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Envoyé le 4 mars 2023

DROIT COMMERCIAL
Année universitaire 2022-2023
Docteur Nour BADRAOUI DRISSI
SOMMAIRE
OBJECTIF DU COURS

INTRODUCTION
PARTIE I : LES CRITÈRES DE LA COMMERCIALITÉ
CHAPITRE I : LES SOURCES ET LE DOMAINE DE DROIT COMMERCIAL
SECTION I : LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL
I- Les sources classiques au Maroc
II- Les sources modernes
SECTION II : LE DOMAINE DU DROIT COMMERCIAL
I- Les actes de commerce
II- Les activités commerciales
III- LE COMMERÇANT (Personne physique ou morale)
CHAPITRE II : LES CONDITIONS JURIDIQUES DE L’EXERCICE DU COMMERCE
SECTION I : LES CONDITIONS ET LIMITATIONS LIEES A LA PERSONNE DU COMMERÇANT
I- Les incapacités
II- Les incompatibilités
III- Les Interdictions légales
IV- Les déchéances
SECTION II : LES INTERDICTIONS ET LIMITATIONS LIEES AU COMMERCE ENVISAGE
I- Les commerces interdits ou réglementés
II- Les activités réglementées
III- Les activités libres
CHAPITRE III : LES OBLIGATIONS DU COMMERÇANT
SECTION I : L’OBLIGATION D’IMMATRICULATION (PUBLICITE LEGALE)
I- Règlementation des immatriculations au registre de commerce
II- Les effets juridiques de l’immatriculation au registre du commerce
III- Les sanctions sur défaut d’immatriculation
IV- Les sanctions pour indication inexacte
V- Les inscriptions modificatives
VI- La radiation
SECTION II : LES OBLIGATIONS FISCALES
I- Identification fiscale
II- Obligation de déclaration des revenus
SECTION III : LES OBLIGATIONS COMPTABLES
I- L’objet de l’obligation comptable
II- L’intérêt des livres comptables
SECTION IV : LES AUTRES OBLIGATIONS
I- Ouverture d’un compte bancaire ou postal
II- Présentation et observation des documents comptables
III- Les obligations d’information des organismes sociaux
SECTION V : LES PREROGATIVES DES COMMERÇANTS
I- Chambres de commerce d’industrie et des services
II- Le droit au bail
CHAPITRE IV : L’ENTREPRISE COMMERCIALE
SECTION I : DÉFINITION DE L’ENTREPRISE COMMERCIALE
I- Définition économique
II- Définition sociale
III- Définition organisationnelle
IV- Définition juridique
SECTION II : TYPES D’ENTREPRISES AU MAROC SELON LEURS STATUT JURIDIQUE
I- La création d'une entreprise individuelle
II- La création d'une société
SECTION III : L’ENTREPRISE INDIVIDUELLE
I- Définition de l’entreprise individuelle
II- Les caractéristiques de l’entreprise individuelle
III- Les conséquences de l’absence de la qualité juridique propre à l’Entreprise Individuelle
PARTIE II : LES BIENS DE L’ENTREPRISE : LE FONDS DE COMMERCE
CHAPITRE I : LES ELEMENTS CONSTITUANTS D’UN FONDS DE COMMERCE
SECTION I : LES ELEMENTS CORPORELS DU FONDS DE COMMERCE
I- Le matériel et l’outillage
II- Les marchandises
SECTION II : LES ELEMENTS INCORPORELS DU FONDS DE COMMERCE
I- La clientèle et l'achalandage : Eléments obligatoires du fonds de commerce
II- Le droit au bail (propriété commerciale)
III- Le nom commercial
IV- L'enseigne commerciale
V- Les droits de propriété industrielle
VI- Les brevets d’invention
VII- Les marques de fabrique et de service
VIII- Les dessins et les modèles
IX- Les autres éléments incorporels : Les licences ou autorisations administratives
SECTION III- LES ELEMENTS NON COMPRIS DANS LE FONDS DE COMMERCE
I- Les biens immeubles
II- Les créances et les dettes
III- Les contrats
IV- Les documents comptables
V- Le droit de terrasse
CHAPITRE II- L’EXPLOITATION DU FONDS DE COMMERCE
SECTION I : EXPLOITATION PAR LE PROPRIETAIRE DU FONDS DE COMMERCE
I- Exploitation directe
II- Disparition de la propriété du fonds de commerce
SECTION II : EXPLOITATION PAR UN LOCATAIRE
I- Le crédit-bail du fonds de commerce
II- La location-gérance (gérance libre) du fonds de commerce
CHAPITRE III : ACHAT DE FONDS DE COMMERCE
SECTION I : PROCESSUS LIE A L’ACHAT D’UN FONDS DE COMMERCE
I- Obligation d’information préalable du vendeur
II- Diagnostic du fonds de commerce visé
III- Évaluation du fonds de commerce et négociation
IV- Réalisation des formalités liées à la cession
CHAPITRE IV : VENTE OU CESSION DU FONDS DE COMMERCE
SECTION I : CONDITIONS DE LA VALIDITE DE LA VENTE DU FC
I- Les conditions de fond de la vente d’un FC
II- Les conditions de forme de vente d’un FC
SECTION II : PROTECTION DU VENDEUR DU FC
I- Première garantie : Le privilège du vendeur du FC
II- Deuxième garantie : L’action résolutoire du vendeur du FC
SECTION III : PROTECTION DE L’ACQUEREUR DU FONDS DE COMMERCE
I- Les garanties dont l'acheteur d'un FC peut bénéficier
II- L’apport en société d’un fonds de commerce
SECTION IV : PROTECTION DES CREANCIERS DU VENDEUR
I- Les oppositions
II- En cas d'apport en société
CHAPITRE IV : LE NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE
SECTION I : GENERALITES ET DEFINITION
SECTION II : CONDITIONS DE VALIDITE DU NANTISSEMENT DU FC
SECTION III : ASSIETTE DU NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE
SECTION IV : LES CONDITIONS DE FORME ET DE PUBLICITE DU NANTISSEMENT
SECTION V : EFFETS DU NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE
I- Droit de suite
II- Le droit de préférence
III- Les autres garanties
CHAPITRE V : LA PROTECTION DU FONDS DE COMMERCE
SECTION I : LA PROTECTION DU BAIL COMMERCIAL
I- Les règles propres aux baux commerciaux
II- Le droit au renouvellement du bail commercial « propriété commerciale »
III- Cas de non renouvellement du bail commercial
SECTION II : LA PROTECTION CONTRE LA CONCURRENCE DELOYALE
I- Formes de la concurrence déloyale
II- La prévention
III- L’action en concurrence déloyale
IV- Les sanctions
SECTION III : LA PROTECTION CONTRE LA CONTREFAÇON
I- Les moyens de protection de la marque
II- Les sanctions
PARTIE III : LES TECHNIQUES JURIDIQUES DES ECHANGES : LES CONTRATS
CHAPITRE I : LA FORMATION DU CONTRAT
CHAPITRE II : LES CONDITIONS DE VALIDITE DU CONTRAT
CHAPITRE III : L’EXECUTION DU CONTRAT
CHAPITRE IV : LES PRINCIPAUX CONTRATS COMMERCIAUX
SECTION I : LE CONTRAT DE VENTE
SECTION II : LE CONTRAT DE DISTRIBUTION
SECTION III : LE CONTRAT DE FRANCHISE
SECTION IV : LE CONTRAT DE CONCESSION
SECTION V : LE CONTRAT DE SOUS-TRAITANCE
SECTION VI : LE CONTRAT DE PRESTATION DE SERVICES
SECTION VII : LE CONTRAT DE JOINT-VENTURE
OBJECTIF DU COURS

Ce cours permet aux étudiants à discerner les notions de base du Droit Commercial et leur
offre quelques références et certaines règles de Droit qui les aideront, en tant que futurs
managers et / ou futurs opérateurs économiques, à préparer au mieux une affaire
économique, Aussi :
o Acquérir les connaissances fondamentales du Droit Commercial ;
o Comprendre le corpus réglementaire qui régit le monde des affaires et les entreprises
indépendantes ;
o Développer la capacité d’argumenter à partir de preuves tangibles ;
o Acquérir les compétences analytiques basées sur un esprit critique.
o Comprendre les risques juridiques qui pourraient être associés à des activités liées à
l’entreprise.
o Comprendre comment fonctionne le monde, des affaires et quelles en sont les règles.

INTRODUCTION

L’étude du Droit Commercial passe, tout d’abord, par sa définition. Une définition qui nous
amènera à sélectionner, pour ce cours, des matières liées à la dimension juridique du
commerçant (personne physique ou morale), acteur majeur du droit commercial, ainsi que
les règles qui régissent ses rapports entre professionnels et différents partenaires.

Ainsi ce cours sera plus axé sur

o Le statut du commerçant ;
o Les actes de commerce ;
o Les activités commerciales ;
o Les biens du commerçant ;
o Les règles particulières aux entreprises ;
o Les règles communes à toutes les entreprises ;
o Les relations entre les entreprises.

I- Définition du droit commercial

Le Droit Commercial est une branche du Droit Privé. Il regroupe l’ensemble des règles
définissant le régime juridique applicable aux actes de commerce et régissant l'exercice de
la profession de commerçant et son statut dans le cadre de ses activités commerciales soit
à titre individuel ou sous forme sociétaire.

Le Droit Commercial est un droit relatif aux opérations juridiques accomplies par les
commerçants, soit entre eux, soit avec leurs clients.

Ainsi la gestion de l’entreprise passe par une bonne maîtrise du Droit Commercial

II- Objectif du Droit Commercial

L’objectif principal du droit commercial est la sécurité des marchés et la


réglementation des rapports entre les différents acteurs économiques :

o Rapports entre professionnels, notamment lors de la conclusion d’un contrat :


contrats commerciaux, contrats de distribution, cession d’un fonds de commerce, …

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o Rapports entre concurrents : la libre concurrence est un élément important du droit
commercial, car il est essentiel au bon fonctionnement des marchés. Toute action qui
tende à l’empêcher est sanctionnée.
o Rapports entre commerçant et non professionnels : pour protéger le consommateur.

Le droit commercial est en général élaboré :

o Premièrement pour donner aux professionnels du commerce les moyens juridiques


pour agir.

o Deuxièmement pour éviter les comportements abusifs de certains commerçants, tant


dans la relation avec d’autres commerçants, tant dans la relation avec des non
commerçants.

o Troisièmement pour « protéger » les entreprises en difficulté.

PARTIE I : LES CRITÈRES DE LA COMMERCIALITÉ

CHAPITRE I : LES SOURCES ET LE DOMAINE DU DROIT COMMERCIAL

SECTION I : LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL

Les sources du droit commercial sont les mêmes que celles du droit civil, à savoir : la loi, au
sens large, la jurisprudence ainsi que les coutumes et les usages commerciaux qui sont plus
développées en droit commercial qu'en droit civil. L’article 2 du code de commerce stipule
« Il est statué en matière commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du
commerce, ou au droit civil dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux
du droit commercial.

I- Les sources classiques au Maroc

1- Le droit musulman

Le droit musulman a toujours joué un rôle prépondérant dans la vie juridique marocaine. Son
influence se manifeste à travers un certain nombre de dispositions. Le droit musulman (Fiqh)
trouve sa source dans les prescriptions du Coran.

2- Le droit coutumier

Pour mieux ancrer la politique coloniale, les autorités du protectorat français, s’étaient
efforcées pour instaurer une division ethnique entre les marocains afin d’éliminer la langue
arabe et l’islam au bénéfice de la langue française et le christianisme. Ainsi, elles ont instauré
des tribunaux coutumiers établis dans les montagnes et dans quelques plaines du pays.
L’établissement de ces tribunaux a été le résultat de deux dahirs en date du 11 septembre
1914 et du 16 mai 1930.

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II- Les sources modernes

Les sources du droit commercial sont spécifiques. Ce ne sont pas exactement les mêmes
que celles des autres branches du droit. On distingue les sources formelles et les sources
institutionnelles.

1- Les sources formelles (Sources directes)

a) Les conventions internationales

Les conventions internationales sont des accords conclus entre États qui imposent des
obligations entre les États impliqués. Ces sources internationales prennent également une
importance grandissante avec la mondialisation et le renouveau du libre-échange.
Dans la pratique divers termes sont employés pour désigner des conventions internationales :
traité, accord, arrangement, pacte, charte, échange de lettres, protocole.
Au point de vue juridique, toutes les conventions internationales ont la même nature et
produisent les mêmes effets.
Les conventions internationales doivent généralement être ratifiées par des États pour
obtenir une force obligatoire et ainsi devenir de véritables traités internationaux. Ces
accords peuvent être bilatéraux ou multilatéraux.

Les traités bilatéraux


Ils réglementent une matière particulière entre deux Etats.
Exemple : la Maroc a conclu de nombreux accords bilatéraux avec certains pays en
matière d’exonération fiscale pour éviter la double imposition.

Les traités multilatéraux


Ils ont pour objet d’unifier le droit applicable à une certaine matière afin d’éviter les
contradictions existantes entre les législations nationales.

Par exemples :

 La Convention de Vienne sur la vente internationale de


marchandises (1980).
 La Convention de Berne concernant le transport ferroviaire international
de (9 mai 1980).
 La Convention de Varsovie qui régit tout transport international de
personnes, bagages ou marchandises.
 La Convention de Genève du 7 juin 1930 sur la lettre de change et le
billet à ordre et celle du 19 mars 1931 sur le chèque.

b) La loi

Elle régit les actes de commerce et les commerçants. (Article I et 2 du CC). L’article 46 de
la Constitution dispose que le régime des obligations civiles et commerciales relève du
domaine de la loi.
Le terme Loi doit être entendu au sens large, c'est-à-dire, la loi votée par le Parlement : Code
de Commerce (CC).
Le Code de Commerce au Maroc est le texte législatif qui régit les actes de commerce et
les commerçants. Le premier CC a été élaboré sous le protectorat français en 12 août 1913.

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Pour s'inscrire et répondre aux exigences de la libéralisation et de la globalisation des
économies, les textes du CC de 1913 ont été soit révisés ou élaborés. Ainsi, l’élaboration du
nouveau CC (Dahir du 1er août 1996) s’est inscrite dans le cadre d'une réforme assez vaste
et profonde du droit des affaires au Maroc tout en visant à mettre les normes nationales en
conformité avec les standards internationaux.

Le droit commercial ne se suffit pas à lui-même, il ne contient pas une réglementation


complète de toute la vie commerciale et industrielle. Ainsi, en l’absence de loi, de coutume
ou d’usage propre au droit commercial, ce sont les règles du droit civil qui vont s’appliquer.

c) Les coutumes et les usages du commerce

Les coutumes et usages sont des pratiques professionnelles qui tirent leur origine des clauses
qui étaient régulièrement insérées dans des contrats. Ils sont des pratiques non écrites plus
ou moins généralisées. (Article 2 du Code de Commerce).

Il s’agit d’une part, de pratiques répétées ou habituelles dont il faut déterminer le contenu
ou de pratiques ou habitudes qui impliquent le sentiment qu’elles sont obligatoires d’autre
part. Ces pratiques peuvent s’étendre sur un niveau géographique (toute une ville, toute
une région ou sur le plan national), et /ou niveau d’une profession.
Les coutumes et les usages spéciaux et locaux priment les coutumes et usages généraux.
(Article 3 du CC).
Pour la force juridique des usages et coutumes de commerce, ces derniers ne peuvent être
invoqués lorsque la loi est formelle (Article 475 DOC).
L’usage ne peut être invoqué que s’il est général ou dominant et s’il n’a rien de contraire à
l’ordre public et aux bonnes mœurs (Article 476 DOC).
Exemples d’usages de commerce :

 La solidarité des codébiteurs est une obligation commerciale.


 La possibilité de mettre en demeure un débiteur par simple lettre recommandée avec
accusé de réception.

d) La jurisprudence commerciale

La jurisprudence commerciale est constituée de l'ensemble des décisions rendues par les
juridictions compétentes (Tribunaux de commerce et Tribunaux de 1 ère Instance civiles) sur
l'ensemble des litiges relatifs aux actes de commerce des entreprises et aux engagements
pris par les commerçants. Ces décisions relèvent d'un intérêt spécifique soit parce qu'elles
énoncent une règle générale et abstraite, comme une loi, soit parce qu'elles répètent une
solution identique sur une même question de droit.
La jurisprudence commerciale correspond ainsi aux décisions de justice rendues en
interprétant et complétant le droit commercial.

e) La doctrine

Comme les usages et la jurisprudence la doctrine contribue aussi à l'adaptation de droit


commercial aux exigences de la vie des affaires. Elle constitue une source indirecte du droit
commercial qui élabore les grandes théories commerciales importantes.

Elle regroupe les écrits des auteurs de droit et des juristes qui commentent et donnent des

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avis sur des problèmes de droit qui vont inciter les juges ou les lois. C'est la doctrine qui a
favorisé par exemple l'émergence de matières nouvelles telles que le droit bancaire et le
droit de la concurrence.

2- Les sources institutionnelles : Règlements professionnels

Les règlements professionnels sont des codes de bonne conduite qui définissent pour la
profession les modèles de comportement sur la manière d’agir, que ce soit entre les
commerçants de cette profession et d’autres professions ou avec leurs clients.
Les ordres professionnels peuvent édicter des règlements qui seront obligatoires pour toute
la profession concernée (par exemple l’ordre professionnel des pharmaciens).

SECTION II : LE DOMAINE DU DROIT COMMERCIAL

Le domaine du droit commercial est délimité par deux critères distincts :

Le premier est relatif à la nature des actes de commerce et des activités


Exercées ;
Le second à la forme de la société.
Ainsi on trouve :
I- Les actes de commerce ;
II- Les activités commerciales ;
III-Le commerçant.

I- Les actes de commerce

1- Définition

Il s'agit généralement d'actes réalisés par une personne ou une société dont l'activité repose
sur des opérations commerciales.
Par conséquent, un acte de commerce est un acte juridique soumis aux dispositions du droit
commercial du fait de sa nature, de sa forme, mais aussi des personnes qui le réalisent.
Par ailleurs un acte peut être considéré comme acte de commerce s'il répond à deux
critères cumulatifs.
 D'abord, un critère de spéculation, qui implique une finalité lucrative pour une
opération, c'est-à-dire une opération pour laquelle on produit des bénéfices.
 Ensuite, un critère de répétition de l'acte dans le temps, c'est-à-dire un acte de
commerce qui est réalisé à titre habituel.
Il existe donc quatre types d'actes de commerce :
a) L’acte de commerce par nature ;
b) L’acte de commerce par la forme ;
c) L’acte de commerce au titre de l'accessoire ;
d) Les actes de commerce mixtes.

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a) Les actes de commerce par nature

Ces actes sont toujours de nature commerciale en raison de leurs objets quel que soit la
qualité de celui qui les réalise. La particularité des actes de commerce par nature c’est
qu’ils :
 Sont déjà énumérés par le législateur (Articles 6,7 et 10 CC).

 Seuls les actes de commerce par nature donnent le statut de commerçant

b) Les actes de commerce par la forme

Il s’agit d’actes de commerce qui sont toujours commerciaux à raison de leur forme et non
par leurs objets et ce quelle que soit la personne qui les accomplisse.

Il existe deux types d’actes de commerce par la forme :

 Le billet à ordre est un document écrit qui résulte d’une transaction commerciale (Art.
9 du CC). C’est un moyen de paiement spécifique aux entreprises et une
reconnaissance de dette signée par un débiteur.

 La lettre de change est un document écrit, émis avec une facture, sur lequel le tireur
(fournisseur) donne au tiré (client) l’ordre de payer une somme d’argent déterminée
à une date déterminée. (Article 9 CC).

Le billet à ordre et la lettre de change sont des effets de commerce, des instruments de
crédit et une reconnaissance de dettes représentant une créance commerciale. De ce fait,
le simple fait de signer une lettre de change ou un billet à ordre est un acte de commerce,
même s’ils n’ont pas été signés par un commerçant.

Ils sont également considérés comme actes de commerce par la forme les actes accomplis
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par les sociétés commerciales, ci-dessous, dans le cadre de leur objet social, même si leur
activité n’est pas commerciale :
 La Société à Nom Collectif (SNC) ;
 La Société en commandite simple (SCS) ;
 La Société A Responsabilités Limitées (SARL) ;
 La Société par Action Simplifiée (SAS) ;
 La Société en commandite par actions.
 La Société Anonyme (SA).

c) Les actes de commerce par accessoire

Ce sont des actes qui par nature sont civil, mais qui par accessoire deviennent des actes de
commerce parce qu’ils sont accomplis par le commerçant dans le cadre de l’exercice de
sa profession commerciale ou par une société commerciale en liaison avec son activité.

Il peut également s'agir d'un acte se rattachant à une opération commerciale principale.
Selon le Code de Commerce tous les actes effectués par un commerçant sont
commerciaux par accessoire sauf preuve contraire qui peut être apporté par tout moyen.
(L’article 10 du CC). Ce sera à celui qui entend démontrer le caractère civil d’un prêt, par
exemple, d’établir qu’il n’a pas été souscrit pour les besoins de son commerce.

d) Les actes mixtes

Définition

L’acte mixte désigne un acte conclu entre un commerçant et un non commerçant. Il


présente une double nature. Chacune des parties se voit appliquée les règles imposées par
la nature de l’acte.
 L’acte est civil pour le non commerçant et les règles applicables sont ceux de droit
commun.
 L’acte est commercial pour le commerçant en application des règles commerciales.
Exemple : Prêt consenti par un établissement financier à un particulier, contrat
d'assurance entre un particulier et un assureur.

La particularité de l’acte mixte en matière de la preuve et de la compétence

o En matière de preuve de l’obligation

En cas de litige mixte entre un commerçant et un particulier c’est la qualité du


demandeur qui va déterminer le régime de la preuve. La preuve est croisée en
cas d’un acte mixte :

 Si le commerçant est demandeur : il doit prouver ses prétentions en ramenant


la preuve littérale (un contrat écrit). Le commerçant devra donc apporter la
preuve selon le droit civil à l’égard du non-commerçant.

 Si le particulier est demandeur, il a la possibilité d’invoquer la preuve libre, (les


livres comptables du commerçant, facture…).
Le non-commerçant bénéficie de la liberté de la preuve à l’égard du
commerçant. Il pourra prouver le contrat en l’absence de tout écrit et aussi

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s’opposer à l’écrit du commerçant par tous moyens, sauf si la loi en dispose
autrement.
o En matière de la compétence juridictionnelle

 Le commerçant ne pourra assigner la personne non commerçante que devant


le tribunal de première instance.

 Le non commerçant en revanche, aura le choix entre le tribunal de commerce


et le tribunal de première instance.

2- Le régime général des actes de commerce

Le régime général des actes de commerce cherche à s’adapter aux besoins spécifiques
des commerçants notamment en termes de rapidité, de rigueur, d’efficacité et de sécurité,
ainsi on trouve :
a) En matière de preuve ;
b) En matière de l’exécution ;
c) En matière de règlement des contentieux ;
d) En matière de prescription ;

a) Le régime général des actes de commerce en matière de preuve

A la différence du Droit Civil, la preuve est libre en matière commerciale, à moins qu’il ne
soit autrement disposé par la loi. Le principe de liberté des preuves s’applique à tous les
contrats commerciaux.

De ce fait les actes de commerce, entre commerçants, peuvent se prouver par tout moyen
pour démontrer une relation d’affaires (Principe de la liberté de preuve) : (livres comptables,
factures, reçus, bons de commandes, bons de livraisons, correspondances, témoignages…).
Le principe de la liberté de la preuve pour le commerçant s’applique :
 Pour tous les actes de commerce par nature.
 Pour l’acte de commerce par accessoire.

Le principe de la liberté de la preuve pour le commerçant peut recevoir exception pour


certains actes qui supposent la rédaction d’un écrit avec mentions obligatoires.
Par exemples la location-gérance, lettre de change, billet à ordre, vente d’un fonds de
commerce, les contrats maritimes, les contrats de bourse.

b) Le régime général des actes de commerce en matière de l’exécution

C’est le souci de sécurité qui prime dans la vie des affaires et qui rend nécessaire la bonne
exécution des obligations et le respect des échéances.

c) Le régime général des actes de commerce en matière de règlement des


contentieux

En cas de litige entre commerçants, il est possible de définir par avance la juridiction
commerciale territorialement compétente. Il est possible également de recourir aux modes
alternatifs de règlement des conflits. Parmi ces modes de règlement, il y a l’arbitrage prévu
par la clause compromissoire.

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o Les tribunaux de commerce
Ils sont compétents pour connaître :
 Des actions relatives aux contrats commerciaux ;
 Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités commerciales ;
 Des actions relatives aux effets de commerce ;
 Des différends entre associés d’une société commerciale ;
 Des différends relatifs aux fonds de commerce.

Les tribunaux de commerce ne connaissent que des affaires commerciales dont le montant
dépasse 20 00Dhs.

o Les Tribunaux de Première Instance Civile

Les Tribunaux de Première Instance Civile ne connaissent que des affaires commerciales
dont le montant ne dépasse pas 20 00 Dhs.
Aussi, le commerçant ne pourra assigner la personne non commerçante que devant le
tribunal de première instance.

o Les modes alternatifs de règlement des conflits ou de résolution


De différends : l’arbitrage

En droit commercial l’arbitrage est une procédure juridictionnelle qui permet de régler les
litiges entre commerçants (personnes physiques ou morales). Loi n° 08 – 05 Promulgué par
(dahir n°1-07-169 du 30 novembre 2007.
Dans ce mode de règlement de litige on s'adresse non pas à des magistrats de carrière
siégeant dans les tribunaux appartenant à l'appareil judiciaire de l'Etat, mais à des arbitres.
L’arbitrage doit obligatoirement avoir été convenu par écrit entre les parties sous la forme
d’une clause d’arbitrage insérée dans le contrat ou d’un compromis d’arbitrage.
Les obligations de fonds et de forme de l’arbitrage doivent être respectées sous peine de
nullité. Elles sont précisées par la loi.
L’arbitrage ne correspond pas au règlement à l’amiable mais c’est une justice contractuelle
règlementé par la loi.
A ne pas confondre l’arbitrage avec la médiation. L'arbitrage concerne la résolution d’un
litige alors que la médiation est un processus de négociation chargé de faciliter la
conclusion d'une transaction et non pas le règlement d’un litige.

d) Le régime général des actes de commerce en matière de prescription

En matière commerciale, la prescription extinctive (la prescription qui libère le débiteur du


fait de l’inaction prolongée du créancier) est plus brève qu’en droit civil.
Elle est de 5 ans alors qu’il est de 15 ans en droit civil, sauf dispositions contraires.
Ce délai concerne les obligations entre commerçants et entre ceux-ci et les non
commerçants.

II- Les activités commerciales

Comme est le cas pour les actes de commerce, les activités commerciales sont fondées sur
le critère de la commercialité et régies par le Droit commercial. Ainsi, on trouve :

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 Les activités de commerce par nature ;
 Les activités de commerce par la forme ;
 Les activités de commerce par accessoire.

1- Les activités de commerce par nature

Le Code de Commerce énumère les activités considérées comme commerciales par nature
(Articles 6, 7 et 8). Cette liste n’est pas exhaustive :

1- L'achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature soit
après les avoir travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer ;

2- La location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location ;

3- L'achat d'immeubles en vue de les revendre en l'état ou après transformation

4- La recherche et l'exploitation des mines et carrières ;

5- L'activité industrielle ou artisanale ;

6- Le transport ;

7- La banque, le crédit et les transactions financières ;

8- Les opérations d'assurances à primes fixes ;

9- Le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremise ;

10- L'exploitation d'entrepôts et de magasins généraux ;

11- L’imprimerie et l'édition quels qu'en soient la forme et le support ;

12- Le bâtiment et les travaux publics ;

13- Les bureaux et agences d'affaires, de voyages, d'information et de publicité ;

14- La fourniture de produits et services ;

15- L'organisation des spectacles publics ;

16- La vente aux enchères publiques ;

17- La distribution d'eau, d'électricité et de gaz ;

18- Les postes et télécommunications.

 Toutes opérations portant sur les navires et les aéronefs et leurs accessoires (Art. 7 CC).
 Toutes opérations se rattachant à l’exploitation des navires et aéronefs et au
commerce maritime et aérien (Article 7 CC).
 Toutes activités pouvant être assimilées aux activités énumérées aux Article 6 et 7 du
CC.

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Les articles 6, 7, 8 du CC dégagent cinq types d'activités commerciales par nature :

 L'activité de négoce

Le premier acte de commerce de cette activité est l'achat pour revendre : Critère de
l'achat pour revente.
La jurisprudence exige que la revente soit destinée à dégager un bénéfice (critère de
spéculation et profit).

 Les activités de production

Cas des entreprises industrielles qui achètent des matières premières pour la revente sous
forme de produits finis ou semi finis.
Certaines activités de production sont exclues de la sphère de commercialité lorsque les
critères de « l’achat pour revendre » ou « le but spéculatif » font défaut. Ainsi, l’activité
agricole et l'activité de production intellectuelle restent des activités civiles.

 L’activité de transformation
ère
Il s’agit de l’achat de matières 1 ou les extraire du sol, et les revendre en biens finis ou semi-
finis.
Les activités de transformation concernent l'entreprise de manufacture. Ce terme désigne
la transformation d'une matière, que ce soit manuellement ou par l'intermédiaire d'une
machine. Mais toute manufacture ne constitue pas toujours une activité commerciale, il
existe une manufacture artisanale.
L’article 6 CC ne pose pas de distinction entre l’activité industrielle et l’activité artisanale. Il
reste aux tribunaux toute la liberté pour faire cette distinction.

 Les activités d’extraction

En principe, l'activité d'extraction des matières premières relève du droit civil. Il existe
toutefois des exceptions :
o La recherche et l'exploitation des mines et carrières est considérée comme un
acte de commerce, ainsi que l’exploitation des gisements de charbon, de
pétrole, de minerais…. (Article 6 du CC).
o L’exploitation des eaux minérales ou thermales entrent aussi dans la catégorie
des industries extractives (Article 7 CC).

 Les activités de fourniture de produits et de services

L’article 6 du CC range l’entreprise de fourniture aux cotés des agences et des bureaux
d’affaires et en fait une activité commerciale. Ainsi sont des activités commerciales les
services rendus par :
o Des loueurs de meubles.
o Les financiers ou les transporteurs.
o L’assurance.
o L’exploitation d’entrepôt et magasins généraux.
o L’organisation de spectacles publics.
o La distribution d’eau, d’électricité et de gaz.
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o La vente aux enchères publiques.
o Les postes et télécommunications.
o La bourse.
2- Les activités ayant une commercialité par la forme

Certains actes sont commerciaux, quelle que soit l’activité de celui qui les fait, en raison de
leur forme : signature d’une lettre de change et / ou une activité exercée par certain type
de société :
 La Société à Nom Collectif (SNC) ;
 La Société en commandite simple (SCS) ;
 La Société A Responsabilités Limitées (SARL) ;
 La Société par Action Simplifiée (SAS) ;
 La Société en commandite par actions.
 La Société Anonyme (SA).

3-Les activités ayant une commercialité par accessoire

La commercialité par accessoire englobe tous les contrats nés pour les besoins du
commerce et ceux conclus pour les besoins de ce commerce.
Exemple : Achat de matériel, emprunt bancaire, contrat d'assurance.
Cette commercialité par accessoire permet d'intégrer dans le droit commercial toutes les
opérations qui portent sur le fonds de commerce.
En revanche les actes que le commerçant accomplit sans rapport avec l’activité
commerciale sont des actes civils (achat d’une maison, d’un véhicule pour un usage privé).

4-Les activités de production exclues de la commercialité

Il est exclu de la sphère de commercialité :

 L’activité de production agricole

L’activité agricole reste civile car l’agriculteur vend les fruits de sa terre, ce qui empêche de
le classer parmi les commerçants pour cause d’achat pour revente.
L’agriculteur n’accomplit pas des actes de commerce et échappe donc au droit
commercial.
Par contre son activité devient commerciale :
 s’il devient distributeur des produits d’autrui et si les produits vendus provenaient
d’autres exploitations.
 Aussi, s’il se lançait dans l’industrie de transformation de produits agricoles ou de
produits extérieurs à sa propre exploitation ou s’il transforme les produits agricoles tels
que l’huile, la farine, le beurre...

 L’activité de la production intellectuelle

L’activité intellectuelle reste une activité civile car les intellectuels vendent leur propre savoir
(production des auteurs, compositeurs, artistes, écrivains, etc.). Toutefois, ceux qui sont
chargés de commercialiser l'activité intellectuelle sont cependant des commerçants.

12
III-Le commerçant (personne physique ou morale)

1- La qualité du commerçant : Définition

Le commerçant est « Toute personne qui, en dépit d'une interdiction, d'une déchéance ou
d’une incompatibilité, exerce habituellement une activité commerciale, est réputée
commerçant » (Article 11du CC).
En Droit français : Un commerçant est une personne physique ou morale qui exerce des
actes de commerce et en fait sa profession habituelle (Article L121-1 CC).

Pour être commerçant il faut faire des actes de commerce par nature ;

Pour être commerçant il faut faire des actes de commerce professionnellement ;

Pour être commerçant l’exercice de la profession doit être pratiqué de


manière personnelle et indépendante ;

Pour être commerçant l’exercice de la profession doit être pratiqué à titre


principal ;

Pour être commerçant il ne suffit pas d’exercer une activité commerciale à titre
professionnel et de façon indépendante, il faut aussi que les activités commerciales
exercées ne soient pas une simple conséquence, un simple prolongement d’une

13
activité civile qui constituerait la profession principale. Ainsi l’association sportive (dont
l’activité est civile) qui vendrait des équipements avec un léger bénéfice qu’elle
utiliserait pour moderniser ou entretenir les salles ne serait pas commerçantes.

2- Les différentes catégories du commerçant

On distingue les commerçants de droit, les commerçants de fait et les commerçants avec
fonds de commerce de ceux sans fonds de commerce.

a) Les commerçants de droit

Sont ceux qui exercent une activité commerciale en respectant les règles légales relatives
au commerce, à savoir l’intégralité des droits et des obligations pesant sur les commerçants
à savoir :
 Exercice de l’activité commerciale à titre habituel et professionnel pour leur compte ;
 Immatriculation au registre de commerce ;
 Tenue d’une comptabilité ;
 Paiement des impôts.

b) Les commerçants de fait

Sont ceux qui selon la loi et la jurisprudence exercent une activité commerciale à titre
professionnel ou habituel, mais ils ignorent totalement la loi commerciale.
Ils ne sont pas immatriculés au registre de commerce et ne tiennent pas de comptabilité
pour diverses raisons.

 L’activité commerciale est licite mais le commerçant néglige de s’inscrire au RC ;

 L’activité commerciale est illicite et il est donc impossible de s’inscrire au RC (activités


interdites comme les armes, drogue…).

Cette qualification du commerçant de fait prive l’intéressé des droits du commerçant mais
elle fait peser sur lui toutes ses obligations.
Ainsi quand le commerçant de fait revendiquera les droits du commerçant ceux-ci lui seront
refusé.
Cependant, quand un tiers revendique des obligations à son encontre, elles se verront prises
en considération.

CHAPITRE II : LES CONDITIONS JURIDIQUES DE L’EXERCICE DU COMMERCE

Toute personne peut créer une entreprise dans le domaine de son choix. C’est une valeur
constitutionnelle. Toutefois certaines activités sont interdites et des conditions sont imposées
pour exercer certains commerces.
Ces interdictions et limitations tiennent soit aux personnes, soit au commerce envisagé.

SECTION I : LES CONDITIONS ET LIMITATIONS LIEES A LA PERSONNE DU COMMERÇANT

Le commerçant perd sa liberté ou son indépendance à cause d’une :


I- Incapacité ;
II- Incompatibilité de la condition avec la situation juridique où il se trouve ;
14
III- Interdiction légale ;
IV- Déchéance qui frappe l’intéressé.
V- Sanction ;

I- Les incapacités

La capacité juridique doit être respectée. Seul un majeur peut être commerçant, cela
signifie que le mineur, ne peut être commerçant, de même que les majeurs incapables.
Cette règle est fondée sur un souci de protection des tiers et de l’incapable lui-même.
La capacité pour exercer le commerce obéit aux règles du statut personnel (Moudawana).
On distingue : Le mineur commerçant et le majeur incapable.

1-Le mineur commerçant et broke people hhhhhh

a) Le mineur marocain musulman

L’âge de la majorité légale est fixé à dix-huit années grégoriennes révolues (Article 209
Moudawana). Pour pouvoir exercer le commerce, Il faut donc jouir de la capacité juridique
(avoir 18 ans). Toutefois, il existe deux dérogations :

o La déclaration anticipée de majorité / Tarchid ou émancipation, (Article


218 Moudawana). (16 ans +)

La Loi autorise le mineur à exercer le commerce à partir de 16 ans, sous certaines conditions.
 Il doit être émancipé, et être spécialement autorisé à exercer le commerce par son
père ou par sa mère ou par son tuteur légal.
 Le mineur ou son représentant légal doit demander au tribunal de déclarer sa
majorité de manière anticipée.
 L'acte d'autorisation doit être enregistré et affiché au tribunal de première instance
du domicile commercial du mineur.

o Le mineur doué de discernement (+12 ans)

Le mineur doué de discernement (+12 ans) peut recevoir une partie de ses biens afin de
l’administrer à titre d’essai après autorisation du tuteur légal ou du juge (Article 226 de la
Moudawana). Cette autorisation doit être inscrite au registre de commerce pour avertir les
tiers qu’ils traitent avec un mineur et pour le protéger puisque les tiers ne pourront lui opposer
la nullité d’un acte en se basant sur sa condition de mineur. (Article 13 CC).
Les actes du mineur doué de discernement sont valables s’ils lui sont pleinement profitables
et sont nuls s’ils lui sont préjudiciables. (Article 225 Moudawana).

b) Le mineur marocain de confession hébraïque

Il obéit à la loi de son statut personnel. Il est majeur à 20 ans mais peut exercer une activité
commerciale à sa puberté si ses parents l’acceptent.

c) Le mineur étranger (Article 15 CC)

« Est réputé majeur tout étranger ayant atteint 20 ans révolus même si sa loi nationale prévoit
un âge de majorité supérieure à celui qui est édicté par la loi marocaine ». (Ex : sa loi dit 21
15
ans). Quand un étranger n’a pas l’âge de la majorité requis par la loi marocaine et qu’il est
réputé majeur par sa loi nationale, il ne peut exercer le commerce qu’après autorisation du
tribunal (Ex : sa loi dit majeur à 16 ans.) (Article 16 CC).

2- Le majeur incapable

Les personnes âgées de 18 ans peuvent ne pas être capables en raison de maladies
mentales, ou de faiblesse d’esprit (l’aliéné mental ou de prodigalité) Article 217
Moudawana). Les incapables majeurs ne peuvent pas créer leur entreprise. Ils ne possèdent
pas la capacité commerciale mais uniquement la capacité civile.

II- Les incompatibilités

L’incompatibilité consiste à se trouver simultanément dans deux conditions juridiques, deux


statuts, dont les règles précises ne peuvent être appliquées en même temps. L’intéressé doit
faire son choix entre les activités civiles et les activités commerciales.
L’exercice du commerce est incompatible avec certaines professions telles que celles :

 Des membres des professions libérales ;

 Des officiers ministériels et auxiliaires de justice ;

 Des fonctionnaires publics (civils et militaires).

1-Les membres des professions libérales


Les personnes exerçant certaines professions libérales ne peuvent exercer ou participer à
une activité commerciale. Parmi ces derniers on trouve : les Médecins les commissaires aux
comptes, les avocats ou experts comptables sauf s’ils l’exercent dans le cadre d’une société
commerciale ; les architectes sauf s’ils font accomplir des tâches de construction ou
promotion libérale.
La méconnaissance des incompatibilités entraine des sanctions disciplinaires (Ex : Radiation
du barreau pour l’avocat) et parfois même pénales.
Les actes de commerce, dans ce cadre, demeurent valables et la personne réalisant ces
actes est considéré comme un commerçant de fait. Il est privé des droits du commerçant
mais toutes ses obligations sont prises en considération

2- Les officiers ministériels et auxiliaires de justice

Notaires, Huissiers et Adoul .

3- Les fonctionnaires publics (civils et militaires)

Le commerce est considéré comme incompatible avec l’exercice de la fonction publique


(Article 16 Dahir 24 février 1958 portant statut général de la fonction publique). Il n'est pas
possible de cumuler une activité commerciale avec la fonction publique. Le fonctionnaire
par conséquent ne peut exercer à titre professionnel une activité privée lucrative de
quelque nature que ce soit.
Toutefois, il peut être membre et diriger une société civile puisque cette dernière n'a pas
d'objet commercial.

16
III- Les Interdictions légales

La capacité commerciale ne peut pas tomber sous le coup d’une interdiction légale .

1- Les dirigeants de l’entreprise condamnés

La Loi interdit à certains condamnés d’exercer le commerce. Il s’agit notamment des


personnes condamnées à des peines d’emprisonnement à plus de trois ans pour crime ou
délit.
Il s’agit des infractions énumérées par la loi (Articles 702 et suivants CC). Ce sont
principalement :
 Le crime, le vol, l’extorsion, l’escroquerie, le blanchiment, le détournement, le recel,
le faux et l’usage de faux et la corruption).

 Tous les délits concernant le droit des sociétés et le délit de banqueroute. (721CC).

2-Les commerçants ayant subi une faillite judiciaire (Article 704 CC)

L’exercice d'une activité commerciale est interdit à toute personne contre laquelle a été
prononcée la faillite personnelle ou l'interdiction de gérer.
La faillite personnelle entraîne l'interdiction de diriger ou de contrôler une entreprise. Cette
faillite intervient à l'occasion d'une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation
judiciaire et entraîne un certain nombre de restrictions pour les personnes concernées.

3-Les étrangers au Maroc

Les étrangers au Maroc n’ont le droit d’exercer le commerce sauf autorisation


administrative.

IV- Les déchéances (Articles 711 à 718 de Code de Commerce)

La déchéance est une mesure privative de la liberté d’exercer une profession commerciale
qui est prononcée par le tribunal. (Pour au moins 5 ans).
En vertu de l’article 711CC « La déchéance commerciale emporte interdiction de diriger,
gérer, administrer ou contrôler, directement ou indirectement, toute entreprise commerciale
ou artisanale et toute société commerciale ayant une activité économique ».

o La déchéance peut être prononcée à vie ou pour un certain temps ;

o La demande de réhabilitation se fait auprès du juge qui prononce un jugement de


réhabilitation.

o Le jugement de déchéance ou de réhabilitation est inscrit au registre de commerce.

Cas de déchéance :

 Le dirigeant de société qui a disposé des biens de la société comme les siens.

17
 Le dirigeant de société qui a poursuivi abusivement dans un intérêt personnel une
exploitation déficitaire qui ne pouvait conduire qu’à la cessation de paiement de la
société (Article 706 CC).

 Défaut d’honorabilité : Personnes condamnés pour des infractions en relation avec


les affaires (vol, abus de confiance, escroquerie).

 Personne condamnée à une peine d'emprisonnement de plus de 3 mois (vol, abus


de bien sociaux, escroquerie). Il s'agit souvent d'une exclusion temporaire ;
 Officiers ministériels déchus et non réhabilités.

SECTION II : LES INTERDICTIONS ET LIMITATIONS LIEES AU COMMERCE

I- Les commerces interdits ou réglementés

1- Les commerces interdits (Activités interdites)

Certaines activités demeurent interdites pour des raisons de sécurité ou pour préserver la
santé publique ou la moralité. Parmi ces interdictions :

 Défense nationale ;
 Sécurité ;
 Vente des armes et explosifs pour préserver l’ordre public ;
 Vente les organes humains pour préserver la moralité ;
 Vente du corps humain (Prostitution), pour préserver la moralité ;
 Vente de la drogue pour préserver la santé publique…) ;
 Loterie, Jeux de hasard, casinos réservés aux entreprises ayant une autorisation de
l’Etat. (Moralité publique) ;
 Un monopole de l’État (les minerais ex : phosphates, le pétrole) ; les individus ne
peuvent exercer le commerce dans un domaine monopolisé par l’ETAT (Ex : Le
transport ferroviaire) ;
 Les associations, les partis politiques et les syndicats ne peuvent pas exercer une
activité commerciale.

2- Les commerces réglementés (Activités réglementées)

Il s'agit de professions dont l'accès et l'exercice sont subordonnés directement ou


indirectement, à la possession de qualifications professionnelles déterminées ou une
autorisation administratives préalable ou particulière.
Les activités réglementées sont soumises au contrôle. En cas de non-respect des conditions
d’exploitation, il y a retrait de l’autorisation.
Exemples de commerce règlementés :
 Certaines activités nécessitent la détention d’un diplôme (pharmacie, laboratoires
d’analyses médicales, les opticiens, …). L’autorisation est délivrée à un caractère
personnel.
 Certains commerces nécessitent la détention d’une licence, autorisation donnée par
les pouvoirs publiques (Exemple : les agences de voyage).
 Certains commerces, dont l’activité peut se révéler dangereuse pour la santé,
nécessitent la détention d’un agrément (Exemple : le transport). L’autorisation n’a pas
un caractère personnel.

18
 Certains commerces, dont l’activité peut se révéler dangereuse pour le patrimoine
du consommateur (Exemple : La banque et l’activité d’assurance).

3- Les activités libres

Sont celles qui ne sont ni interdites ni réglementées. À charge pour le commerçant


d’accomplir les autres démarches juridiques, notamment l’immatriculation au registre de
commerce.

CHAPITRE III : LES OBLIGATIONS DU COMMERÇANT

Afin de protéger l’entreprise et les tiers qui traitent avec elle contre les risques du commerce,
la Loi a prévu des protections légales qui créent pour l’entreprise commerciale des
obligations diverses :
I- Les obligations d’immatriculation (La publicité légale) ;
II- Les obligations comptables ;
III- Les obligations fiscales ;
IV- Les obligations en tant qu’employé.

SECTION I : L’OBLIGATION D’IMMATRICULATION AU REGISTRE DE COMMERCE (RC)

Cette immatriculation au RC est le point de départ de l’activité commerciale. Elle consiste


aux formalités qui s’effectuent essentiellement lors de la création de l’entreprise, mais aussi
au cours de sa vie, si certains éléments initialement fournis sont modifiés.
L’obligation d’immatriculation est la démarche juridique qui permet au commerçant de se
faire connaître par l’Etat et de faire connaitre aux tiers l’identité du commerçant ainsi que
son domaine d’activité. Elle est aussi destinée à fournir aux tiers des informations sur
l’entreprise. Cette immatriculation au RC, (commerçants individuels et dénomination
commerciale), doit être effectuée au secrétariat-greffe du tribunal du lieu de situation de
l’établissement principal du commerçant ou du siège de la société.

I- Règlementation des immatriculations au Registre de Commerce

Les personnes physiques et morales, marocaines ou étrangères, exerçant une activité


commerciale au Maroc sont tenues de se faire immatriculer au registre du commerce.

1- Délai
o L’immatriculation des personnes physiques doit être requise dans les trois mois de
l’ouverture de l’établissement commercial ou de l’acquisition du fonds de
commerce.
o L’immatriculation des personnes morales doit être requise dans les trois mois de leur
création ou de leur constitution. Il en est de même des succursales et agences
marocaines ou étrangères.

2- Déclaration d’immatriculation

L’immatriculation du commerçant est requise sur demande écrite du commerçant ou de


son mandataire. Au Maroc chaque entreprise commerciale doit avoir un document officiel
attestant de son existence. C’est ce qu’on appelle le modèle J ou le modèle 7.

19
o Les mentions obligatoires

Le Registre de Commerce (RC) doit comporter certaines mentions obligatoires :

Pour les commerçants personnes physiques (Article 42 CC) :


La déclaration d’immatriculation doit comporter tous les éléments permettant
d’identifier ledit commerçant : Nom, prénom, date de naissance, le nom sous lequel
il exerce le commerce nationalité, l’activité exercée, le siège de son entreprise, les
indications sur l’origine du fonds de commerce et l’enseigne si l’intéressé en possède,
date du certificat négatif pour l’inscription du nom commercial, date de
commencement d’exploitation.

Pour les commerçants personnes morales de droit public ou privé (Art. 43 et à 49 CC)
La déclaration d’immatriculation doit indiquer pour les sociétés commerciales : les
éléments permettant d’identifier les associés, actionnaires, la raison sociale, l’objet de
la société, l’activité exercée, le siège social, la forme juridique de la société, le
montant du capital social, la déclaration de toutes les décisions judiciaires sur la
dissolution de la société et celles portant la liquidation judiciaire, les nantissements du
fonds de commerce, le renouvellement et la radiation de l’inscription du privilège du
créancier gagiste, les brevets d’invention exploités et les marques de fabriques ou de
commerce ou de service déposés par le commerçant, la cession du fonds de
commerce, les décisions judiciaires prononçant l’interdiction du commerce. Identité
des gérants et des membres des organes d’administration, date et numéro d’un
dépôt des statuts au secrétariat greffe.

3- Les effets juridiques de l’immatriculation au RC

o Les personnes physiques ou morales immatriculées au RC sont présumées, sauf


preuve contraire, avoir la qualité de commerçant.

o Le numéro d’inscription au RC doit être mentionné sur tous les documents de


l’entreprise : facture, lettres, publicité… afin que les tiers le connaissant puissent obtenir
du RC les renseignements qui leurs sont utiles.

o Les sociétés ont la personnalité morale à dater de leur inscription au registre de


commerce.

o L’immatriculation a pour conséquence de doter la société (le groupement


économique) de la personnalité morale distincte de l’existence des personnes
physiques qui l’ont créées.

o Les commerçants de droit exercent le commerce et en supportent les charges.

o Les commerçants de droit bénéficient des avantages accordés par la loi (droit
au bail, en matière de preuve, délais de prescription…).

o En cas de cession ou de location d’un fonds de commerce, la personne


immatriculée reste solidairement responsable des dettes de son successeur ou
de son locataire tant qu’elle ne s’est pas fait radier du RC ou qu’elle n’a pas
fait modifier son inscription avec mention expresse de la vente ou de location.
20
o Seuls les faits et actes régulièrement inscrits au RC sont opposables aux tiers.

o Les commerçants non-inscrits risquent une amende et ne bénéficient pas de


la présomption de commercialité (Article 59 CC).

4- Les sanctions

a) Les sanctions sur défaut d’immatriculation

o Les personnes assujetties à l’immatriculation ou leurs mandataires encourent une


amende de 1.000 à 5.000 DHS s’ils ne remettent pas la déclaration
d’immatriculation ou d’inscription à l’expiration du délai d’un mois à compter
de la mise en demeure adressée par l’administration.

o Les personnes physiques ou morales qui ne se font pas immatriculer ne peuvent


se prévaloir à l’égard des tiers. Elles sont privées de tous les droits dont
bénéficient les commerçants.
Exemples :
• De la production de leurs documents comptables en justice pour faire
preuve.
• De la réclamation de la prescription quinquennale à l’égard des non
commerçants. (Article 5 CC).
• De la revendication de leur droit ă la propriété commerciale.
• De leur qualité de commerçant.
o Les personnes physiques ou morales qui ne se font pas immatriculer restent
soumises à toutes les obligations des commerçants.

b) Les sanctions pour indications inexactes

Toute indication inexacte donnée de mauvaise foi en vue de l’immatriculation ou de


l’inscription au RC est punie d’emprisonnement d’UN mois à UN an et d’une amende de
1.000 Dhs à 50.000 Dhs (Article 64 du CC).
Ces peines sont doublées en cas de récidive dans les 5 années qui suivent le prononcé de
la première condamnation (article 67 du Code de Commerce).

5- Les inscriptions modificatives

Toute modification de l’activité professionnelle, de la situation personnelle ainsi que


demande de radiation doit être signalée. Elles ne concernent que le changement ou la
modification qui portent sur les faits qui ont fait l’objet d’une inscription au registre du
commerce (ex : vente, apport en société ou nantissement du fonds de commerce ;
déplacement du siège social, modification du capital de la société ; changement
d’adresse, nom de famille d’activités…).

6- La radiation

C’est la suppression d’une immatriculation au RC. Elle peut intervenir dans les cas suivants :
 Cessation de l’activité commerciale par le commerçant immatriculé au RC.
 Décès du commerçant, sans qu’il y ait cessation du Fonds de commerce.
21
 Dissolution d’une société ;
 En cas de d’acquisition ou de location d’un Fonds de Commerce, le précèdent
propriétaire procède à radiation de l’inscription du FC cédé ou loué.
Aussi, est radié d’office tout commerçant :
 Frappé d’une interdiction d’exercer une activité commerciale en vertu d’une
décision judiciaire.
 Décédé plus d’un an.
 A cessé depuis plus de 3 ans l’exercice de l’activité pour laquelle il s’est inscrit au RC.

SECTION II : LES OBLIGATIONS FISCALES

I- Identification fiscale

Toute personne qui exerce une activité lucrative doit disposer d’un identifiant fiscal auprès
de l’Administration des Impôts afin de pouvoir payer ses impôts.
Le commerçant (personne physique ou morale) devra informer l’administration des impôts
de toute modification des caractères de l’entreprise tout le long de la vie de cette
dernière.

II- Obligation de déclaration des revenus pour payer ses impôts

o Pour les sociétés de personnes : option pour l’IR ou l’IS.


o Pour les sociétés de capitaux, sont soumises d’office à l’IS.

SECTION III : LES OBLIGATIONS COMPTABLES

Le Code de Commerce impose à tous les commerçants, personnes physiques ou morales, de tenir
une comptabilité régulière (Article19 à 26 CC).
La tenue de la comptabilité régulière présente un intérêt pour :
 L’Etat puisque l’assiette des impôts est calculée sur le chiffre d’affaires.
 L’entreprise à qui la comptabilité permet de contrôler et de maîtriser son fonctionnement, sa
gestion et ses résultats.
 Les tiers (fournisseurs, banquiers) qui sont informés de la solvabilité de l’entreprise.

I- L’objet de l’obligation comptable

Les commerçants doivent procéder à l’enregistrement comptable des mouvements


affectant les actifs et passifs de l’entreprise. A partir de ses livres comptables, l’entreprise doit
établir des documents annuels à la fin de son exercice. (Article 1er de la loi n° 9-88)
Les documents comptables comprennent : le bilan, le compte de résultat et une annexe.

II- L’intérêt des livres comptables

En cas de litige la comptabilité est admise par le juge pour faire preuve entre commerçants
à raison des faits de commerce (Article 19 CC).

III- La force probante de la comptabilité n’est pas uniforme

 La comptabilité régulièrement tenue peut faire preuve en faveur de celui qui la tient,
mais seulement entre commerçants et pour des faits de commerce (Art.19 al 2 CC).
22
 Les documents comptables ne font pas preuve contre les non commerçants.
 Les documents comptables font preuve contre commerçant qui les tient même s’ils
sont irrégulièrement tenus (Article 20 CC).

SECTION IV : LES AUTRES OBLIGATIONS

I- Ouverture d’un compte bancaire ou postal

Le commerçant devra obligatoirement utiliser un compte-chèques pour recevoir ou


effectuer certains payements. Les règlements importants supérieurs à 10 000Dhs doivent
légalement être payés par chèque.

II- Présentation et observation des documents comptables

Les documents comptables et les pièces justificatives doivent être conservés pendant 10
ans. Les originaux des correspondances reçues et les copies des correspondances envoyées
doivent également être conservés pendant 10 ans car ce sont des moyens de preuves.

III- Les obligations d’information des organismes sociaux

Cas du commerçant employeur :


 Il doit déclarer ses salariés à la Caisse Nationale de la Sécurité sociale (CNSS) pour
qu’ils puissent bénéficier du régime de protection sociale.
 Payer ses cotisations sociales.
 L’entreprise doit s’affilier aux différents régimes de la sécurité sociale :
 Régime général pour les salariés de l’entreprise ;
 Régime de retraite.

SECTION V : LES PREROGATIVES DES COMMERÇANTS

Les commerçants sont électeurs et éligibles aux chambres de commerce, d’industrie et des
services (CCIS). Ces chambres de commerce sont des organismes professionnels où sont
représentés les commerçants détaillants, les entreprises industrielles et les entreprises de
services.
Les Chambres sont chargées de missions à caractère représentatif, consultatif, d’appui et
de promotion.

CHAPITRE IV : L’ENTREPRISE COMMERCIALE

SECTION I : DÉFINITION DE L’ENTREPRISE COMMERCIALE

Il existe plusieurs définitions de l’entreprise :


 La définition économique ;
 La définition sociale
 La définition organisationnelle ;
 La définition juridique.

23
I- La définition économique de l’entreprise

Parmi les définitions économiques celle qui qualifie l’entreprise comme une « Unité
économique, combinant divers facteurs de production, produisant pour la vente des biens
et des services et distribuant des revenus en contrepartie… ».

II- Définition sociale de l’entreprise


« L’entreprise est une unité économique, et sociale qui permet la production et la vente de
biens et de services répondant à un besoin par le biais de la mise en œuvre de moyens
humains et matériels.».

III- Définition organisationnelle de l’entreprise

« L'entreprise est une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant


d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources
courantes ».

IV- Définition juridique de l’entreprise

L'entreprise « est un ensemble de moyens (un projet, un lieu de décision et de gestion


économique) ».
Selon le droit français « L’entreprise est une unité économique, juridiquement autonome
dont la fonction principale est de produire des biens ou des services pour le marché ».

Dans le langage courant, on appelle aussi « entreprise » une structure qui réunit un certain
nombre de moyens destinés à l'exercice d'une activité économique prédéterminée. Ainsi,
aujourd'hui, on parle d'entreprise artisanale, agricole commerciale, etc.
Toutefois, l’entreprise commerciale se distingue des autres :
 Par son objet : l'activité exercée par l'entreprise commerciale est commerciale.
 Par son sujet : le commerçant.
 Par ses clients : notamment les consommateurs.
 Par les personnes avec lesquelles elle exerce son activité. Elle a des partenaires qui
constituent un réseau.

SECTION II : TYPES D’ENTREPRISES AU MAROC SELON LEURS STATUT JURIDIQUE


Le statut juridique de l’entreprise résulte du nombre de personnes qui participent au projet
de sa création. Ainsi, il existe deux options quant au choix de la structure juridique :

I- La création d'une Entreprise Individuelle

 Entreprise Individuelle classique ;


 Entreprise Individuelle A Responsabilité Limitée Associé Unique (SARLAU) ;
 Devenir Auto-entrepreneur.

II- La création d'une société

 SARL : Société à Responsabilité Limitée ;


 La SA : Société Anonyme ;

24
 La SAS : Société Anonyme Simplifiée ;
 La SNC : Société en nom collectif ;
 La SCS : Société en Commandite Simple ;
 La SCA : Société en Commandite par Actions ;
 GIE : Groupement d'intérêt économique.

Ces formes de sociétés sont toujours considérées de forme commerciale même si


leur activité n’est pas commerciale. (Article 2 de la loi n° 5 - 96 sur les sociétés).

SECTION III : L’ENTREPRISE INDIVIDUELLE

I- Définition de l’entreprise individuelle

Il n’existe aucune définition juridique de l’entreprise individuelle car elle n’a pas d’existence
juridique propre. L’entreprise est juridiquement confondue avec son exploitant et comme
son nom l'indique, l'entreprise individuelle est une entreprise en nom propre qui ne dispose
pas de la personnalité morale. L'entrepreneur et l'entreprise constituent une seule et même
entité sur le plan juridique, même si, sur le plan comptable et fiscal, les activités
professionnelles de l'entrepreneur sont clairement séparées de ses activités civiles.

II- Les caractéristiques de l’entreprise individuelle

1- Personne unique/ Personne physique

L’entreprise individuelle est une entreprise dirigée par une seule personne (absence
d’associé), et qui n'a pas de personnalité morale, bien qu'elle soit parfois inscrite au registre
du commerce (pour les commerçants et industriels).
Par conséquent :

 Il n’y a pas des Statuts à rédiger, étant donné qu’aucune personne morale n’est
créée.
 Il n’y a pas de notion de capital.
 Il n’y a pas d’associé.

2- Souplesse et simplicité

L’entreprise individuelle représente un cadre d’exercice souple, simple et adaptable,


contrairement aux sociétés qui sont souvent soumises à un formalisme juridique lourd. A titre
d’exemple, une société anonyme (SA) nécessite la mise en place d’organe de gestion, la
nomination d’un ou plusieurs commissaires aux comptes, le respect des règles de
fonctionnement nombreuses et contraignantes édictées par la loi.

3- Responsabilité illimitée

Le dirigeant de l’entreprise individuelle dispose de très larges pouvoirs qui trouvent leur
contrepartie dans une responsabilité très étendue. Le dirigeant organise librement
l’exploitation de son entreprise.
Dans le cadre de l’entreprise individuelle les personnes recrutées par l’entrepreneur
25
travaillent sous la dépendance de ce dernier. Ce lien de subordination permet de distinguer
l’activité des salariés des fonctions accomplies par des professionnels indépendants
(concessionnaire, agent commercial, commissionnaire ou courtier).

III- Les partenaires privés et publics de l’entreprise individuelle

L'un des partenaires essentiels de l’entreprise est l'établissement financier dont l'intervention
est nécessaire au développement de l'entreprise, et les partenaires commerciaux qui
forment les réseaux de distribution de l'entreprise.
Les partenaires publics interviennent dans différents secteurs : droit de la concurrence, droit
du travail, droit fiscal pour essayer de faire respecter l’équilibre entre les forces en présence
au bon fonctionnement du marché.

IV- Les conséquences de l’absence de la qualité juridique propre à


l’Entreprise Individuelle

La vie juridique de l’entreprise individuelle se confond avec celle de son exploitant d’où les
conséquences suivantes :

1- L’entreprise individuelle n’a pas de patrimoine propre

Les biens consacrés par l’entrepreneur à son entreprise (fonds de commerce, marchandises,
matériels ...) restent sa propriété et font partie de son patrimoine. Ainsi, l’ensemble du
patrimoine de l’entrepreneur garanti l’ensemble de ses dettes.
Lorsque les dettes commerciales sont importantes, l’entrepreneur pourra être obligé de
vendre ses biens personnels (maison, voiture …) pour les payer.
Afin d’éviter à l’exploitant de l’entreprise individuelle cette déplaisante situation, le
législateur a créé la Société à Responsabilité Limité à Associé Unique (SARLAU). Cette
dernière peut être propriétaire de l’entreprise et permet de distinguer le patrimoine
commercial de celui de l’entrepreneur/associé unique.

2- Au point de vue fiscal c’est l’exploitant qui est imposé et non l’entreprise

Ce n’est pas l’entreprise qui est taxée puisqu’elle n’a pas d’existence juridique mais c’est
son exploitant qui doit déclarer son bénéfice commercial avec les autres revenus (loyers,
intérêts…).

3- L’entrepreneur ne peut pas être salarié de l’entreprise

Bien qu’il travaille dans l’entreprise et en tire un revenu, l’entreprise ne peut être considérée
comme son employeur puisqu’elle n’a pas d’existence juridique propre.
L’entrepreneur individuel n’a donc pas le statut de salarié. Il ne peut pas cotiser au régime
général de la sécurité sociale.
Pour obtenir le statut de salarié cadre, il peut constituer une société dans laquelle en tant
que principal responsable, il aura ce statut, mais l’entreprise individuelle disparaîtra.

4- Les obligations légales

Le chef de l’entreprise doit obligatoirement :


26
o Ouvrir un compte auprès d’un établissement bancaire ;
o Tenir une comptabilité conformément aux règles en vigueur, laquelle peut
constituer un mode de preuve en cas de litige ;
o Conserver les correspondances et pièces justificatives pour une durée de 10
ans.

PARTIE II : LES BIENS DE L’ENTREPRISE : LE FONDS DE COMMERCE

DEFINITION DU FONDS DE COMMERCE

Juridiquement le fonds de commerce est un bien meuble incorporel constitué par


l’ensemble de biens mobiliers affectés à l’exercice d’une ou de plusieurs activités
commerciales. (Article 79 du CC).
Exemples : une épicerie, une boulangerie, un magasin, une usine, un cinéma, une école,
un hôtel, une banque …etc.

CHAPITRE I : LES ELEMENTS CONSTITUANTS UN FONDS DE COMMERCE

Le fonds de commerce est composé d’éléments :


o Corporels, tels que le mobilier, l'outillage, marchandises.
o Incorporels, tels que la clientèle et les éléments distinctifs (Article 80 du CC).

SECTION I : LES ELEMENTS CORPORELS DU FONDS DE COMMERCE


Il s’agit de biens meubles corporels. Il existe deux sortes d’éléments corporels : d’une part le
matériel et l’outillage, d’autre part les marchandises. Ces éléments corporels ont un
caractère facultatif. Exemple : Dans le commerce de services, il n’y a pas de marchandises
et dans la distribution, on peut se passer de l’outillage).

I- Le matériel et l’outillage

Il s'agit des machines, de l'équipement, des outils qui servent à l'exploitation du fonds de
commerce et qui sont la propriété du commerçant (Ex. : les machines, le mobilier de bureau,
le matériel de transport, les agencements). Le matériel et l’outillage ont un caractère stable
au sein de l’entreprise.
Le matériel et l’outillage peuvent être indispensables (EX. : pour l'entreprise des travaux
publics).
Le matériel et l’outillage peuvent être inexistants, (EX. : pour les commerces de distribution,
où parfois, à l'exception des marchandises à vendre, un équipement spécifique n’est pas
nécessaire.

II- Les marchandises

Il s’agit d’une part des matières premières et produits semi finis servant à la fabrication et,
d’autre part, des produits mis en vente et qui sont la propriété du commerçant.

27
Comme pour le matériel et l’outillage les marchandises peuvent être absolument essentiels
dans un fonds de commerce. (EX. : pour l'entreprise de transport routier).
Elles peuvent être aussi inexistantes dans un fonds de commerce. (EX. : pour les agents de
change. Elles n'ont pas de stock de marchandises).
Parfois l’entreprise utilise pour son propre usage les produits qu'elle fabrique et met en vente.
Dans ce cas, le critère de stabilité fait la différence entre le matériel et les marchandises.
Ainsi, contrairement au matériel les marchandises ont un caractère essentiellement mouvant
car elles sont destinées à la vente.

SECTION II : LES ELEMENTS INCORPORELS DU FONDS DE COMMERCE

Les éléments incorporels constituent les éléments les plus importants du fonds de commerce
et jouent souvent un rôle essentiel lors de la création ou du développement de l’entreprise.
« Le fonds de commerce comprend obligatoirement, la clientèle et l'achalandage ». « Il
comprend aussi tous autres biens nécessaires à l’exploitation du fonds tels que le nom
commercial, l'enseigne, le droit au bail, le mobilier commercial, les marchandises, le matériel
et l'outillage, les brevets d'invention, les licences, les marques de fabrique, de commerce et
de service, les dessins et modèles industriels et, généralement, tous droits de propriété
industrielle, littéraire ou artistique qui y sont attachés (Article 80 du CC, al 1 al 2).
Cette énumération n’est pas limitative. De nombreux éléments peuvent être ajoutés comme
un contrat de crédit-bail.

I- La clientèle et l'achalandage : Eléments obligatoires du fonds de commerce

« Le fonds de commerce comprend obligatoirement, la clientèle et l'achalandage ». (Article


80 al 1 du CC). La clientèle et l’achalandage constituent l’ensemble des personnes qui se
fournissent chez un commerçant ou qui ont recours à ses services.

1- Définition de l'achalandage

Il s’agit de la clientèle de passage attirée par la commodité ou la proximité de


l'établissement mais n’effectuant que des achats occasionnels.

2- Définition de la clientèle

Elle est constituée par les clients qui s'approvisionnent régulièrement auprès d'un fonds de
commerce, d’une façon permanente et fidèle en raison de la compétence ou du savoir-
faire du commerçant.
Il ne faut pas confondre la clientèle à l’achalandage. La clientèle doit être réelle, certaine
et propre à l’exploitant. Un fonds de commerce peut avoir une clientèle dès son ouverture.

a) Nécessité de la clientèle

La clientèle est la condition de l'existence même des relations commerciales, sans laquelle
le commerce lui-même ne peut exister. Ainsi, l’existence du fonds de commerce dépend de
l’existence de la clientèle. (L’al 1er de l’article 80 du CC).
Les commerçants qui n’ont pas de clientèle propre ne sont pas propriétaire d’un fonds de
commerce. Ainsi, celui qui exploite la clientèle d’autrui n’a pas de fonds de commerce.
La clientèle est une condition de transmission de fonds de commerce. La vente du fonds
suppose que la clientèle passe à l’acquéreur.
28
b) Caractères de la clientèle

La clientèle doit réunir deux conditions :


 Être commerciale (Réelle, certaine, actuelle) ;
 Être personnelle à l'exploitant.

o Une clientèle commerciale : Réelle et certaine

La clientèle doit être une clientèle réelle, certaine, actuelle. Une clientèle potentielle ne suffit
pas à révéler l’existence d’un fonds de commerce.
Une clientèle réelle et certaine peut subsister malgré une fermeture temporaire. Cependant,
la cessation de l’exploitation fait disparaitre la clientèle et donc le fonds de commerce.
Le fonds de commerce est constitué dès la première opération traité avec la clientèle.
La réalité de la clientèle se mesure par la durée de l’exploitation et le chiffre d’affaires à
partir des livres comptables.

o Personnelle au titulaire du fonds de commerce

La clientèle doit être personnelle à l'exploitant. Ce critère d’appartenance et de


dépendance n’est toujours pas facile à prouver, dans la pratique, lorsque deux entreprises
sont en état de dépendance commerciale ou juridique.

Exemple 1 :
La propriété de la clientèle d’un restaurant exploité dans l'enceinte d’un club de sport est
attribuée, par la jurisprudence, à l’exploitant du club et non pas à l’exploitant du restaurant
car l’activité commerciale du restaurant se trouve sous la dépendance du club.

Exemple 2 :
La propriété de la clientèle attachée au FC, exploité par un franchisé dans un centre
commercial est attribuée, par la jurisprudence, à l’exploitant de la franchise car il assume à
ses risques et périls l’exploitation du FC.

II- Le droit au bail : Propriété commerciale (Article 80 al 2 du CC)

Le droit au bail attribue au commerçant ou à l’artisan (Personne physique ou morale) la


propriété commerciale et le droit de renouvèlement du bail commercial. Il sert à rallier la
clientèle et garantir la stabilité du FC.
Il fait partie intégrante du FC même s'il existe des FC sans droit au bail. (Article 80 al 2 du CC).
(Cas de la propriété du local du FC par le propriétaire même de FC).

1- Définition du bail commercial

Le bail commercial est un contrat de location utilisé pour la location de locaux où sera
exploité un FC, industriel ou artisanal (boutique, magasin, restaurant, hôtel, atelier,
boulangerie, épicerie, librairie, etc.). Un bail commercial peut être également conclu
pour un bail commercial terrain nu.

29
2- Les règles propres aux baux commerciaux

Ces règles sont applicables aux baux des immeubles ou locaux dans lesquels un Fonds de
commerce (FC) est exploité par un commerçant ou à un industriel immatriculé au RC.

a) La forme du contrat du bail commercial

Le bail commercial doit obligatoirement être écrit et un état descriptif des lieux
contradictoire doit être dressé au moment de la prise de possession. (Loi 49-16 relative aux
beaux d’immeubles ou de locaux loués à usage commercial, industriel et artisanal, entrée
en vigueur le 11 février 2017).
Le respect de cette exigence est déterminant pour enclencher certaines procédures et
obtenir certaines indemnités.

b) La durée du bail commercial

La durée normale du bail commercial est de 9 ans. Mais la durée est parfois supérieure : c’est
le cas des baux signés dans les galeries commerçantes des hypermarchés par exemple.

Si le propriétaire peut résilier le bail au bout des 9 ans, le locataire lui peut résilier son bail au
bout de 3 ans, 6 ans, ou 9 ans. D’où l’appellation « bail 3. 6. 9 ».

c) L’objet du contrat de bail (destination des lieux)

Le locataire doit utiliser le local loué conformément à sa destination. Il ne peut donc exercer
dans le local commercial que les activités autorisées par le bail (Loi 49-16).
o Clause de spécialisation
Le contrat de location peut dans certains cas restreindre les activités en insérant une clause
de spécialisation. Cette clause permet au propriétaire de l’immeuble d’en contrôler
l’utilisation. Le non-respect par le locataire de la clause de spécialisation entraîne en
principe la résolution du contrat.
Pour modifier l’activité autorisée, il faut réaliser une procédure de « déspécialisation»
compte tenu de la conjoncture économique ou lorsque les nouvelles activités sont
compatibles avec la destination principale.
o Clause d’exclusivité

Par cette clause, le bailleur s’interdit de louer un autre local dans le même immeuble par
exemple pour l’exercice de la même activité par un autre commerçant.
En cas de non-respect de cette clause par le bailleur, celui-ci s’exposera à une action en
dommages - intérêts et en annulation du contrat de bail.

d) La cession du droit au bail

Le propriétaire du Fonds de commerce dispose de la liberté de céder à un tiers, son droit de


bail avec ou séparément des autres éléments du FC, par un acte écrit, sans l’accord
préalable du propriétaire. (Art. 25 loi 49-16).

30
La première condition à laquelle doit répondre cette cession, est d’informer le bailleur. A
défaut, la cession ne produira pas d’effet à son égard.
Pour que la cession du bail soit valable elle doit être sous forme d’un acte authentique ou
sous seing privé ayant date certaine.
En cas de cession, le locataire initial demeure redevable envers le bailleur de toutes ses
obligations. Le nouveau preneur ne sera obligé que devant son cocontractant.

Le bailleur bénéficie d’un droit préférentiel qu’il peut exercer dans un délai de 30 jours, lui
permettant la restitution du local loué. Pour l’exercice de ce droit, il devra verser l’ensemble
des sommes payées par le cessionnaire du FC (ou les déposer).

Si le bailleur ne procède pas au versement des dites sommes dans ce délai ne de 30 jours à
compter du jour de la réception de l’avis, le propriétaire ne peut plus se prévaloir de son
droit de préemption prévaloir de son droit de préemption.

e) La sous-location du bail commercial

Le locataire peut sous-louer tout ou partie des locaux, sauf mention contraire figurant au
bail. A condition toutefois, d’en informer le bailleur et que le montant du loyer ne dépasse
pas le loyer initial. Dans le cas contraire, le bailleur a le droit de revoir à la hausse le loyer
principal.
Les preneurs (initial et sous-locataire) restent solidaires vis à vis du bailleur.
Le sous-locataire doit s’engager à ne pas changer d’activité commerciale sans l’accord du
bailleur. La flexibilité de la nouvelle loi autorise toutefois le changement partiel d’activité à
condition de respecter les spécificités du local.

f) Le prix du bail

En pratique le prix dépend de différents critères. A titre d’exemples :


 La qualité de l’emplacement du local ;
 Le potentiel du local (possibilité d’agrandissement ou de réaménagement) ;
 L’état du local (travaux de rénovation à prévoir ou non).
 La possibilité de sous-louer ou de mettre en gérance le commerce.
 Le montant des charges locatives ou charges d’entretien.

Mais les critères essentiels restent la loi de l’offre et de la demande et le pouvoir de


négociation des parties.
Le montant du loyer fait l’objet d’une révision triennale (tous les 3 ans), plafonnée à 10% du
loyer. Les modalités sont définies dans le contrat de bail.

III- Le nom commercial

1- Définition
Le nom commercial est l’un des éléments d’identification du FC. Il désigne l’appellation sous
laquelle le commerçant, (Personne physique ou morale) exerce une activité. Lorsque
l’entreprise est individuelle, le nom commercial peut être le nom patronymique du
commerçant.
Le nom commercial est l’appellation du FC à ne pas confondre avec la dénomination
sociale qui est l’appellation de la société.

31
2- Effets en cas de vente du nom commercial

o Le nom commercial fait partie du FC avec lequel il peut être cédé et transmis avec
lui ou à titre isolé, donc on ne peut pas interdire à l’acquéreur de l’utiliser.

o On ne peut plus l’utiliser soi-même pour exercer son commerce, car vendre, c’est
transférer la propriété du nom commercial à l’acquéreur.

3- Protection du nom commercial

La protection du nom commercial se fait par un dépôt du nom commercial auprès de


l’Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC). Cette protection
interdit à un autre commerçant d’utiliser le nom protégé.

IV- L'enseigne commerciale

L’enseigne comme le nom commerciale est un signe de ralliement. C’est une inscription,
une forme ou une image qui permet d’individualiser le lieu où s’exerce l’activité.
Elle peut être soit le nom commercial lui-même, soit une dénomination de fantaisie ou un
emblème.
Comme le nom commercial, c'est un objet de propriété incorporelle, cessible à titre isolée
ou avec le fonds de commerce.
L'enseigne est protégée par l'action en concurrence déloyale, aux mêmes conditions que
le nom commercial.
Il arrive qu’une enseigne soit commune à une chaine de magasins pratiquant une politique
commune de distribution (dans le contrat de franchise, le commerçant verse une
redevance au titulaire de l’enseigne pour pouvoir l’utiliser).
L’enseigne commerciale est un élément facultatif du FC. Sa réglementation est identique à
celle du nom commercial. Elle peut être protégée par un enregistrement à l’OMPIC.

V- Les droits de propriété industrielle

Ce sont des biens qui procurent à leur propriétaire un monopole d’exploitation ou


d’utilisation. Ces biens comprennent les brevets, marques, dessins et modèles. Grace à ces
monopoles, le commerçant attire et retient la clientèle.

Ces droits deviennent des éléments du FC mais ils peuvent en être détachés.
Il existe deux catégories des droits de propriété industrielle :
 Des droits sur des créations nouvelles ;
 Des droits sur des signes distinctifs, soumis à un régime spécifique.

Le dahir n° 1-00-19 du 15 février 2000 portant promulgation de la loi n°17-97 relative à la


protection de la propriété industrielle aborde et modernise l’ensemble des aspects de la
propriété industrielle.

VI- Les brevets d’invention

Le brevet d’invention est un titre de propriété par lequel l’inventeur d’un produit ou d’un
procédé reçoit un monopole d’exploitation pendant 20 ans non renouvelables.
32
Le brevet peut être vendu ou loué (fabrication sous licence).

Pour être brevetée, l’invention doit satisfaire des conditions de fond et de forme :

 L’invention doit être nouvelle, (n’a pas déjà été imaginée ni disponible) ;

 L’invention doit résulter d’une action inventive. (Ne découle pas d’une manière
évidente de l’état de la technique) ;

 L’invention doit être susceptible d’une application industrielle, par exemple, la


découverte d'un produit nouveau ou d'un nouveau procédé de fabrication.

VII- Les marques de fabrique et de service

Une marque est un signe distinctif qui permet à une entreprise, en utilisant un signe
quelconque, de se distinguer des autres. On peut distinguer deux marques :

o La marque nominale :
Elle correspond au nom patronymique, géographique, dénomination
de fantaisie, ou encore d’une marque de distribution.
o La marque figurative ou emblématique :
Il s’agit de la forme du produit, de son conditionnement (la bouteille de
la mayonnaise par exemple, un logo type dit usuellement « logo » (le
crocodile de Lacoste, etc…), de la combinaison ou de la disposition
des couleurs…).

La marque peut être une marque de fabrique, de commerce, ou de service.

o La marque de fabrique est opposée par un fabriquant aussi bien sur un


produit intermédiaire que sur un produit fini.
o La marque de commerce est celle qu’un commerçant appose sur des
produits qu’il met en vente.
o La marque de service est utilisée pour désigner des services qu’offre
l’entreprise.

La marque est un élément facultatif du fonds de commerce. Elle peut être protégée par son
enregistrement à l’OMPIC. La durée de la protection et de 10 ans, mais des dépôts successifs
permettent de conserver indéfiniment la propriété de la marque.
Le propriétaire de la marque a les mêmes droits et les mêmes obligations que le propriétaire
d’un brevet.

VIII- Les dessins et les modèles

Ce sont des créations à caractère décoratif qui donnent à l'objet un aspect extérieur
spécifique et nouveau. Les dessins et modèles sont très importants pour l'industrie des
carrosseries, des meubles, des tissus, etc..).

33
L'auteur du dessin ou du modèle reçoit un droit exclusif à la suite d'un dépôt auprès OMPIC.
Le dépôt de dessins et modèles s'inscrit dans un cadre juridique privilégié.
Il existe deux protections :

o Protection de Droits d’auteur ;


o Protection de Droits de la propriété industrielle et commerciale.
IX- Les autres éléments incorporels : Les licences ou autorisations
administratives

La valeur du fonds de commerce dépend de ses éléments (corporels et incorporels) mais


aussi de sa capacité à générer du chiffre d’affaires et du bénéfice, souvent grâce à de
nouveaux éléments incorporés au FC, en fonction de l’évolution de la vie économique.
Aussi, l’exercice de nombreuses professions commerciales est subordonné à l'octroi
d'autorisations administratives qui portent des noms divers (licence, agrément,
autorisations...), tel est le cas par exemple des professions de transports, de pharmacies.

Certaines de ces autorisations ont un caractère personnel (licence d'exploiter une


pharmacie). Elles ne sont délivrées que moyennant certaines conditions de capacité : étant
personnelles, elles ne font pas partie de l'entreprise et ne peuvent pas être cédées.

Certaines autorisations au contraire, ne présentent aucun caractère personnel, ces


autorisations sont cessibles isolément ou simultanément aux autres éléments d'exploitation.

SECTION III- LES ELEMENTS NON COMPRIS DANS LE FONDS DE COMMERCE

I- Les biens immeubles

Les biens immeubles ne peuvent pas faire partie du fonds de commerce (le local), même
s'ils sont la propriété de l'exploitant et constituent un élément déterminant d'attractivité pour
la clientèle. Ainsi, dès qu'un bien est qualifié d'immeuble, il ne peut plus faire partie du fonds.

II- Les créances et les dettes

Ce sont des obligations qui ont un caractère personnel. En cas de transmission il n’y pas de
transmission des dettes ou de créances, sauf si l’acheteur ne respecte pas certaines
obligations et dans le cas de la solidarité fiscale.

III- Les contrats

Les contrats en principe ne font pas partie intégrante du fonds de commerce et ne sont
pas transmis de plein droit alors même qu’ils sont nécessaires à l’exploitation et qu’ils font la
valeur du fonds de commerce.
A l’exception de ceux obligatoirement transmissibles comme le contrat du bail commercial,
les contrats de travail (code de travail), contrat d’assurance relative au fonds de
commerce se transmet avec les biens assurés.

34
IV-Les documents comptables

Elles ne font pas partie intégrante du FC et ne sont pas transmis de plein droit,
mais l’acheteur dispose d’un droit de consultation pendant 3 ans.

V- Le droit de terrasse

Le droit de terrasse est une autorisation délivrée à titre personnel. L’acheteur du FC doit
donc demander une nouvelle autorisation.

CHAPITRE II- L’EXPLOITATION DU FONDS DE COMMERCE

Le fonds de commerce peut être exploité :


o Directement par son propriétaire,
o Par un tiers en exécution d'un contrat de location-gérance.
SECTION I : EXPLOITATION PAR LE PROPRIETAIRE DU FONDS DE COMMERCE

I- Exploitation directe

Il y a exploitation directe du fonds de commerce lorsque le propriétaire du FC accomplit lui-


même toutes les opérations matérielles et juridiques de gestion. Dans ce cas, le propriétaire
a la qualité de commerçant.

L'exploitation directe peut également être exercée dans le cadre d'une société
commerciale. Ce sont les organes de la société (gérant, conseil d'administration,
administrateur général, etc…) qui exploitent effectivement le FC.

L'exploitation est également considérée comme directe lorsque le propriétaire la confie à


un tiers qui est lié à lui par un contrat de travail (gérant salarié) ou lorsqu'elle est confiée à
un administrateur provisoire par décision de justice.
La propriété du FC peut résulter de sa création ou de son acquisition par l’entrepreneur. Elle
peut être aussi la conséquence d’un crédit-bail.

II- Disparition de la propriété du fonds de commerce

La propriété du fonds de commerce étant étroitement liée à son exploitation, elle disparaît
dans les situations suivantes :
o Si la clientèle est définitivement perdue.
o Si tous les éléments du fonds ont été détruits.
o Si le commerçant disperse les éléments du FC de manière à en rendre impossible
l'exploitation.

SECTION II : EXPLOITATION PAR UN LOCATAIRE

I- Le crédit-bail du fonds de commerce

35
Sous le régime du crédit-bail l’établissement de crédit-bail achète le FC et le donne ensuite
en location-gérance au commerçant en vue de son acquisition ultérieure.
Le contrat de location-gérance dans ce cas est assorti d’une promesse de vente. Cette
promesse permet au locataire d’acquérir le FC à l’expiration du contrat de crédit-bail, pour
un prix résiduel égal au prix convenu avec l’établissement bancaire moins les redevances
déjà payées, plus les intérêts. S'y ajoutent certains frais, taxes et indemnités prévus dans le
contrat.
Le prix et les conditions d’exercice de la promesse par le locataire en fin de contrat devront
être clairement définis dans le contrat
Ce régime de crédit-bail permet au commerçant de financer progressivement son FC et
d'acquérir progressivement la propriété de son FC à l'expiration du bail moyennant un prix
résiduel.
L'établissement bancaire reste le propriétaire du FC jusqu’à l’acquisition de ce dernier par
le crédit-preneur à l’expiration du contrat de crédit-bail. Ainsi le crédit-bail confère à
l'établissement bancaire une garantie efficace car il n'est autre que le propriétaire du FC.

La technique du crédit-bail facilite aussi la transmission des entreprises : le vendeur du


fonds reçoit immédiatement le prix tandis que l'acquéreur n'a besoin ni d'un apport
initial, ni de garanties initiales.

Il existe une différence entre crédit-bail et le bail commercial


 Le crédit-bail : il désigne la location d'un fonds de commerce moyennant une
redevance.
 Le bail commercial : il désigne la location des murs d'un local commercial
moyennant un loyer.

II- La location-gérance ou gérance libre du fonds de commerce

La location-gérance est un contrat par lequel le propriétaire ou l'exploitant d'un FC


(personne physique ou morale) en concède totalement ou partiellement la location à un
gérant (personne physique ou morale) qui l'exploite à ses risques et périls moyennant le
paiement d’un loyer appelé « redevance de gérance » (Article 152 du CC). Cette
redevance peut être fixe ou liée au chiffre d’affaires ou au bénéfice.
La location-gérance permet au propriétaire d’un FC :
 D’avoir un revenu pendant une durée limitée ou illimitée ;
 De récupérer son fonds sans payer des indemnités.

1- Conditions de la gérance libre (Location-gérance)

La gérance libre suppose la réunion des conditions suivantes :

 Avoir la qualité de commerçant : Le gérant libre à la qualité de commerçant et il


est soumis à toutes les obligations qui en découlent,

 Être immatriculé au registre du commerce ;

 Exploiter le fonds conformément à l’activité du gérant ;

 Disposer d’une autorisation du bailleur pour conclure une location-gérance


lorsqu’il s’agit d’un bail commercial ;

36
 Indiquer sur tous documents relatifs à son activité commerciale ainsi que sur toutes
pièces signées par lui à cet effet ou en son nom, son numéro d’immatriculation
au registre du commerce et le siège du tribunal où il est immatriculé et sa qualité
de gérant libre du fonds.

2- Formalités légales de la gérance libre

Le contrat de location-gérance est soumis à un certain nombre de formalités :

 L’immatriculation du locataire au registre de commerce en tant que locataire-


gérant, ce dernier doit effectuer toutes les formalités nécessaires à la création de
son activité ;

 La publication du contrat de gérance, dans la quinzaine de sa date, sous forme


d’un extrait ou d’un avis, dans un journal d’annonces légales et au Bulletin Officiel ;

 Le bailleur est tenu, soit de se faire radier du registre de commerce, soit de faire
modifier son inscription personnelle avec la mention « mise en gérance libre ».

3- Les avantages de la location-gérance

 Le FC sera mis en location lorsqu'il a été hérité par un mineur incapable, ou


lorsqu'un commerçant est frappé d'une incapacité.

 La location-gérance est un moyen de reprise des entreprises en difficultés.

 La location-gérance permet le développement de certaines entreprises qui


exploitent des réseaux de distribution.

4- Les inconvénients de la location-gérance

La location-gérance du FC risque de favoriser la spéculation dans l'hypothèse où son


propriétaire ne désirerait pas exploiter le FC mais uniquement réaliser un placement.

5- Les effets de la location-gérance

Il faut examiner la situation des parties d’une part, et le sort des dettes nées de
l'exploitation d’autre part.

6- La situation des parties

a) Les effets juridiques pour le propriétaire du FC

 Il perd la qualité de commerçant ;


 Il est tenu de toutes les obligations du droit commun du bail (obligations de
délivrance et de garantie) ;
 Il lui reviendra de demander le renouvellement du bail commercial ;
 Il lui est interdit de s’immiscer dans la gestion du fonds et de se contenter de percevoir
les redevances.

37
b) Les effets pour le locataire-gérant du FC et les conditions à respecter

 Il prend toutes les décisions de gestion à ses risques et périls du FC dont il supporte les
pertes et perçoit les bénéfices.
 Le contrat de location-gérance ne peut pas être cédé par le locataire-gérant, c'est
un contrat précaire qui ne comporte pas de droit au renouvellement ou à indemnité.
 Le locataire doit avoir la capacité d’exploiter le FC;
 Avoir la qualité de commerçant ;
 Être immatriculé au registre du commerce ;
 Exploiter le fonds sans changer l’activité du tout en respectant sa destination.
L’activité commerciale du FC est donc étroitement liée à celle exercée
précédemment par le propriétaire du fonds

7- Le sort des dettes d'exploitation

 Les dettes antérieures au contrat de location-gérance n'incombent qu'au bailleur


(propriétaire du FC).
 Le bailleur du FC est également solidairement responsable des dettes contractées
par le locataire-gérant pour l'exploitation du fonds tant que la publication du
contrat de la location-gérance n'a pas été faite et pendant les six mois suivant
cette publication par un avis dans un journal d'annonces
 Les dettes contractées par le locataire-gérant, et après les six mois de la publication
légale, à l'occasion de l'exploitation du FC, incombe à lui seul.

8- Distinction entre gérance libre et gérance salariée

La location-gérance et à distinguer de la gérance salariée. Dans le cadre de la gérance


salariée, le FC est géré par un salarié, lié au propriétaire du FC par un contrat de travail.
Ce propriétaire reste le seul commerçant et supporte seul les risques et pertes
d'exploitation (Par exemple gestion des magasins à succursales).
La gérance salariée c'est une situation qui relève du droit du travail et non pas du droit
commercial.

CHAPITRE III : ACHAT DE FONDS DE COMMERCE

L’achat d’un FC permet de se lancer dans une activité commerciale déjà en place.

SECTION I : PROCESSUS LIE A L’ACHAT D’UN FONDS DE COMMERCE

L’achat du FC doit être constaté par acte notarié ou sous seing privé. Le montant de l’achat
doit être déposé auprès d’une instance habilitée à conserver les dépôts tels que les notaires.

SECTION II: PROCESSUS LIE A L’ACHAT D’UN FONDS DE COMMERCE

I- Première étape : Repérage du lieu dans lequel se situe le FC

L’emplacement du FC joue un rôle déterminant pour le succès de tout projet commercial,


notamment son accessibilité, la fréquentation de la clientèle et la concurrence avoisinante.

38
II-Deuxième étape : Diagnostic du fonds de commerce visé

Le diagnostic permet de s’assurer que le FC correspond à la cible recherchée et de déceler


les risques éventuels ainsi que les points forts et les points faibles.
L’étude ne doit pas se limiter au FC mais être élargie à la zone dans laquelle se situe le
commerce, à la concurrence, aux évolutions prévisibles, à l’état du marché et ses
perspectives…

III- Troisième étape : Évaluation du fonds de commerce et négociation

Malgré toutes les techniques existantes permettant d’évaluer un FC, le prix définitif est au
final fixé par le jeu des négociations. Il dépend également de la concurrence entre les
repreneurs potentiels et de la situation du vendeur.
En cas d’accord, les parties concluent un protocole d’accord par écrit qui contient les
points essentiels issus des négociations.
La valeur d’un FC repose essentiellement sur les éléments incorporels qui le composent. (Sa
clientèle, l’achalandage du FC, la qualité de l’emplacement, sa notoriété, les conditions
juridiques et financières du contrat de bail). Ainsi, pour cette évaluation il est indispensable
de bien distinguer le FC d’une part et les éléments qui le composent d’autre part.

IV Quatrième étape : Etapes et formalités liées à l’achat d’un FC

V-Le sort du droit au bail existant en cas d’achat d’un FC

Dans le cadre de l’achat d’un FC, le bail commercial est obligatoirement transmis à
l’acquéreur (il s’agit du droit au bail) et aucune clause du bail ne peut prévoir le contraire.
Toutefois, pour encadrer la cession du FC, certaines clauses peuvent être prévues comme
l’agrément préalable du bailleur ou la garantie sur les loyers en cas de cession.

39
o Prévoir un agrément préalable du bailleur
Une clause du bail peut prévoir que le bailleur puisse agréer ou refuser au candidat
l’acquisition du droit au bail (qui constitue un élément essentiel du FC). Le refus ne
doit pas être abusif.

o Prévoir une garantie en cas de cession


Il est possible que le bail commercial stipule que le locataire signataire, s’il décide de
céder son FC, se porte garant de la bonne exécution du bail commercial par
l’acquéreur. Si l’acquéreur n’honore pas ses loyers, le bailleur peut ainsi se retourner
contre le cédant.

CHAPITRE IV : VENTE OU CESSION DU FONDS DE COMMERCE

Comme tout bien, le FC peut être cédé (vendu) ou apporté en société. Il peut aussi faire
l'objet d'un nantissement (gage, caution). La valeur du FC lui permet de devenir un
instrument de crédit, de sorte qu'un créancier prêtera de l'argent contre prise d'un gage
portant sur le FC.
La cession d’un FC peut porter sur tout ou partie des éléments : marchandises, droit au bail,
etc. Toutefois l'achalandage et la clientèle formant les éléments essentiels doivent toujours
être compris dans une vente du fonds.

SECTION I : CONDITIONS DE LA VALIDITE DE LA VENTE DU FC

La vente d’un FC est une opération qui revêt une grande importance, c’est pourquoi pour
bien sécuriser cette opération le législateur a prévu une série d’obligations.
Ainsi, on distingue des conditions de fonds et des conditions de forme ainsi que des
conditions de publicité. (Article 79 CC).

Les conditions de fonds sont destinées à protéger les parties, les conditions de formes et de
publicité concernent, quant à elles, la situation de l'acquéreur et des tiers.
En principe, la vente du FC est soumise aux règles de droit commun. Toutefois la loi a apporté
un certain nombre de dérogations au droit commun et ce d’une part, pour protéger les
intérêts des créanciers du vendeur pour préserver leur gage sur le FC, et d’autre part, afin
de protéger le vendeur contre l’insolvabilité de l’acquéreur.

I- Les conditions de fond de la vente d’un fonds de commerce

La vente du FC est régie par les règles générales qui règlementent les contrats, en particulier
en matière de capacité, de consentement, d’objet et de cause. Les règles de la capacité
commerciale telles que édictées par le code de commerce s’appliquent évidement dans
ce contexte.

1- Capacité des parties

Le mineur doit disposer de l’autorisation du juge qui doit être requise par son tuteur, sauf s’il
s’agit d’un mineur émancipé. Ce dernier pourra procéder seul à la vente de son FC.
Le fonds du mineur ne peut être vendu par le tuteur qu'avec l'accord du juge des tutelles.

40
2- Le consentement

Le consentement des parties doit être libre, conscient et exempt de vice (Erreur, dol,
tromperie, violence). Toutefois, la jurisprudence marocaine n’applique pas ces
conditions de manière absolue, elle tient en compte le particularisme du bien vendu.

3- L’objet du contrat de vente

Il est composé de deux éléments essentiels : le fonds de commerce et le prix de vente.


o Le fonds de commerce
La loi exige que soient énumérés dans l’acte de vente, les différents éléments qui
composent le FC vendu, à savoir les éléments incorporels et les éléments corporels.
o Le prix de vente d’un fonds de commerce
Comme dans toute vente, le prix doit être déterminé ou déterminable. Lorsque le prix
n'est pas payé comptant, il faut fixer trois prix distincts :
 Un pour les éléments incorporels ;
 L’autre pour le matériel ;
 Le dernier pour les marchandises.
Le prix doit être réel et sérieux. Un prix dérisoire dissimule généralement soit une
atteinte aux droits des créanciers soit une fraude fiscale pour éviter de payer les droits
de mutation.
Toute dissimulation de prix est sanctionnée par une forte amende : « est nulle et de
nul effet toute convention ayant pour but de dissimuler une partie du prix de vente ».

4- La cause de vente d’un fonds de commerce

La cause de la vente doit être conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs. En
pratique aucune difficulté n’est soulevée sur ce point, car il est très rare que son
absence ou son illicéité soit soulevée en matière de vente du fonds de commerce.

II- Les conditions de forme de vente d’un fonds de commerce

Ces conditions de formes et leurs sanctions, sont rigoureuses parce qu'il s'agit de protéger
l'acquéreur par une information aussi large et loyale que possible.

1- La forme écrite de l’acte de vente

Le code de commerce exige la forme écrite de l’acte de vente, ainsi contrairement au Droit
commun de la vente, la vente d’un FC est un contrat qui nécessite l’établissement d’un acte
authentique ou d’un acte sous seing privé. (Article 81 CC.
Cette obligation protège l’acheteur contre les éventuels vices cachés et lui permet soit
d’annuler la vente soit de demander la réduction du prix de vente.

L’acte de cession de FC doit être rédiger en plusieurs exemplaires :


 1 pour le greffe du tribunal de commerce ;
 1 pour le cessionnaire ;
 1 pour le cédant.
Cet écrit doit être également enregistré pour acquérir date certaine et pouvoir être
opposable aux tiers.
41
Pour que contrat de vente du FC produit ses effets, la loi impose au vendeur de renseigner
l’acheteur sur les mentions obligatoires suivantes :
o L’identité vendeur, la date et la nature de son acte d'acquisition, (quand et comment
il a acheté le FC), le prix de cette acquisition qui doit spécifier distinctement le prix
des éléments incorporels, le prix du matériel et le prix des marchandises.
o L’état des inscriptions des privilèges et des nantissements qui sont pris sur le FC
o Le bail, sa date de signature et sa durée, le montant du loyer actuel, ainsi que les
coordonnées du bailleur ;
o L'origine de la propriété du fonds de commerce.

Si l’une de ces mentions obligatoires ne figure pas dans l'acte de vente, l’acquéreur peut
demander l'annulation du contrat si l’absence de la mention lui a porté préjudice (Art. 82
CC). Le tribunal peut déclarer la vente nulle s'il estime cette omission déterminante pour
l'acquéreur. L'acheteur à un an pour agir, à défaut il peut toujours se fonder sur un vice du
consentement (Erreur ou dol).
Par contre, en cas d’inexactitude dans les mentions, l’acquéreur a le choix entre l’annulation
de la vente et la réduction du prix de vente, si cette inexactitude des mentions lui a porté
préjudice (Article 82 CC).
Dans les deux cas, l’action doit être intentée par l’acquéreur (annulation ou réduction du
prix) dans un délai maximum d’un an à partir de la date de l’acte de vente.
En parallèle, pour que l’acte de vente puisse produire ses effets en faveur du vendeur, l’acte
de vente est soumis aux formalités de dépôt et de publicité.

2-La publicité de l’acte de vente d’un fonds de commerce

a) Modalités de la publicité (Article 83 du CC)

Voir le tableau précédant : Les Etapes et formalités liées à l’achat d’un FC.

b) Effets de la publicité de l’acte de vente d’un fonds de commerce

La publicité de l’acte de vente est destinée à permettre aux créanciers du vendeur d’être
informés de la vente du FC pour qu’ils puissent agir à temps pour faire valoir leurs droits, en
s’opposant au paiement du prix de vente ou de faire une surenchère du sixième.

On distingue à cet égard deux catégories de créanciers :

 Les créanciers nantis qui bénéficient d’un nantissement inscrit sur le FC. Ces derniers
n’ont rien à craindre vu que la vente ne peut se faire sans eux.

 Les créanciers chirographaires qui n’ont pas de garantie particulière et qui sont
inconnus de l’acquéreur. C’est principalement pour ces créanciers que la publicité a
été organisée, elle leur permet d’une part de faire opposition sur le prix de vente,
d’autre part, ils peuvent faire une surenchère.

o Opposition sur le prix de vente par les créanciers chirographaires (Art 84 CC)

Dans les 15 jours qui suivent la seconde insertion au B.O et au J.A.L, tous les créanciers
chirographaires du vendeur peuvent s’opposer au versement du prix au vendeur, sans tenir

42
compte de la nature de leurs créances civile ou commerciale. (Ex : bailleur pour les loyers
échus, fournisseurs non payés…).
Cette opposition peut se faire soit par l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de
réception au secrétariat greffe du tribunal où l’acte de vente a été déposé, soit par le dépôt
de l’opposition au greffe contre récépissé.
Cette opposition doit indiquer, à peine de nullité, le montant et les causes de la créance,
elle doit contenir une élection de domicile dans le ressort du tribunal.

SECTION II : PROTECTION DU VENDEUR DU FONDS DE COMMERCE

Pour protéger le vendeur du FC de l’insolvabilité de son acquéreur, la loi a prévu deux


garanties : le privilège du vendeur et l’action résolutoire.
Le vendeur a la possibilité de choisir ou de cumuler entre ces deux garanties (Articles 91 et
92 et 99 à 103 CC).

I- Première garantie : Le privilège du vendeur du fonds de commerce


(Article 91 CC)

En cas de cession d'un FC, le vendeur dispose d'un privilège lui permettant de se prémunir
contre les impayés. Le privilège tend à garantir le prix ou ce qui en reste dû.
Le privilège du vendeur d'un FC a lieu aux conditions suivantes :

1- Première condition : L’acte de cession doit être écrit et enregistré


(Article 91 CC)

a) Obligation de l’écrit

Le privilège n’a lieu que si la vente a été constatée par un acte authentique ou sous seing
privé dûment enregistré et que ce privilège est mentionné dans l’acte de vente.

b) Inscription du privilège au registre de commerce

Le vendeur qui veut garantir le paiement du prix, a la possibilité de faire inscrire un privilège
au registre du commerce.

c) Inscription au greffe du tribunal de première instance

La même formalité d'inscription est remplie au secrétariat-greffe de chaque tribunal dans le


ressort duquel est située une succursale du FC comprise dans la vente.
Cette inscription prime toute inscription prise dans le même délai du chef de l'acquéreur.
Elle est opposable aux créanciers de l'acquéreur en redressement ou en liquidation
judiciaire, ainsi qu'à sa succession bénéficiaire.

Ces inscriptions ne sont pas soumises à la publication dans les journaux.

d) Délai d'inscription

L'inscription du privilège doit être prise dans le délai de 15 jours à compter de la date de
l'acte de vente, à la diligence du vendeur à peine de nullité (Article 92 CC).

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Le droit de privilège donne à son titulaire deux prérogatives, un droit de préférence et un
droit de suite opposables à tous les créanciers.

o Le droit de préférence : Ce droit permet au vendeur impayé de saisir le fonds et de


le faire vendre aux enchères publiques et de se faire payer en priorité sur le produit
de la vente.
o Le droit de suite : lorsque le FC ne se trouve plus dans le patrimoine de l’acquéreur
par exemple suite d’une revente ou en cas de reventes successives le vendeur peut
suivre le fonds de main en main.
o Le droit de suite permet ainsi au vendeur de saisir le FC entre les mains de toute
personne et de faire vendre le fonds aux enchères publiques pour se faire
payer.

2- Deuxième condition : Prix distincts dans l’acte pour les éléments


incorporels, le matériel et les marchandises

L’Etendu du privilège du vendeur d'un FC n'existe qu'en cas de cession du FC et non sur la
vente d'éléments isolés et il ne porte que sur les éléments du FC énumérés dans la vente et
dans l'inscription.

o Si ces éléments ne sont pas énumérés et à défaut de désignation précise, il ne porte


que sur le nom commercial, l'enseigne, le droit au bail, la clientèle et l'achalandage.
(Article 91 du CC).
o Si l'acte de vente indique seulement un prix global, le privilège ne garantit que les
éléments incorporels.
o Si le prix de vente est fractionné (éléments incorporels, matériel, marchandises), le
privilège grève tous les éléments.

II- Deuxième garantie : L’action résolutoire du vendeur du FC

L'action résolutoire permet au vendeur d'un FC, en cas de non-paiement du prix, de


reprendre possession (la propriété) de son FC après restitution des acomptes perçus.
L’exercice de cette action est lié au privilège (Article 99 CC).
Cette résolution a pour conséquence d’annuler le contrat de vente avec effet rétroactif.
(Art 99 CC.)
L’action résolutoire doit s’exercer à l’encontre de l’acquéreur même si celui-ci a vendu le
Fonds de Commerce.

1- Conditions d'exercice de l'action résolutoire

Pour aboutir l’action résolutoire doit remplir les conditions exigées suivantes :

o Premièrement condition : seul le vendeur d'un FC peut engager une action


résolutoire cette dernière doit être mentionnée et réservée expressément dans
l'inscription du privilège du vendeur. (Article 99 CC). Aussi, l’action est indivisible
et aucune résolution partielle ne sera admise si l’action résolutoire a plusieurs
titulaires.
44
o Deuxièmement : Le privilège n'est pas éteint.
Le vendeur qui exerce l’action résolutoire doit notifier au créancier nanti. (Inscrits sur le FC)
la demande en résolution, sous peine d'irrecevabilité aux domiciles par eux élu dans leurs
inscriptions. Le jugement qui prononce la résolution ne peut intervenir que 30 jours après
cette notification (Article 101du CC).

2- Effets de la résolution de la cession du fonds de commerce

Que la résolution soit amiable ou judiciaire, elle entraîne toujours les effets suivants :

o Le vendeur doit reprendre tous les éléments du FC qui ont fait partie de la vente,
même ceux qui ont été payés et pour lesquels son privilège et l'action résolutoire sont
éteints (Article 100 du CC). « Reprise indivisible ».

o L’obligation de restitution ne pourra s'étendre aux nouveaux éléments, corporels ou


incorporels, et la restitution ne portera que sur les éléments encore compris
dans le FC.
o Les éléments incorporels doivent être repris pour le prix porté au contrat, sans tenir
compte de la moins-value que ces éléments ont pu subir entre la date de la vente et
celle de la résolution. Toutefois, en cas de faute de l'acquéreur la dépréciation pourra
être indemnisée.

 Le vendeur doit à l'acquéreur le prix des marchandises et du matériel existant au


moment de sa reprise de possession après estimation par expertise contradictoire,
amiable ou judiciaire.

 Il est possible d'insérer dans l'acte de cession du FC une clause prévoyant que le
vendeur pourra conserver, à titre d'indemnité, les acomptes versés.

 Le vendeur pourra se faire indemniser en cas de diminution imputable à l'acheteur,


de la valeur des éléments incorporels du fonds. Celui-ci pourra également réclamer
des dommages-intérêts à raison du préjudice que lui cause la résolution.

SECTION III : PROTECTION DE L’ACQUEREUR DU FONDS DE COMMERCE

Le vendeur (le cédant) est tenu, vis-à-vis de l'acquéreur, d'un certain nombre de garanties
et d'obligations :

I- Les garanties dont l'acheteur d'un fonds de commerce peut bénéficier

1- Première garantie : Obligation de délivrance (transfert de la propriété)

Suite à la cession de son FC, le cédant est tenu de délivrer à l’acheteur tous les éléments qui
ont été convenus dans l’acte (par une remise des titres de propriété, de clés ou par tout
autre moyen). En cas de retard dans la délivrance du fonds, le vendeur peut être condamné
en justice à verser des dommages et intérêts si l'acquéreur prouve l'existence d'un préjudice.
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L’acquéreur a intérêt à prévoir dans l'acte de cession une clause expresse relative à la
délivrance complétée par des pénalités pour sanctionner tout retard constaté dans la
délivrance du fonds.

2- Deuxième garantie : Sanction du non-respect du formalisme imposé par


la loi (acte écrit et mentions obligatoires)

L’acte de vente doit contenir des explications qui vont plus loin qu’un simple récapitulatif du
prix et de la chose vendue, il doit contenir plusieurs informations nécessaires à sa validité
formelle.

a) Cas d’omission d’informations

L’omission de l’une des mentions obligatoires prévues par la loi n’entraîne la nullité de la
vente que si le consentement de l’acquéreur a été vicié par une erreur sur les qualités
substantielles du FC vendu et s’il subit un préjudice.
L'omission des mentions peut sur la demande de l'acquéreur, formée dans le délai d'un an,
entrainer la nullité de l'acte de vente.
En cas d'omission, l'acquéreur peut demander l'annulation mais pas une réduction de prix.
Seul l'acheteur peut invoquer la nullité de l'acte en cas d’omission d’une des mentions et il
peut y renoncer.

b) Cas d’inexactitude des mentions

L'acheteur dispose d'une action en garantie. Il peut demander la résolution judiciaire de la


vente ou la réduction du prix voire des dommages intérêts.
L'acheteur a un délai d'un an à compter de la prise de possession du FC.

3- Troisième garantie : Garantie contre l’éviction (Contre le fait personnel)


Cette garantie consiste à interdire au vendeur de détourner à son profit la clientèle qu’il a
cédée en exerçant une activité similaire ou concurrente à celle exercée dans le cadre du
FC vendu.
Généralement, cette garantie fait l'objet d'une clause de non-rétablissement ou de non-
concurrence intégrée dans l'acte de cession concernant le vendeur, ses proches et d'une
manière générale toute personne liée à l'exploitation du fonds. Cette interdiction est limitée
dans le temps et dans l’espace et concerne l’activité exercée par le FC
Cette clause est toujours sous-entendue dans un contrat de vente de FC même si elle n’a
pas été expressément stipulée.
Si l'acquéreur est soumis à un risque d'éviction, Il peut demander la résiliation de la vente,
mais seulement si la diminution de jouissance qu'il subit est d'une importance telle, qu'en
connaissance de cause, il n'aurait pas acheté le FC ainsi amputé.

4- Quatrième garantie : Garantie contre les vices cachés

Cette garantie ne joue que si les vices cachés ont une existence antérieure à la vente, ne
sont pas apparents et rendent inexploitables ou difficilement exploitables le FC.
Les défauts cachés visés par la loi sont tels que l'acheteur n'aurait pas acheté le FC ou aurait
payé un moindre prix, s'il les avait connus.
En cas de l’existence d’un vice caché, l'acheteur a le choix entre une action estimatoire ou
une action rédhibitoire. Ces actions sont introduites par assignation devant le tribunal de
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commerce du lieu du domicile du vendeur ou auprès du tribunal désigné par la clause
attributive de juridiction contenue dans l'acte de cession du fonds.

a) Action estimatoire

Dans l'action estimatoire il y a diminution du prix, en cas de vice cachés, sans remettre en
cause la vente. L’acquéreur garde donc le FC en demandant une réduction du prix
d'acquisition.

b) Action rédhibitoire

Dans l'action rédhibitoire il y a nullité de la vente sur le fondement de la garantie des vices
cachés. L’acquéreur restitue donc le FC en contrepartie de la restitution du prix au moyen
d'une action en justice.
L'action rédhibitoire est toutefois impossible dans deux situations :
 La perte de la chose qui rend la restitution inopérante.
 L’impossibilité de restituer la chose en nature (chose consommable par le temps ou
l'usage).
Toutefois, l’acheteur peut obtenir réparation du préjudice, mais sur un autre fondement
juridique.

II- L’apport en société d’un fonds de commerce

L’apport d’un FC en société est semblable à une vente du FC, se sont deux opérations de
même nature. La différence réside dans le mode de payement.
La vente suppose le paiement du prix, tandis que l’apport est organisé par l’attribution des
parts sociales ou des actions et non une somme d’argent au profit de l’apporteur.

L’absence de versement d’un prix entraine, en cas d’apport, quelques modifications dans
la situation des créanciers. Ainsi, l’apport de fonds en société risque de nuire aux créanciers
chirographaires du fonds.

1- La publicité légale

Cette opération est soumise aux mêmes règles que la vente du FC. Ainsi, pour protéger les
autres associés, l’acte qui constate l’apport (les statuts de la société) devra contenir les
mentions exigées pour la vente du FC :
 Être inscrit au registre de commerce ;
 Être publié dans un journal d’annonces légales (JAL) et au bulletin officiel (BO), avec
renouvellement entre le 8ème et le 15ème jour de la première insertion.
Dans les 15 jours après la seconde insertion, tout créancier de l’associé fera connaitre par
une déclaration au secrétariat greffe du tribunal qui a reçu l’acte, la somme qui lui est due.
Cette déclaration met la société en demeure soit de prendre à sa charge ce passif, soit de
renoncer à l’apport envisagé.
La publicité de l'apport est analogue à celle du la vente du FC, mais la protection des
créanciers non-inscrits nécessite une déclaration de ces derniers au greffe du tribunal de
première instance, dans les dix jours de la publication. Les associés ont alors une option :
option des associés.
Les associés peuvent accepter ou refuser la reprise du passif déclaré :

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 Si ces déclarations révèlent des charges trop lourdes grevant le fonds apporté, les
associés peuvent, dans la quinzaine suivante, et en produisant leurs titres, demander
la nullité de la société s'il s'agit d'une société en formation, ou la nullité de l’apport
dans le cas contraire.

 A défaut d'opposition, la société est tenue des dettes du fonds en qualité de caution
solidaire avec l'apporteur, débiteur principal.

SECTION IV : PROTECTION DES CREANCIERS DU VENDEUR

I- Les oppositions

En cas de vente d’un FC, les créanciers du vendeur peuvent, même si leur créance n'est pas
encore exigible, dans les dix jours suivants la première publication, faire opposition au
payement du prix en bloquant les sommes entre les mains de l'acheteur ou de
l'intermédiaire. Dans les 15 jours qui suivent la 2ème insertion, les créanciers ont la possibilité de
faire opposition au paiement du prix (Ex : bailleur pour les loyers échus, fournisseurs non
payés…) par dépôt de l’opposition auprès du secrétariat greffe du tribunal qui a reçu l’acte
de vente.
Pendant les délais d’opposition et après une opposition, le prix ne peut être versé au vendeur
par l’acquéreurs. Ce dernier risquera de payer deux fois ce prix en cas de non-respect de
cette procédure.

II- En cas d'apport en société

Les créanciers doivent déclarer leur créance au greffe du tribunal de première instance. A
défaut, ils perdent tout recours contre la société.
S'ils le font, la société est, avec l'apporteur du fonds, solidairement tenue de les payer.

CHAPITRE IV : LE NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE

Les nécessités du commerce font que le FC devient un instrument important de crédit


commercial, d’où la technique juridique du nantissement qui permet à son propriétaire de
le donner en garantie de ses dettes.

SECTION I : CONDITIONS DE VALIDITE DU NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE

Pour que le nantissement du FC soit valable :


o Le nantissement doit être constaté par un acte écrit, notarié ou sous seing privé ;
o Il doit être inscrit au greffe du tribunal de commerce dans la quinzaine de l'acte
constitutif ;
o Le nantissement doit être dûment enregistré ;
o Un extrait de l’acte doit être inscrit au registre de commerce dans les 15 jours de sa
date à la diligence du créancier gagiste (banque) ;
o L’inscription n’est pas soumise à publication dans les journaux.
48
SECTION II : ASSIETTE DU NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE

Le nantissement peut porter sur tous les éléments du FC à l’exclusion des marchandises qui
ne peuvent jamais faire partie du nantissement. Parce que l'on ne peut obliger le
commerçant à aliéner son stock qui est indispensable à la survie de son entreprise.
A défaut de désignation expresse et précise et en l’absence d’énumération des biens
composant le FC, le nantissement porte sur les principaux éléments incorporels dont le nom
commercial, l’enseigne, le droit au bail, la clientèle et l’achalandage. De même, les
succursales doivent être expressément désignées.
Le matériel, l'outillage et les droits de propriété industrielle peuvent également en faire
partie, si les signataires du contrat le souhaitent.

SECTION III : EFFETS DU NANTISSEMENT DU FONDS DE COMMERCE

Le commerçant reste à la tête de son exploitation. Le créancier nanti dispose, quant à lui,
d'un droit de préférence et d'un droit de suite ainsi de quelques garanties annexes.
Le nantissement permet de maintenir la garantie sur tous les éléments du fonds, sauf les
marchandises, après l'imputation de la partie du prix payable comptant.

I- Droit de suite

Le créancier nanti du FC a le droit de suite qui lui permet d’exercer son droit de préférence
même si le fonds a été vendu à un tiers acquéreur. Il peut le faire saisir et le faire vendre
judiciairement pour se payer sur le prix.

II- Le droit de préférence

En cas de non payement de l'échéance, le créancier qui a une place privilégiée pour
recouvrir sa créance peut procéder à la vente forcée du FC. Son droit de préférence lui
permet d'être payé avant les créanciers chirographaires et avant les créanciers
bénéficiaires d'un nantissement postérieurs.
Le rang des créanciers gagistes entre eux est déterminé par la date de leur inscription au
registre de commerce.

CHAPITRE V : LA PROTECTION DU FONDS DE COMMERCE

La valeur du FC dépend de son exploitation, du développement de son activité et de sa


clientèle qui en constitue un élément essentiel. De ce fait, le FC est protégé contre les
diverses atteintes qui seraient interdites ou déloyales et qui risquent nuire sa bonne
exploitation. Il existe trois risques majeurs :
 La rupture du bail (dispersion de la clientèle) ;
 La concurrence déloyale (détournement de la clientèle) ;
 La contrefaçon (détournement de clientèle).

SECTION I : LA PROTECTION DU BAIL COMMERCIAL

Pour fidéliser la clientèle d’un FC et assurer la stabilité de ce dernier, la loi 49-16 a prévu
certaines règles permettant au commerçant de bénéficier d’un droit au renouvellement de
son bail commercial, dès qu’il dispose de la jouissance des locaux pendant deux ans
consécutifs ou dès le versement d’un pas de porte.
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Dans les deux cas, le locataire bénéficie du droit au renouvellement et son bail ne peut
prendre fin que conformément aux dispositions de la Loi.
En plus de son droit au renouvellement, le locataire a également le droit d’être indemnisé.

I- Droit au renouvellement du bail commercial

Le droit au renouvellement du bail est un avantage majeur offert au locataire par la loi. Ce
droit ne peut être invoqué que par le propriétaire du FC exploité dans les lieux, à condition
qu'il y ait eu exploitation effective de ce FC.

1- Cas de non renouvellement du bail commercial

En cas de non renouvellement du bail par le propriétaire des « murs », le locataire a droit à
une indemnité d’éviction qui ne peut être renoncée dans le contrat. Cette indemnité est
censée réparer le préjudice subi (Loi N° 49-16).

Le locataire qui veut obtenir le paiement de l'indemnité d'éviction doit saisir le tribunal. Cette
indemnité est égale au préjudice causé par le non-renouvellement.
Elle est calculée sur la base de :
 La valeur marchande du FC établie sur la base des déclarations fiscales des quatre
dernières années d’exploitation du FC.
 Les investissements engagés par le locataire commerçant pour les réparations et
améliorations du local ainsi que les éléments du FC considérés perdus et les frais de
changement de domiciliation.

2- Les cas de perte de l’indemnisation d’éviction

L’article 8 de la même loi, exclu toute indemnité au locataire en cas de :


o Non-paiement de loyer par le locataire pendant 6 mois ;
o Changement d’activité du FC sans accord du bailleur en cas de clause de
spécialisation dans le contrat de bail ;
o Modification des locaux sans accord du bailleur ;
o Aménagement, travaux ou démolition des locaux sans l’avis du propriétaire ;
o Cessation d’activité entrainant un effet néfaste sur la réputation du FC.

3- Les causes légitimes de la perte de l’indemnisation d’éviction


o Il s’agit soit de l'inexécution d'une obligation, soit de la cessation sans raison sérieuse
et légitime de l'exploitation du FC.
o Le non-respect des clauses du contrat de bail par le locataire ;
o L’insalubrité du local :
 Démolition totalement ou partiellement pour cause d'insalubrité et
reconstruction d’un immeuble où il y a des locaux commerciaux, le locataire
a le droit de reprendre un local sans payer le « pas de porte », mais le loyer sera
augmenté.
 Le local ne peut être occupé sans danger en raison de son état ;
 Démolition sans reconstruction.

Dans ces cas le locataire qui veut obtenir le paiement de l'indemnité d'éviction doit saisir le
50
tribunal. Cette indemnité est égale au préjudice causé par le non-renouvellement.
Parmi les préjudices :

 Frais de déménagement ;
 Diminution de la valeur du fonds ;
 Si le refus de renouvellement emporte disparition du fonds, la valeur
marchande du fonds augmentée des frais de déménagement et de
réinstallation.
 Le propriétaire récupère son local pour y exercer lui-même un commerce ou
bien ses enfants. (Dans les six mois qui suivent le non renouvellement du
contrat).

SECTION II : LA PROTECTION CONTRE LA CONCURRENCE DELOYALE

I- Définition de la concurrence déloyale

Il n’existe pas de définition légale dans le code de commerce, de la concurrence


déloyale. Cette notion résulte de la jurisprudence et des articles de lois sur lesquels se
fondent les tribunaux pour prendre leur décision en cette matière.
Toutefois, la Loi sur la liberté des prix et de la concurrence reste le texte législatif qui définit
les dispositions régissant la liberté des prix et organise la libre concurrence.
La loi n° 06-99 définit aussi les règles de protection de la concurrence afin de stimuler
l'efficience économique et d'améliorer le bien-être des consommateurs. Elle vise également
à assurer la transparence et la loyauté dans les relations commerciales
Ainsi, elle a renforcé les conditions d'une concurrence saine et loyale par l'interdiction des
pratiques anticoncurrentielles ou des comportements tendant à fausser le jeu.

II- Formes de la concurrence déloyale

Une concurrence déloyale ou illicite est le fait d’employer des procédés anormaux
ou des pratiques abusives, dans un marché, pour nuire directement les concurrents
et prendre leur clientèle. Parmi les exemples de concurrence déloyale la confusion
de marque et le parasitisme économique.

 La concurrence est illicite lorsqu’elle a été faite par erreur, sans volonté de créer
le dommage.
 La concurrence est déloyale lorsqu’il y a eu intention de nuire.

Toutefois, la rivalité entre des acteurs du même marché peut exister sans qu’une
concurrence déloyale soit effective. C’est le principe de la concurrence libre et loyale,
fondée sur des motifs économiques réels tels que : meilleur rapport qualité /prix, meilleur
accueil, meilleur service.

III- Les différents types de concurrence déloyale

1- La concurrence déloyale par dénigrement ;


2- La concurrence déloyale par confusion ;
3- La concurrence déloyale par désorganisation de l’entreprise ;
4- La concurrence déloyale par le parasitisme économique ;
5- Recours à des pratiques anticoncurrentielles.
51
1- La concurrence déloyale par dénigrement

Le dénigrement consiste pour un commerçant déloyal à diffuser des informations


(communication, publicité…) de nature à salir la réputation commerciale du concurrent.
 Il y a dénigrement même lorsque l’information est vraie.
 On se base sur la mauvaise foi du commerçant dénigrant.
Dans les deux cas concurrence déloyale doit donner lieu à réparation du préjudice subi.

2- La concurrence déloyale par confusion

Elle consiste pour un concurrent déloyal à s’inspirer, copier un concurrent ou imiter les signes
distinctifs de son entreprise en vue de créer une confusion dans l’esprit du consommateur et
profiter ainsi de la réputation de l’entreprise concurrente pour écouler ses marchandises.
(EX : la présentation de ses produits, prenant un nom commercial proche de l’autre, ou faire
croire qu’il s’agit du produit de la marque d’origine.
La confusion peut également se trouver dans des messages publicitaires, ou des documents
commerciaux.

3- La concurrence déloyale par désorganisation de l’entreprise

Elle consiste pour un concurrent à :


o Débaucher des salariés dont il connaît le savoir-faire acquis auprès d’un concurrent ;
o L’espionnage industriel ;
o Détournement des commandes…

4-La concurrence déloyale par le parasitisme économique

Elle consiste à tirer profit de la réputation d’un concurrent pour réaliser des bénéfices sans
avoir supporté les frais résultants de ce travail.

5-Recours à des pratiques anticoncurrentielles

Parmi ces pratiques on trouve :


o Le dumping : L’État injecte de l’argent dans l’entreprise pour l’aider à affronter la
concurrence (étrangère). Les prix sont artificiels.
o La vente à perte.
o Les ventes liées : (pratique commerciale qui consiste à rendre la vente d’un bien
ou service A dépendante de l’achat d’un bien ou service B. Ex. : Microsoft).
o La vente forcée.
o La position dominante : fusion entre entreprises pour avoir une position de monopole
sur un marché (les concentrations).
o Les ententes prohibées

IV- La prévention contre la concurrence déloyale

La prévention est de nature conventionnelle, elle consiste en la signature de clauses de non-


concurrence. Ainsi dans le contrat de vente d’un FC, le vendeur s’engage à ne pas se
52
réinstaller à proximité de son ancien fonds pendant un certain temps. De même dans le
contrat de travail d’un salarié. Pour qu’elles soient valables, ces clauses doivent être justifiées
d’un risque réel de concurrence déloyale, et respectent plusieurs conditions :
o Le bénéficiaire de la clause doit y avoir intérêt : par exemple justifier d’un risque de
détournement de clientèle.

o L’interdiction doit être limitée quant à son objet : l’interdiction ne peut porter que sur
une activité professionnelle précise.

o L’interdiction doit être limitée dans le temps : l’interdiction ne peut pas durer
indéfiniment.

o L’interdiction doit être limitée dans l’espace : l’interdiction s’applique à une zone
déterminée, liée à la zone d’influence du fonds que l’on veut protéger ainsi pour un
commerce de détail, la clientèle est en général locale et donc l’interdiction de
s’établir ne peut porter que sur un espace très limitée, le quartier par exemple.

V-L ’action en concurrence déloyale

Le commerçant (personne physique ou morale) qui s’estime victime d’un détournement


abusif de clientèle peut exercer une action en justice à l’encontre de son concurrent fautif
afin de faire cesser le préjudice qu’il subit et d’obtenir réparation.
Pour faire valoir ses droits, le commerçant lésé doit prouver : une faute, un dommage subi
et un lien de causalité.

1- La faute

Il s’agit de la pratique anormale mise en œuvre pour détourner la clientèle. Les principales
pratiques : créer la confusion, dénigrer l’autre, désorganiser l’entreprise, recours à des
pratiques anticoncurrentielles.

2- Le dommage subi

Il s’agit d’une perte de chiffre d’affaires et des conséquences par exemple atteinte à la
réputation de l’entreprise ou à ses produits et services.

3- Le lien de cause à effet entre la faute et le dommage


(Le lien de causalité)

Le commerçant doit prouver que la perte de la clientèle est bien due à l’acte de
concurrence déloyale. La preuve étant difficile à apporter, le plus souvent, les tribunaux sont
peu exigeants en ce qui concerne ce lien de causalité.

V- Les sanctions

Lorsque la concurrence déloyale est prouvée, la réparation consiste en :


 Versement de dommages intérêts ;
 Publication dans la presse de la décision du tribunal ;
 Cessation de pratiques défectueuses ordonnée par le tribunal.
53
SECTION III : LA PROTECTION CONTRE LA CONTREFAÇON

I- Définition de la contrefaçon

La contrefaçon est une atteinte illégitime au droit de propriété intellectuelle. Elle consiste en
une reproduction ou une imitation des caractéristiques d'un produit d’une marque par
exemple sans en avoir le droit. L’industrie du luxe est plus particulièrement concernée par la
contrefaçon ainsi que le domaine de l’électronique, notamment pour les accessoires des
appareils mobiles ou encore pour les consoles de jeux vidéo et les jouets.

La contrefaçon représente une menace pour les consommateurs susceptibles d'acquérir un


produit de mauvaise qualité ou pouvant mettre en danger leur santé du fait du non-respect
des normes de sécurité par le contrefacteur.

La contrefaçon est prise en compte par diverses disciplines comme le droit commercial, le
droit de la propriété intellectuelle ou encore le droit administratif.

II-Les moyens de protection de tout signe distinctif permettant d’identifier


un produit ou un service : la marque

Le dépôt de la marque est la condition de sa protection. Celle-ci peut s’étendre au territoire


national ou à des pays étrangers.

1- La protection nationale

L’enregistrement d’une marque à l’administration chargée de la protection de la propriété


industrielle emporte interdiction pour les tiers de déposer la même marque ou d’utiliser sans
autorisation cette marque au Maroc. La protection concerne non seulement la
contrefaçon, mais aussi l’utilisation illicite.
L’utilisation illicite se caractérise par le risque de confusion avec une autre marque.
(Ressemblance graphique ou phonétique par exemple).

2- La protection internationale

L’enregistrement de la marque au Maroc ne protège cette marque qu’au niveau national.


Si l’entreprise souhaite faire protéger ses droits dans d’autres pays, elle doit accomplir des
formalités dans chaque pays étranger.

III- Les sanctions

La contrefaçon, lorsqu'elle est avérée, donne lieu à d'importantes sanctions.


Ces sanctions consistent en :
o Interdiction de l’usage de la marque : Le contrefacteur doit cesser de l’utiliser
immédiatement sous peine d’astreinte par jour de retard ;
o Dommages intérêts.
o Confiscation ou destruction des objets marqués.
o Publication du jugement dans les journaux.
54
PARTIE III : LES TECHNIQUES JURIDIQUES DES ECHANGES : LES CONTRATS

Les contrats existent dans de nombreux aspects de nos vies quotidiennes : contrat de travail,
contrat de location, contrat de vente ou encore contrat de mariage. Ils fournissent une
certaine assurance aux parties lorsqu’elles concluent de nombreux types d’accords,
d’ententes et de transactions entre elles. Ils leur donnent aussi l’occasion d’avoir recours à
la justice (tribunaux) si l’une des parties contractantes ne respecte pas sa part de l’accord
et ses engagements.
Ainsi, vu le rôle important que joue cet instrument juridique qui vise l’organisation de la vie
économique et sociale, les principes et les éléments réglementant sa formation (condition
de validité, les clauses), son exécution (responsabilité contractuelle) et son annulation (les
sanctions spécifiques) seront étudiés.

CHAPITRE I : LA FORMATION DU CONTRAT

SECTION 1 : DEFINITION DU CONTRAT

Le D.O.C n’a pas donné une définition du contrat commercial.


Définition du Code Civil français : « Le contrat est un accord de volontés entre deux ou
plusieurs personnes destinées à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations ». Le
contrat est donc un accord de volonté destiné à créer des effets de droit.

SECTION II- LES ELEMENTS ESSENTIELS D’UN CONTRAT

Afin qu’un accord soit considéré comme un contrat, certains éléments essentiels doivent
être présents :
I- L’offre : Intention d’établir un contrat ;
II- L’acceptation de l’offre ;
III- Une contre- partie.

I- L’offre ou pollicitation (promesse)

Une offre est une proposition ferme à conclure un contrat déterminé. Il décrit les dispositions
du contrat et est faite dans l’intention qu’elle devienne un accord ayant force de loi une
fois que le destinataire de l’offre l’accepte.

Il est défini comme l’acte unilatéral par lequel une personne fait connaître à autrui son
intention de contracter. (D.O.C Article 23 et suivants).

II- L’acceptation de l’offre

L’acceptation est l’expression du destinataire de l’offre de conclure le contrat aux


conditions prévues dans l’offre. Pour qu’il y ait acceptation, il faut donc qu’il y ait adéquation
entre l’acceptation et l’offre qui a été faite au moins quant aux éléments essentiels du
contrat.
L’acceptation d’une offre se produit lorsque l’autre partie accepte l’offre soumise. Le
contrat est donc formé par la rencontre d'une offre et d'une acceptation par lesquelles les
parties manifestent leur volonté de s'engager. Cette volonté peut résulter d'une déclaration
ou d'un comportement non équivoque de son auteur.

55
III- La Contrepartie

La contrepartie, c’est lorsqu’une partie promet quelque chose de valeur à une autre partie
lorsqu’elles concluent un contrat.

CHAPITRE II : CONDITIONS DE VALIDITE DU CONTRAT

Il existe quatre conditions pour la validité d’un contrat (Article 2 du D.O.C) :

o La capacité juridique = capacité de s'obliger.


o Le consentement = une déclaration valable de volonté portant sur les éléments
essentiels de l'obligation exempt de vice.
o Un objet certain pouvant former objet d'obligation.
o Une cause licite de s'obliger.

SECTION I : LA CAPACITE À CONTRACTER DES PARTIES

Les parties doivent avoir la capacité juridique : les mineurs non émancipés et les majeurs
incapables ne peuvent pas contracter. En vertu du D.O.C, toute personne est capable
d'obliger et de s'obliger, si elle n'en est déclarée incapable par la loi.
Il convient de distinguer la capacité d’exercice de la capacité de jouissance.

I- La capacité d’exercice

La capacité d'exercice est l'aptitude à exercer seul et par soi-même les droits et obligations
dont on est titulaire. (Vendre une voiture dont on est propriétaire par exemple.

Le Code de la Famille définit la capacité d’exercice comme étant la faculté qu’a une
personne d’exercer ses droits personnels et patrimoniaux et qui rend ses actes valides.
La personne qui fait l’objet d’une incapacité d’exercice est titulaire du droit mais ne peut
l’exercer en raison d’un empêchement prévu par la loi. Elle doit être assistée ou représentée.

II- La capacité de jouissance

La capacité de jouissance est l’aptitude à être titulaire de droits (une personne peut voter,
hériter, acheter et vendre des biens,) et d'obligations (une personne doit payer ses impôts,
réparer les dommages qu'elle cause, respecter sa parole contractuelle).
Cette capacité permet donc à la personne d’acquérir des droits et d’assumer des devoirs.

SECTION II- LE CONSENTEMENT DES PARTIES

Le consentement est un accord de deux ou plusieurs volontés sur l’ensembles des éléments
essentiels du contrat.

I- Caractéristiques du consentement

Le consentement doit exister et il doit être libre et éclairé et exempt de vice.


Il existe trois vices du consentement : L’erreur, le dol et la violence.
56
a) L’erreur

Le consentement doit être donné en pleine connaissance de cause.


L’erreur est une représentation fausse ou inexacte de la réalité que se fait l’une des parties.
(Articles 40 à 44 et 55, 56 C.O.D). Elle porte sur la personne ou la substance.
L’erreur permet l’annulation du contrat si elle porte sur un élément essentiel de ce contrat.
o L’erreur peut porter sur la nature du contrat, par exemple : une personne pensait
conclure un contrat de location, alors que l’autre pensait vendre le bien.
o L’erreur peut porter sur l’objet du contrat, par exemple : une personne pensait
acquérir un immeuble alors que l’autre vendait des parts sociales). Ce type d’erreur
est souvent sanctionné par la nullité absolue du contrat.
Il n’est pas nécessaire que l’erreur soit commune aux deux parties, l’erreur d’une partie suffit.
La convention contractée par erreur n'est pas nulle de plein droit. Elle donne seulement lieu
à une action en nullité.

b) Le dol vice du consentement

Il correspond à une tromperie ou à une manœuvre frauduleuse de la part d’une partie, pour
décider l’autre partie à contracter (Article 52 et 53 du D.O.C).
Aux termes de l’article 52 du D.O.C : « Le dol ne se présume pas, il doit être prouvé ».
La jurisprudence française assimile aux manœuvres dolosives, le mensonge et la réticence
dolosive, par exemple une personne qui a acheté une voiture qui avait un faible
kilométrage, mais après vérification chez un garagiste, il s’avère que le vendeur avait
trafiqué le compteur.
En cas de dol la victime doit intenter une action en nullité relative dans l’année de la
découverte du dol. L’auteur du dol peut être condamné à payer des dommages-intérêts,
car le dol est considéré comme un délit civil.

c) La violence vice du consentement

Il consiste en une contrainte physique (menace de mort…) ou morale (menace de divulguer


une information…) ou d’ordre pécuniaire (menace de priver une personne de sa profession,
de son logement…) sur la volonté d’une personne, pour l’obliger à donner son
consentement. (Article 46 du D.O.C).
L’article 39 du D.O.C déclare : « Est annulable le consentement donné par erreur, surpris
par dol ou extorqué par violence ».

SECTION III- L’OBJET DU CONTRAT

L’objet du contrat doit :


o Exister : Un contrat sans objet est nul (Exemple : les parties contractent en ignorant
que la chose vient d’être détruite.
o Être « dans le commerce » et licite : sont « hors du commerce » : organes humains,
drogue…
o Déterminé (EX : voiture modèle BX39).
o Déterminable (Ex : vente au prix du marché à la date de la livraison).
o Être réalisable.
o Être future. (Ex : vente d’un immeuble à construire).
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SECTION IV- LA CAUSE DU CONTRAT

C’est le pourquoi du contrat, le motif qui conduit chaque partie à contracter. La cause doit :
o Être certaine ;
o Être licite, c’est-à-dire conforme aux lois. (Article 6 et 64 du DOC).
Lorsque les conditions de validité ne sont pas respectées, le contrat peut être annulé par un
juge. Le contrat est alors considéré comme n’ayant jamais existé, et chaque partie doit
restituer ce qu’elle a reçu.

CHAPITRE III- L’EXECUTION DU CONTRAT

Une fois le contrat formé est valide, les parties ont l’obligation d’accomplir leur engagement.
Il s’agit de la force obligatoire des contrats. Le contrat emporte un effet obligatoire. Mais cet
engagement n’engage que les parties au contrat.

SECTION I- LA FORCE OBLIGATOIRE DU CONTRAT

I- Le principe de la force obligatoire du contrat

Le contrat doit être respecté au même titre qu’une loi par les contractants. Ainsi, un contrat
ne peut être rompu unilatéralement.

II- Les exceptions au principe de la force obligatoire du contrat

Quelques cas rares autorisent une exception au principe de la force obligatoire du contrat.
Exemple :
Dans les contrats de travail à durée indéterminée, une rupture unilatérale est toujours
possible (démission, licenciement...).
Le juge peut aussi intervenir dans certains cas (nullité des clauses abusives),
interprétation par le juge.

SECTION II- L’EFFET RELATIF DU CONTRAT

I- Le principe de l’effet relatif des contrats

Le contrat ne peut avoir d’incidences à l’égard des tiers. Les effets du contrat sont limités
aux seuls contractants, il s’agit de l’effet relatif du contrat.

II- Les exceptions au principe de l’effet relatif des contrats

o Intervention des héritiers, des représentants (tuteur...).


o La stipulation pour autrui : c’est un contrat par lequel une personne obtient
d’une autre qu’elle exécute une prestation au profit d’une troisième.
Exemple : le contrat d’assurance vie.

SECTION III- L'INEXECUTION DU CONTRAT

L’inexécution du contrat entraîne des sanctions pour obliger le contractant fautif à


accomplir des obligations.
58
En l’absence d’exécution volontaire, le créancier peut mettre en demeure le débiteur.
Cette mise en demeure permet de faire courir des intérêts de retard et incite à l’exécution
volontaire. À défaut, elle autorise une exécution forcée. Le régime de cette exécution
forcée dépend de la nature de l’obligation en cause.

SECTION IV : LES CLASSIFICATIONS DES CONTRATS

Au Maroc, le Dahir des Obligations et Contrats (D.O.C) n’a donné aucune classification des
contrats, laissant cette mission à la doctrine vue que dans la pratique il existe une multitude et
une grande variété de contrats.

CHAPITRE IV : LES PRINCIPAUX CONTRATS COMMERCIAUX

Les activités de l'entreprise présentent une très grande diversité qui varie selon leur structure
(Epiceries, grande surface, restaurant, hôtel, grande entreprise, petite entreprise).
Cependant toutes ces activités économiques ont en commun des moyens juridiques mis en
œuvre pour les accomplir et un cadre juridique dans lequel elles s'exécutent.
Les moyens juridiques sont pour l'essentiel des contrats d'affaires. Pour opérer, tout
commerçant physique ou moral, et à travers lui l'entreprise qui dirige, doit conclure en amont
et en aval, avec ses fournisseurs, ses intermédiaires et ses clients, une multitude de contrats,
Ces contrats commerciaux organisent et gèrent, dans un cadre légal, toute transaction
commerciale entre commerçants.
Les contrats commerciaux sont d'une très grande diversité. Il y a des contrats classiques qui
existent depuis le droit romain (EX.: contrat de vente), et des contrats modernes (Ex.: contrat
de distribution, contrat de franchise, contrat de concession, contrat de sous-traitance,
contrat de prestation de services, contrat de leasing, contrat de sponsoring, …).

Les contrats commerciaux peuvent également concerner des actes mixtes » ayant un
caractère commercial pour une des parties et un caractère civil pour l’autre. C’est
notamment le cas lorsqu’un contrat est conclu entre un professionnel et un particulier.
59
SECTION I : LE CONTRAT DE VENTE

En droit commercial, une vente est réalisée dans le cadre d'un contrat de vente, oral ou
écrit. Le contrat de vente n’est pas expressément défini par le code de commerce.

I- Définition de la vente commerciale

Une vente commerciale est un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (appelées
vendeurs), dans le cadre de leurs activités commerciales, s'engagent à livrer et à transférer
la propriété d'un bien ou d’un service à une ou plusieurs autres personnes (appelées
acheteurs) qui s'engagent à en payer le prix.

Par la qualité des parties au contrat de vente ainsi que par l'objet du contrat, la notion de
vente commerciale vise les contrats de vente de marchandises entre commerçants,
(personnes physiques ou personnes morales), y compris les contrats de fourniture de
marchandises destinées à des activités de fabrication ou de production.

Au Maroc, outre l'acte uniforme relatif au droit commercial la vente commerciale est régie
par de nombreuses règles issues du dahir des obligations et des contrats (L’article 487 du
D.O.C), de la Convention de Vienne relative à la vente internationale de marchandises,
ainsi que par les usages et pratiques commerciales. Il arrive aussi, fréquemment, que les
parties insèrent dans leur contrat de vente des clauses contractuelles.

II- Condition de validité d’un contrat commercial

La formation du contrat commercial est soumise aux mêmes obligations générales que tout
contrat : les parties doivent avoir la capacité de contracter et doivent exprimer un
consentement exempt de vice et le contenu du contrat doit être licite et certain. A défaut,
ce dernier pourra être annulé.

1- La capacité à contracter des parties

Pour qu’un contrat soit valable, les parties doivent avoir la capacité juridique : les mineurs
non émancipés et les majeurs incapables ne peuvent pas contracter.

2- Le consentement des parties

La condition fondamentale d’existence d’un contrat de vente est la présence d’un accord
des volontés émanant des parties. Cet accord des volontés se forme par la rencontre entre
une offre de contracter, et son acceptation.

L’offre et l’acceptation peuvent être expresses, ou même tacites :


o L’offre ou l’acceptation est dite Expresse lorsque l’offre ou l’acceptation est exprimée
sous forme écrite ou verbale.
o L’offre ou l’acceptation est dite tacite lorsque c’est l’attitude, le comportement de
la personne qui l’exprime. Exemple du contrat de restauration, l’offre est écrite, sous
la forme de la carte, et l’acceptation est verbale, lors de la passation de la
commande.
Exemple : Un chauffeur de taxi, par le seul fait d’être en attente d’un client
l’acceptation est également tacite lorsque le client monte dans le taxi.

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L’offre et l’acceptation du contrat de vente peut être immédiat ou à terme :
o L’offre et l’acceptation est immédiat dès l’échange du consentement, « L’acheteur
acquiert de plein droit la propriété de la chose vendue, dès que le contrat est parfait
par le consentement des parties. » (Article 491 DOC).
o Le contrat de vente peut être à terme et retardé par certaines limites : des limites
naturelles concernant les choses de nature et les choses futures, et des limites
conventionnelles (lorsque les parties se mettent d’accord sur une date de
délivrance).

Pour les contrats qui se forment à distance (conclus par voie postale, par téléphone, par
internet) le législateur a mis en place différentes règles pour les encadrer afin de protéger le
consommateur.

3- Un objet du contrat de vente

L’objet, la cause, le pourquoi, le motif du contrat doit :


o Exister, un contrat de vente sans objet est nul. (Exemple : les parties contractent en
ignorant que la chose vient d’être détruite).
o Être licite et certain. (Les organes humains et drogue sont illicites).
o Être déterminé (EX. : voiture modèle BX39).
o Être déterminable quantifiable, mesurable (Ex. : vente au prix du marché à la date de
la livraison).
o Être réalisable.
o L’objet peut aussi, être futur (Ex. : vente d’un immeuble à construire).

4- La ou les causes du contrat

La cause qui conduit chaque partie à contracter doit être certaine et licite, c’est-à-dire
conforme aux lois. (Article 6 et 64 du D.O.C).

5-Le prix dans le contrat de vente

Il s’agit d’un des éléments essentiels du contrat de vente. Il représente


la contrepartie monétaire versé en échange d’un bien ou d’un service produisant le
transfert de propriété résultant à la vente commerciale.
Il doit être :
o Déterminé ou déterminable par les parties (X Dhs,) à défaut, le contrat de vente
encourt la nullité absolue. Pas de prix = Pas de vente.
o Réel, (pas fictif), pas d’échange, pas de donation,
o Sérieux, il ne peut être simulé ni dérisoire.

Le principe, le prix est généralement fixé librement par les parties. Toutefois, il peut être fixé
par référence aux prix du jour, au prix légal. Il peut être fixé par un tiers (un mandataire choisi
par les parties).
L’Etat peut intervenir pour fixer le prix de certaines marchandises, soit par la technique
normal, soit par la technique du prix minimal ou maximal (par exemple pour : essences,
médicaments, électricité, gaz…).
Aussi, la loi impose une information et une transparence sur le prix de vente dans les contrats
61
conclus entre professionnels et consommateurs (affichage et publicité des prix).
Dans certains types de contrats, le juge peut réviser des prix qui lui paraissent
disproportionnés.
Remarque : L'offre d'une caution ou autre sûreté ne peut tenir lieu de paiement du prix
(Article 504 du DOC).

Le contrat de vente comme tout contrat lorsque les conditions de validité ne sont pas
respectées, le contrat peut être annulé par un juge. Le contrat est alors considéré comme
n’ayant jamais existé, et chaque partie doit restituer ce qu’elle a reçu.
Mais il faut distinguer nullité absolue et nullité relative.
o La nullité absolue protège l’ordre public et les bonnes mœurs. (Objet ou cause illicite,
non-respect des formes solennelles d’un contrat…).
o La nullité relative protège l’intérêt particulier de certaines personnes : (incapables,
victimes d’un vice du consentement…).
Que la nullité soit absolue ou relative, les effets juridiques sont identiques.

III- Les caractéristiques du contrat de vente

1- Un contrat consensuel

Le contrat de vente est soumis au principe du consensualisme. Il n’y a donc pas de


conditions de forme pour la vente commerciale, c’est un contrat consensuel. Les contrats
consensuels sont valables du seul fait de l’échange de volonté des parties. Les exigences de
forme n’apparaissent que comme des exceptions à ce principe.
Un écrit toutefois est obligatoire pour la validité du contrat de vente d’un bien immobilier ou
de location gérance ou de nantissement d’un fonds de commerce et cession de brevets).
Dans la majorité des cas l’écrit est exigé, non pour la validité du contrat mais pour une
question de preuve.
Toutefois, depuis la promulgation de la loi n° 6/99, un écrit est exigé pour des raisons fiscales.
Il s’agit de la facture.
En matière de vente internationale, l’offre s’appuie sur un document écrit : la facture pro
forma. Elle est considérée comme un devis qui reprendrait tous les éléments d’une facture
commerciale permettant à l’acheteur de prendre connaissance des spécificités de l’offre.
Cette facture engage la responsabilité et fixe les obligations du vendeur.
Le formalise se traduit le plus souvent par un écrit (sous-seing privé ou notarié) ou par la
remise de la chose (Contrat réel : exemple le contrat de prêt).

2- Un contrat synallagmatique

Le contrat de vente fait naitre des obligations réciproques à la charge des deux parties dès
sa conclusion qui sont à la fois débitrice et créancière.

3- Un contrat à titre onéreux

Il existe une contrepartie évaluable en argent au transfert de propriété à la délivrance de la


chose, ce qui le différencie de la donation ou du prêt.

4-Un contrat commutatif

Le contrat de vente est un contrat commutatif à titre onéreux par lequel les parties
62
s’engagent réciproquement à fournir à l’autre partie une contrepartie déterminée et
équivalente (le contrat de vente et le contrat de louage).
Les avantages réciproques des parties sont susceptibles d’être évalués dès la conclusion
du contrat.

5-Un contrat à exécution instantanée

Les obligations des parties s’exécutent en une seule fois. Il cesse de produire effet dès
l’exécution des prestations.

6-Un contrat Non « intuitu personae »

Le contrat n’est pas conclu en considération de la personne des parties.

IV-Les effets juridiques du contrat de vente

L'effet juridique principal du contrat de vente est le transfert de la propriété du bien vendu
et des risques correspondants du patrimoine du vendeur au patrimoine de l'acheteur.

1-Premier Principe : Transfert immédiat de la propriété de l’objet du contrat


Même s’il n’y a encore eu ni livraison, ni paiement.

Cette règle s’applique dans le cas où l’objet de vente est un corps certain (chose
individualisée, non susceptible d’être remplacée par une autre), sauf accord contraire des
parties).
Toutefois, dans la pratique il existe certain nombre d'exceptions à ce principe du transfert
immédiat, notamment dans le cas où l’objet de la vente est « chose de genre ». Il
n’interviendra que lorsque cette dernière sera individualisée et spécifiée. (Par exemple : 50
kg de pommes, 100 moutons, 1000 barils de pétrole, 10 000 kWh d'électricité ou encore 100
3
m de gaz).
Aussi, souvent dans les contrats de vente, Il est inséré la clause de réserve de propriété. où
le bien n'est pas délivré en même temps que le droit de propriété.

o La clause de réserve de propriété

Cette clause permet au vendeur de conserver le droit de propriété sur la chose vendue
jusqu’au complet paiement. Le bien n'est donc pas délivré en même temps que le droit de
propriété (Ex. : En cas de paiement fractionné vente de crédit).

2-Deuxième principe : Transfert des risques liés à l’objet du contrat en


même temps que la propriété (Article 491 du D.O.C).

Les risques, pertes et détériorations liés à l’objet vendu sont transférés en même temps que
la propriété et le nouveau propriétaire (l’acheteur) devant immédiatement les assumer.
o Les impôts, contributions, et autres charges qui pèsent sur la chose vendue.
o Les frais de conservation.

Exception au transfert du risque : Le vendeur supporte seul les risques liés à la chose

63
o La clause de dissociation

 Quand la livraison du bien a lieu après la signature du contrat sur une chose
future. Le vendeur assume toujours le risque alors que le transfert de
propriété est déjà intervenu.

 Quand la vente est faite « à la mesure, au compte, à l’essai, sur dégustation


ou sur simple dégustation » tant que la chose vendue n’a pas été «
comptée, mesurée, jaugée, essayée, dégustée, examinée ou agréée par
l’acheteur ou par son représentant », Article 494 du D.O.C.

 Quand le bien objet du contrat venait à être détruit avant la livraison du


produit et le bien est une chose de genre non individualisée le vendeur
devra supporter entièrement la destruction du bien.

 En vertu des dispositions de l’article 496 D.O.C, la chose vendue voyage aux
risques du vendeur jusqu'à réception par l’acheteur.

IV- Les obligations contractuelles réciproques des parties

1- Les obligations du vendeur

a) Les obligations générales du vendeur


o Première obligation : Le vendeur est tenu d'une obligation de délivrance conforme
(articles 499 à 531)
Le vendeur doit livrer une chose conforme à ce qui a été prévu au contrat et selon les
modalités incluses au contrat tant en ce qui concerne le respect de :
 La quantité : Les usages déterminent valablement la valeur des unités employées
(tonne, baril, …) ;
 La qualité : elle doit être loyale, sauf si le contrat est plus précis. Tel est le cas des
ventes sur échantillon, des ventes subordonnées à l’agréage ou à l’essai par
l’acheteur.
 Le temps de livraison convenu.

La délivrance doit porter aussi sur les accessoires de la chose vendue y compris les éléments
nécessaires à son utilisation (mode d'emploi, manuels d’utilisation et de maintenance d’une
machine, les documents administratifs). (Article 516 DOC).

o Deuxième obligation : Le vendeur est tenu d'une obligation de mise à disposition de


la chose

La délivrance doit s’effectuer au lieu où la chose vendue se trouvait au moment du contrat,


sauf convention contraire des parties. Elle doit se faire aussitôt après la conclusion du contrat,
sauf les délais exigés par la nature de la chose vendue ou par l'usage (Article 504 du DOC).
Toutefois, il faut distinguer selon la modalité de la vente.
Il existe différentes modalités de la vente :

64
 La vente en disponible : elle est suivie d’une livraison immédiate, les usages ne
permettent qu’un bref délai.
 La vente à livrer : la délivrance est différée jusqu’au moment où la chose vendue
arriva à l’acheteur.
 La vente à l’essai : sous condition de restitution.

Le manquement au respect des règles de livraison de la chose vendue par le vendeur peut
entraîner la résolution du contrat, l'exécution forcée ou encore le versement de dommages
intérêts.

o Troisième obligation : Le vendeur est tenu d'une obligation de garantie de la


chose (Article 532 à 575).

Le vendeur est tenu premièrement de garantir la jouissance paisible de la chose : garantie


d'éviction et de garantir deuxièmement l'absence de défaut de la chose vendue : garantie
des vices cachés.

 Garantie d’éviction

Cette éviction se trouve quand l’acheteur est troublé dans la possession de la chose :
 Lorsqu’il est privé en tout ou en partie de la possession de la chose ;
 Lorsqu'il ne réussit pas à en obtenir la possession contre un tiers détenteur
 Lorsqu'il est obligé de faire un sacrifice pour la délivrer.

L’acheteur qui a souffert l'éviction totale de la chose sans qu'il y ait eu, de sa part,
reconnaissance du droit de l'évinçant, a le droit de se faire restituer :
 Le prix qu'il a déboursé et les loyaux coûts du contrat ;
 Les dépens judiciaires qu'il a faits sur la demande en garantie ;
 Les dommages qui sont la suite directe de l'éviction. Article 539 :
L'acheteur a le droit de se faire restituer la totalité

 Garantie des vices cachés

Le vendeur garantit les vices de la chose qui en diminuent sensiblement la valeur, ou la


rendent impropre à l'usage auquel elle est destinée d'après sa nature ou d'après le contrat.
Les défauts qui diminuent légèrement la valeur ou la jouissance, et ceux tolérés par l'usage,
ne donnent pas ouverture à garantie. (Article 549 du DOC).
Il y a vice caché lorsque le vice est :
 Antérieur à la vente ;
 Est caché ;
 Est inconnu de l’acheteur (le vendeur professionnel est présumé avoir
eu connaissance des vices et être de mauvaise foi).

Si les défauts non apparents de la chose vendue la rende impropre à son usage l’acheteur
peut :
o Soit rendre la chose au vendeur et se faire restituer le prix au moyen de
l’action rédhibitoire.
Les délais d’exercice de l’action, selon la loi « Toute action résultant des vices
rédhibitoires, ou du défaut des qualités promises, doit être intentée :
 Pour les choses immobilières, dans les 365 jours après la délivrance ;
 Pour les choses mobilières et les animaux, dans les 30 jours après la
délivrance.
65
L’action en garantie des vices cachés est transmise en cas de revente, au sous-
acquéreur qui peut agir, à son choix, contre son vendeur ou le vendeur initial.
Les clauses limitatives de garantie sont nulles, sauf si la vente est conclue entre 2
professionnels de même spécialité.

o Soit conserver la chose vendue et se faire restituer une partie du prix versé au
moyen de l’action estimatoire.

La garantie est due de plein droit, même quand elle n'aurait pas été stipulée dans le contrat.

b) Obligations particulières du vendeur professionnel

o Obligation de sécurité
Cette garantie se distingue de la garantie des vices cachés dans le sens où elle n'est pas
soumise aux strictes conditions d'application de cette dernière. Il s'agit d'une obligation de
résultats, par conséquent, il n'est pas nécessaire de prouver une quelconque faute de la
part du vendeur. Le produit vendu ne doit pas être dangereux même s'il est conforme à sa
destination.

o Obligation d’information et de conseil


Le vendeur professionnel doit donner tous les renseignements sur les caractéristiques
essentielles du produit et sur son utilisation et conseiller utilement le client par rapport à ses
besoins (Exemple en matière informatique). Cette information doit figurer sur les
documents précontractuels. Cette obligation incombant au vendeur n'est pas
spécifique au contrat de vente, mais inhérent au droit commun des contrats.

2- Obligations de l'acheteur

L’acheteur est soumis aussi vis à vis du vendeur à différentes obligations. Il s’agit de :
 L’obligation de retirer le bien ;
 L’obligation de payer le prix.

a) Obligation de retirement (prendre livraison)

Le retirement de la chose vendue se fait au moment de la conclusion du contrat, sauf si les


parties en décident autrement. A défaut de retirement dans les délais, le vendeur peut
mettre en demeure l’acheteur. Il pourra aussi demander :
 L’exécution forcée ;
 Ou la résolution de la vente.

b) Obligation du paiement du prix (Articles 576 à 584)

Il s’agit d’une condition nécessaire pour le perfectionnement du contrat de vente.


L’acquéreur doit se libérer du prix convenu dans le contrat de vente et ses accessoires entre
les mains du vendeur lui-même ou à la personne qu’il a mandatée

Le paiement porte sur le prix et ses accessoires convenus dans le contrat ainsi que d’autres
composantes telles que les frais de transport et les droits de douanes.
66
L’acheteur est tenu de payer le prix à la date et de la manière établie au contrat.
Sauf clause contraire dans le contrat, la délivrance et paiement doivent se faire
simultanément. Ce qui donne au vendeur une double garantie en cas de non-paiement
(Article 582 DOC) :
 Droit de revendication ;
 Arrêter la vente.
Le paiement du prix doit se faire soit au siège de l'activité du vendeur, soit au lieu de la
livraison si cette dernière est effectuée contre remise de documents.

SECTION II : CONTRAT DE DISTRIBUTION

I- Notion de la distribution

La distribution est considérée par les juristes et économistes comme une activité
d’intermédiation. Elle désigne « l’ensemble des opérations visant à mettre les produits et les
services à la portée des consommateurs ».
Ainsi le contrat de distribution régit les relations entre professionnels. Il lie un fabricant ou
producteur d’un bien ou service, (fournisseur), aux différentes entreprises susceptibles de
commercialiser leurs productions (distributeurs), auprès du consommateur final.

II- Les conditions de validité du contrat de distribution

La formation du contrat de distribution est soumise aux mêmes obligations générales que
tout contrat : les parties doivent avoir la capacité de contracter et doivent exprimer un
consentement exempt de vice et le contenu du contrat doit être licite et certain. A défaut,
ce dernier pourra être annulé.

III- Les caractéristiques du contrat de distribution

Au Maroc, le contrat de distribution ne fait pas l’objet d’un régime spécifique. Il fait
partie des contrats innomés et consensuel soumis à l’application de différentes
sources de droit avec une grande liberté contractuelle.
Dans le cadre de ce contrat le fournisseur et le distributeur restent des entreprises
indépendantes, chacune responsable de ses propres activités commerciales.
67
IV- Les avantages du contrat de distribution

o Pour le fournisseur ce contrat lui permet d’organiser son réseau de distribution en


garantissant la bonne distribution de ses produits ou services auprès de la clientèle.
o Pour le distributeur ce contrat lui assure un approvisionnement régulier, ainsi que le
bénéfice de la notoriété de la marque du fournisseur.

V- Les obligations des parties du contrat de distribution

Les parties doivent respecter les obligations qui figurent dans le contrat de distribution :
o L’obligation pour les deux parties d’être sous statut commerçant.
o L’obligation d’information précontractuelle.
o Le fournisseur a l’obligation de communiquer au distributeur les conditions générales
de vente.
o Le fournisseur a l’obligation de fournir au distributeur les éléments nécessaires à la
distribution.
o Le fournisseur a l’obligation de ne pas abuser de la faiblesse du distributeur et de ne
pas lui imposer de prix excessifs.
o Le distributeur s’engage à répondre à toute demande écrite du fournisseur sur
l’exécution du contrat.
o Le respect du droit de la concurrence,

VI- Les formes du contrat de distribution

Le contrat de distribution peut prendre plusieurs formes juridiques et son champ d’action est
vaste. Il peut être exclusif ou non, comme il peut être limité géographiquement ou dans le
temps selon l’accord des contractants.
La distribution aussi, ne concerne pas seulement la vente de biens et produits mais aussi les
prestations de services (services d’entretien, services après-vente, services d’installation…).

Il existe trois types du contrat de distribution :


I- Le contrat de distribution exclusive (contrat de concession)
II- Le contrat de distribution sélective
III- Le contrat de distribution agrée

1- Le contrat de distribution exclusive


Le contrat de distribution a donné naissance à des accords de spécialisation sous forme de
clauses d’exclusivité constituant le contrat de distribution exclusive.

a) Définition du contrat de distribution exclusive/concession exclusive


Par ce contrat de distribution exclusive : un producteur ou un fournisseur confère à un seul
distributeur (grossiste ou détaillant) le droit de revendre et commercialiser en son nom et
pour son compte personnel ses produits ou services et ceci sur un territoire géographique
bien précis. Le distributeur de son côté est tenu de revendre les produits en son nom, et pour
son compte, uniquement sur le territoire donné. (Dans la concession automobile par
exemple l’entreprise Renault avec son réseau de concessionnaires).

68
b) Les modalités pratiques du contrat de la distribution exclusive

Il existe deux types de clauses d’exclusivité commerciale : d’approvisionnement et de


fourniture.

o La clause d’exclusivité d’approvisionnement

Par cette clause le revendeur s’engage à n’acheter que les produits désignés par son
fournisseur. Elle est fréquemment utilisée dans :
 Les concessions automobiles : le concessionnaire ne peut acheter-vendre que
les voitures de la marque de sa concession, Exemples : Volkswagen, Renault,
BMW…et.
 Les franchises commerciales : le franchisé ne peut acheter-vendre que les
produits de son franchiseur, Exemples : McDonald's, Domino's Pizza, Yves
Rocher…les marques de distributeur Carrefour…

o La clause d’exclusivité de fourniture


Par cette clause le fournisseur s’engage à n’approvisionner qu’un seul distributeur pour un
type de produit donné. De ce fait le concessionnaire ou le franchisé bénéficie d'une
exclusivité des produits du concédant ou franchiseur sur un secteur géographique limité.
Ce type d’exclusivité prend la forme :
 D’une exclusivité territoriale : le distributeur est le seul revendeur sur un territoire
donné (un quartier, une commune, une région ou un pays), pour un type de
biens donné. Cette exclusivité est la plus sécurisante pour un distributeur
(franchisé), elle lui garantit que, sur son territoire exclusif, aucun autre point de
vente ne pourra commercialiser les produits contractuels de la marque du
réseau.
 D’une exclusivité de clientèle : le distributeur est le seul revendeur à pouvoir
démarcher un type de clientèle déterminé. (Exemple : un agent commercial
qui est le seul autorisé à placer des contrats de services téléphoniques ou
d’approvisionnement en électricité pour la clientèle « grands comptes », soit
la clientèle ...

o Les particularités du contrat de concession exclusive

 Le contrat de distribution exclusive est un contrat cadre, qui repose sur une
exclusivité. Ces deux conditions sine qua none forment le particularisme de ce
contrat.

 La distribution exclusive nécessite de passer par un seul et unique distributeur,


cela permet de maintenir une image de prestige ou de rareté autour du
produit qui ne sera vendu qu’à un seul endroit.

 Le contrat de distribution exclusive s’inscrit dans l’objectif de la création d’un


réseau de distribution. Celui-ci est géré par le fournisseur qui impose ses
modalités de revente et détermine un territoire avec le distributeur.

69
o L’engagement des parties du contrat de concession exclusive
Il y a un engagement des deux côtés :
 Le distributeur s’interdit d’acheter à d’autres fournisseurs et doit se limiter au
territoire déterminé.
 Le fournisseur s’interdit de vendre à d’autres distributeurs et doit livrer
exclusivement à un seul distributeur sur un territoire donné.
Parfois, il se peut que le contrat de concession exclusive évoque une
exclusivité réciproque entre les parties, mais le distributeur peut continuer de
distribuer d’autres marques.

2- Le contrat de distribution sélective

a) Définition du contrat de distribution sélective

Le contrat de distribution sélective est un contrat par lequel un fournisseur donne le droit à
un distributeur sélectionné en fonction de critères prédéterminés par lui, de vendre ses
produits ou services de manière non exclusive.
Ce mode de distribution est privilégié dans tous les secteurs où le maintien de l’image de la
marque est très important ainsi que dans les secteurs qui nécessitent une forte intégration
entre le fabricant et les distributeurs tels que les produits de luxe et de haute technicité.

b) Les modalités pratiques du contrat de distribution sélective

Dans le cadre d’un contrat de distribution sélective, le fournisseur choisit son ou ses
distributeurs en fonction de plusieurs critères : savoir-faire, compétences, capacité de
conseil et d’accueil de la clientèle, ou encore en se basant sur des informations plus
poussées telles que les montants des capitaux propres.
Le contrat ne peut contenir de clauses restrictives quant à la liberté commerciale du
revendeur.

Ce type de contrat malgré sa ressemblance avec le contrat de distribution exclusive au


niveau du mode de commercialisation basé sur une distribution contrôlable par le fournisseur
et une haute protection des parties ainsi que de l’image de marque, il diffère de ce dernier
au niveau de son régime juridique.

3- Le contrat de distributeur agréé

a) Définition contrat de distributeur agréé


Le contrat de distribution agréée ou de concession agréée, est une opération juridique de
distribution sélective engageant un fabricant ou fournisseur, à ne vendre ses produits qu’au
distributeur agrée, ou revendeur avec lequel le contrat est conclu sur un territoire ou
un secteur convenu.

b) Les modalités du contrat de distributeur agréé

Ce type de contrat permet au fabricant de gérer son réseau de distribution et contrôler les
modalités de revente de ses produits.
70
Aussi, par ce contrat le fournisseur s'assure que son image de marque personnelle sera
respectée, via toute une série de critères qui s'appliquent tant au point de vente qu'au site
internet de vente en ligne du distributeur.
Le distributeur quant à lui bénéficie d'un label qui rassure le client et lui permet par ricochet
de profiter de l'image de marque du fournisseur.
En matière de distribution, ce contrat est à distinguer du contrat de distribution exclusive qui
lie un fabricant et un distributeur qui a l’exclusivité de la revente d’un produit sur un secteur
délimité. Il est également différent du contrat de franchise qui implique la transmission de
savoir-faire et l’exploitation de la marque du fabricant selon un cahier des charges.

VII- La résiliation du contrat de distribution

1- Contrat à durée déterminée

Le contrat à durée déterminée prend fin de manière automatique à l’arrivée du terme.


Aussi, chacune des parties peut y mettre fin à tout moment sous réserve de respecter un
préavis contractuel ou d’usage.

2- Contrat à durée indéterminée

En cas de manquement par l’une des parties à une obligation prévue, la partie non défaillante
sera en droit, dans un délai de 30 jours après l’envoi d’une mise en demeure par lettre
recommandée avec avis de réception de résilier le contrat.
Exemples de cas d’inexécution du contrat de distribution :
 Si le distributeur ne paie pas au fournisseur toute somme due à son échéance ;
 Si le distributeur n'effectue pas les achats minimaux mensuels prévus ;

SECTION III : LES CONTRATS DE FRANCHISE

I- Le régime juridique de la franchise

Le régime juridique de la franchise a été forgé par la pratique. Plusieurs pays, dont le Maroc,
ne disposent pas de réglementation spécifique à la franchise. Toutefois un ensemble de
textes législatifs ou réglementaires régissent les situations de droit ou de fait qui naissent de
la franchise : le Code de commerce, la Loi relative à la liberté des prix et de la concurrence,
les textes relatifs à la protection de la propriété industrielle et à la protection du droit d’auteur
et droits voisins, la législation du travail.

Par ailleurs, la fédération marocaine de la franchise a rédigé un code de déontologie qui


sert de référence lors de la rédaction du contrat.
Aussi, le contrat de la franchise est régi par les principes de l’autonomie de la volonté et la
liberté contractuelle tels qu’ils résultent de l’article 230 du D.O.C.

1- Définition et fonctionnement du contrat de franchise

La franchise est un accord commercial et juridique par lequel un entrepreneur propriétaire


d’une marque ou d’une enseigne appelée « franchiseur » octroie à un ou plusieurs
entrepreneurs indépendants dite « franchisés » le droit d’utiliser, dans des conditions bien
71
déterminées, tout ou une partie des droits incorporels composant son fonds de commerce
(enseigne, marques, nom commercial, licences…), le savoir-faire et l’assistance continue en
contrepartie de redevances et d’autres paiements.

2- Les conditions de validité du contrat de franchise

La formation du contrat de franchise est soumise aux mêmes obligations générales que tout
contrat : les parties doivent avoir la capacité de contracter et doivent exprimer un
consentement exempt de vice et le contenu du contrat doit être licite et certain. A défaut,
ce dernier pourra être annulé.
Aussi, l’écrit est obligatoire pour le contrat de franchise.

3- Les différentes classifications de la franchise


La franchise est pratiquée dans différents domaines notamment la distribution, la
production, l’industrie et les services.
a) La franchise de distribution

Le franchiseur est un distributeur qui apporte un savoir-faire commercial. A travers le contrat


de cette franchise, le franchisé vend des produits en utilisant l’enseigne du franchiseur.
Exemples : ZARA, MANGO, Célio,…).

b) La franchise de service

Le franchiseur est un prestataire de service qui apporte un service novateur et des méthodes
de gestion (Exemples : Mc Donalds, PIZZA HUT ; Hyatt Regency ; Avis ; Alain Afflelou ;
Dessange; Europcar…).
Par le contrat de cette franchise le franchisé propose un service sous l’enseigne, le nom
commercial ou la marque du franchiseur.

72
c) La franchise de production

La franchise de production désigne un réseau dans lequel le franchisé « fabrique, lui-


même, en se conformant aux directives du franchiseur des produits qu’il vend sous la
marque de celui-ci ».
Par ce contrat le franchiseur mettra son savoir-faire à disposition du franchisé pour
produire des biens vendus sous la marque du franchiseur.

d) La franchise industrielle

Les industriels franchisés fabriquent des produits sous licence, sous la marque et suivant les
techniques du franchiseur (Coca-Cola dans certains pays).

e) Le master franchise

Il s'agit pour le franchiseur de choisir un chef d'entreprise à qui il confie le soin de franchiser
lui-même une zone géographique déterminée.
Elle est utilisée par les multinationales qui souhaitent conquérir un nouveau pays plus
rapidement et efficacement. Ce réseau peut prendre la forme d'un sous réseau de franchise
contractualisé par des franchisés locaux indépendants ou la forme d'un réseau de
succursales intégrées.

f) La multi-franchise

Cette franchise permet à un franchisé d'ouvrir d'autres exploitations sous la même enseigne.
Cette formule se distingue de la pluri franchise qui consiste à créer plusieurs points de vente
sous des enseignes distinctes.

g) La pluri-franchise

Cette franchise consiste pour un franchisé à rejoindre plusieurs enseignes. Cette pratique est
répandue dans les secteurs de l'automobile et de l'hôtellerie.

II- Les caractéristiques de la franchise

a) La transmission du savoir-faire au franchisé

La caractéristique principale du contrat de franchise consiste à la transmission du savoir-faire


du franchiseur, résultant de son expérience.

Le savoir-faire du franchiseur est transmis aux franchisés au cours de la formation initiale et


continue, (méthodes de marketing et de ventes, ses outils commerciaux, ses concepts et
techniques particulières, etc).

b) Indépendance juridique et financières des parties contractantes

Le franchisé est juridiquement et financièrement indépendant de son franchiseur. Il n’est pas


salarié. Il gère son entreprise en toute liberté dans la limite du cadre fixé par l'utilisation de la
marque ou de l'enseigne et dans le respect du concept.
73
c) Le contrat de franchise est à titre onéreux

La franchise est un contrat à titre onéreux. Le franchisé paie au franchiseur des redevences
périodiques en échange de la transmission de son savoir-faire et l’utilisation des mêmes
signes distinctifs pendant la durée du contrat.

d) L’utilisation des mêmes signes de ralliement de la clientèle

Pour donner la même image vis-à-vis de l'extérieur et maintenir la clientèle les franchisés
utilisent le même nom commerciale, Logo ainsi que l’ensemble de l’identité visuelle,
enseigne, slogan, décoration…

f) Un accompagnement et une assistance technique et commercial

Le franchisé est assisté par le franchiseur, au niveau technique et commercial, en


permanence et toute la durée du contrat.

III- Les éléments essentiels du contrat de franchise


Le contrat de franchise organise les relations entre le franchisé et le franchiseur et prévoit les
droits, obligations et responsabilité des parties. Il indique la stratégie suivie par le réseau, les
objectifs à atteindre et les moyens qui permettront d’y parvenir.

Le contrat de franchise peut aussi comporter des clauses complémentaires, qui se retrouvent
dans d’autres types de contrats de distribution exclusive :
o Des clauses d’exclusivité territoriale au profit du franchisé qui se trouve dans la
situation d’un concessionnaire de vente.
o Des clauses d’exclusivité d’approvisionnement.
o Des clauses de non-concurrence.
o Des clauses de performance, obligeant le franchisé à réaliser un certain chiffre
d’affaires.

IV- Les avantages de la franchise

o Le franchiseur à l’opportunité de se développer sur un marché sans investissement,


d'accroître son activité et sa notoriété, tout en percevant une redevance et un droit
d'entrée.
o Le franchisé bénéficie de conditions d'approvisionnement avantageuses, de la
caution, du savoir-faire et des conseils du franchiseur, ainsi que d'une exclusivité
géographique et des retombées des campagnes publicitaires nationales du
franchiseur.

o Le franchisé démarre une activité clé en mains. En effet, le franchisé bénéficie, dès
son démarrage, d'un ensemble d'éléments qu'il n'aura pas à créer (liste des produits,
publicité, aménagement, fournisseurs, techniques de vente, etc.).

o Le franchisé a la possibilité de créer son entreprise tout en bénéficiant de la force d'un


réseau.

74
V- Les obligations des parties pendant le contrat de franchise

Il n’existe pas de cadre juridique spécifique entourant l’exécution du contrat de franchise. Il


appartiendra donc aux parties de s’en remettre aux termes du contrat. Ainsi, le contrat de
franchise doit préciser les droits et obligations du franchiseur et du franchisé. Ces derniers
seront à adapter en fonction du produit, du concept ou du service.

1- Les obligations du franchiseur

a) Les obligations précontractuelles

Le franchiseur doit mettre à la disposition du franchisé un document d’information


précontractuelle (DIP) au moins 20 jours avant la signature du contrat.
Ce DIP doit mentionner des informations très précises concernant :
o L’identité de l’entreprise franchiseur et de ses dirigeants ;
o L’historique de la franchise ;
o L’état du réseau ;
o Le nombre de contrat de franchise non renouvelé ou résilié ;
o Les modes de financement ;
o L’état et les perspectives du marché concerné
o Les indications spécifiques.

b) Les éléments à apporter au franchisé par le franchiseur

o Le franchiseur doit concéder l'utilisation de sa marque et de son enseigne.

o Le franchiseur doit apporter son expérience et son savoir-faire au franchisé. Le savoir-


faire s’apprécie en fonction de l’objet de la franchise. Il peut recouvrir
l’aménagement des magasins, leur agencement extérieur ou leur gestion.

o Le franchiseur doit assister le franchisé au niveau technique et au niveau de ses


méthodes commerciales ou industrielles, et de ses campagnes publicitaires pendant
toute la durée du contrat.

o Le franchiseur doit respecter l’exclusivité territoriale si le contrat de franchise contient


une clause d’exclusivité en faveur du franchisé, imposant au franchiseur l’interdiction
d’exploiter un commerce similaire ou de concéder l’exploitation d’un autre
commerce franchisé dans le territoire donné.

2- Les obligations du franchisé

o Le franchisé doit respecter l’image et l’identité du réseau en suivant les prescriptions


du franchiseur en la matière.

o Le franchisé doit respecter le concept. Le non-respect du concept par le franchisé


est un motif de rupture du contrat de franchise au tort du franchisé.
75
o Le franchisé doit payer des droits d’entrée en contrepartie de l’utilisation des signes
distinctifs du franchiseur et de son entrée dans le réseau.

o Le franchisé doit payer des redevances périodiques en contrepartie de la mise à


disposition par le franchiseur de son savoir-faire, de l’amélioration constante de ce
savoir-faire ainsi que de son assistance continue. (Calculée au pourcentage du
chiffre d’affaires).

o Le franchisé doit respecter la clause de non-concurrence lui interdisant d’exercer une


activité concurrente durant l’exécution du contrat. Il pourra toutefois en avoir dans
un secteur non concurrent.

o Le francisé doit acheter au franchiseur lui-même ou à un fournisseur que ce dernier


lui désigne, des matières ou des marchandises qui sont fournies au franchisé selon un
tarif déterminé à l'avance et révisable périodiquement.

o Le franchisé doit exploiter personnellement la franchise. Il peut être autorisé à céder


sous réserve d'agrément. En cas de décès, le contrat prévoit souvent la continuation
par les héritiers.

VI- Le renouvellement du contrat de franchise

Un contrat de franchise peut être, comme tout contrat, soit à durée déterminée soit à durée
indéterminée, mais en pratique, les contrats de franchise sont généralement à durée
déterminée. (5 à 10 ans). Le renouvèlement peut être envisagé :
o Le renouvellement peut être tacite sur la base des conditions initiales du premier
contrat (la prorogation du contrat). Il s’agit du même contrat de franchise dont les
conditions restent inchangées hormis la durée qui est prolongée.
Une clause de tacite reconduction peut être prévue au contrat de franchise.

o Signature d’un nouveau contrat à durée déterminée entre le franchiseur et le


franchisé. La conclusion d’un nouveau contrat dégagera l’obligation de remettre de
nouveau un DIP au franchisé. Cette signature autorisera de la renégociation des
conditions commerciales par rapport au contrat initial.

VII- Résiliation du contrat de franchise

Le franchiseur peut demander la résiliation du contrat s'il prouve des manquements du


franchisé à ses obligations. Un contrat de franchise à durée indéterminé doit prévoir un
préavis pour résiliation. En l’absence de préavis, des sanctions sont prévues en cas de rupture
brutale du contrat.

VIII- Juridiction compétente

Le tribunal compétent en cas de litige est celui du signataire qui se voit assigner
en justice (le défendeur) et non celui qui attaque (sauf clause contraire
mentionnée dans le contrat commercial).

76
Une clause d’arbitrage peut être insérée dans l’acte commercial, la clause d’arbitrage est
facultative.

SECTION IV - LE CONTRAT DE CONCESSION

I- L’objet du contrat de concession

Le contrat de concession a pour objet de permettre à une entreprise, appelée le


concessionnaire, de distribuer les produits d’un fournisseur, appelé le concédant, en
exclusivité sur un zone géographique définie.
Ainsi, le contrat de concession est un contrat par lequel un commerçant se dote auprès d'un
autre des marchandises qu'il a à vendre sous la marque de ce dernier.

Le contrat de concession est un contrat cadre contenant l'ensemble des obligations


réciproques à la charge des parties, qui vont être différentes selon la nature du commerce
concédé.

II- Les clauses d’exclusivité figurant dans le contrat de concession

1- La clause d’exclusivité territoriale

Le principe de l'exclusivité est l'élément central du contrat de concession. Il s'agit en


général d'une exclusivité de vente. Aussi, un territoire exclusif est une condition de validité
et critère d’existence de la concession.
La clause de l’exclusivité est un élément indispensable du contrat de concession.

2- La clause d’exclusivité de fourniture

C’est une obligation par laquelle le concédant s’engage à approvisionner le


concessionnaire avec les produits mentionnés dans le contrat, et ce, dans une zone
géographique déterminée.

3- La clause d’exclusivité d’approvisionnement

C’est une obligation, pour le concessionnaire, de s’approvisionner en exclusivité auprès du


concédant. Seuls les produits du concédant peuvent être distribués par le concessionnaire
et il lui est interdit de distribuer d’autres produits de même nature.

4- La clause de rémunération du concédant

Le contrat de concession indique de manière précise, le montant et les modalités de la


rémunération du concédant par le concessionnaire si des commissions sont prévues.

III- Caractéristiques du contrat de concession

o Indépendance juridique du concessionnaire et du concédant.


o Autorisation d’usage de la marque et/ou l’enseigne du concédant.
o Assistance commerciale ou technique qui doit régir la vente des produits et services.

77
IV-les engagements des parties

1- Les obligations du concédant

Le concédant est soumis :


o À une obligation de fourniture ;
o À une garantie des vices cachés ;
o À respecter l’exclusivité promise dans le contrat de concession ;
o À garantir une assistance matérielle, technique ainsi que commerciale à son
concessionnaire ;
o À permettre à son concessionnaire d'utiliser l'ensemble des signes qui permettent à
la clientèle de rallier l'enseigne.
Si le concédant ne respecte pas ses obligations, il s'expose à voir sa responsabilité engagée
et à devoir payer des dommages et intérêts au profit de son concessionnaire. Si l'inexécution
contractuelle est manifeste et grave, la résolution du contrat peut être prononcée.

2- Les obligations du concessionnaire


Le concessionnaire est tenu :
o D’acquérir les produits du concédant. Il s’agit de la clause d'exclusivité
d'approvisionnement.
o De payer les marchandises achetées au concédant de respecter le caractère intuitu
personae du contrat.
Si le concessionnaire ne respecte pas les obligations qui lui incombent, il peut être
condamné au versement de dommages et intérêts.
Aussi, une résolution du contrat, en particulier lorsqu'une clause résolutoire a été insérée au
contrat.

V- Les avantages du contrat de concession

1- Pour le concessionnaire
o Le concessionnaire a l’exclusivité de revente.
o Le concessionnaire a le droit de fixer librement ses prix.
o Dès l’ouverture de son commerce, il a un chiffre d’affaires dont l’importance sera
fonction de la notoriété du concédant et surtout de sa marque.
o Le concessionnaire est indépendant.

2- Pour le concédant

o Le concédant est déchargé des services après-vente et de maintenance qui seront


assurés par le concessionnaire.
o Le concédant exerce un contrôle sur le concessionnaire pour maintenir la cohérence
et la qualité du réseau et sa bonne image de marque.

VI-Les Inconvénients du contrat de concession

o Le concédant n'est pas tenu de reprendre ces stocks dont il a transféré la propriété.
78
o Le concessionnaire, privé de ses droits par la rupture de la concession, ne peut plus
les écouler sous peine de commettre un acte de concurrence déloyale

VII-Distinction entre contrat de concession et contrat de franchise

Le contrat de concession est une notion à ne pas confondre avec le contrat de franchise,
qui peut paraître un mécanisme semblable mais qui ne l’est pas.

1- Similitudes des contrats

o Le franchisé et le concessionnaire sont des commerçants indépendants.

o Le contrat de franchise peut comporter des clauses d’exclusivité territoriale, ce qui


tend à le rapprocher du contrat de concession exclusive

VIII- La résiliation du contrat de concession

La rupture du contrat de concession varie selon que le contrat de concession est à durée
déterminée ou indéterminée :

1- La résiliation du contrat de concession à durée déterminée

Le contrat de concession à durée déterminée se rompt à l’échéance fixée par le contrat.


Dans ce cas le concessionnaire n’a pas le droit au renouvellement du contrat lorsque celui-
ci est arrivé à son terme.
Fournisseur et concessionnaire retrouvent leur liberté. Le concessionnaire ne bénéficie pas
d’indemnité compensatrice du seul fait de la rupture.
Un préavis n’est pas nécessaire, sauf si le contrat prévoit un renouvellement tacite.

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Le renouvellement est décidé librement par le concédant. C’est pourquoi le non-
renouvellement ne permet pas au concessionnaire d’exiger des indemnités.
Le contrat de concession peut être résilié avant terme en cas de non satisfaction du
concédant des résultats du concessionnaire. C’est le cas, où ce dernier n’a réalisé aucune
vente, alors que le produit se vend parfaitement ailleurs.
Mais, si la rupture est injustifiée, une indemnité de brusque rupture sera versée au
concessionnaire.

2- La résiliation du contrat de concession à durée indéterminée

La rupture du contrat est possible, moyennant le respect d’un préavis suffisant. Aucun texte
n’indique la durée de ce préavis. L’exigence de ce préavis n’est pas absolue car le
concédant peut offrir au concessionnaire le choix entre le respect d’un préavis ou
le versement d’une indemnité.

SECTION V - LE CONTRAT DE SOUS-TRAITANCE

I- Notion du contrat de sous-traitance

C’est un contrat d’entreprise par lequel un entrepreneur, confie à une autre personne,
appelée le sous-traitant, tout ou partie des opérations de production ou de prestation de
service, prévues dans le cadre d’un contrat d’entreprise ou d’un marché public conclu
avec le maître de l'ouvrage… ». Exemple dans le bâtiment, l’entrepreneur principal sous-
traite les peintures, les boiseries...
Le sous-traitant élabore, sous la responsabilité et les directives de l’entrepreneur principal, un
élément d’un produit qui sera livré au maître de l’ouvrage.

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II- Les caractéristiques du contrat de sous-traitance

1- Un contrat innommé et consensuel

Le contrat de sous-traitance est un contrat qui n’a pas été spécialement prévu par le texte
législatif, mais les besoins de la vie sociale peuvent susciter l’apparition.

2- Opération tripartite

La sous-traitance renvoie à une relation tripartite entre le sous-traitant, son donneur d’ordre
et le maître d’ouvrage. Dans cette relation, le donneur d’ordre confie une partie de ses
missions formulées par le maître d’ouvrage au sous-traitant.

3- L’indépendance des parties

En théorie, il n’existe pas de lien juridique entre le maître de l’ouvrage et le sous-traitant. Le


donneur d’ordre demeure maître de sa politique économique ainsi que de ses rapports
avec ses clients.
Le sous-traitant contractuellement lié à l’entrepreneur principal, est juridiquement
indépendant, exempt de tout lien de subordination.
Ainsi en cas de défaillance de l’entrepreneur principal, il n’aurait pas de recours contre le
maître de l’ouvrage.

4- La substitution

Le sous-traitant prend la place de son donneur d’ordre dans l’exécution du travail que celui-
ci lui confie.

5- La mise en œuvre de moyens techniques

Quels que soient son domaine et son niveau de compétence professionnelle, la sous-
traitance consiste toujours dans l’exercice d’une fonction technologique.

6- Un contrat utilisé dans tout type de domaine ou d’entreprise

Quelle que soit sa forme juridique, une société peut y avoir recours, y compris les formes
d’entreprises individuelles ou les auto-entrepreneurs.

III- Les différents principaux contrats de sous-traitance

o La sous-traitance de « capacité ».
o La sous-traitance de « spécialité ».
o La sous-traitance « stratégique ».

IV- Condition de forme du contrat de sous-traitance

La particularité de cette opération c’est qu’Il faut conclure consécutivement au moins deux
contrats d’entreprise pour recourir à un sous-traitant :

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o Le marché principal conclu entre le maître de l’ouvrage et l’entrepreneur principal.
o Le contrat de sous-traitance conclu entre l’entrepreneur principal et le sous-traitant.

V- les obligations prévues par le contrat de sous-traitance

1- Les obligations du sous-traitant

Le sous-traitant s'engage :
o À réaliser les différentes prestations qui lui sont confiés en respectant le calendrier
d’exécution des tâches prévues et les règles de l’art de sa profession.
o À informer le donneur d’ordre sur les éventuelles difficultés rencontrées dans le cadre
de ses travaux.
o Le sous-traitant a une obligation de conseil envers le donneur d’ordre et il peut dans
certains cas être tenu d’une obligation de résultat.

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2-Les obligations du donneur d'ordres

Le donneur d'ordres s’engage :


o À verser les sommes prévues par le contrat de sous-traitance en respectant les
conditions de paiement qui y figure.
o À mettre en œuvre tous les moyens pour que le sous-traitant puisse exécuter
correctement les travaux sous-traités.

VI-La durée du contrat de sous-traitance

Le contrat de sous-traitance peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée.
Le choix en matière de durée a un impact sur les possibilités de rupture du contrat.

1- La rupture du contrat de sous-traitance

a) En cas de contrat à durée déterminée

Le contrat prend fin à son terme ou par commun accord. Une clause de tacite reconduction
est souvent insérée. Le contrat dans ce cas est reconduit pour la même durée sauf si une
des deux parties le dénonce avant son terme.

b) En cas de contrat à durée indéterminée

Chaque partie a la possibilité de demander la rupture du contrat unilatéralement.

VII-La résiliation du contrat de sous-traitance

1-La résiliation de plein droit

Lorsque l’une des deux parties ne respecte pas ses obligations.

2-La résiliation lorsque le contrat principal prend fin

Lorsque le contrat de sous-traitance est lié à un autre contrat (dit contrat principal) liant le
donneur d’ordre à un maître d’ouvrage et que ce dernier prend fin. Dans ce dernier cas,
lorsque le contrat principal prend fin suite à une faute du donneur d’ordre, le sous-traitant
peut obtenir une indemnisation en réparation du préjudice subi.

SECTION VI- LE CONTRAT DE PRESTATION DE SERVICES

I- Notion du contrat de prestation de services

Le contrat de prestation de services est défini comme étant une convention ou un contrat
commercial par lequel un prestataire de service (personne physique ou morale), s’engage
contre rémunération à fournir à un client un service ou un travail technique ou intellectuel.

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II- les caractéristiques du contrat de prestation de services

o Absence de lien de subordination, donc il est différent d’un contrat de travail. Le


contrat de prestation de services est un contrat commercial soumis au Code de
commerce, alors que le contrat de travail est soumis au Code du Travail.
o La prestation est réalisée en toute indépendance
o L'entreprise assure directement, avec son propre personnel et sous son autorité, une
tâche déterminée pour le compte d'une autre entreprise moyennant rémunération,
donc il est différent d’un contrat mis à disposition de personnel.
o Le client et le prestataire de services sont liés par le contrat de prestation de services,
donc il est différent d’un contrat de sous-traitance.
o Le prestataire est rémunéré donc le contrat est différent d’une prestation d’assistance
bénévole.

III-Les clauses spécifiques du contrat de prestation de services

1-La clause de non-concurrence

La clause de non-concurrence doit viser certains services spécifiques, être limitée dans le
temps et concerner une zone géographique précise.

2-La clause de confidentialité

Cette clause doit être bien précise.

3-La clause de propriété intellectuelle

Sans cette clause, le commanditaire ne bénéficie d’aucun droit de propriété sur l’œuvre
réalisée par le prestataire.

IV-Les obligations prévues par le contrat de prestation de service

1- Obligations du prestataire de services

Le prestataire est tenu :


o De s’immatriculer auprès du Registre du Commerce ou au Répertoire des Métiers selon
la nature de son activité.
o Il s’engage à réaliser un travail spécifique. Un service et non la vente d’un produit.
o Le prestataire est tenu à solliciter une demande d’agrément. Cette démarche
concerne les activités réglementées.
o Le prestataire est tenu à une obligation de moyen et non à une obligation de résultat.
Il doit donc tout mettre en œuvre pour parvenir à la réussite de sa mission.
o Le prestataire s’engage à ne pas révéler des informations tenues secrètes par
l’entreprise, par exemple une méthode de fabrication.
o Le prestataire de services octroie au client le bénéfice de la garantie des vices cachés.

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o Le prestataire est tenu à une obligation d’information envers la société cliente. Cette
obligation d’information comprend :
 Un devoir de renseignement ;
 Un devoir de mise en garde ;
 Un devoir de conseil.
o Le prestataire devrait établir un devis. Au niveau juridique ce devis une fois signé, vaut
pour contrat.

2-les obligations du client du prestataire de services

La société cliente est tenue :


o Du paiement du prix convenu : La fixation du prix d’une prestation de services est libre.
Le versement de la rémunération du prestataire de services est indépendant de l’issue
de la mission. À cet effet une rémunération fixe doit être versée au prestataire de
services par la société cliente, peu importe la réussite ou non de la mission.
o De mettre à disposition du prestataire tous les moyens nécessaires afin de faciliter la
réalisation de la mission confiée.
C’est pourquoi le prestataire bénéficie de garanties en cas d’insolvabilité de son
cocontractant, notamment, la possibilité de suspendre l’exécution de la prestation ou
d’exercer un droit de rétention sur la chose.
o D’accorder, si nécessaire, au client un accès à des informations essentielles pour que
le prestataire de services puisse réaliser sa mission. En contrepartie.
o De réceptionner les travaux effectués par le prestataire de services et d’indiquer qu’ils
sont conformes à ce qu’il a demandé. En cas de désaccord, une réception avec
réserves, voire un refus de réception, est possible.

V-La durée du contrat de prestation de services

Les contrats de prestation de services sont en principe fixés pour un service bien spécifique.
Toutefois certains seront conclus sur une période renouvelable (Prestations de conseil
juridique et comptable par exemple).

VI- La rupture du contrat de prestation de services

o Si le contrat de prestation de services est à durée déterminée :


C’est le terme ou bien par l’effet d’un commun accord. Il peut cependant être
reconduit en cas de clause de tacite reconduction.
o Si le contrat de prestation de services est à durée indéterminée : chaque partie a la
possibilité de demander la rupture du contrat unilatéralement.

VII- La résiliation du contrat de prestation de services

En cas d’inexécution d’une obligation de la part d’une partie, l’autre partie peut demander
la résiliation du contrat. La clause vient ainsi préciser les modalités pour que la résiliation
respecte la procédure, les délais, les sanctions, etc.
La responsabilité du prestataire peut être engagée en cas d'inexécution, d'exécution
incomplète ou d'exécution défectueuse de sa prestation.

85
SECTION VII : CONTRAT DE JOINT-VENTURE

I- Notion du contrat de joint-venture


La joint-venture est une structure juridique qui n'a pas de définition légale en droit marocain.
Il s'agit, dans la pratique, d’une co-entreprise crée par deux ou plusieurs entreprises qui en
mettant leurs technologies ou leurs ressources s'associent afin de réaliser ensemble un projet
économique, en commun, d’une envergure et d'une complexité qui dépassent leurs propres
capacités et moyens.
Le contrat de joint-venture peut avoir diverses fins : recherche, innovation technologique,
commercialisation, production, etc.

Il peut être créée dans le cadre d'une coopération économique internationale ou au niveau
local afin de créer des synergies entre plusieurs entreprises.
Exemples de contrats de joint-venture marocaines : Joint-venture entre l’OCP et ADNOC
en 2017, RAM et AIRFRANCE en 2009, l’ONCF et la SNCF en 2015, la CDG et le groupe EDS
France dans le domaine de l’offshoring.

II- Les caractéristiques du contrat joint-venture

o Une joint-venture n’a pas un statut particulier. Les entreprises qui créent cette
structure peuvent choisir son statut librement : SA, SARL, SAS, etc. Ainsi la répartition
des bénéfices obtenus entre les entreprises qui créent cette joint-venture dépend du
statut juridique choisi.
o Dans le cadre de la joint-venture un apport en argent n’est pas nécessaire mais sera
défini par les besoins qui conduisent cette collaboration économique.
o La joint-venture est à la croisée du droit des contrats et du droit des sociétés. C’est
une combinaison innovatrice d'éléments du droit des sociétés et du droit des contrats.
o Un contrat de joint-venture n’est pas une fusion ni une acquisition d’une entreprise,
c’est un outil stratégique que plusieurs entreprises font appels pour atteindre un
objectif commun et pour en tirer profit.
o Les co-entreprises sont juridiquement et financièrement indépendantes l’une de
l'autre tout en étant complémentaires.
o Les partenaires d’une joint-venture participent aux profits et pertes de la co-
entreprise.
o Pour qu’il y ait joint-venture, il faut que les différentes entreprises aient un projet
déterminé en commun.

III- Modalités de conclusion d’une joint-venture

Il existe deux structures de joint-venture : soit uniquement contractuelle avec un contrat de


collaboration, soit à la fois contractuelle et sociétaire avec un contrat de collaboration et
une filiale commune.

1- Structure uniquement contractuelle : conclusion d'un contrat cadre

Le cadre contractuel trace les limites de l'opération conjointe et détermine les modalités
essentielles de la coopération et contient au minimum les mentions suivantes :

86
 La définition des objectifs de l'opération conjointe : cette mention sera très utile en
cas de litige sur l'interprétation d'une clause.
 Les modalités de mise en place des comités de direction et de leur fonctionnement.
 Les modalités et les conditions du départ de l'un des partenaires.
 Les clauses d'imprévision : elles prévoient la révision des termes du contrat en cas de
survenance d'événements extérieurs et imprévisibles bouleversant l'économie du
contrat.
 Les contributions de chaque partie à l'accord : engagement de subvenir aux besoins
financiers de l'opération par avances, garanties d'emprunts, transfert de technologie
et répartition des résultats.
 Les moyens de règlement des conflits éventuels : par des procédés de règlement
amiable (expertise, conciliation), ou par arbitrage. Une clause attributive de
compétence à un tribunal est souhaitable.

Dans le cadre de cette relation contractuelle, les bénéfices tirés de cette opération sont
répartis entre les entreprises selon une ventilation définie dans l'accord contractuel.
Chaque partenaire est ensuite imposé pour sa part de bénéfices lui revenant selon la
législation fiscale du lieu d'implantation.

2- Création d'une structure juridique : Filiale commune

Juridiquement, la forme de la co-entreprise peut-être une SA, SARL, une société en


participation, etc.,
Dans le cadre de cette filiale commune, les bénéfices réalisés par cette filiale sont imposés
selon la réglementation fiscale du pays d'implantation.
Aussi, les salariés de la filiale commune sont soumis aux règles du droit du travail du pays
d'implantation.

IV- Les modalités de la conclusion du contrat de joint-venture

Sur le plan pratique, il existe trois types de documents à élaborer :


o L’accord de base constitutif de la joint-venture.
o La convention d’association définissant la structure et ses règles de fonctionnement,
o Les contrats d’assistance et de prestations.
o Le Contrat Technologie (Brevets/marques Savoir-faire).

V- Les obligations contractuelles des parties au contrat de joint-venture


Le contrat de joint-venture impose un rapport de collaboration et de confiance réciproque
dans le respect des statuts de chacune des sociétés participantes à l’accord et les limitations
éventuelles prévues par la loi.
Cette relation d’intuitu-personae amène à des obligations et des engagements
notamment : l’obligation de coopérer, l’obligation de non-concurrence, l’obligation de
secret, l’obligation d’information réciproque.

87
VI- Avantages et inconvénients de la joint-venture

1- Les principaux avantages de la joint-venture


o Le recours à une joint-venture facilite la conquête d’un marché local et procure un
traitement plus favorable que celui réservé aux étrangers grâce à la
complémentarité des entreprises membres de la joint-venture.
o Elle permet à chaque partenaire d’étendre son champ d'activité économique tout
en partageant le risque avec les autres partenaires.
o Elle permet de pénétrer des pays difficiles à la création de sociétés détenues
intégralement par des étrangers.
o Elle peut servir à opérer un transfert technologique d’un pays industrialisé à un pays
en voie de développement.
o Il arrive qu'elle serve de moyen de financement.

2- Les principaux inconvénients de la joint-venture


o Les risques liés à la création d’une filiale.
o Les risques de mésentente à propos de la répartition des dividendes.

VII- La durée du contrat de joint-venture

La durée de cette coopération peut être fixée à l'avance durée déterminée. Par
conséquent la fin de l'accord de base interviendra par simple écoulement de la période
convenue.
Toutefois, en pratique, la plupart du temps, l'accord de base est conclu pour une durée
indéterminée, vu que la joint-venture vise la réalisation d'un projet commun plus ou moins
complexe qui demande des prestations diverses suivant les circonstances et l'évolution du
projet. Dans ce cas Il faudra une déclaration de volonté de l'une et/ou de l'autre partie
contractante pour mettre fin au rapport juridique existant entre elles, pour des raisons
diverses, notamment en cas de non respects des clauses contractuelles.

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