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Support de formation

L’ophtalmologie à l’officine

Formation réalisée par les pharmaciens rédacteurs et l’équipe de conception e-learning de


Ma Formation Officinale

En collaboration avec le Pr Francine Behar-Cohen et le Dr Thierry Bury, ophtalmologistes


et avec Mme Brigitte Couture, opticienne optométriste

02/01/2019

www.maformationofficinale.com
Plan - L’ophtalmologie à l’officine

UNITÉ 1
Chapitre 1 - Structures externes de l'œil
1.1 La sclère
1.2 Les paupières
1.3 Les conjonctives
1.4 La cornée
1.5 Le limbe
1.6 Les larmes

UNITÉ 2
Chapitre 2 - Les affections des structures externes de l'œil
2.1 Les affections des paupières
2.2 Les conjonctivites
2.3 Les affections de la cornée

UNITÉ 3
Chapitre 2 - Les affections des structures externes de l'œil (suite)
2.4 La sécheresse oculaire

Chapitre 3 - Structures internes de l'œil


3.1 L’humeur aqueuse
3.2 L'iris
3.3 Le cristallin
3.4 Le corps vitré
3.5 La rétine

UNITÉ 4
Chapitre 4 - Les affections des structures internes de l'œil
4.1 Les glaucomes
4.2 La cataracte
4.3 Les affections de la rétine

Chapitre 5 - La vision et les défauts visuels


5.1 Principe de la vision
5.2 Les défauts visuels

UNITÉ 5
Chapitre 6 - La contactologie : l'essentiel à retenir
6.1 Les différents types de lentilles
6.2 L'entretien des lentilles
6.3 Les troubles oculaires chez les porteurs de lentilles
6.4 Les conseils aux porteurs de lentilles

ANNEXES
Outil(s) pour votre pratique
Glossaire
Références bibliographiques

L’ophtalmologie à l’officine - Support de formation - 02/01/2019


VOTRE PRISE DE NOTES

Vue générale de l’œil

L'œil est l'organe de la vision situé dans l'orbite. Il est composé du globe oculaire et du nerf
optique.

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VOTRE PRISE DE NOTES
UNITÉ 1
Chapitre 1 - Structures externes de l’œil
Les structures externes de l’œil sont fortement vascularisées et hydratées par les larmes.
Seule la cornée n’est pas vascularisée.

1.1 La sclère
La sclère correspond à la coque blanche et opaque du globe oculaire, sans la cornée. C’est une
sphère de collagène viscoélastique très résistante et à faible activité métabolique.
La partie visible de la sclère est parfois appelée "blanc de l’œil".

1.2 Les paupières


Les éléments externes des paupières sont les suivants :
- le sillon palpébral supérieur : limite entre la paupière mobile et le départ de l’arcade sourcilière.
- les bords libres : ils séparent les parties interne et externe des paupières, en haut et en bas. Ils
sont le siège des ouvertures des glandes de Meibomius. Ces glandes sébacées sécrètent les
lipides qui entrent dans la composition des larmes et qui les protègent du risque d’évaporation.
- les cils : ils sont également le siège des ouvertures de glandes sébacées.
- les points lacrymaux : ce sont les embouchures des canaux lacrymaux qui servent à l’évacua-
tion des larmes. A chaque cillement, une dose de larmes est étalée régulièrement à la surface
puis évacuée par les canaux lacrymaux.
Le rôle essentiel des paupières est d’assurer :
- la protection mécanique du globe vis-à-vis des agressions (par fermeture complète réflexe),
- l’hydratation cornéo-conjonctivale et le maintien de la qualité optique de la surface oculaire (par
étalement et répartition du film lacrymal),
- la régulation de la pénétration de lumière dans l’œil.
La hauteur de l’ouverture des paupières (autrement dit, la fente palpébrale) est variable en fonc-
tion des sujets.

Notez
Il ne faut pas croire qu’un sujet a plus de risque de sécheresse oculaire s’il présente une grande
fente palpébrale.
Par contre, le risque de sécheresse existe lors de pathologies spécifiques (paralysie faciale, etc.).
Les paupières peuvent alors ne pas se fermer complètement (notamment la nuit), le cillement
peut être incomplet, etc.

1.3 Les conjonctives


La conjonctive est une muqueuse fine, transparente, fortement vascularisée qui recouvre en
partie la sclère et la totalité de la face interne des paupières.
A retenir
Les conjonctives palpébrales et les conjonctives bulbaires sont reliées au niveau des
« culs-de-sac » conjonctivaux de façon à ce que le globe oculaire soit maintenu hors de tout con-
tact avec l’extérieur. Aucun corps étranger (lentille, poussière, etc.) ne peut donc passer
« derrière » le globe oculaire.
La conjonctive n’est pas innervée. Elle ne peut donc pas faire mal. Son rôle est principalement
protecteur. Pour pouvoir bien observer cette muqueuse, il suffit de tirer doucement la paupière
inférieure.

1.4 La cornée
La cornée est la partie la plus antérieure des structures externes de l'œil. Sa face antérieure est
recouverte par le film lacrymal et sa face postérieure baigne dans l’humeur aqueuse.

C’est une structure solide totalement transparente


car elle est composée principalement d’eau (78%)
et de collagène (15%).
C’est le bon équilibre entre les 5 couches de la
cornée qui va lui permettre de rester totalement
transparente.

La cornée contribue principalement à la vision.


C'est la 1ère lentille de l'œil qui est traversée par
la lumière. Sa forme et sa taille sont respon-
sables, en partie, des défauts visuels.

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La cornée n'est pas vascularisée. Par contre, c’est un des organes les plus innervés de l’orga- VOTRE PRISE DE NOTES
nisme. La douleur occasionnée peut conduire les patients à "se taper la tête contre les murs". La
douleur vive d’un œil doit évoquer à l’officine une possible atteinte de la cornée et impose une
consultation.
A retenir
L’épithélium de la cornée se régénère complètement en 7 jours. Son renouvellement est donc très
rapide.
Cette régénération ne peut se faire qu'à condition d'éliminer toutes les causes (ex. : inflamma-
tion, infection de l'épithélium) qui empêcheraient ce processus physiologique.

En cas de troubles visuels (myopie, hypermétropie, astigmatisme), des techniques chirurgicales


réfractives de type "laser" peuvent être utilisées. L'objectif est alors de modifier l'épaisseur de
la cornée en remodelant le stroma. Pour que le laser puisse atteindre le stroma, la partie anté-
rieure (épithélium, membrane de Bowman) est soit abrasée (technique de la PKR), soit décou-
pée, soulevée comme un "capot" et remise en place (technique du LASIK). En fonction de la
technique utilisée, la douleur est plus ou moins importante en post-opératoire.

Lorsque la densité cellulaire de la cornée diminue en dessous d’un certain seuil, cela entraîne
un œdème et une opacification irrémédiable de la cornée. Si la cornée s’opacifie, le seul traite-
ment possible est la greffe de cornée.

1.5 Le limbe
C’est la zone annulaire de transition entre la sclère et la cornée.
De par ses vaisseaux sanguins, le limbe apporte les éléments nécessaires au métabolisme de la
cornée (non vascularisée).

Une hypoxie trop importante peut survenir à cet endroit, par exemple en raison du port trop in-
tensif ou inadapté d'une lentille de contact. Le risque est que la vascularisation se densifie pro-
gressivement et évolue vers la création de néovaisseaux au sein de la cornée qui risquent
alors d’endommager la vision.

Attention
Lorsque vous êtes amenés à dispenser un produit pour l'entretien des lentilles de contact, insis-
tez auprès de vos patients sur les risques encourus en cas de port prolongé ou inadapté de leurs
lentilles (port nocturne, manque de temps pour consulter, etc.).

1.6 Les larmes


Le film lacrymal a une structure trilaminaire.

La couche aqueuse intermédiaire représente presque 90%


de l’épaisseur des larmes. Elle est alimentée par les diffé-
rentes glandes lacrymales.

La couche lipidique superficielle est fine. Elle est sécrétée


par les glandes de Meibomius.

Notez
La composition des larmes, notamment leur viscosité, varie d'un individu à l'autre. Cette notion
est à prendre en compte pour pouvoir bien conseiller vos patients en cas de sécheresse oculaire,
tout en sachant qu'il n'est pas possible à l'officine de déterminer chaque composition.

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UNITÉ 2
Chapitre 2 - Les affections des structures externes de
l'œil

2.1 Les affections des paupières


La blépharite est une inflammation du bord libre des paupières, à laquelle peuvent prendre part
tous les éléments qui constituent le rebord palpébral (peau, conjonctives, cils et glandes). Très
souvent, les blépharites sont un des symptômes de la rosacée.
Cette pathologie est bénigne d'évolution favorable avec traitement médicamenteux (parfois une
antibiothérapie) associé à des mesures d’hygiène simples des mains et des paupières.

Le chalazion (« kyste sébacé de la paupière ») est une forme enkystée infectieuse mais non
contagieuse. Au départ, la paupière est gonflée, plus ou moins douloureuse, à cause de l’inflam-
mation d’une glande de Meibomius. Au bout de quelques jours, une bosse indolore mais ferme
se forme. Une douleur est le signe d’une surinfection (pus).
Cette pathologie infectieuse est bénigne d'évolution favorable avec un traitement local (souvent
un antibiotique et un anti-inflammatoire en unidoses) associé à des mesures d’hygiène simples
des mains et des paupières. Un acte chirurgical est également possible, souvent en l’absence
d’amélioration avec le traitement local.

On parle de meibomite lorsque l’atteinte est relativement diffuse et touche plusieurs glandes de
Meibomius.

Attention
Lors de la délivrance de pommade ophtalmique en unidoses, expliquez à vos patients d’utiliser
des ciseaux propres pour libérer le produit et surtout de bien masser la zone en prenant la pau-
pière entre 2 doigts. Pour que le traitement soit efficace, il est indispensable que les patients res-
pectent scrupuleusement les fréquences d’application et de massage pour bien faire pénétrer le
produit et pour désengorger les glandes. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas et il faut
donc insister sur ce point.
L'orgelet est un furoncle de la paupière avec, pour point de départ, une infection virale ou bac-
térienne d’une ou des glandes sébacées annexées à un cil.
Au départ, le patient ressent une simple gêne puis une douleur franche associée à un gonfle-
ment au niveau de la zone atteinte. Au bout de quelques jours, un point jaunâtre (pus) apparaît à
la base d’un cil et s’évacue ensuite généralement spontanément ou bien lors de l’élimination du
cil avec une pince à épiler (au préalable bien désinfectée).
Cette pathologie infectieuse est bénigne d'évolution généralement favorable sans traitement
médicamenteux mais avec des mesures d’hygiène simples des mains et des paupières. En cas
de récidive, une antibiothérapie locale antistaphylococcique peut être prescrite.

L'écoulement clair chez le nourrisson n’est généralement pas préoccupant. Fréquemment,


les canaux, trop étroits à cet âge, ont des difficultés à évacuer les larmes. Il est alors recomman-
dé de masser au niveau des points lacrymaux. Si le larmoiement persiste, un "petit" acte chirur-
gical peut s'avérer nécessaire.

A retenir
Quelle que soit la pathologie concernée, il est important d'expliquer aux patients en quoi consiste
une bonne hygiène des paupières et comment faire pour bien utiliser, si besoin, les kits de net-
toyage des paupières.
* Se référer aux 2 documents : "Conseils pour une bonne hygiène en ophtalmologie", " Conseils pour
une bonne utilisation des kits de nettoyage des paupières".

2.2 Les conjonctivites


L'hémorragie sous-conjonctivale est un phénomène impressionnant mais sans gravité d'un
point de vue ophtalmologique. Elle est liée à une rupture d'un vaisseau dans les conjonctives
(très vascularisées) et elle se résorbe sans aucun traitement en quelques jours.

Attention
A l'officine, il est bon de vérifier la tension artérielle pour rechercher une éventuelle poussée hy-
pertensive. Il faut également demander au patient s'il prend des anticoagulants, car c'est un signe
de surdosage.

Les conjonctivites sont le résultat de l'inflammation des conjonctives.

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VOTRE PRISE DE NOTES

Le lavage oculaire fréquent (par jet, au moyen d’unidoses), des mesures d’hygiène simples
sont à recommander en cas de conjonctivite. Un traitement médicamenteux est souvent
nécessaire pour réduire au maximum le temps de guérison et également pour limiter la contagio-
sité au niveau de l’entourage, le cas échéant (étiologies virale et bactérienne).

Attention
La présence de vésicules associées doit faire penser à une conjonctivite herpétique qui né-
cessite cette fois une consultation médicale en urgence.
En cas de conjonctivite irritative, ne portez pas votre conseil sur les collyres à base de vaso-
constricteurs comme la phényléphrine car ils exposent à un risque d’effet rebond par vasodi-
latation réactionnelle, comme pour les vasoconstricteurs nasaux.
En effet, en cas d’œil rouge, c’est-à-dire vasodilaté, le vasoconstricteur va agir et rendre l’œil
blanc. Cependant, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il va y avoir une vasodilatation réflexe, donc un œil
à nouveau rouge. Le patient va du coup remettre des gouttes, voire plus de gouttes, et ainsi de
suite.
Des instillations répétées peuvent entraîner une mydriase gênante, des altérations de l'épithé-
lium cornéen et, exceptionnellement, par effet systémique, une élévation de la pression artérielle,
des tremblements, une pâleur, des céphalées, des troubles du rythme cardiaque.

2.3 Les affections de la cornée


La kératite est une inflammation de la cornée pouvant être d’origine allergique, mécanique,
toxique, bactérienne ou virale.
La kératoconjonctivite simple est une inflammation de la cornée et des conjonctives, sans
présence d’abcès ou d’ulcère.
L'abcès de la cornée est une infection de la cornée généralement provoquée par des bactéries
ou une amibe provoquant une nécrose importante des tissus avec décharge purulente. Après
traitement antibiotique lourd, il restera une « cicatrice » cornéenne pouvant altérer la vision si
elle est située dans l’aire visuelle (devant la pupille).
L'ulcère de la cornée est une inflammation de la cornée, consécutif à une rupture épithéliale
qui s’est aggravée en présence d’un virus ou d’une bactérie.
L'ophtalmie des neiges ("coup d'arc" ou "kératoconjonctivite phototraumatique") est une inflam-
mation de la cornée (surtout l'épithélium) et des conjonctives par les ultraviolets. Les signes cli-
niques (douleur, photophobie, rétractation des paupières et larmoiement) apparaissent après un
temps d’exposition variable : de quelques minutes à quelques heures. Mais parfois, cela débute
aussi par une simple sensation de "grain de sable" sous les paupières, une rougeur des yeux et
un larmoiement important.
Cette pathologie est d'évolution généralement favorable avec un traitement médicamenteux,
notamment à base d’une pommade ophtalmique cicatrisante (souvent la vitamine A) et d’un pan-
sement, pendant au moins 7 jours, temps nécessaire pour que l'épithélium se régénère
complètement.
Le port d'une lentille de contact peut soulager un œil douloureux comme le ferait un panse-
ment "double peau" sur une ampoule percée. Cette situation évoque une kératite. Encourager la
consultation médicale et en attendant, déconseiller le port de la lentille au profit d'une rondelle
oculaire.
Attention
Les rondelles oculaires sont à préférer aux simples compresses car elles sont plus douces,
plus épaisses et ont une forme adaptée pour faire un "bon pansement" de l’œil. Elles permettent
ainsi d’immobiliser la paupière, ce qui est souhaitable par exemple en cas de kératite, pour limi-
ter les frottements douloureux.
En complément des rondelles, vous pouvez conseiller une coque, afin de protéger l’œil d'éven-
tuels chocs, mais retenez que la coque oculaire seule ne suffit pas car elle n’empêche pas la pau-
pière de bouger.

Toutes les griffures de l’œil, qu’elles soient d’origine animale ou végétale, sont à risque élevé
d’infection et nécessitent par conséquent une consultation médicale en urgence.
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UNITÉ 3
Chapitre 2 - Les affections des structures externes de
l'œil (suite)

2.4 La sécheresse oculaire


La gêne oculaire constitue environ 80% des demandes ophtalmologiques à l’officine. En fait, il
s’agit souvent de sécheresse oculaire. Le patient présente un œil rouge sec et douloureux
(mais c’est une douleur "supportable ").

Les situations à risque d’exposition à une sécheresse de l’œil sont :


⇒ Exposition trop longue en milieu confiné, ventilé, climatisé
⇒ Exposition trop longue à la poussière, la fumée de cigarette, etc.
⇒ Bains prolongés et/ou répétés (eau de mer, piscine)
⇒ Travail soutenu sur ordinateur
⇒ Conduite de véhicules la nuit
⇒ Port de lentilles de contact prolongé

Conseil à l’officine
• Conseiller au patient de se frotter les yeux pour exprimer le contenu des glandes lacrymales
et de cligner fréquemment des paupières.
• Si le patient va à la piscine ou à la mer, lui conseiller d'utiliser un masque ou des lunettes de
natation.
• Lui conseiller d'avoir toujours à disposition une solution de nettoyage adaptée et de préfé-
rence en unidoses (insister sur le lavage oculaire au réveil pour éliminer les résidus pro-
téiques produits la nuit).
• Conseiller un agent hydratant adapté, plus ou moins visqueux, de préférence en unidoses.
• Orienter vers un ophtalmologiste si les symptômes persistent.

Les produits disponibles en cas de sécheresse oculaire sont des :


- Collyres sans agent de viscosité
L’effet hydratant du sérum physiologique est limité à quelques minutes. Il est rapidement éva-
cué par les conduits naturels.
Ces collyres sans agent de viscosité et sans conservateur peuvent être utilisés chez les por-
teurs de lentilles.
- Collyres avec agent(s) de viscosité
Les agents de viscosité vont permettre de se rapprocher de la composition des larmes (couche
lipidique) et donc soulager un œil sec.
- Gels
Conseil pour appliquer le gel : tirez légèrement la paupière inférieure vers le bas et regardez
vers le haut, puis déposez directement la grosseur d’un grain de riz dans le cul-de-sac conjonc-
tival inférieur.

Attention
La vue se trouble pendant quelques minutes puis redevient normale. Jeter tout contenu non uti-
lisé du récipient unidose après application.

Chapitre 3 - Structures internes de l'œil

3.1 L’humeur aqueuse


C'est le liquide contenu dans la chambre antérieure.
L’humeur aqueuse est sécrétée au niveau du corps ciliaire et évacuée par le canal de Schlemm,
au niveau du trabéculum.

Notez
La sécrétion et l'évacuation de l'humeur aqueuse s’équilibrent pour donner à l’œil une certaine
"pression" qu'on appelle pression intra-oculaire (PIO).
L'augmentation de cette pression peut provoquer un glaucome, en particulier un glaucome par
fermeture de l'angle.

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3.2 L'iris
L’iris est un diaphragme vertical et circulaire qui sépare la chambre antérieure de la chambre
postérieure. L’iris donne la couleur à l’œil.

Certains médicaments peuvent agir sur la couleur des yeux.


Les antiglaucomateux de la famille des prostaglandinomimétiques (Xalatan®, Xalacom®, Lu-
migan®, Travatan®, Duotrav®, etc.) peuvent donner des taches foncées au niveau de l’iris. Ce
phénomène est rare. L'apparition des taches est très progressive mais elle est irréversible.

C'est une idée reçue que de croire que les yeux clairs (bleus, verts, etc.) sont plus éblouis par le
soleil que les yeux foncés ! Autrement dit, la rétine n’est pas plus éclairée parce que l’iris est
clair. Les personnes les plus sensibles à la lumière sont essentiellement les bébés et les enfants
parce que leur cristallin ne filtre pas encore bien certaines longueurs d’ondes.

Selon le contexte, l'iris régule l’entrée de la lumière en modifiant le diamètre de son orifice cen-
tral, la pupille, par ses muscles sphincter et dilatateur.

Attention
Une mydriase anormalement persistante peut être le fait par exemple, d'un surdosage médica-
menteux (souvent en raison de propriétés anticholinergiques), d'une intoxication (plantes aux
propriétés atropiniques) et doit inciter à consulter.

3.3 Le cristallin
Le cristallin est la 2ème lentille de l'œil, après la cornée. Il est fixé au globe oculaire par une
structure fibrillaire (la zonule) qui s’accroche aux muscles du corps ciliaire.

La puissance du cristallin est moins forte que celle de la cornée (en moyenne de 17 dioptries
contre 40 à 45 dioptries pour la cornée). Contrairement à la puissance de la cornée qui reste
fixe, celle du cristallin peut varier. Cela s’explique par sa capacité à se déformer lors de la con-
traction du muscle ciliaire. C'est ce qui rend possible l’accommodation et donc la formation
d'images nettes quelle que soit la distance de l'objet.

3.4 Le corps vitré


Le corps vitré est une structure gélatineuse et transparente qui remplit la chambre postérieure
du globe oculaire. Il participe au maintien de la PIO.

Avec l’âge (au-delà de 60 ans généralement), le corps vitré peut évoluer.


- Il peut perdre sa structure "gel", qui a alors tendance à se liquéfier. Cela donne la sensation de
voir des "mouches volantes" (appelées aussi corps flottants ou myodésopsies).
- Il peut se décoller de la rétine, ce qui provoque alors des petites tensions et en conséquence,
la perception de petits "flashs" (appelés aussi phosphènes) à différents endroits du champ de
vision.
Attention
Des mouches volantes et des flashs à différents endroits témoignent du vieillissement physiolo-
gique du corps vitré. Ils ne doivent donc pas inquiéter.
Par contre, des mouches volantes devenues "fixes", des flashs persistants témoignent de risques
de déchirure de la rétine et nécessitent donc une consultation médicale en urgence pour exami-
ner l’état de la rétine.

3.5 La rétine
La rétine est une membrane interne du globe oculaire (elle tapisse le fond de l'œil). Elle est très
richement vascularisée.

La rétine constitue l’organe de réception des sensations visuelles grâce à diverses cellules dont
les terminaisons nerveuses se rejoignent pour former le nerf optique.
La macula (ou fovéa), petite tâche sombre, est le siège de la vision centrale.
La tache aveugle correspond au lieu de sortie du nerf optique et de la vascularisation rétinienne.

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Les examens de la rétine : VOTRE PRISE DE NOTES

Le fond d’œil : Il permet d'observer une petite partie de la rétine, sans utilisation de mydria-
tique. Cet examen est pratiqué par l'ophtalmologue, au moyen d’un instrument optique. Cet ins-
trument associe une loupe et une lumière très fine qui éclaire directement ce que l’on regarde.

L’examen complet : Il permet d'observer toute la surface de la rétine.


Il nécessite le recours à des collyres mydriatiques pour dilater la pupille et permettre un meilleur
passage de la lumière. On retrouve l’atropine (Atropine Alcon®), le cyclopentolate (Skiacol®), le
tropicamide (Mydriaticum®) et la phényléphrine (Néosynéphrine Faure®). Cet examen est inté-
ressant pour rechercher des lésions périphériques, notamment en cas de myopie et chez le dia-
bétique.

L’angiographie à la fluorescéine : Cet examen est indispensable pour poser le diagnostic de


certaines maladies et guider le traitement (notamment chez les diabétiques où il est nécessaire
de surveiller la vascularisation de la rétine). Il est long et inconfortable.

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VOTRE PRISE DE NOTES
UNITÉ 4
Chapitre 4 - Les affections des structures internes de
l'œil
4.1 Les glaucomes
Le glaucome aigu : Le glaucome chronique :
« œil dur comme de la pierre, rouge et « longtemps asymptomatique, altération progres-
douloureux (proche des symptômes de sive du champ visuel qui peut aller jusqu’à la céci-
l’otite) ». té. Un des principaux signes est une augmenta-
tion de la PIO mais ce n’est pas systématique ».

C’est une urgence médicale. La décision de traiter ou non est à prendre au


S’il est traité rapidement, un glaucome aigu cas par cas.
n’abîme pas le nerf optique. La monothérapie par bêta-bloquants ou par prosta-
Cette affection aigue est ponctuelle, subite, glandinomimétiques est alors le traitement de 1ère
se soigne (laser) "et puis s’oublie ! " intention.

= glaucome par fermeture de l’angle = glaucome à angle ouvert

Attention
Les médicaments qui favorisent la dilatation de la pupille (mydriase) favorisent aussi la ferme-
ture de l’angle irido-cornéen. C’est le cas de tous les anticholinergiques qui augmentent par con-
séquent le risque de déclenchement d’un glaucome aigu. Ce phénomène n'est malheureuse-
ment pas prévisible.

Astuce : Pour reconnaitre les anticholinergiques (très nombreux), il suffit de repérer dans le Vi-
dal® 2 contre-indications communes, à savoir :
- le risque de glaucome par fermeture de l'angle
- le risque de rétention urinaire liée à des troubles urétroprostatiques.

* Se référer au document : " Principaux médicaments pouvant entrainer un glaucome aigu en raison de
leurs propriétés anticholinergiques ".

A retenir
Dans le cas d’une personne qui souffre d’un glaucome chronique, celui-ci est normalement traité
et ce ne sont pas les médicaments dits « à risque de glaucome aigu » qui aggraveront ce glau-
come chronique, traité par ailleurs.

4.2 La cataracte
Composé d’un noyau présent à la naissance, le cristallin évolue par couches lamellaires succes-
sives (comme une peau d’oignon) qui l’enveloppent et modifient son épaisseur tout au long de la
vie. Il contient 65% d’eau et 35% de protéines diverses. Avec le temps, la quantité de protéines
augmente. Le cristallin s’épaissit et une coloration jaunâtre puis brunâtre apparaît, gênant pro-
gressivement le passage de la lumière. C’est l’apparition de la cataracte. Lorsque, pour une
raison quelconque, un implant (cristallin artificiel) n’a pu être posé, le patient peut être équipé
d’une lentille de contact de puissance équivalente à son cristallin d’origine.

4.3 Les affections de la rétine


Une déchirure de la rétine se traduit notamment par des flashs lumineux toujours aux mêmes
endroits.
Attention
Une déchirure de la rétine peut survenir brutalement et elle ne fait pas mal. Non traitée, elle peut
évoluer vers un décollement de la rétine, cas d’extrême urgence ophtalmique.

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Les signes de gravité d’un décollement de la rétine sont les suivants : VOTRE PRISE DE NOTES
- mouches volantes devenues fixes,
- flashs persistants,
- amputation du champ de vision (les personnes rapportent la sensation d’un "rideau tiré" de-
vant l’œil atteint),
- vision déformée et/ou floue,
- baisse de la vision.

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) : Au stade initial et dans la très grande
majorité des cas, aucun symptôme n'est ressenti pendant de nombreuses années. L'acuité vi-
suelle diminue progressivement et les personnes ressentent le besoin d'un meilleur éclairage
pour lire. Aux stades plus avancés, apparaît la sensation d'une tache au centre du champ visuel.
Vous pouvez contribuer au dépistage de la DMLA en proposant à vos patients âgés un test
simple à réaliser : le test d'Amsler.
* Se référer au document : " Le test d'Amsler ".

L’urgence ophtalmique :
Une consultation immédiate chez un ophtalmologiste ou aux urgences hospitalières est indis-
pensable devant un de ces symptômes :
- douleur intense (risque d’atteinte de la cornée ou de crise de glaucome aigu),
- photophobie (signe d’atteinte nerveuse),
- troubles de la vision.

Les traumatismes oculaires (occasionnés par une balle de tennis, une aiguille à tricoter, un com-
pas, un stylo, des ciseaux, une clef, de la ferraille, un pistolet à grenaille, un air-bag, etc.) impo-
sent également une consultation immédiate.
Si on vous sollicite en premier, il est primordial de ne surtout pas toucher l’œil et de ne rien
mettre comme produit. On peut éventuellement recouvrir l’œil d’une compresse ou d’une ron-
delle oculaire, en particulier si du liquide coule.

Chapitre 5 - La vision et les défauts visuels

5.1 Principe de la vision


Il est classique de comparer l'œil à un appareil photo.

La cornée capte les rayons lumineux et les oriente vers le centre de l’œil.
L’iris régule l’entrée de la lumière en modifiant le diamètre de son orifice central, la pupille.
Le cristallin se déforme pour faire la mise au point sur des objets proches ou lointains selon les
besoins : c’est le principe de l’accommodation. Il permet ainsi la focalisation d'une image nette
sur un point précis de la rétine.
Les cellules de la rétine transforment les rayons lumineux en influx nerveux. Cet influx est trans-
mis au cerveau pour analyse des informations visuelles.

5.2 Les défauts visuels


La myopie : C’est l’amétropie la plus répandue dans les
pays industrialisés.

La focalisation se fait en avant de la rétine.

La myopie se traduit par une vision de loin floue alors


que la vision de près est généralement bonne.

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L’hypermétropie : Elle touche environ 2,5 millions de VOTRE PRISE DE NOTES
personnes en France.

La focalisation se fait en arrière de la rétine.

La vision de loin peut être bonne avec un effort d’accom-


modation et plus ou moins de fatigue.

La vision de près sera difficile ou même floue.

Chez les enfants, les défauts visuels peuvent passer inaperçus, car, contrairement aux adultes,
les enfants compensent en forçant leur accommodation. Du coup, lorsqu’on souhaite étudier la
réfraction (c'est-à-dire voir précisément où les images se forment), il est nécessaire de bloquer
leur accommodation en paralysant le muscle ciliaire à l’aide de médicaments cycloplégiques.
Parmi les collyres disponibles, on retrouve la plupart des mydriatiques, notamment l’atropine
(Atropine Alcon®), le cyclopentolate (Skiacol®), le tropicamide (Mydriaticum®).

Attention
Soyez très vigilant lorsque vous devez dispenser un collyre aux propriétés mydriatiques et/ou
cycloplégiques, notamment lorsqu'il existe plusieurs dosages (adulte, enfant, nourrisson).
Les flacons d’atropine doivent impérativement être rangés hors de portée des enfants. Si un en-
fant avale le contenu d’un flacon, il peut mourir ("10 mg d’atropine, soit le contenu d’un flacon de
collyre à 1%, peuvent être fatals à un enfant"). Par conséquent, dites systématiquement aux pa-
rents de vous rapporter les flacons entamés à la pharmacie.
Par ailleurs, expliquez à vos patients qu’ils vont avoir une gêne visuelle (troubles de la vue, my-
driase) à la suite de l’instillation de ces collyres et qu’il est préférable qu’ils soient accompagnés et
qu’ils ne conduisent pas.
Vous pouvez également les informer sur le temps nécessaire pour que ces symptômes disparais-
sent complètement (temps variable selon les molécules : de quelques heures à une dizaine de
jours pour l’atropine). Cela les rassurera une fois chez eux.

* Se référer au tableau " délai d’obtention et "durée de la mydriase en fonction des produits » dans les
outils pour votre pratique en fin de document. .

* Se référer au document : " ANSM - Point d'information sur l'utilisation des collyres mydriatiques en pé-
diatrie pour l'obtention d'une mydriase ou d'une cycloplégie à visée diagnostique - 20/11/2012 ".

L'astigmatisme : L’astigmatisme touche environ 4 millions de personnes en France.


Il se traduit par une confusion des lettres et une vision peu précise quelle que soit la distance de
l'objet regardé.

La presbytie : Ce phénomène naturel est dû notamment à une réduction de l’accommodation


(perte d’élasticité du muscle ciliaire et du cristallin) et à une perte de transparence du cristallin. La
vision de près est floue.

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VOTRE PRISE DE NOTES
UNITÉ 5

Chapitre 6 - La contactologie : l'essentiel à retenir


6.1 Les différents types de lentilles
Il existe deux grandes familles de lentilles de contact :
Les lentilles souples
Elles représentent 90 % du marché français.
Elles sont molles et nécessitent d’être hydratées en permanence pour ne pas se dessécher et
garder leur forme et leurs propriétés.

La lentille souple est une grande lentille qui recouvre com-


plètement la cornée et qui prend appui sur le blanc de l’œil.
Il s’agit d’une lentille qui se moule sur l’œil en épousant ses
défauts de forme et conserve sa souplesse en absorbant les
larmes, comme une éponge.

Avantages :
Elles sont immédiatement confortables pour le porteur.
Elles permettent le port occasionnel.

Inconvénients :
Elles sont assez fragiles à la manipulation.
Elles demandent une hygiène rigoureuse.

Il existe 3 types de lentilles souples :


- Les lentilles à remplacement journalier
Elles représentent 30 % du marché français des lentilles souples.
Ce sont des lentilles posées neuves le matin et jetées le soir. Elles sont saturées en « agents
mouillants » dans leur étui d’origine. Une fois sur l’œil, cet agent est évacué de la lentille tout au
long de la journée.

- Les lentilles à remplacement fréquent


Elles représentent 68 % du marché.
Ce sont des lentilles dont la durée de vie est de 2 semaines à 3 mois.

Attention
La durée de vie correspond au nombre de jours après ouverture et non au nombre de jours de
port.

- Les lentilles traditionnelles


Elles représentent 2 % du marché.
Ce sont des lentilles qui se changent tous les ans.

Les lentilles rigides


Elles sont dures. Elles sont bien plus petites que les lentilles
souples, et ont un diamètre plus petit que celui de l’iris. Elles
n’ont pas besoin d’être hydratées pour conserver leur forme,
contrairement aux lentilles souples.
Les porteurs de lentilles rigides ont généralement des parti-
cularités oculaires spécifiques (ex. : myopies évolutives, stra-
bisme, presbytie et toutes les cornées pathologiques).

Ce sont forcément des lentilles qui ont une durée de vie entre 1 et 2 ans en fonction du maté-
riau utilisé.
Avantages :
L’intégrité physiologique de l’œil est davantage respectée.
La vision est nette, stable.
Le temps de port est plus long au quotidien.
Le port permanent est possible.
Inconvénients :
Elles sont difficilement supportables en ambiance poussiéreuse.
Le temps d’adaptation est assez long.
Elles nécessitent un entretien rigoureux.
Les lentilles souples comme les lentilles rigides peuvent corriger les mêmes défauts visuels cou-
rants.

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En général, l’acuité visuelle est meilleure avec les lentilles rigides mais elles sont plus difficiles à VOTRE PRISE DE NOTES
supporter, c’est pourquoi les lentilles souples sont plus répandues.
Par contre, certaines cornées pathologiques ne peuvent être corrigées que par des lentilles ri-
gides.

6.2 L'entretien des lentilles


L’entretien des lentilles varie selon la fréquence de remplacement des lentilles :

Objectifs de l’entretien
Nettoyer
Pour éliminer, et si possible, éviter la formation des dépôts pour une meilleure tolérance à long
terme.
Décontaminer
Pour éliminer les risques infectieux et éviter les complications inflammatoires et allergiques.
Effectué soigneusement et régulièrement, l’entretien permet également :
- de préserver les lentilles et notamment leurs qualités
- d’améliorer les conditions de port et le confort du porteur sur la durée de vie de la lentille

Il existe 2 catégories de produits d’entretien quotidiens :

Les produits d’entretien multifonctions


Il existe des produits d’entretien multifonctions pour les lentilles souples et pour les lentilles ri-
gides.

Quel que soit le produit multifonction, l’utilisation est identique :


1. Nettoyer avec le produit multifonction : Masser 10 à 15 secondes chacune des lentilles
dans la paume de la main. Le massage est fondamental. A lui seul, il enlève 80 % des dé-
pôts sur la lentille.
2. Rincer avec le produit multifonction : Pour éliminer des résidus de massage.
3. Décontaminer et conserver avec le produit multifonction : Mettre les lentilles dans
l’étui et remplir avec le produit pour décontaminer et empêcher la re-contamination si les
lentilles restent dans l’étui plusieurs jours sans être utilisées.
4. Rincer avec le produit multifonction : Rincer pour éliminer des résidus de décontamina-
tion. A effectuer absolument avant la pose.
5. Poser la lentille

Pour les lentilles souples


Il existe 3 familles de produits d’entretien multifonctions pour lentilles souples :
⇒ Les biguanides
Ex. : Renu Multiplus®, Solocare Aqua®, MeniCare Soft®, Concerto plus souple®
⇒ Les ammoniums quaternaires
Ex. : Opti-free express®, Opti-free replenish®
Actuellement, il n’y a que la gamme Opti-free® qui contient uniquement du polyquad.
⇒ L’association « biguanides / ammoniums quaternaires »
Ex. : Complete RevitaLens®, Biotrue®

Attention
Pour les lentilles dont la durée de vie est inférieure à un mois, les produits d’entretien multi-
fonctions suffisent pour l’entretien des lentilles.
Si la durée de vie des lentilles est supérieure à un mois, il est nécessaire d’utiliser en
plus, un déprotéinisant actif 1 fois par semaine.

A retenir
La famille qui associe 2 décontaminants (« biguanides / ammoniums quaternaires ») présente
l’avantage d’élargir le spectre de décontamination, notamment sur les amibes et les Pseudomo-
nas. En revanche, de par la multiplicité de ses composants actifs, elle augmente le risque d’aller-
gie et/ou de toxicité oculaire (picotements, brûlures à la pose, etc.).

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Attention VOTRE PRISE DE NOTES
Si un patient vous rapporte un picotement ou une brûlure à la pose et que cela dure quelques
minutes, renseignez-vous sur le produit utilisé et changez de « famille ». Cela suffit la plupart du
temps !
Par exemple, si ce client utilise un produit d’entretien Renu®, vous pouvez lui proposer Opti-
free® ou inversement.
ATTENTION : Dans ce type de situation, mieux vaut ne pas proposer les produits d’entretien
multifonctions qui associent 2 décontaminants (ex. : Complete RevitaLens®, Biotrue®).
En effet, ils augmentent le risque d’allergie et/ou de toxicité oculaire.

Pour les lentilles rigides


Les lentilles rigides ont toutes une durée de vie supérieure à 1 mois. Dans ce cas, il est néces-
saire d’utiliser, en plus, un déprotéinisant actif 1 fois par semaine.

Les produits d’entretien multifonctions pour lentilles rigides se différencient de ceux pour lentilles
souples par l’addition d’un agent visqueux permettant une meilleure adhérence des larmes à
leur surface.
Ces agents visqueux servent à améliorer le confort à la pose et à éviter les sensations de séche-
resse dans le temps.
Exemples : Menicare Pure Solution®, Boston Simplus®

En cas de dépannage et si vous n’avez pas d’autres solutions, vous pouvez proposer un
produit multifonction pour lentilles souples à un porteur de lentilles rigides (ce sera un peu
moins confortable à la pose et dans le temps). Par contre, vous ne pouvez pas faire l’inverse !
En effet, les lentilles souples ne seraient plus tolérées car l’agent visqueux contenu dans le pro-
duit multifonction pour lentilles rigides les « engluerait ».

Les produits d’entretien spécifiques


Il existe 3 grands types de produits d’entretien spécifiques :

- Les savons
Objectif : Éliminer les graisses (de l’œil, des produits de maquillage), les mucus de l’œil, les dé-
bris atmosphériques.
Ils peuvent être utilisés pour les lentilles souples (sauf journalières) et les lentilles rigides.
Exemples : Totalcare Nettoyage® pour les lentilles rigides uniquement.

- Les solutions de rinçage


Objectif : Rincer les lentilles souples et rigides, de façon tout à fait neutre avant la pose, mais
également après avoir massé pour éliminer les débris de protéines.
Exemples : Solutions de sérum physiologique, conservées (en flacon) ou non (en doses),
comme Lens Plus OcuPure®, Polyrinse®.

- Les agents décontaminants


Parmi les agents décontaminants spécifiques, il y a les oxydants. Ils sont à base de peroxyde
d’hydrogène concentré à 3% (H202).
Ils sont très efficaces sur les germes, mais ils ne doivent pas venir en contact direct avec l’œil
(risque de brûlures) sans avoir subi une neutralisation qui leur permet de se transformer en oxy-
gène + eau (H2O2 ⇋ H2O + ½ O2).
La neutralisation se fait à l’aide d’un catalyseur :
- Soit un disque recouvert de mousse de platine, intégré à l’étui.
Ex. : Aosept plus®, Easysept® (Neutralisation complète en 4 à 6 heures).

A retenir
Il est indispensable d’utiliser l’étui fourni avec ce type de produit car il contient le disque à effet
neutralisant. En prenant un autre étui, il n’y aura pas ce disque et l’utilisateur risque de se brû-
ler.

- Soit un comprimé enzymatique de catalase que l’on ajoute à la solution oxydante.


Ex. : Oxysept 1 étape solution®

Voici comment utiliser les différents produits spécifiques :


1. Nettoyer avec un savon : Masser chacune des lentilles dans le creux de la main pendant
10 à 15 secondes. C’est indispensable.
2. Rincer avec une solution de rinçage
3. Décontaminer et conserver la lentille avec un agent décontaminant
4. Rincer avec une solution de rinçage
5. Poser la lentille

Les produits spécifiques sont réservés à des cas particuliers.


Par exemple, une personne qui ne supporte pas les produits multifonctions peut utiliser les 3
produits spécifiques quotidiennement.
Chaque produit spécifique peut également être utilisé indépendamment. Par exemple, en cas de
larmes très grasses, un savon peut être utilisé pour nettoyer les lentilles et un produit multifonc-
tion sera utilisé pour les rincer, les décontaminer et les conserver.

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Les produits d’entretien hebdomadaires : les déprotéinisants actifs VOTRE PRISE DE NOTES
Objectif : Éliminer les protéines des larmes accumulées à la surface de tous les types de len-
tilles, dès la pose.
Ces protéines, en se déposant sur les lentilles, forment un biofilm et participent au confort de
ces dernières. Mais, elles se dénaturent environ au bout de 3 semaines de présence sur les
lentilles et deviennent alors allergisantes pour les yeux.

Les déprotéinisants actifs se présentent :


• Sous forme de comprimés enzymatiques, à base de Subtilisine A, à dissoudre dans la solu-
tion de trempage (oxydant ou multifonction) toute la nuit (6 heures minimum). Ex : Ultrazyme®,
Unizyme®.
On peut utiliser ce type de déprotéinisant avec des lentilles souples ou rigides.

Attention
Il est fondamental le matin de rincer avec la solution habituelle (multifonction ou produit de
rinçage).

• En dosettes (2 solutions distinctes à mélanger dans un étui).


Pour un meilleur confort (moins d’irritation oculaire), il est préférable de faire cette manipulation
le soir : laisser agir le déprotéinisant entre 20 et 30 minutes, puis le rincer avec la solution
habituelle et laisser les lentilles tremper toute la nuit.
Seul Menicon Progent® est disponible en France.
Ce 2ème système ne s’utilise que pour les lentilles rigides.
Notez
Cette opération de déprotéinisation active est à effectuer une fois par semaine pour toutes les
lentilles dont la durée de vie dépasse 1 mois.

6.3 Les troubles oculaires chez les porteurs de lentilles


La lentille provoque des modifications de la physiologie oculaire, car :
⇒ Le renouvellement des larmes est ralenti sous les lentilles. Cela diminue les moyens de
défense naturels par accumulation des déchets du métabolisme. Ce phénomène est plus
fréquent pour les souples qui se moulent sur l’œil.
⇒ Il existe une relative hypoxie de l’épithélium cornéen sous lentille, ce qui favorise
l’adhérence des germes (ex. : Pseudomonas, Amibes) et leur développement.
Notez
Cela explique pourquoi les porteurs de lentilles peuvent être plus sujets aux infections. Mais
attention, les principaux facteurs infectieux sont le mauvais entretien des lentilles ou le manque
d’hygiène, ainsi que la mauvaise observance de renouvellement des lentilles.

Le signalement de troubles oculaires à l’officine est l’occasion de vérifier également la bonne


connaissance des recommandations de base en cas de port de lentilles :
⇒ Se laver soigneusement les mains.
⇒ Ne pas pincer les lentilles avec des ongles pour ne pas les abîmer.
er
⇒ Choisir de toujours mettre en 1 la lentille droite ou gauche, afin d’éviter les inversions.
ère
⇒ Lors du retrait, bien ranger la 1 lentille avant de retirer l’autre.
⇒ Ne pas dormir avec ses lentilles.
⇒ En cas d’oubli de retrait des lentilles la nuit, attendre quelques minutes après le réveil
avant de les enlever. Pendant ce temps, cligner des paupières afin de permettre de réhu-
midifier l’œil. Au besoin, ajouter quelques gouttes de rinçage ou de produit multifonction
pour accélérer le processus.
⇒ Le port des lentilles doit être limité et raisonnable. Porter ses lunettes pour oxygéner la
cornée (par exemple, 1 jour « off » par semaine).
⇒ Toujours avoir à portée de main une paire de lunettes.
⇒ Toujours signaler son port de lentilles aux professionnels de santé. En effet, certaines
pathologies et certaines thérapeutiques médicamenteuses (en collyres mais aussi en
comprimés, en gélules, etc.) ne sont pas compatibles avec le port de lentilles.

Il est conseillé de retirer les lentilles dans les situations suivantes :


• Les lentilles deviennent irritantes
• Les yeux rougissent
• La vue se trouble
• La sensibilité à la lumière s’accroît
• La personne ressent une sensation d’inconfort, de brûlure
• La personne voit des halos colorés autour des points lumineux
Chaque situation prise isolément n’est pas un caractère de gravité, sauf la présence de halos
colorés qui signe un œdème cornéen, auquel cas il faut ôter immédiatement les lentilles et orien-
ter.
Par contre, l’association de plusieurs ou de tous ces facteurs représente un critère de gravité et
nécessite d’orienter le porteur.
Il faut savoir que les porteurs de lentilles ne doivent pas avoir les yeux rouges.

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Si un patient a besoin d’un collyre antiallergique, il peut continuer à porter ses lentilles, à condi- VOTRE PRISE DE NOTES
tion d’instiller le collyre 20 minutes avant de mettre ses lentilles le matin, et de l’instiller une fois
qu’elles sont retirées le soir.
La personne doit bien tolérer ses lentilles pendant tout le temps de port. Si ce n'est pas le cas,
les lentilles doivent être retirées pendant toute la période d'allergie, car il se peut que les aller-
gènes restent présents sur la lentille malgré la décontamination.
Si ce sont des lentilles de durée de vie inférieure à 1 mois, il est alors conseillé de les jeter. Si
leur durée de vie est supérieure à 1 mois, il faudra orienter vers l’opticien pour un nettoyage
intensif des lentilles.
Au cours de la grossesse, il existe différents types d’intolérance :
Intolérance visuelle : Si la personne voit moins bien, il ne faut pas modifier l’équipement avec
des lentilles plus puissantes, car la cornée, comme d’autres parties du corps, est certainement
œdémateuse et cela sera réversible.
Souvent, il faut attendre le retour de couches pour que tout rentre dans l’ordre.
Intolérance physique (picotement, impression de sécheresse, etc.) : Il faut essayer de traiter le
type d’intolérance, comme la sécheresse oculaire par exemple. Si cela ne s’améliore pas, il faut
enlever les lentilles, reprendre les lunettes, et réessayer de porter les lentilles à un autre mo-
ment de la grossesse, sachant que les problèmes sont plus nombreux et fréquents au 1er tri-
mestre.

6.4 Les conseils aux porteurs de lentilles


« Est-ce que je dois enlever mes lentilles si je prends l’avion ? »
Pour un voyage assez long en avion (supérieur à 2 heures), ôtez vos lentilles souples si possible
(à cause de l’air climatisé et de la pression atmosphérique interne à la cabine), car il y a un
risque d’œdème de la cornée.
Par contre, les porteurs de lentilles rigides peuvent garder leurs lentilles car il y a moins de sé-
cheresse oculaire avec les lentilles rigides.
Ayez toujours un étui sur vous, au cas où vous souhaiteriez les enlever. Quand c’est possible,
veillez à toujours avoir une lentille de réserve à portée de la main.

Attention
Lorsque l’on porte des lentilles, les yeux sont, en général, plus sensibles à la lumière : veillez à
vous munir de lunettes de soleil très filtrantes.

« Est-ce que je peux faire du sport avec des lentilles ? »


Tout dépend du sport qui est pratiqué !
⇒ Pour la natation, plutôt utiliser des lentilles jetables journalières. Si la personne porte des
lentilles à remplacement fréquent ou annuel, elle peut garder ses lentilles à condition de por-
ter des lunettes de natation étanches.
⇒ En cas de pratique d’un sport violent (boxe, arts martiaux, etc.) ou de contact, les lentilles
rigides doivent être retirées car en cas de choc dans l’œil, elles risqueraient d’abîmer la cor-
née.
⇒ Pour les sports d’extérieur, il est conseillé de se protéger du vent, et des poussières. Si des
impuretés ou de la poussière se posent sur l’œil, ôter les lentilles, les nettoyer et les déconta-
miner.
⇒ Pour les autres sports, les lentilles ne sont pas un obstacle, au contraire.

« Y a-t-il des consignes de conservation à respecter pour les lentilles ? »


Ne jamais utiliser des lentilles dont la date de péremption est dépassée, car elles ne seront pas
bien tolérées (picotement, etc.).
Jeter les lentilles dès que la durée de port convenue (durée après ouverture) est dépassée.
Si vous portez des lentilles dites « jetables » vendues en blister : n’utilisez jamais une lentille
dont l’emballage est abîmé ; secouez délicatement le blister avant de l’ouvrir pour que la lentille
se décolle des bords.
Ne jamais porter de lentilles abîmées.

« Est-ce grave si je dors avec mes lentilles ? »


Il est conseillé d’ôter vos lentilles pour dormir (sauf autorisation particulière de votre spécialiste).
Si, exceptionnellement, vous dormez avec vos lentilles : attendre quelques minutes après le
réveil avant de les enlever. Pendant ce temps, cligner des paupières afin de permettre de réhu-
midifier l’œil. Au besoin, ajouter quelques gouttes de rinçage ou de produit multifonction pour
accélérer le processus.

« Y a-t-il des situations professionnelles où il est problématique de porter des lentilles? »


Le confort des lentilles peut diminuer sous certaines conditions (par exemple air conditionné ou
atmosphère enfumée).
Si vos doigts sont colorés par l’utilisation d’éosine ou autre, la coloration peut se reporter sur vos
lentilles.
En cas de projection de produits chimiques de tout type dans les yeux (ex. : produits ménagers),
vous devez immédiatement enlever vos lentilles, vous laver les yeux abondamment à l’eau cou-
rante et contacter immédiatement un ophtalmologiste ou vous présenter sans délai aux ur-
gences de l’hôpital.
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ANNEXES

Outil(s) pour votre pratique

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ANNEXES

Glossaire

Abcès de la cornée : infection de la cornée généralement provoquée par des bactéries ou une amibe provoquant une nécrose im-
portante des tissus avec décharge purulente. Après traitement antibiotique lourd, il restera une « cicatrice » cornéenne pouvant alté-
rer la vision si elle est située dans l’aire visuelle (devant la pupille).
Amétropie : terme générique représentant un défaut réfractif quelconque.
Chirurgie réfractive : chirurgie visant à changer la réfraction du globe oculaire en modifiant la forme de la cornée.
Cillement : succession de fermetures et d’ouvertures réflexes de l’œil.
Couche mucinique : couche visqueuse sécrétée par les glandes à mucus des conjonctives, formant la phase la plus profonde du
film de larmes (couche en contact avec l’épithélium cornéen).
Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) : lésion dégénérative de la macula de la rétine, observée chez la personne âgée,
souvent bilatérale et entraînant la perte de la vision centrale.
Furoncle : infection profonde du follicule pilo-sébacé, souvent due au germe Staphylococcus aureus. Lorsque l’infection est superfi-
cielle et aiguë, on parle alors de folliculite.
Humeur aqueuse : fluide remplissant la chambre antérieure d’un œil (entre la face arrière de la cornée et la face avant du cristallin).
Hypoxique : soumis à un manque partiel d’oxygène.
Protéoglycane : variété de glycoprotéine acide.

Références bibliographiques

Atlas d’Ophtalmologie clinique (2ème édition), Spalton, Hitchings et Hunter, De Boeck université,1994

Complications (2ème édition), Nathan Efron Contact Lens, Butterworth Heinemann, 2004

Contact Lenses (5ème édition), Phillips et Speedwell, Elsevier Butterworth et Heinemann, 2007

Contactologie, Bernard Barthélémy et Thérèse Thiebaut, Tec et Doc, Lavoisier, 2004

Le Moniteur des Pharmacies, n° 2919 du 11 février 2012 page 66

Rôle du pharmacien face aux affections oculaires. Fiche technique du Cespharm, février 2008.

Prescrire juillet 2012, tome 32, n°345 page 516

Prescrire novembre 2018 tome 38, n°421 page 828

Sites web :

Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) : http://ansm.sante.fr

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