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résumé
La survenue d’une maladie MOTS CLÉS ingestion, par exemple lors du port
Évaluation des
infectieuse sur le lieu de risques / Agent
LA CHAÎNE DE de mains contaminées à la bouche,
travail peut être source biologique / Maladie TRANSMISSION ou encore par inoculation (piqûres,
d’inquiétudes. Aussi est-il infectieuse / blessures…) ;
particulièrement important Conduite à tenir / Les infections sont dues à la péné- O l’hôte : représenté par le travail-
que l’équipe de santé au Risque biologique tration puis à la multiplication d’un leur à son poste de travail, appelé
travail puisse rapidement micro-organisme (bactéries, virus, plus loin « sujet exposé », qui peut
évaluer le risque réel de 1. Pour les champignons, parasites 1) dans le présenter des spécificités.
transmission de la maladie parasites, il s'agit corps. Au contact d’une personne atteinte
à partir de la personne d’infestation Le pouvoir pathogène d'un agent d’une maladie à contagiosité inte-
malade (cas source). Cet biologique varie selon l’espèce. Ain- rhumaine, il n’y a risque de trans-
article propose une démarche si un agent infectieux donné peut mission que si l’exposition est
d’investigation afin d’évaluer être pathogène uniquement pour compatible avec le mode de trans-
au mieux le risque en cas certaines espèces animales, à la mission habituel de la maladie.
d’exposition avérée à un fois pour l’homme et l’animal (on Ainsi, un patient tuberculeux re-
germe à transmission parle alors de zoonoses) ou encore présente un réservoir de la bactérie
interhumaine. Le guide uniquement pour l’homme (par Mycobacterium tuberculosis trans-
EFICATT (www.inrs.fr/eficatt) exemple tuberculose, coqueluche, missible par voie respiratoire. Si le
permettra de définir une varicelle…). Cet article concerne patient atteint d’une forme pul-
conduite à tenir adaptée uniquement ce dernier type de monaire tousse et crache, il existe
à chaque situation. maladie, à contagiosité interhu- un risque d’inhalation d’air conta-
maine. miné par les bactéries pour tout
La chaîne de transmission d’une son entourage, les autres malades
maladie infectieuse est composée et les soignants. Mais s’il s’agit d’un
de plusieurs maillons : patient atteint d’une tuberculose
O le réservoir : ici un homme, appe- dont la localisation est exclusive-
lé plus loin « cas source » ; ment osseuse, il n’y a pas de risque
O le mode de transmission propre d’exposition pour son entourage.
à chaque agent biologique : en Selon l’agent biologique en cause :
milieu de travail, ce sera essentiel- O le délai d’apparition des symp-
lement par inhalation, par contact tômes peut se compter en heures,
avec la peau ou les muqueuses, par jours ou mois après la contamina-
tion ; c’est ce que l’on appelle la pé- ner une plus grande sensibilité aux O les circonstances de l’exposition,
riode d’incubation. Dans certains infections (infections récidivantes) afin de définir si celle-ci a pu entraî-
cas, le sujet, bien qu’asymptoma- et/ou un risque accru d’infections ner une contamination.
tique pendant cette période, peut sévères (par exemple infection La « Fiche d’investigation devant une
malgré tout être à l’origine d’une invasive à pneumocoque chez les maladie contagieuse en milieu de
transmission de la maladie ; sujets sous chimiothérapie). Par travail » (annexe 1 pp. 97-98) pré-
O les manifestations sont variées ailleurs, certains agents biolo- sente les questions à se poser pour
(lésion cutanée, pneumonie, hépa- giques habituellement peu ou pas mener à bien une enquête autour
tite…) ; pathogènes peuvent entraîner des d’un cas de maladie infectieuse
O la gravité de la maladie est infections dites « opportunistes » à transmission interhumaine en
variable (simple fièvre, complica- parfois sévères sur des personnes milieu de travail. Les annexes 2 et 3
tions cardiaque ou pulmonaire, fragiles (par exemple aspergillose (pp. 99 et 100) proposent les fiches
décès…) ; en cas d’immunodépression sévère « Cas source » et « Cas exposé », qui
O certaines infections peuvent ou de pathologie pulmonaire sous- permettent de synthétiser les élé-
perturber le bon déroulement jacente, ou toxoplasmose cérébrale ments recueillis au cours de l’en-
ou l’issue d’une grossesse (avor- chez un patient VIH au stade SIDA). quête, de faciliter la prise de déci-
tement, prématurité, malforma- sions et d’en assurer la traçabilité
tion…) comme par exemple la dans le dossier médical.
rubéole. La base de données EFICATT (Expo-
Des facteurs individuels de l’hôte CONDUITE À TENIR EN sition fortuite à un agent infec-
interviennent également dans le MILIEU DE TR AVAIL EN tieux et conduite à tenir en milieu
risque de développer une infection PRÉSENCE D’UN CAS DE de travail) (www.inrs.fr/eficatt),
après une contamination. Ainsi, MALADIE INFECTIEUSE constituée d’une quarantaine de
certaines personnes peuvent avoir fiches « maladies » élaborées par
acquis une immunité vis-à-vis d’un En milieu de travail, sont régulière- des médecins de différentes spé-
agent pathogène après un contact ment rencontrées des situations où cialités et experts du sujet, fournit
avec celui-ci, qu’elles aient été ou des salariés ont été en contact avec les éléments indispensables pour
non malades. Cependant toutes les des personnes atteintes de patholo- réaliser cette enquête et compléter
maladies infectieuses ne procurent gies potentiellement contagieuses. ces documents (annexe 4 p. 101).
pas une immunité durable. Cette situation peut se présenter Elle permet d’aider tout médecin
Une immunité peut également du fait de l’activité professionnelle à évaluer le risque de transmission
être acquise par la vaccination en elle-même (travail en établisse- d’une maladie donnée et à définir,
mais le nombre d’agents infectieux ment de santé, dans les métiers de si nécessaire, la conduite à tenir im-
pour lesquels il existe un vaccin est la petite enfance…) ou au contact médiate, les actions à entreprendre
très limité. À noter que beaucoup d’un collègue présentant une ma- ainsi que le suivi médical à mettre
de vaccins, pour maintenir une ladie infectieuse. en place.
protection efficace, nécessitent des Devant la survenue d’une maladie
rappels réguliers. infectieuse à transmission inter-
Certaines situations peuvent, à humaine en milieu de travail, le
l’inverse, entraîner une baisse de service de santé au travail doit être
l'immunité, comme par exemple sollicité afin de mener des inves-
certains traitements immunosup- tigations le plus rapidement pos-
presseurs donnés après une greffe sible. Cela permettra d’obtenir des
d’organe ou pour des maladies au- informations concernant :
to-immunes, une chimiothérapie O le cas source, pour juger de sa
anti-cancéreuse, certains stades contagiosité ;
de l’infection par le virus de l’im- Ole sujet possiblement exposé, afin
munodéficience humaine (VIH)… d’apprécier sa réceptivité à la mala-
L’immunodépression peut entraî- die ;
O Le cas source était-il présent dans l’entreprise durant la période de contagiosité de la maladie ?
Q Si les conditions d’une contamination potentielle sont réunies, deux questions essentielles :
O Des mesures d’isolement ou d’éviction doivent-elles être mises en place autour du cas source ?
d’incubation est dépassé. Ex : si l’incubation de la maladie en cause est d’une semaine maximum
et que le salarié exposé est vu, sans symptôme, 3 semaines après son dernier contact avec le sujet
source, il n’y a plus de risque.
O En dehors de ce cas, parmi les sujets exposés, quels sont ceux qui sont susceptibles d’être
O Parmi les sujets réceptifs, certains nécessitent-ils une prise en charge particulièrement
urgente du fait d’un risque accru :
- pour eux-mêmes : immunodépression (plus grande fragilité aux infections), grossesse
(pathologie plus grave ou risque pour l’enfant à naître) ?
- pour leur entourage (parent d’un nourrisson…) ?
OQuel est le niveau de risque de chaque sujet réceptif ? Combien de temps et/ou à quelle
Q À l’issue de l’épisode :
- si oui, peut-on agir sur les facteurs de risque d’exposition (par exemple EPI) ?
- une vaccination doit-elle être recommandée ?
O Une prise en charge précoce du sujet exposé est-elle recommandée ?
O Une information dans l’entreprise est-elle nécessaire (par exemple situation épidémique
particulière) ?
- Se demander s'il s'agit d’un risque professionnel avéré. Par exemple : maladie infantile et
milieu de la petite enfance, gale dans le secteur médico-social.
O Si oui, mettre en place les moyens de prévention nécessaires (information, mesures