Vous êtes sur la page 1sur 7

Étude

Vers une juste rémunération de la double prestation des sportifs et entraîneurs professionnels
Par Marie-Céline Courtet
Le 6 octobre 2018,

Chapeau à insérer

1 Quel est le point commun entre Victoire Doutreleau, Johnny Hallyday, Jonny Wilkinson et Sir Alex
Ferguson ? Outre le talent de chacun dans son domaine de prédilection, un mannequin, un artiste, un
sportif ou un entraîneur partage la spécificité que leur métier distingue la prestation physique exécutée
de l'exploitation des éléments de personnalité (image, voix, nom, prénom, surnom, autographe,
symbole, éléments biographiques et tout autre élément caractéristique de la personnalité d'un
individu1…) de la personne ultérieurement et au profit d'une marque, d'un label ou d'un club.
Si la dichotomie s'est assez vite entendue pour la rémunération des mannequins 2 ou des artistes de
spectacles vivants3, le principe de la rémunération de l'image ou des éléments de la personnalité dans
le milieu sportif a connu quelques hésitations (I). La loi n° 2017-261 du 1er mars 20174, complétée par le
décret d'application n° 2018-691 du 1er août 20185, est venue préciser les conditions d'exploitation des
éléments de la personnalité des joueurs et entraîneurs professionnels (II).

1. L'évolution du droit à l'image des sportifs professionnels en France depuis 2004

A. Le droit à l'image collective

2 En 2004, le législateur a consacré le droit à l'image collective 6 dès lors qu'il avait constaté qu'une
part non négligeable des revenus des clubs ne dépendait pas directement des prestations physiques
et sportives des athlètes mais plutôt des recettes issues de la cession des droits de retransmission
audiovisuelle, du sponsoring, du marketing ou encore du merchandising. Ce dispositif se traduisait par
l'exonération des charges sociales sur une part de la rémunération du joueur.

Les sportifs concernés par ces dispositions étaient ceux qui avaient conclu un contrat de travail dont
l'objet principal était la participation à des épreuves sportives, avec une société sportive. Le concept
d'image collective ne pouvait s'entendre qu'aux sports collectifs et ne pouvait donc trouver
d'application dans les sports individuels.

La part de la rémunération correspondant à cette commercialisation de l'image collective est


déterminée au moins dans ses modalités de fixation, par des conventions collectives conclues entre
les organisations représentatives des sportifs professionnels et celles des sociétés sportives qui les
emploient, et ce pour chaque discipline.

1
Article 9, 16 et 1240 du Code civil et article 8-1 de la Convention européenne des
droits de l’homme. Des dispositions pénales viennent également incriminer le fait de
porter atteinte au droit à l’image d’un tiers.
2
Article L. 7123-6 du Code du travail.
3
Article L. 7121-3 8 et suivants du Code du travail.
4
LOI n° 2017-261 du 1er mars 2017 visant à préserver l'éthique du sport, à renforcer la régulation et la
transparence du sport professionnel et à améliorer la compétitivité des clubs : JORF n°0052 du 2 mars
2017https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?
cidTexte=JORFTEXT000034111794&categorieLien=id
5
Décret n° 2018-691 du 1er août 2018 relatif à l'exploitation commerciale de l'image, du nom et de la voix
des sportifs et entraîneurs professionnels : JORF n°0177 du 3 août
2018https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?
cidTexte=JORFTEXT000037277989&categorieLien=id
6
Loi n° 2004-1366 du 15 décembre 2004 abrogée par ordonnance n° 2006-596 du 23
mai 2006 – ancien article L. 222-2 du Code du Sport.
Les modalités de fixation prennent en compte le montant des recettes commerciales issues de
l'exploitation de l'image collective de l'équipe concernée, notamment les recettes de parrainage, de
publicité et de marchandisage, ainsi que les recettes provenant des droits de retransmission
audiovisuelle des compétitions mais uniquement ceux qui ne portent pas sur les matches en direct.

Selon l'ancien article L. 222-2 du Code du sport, la part de la rémunération attribuée au titre de la
commercialisation de l'image collective n'est pas considérée comme un salaire. Le montant de
l'indemnité allouée aux sportifs pour la cession de leur droit à l'image collective était fonction des
droits générés par l'exploitation de cette image. Cependant, seule une part de cette indemnité était
exonérée de charges sociales. Ainsi, la part de l'indemnité exonérée ne devait pas dépasser 30 % de
la rémunération brute totale versée par le club au sportif professionnel.

De plus, le Code du sport indiquait également que le seuil de rémunération du joueur au-delà duquel
le dispositif s'appliquait ne pouvait être inférieur au double du plafond fixé par décret pris en
application de l'article L. 241-3 du Code de la sécurité sociale. Cette rémunération était doublement
exonérée de charges salariales et de charges patronales. Elle n'est donc pas soumise aux cotisations
de la sécurité sociale, à la taxe sur les salaires, à la taxe d'apprentissage et aux participations des
employeurs au développement de la formation professionnelle continue et à l'effort de construction.
En revanche, elle était soumise aux prélèvements sociaux (CSG, CRDS) dus au titre des revenus
d'activités.

Ce mécanisme d'exonération de charges sociales devait initialement durer jusqu'en 2012. Les
parlementaires ont décidé d'anticiper la fin de cette mesure pour la ramener au 31 décembre 2009.
Mais face au tollé provoqué au sein de la communauté sportive professionnelle, ainsi qu'aux
dissensions de l'équipe gouvernementale, la suppression de ce dispositif a finalement été reportée au
30 juin 2010.

Par ailleurs, le traitement fiscal des revenus perçus par un sportif membre d’une équipe de France, au
titre de la rémunération du droit à l’image collective interroge. En effet, la Cour administrative d’appel
de Versailles dans son arrêt du 17 janvier dernier 7 s’est prononcée sur le principe et les modalités
l’assujettissement à l’impôt sur le revenu de la rémunération perçue par un joueur au titre de sa quote-
part de revenus d’exploitation de l’image collective de l’équipe de France au titre des saisons sportives
2006/2007 et 2007/2008. Pour cela, la cour s’appuie sur la notion de revenu perçu par le joueur et non
pas la concession du droit d’exploitation.
Cependant, si cette décision confirme l’absence de prestation commerciale et ainsi soumission à
l’impôt sur le revenu des sommes susvisées, nous pouvons nous interroger sur le principe de
soumission à l’impôt sur le revenu dès lors que la somme allouée au titre des revenus d’exploitation
de l’image collective de l’équipe de France est versée à une entreprise légalement constituée. La cour
considère que les sommes versées à la société constituée par le joueur aux fins de gérer les droits de
propriété intellectuelle sont soumises non à l’impôt sur les sociétés mais bien à l’impôt sur le revenu
puisque les sommes sont immédiatement à disposition du joueur 8. Le joueur ne soutenait pas cette
argumentation notamment car il n’était plus résident français l’année d’imposition. Il sera intéressant
de suivre la décision éventuelle du Conseil d’Etat en la matière au regard des incidences fiscales qui
pourraient être induites.

B. Le rapport Glavany du 29 janvier 2014

3 Le rapport remis à Madame le Ministre Valérie Fourneyron par Monsieur Jean Glavany9 sur le
modèle durable du football français a mis en exergue un désavantage comparatif pour le football
français notamment puisque le montant des charges sociales pèse sur les rémunérations des joueurs
professionnels dans un contexte de compétitions et de mobilités internationales aiguës.

7
CAA Versailles 6° chambre, 17 janvier 2019, n° 15VE01996
8
Point 10 décision CAA Versailles 6° chambre, 17 janvier 2019, n° 15VE01996 et article 155 A du Code général
des Impôts
9
Rapport remis à Madame la Ministre, par Monsieur Jean Glavany, Groupe de travail
pour un modèle durable du football français, mercredi 29 janvier 2014 :
http://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/footdurable_rapport_m3.pdf.
Fort du constat qu'il existe des similitudes en matière de talent vivant, travail, engagement,
popularité… entre les artistes et les sportifs professionnels, le rapport a souhaité unifier les mesures
sociales et fiscales entre ces populations. Ainsi, deux mesures fortes ont été proposées : unification
du régime social dans le cadre des rémunérations pour les activités marketing10 (merchandising,
produits dérivés…) et unification du taux de TVA sur la billetterie11.

En effet, le régime applicable aux artistes de spectacles repose sur une distinction entre deux types
de rémunération : le salaire et la redevance. Ce même régime s'applique aux mannequins. Les
redevances sont distinctes du salaire, variables et constituent pour les artistes, comme pour les
mannequins des revenus du patrimoine. À ce titre, ces redevances sont assujetties à la contribution
sociale sur les revenus du patrimoine et non pas à l'impôt sur le revenu.

Les Juges et le Conseil constitutionnel ont à plusieurs reprises assimilé les sportifs aux artistes du
spectacle12.

Le rapport indiquait recommandait que le versement d'une partie de la rémunération des sportifs
prenne la forme d'une redevance, ce qui éviterait le recours au droit à l'image collective : Chaque club
aurait pu définir le taux de redevance applicable, calculé selon un ratio entre les recettes éligibles (ie
non liées à la présence physique des joueurs) et le chiffre d'affaires d'exploitation totale, avec
possibilité de régularisation en fin de saison. Ce type de rémunération aurait été, conformément à la
circulaire13 du 20 avril 2012, soumis à la contribution sociale sur les revenus du patrimoine au taux
global de 15,5 %, recouvrée par le club.

C.[B.] Le rapport « Braillard » suite à la grande conférence sur le sport professionnel français
remis le 19 avril 2016

4 Le rapport Braillard14 faisant suite à la grande conférence sur le sport professionnel a recommandé
de soutenir la proposition du rapport Glavany concernant la rémunération des sportifs (pour partie)
sous la forme de redevance15. La redevance avait pour objet la rémunération de l'image de l'équipe,
hors le terrain de jeu.

Ainsi, en appliquant le régime des rémunérations des artistes du spectacle ou encore des
mannequins, cela permettait d'accroître et de diversifier les recettes des clubs professionnels d'une
10
Proposition 7 du rapport Glavany.
11
Proposition 9 du rapport Glavany.
12
CE 22 juin 2011, N° 319240 : JD 2011-016515 (Le CE Conseil d’État assimile
systématiquement les sportifs à des artistes du spectacle sans opérer de distinctions
selon que l’activité relève principalement de la compétition sportive ou d’une
exhibition). -– Cour de cassation, chambre sociale, 7 février 1974, n° 72-13862 ( La
Cour de cassation indique « qu'après avoir observé que l'organisateur d'une course
cycliste est un entrepreneur de spectacles ayant le sport cycliste pour prétexte et le
coureur pour acteur[…] »)
CA Paris 2 juillet 1990, Association stade français c/ URSSAF Paris n° ????, merci
de compléter références de publication (Tournoi de tennis d’exhibition). - Cons
Constit, 9 décembre 2004, Décision N° 2004-507 DC : Journal officiel du 16 décembre 2004, page
21290 : (distinction entre le salaire des joueurs professionnels qui nécessite la
présence physique et les recettes de commercialisation de l’image collective de
l’équipe).
13
Circulaire DSS/5B/2012/161, 20 avril 2012 rela tive au régime social des
redevances et avances sur redevances, NOR : ETSS1220646C.
14
http://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/confsportpro_2016_rapport_hd4.pdf.
15
Préconisation 3.7 dans le cadre du groupe de travail sur la compétitivité du sport
professionnel français au plan européen – des solutions pour une performance
économique, financière et sportive.
part, de conserver plus longtemps les talents français ou formés en France au sein de clubs nationaux
de deuxième part, et de retrouver une certaine compétitivité dans le recrutement de joueurs
internationaux en limitant la pression fiscale et sociale qui pèse sur les clubs de troisième part.

À titre d'illustration, la masse salariale en fonction des revenus dans les sports professionnels français
n'est jamais inférieure à 53 % du chiffre d'affaires total (pour le Basketball) et peut aller jusqu'à 78 %
en Ligue 2 de football. De même, La France connaît le plus fort tôt taux de charges patronales pour un
salaire de 600 k€ annuel (31 % en France, vs 13,57 % en Angleterre, 5,5 % en Italie, 2,37 % en
Espagne et jusqu'à 1,98 % en Allemagne).
Les données ainsi rappelées permettaient de mettre en exergue que la pression tant fiscale que
sociale peut être un frein au maintien dans les clubs français de joueurs français ou localement formés
en France. Aussi, permettre une rémunération des joueurs tant pour leur performance physique que
pour la renommée de leur club paraît être un axe de développement de la compétitivité des clubs
français.
Ainsi, le rapport Braillard préconisait la distinction logique entre le salaire et la redevance. La
redevance était définie en début de saison sportive, régularisable en fin. Le taux de redevance pouvait
être calculé sur le rapport entre les recettes éligibles et le chiffre d'affaires d'exploitation totale. Ce
taux était déterminé en lien avec le Ministère de l'économie et des finances et celui des affaires
sociales, voire celui des sports.

La mise en œuvre proposée pour ce nouveau dispositif nécessitait l'adoption d'un article législatif
intégré dans le Code du travail pour transposer le régime applicable aux artistes de spectacle et des
mannequins, aux sportifs professionnels.

D.[C.] La proposition de loi enregistrée au Sénat le 12 septembre 201616

5 La proposition de loi a été portée par les sénateurs Dominique Bailly, Didier Guillaume et les
membres du groupe socialiste et républicain. Cette proposition de loi visant à préserver l'éthique du
sport, à renforcer la régulation et la transparence du sport professionnel et à améliorer la compétitivité
des clubs, prévoyait une disposition17 permettant de consacrer à travers le modèle fiduciaire une
nouvelle source de rémunération pour les sportifs professionnels et des entraîneurs employés par la
même association ou société sportive, basée sur la rémunération des attributs de la personnalité,
exploités de manière collective.

La fiducie18, inspirée du trust américain et intégrée en droit français par la loi du 19 février 2007 est un
outil de gestion de patrimoine puisque les dispositions y afférentes sont inscrites dans le livre III du
Code civil relatif aux différentes manières dont on acquiert la propriété, au même titre que les

16
Sénat, prop. Loi n° 826 [2015- 2016] visant à préserver l'éthique du sport, à renforcer
la régulation et la transparence du sport professionnel et à améliorer la compétitivité des
clubs : http://www.senat.fr/leg/ppl15-826.html.
17
Sénat, prop. Loi n° 826 [2015- 2016], préc. Article 7 de la proposition de loi ainsi
rédigé « « Art. L. 222-2-12. - Le droit d'exploiter les attributs de la personnalité d'un
sportif ou d'un entraineur professionnel employé par une association ou société
sportive de manière collective avec ceux des autres sportifs et entraineurs employés
par la même association ou société peut être transféré dans le cadre d'une
convention de fiducie régie par les articles 2011 à 2030 du code civil.
« Les modalités de ce transfert sont fixées par décret ».
18
Article 2011 du Code civil « La fiducie est l'opération par laquelle un ou plusieurs
constituants transfèrent des biens, des droits ou des sûretés, ou un ensemble de
biens, de droits ou de sûretés, présents ou futurs, à un ou plusieurs fiduciaires qui,
les tenant séparés de leur patrimoine propre, agissent dans un but déterminé au
profit d'un ou plusieurs bénéficiaires ».
successions, les libéralités, le droit des obligations, le contrat de mariage et régimes matrimoniaux,
vente…

Or d'après l'exposé des motifs, cette disposition visait à garantir une bonne gestion des attributs de la
personnalité des joueurs voire des entraîneurs d'un même club, notamment en créant de nouvelles
sources de revenus pour les clubs.
De part ce montage en fiducie, le législateur souhaitait distinguer les deux fonctions distinctes du
sportif professionnel : celle de compétiteur ayant un lien de subordination (et de facto un contrat de
travail) et celle d'ambassadeur de son club notamment avec la participation à des opérations
promotionnelles et de communication de l'équipe ou du club. Ce montage permettait également la
responsabilisation des joueurs en faisant dépendre une partie de leur rémunération (celle liée à
l'exploitation des attributs de la personnalité à titre collectif) de leur notoriété et donc va influer
nécessairement sur leur comportement sportif. Elle devait favoriser également la transparence des
flux financiers liés à la rémunération des sportifs et entraîneurs professionnels, et pouvait être
également un outil intéressant pour développer les mécanismes d'aides à la reconversion des joueurs
après leur carrière. Les modalités d'application auraient été précisées dans un décret.

Néanmoins, le dispositif fiduciaire visant à permettre au club de bénéficier de l'image de certains de


ses salariés (joueurs et entraîneurs) en vue d'une exploitation des attributs de la personnalité sous
forme collective, est assez difficile à mettre en œuvre notamment par : difficulté de déterminé
déterminer et définir les droits transférés puisqu'il ne s'agissait pas des droits sur l'ensemble des
attributs de la personnalité mais uniquement des modalités d'exploitation des droits relatifs aux
attributs de la personnalité du joueur professionnel ou de son entraîneur, ; difficulté de déterminer
précisément la durée de la convention de fiducie notamment du fait de la saisonnalité du sport
professionnel, ; difficulté sur le terme du contrat de fiducie, ; difficulté sur l'imposition du résultat de la
fiducie notamment au regard de la qualification d'une éventuelle plus-value sur le droit à l'image,
puisque la valeur comptable du droit à l'image transférée par la fiducie devrait également être
conforme aux règles émises par l'avis du Conseil National de la Comptabilité n°2008-03 publié le
7 février 2008…
Le législateur n'a pas consacré cette disposition dans la loi du 1 er mars 2017, mais est tout de même
venu proposer un nouvel outil aux clubs pour l'exploitation du droit à l'image des sportifs ou
entraîneurs professionnels sous conditions.

2. L'exploitation de l'image, du nom et de la voix des sportifs et entraîneurs professionnels

6 Les sportifs professionnels, tout comme leurs entraîneurs, sont très attentifs à leur image et autres
éléments de leur personnalité. En effet, ces droits ont une valeur patrimoniale qui peut être très
importante notamment dans le cadre de contrat avec des équipementiers, marques… Il s'agit ici de
l'image individuelle de la personne non associée à celle de son employeur (le club). Les revenus tirés
d'une telle exploitation peuvent être supérieurs aux revenus générés dans le cadre de l'activité
sportive.
Les articles L. 222-2-10-1 et D. 222-50 du Code du sport, issu de la loi du 1er mars 2017 et de son
décret d'application précisent les conditions d'exploitation commerciale de l'image, du nom et de la
voix d'un sportif ou d'un entraîneur professionnel associée à l'image du club.
A. Cadre juridique
7 Les protagonistes. - On définit un sportif professionnel salarié comme « toute personne
ayant pour activité rémunérée, l'exercice d'une activité sportive dans un lien de
subordination juridique avec une association sportive ou une société mentionnée aux
articles L. 122-2 et L. 122-12 »19.
On définit un entraîneur professionnel salarié comme « toute personne ayant pour activité principale
rémunérée de préparer et d'encadrer l'activité sportive d'un ou de plusieurs sportifs professionnels
salariés dans un lien de subordination juridique avec une association sportive ou une société

19
Article L. 222-2 alinéa 1 du Code du sport.
mentionnée aux articles L. 122-2 et L. 122-12 et titulaire d'un diplôme, d'un titre à finalité
professionnelle ou d'un certificat de qualification prévu à l'article L. 212-1 »20 .
Le Code du sport détermine l'association sportive et la société sportive aux articles L. 121-1 et
suivants et L. 122-1 et suivants. On parle alors de club sportif.
8 Le contrat relatif à l'exploitation commerciale de l'image, du nom ou de la voix. - Pour que
le sportif ou l'entraîneur professionnel puisse recevoir une redevance liée à l'exploitation
commerciale de son image, de son nom ou de sa voix, ce dernier doit signer un contrat
avec le club qui l'emploie. Ce contrat est distinct du contrat de travail caractéristique de la
notion de sportif ou entraîneur professionnel, rémunérant une prestation sportive21. Ainsi,
la redevance versée au titre de l'exploitation commerciale de l'image, du nom et de la voix
ne constitue ni un salaire ni une rémunération versée en contrepartie ou à l'occasion d'un
travail dès lors d'une part que la présence du sportif ou de l'entraîneur n'est pas
nécessaire pour exploiter commercialement l'image, le nom ou la voix et d'autre part que
la redevance y afférente n'est pas fonction du salaire reçu dans le cadre du contrat de
travail mais proportionnelle à certaines recettes commerciales.
L'exploitation individuelle s'entend comme l'utilisation ou la reproduction, associée à l'image du club
sur un même support, d'une manière identique ou similaire d'au moins un sportif ou entraîneur
professionnel.
Le contrat visant l'exploitation commerciale de l'image, du nom et de la voix doit préciser l'étendue de
l'exploitation commerciale (durée (- a priori calquée sur la durée du contrat de travail -), objet,
contexte, supports, territoires), les modalités de calcul de la redevance au regard des recettes
générées, et les plancher et plafond de la redevance.
À l’instar du contrat de travail, le contrat doit être transmis sans délai à l'organisme de la ligue
professionnelle concernée, doté d'un pouvoir d'appréciation indépendant, habilité à saisir les organes
disciplinaires compétents et ayant pour missions d'assurer le contrôle administratif, juridique et
financier des associations et sociétés sportives qui sont membres de la fédération ou de la ligue
professionnelle ou sollicitent l'adhésion à la fédération ou à la ligue, d'assurer le contrôle financier de
l'activité des agents sportifs et enfin d'assurer le contrôle et l'évaluation des projets d'achat, de cession
et de changement d'actionnaires des sociétés sportives.
À défaut de l'intégralité de ces éléments, le contrat signé pourra être frappé de nullité.

9 Les modalités de mise en œuvre. - Pour que le contrat entre le club et le sportif ou
l'entraîneur professionnel puisse être conclu, il est nécessaire qu'une convention, par
discipline et au niveau national, avec les partenaires sociaux ait été signée pour
déterminer le seuil de rémunération en deçà duquel aucun contrat d'exploitation ne pourra
être conclu d'une part et d'autre part le plafond de la redevance susceptible d'être versée
au sportif ou entraîneur. Ce dialogue social impliquera probablement une modification du
chapitre 12 de la Convention collective nationale du sport22.
Les recettes qui entrent dans l'assiette du calcul de la redevance sont d'une part les recettes tirées
des contrats de parrainage au travers desquels le club peut exploiter individuellement l'image, le nom
ou la voix d'au moins un sportif ou entraîneur, notamment sur les supports publicitaires ou de
communication et sur tout type d'équipement ou tenus et d'autre part, les recettes issues des contrats
de commercialisation des produits dérivés au travers desquels le club peut exploiter individuellement
l'image, le nom ou la voix. Sont exclues de ces catégories les recettes issues des droits d'exploitation

Article L. 222-2 Alinéa 2du Code du sport.


20

Par opposition au sportif de haut niveau (article L. 221-1et suivants du Code du


21

sport).
22
Convention collective nationale du sport du 7 juillet 2005 étendue par arrêté du 21 novembre 2006 JORF
n°208 du 7 septembre 2005 page 14561 ; JORF n°273 du 25 novembre 2006 page 17717
https://www.legifrance.gouv.fr/affichIDCC.do?
idConvention=KALICONT000017577652&fastReqId=1036703174&fastPos=9&oldAct
ion=rechConvColl.
audiovisuelles, de la billetterie ainsi que des subventions publiques dans le cadre des missions
d'intérêt général.
Les sommes versées dans ce cadre devront être justifiées par la réalité de l'exploitation commerciale.
Ainsi, une attention particulière devra être portée par le club dans le cadre de la clé de répartition pour
éviter tout risque de redressement par l'Urssaf, en versement en salaire alors soumis à cotisation23.
Comme les redevances ne constituent ni un salaire ni une rémunération en contrepartie d'un travail,
les sommes versées devraient faire l'objet d'une facturation propre.
Mots-Clés : Sportifs – Rénumération Qualification

23
Article L. 131-6 V du Code de la sécurité sociale. (Merci de confirmer cet article et
le V) ?

Vous aimerez peut-être aussi