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I SYNTHÈSE I
Le microbiote intestinal
et la résistance antimicrobienne
SOMMAIRE
12 I OBSERVATOIRE
Biocodex Microbiota Foundation
14 I RETOUR DE CONGRÈS I
Points clés du 55e congrès Retrouvez ce numéro
et les archives ici :
de l’Espghan
Le microbiote
dans les environnements non cliniques
reste incertain, mais souligne le fait qu’un
groupe de gènes facilement accessibles
intestinal et
précède l’utilisation clinique d’antibio-
tiques et explique leur émergence rapide
chez les agents pathogènes. La crise ac-
la résistance
tuelle des antibiotiques est un phénomène
d’évolution, et les stratégies d’atténuation
doivent prendre en compte l’écologie mi-
antimicrobienne
crobienne. Le problème émerge du dé-
veloppement rapide de la résistance par
les agents pathogènes précédemment
sensibles, qui entraîne l’échec des traite-
ments. Cette problématique est exacer-
L
bée par le fait que très peu de nouveaux
antimicrobiens sont attendus sur le mar-
a résistance aux antibiotiques est ancienne et répandue, et le résistome
ché [3]..
environnemental est un réservoir de gènes de résistance alimentant la
pandémie silencieuse de la résistante antimicrobienne.
Le transfert horizontal de gènes, les dynamiques démographiques Mécanismes favori-
et la co-sélection accélèrent l’émergence et la dissémination du résistome, sant l’émergence
et, en 2050, plus de 10 millions de décès seront causés chaque année et la dissémination
par la résistance aux antibiotiques.
La colonisation précoce du microbiote intestinal favorise la dysbiose,
du résistome
qui peut entraîner une abondance et une diversité accrues des gènes du
Le résistome désigne l’ensemble des
résistome intestinal des nourrissons. gènes qui encodent les protéines liées à
L’adoption d’une approche « One Health » tenant compte de l’interconnexion, la résistance aux antibiotiques (RA) ou les
entre la santé humaine, la santé animale et l’environnement est essentielle protéines pouvant potentiellement évoluer
pour résoudre les défis complexes posés par la résistance aux antibiotiques. pour devenir des agents RA puissants [4]
(figure 1). Cet ensemble inclue les gènes
RA reconnus des bactéries pathogènes
(celles qui posent problème), les gènes RA
issus des organismes produisant des anti-
Résistance aux anti- biotiques, comme les Streptomyces spp.,
qui produisent l’antibiotique streptomycine
biotiques dans l’envi- et le gène de résistance associé [5], les
ronnement : un gènes RA cryptiques (c.-à-d. des gènes
pouvant générer de la résistance dans
problème préexistant un contexte génétique différent ; p. ex.,
des pompes d’efflux surexprimées ou des
La résistance aux antibiotiques (RA) est un porines sous-exprimées), et les gènes RA
phénomène ancien et répandu dans l’en- précurseurs codant des protéines avec un
vironnement, qui existait déjà bien avant niveau minimum d’affinité ou de résistance
l’introduction des molécules antibiotiques aux composés antibiotiques.
en tant que traitement. L’environnement
sert de vaste réservoir de gènes de résis-
tance aux antibiotiques : diverses com-
munautés microbiennes hébergent des
mécanismes de résistance. Des gènes
de RA ont été trouvés dans différents Il est à noter qu’une partie considé-
milieux environnementaux, dont la terre, rable de ces sous-groupes de gènes
Photo : Shutterstock.
I4
—————
FIGURE • 1 Comprendre les obstacles et les
tendances qui régulent le transfert de
Le concept de résistome.
vecteurs génétiques hébergeant des
gènes de résistance est crucial pour
élaborer des stratégies d’atténuation
éco-évolutives éclairées, afin de limiter
Gènes RA la dissémination de la RA en début
pathogènes de vie et, de façon générale, dans
les environnements cliniques.
I5
I SYNTHÈSE I Le microbiote intestinal et la résistance antimicrobienne I
sur des souris ont montré que pendant associés à partir d’espèces spécifiques réduction de la population d’Escherichia
cette fenêtre de développement critique, ou de souches de bactéries. Dans une coli et favoriser la présence d’un résis-
c’est l’altération de la composition du mi- étude récente, des chercheurs ont ana- tome accru à l’âge de 1 an. Cette altéra-
crobiote intestinal, plutôt que l’effet direct lysé des échantillons de matière fécale tion est également confirmée par l’obser-
des molécules antibiotiques, qui entraîne de 662 nourrissons provenant d’une co- vation selon laquelle l’abondance plus
des conséquences métaboliques comme horte d’enfants suivis depuis la naissance élevée de gènes RA est associée à un
l’obésité [13]. jusqu’à l’âge de 7 ans [14]. Les objectifs score de maturité du microbiote intestinal
de l’étude étaient de créer un aperçu, à plus faible, sur la base de ratios entre des
l’échelle d’une cohorte, du résistome à taxons spécifiques liés à l’âge [16].
l’âge de 1 an et d’identifier les facteurs
périnataux et environnementaux associés
à l’abondance et à la diversité des gènes
AR. Les chercheurs ont utilisé le séquen-
Photo : Shutterstock. çage shotgun métagénomique d’échan- Le traitement antibiotique pendant
tillons obtenus à l’âge de 1 an issus de la grossesse et la première année
662 enfants pour identifier les gènes RA du nourrisson avait évidemment
et les taxons bactériens présents dans les un impact sur l’abondance
échantillons (figure 2). Utilisant leur vaste du résistome intestinal de l’enfant.
ensemble de données, les auteurs ont été
Analyse du résis- capables de reconstruire les génomes
Une tendance temporelle nette
a pu être observée entre le temps
tome intestinal assemblés à partir de données métagé- passé (supérieur ou inférieur à
nomiques (MAG), ce qui leur a permis de 6 mois) depuis le dernier traitement
des nourrissons : déterminer avec assurance la taxinomie antibiotique pris par un enfant
informations issues des génomes reconstruits et leur contenu et l’abondance de gènes RA dans
son intestin.
génétique RA.
d’une vaste étude
de cohorte L’un des premiers résultats observés était
que les nourrissons avaient au moins un Cette donnée indique un certain niveau de
Bien que la résistance aux antibiotiques type de gène AR résistant à plusieurs résilience à un âge précoce, qui pourrait
soit problématique à tous les âges de la médicaments dans leur intestin, ce qui potentiellement être améliorée par une
vie, la formation du microbiote intestinal indique que même en l’absence de trai- intervention ciblée, p. ex., avec des pro-
à un âge précoce représente une fenêtre tement antibiotique, il existe un résistome biotiques ou des prébiotiques, et reste à
d’opportunité pour limiter l’accumulation fixe associé au microbiote intestinal. En tester. À l’échelle de la cohorte, les plus
de gènes RA dans l’intestin. Il est donc effet, de nombreux gènes de résistance grandes différences en matière d’abon-
important d’identifier les différents fac- à plusieurs médicaments ont été iden- dance de gènes RA ont cependant été
teurs qui augmentent ou réduisent l’abon- tifiés comme des pompes d’efflux. Ces trouvées dans les gènes de résistance
dance des gènes RA pouvant se propa- protéines sont des composants normaux à des antibiotiques qui n’avaient pas été
ger à des agents pathogènes infectieux et de chaque cellule bactérienne, mais cer- prescrits aux enfants, ce qui implique que
provoquer l’échec des traitements antibio- taines peuvent engendrer une résistance les facteurs périnataux et environnemen-
tiques au cours de la vie. Pour étudier le aux antibiotiques et sont très facilement taux, en dehors du traitement antibiotique,
résistome intestinal humain dans son en- sélectionnées par résistance croisée, par influencent également le résistome intes-
semble, les chercheurs s’appuient sur une exemple aux métaux lourds ou aux bio- tinal. Autre observation de cette étude
approche générale se penchant à la fois cides, ce qui explique potentiellement leur en lien avec l’environnement proche et le
sur la présence des différentes espèces forte abondance dans l’intestin, mais éga- résistome intestinal associé : les enfants
et le potentiel fonctionnel des génomes, lement dans tous les environnements [8, dont le foyer se trouvait dans des zones
qui inclut le résistome. Les chercheurs 15]. Un autre résultat frappant était la nette urbaines présentaient une quantité signi-
s’appuient sur l’extraction d’ADN envi- séparation de la cohorte en deux groupes, ficativement plus élevée de gènes RA
ronnemental d’échantillons équivalents selon leur profil de résistome. Le premier que les enfants vivant dans des zones
(p. ex., échantillon de selles pour les intes- groupe était caractérisé par une diversité rurales. Il existe une multitude de facteurs
tins), suivie par le séquençage haut débit et une abondance relative plus élevées de de confusion pouvant expliquer cette dif-
non ciblé (séquençage shotgun métagé- gènes RA, avec Escherichia coli en tant férence, mais cette observation renforce
nomique). Environ 80 % des espèces de que principal contributeur des gènes RA, l’idée que la contribution de l’environne-
bactéries de l’intestin humain détectées comme indiqué dans la figure 2. Cette ment au développement du microbiote en
par les outils moléculaires ne sont pas constatation s’accorde avec les observa- début de vie est extrêmement importante.
cultivables, en particulier les anaérobies tions antérieures, selon lesquelles les En-
spécialisés présents dans l’intestin. Il est terobacteriaceae sont abondantes en dé- Parmi les différentes hypothèses, on peut
probable que de nombreux microorga- but de vie, mais qu’elles doivent diminuer penser que la vie urbaine implique moins
nismes soient organisés en agrégats de rapidement lorsque les populations de de contact avec l’extérieur et une réduction
cellules multi-espèces avec des co-dé- Bacteroidetes commencent à coloniser de la diversité du microbiote, ou que le type
pendances métaboliques, ce qui rend l’intestin. L’altération de cette maturation de logement associé aux environnements
l’isolement de souches pures délicat, voire chez certains enfants peut être associée ruraux (maison) ou urbains (appartement)
impossible. Grâce à des méthodes infor- à une combinaison de plusieurs facteurs, a des conséquences sur le microbiote en
matiques, il est cependant possible de comme l’utilisation d’antibiotiques, le type intérieur, comme on peut le voir dans la
reconstruire des génomes quasi complets d’accouchement ou le caractère rural ou composition de la poussière de lit.
de métagénomes et de gènes encodés urbain du foyer, qui semblent retarder la
I6
FIGURE • 2
Facteurs influençant l’abondance
et la diversité des gènes RA dans
le microbiote humain en début de vie. Antibiotiques Naissance Antibiotiques Foyer urbain
reçus il y a moins par pendant
de 6 mois césarienne la grossesse
Number of children
Groupe 1 (438)
n=662 Groupe 2
échantillons (224)
de selles
Faible Haute
resistance resistance
Conclusion
La résistance aux antibiotiques est ancienne et répandue, et le résistome environnemental est un réservoir
de gènes de résistance clinique potentiels. Des mécanismes tels que le transfert horizontal de gènes, les
dynamiques démographiques complexes et les effets de co-sélection ont été identifiés comme des facteurs
significatifs d’accélération de l’évolution et de la propagation du résistome antibiotique, qui rendent résistantes
au traitement antibiotique les souches d’agents pathogènes précédemment sensibles aux antibiotiques. Le
microbiome intestinal humain et sa phase de développement précoce sont sujets à la dysbiose et à l’invasion,
sélection et co-sélection potentielles de bactéries hébergeant des gènes de résistance, qui peuvent avoir des
conséquences à long terme sur la santé. La nature de la relation de ce phénomène avec l’échec de futurs
traitements antibiotiques reste incertaine. Une haute résolution temporelle et des études multiomiques à
long terme sont nécessaires pour identifier, en premier lieu, les tendances longitudinales du développement
du microbiome intestinal et, dans un second temps, les voies les plus probables pour le transfert de gènes RA
par THG. Ensemble, ces résultats fourniront des informations permettant d’élaborer des stratégies préventives
pour atténuer le développement de la RA dès un stade précoce de la vie et limiter son transfert vers des agents
pathogènes problématiques. Cette démarche est de la plus haute importance pour réduire le fardeau de la
pandémie mondiale de résistance aux antimicrobiens et améliorer la santé publique à travers le monde en
préservant l’efficacité des quelques antibiotiques disponibles pour lutter contre les maladies infectieuses.
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I7
ARTICLE COMMENTÉ
Photo : Shutterstock.
R ub ri q u e ad u l t e
I8
FIGURE 1 Effet du 3-IAA
Des souris axéniques ont été injectées par voie orthotopique avec des cellules de cancer Points clés
pancreatique et traitées avec ou sans (+/-) 3-IAA et/ou avec ou sans FIRINOX, et le poids de
la tumeur a été évalué au 20ème jour de l’expérience (n = 5 ou 6). Chaque symbole repré-
sente une souris. Une des trois expériences indépendantes est présentée. Les barres d’erreur e microbiote intestinal est
L
indiquent les valeurs des erreurs-type. Les valeurs P significatives sont indiquées et ont été différent chez les patients
déterminées par MANOVA. avec PDAC répondeurs
et non répondeurs à la chimio-
p
thérapie
D0 Injection 0,0003
orthotopique
SPF
600 0,0006 e métabolite du tryptophane
L
0,0038 3-IAA, produit par le micro-
Poids de la tumeur (mg) biote, est enrichi chez les
400 Non traité patients répondeurs
+/– 3-IAA
I9
ARTICLE COMMENTÉ
Photo : Shutterstock.
R ub ri q u e en f an t
I10
FIGURE 1
Mise en place du microbiote intestinal chez de grands prématurés
Point clé non cholestatiques.
Phylum Genre
[ CONCLUSION ]
FIGURE 2 Altération de la synthèse des acides biliaires secondaires lors de cholestase. Chez les nouveau-nés grands
prématurés, la cholestase modifie
Biosynthèse AB secondaires * P< 0,05 Gène BSH la mise en place du microbiote
5 0,15 intestinal, en diminuant l’acquisi-
Abondance relative (%)
0 0
•1. Lynch LE, Hair AB, Soni KG, et al. Cholestasis impairs gut
microbiota development and bile salt hydrolase activity in preterm
AB : acides biliaires / BSH : hydrolase des acides biliaires neonates. Gut Microbes 2023 ; 15 : 2183690.
I11
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1re édition
Photo : Shutterstock.
microbiotes ? Que savent-ils du
bon comportement à adopter comme le microbiote urinaire (seulement
pour prendre soin de leurs En règle générale, les personnes inter- 14 % savent précisément ce que c’est), le
microbiotes ? Quel est le rôle joué rogées ont assez peu de connaissances microbiote pulmonaire (seulement 13 %
par les professionnels de santé sur le microbiote : seule 1 personne 5 savent précisément ce que c’est) et le mi-
dans l’information des patients ? déclare savoir précisément ce que si- crobiote ORL (11 % savent précisément
Pour répondre à ces questions, le gnifie le mot microbiote (21 %), alors ce que c’est).
Biocodex Microbiota Institute a que les autres admettent ne connaître
confié à Ipsos la réalisation d’une que le mot (43 %). Plus d’1 personne > Le rôle et l’importance
sur 3 indique n’avoir jamais entendu le du microbiote sont
grande enquête internationale
terme (36 %). En outre, lorsque nous es-
sur ce sujet : l’Observatoire
sayons d’en savoir plus sur leur niveau
plutôt mal connus
International des Microbiotes.
de connaissance, les notions sont su- Environ 3 personnes interrogées sur 4
Pour mener cette enquête, Ipsos a
perficielles. Si une petite majorité affirme savent qu’un risque de déséquilibre du
interrogé 6 500 personnes dans
connaître le microbiote intestinal (53 %, microbiote peut avoir des conséquences
7 pays. L’enquête a été menée mais seulement 24 % savent exactement majeures sur la santé (75 %), que notre
du 21 mars au 7 avril 2023. de quoi il s’agit), les autres types de mi- alimentation a des conséquences ma-
Les résultats ont été présentés crobiotes sont nettement moins connus, jeures sur l’équilibre de notre microbiote
le 27 juin, lors de la Journée qu’il s’agisse du microbiote vaginal (45 % (74 %) et que notre microbiote joue un
mondiale du microbiome. des personnes interrogées connaissent rôle réel dans les mécanismes de défense
le terme, mais seulement 18 % savent immunitaire (72 %). Pour le reste, les
précisément ce que c’est), le microbiote connaissances restent très modérées.
6 500
personnes
buccal (43 % connaissent le terme, mais
17 % savent ce que c’est) ou le microbiote
Plus d’1 personne sur 3 ne sait pas que
les antibiotiques ont un impact sur notre
interrogées dans
7 pays1
1 personne sur 5
déclare savoir précisé-
ment ce que signifie le
mot microbiote (21 %) 1 personnes sur 3
a été informé du fait que la prise
I12
microbiote (34 %). Près d’1 personne sur > Les informations que son médecin l’a informé du risque de
2 ne sait pas que le microbiote est consti- problèmes digestifs associés aux antibio-
tué de bactéries, de champignons et de
fournies par les profes- tiques (41 %). Seulement 1 sur 3 a reçu
virus (46 %) et qu’il permet à l’intestin de sionnels de santé : un des conseils visant à réduire au maxi-
transmettre au cerveau des informations vecteur d’information mum les conséquences négatives de la
essentielles sur la santé (47 %). 1 per- qui change la donne ! prise d’antibiotiques sur leur microbiote
sonne sur 2 pense que lorsque notre mi- (34 %) ou a été informé du fait que la prise
crobiote est déséquilibré ou ne fonctionne Moins d’1 patient sur 2 déclare que son d’antibiotiques pourrait avoir des consé-
pas correctement, on ne peut pas y faire médecin lui a déjà expliqué comment quences négatives sur l’équilibre de son
grand-chose (47 %). Enfin, la grande ma- maintenir un microbiote équilibré (44 %, microbiote (33 %).
jorité des personnes interrogées ne sa- mais chez seulement 19 % cela a été ex-
vaient pas que de nombreuses maladies, pliqué plus d’une fois) ou lui a prescrit des L’enquête montre qu’à partir du moment
comme la maladie de Parkinson, la ma- probiotiques ou des prébiotiques (46 %, où un patient a reçu toutes les informations
ladie d’Alzheimer et l’autisme, pourraient mais seulement 21 % indiquent que cela de la part de son professionnel de santé,
être liées au microbiote (75 %). a été fait plusieurs fois). Seule une mino- et ce de manière répétée, son rapport
rité des personnes interrogées déclarent au microbiote change considérablement
> Le début d’une prise avoir été informées par leur médecin de et se démarque de la moyenne. Plus de
de conscience ? l’importance d’un microbiote bien équili- 9 personnes sur 10 (95 %) ayant reçu des
bré (42 %). Enfin, seule 1 personne sur 3 informations répétées de la part de leur
Plus d’1 personne sur 2 disent aujourd’hui indique que son médecin lui a déjà expli- professionnel de santé ont adopté des
avoir adopté au quotidien des compor- qué ce qu’est le microbiote et à quoi il sert comportements favorables au maintien
tements favorables au maintien d’un mi- (37 %, et cela a été expliqué plusieurs fois d’un microbiote équilibré, contre 57 %
crobiote équilibré (57 %). Si nous pou- à seulement 15 %). de l’ensemble des personnes interro-
vons nous féliciter de cette prise de gées. Des informations répétées fournies
conscience, elle doit être mise en pers- Les informations fournies par les mé- par un professionnel de santé ont donc
pective. Premièrement, parce que seule decins lors de la prescription d’antibio- un impact très puissant sur les niveaux de
1 personne sur 7 déclare faire « très tiques demeurent insuffisantes pour connaissance et les comportements.
attention » (15 %) à son microbiote, tan- permettre aux patients de comprendre
dis que la plupart des autres disent y les risques du traitement en termes de
faire « un peu attention » (42 %). Deu- déséquilibre du microbiote. La pres- Cette enquête exclusive révèle
xièmement, 43 % des personnes interro- cription d’antibiotiques devrait être une à la fois un manque général de
gées ont répondu n’avoir adopté aucun opportunité de fournir des informations compréhension de la manière
comportement spécifique. Les résultats essentielles sur le microbiote, mais sou- dont le microbiote influe sur
de l’Observatoire international des micro- vent ce n’est pas le cas. Lors de la pres- notre santé et du rôle essentiel
biotes montrent qu’il reste beaucoup à cription d’antibiotiques, par exemple, le des professionnels de santé
faire dans ce secteur. microbiote du patient est exposé à un dans la transmission des
risque. Lorsque des antibiotiques sont connaissances.
prescrits, moins d’1 patient sur 2 indique
95 % 57 %
1 patient sur 2 des personnes ayant reçu des
contre
de l’ensemble
informations répétées de la part de des personnes
déclare que son médecin
leur professionnel de santé ont adopté interrogées
lui a déjà expliqué comment maintenir
des comportements favorables au
un microbiote équilibré
maintien d’un microbiote équilibré
I13
RETOUR DE CONGRÈS
IP
oints clés du 55e congrès de l’Espghan
4 300 participants du monde entier se sont réunis au congrès 2023 de l’Espghan spécifiques, la TMF pourrait, si elle est
(European Society of Pediatric Gastroenterology Hepatology and Nutrition), tenu à sans danger, représenter un traitement
Vienne. Suivant la période difficile de la pandémie de Covid-19, cet événement a offert
définitif pour restaurer efficacement un
une expérience revitalisante au cours de laquelle les participants pouvaient assister
à des présentations en direct et avoir des discussions en face à face. Cette interaction microbiome gastro-intestinal sain. Dans
en personne s’est avérée être significativement plus agréable et enrichissante que les l’étude de De Bruijn et al., 32 patients
événements virtuels. Divers groupes de recherche ont axé leur travail sur le microbiome âgés de 16 à 21 ans présentant un SII ré-
intestinal et ont présenté des données convaincantes dans le domaine de la pédiatrie. fractaire ont été recrutés et randomisés.
Un groupe a reçu des perfusions fécales
L’impact du microbiome sur la santé et groupe de l’Amsterdam UMC, a présen- allogènes (issues d’un donneur sain) et
les maladies est largement reconnu ; il té l’étude du groupe sur l’efficacité de la l’autre groupe a reçu des perfusions fé-
est donc évident que les cliniciens et les TMF chez les adolescents présentant un cales autologues (issues du patient lui-
chercheurs en pédiatrie essayent d’ac- SII réfractaire dans un essai randomisé en même) par une sonde naso-gastrique au
céder à une meilleure compréhension de double aveugle contrôlé versus placebo début de l’étude, puis 6 semaines plus
la façon dont nous pouvons manipuler le [2]. Sa présentation était captivante, mais a tard. L’efficacité clinique a été définie par
microbiome et, en utilisant la signature également suscité beaucoup de réactions la proportion de patients présentant une
du microbiome, détecter la maladie à un dans l’audience lors de l’affichage d’une réduction de plus de 50 points dans le
stade précoce. Cette revue vise à mettre diapositive montrant un patient recevant système de notation de la gravité du SII
en lumière plusieurs sujets clés ayant été des seringues contenant de la matière (IBS-SSS). Les patients ont été évalués
longuement discutés. fécale. À notre connaissance, seule une 12 semaines et 6 mois après la TMF. Les
autre étude pédiatrique a évalué la TMF deux groupes avaient des scores d’IBS-
Recommandations pour le soulagement des ballonnements SSS similaires au début de l’étude. Après
concernant l’utilisation de abdominaux, une autre caractéristique la première évaluation, aucune différence
probiotiques pour certains des troubles de l’interaction intestin-cer- statistique n’a été observée, mais au bout
troubles pédiatriques veau souvent présente dans le SII [3]. de 6 mois de suivi, 60 % des patients
gastro-intestinaux La douleur chronique due au SII peut avoir ayant reçu la TMF allogène présentaient
un impact énorme sur la vie des enfants et une amélioration, contre 25 % dans le
En février 2023, le groupe de l’Espghan des adultes, entraîner de l’absentéisme à groupe autologue (p = 0,048). Le deu-
s’intéressant spécifiquement au micro- l’école et au travail et dégrader la qualité xième résultat incluait la qualité de vie
biote intestinal a publié des recomman- de vie. L’origine de la maladie est multifac- (QdV) liée à la santé. Le score de QdV
dations pour l’utilisation de probiotiques torielle et peut s’expliquer par un modèle total au début de l’étude était semblable
dans la gestion de certains troubles pé- biopsychosocial. L’un des facteurs jouant dans les deux groupes, mais s’est si-
diatriques gastro-intestinaux, en s’ap- un rôle clé est la dysbiose du microbiote gnificativement amélioré après la TMF
puyant sur des revues systématiques et/ intestinal. Chez les adultes, différentes allogène. Aucun effet indésirable n’a été
ou des méta-analyses utilisant la méthode études sur les effets positifs constatés de enregistré. La TMF allogène semble être
de Delphes modifiée [1]. Lors du ras- la TMF ont été publiées [4]. une façon efficace de traiter le SII réfrac-
semblement du groupe d’intérêt spécial En pédiatrie, les traitements non pharma- taire chez les jeunes, mais des études
concernant le microbiote intestinal et ses cologiques comme l’éducation, l’hypnose complémentaires sont nécessaires.
modifications, le professeur Szajewska et la pleine conscience sont plus efficaces
nous a montré les résultats de ce travail. que les traitements pharmacologiques Microbiote et SII
Seules quelques souches de probiotiques [5]. Mais les symptômes persistent chez Lors de la session de gastro-entérologie
spécifiques démontrent une utilité dans environ 25 % des patients. Les prébio- sur le SII, un groupe tchèque a présenté
certaines conditions. tiques, probiotiques et symbiotiques sont une étude ayant pour but d’évaluer si les
testés en fonction de divers résultats pour changements de microbiote dans la ma-
TMF chez des adolescents corriger la dysbiose dans le SII. Passer à ladie de Crohn étaient dus au traitement
présentant un SII réfractaire un régime pauvre en FODMAP peut éga- anti-TNFα ou étaient le résultat d’une acti-
Lors de la session plénière sur le résumé lement influencer la flore gastro-intestinale vité mucosale inflammatoire [6]. Il a donc
au score le plus élevé, le Dr De Bruijn, du [5]. Mais chez des groupes de patients comparé des enfants recevant le traite-
I14
TABLEAU 1 R
ésumé des recommandations du groupe de l’Espghan s’intéressant spécifiquement au microbiote intestinal concernant les probiotiques
pour la gestion des troubles pédiatriques gastro-intestinaux
Pathologie Désignation de la souche Dose journalière Durée du traitement Niveau de certitude Niveau de recommandation
Gastro-entérite aiguë
• Lacticaseibacillus rhamnosus GG ≥ 1010 CFU/jour 5–7 j Faible Faible
• Saccharomyces boulardii * 250–750 mg/jour 5–7 j Faible Faible
• Limosilactobacillus reuteri DSM 17938 1 × 108 à 4 × 108 CFU 5j Très faible Faible
• Lacticaseibacillus rhamnosus 19070-2 2 × 1010 CFU 5j Très faible Faible
et L. reuteri DSM12246 pour chaque souche
Prévention de la diarrhée associée aux antibiotiques
• Saccharomyces boulardii * ≥ 5 milliards CFU/jour Débuté en même temps Modéré Fort
que le traitement antibiotique
• L. rhamnosus GG ≥ 5 milliards CFU/jour Débuté en même temps Modéré Fort
que le traitement antibiotique
Prévention de la diarrhée nosocomiale
• L. rhamnosus GG Au moins 109 CFU/jour Durée du séjour à l’hôpital Modéré Faible
Prévention de l’entérocolite ulcéro-nécrosante chez les nouveau-nés prématurés
• L. rhamnosus GG De 1 × 109 CFU à 6 × 109 CFU/jour NC Faible Faible
• Bifidobacterium infantis BB-02, 3 -3,5× 108 CFU/jour NC Faible Faible
B lactis BB-12 pour chaque souche
et Streptococcus thermophilus TH-4
Augmentation du taux d’éradication d’Helicobacter pylori en combinaison avec le traitement contre H. pylori
• Saccharomyces boulardii * Très faible Faible
Coliques du nourrisson
• L. reuteri DSM 17938 chez les enfants allaités 108 CFU/ jour Min 21 j Modéré Faible
• B. lactis BB-12 chez les enfants allaités 108 CFU/jour 21–28 j Modéré Faible
Douleurs et désordres fonctionnels abdominaux
• L. reuteri DSM 17938 pour soulager la douleur 108 CFU/jour à 2 × 108 CFU/jour NC Modéré Faible
• L. rhamnosus GG dans le SII 109 CFU/jour à 3 × 109 CFU/2x/jour NC Modéré Faible
Constipation fonctionnelle, maladie inflammatoire de l’intestin, maladie cœliaque, pancréatite avec envahissement de l’intestin grêle
Pas de recommandation
* Dans de nombreux essais la désignation de la souche S. boulardii n’était pas disponible. Toutefois, si disponible, ou à la suite d’évaluations rétrospectives, la plus utilisée était celle récemment désignée comme S. boulardii CNCM I-745 [1]
ment anti-TNFα avec la maladie de Crohn appétissante, mais pouvant influencer Le groupe de Cologne a présenté une
(MC) active et avec de l’arthrite juvénile l’inflammation intestinale en changeant affiche très intéressante sur le suivi de
idiopathique (AJI). Les résultats indiquent les bactéries intestinales [8]. Le régime 2 cas de MII très précoces réfractaires
que la guérison mucosale avec la MC était est adapté à chaque patient, mais exclut aux stéroïdes et au traitement anti-TNFα.
essentielle pour obtenir un changement des composants alimentaires spécifiques Le premier patient présentait une colite
dans le bactériome. Le traitement an- comme le gluten, le lactose et l’alcool. Les ulcéreuse et est maintenant en rémission
ti-TNFα avec l’AJI n’a eu aucun impact sur 55 % des patients ayant adhéré à ce ré- totale depuis 3 ans, en recevant chaque
le bactériome de ce groupe de patients. gime présentaient un niveau significative- semaine un lavement à partir d’une prépa-
Schwerd et al. ont suivi 20 patients pé- ment plus faible de calprotectine fécale et ration réalisée avec la matière fécale d’un
diatriques ayant récemment reçu un dia- ont obtenu des changements microbiens donneur. Le deuxième patient atteint de la
gnostic de MC et traités avec une nutrition et métaboliques dans la même lignée que MC n’est qu’en rémission partielle, après
entérale exclusive (NEE), avec échantil- ceux des patients suivant une NEE avec un an de suivi [10].
lonnage de selles [7]. Quinze patients sur succès. Ces changements n’ont pas été Ce résumé ne donne qu’un aperçu court
les vingt sont entrés en rémission. Ils ont observés chez ceux qui ne respectaient et sélectif des discussions, communica-
démontré de nets changements temporels pas le régime. Sur la base de ces résul- tions et affiches de l’Espghan. De nom-
et individuels dans le microbiome intesti- tats, il pourrait être intéressant d’utiliser breuses autres données intéressantes
nal et les métabolites, avec une réduction de la matière fécale autologue de patients sont disponibles sous forme de résumé
de l’abondance de Lachnospiraceae et atteints de la MC traités avec la NEE pour dans le Journal of Pediatric Gastroentero-
des acides gras à longue chaîne insatu- la FMT. Le groupe de Schwerd a analysé logy. Les efforts combinés des chercheurs
rés enrichis. La fermentation ex vivo avec cette possibilité en utilisant une FMT au- et des cliniciens continueront de les aider
un milieu similaire à la NEE et le transfert tologue par capsule. Les chercheurs ont à découvrir les mystères du microbiote
ultérieur dans des modèles murins gnoto- conclu que cette approche n’était pas intestinal pour pouvoir nous indiquer de
biotiques ont montré un effet protecteur, adéquate étant donné qu’il existait encore nouvelles façons de traiter et de prévenir
par contraste avec le milieu riche en fibres un fardeau pathogène élevé et une faible les maladies.
et avec les milieux colonisés directement diversité dans le microbiote [9].
avec le microbiote du patient au début de
l’étude. En s’appuyant sur ces résultats,
Szajewska H, Berni Canani R, Domellöf M, et al. Probiotics for the Management of Pediatric Gastrointestinal Disorders: Position Paper
les chercheurs ont conclu que les micro-
• 1.
of the Espghan Special Interest Group on Gut Microbiota and Modifications. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76: 232-47. • 2. De Bruijn
biomes des patients modulés par la NEE C, Zeevenhoven J, Vlieger A, et al. Efficacy of fecal microbiota transplantation in adolescents with refractory irritable bowel: a randomized,
double-blind, placebo-controlled trial. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76(S1 Suppl 1): 1-1407. • 3. Wang YZ, Xiao FF, Xiao YM, et al.
régulent l’inflammation intestinale. Ils ont Fecal microbiota transplantation relieves abdominal bloating in children with functional gastrointestinal disorders via modulating the gut
microbiome and metabolome. J Dig Dis 2022; 23: 482-92. • 4. El-Salhy M, Winkel R, Casen C, et al. Efficacy of Fecal Microbiota Transplan-
également abordé la possibilité d’utiliser tation for Patients with Irritable Bowel Syndrome at 3 Years After Transplantation. Gastroenterology 2022; 163: 982-94.e14. • 5. Mahler T,
une alimentation pauvre en fibres pour Hoffman I, Smets F, et al. The Belgian consensus on irritable bowel syndrome: the paediatric gastroenterologist view. Acta Gastroenterol
Belg 2022; 85: 384-6. • 6. Hurych J, Mascellani Bergo A, Lerchova T, et al. The faecal microbiome and metabolome changes in Crohn’s
les rémissions à long terme. Une étude disease are associated with decreased mucosal inflammatory activity. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407. • 7.
multicentrique au Royaume-Uni (enfants Schwerd S, Häcker D, Siebert K, et al. Exclusive enteral nutrition initiates protective functions in the gut microbiota and metabolome to
induce remission in pediatric Crohn’s disease. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407. • 8. Macdonald J, Wilson D,
et adultes) a étudié la possibilité d’utili- Henderson P, Din S, e Chantges in faecal microbiome and metabolome are more pronounced in Crohn’s disease patients who adhered
to the CD-TREAT diet and responded by calprotectin. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407. • 9. Hölz H, Heetmeyer
ser le régime d’aliments solides Crohn’s J, Tsakmaklis A, et al . Autologous fecal microbiota transfer in pediatric Crohn ́s disease patients under treatment with exclusive enteral
Disease TReatment-with-EATing (CD- nutrition harbors major challenges - a feasibility test. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407. • 10. Fritz T, Huenseler
C, Broekaert I. Safety and efficacy of long-term faecal microbiota transfer in very early onset inflammatory bowel disease. J Pediatr Gas-
TREAT) pour obtenir une alimentation plus troenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407.
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REVUE DE PRESSE
Photo : Shutterstock.
Par le Pr Satu Pekkala
Chercheur à l’Académie de Finlande, Faculté des sciences
du sport et de la santé, Université de Jyväskylä, Finlande
MICROBIOTE INTESTINAL les auteurs ont étudié ces réponses dans auteurs ont montré que la carcinogenèse
les intestins. Ils ont observé une réduction colorectale induite par H. pylori peut être
Helicobacter pylori des lymphocytes T régulateurs et des prévenue par l’éradication de la bacté-
lymphocytes T pro-inflammatoires, ainsi rie par des antibiotiques. Les auteurs
et cancer colorectal qu’une augmentation d’IL-17A, qui se concluent qu’il faut envisager de prendre
révèle être l’un des acteurs principaux de en compte la présence de H. pylori pour
la réponse immunitaire à H. pylori. Les les mesures préventives contre le CCR.
L’infection à Helicobacter pylori peut souris infectées étaient caractérisées par
Ralser A, Dietl A, Jarosch S, et al. Helicobacter pylo-
entraîner un cancer gastrique et augmen- une abondance plus forte de microbes ri promotes colorectal carcinogenesis by deregulating intes-
ter le risque de cancer colorectal (CCR). intestinaux dits pro-inflammatoires et de tinal immunity and inducing a mucus-degrading microbiota
signature. Gut 2023; 72: 1258-70.
Cependant, nous manquons de données bactéries dégradant le mucus, comme
mécanistes sur ce dernier. Dans cette Akkermansia.
publication, Ralser et ses collègues ont En étudiant les profils transcriptomiques
identifié dans un modèle murin les mé- des cellules épithéliales intestinales, les
canismes sous-jacents de la façon dont chercheurs ont observé que H. pylori
l’infection au H. pylori contribue au CCR. induisait l’activation des voies NF-κB et
Lorsque les auteurs ont infecté des souris STAT3. L’activation de ces voies avait
Apc représentant d’excellents modèles précédemment été montrée chez les
animaux présentant plusieurs néoplasies patients atteints de CCR. Fait intéressant,
intestinales avec H. pylori, une aug- les souris axéniques infectées avec H.
mentation de la charge tumorale dans pylori ont à peine montré d’activation de
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de virus les plus prédominants chez les tin des nourrissons. Parmi ceux-ci, les
MICROBIOTE INTESTINAL nourrissons étaient très peu documen- familles infectant les Bacteroides étaient
tés. Cependant, les anellovirus à ssADN plus souvent virulentes et spécifiques à
Diversité virale infectant les vertébrés (Anelloviridae) et l’hôte.
dans l’intestin les microvirus à ssADNs bactériophages Bien qu’aucune conclusion nette n’ait
(Petitvirales) se trouvaient parmi les été tirée, l’étude renforce les connais-
du nourrisson sain clades les plus abondants. Par ailleurs, sances sur la taxinomie des phages et
les familles de Caudovirales virulentes, contribue au développement des futures
Dans la petite enfance, le microbiome Skunaviridae, Salasmaviridae, β-crassvi- recherches sur le virome intestinal des
intestinal contribue à la maturation du ridae et Flandersviridae, étaient aussi nourrissons.
système immunitaire pour assurer la pro- largement représentées dans le virome
Shah SA, Deng L, Thorsen J, et al. Expanding known
tection contre les maladies chroniques des nourrissons. Dans l’ensemble, les viral diversity in the healthy infant gut. Nat Microbiol 2023;
plus tard dans la vie. Bien qu’il soit re- virus tempérés étaient moins répandus 8: 986-98.
connu que des bactériophages (c.-à-d., que les virus virulents, même s’ils étaient
des virus infectant les bactéries) peuvent présents chez davantage d’enfants.
contrôler la croissance des populations L’abondance à l’échelle de la famille
de bactéries, le virome intestinal a été n’était pas significativement associée au
assez peu étudié. En utilisant le séquen- mode de fonctionnement des phages,
çage de métagénomes, cette étude comme déterminé par l’intégrase en tant
a analysé 647 viromes d’une cohorte qu’indicateur d’un mode de fonctionne-
danoise de nourrissons de 1 an. ment tempéré. Cependant, les familles de
La première découverte frappante a été caudovirales tempérées étaient généti-
que les vOTUS de l’intestin du nourrisson quement plus diversifiées que les familles
étaient largement absentes des bases de virulentes. Une analyse prédictive des
Photo : Shutterstock.
données sur les virus intestinaux. Cette hôtes bactériens des viromes a montré
donnée suggère que l’intestin du nour- que Bacteroides, Faecalibacterium et
risson héberge des virus spécialisés dis- Bifidobacterium étaient les trois genres
tincts de l’intestin de l’adulte. Les clades hôtes les plus fréquents dans l’intes-
Microbiote vaginal
Cancer du col de l’utérus : l’étau se resserre autour de Lactobacillus iners
HPV-HR présentant des lésions du col par une méta-analyse, qui suggérait
de l’utérus histologiquement confirmées un risque deux à trois fois plus élevé de
et principalement de faible gravité. HPV-HR persistant lorsque le microbiote
Une analyse de l’ARNr 16S des 73 vaginal est dominé par L. iners. La bac-
participantes de l’étude (âgées de térie semble être flexible et adaptable,
24 à 68 ans) a montré que le HPV avait dominant le microbiote vaginal de cer-
disparu chez 45 femmes (61,6 %) au taines femmes pendant la menstruation
bout de la période d’étude de 12 mois. ou des épisodes de vaginose bacté-
La disparition ou non du virus n’était pas rienne. D’autre part, L. iners (CST III) est
due à la différence d’âge des patientes, fréquemment décrit comme l’une des
au stade de la maladie, au sous-type de communautés bactériennes vaginales
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AVIS D’EXPERT
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Par le Dr Maria Teresa Galiano
Service de gastroentérologie et d’endoscopie, Servimed,
Bogota, Colombie
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ACTUALITÉS
Vous y trouverez des entretiens avec des experts sur l’avenir de la recherche et leurs
expériences pionnières, une cartographie de la recherche, plusieurs focus (résistance
aux antibiotiques, axe intestin-cerveau, SCI, santé des femmes...), une mise en lumière
des jeunes talents, une bibliographie... Vous souhaitez en savoir plus sur ce voyage de
cinq ans et le travail des chercheurs ?
5 bourses
Le microrapport internationales,
de la Biocodex 65 subventions nationales,
Microbiota Foundation 5 prix Henri-Boulard,
est disponible ici +
2,5 millions d’euros consacrés
à la recherche et aux
projets sur le microbiote
…
disponibles.
apply@BiocodexMicrobiotaFoundation.com www.BiocodexMicrobiotaFoundation.com
ici
www.biocodexmicrobiotafoundation.com
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Rédacteurs en chef : Article commenté - Enfant : Réalisé par :
Dr Maxime Prost, MD Pr Emmanuel Mas Éditeur :
Directeur Affaires médicales France Gastro-entérologie et nutrition, John Libbey Eurotext
Hôpital des Enfants, Toulouse, France Bât A / 30 rue Berthollet,
Barbara Postal, PhD
94110 Arcueil, France
Responsable Affaires médicales Retour de congrès : www.jle.com
internationales Dr Tania Mahler
Docteur en médecine, gastro-entérologie Directeur de la publication :
Équipe éditoriale :
et nutrition pédiatrique, Adjointe clinique Gilles Cahn
Perrine Hugon, PharmD, PhD
Responsable de la communication à l’Hôpital universitaire des enfants Reine
Fabiola, Belgique
BMI-23.48 (10-23) - Achevé d’imprimer par le Groupe Morault - Imprimerie de Compiègne en octobre 2023
scientifique microbiote
Olivier Valcke Revue de presse :
Responsable des relations publiques Pr Satu Pekkala Création graphique :
et de la rédaction Chercheur à l’Académie de Finlande, Agence Wellcom
Faculté des sciences du sport et de la Réalisation :
Emilie Fargier, PhD
santé, Université de Jyväskylä, Finlande Scriptoria-créa
Responsable de la communication
scientifique microbiote Avis d’expert : Crédits photographiques :
Synthèse : Dr Maria Teresa Galiano Photo de couverture :
Service de gastroentérologie et d’endoscopie, Clostridium perfringens,
Dr Joseph Nesme
Servimed, Bogota, Colombie Shutterstock
Professeur assistant, Microbiologie,
Département de biologie,
Université de Copenhague, Danemark
ISSN : 2782-0416
Article commenté - Adulte :
Pr Harry Sokol
Gastro-entérologie et nutrition,
Hôpital Saint-Antoine, Paris, Fance