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Responsabilité des auditeurs ISCAE

Le commissaire aux comptes est investi d'une mission qui concerne non
seulement les actionnaires et les marchés pour les sociétés cotées en Bourse, mais, à
des degrés divers, toutes les personnes qui portent un intérêt à l'entité contrôlée, soit
parce qu'elles interviennent en son sein, comme les dirigeants ou les salariés, soit parce
qu'elles nouent des relations économiques avec elles, comme les investisseurs, les
banquiers ou les fournisseurs. Les uns et les autres attendent du commissaire aux
comptes qu'il fasse preuve de diligence dans l'exécution de ses travaux. Si tel n'est pas
le cas, ils sont en droit de demander réparation du préjudice qui peut en résulter, en
mettant en jeu la responsabilité civile du professionnel.

Le commissaire aux comptes ne se limite pas à rendre un service aux membres


de la communauté financière. Il contribue aussi à la moralisation de la vie des affaires,
en s’assurant de la conformité à la loi des comportements et en favorisant la
transparence de l’information financière.

Lorsqu'il lui donne en outre l'obligation de révéler les faits délictueux, le


législateur en fait d’ailleurs, sans équivoque possible, un garant de l'ordre public. Rien
d'étonnant dès lors que le commissaire aux comptes qui omettrait de remplir ce rôle,
ou qui enfreindrait lui même la loi, engage sa responsabilité pénale et encourt les
peines attachées à ce type de responsabilité.

En sus de sa responsabilité civile et pénale, le commissaire aux comptes peut


également voir sa responsabilité disciplinaire engagée.

La mise en œuvre des responsabilités pénales et disciplinaires ont donc pour


objet de sanctionner un comportement fautif. Tandis que la mise en œuvre de la
responsabilité civile a pour objet la réparation d'un dommage causé par le commissaire
aux comptes

Seront successivement abordées dans ce présent exposé la responsabilité civile


du commissaire aux comptes, puis sa responsabilité pénale et enfin sa responsabilité
disciplinaire. Nous consacrerons une dernière section à l'obligation d'assurance du
commissaire aux comptes.

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SectionI-La responsabilité civile de l’auditeur

Aux termes de l'article 180 de la loi 17-95, le ou les commissaires aux


comptes sont responsables, tant à l'égard de la société que des tiers, des conséquences
dommageables des fautes et négligences par eux commises dans l'exercice de leurs
fonctions.

Ils ne sont pas civilement responsables des infractions commises par les
administrateurs ou les membres du directoire ou du conseil de surveillance sauf, si, en
ayant eu connaissance lors de l'exécution de leur mission, ils ne les ont pas révélées
dans leur rapport à l'assemblée générale.

Les procès en responsabilité civile des commissaires aux comptes concernent le


plus souvent des erreurs dans la certification des comptes, des détournements de fonds
non décelés, des procédures d'alerte déclenchées tardivement et l'acquisition de
sociétés au vu de bilans erronés.

Le commissaire aux comptes n'est tenu que d'une obligation de moyens, c'est-
à-dire qu'il est tenu d'exécuter sa mission avec toute la compétence et le soin que l'on
est en droit d'attendre d'un professionnel raisonnablement diligent.

I- Eléments constitutifs
Les conditions de la mise en cause de la responsabilité civile d’un professionnel
suppose que celui-ci ait commis une faute, que cette faute ait causé un préjudice,
qu’un lien de causalité existe entre la faute et le dommage subi, et enfin que le
commissaire aux comptes ne soit pas exonéré de sa responsabilité :

une faute: le demandeur en responsabilité civile doit prouver que le


commissaire aux comptes a commis une faute déterminée dans l' accomplissement
de sa mission;
un dommage (un préjudice): le commissaire aux comptes ne sera responsable
vis-à-vis des actionnaires ou des tiers que dans la mesure où sa faute aura causé un
préjudice actuel et certain;
et un lien de causalité entre la faute et le dommage: il ne suffit pas que le
demandeur au procès prouve une faute, il doit encore prouver la relation de cause à
effet entre la faute du commissaire aux comptes et le dommage subi par lui; le
rapport de causalité doit être certain et direct.

Il convient de rappeler que la responsabilité du commissaire aux comptes ne se


substitue pas à celle des dirigeants; en cas de mise en cause, le juge aura à déterminer
les responsabilités entre:

le commissaire aux comptes, qui certifie l'image fidèle des comptes,

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et le conseil d'administration de la société anonyme qui arrête les comptes de


l'exercice écoulé.

Après avoir illustré chacune de ces trois conditions par la jurisprudence et la


doctrine existantes, nous présenterons les clauses exonératoires de responsabilité, le
régime de l'action en responsabilité civile et la prescription.

La faute

L'article 180 de la loi 17-95 a déjà été cité : « le ou les commissaires aux
comptes sont responsables, tant à l'égard de la société que des tiers, des
conséquences dommageables des fautes et négligences par eux commises dans
l'exercice de leurs fonctions ».

La faute est intentionnelle tandis que la négligence ne l'est pas. Il s'agira :

 d'un défaut ou d'une insuffisance de contrôle dû à une négligence ou à une


incompétence technique,
 ou bien d'appréciations ou d'approbations inexactes ou injustifiées concernant
les comptes et les renseignements donnés par les dirigeants.

Le principe étant que le commissaire aux comptes n'est tenu que d'une obligation
de moyens, le demandeur devra prouver:

• soit la faute intentionnelle du commissaire,


• soit la négligence du commissaire, celle-ci ne pouvant être
appréciée que par comparaison entre ce que le commissaire a fait et ce qu'il
aurait dû faire compte tenu des diligences usuelles basées sur les normes, les
commentaires de normes et l'information à caractère technique prévues par la
loi 15-89.

Trois questions subsistent quant à l’établissement d’un comportement fautif ou


négligent d’ un auditeur :
- quelle est la nature de l’obligation pesant sur le professionnel, dont le non
respect permettra de qualifier son comportement de fautif ?
- quels sont les auteurs potentiels de ces fautes ou négligences qui engageront
sa responsabilité ?
- à qui revient la charge de prouver la faute ou la négligence, pour que celle-ci
puisse être retenue ?

1-la nature de l’obligation du commissaire aux comptes

Le commissaire aux comptes est tenu à une obligation de moyens. On rappelle que
l'obligation de moyens consiste pour le débiteur a s'engager, a l'égard de son créancier,
a employer les moyens appropriés pour accomplir une obligation, sans pour autant en
garantir la bonne fin. En cas de litige, le créancier devra rapporter la preuve que

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l'inexécution de l'obligation est due à une faute du débiteur, qui ne s'est pas comporté
comme «un bon père de famille ». L’obligation de résultat quant à elle consiste pour le
débiteur à procurer à son créancier un résultat précis.

La conséquence de l'obligation de moyens est que le commissaire aux comptes


n'est pas tenu à exhaustivité, il n’a pas à vérifier toutes les opérations qui relèvent du
champ de ses missions, ni rechercher systématiquement toutes les erreurs, les fraudes
et les irrégularités que les dirigeants ou leurs employés auraient pu commettre.

En revanche, il engage sa responsabilité civile dès lors qu’il ne s’est pas comporté
comme un professionnel normalement diligent et avisé.

Les fautes de l'auditeur peuvent intervenir à tous les stades de sa mission: lors de
l'acceptation ou de la cessation des fonctions, ou bien dans le courant de sa mission.
En règle générale, l'appréciation du juge sera fondée sur les circonstances de l'espèce,
les normes professionnelles, et sur l'obligation de moyens de l'auditeur, dont la prise en
compte sera d'autant plus nécessaire que seront concernés des aspects de la mission,
comme la certification ou la détection de la fraude, qui présentent pour l'auditeur un
risque significatif d'erreur ou d'omission.

À l'occasion de l'acceptation des fonctions, la responsabilité civile du


commissaire aux comptes peut notamment être engagée s'il accepte la mission, ou se
maintient en fonctions, tout en se sachant sous le coup d'une situation d'incompatibilité
ou d'interdiction.

Dans le courant de la mission, un premier cas relativement fréquent de mise en


cause du professionnel trouve son origine dans la certification de comptes ne
présentant pas une image fidèle: les personnes qui subissent un dommage, parce
qu'elles ont été trompées sur la réalité de la situation financière, ne manquent pas de
mettre en cause le commissaire aux comptes pour insuffisance de diligences.

L'action à l'encontre du commissaire aux comptes peut également se fonder sur le


fait qu'une insuffisance de diligences l'a empêché de découvrir telle fraude ou
irrégularité à l'occasion du contrôle et de la certification des comptes annuels.

Lors de la cessation de ses fonctions, l'ajournement des fonctions, ou la démission du


commissaire aux comptes, peuvent être à l'origine d'une action en responsabilité contre
le commissaire aux comptes si celui-ci ne s'est pas entouré des précautions
appropriées. (Démission de manière intempestive par exemple)

2-Identité des auteurs

Les seules personnes pouvant engager la responsabilité civile du commissaire


aux comptes sont:

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a-le professionnel lui-même

La responsabilité civile du professionnel est une responsabilité avant tout


personnelle. Le principe de la responsabilité personnelle du commissaire aux comptes
ne signifie pas que celle-ci ne peut être liée, ou ne peut découler de la faute d'autrui,
mais uniquement que seule sa responsabilité propre peut être engagée. On remarque
d'ailleurs que, dans la plupart des cas, les fautes du commissaire aux comptes ont pour
origine celles commises par d'autres personnes, qui sont le plus souvent actionnaires,
dirigeants ou salariés de l'entité contrôlée. Dès lors, le juge doit opérer une distinction
capitale pour l'évaluation du dommage et la répartition de la condamnation.

b- les collaborateurs et les experts auquel il fait appel

La responsabilité du commissaire aux comptes est engagée par les actes de ses
collaborateurs et experts au même titre que par les siens propres. Bien qu'il puisse se
faire assister, le commissaire aux comptes garde l'entière responsabilité de la mission,
à tel point que s'il déléguait tous ses pouvoirs, il commettrait une faute. Le fait que le
commissaire aux comptes soit responsable de ses actes n'exonère ni le collaborateur, ni
l'expert, de leur propre responsabilité, et le commissaire aux comptes appelé en
responsabilité dans ce cadre a la possibilité de se retourner contre eux.

c- les dirigeants de la société contrôlée qui se rendent coupables d'une


infraction

Administrateurs, directeurs et directeurs généraux : Les commissaires aux


comptes ne sont pas civilement responsables des infractions commises par les
administrateurs ou les membres du directoire, selon le cas, sauf si, en ayant eu
connaissance, ils ne les ont pas révélées dans leur rapport à l'assemblée générale.

3-Preuve de la faute

La preuve de la faute du commissaire aux comptes soulève pour le demandeur


deux types de difficultés. La première tient au fait que le commissaire aux comptes est
tenu à une obligation de moyens et non à une obligation de résultat. La seconde est que
le dossier du commissaire aux comptes est normalement couvert par le secret
professionnel.

Si le commissaire aux comptes était tenu à une obligation de résultat, il suffirait


au demandeur d'établir que tel objectif de la mission n'a pas été atteint pour que la
faute puisse être retenue. Cependant, le commissaire aux comptes est tenu à une
simple obligation de moyens. Il en résulte que c'est au demandeur de prouver la faute
du commissaire aux comptes. À défaut, la responsabilité civile de ce dernier ne
pourrait pas être retenue. La preuve de la faute du commissaire aux comptes suppose
donc que l'on puisse avoir accès à son dossier pour apprécier la qualité de ses
diligences.

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B- Le préjudice

En application du droit commun de la responsabilité civile, le demandeur doit


apporter la preuve du dommage que lui a causé la faute du commissaire aux comptes.
Le dommage doit être certain, direct, et porter atteinte à un droit acquis.

Il s'agira le plus souvent d'une perte financière subie par les demandeurs, mais
encore restera-t-il au tribunal d'évaluer le préjudice subi.

Le préjudice doit être certain, c'est à dire que le juge doit pouvoir en constater
l'existence et statuer sur le montant du préjudice subi. Un préjudice certain n'est pas
forcément un préjudice actuel: un préjudice futur, qui se produira inéluctablement et
qui peut faire l'objet d'une évaluation, présente un caractère certain.

Le préjudice doit être direct, ce qui signifie qu'on ne peut faire supporter à
l'auteur de la faute les conséquences lointaines de celles-ci, qui auraient pu se produire
alors même que cette faute n'aurait pas eu lieu. En l'absence de dommage subi
directement, le demandeur ne peut être que débouté. Ainsi, les actionnaires qui ne
peuvent justifier d'un préjudice résultant directement du délit de non- révélation des
faits délictueux commis par les commissaires aux comptes ne peuvent engager la
responsabilité civile de ceux-ci.

Enfin, le préjudice doit léser le demandeur. Le dommage, qui sera en général


d'ordre matériel, pourra aussi être purement moral. Tel serait le cas, par exemple, dans
l'hypothèse de la révélation à l'assemblée générale d'irrégularités mal fondées, portant
atteinte à l'honneur et à la probité des dirigeants, ou bien en cas de déclenchements
abusifs et répétés de procédure d'alerte. La société serait alors fondée à demander non
seulement la relève des fonctions du commissaire aux comptes, mais également, à
condition de rapporter la preuve d'un préjudice moral, le versement de dommages et
intérêts.

C. Lien de causalité

La responsabilité du commissaire aux comptes ne peut être retenue que si le


demandeur prouve un rapport de causalité entre la faute et le dommage.

Le lien de causalité est généralement établi lorsque l'exécution des diligences


normales auraient empêché la réalisation du dommage; par exemple: l'insuffisance de
contrôle du commissaire aux comptes est à l'origine du préjudice subi par les
fournisseurs qui, informés de la situation réelle de la société, n'auraient pas conclu de
nouveaux contrats avec elle.

La responsabilité du commissaire aux comptes est écartée par les tribunaux


lorsqu'en l'absence de faute le dommage se serait néanmoins produit de la même
manière.

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Enfin, comme la mission du commissaire aux comptes est de contrôler


(d'auditer), sa faute est rarement la seule cause du dommage de la victime. Par
exemple: le commissaire aux comptes qui n'a pas procédé, même par un examen
rapide, à la justification des factures inscrites sur le journal des achats, ne peut soutenir
avoir exécuté leurs travaux avec une vigilance normale. Toutefois la faute
prépondérante à l'origine des détournements étant le comportement du dirigeant qui a
remis à son comptable des chèques signés en blanc, le tribunal décide que la
responsabilité du préjudice subi par la société incombe pour trois quarts à son dirigeant
et pour un quart au commissaire aux comptes. Dans le cas d'espèce, le comptable
encaissait à son profit les chèques en blanc signés du dirigeant destinés à régler des
factures qui étaient purement imaginaires.

D- Clauses exonératoires de responsabilité

L'existence d'un comportement fautif, d'un dommage et d'un lien de causalité ne


suffisent pas toujours à mettre en cause avec succès la responsabilité du commissaire
aux comptes. Ainsi en est-il :
- lorsqu'une prévision légale exonère expressément le commissaire aux comptes de sa
responsabilité;
- lorsque le commissaire aux comptes peut justifier son comportement par la
survenance d'un cas de force majeure;
- lorsque le manquement du commissaire aux comptes à ses obligations résulte de
difficultés dans l'exécution de la mission qui ne lui sont pas imputables.

Exonérations légales Le législateur limite expressément la responsabilité du


commissaire aux comptes qui met en œuvre la procédure d'alerte ou satisfait à son
obligation de révélation de faits délictueux.

Difficultés dans la mise en œuvre de la mission Les difficultés que le commissaire


aux comptes peut rencontrer dans la mise en œuvre de ses diligences ne le dispensent
pas d'essayer de les lever et de faire preuve de vigilance. Seules sont susceptibles de
l'exonérer de sa responsabilité, les difficultés qui ne lui sont pas imputables.

En revanche, la force majeure ou la faute d'autrui sont susceptibles d'exonérer le


commissaire aux comptes de sa responsabilité, dès lors que le professionnel adopte un
comportement adapté lorsqu'il est confronté à ces événements.
Pour que la force majeure puisse être retenue, Il devra s'agir d'un événement
imprévisible, irrésistible et extérieur qui rend absolument impossible la mission du
commissaire aux comptes, par exemple la disparition de la comptabilité a la suite d'un
incendie ou d'une catastrophe naturelle.
S'agissant de la faute d'autrui, elle est également susceptible d'exonérer, en tout ou en
partie, le commissaire aux comptes de sa responsabilité.

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II- le régime de l’action en responsabilité civile contre le


commissaire aux comptes

Les commissaires aux comptes doivent obligatoirement souscrire une assurance


garantissant leur responsabilité civile. Les commissaires poursuivis au civil doivent
prévenir aussitôt leur compagnie d'assurance.

Il a déjà été indiqué que le commissaire aux comptes ne peut occulter sa


responsabilité derrière celle des collaborateurs en charge de la mission ou derrière
celle du cabinet de commissariat titulaire du mandat.

Les tribunaux compétents pour statuer sur les actions intentées en responsabilité
civile contre un commissaire aux comptes sont le plus couramment les tribunaux de
grande instance.

Néanmoins les tribunaux de commerce sont également compétents lorsque le


défendeur est une société de commissaire aux comptes de forme commerciale.

Conformément aux règles fondamentales du droit marocain, dans le cas où le


commissaire aux comptes est poursuivi au pénal et au civil pour les mêmes faits, et
que le juge pénal l’a acquitté ou relaxé, le juge civil ne peut plus retenir la faute du
commissaire pour ces faits.

-Moyens de défense

L’auditeur dispose d’un certain nombre de moyens de procédures pour faire


échec à l’action en responsabilité dont il est l’objet, voire pour lancer une contre
attaque à l’égard de son adversaire.

Il peut essayer :
 de faire valoir le quitus qui lui a été donné ;
 d’obtenir la renonciation du demandeur à l’action ;
 de faire valoir la prescription de l’action : selon l’article 181 de la loi 17-85 :
Les actions en responsabilité contre les commissaires aux comptes se
prescrivent par cinq ans à compter du fait dommageable ou s'il a été dissimulé
de sa révélation.
 de recourir à un appel en jugement commun : Le commissaire aux comptes
assigné en responsabilité aura tout intérêt à appeler en déclaration de jugement
commun les dirigeants de la société, s’il estime que ceux-ci ont commis des
fautes ayant concouru à la réalisation du dommage final. Dès lors que la faute
des dirigeants est avérée, les magistrats déterminent la proportion du dommage
qui devra être réparée par les auditeurs et par les dirigeants.
 de déposer une demande reconventionnelle : Lorsqu’il estime indûment
assigné en responsabilité civile, l’auditeur peut déposer une demande
reconventionnelle : celle-ci vise à obtenir des dirigeants de la société le

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versement de dommages et intérêts pour atteinte à son intégrité morale et


professionnelle.

Section II- La Responsabilité pénale de l’auditeur :


Le droit pénal a pour objectif de réprimer les comportements jugés dangereux
par le législateur. A cette fin, il est définit le sanctions applicables à la violation des
règles dont le respect apparaît nécessaire au maintien de l’ordre public.
Au même titre que toute personne faisant partie du corps social, le commissaire aux
comptes qui transgressent ces règles encourent des sanctions pénales.

I-Les infractions :

A- Notion et classification des infractions :

L’infraction est l’acte interdit par la loi sous menace de l’application d’une
peine. Les infractions pénales sont classées, suivant leur gravité, en crimes, délits et
contraventions.

 Les peines criminelles sont la réclusion ou détention criminelle pouvant aller de


dix ans à la perpétuité.

 Les peines correctionnelles applicables aux délits sont :


- emprisonnement, pouvant aller d’une durée de six mois à dix ans.
- Amende
- Peines privative sou restrictives (suspension de permis de conduire,
confiscation de véhicule)
-
 Les peines contraventionnelles sont : L’amende dont le montant peut s’étaler de
38 euros pour la contravention de 1re classe jusqu’à 1500 euros pour la contravention
de 5e classe, ce montant pouvant être porté à 3000 euros en cas de récidive lorsque le
règlement le prévoit.
Il n’y a ni crime ni contravention dan les infractions liées spécifiquement au statut ou à
l’exercice de la profession. Sauf commission d’une infraction indépendante de leur
profession, les commissaires aux comptes ne peuvent don être poursuivis que pour des
délits.

Pour qu’il y ait constitution d’une infraction, 3 éléments sont nécessaires à


avoir l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral.

 Elément légal : il n’y a pas d’infraction sans texte. Personne ne peut être puni pour
un crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi et personne ne
peut être puni pour une peine qui n’est pas prévue par la loi. Le juge pénal ne peut
raisonner par analogie : la loi pénale est d’interprétation stricte.

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 Elément matériel : il ne peut y avoir d’infraction qui soit fondée uniquement sur
de mauvaises intentions. Il faut au minimum que la violation du texte entraînant une
sanction pénale donne lieu à un commencement d’exécution.
Exécution ne signifie pas qu’il y a forcément action. L’élément matériel ne correspond
pas en effet au résultat de l’infraction, mais à l’attitude de l’auteur. On distingue
d’ailleurs les infractions dites de « commissions » issues d’actes violant une
interdiction de faire, par exemple la violation du secret professionnel, des infractions
« d’omission » qui consistent à ne pas se conformer à une obligation de faire, par
exemple la non révélation des faits délictueux pour un commissaire aux comptes.

 Elément moral : Toute infraction suppose un minimum d’élément moral ou


intentionnel et disparaît, par exemple en cas de force majeure.
L’élément moral suppose tout d’abord l’imputabilité de l’acte incriminé à son auteur,
ce qui signifie que celui-ci doit être en âge de commettre l’infraction, qu’il doit être
sain d’esprit et en mesure d’exercer librement ses facultés. L’élément moral repose par
ailleurs sur la culpabilité de l’auteur, c'est-à-dire sur l’existence d’une faute, qui peut
être intentionnelle, mais qui peut aussi résulter de la simple imprudence ou négligence.

B- Infractions relatives au statut :

Les infractions attachées au statut du commissaire aux comptes portent sur


l’usage du titre de commissaire aux comptes, l’exercice illégal de la profession et la
violation des incompatibilités légales.

 Usage illicite du titre : L’usage du titre de commissaires aux comptes, ou de tout


autre titre tendant à créer une confusion ou une similitude avec celui de commissaire
aux comptes, sans être inscrit sur une liste près une cours d’appel et sans avoir prêté
serment est puni par la loi.

 Exercice illégal : Il y a exercice illégal de la profession lorsqu’une personne :


- exerce la profession sans être inscrit sur la liste et sans avoir prêté serment
- exerce la profession en entreignant les sanctions de l’interdiction temporaire et
de la suspension à temps.

 Violation des incompatibilités légales : Le fait, pour un commissaire aux comptes,


d’accepter, d’exercer ou de conserver ses fonctions, nonobstant les incompatibilités
légales, est puni d’un emprisonnement de un à six mois et d’une amende de 8000 Dh à
40 000 Dh ou l’une de ces deux peines seulement (Article 404 de la loi de la S.A).
La matérialisation de l’infraction est constituée par la survenance de l’une de ces
situations d’incompatibilité. Il faut également que le commissaire aux comptes ait
accepté, exercé ou conservé ses fonctions en ayant connaissance de cette situation.
L’infraction perdure jusqu’à ce que la situation d’incompatibilité cesse.

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C- Infractions relatives à l’exercice des fonctions :


De nombreuses infractions sont liées à l’exercice des fonctions du commissaire
aux comptes :
- Violation du secret professionnel
- Communication d’informations mensongères
- Non révélation des faits délictueux
- Défaut d’information sur les prises de participation réalisées par une société
commerciale
- Défaut d’information sur les prises de contrôle réalisées par les sociétés
admises aux négociations sur un marché réglementé
- Communication d’informations inexactes sur la suppression du droit
préférentiel de souscription
- Représentation de obligataires par le commissaire aux comptes
- Délit d’initié, même s’il n’entre pas spécifiquement dans les infractions visant
expressément le commissaire aux comptes.

 Violation du secret professionnel :

Les commissaires aux comptes ainsi que leurs collaborateurs et experts sont
astreints au secret professionnel pour les faits, actes et renseignements dont ils ont pu
avoir connaissance à raison de leurs fonctions.
La violation de l’obligation au secret professionnel se matérialise par la divulgation à
des personnes auxquelles le secret professionnel était opposable, d’une information à
caractère secret. Elle constitue une infraction instantanée.

 Communication d’informations mensongères :

Le fait pour un commissaire aux comptes, agissant en son nom personnel ou au


titre d’associé dans une société de commissaires aux comptes, de donner ou de
confirmer des informations mensongères sur la situation de la personne morale est
puni d’une peine d’emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de 10 000
à 100 000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement. (Article 405 de la loi
sur la S.A)
La communication d’informations mensongères est une infraction instantanée. Le délai
de prescription est de trois ans à compter de la communication u de la confirmation de
l’information. La matérialisation du délit est constituée par le fait pour le commissaire
aux comptes de donner ou de communiquer des informations mensongères. Elle
suppose que soient réunies les 3 conditions suivantes :

1/ Le fait délictueux doit intervenir à l’occasion de l’accomplissement de la mission de


commissaire aux comptes. Peu importe la forme de la communication (orale ou écrite)
et le support de la communication (rapport, autre document).

2/ L’information donnée ou confirmée doit être mensongère, ce qui suppose que celle-
ci est non seulement inexacte mais trompeuse. Le commissaire aux comptes doit avoir

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connaissance du caractère mensonger de l’information. Il ne peut néanmoins


s’exonérer de sa responsabilité en se bornant à arguer de l’intervention de ses
collaborateurs. Si, un commissaire aux comptes est fondé à se faire assister ou
représenter par des collaborateur, c’est sous sa responsabilité, il ne saurait donc, sans
commettre une faute personnelle et sans trahir sa mission donner à ceux-ci une
véritable délégation de pouvoirs et s’en remettre à leurs conclusions.

3/ L’information mensongère donnée ou confirmée doit porter sur la situation de la


société. Cette troisième condition conduit à se demander si le délit ne concerne que les
informations sur la situation comptable et financière, ou si une acceptation plus large
dit être donnée à la notion de situation.

 Non révélation de faits délictueux :

La révélation de faits délictueux fait partie intégrante de la mission du


commissaire aux comptes. La non révélation de faits délictueux est une infraction
instantanée. Le délai de prescription est de trois ans à compter du jour où est commis
le délit de non- révélation, qui correspond au jour où le commissaire aux comptes a
acquis la conviction que les faits relevés constituent des irrégularités. Le délit de non
révélation de faits délictueux est matérialisé par l’omission délibérée de révélation par
le commissaire aux comptes d’un fait délictueux. L’infraction n’et donc constituée
qu’à deux conditions :
1/ La non révélation suppose l’existence d’un fait délictueux. Un fait délictueux dit
avoir été commis et le commissaire aux comptes doit en avoir eu connaissance.
2/ La volonté délibérée suppose la connaissance de l’infraction. La non révélation de
faits délictueux est par définition un délit d’omission. Celui-ci est constitué dès lors
qu’il peut être prouvé que le commissaire aux comptes avait connaissance du fait
délictueux qu’il n’a pas révélé. Le délit n’est pas constitué lorsque le commissaire aux
comptes n’avait pas connaissance du fait délictueux.

 Défaut d’information sur les prises de participation :

Le fait pour un commissaire aux comptes de ne pas avoir mentionné dans son
rapport général les prises de participation réalisées au cours de l’exercice social, peut
entraîner la mise en œuvre de sa responsabilité pénale.
L’infraction a un caractère instantané. Le délai de prescription est de trois ans à
compter du jour où le commissaire aux comptes a remis son rapport général à la
société.

 Défaut d’information sur les prises de contrôle :

Le fait pour un commissaire aux comptes de ne pas signaler dans son rapport
général l’identité des personnes ayant pris des participations significatives au cour de
l’exercice social dans le capital social d’une société dont les titres sont admis aux
négociations sur un marché réglementé, peut entraîner la mise en œuvre de se
responsabilité pénale.

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L’infraction a un caractère instantané. Le délai de prescription est de trois ans à


compter du jour où le commissaire aux comptes a remis son rapport général à la
société.

 Informations inexactes sur la suppression du droit préférentiel de


souscription :

Le fait pour un commissaire aux comptes de donner ou de confirmer des


indications inexactes dans son rapport, ou dans le rapport établi par les dirigeants sur
la suppression du droit préférentiel de souscription, peut entraîner la mise en œuvre de
sa responsabilité pénale. L’infraction a un caractère instantané. Le délai de
prescription est de trois ans à compter de la remise du rapport.

 Représentation des obligataires :

Un commissaire aux comptes ne peut ni représenter les obligataires de la société


qu’il contrôle à leur assemblée générale spéciale, ni accepter d’être le représentant de
la masse des obligataires.

 Cas particulier du délit d’initié :

Bien que ne faisant pas partie des délits concernant expressément le


commissaire aux comptes, le délit d‘initié fait partie des délits qui intéressent celui-ci
tout particulièrement compte tenu du droit à l’information dont il dispose dans les
entités qu’il contrôle. Sont punies les personnes disposant à l’occasion de l’exercice de
leur profession ou de leurs fonctions, d’informations privilégiées sur les perspectives
ou la situation d’un émetteur dont les titres sont négociés sur un marché réglementé ou
sur les perspectives d’évolution d’un instrument financier admis sur un marché
réglementé, de réaliser ou de permettre de réaliser une ou plusieurs opérations avant
que le public ait connaissance de ce informations. Le délai de prescription du délai
d’initié est de tris ans lorsque le délit est réalisé par l’initié lui-même, le point de
départ de la prescription est la date de réalisation du délit.

II- Mise en œuvre de l’action pénale :

A- Mise en œuvre de l’action en responsabilité :

Sont examinés ci-après un certain nombre d’événements qui sont susceptibles


de se produire lorsqu’est mise en cause la responsabilité d’un commissaire aux
comptes :

 Audition par le juge :

Le commissaire aux comptes peut être convoqué par lettre recommandée


comme témoin. Il peut également être convoqué par le juge d’instruction ou lui être

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

présenté pour une première comparution. Enfin, si le juge estime ne pas devoir
procéder à une mise en examen, il peut choisir une voie intermédiaire en décidant
d’entendre le commissaire aux comptes comme « témoin assisté ». Dans tous les cas
de figure, le commissaire aux comptes aura intérêt à prendre conseil auprès d’un
avocat spécialisé. Il prendra soin également de revoir à fond le dossier sur lequel il est
interrogé et de prendre copie de l’intégralité du dossier ou des pièces les plus
importantes pour ne pas se retrouver sans moyen de défense en cas de saisie du dossier
par le juge.

 Mise en examen :

Le juge d’instruction ne peut mettre en examen que des personnes à l’encontre


desquelles existent des indices graves rendant vraisemblables qu’elles aient pu
participer, comme auteur ou complice, à la commission d’infractions. La mise en
examen ne peut être mise en œuvre avant que la personne intéressée n’ait été entendue,
soit dans le cadre d’un interrogatoire de première comparution, soit en tant que témoin
assisté. L’interrogatoire de première comparution peut intervenir à la suite d’une
convocation du juge d’instruction. Le juge d’instruction peut convoquer le
commissaire aux comptes par lettre recommandée. La convocation à l’interrogatoire
de première comparution fait état des faits dont le juge d’instruction est saisit pour
lesquels la mise en examen est envisagée, tout en précisant leur qualification juridique.
Lorsque la personne mise en examen est présentée au juge, le juge avertit le
commissaire aux comptes de son droit de se faire assister d’un avocat et de son droit
au silence.
A l’issu de l’interrogatoire, le juge notifie à la personne :
 Soit qu’elle n’est pas mise en examen et qu’elle bénéficie des droits du témoin
assisté ;
 Soit qu’elle est mise en examen. Le juge précise alors les fait reprochés et leur
qualification si elle diffère de ceux précédemment notifiés. Il informe la personne mise
en examen de son droit à formuler des demandes d’actes ou des requêtes en
annulation.

 Mise sous contrôle judiciaire :

La mise sous contrôle judiciaire peut être décidée à tout moment par
ordonnance du juge d’instruction. Cette mesure n’est applicable qu’aux personnes
mises en examen et encourant au minimum une peine d’emprisonnement. La mise
sous contrôle judiciaire permet de garder en liberté la personne qui en est l’objet, tout
en respectant la nécessité de l’instruction. La personne n’est pas incarcérée, mais elle
fait l’objet d’une ou de plusieurs restrictions (limites dans les déplacements,
interdiction de conduire,…)

 Mise en détention provisoire :

La mise en détention provisoire est prononcée par le juge des libertés et de la


détention sur demande du juge d’instruction et en présence de l’avocat. La détention

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

provisoire ne peut excéder une durée raisonnable au regard de la gravité de faits. Elle
est plafonnée à 4 mois en matière correctionnelle en l’absence d’antécédents
judiciaires.

B- L’extinction de l’action et de la sanction pénales :

 Prescription de l’action pénale :

L’action publique, si elle n’est pas intentée pendant un certain délai, s’étain par
l’effet de la prescription extinctive. La notion d’oubli nécessaire a inspiré le
législateur. En matière de délit, l’action publique se prescrit par trois années révolues.

 Extinction de la sanction pénale :

Une fois qu’elle est devenue définitive, la sanction prononcée doit être exécutée. Dans
certains cas cependant, le condamné peut être dispensé en tout ou partie de purger sa
peine. Les circonstances pouvant être à l’origine de cette situation sont :
- La prescription de la peine
- Remise judiciaire de peine
- La réhabilitation : elle a pour objet d’effacer toutes les incapacités et
déchéances résultant de la consommation afin de favoriser la réinsertion du
condamné
- La grâce

Section III : La responsabilité disciplinaire :


Le fondement du droit disciplinaire est d’assurer le maintien de l’ordre au sein
d’un groupement professionnel. La procédure disciplinaire est traditionnellement
l’apanage des ordres professionnels. La discipline contribue, d’une part, à promouvoir
la qualité des conditions d’exercice de la profession et, d’autre part, à renforcer le
respect par ses membres des règles éthiques.

L’action disciplinaire, dont le but est donc la défense d’un intérêt collectif
professionnel, se distingue de l’action civile qui a pour but la réparation d’une atteinte
portée à l’intérêt individuel.

Le champ de responsabilité disciplinaire est également distinct de celui de la


responsabilité pénale : l’action disciplinaire est intentée pour le compte d’un corps
professionnel, tandis que l’action publique en matière pénale a pour objet de garantir
l’ordre de la société.

L’action disciplinaire est distincte des actions pénales et civiles : le


commissaire au compte peut commettre une faute disciplinaire qui ne sera poursuivie
ni au civil ni au pénal ; tel est le cas du refus de recevoir les contrôleurs, qui ont le

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

souvent pour conséquence la décision disciplinaire de radiation sans qu’il soit en outre
nécessaire de poursuivre devant les juridictions.

I. La faute disciplinaire
Sont susceptibles d’engager la responsabilité disciplinaire de leurs auteurs les
infractions aux lois, règlements et règles professionnels, toute négligence grave, tout
fait contraire à la probité ou à l’honneur commis par un commissaire aux comptes,
personnes physique ou société.

A. Auteur de la faute

Le régime disciplinaire concerne tous les commissaires aux comptes, personnes


physiques ou morales.

a. Personne physique

Tous les commissaires aux comptes aux comptes exerçant la profession sont
susceptibles de faire l’objet d’une procédure disciplinaire. Les commissaires aux
comptes même s’il ne détient pas de mandat, peuvent être poursuivis
disciplinairement au titre d’un comportement contraire à l’éthique.

b. Personne morale

Toute société de commissaires aux comptes est passible de sanctions


disciplinaires. Elle peut faire l’objet de poursuites disciplinaires indépendantes de
celles intentées contre ses associés.

Les actions disciplinaires concernant une société sont exercées selon la forme
de la société, à l'encontre de tous les associés ou à l'encontre du représentant statutaire
ou légal de la société.

B. La faute

Les fautes susceptibles d’engager la responsabilité disciplinaire de leur auteur sont


nombreuses et variées. Elles recouvrent :

 La violation des règles professionnelles, manquement aux règles de l'honneur,


de la probité et de la dignité dans l'exercice de la profession, telles qu'elles sont
notamment édictées dans le code des devoirs professionnels

 Le non respect des lois et règlements applicables à l'expert comptable dans


l'exercice de sa profession ;

18
Responsabilité des auditeurs ISCAE

 L’atteinte aux règles ou règlements édictés par l'ordre, à la considération ou au


respect dus aux institutions ordinales.

En effet outre les délits relevant du pénal et les fautes relevant du civil, sont ainsi
visées, en particuliers, toutes infractions aux règles qui figurent dans le code d’éthique
professionnel ; par exemple :
 Ne pas entrer en relation avec le confrère auquel le commissaire aux
comptes succède dans le contrôle d’une société,
 Refuser un contrôle
 Tenir secrète une inculpation
 Accepter des missions dont le commissaire aux comptes n’est pas en
mesure d’assurer la responsabilité directe

II. La procédure disciplinaire


Les conseils régionaux et le conseil national, par voie d'appel exercent à
l'égard des experts comptables et de leurs sociétés, le pouvoir disciplinaire ordinal
pour toute faute professionnelle ou toute contravention aux dispositions législatives et
réglementaires auxquelles l'expert comptable est soumis dans l'exercice de sa
profession.

Les actions disciplinaires sont portées devant le conseil régional et en appel


devant le conseil national, composé et délibérant ainsi qu'il est prévu dans la loi n°
15-89 réglementant la profession d'expert comptable et instituant un ordre des
experts comptables.

Il est à noter que l'action disciplinaire portée devant les conseils de l'Ordre ne
fait pas obstacle à l'action du ministère public ni a celle des particuliers devant les
tribunaux.
Toutefois, seul le conseil national a qualité pour décider la transmission au
parquet, sur sa demande, en vue de l'exercice de l'action publique, du dossier constitué
pour l'exercice de l'action disciplinaire.

Les membres du conseil national et des conseils régionaux sont tenus au secret
professionnel pour tout ce qui se rapporte aux délibérations auxquelles leurs fonctions
les appellent à prendre part en matière disciplinaire.

III. Les sanctions disciplinaires

A. Les sanctions principales

Les peines principales sont : l’avertissement, le blâme, la suspension à temps et


la radiation.

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

L’avertissement et le blâme ont un caractère moral et sanctionnent un manquement


dans l’application des règles et règlements professionnels.
La suspension et la radiation sont beaucoup plus graves puisqu’elles sont privatives
du droit d’exercice de la profession.

l'avertissement :

L’avertissement est la sanction la moins lourde, elle correspond à une faute qui
ne peut être considérée comme très grave. (Par exemple : la naïveté du commissaire
aux comptes, la mauvaise foi des dirigeants de la société contrôlée qui induit l’auditeur
en erreur…)

le blâme :

La réprimande sanctionne des manquements présentant davantage de gravités.


Elle peut ainsi être retenue par le conseil national sur appel, en allégement d’une
mesure de suspension, pour prendre en comptes par exemple l’absence d’intention du
commissaire d’enfreindre la loi.

la suspension et la radiation du tableau

Elles sanctionnent, de façon générale, des manquements graves aux règles de la


profession ou bien des comportement contraires à l’honneur et à la probité.

La suspension à temps est prononcée pour une durée de six (6) mois au
maximum. Elle peut être prononcée de façon générale ou bien ne s’appliquer qu’à une
ou plusieurs entités contrôlées par le commissaire aux comptes.

La radiation présente normalement un caractère définitif, elle sanctionne des


fautes graves et un comportement répréhensif persistant.

La suspension et la radiation ont un effet immédiat sur l’activité professionnelle


du commissaire : il perd le droit d’exercer ses fonctions et est alors remplacé par le
commissaire suppléant jusqu'à la fin de la période de suspension.

B. Les sanctions complémentaires

Les peines complémentaires sont les peines dont sont assorties les peines principales.
La peine complémentaire peut être :

 L’inéligibilité

En cas d’avertissement, de réprimande ou de suspension, le conseil peut


également décider que l'expert comptable fautif ne pourra se présenter à des fonctions
électives au sein de l'Ordre pour une durée de dix (10) ans.

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

C. Les sanctions relatives aux personnes morales et aux associées


1. Les sanctions des sociétés

Les sociétés sont passibles des sanctions citées ci-dessus. Au surplus, la peine
du blâme et de l'avertissement peut être assortie d'une amende de 10.000 DH à
100.000 DH perçue au profit des oeuvres de prévoyance de l'ordre.

La peine de la radiation du tableau de l'Ordre de la société entraîne sa


dissolution de plein droit et sa liquidation conformément à ses dispositions statutaires.
Dès la liquidation achevée, les membres de la société peuvent demander leur
inscription au tableau de l'Ordre pour y exercer soit à titre individuel, soit à titre de
salarié ou dans le cadre d'une nouvelle société.

Durant la période de suspension infligée disciplinairement à la société, aucun de


ses membres ne peut exercer les actes de la profession, sauf à se rendre coupable
d'exercice illégal de la profession.

Toutefois, les experts comptables associés peuvent décider de la dissolution de


la société dont la liquidation a lieu conformément à ses dispositions statutaires. Ils
peuvent dès la liquidation achevée, demander leur inscription au tableau de l'Ordre à
titre individuel ou salarié ou dans le cadre d'une nouvelle société.

La peine de la radiation du tableau de l'Ordre de tous les associés experts


comptables entraîne la dissolution de la société et sa liquidation.

2. Les sanctions des associés, commissaires aux comptes

L'associé suspendu disciplinairement ne peut exercer au sein de la société aucun


des actes professionnels sous peine de se rendre coupable d'exercice illégal de la
profession. Il conserve toutefois sa qualité d'associé et les droits et obligations qui y
sont attachés.

Les statuts des sociétés des experts comptables peuvent prévoir que tout associé
condamné à la peine disciplinaire de la suspension sera contraint par l'unanimité des
autres associés experts comptables de se retirer de la société. Dans ce cas, l’associé
évincé doit céder les actions ou parts sociales qu'il détient dans la société.

En effet, l'associe radié du tableau de l'Ordre cesse d'exercer son activité dès la
publication de la sanction disciplinaire. Il doit céder ses actions ou parts sociales soit à
un tiers remplissant les conditions pour être associé soit à l'un ou plusieurs des

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

associés dans un délai de trois mois à compter de la cessation de son activité. Au cas
où il ne trouverait acheteur, la société est tenue de se porter acquéreur des actions ou
parts sociales à un prix amiable ou fixé par voie de justice.

Section IV : Assurance responsabilité professionnelle :


Pour être membre de l’Ordre des Experts Comptables, tout commissaire aux
comptes doit être couvert par une assurance garantissant sa responsabilité.

Compte tenu des obligations imposées aux corps professionnel, l’Ordre des
experts comptables a estimé opportun de souscrire un contrat d’assurance groupe,
auquel adhère automatiquement tout professionnel inscrit à l’ordre.

1) Le contrat groupe
 Les bénéficiaires :
Outre les institutions professionnelles et leurs représentants, le contrat groupe
couvre l’ensemble des commissaires aux comptes inscrits, qu’il s’agisse de personnes
physiques ou morales.
Sont également assurés, les commissaires aux comptes inscrits en cours d’année, et
ceux dont l’inscription est en cours de notification.
La police d’assurance couvre également les préposés et collaborateurs des assurés dont
est recherchée la responsabilité personnelles dans l’exercice de leurs fonctions.

 Les activités garanties :


Sont garanties par le contrat groupe, les activités des membre de l’ordre des
experts comptables, qu’il s’agisse de commissariat aux comptes, commissariat aux
apports, à la transformation et à la fusion, au sein de toute société quelle que soit sa
forme, civile ou commerciale, y compris de sociétés à forme mutuelle ou de sociétés
coopératives.

 Les garanties offertes :


Le contrat groupe couvre systématiquement quatre types de risques :
 Responsabilité civile professionnelle ;
 Responsabilité civile exploitation ;
 Recours à la défense pénale ;
 Archives et supports d’information.

Les conditions générales du contrat groupe excluent notamment des garanties


offertes, les risques suivants :
 Les dommages résultant d’une faute intentionnelle ou dolosive de
l’assuré ;
 Les condamnations infligées à titre de punition ou à titre exemplaire et
ne correspondant pas à la réparation d’un dommage ;

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

 Les dommages causées aux représentants légaux de l’assuré de l’assuré


ainsi qu’à leur conjoint, ascendants et descendants ;
 Les dommages causés aux collaborateurs et préposés de l’assuré
responsable du sinistre, dès lors que les dommages sont survenus pendant
l’exercice de leur fonctions.

Outre les garanties de base, le contrat groupe comporte des garanties optionnelles qui
peuvent être négociées individuellement par chaque assuré.

2) La garantie responsabilité civile professionnelle


La garantie responsabilité civile professionnelle incluse dans le contrat groupe
couvre les assurés contre les conséquences pécuniaires de la responsabilité civile
encourue par le professionnel en raison de son fait , de sa faute ou de sa négligence,
ainsi que celle de ses préposés ou de toute personne dont il serait civilement
responsable.

Les risques couverts :


- Les actions et procès que l’assuré pourrait avoir à soutenir en
raison de son activité professionnelle ;
- Les pertes, vols, détériorations pour quelque cause que ce soit, y
compris en cas d’incendie ou d’explosion, des pièces, titres et documents qui lui
ont été confiés, appartenant ou non à ses clients ou à des tiers, dont il est
directement ou indirectement détenteur.

Les risques exclus :


- Les dommages résultant d’activités autres que celles prévues par
le police d’assurance ;
- Les amendes supportées personnellement par l’assuré ;
- Les contestations relatives à toute question de frais d’honoraires ;
- Les conséquences d’engagements particuliers pris par l’assuré qui
excéderaient ses obligations ou les usages de la profession.

3) La garantie responsabilité civile exploitation


La garantie responsabilité civile exploitation couvre les assurés contre les
conséquences pécuniaires des dommages corporels, matériels et immatériels subi par
autrui, y compris leurs clients, imputables à l’exercice de leurs activités et ne résultant
pas de fautes professionnelles garanties au titre de l’assurance responsabilité civile
professionnelle.

Les risques couverts :


- La responsabilité civile de l’assuré résultant des conséquences
pécuniaires de dommages subi par autrui et définis de manière très restrictive par la
police d’assurance, dans la réalisation desquels est impliqué un véhicule terrestre à
moteur dont l’assuré n’a pas la propriété et qu’il n’a ni loué, ni emprunté ;

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

- Les recours de la sécurités sociale et des préposés de l’assuré,


pouvant notamment intervenir en cas de faute intentionnelle d’un préposé de
l’assuré sur un autre préposé, ou d’accident du travail ou maladie professionnelle
imputable à une faute inexcusable de l’assuré.

Les risques exclus :


- Les dommages résultant d’incendie, d’explosion, de phénomène
électrique, de dégâts des eaux prenant naissance à l’intérieur des bâtiments dont
l’assuré est propriétaire, locataire ou propriétaire permanent ;
- Les dommages dans la réalisation desquels sont impliqués des
véhicules terrestres à moteurs, autres que ceux expressément désignés dans la
garantie.

4) La garantie recours et défense pénale


Les risques couverts :
Lorsque les faits à l’origine des poursuites dont fait l’objet le commissaire aux
comptes ont trait à des activités couvertes par la police d’assurance, la garantie défense
pénale couvre :
- Le paiement des frais honoraires d’avocat nécessaires à la
défense, lorsque l’assuré est poursuivi ou est susceptible d’être poursuivi devant les
tribunaux répressifs et/ou lorsqu’il fait l’objet d’une révocation.
- La prise en charge des dépens ;
- L’assistance en matière disciplinaire, que cette instance soit née
ou non à l’occasion d’une instance pénale.

Par ailleurs, lorsque la constitution d’une caution est exigée, il est convenu d’un
commun accord que l’assureur fera l’avance de celle-ci contre reconnaissance de dette
et engagement de remboursement dès sa restitution.

5) La garantie archives et supports d’informations


Les risques couverts :
La garantie archives et supports d’informations permet de rembourser les frais
nécessaires à la reconstitution, en cas de disparition, de destruction ou de détérioration
des supports, informatiques ou non, d’informations ou tous documents ou pièces
comptables appartenant à l’assuré et/ou lui étant confiés pour l’exercice de son activité
professionnelle.
L’assureur rembourse à l’assuré la valeur matérielle des supports informatiques. Si la
reconstitution d’archives s’avère nécessaire, le remboursement des frais exposés aura
lieu au fur et à mesure de la reconstitution des documents, après vérification des
mémoires.

Garantie « Dommages par catastrophes naturelles » :

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

Cette garantie couvre la réparation pécuniaire des dommages des dommages matériels
directs subis par l’ensemble des biens garantis, et ayant eu pour cause l’intensité
anormale d’un agent naturel.

6) Les garanties optionnelles


Le contrat groupe offre à chaque assuré la possibilité de négocier des garanties
complémentaires et d’assurer des clients dénommés et des missions ponctuelles. Ces
garanties sont :

• La garantie complémentaire responsabilité civile : permet aux cabinets de


commissaires aux comptes d’obtenir une majoration du montant de leur
garantie responsabilité civile professionnelle, et cela selon des conditions de
chiffre d’affaires bien précise.

• La garantie pour clients dénommés et missions ponctuelles : permet de


souscrire des garanties spécifiques pour les clients à risques, ou pour des
missions ponctuelles dont les enjeux financiers sont importants.

• La garantie complémentaire reconstitution d’archives : permet d’obtenir une


majoration du montant de la garantie reconstitution d’archives

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

L’audit est mené par le commissaire aux comptes. En effet, ce dernier n’exerce
pas ses fonctions au gré de son inspiration mais, bien au contraire, dans un cadre
établi :
- Sa fonction est fixée par la loi
- Il obéit à des normes de comportement, à des normes de travail et à des normes
de rapport établies par la compagnie nationale des commissaires aux comptes
- Il respecte une méthodologie commune à tous les auditeurs financiers
- Il encourt le cas échéant des sanctions d’ordre pénal, civil et disciplinaire

Disposer d’une information comptable et financière certifiée par un auditeur, est


pour l’actionnaire la garantie que des normes d’audit financier reconnues ont été
appliquées avec diligence. Sans cette intervention l’actionnaire ignorerait si les
comptes publiés ont été établis conformément aux principes comptables en vigueur.
C’est en ce sens que l’auditeur contribue à la transparence de la vie des affaires et à la
confiance des tiers envers l’entreprise : il est le garant de la fidélité de l’information
comptable et financière publiée par l’entreprise.

Il convient néanmoins de se souvenir que l’auditeur ne certifie pas une fidélité


absolue, qui au demeurant n’existe pas, il certifie simplement que les comptes publiés
sont conformes aux lois, qu’ils sont établis sincèrement ( sans volonté de fraude) par le
conseil d’administration et qu’ils donnent une image fidèle de l’entreprise.

L’auditeur contrôle également, le cas échéant, d’autres éléments particuliers


(rémunérations versées, accords entre sociétés d’un même groupe, montant des

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Responsabilité des auditeurs ISCAE

acomptes sur dividendes…). En revanche, l’auditeur ne certifie pas que les dirigeants
ont choisi la meilleure stratégie de développement et que les dividendes versés par
l’entreprise continueront d’augmenter régulièrement : tous ces éléments liés à la
gestion de l’entreprise relèvent du conseil d’administration, non de l’auditeur.

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