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La communication territoriale : constructions d’un champ

Article in Communiquer Revue de communication sociale et publique · May 2015


DOI: 10.4000/communiquer.1686

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1 author:

Richard Awono
University of Yaoundé II, Yaoundé, Cameroon
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Communiquer
15 (2015)
Perspectives en communication - Deuxième partie

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Richard Awono
La communication territoriale :
constructions d’un champ
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Référence électronique
Richard Awono, « La communication territoriale : constructions d’un champ », Communiquer [En ligne], 15 | 2015,
mis en ligne le 17 octobre 2015, consulté le 17 octobre 2015. URL : http://communiquer.revues.org/1686 ; DOI :
10.4000/communiquer.1686

Éditeur :
http://communiquer.revues.org
http://www.revues.org

Document accessible en ligne sur : http://communiquer.revues.org/1686


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© Communiquer
La communication territoriale : constructions
d’un champ
Richard Awono, Ph. D.
Enseignant-chercheur, École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication
Université de Yaoundé 2, Cameroun

Résumé
Depuis bientôt une trentaine d’années, la littérature sur la communication des territoires s’est largement répandue,
en particulier dans la recherche francophone. Pour autant, la « communication territoriale » reste profondément
marquée par une sorte de dispersion (conceptuelle, géographique, etc.), ainsi que par une faible stabilisation
théorique. Comment expliquer un tel contraste, à l’heure où de nouvelles préoccupations (citoyenneté, réseaux, crises
identitaires…) interpellent la ville et l’espace local et, avec eux, la communication en tant que domaine de production
de la théorie et des modes d’intervention publique ? À partir d’une étude sociohistorique, l’article revisite les processus
de sédimentation de ce champ (la communication territoriale), tout en esquissant des explications de sa « crise de
croissance » théorique. Une synthèse des perspectives de renouvellement théorique est également proposée, à la
lumière de quelques récents travaux.
Mots-clés : communication territoriale, communication municipale, communication locale, collectivités
territoriales, espace local, territorialité numérique.

Territorial Communication: Construction of a Field


Abstract
For almost thirty years, French-speaking scholars (and some researchers in other areas) have taken interest in
communication within the local space. However, within this context, “territorial communication” has largely been
characterized by some kind of dispersal, and is not well-founded on a theoretical background. How can we explain
such a contrast, when new concerns (citizenship, networks, identity crisis…) are putting to question the city and the
local space and, finally, communication as a framework for the production of theoretical and public intervention
models ? From a sociohistorical perspective, this paper revisits the processes of sedimentation in this field, outlining
explanations for its “crisis of growth”. A synthesis of new perspectives in the field is also proposed, based on recent
research works.
Keywords: territorial communication, municipal communication, local government communication, local
government public relations, local government, local space, digital territory.

Certains droits réservés © Richard Awono (2015)


Sous licence Creative Commons (by-nc-nd).
ISSN 2368-9587 communiquer.revues.org
86 | R. Awono Communiquer, 2015(15), 85-106

L’abondance de la littérature sur la communication dans l’espace local 1 contraste avec le


faible intérêt des chercheurs à théoriser sur ce champ en tant qu’objet lui-même. Nous
n’avons trouvé, à ce jour, en dehors d’un travail d’Isabelle Pailliart (1995) traitant plus
largement du thème du territoire dans la recherche française en communication, aucune
étude proposant une synthèse (théorique ou historique) des travaux pourtant très nombreux
dans ce champ de la communication, qu’il soit abordé en termes de communication
territoriale, de communication municipale ou de local government communication 2. C’est
à cet exercice que nous essayons de nous livrer dans cet article. Depuis notamment le début
des années 1980, le thème de la communication (ou de l’information) dans l’espace local est
au cœur de la recherche en sciences de la communication (Pailliart, 1982, 1984, 1991, 2006 ;
Benoit et Benoit, 1989 ; Tétu, 1995a, 1995b ; Cardy, 1997a, 2011 ; Pecolo, 2011 ; Deljarrie
et al., 2010) 3. Par ailleurs, ce thème est devenu un objet régulièrement convoqué par les
champs voisins, en particulier par la recherche universitaire en science politique (Mabileau
et Tudesq, 1980, 1992 ; CURAPP 4, 1991 ; Lavigne, 1993 ; Dubois, 1993a, 1993b ; Nay, 1994 ;
Souchard et Wahnich, 1995 ; Le Bart, 2000), ou encore en géographie et urbanisme (Bakis,
1990 Bailleul, 2008 ; Houllier-Guibert, 2009a, 2009b).

Pour autant, la communication territoriale apparaît comme un paradoxe. Malgré son


succès quantitatif dans la littérature, elle reste marquée par une faible stabilisation théorique
et un visage fortement éclaté. Abondamment traitée dans les recherches francophones en
communication (et, singulièrement, en France), elle est quasi-absente comme champ de
recherche dans l’espace de tradition anglo-saxonne, où elle se rend plus visible comme
champ de pratiques sociales et professionnelles. Différents constats qui fondent le caractère
toujours indécis de son statut (est-ce vraiment un champ de recherche à part entière ?),
de même que ses hésitations quant aux réponses théoriques et pratiques à apporter aux
multiples incertitudes actuelles des territoires (villes, municipalités, régions, etc.). Au
moment où de nouvelles interrogations resurgissent à propos du statut, des frontières et des
enjeux de la communication, il nous semble utile d’interroger les fondements de ce qui peut
être considéré comme une crise d’évolution du champ de la communication territoriale,
pour mieux saisir les perspectives de celui-ci dans la pensée communicationnelle. Comment,
d’une part, expliquer le « succès » éditorial de la communication des territoires, comment
a-t-elle pu s’établir comme domaine spécifique de la communication et pourquoi, justement,
peine-t-elle à se consacrer globalement comme cadre théorique ? Dans quelle mesure,
d’autre part, peut-elle envisager un renouvellement théorique et, éventuellement, fournir
des cadres explicatifs ou d’action à la nouvelle donne territoriale, dans un environnement
marqué de plus en plus par l’empreinte des réseaux numériques ?

Il faut saisir les conditions épistémiques et sociales de l’institutionnalisation du


champ de la communication territoriale pour mieux comprendre à la fois son caractère
éclaté et sa faible stabilisation théorique. Nous considérons que le cadre institutionnel de
l’espace politique local structure la communication dans cet espace et que le champ de la

1. Parmi d’autres, l’ouvrage de Jacques Noyer, Bruno Raoul et Isabelle Pailliart (dir.) (2013), Médias et territoires,
l’espace public entre communication et imaginaire territorial, témoigne, une fois de plus, de l’incessant intérêt pour
ce thème de la part des chercheurs en sciences de la communication.
2. La littérature anglo-saxonne privilégie, bien souvent, l’expression de local government public relations (Brown,
Gaudin et Moran, 2013 ; Moran, 2012 ; USAID, 2007).
3. La liste des travaux, ici, est purement indicative. Une liste plus étendue (mais loin d’être exhaustive) figure en fin
d’article.
4. Centre universitaire de recherches administratives et politiques de Picardie. Désormais appelé Centre
universitaire de recherches sur l’action publique et le politique, épistémologie et sciences sociales.
La communication territoriale : constructions d’un champ | 87

communication territoriale (aussi bien comme champ de pratiques que comme champ de
recherche) découle, avant tout, d’un travail social d’institutionnalisation. Aussi, la diffusion
de la communication territoriale dans la recherche francophone est à considérer dans
le contexte spécifique de son foyer d’émergence dans cet espace, à savoir la France et le
Québec. À partir d’une étude sociohistorique, nous proposons tout d’abord un bref éclairage
sur la terminologie éclatée de la communication territoriale, en soulignant les fondements
conceptuels d’une telle dispersion. Ensuite, le processus de son institutionnalisation est
revisité, à partir d’un regard centré sur la France et le Québec. Puis, nous essayons de dégager
quelques traits spécifiques de la communication des collectivités locales dans l’espace de
tradition anglo-saxonne, avant de proposer, enfin, une synthèse de quelques perspectives
de renouvellement théorique qui se dégagent des travaux en rapport aux problématiques de
la territorialité numérique.

Les fondements conceptuels de la dispersion du champ


Telle qu’elle apparaît comme objet de connaissance, la communication territoriale se
caractérise, d’emblée, par sa diversité lexicale et la fluidité de ses frontières. En effet, ce
champ est connu sous diverses appellations, dont les plus courantes (pour nous en tenir aux
seules occurrences en français) sont : « communication territoriale 5 » (Gardère et Gardère,
2008 ; Mégard, 2012 ; Deljarrie et al., 2010), « communication locale » (Bessières, 1998 ;
Leyval-Granger, 1999 ; Boyomo Assala, 2001 ; Gadras, 2010), « communication publique
territoriale » (Hartereau, 1996 ; Cohen-Bacrie, 2008), « communication des collectivités
locales » (Mégard et Deljarrie, 2003 ; Lorant, 2005), « communication municipale »
(Thériault, 1991 ; ACMQ, 1997 ; Dagenais, 1994b), « information municipale » (Huot, 1990 ;
Lavigne, 1995 ; Balima, 2000), « information locale » (Pailliart, 1991), etc.

Un éclairage préalable sur l’apparent « désordre » sémantique de ce champ est nécessaire,


aussi bien pour saisir celui-ci comme unité dans ses ambitions et ses perspectives, que
pour mieux comprendre ses hésitations ainsi que les dynamiques parfois contradictoires
de son évolution. D’où vient cette instabilité ? Nous en présenterons deux principaux
fondements. En effet, cette diversité terminologique repose principalement, d’une part, sur
les spécificités (structurelles et lexicales notamment) de l’organisation politique locale, d’un
pays à l’autre, d’autre part, sur les variations de la conception épistémique de ce champ. À ce
sujet, il convient de souligner que notre analyse s’appuiera essentiellement sur les contextes
de la France et du Québec, et cela pour deux raisons. La France et le Québec se présentent,
tout au moins dans l’espace francophone et dans les limites de nos connaissances, d’une
part, comme les premiers lieux de développement de la communication territoriale comme
champ (de recherche et de pratiques) autonome et, d’autre part, comme les principales
sources d’inspiration des pratiques et de la production lexicale dans ce domaine dans les
autres pays francophones.

Les effets lexicaux du cadre institutionnel

Il est difficile de ne pas reconnaître dans les variations terminologiques de la communication


territoriale un effet des différences et des évolutions lexicales du cadre institutionnel.
Le champ de la communication territoriale présente notamment une différence lexicale
entre l’Amérique du Nord et l’Europe (en particulier la France), qui sont, en fait, les deux
principaux foyers de développement de ce champ, les autres espaces scientifiques et
politiques adoptant plus ou moins l’une ou l’autre de ces deux traditions dominantes. Si
la terminologie fondée sur la communication municipale ou l’information municipale a

5. Pour des besoins de simplification, nous utilisons prioritairement cette appellation pour désigner l’objet de cet article.
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davantage pris corps au Québec (Huot, 1990 ; Thériault, 1991 ; Lavigne, 1995), c’est sans
doute en raison de l’organisation politique locale de ce territoire, ancrée principalement
sur la notion de « municipalité », qui fonde, de manière prédominante, l’identité nominale
des entités territoriales de la décentralisation : municipalités régionales de comté (MRC)
et municipalités (locales). Les acteurs qui, ailleurs, se présentent comme « communicants
territoriaux » s’identifient au Québec comme « communicateurs municipaux ». D’après
l’analyse de Lavigne (1994, 1995), le succès de la communication (ou de l’information) dite
« municipale » au Québec ne serait pas sans lien avec la loi sur la « démocratie municipale »
de 1980, réforme qui s’accompagne, en 1982, d’une loi sur l’accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, visant un plus
grand accès des citoyens à l’information.

En France, en revanche, où le lexique officiel de l’organisation territoriale décentralisée


est plus varié (région, département, commune), la commune, seule institution qualifiée de
« municipale », est plus fortement concurrencée dans l’espace de la visibilité nationale par
les autres échelons de la décentralisation. En France, la montée en puissance des régions
dans l’espace communicationnel national dès leur érection en collectivités territoriales en
1982 (Cardy, 1997a, 1997b, 1997c ; Fourdin, 1998) ne pouvait permettre que s’impose le
terme de communication communale. Ici, la désignation de la communication publique
dans l’espace local tend alors à privilégier la notion de « communication des collectivités
territoriales ».

Dans la même logique, il convient de revenir sur l’évolution lexicale du champ de la


recherche, qui a progressivement consacré l’adoption de la notion de « communication
territoriale » (Gardère et Gardère, 2008 ; Mégard, 2012) en lieu et place de celle de
« communication locale » (Bessières, 1998 ; Leyval-Granger, 1999), bien que celle-ci n’ait pas
disparu. Ce changement s’explique, en partie – mais en partie seulement –, par l’évolution
lexicale de la Constitution française. En effet, avant la révision constitutionnelle du 28 mars
2003, les deux appellations « collectivités locales » et « collectivités territoriales » étaient
employées dans la Constitution 6, ce qui impliquait leur usage indifférencié dans le langage
courant ainsi que dans les travaux scientifiques. Or, depuis les années 1980 et même la fin
des années 1970, les chercheurs français s’étaient quelque peu habitués à préférer la notion
de « communication locale », entre autres parce qu’elle permettait de prendre en compte
la communication des régions, même lorsque celles-ci n’étaient pas encore juridiquement
des collectivités territoriales (avant 1982). D’où – bien que ce ne soit pas la seule raison –
l’usage récurrent de cette notion avant la révision constitutionnelle de 2003. L’on peut alors
penser que la prédominance, après 2003, des notions de « communication territoriale » et
de « communication des collectivités territoriales » n’est pas sans rapport avec le fait que
l’appellation« collectivités locales » n’est plus juridiquement fondée, ayant été supprimée
par la révision constitutionnelle de 2003, laquelle n’a conservé que celle de « collectivités
territoriales ».

Pour autant, les variations terminologiques de la communication territoriale ne tiennent


pas qu’aux variations lexicales du cadre institutionnel de la vie locale. De telles variations
terminologiques traduisent, dans bien des cas, des différences conceptuelles, voire des
évolutions théoriques.

Variations sur l’objet, variations conceptuelles

Au moins deux traits historiques de la recherche en communication indiquent que les


variations terminologiques du champ de la communication territoriale ne sont pas qu’une

6. « Collectivités locales » à l’article 34 et « collectivités territoriales » à l’article 72.


La communication territoriale : constructions d’un champ | 89

traduction du lexique officiel de l’organisation territoriale. Le premier renvoie à ce que le


concept de « communication territoriale » dans la littérature scientifique française est,
malgré tout, antérieur à la révision constitutionnelle de 2003, qui a supprimé l’appellation
« collectivités locales ». Entre autres, Isabelle Pailliart (1991) ou encore André Hartereau
(1996) parlent déjà de « communication territoriale » avant cette réforme. Le second
correspond à ce que l’expression « communication locale », pour sa part, n’a justement
pas complètement disparu après la révision constitutionnelle de 2003. On la retrouve, bien
après cette date, chez des auteurs tels que Guy Lorant (2005), Dominique Bessières (2009a,
p. 19, 2009b, p. 44), tandis qu’elle est même consacrée par bon nombre de professionnels
(cf. le Baromètre de la communication locale réalisé chaque année en France depuis
2009, en partenariat avec l’association Cap’com, ou encore l’enquête Le directeur de
la communication locale et Internet dans les collectivités publiée par l’association
Communication publique en 2006). Quels seraient alors les fondements théoriques de ces
variations lexicales ?
Au-delà du vocable institutionnel, le concept de « communication locale » représente
un enjeu d’inscription de l’objet « communication » dans un champ de recherche, celui du
local. En effet, depuis les années 1980, l’espace local a été consacré comme un champ de
recherche majeur par les sciences sociales 7, et la recherche en communication a suivi cette
mouvance (Mabileau et Tudesq, 1980, 1992). À ce titre, parler de communication locale ne
renvoie plus toujours, encore moins uniquement, à l’action des collectivités locales en tant
qu’institutions publiques. Pour bon nombre d’auteurs, la notion de communication locale
permet, avant tout, d’aborder la sphère locale dans ses modes spécifiques de communication.
Ainsi, selon Philippe Garraud, « le discours des élus contribue à la construction locale du
politique comme ordre différencié et spécifique d’activités » (Garraud, 1990, p. 8).

Par ailleurs, la notion de communication locale permet de saisir la diversité des acteurs
locaux que sont non seulement les collectivités locales mais aussi les médias locaux (Tétu,
1995b ; Pélissier, 2003 ; Demers, 2001), de même que les acteurs privés à l’exemple
des consultants en communication locale. Prend alors sens la notion fondamentale de
« médiations locales » (Tétu, 1995a), par lesquelles les divers acteurs locaux organisent
et font vivre l’espace local. Partant de l’analyse du contexte camerounais, Laurent-Charles
Boyomo Assala (2001) met ainsi en lumière le rôle structurant d’un médiateur local
spécifique, la radiotélévision d’État (la CRTV). À travers son réseau de stations régionales,
la CRTV contribue, à sa manière, à redessiner les territoires locaux par une distribution
implicite de l’accès à l’espace public local, une telle ressource conditionnant, dans ce
contexte sociopolitique, l’accès des groupes sociaux et des individus à des positions de
pouvoir. L’auteur soutient alors que « la communication locale entendue comme production
de messages dans un espace donné est indissociable des contradictions sociales en œuvre
dans l’espace qui lui donne son fondement social » (Boyomo Assala, 2001, p. 154).

En ce qui concerne le concept de « communication territoriale », on peut dire qu’il


correspond, au-delà de l’adhésion au lexique officiel, à une véritable prise de position
théorique. En effet, cette notion réfère, avant tout, à une certaine évolution de la relation à
l’espace local. Un tel constat est fait, déjà, sur la base de l’observation de la décennie 1980,
par Isabelle Pailliart (1991) :
La communication municipale devient communication locale ou territoriale au sens où elle ne se
cantonne plus à la retranscription de la vie municipale, et aux domaines d’action de la vie politique
locale. Comme le montre l’évolution du journal municipal, l’affadissement du politique se double
d’un envahissement et d’une mise en visibilité de la municipalité dans tous les aspects de la vie
quotidienne (Pailliart, 1991, p. 84-85).

7. Jean-François Tétu (1995, p. 288) parle de « la montée irrésistible du local ».


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Autrement dit, de manière spécifique, la communication territoriale est celle-là qui


porte, non plus uniquement sur l’institution publique locale (la mairie, le conseil régional),
mais plutôt sur la vie quotidienne locale dans son ensemble. En d’autres termes, c’est une
communication qui porte sur le « territoire » en tant que collectivité humaine dans un espace
donné. Ainsi, prise comme objet d’étude, la communication territoriale peut être définie
comme l’ensemble des communications produites dans et sur un territoire. Il s’agit donc
d’une acception large de ce champ de la communication, qui met en avant deux principaux
aspects : d’une part, la relation identitaire (individuelle et collective) des divers acteurs
locaux à un territoire (Herbaux, 2005) ; d’autre part, une approche communicationnelle du
territoire qui fonde celui-ci sur les discours et la production de sens par les acteurs (Lamizet,
2002 ; Tétu, 1995a, 1995b ; Awono, 2013, 2015).

Une autre dimension de ces enjeux théoriques apparaît dans l’évolution terminologique
qui a consacré, vers le milieu des années 1980, le passage de l’ « information locale » à
la « communication locale ». Comme le montrent des auteurs comme Dominique Mégard
et Bernard Deljarrie (2003) ou encore Dominique Bessières (2009), ce changement
terminologique traduit, en fait, un changement de paradigme. En effet, dans la décennie
1980, la relation de l’institution publique locale avec l’habitant serait progressivement passée
de la transmission de l’information (qui prévalait encore dans les années 1970) à l’échange
ou à la communication. C’est, du moins, ce que traduit le changement lexical intervenu
dans la littérature des années 1980, en rupture avec celle de la décennie précédente. Un
titre, en particulier, est révélateur d’un tel changement, l’article d’Isabelle Pailliart (1984),
« Municipalités : de l’information à la communication », paru dans le Bulletin de l’IDATE.
À défaut d’être le reflet exact de la réalité de terrain, ce titre rappelle au moins le discours
dominant de l’époque, lui-même inspiré par deux mutations majeures de la décennie 1980 :
d’une part, dans le champ politique, la prétention à prendre plus en compte le citoyen dans
la gestion publique (d’où l’idée de communication) ; d’autre part, dans le champ scientifique,
le paradigme du « tournant communicationnel », qui fait émerger une forme d’idéologie de
la communication comme mot d’ordre général pour la société nouvelle et, en particulier,
pour l’organisation. Ainsi, les titres tels que La Démocratie, un préalable : l’information
dans la cité (Beaunez et Kohn, 1975), L’information locale (Mabileau et Tudesq, 1980),
L’information municipale, pédagogie de la participation (Gontcharoff, 1980) ou encore
L’information municipale (Langenieux-Villard, 1985) sont, dans l’univers éditorial français,
parmi les derniers à afficher cette tonalité « informationnelle », laissant place, peu à peu,
au nouveau « paradigme », celui de la communication locale. Il est à noter qu’au Québec,
en revanche, la notion d’« information municipale » continuera d’être prégnante dans la
littérature universitaire au moins jusqu’à la fin des années 1990 (Huot, 1990 ; Lavigne,
1993, 1994, 1995), tandis que les professionnels (ACMQ, 1990), eux, adoptent l’expression
de « communication municipale ».

Par ailleurs, on peut observer, dans les années 1990, un relatif retour en surface – bien
qu’il ne semble pas consacrer un changement lexical majeur – du concept d’« information »,
à la faveur du paradigme de l’Internet, mais aussi du fait que, pour certains auteurs (Balima,
2000 ; Leyval-Granger, 1999), une dimension informationnelle demeure dans la relation
habitant-institution locale, celle qui met en avant la communication comme service public,
comme un droit du citoyen d’être informé. Dans ce sens, Lavigne (1995) utilise le concept
d’« information municipale » en assumant qu’il désigne ainsi la communication municipale.

Or la complexité conceptuelle de la communication territoriale tient aussi au fait que


celle-ci se situe au croisement de divers champs : celui de la communication publique, bien
sûr, celui de la communication politique, celui de la communication sociale, celui de la
communication pour le développement et même, bien que la communication territoriale
La communication territoriale : constructions d’un champ | 91

s’en distingue, celui du marketing territorial 8, etc. Ainsi, de manière paradoxale, la


communication territoriale apparaît à la fois comme un sous-ensemble de la communication
publique, tout en la renfermant. La communication territoriale est un sous-ensemble
de la communication publique lorsqu’on se situe sur le plan de l’échelle territoriale. La
communication publique, qui est, selon l’acception française, la communication produite
par les services publics 9, se décline alors à l’échelle infra-étatique à travers la communication
des institutions publiques locales (communes, régions…). Pourtant, l’analyse du contenu
réel et des enjeux de la communication territoriale montre que celle-ci renvoie plutôt à une
réalité multidimensionnelle. En effet, en prenant seulement la communication produite par
une institution publique locale comme la commune, on est porté à se rendre compte que ses
frontières avec la communication politique sont plutôt floues (Lorant, 2005 ; Ollivier-Yaniv,
2006 ; Bessières, 2009a).

Dominique Bessières (2009a) présente alors la communication locale comme une


« communication hybride », à la fois publique et politique.
Elle est incontestablement une communication publique ; l’accent est alors mis sur la dimension
institutionnelle des organismes qui l’utilisent. […] du point de vue de ses finalités, elle représente
une communication politique au service d’un exécutif, de dirigeants politico administratifs
(Bessières, 2009a, p. 21.).

Dans la sphère locale notamment, l’imbrication de la communication publique et de la


communication politique est donc, en pratique, presque inévitable, même si, en principe, il
est possible d’énoncer quelques traits de distinction 10. Autrement dit, lorsqu’on se situe dans
la perspective thématique (et non plus dans celle de l’échelle territoriale), la communication
territoriale intègre la communication politique et bien d’autres sous-champs. En effet, la
communication d’une commune ou d’une région peut renvoyer tour à tour à l’information
publique (informer les usagers sur les services publics), à la communication institutionnelle
(promouvoir l’image d’une institution), à la communication politique (promouvoir un projet
politique en vue de la victoire), à la stratégie territoriale (promouvoir un territoire), à la
communication sociale (promouvoir des valeurs sociales, communiquer pour faire changer
des comportements sociaux), à la communication de projet (mobiliser les acteurs pour la
réussite d’un projet), etc.

En somme, la dispersion terminologique de la communication territoriale repose,


certes, sur les effets du lexique officiel, mais n’en réfère pas moins à des enjeux conceptuels,
voire théoriques. Mieux, on peut souligner que les variations conceptuelles de ce champ
tiennent, de manière fondamentale, au fait que la communication territoriale renvoie, en
fait, à une double réalité. En effet, la communication territoriale désigne, avant tout, un
domaine d’activités repérables sur le terrain (l’action de communication des collectivités
territoriales et, plus spécifiquement, celle des communicants territoriaux) avant d’être, par

8. D’après le Mercator, on peut définir le marketing territorial comme « l’effort d’attractivité des territoires à des
marchés concurrentiels pour influencer, en leur faveur, le comportement de leurs publics par une offre dont la valeur
perçue est durablement supérieure à celles des concurrents » (www.marketing-territorial.org).
9. Cette acception est, de fait, différente de celle qui a cours en Amérique du Nord, où la communication publique
est plutôt comprise comme toute forme de communication qui a trait aux enjeux sociaux et qui se traduit ainsi
par la participation au débat public par un individu, un groupe, un organisme ; ce qui touche, entre autres, des
champs comme la communication des organisations, la communication politique, la communication marketing
et publicitaire, la communication journalistique, etc. La conception nord-américaine de la communication
publique s’intéresse donc moins au statut juridique (privé/public) de l’émetteur qu’aux formes et aux lieux de la
communication dans la sphère publique.
10. En effet, théoriquement, une ligne de démarcation peut être établie entre la communication publique (à la
française) et la communication politique. La première repose sur l’intérêt général alors que la seconde vise la
promotion d’un individu ou d’un parti. Ce que laisse d’ailleurs entendre la séparation fonctionnelle, au Québec (à
la différence de certaines communes françaises), entre, d’un côté, la communication du maire, gérée par le maire
lui-même ou un attaché de son cabinet et, de l’autre, la communication de la municipalité, assurée par un service en
charge de la communication rattaché plutôt au directeur général de la municipalité (Lavigne, 1995).
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ailleurs, un champ de recherche. Or, à l’enjeu de définition disciplinaire (Bessières, 2009),


cette dispersion conceptuelle se présente comme un obstacle non négligeable. Notamment,
parce que la communication territoriale renvoie, finalement, non pas seulement à un
champ, mais à un interchamp qui croise des objets multiples, parfois différents, voire
relativement conflictuels (c’est le cas de la communication publique, d’intérêt général, et de
la communication politique, partisane).

La diffusion de la communication territoriale dans les littératures scientifique et


professionnelle francophones pourrait alors être considérée comme un paradoxe, tant
au regard de la fluidité des frontières de ce champ qu’en raison de sa grande dispersion
lexicale et de pratiques. Il convient alors de revisiter les racines ainsi que les processus
d’institutionnalisation de ce champ pour mieux en comprendre ce qui peut apparaître
comme un succès éditorial.

Les processus d’institutionnalisation de la communication


territoriale
La science a besoin d’institutionnalisation pour opérer en tant que discours, et surtout pour
s’imposer comme fait reconnaissable. L’institutionnalisation peut être comprise, avec Peter
Berger et Thomas Luckmann (1966/2006), comme le processus d’adhésion de la conscience
individuelle et collective à des formes sociales. Elle induit la construction et la sédimentation
d’un monde commun ; elle permet à une catégorie, un objet, un groupe, d’être établi comme
faisant « naturellement » partie du corps social.

On distingue, traditionnellement, deux modes d’institutionnalisation de la science,


auxquels, selon Oumar Kane (2010), la communication en tant que discipline – ou champ 11 –
n’a pas échappé. Il s’agit, d’une part, du mode d’institutionnalisation dit « interne » ou
« épistémique », d’autre part, du mode d’institutionnalisation social : « Le premier est mis
en branle par une communauté épistémique tandis que le second peut être englobé sous le
terme d’une communauté (scientifique/pratique/sociale) d’acteurs intéressés à promouvoir
leur domaine d’expertise » (Kane, 2010, p. 88). Cette grille de lecture peut être appliquée
au sous-champ de la communication territoriale, pour laquelle on peut effectivement
distinguer un axe de légitimation épistémique se traduisant par la construction savante
d’un objet, et un axe de légitimation sociale fondé sur le travail d’un ensemble d’acteurs
sociaux ayant contribué à instituer et à promouvoir un champ spécifique de pratiques et de
savoir-faire. Toutefois, une analyse fine des processus de construction de la communication
territoriale comme champ donne plus précisément à voir l’intervention conjointe de
quatre principaux pôles d’institutionnalisation : l’université, les praticiens (communicants
publics territoriaux et consultants privés), les élus locaux et les publics des territoires.
Cette distinction détaillée 12 nous semble utile. En effet, elle met en lumière aux moins trois
enseignements inhérents à l’évolution de la communication territoriale et qui peuvent tenir,
ici, d’hypothèses de travail spécifiques. Le premier est la spécificité du discours de chaque
groupe d’acteurs, aussi bien en ce qui a trait à la nature de ce discours qu’en ce qui a trait
aux enjeux de celui-ci. Le second est le phénomène d’interaction entre les quatre pôles de
légitimation et, plus concrètement, entre les quatre catégories d’acteurs agissant dans une

11. Il a été démontré (cf. Revue internationale de communication sociale et publique, (3-4)) que la communication
s’est plus ou moins fortement institutionnalisée selon les traditions universitaires. Érigée en discipline en France
(les sciences de l’information et de la communication), elle s’est surtout développée en Amérique du Nord comme un
champ de recherche (les Communications Studies).
12. Nous ne prétendons pour autant pas proposer une recension exhaustive de tels acteurs. Il s’agit simplement
de nous en tenir à ceux qui, du point de vue de notre perspective théorique, se présentent comme les principaux
intervenants dans le processus et, après tout, ceux pour lesquels nous pouvons facilement repérer, pour les besoins
de l’analyse, des traces documentées de production discursives.
La communication territoriale : constructions d’un champ | 93

sorte de « traduction » (Akrich, Callon et Latour, 2006) et de coopération des intérêts en


vue de la définition des frontières d’un champ. Le troisième enseignement, enfin, repose
sur le fait que la légitimation sociale du champ de la communication territoriale n’a pas
nécessairement abouti à l’émergence d’une communauté d’acteurs au sens de corps dont les
membres se reconnaissent une certaine identité et expriment un sentiment d’appartenance.
En effet, si les communicants publics territoriaux ont tendance à s’identifier comme
groupe revendiquant une identité, on peut moins l’affirmer à propos des chercheurs en
communication territoriale, qui, justement, ne semblent pas exister – du moins, jusqu’ici –
en tant que communauté au sens où nous l’entendons plus haut. Cela, entre autres raisons,
peut expliquer les difficultés d’affirmation de ce sous-champ dans l’espace universitaire,
voire ce qu’on peut considérer comme sa faible visibilité dans la recherche anglo-saxonne.

L’université
Comme le rappelle Leeds-Hurwitz, « les disciplines sont des constructions sociales 13 » (cité
dans Robles, 2012, s.p.), et les formes de leur officialisation dans le monde universitaire leur
donnent l’apparence d’être des territoires « naturels ». Sans être le seul – ni même le premier
– lieu d’institutionnalisation de la communication territoriale, l’université n’en constitue pas
moins un producteur majeur de discours, voire, tout simplement, le principal prescripteur.
Par ailleurs, c’est essentiellement à l’université que s’est construite la communication
territoriale comme objet de recherche 14. C’est d’ailleurs à ce titre que nous choisissons de
mettre l’université en avant dans l’analyse, en rapport avec le thème de réflexion qui nous
préoccupe ici (les perspectives en sciences de la communication). L’institutionnalisation
de la communication territoriale, en particulier en France, s’est essentiellement réalisée à
l’université suivant deux axes : l’axe épistémique et l’axe pédagogique.

L’axe épistémique réfère aux travaux de recherche sur la communication territoriale,


lesquels ont contribué à instituer cette communication comme un objet d’étude. Dès le
début des années 1980, la recherche universitaire s’intéresse aux questions de l’information
et de la communication dans l’espace local (Mabileau et Tudesq, 1980 ; Pailliart, 1982,
1984). Divers facteurs sont à la base de l’inscription de cette thématique dans l’agenda de
la recherche universitaire à cette époque. On peut évoquer les réformes institutionnelles
en faveur d’une plus profonde décentralisation des pouvoirs de l’État, tant au Québec
(1980) qu’en France (1982), qui, en conférant des responsabilités accrues aux territoires
locaux, renforcent, en même temps, leur statut de producteurs de messages et de discours
dans l’espace public, bref la nécessité ou même simplement l’envie de communiquer. En
ce sens, les pratiques de communication des institutions publiques locales deviennent, à
l’université, un intéressant objet de recherche. Or pourquoi surtout autour des années 1980,
alors même que la commune, par exemple, est une institution millénaire ? Sans doute en
raison de l’actualité paradigmatique de cette époque, marquée notamment par le « tournant
communicationnel » et, plus largement, par le courant diffusionniste de la communication,
qui fait désormais de celle-ci un paradigme incontournable de l’organisation et de la
vie publique. De même, on ne saurait ignorer le rôle joué à l’université par des cadres
institutionnalisés de production du discours sur l’espace local tels que les structures de
recherche thématiques. En France, l’un des exemples les plus parlants est le Centre d’étude
et de recherche sur la vie locale (CERVL), fondé à l’Institut d’études politiques de Bordeaux
en 1966.

13. “Disciplines are social constructions”.


14. Même si, en la matière, les professionnels ont, eux aussi, toujours montré un intérêt fort pour la recherche sur la
communication des territoires (nous y reviendrons).
94 | R. Awono Communiquer, 2015(15), 85-106

Un tel fait permet peut-être également de comprendre en partie pourquoi, jusqu’à la fin
des années 1990, les sciences de la communication sont devancées par la science politique
sur le thème de la communication dans l’espace local. En effet, jusqu’au tournant des
années 1990, la science politique, notamment sous l’avantage d’une meilleure implantation
institutionnelle (départements, structures de recherche comme le CERVL, ancienneté
disciplinaire, nombre d’enseignants, etc.), semble s’attribuer une légitimité « naturelle » sur
la communication des collectivités locales en tant qu’objet d’étude. Celle-ci est d’abord pensée
comme un objet politique (la question des politiques de communication locales, ou encore
la problématique de la communication comme action politique locale). On comprend ainsi
que l’un des ouvrages fondateurs dans la recherche universitaire sur ce thème en France,
L’information locale (Mabileau et Tudesq, 1980), soit institutionnellement issu du champ
de la science politique, puisqu’il est produit au sein du CERVL et sous la codirection d’un
politologue (Albert Mabileau) et d’un historien (André-Jean Tudesq). On peut citer, pour
la même période, de nombreux travaux de pionniers de la recherche sur la communication
locale issus de la science politique (Dauvin, 1990 ; CURAPP, 1991 ; Le Bart, 1992 ; Lavigne,
1993, 1995 ; Dubois, 1993a, 1993b ; Legrave, 1994 ; Bessières, 1998). Soulignons, néanmoins,
que nombre de ces universitaires, comme Alain Lavigne ou Dominique Bessières, vont
finalement rejoindre, à l’université, un département estampillé « communication ».

Quant à l’axe pédagogique d’institutionnalisation de la communication territoriale


à l’université, il se traduit notamment par l’ouverture de programmes de formation
professionnels dédiés à ce domaine. L’un des premiers en France est le DESS 15
« Communication, politique et animation locales » de l’Université Paris 1, qui existe depuis
1991 (Legrave, 1994). Depuis lors, de nombreuses autres formations, notamment de niveau
master, se sont développées 16. Plusieurs auteurs ont abondamment souligné les enjeux de
la prise en charge d’une profession par l’université. Ainsi, dans la suite de Dubar et Tripier,
Dominique Bessières (2009b) relève que la reconnaissance universitaire permet aux
professionnels d’acquérir des connaissances académiques (susceptibles de modélisation),
permettant ainsi à la profession d’aller au-delà des connaissances empiriques. Luc
Boltanski (1982), pour sa part, rappelle que le développement des formations assure
la production des nouveaux professionnels et, ainsi, la constitution d’un groupe. Nous
ajouterons que, lorsqu’elles sont déjà établies, les formations assurent la reproduction et
la pérennité du groupe social des professionnels. Par ailleurs, pour une profession prise en
charge par l’université, « l’intérêt porté par des membres des institutions universitaires,
au travers de recherches scientifiques et d’enseignements, contribue à définir le champ des
savoirs techniques et conceptuels » (Bessières, 2009b, p. 48). Ainsi, pour une profession
donnée, « l’université agit comme une puissante instance de légitimation » (ibid.). Une
telle légitimation prend encore plus sens lorsque, comme dans le cas de la communication
territoriale, l’université confère la reconnaissance à la profession au travers des formations
de niveau master (niveau le plus élevé de la formation professionnelle, dans la plupart des
systèmes d’enseignement).

Néanmoins, il convient de relever qu’à l’université, malgré tout, la communication


territoriale n’a pas fait, jusqu’ici, l’objet d’une claire appropriation sociale par les
chercheurs eux-mêmes, au-delà de la forte appropriation épistémique de cet objet. En effet,
à l’université, ce thème ne rend pas encore nettement visible une véritable communauté
sociale de chercheurs, qui serait identifiable par un ensemble d’actes et de discours
d’auto-affirmation par exemple. Peu de structures (groupes de recherche, par exemple)
15. Diplôme d’études supérieures spécialisées (système français d’alors), équivalent de la maîtrise professionnelle
(Canada), et désormais appelé, en France, master professionnel ou mastère professionnel.
16. Pour n’en citer que deux autres, parmi les plus spécialisées : le master « Communication des collectivités
territoriales » du CELSA et le master « Information et communication dans l’espace local et régional » de
l’Université catholique de l’Ouest.
La communication territoriale : constructions d’un champ | 95

s’identifient clairement et spécifiquement à la communication territoriale, bien qu’elle soit


abondamment traitée par les chercheurs. De même, peu de chercheurs l’identifient comme
leur champ de spécialisation prioritaire.

Les communicateurs des territoires

Bénéficiant de la légitimation par le discours universitaire, les praticiens n’ont pourtant pas
attendu ce discours pour s’engager dans un travail d’institutionnalisation et de fabrique de
la reconnaissance de leur groupe. En effet, dans les années 1970 déjà, les praticiens sont les
premiers à écrire sur la communication locale (alors appelée information locale). Une telle
littérature puise essentiellement dans le registre doctrinaire et contribue à asseoir, à défaut
d’un « savoir » professionnel susceptible d’être au moins clairement documenté, un mode
de parler sur les rapports entre la communication, la collectivité locale et le citoyen. Ainsi,
pour Roger Beaunez et Francis Kohn (1975), la démocratie locale repose sur un préalable :
« l’information dans la cité 17 ». De même, ces propos du rédacteur-en-chef du Rennais 18
de l’époque illustrent bien l’idéologie des premières années de la communication locale
professionnelle : « Beaucoup n’ont pas compris que le discours ne passait plus par un sens
politique, c’est ce qu’a enseigné la publicité et la communication moderne ; on ne peut plus
communiquer avec les outils du 19e siècle » (cité dans Dauvin, 1990, p. 70).

Cela dit, l’outil majeur d’institutionnalisation de la communication territoriale


professionnelle reste le champ associatif, que Michèle Garry qualifie de « “salut” de la
communication territoriale » (1993, p. 92). Garry cite, parmi les premières initiatives
en France, celle du Club de communication et d’information d’Auvergne (2CIA), une
association régionale de communicateurs locaux fondée en 1984 (Garry, 1993). Ce sont,
malgré tout, les associations nationales qui vont mieux rendre visible le combat identitaire
des « communicateurs municipaux » (Québec) ou des « communicants territoriaux »
(France), deux concepts qui vont bientôt devenir la marque d’identité nominale d’un groupe.

Au Québec, c’est l’Association des communicateurs municipaux du Québec inc. (ACMQ)


qui mène un tel combat. Elle est fondée en 1978, à l’initiative de Jules Héroux et d’André
Collard, sous l’appellation originelle d’Association québécoise des officiers municipaux en
communication, avant d’adopter, en 1983, la dénomination actuelle 19. Regroupant divers
professionnels et autres intervenants de la communication municipale, elle se donne pour
mission, entre autres, de permettre à ces acteurs de se rencontrer « afin de parfaire leurs
connaissances et d’échanger sur l’évolution constante de leur profession 20 ». Le terme n’est
pas anodin : « profession ». Il sous-entend que la communication municipale est – ou doit
être considérée comme – une profession à part entière, donc, comme un « territoire »
d’expertise à défendre. À côté du Forum des communicateurs gouvernementaux, qui
regroupe, lui, les communicateurs gouvernementaux en général, l’existence de l’Association
des communicateurs municipaux du Québec traduit, indiscutablement, un besoin et une
volonté d’identification de la part des communicateurs du service public travaillant dans
l’espace municipal 21.

On retrouve, en France, les mêmes enjeux de définition de l’identité professionnelle à


travers la présence de deux associations nationales concurrentes, traduisant deux échelons
de la communication publique. En effet, à côté de Communication publique, l’association

17. Extrait du titre de leur ouvrage.


18. Bulletin municipal de la mairie de Rennes (France).
19. Source : ACMQ, site web officiel de l’association, http://www.acmq.qc.ca/association/historique/.
20. Source : ACMQ, ibid., http://www.acmq.qc.ca/association/mission/.
21. Et ce bien que l’ACMQ ait été fondée 12 ans avant le Forum des communicateurs gouvernementaux, né
seulement en 1990.
96 | R. Awono Communiquer, 2015(15), 85-106

des communicants publics en général, les communicants publics territoriaux tiennent à


montrer leur spécificité à travers le réseau Cap’Com 22. Né en 1988 sous la forme d’un salon
professionnel, Cap’Com est devenu, en 2009, le Réseau de la communication publique et
territoriale, qui regroupe des professionnels et d’autres acteurs de ce secteur (consultants
privés, élus locaux, universitaires…). Selon Mégard et Deljarrie, un tel réseau permet de
rendre visible « une profession en train de s’affirmer et de s’organiser » (2003, p. 119).
Ainsi, colloques, formations, prix, publications diverses, listes de discussion en ligne
(par exemple « Com’interne », liste de discussion dédiée à la communication interne des
collectivités territoriales) constituent des moyens de diffusion et d’affirmation de l’identité
professionnelle. De même, le forum Cap’Com, qui se tient chaque année dans une ville de
France, constitue dans ce pays un rendez-vous national majeur de la communication locale
et de la communication tout court.

Il convient de souligner comment, par une démarche subtile, les praticiens de la


communication publique territoriale se sont arrimés à des intervenants externes pour
asseoir leur légitimité en interne. S’appuyant sur des enquêtes sociales commandées auprès
des cabinets d’études, les professionnels de la communication locale ont cherché, dès les
premières années, à légitimer non seulement l’existence sociale d’un besoin spécifique (celui
de l’information locale) mais aussi et surtout leur savoir-faire dans ce registre (Dauvin,
1990). Dauvin (1990) cite par exemple l’enquête réalisée par TMO-Ouest en deux volets :
« Rennes, étude d’images » (1984) et « Le Rennais et l’action municipale » (1986). De telles
enquêtes s’appuient sur des outils, des concepts et des savoirs scientifiques (techniques
d’enquêtes sociales, psychologie sociale, sociologie urbaine, sémiotique…). Sans le dire
explicitement, la science est donc mobilisée au service du praticien. Ce dernier s’appuie
ainsi sur la réputation de rigueur et de rationalité du discours scientifique pour légitimer
son propre discours (un discours plutôt pratique, commercial) ainsi que sa position sociale.
On peut alors dire, avec Garry, que « la communication territoriale est ressentie comme
une véritable nécessité à la fois identitaire et économique » (Garry, 1993, p. 94). C’est de
cette manière que l’on va assister à la montée des acteurs privés de la communication locale
(cabinets-conseils, consultants indépendants, etc.).

De nos jours, le discours doctrinaire des praticiens devient, en lui-même, un objet


commercial. Le cabinet Weka, en France, édite chaque année un ouvrage pratique, Réussir
sa communication locale (éditions Weka), accompagné d’un ensemble de supports
numériques et imprimés, ainsi que des offres de formation en matière de communication
territoriale. L’objectif : faire valoir la technicité de ce domaine et vendre une expertise ainsi
présentée comme un besoin social de premier ordre. On peut observer que, dans les pays où
n’existe pas encore une telle appropriation sociale de la communication territoriale par un
corps de professionnels, cette communication n’arrive pas encore à se rendre visible comme
champ de pratiques et, en conséquence, reste pour l’instant un objet de recherche marginal
à l’université (cas de la plupart des pays francophones africains).

Les élus locaux

Les professionnels de la politique (en particulier, les élus locaux) ont d’abord assuré la
promotion de la communication locale sous forme d’implication directe dans l’action et
sur la base du flair de quelques pionniers. Les travaux présentant un aperçu historique des
pratiques de communication locale en France 23 citent régulièrement en référence le cas

22. Ceci bien que les deux associations entretiennent de multiples actions communes et que l’association
Communication publique regroupe, elle aussi, des professionnels de la communication des collectivités territoriales.
23. Pour une lecture approfondie sur cet aspect de la question : Mabileau et Tudesq (1980, 1992), CURAPP (1991),
Garry (1993), Cardy (1997b), Legrave (1994), Mégard et Deljarrie (2003).
La communication territoriale : constructions d’un champ | 97

de Georges Frêche, alors maire de Montpellier, et ses célèbres campagnes de promotion


territoriale des années 1980 : Montpellier, l’entreprenante (1982), Montpellier la surdouée,
berceau du futur (1985) (Nay, 1994).

Les élus locaux ont également vite accaparé la communication au travers du discours.
Dans cette perspective, il a souvent été question de défendre la communication comme un
impératif démocratique. Pierre Mauroy, maire de Lille de 1973 à 2001 24, exprime ainsi sa
lecture de la place de la communication dans la vie politique locale :
L’information des citoyens, condition nécessaire à la démocratie locale, doit mettre à la disposition
de chacun les éléments permettant de se forger un jugement sur le moyen d’associer le plus grand
nombre à la vie communale et d’établir un dialogue permanent entre habitants et élus (cité dans
Dauvin, 1990, p. 67).

Par ailleurs, l’adoption de la communication par les élus s’inscrit dans une perspective
d’adaptation à la nouvelle donne du management. L’extension des responsabilités du
maire impose à celui-ci d’adopter une nouvelle posture, celle du manager, ce qui invite à
plus de professionnalisme. Or, avec la montée de la légitimation organisationnelle de la
communication des années 1980, management professionnel rime avec communication
managériale. Ceci explique également en partie, selon Garry (1993), pourquoi les élus
locaux adoptent, à cette époque, l’approche de l’externalisation de la communication de la
collectivité : en faisant appel aux cabinets externes, ils faisaient preuve de professionnalisme
dans leur management, à une époque où les compétences internes dans le domaine de la
communication étaient encore relativement rares 25.

Les publics des territoires

De manière générale, les publics des territoires ne sont que très faiblement pris en
compte dans la littérature sur les questions locales et, spécifiquement, dans le champ de
la communication locale. La plupart des études privilégient l’analyse des politiques, du
personnel politique local, des contenus médiatiques et des discours, et des environnements
organisationnels.

Quelques rares auteurs ont pourtant souligné l’apport déterminant des publics dans la
construction du champ de la communication territoriale. Parmi eux, on peut citer Mégard
et Deljarrie (2003) ou encore Lavigne (1995), qui, tous, mettent en lumière le rôle joué
dès les années 1970 par des mouvements de citoyens des territoires, tels les célèbres GAM
(Groupes d’action municipale), des groupes de pression qui plaçaient au cœur de leurs
revendications le droit à un plus grand accès à l’information. Lavigne souligne ainsi le
fondement – démocratique – d’une telle implication des publics dans la constitution du
champ de la communication territoriale :
Pour les publics (citoyens, groupes d’intérêt et associations), l’information municipale peut être
définie, en substance, comme un droit d’accès. L’argument le plus fréquemment avancé est que
cette information est nécessaire à l’émergence d’une meilleure démocratie locale, en tant que
préalable à la participation (Lavigne, 1995, p. 265).

Aujourd’hui encore, même sans que cela soit explicitement reconnu par les acteurs,
l’abondante invocation par les collectivités territoriales des dispositifs dits « de
participation » (carrefours de citoyens, ateliers participatifs, etc.) apparaît, entre autres,
comme une prise en compte de tels enjeux démocratiques. Bien plus, de nouveaux réseaux
d’acteurs non institutionnels, mieux structurés et mieux outillés que ceux des années 1970,

24. Source : archives.gouvernement.fr.


25. D’ailleurs, même lorsque les compétences existent en interne, pour le manager, faire appel à un consultant
extérieur, neutre, peut être considéré comme un choix de management plus ouvert au professionnalisme.
98 | R. Awono Communiquer, 2015(15), 85-106

se sont développés pour promouvoir la « démocratie locale », dont la communication


est le corollaire. Parmi eux, on peut citer, en France, l’Association pour la démocratie et
l’éducation locale et sociale (Adels).

Un regard sur la communication territoriale non francophone


Que dire du statut de la communication territoriale dans les autres pays et, en particulier,
dans le monde non francophone ? Bien qu’il soit prétentieux d’aborder la question dans
son ensemble dans le cadre d’un travail de cette nature, il est possible de faire quelques
remarques qui peuvent servir de pistes théoriques pour la réflexion sur les perspectives de
ce champ des sciences de la communication.

L’institution d’un champ spécifique autour de la communication de l’espace local ne


semble pas avoir fait l’objet, jusqu’ici, du même engouement ailleurs que dans le monde
francophone. Faute d’espace, nous nous limitons ici à interroger la littérature des pays de
culture anglophone, l’Amérique du Nord et le Royaume-Uni étant notre principal centre
d’intérêt.

Dans les pays de culture anglophone, en particulier dans le monde universitaire, la


communication territoriale ne s’est pas constituée, jusqu’ici, en champ autonome. D’une
part, elle n’y est que rarement abordée comme objet de recherche ; d’autre part, si elle y est
abondamment abordée en tant que catégorie langagière de la communication, c’est bien plus
souvent en tant qu’échelle de la communication étatique, et plus rarement comme champ
de pratiques spécifiques, qu’elle est examinée. En effet, à partir des requêtes répétées sur
le moteur de recherche Google entre 2005 et 2014, avec les mots-clés « local government
communication », « local government public relations », « local communication »,
« municipal communication » et « territorial communication », nous n’avons pu identifier,
dans la littérature scientifique anglophone, que moins de dix documents pertinents, c’est-à-
dire référant à des travaux ayant effectivement pour objet central l’un ou l’autre de ces thèmes.
Nous avons poursuivi cette recherche documentaire en interrogeant plus spécifiquement
les archives en ligne d’une sélection de douze revues scientifiques majeures en anglais,
principalement nord-américaines ou internationales 26. Cette recherche spécifique nous a
permis d’identifier seulement trois documents pertinents 27.

Chris Galloway (2013), ayant effectué sur le même sujet une recherche documentaire
par Google mais limitée à l’Australie, indique n’avoir trouvé aucun document scientifique
pertinent. Du reste, plusieurs autres chercheurs (Jeffres et Lin, 2006 ; Killingsworth, 2009 ;
Simmons et Small, 2012) remarquent, dans la recherche « anglo-saxonne », la rareté de
travaux portant sur le thème de la « local government communication ». De plus, lorsque
de tels travaux existent, ils visent rarement à analyser la « communication locale » en
elle-même, mais davantage d’autres objets de la communication, appliqués à la ville ou la
collectivité locale. Autrement dit, la « local government communication » y est surtout
conçue comme un simple échelon de l’action communicationnelle de l’État, et le local
comme simplement un lieu d’implémentation de l’enquête et non comme un objet d’étude.

26. Il s’agit des revues American Communication Journal, Communication Theory, International Journal of
Communication, Journal of Communication, Public Opinion Quarterly, Public Relations Review, Canadian
Journal of Communication, Communication Research, New Media & Society, Journal of Computer-Mediated
Communication, Electronic Journal of Communication et European Journal of Communication.
27. Certes, nous ne perdons pas de vue que tous les travaux existant ne sont pas référencés en ligne, mais ce constat
n’en constitue pas moins un indicateur significatif, comparé aux centaines de travaux identifiés sur la même
thématique dans la littérature scientifique francophone.
La communication territoriale : constructions d’un champ | 99

Ainsi, lorsqu’Amanda Sturgill (2007) parle dans son article de « Municipal Information
Web Sites and the Language Divide », sa préoccupation porte davantage sur le phénomène
de la « fracture langagière » (domination de l’anglais) dans la société américaine que sur
la notion d’« information municipale ». De même, lorsqu’Abaasi Muzenze et al. (2013)
écrivent sur « Communication Practices and Quality Service Delivery Tradition: Uganda’s
Local Government Perspective », c’est avant tout pour analyser les relations entre la
communication et la qualité du service dans les administrations publiques, avec comme
corpus d’étude les gouvernements locaux. La communication des gouvernements locaux n’y
apparaît pas comme une forme spécifique d’action produite par des acteurs donnés, mais
davantage comme un niveau d’intervention des pouvoirs publics.

On peut alors comprendre la remarque de Peter Simmons et Felicity Small, lorsque ces
universitaires qualifient la local government communication en ces termes : « a growing
but under-researched area of communication specialisation » (2012, s.p.). Traduction : un
domaine (de pratiques) de la communication en expansion, mais encore faiblement traité
comme objet de recherche. La chercheuse britannique Wendy Moran arrive à la même
conclusion :
Although there is extensive literature examining the roles of the PR practitioner, there is limited
academic research and questionable professional research on the roles of the local government
public relations practitioner 28 (Moran, 2012, s.p.).

En effet, il existe une littérature professionnelle tendant à instituer un champ


professionnel autour de la local government public relations, littérature produite aussi
bien par des praticiens ou des experts (Walker, 1997 ; Brown, Gaudin et Moran, 2013) que
par des structures gouvernementales (SALGA, 2006 ; USAID, 2007). Mais la recherche
universitaire, elle, ne s’intéresse que rarement à la question en tant qu’objet, même si l’on
peut citer, comme exceptions, quelques travaux allant dans ce sens (Jeffres et Lin, 2006 ;
Killingsworth, 2009 ; Moran, 2012 ; Simmons et Small, 2012).

Esquissons une synthèse théorique – dont nous savons, d’emblée, qu’elle ne peut saisir
que superficiellement les contours du problème. Il est possible d’affirmer, en reprenant
l’analyse de Dominique Bessières, que l’organisation de la vie politique locale « conditionne
les formes de la communication » (Bessières, 2000, p. 10). Ainsi, la décentralisation ne
semble pas représenter les mêmes enjeux politiques et théoriques en France ou en Afrique
francophone qu’en Amérique du Nord – le Québec faisant relativement exception –, par
exemple. Tandis que les municipalités canadiennes se battent depuis des centaines d’années
pour accéder à un statut constitutionnel, les collectivités territoriales en France ont été
investies d’un rôle de premier plan par la loi. Un pays comme le Cameroun a adopté en 1996
une constitution qui en fait un « État unitaire décentralisé ». Dans l’espace francophone
– et d’ailleurs d’autant plus dans les pays en développement –, la communication
gouvernementale sur la décentralisation fait de celle-ci un événement politique et historique
primordial. De la sorte, la décentralisation met les collectivités territoriales à l’avant-plan
de la scène en matière d’intervention publique, les poussant ainsi – lorsqu’elles en ont les
ressources comme en France – à assumer un devoir de construction de soi, de mise en
mots et de mise en scène de soi dans l’espace public national. Dans les pays francophones
africains, à défaut, pour l’instant, de pouvoir s’affirmer du point de vue communicationnel,
en raison de la faiblesse des ressources financières et du manque d’expertise, les collectivités
territoriales et la décentralisation sont surtout mobilisées dans le champ politique comme

28. Bien qu’il y ait une vaste littérature examinant les rôles du praticien en relations publiques, il n’existe qu’une
recherche académique limitée et une « recherche » professionnelle peu convaincante sur les rôles du professionnel
en relations publiques dans les collectivités locales [notre traduction].
100 | R. Awono Communiquer, 2015(15), 85-106

un élément de discours sur la démocratie. L’univers politique anglo-saxon présente quelques


différences.

Michael Hill (2003) a relevé quatre caractéristiques majeures du fonctionnement


politique de l’espace local en Angleterre qui sont de nature à éclairer sur de possibles pistes
théoriques sur la place de la communication locale dans ce pays et, sous réserve des différences
institutionnelles, peut-être dans d’autres pays de tradition anglo-saxonne. La première est
la dispersion structurelle des services locaux, lesquels sont très souvent pris en charge en
Angleterre par des organismes étatiques autonomes (NHS authorities par exemple pour la
santé, Job Centres pour les aides sociales en matière d’emploi, Arts Council pour la culture,
Sports Council pour le sport, etc.). La deuxième renvoie au caractère fortement entremêlé
à l’échelon local de l’action du pouvoir central et de celle des gouvernements locaux 29. La
troisième caractéristique est le contrôle accru du pouvoir central sur les gouvernements
locaux. La quatrième, enfin, réside dans la prégnance du principe de délégation obligatoire,
qui contraint presque les collectivités locales anglaises à céder une part très importante
de leurs compétences aux acteurs privés, au nom de la libre concurrence dans les marchés
publics et dans le but proclamé de rechercher la meilleure qualité de service de la part des
collectivités locales 30.

De ces remarques de Hill, il se dégage, implicitement, l’idée d’une relative dilution du


local dans l’offre politique faite aux citoyens, malgré la longue tradition de la vie locale
dans le monde anglo-saxon. Le « local » semble ne plus être suffisamment original pour
être visible et donc « communicable ». Reconnaissons, néanmoins, qu’une telle explication
ne saurait être suffisante en elle-même, et la réflexion mérite d’être approfondie dans
le cadre de la recherche théorique sur les études de communication en rapport avec les
territoires. Elle n’en traduit pas moins, avec d’autres problématiques, dont certaines sont
soulevées plus haut dans cet article, le nécessaire questionnement sur les perspectives de la
communication territoriale comme champ, au regard des multiples incertitudes que laisse
apparaître celui-ci.

Perspectives : quelle(s) communication(s) territoriale(s) à l’ère du


numérique ?
La communication territoriale ou locale apparaît finalement comme un paradoxe.
Abondamment convoquée dans la recherche francophone – et, singulièrement, française – ,
elle reste marquée par sa forte dispersion et la fluidité de ses frontières. De fait, à la dispersion
conceptuelle, qui la partage entre divers champs, s’ajoute la dispersion géographique, dont
la spécificité anglo-saxonne constitue une des principales illustrations. Quasi-absente dans
les études anglophones, elle y apparaît davantage comme domaine de pratiques sociales et
professionnelles que comme champ de recherche. Dégager un cadre théorique propre à la
communication territoriale s’avère une tâche ardue, tant le champ a rarement fait l’objet
d’une élaboration consensuelle, ou même d’une stabilisation de sa production théorique.
D’où, au final, le caractère toujours indécis de son statut : est-elle vraiment un champ de
recherche unifié, ou même, simplement, un champ de recherche à part entière ? Tandis
que les interrogations sur le statut même et la redéfinition des frontières des sciences de la
communication reviennent, légitimement, en surface, la question de la communication des
territoires mérite, en conclusion de cet article, d’être revisitée sous l’angle des perspectives.
Un des enjeux d’une telle question est le fait que le rapport de la communication aux

29. À titre d’exemple, souligne Hill, en 1995, les nouvelles mesures fiscales ont permis au pouvoir central de
contrôler 80 % des ressources fiscales locales (Hill, 2003, p. 178).
30. Nous rappelons que toutes ces données sur le fonctionnement politique local en Angleterre sont tirées de l’article
de Michael Hill cité.
La communication territoriale : constructions d’un champ | 101

territoires est aujourd’hui abondamment réinvesti sous une diversité de prismes, sans pour
autant que la pensée communicationnelle arrive à formuler clairement un cadre théorique
opératoire.

En effet, que suggère, par exemple, le paradigme du « design communautique » 31,


proposé par Pierre-Léonard Harvey (1995, 2014), sinon une recherche des voies dans le
labyrinthe actuel des réseaux, du numérique et des incertitudes identitaires des territoires ?
Comment comprendre l’appel incessant au développement de l’« intelligence territoriale »
(Herbaux, 2005 ; Bertacchini, 2008), si ce n’est une autre façon de réinterroger la place
de l’information dans la structuration du territoire, comme, près de 40 ans auparavant,
nous y invitaient déjà respectivement l’« écologie des actes » d’Abraham Moles (1974) et la
« théorie de la territorialité humaine » de Claude Raffestin (1987) ? Comment interpréter,
enfin, l’offre de solutions à la fois théoriques et pratiques d’Élisabeth et Jean-Philippe
Gardère (2008), appelant à la « micro-représentativité » du citoyen comme approche de
réalisation de la démocratie participative au travers de la communication territoriale ?

Ces différentes propositions de paradigmes sur le territoire, comme bien d’autres


que nous ne pouvons citer ici, traduisent bel et bien, nous semble-t-il, des évolutions qui
suggèrent que l’on se penche de nouveau – et, au mieux, autrement – sur le territoire et
ses rapports à la communication. Tandis que d’aucuns ont annoncé, il y a longtemps déjà,
« la fin des territoires » (Badie, 1995) et d’autres, l’érosion de ces territoires dans l’utopie
(Pagès, 2000), l’on n’a pourtant pas cessé d’assister, ces dernières années, à diverses formes
d’affirmation et de réaffirmation des territorialités, qu’elles soient microlocales (quartiers),
urbaines, locales, nationales, voire supranationales. Parallèlement, les mutations induites
tant par les réseaux numériques que par les mobilités et les crises urbaines (crises
identitaires notamment) invitent à un renouvellement théorique des sciences sociales et,
en particulier, des sciences de la communication. Ceci parce que, comme le souligne Gino
Gramaccia en guise de résumé à l’ouvrage d’Élisabeth et Jean-Philippe Gardère (2008),
Démocratie représentative et communication territoriale, « toute décision, lorsqu’elle
porte sur l’invention d’un nouveau modèle politique pour la ville, s’inscrit dans un projet
de communication qui a pour objectif de transformer l’information en savoir au service de
l’action publique » (Gramaccia, 2009, p. 267). Or, aujourd’hui, comment réussir justement
cette transformation de l’information du territoire en savoir que la science peut maîtriser
et mettre au service de l’action ? Tels se présentent, résumés en d’autres termes, les défis
nouveaux de la « théorie » de la communication territoriale à ré(inventer). Quelle(s)
communication(s) territoriale(s) à l’heure du numérique ? Interrogation à la fois d’ordre
théorique et pratique, elle suscite, jusqu’ici, deux grandes tendances paradigmatiques
opposées quant à l’apport des réseaux numériques et, singulièrement, de l’Internet à la
communication des territoires.

D’un côté, une tendance optimiste considère que l’environnement numérique en


réseaux constitue une opportunité pour le territoire, car, pour les tenants de cette
tendance, l’Internet et les autres dispositifs de communication numérique en réseau
représentent d’importants outils de revitalisation des liens sociaux à caractère territorial
et, finalement, de la citoyenneté et de l’identité locales (Herbaux, 2005 ; Bertacchini, 2008 ;
Gardère et Gardère, 2008). Selon Élisabeth et Jean-Philippe Gardère (2008), l’enjeu
de la communication dans le territoire, aujourd’hui, c’est d’abord la transformation de
l’information en connaissance, puis l’appropriation de la connaissance pour l’intérêt de la
communauté, la mise en œuvre des technologies de la communication et des dispositifs du
débat participatif, en vue de l’invention d’un nouveau citoyen « micro-représenté ». Dans
31. Notamment dans le récent ouvrage Design communautique appliqué aux systèmes sociaux numériques.
Fondements communicationnels, théories et méthodologies (Harvey, 2014, Québec, Québec : Presses de l’Université
du Québec).
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ce sens, bien qu’un auteur comme Pierre-Léonard Harvey (2014) met en avant la notion de
« délocalisation » des relations et celle de réseau, on peut dire que sa proposition de design
communautique, c’est-à-dire « la configuration d’outils collaboratifs adaptés, configurés et
personnalisés selon les groupes et les communautés de façon délocalisée » (Harvey, 2014,
p. XX), se présente également comme un nouveau paradigme pour aborder notre rapport
communicationnel au territoire et qui, en tout cas, mérite d’être testé. Dans le même sens,
le rôle joué par un acteur comme l’association Villes Internet, qui promeut l’Internet citoyen
dans les territoires 32, traduit peut-être une certaine appropriation sociale de la territorialité
numérique, faisant de celle-ci un nouvel enjeu de questionnement pour la recherche sur la
communication territoriale.

De l’autre côté, une tendance modérée, voire pessimiste, est celle de ceux qui pensent
que l’Internet opère plutôt « contre » le territoire, dans la mesure où les stratégies de
communication en ligne des producteurs de l’information dite « territoriale » (municipalités,
presse régionale) conduisent davantage à la marchandisation de l’information et, finalement,
au brouillage et à la dilution de l’information citoyenne – ou territoriale – dans de telles
stratégies (Demers, 2000, 2001 ; Pélissier, 2001, 2003).

Entre les deux tendances apparaît une nécessaire refondation de la théorie de la


communication des territoires. Une telle nécessité découle, comme le soulignent bon
nombre d’auteurs, dont Sébastien Rouquette (2008) ou encore Laurence Monnoyer-
Smith (2011), du constat que la simple opposition entre modèles « alarmistes » et modèles
« apologistes » de la révolution numérique en réseau semble avoir montré ses limites,
et qu’il convient davantage de s’interroger sur les possibilités réelles d’appropriation
des outils et des ressources numériques en vue de les mettre au service des territoires et
des citoyens, au travers de la communication. Si l’Internet municipal représente une
« formidable » opportunité pour la collectivité, il doit d’abord être compris « comme un
outil de médiation communicationnel virtuel dans un monde économique, politique et
social bien réel » (Rouquette, 2008, p 105). Plus spécifiquement, sur une question centrale
en communication locale comme la participation, pourquoi ne pas envisager, comme le
suggère Monnoyer-Smith, une nouvelle théorie communicationnelle du débat public fondée
finalement sur « un lien conceptuel entre les formes communicationnelles mobilisées par
les acteurs, les dispositifs techniques utilisés et les évolutions de la médiation politiques »
(Monnoyer-Smith, 2011, p. 157) ? Telles sont, parmi d’autres, quelques pistes de réflexion
sur un éventuel renouvellement paradigmatique pour une communication territoriale qui
se saisit des problématiques théoriques tout en restant en prise avec la société en mutation.

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