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Syndrome de détresse respiratoire aiguë夽


C. Guérin

Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) de l’adulte est un œdème pulmonaire de perméabilité
survenant à la suite d’une agression directe ou indirecte de la membrane alvéolocapillaire, associée à une
inflammation pulmonaire intense et une hypoxémie sévère. Il a été redéfini en 2012. La prévalence en
réanimation est de 10 % et la mortalité de 40 %. La prise en charge est centrée sur l’assistance ventilatoire
invasive. La préoccupation essentielle du thérapeute est de choisir de façon rationnelle les réglages du
ventilateur afin de ne pas induire de lésions pulmonaires supplémentaires. Les recommandations actuelles
sont de maintenir la PaO2 (pression artérielle en oxygène) entre 55 et 80 mmHg, de limiter le volume cou-
rant entre 4 et 8 ml/kg de poids prédit par la taille et de maintenir la pression plateau de fin d’inspiration
en dessous de 28 à 30 cmH2 O. Une curarisation précoce et courte (48 h) et la mise en décubitus ventral
pendant au moins 16 heures par jour réduisent la mortalité chez les patients avec PaO2 /FI O2 (fraction
inspirée en oxygène) inférieures à 150 mmHg. Une pression expiratoire positive élevée (≥ 15 cmH2 O)
est à réserver aux malades dont le potentiel de recrutement pulmonaire est élevé ou aux malades les plus
hypoxémiques. Une pression expiratoire positive plus basse (≥ 5 cmH2 O et ≤ 10 cmH2 O) est à préfé-
rer chez les patients avec un potentiel de recrutement faible ou aux malades les moins hypoxémiques.
Maintenir un bilan hydrique négatif, une fois la phase de choc contrôlée, permet de réduire le nombre
de jours vivant sans ventilation mécanique. Une corticothérapie peut être mise en route en cas de SDRA
non résolutif. La ventilation par oscillation à haute fréquence n’est plus recommandée. De nombreuses
évaluations sont en cours : réglage du VT (volume courant) sur la pression motrice, ventilation spontanée
précoce, niveau de PEP (pression expiratoire positive) guidé par la pression transpulmonaire, épuration
extracorporelle de gaz carbonique, oxygénation extracorporelle.
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Mots-clés : Syndrome de détresse respiratoire aiguë ; Œdème pulmonaire ; Ventilation mécanique ;


Lésions pulmonaires induites par la ventilation mécanique ; Hypoxémie ; Pression expiratoire positive

Plan ■ Traitement non ventilatoire 6


Moyens pharmacologiques et non pharmacologiques agissant
■ Introduction 1 sur l’oxygénation sanguine 7
Apport d’une substance exogène déficiente 7
■ Définitions 2 Modulation de la réponse inflammatoire pulmonaire 7
■ Épidémiologie 2 Modulation de l’équilibre des fluides de part et d’autre
■ Étiologies 2 de la membrane alvéolocapillaire pulmonaire 8
Atteinte pulmonaire directe ou indirecte 2 ■ Traitement ventilatoire 8
Facteurs de risque de SDRA 2 Ventilation mécanique conventionnelle 8
Facteurs génétiques 2 Ventilation mécanique non conventionnelle 12
■ Physiopathologie 3 Assistance respiratoire extracorporelle 12
Atteinte de la membrane alvéolocapillaire 3 ■ Conclusion 13
Perte de volume pulmonaire aéré 3
Lésions pulmonaires induites par la ventilation mécanique 5
Altérations des propriétés élastiques de la paroi thoracique 5
■ Diagnostic positif 5
■ Diagnostic différentiel 5  Introduction
■ Diagnostic étiologique 6
Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) est une
■ Évolution 6 pathologie phare en réanimation pour plusieurs raisons. Tout
Fibroprolifération 6 d’abord, le SDRA ne peut se traiter qu’en réanimation compte
Complications infectieuses 6 tenu de sa complexité et de la gravité générale et pulmonaire à
Hypertension artérielle pulmonaire 6 laquelle il est associé. Le traitement de première ligne est en effet la
Pneumothorax 6 ventilation mécanique, invasive le plus souvent. Ensuite, le réani-
Évolution à long terme 6 mateur peut influencer le déroulement de la maladie et l’issue

EMC - Anesthésie-Réanimation 1
Volume 14 > n◦ 3 > juillet 2017
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0289(17)83492-7
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36-969-A-10  Syndrome de détresse respiratoire aiguë

du malade si le respirateur n’est pas réglé correctement. Compte élevé et stable. Il est de 34,9 % dans le SDRA léger, 40,3 % dans le
tenu de l’abondance des publications et du nombre de références SDRA modéré et 46,1 % dans le SDRA sévère. Les facteurs de risque
octroyé, la bibliographie sera limitée aux articles majeurs. de mortalité peuvent être séparés en facteurs sur lesquels une inter-
vention thérapeutique est possible – notamment la ventilation
mécanique – et facteurs non modifiables par un traitement (âge,
 Définitions étiologies du SDRA). Pour ces derniers, identifiés dans les études de
cohorte, sont entre autres l’âge élevé, la gravité initiale élevée, un
Depuis sa description initiale en 1967 [1] , le SDRA a subi de état de choc, un délai plus court en réanimation après le début du
nombreuses tentatives de définition. Aucune n’est vraiment satis- SDRA, une durée d’hospitalisation plus longue avant le début du
faisante car n’appréhendant pas réellement l’hétérogénéité (c’est SDRA, l’aspect radiologique, l’immunodéficience. L’hypoxémie
un syndrome) et la complexité de la physiopathologie du SDRA. n’est plus un facteur de risque indépendant de mortalité comme
La dernière définition [2] a cherché à combler certaines limites de cela avait déjà été souligné il y a 25 ans. Comme cela sera évoqué
la définition précédente [3] : plus loin, la réalisation d’une ventilation mécanique protectrice
• le début aigu a été précisé et un délai d’une semaine a été retenu, est un élément clé de la réduction de mortalité au cours du
bien que la majorité des cas se déclarent dans les 72 heures après SDRA.
une agression pulmonaire ;
• l’imagerie pulmonaire, qui n’est plus limitée à la radiographie,
doit permettre d’identifier des opacités bilatérales ;  Étiologies
• il faut éliminer formellement une composante hydrostatique
à l’œdème pulmonaire par des données objectives (estimation Atteinte pulmonaire directe ou indirecte
de la pression dans l’oreillette gauche par échographie car-
diaque ou cathéter de Swan Ganz) seulement si aucun facteur Le SDRA est l’expression d’une agression de la membrane alvéo-
d’agression pulmonaire n’est clairement mis en évidence ; locapillaire qui peut être directe, sur le versant épithélial de la
• l’hypoxémie est évaluée par le rapport PaO2 /FI O2 (pression membrane, comme au cours des pneumonies infectieuses, ou
artérielle en oxygène/fraction inspirée en oxygène) avec une indirecte, portant sur le versant endothélial comme à la suite d’un
pression expiratoire positive (PEP) d’au moins 5 cmH2 O et per- choc septique d’origine urinaire.
met de classer le SDRA en trois stades de sévérité : léger, modéré Le sepsis est ainsi la première cause de SDRA. Le TRALI
et sévère aux seuils de PaO2 /FI O2 de 300, 200 et 100 mmHg, (transfusion-related acute lung injury) est de connaissance ancienne
respectivement [3] . sous formes de cas isolés. Il est actuellement mieux reconnu à
Cette définition reste « opérationnelle », c’est-à-dire appropriée sa juste place, c’est-à-dire une des premières causes de SDRA [7] .
à la détection des sujets à risque de SDRA en présence de ces Il s’agit d’un œdème pulmonaire non cardiogénique apparais-
quatre critères. Il a été proposé de confirmer les éléments de la sant dans les six heures suivant la transfusion d’un produit
définition, notamment l’hypoxémie, au bout de 12 à 24 heures sanguin labile quel qu’il soit (plaquettes, concentrés globulaires,
d’évolution pour éliminer des pathologies rapidement réversibles sang complet, plasma frais congelé). Le diagnostic est établi sur
comme un trouble de ventilation, un épanchement pleural ou un l’existence d’anticorps antipolynucléaires neutrophiles (PNN) ou
œdème pulmonaire cardiogénique. Cette confirmation au bout anti-HLA (human leukocyte antigen) dans le plasma du donneur
de 12 à 24 heures de ventilation mécanique permet de sélection- ou du receveur (transmis passivement) et d’un cross-match posi-
ner des patients à pronostic défavorable. Une confrontation a été tif. On admet que la transfusion en soi n’est pas le seul facteur
menée récemment entre la définition de Berlin et les données his- en cause et qu’elle intervient après l’action d’un autre facteur
tologiques pulmonaires de sujets décédés avec SDRA et autopsiés. pro-inflammatoire, comme le sepsis.
La sensibilité de la définition de Berlin pour prédire le dommage
alvéolaire diffus (DAD), longtemps considéré comme la signature Facteurs de risque de SDRA
histologique du SDRA (cf. infra), est de 86 à 98 %, mais la spécifi-
cité est de 31 à 71 %, selon le stade de sévérité de l’hypoxémie et Exposé à une des étiologies directes ou indirectes, un patient
la présence de facteurs de risque de SDRA [4] . ne développera pas systématiquement un SDRA. Au contraire,
chaque étiologie est suivie d’un SDRA dans 25 % des cas seule-
ment. Pour qu’un SDRA apparaisse après un facteur de risque
 Épidémiologie donné, il faut donc d’autres facteurs présents avant, pendant ou
après l’exposition à ce facteur principal. Le TRALI est un exemple
La réputation du SDRA d’être une maladie rare n’est pas confir- de cette double agression. D’autres facteurs, de surcroît, sont
reconnus, comme l’hyperpression intra-abdominale, les grands
mée depuis l’étude précise de Rubenfeld et al. aux États-Unis [5] .
volumes courants, l’alcoolisme. La réponse de l’hôte qui fait que
En se fondant sur la définition antérieure à celle de Berlin [3] , ces
certains patients après une agression pulmonaire développent un
auteurs ont montré que l’incidence du SDRA est de 78,9 cas pour
SDRA et d’autres pas n’est pas bien connue et fait intervenir des
100 000 personnes par an et de 86,2 cas pour 100 000 personnes
facteurs génétiques.
par an après ajustement pour l’âge [5] . L’incidence est de 16 cas
pour 100 000 personnes par an pour les individus âgés de 15 à
19 ans et de 306 cas pour 100 000 personnes par an entre 75 et Facteurs génétiques
84 ans. Avec la même définition du SDRA, l’incidence est de 34 cas
pour 100 000 personnes par an en Australie et de 17,9 cas pour Des polymorphismes dans des gènes candidats impliqués dans
100 000 personnes par an en Scandinavie. la réponse de l’hôte à l’agression pulmonaire ont été suggérés par
Une très large étude prospective conduite au cours de l’hiver des études cliniques cas-contrôles employant des méthodes issues
2014 dans 495 services de réanimation dans le monde (50 pays de de la génomique et de la protéomique. Les gènes étudiés sont ceux
4 continents) a collecté 2377 patients qui développent un SDRA intervenant dans l’inflammation et l’immunité (TNF [tumor necro-
dans les 48 heures après admission [6] . La prévalence du SDRA est sis factor], IL-10 [interleukine-10], MBL2 [mannose binding lectin 2],
de 10,4 %, de 30 % pour le stade léger, de 46,6 % pour le stade TLR1 [toll-like receptor family 1]), la défense antioxydante (NRF2,
modéré et de 23,4 % pour le stade sévère. NQO1, SOD3), l’intégrité cellulaire (MLCK – myosin light-chain
Classiquement, la mortalité du SDRA reste élevée mais est en kinase). Des études ont également montré un lien entre polymor-
diminution, et l’hypoxémie n’est plus une cause directe de mor- phisme des gènes de l’enzyme de conversion de l’angiotensine,
talité. Les études prospectives de cohorte réalisées aux États-Unis, de la protéine fixant l’endotoxine et de l’IL-6. Des avancées sont
en Australie, en Scandinavie et en Europe font état d’une mortalité à attendre avec le développement de nouvelles techniques de
de 38,5 % (sortie d’hôpital), 32 % (j28), 41,4 % (j90) et 50 % (sortie protéomique/génomique, l’augmentation du nombre de patients
d’hôpital) avec l’ancienne définition. Dans l’étude Lung Safe [6] , étudiés dans de larges études cliniques et la mise en évidence de
la mortalité est de 40 %, confirmant un taux de mortalité encore liens entre gènes et devenir du malade avec SDRA.

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 Physiopathologie
Atteinte de la membrane alvéolocapillaire

Volume
La physiopathologie du SDRA est très complexe [8] . La séquence
globale des événements peut se résumer ainsi. Le primum movens
est une augmentation de la perméabilité de la membrane alvéo-
locapillaire, et de son versant endothélial en particulier, à la suite
de différentes agressions, qui produit dans l’interstitium et/ou
C3
dans les alvéoles une issue de plasma avec augmentation de l’eau
pulmonaire extravasculaire (œdème pulmonaire, augmentation ΔV C2
du poids du poumon), une réaction inflammatoire intense, une Normal
hypercoagulabilité et des altérations du surfactant. Il est classique
C1 SDRA
de séparer trois phases successives qui se télescopent en réalité :
• une phase exsudative avec œdème, hémorragie intra-alvéolaire, Pression élastique
membranes hyalines, réaction inflammatoire (afflux de PNN) ;
• une phase fibroproliférative avec production de collagène ; Vr ΔP
• une phase de résolution avec récupération ad integrum. Figure 1. Courbe pression-volume (P-V) du système respiratoire chez
Une multitude d’acteurs intervient au cours de ces trois un patient normal au cours de l’inspiration et chez un patient avec un
phases [8] dont la séquence et l’intensité de mise en jeu dépendent syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) au cours de l’inspiration
de l’étiologie du SDRA. puis de l’expiration. L’axe de volume des courbes est référé au volume de
Au cours de la phase exsudative du SDRA, la présence de PNN en relaxation du système respiratoire (Vr). La ligne verticale rouge montre une
grand nombre dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire (LBA) diminution importante de volume pour une même pression inspiratoire
est très fréquente, même en dehors du SDRA septique, et tra- élastique entre le sujet normal et le patient avec SDRA. Dans les deux
duit soit un recrutement de PNN, notamment par la production situations, la relation P-V n’est pas linéaire mais chez le sujet normal la
d’IL-8 sécrétée par les macrophages alvéolaires activés, les fibro- non-linéarité a lieu à haut volume pulmonaire. Chez le patient avec SDRA,
blastes interstitiels et les cellules endothéliales, soit l’inhibition de la non-linéarité est présente à bas volume également : la pente de la
l’apoptose des PNN. Ces PNN recrutés vont être activés et léser les relation P-V (compliance) est faible (C1) à bas volume pulmonaire puis
cellules épithéliales, notamment les cellules alvéolaires de type I augmente brutalement (C2) pour diminuer à nouveau (C3) à haut volume
(pneumocytes I : PI), via la libération de différents agents cyto- pulmonaire.
toxiques comme les radicaux libres dérivés de l’oxygène, diverses
protéases, le facteur activateur plaquettaire, les leukotriènes. Les
PI peuvent être détruits par apoptose. La membrane alvéolaire est L’hypoxémie au cours du SDRA est liée à une augmenta-
à la fois dénudée à la suite de la destruction des PI et tapissée de tion du shunt intrapulmonaire et/ou des zones à bas rapport
membranes hyalines. ventilation/perfusion secondaire à la perte massive du volume
À ce stade, il existe un état pro-inflammatoire au sein du pulmonaire aéré (dérecrutement). La vasoconstriction pulmo-
compartiment alvéolaire [9] . Cette réponse inflammatoire peut naire hypoxique est altérée, de façon variable en intensité et en
s’exporter dans la circulation systémique, notamment sous l’effet localisation, ce qui contribue également à l’hypoxémie en main-
de la ventilation mécanique, et contribuer au syndrome de tenant une perfusion inadaptée dans les zones mal ventilées.
défaillance multiviscérale. La balance procoagulante/fibrinolyse
est déséquilibrée en faveur du premier état au sein du compar- Perte de volume pulmonaire aéré
timent alvéolaire [10] comme l’atteste la présence de fibrine
dans le LBA et à la surface des membranes hyalines. Le sys- La tomodensitométrie (TDM) thoracique a permis d’accomplir
tème coagulation-fibrinolyse pulmonaire est déséquilibré à la des progrès majeurs dans la connaissance de la distribution des
suite des mécanismes complexes au niveau alvéolaire comme lésions pulmonaires régionales au cours du SDRA [16] . Ces avancées
l’augmentation de l’expression du facteur tissulaire [11] . En outre, ont un impact direct sur les réglages du ventilateur et représentent
il existe des microthrombi capillaires pulmonaires précocement l’essentiel de la physiopathologie du SDRA utile pour le réanima-
au cours du SDRA. Les vaisseaux de petit et grand diamètres teur. C’est la raison pour laquelle seront rappelés tout d’abord les
sont également lésés. Ces éléments entraînent une augmenta- principes de l’analyse quantitative en TDM.
tion des résistances vasculaires pulmonaires et une hypertension
artérielle pulmonaire (HTP) fréquemment observée au cours du Principes de l’analyse scannographique
SDRA. L’HTP peut également avoir une origine postcapillaire quantitative
comme discutée plus haut. Les lésions vasculaires contribuent à
l’augmentation de l’espace mort alvéolaire (VD/VT), qui est un Trois propriétés fondamentales de la TDM sont mises en jeu :
facteur pronostique indépendant de décès au cours du SDRA [12] . • la TDM mesure un coefficient d’atténuation ␮ ;
Les cellules alvéolaires épithéliales de type II (PII) ont plu- • l’atténuation radiologique pulmonaire (␮) est linéairement cor-
sieurs fonctions importantes comme la production de surfactant rélée à la densité physique (masse/volume) ;
et le transfert ionique. Ce sont aussi les précurseurs des PI. Une • l’image est numérique (matrice de pixels).
lésion des PII entraîne une réduction de la production de surfac-
tant [13] (favorisant le collapsus des unités alvéolaires terminales et Distribution du volume pulmonaire au cours
l’atélectasie), et une altération de la clairance de l’eau pulmonaire du SDRA
gênant la résorption de l’œdème pulmonaire [14] .
SDRA réalisant un syndrome ventilatoire restrictif majeur
Au cours de la phase fibroproliférative, il existe une prolifération
par perte de volume aéré
des PII et des dépôts de collagène dans les espaces aériens distaux.
L’élévation de la concentration du procollagène III dans le LBA est Aussi bien la mesure du volume pulmonaire de gaz en fin
corrélée à la présence d’une fibrose histologique au cours du SDRA. d’expiration (CRF) par dilution à l’hélium ou washin-washout
La compliance pulmonaire est très abaissée. Les mécanismes molé- d’azote [17] ou scanner [18] , que la courbe pression-volume (P-V) du
culaires qui régulent le passage vers la récupération complète ou système respiratoire (Fig. 1) objectivent une réduction importante
vers l’évolution fibroproliférative après la phase œdémateuse de du volume pulmonaire aéré au cours du SDRA. Cette réduction est
l’agression initiale ne sont pas connus. de l’ordre de 30 à 60 % par rapport aux sujets normaux [18] .
De façon intéressante, une large étude autopsique a confirmé la Concept de « baby lung »
réalité de la classique évolution temporelle en trois stades décrits La compliance du système respiratoire (Csr), rapport entre
plus haut [15] . le changement de volume (V) et le changement de pression

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supérieurs que dans les deux autres groupes de SDRA et que chez
les normaux [18] . Les patients avec SDRA diffus ont une courbe P-V
1
mesurée à l’atmosphère (à PEP nulle) caractérisée par une distinc-
tion marquée entre C1 et C2 (CT = K × [␮ pixel-␮ eau]/␮ eau), alors
que les patients avec SDRA lobaire ont une courbe P-V linéaire [22] .
En décubitus dorsal, l’effet de la gravité sur la distribution de
la pression pleurale (Ppl), donc de la pression transpulmonaire
(Ptp = Pao – Ppl) (Pao : pression à l’entrée des voies aériennes),
chez le sujet normal où la Ppl a été estimée par la pression œso-
phagienne (Pes) et chez l’animal à poumon agressé, où la Ppl a été
mesurée directement, est bien établi. Il existe un gradient ventro-
dorsal de Ppl qui induit, si l’on admet que la Pao reste constante,
une réduction de Ptp, donc de la ventilation alvéolaire, des régions
ventrales vers les régions dorsales. Surajoutée à l’effet de la gra-
vité, la masse du poumon va exercer une pression sur les régions
sous-jacentes de proche en proche dans un axe ventrodorsal. Cette
pression imposée par la masse du poumon à un niveau donné sur
les niveaux sous-jacents contribue à augmenter la fraction tissu-
laire au sein du volume pulmonaire. Entre les régions ventrales et
dorsales du poumon, le rapport gaz/tissu moyen passe de 4,7 à 1,8
chez les sujets normaux et de 1,2 à 0,3 chez les sujets avec SDRA.
La réduction du rapport gaz/tissu est exponentielle avec une cons-
Figure 2. Scanner d’un patient avec un syndrome de détresse respira-
tante de 13,9 ± 1,3 cm chez les normaux et de 7,8 ± 0,8 cm chez
toire aiguë montrant le faible volume aéré résiduel (flèches) situé dans les
les patients avec SDRA [23] .
régions antérieures du poumon. 1. Baby lung.
Au niveau n du thorax dans un sens ventrodorsal, la pression
imposée par le poids du poumon peut être mesurée en TDM :
alvéolaire (P = pression alvéolaire de fin d’inspiration Pplat [pres- pression imposée = [1 – (CT / –1000)] × hauteur (cm) + pres-
sion de plateau] – pression alvéolaire de fin d’expiration PEP sion imposée n – 1 où CT est la densité au niveau pulmonaire
totale), est très diminuée au cours du SDRA par rapport au sujet n et n – 1 est le niveau au-dessus. La pression imposée passe
normal, suggérant que le système respiratoire au cours du SDRA de < 1,5 cmH2 O dans les régions ventrales pour les deux groupes
est essentiellement rigide (Fig. 1). Toutefois, la Csr est constante de sujets à 4,5 et 10,5 cmH2 O dans les régions dorsales chez les
chez le sujet normal sur une large gamme de volume alors qu’elle sujets normaux et les patients avec SDRA, respectivement [23] . Ces
varie au cours du SDRA sur la même gamme de volume : la Csr constatations ont conduit au concept d’éponge pour modéliser
est d’abord faible à bas volume pulmonaire (C1), puis augmente le poumon de SDRA [23] . Selon cette représentation, la perte de
brutalement (C2) et enfin diminue à nouveau (C3) (Fig. 1). Il s’agit volume pulmonaire aéré selon l’axe ventrodorsal obéit au seul
d’une représentation de l’hétérogénéité du poumon au cours du effet du poids du poumon sous-jacent et la perte de volume de gaz
SDRA. En fait, seule la quantité de volume normalement aéré est compensée par l’augmentation du volume tissulaire. Le poids
mesurée en TDM, et non pas celle de volume non aéré ni peu aéré, du poumon est augmenté par l’œdème interstitiel qui entraîne
corrèle avec C1 [19] . En outre, la compliance spécifique (Csr/CRF) une perte d’aération par compression. Or, d’autres études discu-
est normale au cours du SDRA. Ces deux arguments ont donné tées plus haut ont montré que le maximum de perte de volume
naissance au concept de baby lung [20] : la Csr est réduite au cours pulmonaire aéré se situe dans les lobes inférieurs. Il existe donc
du SDRA non pas parce que le poumon est rigide mais parce qu’il un gradient craniocaudal à la perte de volume aéré, lié au poids du
contient beaucoup moins d’air (Fig. 2). Ainsi, la Csr est un reflet médiastin et à l’augmentation de la pression abdominale. Enfin,
du volume pulmonaire aéré résiduel : la Csr est d’autant plus basse en analysant régionalement la ventilation pulmonaire avec une
que le volume aéré est faible. méthode à forte résolution spatiale, d’autres auteurs ont proposé
que l’œdème pulmonaire soit essentiellement alvéolaire et non
Augmentation du poids du poumon interstitiel, remettant en cause le concept de l’éponge [24] .
Le poids du poumon avec SDRA peut être mesuré au scanner
en multipliant la gravité spécifique (= (–1000 – CT) / –1000) par Pressions critiques d’ouverture et de fermeture
le volume. Le poumon du SDRA est ainsi plus de deux fois plus Quel que soit le concept sous-jacent, la perte de volume pul-
lourd que le poumon normal, 2589 ± 1201 g versus 1292 ± 198 g monaire aéré est une caractéristique fondamentale du poumon
(moyenne ± 1 DS [déviation standard]), respectivement [21] . Cette de SDRA et implique une nécessaire augmentation de pression
augmentation de poids du poumon est liée à l’œdème pulmonaire intramurale dans les voies aériennes pour recruter ces territoires.
et à l’inflammation. Il existe donc à la fois une perte d’air et un Le recrutement alvéolaire est la diminution du tissu non aéré
excès de tissu pulmonaire au cours du SDRA, qui sont répartis de sous l’effet d’une augmentation de Ptp. L’analyse en TDM a
façon hétérogène au sein du poumon. Sera discutée à présent cette permis de quantifier le recrutement et d’estimer des pressions
hétérogénéité qui a été conceptualisée sous le terme de poumon critiques d’ouverture [25, 26] . Un premier résultat important a été
en éponge. que le recrutement est un processus continu tout au long de
l’insufflation (il n’y a pas de seuil). Le point d’inflexion inférieur
Hétérogénéité de la perte de volume aéré de la Figure 1 (intersection entre C1 et C2) ne traduit pas la fin du
La réduction de volume pulmonaire aéré est prédominante dans recrutement alvéolaire. Le recrutement se poursuit même au-delà
les lobes inférieurs du poumon au cours du SDRA [18] . Elle s’associe de l’intersection entre C2 et C3, qui était considérée initialement
dans un quart des cas à une masse tissulaire normale (atélectasie comme la fin du recrutement ou le début de l’hyperaération.
de compression) et dans trois quarts des cas à un excès de masse Un deuxième résultat a été la mise en évidence d’une distribu-
tissulaire (atélectasie inflammatoire) [18] . L’étude de la distribu- tion gaussienne des pressions critiques d’ouverture avec un mode
tion régionale de l’atténuation au sein du poumon a conduit à à 20 cmH2 O dans une étude conduite chez cinq patients avec
distinguer trois types de SDRA [18] : SDRA avec atténuation dif- SDRA [26] et bimodale dans une autre étude portant sur 26 patients
fuse et homogène de l’aération au sein du poumon (un quart avec SDRA, avec un premier pic de fréquence à 28 cmH2 O et un
des malades), SDRA avec atténuation lobaire de l’aération (36 %) deuxième à 38 cmH2 O [27] .
et SDRA avec atténuation hétérogène en mosaïque (41 %). Les La distribution gaussienne des pressions critiques d’ouverture
trois groupes ont un même excès de tissu entre les lobes supé- s’explique par des différences régionales. Par exemple, certains
rieurs et inférieurs, et une même réduction de CRF dans les lobes territoires alvéolaires, notamment postérobasaux, auront des pres-
inférieurs. En revanche, les malades avec atténuation diffuse de sions critiques d’ouverture considérables (> 50 cmH2 O), voire
l’aération ont une réduction de CRF plus marquée dans les lobes infinies (territoires consolidées non recrutables). D’autres, soit

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moins postérieurs, soit liés à une fermeture des voies aériennes, La production pulmonaire de cytokines pro-inflammatoires et leur
auront une pression critique d’ouverture entre 10 et 20 cmH2 O. passage systémique peuvent être modulés par des modifications
Enfin, les territoires normalement aérés auront une pression de VT à court terme chez des patients avec SDRA [36] . La concentra-
critique d’ouverture nulle (tout est ouvert en fin d’expiration, tion pulmonaire de cytokines pro-inflammatoires augmente chez
l’insufflation ne faisant qu’augmenter la taille des alvéoles). Les des malades avec SDRA dans le groupe haut VT-PEP basse alors
trois types de SDRA décrits en TDM [18] sont associés à des diffé- qu’elle diminue chez des malades du groupe stratégie ventilatoire
rences en termes physiologique et de mortalité [28] . protectrice avec petit VT-PEP élevée [37] . Le concept de lésions pul-
monaires induites par la ventilation mécanique a été revisité en
Recrutabilité (potentiel de recrutement du poumon de SDRA) termes physiques de stress et de strain [38] .
Tout au cours de l’insufflation, sous l’effet d’une augmentation
de Ptp, le processus de recrutement a lieu. Il est plus ou moins
important selon la pression exercée mais aussi selon le potentiel Altérations des propriétés élastiques
de recrutement. Ainsi, pour une même variation de Ptp, la masse de la paroi thoracique
de poumon non aérée qui se réaère est variable selon les patients.
La recrutabilité du poumon est faible au cours du SDRA, 9 % en Les propriétés mécaniques de la paroi thoracique (cage thora-
médiane, 13 ± 11 % en moyenne de la masse de poumon sont cique + abdomen) sont altérées au cours du SDRA. La compliance
recrutables [29] . De plus, environ un quart de la masse du pou- de la cage thoracique peut être réduite par des épanchements
mon est consolidée et non recrutable, du moins dans la gamme pleuraux liquidiens, une médiastinite ou la sternotomie après
de pression étudiée, c’est-à-dire entre 5 et 45 cmH2 O [29] . Il en chirurgie cardiaque, ou l’obésité. La compliance de la paroi abdo-
résulte que 30 à 70 % du poids du poumon restent ouverts et dis- minale peut être réduite : obésité, augmentation de la pression
ponibles pour la ventilation [29] . La limite du recrutement est la intra-abdominale (péritonite, hématome, ascite). Au sein du sys-
surdistension pulmonaire (augmentation de la masse pulmonaire tème respiratoire, aussi bien le poumon et la paroi thoracique,
hyperaérée). d’une part, que la cage thoracique et la paroi abdominale, d’autre
part, sont organisés en série de telle sorte que leur élastance respec-
tive s’ajoute : Esr = EL + Ecw ; Ecw = Ew + Eabd où Esr est l’élastance
Lésions pulmonaires induites du système respiratoire, EL l’élastance du poumon, Ecw l’élastance
de la paroi thoracique, Ew l’élastance de la cage thoracique et Eabd
par la ventilation mécanique l’élastance de la paroi abdominale.
Dès son introduction dans la prise en charge du SDRA, la ven- C’est l’inverse de leur compliance respective qui s’ajoute :
tilation mécanique en pression positive a été reconnue comme 1 / Csr = 1 / CL + 1 / Ccw.
dangereuse initialement par ses effets hémodynamiques puis Chez le sujet normal, Ecw = EL = 5 cmH2 O/l et Esr = 10 cmH2 O/l,
par ses effets sur le poumon lui-même. Les lésions pulmonaires et le rapport EL /Esr = 0,5. Chez les patients avec SDRA, ce ratio peut
induites par la ventilation mécanique regroupent différents phé- aller de 0,2 à 0,9 [38] .
nomènes : le barotrauma, conséquence d’un excès de Pao à
l’origine de pneumothorax, pneumomédiastin, fistule broncho-
pleurale ; le volutrauma : c’est l’excès de volume pulmonaire de fin  Diagnostic positif
d’inspiration qui provoque la lésion de la membrane alvéoloca-
pillaire. Il s’agit de lésions pulmonaires induites par la ventilation Actuellement, le diagnostic de SDRA repose sur l’identification
mécanique à haut volume [30] . La pression est impliquée dans le des critères de la définition [2] . Particulièrement importante est
volutrauma mais la pression pertinente n’est pas la Pao mais la Ptp. l’identification d’une cause au SDRA. Au-delà du diagnostic de
La répétition cyclique de l’ouverture au cours de l’inspiration et de SDRA, la recherche actuelle porte sur l’existence de sous-types
la fermeture au cours de l’expiration suivante des espaces aériens ou phénotypes de SDRA. Deux approches ont été faites. La pre-
distaux (recrutement-dérecrutement cyclique) est également asso- mière est une analyse par méthode des classes latentes, deux
ciée à des lésions histologiques au niveau des petites voies cohortes de SDRA totalisant 1022 malades ; il a été possible d’isoler
aériennes, un phénomène décrit comme l’expression de lésions deux sous-phénotypes de SDRA [39] . Le sous-phénotype 2 se dis-
à bas volume pulmonaire ou atelectrauma [31] . En fait, en raison tingue du sous-phénotype 1 par une inflammation systémique
de l’interdépendance tissulaire, les forces qui s’exercent au sein plus importante, un sepsis plus fréquent, une baisse de bicarbo-
du parenchyme pulmonaire sont plus importantes que celles qui nates plasmatiques plus marquée, un recours aux vasopresseurs
s’exercent au niveau des voies aériennes. Les lésions pulmonaires plus fréquent et une mortalité plus élevée. En outre, dans une des
à bas volume sont associées à des pressions très importantes loca- deux cohortes, la mortalité était plus faible dans le groupe PEP éle-
lement, à l’intersection entre les zones atélectasiées avec excès de vée que dans le groupe PEP basse dans le sous-phénotype 2 et non
tissu en fin d’expiration et les mêmes zones soumises à l’ouverture- différente entre les deux niveaux de PEP dans le sous-phénotype 1.
fermeture cyclique. Mead et al. avaient suggéré qu’une Pao de La deuxième est la comparaison des malades avec ou sans DAD
30 cmH2 O génère une pression de 140 cmH2 O à l’interface entre soit après autopsie, soit sur la biopsie pulmonaire chirurgicale faite
zones soumises à l’ouverture-fermeture cyclique [32] . Le concept pendant la prise en charge du SDRA en réanimation. Les sujets
de biotrauma a été ensuite élaboré pour intégrer l’ensemble des avec DAD ont une hypoxémie plus importante et une Csr plus
conséquences biochimiques et biologiques qui font suite à une basse et des causes de décès différentes que les sujets sans DAD
augmentation des contraintes mécaniques imposées au poumon dans l’étude autopsique [40] . Dans les études portant sur les biop-
par la ventilation mécanique [33] . Ce concept a été généré par sies pulmonaires du vivant du malade, les malades avec DAD ont
une étude expérimentale ex vivo dans laquelle des poumons de également une hypoxémie plus importante et une Csr plus faible
rats non agressés ont été soumis à différentes contraintes pen- que les malades sans DAD [41] et une mortalité plus élevée [42] .
dant deux heures : faible ou grand volume courant (VT) associé à
un niveau de PEP nulle ou positive. La concentration en cytokines
pro-inflammatoires dans le LBA était significativement plus élevée  Diagnostic différentiel
dans le groupe VT 40 ml/kg avec PEP 0 cmH2 O que dans les autres
groupes [34] . La conclusion était qu’un poumon normal ventilé Les deux principaux diagnostics différentiels sont l’œdème
mécaniquement pendant deux heures de façon agressive pouvait pulmonaire cardiogénique et des tableaux mimant le SDRA [43] ,
produire des cytokines pro-inflammatoires provenant des cellules notamment l’exacerbation d’une fibrose interstitielle diffuse ou
épithéliales alvéolaires. En outre, il s’est avéré que cette réaction une forme aiguë de pneumonie interstitielle.
inflammatoire naissant au niveau du poumon peut s’exporter La distinction entre SDRA et œdème pulmonaire cardiogénique
dans la circulation systémique, entraîner une apoptose des cel- repose sur la prise en compte des éléments suivants :
lules épithéliales tubulaires rénales et des villosités de l’intestin • contexte clinique, notamment existence d’une cause d’œdème
grêle et ainsi contribuer à la défaillance multiviscérale [35] . Des pulmonaire cardiogénique (myocardiopathie, hypervolémie)
études cliniques ont corroboré ces observations expérimentales. ou de SDRA (sepsis) ;

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36-969-A-10  Syndrome de détresse respiratoire aiguë

• électrocardiogramme (signes d’ischémie myocardique avec ou connus. Le diagnostic est suspecté entre le septième et le dixième
sans infarctus) ; jour d’évolution d’un SDRA qui reste non résolutif avec persis-
• biomarqueurs (troponine, mais qui peut être élevée de façon tance d’une dépendance au respirateur, hypoxémie, baisse de la
non spécifique dans le sepsis, BNP, dont l’interprétation est plus compliance du système respiratoire, aspect en TDM évocateur, élé-
difficile chez les malades de réanimation car les valeurs entre vation de biomarqueurs comme le procollagène III dans le LBA.
100 et 500 pg/ml sont habituelles) ; La certitude repose sur la biopsie pulmonaire chirurgicale réali-
• radiographie pulmonaire dont la valeur diagnostique des élé- sable au lit du malade de façon fiable. Les patients avec SDRA
ments séméiologiques (volume du cœur, largeur du pédicule chez qui la biopsie pulmonaire est contributive ont une survie
vasculaire, distribution vasculaire, distribution de l’œdème, significativement supérieure à ceux dont la biopsie ne l’est pas [45] .
épanchement pleural, épaississement péribronchique, lignes
septales, bronchogramme aérique) est limitée ;
• échographie cardiaque (transthoracique, transœsophagienne) Complications infectieuses
qui estime la pression dans l’oreillette gauche ; La pneumonie acquise sous ventilation mécanique (PAVM) est
• cathétérisme cardiaque droit qui permet de mesurer directe- très fréquente au cours du SDRA mais également difficile à diag-
ment la PAPO (pression artérielle pulmonaire d’occlusion) et nostiquer. La fièvre et l’hyperleucocytose peuvent être liées à
ainsi de distinguer formellement le SDRA de l’œdème pulmo- la fibroprolifération pulmonaire. De nouveaux infiltrats radiolo-
naire cardiogénique. giques sont difficiles à mettre en évidence sur la radiographie
La distinction entre SDRA et pathologie interstitielle chronique pulmonaire simple. En procédant au recueil systématique des
est parfois difficile. Deux aspects sont à distinguer. D’une part, sécrétions trachéales et/ou du LBA, plusieurs fois par semaine, il a
l’exacerbation d’une pathologie interstitielle chronique connue été montré que l’incidence de PAVM au cours du SDRA est de 60 %,
et bien identifiée est facile à distinguer d’un SDRA. Compte tenu avec le plus souvent une colonisation au même germe antérieure
du pronostic sous-jacent, l’indication d’admission en réanimation à la PAVM [46] .
pour une exacerbation sévère de cette pathologie est à discuter
au cas par cas. D’autre part, la pathologie interstitielle chro-
nique peut se révéler sous forme d’une insuffisance respiratoire Hypertension artérielle pulmonaire
aiguë qui réalise un véritable SDRA. La distinction entre ces deux
cadres nosologiques se base sur la TDM parfois complétée par la L’HTP précapillaire a été reconnue depuis longtemps au cours
biopsie pulmonaire chirurgicale ou la biopsie pulmonaire trans- du SDRA. Plusieurs facteurs peuvent intervenir, isolément ou en
bronchique (cette dernière permettant le diagnostic de sarcoïdose association, à différents temps d’évolution du SDRA pour expli-
ou de lymphangite carcinomateuse). La discussion entre réani- quer l’HTP :
mateurs, pneumologues, radiologues et anatomopathologistes est • vasoconstriction pulmonaire hypoxique des territoires mal ven-
indispensable. tilés ;
• surdistension alvéolaire (excès de VT et/ou de PEP) responsable
d’une compression des vaisseaux alvéolaires ;
 Diagnostic étiologique • remodelage des vaisseaux pulmonaires et les thrombi vascu-
laires caractéristiques de la phase fibroproliférative.
Le diagnostic étiologique repose sur l’identification des causes Un facteur postcapillaire peut être associé, en cas
primaires et secondaires de SDRA. d’hypervolémie par exemple. L’HTP induit une dysfonction
L’analyse du contexte de survenue est essentielle pour cette ventriculaire droite (cœur pulmonaire aigu – CPA) dans 25 % des
étape. Le sepsis étant la cause principale du SDRA, déterminer cas de SDRA, facteur indépendant de mortalité [47] .
le point de départ (pulmonaire ou extrapulmonaire) et l’agent
infectieux responsable est la base du diagnostic étiologique. En Pneumothorax
cas de pneumonie, le LBA est fondamental pour identifier le
micro-organisme. Le LBA est sécuritaire chez le patient intubé. C’est l’expression du barotraumatisme à la phase aiguë du SDRA
En revanche, chez le sujet non intubé, le LBA peut aggraver la et de l’évolution vers une fibrose postagressive plus tardivement.
situation respiratoire et conduire à l’intubation. Or, chez le sujet Il est intéressant de noter que l’incidence de pneumothorax n’est
immunodéprimé avec SDRA, la ventilation non invasive (VNI) est pas statistiquement liée à la pression maximale dans les voies
associée à une meilleure survie par rapport à l’intubation. Dans aériennes ni à la PEP ni à la pression plateau du système respira-
ce cas, le LBA peut être réalisé sous couvert de la VNI. Surtout, toire. Une incidence acceptable actuellement de pneumothorax
il existe des alternatives non invasives au diagnostic infectio- est inférieure à 10 %.
logique comme les hémocultures, l’antigénurie à Legionella, la
recherche du virus grippal par écouvillonnage nasal ou nasopha-
ryngé, la recherche de Pneumocystis carini ou d’Aspergillus dans les Évolution à long terme
crachats recueillis par expectoration induite. Un essai randomisé
La mortalité du SDRA reste élevée, 40 % encore à l’heure
conduit chez des malades d’oncohématologie admis en réanima-
actuelle. Qu’en est-il de la qualité de vie des survivants ? Cent
tion pour insuffisance respiratoire aiguë et infiltrats radiologiques
neuf patients avec SDRA ont été suivis pendant un an après leur
bilatéraux, non intubés, a comparé la pratique du LBA à une stra-
sortie de l’hôpital [48] . À six mois, les mesures spirométriques sont
tégie non invasive et a montré que le LBA, réalisé en réanimation,
normales mais la capacité de transfert de monoxyde de carbone
n’est pas associé à une plus grande fréquence d’intubation mais
est altérée et 6 % des malades ont une désaturation artérielle à
que la stratégie non invasive n’est pas inférieure au LBA en termes
l’effort [48] . À un an, le score médian du domaine physique du
de recours à l’intubation [44] .
questionnaire SF36 est inférieur à sa valeur dans la population
contrôle (25 contre 84). La distance parcourue pendant un test
 Évolution de marche de six minutes est inférieure aux valeurs normales.
L’absence de corticothérapie systémique, de neuropathie acquise
au cours du séjour en réanimation, la résolution rapide du SDRA
Fibroprolifération et de la défaillance multiviscérale sont associées à une meilleure
La phase fibroproliférative du SDRA correspond à l’organisation qualité de vie à un an [48] .
de l’exsudat alvéolo-interstitiel qui voit les cellules mésenchy-
mateuses et les myofibroblastes envahir le versant épithélial et
endothélial de la membrane alvéolocapillaire, l’angiogenèse être  Traitement non ventilatoire
activée et la fibrine se déposer dans les alvéoles. Cette phase peut
évoluer soit vers la réparation complète du parenchyme pulmo- Un grand nombre de traitements non ventilatoires peut être
naire, soit vers la fibrose selon des mécanismes qui ne sont pas mis en œuvre au cours du SDRA. Leurs objectifs sont variables :

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Syndrome de détresse respiratoire aiguë  36-969-A-10

• améliorer l’oxygénation, essentiellement en agissant sur la dis- Apport d’une substance exogène déficiente
tribution des rapports ventilation/perfusion pulmonaires ;
• apporter une substance déficiente, comme le surfactant ; Surfactant exogène
• moduler la réponse inflammatoire pulmonaire ; Le surfactant exogène est le traitement de première ligne, plei-
• participer à la prévention des lésions pulmonaires induites par nement efficace, dans la maladie des membranes hyalines du
la ventilation mécanique ; nouveau-né, cela pour des raisons physiopathologiques évidentes.
• moduler l’équilibre des fluides de part et d’autre de la membrane Chez l’adulte, un déficit quantitatif et/ou fonctionnel d’un ou
alvéolocapillaire pulmonaire. plusieurs composants du surfactant endogène a été régulièrement
mis en évidence dans le LBA de malades avec SDRA. L’apport exo-
gène de surfactant, naturel ou de synthèse, a été réalisé chez des
Moyens pharmacologiques malades avec SDRA dans de nombreuses études, par voie inhalée
et non pharmacologiques agissant ou par bronchoscopie. Toutefois, aucune étude n’a montré une
réduction de mortalité [62, 63] .
sur l’oxygénation sanguine
Monoxyde d’azote inhalé (NOi) Modulation de la réponse inflammatoire
Le NOi provoque une relaxation de la fibre musculaire lisse vas- pulmonaire
culaire [49] . Administré par voie inhalée, il relaxe sélectivement
les vaisseaux des zones pulmonaires bien ventilées, complète N-acétyl-cystéine
l’action de la vasoconstriction pulmonaire hypoxique et tend
Cette molécule équilibre la balance oxydase-antioxydase au
à homogénéiser les rapports ventilation/perfusion pulmonaires.
sein du poumon en favorisant la production de glutathion. Tou-
Une amélioration de l’oxygénation peut en résulter, qui dépend
tefois, aucune étude n’a montré une réduction significative de
de l’état de vasoconstriction préalable des vaisseaux pulmonaires.
mortalité avec cette molécule au cours du SDRA [51] .
Toutefois, il n’y a pas de preuve de son efficacité sur la survie des
malades, un effet délétère sur la fonction rénale étant même sug-
Curares
géré [50] . Cet effet délétère pourrait être lié à la production des
radicaux libres dérivés de l’oxygène ou de l’azote [49] . En pratique, En comparant des malades avec SDRA traités à la phase initiale
son usage systématique n’est pas recommandé dans le SDRA [50] . par une association sédation + curarisation pendant 48 heures à
Il est toutefois encore utilisé chez les patients hypoxémiques ou un groupe n’ayant reçu que la sédation pendant la même période,
avec un CPA. Une réévaluation de la dose de NOi après 48 heures l’équipe de Laurent Papazian a successivement démontré dans
d’utilisation est recommandée. Le sevrage de NOi devrait se faire trois études distinctes :
par paliers et non par un arrêt brutal. • une amélioration de l’oxygénation ;
• une réduction de l’inflammation pulmonaire et systémique ;
• et surtout une réduction de mortalité [64] dans le groupe
Prostaglandines sédation + curares par rapport au groupe de contrôle (séda-
Les prostaglandines vasodilatatrices administrées par voie sys- tion + placebo).
témique peuvent dégrader l’oxygénation sanguine en aggravant Dans ces études, l’objectif de la sédation était d’obtenir un Ram-
®
les inégalités ventilation/perfusion pulmonaires. En revanche, say 6. La molécule utilisée a été le cisatracurium (Nimbex ) à la
par voie inhalée, un effet bénéfique sur l’oxygénation peut être dose fixe de 37,5 mg/h pendant 48 heures en perfusion intravei-
observé, similaire à celui du NOi [51] . Aucun essai n’a été conduit neuse continue. Les mécanismes d’action ne sont pas élucidés [65] :
pour déterminer si ces molécules sont capables d’améliorer la sur- réduction du stress pulmonaire régional par réduction de la Ptp,
vie des malades. Leur usage n’est pas recommandé en routine. effet anti-inflammatoire propre de la molécule. Un large essai ran-
domisé contrôlé de confirmation est en cours (NCT02509078).
Almitrine Kétoconazole
Cette molécule est un vasoconstricteur pulmonaire non sélec-
Cette molécule antiparasitaire à effet anti-inflammatoire n’a pas
tif, qui, administrée par voie systémique, est capable d’améliorer
montré de différence par rapport au placebo sur la mortalité [66] .
l’oxygénation sanguine en réduisant la perfusion des zones mal
ventilées. Elle a un effet additif avec le NOi. Aucun essai n’a été
Corticostéroïdes
réalisé pour évaluer l’impact de cette molécule sur la survie des
patients avec SDRA. Son usage n’est pas recommandé en routine. C’est une question thérapeutique encore très débattue. Il avait
été montré en 1987 que de fortes doses de méthylprednisolone à la
phase initiale du SDRA, et également du choc septique, sont asso-
Décubitus ventral (DV) ciées à un excès de mortalité : celles-ci ne sont pas recommandées,
Le DV améliore l’oxygénation sanguine chez une large majo- en dehors d’un SDRA spécifiquement lié à une maladie auto-
rité de patients avec SDRA par redistribution de la ventilation immune, comme la très rare pneumonie lupique. En revanche,
pulmonaire vers les zones dorsales alors que la perfusion reste à la phase de SDRA non résolutif, les corticoïdes, à plus faibles
prédominante dans ces régions. Il est probable que le DV homo- doses, peuvent contrôler le phénomène inflammatoire. Un essai,
généise les contraintes mécaniques au sein du poumon et pourrait, de schéma complexe et portant sur un petit nombre de malades,
par ce biais, réduire le stress pulmonaire. Quatre essais randomi- avait conclu à un effet bénéfique des corticoïdes. Un large essai de
sés contrôlés ont été publiés [52–55] , qui, chacun individuellement, l’ARDS Network n’a pas montré d’effet bénéfique des corticoïdes
conclut à l’absence de différence significative vis-à-vis de la survie administrés systématiquement au stade de SDRA non résolutif par
entre le DV et le décubitus dorsal. Deux méta-analyses récentes, rapport au placebo [67] . Un début tardif des corticoïdes, après la
l’une sur données groupées, l’autre sur données individuelles, sug- deuxième semaine d’évolution, était même délétère dans cette
gèrent un effet bénéfique du DV chez les malades avec un rapport étude [67] . Un autre essai a montré une réduction significative du
PaO2 /FI O2 inférieur à 100 mmHg [56, 57] . Un cinquième essai por- score d’agression pulmonaire, de la durée de ventilation méca-
tant sur des patients avec SDRA sévère (PaO2 /FI O2 < 150 mmHg nique et de la survie en réanimation mais pas à l’hôpital [68] . En
avec PEP d’au moins 5 cmH2 O et FI O2 d’au moins 60 %) a montré pratique, devant des critères de SDRA persistant à j7–j10 après
une réduction significative de mortalité de 32,8 % dans le groupe avoir éliminé d’autres causes d’hypoxémie comme l’embolie pul-
contrôle à 16 % dans le groupe DV à j28 (critère de jugement monaire, une PAVM ou un œdème pulmonaire hydrostatique,
principal) [58] . Des méta-analyses ultérieures ont confirmé cet effet une corticothérapie peut être débutée. La place de la biopsie pul-
bénéfique [59, 60] . Le DV est donc maintenant recommandé en pre- monaire chirurgicale pour décider de débuter les corticoïdes n’a,
mière intention dans la prise en charge du SDRA sévère, avec des pour l’instant, pas été évaluée. L’utilisation du procollagène III,
séances prolongées (au moins 16 h consécutives) [61] . biomarqueur de fibroprolifération, pourrait être utile [67, 69] .

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Statines  Traitement ventilatoire


Deux essais randomisés ont conclu à l’absence d’effet des sta-
tines sur la mortalité au cours du SDRA. C’est un traitement de première importance au cours du SDRA,
qui est mis en œuvre exclusivement en réanimation.

Modulation de l’équilibre des fluides Ventilation mécanique conventionnelle


de part et d’autre de la membrane Il s’agit d’une utilisation de la ventilation mécanique par voie
invasive (intubation trachéale) avec un respirateur de réanima-
alvéolocapillaire pulmonaire tion selon des modalités classiques de réglage. Elle concerne tous
Le débit de fluide à travers un capillaire est régi théoriquement les patients avec SDRA, au moins dans les premières heures. Les
par l’équation de Starling : Qf = Kf × [(Pc-Pi) – ␴ × (c – i)]. deux objectifs principaux de la ventilation mécanique conven-
Cette équation prédit que le débit de fluides à travers la mem- tionnelle au cours du SDRA actuellement sont de maintenir une
brane alvéolocapillaire (Qf) est fonction de deux gradients de oxygénation correcte (objectif de PaO2 entre 55 et 80 mmHg) et de
pression, hydraulique et oncotique, et de deux caractéristiques de prévenir le stress pulmonaire (dont il n’existe pas de biomarqueurs
la membrane, le coefficient de perméabilité hydraulique (Kf) et le à ce jour).
coefficient de réflexion des protéines (␴). Pour Kf et ␴ constants,
Qf augmente avec : Mode volume contrôlé (VC/VAC)
• l’augmentation de la pression hydraulique microvasculaire
Ce mode est le plus utilisé dans le SDRA, mais aussi chez les
(Pc) ;
malades de réanimation en général. Dans ce mode, le VT réglé
• la diminution de la pression oncotique (ou pression osmotiques
est délivré (pour peu que la limite supérieure d’alarme de Pao
des colloïdes) plasmatique (c) ;
maximale soit réglée correctement sur le respirateur) et la Pao
• la diminution de la pression hydraulique interstitielle pulmo-
est la variable dépendante, c’est-à-dire qu’elle dépend des carac-
naire (Pi) ;
téristiques mécaniques du système respiratoire du malade. La Pao
• l’augmentation de la pression oncotique interstitielle (i).
augmente si la Csr diminue pour un même VT. Il apparaît logique
La lésion de la membrane alvéolocapillaire qui caractérise le
de recommander ce mode dans la perspective de la prévention de
SDRA (augmentation de Kf et diminution de ␴) est à l’origine
la surdistension : une parfaite maîtrise du VT réglé est une condi-
d’une extravasation d’eau et de protéines plasmatiques, caractéri-
tion nécessaire, mais pas suffisante, pour atteindre cet objectif.
sant l’œdème pulmonaire lésionnel. En outre, l’augmentation de
Les modes pressionnels (pression contrôlée, BIPAP [bilevel posi-
Kf et la diminution de ␴ amplifient l’effet d’une même augmenta-
tive airway pressure]) sont beaucoup moins utilisés. Dans ces
tion de Pc ou d’une même diminution de c sur l’augmentation
modes, la pression réglée est la variable indépendante et le VT
du débit de fluides transmembranaires par rapport à la situation
la variable dépendante. Le VT n’est donc pas garanti, avec un
normale. L’hypoprotidémie, d’une part, et le bilan hydrique posi-
risque d’excès ou de déficit de VT en fonction des variations des
tif, d’autre part, sont associés à une plus grande morbidité et
caractéristiques mécaniques du système respiratoire. La pression
mortalité au cours du SDRA.
inspiratoire réglée dans ces modes ne reflète la Pplat que si le débit
Un large essai a montré que le maintien d’un bilan hydrosodé
télé-inspiratoire est nul. Par ailleurs, comme on le verra plus loin,
négatif grâce à un apport restrictif en solutés de remplis-
la pression pertinente est la Ptp et non la Pao. En mode pressionnel
sage, une fois contrôlée l’insuffisance circulatoire initiale (les
avec une ventilation spontanée effective, le VT dépend en outre de
malades sont inclus après la 48e h d’évolution du SDRA),
l’effort inspiratoire du patient. Dans ce cas, des VT élevés peuvent
permet d’augmenter le nombre de jours vivants sans venti-
être générés, associés à des valeurs élevées de Ptp alors même que
lation mécanique de plus de deux jours par rapport à une
la Pao apparaît « sécuritaire » pour la structure pulmonaire. Une
politique libérale d’administration des fluides [70] . La mortalité
méta-analyse récente conclut à l’absence de différence entre mode
n’est toutefois pas modifiée significativement. L’oxygénation est
VC et mode pression contrôlée sur la mortalité au cours du SDRA.
améliorée dans le groupe soumis à la restriction hydrosodée
mais de façon non statistiquement significative. La gestion de
l’apport liquidien repose sur des critères d’hypervolémie (pres- Volume courant
sion veineuse centrale [PVC], PAPO) ou d’excès d’eau pulmonaire Il est recommandé de régler le VT en fonction du poids pré-
extravasculaire et sur l’usage protocolisé des diurétiques, des vaso- dit par la taille car le volume pulmonaire dépend principalement
presseurs et du remplissage vasculaire. Une version simplifiée de la taille du sujet et non de son poids mesuré. Un essai nord-
de l’algorithme initial a été proposée, dictant l’usage des diuré- américain publié en 2000 [74] a eu un énorme impact, montrant
tiques et du remplissage vasculaire en fonction de la PVC et de la que la mortalité dans le SDRA est significativement réduite, de 9 %
diurèse. (réduction relative de 22 %), avec de faibles VT (6 ml/kg de poids
Il est important de réaliser que ces recommandations concer- prédit par la taille) par rapport à de grands VT (12 ml/kg). Cet essai
nent des sujets ayant un état hémodynamique stable (pression est venu couronner plusieurs décennies de travaux expérimentaux
artérielle moyenne > 60 mmHg et ne recevant pas de vasopres- ayant conduit à identifier les lésions pulmonaires induites par la
seur depuis plus de 12 h). L’objectif est à la fois de préserver la ventilation mécanique. Il démontre le caractère potentiellement
perfusion rénale et de négativer le bilan hydrosodé pour réduire iatrogène de la ventilation mécanique puisque la réduction de
l’eau pulmonaire extravasculaire. risque relatif de décès de 22 % entre les deux groupes signifie que
Dans un essai de plus petite taille chez des malades avec SDRA et 22 % des décès étaient liés à l’excès de volume. Ces résultats ont été
hypoprotidémie, la perfusion d’albumine associée à un traitement largement critiqués, notamment car d’autres essais avaient mon-
diurétique permet d’améliorer l’oxygénation et de maintenir le tré des résultats négatifs (Fig. 3) et car le groupe de contrôle (VT
bilan hydrosodé négatif [71] . 12 ml/kg poids prédit par la taille) ne représentait pas le traitement
La résorption de l’œdème alvéolaire passe par la mise en jeu des standard [80] . Ces résultats ont néanmoins engagé résolument les
récepteurs ␤2-adrénergiques au niveau de l’épithélium alvéolaire cliniciens à réduire le VT. Dans cet essai, le réglage du VT était
(PII). Dans un essai de faible puissance (20 malades par groupe), associé à un objectif de Pplat inférieur ou égal à 30 cmH2 O dans
le salbutamol par voie intraveineuse, par rapport au placebo par le groupe 6 ml/kg et inférieur ou égal à 50 cmH2 O dans le groupe
voie intraveineuse, s’est avéré capable de réduire significativement 12 ml/kg. La Pplat était mesurée 0,5 secondes après la pause réa-
l’eau pulmonaire extravasculaire. Deux essais ultérieurs ayant lisée en fin d’inspiration.
testé l’administration de la molécule par voie intraveineuse et Cette pause peut être facilement obtenue en manipulant une
par voie inhalée ont été associés soit à une surmortalité dans le touche spéciale disponible sur tous les respirateurs de réanima-
groupe traité [72] , soit à l’absence d’effet [73] , respectivement. Sur tion. La Pplat reflète la pression statique élastique du système
cette base, les ␤2-agonistes ne sont pas recommandés au cours du respiratoire à ce temps précis de fin d’inspiration. La Ptp à ce
SDRA. plateau serait un reflet de la maximale des territoires ventilés en

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Syndrome de détresse respiratoire aiguë  36-969-A-10

par dérecrutement est en revanche plus prononcé. Dans un essai,


% la mortalité avait été plus élevée, sans atteindre la significativité
80 *
Bas statistique, dans le groupe où l’objectif de Pplat était inférieur à
*
70 25 cmH2 O [75] . C’est la raison pour laquelle il a été recommandé
Élevé de maintenir la Pplat entre 25 et 28 cmH2 O [81] .
60
Les ventilateurs de réanimation doivent être très précis dans
50 * leur capacité de délivrer le VT réglé. Or, une étude très récente
40 sur banc d’essai a montré de grandes disparités entre les ventila-
teurs de réanimation à délivrer le VT consigne. Cela est lié aux
30 différents algorithmes utilisés par les respirateurs pour compen-
20 ser, d’une part, le piégeage du VT dans la compliance du circuit
du ventilateur et, d’autre part, l’augmentation du VT qui fait suite
10
aux changements hygrométriques du gaz à sa sortie de la source.
0 Ces deux facteurs agissent en sens opposé rendant encore plus
Amato ARDSnet Villar Stewart Brower Brochard compliqué le fonctionnement des algorithmes. La source de gaz
peut être soit murale, soit une turbine qui utilise l’air ambiant et
Figure 3. Mortalité observée au cours de six essais randomisés contrô-
l’oxygène mural. Les conditions hygrométriques sont différentes
lés ayant comparé un faible volume courant par rapport à un grand
entre les deux sources : les gaz muraux sont à 0 % d’humidité
volume courant. Différence significative de mortalité par rapport au
relative et à 15 ◦ C de température alors qu’avec la turbine les
groupe bas volume courant (étoiles). Les études indiquées correspondent
conditions dépendent de celles de l’air ambiant actuel. Des dif-
aux références suivantes : Amato [87] , ARDSnet [74] , Villar [76] , Stewart [78] ,
férences de 1 à 2 ml/kg de VT ont été mises en évidence entre les
Brower [79] , Brochard [75] .
respirateurs sur banc d’essai. Il est fondamental d’avoir ces notions
à l’esprit quand on règle le ventilateur chez un malade avec SDRA.
En outre, ces considérations devraient faire jeter un regard encore
fin d’inspiration en communication avec le capteur de pression. plus critique sur les résultats des essais multicentriques conduits
La validité de la mesure de la Pplat requiert une relaxation par- dans ce domaine, essais dans lesquels différents respirateurs ont
faite du sujet, obtenue par sédation et curarisation, et l’absence été utilisés. Il est à noter que, dans essai de l’ARDSnet sur le VT,
d’admission d’un autre gaz (NOi par exemple). Les résultats de cet le même ventilateur était utilisé entre les centres et que sur banc
essai confirment la réalité des lésions pulmonaires induites par la d’essai il s’agit du respirateur avec le moins de différence entre le
ventilation mécanique à hauts volumes. VT réglé et le VT consigne.
Faut-il dès lors appliquer ce réglage de VT de 6 ml/kg et cet
objectif de Pplat inférieure à 30 cmH2 O à tous les malades avec
SDRA ? La réponse est affirmative en tant que stratégie initiale.
PEP
Toutefois, dans l’essai déjà cité [74] , le VT pouvait être réglé entre Il s’agit du deuxième réglage clé au cours du SDRA puisqu’il gère
4 et 8 ml/kg de poids prédit par la taille en fonction du niveau le volume pulmonaire de fin d’expiration. La question de savoir
de Pplat et d’acidose respiratoire secondaires. Néanmoins, il est s’il faut régler une PEP haute ou une PEP basse est encore plus
hautement probable qu’une valeur fixée de VT ne soit pas adap- débattue que celle du VT. Il est admis qu’il faut régler une valeur
tée à tous les cas du SDRA compte tenu, comme vu plus haut, minimale de PEP de 5 cmH2 O pour minimiser le dérecrutement,
de l’hétérogénéité de la perte de volume aéré. Le niveau de VT et cette valeur fait partie maintenant de la définition du SDRA.
à choisir dépend en fait de la taille du baby lung, de la recruta- Le choix entre une PEP élevée (≥ 15 cmH2 O) ou basse (entre 5
bilité intracycle et de la Csr. Ces grandeurs varient au cours du et 9 cmH2 O) n’est pas tranchée. Par ailleurs, il existe de nom-
temps du fait de la progression (amélioration ou aggravation) du breux outils et de nombreux critères d’évaluation pour choisir la
SDRA et de l’histoire ventilatoire liée à la PEP ou à l’utilisation meilleure PEP. En 1975, en testant différents paliers de PEP, Peter
de manœuvres de recrutement. Idéalement, il faudrait régler le Suter avait défini la « best-PEEP », la PEP optimale, comme celle qui
VT en proportion de la taille du baby lung. La difficulté pour cela ménageait simultanément la meilleure oxygénation, le débit car-
est la mesure du baby lung, qui n’est faisable qu’avec le scanner. diaque maximal, le transport en oxygène maximal, la compliance
Par ailleurs, il a été montré que le réglage systématique du VT à dynamique maximale, et le VD/VT physiologique minimal [82] . La
6 ml/kg de poids prédit par la taille en maintenant la Pplat infé- valeur médiane de la PEP optimale était de 6 cmH2 O mais le VT
rieure à 30 cmH2 O ne garantit pas l’absence de surdistension. Chez était de 15 ml/kg de poids mesuré [82] . Cette étude a eu un impact
30 malades avec SDRA, ces réglages sont associés à des critères majeur et a mis en avant le rôle de la mécanique ventilatoire
TDM de surdistension en fin d’inspiration chez un malade sur comme élément utile au réglage du ventilateur.
trois [81] . Chez ces malades avec poumon non protégé, le VT était Le contexte actuel est celui de VT beaucoup plus faibles que
trop grand par rapport à la taille du baby lung et la taille du baby ceux utilisés dans cette étude et logiquement le niveau de PEP
lung trop faible en raison d’une importante masse non aérée dans devrait être plus élevé. Trois essais multicentriques de grande taille
les régions postérieures. En outre, cette masse non aérée n’est pas comparant PEP élevée à PEP basse ont été réalisés.
recrutée au cours du cycle. Finalement, cette situation correspond Chaque essai pris individuellement ne montre pas d’effet signi-
au SDRA lobaire. Les auteurs suggèrent de fixer la Pplat cible en ficatif sur la mortalité, alors que le choix du niveau de PEP a été
dessous de 28 cmH2 O [81] . Au cours du SDRA, ni le VT ni la Pplat fait sur une base rationnelle différente : table PEP-FI O2 dans deux
ne sont de bons marqueurs du stress ou du strain [38] . Néanmoins, essais [83, 84] et prévention de la surdistension versus recrutement
en admettant un strain de 2 comme une limite supérieure au-delà augmenté dans un essai [85] . Une méta-analyse sur les données
de laquelle peut survenir une rupture du fibrosquelette pulmo- groupées de ces trois essais ne détecte pas d’effet sur la morta-
naire [38] , et sachant que K = 13,5 cmH2 O, on obtient un stress lité. Une méta- analyse a été faite sur les données individuelles
(Ptp) de 27 cmH2 O. La valeur de Pao correspondante dépend du venant de ces trois essais [86] . La mortalité des sujets avec SDRA
rapport EL /Esr, qui est lui-même égal à PL /Pao. Pour une valeur (PaO2 /FI O2 < 200 mmHg) était significativement réduite avec les
d’EL /Esr de 0,7, la valeur de Pplat correspondant à une Ptp de niveaux élevés de PEP alors qu’une tendance inverse était obser-
27 cmH2 O est alors de 38 cmH2 O. D’après cette approche, le risque vée pour les malades avec PaO2 /FI O2 entre 201 et 300 mmHg.
de lésions pulmonaires par excès de strain a une probabilité assez Au total, en maintenant un VT faible et identique entre les deux
faible de survenir au cours du SDRA si le VT est réglé à 6 ml/kg de groupes, aucune différence significative de mortalité ne peut être
poids prédit par la taille et si la Pplat est maintenue inférieure à mise en évidence entre une PEP élevée (14 cmH2 O en moyenne)
30 cmH2 O [38] . On voit que ces calculs ne sont pas strictement en et une PEP basse (9 cmH2 O en moyenne). Ces résultats appellent
accord avec les données observées par Terragni et al. [81] . Une expli- trois commentaires. Le premier est que la mise en évidence d’une
cation est que l’on raisonne ici sur un EL /Esr à 0,7, et qu’il existe différence cliniquement pertinente et statistiquement significa-
des variations individuelles importantes de ce rapport au cours du tive de mortalité entre les deux groupes de PEP, de l’ordre de 10 %
SDRA comme précisé plus haut. Le risque de lésions pulmonaires en valeur absolue, comme dans l’étude ARMA [74] , nécessiterait

EMC - Anesthésie-Réanimation 9
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36-969-A-10  Syndrome de détresse respiratoire aiguë

l’inclusion d’un très grand nombre de patients dans un nouvel ou en lien avec des manœuvres de recrutement. Pour l’instant,
essai. L’option serait donc plutôt de cibler une sous-population aucune des méthodes n’a été associée à un impact favorable
(cf. infra). Le deuxième commentaire est de rappeler que trois sur la survie du patient soit par absence d’essai, soit par résul-
essais, certes de plus faible taille, avaient montré un effet béné- tat négatif des essais. Les objectifs actuels du réglage de la
fique d’une PEP élevée par rapport à une PEP basse [37, 76, 87] , alors PEP ne sont plus d’améliorer l’oxygénation mais de minimiser
que le VT n’était pas identique entre les deux groupes (Fig. 3). l’atelectrauma (recrutement/dérecrutement cyclique) et de parti-
Entre le groupe PEP élevée – VT bas et le groupe PEP basse – ciper à l’homogénisation de la perte d’aération. C’est un réglage
VT élevé, la mortalité était significativement plus basse dans expiratoire bien qu’il soit capable de contribuer au recrutement
deux études [76, 87] , alors que l’inflammation pulmonaire et systé- avec l’augmentation de la CRF et de la Pplat qu’il peut générer.
mique et l’occurrence de défaillances d’organe extrapulmonaires Réglage de la PEP basé sur les gaz du sang
étaient significativement réduites [37] . Ces résultats suggèrent
Les effets de la PEP sur la PaO2 sont complexes. La PaO2 aug-
que, si la baisse de mortalité attendue passe par une réduc-
mente avec le recrutement alvéolaire induit par la PEP si les zones
tion des lésions pulmonaires, une action simultanée sur chaque
recrutées sont toujours perfusées en adéquation. Mais une aug-
composante (réduction des lésions pulmonaires à haut volume,
mentation de PaO2 avec la PEP peut être liée à une diminution
c’est-à-dire du stress/strain de fin d’inspiration, et réduction des
du débit cardiaque et donc à une diminution du shunt intra-
lésions pulmonaires à bas volume, c’est-à-dire du stress/strain de
pulmonaire compte tenu de la relation débit cardiaque-shunt
fin d’expiration) est, d’une part, indispensable, et d’autre part
intrapulmonaire. En revanche, la PaO2 peut diminuer avec la PEP
efficace. De plus, une telle double action permet de rendre au
excessive par surdistension, ouverture d’un foramen ovale per-
poumon plus d’homogénéité et d’y distribuer le stress et le strain
méable, diminution de la PvO2 par diminution du débit cardiaque
de façon moins contraignante. On comprend bien toutefois que,
(diminution du retour veineux, augmentation de la postcharge
dans une perspective de clarification, les essais n’étudiant que
ventriculaire droite) ; par conséquent, augmentation de PaO2 ne
l’effet d’un des deux facteurs des lésions pulmonaires devaient
signifie pas recrutement alvéolaire et recrutement alvéolaire peut
être faits. La troisième remarque est qu’il est hautement probable
coexister avec une PaO2 non augmentée.
que la non-prise en compte des caractéristiques anatomiques et
fonctionnelles du poumon sous-jacent contribue à expliquer les Réglage de la PEP basé sur la Csr
trois essais négatifs [83–85] . Deux autres analyses secondaires des Le recrutement induit par la PEP va s’accompagner d’une aug-
essais portant sur VT et/ou PEP ont apporté des résultats impor- mentation de Csr. Un essai randomisé a comparé un réglage
tants à discuter. Les trois essais ayant comparé deux niveaux de de PEP basé sur l’augmentation de la Csr (mesuré au cours de
PEP ont été réanalysés avec la perspective de l’impact de la réponse l’insufflation) à un groupe conventionnel et a n’a pas trouvé de
à la PEP en termes d’oxygénation sur le devenir du patient [77] . Il différence significative statistiquement sur la mortalité (20,6 %
existe une relation significative entre la présence et l’intensité de versus 38,9 %, respectivement), par manque probable de puis-
l’amélioration du rapport PaO2 /FI O2 et la réduction de mortalité. sance [89] . L’essai Express a exploité la Csr, également mesurée
Par ailleurs, Amato a réanalysé toutes les études sur la PEP et le VT au cours de l’insufflation, puisque dans le groupe PEP élevée le
à partir des données individuelles des patients sous l’angle du rôle niveau de PEP dépendait de Csr pour un même VT. Les résultats
de la pression motrice (P = Pplat – PEP) [88] . P est la pression ont été discutés plus haut. En fait il est probable que la mesure
qui génère le VT en mode pression contrôlée ou qui résulte du VT de la compliance au cours de l’expiration (sur la branche expira-
en mode VC, en fonction de la Csr. En effet, la Csr est le rapport toire de la courbe P-V) est plus pertinente, comme discuté plus
entre VT et P, donc P est le VT normalisé pour la compliance bas.
du système respiratoire. P serait donc un moyen de régler le VT Réglage de la PEP basé sur le stress index
sur le baby lung puisque, comme vu plus haut, la Csr corrèle avec le
Le stress index quantifie la façon dont Esr augmente au cours
volume pulmonaire aéré. Il a été montré que P est le prédicteur
de l’insufflation à débit inspiratoire constant, selon l’équation :
de mortalité le plus puissant, devant la Pplat, VT et la Csr, avec
Pao = a + temps inspiratoire b, où a est une constante correspon-
une augmentation de mortalité de 4 % par augmentation de P
dant à la Pao quand le temps inspiratoire est égal à 0 et b le stress
de 1 cmH2 O. En outre, par la méthode de médiation, il a été mon-
tré que P est le médiateur des effets de la PEP et de la Pplat sur la index. À débit inspiratoire constant, la relation Pao-temps inspi-
mortalité. Lorsque P est constant (augmentation similaire de la ratoire décrite par cette équation est l’équivalent d’une relation
Pplat et de la PEP) entre les quintiles de malades étudiés, le risque Pao-volume dont la pente est Esr. La constante b décrit la façon
relatif de mortalité est stable. Lorsque le risque relatif de mortalité dont b évolue au cours de l’insufflation. Si b est supérieur à 1, Esr
augmente entre les quintiles avec l’augmentation de la Pplat (PEP augmente avec l’augmentation du temps inspiratoire, donc du VT,
constante), ce ne serait à imputer à la Pplat que si P augmente : en indiquant une surdistension. Si b est inférieur à 1, Esr diminue
d’autres termes, les niveaux élevés de Pplat ne sont pas toujours avec l’augmentation de VT, indiquant un recrutement au cours
de l’insufflation donc un recrutement-dérecrutement au cours du
délétères. À l’inverse, la réduction du risque relatif de mortalité
cycle. L’objectif est de régler la PEP (et/ou le VT) pour obtenir b
entre les quintiles avec l’augmentation de PEP (Pplat stable) ne
proche de 1. Aucune étude n’a testé l’impact de cette stratégie sur
sera à imputer à la PEP que si P diminue : en d’autres termes, les
le devenir du patient.
PEP élevées ne sont pas bénéfiques pour tous les patients. Le rôle
de P dans la mortalité a été trouvé dans l’étude Lung Safe égale- Réglage de la PEP basé sur la Ptp
ment. Il est clair que des études sont nécessaires pour déterminer La Ptp est un meilleur reflet du stress que la Pao. Le réglage de
si la prise en compte de P comme objectif thérapeutique permet la PEP basé sur la Ptp consiste à utiliser la Ptp de fin d’inspiration
de modifier le devenir du patient. comme limite supérieure de sécurité au lieu de la Pplat et/ou à
Des recommandations actuelles proposent de régler une PEP utiliser la Ptp de fin d’expiration au lieu de la PEP basée sur la
entre 5 et 10 cmH2 O dans le SDRA léger et modéré, et à 15 cmH2 O Pao. Avec la première approche, on pourra tolérer une Pplat supé-
ou plus dans le SDRA sévère. Mais il n’y a pas de niveau de preuve rieure à 30 cmH2 O et fixer la limite supérieure de Ptp à 25 cmH2 O.
qui appuie ces recommandations qui ne sont donc pas scorées. Cette stratégie permet d’augmenter la PEP de façon suffisamment
Puisqu’un réglage systématique de PEP haute ou basse n’est importante pour améliorer l’oxygénation et a évité le recours
pas étayé de façon formelle, la place d’une individualisation du à l’assistance respiratoire extracorporelle chez sept patients sur
réglage de la PEP aux caractéristiques physiologiques propres du 14 référés pour cette technique [90] . La deuxième approche consiste
SDRA, morphologiques et fonctionnelles, est logique et connaît à fixer un objectif de Ptp en fin d’expiration supérieure à 0. Fré-
un regain d’intérêt très important. On dispose de plusieurs quemment, au cours du SDRA, des valeurs absolues de Pes en fin
méthodes et objectifs pour titrer la PEP individuellement soit d’expiration très positives (avec les réserves méthodologiques de
sur la mécanique ventilatoire (gaz du sang, Csr, stress index, la Pes pour estimer la Ppl [91] ) ont été enregistrées conduisant à
Ptp, courbe P-V, CRF, espace mort), soit sur l’imagerie (scanner, des valeurs de Ptp inférieures à 0. L’obtention d’une Ptp supé-
échographie pulmonaire, tomographie en impédance électrique), rieure à 0 en fin d’expiration est considérée comme l’expression
soit sur l’hémodynamique (débit cardiaque, fonction du ven- d’un recrutement. Dans une étude randomisée monocentrique
tricule droit). Le réglage de la PEP peut s’effectuer isolément où la PEP a été réglée selon une table Ptp fin d’expiration/FI O2

10 EMC - Anesthésie-Réanimation

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Syndrome de détresse respiratoire aiguë  36-969-A-10

(objectif Ptp fin expiration entre 0 et 10 cmH2 O) en comparaison Cette stratégie, qui permet de recruter complètement le poumon
avec une table PEP/FI O2 , l’oxygénation sanguine et la Csr étaient et nécessite une grande expertise et une surveillance rapprochée
significativement plus élevées et il existait une forte tendance à la du malade, est en cours d’évaluation. Une revue systématique
réduction de mortalité dans le premier groupe [92] . Une large étude récente ne recommande pas l’usage systématique des manœuvres
multicentrique est en cours pour tenter de confirmer ces résultats de recrutement mais réserve leur usage aux sujets les plus hypoxé-
(NCT01681225). miques, comme méthode de sauvetage [95] . C’est dans ce contexte
que se place le réglage de la PEP. Après avoir recruté le poumon,
Réglage de la PEP basé sur la courbe P-V la PEP est réglée à un haut niveau (20 ou 24 cmH2 O) puis bais-
Régler la PEP au-dessus du point d’inflexion inférieur de la sée par paliers de 2 cmH2 O jusqu’à un niveau associé à une baisse
branche inspiratoire de la courbe P-V obtenue à PEP nulle est significative de PaO2 ou de Csr, niveau qui correspond au début
une stratégie qui avait été réalisée dans trois études discutées plus du dérecrutement mesuré indépendamment en TDM. La PEP est
haut [37, 76, 87] , et ce avec des bénéfices cliniques. Il n’y a pas eu alors laissée juste au-dessus de ce niveau. Cette stratégie n’est
d’essai à large échelle avec cette stratégie. En outre, avec cette pas encore validée bien qu’elle paraisse très attractive car rejoi-
méthode, la réévaluation du niveau de PEP au cours du temps est gnant la logique de son application (un réglage expiratoire) et des
contraignante et n’a pas été réalisée dans les trois études. Régler développements théoriques [96] .
la PEP sur la branche expiratoire de la courbe PV a été également
été proposé avec le concept de maintenir le recrutement alvéo- Réglage de la PEP basé sur le potentiel de recrutement
laire gagné au cours de l’insufflation précédente. Cette approche et la recrutabilité intracycle
est toujours présente dans la stratégie de réglage de PEP associée Dans l’essai Express où le rationnel est l’augmentation du recru-
aux manœuvres de recrutement (cf. infra). La construction d’une tement, les patients n’ont pas été stratifiés sur la base de leur
courbe P-V à deux niveaux de PEP et leur projection sur le même potentiel de recrutement. Dans les deux autres essais, la PEP a
axe de volume (ce qui suppose d’avoir une origine de volume été réglée sur une table PEP/FI O2 dont les bases rationnelles sont
commune) permet de mesurer le recrutement alvéolaire comme incertaines, même si cette table a un intérêt pratique réel au sein
la différence de volume pour une même pression. Il apparaît que le d’un service donné pour homogénéiser les pratiques, facteur indis-
recrutement alvéolaire mesuré par cette méthode corrèle de façon cutable de qualité des soins. Cette table ne permet pas de faire
imparfaite avec la méthode scannographique indiquant que l’on la différence entre recruteurs et non-recruteurs [97] . Ainsi, dans
explore deux phénomènes physiologiques distincts dépendants les trois essais comparant deux niveaux de PEP, les patients non
de la méthode [93] . recruteurs peuvent être traités avec une PEP élevée avec un risque
de surdistension et, inversement, les patients recruteurs peuvent
Réglage de la PEP basé sur la CRF recevoir une PEP basse avec un risque d’atelectrauma.
Il est possible de mesurer la CRF en routine avec certains Les malades avec forte recrutabilité sont plus hypoxémiques
respirateurs par la méthode de washin-washout d’azote. Une aug- et ont mortalité plus élevée que les patients avec faible recru-
mentation de CRF avec la PEP peut traduire un recrutement tabilité [29] . Il serait logique de traiter ces malades fortement
alvéolaire mais aussi une hyperaération associée. En combi- recruteurs avec une PEP élevée, cela d’autant plus que la PEP élevée
nant la mesure de la CRF entre deux PEP (5 et 15 cmH2 O) et chez ces malades réduit l’importance des phénomènes cycliques
l’augmentation de volume attendu par le changement de PEP et de d’ouverture-fermeture alors que la PEP élevée n’a pas d’effet chez
Csr (Csr × PEP), dans l’hypothèse où la Csr ne change pas entre les malades avec un faible potentiel de recrutement [98] . Dans
les deux PEP, on peut mesurer le recrutement alvéolaire comme la les deux groupes de potentiel de recrutement, l’augmentation
différence entre ces deux volumes. La corrélation entre les deux du strain de fin d’inspiration est identique. Le gain de recru-
méthodes de mesure du recrutement par cette méthode et celle tement apporté par la PEP élevée contre-balance son risque de
des courbes P-V est étroite. surdistension [98] . Néanmoins, la PEP contrebalançant la pres-
sion imposée par le poids du poumon mesurée au scanner est
Réglage de la PEP basé sur l’espace mort
similaire entre les patients fortement ou faiblement recruteurs
Suter avait montré que la PEP optimale coïncidait avec la valeur
(17 cmH2 O versus 16 cmH2 O en moyenne, respectivement) [99] .
minimale de VD/VT physiologique. L’augmentation du VD/VT
Dans la même étude, aucune des différentes méthodes de réglage
physiologique est liée à la mortalité au cours du SDRA, en reflétant
de la PEP (table PEP/FI O2 , stratégie Express, stress index, Ptp)
soit l’hyperaération, soit la présence de lésions vasculaires pulmo-
n’est d’ailleurs capable de générer un niveau de PEP distinct entre
naires contributives au CPA. La capnographie volumétrique cycle
chaque profil de potentiel de recrutement, sauf la table PEP/FI O2
à cycle s’est développée récemment et permet de mieux disséquer
qui est associée à une PEP plus élevée chez les patients fortement
les aspects fonctionnels de chaque VT exhalé et de faire une ana-
recruteurs. Le même résultat est obtenu quand les malades sont
lyse plus fine du VD/VT. Des études cliniques vont être conduites
classés en fonction des stades de la définition de Berlin : seule
avec cet outil.
la table PEP/FI O2 génère un niveau de PEP d’autant plus élevé
Réglage de la PEP en lien avec les manœuvres de recrutement que le patient est hypoxémique [100] . Il y a donc un ensemble de
La PEP, même si en augmentant la Pplat elle contribue au données qui suggèrent que les malades avec SDRA fort recruteurs
recrutement alvéolaire en fin d’inspiration, est essentiellement un et les plus hypoxémiques devraient recevoir une PEP plus élevée
réglage expiratoire. On a ici un rationnel pour régler la PEP afin que les malades faiblement recruteurs et moins hypoxémiques.
de prévenir le dérecrutement faisant suite à un recrutement que Comme cela a déjà été évoqué, il est délicat de faire l’amalgame
ce soit au cours du cycle ou après la réalisation d’une manœuvre entre hypoxémie et recrutabilité et entre augmentation de la PaO2
de recrutement. Une manœuvre de recrutement est un procédé et recrutement induit par la PEP ou une manœuvre de recrute-
volontaire visant à augmenter la Ptp au-dessus de la pression cri- ment. Une solution serait de stratifier les malades sur la base de la
tique d’ouverture. On va alors volontairement dépasser une Pplat recrutabilité et de tester deux niveaux de PEP, élevé ou bas, dans
de 30 cmH2 O et même aller au-delà du point d’inflexion supé- chaque strate et d’évaluer l’impact sur la mortalité.
rieur de la courbe P-V mais cela pour un temps limité (moins de Réglage de la PEP sur l’imagerie
30–40 secondes). Il existe plusieurs types de manœuvres de recru- Le scanner est la méthode de référence pour détecter les patients
tement, toutes réalisables avec le respirateur : soupirs, maintien recruteurs et d’évaluer l’effet de la PEP sur le recrutement. Cette
d’une pression élevée pendant une brève durée (40 cmH2 O pen- approche n’est toutefois pas réaliste en routine. Des alternatives
dant 40 secondes par exemple) sans cyclage au-dessus de la PEP. sont en cours de développement avec des méthodes non invasives,
Cette approche a été comparée à un groupe contrôle et n’a pas non irradiantes, utilisables au lit du malade, que sont la tomogra-
montré de supériorité sur le devenir du patient [94] . Une straté- phie en impédance électrique et l’échographie pulmonaire.
gie plus complexe consiste à utiliser le mode pression contrôlée
avec une P constante de 15 cmH2 O et augmenter la PEP par
paliers jusqu’à de très haut niveaux (45 cmH2 O avec une pres-
Autres réglages
sion de fin d’inspiration de 60 cmH2 O, ce qui induit une baisse En raison de l’usage de faibles VT, une acidose respiratoire
très importante du VT) pendant deux minutes par séquence [27] . avec hypercapnie se développe. Elle est tolérée tant que le

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pH reste supérieur à 7,20. Elle peut être prévenue ou minimi- Ventilation par oscillations à haute fréquence
sée par la réduction de l’espace mort instrumental (utilisation
Cette méthode n’est plus recommandée actuellement depuis la
d’humidificateurs chauffants et non d’échangeur de chaleur et
publication des résultats d’un essai montrant une mortalité plus
d’humidité, ablation du raccord annelé situé entre la sonde
élevée dans le groupe traité et ceux d’un autre essai négatif.
d’intubation et le circuit du ventilateur) et l’augmentation de la
fréquence respiratoire jusqu’à 35 ou 40 cycles par minute. Cette
tachypnée peut générer une PEP intrinsèque qui peut traduire Assistance respiratoire extracorporelle
l’existence d’une surdistension. La FI O2 est réglée en lien avec le
niveau de PEP si on utilise la table PEP/FI O2 . Sinon, il est recom- Elle connaît un regain d’intérêt actuellement. Il y a deux grands
mandé de la réduire en dessous de 80 % dès que possible pour concepts.
minimiser les atélectasies de dénitrogénation. Il est hautement
recommandé d’éviter toute déconnection intempestive entre le Oxygénation extracorporelle à membrane
patient et le respirateur. Cela peut se produire notamment au cours avec pompe (ECMO)
des aspirations trachéales. Des systèmes existent qui minimisent
Cette technique a été développée dans la décennie qui a suivi
voire évitent totalement (aspiration en système clos) cet inconvé-
la découverte du SDRA. Elle se pratique avec une cannulation de
nient. Certains préconisent une manœuvre de recrutement après
gros calibre, la mise en place chirurgicalement ou par voie trans-
les aspirations trachéales.
cutanée, veinoartérielle ou veinoveineuse, une pompe qui génère
un débit sanguin supérieur à 2 l/min et une membrane à travers
Préservation de la ventilation spontanée au cours laquelle s’effectue l’apport en oxygène. Les premiers essais ont
de la ventilation mécanique été négatifs et la technique a été employée pour épurer le CO2
plutôt que d’administrer l’oxygène. La technique restait ces der-
La suppression de l’activité des muscles respiratoires (sédation nières années très confidentielle. La conjonction de l’évolution
avec ou sans curarisation) avec une assistance respiratoire en du matériel, la publication des résultats d’un essai en Angleterre
volume contrôlé est responsable d’une diminution de la force et l’épidémie de grippe H1N1 a relancé l’intérêt pour cette tech-
contractile du diaphragme avec atrophie au bout de trois jours, nique. Dans cette étude, 90 malades avec insuffisance respiratoire
comme cela a été démontré chez l’animal et chez le patient de aiguë ont été inclus dans le groupe ECMO et 90 dans le groupe
réanimation. Ces données conduisent à postuler que : de contrôle. À six mois, une proportion significativement plus
• la prolongation excessive de la sédation et de la ventilation élevée de malades avait atteint le critère de jugement principal
mécanique en réanimation favorise l’atrophie et la baisse de (être vivant ou être indemne d’incapacité fonctionnelle majeure)
la contractilité du diaphragme, d’autant plus que ce muscle est dans le groupe ECMO que dans le groupe de contrôle. Toutefois,
soumis à d’autres agressions (sepsis, troubles ioniques, baisse la mortalité seule n’était pas différente entre les deux groupes.
d’apport d’oxygène) ; L’ECMO n’était en fait réalisée que dans un seul centre dans lequel
• ces phénomènes pourraient expliquer certains échecs de les patients randomisés dans le groupe ECMO étaient transportés.
sevrage et la prolongation de la durée de ventilation mécanique, Dans le groupe ECMO, 22 malades n’ont jamais été traités par
source de morbidité et d’augmentation des coûts. Une implica- ECMO. Les réglages du ventilateur n’étaient pas colligés. On ne
tion pratique immédiate est de chercher à réduire la durée de sait pas précisément comment les malades du groupe ECMO rece-
sédation pour minimiser l’agression du diaphragme induite par vaient la ventilation mécanique et si une ventilation mécanique
la ventilation mécanique. protectrice avait été appliquée dans le groupe de contrôle. Un large
Une réduction systématique quotidienne de la sédation, par essai est en cours en France dans le SDRA qui évite la plupart
rapport à un groupe de contrôle, chez des malades de réanimation des limites méthodologiques de l’essai CESAR (NCT01470703).
est associée à une réduction significative de la durée de venti- La question en termes de santé publique est importante à plus
lation mécanique et de la durée de séjour. Par ailleurs, il a été d’un titre. Faut-il limiter le nombre de centres experts dans cette
spéculé que la préservation de la ventilation spontanée pourrait technique ou au contraire diffuser largement la technique ? La
augmenter la Ptp dans les régions pulmonaires postérieures et première hypothèse semble la plus raisonnable, malgré le risque
faciliter le recrutement des zones atélectasiées à ce niveau. Des lié au transport, risque qui peut être minimisé. En effet, les équipes
études expérimentales ont montré que le mode BIPAP permet cet expertes sont capables de se déplacer au lit du malade, de mettre
effet de recrutement alvéolaire des régions dépendantes lorsque en place la cannulation veinoveineuse (qui est la plus logique dans
la ventilation spontanée est préservée. Les données cliniques le SDRA), voire veinoartérielle (en cas de défaillance cardiocircu-
sont très fragmentaires. Un essai multicentrique est en cours en latoire associée) et d’assurer le transport du malade vers le centre
France comparant un groupe de contrôle à un groupe dans lequel expert, l’ECMO étant en état de fonctionnement pendant le trans-
les malades sont ventilés en BIPAP après une phase initiale de port. Par ailleurs, la diffusion trop large de la technique risque de
24 heures pendant lesquelles la ventilation mécanique protec- détourner l’attention des réanimateurs de la bonne utilisation des
trice avec sédation et curarisation est appliquée (NCT01862016). réglages du respirateur de façon conventionnelle. Comme souli-
D’autres modes ventilatoires, ventilation assistée proportionnelle gné dans un éditorial, il faut qu’une système de santé puisse offrir
ou assistance ventilatoire ajustée selon l’activité électrique du dia- cette technique pour prendre en charge des sujets jeunes, avec un
phragme, sont en cours d’évaluation. SDRA très sévère et une cause réversible mais pas au prix d’une
augmentation inopportune du nombre de centres référents en la
matière. Un seuil de PaO2 inférieur à 55 mmHg sous FI O2 100 %
Ventilation mécanique non conventionnelle avait été recommandé pour décider de débuter l’ECMO au cours
de la récente épidémie à H1N1 en France, après avoir testé le DV
Oxygénothérapie à haut débit et ventilation et réglé la PEP pour obtenir une Pplat égale à 32 cmH2 O.
non invasive
Un essai récent a montré que l’utilisation d’oxygène à haut Épuration extracorporelle de CO2
débit par canules nasales permet de réduire l’intubation et la L’objectif est de réaliser une ventilation ultraprotectrice c’est-à-
mortalité chez des malades avec insuffisance respiratoire aiguë dire de résolument baisser le VT en dessous de 6 ml/kg et d’associer
hypoxémiante par rapport à un groupe VNI et un groupe oxygène une élimination extracorporelle de CO2 pour s’opposer à l’acidose
seul [101] . Dans le SDRA, la VNI a toujours été utilisée avec précau- respiratoire qui pourrait en résulter. Dans un essai ouvert contrôlé
tion sauf chez l’immunodéprimé sur la base d’études anciennes. et non randomisé, la circulation extracorporelle veinoveineuse
L’analyse post-hoc de l’essai sur l’oxygénothérapie à haut débit avec pompe et faible débit sang (400 ml/min) a permis de corriger
par canules nasales chez les immunodéprimés a montré les mêmes l’acidose, d’abaisser le VT en dessous de 6 ml/kg, d’augmenter
résultats. Il est possible que la VNI provoque des lésions pulmo- la PEP et de maintenir la Pplat dans la cible 25 à 28 cmH2 O.
naires (volutrauma) car de grands VT peuvent être générés au gré La surdistension a diminué et l’aération a augmenté en TDM de
de l’effort inspiratoire du patient. façon significative au troisième jour pour devenir comparables

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Syndrome de détresse respiratoire aiguë  36-969-A-10

Tableau 1.
Messages essentiels au cours des 48 premières heures.
Étapes Nature Action Durée d’évaluation
1 Identification rapide du SDRA en réunissant Début aigu de l’atteinte respiratoire < 2h
4 critères PaO2 /FI O2 < 200 avec PEP ≥ 5 cmH2 O
Opacités bilatérales
Œdème pulmonaire non uniquement dû à une hypervolémie
ou une insuffisance cardiaque
2 Définir le contexte du SDRA Primaire ou secondaire < 2h
Atteinte respiratoire isolée ou associée à une défaillance
extrarespiratoire
Contribution de la paroi thoracoabdominale significative
3 Définir le type morphologique du SDRA Lobaire ou diffus < 4h
4 Sécurisation du patient Oxygénation à haut débit avec canules nasales < 6h
Intubation trachéale
5 Assurer une oxygénation suffisante PaO2 entre 55 et 80 mmHg ou SaO2 entre 88 et 95 % 15 min
6 Protection pulmonaire VT 6 ml/kg de poids prédit par la taille < 2h
Pression plateau < 28–30 cmH2 O
PEP ≥ 5 cmH2 O
FI O2 pour objectifs d’oxygénation
Sédation
Curarisation si PaO2 /FI O2 < 150 avec PEP ≥ 5 cmH2 O
Décubitus ventral si PaO2 /FI O2 < 150 avec PEP ≥ 5 cmH2 O
7 En cas d’hypoxémie sévère (PaO2 /FI O2 < 100) Décubitus ventral < 6h
Monoxyde d’azote
Manœuvres de recrutement
8 PaO2 /FI O2 < 80 mmHg pendant plus de 6 h ou ECMO < 8h
< 55 mmHg pendant 3 h

SDRA : syndrome de détresse respiratoire aiguë ; PaO2 /FI O2 : pression artérielle en oxygène/fraction inspirée en oxygène ; PEP : pression expiratoire positive totale ; VT :
volume courant.

Tableau 2.
Messages essentiels au-delà des 48 premières heures.
Étapes Nature Action
1 Contrôle du bilan hydrique Remplissage si justifié
Diurétiques et remplissage selon des objectifs basés sur PVC et diurèse
Épuration extrarénale avec soustraction liquidienne
2 Si persistance d’une hypoxémie Rechercher facteur hydrostatique
Foramen ovale perméable
Embolie pulmonaire
Atteinte parenchymateuse complexe
3 Détection des PAVM Monitorage infectiologique
4 Détection fibroprolifération TDM
Biopsie pulmonaire
5 Prévention atrophie diaphragmatique Arrêt sédation
Mise en route aide inspiratoire ou autres modes avec ventilation spontanée

PAVM : pneumonie acquise sous ventilation mécanique ; PVC : pression veineuse centrale ; TDM : tomodensitométrie.

au groupe de contrôle. Les marqueurs pro-inflammatoires dans de définir des objectifs clés et des moyens à mettre en œuvre pour
le LBA ont présenté la même évolution. Un essai multicentrique les atteindre au cours de la première semaine d’évolution du SDRA
international est en préparation (NCT02282657). Un essai sur peu (Tableaux 1, 2).
de malades en Allemagne comparant cette stratégie (circulation L’agenda de recherche inclut entre autres :
extracorporelle artérioveineuse sans pompe couplée à un VT de • la mesure fiable et répétée au lit du malade des notions physio-
3 ml/kg poids prédit par la taille) à un groupe contrôle n’a pas logiques fondamentales que sont surdistension, recrutabilité,
montré de différence sur la survie. recrutement, inflammation, à l’échelon régional, pour guider
de façon rationnelle non seulement la ventilation mécanique
mais aussi les traitements extraventilatoires ;
 Conclusion • l’évaluation de P comme objectif thérapeutique pour régler le
VT, la Ptp pour régler le VT et la PEP ;
Les deux préoccupations majeures du thérapeute confronté au • l’évaluation de la stratégie ventilatoire ultraprotectrice.
SDRA sont la protection pulmonaire et le maintien des échanges La prévention reste sans doute la meilleure stratégie. Si le SDRA
gazeux dans une limite raisonnable. Les interventions qui ont est présent dès l’admission en réanimation, la prévention est celle
montré une efficacité significative sur la mortalité sont la réduc- des lésions pulmonaires induites par la ventilation mécanique et
tion du VT, l’utilisation de curares pendant 48 heures et le DV de la phase fibroproliférative, ainsi que celle des PAVM. Si le SDRA
pour des séances prolongées (Tableau 1). Les méta-analyses sug- n’est pas présent à l’admission, la prévention passe par le dépistage
gèrent que la PEP élevée, la restriction liquidienne au-delà de la des sujets à risque, la surveillance attentive de survenue de ses
48e heure seraient bénéfiques sur la survie du patient et/ou sur la critères de définition, la prévention des lésions pulmonaires, la
durée de ventilation mécanique. Dans l’immédiat, il est possible restriction liquidienne.

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36-969-A-10  Syndrome de détresse respiratoire aiguë

Tableau 3.
Application des recommandations de la prise en charge ventilatoire au cours du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) d’après une large étude
prospective réalisée en 2014.
Réglages du ventilateur le premier jour SDRA léger SDRA modéré SDRA sévère
FI O2
Moyenne (IC 95 %) 0,48 (0,47–0,50) 0,62 (0,61–0,63) 0,90 (0,88–0,91)
Médian (1er et 3e quartile) 0,40 (0,40–0,50) 0,60 (0,50–0,70) 1 (0,8–1,0)
VT, ml/kg moyenne (IC 95 %) 7,8 (7,6–7,9) 7,6 (7,5–7,7) 7,5 (7,3–7,6)
PEP, cmH2 O moyenne (IC 95 %) 7,4 (7,2–7,6) 8,3 (8,1–8,5) 10,1 (9,8–10,4)
Traitements additionnels, % (IC 95 %)
Curares 6,8 (4,8–9,4) 18,1 (15,9–20,4) 37,8 (34,1–41,2)
Manœuvres de recrutement 11,7 (9,0–14,8) 17,4 (15,2–19,6) 32,7 (29,3–36,2)
Décubitus ventral 1,0 (0,3–2,3) 5,5 (4,2–7,0) 16,3 (13,7–19,2)
Vasodilatateurs inhalés 3,4 (2,0–5,4) 6,1 (4,8–7,6) 13,0 (10,7–15,7)
Pression œsophagienne 0,4 (0,0–1,4) 0,7 (0,3–1,3) 1,2 (0,6–2,3)
ECMO 0,2 (0,1–1,2) 2,4 (1,6–3,4) 6,6 (4,9–8,6)
Corticoïdes fortes doses 12,3 (9,5–12,5) 16,9 (14,7–19,2) 23,3 (20,3–26,2)

FI O2 : fraction inspirée en oxygène ; VT : volume courant ; IC : intervalle de confiance ; ECMO : oxygénation extracorporelle à membrane avec pompe.

Finalement, il existe un certain écart entre les recommandations [13] Lewis JF, Jobe AH. Surfactant and the adult respiratory distress syn-
ci-dessus validées et la réalité pratique comme l’a montré l’étude drome. Am Rev Respir Dis 1993;147:218–33.
Lung Safe (Tableau 3). [14] Geiser T, Atabai K, Jarreau PH, Ware LB, Pugin J, Matthay MA. Pul-
monary edema fluid from patients with acute lung injury augments
in vitro alveolar epithelial repair by an IL-1beta-dependent mechanism.
Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêts Am J Respir Crit Care Med 2001;163:1384–8.
en relation avec cet article. [15] Thille AW, Esteban A, Fernandez-Segoviano P, Rodriguez JM, Aram-
buru JA, Vargas-Errazuriz P, et al. Chronology of histological lesions
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Remerciements : au Professeur Mojgan Devouassoux (Laboratoire d’anatomie a prospective cohort study of clinical autopsies. Lancet Respir Med
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Syndrome de détresse respiratoire aiguë  36-969-A-10

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36-969-A-10  Syndrome de détresse respiratoire aiguë

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Service de réanimation médicale, Hôpital de la Croix-Rousse, 103, Grande-Rue-de-la-Croix-Rousse, 69004 Lyon, France.
Université de Lyon, Lyon, France.
Institut Mondor de recherche biomédicale, Équipe 13, Inserm 955, Université Paris-Est-Créteil, Créteil, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Guérin C. Syndrome de détresse respiratoire aiguë. EMC - Anesthésie-Réanimation 2017;14(3):1-16
[Article 36-969-A-10].

Pour citation, ne pas utiliser la référence ci-dessus de cet article, mais la référence de la version originale publiée dans EMC – Pneumologie 2017;14(2):1-16
[Article 6-040-P-05].
DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/S1155-195X(16)81062-2

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