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Introduction 

Sur le plan juridique, l’administration obéit à une double signification,


la définition matérielle ou fonctionnelle et la définition organique ou
institutionnelle :

Dans le premier cas, le terme administration signifie une activité, une


tâche ou une fonction. Le but de cette activité administrative est la
satisfaction des besoins d’intérêt général (désignant un certain nombre de
besoins humains dont la réalisation intéresse les individus ou les groupes).

Dans le second cas, le mot Administration désigne une organisation, un


ensemble d’agents publics (les fonctionnaires ou le personnel administratif)
et d’organes chargés d’exécuter des activités ou des missions administratives.
Exemple, X est entré à l’administration des finances.

En d’autres termes, l’administration revêt l’aspect d’un ensemble de


moyens institutionnels humains et matériels mis aux services des activités
administratives.

Ces individus agissent pour le compte des personnes morales


publiques, c’est-à-dire les administrations publiques dites aussi les
collectivités publiques. Celles-ci correspondent à l’Etat, aux Collectivités
Territoriales sous leurs trois composantes (les régions, les préfectures, les
provinces et les communes) et les Etablissements publics :

L’Etat a une compétence spatiale nationale. Les Collectivités


Territoriales ont des compétences délimitées géographiquement. Alors que
les Etablissements publics ont une vocation spéciale et étroite. Par exemple,
l’ONCF est un établissement public qui ne peut intervenir que dans le
domaine du transport ferroviaire.

L’activité de l’administration se distingue de l’activité des particuliers à


double niveaux : celui du but et des moyens mis en œuvre pour réaliser celui-
ci :

Le moteur de l’action de l’administration ou de l’action administrative


est la poursuite de l’intérêt général ou encore l’utilité publique ou, dans une

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perspective philosophique, du bien commun. Il est essentiellement
désintéressé.

Alors que le motif de l’action des particuliers est la poursuite d’un


avantage personnel. Il s’agit du profit matériel et de la réussite sociale.

Toutefois, le but poursuivi et le bien de tous peuvent coïncider. Par


exemple, le boulanger assure la satisfaction du pain, fondamentale aux
Marocains, mais ce n’est pas le souci désintéressé de nourrir les affamés qui a
dicté sa vocation, c’est plutôt l’intention de gagner sa vie en vendant du pain.

A la différence des buts correspond une différence de moyens.


D’ailleurs, la complexité du droit administratif apparait au niveau du rapport
administration/administré :

L’administration entretient des relations inégalitaires avec les


administrés, contrairement au droit privé qui est essentiellement égalitaire.
De ce fait, l’acte qui caractérise les rapports privés est l’accord des volontés,
c’est-à-dire le contrat.

L’administration possède des prérogatives ou des privilèges. Elle oblige


les particuliers sans obtenir leurs accords. C’est la décision administrative
unilatérale, procédé le plus caractéristique de l’action administrative.

Dès lors, la puissance publique est l’ensemble des prérogatives


exorbitantes du droit commun que l’administration met en œuvre par voie
unilatérale pour réaliser l’intérêt général. Exemple, l’expropriation pour
cause d’utilité publique, la réquisition…

Mais, l’administration peut utiliser la technique du contrat. Seulement,


une distinction peut être faite entre les contrats de droit commun et des
contrats administratifs.

Le droit administratif est une branche de droit public interne qui régit
l’administration. Il constitue le prolongement du droit constitutionnel. M.
Rivero définit le droit administratif comme étant « l’ensemble des règles
juridiques dérogatoires au droit privé qui régissent l’activité administrative
des personnes publiques ».

Le droit administratif présente quelques traits fondamentaux :


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-Le droit administratif est un droit autoritaire :

L’administration est une activité par laquelle les autorités publiques


pourvoient à la satisfaction des besoins d’intérêt général, en utilisant les
prérogatives de la puissance publique.

Dès lors, le droit administratif est un droit d’inégalité ou de


commandement. Mais, ce droit, conçu comme un système d’organisation
sociale, repose sur l’idée de justice, qui peut donner à l’Etat de droit sa
véritable dimension. Sa traduction technique est le principe de légalité.

Les principes fondamentaux de l’ordre juridique sont consacrés


solennellement par la constitution de 2011 dans ses titres I et II, entre autres,
l’égalité des citoyens, la liberté d’opinion…

-Le droit administratif est un droit autonome :

Le droit administratif est qualifié de droit autonome dans le sens où il


est constitué par un ensemble de règles différentes du droit privé.

C’est le célèbre arrêt Blanco, rendu par le Tribunal des Conflits le 8


février 1873 qui avait fondé le principe de l’autonomie du droit administratif.

Cette autonomie apparait, aussi, au niveau de la juridiction


compétente. Il existe une juridiction administrative distincte de la juridiction
judiciaire.

Au Maroc, l’autonomie du droit administratif a vu le jour avec le Dahir


du 12 août 1913 relatif à l’organisation judiciaire et du Code des Obligations
et des Contrats de la même date.

Toutefois, une certaine similitude peut apparaître entre la règle de


droit administratif et celle de droit privé. Le juge administratif peut se référer
au droit privé en matière de responsabilité par exemple.

-Le droit administratif est un droit jurisprudentiel (droit


prétorien) :

Le droit administratif est l’œuvre du juge. Celui-ci a élaboré les grandes


règles qui forment le droit à partir des problèmes qui se sont posés.

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Grâce à l’interprétation, le juge peut adapter ses dispositions aux
exigences du progrès social, économique ou juridique en présence même
d’un texte juridique.

-Le droit administratif est en perpétuel changement :

Le droit administratif est un droit évolutif. Il s’adapte aux circonstances,


suite aux changements techniques, au développement des missions de
l’administration, aux besoins des Collectivités Territoriales et à la rapidité de
l’évolution de l’économie.

Actuellement, le droit administratif a gagné d’autres secteurs


importants pour la société. Il s’agit du droit public économique, du droit de
l’urbanisme, du droit de l’environnement, du droit de l’informatique, du droit
administratif de la santé,…

-Le droit administratif est d’inspiration Française :

Les premiers principes du droit administratif Marocain remontent à


l’acte d’Algésiras du 7 avril 1906 et notamment au protectorat (Traité de Fès
du 30 mars 1912).

Le Maroc d’avant 1912 était organisé selon les principes de l’Etat


musulman. Avec le protectorat, le droit administratif marocain s’est inspiré,
dans ses grandes lignes, du droit administratif français.

Mais, le droit administratif marocain a conservé sa personnalité


juridique même pendant cette période. D’ailleurs, l’organisation
administrative marocaine est totalement différente de celle de la France.
Aucune transposition ou assimilation n’était possible. Par contre les règles de
fond de l’activité de l’administration se ressemblent.

-Le droit administratif est un droit moderne :

Le droit administratif a pris forme, en France, au XIXème siècle,


notamment à partir de son dernier quart. Même au Maroc, la notion de droit
administratif est relativement récente.

C’est ainsi que de nombreux domaines importants, tels que le droit de


la fonction publique, le droit de l’urbanisme et de l’habitat, le régime

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juridique de la décentralisation ont connu, avec l’indépendance, un
mouvement dans le système juridique et administratif marocain.

-Le droit administratif est un droit ouvert :

L’ouverture du droit administratif résulte de la mondialisation qui


favorise la circulation des idées, des théories et des pratiques administratives
et la nécessité du respect des principes fondamentaux de l’Etat de droit par
les appareils administratifs.

Cette ouverture est, aussi, favorisée par la circulation des hommes,


entre autres les administrateurs, les étudiants, les magistrats et la rencontre
de leurs homologues à l’étranger…

De leurs côtés, les technologies de l’information et de communication


ont favorisé l’innovation dans le monde de l’administration et du droit.

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