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Fondements du droit public et privé

Leçon 0 : introduction :
Une règle juridique
○ Une règle juridique peut se trouver dans :
1. Un code adopté par le législateur → Code civil ou pénal
2. Une loi → lois coordonnées sur le Conseil d’état
3. Un arrêté royal → arrêté royal sur le Covid-19

○ Structure d’une règle juridique :


▪ Paragraphes §
▪ Alinéas → Il peut y avoir plusieurs alinéas par paragraphe

Leçon 1 : la règle de droit


Définition, structure et destinataire
○ La règle de droit :
▪ Prescription d’un comportement ;
▪ A des catégories de personnes abstraitement définies ;
▪ Dans des hypothèses déterminées ;
▪ En prévoyant une sanction en cas de non-respect ;
▪ A laquelle est assortie un pouvoir de contrainte.

○ Structure : schéma « hypothético-déductif »


▪ Hypothèse = conditions d’application
▪ Dispositif = conséquences juridiques en cas d’application

○ Destinataires :
Primaires Secondaires Tertiaires
Ceux qui doivent respecter Ceux qui bénéficient du Ceux qui garantissent le
le comportement. comportement. respect des règles de droit.
▪ Toute personne Exemple du contrat de bail : ▪ Agents de police
▪ Catégories ▪ Bailleur (loyer) ▪ Conseil d’état, Cour
particulières. ▪ Locataire (location) constitutionnelle et
cours et tribunaux.

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Caractère général et abstrait de la règle de droit
○ Principe : application à des « catégories de personnes abstraitement définies »
( personnes nommément désignées)
▪ Article 422bis du Code pénal
→ « Sera puni (…) celui qui s’abstient de venir en aide… »

○ Tempérament : catégories abstraites peuvent cacher des personnes déterminées


▪ « Le Roi ne peut pas être en même temps chef d’une autre Etat… » (Art. 87 Const.)
▪ Roi actuel (Philippe) mais aussi les prédécesseurs / successeurs
▪ Pas d’atteinte au caractère abstrait de la norme

Observations sur le caractère général et abstrait :


1. Garantie de sécurité juridique
▪ Envie d’assassiner quelqu’un
▪ « L’homicide commis avec intention de donner la mort est qualifié de meurtre. Il sera
puni de la réclusion de vingt à trente ans » (Art. 393 du Code pénal)
2. Renforcement de ce caractère via la publicité du Moniteur belge
▪ Publie les lois et autres textes réglementaires de l’État belge
▪ Accessible à tous (tout le monde est mis au courant
3. Règles générales et abstraites = protection contre l’arbitraire
▪ Idée : respect du principe d’égalité et de non-discrimination
▪ Conséquence : tout le monde est traité de la même façon
▪ Exemple : pas de discrimination en fonction de la couleur de peau / origine / …

Caractère obligatoire de la règle de droit


○ Notion : comportement imposé à respecter
Formes du comportement :
Action Omission
Comportement attendu = omission
Comportement attendu = action → Ne pas révéler les secrets
→ Il faut intervenir ▪ Art. 458 du Code pénal
▪ Art. 422bis du Code pénal (ci-haut) ▪ Les personnes dépositaires des
secrets qu’on leur confie ne peuvent
pas les révéler sous peine
d’emprisonnement.

2. Ordre / Interdiction / Autorisation


○ Ordre : Art. 203 §1er (ancien Code civil)
« Père et mère sont tenus d’assumer (…) l’éducation (…) de leurs enfants… »
○ Autorisation : exercice de certaines professions → Médecins / avocats….

Remarque : Certains comportements ont un caractère implicite


○ Interdiction de commettre une faute ? Pas dans le texte = implicite
« Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore
par sa négligence ou par son imprudence » (Article 1383 de l’ancien Code civil)

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Intensité variable du caractère obligatoire des règles de droit (IMPORTANT)
1. Règles supplétives (auxquelles on peut déroger)
▪ Obligatoires, sauf dérogation des destinataires
▪ « Si rien n’a été réglé à cet égard lors de la vente, l’acheteur doit payer au lieu et
dans le temps où doit se faire la délivrance » (Art. 1651 de l’ancien Code civil)

2. Règles auxquelles on peut déroger sous conditions ou on ne peut pas déroger


▪ Dérogations limitées ou impossibles
▪ Règles impératives  Règles d’ordre public (selon les intérêts protégés)

Régime des règles impératives


○ Protection des intérêts privés – partie faible (Art. 1.3 Cc)
→ Dispositions de la loi du 03/07/1978 sur les contrats de travail
○ Violation :
Nullité de l’acte Nullité relative
- Invoquée par la partie protégée
- Anéantissement par le juge - Le juge ne peut la soulever d’office
- Confirmation possible en justice

Régime des règles d’ordre public


○ Règles assurant la protection de l’ordre public (des fondements essentiels de l’état)
(Art. 1.3, alinéa 4, Cc) – pas de dérogations possibles
▪ Rapports état – particuliers : fonctions régaliennes (police / défense / …)
▪ Rapports particuliers – particuliers : règles fixant les bases d’ordre économique,
moral, social ou environnemental de la société (statut des personnes / minorité…)
○ Violation : nullité absolue
▪ Un tiers intéressé peut l’invoquer (p. ex. Ministère public)
▪ Le juge peut la soulever d’office
▪ Confirmation pas possible en justice

Distinction entre les normes supplétives, impératives et d’ordre public


1. Texte (Art. 5.3, alinéa 2, Cc)
« Les dispositions du présent livre sont supplétives … »
2. Travaux préparatoires (Art. 1244, ancien Cc)
« Le juge peut accorder des délias modérés pour le paiement et … »
« La disposition de Art. 1244 (…) constitue une disposition fondée sur l’ordre public… »
3. Objet et sanction de la règle : exemple du droit pénal qui est d’ordre public

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Caractère coercitif (pouvoir de contrainte) de la règle de droit
○ Définition : conséquence du non-respect de la norme
○ Place de la sanction
A l’échelle de l’ordre juridique A l’échelle de la norme
- Sanction du non-respect ? - Art. 417/11 du Code pénal
→ Art. 1382 ancien Cc « On entend par viol (…) cette infraction
est punie de la réclusion de dix à quinze
- « Le patient (…) consentir librement à
ans »
toute intervention … » (Art. 8, §1er 22/08/02)

○ Importance de la sanction : pas de sanction = pas de règle juridique

Catégories (IMPORTANT)
1. Anéantissement de l’acte juridique ou limitation de son efficacité
▪ Nullité d’un contrat ou d’un acte des autorités publiques
→ Annulation d’une loi contraire à la Constitution
▪ Inopposabilité (= limitation) d’un acte juridique en cas de fraude
→ Consécration : 5.243 du Cc
(action qui entraîne l’inopposabilité de l’acte juridique au créancier)

2. Exécution forcée de l’obligation


▪ Exécution en nature = exécuter ce qui est initialement prévu (Art. 5.234 du Cc)
→ Primauté
▪ Exécution par équivalent = réparation du préjudice par les dommages et intérêts
(Art. 5.237 du Cc)
= Substitut si exécution en nature impossible ou constitutive d’un abus de droit.

3. Réparation du dommage extracontractuel (Art. 1382 de l’ancien Cc)


▪ Différence réparation en nature  par équivalent (n° 1.030 du Manuel)

4. Privation d’un droit ou d’une liberté (droit pénal)


▪ Réclusion / emprisonnement / peine de surveillance électronique ou de travail / peine
de probation autonome (Art. 7 Cp)
▪ Atteinte au patrimoine (= amende)
▪ Interdictions : vote et éligibilité (Art. 31 Cp) / Indignité successorale (Art. 4.6 Cc)

Contraintes
○ Possibilité d’obtenir la sanction en cas de non-respect
→ Possibilité d’avoir accès à un juge
○ Remarques :
1. Recours à la force publique = apanage de l’Etat
→ Etat a le monopole de la violence ( justice privée)
2. Revers de la médaille = exercice conditionné par la force publique
→ Pas d’exception aux règles juridiques pour l’Etat

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Leçon 2 : l’ordre juridique (cadre dans lequel la règle doit prendre place)
L’ordre juridique et ses spécificités dans les sociétés occidentales contemporaines
○ OJ : le droit considéré dans son ensemble (acteurs, institutions et règles)
○ Remarque terminologique :
1. « Système juridique » : institutions participant à l’élaboration et à la mise en œuvre
des règles de droit → Le parlement / la cour de cassation…
2. « Droit positif » : état du droit d’un ordre juridique à un moment précis.
a. Doctrine : règles de droit commentées par les auteurs
b. Jurisprudence : les décisions des cours et tribunaux
c. Législation : règles du Code civil et du Code pénal

L’état moderne, la souveraineté et la Nation


○ Fondement d’un ordre juridique = souveraineté
Souveraineté externe Souveraineté interne
- Pas de soumission d’un état à un autre ○ Pouvoir absolu et indivisible au sein de
- Deux conséquences : l’état (plan politique et plan juridique)
▪ Règle fondamentale : égalité des états
○ Prendre les choix politiques et juridiques q
▪ Pas d’ingérence d’un état dans les
affaires d’une autre

○ Titulaire de la souveraineté
▪ « Tous les pouvoirs émanent de la Nation » (Art. 33 de la constitution)
▪ Notion de « Nation » = générations passées / présentes / futures
→ On est tous (= les citoyens) des souverains
Conception de la souveraineté dans les sociétés occidentales
○ Etat = monopole de la violence légitime
○ Etat= assure l’effectivité du droit
▪ Police
▪ Cours et tribunaux

L’état de droit
○ 4 caractéristiques ( définition statique) :
1. Respect par chacun du droit (ou « soumission » par chacun du droit)
2. Idéal démocratique
3. Séparation des pouvoirs (« équilibre des pouvoirs »)
4. Protection juridictionnelle permettant de garantir l’effectivité du droit

○ Respect dû au droit
▪ Plan historique : respect de « contraintes formelles » (premier temps) et « d’impératifs
de nature substantielle » (second temps)

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Exigences formelles (IMPORTANT)
Fondement des compétences des autorités publiques
▪ Source : habilitation légale
▪ Compétences : conférées aux autorités en vertu d’une règle de droit

Deux exemples
1. Fusion institutionnelle (Art. 137 de la Constitution)
« le Parlement de la Communauté française et de la Communauté flamande ainsi que leurs
Gouvernements peuvent exercer les compétences respectivement de la Région wallonne /
flamande, dans les conditions et selon les modalités fixées par la loi [...] »
2. Révision de la Constitution (Art. 195 de la Constitution)
« Le pouvoir législatif fédéral a le droit de déclarer qu’il y a lieu à la révision de telle
disposition constitutionnelle qu’il désigne… »

Exercice des compétences des autorités publiques


○ Respect des conditions de fond et de procédure prévues par la loi (Art. 195 - Constitution)
▪ 2/3 des représentants doivent être présents
▪ La déclaration de révision sera adoptée si elle obtient 2/3 des suffrages

Conséquence des exigences formelles : autolimitation du pouvoir de l’Etat


○ L’Etat se soumet aux règles de droit dont il est l’auteur
→ Respect des formes = respect des libertés

Exigences substantielles
○ Respect d’un système de valeurs jugées supérieures ; apparition plus tardive
▪ Respect des libertés fondamentales des droits de l’Homme
i Droit à la vie / respect de la vie privée / …
▪ « L’Etat de droit n’est pas l’Etat de n’importe quel droit »

○ Les droits de l’Homme se situent dans :


▪ Les articles 8 à 32 de la Constitution de la Belgique
▪ La convention européenne des droits de l’homme (= CEDH)

Trois remarques
1. Pas de liste arrêtée des droits et libertés
▪ Évolution constante des droits et libertés avec la société
2. Existence de conflits entre ces droits et libertés
▪ Liberté d’expression  Interdiction de la discrimination
▪ Arbitre des conflits = cours et tribunaux
3. Droits et libertés  absolus
▪ Covid-19 ; liberté individuelle limitée par un couvre-feu pour des raisons de santé

Conséquences des exigences substantielles : hétérolimitation du pouvoir de l’Etat


○ Ordre juridique fondé sur des valeurs extérieures et indépendantes de la volonté politique
○ Existence d’un droit naturel ? → Règles juridiques supérieures à toutes autres
▪ Avantage : lutte contre l’excès de pouvoir
▪ Inconvénient : légitimation d’abus → p.ex. la politique coloniale

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Idéal démocratique
○ Démocratie : régime de gouvernement où le pouvoir est exercé par le peuple, pour le
peuple et au nom du peuple → Belgique / France  Corée du Nord
Démocratie directe Démocratie représentative
Citoyens participent directement à la chose Pouvoir exercé par des représentants du
publique (démocratie immédiate). peuple = les parlementaires (indirecte)
○ En Belgique : démocratie représentative
○ Tempéraments : (Art. 39bis – Constitution)
▪ « A l’exclusion des matières (…) les matières exclusivement attribuées aux organes
régionaux peuvent faire l’objet d’une consultation populaire (…) »
▪ Participation directe des citoyens

Trois traits de la démocratie


1. Principe majoritaire
Majorité simple (ou absolue) Majorité qualifiée
○ Adoption de la règle si plus de la moitié ○ Adoption de la règle si la fraction de votes
des votes sont favorables. favorables doit dépasser la majorité simple
○ Ex. 100 votes = adoption si 51 en faveur ○ 150 votes = adoption si 100 en faveur
(majorité qualifiée de deux tiers)

2. Protection des minorités


○ Politique de ségrégation raciale au USA (années 1960) = pas très démocratique
→ Communauté germanophone

3. Libre droit à la contestation et à l’opposition politique


○ Droit de s’exprimer et de se défendre publiquement
○ Droit de prendre part aux élections
○ Droit de constituer des partis politiques, des associations ou des groupes de pression
○ Liberté de la presse et des médias (quatrième pouvoir)

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Séparation des pouvoirs en ordonnancement des règles juridiques
Quels sont les différents pouvoirs en Belgique ?
1. Pouvoir constituant : adopte les règles constitutionnelles
2. Pouvoir législatif : adopte les règles législatives
▪ Au niveau fédéral → Chambre des représentants, Sénat et le Roi (Art. 36 – Constitution)
▪ Attention : Régions et Communautés ont aussi des parlements
3. Pouvoir exécutif : exécute les règles de valeur législative
▪ Dirige l’administration
▪ Participe au pouvoir législatif par deux mécanismes :
Arrêté royal qui précise la loi Pouvoir d’initiative
Si habilitation du législateur Au niveau de l’élaboration des lois ;
- Art. 8/1 protégeant le titre de psychologue - Projet de loi proposée par un ministre
- Proposition de loi par un parlementaire

4. Pouvoir juridictionnel (IMPORTANT)


▪ Résolution des conflits par application des règles de droit
▪ Remarque :  rédiger des lois par les décisions de justice
 Pouvoir juridictionnel n’est pas une source formelle de droit
→ Interdiction de « l’arrêt de règlement »

Que signifie la séparation des pouvoirs ? (IMPORTANT)


○ Équilibre entre les pouvoirs (= « freins et contrepoids »)
Exemples non-exhaustifs
1. Le pouvoir législatif contrôle le pouvoir exécutif
▪ Pouvoir exécutif a besoin du soutien du pouvoir législatif
▪ Motion de méfiance : censure de pouvoir exécutif par le pouvoir législatif
2. Le pouvoir judiciaire contrôle le pouvoir législatif et exécutif
a. Cour constitutionnelle : annulation des lois / décrets / ordonnances
→ Annulation des lois = contrôle du législateur
b. Conseil d’Etat : annulation des actes administratifs
→ Annulation des actes administratifs = contrôle de l’administration

Hiérarchie des règles juridiques (IMPORTANT)


○ Pouvoir constituant, législatif et exécutif : adoption des règles de droit
Hiérarchie entre ces règles :
1. Constitution
2. Loi / décret / ordonnance
3. Arrêté royal (ou du gouvernement ou ministériel)

Pyramide des normes (base de la


hiérarchie des règles juridiques)

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Deux subtilités :
1. Colocation dans un même niveau
▪ Législatif : loi / décret / ordonnance
▪ Réglementaire : arrêté royal / gouvernemental…

2. Sous-étages dans un même niveau


▪ Premier étage : Loi / décret  Ordonnance
▪ Rez-de-chaussée : Arrêté royal et de gouvernement  arrêté ministériel

➔ Nouvelle pyramide des normes plus complète

Protection juridictionnelle du citoyen


○ Accès au juge pour réclamer la sanction d’une règle juridique
○ Protection constitue un élément essentiel de l’Etat de droit
▪ Recours à la contrainte possible…
▪ … mais respect des exigences formelles et substantielles (supra)
○ Contrôle au niveau international :
▪ Cour de Justice de l’UE
▪ Cour Européenne des Droits de l’Homme

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Leçon 3 : La personne
Introduction
○ Aperçu de la notion de personne en droit belge
○ Remarque terminologique : « personne » = « sujet de droit »
○ Deux catégories à examiner :
▪ Personnes physiques
▪ Personnes morales

La notion de « personne » (IMPORTANT)


○ Définition : le titulaire de droits et d’obligations dans un ordre juridique déterminé
Deux remarques :
1. Personne : destinataire primaire et secondaire de la règle de droit (rappel)
2. Personne = « fiction juridique »
▪ Pas une réalité naturelle
▪ Ordre juridique décide qui est ou non une personne (physique ou morale)
▪ États et organisations internationales = personnes de droit international
→ États = sujet primaires / Organisations internationales = sujets dérivés
Conséquences de la personnalité juridique :
Capacité de jouissance Etre titulaire de droits et d’obligations
→ Etre propriétaire d’une maison
Le fait de pouvoir exercer ses droits et ses obligations
Capacité d’exercice → Pouvoir vendre ou louer la maison dont on est
propriétaire (= exercer son droit de propriété)

La personne en droit interne


La personnalité et la capacité de jouissance
○ Notion d’être humain = personne physique de la naissance jusqu’à la mort
○ Acquisition de la personnalité juridique :
▪ Enfant né
▪ Enfant né vivant ( mort-né)
▪ Enfant né vivant et viable

Ceci n’est pas une personne au sens juridique du terme

○ Acquisition de la personnalité au moment de la


conception dans certains cas où l’enfant y trouve un intérêt.
« Pour recevoir une donation, il suffit d’être conçu au moment
Tempérament
de la donation » (Art. 4.137 alinéa 1er Cc)
→ Conception suffit pour être considéré comme une personne
et donc pour pouvoir recevoir une donation.

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○ Perte de la personnalité juridique = Décès
▪ Aucune définition légale de la notion de décès
▪ Consensus : mort cérébrale = cessation irréversible du fonctionnement du cerveau

○ Conséquence de la personnalité juridique = capacité de jouissance


▪ Rappel de la notion : capacité d’être titulaire de droits et d’obligations
▪ Exceptions : « incapacités spéciales de jouissance »
→ Incapacité à hériter du défunt si vous l’avez assassiné (Art. 4.6 – Cc)

La capacité d’exercice
○ Notion : aptitude à exercer des droits et des obligations de façon autonome sans
représentation ou autre modalité de protection.
Plusieurs statuts :
1. Personnes physiques majeures = capacité générale d’exercice
2. Existence de statuts de protection = capacité limitée d’exercice
= personne en situation de faiblesse ou de vulnérabilité → le mineur d’âge
Exemple : Le majeur sous régime d’administration provisoire (Art. 488bis §1er – ancien Cc)
« Le majeur qui (…) hors d’état de gérer ses biens, fût-ce temporairement (..) peut être pourvu
temporairement d’un administrateur provisoire… »
→ Administrateur provisoire exerce les droits de la personne protégée

Mineur d’âge
○ Celui qui n’a pas 18 ans (Art. 388 – ancien Cc)
▪ Pas de capacité d’exercice
▪ Les parents exercent les droits du mineur (par leur autorité parentale)
 Capacité à représenter l’enfant pour les actes juridiques à accomplir
(parents agissent « qualitate qua »)
 Capacité de déterminer les orientations de la vie de leur enfant

Modalités d’exercice de l’autorité parentale


Parents vivent ensemble (Art. 373 ancien Cc) Parents séparés (Art. 374 ancien Cc)
▪ Exercice conjoint de l’autorité ▪ Exercice conjoint et présomptions
parentale. s’appliquent également
▪ Présomption d’accord parental à ▪ Mais il existe des exceptions…
l’égard des tiers de bonne foi.

… A l’exercice conjoint de l’autorité parentale si séparation


▪ Chaque parent peut prendre des décisions sur les questions éducatives de la vie
quotidienne ou de soins de santé sans en aviser l’autre préalablement.
▪ « (…) le tribunal de la famille compétent peut confier l’exercice exclusif de l’autorité
parentale à l’un des père et mère » (Art. 374 – alinéa 2 – ancien Cc)

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Remarque et réflexion sur l’incapacité générale d’exercice du mineur
○ Exceptions à l’incapacité d’exercice croissent depuis quelques années
→ Existence d’une « capacité d’exercice résiduelle »
○ Un enfant de 14 ans pourrait se soumettre à une chimiothérapie (Art. 12, §2, 22/08/02)

La personne morale
○ Personne morale : entité constituée d’un ensemble de personnes – physiques ou morales –
à laquelle le droit attribue une personnalité juridique.
1. PM : Capacité de jouissance (titulaire de droits et d’obligations)
2. PM : Patrimoine propre = distinct de leurs membres

Catégories de personnes morales


1. Personnes morales de droit public
▪ Exercent des missions de service public et servent l’intérêt général
▪ Disposent de prérogatives de puissance publique
▪ Exemples : autorité fédérale / autorité fédérées / communes / …
2. Personnes morales de droit privé
▪ Catégorie résiduaire : tout ce qui n’est pas PM de droit public
→ NVIDIA = personne morale de droit américain
▪ Limitation de principe de la capacité de jouissance = « principe de spécialité »
Spécialité légale Spécialité statutaire
○ Statut : acte constitutif de la société.
○ Pas d’actes en dehors du cadre légal pour
○ Pas d’actes en dehors de l’objet de la
lequel la PM a été institué.
société défini par les statuts.
○ Distribution de profits par une ASBL
○ ASBL promeut les jeux d’échecs
→ acte nul
→ Ne peut pas se lancer dans la vente de
logiciels informatiques

Classification des personnes morales de droit privé


1. Les sociétés
○ Notion
▪ Associés
▪ Faisant un apport en numéraire, en nature ou en industrie
▪ Afin de procurer un avantage patrimonial direct ou indirect

○ Classification (PM) Un des buts de la société :


▪ Société à responsabilité limitée procurer un avantage aux
▪ Société anonyme associés.
▪ …

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2. Les associations
○ Notion
▪ Membres
▪ Exercent une activité formant l’objet de l’association
▪ Dans un but désintéressé (  avantage patrimonial)
○ Tempérament à l’absence d’avantage patrimonial
▪ Distribution d’un avantage patrimonial dans un but désintéressé
▪ Exemple : association luttant contre la précarité peut distribuer des repas chauds à des
citadins dans le besoin et même à ses membres.

3. Les fondations
○ Notion
▪ Fondateurs
▪ Affectent un patrimoine
▪ A la réalisation d’un but déterminé (forcément désintéressé)

○ Classification (PM)
▪ Fondation d’utilité publique → Fondation Roi Baudouin
▪ Fondation privée → Le reste = toute fondation qui n’est pas reconnue par le Roi
comme fondation d’utilité publique.

Capacité d’exercice des personnes morales : intermédiaire de leurs organes


○ PM = fiction juridique = il faut donc agir par des organes
○ Organes : entités agissant au nom et pour le compte des PM
▪ Organe engage la société pour les actes juridiques accomplis en cette qualité d’organe
▪ Exemple : CEO achète un bâtiment pour son activité = engage directement la société
○ Exemples d’organes :
▪ Assemblée générale : on délibère
▪ Conseil d’administration : on prend des décisions qui engagent la société

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Leçon 4 : les droits subjectifs et le patrimoine
Introduction
○ Objet = droits dont les personnes physiques et morales sont titulaires
▪ Notion et classification des droits subjectifs
▪ Notion de patrimoine

Le droit subjectif
○ Droit subjectif : prérogative conférée à une personne déterminée sur la base d’une règle de
droit et faisant l’objet d’une protection juridictionnelle.
▪ Exemple : achat d’une voiture dans un garage → L’acheteur est titulaire d’un droit
subjectif et jouit d’un droit de propriété sur la voiture.

Retour sur trois éléments de la définition :


1. Droit subjectif = conféré à des personnes déterminées par le droit
▪ Art. 3.50 Cc (pour l’exemple ci-dessus)
2. Fondement d’un droit subjectif = règles de droit
▪ Droit subjectif doit être reconnu par le « droit objectif » pour exister
▪ Constitution / législation / traités
▪ Le droit subjectif et le droit objectif sont indissociables
3. Protection juridictionnelle
▪ Effectivité du droit subjectif = droit d’accès au juge…
▪ … si pas de juge pour en assurer le respect = pas de droit

Catégories de droits subjectifs


Droits patrimoniaux Droits extrapatrimoniaux
Il y a une valeur économique Pas de valeur économique
→ Droit de propriété est évaluable en argent → Droit à la vie (non-chiffrable)

Droit subjectif

Droit
Droit patrimoniaux
extrapatrimoniaux

Droit de Droit de la Droits


Droit réel
créance personnalité fondamentaux

Droits réels Droit réels


principaux accessoires

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Le droit extrapatrimonial
○ Droit extrapatrimonial : droits subjectifs inhérents à la personne (IMPORTANT)
1. Ils ne sont pas directement évaluables en argent
2. Ils sont « inaliénables »
Exemple : droit à l’honneur / la liberté  pas « vendable »
3. Remarque : parfois indirectement évaluables en argent
Exemple : obligation alimentaire = droit pas vendable mais évaluable en argent

Six caractéristiques des droits extrapatrimoniaux (IMPORTANT)


1. Hors le commerce : pas susceptibles d’appropriation privée
2. Inaliénables : pas susceptibles de vente
3. Indisponibles : pas d’être l’objet d’un acte juridique unilatéral ou bilatéral
▪ Pas de location / d’échange / de cession / …
▪ Remarque : le droit autorise certaines dérogations
→ Un mannequin engage son corps dans un contrat de travail
4. Imprescriptibles : pas d’acquisition ou de perte par le temps
▪ Le droit au divorce
▪ Remarque : le droit de réponse (délai de trois mois de réponse accordé si citation e
explicite ou implicite dans un périodique)
5. Absolus : respectés par tout le monde (même par l’Etat)
6. Universels
▪ Droits extrapatrimoniaux = reconnus à toute personne si les conditions du droit
objectif sont remplies.
▪ Tempéraments possibles : droit de vote et d’éligibilité  mineurs

Catégories de droit extrapatrimoniaux


Droit de la personnalité Droit fondamentaux (important)
- Droits constituant l’individualité de ▪ Dimension verticale :
la personne. Etat – Particuliers « La liberté
individuelle est garantie (…) »
- Reconnaissance de la protection de (Art. 12 – Constitution)
l’individu et du droit à disposer de
lui-même pour les aspects essentiels ▪ Dimension horizontale :
de leur existence. Particuliers – Particuliers « Toute
personne a droit au respect de sa vie
privée (…) » (Art. 8 CEDH)

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Le droit patrimonial
○ Le droit patrimonial : droits subjectifs directement appréciables en argent
Cinq caractéristiques des droits patrimoniaux
1. Dans le commerce
2. Aliénables : susceptibles de vente
3. Disponibles : titulaire peut en disposer
▪ Exemple : le propriétaire d’une maison peut la vendre / louer / donner
4. Transmissibles aux héritiers pour cause de mort
▪ Exemple : décès de l’emprunteur (contrat de prêt) = obligation de remboursement
passe à ses héritiers s’ils acceptent la succession.
▪ Acceptation sous bénéfice d’inventaire → Pour autant que cela soit positif
▪ Exceptions possibles : droit d’usufruit (ce droit s’éteint avec le décès du bénéficiaire)
5. Prescriptibles
1 Écoulement du temps permet d’acquérir un droit patrimonial
« …la prescription acquisitive est une mode d’acquisition de la propriété (…) par une
possession pendant un certain temps »
« Le délai de prescription acquisitive est de dix ans… » (Art. 3.26 et 3.27 du Cc)
2 Écoulement du temps permet d’éteindre un droit patrimonial = Prescription extinctive
Exemple : « Toutes les actions personnelles sont prescrites par dix ans » Ne pas
réclamer l’argent dû dans un délai de dix ans → Extinction de la créance
(Art. 2262bis, §1er, alinéa 1er ancien Cc)

Catégories de droits patrimoniaux: droit de créance et droit réel (IMPORTANT)

Droit de créance (vis-à-vis d’une personne)


○ Droit de créance : droit patrimonial en vertu duquel une personne (le créancier) peut exiger
d’une autre (le débiteur) l’accomplissement d’une prestation particulière.
▪ Exemple : un contrat = un créancier → une somme d’argent → débiteur

Deux caractéristiques (IMPORTANT)


a) Droits de créance = effets relatifs
▪ Principe : débiteur est redevable de la prestation à l’égard du créancier et ce dernier est
le seul à pouvoir en exiger l’exécution (  tout le monde)
▪ Exemple de la location : bailleur → loyer → son locataire (et à lui seul)
b) Quatre formes de la prestation d’un droit de créance
Donner Faire Ne pas faire Garantir
Transfert droit ou Accomplir une prestation Abstention (ex. contrat Garantie de l’assureur
somme d’argent. autre que donner (ex. interdit de divulguer ou de la caution. (les
contrat impose de une information parents garantissent
construire un mur). confidentielle). les enfants qui kottent)

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Droit réel (vis-à-vis d’une chose)
○ Droit réel : droit patrimonial en vertu duquel son titulaire peut directement utiliser, jouir ou
disposer d’une chose.
▪ Exemple : la propriété d’une voiture ; le titulaire de droit de propriété peut utiliser la
voiture sans demander l’autorisation à une autre personne.

Remarques
1. Droit réel = porte directement sur une chose
▪ Principe :  des rapports entre personnes !
▪ Exemple : différence entre achat et location d’une voiture
Achat → Propriétaire peut utiliser la voiture sans l’autorisation du vendeur
Location → Locataire doit passer par le bailleur pour utiliser la voiture (droit de créance)
2. Droit réel = opposable à tous
▪ Principe : titulaire peut en exiger le respect par tout le monde
= une « obligation passive général de respect » s’impose aux tiers
3. Droits réels = nombre limité par la loi (numerus clausus)
▪ Les servitudes ( = passer sur le terrain d’un autre pour accéder au sien)
▪ Droit d’usufruit
▪ Droit de rétention ( = retenir une chose si on ne vous paye pas en cas de faillite)

Deux sortes de droits réels


a) Droits réels principaux (« les droits réels de jouissance »)
▪ Ils ont une existence propre (pas l’accessoire d’un contrat) et permettent à leur
titulaire de retirer une utilité de la chose.
▪ Droit principal le plus complet : la propriété → trois prérogatives

1. Usus : utilisation de la chose à l’exclusion d’autrui


▪ Limitations possibles : propriétaire d’un immeuble concède un bail à un locataire
(peut plus habiter cet immeuble)
2. Fructus : recueillir les fruits produits par la chose (Art. 3.42 du Cc)
▪ Fruits naturels : générés spontanément (ex. une pomme)
▪ Fruits industriels : générés par le travail de l’homme (ex. les récoltes des champs)
▪ Fruits civils : revenus périodiques dus par un tiers auquel le propriétaire a concédé un
droit de jouissance (ex. le loyer)
3. Abusus : disposer librement de la chose sur laquelle porte le droit
▪ Disposition juridique = faire disparaitre de son patrimoine (vendre / échanger / …)
▪ Disposition matérielle = faire disparaitre physiquement la chose (détruire une voiture)
▪ Remarque : seul l’abusus permet de prélever les produits (entamer la chose)

Autres droit réels principaux :


▪ Liste : l’usufruit, l’emphytéose…
▪ Droits réels dits « démembrés : confèrent une ou deux des trois prérogatives de la
propriété, mais jamais les trois → L’usufruit
→ Usus ( = habiter dans l’immeuble) ; Fructus ( = percevoir les fruits produits par
l’immeuble) ; Pas Abusus (usufruitier ne peut normalement pas vendre l’immeuble)

+ Fruit : revenus périodiques dont la perception n’entame pas la chose

17
b) Droits réels accessoires (« les suretés réelles »)
○ Notion : Ils n’ont pas d’existence propre
▪ Existence dépend toujours de la créance qu’ils garantissent
▪ But = protection du créancier contre l’insolvabilité

Deux droits réels accessoires :


1. Gage (meubles) : remise de bijoux en gage d’une créance
▪ Créancier – garagiste = droit réel sur ces bijoux = droit de préférence sur leur prix en
cas de vente.
2. Hypothèque (immeubles) : hypothèque sur une maison
▪ Créancier – hypothécaire (banque) = droit réel sur la maison = droit de préférence sur
son prix en cas de vente.

Le droit intellectuel
○ Droit intellectuel : droit subjectif conférant à son titulaire la prérogative de faire respecter
l’intégrité « morale » d’une création de son esprit ou de lui en réserver l’exclusivité
d’exploitation pendant une période déterminée.
▪ Conférer la maitrise des créations intellectuelles à son titulaire
▪ Exemple : un brevet d’invention
Naissance d’un droit subjectif
1) Règle de droit objectif (Art. 3.50 du Cc)
2) Source : évènement concret qui lui donne naissance
Exemple du droit de propriété sur une voiture : évènement lui donnant naissance =
contrat de vente / d’échange / donation de la voiture.

Le patrimoine
○ Le patrimoine : entité abstraite constituée de l’ensemble des droits patrimoniaux et
obligations présents et à venir d’une personne (Art. 3.35 du Cc)

Remarques sur la définition


1. « Universalité de droit »
▪ Une « enveloppe » de tous les droits et obligations d’une personne
▪ Le patrimoine est donc une abstraction (une fiction)
2. Un actif et un passif
▪ Consistance nette positive ou négative selon chaque personne
3. Fonction de garantie
▪ But premier : garantir l’exécution des obligations du débiteur
▪ Saisie des éléments du patrimoine si insolvabilité
Exemple : saisie-exécution immo. de la maison d’un débiteur insolvable

18
Les caractéristiques du patrimoine (IMPORTANT)
1. Un des attributs de la personnalité
▪ Principe : patrimoine = attaché à une personne
▪ Conséquence : un sujet de droit = un seul patrimoine

2. Indivisible
▪ Notion : impossibilité de fractionner le patrimoine ou d’en additionner
On ne peut pas être titulaire de deux patrimoines après le décès d’un parent dont on
accepte la succession.
Tempéraments :
a) Patrimoine d’affectation spéciale (Art. 3.35, alinéa 2 Cc)
▪ Époux mariés sous le régime de la communauté légale
▪ Chaque époux = un patrimoine…
▪ … mais il y a aussi une communauté = « patrimoine commun » des époux pour les
besoins du mariage (affectation spéciale)
b) Création d’une personne morale
▪ Une ou plusieurs personnes peuvent créer une personne morale
▪ Conséquence : personne morale = patrimoine distinct de ses membres

3. Inaliénable : patrimoine dans son ensemble  cessible à titre onéreux ou gratuit

4. Disparition par confusion lors du décès de son titulaire


▪ Décès → Disparition personnalité → Disparition patrimoine
▪ Contenu : transmis aux héritiers du défunt
▪ Trois sortes d’héritiers (Art. 4.193 ; 4.195 ; 4.201 du Cc)

Ayants cause universels Ayants cause à titre universel Ayants cause à titre
particulier
Ceux qui ont vocation à Ceux qui ont vocation à Ceux qui ont vocation à
recevoir tout le patrimoine. recevoir une fraction abstraite recevoir un ou plusieurs droits
du patrimoine (mais pas le (ou biens) déterminés.
→ Enfant d’un parent mort
tout) = rare en pratique.
→ Un tiers à qui le défunt lègue
→ Un tiers à qui le défunt sa voiture.
lègue tous ces biens
mobiliers ou immobiliers
par testament.

5. Gage commun des créanciers


▪ Principe : Art. 3.36 , alinéa 1er Cc
« A moins que la loi ou le contrat n’en dispose autrement, le créancier peut
exercer son droit de recours sur tous les biens de son débiteur »
▪ Conséquence : insolvabilité = saisie d’éléments du patrimoine

19
Leçon 6.1 : La formation du contrat
Introduction
○ Tout le monde conclut des contrats (tout le temps et même sans le savoir)
▪ Achat d’un journal / appel à un plombier / ….
▪ Contrat = substrat des relations sociales
Principales bases légales du droit des contrats :
I. L’ancien Code Civil (contrat de vente / contrat d’entreprise et de mandat)
II. Le Code de droit économique (« CDE ») (protection du consommateur)

Remarque ! Réforme du droit des obligations


1. Nouveau « Livre 1er » qui reprend des concepts de base (ex. abus de droit)
2. Nouveau « Livre 5 » qui reprend le droit des obligations

La notion de contrat
○ Contrat : un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes avec l’intention de faire
naître des effets de droit (Art. 5.4 Cc)
▪ Contrat : opération simple ou complexe
→ Passage devant le notaire requis pour un contrat complexe (= acte authentique)
Remarques sur la portée des règles applicables aux contrats
1. Article 5.3 du Code civil
▪ « Les dispositions du présent livre sont supplétives, à moins qu’il résulte (…) un
caractère impératif ou d’ordre public »
▪ Consécration du caractère supplétif du droit des contrats
2. Article 5.13, alinéa 2 du code Civil
▪ « Les règles particulières aux contrats spéciaux sont établies dans les dispositions de
l’ancien Code civil et du présent Code qui concernent chacun de ces contrats, dans le
Code de droit économique et dans les lois particulières »

La rencontre de volontés en vue de produire des effets juridiques (IMPORTANT)


○ Naissance du contrat : rencontre de deux volontés sur le même objet
▪ Parfois plus compliqué → discordances entre les deux volontés = acheteur pourrait
recourir aux vices de consentements pour faire annuler le contrat.

L’offre-acceptation
○ Formation du contrat : rencontre de deux volontés par une offre suivie d’une acceptation
▪ Je vends ma BMW pour 10.000 euros (= offre) ; j’accepte et je viendrai la chercher
lundi matin (= acceptation) → Contrat formé (Art. 5.18 du Code civil)

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Trois caractères de l’offre au sens juridique (Art. 5.19 du Code civil)
1. Complète : contenir les éléments essentiels et substantiels du contrat projeté
▪ A défaut : « invitation à entrer en pourparlers »
▪ Exemple d’éléments essentiels pour la vente → la chose et le prix
▪ Exemple d’éléments substantiels pour la vente → la date de livraison
2. Ferme : l’offrant doit avoir la volonté de s’engager sur le plan juridique
▪ Idée : proposition doit témoigner de la volonté de conclure un contrat
▪ Conséquence : pas une offre au sens juridique du terme
▪ Propositions très incomplètes (pas de rémunération dans un contrat de travail) /
propositions formulées sur le ton de la plaisanterie (dans un show TV)
3. Extériorisée : l’offre doit parvenir à son destinataire
Offre réceptrice Offre au public
- Offre adressée à une personne - Offre adressée à un nombre
déterminée indéterminé de personnes
- Effet : irrévocable lorsqu’il parvient - Effet : obligatoire par le seul fait de
à son destinataire = offrant ne peut son extériorisation et l’offrant est lié
plus la retirer après ce moment sans avec le premier acceptant venu.
commettre une faute - Exemple : offre publique sous la
réserve de stock disponible.

En cas d’acceptation (innovation du Code civil)


○ Acceptation : toute déclaration ou autre comportement du destinataire de l’offre qui
exprime l’accord sur celle-ci, sans ajouts / limitations ou autres modifications concernant
des éléments essentiels ou substantiels (Art. 5.20, alinéa 1er Cc).
▪ Accepter l’offre de manière expresse → déclaration
▪ Accepter l’offre de manière tacite → comportement

○ Quid si modification des éléments essentiels ou substantiels de l’offre ?


▪ Les ajouts / limitations ou autres modifications entraînent le rejet de l’offre initiale et
constituent, le cas échéant, une nouvelle offre (Art. 5.20, alinéa 2 du Cc)
▪ Conséquence : formulation d’une « contre-offre »

Typologie des contrats (Art. 5.5 à 5.12 du Cc)


Contrat formé par l’accord de volontés, sans que sa validité
Contrats consensuels soit soumise à une exigence de forme (alinéa 1er).
→ Contrat de vente ou contrat de mandat
Contrats réels Formation soumise à la remise d’une chose (alinéa 3).
→ Contrat de prêt = formation par la remise de la chose prêtée
Contrats formels Validité soumise à une exigence de forme (alinéa 2).
→ Contrat de donation ou d’organisation de voyages

○ Exigence de forme ?
▪ Exemple de la donation d’une maison
▪ « Tout acte de donation est, à peine de nullité, passé devant notaire » (Art. 4.158 du Cc)
→ Contrat formel ou aussi dit « solennel »

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Contrats synallagmatiques et unilatéraux (Art. 5.6 du Cc)
Contrats synallagmatiques (Alinéa 1er) Contrats unilatéraux
○ Chaque partie souscrit des obligations ○ Une partie seulement souscrit des obligations
- Exemple : contrat de vente - Exemple : le contrat de cautionnement
- Vendeur = transférer la propriété. - Seule obligation = caution = payer le
- Acheteur = payer le prix créancier en cas d’inexécution du
débiteur garanti
Remarque : pas confondre contrat unilatéral et engagement par déclaration unilatérale de
volonté (= acte juridique unilatéral). (Art. 5.125 du Cc)
- Contrat unilatéral : accord de volonté entre deux personnes
- Engagement par déclaration unilatérale de volonté : volonté d’une personne
→ Offre de contracter = je vous vends ma voiture pour 10.000 euros
→ Engagement de maintenir l’offre = résultat d’une seule volonté

Les contrats à titre onéreux et les contrats à titre gratuit (Art. 5.7 du Cc)
Contrats à titre onéreux Contrats à titre gratuit
- Le contrat procure un avantage à - Une partie qui procure un avantage à
chaque partie (alinéa 1 )
er
l’autre ne reçoit en échange aucun
- Le contrat de vente ou de bail avantage (alinéa 2)
- La donation ou le service d’ami
Intérêt de la distinction : application de règles propres à chaque catégorie
- Exemple : la responsabilité du débiteur bénévole = appréciée avec clémence par les
cours et tribunaux (moins sévèrement qu’en cas de contrat à titre onéreux)

Contrats nommés et les contrats innommés (allusion à l’Art. 5.13 du Cc)


1. Contrats nommés : contrat réglé par les dispositions particulières
▪ Le contrat de vente (Art. 1582 à 1701 de l’ancien Cc)
▪ Régime juridique : prévu par les dispositions de l’ancien Code civil
2. Contrats innommés : contrat non réglé par des dispositions particulières
▪ Le contrat de leasing (contrat issu purement de la pratique
▪ Régime juridique : établi par la doctrine et la jurisprudence sur la base d’une
combinaison de règles issues des contrats nommés.

Contrats conclus intuitu personae


Dispositions Le Code civil ne consacre pas explicitement cette catégorie de
contrat.
Base Le cocontractant est indifférent lors de la conclusion du contrat
▪ Commande d’une pizza → la pizza importe, pas le livreur
Exception Le cocontractant est essentiel lors de la conclusion du contrat
▪ Avocat / Chirurgien / Peintre

Exemples de conséquences du caractère intuitu personae du contrat


1. Exécution personnelle du débiteur (Art. 5.196 du Cc)
▪ Un peintre réputé doit réaliser la toile lui-même
2. Décès / faillite et incapacité du débiteur (Art. 5.142 du Cc)
▪ Ces évènements peuvent entrainer la dissolution du contrat intuitu personae
▪ Décès du peintre réputé → héritiers ne doivent pas achever la peinture

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Contrats entre personnes privées / entre entreprises et avec un consommateur
1. Contrats entre personnes privées : régis par le Code civil et l’ancien Code civil

2. Contrats entre entreprises (« contrats B2B »)


▪ Régis par le Code civil et l’ancien Code civil
▪ Régis par le Code de droit économique
▪ Un contrat de vente conclu entre Carrefour et Delhaize
Notion d’entreprise (au sens Livre VI du CDE)
▪ « Toute personne physique ou personne morale poursuivant de manière durable un but
économique, y compris les associations » (Art. I.8 , 39° du CDE)
▪ Conséquence : notion d’entreprise = très large (ex. un avocat)
Règle spécifique : interdiction des clauses abusives dans les contrats B2B (Art. VI.91 du CDE)
▪ Notion : « toute clause d’un contrat conclu entre entreprises est abusive lorsque, à elle
seule ou combinée avec une ou plusieurs autres clauses, elle crée un déséquilibre
manifeste entre les droits et obligations des parties »
▪ Clauses présumées abusives (Art. VI.91/3 du CDE)
▪ Clauses réputées abusives en toutes hypothèses (Art. VI91/4 du CDE)
→ Sanction = nullité relative (Art. VI91/6 du CDE)

3. Contrats entre une entreprise et un consommateur


▪ Régis par le Code civil et l’ancien Code civil
▪ Régis par le Code de droit économique
▪ Exemple : a construction d’un abri de jardin par Brico pour un particulier
Champ d’application
▪ Notion de consommateur : « toute personne physique qui agit à des fins qui n’entrent
pas dans le cadre de son activité commerciale / industrielle / artisanale ou libérale
▪ Notion d’entreprise (au sens du livre VI) : Art. I.8, 39° du CDE
Régime spécifique
▪ Interdiction des clauses abusives dans les contrats B2C (Art. VI.82 à VI.86 du CDE)
▪ Remarque : clauses abusives dans les contrats B2C ne sont pas toujours les mêmes
que celles prévues pour les contrats B2B.
▪ Notion : « toute clause qui (…) crée un déséquilibre manifeste entre les droits et les
obligations des parties au détriment du consommateur » (Art. I.8 22° du CDE)
Clauses réputées en toutes hypothèses abusives (Art. VI.83 du CDE)
▪ Exemple 1er : clause ayant pour objet de « fixer ou modifier unilatéralement le délai de
livraison d’un produit » (5°)
▪ Exemple 2 : clause ayant pour objet de « déterminer le montant de l’indemnité due par
le consommateur qui n’exécute pas ses obligations, sans prévoir une indemnité du
même ordre à charge de l’entreprise qui n’exécute pas les siennes » (17°)
→ Sanction = nullité relative (Art VI.84 du CDE)

23
Les principes généraux du droit des contrats : le principe de « l’autonomie de la volonté »
Concept philosophique Le contrat est l’œuvre exclusive de la volonté souveraine des
parties (les « méta principe » du droit des contrats).
Les parties peuvent se doter de leurs propres lois par leur
volonté commune.
Idée - Un individu est tenu à un contrat « parce qu’il l’a voulu,
parce qu’il a voulu et comme il l’a voulu »
- Essor prodigieux au 19ième siècle : stimule l’esprit créatif
et génère des initiatives (leasing)

Le principe de la liberté contractuelle (Art. 5.14 du Cc)


- Liberté de contracter avec la personne - Liberté de déterminer le contenu du
de son choix sans avoir à motiver sa contrat pourvu qu’il satisfasse aux
décision de refuser de contracter ou de conditions de validité prescrites par la
contracter. loi.
- Je peux refuser de contracter avec un - Vente d’une voiture : les parties
entrepreneur pas solvable. peuvent insérer les clauses de leur
choix (ex. clause d’arbitrage)

Trois tempéraments aux principes de l’autonomie de la volonté


1. Ordre public et les lois impératives (Art. 5.3 et 5.8 du Cc)
▪ Exemple 1er : contrat ayant pour objet de trafic de drogue encourt la nullité absolue (=
objet contraire à l’ordre public)
▪ Exemple 2 : bail à ferme = durée minimale prévue par la loi (Art. 4)
→ Parties ne respectent pas la durée minimale de 9 ans (clause contraire à une
disposition impérative) = encourt nullité relative et durée prévue par la loi s’applique.

2. Contenu du contrat parfois imposé par le législateur


▪ Exemple : l’assurance de responsabilité civile souscrite par le conducteur d’un
véhicule automobile = c’est un contrat obligatoire et son contenu est défini à l’avance
par le législateur (Art. 1er 16/04/2018)

3. Article 5.52 du Code civil


▪ « Toute clause non négociable et qui crée un déséquilibre manifeste entre les droits et
obligations des parties est abusive et réputée non écrite » (alinéa 1er), sachant que
« l’appréciation du déséquilibre manifeste tient compte de toutes les circonstances qui
entourent la conclusion du contrat » (alinéa 2)
▪ Interdiction générale de la clause abusive dans tous les contrats d’adhésion et qui
n’entrent pas dans le champ d’application du CDE.
▪ Contrat d’adhésion (Art 5.10 du Cc) : contrat rédigé préalablement et unilatéralement
par une partie qui n’est pas négociable.
→ Ventre entre deux particuliers (deux « consommateurs »)

24
Liberté contractuelle et conditions générales
○ Conditions générales : définissent le contenu du contrat en réglant certains problèmes
(droit applicable / indemnités en cas de non-paiement…)
○ Opposabilité au cocontractant : deux conditions (Art. 5.23 du Cc)
▪ Connaissance effective : cocontractant doit avoir la possibilité d’en prendre
connaissance concrètement avant la conclusion du contrat.
▪ Deux formes d’acceptation Matière commerciale
1. Expresse : une signature = « j’accepte vos conditions générales »
2. Tacite : une entreprise reçoit les conditions et n’émet aucune protestation
(comportement = attention à la preuve !)

Le principe du consensualisme (Art. 5.28 et 5.29 du Cc)


○ Le contrat se forme par le seul accord de volontés des parties
○ Tempéraments
Contrats réels Contrats formels
- Formation du contrat par la remise de - Formation du contrat dépend d’une
la chose (ex. le contrat de prêt d’une condition de forme spécifique (ex. la
chose ou d’argent) conclusion d’une donation par un acte
authentique)
- Pas de remise → contrat inexistant
(nullité relative automatique) - Absence de forme = nullité du contrat

1. Le formalisme de validité
○ Formalités ou mentions obligatoires destinées à protéger le consommateur
○ Exemple : article VII.78 du CDE
▪ Conclusion d’un contrat de crédit à la consommation
▪ Nombreuses formalités et mentions obligatoires

2. Le formalisme de protection et révolution digitale


○ Évolution de la société : nécessité de réglementer les contrats électroniques
○ Base de la réglementation en droit belge : Livre XII du CDE
○ Formalisme spécifique pour ces contrats (Art. XII.6, 7, 15 et 16 du CDE)
▪ Informations précises sur le prestataire de services
▪ Informations sur les différentes étapes techniques à suivre pour conclure le contrat et
les moyens techniques pour identifier et corriger des erreurs commises dans la saisie
des données avant que la commande ne soit passée (Art. XII.7 du CDE)

3. Le formalisme probatoire et d’opposabilité


○ « Les conditions de forme requises uniquement pour la preuve ou l’opposabilité du contrat
n’ont pas d’incidence sur sa validité » (Art. 5.29, alinéa 4 du Code civil)
Formalisme probatoire Formalisme d’opposabilité
- Méconnaissance de ces formalités : - Méconnaissance de ces formalités : acte
acte n’est pas nul (pas s’en servir c n’est pas nul (ne pas l’opposer à des tiers)
comme preuve devant le juge)
- Pas de transcription : vente pas opposable
- Deux parties = deux exemplaires aux créanciers du vendeur qui pourront la
faire saisir si le vendeur
à des dettes.

25
Le principe de la convention-loi (Art. 5.69 et 5.70 du Code civil)
○ Le contrat valablement formé tient lieu de loi à ceux qui l’ont fait

Deux conséquences
1. Le contrat ne peut être modifié ou résilié que du consentement mutuel des parties / ou
pour les causes que la loi autorise.
▪ Clause de résiliation unilatérale : « Le contrat pourra être résilié par une partie
moyennant un préavis de trois mois adressé à l’autre par courrier recommandé »
2. Le juge ne peut dispenser les parties ou l’une d’elles d’exécuter le contrat, en modifier la
teneur ou y ajouter des clauses sur la base de l’équité.
▪ Exemple 1er : le juge ne peut réduire le loyer d’un bail d’habitation pour des
considérations d’équité.
▪ Exemple 2 : le juge ne pourrait décider d’annuler une clause d’un contrat de travail
qu’il trouve « manifestement léonine » en défaveur du travailleur.

Deux tempéraments au principe de la convention-loi


1. Droit de rétractation (Art. 5.22 du Cc)
▪ La loi ou le contrat peut accorder un droit de rétractation à une partie, qui dispose
alors, après la conclusion du contrat, d’un délai pendant lequel elle peut porter à la
connaissance de l’autre partie qu’elle renonce au contrat
→ Sans frais / justification ou indemnité
2. Renégociation ou dissolution d’un contrat (Art. 5.74 du Cc) (INNOVATION)
▪ Conditions centrales : changement de circonstances qui bouleverse l’économie
contractuelle et qui rend l’exécution du contrat excessivement onéreuse pour le
débiteur.
▪ Exemple : un contrat de transport conclu avant la crise énergétique est devenu
excessivement onéreux pour le transporteur à la suite de celle-ci ;
→ Possibilité de redemander la renégociation ou la dissolution du contrat
→ Refus du cocontractant ➔ Demande adressée au juge

Le principe de la bonne foi et de l’abus de droit (Art. 5.73 du Cc)


Notion de bonne foi Respect de la correction et de la loyauté lors de la formation et de
l’exécution du contrat (« contrat doit être exécute de bonne foi »)
- Adoption de l’ancien Cc : principe absent du droit des
contrats bien que mentionné à l’art. 1134, alinéa 3 de l’ancien
Histoire Cc (principe peu compatible avec une société libérale)
- Essor prodigieux : passage d’un simple principe
d’interprétation du contrat au début du 20ième siècle à un
principe fondamental à l’heure actuelle.
1. Fonction complétive
- Le contrat oblige non seulement à ce qui est convenu, mais
encore à toutes les suites que la loi / la bonne foi ou les
Double fonction usages lui donnent d’après sa nature et sa portée
2. Fonction modératrice
- Base de l’interdiction de l’abus de droit
- Innovation du Cc : les parties ne peuvent exclure ou limiter
l’application du principe de bonne foi à leur contrat = nullité
de la clause. (Art. 5.73, alinéa 3 du Cc)

26
L’abus de droit (Art. 5.73, alinéa 2, 1° Cc)
○ Chacune des parties doit, dans l’exécution du contrat, se comporter comme le ferait une
personne prudente et raisonnable placée dans les mêmes circonstances.
- Exemple : locataire paie plus son loyer et quitte les lieux → le bailleur commet un
abus de droit en réclamant l’exécution en nature (retour dans les lieux)

○ Critères spécifiques de l’interdiction de l’abus de droit :


1. Exercice d’un droit avec l’intention de nuire (Art. 1.11 Cc)
2. Exercice d’un droit sans intérêt ou de façon disproportionnée
3. Exercice d’un droit en le détournant de sa fonction légale initiale
→ Critère très rare en pratique (ex. droit de grève détourné de sa fonction)

○ Critères spécifiques  liste exhaustive


▪ Reconnaissance de nouveaux critères possible par la Cour de cassation
▪ Exemple : « rechtsverwerking » → Abus de droit si exercice d’un droit d’une manière
objectivement inconciliable avec l’exercice normal de droit (IMPORTANT)

Le principe de la relativité du contrat


○ Le contrat ne fait naitre des obligations qu’entre les parties
→ « Effet relatif du contrat » / « Relativité des effets du contrat »
○ Exceptions : les tiers ne peuvent demander l’exécution d’une obligation contractuelle que si
la loi le prévoit et dans le cas prévu à l’article 5.107 du Code civil ;
- Contrat par lequel les parties – le stipulant et le promettant –
s’accordent pour faire naître, à charge de ce dernier, un droit au
profit d’une tierce personne – tiers bénéficiaire – qui n’a pas pris
La stipulation pour part à la conclusion du contrat.
autrui

- Hypothèse où un tiers peut se prévaloir directement d’une créance


issue d’un contrat auquel il n’est pas partie (action directe =
origine légale)
L’action directe - « Tiers intercepte la créance » issue d’un contrat et devient
titulaire d’un droit propre envers le débiteur.

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La formation dynamique du contrat
○ Phase des négociations (= les préliminaires avant la conclusion du contrat)
▪ Remarque : tant que les parties sont en pourparlers → Pas de contrat
▪ Exemple : négociation d’un contrat de distribution en Chine = document indique que
« les parties envisagent la conclusion d’un contrat… »

Innovation majeure du Code civil


▪ Ancien Code civil : aucune disposition légale dédiée à la phase préliminaire
▪ Code civil : réglementation complète de la matière aux articles 5.14 à 5.17

Trois points essentiels


1. Liberté de rompre les négociations (Art. 5.15 du Cc)
▪ Les parties sont libres d’entamer, de mener et de rompre des négociations
précontractuelles (alinéa 1er) (rupture  acte illicite en soi)
▪ Tempérament : les parties doivent agir conformément aux exigences de la bonne foi

2. Obligation d’information (Art. 5.16 du Cc)


▪ Fonction complétive de la bonne foi : les parties se fournissent pendant les
négociations précontractuelles les informations que la loi, la bonne foi et les usages
leur imposent de donner, eu égard à la qualité des parties, à leurs attentes raisonnables
et à l’objet du contrat.
▪ Remarque : pas d’obligation d’infos générale lors des pourparlers = communication
d’informations quand la bonne foi l’impose.
▪ Exemple : vente d’une maison / obligation d’indiquer le projet de construction
d’autoroute à l’acquéreur.

3. Rupture fautive des pourparlers (Art. 5.17 du Cc)


▪ Les parties peuvent engager leur responsabilité extracontractuelle pendant les
négociations précontractuelles.
▪ Base légale : Art. 1382, l’ancien Cc (l’homme normalement prudent et intelligent)
▪ Exemples : rupture brutale des pourparlers juste avant la conclusion du contrat sans un
juste motif / refus de renouvellement d’un contrat sans un juste motif ou de façon
manifestement disproportionnée.
▪ Frais indemnisables (Art. 5.17 du Cc)
Intérêt négatif Intérêt positif
- Avantages nets qui auraient été
- Frais des négociations procurés par l’exécution correcte du
contrat s’il avait été conclu
Exemple : cession d’actions avortée à cause du comportement de l’acquéreur ; quid vendeur :
▪ Frais d’avocat et de notaire (-)
▪ Plus-value de 10.000 euros par rapport au prix des actions achetées il y a un an

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Les conditions de validité du contrat
○ Pour la validité d’un contrat, les conditions suivantes doivent être remplies :
1. Le consentement libre et éclairé de chaque partie
2. La capacité de chaque partie de contracter
3. Un objet déterminable et licite
4. Une cause licite
○ Remarque : appréciation des conditions de validité du contrat au moment de la conclusion
du contrat et non à une date postérieure à celle-ci.
▪ Exemple : un contrat de bail. Pas d’immeuble lors de la conclusion du contrat →
nullité pour absence d’objet (Art. 5.49)

Les conditions de validité : l’erreur


○ Erreur : consiste à croire vrai qui est faux ou croire faux qui est vrai
▪ Exemple : achat d’un tableau soi-disant authentique mais qui est une contrefaçon
▪ En dehors : pas d’annulation du contrat pour erreur
▪ Erreur matérielle → rectification possible du contrat (Art. 5.31 du Cc)

1. L’erreur obstacle : erreur à ce point grave qu’il n’y a pas de rencontre des consentements
▪ Sanction = nullité relative
▪ Conditions : erreur déterminante / erreur excusable
Erreur in corpore Erreur in negotio
▪ Nature du contrat ▪ Objet du contrat
▪ Ex. une partie souhaite vendre et ▪ Ex. une partie veut vendre le terrain
l’autre simplement louer A et l’autre souhaite acheter le B
→ Pas de contrat ! → Pas de contrat !

2. L’erreur-vice de consentement : si une partie a eu, de manière excusable, une


représentation erronée d’un élément qui l’a déterminée à conclure le contrat, alors que
l’autre partie connaissait ou devait connaître ce caractère déterminant. (Art. 5.34 du Cc)
Erreur déterminante du ▪
Notion de qualité déterminante = qualité sans
consentement de l’errans laquelle la partie victime de l’erreur (= l’errans)
n’aurait pas contracté.
▪ Principe : cocontractant de l’errans connaissait ou
Erreur doit avoir pénétré devait connaitre la qualité substantielle.
le champ contractuel ▪ Exemple : achat d’un tableau → Le vendeur doit
savoir que son authenticité est déterminante de mon
consentement compte tenu du prix que je l’ai payé.
▪ Principe : une personne prudente et raisonnable
placée dans des circonstances analogues aurait
Erreur doit être excusable également commis l’erreur.
▪ Appréciation du caractère raisonnable : prise en
considération de l’âge, des qualifications et des
compétences professionnelles de l’errans.
➔ Preuve des trois conditions de l’erreur : repose sur l’errans

29
Sanctions
1. Nullité relative du contrat
2. Dommages et intérêts (Art. 5.33 juncto art. 5.17 du Cc)
▪ Condition : erreur trouve son origine dans une faute du cocontractant
▪ Exemple : vente d’un tableau – le vendeur a dit qu’il s’était renseigné sur son caractère
authentique, alors que ce n’était pas le cas
→ Nullité + dommages et intérêts complémentaires

Les conditions de validité : le dol (Art. 5.35 du Cc) (IMPORTANT)


○ Le dol : une erreur provoquée intentionnellement par le cocontractant, quels que soient la
nature et l’objet de l’erreur (élément intentionnel du dol).
Deux conditions du dol (outre l’élément intentionnel)
1. Manœuvres frauduleuses
Manœuvres positives ▪ La vente d’une voiture
▪ Manipulation du compteur kilométrique
▪ Dol par silence = réticence dolosive
▪ Obligation de communiquer une information
Manœuvres négatives ▪ Rétention volontaire d’information
▪ Exemple : vente d’un véhicule d’occasion – le vendeur
omet volontairement de dire que le véhicule a subi un
grave accident.

2. Manœuvres déterminantes du consentement de la victime : la victime doit démontrer


que, sans les manœuvres, elle n’aurait pas contracté.
▪ Exemple : le compteur kilométrique trafiqué = acheteur doit démontrer qu’il n’aurait
pas acheté la voiture sans les manœuvres frauduleuses.
➔ Preuve des deux conditions (+ élément intentionnel) du dol : repose sur la victime (alinéa 4)

Deux remarques
1. L’erreur de la victime du dol ne doit pas être excusable
▪ Art. 5.35, alinéa 3 du Code civil
→ Différence majeure avec l’erreur vice-consentement
2. Dol émanent d’un complice du cocontractant
▪ Assimilé au dol provenant du cocontractant (Art. 5.35, alinéa 3 du Cc)
▪ Exemple : manipulation du compteur kilométrique. Dol admis si garagiste a demandé
au proprio de trafiquer le compteur afin de la lui racheter et la revendre à un bon prix.

Sanctions
1. Dol principal = dol déterminant du consentement de la victime
▪ Nullité relative
▪ Culpa in contrahendo : dommages et intérêts complémentaires

2. Dol incident = dol pas déterminant du consentement de la victime


▪ La victime aurait quand même contracté si elle avait eu connaissance des manœuvres ;
mais à de meilleures conditions.
▪ Effet : dommages et intérêts → Rééquilibrage du contrat

30
La validité du contrat : la violence (Art. 5.36 du Cc)
○ Violence : lorsqu’une partie conclut un contrat sous une contrainte illégitime de son
cocontractant qui lui fait craindre une atteinte considérable à l’intégrité physique ou morale
ou aux biens de cette partie / de ses proches.
▪ Exemple : forcer quelqu’un à faire du mal à ses proches

Trois conditions
1. Crainte d’une atteinte considérable
▪ La crainte doit être de nature à faire craindre un mal considérable à une personne
raisonnable placée dans les mêmes circonstances.
▪ Champ d’application : voir dernière partie définition
2. Crainte déterminante du consentement de la victime
▪ Annulation du contrat : la victime de la violence doit démontrer qu’elle n’aurait pas
contracté sans les menaces de son cocontractant.
3. Actes injustes ou illicites
▪ Exemple : l’auteur de la violence fait signer une reconnaissance de dette à une
personne en usant de voies de fait (menaces / coups / destruction de biens / …)

Deux tempéraments
1. La contrainte dans le cadre de l’exercice normal d’une autorité n’est pas, en soi, un acte
injuste ou illicite.
▪ Idée : la seule « crainte révérencielle » envers les parents ou son employeur ne suffit
pas pour entrainer la violence.
2. Exclusion de violence pour agissements qui s’expliquent par l’exercice normal d’un droit
▪ Exemple : un bien menacé d’expropriation = la conclusion d’une convention de
cession amiable avec l’autorité expropriante n’est pas, en soi, un acte injuste/illicite

Remarques
○ Preuve des trois conditions de la violence : repose sur la victime
○ La violence peut émaner d’un tiers complice ou d’une personne dont répond le
cocontractant (Art. 5.33, alinéa 3 Cc)

Sanctions
1. La violence principale = violence déterminante du consentement
▪ Nullité relative et dommages et intérêts complémentaires
2. Violence incidente = violence pas déterminante du consentement
▪ La victime aurait quand même contracté sans la violence, mais à des conditions plus
intéressantes → dommages et intérêts (très rare)

La validité du contrat : la lésion et l’abus de circonstances (Art. 5.37 et 5.38 Cc)


○ Lésion : la lésion consiste en un déséquilibre entre les prestations des parties existant au
moment de la conclusion du contrat.
▪ Remarque : le seul fait de l’existence d’un déséquilibre ne suffit pas à conclure à la
lésion = le législateur se méfie de ce vice de consentement (société libérale)
▪ Ex. acheter un immeuble plus cher que l’évaluation pour des raisons personnelles
→ Déséquilibre = résulte du jeu normal des relations commerciales

31
○ Conséquence : la lésion est reconnue par le législateur dans des cas particuliers et prévus
par la loi (Art. 5.38 du Cc)
▪ Exemple : la lésion de plus de 7/12ièmes pour la vente d’immeuble (Art. 1674 ancien Cc)
 La lésion protège le vendeur (pas l’acheteur) (IMPORTANT)
▪ Idée : prix de vente est inférieur à 5/12ièmes de la valeur réelle de l’immeuble =
vendeur peut réclamer l’annulation du contrat.
○ Sanction de la lésion simple : nullité relative

○ Abus de circonstances : déséquilibre manifeste entre les prestations des parties, lors de la
conclusion du contrat, à la suite de l’abus par l’une des parties de circonstances liées à la
position de faiblesse de l’autre partie.

Trois conditions
1. Déséquilibre manifeste entre les prestations des parties
▪ Principe : déséquilibre très important (appréciation par le juge)
▪ « Manifeste » : déséquilibre pas simplement défavorable à une partie
2. Exploitation de l’état d’infériorité d’une partie par l’autre
▪ Exploitation des faiblesses / de l’âge / de l’inexpérience / des passions d’une partie
▪ Exemple : contrat de transport = commissionnaire abusant de la dépendance
économique d’un petit transporteur
3. Lien de causalité entre l’abus et le déséquilibre manifeste
▪ Le juge doit être certain que la convention n’aurait pas été conclue ou qu’à tout le
moins, elle ne l’aurait été qu’à des conditions moins désavantageuses pour la victime
de l’abus de circonstances.
▪ Exemple : signer une quittance d’indemnisation pour un montant dérisoire après
l’incendie de sa maison.

Sanctions (Art. 5.33, alinéa 2 du Cc)


▪ Nullité relative (abus déterminant) ou adaptation des obligations (pas déterminant)
▪ Culpa in contrahendo : dommages et intérêts complémentaires

L’objet (Art. 5.46 à 5.49 du Cc)


Objet du contrat Les obligations ou les autres effets de droit que visent les
parties (Art. 5.46, alinéa 1er du Cc).
Obligation a pour objet une prestation qui peut consister à
Objet d’une obligation faire ou ne pas faire quelque chose / à donner quelque chose /
garantir quelque chose (Art. 5.46, alinéa 2 du Cc)

Caractères de l’objet
1. Dans le commerce est possible
2. Déterminé ou déterminable
3. Licite

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Un objet dans le commerce et possible (Art. 5.47 et 5.48 du Cc)
Objet dans le commerce Objet possible
▪ Viande impropre à la consommation ▪ Vente de la lune → non
= la loi prescrit qu’elle n’est plus ➔ Objet impossible
dans le commerce
▪ Pas faire l’objet d’un contrat

Un objet déterminé ou déterminable (Art. 5.49 du Cc)


○ La prestation doit être déterminée, ou au moins déterminable sans qu’un nouvel accord de
volontés des parties soit exigé.
Objet déterminé Objet déterminable
▪ La lecture du contrat permet de ▪ Contrat contient tous les éléments
définir la nature et l’étendue des objectifs permettant de définir les
prestations. prestations des parties
▪ Exemple : la vente d’un chien sans ▪ Exemple : l’achat des actions au prix
autre précision du marché à telle date
Imprécision de l’objet : complément possible par les usages professionnels et les règles de
l’art (Art. 5.71, alinéa 1er du Cc) (IMPORTANT)

Détermination de l’objet par un tiers ou par une partie (Art. 5.49 du Cc)
○ Applications (Art. 1591 et 1592 ancien Cc)
▪ Par une partie : un avocat qui détermine la stratégie du dossier
▪ Par un tiers : vente conclue à « dire d’expert » (contenir les éléments de base du
calcul du prix / éléments avec lesquels le prix peut être déterminé)
○ Contrôle par le juge : au départ de la bonne foi
○ Choses futures : peuvent être l’objet d’une prestation (Art. 5.50 du Cc)
▪ Condition : l’existence de la chose future doit être certaine sans qu’un nouvel accord
de volonté des parties soit requis
▪ Exemples : vente d’une voiture à fabriquer / récolte de l’année à venir

Un objet licite
○ Notion : la prestation est illicite lorsqu’elle crée ou maintient une situation qui est
contraire à l’ordre public ou à des dispositions légales impératives.
▪ Remarque : le simple fait qu’une convention contrevienne à une norme impérative ou
d’ordre public ne suffit pas à rendre son objet illicite (point de vue objet)
▪ Exemple d’objet illicite : la location d’un bien immobilier d’un complexe destiné à la
prostitution crée ou maintient une situation contraire à l’ordre public.

La cause (Art. 5.53 du Cc)


○ La cause : s’entend des mobiles qui ont déterminé chaque partie à conclure le contrat, dès
lors qu’ils sont connus ou auraient dû l’être de l’autre partie.
▪ Remarque : le mobile déterminant doit être extériorisé
▪ Exemple : location d’une maison à la suite d’un engagement dans une nouvelle société
= mobile propre au locataire constitue un objectif déterminant de son engagement
avec le bailleur et peut pénétrer le champ contractuel s’il en fait expressément part à
son bailleur.

33
Utilité de la cause
1. Contrat sans cause est frappé de nullité relative (Art. 5.54 du Cc)
▪ Tout contrat doit avoir raison d’être
▪ Tempérament : « contrats abstraits de leur cause »
→ Les parties ou la loi peuvent décider qu’une absence ou que la disparition de la
cause n’aura aucun effet → le cautionnement (contrat abstrait de sa cause)

2. Contrat affecté d’une cause illicite est nul (Art. 5.56 du Cc)
▪ Exemple : une personne loue une maison dans l’unique but d’y exercer un trafic de
drogues (si bailleur au courant du trafic)
▪ Remarque : le mobile illicite doit être commun aux cocontractants pour impliquer la
nullité – c’est-à-dire connu des deux parties (rejet de la « théorie du mobile unilatéral
illicite » de la Cour de cassation)

La capacité
○ Conclusion d’un contrat : il faut être juridiquement capable de contracter
○ Principe : capacité = toute personne peut contracter (Art. 5.40 du Cc)
▪ Exception : l’incapacité (Art. 5.41 du Cc)
→ Mineurs / Personnes protégées par l’art 492/1 de l’ancien Code / personnes à qui la
loi interdit de conclure certains contrats
○ Distinction : capacité de jouissance  capacité d’exercice (leçon 3)

L’ordre public et les lois impératives


→ On ne peut déroger à l’ordre public ni aux règles impératives (Art. 1.3, alinéa 3 du Cc)
▪ Ordre public : règle touchant aux intérêts essentiels de l’Etat ou de la collectivité, ou
qui fixe, dans le droit privé, les bases juridiques sur lesquelles repose la société, telle
que l’ordre économique / moral / social / environnemental (alinéa 4)
▪ Règle impérative : protection d’une partie réputée plus faible par la loi (alinéa 5)

Régime de la nullité :
1. Nullité absolue
2. Nullité relative
3. Annulation par notification : « à moins que le contrat soit constaté par un acte
authentique, l’annulation résulte également d’une notification écrite que toute
personne habilitée à se prévaloir de la nullité adresse, à ses risques et périls, aux
parties au contrat »

Contrôle à
posteriori du juge :
Annulation judiciaire Annulation par notification 1. Inefficacité de
= reste le principe (lettre) = possible depuis le l’annulation
01/01/2023 2. Sanction en cas
de faute (ex. la
résolution)

34
Leçon 6.II : L’exécution et l’inexécution des obligations + contrats spéciaux
L’exécution du contrat : le paiement
○ Le paiement : constitue l’exécution volontaire d’une obligation
▪ Acte juridique unilatéral (Art. 5.194 du Cc)
▪  Un contrat entre le créancier et le débiteur
▪ Pas besoin d’avoir l’accord du créancier pour payer

Les parties et l’objet du paiement


○ Débiteur : l’auteur de base du paiement (conséquence de l’effet relatif du contrat)
○ Paiement par un tiers ou par un auxiliaire du débiteur ;
▪ Le créancier ne peut pas le refuser (Art. 5.196 du Cc)
▪ Exemple : paiement par un tiers = les parents payant les loyers du kot de leur enfant
qui a souscrit le contrat de bail à son propre nom.

Limites au paiement par un tiers ou par un auxiliaire du débiteur


1. Refus pour des motifs liés au contenu de l’obligation à exécuter
▪ Le créancier peut refuser le paiement par un tiers dans un contrat conclu intuitu
personae (Art. 5.196 du Cc)
▪ Exemple : tableau à réaliser par le peintre et non un de ces assistants
2. Refus pour des motifs liés à la personnalité du tiers exécutant
▪ Un créancier pourrait refuser le paiement d’une caution de son débiteur, s’il sait que ce
tiers paiera avec des fonds frauduleux.

○ Objet du paiement : le créancier ne peut pas être contraint de recevoir une autre
prestation que celle qui lui est due, quoique sa valeur soit égale ou même plus grand
▪ Paiement valable : exécution de l’objet initialement convenu (ni plus ni moins)
▪ Conséquence : paiement le partiel n’est pas libératoire
▪ Exemple : achat d’un salon complet ; si le vendeur ne livre qu’une seule table, son
paiement n’est pas libératoire

Exception : la dation en paiement (Art. 5.200, alinéa 3 du Cc)


▪ La dation en paiement est une convention par laquelle les parties modifient l’objet du
paiement et conviennent que la remise d’une chose différente de celle originairement
prévue entraine la libération du débiteur.
▪ Exemple : achat d’une voiture rouge ; voiture verte peut être livrée à la place

L’inexécution du contrat
○ Illustrations : le vendeur ne délivre pas la chose vendue / le locataire ne paye pas son loyer
→ Manquement contractuels = violation du principe de la convention loi
Réaction du créancier
▪ Première étape : inexécution imputable ou non-imputable ?
→ Faute contractuelle du débiteur  pas de faute contractuelle du débiteur

35
L’inexécution imputable (Art. 5.82 et 5.225 du Cc)
○ L’inexécution n’est imputable au débiteur que si une faute peut lui être reprochée ou s’il
doit en répondre en vertu de la loi ou d’un acte juridique.
→ Inexécution imputable = sanctions de cette inexécution

1. Faute contractuelle du débiteur : variation d’intensité des obligations du débiteur


Obligation du résultat Obligation de moyens
▪ Le débiteur est tenu d’atteindre un ▪ Le débiteur est tenu de fournir tous
certain résultat (Art. 5.27, alinéa 2 Cc) les soins d’une personne prudente et
raisonnable pour atteindre un résultat
▪ Débiteur en faute si le résultat n’est
pas obtenu, sauf à démontrer une ▪ En faute s’il ne s’est pas comporté
force majeure dans son chef comme une personne prudente et
raisonnable pour atteindre le résultat
promis.

Utilité de la distinction sur le plan de la preuve


I. Obligation du résultat : si le résultat n’est pas atteint, la faute du débiteur est
présumée sauf à ce débiteur à démontrer la force majeure.
Exemple : avocat oublie de faire appel d’une décision un mois après sa signification
II. Obligation de moyens : le créancier doit démontrer que le débiteur ne s’est pas
comporté comme une personne prudente en raisonnable.
Exemple : un chirurgien rate l’opération et cause un dommage à son patient.

Appréciation de l’intensité de l’obligation


Principe Appréciation en fait par le juge de fond
Importance de l’aléa dans l’exécution de l’obligation
Critère majeur ▪ Interjeter appel dans le délai = aléa faible = résultat
▪ Opération complexe = aléa important = moyens

2. Inexécution rendue imputable par la loi


▪ La loi peut rendre le débiteur responsable d’une inexécution contractuelle, de sorte
que cette dernière lui soit imputable.
▪ Exemple 1er : débiteur est responsable des actes commis par ses auxiliaires (Art. 5.229)
▪ Exemple 2 : l’inexécution due à l’utilisation d’une chose défectueuse est imputable au
débiteur, sauf force majeure (Art. 5.230 du Cc)

3. Inexécution rendue imputable par un acte juridique


▪ Un acte juridique, comme un contrat, peut imputer une inexécution contractuelle au
débiteur en l’absence de faute de sa part.
▪ Exemple : l’obligation de garantie souscrite par le débiteur (en principe licite)
→ Débiteur responsable du retard de la chose vendue même si cela résulte de la
survenance d’une force majeure (tempête / incendie / …)

36
L’inexécution non imputable (Art. 5.226 du Cc)
○ Une inexécution contractuelle n’est pas imputable au débiteur lorsqu’elle est la
conséquence d’un cas de force majeure, qui rend l’exécution de son obligation impossible
○ Force majeure : obstacle insurmontable, postérieur à la formation du contrat qui rend
impossible l’exécution de l’obligation du débiteur.
▪ Inexécution du débiteur à la suite d’une force majeure = pas sa faute !
▪ Exemple : livraison d’un bien pendant une grève des trains = force majeure
→ Inexécution contractuelle n’est donc pas imputable au débiteur

Deux conditions de la force majeure


1. Une impossibilité d’exécution postérieure à la formation du contrat
Impossibilité matérielle de louer un Impossibilité juridique de mettre un
immeuble à la suite d’un incendie immeuble en location à la suite d’une
mesure juridique (confinement)
Pour déterminer si le débiteur peut encore exécuter son obligation – ou non –
→ Référence au critère de la personne normalement prudente et raisonnable

2. L’inexécution de débiteur ne doit pas être imputable au débiteur


▪ L’impossibilité d’exécution ne peut résulter que d’un évènement indépendant de la
volonté du débiteur et qu’il n’a pu ni prévoir ni conjurer.
▪ Remarque : certains événements internes (maladie soudaine) au débiteur ou
prévisibles (ouragan prévu) peuvent être à la base d’une inexécution non imputable
dans le chef du débiteur.
▪ Conséquence : le juge peut tenir compte des caractères externe / imprévisible /
inévitable de l’obstacle pour apprécier l’imputabilité de l’événement
→ Il ne s’agit pas de conditions de la force majeure

Remarque : obligation d’information (Art. 5.226, §2 du Cc)


▪ Si le débiteur a connaissance ou doit avoir connaissance d’une cause d’impossibilité
d’exécution, il doit en informer le créancier dans un délai raisonnable
▪ Manquement à ce devoir : le débiteur est tenu de réparer le dommage qui résulte du
défaut d’information.

Deux effets de la force majeure


I. Dissolution : obligation définitivement impossible à exécuter (ex. incendie)
II. Suspension : obligation temporairement impossible à exécuter (ex. grève)

La théorie de l’imprévision
○ Théorie de l’imprévision : événement imprévisible et non imputable au débiteur qui
bouleverse l’économie contractuelle (rend ses obligations plus difficiles à exécuter)
▪ Obligation de renégociation des parties / révision du contrat par le juge
Deux remarques
I. Imprévision ne suppose pas une impossibilité d’exécution
II. Statut incertain sous l’ancien Code civil

○ Art. 5.74 du Code civil : reconnaissance de la théorie de l’imprévision


→ Une disposition pour les conditions et les effets

37
Remarque
▪ Principe : article 5.69 du Code civil (convention-loi)
▪ Exception : article 5.74 du Code civil (changement de circonstances)

Raisonnement en deux temps


Phase de renégociation du contrat → Adaptation ou dissolution judiciaire du contrat
Demande du débiteur Demande des deux parties
Échec des négociations (ou refus)

1. Phase de renégociation (Art. 5.74, alinéa 2)


○ Demande du débiteur
▪ Préalable obligatoire à l’intervention judiciaire
▪ « Fin de non-procéder » = remise de l’affaire par le juge si condition pas remplie
○ Acceptation du créancier : pas d’obligation (Art. 5.47, alinéa 4 : refus créancier possible)

2. Intervention judiciaire en cas d’échec ou de refus (Art. 5.74, alinéa 4)


▪ Pouvoirs du juge : adaptation ou dissolution du contrat
▪ Limite : adaptation ou dissolution doit être demandée par une partie (principe dispositif)

Conditions cumulatives pour demander la renégociation du contrat

Les sanctions de l’inexécution du contrat

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Le préalable : la mise en demeure
○ Mise en demeure : l’acte juridique unilatéral par lequel le créancier notifie au débiteur, de
manière claire et non équivoque, sa volonté d’exiger l’exécution de son obligation.
1. Dernière chance avant poursuites judiciaires
2. Laisser un délai au débiteur lorsque la bonne foi ou le contrat l’impose
→ Préalable obligatoire, sauf pour l’exception d’inexécution

Mise en demeure pour le futur (ad futurum) ?


○ Exemple : un maitre de l’ouvrage est certain que l’entrepreneur n’exécutera pas les travaux
qu’il lui a commandés pour l’échéance convenue. (Art. 5.232 du Cc)
1. Mise en demeure ad futurum possible (effets au jour de l’échéance)
2. La mise en demeure pour l’avenir doit être « suffisamment proche de l’échéance »

Formes de la mise en demeure (IMPORTANT)


1. Aucune forme requise (écrite ou orale suffit), sauf si le contrat prévoit le contraire
2. Aucune formule sacramentelle
▪ Expression claire et de non équivoque de la volonté du créancier d’être payé suffit.
▪ Pas besoin d’indiquer les remèdes que le créancier compte utiliser

Conseil pratique : un écrit est vivement recommandé à des fins de preuve

Exceptions à l’obligation de mettre en demeure (Art. 5.233 du Cc)


1. Violation d’une obligation à ne pas faire → ex. clause de confidentialité
2. Exécution du contrat devenue impossible → ex. interjeter appel hors délai
3. Exécution du contrat n’a plus d’intérêt pour le créancier → ex. livrer des
marchandises hors du délai convenu
4. Débiteur a fait savoir qu’il ne s’exécutera pas → ex. déclaration expresse en ce sens
ou tacitement par un abandon de chantier
5. Loi ou le contrat dispense de mise en demeure → ex. clause prévoyant que le débiteur
sera mis en demeure par la seule échéance du terme
6. Responsabilité extracontractuelle → ex. accident qui s’est déjà produit

Précision importante non mentionnée à l’article 5.231 du Code civil


○ Citation du débiteur en justice ➔ Mise en demeure (Cass. 25/02/1993 et 24/10/1991)
▪ Exemple : l’achat d’une voiture non livrée. L’acheteur ne doit pas mettre son
concessionnaire en demeure de la lui livrer s’il l’a déjà cité préalablement devant une
juridiction à cet effet.

L’exécution en nature
○ L’exécution en nature : consiste à réclamer au juge la condamnation du débiteur à exécuter
la prestation initialement convenue (Art. 5.84 et 5.234 du Cc)
▪ Exemple : livraison de la chose vendue. Le vendeur ne s’exécute pas à l’échéance
convenue. L’acheteur peut réclamer au juge qu’il le condamne à lui livre la chose.

Remarques fondamentales
1. Exécution en nature : droit pour le créancier (Art. 5.84 et 5.234 du Cc)
2. Exécution en nature : droit pour le débiteur (Art. 5.228 du Cc)

39
Respect de la condamnation du juge à l’exécution en nature
○ L’utilisation de la contrainte directe sur le débiteur est normalement interdite
▪ La contrainte est, en règle, contraire à la dignité humaine
▪ Exemple : recours à la police. On ne peut pas appeler la police, en principe, pour
forcer le débiteur à s’exécuter (exception : expulsion manu militari)
○ Astreinte assortissant la décision du juge : l’astreinte est une somme d’argent que le
débiteur doit payer au créancier s’il ne s’exécute pas en nature dans le délai précisé par la
décision (Art. 1385bis du Code judiciaire)
▪ Exemple : livraison de la chose vendue. Le juge pourra condamner le vendeur au
paiement de 100 €/j en cas de non-livraison du bien à l’acheteur à la date déterminée
dans son jugement.

Tempéraments à l’exécution en nature (Art. 5.234, alinéa 1er du Cc)


Le créancier souhaite obtenir la livraison Le bailleur veut que son locataire réintègre
d’un tableau unique qui a péri dans les lieux loués, alors qu’il les a quittés et
l’incendie de l’entrepôt de son débiteur. qu’il ne paie plus son loyer depuis des mois.

Remplacement judiciaire ou sur notification du débiteur (Art. 5.85 et 5.235, alinéa 1er du Cc)
○ Notion : si la prestation s’y prête, le créancier a le droit de se faire autoriser par le juge à
exécuter lui-même l’obligation ou à la faire exécuter par un tiers aux frais du débiteur.
Principes
▪ Remplacement : judiciaire et extrajudiciaire (= sur notification du débiteur)
▪ Remplacement : forme d’exécution en nature
➔ Vise à procurer l’exécution satisfactoire du contrat par le créancier lui-même ou par un
tiers (aux frais du débiteur remplacé)

Conditions du remplacement judiciaire (autorisé par le juge)


1. Une inexécution imputable au débiteur, peu importe la gravité de celle-ci
(inexécution imputable minime suffit) → ex. mur mal construit dans une maison
2. Une mise en demeure préalable
3. Une prestation qui se prête à l’exécution par un tiers (pas de remplacement pour les
obligations personnelles du débiteur = obligations intuitu personae)
4. L’exécution en nature par un tiers soit possible et non constitutive d’un abus de droit
5. Respect des attentes raisonnables du débiteur : tiers compétent et dont le coût ne sera
pas excessif (faute : pas droit à récupérer tous les coûts)

40
Conditions du remplacement sur notification du débiteur (Art. 5.85 du Cc)
1. Une inexécution contractuelle imputable au débiteur et consommée (pas
d’inexécution contractuelle grave  résolution judiciaire et sur notification)
2. Une mise en demeure préalable (bonne foi impose, de laisser un dernier délai au
débiteur pour s’exécuter)
3. Une prestation qui se prête à l’exécution par un tiers
4. Des mesures utiles pour établir l’inexécution du débiteur (constat contradictoire ou
constat de l’inexécution par un huissier de justice)
5. Une urgence ou des circonstances exceptionnelles (débiteur déclare qu’il ne
s’exécutera pas, incompétence manifeste ou mauvaise foi flagrante de celui-ci)
6. Une notification écrite au débiteur (description circonstances et manquements
reprochés au débiteur)
7. Le respect des attentes raisonnables du débiteur

Remarque
○ Remplacement sur notification : « aux risques et périls du créancier » (Art. 5.85, alinéa 2 Cc)
○ Manquements aux conditions : inexécution imputable du créancier
➔ Mise en œuvre de sanctions par le débiteur

La réparation du dommage
Base ▪ Le créancier peut exiger la réparation intégrale de son
dommage, en nature ou sous forme pécuniaire (Art. 5.86)
▪ Replacer le créancier, autant que faire se peut, dans la
Objectif situation dans laquelle il se serait trouvé si le débiteur
s’était acquitté de son obligation de façon obligatoire
▪ Réparation = nouvelle obligation
Réparation ▪ Faire « comme si » le débiteur s’était bien exécuté

Conditions de la réparation : les articles 1382 et 1386bis de l’ancien Code civil sont
d’application conforme à moins que leur nature et leur portée ne soient incompatibles avec
une telle application (Art. 5.237, alinéa 2 du Cc)
1. Faute contractuelle imputable au débiteur
2. Existence d’un dommage dans le chef du créancier
▪ Caractères du dommage : certain, légitime et personnel
▪ Ajout en matière contractuelle : seul le dommage raisonnablement prévisible dans
son principe (et non son ampleur) lors de la conclusion du contrat est indemnisable
▪ En pratique : dommage imprévisible dans son principe = très rare
3. Lien causal entre la faute et le dommage
▪ Notion de causalité : créancier doit démontrer que, sans la faute du débiteur, son
dommage ne se serait pas produit

41
Formes de la réparation
En nature Pécuniaire
▪ Équivalent non pécuniaire (autre ▪ « Dommages et intérêts »
chose que dommages et intérêts) ▪ Paiement de 1.000e pour remplacer
▪ Réparation d’une clôture une clôture endommagée
endommagée

La clause indemnitaire (anciennement « clause pénale »)


○ Les parties peuvent convenir à l’avance qu’en cas d’inexécution imputable, le débiteur est
tenu, à titre de réparation, au paiement d’un montant forfaitaire ou à la fourniture d’une
prestation déterminée. (Art. 5.88, §1er Cc)
Remarques :
1. Nature : clause indemnitaire = convention sur la réparation
2. Avantages : créancier doit pas prouver son dommage ni son ampleur
▪ Exemple : la livraison d’un cheval. Clause indemnitaire 50e de dommages et intérêts
par jour de retard de livraison.
Objectif de la clause indemnitaire : réparation du dommage et non de punir
Conséquence : interdiction des clauses indemnitaires excessives (Art. 5.88, §2 du Cc)
▪ Clause indemnitaire manifestement déraisonnable = réduction d’office par le juge ou
à la demande du débiteur compte tenu du dommage et de toutes les autres
circonstances,
en particulier des intérêts légitimes du créancier ( dommage réellement subi)
▪ Limite au pouvoir de réduction : pas de condamnation à une réparation inférieure à un
montant raisonnable ou à une prestation raisonnable
Nature de l’article 5.88 du Code civil : impératif (Art. 5.88, §7 du Cc)
▪ Demande de dérogation
→ pas de clause contractuelle contraire à l’article 5.88 du Code civil

La clause d’exonération de la responsabilité (Art. 5.89, §1er du Cc)


○ Sauf si la loi en dispose autrement, les parties peuvent convenir d’une clause exonérant le
débiteur, en tout ou en partie, de sa responsabilité contractuelle ou extracontractuelle.
○ Licéité : validité en principe reconnue en droit belge, même pour la faute lourde ou la faute
d’une personne dont on répond (ex. la faute d’un auxiliaire)
▪ Exemple : l’expert-comptable. Limitation de la responsabilité contractuelle d’un
expert-comptable en cas de manquement à ses devoirs de conseil envers son client.

Trois limites à la validité des clauses exonératoires


1. Interdiction de s’exonérer de sa faute intentionnelle ou de la faute intentionnelle d’une
personne dont il répond (Art. 5.89, §1er, al. 3, 1° du Cc)
▪ Faute intentionnelle : volonté de nuire ou de procurer un gain (Art. 1.11 du Cc)
▪ Exemple : clause d’exonération pour les manquements du sous-traitant nulle si ce
dernier laisse dépérir un bâtiment dans le but de nuire au maitre de l’ouvrage

42
2. Interdiction de s’exonérer d’une faute qui porterait atteinte à la vie ou à l’intégrité
physique d’une personne (Art. 5.89, §1er, al.3, 2° du Cc)
▪ Pas d’exonération du dommage causé par un défaut de surveillance d’un moniteur
d’un événement sportif impliquant une obligation de sécurité
3. Interdiction de vider le contrat de sa substance par l’insertion d’une clause exonératoire
de responsabilité (Art. 5.89, §1er, al. 4 du Cc)
▪ Portée : tempérament vise les obligations essentielles du contrat
▪ Exemple : la construction d’une maison. L’entrepreneur s’exonère de sa responsabilité
▪ si la maison s’écroule.

La résolution du contrat (Art. 5.90, al. 1er du Cc)


○ Le contrat synallagmatique peut être résolu lorsque l’inexécution du débiteur est
suffisamment grave ou lorsque les parties sont convenues qu’elle justifie la résolution
▪ Exemple : le contrat de bail → Si le loyer n’est plus payé le bailleur peut demander la
résolution du contrat auprès du juge (contrat n’a plus d’utilité économique)
▪ Forcer le retour + paiement du loyer = abus de droit
Remarques
1. Droit d’option du créancier : choix entre l’exécution en nature ou la résolution, mais pas
les deux (sanctions incompatibles) → Choix discrétionnaire
2. Résolution : judiciaire ou extrajudiciaire (sur notification) et par anticipation
Conditions de la résolution judiciaire (Art. 5.91 du Cc)
1. Un contrat synallagmatique (pas résolution pour les unilatéraux, tels que cautionnement)
2. Une mise en demeure préalable
3. Une inexécution contractuelle imputable au débiteur et suffisamment grave
▪ Notion de manquement grave : manquement qui prive le créancier de toute utilité
économique du contrat
▪ Exemple : fournisseur de voiture ; manquement grave si son distributeur n’atteint pas
régulièrement ses quotas de vente
▪ Remarque : appréciation souveraine, en fait, par le juge du fond

Pouvoirs du juge en cas de résolution


1. Prononcer la dissolution du contrat (= la suppression) et accorder une réparation
complémentaire au créancier (Art. 5.91, al. 1er, 1° du Cc)
2. Alternative : accorder un dernier délai au débiteur afin de lui permettre d’exécuter ses
obligations (Art. 5.91, al. 1er, 2° du Cc)

Conditions de la résolution extrajudiciaire (sur notification) (Art. 5.93 du Cc)


1. Un contrat synallagmatique et non unilatéral
2. Une inexécution imputable et suffisamment grave (même appréciation que pour la
résolution judiciaire et pas de circonstances exceptionnelles requises)
3. Une mise en demeure préalable (bonne foi → laisser un dernier délai)
4. Des mesures utiles pour constater l’inexécution du débiteur (constat contradictoire ou
toute autre mesure telle qu’un constat d’huissier)
5. Une notification écrite au débiteur (description des manquements reprochés)

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Pouvoirs de juge en cas de résolution sur notification
○ La notification par laquelle le créancier résout le contrat est inefficace si les conditions de
la résolution ne sont pas remplies ou si elle est abusive. (Art. 5.94 du Cc)
○ Idée : inefficacité de la notification signifie que le juge pourra décider qu’elle n’a jamais
existée et constater que le créancier a commis une faute imputable.
○ Exemple : contrat de construction
→ résolution suite à un manquement minime rendu inefficace par le juge

L’exception d’inexécution
○ Dans un rapport synallagmatique, le créancier d’une obligation exigible peut suspendre
l’exécution de sa propre obligation jusqu’à ce que que le débiteur exécute ou offre
d’exécuter la sienne → Suspension doit être appliquée de bonne foi (Art. 5.239, §1er du Cc)
▪ Sanction défensive = « contre-attaque »
▪ Exemple : un bailleur n’effectue pas des travaux promis au locataire dans le délai
Double fonction :
I. Moyen de pression
II. Moyen de protection
Conditions de l’exception d’inexécution
1. Contrat synallagmatique et non unilatéral
2. Une inexécution imputable au débiteur (un manquement minime suffit)
3. Créance certaine et exigible
▪ Notion de certitude : existence de la créance non sérieusement contestée
▪ Notion d’exigibilité : créance échue dont on peut réclamer l’exécution
▪ Remarque : créance ne doit pas être liquide (pas nécessaire de déterminer le montant)
4. Une notification écrite si la bonne foi l’impose (absence de notification = la règle)
5. Le respect de la bonne foi
▪ L’excipiens ne peut pas être à l’origine de l’inexécution de son cocontractant
▪ L’excipiens doit respecter un principe de proportionnalité

Contrôle a posteriori du juge : Moyen de défense temp. :


Pas de mise en demeure résolution du contrat aux torts reprise de l’exécution de ses
requise (Art. 5.83, al. 3 du Cc) de l’excipiens possible si obligations dès que l’autre
ENAC invoquée en dehors des partie exécute les siennes.
conditions d’application.

L’exception d’inexécution anticipée (« exceptio timoris »)


○ Créancier peut suspendre l’exécution de son obligation lorsqu’il est manifeste que son
débiteur ne s’exécutera pas à l’échéance et que les conséquences de cette inexécution sont
suffisamment graves pour lui. Le créancier ne peut plus suspendre l’exécution de son
obligation si le débiteur donne des assurances suffisantes de la bonne exécution de la sienne.
▪ Remarque : inexécution future manifeste exigée mais pas de circonstances
exceptionnelles contrairement à la résolution anticipée
→ Conditions de stricte interprétation

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La réduction du prix
▪ En cas d’inexécution qui n’st pas suffisamment grave pour
Notion justifier la résolution le créancier peut demander en justice la
réduction du prix (Art. 5.97, al. 1er du Cc)
Idée ▪ Outil de rééquilibrage du contrat en cas d’inexécution
imputable minime
Exemple ▪ Projet de construction de cinq maisons pour 1.000.000e et
finalement que quatre construites → Réduction de 200.000e

1. Réduction de prix judiciaire (Art. 5.97, al. 1er du Cc)


▪ Une obligation contractuelle
▪ Une inexécution imputable
▪ Une inexécution contractuelle minime (inverse de la résolution)
▪ Une mise en demeure préalable
2. Réduction du prix sur notification (Art. 5.97, al. 2 du Cc)
▪ Mêmes conditions que la réduction de prix judiciaire
▪ Ajout : notification écrite au débiteur mentionnant la cause de réduction du prix
3. Calcul de la réduction de prix (Art. 5.97, al. 3 du Cc)
▪ Toute réduction du prix est proportionnelle à la différence, au moment de la
conclusion du contrat, entre la valeur de la prestation reçue – prestation convenue.

Remarques
- Exécution en nature ne peut être - Réduction du prix ne peut être cumulée
cumulée avec la résolution du avec la réparation pour la différence de
contrat. valeur qu’elle indemnise.
- Exécution en nature ne peut être
cumulée avec la réparation, sauf - Réduction du prix ne peut être cumulée
si indemnisation d’un dommage avec résolution du contrat.
distinct.

Quelques contrats spéciaux : la vente


○ La vente : le contrat par lequel une personne – le vendeur – s’oblige à transférer la
propriété à l’autre – l’acheteur – d’un bien moyennant paiement du prix.
Transfert de la propriété
▪ Résulte du seul échange des consentement ( « solo consensu »)
▪ Un accord sur la vente d’un cheval pour 5.000e = transfert immédiat de la propriété au
moment de l’accord des parties sur la chose et sur le prix ( avec la livraison)
Caractéristiques du prix
1. Certain, déterminé ou déterminable (Art. 5.49 du Cc, Art. 1582 et 1583 de l’ancien Cc)
➔ A défaut : nullité de la vente
2. Sérieux et non dérisoire
▪ Diamant vendu 500e et valeur réelle estimée 10.000e
▪ Requalification en donation en cas de prix manifestement dérisoire

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Les obligations du vendeur
1. Le vendeur doit délivrer une chose conforme (Art. 1604 ancien Cc)
▪ Chose conforme : chose correspondant aux clauses contractuelles ou, à défaut de
clauses, aux caractéristiques habituelles de ce genre de chose

2. Le vendeur doit garantir l’acheteur contre les vices cachés (Art. 1641 de l’ancien Cc)
▪ Vice : tout défaut qui rend le chose impropre à l’usage auquel on la destine ou qui
diminue tellement cet usage que si l’acheteur l’avait connu, il ne l’aurait pas acquise
ou l’aurait acquise pour un prix moindre.
▪ Vice caché : celui que l’acheteur n’a pu ou n’a pas dû pouvoir déceler lors de la
livraison (ex. mérule ou amiante dans l’immeuble)
▪ Découverte du vice caché : action de l’acheteur à bref délai contre le vendeur
▪ Bref délai : appréciation souveraine par le juge au regard de toutes les circonstances
de la cause, notamment de la nature du vice / les usages / la qualité des parties et les
actes accomplis par celles-ci (ex. expertise ou des négociations entre parties)

3. Le vendeur doit une garantie d’éviction à l’acheteur (Art. 1626 ancien Cc)
▪ Garantie d’éviction : le vendeur doit offrir à l’acheteur une jouissance paisible et le
garantir de toutes les revendications de droit des tiers.
▪ Exemple : un tiers prétend que la maison vendue à l’acheteur lui appartient
I. Le vendeur doit prendre fait et cause pour l’acheteur devant le juge
II. Triomphe du tiers : résolution de la vente avec octroi d’une réparation (à acheteur)

Les obligations de l’acheteur


1. L’acheteur doit payer le prix convenu (Art. 1650 et 1652 ancien Cc) avec l’ensemble de ses
accessoires (ex. intérêts éventuels)

2. L’acheteur doit retirer la chose vendue


▪ Retirement : corrélation de l’obligation de délivrance du vendeur
▪ Manquement de l’acheteur : demande d’exécution en nature possible, de résolution
du contrat de vente ou de réparation pour le vendeur.
ex. laisser la marchandise dans un entrepôt coûte de l’argent.

Quelques contrats spéciaux : le contrat d’entreprise


○ La prestation de services : l’entreprise est le contrat par lequel un entrepreneur s’engage à
effectuer une prestation de services en faveur du maitre de l’ouvrage moyennant le paiement
d’un prix par ce dernier (Art. 1710 ancien Cc)
▪ Construction d’une maison → Prestation matérielle
▪ Plaidoirie d’un avocat → Prestation intellectuelle

Différence entre le contrat de vente et d’entreprise


Contrat de vente Contrat d’entreprise
Élément essentiel = transfert de la propriété Elément essentiel = prestation de services
➔ En cas de doute : le juge détermine l’aspect prépondérant du contrat conclu
Exemple : Le placement d’une baie vitrée
- Achat à l’entrepreneur, mais pose par l’acheteur = la vente
- Achat et pose directement par l’entrepreneur = la prestation de services

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Les obligations de l’entrepreneur
1. L’entrepreneur doit exécuter correctement les prestations convenues au regard du
contrat ou des règles de l’art (Art. 5.71, al. 1er du Cc)
2. L’entrepreneur doit informer et conseiller le maitre de l’ouvrage sur les aspects
techniques de l’entreprise.
3. L’entrepreneur doit mettre l’ouvrage à disposition du maitre de l’ouvrage

Les obligations du maitre de l’ouvrage


1. Le maitre de l’ouvrage doit payer le prix et prendre possession de la chose
2. Le maitre de l’ouvrage doit collaborer à la bonne réalisation du travail
▪ Exemple : maitre de l’ouvrage doit remettre le permis de bâtir au prestataire de
services le plus tôt possible / donner accès au chantier / …

Quelques contrats spéciaux : le mandat


○ Le mandat : le contrat par lequel une personne – le mandant – donne à une autre – le
mandataire – le pouvoir d’accomplir en son nom et pour son compte un ou plusieurs actes
juridiques (Art. 1984 ancien Cc)

○ Élément central du mandat : la représentation


▪ Les effets juridiques se produisent dans le patrimoine du représenté
▪ Exemple : une personne vend un immeuble et tombe malade → Sa sœur le représente
au moment de la signature du compromis de vente

Les obligations du mandataire


1. Il doit accomplir la mission confiée par le mandant (Art. 1990 2000 ancien Cc)
▪ Le mandataire doit exécuter sa mission conformément aux instructions du mandant,
c’est-à-dire sans commettre de faute contractuelle

2. Il doit rendre compte de sa mission au mandant par un « compte de gestion » (Art. 1993)

3. Le mandataire est tenu à un devoir de loyauté envers le mandant (interdiction de se


porter contrepartie à un acte accompli pour le mandant afin d’éviter le conflit d’intérêts)
▪ Exemple : vente publique ; le mandataire ne peut, sauf cas contraire, ne pas se porter
acquéreur d’un bien qu’il doit vendre pour son mandant ;

Les obligations du mandant


1. Payer des honoraires au mandataire si les parties en ont convenu
→ Le mandat est en principe gratuit (Art. 1986 ancien Cc)

2. Indemniser le mandataire de ses frais engagés dans l’exécution de sa mission et de


ses pertes (Art. 1999 et 2000 ancien Cc)

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Leçon 7 : la responsabilité extracontractuelle
Introduction
○ Principe : toute personne doit répondre des fautes qu’elle a commises
▪ Responsabilité civile  Responsabilité pénale

La responsabilité pénale
Notion Personne physique ou morale enfreint la loi pénale
= Responsabilité pénale
Objectif Protection de l’ordre public = sanction des fautes pénales
Remarque sur la - Faute pénale peut occasionner un dommage à un tiers
relation faute - Coup de poing à un tiers = lésion corporelle
pénale – faute civile - Conséquence : faute pénale = faute civile (poursuite de
(IMPORTANT) l’auteur au pénal et indemnisation de la victime au civil)

La responsabilité civile
1. Responsabilité extracontractuelle
Notion Personne physique ou morale cause un dommage à un tiers par sa faute
- Principe : indemnisation de la victime du dommage (
protection ordre public)
Objectif - Conséquence : existence de responsabilités sans faute =
« fait générateur » suffit
- Exemple : morsure d’un chien ; responsabilité de son gardien
(Art. 1385 ancien Cc)
Remarque Responsabilité extracontractuelle = responsabilité aquilienne =
terminologique responsabilité délictuelle = responsabilité quasi-délictuelle

2. Responsabilité contractuelle
○ Inexécution imputable d’une obligation contractuelle = responsabilité contractuelle
- Art. 5.82, 5.83, 5.225 du Code civil
- Voir leçon 6.II pour les conséquences

Le cumul des responsabilités contractuelle et extracontractuelle


○ On peut choisir d’agir en responsabilité extracontractuelle entre cocontractants à des
conditions restrictives → Contourner une clause d’exonération de responsabilité
○ Exemple : l’opération d’un patient ratée par un chirurgien
→ Patient agit en responsabilité extracontractuelle pour contourner une clause
d’exonération de la responsabilité contractuelle prévue dans le contrat

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Deux principes issus de la jurisprudence de la Cour de cassation :
Conditions de l’option des responsabilités
- Manquement à une obligation générale de prudence et…
- …manquement a causé un dommage autre que celui résultant
La règle de la mauvaise exécution du contrat.
Conséquence = pas d’option possible si :
- Faute consiste uniquement en un manquement contractuel ou…
- … dommage causé par ce manquement pas différent de celui
résultant de la mauvaise exécution du contrat
- L’action en responsabilité extracontractuelle est toujours
permise lorsque le manquement contractuel = infraction pénale
L’exception
- Exemple : coups et blessures involontaires ; faute du chirurgien
constitue généralement une atteinte à l’intégrité physique du
patient (qui pourra agir en responsabilité extracontractuelle)

Les éléments constitutifs de la responsabilité du fait personnel


○ Bases légales : Articles 1382 et 1383 de l’ancien Code civil
▪ Article 1382 : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à l’autrui un dommage,
oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer »
▪ Article 1383 : « Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par
son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence »
○ Triptyque magique : faute – dommage – lien causal
La faute
○ La faute : violation d’une norme de conduite préexistante
○ Deux sortes de normes de conduite :
1. Violation d’une disposition légale imposant un comportement déterminé
2. Violation du comportement qu’aurait adopté dans les mêmes circonstances une
personne raisonnable et prudente.
○ Deux remarques :
▪ Faute la plus légère = suffit pour engager la responsabilité extracontractuelle
▪ Distinction entre la faute volontaire et involontaire = sans importance (ex. planter
un pylône sur un terrain sans avoir conscience qu’il appartient à autrui n’empêche pas
de conclure à l’existence d’une faute)

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Sources de la norme de conduite
1. Violation de la loi imposant un comportement déterminé
▪ Violation de la loi = faute extracontractuelle
▪ Exemple classique : faute pénale = faute civile
▪ Coups et blessures volontaires (Art. 392 Cp) = faute extracontractuelle

2. Violation de la norme générale de prudence


▪ Principe : violation du « critère de la personne prudente et raisonnable »
▪ Contenu : comparaison du comportement litigieux avec celui qu’aurait adopté toute
personne prudente et raisonnable placée dans les mêmes circonstances.
▪ Deux remarques :
Personne prudente et raisonnable Multitude de fautes possibles avec ce
critère
Appréciation abstraite = pas de prise en Abus de droit, rupture abrupte des
compte des qualités personnelles de l’auteur pourparlers lors de la formation d’un contrat
de la faute dans l’appréciation (ex. âge / …) (culpa in contrahendo), …

L’imputabilité ou le comportement libre et conscient


1. Notion de capacité de discernement
▪ Imputabilité faute = discernement : capacités cognitives et volitives nécessaires pour
comprendre les conséquences dommageables de son comportement
▪ Contenu : appréciation concrète = prise en compte des qualités personnelles de
l’auteur de la faute (âge / maturité/ …)
▪ Absence de discernement : enfants en bas âge / trouble mental …
2. Cause de justification
▪ Circonstance externe qui s’impose à une personne et qui lui fait perdre le contrôle de
ses actes ou de son libre arbitre
▪ Circonstances imprévisibles et invincibles
▪ Exemples : légitime défense / état de nécessité (protéger un intérêt jugé supérieur)

Le dommage
○ Perte d’un avantage quelconque ou la lésion d’ordre matériel ou immatériel d’un intérêt
légitime (définition très large)
▪ Exemple : dommage corporel / matériel / moral / économique / …

Trois caractères du dommage réparable


1. Certain : pas d’indemnisation d’un dommage hypothétique ou éventuel (dommage doit
être certain dans son existence et non dans son montant)
2. Légitime
▪ Pas d’indemnisation d’un intérêt illicite
▪ Exemple : la perte de revenus d’un travail au noir
3. Personnel
▪ Victime doit avoir subi personnellement le dommage
▪ Attention : indemnisation du dommage indirect ou par répercussion
 Exemple : dommage personnel, mais indirect d’un parent ; le parent voit des
souffrances de son enfant blessé dans un accident

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Le lien causal entre le fait générateur et le dommage
○ Lien de cause à effet (trait d’union) entre la faute et le dommage
○ Conception de la causalité = théorie de « l’équivalence des conditions »
▪ Lien de causalité lorsque la faute est la condition sans laquelle le dommage ne se serait
pas produit in concreto (« condition sine qua non »)
▪ Exemple : refus de priorité de droite et dégâts matériels à la voiture de la victime
○ Preuve : elle revient à la victime de la faute et du dommage

Deux questions
1. Dommage causé par plusieurs fautes
▪ On retient toutes les fautes causales (gravité sans importance)
▪ Conséquence : tout fautif = tenu à la réparation intégrale
2. Dommage causé en partie par la faute de la victime
▪ On tient compte de sa faute causale dans l’évaluation de son dommage
▪ Exemple : une personne monte dans la voiture d’un conducteur alcoolisé
→ faute du conducteur et de la victime (être montée) en cas d’accident

Conséquences de la responsabilité
○ Principe de réparation : responsable de la faute indemnise la victime de son dommage
▪ Évaluation du dommage : appréciation concrète = prise en compte des qualités
personnelles de la victime.
▪ Exemple : un préjudice d’agrément à la suite d’un accident = indemnisation plus
importante chez un jeune marathonien que chez une personne âgée et sédentaire

○ Réparation intégrale :
▪ Réparation de tout le dommage causé à la victime
▪ Objectif : replacer la victime dans la situation qui était la sienne avant la survenance
du dommage (dans la mesure du possible)
▪ Tempérament : la réparation ne peut enrichir la victime (ex. voiture déclassée)

Deux sortes de réparation


1. Réparation en nature (Art. 5.237 du Cc)
▪ Réparation au sens propre
▪ Exemple : un accident de voiture avec la clôture du voisin = réparation de la clôture au
sens propre du terme par l’auteur du dommage
▪ Remarque : réparation en nature = rare en pratique
2. Réparation pécuniaire (Art. 5.237 du Cc)
▪ Réparation en nature impossible ou abusive = réparation par équivalent prononcée par
les cours et tribunaux
▪ Contenu : réparation par dommages et intérêts

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Pluralités de fautes : condamnation in solidum à procéder à la réparation
○ Les débiteurs sont tenus in solidum lorsque, hors les cas de solidarité et de l’indivisibilité
passives et bien qu’ils soient liés envers le créancier par des obligations distinctes, ils sont
chacun tenus à la totalité du paiement = plusieurs fautes ont contribué au même dommage
▪ Exemple : une maison s’écroule en raison d’un défaut de conception ; faute de
l’architecte et de l’entrepreneur prouvées = réparation in solidum

1. Obligation à la dette (rapport auteurs – victime) (Art. 5.161 et 5.169 du Cc)


▪ Droit d’élection de la victime = peut réclamer la réparation intégrale de son dommage
à chaque auteur.
▪ Tempérament : victime ne peut obtenir plus que son dommage ( réclamer plusieurs
fois l’indemnisation)

2. Contribution à la dette (Art. 5.164 et 5.169 du Cc)


▪ Rapport auteur – auteur = règlement de comptes entre les auteurs du dommage après
indemnisation de la victime
▪ L’auteur qui a entièrement indemnisé la victime ne doit pas assumer tout le dommage
▪ Action contre le co-auteur afin qu’il le rembourse à concurrence de la part de
responsabilité qu’il assume dans le dommage de la victime
▪ Le calcul de la part du co-auteur se fait à base de la divisibilité de la dette ; division de
plein droit de l’obligation en fonction du nombre de fautifs

Hypothèses particulières : les responsabilités du fait d’autrui


« On est responsables non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses
que l’on a sous sa garde (…) la responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère,
instituteurs et artisans, ne prouvent qu’ils n’ont peu empêcher le fait qui donne lieu à cette
responsabilité»

Hypothèses particulières : la responsabilité des parents (Art. 1384, al. 2 ancien Cc)
○ Deux fondements :
1. Moral : parents doivent surveiller et éduquer leurs enfants (cumulatif)
2. Pragmatique : enfants mineurs ne sont généralement pas solvables

Conditions
1. Un enfant mineur
▪ Appréciation de la minorité au jour du fait dommageable
→ Parents = tenus de répondre des faits de leur enfant mineur devenu majeur entretemps

2. Des parents
▪ Parents biologiques ou adoptifs (filiation légale)
▪ Les grands-parents et les tuteurs ne sont pas considérés comme des parents

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3. Une faute ou un acte objectivement illicite de l’enfant
▪ Faute = capacité de discernement dans le chef de l’enfant (question de fait)
→ Responsabilité personnelle de l’enfant s’ajoute à celle des parents
▪ Acte objectivement illicite = pas de capacité de discernement
Notion Acte qui aurait été considéré « comme une faute » si l’enfant
avait été doué de la capacité de discernement
Exemple Un enfant frappe son camarade de classe = acte qui aurait été
considéré comme une faut s’il avait été commis par un adulte
Conséquence Acte objectivement illicite suffit pour retenir la responsabilité
des parents, mais pas la responsabilité de l’enfant

4. Dommage et lien causal


Conséquences
○ Principe : double présomption de faute dans le chef des parents
1. Défaut d’éducation
2. Défaut de surveillance
○ Caractère de la présomption = réfragable
▪ Renversement de la présomption : démonstration de l’absence de faute dans
l’éducation et la surveillance de l’enfant
▪ Appréciation en fait : dépend de la possibilité d’exercer une surveillance sur l’enfant
(« événement soudain et imprévisible » ; ex. accident dans un château gonflable) / de
son âge / son parcours de vie (pour l’éducation)
○ En outre : les parents peuvent toujours contester l’existence du dommage et du lien de
causalité entre l’acte illicite de leur enfant et le dommage.

Hypothèses particulières : la responsabilité des maîtres et commettants (Art. 1384, al. 3 ancien Cc)
○ Fondement (reste un peu flou)
▪ Économique : employeur supporte le risque lié à l’activité du préposé (ex. employé)
▪ Pragmatique : employeur est souvent plus solvable que son employé

Conditions
1. Un préposé et un commettant
▪ Condition : lien de subordination (ou de « préposition »)
▪ Notion de subordination : le préposé doit se trouver sous l’autorité et la surveillance
du commettant (= recevoir des ordres et des instructions)
▪ Exemples classiques : le contrat de travail et le statut de la fonction publique

2. Faute du préposé, un dommage et un lien de causalité

3. Faute commise dans le cadre des fonctions


▪ Existence d’un lien de connexité entre la faute et les fonctions (ce qui n’est pas le cas
pour les fautes commises par le préposé pendant ses vacances)
▪ Abus de fonctions : permet généralement d’engager la responsabilité du commettant
(ex. détournement de fonds par un agent de banque = responsabilité de la banque)

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Conséquences
○ Régime de responsabilité objectif
▪ Pas de présomption de faute dans le chef du commettant
▪ Caractère de la présomption : irréfragable = commettant ne peut pas la renverser en
démontrant l’absence de faute présumée dans son chef !
▪ Nuance : commettant peut contester la réunion des conditions d’application de la
présomption exposées au point précédent

Remarque (Art. de la loi du 18 03/07/1978 relative aux contrats de travail)


« En cas de dommages causés par le travailleur à l’employeur ou à des tiers dans l’exécution
de son contrat, le travailleur ne répond que de son dol et de sa faute lourde.
Il ne répond de sa faute légère que si celle-ci présente dans son chef un caractère habituel
plutôt qu’accidentel… » (Art. 2 de la loi du 10/02/2003 pour l’équivalent applicable à la fonction publique)

Immunité de responsabilité civile personnelle de l’employé

Commettant ne peut s’en prévaloir pour éluder sa responsabilité

Responsabilité des instituteurs et artisans


○ Fondement : instituteurs et artisans doivent surveiller leurs élèves ou apprentis pendant le
temps de l’enseignement qu’ils prodiguent. (Art. 1384, al. 4 ancien Cc)

Conditions
1. Un artisan et un apprenti…
▪ Artisan : celui qui dispense un enseignement technique ou professionnel
▪ Apprenti : celui qui apprend son métier auprès de l’artisan
2. … ou un instituteur et un élève
- Celui qui dispense un enseignement englobant la
transmission de connaissances techniques ou
Instituteur intellectuelles, mais aussi tout autre communication
scientifique / professionnelle / morale / sociale
- Exemples d’enseignant en jurisprudence : éducateurs /
professeurs de sport… (= très large)
- Celui qui reçoit l’enseignement de la part d’un instituteur
Élève - Remarque : pas de condition de minorité
( responsabilité parents) (IMPORTANT)

3. Une faute (ou AOI) de l’élève ou l’apprenti


▪ Lancer un caillou et briser trois dents d’un camarade = faute ou AOI
▪ Tirer au but et casser trois dents au gardien = pas une faute ou AOI
4. Une faute (ou AOI) pendant le temps de la surveillance
▪ A contrario : pas de responsabilité de l’instituteur si accident de vélo de l’élève ou de
l’apprenti alors qu’il est de retour chez ses parents
5. Un dommage et un lien causal

54
Conséquences
Principe Présomption de faute de surveillance des instituteurs ou artisans
Réfragable = instituteur ou artisan peut la renverser en démontrant
Caractère de la qu’il n’a pas commis de faute de surveillance (question de fait)
présomption - Exemple : un élève qui plante soudainement et subitement
son compas dans l’œil de son voisin
- Enseignants : bénéficient de l’immunité personnelle de
responsabilité civile s’ils sont employés ou statutaires dans
Deux remarques une école
- Cumul de la responsabilité des parents et instituteurs
possible ; ex. un acte dommageable commis par l’enfant
alors qu’il était à l’école

Responsabilité du gardien d’une chose affectée d’un vice (choses issues du Code civil)
○ Rappel de la base légale : article 1384, alinéa 1er de l’ancien Code civil
« On est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses
que l’on a sous sa garde »
○ Fondement : pragmatique = le gardien assume le dommage causé par ses choses
Conditions
1. Un gardien de la chose
▪ Celui qui, pour son propre compte, use / jouit / conserve la chose avec un pouvoir de
surveillance et de contrôle
▪ Remarque sur la notion de gardien : le propriétaire d’une chose n’en est pas toujours
son gardien (garde = notion de fait qui dépend des circonstances)

2. Un vice de la chose
▪ Vice : caractéristique anormale de la chose qui l’écarte de son modèle de référence et
susceptible de causer un dommage
▪ Remarques :
Conception fonctionnelle - Comparaison de la chose litigieuse avec un « modèle
du vice abstrait de référence » (= modèle standard)
Caractère du vice - Ne doit pas être permanent, ni connu du gardien et il
peut résulter de l’adjonction d’une chose à une autre
- Exemple : une feuille de salade sur le sol d’une grande surface ; dépendamment du
rayon dans lequel elle se trouve ceci représente (ou non) un vice

Conséquences
Nature de la - Irréfragable
responsabilité
Conséquence - Gardien de la chose ne peut pas la renverser en essayant de
démontrer qu’il n’a pas commis de faute
Tempérament - Contestation de la réunion des conditions d’application de la
responsabilité exposées au point précédent possible

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Responsabilité du fait des animaux (choses issues du Code civil)
○ Base légale pertinente : article 1385 de l’ancien Code civil
« Le propriétaire d’un animal, ou celui qui s’en sert, pendant qu’il est à son usage, est
responsable du dommage que l’animal a causé, soit que l’animal fût sous sa garde, soit
qu’il fût égaré ou échappé »

Fondements
▪ Moral : un animal présente un risque que son gardien doit assumer
▪ Pragmatique : un animal n’a pas la personnalité juridique et on ne peut donc agir seul
contre lui = son gardien assume le dommage qu’il cause à autrui

Conditions
1. Un animal domestique ou sauvage (s’il dispose d’un gardien)
2. Un fait ou un acte de l’animal ayant causé un dommage
3. Un gardien de l’animal
▪ Celui qui a la maitrise de l’animal au moment du fait dommageable, c’est-à-dire un
pouvoir de direction et de contrôle (sans intervention du propriétaire à ce moment)
▪ Remarque : propriétaire n’est pas toujours le gardien de l’animal
▪ Exemple : un chien promené par des amis d’une personne partie en vacances
→ Gardien = l’ami qui a le pouvoir de direction et de contrôle lors de la promenade

Conséquences
Nature de la - Irréfragable
responsabilité
Conséquence - Gardien de l’animal ne peut pas la renverser en essayant de
démontrer qu’il n’a pas commis de faute
Tempérament - Contestation de la réunion des conditions d’application de la
responsabilité exposées au point précédent possible

56
Leçon 8 : Le procès civil
Introduction
Procès civil - Résolution des litiges par l’état
Base - Article 144 de la constitution
constitutionnelle - « Les contestations qui ont pour objet des droits civils sont
exclusivement du ressort des tribunaux »
NB - Résolution des litiges possibles par l’arbitrage ou la médiation

Organisation des juridictions civiles


Première étape : le litige relève-t-il des attributions du pouvoir judiciaire belge ?
▪ Juridiction administrative
▪ Juridiction de l’ordre judiciaire ; « Les cours et tribunaux connaissent de toutes les
demandes sauf celles qui sont soustraites par la loi à leur juridiction » (Art. 556 du Cj)
▪ Juridictions d’autres pays (ex. USA)

Deuxième étape : quel juge belge est compétent pour connaitre le litige ?
▪ Juge de paix
▪ Tribunal de police
▪ Tribunal de première instance

Critères servant à déterminer la compétence des juridictions du premier degré


1. Objet
▪ Réclamation du demandeur au procès (= ce qui est demandé)
▪ Exemple : bailleur réclame le paiement d’arriérés de loyer à son locataire
▪ Remarque : objet = critère d’application générale pour la compétence
→ Combinaison avec d’autres critères possibles

2. Critère de la valeur
▪ Importance pécuniaire de la demande
▪ Exemple : condamnation au remboursement de 1.000e
▪ Remarque : valeur = jamais seul = toujours lié à l’objet
▪ Une demande pas chiffrable en argent : valeur indéterminée (ex. une association)

3. Critère de l’urgence
▪ Critère permettant de saisir le président du tribunal de première instance, du tribunal
du travail et du tribunal de l’entreprise en urgence

4. Critère de la qualité des parties


▪ Les « entreprises » = action devant le tribunal de l’entreprise
▪ Exemple : litige entre deux sociétés spécialisées dans l’informatique

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Juridiction ordinaire du premier degré : le tribunal de première instance (IMPORTANT)
Compétence ordinaire du TPI (Art. 568, al 1er du Cj)
1. TPI connait tous les conflits non attribués à une autre juridiction d’exception…
▪ En pratique : « compétence aspirateur du TPI »
▪ Exemple : litige en manière de responsabilité civile extracontractuelle

2. … et demandes relevant normalement des compétences spéciales d’autres juridictions


▪ Compétence spéciale : compétence attribuée expressément à une juridiction
déterminée en fonction de l’objet du litige ( montant de la demande)
▪ Tempérament : « déclinatoire de compétence » opposable par le défendeur
(Art. 639 et 640 du Cj)
▪ Exemple : un déclinatoire opposé pour un litige locatif porté devant le TPI

3. Compétence ordinaire  compétences exclusives d’autres tribunaux


▪ Compétence exclusive : compétence spéciale à ce point spécifique à une juridiction
qu’elle ne pourrait être exercée par une autre juridiction sans que l’administration de la
justice en soi perturbée
▪ Ex. réparation d’un dommage de circulation = compétence exclusive tribunal de police

Compétences spéciales du TPI (Art. 569 et s. du Cj)


1. Application d’une loi d’impôt (32°)
2. Restitution de biens culturels volés (29°)

Juridictions d’exceptions du premier degré : justice de paix


Compétence générale du juge de paix
▪ Toutes les demandes en dessous de 5.000e
▪ Exception : compétence spéciale des autres juridictions (peu importe la valeur)

Compétence spéciale du juge de paix


▪ Compétences attribuées au juge de paix peu importe leur montant
▪ Exemples : contentieux locatif ou des servitudes (Art. 591, 3° du Cj)

Compétence exclusive du juge de paix


▪ Exemple : apposition de scellés (Art. 597 du Cj)

Juridictions d’exceptions du premier degré : tribunal de police


Tribunal biface
1. Section pénale
2. Section civile
- Compétences : articles 601bis et s. du Code judiciaire
- Exemples : réparation d’un dommage résultant d’un accident de la circulation ou d’un
accident ferroviaire (→ compétence exclusive)

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Juridictions d’exceptions du premier degré : tribunal de l’entreprise
Compétence de principe pour :
▪ Les contestations entre entreprises (Art. I.1, 1° CDE) ;
▪ qui ne relèvent pas de la compétence spéciale d’autres juridictions (ex. le bail) ;
▪ pour les personnes physiques, pour les actes qui ne sont manifestement pas étrangers à
l’entreprise (ex. un litige portant sur un bien professionnel).
▪ Tempérament : un demandeur non-entreprise peut citer une entreprise devant le
tribunal de l’entreprise (mais pas l’inverse) (Art. 573, al. 2 du Cj)

Compétences spéciales (articles 574 et s. du Cj)


▪ Procédures d’insolvabilité : compétence exclusive du tribunal de l’entreprise
▪ Exemple : la faillite

○ Art. I.1 (pour l’application du présent Code) on entend par entreprise :


1. Toute personne physique qui exerce une activité professionnelle à titre indépendant
2. Toute personne morale
3. Toute autre organisation sans personnalité juridique
○ Entreprise au sens de l’art. I.1  entreprise au sens de l’art. I.8, 39° CDE
→ Définition de l’entreprise spécifique au livre VI du Code de droit économique

Juridictions d’exceptions du premier degré : tribunal du travail


Compétences spéciales (art. 578 et s. du Cj)
▪ Contentieux du travail
▪ Contentieux de la sécurité sociale Compétences exclusives
▪ Contentieux du règlement collectif de dette

Juridiction du deuxième degré


Mission - Appel des décisions des juridictions du premier degré
contestées
Conditions de - Décision susceptible d’appel et appelable et respect délai
l’appel
Cours d’appel - Bruxelles
francophone - Mons
- Liège

Notion d’appel et ses conditions


1. Décision susceptible d’appel
▪ Idée : condition liée à la nature de la décision (Art. 19, al. 1er du Cj)
▪ Il faut une décision « définitive » (= épuise la juridiction du juge)
▪ Exemple : condamnation d’une personne à réparer le dommage qu’elle a causé

2. Décision appelable
▪ Jugements TPI ou TE : demande ne dépassant pas 2500e = dernier ressort
▪ Jugements du JP ou TP : demande ne dépassant pas 2000e = dernier ressort
▪ Jugement du TT : toujours appelables peu importe le montant de la demande

3. Délai d’appel = un mois à dater de la signification ou de la notification du jugement

59
- Article 577 du Code judiciaire
Tribunal de - Juridiction de premier degré
première instance - Juridiction d’appel : jugements du juge de paix et du juge
de police (civil)
- Article 602 du Code judiciaire
Cour d’appel - Jugements en premier ressort ( appel) du tribunal de
première instance
- Jugements du tribunal de l’entreprise
Cour du travail - Article 607 du Code judiciaire
- Jugement du tribunal du travail

Cour de cassation
○ Mission : statuer sur les décisions rendues en dernier ressort
Fonction
▪ Idée : casser les décisions contraires à la loi = contrôle de légalité
▪ Concrètement : la Cour apprécie la façon dont le juge a appliqué le droit, mais ne
recommence pas l’examen factuel du litige (pas « un super appel »)
▪ La Cour de cassation statue en droit et non en fait

Procédure civile : quelques principes directeurs du procès civil


Principe d’impartialité et d’indépendance du juge
- Article 6 de la CEDG et article 151, §1 er de la Constitution
Bases - « Les juges sont indépendants dans l’exercice de leurs
compétences juridictionnelles »
Impartialité - Le juge ne peut pas être au litige qu’il a à trancher et doit rester
neutre à l’audience… théoriquement
Indépendance - Juge est affranchi de toute contrainte et de toute influence

Principe dispositif
○ Philosophie du procès civil : le « procès est la chose des parties »
○ Pouvoirs des parties
▪ Choix d’interrompre un procès (ex. désistement et transaction)
▪ Définition des moyens et des faits à l’appui de leurs prétentions
▪ Modification possible de leurs demandes (demandes nouvelles ou additionnelles)

○ Rôle du juge : respect du principe dispositif = interdiction de statuer ultra petita


▪ Idée : juge ne peut pas accorder plus que ce qui a été demandé
▪ Exemple : une partie triomphante réclame une indemnité de procédure de 5.000e dans
ses conclusions = le juge ne peut lui accorder 5.500e

○ Tempéraments au principe dispositif


▪ Respect de l’ordre public (leçon 2 et 6)
▪ Rôle actif dans les mesures d’instructions : juge peut les ordonner d’office
→ Production de document (Art. 877 du Cj)

60
Principe du contradictoire et de l’égalité des armes
1. Principe du contradictoire
▪ Communication en temps utile de tous les éléments utiles pour que les parties puissent
débattre dessus (pièces / conclusions / preuves / …)
▪ Bases légales : article 745 (conclusions) et l’article 736 (pièces de procédure) du Code
Judiciaire
▪ Exception : « requête unilatérale »
2. Egalité des armes : possibilité de présenter sa cause à conditions égales

Principe de célérité et d’économie de la procédure


○ Chacun a le droit d’être jugé dans un délai raisonnable (Art. 6 CEDH)
→ Pas vraiment réaliste…

Principe de la loyauté procédurale


○ Règle de bonne conduite envers le juge, les auxiliaires et les parties
▪ Lien étroit avec l’abus de droit
▪ Applications particulières : art. 780bis et 871 du Code judiciaire

61
Leçon 11 : le fédéralisme belge
La perspective historique
Évolution des institutions belges
1. Constitution promulguée le 7/02/1831
▪ Etat belge = état unitaire
▪ Etat unitaire : un seul et unique centre de pouvoir

2. Première réforme de 1970


▪ Déclaration : passage au fédéralisme (plusieurs centres de pouvoir)
▪ Création : institutions des « Communautés culturelles »

3. Deuxième réforme de 1980


▪ Approfondissement de la réforme de 1970 → « Communautés »
▪ Institutions de la « Région flamande » et de la « Région wallonne »
▪ Nouvelles compétences = personnalisables (santé et aide aux personnes)

4. Troisième réforme de 1988-1989


▪ Création : institutions de la « Région de Bruxelles-Capitale »
▪ Transfert de compétences : aux Communautés et aux Régions (enseignement)

5. Quatrième réforme de 1993


▪ Achèvement de la réforme annoncée en 1970
→ Art. 1er Constitution
▪ Transfert de l’exercice de compétences : Communauté française
→ Région Wallonne et COCOF (Art. 138 constitution)
▪ Remarque : transfert non reconnu à la Communauté flamande

6. Cinquième réforme de 2000-2001 :


▪ Transfert de compétences : Communautés et Régions (loi communale et provinciale)
▪ Modification des institutions bruxelloises : protection des néerlandophones

7. Sixième réforme de 2011-2014


▪ Réforme de l’arrondissement électoral et de l’arrondissement judiciaire de
« Bruxelles-Hal-Vilvorde » en 2012
▪ Transfert de compétences : Communautés et Régions
▪ Loi de financement : transfert de 20 milliards d’euros aux entités fédérées
▪ Réforme du Sénat et de la Chambre : amoindrissement du rôle du Sénat
▪ Nouvelles compétences p.ex. prestations familiales

Schéma des institutions belges


Trois Communautés Trois Régions
- La Communauté flamande - La Région flamande
- La Communauté française - La Région de Bruxelles-Capitale
« Fédération Wallonie-Bruxelles » - La Région wallonne
- La Communauté germanophone « La Wallonie »

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Le paysage institutionnel belge
1. Autorité fédérale
2. Trois Communautés (Art. 2 Constitution)
3. Trois Régions (Art. 3 Constitution)
Remarques :
1. Terminologie au niveau des normes législatives
▪ Autorité fédérale : adopte les « lois »
▪ Communautés, Région flamande et wallonne : adoptent des « décrets »
▪ Région de Bruxelles-Capitale et COCOM : adoptent des « ordonnances »

2. Chaque entité = entière compétente dans les matières attribuées


▪ Régions : compétences liées au territoire
▪ Communautés : compétences liées aux personnes

3. Existence de quatre régions linguistiques (délimitations territoriales)


▪ Région de langue française
▪ Région de langue néerlandaise
▪ Région bilingue de Bruxelles-Capitale
▪ Région de langue allemande

4. Chaque entité exerce ses compétences sur le territoire qui lui correspond
▪ Pour la communauté française et flamande : dans la région linguistique définie ainsi
que dans les 19 communes bilingues de Bruxelles
▪ Communauté germanophone : région de langue allemande

5. Asymétrie du fédéralisme belge


○ Fusion Communauté et Région flamande (Art. 137 Constitution)
▪ Communauté exerce les compétences de la Région flamande
▪ Un parlement et un gouvernement pour les deux
 Pas de fusion de la Communauté et Région wallonne
○ Transfert de l’exercice de compétences possible
▪ Communauté française → région wallonne et COCOF (art. 138 constitution)
▪ Région wallonne → Communauté germanophone (Art. 139 constitution)

Autorité fédérale : les compétences


Principes
1. Compétences expressément réservées à l’Autorité fédérale
▪ Exemple : établissements culturels fédéraux
2. Compétences non transférées aux régions et aux communautés
▪ Autorité fédérale = compétences résiduelles
▪ Remarque : Art. 35 de la Constitution pas encore en vigueur
→ L’autorité fédérale garde sa compétence résiduelle…pour le moment

Exemples de compétences :
▪ La Justice / la défense / la politique étrangère / l’énergie nucléaire…
NB. L’autorité fédérale est compétente pour réviser la Constitution (Art. 195)

63
Autorité fédérale : les organes
Le Parlement fédéral
○ Trois branches (Art. 36 constitution)
▪ Chambre
▪ Sénat Exercice collectif du pouvoir législatif fédéral
▪ Roi

Compétences Chambre des représentants et Sénat


1. Procédure bicamérale : Chambre et Sénat = pied d’égalité
▪ Art. 77 constitution
▪ Révision de la Constitution, lois de réformes institutionnelles, lois relatives au
financement des partis politiques et au contrôle des dépenses électorales

2. Procédure monocamérale partielle : Chambre légifère mais droit d’évocation du Sénat


▪ Art. 78 constitution
▪ Exemple : législation sur le Conseil d’Etat

3. Procédure monocamérale totale : Chambre légifère sans droit d’évocation du Sénat


▪ Art. 74 constitution
▪ Remarque : l’essentiel du processus législatif ressortit de cette procédure

Composition des deux assemblées


▪ Chambre des représentants : 150 députés élus directement
▪ Sénat : 60 sénateurs répartis en deux groupes linguistiques

Règles de composition du Conseil des ministres


Paritaire Mixte

Gouvernement fédéral
15 ministres avec un nombre égal de Conseil des ministres doit compter des
francophones et de néerlandophones personnes de sexe différent
 Excepté premier ministre (Art. 99 const.) (Art. 11bis, alinéa 2 constitution)

Exercice du pouvoir exécutif fédéral (Art. 88 constitution)


▪ Exercice du pouvoir exécutif par le Roi mais sous contreseing ministériel
▪ Ministres = seuls responsables politiquement de l’exercice du pouvoir exécutif
devant la Chambre des représentants (Rappel à art. 101 constitution)

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Les communautés : compétences (Art. 127 à 130 Constitution)
La culture (Art. 127 constitution ; Art. 4 loi spéciale 08/08/1980 ; Art. 4 §1er loi 31/12/1983)
○ Exemples non-exhaustifs :
▪ Le patrimoine culturel / les musées… à l’exception des monuments et sites
▪ L’éducation permanente et l’animation culturelle
 Grands établissements scientifiques et culturels fédéraux = autorité fédérale

L’enseignement
○ Tout l’enseignement revient aux Communautés, sauf :
▪ Fixation du début et de la fin de l’obligation scolaire
▪ Les conditions minimales pour la délivrance des diplômes
▪ Le régime des pensions des enseignants
○ Bases : Art. 127 et 130 constitution

Les matières personnalisables (cinq blocs de compétences)


○ Bases : articles 128 et 130 constitution, article 5, §1er loi spéciale du 08/08/1980 et article 4,
§2, loi 31/12/1983
1. La politique de la santé
▪ Exemple : l’agrément et le contingentement des professions de soins de santé

2. L’aide aux personnes


▪ Exemple : la politique familiale (crèches et services d’aide aux familles)
▪ Exemple : la politique du troisième âge

3. Les maisons de justice et la mise en œuvre de la surveillance électronique

4. Les prestations familiales


▪ Allocations familiales, primes de naissance et d’adoption
▪ Remarque pour Bruxelles : compétence exercée par la COCOM
(Art. 128, §2 constitution ; Art. 63, alinéa 2 loi spéciale 12/01/1989)

5. Contrôle des films en vue de l’accès aux mineurs des salles de cinéma

L’emploi des langues


- Art. 129 constitution
- Principe : compétence pour l’emploi des langues en
Compétences Communautés matière administrative, dans l’enseignement, dans les
française et flamande relations sociales entre employeurs et travailleurs
ainsi que pour les documents des entreprises imposés
par les lois et règlements.
Compétences Communauté - Art. 130 constitution
germanophone - Principe : compétence pour l’emploi des langues
dans l’enseignement
Bruxelles : emploi des langues = Autorité fédérale

Recherche scientifique / relations internationales se rapportant aux matières communautaires


▪ Bases : Article 6bis loi spéciale 08/08/1980 et article 167 constitution

65
Les communautés : la Communauté française
Territoires de compétences

Parlement Gouvernement
- Art. 24, §3 loi spéciale 08/08/1980 - Art. 63, §4 loi spéciale 08/08/1980
- 94 membres - 8 membres maximum
- 75 députés du Parlement Wallon - Ministres : membres élus par le
- 19 députés du groupe linguistique Parlement de la Communauté
français du Parlement de la Région française
Bruxelles-Capitale - Remarques : doit être mixte et un
ministre doit être domicilié à Bxl

Les communautés : la Communauté flamande


Territoires de compétences

Parlement Gouvernement
- Art. 24, §1er loi spéciale 08/08/1980 - Art. 63, §1er loi spéciale 08/08/1980
- 118 membres élus directement dans - 11 membres maximum
la Région flamande - Ministres : élus par le Parlement
- 6 membres élus directement dans la flamand
Région Bruxelles-Capitale - Remarques : doit être mixte et un
ministre doit être domicilié à Bxl

66
Les communautés : la communauté germanophone
Territoires de compétences (transfert de compétences de la Région wallonne)

Parlement Gouvernement
- Art. 49 loi 31/12/1983
- Art. 8, §§1er
et 2 loi 31/12/1983 - 5 membres maximum
- 25 membres élus directement dans la - Ministres : membres élus par le
Région de langue allemande Parlement de la Communauté
germanophone
- Remarque : doit être mixte

Les régions
1970 - Déclaration de l’existence des « Régions »
1980 - Création des institutions de la « Région flamande » et de la
« Région wallonne » (loi spéciale 08/08 réformes)
1988-1989 - Création des institutions de la « Région de Bruxelles-
Capitale » (loi spéciale 12/01 institutions bruxelloises)
2000-2001 - Transfert de compétences
- Exemple : législation sur les provinces et communes
2011-2014 - Transfert de compétences
- Exemples : éléments liés à l’emploi / la mobilité…

Compétences
○ Bases : Art. 39 constitution et articles 6 et 6bis de loi spéciale 08/08/1980
○ Exemples non-exhaustifs :
▪ Le tourisme
▪ La protection de l’environnement et la politique de l’eau
▪ …

67
Les régions : La Région wallonne
Territoire des compétences : (transfert de compétences)

Compétences transférées par la Communauté française


○ Certaines matières culturelles (infrastructures sportives, …)
○ Transports scolaires
○ La plupart des matières personnalisables
▪ Politique de dispensation de soins
▪ L’aide sociale
▪ …

Parlement Gouvernement
- Art. 24 , §2 loi spéciale 08/08/1980 - Art. 63, §4 loi spéciale 08/08/1980
- 75 députés élus directement - 9 membres maximum
- Ministres élus par le Parlement
- Remarque : doit être mixte

Les régions : la Région de Bruxelles-Capitale


Territoires des compétences

NB. Existence de mécanismes de


coopération avec l’Autorité fédérale
= Urbanisme, travaux publics et transports

Parlement de la Région Bruxelles-Capitale


○ Composition
▪ Art. 10 de la loi spéciale du 12/01/1989
▪ 89 membres élus directement au suffrage universel
○ Répartition en deux groupes linguistiques
▪ Art. 20 loi spéciale 12/01/1989
▪ Groupe linguistique français : 72 membres
▪ Groupe linguistique 17 membres

68
Fonctions du Parlement de la Région Bruxelles-Capitale
○ Gouvernement de la Région : élection de ses membres et contrôle
○ Élaboration et adoption des ordonnances IMPORTANT
▪ Équipollence entre la loi, le décret et l’ordonnance (Art. 7 loi spéciale 12/01/1989)
▪ Pas d’équipollence totale (ordonnance = légèrement inférieure)
Chambre des Possibilité d’annuler les ordonnances dans les matières de
représentants l’urbanisme, de l’aménagement du territoire, des travaux
publics et des transports
Peuvent refuser d’appliquer les ordonnances contraires à la
Cours et tribunaux constitution et à la loi-spéciale du 12/01/1989
(Art. 9 loi spéciale 12/01/1989)

Gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale


○ Composition : 5 membres élus par le Parlement de la Région Bruxelles-Capitale
▪ 2 membres issus du groupe linguistique français
▪ 2 membres issus du groupe linguistique néerlandais
▪ 1 Ministre-Président
○ Ajout : 3 secrétaires d’état élus par le Parlement (en pratique : un nl. et deux fr.)

Les Commissions communautaires


Évolutions
1. Origines
▪ « Commissions réunies » d’une ancienne loi du 26/07/1971
▪ Base : pouvoirs organisateurs dans les matières culturelles et de l’enseignement
(organes décentralisés des Communautés et agissant sous leur tutelle)

2. Réforme institutionnelle de 1988-1989


▪ Création de la Commission communautaire française (« COCOF »)
▪ Création de la Commission communautaire flamande (« VGC »)
▪ Création de la Commission communautaire commune (« COCOM »)

La commission communautaire française (« COCOF »)


Pouvoir organisateur : complète l’action de la
Pouvoir réglementaire Communauté française pour les compétences
communautaires exercées à l’égard des institutions
francophones (Art. 166, §3 constitution)
Pouvoir décrétal exclusif Compétences communautaires transférées par la
Communauté française
- Promotion sociale / transport scolaire ; …

Les organes
○ Assemblée de la Commission communautaire française : 72 membres du groupe
linguistique français du Parlement de la Région Bruxelles-Capitale
○ Collège de la Commission communautaire française : 2 ministres francophones et
secrétaires d’états francophones de la Région Bruxelles-Capitale

69
La commission communautaire flamande (« VGC »)
Territoire des compétences

Les organes
○ Assemblée de la Commission communautaire flamande : 17 membres du groupe
linguistique néerlandais du Parlement de la Région Bruxelles-Capitale
○ Collège de la Commission communautaire flamande : 2 ministres flamands et le (ou la)
secrétaire d’état néerlandophone de la Région de Bruxelles-Capitale

La Commission communautaire commune (« COCOM »)

Les organes
○ Assemblée réunie de la Commission communautaire commune : 89 membres du
Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale
○ Collège réuni de la Commission communautaire commune : 4 ministres de la Région
Bruxelles-Capitale ( les secrétaires d’état)

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