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ARBITRAGE DU SPORT

Introduction :

Dans le domaine du sport, les MARD jouent un rôle très important. Il y a une "justice" sportive, ce
sont les organes de recours internes aux fédérations sportives. Bcp de ces litiges se règlent en
interne. Avant de s'adresser à un juge quel qu'il soit il y a quasiment dans tous les pays du monde
une obligation d'épuiser les voies de recours internes (commission d'appel, tribunaux supérieurs,
etc). Également rôle important que joue la conciliation et la médiation.

En France, il y a un préalable obligatoire de conciliation devant le comité olympique français (CNSF)


selon le type du litige. Cette conciliation marche plutôt bien. L'essentiel des litiges trouve une issue à
l'issu de cette conciliation soit car on a trouvé un accord amiable soit car ça décourage les parties de
faire un recours. C'est une conciliation un peu particulière (litige institutionnel du sport) car le
conciliateur est censé rapprocher le pdv des parties mais s'il n'y parvient pas il doit faire une
proposition de conciliation, adressée aux parties à l'écrite, motivée en droit et en opportunité et qui
est présumée acceptée par les parties, elles ont 15 jours pour s'y opposer. Si elles s'y opposent, le
litige reste pendant et peuvent aller devant le juge.

Cette conciliation joue un rôle d'expertise juridique, ce sont des magistrats au CE, des magistrats à la
Cour de cassation, professeur d'université spé, donc une proposition rendue argumentée en droit qui
donne raison ou tort. La proposition n'est d'ailleurs pas confidentielle, elle est transmise au juge,
souvent le juge reprend à son compte la proposition pour la motiver à son tour.

Outre les voies de recours internes, outre la conciliation il y a également l'arbitrage qui joue un rôle
important. Parmi les différents arbitrages existants dans le domaine sportif on va parler de l'arbitrage
du TAS.

L'importance de l'arbitrage dans le domaine sportif : mode incontournable de règlement des litiges
mas l'important va varier selon le type de contentieux et selon l'internationalité du litige.
L'arbitrage joue un rôle moindre dans le contentieux national du sport que le contentieux
international.

Pour le contentieux national, la situation est variable d'un pays à un autre :


- Pour certains, l'arbitrage est un mode de règlement utilisé dans le domaine du sport
(Égypte, Canada, Belgique, Suisse)
- Pour d'autres l'arbitrage est un mode résiduel des différends sportifs et c'est notamment le
cas en France.

Pq cela ne marche pas en France ? Une raison qui tient au droit français, les fédérations sportives en
France sont délégataires de service public et titulaire de PPP. De ce fait, la plupart des décisions
qu'elles prennent sont des actes admin unilatéraux or le contentieux de la légalité des AAU est en
droit français un contentieux inarbitrable -> relève de la compétence exclusive des juridictions
administratives françaises.

Qu'est ce qui peut être soumis à l'arbitrage ? Le reste, tout sauf le contentieux institutionnel comme
le contentieux commercial par exemple (un joueur français qui a une difficulté avec son sponsor, son
agent). Cela est possible, ce n'est pas inarbitrable mais l'on constate que ce type de contentieux est
assez peu soumis à l'arbitrage. Soit s'en remette aux juridictions classiques soit s'en remette à
d'autres centres arbitraux plus spécialisés en arbitrage commerciale. La chambre arbitrale du sport
française a été créée par le CNOSF. Or dans un contentieux commercial une des parties ne fait pas
partie du mouvement sportif donc elle va avoir une confiance limitée dans le fait d'avoir recours à
un centre d'arbitrage qu'elle pense liée au mouvement sportif.

Des contentieux d'importance soumis à cette chambre, au nombre de 2 : 1 ère histoire : contentieux
du tour de France (Christopher Froome) : Un des arguments de la justice arbitrale : adapter la justice
au rythme de la compétition. Pq ce litige était arbitrale ? C'était pourtant du contentieux
institutionnel. Normalement compétition organisée par une fédération donc délégataire d'un SP. Or,
le Tour de France est organisé par une société privée. Donc le litige est entre une société et une
personne privée et aurait pu être soumis au JJ et non au JA.

Peut-être que l'activité changera de cette chambre car la ligue professionnelle, il y a quelques mois a
modifié son règlement pour y introduire une clause compromissoire en faveur de cette chambre
arbitrable dans tous les cas de litige entre clubs français au sujet de transfert de joueur. Entraîne
des questions sur la validité de cette clause d'arbitrage.

Sur le contentieux international du sport : L'arbitrage joue aussi un rôle variable selon le type de
contentieux :
- Commercial du sport international -> l'arbitrage est utilisé plus ou moins (mode usuel), ce
contentieux est parfois soumis au TAS, mais loin d'avoir un monopole sur ces questions. Il est
fréquent que les parties à un litige contentieux commercial international du sport s'adresse à
un centre d'arbitrage commercial. Si on prend les accords de la Concorde c'est une clause
CCI (la ville de Paris a signé un contrat pour l'organisation des JO dans ce dernier clause
compromissoire en faveur du TAS, le TAS a été créé par le CIO)
- Institutionnel -> l'arbitrage est le mode normal. Tous les litiges ou presque se règlent par
voie d'arbitrage. Quasiment jamais cela ne va devant une juridiction étatique. Le TAS a un
quasi-monopole de fait pour le règlement des litiges institutionnels du sport international.
Des litiges qui opposent un jour ou un club à une fédération mondiale ou continentale à
propos d'une décision que la fédération a prise.

N.B : devant le TAS -> 2 grandes procédures (distinctes dans le règlement), il y a la procédure dite
ordinaire faite pour le contentieux commercial du sport, calquée sur la procédure CCI et il y a la
procédure dite d'appel pour le contentieux institutionnel du sport.

C'est quoi ce contentieux institutionnel du sport ?

- Il y a le contentieux disciplinaire : càd des sanctions disciplinaires prononcées contre les


joueurs ou les clubs.
- Il y a le contentieux de l'éligibilité pour les compétitions internationales : il faut en général
respecter certaines règles (âge, sexe, niveaux, etc).
-
Exemple : un contentieux récent porté devant la CEDH concernant Caster Semenya (athlète
féminine) devient championne du monde, sa performance suscite quelques doutes sur son sexe. On
découvre qu'elle est intersexe. Personne majoritairement des caractéristiques biologies d'un sexe et
quelques caractéristiques de l'autre sexe. La fédération d'athlétisme édicte un règlement qui énonce
que les personnes intersexes sont exclues de certaines épreuves sauf si elles font baisser le test de
testostérone en dessous d'un certain seuil. Elle a refusé de prendre le traitement et a contesté le
règlement de la fédération devant le TAS car clause compromissoire dans le règlement. Le TAS a
donné tort à l'athlète. Elle a fait un recours en annulation, le tribunal fédéral suisse a rejeté son
recours. Elle a porté l'affaire devant la CEDH. Le contentieux transgenre fait également partie de ces
questions.

- Il y a les questions de sélection pour les grandes compétitions : avec des minima à atteindre.
Un joueur qui voudrait contester la sélection devrait s'adresser à l'arbitrage
- Les questions de conformité au code de l'anti-dopage : La Russie a été bannie du sport
mondial car elle s'était rendue coupable d'un scandale de dopage à l'occasion de certains JO.
Cela a été réglé devant le TAS
- Le contentieux des mesures de police sportive : Les clubs sanctionnés pour le
comportement de leur supporteur, les clubs russes bannis du fait du comportement de leur
état, ces clubs n'ont pas été sanctionnés, ce sont des mesures de police sportive.

Pourquoi c'est toujours ou presque devant le TAS que cela se règle ? Toutes les fédérations sportives
internationales, à 1 ou 2 exceptions près ont dans leur statut une clause qui prévoit qu'en cas de
litige entre elles et un de leur membre à propos d'une décision qu'elles auraient pris le litige devrait
être porté devant le TAS.

"Presque" : fédération internationale de tennis qui a une clause compromissoire désignant sport
résolution (centre arbitral basé à Londres) et la FIA (fédération internationale de l'automobile) elle
n'a pas de clause compromissoire dans ses statuts ou règlement.

Même ces 2 fédérations qui n'ont pas de clause TAS en ont tout de même une petite pour une petite
partie de leur contentieux celui du dopage.

Exemple : scandale de Festina, Tour de France, Richard Virenque. Le soigneur de l'équipe est arrêté à
la frontière de l'équipe avec des substances illicites. L'équipe est exclue. Richard fait valoir qu'il n'y
est pour rien. Les fédérations veulent un sport propre et en même temps si elle attrape les dopés
alors cela nuit à leur image. Les états et le mouvement sportif ensemble en 1999 créent l'Agence
d'anti-dopage. Cette agence sa première mission était d'élaborer un code anti-dopage, en 2003 il est
adopté, pas directement normatif, acte modèle dont le CIO a imposé la transposition dans leur
corpus interne à toutes ses fédérations. Les fédérations, au vu de l'importance des JO n'avaient pas
d'autres choix que de reprendre ce code qui prévoit notamment la compétence exclusive du TAS
pour connaitre des litiges internationaux en matière de dopage. Ce qui explique que la fédération
tennis et la FIA aient cette clause.

La force du mouvement sportif à l'égard des états : pour avoir les JO, le 1er ministre a dû signer une
lettre dans laquelle il s'engageait à ce que le droit français soit en conformité avec le droit
olympique. On a modifié la compétence de l'AFLD concernant les recours d'une sanction en matière
de dopage pour prévoir désormais que lorsque l'AFLD prend une sanction ce n'est plus le CE
compétent mais le TAS. Il peut désormais connaitre du contentieux de la légalité d'une autorité
publique indépendante.

On dit que le TAS est la cour suprême du sport mondial. Cette expression elle est juridiquement
inexacte mais rend assez bien compte de ce qu'est le TAS. Juridiquement inexacte car cour suprême
dit qu'il n'y a pas une instance capable de remettre en cause la décision, or les décisions du ATS
peuvent être remises en cause devant le tribunal fédéral suisse. En pratique c'est vrai car le tribunal
fédéral n'annule quasiment jamais les décisions du TAS (sur les 5000/6000 décisions rendues
seulement 12 ont été annulées).

Les affaires traitées par le TAS en procédure d'appel ce ne sont pas que des affaires d'argent, elles
portent sur des droits fondamentaux. Le contentieux spécifique du sport est celui qui va devant la
chambre d'appel du TAS, forcément indirectement des questions d'argent mais le fond du problème
est toujours ou presque l'atteinte à un droit fondamental (droit à la vie privée, droit à la dignité
humaine, droit d'exercer une activité professionnelle).

4 questions :
- Est-ce que l'arbitrage TAS est vraiment de l'arbitrage ? Question tranchée en droit positif
mais soulève toujours des interrogations doctrinales.
- Est-ce que les clauses TAS sont valables ?
- Est-ce que le droit applicable au fond des litiges devant le TAS permet de protéger
suffisamment les droits fondamentaux des sportifs ?
- Est-ce que le tribunal fédéral suisse contrôle suffisamment les sentences rendues par le TAS ?

1ère question

Pourquoi peut-on douter que l'arbitrage TAS soit bien de l'arbitrage ? Pour les dvpts suivant, par
arbitrage TAS on entend l'arbitrage spécifique dit d'appel. Jarrosson a consacré sa thèse à la notion
d'arbitrage avec une définition qui fait autorité. C'est un mode de règlement des litiges à la fois
conventionnel par son fondement et juridictionnel par sa fonction. Le juge va trancher un litige en
disant le droit généralement et la sentence est un acte juridictionnel doté de l'ACJ (pour FE il faut
l'exequatur).

Pourquoi douter au vu de cette définition que l'arbitrage TAS soit de l'arbitrage ? Deux raisons :

- Sur le fondement : L'arbitrage TAS c'est un arbitrage forcé. C'est un constat unanimement
admis (la CEDH l'a reconnu dans un arrêt du 2 octobre 2018, Mutu et Pechstein c/ Suisse). Si
c'est forcé, cela semble entrer en contradiction avec l'un des éléments caractéristiques de la
notion d'arbitrage qu'est le fondement conventionnel. Ceci étant, malgré que le doute soit
encore présent dans l'esprit d'une certaine doctrine, il est possible de relativiser les doutes
et cela peut expliquer que les juridictions étatiques ont considéré que le caractère forcé
n'était pas une raison d'exclure l'arbitrage du TAS comme un arbitrage. L'arbitrage forcé
exclut par Jarrosson c'est l'arbitrage forcé par la loi (comme la commission arbitrale des
journalistes). L'arbitrage TAS n'est pas imposé par la puissance publique mais par une
puissance de fait, un rapport favorable de force dont dispose les fédérations, la puissance
sportive. On est dans une zone grise, entre les deux. Formellement au moins, il y a bien une
convention d'arbitrage qui fonde la compétence du TAS. Dans cette zone grise, un élément
qui a surement fait pencher la balance au profit de la qualification arbitrage devant le juge
étatique : la présence de la convention d'arbitrage. Il y a quand même parfois dans
l'arbitrage sportif, des TA qui n'en sont pas vraiment.

Exemple : Algérie TA imposé par la puissance publique

- Sur la mission : La mission juridictionnelle suppose a minima quelque chose pour être
qualifiée comme telle -> elle doit être rendue par un véritable tiers, l'indépendance c'est de
l'essence de la fonction juridictionnelle. Or, on a pu douter à une époque et certains en
doutent encore que le TAS soit véritablement indépendant des parties qui recourent à ces
services et en particulier des fédérations internationales ou CIO. Faut bien distinguer
l'indépendance personnelle des arbitres et l'indépendance structurelle du TA, cette
dernière n'est pas tellement une cause d'annulation de la sentence mais
d'excommunication arbitrale. Cela correspond d'ailleurs à la jp Suisse. Dans l'arrêt Gundel de
1993 rendu par le tribunal fédéral Suisse, la Cour rappelle sa jp antérieure "une véritable
sentence assimilable au jugement d'un tribunal étatique suppose que le tribunal qui la rend
offre des garanties suffisantes d'I et d'I, à défaut elle ne saurait constituer un jugement civil
exécutoire".

Donc est ce que le TAS est assez indépendant ? Toujours eu une suspicion que le mouvement sportif,
le CIO avait créé le TAS pour donner une apparence d'indépendance mais que cela restait
fondamentalement contrôlé par le CIO. Donc il y a toujours eu un doute quant à son indépendance.

- Est-ce que c'est totalement indépendant ? On peut en discuter, ce n'est pas ce qui nous
intéressé
- Est-ce que c'est suffisamment indépendant pour entrer dans la notion d'arbitrage ? 5 arrêts
qui tous ont répondu globalement oui.

L'arrêt Gundel, 1993 : 1er grand arrêt qui a eu à statuer sur cette question. Réponse : OUI mais pas
suffisamment indépendant du CIO pour rendre des sentences où le CIO est partie (le TAS était
d'ailleurs financé par le CIO).

L'arrêt Lazoutina, 2003 : Oui et cela sans réserve. Car à la suite de l'arrêt Gundel le TAS avait été
réformé et cette réforme de 1994 avait permis que les tribunaux considèrent qu'il était suffisamment
indépendant et des fédérations internationales et du CIO du fait que le TAS n'est plus administré par
le CIO, par un organe distinct s'appelant le CIAS ; financement par le CIO pour 1/3, les fédé 1/3 et les
CNO 1/3 ; la liste des arbitres a été augmentée ; les personnes sont inscrites par le CIAS.

L'arrêt Royal Football Club Seraing, 2018 : ajoute un argument nouveau, il énonce qu'il y a un souci à
l'égard de la FIFA du fait de la dépendance financière. Le budget du tas c'est le budget général et
budget utilisateur. Le budget général c'est la répartition vue mais parmi ce tiers des fédérations c'est
au prorata donc la FIFA est peut-être contributrice à hauteur d'1/4 du budget général. Budget
utilisateur dans les 500 affaires football, 300 affaires FIFA avec 200 affairas payantes donc la FIFA est
un client qui contribue à hauteur d'1/4 du budget utilisateur. Le contentieux du football c'est la
moitié du contentieux devant le TAS. La dépendance financière du TAS vis-à-vis de la FIFA entraîne
un problème d'indépendance. Pour le tribunal fédéral suisse, pas de problème d'indépendance
même à l'égard de la FIFA. La Cour fait valoir que ce n'est pas le TAS qui juge mais des tribunaux
arbitraux sous l'égide du TAS.

 Les 3 arrêts étaient rendus par le tribunal fédéral suisse.

La Cour fédéral de justice allemande (CFJA), affaire Pechstein, 2016 a fait valoir que le TAS est
indépendant structurellement des parties.

La Cour EDH, dans l'affaire Mutu c/ Peichstein : le TAS est un tribunal I et I au sens de l'article 6§1
de la Convention.

N.B : le TAS a comme raison d'être -> un principe d'égalité des compétiteurs devant la justice.

Devant le TAS il y a une chambre ordinaire, une chambre dite d'appel et une nouvelle chambre a été
créée en 2019 : chambre anti-dopage. Jusque-là c'était la chambre d'appel qui connaissait de ces
affaires. La chambre anti-dopage ce sont les fédérations qui lui externalisent leurs sanctions
disciplinaires en matière de dopage. Cette chambre ne contrôle pas les sanctions prises par les
fédés, elle les prend à la place de ces dernières. Si le sportif pas satisfait il peut faire appel devant la
chambre d'appel. Est-ce que ces sentences sont des sentences arbitrales ? Le tribunal n'a pas encore
répondu. Pourquoi peut-on douter ? En Suisse, il y a une partie de la doctrine qui considère que ne
mérite la qualification arbitrale qu'un tribunal qui statue à la place d'une juridiction étatique. Ici, la
chambre statue à la place d'une commission de discipline d'une fédération sportive. Dans un arrêt du
18 juin 2021 Ustygov

2ème question

Pourquoi peut-on douter qu'elles sont valables ?

- Sur la forme : Clause par référence voire parfois double référence. Ce n'est pas un problème
pour le tribunal fédéral suisse et c'est d'autant moins un problème que pendant un temps il
vérifiait qu'in concreto que le sportif savait ou pouvait savoir que dans les statuts de la
fédé qu'il avait accepté par double référence il y avait la clause TAS (arrêt Roberts, 2001)
Désormais depuis un arrêt Xavier Malice, 2012 le tribunal fédéral a posé une présomption
de connaissance des clauses TAS. Cela est expliqué car le TAS est très connu donc il faudrait
être ignorant d'une telle clause.

- Sur le fond : Elles sont forcées ces conventions, le consentement est forcé. Cela
n'entrainerait-il pas une nullité de principe ? Il s'est trouvé quelques juridictions de 1 ère
instance uniquement, en Allemagne qui ont considéré que ce caractère forcé des clauses TAS
les invalidait par principe. Plus récemment, par une juridiction de 1 ère instance de Francfort a
renouvelé cette logique alors même que la Cour avait censuré. Pq cela ne tient pas ? Car c'est
un abus de langage de dire que le consentement doit être libre, il doit être exempt de vice
du consentement. En l'espèce, c'est bien le cas. Il pourrait y avoir une violence économique
mais outre qu'elle n'est pas connue par les droits elle n'invalide pas par elle-même une
convention il faut qu'elle soit disproportionnée par rapport au but qu'elle veut atteindre.

Fait-on comme si le caractère forcé n'existe pas ? Il y a des juridictions suprêmes (suisse et
allemande) qui ont passé les conventions d'arbitrage TAS au tamis, mais quel tamis ? Des différents
selon les pays, article 27 du CC Suisse qui prohibe les engagements excessifs (arrêt Nagel), dans
l'arrêt Pechstein allemand, passé la convention au tamis du droit de la concurrence qui prohibe les
abus de position dominante. La cour fédérale allemande dit qu'il n'y a pas d'abus car le TAS est créé
pour atteindre un but légitime mais en plus le moyen mis en œuvre pour atteindre ce but n'est pas
disproportionné car on n'impose pas aux sportifs d'aller devant une juridiction qui leur serait
défavorable ou encore en faveur de leur adversaire, on leur impose d'aller devant une juridiction I
et I (Mutu Pechstein). Le tribunal de l'UE le 16 décembre 2020 ISU, a confirmé indirectement que
les conventions TAS ne posaient pas problème relativement au droit de la concurrence.

Il y a tout de même une conséquence juridique au caractère forcé, qui ne touche ni à la validité des
conventions ni à la notion d'arbitrage. Arrêt Mutu et Pechstein : elle a attaqué la Suisse qui a des
obligations négatives mais également positives. LE Tas étant soumis à sa juridiction, elle estime que
la Suisse a manqué à ses obligations positives en ne censurant pas la sentence du TAS car ce dernier
ne respecte pas l'article 6§1 et cette violation de la convention la Suisse aurait dû la sanctionner en
annulant la sentence. Le TAS respecte-il l'article 6§1 ? Est-ce que le TAS est soumis à l'article 6§1 ? En
principe, formellement les TA ne sont pas soumis au respect dudit article. L'arbitrage qui n'est pas
soumis à l'article c'est l'arbitrage volontaire. Elle relève que cette fois c'est un arbitrage imposé (par
la puissance sportive) et comme c'est imposé on ne peut pas considérer que ces conventions valent
renonciation aux garanties de l'article 6§1 (ce qui est normalement considéré). Le TAS doit donc
respecter à la lettre l'article 6§1 lors d'arbitrage forcé.

Le respecte-il ?
- I et I c'est bon
- Le droit à une audience publique : en principe arbitrage huis clos, le TAS avant c'était
comme ça donc la Cour a dit qu'il méconnaissait cette obligation. Depuis cet arrêt, les affaires
qui entrent dans le champ d'application de l'article 6§1 les audiences sont publiques.
- Le droit à un jugement rendu publiquement : il faudrait que toutes les sentences du TAS
rendues en arbitrage forcée soit publique, est ce que c'est le cas ? Partiellement. Dans
l'arbitrage d'appel c'était déjà le cas mais dans les faits cette publicité ne signifie pas
forcément publication intégrale de la sentence. Elle publie un résumé par exemple
uniquement.

- La raison d'être du TAS c'est assurer le respect de l'égalité des compétiteurs devant la
justice, pour que cette dernière soit assurée il faut qu'il y ait une jp et suppose cela de la
connaitre donc publier de plus de sentence que cela n'est fait.

- Égalité des armes : inégalité de fait entre les fédérations qui vont souvent devant le TAS et
qui ont une collection de sentence importante et le sportif qui va pour la 1 ère fois devant le
TAS avec un avocat qui s'y rend peu souvent.

- Droit à un recours devant un tribunal I et I : il ne suffit pas de bénéficier d'un droit


théorique, encore faut-il que cet accès ne rencontre pas trop d'obstacles tels que l'argent

- L’accès effectif au juge : il faut que l’accès ne rencontre pas trop d’obstacles. Lorsque la
procédure est gratuite -> accès effectif mais elle n’est pas toujours gratuite. Elle est gratuit
seulement quand est contesté une décision à caractère disciplinaire d’un organisme
international. Quand cela est payant, c'est plus embêtant. Même quand c'est gratuit, il faut
tout de même payer les avocats, les éventuels d'experts, potentiellement les témoins.
Devant une juridiction étatique, si on n'a pas les sous il existe une aide juridictionnelle,
devant le TAS il existe une assistance judiciaire pour les personnes aux ressources faibles. Se
pose la question de savoir si ce système est suffisant. L'assistance judiciaire ne paie pas
l'avocat, il permet de choisir un avocat pro bono sur une liste prédéfinie. La question a été
soulevée, arrêt rendu par le tribunal fédéral suisse il y a quelques mois afin de savoir si le
système prévu devant le TAS était suffisant pour assurer le respect du droit au recours
effectif au sens de la CEDH. Sans surprise, la réponse est OUI (22 septembre 2021 André
Cardoso c/ USI). La cour EDH a été saisie.

3ème question

Est-ce que le droit applicable au fond est suffisamment protecteur des droits fondamentaux des
athlètes ? Question d'une haute importance mais angle mort de la recherche juridique, important
pour l'issu du litige mais aussi savoir si les conventions TAS ne constituent pas un abus de position
dominante. A priori, il y a toutes les raisons de penser que le TAS représente un piège à athlète.

Article R58 du Code TAS : parle du droit applicable au fond, il énonce que le droit qui s'applique sont
les règlements sportifs de l'institution concernée (c'est une première étape mais ce n'est pas
suffisant). Cela ne permet pas au sportif de faire reconnaitre que la règle soit contraire à un principe
supérieur. L'article ajoute qu'il y a d'autres règles qui s'ajoutent au fond : un droit étatique en
principe celui du lieu du siège de l'institution partie au litige mais cette application se fait de
manière subsidiaire. Donc en aucun cas pour confronter le droit sportif à des règles supérieures.
Il est clair que les arbitres du TAS refusent de considérer que sont applicables devant eux les traités
des droits de l'homme. En réalité, le bilan n'est pas si négatif que ça, trois raisons au moins de
relativiser -> tout d'abord, il y a des règles du droit national applicable que les arbitres du TAS
applique non pas seulement à titre subsidiaire mais de manière supérieure : les articles sur la
protection des droits de la personnalité (article 27 et 28 dont le droit à la vie privé et le droit à la
liberté d'expression), idem pour le droit de la concurrence. Ensuite, il y a une loi de police étrangère
que le TAS accepte systématiquement d'appliquer c'est le droit de l'UE avec les grands principes qui
en découlent (liberté de circulation, d'investissement). Enfin, au fil de sa jp, le TAS a dégagé des PGD
qui forment ce qu'on appelle une lex Sportiva qu'il accepte systématiquement de faire primer sur les
règles sportives. Ces PGD sont nombreux et reprennent quasiment les grands droits fondamentaux
que l'on retrouve dans les majeurs traités de droit de l'Homme.

La vraie question : ce ne sont pas les outils dont dispose l'arbitrage du TAS mais plus leur sensibilité.
Quand il est question d'atteinte aux droits fondamentaux, c'est souvent une question de
proportionnalité, on a le sentiment avec la jp du TAS que certains arbitres, trop nombreux, ont une
sensibilité trop pro IG du sport et anti-intérêt individuel des sportifs. Au-delà du poids que prend
l'IG dans la balance, culturellement bcp des arbitres du TAS ont été biberonnés au mythe de
l'autonomie du monde sportif, cette idée que les ordres juridiques étatiques et les ordres sportifs
sont séparés et ont du mal à entrevoir un mélange de ces deux ordres avec des règles pouvant
primer sur un autre ordre.

Souvent, le contentieux devant le TAS est du contentieux disciplinaire. Qu'est-ce qu'il y a comme
grand principe en matière de droit répressif ? Le principe de proportionnalité des sanctions, c'est un
PGD devant le TAS. Il y a bcp trop d'arbitre, même si cela est en train de changer, qui exerce un
contrôle de l'erreur manifeste. Ils ne censurent que les disproportions manifestes. Cela n'est pas
suffisant car le TAS est le premier et quasi le seul tribunal que le sportif peut saisir.

Exemple : affaire Caster S. Est-ce que la sentence du TAS est scandaleuse ? Non, bien sûr il y a une
discrimination entre femme qui peuvent ou pas participer. La question est de savoir si la
discrimination est justifiée et proportionnée ?

- Justifiée oui car elle suit un objectif légitime de loyauté des compétitions.
- Proportionnée ? Est-ce que la mesure est nécessaire pour atteindre l'objectif ? Si on regarde
de loin, on pourrait dire que quelques preuves scientifiques prouvent qu'il y a un avantage
pour les intersexes, surtout que ce n'est pas une interdiction pure et radicale. Si on regarde
de près, cela change tout. Qui va payer le traitement ? L'athlète. Qui va devoir faire des
analyses régulières ? L'athlète. Si jamais le taux pour une raison X repasse au-dessus du seuil,
elle sera disqualifiée de l'épreuve donc dans certaines fédérations peu recommandables on
fait subir une opération pour remédier au problème. La fédération d'athlé sort deux preuves
discutables de l'avantage des intersexes, discutables car soit une vraie étude scientifique et
c'est fiable mais là c'est une étude empirique et elle montre que les intersexes ont un
avantage ++ dans 5 épreuves d'athlétismes, le règlement de la fédération pour autant
interdit uniquement que 2 épreuves où l'avantage n'était pas le plus grand auxquelles on
ajoute une épreuve qui n'est pas visée par l'étude. Les 3 épreuves où Caster S brille. Cela
pourrait faire penser à un détournement de pouvoir. On peut reprocher aux arbitres d'avoir
effectué un contrôle restreint de proportionnalité.

Pour relativiser, certains arbitres du TAS ont une tendance à donner du poids ++ aux IG plus qu'à
l'intérêt indiv du sportif mais la question est surtout de savoir si ça s'annule devant une juridiction
étatique ? Ce n'est pas forcément mieux devant les juridictions étatiques.
Caster S en l'état actuel de la jp de la CEDH, il y a peu de chance qu'elle obtienne gain de cause, pour
se faire il faudrait que la jp de la CEDH change. Dans la seule affaire où elle s'est prononcée sur le
fond de la convention du TAS, affaire Platini 2020, elle a laissé à la Suisse dans ses affaires suivies par
le TAS une marge d'appréciation considérable. Dans l'affaire Platini, il a mal été défendu donc il n'est
pas impossible que la CEDH change sa jp.

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