L’insuffisance respiratoire chronique (IRC) est une cause importante de morbidité et de mortalité. Elle
a pour cause essentielle la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). L’IRC est définie par
l’incapacité de l’appareil respiratoire à assurer correctement l’hématose : présence d’une hypoxémie
(PaO2 < 70 mmHg) persistant à distance d’un épisode aigu ; l’hypercapnie n’est pas obligatoire et
elle est rare dans certaines formes étiologiques d’IRC (pneumopathies interstitielles). La cause princi-
pale de l’hypoxémie est représentée par les inégalités ventilation-perfusion, très caractéristiques de la
BPCO (atteinte de l’« échangeur » pulmonaire). Dans les atteintes de la « pompe » ventilatoire (maladies
neuromusculaires, scoliose) l’hypoxémie-hypercapnie est la règle. Le tableau clinique de l’IRC dépend
principalement de l’affection causale ; la dyspnée d’effort est présente dans tous les cas. Le type du
déficit ventilatoire, révélé par les explorations fonctionnelles, permet de classer les IRC en obstructives
(essentiellement la BPCO) restrictives et « mixtes » ; il faut y ajouter les IRC d’origine « centrale », plutôt
rares. Le syndrome obésité-hypoventilation (SOH), qui est en revanche fréquent, est difficile à classer.
L’évolution de l’IRC est émaillée d’exacerbations grevées d’une mortalité importante. Le pronostic de
l’IRC est particulièrement mauvais dans les fibroses diffuses. Il est plus favorable dans la BPCO et dans
le SOH. L’oxygénothérapie de longue durée est le traitement logique de l’IRC. C’est dans la BPCO qu’elle
donne les meilleurs résultats (amélioration de l’espérance de vie). Elle est indiquée lorsque la PaO2 est
inférieure à 55-60 mmHg de façon persistante. Le traitement doit être d’au moins 16 h/24. La ventila-
tion non invasive est le traitement de référence des insuffisances respiratoires restrictives hypercapniques
(affections neuromusculaires, cyphoscoliose, SOH) : elle permet une amélioration de l’espérance de vie
et de la qualité de vie. Elle est également utilisée avec succès dans les exacerbations de BPCO mais le
bénéfice d’un traitement au long cours dans la BPCO n’est pas établi.
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Plan Introduction
■ Introduction 1 L’insuffisance respiratoire chronique (IRC) est une cause impor-
■ Aspects physiopathologiques et cliniques 2 tante de morbidité et de mortalité. On estime qu’en France
Définition 2 150 000 personnes au moins souffrent d’IRC sévère et que 20 000
Épidémiologie 2 environ décèdent chaque année, ce qui souligne bien la gravité
Physiopathologie : mécanismes des troubles des pronostique de l’IRC. Il y a lieu de tenir compte également de son
échanges gazeux 2 coût élevé pour la société, résultant notamment des conséquen-
Conséquences physiopathologiques de l’hypoxémie chronique 3 ces de l’absentéisme, de la mise précoce en invalidité et de la prise
Classification 3 en charge par la sécurité sociale de thérapeutiques au long cours
Tableau clinique et fonctionnel. Investigations complémentaires 4 coûteuses comme l’oxygénothérapie et la ventilation à domicile.
Évolution et pronostic 5 La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est de
■
très loin la cause la plus fréquente de l’IRC (environ 80 % des cas)
Traitement instrumental 6
mais l’IRC peut être consécutive à un grand nombre d’affections
Oxygénothérapie de longue durée 6
respiratoires et extrarespiratoires. Compte tenu de la prédomi-
Traitement par ventilation non invasive 8
nance de la BPCO, une part importante de cette mise au point lui
Ventilation invasive par trachéotomie 13
est consacrée. Nous envisageons successivement les aspects phy-
■ Conclusion 14 siopathologiques et cliniques de l’IRC et la deuxième partie de cet
article est consacrée au traitement instrumental de l’IRC qui, dans
EMC - Pneumologie 1
Volume 9 > n◦ 2 > avril 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-195X(12)48018-5
6-040-L-40 Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique)
la BPCO comme dans les autres formes étiologiques d’IRC, repose reçoivent une oxygénothérapie de longue durée à domicile et sont
sur l’oxygénothérapie de longue durée et sur la ventilation méca- donc en principe insuffisants respiratoires. La plupart (80 % envi-
nique non invasive ou invasive. Les traitements médicamenteux ron) ont une BPCO et la prédominance masculine est nette, même
qui varient naturellement en fonction de l’étiologie de l’IRC ne si elle a tendance à s’atténuer depuis 20 ans.
sont pas abordés. Une étude conduite il y a plus de 20 ans au Royaume-
Uni, à Sheffield [3] , a recherché la prévalence de la bronchite
chronique hypoxémiante (volume expiratoire maximal seconde
Aspects physiopathologiques [VEMS] < 50 % de la valeur prédite, PaO2 < 55 mmHg) dans la
population générale. Appliqués à l’Angleterre et au Pays de Galles,
et cliniques les résultats indiquent qu’il y a environ 60 000 sujets avec BPCO et
IRC sévère. Ces chiffres peuvent être transposés à la France dont la
Définition population est proche de celle du Royaume-Uni. Il faut y ajouter
les IRC provenant d’autres causes que la BPCO, les IRC peu sévères
L’IRC est généralement définie comme l’incapacité de l’appareil sur le plan gazométrique (PaO2 comprise entre 55 et 70 mmHg),
respiratoire à assurer normalement l’hématose. Une autre défini- et il faut tenir compte par ailleurs de l’augmentation de la préva-
tion, assez proche de la précédente est l’existence d’une hypoxé- lence de la BPCO depuis 20 ans. On peut estimer qu’il y a environ
mie chronique d’origine respiratoire intrinsèque [1] . L’hypercapnie 150 000 à 200 000 patients IRC en France.
n’est pas obligatoire et selon les étiologies de l’IRC on peut obser- La mortalité liée à l’IRC est difficile à établir. Celle de la BPCO est
ver une hypercapnie, une normocapnie, voire une hypocapnie. de l’ordre de 15 000 décès/an et la BPCO représentait la cinquième
Il n’y a pas de consensus sur la définition de l’hypoxémie cause de décès en France en 1997 [2] . La mortalité en rapport avec
qui caractérise l’IRC. Avec la Société de pneumologie de langue l’IRC est sans doute proche de 20 000 décès par an.
française nous la définissons par une pression partielle en oxygène
du sang artériel (PaO2 ) inférieure à 70 mmHg [2] . Une confusion
a été introduite récemment par les recommandations de la Glo- Physiopathologie : mécanismes des troubles
bal Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease (GOLD) [2] qui
indiquent le seuil de 60 mmHg pour la PaO2 , mais il s’agit claire- des échanges gazeux
ment de la définition de l’IRC sévère et non pas de l’IRC de façon L’hypoxémie chronique, qui caractérise l’IRC, peut relever de
générale. quatre causes : inégalités ventilation-perfusion (effet-shunt),
L’hypercapnie, définie par une pression partielle de gaz carbo- shunt, troubles de la diffusion de l’oxygène et hypoventila-
nique dans le sang artériel (PaCO2 ) supérieure ou égale à 45 mmHg tion alvéolaire. Les trois premières entraînent une hypoxémie
n’est pas obligatoire mais elle est souvent présente dans les IRC isolée ; l’hypoventilation alvéolaire entraîne une hypoxémie-
obstructives (BPCO) et dans de nombreuses formes étiologiques de hypercapnie.
l’IRC. L’hypercapnie suffit d’ailleurs à établir la présence d’une IRC Dans les hypoxémies isolées la PO2 alvéolaire (PAO2 ) et la PCO2
puisqu’elle est nécessairement associée à une hypoxémie, laquelle alvéolaire (PACO2 ) sont normales. La chute de la PaO2 est liée à
peut être très discrète en cas d’hypoventilation homogène (cf. un élargissement de la différence PAO2 -PaO2 qu’on appelle le gra-
infra). dient alvéoloartériel de PO2 (AaDO2 ). Trois mécanismes peuvent
Il faut souligner que le caractère chronique, c’est-à-dire per- entraîner une augmentation de l’AaDO2 (dont la valeur normale
sistant, de l’hypoxémie est un élément important ; il doit être n’excède pas 10-15 mmHg). Le plus important est l’effet-shunt.
vérifié par des mesures de gaz du sang (GDS) artériel pratiquées à 1
mois d’intervalle, à distance d’un épisode aigu [1] . Les hypoxémies
« extrinsèques », par exemple dans les shunts droit-gauche des car- Inégalités ventilation-perfusion : effet-shunt
diopathies congénitales, sortent du cadre de l’IRC, tout comme À l’état normal il existe une bonne adéquation de la venti-
l’hypoxémie liée à l’altitude, du fait de la baisse de la pression lation de l’unité fonctionnelle, qui est l’alvéole pulmonaire, à
partielle de l’oxygène inspiré (PIO2 ). L’IRC suppose une atteinte sa perfusion qui est assurée par un capillaire pulmonaire. On
de la fonction respiratoire ou, beaucoup plus rarement, un dys- peut schématiquement admettre que le rapport ventilation alvéo-
fonctionnement des centres nerveux respiratoires. La mesure des laire/perfusion capillaire, qu’on dénomme généralement rapport
gaz du sang artériel est indispensable pour affirmer le diagnostic V̇ A/Q̇, est de 1 [4] , que ce soit au niveau de l’unité fonctionnelle
d’IRC et, à cet égard, la mise en évidence d’une hypoxémie par élémentaire ou des poumons dans leur totalité. La ventilation
oxymétrie de pouls n’est pas suffisante. alvéolaire des poumons, plus basse que la ventilation totale qui
Ainsi, la définition de l’IRC est plutôt biologique (troubles chro- inclut la ventilation de l’espace mort, est de l’ordre de 5 à 6 l/min,
niques de l’hématose) mais il existe presque toujours des signes c’est-à-dire en gros identique à la perfusion globale des poumons
cliniques, le plus important et le plus fréquent étant la dyspnée, qui n’est autre que le débit cardiaque (5-6 l/min).
et des stigmates d’atteinte fonctionnelle respiratoire. Dans un certain nombre d’affections respiratoires chroniques
Comme l’indique le Tableau 1, on peut classer les IRC en fonc- génératrices d’IRC et en particulier dans la principale d’entre elles,
tion de la sévérité de l’hypoxémie, de l’existence ou non d’une la BPCO, il existe des inégalités V̇ A/Q̇ liées à la conservation d’une
hypercapnie et du type de déficit ventilatoire (cf. infra). bonne perfusion au niveau de zones non ventilées ou plus souvent
hypoventilées (ces zones se situent à la périphérie des poumons
et correspondent aux bronches de petit calibre [< 1-2 mm]). Au
Épidémiologie niveau de ces zones dont la distribution est hétérogène, le rap-
On dispose de données épidémiologiques pour la BPCO mais on port V̇ A/Q̇ est donc diminué, d’où un effet court-circuit, qu’on
ignore le nombre de patients BPCO qui présentent une hypoxé- appelle effet-shunt, générateur d’hypoxémie. La PaCO2 n’est pra-
mie chronique. On sait qu’en France 100 000 patients environ tiquement pas influencée par cet effet-shunt et le résultat est une
hypoxémie isolée sans hypercapnie. Ce n’est qu’ultérieurement,
avec la progression de la BPCO, que l’extension des zones à bas
Tableau 1. rapport V̇ A/Q̇ entraîne l’apparition d’une hypercapnie.
Classification des insuffisances respiratoires. Les inégalités V̇ A/Q̇ ne sont pas spécifiques de la BPCO,
Gravité de Existence ou non Type de déficit elles représentent la cause prédominante de l’hypoxémie isolée
l’hypoxémie d’une hypercapnie ventilatoire (c’est-à-dire sans hypercapnie) dans la plupart des affections res-
piratoires chroniques (pneumopathies interstitielles, dilatations
Grave : Pa02 < 50 mmHg Hypoxémie : Obstructif
des bronches, mucoviscidose, etc.).
Sévère : Pa02 Pa02 < 70 mmHg Restrictif
Comment affirmer qu’une hypoxémie isolée est liée à des inéga-
50-60 mmHg Hypoxémie- Mixte
lités V̇ A/Q̇ ? Pour simplifier, c’est presque toujours le cas car
Modérée : Pa02 hypercapnie : PaC02 ≥ Absent (atteintes
60-70 mmHg 45 mmHg « centrales »)
les deux autres mécanismes, décrits ci-dessous, ont une place
secondaire dans l’IRC. Il existe une méthode d’exploration et de
2 EMC - Pneumologie
Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique) 6-040-L-40
quantification des inégalités V̇ A/Q̇, c’est la méthode dite des gaz Conséquences physiopathologiques
inertes (appelée MIGET [multiple inert gas elimination technique]),
mise au point au début des années 1970 par Wagner et al. [5, 6] . de l’hypoxémie chronique
Cette investigation très invasive et très lourde n’est malheureu- L’hypoxémie chronique est une cause classique de polyglobulie.
sement pas réalisable en routine ; elle est réservée à la recherche La polyglobulie ne s’observe généralement qu’en cas d’hypoxémie
clinique et d’ailleurs un nombre très limité de centres ont accès à la franche (PaO2 < 55 mmHg) et persistante. Elle est plus fréquente
MIGET (trois en France à notre connaissance). Cette méthode per- lorsque l’hypoxémie est liée à un shunt droit-gauche mais cette
met d’analyser de façon quantitative la distribution des inégalités éventualité est plutôt rare dans l’IRC. La polyglobulie est loin
V̇ A/Q̇ et de déterminer si l’hypoxémie est liée de façon prépon- d’être constante et certains patients sont au contraire anémiques,
dérante ou exclusive aux inégalités V̇ A/Q̇. en particulier lorsque l’IRC est consécutive à une maladie inflam-
matoire chronique.
Shunt vrai Le transport de l’O2 aux tissus est le produit du débit cardiaque
Le shunt ou court-circuit joue un rôle tout à fait négligeable, (Q̇) et du contenu en oxygène du sang artériel (CaO2 ). Ce dernier
voire nul, dans le déterminisme de l’hypoxémie isolée des insuf- dépend du taux d’hémoglobine (Hb) et de la saturation en O2 du
fisants respiratoires. Quand une hypoxémie est liée à un shunt, sang artériel (SaO2 ). Dans l’IRC évoluée, la chute de la SaO2 est par-
dont la démonstration est obtenue par échocardiographie avec fois compensée par une polyglobulie réactionnelle (augmentation
injection de bulles ou par des mesures de PaO2 sous 100 % d’Hb) et le transport d’O2 peut également bénéficier d’une éléva-
d’oxygène (O2 ), la cause la plus fréquente est un shunt droite- tion de Q̇, mais ces mécanismes d’adaptation peuvent s’avérer
gauche intracardiaque et il ne s’agit pas alors d’une insuffisance insuffisants lors d’exacerbations de l’IRC entraînant un tableau
respiratoire au sens strict. d’insuffisance respiratoire aiguë (IRA) sévère avec SaO2 très basse,
et le transport d’O2 aux tissus peut alors être compromis mais cette
éventualité est plutôt rare.
Troubles de la diffusion de l’O2
L’hypoxémie chronique est l’une des causes de l’hypertension
Nombre d’affections respiratoires chroniques sont en mesure pulmonaire (HTP) qui peut compliquer certaines IRC évo-
d’amputer la zone des échanges gazeux (située à la périphérie luées, notamment dans le cas de la BPCO, du syndrome
des poumons) et notamment le lit capillaire pulmonaire. On obésité-hypoventilation (SOH), de la cyphoscoliose, etc. [11] . Le
peut vérifier alors que la capacité de transfert du monoxyde de mécanisme en cause est plus un remodelage vasculaire pulmo-
carbone (CO) est abaissée, voire effondrée. Les principales affec- naire qu’une action vasoconstrictrice, laquelle intervient plutôt
tions en cause sont les pneumopathies interstitielles diffuses et en dans des situations aiguës. Le remodelage entraîne une éléva-
particulier les fibroses pulmonaires diffuses et l’emphysème (sur- tion des résistances vasculaires pulmonaires qui aboutit à l’HTP.
tout l’emphysème panacinaire). Mais on sait depuis longtemps Il est comparable à celui qu’on observe chez les sujets sains
qu’un trouble isolé de la diffusion de l’O2 n’est pas en mesure vivant en haute altitude dont la PaO2 physiologique est géné-
de générer une hypoxémie de repos significative [7] , mais qu’il ralement inférieure à 55-60 mmHg [12] . Il n’est pas totalement
peut jouer en revanche un rôle important dans l’accentuation réversible lorsque l’hypoxémie est corrigée par l’administration
de l’hypoxémie à l’exercice très caractéristique de ces affections, d’O2 au long cours [13] . L’HTP des affections respiratoires chro-
liée au raccourcissement de contact air-sang. L’hypoxémie de niques peut évoluer vers une insuffisance cardiaque droite,
repos des fibroses pulmonaires diffuses est liée principalement aux mais ce n’est pas pour autant la règle, d’une part parce que
inégalités V̇ A/Q̇ [8] et la méthode des gaz inertes a permis de le l’HTP est le plus souvent modérée [14, 15] et d’autre part parce
confirmer de façon convaincante [9, 10] . qu’elle est influencée favorablement par l’oxygénothérapie pro-
longée [16, 17] qui est prescrite aux patients IRC avec hypoxémie
Hypoxémie-hypercapnie importante.
L’hypoxémie-hypercapnie est synonyme d’hypoventilation
alvéolaire. Elle est en effet caractérisée par une chute de PAO2
dont la valeur normale est de 100 mmHg et par une élévation de la
Classification
PACO2 dont la valeur normale est de 40 mmHg. Deux cas de figure On peut classer les IRC en fonction du type et de la gravité des
doivent être distingués : dans le premier cas l’hypoventilation perturbations gazométriques, mais on les classe le plus souvent en
alvéolaire est dite homogène car elle affecte de façon identique fonction du type du déficit ventilatoire (Tableau 1) : le déficit est
la PAO2 et la PACO2 et, par voie de conséquence, la PaO2 et dit obstructif lorsque le VEMS et le rapport VEMS/capacité vitale
la PaCO2 . Dans ce cas l’AaDO2 reste normale. La diminution sont abaissés alors que la capacité pulmonaire totale (CPT) est nor-
de la ventilation alvéolaire (V̇ A) résulte d’une diminution de la male ou élevée. L’obstruction bronchique est actuellement définie
ventilation globale (V̇ E). C’est ce qu’on observe dans certaines par un rapport VEMS/capacité vitale forcée (CVF) inférieur à 70 %.
affections neuromusculaires et dans la cyphoscoliose (cf. infra). Le déficit ventilatoire est dit restrictif lorsque les volumes pulmo-
On peut alors relever des valeurs des gaz du sang artériel du type : naires (capacité vitale et surtout CPT) sont abaissés (CPT < 80 %
PaO2 = 80 mmHg, PaCO2 = 50 mmHg. de la valeur prédite) alors que le rapport VEMS/capacité vitale
Dans le deuxième cas, l’hypoventilation alvéolaire est dite dis- reste normal. Le déficit ventilatoire est dit mixte lorsqu’on a à
tributive ou hétérogène. Elle ne résulte pas d’une chute de la la fois une chute du rapport VEMS/capacité vitale et de la CPT.
ventilation globale mais d’une diminution du rapport V̇ A/V̇ E, Certaines IRC ne sont pas associées à un déficit ventilatoire mais
donc de l’efficacité ventilatoire, traduisant une augmentation de cette éventualité est rare.
l’espace-mort alvéolaire. L’hypoventilation alvéolaire distributive Par ailleurs, on distingue :
est caractéristique de la BPCO évoluée, elle est la conséquence • les IRC par atteinte de la « pompe » (ou du « soufflet »), c’est-
d’une extension des zones à bas rapport V̇ A/Q̇. Alors que la venti- à-dire la cage thoracique et les muscles respiratoires (ces IRC
lation globale est maintenue ou même augmentée, la ventilation sont d’emblée hypercapniques avec hypoventilation alvéolaire
alvéolaire d’un grand nombre de territoires est diminuée du fait homogène et présence d’un déficit ventilatoire restrictif) ;
de la sévérité de l’obstruction bronchique. L’AaDO2 est élevée, • et les IRC par atteinte de l’ « échangeur pulmonaire », c’est-à-
parfois très élevée (> 30 mmHg). On peut alors observer des gaz dire les voies aériennes périphériques et la zone des échanges
du sang artériel du type : PaO2 = 55 mmHg, PaCO2 = 50 mmHg. gazeux : ces IRC sont de type obstructif (BPCO) ou restrictif
L’hypoxémie est proportionnellement beaucoup plus importante (fibrose pulmonaire diffuse) ; elles sont initialement hypoxé-
que l’hypercapnie. miques sans hypercapnie, l’hypercapnie n’apparaissant que
De façon schématique, lorsque l’hypoventilation alvéolaire est tardivement (BPCO) ou n’apparaissant pas même à un stade
la conséquence d’une atteinte de la « pompe » ventilatoire elle très évolué de l’IRC (fibroses diffuses).
est homogène ; lorsqu’elle est la conséquence d’une atteinte de Les deux types d’atteinte peuvent coexister, dans le cas par
l’« échangeur » pulmonaire, elle est hétérogène, (distributive) (cf. exemple d’une BPCO se greffant sur une cyphoscoliose sévère ;
infra). l’IRC est alors mixte.
EMC - Pneumologie 3
6-040-L-40 Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique)
Tableau 2. Tableau 3.
Classification étiologique des insuffisances respiratoires chroniques. Cette Échelle à cinq grades de la dyspnée d’effort (la plus souvent utilisée par
liste n’est pas exhaustive. les pneumologues). Cette échelle est très proche de l’échelle britannique
du Medical Research Council (MRC) (graduée de 0 à 4).
Insuffisances respiratoires chroniques obstructives
BPCO b (bronchite chronique obstructive, emphysème et leur Grade 1 Dyspnée survenant pour des efforts plus importants
association) que la montée d’un étage
Asthme chronique avec obstruction bronchique permanente Grade 2 Montée d’un étage, marche sur terrain en pente
Bronchiolite oblitérante
Bronchectasies diffuses Grade 3 Marche à allure normale pour l’âge
Mucoviscidose Grade 4 Marche lente
Insuffisances respiratoires chroniques restrictives Grade 5 Efforts minimes (toilette, habillage, etc.)
Atteinte de la « pompe »
D’origine neuromusculaire : séquelles de poliomyélite, sclérose latérale
amyotrophique, myopathies, paralysie diaphragmatique bilatérale, etc.
l’une générant un déficit obstructif (par exemple une BPCO) et
D’origine ostéoarticulaire : scolioses et cyphoscolioses sévères,
l’autre entraînant un déficit restrictif (par exemple une cypho-
cyphoses, séquelles d’interventions chirurgicales mutilantes
scoliose) ; soit il s’agit d’une maladie respiratoire susceptible de
Atteinte de l’« échangeur » pulmonaire produire à la fois une atteinte obstructive et une atteinte restric-
Suites de pneumonectomie
tive (ceci peut être observé dans les bronchectasies étendues, dans
Séquelles graves de tuberculose pulmonaire
les séquelles importantes de tuberculose pulmonaire, dans cer-
Sarcoïdose au stade de fibrose pulmonaire
taines pneumoconioses, notamment la silicose, et surtout dans
Pneumoconioses
Fibroses pulmonaires interstitielles
les sarcoïdoses évoluées au stade de fibrose).
Autres pneumopathies interstitielles (collagénoses, alvéolites Aux IRC de type « central » dont le prototype est l’hypoven-
allergiques extrinsèques, etc.) tilation alvéolaire centrale, nous avons rattaché (Tableau 2) le syn-
drome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) et le SOH, ce qui
Insuffisances respiratoires chroniques « mixtes » (obstructives et peut se discuter. Nous l’avons fait car une IRC peut se rencon-
restrictives) trer dans ces deux affections en l’absence de déficit ventilatoire
Bronchectasies diffuses notable. C’est rare dans le SAOS mais c’est moins exceptionnel
Pneumoconioses : silicose surtout dans le SOH qui est l’insuffisance respiratoire hypercapnique des
Séquelles importantes de tuberculose pulmonaire obèses (c’est l’ancien « syndrome de Pickwick ») que l’on considère
Sarcoïdose au stade de fibrose actuellement comme une affection assez fréquente et comme une
Insuffisances respiratoires de type « central » et les affections des causes importantes d’IRC [18, 19] , loin derrière la BPCO, il est
apparentées vrai. Certains malades SOH n’ont pas de déficit ventilatoire et une
Hypoventilation alvéolaire centrale du nourrisson et de l’adulte diminution franche de la réponse ventilatoire au stimulus CO2 a
Syndrome obésité-hypoventilation (anciennement syndrome de été mise en évidence chez quelques malades. On estime cepen-
« Pickwick ») a dant que la cause prépondérante de l’hypercapnie est la faiblesse
Syndrome d’apnées du sommeil des muscles respiratoires et l’augmentation du coût énergétique
de la ventilation.
a
Causes fréquentes d’insuffisance respiratoire chronique.
b
Causes très fréquentes d’insuffisance respiratoire chronique.
Tableau clinique et fonctionnel.
Certaines IRC sont difficiles à classer, c’est notamment le cas du Investigations complémentaires
SOH. Nous l’avons inclus (Tableau 2) dans le groupe des insuffi-
sances respiratoires de type « central » mais cela est discutable : il Le tableau clinique dépend surtout de l’affection causale
s’agit généralement d’une atteinte de la « pompe » mais le déficit et peut varier considérablement en fonction de l’étiologie de
ventilatoire restrictif fait parfois défaut et on peut évoquer alors l’insuffisance respiratoire. Ainsi, des malades au stade de l’IRC,
une composante « centrale » de l’IRC. atteints respectivement de BPCO emphysémateuse, de fibrose pul-
Le Tableau 2 regroupe les principales étiologies de l’IRC. Il n’est monaire diffuse et de cyphoscoliose ont peu de points en commun
pas exhaustif. Les IRC obstructives sont dominées par la BPCO (morphologie, examen de la sphère pulmonaire, radiologie tho-
qui représente à elle seule plus des deux tiers des cas d’IRC. L’IRC racique, résultats des explorations fonctionnelles respiratoires), si
de la BPCO est initialement hypoxémique, liée aux inégalités ce n’est la dyspnée d’effort et les perturbations gazométriques.
V̇ A/Q̇. Elle n’est que tardivement (et inconstamment) hyper- La dyspnée d’effort peut être absente dans certaines formes
capnique, mais à ce stade l’hypoventilation alvéolaire n’est pas rares d’IRC (hypoventilation alvéolaire « centrale »). Elle est géné-
homogène et l’hypoxémie est proportionnellement plus impor- ralement importante, de grade 3-5/5 de la classification en cinq
tante que l’hypercapnie. L’asthme est une affection très fréquente grades (Tableau 3). La dyspnée de repos permanente est rarement
(prévalence supérieure à celle de la BPCO) mais une cause relati- observée sauf dans les stades terminaux des BPCO et des fibroses.
vement rare d’IRC. Dans la mucoviscidose, l’IRC est constante à Certains index composites ont été proposés pour apprécier
un stade évolué de la maladie, elle est la cause principale de décès. de façon simple la gravité de l’IRC [20, 21] . Ainsi, l’index « body
Les IRC restrictives regroupent deux types d’affections très dif- mass index, obstruction, dyspnea, exercise » (BODE) [20] (Tableau 4)
férentes : d’une part les atteintes de la « pompe » comprenant les regroupe le niveau de la dyspnée, la sévérité de l’obstruction bron-
maladies neuromusculaires (myopathies, sclérose latérale amyo- chique, la distance parcourue au test de marche de 6 minutes et
trophique [SLA], paralysie diaphragmatique bilatérale, etc.) et les l’index de masse corporelle, mais il n’est utilisable que dans la
atteintes de la cage thoracique (cyphoscoliose) ; d’autre part, les BPCO. Il n’existe pas actuellement d’index de gravité utilisable
affections pulmonaires diffuses qui sont, elles, des maladies de pour l’ensemble des IRC.
l’« échangeur » pulmonaire. Les pneumopathies interstitielles dif- L’examen clinique, variable d’une affection à l’autre, recherche
fuses sont les plus fréquentes et les fibroses pulmonaires diffuses les signes éventuels de retentissement cardiaque droit (œdèmes
en représentent la forme la plus grave. Dans les atteintes de la des membres inférieurs). La respiration à lèvres pincées et les mou-
« pompe », l’hypoventilation alvéolaire (hypoxémie-hypercapnie) vements paradoxaux de la cage thoracique sont caractéristiques
est homogène et souvent précoce. Dans les pneumopathies des emphysèmes sévères. La cyanose des extrémités est tardive et
interstitielles diffuses l’hypoxémie est isolée, l’hypercapnie est inconstante (en dehors des exacerbations).
rarement présente. Les principaux examens complémentaires requis apparaissent
Les IRC mixtes, à la fois obstructives et restrictives ne sont pas sur le Tableau 5. Ils dépendent de l’étiologie de l’IRC. Certaines
fréquentes. Elles peuvent être observées dans deux circonstances : investigations sont indispensables dans tous les cas : radio-
soit il s’agit de l’association fortuite de deux affections différentes, graphie thoracique, gaz du sang artériel (prérequis), examens
4 EMC - Pneumologie
Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique) 6-040-L-40
Tableau 4. Tableau 6.
Index « BODE » permettant de coter la sévérité de l’insuffisance respi- Résultats comparatifs de l’exploration fonctionnelle respiratoire chez deux
ratoire. Cet index n’a été validé que dans la bronchopneumopathie malades en insuffisance respiratoire chronique.
chronique obstructive [20] .
BPCO avec Scoliose
Points index BODE emphysème
0 1 2 3 Capacité vitale lente (% de 3 000 ml 1 000 ml
la valeur théorique) (75 %) (30 %)
VEMS (%) ≥ 65 50-64 36-49 ≤ 35
VEMS (% de la valeur 750 ml (27 %) 750 ml
Distance test de marche ≥ 350 250-349 150-249 ≤ 149
théorique) (32 %)
6 minutes (m)
VEMS/capacité vitale lente 25 % 75 %
Échelle de dyspnée MRC 0-1 2 3 4
Volume résiduel 4 500 ml 1 500 ml
IMC (kg/m2 ) ≥ 21 ≤ 21
Capacité pulmonaire totale 7 500 ml 2 500 ml
Résultat : de 0 à 10
(% de la valeur théorique) (125 %) (50 %)
BODE : body mass index, obstruction, dyspnea, exercise ; VEMS : volume expira- PaO2 58 mmHg 60 mmHg
toire maximal seconde ; MRC : Medical Research Council ; IMC : indice de masse
corporelle. PaCO2 48 mmHg 55 mmHg
Capacité de transfert de 7 ml/min/mmHg 10 ml/min/
Tableau 5. l’oxyde de carbone (% de la (30 %) mmHg
Quelles investigations demander chez un patient insuffisant respiratoire valeur théorique) (50 %)
chronique ? Pression artérielle 29 mmHg 25 mmHg
Dans tous les cas pulmonaire moyenne
repos
Examen fonctionnel respiratoire (spirographie conventionnelle ou
pléthysmographie) Un malade présente une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
Radiographie thoracique avec emphysème sévère et l’autre une scoliose très évoluée. Le malade BPCO
Électrocardiogramme, échocardiographie avec mesure de la PAP emphysémateux a un déficit ventilatoire obstructif sévère avec élévation de la
systolique capacité pulmonaire totale. À l’opposé, le malade scoliotique présente un défi-
Gaz du sang artériel cit ventilatoire restrictif important avec effondrement de la capacité vitale et
Test de marche de 6 minutes (avec mesure oxymétrique de la saturation de la capacité pulmonaire totale, mais le rapport volume expiratoire maximal
seconde/capacité vitale (VEMS/CV) est normal (pas d’obstruction bronchique).
en oxygène) Les résultats des gaz du sang artériel et de l’hémodynamique pulmonaire sont
Dans certains cas à peu près comparables chez ces deux malades (hypoxémie-hypercapnie ; dis-
crète hypertension pulmonaire). PaO2 : pression partielle en oxygène ; PaCO2 :
Examens morphologiques : pression partielle de gaz carbonique dans le sang artériel.
- tomodensitométrie thoracique : pneumopathies interstitielles,
pneumoconioses, emphysème
Fonction respiratoire (en fonction de la gravité et des caractéristiques de comparative les résultats de l’EFR dans une IRC obstructive sévère
l’IRC) : (BPCO avec emphysème) et dans une IRC restrictive (cyphosco-
- test de réversibilité de l’obstruction bronchique liose évoluée). Alors que les résultats des gaz du sang sont à peu
- capacité de transfert du CO près comparables chez ces deux malades, les déficits ventilatoires
- gaz du sang au repos + effort révélés par la spirographie sont de nature radicalement différente.
- cathétérisme cardiaque droit
Isotopes :
- scintigraphie pulmonaire ventilation-perfusion Évolution et pronostic
Explorations lors du sommeil :
- oxymétrie nocturne : adaptation de l’oxygénothérapie ; examen de Complications évolutives : exacerbations aiguës
dépistage des apnées Les exacerbations aiguës sont surtout caractéristiques de la
- polygraphie nocturne ; polysomnographie : suspicion d’apnées du BPCO, souvent déclenchées par un épisode infectieux broncho-
sommeil pulmonaire. Elles réalisent un tableau d’IRA sur fond d’IRC et
PAP : pression artérielle pulmonaire moyenne ; IRC : insuffisance respiratoire elles associent une hypoxémie sévère (PaO2 souvent < 50 mmHg)
chronique. à une hypercapnie franche (PaCO2 > 50 mmHg). En fait, l’IRA est
à la fois définie par une aggravation clinique (accentuation de la
dyspnée) et par une aggravation gazométrique par rapport à l’état
fonctionnels respiratoires (EFR) complets incluant la mesure de base du patient. Les exacerbations de la BPCO peuvent recon-
des volumes pulmonaires statiques (CPT), échocardiographie naître d’autres causes que l’infection bronchopulmonaire et dans
pour rechercher l’hypertension pulmonaire, test de marche de près de 30 % des cas l’origine de la décompensation aiguë ne peut
6 minutes. D’autres investigations ne sont requises que dans être décelée.
des cas particuliers : tomodensitométrie (TDM) thoracique dans Le tableau clinique de l’IRA sur fond d’IRC est dominé par
la BPCO avec emphysème et, surtout, dans les pneumopathies la dyspnée. Il s’agit souvent d’une dyspnée de repos. La cya-
interstitielles diffuses ; polygraphie ou polysomnographie en nose est inconstante. Des signes de retentissement cardiaque droit
cas de SOH car des apnées obstructives du sommeil sont pré- (œdèmes des membres inférieurs) sont assez souvent relevés. Les
sentes dans près de 75 % des cas et ont une incidence sur le signes de gravité clinique de l’IRA sont l’encéphalopathie respira-
traitement. Le cathétérisme cardiaque droit n’est justifié que si toire et l’épuisement des muscles respiratoires.
l’échocardiographie permet de suspecter une HTP importante ou Des exacerbations aiguës peuvent émailler l’évolution des
« disproportionnée » par rapport à l’insuffisance respiratoire [22] . autres formes étiologiques d’IRC. Les exacerbations des fibroses
En cas d’IRC il existe le plus souvent un déficit ventilatoire pulmonaires diffuses, de description relativement récente [23] sont
important, obstructif, restrictif ou mixte. Ainsi, lorsqu’un malade redoutables et souvent irréversibles. Elles s’accompagnent d’une
BPCO atteint le stade de l’insuffisance respiratoire, le VEMS est aggravation parfois spectaculaire des opacités radiologiques pul-
franchement abaissé, inférieur à 1 500 ml, souvent inférieur à monaires.
1 000 ml. Dans les IRC restrictives d’origine pariétale ou neuro- En dépit des progrès thérapeutiques, la mortalité de l’IRA sur
musculaire l’hypoxémie-hypercapnie ne survient que lorsque la fond d’IRC reste élevée : 10 % des cas environ lorsqu’une ven-
capacité vitale et la CPT sont très abaissées (capacité vitale < 1- tilation mécanique n’est pas nécessaire ; plus de 20 % des cas
1,5 litre). À titre d’illustration, le Tableau 6 représente de façon nécessitant l’intubation et la ventilation endotrachéale.
EMC - Pneumologie 5
6-040-L-40 Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique)
6 EMC - Pneumologie
Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique) 6-040-L-40
Tableau 7.
Effets délétères de l’hypoxie chronique comparés aux effets bénéfiques de l’oxygénothérapie de longue durée (chez les malades atteints d’une bronchopneu-
mopathie chronique obstructive).
Effets délétères d’une hypoxémie chronique importante Effets bénéfiques d’une oxygénothérapie de longue durée
(PaO2 < 55 mmHg) administrée pendant au moins 15 heures par 24 heures
Espérance de vie :
- médiocre - amélioration significative de l’espérance de vie
Qualité de vie :
- possibilités d’exercice (marche) limitées - amélioration du périmètre de marche
- troubles neuropsychologiques - amélioration des troubles neuropsychologiques
- hospitalisations fréquentes - réduction de la fréquence des hospitalisations
Effets physiologiques :
- diminution du transport de l’oxygène - amélioration du transport de l’oxygène
- polyglobulie (en fait inconstante) - diminution (mais rarement correction) de la polyglobulie
Circulation pulmonaire :
- développement et aggravation progressive d’une hypertension - régression ou stabilisation de l’hypertension pulmonaire ;
pulmonaire précapillaire atténuation de la progression de l’hypertension pulmonaire
Tableau 8.
Indications de l’oxygénothérapie de longue durée dans l’insuffisance respiratoire chronique.
Indications faisant l’objet d’un consensus
PaO2 en état clinique stable (deux mesures séparées par au moins 4 semaines) ≤ 55 mmHg (ce qui équivaut à SaO2 ≤ 88 %)
PaO2 dans l’intervalle 55-59 mmHg, en présence de :
- polyglobulie (hématocrite > 55 %)
- hypertension pulmonaire (PAP ≥ 25 mmHg ; signes ECG d’hypertrophie ventriculaire droite) ; signes documentés d’insuffisance cardiaque droite (œdèmes)
- accentuation significative de l’hypoxémie au cours du sommeil (SaO2 nocturne moyenne ≤ 88 %)
Indications discutées
Hypoxémie modérée (PaO2 > 55 mmHg en l’absence des signes énoncés ci-dessus)
Hypoxémie franche présente à l’exercice (PaO2 ≤ 55 mmHg) alors que l’hypoxémie de repos est modérée ou absente (PaO2 > 60 mmHg)
Hypoxémie significative pendant le sommeil (SaO2 nocturne moyenne ≤ 88 %) alors que l’hypoxémie diurne est discrète ou absente (PaO2 > 60 mmHg)
PaO2 : pression artérielle en oxygène ; SaO2 : saturation de l’hémoglobine en oxygène dans le sang artériel ; PAP : pression artérielle pulmonaire ; ECG : électrocardiogramme.
en comparaison de l’OLD purement « nocturne » (10-12 h/nuit). observée dans certaines BPCO très hypoxémiantes, régresse géné-
Ces deux études « historiques », contrôlées (présence d’un groupe ralement, mais les résultats sont discordants. La poursuite du
témoin dans chaque étude), sont à la base du développement de tabagisme, avec persistance d’une carboxyhémoglobinémie éle-
l’OLD depuis 30 ans. Une étude ultérieure, non contrôlée [28] , avec vée, empêche la correction de la polyglobulie sous OLD [32] .
une période de suivi plus longue, a montré que le taux de survie à L’OLD permet de stabiliser et parfois même d’améliorer l’HTP
5 ans, sous OLD, est de 62 % alors que dans l’étude MRC le groupe de la BPCO [16, 17, 26, 27] , ce qui est assez logique puisque l’hypoxie
témoin non traité par O2 n’avait une survie à 5 ans que de 16 %. alvéolaire chronique est la cause principale de l’HTP (cf. supra).
L’amélioration de l’espérance de vie sous OLD de patients Cependant, la PAP retrouve rarement une valeur normale. Plus
BPCO très hypoxémiques (PaO2 < 55-60 mmHg) est donc bien la durée quotidienne de l’OLD est longue (≥ 18 h/j), meilleurs
démontrée mais son mécanisme n’est pas établi avec précision. sont les résultats hémodynamiques [26] . L’OLD est ainsi le traite-
Il est probablement multifactoriel (amélioration du transport de ment le plus logique de l’HTP de la BPCO, d’autant plus que les
l’O2 , de l’oxygénation tissulaire, de l’hémodynamique pulmo- traitements médicamenteux (vasodilatateurs pulmonaires) se sont
naire). L’amélioration du pronostic sous OLD ne concerne que des avérés jusqu’à présent décevants.
patients BPCO franchement hypoxémiques et ne peut être trans-
posée à des patients moins hypoxémiques : une étude polonaise
plus récente [29] a indiqué que l’OLD ne modifiait pas l’espérance Indications de l’OLD
de vie de malades BPCO modérément hypoxémiques (PaO2 ini- Les études contrôlées sur les effets de l’OLD, qui expliquent le
tiale comprise entre 56 et 65 mmHg avec une valeur moyenne développement considérable de ce traitement, n’ont concerné que
de 63 mmHg) comparés à des témoins identiques non traités par la BPCO [26, 27] . Les critères gazométriques requis pour la mise en
OLD. route d’une OLD s’appliquent aux BPCO mais par extension on
Lorsque les études de référence NOTT et MRC [26, 27] ont été les utilise dans d’autres formes d’IRC telles que les fibroses pul-
réalisées, il n’y avait pas encore de questionnaires de qualité de monaires diffuses, les pneumoconioses, etc. L’expérience montre
vie. On dispose cependant d’arguments « indirects » pour affirmer que les résultats de l’OLD sont généralement moins bons que
que la qualité de vie est améliorée sous OLD : amélioration du dans les BPCO, et ceci est particulièrement vrai pour les fibroses
périmètre de marche chez les patients équipés d’O2 portable ; amé- pulmonaires diffuses.
lioration de l’état neuropsychologique démontrée dans l’étude Le critère requis pour l’initiation d’une OLD (Tableau 8) est
NOTT [30] ; réduction du nombre et de la durée des hospitalisa- l’existence d’une hypoxémie franche (PaO2 ≤ 55 mmHg) et per-
tions. La seule étude utilisant le questionnaire de qualité de vie sistante à distance (> 1 mois) d’une exacerbation. Une PaO2
St-Georges n’est pas réellement contrôlée et n’a concerné que 41 inférieure à 55 mmHg correspond à une saturation en O2 infé-
patients en tout [31] , ses résultats sont négatifs. L’amélioration de rieure ou égale à 88 %, c’est-à-dire à une hypoxémie significative
la dyspnée d’effort sous OLD n’est pas établie : la dyspnée d’effort susceptible de retentissement sur le transport de l’O2 et sur
dans la BPCO est liée principalement à la limitation ventilatoire la circulation pulmonaire. L’OLD peut également être prescrite
et elle continue à s’accentuer avec le temps en dépit de l’OLD [28] . si l’hypoxémie est moins sévère (PaO2 dans l’intervalle 55-
Sur le plan des effets physiologiques, l’oxygénothérapie amé- 60 mmHg) mais en présence de polyglobulie ou d’HTP ou de
liore le transport et la fourniture d’O2 aux tissus. La polyglobulie, retentissement cardiaque droit documenté (Tableau 8).
EMC - Pneumologie 7
6-040-L-40 Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique)
La stabilité de l’hypoxémie doit être vérifiée par un contrôle de l’O2 à l’aide de tamis moléculaires. Ils fonctionnent sur le sec-
gazométrique après 3-4 semaines [33] . Plusieurs contrôles sur teur électrique et leur entretien est simple. Les appareils actuels ne
une période d’observation de 2-3 mois sont préférables lorsque sont plus bruyants. L’inconvénient majeur est le caractère relative-
l’hypoxémie n’est pas trop sévère (PaO2 proche de 55 mmHg) [34] . ment « fixe » de cette source d’O2 , mais il est possible d’équiper les
Il faut s’être assuré qu’une thérapeutique optimale (bronchodila- patients avec de petites bouteilles d’O2 gazeux pour la déambu-
tateurs, réhabilitation) n’a pas permis d’améliorer suffisamment lation. Par ailleurs, des concentrateurs miniaturisés et portables
l’hypoxémie. L’indication de l’OLD ne peut reposer sur des ont été développés récemment : leur coût est très élevé et ils ne
mesures purement oxymétriques (précision insuffisante de la SaO2 sont utilisés actuellement que sur une très faible échelle. En pra-
mesurée par oxymétrie de pouls ; nécessité de la connaissance de tique les concentrateurs d’O2 et l’O2 liquide sont les modalités
la PaCO2 ). principales (et pratiquement exclusives) de l’OLD en France. Le
Les indications énoncées ci-dessus font l’objet d’un consensus raccordement au patient se fait par des sondes nasales (lunettes)
international [35] et peuvent être considérées comme indiscu- qui sont préférées au masque facial dont l’emploi est rare (gros
tables. En revanche, certaines indications sont très discutées débits d’O2 ).
(Tableau 8) et ne peuvent être retenues que dans des cas parti-
culiers [2, 35, 36] . C’est le cas de l’hypoxémie importante au cours de Conduite pratique de l’OLD
l’exercice chez des patients dont la PaO2 de repos est supérieure à Une période d’observation d’au moins 4 semaines est nécessaire
60 mmHg. C’est le cas de l’hypoxémie liée au sommeil de patients afin de vérifier la stabilité de l’hypoxémie. Le choix de la source
BPCO peu hypoxémiques le jour (PaO2 > 60 mmHg) car le béné- d’O2 dépend de plusieurs facteurs : l’âge du patient, le débit d’O2 ,
fice d’une OLD purement nocturne n’a pu être démontré chez ces l’activité du patient et ses besoins de déambulation. Si le patient
patients [37] . C’est enfin le cas des hypoxémies diurnes modérées est relativement jeune, actif et se déplace souvent, on donne la
(PaO2 > 60 mmHg) : il n’est pas rare que ces patients soient mis préférence à l’O2 liquide. Chez les patients plus âgés, se déplaçant
sous OLD [38] alors que l’intérêt de l’OLD en matière d’espérance peu, il est plus logique de prescrire un concentrateur d’O2 auquel
de vie n’a pu être démontré dans cette sous-population de malades on peut adjoindre des bouteilles d’O2 gazeux portable pour la
BPCO [29] . déambulation. Le débit d’O2 nécessaire est déterminé en fonction
Il n’y a pas de contre-indications formelles à l’OLD, mais on des résultats gazométriques et oxymétriques sous O2 (cf. supra). Il
est réticent à l’entreprendre lorsque la coopération du malade est se situe le plus souvent entre 1,5 et 3 l/min.
insuffisante ou en cas de poursuite d’habitudes tabagiques. Une L’OLD est prise en charge intégralement par la sécurité sociale
hypercapnie chronique sévère (PaCO2 ≥ 60 mmHg) n’est pas une lorsque les critères concernant le niveau de l’hypoxémie sont
contre-indication. Lorsque l’hypoxémie est liée à un shunt droit- réunis. La fourniture de l’O2 et du matériel adéquat (sondes
gauche intracardiaque ou intrapulmonaire, l’OLD a peu d’intérêt nasales) ainsi que la surveillance et l’entretien des appareils
car même des débits considérables d’O2 sont souvent inopérants, (concentrateurs, O2 liquide) sont assurés par des prestataires spé-
mais nous avons vu que ces cas sortent du cadre de l’IRC. cialisés (système associatif de l’Antadir ou prestataires « privés »).
Le problème majeur de l’OLD est l’observance du traitement par
les patients. Elle est souvent insuffisante, sans doute du fait des
Modalités de l’OLD contraintes liées à l’oxygénothérapie. La durée effective du traite-
Règles générales ment est fréquemment inférieure de 3-4 heures à la durée prescrite.
La règle la plus importante concerne la durée de l’OLD dans Pour perfectionner l’observance il faut d’abord améliorer la forma-
le nycthémère : supérieure à 16 h/24 et, si possible, supérieure à tion des médecins. Il est démontré que si la durée quotidienne du
18 h/24 car il est établi que les résultats objectifs sont meilleurs traitement prescrit par le médecin augmente, la durée du traite-
quand l’OLD est plus longue [26, 39] . Il faut éviter, si possible, les ment effectif augmente parallèlement [40] . L’éducation des patients
« fenêtres » thérapeutiques de 3 heures et plus. L’OLD couvre obli- est également prioritaire : l’observance peut être améliorée par des
gatoirement la période de sommeil qui est souvent caractérisée, programmes éducatifs appropriés assurés par des médecins et des
dans la BPCO, par une accentuation de l’hypoxémie. L’OLD doit kinésithérapeutes [41] . Il faut enfin tout faire pour maintenir et, si
inclure les périodes d’activité (surtout la marche) qui voient la possible, améliorer la qualité de vie sous OLD, en permettant en
désaturation en O2 s’accentuer. particulier la déambulation, les sorties et les activités souhaitées
La PaO2 sous OLD doit être d’au moins 60-65 mmHg et de pré- grâce à l’équipement des patients en O2 portable (équipement qui
férence de 70-75 mmHg. Les débits habituels (1,5-3 l/min) d’O2 ne pose plus de problème grâce aux progrès techniques considé-
permettent d’obtenir sans difficulté ce niveau de PaO2 dans la rables dans ce domaine).
BPCO, mais il peut en aller différemment dans les fibroses pul-
monaires ou dans certaines BPCO à un stade avancé de l’IRC. La
SaO2 sous OLD peut être contrôlée aisément par oxymétrie de Traitement par ventilation non invasive
pouls (elle doit être supérieure à 90-92 %). Il n’est pas nécessaire Le traitement par VNI concerne presque exclusivement les
généralement d’augmenter le débit d’O2 pendant le sommeil. Pour insuffisances respiratoires chroniques hypercapniques. Par oppo-
la déambulation et d’autres formes d’exercice il faut en revanche sition à la ventilation invasive, qui est pratiquée chez un patient
augmenter le débit d’O2 de 1-3 l/min, sous contrôle oxymétrique. intubé et sédaté ou chez un patient éveillé par l’intermédiaire
d’une canule de trachéotomie, la VNI est effectuée à l’aide
Sources d’oxygène
d’une interface qui est en général un masque nasal ou facial.
Il y a trois sources possibles d’oxygène : l’O2 gazeux, l’O2 liquide, Les indications les plus courantes sont les insuffisances respira-
les concentrateurs ou extracteurs d’O2 . L’O2 gazeux, seule source toires restrictives liées aux déformations pariétales thoraciques
disponible en France jusqu’en 1980, n’est plus utilisé aujourd’hui et aux maladies neuromusculaires, à l’origine d’une hypoven-
que pour la déambulation : « petites » bouteilles d’O2 gazeux dont tilation alvéolaire, l’insuffisance respiratoire hypercapnique de
l’autonomie est d’ailleurs limitée. L’O2 liquide a l’avantage de per- l’obèse (SOH) et enfin les insuffisances respiratoires chroniques
mettre le stockage d’O2 sous un volume beaucoup plus faible que obstructives.
les cylindres gazeux. Le réservoir principal (libérator), installé à
domicile et réapprovisionné une fois par semaine, permet le rem-
plissage d’un réservoir mobile (stroller) que le patient utilise pour
Maladies neuromusculaires
la déambulation avec une autonomie d’au moins 4 heures pour Les maladies neuromusculaires représentent un groupe hété-
un débit de 3 l/min. Le stroller peut être rempli aussi souvent que rogène de pathologies dont le pronostic et l’évolution naturelle
le patient le souhaite. L’O2 liquide est donc la meilleure solution sont très variés. On y regroupe des affections génétiques comme
pour des patients qui déambulent beaucoup. Des « économiseurs » les myopathies, des atteintes dégénératives comme la sclérose
d’O2 , limitant l’apport d’O2 au temps inspiratoire, peuvent être latérale amyotrophique, mais également les tétraplégies post-
utilisés en cas de forts débits d’O2 , en particulier lors de la marche. traumatiques avec atteinte des muscles respiratoires, ainsi que
Les concentrateurs (ou extracteurs) d’O2 sont avec l’O2 liquide les séquelles de poliomyélite. C’est d’ailleurs avec les épidémies
la principale source d’O2 . Ils permettent la séparation de l’azote et de poliomyélite que se sont développées dans les années 1950
8 EMC - Pneumologie
Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique) 6-040-L-40
EMC - Pneumologie 9
6-040-L-40 Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique)
Tableau 9.
Bilan fonctionnel respiratoire indiqué dans le suivi de la sclérose latérale amyotrophique [62] .
Explorations fonctionnelles Fréquence
Spirométrie Mesure de la CVF et CVL, position assise et allongée 3 mois
Mesurée du DEP à la toux
Gaz du sang En air ambiant, dépistage d’une hypercapnie Bilan initial puis en fonction de l’évolution
PImax, SNIP Évaluation de la force musculaire 3 mois
Oxymétrie nocturne Recherche de périodes d’hypoventilation au cours 6 mois
du sommeil notamment paradoxal
Polysomnographie En cas de somnolence diurne excessive En cas de signe d’appel
CVF : capacité vitale forcée ; CVL : capacité vitale lente ; DEP : débit expiratoire de pointe ; PImax : pression inspiratoire maximale ; SNIP : pression inspiratoire sniff.
10 EMC - Pneumologie
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PaO2 et de la PaCO2 . L’adaptation des paramètres et notamment respiratoires restrictives d’origine pariétale ou neuromusculaire
de l’aide inspiratoire s’effectue alors en fonction de l’évolution qui sont d’évolution lentement progressive, lorsque la VNI s’avère
clinique et gazométrique sous VNI. En cas de persistance d’une insuffisamment efficace.
hypoxémie sous VNI, le débit d’oxygène est adapté afin d’obtenir Beaucoup plus fréquemment, c’est à l’occasion d’une exacer-
une SaO2 au-dessus de 92-94 % tout en contrôlant l’évolution de bation de l’insuffisance respiratoire conduisant à une intubation
la PaCO2 par de nouvelles mesures. orotrachéale et à un séjour en réanimation qu’est discutée la
trachéotomie. Celle-ci est effectuée lorsqu’on suspecte qu’une
ventilation mécanique prolongée sera nécessaire, le plus sou-
Ventilation invasive par trachéotomie vent après une semaine d’intubation et au cours des 3 premières
semaines, afin d’éviter les complications mécaniques laryngées
Indications consécutives à l’intubation orotrachéale, ou les sténoses sous-
La pratique de la trachéotomie s’est développée lors des années glottiques ultérieures. C’est parfois également après plusieurs
1950 avec les épidémies de poliomyélite alors qu’elle était indi- échecs d’extubation (nécessité de réintubation rapide) que la tra-
quée essentiellement jusque-là dans les cas d’obstruction des voies chéotomie est effectuée. Cet acte thérapeutique doit bien entendu
aériennes supérieures. Le développement de canules de trachéo- être discuté en fonction du contexte clinique et du profil évolutif
tomie bien tolérées et adaptées aux patients a également participé de l’insuffisance respiratoire. La trachéotomie peut être réalisée
à l’essor de la technique. Jusqu’au développement des techniques par voie chirurgicale ou percutanée. Plusieurs techniques percu-
de VNI, la trachéotomie associée à la ventilation invasive était tanées ont été mises au point, certaines perforant la trachée de
d’ailleurs la seule solution thérapeutique destinée aux patients l’extérieur vers l’intérieur d’autres effectuant le contraire. Elles
présentant une insuffisance respiratoire restrictive et sa pratique s’effectuent le plus souvent sous contrôle endoscopique afin de
a permis une amélioration importante de leur espérance de vie. faciliter la procédure et d’éviter les complications.
La VNI lui est actuellement préférée, tout au moins en première
intention, car elle ne nécessite pas d’effraction cutanée, ce qui
facilite la parole et permet une meilleure qualité de vie. Toute- Matériel
fois, dans les cas où la VNI s’avère inefficace ou contre-indiquée,
Choix de la canule
une trachéotomie est réalisée, permettant la ventilation invasive
sur canule. Cela peut être le cas lorsque la durée de ventilation Les tubes en métal utilisés initialement ont été remplacés pro-
est trop importante, lorsque la VNI est insuffisante pour soula- gressivement par des tubes en plastique de différents modèles,
ger les symptômes ou corriger les anomalies gazométriques, et longueurs et diamètres, permettant de s’adapter au mieux au pro-
enfin lorsqu’on constate des fausses routes ou un encombrement fil du patient. Le diamètre de la canule doit être suffisamment
bronchique important. important tout en permettant une mise en place facilement réa-
Dans certaines pathologies neuromusculaires, la réalisation de lisable. Les canules sont identifiées en fonction de leur diamètre
la trachéotomie aide à soulager les symptômes et à normaliser la interne (ID pour inner diameter), leur diamètre externe (OD pour
PaCO2. En outre, elle permet d’aspirer plus facilement les sécré- outer diameter) et leur longueur. Chez un adulte on utilise habituel-
tions présentes dans l’arbre bronchique, notamment chez les lement une canule avec un OD de 10 ou 11 mm. Les différentes
patients dont la toux n’est plus efficace. L’utilisation d’une canule longueurs de la canule permettent de s’adapter aux dispositions
à ballonnet permet d’éviter les fausses routes chez les patients qui anatomiques de chaque patient. Certaines de ces canules sont
présentent des troubles de la déglutition, ce qui est habituellement constituées de silicone, renforcé par une spirale métallique évitant
le cas lorsqu’il existe une atteinte bulbaire. leur éventuel collapsus ou coudure.
Dans les atteintes restrictives pariétales, la trachéotomie peut
être indiquée à un stade avancé de la maladie. Sa simple réa- Canules fenêtrées
lisation permet souvent de diminuer la PaCO2 avant même le Les canules fenêtrées sont identiques aux autres à l’exception
recours à une ventilation invasive. En effet, en court-circuitant d’une ouverture, ou fenêtre, située dans la portion de la canule
une partie des voies aériennes supérieures, on diminue l’espace au-dessus du ballonnet. Ces canules sont munies de chambres
mort d’environ 80 à 100 ml et on augmente ainsi la ventila- internes avec ou sans fenêtre. Lorsqu’on utilise une chambre
tion alvéolaire, ce qui est souvent suffisant pour corriger, au interne fenêtrée, l’air passe lors de l’expiration au travers de la
moins partiellement, l’hypercapnie. Ce « court-circuit » des voies fenêtre puis entre les cordes vocales ce qui permet la phona-
aériennes supérieures permet également de diminuer les résis- tion. Cette dernière est aidée par le dégonflement du ballonnet
tances à l’écoulement de l’air, présentes normalement au niveau et l’utilisation d’une valve phonatoire (qui ferme la canule à
du nez et de la bouche, et ainsi de baisser théoriquement le l’expiration mais permet à l’air de pénétrer pendant l’inspiration,
travail respiratoire. Ceci est toutefois contrebalancé par la dimi- permettant ainsi d’augmenter le débit aérien entre les cordes
nution du calibre de la lumière trachéale, dont le diamètre est vocales lors de l’expiration). Il est préférable de ne laisser la
d’environ 20 mm normalement, alors que le diamètre interne chambre interne fenêtrée que temporairement afin d’éviter cer-
d’une canule de trachéotomie est en général plus petit, de taines complications mécaniques.
7 à 10 mm. Au total, dans ce type d’insuffisance respiratoire,
même si la simple réalisation de la trachéotomie permet une
amélioration des échanges gazeux, une ventilation invasive lui Chambre interne
est le plus souvent associée, notamment au cours des périodes L’utilisation de canules munies d’une chambre interne permet
de sommeil. d’éviter le dépôt de sécrétions épaisses dans la lumière interne
Dans les pathologies respiratoires obstructives comme la BPCO, de la trachée, ce qui est susceptible de gêner l’écoulement de
la trachéotomie n’est habituellement pas indiquée mais est par- l’air. Ces chambres internes peuvent être facilement remplacées
fois effectuée au décours d’un séjour en réanimation chez des et nettoyées. Elles sont destinées aux patients qui présentent des
patients admis pour une décompensation respiratoire et chez qui sécrétions relativement abondantes ou collantes et qui nécessitent
le sevrage de la ventilation s’avère difficile. Lorsqu’une trachéo- des aspirations fréquentes.
tomie est effectuée, la « décanulation » des patients et le sevrage
de la ventilation sont souvent difficiles, ce qui compromet leur
retour à domicile. Ballonnet
Les canules peuvent être munies ou non d’un ballonnet. Celui-
ci permet de combler l’espace entre la canule et la trachée et ainsi
À quel moment la trachéotomie doit-elle être de protéger les voies aériennes basses des sécrétions laryngées. Il
réalisée ? permet de plus de faciliter la ventilation en éliminant les fuites. Le
Dans les situations où le patient est suivi régulièrement pour ballonnet doit être suffisamment gonflé afin d’éviter les fuites tout
son IRC, on peut être amené à proposer la réalisation program- en évitant de dépasser la pression de 25 mmHg afin de prévenir
mée d’une trachéotomie. Cela peut être le cas des insuffisances une ischémie de la muqueuse trachéale.
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6-040-L-40 Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental (oxygénothérapie et ventilation mécanique)
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Canuet M, Weitzenblum E, Kessler R. Insuffisance respiratoire chronique et son traitement instrumental
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