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L1 Droit
Droit privé - TD N°3
Dissertation juridique
Droit et religion
" Cour de cassation, Assemblée
plénière, 25 juin 2014, 13-28.369,
Publié au bulletin ", Cet arrêt de
rejet rendu par la Cour de cassation
opposait Fatima Afif et la crèche Baby
Loup. Dans cette affaire, Fatima
Afif, employée au sein de la crèche Baby
Loup s'est faite licenciée pour
avoir décidé de porter un foulard
islamique alors même que cela était
interdit par le règlement intérieur de
l'établissement. L'établissement
question considérait le port de signes
religieux comme contraire au
principe de la laïcité en France. Le 25
juin 2014, la Cour de cassation
rejette le pourvoi formé par Fatima
Afif. Pour statuer, la Cour de
cassation s'est alors basée sur une
règle de droit sanctionnant ce
comportement religieux. Gérard Cornu
définit le Droit dans le "
Vocabulaire Juridique ", comme "
l'ensemble des règles de conduite
socialement édictées et sanctionnées,
qui s'imposent aux membres de
la société ". Quant à la religion, c'est
un " ensemble déterminé de
croyances et de dogmes définissant le
rapport de l'homme avec le sacré
" d'après le dictionnaire Larousse. Ce
sont deux notions en principes
distinctes, mais qui, comme on le voit
dans l'affaire Fatima Afif c/ crèche
Baby Loup, se rejoignent en un certain
sens.
En effet, depuis une loi du 9 décembre
1905, la France est un pays
laïque. C'est à dire qu'elle est
indépendante de toute religion. Par
exemple, les signes religieux sont
généralement interdits dans les
écoles publiques. Il est donc intéressant
de comprendre pourquoi dans
cette affaire du 25 juin 2014, la Cour de
cassation sanctionne un fait qui
découle de la religion. La règle de Droit
et la règle de religion sont deux
notions qui s'abordent ensemble au
sein de tous les manuels de Droit
civil. Il en découle alors que ces
deux notions, même si elles doivent
être totalement indépendantes l'une de
l'autre depuis 1905, présentent
tout de même des traits communs, une
corrélation.
Le Droit et la religion ne relèvent
pas seulement du domaine
juridique. Ces deux notions peuvent
aussi découler, par exemple, de la
philosophie. De plus, ce sont deux
notions anciennes. On pense alors
au mariage qui était d'abord régit par la
religion. On peut aussi penser
au droit à l'avortement en France en
1975. Mais la place de la religion
" Cour de cassation, Assemblée plénière,
25 juin 2014, 13-28.369,
Publié au bulletin ", Cet arrêt de
rejet rendu par la Cour de cassation
opposait Fatima Afif et la crèche Baby
Loup. Dans cette affaire, Fatima
Afif, employée au sein de la crèche Baby
Loup s'est faite licenciée pour
avoir décidé de porter un foulard
islamique alors même que cela était
interdit par le règlement intérieur de
l'établissement. L'établissement
question considérait le port de signes
religieux comme contraire au
principe de la laïcité en France. Le 25
juin 2014, la Cour de cassation
rejette le pourvoi formé par Fatima
Afif. Pour statuer, la Cour de
cassation s'est alors basée sur une
règle de droit sanctionnant ce
comportement religieux. Gérard Cornu
définit le Droit dans le "
Vocabulaire Juridique ", comme "
l'ensemble des règles de conduite
socialement édictées et sanctionnées,
qui s'imposent aux membres de
la société ". Quant à la religion, c'est
un " ensemble déterminé de
croyances et de dogmes définissant le
rapport de l'homme avec le sacré
" d'après le dictionnaire Larousse. Ce
sont deux notions en principes
distinctes, mais qui, comme on le voit
dans l'affaire Fatima Afif c/ crèche
L1 Droit
Droit privé - TD N°3
Dissertation juridique
Droit et religion
" Cour de cassation, Assemblée
plénière, 25 juin 2014, 13-28.369,
Publié au bulletin ", Cet arrêt de
rejet rendu par la Cour de cassation
opposait Fatima Afif et la crèche Baby
Loup. Dans cette affaire, Fatima
Afif, employée au sein de la crèche Baby
Loup s'est faite licenciée pour
avoir décidé de porter un foulard
islamique alors même que cela était
interdit par le règlement intérieur de
l'établissement. L'établissement
question considérait le port de signes
religieux comme contraire au
principe de la laïcité en France. Le 25
juin 2014, la Cour de cassation
rejette le pourvoi formé par Fatima
Afif. Pour statuer, la Cour de
cassation s'est alors basée sur une
règle de droit sanctionnant ce
comportement religieux. Gérard Cornu
définit le Droit dans le "
Vocabulaire Juridique ", comme "
l'ensemble des règles de conduite
socialement édictées et sanctionnées,
qui s'imposent aux membres de
la société ". Quant à la religion, c'est
un " ensemble déterminé de
croyances et de dogmes définissant le
rapport de l'homme avec le sacré
" d'après le dictionnaire Larousse. Ce
sont deux notions en principes
distinctes, mais qui, comme on le voit
dans l'affaire Fatima Afif c/ crèche
Baby Loup, se rejoignent en un certain
sens.
En effet, depuis une loi du 9 décembre
1905, la France est un pays
laïque. C'est à dire qu'elle est
indépendante de toute religion. Par
exemple, les signes religieux sont
généralement interdits dans les
écoles publiques. Il est donc intéressant
de comprendre pourquoi dans
cette affaire du 25 juin 2014, la Cour de
cassation sanctionne un fait qui
découle de la religion. La règle de Droit
et la règle de religion sont deux
notions qui s'abordent ensemble au
sein de tous les manuels de Droit
civil. Il en découle alors que ces
deux notions, même si elles doivent
être totalement indépendantes l'une de
l'autre depuis 1905, présentent
tout de même des traits communs, une
corrélation.
Le Droit et la religion ne relèvent
pas seulement du domaine
juridique. Ces deux notions peuvent
aussi découler, par exemple, de la
philosophie. De plus, ce sont deux
notions anciennes. On pense alors
au mariage qui était d'abord régit par la
religion. On peut aussi penser
au droit à l'avortement en France en
1975. Mais la place de la religion
L1 Droit
Droit privé - TD N°3
Dissertation juridique
Droit et religion
" Cour de cassation, Assemblée plénière, 25 juin 2014, 13-28.369,
Publié au bulletin ", Cet arrêt de rejet rendu par la Cour de cassation
opposait Fatima Afif et la crèche Baby Loup. Dans cette affaire, Fatima
Afif, employée au sein de la crèche Baby Loup s'est faite licenciée pour
avoir décidé de porter un foulard islamique alors même que cela était
interdit par le règlement intérieur de l'établissement. L'établissement
question considérait le port de signes religieux comme contraire au
principe de la laïcité en France. Le 25 juin 2014, la Cour de cassation
rejette le pourvoi formé par Fatima Afif. Pour statuer, la Cour de
cassation s'est alors basée sur une règle de droit sanctionnant ce
comportement religieux. Gérard Cornu définit le Droit dans le "
Vocabulaire Juridique ", comme " l'ensemble des règles de conduite
socialement édictées et sanctionnées, qui s'imposent aux membres de
la société ". Quant à la religion, c'est un " ensemble déterminé de
croyances et de dogmes définissant le rapport de l'homme avec le sacré
" d'après le dictionnaire Larousse. Ce sont deux notions en principes
distinctes, mais qui, comme on le voit dans l'affaire Fatima Afif c/ crèche
Baby Loup, se rejoignent en un certain sens.
En effet, depuis une loi du 9 décembre 1905, la France est un pays
laïque. C'est à dire qu'elle est indépendante de toute religion. Par
exemple, les signes religieux sont généralement interdits dans les
écoles publiques. Il est donc intéressant de comprendre pourquoi dans
cette affaire du 25 juin 2014, la Cour de cassation sanctionne un fait qui
découle de la religion. La règle de Droit et la règle de religion sont deux
notions qui s'abordent ensemble au sein de tous les manuels de Droit
civil. Il en découle alors que ces deux notions, même si elles doivent
être totalement indépendantes l'une de l'autre depuis 1905, présentent
tout de même des traits communs, une corrélation.
Le Droit et la religion ne relèvent pas seulement du domaine
juridique. Ces deux notions peuvent aussi découler, par exemple, de la
philosophie. De plus, ce sont deux notions anciennes. On pense alors
au mariage qui était d'abord régit par la religion. On peut aussi penser
au droit à l'avortement en France en 1975. Mais la place de la religion
" Cour de cassation, Assemblée plénière, 25 juin 2014, 13-28.369,
Publié au bulletin ", Cet arrêt de rejet rendu par la Cour de cassation
opposait Fatima Afif et la crèche Baby Loup. Dans cette affaire, Fatima
Afif, employée au sein de la crèche Baby Loup s'est faite licenciée pour
avoir décidé de porter un foulard islamique alors même que cela était
interdit par le règlement intérieur de l'établissement
dans le domaine juridique est un sujet qui reste d'actualité, car encore
de nos jours, il est source de litige. On peut alors prendre l'exemple de
cette affaire du 25 juin 2014. Il est donc intéressant de comprendre
comment le Droit et la religion restent liés, malgré cette loi du 9
décembre 1905 qui impose la séparation de l'Etat et de l'Eglise.
Il convient alors de se demander si malgré la séparation de l'Eglise
et de l'Etat, le droit positif peut s'affranchir de la présence de la règle
religieuse. Si le Droit et la religion sont deux notions qui demeurent
distinctes et ce, notamment depuis 1905 (I), il n'en demeure pas moi que
le Droit peut intervenir dans certains domaines normalement réservés à
la religion, et que le Droit, peut découler de cette dernière (II)
dans le domaine juridique est un sujet qui reste d'actualité, car encore
de nos jours, il est source de litige. On peut alors prendre l'exemple de
cette affaire du 25 juin 2014. Il est donc intéressant de comprendre
comment le Droit et la religion restent liés, malgré cette loi du 9
décembre 1905 qui impose la séparation de l'Etat et de l'Eglise.
Il convient alors de se demander si malgré la séparation de l'Eglise
et de l'Etat, le droit positif peut s'affranchir de la présence de la règle
religieuse. Si le Droit et la religion sont deux notions qui demeurent
distinctes et ce, notamment depuis 1905 (I), il n'en demeure pas moi que
le Droit peut intervenir dans certains domaines normalement réservés à
la religion, et que le Droit, peut découler de cette dernière (II).
" Cour de cassation, Assemblée plénière, 25 juin 2014, 13-28.369,
Publié au bulletin ", Cet arrêt de rejet rendu par la Cour de cassation
opposait Fatima Afif et la crèche Baby Loup. Dans cette affaire, Fatima
Afif, employée au sein de la crèche Baby Loup s'est faite licenciée pour
avoir décidé de porter un foulard islamique alors même que cela était
interdit par le règlement intérieur de l'établissement. L'établissement
L’article 10 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789 déclare
que "nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur
manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi". Deux siècles plus tard, en 1948,
l’Organisation des Nations Unies affirme dans l’article 18 de la Déclaration Universelle des
droit de l'Homme que “toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de
religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la
liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en
privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites”. Le thème de
la religion et plus particulièrement sa place au sein des sociétés et des Etats est une question
atemporelle et à laquelle on n’a pas pu donner une réponse définitive. En effet, on traite une
question qui peut se trancher avec des différents angles et dimensions qui la complexifient et
en font un objet constant d'étude et de controverse au cours des siècles.
Néanmoins, cette vision n’est pas partagée par tous les pays du monde. Dans certains pays
comme les Etats Unis ou la Colombie, la Constitution fait référence à un Dieu, une entité
supérieure à laquelle ils font appel pour assurer la protection de l’Etat; les deux pays se
déclarent laïques et prônent la liberté de religion, mais cette référence à une autorité divine
dans le Préambule de leurs Carta Magnas rend complexe et confuse l'étude de la place de
religion. On peut de la même manière trouver des pays où c’est l'athéisme qui s’impose
comme l’Albanie, ou des pays qui perpétuent la religion d’Etat comme le Népal ou le
Bhoutan.
À l'échelle européenne, la Convention européenne des droits de l’homme créée en
1950, qui cherche à concilier la liberté d’expression avec la protection des convictions
religieuses, prévoit également dans l’article 9 la liberté de manifester sa religion ou ses
convictions de la même manière que la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, et
elle ajoute dans un deuxième point que cette liberté ne peut faire l’objet d’autres restrictions
que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société
démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale
publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui. Néanmoins, les autorités sont
conscientes de l’impossibilité de réglementer à l'échelle européenne face à un manque de
consensus, c’est pourquoi la juridiction supranationale et plus particulièrement la
Cour Européenne des Droit de l’Homme créée 9 ans après pour la protection de la
Convention, considère que les autorités étatiques demeurent libres de choisir les mesures
qu’elles estiment appropriées au regard des circonstances locales propres à chaque pays. Par
ailleurs, la France a connu récemment une polémique sur les vêtements à connotation
religieuse dans l’espace public, plus spécifiquement le burkini. Le burkini, contraction de
burqa et de bikini, est un maillot de bain recouvrant l’intégralité du corps des baigneuses à
l’exception du visage. Il serait perçu, par de nombreux Français, comme une “provocation”
dans le contexte actuel post-attentats djihadistes. En effet, pendant l’été 2016, la mairie de
Villeneuve-Loubet interdit le port de ce vêtement. Le Maire a bien déclaré: “Les femmes qui
s’adonnent à cette pratique sont consciemment ou non les complices de ceux qui nous font la
guerre. Elles sont les alibis de ceux qui interdiront bientôt aux petites filles d’aller à l’école”.
Le Conseil d’Etat fut saisi par la Ligue des droits de l’homme et le Collectif de lutte contre
l’islamophobie en France (CCIF) et sa réponse est la suivante: “À Villeneuve-Loubet, aucun
élément ne permet de retenir que des risques de trouble à l’ordre public aient résulté de la
tenue adoptée en vue de la baignade par certaines personnes. En l’absence de tels risques, le
maire ne pouvait prendre une mesure interdisant l’accès à la plage et la baignade”.
Cependant une question mérite d’être posée celle de savoir dans quelle mesure la religion
peut-elle être conciliée avec le droit positif ? Répondre à la question, il est essentiel de voir
en premier la conciliation de la religion avec le droit (I), ensuite la Laïcité une entrave dans
l’exercice des croyances religieuses (II).
Le droit et la religion suscite vraiment un grand débat doctrinal on voit dans d’autres
République laïque dans le sens positif ou ouvert: capable de garantir la liberté
d’expression, liberté de conscience et la liberté de culte (A), et par le biais de la neutralité
assurer l'égalité des croyances et l’exercice effectif des cultes (B).
Les règles religieuses comme celles de droit ont pour but de protéger, servir, et tend à se
rapprocher d’un modèle type de recherche du bonheur. Ainsi, nous pouvons rapprocher
les Commandements de l’Eglise Catholique aux lois dans le modèle juridique. Ils
poussent tout deux à suivre un comportement type de l’être humain. Néanmoins, si ce
comportement n’est pas suivi ou n’est pas appliqué correctement, les deux notions
apportent leurs lots de sanctions. La règle religieuse vise le perfectionnement de
l’homme afin d’accéder au salut, à la vie éternelle et les lois visent à régir les rapports
sociaux et la finalité de la norme juridique est de favoriser une vie harmonieuse des individus
au sein de la société, elle vise ainsi la paix sociale. Le droit doit garantir aussi la liberté
religieuse au sein de la société.
L’expression “liberté de religion” désigne à la fois le droit fondamental des
personnes et l'évaluation du respect de ce droit de choisir et de pratiquer une religion donnée.
Par translation, cette expression fait donc référence aux déclarations, pactes, conventions,
lois et textes constitutionnels divers qui permettent son affirmation. En plus, la liberté de
religion ne vient jamais toute seule, elle s’accompagne principalement de la liberté
d’expression, la liberté de conscience et la liberté culte qui doivent aussi être respectées afin
d’assurer la satisfaction des besoins religieux de chacun (ou l’absence du besoin). Les
principes ont été posés par les textes fondamentaux: l’article 10 de la Déclaration des droits
de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789 affirme que “nul ne doit être inquiété pour ses
opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public
établi par la loi”, comme on l’a vu dans l’introduction. De plus, l’article 18 du Pacte
International relatif aux droits civiques et politiques de 1966, ratifié par la France en
1980, insiste sur ce fait. Finalement les articles 9 et 14 de la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950
(ratifiée par la République française le 3 mai 1974) protègent non seulement les
libertés liées à la religion et sa manifestation collective ou individuelle, mais aussi le
fait que tous les droits inscrits dans la Convention doivent être assurés sans distinction
aucune, notamment celles fondées sur la religion et toutes autres opinions. À l'échelle
mondiale on se trouve face à l’article 18 de la de la Déclaration universelle des droits de
l’Homme du 10 décembre 1948, selon lequel “toute personne a droit à la liberté de pensée,
de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de
conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en
commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et
l’accomplissement des rites ”Contrairement à ce qu’on pensait à la fin du XVIIIème et au
début du XIX siècle, la religion et sa pratique ne se limite pas par les bornes du domaine
privé et individuel; c’est une question qui touche la société entière. On voit en France que le
Conseil Constitutionnel, institution de la Vème République chargée de faire respecter les
droits fondamentaux et le bloc constitutionnel lors de la création des lois (a priori) ou en cas
de litige (a posteriori) a été saisi à plusieurs reprises concernant le respect de la liberté de
conscience face aux questions qui soulèvent la liberté de l’enseignement et
l’objection de conscience des personnels médicaux: dans les deux litiges ayant lieu en
1977 et 2001 respectivement, le Conseil Constitutionnel fait de la liberté de conscience un
principe fondamental reconnu par les lois de la République, vu que la liberté de conscience
détermine de manière quasi directe la liberté d’avoir et exercer ou non une religion. Dans le
cas européen, l’instance qui veille pour le respect des droits et libertés fondamentales des
citoyens qui agit au nom d’une juridiction internationale, c’est à dire la Cour européenne des
Droits de l’Homme, met en évidence en 1993, lors du procès Kokkinakis contre Grèce
l’affirmation suivante: “telle que posée par l’article 9 de la Convention EDH, la liberté de
pensée, de conscience et de religion représente l’une des assises d’une société démocratique
au sens de la Convention. Elle figure, dans sa dimension religieuse, parmi les éléments les
plus essentiels de l’identité des croyants et de leur conception de la vie, mais est aussi un
bien précieux pour les athées, les agnostiques… Il y va du pluralisme consubstantiel à
pareille société”. On constate donc une volonté institutionnelle, constitutionnelle et juridique
de protéger les libertés religieuses et toutes les autres qui la déclenchent et qui s’y associent.
Les dispositions et les institutions sont mises en place par un Etat nécessairement
laïc pour faciliter cet objectif.
En effet, les principes de pluralisme, de tolérance et d’esprit d’ouverture, qui sont au cœur de
la société démocratique, impliquent l’existence d’un espace public où la libre
manifestation occupe une place importante même lorsqu’elle s’exprime dans le contexte des
opinions et croyances religieuses. Cet espace public existe en France grâce à la laïcité. Le
principe signifie principalement que l’Etat a une obligation de neutralité et de respect vis-à-
vis des religions; la neutralité de l’Etat entraîne la séparation de l’Etat et l’Eglise: le culte
devient donc une affaire qui ne doit pas être soutenue par l’Etat (notamment sous forme
d’aide financière ou n’importe quel autre privilège), ce qui instaure une
relation d’indépendance entre les deux institutions. En effet, la loi de 1905 sur la séparation
de l’Eglise et l’Etat a été principalement adoptée pour briser la volonté de l’Eglise catholique
de continuer à dominer la société française lors de la création de la IIIème République.
L’article 1er précise: “La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre
exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre
public". Il est essentiel de noter que les normes nationales concernant la laïcité
ont ainsi valeur constitutionnelle (Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen,
Préambule de 1946, article 1er de la Constitution de 1958, voire " principes fondamentaux
reconnus " par la loi du 9 décembre 1905, spécialement par son article 1er). Des principes
qu’elles posent, les lois de la République déterminent l’application dans la fonction
publique: de manière à rendre possible la coexistence des convictions, il faut mettre en
œuvre une obligation de neutralité des agents des services publics (professeurs et autres),
auxquels on interdit le port des signes religieux en 1999. L’Etat doit ensuite considérer que
toutes les religions ont la même valeur et qu’il faut les traiter en conséquence de façon
égale. Ce principe d’égal traitement, garantit le pluralisme religieux qui est
indispensable dans toute démocratie. Avant il existait en France le ministère du budget des
cultes qui privilégie la religion catholique, en plus, tout le monde était obligé à porter la
mention de la religion sur l’état civil et à procéder au mariage religieux avant le mariage
civil pour ne pas avoir une amende. Le principe de non-discrimination active une attitude
bienveillante de l’Etat, qui agit en protection des cultes minoritaires et consacre des
sanctions aux éventuelles violations de la liberté de conscience des citoyens par violence, par
voie de fait ou par contrainte sur l’individu.
Il faut nuancer cette neutralité qui se veut absolue parce que les nombreuses règles juridiques
sont inspirées des règles religieuses, comme les commandements religieux tels que “tu ne
tueras pas” ou “tu ne volera pas” qui sont autant des prohibitions pénales et
interdictions au sens juridique. De même, les Eglises bénéficient d’un statut privilégié sur le
plan du droit civil, comme par exemple la possibilité de recevoir des dons, ou dans le
domaine du droit fiscal, car il existe la possibilité pour le donateur de déduire ses dons de
son revenu imposable. On peut aussi observer que l’Etat fait des concessions et
des aménagements qui peuvent être mis en place pour respecter la liberté religieuse comme
l’obligation de prendre en considération les prescriptions alimentaires ou le respect les dates
des principales fêtes religieuses comme Noël, Pâques, l’Ascension, Pentecôte ou la
Toussaint. Le juriste Michel Fromont affirme que sans ces concessions, la liberté ne serait
“qu’un enveloppe vide”, et que dans certains cas l’assouplissement de la laïcité est productif
par rapport au “vivre ensemble” qui soit inclusif. Puis, il existe encore trois départements
français qui restent régis par le Concordat de 1801 (le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Mosell)
et qui sont très attachés à cette législation. On pourrait préciser que ce lien est historique et
que même si les rapports entre l’Eglise catholique et l’Etat ont bien changé dans les dernières
siècles, nier l’héritage religieux du droit amènerait aussi à nier le processus historique et
évolutif de la séparation entre les deux institutions, l’enracinement de la religion au sein de
la société et la culture française et le nombre important de fidèles qui y adhèrent. Pour
d’autres religions, moins ancrées dans la culture mais qui touchent à une grande
partie de la population française des adaptations de la laïcité ont été mis en place, c’est
bien l’exemple des rites d’abattage des animaux prescrits par l’islam ou le judaïsme qui a la
base ne sont pas conforme à la réglementation en vigueur, néanmoins, le respect de ces rites
étant un élément de la liberté de culte, un encadrement juridique a été mis en place pour
concilier liberté de culte et sécurité sanitaire. Le décret du 1er octobre 1997, qui
transpose une directive européenne sur la protection des animaux au moment de leur
abattage, prévoit une dérogation à l’obligation d’étourdissement avant la mise à mort. Mais
l’abattage rituel ne peut être effectué qu’en abattoir par des sacrificateurs agréés par l’Etat.
Ainsi, si la laïcité garantit avant tout très fortement la liberté de religion, elle peut dans
certains cas la limiter. Qui dit garanties implique exercice en commun et tolérant des libertés
dont l’expression pourrait se révéler conflictuelle, et donc responsabilité pour un
Etat respectueux des droits de l’Homme et pour cela porteur d’une exigence de neutralité et
soumis au contrôle du juge.
La liberté religieuse peut être limitée lorsque ses manifestations sont incompatibles avec le
maintien de l’ordre public qui respecte les valeurs républicaines laïques,
permettant la coexistence de toutes les croyances et qui met en avant la vie en société.
L'avènement de ces paradoxes peut avoir lieu dans le domaine public, qui concerne les
établissements et la fonction publique (A) ou dans le domaine privé notamment dans les
entreprises et autres lieux à statut privé (B).
Plusieurs questions sont dégagées d’après ces dispositions générales qui se mettent en place
au nom du respect de la laïcité: si les élèves des écoles, collèges et lycées publics peuvent
porter des signes religieux discrets, les signes ou tenues, tels que la voile, un foulard, une
kippa, sont en revanche interdits. Les minorités musulmanes éparses dans les pays non-
musulmans souvent démocratiques et laïques comme le Congo, la France, ont à réfléchir sur
les problèmes théologiques que peuvent leur poser leur insertion dans des législations civiles
qu'il leur faut respecter.
Le débat est en effet, relancé par l’affaire dans la crèche Baby Loup, puisqu’il y apparaît tous
les problèmes soulevés par le port du signe religieux dans le cadre du travail. Cet affaire, une
femme a été licenciée parce qu’elle portait un voile, la entreprise interdisait cela, et quand on
lui a demandé de l’enlever elle a refusé. Le règlement interne de la crèche imposait le respect
de la neutralité de manière vague et imprécise, ce qui rend les arguments injustes et illégaux.
Néanmoins, la Cour d’Appel de Paris et la Cour de Cassation ont jugé que le licenciement
était justifié au regard du règlement intérieur et le principe de neutralité. En 2014, la Cour de
Cassation se réunit en Assemblée Plénière afin de mettre fin aux possibles dérives et mal
interprétations de la laïcité concernant la libre expression de sa religion dans les lieux privés:
“les restrictions à la liberté du salarié de manifester ses convictions religieuses doivent être
justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées au but recherché”
(raisons de sécurité, hygiène). La validation du règlement d’une société se fait donc le cas
par cas. Dans le cas de Baby Loup, l’association pouvait imposer une obligation de neutralité
à son personnel dans l’exercice de ses tâches, emportant notamment l’interdiction de
porter tout signe ostentatoire de religion aux motifs de la nécessité de protéger la
liberté de pensée, de conscience et de religion à construire pour chaque enfant, considérés
comme des publics sensibles et vulnérables. Il y a un vide évident en termes de dispositions
générales encadrant les libertés religieuses et ses limites dans le domaine privé, c’est donc un
sujet qui pose beaucoup d’enjeux et problématiques qui sont encore à creuser et décortiquer.
La question de la religion est un contentieux complexe résultant en grande partie du
caractère multiconfessionnel de la société française qui reste pragmatique pour ainsi garantir
aux croyants le respect de leurs convictions religieuses. Tout de même, il ne faut pas
oublier qu’il est nécessaire d’admettre des limites à la liberté d’expression justifiés dans
le contexte des convictions religieuses.