Vous êtes sur la page 1sur 7

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/259723063

Hand infections

Article  in  La Revue du praticien · November 2013


Source: PubMed

CITATIONS READS

0 673

2 authors:

Philippe Schiele Dominique Le Nen


Hôpital d'Instruction des Armées Desgenettes Centre Hospitalier Universitaire de Brest
17 PUBLICATIONS   52 CITATIONS    302 PUBLICATIONS   1,219 CITATIONS   

SEE PROFILE SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Hans infections View project

Actifit Brest View project

All content following this page was uploaded by Dominique Le Nen on 26 January 2014.

The user has requested enhancement of the downloaded file.




Mo no gra phie
En ligne sur
www.larevuedupraticien.fr

vidéo

audio

images

liens
Infections de la main
Elles peuvent Généralités
compromettre le pronostic La main, du fait même de sa situation anatomique et de sa fonc-
tion principale, la préhension, est particulièrement exposée à la
Philippe Schiele*, fonctionnel de la survenue de plaies contaminantes. Le mode de contamination le
Dominique préhension, et même plus fréquent est en rapport avec une effraction de la barrière
Le Nen** cutanée aboutissant à l’inoculation des tissus sous-jacents par
le pronostic vital du patient
des germes saprophytes ou transitoirement présents sur la peau ou
en cas de retard l’objet pénétrant. Ce traumatisme pénétrant peut prendre différentes
d’une prise en charge formes parmi lesquelles les piqûres et morsures sont fréquentes.
médico-chirurgicale Accessoirement, il peut s’agir d’une greffe infectieuse sur un tissu
sain à partir d’un foyer septique voisin (infection par contiguïté), ou
adaptée. Même si la à distance résultant d’une dissémination par voie hématogène.
prescription d’une L’agent pathogène le plus souvent en cause (environ 50 % des
antibiothérapie probabiliste cas) est le staphylocoque à coagulase positive (Staphylococcus
aureus [SA] ou staphylocoque doré). On assiste depuis quelques
peut avoir sa place dans années à l’émergence de souches résistantes à la méthicilline
la prise en charge précoce (SARM) d’origine hospitalière (nosocomiale) et communautaire
d’une infection de la main, favorisée par certaines conditions : population carcérale, toxico-
manes, patients séropositifs pour le virus de l’immunodéficience
le traitement est humaine.1 Les autres agents pathogènes potentiels sont résumés
le plus souvent chirurgical. de façon non exhaustive dans le tableau 1. 2
Il n’est pas rare que l’infection soit polymicrobienne.
Seuls des prélèvements bactériologiques peuvent mettre en évi-
dence le ou les germes en cause, le contexte clinique communiqué
au bactériologiste permet d’orienter celui-ci vers l’utilisation de tel
ou tel milieu de culture. Dans certains cas, aucun germe n’est trouvé
soit en raison d’un traitement antibiotique récent, soit en raison d’un
milieu de culture inapproprié.

Panaris
Il se définit comme une infection aiguë primitive d’un doigt, cuta-
née ou sous-cutanée (fig. 1).
Il résulte le plus souvent d’une inoculation par un micro-organisme

Ce qui est nouveau


* Service de chirurgie orthopédique, HIA Clermont-Tonnerre,
L’émergence de souche de Staphylococcus aureus résistant 29240 Brest Cedex 09, France.
à la méthicilline (SARM) doit faire réfléchir sur la prescription ** Service de chirurgie orthopédique et traumatologique - SOS Mains,
d’une antibiothérapie probabiliste de première intention dans CHU de la Cavale Blanche, 29609 Brest Cedex, France.
les infections de la main, ce d’autant qu’au stade de collection philippe.schiele@me.com
seul un acte chirurgical adapté pourra guérir de l’infection. dominique.lenen@chu-brest.fr

LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 63


Novembre 2013 1
RR Monographie
LA MAIN INFECTIONS DE LA MAIN

pathogène au décours d’une effraction cutanée qui peut être


fortuite (plaie) ou provoquée (onychophagie, soins de manucure).
On trouve dans certains cas des conditions médicales particulières
favorisant son développement : diabète, alcoolisme, toxicomanie,
immunodépression, prise de médicaments anti-inflammatoires
stéroïdiens ou non.

© Pr D. Le Nen
Les différents stades d’évolution, les tableaux cliniques et leur
évolution sont résumés dans le tableau 2. Une radiographie, si
besoin, permet d’éliminer la présence de signes d’ostéite ou
d’arthrite associée. FIGURE 1 Panaris. A) stade phlegmasique ; B) stade collecté.
Parmi les formes cliniques, on trouve les panaris superficiels,
le plus souvent développés sur le pourtour de l’ongle (paronychie).
Les panaris profonds sont sous-cutanés ; ils peuvent être péri- Les panaris profonds peuvent être également pulpaires, faisant
unguéaux, voire se développer sous l’ongle. Ils constituent la disparaître la pseudo-fluctuation de la pulpe. Ils sont parfois
forme la plus fréquente des panaris. Ils succèdent le plus souvent dorsaux en regard de la phalange moyenne, pouvant être graves,
à l’arrachage de peau, à des soins de manucure, à la pénétration car de diffusion rapide à l’appareil extenseur ou à l’articulation
d’un corps étranger sous l’ongle ou à la contusion de l’appareil interphalangienne proximale. Ils peuvent se développer au dos de
unguéal avec constitution d’un hématome sous-jacent secondai- la phalange proximale, plutôt anthracoïde aux dépens de l’appareil
rement infecté. pileux, souvent bien limité au tissu sous-cutané respectant l’appa-
reil extenseur. Enfin, les panaris latéraux ou palmaires des deux
premières phalanges peuvent atteindre la gaine des tendons
fléchisseurs. Une forme mixte est représentée par le panaris en
bouton de chemise où un trajet transdermique fait communiquer
POUR LA PRATIQUE la partie sous-cutanée et la partie cutanée. C’est un piège classique.
En revanche, ce qui est plus fréquent, c’est un panaris dont
RR La connaissance des différents tableaux cliniques que l’évolution est abâtardie par un traitement antibiotique inadapté.
représentent les infections de la main permet de détecter Le plus souvent il est administré en raison de la confusion entre
rapidement les patients qui nécessitent d’emblée un le stade phlegmasique et celui de collection. Il est alors sous-
traitement chirurgical adapté. estimé à la phase initiale ou par méconnaissance des traitements
RR Au stade de début, c’est la surveillance rapprochée, spécifiques de chaque stade. Ainsi, la collection est difficile à
associée à des soins locaux, qui est la clef du respect du délai reconnaître. La tension des parties molles est remplacée par un
optimal de prise en charge. empâtement diffus, les signes régionaux et les éventuels signes
généraux sont absents, décapités par le traitement. On trouve
RR Un panaris ne doit être traité médicalement (soins locaux)
quelques gouttes de pus dans un plastron fait de tissu infiltré,
qu’au stade initial dit phlegmasique ; en dehors de cette
épais et d’aspect sale.
situation le traitement est toujours d’emblée chirurgical.
Le traitement médical3 initial associe le port d’un pansement
RR La reconnaissance des signes cliniques d’un phlegmon imbibé d’une solution antiseptique et une surveillance rappro-
des gaines digitales ou digito-carpiennes doit conduire, chée. Il doit avoir évolué vers une franche amélioration voire une
au moindre doute, à une exploration chirurgicale, première quasi-guérison au bout de 48 heures, autorisant la poursuite du
garantie d’une récupération fonctionnelle optimale. traitement médical pour une durée de 8 jours. Son instauration
RR La dermohypodermite et la fasciite nécrosante sont et sa surveillance doivent donc être rigoureuses.
des affections graves mettant en jeu rapidement le pronostic Le traitement chirurgical s’adresse aux formes d’emblée collec-
vital du patient. Elles doivent être connues et reconnues tées. Son principe repose sur une excision en bloc des tissus
et doivent conduire le patient rapidement à l’hôpital, pour infectés, centrée sur la zone de voussure maximale. Celle-ci peut
bénéficier d’une prise en charge médico-chirurgicale rapide. nécessiter d’emporter une partie de la tablette unguéale. Cette
mise à plat est ensuite couverte par un pansement et laissée à
RR L’ostéo-arthrite des chaînes digitales est souvent la cicatrisation dirigée. Une antibiothérapie complémentaire est
détectée tardivement après le traumatisme initial. Du fait le plus souvent non recommandée. Le pansement est refait
de la grande sensibilité du cartilage à l’infection, un traitement au moins une fois dans les 48 premières heures. En fonction de
chirurgical rapide s’impose afin de limiter les conséquences l’évolution locale, un second geste d’excision peut être réalisé.
fonctionnelles. La cicatrisation demande environ 21 jours et se fait le plus souvent
sans séquelles.

2 LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 63


Novembre 2013
TABLEAU 1

Agents pathogènes responsables d’une infection de la main

Organisme Nom Particularités


Bactéries Staphylococcus aureus (50 %) Méthiciline-sensible

Méthiciline-résistant :
nosocomial ou communautaire
(population carcérale, toxicomanes, patients VIH positif…)

Streptocoque bêtahémolytique (10 %) Production enzymatique favorisant la diffusion tissulaire

Pasteurella multocida Après morsure animale (chat)

Streptococcus milleri Chez le sujet immunodéprimé

Germes anaérobies Principalement bacille à Gram positif

Mycobactéries Infection d’évolution lente


Mycobacterium tuberculosis
Mycobacterium marinum (aquariophile, pêcheur, poissonnier, plongeur sous-marin, piscine)

Virus Herpes Éruption vésiculo-pustuleuse (enfant, dentiste, infirmière, médecin)

Parapoxvirus Personne manipulant des animaux

Papillomavirus

Champignons Trichophyton, Microsporum, Épidermophyton Lésion superficielle de la peau et des ongles

Candida Panaris superficiel, infection profonde plutôt chez le patient immunodéprimé

Phialophora, Cladosporium, Wangiella, Chromomycose


Exophiala, Fonsecaea

Sporotrichosis Infection sous-cutanée

Histoplasmosis, Blastomycosis, Infection profonde et systémique chez l’immunocompétent


Coccidioidomycosis

Cryptococcus et Aspergillus Infection profonde et systémique chez l’immunodéprimé

Mucormycosis Thrombose vasculaire et gangrène nécrosante après souillure d’une plaie par des éléments
du sol ou de l’eau
VIH : virus de l’immunodéficience humaine.

Phlegmons des gaines digitales correspondantes situées au niveau du pli de flexion palmaire
distal. Le pouce et le cinquième doigt sont pourvus d’une gaine
Bien que rare, cette pathologie n’en reste pas moins grave en semblable, mais dont la limite proximale remonte environ 4 cm
raison parfois d’une méconnaissance des signes cliniques cardi- en amont du pli de flexion du poignet, il s’agit d’une gaine digito-
naux, d’une agressivité rapide sur les tendons fléchisseurs et du carpienne. Ces deux dernières sont extrêmement proches, elles
risque d’un traitement médical (antibiothérapie à l’aveugle) et/ou peuvent même communiquer (fig. 2).
chirurgical inadapté. Il est admis que la gravité, et donc les Cette gaine, digitale ou digito-carpienne, est une cavité virtuelle
séquelles fonctionnelles, sont directement influencées par le qui englobe les tendons fléchisseurs tapissée par une membrane
stade où le traitement est débuté.4, 5 synoviale. Les tendons sont mal vascularisés, animés de mouve-
La connaissance de l’anatomie explique la diffusion de l’infec- ments et très sensibles à l’infection. Il s’agit d’un milieu propice
tion et les signes cliniques. Les tendons fléchisseurs des doigts à la multiplication bactérienne et à la diffusion de l’infection.
longs, index, majeur et annulaire, sont entourés d’une gaine L’inoculation de la gaine peut être directe, entraînant le plus
digitale s’étendant de la 3e phalange aux têtes métacarpiennes souvent un tableau primitif aigu, net et brutal. Elle peut procéder

LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 63


Novembre 2013 3
RR Monographie
TABLEAU 2 LA MAIN INFECTIONS DE LA MAIN

Stades évolutifs du panaris

Stade Symptomatologie Orientation thérapeutique


I Phlegmasie - Tuméfaction inflammatoire : rouge, chaude et douloureuse Traitement médical : pansements antiseptiques, surveillance
- Douleur absente la nuit
- Absence de signes régionaux ou généraux

II Collection - Douleur plus intense, pulsatile et surtout insomniante Traitement chirurgical : excision, mise à plat
- Signes inflammatoires locaux plus marqués
- Collection sous-cutanée avec tension des parties molles
- Adénopathies et traînée de lymphangite inconstantes
- Signes généraux et hyperleucocytose souvent absentes

III Diffusion - Fistulisation à la peau Traitement spécifique de la complication


- Diffusion profonde : os, articulation, gaine des tendons fléchisseurs
TABLEAU 3

Stades évolutifs d’un phlegmon de la gaine des tendons fléchisseurs

Stade Anatomopathologie Présentation clinique Principe du traitement Évolution


I Synovite exsudative - Douleur spontanée, accentuée par - Excision de la porte d’entrée Guérison rapide, récupération
la pression du cul-de-sac proximal jusqu’à la gaine des fléchisseurs fonctionnelle complète
- Recherche d’une porte d’entrée - Prélèvements bactériologique du liquide
- Signes régionaux et généraux absents et anatomopathologique de la synoviale
- Lavage de la gaine après ouverture
du cul-de-sac proximal
- Antibiothérapie à discuter si signes
régionaux et/ou morsure

II Synovite purulente, - Douleur intense et pulsatile - Idem mais ouverture de toute la gaine - Mobilisation précoce en fonction
granuleuse - Œdème et doigt en crochet avec excision de la synoviale partielle (IIa) de l’état local
Synoviale - Manœuvre de réduction du crochet ou totale (IIb) en respectant les poulies - Risque de raideur par adhérences
hypervascularisée et palpation du cul-de-sac proximal - Fermeture des angles de la cicatrice
et hypertrophique très douloureuses - Antibiothérapie
IIa localisée - Adénopathies, lymphangite,
IIb complète hyperthermie inconstantes

III Fonte purulente - En plus des signes précédents, - Excision de tous les tissus infectés : Pronostic fonctionnel réservé
du tendon possibilité d’une fistule purulente gaine, tendons et poulies
- Disparition du doigt en crochet - Plaie laissée ouverte et pansée à plat
par rupture tendineuse - Antibiothérapie

plus rarement d’une contamination indirecte d’une gaine intacte, car une porte d’entrée n’est pas toujours trouvée. Le streptocoque
soit à partir d’un foyer infectieux voisin, réalisant une infection bêta-hémolytique est le plus souvent en cause. Il existe des formes
secondaire progressive et floue, soit par voie hématogène dont le postopératoires, dans les suites d’une suture tendineuse par exem-
diagnostic est difficile. L’évolution se fait en trois stades succes- ple, de diagnostic difficile. Elles imposent une reprise chirurgicale.
sifs, de gravité croissante, répondant à une stratégie chirurgicale Enfin, les phlegmons à bascule sont un piège classique mais rare.
adaptée résumée dans le tableau 3. Ils succèdent à l’infection des gaines digito-carpiennes, soit
Parmi les formes cliniques, on trouve de rares formes sans du fait de leur contiguïté, soit du fait d’une communication entre
germes. Les formes de l’enfant sont rares ; pour les plus jeunes, les les deux. Le diagnostic est parfois tardif après plusieurs gestes
signes généraux sont explosifs. Le diagnostic est souvent difficile chirurgicaux, conduisant à de lourdes séquelles fonctionnelles.

4 LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 63


Novembre 2013
Dermo-hypodermite nécrosante et fasciite nécrosante tènes et prélèvements au bloc opératoire. Le germe en cause est
le plus souvent le streptocoque bêta-hémolytique du groupe A,
Il s’agit d’une urgence médico-chirurgicale dont la gravité conduit bien que l’infection puisse être polymicrobienne. Les examens
à une mortalité proche de 30 %. Cette infection nécrosante, d’évo- complémentaires ne doivent pas retarder la prise en charge
lution très rapide, atteint le derme et l’hypoderme respectant les urgente. Une radiographie peut montrer de l’air dans les tissus
fascias musculaires, sauf dans les fasciites. Les muscles sont le sous-cutanés.
plus souvent épargnés. La pullulation microbienne entraîne une C’est une urgence médico-chirurgicale, dont le traitement
réaction inflammatoire massive, la production de toxine est à médical associe une réanimation pour compenser l’état de choc
l’origine de microthromboses extensives et de troubles de la coagu- et une antibiothérapie à visée antistreptococcique (bêtalacta-
lation. L’œdème local, puis régional, est rapidement compressif. mines et clindamycine).6 Le traitement chirurgical, qui doit être
Le tableau se complique rapidement d’un état de choc septique précoce, consiste en une excision des tissus infectés soumis à
et hypovolémique, qui peut conduire au décès. une analyse anatomopathologique et bactériologique. Cette
Le tableau clinique est dominé par la présence d’une douleur très excision nécessite ensuite la réalisation de soins de cicatrisation
importante, disproportionnée par rapport à la lésion cutanée. Celle- cutanée, quelquefois une oxygénothérapie hyperbare, ce qui
ci se présente sous la forme d’un placard inflammatoire rouge impose souvent une hospitalisation prolongée. Elle peut
violacé aux contours irréguliers et ecchymotique. Secondairement conduire à une amputation en cas de lésion très extensive et si
apparaît un œdème local puis régional, des phlyctènes hémor- le pronostic vital est engagé.
ragiques et/ou une nécrose cutanée. Une crépitation sous-cutanée
peut être perçue en cas de germes anaérobies. Les signes géné-
Phlegmons des espaces celluleux de la main
raux de choc ne sont pas spécifiques. Le diagnostic peut être
difficile en l’absence de porte d’entrée évidente, et c’est l’évolution Il s’agit d’une infection se développant aux dépens des espaces
rapide des lésions cutanées qui doit attitrer l’attention. Une délimi- cellulo-graisseux de la main. En position palmaire, on distingue
tation au stylo de la lésion à la consultation permet de surveiller l’espace thénarien, l’espace palmaire moyen, les espaces com-
l’évolution de ces lésions. Les prélèvements bactériologiques missuraux et l’espace hypothénarien. En dorsal, au dos des méta-
doivent être multiples, associant hémocultures, ponctions de phlyc- carpiens, les espaces celluleux sont superficiels (fig. 3). Il n’y a pas
de spécificité dans le mode de contamination de ces espaces, ni
dans le tableau clinique. Toutefois, en dorsal, l’infection peut être
FIGURE 2 Projection
secondaire à l’extravasation d’un produit injecté en intraveineux,
cutanée des gaines
des tendons fléchisseurs soit à but thérapeutique, soit dans le cadre d’une toxicomanie. Le
des doigts. Noter la traitement est avant tout chirurgical par la mise à plat de l’abcès
possible communication associée à la réalisation de prélèvements bactériologiques. La plaie
des gaines du premier
et du cinquième rayon chirurgicale est laissée ouverte, la cicatrisation ne pose pas de
pouvant expliquer problème spécifique. Une antibiothérapie complémentaire est
la diffusion de l’infection discutée en fonction des prélèvements bactériologiques.
(phlegmon à bascule).

FIGURE 3 Espaces cellulo-graisseux de la main.


A) Face palmaire : 1. loge thénar,
2. loge palmaire moyenne, 3. loge hypothénar,
4. espaces intercommissuraux. B) Face dorsale :
1. en regard des métacarpiens II, III
et IV (inconstants), 2. en regard du Ve métacarpien,
3. en regard du premier métacarpien.

LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 63


Novembre 2013 5
RR Monographie
LA MAIN INFECTIONS DE LA MAIN

Ostéoarthrite de la main Conclusion

Du fait de leur situation superficielle dans la partie dorsale de la Une infection de la main est un motif courant de consultation en
main, les articulations interphalangiennes (proximales et distales) médecine générale, dominé par la survenue d’un panaris. Moins
et métacarpo-phalangiennes sont particulièrement vulnérables à fréquentes, les infections profondes nécessitent d’être rapide-
un traumatisme pénétrant. Il peut s’agir dans certaines situations ment reconnues et traitées sous peine d’une évolution qui peut
d’une blessure par une dent, soit humaine lors d’un coup de laisser de graves séquelles.
poing porté à la bouche (la métacarpo-phalangienne étant la plus En dehors de quelques exceptions, la survenue de tels tableaux
souvent atteinte), soit animale à la suite d’une morsure de chat, cliniques ne doit pas conduire systématiquement à la prescription
souvent négligée car petite, et redoutable car particulièrement d’une antibiothérapie probabiliste. Le plus souvent, le recours à un
pénétrante en profondeur. La diffusion de l’infection est favorisée traitement chirurgical est la clef de la guérison, la précocité de sa
par les mouvements de l’articulation. L’évolution se fait alors mise en œuvre permettant de limiter les séquelles fonctionnelles. •
assez rapidement vers la constitution d’une arthrite septique aux
conséquences fonctionnelles graves, en raison de la faible résis- Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts.
tance du cartilage conduisant à sa destruction. Le mode de
contamination et les germes en cause sont communs à toutes
RÉSUMÉ Infections de la main
les infections de la main (tableau 1). Lors d’une morsure de chat, Les infections superficielles ou profondes de la main sont fréquemment rencontrées lors de
Pasteurella multocida est le germe le plus souvent trouvé.7 l’exercice de la médecine générale. Un bon examen clinique est la pierre angulaire d’une prise
Au stade initial, où l’épanchement est exsudatif, succède une en charge adaptée. Le plus souvent, le traitement est principalement chirurgical. Il faut garder
synovite inflammatoire avec un épanchement purulent. Le stade à l’esprit que même si Staphylococcus aureus est le plus souvent en cause, nous sommes
confrontés à l’émergence de souches résistantes à la méthicilline. Quel que soit le traitement,
ultime est celui de la destruction articulaire et péri-articulaire.
une réévaluation de la situation clinique est indispensable dans les deux premiers jours. Une
Après un intervalle libre de 24 à 48 heures, le doigt devient dou- prise en charge adaptée, survenant dans les meilleurs délais, est la seule garantie pour ne pas
loureux, surtout à la mobilisation et présente un flessum antal- mettre en jeu le pronostic du moins vital du patient, sinon fonctionnel du membre supérieur
gique. Apparaît ensuite le cortège de signes inflammatoires concerné.
locaux (rougeur, douleur, augmentation de volume). En l’absence
SUMMARY Hand infections
d’un traitement adapté, l’évolution se fait vers la diffusion de
Superficial and deep hand infections are frequent in general medical practice. Clinical
l’infection, soit vers la superficie sous la forme d’une fistulisation, examination is a crucial step for an adapted provided care. Most of the time, surgery is the only
soit dans la profondeur (phlegmon). way to heal infections. However, in some cases (like bites), empiric antibiotherapy is first
La radiographie est souvent normale au début, les signes de indicated to limit infection. Staphyloccocus aureus as well as Group Beta Streptococcus are the
déminéralisation métaphysaire sont absents la première most frequently pathogenes associated with hand infections. Methicillin resistant S. Aureus
must always be considered in the diagnoses. Whatever treatment is provided, clinical
semaine. Secondairement apparaissent le pincement articulaire
assessement must be repeated within two days. An early adaquated treatment prevent
et les érosions, ainsi que des géodes à l’insertion des ligaments functional complications and in some cases death of the patients.
collatéraux. Puis tardivement on découvre des séquestres, voire
une lyse épiphysaire.4 L’échographie peut avoir sa place, révélant
un épanchement intra-articulaire et des signes inflammatoires.
Le diagnostic doit être évoqué devant tout traumatisme péné- RÉFÉRENCES

trant en regard d’une articulation devenue douloureuse, et 1. Chen LF. The changing epidemiology of methicillin-resistant Staphylococcus
conduire à un traitement chirurgical associé à une antibiothérapie aureus: 50 years of a superbug. Am J Infect Control 2013;41:448-51.
adaptée au(x) germe(s) en cause. 2. Elhassan BT, Wynn SW, Gonzalez MH. Atypical Infections of the hand.
J Hand Surg 2004;4:42-9.
Le traitement chirurgical consiste, après prélèvements bacté-
3. Ritting AW, O'Malley MP, Rodner CM. Acute Paronychia.
riologique et histologique de la synoviale, en un lavage articulaire J Hand Surg 2012;37:1068-70.
associé à une synovectomie en notant l’état du cartilage. L’arti- 4. Ebelin M. Infections de la main. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris)
culation est fermée et le doigt immobilisé. Le pronostic est lié à Appareil Locomoteur, 14-070, 2006.
la conservation ou non du cartilage. Dans ce dernier cas, après 5. Mamame W, Masmejean E. Phlegmons des gaines des tendons fléchisseurs
des doigts. In : Fontaine C, Liverneaux P, Masmejean E. Cours européen de
résection bipolaire des surfaces cartilagineuses, un procédé de
pathologie chirurgicale du membre supérieur et de la main 2011.
distraction permet de maintenir un espace suffisant et une Montpellier : Sauramps médical, 2011:250-7.
cicatrisation des parties molles pour une durée d’un mois. Se 6. Société de pathologie infectieuse de langue française, Société française
discute ensuite une implantation prothétique, option de choix de dermatologie. Érysipèle et fasciite nécrosante: prise en charge (texte long).
pour les articulations métacarpo-phalangienne et interpha- Méd Mal Inf 2000;30:252s–72s.
7. Oehler RL, Velez AP, Mizrachi M, Lamarche J, Gompf S. Bite-related and
langienne proximale des doigts ulnaires. Pour celles des doigts
septic syndromes caused by cats and dogs. Lancet Infect Dis 2009;9:439-47.
radiaux et les interphalangiennes distales, l’arthrodèse est plutôt
envisagée.

6 LA REVUE DU PRATICIEN VOL. 63


Novembre 2013

View publication stats

Vous aimerez peut-être aussi