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Introduction:

Le droit pénal des affaires a pour objet la répression des infractions commises par les
personnes physiques ou morales qui exercent leur activité dans le monde des affaires ou en
lien avec le monde des affaires. Il sanctionne essentiellement le non- respect des règles
économiques applicables à l'entreprise ou à ses dirigeants. II couvre le droit pénal des
sociétés, le droit pénal de la concurrence, le droit pénal de la consommation et le droit pénal
boursier. Il comprend également les infractions de droit commun commises dans le cadre
d'une entreprise.

I- Le particularisme des règles de fond

§1-Les sources du droit pénal des affaires

Les infractions de droit pénal des affaires ne se trouvent pas dans un code spécifique. Elles
sont prévues dans différents codes ou textes non codifiés réglementant un ou plusieurs aspects
des activités économiques concernées.

La répression des infractions d'affaires résulte aussi des sources supranationales qui priment
sur le droit interne.

§2-L'application de la loi de fond dans le temps en matière économique

En droit pénal des affaires, les principes relatifs à l'application de la loi dans le temps sont
applicables. Toutefois, il existe un contentieux spécifique dû au fait que les lois de nature
économique peuvent avoir une durée temporaire ou être modifiées en fonction des
circonstances. Il faut alors déterminer la loi applicable. La résolution du conflit de lois
concerne essentiellement les lois de fond.

Lorsque la loi nouvelle d'incrimination et de pénalité est plus sévère que l'ancienne, le
principe de la non-rétroactivité de la loi pénale de fond plus sévère est applicable.

Lorsque la loi nouvelle est plus douce que l'ancienne, elle doit s'appliquer immédiatement aux
faits non encore définitivement jugés.

Lorsqu'une loi arrive à son terme, elle cesse d'être appliquée. Des poursuites ne peuvent plus
être exercées sur son fondement.

§3-Les conditions de la responsabilité pénale

A- La définition des infractions en droit pénal des affaires

1-La technique d'incrimination

La définition des infractions doit obéir au principe de la légalité des délits et des peines qui
impose de définir les infractions de manière claire et précise. Le législateur doit en principe
décrire tous les éléments de l'infraction dans un seul texte. En droit pénal des affaires, cette
exigence n'est pas toujours respectée. Le législateur recourt largement à la technique de

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l'incrimination par renvoi. En effet, le droit pénal vient souvent renforcer l'efficacité de la
réglementation en matière économique. Il va sanctionner pénalement dans un texte le non-
respect des obligations préalablement définies dans un autre texte. En outre, la loi qui
détermine les obligations peut renvoyer vers un règlement d'application dont les dispositions
sont nécessaires pour apprécier les éléments de l'infraction. Il faut consulter plusieurs textes
pour caractériser l'infraction. La pénalité par renvoi permet de renvoyer à un texte pour
déterminer les peines applicables.

Le manque de clarté et de lisibilité infractions d'affaires peut résulter de l'imprécision des


textes. Il en est ainsi lorsque le législateur incrimine des infractions de type ouvert ou utilise
des termes imprécis ou génériques. Lorsque l'imprécision n'est pas excessivement manifeste,
elle permet au juge d'interpréter la loi de manière extensive.

2-Les éléments constitutifs de l'infraction

En droit pénal des affaires, la définition d'une infraction nécessite parfois la preuve d'une
condition préalable, souvent liée à la qualité de l'auteur ou une situation juridique distincte de
l'infraction.

Beaucoup d'infractions sont des infractions d'omission puisqu'il s'agit de réprimer le non-
respect des obligations imposées. Les infractions peuvent avoir une nature formelle dès lors
qu'il s'agit de sanctionner la méconnaissance de la réglementation en l'absence
indépendamment de tout dommage. S'agissant de l'élément moral, la principale difficulté
concerne la détermination de la nature des délits.

Lorsque l'infraction est intentionnelle, le juge considère que la seule constatation de la


violation de la prescription légale ou réglementaire implique de la part de son auteur
l'intention requise par la loi. L'intention est ainsi présumée. Dans certains cas, elle résulte de
l'absence de diligences effectuées.

B- La participation à l'infraction

L'auteur de l'infraction peut être une personne physique ou morale. La plupart des infractions
sont le fait professionnel. Il s'agit de délits de fonction, la qualité du délinquant constitue une
condition préalable à l'infraction. Dans la mesure où le professionnel est censé connaitre les
conditions d'exercice de son activité, la jurisprudence apprécie sévèrement les conditions de
sa participation de l'infraction.

La complicité est appréhendée largement. Alors qu'elle implique un comportement actif, elle
peut être caractérisée en droit pénal des affaires en présence d'une omission. Le fait pour un
professionnel de s'abstenir d'intervenir ou de révéler l'existence d'une infraction est considérée
comme un acte de complicité positif, pénalement punissable.

Les infractions étant généralement commises dans le cadre d'une entreprise, la responsabilité
pénale du chef d'entreprise peut être recherchée pour des faits commis par les salariés. Cette
responsabilité n'est pas systématique car le dirigeant peut établir l'absence de faute ou une
délégation de pouvoirs, sauf dans ce dernier cas, si la loi l'interdit.

La responsabilité pénale de la personne morale peut être mise en cause pour les infractions
commises pour son compte par un organe ou un représentant. Le principe de la responsabilité

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personnelle s'applique, une personne morale ne pouvant être condamnée pour faits commis
par une autre.

La responsabilité de l'État ne peut être mise cause pénalement

Les personnes morales de droit privé sont punissables, sous réserve des limitations pouvant
être liées à l'application des peines.

§4-Les sanctions applicables

A- Les sanctions pénales

Les infractions d'affaires sont punies des peines de droit commun. Les peines peuvent être
aggravées en tenant compte de la qualité de l'auteur ou des circonstances de commission de
l'infraction.

Pour les personnes morales, l'amende est égale au quintuple du montant prévu pour les
personnes physiques ou un million d'euros en matière criminelle. La dissolution, l'exclusion
des marchés publics, le placement sous surveillance judiciaire, la fermeture d'établissement
sont applicables. Dans les cas prévus par la loi, la personne morale peut être condamnée à
mettre en place un programme de mise en conformité.

On peut citer l'interdiction soit d'exercer une fonction publique ou d'exercer l'activité
professionnelle ou sociale dans l'exercice de laquelle l'infraction a été commise, soit d'exercer
une profession commerciale ou industrielle, l'interdiction de diriger d'administrer ou de
contrôler à un titre quelconque une entreprise commerciale industrielle ou une société
commerciale, la confiscation des sommes ou objets ayant service à commettre l'infraction ou
du produits de l'infraction, l'interdiction d'émettre des chèques, la publication ou l'affichage de
la décision.

B- Le cumul des sanctions

Sur le plan civil, le juge civil peut prononcer la nullité du contrat, et dans les cas prévus par la
loi, la faillite personnelle ou l'interdiction de gérer en cas de commission d'une infraction.

Le prononcé d'une sanction pénale n'empêche pas le prononcé d'une sanction disciplinaire
lorsque l'auteur de l'infraction est membre d'une profession réglementée.

II- Le particularisme des règles de procédure

§1-Les acteurs de la justice pénale

A- La spécialisation des autorités judiciaires

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En matière économique et financière, les juridictions de droit commun sont compétentes.
Mais les affaires complexes en raison du grand nombre d'auteurs, de complices ou de victimes
ou du ressort géographique sur lequel elles s'étendent peuvent relever des juridictions
interrégionales spécialisées qui sont des tribunaux judiciaires dont la compétence territoriale
peut être étendue par décret au ressort de plusieurs cours d'appel pour l'enquête, la poursuite,
l'instruction et le jugement des infractions économiques et financières et constituent des
juridictions interrégionales spécialisées.

B- La constatation des infractions

Les officiers de police judiciaire, les agents de police judiciaire et les agents de police
judiciaire adjoints ont une compétence générale pour constater les infractions en toute
matière. Toutefois, compte tenu de la complexité des infractions, des fonctionnaires et agents
des administrations et services publics peuvent être habilités par la loi à exercer, dans les
limites qu'elle prévoit, des pouvoirs de police judiciaire.

§2-L'action publique

A- La mise en mouvement de l'action publique

1-Le ministère public

Lorsqu'il a connaissance de la commission d'une infraction, le procureur de la République


peut soit prendre une décision de classement sans suite, soit poursuivre, soit recourir à une
alternative aux poursuites.

La mise en mouvement de l'action publique peut être subordonnée au dépôt préalable d'une
plainte ou d'un avis de l'administration.

2-Les administrations habilitées à exercer l'action publique

Dans les cas prévus par la loi, des administrations peuvent déclencher l'action publique pour
les infractions dont elles ont la charge, Les fonctionnaires de ces administrations peuvent agir
seul ou se joindre à l'action initiée par le parquet.

B- L'extinction de l'action publique

1-La prescription de l'action publique

La prescription est un mode général d'extinction de l'action publique. Elle s'applique aux
infractions d'affaires dans les conditions prévues par le code de procédure pénale.

La prescription court du jour de la consommation de l'infraction. Il s'agit du jour de la


commission de l'infraction pour les infractions instantanées, le jour de la cessation de l'activité
délictueuse pour les infractions continues ou à exécution successive ou le jour du dernier acte
constitutif de l'habitude pour les infractions d'habitude.

Lorsqu'il s'agit des infractions occultes ou dissimulées, le délai de prescription de l'action


publique court à compter du jour où l'infraction est apparue et a pu être constatée dans des

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conditions permettant la mise en mouvement ou l'exercice de l'action publique, sans toutefois
que le délai de prescription puisse excéder douze années révolues pour les délits et trente
années révolues pour les crimes à compter du jour où l'infraction a été commise.

2-La transaction pénale

L'action publique peut s'éteindre par transaction lorsque la loi en dispose expressément.

Partie I : Les infractions de droit commun

Titre 1-Les atteintes aux biens

Chapitre 1-Le vol

Aux termes du code pénal, le vol est « la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui. »

Section 1-La chose d'autrui

§1-Une chose mobilière corporelle

Le vol doit porter sur une chose mobilière car seuls les meubles sont susceptibles de
déplacement. Ce qui exclut les immeubles par nature qui bénéficient d'une protection spéciale
en cas d'usurpation. Toutefois, dès que le lien avec le sol n'existe plus, le bien devient meuble
et la qualification de vol est possible.

Le vol doit porter sur une chose corporelle.

Le législateur assimile la soustraction d'énergie au vol.

§2-Une chose appartenant à autrui

Il suffit de démontrer que le voleur n'a aucun droit sur la chose.

La qualification de vol n'est pas applicable lorsque l'agent s'empare de sa propre chose. Mais
le vol est consommé dès que l'agent n'est plus ou n'est pas encore propriétaire de la chose. Il
en est de même s'il est copropriétaire de la chose indivise soustraite.

Section 2-Les éléments constitutifs du vol

§1-L'élément matériel

Dans la conception matérielle, la soustraction consiste à prendre, enlever, ravir une chose à
l'insu ou contre le gré du propriétaire. Elle implique le déplacement de la chose par l'agent. Le
vol ne peut donc être qualifié lorsque la chose a été remise par le propriétaire ou a été mise à
la disposition de l'agent.

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§2-L'élément moral

Le vol est une infraction intentionnelle.

L'agent doit savoir que la chose soustraite appartient à autrui.

L'agent doit connaître le défaut de consentement du propriétaire. Il n'y a pas de vol si on


enlève la chose avec le consentement du propriétaire.

La soustraction implique une appropriation définitive de la chose.

Section 3-La répression du vol

§1-Les peines

A- les vols punis de peines délictuelles

Le vol est puni de 2 ans d'emprisonnement et 500 000 Francs d'amende.

Les circonstances aggravantes sont prévues aux articles 489 à 491 CP. Elles sont liées au
mode de commission de l'infraction, à la pluralité d'auteur, à la victime, au lieu de
commission de l'infraction.
B- les vols punis de peines criminelles

L'infraction est punie de 10 ans de réclusion criminelle si les violences ont entraîné une
mutilation ou une infirmité permanente. La peine est de vingt ans de réclusion et de
10 000 000 francs d'amende en cas de vol commis soit avec usage ou menace d'une arme, soit
par une personne porteuse d'une arme soumise à autorisation ou dont le port est prohibé.

La réclusion criminelle à perpétuité est encourue si les violences ont entraîné la mort ou si le
vol a été suivi ou précédé, accompagné ou suivi de tortures ou d'actes de barbarie.

Lorsqu'il s'agit de vol en bande organisée, la peine est de 10 ans de réclusion criminelle, peine
portée à 20 ans si le vol est précédé, accompagné ou suivi de violences sur autrui

§2-Le régime des poursuites

La tentative de vol est toujours punissable, qu'il s'agisse d'un vol criminel ou d'un vol délictuel
simple ou aggravé. Le délit impossible est puni comme une tentative infructueuse. La
complicité est punissable

Chapitre 2-L'escroquerie

Selon l'article 509 du code pénal, escroquerie est le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou
d'une fausse qualité, soit par l’abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi manœuvres

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frauduleuses, ce tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son
préjudice ou au préjudice d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien que conque,
à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge.

Section 1-Les éléments constitutifs de l'escroquerie

§1-L'élément matériel

A- La tromperie

1-Le mensonge seul

Le mensonge suffit à caractériser la tromperie lorsqu'il porte sur un faux nom une fausse
qualité ou sur l'abus de qualité vraie.

L'usage d'un faux nom consiste à usurper un nom auquel on n'a pas droit pour inspirer
confiance et tromper la victime.

2-Les manœuvres frauduleuses

Les manœuvres frauduleuses sont accomplies pour corroborer le mensonge qui ne porte pas
sur un faux nom, une fausse qualité ou l'abus de qualité vraie.

B- La remise d'une chose

La remise déterminée par la tromperie doit porter sur une chose n'appartenant pas à l'escroc. Il
peut s'agir de la remise de fonds, des valeurs ou des biens quelconques, de la fourniture d'une
prestation de service ou du consentement à un acte opérant obligation ou décharge.

§2-L'élément moral

L'escroquerie est un délit intentionnel. L'auteur recourt au mensonge ou à des manœuvres


frauduleuses avec l'intention de tromper la victime. La preuve de cette intention découle des
moyens mis en œuvre.

La restitution des sommes escroquées par le prévenu n'est qu'un repentir actif et n'efface pas
l'infraction.

Section 2-La répression

§1-Le régime des poursuites

La tentative d'escroquerie est punissable. Le commencement d'exécution consiste à présenter


une demande en vue d'obtenir une remise. L'emploi du faux nom ou de la fausse qualité ou
l'accomplissement des manœuvres frauduleuses ne constituent que des actes préparatoires tant
que la demande de remise n'est pas formulée. La tentative n'est pas punissable en cas de retrait
spontané de la demande. Cependant, elle est réprimée si la demande est présentée à un
organisme même incompétent.

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§2-Les pénalités

L'escroquerie est un délit puni de 5 ans d'emprisonnement et 10 000 000 Frans d'amende. Les
peines sont portées à 10 ans et 20 00 Francs lorsque l'escroquerie est commise par un agent
public ou une personne prenant indûment la qualité d'agent public, par une personne
dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service, par une personne qui
fait appel au public en vue de l'émission de titres ou en vue de la collecte de fonds à des fins
d'entraide humanitaire ou sociale. Ces pénalités s'appliquent également si l'escroquerie est
commise au préjudice d'une personne particulièrement vulnérable ou au préjudice d'une
personne publique d'un organisme de protection sociale ou d'un organisme chargé d'une
mission de service public, pour l'obtention d'une allocation, d'une prestation, d'un paiement ou
d'un avantage indu.

Chapitre 3-L'abus de confiance


Selon l'article 520 du code pénal, l'abus de confiance est le fait par une personne de détourner,
au préjudice d'autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et
qu'elle a acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d'en faire un usage déterminé.

L'abus de confiance sanctionne la violation de la foi contractuelle. L'auteur de l’infraction a


reçu la chose de façon licite. Il ne la soustrait pas comme le voleur, il n'en obtient pas
frauduleusement la remise comme l'escroc.

Section 1-La remise préalable d'une chose à titre précaire

La remise doit porter sur des fonds, valeurs ou biens quelconques, à l'exclusion des
immeubles. Les choses incorporelles peuvent faire l'objet d'un abus de confiance.

Section 2-Les éléments constitutifs de l'abus de confiance

§1-L'élément matériel

A- Le détournement

Le détournement est caractérisé par un acte opérant une interversion de titre, le détenteur
précaire se comportant en véritable propriétaire. Il n'est pas nécessaire qu'il y ait mise en
demeure pour le délit soit constaté.

Le détournement peut être établi en cas d'usage abusif, dès lors que l'agent utilise le bien à des
fins autres que celles pour lesquelles elle a été remise.

Le détournement est retenu lorsque l'agent refuse ou s'abstient de remettre l'objet à la date
convenue. La restitution tardive ou l’abstention ne sont punissables que si le détenteur est de
mauvaise foi.

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B- Le préjudice

L'abus de confiance consiste en un détournement commis au préjudice d'autrui, le remettant


ou un tiers. Il suffit d'établir que l'auteur du délit n'est pas lui-même le propriétaire du bien
détourné.

Le délit est constitué du seul fait de son détournement, indépendamment de ses suites. La
restitution de l'objet n'efface pas l'infraction même si elle résulte d'un accord entre les parties

§2-L'élément intentionnel

L'abus de confiance est une infraction intentionnelle. Le défaut de restitution dû à un oubli ou


une négligence n'est pas pénalement sanctionné.

Section 3-La répression

§1-Les pénalités

L'abus de confiance est puni de 3 ans d'emprisonnement et de 10 000 000 Francs d'amende.
Les peines sont portées à 10 ans d'emprisonnement et 20 000 000 Francs en présence d'une
circonstance aggravante, lorsque l'abus de confiance est réalisé par un mandataire de justice,
ou un officier public ou ministériel soit dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses
fonctions, soit en raison de sa qualité.

§2-Le régime juridique de la répression

La tentative de l'abus de confiance n'est pas punissable.

L'abus de confiance étant un délit instantané, la prescription court en principe dès le


détournement qui consomme l'infraction.

Le lieu du détournement permet de déterminer la compétence territoriale.

Chapitre 4-Les Infractions de conséquence

Section 1-Le recel

Aux termes de l'article 533 CP, le recel est le fait de dissimuler, de détenir ou de transmettre
une chose, ou de faire office d'intermédiaire afin de la transmettre, en sachant que cette chose
provient d'un crime ou d'un délit. Constitue également un recel le fait, en connaissance de
cause, de bénéficier, par tout moyen, du produit d'un crime on d'un délit.

§1-L'origine frauduleuse de la chose

Le recel porte sur une chose provenant d'une infraction préalable.

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A- L’infraction d'origine

Les choses recelées doivent provenir d'un crime ou d'un délit, quelle qu'en soit la nature.
L'infraction d'origine doit être mentionnée dans la décision de condamnation.

Le fait d'origine être punissable. Le recel ne peut être réprimé si l'infraction d'origine est
couverte par un fait justificatif, amnistiée ou abrogée.

L'auteur de l'infraction d'origine doit être une personne autre que le receleur. Mais le receleur
peut être complice de l'infraction d'origine.

B- La chose, objet du recel

Le recel doit porter sur une chose mobilière corporelle.

Le recel peut être le fait de bénéficier du produit de l'infraction d'origine. Il peut s'agir du
produit lui-même ou d'une chose acquise avec le produit de l'infraction d'origine ou aves les
sommes provenant de la vente du produit de l'infraction d'origine.

§2-Les éléments constitutifs

A- L'élément matériel

1-Le recel par détention de la chose

Le code pénal incrimine le fait de dissimuler, de détenir ou de transmettre une chose ou de


faire office d'intermédiaire afin de la transmettre.

Le receleur peut tenir l'objet de l'auteur de l'infraction d'origine ou d'un tiers complice ou de
bonne foi. La chose peut avoir été acquise à titre gratuit, onéreux ou à titre de dépôt

La détention est punissable qu'elle que soit sa durée. Elle peut être très brève en cas de
transmission. La détention n'est pas nécessaire lorsque le receleur agit en tant
qu'intermédiaire. Le bien peut être entre les mains du receleur ou d'un tiers pour le compte du
receleur,

La dissimulation de la chose fait présumer la connaissance frauduleuse de l'objet Mais la


détention peut être apparente

2-Le recel-profit

Selon l'article 321-1 alinéa 2 du code pénal, constitue également le recel le fait de bénéficier
par tout moyen du produit d'un crime ou d'un délit. L'auteur se sert ou utilise une chose dont il
connait l'origine frauduleuse

B- L ‘élément moral

Le recel est une infraction intentionnelle. L'auteur détient, dissimule ou transmet la chose en
ayant conscience qu'il s'agit du produit d'une infraction.

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L'intention doit être prouvée. Elle peut être présumée dès lors que, compte tenu des
circonstances, le receleur n'avait ou ne pouvait avoir aucun doute sur l'origine frauduleuse des
choses. Il revient dans ce cas au prévenu de prouver sa bonne foi.

§3-La répression

A- Le régime des poursuites

Le recel est une infraction continue qui se prescrit à compter du jour de la cessation de la
détention ou l'utilisation.

C- Les peines

Le recel simple est puni de 5 ans d'emprisonnement et 10 000 000 franc d'amende, cette
somme pouvant être élevée au-dessus jusqu'à la moitié de la valeur des biens recelés. Le
coupable encourt également tout ou partie des peines complémentaires prévu dans le code
pénal.

Selon le code pénal, le recel est puni de 10 ans d'emprisonnement et de 25 000 000 Francs
d’amende lorsqu'il est commis de manière habituelle ou en utilisant les facilités que procure
l'exercice d'une activité professionnelle; ou lorsqu'il est commis en bande organisée.

Lorsque l'infraction d'origine est punie d'une peine supérieure à 5 ou 10 ans à titre principal
ou en raison de circonstances aggravantes, le receleur est puni des peines attachées à
l'infraction ou aux circonstances dont il a eu connaissance.

Il faut cependant établir que le receleur avait connaissance de la qualification de l'infraction


d'origine ou des circonstances aggravantes qui s'y attachent.

La jurisprudence présume que le prévenu ne pouvait ignorer ou ne pouvait ne pas avoir le


moindre doute sur la nature de l'infraction d'origine.

Section 2- Le blanchiment

L'article 324-1 du code pénal définit deux modalités distinctes du blanchiment. Selon l'alinéa
1, "est le fait de faciliter, par tout moyen, la justification mensongère de l'origine des biens ou
des revenus de l'auteur d'un crime ou d'un délit ayant procuré à celui-ci un profit direct ou
indirect". Aux termes de l'alinéa 2, le blanchiment est "le fait d'apporter un concours à une
opération de placement, de dissimulation ou de conversion du produit direct ou indirect d'un
crime ou d'un délit

§1-L'infraction préalable

L'infraction d'origine doit être un crime ou un délit. Peu importe sa nature dès lors qu'elle
génère un profit patrimonial.

§2-Les éléments constitutifs du blanchiment

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Le blanchiment vise à donner une apparence licite au produit d'une infraction. II implique une
action.

A- Les modes de commission du blanchiment

Le blanchiment permet de sanctionner l'aide apportée à l'auteur de l'infraction d'origine. Il faut


établir que celui-ci a commis une infraction qui lui a procuré un profit direct ou indirect dont
l'auteur du blanchiment entend faciliter la justification.

Il s'agit de réprimer la participation à une opération visant à placer, dissimuler ou convertir le


produit de l'infraction d'origine. Le concours à l'une des phases suffit. Les diverses étapes du
blanchiment permettent d'intégrer le produit de l'infraction dans le circuit légal. Elles peuvent
être imputées à des personnes différentes considérées chacune comme auteur du blanchiment.

B- L'élément moral

Le blanchiment requiert la preuve de l'élément intentionnel. L'auteur du blanchiment doit


avoir conscience d'apporter son aide à l'auteur de l'infraction d'origine ou de participer à une
opération de placement illicite d'un produit résultant d'un crime ou d'un délit.

Mais il n'est pas exigé que le prévenu ait connaissance de la nature exacte ou de la
qualification de l'infraction d'origine.

Lorsqu'il s'agit de la justification frauduleuse de l'origine des biens de l'auteur de l'infraction


principal, il suffit que l'auteur du blanchiment ait conscience que le bénéficiaire de son acte
est l'auteur d'un crime ou d'un délit lui ayant procuré un profit direct ou indirect que ce dernier
entend justifier.

§3-La répression

L'auteur du blanchiment encourt des peines de 5 ans d'emprisonnement et 10 000 000 Francs
d'amende. Ces peines sont portées à 10 ans et 25 000 000 Francs lorsque le blanchiment est
commis de manière habituelle ou en utilisant les facilités que procure l'exercice d'une activité
professionnelle ou lorsqu'il est commis en bande organisée.

Dans tous les cas, la peine d'amende peut être portée jusqu'à la moitié de la valeur des biens
ou des fonds sur lesquels ont porté les opérations de blanchiment.

La tentative de blanchiment est réprimée.

La prescription est de 6 ou de 20 ans selon que le blanchiment est délictuel ou criminel. Mais
le point départ varie en fonction des modalités de commission. Le délit peut avoir un caractère
continu en cas de dissimulation ou de déplacement. II peut être répété lorsque le placement est
suivi de conversion. La prescription ne court pas tant que celle de l'infraction d'origine ne
court pas.

Titre 2-Les atteintes à la confiance publique

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Chapitre 1-Le faux

L'article 265 du code pénal définit le faux comme toute altération frauduleuse de la vérité, de
nature à causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout
autre support d'expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d'établir
la preuve d'un droit ou d'un fait ayant des conséquences juridiques.

Section 1 - Le support du faux

Pour être punissable, le faux doit être est commis dans un écrit ou tout support d'expression de
la pensée. L'écrit est défini comme un support de signes visibles. II peut être manuscrit,
imprimé, dactylographiée ou sténographié ou en braille. L'écrit doit présenter une certaine
permanence, nécessaire à l'effet probatoire du document.

Il faut y inclure l'écrit électronique, les bandes magnétiques ou les enregistrements


audiovisuels.

L'écrit ou tout autre support d'expression de la pensée doit avoir objet ou pour effet d'établir la
preuve d'un droit ou d'un fait ayant des conséquences juridiques.

Le faux est retenu lorsqu'il s'agit des actes dont la détermination du montant ou l'utilisation
fait l'objet d'une réglementation légale.

Section 2 - Les éléments constitutifs du faux

§1-L'élément matériel

A- L'altération de la vérité

L'altération de la vérité est définie comme une action ayant pour résultat de rendre le
document non conforme à la vérité. Toutefois, le faux n'exprime pas nécessairement un
mensonge. Le fait de fabriquer un document identique à l'original auquel il se substitue
caractérise l'infraction. L'altération de la vérité doit porter sur la substance de l'acte et non sur
les mentions accessoires.

Il faut donc tenir compte de la nature de l'acte. Le faux matériel peut se réaliser par l'altération
d'un document original ou la fabrication pure et simple d'un faux document. Il peut être
commis au moment ou après la fabrication de l'acte.

Commis au moment de son élaboration, il consiste soit à y mentionner des faits ne


correspondant pas à la réalité, soit à obtenir frauduleusement la signature d'une personne sur
un doucement.

Le faux est une infraction de commission. Mais l'omission volontaire d'une information dans
un document peut être punissable.

B- Le préjudice

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L'altération de la vérité doit être de nature à causer un préjudice. L'existence du préjudice peut
découler de la nature même du document, selon qu'il vaut titre ou qu'il a été établi en vue de
servir de preuve. Le préjudice est présumé lorsqu'il s'agit de documents valant titre.
La victime peut être toute personne physique ou morale de droit privé ou de droit public à qui
le document est susceptible d'être opposé.

§2-Élément moral

L'altération de la vérité dans un document n'est punissable que si elle est frauduleuse. L'auteur
doit avoir la conscience d'altérer la vérité. L'intention de nuire n'est pas exigée.

Chapitre 2-L'usage du faux

L'usage de faux consiste à faire état de la pièce fausse pour en tirer profit ou pour nuire à
autrui. La décision de condamnation doit préciser en quoi a consisté l'usage incrimine.

Le faux et l'usage du faux peuvent ne pas avoir le même auteur. L'usage de faux est très
souvent seul poursuivi lorsque l'auteur de la falsification n'est pas identifié avec certitude.

L'usage de faux est une infraction intentionnelle. L'auteur des faits doit avoir eu connaissance
de l'altération de la vérité dans la pièce qu'il produit.

Chapitre 3- La répression

Le faux et l'usage de faux sont punis d'un emprisonnement de 3 ans et d'une amende de
1 000 000 Franc.

Le faux est une infraction instantanée consommée au moment de l'altération de la vérité.


L'usage est caractérisé dès que le document faux est opposé à un tiers.

Le faux et l'usage de faux étant des infractions distinctes, le délai de prescription de l'action
publique court séparément à l'égard de chacune d'elles.

Les poursuites pour usage de faux sont possibles alors que le faux est prescrit.

Lorsque le document falsifié a été utilisé plusieurs fois, le point de départ de la prescription
est repoussé au jour de la dernière utilisation.

Celui qui donne l'ordre de commettre le faux est punissable au même titre que celui qui a
personnellement fabriqué l'écrit.

La tentative est punissable à l'exception du délit de détention frauduleuse d'un faux document.

Titre 3-Les atteintes à l'administration

Les atteintes à l'administration peuvent être commises par les agents publics ou par les
particuliers.

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Chapitre 1-La corruption

On distingue deux formes de corruption:


- La corruption passive est le fait du corrompu. Le corrompu doit posséder la qualité
requise par la loi. Il s'agit généralement d'un agent public. Mais la loi prévoit
également la corruption passive des agents privés qui sont des personnes exerçant une
fonction de direction ou un travail pour une personne physique ou morale ou un
organisme quelconque. Le corrompu porte atteinte au devoir de probité liés à sa
fonction.

- La corruption active est le fait du corrupteur. La qualité du corrupteur est indifférente.

Les deux infractions sont complémentaires mais autonomes. Elles peuvent être poursuivies et
jugées séparément et la répression de l'une n'est nullement subordonnée à la sanction de
l'autre.

Section 1- La corruption passive des agents

L'article 212 du code pénal définit la corruption passive comme le fait d'une personne
dépositaire de l'autorité publique, chargée d'une mission de service public, ou investie d'un
mandat électif public, de solliciter ou d'agréer, sans droit, à tout moment, directement ou
indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques
pour elle-même ou pour autrui pour accomplir ou avoir accompli, pour s'abstenir ou s'être
abstenue d'accomplir un acte de sa fonction, de sa mission ou de son mandat ou facilité par sa
fonction, sa mission ou son mandat.

A- L'agent corrompu

L'auteur de la corruption passive est une personne dépositaire de l'autorité publique, investie
d'un mandat public électif ou chargée d'une mission de service public.

La personne dépositaire de l'autorité publique est celle qui est titulaire d'un pouvoir de
décision et de contrainte, permanent ou temporaire, dont elle est investie par délégation de la
puissance publique. La fonction d'autorité peut être nature administrative, juridictionnelle ou
militaire. Peu importe le statut de l'agent. Il s'agit des représentants de l'État et des
collectivités territoriales.

Sont concernés tous les membres de l'administration, à quelque place où ils se trouvent situés
dans la hiérarchie, dès lors qu'ils exercent, sous l'impulsion et la surveillance de leurs
supérieurs des attributions de puissance publique.

La personne investie d'un mandat public électif est toute personne élue chargée d'agir au nom
et pour le compte de ses électeurs. Lorsque les élus disposent d'un pouvoir de décision et de
contrainte, ils relèvent également de la catégorie des personnes dépositaires de l'autorité
publique.

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Une personne chargée d'une mission de service public est une personne qui est chargée, à titre
permanent ou temporaire, d'exercer une mission ou d'accomplir des actes qui ont pour but de
satisfaire à un intérêt général.

La personne poursuivie doit avoir la qualité requise pour caractériser l'infraction Son titre doit
être régulier.
Si l'auteur n'a pas la qualité requise, le délit d'escroquerie peut être retenu et les peines
peuvent être aggravées dès lors que la personne prend indûment la qualité d'agent public.

B- Les éléments constitutifs de la corruption passive des agents

1-L'élément matériel

Le corrompu peut agir de deux manières:

- Soit il prend l'initiative en sollicitant ou en proposant la conclusion d'un pacte illicite.


Le délit est consommé dès que la sollicitation ou la proposition est émise, même si elle
n'est pas acceptée. Dans ce cas, le corrompu peut être sanctionné seul.

- Soit il agrée ou cède à la proposition émise par le corrupteur. L'infraction est


consommée dès que l'offre est acceptée, même si le corrompu n'accomplit les actes
promis ou qu'il ne perçoive pas les avantage promis.

La proposition ou la sollicitation, l'agrément ou l'acceptation du contrat illicite peuvent se


faire de manière directe ou par personne interposée. Le tiers qui participe au pacte peut être
poursuivi en tant que complice, dès lors qu'il est de mauvaise foi. Il faut prouver que le tiers
agit pour le compte du corrompu

Le pacte est conclu sans droit. Le corrompu exige ou accepte une contrepartie alors que
l'accomplissement de l'acte ne nécessite aucun paiement.

Cette contrepartie consiste en des offres, promesses, dons, présents ou avantages quelconques.
Les avantages peuvent être constitués par des versements de somme d'argent, des prestations
de toute nature. Il faut cependant tenir compte de la valeur de l'objet du pacte de corruption.
Ces avantages directs ou indirects peuvent être obtenus grâce à l'intervention d'un tiers ou
consentis à un tiers.

Le pacte peut être conclu, à tout moment, avant ou après le service rendu.

2-Élément moral

La corruption passive des agents publics est une infraction intentionnelle.

Section 2-La corruption active des agents

A- L'auteur de la corruption active ou le corrupteur

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Aux termes du code pénal, est puni le fait, par quiconque, de proposer sans droit, à tout
moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou
des avantages quelconques à une personne dépositaire de l'autorité publique, chargée d'une
mission de service public ou investie d'un mandat électif public, pour elle-même ou pour
autrui pour qu'elle accomplisse ou s'abstienne d'accomplir, ou parce qu'elle a accompli ou s'est
abstenue d'accomplir, un acte de sa fonction, de sa mission ou de son mandat, ou facilité par
sa fonction, sa mission ou son mandat

Est puni des mêmes peines le fait de céder à une personne dépositaire de l'autorité publique,
chargée d'une mission de service public ou investie d'un mandat électif public qui sollicite
sans droit, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons,
des présents ou des avantages quelconques, pour elle-même ou pour autrui, pour accomplir ou
avoir accompli, pour s'abstenir ou s'être abstenue d'accomplir un acte de sa fonction, de sa
mission ou de son mandat.

B- Les éléments constitutifs de la corruption active des agents publics

1-L'élément matériel

Le corrupteur agit de deux manières:

- Soit il propose la conclusion d'un pacte illicite. Le délit est consommé dès que la
proposition est émise, même si elle n'est pas acceptée. Dans ce cas, le corrupteur peut
être sanctionné seul.

- Soit il cède à la proposition émise par le corrompu. L'infraction est consommée dès
que l'offre est acceptée, que le corrompu accomplisse les actes promis ou que le
corrupteur remette les avantages.

Le corrupteur peut agir indirectement, par l'intermédiaire d'un tiers. Le tiers qui participe au
pacte peut être poursuivi en tant que complice, dès lors qu'il est de mauvaise foi

Le pacte peut être conclu avant ou après l'accomplissement par le corrupteur. Le corrompu
peut faire une proposition ou céder à une sollicitation alors que service qu'il a rendu.

2-Element moral

La corruption active est une infraction intentionnelle.

§3-La répression

A- Les peines

1-Les peines applicables aux personnes physiques

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La corruption active ou passive des agents publics est punie d'une peine d'emprisonnement de
5 ans et une amende de 2 000 000 Francs.

2-Les peines applicables aux personnes morales

Les personnes morales peuvent voir engager leur responsabilité pour corruption active ou
passive d'agents publics. Les personnes morales reconnues coupables de corruption active
d'agent public peuvent être soumises à un programme de mise en conformité pour une durée
maximale de cinq ans visant à la mise en place des procédures internes de prévention et de
détection des faits incriminés.

Chapitre 2-Le trafic d'influence, la prise illégale d'intérêts et le délit de


favoritisme

Section 1-Le trafic d'influence des agents

§1-L'auteur de l'infraction

Le trafic d'influence passif est le fait pour une personne dépositaire de l'autorité publique,
chargée d'une mission de service public ou investie d'un mandat électif, de solliciter ou agréer
sans droit, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des présents ou des dons
ou des avantages quelconques pour elle-même ou pour autrui pour abuser de son influence
réelle ou supposé en vue de faire obtenir d'une autorité ou administration publique des
distinctions, emplois, des marchés ou toute décision favorable.

L'auteur du trafic d'influence actif est quiconque, sa qualité est indifférente. Il entend abuser
de son influence réelle ou supposée auprès d'un agent de justice afin d'obtenir une toute
décision ou tout avis favorable.

A- L'élément matériel

1- Le pacte illicite

Le pacte illicite est identique à celui de la corruption. La sollicitation ou l'acceptation, même


non suivies d'effet, permettent de constituer le délit qui est une infraction formelle. Les
sollicitations ou les agréments peuvent être antérieurs ou postérieurs à l'abus d'influence.

2-L'abus d'influence

L'auteur du trafic d'influence n'accomplit pas un acte de sa fonction. Il abuse du crédit qu'il
possède ou prétend posséder du fait de ses fonctions, des relations, ou des liens qui existent
entre lui et agents publics.

Le destinataire de l'abus d'influence peut être une autorité législative, judiciaire,


administrative ou militaire ou une administration publique française.

B- L'élément moral

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Le trafic d'influence est une infraction intentionnelle, à savoir la conscience monnayée de son
influence contrairement à sa déontologie.

Il est caractérisé par la volonté de d'obtenir ou de faire obtenir d'une autorité une décision ou
un avis favorable, notamment des distinctions, des emplois, des marchés, ou toute autre
décision favorable.

§2-Répression

Le trafic d'influence passif ou actif d'un agent public est puni de 5 ans d'emprisonnement et de
1 million d'amende.

Les personnes morales reconnues peuvent être condamnées à mettre en place un programme
de mise en conformité pour une durée maximale de cinq ans visant à la mise en place des
procédures internes de prévention et de détection des faits incriminés.

L'infraction est consommée par la seule présentation de l'offre, indépendamment de son


acceptation ultérieure ou de l'obtention de la décision favorable.

La tentative n'est pas punissable.

Peu importe que cette décision s'avère inutile ou sans objet, la loi sanctionnant le recours à
des moyens illégitimes pour l'obtenir.

Section 2-La prise illégale d'intérêts

Selon l'article 202 du code pénal, est réprimé le fait, par une personne dépositaire de l'autorité
publique ou chargée d'une mission de service public ou par une personne investie d'un mandat
électif public, de prendre, recevoir ou conserver, directement ou indirectement, un intérêt de
nature à compromettre son impartialité, son indépendance ou son objectivité dans une
entreprise ou dans une opération dont elle a, au moment de l'acte, en tout ou partie, la charge
d'assurer la surveillance, l’administration, la liquidation ou le paiement.

A- La prise d'intérêts

Le code pénal réprime le fait de prendre, recevoir ou conserver un intérêt quelconque. La


prise ou la réception un intérêt permet au prévenu de retirer un bénéfice d'une opération dont
il avait la charge. Un intérêt est conservé lorsque le prévenu poursuit des relations avec
l'entreprise après avoir accédé à une fonction lui donnant la qualité d'agent public.

La prise d'intérêts peut être directe ou indirecte par interposition de personnes. L'intérêt peut
être matériel ou moral. Pour apprécier cet intérêt, il faut tenir compte de la nature de l'acte.
Mais pour que la répression puisse s'effectuer, l'intérêt doit être de nature à compromettre

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l'impartialité, l'indépendance ou l'objectivité de l'agent. Il n'est pas nécessaire que le prévenu
en retire un bénéfice personnel.

B- Élément moral

La prise illégale d'intérêts est intentionnelle.

L'agent doit avoir conscience de prendre illégalement un intérêt dans une entreprise qu'il doit
surveiller.

L'intention est présumée en raison de la nature des fonctions exercées par l'agent qui peut
difficilement invoquer sa bonne foi.

C- Pénalités applicables

Les peines encourues sont de cinq ans d'emprisonnement et de 2 000 000 Francs d'amende,
l'amende pouvant être portée au double du profit tiré de l'infraction.

Section 3-Le délit de favoritisme

Le code pénal réprime le fait de procurer ou de tenter de procurer à autrui un avantage


injustifié par un acte contraire aux dispositions législatives ou réglementaires ayant pour objet
de garantir la liberté d'accès et l'égalité des candidats dans les marchés publics et les
délégations de service public.

A- L'auteur de l'infraction

Les personnes visées sont :

- les personnes dépositaires de l'autorité publique à l'exclusion des personnes qui exercent un
contrôle a posteriori;

- les personnes chargées d'une mission de service public;

- les personnes investies d'un mandat électif public, national ou local;

- les personnes exerçant les fonctions de représentant, administrateur ou agent de l'État, des
collectivités territoriales, des établissements publics, des sociétés d'économie mixte d'intérêt
national chargées d'une mission de service public et des sociétés d'économie mixte locales:

- toute personne agissant pour le compte de l'une de celles susmentionnées.

B- L'élément matériel

L'agent public doit avoir procuré un avantage injustifié. L'avantage peut être matériel ou
consister en la fourniture d'informations confidentielles à une entreprise attributaire. Il peut
résulter de la seule méconnaissance de la réglementation applicable aux marchés publics
permettant de favoriser un candidat.

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L'avantage doit être accordé à autrui.

Les dispositions méconnues sont celles qui réglementent l'accès aux marchés publics. Il s'agit
de toutes les règles régissant les marchés publics et les contrats de concessions.

C- Élément moral

L'infraction est intentionnelle, l'auteur ayant la volonté de ne pas respecter les dispositions
relatives aux marchés publics dans le but d'octroyer à autrui un avantage injustifié.

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