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Pneumopathies nosocomiales acquises


sous ventilation mécanique
S.Y. Donati, L. Papazian

Les pneumopathies sont la première cause d’infection nosocomiale en réanimation. Les pneumopathies
nosocomiales acquises sous ventilation mécanique (PNAVM) surviennent après au moins 48 heures de
ventilation mécanique invasive. Leur mécanisme est multifactoriel, mais prédomine la notion d’inhalation
survenant après une colonisation oropharyngée, gastrique ou trachéale. Le délai d’apparition permet de
classer ces PNAVM en précoces ou tardives selon qu’elles apparaissent avant ou après le 5e jour de
ventilation mécanique. Le diagnostic peut s’aider de la clinique, essentiellement grâce au score CPIS
(Clinical Pulmonary Infection Score), et du lavage bronchoalvéolaire (LBA) qui semble l’examen le plus
utile pour le diagnostic microbiologique. Le diagnostic différentiel avec une pneumopathie non
bactérienne voire non infectieuse (néoplasique, inflammatoire, fibrosante) ou la recherche d’un autre
foyer infectieux doivent toujours être discutés en fonction de l’orientation clinique initiale ou de l’échec de
l’antibiothérapie. L’utilisation préférentielle de la ventilation non invasive, lorsque cela est possible,
semble utile pour prévenir la survenue d’une pneumopathie nosocomiale. La position proclive du patient
de 30 à 45° est la seule mesure préventive véritablement validée de prévention des PNAVM. Le traitement
curatif des pneumopathies bactériennes repose en général sur une double antibiothérapie. Celle-ci peut
être orientée par les données de prélèvements non invasifs, comme les aspirations trachéales, réalisés de
façon périodique et systématique. La durée du traitement est discutée, mais les dernières données sont en
faveur d’une antibiothérapie relativement courte de 8 jours.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Pneumopathie ; Ventilation mécanique ; Lavage bronchoalvéolaire

Plan ¶ Diagnostic 7
Diagnostic dit « clinique » 8
¶ Introduction 1 Marqueurs biologiques 8
¶ Épidémiologie 2 Prélèvements microbiologiques 8

¶ Pronostic 2 ¶ Traitement préventif 10


Mesures générales 10
¶ Microbiologie 3
Antibioprophylaxie, asepsie buccale, décontamination digestive
Bactéries 3
sélective 10
Champignons 3
Protection gastroduodénale 11
Virus 3
Nutrition entérale 11
¶ Physiopathologie 4 Sonde d’intubation, canule de trachéotomie, circuit 11
Colonisation trachéobronchique 4 Gestion des antibiotiques 11
Persistance des germes 5
Kinésithérapie respiratoire 11
Altération des mécanismes de défense 5
Positionnement des patients 12
¶ Facteurs de risque liés au patient 5
¶ Traitement curatif 12
¶ Facteurs de risque liés à la réanimation 5
Ventilation mécanique 5
Circuits du ventilateur, humidificateurs, aérosols 6
Sonde d’intubation 6
Trachéotomie 6 ■ Introduction
Aspirations trachéales 6
Position du patient 6 Une pneumopathie infectieuse en réanimation est suspectée
Sonde gastrique 6 sur des éléments cliniques et paracliniques tels que la présence
Nutrition entérale 7 d’un syndrome infectieux (fièvre ou hypothermie/hyper-
Protection gastroduodénale 7 leucocytose ou leucopénie), la présence d’une bronchorrhée
Antibiothérapie 7 purulente, l’apparition ou la modification d’une image radiolo-
Autres médicaments 7 gique pulmonaire préexistante (syndrome alvéolaire ou intersti-
Environnement 7 tiel), et une dégradation de l’hématose sur la gazométrie

Anesthésie-Réanimation 1

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artérielle. Les prélèvements à visée microbiologique peuvent séjour en réanimation montre souvent une différence très
alors confirmer le caractère infectieux de cette pneumopathie. importante, avec un nombre de décès de trois à dix fois plus
Une pneumopathie infectieuse nosocomiale est définie comme élevé en présence d’une pneumopathie. Les études consacrées à
une infection pulmonaire acquise après au moins 48 heures la prévention des PNAVM, soit par la décontamination digestive
d’hospitalisation. Le terme de pneumopathies nosocomiales sélective, soit par le choix du type de protecteur gastrique,
acquises sous ventilation mécanique (PNAVM) concerne les aboutissent à la conclusion que le nombre de PNAVM est
infections acquises après au moins 48 heures de ventilation diminué mais que la mortalité est inchangée [4]. De même, la
artificielle invasive. survenue d’une PNAVM au cours de l’évolution d’un syndrome
de détresse respiratoire aiguë (SDRA) ne modifie pas la morta-
lité [7]. Peu d’études ont été consacrées uniquement au pronostic
des pneumopathies nosocomiales. Ainsi, Leu et al. [8] ont
“ Point important rapporté une étude de cohorte rétrospective appariée portant sur
74 paires de patients. La mortalité dans chaque groupe était
comparable avec une différence non significative : 20 % en
Les PNAVM sont la première cause d’infection nosocomiale présence d’une pneumonie nosocomiale, 14 % en son absence.
en réanimation. Une étude [4] a porté sur la mortalité des PNAVM documentées
Elles ont une incidence très variable : 15 % en cas de par la brosse téléscopique protégée (BTP). Chez les patients
ventilation de plus de 48 heures et de prélèvement présentant une PNAVM, les auteurs ont rapporté une mortalité
microbiologique spécifique. deux fois plus importante que celle notée chez les témoins
(54 versus 27 %). Utilisant une méthodologie similaire, une
absence de surmortalité est notée dans un autre travail [9] dans
lequel 85 paires de patients ont été constituées, avec un
■ Épidémiologie diagnostic de PNAVM là aussi porté par la BTP, et où la morta-
lité était de 41 % dans les deux groupes. Si l’on examine de plus
Les pneumopathies sont la première cause d’infections près les discordances entre ces travaux, on constate que la
nosocomiales en réanimation. Dans une étude multicentrique différence principale concerne l’appariement sur le diagnostic.
européenne [1] portant sur 10 000 patients, la prévalence des Le travail montrant une surmortalité [4] ne comportait pas
pneumonies nosocomiales s’établissait à 10 %, ce qui représente d’appariement sur le type de chirurgie ni la maladie sous-
47 % des infections acquises en réanimation. À partir des jacente ayant motivé l’intervention. De plus, il a été démontré
données provenant d’une centaine d’hôpitaux nord-américains, que la différence de mortalité ne pouvait pas être expliquée par
une incidence de 9,3 % de PNAVM a été rapportée chez les le choix de la technique de diagnostic (BTP ou autre technique).
patients ventilés plus de 24 heures [2]. Cependant, l’incidence Le travail de Timsit et al. [10] a également montré l’absence de
précise est difficile à établir, étant donné l’extrême hétérogénéité surmortalité des PNAVM en utilisant une méthodologie diffé-
des critères diagnostiques employés. Elle se situe généralement rente (analyse de régression logistique). Lors d’une étude cas-
entre 15 et 30 %, et jusqu’à 70 % chez les sujets ventilés plus témoins où 108 patients décédés ont été appariés à
de 48 heures [3]. Mais l’utilisation de critères stricts incluant la 108 survivants en utilisant six critères (le diagnostic, l’âge, le
documentation microbiologique des PNAVM par une méthode sexe, la date d’admission, le score APACHE II à l’admission et
de prélèvement spécifique permet de conclure à une incidence la durée de ventilation), l’incidence des PNAVM de 36,1 %, était
beaucoup plus basse, de l’ordre de 15 %, chez les malades identique dans les deux groupes [11] . L’analyse multivariée
ventilés plus de 48 heures [4]. Quoiqu’il en soit, le risque de réalisée a trouvé que la défaillance rénale, la défaillance
développer une PNAVM diminue au cours du temps : de 3 % hématologique et la corticothérapie étaient des facteurs de
par jour jusqu’à J5, il n’est plus que de 2 % par jour à J10 et de risque de mortalité indépendants, mais pas la présence d’une
1 % par jour à J15 [5]. PNAVM [11]. De façon très récente, une étude internationale
portant sur 2 897 patients ne retrouve aucune surmortalité liée
à la survenue d’une PNAVM [12] . Même chez des patients
polytraumatisés avec traumatisme crânien, ou ayant présenté un
“ Point important accident vasculaire cérébral, la survenue d’une PNAVM ne
semble pas modifier le pronostic. En revanche, elle semble
grever celui des patients ventilés qui présentent une insuffisance
Trois mécanismes sont nécessaires à l’apparition d’une respiratoire chronique de nature obstructive [13]. Le caractère
PNAVM : polymicrobien des PNAVM ne semble pas non plus influencer
• colonisation trachéobronchique par colonisation le pronostic. À la lumière de ces études, il faut souligner que
oropharyngée, gastrique ou contamination trachéale certains facteurs sont péjoratifs lorsqu’ils sont présents chez des
première ou exogène ; patients présentant une PNAVM. Il en est ainsi de l’âge, au-delà
• persistance des germes ; de 60 ans [8], de la maladie sous-jacente, et de la présence d’un
• altération des mécanismes de défense du patient. état de choc [14]. D’autres facteurs sont plus discutés tels que le
caractère précoce ou tardif de la pneumopathie [14], la survenue
chez des insuffisants respiratoires chroniques restrictifs ou bien
encore le germe en cause (Pseudomonas aeruginosa ou Acineto-
■ Pronostic bacter baumanii notamment). En revanche, il semblerait que le
type de patients, médical ou chirurgical, n’influence pas le
La mortalité des pneumopathies nosocomiales varie selon les pronostic. De plus, l’évolution à court terme sous traitement
travaux de 13 à 55 % [6]. Cette disparité est en grande partie liée antibiotique permet de préciser le pronostic. En effet une
au type de patients étudiés (médicaux, chirurgicaux, traumati- diminution du score clinique CPIS (Clinical Pulmonary Infection
ques), mais aussi à l’hétérogénéité des critères diagnostiques Score) 3 et 5 jours après le diagnostic de PNAVM n’apparaît que
utilisés. La gravité de la maladie sous-jacente constitue un chez les patients qui survivent [15]. Le rôle des PNAVM sur
facteur essentiel, souvent mal apprécié dans les travaux rappor- l’allongement de la durée de ventilation et d’hospitalisation en
tant les taux de mortalité. Peu de travaux différencient les décès réanimation n’est en revanche le sujet d’aucune controverse,
survenant chez des patients présentant une pneumopathie mais demeure difficile à quantifier. Enfin le surcoût engendré
nosocomiale de ceux dont il est possible d’avancer qu’ils sont par l’apparition d’une PNAVM est très élevé, variant de 12 000
dus à la pneumopathie nosocomiale. La banale comparaison du à plus de 40 000 dollars (8 000 à 27 000 euros) par patient [16].
taux brut de mortalité des patients ayant présenté une PNAVM Au total, l’apparition d’une PNAVM n’apparaît pas comme un
à celui de patients n’en ayant développé aucune durant le facteur indépendant de surmortalité (sauf pour les patients

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présentant une insuffisance respiratoire chronique obstructive)


qui semble plutôt liée au terrain sur lequel cette pneumopathie 9 10
1
survient et aux comorbidités associées.

■ Microbiologie 8

Bactéries
La distribution des germes responsables de PNAVM (Tableau 1) 2
(Fig. 1) [6] est influencée par le type d’analyse microbiologique
ayant conduit au diagnostic, mais également par l’existence 7
d’une antibiothérapie systémique préalable, par le type de
malade étudié (médical, chirurgical ou traumatique), et par
l’existence de comorbidités. Cette distribution est aussi nette- 6
ment influencée par le délai d’apparition de la pneumopathie :
5
acquise avant le 5 e jour de ventilation mécanique et dite 3
4
précoce (Staphylococcus aureus sensible à l’oxacilline [oxa-S],
Haemophilus influenzae, Streptococcus pneumoniae) ou acquise
Figure 1. Étiologies des pneumopathies nosocomiales acquises sous
pendant ou après le 5e jour, et dite tardive (Staphylococcus aureus
ventilation mécanique (PNAVM) documentées par prélèvements peren-
résistant à l’oxacilline [oxa-R], Pseudomonas aeruginosa, Acineto-
doscopiques. Résultats de 24 études portant sur 1 689 épisodes et 2 490
bacter baumanii). Cependant, dans près de 50 % des cas, la cause
pathogènes [6]. 1. Haemophilus sp. 10 % ; 2. Staphylococcus aureus 20 % :
est polymicrobienne [17] . En outre, il existe des différences
oxa-S 44,3 %, oxa-R 55,7 % ; 3. Streptococcus sp. 8 % ; 4. autres germes
écologiques très importantes d’un pays à l’autre, d’une région à
dont les virus 4 % ; 5. Streptococcus pneumoniae 4 % ; 6. Staphylococcus
l’autre, d’une ville à l’autre et d’un service de réanimation à un
coagulase négative 1 % : anaérobies 1 %, champignons 1 % ; 7. Acineto-
autre. Il est donc primordial de bien identifier les agents
bacter sp. 8 % ; 8. entérobactéries 14 % : Klebsiella sp. 15,6 %, Eschericia
responsables de pneumonies précoces et ceux responsables de
coli 24,1 %, Proteus sp. 22,3 %, Enterobacter sp. 18,8 %, Serratia sp.
pneumonies tardives au sein de chaque service afin d’adapter au
12,1 %, Citrobacter sp. 5 %, Hafnia alvei 2,1 % ; 9. Neisseria sp. 3 % ; 10.
mieux les antibiothérapies probabilistes.
Stenotrophomonas sp. 2 %.
Certaines PNAVM peuvent être liées à des bactéries dites
multirésistantes (BMR). Il s’agit de Staphylococcus aureus oxa-R,
de Pseudomonas aeruginosa, d’Acinetobacter baumanii, de Stenotro-
phomonas sp. et des entérobactéries productrices de b-lactamases
à spectre élargi. Les facteurs de risque d’apparition de ces micro-
organismes ont été précisés dans les recommandations récentes
“ Point important
de l’Infection Diseases Society of America (IDSA) et de l’Ameri-
can Thoracic Society (ATS) [18]. Les bactéries anaérobies, qui sont
• Pneumopathies précoces si < 5 jours de ventilation
rarement mises en évidence du fait des conditions difficiles de mécanique : Staphyloccocus aureus oxa-S, Streptococcus
culture, sont en fait souvent des copathogènes dans les PNAVM pneumoniae, Heamophilus influenzae.
précoces et ne semblent pas grever le pronostic. Les bactéries • Pneumopathies tardives si ≥ 5 jours de ventilation
mécanique : Acinetobaceter sp., Pseudomonas aeruginosa,
Tableau 1.
Stenotrophomonas sp., Staphylococcus aureus oxa-R.
Étiologies reconnues ou suspectées de pneumopathies nosocomiales
acquises sous ventilation mécanique (PNAVM).
Cocci à Gram positif Bacilles à Gram négatif (lactose positif) intracellulaires (Legionella pneumophila essentiellement de
Staphylococcus aureus Haemophilus influenzae sérogroupe 1, Chlamydia pneumoniae, Mycoplasma pneumoniae),
Streptococcus pneumoniae Escherichia coli, Klebsiella sp. plus fréquemment en cause dans les pneumopathies commu-
Autres streptocoques Enterobacter sp., Proteus sp. nautaires, sont des causes possibles de PNAVM. Dans le cas de
Staphylococcus coagulase Legionella pneumophila, il s’agit d’une contamination liée à
négative l’environnement hydrique, et les cas d’acquisitions nosocomia-
les représentent en fait une part relativement importante,
Bacilles à Gram positif Bacilles à Gram négatif (lactose négatif) jusqu’à 30 % selon les études.
Corynebacterium sp. Pseudomonas aeruginosa, Burkholderia cepacia
Listeria monocytogenes Acinetobacter sp.
Nocardia sp. Stenotrophomonas maltophilia
Champignons
Cocci à Gram négatif Bacilles anaérobies Concernant Candida sp., il a été clairement démontré qu’il
Neisseria sp. Bacteroides sp., Fusobacterium sp. n’existait pas de critère de certitude en dehors de ceux retrouvés
sur une biopsie pulmonaire [19] et que la positivité d’un prélè-
Moraxella sp. Prevotella sp., Actinomyces sp.
vement microbiologique, dirigé ou pas, n’avait aucune
Cocci anaérobies Bactéries intracellulaires valeur [19] . Aspergillus sp. est mis en cause surtout chez les
Peptostreptococci Legionella sp. patients immunodéprimés, notamment en oncohématologie, et
Veillonelia Chlamydia pneumoniae est inhabituel chez le patient immunocompétent.
Mycoplasma pneumoniae
Champignons Virus Virus
Candida sp. Influenza, Parainfluenza, Adenovirus
Les virus respiratoires tels que Influenza, Parainfluenza,
Aspergillus sp. Virus respiratoire syncytial
Adenovirus, et le virus respiratoire syncytial (surtout présent en
Pneumocystis carinii Herpes simplex virus milieu pédiatrique) représenteraient près de 70 % des causes
Cytomégalovirus virales de pneumopathies nosocomiales [18] , mais sont en
Autres pratique rarement recherchés. En 2003, le coronavirus du
Mycobacterium tuberculosis
syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a été impliqué dans
quelques cas de pneumonies nosocomiales, mais n’a pas été
Strongyloides stercoralis
décrit dans le cadre des PNAVM. Herpes simplex virus (HSV) et

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0 à 2 % chez les sujets sains et de 57 % chez les patients les

“ Points importants
plus sévères. Les mécanismes de cette colonisation ne sont pas
clairement établis : hygiène orodentaire défectueuse, anomalies
quantitative ou qualitative de la sécrétion salivaire (syndrome
Facteurs de risque augmentant l’incidence des de Gougerot-Sjögren, radiothérapie, certains médicaments),
bactéries multirésistantes [18] origine digestive, antibiothérapie systémique ou locale, ou
antiseptique (type chlorhexidine) administrés pour contrôler la
• Antibiothérapie dans les 90 jours précédents.
flore buccale et pouvant en fait détruire la flore commensale
• Hospitalisation actuelle ≥ 5 jours.
chargée d’inhiber le développement de ces germes pathogènes.
• Hospitalisation ≥ 48 heures dans les 90 jours Le rôle direct de l’environnement hospitalier (transmission
précédents. croisée, matériel contaminé) est probablement moins important
• Fréquence locale élevée de bactéries multirésistantes. dans notre pays depuis que des mesures de lutte contre les
• Immunodépression / Traitement immunosuppresseur. infections nosocomiales sont entreprises. De plus, la présence
• Résidence dans une structure médicalisée (maison de d’une colonisation oropharyngée par des bactéries à Gram
retraite, long séjour, etc.). négatif n’est pas exclusivement retrouvée chez les patients
• Perfusion à domicile. hospitalisés. En effet, on a montré que jusqu’à 59 % des sujets
• Dialyse conventionnelle dans les 30 jours précédents. éthyliques chroniques ambulatoires et jusqu’à 36 % des diabé-
tiques ambulatoires étaient porteurs de ce type de coloni-
• Membre de la famille ou de l’entourage proche porteur
sation [21].
de BMR.
Rôle de la colonisation gastrique
Les entérobactéries à Gram négatif sont les germes les plus
cytomégalovirus (CMV), doivent être recherchés, même chez les fréquemment retrouvés comme responsables de PNAVM, ce qui
patients non immunodéprimés, en particulier dans le cadre de a conduit logiquement à penser que le rôle du tractus digestif
PNAVM tardives [20]. dans la genèse de ces pneumopathies était majeur. Une prolifé-
ration bactérienne existe dans l’estomac des patients de réani-
mation et cette colonisation était considérée par beaucoup
■ Physiopathologie comme étant la première source de colonisation trachéobron-
chique [24], ce qui est remis en cause par certains [25]. Cette
La physiopathologie repose sur trois mécanismes nécessaires :
colonisation a différentes origines possibles : reflux duodéno-
une colonisation trachéobronchique, la persistance des germes
gastrique (présence d’entérobactéries à Gram négatif, augmen-
et une altération des mécanismes de défense.
tation du pH lié à une forte concentration de bilirubine) lié à
l’iléus paralytique fréquent chez des patients de réanimation
Colonisation trachéobronchique sédatés, contamination par la sonde gastrique, et contamination
par les liquides instillés dans la sonde gastrique. Des prélève-
Sous réserve d’un contrôle strict des sources exogènes de
ments répétés sur différents sites ont permis de démontrer la
contamination telles que la voie manuportée et les matériels
séquence suivante appelée mécanisme gastropulmonaire : après
souillés, nous savons depuis près de 30 ans que le patient lui-
une progression rétrograde de ces germes de l’estomac vers
même représente la principale source d’infection nosocomiale
l’œsophage et l’oropharynx, l’arbre trachéobronchique est
par le biais d’une colonisation trachéobronchique. La voie
contaminé à la faveur de troubles de déglutition avec micro- ou
hématogène à partir d’une septicémie ou d’un foyer à distance
macro-inhalations répétées qui se produisent même en présence
est un mécanisme inhabituel. Cependant, l’origine précise des
d’une sonde d’intubation avec ballonnet gonflé. Un pH gastri-
germes responsables de PNAVM reste controversée.
que au-dessus de 4,5 (élévation liée essentiellement à l’utilisa-
Rôle de la colonisation oropharyngée tion des thérapies antiulcéreuses, à l’alimentation entérale et à
un éventuel reflux duodénogastrique) favorise cette colonisa-
La colonisation oropharyngée semble être impliquée de façon tion. De même, le recours à une alimentation entérale dès les
prépondérante dans la colonisation trachéobronchique et dans premières heures de ventilation mécanique sans utiliser de
la genèse d’une PNAVM. Plusieurs études plaident en faveur de thérapie antiulcéreuse ne diminue pas la colonisation gastri-
ce mécanisme et ont notamment démontré que dans 76 % des que [26] . En revanche, l’acidification des préparations pour
cas de PNAVM en moyenne, la même bactérie est retrouvée au nutrition entérale amenant le pH à une valeur de 3,5 pourrait
niveau buccal et au niveau pulmonaire [21]. Une autre étude, être un moyen de prévention de la colonisation gastrique [27].
comparant le rôle du sucralfate à celui des antiacides dans
l’incidence des PNAVM, montrait que dans 97 % des cas, les Rôle de la colonisation première
prélèvements réalisés sous fibroscopie bronchique retrouvaient
Plusieurs travaux ont mis en évidence une colonisation
la même bactérie que dans les cultures de prélèvements oropha-
trachéale première. Elle pourrait concerner jusqu’à la moitié des
ryngés réalisés avant l’apparition de la pneumopathie. La flore
colonisations [28]. Une contamination exogène par inoculation
buccale comporte environ 500 espèces de bactéries comprenant
essentiellement des anaérobies. Cette flore peut être modifiée intratrachéale directe, manuportée par le personnel ou par le
par différents facteurs aboutissant à la colonisation de la cavité malade lui-même est probablement à l’origine de certains de ces
oropharyngée par des germes impliqués dans les PNAVM. cas.
L’hospitalisation d’une façon générale et le séjour en secteur de
soins intensifs ou de réanimation en particulier favorisent la
Rôle de la contamination exogène
présence de Staphylococcus aureus et de bactéries à Gram négatif Bien que la source endogène soit au premier plan dans la
aérobies et aéroanaérobies. En début de séjour, ce sont essentiel- colonisation trachéobronchique, certains auteurs ont démontré
lement des bactéries à Gram positif qui sont retrouvées dans la que la source exogène était loin d’être négligeable. Merrer et al.
flore colonisante pour être remplacées ensuite par des bactéries ont montré que 33 % de leurs patients colonisés à Staphylocco-
à Gram négatif dont la proportion croît avec la durée de cus aureus oxa-R l’étaient par voie exogène [29]. De la même
séjour [22]. Une telle modification de flore survient parfois dès façon, Bergmans et al. ont conclu que la contamination
les premières 24 heures d’hospitalisation [23]. La gravité de la exogène était impliquée chez 25 % des patients porteurs d’une
pathologie est aussi impliquée dans la colonisation oropharyn- PNAVM à Pseudomonas aeruginosa [30]. La contamination par
gée par des bactéries à Gram négatif. Johanson et al. [23] dans voie exogène est en fait souvent liée à une transmission
une étude ancienne avait montré, en réalisant des cultures horizontale croisée avec, comme origine, les autres patients
oropharyngées dans cinq groupes de patients, que la prévalence colonisés et, comme vecteur, les mains du personnel soignant.
de la colonisation par des bactéries à Gram négatif était de Certaines études, déjà anciennes, sont édifiantes à ce sujet.

4 Anesthésie-Réanimation

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Notamment, Maki a montré que les mains de 64 % du person- Tableau 2.


nel de soins intensifs étaient contaminées par Staphylococcus Facteurs de risque indépendants d’acquisition d’une pneumopathie
aureus [31]. Dans l’étude de Larson, 21 % des personnels hospi- nosocomiale acquise sous ventilation mécanique (PNAVM) identifiés par
taliers étaient porteurs de germes à Gram négatif (Acinetobacter analyse multivariée [6, 41, 42].
sp., Klebsiella sp. et autres entérobactéries) au niveau des Facteurs liés à l’hôte Facteurs liés à la réanimation
mains [32]. L’éducation insuffisante du personnel, la charge en
soins, le nombre réduit de personnel, l’organisation défaillante Âge ≥ 60 ans Curares, sédation
au sein des équipes peuvent être des facteurs favorisant cette Sexe masculin Surveillance de la pression intracrâ-
transmission croisée. D’autres éléments, utilisés par le personnel Syndrome de détresse respiratoire nienne
soignant, comme leurs vêtements, les stéthoscopes, les brassards aiguë (SDRA) Ventilation mécanique > 2 jours
à pression artérielle peuvent être théoriquement des sources de Bronchopneumopathie chronique Modification fréquente du circuit
contamination, mais dont l’implication réelle est difficile à obstructive (BPCO) ventilatoire
apprécier. Staphyloccocus aureus était retrouvé sur la membrane Coma ou altération de la cons- Sonde nasogastrique
des stéthoscopes de 38 % des personnels soignants dans l’étude cience Position allongée
de Marinella et al. [33]. La contamination exogène à partir des Brûlures, traumatisme Transport hors de la réanimation
éléments du respirateur est de nos jours rarement impliquée.
Chirurgie urgente Aérosols sur ventilateur
Cela tient en partie au fait que les circuits sont contaminés de
Défaillance d’organe Sonde d’intubation nasotrachéale
proche en proche par les propres sécrétions du malade. La
colonisation trachéobronchique par voie exogène par d’autres Sévérité de la maladie
dispositifs contaminés utilisés en réanimation est aussi possible : Inhalation de liquide gastrique
aérosols par nébulisation, insufflateur manuel de réanimation, Colonisation des voies aériennes
fibroscope bronchique, sonde d’échographie cardiaque transœ- supérieures
sophagienne. Srinivasan et al. avaient décrit une épidémie de Sinusites
pneumonies à Pseudomonas aeruginosa liée à la contamination Colonisation gastrique
d’un endoscope bronchique [34]. Enfin les sources de contami- Albuminémie < 22 g l-1
nation environnementales (air, surfaces, eau) en réanimation
peuvent être à l’origine de colonisation et de PNAVM.
existe également une cytotoxicité directe de ces cellules.
Persistance des germes Certaines substances antimicrobiennes non spécifiques ont un
pouvoir bactéricide : lysozyme, transferrine, fractions du
Une pathogénie particulière des germes ayant pénétré l’arbre
complément. Des différentes immunoglobulines impliquées, les
aérien est nécessaire au développement de l’infection. En effet,
IgA sécrétoires semblent tenir le rôle principal dans les processus
l’adhérence des bactéries aux cellules épithéliales est une
de défense envers les infections pulmonaires. Il a été rapporté
propriété de certains micro-organismes tels que Pseudomonas
une augmentation croissante avec la durée de ventilation
aeruginosa, Klebsiella pneumoniae et les streptocoques du groupe
mécanique du rapport IgA/albumine dans les sécrétions bron-
A. L’adhérence est diminuée par les immunoglobulines A (IgA)
chiques. Cette élévation est environ 6 fois moindre chez les
sécrétoires et semble plus marquée sur l’épithélium cilié de la
patients développant une PNAVM par rapport à ceux qui n’en
trachée que sur l’épithélium squameux de l’oropharynx. Par le
développent pas [39]. Une autre substance, la protéine A, serait
calcul d’un index d’adhésion, plusieurs travaux ont révélé une
adhérence préférentielle des bactéries sur les cellules buccales la principale des composantes du surfactant impliquées dans les
des patients de réanimation par comparaison à des sujets processus alvéolaires de destruction bactérienne. Elle a été
sains [35]. Ainsi, plus l’index d’adhésion de l’épithélium est retrouvée en quantité significativement diminuée dans le lavage
élevé, plus les patients ont une incidence élevée de PNAVM [36]. bronchoalvéolaire (LBA) des patients atteints de pneumopathie
La séquence adhérence-colonisation-infection est alors très par comparaison à des volontaires sains et à des malades
probable, liée principalement à une modification des surfaces atteints de fibrose idiopathique [40].
cellulaires et du glycocalyx hydrocarboné protecteur qui tapisse
l’épithélium. En effet, une élévation de l’activité des exoglyco-
sidases, enzymes libérant des monosaccharides du glycocalyx, a
■ Facteurs de risque liés au patient
été démontrée dans la salive et la trachée des patients sous (Tableau 2)
ventilation mécanique. Cette élévation s’accompagnait d’une
augmentation de l’adhésion des bactéries à Gram négatif [37]. L’âge, l’obésité, le sexe masculin, l’alcoolisme chronique, le
Confirmant cette hypothèse, une diminution du taux de statut nutritionnel altéré, l’immunosuppression, la bronchop-
galactose et d’acide sialique dans les sécrétions trachéales a été neumopathie chronique obstructive, l’existence de défaillances
constatée chez des patients de réanimation [38]. viscérales associées, en particulier l’insuffisance rénale [43] sont
inconstamment retrouvés comme facteurs de risque indépen-
dants de PNAVM. En revanche, le risque semble corrélé au score
Altération des mécanismes de défense APACHE II lorsqu’il est supérieur à 15, et au pronostic lorsque
Chez le sujet intubé ou trachéotomisé, il n’existe plus de l’évolution du patient est estimée fatale à court ou à moyen
filtration par les voies aériennes supérieures des particules de terme [43]. Les patients chirurgicaux (surtout en cas de chirurgie
plus de 10 µm de diamètre. L’oropharynx et la glotte sont en combinée thoracoabdominale ou de caractère urgent de l’acte
communication sans mécanisme protecteur et le réflexe de toux chirurgical ou en présence d’un traumatisme crânien avec
est diminué, voire totalement inhibé en cas de forte sédation ou coma) développent davantage de PNAVM que les patients
d’utilisation de curares. La circulation unidirectionnelle de sens médicaux [44]. Il semble que la présence d’un SDRA augmente le
caudocrânial des fluides sur les surfaces épithéliales (tapis risque de survenue d’une PNAVM, sans toutefois que cette
mucociliaire) se trouve altérée par les lésions muqueuses dernière soit identifiée comme un facteur de surmortalité.
qu’entraînent la présence de matériel étranger, les aspirations
trachéales et les inhalations répétées de liquide gastrique. La
dysfonction mucociliaire est encore majorée en cas d’insuffi- ■ Facteurs de risque liés
sance d’humidification des gaz inspirés ou par des concentra- à la réanimation (Tableau 2)
tions élevées en oxygène. L’altération des moyens biochimiques
et cellulaires locaux de défense est aussi impliquée dans
l’apparition d’une PNAVM. Normalement, les macrophages
Ventilation mécanique
exercent une bactéricidie par leur pouvoir de phagocytose que La ventilation mécanique est le facteur majeur associé à
les lymphocytes et les leucocytes potentialisent par l’intermé- l’émergence de pneumopathie nosocomiale, et un grand nom-
diaire de cytokines ou d’immunoglobulines opsonisantes. Il bre d’études montrent que la survenue de PNAVM augmente

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36-984-A-16 ¶ Pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique

avec la durée de ventilation [45, 46]. Mais le lien de causalité n’est Sonde d’intubation
pas évident, la nécessité d’une ventilation prolongée étant
souvent liée à la présence d’une pneumopathie. Une étude Elle favorise le passage des germes depuis l’oropharynx vers
prospective portant sur 567 patients avait montré que le risque la trachée en dépit des ballonnets. Lorsque ces ballonnets ne
de développer une PNAVM augmente de façon constante de sont pas gonflés à une pression d’au moins 20 cmH2O, le risque
1 % à chaque jour supplémentaire de ventilation [45]. Mais cette de PNAVM est multiplié par 2,5 [56]. Une étude déjà ancienne a
augmentation ne serait pas linéaire. En effet, l’étude de Langer montré que les réintubations sont un facteur de risque impor-
et al. [46] a conclu que le risque de développer une PNAVM est tant de survenue de PNAVM [57]. Néanmoins, une étude récente
a permis d’identifier que seules les réintubations qui font suite
maximal vers le 8-10e jour de ventilation. À l’opposé, Cook et
aux extubations accidentelles, qui sont le fait des soignants,
al. ont montré que le risque intrinsèque de développer une
augmentaient le risque de survenue d’une PNAVM (risque
PNAVM diminue avec le temps : de 3 % par jour jusqu’à J5, il
relatif : 1,8) [58]. Une réintubation nécessaire après une autoex-
n’est plus que de 2 % par jour à J10 et de 1 % par jour à J15.
tubation, causée par le patient, ou après un échec de sevrage [58]
Plusieurs données sur de larges effectifs confirment que la
n’augmente pas le risque de PNAVM. Enfin la présence de
majorité des PNAVM survient avant 10 jours de ventilation [47] sondes nasotrachéales favorise l’apparition de sinusites maxil-
avec une durée moyenne de ventilation avant infection laires, multipliant par près de quatre le risque de PNAVM [42].
oscillant entre 6 et 10 jours [43, 48]. La limite habituellement
admise pour différencier les PNAVM précoces des PNAVM
tardives est le 5e jour de ventilation mécanique. Cette distinc- Trachéotomie
tion rend compte de mécanismes physiopathologiques diffé- Aucun travail méthodologiquement bien conduit n’a démon-
rents, avec, d’une part, des pneumopathies précoces en majorité tré d’effet protecteur de l’intubation par rapport à la trachéoto-
secondaires à des inhalations, souvent préalables à la mise sous mie vis-à-vis de l’apparition de PNAVM. Le débat entre
ventilateur et, d’autre part, des pneumopathies tardives effecti- l’utilisation d’une intubation prolongée ou d’une trachéotomie
vement acquises sous ventilation mécanique [49]. précoce est loin d’être achevé. On décrit néanmoins plus de cas
de PNAVM chez les patients trachéotomisés qu’en cas d’intuba-
tions oro- ou nasotrachéales [59]. Mais le terrain et la pathologie
Circuits du ventilateur, humidificateurs, ayant motivé la réalisation d’une trachéotomie semblent plus en
aérosols cause que la technique elle-même. En outre, aucune étude
prospective randomisée n’a permis de mettre en évidence de
Le terme anglo-saxon de ventilator associated pneumonia différence en termes d’incidence de PNAVM, entre trachéotomie
renvoie à l’hypothèse initiale qui mettait en avant le rôle de la chirurgicale et trachéotomie percutanée.
contamination par les circuits du ventilateur. Cette hypothèse
avait permis à l’époque de recommander le changement quoti-
dien, voire pluriquotidien des circuits sans aucun rationnel
Aspirations trachéales
scientifique. La réalisation d’études concernant spécifiquement Les aspirations trachéales peuvent entraîner une contamina-
le rôle des circuits a permis de conclure que, sous réserve d’une tion exogène par voie manuportée, notamment si des règles
stérilisation adéquate du matériel et du respect des règles d’hygiène stricte ne sont pas respectées (désinfection des mains
élémentaires d’hygiène en réanimation, ces circuits ne sont pas avec une solution hydroalcoolique, utilisation de gants stériles
responsables de PNAVM [50]. Néanmoins, le condensat formé ou de sondes gainées, sonde d’aspiration à usage unique,
dans les tuyaux peut contenir plus de 105 bactéries par millilitre décontamination du site d’accès à l’entrée de la sonde d’intu-
et le risque est alors son déversement dans la trachée ou vers bation ou de la canule de trachéotomie). Les systèmes clos
l’extérieur, en particulier sur les mains du personnel lors de d’aspiration ne semblent pas pour autant s’accompagner d’une
manipulations du circuit. Dreyfuss et al. ont été les premiers à diminution de l’incidence des PNAVM [60] bien que lors des
préconiser de ne pas changer systématiquement les circuits [51]. aspirations avec système ouvert peuvent pénétrer des germes
Kollef et al., par la suite, ont démontré, dans une étude issus de l’environnement aérien (Aspergillus sp.) ou hydrique
prospective concernant 345 patients, que le changement (Legionella sp.) contaminé. Enfin, les données manquent pour
hebdomadaire comparé à l’absence de changement des circuits corréler la fréquence des aspirations trachéales à l’incidence des
du ventilateur n’avait aucune influence sur l’incidence des PNAVM.
PNAVM [52]. Une élévation de l’incidence des PNAVM a même
été rapportée lorsque des changements quotidiens des circuits Position du patient
étaient effectués [53]. Les méta-analyses regroupant les quatre
études prospectives randomisées réalisées sur le sujet mettent en L’immobilisation en décubitus dorsal entraîne une diminution
de la capacité résiduelle fonctionnelle liée à la fermeture
avant l’intérêt d’une diminution de fréquence des changements
alvéolaire dans les zones dépendantes, et à l’accumulation de
de circuit. La diminution de coût a évidemment été mise en
mucus dans ces mêmes zones par diminution de la clairance
avant comme argument positif dans cette attitude. Néanmoins,
mucociliaire. Cela favorise les atélectasies et, par-là, les infec-
l’utilisation maximale d’un circuit dans des conditions
tions pulmonaires. Le décubitus dorsal favorise en outre l’inha-
d’hygiène optimales pour le patient est inconnue et la seule
lation d’autant plus qu’une alimentation entérale est en cours.
recommandation est de changer le circuit entre chaque patient.
Deux études randomisées utilisant le marquage radioactif du
Les humidificateurs chauffants ne seraient que peu en cause dans
liquide gastrique et la mesure de la radioactivité dans les
la survenue de PNAVM [54] à condition d’utiliser de l’eau stérile, sécrétions bronchiques démontraient une inhalation plus
et l’utilisation des filtres échangeurs de chaleur et d’humidité, dont importante en décubitus dorsal qu’en position semi-assise à
certains sont censés avoir des propriétés antibactériennes, ne 45° [61] . La seule étude randomisée, étudiant le rôle de la
semble pas diminuer l’incidence des PNAVM [53]. Les nébuliseurs position du patient sur l’acquisition d’une PNAVM, démontrait
pour aérosols véhiculent des particules jusqu’aux structures que le décubitus dorsal était un facteur de risque [62] . Les
respiratoires distales et, s’ils sont contaminés, peuvent entraîner transports hors du service sont de plus un facteur de risque
des pneumopathies très sévères. Kollef a démontré que leur indépendant de développer une PNAVM, possiblement lié à la
utilisation sur le ventilateur était un facteur de risque indépen- position allongée durant ces déplacements.
dant de PNAVM [41] . Une étude avait notamment rapporté
16 épisodes de pneumonies nosocomiales liés à l’utilisation
d’aérosols nébuliseurs contaminés à Burkholderia cepacia [55].
Sonde gastrique
Certains préconisent de ce fait l’utilisation des aérosols doseurs La présence de sondes nasogastriques favorise l’apparition de
plutôt que la nébulisation, mais sans qu’une étude randomisée sinusites maxillaires, multipliant par près de quatre le risque de
ne puisse pour le moment permettre d’aboutir à une PNAVM [42]. De plus, la présence d’une sonde gastrique favorise
recommandation. le reflux gastro-œsophagien, particulièrement si une nutrition

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Pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique ¶ 36-984-A-16

entérale est prescrite et si le patient est en position allongée. En favorisent la prolongation de la ventilation mécanique, l’inhi-
effet, dans l’étude d’Ibanez et al., les patients porteurs d’une bition de la toux, l’apparition d’atélectasies, et par-là le risque
sonde présentaient 74 % de reflux contre seulement 35 % pour de PNAVM.
les patients non équipés [63]. Ce risque n’est pas conditionné par
le diamètre de la sonde [64]. Environnement
Les surfaces des sols, des murs, des lits ou du mobilier en
Nutrition entérale réanimation sont colonisées par Staphylococcus aureus, Enterocco-
Bien que la nutrition entérale favorise l’inhalation et la cus sp., et certains bacilles à Gram négatif (BGN) comme
colonisation gastrique, aucune étude n’a pu démontrer l’aug- Acinetobacter baumanii, et peuvent être indirectement à l’origine
mentation de l’incidence des pneumopathies nosocomiales chez d’une transmission horizontale par le biais de la colonisation
les patients soumis à une nutrition entérale, même lorsqu’il des mains du personnel soignant. Les staphylocoques et enté-
existe une inhalation prouvée du contenu gastrique. Il a rocoques peuvent persister plusieurs mois au niveau des
néanmoins été suggéré dans une étude prospective récente [65] surfaces, alors que la plupart des BGN (à l’exception de germes
qu’un volume gastrique résiduel supérieur à 150 ml augmentait plus résistants comme Acinetobacter baumanii, Enterobacter sp. et
l’incidence des PNAVM. L’évaluation du volume gastrique Klebsiella sp.) n’y demeurent que quelques heures [55] . La
résiduel est néanmoins peu fiable car soumise à de nombreux contamination de l’air véhiculé par la climatisation ou la
facteurs : type de sonde gastrique, présence ou non d’orifices ventilation, favorisée parfois par des travaux, peut être à
latéraux, type de seringue utilisée pour l’aspiration. La compa- l’origine de PNAVM à Aspergillus sp. et plus récemment au virus
raison entre nutrition gastrique et nutrition postpylorique responsable du SRAS [55]. Les sources hydriques (climatisation,
(duodénale ou jéjunale) n’a pas retrouvé de différence significa- circuits d’eau courante) sont contaminées avec divers germes
tive quant à l’incidence des PNAVM [66]. Les différentes méta- (Pseudomonas aeruginosa, Acinetobaceter baumanii, Stenotrophomo-
analyses [67, 68] réalisées depuis sur le sujet sont contradictoires nas ou Xanthomonas maltophilia, mycobactéries, champignons,
et ne permettent pas de recommander la nutrition postpylori- parasites), mais le lien épidémiologique le plus important
que comme moyen de prévention des PNAVM. Certains préco- concerne Legionella sp. D’après plusieurs études Legionella sp.
nisent une alimentation entérale précoce chez les patients peut être retrouvé dans 12 à 70 % des conduites hydriques
critiques, mais une étude récente a montré qu’une alimentation d’eau potable à l’hôpital [74]. Le premier cas nosocomial a été
entérale débutée au 1er jour était associée à une incidence plus décrit en 1979 peu de temps après la première description
élevée de PNAVM lorsqu’elle était comparée à une alimentation historique de légionellose. Les acquisitions hospitalières repré-
entérale débutée au 5e jour [69]. Rappelons enfin que l’alimen- senteraient en fait 25 à 45 % des cas de légionelloses avec une
tation parentérale, comme alternative éventuelle à l’alimenta- mortalité globale de près de 30 % [55].
tion entérale, est associée à un risque élevé d’infections liées aux
cathéters, à des complications secondaires à l’insertion de ces
cathéters, à une modification de l’architecture villositaire ■ Diagnostic
intestinale favorisant la translocation bactérienne et à un coût
plus élevé [18]. Il est donc toujours préférable de privilégier Il demeure l’objet de nombreuses controverses que différentes
l’alimentation entérale à condition de la mener chez un patient conférences de consensus n’ont pas résolues [18, 75]. Le choix va
en position semi-assise entre 30 et 45° [18]. de simples critères cliniques et paracliniques à des examens à
visée microbiologique, souvent complexes. Les PNAVM sont
histologiquement caractérisées par l’existence de foyers consti-
Protection gastroduodénale tués de polynucléaires neutrophiles présents dans les bronchio-
Les antiulcéreux, qui augmentent le pH gastrique comme les les et dans les alvéoles adjacentes. Cette définition s’est affinée
anti-H2, ont été suspectés d’augmenter la colonisation bacté- depuis le travail de Rouby et al. [17], qui a établi une classifica-
rienne gastrique et ainsi le risque de PNAVM, contrairement au tion en quatre stades successifs en réalisant l’analyse histologi-
sucralfate qui n’a pas d’incidence sur le pH gastrique. Bien que que de l’ensemble des poumons de 83 patients ventilés
cette hypothèse ait été confortée par les conclusions d’une invasivement et décédés en réanimation.
méta-analyse de plusieurs travaux randomisés [70], la plus large
étude randomisée sur le sujet a permis ultérieurement de
démontrer que la ranitidine n’augmentait pas le risque de
développer une PNAVM par rapport au sucralfate [71]. Il est à
noter d’ailleurs qu’une étude déjà ancienne avait montré que le
“ Point important
pH gastrique n’était pas différent, que les patients soient traités
par sucralfate ou par anti-H2 [72]. Enfin, pour certains, il semble Classification histologique des stades d’une
que les thérapies préventives de l’ulcère de stress ne soient pas PNAVM selon Rouby et al. [17]
un facteur de risque de PNAVM, le pH gastrique de 40 à 60 % • Stade de bronchiolite : accumulation de neutrophiles
des patients de réanimation étant déjà spontanément supérieur dans la lumière des bronchioles avec des bouchons
à 4 (seuil de prolifération bactérienne). muqueux et des altérations de la paroi bronchiolaire.
• Stade de la bronchopneumopathie localisée : foyers diffus
Antibiothérapie d’infiltrats de neutrophiles localisés aux bronchioles
Une antibiothérapie pour une infection extrapulmonaire est terminales et aux alvéoles adjacentes. Stade de la
un facteur de risque controversé de survenue de PNAVM [43, 45, bronchopneumopathie condensante : extension des
73]. Il semble même que la prescription d’une antibiothérapie foyers de bronchopneumopathie localisée, à plusieurs
après l’intubation soit associée à une réduction de l’incidence lobules adjacents.
des PNAVM précoces, notamment chez les patients présentant • Stade d’abcès pulmonaire : lésions de bronchopneumo-
une défaillance neurologique [73]. Plus que le nombre de cas de pathie confluantes associées à de la nécrose tissulaire et à
PNAVM, la prescription d’une antibiothérapie surtout à large la destruction de l’architecture pulmonaire habituelle.
spectre, favoriserait la sélection de germes multirésistants et
grèverait donc le pronostic.

En raison de l’ensemencement répété des voies aériennes


Autres médicaments inférieures, ces lésions de PNAVM sont très hétérogènes et l’on
Le thiopental, les corticoïdes et toutes les autres thérapeuti- retrouve associés dans le même temps des stades lésionnels
ques immunosuppressives facilitent la survenue de pneumopa- différents. Cette hétérogénéité rend compte du nombre de faux
thies nosocomiales. En outre, la sédation et les curares négatifs observés lors de biopsies et ainsi jusqu’à 30 % des

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Tableau 3. indisponible au moment de la décision de traitement [15]. La


Clinical Pulmonary Infection Score [80].
durée du traitement antibiotique nécessaire paraît directement
Température PaO2/FiO2
corrélée au CPIS évalué au moment du diagnostic [81]. Son
intérêt pronostique a également été suggéré. Ainsi, des mesures
≥ 36,5 °C et ≤ 38,4 °C : 0 point > 240 ou SDRA : 0 point
répétées du CPIS montrent qu’une diminution du score est
≥ 38,5 °C et ≤ 38,9 °C : 1 point ≤ 240 sans SDRA : 2 points observée chez les patients qui survivent alors que le score ne
≤ 36 °C ou ≥ 39 °C : 2 points décroît pas chez les patients qui décèdent [15]. Très récemment,
Globules blancs Cliché du thorax il a tout de même été noté que la sensibilité et la spécificité du
≥ 4 G/l et ≤ 11 G/l : 0 point Absence d’infiltrat : 0 point CPIS chez des polytraumatisés (respectivement 61 et 43 %)
étaient insuffisantes [82].
< 4 G/l ou > 11 G/l : 1 point Infiltrat diffus : 1 point
si ≥ 0,5 G/l formes immatures : Infiltrat localisé : 2 points
1 point
Marqueurs biologiques
Aspirations trachéales a Culture semi-quantitative des Leur objectif principal est l’aide au diagnostic, en particulier
sécrétions trachéales précoce, dès la réalisation des prélèvements microbiologiques,
< 14 + : 0 point
(0, 1, 2 ou 3 +) en attendant les résultats de ces derniers. Une étude a semblé
≥ 14 + : 1 point
Bactérie pathogène ≤ 1 + : 0 point montrer un intérêt de la procalcitonine dans le diagnostic des
Si purulence : 1 point PNAVM [83] ainsi qu’en ce qui concerne le pronostic. Ainsi, il a
Bactérie pathogène > 1 + : 1 point
été montré qu’un taux sérique supérieur à 1 ng/ml prédisait le
Même bactérie que le Gram :
décès d’un patient présentant une pneumonie avec une sensi-
1 point
bilité de 83 % et une spécificité de 64 % [84] . En outre, le
a
Pour chaque aspiration, les infirmières estiment la quantité de sécrétions marqueur TREM-1 (triggering receptor expressed on myeloid cells) est
trachéales recueillies et lui donnent un score semi-quantitatif (allant de 0 à 4 +).
L’estimation totale est obtenue en additionnant toutes les + notées sur 24 heures.
une immunoglobuline dont l’expression sur les phagocytes est
Le score total est compris entre 0 et 12. Un score > 6 est en faveur d’une stimulée par des dérivés microbiens. Son activation accroît la
pneumopathie nosocomiale acquise sous ventilation mécanique (PNAVM) avec production de cytokines, amplifiant ainsi la réponse de l’hôte à
une sensibilité de 93 % et une spécificité de 100 % comparé au lavage l’agression microbiologique. Sa production semble indépendante
bronchoalvéolaire (LBA), et une sensibilité de 72 % et une spécificité de 85 %
comparé à la biopsie pulmonaire. SDRA : syndrome de détresse respiratoire aiguë.
de stimuli inflammatoires non infectieux. Pour Gibot et al. [85],
la présence de s-TREM-1 (TREM-1 soluble) dans un mini-LBA
réalisé à l’aveugle présente une sensibilité et une spécificité
pneumopathies histologiques seraient ignorées par ce type de diagnostiques respectives de 100 et 90 %.
prélèvement [17]. Il est à noter que les lésions prédominent au
niveau du poumon droit et des segments déclives. L’obtention Prélèvements microbiologiques
d’une culture de parenchyme pulmonaire positive à 104 unités
formant colonie (UFC)/g de tissu pulmonaire n’est pas néces- Hémocultures
saire pour porter le diagnostic de certitude de PNAVM [17, 76]. En
Les hémocultures sont d’une aide insuffisante. Dans un
effet, d’authentiques lésions histologiques de PNAVM peuvent
travail portant sur 90 PNAVM confirmées par LBA, un germe au
être présentes avec une culture de parenchyme pulmonaire
moins du LBA n’était retrouvé sur une hémoculture que dans
stérile. En outre, un certain nombre de bronchiolites, donc sans
24 % des cas [86]. Néanmoins il est toujours recommandé de les
pneumopathie réelle, est associé à une culture du parenchyme
réaliser avant d’instaurer une antibiothérapie empirique ou
positive du fait de la contamination par les germes issus des
probabiliste [18].
voies aériennes les plus distales.
Prélèvements non dirigés (dits « à l’aveugle »)
Diagnostic dit « clinique » L’aspiration trachéale (AT) est une technique simple, peu
Il repose sur l’association d’un syndrome infectieux (fièvre ou invasive et peu onéreuse qui a longtemps été décriée en raison
hypothermie/leucopénie ou hyperleucocytose), d’un syndrome d’un hypothétique manque de spécificité. Grâce à l’apport des
alvéolaire ou alvéolo-interstitiel (apparition ou modification cultures quantitatives, l’AT a retrouvé sa place au sein des
d’une image radiologique préexistante), d’une bronchorrhée méthodes de diagnostic, offrant une bonne sensibilité (83 % à
purulente et d’une détérioration gazométrique. Il s’agit de signes 10 4 UFC/ml, 55 % à 10 6 UFC/ml), et une spécificité de
non spécifiques surtout en cas d’atteinte respiratoire préalable ou 80 à 85 % [87]. La prédominance droite et le fait qu’il s’agisse de
d’images radiologiques pathologiques préexistantes, dans le cadre bronchopneumopathies, donc avec composante bronchique,
d’un SDRA notamment. Lorsque le diagnostic est porté à expliquent sans doute l’intérêt de cette technique dans le
l’unanimité des médecins en charge des patients, il se révèlerait diagnostic des PNAVM. Lorsque l’AT au seuil de 105 UFC/ml a
exact dans 90 % des cas [77]. Timsit et al. [78] retrouvent une été comparée à la brosse téléscopique protégée (BTP) ou au
sensibilité de 77 ± 12 % et une spécificité de 66 ± 14 % pour le lavage bronchoalvéolaire (LBA) chez 48 patients présentant une
diagnostic de PNAVM réalisé par des réanimateurs seniors sur ces suspicion de PNAVM, la sensibilité et la spécificité étaient
critères dit « cliniques ». La justification à compléter les argu- respectivement de 92,8 et 80 % [88]. Lorsque l’AT, au seuil de
ments cliniques par des techniques microbiologiques repose le 10 4 UFC/ml, a été comparée au cathétérisme télescopique
plus souvent sur les résultats de l’étude d’Andrews, citée dans la protégé réalisé à l’aveugle au cours de 138 suspicions de
quasi-totalité des études consacrées au diagnostic des pneumo- PNAVM, la sensibilité et la spécificité étaient respectivement de
pathies nosocomiales [79]. Alors que, bien souvent, on reproche 92 et 85 % [89]. L’intérêt de l’aspiration trachéale avec culture
aux critères cliniques de ne pas être assez spécifiques, Andrews non quantitative pourrait même être reconsidéré au vu d’une
et al. [79] avaient surtout rapporté un manque de sensibilité étude multicentrique nord-américaine récente [90]. Ce travail
puisqu’environ un tiers des PNAVM avait été ignoré. De façon comparait de façon prospective et randomisée, chez 740 pa-
plus récente, différents scores de pneumopathie nosocomiale ont tients suspects de PNAVM, le LBA avec culture quantitative à
été proposés. Le plus répandu est le Clinical Pulmonary Infection l’aspiration trachéale avec culture non quantitative, et a permis
Score (CPIS) proposé par Pugin et al. (Tableau 3) [80]. Il utilise six de montrer que la mortalité et l’utilisation ciblée des antibioti-
critères, est compris entre 0 et 12 et offre de bonnes sensibilité ques n’étaient pas différentes quelle que soit la technique
et spécificité diagnostiques lorsqu’il est supérieur à 6. La diagnostique utilisée [90].
sensibilité et la spécificité sont respectivement de 93 et 100 % Le double cathéter protégé par un bouchon en polyéthylène
lorsque le CPIS est comparé au lavage bronchoalvéolaire [80] et glycol (dispositif de type Combicath®, Plastimed) permet de
de 72 et 85 % lorsqu’il est comparé à l’analyse histologique [76]. réaliser un « brossage aspiratif à l’aveugle » au moyen du
Ce score a été adapté et modifié essentiellement sur deux cathéter interne, et semble plus sensible que la BTP. Ce dispo-
critères : l’évaluation de la quantité et de la qualité des sécré- sitif peut aussi être utilisé pour réaliser un mini-LBA au cours
tions trachéales, ainsi que le critère microbiologique, souvent duquel 20 ml de liquide sont instillés [17, 76] et dont l’étude

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Pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique ¶ 36-984-A-16

semi-quantitative a montré une sensibilité de 80 % et une patients étaient classés de façon concordante en fonction de la
spécificité de 66 %. L’analyse quantitative au seuil de présence ou de l’absence de pneumonie, au seuil de
103 UFC/ml ne semble pas en améliorer la performance dia- 104 UFC/ml.
gnostique. La conservation des prélèvements à 4 °C avant leur La brosse télescopique protégée (BTP) consiste en la réalisation
mise en culture semble possible. De plus, la performance d’un brossage de la muqueuse bronchique distale dont la
diagnostique du double cathéter protégé ne paraît pas meilleure précision nécessite une mise en place endoscopique. La brosse
lorsque cet examen est réalisé sous fibroscopie. est protégée par un double cathéter obturé par un bouchon en
polyéthylène glycol. Le faible volume de sécrétions recueilli
Prélèvements dirigés (environ 1 µl) explique un certain nombre de faux négatifs, ainsi
que la difficulté de réaliser un examen direct et une mise en
Le lavage bronchoalvéolaire (LBA) consiste à instiller du sérum culture sur la même brosse. Cette technique, mise au point in
physiologique stérile au travers du chenal interne du fibroscope vitro par Wimberley, a été validée chez le patient ventilé par
lequel est positionné dans une bronche de 3e ou 4e génération Chastre et al. [97] qui ont étudié la fiabilité de ce dispositif chez
où ainsi seules les bronchioles distales et les alvéoles sont 26 sujets ventilés et décédés en réanimation. Les études histolo-
échantillonnées. Un volume total de 100 à 400 ml est adminis- giques humaines [76] montrent une sensibilité de la BTP comprise
tré réparti en aliquots successifs de volume variable selon les entre 33 et 57 %. Le seuil retenu de 103 UFC/ml peut expliquer
auteurs. Il n’y a aucun consensus, ni sur la quantité à adminis- un certain nombre de faux négatifs. Dreyfuss et al. [98] proposent
trer par aliquot, ni sur le nombre d’aliquots, ni sur le fait de de répéter la recherche en cas de résultat négatif associé à un
conserver ou d’éliminer le premier aliquot qui est censé tableau radioclinique évocateur. Ils ont montré que la répétition
représenter la fraction bronchique du LBA. Les principales de la BTP après un résultat limite (≥ 10 2 et < 10 3 UFC/ml)
études montrant l’intérêt du LBA fibroscopique dans le diagnos- permettait de porter le diagnostic de PNAVM sur la seconde BTP
tic des pneumopathies nosocomiales ont porté sur des malades au seuil de 103 UFC/ml dans 35 % de ces cas. Cette notion de
non ventilés et souvent immunodéprimés. La première étude seuil à 103 UFC/ml est d’autant plus critiquable que de nom-
ayant véritablement prôné l’utilisation du LBA chez les malades breuses discordances, au-dessus ou au-dessous de ce seuil, sont
ventilés est celle d’Aubas et al. [91] . Utilisant des critères notées lorsque deux BTP sont réalisées au cours du même
radiocliniques, les auteurs trouvent une sensibilité du LBA de examen fibroscopique et dans le même territoire [99]. La spécifi-
89 % et une spécificité de 83 % en prenant comme seuil cité de la BTP fait l’objet de presque autant de controverses que
103 UFC/ml. Dans le cadre des PNAVM bactériennes, d’autres sa sensibilité [76]. Évaluant la reproductibilité de la BTP, une
travaux, comportant cette fois une comparaison avec l’examen équipe a montré 14 % de discordances par rapport au seuil de
histologique, ont permis de montrer que la sensibilité du LBA 103 UFC/ml lorsque deux BTP étaient réalisées de façon succes-
au seuil de 104 UFC/ml était de l’ordre de 47 à 58 % [76]. Chez sive [99]. La concentration de chaque germe variait d’ailleurs d’un
des patients n’ayant pas reçu d’antibiotiques avant leur décès, facteur 10 au moins dans 59 à 67 % des paires de prélèvements.
cette sensibilité peut atteindre 91 % [92] . La spécificité est Cela semble imputable à l’hétérogénéité des lésions de pneumo-
diversement appréciée. Si l’on se réfère aux études avec standard nie et au faible volume de sécrétions recueilli. Enfin, dès la
histologique, elle varie de 45 à 100 % [76, 92]. Dans une méta- 12e heure après l’administration d’une antibiothérapie efficace, la
analyse portant sur 23 études, une sensibilité du LBA de BTP est négativée dans près d’un tiers des cas [100], justifiant de
73 ± 18 % et une spécificité de 82 ± 19 % pour le diagnostic de réaliser le prélèvement avant l’introduction de toute nouvelle
PNAVM sont retrouvées [93]. La dilution des sécrétions expose au antibiothérapie.
risque de faux négatifs. Ainsi, dans un travail portant sur Les biopsies pulmonaires enfin peuvent devenir nécessaires en
47 patients présentant une suspicion de PNAVM, le taux de faux cas d’errance diagnostique, de pneumopathie extensive grave ou
négatifs potentiels lié à la dilution a été évalué à 17 % [94]. de SDRA non résolutif et, dans ce cadre, seule la biopsie de type
L’intérêt du LBA repose en outre sur la possibilité de rechercher chirurgical par thoracotomie se conçoit tant en termes de
d’autres pathogènes comme les germes intracellulaires, la sécurité que de rentabilité diagnostique [101].
biologie moléculaire permettant la recherche de l’acide nucléi-
que grâce à l’amplification par polymerase chain reaction (PCR) Examen direct
spécifique semblant d’un plus grand intérêt que des cultures de Le résultat de la culture de prélèvement réclame 24 à 48 heu-
réalisation difficile. Le diagnostic viral, notamment concernant res. Or, les PNAVM représentent une urgence thérapeutique.
Herpes simplex virus et cytomégalovirus peut bénéficier aussi de Aussi certains auteurs ont-ils proposé d’utiliser l’examen direct,
l’amplification par PCR en parallèle des cultures et de l’analyse possible sur une AT, un LBA, un mini-LBA et une biopsie
cytologique classiques. La tolérance du LBA chez les malades pulmonaire (mais pas sur un double cathéter protégé ni sur une
ventilés peut limiter son utilisation, et une fièvre peut suivre sa BTP), afin de décider précocement d’introduire ou pas une
réalisation et être associée à une hypotension artérielle. Néan- antibiothérapie orientée. La numération des polynucléaires
moins une étude portant sur 12 patients ventilés neutrophiles ou la détermination de leur pourcentage n’a,
(PaO2 moyenne 100 mmHg avec une pression télé-expiratoire semble-t-il, que peu d’intérêt. En revanche, certains auteurs ont
positive [PEEP] ≥ 10 cmH2O et une FiO2 ≥ 0,5) n’a pas montré proposé de déterminer le pourcentage de cellules contenant des
d’altération de l’état hémodynamique après réalisation du micro-organismes avec, là aussi, différents seuils proposés. Un
LBA [95]. En revanche, une diminution prolongée de la PaO2 a travail réalisé chez 28 patients ventilés décédés en réanimation,
été notée après retour de la FiO2 au niveau antérieur avant chez qui l’examen histologique d’un poumon entier a servi de
fibroscopie. Durant la réalisation de la procédure, il semble référence, a montré que la détermination du pourcentage de
nécessaire d’augmenter la FiO2 à 1, et de ne la baisser que germes intracellulaires sur différents types de prélèvements
progressivement, sur quelques heures après la fin de l’examen. avait, à différents seuils, une sensibilité et une spécificité
La réalisation du LBA requiert parfois l’adjonction d’un curare, médiocres [102] . Si l’on regarde la coloration de Gram, la
essentiellement chez les patients présentant un SDRA et dont la sensibilité est toujours aussi imparfaite. En revanche, la spécifi-
compliance est effondrée. Le niveau de sédation doit être, dans cité est correcte, supérieure à 70 % quel que soit le type de
tous les cas, optimisé afin d’éviter les conséquences hémodyna- prélèvement. Aussi, il est raisonnable d’avancer que lorsque la
miques et surtout respiratoires de cet acte. Le délai de mise en coloration de Gram met en évidence la présence de micro-
culture doit être de moins de 1 heure, le traitement tardif des organismes, le risque de PNAVM est important. En revanche, la
LBA exposant au risque de faux négatif. La réfrigération à 4 °C négativité de cet examen direct n’écarte pas le diagnostic. Un
pourrait permettre de temporiser, lorsque le prélèvement ne travail clinique récent réalisé chez 82 patients présentant une
peut être pris en charge assez rapidement. La reproductibilité du suspicion de PNAVM rapporte que le meilleur seuil de cellules
LBA est aussi discutée que celle de la BTP. Ainsi, chez présentant des inclusions bactériennes est de 2 %, n’offrant tout
44 patients suspects de PNAVM, deux LBA ont été réalisés de même qu’une sensibilité de 80 % et une spécificité de 82 %
consécutivement par le même opérateur dans la même région lorsque ce paramètre a été comparé à la culture d’un
pulmonaire [96]. Néanmoins, dans 75 % des cas seulement, les mini-LBA [103].

Anesthésie-Réanimation 9

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36-984-A-16 ¶ Pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique

Autres examens microbiologiques de protocoles de sevrage dans lesquels la VNI peut avoir sa place
permet de réduire la durée de ventilation mécanique invasive et
Les antigénuries par techniques chromatographiques permet-
ainsi de diminuer l’incidence des PNAVM. Les mesures prises
tant la détection des antigènes de Streptoccocus pneumoniae et
par les comités de lutte contre les infections nosocomiales
Legionella pneumophila de sérogroupe 1, habituellement réalisées
(CLIN), notamment l’éducation et la formation des personnels
sur bandelette urinaire dans le cadre des pneumopathies
soignants, la décontamination systématique des mains par les
communautaires, peuvent être utiles dans le cadre des PNAVM.
solutions hydroalcooliques, le port de gants stériles ou à usage
Certains ont proposé l’utilisation de ces bandelettes sur d’autres
unique si des sondes protégées sont utilisées durant les aspira-
liquides biologiques comme le LBA. Concernant les germes
tions trachéales, ainsi que l’isolement rationnel des patients
intracellulaires, les sérologies n’ont qu’un intérêt rétrospectif, et
porteurs de germes multirésistants doit permettre de réduire le
l’amplification par PCR sur le LBA est beaucoup plus promet-
teuse. portage manuel et ainsi la transmission croisée, bien que
En cas de suspicion de virus opportuniste, les sérologies CMV l’efficacité spécifique de ces mesures sur l’incidence des PNAVM
et HSV sont d’un faible intérêt compte tenu du délai de ne soit pas connue. L’utilisation d’un stéthoscope et d’un
séroconversion. Néanmoins, l’augmentation significative du brassard à tension par chambre, décontaminés à chaque chan-
taux d’anticorps IgG ou la présence d’IgM témoignent en gement de patient, ainsi que la décontamination de tout
principe d’une infection active avec, pour les sujets immunodé- matériel passant d’une chambre à l’autre (échographe, appareil
primés, les limites habituelles à l’interprétation de la sérologie. à électrocardiogramme, etc.) semblent être aussi des mesures
De fortes virémies ou antigénémies CMV (recherche d’antigènes logiques pour diminuer le risque de transmission croisée.
viraux par anticorps monoclonaux en immunofluorescence)
témoignent d’une infection cytomégalique extensive et rend
l’atteinte pulmonaire à CMV possible. Il faut savoir répéter cette
recherche sérique en cas de négativité malgré une forte suspi-
cion clinique ou biologique. Il est à noter qu’une cytolyse
hépatique doit faire suspecter un CMV dans le cadre de PNAVM
“ Conduite à tenir
tardive. Les virus respiratoires (influenza, parainfluenza, VRS, Les mesures préventives reconnues pour limiter les
adénovirus, coronavirus, rhinovirus) peuvent bénéficier d’un PNAVM sont :
diagnostic sérologique là aussi rétrospectif. L’amplification par • le lavage des mains avant les soins ;
PCR peut aussi être utile pour la recherche de virus dans le LBA.
• l’isolement des patients porteurs de germes multi-
Le diagnostic des infections aspergillaires peut bénéficier de
l’antigénémie aspergillaire, la sérologie n’ayant que peu d’intérêt. résistants ;
Les levures ne bénéficient quant à elles d’aucun examen • l’utilisation préférentielle de la ventilation non invasive ;
spécifique et seule la biopsie pulmonaire peut confirmer le • la position proclive du patient de 30 à 45°.
diagnostic de pneumopathie à Candida sp.

Recommandations
Le LBA sous fibroscopie est probablement l’examen dirigé le Antibioprophylaxie, asepsie buccale,
plus utile, essentiellement lorsque les examens non dirigés n’ont
pas été contributifs. Parmi les multiples recommandations et décontamination digestive sélective
autres conférences de consensus, la plus récente de l’American La décontamination oropharyngée locale par antibiothérapie sous
Thoracic Society (ATS) et de l’Infectious Diseases Society of forme de pâte ou de gel, ou par antisepsie par la chlorhexhi-
America (IDSA) [18] recommande de réaliser des prélèvements dine [105] paraît efficace pour prévenir les PNAVM. Néanmoins,
des voies aériennes basses avant toute modification thérapeuti- une étude récente, multicentrique américano-européenne
que chez un patient suspect de pneumonie nosocomiale. Mais étudiant l’effet préventif de l’iseganan (peptide antimicrobien
aucune ne tranche entre les différents types de prélèvements actif contre les bactéries et les champignons) concluait à une
bien que le choix devrait se porter plutôt sur des techniques inefficacité pour prévenir les PNAVM [106].
quantitatives. Dans le cadre du diagnostic, le LBA sous fibros- La décontamination digestive sélective (DDS), compte tenu de la
copie paraît un bon compromis entre sensibilité et spécificité. Il coexistence d’une source oropharyngée et gastrique de coloni-
permet de plus la réalisation de nombreux examens, qu’il sation, est proposée depuis longtemps comme moyen de
s’agisse de marqueurs d’infection ou de la recherche d’agents prévention des PNAVM. Elle comporte généralement une
microbiologiques inhabituels. Les progrès de la biologie molé- combinaison de trois agents anti-infectieux à diffusion systémi-
culaire avec la recherche par PCR dans le liquide alvéolaire, que nulle ou faible (amphotéricine B, polymyxine, amikacine
notamment pour les bactéries intracellulaires et les virus, ou gentamicine), appliquée sur la muqueuse buccale, et admi-
commencent à révolutionner le diagnostic de ces infections. nistrée par voie digestive par sonde gastrique, associés à une
Lorsque les prélèvements sont stériles, surtout lorsque les antibioprophylaxie systémique parentérale courte. L’équipe de
patients ne reçoivent pas d’antibiotiques, et après avoir éliminé Stoutenbeek [107] utilisait comme antibioprophylaxie systémique
une cause extrapulmonaire de sepsis, il paraît utile de recher- le céfotaxime intraveineux jusqu’à la négativation des prélève-
cher une cause non bactérienne (virale en particulier), voire une ments à visée microbiologique (parfois jusqu’à 10 jours de
cause non infectieuse pulmonaire (tumeur, fibroprolifération,
connectivite, etc.), au moyen d’un LBA avec une analyse plus
complète et orientée sur des causes moins communes. La
biopsie pulmonaire chirurgicale, lorsque ces examens n’ont pas
été contributifs et que la pneumopathie persiste ou lorsqu’un
autre diagnostic est suspecté d’emblée (fibroprolifération au
“ Point important
cours du SDRA, néoplasie, maladie de système, etc.), peut être
proposée [101]. Moyens du diagnostic microbiologique et seuils de
significativité habituellement retenus :
• lavage bronchoalvéolaire (LBA) ≥ 104 ;
■ Traitement préventif • brosse téléscopique protégée sous fibroscopie (BTP)
≥ 103 ;
Mesures générales • mini-LBA ou brosse par double cathéter protégé à
Le recours préférentiel à la VNI en première intention, l’aveugle ≥ 103 ;
lorsque cela est possible, réduit l’incidence des pneumopathies • aspiration trachéale à l’aveugle ≥ 106.
nosocomiales [104]. L’instauration de protocoles de sédation et

10 Anesthésie-Réanimation

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Pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique ¶ 36-984-A-16

Tableau 4. Nutrition entérale


Antibiothérapie empirique proposée par la conférence de consensus de
l’American Thoracic Society (ATS) 2005 [18]. Un pH gastrique supérieur à 4 favorise la colonisation
bactérienne et une étude a, de ce fait, suggéré que l’acidification
Antibiothérapie empirique en cas Antibiothérapie empirique en cas
de PNAVM précoce (< 5e jour) et de PNAVM tardive (≥ 5e jour) avec de l’acide chlorhydrique (pH = 3,5) des préparations pour
en l’absence de facteurs de risque et/ou en présence de facteurs nutrition entérale (qui ont habituellement un pH compris entre
de bactéries multirésistantes de risque de bactéries 6 et 7) pourrait être un moyen de prévention de la colonisation
multirésistantes gastrique [27] . Dans cette étude randomisée, Heyland et al.
b-lactamine/inhibiteur de Céfépime ou ceftazidime avaient retrouvé dans le groupe dont l’alimentation entérale
b-lactamase était acidifiée une différence significative en termes de coloni-
Ou imipénem ou méropénem
Ou ceftriaxone sation gastrique, mais sans retrouver de différence sur l’inci-
Ou pipéracilline/tazobactam
dence des PNAVM [27]. Cette mesure n’est d’ailleurs pas retenue
Ou lévofloxacine ou moxifloxacine +
par la dernière conférence de consensus [18]. L’arrêt durant
Ou ertapénem Ciprofloxacine ou lévofloxacine quelques heures par jour de l’alimentation entérale a été
Ou gentamicine ou tobramicine ou proposé pour diminuer la colonisation gastrique, en rétablissant
amikacine un pH inférieur à 4. De la même façon, aucune étude n’a pu
+ prouver une diminution de l’incidence des PNAVM en instau-
Linézolide ou vancomycine a
rant cette nutrition entérale séquentielle. Enfin les études
a
Si suspicion ou facteurs de risque de Staphylococcus aureus oxa-R (corticothérapie, concernant la nutrition postpylorique sont contradictoires et ne
antibiothérapie récente, ventilation mécanique > 6 jours). permettent pas de la recommander comme moyen de préven-
tion des PNAVM.

traitement considéré comme « préventif »). Les premiers travaux


portaient essentiellement sur des polytraumatisés dont on Sonde d’intubation, canule
connait le risque majeur d’inhalation avant et même après de trachéotomie, circuit
l’intubation, et la particulière susceptibilité aux pneumopathies
précoces à Staphylococcus aureus. De nombreuses études avaient Le choix de l’interface invasive (trachéotomie, intubation
montré une réduction de l’incidence des PNAVM, mais il naso- ou orotrachéale) est encore discuté, mais il semble qu’à la
semble, qu’en pratique, cette méthode est peu utilisée et n’est lumière de travaux méthodologiquement bien menés, l’intuba-
pas retenue comme recommandation formelle dans les dernières tion nasotrachéale favorise la survenue de sinusites maxillaires
conférences de consensus internationales [18, 75] (Tableau 4). et de PNAVM par rapport à l’intubation orotrachéale [42]. Le
Certains problèmes inhérents à l’utilisation de la DDS ont en changement systématique du circuit du respirateur n’est plus
effet été avancés : le passage d’antibiotiques dans le tractus nécessaire [51] pour diminuer le nombre des PNAVM. Les
respiratoire inférieur rendant compte d’un nombre certainement systèmes d’aspiration permanente des sécrétions sous-glottiques
important de cultures stériles ou du moins inférieures aux seuils au-dessus du ballonnet, seraient surtout efficaces chez les
recommandés en raison d’une activité partielle, mais insuffi- patients ne recevant pas d’antibiothérapie [56]. Par exemple,
sante sur ces germes des antibiotiques donnés par voie locale, Kollef et al. [110] ne retrouvent pas de différence d’incidence des
et l’impact théorique que pourrait avoir l’utilisation extensive PNAVM chez des patients de chirurgie cardiaque (5 versus
de la DDS sur l’écologie des services de réanimation et sur 8,2 %). En revanche, ils notent que les PNAVM survenant chez
l’émergence de bactéries multirésistantes. Néanmoins, un travail les patients disposant d’une aspiration sous-glottique continue
récent, prospectif randomisé mené sur un large effectif, a apparaissent plus tardivement (5,6 ± 2,3 jours) que chez les
montré une diminution de l’incidence des PNAVM et une patients qui ne sont pas équipés d’un tel dispositif
réduction de la mortalité dans le groupe bénéficiant d’une DDS, (2,9 ± 1,2 jours ; p = 0,006), sans observer néanmoins de
avec de plus une diminution des colonisations à bactéries Gram diminution des durées de ventilation. Bien que séduisant au
négatif [108], ce qui pourrait relancer l’intérêt de cette méthode point de vue conceptuel, ce système demande à être validé par
de prévention. d’autres études avant d’être plus largement proposé, essentielle-
L’antibioprophylaxie systémique utilisée seule sans décontamina- ment en raison de son coût élevé. En outre, certains fabricants
tion locale augmente le risque de développement de bactéries ont proposé des revêtements de sonde qui inhibent la forma-
multirésistantes, et les données quant à son efficacité dans la tion du biofilm qui tapisse la lumière de la sonde d’intubation
prévention des PNAVM sont très contradictoires [73]. dès les premières heures et dont la fragmentation est favorisée
par les aspirations. Mais grâce aux nouvelles technologies de
microscopie laser, il a été montré que ce biofilm est composé
Protection gastroduodénale essentiellement de cellules inflammatoires originaires de l’arbre
L’utilisation de protecteurs gastriques élevant le pH gastrique aérien déposées en couches stratifiées, et non de bactéries [111],
(anti-H2, antiacides) expose au risque de développement ce qui rendrait donc ce moyen de prévention inutile.
microbien au niveau de l’estomac. Concernant l’utilisation de
ces protecteurs gastriques et bien que les études soient contra-
dictoires, le sucralfate semblait présenter plusieurs avantages : il Gestion des antibiotiques
ne modifie pas le pH gastrique, présente une efficacité antibac- Il semble logique, bien que non prouvé, qu’une utilisation
térienne propre, ne nécessite pas de manipulation des lignes de réfléchie des antibiotiques dans les services de réanimation,
perfusion pour son administration et enfin est beaucoup moins suivant des protocoles fondés sur des recommandations établies
onéreux que les autres protecteurs gastriques. Néanmoins, la et reconnues, puisse en partie prévenir l’apparition d’infections
plus large étude randomisée comparant le sucralfate à la à germes multirésistants [112].
ranitidine montre que cette dernière est plus efficace dans la
prévention des hémorragies digestives et de plus n’augmente
pas l’incidence des PNAVM [71]. Enfin, une étude observation-
Kinésithérapie respiratoire
nelle récente a démontré l’inutilité d’une prescription systéma-
tique de protecteur gastrique, qu’il serait souhaitable de réserver La kinésithérapie respiratoire dans une étude [113] semble
aux patients à risque [109]. La dernière conférence de consensus indépendamment associée à une réduction du risque de
va dans ce sens en ne réservant la protection gastrique qu’aux PNAVM, mais une étude randomisée serait nécessaire pour le
patients à risque et préférentiellement avec des anti-H2 [75]. confirmer.

Anesthésie-Réanimation 11

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36-984-A-16 ¶ Pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique

Positionnement des patients d’administration par aérosols comme traitement complémen-


taire en cas de bacilles à Gram négatif multirésistants, si
Comme nous l’avons vu, l’immobilité des patients en décu- l’antibiothérapie systémique semble insuffisante [18].
bitus dorsal favorise l’acquisition de PNAVM. Ce constat a Plusieurs études observationnelles ont montré que l’initiation
conduit à conseiller de mobiliser les patients et à proposer des d’une antibiothérapie d’emblée appropriée était associée à une
lits permettant une mobilisation automatisée par rotation réduction de la mortalité chez les patients suspects de pneumo-
cyclique. L’utilisation de ces lits dits rotatifs a fait l’objet pathies [117, 118]. De plus, l’excès de mortalité lié à une antibio-
d’études prospectives randomisées [114, 115]. Ces études ont une
thérapie initialement inappropriée n’est pas diminué par
double limitation liée, d’une part, à l’absence de diagnostic
l’adaptation secondaire du traitement sur les données des
microbiologique venant confirmer la PNAVM (seuls des critères
cultures microbiologiques obtenues 24 à 48 heures plus
cliniques étaient utilisés) et, d’autre part, à l’impossibilité de
tard [117]. Le délai avec lequel est initiée cette antibiothérapie est
protocole mené en double aveugle. Aucune de ces études n’a
aussi un facteur de risque de pronostic défavorable. L’étude
permis de montrer une diminution de mortalité, mais elles vont
d’Iregui et al. a montré qu’un délai de 24 heures ou plus pour
toutes dans le sens d’une diminution de l’incidence des
PNAVM. Néanmoins, le coût et la difficulté technique d’utilisa- débuter une antibiothérapie, après que les critères de PNAVM
tion sont des freins à une utilisation routinière. Même si leur soient identifiés, est lié à une augmentation de la mortalité
utilisation semble intéressante pour certains sous-groupes de hospitalière, à une augmentation de la durée de séjour et à un
patients (chirurgicaux, neurologiques), aucune recommandation surcoût [119]. Le choix entre mono- ou bithérapie antibiotique
nationale ou internationale n’a permis de conclure sur l’utilisa- n’est argumenté que par très peu d’études. Ainsi, dans un travail
tion de ces lits rotatifs. Le décubitus ventral utilisé comme de méthodologie critiquable, Cometta et al. [120] ne retrouvent
thérapeutique symptomatique de l’hypoxémie réfractaire chez pas de différence d’efficacité entre un traitement combinant
les patients présentant un syndrome de détresse respiratoire l’imipénem et la nétromycine et une monothérapie par imipé-
aiguë (SDRA), n’est pas retenu par la dernière conférence de nem. La dernière conférence de consensus [18] propose une
consensus [18] pour diminuer le risque de PNAVM. Néanmoins, combinaison d’antibiotiques en cas de germe multirésistant et
l’étude de Guérin et al. montre que l’incidence des PNAVM est une monothérapie dans l’autre cas. Enfin, le choix des molécu-
moins importante dans le groupe positionné en décubitus les repose sur la ou les bactéries suspectées en fonction du
ventral [116]. Rappelons que cette étude randomisée [116] n’a pas terrain, de la microbiologie locale, ou d’examens directs ou de
montré d’amélioration de la mortalité chez les patients hypoxé- cultures obtenues de façon systématique. Ce choix doit aussi
miques positionnés en décubitus ventral comparés au groupe prendre en compte une antibiothérapie récente reçue par le
témoin. La position semi-assise permet de limiter l’inhalation patient, une classe différente devant être alors utilisée pour
chez les patients soumis à une nutrition entérale. La seule étude initier le traitement. Pour aider ce choix, la dernière conférence
randomisée, évaluant le rôle de la position du patient sur de consensus propose que des guides de recommandations
l’acquisition d’une PNAVM, démontrait l’effet protecteur de la pratiques, régulièrement actualisés, adaptés à la microbiologie
position semi-assise à 45° [62]. La valeur de cette étude reposait locale et à la disponibilité des molécules au sein de la structure,
notamment sur le fait que le diagnostic de PNAVM était posé soient systématiquement utilisés. Une autre façon d’orienter
sur les résultats de prélèvements respiratoires protégés. À noter l’antibiothérapie initiale, instaurée après la réalisation d’un LBA,
qu’aucun bénéfice en termes de mortalité n’était mis en est de s’aider des résultats d’aspirations trachéales systématiques
évidence entre les deux groupes. Au total, la principale mesure bihebdomadaires (Fig. 2). Une étude a montré que cette
et la seule véritablement recommandée à ce jour, est le posi- méthode améliore l’adéquation du traitement comparée à
tionnement des patients en position proclive entre 30 et 45° [18,
43, 61, 62, 75] surtout lorsqu’une alimentation entérale est
l’utilisation de guides de recommandations pratiques [121]. Après
le début du traitement, il est nécessaire d’effectuer une évalua-
instaurée.
tion clinique soigneuse de la réponse au traitement. Une
détérioration rapide ou l’absence d’amélioration après 72 heures
de traitement probabiliste impose une réévaluation systémati-
■ Traitement curatif que. Il faut en effet souligner que l’absence de réponse à un
traitement probabiliste peut être liée à une cause infectieuse
Le traitement des PNAVM demeure compliqué par l’influence non bactérienne, notamment virale, à une cause infectieuse
respective de trois facteurs : la disponibilité de nouveaux agents extrapulmonaire ou à l’absence de problème infectieux (par
anti-infectieux, le développement de la résistance des micro- exemple au cours de la phase fibroproliférative du SDRA),
organismes et la volonté des cliniciens d’utiliser des thérapeuti- imposant une démarche diagnostique agressive, qui peut aller
ques ayant un rapport coût-efficacité raisonnable. La grande jusqu’à la biopsie pulmonaire. En cas d’évolution favorable, la
majorité des PNAVM étant due à des bactéries, une antibiothé- désescalade antibiotique est indispensable dès que l’antibio-
rapie empirique ou mieux probabiliste, orientée par le terrain,
gramme est connu et semble fiable. Il est aussi nécessaire de
l’écologie microbiologique locale, l’examen direct ou la culture
savoir arrêter une antibiothérapie rendue inutile par la négati-
de prélèvements respiratoires systématiques, doit être instaurée
vité des prélèvements microbiologiques (réalisés avant l’instau-
dès qu’il y a suffisamment d’arguments cliniques et paraclini-
ration de toute antibiothérapie) si l’état clinique du patient est
ques (réunis éventuellement dans un score comme le CPIS)
satisfaisant. Une étude multicentrique française visant à évaluer
présents pour suspecter une pneumopathie. Le consensus
émanant de l’ATS [18] propose d’instaurer une double antibio- la durée du traitement des pneumonies tardives a permis de
thérapie empirique à large spectre si des facteurs de risque montrer une équivalence en termes d’efficacité entre une
faisant suspecter l’implication de bactéries multirésistantes sont antibiothérapie courte (8 jours) et une antibiothérapie longue
présents et une double ou même une monothérapie antibioti- (15 jours) [6]. Uniquement en cas de Pseudomonas aeruginosa
que à spectre étroit dans les autres cas. Idéalement, cette l’antibiothérapie doit être prolongée, et une bithérapie mainte-
antibiothérapie doit être débutée après la réalisation d’une série nue au moins les 5 premiers jours. L’instauration d’un traite-
d’hémocultures et de prélèvements respiratoires (aspiration ment antiviral (gancyclovir pour le CMV, acyclovir pour l’HSV,
trachéale, BTP, LBA, etc.) [75]. La voie d’administration recom- et amantadine, rimantadine, oseltamivir ou zanamivir pour les
mandée est la voie intraveineuse, relayée lorsque la réponse au virus respiratoires) et antifungique (avec des molécules récentes
traitement est satisfaisante, par la voie orale ou entérale dès que mises sur le marché comme le voriconazole et la caspofungine)
celle-ci est disponible et que les molécules sont compatibles. Les est conditionnée par les difficultés diagnostiques évoquées plus
instillations trachéales ou les aérosols d’antibiotiques ne sont haut. Enfin, les traitements modulateurs de l’immunité ne sont
pas recommandés à titre curatif, les données sur le sujet étant pas reconnus et seuls un apport nutritionnel suffisant et la
insuffisantes [75]. La dernière conférence de consensus émanant kinésithérapie respiratoire peuvent être recommandés comme
de l’ATS propose néanmoins la possibilité d’utiliser la voie traitements adjuvants [122].

12 Anesthésie-Réanimation

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Pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique ¶ 36-984-A-16

Suivi bactériologique bihebdomadaire :


Aspiration trachéale (AT) avec culture quantitative

Suspicion PNAVM :
Image radiologique + fièvre + sécrétions purulentes + altération gazométrique

AT préalable positive (≥ 103) AT préalable négative (< 103)

LBA pour bactériologie de confirmation LBA bactériologie + virologie + parasitologie +


et antibiothérapie basée sur résultats de l'AT mycologie + antigénémies +
virémies + sérologies + recherche
autre foyer

LBA positif (≥ 104) LBA négatif


Poursuite des antibiotiques et (< 104)
adaptation éventuelle

Documentation
Succès Échec négative

Documentation Si SDRA : Arrêt des agents anti-


positive biopsie pulmonaire infectieux?
chirurgicale

Traitement anti-
infectieux adapté
Adaptation du traitement anti-infectieux
Corticoïdes si fibrose en l'absence de
contre-indication
Traitement spécifique selon l'étiologie
retrouvée

Figure 2. Arbre décisionnel. Suspicion d’une pneumopathie infectieuse en réanimation. PNAVM : pneumopathie nosocomiale acquise sous ventilation
mécanique ; LBA : lavage bronchoalvéolaire ; SDRA : syndrome de détresse respiratoire aiguë.
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Anesthésie-Réanimation 13

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14 Anesthésie-Réanimation

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S.Y. Donati (stephane.donati@ch-toulon.fr).


Réanimation polyvalente, CH Font Pré, 1208, avenue du Colonel-Picot, 83000 Toulon, France.
L. Papazian.
Réanimation médicale, CHU Sainte-Marguerite, 270, boulevard Sainte-Marguerite, 13009 Marseille, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Donati S.Y., Papazian L. Pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique. EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), Anesthésie-Réanimation, 36-984-A-16, 2008.

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