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2009
Droit du commerce
international
Cours à l’intention des étudiants de Master I et II des écoles de commerce et
des universités.
Introduction générale
Dans un monde largement dominé par les échanges, il n’est guère besoin
d’insister sur l’importance du commerce international. Echanges de
marchandises et de biens immatériels, mouvements de capitaux, délocalisations,
transnationalisation des entreprises et des activités sont devenus la toile de fond
de notre information quotidienne. Il n’est donc pas illogique de situer le droit du
commerce international dans la perspective unitaire imposée par la
mondialisation des échanges. Mais le seul droit qui corresponde à cette
perspective est un droit qui tend à traduire en obligations juridiques à la charge
des Etats les indications de la science économique. Ce droit, élaboré par et pour
les Etats, n’atteint que médiatement la société des marchands, ce droit est le
droit international économique. Il tend à assurer un plus grand degré d’efficacité
et, si possible, d’équité au système économique international.1
Dans sa sphère, le droit du commerce international, a pour objet de fournir
les règles applicables aux relations qui se nouent et aux opérations qui se
constituent entre les opérateurs économiques lorsque ces relations et ces
opérations impliquent des mouvements de produits, services ou valeurs
intéressant l’économie de plusieurs Etats. Le droit du commerce international est
un corps de règles régissant les relations commerciales qui ne se déroulent pas
entièrement dans la sphère économique d’un seul Etat. Il s’agit d’une situation
ou une relation juridique sera régie par un corps de règles spécifiques si elle
présente un double caractère commercial et international. Il s’agit de la branche
du droit qui a pour objet de fournir des règles aux activités économiques
internationales. Cette définition mérite d’être précisée à trois égards. L’activité
économique, les participants à celle-ci et l’élément d’internationalité.
1
Jean-Michel Jacquet ; Philippe Delebecque ; Sabine Corneloup, Droit du commerce international, Paris,
Dalloz, 2007, 1ère éd., 851 p. p. 2.
b. Le caractère international
Toutes les activités auxquelles nous venons de faire référence peuvent se
dérouler au sein d’un seul et même Etat. Dans ce cas, elles n’intéressent
nullement le droit du commerce international. Il est donc important de définir le
DCI. Une définition juridique et une définition économique peuvent coexister.
b.1. Le critère juridique
La définition la plus couramment retenue de l’internationalité consiste à
relever parmi les divers éléments d’un rapport juridique la présence d’un
« élément d’extranéité ». Les éléments significatifs de ce point de vue ne sont
pas nombreux. Il peut s’agir de la nationalité de la personne engagée dans le
rapport commercial, de leur domicile, résidence habituelle ou siège social s’il
s’agit d’une personne morale ou d’un être collectif. Il peut s’agir aussi du lieu de
conclusion ou d’exécution d’un acte juridique ou d’une obligation contractuelle,
du lieu de survenance d’un fait juridique, ou du lieu de situation d’un bien. Le
choix d’un élément d’extranéité montre que le point de vue utilisé pour
apprécier l’internationalité est toujours celui d’un Etat. C’est rapport à lui que
certains éléments du rapport sont considérés comme « étrangers ». La
qualification d’un rapport juridique comme international conduit donc à le
soumettre à une ou plusieurs lois, en fonction de ses aspects, les dispositions
déclarées applicables étant cependant les mêmes que celles qui sont appliquées
dans l’ordre interne aux relations purement internes. Pour exacte qu’elle soit,
cette conception de l’internationalité ne saurait être considérée comme seule
apte à rendre compte de la réalité profonde du DCI. L’observation a souvent été
faite que tous les éléments d’extranéité n’ont pas le même poids, ni la même
B. La méthode conflictuelle
C’est la situation dans laquelle le juge devra trancher le litige en
appliquant la loi désignée par une règle de conflit de lois. Ces règles de conflits
peuvent trouver leur source dans des conventions internationales (par exemple la
Convention de Rome en matière d'obligations contractuelles) ou dans le droit
interne. Il y a plusieurs méthodes de conflit dont certaines ne posent aucune
controverse. Il est admis que la procédure est soumise à la lex fori c'est-à-dire la
loi du juge saisi. Les biens relèvent de la loi du lieu de situation (lex rei sitae),
pour déterminer la capacité des parties, il faut se référer à la loi nationale de
chaque partie. Les conditions de forme du contrat sont soumises au droit du lieu
de conclusion. Les parties étant libres de déterminer la forme. Quant au fond du
contrat, la règle actuellement et universellement consacrée est celle de
l’autonomie. Cela signifie que le contrat sera soumis à la loi choisie par les
parties. Quelle est la portée de ce choix et que faire en cas d’absence de choix ?
1.1. L’objectivisme
Pour ces derniers l’autonomie des parties est limitée en matière d’élection
de droit, les parties ne pouvant que localiser le contrat en choisissant son lieu de
conclusion et de formation. Il appartient au juge de déduire de cette localisation
le droit applicable au contrat. Pour les objectivistes, la loi ne peut être l’objet de
stipulations contractuelles. Les écueils de l’objectivisme tiennent à la limitation
D’abord, elle peut faire l’objet de critiques quant à la forme pour la maladresse
de rédaction. Le terme absent est impropre parce qu’il ne traduit pas la réalité
visée, l’absent étant en droit la personne dont on est resté longtemps sans
33
Jean-Michel Jacquet, Philippe Delebecque ; Sabine Corneloup, Droit du commerce international, Paris,
Dalloz, 2007, 851 p., pp. 203 ss.
4
Jacquet et alii, op. cit. p. 203
5
Jacquet et alii, op. cit. p. 205
6
Ex1 : Le droit applicable à la prestation de travail est le droit du lieu d’exécution de la prestation de travail.
Ex2 : La loi applicable au contrat d’assurance est celle de l’assuré considéré comme la partie la plus défavorisée.
- Le traitement national
Le traitement national est une des modalités utilisées dans le commerce
entre Etats. Il est prévu par les dispositions de l’article III du GATT qui visent
un double objectif. D’une part, que les règles nationales en matière d’imposition
et de règlementations intérieures ne soient pas utilisées à des fins protectrices,
d’autre part, qu’un régime moins favorable que celui des produits nationaux ne
soit pas appliqué aux produits importés. Afin de mieux asseoir ces principes, la
réglementation se pose en trois étapes.
La première idée de la législation du GATT en la matière consiste, pour
les Membres, à reconnaître la nécessité de ne pas utiliser les règles en matière
d’imposition et les autres réglementations nationales à des fins protectrices de la
production nationale. Ensuite et pour mieux asseoir l’interdiction, les Membres
ont procédé à une double distinction entre les taxes et autres impositions, d’une
part, et les lois, règlements et autres prescriptions, d’autre part. S’agissant des
taxes et impositions, le texte de l’article III interdit aux Membres de frapper les
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Mode 1: C’est la situation où le service est fourni en provenance d’un Etat membre vers un autre Etat membre.
L’achat d’un logiciel informatique, la signature d’un contrat d’assurance, des conseils transmis par courrier
électronique des Etats-Unis vers l’Italie, par exemple.
8
Mode 2: Le consommateur se rend à l’étranger pour consommer auprès du fournisseur de services. C’est le cas
du tourisme, de l’éducation et de la formation et de soins de santé.
9
Mode 3: Le cas d’une entreprise étrangère qui ouvre une succursale sur le territoire d’un autre membre pour
vendre ses services dans le domaine bancassurance, par exemple.
10
Mode 4: Le cas de fournisseurs de services indépendants ou d’employés d’une entreprise multinationale
envoyés temporairement à l’étranger. Le consultant en informatique qui séjourne temporairement à l’étranger
pour une expertise. Voir Joseph Jean-Louis Correa, L’OMC à l’épreuve des accords de partenariat économique
et de l’intégration économique africaine, Genève, Bruylant, 2007, 304 p, pp. 145 et ss
1.2.1.1. La CNUCED11
Il s’agit d’un organe appartenant au système des Nations-unies crée en
1964 par la conférence de Genève de 1964. La CNUCED a pour objectif
d’établir un régime général de commerce international intégrant les intérêts des
pays en développement. Elle compte 192 membres. Ses principales réalisations
sont
-avoir mis en place un système généralisé de préférence (1971) qui a pour
base d’accorder aux pays en développement des préférences tarifaires sans
réciprocité. Ex : accord ACP-CE ;
-avoir mis en place un système global de préférences commerciales entre
pays en développement (1989) ;
-les accords internationaux notamment sur le cacao, le sucre, le
caoutchouc naturel, les bois tropicaux, l’huile d’olive ou le blé.
La CNUCED publie un rapport annuel qui fait autorité portant sur le commerce
et le développement dans le monde.
11
Site internet www.unctad.org
12
Site internet www.uncitral;org
13
Le Sénégal n’est pas signataire de la Convention de Vienne sur la vente internationale de marchandises
(CVIM).
14
Site internet www.imf.org
15
Site internet www.worldbank.org
16
Site internet www.imo.org
17
Site internet www.iru.org
18
Site internet www.icao.org
19
Site internet www.wipo.org
20
Site internet www.ilo.org
21
L’union européenne a été créée par le traité de Maastricht du 07 février 1992 qui a également transformé la
Communauté économique européenne (CEE) en Communauté européenne (CE) et adopté la monnaie unique.
22
Jean Michel Jacquet ; Philippe Delebecque ; Sabine Corneloup, Droit du commerce international, Paris,
Dalloz, 1ère édition, 851 p., pp. 546 et ss.
23
Les pays développés utilisent également ce type de contrats mais cela est moins fréquent du fait du transfert
de certaines activités jadis gérées par l’Etat aux entreprises privées.
24
Il en va également de même pour de nombreux contrats signés entre l’Etat et des sociétés étrangères actives
dans l’exploration minière dans la région est du Sénégal par exemple le contrat entre l’Etat et Arcelor Mittal.
25
C’est la théorie de l’imprévision condamnée par la jurisprudence française à travers l’arrêt communément
appelé Canal de Craponne du 06 mars 1876. Selon cette jurisprudence, toujours d’actualité bien que plus ou
moins atténuée pour certains types de contrats, il est impossible pour le juge de procéder à la révision du contrat
suite à un changement des circonstances économiques. Notons cependant qu’en Europe seuls la France, la
Belgique et le Luxembourg restent attachés à la théorie de l’imprévision. En Afrique, le Sénégal, et sans doute
les autres pays francophones, consacrent toujours cette théorie. Dans le monde, une grande majorité de codes
prévoient la possibilité de réviser le contrat par suite de modification des circonstances économiques.
26
Pour qu’un événement présente les caractères de la force majeure il faut qu’il soit extérieur à la volonté des
parties, irrésistible et imprévisible.
27
Philp Hujo, Force majeure et imprévision : Etude comparatiste entre le droit français, le droit anglais, le droit
allemand, Grin Verlag, 2008, 100 p., p. 16 et s.
28
Les accords conclus doivent être respectés.
29
Un mécanisme supplémentaire permet aux pays qui ne sont pas signataires de la Convention de Washington de
recourir à l’arbitrage CIRDI.
30
Jacquet et alii, op. cit. p. 553.
31
Article 1er AUSCGIE.
32
Article 24 et 25 AUSCGIE.
33
C’est une période dans laquelle les parties n’ont pas encore contracté. Elles viennent tout juste de débuter leur discussion. Le contrat est
simplement envisagé. Les pourparlers peuvent ou non décider les parties à s’engager définitivement. La question est de savoir si l’une
quelconque des parties peut se dégager en rompant les pourparlers sans aucune conséquence juridique. La réponse est positive, le principe
étant la liberté de rupture des pourparlers. Chaque partie peut s’en sortir sans que sa responsabilité soit engagée sauf, lorsque la rupture a été
brutale ou intempestive, ou marquée d’une légèreté blâmable. En d’autres termes, c’est lorsque celui qui prend l’initiative a abusé de sa
liberté de rompre les pourparlers.
B. La Convention de Vienne
Cette convention est entrée en vigueur le 1er janvier 1988 après des
décennies de travaux préliminaires. Avant la CVIM il y eut plusieurs
balbutiements dans le sens de la proposition de lois uniformes régissant la vente
internationale des objets mobiliers corporels. Il s’agit des défuntes lois
uniformes du 25 avril 1964 sur la vente internationale des objets mobiliers
corporels et sur la formation des contrats de vente internationale des objets
mobiliers corporels. Ces deux instruments n’ont pas prospéré du fait de
l’opposition des pays en développement et des pays à économie étatique. Il est
revenu le soin à l’assemblée générale de l’ONU en 1967 de mettre en place la
Commission pour le droit commercial international (UNCITRAL) qui s’attaqua
à nouveau à l’unification du droit de la vente avec la participation de
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En droit français, la doctrine a élaboré deux théories celle de l’émission qui veut dire que le contrat entre
absents est conclu à partir du moment où l’acceptant aura émis son intention d’accepter le contrat. Cette théorie
renferme elle-même deux sous variantes. La première on l’appelle la théorie de la déclaration : il suffit que le
destinataire ait émis son intention, son acceptation. La deuxième sous variante est appelée système de
l’expédition. C’est lorsque le destinataire se sera dessaisi de son acceptation, par exemple en expédiant sa
réponse. Cette théorie renferme elle-même deux sous variantes. La première on l’appelle la théorie de la
déclaration : il suffit que le destinataire ait émis son intention, son acceptation. La deuxième sous variante est
appelée système de l’expédition. C’est lorsque le destinataire se sera dessaisi de son acceptation, par exemple en
expédiant sa réponse. La deuxième théorie est celle de la réception à proprement parlée dans laquelle le contrat
est formé en lieu et au moment de l’arrivée de l’acceptation.
38
Cass. Civ., 17 mai 1927, DP 1928, I 25.
39
La notion de commerce n’est pas entendue ici au sens du droit interne mais englobe plutôt toute opération
économique internationale.
40
On verra que la perspective est quelque peu plus large concernant la réglementation de l’arbitrage dans
l’espace OHADA.
41
Actuellement deux litiges intéressant l’Etat du Sénégal et l’opposant à deux opérateurs privés internationaux
(Tigo et Kumba Gold) sont pendants devant le CIRDI.
Il faut faire une distinction entre loi d’arbitrage et loi applicable au fond
du litige. La loi d’arbitrage est la loi du siège du tribunal arbitral,42 il s’agit de la
loi applicable à l’instance arbitrale, la loi de procédure (durée, échange
d’information…). La loi d’arbitrage comprend l’ensemble des normes régissant
l’institution de l’arbitrage dans un pays donné, en particulier la validité formelle
de la convention d’arbitrage, l’arbitrabilité du litige, la composition du tribunal
arbitral, les garanties fondamentales de procédures, l’assistance du juge étatique
et le contrôle de la régularité de la sentence. La loi d’arbitrage doit également
être distinguée de la loi ou des règles arbitrales régissant l’instance arbitrale.
C'est-à-dire la marche de la procédure devant les arbitres. La distinction entre loi
d’arbitrage et règles gouvernant l’instance arbitrale est importance du point de
vue de l’autonomie des parties. Si les parties peuvent choisir librement les règles
définissant l’instance arbitrale, elles ne peuvent en revanche choisir leur loi
d’arbitrage ou plutôt ne peuvent écarter leur loi d’arbitrage. Dès lors, la loi
d’arbitrage renvoie aux éléments suivants :
- champ d’application de la loi
- la validité formelle de la convention d’arbitrage
- la nomination et la récusation des arbitres
- le rôle des juridictions étatiques dans la formation du tribunal étatique
- les règles fondamentales gouvernant l’instance arbitrale
- le contenu et les effets de la sentence arbitrale
-L’arbitre a statué sans se conformer à la mission qui lui a été confiée soit en
statuant ultra petita ou en statuant infra petita.
4. Le juge de l’annulation
Le juge compétent pour prononcer l’annulation de la sentence arbitrale est le
juge de la cours d’appel dans le ressort de laquelle la sentence arbitrale a été
Une partie peut former tierce opposition à une sentence arbitrale qui
préjudicie à ses droits et lors duquel ni elle ni ses représentants n’ont été
appelés. Cependant, si le tiers a été appelé à intervenir dans la procédure et qu’il
ait refusé, la tierce opposition lui est fermée. Si le tribunal arbitral ne peut plus
se réunir pour examiner la tierce opposition ce recours devrait pouvoir être porté
devant les juridictions compétentes de l’Etat du siège arbitral. Il n’y a pas de
délai pour agir.