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1.

Caractères généraux et définition :

Les champignons du genre Aspergillus ont été décrits pour la première fois en 1729. Ce sont des
champignons saprophytes, c'est-à-dire qui tirent leur nourriture de substances organiques en
décomposition. Ce sont des moisissures à filaments hyalins, cloisonnés, et ils sont haploïdes. Ils font
partie du groupe phylogénétique des Ascomycètes, à l’ordre des Eurotiales et à la famille des
Trichocomacées ou Aspergillacées. Le genre Aspergillus comprend aujourd’hui quelque 185 espèces,
dont une vingtaine sont retrouvées en pathologie humaine (Badillet et al. 1987a). Les Aspergillus sont
présents partout dans le monde, et en région tempérée plus particulièrement à la fin de l’été, en
automne et en hiver. Ces champignons ont un métabolisme aérobie. De plus ils participent au recyclage
du carbone et de l’azote de l’environnement. Ils sont thermophiles (certaines espèces peuvent survivre
à des températures proches de 70°C) et ne requièrent pas de nutriments spécifiques. Ils sont
cosmopolites.

2. Epidémiologie :

Les Aspergillus sont des champignons cosmopolites. Ils sont très répandus dans le milieu extérieur. Ces
champignons sont ubiquistes, on les trouve aussi bien en milieu rural (foin, paille, céréales ou fruits
moisis, silos à grains, matières organiques en décomposition…) qu’en milieu urbain, où on les rencontre
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des habitations (poussières derrière les meubles, cadres, faux
plafonds, conduits d’aération, plantes en pots…). Les différentes enquêtes aéromycologiques révèlent
que les spores aspergillaires sont au quatrième rang des spores fongiques de l’air les plus fréquemment
rencontrées (Chabasse et al. 2002).

3. Répartition et dissémination dans l’environnement  :

Dans la nature, les Aspergillus représentent entre 1 et 7% des champignons environnementaux. A cause
de leur petite taille et de leur hydrophobicité, les conidies d’Aspergillus sont facilement mises en
suspension dans l’air ; on les retrouve alors aussi bien dans la poussière que dans les systèmes de
climatisation. En effet les concentrations de spores atteignent 1 à 100/m3 d’air à l’intérieur comme à
l’extérieur.

4. Mode de contamination :

Les spores d’Aspergillus étant en suspension dans l’air, leur inhalation est obligatoire et quotidienne. La
voie principale de pénétration dans l’organisme est respiratoire, c’est donc l’appareil broncho-
pulmonaire qui est le plus fréquemment concerné par la maladie aspergillaire.

5. Symptômes :

Les symptômes de l’aspergillose varient selon le type d’atteinte.


- L'aspergillose broncho-pulmonaire allergique se manifeste par des signes qui ressemblent à ceux
observés dans l'asthme : difficulté respiratoire (dyspnée), sifflement et toux survenant par poussées,
parfois accompagnés de crachats bruns. Certains malades développent une insuffisance respiratoire qui
peut être sévère.
Une autre aspergillose allergique a été décrite : l’alvéolite allergique extrinsèque qui survient à la suite
de l’inhalation d’une très grande quantité de spores, essentiellement dans un cadre professionnel, en
particulier chez les fermiers.
- L'aspergillose invasive est la forme la plus grave. Elle affecte avec prédilection les personnes qui ont
subi une greffe d’organe ou sont traitées pour une maladie maligne du sang (hémopathie). Elle se
manifeste le plus souvent par des signes pulmonaires non spécifiques : douleurs thoraciques, crachats
contenant du sang (hémoptysie) avec une fièvre élevée. Elle est également responsable d’une atteinte de
l’état général et entraîne, chez certains malades, divers symptômes en fonction de la dissémination du
champignon.
- L’aspergillome est une infection locale qui évolue initialement de façon silencieuse. Il est souvent
découvert à l’occasion d’hémoptysies qui apparaissent lorsque la maladie est déjà avancée. Celles-ci sont
fréquemment associées à une toux chronique, une fièvre, une perte de poids et une fatigue.
- La sinusite aspergillaire entraîne les mêmes symptômes que ceux rencontrés dans toute sinusite :
céphalées, douleur au niveau des sinus, obstruction nasale. C’est une sinusite chronique le plus souvent
unilatérale.

Six. Diagnostic :

Il est toutefois nécessaire de rappeler qu’un diagnostic complet et précis repose non seulement sur des
critères biologiques, mais également sur des critères cliniques et sur l’imagerie.

1. Les prélèvements : Tout type de prélèvement biologique peut porter contribution à l’établissement
du diagnostic des aspergilloses. Il peut être ciblé, en fonction des différents points d’appel cliniques, ou
sanguin pour la mise en évidence d’une dissémination hématogène. Chaque prélèvement doit se faire
dans des conditions strictes d’asepsie, dans un récipient stérile, et doit être conservé à +4°C en
attendant son acheminement rapide au laboratoire. L’isolement des Aspergillus ou d’autres moisissures
à partir de produits biologiques issus de sites habituellement stériles (biopsies d’organes à l’aiguille ou
chirurgicales, liquide céphalo-rachidien, liquide pleural, urines vésicales) affirme le diagnostic. Toutefois
l’isolement des Aspergillus à partir de produits biologiques issus de sites anatomiques pouvant être
colonisés (arbre respiratoire ou sites superficiels) est d’interprétation plus délicate et doit
nécessairement prendre en compte le contexte clinique et l’ensemble des arguments diagnostiques. Par
contre les prélèvements respiratoires protégés (liquide de lavage bronchioloalvéolaire, prélèvement
trans-trachéal protégé…) ont une valeur supérieure à l’examen des expectorations (ANOFEL 2010).

2. Examen mycologique :

a- L’examen direct : Il repose sur les méthodes d’examen microscopique des produits biologiques issus
des lésions et sur la mise en évidence des colonies fongiques en culture. Cet examen s’effectue en milieu
humide entre lame et lamelle avec éventuellement ajout d’un agent dissociant comme la potasse à 10%,
qui permet d’éclaircir le milieu, ou le bleu lactique. Il permet de mettre en évidence les filaments
mycéliens de type aspergillaire. Ces derniers mesurent entre 2 et 4 µm de diamètre, ils apparaissent
hyalins, septés et parfois ramifiés.

b- Culture Elle permet l’identification précise du genre et de l’espèce du champignon. Elle est réalisée
sur milieu fongique spécifique coulé dans une boite de Petri ou en tube. Les milieux que l’on utilise
classiquement sont ceux de Sabouraud Dextrose Agar. On peut y ajouter des antibiotiques comme le
chloramphénicol ou la gentamycine, ce qui permet de limiter les proliférations bactériennes, surtout
pour les prélèvements potentiellement multi-contaminés
3. Examen histologique :

L’histopathologie permet de mettre en évidence un agent fongique dans un liquide de lavage broncho-
alvéolaire (LBA), une biopsie ou une pièce opératoire. Dans l’aspergillose invasive du sujet
neutropénique, la sensibilité de l’examen cytologique du LBA est faible (30 à 50%). Certes les
prélèvements de LBA et leur analyse peuvent être répétés et couplés à d’autres techniques. En ce qui
concerne les biopsies, elles ont des indications restreintes liées à l’état du patient, au risque
hémorragique et à la localisation des lésions. Comme LBA, brossage bronchique, fibroscopie et biopsie.

4. Biologie moléculaire : par PCR

5. Détection des anticorps et antigènes 

7. Traitements :

Parmi les quatre classes d’antifongiques, les agents actifs sur les champignons filamenteux, et en
particulier les Aspergillus, ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France sont les
suivants:

 polyènes :

- Amphotéricine B (FUNGIZONE) ;

-Dérivés lipidiques de l’amphotéricine B : amphotéricine B liposomale (AMBISOME) : dans l’aspergillose


invasive (AI), chez l’enfant ou l’adulte, si l’administration du voriconazole n’est pas possible, notamment
en cas d’insuffisance rénale ; en traitement empirique chez un patient neutropénique ; amphotéricine B
complexe phospholipidique (ABELCET).

 triazolés :

- itraconazole (SPORANOX) par voie orale dans le traitement des kératites aspergillaires, les formes
nécrosantes ou systémiques

- voriconazole (VFEND) : c’est le traitement de référence de l’AI de l’adulte, utilisable chez l’enfant de
plus de 2 ans avec une adaptation de dose

- posaconazole (NOXAFIL) par voie orale en deuxième intention dans l’AI, en cas d’infection réfractaire
ou de patient intolérant aux médicaments de première intention

- isavuconazole (CRESEMBA) nouvellement utilisable chez l’adulte, en IV, et disponible12 en première


ligne pour les AI notamment chez l’insuffisant rénal.

 echinocandines : la caspofungine (CANCIDAS) est utilisée par voie intraveineuse (IV) après échec du
traitement de première intention d’AI ou en traitement empirique chez le patient neutropénique.

 la flucytosine (ANCOTIL) et son métabolite, le 5-fluorouracil (5-FU), n’ont pas d’action sur les
Aspergillus

8. Prévention et prophylaxie :

Certains de ces antifongiques sont utilisés en traitement prophylactique, tels le posaconazole en


première intention en France chez l’adulte ou le voriconazole chez l’adulte et l’enfant de plus de deux
ans, dans les conditions suivantes : « Prophylaxie des infections fongiques invasives chez les receveurs
d’une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (GCSH) à haut risque. La prophylaxie doit être
instaurée le jour de la greffe et peut être administrée jusqu’à 100 jours après celle-ci ». Cette
prophylaxie est indiquée également dans le cas de : « Patients recevant une chimiothérapie d’induction
de la rémission pour une leucémie myéloïde aiguë (LMA) ou un syndrome myélodysplasique (SMD)
connus pour induire une neutropénie prolongée ».

9. Conduite à tenir :

-Informer l’équipe opérationnelle d’hygiène

-Analyse géographique et étiologique des cas (contrôle des systèmes de traitement d’air, recherche de
tout type de travaux, recherche d’une source locale autre que l’air : aliments, épices, eau, plantes,
fleurs).

- Confirmer l’identification du germe

-Evaluer le risque de contamination pour les autres patients en prenant en compte

-Isolement protecteur pour les patients à très haut risque, et isolement septique pour le patient atteint.

-Bio nettoyage des sols et des surfaces tel que décrit dans les protocoles validés

-Interdiction de toute plante ou aromate susceptible d’être contaminé par des spores aspergillaires

-concernant le ou les services à risque : limitation des mouvements d’air, des déplacements de
personnel et des malades, renforcement des mesures de ménage et de bio nettoyage, contrôles
réguliers du système de ventilation-filtration d’air et de prélèvements mycologiques des surfaces et de
l’air

-concernant le chantier : la signalisation, l’isolement hermétique du chantier, l’ humidification à la


demande du chantier, les plans de circulation des matériaux, des engins, des ouvriers, l’information et
sensibilisation au risque aspergillaire

Références :

1. Lin SJ, Schranz J, Teutsch SM. Aspergillosis case-fatality rate: systematic review of the literature. Clin

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Pathological Autopsy Cases in Japan in 1989, 1993 and 1997. Pathol Int 2003;53:744-750

3. Denning DW. Invasive aspergillosis. Clin Infect Dis 1998;26:781-803; quiz 804-785

4. Ascioglu S, Rex JH, de Pauw B, Bennett JE, Bille J, Crokaert F, Denning DW, Donnelly JP, Edwards JE,

Erjavec Z, Fiere D, Lortholary O, Maertens J, Meis JF, Patterson TF, Ritter J, Selleslag D, Shah PM, Stevens
DA, Walsh TJ. Defining opportunistic invasive fungal infections in immunocompromised patients with cancer
and hematopoietic stem cell transplants: an international consensus. Clin Infect Dis 2002;34:7-14

5. Kuhlman JE, Fishman EK, Burch PA, Karp JE, Zerhouni EA, Siegelman SS. Invasive pulmonary
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6. Kuhlman JE, Fishman EK, Siegelman SS. Invasive pulmonary aspergillosis in acute leukemia:

characteristic findings on CT, the CT halo sign, and the role of CT in early diagnosis. Radiology 1985;157:611-
614

7.

https://sante.lefigaro.fr/sante/maladie/aspergillose/quels-sont-symptomes

8. file:///C:/Users/User/Downloads/P20113304%20(1).pdf

9. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2017-06/dir42/argumentaire_aspergillose.pdf

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