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L’enjeu, pour tout patient asthmatique, est le contrôle de la maladie. De nouvelles


stratégies et association de molécules ainsi que la biothérapie permettent
d’améliorer l’observance et de limiter le nombre d’exacerbations.

Actualités dans le diagnostic


et la prise en charge
de l’asthme de l’adulte

L’
Mathilde Le Brun1, asthme est une maladie Celle-ci doit toujours être recherchée, une valeur de FeNO inférieure à
Camille Taillé1, 2 des voies aériennes chro- si possible avant la mise en place de 40 ppb n’exclut pas le diagnostic
1. Service de nique, hétérogène, qui tout traitement de fond par corti- d’asthme ; de la même manière, des
pneumologie atteint les adultes comme coïdes inhalés, par la spirométrie ou, niveaux de FeNO élevés ne sont pas
et centre de référence les enfants. En 2019, on estimait que en cas d’impossibilité, par la mesure suffisants pour confirmer ce diag­
des maladies près de 262 millions de personnes de la variabilité du débit expiratoire nostic. La FeNO est aussi utile pour
pulmonaires rares, dans le monde étaient concernées, et de pointe (DEP) [fig. 1]. guider le choix des biothérapies.
AP-HP Nord, hôpital que plus de 461 000 décès lui étaient Récemment, la mise en évidence Ce test n’est pas encore référencé
Bichat, Paris, France attribuables.1 En France, on dé- d’une inflammation des voies aé- comme un acte remboursé en
nombre plus de 4 millions de patients riennes par la mesure de la fraction France, ce qui limite son utilisation
2. Université Paris Cité, asthmatiques. Malgré la diversité des exhalée de monoxyde d’azote (FeNO) à certains centres et explique qu’il
Inserm-S 1152, PHERE, traitements proposés aux patients, a été intégrée à l’algorithme diagnos- ne soit pas encore intégré aux re-
Paris, France les hospitalisations pour asthme sont tique de l’asthme proposé par la commandations françaises.4
camille.taille@aphp.fr encore fréquentes (plus de 60 000 sé- Société européenne (European Res-
jours hospitaliers par an) et contri- piratory Society [ERS]).2 En effet, le Le défi du phénotypage :
M. Le Brun déclare buent au coût de la maladie, consti- taux de NO exhalé, produit majoritai- mieux décrire l’asthme
n’avoir aucun tuant un problème de santé publique. rement par l’épithélium bronchique, pour mieux le prendre
lien d’intérêts. Entre 3 et 10 % des patients seraient est corrélé au nombre d’éosinophiles en charge
atteints d’une forme sévère. dans les expectorations.3
C. Taillé déclare
La recherche est active dans le do- La mesure de la FeNO50, effectuée à L’asthme est une pathologie multifac-
des interventions
ponctuelles maine de l’asthme : les traitements un débit expiratoire de 50 mL/sec, torielle, produit d’interactions com-
pour les laboratoires inhalés, pierre angulaire du traite- peut être utilisée en routine cli- plexes entre facteurs extrinsèques
AstraZeneca, GSK, ment de fond, tendent à se simpli- nique. Cependant, les seuils signifi- tels que l’environnement (tabac, pol-
Novartis, Sanofi, fier ; de nouveaux médicaments catifs de la FeNO varient selon luants, irritants...) et intrinsèques,
Chiesi, ALK. anti-inflammatoires (biothérapies) les études, et des valeurs élevées notamment liés à l’allergie. Chaque
ont vu le jour ces dernières années, sont également observées dans la patient asthmatique est singulier par
révolutionnant la prise en charge bronchite à éosinophiles, la rhinite son histoire mais aussi par le type
des patients les plus sévères. allergique isolée, ou l’eczéma, sans d’inflammation bronchique, plus ou
asthme. Il est ainsi proposé de me- moins riche en éosinophiles (fig. 2).5
Mesure de la FeNO, un surer de manière systématique Définir le phénotype du patient, une
nouvel outil diagnostique ? la FeNO chez les patients de plus de fois que le diagnostic d’asthme a été
18 ans pour lesquels le diagnostic confirmé, peut orienter la prise en
Le diagnostic d’asthme reste diffi- d’asthme est incertain sur la spiro- charge. En pratique clinique cou-
cile en 2022, en l’absence de critère métrie (pas d’obstruction ou de ré- rante, cela revient à identifier cer-
formel. Il repose sur l’association de versibilité sous bronchodilatateur). tains points clés.
plusieurs symptômes évocateurs Pour aider au diagnostic d’asthme,
(toux, sifflements, oppression tho- c’est la valeur seuil de 40 ppb (par- Âge de début de l’asthme
racique, réveils nocturnes) et de la ties par milliard en volume) qui of- L’asthme débutant dans l’enfance
démonstration d’une obstruction frirait le meilleur compromis entre est très largement associé à la pré-
bronchique variable et/ou réversible. sensibilité et spécificité. Cependant, sence d’une allergie respiratoire,

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voire à d’autres maladies allergiques donc être réalisés dans le bilan diag­ IL-13 (interleukines) par les lympho-
(alimentaires, cutanées...), tandis que nostique de l’asthme, éventuelle- cytes Th2 et les ILC2 (cellules lym-
l’asthme débutant à l’âge adulte est ment complétés par un dosage des phoïdes innées de type 2). Un taux
moins souvent lié à l’allergie mais IgE spécifiques.6 Le dosage des IgE d’éosinophiles supérieur à 300/mm3
plus fréquemment à la présence totales n’a pas de place dans le bilan prédit la réponse à certaines biothé-
d’une polypose nasosinusienne, avec systématique de tout patient asth- rapies chez les patients asthmatiques
éventuellement intolérance à l’aspi- matique car sa spécificité pour le sévères, population dans laquelle la
rine (triade de Widal), souvent riche diagnostic d’atopie est faible ; il peut réalisation d’un hémogramme, en
en éosinophiles. La polypose, qui peut néanmoins être réalisé en cas de sus- dehors de toute corticothérapie sys-
être invalidante, nécessite une prise picion d’aspergillose bronchopulmo- témique, est donc importante afin de
en charge par un ORL pour discuter naire allergique (ABPA) ou pour éva- guider le choix du traitement. En re-
un traitement chirurgical quand les luer la possibilité d’un traitement vanche, cet examen est inutile pour
soins locaux sont insuffisants. Une anti-IgE, par exemple. Identifier une le diagnostic de l’asthme ou de l’aller-
autre forme d’asthme tardif concerne allergie est important pour dispenser gie, car l’éosinophilie est peu spéci-
les femmes en période de périméno- les conseils d’éviction, voire pour dis- fique.4 Un taux supérieur à 1 500/mm3
pause, volontiers en surpoids, rare- cuter une désensibilisation dans les n’est pas anodin chez un asthmatique
ment allergiques, sans éosinophilie. formes d’asthme peu sévères ou une et doit faire envisager un diagnostic
biothérapie dans les formes sévères. associé comme une ABPA ou une vas-
Rechercher une allergie cularite (granulomatose éosinophi-
respiratoire Présence d’une éosinophilie lique avec micropolyangéite [EGPA]).
Il est nécessaire de rechercher une sanguine
histoire personnelle et/ou familiale Elle est fréquente chez l’asthmatique, Quatre comorbidités
d’atopie, d’eczéma, de rhinoconjonc- qu’il soit allergique ou non, et permet non sans impact
tivite allergique ou d’allergies ali- d’identifier une inflammation de type Les patients asthmatiques obèses
mentaires. Les tests cutanés (prick- « T2 », caractérisée notamment par la ont un asthme plus difficile à traiter,
tests) aux pneumallergènes doivent production de cytokines IL-4, IL-5, moins bien contrôlé, avec une consom-

Figure 1. Diagnostic et prise en charge initiale d’un asthme


Patient avec symptômes respiratoires :
toux, sifflements, oppression thoracique, (d’après Global Initiative for Asthma [Gina] 2022 : ginasthma.org/gina-reports).
dyspnées, réveils nocturnes… CSI : corticostéroïdes inhalés ; DEP : débit expiratoire de pointe ;
Ces symptômes sont-ils typiques d’asthme ? EFR : explorations fonctionnelles respiratoires ; FeNO : fraction exhalée
de monoxyde d’azote.

OUI NON
Évoquer un diagnostic différentiel
NON
Histoire de la maladie, examen clinique :
- atopie personnelle/familiale…
- examen normal, sibilants…
Compatible avec le diagnostic d’asthme ?
Patient déjà traité par CSI
et bronchodilatateurs
Diminution progressive,
OUI
voire arrêt avant EFR

Examens paracliniques :
NON Autres examens
- EFR (avec réversibilité) NON
- test à la métacholine
- DEP (variabilité > 10 % sur 15 jours)
- EFR après effort
Compatible avec le diagnostic d’asthme ?
- FeNo
Compatibles ?

OUI

Traiter l’asthme OUI Traiter un diagnostic différentiel

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T2 Non T2

Asthme
éosinophilique Asthme Non T2 Asthme
de la
ménopause
Asthme T2

Asthme
Asthme Triade Asthme pauci-
Sévérité

allergique de Widal neutrophilique granulocy-


taire
Asthme
de l’obèse
Asthme
à l’effort

Enfance Survenue à l’âge adulte Âge adulte

Figure 2. Différents phénotypes dans l’asthme (d’après la réf. 5). On distingue le groupe « T2 » du groupe « non T2 » et, au sein de ces groupes, différents phénotypes dont la dimension du cercle
représente la proportion dans la population d’asthmatiques. Les phénotypes sont également classés selon leur survenue dans le temps, dans l’enfance ou plutôt à l’âge adulte, et selon leur sévérité.

mation de traitements de secours et Comme dans nombre de maladies contrôle de l’asthme, c’est-à-dire l’ab-
de corticoïdes plus importante. La chroniques, les symptômes d’an- sence de symptômes au quotidien
perte de poids peut améliorer l’asthme xiété et les troubles dépressifs (réveils nocturnes, dyspnée d’effort,
et doit donc être intégrée à la stratégie sont fréquents chez les asthma- toux…), l’absence d’exacerbations et
thérapeutique, tout comme l’activité tiques, associés à un moins bon une fonction respiratoire normale.
physique.7 c o n t rô l e d e s s y m p t ô m e s d e L’utilisation de questionnaires objec-
Le syndrome d’apnées obstruc- l’asthme, à une moins bonne ob- tifs (Asthma control test ou Asthma
tives du sommeil (SAOS) est fré- servance du traitement et à une control questionnaire) est recomman-
quent en cas d’asthme non contrôlé. moindre qualité de vie liée à dée pour éviter la sous-estimation
L’obésité, le reflux gastrique et la l’asthme.10 Ils doivent être dépistés des symptômes par les patients. L’in-
rhinite contribuent à cette associa- et traités activement. terrogatoire doit également évaluer
tion. Le traitement du SAOS pourrait de façon systématique les exacerba-
améliorer le contrôle de l’asthme. Il Traitement de fond inhalé : tions, leur gravité (passage aux ur-
doit donc être recherché de façon vers une simplification gences, hospitalisation, séjour en
systématique et traité selon les re- pour les patients… mais réanimation) et la consommation
commandations habituelles.8 pas pour les prescripteurs ? annuelle de corticoïdes oraux, sou-
Le reflux gastro-œsophagien vent sous-estimée elle aussi.
(RGO) est très fréquent chez l’asth- La prise en charge du patient asthma- Le traitement de fond consiste en
matique, mais son traitement ne tique s’articule autour de plusieurs l’initiation précoce des corticosté-
semble pas avoir un impact majeur axes : instauration d’un traitement de roïdes inhalés (CSI), associés ou non
sur le contrôle de la maladie. Actuel- fond, éducation thérapeutique, prise à un bronchodilatateur de longue
lement, il est admis de ne traiter que en charge des facteurs aggravants, durée d’action (BDLA) dans le même
les formes de RGO symptomatiques évaluation du contrôle sous traite- dispositif. Sous traitement, le
par inhibiteur de la pompe à protons ment (fig. 3). contrôle doit être réévalué réguliè-
et de ne pas faire de traitement rement, de façon à adapter la prise
d’épreuve ou de pH-métrie systéma- Contrôler l’asthme en charge thérapeutique en dimi-
tique en l’absence de symptômes en Un traitement de fond de l’asthme nuant ou augmentant le traitement
cas d’asthme non contrôlé.9 bien conduit doit permettre un bon par palier (fig. 4).

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}
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Évoquer et confirmer le diagnostic d’asthme :


1 - Symptômes évocateurs : toux, sifflements, oppression thoracique,
réveils nocturnes…
- Prouver l’obstruction bronchique variable et/ou réversible : EFR, DEP

Rechercher / corriger les facteurs de mauvais contrôle :


2 - Technique de prise, observance
- Comorbidités : obésité, SAOS, SHV, dépression, polypose
- Facteurs modifiables : tabagisme, alllergies, bêtabloquants… Prise en charge réalisable
par le médecin traitant

Optimiser la prise en charge :


3 - Éducation thérapeutique
- Traitement des comorbidités
- Optimiser le traitement médicamenteux : ajout LABA, LAMA, LTRA…

}
Réévaluation après 3 à 6 mois :
4 -S
 i l’asthme n’est toujours pas contrôlé, que des CSO sont nécessaires,
considérer le diagnostic d’asthme sévère et adresser le patient à un spécialiste

Recherche des pathologies associées / retentissement :


- Vascularites, parasitoses, syndrome hyperéosinophilique
5 -É valuation par équipe multidisciplinaire : ORL, allergologue, interniste, cardiologue,
dermatologue, psychiatre…
- Inclusion dans des registres

Déterminer le phénotype du patient :


6 -T
 2 : PNEo sang ≥ 150/µl et/ou FeNo ≥ 20 et/ou PNEo des expectorations induites
≥ 2 % et/ou allergies
FeNo et PNEo sang à répéter 3 fois après arrêt des CSO ou à la dose la plus basse
possible de CSO si sevrage impossible Prise en charge réalisable
par le pneumologue

7 Considérer d’autres traitements :


- T2 : majorer les CSI, traiter ABPA, dermatite atopique, polypose naso-sinusienne
- Non T2 : évoquer la thermoplastie bronchique

Considérer une biothérapie selon les indications :


8 - Anti-IgE (omalizumab)
- Anti IL5/IL5R (mépolizumab, benralizumab)
- Anti- IL4R (dupilumab)
- Anti-TSLP (tézépélumab ; traitement non disponible en France en dehors d’essais thérapeutiques)

}
Réévaluation de la réponse au traitement :
9 - Tous les 3 à 6 mois
- Considérer la désescalade thérapeutique
Prise en charge conjointe
entre le médecin traitant
Poursuivre l’optimisation du traitement : et le pneumologue
- Vérifier l’observance et la technique de prise
10 - Réévaluation des comorbidités

Figure 3. Diagnostic et prise en charge d’un asthme difficile à traiter à sévère (d’après GINA 2022). ABPA : aspergillose bronchopulmonaire allergique ; CSI : corticostéroïdes inhalés ;
CSO : corticostéroïdes oraux ; DEP : débit expiratoire de pointe ; EFR : explorations fonctionnelles respiratoires ; FeNO : fraction exhalée de monoxyde d’azote ; LABA : β -2 agonistes de longue
durée d’action (long-acting beta-agonists) ; LAMA : anticholinergique de longue durée d’action (long acting muscarinic antagonist) ; LTRA : anti-leucotriènes ; PNEo : polynucléaires éosinophiles ;
SAOS : syndrome d’apnées obstructives du sommeil ; SHV : syndrome d’hyperventilation chronique.

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➤ Trois stratégies de prescription à 10 bouffées toutes les vingt mi- laissant le temps aux patients de les
Il existe à présent trois stratégies nutes durant la première heure. La reconnaître, et donc de prendre et
pour prescrire les corticoïdes inhalés. voie nébulisée est réservée à la d’augmenter leur CSI pour enrayer
prise en charge hospitalière, et sa la crise. Ainsi, la dose de corticoïdes
Traitement à doses fixes prescription à domicile doit consti- inhalés augmente de façon propor-
Il s’agit de la stratégie la plus utilisée tuer une exception pour les asthmes tionnelle aux symptômes. L’efficaci-
en France. Elle consiste à prescrire sévères. té de cette stratégie a été évaluée
un CSI matin et soir à dose fixe. L’ob- dans plusieurs études, et est consi-
servance est donc particulièrement Traitement à la demande dérée comme comparable à une stra-
importante. Si, malgré une dose associant CSI et BDLA tégie utilisant les CSI à doses fixes et
faible de CSI, l’asthme n’est pas Il s’agit de la stratégie la plus récem- du salbutamol à la demande. Elle est
contrôlé, un bronchodilatateur de ment développée, réservée aux particulièrement adaptée aux pa-
longue durée d’action (BDLA) peut asthmes légers (symptômes surve- tients ayant des difficultés d’obser-
être ajouté, en association fixe, plu- nant moins de deux fois par mois), vance et peu symptomatiques. Cette
tôt que de doubler la dose du CSI. pour remplacer un traitement conti- stratégie nécessite un plan d’action
Les bronchodilatateurs d’action ra- nu, souvent peu suivi. spécifique, sans salbutamol.
pide (salbutamol, terbutaline) sont L’association fixe contient, dans le
prescrits « à la demande », en fonc- même dispositif, un corticoïde inha- Traitement dit
tion des symptômes. Dans la mesure lé et du formotérol (BDLA avec une « de fond et symptômes »
du possible, il faut privilégier le action longue mais un délai d’action Ce schéma de traitement consiste à
même type de dispositif d’inhalation court permettant d’induire rapide- prendre la même association
pour le traitement de fond et celui de ment une bronchodilatation et de CSI-formotérol (budésonide-formo-
secours, afin de limiter le risque d’er- soulager les symptômes liés à térol ou béclométhasone-formoté-
reur dans la technique de prise. l’hyper­-réactivité). rol) en traitement de fond (matin et
La dose recommandée de broncho- En cas d’exacerbation, les symp- soir) mais également à la demande,
dilatateurs d’action rapide est de 4 tômes s’installent progressivement, en traitement des symptômes, à rai-

Éducation thérapeutique, contrôle de l’environnement, traitements des comorbidités

Palier 1 Palier 2 Palier 3 Palier 4 Palier 5


Traitement de fond CSI dose faible CSI dose faible CSI dose CSI dose forte
+BDLA moyenne +BDLA
+BDLA
Si non contrôle
Ajout anticholiner­
gique
Ajout anti-IgE
ou anti-IL5/IL5R
ou anti-IL4R
Thermoplastie
Traitement de secours BDCA à la demande
CSI-formotérol à la demande*
Autres traitements de fond CSI dose LTRA CSI dose moyenne CSI dose forte OCS faible dose
faible ou CSI/formotérol
à la demande CSI dose faible CSI dose forte
+LTRA** +LTRA**

CSI dose faible CSI dose forte


+théophylline*** +théophylline***
Traitement de secours BDCA à la demande
Ajout ITA si allergie aux acariens

Figure 4. Adaptation du traitement de fond (d’après la réf. 4). BDLA : bronchodilatateurs de longue durée d’action ; BDCA : bronchodilatateurs de courte durée d’action ; CSI : corticostéroïdes
inhalés ; ITA : immunothérapie allergénique ; LTRA : anti-leucotriènes. * En pallier 3, 4 associés uniquement à un traitement de fond par CSI/formotérol ; ** Nécessité d’évaluer la balance bénéfice
risque des LTRA car augmentation du risque de suicide ; *** Si pas d’accès aux autres thérapeutiques.

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différents sont autant de freins à une


prise régulière.
ASTHME ET GROSSESSE : MAINTENIR LE TRAITEMENT Il existe désormais deux asso­

DE FOND, QUEL QUE SOIT LE TERME


ciations CSI-BDLA en prise unique
quotidienne : furoate de fluticasone-­
vilantérol et furoate de mométasone
Le traitement de l’asthme durant la grossesse suscite des interrogations et des craintes de la -acétate d’indacatérol. Elles sont
part des patientes. indiquées en traitement continu de
Chez la femme enceinte, l’asthme a tendance à rester stable dans un tiers des cas, à s’améliorer l’asthme à partir de 12 ans, pour les
dans un tiers des cas, et à s’aggraver dans le tiers restant.13 patients insuffisamment contrôlés
La majorité des aggravations est liée à des arrêts intempestifs du traitement de fond et à un par un CSI et la prise d’un broncho-
défaut de prise en charge. Pourtant, un asthme mal contrôlé est loin d’être anodin pour l’enfant dilatateur bêta-2-agoniste de courte
à naître car il peut entraîner un retard de croissance intra-utérin ou une prématurité, et durée pris « à la demande », et pour
également des complications maternelles. les patients bien contrôlés par l’ad-
Un contrôle optimal de la maladie doit être obtenu, idéalement avant le début de la grossesse. ministration d’un CSI associé à un
Il convient donc de discuter avec toute patiente asthmatique de son désir de maternité, et de la traitement continu par bêta-2-ago-
nécessité de maintenir le traitement inhalé tout au long de la grossesse. Le médecin généraliste niste de longue durée d’action par
a un rôle primordial, en participant au suivi régulier de la femme enceinte asthmatique. voie inhalée. Ces deux associations
La plupart des traitements de fond de l’asthme peuvent continuer d’être utilisés sans danger, ont été comparées à une association
notamment les CSI, quel que soit le terme.4 Des pictogrammes « Contre-indication chez les « classique » par fluticasone-salmé-
femmes enceintes » sont présents sur certains inhalateurs (dont les CSI) et peuvent inquiéter térol.
les patientes, à tort. Il faut savoir les rassurer et leur conseiller de se référer au site du Centre de L’ajout d’un anticholinergique de
référence sur les agents tératogènes (CRAT : www.lecrat.fr). Les corticoïdes oraux ne doivent pas longue durée d’action (Long acting
être interrompus. Il est également recommandé de ne pas arrêter un traitement par omalizumab. muscarinic antagonist [LAMA])
La poursuite des autres biothérapies doit être discutée en centres experts, mais le traitement ne [tiotropium] à l’association CSI +
doit pas être stoppé sans concertation avec le prescripteur, en raison du risque de perte de BDLA est la dernière étape avant la
contrôle de l’asthme. Le traitement de l’exacerbation asthmatique chez la femme enceinte suit prescription d’une biothérapie chez
les mêmes modalités que pour tout autre patient.13 les asthmatiques sévères, mal
Par ailleurs, les patientes asthmatiques peuvent être confrontées à des difficultés à avoir des contrôlés par une association CSI à
enfants.14 Dans une étude publiée en 2019, menée au Danemark auprès de 4 000 patientes forte dose-BDLA.
asthmatiques, les femmes asthmatiques étaient plus susceptibles d’avoir eu recours à une aide Jusque-là, cela nécessitait l’ajout
à la procréation médicale pour avoir un enfant que les femmes non asthmatiques (12 % versus d’un autre dispositif d’inhalation
8 %).15 Le rôle de l’inflammation chronique est suspecté, sans être démontré. Des recherches (Spiriva Respimat). Il existe à pré-
supplémentaires sont donc nécessaires pour explorer le lien entre asthme et infertilité. sent des associations fixes CSI-
BDLA-LAMA réunies dans un même
dispositif, dont l’intérêt principal est
son de 8 bouffées supplémentaires Elle nécessite un plan d’action écrit de réduire le nombre de dispositifs
au maximum par jour. précisant le nombre de doses « sup- et de prises pour les patients. Il s’agit
Les nouvelles recommandations de plémentaires » définissant l’exacer- d’une part de l’association dipropio-
la Société de pneumologie de langue bation, qui doit déclencher une nate de béclométasone-fumarate de
française (SPLF)4 limitent cette stra- consultation ou la prise de corti- formotérol-bromure de glycopyrro-
tégie aux patients avec un asthme coïdes oraux. La rédaction de l’or- nium (deux prises par jour) et d’autre
persistant, un volume expiratoire donnance doit être claire pour que la part de l’association furoate de mo-
maximal par seconde (VEMS) supé- délivrance du traitement soit adap- métasone-acétate d’indacaté-
rieur à 50 % et ayant présenté au tée à une utilisation à la demande car rol-bromure de glycopyrronium (une
moins une exacerbation sévère au elle peut être supérieure à un dispo- prise unique par jour).
cours de l’année précédente. sitif par mois. Tous ces traitements doivent être
Elle est moins adaptée en cas d’uti- associés à la prescription d’un bron-
lisation de fortes doses de corti- Pour favoriser l’observance, chodilatateur d’action rapide pour
coïdes inhalés car l’augmentation de des inhalateurs en la prise en charge des symptômes.
doses de CSI au-delà des fortes doses monoprise et des triples Si cet arsenal thérapeutique, qui
n’apporte pas de bénéfice mais aug- associations fixes s’enrichit sans cesse, a pour objectif
mente le risque d’effets indésirables de simplifier le traitement pour le
liés au passage systémique de la cor- L’observance du traitement de fond patient, il devient de plus en plus
ticothérapie inhalée. Elle a comme est réputée faible chez les asthma- complexe pour les médecins, qui
intérêt de simplifier le traitement du tiques. Le nombre de prises quoti- doivent, pour décider d’un traite-
patient, avec un seul dispositif. diennes et le nombre d’inhalateurs ment de fond, résoudre l’équation

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réunissant la dose de CSI adaptée au Les biothérapies, qui ciblent des mo- Comment traiter
niveau de contrôle, l’association de lécules de l’inflammation T2 (fig. 5), les exacerbations ?
molécules, d’un (ou plusieurs) dispo- permettent de réduire les exacerba-
sitif(s) d’inhalation adapté(s) et de tions sévères, d’améliorer la qualité Selon les recommandations de la
leur manipulation. Les prescripteurs de vie et le contrôle de l’asthme. La SPLF,4 l’exacerbation est définie
perdus parmi les traitements inhalés plupart ont un effet également sur la comme la majoration des symp-
peuvent se référer au guide Zéphir, polypose nasale. Elles permettent tômes respiratoires habituels depuis
réalisé par la Société de pneumologie surtout de diminuer la consomma- plus de quarante-huit heures, une
de langue française (SPLF).11 tion de corticoïdes oraux, source baisse du DEP matinal de plus de
majeure d’effets indésirables sur le 15 % par rapport à la valeur théo-
Deux exacerbations long terme. Elles sont dans l’en- rique et nécessitant une modifica-
par an nécessitent semble très bien tolérées et n’ont pas tion du traitement habituel.
un avis spécialisé d’effet immunosuppresseur. Toutes L’utilisation majorée et inhabituelle
ces molécules sont administrées par des bronchodilatateurs d’action ra-
Si malgré un traitement inhalé opti- voie sous-cutanée, tous les quinze pide est souvent un signe annoncia-
mal pris régulièrement avec une jours ou tous les mois, la plupart du teur d’exacerbation.
bonne technique d’inhalation, temps en auto-injections. Certains Les exacerbations sévères sont défi-
l’asthme reste non contrôlé, les pa- patients peuvent être éligibles à plu- nies par la présence de signes de
tients doivent être adressés à un sieurs biothérapies en première in- gravité (dyspnée à la parole, fré-
pneumologue, voire à un centre ex- tention ; des études sont donc néces- quence respiratoire [FR] supérieure
pert de l’asthme, pour discuter de saires pour définir des stratégies de à 20 cycles par minute, saturation
l’indication d’une biothérapie, après prescription optimales.12 pulsée en oxygène [SpO2] inférieure
une évaluation exhaustive. On consi- Il est important de dépister ces pa- à 94 %, DEP inférieur à 75 %).
dère actuellement qu’un seuil de tients avec un asthme sévère ou non En cas d’exacerbation non sévère, la
deux exacerbations par an n’est pas contrôlé malgré un traitement opti- première étape consiste à majorer
admissible pour un asthmatique et mal afin qu’ils puissent bénéficier de les CSI et à réévaluer précocement le
doit déclencher un avis spécialisé. ces traitements innovants. patient, avant de devoir initier une

Anti-IgE (omalizumab) :
- IgE totale (30 à 1 500 kU/L) + sensibilisation à un antigène perannuel
prouvée (prick-test cutané ou IgE spécifiques)
- ≥ 2 exacerbations au cours de la dernière année

Anti-IL-5/IL-5R (mépolizumab/benralizumab) :
Quelle - PNEo ≥ 300/µL
- ≥ 2 exacerbations au cours de la dernière année
biothérapie
choisir dans
l’asthme
Anti-IL4 (dupilumab) :
sévère ? - PNEo ≥ 150/µL ou FeNO ≥ 25 ppb
- ≥ 2 exacerbations au cours de la dernière année

Anti-TSLP (tézépélumab) :
- exacerbations au cours de la dernière année
Traitement non disponible en France en dehors d’essais thérapeutiques

Figure 5. Biothérapies disponibles pour le traitement de l’asthme sévère (d’après GINA 2022). FeNO : fraction exhalée de monoxyde d’azote ; IgE : immunoglobulines E ;
PNEo : polynucléaires éosinophiles ; 1 ppb = 1 part par milliard du volume.

Vol. 72 _ Novembre 2022 1001

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MISE AU POINT
NOUVEAUTÉS DANS L’ASTHME DE L’ADULTE

corticothérapie orale si la poussée patient la façon dont il a géré cette ment fatal, mais aussi moins à risque
ne cède pas. En cas d’exacerbation exacerbation fait également partie de consommer des corticoïdes
sévère, il faut recourir d’emblée aux de l’accompagnement vers l’autono- oraux, dont la toxicité cumulée est
corticoïdes oraux à la dose de 0,5 à misation. bien démontrée.
1 mg/kg/j de prednisone, pendant Une très grande partie des exacer- Un traitement de fond adapté au ni-
cinq à sept jours, sans décroissance. bations d’asthme étant d’origine veau de sévérité, prescrit dans le
À la suite d’une exacerbation, il est virale, la vaccination contre la grippe cadre d’un processus éducatif, est la
nécessaire de réévaluer les patients et le SARS-CoV-2 doit être proposée première étape de cette prise en
entre deux et sept jours après la de façon systématique à tous les charge globale. Le rôle du médecin
consultation initiale. Le rôle du mé- asthmatiques. traitant est essentiel, pour éduquer
decin traitant est donc primordial. le patient, évaluer la correction des
Cette visite est l’occasion de vérifier Un traitement de facteurs de mauvais contrôle, préve-
la réponse au traitement mais aussi fond ajusté limite nir les exacerbations sévères, assurer
d’analyser les raisons de cette pous- les exacerbations le suivi précoce post-exacerbation et
sée, de réévaluer les techniques de dépister les patients les plus sévères,
prise avec les inhalateurs et la prise Un patient asthmatique bien contrô- qui doivent être adressés en pneumo-
en charge des différents facteurs de lé est moins à risque d’exacerba- logie pour évaluer l’intérêt de la mise
mauvais contrôle. Analyser avec le tions, donc potentiellement d’événe- en place d’une biothérapie. V

RÉSUMÉ ACTUALITÉS DANS LE DIAGNOSTIC ET s’approprier pour les maîtriser. Les biothérapies ont quant à elles severity, but also on limiting the occurrence of exacerbations by
LA PRISE EN CHARGE DE L’ASTHME DE L’ADULTE révolutionné la prise en charge des asthmatiques sévères. Dépister correcting poor control factors and educating the patient.
La prise en charge de l’asthme doit être globale, s’attachant à la fois les patients atteints de formes sévères est important pour pouvoir les The diagnosis of asthma is not only clinical, but it must also include
à contrôler les symptômes avec un traitement par corticoïdes inhalés faire bénéficier de ces traitements. On peut considérer que tout patient a measurement of respiratory function. Research is active in the field
adapté au stade de sévérité, et à limiter la survenue des exacerbations ayant fait deux exacerbations dans l’année devrait être adressé en of asthma, with the development of new strategies for prescribing
en corrigeant les facteurs de mauvais contrôle et en éduquant le pneumologie. inhaled corticosteroids, which are simpler for patients, but which
patient. Le diagnostic d’asthme n’est pas seulement clinique, il doit prescribers must take on board in order to control them. Biotherapies
intégrer une mesure de la fonction respiratoire. SUMMARY NEW DEVELOPMENTS IN THE DIAGNOSIS have revolutionized the management of severe asthma. It is important
La recherche est active dans le domaine de l’asthme, avec le dévelop- AND MANAGEMENT OF ADULT ASTHMA to identify severe patients so that they can benefit from these treat-
pement de nouvelles stratégies de prescription des corticoïdes inha- Asthma management must be comprehensive, focusing on control- ments. It can be considered that any patient who has had two exa-
lés, plus simples pour les patients, mais que les prescripteurs doivent ling symptoms with inhaled corticosteroids adapted to the stage of cerbations in the year should be referred to pulmonology.

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