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INR – Arrêts CJUE

Thématique : impact conventions OCDE

1. Damseaux

Cours : Mr Damseaux est résident belge et perçoit des dividendes d’une société française entre 2005 et
2007.

Ces dividendes (100) sont taxés dans l’Etat de la source, en France à 15%. Ils (le solde 85) sont taxés en
Belgique à 15%. Mr Damseaux supporte un taux effectif de 27% supérieur au 15% applicable à l’époque.

Mr Damseaux supporte une double imposition malgré l’existence d’une convention entre les pays. Il s’en
plaint.

La Cour juge qu’il n’existe pas de normes empêchant chaque Etat d’exercer sa souveraineté nationale, par
conséquent les Etats ne sont pas tenus (contraints) de prévenir la double imposition.

Autre résumé : Dans l’hypothèse où un résident belge perçoit des dividendes d’origine étrangère,
l’administration fiscale belge refuse désormais systématiquement de déduire la QFIE ou d’imputer la
retenue à la source prélevée dans l’Etat de la source des revenus.

Dans son arrêt du 16 juillet 2009 sur question préjudicielle, la Cour de justice des Communautés
européennes juge, à cet égard, que la circonstance que tant l’État membre de la source des dividendes que
l’État membre de résidence de l’actionnaire sont susceptibles, en vertu d’une convention préventive de
double imposition, d’imposer de tels revenus n’implique pas que l’État membre de résidence, soit tenu, en
vertu du droit communautaire, de prévenir, en vertu d’une obligation inconditionnelle, les désavantages qui
pourraient découler de l’exercice de la compétence ainsi répartie par les deux États membres.

Selon la Cour, la Belgique n’est donc pas obligée, en vertu du droit européen, de résoudre seule le problème
de la double imposition en octroyant, par exemple, un crédit d’impôt.

La Cour constate, en effet, à cet égard, que le droit communautaire ne prescrit pas de critères généraux pour
la répartition des compétences entre les États membres s’agissant de l’élimination des doubles impositions à
l’intérieur de la Communauté. Or, dans une situation où tant l’État membre de la source des dividendes que
l’État membre de résidence de l’actionnaire sont susceptibles d’imposer lesdits dividendes, considérer qu’il
appartient nécessairement à l’État membre de résidence de prévenir ladite double imposition reviendrait à
conférer, sans fondement, une priorité dans l’imposition de ce type de revenus à l’État membre de la source.

Il faut néanmoins se garder de donner à cet arrêt une portée qu’il n’a pas.

En effet, d’une part, la CJCE ne se prononce pas, dans le cas d’espèce, sur le caractère discriminatoire de la
double imposition engendrée par l’exercice parallèle des compétences fiscales des différents Etats
membres, et d’autre part, l’arrêt de la Cour ne porte pas préjudice à la faculté, pour les juridictions belges,
de se prononcer sur la violation, par la Belgique, des obligations qui lui reviennent en vertu des conventions
préventives de double imposition qui la lient.

Or, en vertu de celles-ci, la Belgique est en principe tenue de prévenir la double imposition en accordant
une quotité forfaitaire ou un crédit d’impôt. En refusant de telles déductions, la Belgique méconnaît donc
incontestablement ses obligations conventionnelles…
Thématique : pouvoirs de l’état d’émigration

2. Daily Mail (position nuancée dans Cartésio)

La Cour décide que l’État d’origine peut déterminer les conditions d’un transfert de siège.

La société Daily Mail Plc, qui souhaitait rester soumise au droit du Royaume-Uni tout en transférant son « siège
réel » vers les Pays-Bas pour des raisons fiscales, n’a pas obtenu l’accord du Trésor britannique.

Le Royaume-Uni peut, a jugé la Cour, sans violer la liberté d’établissement, interdire un tel déplacement du fait
du critère de rattachement qui le lie à la société.

3. Cartésio

Une société hongroise souhaitait transférer son siège social en Italie tout en restant soumise au droit des sociétés
hongrois.

La loi hongroise ne permet pas un tel transfert, ce qui obligeait de facto les actionnaires à liquider la société en
Hongrie pour constituer une nouvelle société en Italie.

La question s’est donc posée de savoir si cette exigence de la loi hongroise ne contrevenait pas aux libertés
fondamentales.

La C.J.U.E. précise que chaque État membre dispose de la faculté de définir le lien de rattachement qui est exigé
d’une société pour que celle-ci puisse être considérée comme constituée selon son droit national et susceptible, à
ce titre, de bénéficier du droit d’établissement.

Chaque État peut également définir ce qui est requis pour maintenir cette qualité ultérieurement.

Cette faculté englobe la possibilité, pour cet État membre, de ne pas permettre à une société relevant de son droit
national de conserver cette qualité lorsqu’elle entend se réorganiser dans un autre État membre par le
déplacement de son siège sur le territoire de ce dernier, rompant ainsi le lien de rattachement que prévoit le droit
national de l’État membre de constitution.

Cependant, précise la C.J.U.E., cet État membre ne pourrait pas empêcher une société d’émigrer dans un autre
État membre et de s’y transformer en une société de cet État membre, soumise au droit des sociétés de cet État
d’accueil.

4. Polbud

La Cour de Justice a jugé qu’un Etat ne peut imposer à des conditions plus strictes la transformation d’une
société étrangère que celles qui s’appliquent à la transformation d’une entité nationale.

Ces conditions dissuadent la société étrangère et partant entravent la liberté d’établissement des sociétés

La liberté d’établissement implique un droit à la transformation transfrontalière que les états membres doivent
mettre en oeuvre de manière non discriminatoire par rapport aux procédures de transformation interne.
Thématique : pouvoirs de l’état d’immigration

Quant aux pouvoirs de l’État d’arrivée, plusieurs arrêts en définissent les limites :

5. Arrêt Inspire Art ltd

Il ne peut lui imposer de contraintes autres que celles applicables à une succursale d’une société dont le
siège serait situé sur son territoire.

6. Uberseering

Enfin, il ne lui est pas permis de ne pas reconnaître la mobilité d’une entreprise et, par là, de lui interdire
d’ester en justice sur son territoire sous prétexte que son siège social se situe dans un autre État membre.

7. Arrêt Marks & Spencer

Parallèlement à cette limitation des marges de manoeuvre des États, la Cour leur reconnaît la possibilité, dans
des cas justifiés par des raisons impérieuses d’intérêt général, de prendre des mesures proportionnées à cet
objectif empêchant un abus de liberté d’établissement.

La C.J.U.E. a toutefois précisé que la possibilité de bénéficier du droit des sociétés d’un autre État plus
avantageux ou plus adapté à la société n’était pas un abus et donc pas un motif justifiant des entraves (affaires
Centros et Inspire Art Ltd ).

8. Hugues de Lasterye

Le droit de transférer sa résidence est l’exercice d’une liberté fondamentale dit la CJUE, les exit tax sont
contraires à l’article 49 du traité
La CJUE sanctionne ces pratiques dans un premier temps. Il existe cependant une évolution.
Elle admet des justifications avancées par les Etats et qui sont fondés sur des motifs d’intérêt général
comme la lutte contre l’évasion fiscale.

Mr de Lasterye est résident français et décide de s’installer en Belgique en vue de réaliser ses plus-values.
Le fisc français entend taxer sur ses plus-values non réalisées au moment du transfert.
L’article 167 bis du CGI français le permettait.
Mr de Lasterye demande au CE français l’annulation de la taxe, elle est contraire à l’article 49 TUFE. Le
Cour de Justice juge qu’une mesure qui est susceptible d’entraver la liberté l’établissement consacrée par
l’article 49 du traité ne saurait être admise que : - si elle poursuit un objectif légitime compatible avec le
traité ; - et est justifiée par des raisons impérieuses d’intérêt général.
Mais encore faut-il, en pareil cas, que son application soit propre à garantir la réalisation de l’objectif ainsi
poursuivi et n’aille pas au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre celui-ci.
La CJUE dit pour droit que l’objectif de prévention de l’évasion fiscale ne peut justifier la différence de
traitement entre résidents et non-résidents dans la mesure où une présomption générale d’évasion ou de
fraude fiscale ne saurait être fondée sur le simple transfert de domicile.

9. National Grid indus

La CJUE ne s’oppose pas à la taxation des plus-values latentes d’une société au moment de l’émigration, elle
s’oppose en revanche à leur imposition immédiate.

La Commission poursuit les Etats membres qui imposent immédiatement les plus-values latentes à la sortie du
territoire (Affaires C38-10 Commission c. Portugal du 6 septembre 2012 ; C-269-09 Commission c Espagne, du
12 juillet, 2012 ; C-64/11, Commission c. Espagne du 23 avril 2013). Pas de taxation immédiate mais accord
pour une taxation différée.
Thématique : règles CFC (control for corporation) – Article 7 et 8 ATAD

10. Cadburry Schweppes

La législation sur les sociétés étrangères contrôlées (SEC) au Royaume-Uni permettait de taxer le bénéfice de
filiales étrangères de sociétés anglaises sous certaines conditions.

Le fisc anglais a ainsi taxé la société mère du groupe Cadbury Schweppes, établie au Royaume-Uni, sur le
bénéfice qu’a réalisé une de ses filiales en Irlande où le taux d’imposition était inférieur.

La Cour de Justice dispose notamment que la seule circonstance qu’une société résidente crée un établissement
secondaire, tel qu’une filiale, dans un autre État membre ne saurait fonder une présomption générale de fraude
fiscale et justifier une mesure portant atteinte à l’exercice d’une liberté fondamentale garantie par le traité //
Hugues de Lasterye.

En revanche, il y a évasion fiscale lorsqu’elle vise spécifiquement les montages purement artificiels dont le but
est d’échapper à l’emprise de la législation de l’État membre.

Il s’ensuit que, pour qu’une restriction à la liberté d’établissement puisse être justifiée par des motifs de lutte
contre des pratiques abusives, le but spécifique d’une telle restriction doit être de faire obstacle à des
comportements consistant à créer des montages purement artificiels, dépourvus de réalité économique, dans le
but d’éluder l’impôt normalement dû sur les bénéfices générés par des activités réalisées sur le territoire
national.

Thématique : non-discrimination et taxation des dividendes

11. Verkooijen

Mr Verkooijen est résident hollandais et perçoit des dividendes d’une société hollandaise et d’une société belge.
Les dividendes de source hollandaise sont partiellement exonérés. Les dividendes de source sont belge ne
profitent pas de cette exonération partielle.

Cette affaire a permis de déterminer les deux questions qui permettent d’établir s’il existe une restriction à la
libre circulation des capitaux :

1° la disposition est-elle de nature à dissuader les résidents d’un État membre à investir leurs capitaux dans des
sociétés établies dans d’autres États membres ;

2° la disposition de l’État membre est-elle de nature à constituer, à l’égard des sociétés établies dans d’autres
États membres, un obstacle à la collecte des capitaux dans cet État membre ?

Il faut mais il suffit qu’une réponse positive soit donnée à l’une de ces questions pour que la disposition soit
considérée comme une restriction aux mouvements de capitaux.

Dans l’affaire Verkooijen, la C.J.U.E. a jugé que le fait de subordonner l’octroi d’un avantage fiscal en matière
d’impôt sur le revenu des personnes physiques actionnaires à la condition que les dividendes proviennent de
sociétés établies sur le territoire national constitue une restriction aux mouvements de capitaux.

12. Saint Gobain

L’établissement stable d’une société étrangère doit-il être taxé sur les dividendes qu’il reçoit comme les
actionnaires résidents ? En particulier, les établissements stables de sociétés étrangères doivent-ils bénéficier des
mêmes mesures conventionnelles préventives de la double imposition que les actionnaires résidents ?

La Cour a conclu que oui :

1° au nom de la liberté d’établissement ;


2° et parce que les actionnaires résidents et non-résidents étaient dans la même situation quant à la réception des
dividendes et la détention des participations dans le pays incriminé.

Il faut aussi noter la confirmation que la liberté d’établissement est inconditionnelle et ne peut être soumise à
des conditions de réciprocité.

13. Arrêt Manninen

Une mesure d’élimination de la double taxation économique sur les dividendes telle qu’un crédit d’impôt pour
l’impôt des sociétés sous-jacent peut-elle être limitée aux seuls dividendes domestiques et refusée aux
dividendes distribués par des sociétés résidentes dans d’autres États membres ?

La Cour dit non, violation de liberté des mouvements de capitaux.

Thématique : non-discrimination et retenues à la source

14. Aberdeen

Les retenues à la source qui ne s’appliquent qu’aux non-résidents ou qui représentent l’imposition définitive
pour les seuls non-résidents constituent un obstacle aux libertés fondamentales.

Comme précisé ci-dessus, la Commission européenne porte un intérêt à cette infraction et entame très
régulièrement des procédures à l’égard des États membres ayant mis en place des législations discriminatoires,
en particulier en ce qui concerne les retenues à la source sur dividendes.

La C.J.U.E. a rendu un arrêt, le 18 juin 2009, dans l’affaire Aberdeen condamnant l’État finlandais pour son
régime de retenues à la source sur dividendes à l’égard d’actionnaires non-résidents.

Il existe un grand nombre de décisions condamnant des régimes nationaux qui prévoient une retenue à la source
sur les dividendes distribués à des sociétés non-résidentes, alors qu’une exonération s’applique si le bénéficiaire
est une société résidente.

Un État membre peut-il exonérer de la retenue à la source les dividendes distribués par une filiale résidente de
cet État à une société anonyme établie dans le même État et soumettre à la source les dividendes similaires
versés à une société mère du type société d’investissement à capital variable (SICAV) résidente d’un autre État
membre ?

En l’espèce, la SICAV revêt, en outre, une forme juridique inconnue dans le droit du premier État, ne figure pas
sur la liste des sociétés visées à la DMF et est exonérée de l’impôt sur le revenu.

Non, répond la C.J.U.E., en effet, une telle différence de traitement fiscal des dividendes entre sociétés mères en
fonction du lieu de leur siège constitue une restriction à la liberté d’établissement, en ce qu’elle rend moins
attrayant l’exercice de la liberté d’établissement par des sociétés établies dans d’autres États membres,
lesquelles pourraient, en conséquence, renoncer à l’acquisition, à la création ou au maintien d’une filiale dans
l’État membre qui met en oeuvre une telle différence de traitement.

La C.J.U.E. confirme à nouveau, dans cet arrêt important de 2009, que, lorsqu’un État membre applique aux
actionnaires résidents et non-résidents une retenue à la source sur les dividendes distribués par une société
résidente, les actionnaires résidents et non-résidents se trouvent dans une situation comparable :

« Dès lors qu’un État membre a choisi de préserver les sociétés mères résidentes d’une imposition en chaîne sur
les bénéfices distribués par une filiale résidente, il doit étendre cette mesure aux sociétés mères non-résidentes
se trouvant dans une situation comparable, en raison du fait qu’une imposition analogue frappant ces sociétés
non-résidentes résulte de l’exercice de sa compétence fiscale sur ces dernières. »

Thématique : instauration d’un impôt sur la fortune


15. Schumaker

La Cour de justice de l'Union européenne a jugé que les États membres, qui sont fondés à traiter différemment
les non-résidents de leurs résidents, doivent en revanche les traiter à l'identique lorsque les premiers se trouvent,
du fait qu'ils tirent de l’État concerné la totalité ou la quasi-totalité de leurs revenus, dans une situation
comparable à celle des seconds.

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