la technologie
brevetée moyennant une somme forfaitaire et d’éventuelles prestations de
conseil de mise en œuvre. Dans des circonstances spécifiques, le revenu
directement affectable au brevet peut provenir de la cession pure de celui-ci
(désinvestissement, tentative de recouvrement des coûts de développement
encourus) ou de l’obtention de dommages et intérêts par une action judiciaire
contentieuse envers des contrefacteurs supposés ou prouvés. Plus récemment
encore, la financiarisation de la PI s’est traduite par l’apparition de la titrisation,
opération par laquelle un actif de PI est traité comme un effet bancaire ou une
obligation privée, à raison du flux de revenus potentiels qu’il représente (par
génération de chiffre d’affaires et par collecte de royalties sur licence) : le brevet,
la marque ou le modèle est alors « escomptable », comme le serait un effet à
recevoir

Dynamique financière :

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− Transfert de technologie : cession d’un brevet (ou d’une licence exclusive),
concernant une technologie récente et non encore diffusée sur le marché, à un
acquéreur doté des moyens de l’industrialiser et de la valoriser en assumant le
risque intrinsèque à l’innovation. Cas d’un organisme public de recherche ou
d’un inventeur individuel, voire d’un bureau d’études, transférant une invention
prometteuse à un industriel qui la développera en propre ou l’intégrera dans
l’une de ses solutions complexes. Le cas se rencontre également lorsqu’un grand
groupe transfère à des PME ou ETI des brevets de technologie sans valeur
stratégique forte pour lui, mais critiques pour le métier de la PME.

− Licensing négocié : concession de licence, exclusive ou non, du détenteur d’un


portefeuille aux utilisateurs prouvés ou supposés des technologies protégées par
ces brevets.

− Cession pure : vente « sèche » d’un portefeuille par un détenteur qui ne peut
ou ne veut le valoriser mais souhaite récupérer une partie de son investissement
dans les technologies concernées. L’acquéreur est nécessairement un acteur
pour qui ces technologies ont une valeur stratégique et qui maîtrise au moins un
processus de leur valorisation. Cette configuration se rencontre également
lorsqu’une entreprise est en liquidation, en particulier lorsque les investisseurs
se retirent d’une startup dont le seul actif monnayable est le portefeuille de PI.
− Action punitive : action contentieuse initiée par un détenteur de portefeuilles
contre des « contrefacteurs » prouvés ou supposés, utilisateurs des technologies
protégées par ses brevets et qui refusent de négocier à l’amiable un accord de
licence ou nient utiliser les technologies en jeu.

Sur un marché concurrentiel, mesurer les forces en présence est crucial. Les
analyses de portefeuille de brevets des concurrents peuvent fournir des
informations stratégiques utiles dans des contextes variés, en particulier :

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— comprendre les stratégies brevets de ses compétiteurs ;

— chercher comment affaiblir la position concurrentielle des brevets d’un


concurrent ;

— se préparer à la négociation de licences croisées ;

— mieux connaître ses partenaires de collaboration ;

— réaliser une veille scientifique et technologique ;

— acheter des brevets et renforcer son portefeuille ;

— anticiper et prévenir une attaque en contrefaçon.

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Chapitre III Techniques de gestion d’un portefeuille de Propriété intellectuelle

Section 1 ; le portefeuille de la propriété intellectuelle

Un portefeuille de PI peut être décrit comme le document principal recueillant


et organisant les informations concernant les aspects en PI d’une entité
commerciale ou de recherche. Son but principal est de: 1) Permettre un accès
simple aux informations sur les droits de PI existants et, 2) Permettre aux
organisations d’aligner des stratégies commerciales et d’exploitation en utilisant
des portefeuilles de PI comme point de contrôle pour mener à bout des
exploitations, des évaluations et l’exécution de droits. A l’heure actuelle, les
portefeuilles de PI sont gérés à travers un logiciel spécifique de bases de données
permettant un accès facile. Il n’y a pas d’approche standard sur comment gérer
un portefeuille de PI. Cela dépend, finalement, du type d’entité l’utilisant et de
ses besoins spécifiques. Cependant, certaines particularités doivent être
mentionnées brièvement avant de rentrer dans le détail.

En général, le portefeuille de PI est un outil d’assistance dans le cadre des


relations commerciales permettant de créer des valeurs en cours, en conservant
une clarté continue sur les actifs immatériels existants ou pouvant exister et de
permettre également une certitude sur quels droits sont ou vont être soumis à
des licences et/ou auxquels un accès a été octroyé au profit de tiers, tel que dans
les recherches de collaboration. Les portefeuilles de PI sont gérés normalement
par des spécialistes en PI avec un diplôme en gestion de PI

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Section II : audit de la propriété intellectuelle

Un audit de PI peut être généralement décrit comme un exercice visant à


collecter le plus d’informations possibles sur des droits existants ou potentiels.

L’audit de la propriété intellectuelle est une phase importante dans le cadre de


la gestion de la propriété intellectuelle.

L’audit de la PI est un inventaire qui permet de :

 découvrir des actifs inutilisés ou sous-utilisés;


 déterminer à qui appartiennent ces actifs;
 recenser les risques que cela met en évidence, c’est-à-dire les éventuelles
atteintes de votre part ou celles de tiers.
D’une manière générale nous pouvons classer l’audit de la PI en trois types :
 Audit Générique
C est le type le plus large , il est utilisé soit par les nouvelles sociétés/ entreprises
soit par celles qui désirent mettre en place une nouvelle politique , approche en
matière de propriété intellectuelle , ou les entreprises qui entreprennent des
réorganisation majeurs
 Audit Ponctuel ou Audit prélable
Il est utulisé pour apprécier la valeur des actifs de propriété intellectuelle d’une
société quelconque .d’une manière générale on fait recours à ce type d’audit
dans les cas suivants :
- Avant toute opération de Fusions, acquisition et /ou création de
coentreprises
- Avant toute opération financière impactant l’actif de la propriété
intellectuelle exp : introduction en bourse.
- Avant la concession d’une licence de propriété.
22
- Dans le cas de faillite et de licenciments.
 Audit à finalité spécifique :
Ou encore audit ciblé qui vise une situation bien déterminée notamment en cas :
- Evaluation d’un actif de PI particulier
- Préparation au commerce électronique
- Procédure « clean room » elle vise d’éviter l’atteinte au droit d’autrui

Éléments des Audits en PI Un audit en PI, doit être suffisamment structuré.


Certaines phases doivent être identifiées et conduites une par une:

1) Identification des droits existants et d’autres actifs importants dans les


différents départements.
Cela inclut l’identification des actifs existants précédemment ou des projets
de recherche menés à bout et pouvant devenir des droits enregistrables tels
que des inventions brevetables, cette identification pouvant être faite à
travers des entretiens (documentés) avec le personnel scientifique.
2) Documentation sur l’état de titularité applicable à chaque droit (existant ou
potentiel) identifié dans la phase 1.
Cette phase implique l’identification et la documentation de plusieurs règles
concernant la titularité (discutée en détail à la suite). Cela inclut
normalement une révision des contrats de travail, des contrats du personnel
temporaire de recherche, les politiques institutionnelles appliquées aux
chercheurs visiteurs, etc.

3) Identification de contrats de licence existants et d’accords de transfert de


matériel, collaborations, etc., ce qui touche les droits de PI et d’autres actifs
immatériels et produit des informations claires sur les droits de PI détenus par
des membres du personnel ou par des tiers.

23
4) Établissement de documents compréhensibles sur lesquels les droits sont
détenus, ce qui demande une protection, dont les titulaires sont des tiers ou qui
sont soumis à des conditions de licences existantes ou potentielles ou à d’autres
accords.

5) Établissement de documents sur des recherches en cours pouvant produire


des sujets protégeables. Il est à noter que, dans de nombreux cas, l’audit de PI
et la gestion correcte qui s’ensuit concernant les portefeuilles de PI est
obligatoire lorsque des tiers financent des recherches ou pour certaines
institutions de recherche, et il s’agit souvent d’une condition préalable pour
obtenir des revenus futurs dérivés des recherches.

De même, de nombreux établissements de financement demandent que les


créations et inventions soient soumises à certaines conditions telles qu’être
placées dans le domaine public à travers une publication ou une exploitation
commerciale. Si la recherche est financée en vue d’obtenir de nouveaux produits
et processus pouvant faire l’objet d’une exploitation commerciale, et ce faisant
être à l’origine d’une forte productivité, il faudra mettre en place de nouvelles
structures et procédures administratives afin de gérer le portefeuille et les
licences ultérieures.

L’audit est donc de plus en plus plébiscité pour les bénéfices qu’il apporte au
développement de l’activité de l’entreprise.

Il permet aussi bien d’améliorer la protection du patrimoine immatériel que


d’optimiser la gestion de ce dernier en limitant les risques qui y sont liés : risque
social quand ils sont issus de créations ou d’inventions réalisées par des salariés,
risque de contrefaçon ou d’exploitation illicite par des tiers… Suite à un audit,
l’entreprise pourra par exemple décider de mettre en place des procédures
internes, de se doter d’un logiciel spécifique ou encore d’élaborer des contrats
24
types. Utiliser les droits de façon pertinente, mieux exploiter ceux qui rapportent
et abandonner ceux qui ne sont pas exploités ou rapportent peu, et donc
optimiser le coût de gestion du portefeuille de droit est un des autres atouts de
l’audit.

Mais c’est aussi un outil de valorisation de la propriété intellectuelle, en la faisant


apparaître dans le bilan comptable de l’entreprise. La valeur et les coûts qui en
sont issus étant connus, les actifs peuvent augmenter, un certain nombre de
dépenses peuvent être passées en immobilisation plutôt qu’en charge et ainsi le
bénéfice de la société peut être plus élevé.

Quand les DPI sont nombreux, il peut aussi aider à définir tant une stratégie de
protection qu’une stratégie contentieuse en cas d’atteinte. On pense ici à des
marques ou des produits populaires souvent exploités illicitement ou
contrefaits.

Le caractère indispensable d’un audit de propriété intellectuelle n’est plus à


démontrer et toutes les entreprises devraient s’y intéresser. Mais au-delà des
DPI énumérés ici, il ne faut pas négliger les noms de domaine de l’entreprise.
Immatériels mais exclus du droit de la propriété intellectuelle, ces derniers
représentent de plus en plus un actif de valeur, et ce même si l’entreprise n’en
est pas la propriétaire à proprement parler. Un droit de plus à étudier de près…

25
Chapitre IV : ROLE ET UTILITE DES CONTRATS EN MATIERE DE PROPRIETE
INTELLECTUELLE

Ce chapitre examine le rôle et l’utilité des contrats liés à la propriété


intellectuelle et les circonstances dans lesquelles on les rencontre
traditionnellement..

Il est donc important de savoir, au préalable, qui est (ou sera) propriétaire des
droits intellectuels concernés « par défaut », c’est-à-dire en l’absence de contrat
ou avant la conclusion de celui-ci. Un contrat régissant le partage des droits
intellectuels peut s’avérer superflu dans certains cas. Tel sera, par exemple, le
cas lorsque celui à qui ce contrat prévoit d’attribuer la propriété des droits
concernés est, d’emblée, considéré par la loi comme étant le propriétaire
exclusif de ces droits. Il est particulièrement important de déterminer qui est le
propriétaire des droits intellectuels concernés, dès lors que seul ce propriétaire
est habilité à céder ces droits. En outre, sous réserve du détenteur d’une licence
qui aurait été autorisé contractuellement à accorder des sous-licences à des
tiers, seul le propriétaire des droits intellectuels est habilité à consentir des droits
d’exploitation portant sur l’objet de la protection

Sont, ainsi, susceptibles de protection par le droit d’auteur : des œuvres


audiovisuelles, des ouvrages littéraires, des photographies, des sculptures, des
plans ou schémas, des motifs figurant sur des produits textiles, des emballages
de produits industriels, des sites internet, etc. Les programmes d’ordinateur sont

26
considérés comme des œuvres littéraires et peuvent dès lors également jouir à
ce titre de la protection du droit d’auteur. Il en va de même des bases de données
qui, par le choix ou la disposition des matières, constituent une création
intellectuelle propre à leur auteur.

La protection des bases de données par le droit d’auteur ne s’étend cependant


pas aux œuvres, aux données ou éléments eux-mêmes contenu(e)s dans la base
de données. On entend par « base de données » un recueil d’œuvres, de
données ou Certaines juridictions considèrent que le nom commercial constitue
un droit de propriété industrielle : d’autres éléments indépendants, disposés de
manière systématique ou méthodique et individuellement accessibles par des
moyens électroniques ou d’une autre manière.

Le droit d’auteur et les droits voisins naissent automatiquement du seul fait de


la création de l’œuvre ou de la prestation concernée.

Dès lors que la protection du droit d’auteur ne requiert aucune formalité, aucun
organisme n’examine si les conditions de protection pour pouvoir bénéficier
d’une telle protection sont réunies, jusqu’à ce qu’un litige surgisse sur ce point
(auquel cas les cours et tribunaux, ou une instance arbitrale, le cas échéant, se
pencheront sur la question). Le sigle « © » qui se trouve régulièrement apposé
en vis-à-vis d’une œuvre ne garantit donc, en principe, pas que celle-ci bénéficie
de la protection du droit d’auteur, mais indique uniquement que l’auteur de
l’œuvre estime qu’elle jouit d’une telle protection

À l’exception des droits moraux liés au droit d’auteur et aux droits voisins, tous
les droits intellectuels sont cessibles et transmissibles, en tout ou en partie,
conformément aux règles du droit commun. Ils peuvent notamment faire l’objet
d’une aliénation (cession) ou d’une licence simple ou exclusive. Les contrats liés
aux droits intellectuels visent généralement à régir la propriété et/ou les

27
conditions d’exercice de ces droits. On rencontre traditionnellement trois
catégories de contrats en matière de propriété intellectuelle :

- Ceux qui régissent la création d’un objet susceptible d’être protégé par un droit
intellectuel (contrats de travail ou de commande, contrats de production
musicale ou audiovisuelle, contrats d’édition ou de représentation, de
développement de logiciel, de R&D, de « jointventure », etc.). Dans le cadre de
tels contrats, il sera toujours judicieux de prévoir expressément à qui reviendra
la propriété des droits intellectuels sur les créations faisant l’objet du contrat,
même lorsque le bénéficiaire de ces droits doit, en principe, également être
considéré comme tel en vertu de la loi, c’est-à-dire en l’absence de disposition
contractuelle. Les principes juridiques qui régissent la question de la titularité
des droits en l’absence de convention sont, en effet, complexes et susceptibles
de différer selon les droits intellectuels considérés. Ils peuvent, en outre, entrer
en conflit avec des présomptions légales. Mieux vaut donc ne pas laisser les
choses au hasard.

- Ceux qui, sans s’inscrire dans le contexte de la création d’un objet susceptible
d’être protégé par un droit intellectuel, portent sur l’octroi de droits
d’exploitation de l’objet d’un droit intellectuel (qu’il s’agisse d’une œuvre, d’une
invention, d’un signe distinctif ou d’une variété végétale, p.ex.). On pense ici,
avant toute chose, aux contrats de licence (ou de concession).

Enfin, ceux qui, sans s’inscrire dans le contexte de la création d’un objet
susceptible d’être protégé par un droit intellectuel, visent à réaliser un transfert
de propriété de droits intellectuels. Ce sont, ici, les contrats de cession qui
viennent à l’esprit. Bien que l’auteur d’une création ou d’une invention soit
présumé avoir cédé tout ou partie de ses droits intellectuels dans certaines
situations .

28
Pour résumer La plupart des contrats liés à la propriété intellectuelle visent :

(i) à préciser qui deviendra propriétaire des droits intellectuels résultant


de la création d’un objet protégeable ;
(ii) à céder des droits de propriété intellectuelle ; et/ou
(iii) à consentir des droits d’exploitation sur l’objet de la protection.

un contrat de cession permettra d’éviter toute discussion à ce propos,


notamment quant à l’objet et à la portée de la cession. Dans les hypothèses où
ces présomptions de cession ne sont pas applicables, un contrat de cession sera
l’unique moyen d’opérer un transfert de propriété. Dans la pratique, cette
typologie est quelque peu simpliste. En effet, les contrats qui régissent la
création d’un objet susceptible d’être protégé par un droit intellectuel précisent
très souvent les modalités du partage de la propriété intellectuelle et les
conditions d’exploitation des droits intellectuels concernés par les différentes
parties. A ce titre, ils contiennent généralement des clauses de cession et/ou des
clauses de licence

L’un des principaux avantages des contrats liés à la propriété intellectuelle est
qu’ils permettent de concentrer (par le biais de clauses de cession) la titularité
des différents droits intellectuels sur une même création ou invention dans les
mains d’une même personne physique ou morale

1. Modèle de clause de cession de droit de logiciel


1. Propriété

1.1 Support physique :

Le Cessionnaire aura la propriété matérielle des supports physiques (copie


Zip, CD-ROM, DVD

29
ou tout autre support choisi par le Cessionnaire) du Logiciel, dans sa versio
n code objet et code source, ainsi que de la documentation relative
au Logiciel.

1.2 Droit d’auteur :

1.2.1 Droits patrimoniaux :

L’Auteur cède au Cessionnaire, sans réserve aucune et en exclusivité, tous s


es droits sur le Logiciel sans que cette cession n’emporte une
reconnaissance des droits cédés. Cette cession vise notamment
les droits de reproduction, de communication au public et d’adaptation du
Logiciel dans son ensemble et des éléments qui le composent (éléments
graphiques, concepts d’interactivité, codes de programmation originaux,
fonctionnalité, architecture, etc.).

Le Cessionnaire peut ainsi reproduire sous toute forme, adapter,


imprimer, enregistrer sur tous
supports, publier, traduire en toutes langues, commercialiser en tous pays l
e Logiciel ainsi que tous manuels et documents se rapportant au Logiciel.

1.2.2 Droits moraux :

L’Auteur renonce à ce que son nom soit mentionné sur l’œuvre et à l’occas
ion de l’exploitation de son œuvre. Les mentions de titularité, les marques
et signes distinctifs figurant sur le Logiciel sont ceux du Cessionnaire.

Le Cessionnaire aura le droit, mais non l’obligation, de faire figurer le nom


de l’Auteur sur une liste de références commerciales et sur les supports de
promotion du Logiciel. À moins qu’il ne soit porté
atteinte à son honneur ou à sa réputation, l’Auteur renonce à tous ses droi
ts à cet égard.

30
L’Auteur autorise le Cessionnaire à procéder à des modifications
raisonnables de l’œuvre.
L’Auteur renonce expressément à invoquer son droit moral en vue de s’opp
oser à ces modifications, sauf s’il
démontre que la modification en cause est préjudiciable à son honneur ou
à sa réputation.

Le Cessionnaire détermine seul si le Logiciel est achevé et peut être divulg


ué. L’Auteur renonce à tous ses droits à cet égard.

Les droits sur le Logiciel sont cédés au Cessionnaire à titre exclusif pour le
monde entier et pour la durée légale de protection des droits de propriété
intellectuelle afférents au Logiciel et aux
éléments qui le composent ainsi que ses éventuelles prolongations. En con
séquence, l’Auteur s’interdit de confier à quiconque des droits même parti
els ou réduits sur ce même Logiciel. L’Auteur ne pourra pas non plus explo
iter lui-même ce Logiciel sous quelque forme que ce soit.

2. Garanties

L’Auteur déclare qu’il est l’Auteur du Logiciel, qu’il s’agit d’une création
originale, qu’il n’a
utilisé ou incorporé aucune partie d’un logiciel préexistant, qu’il l’a dévelo
ppé sans l’aide d’un tiers, qu’il
dispose de l’intégralité des droits d’auteur sur ce produit, qu’il n’a cédé mê
me partiellement aucun
droit et qu’il est titulaire de l’intégralité des droits qu’il peut céder au Cessi
onnaire.

31
L’Auteur garantit être le titulaire des droits d’auteur cédés et garantit le C
essionnaire contre toutes les prétentions que les tiers pourraient faire val
oir en raison de l’utilisation de l’œuvre par le Cessionnaire ou ses ayants d
roit conformément au présent contrat.

En tout état de cause, l’Auteur garantit expressément que le Logiciel n’a


pas été réalisé
en contravention des droits d’un tiers, et notamment qu’il ne comprend a
ucun élément sur lequel un tiers pourrait faire valoir un droit d’auteur ou
tout autre droit.

Le cas échéant, l’Auteur garantit expressément avoir obtenu toutes les a


utorisations nécessaires pour
communiquer et utiliser comme prévu dans la présente convention tous le
s éléments qu’il a reproduits, notamment objets, œuvres d’art, etc.

L’Auteur garantit le Cessionnaire contre tout recours qui serait intenté par
un titulaire des droits de propriété intellectuelle sur le Logiciel.

3. Rémunération

En rémunération de la cession de l’œuvre et des droits sur celle-


ci tels que définis ci-dessus, l’Auteur
percevra un montant global et forfaitaire de____ dt (H.T.V.A.).

Il est expressément convenu que les droits cédés au Cessionnaire sont


suspendus jusqu’à l’encaissement par l’Auteur des sommes convenues et
mentionnées au présent article.

Cession de droits La forme la plus radicale pour permettre l’exploitation d’une


invention par une tierce partie est de procéder à sa cession. Une cession est,

32
essentiellement, une forme d’achat d’un droit dans son ensemble. L’ancien
titulaire cède ainsi sa position, et l’acquéreur devient le nouveau titulaire, avec
tous les droits associés. La cession doit généralement être effectuée par écrit, et
il sera parfois nécessaire de procéder à une authentification par-devant notaire
public ou devra (ou pourra) être enregistrée officiellement auprès d’un Office
national de gestion de la PI.

Licence de droits Dans le cas d’une licence, la situation juridique sera légèrement
différente. Le titulaire conserve le droit de propriété, mais il cède certains droits
à l’acquéreur. Un accord de licence peut être exclusif ou non-exclusif. Dans le cas
d’une licence exclusive, le titulaire promet de ne pas octroyer une licence à toute
autre partie lui permettant d’en faire une utilisation spécifique, alors que dans
le cas d’une licence non-exclusive le propriétaire reste libre d’attribuer des
licences à des tierces parties.

Le titulaire de ladite licence acquiert ainsi les mêmes droits que le dispensateur
de la licence et peut exercer n’importe lequel des droits exclusifs associés au
droit de propriété intellectuelle en question, y compris le droit d’utiliser des
contrefacteurs présumés. En général, une licence exclusive peut être soumise à
des règles antitrust, étant donné leur caractère exclusif, même si pour les
licences convenues dans le cadre de la recherche et du développement, ou dans
celui du transfert des technologies, de nombreux preneurs de licence ont été
exemptés de la loi antitrust au sein de l’UE et dans d’autres juridictions. Éléments
des accords de licence Le contrat de licence devra contenir des conditions
expresses relatives à toute une gamme d’aspects. Un accord de licence devrait
clairement définir l’objet de la licence et les droits qui y sont associés, et il devrait
donc méticuleusement énumérer à la fois l’objet principal (généralement,
l’invention, le dessin, etc.) et tous les autres droits (documentations, savoir-faire,
informations confidentielles) nécessaires pour exploiter l’actif, en particulier
33
lorsque le preneur de la licence en question doit effectuer certaines tâches
protégées par un brevet de procédé. D’autres clauses généralement contenues
dans les accords de licence :

- Les clauses relatives au paiement des redevances au propriétaire de la PI


(tant en ce qui concerne le montant restant à payer au fil du temps, que les
points spécifiques dans le temps auxquels le paiement doit être effectué);
- Obligations du dispensateur de licence d’accorder au preneur de licence
l’accès à d’autres types de connaissances ;
- Conséquences de la non-exécution ou de la rupture du contrat de licence ;
- Restrictions de l’intervention du preneur de la licence portant sur des
aspects plus détaillés tels que la productivité ;
- Obligations visant à savoir si le bénéficiaire de la licence peut attaquer le
droit (qui peut être nul en vertu de la loi antitrust)

Contraintes en matière d’obligation de vendre en ce qui concerne tel territoire


et/ou tels marchés de produits spécifiques ;

Obligations d’améliorer et de protéger moyennant un accord de licence de telles


améliorations (liant habituellement seulement deux sociétés commerciales) ;

- Clauses régissant la loi applicable à l’accord et le choix du forum (à savoir


quel tribunal, dans quel pays, devra avoir être déclaré compétent concernant
les litiges découlant de l’accord

Création de valeur à partir des droits de la propriété intellectuelle.

Il existe plusieurs modèles pour créer de la valeur à partir de la propriété

intellectuelle.

Les cinq types d’avantages économiques que les entreprises peuvent tirer des
droits de propriété intellectuelle sont les suivants :
34
• exercice d’un droit de propriété intellectuelle ou exclusivité;

• concession de licences et licences croisées;

• action en justice;

• effet dissuasif; et

• utilisation comme garantie.

35
Biblographie :

-wipo Academy /ompi

- P4GROWTH – Gestion de la Propriété Intellectuelle: Guide des Aspects


Fondamentaux (FED/2013/320-273)

- La gestion et l’usage de la propriété intellectuelle par les entreprises françaises


Rédacteurs : Pierre Ollivier, Philippe Simon Étude pour le Commissariat général
à la stratégie et à la prospective

36

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