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Quatrième discours de Barack Obama sur

l’état de l’Union

Barack Obama

United States government publishing office, Washington,


2016

Exporté de Wikisource le 18 novembre 2023

1
Monsieur le président de la Chambre des représentants, et
Monsieur le vice-président des États-Unis, membres du
Congrès, les invités distingués, et mes chers compatriotes
américains :
Le mois dernier, je suis allé à la base aérienne Andrews,
et y ai accueilli des derniers de nos soldats qui ont servi en
Irak. Ensemble, nous avons salué fièrement notre drapeau
sous lequel plus d’un million des nôtres ont combattu, et
plus de deux milliers ont donné leurs vies. Nous nous
rassemblons ce soir munis du savoir que cette génération de
héros ont accru la sécurité et le respect envers les États-
Unis dans le monde entier.
Pour la première fois en neuf ans, il n’y a plus
d’Américains qui combattent en Irak. Pour la première fois
depuis deux décennies, Oussama Ben Laden n’est plus une
menace pour notre pays. La plupart des principaux
responsables d’Al-Qaïda ont été vaincus ; l’élan de
l’insurgence Taliban a été brisé, et quelques uns de nos
soldats en Afghanistan ont pris le chemin du retour. Ces
réussites sont bien un témoignage du courage, d’abnégation
et de travail d’équipe de nos forces armées. Alors que trop
de nos institutions nous ont déçus, nos soldats dépassent
toutes les attentes. Ils ne sont pas dévorés par l’ambition
personnelle. Ils ne s’attardent pas sur leurs différences. Ils
se concentrent sur la mission à effectuer, et ils travaillent de

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concert. Imaginez ce que nous pourrions accomplir si nous
suivions leur exemple.
Imaginez l’Amérique en tête du monde dans le domaine
de l’éducation, une Amérique qui attire une nouvelle
génération d’emplois bien rémunérés, en industries de
hautes technologies. Un avenir où nous contrôlons notre
propre énergie, où notre sécurité et notre prospérité sont
bien moins liées à des régions instables du monde. Une
économie construite pour durer, où ceux qui travaillent dur
en touchent les dividendes, où la responsabilité est
récompensée. Nous pouvons faire cela. Je le sais, parce que
nous l’avons fait auparavant. À la fin de la Seconde Guerre
mondiale, lorsqu’une autre génération de héros revint du
combat, ils construisirent l’économie et la classe moyenne
les plus fortes que le monde ait jamais connu.
Mon grand-père, un vétéran des troupes de Patton, a eu la
chance d’aller à l’université grâce au G.I. Bill. Ma grand-
mère, qui avait travaillé sur une chaîne de montage de
bombardiers, faisait partie d’une main-d’œuvre qui offrait
les meilleurs produits sur terre. Ces deux-là partageaient
l’optimisme d’une nation qui avait triomphé de la Grande
Dépression et du fascisme. Ils ont compris qu’ils faisaient
partie de quelque chose de plus grand ; qu’ils contribuaient
à une histoire de réussite que chaque américain avait une
chance de partager — la promesse américaine fondamentale
que si l’on travaille dur, l’on peut réussir suffisamment pour
élever une famille, posséder un domicile, envoyer ses
enfants à l’université, et épargner un peu pour la retraite.

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La question déterminante de notre temps est comment
perpétuer cette promesse. Aucun défi n’est plus urgent.
Aucun débat n’est plus important. Nous pouvons soit nous
contenter d’un pays où un nombre de plus en plus faible de
gens s’en tire à bon compte, pendant qu’une part croissante
des Américains s’en sort difficilement. Ou bien nous
pouvons rétablir une économie où tout le monde a une
chance, où tout le monde fait son dû, et tout le monde joue
selon les mêmes règles.
L’enjeu n’est pas les idées des démocrates ou celles des
républicains, mais les idéaux américains. Et nous devons les
récupérer. N’oublions pas comment nous en sommes arrivés
là. Bien avant la crise actuelle, des emplois et du travail
sont partis à l’étranger. Le progrès technologique a rendu
les entreprises plus efficaces, mais a également rendu
quelques travaux dépassés. Les gens en haut de l’échelle
sociale ont vu leurs revenus augmenter comme jamais
auparavant, mais la plupart des travailleurs américains ont
dû se débattre avec des dépenses croissantes, alors que leurs
salaires restaient stagnants, et des dettes personnelles qui
continuaient à s’empiler.
En 2008, le château de cartes s’est effondré. Nous nous
sommes aperçus que des hypothèques avaient été vendues à
des gens qui ne pouvaient pas se les permettre, ni même les
comprendre. Des banques ont fait des paris énormes, et des
primes, avec l’argent des autres. Les autorités ont soit fermé
les yeux, soit n’avaient pas le pouvoir d’arrêter ces mauvais
comportements. C’était mauvais, c’était irresponsable. Et ça

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a plongé notre économie dans une crise qui a mis des
millions au chômage, nous a criblé de dettes, et a laissé des
innocents travailleurs américains avec la facture. Durant les
six mois qui ont précédé mon arrivée au poste, nous avons
perdu presque 4 millions d’emplois, puis nous avons perdu
un autre 4 millions avant que nos règles rentrent en vigueur.
Voilà les faits. Mais voici aussi ceux-ci : au cours des 22
derniers mois, les entreprises ont créé plus de 3 millions
d’emplois.
L’année dernière a créé le plus d’emplois depuis 2005.
Les fabricants américains rembauchent, créant de l’emploi
pour la première fois depuis la fin des années 1990.
Ensemble, nous avons convenu de réduire le déficit par plus
de 2 000 milliards de dollars. Et nous avons mis en place de
nouvelles règles pour forcer la Finance à faire face à ses
responsabilités, afin qu’une crise comme celle-ci ne se
reproduise plus.
Les États-Unis sont de plus en plus forts ; nous avons
trop progressé pour revenir en arrière. Tant que je serai
président, je travaillerai avec tous dans cet hémicycle pour
capitaliser sur cet élan. Mais j’ai bien l’intention de
combattre l’obstruction par l’action, et je m’opposerai à tout
effort de revenir aux mêmes règles que celles qui ont amené
cette crise économique en premier lieu.
Non, nous ne reviendrons pas à une économie affaiblie
par l’externalisation, les mauvaises créances, et des
bénéfices financiers bidons. Ce soir, je veux parler de
comment aller de l’avant, et mettre au point un plan
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directeur pour une économie faite pour durer — une
économie bâtie sur l’industrie américaine, sur de l’énergie
américaine, les compétences des travailleurs américains, et
un renouveau des valeurs américaines.
Ce plan d’action commence par l’industrie en Amérique.
Lorsque j’ai pris mon poste, notre industrie automobile était
sur le point de s’effondrer. Certains dirent même que nous
devrions la laisser périr. Avec un million d’emplois en jeu,
j’ai refusé de le laisser se produire. Contre de l’assistance,
nous avons exigé de la responsabilité. Nous avons mis les
travailleurs et leurs employeurs à régler leur différences.
Nous avons aidé l’industrie à se rééquiper et se restructurer.
Aujourd’hui, General Motors a repris sa position de premier
constructeur mondial d’autos.
La croissance de Chrysler est la plus rapide dans les É.-
U. que toute autre fabricant majeur de voitures. Ford est en
train d’investir des milliards dans des usines américaines.
Tout compris, cette industrie a ajouté presque 160 000
emplois. Nous avons misé sur les travailleurs américains,
nous avons misé sur l’ingéniosité américaine. Et ce soir,
l’industrie automobile américaine est de retour.
Ce qui se passe à Detroit peut se produire pour d’autres
industries. Cela peut arriver à Cleveland et Pittsburgh et
Raleigh. Nous ne pouvons pas faire revenir tous les emplois
qui sont partis à l’étranger, mais aujourd’hui, il devient plus
onéreux de faire des affaires dans des endroits comme la
Chine. Pendant ce temps, l’Amérique est plus productive. Il
y a quelques semaines, le PDG de la société de cadenas

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Master Lock m’a dit qu’il est désormais viable de rapatrier
des emplois. Aujourd’hui, pour la première fois en 15 ans,
l’usine syndiquée de Master Lock à Milwaukeefonctionne à
plein rendement.
Nous avons une occasion extraordinaire, à l’heure
actuelle, de faire revenir les emplois de manufacture. Mais
nous devons la saisir. Ce soir, mon message aux chefs
d’entreprises est simple : demandez-vous ce que vous
pouvez faire pour ramener les emplois au pays, et le pays
fera tout son possible pour vous aider à réussir.
Nous devrions commencer par notre code des impôts : en
ce moment, les entreprises bénéficient d’allégements
fiscaux lorsqu’elles délocalisent les emplois et les profits à
l’étranger, alors que les entreprises qui choisissent de rester
en Amérique sont frappées par l’un des taux d’imposition
les plus élevés du monde. Ça n’a aucun sens, et tout le
monde le sait. Alors changeons cela.
Premièrement, si vous êtes une entreprise qui veut
externaliser des emplois, vous ne devriez pas en obtenir une
déduction d’impôt. Cet argent devrait servir à couvrir les
frais de déménagement pour des sociétés comme Master
Lock qui décident de rapatrier des emplois.
Deuxio, aucune compagnie américaine ne devrait
bénéficier d’éviter de payer sa juste part d’impôts en
déplaçant emplois et profits outre-mer. Désormais, chaque
multinationale devra payer un impôt minimum de base. Et
chaque sou devrait servir à baisser les impôts des

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entreprises qui choisissent de rester ici et embaucher ici en
Amérique.
Tertio, si vous êtes un fabricant américain, vous devriez
obtenir une plus grande réduction d’impôt. Si vous êtes un
fabricant en hautes technologies, nous devrions doubler la
déduction fiscale que vous obtenez pour fabriquer vos
produits ici. Et si vous voulez vous relocaliser dans une
région qui a été durement frappée lorsqu’une usine y a
fermé ses portes, vous devriez pouvoir obtenir de
l’assistance à financer une nouvelle usine, de l’équipement,
ou de la formation de nouveaux travailleurs.
Ainsi, mon message est simple. Il est temps de cesser de
récompenser les entreprises qui expédient des emplois à
l’étranger, et de commencer à récompenser les entreprises
qui créent de l’emploi ici en Amérique. Apportez-moi ces
réformes fiscales, et je les signerai immédiatement.
Nous sommes également en train de rendre plus facile
aux entreprises américaines de vendre leurs produits partout
dans le monde. Il y a deux ans, j’ai fixé pour objectif de
doubler les exportations américaines sur cinq ans. Avec les
accords commerciaux bipartisans que nous avons
promulgué, nous sommes sur la bonne voie pour atteindre
cet objectif en avance. Et bientôt, il y aura des millions de
nouveaux consommateurs de produits américains au
Panama, en Colombie, et en Corée du Sud. Bientôt, il y aura
des nouvelles voitures dans les rues de Séoul, importées de
Detroit, de Toledo et de Chicago.

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J’irai n’importe où dans le monde pour ouvrir des
nouveaux marchés pour les produits américains. Et je ne
resterai pas les bras croisés si nos concurrents ne respectent
pas les règles du jeu. Nous avons intenté presque deux fois
plus de procès de commerce contre la Chine que le
gouvernement précédent – et cela se connait. Plus d’un
millier d’Américains ont du travail aujourd’hui parce que
nous avons stoppé une flambée d’importations de pneus
chinois. Mais nous devons agir davantage. Ce n’est pas
juste qu’un pays laisse copier nos films, nos disques et nos
logiciels. Ce n’est pas juste que des fabricants étrangers
aient un avantage sur nous uniquement parce qu’ils sont
fortement subventionnés.
Ce soir, j’annonce la création d’une entité chargée
d’enquêter sur les contentieux commerciaux, notamment
avec des pays comme la Chine. Nous mettrons en place des
dispositifs supplémentaires d’inspections pour empêcher la
contrefaçon et les marchandises dangereuses de franchir nos
frontières. Et ce congrès devrait s’assurer qu’aucune
entreprise étrangère a un avantage sur une fabrique
américaine lorsqu’il s’agit d’accéder à du financement ou
de nouveaux marchés comme la Russie. Nos travailleurs
sont les plus productifs du monde, et si le champ est aplani,
je vous l’assure, l’Amérique gagnera toujours.
J’entends également de nombreux chefs d’entreprise qui
souhaitent embaucher aux États-Unis mais n’arrivent pas à
trouver une main d’œuvre à compétences voulues. Des
industries en science et en technologie en pleine croissance

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ont le double de postes à pourvoir que nous avons de
travailleurs qualifiés. Pensez-y : tous ces postes vacants
alors que des millions d’Américains recherchent du travail.
C’est inexcusable. Et nous savons comment régler ce
problème.
Jackie Bray est une maman célibataire de la Caroline du
Nord qui a été licenciée de son emploi de mécanicienne.
Puis Siemens a ouvert à Charlotte une usine de turbines à
gaz et formé un partenariat avec le collège communautaire
Piedmont Central. La compagnie a aidé ce collège à la mise
en place de cours de formation en laser et en robotique. Ils
ont pris en charge les frais de scolarité de Jackie, puis l’ont
embauchée à aider à faire fonctionner leur usine.
Je veux que tout Américain qui cherche de travail ait les
mêmes chances que Jackie. Joignez-vous à moi pour un
engagement national à former 2 millions d’américains avec
des compétences qui conduiront directement à un emploi.
Mon administration a déjà recensé plusieurs entreprises qui
veulent participer. Des partenariats modèles entre des
entreprises comme Siemens et collèges communautaires
dans des localités comme Charlotte et Orlando et Louisville
sont opérationnels. Vous devez maintenant donner à plus de
collèges communautaires les ressources dont ils ont besoin
pour devenir des centres communautaires de la profession
— des lieux qui enseignent aux gens les compétences que
recherchent les entreprises aujourd’hui, de la gestion des
données à la fabrication de technologie de pointe.

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Et je tiens à couper à travers le labyrinthe de confusion
des programmes de formation, afin que dès lors, des gens
comme Jackie aient un seul programme, un seul site web, et
un seul endroit où aller pour toutes les informations et
l’aide dont ils ont besoin. Il est temps de transformer notre
système de chômage en un système de réemploi qui met les
gens au travail.
Ces réformes aideront les gens à obtenir les emplois qui
sont ouverts aujourd’hui. Mais pour se préparer pour les
emplois de demain, notre engagement pour la compétence
et de l’éducation doit démarrer plus tôt. Pour moins de 1%
de ce que notre nation dépense chaque année sur
l’éducation, nous avons convaincu presque tous les états du
pays d’élever leurs normes pour l’enseignement et
l’apprentissage — la première fois en une génération. Mais
des défis demeurent. Et nous savons comment les résoudre.
À un moment où d’autres pays doublent la mise sur
l’éducation, des budgets serrés ont forcé nos états à
licencier des milliers d’enseignants. Nous savons qu’un bon
enseignant peut augmenter le revenu à vie d’une salle de
classe de plus de 250 000 $. Un bon professeur offre une
échappatoire de la pauvreté à l’enfant qui rêve d’une
meilleure condition. Nous pouvons tous ici indiquer un
enseignant qui a influencé la trajectoire de notre vie. La
plupart des enseignants travaillent sans relâche, pour une
rémunération modeste, puisant parfois dans leur propre
poches pour l’achat de fournitures scolaires, ce qui fait la
différence. Les enseignants sont importants. Au lieu de les

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dénigrer, ou de défendre le statu quo, offrons un accord aux
écoles : donnons-leur les ressources pour garder les bons
enseignants à leurs postes et pour récompenser les meilleurs
d’entre eux. En échange, accorder de la flexibilité aux
écoles : enseigner avec créativité et passion ; cesser
d’enseigner en vue de l’examen ; remplacer les enseignants
qui n’aident pas les enfants à apprendre. C’est une bonne
affaire qui en vaut la peine.
Nous savons aussi que lorsque les élèves n’ont pas la
liberté d’abandonner leur scolarité, ils sont plus nombreux à
gravir le podium du diplôme. Quand les élèves ne sont pas
autorisés à abandonner, ils s’en sortent mieux plus tard.
J’appelle donc ce soir tous les états à exiger que tous les
élèves restent au lycée jusqu’à ce qu’ils obtiennent leur
diplôme ou jusqu’à 18 ans.
Lorsque les jeunes obtiennent leur diplôme, le plus grand
défi peut être le coût des études supérieures. Alors que les
Américains sont maintenant plus endettés pour les frais de
scolarité que pour leur carte de crédit, ce congrès a besoin
d’arrêter les taux d’intérêt sur le prêt aux études de doubler
en juillet. Rallongez le crédit d’impôt sur frais de scolarité
que nous avons commencé et qui permet à des millions de
familles de classe moyenne d’économiser des milliers de
dollars, et donnez aux plus jeunes la chance de gagner les
frais de scolarité universitaire en doublant le nombre
d’études coopératives au cours des cinq prochaines années.
Bien entendu, il n’est pas suffisant d’augmenter
l’assistance aux étudiants. Nous ne pouvons simplement pas

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continuer à subventionner la flambée du coût des études :
nous allons tomber à court d’argent. Les états doivent aussi
faire leur part, en plaçant les études supérieures plus haut
dans les priorités budgétaires. Les établissements d’études
supérieures ont un rôle à jouer pour réduire les frais.
Récemment, j’ai communiqué avec un groupe de présidents
universitaires qui ont fait exactement cela. Certaines écoles
revoient leurs cours pour aider les élèves à terminer plus
rapidement. Certains s’équipent de technologies meilleures.
Le point est que c’est possible. Je me permets donc
d’avertir les collèges et universités : si vous ne pouvez
empêcher les frais de scolarité de grimper, le financement
que vous obtenez des contribuables diminuera. Les études
supérieures ne doivent pas être un luxe. C’est un impératif
économique que chaque famille en Amérique devrait
pouvoir se permettre.
Rappelons également que des centaines de milliers
d’étudiants besogneux et talentueux, ont un autre défi : le
fait qu’ils ne sont pas encore des citoyens américains.
Beaucoup sont venus ici alors qu’il étaient petits, sont
véritablement américains, et pourtant ils vivent chaque jour
sous la menace d’expulsion du pays. D’autres sont arrivés
plus récemment, pour étudier les affaires et les sciences et
le génie, et dès qu’ils reçoivent leur diplôme, nous les
renvoyons chez eux pour inventer des nouveaux produits et
créer de l’emploi ailleurs. Ça ne va pas.
Je crois aussi fortement que jamais que nous devrions
nous attaquer à l’immigration clandestine. C’est pourquoi

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mon administration a renforcé la frontière plus que jamais
auparavant, et le nombre d’entrées non autorisées a chuté
depuis que j’ai pris mon poste. Les râleurs n’ont plus
d’excuses. Nous devrions réformer nos lois de
l’immigration, dès maintenant. Mais si cette année
électorale distrait ce Congrès de développer un plan
intelligent, mettons-nous au moins d’accord de cesser
d’expulser les jeunes qui veulent travailler dans nos
laboratoires, démarrer de nouvelles entreprises et défendre
notre pays. Envoyez-moi une loi qui leur donne une chance
de mériter la citoyenneté, je la signerai tout de suite.
Voyez-vous, pour une économie durable, il faut
encourager le talent et l’ingéniosité de tout un chacun. Ce
qui veut dire que les femmes devraient gagner salaire égal
pour travail égal. Ce qui veut dire que nous devons apporter
notre soutient à tous ceux qui veulent travailler, à ceux qui
prennent des risques, et à tout entrepreneur qui aspire à
devenir le prochain Steve Jobs.
Après tout, l’innovation est ce que l’Amérique a toujours
été. La plupart des nouveaux emplois sont créés dans des
entreprises « Startup » et dans des petites entreprises.
Adoptons donc un ordre du jour qui les aide à réussir.
Démontons les règlementations qui empêchent
l’entrepreneur débutant d’obtenir du financement pour
croître. Élargissons l’allégement fiscal aux petites
entreprises qui offrent de l’augmentation sur salaire et qui
créent de bons emplois. Les deux partis sont d’accord à ce

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sujet. Faites donc en un projet de loi et déposez-le sur mon
bureau cette année.
L’innovation exige également de la recherche minimale.
En ce moment, les découvertes qui se produisent dans nos
universités et laboratoires financés par le gouvernement
fédéral pourraient mener à de nouveaux traitements qui
tuent les cellules cancéreuses, sans effets secondaires
toxiques ; à des nouveaux gilets pare-balle légers pour les
policiers et soldats, qui ne laissent rien passer. N’ignorez
pas ces investissements dans notre budget. Ne laissons pas
les autres pays nous dépasser. Nous devons soutenir le
même type de recherche et d’innovation qui ont apporté la
puce numérique et Internet, aux nouveaux emplois et aux
nouvelles industries américaines.
Nulle part ailleurs se trouve une promesse d’innovation
plus grande que dans la fabrication américaine d’énergie.
Au cours des trois dernières années, nous avons ouvert des
centaines de milliers d’hectares à l’exploration pétrolière et
de gaz naturel et j’ordonne ce soir à mon administration
d’ouvrir l’accès à plus de 75% de nos ressources
potentielles de pétrole et de gaz au large des côtes. La
production américaine de pétrole est plus élevée qu’elle ne
l’a été en huit ans. Oui, huit ans. Et ce n’est pas tout : l’an
dernier, nous avons moins dépendu du pétrole étranger que
pendant les 16 dernières années.
Mais avec seulement 2% des réserves mondiales de
pétrole, le pétrole ne suffit pas. Notre pays a besoin d’une
stratégie qui développe toute source disponible d’énergie

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américaine. Une stratégie qui pollue moins, qui coûte
moins, et pleine de nouveaux emplois.
Nous avons un approvisionnement de gaz naturel qui
peut nous durer près de 100 ans. Et mon administration
prendra chaque mesure possible pour développer en toute
sécurité cette énergie. Des experts estiment que cela
procurera plus de 600 000 emplois à la fin de la décennie.
Et j’exige que toutes les entreprises qui forent pour du gaz
sur les terres publiques divulguent les produits chimiques
qu’elles utilisent. Notre Amérique développera cette
ressource sans risquer la santé et la sécurité de nos
concitoyens.
L’exploitation du gaz naturel va créer de l’emploi et
alimenter des camions et des usines moins polluante et
moins chères, prouvant que nous n’avons pas à choisir entre
l’environnement et notre économie. D’ailleurs, ce sont les
fonds publics, pendant des années 30, qui ont financé la
recherche de développement des méthodes pour extraire du
schiste tout ce gaz naturel, nous rappelant que le soutien du
gouvernement est crucial pour aider les entreprises à faire
décoller les nouvelles idées pour l’énergie.
Mais ce qui est correct pour le gaz naturel l’est tout aussi
pour les énergies propres. En trois ans, notre collaboration
avec le secteur privé a déjà positionné l’Amérique à la
première place au monde des fabricants de batteries de
haute technologie. En raison des investissements fédéraux,
l’utilisation d’énergies renouvelables a presque doublé et
des milliers d’Américains ont obtenu un emploi.

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Quand Bryan Ritterby a été mis à pied de son emploi à
fabriquer des meubles, il dit il craignait qu’à 55 ans,
personne ne lui donnerait une seconde chance. Mais il a
trouvé du travail à Energetx, un fabricant d’éoliennes dans
le Michigan. Avant la récession, l’usine faisait uniquement
des yachts de luxe. Aujourd’hui, elle recrute des travailleurs
comme Bryan, qui dit : « Je suis fier de travailler dans
l’industrie du futur.»
Notre expérience avec le gaz de schiste, avec le gaz
naturel, nous montre que les rentrées sur ces
investissements publics ne sont pas toujours immédiates.
Certaines technologies n’aboutissent pas, certaines
entreprises échouent. Mais je n’abandonnerai pas la
promesse d’énergie propre. Je n’abandonnerai pas les
travailleurs comme Bryan. Je ne vais pas céder les
industries solaires, d’éoliennes, et celle des batteries
électriques à la Chine ou à l’Allemagne sous prétexte que
nous refusons de nous engager dans le même sens.
Cela fait un siècle que nous subventionnons les
compagnies pétrolières. Ça suffit. Il est temps d’en finir
avec les dons du contribuable à une industrie qui a rarement
été plus rentable, et de doubler la mise sur une industrie de
l’énergie propre qui n’a jamais été plus prometteuse.
Établissez des crédits d’impôt sur l’énergie propre et créez
ces emplois.
Nous pouvons aussi stimuler l’innovation énergétique
avec de nouvelles mesures incitatives. Les clivages dans ce
Congrès sont sans doute trop forts maintenant pour voter un

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plan complet pour lutter contre le réchauffement climatique,
mais il n’y a pas de raison que le Congrès ne fixe pas au
moins des critères en matière d’énergies vertes qui créent
un marché pour l’innovation. Jusqu’ici, vous n’avez pas agi.
Eh bien, ce soir, je le fais : je donne l’ordre à mon
administration de permettre le développement de l’énergie
propre sur suffisamment de terrains publics pour pourvoir à
3 millions de foyers. Et je suis fier d’annoncer que le
Ministère de la défense, le plus grand consommateur au
monde d’énergie, mise de façon historique sur l’énergie
propre, avec la Marine militaire qui place la commande
d’une capacité suffisante pour alimenter un quart d’un
million de foyers par an.
Bien entendu, la façon la plus facile d’économiser de
l’argent est de moins gaspiller de l’énergie. Voici donc une
proposition : aider les fabricants à éliminer le gaspillage
d’énergie dans leurs usines et inciter les entreprises à mettre
à niveau leurs bâtiments. Leurs factures d’énergie se
réduiront de 100 milliards de dollars au cours des dix
prochaines années, et la volonté d’Amérique connaitra
moins de pollution, plus d’industrie, et davantage d’emplois
dans le secteur du bâtiment, qui en a besoin. Envoyez-moi
un projet de loi qui crée ces emplois.
Bâtir ce nouvel avenir énergétique ne devrait être qu’une
partie d’un programme plus vaste pour réparer les
infrastructures de l’Amérique. Une grande partie de
l’Amérique doit être reconstruite. Nous avons des routes et
des ponts qui s’écroulent ; un réseau électrique qui gaspille

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trop d’énergie ; un réseau téléinformatique à haut débit
incomplet qui empêche un chef de petite entreprise en
Amérique rurale de vendre ses produits partout dans le
monde.
Durant la grande dépression, l’Amérique a construit le
barrage Hoover et le pont suspendu Golden Gate. Après la
seconde guerre mondiale, nous avons connecté nos états
avec un système d’autoroutes. Les gouvernements
démocrates et républicains ont investi dans des grands
projets qui ont servi à tout le monde, des travailleurs qui les
ont construit, aux entreprises qui les utilisent à ce jour.
Dans les prochaines semaines, je signerai un décret
exécutif éliminant la paperasse qui ralentit trop la
construction de projets. Mais vous devez financer ces
projets. Prenez l’argent que nous ne dépensons plus pour la
guerre, utilisez-en la moitié pour payer notre dette, et le
reste pour construire le pays chez nous.
Il n’y a jamais eu de meilleur moment pour construire,
surtout depuis que le secteur du bâtiment fut parmi les plus
durement touchés lorsque la bulle immobilière éclata. Bien
entendu, les travailleurs du bâtiment n’étaient pas les seuls
atteints. L’étaient aussi des millions d’Américains innocents
qui ont vu la valeur de leurs maisons décliner. Et si le
gouvernement ne peut résoudre seul le problème, les
propriétaires responsables ne devraient pas avoir à patienter
dans l’attente de ce que le marché immobilier coule pour
obtenir du répit.

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C’est pourquoi j’envoie à ce congrès un projet qui donne
à tout propriétaire responsable la chance d’économiser
environ 3 000 $ par an sur l’hypothèque, par refinancement
à un taux bas historique. Fini la paperasse, fini les banques
qui se débinent. Un petit forfait au frais des plus grandes
institutions financières veillera à ce que ça n’ajoute pas au
déficit, et donnera à ces banques qui ont été secourues par
les contribuables, une chance de rembourser un déficit de
confiance.
N’oublions jamais : des millions d’Américains qui
travaillent dur et respectent les règles chaque jour méritent
un gouvernement et un système financier qui en font
autant ; il est temps d’appliquer les mêmes règles en haut et
en bas. Aucun plan de sauvetage, plus de cadeaux, et pas
d’excuses. Une Amérique faite pour durer insiste sur la
responsabilité de tout un chacun.
Nous avons tous payé le prix pour les prêteurs qui
vendent des hypothèques à ceux qui ne pouvaient pas se les
permettre, et pour les emprunteurs qui savaient qu’elles
étaient au dessus de leurs moyens. C’est pourquoi nous
avons besoin de réglementation intelligente pour empêcher
les comportements irresponsables. Des lois contre la fraude
financière, contre les décharges toxiques, ou contre des
appareils médicaux défectueux, ne détruisent pas la liberté
du marché, elles le font mieux fonctionner.
Il n’y a aucun doute que certains règlements sont
dépassés, inutiles ou trop onéreux. En fait, j’ai signé moins
de règlements durant les trois premières années de ma

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présidence que mon prédécesseur républicain dans la
sienne. J’ai ordonné à chaque agence publique fédérale
d’éliminer des règlements qui n’ont pas de sens. Nous
avons déjà annoncé plus de 500 réformes dont juste une
fraction d’entre elles économisera plus de 10 milliards de $
aux entreprises et aux citoyens au cours des cinq prochaines
années. Nous nous sommes débarrassés d’un règlement
vieux de 40 ans qui aurait pu forcer certains producteurs
laitiers à dépenser 10 000 $ par an pour prouver qu’ils sont
en mesure de contenir un déversement — parce que le lait
était d’une certaine façon classé comme le pétrole. Avec
une loi comme ça, j’imagine qu’on pouvait pleurer sur du
lait renversé.
À présent, j’ai confiance qu’un agriculteur peut contenir
un déversement de lait sans qu’un organisme fédéral
regarde par-dessus son épaule. Absolument. Mais je ne me
retirerai pas de vouloir m’assurer qu’une compagnie
pétrolière peut contenir le genre de déversement de pétrole
que nous avons vu dans le golfe, il y a deux ans. Je ne me
retirerai pas de vouloir protéger nos enfants de
l’intoxication au mercure, ou de m’assurer que nos aliments
sont sans risque et que notre eau est saine. Je ne reviendrai
pas à l’époque où les compagnies d’assurance santé avaient
le pouvoir absolu d’annuler votre contrat, de refuser de
couvrir vos dépenses, ou de facturer les femmes
différemment des hommes.
Et je ne vais pas revenir aux jours où la Finance a été
autorisée à jouer par ses propres règles. Les nouvelles

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règles que nous avons instaurées restaurent ce qui devrait
être l’objet fondamental de tout système financier : apporter
du financement aux entrepreneurs aux meilleures idées, et
prêter aux familles responsables qui achètent une maison,
démarrent une entreprise, ou mettent leurs enfants à l’étude.
Donc, si vous êtes une grande banque ou institution
financière, il ne vous est plus permis de faire un pari risqué
avec les dépôts de vos clients. Vous êtes tenu d’écrire un
« testament de vie » qui détaille exactement comment vous
allez payer vos factures si vous échouez, parce que le reste
d’entre nous ne vous dépannerons plus. Et si vous êtes un
prêteur hypothécaire ou un prêteur à court terme, ou une
société de carte de crédit, les beaux jours où l’on faisait
signer les gens pour des formules qu’ils ne peuvent se
permettre, à l’aide de contrats compliqués et de pratiques
trompeuses — ces jours-là sont terminés. Aujourd’hui, les
consommateurs américains ont enfin un gardien : Richard
Cordray, dont la tâche est de veiller sur eux.
Nous allons aussi établir une unité d’enquêteurs
hautement qualifiés sur le crime financier pour sévir sur la
fraude de haut niveau et pour protéger les investissements
des gens. Certaines entreprises financières violent des lois
antifraude majeures puisqu’il n’y a aucune pénalité réelle
contre la récidive. C’est mauvais pour les consommateurs,
et c’est mauvais pour la grande majorité des banquiers et
professionnels du secteur financier qui se comportent
convenablement. Donc, adoptez une loi qui fait peser les
pénalités sur la fraude.

22
Et ce soir, je demande à mon procureur général de créer
une unité spéciale de procureurs fédéraux et de procureurs
généraux principaux des états, d’élargir nos enquêtes sur le
prêt abusif et l’emballage des hypothèques risquées, ce qui
a conduit à la crise du logement. Cette nouvelle unité
tiendra responsables ceux qui ont fait irruption de la Loi,
accélèrera l’assistance aux propriétaires, et aidera à tourner
la page sur une ère d’insouciance qui a blessé tant
d’Américains.
Maintenant, un retour aux valeurs américaines de fair-
play et de responsabilité partagée aidera à protéger notre
peuple et notre économie. Mais ça doit aussi nous guider
alors que nous nous occupons de notre remboursement de la
dette et de l’investissement dans notre avenir. En ce
moment, notre priorité la plus immédiate est l’arrêt de la
hausse des impôts pour les 160 millions de travailleurs
américains alors que la reprise est encore fragile. Personne
ne peut se permettre de perdre 40 $ sur chaque bulletin de
salaire cette année. Il y a beaucoup de façons d’acomplir
cela. Alors mettons nous d’accord ici même, dès
maintenant : pas de partisanerie, pas de dispute. Adoptez la
diminution de l’impôt sur salaire sans délai. Allons-y.
Lorsqu’il s’agit du déficit, nous avons déjà convenu à
plus de 2 mille milliards de dollars en diminutions et en
épargne. Mais nous devons faire plus, et cela signifie faire
des choix. À l’heure actuelle, nous sommes prêts à dépenser
près de 1 milliard de dollars de plus sur ce qui était censé
être une déduction fiscale temporaire pour les 2% plus

23
riches Américains. Aujourd’hui, grâce aux niches fiscales,
un quart des millionnaires paient leurs impôts à des taux
plus faibles que des millions de ménages de la classe
moyenne. En ce moment, Warren Buffett a un taux
d’imposition inférieur à celui de sa secrétaire.
Voulons-nous garder ces réductions d’impôts pour les
plus riches ? Ou bien, voulons-nous conserver nos
investissements dans tout le reste – comme l’éducation et la
recherche médicale ; une armée forte et les soins pour nos
anciens combattants ? Parce que si nous voulons
sérieusement rembourser notre dette, nous ne pouvons pas
faire les deux.
Le peuple américain sait quel est le bon choix. Et moi
aussi. Comme j’ai dit au président de la Chambre des
représentants cet été, je suis prêt à faire des réformes qui
freinent les coûts à long terme de Medicare et Medicaid, et
renforcent la Sécurité Sociale, tant que ces programmes
demeurent une garantie de sécurité pour les personnes
âgées.
Mais en échange, nous devons modifier notre code des
impôts de sorte que des gens comme moi ou comme
énormément d’élus du Congrès, s’acquittent de leur part au
FISC. La réforme fiscale doit suivre la règle Buffett : si
vous gagnez plus de 1 million de dollars par an, vous ne
devez pas payer moins de 30 % d’impôts. Et mon ami
républicain Tom Coburn a raison : Washington doit cesser
de subventionner les millionnaires. En fait, quelqu’un qui
gagne un million de dollars par an ne devrait pas bénéficier

24
de crédits d’impôts spéciaux ni de déductions fiscales
extraordinaires. De l’autre côté, si vous faites moins de
250 000 $, comme 98 % des familles, vos impôts ne devrait
pas augmenter ; vous êtes de ceux qui se battent avec la
hausse des coûts et les salaires stagnent ; vous êtes de ceux
qui en ont besoin.
Vous pouvez appeler ça “lutte des classes” si cela vous
plait, mais de demander à un milliardaire de payer au moins
autant que sa secrétaire ? Pour beaucoup d’Américains, cela
s’appelle du bon sens.
Nous n’éprouvons pas de rancune envers la réussite
financière dans ce pays, nous l’admirons. Lorsque les
Américains parlent de gens comme moi qui doivent payer
leur part équitable d’impôts, ce n’est pas parce qu’ils
envient les riches ; c’est parce qu’ils comprennent que
quand j’obtiens un allégement fiscal dont je n’ai pas besoin,
et que le pays ne peut se permettre, il ajoute soit au déficit,
ou quelqu’un d’autre doit combler la différence — tel
qu’une personne âgée au revenu fixe, ou un étudiant qui
s’escrime à poursuivre ses études, ou une famille qui essaie
de joindre les deux bouts. Ce n’est pas convenable. Les
Américains savent que ce n’est pas juste. Ils savent que le
succès de cette génération n’est possible que parce que les
générations passées ont ressenti une responsabilité les uns
envers les autres, ainsi que pour l’avenir de leur pays, et ils
savent que notre mode de vie durera seulement si nous
éprouvons ce même sentiment de responsabilité partagée.

25
Voilà comment nous allons réduire notre déficit. C’est une
Amérique construite pour durer.
Mais je reconnais que certains qui écoutent ce soir ont
des points de vue divergents sur les taxes et sur la dette,
l’énergie et les soins de santé. Mais de n’importe quel parti
politique qu’ils soient, je parie que la plupart des
Américains pensent la même chose en ce moment : rien ne
sera fait à Washington cette année ou l’année prochaine, ou
peut-être même l’année après cela, parce que Washington
est en panne. Peut leur reprocher de se sentir un peu
cyniques ?
Le plus grand coup à notre confiance en notre économie
l’année dernière n’est pas venu d’événements hors de notre
contrôle, il provient d’un débat à Washington si les États-
Unis doivent payer sa facture ou non. Qui a bénéficié de ce
fiasco ?
J’ai parlé ce soir du déficit de confiance entre le peuple et
la Finance. Mais le fossé entre cette ville-ci et le reste du
pays est au moins aussi profond, et il semble empirer
chaque année.
Cela a à voir en partie avec l’influence corrosive de
l’argent sur la politique. Donc ensemble, prenons des
mesures pour racommoder cela. Envoyez-moi un projet de
loi interdisant les transactions d’initiés par les membres du
Congrès, je le signerai demain. Règlementons tous les élus
sur la possession d’actions dans les industries sur lesquelles
ils ont une influence. Assurons-nous que ceux qui ficèlent
les dons de campagne électorale pour le Congrès ne peuvent
26
pas influencer le Congrès et vice versa — une idée qui a le
soutien bipartisan, tout au moins hors de Washington.
Une partie de ce qui est défectueux a trait à la façon dont
le Congrès fait son travail ces jours-ci. Une majorité simple
n’est plus suffisante pour obtenir quoi que ce soit, même les
affaires habituelles. Aucun des partis n’a été irréprochable
dans ces tactiques. Maintenant, les deux partis devraient y
mettre fin. Pour commencer, je demande au Sénat d’adopter
une règle simple comme quoi toute nomination du
judiciaire ou de la fonction publique soit soumise à un
simple vote dans les 90 jours qui la suivent.
Le pouvoir exécutif doit également changer. Trop
souvent, il est inefficace, désuet et distant. C’est pourquoi
j’ai demandé à ce congrès de m’accorder l’autorité de
consolider la bureaucratie fédérale, afin que notre
gouvernement soit plus mince, plus rapide et plus adapté
aux besoins du peuple américain.
Enfin, rien de tout cela n’arrivera si nous ne baissons
aussi la température dans cette ville-ci. Nous avons besoin
mettre fin à l’idée que les deux partis se doivent d’être
bloqués dans une campagne perpétuelle de destruction
mutuelle ; cette politique s’agrippe à des idéologies rigides,
au lieu d’à l’établissement d’un consensus autour des
bonnes idées.
Je suis un démocrate. Mais je crois ce que croyait le
républicain Abraham Lincoln : que le gouvernement devrait
faire pour le peuple seulement ce qu’ils ne peuvent pas faire
mieux par eux-mêmes, et pas plus. C’est pourquoi ma
27
réforme de l’éducation offre plus de concurrence et
davantage de contrôle aux écoles et aux états. C’est
pourquoi nous nous débarrassons de règlementations qui ne
fonctionnent pas. C’est pourquoi notre droit de la santé
s’appuie sur un marché privé réformé, et non pas sur un
programme gouvernemental.
En revanche, même mes amis républicains qui se
plaignent le plus au sujet des dépenses publiques ont
appuyé le financement par le gouvernement fédéral des
routes et des projets d’énergie propre et de bureaux
fédéraux de par le pays.
Le point est que nous devrions tous désirer un
gouvernement plus intelligent et plus efficace. Et, bien que
nous ne serons pas en mesure de combler nos plus grandes
différences philosophiques cette année, nous pouvons faire
de réels progrès. Avec ou sans ce Congrès, je continuerai de
prendre des mesures qui aident la croissance de l’économie.
Mais je peux accomplir beaucoup plus avec votre aide.
Parce que lorsque nous agissons ensemble, il n’y a rien que
les États-Unis ne peuvent pas faire.
C’est la leçon que nous avons appris de nos actions à
l’étranger au cours des dernières années. Mettre fin à la
guerre d’Irak nous a permis de frapper des coups décisifs
contre nos ennemis. Du Pakistan au Yémen, les agents
d’Al-Qaïda qui restent sont en déroute, sachant qu’ils ne
peuvent échapper à la portée des États-Unis d’Amérique.
De cette position de force, nous avons commencé à
ralentir la guerre en Afghanistan. Dix mille de nos soldats
28
sont rentrés. Un autre vingt trois mille rentrera à la fin de
l’été. Cette transition vers la gestion Afghane continuera, et
nous allons construire un partenariat durable avec
l’Afghanistan, afin qu’il soit plus jamais une source
d’attaques contre l’Amérique.
Au moment où le flux de la guerre se retire, une vague de
changement déferle sur le Moyen-Orient et l’Afrique du
Nord, de Tunis au Caire, de Sanaa à Tripoli. Il y a un an,
Kadhafi, un meurtrier avec le sang d’Américains sur les
mains, était l’un des plus anciens dictateurs de la planète.
Aujourd’hui, il n’est plus là. Et en Syrie, je n’ai aucun
doute que le régime d’Assad découvrira bientôt que la force
du changement est irrésistible et qu’on ne peut spolier les
gens de leur dignité.
Nous ne savons pas exactement comment s’achèvera
cette incroyable transformation. Mais nous avons un intéret
énorme dans sa résolution. Et s’il revient à ces peuples de
choisir leur destin, nous allons promouvoir ces valeurs qui
ont si bien servi notre propre pays. Nous nous dresserons
contre la violence et l’intimidation. Nous nous dresserons
pour les droits et la dignité de tous les êtres humains :
hommes et femmes, Chrétiens, Musulmans, et Juifs. Nous
soutiendrons les politiques qui favorisent l’émergence de
démocraties fortes et stables ainsi que des marchés ouverts,
car la tyrannie ne fait pas le poids face à la liberté.
Et nous préserverons la sécurité de l’Amérique contre
ceux qui menacent nos citoyens, nos amis et nos intérêts.
Regardez l’Iran. Grâce au pouvoir de notre diplomatie, un

29
monde qui était jadis divisé sur la façon de traiter avec le
programme nucléaire iranien, est maintenant uni. Ce régime
est plus isolé que jamais auparavant ; ses dirigeants croulent
sous les sanctions, et tant qu’ils fuiront leurs
responsabilités, la pression sera maintenue. Qu’il n’y ait
aucun doute : l’Amérique est déterminée à empêcher l’Iran
de se doter de l’arme nucléaire et je ne rejetterai aucune
option pour atteindre cet objectif. Mais une résolution
pacifique de cette question est encore possible et bien
meilleure, et si l’Iran change de trajectoire et remplit ses
obligations, ils peuvent rejoindre la communauté des
nations.
Le renouveau du leadership américain se ressent dans le
monde entier. Nos alliances plus anciennes en Europe et en
Asie sont plus fortes que jamais. Nos liens vers les
Amériques sont plus profonds. Notre engagement de fer —
j’ai bien dit “de fer” — envers la sécurité d’Israël a signifié
la plus proche coopération militaire de l’histoire entre nos
deux pays. Nous avons clairement indiqué que l’Amérique
est une puissance Pacifique, et un nouveau départ en
Birmanie a allumé un nouvel espoir. Depuis les coalitions
que nous avons construit pour sécuriser les matières
nucléaires, aux missions que nous avons conduites contre la
faim et de maladie ; des coups que nous avons asséné à nos
ennemis, à la puissance durable de notre exemple moral :
l’Amérique est de retour.
Quiconque vous dit le contraire, toute personne qui vous
indique que l’Amérique est en déclin ou que notre influence

30
a diminué, ne sait pas de quoi elle parle. Ce n’est pas le
message que nous obtenons des dirigeants du monde entier
qui sont impatients de travailler avec nous. Ce n’est pas
comment les gens le sentent de Tokyo à Berlin, du Cap à
Rio, où les opinions de l’Amérique sont plus élevées
qu’elles l’ont été au cours des années. Oui, le monde
change. Non, nous ne pouvons pas contrôler chaque
événement, mais l’Amérique reste la nation indispensable
dans les affaires mondiales, et tant que j’en suis le
président, j’ai l’intention de la maintenir de cette façon.
C’est pourquoi, en collaboration avec nos chefs
militaires, j’ai proposé une nouvelle stratégie de défense qui
assure que nous maintenons la meilleure force armée du
monde, tout en économisant près de la moitié de mille
milliards de dollars dans notre budget. Pour garder une
longueur d’avance sur nos adversaires, j’ai déjà envoyé au
Congrès une législation qui sécurisera notre pays du danger
croissant des cyber-menaces.
Par-dessus tout, notre liberté perdure en raison des
hommes et des femmes en uniforme qui la défend. Alors
qu’ils reviennent ici, nous devons les servir aussi bien qu’ils
nous ont servi. Cela inclut les soins et les avantages qu’ils
ont gagnés, ce qui est pourquoi nous avons augmenté le
budget annuel de l’Administration des Anciens combattants
chaque année de ma présidence. Et cela consiste aussi à
mobiliser nos anciens combattants dans le travail de
reconstruction de notre nation.

31
Avec le soutien bipartisan de ce Congrès, nous offrons de
nouveaux crédits d’impôts aux entreprises qui embauchent
des anciens combattants. Michelle et Jill Biden ont
collaboré avec des entreprises américaines pour sécuriser
une promesse de 135 000 emplois pour les anciens
combattants et leurs familles. Et ce soir, je propose un
Corps d’emploi des anciens combattants qui aidera nos
collectivités à embaucher des anciens combattants en tant
que policiers et pompiers, afin que l’Amérique soit aussi
forte que ceux qui la défendent.
Ce qui me ramène là où j’ai commencé. Ceux d’entre
nous qui ont été envoyés ici à servir peuvent apprendre une
chose ou deux du service de nos troupes. Lorsque vous
revêtez cet uniforme, peu importe si vous êtes noir ou
blanc, Asiatique, Latino, Amérindien ; conservateur,
libéral ; riche ou pauvre ; homo-, ou hétérosexuel. Lorsque
vous marchez en bataille, vous recherchez la personne à
côté de vous, ou la mission échoue. Lorsque vous êtes dans
le vif du combat, vous vous élevez ou vous baissez comme
une seule unité, servant une nation, ne laissant personne
derrière.
L’une des choses que je possède et dont je suis le plus
fier est le drapeau des forces spéciales du raid contre Ben
Laden. Sur ce drapeau, le nom de chacun des membres de
l’équipe. Certains sont peut être démocrates, d’autres
républicains. Mais cela n’a pas d’importance. Tout comme
peu importait ce jour-là dans la Salle de crise, alors que
j’étais assis à côté de Bob Gates, le ministre de la défense

32
sous George Bush, et Hillary Clinton, une femme qui a
concouru contre moi pour la présidence. Tout ce qui
importait ce jour-là était la mission. Personne ne pensait à la
politique. Aucun ne pensait à soi-même. Un des jeunes
hommes impliqués dans le raid m’a dit plus tard qu’il ne
mérite pas de reconnaissance pour la mission. Elle a réussi,
dit-il, seulement parce que chaque membre de cette équipe
a son boulot : le pilote qui atterrit l’hélicoptère qui ne
répondait plus à ses commandes ; l’interprète qui a gardé
l’entrée du complexe résidentiel ; les soldats qui ont éloigné
les femmes et les enfants du combat ; les SEAL qui ont pris
d’assaut l’escalier. Plus encore, la mission a seulement
réussi parce que chacun des membres de cette unité se
faisaient confiance, parce que vous ne pouvez prendre
d’assaut l’escalier, dans l’obscurité et le danger, que si vous
savez que vous avez quelqu’un qui protège vos arrières.
Il en est donc ainsi pour l’Amérique. À chaque fois que
je regarde ce drapeau, je me rappelle que notre destin est
cousu ensemble comme ces 50 étoiles et ces 13 bandes. Nul
ne construit ce pays de lui-même. Cette nation est grande,
parce que nous l’avons construite ensemble. Parce que nous
avons travaillé en équipe. Parce que nous nous protègeons
mutuellement le dos. Et si nous nous accrochons à cette
vérité, en ces temps d’épreuve, il n’y aura pas de défi trop
grand, pas de mission trop difficile. Tant que nous sommes
unis dans un but commun, aussi longtemps que nous
maintenons notre volonté commune, notre périple

33
s’achemine en avant, notre avenir est rempli d’espoir, et
l’état de notre Union sera toujours fort.
Je vous remercie, que Dieu vous bénisse et que Dieu
bénisse les États-Unis d’Amérique.

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Le ciel est par dessus le toit
VIGNERON
Pikinez
Cunegonde1
Steff
Guillaumelandry

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2. ↑ http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr
3. ↑ http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html
4. ↑ http://fr.wikisource.org/wiki/Aide:Signaler_une_erreur

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