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Droit pénal

Le 7 avril 2011, un agent de police appartenant au groupe de sécurité de la présidence de la


République a été désigné par un arrêté comme bénéficiant de l'anonymat afin de garantir sa sécurité.
Cependant, dans le numéro de "Clesor" en date du 13 au 26 septembre 2023, plusieurs informations
ont été diffusées, lesquelles, selon lui, auraient permis de l’identifier. En réaction à cela, le
fonctionnaire a déposé une plainte auprès du procureur de la République de Paris.

La question qui se pose est la suivante : sur quel fondement un agent de police bénéficiant de
l’anonymat en vertu d’un arrêté peut il engager des poursuites pénales contre le magazine ayant
révélé des informations permettant de l’identifier ?

On pourrait songer d’abord à l’infraction figurant à l’article 223-1-1 du Code pénal. Ce texte
dispose en effet que : « Le fait de révéler, de diffuser ou de transmettre, par quelque moyen que ce
soit, des informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne
permettant de l’identifier ou de le localiser aux fins de l’exposer ou d’exposer les membres de sa
familles à un risque direct d’atteinte à la personne ou aux biens que l’auteur ne pouvait ignorer est
puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amendes. ».
Le deuxième article prévoit une aggravation « lorsque les faits sont commis au préjudice d’une
personne dépositaire de l’autorité publique, chargée d’une mission de service publique ou titulaire
d’un mandat électif public ou d’un journaliste, au sens du deuxième alinéa de l’article 2 de la loi du
29 juillet 1881 sur la liberté de la presse »
Pour être caractérisée , l’infraction suppose tout d’abord que son auteur ait diffusé ou transmis des
informations permettant d’identifier ou de localiser la victime (élément matériel).
L’incrimination exige d’autres part une volonté de la part de son auteur d’exposer la personne qui
fait l’objet des révélations, ou sa famille à un risque d’ atteintes à la personne ou au bien (élément
moral).

En l’espèce, le magazine Closer a certes diffusés des informations permettant d’identifier le


policier en service auprès du GSPR ( photos, profil de celui ci), mais il ne semble pas avoir eu pour
intention de l’exposer à des atteintes à la personne ou aux biens. Il s’agit en effet d’un magazine de
presse à sensation qui cherche simplement à faire le « buzz ». L’élément moral de l’infraction n’est
donc pas caractérisé.

Par conséquent, des poursuites pénales engagées sur le fondement de cet article auraient peu de
chance de prospérer.

Il nous faut envisager ensuite l’infraction prévue à l’article 39 sexies de la loi du 29 juillet 1881.
Cet article réprime « le fait de révéler, par quelque moyen d'expression que ce soit, l'identité des
fonctionnaires de la police nationale, de militaires, de personnels civils du ministère de la défense
ou d'agents des douanes appartenant à des services ou unités désignés par arrêté du ministre
intéressé et dont les missions exigent, pour des raisons de sécurité, le respect de l'anonymat »
Cette incrimination est constituée lorsqu’ une personne révèle l’identité « d’un fonctionnaire de
police (…) dont les missions exigent pour des raisons de sécurité, le respect de l’anonymat »
(élément matériel). Il n’y pas besoin ici que l’auteur de l’infraction ait eu la volonté de transgresser
la loi ou de réaliser un résultat dommageable. Seul suffit, qu’il adopte un comportement présentant
un danger pour autrui. On parle dans ces cas de faute de mise en danger délibérée (élément moral).

En l’espèce, bien que le magazine Closer ait adopté un comportement de nature à mettre en danger
le fonctionnaire de police, il n’a pas révéler l’identité de ce dernier mais des informations
permettant de l’identifier.
On peut dés lors se demander si la révélation d’information permettant l’identification d’un
fonctionnaire de police , habilité à conserver l’anonymat est punissable au même titre que la
révélation de son identité civile ?

Par un arrêt en date du 12 décembre 2017, la Chambre criminelle de la Cour de cassation a ainsi
affirmé que l’interdiction de révéler, par quelque moyen que ce soit, l'identité des fonctionnaires
appartenant à des services ou unités désignées par arrêté dont les missions exigent pour des raisons
de sécurité le respect de l'anonymat « n'est pas limitée à la révélation des noms et prénoms des
personnes concernées mais s'applique à la diffusion d'informations qui en permettent
l'identification ».
Dans cette affaire, un policier appartenant au groupe de sécurité de la présidence de la République
(GSPR),avait été désigné par arrêté comme devant bénéficier de l'anonymat pour des raisons de
sécurité. Ce policier avait déposé une plainte auprès du procureur de la République sur le fondement
de l’infraction prévue et réprimée par l'article 39 sexies de la loi du 29 juillet 1881, à la suite de la
publication, dans un journal d'un article contenant des informations qui permettraient de l'identifier.
Ces informations étaient les suivantes : photos, mentions de son appartenance au GSPR, prénom et
première lettre du nom de famille, surnom.

En l’espèce, le journal Closer a révélé non pas l’identité du policier mais son ancien service, son
appartenance actuelle au GSPR, son profil (estimation de son âge) le tout accompagné de photos.
Ces informations constituent, au sens de l’arrêt de 2017, des informations susceptibles de
l’identifier.

Par conséquent, des poursuites pénales engagées sur le fondement de l’article 39 sexies de la loi du
29 juillet 1881 auraient des chances de prospérer.

Cas pratique 2 :

Une enquête a révélé que plusieurs "camgirls" se trouvant chez un individu, étaient incitées à se
déshabiller et à participer à des actes sexuels en direct devant une caméra, en échange d'une
rémunération de la part de spectateurs en ligne.

La question qui se pose est la suivante : De tels agissements sont ils répréhensibles ?

I Sur les agissements des clients.

L’article 611-1 du Code pénal incrimine « Le fait de solliciter, d'accepter ou d'obtenir des relations
de nature sexuelle d'une personne qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle, en
échange d'une rémunération, d'une promesse de rémunération, de la fourniture d'un avantage en
nature ou de la promesse d'un tel avantage ».
La Cour de cassation, dans un arrêt en date du 27 mars 1996 a défini la prostitution comme le fait
de « se prêter, moyennant une rémunération, à des contacts physiques de quelque nature qu’ils
soient, afin de satisfaire les besoins sexuels d’autrui ». Ainsi, pour la Haute juridiction « les
camgirls, camboys qui se livrent à des agissement sexuels moyennant rémunération ne sont pas
assimilés à des prostitués » (arrêt chambre criminelle 18 mai 2022).
En l’espèce, les clients rémunèrent les actes sexuels dont ils sont spectateurs en ligne. En
l’absence, de contacts physiques, éléments constitutifs de la prostitution selon la définition de la
Cour de cassation, et les camgrils n’étant pas assimilés à des prostituées, les agissements des clients
n’entrent pas dans le champs d’application de l’article 611-1.

Les clients sont donc à l’abri de toutes poursuites pénales

II Sur les agissement de l’individu encadrant ces activités de « camsex »

L’article 225-5 du Code pénal réprime le proxénétisme, infraction qu’il définit comme « le fait,
par quiconque, de quelque manière que ce soit : 1° D'aider, d'assister ou de protéger la prostitution
d'autrui ; 2° De tirer profit de la prostitution d'autrui, d'en partager les produits ou de recevoir des
subsides d'une personne se livrant habituellement à la prostitution ; 3° D'embaucher, d'entraîner ou
de détourner une personne en vue de la prostitution ou d'exercer sur elle une pression pour qu'elle se
prostitue ou continue à le faire » .
Cette notion de proxénétisme apparaît comme indissociable de celle de prostitution. Il nous faut
donc définir cette dernière. La prostitution n’est pas définie par la loi. En revanche, elle l’est par la
Cour de cassation qui considère dans un arrêt de sa chambre criminelle en date du 27 mars 1996
qu’elle « consiste à se prêter, moyennant une rémunération, à des contacts physiques de quelque
nature qu’ils soient, afin de satisfaire les besoins sexuels d’autrui ».
Considéré ainsi, les activités de camsex ne sont pas de la prostitution (absence de contact
physiques). Toutefois, cette définition date de 1996. Aussi, on aurait pu imaginer que la Cour de
cassation change sa définition de la prostitution pour y intégrer les activités de camsex. Rien n’eut
été plus faux. Dans un arrêt en date du 18 mai 2022, la chambre criminelle de la Cour de cassation a
affirmé que les «les camgirls ou camboys qui se livrent à des agissement sexuels moyennant
rémunération ne sont pas assimilés à des prostituées de sorte que les responsables des sites web ne
peuvent être poursuivis pour proxénétisme ».

En l’espèce, l’individu aidait et protégeait les activités de camsex d’autrui. Il les organisait à son
domicile. Il est même probable qu’il en tirait profit. Toutefois, les activités de camsex n’étant pas
assimilé à de la prostitution, il ne pourra être poursuivis pénalement pour le chef d’incrimination de
proxénétisme.

Par conséquent, les actes de l’individu encadrant chez lui activités de camsex d’autrui ne sont pas
répréhensibles en l’état du droit actuel. Il est en revanche possible que le législateur encadre
spécifiquement ces activités ou que la Cour de cassation modifie sa jurisprudence. De plus d’autres
poursuites pourraient être envisagés si on parvient à prouver que les femmes étaient contraintes ou
qu’elles étaient victimes de la traite humaine.

Cas pratique numéro 3 :

Après épuisement des voies de recours internes, plusieurs prostituées qui exercent leur profession
de manière licite entendent saisir la Cour européenne des droits de l’Homme en invoquant les
articles 2 (droit à la vie) et 3 (interdiction des traitements inhumains ou dégradants). Elles
soutiennent que la loi française -en l’occurrence la loi n°2016-444 du 13 avril 2016- qui érige
l’achat de relations de nature sexuelle en infraction pénale (art. 611-1 et 225-12-1 C. pén.) pousse
les personnes prostituées à la clandestinité et à l’isolement, et les expose ainsi à des risques accrus
pour leur intégrité physique, leur intégrité psychique et leur santé.

La question qui se pose est la suivante : Une telle requête devant la Cour de Strasbourg a-t elle des
chances d’aboutir ?

La loi du 13 avril 2016 érige l’achat de relations sexuelles en infraction pénale. Ainsi, l’article
611-1 introduit dans le Code pénal par cette loi dispose que : « Le fait de solliciter, d'accepter ou
d'obtenir des relations de nature sexuelle d'une personne qui se livre à la prostitution, y compris de
façon occasionnelle, en échange d'une rémunération, d'une promesse de rémunération, de la
fourniture d'un avantage en nature ou de la promesse d'un tel avantage est puni de l'amende prévue
pour les contraventions de la 5e classe. »
L’article 225-12-1 dans sa rédaction issue de la même loi énonce que « « lorsqu’il est commis en
récidive dans les condition prévues au second alinéa de l’article 132-11, le fait de solliciter,
d’accepter ou d’obtenir des relations de nature sexuelle d’une personne qui se livre à la prostitution,
y compris de façon occasionnelle, en échange d’une rémunération, d’une promesse de
rémunération, de la fourniture d’un avantage en nature ou de la promesse d’un tel avantage est puni
de 3750 euros d’amende ».
Il convient de signaler que la conformité de cette loi aux principes fondamentaux a déjà été
contrôlée dans l’ordre interne.
Saisi par le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel a en effet eu à se prononcer sur la conformité
de cette loi à l’ article 2 (liberté) et à l’article article 8 de la Constitution (principe de la stricte
nécessité des peines).
Le juge constitutionnel commence par rappeler l’intention du législateur lequel entendait avec cette
loi « assurer la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre » « la traite des êtres
humains aux fins d'exploitation sexuelle, activités criminelles fondées sur la contrainte et
l'asservissement de l'être humain » et poursuivre « l'objectif de valeur constitutionnelle de
sauvegarde de l'ordre public et de prévention des infractions. »
Il justifie ensuite l’interdiction générale de l’achat de service sexuel, même lorsque les personnes
sont consentantes par le législateur en énonçant que celui ci avait considéré que« dans leur très
grande majorité, les personnes qui se livrent à la prostitution sont victimes du proxénétisme et de la
traite ».
Le Conseil Constitutionnel en déduit « que le législateur a assuré une conciliation qui n'est pas
manifestement déséquilibrée entre, d'une part, l'objectif de valeur constitutionnelle de sauvegarde de
l'ordre public et de prévention des infractions et la sauvegarde de la dignité de la personne humaine
et, d'autre part, la liberté personnelle. ». Il déclare ainsi la loi conforme à la Constitution. »
Le Conseil d’État a repris l’argumentation du Conseil Constitutionnel dans une décision en date du
7 juin 2019.
Reste à savoir si la Cour européenne des droits de l’homme sera du même avis.
Il convient de noter à cet égard que la CEDH reconnaît une marge d’appréciation aux Etats lorsqu’il
n’y a pas de consensus parmi les Etats membres du Conseil de l’Europe.

En l’espèce, les requérantes soutiennent que la loi pousse les personnes prostituées à la
clandestinité et à l’isolement, et les expose ainsi à des risques accrus pour leur intégrité physique,
leur intégrité psychique et leur santé et les contraignant, pour continuer à exercer leur métier, à
accepter des conditions d'hygiène portant atteinte à leur droit à la protection de leur santé.
Le gouvernement français souligne quant à lui que les dispositions pénales en question ciblent les
clients des personnes prostituées, et non ces dernières. Il avance en outre que cette loi poursuivait
la sauvegarde de la dignité humaine, les prostituées étant souvent victimes de la traite humaine.
Enfin, la position des autres États membres du Conseil de l’Europe sur la question est très
contrastée de telle sorte qu’on ne peut parler de consensus. D’une part, l’Allemagne, la Belgique,
le Danemark, l’Espagne et les Pays Bas ne pénalise pas l’achat de relations sexuels ; et d’autres part
la Suède, la Finlande (si prostituée est victime de la traite humaine), le Royaume Uni (en présence
de contrainte d’un tiers) et l’Irlande du Nord le pénalise tout comme la France.
Loin d’être exhaustive, cette liste démontre tout de même les divergences sur cette question entre
les pays ayant signé la CESDH. Il pourrait donc s’agir de ces cas dans lesquels une certaine marge
d’appréciation est reconnue aux Etats.

Il ressort de tout ce qui précède qu’une telle requête a peu de chances d’aboutir. En effet, les
prostitués dénoncent ici une incrimination pénale qui ne les concerne pas elle mais leur client. Il est
donc difficile de voir comment une telle incrimination pourrait elle porter à leur droit
fondamentaux. Et même à considérer qu’une telle atteinte existe, il faudrait la mettre en balance
avec la sauvegarde de la dignité humaine et de l’ordre public, remparts traditionnels face aux
libertés individuelles. L’issue n’en reste pas moins incertaine, et bien que peu probable, une
condamnation de la France n’est pas impossible.

Une telle requête pourra-t-elle prospérer ?

Oui : 3 condition de saisine CEDH remplies.

Le juge face à la loi pénale :

1re office du juge = qualification des faits (cas pratique 1 et 2).


=> élément matériel
=> élément moral

2 office pour le juge = contrôle de proportionnalité

cas pratique 3

Conflit de qualification :

lorsque plusieurs lois sont applicables à un litige (éléments matériel, légal, moral constitué)

Principe = un fait materiel = une décla de culpabilité


=> exclusion de certaines victimes du comportement ayant donné lieu infraction
=> fait très diversité nécessite pourtant de les reprimer dans leur globalité

Chambre criminelle Cour de cassation arrêt de 1960


2 infractions peuvent être caractérisé si un fait unique est caractérisé par deux intentions coupable
=> atteinte à la vie, atteinte à la propriété.

Arrêt 2019
confirme arret 1960
ajoute que Cumul impossible lorsque deux faits différents relève d’une seule intention coupable : 2
faits une seule intention coupable= 1 seule infraction

2021
=> solution antérieur =pas de cumul sauf
=> solution 2021 inversion principe : passage de pas de cumul sauf à je cumul sauf

exception : si une des infractions = élément constitutif de l’autre (violence = élément constitutif du
viol pas de cumul) ou une aggravation de l’autre (vol avec violence et violence).

pas de cumul lorsuqu’une des infraction est un mode d’execuion spécifique d’une autre infraction
ex on ne peut pas poursuivre qqn pour assassinat et empoisonnement.

Infractions par nature incompatible ex homicide involontaire et meurtre/ violence volontaire et


involontaire.

Interro de TD = cas pratique pouvant porter sur toutes les notions jusqu’à la responsabilité pénale
inclus (pas d’irresponsabilité pénale)

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