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Université Hassan II

Faculté des Sciences Juridiques,


Economiques et Sociales
Casablanca

Cours
Introduction à l’étude du droit (IED)
M. Fadil , M.MAJIDI

Sciences Economiques et Gestion


Semestre 3

Ensemble 2et3
Année Universitaire 2020-2021

Plan du cours
Introduction
1- Définitions générales
2- Les sources du droit
Grand I La règle de droit
1- Les caractères fondamentaux de la règle de droit
2- L’application de la règle de droit
3- La disparition de la règle de droit
Grand II L’Etat
1- Définition
2- Les différentes formes d’Etat
3- L’organisation des pouvoirs
4- Les institutions politiques marocaines
Grand III L’organisation administrative
1- Principes généraux : Centralisation, Déconcentration, Décentralisation
2- L’administration d’Etat
3- Les collectivités territoriales
Grand IV: l'organisation judiciaire marocaine:
1-les tribunaux de droit commun
2-les tribunaux specialisés
3-la cour de cassation

Indications bibliographiques
1- Ouvrages
Anwar M. L’organisation administrative, REMALD n° 120, Coll.
Manuels et travaux universitaires, 2018.
Benyahia M., Introduction générale au droit Les éditions maghrébines,
Casablanca
Bonnard, Introduction au droit Ellipses Universités
Boudahrain A., Eléments de droit public marocain, Ed. L’Harmattan, 1994
Cornu G., Vocabulaire juridique, PUF, Paris, 1990
Courbe P., Introduction générale au droit, Dalloz
Eddahbi A., Institutions administratives, Casablanca, 1994
Fadil A. Lexique des collectivités territoriales, Casablanca, 2017
Guillien R. et Vincent J., Lexique des termes juridiques, Editions
Dalloz, Paris, 1999
Jalal Essaid M., Introduction à l’étude du droit, Imprimerie de
Fédala, Mohammedia, 2000, Collection Connaissances
Rousset M. et Garagnon J., Droit administratif marocain, Ed. La Porte,
2003

2- Périodiques
- Actualité juridique Droit administratif (AJDA)
- Revue de droit public (RDP)
- Revue marocaine d’administration locale et de développement (REMALD)
- Revue marocaine de droit, d’économie et de gestion (RMDEG)

Introduction
1- Définitions Générales
Le mot « droit » a en français deux acceptions. Dans un premier sens, le
droit - au singulier- désigne l’ensemble des règles impersonnelles gouvernant
les rapports des hommes en société et s’imposant au besoin par la contrainte. Il
s’agit du droit objectif, au sens de ‫ ﻗﺎﻧون‬en arabe et de law en anglais.
Dans un deuxième sens, les droits – au pluriel – considérés du point de
vue de leurs titulaires, visent les diverses prérogatives dont bénéficie un
individu. A titre d’exemple, on cite le droit de propriété sur une chose ou le
droit de créance sur une personne. Il s’agit des droits subjectifs, au sens de
‫ ﺷﺧﺻﯾﺔ ﺣﻘوق‬et de right.
Quant au droit positif, il est l’ensemble des règles juridiques
effectivement en vigueur dans un Etat donné à un moment donné.
Les droits varient d’un pays à l’autre et changent également dans le
temps.
1-1- Droit public et droit privé : Une séparation fondamentale Depuis les
romains, les règles de droit se divisent traditionnellement en droit public et
droit privé, appelées aussi « summa divisio ». Cette séparation coutumière et
historique se justifie par des caractères spécifiques à chaque discipline et
délimite la compétence des juridictions.
Elle peut revêtir soit une dimension internationale et l’on oppose le droit
international et le droit interne, soit, on se situe dans le cadre du droit interne
et la distinction porte sur le droit public interne et le droit privé interne.
1-1-1- La distinction droit interne / droit international
Le droit interne ou le droit national est le droit qui s’applique dans un
Etat déterminé. Le droit international concerne les relations internationales,
soit entre les Etats, soit entre les individus. Aussi distingue-t-on le droit
international public qui régit les rapports entre Etats souverains ou entre les
Etats et les organisations internationales notamment étatiques comme
l’Organisation des Nations Unies (ONU) ou l’Union Africaine et le droit
international privé qui réglemente les rapports entre particuliers de
nationalités différentes.
Exemple : Une marocaine épouse un espagnol au Portugal ; ils résident en France et
veulent divorcer. Quelle loi faut-il appliquer pour régler leur divorce ?

1-1-2- La distinction droit public et droit privé au sein du droit interne


Cette division porte à la fois sur les personnes auxquelles s’applique ce
droit et le contenu même de ce droit.
1-1-2-1- La distinction concerne les personnes
Le droit public s’applique chaque fois que l’on est en présence d’une
personne publique. Les personnes publiques sont l’Etat, les collectivités
territoriales (commune, préfecture et province, région) et les établissements
publics (ONEE, ONCF, etc.). On parle au contraire de droit privé chaque fois que
des relations s’établissent entre des particuliers ou avec des collectivités
privées (associations, sociétés).
1-1-2-2- La distinction concerne le contenu du droit applicable Le
droit public défend l’intérêt général par opposition aux intérêts particuliers. Il
est donc inégalitaire : l’intérêt général prime l’intérêt privé. Le droit privé
défend l’intérêt des particuliers. Il est égalitaire puisque les individus sont
placés dans une même situation et considérés de la même manière.
1-1-3- Le droit public et ses divisions
Ayant pour objet l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs
publics et leurs rapports avec les particuliers, le droit public est constitué
essentiellement des disciplines suivantes :
* Le droit constitutionnel : Il détermine l’organisation et le fonctionnement des
institutions politiques de l’Etat (chef de l’Etat, parlement, gouvernement). Les
règles le concernant sont réunies principalement dans un document appelé
constitution.
* Le droit administratif : C’est l’ensemble des règles concernant l’organisation des
autorités administratives et les relations entre l’administration et les administrés.
L’administration a des activités particulières de maintien de l’ordre et de service
public.
* Le droit financier : Il porte sur la gestion financière des collectivités publiques,
en particulier les opérations concernant les recettes (les ressources) et les dépenses
publiques (les charges).
1-1-4- Le droit privé et ses divisions
Longtemps identifié au droit civil, le droit privé se divise à son tour en
plusieurs branches.
* Le droit civil : Qualifié de « droit commun », il constitue le droit de référence à
vocation générale. Il couvre un domaine très vaste qui englobe le statut des
personnes (naissance, filiation, mariage, divorce, décès), les actes juridiques (les
contrats), le régime des biens, les successions, la responsabilité.
* Le droit commercial : A l’ origine, le droit commercial est l’ensemble des règles
juridiques applicables aux commerçants dans l’exercice de leur activité
professionnelle. Il s’intéresse aussi aux sociétés commerciales. Par extension, on
parle de droit des affaires. Le droit commercial a une juridiction particulière : le
tribunal de commerce.
* Le droit du travail : Il a pour objet les relations qui s’établissent dans le monde
du travail entre employeurs et salariés. Il règle à la fois les rapports individuels
(contrat de travail) et collectifs (grèves, syndicats, etc.).
1-2- Une distinction malaisée
La frontière entre le droit public et le droit privé est de plus en plus
perméable. L’exemple le plus typique est le droit pénal. Celui-ci peut être rattaché à
la fois au droit public car il a vocation d’assurer l’ordre public et au droit privé
puisqu’il sanctionne principalement les infractions commises contre les particuliers.
Le droit pénal apparaît ainsi comme un droit mixte.
Il est à mentionner également un mouvement de pénétration du droit public
dans le domaine privé. C’est le cas de l’Etat et des collectivités territoriales qui
interviennent dans la vie économique traditionnellement réservée à l’initiative
privée ; parallèlement s’est produit le mouvement inverse de pénétration du droit
privé dans la sphère publique. Il s’agit de la gestion de certains services publics
(transport urbain, distribution d’eau et d’électricité, ramassage des ordures
ménagères) confiée à des organismes privés. Ce double phénomène de sens
contraire a donné naissance à des organismes à mi-distance du droit public et du
droit privé. Il en est ainsi des établissements à caractère industriel ou commercial et
des sociétés d’économie mixte.
2- Les sources du droit
Elles sont variées et d’importance inégale suivant le principe de « la
hiérarchie des normes ». Les principales sources sont des textes écrits.
Aujourd’hui, deux catégories de sources du droit sont à distinguer : les sources
internes ou nationales et les sources externes ou internationales.
2-1- Les sources internes
Au sommet se trouvent la constitution, la loi, puis le règlement ; la loi
doit être conforme à la constitution, et le règlement conforme à la loi. Une
source particulière au système juridique marocain réside dans le dahir. A ces
sources principales, s’ajoutent d’autres sources considérées comme
secondaires, telles que la coutume, la jurisprudence et la doctrine.
2-1-1- La constitution
La constitution appelée aussi « loi fondamentale » , est généralement un
texte écrit contenant l’ensemble des règles qui portent sur la forme de l’Etat,
son régime politique, ses principaux pouvoirs, leurs attributions et leurs
rapports mutuels, les principaux droits (droit à la vie, droit à la protection de la
vie privée, droit à la sécurité de la personne, de ses proches et de ses biens.…)
et libertés des citoyens (liberté de la presse, liberté de rassemblement et de
manifestation…), et les moyens de leur participation à la vie politique
nationale. Son respect s’impose à tous, gouvernants et gouvernés. La cour
constitutionnelle est chargée de vérifier ce respect, par exemple à l’occasion
des élections politiques ou lors de l’élaboration des lois. L’actuelle constitution
(29 juillet 2011) adoptée par référendum le 1er juillet 2011, comporte 180 articles ; elle
annonce une double mutation des ordres politique et juridique marocains.
2-1-2- Le dahir royal
Selon la constitution, le Roi a un pouvoir de création du droit qu’il exerce
par dahir ; celui-ci peut être une mesure individuelle (le droit de grâce, art. 58 Const.)
ou générale (la déclaration de l’état d’exception art. 59 Const.) ou de promulgation (art.50
Const.). Remarquons simplement qu’à propos de la place du dahir dans la
hiérarchie des textes juridiques, la doctrine lui confère une valeur supérieure à
celle de la loi, en partant de l’idée que la qualité de « Représentant suprême,
Symbole de l’unité de la Nation, Garant de la pérennité et de la continuité de
l’Etat et Arbitre suprême entre ses institutions… » (art. 42 Const.) , que possède le
Roi donne à l’institution monarchique une prééminence sur le parlement qui
vote la loi.
2-1-3- La loi
Au sens strict, la loi est une règle de droit générale, impersonnelle et
permanente (critère matériel) qui est votée par le parlement (critère
organique). Par exemple, la loi décide les limitations apportées au droit de
propriété et à la liberté d’entreprendre, établit le régime électoral des conseils
des collectivités territoriales.
La procédure législative prévoit à la fois :
* L’initiative de la loi : Elle appartient tant au chef du gouvernement – on
parle alors de projet de loi délibéré en conseil des ministres- qu’aux
parlementaires ; il s’agit dans ce cas, d’une proposition de loi (art. 78 Const.). Celle-
ci peut être issue d’une motion présentée par les citoyens parrainée par un ou
plusieurs groupes de la chambre parlementaire concernée (art. 14 Const.; Loi
organique 64-14)

* La discussion et le vote de la loi : Le texte est examiné successivement


par les deux chambres du parlement, à l’intérieur des commissions spécialisées
(art. 80 Const.), pour parvenir à l’adoption d’un texte identique. La chambre des
représentants délibère la première sur les projets de loi et sur les propositions
de loi initiées par ses membres, la chambre des conseillers délibère en premier
sur les propositions de loi élaborées par ses membres. Une chambre saisie d’un
texte voté par l’autre chambre, délibère sur le texte tel qu’il lui a été transmis.
Il appartient à la chambre des représentants de statuer définitivement sur le
texte examiné (art. 84 Const.).
* La promulgation de la loi : Si la loi n’est pas censurée, totalement ou
partiellement, par la cour constitutionnelle, elle est promulguée par le Roi
(signée, authentifiée). Par la promulgation, le chef de l’Etat constate que la loi a
été régulièrement adoptée par l’organe compétent et ordonne son exécution.
Le dahir de promulgation intervient dans les trente jours (art. 50 Const.).
* La publication de la loi : La loi est enfin portée à la connaissance des
citoyens par la parution au Bulletin Officiel dans un délai n’excédant pas un
mois, courant à compter de la date du dahir de sa promulgation (art. 50 Const.) ;
elle devient applicable. Une loi non publiée est considérée comme inexistante
et ne peut donc être appliquée ou respectée.
En principe, une loi ne peut pas s’appliquer à des situations antérieures ;
c’est le principe de la non rétroactivité de la loi (art.6 Const.).
Il existe différentes sortes de lois :

a) La loi organique : elle est votée par le parlement pour préciser et


compléter la constitution, dans des matières limitativement énumérées par
celle-ci. Elle doit être soumise au contrôle de la cour constitutionnelle avant sa
promulgation (art. 85 Const.).
Exemple : la loi organique relative aux conditions et modalités d’exercice du droit des citoyens de
présenter des pétitions aux pouvoirs publics (art.15 Const.) qui a vu le jour et celle concernant
l’exercice du droit de grève (art.29 Const.) .

b) La loi cadre ou loi d’orientation a un contenu très général qui pose les
principes généraux d'une réforme ou les grandes orientations d'une politique à
suivre dans un domaine donné. Elle décrit un programme avec des objectifs et
des engagements et sert de cadre à des textes d'application et à des décrets.
Un exemple est la loi-cadre n° 51.17 relative au système de l'éducation, de
l'enseignement, de la formation et de la recherche scientifique destinée à
"pérenniser et sécuriser la réforme tant attendue du système éducatif".

c) La loi ordinaire : c'est-à-dire celle adoptée par le parlement dans les


matières définies par la constitution, notamment dans son article 71.
d) Le décret-loi : appelé aussi texte mixte, c’est un acte fait par le
gouvernement, très souvent pour une application rapide de sa politique, avec
l’autorisation du parlement dans le domaine législatif (art.70 et 81 Const.)

La procédure d’élaboration des décrets-lois

Loi d’habilitation Ratification par Le texte est adopté


votée par le le parlement
parlement Dans des
domaines
et pour un temps Le texte
déterminés est caduc
2-1-4- Le règlement
Le règlement est un acte juridique de portée générale et impersonnelle
(sens matériel), pris par une autorité administrative dans son domaine de
compétence (sens organique) : le gouvernement (le chef du gouvernement et
les ministres), ses agents (autorités locales) et administrations décentralisées
(art. 72 et 90 Const.). Il a une valeur juridique inférieure à la loi et peut être
contesté devant le juge administratif.
Sur le plan organique, on distingue :
*Au premier rang le décret du chef du gouvernement ;
* L’arrêté interministériel émanant de plusieurs ministres en même
temps concernant une question précise;
* L’arrêté du wali ;
* L’arrêté gubernatorial (du gouverneur) ;
* L’arrêté communal.
Le respect de la hiérarchie des normes de droit est assuré par un double
contrôle :
* Un contrôle de constitutionnalité des lois par la cour constitutionnelle
qui vérifie que celles-ci sont conformes à la constitution ;
* Un contrôle de légalité des règlements par le juge administratif qui
examine par exemple si un décret d’application respecte la loi ou si un arrêté ne
contredit par un texte réglementaire supérieur.

2-1-5- La jurisprudence
Elle est constituée par l’ensemble des décisions rendues par les
différentes juridictions appelées à trancher les litiges. Le juge qui n’a pas à
refuser de juger, sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de
la loi, doit appliquer et « fait » le droit :
• en interprétant les lois et règlements,
• en jugeant des affaires qu’aucun texte n’a envisagées,
• en adaptant les lois existantes à des situations nouvelles non
prévues par les textes.
La jurisprudence constitue ainsi une véritable source du droit et influence
les règles de droit à venir.
2-1-6- La coutume (« orf »)
Source indirecte du droit, la coutume se définit comme une pratique
générale et prolongée. Elle comporte à la fois des éléments objectif ou matériel,
à savoir la répétition de situations et d’évènements dans le temps, et subjectif
ou psychologique, en l’occurrence la volonté de la part des individus de
reconnaître cet usage.
La coutume cesse de s’appliquer quand elle tombe en désuétude ou
lorsqu’une loi différente intervient.
2-1-7- La doctrine
Il s’agit des travaux, commentaires et opinions des juristes, universitaires
et auteurs qui étudient le droit sur les lacunes et imperfections des règles
appliquées ou l’absence de règles dans certains domaines. Son rôle est dans
une certaine mesure d’inspirer des lois nouvelles; le législateur est amené à agir
sur des problèmes évoqués par la doctrine. Elle s’exprime dans les thèses,
ouvrages, notes et articles.
2-1-8- La religion
La place de la religion dans la vie politique, juridique et sociale varie selon
les Etats. Dans les Etats laïcs, la religion et l’Etat sont séparés. Dans les Etats
musulmans par exemple, la religion influence la règle de droit.
Au Maroc, « L’Islam est la religion de l’Etat,… » (art. 3 Const.). Des pans
entiers du droit privé marocain sont largement influencés par le droit
musulman ; c’est le cas des questions du statut personnel et successoral.

2-2- Les sources externes


(ou sources internationales)
Ce sont les traités et conventions qui tendent essentiellement à favoriser
le développement de l’organisation de la société internationale.
Le traité, source principale du droit international, se définit comme un
acte juridique qui manifeste un accord de volonté entre deux Etats souverains
(traité bilatéral) ou plusieurs (traité multilatéral) ou entités ayant une
personnalité morale en droit international. Il est l'expression de volontés
concordantes des différentes parties en vue de produire des effets juridiques
régis par le droit international et contient des obligations que lesparties
acceptent expressément et volontairement de respecter. Il peut s’appliquer
seulement aux relations entre Etats signataires; mais il peut aussi s’intéresser à
leurs ressortissants.
A titre d’exemple, les conditions de séjour, de travail, d’étude,
d’investissement, etc. d’un marocain dans un Etat étranger dépend largement
des accords conclus entre le Maroc et cet Etat.
Le terme de convention internationale est utiliser pour décrire des
déclarations formelles de principes qui n'ont au départ pas de force
obligatoire.Une conventions doit généralement être ratifiée par
des 3999États pour obtenir une force obligatoire et ainsi devenir un véritable
traité international.
A titre d’exemple : la convention des droits de l’enfant (19990); la
convention de l’ONU contre la corruption (2003).
Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés par le chef de
l’Etat et, parfois par le parlement, ont une autorité supérieure à celle de la loi
(Préambule de la Constitution).

Le droit objectif et les droits subjectifs

Droit Ensembles des règles de conduite qui gouvernent les rapports


objectif des individus entre eux ou avec la puissance publique
ou Droit
Droits Prérogatives reconnues par le droit objectif aux personnes et
subjectifs dont elles peuvent se prévaloir auprès de l’autorité publique

Les branches du droit

Droit public Droit privé


Objet Organisation et fonctionnement des Relations des personnes
pouvoirs publics privées entre elles
Relations des pouvoirs publics avec
les personnes privées
But Satisfaction de l’intérêt général Satisfaction des intérêts
privés
Caractère Impératif Souvent supplétif
Juridictions Juridictions administratives Juridictions judiciaires
compétentes

Les branches du droit public

Droit constitutionnel Droit administratif Droit financier


Règles relatives à la forme de Règles relatives à l’organisation des Règles relatives
l’Etat, la constitution du collecyivitéss publiques et des services aux finances
gouvernement et des pouvoirs publics, ainsi que leurs rapportsavec publiques
publics les particuliers

Les branches du droit privé

Droit civil Droit commercial Droit du travail


Règles relatives aux Règles applicables à Réglementation des rapports entre
personnes, aux biens, la l’exercice de la employeurs privés et salariés à
famille, les contrats, la profession l’occasion du travail
responsabilité commerciales

Droit national et droit international

Droit national Droit international public Droit international privé


Réglemente les Régle les rapports entre des Organise les rapports entre
rapports sociaux à Etats et les compétences des des ressortissants qui relèvent
l’intérieur d’un Etat organisations internationales d’Etas différents

Grand I Le droit objectif : la règle de droit


La règle de droit est une règle de conduite, une norme imposant un
devoir ou une obligation ou formulant une interdiction dont le non respect est
sanctionné par l'autorité publique, en l’occurrence l’Etat.
1- Les caractères fondamentaux de la règle de droit
La règle de droit présente les caractères suivants :
1-1- C’est une règle générale
La norme juridique s’adresse à tous les individus d'une même
communauté qui doivent respecter ses dispositions. Ce caractère de généralité
constitue la base du principe d’égalité des membres de la société.
« Tous, personnes physiques ou morales, y compris les pouvoirs publics,
sont égaux devant » la loi (art. 6 Const.).
1-2- C’est une règle abstraite
Ce caractère est étroitement associé au caractère précédent, c'est-à-dire
que la règle de droit est impersonnelle et peut s’appliquer à toute personne ou
à toute institution réunissant des conditions objectives déterminées.
Ainsi par exemple, les règles du doit du travail sont des règles abstraites,
car elles s’appliquent à toute personne qui a la qualité de salarié sans prendre
en considération certains éléments subjectifs ou personnels.
1-3- C’est une règle obligatoire
il s’agit d’un caractère exclusif à la règle juridique ; ce n’est ni un conseil
ni une prière, mais un commandement qui s’impose à toutes les personnes
impliquées par ses dispositions. Ce qui différencie la règle de droit des autres
règles de conduite, telles que les règles de religion, de morale et de politesse,
est qu’elle émane d’une autorité qui a le pouvoir de la créer, et de sanctionner
sa violation.
Il faut distinguer ici entre :
- Les règles impératives ou prohibitives
Ce sont des règles auxquelles on ne peut déroger, notamment par
convention entre deux parties. Elles s'imposent à tous, en raison de leur
caractère d'ordre public. Exemple les règles du droit pénal qui régissent les
infractions pénales considérées comme des atteintes à l’ordre public.
- Les règles supplétives ou interprétatives
Elles sont aussi des règles obligatoires sauf qu’on peut y déroger,
notamment par une convention qui stipulerait explicitement une clause
contraire ou non-conforme à la règle de droit. Les règles supplétives
s'appliquent généralement lorsque les 3839898989règles impératives font
défaut.
Par exemple il est écrit à l'article 502 du DOC : «La délivrance doit se faire
au lieu où la chose vendue se trouvait au moment du contrat, s’il n’en a été
autrement convenu ».
La sanction liée à la règle de droit peut prendre plusieurs formes :
- Les sanctions pénales
Prévues par le code pénal, elles sont prononcées par les tribunaux
répressifs et visent à infliger une punition car il y a violation d’une loi pénale et
non respect de l’ordre public ; la peine est indépendante du dommage causé : le
voleur sera condamné même si le propriétaire a récupéré son bien. Les
sanctions pénales sont ou pécuniaires (amendes) ou privatives de liberté
(emprisonnement).
Les infractions pénales sont classées en trois catégories selon leur degré
de gravité : les contraventions, généralement sanctionnées par une amende, les
délits, passibles de peines de prison, et les crimes. Les délits sont moins graves
que les crimes mais plus graves que les contraventions.

- Les sanctions civiles


Elles répondent à un souci de justice réparatrice ou restitutive en
réparant le dommage causé à la partie lésée. Elles sont de plusieurs sortes :

* l’exécution forcée de ce qui a été promis : le tribunal contraint


l’adversaire à exécuter, au besoin avec appel à la force publique, ce à quoi il
s’est engagé : à titre d’exemple, payer ses dettes, livrer la marchandise vendue,
évacuer le local à l’expiration du bail ;
* l’annulation d’un contrat quand les conditions de sa formation n’ont
pas été respectées, ou sa résolution lorsque l’une des parties n’exécute pas ses
obligations ;
* la responsabilité civile qui oblige celui qui a commis une faute à réparer
le dommage qu’il a causé, généralement en versant des dommages-intérêts à la
victime.
- Les sanctions administratives
C’est l’administration qui requiert ici des sanctions : par exemple
sanctions fiscales, retirer un permis de conduire, fermer un établissement
commercial.
1-4- Les règles de religion
Elles concernent essentiellement les rapports de l’individu avec son
créateur et visent le perfectionnement de l’Etre et la paix de l’âme. La sanction
religieuse émanant de Dieu est annoncée pour l’au-delà.
Cependant, dans certains systèmes juridiques, notamment des pays
musulmans, la frontière entre les règles de droit et celles religieuses est difficile
à tracer ; les secondes influencent les premières.
1-5- Les règles de morale et d’éthique
Alors que la règle de droit vise au maintien de l’ordre social, celle de
morale, d’éthique et de bienséance s’intéresse aux devoirs de l’homme à
l’égard de ses semblables et à l’égard de lui-même ; c’est une règle de conduite
individuelle et volontaire, qu’une personne adopte selon des principes de
justice et de charité. La sanction de la morale est essentiellement intérieure ;
elle vient de la conscience : ce peut être le remords ou la réprobation publique.
Mais la morale inspire souvent le droit : l’obligation de secours
envers une personne en danger, l’annulation des contrats immoraux portant
atteinte aux bonnes mœurs, par exemple.
2- L’application de la règle de droit
Elle soulève un certain nombre de questions.
2-1- L’entrée en vigueur de la règle de droit
Il s’agit de sa mise en œuvre en vue de produire ses effets. Elle est
subordonnée à la publication au bulletin officiel (V. Introduction). Celle-ci crée
une présomption de connaissance de la règle juridique par les membres de la
société en vertu de la maxime : « Nul n’est censé ignorer la loi ».
2-1-1- L’application de la règle de droit dans l’espace
L’espace désigne ici le territoire de l’Etat qui constitue le champ
d’exercice de la souveraineté. Ainsi le principe de base est celui de la
territorialité de la loi. Selon ce principe, le champ d'application d'une règle de
droit est limité à un espace territorial. Ainsi, la loi marocaine doit s’appliquer à
l’intérieur du territoire du Maroc et à toutes les personnes qui y vivent quelque
soit leur nationalité.
C’est le cas par exemple du droit pénal, droit fiscal.
Mais ce principe n’est pas appliqué d’une manière absolue. En effet, dans
certaines situations il est fait dérogation à ce principe au profit du principe de
la personnalité de la loi. Celui-ci veut dire que la règle de droit suit l'individu où
qu'il séjourne. Ce qui pousse l’Etat à appliquer sur son territoire une loi
étrangère même si cette dernière est l’expression de la volonté d’un autre Etat.
Ce principe reçoit application particulièrement dans le domaine du
statut personnel.
Par exemple, les étrangers installés au Maroc peuvent se marier,
divorcer, liquider leur succession selon leur loi nationale à condition que celle-ci
ne soit pas contraire à l’ordre public marocain.
2-1-2- L’application de la règle de droit dans le temps
Cette question est régie par deux principes: le principe de l'effet
immédiat des règles nouvelles et de la non rétroactivité de ces règles. Il y a lieu
également d'ajouter la question de l'abrogation.
2-1-2-1- Le principe de l'effet immédiat de la règle de droit nouvelle Il
signifie que la règle juridique nouvelle s'applique immédiatement aux actes et
faits postérieurs à leur entrée en vigueur et aux effets futurs des situations
anciennes ou préexistantes. Cela ne veut pas dire que la loi en question doit
nécessairement s'appliquer à partir de sa publication. Une loi nouvelle peut
entrer en application selon les cas:
* dès le jour de sa publication;
* à partir d'une date fixe;
* après un délai qui court à compter du jour de la publication.
Le législateur peut, lorsqu'il considère nécessaire de reporter
l'application d'un nouveau texte, écarter le principe de l'effet immédiat.
2-1-2-2- Le principe de la non rétroactivité de la règle de droit nouvelle
En vertu de ce principe, une nouvelle loi ne doit pas s'appliquer à des
actes, des faits ou des situations juridiques nés dans le passé, mais dont les
effets se prolongent dans le temps (art.6 de la Const.). C’est un des principes
consubstantiels à l’État de droit qui offre une sécurité juridique
Le principe souffre toutefois des exceptions comme par exemple le cas
de la nouvelle loi pénale douce: quand celle-ci prescrit des peines plus douces
que la loi ancienne, elle s'applique rétroactivement aux infractions commises
au moment où la loi plus sévère était en cours. Mais cette exception joue
lorsque le procès était en cours et où le jugement n'était pas encore définitif.

Principe de non rétroactivité de la loi

Date d’entrée
en vigueur de la loi

*- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - *- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -*
Situations antérieures * Situations futures
* Domaine d’application de la nouvelle loi
*

3- La disparition de la règle de droit


Les valeurs de la société évoluent au fil du temps, le droit répond en
s’adaptant à cette évolutiongrâce à l’abrogation. Celle-ci consiste en la
suppression d'une règle de droit qui cesse ainsi d'être applicable pour l'avenir.
Elle ne peut avoir d'effet 393937999rétroactif, elle ne peut porter que sur des
droits à naître.
Elle peut être expresse, c'est-à-dire explicitement énoncée par un texte
législatif ou réglementaire nouveau, ou tacite (implicite), consistant alors en
l'introduction, dans un nouveau texte, de dispositions incompatibles avec les
dispositions antérieures.
Il y a abrogation totale lorsqu'une loi est remplacée dans son intégralité.
L'abrogation est partielle quand elle porte sur un ou quelques articles d'une loi
ou d'un règlement.
Les lois et les règlements administratifs (39999décrets, 339999arrêtés)
ne peuvent être abrogés que par un texte ayant même valeur : une loi par une
autre loi, un décret par un autre décret, etc. C'est le principe du parallélisme
des formes et des compétences caractérisant le droit public ; c'est à dire que les
dits textes ne peuvent etre modifiés ou abrogés qu’en respectant la même
procédure que celle suivie pour leur élaboration, par la même autorité qui a été
à l'origine de leur création. Toutefois, il est permis qu'une autorité supérieure
abroge une règle juridique émanant d'une autorité de rang inférieur: une loi
peut abroger un décret et un décret peut abroger un arrêté.
L’annulation / nullité est la sanction de l'invalidité d’une règle de droit
pour irrégularité; la cause de la nullité peut être l'absence de l'utilisation d'une
forme précise qui est légalement imposée, ou résulter de l'absence d'un
élément indispensable à son efficacité. Par exemple une loi inconstitutionnelle
(Cour constitutionnelle) ou un règlement illégal (Tribunal administratif). Elle a
un effet rétroactif.

Les caractères de la règle de droit

Générale et S’applique indistinctement à toutes les personnes qui se


abstraite trouvent dans la situationqu’elle a voulu organiser.
Coercitive S’impose sous peine de sanctions prononcées par les
tribunaux

Le droit et la morale

La règle de droit La règle de morale


Source L’autorité qui a le pouvoir de légiférer La conscience individuelle
ou collective
Contenus Assure l’ordre et la paix Idéal de conduite
sanctions Sanction externe (amende, prison, Sanction intérieure, celle
dommages-intérêts, etc.) de la conscience

Grand II L’Etat
L’Etat, toujours écrit avec un « E » majuscule, désigne la personne morale
de droit public ; il est une forme élaborée de la vie commune d'une société
humaine. Par
extension, il comprend l'ensemble des institutions et des services qui
permettent de gouverner et d'administrer un pays : ministères, administrations
déconcentrées ou décentralisées, etc.
Au sens étymologique, le mot « Etat » vient du latin status, qui signifie
forme de gouvernement, régime.
Il convient d’analyser, d’abord la définition de l’Etat, ensuite ses
différentes formes avant d’appréhender l’organisation des pouvoirs.

1- Définition
Selon R. Carré de Malberg (1861-1935), l’Etat est une communauté
d’hommes, fixée sur un territoire propre et possédant une organisation d’où
résulte pour le groupe envisagé, dans ses rapports avec ses membres, une
puissance suprême d’action, de commandement et de coercition.
L’Etat existe donc dès lors que sont réunis trois éléments : un territoire
défini, une population vivant sur ce territoire et consentant à un pouvoir de
commandement et de contrainte (pouvoir politique). Si l’un de ces éléments
manque, l’Etat n’existe pas.

1-1- Un territoire délimité


Du latin « territorium », le terme territoire, dérivé de « terra », indique la
terre, le sol.
C'est une condition essentielle puisqu’il détermine le titre et le cadre de
compétence de l'État. Comme l’écrit Maurice Hauriou (1856-1929) : « l'État est
une corporation à base territoriale ».
Le territoire de l’Etat se compose de l’espace terrestre qui contribue à
fixer la population. Il implique une délimitation précise, en l’occurrence la
38888frontière. Celle-ci peut être naturelle (fleuve, rivière ou chaine de
montagnes), historique (par exemple la seconde guerre mondiale a fixé le
découpage de l’Allemagne) ou artificielle déterminée par un 39%999traité ou
accord entre les Etats limitrophes.
Hors de ses frontières, un État est présent par ses représentations
diplomatiques (ambassades et consulats) qui sont censées faire partie
intégrante du territoire de l'État représenté et bénéficient à ce titre d'une
39999immunité juridique.
A ce territoire, il convient d’ajouter le territoire maritime pour les Etats
ayant un débouché sur les mers ou océans (Etats maritimes) et s’étendant
jusqu’à 12 milles des côtes : les eaux territoriales où l’Etat a un droit de pleine
souveraineté (1 mille = 1 852 mètres).
On reconnait aussi à l’Etat une zone économique exclusive (ZEE) dans
laquelle il a un droit de gestion des ressources. Au-delà de deux cent (200)
milles se trouve la haute mer, propriété collective de l’humanité.
Le territoire aérien, quant à lui, il s’étend à la colonne d’air située au
dessus des territoires terrestre et maritime, à l’exclusion de l’espace extra-
atmosphérique.

1-2- Une population déterminée


La population d'un État se présente comme un groupe humain identifié.
Elle est composée pour l’essentiel des nationaux, individus ayant la nationalité
de l’Etat (marocain, italien, américain, etc.) et des étrangers qui y séjournent,
tous soumis au même ordre juridique, expression de la 39999souveraineté de
l’État.
L’acquisition de la nationalité peut être favorisée ou rendue très difficile.
On distingue deux conceptions en la matière : l’une fondée sur « le droit du
sol » : un enfant né sur le territoire d’un Etat a la nationalité de cet Etat ; l’autre
basée sur « le droit du sang » : l’enfant a la nationalité de ses parents.
L’unité de la population résulte d'une certaine homogénéité entre
l'ensemble de ses membres grâce à des caractéristiques communes comme la
langue, la culture, l'histoire commune, etc. Toutefois, de nombreux États sont
fondés sur une diversité plus ou moins contrastées de populations : pluralité de
langues, d'ethnies, de religions.
La population d’un Etat dans sa diversité forme le peuple.
La nation se définit généralement comme un groupement humain dont
les membres sont unis les uns aux autres par des liens à la fois matériels
(langue, religion, histoire, culture, habitudes de vie) et spirituels (une même
volonté d’appartenir à une communauté unique).

1-3- Un pouvoir de contrainte


Le troisième élément constitutif d'un État est le pouvoir de contrainte et
de commandement, c'est-à-dire le pouvoir de fixer des règles juridiques et de
les faire appliquer par la force s’il le faut, à travers l'39999armée, la justice et la
police. Il ne peut y avoir dans un Etat de pouvoirs de contrainte concurrents,
comme par exemple l’utilisation de la violence par des factions ou des groupes.
L’Etat est également chargé d’offrir des prestations d’intérêt général
appelées « mission de service public ».
Le concept d'État implique ainsi une organisation politique qui bénéficie
de la capacité de commander et de se faire obéir. Pour que cette organisation
puisse être obéie, elle doit être légitime et respecter les règles en vigueur dans
la 3939%999999société.

2- Les différentes formes d’Etat


Il existe des variétés différentes d’Etat. Généralement une distinction est
établie entre l’Etat unitaire ou simple et l’Etat composé. Le choix de la forme de
l’Etat est dicté par la réponse à apporter à la question des rapports entre le
central et le local.

2-1- L’Etat unitaire


Il s’oppose traditionnellement à l’Etat fédéral en ce sens que tous les
citoyens sont soumis à une seule organisation juridique et politique détenant
l'ensemble des attributs de la souveraineté. Un parlement unique légifère pour
l’ensemble de la population soumise à l’autorité d’un seul gouvernement. Le
droit en vigueur est partout le même sur tout le territoire de l’Etat.
C'est la forme la plus répandue d'État dans le monde. Le Maroc est un
Etat unitaire comme la France, la Chine, etc. L'Italie et l'Espagne sont aussi des
Etats unitaires mais avec une régionalisation poussée.
L’existence d'un niveau unique de gouvernement qui dispose seul du
pouvoir normatif n’empêche pas la présence de subdivisions territoriales qui
prennent le relais au niveau local avec une autonomie nulle ou très limitée et
placées sous le contrôle de l'Etat (V. infra Déconcentration et Décentralisation).

2-2- L’Etat composé


Dans ce cas, l’Etat est constitué d’un nombre d’unités qui se présentent
comme des Etats dépossédés de certains attributs de l’Etat, mais qui
entretiennent des liens d’union.

2-2-1- La confédération
La confédération désigne une association de plusieurs Etats
indépendants qui, par un traité constitutif, confient l’exercice de certaines de
leurs compétences, à des organes communs. Les Etats confédérés ne
renoncent pas entièrement à leur souveraineté.
La confédération finit souvent par éclater au profit de ses Etats
membres ou évolue vers la fédération ou l’Etat fédéral.
Exemples de confédérations :
- La Confédération des États-Unis d’Amérique de 1777 à 1789,
- La République Arabe Unie (RAU) constituée de l'Égypte et de la Syrie
entre 1958 et 1961.
- La Confédération de Sénégambie (1982-1989)

2-2-2- L’Etat fédéral


Dans ce cas, l’Etat fédéral se présente comme « un Etat d’Etats », ce qui
implique la coexistence de deux sortes d’Etats : l’Etat fédéral (au sens strict) et
les Etats fédérés (membres de la fédération) entre lesquels il y a partage de
souveraineté, et de deux ordres juridiques.
Chaque Etat fédéré a sa propre constitution, son parlement, son
gouvernement (principe d’autonomie). Il dispose d’une véritable souveraineté
interne dans la mesure où il légifère dans des domaines aussi importants que la
fiscalité, l’enseignement, etc.
Toutefois, l’Etat fédéré est dépouillé des attributs de la souveraineté
externe puisqu’il n’a aucun pouvoir en matière de politique étrangère et n'a
pas, au sens du droit international, le statut d'État indépendant. Il ne dispose
pas d’armée.
Sur le plan interne, l’Etat fédéral exerce les compétences abandonnées
par les Etats fédérés au moment de la formation de la fédération. Il assure une
mission de coordination et d’harmonisation des règles juridiques émanant des
Etats fédérés. Ces derniers participent au fonctionnement de l’Etat fédéral,
essentiellement dans le cadre du pouvoir législatif fédéral (principe de
participation). Le parlement, nécessairement bicaméral, comprend une
chambre représentant la population de la Fédération et l’autre les Etats
fédérés.
Sur le plan externe, seul l’Etat fédéral a une existence internationale et a
en charge la défense nationale.
Exemples d’Etats fédéraux : Etats-Unis, Allemagne, Russie, Inde, Canada,
Mexique, Brésil, Argentine, Nigeria, Australie, Suisse, Belgique.
D'un point de vue juridique, la fédération est fondée sur une constitution
et une souveraineté, tandis que la confédération d'Etats repose sur un traité
international.

3- L’organisation des pouvoirs


L’organisation politique de l’Etat a fait l’objet de controverses entre
philosophes politiques. Aux régimes de confusion des pouvoirs dans lesquels
tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un homme (dictature) ou
d’une assemblée (régime d’assemblée), s’opposent les régimes de séparation
des pouvoirs dans lesquels le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir
judiciaire sont confiés à des organes distincts.
3-1- Le principe de la séparation des pouvoirs
Aristote (384 av. JC-322 av. JC), en Grèce, J. Locke (1632-1704) en Angleterre
sont à l’origine de ce principe. Mais, c’est à travers Montesquieu (1689-1755) que
le principe de la séparation des pouvoirs est mieux appréhendé.
Dans son ouvrage «De l’esprit des lois » (1748), Montesquieu essaie
d’identifier le meilleur système de gouvernement. Pour lui, le meilleur régime
politique où « il fait bon vivre [est celui où] le pouvoir arrête le pouvoir ». Dans
ce cas, tous les pouvoirs ne sont pas concentrés entre les mains d’une seule
personne, mais séparés.
Il insiste sur l’harmonie et l’équilibre entre les différents pouvoirs. Il
remarque que le principe de la séparation des pouvoirs assure la démocratie et
la défense des libertés des citoyens.
3-2- L’identification des trois pouvoirs
Trois sortes de pouvoirs sont à distinguer.
3-2-1- Le pouvoir législatif
Il est à la base de tous les pouvoirs. Il appartient au parlement (critère
organique). Celui-ci, assemblée délibérante, a pour fonction de voter les lois et
de contrôler le gouvernement (critère matériel). Il est composé de
représentants du peuple appelés parlementaires.
Le parlement peut comprendre deux chambres
(bicaméralisme) ou une seule chambre (monocaméralisme).
3-2-2- Le pouvoir exécutif
La fonction exécutive consiste à faire appliquer les lois (critère matériel)
par l’intermédiaire d’actes juridiques dénommés règlements.
A la tête de l’exécutif (critère organique), il peut y avoir un président de
la république, un roi, un empereur, un dictateur. L’exécutif peut être constitué
par une seule personne (monocéphale) ou deux (bicéphale) comme par
exemple un chef d’Etat et un chef du gouvernement. Selon les régimes
politiques, l’exécutif peut être nommé, élu, etc.
3-2-3- Le pouvoir judiciaire
Il est exercé par des juridictions (critère organique). Il y a des juridictions
de droit commun, des juridictions répressives et des juridictions
administratives. Il peut y avoir des juridictions d’exception.
La fonction judicaire (critère matériel) consiste à trouver des solutions
juridiques aux litiges qui sont portés devant elles en toute indépendance par
rapport au pouvoir exécutif et législatif.
Législatif Exécutif Judiciaire
Critère Le parlement Le gouvernement La juridiction
organique
Critère Faire des règles Exécuter les règles Faire appliquer les règles
matériel générales

Les décisions La loi Le règlement Les décisions de justice

Critère formel Voter la loi Prendre des Prendre des jugements et


règlements des arrêts

Une séparation totale des pouvoirs n’est que théorique ; sa mise en


œuvre conduirait à une paralysie. Dans la pratique, on constate une distinction
d’organes qui collaborent et participent à l’exercice d’une des fonctions du
pouvoir. Ainsi, le gouvernement contribue à la fonction législative. Cela
s’appelle le principe de la collaboration des pouvoirs.
4- Les institutions politiques marocaines
Elles ont considérablement évolué sous l’effet conjugué de plusieurs
facteurs. Une double dimension les caractérise : l’une est la tradition arabo-
islamique, l’autre réside dans l’influence du droit moderne.
L’adoption par référendum en 1962 de la première constitution a conféré
aux institutions politiques marocaines une base juridique écrite et formelle.
Celles-ci sont bâties autour de l’institution royale.
L’actuelle constitution promulguée le 30 juillet 2011 est perçue comme
une nouvelle étape dans le processus de construction de l'État de droit et des
institutions démocratiques au Maroc dans la mesure où elle a permis un relatif
rééquilibrage des pouvoirs et une clarification et précision d'un certain nombre
de principes pour une meilleure interprétation de ses dispositions : « Le régime
est fondé sur la séparation, l’équilibre et la collaboration des pouvoirs » (art. 1er
Constit.).

4-1- Le roi : une situation de suprématie


D’après la constitution, « Le Maroc est une monarchie constitutionnelle,
démocratique, parlementaire et sociale » (art. 1er). Malgré les limitations
récentes apportées aux prérogatives du roi en matière de définition et
d'exécution des politiques publiques, celles-ci demeurent importantes.
Le roi a un double statut :
- celui du Commandeur des Croyants (Amir Al Mouminine), en charge du
domaine religieux ; à ce titre, il préside le conseil supérieur des Oulémas, veille
au respect de l’Islam et est garant du libre exercice des cultes (art. 41 Constit.). Il
s’agit d’un domaine de compétences exclusives ; et,
- celui de Chef de l’Etat et son représentant suprême, garant de sa
continuité, symbole de l’unité nationale et territoriale, assurant des missions
d’arbitrage entre les institutions, garant du choix démocratique, des droits et
des libertés, des engagements internationaux et des intérêts fondamentaux du
pays (art. 42 Constit.).
Le roi dispose ainsi de pouvoirs aussi importants que diversifiés puisqu’il
intervient dans les domaines religieux, législatif ou réglementaire. Il jouit d’une
indépendance totale par rapport aux autres pouvoirs. Il exerce ses
compétences par dahir
Le souverain possède des prérogatives propres qui lui assurent une place
de prééminence et d’autres partagées qui lui permettent la participation au
pouvoir législatif et exécutif. Dans ce dernier cas, il lesexerce en accord avec le
chef du gouvernement grâce au procédé du contreseing.
4-1-1- Les compétences propres
La monarchie marocaine est une « monarchie active » dans la mesure où
le roi règne et gouverne.
Le roi préside le conseil des ministres (art 48 Constit.) pour délibérer des
projets de loi ou de règlements ou encore des questions devant avoir son
accord (orientations stratégiques de la politique de l’Etat, projets de révision
de la constitution, projets de lois organiques, orientations générales du projet
de loi de finances, etc.) (art. 49 Constit.). Il peut déléguer au chef du
gouvernement la présidence d’une réunion de ce conseil sous certaines
conditions.
Il est aussi le chef suprême des 39%999forces armées (art.53 Constit.). Il
nomme à ce titre aux emplois militaires, peut déléguer ce droit et préside le
3939391999999999conseil supérieur de sécurité (art.54 Constit.), instance de
concertation sur les stratégies de sécurité intérieure et extérieure du pays, et
de gestion des situations de crise. Il préside en outre le 391999Conseil supérieur
du pouvoir judiciaire (art.56 Constit.) et approuve la nomination des magistrats
par ce dernier (art.57 Constit.).
Il peut encore proclamer l'état d'exception lorsque l’intégrité du
territoire national est menacée ou que se produisent des événements qui
entravent le fonctionnement régulier des institutions constitutionnelles ; mais
le parlement n'est pas dissous au cours de cette période (art.59 Constit.).
Ne sont pas non plus contresignés par le chef du gouvernement, la
nomination par le roi de certains membres du conseil de régence (art.44 Constit.),
l’exercice du droit de grâce (art. 58 Constit.) ainsi que la nomination du président
de la Cour constitutionnelle et de certains de ses membres (art.130 Constit.).
Le souverain accrédite les ambassadeurs auprès des puissances
étrangères et des organismes internationaux Les ambassadeurs ou les
représentants des organismes internationaux sont accrédités auprès de lui
Il signe et ratifie les traités à l’exclusion de ceux qui requièrent au préalable
approbation par la loi (exemples : traités de paix ou d’union, ou ceux relatifs à
la délimitation des frontières, etc.) (art. 55 Constit.).

En matière de révision de la constitution, le roi peut à son initiative


présenter son projet de révision directement au référendum (art.172 Constit.) ou
saisir le parlement (art.174 Constit.) pour le même objet. Mais toute proposition
de révision émanant du parlement ou du gouvernement doit être soumise au
peuple par dahir et donc par le roi.

Le roi dispose enfin d’une liste civile (art. 45 Constit.) et d’un cabinet royal.
Il est entouré de plusieurs conseillers qu’il nomme et révoque.

A l’égard de l’organe législatif, le roi préside l’ouverture de la première


session du parlement. Il peut dissoudre les deux chambres du parlement ou
l’une de ses deux chambres (art. 51 Constit.). Mais il est le seul à pouvoir
dissoudre la chambre des conseillers.

A l’égard de l’exécutif, le souverain nomme le chef du gouvernement au


sein du parti arrivé en tête des élections de la chambre des représentants (art.
47 Constit.).

4-1-2- Les compétences partagées


Le roi nomme les membres du gouvernement sur proposition du chef du
gouvernement. Il peut, à son initiative, et après consultation de celui-ci, mettre
fin aux fonctions d’un ou de plusieurs membres du gouvernement. A son tour,
le chef du gouvernement peut demander au roi de mettre fin aux fonctions
d’un ou de plusieurs membres du gouvernement (art. 47 Constit.).
Le roi partage avec le chef du gouvernement le pouvoir de nomination
aux emplois civils de wali de Bank Al Maghrib, d’ambassadeur, de wali et de
gouverneur, et des responsables des administrations chargées de la sécurité
intérieure, ainsi que des responsables des établissements et entreprises publics
stratégiques. Ces nominations font l’objet d’une délibération au sein du conseil
des ministres (art.49 Constit.).
Autres décisions contresignées par le chef du gouvernement, la
déclaration de guerre (art.49 et 99 Constit.) et la déclaration de l’état de siège par
le roi (art.49 et 74 Constit.).
Dans le domaine des relations extérieures, le roi ne ratifie certains
traités, qu’après approbation du pouvoir législatif ; c’est le cas par exemple des
traités de commerce ou ceux engageant les finances de l’Etat (art. 55 Constit.).

4-2- Le parlement : pouvoir législatif


Il s’agit d’examiner la composition et l’organisation du parlement avant
d’étudier son fonctionnement et ses pouvoirs.
4-2-1- Composition et organisation
Le parlement se compose de deux chambres :
- la chambre des représentants dont les membres (395 députés) sont élus
pour cinq (5) ans au suffrage universel direct (art. 62 Constit.) ;
- la chambre des conseillers dont les membres (120 conseillers) sont élus
pour six (6) ans au suffrage indirect. Ils sont désignés dans la proportion des
trois cinquièmes (3/5) dans chaque région par un collège électoral composé de
représentants des collectivités territoriales et, dans une proportion des deux
cinquièmes (2/5) dans chaque région par des collèges électoraux composés
d'élus des chambres professionnelles et des organisations professionnelles des
employeurs les plus représentatives et de membres élus à l'échelon national
par un collège électoral composé des représentants des salariés (art. 63 Constit.)
Tous ces élus tiennent leur mandat de la nation (art. 60 Constit.)

Pour le bon fonctionnement du parlement, des organes de travail sont


mis en place. Ils sont régis par le règlement intérieur des deux chambres.
4-2-1-1- Le bureau
Il assure l’administration de la chambre et la direction des débats : fixer
l’ordre du jour de l’assemblée, organiser les services administratifs et
financiers, établir le budget de la chambre, etc.
Il comprend :
- un président, élu au début de la législature pour trois ans seulement,
qui représente la chambre tout entière et gère les travaux de la chambre en
toute neutralité ;
- des vice-présidents, également élus, dont le rôle est de diriger selon
leur classement, la chambre en cas d’absence du président ;
- des questeurs, chargés de veiller sur les services administratifs et
financiers de la chambre : établissement du budget, personnel, locaux,
matériel ;
- des secrétaires qui contrôlent la rédaction des procès-verbaux et les
opérations de vote, ainsi que le résultat des différents scrutins.

4-2-1-2- Les groupes parlementaires


Ils sont issus des partis politiques représentés à la chambre à partir d’un
nombre minimum d’élus ou autour d’idées fédératrices.
Ils jouent un rôle dans la formation du bureau de la chambre ou des
commissions parlementaires, l’établissement de l’ordre du jour, coordination
entre les parlementaires à l’intérieur du même groupe (distribution des rôles,
spécialisation des taches …) et coordination permanente avec la présidence et
les autres instances de la chambre, etc.
Un ou plusieurs groupes de la chambre parlementaire concernée peut
parrainer une motion présentée par les citoyens et la transformer en
proposition de loi (art. 14 Const.; Loi organique 64-14).
4-2-1-3- Les commissions
Ce sont des formations restreintes qui préparent le travail de la chambre.
Elles sont de deux catégories (art. 67 Constit.).

4-2-1-3-1- Les commissions permanentes


Elles sont spécialisées chacune dans un domaine particulier (affaires
étrangères, finances, enseignement, etc.) et compétentes pour examiner les
projets ou propositions de lois qui seront soumis à la chambre. Leurs réunions
ne sont pas publiques (art. 68 Constit.).
Elles sont chargées de préparer les travaux des séances plénières en y
présentant généralement un rapport. C'est en leur sein que la politique du
gouvernement est discutée avant que les uns et les autres ne déterminent leurs
positions respectives en séance plénière et ne les entérinent définitivement par
le vote.
Les membres du gouvernement ou leurs représentants ont libre accès à
ces commissions et participent à leurs travaux mais sans droit de vote.

4-2-1-3-2- Les commissions temporaires


Comme leur nom l’indique, ces commissions sont créées à titre
temporaire et disparaissent une fois leur mission accomplie.
Elles ont pour tâche d’étudier un projet ou proposition particuliers, ou de
procéder à une enquête (commissions d’enquête) concernant des faits
déterminés ou la gestion de services, entreprises et établissements publics.
Exemple : la commission d’enquête sur les événements d’Ifni (2008) et celle
relative aux événements du « camp Agdim » (2010).

4-2-2- Fonctionnement
Le parlement n’est pas un organe permanent. Il siège en sessions
divisées en plusieurs séances.
On distingue :
- Les sessions ordinaires, au nombre de deux par an. La première dont
l’ouverture est présidée par le roi, se tient le deuxième vendredi du mois
d’octobre (session d’automne), la seconde, le deuxième vendredi du mois
d’avril (session du printemps). Leur durée est de quatre mois (art. 65 Constit.).
- Les sessions extraordinaires qui peuvent se tenir à la demande du chef
du gouvernement ou du tiers des membres de la chambre des représentants ou
de la majorité de ceux de la chambre des conseillers. Elles prennent fin, une fois
l’ordre du jour épuisé (art. 66 Constit.).
Si les deux chambres se réunissent séparément, elles peuvent
exceptionnellement tenir des réunions communes à l’initiative du roi ou du
chef du gouvernement, à l’occasion par exemple de l’ouverture par le roi de la
session d’automne, des déclarations du chef du gouvernement, de la
présentation du projet de loi de finances, etc. (art. 68 Constit.).

Les séances sont publiques mais peuvent être tenues à huis clos à la
demande du chef du gouvernement ou du tiers des membres de la chambre
concernée (art. 68 Constit.).

4-2-3- Compétences
Les compétences du parlement concernent essentiellement les domaines
de la production législative et celui du contrôle politique du gouvernement et
de l’évaluation des politiques publiques (art. 70 Constit.).

4-2-3-1- L’élaboration de la loi


Le parlement concentre l’essentiel du pouvoir législatif en dehors de celui
reconnu au roi. Outre les matières dévolues au domaine de la loi par d’autres
articles de la constitution, celle-ci dresse la liste des matières dans lesquelles le
parlement légifère (art. 71). En procédant ainsi, le constituant délimite le champ
d’intervention de l’institution parlementaire et le protège contre les risques
d’ingérence du gouvernement.
Cette liste, plus étendue que dans les constitutions précédentes, inclut
les libertés et droits fondamentaux , le statut de la famille et l’état civil, les
principes et règles du système de santé, les droits réels et les régimes des
propriétés immobilières publique, privée et collective, le régime des médias
audio-visuels et de la presse, l’amnistie, la nationalité et la condition des
étrangers, la détermination des infractions et des peines qui leur sont
applicables, l’organisation judiciaire, la procédure civile et la procédure pénale,
le régime pénitentiaire, le statut général de la fonction publique, les garanties
fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires, le statut des
services et forces de maintien de l’ ordre, le régime des collectivités
territoriales, l’urbanisme et l’aménagement du territoire, les règles relatives à
la gestion de l’environnement, le régime fiscal, des douanes, de l’émission de la
monnaie et le statut de la banque centrale, des transports, des obligations
civiles et commerciales, le droit des sociétés et des coopératives, la
nationalisation d’entreprises et le régime des privatisations, etc.
A cela s’ajoute le fait que le parlement vote aussi des lois-cadres relatives
aux objectifs fondamentaux de l’activité économique, sociale,
environnementale et culturelle de l’Etat.

4-2-3-2- Le contrôle politique du gouvernement


Il est mis en œuvre par le biais de plusieurs mécanismes.

4-2-3-2-1- Les questions


Elles sont posées par les députés et conseillers et les ministres sont tenus
d’y répondre. Elles peuvent être écrites ou orales. Une séance par semaine est
réservée dans chaque chambre aux questions des membres de celle-ci et aux
réponses du gouvernement (art. 100 Constit.).
La constitution a également rendu obligatoire la tenue de séances
réservées aux questions de politique générale et réponse du chef du
gouvernement (une fois par mois) (art. 100 Constit.) ou à la discussion et à
l’évaluation des politiques publiques (une fois par an) (art. 101 Constit.).
Un bilan d’étape de l’action gouvernementale peut être présenté par le
chef du gouvernement devant le parlement, à son initiative ou à la demande du
tiers des membres de la chambre des représentants ou de la majorité des
membres de la chambre des conseillers (art. 101 Constit.).

4-2-3-2-2- Les commissions


Parmi les missions des commissions parlementaires (voir supra), celles-ci
peuvent demander à auditionner les responsables des administrations et des
établissements et entreprises publics (art. 102 Constit.).

4-2-3-2-3- La mise en jeu de la responsabilité du gouvernement


La chambre des représentants peut mettre en cause la responsabilité du
gouvernement par une motion de censure signée par le cinquième de ses
membres et votée à la majorité absolue. Le vote a lieu trois jours francs après
son dépôt et son approbation entraîne la démission collective du
gouvernement. En cas de rejet, aucune autre motion n’est recevable pendant
un délai d’un an (art. 105 Constit.).
Parallèlement, la chambre des conseillers peut présenter dans les mêmes
formes une motion d’interpellation qui pousse le chef du gouvernement à
s’expliquer devant la chambre dans un délai de six jours. La motion est suivie
d’un débat sans vote et ne cause pas le départ du gouvernement, à l’inverse de
la motion de censure (art. 106 Constit.).

4-3- Le gouvernement : pouvoir exécutif


Le pouvoir exécutif désigne la fonction dans l’Etat qui consiste à exécuter
les lois (art. 89 Constit.). Il est assuré par le gouvernement qui est responsable à la
fois devant le roi et le parlement.
Il convient ainsi d’examiner successivement sa composition et ses
attributions.

4-3-1- Composition
Le gouvernement est composé du chef du gouvernement, des ministres,
et éventuellement des secrétaires d’Etat (art. 87 Constit.).

- Le chef du gouvernement
Dans l’actuelle constitution, le terme de chef du gouvernement succède à
celui de premier ministre avec des pouvoirs plus importants. Il est nommé par
le roi et sur sa proposition, le roi nomme les autres membres du gouvernement.
C’est également le roi qui met fin aux fonctions d’un ou de plusieurs membres
du gouvernement, à son initiative et après consultation du chef du
gouvernement. Celui-ci peut demander au roi de mettre fin aux fonctions d’un
ou de plusieurs membres du gouvernement et sa démission entraine le renvoi
de l’ensemble du gouvernement par le roi (art. 47 Constit.).
Toutefois, le roi ne peut démettre le chef du gouvernement de ses
fonctions que s’il démissionne de son propre chef ou perd la confiance du
parlement.

- Les ministres d’Etat, avec ou sans portefeuille, se distinguent des


ministres par leur rang protocolaire. Cette distinction est donnée pour marquer
l’importance d’un département ministériel, ou distinguer une personnalité
politique.

- Les ministres sont en charge de ministères, ont des budgets propres et


une autorité sur les services de leurs départements. Chacun mène la politique
gouvernementale dans le secteur qui est le sien (enseignement, agriculture,
santé, affaires étrangères, etc.).

- Les ministres délégués reçoivent délégation de pouvoirs pour s’occuper


de certaines affaires déterminées sous l'autorité du chef du gouvernement ou
de certains ministres.
Du point de vue protocolaire, ils sont placés entre les ministres et les
secrétaires d'État.
- Les secrétaires d’Etat reçoivent le plus souvent leurs missions par
délégation de certaines compétences du chef du gouvernement ou de ministres
aux attributions nombreuses (art. 93 Constit.). Ils ne participent pas de plein
droit aux travaux du conseil des ministres ; ils y prennent part lorsque ce
dernier débat de questions relevant de leur compétence.

Après la formation du gouvernement, le chef du gouvernement présente


et expose devant les deux chambres du parlement réunies, le programme qu’il
compte appliquer, notamment dans les domaines de la politique économique,
sociale, environnementale, culturelle et extérieure. S’il fait l’objet d’un débat
devant chacune des deux chambres, ce programme est suivi d’un vote à la
chambre des représentants uniquement. Le gouvernement est investi après
avoir obtenu la confiance de la dite chambre (art. 88 Constit.).

Les ministres sont à la fois responsables, chacun dans le secteur dont il a


la charge et dans le cadre de la solidarité gouvernementale, de l’exécution de la
politique du gouvernement (art. 93 Constit.).

Ils sont, enfin, pénalement responsables devant les juridictions


répressives ordinaires pour les crimes et délits commis dans l’exercice de leurs
fonctions (art. 94 Constit.).

4-3-2- Attributions
Le gouvernement met en œuvre son programme, sous l’autorité du chef
du gouvernement. Pour y parvenir, il dispose de l’administration et supervise
l’action des entreprises et établissements publics (art. 89 Constit.).

Malgré la séparation du domaine de la loi et du règlement, le


gouvernement intervient en matière législative en présentant des projets de
lois et ses membres siègent aux commissions parlementaires.
Grâce à la loi d’habilitation, il est autorisé par le parlement à intervenir,
pendant un délai limité et pour un objectif déterminé, dans le domaine
législatif. Les décrets-lois ainsi pris doivent être soumis à la ratification du
parlement (art. 70 Constit.).

L’actuelle constitution a défini et clarifié les compétences du conseil du


gouvernement comme instance de préparation des décisions et de délibération
particulièrement , en matière de politiques publiques et sectorielles, de
l’engagement de la responsabilité du gouvernement devant la chambre des
représentants, des questions d’actualité liées aux droits de l'homme et à
l’ordre public, des projets de loi, décrets-lois, projets de décrets réglementaires
et de la nomination des secrétaires généraux et des directeurs centraux des
administrations publiques, des présidents d’universités, des doyens et des
directeurs des écoles et instituts supérieurs (art. 92 Constit.).

La présidence de cette instance incombe au chef du gouvernement que la


constitution a doté de pouvoirs plus larges comparé à ses prédécesseurs.
En premier lieu, il :
- exerce le pouvoir réglementaire et ses actes réglementaires sont
contresignés par les ministres chargés de leur exécution et peut leur déléguer
certains de ses pouvoirs (art. 90-91 Constit.) ;
- nomme aux emplois civils dans les administrations publiques et aux
hautes fonctions des établissements et entreprises publics, sans préjudice des
compétences du roi en la matière (art. 91 Constit.).

En second lieu, le chef du gouvernement peut engager la responsabilité


du gouvernement devant la chambre des représentants, sur une déclaration de
politique générale ou sur le vote d’un texte. Le refus de confiance provoque la
démission collective du gouvernement (art. 103 Constit.).

En troisième lieu, le chef du gouvernement peut, sous certaines


conditions, dissoudre la chambre des représentants (art. 104 Constit.).

Il lui appartient de présider le conseil des ministres à la demande du roi et


sur la base d’un ordre du jour fixé d’avance; il peut également demander au roi
de convoquer ce conseil (art. 48 Constit.). Par délégation du roi, il peut nommer
aux emplois militaires (art. 53 Constit.) et présider le conseil supérieur de sécurité
sur un ordre du jour déterminé (art. 54 Constit.).
Enfin, il a la tâche classique de réaliser les arbitrages entre ministres et la
coordination de leurs activités.

Les ministres intéressés à un problème particulier peuvent créer des


comités interministériels pour préparer les décisions appropriées

Grand III L’organisation administrative


L’organisation administrative complète et prolonge les institutions
politiques en assurant la mise en application des normes génératrices de droits
et d’obligations et des politiques publiques à toute la population sur l’ensemble
du territoire.
Sous ce vocable, on range les organismes et autorités (sens organique)
qui assurent des activités d’intérêt public (sens fonctionnel ou matériel):
maintien de l’ordre public au sens large du terme (réglementation et
régulation) et prestations de service public (fourniture de biens et de services),
etc.
Il s’agit d’identifier tour-à-tour les modalités d’administration
(comment administrer ?), les cadres territoriaux d’administration (où
administrer ?) et l’action des divers autorités et organismes administratifs.

1-Principes généraux : Centralisation, Déconcentration,


Décentralisation
L’organisation administrative d’un Etat oscille entre deux grandes
techniques : la centralisation et la décentralisation.

1-1- La centralisation
Du verbe « centraliser » qui veut dire rassembler dans un même centre (la
capitale) aux mains d’une seule autorité. La centralisation administrative est un
système dans lequel l'ensemble des pouvoirs de décision est détenu par des
autorités au sommet de l’Etat.

Elle a des avantages :


- assurer l’égalité des administrés devant les droits et les charges
publiques ;
- permettre une bonne coordination de l’action publique sur le territoire
grâce à une administration unifiée et hiérarchisée ;
- réaliser des économies en ressources humaines et financières ;
- renforcer la cohésion de l’Etat et écarter les particularismes nuisibles.

Elle présente en revanche des inconvénients :


- En gérant tout par lui-même, le centre du pouvoir s’expose à la
congestion, ce que traduit l’adage suivant : « l’apoplexie au centre et la
paralysie aux extrémités » ;
- Les décisions prises risquent d’être lentes, inadaptées et inefficaces ;
- La centralisation est contraire à la démocratie, le citoyen étant éloigné
de toute participation à la gestion des affaires publiques.
La centralisation absolue n’existe guère. Dans la pratique, elle est allégée
grâce à la déconcentration

1-2- La déconcentration
Elle constitue une atténuation de la centralisation : « c’est le même
marteau qui frappe mais le manche est plus court ». Elle consiste dans
l’existence de relais locaux, répartis sur le territoire, qui recueillent les
demandes et les sollicitations, les transmettent au niveau central dont ils
reçoivent délégation et des instructions.

Ce mode d’administration a le principal mérite de rapprocher


l’administration et les administrés et d’accélérer les prises de décisions.
Toutefois, son inconvénient réside dans le manque de cohérence entre les
différents agents et services déconcentrés, d’où la nécessité d’instaurer des
mécanismes de coordination.

1-3- La décentralisation
Elle repose sur le transfert d’attributions de l'Etat vers des institutions
publiques disposantd'un pouvoir juridique et d'une autonomie financière.
Néanmoins, celles-ci restent sous la surveillance de l'Etat.
Dans ce mode d’organisation administrative, on note la présence de
personnes morales de droit public autres que l’Etat. Celles-ci possèdent une
autonomie mais pas la souveraineté.

La décentralisation a deux visages.

1-3-1-la décentralisation territoriale


Elle vise à accorder à des collectivités géographiquement délimitées
appelées collectivités territoriales, des compétences propres, distinctes de
celles de l'État. Ce sont la région, la préfecture et province, puis la commune.
Ces entités dotées de la personnalité morale, gèrent leurs affaires par des
assemblées élues.

1-3-2- La décentralisation technique ou fonctionnelle


Cette technique d’organisation consiste à confier des compétences
spéciales à des établissements publics jouissant de l’autonomie administrative
et financière pour la gestion d’un service (ONCF, universités, académies
régionales d’éducation et de formation, hôpitaux, etc.).
La différence entre ces deux aspects de la décentralisation est que la
collectivité territoriale a une assise géographique et ses compétences sont
générales, alors que l’établissement public concerne un service ou une activité
nettement individualisée (transport, santé, enseignement, etc.).
Il arrive parfois qu’un établissement épouse les deux caractères,
territorial et fonctionnel ; à titre d’exemple : un groupement de coopération
inter-collectivités territoriales.

Les partisans de la décentralisation, notamment territoriale, mettent en


valeur son aspect démocratique, la participation de la population à la gestion
de ses propres affaires, une meilleure connaissance et défense des intérêts
locaux.

Ses adversaires lui reprochent d’accentuer les déséquilibres à cause de


choix différents et de ressources inégalement réparties, de faire prévaloir les
intérêts locaux au détriment de l’intérêt national, ce qui est susceptible de
menacer la cohésion de l’Etat.

L’organisation administrative marocaine est un mariage des trois


grandes techniques : centralisation, déconcentration et décentralisation. Elle
comprend une administration d’Etat ou centrale située dans la capitale avec
ses prolongements locaux (services déconcentrés) et une administration
décentralisée que constituent les collectivités territoriales et établissements
publics.

2- L’administration d’Etat
Elle constitue l’élément essentiel de l’armature administrative, et ses
organes sont en même temps des organes politiques. Elle se compose de
l’ensemble des ministères qui possèdent des organes d’exécution répartis sur
l’ensemble du territoire.

2-1- L'administration centrale


Elle fait intervenir le Roi, le chef du gouvernement, les ministres. A côté
de ces autorités, existent aussi différentes instances publiques indépendantes
(conseil économique, social et environnemental, médiateur, conseil de la
concurrence, agence nationale de régulation des télécommunications, etc.)
assurant des missions de consultation, de régulation, de contrôle ou de
surveillance.

2-1-1- Le Roi Le
Roi, chef de l’Etat, est compétent pour les nominations aux postes clés de l’Etat
pourvus en conseil des ministres. D’autres nominations peuvent intervenir sans
délibération en conseil des ministres. Ce pouvoir peut être délégué au chef du
gouvernement (Voir supra).

2-1-2- Le gouvernement autorité administrative


En vertu de la constitution, le gouvernement « dispose de
l’administration » (art. 89).
L’action administrative est menée, d’abord par le chef du gouvernement
et par les ministres dans leurs domaines respectifs.

2-1-2-1- Le chef du gouvernement


Le chef du gouvernement agit par décret, acte administratif se situant au
sommet de la hiérarchie administrative. Il dispose de la compétence de droit
commun en matière règlementaire (art. 90 Const.).
Il a deux types de pouvoir règlementaire : l’un appelé pouvoir
réglementaire dérivé, consiste à prendre les règlements d’exécution des lois ;
l’autre lui permet de statuer sur toutes les matières qui ne sont pas confiées
à la loi par l’article 71 de la constitution : l’on parle, dans ce cas, de pouvoir
réglementaire autonome (art. 72 Const.).
Les actes réglementaires du chef du gouvernement peuvent faire l’objet de
recours pour excès de pouvoir devant la chambre administrative de la Cour de
cassation qui statue en premier et dernier ressort.

Pour mener à bien sa mission, le chef du gouvernement préside un bon


nombre d’organismes tels que les conseils d’administration des établissements
publics. Il a un cabinet composé de conseillers techniques ou de chargés de
missions qui l’assistent dans la mise en œuvre de ses compétences
administratives.
Une place particulière est à réserver au secrétariat général du
gouvernement. Créé au lendemain de l’indépendance, il est placé au carrefour
des institutions de l’Etat dont la mission essentielle est d’assurer le bon
fonctionnement du travail gouvernemental.
Il a trois tâches principales :
- Coordonner la préparation des projets de lois et de règlements
provenant des différents départements ministériels en vérifiant leur
conformité avec les dispositions constitutionnelles et leur compatibilité avec
les textes législatifs et réglementaires en vigueur ;
- Conseiller le gouvernement en donnant son avis sur les questions
d’ordre juridique qui lui sont posées par les administrations et les
établissements publics ;
- Préparer les réunions interministérielles, notamment le conseil des
ministres et le conseil du gouvernement (préparation de l’ordre du jour,
convocation des ministres intéressés, tenue des procès-verbaux, etc.).

2-1-2-2- Les ministres


Les services relatifs à un secteur d’activité gouvernementale déterminé
relèvent du même ministère et sont placés sous l’autorité d’un ministre. Il en
est ainsi du ministère de la santé publique, des finances, de l’agriculture, de
l’enseignement, etc.
Le ministre, quel que soit son titre, décide de toutes les mesures
d’organisation intérieure de son département. Il :
- nomme à certains emplois dans la mesure où cette prérogative lui est
déléguée ;
- exerce le pouvoir hiérarchique et disciplinaire sur l’ensemble des agents
du ministère ainsi que le pouvoir d’instruction, de réformation ou
d’annulation ;
- représente l’Etat en ce qui concerne les attributions du département
ministériel : signature des contrats passés par l’Etat, représentation de l’Etat
devant la justice;
- assure la gestion financière de son département ministériel en sa qualité
d’ordonnateur.

Le ministre a à sa disposition un cabinet composé de ses plus proches


collaborateurs. Celui-ci comprend un directeur qui a en charge les missions
protocolaires, personnelles et politiques, des attachés, des conseillers
techniques et des chargés de mission répartis selon les différentes questions
relevant de la compétence du ministre.

L’ossature administrative du ministère est constituée principalement par


les directions qui se distinguent du cabinet ministériel par leur permanence.
Chaque direction est divisée en sous-directions, services et bureaux.

2-2- Les autorités administratives déconcentrées


Hors de la capitale, existent des organes de l’administration d’Etat
situés au plus près des administrés. Ils agissent dans des aires géographiques
délimitées : les circonscriptions administratives. Ils dépendent des services
centraux par le biais du pouvoir hiérarchique.
Certains de ces organes accomplissent des tâches spécialisées
correspondant aux activités des divers ministères ; d’autres exercent des
compétences générales.
2-2-1- Les services déconcentrés
Anciennement appelés services extérieurs, ils ont pour mission de mettre
en œuvre l’action des ministères qu’ils représentent dans les limites de leurs
circonscriptions.

Leur organisation et leurs attributions sont désormais déterminées par le


décret n° 2-17-618 du 26 décembre 2018 portant charte de la déconcentration
administrative abrogeant le décret du 20 octobre 1993 relatif à la
déconcentration administrative, et celui du 2 décembre 2005 relatif aux règles
d’organisation des départements ministériels et de la déconcentration
administrative (BO n° 6738, version arabe du 27 /12/ 2018).

La déconcentration telle qu’elle a été engagée antérieurement s’est


heurtée à de nombreux obstacles et à de fortes résistances et les compétences
les plus importantes sont demeurées du ressort des administrations centrales.

A titre d’illustration, il est à signaler notamment que:


- Les découpages territoriaux successifs perturbent l’implantation des
services déconcentrés ;
- Certains ministères ne parviennent pas à couvrir l’ensemble du
territoire national ;
- Si des ministères choisissent la province ou la préfecture, d’autres
préfèrent la région pour implanter leurs services déconcentrés.
La nouvelle charte accorde aux services déconcentrés de l’Etat de
nouvelles attributions d’ordre décisionnel et réorganise leurs relations avec les
services administratifs centraux en vertu du principe de subsidiarité : les
administrations centrales ont en charge les missions à caractère national et
toutes celles que les services déconcentrés ne peuvent assumer (art. 14 Charte).

La région y est choisie comme échelon territorial approprié pour la


concrétisation de la politique de déconcentration administrative ; les walis et
gouverneurs sont confortés dans leur statut de représentants du pouvoir
central et leur rôle de supervision et de coordination des activités des services
déconcentrés (art. 5 Charte).

La dite charte crée, au niveau de chaque région, une commission


régionale de coordination, chargée d’assister le wali dans l’exercice des
compétences qui lui sont imparties, et met en place sous son autorité un
« secrétariat général des affaires régionales », présidé par un secrétaire général
(art. 30 Charte).
L’autre apport original de cette charte est de permettre aux ministères
de mettre en place des services déconcentrés communs au niveau de la région,
de la préfecture ou de la province. Cette option, dictée sous impératif
financier, a pour objectif notamment de réduire les dépenses, à travers la
mutualisation des ressources humaines et matérielles.

Enfin, la charte clarifie les attributions du comité technique préfectoral


ou provincial présidé par le gouverneur territorialement compétent et
composé des chefs des services déconcentrés de l’Etat.

2-2-2- Les autorités administratives locales


Il s’agit de représentants du pouvoir central dotés de compétences
générales à l’intérieur de leurs circonscriptions. Elles ont un statut particulier.

Ce sont le wali dans la région et la wilaya, le gouverneur dans la


préfecture ou la province, le gouverneur de préfecture d’arrondissement, le
chef de cercle (super-caïd), le pacha dans la circonscription urbaine ou pachalik,
le caïd dans la circonscription rurale (caïdat).

Dépositaires de l’autorité de l’Etat, elles sont investies d’une mission très


vaste qui touche les domaines politique (envoi au gouvernement de rapports
périodiques sur les mouvements d’opinion publique), administratif (maintien
de l’ordre public), économique et social (résolution des conflits collectifs du
travail).

Ainsi les walis et gouverneurs assurent l’application des lois, mettent en


œuvre les règlements et les décisions gouvernementales et exercent le contrôle
administratif, assistent les présidents des collectivités territoriales,
coordonnent les activités des services déconcentrés de l’administration
centrale sous l’autorité des ministres concernés et veillent à leur bon
fonctionnement (art. 145 Const.). Toutefois, les juridictions et l’administration
militaire échappent à leur contrôle.

3- Les collectivités territoriales


La région, la préfecture ou la province et la commune sont des
collectivités territoriales qui traduisent l’existence d’intérêts locaux distincts de
l’intérêt national (art. 135 Const.). Outre ces collectivités, l'on trouve différentes
structures de coopération entre collectivités territoriales (groupement de
collectivités territoriales, groupement de préfectures ou provinces, etc.), mais
qui n’ont pas le statut de collectivités territoriales. Il en est de même de
circonscriptions qui sont des délimitations administratives du territoire :
wilaya, cercle, caïdat, etc.

Les collectivités territoriales sont des personnes morales de droit public.


L’organisation des communes est régie par la loi organique n° 14.113
promulguée par le dahir n° 1.15.85 du 7 juillet 2015.
Le régime juridique des préfectures et provinces est fixé par la loi
organique n° 14.112 promulguée par le dahir n° 1.15.84 du 7 juillet 2015.
La région est régie par la loi organique n° 14.111 promulguée par le dahir
n° 1.15.83 du 7 juillet 2015.

Présentation générale

Collectivité territoriale Organe délibérant Organe exécutif


Le conseil régional élu au Le président du conseil
La région suffrage universel direct régional élu parmi et par les
membres du dit conseil
Le conseil préfectoral ou Le président du conseil
La préfecture ou province provincial élu au suffrage préfectoral ou provincial élu
indirect à partir du collège parmi et par les membres du
des conseillers communaux dit conseil
Le conseil communal élu au Le président du conseil
La commune suffrage universel direct communal élu parmi et par
les membres du dit conseil

3-1- La commune
Elle est la collectivité territoriale de base. La distinction commune
urbaine et commune rurale est supprimée.
Dans les villes de Casablanca, Rabat, Salé, Fès, Tanger et Marrakech, sont
créés des arrondissements.
Son organisation et l’étendue de ses attributions ont sensiblement
changé depuis les premiers textes organisant les collectivités décentralisées.

3-1-1- Organisation
Une commune peut être créée ou supprimée par décret.
Ses affaires sont gérées par un conseil, organe délibérant, élu au
suffrage universel direct pour une durée de six ans. Le nombre des conseillers
communaux à élire est fonction de la population (11 au minimum et 61 au
maximum pour les communes non divisées en arrondissements ; 81 au
minimum et 131 au maximum pour les communes divisées en arrondissements)
Pour les communes dont la population est égale ou inférieure à 35 000
habitants, l’élection se fait au scrutin uninominal à la majorité relative à un
tour. Dans les communes de plus de 35 000 habitants et conseils
d’arrondissements, l’élection est au scrutin de liste à la représentation
proportionnelle à un tour suivant la règle du plus fort reste sans panachage ni
vote préférentiel.
Le conseil communal désigne:
- un président et des vice-présidents ou adjoints élus pour la même
durée que le conseil.
Dans les communes dont les conseillers sont élus au scrutin uninominal,
tout membre du conseil peut faire acte de candidature.
Dans les communes dont les conseillers sont élus au scrutin de liste, seuls
les élus têtes de listes classés parmi les cinq premières listes peuvent présenter
leur candidature.
Pour être élu, un candidat doit obtenir la majorité absolue des suffrages
lors des deux premiers tours. Dans le cas contraire, le candidat qui obtient la
majorité relative au troisième tour est élu président. En cas d'égalité, c'est le
plus jeune des candidats qui l'emporte.
Après trois ans d’exercice, il peut être démis de ses fonctions par les 2/3
des conseillers en exercice en présentant une requête à cet effet. En cas de
refus du président de présenter sa démission, le conseil peut demander, par
délibération approuvée par les ¾ des membres en exercice, au gouverneur de
la préfecture ou de la province de saisir le tribunal administratif compétent
pour demander la révocation du président. Le tribunal statue sur la demande
dans un délai de trente jours de sa saisine.
Le nombre des vice-présidents varie en fonction du nombre des
membres du conseil communal. Le président et les vice-présidents forment le
bureau du conseil.
- un secrétaire, élu, en dehors du bureau, chargé de la rédaction et de la
conservation des procès-verbaux des séances ; un secrétaire adjoint, chargé
d’assister le secrétaire et de le remplacer en cas d’absence ou d’empêchement,
peut être élu.
- des commissions permanentes pour l'étude des questions et la
préparation des affaires à soumettre à l'examen et au vote du conseil. Leur
nombre varie entre deux (minimum) et cinq (maximum) :
*la commission chargée de la planification, du budget et des finances ;
* la commission chargée des services publics.
Lors des candidatures à la présidence de ces commissions, il y a lieu de
respecter le principe de parité et une commission permanente au moins est
présidée par l’opposition.
Outre ces commissions, le conseil peut constituer des commissions
thématiques provisoires pour une durée limitée et un objet déterminé ou des
commissions d’enquête pour procéder à une enquête concernant la gestion de
la commune. Elles cessent d’exister une fois leur mission accomplie.
3-1-2- Fonctionnement
Le conseil se réunit annuellement en trois sessions ordinaires
obligatoires (mois de février, mai et octobre). La durée de chaque session est
de quinze(15) jours ouvrables consécutifs. Lorsque les circonstances l'exigent,
il peut se réunir en session extraordinaire à la demande de son président, du
gouverneur ou son représentant ou du tiers de ses membres sur la base d’un
ordre du jour fixé par le président ; cette session ne peut excéder sept (7) jours
ouvrables consécutifs. Les séances sont publiques et peuvent avoir lieu à huis
clos. La présence des conseillers aux sessions est
obligatoire.
Le conseil ne délibère valablement que si le quorum requis par la loi est
atteint et sur les questions inscrites à l'ordre du jour.
Grâce aux pétitions, les citoyens et associations peuvent demander
l'inscription à l'ordre du jour du conseil de toute question relevant de sa
compétence.
Les délibérations sont prises à la majorité absolue (la moitié +1) des
membres en exercice ou des suffrages exprimés, selon les cas, sauf dérogation.
Le vote a lieu au scrutin public. Exceptionnellement, il a lieu au scrutin secret.
Le gouverneur ou son représentant assiste aux séances sans droit de
vote. Les délibérations sont affichées dans les huit jours qui suivent, par
extrait, au siège de la commune.
3-1-3- Compétences
Il faut distinguer les attributions du conseil communal et celles de son
président.
3-1-3-1- Les compétences du conseil communal
Le conseil communal est compétent pour offrir les services de proximité
aux habitants de la commune. Plus précisément, il exerce trois catégories de
compétences.
3-1-3-1-1 - Les compétences propres : elles sont exclusives à la commune
et concernent les secteurs suivants :
** Programme d’action communal : décrit pour six années, dans une
perspective de développement et sur la base d'une démarche participative
prenant en considération notamment l'approche genre, les actions de
développement dont la réalisation est prévue sur le territoire de la commune. Il
peut être mis à jour à compter de la troisième année de sa mise en œuvre.

** Services publics locaux et équipements collectifs : décider de la


création et de la gestion des services publics communaux, notamment
l’approvisionnement et la distribution d'eau potable, l’assainissement, le
transport collectif urbain, etc.

** Urbanisme et aménagement du territoire : examiner les différents


documents et plans d’aménagement.

** Coopération internationale: conclure des accords ou conventions de


coopération ou de partenariat avec toute autre collectivité ou organisation
étrangère.

3-1-3-1-2 – Les compétences partagées avec l’Etat : lesquelles sont


exercées par voie contractuelle à l’initiative de L’Etat ou à la demande de la
collectivité territoriale.

3-1-3-1-3- Les compétences à transférer


Ce sont des compétences dont l’Etat accepte de se dessaisir au profit de
la commune. Il est prévu que tout transfert doit obligatoirement être
accompagné d’un transfert des ressources nécessaires à leur exercice.
3-1-3-2- Les attributions du président du conseil
Principal animateur de la vie communale, le président du conseil
communal est, à la fois, agent de la commune et agent de l’Etat.

Dans la première hypothèse, le président agit au nom de celle-ci et peut


engager sa responsabilité. Certaines compétences s’exercent en relation avec le
conseil communal : ainsi en va-t-il de la préparation du budget et des
délibérations ou encore de la conclusion des marchés publics. D’autres
compétences sont, à l’inverse, exercées de manière personnelle comme la
direction des services communaux. Précisons, enfin, qu’il peut déléguer une
partie de ses compétences aux vice-présidents ou aux fonctionnaires
communaux.
En tant qu’agent de l’Etat, le président du conseil communal a la qualité
d’officier d’état civil ; surtout, il a des pouvoirs de police administrative à
l’exclusion de l’ordre public, qu’il exerce par voie d’arrêtés réglementaires et
par des mesures individuelles : injonctions, interdictions ou autorisations.

3-1-4- Le contrôle de l’Etat sur la commune


La tutelle est supprimée par les nouvelles lois organiques sur les
collectivités territoriales. Elle est maintenant remplacée par un contrôle
administratif sous le regard du juge administratif. Il porte à la fois sur les
personnes et sur les actes des organes communaux.

3-1-4-1- Le contrôle sur les personnes


Exercé pour un motif d’ordre public, ce contrôle vise à sanctionner, dans
les formes prescrites par la loi, tout manquement du conseil, collectivement ou
de ses membres individuellement, aux obligations de leurs charges.

3-1-4-1-1- Le contrôle sur les membres du conseil


Il se déroule selon les procédés suivants :

- La démission d’office : elle vise à sanctionner les cas d’absentéisme non


justifié (absence à trois sessions consécutives ou à cinq sessions non
consécutives) du conseiller communal.
Elle est également prononcée lorsque l’élu communal méconnaît le
régime des incompatibilités (la situation d’incompatibilité qui naîtrait en cours
de mandat) ou quand il est déclaré inéligible.
- La suspension
En tant que mesure individuelle et précédant la révocation, elle frappe le
président du conseil communal ou tout élu communal reconnu responsable
d'actes ou de faits graves contraires à la loi et à l'éthique du service public.

- La révocation
Elle est décidée par le tribunal administratif à la demande du
représentant de l’Etat, à l’encontre du président, vice-président ou membre du
conseil communal, toutes les fois qu’un motif grave le justifie : entretenir des
intérêts privés avec la commune dont il est membre, refus ou abstention
d’exercer les attributions dévolues par la loi, etc.).

3-1-4-1-2- Le contrôle sur le conseil communal


Il prend le nom de la dissolution. Sanction extrême, elle consiste à mettre
fin au mandat du conseil communal avant son expiration légale, lorsqu’il y a des
raisons portant atteinte à son bon fonctionnement ou les intérêts de la
commune sont menacés.

La dissolution est prononcée par le tribunal administratif en vertu du


déféré du gouverneur.

En cas de dissolution du conseil ou de démission d’au moins la moitié de


ses membres en exercice, ou lorsqu' un conseil ne peut être constitué, une
délégation spéciale est désignée par le ministre de l’intérieur pour en remplir
les fonctions. Ses pouvoirs sont limités aux actes de pure administration
urgente. Elle cesse ses fonctions de plein droit dès que le conseil communal est
reconstitué.

3-1-4-2- Le contrôle sur les actes


Il porte sur les délibérations du conseil et les actes de son président.
Un contrôle d’opportunité sous forme de visa qui équivaut approbation.
A titre d’exemple, ne sont exécutoires qu'après avoir reçu le visa
préfectoral ou provincial, les délibérations du conseil communal portant sur
des objets tels le budget, les emprunts et garanties , la fixation du taux des
taxes et des tarifs des redevances et droits divers , la création et modes de
gestion des services publics communaux , les accords de coopération
décentralisée et de jumelage avec des collectivités locales étrangères, etc.
Cependant, les délibérations relatives à la
gestion déléguée et à la création des sociétés de développement local doivent
être revêtues du visa du ministre de l'intérieur.
Le visa doit intervenir à compter de la réception
des délibérations dans un délai de 20 jours. A défaut de décision dans le délai
précité, les délibérations sont réputées approuvées.

Un contrôle de légalité a pour finalité de vérifier la régularité et la


conformité des délibérations aux lois et règlements en vigueur. Il s’effectue
selon le procédé de la nullité. Celle-ci frappe les délibérations portant sur un
objet étranger aux attributions du conseil communal ou de son président, ou
prises en violation de la législation et la réglementation en vigueur.
La nullité de droit est prononcée à toute époque par le tribunal
administratif saisi par le gouverneur de préfecture ou de province.

3-1-4-3- Le pouvoir de substitution


Lorsque le président du conseil communal s'abstient de prendre les actes
qui lui sont légalement impartis, et que cette abstention a pour effet de nuire
au bon fonctionnement de la commune, le gouverneur peut, après l'en avoir
requis et sur décision du juge administratif, y procéder d’office.

3-1-5-L’arrondissement
Les communes de Casablanca, Rabat, Salé, Fès, Tanger et Marrakech sont
divisées en arrondissements.
L’arrondissement est un échelon de proximité de l’administration de la
ville, dépourvu de la personnalité juridique, mais jouissant d'une autonomie
administrative et financière.
Le nombre des arrondissements, leurs limites géographiques, leur
dénomination, et le nombre légal de conseillers d'arrondissement à y élire sont
fixés par décret
Sauf dispositions contraires, l’arrondissement obéit aux mêmes règles
qui régissent la commune.
L’arrondissement est doté d’un organe délibérant élu (conseil
d’arrondissement) et d’un organe exécutif (président du conseil
d’arrondissement).

3-1-5-1- Composition et fonctionnement


Le conseil d’arrondissement, organe délibérant, est constitué de deux
catégories de membres:
- les membres du conseil communal élus dans l'arrondissement ;
- les conseillers d'arrondissement élus en même temps et sur les mêmes
listes que les conseillers communaux au scrutin de liste à la représentation
proportionnelle à un tour suivant la règle du plus fort reste sans panachage ni
vote préférentiel.
Le nombre des conseillers d'arrondissement est le double de celui des
conseillers communaux élus dans l'arrondissement, sans toutefois pouvoir être
inférieur à dix (10) ni supérieur à vingt (20).
Les dispositions légales régissant le statut de l’élu communal et le conseil
communal s’appliquent tant au fonctionnement du conseil d’arrondissement
qu’au statut de ses membres sauf dérogations.
Le conseil élit parmi ses membres un président, autorité exécutive de
l'arrondissement, lors de sa première réunion. Le mode de scrutin est identique
à celui de l’élection du président du conseil communal. Il désigne également en
son sein, des vice-présidents dont le nombre ne peut être inférieur à trois, un
secrétaire et un secrétaire adjoint, et constitue au plus trois commissions
permanentes chargées respectivement de l'étude des questions financières,
économiques , sociales et culturelles, et des questions d'urbanisme et
d'environnement.
Les fonctions de président du conseil communal et de président du
conseil d'arrondissement sont incompatibles.
Le conseil se réunit obligatoirement trois fois par an en session ordinaire
(janvier, juin et septembre) et en session extraordinaire lorsque les
circonstances l'exigent.
3-1-5-2- Compétences
Le conseil d’arrondissement a pour mission générale de régler par ses
délibérations les affaires de proximité que la loi lui attribue. Il donne son avis
sur toutes les questions qui concernent, en tout ou en partie, le ressort
territorial de l’arrondissement et toutes les fois que cet avis est requis par la
législation ou la réglementation en vigueur ou par le conseil communal. Il peut
aussi émettre des suggestions et des propositions sur toute question
intéressant l'arrondissement, et formuler des vœux destinés au conseil
communal, à l'exclusion des vœux à caractère politique.
Le conseil communal exerce les compétences du conseil
d'arrondissement lorsque l'implantation d’équipements intéresse le territoire
de deux ou plusieurs arrondissements ou lorsque leur destination dépasse le
besoin propre à un arrondissement.
En cas de dissolution du conseil d’arrondissement, ou lorsqu'il ne peut
être constitué, les affaires de l’arrondissement sont gérées par le conseil
communal et par son bureau, jusqu' à ce que le conseil d’arrondissement soit
constitué.
Le président du conseil d’arrondissement :
- prépare et exécute les délibérations du conseil de l'arrondissement,
prend les mesures nécessaires à cet effet et en assure le contrôle ;
- prend, conformément aux arrêtés réglementaires du président du
conseil communal, les mesures individuelles de police administrative ;
- délivre les autorisations de construction, les certificats de conformité et
les permis d'habiter relatifs aux petits projets.
- est chargé, dans l'arrondissement, des attributions reconnues au
président du conseil communal en matière d'état civil, de légalisation de
signature, et de certification de la conformité des documents à l'original ;
- dirige l'administration de l'arrondissement et gère les fonctionnaires et
agents en exercice au sein de l'administration de l'arrondissement ;
- est l'ordonnateur du compte de dépenses sur dotations ; il engage et
ordonnance les dépenses inscrites au compte de dépenses sur dotations
lorsque celui-ci est devenu exécutoire ;
- peut déléguer par arrêté à un ou plusieurs vice-présidents
partie de ses fonctions.
Le président du conseil communal peut déléguer au président du conseil
d'arrondissement dans le ressort territorial de l'arrondissement, les
attributions reconnues aux présidents des conseils communaux en matière
d’élections.
Lorsque le président du conseil d'arrondissement refuse ou s'abstient de
prendre les actes qui lui sont légalement impartis, le président du conseil
communal peut, après mise en demeure infructueuse, et information du
gouverneur ou son délégué, y procéder d'office.
La cessation de fonction de président du conseil d' arrondissement à
cause de décès, de démission volontaire, de démission d' office, de révocation
ou de tout autre cause, est sans effet sur les autres membres du bureau. Un
vice-président dans l'ordre des nominations assure l’intérim dans l’attente de
l'élection de son successeur dans les conditions et formes prévues par la loi.
3-1-5-3- Finances
Les recettes et les dépenses de fonctionnement de l’arrondissement sont
détaillées dans un document dénommé “ Compte de dépenses sur dotations ”.
Il est voté par le conseil d'arrondissement en équilibre réel et soumis au conseil
communal en même temps que le projet du budget de la commune. Le
président de l'arrondissement en est l'ordonnateur.
Les comptes d'arrondissement sont annexés au budget de la commune.
Cette dotation constitue pour la commune une dépense obligatoire. Son
montant est fixé par le conseil communal. Le total des dotations distribuées
aux arrondissements ne doit pas être inférieur à 10% du budget de la
commune.
Elle se divise en deux parts :
Une part réservée à l'animation locale est allouée à l’arrondissement
proportionnellement à sa population; elle est affectée à la couverture des frais
relatifs à la gestion des affaires de proximité : promotion du sport, de la
culture, des programmes sociaux destinés à l'enfance, à la femme et aux
handicapés ou personnes en difficultés ainsi qu'à la mobilisation sociale et à la
promotion de l'action associative.
La seconde part, affectée à la gestion locale, est calculée en
fonction des équipements et des services qui relèvent des attributions du
conseil d'arrondissement. Elle est appelée à être modifiée chaque année pour
tenir compte des changements intervenus dans la liste des équipements ou
services relevant des attributions de l'arrondissement.
3-2- La préfecture ou la province
Erigée en collectivité territoriale par la constitution de 1962, la préfecture
ou la province constitue le deuxième niveau de décentralisation territoriale.
Elle s’est substituée au lendemain de l’indépendance aux régions du
protectorat.
La préfecture est à dominante urbaine alors que la province abrite une
population et des activités essentiellement rurales.
3-2-1- Organisation
Le conseil préfectoral ou provincial est l’organe délibératif. Il est
constitué de membres élus pour six ans par un collège électoral formé des
membres des conseils des communes relevant de la préfecture ou de la
province concernée, au scrutin de liste à la représentation proportionnelle
suivant la règle du plus fort reste.
Toutefois, l’élection a lieu au scrutin uninominal à la
majorité relative à un tour au cas où un seul membre est à élire.
Le nombre d’élus (11 au minimum et 31 au maximum) ne peut être
supérieur à la moitié du nombre total des conseillers de la ou des communes
relevant de la préfecture ou de la province concernée.
Le conseil préfectoral ou provincial procède à l’élection simultanée parmi
ses membres, de son président et des vice-présidents dans les dix (10) jours qui
suivent l'élection du conseil. Ils forment le bureau dudit conseil. La durée de
leur mandat est la même que celle du conseil.
Le président est choisi parmi les élus des têtes de listes classées cinq
premières.
Au terme de la troisième année d’exercice, le président peut être démis
de ses fonctions à la demande des 2/3 des conseillers préfectoraux ou
provinciaux en exercice ; il est considéré démis de ses fonctions si la demande
est approuvée par les ¾ des conseillers en exercice.

Le nombre des vice-présidents varie selon le nombre légal des membres


du conseil préfectoral ou provincial (2 au minimum et 5 au maximum).
Des situations d’inéligibilité et d’incompatibilité avec les fonctions du
président sont prévues par la loi.
Le conseil préfectoral ou provincial désigne aussi un secrétaire, en
dehors du bureau, chargé de la rédaction et de la conservation des procès-
verbaux des séances ; un secrétaire adjoint est aussi élu afin d’assister le
secrétaire et de le remplacer en cas d’absence ou d’empêchement.
Il constitue également au moins trois commissions permanentes
chargées respectivement :
- des questions budgétaires et financières et de programmation;
- des questions de développement rural et urbain, de promotion des
investissements, de l’eau, de l’énergie et de l’environnement ;
- des affaires sociales et de la famille.
Outre ces commissions, le conseil peut constituer des commissions
thématiques provisoires pour une durée limitée et un objet déterminé ou des
commissions d’enquête pour procéder à une enquête concernant la gestion de
la préfecture ou la province. Elles cessent d’exister une fois leur mission
accomplie.
Lors des candidatures à la présidence de ces commissions, il y a lieu de
respecter le principe de parité et une commission permanente au moins est
présidée par l’opposition.

Un règlement intérieur fixe les conditions de son fonctionnement.

3-2-2- Fonctionnement
Le conseil préfectoral ou provincial doit se réunir trois fois par an, en
session ordinaire (janvier, mai et octobre) au cours de séances normalement
publiques, des sessions extraordinaires étant aussi possibles, à l’initiative du
président du conseil ou à la demande du gouverneur ou du tiers des membres
en exercice.
La police des séances est assurée par le président du conseil ou, à défaut,
par le gouverneur.
Du point de vue procédural, le président du conseil établit, avec la
collaboration du bureau, l’ordre du jour des sessions. Le conseil ne peut
valablement délibérer que si le quorum est réuni et uniquement sur les
questions inscrites à l'ordre du jour. Les délibérations sont prises à la majorité
absolue des suffrages exprimés, sauf exception. Le vote a lieu au scrutin public.
Exceptionnellement, il se fait au scrutin secret.
Le gouverneur ou son représentant assiste aux séances du conseil sans
prendre part au vote.
Les délibérations sont affichées, par extrait, au siège de la préfecture ou
la province.
3-2-3- Compétences
S’agissant des attributions, il y a lieu de distinguer les attributions du
conseil préfectoral ou provincial et celles de son président, organe exécutif.
3-2-3-1- Les compétences du conseil
Le conseil préfectoral ou provincial règle par ses délibérations les affaires
de la préfecture ou de la province. Il a des compétences à caractère social
notamment : engager toutes actions de nature à promouvoir le développement
social dans le milieu rural, soutenir les actions de mutualisation et de
coopération entre les communes de son ressort territorial, etc.

A l’instar du conseil communal, il exerce notamment des compétences


propres, des compétences qui lui sont transférées par l'Etat et des
compétences partagées.

3-2-3-1-1 - Les compétences propres


Elles portent sur les domaines suivants :
- le transport scolaire en milieu rural ;
- réalisation et entretien des sentiers ruraux ;
- mise en place et exécution des programmes de lutte contre la pauvreté
et la précarité ;
- mise en place de programme de développement de la préfecture ou de
la province
- conclusion d’accord ou convention avec des acteurs étrangers dans le
cadre de la coopération internationale.

3-2-3-1-2 - Les compétences transférées par l'Etat


Il s’agit en l’occurrence des domaines suivants :
- le développement social ;
- réalisation et entretien des équipements hydrauliques de petite et de
moyenne importance en milieu rural.
3-2-3-1-3- Les compétences partagées
Elles sont exercées par voie contractuelle à l’initiative de L’Etat ou à la
demande de la préfecture ou de la province. Elles concernent les secteurs
suivants :
- Mise à niveau du milieu rural dans les domaines de la santé, de la
formation, des infrastructures et des équipements ;
- Développement des zones montagneuses et des oasis ;
- Participer à l’approvisionnement du milieu rural en eau potable et en
électricité ;
- Programmes de désenclavement du milieu rural ;
- Contribution à la réalisation et à l’entretien des routes provinciales ;
- La mise à niveau sociale dans les domaines de l’éducation, de la santé et
du sport.

3-2-3-2- Les attributions du président du conseil


Il préside le conseil préfectoral ou provincial et en assure l'exécution des
délibérations. Il représente officiellement la collectivité préfectorale ou
provinciale dans tous les actes de la vie civile, administrative et judiciaire ; il en
est l’ordonnateur et chef de l’administration préfectorale ou provinciale.
Ses attributions vont de l’exécution du budget à l’établissement du compte
administratif , en passant par la passation des marchés de travaux, de
fournitures ou de services, la gestion du domaine public et du domaine privé
préfectoral ou provincial.
Pour l'exercice de ses compétences, il est assisté par un chef de cabinet
et de deux chargés de mission.
Le président du conseil peut, par arrêté, déléguer à ses vice-
présidents et au directeur général des services, partie de ses fonctions et sa
signature.
3-2-4- Le contrôle sur la préfecture ou la province
Il ressemble sensiblement à celui en vigueur sur la commune. En vertu de
la loi, il porte à la fois sur les membres et sur les actes du conseil préfectoral ou
provincial.

3-2-4-1- Le contrôle sur les personnes Il


s’exerce individuellement sur les membres du conseil préfectoral ou provincial
et collectivement sur le dit conseil. Il réside dans les mesures suivantes :
- La démission d’office
Tout conseiller préfectoral ou provincial est déclaré démissionnaire par
décision du tribunal administratif, s’il s’absente sans motif valable pendant
trois sessions successives ou cinq sessions non successives.
Elle est aussi décidée à l’encontre du membre du conseil préfectoral ou
provincial qui méconnaît le régime des incompatibilités (la situation
d’incompatibilité qui naîtrait en cours de mandat) ou quand il est déclaré
inéligible.

- La suspension
En tant que mesure individuelle et précédant la révocation, elle frappe le
président du conseil préfectoral ou provincial ou le vice-président ou tout
membre dudit conseil reconnu responsable d'actes ou de faits graves
contraires à la loi et à l'éthique du service public.

- La révocation
Elle est prononcée par le tribunal administratif à la demande du
gouverneur, à l’encontre du président, vice-président ou membre du conseil
préfectoral ou provincial, toutes les fois qu’un motif grave le justifie :
entretenir des intérêts privés avec la préfecture ou la province dont il est
membre, refus ou abstention d’exercer les attributions dévolues par la loi, etc.

3-1-4-1-2- Le contrôle sur le conseil préfectoral ou provincial


Il s’agit de la dissolution. Lorsque des menaces pèsent sur le bon
fonctionnement du conseil préfectoral ou provincial ou sur les intérêts de la
collectivité, le conseil peut être dissous par décision du tribunal administratif
en vertu du déféré du gouverneur.

Pour combler le vide engendré par l’absence du conseil préfectoral ou


provincial ou en cas de démission d’au moins la moitié de ses membres en
exercice, ou lorsqu' un conseil ne peut être constitué, une délégation spéciale,
présidée par le gouverneur, est désignée par le ministre de l’intérieur pour en
remplir les fonctions. Ses pouvoirs sont confinés aux actes de pure
administration urgente Elle prend fin dès que le conseil est reconstitué.

3-1-4-2- Le contrôle sur les actes


Il porte sur les délibérations du conseil et les actes de son président.
Il revêt deux formes : un contrôle préalable sur un ensemble de matières
limitativement énumérées (contrôle d’opportunité) et un contrôle de légalité.
Le contrôle d’opportunité est constitué par le visa synonyme
d’approbation. Ainsi, certaines délibérations du conseil préfectoral ou
provincial ne sont exécutoires qu'après avoir reçu, dans un délai de vingt (20)
jours, le visa gubernatorial : budget, emprunts et garanties, fixation du taux
des taxes et des tarifs des redevances et droits divers, aliénation des biens
préfectoraux ou provinciaux, accords de coopération décentralisée et de
jumelage avec des collectivités territoriales étrangères, etc.

Toutefois, les délibérations relatives à la gestion déléguée et à la création


des sociétés de développement doivent être revêtues du visa du ministre de
l'intérieur.
Le visa doit intervenir à compter de la réception des délibérations dans
un délai de vingt (20) jours. A défaut de décision dans le délai précité, les
délibérations sont réputées approuvées.

Le contrôle de légalité qui a pour finalité de vérifier la régularité et la


conformité des délibérations du conseil préfectoral ou des actes de son
président aux lois et règlements en vigueur, s’exerce par le biais de la nullité.
Celle-ci frappe toute délibération ou décision du conseil ou de son président
dans un domaine ne relevant pas de ses compétences ou en violation de la loi :
absence de quorum, par exemple.
La nullité de droit est prononcée à toute époque par le tribunal
administratif saisi par le gouverneur de préfecture ou de province.

3-1-4-3- Le pouvoir de substitution


Lorsque le président du conseil préfectoral ou provincial s'abstient de
prendre les actes qui lui sont légalement impartis, et que cette abstention a
pour effet de nuire au bon fonctionnement de la préfecture ou de la province,
le gouverneur peut, après l'en avoir requis et sur décision du juge administratif,
y procéder d’office.
3-3- La région
La région est le troisième échelon de la décentralisation et la dernière
collectivité créée. Son apparition sur la scène administrative répond aux
exigences de l’aménagement du territoire et à l’impératif de remédier aux
disparités régionales.
Elle a la prééminence par rapport aux autres collectivités territoriales en
matière de préparation de politiques de développement régional et de schémas
régionaux d’aménagement du territoire, dans le respect des attributions
confiées aux autres collectivités territoriales.
La région possède un organe délibératif, le conseil régional, et un organe
exécutif élu, en l’occurrence le président du conseil régional.
3-3-1- Le conseil régional
Il s’agit d’exposer sa composition, ses modalités de fonctionnement et
ses attributions.

3-3-1- 1- Composition
Sous l’empire de la loi n° 47-96 du 2 avril 1997 relative à l'organisation de
la région, la composition du conseil régional était hétérogène dans la mesure
où il comprenait des représentants des collectivités locales, des chambres
professionnelles et des salariés. Désormais, le conseil régional est homogène.
Ses membres (33 au minimum et 75 au maximum) sont élus pour une
durée de six ans au suffrage universel direct, au scrutin de liste à la
représentation proportionnelle suivant la règle du plus fort reste sans
panachage ni vote préférentiel. Au cas où un seul membre est à élire, l’élection
s’effectue au scrutin uninominal à la majorité relative à un tour.
Le ressort territorial de la préfecture, de la province ou de la préfecture
d’arrondissements constitue la base du découpage électoral de la région.

3-3-1-2- Fonctionnement
Le conseil régional élit en son sein, pour un mandat de six ans, un
président et plusieurs vice-présidents (6 au minimum et 9 au maximum) qui
forment le bureau dudit conseil.
Au terme de la troisième année d’exercice, le président peut être démis
de ses fonctions à la demande des 2/3 des conseillers régionaux, laquelle
délibération doit être votée par les ¾ des conseillers en exercice.
Il élit parmi ses membres un secrétaire, responsable de la rédaction et de
la conservation des procès verbaux des séances ; en même temps, est élu un
secrétaire-adjoint qui assiste le secrétaire et le remplace en cas d’absence ou
d’empêchement.
Il constitue au moins trois commissions permanentes et sept au plus pour
l'étude des affaires à soumettre au conseil. Elles sont chargées de l'examen :
- des questions de développement économique, social, culturel et
environnemental ;
- des questions financières, budgétaires et de programmation ;
- de l'aménagement du territoire.
Sur convocation de son président, comportant l’ordre du jour, le conseil
régional se réunit obligatoirement trois fois par an, en session ordinaire durant
les mois de mars, juin et octobre. La durée de chaque session est de quinze
jours ouvrables consécutifs. Lorsque les circonstances l'exigent, il se réunit en
session extraordinaire, à l’initiative du président, ou à la demande du tiers au
moins de ses membres ou du wali de la région.
Le wali de la région assiste sans droit de vote aux séances qui sont
publiques sauf exception.
Le conseil régional ne peut valablement délibérer que si plus de la moitié
de ses membres en exercice assiste à la séance à la première et à la deuxième
convocations, sans quorum la troisième fois et uniquement sur les questions
inscrites à l'ordre du jour.
Les délibérations sont prises à la majorité absolue des membres en
exercice ou des votants, le cas échéant et le vote a lieu au scrutin public sauf
dérogation.
3-3-1-3-Attributions
Il s’agit de passer en revue les attributions du conseil régional et celles de
son président, organe exécutif de la collectivité régionale.
3-3-1-3-1- Les compétences du conseil régional
Dans les limites du ressort territorial de la région, le conseil régional
décide des mesures à prendre pour assurer le développement intégré et
durable, notamment : améliorer l’attractivité et la compétitivité économique
du territoire régional, faire un usage optimal des ressources naturelles et veiller
à leur préservation, adopter les mesures d’encouragement des entreprises et
facilitant l’implantation d’activités génératrices de richesses et du travail, etc.
Il exerce des compétences propres, des compétences partagées avec
l’Etat et des compétences qui lui sont transférées par celui-ci.
La rubrique des compétences propres contient principalement la
préparation, l’exécution et le suivi du programme de développement régional
et du schéma régional d’aménagement du territoire, la formation
professionnelle, la formation continue et l’emploi, la formation des agents,
cadres et élus des collectivités territoriales, le développement rural, le
transport, la culture et l’environnement.
Les compétences partagées avec l’Etat intéressent la recherche
scientifique appliquée, la mise à niveau du monde rural, le développement des
zones montagneuses et des oasis, la mise à niveau sociale, la promotion de
l’habitat social, la protection contre les inondations, la préservation des
ressources hydrauliques, la promotion du tourisme.

Les compétences transférées portent sur les équipements et


infrastructures de portée régionale, l’industrie, la santé, le commerce,
l’enseignement, la culture, le sport, l’énergie, l’eau et l’environnement.
Pour rendre effective la prise en charge de ces compétences par la
région, le législateur pose le principe de compensation suivant lequel tout
transfert de compétences ou de charges de l'Etat aux régions s'accompagne
nécessairement du transfert des ressources correspondantes, notamment des
crédits.

3-3-1-3-2- Les compétences du président du conseil régional


La loi confie l’exécution des délibérations du conseil régional à son
président. En tant que tel, il procède aux actes de location, de vente,
d’acquisition, conclut les marchés de travaux, de fournitures et de prestations
de services ; il exécute le budget et établit le compte administratif et, il prend
des arrêtés à l’effet d’établir les taxes, redevances et droits divers. Il accomplit
ces actes conformément aux délibérations du conseil régional. C’est lui qui
représente aussi la région en justice et en constitue l’ordonnateur.
Il peut déléguer certaines de ses compétences aux vice-présidents et
donner aussi, sous son contrôle et sa responsabilité, par arrêté, délégation de
signature au directeur général des services en matière de gestion
administrative.

3-3-2- Le contrôle de l’Etat sur la région


Le contrôle de l’Etat sur la région ne diffère pas de celui exercé sur la
commune et la préfecture ou la province. De la même manière qu’à l’égard des
collectivités infra-régionales, le contrôle s’exerce sur les personnes et sur les
actes.
3-3-2-1- Le contrôle sur les personnes
Il s’exerce tout d’abord sur les conseillers régionaux pris
individuellement, ensuite sur le président du conseil régional, et, enfin sur le
conseil régional dans son ensemble.
Le contrôle sur les conseillers régionaux se fait au moyen de la démission
d’office. Celle-ci frappe le conseiller régional qui n’a pas répondu, sans motif
légitime, à trois convocations successives ou à cinq convocations non
successives, sans excuse valable.

Quant à la révocation, elle est prononcée par le tribunal administratif à


la demande du ministre de l’intérieur ou du wali de la région, à l’encontre du
président, vice-président ou membres du conseil régional, toutes les fois qu’un
motif grave le justifie : entretenir des intérêts privés avec la région dont il est
membre, refus ou abstention d’exercer les attributions dévolues par la loi, etc.

Le contrôle sur le conseil régional pris dans son ensemble peut aboutir à
la dissolution. Lorsque des menaces pèsent sur le bon fonctionnement du
conseil régional ou sur les intérêts de la région ou lorsque le conseil régional
s’abstient ou refuse d’exercer les attributions qui lui sont imparties, il peut être
dissous par décision du tribunal administratif en vertu du déféré du ministre de
l’intérieur.

La conséquence de la dissolution du conseil régional, ou lorsqu’il ne peut


être constitué, est la désignation par le ministre de l'intérieur d’une délégation
spéciale présidée par le wali de région, chargée d’effectuer les actes de pure
administration urgente et ne peut engager les finances régionales au-delà des
ressources disponibles de l'exercice courant.

3-3-2-2- Le contrôle sur les actes


Il consiste dans un contrôle a priori ou d’opportunité et un autre relatif à
la légalité des délibérations.
Le contrôle d’opportunité revêt la forme du visa selon lequel certaines
délibérations du conseil régional ne reçoivent exécution qu’après visa du
ministre de l’intérieur. Il porte essentiellement sur le plan de développement
régional, le schéma régional d’aménagement du territoire, la gestion déléguée
des services publics régionaux, la création des sociétés de développement
régional, les compétences à caractère financier : budget, emprunts à contracter
et garanties à consentir, actes de gestion du domaine public, etc.
Le visa doit intervenir dans un délai de vingt (20) jours à partir de la date
de réception de la délibération. Le défaut de décision dans ce délai équivaut à
une approbation.
Les autres délibérations sont exécutoires, si dans un délai de vingt (20)
jours, le ministre de l’intérieur n’a pas fait opposition.

Le contrôle se manifeste de manière encore draconienne dans le pouvoir


de substitution: lorsque le président du conseil régional s'abstient de prendre
les actes que la loi lui confie, le ministre de l’intérieur saisit en référé, le tribunal
administratif. Si celui-ci atteste l’existence de l’abstention, le wali de la région
peut, après l'en avoir avisé, y procéder d'office.

Le contrôle de légalité qui s’exerce a posteriori est organisé autour de la


nullité de droit. L’annulation des délibérations du conseil régional et des
décisions de son président est du ressort du juge administratif.
La nullité de droit concerne les délibérations portant sur un objet
étranger aux attributions du conseil régional ou prises en violation de la loi. Elle
est prononcée à tout moment par le tribunal administratif à la demande du
ministre de l'intérieur.
l’organisation judiciaire au Maroc

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