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Item 116
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POINTS CLES
1. Les principales manifestations respiratoires de la polyarthrite rhumatoïde sont la pleurésie
rhumatoïde, les pneumopathies interstitielles diffuses (PID) et les nodules rhumatoïdes
pulmonaires
2. Les principales manifestations respiratoires de la sclérodermie systémique sont la PID et
l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP)
3. Les principales manifestations respiratoires du lupus érythémateux sont la pleurésie, les
atélectasies en bandes et l’hémorragie alvéolaire diffuse
4. Les principales manifestations respiratoires des polymyosites sont les PID chroniques ou aiguës
5. Les principales manifestations respiratoires du syndrome de Gougerot-Sjögren sont la toux
chronique et les PID
6. Les principales manifestations respiratoires de la vascularite granulomateuse associée aux ANCA
(maladie de Wegener) sont les nodules pulmonaires multiples évoluant vers l’excavation et les
infiltrats diffus bilatéraux
7. Les principales manifestations respiratoires du syndrome de Churg sont l’asthme et les
pneumopathies à éosinophiles
8. La principale manifestation respiratoire de la polyangéite microscopique est le syndrome
hémorragique alvéolaire
9. Le traitement des connectivites et vascularites fait appel à des médicaments qui altèrent
l’immunité à médiation cellulaire et favorisent les infection à M. tuberculosis et P. jiroveci
10. Chaque fois qu’apparaissent des manifestations respiratoires chez un patient sous traitement
pour une connectivite ou une vascularite les hypothèses suivantes doivent être évoquées dans
l’ordre :
pathologie infectieuse favorisée par le traitement corticoïde et immunosuppresseur
toxicité pulmonaire médicamenteuse
manifestation respiratoire de la maladie
pathologie totalement indépendante
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I. MANIFESTATIONS RESPIRATOIRES DES CONNECTIVITES ET DES VASCULARITES
I.1. Généralités
Il s’agit de maladies rares, au cours desquelles les manifestations respiratoires sont fréquentes.
Les manifestations respiratoires relèvent de 4 mécanismes :
11. pathologie infectieuse favorisée par le traitement corticoïde et immunosuppresseur
12. toxicité pulmonaire médicamenteuse
13. localisation pleurale, pulmonaire, ou vasculaire pulmonaire de la connectivite (Tableau 1)
pneumopathies interstitielles diffuses (PID): sclérodermie, dermatomyosites et
polymyosites et polyarthrites rhumatoïdes (PR)
pleurésies : lupus érythémateux disséminé (LED)
bronchiolites et bronchectasies : PR et syndrome de Gougerot Sjögren
l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) : sclérodermie systémique et LED
14. pathologie indépendante de la connectivite
Les deux premières hypothèses sont à considérer en priorité.
Pleurésie rhumatoïde
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prévalence tomodensitométrique 20%
unilatérale et peu abondante, exsudative
avec baisse évocatrice de la concentration de glucose (glycopleurie << glycémie)
nodules rhumatoïdes (histologie typique) de la plèvre pariétale en pleuroscopie
évolution habituellement favorable.
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exploration fonctionnelle respiratoire
trouble ventilatoire restrictif, et une altération du transfert du CO (non spécifiques)
lavage bronchoalvéolaire (LBA)
surtout utile pour le diagnostic différentiel (infections)
hors infection il montre une formule panachée (augmentation modérée du % de
lymphocytes et/ou de polynucléaires neutrophiles et éosinophiles)
histopathologie
l’aspect le plus fréquent est celui d’une pneumopathie interstitielle commune.
évolution
lentement progressive
le plus souvent, simple surveillance
traitement médicamenteux parfois proposé par analogie avec la fibrose pulmonaire
idiopathique.
les traitements rhumatologiques ne sont pas efficaces sur la PID associée à la PR
le méthotrexate lorsqu’il est indiqué sur le plan rhumatologique n’est pas formellement
contre-indiqué par la PID sauf s’il s’agit d’une forme grave de PID.
les anti-TNF seraient parfois responsables d’une aggravation fulminante de la PID.
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Nodules pulmonaires rhumatoïdes (nécrobiotiques)
prévalence tomodensitométrique 20%, surtout chez les hommes ayant des nodules sous-
cutanés
généralement asymptomatiques
peuvent évoluer vers la cavitation
la principale difficulté est de les différencier de nodules néoplasiques, d’autant qu’une
hyperfixation du 18-fluorodéoxyglucose est fréquente en tomographie par émission de
positons (TEP)
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peuvent s'associer à une pneumoconiose chez le mineur de charbon, réalisant le syndrome de Caplan-Colinet, et sont
alors beaucoup plus évolutifs.
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évolution rapidement péjorative vers l’insuffisance respiratoire chronique.
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Ainsi que des opacités en verre dépoli en mosaïque et un trappage sur les coupes en expiration
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Autres manifestations : bronchectasies, pneumopathie organisée (anciennement bronchiolite oblitérante avec
pneumopathie organisé, BOOP), fibrose pulmonaire biapicale, etc.
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histopathologie
l’aspect le plus fréquent est celui d’une pneumopathie interstitielle non spécifique
(PINS, voir item 120)
plus rarement il s’agit d’une pneumopathie interstitielle commune (comme au cours de
la fibrose pulmonaire idiopathique).
pronostic
la survie des patients ayant une PID au cours d’une sclérodermie est en moyenne de
85% à 5 ans, bien meilleure que celle de la fibrose pulmonaire idiopathique4
Figure 2 : pneumopathie interstitielle non spécifique au cours d’une sclérodermie systémique (verre
dépoli, bronchectasies par traction).
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Hypertension artérielle pulmonaire
seconde cause de dyspnée dans la sclérodermie (~10%)
fréquente au cours des formes cutanées limitées
symptômes communs à toutes les HTAP
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L’utilisation des corticoïdes est limitée par l’augmentation du risque de crise rénale aiguë sclérodermique.. Au stade
d’insuffisance respiratoire chronique, la transplantation pulmonaire peut être envisagée si la maladie systémique est limitée.
La prise en charge du reflux gastro-oesophagien ne doit pas être négligée.
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Des traitements sont disponibles, reposant sur les antagonistes des récepteurs de l’endothéline-1 (bosentan,
ambrisentan), les inhibiteurs de la phosphodiestérase-5 (sildénafil, tadalafil), et les analogues de la prostacycline
(époprosténol intraveineux, iloprost inhalé, trépostinil sous-cutané).
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dyspnée d’effort longtemps isolée
syncopes d’effort qui représentent un critère de gravité (risque de mort subite)
plus rarement hémoptysies
signes d’insuffisance cardiaque droite tardifs
l’œdème des membres inférieurs est parfois masqué par la sclérose cutanée.
L’HTAP est détectée par l’échographie cardiaque, elle doit être confirmée par un cathétérisme
cardiaque droit
Atteinte parenchymateuse
Les pneumopathies infectieuses représentent le principal diagnostic à évoquer en présence
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d'opacités parenchymateuses au cours du lupus
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Autres manifestations respiratoires : atélectasies sus-diaphragmatiques en bande, surtout lorsqu'une pleurésie est
présente responsables de dyspnée et de trouble ventilatoire restrictif sans altération du coefficient de transfert du CO
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principale manifestation respiratoire des myopathies inflammatoires
ère
7 à 30% des patients, 1 cause de décès
exceptionnellement inaugurale
toux et une dyspnée d’effort lentement progressive
une hyperkératose palmaire (« mains de mécanicien ») fait évoquer le diagnostic
scanner thoracique
opacités en verre dépoli, opacités alvéolaires
réticulations
mais peu d’images en rayons de miel
prédominant aux bases
EFR
trouble ventilatoire restrictif
LBA
élévation du taux de lymphocytes
immunologie : présence fréquente d’anticorps anti-synthétase
anticorps anti-Jo1
anticorps anti-Mi-2, anti-SRP, anti-PM-Scl, anti-RNP, ou anti-Ku
parmi les patients atteints de myopathie idiopathique inflammatoires, ceux porteurs
d’un anticorps anti-synthétase sont particulièrement à risque de développer une PID
histopathologie
l’aspect le plus fréquent est celui d’une PINS, parfois celui d’une pneumopathie
interstitielle commune
traitement
corticothérapie, éventuellement associée à un traitement immunosuppresseur
pronostic meilleur que celui de la fibrose pulmonaire idiopathique.
PID subaiguës (en quelques semaines) ou aiguës (syndrome de détresse respiratoire aiguë)
plus rares, parfois inaugurales
atteinte cutanée et musculaire souvent fruste 7
(syndrome des poumons rétractés) ; hémorragie alvéolaire diffuse ; HTAP ; exceptionnelle PID lupique aiguë ou chronique.
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lorsqu’une biopsie pulmonaire est pratiquée, elle montre un aspect de pneumopathie organisée (d’évolution habituellement
favorable sous traitement) ou de dommage alvéolaire diffus (de très mauvais pronostic)
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I.7. Syndrome de Gougerot-Sjogren
Manifestations respiratoires fréquentes et parfois inaugurales sous la forme de toux sèche chronique,
(secondaire à la sècheresse bronchique et à une bronchite lymphocytaire)
fibroscopie bronchique : infiltration lymphoïde de la sous-muqueuse (biopsies bronchiques),
alvéolite lymphocytaire au LBA
Plus rarement on observe
une PID de type PINS ou de type pneumopathie interstitielle lymphoïde (avec prédominance
de lymphocytes au LBA, verre dépoli et images kystiques au scanner thoracique)
un lymphome pulmonaire primitif
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I.10. Polychondrite atrophiante
Maladie rare caractérisée par une inflammation récidivante et déformante des cartilages de la face
(nez, oreilles) et de l'arbre trachéo-bronchique dans 50% des cas
Peut conduire à une obstruction bronchique par sténose ou collapsus bronchique par
destruction de l'armature cartilagineuse trachéobronchique.
Outre les déformations faciales, le patient présente une toux avec expectoration muqueuse
abondante, quelques sibilants, et parfois des accès de dyspnée avec stridor inspiratoire. Le
diagnostic est clinique et endoscopique
Eléments du diagnostic
présence d’ANCA de type c-ANCA de spécificité protéinase 3
confirmation histologique souhaitable (biopsie bronchique ; ponction-biopsie rénale ; biopsies
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de muqueuse nasale ; biopsie pulmonaire ; biopsies d’autres atteintes d’organes)
Le traitement est urgent et repose sur
la corticothérapie
le cyclophosphamide
les échanges plasmatiques en cas d’insuffisance rénale ou d’hémorragie alvéolaire graves.
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trois critères histologiques majeurs: granulome histiocytaire à disposition typiquement palissadique, vascularite
prédominant sur les artères de moyen et petit calibre avec inflammation et microabcès de la paroi vasculaire, nécrose du
tissu inflammatoire.
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II.3. Syndrome de Churg et Strauss (tableau II).
Associe
asthme, constant, souvent sévère et corticodépendant, avec polypose nasale
hyperéosinophilie sanguine (>0,5 G/L) et tissulaire, notamment pulmonaire (LBA)
pneumopathie à éosinophiles : opacités pulmonaires alvéolaires ou en verre dépoli,
bilatérales, non systématisées, essentiellement périphériques
manifestations systémiques liée à une vascularite à éosinophiles
cardiomyopathie éosinophilique souvent grave et volontiers asymptomatique
multinévrite
atteinte gastro-intestinale (douleurs, parfois perforation ou hémorragie intestinale)
atteinte cutanée (purpura vasculaire, nodules, livedo).
Le traitement repose sur
la corticothérapie
associée à du cyclophosphamide dans les formes graves.
Figure 4 : opacités alvéolaires diffuses au cours d’un syndrome hémorragique alvéolaire (polyangéite
microscopique).
Tableau 2. Principales manifestations respiratoires des vascularites systémiques
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Vascularite granulomateuse associée Nodules pulmonaires multiples évoluant vers l’excavation
aux ANCA (maladie de Wegener) Infiltrats bilatéraux de densité variable, parfois excavés
Syndrome hémorragique alvéolaire
Trachéobronchite inflammatoire sténosante
Syndrome de Churg et Strauss Asthme
Pneumopathie à éosinophiles
Polyangéite microscopique Syndrome hémorragique alvéolaire
IV.2. Particularité des infections respiratoires au cours des connectivites ou des vascularites
IV.2.1 Tuberculoses (TB) au cours des connectivites ou des vascularites
Facteurs de risque de tuberculose maladie au cours des connectivites
ATCDt de tuberculose infection ou de tuberculose maladie
utilisation d’anti TNF
utilisation de doses élevées et prolongées de corticoïdes
Particularité clinique des tuberculoses au cours des connectivites
présentation clinique comparable à celle habituellement observée chez les patients
immunodéprimés
extrapulmonaire dans plus de la moitié des cas
disséminée dans près d’un quart des cas
diagnostic souvent tardif
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Prévention de la tuberculose chez les patients qui vont être traités par anti TNF
Contage récent
Sujets venant de zone de forte endémie
Prophylaxie antituberculeuse chez les sujets à risque
Isoniazide seul 9 mois ou Isoniazide - Rifampycine 3 mois (à commencer au moins 3
semaines avant la première cure d’anti-TNF-α)
Traitement des tuberculoses patentes
Trithérapie ou Quadrithérapie avec éthambutol en cas de rechute ou de suspicion de
résistance
Pendant 6 à 12 mois en fonction des localisations
Reprise des anti-TNF-α 2 mois après stérilisation s’ils sont indispensables.
Prévention de la tuberculose chez les patients qui vont être traités par corticoïdes
Le risque de tuberculose dépend de la dose, mais le seuil à partir duquel il faut entreprendre
une prophylaxie n’est pas déterminé.
La chimioprophylaxie n’est pas codifiée.
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en raison du risque de réactivation d'une tuberculose latente (TL), ces TL doivent être dépistées et traitée avant toute
initiation d'un traitement par anti TNF
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Particularité clinique de la pneumocystose en dehors de l’infection par le VIH
début le plus souvent brutal (qq jours)
insuffisance respiratoire est d’emblée marquée
mortalité élevée
radiographie de thorax, présentations typique :
condensations alvéolaires ou des images en verre dépoli
bilatérales, prédominant dans les champs pulmonaire supérieurs et moyens
radiographie de thorax, présentations trompeuses
radio « normale » au début alors que l’hypoxémie est déjà présente
nodules pulmonaires, images kystiques, pneumothorax
LBA
faible nombre de kystes de Pneumocystis jiroveci dans le LBA qui peut parfois être pris
en défaut (faux négatif)
faible rentabilité des crachats induits
fréquence des coinfections et donc, retrouver P. jiroveci n’exclut pas une infection par un autre
pathogène :
tuberculose
Cytomégalovirus
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