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Asthme aigu grave


C. Faisy

L’asthme aigu grave (AAG) est responsable d’un peu moins de 2 000 décès par an en France dont la
plupart sont évitables. L’évaluation de la gravité initiale est un élément fondamental de la prise en charge
de l’AAG et va conditionner les modalités du traitement. Le traitement médicamenteux initial, bien
codifié, cible l’obstruction bronchique et ses deux principaux déterminants physiopathologiques que sont
l’inflammation des voies aériennes et l’hyperréactivité bronchique. Les procédures instrumentales comme
la ventilation mécanique et les mesures qui y sont associées sont plus rarement employées et sont grevées
d’une morbimortalité importante, ce qui exige une grande rigueur dans l’appréciation clinique des
critères qui permettent de poser leur indication. La place du mélange hélium-oxygène et de la ventilation
non invasive dans l’arsenal thérapeutique de l’AAG demeure à préciser. D’autres traitements
pharmacologiques ou procédures instrumentales mériteraient une évaluation plus approfondie. Enfin, la
prévention de l’AAG est un enjeu majeur et passe par la maîtrise des facteurs de risque et l’éducation des
patients qui doit commencer en réanimation. L’objectif de cette revue est de détailler les principes actuels
de la prise en charge de l’AAG en abordant aussi son épidémiologie et sa physiopathologie.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Asthme aigu grave ; Obstruction bronchique ; Hyperréactivité bronchique ; Bronchodilatateurs ;
Corticostéroïdes ; Agonistes b2-adrénergiques ; Ventilation mécanique ; Mélange hélium-oxygène

Plan ¶ Situations particulières 11


¶ Prévention 12
¶ Introduction 1 ¶ Conclusion et perspectives d’avenir 12
¶ Définition clinique de l’asthme aigu grave 2
¶ Épidémiologie 3
¶ Facteurs de risque 3 ■ Introduction
¶ Physiopathologie 4 L’asthme est une affection respiratoire connue depuis la plus
Inflammation et hyperréactivité bronchiques 4 haute Antiquité et dont la sévérité n’a été bien identifiée
Conséquences respiratoires de l’obstruction bronchique 5 qu’après la Seconde Guerre mondiale [1]. De multiples défini-
Conséquences hémodynamiques de l’obstruction bronchique 5 tions de l’asthme ont été proposées [2] et on peut retenir celle
¶ Éléments positifs du diagnostic 5
proposée par Bousquet [3] : « l’asthme est une atteinte inflam-
matoire chronique des bronches impliquant plusieurs types
¶ Traitement médical 6 cellulaires dont les éosinophiles, mastocytes, lymphocytes,
Oxygène 6 macrophages et cellules épithéliales. Cette inflammation
Bronchodilatateurs 6 entraîne l’apparition d’un trouble ventilatoire obstructif
Traitements anti-inflammatoires 8 d’intensité variable, souvent réversible spontanément ou sous
Mélange hélium-oxygène 9 l’effet du traitement, et s’accompagne d’une réactivité bronchi-
Traitements associés 9 que accrue en réponse à des stimuli variés ». Cette définition est
imparfaite puisque certains patients porteurs d’un asthme ont
¶ Ventilation mécanique 9
une réversibilité très relative de leurs symptômes (crises
Indications 9
d’essoufflement sifflantes provoquées par une obstruction
Objectifs 9 bronchique) alors que des patients porteurs d’une insuffisance
Intubation 10 respiratoire chronique obstructive (bronchopneumopathie
Sédation 10 chronique obstructive [BPCO]) présentent une réversibilité
Réglages des paramètres respiratoires 10 apparente de leur obstruction bronchique les faisant se compor-
Mesures associées 10 ter comme des asthmatiques [4]. D’autre part, cette définition
Sevrage de la ventilation mécanique 11 rend mal compte de l’hétérogénéité des processus physiopatho-
Cas particulier de la ventilation non invasive 11 logiques impliqués dans l’asthme comme l’âge de début,
¶ Stratégie thérapeutique 11
l’intensité de la composante allergique, les facteurs déclen-
chants, l’intensité de l’infiltration éosinophile dans l’inflamma-
tion bronchique et le remodelage des voies aériennes [5-7]. Il est

Anesthésie-Réanimation 1
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probable que des facteurs génétiques puissent influencer cette de la prise en charge médicale de l’asthme aigu puisque l’éva-
hétérogénéité notamment dans la réponse aux stimulants luation de la gravité va conditionner l’orientation du patient et
environnementaux [8] . Aussi, peut-on considérer l’asthme les modalités du traitement. De plus, la sous-estimation de la
comme un syndrome et non une maladie, caractérisé par une gravité d’une crise contribue largement à une prise en charge
inflammation bronchique dont les conséquences physiopatho- insuffisante et impacte directement le pronostic de l’asthme
logiques seraient une hyperréactivité bronchique à différents aigu grave (AAG) [13]. L’AAG peut être considéré comme une
stimuli et la survenue épisodique d’une limitation des débits crise d’asthme inhabituelle en raison d’une obstruction bron-
expiratoires réversible spontanément ou sous l’effet de médica- chique sévère menaçant à court terme le pronostic vital [14, 15].
ments bronchodilatateurs. L’impact socioéconomique de Cependant, cette définition ne permet pas de délimiter claire-
l’asthme est particulièrement important avec une limitation de ment le cadre nosologique d’une entité dont les manifestations
la vie sociale, un absentéisme scolaire et professionnel, une cliniques, fonctionnelles et gazométriques ne sont pas univo-
réduction de l’activité physique et sportive [9]. Aux États-Unis, ques. Cette confusion est aggravée par la classification
on considère que l’asthme coûtait 1 milliard de dollars en anglo-saxonne dont la terminologie n’est pas complètement
1975 et 6,2 milliards de dollars dans les années 1990 [10, 11]. En appropriée à la typologie française, nuisant à la compréhension
France, le coût de l’asthme était estimé à 1,36 milliard de et à l’analyse de la littérature publiée en langue anglaise.
dollars durant la même période [12]. Pourtant, les critères pour déterminer la sévérité d’une crise
d’asthme semblent plutôt cohérents entre les différentes
terminologies issues des recommandations nationales ou
■ Définition clinique de l’asthme internationales (Tableau 1) et il existe un continuum au niveau
clinique, fonctionnel et gazométrique dans l’expression de
aigu grave l’intensité d’une crise d’asthme [11]. On retient de cette systéma-
tisation les points suivants pour définir l’AAG [16, 17] :
Le diagnostic positif d’une crise d’asthme ne pose générale- • clinique : crise sévère avec signes de détresse respiratoire et
ment pas de problème en lui-même alors que la gravité de résistante au traitement bronchodilatateur usuel employé en
l’asthme aigu est plus complexe à évaluer. C’est tout l’enjeu urgence ;
• fonctionnel : débit expiratoire de pointe (DEP) inférieur
à 30 % de la valeur théorique ou optimale signant une

Tableau 1.
Critères cliniques, fonctionnels et gazométriques permettant de déterminer la gravité d’une crise d’asthme.
Critères d’évaluation Échelle d’intensité de la crise d’asthme
Asthme aigu Asthme aigu grave Asthme aigu très grave
Signes cliniques
Dyspnée À la marche Au repos Intense, angoissante Épuisement respiratoire
Locution par phrases Locution par expressions Difficulté à parler ou tousser Arrêt respiratoire imminent
ou par mots Orthopnée

Fréquence respiratoire Augmentée > 30


(c min-1)

Muscles respiratoires Non employés Employés fréquemment Employés en permanence


accessoires

Fréquence cardiaque (b min-1) < 100 100-120 > 120

Pouls paradoxal Absent Parfois présent (< 20-25 mmHg) > 20-25 mmHg Parfois absent

Râles auscultatoires Fin d’expiration Forts, expiratoires Très forts, expiratoires Parfois silence auscultatoire
et inspiratoires

Signes neuropsychiques Absents Anxiété Agitation Somnolence, coma

DEP (% théorique) ≥ 70 % 30 % à 69 % < 30 % < 25 %

Gaz du sang en air ambiant


pH 7,55-7,35 < 7,35

PaO2 (mmHg) ≥ 60 < 60

PaCO2 (mmHg) < 40-42 ≥ 40-42 > 50

SpO2 (%) en air ambiant 90-95 < 90

Réponse au traitement < 1 heure (DEP > 50 % théorique) DEP < 50 % théorique

Rapidité de survenue - Crise suraiguë


Contexte - Crises subaiguës répétées (plusieurs jours) d’intensité croissante
et de plus en plus réfractaires au traitement (état de mal
asthmatique)
- Crise aiguë survenant sur un terrain particulier (insuffisance
respiratoire chronique, insuffisance cardiaque, grossesse, période
péri-opératoire)
DEP : débit expiratoire de pointe ; PaO2 : pression partielle en oxygène dans le sang artériel ; PaCO2 : pression partielle en gaz carbonique dans le sang artériel ; SpO2 : saturation
en oxygène à l’oxymètre de pouls.

2 Anesthésie-Réanimation
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obstruction sévère des voies aériennes. On prend en compte mortalité atteindrait 180 000 décès par an [23]. Cependant la
la meilleure valeur de trois mesures effectuées consécutive- prévalence de l’asthme dépend des méthodes pour en faire le
ment sans s’acharner pour son recueil si la gravité du patient diagnostic et de l’offre de soins ce qui explique au moins en
rend la mesure manifestement impossible à réaliser ; partie sa variabilité selon les pays [12]. En France, la prévalence
• gazométrique : hypoventilation alvéolaire relative (normo- des symptômes d’asthme varie de 10 % à 18 % chez l’enfant
capnie) ou absolue (hypercapnie). de 13-14 ans et de 2,7 % à 4 % chez les adultes de
Ces critères imposent de connaître ou de disposer des 20-44 ans [12]. La prévalence de l’AAG est mal connue en raison
abaques des valeurs théoriques de DEP en fonction de l’âge, du du caractère non univoque de sa définition. L’étude Asthme-
sexe et de la taille des patients. En effet, les différences de urgences (ASUR) menée en France a montré que l’AAG repré-
valeurs théoriques de DEP peuvent atteindre une grande sente un quart des formes d’asthme aigu vues aux urgences [24].
magnitude (plusieurs centaines de litres par minute) entre une Au total, entre 50 000 et 100 000 AAG seraient pris en charge
femme de petit gabarit et un homme de grande stature. C’est aux urgences chaque année en France ; 10 à 15 000 seraient
pourquoi la valeur seuil de DEP inférieur à 150 l min-1 utilisée hospitalisés en réanimation et moins de 1 000 ventilés méca-
historiquement pour définir l’AAG est totalement artificielle et niquement [14, 16, 24, 25]. Il existe une répartition saisonnière de
il vaut mieux se fonder, si on ne dispose pas d’abaque, sur la l’AAG correspondant aux périodes de pollinisation de l’air dans
valeur optimale du DEP obtenue par le patient en dehors des l’hémisphère Nord et aux infections respiratoires virales
crises d’asthme. La mesure du pouls paradoxal est souvent hivernales [14, 26]. L’AAG survient plus fréquemment chez la
difficile à effectuer au cours d’une crise d’asthme sévère et sa femme lors des périodes prémenstruelles [14, 27]. C’est la sévérité
réalisation n’est plus recommandée par certaines sociétés à l’admission qui conditionne le pronostic vital de l’AAG [14,
savantes en raison de l’absence d’impact de son estimation sur 28] . Dans les pays développés, la mortalité de l’asthme a
la prise en charge des patients [15]. Cependant, le développe- augmenté régulièrement depuis les années 1960 jusque dans les
ment de dispositifs portables non invasifs de tonométrie années 1990 puis s’est stabilisée ou a légèrement diminué alors
artérielle couplés à l’oxymétrie de pouls permettant une mesure que le nombre d’asthmatiques augmente [12, 16, 29] . Cette
en temps réel et continue du pouls paradoxal pourrait faire diminution de la mortalité de l’AAG en réanimation est
reconsidérer cette attitude dans les années à venir [18]. constatée dans tous les pays développés et traduirait une
L’absence de réponse au traitement initial (15-60 min), jugée meilleure prise en charge de l’asthme [11, 16, 29]. La mortalité
notamment sur l’amélioration du DEP, doit retenir toute
imputable à l’AAG serait de 1 300 décès par an au Royaume-
l’attention du praticien car elle augure assez fidèlement de la
Uni et atteindrait 4 000 morts par an aux États-Unis [30]. En
gravité d’une crise d’asthme [11, 19]. Les formes d’AAG avec
France, le nombre de morts par asthme est stable depuis une
signes de détresse vitale imminente et hypercapnie sévère sont
vingtaine d’années et correspond à moins de 2 000 morts par
parfois appelées asthme aigu très grave. Il faut insister sur
an [12, 15, 17] . L’asthme mortel est plus fréquent chez la
l’absence de corrélation étroite entre les signes cliniques et
femme [30]. Dans presque la moitié des cas, le décès constaté en
l’importance de l’obstruction bronchique alors que celle-ci
réanimation est la conséquence d’un arrêt cardiaque anoxique
détermine la gravité de l’asthme aigu [11, 14, 15]. Lors de l’éva-
ressuscité à domicile [14]. Par ailleurs, 60 % des patients décédés
luation initiale du patient, ce paradigme impose de considérer
d’asthme ont plus de 75 ans et sont porteurs de maladies
l’ensemble des données anamnestiques et cliniques (Tableau 1)
et non pas un seul élément pour juger de la gravité d’une crise chroniques associées qui compliquent l’analyse de la mortalité
d’asthme. En revanche, une pression partielle en gaz carboni- directement imputable à l’AAG, ce qui participe à la surestima-
que dans le sang artériel (PaCO2) normale ou élevée au cours tion probable des décès liés à cette pathologie [16, 26]. Plusieurs
d’une crise d’asthme traduit plus sûrement une obstruction études ont montré une augmentation de l’hyperréactivité
bronchique sévère alors que l’hypoxémie reflète moins fidèle- bronchique lors de l’utilisation régulière d’agonistes
ment la diminution du DEP ou du volume expiratoire b2-adrénergiques de courte durée d’action (fénotérol, salbuta-
maximal/seconde (VEMS) [11, 13-15]. La présence d’une acidose mol, terbutaline) tant chez l’animal que chez l’homme, en
métabolique, en dehors d’un état de choc associé, est plus particulier en l’absence de corticostéroïdes [31-34]. Les épidémies
souvent due à une perturbation du métabolisme des lactates d’asthme mortel observées avec les fortes posologies d’isopro-
provoquée par l’usage intensif des agonistes b2-adrénergiques térénol et de fénotérol dans les années 1960 et 1980 pourraient
qu’à la gravité de la crise d’asthme [20]. Il n’est pas nécessaire être la conséquence de cet effet non attendu des agonistes
d’attendre la documentation d’une normo- ou hypercapnie b2-adrénergiques [35]. En effet, l’excès de mortalité ne semble
pour débuter la prise en charge spécifique étant donné que pas être expliqué par les effets secondaires cardiovasculaires des
l’AAG constitue une urgence dont l’évolution peut être rapide- agonistes b2-adrénergiques.
ment fatale en l’absence de traitement approprié [15] . La
rapidité de survenue des crises permet aussi d’apprécier la
gravité de l’asthme aigu. Les crises suraiguës survenant moins ■ Facteurs de risque
de 3 heures après le début des symptômes peuvent être
foudroyantes et sont fréquemment liées à une stimulation L’expression et la sévérité de l’asthme dépendent d’interac-
antigénique brutale comme une exposition massive à des tions complexes entre facteurs innés génétiques et conditions
allergènes environnementaux (pollens) ou alimentaires, à des environnementales (infections virales, allergènes, pollution,
irritants (fumées d’incendie), à la prise d’anti-inflammatoires tabagisme, mode de vie) et/ou certaines comorbidités (obésité,
non stéroïdiens (AINS) ou à un choc émotionnel violent [21]. dermatite atopique) [36]. Les facteurs de risque de survenue d’un
Les crises subaiguës surviennent habituellement chez des AAG sont maintenant mieux connus et incluent des éléments
patients dont le traitement de fond de l’asthme est insuffisant, déclencheurs intrinsèques et extrinsèques.
notamment la prescription de corticostéroïdes inhalés ou L’histoire de l’asthme semble jouer un rôle très important.
oraux, et réalisent sur plusieurs jours un véritable syndrome de L’étude ASUR a confirmé que le risque d’AAG augmente chez
menace d’AAG [15, 16]. Toute crise d’AAG impose une prise en les patients ayant consulté aux urgences pour crise d’asthme ou
charge médicale préhospitalière spécialisée (Service mobile ayant été hospitalisés en réanimation, a fortiori intubés et
d’urgence et de réanimation [SMUR]). L’accès rapide à un ventilés mécaniquement, les mois précédents. L’asthme chroni-
service hospitalier d’urgences est un facteur majeur de que sévère (> 10 ans) ou sa corticodépendance, une période
survie [22]. d’instabilité de l’asthme ou son exacerbation semblent multi-
plier le risque d’AAG [14, 15]. L’instabilité de l’asthme s’évalue au
cours du mois précédant la crise en tenant compte des consul-
■ Épidémiologie tations pour asthme, de la consommation quotidienne d’ago-
nistes b2-adrénergiques de courte durée d’action, du
Le Global Initiative for Asthma (GINA) et l’Organisation renforcement du traitement de fond, de l’introduction d’une
mondiale de la santé (OMS) estiment que l’asthme concerne au corticothérapie orale ou son sevrage récent, et d’une variabilité,
moins 200 millions de personnes dans le monde et que sa en particulier nycthémérale, du DEP [14, 15] . La mauvaise

Anesthésie-Réanimation 3
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■ Physiopathologie
“ Point fort
Inflammation et hyperréactivité
Facteurs de risque de l’AAG [14-16, 37] bronchiques
• Terrain psychologique L’inflammation chronique des voies aériennes et le bron-
C Mauvaise perception de l’obstruction bronchique chospasme provoqué par des stimulations variées et entretenu
C Instabilité émotionnelle par l’hyperréactivité bronchique constante dans l’asthme sont
C Déni de la maladie les deux déterminants majeurs de l’obstruction bronchique
C Nomadisme médical sévère qui caractérise l’AAG (Fig. 1). Histologiquement, l’œdème
C Corticophobie de la muqueuse bronchique associé à des phénomènes exsuda-
C Non compliance aux rendez-vous, recul des tifs, l’hypertrophie et l’hyperplasie des muscles lisses et des
vaisseaux bronchiques, la desquamation des cellules épithéliales
consultations et l’épaississement de la membrane basale sont constants [11].
C Conflits familiaux L’infiltration des voies aériennes de petit et gros calibre par les
• Facteurs socioéconomiques éosinophiles, neutrophiles et lymphocytes est aussi quasi
C Sexe masculin constante. L’infiltration par les basophiles serait plus fréquente
C Précarité, chômage dans les asthmes mortels [42]. Dans l’asthme suraigu où les
C Patient isolé, vivant seul bronchodilatateurs sont particulièrement efficaces, le bronchos-
C Toxicomanie, tabagisme pasme semble prédominer alors que l’inflammation est prépon-
C Logements insalubres dérante dans l’asthme progressivement aggravé [11, 14] . Les
données histologiques (nécropsie, biopsie, lavage bronchoalvéo-
• Conditions environnementales
laire) montrent en effet une infiltration neutrophilique et des
C Pollution atmosphérique des villes (SO 2 , NO 2 , bronches vides de sécrétions dans l’asthme suraigu [11, 30]. A
ozone, particules fines) contrario, l’asthme progressivement aggravé est caractérisé par
C Exposition à des allergènes ou irritants présents à une infiltration éosinophilique et des bronches obstruées plus
forte densité (pollens, fumées d’incendie) ou moins complètement par des bouchons de mucus et de
C Administration d’inhibiteurs de la cyclo-oxygénase
(aspirine, AINS) par augmentation de la synthèse des
LT
Obstruction bronchique
C Sensibilité à Alternaria (moisissure)
• Histoire de l’asthme
C Asthme ancien
C Asthme instable
C Absence de suivi régulier Inflammation bronchique Hyperréactivité bronchique
C Antécédent d’AAG
C Hospitalisations récurrentes (≥ 2 dans l’année
précédente) pour asthme Mastocytes
C Passage(s) aux urgences le mois précédant la crise Système nerveux autonome
Basophiles
C Consommation accrue de b2-agonistes de courte Tonus parasympathique
Histamine, tryptase, FceRI-β
Sécrétion neuropeptides
durée d’action (≥ deux flacons par mois) Protéases, IL-4, IL-13, TNF-α
C Corticothérapie orale au long cours ou sevrage
récent
C Polymorphismes génétiques (récepteur b 2 -adré-
Éosinophiles
nergique, IL-4, FceRI-b, facteur de transcription Lymphocytes Th2
PHF11) Neutrophiles
Hypersécrétion bronchique
• Comorbidités ECP, IL-4, IL-5, IL-8, IL-13,
C Maladie cardiovasculaire sévère leucotriènes, MCP-1,
C Autre maladie respiratoire chronique métalloprotéinases, RANTES
C Maladie psychiatrique

Œdème paroi bronche


Perturbation des cellules
perception de la dyspnée alors que l’obstruction bronchique est Hyperplasie des cellules de
résidentes
déjà sévère toucherait 15 % des malades et semble associée à structure
Cellules épithéliales
une mauvaise adaptation de leur ventilation à l’hypoxie et Cellules caliciformes
Cellules musculaires lisses
Glandes péribronchiques
l’hypercapnie [38]. Le polymorphisme génétique (mutations) du
récepteur b2-adrénergique (413 acides aminés) du muscle lisse
bronchique semble aussi influencer la gravité de l’expression de
l’asthme. Deux polymorphismes (Gln 27 et Gly 16) du récepteur
b2-adrénergique sur le chromosome 5q sont associés avec la Facteurs extrinsèques
sévérité de l’asthme et avec ses recrudescences nocturnes [39]. Par Allergènes, irritants, infections, stress physique ou psychique,
médicaments (aspirine, β-bloquants, AINS), irritants
ailleurs, le polymorphisme Ile 164 diminue par quatre l’affinité
du récepteur b2-adrénergique aux agonistes en comparaison du
phénotype sauvage Thr 164 [40]. Le polymorphisme des gènes de
Figure 1. Facteurs physiopathologiques déterminant l’obstruction
l’interleukine 4 (IL-4), du récepteur b de forte affinité pour les
bronchique dans l’asthme aigu. ECP : protéine cationique de l’éosino-
immunoglobulines E (IgE) (FceRI-b), du promoteur de la 5-lipo-
phile ; FceRI-b : récepteur b de forte affinité pour les immunoglobulines E
oxygénase impliquée dans la production des leucotriènes (LT) et
(IgE) ; IL : interleukine ; MCP-1 : monocyte chemoattractant protein 1 ;
du facteur de transcription plant homeodomain finger protein 11
RANTES : regulated on activation normal T expressed and secreted (chémo-
(PHF11) pourrait également contribuer à augmenter le risque de
kine) ; TNF-a : tumor necrosis factor a ; AINS : anti-inflammatoires non
formes graves d’asthme [11, 12, 41]. L’impact de l’association de
stéroïdiens.
ces polymorphismes sur la gravité de l’asthme est mal connu.

4 Anesthésie-Réanimation
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Figure 2. Conséquences de l’obstruction bronchique sur la


Obstruction bronchique
mécanique respiratoire et le travail des muscles respiratoires au
cours de l’asthme aigu grave.

Ventilation à hauts Hypoxémie


Résistances des voies volumes pour maintenir Rapports V/Q
aériennes les bronches ouvertes inhomogènes
Hyperinflation pulmonaire Effet espace mort
Vasoconstriction
hypoxique (limite l’effet
shunt)
Collapsus des voies Activité postinspiratoire des
aériennes en expiration muscles respiratoires
pendant l’expiration
Hyperinflation dynamique
Horizontalisation du
Trapping d’air diaphragme

Apports
Rendement muscles Expiration active
énergétiques
Travail musculaire Efficacité diaphragme
Muscles respiratoires

Fatigue des muscles


respiratoires

Insuffisance
respiratoire aiguë

débris cellulaires, ce qui rend moins efficaces les bronchodilata- pérennise cette situation qui place les muscles respiratoires dans
teurs. Le recrutement et l’activation des cellules inflammatoires un risque de fatigue élevé (impossibilité de générer ou maintenir
ainsi que la perturbation des fonctions des cellules épithéliales une force donnée pour une stimulation identique) [44].
et musculaires lisses sont modulés par un grand nombre de
cytokines et de médiateurs de l’inflammation qui entretiennent Conséquences hémodynamiques
également l’hyperréactivité bronchique (Fig. 1). Le système non
adrénergique non cholinergique (NANC) est aussi impliqué
de l’obstruction bronchique
comme le suggère l’élévation du monoxyde d’azote (NO) expiré La ventilation à haut volume pulmonaire et l’hyperinflation
dans les asthmes allergiques sévères [30]. dynamique entraînent, au cours de l’AAG, une amplification
considérable des variations phasiques habituelles de la pression
intrathoracique notamment une négativation très importante de
Conséquences respiratoires de l’obstruction la pression pleurale à l’inspiration [45]. Ces modifications vont
bronchique causer une dysfonction cardiaque phasique. L’hyperinflation
dynamique va réduire le retour veineux dans les cavités cardia-
Dans l’AAG, l’obstruction bronchique très importante a pour
ques pendant l’expiration. L’augmentation de la postcharge du
conséquences une augmentation des résistances des voies
ventricule droit en relation avec l’hyperinflation et l’hyperten-
aériennes, une hyperinflation et une altération des échanges
sion artérielle pulmonaire va s’accompagner d’une augmenta-
gazeux (Fig. 2). Le phénomène d’hyperinflation est lié au
tion de son volume et du phénomène d’interdépendance
trapping d’air (les territoires ventilés ne se vident plus de leur air
ventriculaire (bombement du septum interventriculaire vers la
à l’expiration en raison du collapsus des voies aériennes) mais
gauche) en fin d’inspiration, ce qui limite le remplissage du
aussi à l’accroissement progressif de la capacité résiduelle
ventricule gauche et altère l’efficacité de sa systole. Au total, la
fonctionnelle due à l’expiration incomplète et à l’augmentation
conséquence de ces perturbations phasiques est de majorer
de la fréquence respiratoire [43]. Finalement, cette ventilation à
excessivement la diminution physiologique de la pression
haut niveau de capacité résiduelle fonctionnelle (parfois 100 %
systolique en inspiration. Ce phénomène est connu sous le nom
de la capacité pulmonaire totale) va perturber sévèrement les
de pouls paradoxal.
propriétés mécaniques du diaphragme et conduire à la faillite le
travail des muscles respiratoires (Fig. 2). En effet, l’hyperinfla-
tion dynamique réalisée par l’activité postinspiratoire des
muscles respiratoires et l’horizontalisation du diaphragme vont
■ Éléments positifs du diagnostic
faire que les muscles travaillent en permanence dans des L’AAG survient la plupart du temps chez un asthmatique
conditions d’étirement non optimales, ce qui altère leur connu et dans plus de 60 % des cas déjà hospitalisé pour
rendement et augmente leur fatigabilité. L’altération des asthme [17]. L’AAG de novo est rare. Aussi, le simple interroga-
échanges gazeux au cours de l’AAG est caractérisée par une toire du patient ou de son entourage permet d’éliminer rapide-
hypoxémie dont les causes sont multiples (Fig. 2) et qui n’est ment des pathologies associant dyspnée aiguë et sibilants ou
pas bien corrélée avec le degré d’obstruction bronchique [43]. sifflements : insuffisance respiratoire chronique, dilatation des
L’augmentation du travail des muscles respiratoires et la bronches, inhalation de corps étranger, lésion sténosante
diminution de leur rendement font que le coût énergétique de trachéale ou endobronchique, œdème pulmonaire cardiogéni-
la respiration est très important lors de l’AAG. L’hypoxémie que, embolie pulmonaire, pneumonies. Cependant, un cas

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particulier et plus difficile à reconnaître est celui des phénomè- (PKG) qui induisent trois niveaux de réponse : diminution du
nes de dysfonction glottique avec adduction paradoxale des Ca2+ intracytosolique du muscle lisse bronchique, inhibition des
cordes vocales [11]. En effet, ce syndrome peut provoquer une interactions actine-myosine (inhibition de la kinase et renforce-
hypoxie et une hypercapnie mais, à la différence de l’asthme, il ment de la phosphatase des chaînes légères de myosine),
s’agit d’une hypoventilation alvéolaire d’origine centrale. Cette ouverture des canaux potassiques Ca2+-dépendants de conduc-
dysfonction glottique nécessite une exploration laryngée en tance élevée ou BKCa (hyperpolarisation de la membrane et
milieu spécialisé. Dans le doute et l’urgence, mieux vaut traiter diminution des flux entrants de Ca2+) [47]. Leur action prédo-
comme un asthme et pratiquer l’exploration laryngée plus tard. mine sur les petites voies aériennes.
Finalement, plus que le diagnostic positif de la crise d’asthme, Les agonistes b2-adrénergiques peuvent être classés selon leur
c’est l’évaluation de sa gravité qui pose le plus de difficultés. Peu sélectivité, leur puissance et leur efficacité pharmacologique
d’examens complémentaires sont nécessaires au diagnostic mais aussi selon leur délai et leur durée d’action (Tableau 2) [48].
positif d’un AAG en urgence. La réalisation d’une gazométrie Tous les agonistes b 2 -adrénergiques bronchodilatateurs de
artérielle, d’une radiographie thoracique de face (élimination synthèse sont sélectifs ou très sélectifs pour le récepteur b2 à
d’autres pathologies de dyspnée aiguë, recherche de complica- l’exception de l’isoprotérénol dont l’activité pour les récepteurs
tions telles qu’un pneumomédiastin ou un pneumothorax) et b1 et b2 est équivalente. Tous les agonistes b2-adrénergiques de
d’un électrocardiogramme (pathologie cardiaque associée) est synthèse sont également des agonistes partiels qui activent les
prioritaire. voies de transduction liées à leur interaction avec le récepteur
b 2 (voies médiées par l’AMPc) moins efficacement que les
■ Traitement médical catécholamines naturelles comme l’adrénaline, ou l’isoprénaline
(agonistes complets). Les agonistes b2-adrénergiques de courte
durée d’action (salbutamol, terbutaline, fénotérol, pirbutérol)
Oxygène sont très solubles dans l’eau et diffusent rapidement de la
Au cours de l’AAG, l’hypoxémie est constante en raison de lumière bronchique vers le muscle lisse lorsqu’ils sont inhalés
l’inhomogénéité des rapports V/Q et peut être transitoirement mais ne se dissolvent pas dans les lipides membranaires ce qui
aggravée par l’emploi des agonistes b2-adrénergiques qui vont est à l’origine d’une élution rapide par renouvellement du
lever la vasoconstriction artérielle pulmonaire. L’oxygène est le liquide interstitiel. Au contraire, les agonistes b2-adrénergiques
premier traitement à administrer lors de l’AAG quel que soit le de longue durée d’action (formotérol et salmétérol) sont très
niveau de capnie [15]. L’objectif est d’obtenir une saturation en lipophiles comme l’atteste un coefficient de partage huile/eau
oxygène à l’oxymètre de pouls (SpO2) supérieure ou égale à très élevé. Cette propriété est due à la lipophilie de leur longue
92 % [16, 37, 46]. Le débit recommandé est de l’ordre de 6 à chaîne latérale qui leur permet d’intégrer la membrane du
8 l min-1 afin d’optimiser la taille (0,5 à 5 µm de diamètre pour muscle lisse bronchique, leur cible. Actuellement dans l’AAG,
qu’il y ait déposition dans les voies aériennes) des gouttelettes on utilise exclusivement les agonistes b2-adrénergiques de courte
d’aérosol d’agonistes b2-adrénergiques générées par les buses des durée d’action (terbutaline et salbutamol en France). Le formo-
systèmes de nébulisation. En effet, le diamètre d’une gouttelette térol, un agoniste b2-adrénergique de longue durée d’action qui
d’aérosol générée par un système de nébulisation classique a la particularité d’avoir un délai d’action comparable à celui du
dépend en partie du débit du gaz propulseur. salbutamol, semble être utilisable dans l’asthme aigu sévère mais
les données manquent pour confirmer son emploi dans cette
Bronchodilatateurs indication [30].
Tous les agonistes b2-adrénergiques possèdent au moins un
Agonistes b2-adrénergiques centre asymétrique dû à la présence d’un groupement b-OH sur
Toutes les cellules nucléées humaines expriment à leur surface leur fonction éthanolamine. La conséquence de cette asymétrie
des récepteurs b-adrénergiques. Les récepteurs b2-adrénergiques est qu’il existe, pour chaque molécule, une paire d’isomères
sont largement exprimés dans le poumon, notamment au optiques appelés énantiomères (R) et (S) (ou [-] et [+]]. Les
niveau des voies respiratoires. Paradoxalement, l’innervation agonistes b2-adrénergiques de synthèse ont été jusqu’à présent
sympathique joue un rôle physiologique mineur dans la des mélanges racémiques (50 %-50 %) d’énantiomères (R) et (S).
régulation du tonus musculaire lisse bronchique. Quatre sous- Les énantiomères (R) et (S) ont des propriétés pharmacologiques
types de récepteurs b-adrénergiques sont connus et il existe des différentes du fait que la conformation stéréochimique du
récepteurs b1 et b2 dans le poumon humain. Le récepteur b1 est couple agoniste-récepteur b2-adrénergique influence le niveau
cantonné dans les glandes de la paroi bronchique ainsi que d’activité des voies de signalisation intracellulaires. Il est admis
dans les alvéoles et sa stimulation par des agonistes b 1 ne que les énantiomères (R) des agonistes b2-adrénergiques ont une
provoque pas la relaxation du muscle lisse bronchique. Seul le activité bien plus importante que les énantiomères (S) et que
récepteur b2 est largement exprimé dans le poumon humain et cette différence est probablement liée au fait que l’interaction
c’est pourquoi les agonistes b 2 -adrénergiques revêtent une entre le groupement b-OH de l’agoniste (R) et la sérine 165 du
grande importance dans le traitement des maladies obstructives récepteur b2 produise un état d’activation optimal du récep-
des voies aériennes. Les agonistes b2-adrénergiques sont de teur [49]. Ainsi l’énantiomère (R) du salbutamol, le levalbutérol,
puissants relaxants du muscle lisse bronchique. Cet effet a été évalué dans deux essais randomisés au cours de l’asthme
relaxant est médié par l’activation par l’adénosine 3’-5’ mono- aigu sévère chez l’adulte et chez l’enfant [50, 51]. Malheureuse-
phosphate cyclique (AMPc) des protéines kinases A (PKA) et G ment, ces deux études souffrent de biais méthodologiques

Tableau 2.
Propriétés des agonistes b2-adrénergiques [48].

Propriétés Classement (par ordre décroissant)


Puissance (EC50) FOR > SALM = ISO > SALB = TERB > ADRE
Sélectivité SALM > FOR > SALB = TERB > ADRE > > ISO(c)
Efficacité ISO(a) = ADRE(a) > FOR = FEN > SALB = TERB > SALM
Durée d’action SALM = FOR > SALB = FEN = TERB > ISO = ADRE
Délai d’action ISO = ADRE = SALB = TERB = FEN = FOR >> SALM
Affinité pour la membrane SALM >> FORM > ISO(c) = ADRE(c) = SALB(c) = TERB(c)
Taux d’élution après fixation sur le récepteur ADRE(b) > ISO(b) > SALB = TERB > FOR > SALM
ADR : adrénaline (épinéphrine) ; FOR : formotérol ; FEN : fénotérol ; ISO : isoprénaline (isoproténérol) ; SALB : salbutamol ; SALM : salmétérol ; TERB : terbutaline. (a) agoniste
complet ; (b) dégradée par la catéchol-O-méthyltransférase ; (c) composé non pourvu de cette propriété. EC50 : concentration nécessaire pour atteindre 50 % de l’effet maximal.
Le délai d’action est le temps nécessaire pour que l’agoniste b2 induise une relaxation égale à 50 % de la relaxation maximale. La durée d’action est le temps nécessaire
à la récupération de 50 % du tonus de base après élimination de l’agoniste b2.

6 Anesthésie-Réanimation
Asthme aigu grave ¶ 36-970-A-10

Inflammation Figure 3. Antagonisme fonction-


nel (flèches orange et rouge) des
récepteurs b2-adrénergiques par
l’activation des récepteurs choliner-
Récepteurs β2-adrénergiques Récepteurs muscariniques Récepteurs membranaires giques muscariniques présents à la
Agonistes β2 Acétylcholine Médiateurs pro-inflammatoires surface du muscle lisse bronchique.
G : protéines G couplées aux récep-
teurs à sept domaines transmem-
M2 M3
branaires ; AC : adénylate cyclase ;
ATP : adénosine triphosphate ;
AMPc : adénosine 3’-5’ monophos-
phate cyclique ; PDE : phospho-
Gs Gi Gp Gp diestérase ; PK : protéine kinase ;
PLC
+ + PLC : phospholipase C ; DAG :
− + AC − Membrane plasmique diacylglycérol ; IP3 : inositol 1, 4,
Cellule musculaire 5-triphosphate.

DAG IP3 lisse bronchique


ATP
Cytoplasme

PDE
AMP AMPc PKC

PKG PKA
Contraction

Relaxation

importants et le levalbutérol coûte cinq fois plus cher que le détresse vitale (patients intubés) en débutant par de petites
salbutamol. Actuellement, aucune donnée ne justifie l’emploi doses (0,5 mg à l’heure de salbutamol) et en ne dépassant pas 5
des énantiomères (R) des agonistes b2-adrénergiques à la place à 7 mg à l’heure [30, 57, 58]. La voie sous-cutanée est efficace mais
des mélanges racémiques dans le traitement de l’AAG. doit être réservée aux situations urgentes extrahospitalières
Les agonistes b2-adrénergiques de courte durée d’action ont lorsque les voies inhalée et intraveineuse ne sont pas
tous des effets chronotropes et inotropes positifs sur le muscle disponibles.
cardiaque [52]. Les conséquences de ces effets sont une augmen-
tation du débit cardiaque, une tachycardie et une augmentation Adrénaline
du risque de troubles du rythme cardiaque. Une majoration de L’adrénaline est une catécholamine possédant des effets
l’effet shunt et une hypoxémie modérée dans les territoires mal b-agonistes (relaxation du muscle lisse bronchique) et des effets
ventilés peuvent être une des conséquences de l’augmentation a-mimétiques (vasoconstriction limitant la composante œdéma-
du débit cardiaque. Les tremblements sont rapportés avec le teuse de l’obstruction bronchique). La demi-vie de l’adrénaline
salbutamol et la terbutaline. Les effets métaboliques sont est très courte et impose des administrations répétées et
l’hypokaliémie, l’augmentation de la glycogénolyse et de la rapprochées, ce qui pose le problème du cumul des doses et
production de lactates, ainsi que l’hyperglycémie (modulation l’apparition (dose cumulée > 3 mg par voie inhalée) d’effets
de la sécrétion d’insuline et de glucagon, modification de la indésirables cardiovasculaires (troubles du rythme cardiaque
sécrétion hépatique de glucose et de la consommation en notamment). De plus, une méta-analyse des données de la
glucose des muscles périphériques) [53]. littérature a montré l’absence de supériorité de l’adrénaline
Aux urgences et en réanimation, l’administration des agonis- nébulisée en comparaison des aérosols d’agonistes
tes b2-adrénergiques s’effectue par nébulisations répétées en b2-adrénergiques dans l’asthme aigu [59]. C’est pourquoi l’adré-
utilisant l’oxygène (6 à 8 l min-1) comme gaz vecteur. Il faut naline n’est pas utilisée dans cette indication mais pourrait
utiliser des solutions spécifiques pour aérosols (dosettes) et ne constituer une alternative aux agonistes b2-adrénergiques dans
pas diluer celles-ci avec du sérum physiologique car le diamètre l’AAG en cas de choc (anaphylactique notamment) en privilé-
de la gouttelette d’aérosol générée par un système standard de giant la voie intraveineuse (0,2-0,3 µg kg-1 min-1) ou sous-
nébulisation dépend du débit de gaz propulseur mais aussi de cutanée (0,5 mg) et à condition de disposer du matériel
la concentration du produit présent dans la cuve du nébuliseur. minimal de monitorage cardiovasculaire [17, 60].
La nébulisation (10 à 15 min) est renouvelée trois fois la
première heure puis une fois la deuxième heure, et ensuite une Anticholinergiques
fois toutes les trois ou quatre heures. À dose cumulée égale Le tonus parasympathique joue un rôle important dans la
durant les premières heures, la nébulisation continue d’un régulation de la contractilité du muscle lisse bronchique.
agoniste b2-adrénergique ne semble pas supérieure aux nébuli- Contrairement au système sympathique, les voies aériennes sont
sations intermittentes [54] mais ce point demeure controversé [55, richement innervées par les fibres cholinergiques vagales avec
56] . Les systèmes de nébulisation connectés au circuit des une diminution de l’innervation en périphérie. Les récepteurs
respirateurs posent le problème du manque de données perti- cholinergiques du muscle lisse bronchique sont de type musca-
nentes sur la granulométrie et la déposition des particules rinique. Il existe plusieurs sous-types de récepteurs muscarini-
d’aérosols qu’ils génèrent dans les voies aériennes des patients ques (M1-M5). Chez l’homme, les récepteurs impliqués dans la
intubés et ventilés mécaniquement. L’administration des contractilité bronchique sont de type M 1 présynaptiques
agonistes b 2 -adrénergiques par chambre d’inhalation avec (transmission cholinergique ganglionnaire) et de type M2 et M3
aérosols doseurs est possible au cours de l’AAG, en particulier musculaires lisses postsynaptiques qui induisent respectivement
chez l’enfant [16]. Par ailleurs, il est maintenant clair que la voie un antagonisme fonctionnel de la relaxation b2-adrénergique et
intraveineuse continue n’est pas supérieure à la voie nébulisée, une contraction musculaire lisse directe (Fig. 3). En revanche, le
expose à plus de complications et doit être réservée aux cas de récepteur M2 présynaptique est impliqué dans le rétrocontrôle

Anesthésie-Réanimation 7
36-970-A-10 ¶ Asthme aigu grave

de la libération d’acétylcholine et diminue donc le tonus par voie intraveineuse (2 g en 30 min dilués dans du sérum
musculaire lisse. Les anticholinergiques de synthèse utilisés dans physiologique puis 2 g/24 h en continu), les études ont montré
l’asthme (ipratropium, oxitropium) sont des antagonistes non des effets positifs marginaux sur le DEP dans l’AAG, surtout
sélectifs des récepteurs muscariniques. Des antagonistes plus chez les patients les plus spastiques, et l’absence d’impact sur la
spécifiques des récepteurs M 1 et M 3 (tiotropium) ont été durée d’hospitalisation [11, 69, 71]. Par ailleurs, les effets secon-
développés mais leur longue durée d’action et l’absence de daires du sulfate de magnésium administré par voie intravei-
solution à nébuliser limitent leur intérêt dans l’asthme aigu où neuse ne sont pas anodins (flush, léthargie, nausées,
ils n’ont pas été évalués. L’effet bronchodilatateur des anticho- vomissements) et il faut considérer le magnésium comme un
linergiques prédomine sur les grosses voies aériennes et est traitement de seconde ligne dans l’AAG, à réserver aux patients
retardé et plus faible que celui des agonistes b2-adrénergiques. s’aggravant à l’issue de la première heure malgré un traitement
Après inhalation, l’ipratropium et l’oxitropium ne sont pas bronchodilatateur de première ligne bien conduit.
résorbés dans la circulation générale, ce qui diminue considéra-
blement les effets atropiniques systémiques et leurs effets Traitements anti-inflammatoires
secondaires sont modestes (sécheresse buccale, dysgeusie). Des
résultats contradictoires ont fait discuter l’intérêt des anticholi- Glucocorticoïdes
nergiques dans le traitement de l’AAG mais l’analyse de la Les glucocorticoïdes sont de puissants anti-inflammatoires
littérature suggère un effet bronchodilatateur significatif chez les dont le mécanisme d’action requiert, après une diffusion
patients les plus spastiques (DEP < 30 % valeur théorique) à la passive par la membrane plasmique, un récepteur intracyto-
condition d’une administration par nébulisation précoce à forte plasmique (récepteur aux glucocorticoïdes de type IIa [CGRIIa])
dose (0,5 mg d’ipratropium) et en association avec les agonistes puis la pénétration du complexe corticoïde-CGRIIa dans le
b2-adrénergiques inhalés [61-64]. L’association d’un énantiomère noyau cellulaire où la fixation de ce complexe sur des séquen-
(R) du salbutamol (levalbutérol) à un anticholinergique n’a pas ces d’acide désoxyribonucléique (ADN) appelées éléments de
montré d’intérêt chez l’adulte dans l’AAG [65] . Sur le plan réponse aux corticoïdes va permettre de réguler la transcription
pharmacologique, l’association des anticholinergiques aux de nombreux gènes et de moduler l’organisation de l’ADN
agonistes b2-adrénergiques est logique (limitation de l’antago- (diminution de l’acétylation des histones) [72, 73]. C’est pour-
nisme fonctionnel de la relaxation b2-adrénergique) et elle est quoi les corticoïdes n’ont pas un effet immédiat et leur délai
recommandée en France à la phase initiale de l’AAG (première d’action est d’au moins 3 ou 4 heures après administration
heure) en association avec les agonistes b2-adrénergiques (trois intraveineuse. L’asthme corticorésistant ou corticodépendant
nébulisations de 0,5 mg d’ipratropium) [16]. est causé par des anomalies situées au niveau du récepteur
CGRIIa, du couplage de celui-ci avec le corticoïde ou de
Inhibiteurs des phosphodiestérases (PDE) l’interaction entre le complexe corticoïde-CGRIIa et l’ADN [73].
Les xanthines, dont le chef de file historique est la théophyl- La régulation de la transcription peut être une inhibition ou
line, sont utilisées dans le traitement de l’asthme depuis le une activation de certains gènes et dépend en partie de la
e
XIX siècle. Les xanthines sont des inhibiteurs non sélectifs des dimérisation ou non du complexe corticoïde-CGRIIa
PDE. L’inhibition des PDE conduit à une augmentation des taux (Fig. 4) [72]. L’effet anti-inflammatoire des glucocorticoïdes est lié
d’AMPc et de guanylate monophosphate cyclique (GMPc) à la diminution de l’expression ou de l’activité d’un grand
intracellulaires ce qui provoque une relaxation du muscle lisse nombre de médiateurs pro-inflammatoires (Fig. 4), à l’inhibition
bronchique (Fig. 3). Onze familles de PDE ont été décrites. Des des voies de l’inflammation médiées par la phospholipase A2
différences importantes existent dans la répartition tissulaire et (PLA2), les cyclo-oxygénases (COX) et, à un moindre degré, les
la compartimentalisation cellulaire des PDE [66]. Ainsi, les PDE1, voies médiées par la lipo-oxygénase. L’activation de la trans-
3, 4, 5 et 7 sont exprimées dans les cellules musculaires lisses cription induit l’expression de protéines anti-inflammatoires
bronchiques et les PDE3, 4 et 5 sont impliquées dans la mais aussi la synthèse de récepteurs b2-adrénergiques et réduit
régulation du tonus musculaire bronchique. Cette comparti- le phénomène de régulation négative des récepteurs
mentalisation cellulaire des PDE explique pourquoi les inhibi- b2-adrénergiques activés, ce qui potentialise l’effet bronchodila-
teurs des PDE (IPDE) peu ou pas sélectifs comme la théophylline tateur des agonistes b 2 -adrénergiques [74] . Pour toutes ces
sont pourvoyeurs d’effets secondaires extrarespiratoires parfois raisons, les glucocorticoïdes constituent le traitement logique et
sévères (tachycardie, fibrillation ventriculaire, convulsions, indispensable de l’asthme dès le stade II (asthme persistant
vomissements) avec un index thérapeutique étroit (concentra- léger) et diminuent les hospitalisations et la mortalité [75] .
tion efficace et peu toxique comprise entre 10 et 20 µg l-1). De L’administration intraveineuse de glucocorticoïdes (méthyl-
plus, l’effet bronchodilatateur de la théophylline est faible en prednisolone) est réservée au traitement de l’AAG bien qu’il ait
comparaison des agonistes b 2 -adrénergiques et il n’y a pas été montré que la voie orale ou la voie inhalée à forte dose
d’effet additif sur la réduction du bronchospasme lorsque la soient aussi efficaces dans cette indication [11, 15, 37, 76]. Les
théophylline est employée avec les b 2 -adrénergiques chez doses élevées par voie intraveineuse n’améliorent pas l’efficacité
l’adulte ou chez l’enfant [11, 13, 67, 68] . Pour ces raisons, la et une dose équivalente à 1 mg kg-1 j-1 de méthylprednisolone
théophylline n’est plus utilisée en première intention dans est suffisante. Le relais par la voie orale se fait dès que possible
l’AAG. Elle peut être un recours (dose de charge de 6 mg kg-1 et la corticothérapie générale dure environ 8 jours. On débute
en intraveineuse puis perfusion continue de 0,5 mg kg-1 h-1) en le relais voie orale − voie inhalée pour le traitement de fond de
cas d’échec des autres traitements bronchodilatateurs et à l’asthme à partir de 40 mg d’équivalent prednisolone [11]. Les
condition de pouvoir surveiller les taux plasmatiques [15] . effets secondaires des glucocorticoïdes administrés par voie
L’intérêt des IPDE sélectifs pour les PDE3, PDE4 et PDE5 n’a pas générale sont nombreux et perturbent essentiellement la
été démontré dans l’asthme aigu. régulation glycémique, l’équilibre hydrosodé, le métabolisme
phosphocalcique, la fonction surrénalienne, la trophicité de la
Magnésium muqueuse digestive, le cycle menstruel, la thymie et
Le sulfate de magnésium relaxe de façon indirecte le muscle l’immunité.
lisse bronchique en favorisant le couplage du récepteur b2 activé
à la protéine sous-membranaire Gs, en réduisant l’activité des Antileucotriènes
canaux Ca2+ membranaires, en stabilisant la membrane muscu- Les anti-LT (pranlukast, zafirlukast, montélukast) sont des
laire lisse, en diminuant l’excrétion d’acétylcholine présynapti- antagonistes sélectifs des récepteurs Cyst-LT1 des LT sulfidopep-
que des fibres nerveuses parasympathiques et en bloquant les tidiques (LTC4, LTE4, LTE4) capables de provoquer une contrac-
canaux ioniques associés au récepteur glutamatergique tion du muscle lisse bronchique et impliqués dans
N-méthyl-D-aspartate (NMDA) (réduction de l’entrée de l’inflammation et l’hyperréactivité bronchique de l’asthme
Ca2+ dans la cellule musculaire lisse). L’effet relaxant du sulfate (Fig. 1, 3). Un inhibiteur direct de la 5-lipo-oxygénase, enzyme
de magnésium ne dépend pas du taux sérique de magné- clé de la synthèse des LT, a été également commercialisé
sium [69]. La voie nébulisée en association avec les agonistes (zyleuton [Zyflo®]) mais seul le montélukast (forme orale) est
b2-adrénergiques n’apporte aucun bénéfice dans le traitement de disponible en France. Les anti-LT diminuent l’hyperréactivité
l’asthme aigu [70]. Quant au sulfate de magnésium administré bronchique provoquée par l’hyperventilation au cours de

8 Anesthésie-Réanimation
Asthme aigu grave ¶ 36-970-A-10

Récepteurs Hsp 90 Figure 4. Mécanismes d’action des gluco-


Glucocorticoïde CGRIIα Dimère corticoïdes. CGRIIa : récepteur aux glucocorti-
coïdes de type IIa ; Hsp 90 : heat shock protein
90 kDa ; IL : interleukine ; PLA2 : phospholipase
A2 ; COX2 : cyclo-oxygénase 2 ; NFjB : nuclear
Monomère factor jB ; AP1 : activator protein 1 ; RANTES :
Cytosol
Membrane nucléaire regulated on activation normal T expressed and
Noyau secreted (chémokine) ; IjB : inhibiteur de jB.
Inhibition de la transcription Activation de la transcription

Cytokines (IL-1β, IL-4, IL-5) Lipocortine1


Enzymes (PLA2, COX2) (inhibe PLA2)
Effets
Facteurs de transcription Inhibiteurs de protéases
métaboliques
(blocage de NFκB, AP1) Endopeptidase 24.11
Chémokines (RANTES, IL-8) IκB

Effets anti-inflammatoires

l’exercice et ont donc un intérêt dans l’asthme induit par d’administrer un volume courant supérieur à la consigne) et de
l’effort. Ils sont aussi le traitement logique de l’asthme déclen- la surveillance de la fraction d’oxygène dans les gaz inspirés
ché par l’aspirine ou les autres AINS puisque cette forme (FiO2) réelle [86].
d’asthme (5 % à 10 % des asthmatiques) est liée à une hyperex-
pression de la LTC4 synthétase [77]. La forme intraveineuse du Traitements associés
montélukast et le zafirlukast ont montré une certaine efficacité Lors de la prise en charge d’un AAG, il ne faut jamais omettre
en association avec les glucocorticoïdes per os et les agonistes le traitement du ou des facteurs déclenchants notamment
b 2 -adrénergiques inhalés dans l’asthme aigu sévère [78, 79] . l’éviction des allergènes ou l’arrêt des traitements ayant pu
Cependant, ces résultats nécessitent une confirmation chez les favoriser le déclenchement de la crise (aspirine, AINS). La
malades plus sévères et la forme intraveineuse du montélukast correction de la déshydratation et des troubles hydroélectroly-
n’est pas disponible en France. Les effets indésirables des anti-LT tiques ou métaboliques doit être systématique en raison de la
sont rares et le plus souvent bénins (troubles digestifs, cépha- polypnée, des sueurs et des effets indésirables des traitements
lées) mais des cas de survenue de syndrome de Churg-Strauss administrés (hypokaliémie, hypophosphorémie, hyperglycémie).
(vascularite systémique et pulmonaire associant asthme grave et L’usage des macromolécules pour le remplissage vasculaire est
hyperéosinophilie sanguine et tissulaire) ont été rapportés chez dangereux (risque d’allergie et d’aggravation du bronchospasme)
des patients asthmatiques traités par le montélukast. et on utilise pour cet usage le sérum physiologique. Le traite-
ment antibiotique, y compris les macrolides, n’est utile qu’en
cas de pneumopathie avérée [13, 37]. Les sédatifs sont contre-
Mélange hélium-oxygène indiqués. La kinésithérapie respiratoire a sans doute un rôle à
Le mélange hélium-oxygène (Héliox : 70 %-30 %) est moins jouer pour faciliter l’expectoration lors de la résolution du
dense que l’air et ses propriétés rhéologiques font que dans bronchospasme.
l’asthme aigu, où l’obstruction bronchique induit une augmen-
tation importante des résistances respiratoires et une limitation ■ Ventilation mécanique
des débits, l’Héliox diminue les résistances de type turbulent au
profit de régimes d’écoulement laminaire, augmente les forces Indications
convectives, facilite la diffusion du CO2, diminue la capacité
La ventilation mécanique n’est pas une procédure de traite-
résiduelle fonctionnelle et homogénéise les rapports ventilation/
ment curatif de l’AAG et la décision d’intuber un patient doit
perfusion [80] . L’Héliox pourrait donc diminuer le travail être mûrement réfléchie car la ventilation artificielle peut
respiratoire, empêcher l’évolution vers l’insuffisance respiratoire accentuer l’inflammation des voies aériennes, aggraver l’obs-
aiguë hypercapnique et le recours à la ventilation artificielle truction bronchique et est associée à une morbimortalité non
dans l’AAG. Par ailleurs, l’Héliox est un vecteur potentiellement négligeable (barovolotraumatismes, pneumothorax, pneumo-
intéressant pour optimiser les nébulisations d’aérosols de médiastin, hypotension, troubles du rythme cardiaque, surin-
bronchodilatateurs mais pâtit de la perte de ses avantages fection) [11, 13]. En dehors du contexte évident de présentation
rhéologiques lorsqu’il y a nécessité d’augmenter la fraction très grave d’emblée (coma, pauses respiratoires, arrêt cardiores-
d’oxygène à plus de 30 % du mélange [81]. De plus, en raison de piratoire imminent ou avéré), la décision de recourir à l’intuba-
sa viscosité plus grande que celle de l’air, l’Héliox augmente la tion et à la ventilation mécanique est fondée sur l’appréciation
résistance à l’écoulement pour un débit donné dans les régimes clinique de paramètres comme la détérioration de l’état de
laminaires (loi de Poiseuille), ce qui pourrait réduire les effets conscience ou l’apparition de signes d’épuisement respiratoire
bénéfiques escomptés de l’Héliox [80]. En réalité, l’emploi de malgré un traitement médical bien conduit [13, 16, 17, 37]. Le
l’Héliox dans l’AAG de l’adulte ou de l’enfant s’est montré peu niveau de PaCO2 ne représente pas en lui-même une indication
convaincant et son coût élevé font que l’usage de l’Héliox n’est si le patient demeure conscient et coopératif mais l’aggravation
pas recommandé en première ligne dans cette indication [13, 15, de l’hypercapnie malgré un traitement bronchodilatateur
82, 83]. Chez les malades ventilés mécaniquement, l’Héliox réduit optimal constitue un signe d’alarme qui signe l’épuisement des
la pression inspiratoire ainsi que la PaCO2 et améliore l’oxygé- muscles respiratoires [11, 13, 14].
nation [84, 85] et c’est probablement dans cette situation que
l’utilisation de l’Héliox au cours de l’AAG mériterait une large Objectifs
évaluation prospective. Cependant, l’usage de l’Héliox en cas de L’objectif de la ventilation mécanique dans l’AAG est de
recours à la ventilation mécanique pose le problème de la pallier l’épuisement des muscles respiratoires et l’asphyxie par
calibration du spiromètre des respirateurs artificiels (risque hypoxie aiguë afin de prévenir l’arrêt cardiorespiratoire. La

Anesthésie-Réanimation 9
36-970-A-10 ¶ Asthme aigu grave

normalisation ou l’amélioration de la PaCO2 ne constituent pas Tableau 3.


un objectif de la ventilation mécanique dont les modalités Réglages initiaux du respirateur et paramètres de surveillance de
doivent tenir compte avant tout des conséquences respiratoires la ventilation mécanique invasive au cours de l’asthme aigu grave [14, 16,
et hémodynamiques de l’hyperinflation dynamique (augmenta- 90, 91].

tion majeure des résistances à l’inspiration et absence de


Paramètres Valeurs/objectifs
vidange alvéolaire complète des volumes insufflés lors de
recommandées
l’expiration). Les travaux de Darioli et Perret en 1984 [87] puis
ceux de l’équipe de Tuxen [88, 89] ont permis de comprendre Mode Ventilation contrôlée
qu’une ventilation excessive en termes de volumes aggravait Ventilation minute (l min-1) < 10
notoirement l’hyperinflation dynamique provoquée par l’obs- Volume courant (ml kg-1 poids idéal) 6-10
truction bronchique, ce qui a conduit aux concepts de ventila- Fréquence respiratoire (c min-1) 10-14
tion en hypercapnie permissive et d’hypoventilation contrôlée.
Pression de plateau téléinspiratoire < 30
La stratégie de ventilation dite « en hypercapnie permissive » a
(cmH2O)
pour but de prolonger le temps expiratoire en diminuant la
fréquence respiratoire et en diminuant le rapport inspiration/ Débit inspiratoire (l min-1) 60-80
expiration (I/E) du cycle respiratoire afin de limiter les consé- Temps expiratoire (s) 4-5
quences de l’hyperinflation pulmonaire, en particulier le Rapport I/E 1/3 à 1/5
trapping d’air dont le meilleur témoin est l’existence d’une PEP externe (cmH2O) 0
pression alvéolaire positive en fin d’expiration (PEEP intrinsèque FiO2 (%) SaO2 > 90 % à 92 %
ou auto-PEEP) [90, 91] . L’hypercapnie est généralement bien
PEEP intrinsèque ou auto-PEEP (cmH2O) < 5-10
tolérée et l’existence d’une hypertension intracrânienne liée à
un œdème cérébral postanoxique ne constitue pas une contre- PEP : pression expiratoire positive ; FiO2 : fraction d’oxygène dans les gaz
indication formelle à conduire une ventilation dite « en inspirés ; PEEP : positive end-expiratory pressure ; SaO2 : saturation artérielle en
oxygène.
hypercapnie permissive » dans l’AAG [90, 92].

Intubation la mesure est disponible sur la plupart des ventilateurs moder-


L’intubation est un moment délicat dans la prise en charge nes ou une pression de plateau téléinspiratoire supérieure
instrumentale de l’AAG et toutes les conditions de sécurité à 30 cmH2O [14, 16].
inhérentes à cette procédure (disponibilité complète du matériel
de réanimation) doivent être respectées. Le patient est maintenu Réglages des paramètres respiratoires
en position assise et les nébulisations de bronchodilatateurs sont
Les recommandations actuelles concernant les réglages des
poursuivies jusqu’au moment de l’intubation. La préoxygéna-
paramètres respiratoires et les éléments de surveillance au cours
tion s’effectue au masque sous FiO2 100 % pendant au moins
de la ventilation d’un AAG sont assez consensuelles (Tableau 3).
3 minutes et l’induction en séquence rapide associe étomidate
Bien que controversée, l’utilisation d’une pression expiratoire
(0,3 à 0,5 mg kg-1) et succinylcholine (en l’absence d’hyperka-
positive (PEP) externe pour contrebalancer le phénomène
liémie) 1 mg kg-1 en intraveineux [17]. La kétamine possède des
d’auto-PEEP n’est pas recommandée lors de la phase initiale de
propriétés bronchodilatatrices intéressantes (antagonisme du
ventilation mécanique d’un AAG en raison du risque d’aggrava-
récepteur ionotropique NMDA) et peut remplacer l’étomidate à
tion de l’hyperinflation et de collapsus hémodynamique [13, 90,
la dose de 2 à 3 mg kg-1 [13, 17]. Le propofol est proposé par 93]. En effet et contrairement aux patients ayant une BPCO,
certains à la dose de 2 à 2,5 mg kg-1 à l’induction mais il expose
l’inhomogénéité très importante des constantes de temps
au risque d’hypotension [11, 13] . Les benzodiazépines et les
expiratoire d’une unité fonctionnelle respiratoire à l’autre dans
morphiniques ne sont pas recommandés pour l’intubation. Le
l’AAG fait que la PEP externe peut être supérieure (surdisten-
patient est allongé dès que la sédation est obtenue. L’intubation
sion) ou inférieure (absence d’efficacité) à l’auto-PEEP [90]. En
orotrachéale s’effectue de préférence avec une sonde de gros
revanche, lors de la phase de résolution du bronchospasme,
calibre. Au décours de l’intubation, la surveillance de la pression
notamment au cours du sevrage de la ventilation mécanique
téléexpiratoire en gaz carbonique (PETCO2) renseigne sur la
quand le patient a la possibilité de déclencher le trigger du
valeur de la capnie et la sévérité du bronchospasme (déforma-
respirateur, une PEP externe (≤ 8 cmH2O) ne dépassant pas la
tion du capnogramme en « aileron de requin ») [17].
PEEP intrinsèque peut être appliquée après titration progressive
pour augmenter le confort du malade et optimiser ses efforts de
Sédation déclenchement [13, 90].
Une fois l’intubation effectuée, l’adaptation du patient au
respirateur artificiel doit être parfaite pour éviter d’aggraver
l’hyperinflation pulmonaire et l’auto-PEEP. À cette fin, la
Mesures associées
stratégie d’hypoventilation contrôlée requiert une sédation L’halothane, dont l’efficacité bronchodilatatrice avait été
profonde assurée par les protocoles habituels associant benzo- rapportée dans de courtes séries, est abandonné du fait de sa
diazépines (midazolam) et morphiniques de synthèse (fentanyl toxicité hépatique [16, 30]. Les autres dérivés halogénés (isoflu-
ou rémifentanil) qui ne posent pas les problèmes d’histamino- rane, enflurane, sevlofurane) sont aussi bronchodilatateurs et
libération de la morphine [16, 90, 91]. Le propofol (50 à 100 ont été utilisés au cours des accès bronchospastiques dans l’AAG
µg kg-1 min-1) est bronchodilatateur mais expose au risque mais ils ne dispensent pas d’une sédation intraveineuse et
d’hypotension. La kétamine (0,3 à 0,6 mg kg-1 h-1) peut aussi requièrent des systèmes spécifiques d’administration (cuve de
être employée mais ses effets psychotropes et sympathomiméti- vaporisation) et de monitorage des gaz inspirés rarement
ques peuvent limiter son utilisation [11, 30, 90]. Si l’adaptation du disponibles en réanimation. Des systèmes peu coûteux permet-
malade au respirateur ne peut être obtenue avec une sédation tant l’administration des agents volatils halogénés (type
correctement conduite, le recours à la curarisation doit privilé- AnaConDa®) sur l’ensemble des respirateurs de réanimation
gier les bolus intermittents plutôt que la perfusion continue afin sont maintenant disponibles mais leur intérêt et leur innocuité
de limiter le risque de neuromyopathie secondaire. En effet, la dans l’AAG nécessitent une évaluation systématique sur des
neuromyopathie secondaire est fréquente au décours de la effectifs plus importants [94, 95]. Le filtre et le raccord annelé du
ventilation mécanique d’un AAG et semble liée à l’association circuit respiratoire peuvent être remplacés par un humidificateur
corticoïdes-curares (durée cumulée et dose totale adminis- chauffant afin de diminuer l’espace mort et les résistances des
trée) [11, 16, 90, 91] . L’emploi des curares au cours de l’AAG voies aériennes en expiration [14, 90]. La lutte contre les atélec-
requiert un monitorage régulier par neurostimulateur (« train de tasies ou les circonstances les favorisant (hypernatrémie) doit
quatre ») pour éviter les surdosages et la poursuite de leur être permanente. Les mucolytiques sont inutiles et la fibroscopie
administration doit être réévaluée régulièrement en se basant bronchique est dangereuse chez ces malades [46]. Le NO n’a
sur des paramètres relativement simples comme l’aggravation aucun intérêt dans l’AAG. La position demi-assise (45°) peut être
ou la réapparition d’une auto-PEEP supérieure à 10 cmH2O dont maintenue chez les patients à risque d’œdème cérébral [14].

10 Anesthésie-Réanimation
Asthme aigu grave ¶ 36-970-A-10

Figure 5. Arbre décisionnel.


Crise d’asthme aigu grave Stratégie thérapeutique dans
(cf. Tableau 1) l’asthme aigu grave (AAG). La
place du mélange hélium-
oxygène et de la ventilation non
invasive (VNI) dans le traitement
Oxygénothérapie : 6 à 8 l min-1 de l’AAG n’est pas établie. Les in-
Trois nébulisations répétées dications des antileucotriènes et
β2-agoniste (terbutaline/salbutamol) des techniques d’oxygénation ex-
Anticholinergique (ipratropium) tracorporelles (ECMO) dans l’AAG
Corticothérapie : méthylprednisolone demeurent actuellement incon-
1 mg kg-1 nues. DEP : débit expiratoire de
Traitement du facteur déclenchant pointe ; i.v. : intraveineuse ; SE :
seringue électrique.

Réévaluation clinique + DEP après Signes d’alarmes :


chaque nébulisation - épuisement respiratoire
- somnolence, coma
- silence auscultatoire
- état de choc
Amélioration clinique - arrêt cardiocirculatoire
DEP > 50 % théorique imminent ou avéré

Oui Non

Poursuite du traitement : Renforcement du traitement : Intubation après induction rapide :


- β2-agoniste une fois la 2e h, puis - poursuite des nébulisations : β2- - étomidate ou kétamine
toutes les 4 h agoniste (terbutaline/salbutamol) - succinylcholine
- corticothérapie : 1 mg kg-1 j-1 - magnésium intraveineux 2 g en Sédation profonde :
Relais per os dès que possible 30 min puis 2 g j-1 - midazolam
Durée 8 j - théophylline i.v. (monitorage - fentanyl/rémifentanil ou
Relais per os-inhalées dès 40 mg j-1 taux plasmatiques) kétamine
- héliox ? Ventilation contrôlée :
hypercapnie permissive
(cf. Tableau 3)
Curarisation si besoin (bolus
intermittents)
Salbutamol i.v./SE 0,5-5 mg h-1
Adrénaline i.v./SE si choc
Corticothérapie i.v. 1 mg kg-1 j-1

Sevrage de la ventilation mécanique encore incertains et des données complémentaires sont nécessai-
res afin de mieux préciser ces points.
Le sevrage peut être débuté lorsque le bronchospasme est
résolu (disparition des sibilants auscultatoires et auto-PEEP
mesurée ≤ 5 cmH2O) [90]. Après arrêt de la sédation, la conduite ■ Stratégie thérapeutique
du sevrage de la ventilation mécanique après un AAG ne pose
en général pas de problèmes (passage en aide inspiratoire puis L’arsenal thérapeutique disponible pour traiter un AAG est
test de sevrabilité selon les procédures usuelles) sauf en présence important et il faut savoir l’utiliser de façon raisonnée en
d’une neuromyopathie secondaire à l’administration de curares estimant très régulièrement les signes de gravité ou d’alarme
et de corticoïdes. afin de renforcer le traitement médicamenteux initial ou
d’envisager à temps l’intubation et l’assistance respiratoire
(Fig. 5). Dans ce schéma, la place de certains traitements ou
Cas particulier de la ventilation non procédures comme la VNI n’est actuellement pas clairement
invasive établie. Lorsque les méthodes conventionnelles de traitement de
L’usage de la ventilation non invasive (VNI) au masque facial l’AAG échouent, les progrès récents dans les techniques d’oxy-
demeure controversé dans l’AAG [96]. Pourtant, cette méthode est génation par membrane extracorporelle (ECMO) représentent
employée par certains depuis plus d’une décennie chez des alors pour certains une alternative ultime [100, 101].
patients rigoureusement sélectionnés (absence d’agitation,
coopération parfaite) et son emploi en association avec le
traitement médical usuel réduirait le recours à l’intubation et la
■ Situations particulières
durée d’hospitalisation [97, 98]. Les contre-indications de la VNI La prise en charge d’un AAG chez la femme enceinte diffère
dans l’AAG demeurent les mêmes que dans les autres pathologies peu de celle des autres patients en dehors du monitoring
où la VNI est utilisée. Cependant, l’usage de la VNI complique maternofœtal. L’utilisation des agonistes b2-adrénergiques par
l’emploi des systèmes classiques de nébulisation de bronchodila- voie intraveineuse est contre-indiquée au cours de la grossesse
tateurs [99] et ne se conçoit que dans un service de réanimation (risque d’œdème pulmonaire) et le risque de fente labiopalatine
où l’intubation et le recours à la ventilation mécanique invasive lié à l’usage des corticoïdes par voie systémique pendant le
sont toujours disponibles. Les réglages initiaux proposés sont une premier trimestre est discuté [102]. La correction de l’hypoxémie
pression d’aide inspiratoire à 5-8 cmH2O et une PEP externe à (SaO2 > 95 %) est primordiale en raison du risque de souffrance
3-5 cmH2O, en augmentant par pallier de 2 cmH2O la pression fœtale. La ventilation en hypercapnie permissive expose le
d’aide inspiratoire pour obtenir une fréquence respiratoire fœtus à l’acidose respiratoire et diminue l’affinité de l’hémoglo-
inférieure à 25 c min-1 et une pression inspiratoire inférieure bine fœtale pour l’oxygène [102]. L’épinéphrine est potentielle-
à 25 cmH2O [90]. La sélection des patients, la durée optimale et ment tératogène. En cas d’AAG réfractaire au traitement, une
les critères de sevrage de la VNI au cours de l’AAG demeurent césarienne peut être discutée et la kétamine est un agent

Anesthésie-Réanimation 11
36-970-A-10 ¶ Asthme aigu grave

anesthésique utile dans cette situation [102]. Chez l’enfant, les prévention notamment l’éducation du patient asthmatique qui
critères de sévérité d’une crise d’asthme doivent tenir compte doit débuter avant la sortie de réanimation (Fig. 6). Il reste à
des variations physiologiques de la fréquence respiratoire et de préciser la place du mélange hélium-oxygène et de la VNI dans
la fréquence cardiaque en fonction de l’âge et les principes de l’arsenal thérapeutique dont dispose le praticien dans l’AAG.
la prise en charge thérapeutique de l’AAG sont sensiblement L’évaluation de traitements ou procédures comme les anti-LT ou
similaires à ceux des adultes. Chez la personne âgée, la diminu- des techniques d’ECMO mériterait d’être approfondie.
tion de l’efficacité des agonistes b2-adrénergiques est discutée et
leurs effets secondaires peuvent être accentués notamment en
raison des comorbidités cardiovasculaires [103]. Par ailleurs, les
sujets âgés répondraient mieux aux anticholinergiques que les
sujets plus jeunes [103]. La survenue d’un bronchospasme en
situation périopératoire chez un asthmatique engage le pronos-
“ Points essentiels
tic vital. Le bronchospasme peut être déclenché par des agents • La sous-estimation de la gravité d’une crise contribue
histaminolibérateurs utilisés en anesthésie [104]. Le traitement largement à une prise en charge insuffisante et impacte
immédiat associe oxygénation en FiO 2 100 %, ventilation directement le pronostic de l’AAG.
manuelle au ballon, augmentation de la concentration inspirée
• Le traitement initial de l’AAG est bien codifié et associe
des anesthésiques volatils isoflurane, sévoflurane), administra-
tion d’agonistes b2-adrénergiques et de corticostéroïdes intravei- oxygénothérapie, nébulisations d’un agoniste b 2 -
neux [104] . L’épinéphrine et le magnésium sont également adrénergique de courte durée d’action, d’un
utilisables au bloc opératoire en cas de persistance d’un bron- anticholinergique et une corticothérapie par voie
chospasme sévère. intraveineuse ou orale.
• L’objectif de la ventilation mécanique dans l’AAG est de
■ Prévention pallier l’épuisement des muscles respiratoires et l’asphyxie
par hypoxie aiguë afin de prévenir l’arrêt cardio-
La prévention de l’AAG passe par la maîtrise des facteurs de respiratoire. La normalisation ou l’amélioration de la
risque, le suivi en consultation spécialisée et l’éducation des PaCO2 ne constituent pas un objectif de la ventilation
patients qui doit débuter en réanimation dès que possible. En
mécanique dont les modalités doivent tenir compte avant
effet, le pronostic à long terme des patients hospitalisés pour
AAG dépend de la qualité et de la durée du suivi : la moitié des tout des conséquences respiratoires et hémodynamiques
décès pour asthme de ces malades survient au cours de la de l’hyperinflation pulmonaire dynamique.
première année suivant un épisode d’AAG [105]. Des points • La prévention de l’AAG passe par la maîtrise des facteurs
cruciaux comme les objectifs du traitement de fond, l’autosur- de risque, le suivi en consultation spécialisée et l’éducation
veillance par le DEP ou l’apprentissage de la gestion des crises des patients qui doit débuter en réanimation dès que
inhabituelles devraient être systématiquement abordés avant la possible.
sortie de réanimation afin de mieux garantir le succès du suivi
ultérieur et diminuer le risque de survenue d’un nouvel épisode .

d’AAG.
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C. Faisy, Maître de conférences des Universités, praticien hospitalier (christophe.faisy@egp.aphp.fr).


Service de réanimation médicale, Université Paris Descartes, Hôpital européen Georges-Pompidou, 20, rue Leblanc, 75908 Paris cedex 15, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Faisy C. Asthme aigu grave. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Anesthésie-Réanimation, 36-970-A-10,
2012.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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