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1.

S2- LES INTERMEDIAIRES FINANCIERS


Dans une économie moderne, à tout instant, certains agents économiques ont des besoins de
financement (entreprises, administration), car ils investissent ou dépensent des sommes
supérieures à leur épargne. D’autres agents au contraire ont une capacité de financement car
leur épargne est supérieure à leurs investissements (Ménages). Le rôle du système monétaire
et financier est d’assurer la comptabilité de ces besoins et de ces capacités de financement.

1.1. L’intermédiation financière


Selon Christian BIALES, il convient de distinguer intermédiation financière et intermédiation
bancaire. Certes, toutes deux sont des intermédiations de crédit et remplissent une fonction de
transformation de titres mais cette transformation de titres est de nature bien différente dans
l'un et l'autre cas.
L'intermédiation financière (stricto sensu) consiste en une transformation d'échéances de
titres: les intermédiaires financiers "purs" font du long avec du court. Leur rôle principal est
en effet de financer pour les entreprises des crédits à moyen et long termes au moyen de la
capacité de financement des agents non financiers excédentaires. Cette capacité de
financement peut être captée soit en offrant des titres longs en intervenant sur le marché
financier, et la transformation assurée est une transformation titres/titres qui porte sur la durée
des titres émis et acquis, soit des titres courts, et la transformation réalisée est une
transformation dépôts/titres : les dépôts d’épargne des ménages financent les crédits
demandés par les agents à besoin de financement. Ce sont alors "les dépôts qui font les
crédits". Dans les deux situations, il n'y a pas création de ressources de financement
nouvelles. Le financement est ici assuré, comme d'ailleurs tous ceux de la finance directe, sur
ressources d'épargne a priori.
L'intermédiation bancaire opère une transformation plus radicale puisqu'il s'agit d'une
transformation de nature des titres. La création monétaire consiste en effet, pour reprendre la
formule consacrée, en la "monétisation" de créances non monétaires. Ce sont "les crédits qui
font les dépôts" et il y a création de ressources nouvelles de financement ; la création
monétaire équivaut à une promesse de production future et correspond à une anticipation
d'épargne.
Ces définitions appellent plusieurs remarques.
1) Sur le plan institutionnel, on appelle banque toute institution financière détenant le pouvoir
de créer de la monnaie. Et qui peut le plus peut le moins : les banques peuvent réaliser de
l'intermédiation financière alors que les intermédiaires financiers "purs" n'ont pas le pouvoir
de création monétaire.
2) Sur le plan technique, il y a création de monnaie à chaque fois qu'augmente la masse
monétaire, c'est-à-dire le volume des moyens de paiement mis à la disposition des agents non
financiers, ou des agents de dépense comme les appellent Gurley et Shaw. Une banque crée
par conséquent de la monnaie lorsqu'elle octroie un crédit à partir d'une quantité de monnaie
centrale reçue d'une consœur à l'occasion d'un règlement interbancaire : les dépôts qui font les
crédits sont dans ce cas créateurs de monnaie. Et, par opposition, les crédits qui font les
dépôts sont créateurs de monnaie "ex nihilo".
3) Sur le plan de l'analyse monétaire, il ne faut pas confondre monnaie et crédit.
L’ensemble des situations qu’on vient de décrire peut se résumer dans le tableau ci-dessous.
Création de monnaie et octroi de crédit Crédit pur (avance, découvert), Escompte d'effet
Création de monnaie Sans octroi de crédit Opérations sur devises
Octroi de crédit sans création monétaire Intermédiation financière "pure"
Source : Ch. BIALES, l'intermédiation financière, www.christian-biales.net, 16/07/2013

1.2. Comptes (bilans financiers) comparés des ménages et des sociétés


Considérons une économie à deux agents (Ménages et sociétés) et à deux actifs (la monnaie et
d’autres). Les ménages ont une capacité de financement CF M et les sociétés ont un besoin de
financement BFS. A l’équilibre CFM = BFS.
1.2.1. Comptes financiers des ménages
Début de période To Fin de période To
Actif Passif Actif Passif
Encaisses : Emo Dettes : +DMo +EM’o +DM’o
+Actifs : AMo +AM’o
EMo+AMo-DMo EM’o + AM’o-DM’o

1.2.2. Comptes financiers des ménages et des sociétés (variation de patrimoine)


Ménages Sociétés
Variation d’Actif Variation du Passif Variation d’Actif Variation du Passif
EM’o- Emo= ∆EM DM’o– Dmo = ∆DM ES’o –Eso = ∆ES DS’o – Dso = ∆DS
+AM’o –Amo = ∆AM +AS’o-Aso = ∆AS
CFM = (∆EM+∆AM) BFS=∆DS-(∆ES+∆AS
- ∆DM

CFM = BFS → (∆EM+∆AM) - ∆DM = ∆DS -(∆ES+∆AS)

En raison de l’équilibre ex-post sur le marché de chaque actif, on a :


∆EM + ∆ES = 0, ∆AM + ∆AS- ∆DM - ∆DS = 0

1.3. Le rôle des institutions de crédit


Le rôle des intermédiaires financiers est de transformer certains actifs offerts par des agents
non financiers en d’autres actifs demandés par d’autres ANF. Ils facilitent alors l’ajustement
entre les besoins et les capacités de financement.
Supposons que les ménages du modèle 1 veulent accroître leur patrimoine financier en un
actif A1, alors que les sociétés à la recherche de fonds souhaitent vendre un actif A 2,
remboursable intérêts compris à long terme.
Dans le modèle 1, l’échange est impossible, A1 et A2 n’étant pas de même type. Mais
l’introduction d’un agent financier permettrait de résoudre ce problème : il achèterait l’actif
A2 grâce aux fonds qu’il emprunterait aux ménages en leur vendant l’actif A 1 désiré. On
aurait :
Actifs Ménages Sociétés Institutions de crédits (IC)
∆A ∆P
∆A ∆P ∆A ∆P

E ∆EM ∆ES
A +∆AM ∆DM +∆AS ∆DS
A1 +∆A1M ∆A1IC
2
A2 ∆A S +∆A2IC
CF ou BF CFM BFs BFIC = 0

Les équilibres s’écrivent :


∆EM + ∆ES = 0
∆AM + ∆AS =∆DM + ∆DS
∆A1M = ∆A1IC

∆A2S = ∆A2IC

Comme CFM = BFS, on a :


∆EM + ∆AM + ∆A1M - ∆DM = ∆DS + ∆A2S - ∆ES - ∆AS

∆A1M = ∆A2S

Le rôle des institutions de crédit est donc de diversifier la structure du patrimoine financier
des agents en adaptant l’offre aux actifs désirés.
Exemple : le système bancaire est un intermédiaire financier. Il fournit aux agents demandeurs
(BF) l’actif le plus liquide (la monnaie) en collectant cet actif du public (CF).
Si les ménages et les sociétés reçoivent des crédits à court terme des banques, respectivement
pour ∆CM et ∆CS, ils augmentent leur actif d’encaisses du même montant :
∆EM = ∆CM

∆ES = ∆CS

Leur besoin ou capacité de financement n’est pas affecté par la création monétaire, pas plus
que le solde du compte financier des banques.
∆A Ménage ∆P
∆EM ∆CM
0

∆A Sociétés ∆P
∆ES ∆CS
0

∆A Banques ∆P
∆CM + ∆CS ∆EM + ∆ES
0

1.4. Principaux intermédiaires financiers


1.4.1. Les institutions de crédit
Il s’agit du système bancaire + les autres institutions de crédit. Le système bancaire regroupe
par définition les agents qui émettent de la monnaie (BC et bc). Par convention, le trésor
public est exclu du SB. Comme autres institutions de crédit, on cite la caisse de dépôt et
consignation, le Crédit Foncier de France, le Crédit National.
1.4.2. Les intermédiaires en opération de banques
Ce sont des agents financiers dont l’activité consiste à mettre en rapport deux parties
intéressées par la conclusion d’une opération de banque. Il s’agit des établissements de
gestion de portefeuilles : ils gèrent les portefeuilles de valeurs mobilières pour leur clientèle,
des agents des marchés interbancaires : les courtiers des marchés monétaires et des
compagnies financières : elles cherchent à prendre des participations et à contrôler plusieurs
établissements de crédits.
2. CONCLUSION
Les agents financiers qui ne peuvent ouvrir de compte de dépôts au public n’ont pas le
pouvoir de création monétaire. Ce sont les intermédiaires financiers non Bancaires (IFNB).
Inversement, ceux qui peuvent ouvrir des comptes de dépôts à vue sont des intermédiaires
Financiers Bancaires (IFB).
L’action des IFB et des IFNB tend à faire baisser le taux d’intérêt sur le marché monétaire ; ce
qui stimule les investissements et accroît le volume des fonds préalables. Il convient de
contrôler les activités des IFB et des IFNB car elles peuvent mettre en péril la politique
monétaire de la BC (surtout la politique de réescompte en incitant les bc à une expansion de
crédit). Mais les IFB et les IFNB sont d’une importance capitale dans les PVD pour la collecte
de l’épargne thésaurisée.

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