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Mycétomes
M. Develoux, E. Dannaoui, M. Huerre

Les mycétomes sont des infections chroniques des tissus sous-cutanés. Ils font partie des maladies
tropicales négligées, frappant des ruraux démunis. Ces dernières années, les mycétomes ont connu un
regain d’intérêt et de nombreuses études ont été consacrées à leurs aspects étiologiques, diagnostiques et
thérapeutiques. Les agents étiologiques se trouvent dans le milieu extérieur et sont transmis à la suite de
traumatismes le plus souvent minimes. Ils peuvent être soit des champignons, soit des bactéries
appartenant à l’ordre des actinomycètes. Le diagnostic biologique repose sur la présence de grains qui
définissent le mycétome. Le rôle du laboratoire est également de distinguer les actinomycétomes des
mycétomes fongiques dont les traitements sont radicalement différents. Si des progrès notables ont été
obtenus dans le traitement médical des actinomycétomes, celui des mycétomes fongiques, en revanche,
reste décevant et le risque de récidive est élevé après guérison clinique apparente. Trop souvent encore en
pays endémique, les patients subissent des interventions chirurgicales mutilantes, voire des amputations
dans les cas avancés.
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Mots clés : Mycétomes ; Infection sous-cutanée ; Mycétome fongique ; Actinomycétome

Plan depuis quelques années, on assiste à un nouvel intérêt pour


cette infection comme en témoignent les revues générales
parues depuis les dix dernières années [2-6]. En effet, de nom-
¶ Introduction 1
breux travaux ont porté sur la classification des agents causaux
¶ Définition 1 des mycétomes, leurs aspects cliniques, l’apport des nouvelles
¶ Historique 1 techniques d’imagerie médicale et celui de la biologie molécu-
¶ Agents étiologiques 2
laire dans le diagnostic étiologique. Enfin des progrès impor-
tants ont été également accomplis dans le traitement médical de
¶ Épidémiologie 2 cette infection. Malheureusement, les techniques diagnostiques
Répartition géographique 2 modernes et les nouveaux traitements médicaux restent inac-
Mode de contamination 2 cessibles financièrement aux populations frappées.
Terrain de survenue 3

■ Définition
¶ Clinique 3
¶ Complications 4
¶ Bilan d’extension 4 La définition retenue est celle qui a été proposée lors du
premier congrès consacré aux mycétomes au Venezuela : « Tout
¶ Diagnostic biologique 4
processus au cours duquel des agents fongiques ou actinomyco-
Identification par biologie moléculaire 5
siques d’origine exogène produisent des grains ». Cette défini-
Sensibilité aux antifongiques 5
tion ne fait pas appel à des aspects cliniques comme cela était
¶ Traitement 7 le cas auparavant pour « pseudotumeur fistulisée d’évolution
chronique », il existe en effet des formes nodulaires non
fistulisées. L’origine exogène permet d’éliminer les actinomyco-
ses d’origine endogène. Les grains enfin représentent la forme
■ Introduction in vivo des agents responsables. Leur mise en évidence est
indispensable pour porter le diagnostic.
Les mycétomes sont des infections tropicales oubliées et
méconnues. Ils ont été rajoutés par certains auteurs à la liste
classique des 13 principales maladies tropicales négligées au
même titre que la paracoccidioïdomycose ou certaines maladies
■ Historique
virales, bactériennes et parasitaires [1] . La prévalence des Des lésions osseuses très évocatrices de mycétome ont été
mycétomes, maladie mutilante, n’est pas assez élevée pour mises en évidence au Mexique chez des squelettes de la période
occulter les nombreuses autres priorités médicales dans ses préhispanique. Des constatations identiques ont été faites dans
zones d’endémie. Les populations frappées sont des ruraux l’ancien monde sur des squelettes de l’époque byzantine. Mais
vivant dans des régions reculées, loin des centres médicaux et ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que la maladie est indivi-
les mycétomes apparaissent comme répondant peu ou pas aux dualisée en Inde. Carter, en 1860, crée le terme mycétome. En
traitements médicaux, nécessitant une chirurgie lourde, muti- 1916, les deux étiologies actinomycosiques et fongiques sont
lante, n’empêchant pas la survenue de récidives. Pourtant, reconnues par Pinoy. Les travaux les plus importants ont été

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réalisés dans la seconde moitié du XXe siècle et ils font toujours courante en pays d’endémie où les possibilités diagnostiques
autorité. Il faut citer en particulier les contributions de El Sheick sont limitées, la couleur de ceux-ci donne déjà de précieuses
Mahgoub au Soudan [7] et celles des pasteuriens en collaboration indications.
avec des cliniciens, chirurgiens et biologistes exerçant dans des
pays endémiques [8].
■ Épidémiologie
■ Agents étiologiques Répartition géographique
Les agents étiologiques sont nombreux. Dans une revue de La répartition géographique des mycétomes est bien définie.
2007, Welsh [5] relevait 13 espèces d’actinomycètes et 29 de Les zones d’hyperendémie se situent dans l’hémisphère nord, de
champignons ayant été impliqués. Les progrès récents d’identi- part et d’autre du 15e parallèle. Ce sont des régions arides avec
fication des champignons par biologie moléculaire ont été une pluviométrie annuelle comprise entre 50 et 800 mm dessi-
appliqués aux agents de mycétomes [9-11]. Cela a permis de nant « la bande des mycétomes ». On y retrouve le foyer indien
démontrer que la diversité des agents responsables de mycétome historique où les régions ayant les plus importantes prévalences
est bien plus grande que ce que laissaient supposer les études sont le Rajasthan et le sud du pays [20, 21]. En Afrique, la bande
mycologiques classiques. Ainsi, récemment, une nouvelle inclut, de l’ouest à l’est, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le
espèce, Madurella pseudomycetomatis, responsable d’un mycé- Niger, le Tchad, le Soudan, la république de Djibouti et la
tome en Chine, a été décrite [12] . Bien que proche de M. Somalie [22-26]. Le dernier foyer enfin est mexicain [27]. De part
mycetomatis, cette espèce ne présente que 93 % de similitude au et d’autre de la bande des mycétomes, on décrit des cas spora-
niveau des séquences internal transcribed spacer (ITS). De même, diques en Amérique du sud dans des pays comme le Venezuela
des études moléculaires montrent que les souches identifiées ou le Brésil [28], aux Caraïbes [29], à Madagascar, au Maghreb [30,
31], au Moyen-Orient [32, 33], dans le sud-est asiatique. En Afrique
morphologiquement comme M. grisea, provenant de régions
géographiques variées, Afrique, Amérique du Sud, Asie, sont en subsaharienne, l’infection n’est pas exceptionnelle en Côte
fait très variables sur le plan génotypique. M. grisea représente d’Ivoire [34], plus rare en Afrique centrale et australe. En Europe,
donc probablement un complexe d’espèces au sein duquel de les cas autochtones sont exceptionnels. En revanche, des cas
nouvelles espèces vont être décrites [11]. L’analyse moléculaire d’importation sont régulièrement diagnostiqués chez des
des souches d’Exophiala responsable de mycétome a montré que migrants originaires de zones endémiques [35-41].
Exophiala oligopserma, une espèce proche d’Exophiala jeanselmei, La répartition des principaux agents responsables diffère
pouvait être un agent étiologique des mycétomes à grains noirs. notablement selon les foyers. Au Mexique, la prédominance des
L’analyse moléculaire des agents de mycétome va donc permet- actinomycétomes à Nocardia est écrasante, en particulier
tre, dans l’avenir, de mieux caractériser l’épidémiologie des Nocardia brasiliensis qui représente 71,9 % des cas [27] . En
mycétomes sur le plan microbiologique. D’autres espèces Afrique sahélienne, les actinomycétomes prédominent légère-
fongiques ont été incriminées ces dernières années comme ment, mais il existe des disparités selon les pays. Les principales
agents de mycétomes à grains noirs : Cladophialophora banti- espèces isolées sont M. mycetomatis en qui concerne les mycé-
ana [13], Neoscytalidium dimidiatum [14] ou blancs : Phaeoacremo- tomes fongiques, Streptomyces somaliensis et Actinomadura
nium krajdenii [15], Paecilomyces lilacinus [16], Phaeoacremonium madurae pour les actimycétomes. En Inde, les constatations
parasitum [17], Phomopsis phaseolorum [18]. concernant les espèces prédominantes sont proches de celles
Les progrès de la biologie moléculaire concernent également faites dans la zone endémique africaine. En dehors de la zone
l’identification des agents d’actinomycétomes avec ajout de endémique dans les régions plus humides, il faut noter la
nouvelles espèces comme Streptomyces sudanensis [19]. prédominance de Pseudallecheria boydii agent de mycétomes à
Le Tableau 1 répertorie les principales espèces d’agents de grains blancs, de Nocardia sp. et A. madurae pour les actinomy-
mycétomes selon la couleur des leurs grains. Dans la pratique cétomes [28, 34]. Certains agents ont une répartition géographi-
que marquée : Madurella grisea est surtout isolé en Amérique du
sud, Leptosphaeria senegalensis dans la vallée du fleuve Sénégal,
Tableau 1. Actinomadura pelletieri en Afrique de l’ouest. Le lien étroit entre
Principaux agents des mycétomes. pluviométrie et répartition des principaux agents isolés apparaît
Espèces Fréquence Répartition net en Afrique de l’ouest [8, 22, 25] . S. somaliensis est plus
géographique fréquent dans les zones arides avec une pluviométrie annuelle
de 50 mm à 250 mm, M. mycetomatis et L. senegalensis dans les
Grains noirs (mycétomes fongiques) zones de 250 mm à 500 mm, A. pelletieri enfin dans les zones
Madurella mycetomatis Principal agent Afrique sahélienne, de 500 mm à 800 mm.
fongique Moyen-orient, Inde Les agents contaminants vivent en saprophyte dans le milieu
extérieur. Il y a eu assez peu d’études visant à les mettre en
Madurella grise Assez rare Amérique du Sud évidence dans les sols ou végétaux des zones endémiques. Au
principalement Sénégal, L. senegalensis et L. tompkinsii ont été retrouvés sur
Pyrenochaeta romeroi Assez rare Afrique sahélien environ 50 % des épines sèches d’Acacia, en particulier celles
Leptosphaeria senegalensis Assez fréquent Sénégal, Mauritanie, Mali, qui avaient été souillées de boue pendant la saison des pluies.
Niger M. mycetomatis était associé aux termitières, Neotestudina rosatii
Grains rouges (actinomycetomes) était isolé du sol [8]. Plus récemment, la biologie moléculaire a
Actinomadura pelletieri Assez fréquent Afrique de l’Ouest été appliquée à la mise en évidence de M. mycetomatis dans le
essentiellement sol de région endémique [42].
Grains blancs fongiques
Scedosporium apiospermum Assez fréquent Régions tropicales
Mode de contamination
humides et tempérées La pénétration de l’agent contaminant se ferait à la faveur
chaudes d’un ou de plusieurs traumatismes comme en témoigne
l’atteinte préférentielle du pied et en deuxième lieu de la main.
Grains blancs et jaunes actinomycosiques L’interrogatoire ne retrouve pas toujours cette notion dans les
Nocardia sp. Assez fréquent Mexique, Inde, régions antécédents : 23,2 % seulement dans la série d’enfants de
équatoriales, régions Fahal [26] et 49,2 % dans une série indienne [20]. Le rôle des
tempérées chaudes traumatismes par épines a été souligné par plusieurs auteurs, ce
sont des microtraumatismes, souvent oubliés lorsqu’apparaissent
Actinomadura madurae Assez fréquent Afrique, Inde, Mexique, les lésions cliniques. Dans certaines observations, des épines ou
régions tempérées chaudes des débris végétaux ont été retrouvées dans la pièce opératoire.
La flore des régions endémiques est caractérisée par la prédomi-
Streptomyces somaliensis Assez fréquent Régions désertiques
nance d’épineux, les ruraux qui marchent pieds nus ou en

2 Maladies infectieuses
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sandalettes se blessent donc facilement à leur contact. Les autres


traumatismes inoculants peuvent être : blessure avec outil, arête
de poisson, accident de voie publique, morsure.

Terrain de survenue
Dans toutes les séries, une forte prédominance masculine est
notée : 75,7 % au Yemen [32], 79,7 % au Mexique [27], 69,3 % en
Inde [20]. Le risque d’exposition aux traumatismes inoculateurs
est à peu près identique dans les deux sexes et l’on évoque une
cause hormonale. La démonstration in vitro de l’inhibition de
la croissance de M. mycetomatis en présence de progestérone est
en faveur de cette hypothèse [43]. Les patients sont des ruraux,
démunis, le mycétome étant une maladie de la pauvreté. Les
cultivateurs et éleveurs sont les plus exposés, mais l’infection a
été notée chez des maçons, bucherons, jardiniers, pécheurs,
camionneurs, ménagères, écoliers. La tranche d’âge la plus
frappée est celle des 20-40 ans. Une attention particulière a été
portée ces dernières années aux mycétomes de l’enfant, réputés Figure 2. Pied de Madura dû à Streptomyces somaliensis (Mauritanie).
rares. Les moins de 15 ans n’étaient que 15 (4,5 %) sur
334 dans une série mexicaine [44]. La plus grande série provient
du Soudan réunissant 722 cas [26].
Tableau 2.
Il y a eu très peu de recherches concernant le statut immu- [7]).
Localisations des mycétomes en pourcentage (d’après
nitaire des patients atteints de mycétome, leurs résultats sont
contradictoires. L’infection survient chez des patients apparem- Localisation Soudan Mexique
ment immunocompétents et il n’existe pas de lien avec un Pied 68,8 35
déficit de l’immunité cellulaire. Seules quelques exceptionnelles
Jambe 3,2 28
observations concernent des immunodéprimés [45, 46] . Une
susceptibilité génétique individuelle à l’infection par M. Genou 4,4 _
mycetomatis a été récemment mise en évidence [47]. Cuisse 2 _
Fesses et périnée 2 1

■ Clinique Main
Bras
10,7
3,8
2
3
La maladie évolue en trois phases : le ou les traumatismes Paroi abdominale 1 3
inoculants, souvent oubliés, l’apparition des premiers signes Thorax 1 20
cliniques et enfin la première consultation. On sait, par des
Tête et cou 3,1 3
observations privilégiées où le traumatisme initial a été identifié,
que la période d’incubation est longue, variant de plusieurs
mois à plusieurs années. Entre le début des signes cliniques et
la première consultation, le temps moyen est de plusieurs
années. L’infection qui évolue sur le mode chronique est
longtemps indolore, non invalidante. Les patients vivent loin
des centres médicaux équipés, cette pathologie ne peut être
prise en charge par des structures médicales de première ligne.
Enfin, la peur de l’amputation intervient dans ce retard à la
consultation et les patients sont encore trop souvent à un stade
avancé. La prédominance des lésions au pied, le caractère
unilatéral de la tuméfaction, l’existence de fistules avec parfois
émission de grains visibles à l’œil nu rend le diagnostic généra-
lement facile (Fig. 1). L’atteinte du pied est prédominante :
78,6 % au Soudan [26], 73,6 % en Mauritanie [23], mais seule-
ment 34 % au Mexique [27]. Dans les formes évoluées est réalisé
le tableau historique de pied de Madura avec atteinte du pied
in toto (Fig. 2). En dehors du pied, n’importe quelle partie du

Figure 3. Actinomycétome du genou dû à Nocardia brasiliensis


(Mexique) (cliché G. Buot).

corps peut être atteinte. Les résultats sont peu variables suivant
les séries. Le Mexique constitue un cas particulier (Tableau 2), il
faut y noter la fréquence de l’atteinte de la jambe (Fig. 3) et du
thorax. Cette dernière s’expliquerait par l’habitude qu’ont les
paysans mexicains de porter des fagots d’épineux sur le dos. En
dehors du Mexique, la main apparaît souvent comme la
deuxième localisation en fréquence après le pied, l’atteinte
préférentielle de la main droite a été relevée [2]. Au niveau des
membres, l’atteinte se fait en superficie sans envahissement
profond. Les mycétomes des articulations et des fesses ont
tendance à s’enkyster. Il faut souligner la particulière gravité des
localisations malléolaires, périnéales [48], de la tête et du cou en
raison des risques d’envahissement précoce [49]. Les lésions
Figure 1. Mycétome fongique du pied dû à Madurella mycetomatis,
extrapodales sont plus fréquentes lorsque les agents étiologiques
émission de grains noirs (Sénégal).
sont des actinomycètes [22, 32].

Maladies infectieuses 3
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La caractéristique du mycétome est l’existence de fistules au


niveau de la tumeur, plus ou moins nombreuses, plus ou moins
productives avec parfois émission de grains visibles. Les grains
de Nocardia sp. ne sont pas visibles à l’œil nu, les grains rouges
d’A. pelletieri sont difficiles à distinguer. Certains auteurs ont
voulu préjuger de l’étiologie en fonction de l’aspect des fistules,
mais ces nuances sémiologiques ne sont pas toujours formelles.
Les fistules des mycétomes à grains rouges siègent au sommet
de nodules, celles des mycétomes dus à A. madurae sont rares,
planes et peu productives. On oppose classiquement les actino-
mycétomes très inflammatoires, envahissants, aux mycétomes
fongiques d’évolution plus lente.
Il existe des formes non fistulisées, nodulaires, dont la
fréquence est probablement sous-estimée, leur diagnostic n’étant
fait qu’à l’examen de la pièce d’exérèse. Récemment, l’échogra-
phie s’est révélée performante dans l’exploration de ces lésions
fermées [50]. Une autre forme clinique tout à fait particulière est Figure 4. Atteinte osseuse diffuse du pied, mycétome à Actinomadura
le mycétome osseux primitif où la contamination se fait par madurae.
voie veineuse ou par inoculation directe [51]. Il se présente
comme une tumeur osseuse isolée, en l’absence de signes
cutanés. images sont constituées d’érosions corticales, de lacunes
Le mycétome à dermatophyte est une entité originale [52]. intraosseuses bien limitées par un liséré d’ostéosclérose et d’une
Cliniquement, il siège au scalp ou à la nuque, il y a rarement ostéocondensation [54]. On différencie les étiologies fongiques
émission de grains et l’aspect le plus classique est celui d’un où l’on observe des lésions osseuses lytiques et articulaires
kyste épidermique du cuir chevelu. Il ne s’observe que chez le luxantes de l’ostéite actinomycosique ostéocondensante et/ou
sujet d’origine africaine. Le diagnostic est souvent une surprise
ostéopériostée avec fusion articulaire [51].
de l’examen anatomopathologique : présence de grains blancs
À l’échographie, les grains, la capsule périphérique et la
vésiculeux avec ciment avec autour réaction à cellules géantes.
De nombreuses espèces de dermatophytes ont été incriminées : réaction granulomateuse inflammatoire réalisent des images
Microsporum langeronii, Microsporum canis, Trichophyton souda- caractéristiques [50] . Celle-ci permet de distinguer les deux
nense, Trichophyton schoenleinii, etc. comme il s’agit de champi- étiologies et de mieux préciser la taille et l’extension du
gnons d’origine endogène, certains auteurs préfèrent le terme de processus infectieux que la radiologie classique. L’imagerie par
« pseudomycétomes » pour désigner cette forme clinique. résonance magnétique (IRM) est la technique la plus perfor-
mante, en particulier pour apprécier l’envahissement des parties
■ Complications molles. L’aspect caractéristique obtenu est celui d’une masse
hétérogène en T2 contenant des nodules infracentimétriques en
L’évolution se fait plus ou moins lentement vers des compli- hypersignal délimités par des septas contenant une ponctuation
cations dont la principale est l’atteinte osseuse qui s’observe centrale en hyposignal [55, 56] . Il est pathognomonique de
surtout en cas de localisation au pied ou à la main. Le pourcen- mycétome, décrit comme « the dot in circle sign » par les Anglo-
tage de cette atteinte varie suivant les séries : 50,7 % au Saxons [57] . Le scanner en revanche détecte mieux que la
Sénégal [22], 48,5 % en Mauritanie [23] et 37,1 % au Yémen [32]. radiographie les lésions osseuses débutantes. Au Mexique, le
Les actinomycétomes sont plus ostéophiles que les mycétomes scanner hélicoïdal a permis d’obtenir des informations précises
fongiques surtout lorsque A. pelletieri et Nocardia sp. sont sur le degré d’invasion des viscères et des vaisseaux ainsi que sur
impliqués. les atteintes osseuses précoces. Il est donc tout à fait indiqué
La surinfection bactérienne des lésions cutanées ouvertes a dans les cas avec localisation thoracique, crânienne, abdominale
été longtemps sous-estimée, elle apparaît en fait commune, à ou du membre [58]. Les nouvelles méthodes d’imagerie médicale
l’origine de douleurs [53]. ne sont pas toujours disponibles en zones endémiques, souvent
On observe communément une réaction ganglionnaire à inaccessibles financièrement aux patients atteints de
proximité ou à distance. Les métastases ganglionnaires avec mycétomes.
présence de grains sont beaucoup pus rares : 6 sur 109 cas au
Sénégal [22], 9 sur 133 en Mauritanie [23]. Elles sont essentielle-
ment dues à des actinomycètes ayant des grains de petite taille
(Nocardia sp., A. pelletieri, S. somaliensis). La migration des grains ■ Diagnostic biologique
à partir du foyer initial est favorisée par un acte chirurgical non Un diagnostic de certitude ne peut être apporté que par
précédé d’antibiothérapie. Les mycétomes ganglionnaires l’étude anatomopathologique et par l’étude microbiologique.
primitifs sont exceptionnels. Seule la microbiologie permet d’aboutir à une identification
Les envahissements locaux peuvent être responsables de précise au niveau du genre et de l’espèce. La première étape est
compressions, en particulier lorsque le processus siège au niveau
le recueil des grains se faisant au vaccinostyle ou à la curette. Il
de la tête et du cou, du thorax, du périnée. C’est dans ces cas
faut obtenir un maximum de grains pour examen direct et
que l’on observe les complications les plus graves pouvant
cultures. Les fistules peuvent être sèches non productives, les
mettre le pronostic vital en jeu : compressions vasculaires,
émissions étant intermittentes. Il peut être nécessaire de
compressions neurologiques, fistules internes, envahissements
recommander au patient de se représenter s’il y a à nouveau
viscéraux.
Dans les formes évoluées de mycétome des membres infé- émission. De toute façon, une biopsie est pratiquée qu’il y ait
rieurs, le malade peut devenir un grabataire. émission ou pas. Une partie du prélèvement est fixée dans du
formol pour étude anatomopathologique et l’autre partie,
recueillie stérilement, est envoyée au laboratoire de microbiolo-
■ Bilan d’extension gie (Fig. 5). S’il y a émission de pus sans grains visibles, on
En raison de la possibilité de complications et pour adapter examine ce dernier entre lame et lamelle, certains grains de
au mieux le traitement, tout mycétome venant d’être diagnos- petite taille n’étant pas visibles à l’œil nu (Nocardia sp.).
tiqué doit avoir un bilan d’extension recherchant avant tout Les grains doivent être lavés dans du sérum physiologique
une atteinte osseuse. Une radiographie est indispensable quel contenant des antibiotiques s’il s’agit de grains fongiques. Leur
que soit l’aspect clinique et la durée de l’évolution. Il n’y a pas, couleur, taille et consistance sont notées. Un examen direct des
en effet, de parallélisme strict entre l’importance des lésions et grains est réalisé dans de la potasse à 30 %, ce qui permet de
la présence d’une atteinte osseuse. Sa caractéristique est d’asso- visualiser les filaments [8] . La taille des filaments permet
cier des lésions de destruction et de reconstruction (Fig. 4). Les d’emblée de faire la distinction entre grains fongiques et

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Échantillon
clinique

Non fixé
Fixation dans le
(conditions
formol
stériles)

Mycologie
Histopathologie
Culture sur
HES, GG, Ziehl
SAB-ATB

Nocardia
Eumycétomes Actinomycétomes
Filaments 1 µm GG+, Sporulation Mycélium stérile
Filaments > 3 µm GG+ Filaments 1 µm GG+
Ziehl+

Grains noirs Grains blancs Grains violets/rouges


Madurella mycetomatis Pseudallescheria Grains jaunes Actinomadura Petits grains Identification Technique
Leptosphaeria boydii Streptomyces madurae Nocardia asteroides du genre moléculaire
senegalensis Fusarium spp. somaliensis Actinomadura Nocardia brasiliensis et de l’espèce (PCR et séquençage)
Madurella grisea Acremonium spp. pelletieri

Figure 5. Arbre décisionnel. Diagnostic des mycétomes. GG : Gomori-Grocot ; HES : hémalun-éosine-safran ; PCR : polymerase chain reaction ;
SAB : Sabouraud-agar ; ATB : antibiogramme.

actinomycosiques. Les filaments des premiers ont un diamètre niveau de l’espèce peut être réalisée par séquençage des régions
d’environ 5 µm avec parfois des vésicules, ceux des seconds un ITS, en particulier pour les agents de mycétomes à grains noirs
diamètre inférieur à 1 µm avec parfois des franges ou « mas- (Madurella, Leptosphaeria, Pyrenochaeta, Curvularia et Exophiala)
sues » autour des grains. L’examen direct ne doit pas être qui sont les plus difficiles à identifier [10]. En effet, les régions
négligé, car il donne déjà des renseignements préliminaires ITS montrent une forte variabilité interespèce même au sein
fondamentaux sur la nature de l’agent causal. Les grains d’un même genre (par exemple les deux espèces de Leptosphaeria
fongiques sont ensemencés sur le milieu de Sabouraud addi- ont des séquences ITS qui diffèrent de plus de 12 %) alors que
tionné de chloramphénicol sans cyclohexemide. L’incubation la variabilité à l’intérieur d’une espèce donnée est très faible
des milieux de culture se fait à 37 °C, mais aussi à 25 °C, car (moins de 1 % de variation). Les recommandations actuelles
certaines espèces poussent difficilement ou pas du tout à 37 °C, préconisent donc l’utilisation des ITS comme cible d’identifica-
ce qui est d’ailleurs un des critères d’identification de l’espèce tion en première intention [62]. Cette approche a été utilisée
en cause. Les cultures doivent être conservées de 6 à 8 semaines avec succès dans des cas cliniques récents pour l’identification
avant de rendre un résultat négatif, car certaines espèces de l’agent étiologique en cause [15, 17, 18, 38, 40]. Une analyse en
poussent lentement [59]. restriction fragment length polymorphism (RFLP) peut également
L’identification du genre et de l’espèce fongique repose sur les être utilisée et permet de distinguer par exemple rapidement les
caractéristiques macroscopique et microscopique [60]. Sur le plan deux espèces de Leptopshaeria sans avoir à réaliser le séquençage
macroscopique, les caractères importants sont la couleur des des produits de PCR.
colonies, leur texture, la présence éventuelle d’un pigment Sur un plan pratique, les souches sont cultivées en milieu
diffusible et la vitesse de croissance. Sur le plan microscopique, Roswell Park Memorial Institute medium (RPMI) liquide, l’acide
l’examen de la culture permet de visualiser l’aspect et la couleur désoxyribonucléique (ADN) est extrait à partir du mycélium et
du mycélium, la sporulation asexuée ainsi que la présence d’une l’amplification des régions ITS est réalisée grâce à des amorces
reproduction sexuée. Pour certains agents, en particulier ceux fongiques universelles [10]. L’identification se fait par comparai-
des mycétomes à grains noirs, la sporulation peut être différée son avec les séquences disponibles dans GenBank en utilisant
ou absente sur des milieux de culture habituels. Il est alors de préférence, comme pour les autres groupes de champignons,
nécessaire de faire des repiquages sur des milieux spécialisés, en les séquences de souches types ou, à défaut, de souches bien
particulier des milieux pauvres pour obtenir une sporulation. Il caractérisées provenant de collections internationales [63].
est à noter que l’identification des agents de mycétomes à Jusqu’à présent, les techniques de biologie moléculaire ont
grains blancs est généralement plus aisée que ceux responsables été employées pour l’identification des espèces à partir de
de mycétomes à grains noirs. Lorsque l’identification phénoty- cultures. Néanmoins, il est probable que, dans l’avenir, des
pique classique n’est pas possible, les nouveaux outils de techniques similaires puissent être utilisées pour un diagnostic
biologie moléculaire sont d’un apport décisif. En effet, alors que et une identification directement à partir des grains ou des
peu de progrès ont été faits ces dernières années pour l’amélio- prélèvements de tissus.
ration de l’identification phénotypique, l’identification molécu-
laire (ADN barcoding) a révolutionné l’identification à partir de Sensibilité aux antifongiques
cultures pures.
La standardisation des tests de sensibilité in vitro aux
antifongiques a permis récemment d’évaluer l’activité de
Identification par biologie moléculaire différentes molécules sur les agents de mycétomes. C’est surtout
Pour M. mycetomatis, un des agents les plus fréquents, des M. mycetomatis qui a été évalué. Ainsi l’itraconazole et l’ampho-
primers spécifiques ont été mis au point pour l’identification téricine B ont montré une bonne activité sur des souches
par polymerase chain reaction (PCR) [61]. Néanmoins, de façon cliniques de M. mycetomatis avec des concentrations minimales
plus générale, il a été montré qu’une identification précise au inhibitrices (CMI) 50 % de 0,06-0,125 µg/ml pour l’itraconazole

Maladies infectieuses 5
8-606-A-10 ¶ Mycétomes

et de 0,5-1 µg/ml pour l’amphotéricine B [64]. D’autres azolés en pratique courante : les grains noirs sont toujours fongiques,
comme le kétoconazole et le voriconazole sont également actifs les grains blancs et jaunes sont fongiques ou actinomycosiques,
in vitro sur M. mycetomatis alors que le fluconazole est peu les grains violets et rouges sont toujours actinomycosiques, les
actif [65]. La 5-fluorocytosine n’a pas d’activité sur cette espèce, petits grains suggèrent des mycétomes à Nocardia.
de même que les différentes échinocandines [66]. La sensibilité Les colorations de Gomori-Grocott ou imprégnation argenti-
des autres agents de mycétomes à grains noirs, du fait de leur que, de Gram, Giemsa et Ziehl permettent de classer les
rareté, a été peu évaluée. mycétomes fongiques (Grocott positifs, Gram et Ziehl négatifs)
La Figure 5 résume les étapes à suivre pour aboutir au et actinomycosiques (Grocott négatifs, Giemsa et Gram positifs)
diagnostic étiologique d’un mycétome fongique. en fonction du diamètre des filaments. Les filaments fongiques
Dans le cas de grains actinomycosiques, on utilise les milieux sont parfois inclus dans un cément souvent homogène et
de Sabouraud glucosé, gélose au sang ou milieu de Lowenstein- mesurent plus de 3 µm de diamètre. Inversement, les filaments
Jensen. Certaines espèces, comme S. somaliensis ou A. madurae, d’actinomycètes sont bactériens et mesurent moins de 1 µm de
ne poussent que sur ce dernier milieu. Le diagnostic étiologique diamètre. Les actinomycètes sont Grocott négatifs, Gram positifs
se fait sur la vitesse de croissance des colonies, leur aspect et Ziehl négatifs. Les Nocardia sont caractérisés par des filaments
macroscopique et microscopique et surtout sur les techniques irréguliers évoquant des caractères chinois avec des branche-
habituelles d’identification, biochimiques, physiologiques et ments à angle droit. Les Nocardia sont Gram et Ziehl positifs,
chimiotaxonomiques [67, 68]. Elles sont parfois insuffisantes pour compte tenu de leur position taxonomique proche des
aboutir à un diagnostic d’espèce et l’identification moléculaire mycobactéries.
représente là aussi un progrès considérable. Les mycétomes fongiques à grains noirs sont caractérisés par
Que l’étiologie soit fongique ou bactérienne, il est souhaitable la présence d’un pigment brun noirâtre ou beige-marron. Ce
d’envoyer les cultures à un centre de référence pour identifica- pigment est relativement homogène et beige clair dans le cas
tion moléculaire et étude de la sensibilité des agents isolés aux des mycétomes à M. mycetomatis qui représentent plus de 50 %
antifongiques ou antibiotiques. des espèces identifiées en Afrique de l’ouest. Il existe deux
L’examen anatomopathologique est également important variétés pour M. mycetomatis, le type filamenteux où les fila-
pour parvenir au diagnostic de cette infection et il permet une ments apparaissent en négatif et le type vésiculeux où le
approche étiologique [69-72]. Il peut pallier les insuffisances des pigment est plus périphérique et contient des formes rondes
cultures qui restent négatives dans un nombre non négligeable vésiculeuses. Ce dernier type est plus rare et correspond à un
des cas, parfois elles n’ont pu être mises en œuvre en l’absence grain en dégénérescence probablement parce que la réaction
de grains aux examens directs. La biopsie cutanée large nous inflammatoire est efficace. Les mycétomes à Leptopshaeria sp.
semble préférable à la biopsie au « punch » qui ramène moins sont caractérisés par des grains assez volumineux, souvent
de matériel. Le diagnostic est parfois une surprise de l’examen dissociés par la réaction inflammatoire, avec un pigment noir
d’une lésion qui n’évoquait pas cliniquement un mycétome, foncé en périphérie. Madurella grisea induit la formation de
mais où l’on va retrouver des grains. petits grains réniformes de couleur beige clair homogène alors
Les prélèvements adressés au laboratoire d’anatomie patholo- que Pyrenochaeata romeroi est caractérisé par la présence de
gique sont très variables. Les exsudats et/ou les grains issus d’un grains ovales avec un pigment brun noir refoulé en périphérie.
trajet fistuleux, d’une exulcération ou d’un abcès peuvent être En ce qui concerne les mycétomes fongiques à grains blancs, il
étudiés par les techniques cytologiques après coloration de est impossible de préciser l’espèce contrairement aux grains
Papanicolaou, de Harris, de Giemsa et de Gomori-Grocot (GG). noirs. Plusieurs espèces ont été identifiées : Pseudallescheria
L’examen cytologique, souvent peu utilisé, est particulièrement boydii, Acremonium sp., Fusarium sp. Les grains de dermatophy-
intéressant, car il permet un diagnostic rapide lorsque les grains tes, blancs également, sont caractérisés par un ciment diffus
sont caractéristiques [73]. Les biopsies et les pièces d’exérèse pour englobant de nombreuses vésicules, les grains de Neotestudina
une pseudotumeur ou une zone d’induration suspecte, ou rosatii, espèce exceptionnellement isolée, sont très proches.
encore une exérèse chirurgicale large lorsque l’atteinte osseuse Actinomadura madurae est l’espèce type des actinomycétomes
patente ne permet qu’un traitement chirurgical sont traités par à grains blancs réalisant des grains irréguliers souvent de grande
les techniques histologiques conventionnelles après fixation taille, de couleur bleu violet à l’hémalun-éosine (HE), sans
dans le formol tamponné ou l’alcool ou le liquide de Carnoy ou cément, entourés de massues éosinophiles. Une seule espèce
des fixateurs plus récents comme le RCL2. La durée de fixation donne des grains rouges : Actinomadura pelletieri. Les grains sont
est fonction de la taille de la pièce d’exérèse sachant qu’un arrondis sans cément ni massues et de couleur rouge homogène.
fixateur pénètre d’environ 1 mm par heure et donc qu’une L’espèce type des mycétomes à grains jaunes ou gris est Strepto-
fixation de 24 à 48 heures dans le formol est suffisante pour les myces somaliensis. Ils forment des grains ovales à bord régulier
petits prélèvements. Les pièces plus volumineuses nécessitent de texture homogène à l’hématéine éosine rouge. Les petits
des fixations prolongées de 1 à 2 semaines, ce qui retarde le grains suggèrent d’emblée un mycétome à Nocardia nettement
diagnostic. Quant aux prélèvements osseux, ils doivent de majoritaire en Amérique du sud (N. brasiliensis, N. asteroides,
surcroît être décalcifiés plusieurs heures avant d’être traités par N. otitidiscavarium). Ces grains mesurent de 50 µm à 150 µm de
les techniques histologiques. diamètre, ne comportent pas de cément et sont parfois limités
À l’hémateine éosine, les lésions histologiques induites par les . par des massues éosinophiles correspondant au phénomène de
agents des eumycétomes et des actinomycétomes comportent Splendore-Hoeppli. La positivité des colorations de Gram et de
des lésions aiguës suppuratives : abcès et foyers de nécrose Ziehl doit être vérifiée.
riches en polynucléaires neutrophiles, associées à des lésions Ce diagnostic histopathologique doit être confronté aux
chroniques de type granulomateux, granulomes à cellules conclusions de l’examen mycologique et maintenant aux
épithélioïdes et géantes. Ces lésions mixtes pyoépithélioïdes résultats des techniques moléculaires des laboratoires spécialisés.
sont intriquées et réalisent un nodule mycotique : au centre, le Il existe une bonne corrélation pour les grains noirs, mais
foyer de nécrose abcédée contenant le(s) grain(s) puis, en l’identification directe des grains par les techniques de biologie
périphérie, l’assise épithélioïde puis les infiltrats lymphoplas- moléculaire reste à réaliser. Lorsque l’on ne trouve pas de grains
mocytaires et la fibrose pouvant être remaniés par des foyers de au sein des lésions, il faut demander de refaire des coupes. Le
congestion hémorragiques, des lésions d’endartérite fibreuse ou cas de figure le plus difficile est celui où, malgré les recoupes,
des bandes de fibrose extensive ou encore des lésions immu- on ne trouve pas de grains alors que la clinique est évocatrice,
noallergiques comme des « massues » correspondant à un que les cultures restent négatives ou qu’il n’a pas été possible
mécanisme de Splendore-Hoeppli. Toutes ces lésions n’ont d’en faire faute de matériel. Il devient difficile alors de choisir
aucune spécificité, mais, dans le cas des mycétomes, elles ont la thérapeutique la plus adaptée.
une caractéristique commune : elles sont centrées sur des grains La sérologie a été appliquée au diagnostic des mycétomes
dont la forme, la taille et la couleur permettent un diagnostic aussi bien fongiques qu’actinomycosiques. En raison de
d’espèce et de genre dans la majorité des cas particulièrement l’absence de standardisation des antigènes, d’un manque de
utile pour guider la thérapeutique. Quelques axiomes sont utiles sensibilité et de la fréquence des réactions croisées, elle a été

6 Maladies infectieuses
Mycétomes ¶ 8-606-A-10

peu utilisée en pratique courante [3] . Au Mexique, un test des foyers infectieux. Il peut s’agir d’exérèse suivie de greffe ou
enzyme linked immunosorbent assay (Elisa) a été mis au point d’interventions plus radicales visant à conserver l’appui [81]. Le
pour le diagnostic d’infection à N. brasiliensis, agent prédomi- risque de récidive est élevé, supérieur à 50 % pour certains
nant dans ce pays [5]. Il détecte les anticorps dirigés contre un auteurs, pouvant apparaître des années après l’intervention.
antigène de 24 à 26 kDa. Pour les cas avancés avec destructions osseuses majeures, on ne
peut proposer qu’une amputation parfois réclamée par le
patient. La possibilité d’un appareillage rapide la rend plus
■ Traitement acceptable. Dans les pays endémiques, les plus pauvres, la
chirurgie est pratiquement la seule option en raison du coût
Le traitement des mycétomes a connu des progrès notables d’une cure prolongée d’azolés.
ces dernières années [5, 6, 74, 75], mais cela concerne surtout les Le traitement des actinomycétomes est mieux codifié, il fait
étiologies bactériennes. On ne dispose pas d’études randomisées appel aux antibiotiques [5, 75]. Les essais thérapeutiques sur N.
concernant leur traitement médical. Il doit être adapté à l’agent brasiliensis ont été les plus nombreux et se poursuivent.
causal que ce soit un actinomycète ou un champignon, d’où
Le schéma classique associe la diaminophénylsulfone (DDS) :
l’importance de son identification précise. Certains répondent
100 à 200 mg/j et le cotrimoxazole (triméthoprime-
moins bien que d’autres aux traitements médicaux, c’est le cas
sulfaméthoxazole) 80/400 à 160/800 mg sur une période
de ceux dont les grains ont un ciment interstitiel (M. mycetoma-
longue, adaptée à la réponse clinique. Les indications chirurgi-
tis, S. somaliensis). L’existence d’une atteinte osseuse n’est pas
cales sont rares et ne se discutent qu’après un traitement
une contre-indication à un traitement médical, mais elle
médical prolongé. Une chirurgie d’emblée ferait courir le risque
aggrave le pronostic et rend le résultat plus incertain. Qu’il y ait
de dissémination des grains par voie lymphatique au moment
atteinte osseuse ou non, le traitement doit être prolongé, de
plusieurs mois à plusieurs années. La durée est difficile à établir, de l’intervention avec métastase ganglionnaire se révélant dans
se fondant sur la guérison clinique apparente, mais il n’existe un second temps. En cas de réponse médiocre ou de localisation
pas de critère formel de guérison, en particulier biologique. avec risque d’envahissement viscéral, l’amikacine est rajoutée à
Les formes nodulaires sont les seules justiciables d’une simple la dose de 15 mg/kg par jour par cycle de 15 à 21 jours. Une
chirurgie. En fait, bien souvent, c’est l’examen de la pièce alternative est représentée par l’amoxicilline-clavulanate [44, 82].
d’exérèse qui établi le diagnostic. Une surveillance prolongée Dans les formes graves réfractaires aux sulfonamides, l’imipé-
postopératoire est souhaitable. neme, associé ou non à l’amikacine, s’est montré efficace et
Dans le cas d’une étiologie fongique, un traitement médical bien toléré [83]. Au Sénégal, le cotrimoxazole a permis d’obtenir
de première intention est recommandé. Même s’il est souvent des résultats intéressants dans le traitement des mycétomes à
insuffisant pour obtenir seul une guérison, il peut permettre de grains rouges à condition d’être utilisé pendant un minimum de
diminuer la tuméfaction, facilitant la chirurgie, et faisant baisser 1 an et d’être poursuivi si la réponse est incomplète [22] .
le risque de récidive postopératoire [76-78]. Les azolés se sont Quelques succès ont été aussi obtenus dans des cas dus à A.
révélés actifs in vitro et parfois in vivo. L’itraconazole est madurae. Ceux-ci, comme ceux ayant S. somaliensis comme
recommandé en première intention. Plusieurs publications ont étiologie, sont réputés moins sensibles aux thérapeutiques
fait état de guérison par ce seul antifongique qu’il y ait ou non habituelles et la meilleure option pour ces deux espèces semble
atteinte osseuse [36, 38]. Les agents étiologiques étaient variés, à être le cotrimoxazole associé à des cures d’amikacine. Le
grains noirs : M. mycetomatis, Cladophialophora ou à grains traitement des mycétomes est résumé dans le Tableau 3.
blancs : Fusarium, Aspergillus, Acremonium. Pour la plupart des Si le traitement médical en première intention est recom-
auteurs, l’itraconazole seul est insuffisant et doit être associé à mandé aussi bien pour les étiologies bactériennes que fongiques,
une chirurgie. Des azolés de nouvelle génération ont donné des des incertitudes persistent. Sa durée est mal définie et la
résultats prometteurs, demandant à être confirmés comme le décision de son arrêt repose sur des critères cliniques, insuffi-
voriconazole [39-41]. Le posaconazole est proposé pour les cas sants. La surveillance après traitement doit être longue, se
réfractaires aux autres azolés [79]. La terbinafine [80] apparaît poursuivant sur plusieurs années. Mais, là encore, il n’y a pas
moins efficace que les azolés ainsi que l’amphotéricine B d’un de durée reconnue, certains préconisent un minimum de 3 ans.
usage peu adapté à ce type de patient. Le risque de récidive est en effet important, il s’agit plutôt de
La chirurgie, associée ou non à des antifongiques, vise à être reprise du processus puisqu’il survient au même endroit qu’ini-
la moins mutilante possible tout en évitant de laisser en place tialement et qu’il implique le même agent étiologique. En zone

Tableau 3.
Traitement des mycétomes.
Actinomycétomes
Nocardia sp.
DDS 100-200 mg/j + triméthoprim-sulfaméthoxazole 80/400 à Autres options :
160/800 mg/j jusqu’à guérison clinique, en cas de localisation avec – amoxicilline 875 mg + acide clavulanique : 125 mg × 2/j pendant 3 à 6 mois
risque d’envahissement rapide ou de réponse médiocre : rajout
– imipénem : 500 mg × 3/j en cure de 3 semaines seul ou associé à l’amikacine proposé
d’amikacine 15 mg/kg par jour pendant 15 à 21 jours (1 à 5 cycles
dans les cas réfractaires aux sulfonamides. La cure d’imipénem sera répétée au bout
selon réponse) poursuivre ensuite le traitement initial
de 6 mois
A. pelletieri
Triméthoprime-sulfaméthoxazole 80/400 à 160/800 mg/j traitement
minimum de 1 an à poursuivre en cas de guérison incomplète après
ce délai
A. madurae ou S. somaliensis
Triméthoprime-sulfaméthoxazole 80/400 à 160/800 mg/j + cures Autres options :
d’amikacine à adapter selon réponse – triméthoprime-sulfaméthoxazole + DDS 100-200 mg/j jusqu’à guérison clinique
– triméthoprime-sulfaméthoxazole + streptomycine 1 g/j sans dépasser 50 g
Mycétomes fongiques
Formes nodulaires : chirugie-exérèse Autres options :
Formes fistulisées : itraconazole 400 mg/j en dose d’attaque pendant – voriconazole 400-600 mg/j en 2 prises, durée selon réponse
un minimum de 3 mois puis 200 mg/j. Si réponse médiocre ou nulle, – posaconazole proposé dans les cas réfractaires 800 mg/j en 2 prises
associer la chirurgie.
DDS : diaminophénylsulfone.

Maladies infectieuses 7
8-606-A-10 ¶ Mycétomes

d’endémie, les patients sont trop souvent perdus de vue après [25] Develoux M, Audouin J, Treguer J, Vetter JM, Warter A, Cenac A.
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M. Develoux (michel.develoux@sat.aphp.fr).
Laboratoire de parasitologie-mycologie, Hôpital Saint-Antoine, 184, rue du Faubourg-Saint-Antoine, 75012 Paris, France.
E. Dannaoui.
Laboratoire de parasitologie-mycologie, Hôpital européen Georges Pompidou, 20, rue Leblanc, 75015 Paris, France.
M. Huerre.
Unité d’histopathologie, Institut Pasteur, 25-28, rue du Docteur-Roux, 75015 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Develoux M., Dannaoui E., Huerre M. Mycétomes. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Maladies
infectieuses, 8-606-A-10, 2011.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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