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NOUVELLE GESTION
RUBRIQUE PATRIMOINE
SELARL : quel placement
pour les réserves ?
ADAPTATION SIMPLIFIÉE
DES LRPG TORIQUES
APPAREILS
D’ÉLECTROPHYSIOLOGIE OCULAIRE
TOPOLINK
Comité scientifique
Jean-Paul Adenis (Limoges)
Vincent Borderie (Paris)
Editorial L’allergie oculaire
Tristan Bourcier (Strasbourg)
Antoine Brézin (Paris)
Béatrice Cochener (Brest)
Danielle Denis (Marseille)
Philippe Denis (Lyon)
’allergie oculaire représente un
L
Serge Doan (Paris)
Pascal Dureau (Paris) motif de consultation très fréquent
Eric Frau (Paris) parmi les pathologies de la surface
Alain Gaudric (Paris)
Yves Lachkar (Paris)
oculaire. Cette dernière serait présente
François Malecaze (Toulouse) chez 15 à 20 % de la population générale
Pascale Massin (Paris) et à l’origine de 15 % des consultations
Christophe Morel (Marseille) chez le médecin généraliste pour une
Pierre-Jean Pisella (Tours)
Eric Souied (Créteil)
plainte ophtalmologique. Ses formes cli-
Ramin Tadayoni (Paris) niques sont variées et son pronostic peut s’avérer extrêmement sévère.
Comité de rédaction Cependant, il n’est pas toujours aisé de faire le bon diagnostic et donc de
Florent Aptel (Grenoble) proposer une prise en charge thérapeutique adaptée. De plus, il est par-
Stéphane Arnavielle (Paris) fois difficile de reconnaître les patients qui nécessiteront un bilan aller-
Catherine Creuzot-Garcher (Dijon) gologique.
Pierre Fournié (Toulouse)
Aurore Muselier (Dijon) Nous avons souhaité, à travers ce dossier, rappeler les différentes
Véronique Pagot-Mathis (Toulouse)
formes cliniques de l’allergie oculaire, leurs particularités et leur prise
Catherine Peyre (Paris)
Maté Streho (Paris) en charge thérapeutique. Quels signes fonctionnels, quels signes
Catherine Vignal-Clermont (Paris) cliniques peuvent nous orienter vers un diagnostic de conjonctivite ou
Benjamin Wolff (Paris) de kératoconjonctivite allergique ? Le rappel des différentes formes cli-
Rédacteurs en chef niques est abordé par le Pr Mortemousque.
Segment postérieur : Vincent Gualino
Tél. : 05 63 03 03 04 Le terrain sur lequel survient la pathologie peut jouer un rôle impor-
v.gualino@cahiers-ophtalmologie.com tant tant sur le plan diagnostique que thérapeutique. La pathologie
Segment antérieur : Thomas Gaujoux pourra être ainsi très différente entre l’enfant et l’adulte ; l’ancienneté
Tél. : 01 34 04 21 44
t.gaujoux@cahiers-ophtalmologie.com
de la maladie sera aussi déterminante. Le Pr Brémond-Gignac nous
détaille les principales caractéristiques de l’allergie oculaire en fonction
Directeur de la publication
Jean-Paul Abadie du terrain.
jp.abadie@cahiers-ophtalmologie.com
La blépharoconjonctivite de contact ou eczéma de contact est bien
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souvent méconnue. L’équipe dijonnaise, en collaboration avec le
Corine Ferraro SARL DifuZion
GSM : 07 88 11 95 57 Dr Collet, dermatologue allergologue, nous rappelle la symptomatolo-
c.ferraro@cahiers-ophtalmologie.com gie et nous présente les molécules ou les allergènes les plus souvent en
Assistante de direction cause dans cette pathologie.
Laetitia Hilly : 01 34 04 21 44
l.hilly@cahiers-ophtalmologie.com Qui dit allergie dit bilan allergologique… Pourquoi le demander ?
Maquettiste Pour quelle forme clinique ? Pour quel patient ? Comment interpréter
Cécile Milhau : 06 26 79 16 43 les résultats ? Quelle est la place de la désensibilisation ? Le Dr Fau-
c.milhau@editorial-assistance.fr quert, nous expose le point de vue de l’allergologue sur les spécificités
Abonnements de la prise en charge de la pathologie allergique ophtalmologique.
(10 numéros par an): France : 55 euros,
Étudiants (à titre individuel et sur L’étendue des traitements à notre disposition amène parfois des
justificatif): 30 euros, Étranger: 70euros interrogations. Quel collyre proposer, selon quel schéma posologique ?
règlement à l’ordre d’Ediss Le Dr Doan nous guide dans nos prescriptions en nous exposant des
Voir le bulletin d’abonnement page 3
schémas simplifiés de prise en charge.
Nous espérons que ce dossier d’actualité vous apportera une aide ou
Ediss,
Immeuble ISBA, Allée de la Gare, une réflexion et vous permettra d’optimiser la prise en charge théra-
95570 Bouffemont, peutique de vos patients souffrants d’allergie oculaire.
Tél. : 01 34 04 21 44 - Fax : 01 34 38 13 99
contact@editorial-assistance.fr Bonne lecture à tous !
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RCS Pontoise B 395 287 766
ISSN : 1260-1055 Aurore Muselier-Mathieu, Catherine Creuzot-Garcher
Dépôt légal à parution Service d’ophtalmologie, CHU de Dijon
Impression
Imprimerie de Champagne
Z.I. des Franchises – 52200 Langres
Adhérent au CESSIM n° 183 • Octobre 2014 Les Cahiers 1
CDO183_P003_int_SOMMAIRE_v2:CDO_153 16/10/14 17:12 Page 3
Couverture : S. Berthemy,
L. Hoffart,
B. Mortemousque.
Sommaire n°183 - Octobre 2014
Les Actualités
15 Gestion. SELARL : Quel placement pour les réserves ? Robert Grosselin
16 Compte rendu de congrès : Euretina 2014 – Mathieu Lehmann
DMLA en pratique 2014 – Laurent Berthon
Symposiums SFO 2014
18 Sécheresse oculaire : de l’écoute du patient à l’innovation thérapeutique – Gilles Martin
21 Surface oculaire et instabilité du film lacrymal – Arthur Ferrero
Cahier Optique
24 Sphère, cylindre et axe : quelles relations ?
Olivier Touzeau
Cahier Contactologie
28 Lentilles rigides toriques : adaptation simplifiée
Sylvie Berthemy
Cahier Matériel
32 Matériel d’électrophysiologie oculaire
Christophe Orssaud
Cahier Chirurgie
36 Le laser guidé par la topographie cornéenne (topolink)
Louis Hoffart
Présentation de l’interne
40 Une endophtalmie endogène bilatérale à Candida albicans
Amine Bensemlali, Marie-Hélène Errera
Bulletin d’abonnement
Oui, je m’abonne aux Cahiers d’Ophtalmologie pour un an (10 numéros)* *déductible de vos frais professionnels
BU 183
France : 55 euros Étudiants français (à titre individuel et sur justificatif) : 30 euros Autres pays : 70 euros
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Merci de préciser : 95570 Bouffemont
Votre mode d’exercice : libéral hospitalier Tél. : 01 34 04 21 44 - Fax : 01 34 38 13 99
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Actualités
Actualités
Hôpital : 60 Millions
Budget de la Sécu 2015 : cure d’austérité de consommateurs
pour la santé stigmatise les abus
sur les dépassements
« Boucher le trou de la Sécu » : maceutique sera l’objet d’une d’honoraires
l’expression commence à prendre taxe, déclenchée au-delà d'un Les chiffres de l’IDS (Institut des
son sens. Le gouvernement a en plafond de chiffre d'affaires an- données de santé) ont permis de
effet déployé les grands moyens nuel. Elle doit permettre d'atté- dresser un état précis de la réalité
pour réduire le déficit du régime nuer l'impact financier des nou- de l’activité libérale dans les établis-
général de la Sécurité sociale, qui veaux traitements, très chers. Le sements hospitaliers publics depuis
s’élèvera à 11,7 milliards d’euros Sovaldi©, un médicament contre 2010 : en 2013, les praticiens hospita-
d’ici la fin de l’année 2014. Et l’hépatite C à 58 000 euros le trai- liers ont facturé 68,7 millions d’euros
parmi les différentes branches qui tement par patient (pour trois de dépassements d’honoraires dans
la composent, l’assurance-mala- le cadre de leur activité libérale. Un
mois), est directement visé.
die est mise à forte contribution : chiffre qui n’a que peu évolué sur les
Pour autant, Marisol Touraine le quatre dernières années. Dans le
elle doit assumer à elle seule 10
martèle : la maîtrise des dé- même temps, selon les données de
des 50 milliards d'économies re-
penses de la Sécurité sociale, l'assurance-maladie, le taux de
cherchés d'ici 2017. La santé est dépassement a diminué pour l’en-
ici directement visée puisque le dont le rythme « n'a jamais été
aussi rapide », ne remettra « pas semble des médecins de 74 % à 56 %.
projet de loi dévoilé le 29 septem- Par exemple, le taux de dépassement
bre prévoit que ce secteur réali- en question la qualité de notre
des chirurgiens a décru de 18 %,
sera une économie de 3,2 mil- système de santé ». Les objectifs
celui des gynécologues-obstétriciens
liards d’euros en 2015. de dépenses de santé ne seront de 8 % et celui des ophtalmologistes
donc pas durcis par rapport aux de 19 %.
Le Gouvernement cible en pre- prévisions : + 2,1 % en 2015, Pour autant, l’enveloppe globale des
mier lieu les dépenses hospita- contre 2,4 % cette année. Côté sommes facturées au-delà du tarif de
lières, qu’il souhaite limiter via réactions, la CGT santé a dénoncé la Sécurité sociale a légèrement aug-
des mutualisations entre établis- « une cure d'amaigrissement sans menté. Explication des enquêteurs :
sements, et des économies sur précédent pour la santé et l'action « les médecins dépassent moins,
les achats hospitaliers, « où des sociale », et a appelé d’ores et déjà mais ces dépassements sont plus
marges très importantes demeu- à manifester le 16 octobre. Les fréquemment facturés aux patients,
rent ». Ainsi, la réorientation vers cliniques (FHP) ont pour leur part notamment parce que le nombre
les soins ambulatoires (hors hô- de spécialistes les pratiquant aug-
déploré « la logique de sanc-
pital) et la réduction des inadé- mente. » En 2013, près de 5 000 prati-
tions ». Et les industriels du mé-
quations hospitalières (lits occu- ciens hospitaliers, sur un total de
dicament (Leem) ont regretté que plus de 40 000, ont exercé une activité
pés de manière non pertinente et le médicament soit « lourdement
non justifiée) devraient permettre privée au sein de leur l’établisse-
pénalisé par le refus d'engager de ment. 43 % d’entre eux (soit 2 107
d’économiser 1,5 milliard d’euros.
véritables réformes de structure. » médecins) étaient installés en sec-
Autre axe d’économie : l'amélio-
teur 2 et, à ce titre, autorisés à factu-
ration de la pertinence de pres- Enfin, le Gouvernement prévoit
rer des dépassements d’honoraires,
criptions ou d'actes par les cli- aussi de mettre la branche « fa-
avec un dépassement moyen par pra-
niques ou les hôpitaux. Les ARS mille » de la Sécu à contribution ticien de 33 000 euros. Ils ne sont
pourront sanctionner les établis- en réduisant sensiblement la du- donc au final pas nombreux à le faire,
sements qui ne respecteront pas rée du congé parental (de 3 ans « mais ceux qui le font ont la main
les contrats établissant des ob- maximum à 18 mois) et en divi- lourde », estime 60 Millions de
jectifs de nombre de prescriptions sant par trois la prime de nais- consommateurs. Qui conclut en
et d'actes. Le gouvernement en- sance (de 923 à 307 euros) à par- citant le rapport 2012 de la commis-
tend également agir sur le prix tir du deuxième enfant, octroyée sion centrale de l'activité libérale :
des médicaments et promouvoir aux couples en dessous de 48 888 « des difficultés subsistent en
les génériques. L’industrie phar- euros annuels de revenus. matière de contrôle de l'activité libé-
rale des médecins des hôpitaux ».
Actualités
Actualités
Actualités
Médicaments
Iluvien®
Nouvel AMM pour Lucentis® : un traitement personnalisé autorisé aux USA
dans le traitement
L’AMM de Lucentis® indiquait que le de l’acuité visuelle et/ou des critères de l’OMD
traitement devait être administré une anatomiques, le traitement n’étant
fois par mois et poursuivi jusqu’à ce repris que si l’état du patient le néces- Iluvien® (190 micro-
que l’acuité visuelle maximale soit site. grammes d’acétonide
atteinte, c’est-à-dire jusqu’à ce que Le suivi de l’activité de la maladie inclut de fluocinolone) est un
l’acuité visuelle du patient soit stable donc maintenant, en plus de l’acuité implant intravitréen à libé-
lors de trois évaluations mensuelles visuelle, les techniques d’imagerie ration prolongée, produit
consécutives effectuées au cours du comme l’OCT ou l’angiographie à la
par Alimera Sciences, que
traitement. Par la suite, l’acuité fluorescéine.
la Food and Drug Admi-
visuelle devait être contrôlée une fois Ces nouvelles dispositions permettent
par mois. Or, comme l’a expliqué le aussi à certains patients stabilisés par nistration (FDA) améri-
Pr Eric Souied lors de la présentation le ranibizumab d’échapper à la visite caine a autorisé dans le
du nouveau libellé de l’AMM de Lucen- mensuelle systématique. traitement de l’œdème
tis®, les praticiens étaient sous la Elles devraient également réduire la maculaire du diabétique
contrainte de ce mode d’administra- charge de travail des ophtalmologistes (OMD). En Europe,
tion et de suivi, alors que l’expérience induite par le développement des IVT. Iluvien® a reçu l’autorisa-
clinique sur des milliers d’observa- tion de mise sur le mar-
tions montrait qu’il ne correspondait Premiers retours sur la seringue ché depuis 2012. Il est
pas à un grand nombre de situations. préremplie
autorisé ou va l’être dans
Ainsi, a-t-il expliqué, 36,9 % des À l’occasion de cette présentation, le plusieurs pays européens.
patients atteints de DMLA n’ont néces- Dr Sylvia Nghiem Buffet (Centre d’oph-
En France, la Haute Auto-
sité que 1 à 3 injections dans l’année talmologie d’imagerie et de laser,
rité de santé (HAS) a émis
(versus 5-6 : 31,8 % et 8-12 : 20,9 %). Paris) a fait un point sur les bénéfices
De même, l’étude RESTORE a montré de la seringue préremplie, nouveau un avis favorable au rem-
que 20 % des patients traités pour un conditionnement du Lucentis® lancée boursement d’Iluvien® par
la Sécurité sociale dans le Étu
OMD n’ont pas nécessité de retraite- par Novartis en avril dernier. Outre une
traitement de l’OMD chro- plu
ment dans les deux ans après la pre- sécurité supplémentaire pour le
mière année de traitement [1]. patient, la suppression des étapes de nique insuffisamment
Le nouveau libellé de l’AMM prévoit une la préparation de l’injection a rendu le répondeur aux traite-
phase d’initiation avec une injection par processus beaucoup plus fluide, avec ments disponibles.
mois jusqu’à ce que l’acuité visuelle davantage de confort et des gains de Iluvien® sera éligible à un
maximale soit atteinte et/ou jusqu’à temps appréciables pour les équipes remboursement à 100 %
l’absence de signes d’activité de la en charge des IVT. Pour évaluer objec- dans le cadre de la classi-
maladie, c’est-à-dire pas de change- tivement ces bénéfices dans les cen- fication Affection de
ment de l’acuité visuelle ni des autres tres privés et hospitaliers français, une longue durée (ALD) du
signes et symptômes de la maladie étude sur la pratique des IVT en vie
diabète. Alimera Sciences
sous traitement continu. réelle, une première mondiale, a été
est néanmoins toujours
Pendant cette phase, au moins trois réalisée. Ses résultats seront présen-
en discussion avec le
injections mensuelles consécutives tés au 14e Esaso Retina Academy
peuvent être nécessaire. (Istanbul) le 15 novembre prochain. Comité économique des
Ensuite, les intervalles de suivi et de produits de santé (CEPS)
traitement doivent être déterminés par concernant la fixation de
1. Schmidt-Erfurth U et al. ; RESTORE
le médecin et être basés sur l’activité Extension Study Group. Ophthalmology.
son prix afin de permettre
de la maladie évaluée par la mesure 2014;121(5):1045-53. un lancement sur le terri-
toire français.
Actualités
Actualités
Optique
IBS Lenses™ : les premiers verres correcteurs Téou : pour ne plus perdre de vue
à double impact visuel et postural ses lunettes
Les verres correcteurs IBS Lenses™ d’Optiswiss, numéro un des verres Atol a eu l’idée de mettre au point des montures
ophtalmiques en Suisse, présentent la particularité d’avoir une croix qui peuvent être géolocalisées via un smart-
noire (discrète) gravée au laser à l’intérieur du verre. L’image de cette phone grâce à une application disponible sur
croix, qui se comporte comme un repère et améliore la stabilité du regard, Androïd et iOS. Une fois synchronisé avec les
arrive sur la rétine avant d’être transmise au cerveau. Or, le système visuel lunettes, le smartphone récupère un signal Blue-
dispose de la capacité à affecter directement le tooth et l’écran change de couleur en fonction
système vestibulaire, donc l’équilibre postural. de l’éloignement de la monture : rouge à plus
Ceci provoque une optimisation immédiate de la de 15 mètres, orange à moins de 10 mètres et
verticalité du porteur qui améliore son équilibre et vert à moins de 5 mètres. En zone de proximité
son confort postural et augmente la stabilité de sa immédiate, elles sont repérables en temps réel
vision binoculaire. par des vibrations et/ou un signal lumineux. À
Les verres IBS Lenses™ s’adressent donc aux plus de 15 mètres (écran gris), on peut enclen-
sportifs en leur apportant davantage de facilité et cher un système GPS qui indiquera où les lunettes
de confort tout en optimisant leurs performances : par exemple, un ca- se trouvent, via Google Map ! Pour préserver la
valier empruntera naturellement la trajectoire idéale, ou un skipper se santé du porteur, aucune onde n’est émise
sentira plus stable lors de ses déplacements et bénéficiera d’une plus lorsque l’utilisateur porte la monture. Grâce à la
grande précision et d’une sensation de facilité dans ses gestes et ma- miniaturisation des composants électroniques,
nœuvres à bord… Les verres IBS Lenses™ sont adaptés à d’autres sports qui logent tous dans une seule branche, le poids
comme le ski, le sport automobile, la randonnée, la marche, etc. Ils sont d’une paire ne dépasse pas les 35 grammes.
disponibles en version correctrice (unifocaux ou progressifs) ou non cor- Disponible à partir de novembre, Téou sera
rectrice, solaire ou non. Informations complémentaires : www.ibs-lenses.com commercialisée au prix moyen de 200 euros.
124 Les
B65394_LUCENTIS indicCahiers
180x120-ML.indd 1 n° 183 • Octobre
16/07/14 2014
11:29
cdo183_P004-012_actus-v3:CDO 16/10/14 10:41 Page 14
Actualités
2014
Sirus Plus de BBGR Les AOP et les ACR se dérouleront les
Ce verre progressif free 12 et 13 décembre, toujours au Palais
form, qui vient élargir la des Congrès de Paris, et proposeront
gamme Intuitiv, Silmo d’Or en 2013, a la particularité plus de 120 sessions interactives et
de stabiliser et d’élargir la zone de vision intermédiaire pratiques dans 10 thématiques, ani-
(+50 % par rapport à un verre standard (photo)). Ceci mées par plus de 150 orateurs et
donne un confort accru en vision intermédiaire et évite experts. La répétition des sessions
les hochements de tête pour trouver la zone nette. Il permet de ne manquer aucun cours
assure une vision stable pendant les mouvements. en raison d’une incompatibilité d’horaires.
Les points forts en 2014
• L’accent des journées Un jour pour être à jour a été mis sur les
Silmo d’Or Basse vision
pathologies rétiniennes, le vendredi, et les inflammations le sa-
Télorion Zoom medi. Cette formule permet de suivre au moins sept ateliers spéci-
Telorion est une start-up fiques à chaque thématique dans une seule et même journée.
française fondée en 2012 qui • Les QCM interactifs porteront cette année sur les rétinopathies
développe des solutions sur diabétiques, la DMLA, les pathologies cornéennes, les infections, le
glaucome, les uvéites et des cas cliniques de neuro-ophtalmologie.
smartphones pour mal-
• Les sessions vidéo aborderont le vendredi : les chirurgies du
voyants et aveugles. glaucome, les chirurgies des voies lacrymales, et le samedi : les
Telorion Zoom est une suite cataractes difficiles, les chirurgies vitréo-rétiniennes.
logicielle offrant un confort • Enfin, les ateliers Votre entreprise médicale traiteront toutes les
de lecture sur smartphone questions administratives, financières et fiscales qui préoccupent
pour les malvoyants leur procurant un confort de lecture l’ophtalmologiste.
grâce à un affichage en très grands caractères et des Les ACR
contrastes couleurs adaptés. Au-delà des fonctions clas- • Les sessions de perfectionnement aborderont le laser femto-
siques entièrement repensées et adaptées (téléphone, SMS, seconde, avec le SMILE, astigmatisme et chirurgie de la cataracte,
e-mails…), il propose un ensemble d’applications pratiques la biométrie pour IOL Premium et post-chirurgie réfractive, avec
essentielles au quotidien des malvoyants comme lire des une session pour les ophtalmologistes « moins avancés » : débuter
documents avec la loupe électronique ou la reconnaissance en chirurgie réfractive.
de caractères intégrée, dicter un SMS ou un e-mail grâce • Les QCM interactifs traiteront les IOL multifocaux, le presbylasik,
à la reconnaissance vocale, se déplacer de manière auto- les topographies cornéennes et les complications en chirurgie
réfractive.
nome à l’aide du GPS piéton/voiture vocalisé, écouter des
livres numériques, des articles de journaux ou la radio, La journée orthoptistes
choisir son t-shirt préféré grâce au détecteur de couleur… Les sept ateliers présenteront des sujets Renseignements
essentiellement pratiques : bilan orthoptique, et inscriptions
Telorion Zoom peut être installée sur un téléphone acquis
dépistage du glaucome avec le champ visuel, • En ligne :
par l’utilisateur (329 euros) ; il est aussi proposé sous forme coordimétrie, rééducation des troubles neuro- www.aop-acr.fr
de pack incluant un téléphone (629 ou 679 euros). visuels, télémédecine et rétinopathie diabé- • En renvoyant le
tique, strabisme du tout-petit et se mettre à bulletin à la fin
jour en chirurgie réfractive. des programmes
SELARL
Quel placement pour les réserves ?
e praticien exerçant en SELARL apprécie, particulièrement depuis trois ans, de pouvoir déterminer
L lui-même son revenu professionnel imposable.
Sa préoccupation, désormais, est de savoir ce qu’il convient de faire de cet argent, maintenu dans la
SELARL, intact d’impôt sur le revenu et contributions sociales. Proposition.
Chaque fois qu’il est question de SEL, il habituellement à quatre à six semaines fruit temporaire, allant habituellement
est nécessaire de rappeler la logique d’honoraires. Au-delà de ce montant de 8 à 12 ans. La formule est très avan-
fondamentale de cette forme de société qu’on dénomme fonds de roulement, ce tageuse parce que le montant investi est
et, au cas précis, de son exploitation sont les réserves. modeste et le rendement, rapporté au
optimale par le médecin ophtalmolo- capital investi est largement supérieur.
giste. La SEL (société d’exercice libé- Les réserves qui restent logées dans Ce revenu est naturellement imposable
ral), dénomination catégorielle dans la SELARL ont un objectif patrimonial et mais, simultanément, la SELARL déduit
laquelle la forme de SELARL (société respecteront trois facteurs spécifiques progressivement le montant investi au
d’exploitation libérale à responsabilité au praticien : ses objectifs de carrière, titre de l’achat de cet usufruit tempo-
limitée) est la plus fréquente, rompt avec son âge et sa sensibilité au regard des raire.
la comptabilité libérale. Elle relève du placements financiers. On est donc très En complément, le praticien peut acqué-
régime des sociétés soumises à l’impôt proche de ce que sont – ou devraient être rir à titre personnel la nue-propriété de
sur les sociétés, avec pour le praticien – ses propres critères pour le placement ces parts de SCPI, dont le prix d’acqui-
une imposition sur la seule rémunéra- de ses capitaux personnels. sition sera fortement diminué puisque
tion qu’il s’est versée et non pas sur le Nous privilégions deux types de place- amputé de la valeur de l’usufruit tem-
bénéfice tel qu’il ressortirait sur un im- ment de nature complémentaire : l’un poraire (moins 30 ou 40 % selon la durée
primé 2035. financier, l’autre immobilier, respectant du démembrement). Il sera ainsi déten-
ainsi, y compris au sein d’une SELARL, teur d’immobilier qui lui rapportera un
La SEL met en réserve ce qu’elle n’a le sage principe de répartition. loyer lorsqu’il aura cessé d’exercer et
pas distribué à son associé pour le dis- ne viendra pas accroître ses revenus
• Le placement financier sera lui-
tribuer un jour, même éloigné, en tota- imposables pendant sa carrière.
même scindé en deux fractions. D’une
lité ou progressivement, à la seule ini-
part, un contrat de capitalisation ou un
tiative du praticien, souvent devenu La SEL est pour l’ophtalmologiste,
compte-titre avec majoritairement des
retraité. si elle est unipersonnelle, une véri-
fonds à capital garanti, type fonds en
Ces réserves sont d’autant plus impor- table tirelire qu’il videra ultérieure-
euros de l’assurance-vie, complété d’un
tantes, que la SEL voit son impôt so- ment et progressivement le jour où
panier d’unités de compte (capital non
ciété limité à 15 % sur 38 120 euros de sa fiscalité marginale ne sera plus
garanti) panachant des fonds dits patri-
bénéfice et qu’elle ne règle pas de aussi gloutonne. Dans cette optique,
moniaux, de gérants différents et à fai-
contribution sociale, soit 32 000 euros il constituera chaque année des ré-
ble volatilité (échelle de risque). Sur
après impôt. Dix années de ce montant, serves durables, échappant aux pré-
cette dernière catégorie, l’objectif – mais
c’est 320 000 euros de capital à placer et lèvements annuels qui le minent, en
il n’est pas assuré – est de servir 5 à 6 %
disponible à la demande, soit pour dé- plaçant raisonnablement sur des
l’an, appréciés sur trois ans.
velopper son activité, soit pour assurer fonds servant un rendement large-
sa sécurité matérielle ultérieure. • Le placement immobilier s’effectue ment supérieur à ceux des comptes
Les réserves d’une telle société ne sont sous forme de parts de SCPI (société à terme tout en se protégeant des
pas assimilables à celles des entre- civile de placement immobilier), ces risques de défaillance de sa banque.
prises qui, elles, doivent disposer de tré- grosses SCI (société civile immobilière)
sorerie pour faire face à divers types qui détiennent de l’immobilier et ser-
d’aléas économiques ou technologiques, vent depuis plusieurs années un ren- Robert Grosselin
à des échéances d’impôt ou taxes, voire dement annuel de l’ordre de 5 %. Mais,
www.grosselin-ega.fr
à des impayés. Pour le médecin, ce type particularité au sein d’une SELARL, contact@grosselin-ega.fr
de trésorerie de précaution correspond nous ne faisons investir que sur un usu-
«
Actualités Compte rendu de congrès
«
Compte rendu de congrès Actualités
Chirurgie vitréorétinienne
DMLA en pratique 2014
Au cours de la conférence ors de la journée d’enseignement qui s’est déroulée à la maison de la Chimie
Retinatech, les Dr S. Rizzo et
C. Eckardt ont présenté les vi-
L à Paris le lundi 19 septembre dernier, l’accent a été mis sur les nouveautés
et stratégies 2015 pour l’utilisation des anti-VEGF au cours de la rétinopathie
tréotomes de dernière géné- diabétique, des occlusions veineuses ainsi que dans la DMLA exsudative.
ration, notamment le Twin
Duty Cycle Cutter (TDC- Œdème maculaire diabétique Occlusion veineuse rétinienne un switch vers le deuxième pro-
Dorc®) : celui-ci utilise une ou- (Pr Massin, Dr Fajnkuchen) (Dr Nghiem-Buffet) duit. Si la réponse est assez po-
verture plus large et une lame En cas d’œdème maculaire cen- Les IVT de Lucentis® et l’utilisa- sitive mais incomplète, on peut
avec deux bords plus cou- tral, la seule injection intravi- tion d’Ozurdex® représentent le garder le même produit ou swit-
pants, ce qui résulterait en une tréenne (IVT) de première inten- traitement de référence. Un trai- cher pour le deuxième produit.
prise plus importante de vitré tion, en monothérapie, à avoir tement précoce est capital dans Si la réponse est positive, on
dans l’instrument, tout en l’AMM et le remboursement est les trois premiers mois afin peut poursuivre avec le même
maintenant un flux d’aspira- le ranibizumab (Lucentis®). L’ef- d’améliorer le pronostic visuel produit et entamer un protocole
tion constant (contrairement ficacité du choix thérapeutique des patients. Le choix entre les évolutif (PRN de 3 à 6 mois, plan
aux vitréotomes classiques) et s’effectue au terme des trois in- deux se fera selon les habitudes and extend ou inject and extend,
une chirurgie plus courte. jections initiales. L’AMM recon- du médecin et le cas considéré, pour trouver l’intervalle de réci-
Le Dr T. Hassan, à l’heure des naît l’arrêt du traitement en cas avec la possibilité de « swit- dive et un traitement d’entre-
instruments de plus en plus d’absence d’efficacité au terme cher» d’un traitement à l’autre. tien sur cet intervalle). Lors du
sophistiqués, a montré un ap- de ce traitement d’induction. Il La dexaméthazone en première switch, deux possibilités s’of-
pareil de vitrectomie portable convient de nuancer cette no- intention sera proposée plutôt frent aux malades : repartir
de troisième génération dont tion car en cas d’amélioration chez le sujet « âgé » même pha- avec un traitement d’induction
les propriétés de coupe, d’as- que, le pseudophaque, l’œil vi- de trois injections ou une seule
anatomique, une amélioration
piration et d’infusion sont pro- trectomisé et en cas d’antécé- IVT du nouveau produit avec le
fonctionnelle retardée peut être
ches des machines actuelles, dents cardiovasculaires récents. même intervalle de traitement
constatée après une 4e, une 5e,
tout en gardant un niveau de Le ranibizumab en première in- que le produit de départ. À effi-
voire une 6e IVT.
sécurité satisfaisant pour des tention sera privilégié plutôt cacité égale, le Dr Cohen utilise
La nouvelle AMM (5 septembre
indications chirurgicales sim- chez le sujet « jeune », en cas plutôt le Lucentis® compte tenu
2014) précise que « les inter-
ples (hémorragie du vitré, pré- d’antécédents de glaucome, d’un passage systémique moins
valles de suivi et de traitement
lèvement vitréen lors d’une d’hypertonie oculaire et de bi- important, même en l’absence
doivent être déterminés par le de conséquence clinique connue.
endophtalmie, débris vitréens thérapie, ou pour des formes
médecin et basés sur l’activité Le nombre important des IVT
importants…). ischémiques sévères.
de la maladie, évaluée par la conduit à une modification pro-
Par un système d’infusion co- Le patient doit être informé du
mesure de l’acuité visuelle et/ou chaine de la fiche SFO (possi-
axiale et de vitréotome rétrac- caractère chronique de la pa-
table, il est possible de réaliser des critères anatomiques ». bilité d’injecter les deux yeux
thologie et des intervalles de ré-
une vitrectomie presque com- Lors du contrôle à six mois, en cidive réguliers. Il faudra trouver le même jour, pour éviter des
plète en mono-manuel (en l’absence d’amélioration, nous l’intervalle idéal de traitement aller-retour multiples, ainsi que
éclairage indirect et sans trou- pourrons proposer dans un ave- nécessaire et suffisant. la suppression d’une antibio-
ble des milieux). Il reste ce- nir proche une injection de cor- DMLA exsudative thérapie post-IVT). Les pers-
pendant de ticoïdes type dexaméthazone (Pr Korobelnik, Dr Cohen) pectives pour les prochains
nombreuses (Ozurdex®), ou d’acétonide de Aujourd’hui, les ophtalmolo- mois comportent l’AMM et le
limitations à fluocinolone (Iluvien®). Il con- gistes ont le choix thérapeutique remboursement de l’Eylea®
la généralisa- vient d’amener chaque patient à entre le ranibizumab et l’afli- pour l’œdème maculaire diabé-
tion de cet ap- son niveau maximal d’acuité vi- bercept (Eylea®), à efficacité tique (OMD) et
pareil : pas de suelle. La première année, le équivalente, ainsi qu’un libre les occulsions
pelage, laser, traitement est intensif et le suivi choix total de suivi (visites, ima- veineuses réti-
échange… si possible mensuel. Enfin, dans gerie) et de traitement/retraite- niennes (OVR)
Mathieu Lehmann un dernier temps, il faut mettre ment. ainsi que
Hôtel-Dieu, Paris en place une stratégie qui per- Il est indispensable de faire une l’Ozurdex®
1. Duker JS et al. The International met de maintenir ce gain (ap- première évaluation après les pour l’OMD.
Vitreomacular Traction Study Group préhender sur différents cycles trois premières IVT. Si l’on ne Laurent Berthon
classification of vitreomacular adhe- de récidives le profil évolutif du constate pas ou peu d’amélio- Centre d’exploration de la
sion, traction, and macular hole.
Ophthalmology. 2013;120(12):2611-9. patient). ration, il conviendra de réaliser rétine Kléber (CERK), Lyon
Les sympos
L’étude Calliope : des patients ont mentionné au moins qualité de vie. Les efforts doivent être
la perception du patient trois symptômes parmi les suivants : tournés sur une meilleure sensibilisa-
D’après la communication du « yeux qui grattent », « yeux sensibles », tion des praticiens au dépistage, en uti-
Professeur Marc Labetoulle « sécheresse oculaire », « gêne oculai- lisant par exemple des questionnaires
L’étude européenne Calliope avait re », « yeux qui brûlent », « yeux rouges », standardisés.
pour objectif de mieux cerner le vécu « yeux qui piquent », « impression d’avoir Avancées thérapeutiques :
du patient atteint de sécheresse oculai- du sable dans les yeux », « œil doulou- les différentes larmes artificielles
re, concernant d’une part son parcours reux ». Les patients ont signalé égale- D’après la communication du
jusqu’au diagnostic et, d’autre part, l’im- ment une influence de la météo sur Docteur Serge Doan
pact de la maladie sur sa vie quotidien- leurs symptômes, notamment le vent Des études [1,2] ont montré que la
ne, l’intérêt étant de mieux connaître le et le soleil. L’atteinte constitue une gêne sécheresse oculaire est plus fréquem-
patient afin de centrer les efforts sur dans la vie quotidienne de deux tiers ment due à une évaporation accrue des
les cas les plus sévères et de dévelop- des patients, une maladie chez 20 %, larmes, liée principalement à un défi-
per des outils d’évaluation utiles et effi- voire un handicap pour 12 % d’entre eux. cit du film lipidique, qu’à une hypo-
caces pour le dépistage, le diagnostic La rapidité du diagnostic semble impac- sécrétion lacrymale. Le film lipidique,
et le traitement de l’œil sec. L’étude était ter la qualité de vie des patients à long situé à la partie la plus superficielle
basée sur un questionnaire validé par terme. du film lacrymal, est constitué de deux
trois spécialistes internationaux aux- Il apparaît donc essentiel d’amélio- couches : une couche fine profonde de
quels ont été soumis 738 patients âgés rer les outils de diagnostic pour opti- lipides polaires hydrophiles (phospho-
de plus de 40 ans, dans cinq pays euro- miser le parcours du patient atteint de lipides) jouant le rôle d’interface avec
péens (France, Angleterre, Espagne, Ita- sécheresse oculaire et améliorer sa la phase aqueuse, et une couche épaisse
lie, Allemagne), atteints de sécheresse
oculaire et utilisant des substituts lacry-
maux depuis au moins six mois, non
porteurs de lentilles de contact. La majo-
rité des patients étaient des femmes de
plus de 50 ans.
Le diagnostic de sécheresse oculaire
avait été porté par un ophtalmologiste
dans la plupart des cas et des pays, mais
en moyenne les patients avaient déjà
consulté deux professionnels de santé
auparavant. L’étude montre également
que le diagnostic est souvent posé tar-
divement, avec une moyenne de 25 à
30 % des cas ayant dû attendre plus de
13 mois entre l’apparition des premiers
symptômes et le diagnostic. Les plaintes
les plus fréquemment rapportées ont
permis de sélectionner neuf items pou-
vant être proposés dans un question- Figure 1. Cationorm®, émulsion cationique, agit efficacement
naire d’aide au diagnostic, puisque 95 % sur les trois couches du film lacrymal.
Les sympos
superficielle de lipides non polaires la charge positive permet d’obtenir une Actualités dans la prise en charge
hydrophobes (triglycérides, esters de tension de surface quasiment égale à de la sécheresse oculaire :
cires et de cholestérol) ayant pour fonc- celle des larmes naturelles ; résultats de l’étude NOSIKA
tion d’empêcher l’évaporation des - améliorer la rémanence en générant D’après la communication
larmes. moins de flou visuel : contrairement à du Professeur Pierre-Yves Robert
Les principales avancées thérapeu- la plupart des larmes artificielles pour NOSIKA est une étude française pros-
tiques en matière de substituts lacry- lesquelles la rémanence est propor- pective multicentrique randomisée de
maux concernent quatre points : tionnelle à la rétention d’eau et donc au phase III dont le but était de démontrer
- agir sur les trois couches du film lacry- flou visuel, l’émulsion cationique ne la non-infériorité de l’émulsion catio-
mal : les carbomères, les gélatines et constitue par un « piège à eau », tout en nique sans conservateur Cationorm® à
les composés à base d’acide hyaluro- ayant un temps de résidence sur la sur- une solution de hyaluronate de sodium
nique ont une forte capacité de réten- face oculaire augmenté grâce à l’at- (Vismed®) prise comme traitement de
tion d’eau et d’adhésion à la couche traction électrostatique avec les cellules référence, chez des patients atteints de
muqueuse mais au prix d’un important de la surface oculaire (figure 2) ; sécheresse oculaire modérée à sévère
flou visuel. L’émulsion cationique Catio- - lutter contre l’hyperosmolarité lacry- associée à une kératite ou une kérato-
norm®, dont la charge positive permet male : celle-ci est délétère et conduit à conjonctivite.
une attraction électrostatique avec les la mort cellulaire. L’utilisation de subs- L’étude a été menée pendant trois
cellules de la surface oculaire chargées tituts lacrymaux hypo-osmolaires,tel mois sur 85 patients, 44 dans le groupe
négativement, agit sur les trois couches que Cationorm®, permet d’agir sur ce Cationorm® et 41 dans le groupe Vis-
du film lacrymal, contrairement aux phénomène par osmocorrection. Une med®. Le critère de jugement principal
émulsions lipidiques anioniques clas- autre manière de lutter contre l’hyper- était le score d’Oxford à un mois, éva-
siques qui n’agissent que sur la couche osmolarité est l’osmoprotection, qui lué sur la coloration de la cornée par la
lipidique (figure 1) ; concerne la L-carnitine, le glycérol, l’éry- fluorescéine et de la conjonctive tem-
- favoriser l’étalement des larmes, de thritol, et le tréhalose. porale et nasale par le vert de lissa-
deux manières possibles : les proprié- Ainsi, les substituts lacrymaux sont mine.
tés non newtoniennes (la viscosité di- de plus en plus adaptés à la physiolo- Les résultats montrent une dimi-
minue lors du clignement palpébral) gie du film lacrymal et doivent agir selon nution significative du score d’Oxford à
concernant l’acide hyaluronique, les car- plusieurs propriétés différentes afin de un mois dans les deux groupes, démon-
bomères et l’HP-Guar/ sorbitol ; et la répondre au mieux aux mécanismes de trant la non-infériorité du Cationorm®
diminution de la tension de surface [3], la sécheresse oculaire en générant le par rapport au Vismed®. Par ailleurs,
# deIl’émulsion
propriété dont
cationique,
moins d’inconfort possible. chez un tiers des patients traités par
Cationorm®, une absence totale de mar-
quage de la cornée à la fluorescéine a
été obtenue à trois mois. Il apparaît éga-
lement une différence significative
en faveur de Cationorm® concernant la
réduction des symptômes de déman-
Emulsion cationique ophtalmique geaison, de douleur et de sensation de
sécheresse oculaire. L’efficacité de
Diffusion Cationorm® a été jugée plus souvent
Temps de résidence
Etalement satisfaisante par l’investigateur que celle
de Vismed®. En revanche, il n’y avait
Peu de flou visuel aucune différence significative entre les
deux groupes concernant l’osmolarité du
film lacrymal.
Cette étude a donc permis de démon-
trer que Cationorm® peut trouver sa
place en tant que substitut lacrymal
innovant dans le traitement de la séche-
resse oculaire légère à modérée et
Figure 2. L’intérêt d’une charge cationique est d’améliorer la rémanence en générant moins d’obtenir le remboursement de Catio-
de flou visuel. norm®, effectif depuis le 8 octobre 2014.
Les sympos
L’œil sec, une maladie difficile algorithme a ainsi été élaboré par tion de l’imprégnation cornéenne à la
à cerner : le groupe de consensus un groupe d’experts de la sécheresse fluorescéine est ≥ 3, le diagnostic d’œil
ODISSEY oculaire (figure 3) [4], permettant le sec sévère peut être posé. Pour les
D’après la communication diagnostic d’œil sec sévère en prenant patients présentant une dissociation
du Professeur Christophe Baudouin en considération un certain nombre de entre signes et symptômes, des critères
L’œil sec peut être schématisé com- paramètres cliniques et biologiques*. cliniques et biologiques supplémen-
me un « cercle vicieux » : lorsqu’une Dans un premier temps, l’évaluation des taires sont nécessaires pour établir le
sécheresse est induite, de nombreux symptômes oculaires et de l’atteinte de diagnostic de sévérité [4].
mécanismes biologiques se déclenchent la cornée est primordiale pour définir Gilles Martin
et ont tendance à s’auto-entretenir. Ainsi, une sécheresse oculaire sévère : ainsi La Pitié-Salpêtrière, Paris
une instabilité du film lacrymal va en- si le score d’intensité des symptômes Bibliographie
1. The epidemiology of dry eye disease.
traîner une série de réactions faisant OSDI ≥ 33/100 et si le score de colora- Rapport du sous-comité d’épidémiologie.
intervenir l’inflammation, qui à son International Dry Eye Workshop (2007). Ocul
tour altèrera la qualité des larmes. On * Quatorze critères cliniques et biologiques Surf. 2007;5(2): 93-107.
ont été discutés en raison de leur intérêt pour 2. Lemp MA et al. Distribution of aqueous-
retrouve ainsi de nombreux facteurs étudier la gravité du syndrome sec : kératite deficient and evaporative dry eye in a clinic-
d’entrée dans le cercle vicieux de la (fluorescéine), hyperosmolarité, test de based patient cohort: a retrospective study.
maladie, qui expliquent alors qu’elle Schirmer, empreinte conjonctivale, kératite Cornea. 2012;31(5):472-8.
filamenteuse, coloration conjonctivale, 3. Lallemand F et al. Successfully improving
puisse persister malgré la suppression atteinte visuelle, blépharite et dysfonctionne- ocular drug delivery using the cationic nanoe-
de sa cause initiale. ment meibomien, blépharospasme, Tear mulsion, Novasorb. J Drug Deliv. 2012;2012:
Il apparaît que la sévérité de la mala- Break-Up Time (TBUT), aberrométrie, micro- 604204.
scopie confocale, marqueurs inflammatoires 4. Baudouin C et al. Diagnosing the severity of
die est souvent difficile à évaluer. En (HLA-DR, MMP-9, cytokines, protéomique), dry eye: a clear and practical algorithm. Br J
effet, le Dry Eye Workshop de 2007 a résistance aux traitements substitutifs. Ophthalmol. 2014;98(9):1168-76.
tenté de catégoriser les malades en
quatre stades en fonction de l’intensité
Preliminary Step : Establish DED Diagnosis with Tear Test (i.e. TBUT)
des symptômes et des signes cliniques.
Mais cette classification ne permet pas
Step 1 : Primary Criteria for Severe DED Diagnosis
d’évaluer la sévérité de la maladie de ./ 0 !"" *+( !"
manière simple en pratique quotidienne
car on trouve fréquemment des patients Yes
No
Primary Criteria
se plaignant de symptômes très sévères Met Discordance Between Primary Criteria
des recommandations pour la pratique Figure 3. L’algorithme diagnostique du consensus ODISSEY pour évaluer la sévérité de la
quotidienne des ophtalmologistes. Un sécheresse oculaire dans les cas où les symptômes et la clinique ne sont pas concordants.
Les sympos
Les sympos
trois temps : 1. fermer les yeux 3 secon- peuvent être utilisées en fonction du
des, 2. serrer les paupières 3 secondes, patient et de sa tolérance. Actuellement,
3. ouvrir les yeux. Elle doit être répétée l’utilisation de substituts lipidiques est
5 fois de suite, au départ 10 fois dans la une piste intéressante dans le DGM.
journée. Cependant, la phase lipidique est com-
La rééducation présente un double plexe et sa substitution n’est pas encore
intérêt : récupérer un clignement satis- totalement maîtrisée.
faisant et forcer la vidange des glandes de Les moyens mécaniques tels que l’uti-
Meibomius. Après un mois de rééducation, lisation d’humidificateurs, de lunettes
on retrouve moins de 10 % de clignements fermées à chambre humide ou de lunet-
incomplets, une amélioration de la qua- tes couvrantes peuvent permettre aux
Figure 2. Coussinets chauffants et massants lité du film lipidique et une amélioration patients de retrouver une activité.
du Lipiflow®.
de sa stabilité, si aucune autre patholo- Les soins de paupières sont indiqués
L’importance du clignement dans gie n’est associée. à tous les stades du DGM (MGD works-
la sécheresse oculaire Le Dr Fauquier a présenté les résul- hop de 2011 [1]), le but à court terme étant
D’après la communication du tats d’une étude portant sur 98 patients. d’améliorer les symptômes et, à long
Dr S. Fauquier Le but était de vérifier la démarche diag- terme, de maintenir la fonction meibo-
Le clignement permet le renouvelle- nostic de TearScience. Ont été analysés mienne car c’est un capital limité. Le DGM
ment et la distribution uniforme du film le questionnaire SPEED portant sur l’auto- étant une pathologie mécanique, il faut
lacrymal. Il assure aussi l’écoulement de évaluation des symptômes par le patient favoriser un traitement mécanique : il est
la rivière lacrymale et entraîne la vidan- lui-même, l’épaisseur de la couche lipi- essentiel de désobstruer les glandes, de
ge des glandes de Meibomius lors de la dique mesurée par le Lipiview® et le nom- purger le meibum qui devient toxique et
contraction de l’orbiculaire. Un cligne- bre de glandes fonctionnelles dénombrées le siège de la prolifération bactérienne.
ment incomplet peut être la porte d’en- par l’ophtalmologiste. L’analyse retrouve Après 5 minutes de soins des paupières
trée dans un nouveau cercle vicieux de la une corrélation significative entre le score classiques, on retrouve une amélioration
sécheresse oculaire. En effet, un cligne- du questionnaire et l’épaisseur du film de 80 % du film lipidique [6], mais le trai-
ment abortif ou une diminution de la fré- lipidique, entre le nombre de glandes tement doit être réalisé quotidiennement
quence du clignement entraînent une fonctionnelles et le questionnaire ainsi car les effets s’arrêtent si le traitement est
mauvaise distribution du film lacrymal et qu’entre le nombre de glandes et l’épais- stoppé. L’avantage du traitement par Lipi-
une mauvaise vidange des glandes de seur du film lipidique mesurée [5]. Le Dr flow® est qu’un traitement unique de
Meibomius. Celles-ci s’engorgent et ainsi Fauquier a conclu en insistant sur la né- quelques minutes dure jusqu’à 12 mois.
débute le cercle vicieux du DGM. cessité de dépister et rééduquer les cli- Le Dr Doan recommande aussi de
Le clignement incomplet peut être gnements incomplets dans la sécheresse prendre en charge les pathologies du cli-
primitif ou acquis (après chirurgie palpé- oculaire et sur la fiabilité des nouveaux gnement (rééducation) qui peuvent être la
brale par exemple). Le mode de vie mo- outils diagnostiques mis à disposition par cause de très nombreux échecs théra-
difie le comportement visuel. La fixation TearScience. peutiques.
d’un écran entraîne une diminution du La prescription d’antibiotiques (cycli-
Prise en charge thérapeutique
clignement par un facteur allant de 3 à 5. nes, azithromycine) est recommandée à
du DGM : place du Lipiflow® des stades plus évolués. Ils ont une action
La rééducation du clignement D’après la communication anti-inflammatoire (anti-métallo-pro-
L’appareil Lipiview de TearScience, du Dr S. Doan
®
téases) et d’amélioration de la qualité du
utilisé pour la mesure de l’épaisseur de Le Dr Doan a rappelé que la prise en meibum (antilipases). En cas d’inflam-
la phase lipidique du film lacrymal par charge du DGM doit être globale. mation importante, l’utilisation de corti-
interférométrie de la couche lipidique, Dans un premier temps, il est primor- coïdes en cure courte peut être néces-
relève également le nombre et la qualité dial de contrôler les facteurs environne- saire. Enfin, la ciclosporine à 0,05 % peut
du clignement. On considère pathologique mentaux aggravants (ordinateur, climati- être utilisée pour les cas rebelles.
la présence de plus de 30 % de cligne- sation, stress), d’arrêter les médicaments
ments incomplets. antidépresseurs anticholinergiques, les Première expérience avec
Une fois diagnostiqué, à l’aide du Lipi- anti-androgènes, l’acide isotrétinoïque, la solution TearScience
view® et de l’examen clinique, on peut le tabac et d’avoir une bonne hydratation D’après la communication
proposer une rééducation du clignement. (boisson). du Dr H. Chenal
Il s’agit d’une séquence d’exercices à réa- L’utilisation de substituts lacrymaux Le Dr Chenal a présenté un modèle
liser par le patient qui se décompose en doit être encouragée. Toutes les classes d’organisation d’une consultation dédiée
Les sympos
à la sécheresse oculaire à l’aide de la
solution TearScience. Une consultation
standardisée permet en effet d’apporter
des solutions pour des patients chro-
niques, demandeurs d’explications. Elle
comprend quatre temps : l’écoute, l’in-
formation, le diagnostic et le traitement
(figure 3).
L’histoire de la maladie et des traite-
ments sont relevés dans la première par-
tie. Le questionnaire SPEED qui évalue
la fréquence et la sévérité des symptômes
est rempli par le patient. L’information
est le second temps : l’anatomie du film Figure 3. Modèle d’organisation
lacrymal, la prévalence du DGM et l’im- d’une consultation dédiée à la
portance du clignement sont expliqués sécheresse oculaire.
au patient.
Des mesures par interférométrie de
la couche lipidique sont réalisées grâce
au Lipiview®. L’évaluation fonctionnelle
des glandes à la pression est réalisée
grâce à un outil standardisé (MGE) (fi-
gure 4). Si moins de 6 glandes sur 15 sont
fonctionnelles, le DGM est confirmé.
Figure 4. Évaluation fonctionnelle
Puis sont évalués les glandes de Mei- des glandes à la pression par le MGE.
bomius en transillumination, l’occlusion
palpébrale, le film lacrymal, le bord libre. SPEED et OSDI, une interférométrie de la
Références bibliographiques
Pour le Dr Chenal, la solution Tear- couche lipidique par Lipiview® et une
1. Nichols KK, Foulks GN, Bron AJ et al. The
Science est un apport important qui per- mesure de la fonction des glandes avec international workshop on meibomian gland
met de standardiser le diagnostic pour le MGE. Les deux traitements se sont avé- dysfunction: executive summary. Invest
une prise en charge précoce, adaptée et rés efficaces avec entre deux et trois fois Ophthalmol Vis Sci. 2011:52(4):1922-9.
2. Lemp MA, Crews LA, Bron AJ et al.
précise. Celle-ci est améliorée avec l’édu- plus de glandes de Meibomius fonction-
Distribution of aqueous-deficient and evapora-
cation des patients et la proposition d’un nelles à trois mois dans les deux groupes. tive dry eye in a clinic-based patient cohort: a
traitement adapté et personnalisé. Le Dr Baumann, a relevé une améliora- retrospective study. Cornea. 2012;31(5):472-8.
tion significative des scores des ques- 3. Blackie CA, Korb DR, Knop E et al. Non-
Résultats d’une étude à trois mois obvious obstructive meibomian gland dysfunc-
tionnaires et de l’examen de la surface tion (NOMGD). Cornea. 2010;29(12);1333-45.
et suivi oculaire dans les deux groupes après les 4. Blackie CA, Solomon JD, Scaffidi RC et al.
D’après la communication du trois mois de traitement. The relationship between dry eye symptoms
Dr A. Baumann and lipid layer thickness. Cornea. 2009;28
La critique principale faite au Lipiflow®
(7):789-94.
Le Dr Baumann a présenté les résul- est son coût de traitement. Toutefois, 5. Fauquier S. The use of the LipiView in clini-
tats de ses travaux comparant l’efficacité le Dr Baumann rappelle que celui-ci est cal practice to identify patients with reduced
de l’appareil Lipiflow® à un masque chauf- à pondérer avec le coût global lié à l’uti- meibomian gland function and dry eye. Com-
fant (MeiboPatch®) dans le traitement du lisation quotidienne de collyres, aux munication acceptée à l’ESCRS 2014, FP 4522.
6. Olson MC, Korb DR, Greiner JV. Increase in
DGM [8]. consultations médicales répétées, à tear film lipid layer thickness following treat-
Trente patients ont été randomisés en l’absentéisme au travail, etc. Elle a rap- ment with warm compresses in patients with
deux groupes : le premier a eu un traite- pelé que le traitement ne présente aucun meibomian gland dysfunction. Eye Contact
Lens. 2003;29(2):96-9.
ment par MeiboPatch® de façon quoti- danger, qu’il est non douloureux et que
7. Greiner JV. A single LipiFlow® thermal pul-
dienne pendant trois mois alors que le son avantage réside en un traitement sation system treatment improves meibomian
second a eu un traitement unique de 12 unique ambulatoire combinant l’amélio- gland function and reduces dry eye symptoms
minutes par Lipiflow®. L’évaluation a été ration plus rapide et plus durable des for 9 months. Curr Eye Res. 2012;37(4):272-8.
8. Baumann A, Cochener B. Évaluation des
faite avant le traitement, puis un et trois symptômes (jusqu’à 12 mois) [7].
moyens modernes de prise en charge du dys-
mois après le traitement. Elle compre- Arthur Ferrero fonctionnement meibomien. J Fr Ophtalmol.
nait un examen clinique, un questionnaire CHU Dijon 2014;37(4):303-12.
Optique
es relations entre les paramètres de la réfraction sont d’autant plus fortes que la
L sphère et le cylindre sont élevés. La sphère est relativement indépendante du cylin-
dre sauf pour les fortes amétropies sphériques qui sont associées à un cylindre plus
élevé. Le lien entre l’axe et la sphère est faible. Les caractéristiques de l’axe sont influen-
cées par la valeur du cylindre. Plus le cylindre est important, plus les axes sont directs
avec une forte symétrie en miroir par rapport à l’axe controlatéral (énantiomorphisme).
Les relations entre la sphère, le cylindre et l’axe sont plus faibles que les relations avec
les paramètres controlatéraux.
Les données réfractives sont difficiles à analyser symétrie directe mais sont le plus souvent l’image l’une
Malgré une utilisation universelle et constante de la de l’autre dans un miroir [2]. Cette symétrie en miroir ou
sphère, du cylindre et de l’axe, les relations entre ces énantiomorphisme est la conséquence de l’embryogenèse
données sont mal connues. L’analyse statistique de la (plan sagittal de symétrie) et s’observe également sur
réfraction à partir des données polaires (sphère, cylindre les différentes structures anatomiques de l’œil (point cor-
et axe) est difficile. Du fait de sa nature directionnelle et néen le plus fin, papilles optiques, vaisseaux rétiniens…).
de son cycle non trigonométrique, l’axe ne peut pas être Mathématiquement, l’énantiomorphisme est maximal
analysé avec des statistiques conventionnelles. Effectuer quand la somme des deux axes (droit et gauche) est égale
une corrélation entre le cylindre et l’équivalent sphérique à 180° (figure 1). Ainsi les couples d’axe « 85° et 95° »
est discutable car les deux variables ne sont pas mathé- « 170°,10° » « 90°,90° » présentent une parfaite symétrie
matiquement indépendantes. En effet, le cylindre entre en miroir. Le degré d’énantiomorphisme présenté par les
lui-même dans la définition de l’équivalent sphérique. deux yeux d’un individu peut être quantifié par la diffé-
Une composante sphérique de la réfraction indépendante rence (en valeur absolue) entre la somme des deux axes
du cylindre peut être obtenue en utilisant la sphère de (droit et gauche) et la valeur 180° (figure 1).
l’expression en cylindre négatif pour les myopes et la
sphère de l’expression en cylindre positif pour les hyper-
Les axes droit
métropes. Les méthodes « non polaires » permettent une et gauche présentent
analyse plus complète de la réfraction au prix d’une for- une parfaite symétrie
mulation plus abstraite et mathématiquement plus en miroir si leur
complexe. somme est égale à
180° (cas du couple
La réfraction présente une forte relation d’axe «150°,30°»).
avec l’œil controlatéral La différence (en
valeur absolue) entre
Les paramètres de la réfraction présentent une forte la somme des deux
relation avec le paramètre correspondant controlatéral. axes et la valeur 180°
La sphère et le cylindre sont le plus souvent proches de quantifie le degré
la valeur controlatérale. Le lien entre les deux yeux est d’énantiomorphisme.
Les axes «120°,30°»
plus fort pour la composante sphérique que pour le cylin-
sont éloignés de 30°
dre comme le montre les coefficients de corrélation de la situation de la
respectifs (r ≈ 0,90 contre r ≈ 0,65 p < 0,001)[1]. Les axes symétrie en miroir.
de l’astigmatisme des deux yeux ne présentent pas une
Figure 1. Définition et quantification de l’énantiomorphisme
CHNO des Quinze-Vingts, Paris des deux axes de l’astigmatisme.
Optique
Degré d’énantiomorphisme = | (axeD + axeG) - 180° | …sauf pour les fortes amétropies sphériques
Une addition ou une soustraction de 180° à la somme Si la composante sphérique de la réfraction et l’astig-
des deux axes doit être pratiquée quand cette dernière est matisme apparaissent relativement indépendants l’un de
respectivement inférieure à 90° ou supérieure à 270° car l’autre dans la population générale, plusieurs études ont
une différence d’axe ne peut jamais excéder 90°. Cette for- confirmé un lien en cas de forte amétropie sphérique
mule quantifie l’écart présenté par les deux axes par rap- (myopie au-delà de -6 D et hypermétropie supérieure à
port à la symétrie en miroir. Le minimum 0° correspond + 4 D). Les forts amétropes sphériques ont un cylindre plus
à un énantiomorphisme parfait et le maximum 90° à l’ab- élevé que le reste de la population (1,15 D vs
sence totale d’énantiomorphisme. Les couples d’axe 0,84 D, p < 0,001, n = 500) [1]. Dans ce groupe, la corréla-
«0°,90° » « 45°,45° » « 30°,60° » sont parmi les moins énan- tion entre la composante sphérique et le cylindre devient
tiomorphes (car la somme des deux axes est égale à 90°). significative (r = 0,20, p < 0,001). Une corrélation plus
Compte tenu du fort lien entre les deux yeux, la réfrac- importante a été rapporté par Heidary dans un groupe de
tion la plus probable que l’on peut déduire à partir des myopes forts ayant une myopie moyenne de -10 D (r =
données controlatérales est la suivante : 0,34, p < 0,001, n = 217) [3]. Comment expliquer le lien
SphèreControlatérale (CylindreControlatéral × Axe en miroir) statistique entre la composante sphérique et le cylindre
En prenant la sphère et le cylindre controlatéraux et en cas de forte amétropie sphérique ? Plusieurs études
l’axe en miroir, l’erreur moyenne (en valeur absolue) est longitudinales ont suggéré qu’un astigmatisme initial
de 0,63 D pour la sphère, de 0,40 D pour le cylindre et de pourrait perturber le processus d’emmétropisation de
23° pour l’axe. l’œil et par conséquent favoriser l’apparition d’une amé-
tropie sphérique (hypermétropie ou myopie). Expéri-
La sphère et le cylindre sont relativement mentalement, il est possible d’induire une forte amétropie
indépendants… sphérique en créant un astigmatisme cornéen.
Dans la population générale, pour la plupart des auteurs
le lien statistique entre la composante sphérique de la Le cylindre influence l’axe et son degré
réfraction et le cylindre est faible ou minime et n’atteint d’énantiomorphisme
souvent pas le seuil de significativité [1]. Ce résultat n’est La répartition des cylindres et des axes n’est pas homo-
guère étonnant car les amétropies sphériques et l’astig- gène dans la population générale (figure 2). Ainsi, les fai-
matisme n’apparaissent pas au même âge compte tenu bles valeurs de cylindre sont plus fréquentes que les
d’une physio-pathogénie différente. L’astigmatisme, sur- valeurs élevées et les axes directs sont beaucoup plus fré-
tout s’il est important, est le plus souvent généré par la quents que les axes inverses et surtout que les axes
toricité de la cornée tandis que l’amétropie sphérique obliques. Le cylindre et l’axe ne sont pas statistiquement
dépend principalement de l’équilibre entre la courbure cor- indépendants comme le montre la distribution très hété-
néenne et la longueur axiale de l’œil. La période de déve- rogène des couples «cylindre-axe». Les axes obliques sont
loppement de la cornée étant brève, la toricité et la presque toujours associés à un faible cylindre. Plus la
courbure de la cornée sont habituellement fixées vers valeur du cylindre augmente, plus la prévalence des axes
l’âge de 3 ans. Le statut sphérique est donc essentielle- directs augmentent au détriment des axes inverses et
ment déterminé par la modification de la longueur axiale obliques (tableau I) [1,4,5].
qui augmente au cours de l’enfance et de
l’adolescence. L’hypermétropie quasi Ce graphique d’Holladay visualise les
cylindres et les axes de l’astigmatisme
physiologique du nourrisson et du jeune réfractif de 500 yeux droits exprimés
enfant régresse avec la croissance du globe en cylindre positif. L’ambiguïté du
durant l’enfance. Quand ce processus cycle de l’astigmatisme a été suppri-
mée par le doublement des axes.
d’emmétropisation est optimal l’œil ne L’origine correspond à un cylindre nul,
présente pas d’amétropie sphérique. Si les différents cercles concentriques
l’œil reste trop court par rapport à la puis- représentant une même puissance
cylindrique de +1D à +4D. Certains
sance réfractive, l’hypermétropie va per- points (en particulier les plus internes)
sister. Au contraire, l’œil va devenir myope représentent plusieurs yeux. Les axes
si la longueur de l’œil devient trop impor- obliques sont presque toujours asso-
ciés à un faible cylindre. Les cylindres
tante par rapport à la puissance. élevés sont le plus souvent associés à
Figure 2. Distribution hétérogène un axe direct plus rarement à un axe
inverse.
des cylindres et des axes de l’astigmatisme.
Optique
Tableau I. Principaux facteurs influençant les caractéristiques de Tableau II. Influence du cylindre sur l’axe de l’astigmatisme.
l’astigmatisme réfractif. Le cylindre a plus d’influence sur l’axe L’augmentation de la valeur du cylindre est associée à une
que l’âge et surtout que la sphère. Les relations entre la sphère et augmentation de prévalence des axes directs et à une plus grande
l’astigmatisme n’existent que pour les fortes amétropies symétrie en miroir avec l’axe controlatéral. Données réfractives de
sphériques (↗ = augmentation, ↘ = diminution, → = stabilité ou 500 yeux droits, p < 0,001 [1].
absence d’influence).
Distribution des axes
Cylindre Symétrie
Axes de l’astigmatisme en miroir
direct inverse oblique
Cylindre Orientation des axes
Symétrie < 1D 27° 43 % 38 % 19 %
en miroir
direct inverse oblique
1 à 2D 15° 54 % 38 % 8%
Cylindre ↗ ‐ ↗ ↘ ↘ ↗
> 2D 11° 79 % 16 % 5%
|Sphère| ↗ ↗ ↗ ↘ → →
Age ↗ → ↘ ↗ → ↘
Les relations entre l’axe et la sphère sont faibles
L’influence du cylindre ne se limite pas aux axes mais Si l’existence d’un axe oblique ou inverse a parfois été
concerne également leur degré d’énantiomorphisme. Le retenue comme un facteur susceptible de favoriser le
degré d’énantiomorphisme des axes est fortement développement d’une myopie forte, les relations entre
influencé par la magnitude de l’astigmatisme alors que, l’axe et la composante sphérique de la réfraction sont
paradoxalement, la valeur elle-même des axes ne sem- assez mal connues. Un lien assez lâche entre l’axe et la
ble pas avoir de rôle majeur dans la symétrie. Plus le sphère peut être facilement masqué par la forte relation
cylindre est élevé, plus le degré de symétrie en miroir des qui unit l’axe et le cylindre, et analyser l’axe indépendam-
deux axes est important. L’influence du cylindre sur le ment du cylindre est statistiquement difficile. Récemment,
degré d’énantiomorphisme des axes s’explique par l’ori- Mandel a montré sur une large population, l’existence
gine de l’astigmatisme. L’astigmatisme cornéen est plus d’un lien significatif entre la composante sphérique et
énantiomorphe que l’astigmatisme réfractif (ou oculaire). l’axe indépendamment du cylindre [5]. Les fortes amé-
Ayant une origine cornéenne quasi exclusive, les astig- tropies sphériques (myopie ou hypermétropie) sont asso-
matismes importants ont un plus fort degré d’énantio- ciées à une augmentation de la prévalence des axes directs
morphisme. Au contraire, pour les faibles astigmatismes, et à une diminution de la prévalence des axes inverses,
la part interne (ou cristallinienne) est loin d’être négli- la fréquence des axes obliques n’étant pas influencée par
geable d’où un plus faible énantiomorphisme. La préci- la composante sphérique. Le lien sphère-axe est toute-
sion des axes subjectifs est également moins élevée quand fois nettement plus faible que le lien cylindre-axe.
le cylindre est faible car, dans ce cas, une erreur d’axe a
moins de conséquence optique. Cette diminution de la
précision de l’axe peut également expliquer le plus faible Bibliographie
degré d’énantiomorphisme des astigmatismes ayant un
1. Touzeau O, Gaujoux T, Bullet J et al. Relations entre les paramè-
petit cylindre, du moins pour la mesure subjective. S’il tres de la réfraction : sphère, cylindre et axe. J Fr Ophtalmol. 2012;
existe un lien statistique important entre l’axe et le cylin- 35(8):587-98.
dre, en particulier si la valeur de ce dernier est élevée, 2. Guggenheim JA, Zayats T, Prashar A, To CH. Axes of astigmatism
l’âge joue également un rôle non négligeable sur l’axe et in fellow eyes show mirror rather than direct symmetry. Ophthalmic
son degré d’énantiomorphisme (tableau II). Physiol Opt. 2008;28(4):327-33.
L’action de l’âge sur l’axe de l’astigmatisme est inverse 3. Heidary G, Ying GS, Maguire MG, Young TL. The association of
à celle du cylindre. Avec la sénescence, la prévalence des astigmatism and spherical refractive error in a high myopia cohort.
Optom Vis Sci. 2005;82(4):244-7.
axes inverses augmente au détriment des axes directs tan-
4. Farbrother JE, Welsby JW, Guggenheim JA. Astigmatic axis is
dis que le degré d’énantiomorphisme des axes tend à
related to the level of spherical ametropia. Optom Vis Sci. 2004;
diminuer. Toutefois, la modification des axes avec l’âge 81(1):18-26.
concernent essentiellement les faibles astigmatismes 5. Mandel Y, Stone RA, Zadok D. Parameters associated with the
ayant un axe direct. Les forts astigmatismes et les axes different astigmatism axis orientations. Invest Ophthalmol Vis Sci.
inverses semblent plus stables dans le temps aussi bien 2010;51(2):723-30.
au niveau des axes ou de leur symétrie.
Contactologie
es LRPG (lentilles rigides perméables au gaz) toriques sont destinées à équiper des
L astigmatismes résiduels sur LRPG sphériques censées corriger un astigmatisme
cornéen inférieur à 2-2,5 D et des astigmatismes internes ou mixtes.
Cet article rappelle les règles de leur adaptation.
Contactologie
rayons de courbure, R1 et R2, dont la différence est supé- On essaie un rayon de 8,10 en
rieure à 0,50 mm (soit 50/100 > 2,5 D). asphérique. L’image fluo est
Dans le cas d’un astigmatisme interne pur, sur cornée meilleure et la RA est de -1,00
sphérique ou dont la différence des rayons de courbure avec un astigmatisme négli-
ne dépasse pas 0,50 mm, on tablera sur une lentille à tore geable qui ne gêne pas l’AV
externe. La géométrie est sphérique sur la face postérieure (figure 3).
et l’on ajoute un tore externe sur la face antérieure, pour Nous commandons donc à
corriger l’astigmatisme interne. droite : une torique interne
(figure 4) : 9,60 8,10 7,70 -3,75,
Figure 3. OG asphérique
Dans le cas d’un astigmatisme mixte, on peut avoir et à gauche : une asphérique
9,60 8,10 -4,00.
recours à des lentilles bitoriques. La géométrie torique 9,60 8,10 -4,00.
interne corrige l’astigmatisme cornéen et stabilise lalen- À droite, la RA est de +0,50 D.
tille. Le tore externe corrige l’astigmatisme résiduel. Effectivement, l’image fluo mon-
tre une lentille un peu serrée
L’adaptation doit se conformer aux recommandations
avec une goutte de fluo qui n’ar-
spécifiques de chaque laboratoire pour la lentille choisie.
rive pas à pénétrer le centre.
Nous commandons alors une
Cas cliniques torique interne (TI) : 9,60 8,20
7,60 -3,75 (figure 5). Les deux
Cas n°1 rayons de courbure ont été res-
Lucas est un jeune homme de 25 ans désireux de ne serrés de la même valeur car il
plus porter de lunettes. D’autre part, il n’est pas satisfait n’y avait pas d’astigmatisme
Figure 4. OD : TI 9,60 8,10 7,70.
de la qualité de sa correction en LSH toriques : résiduel.
- à l’œil droit : -3,00 (-2,75) à 0° avec une kératométrie de
8,10 à 5°, 7,45 à 95° (65/100 = 3,25 D d’astigmatisme) ;
- à l’œil gauche : -4,25 (-2,00) à 10°, avec une kératomé-
trie de 8,05 à 15°, 7,65 à 105° (40/100 = 2 D d’astigmatisme).
Pour lui donner une idée de la sensation physique des
LRPG, nous lui faisons essayer deux lentilles de notre
boîte d’essai (figure 2) :
- à droite : LRPG sphéro-asphérique 9,60 8,20 -3,00. La
réfraction additionnelle qui lui donne la meilleure AV est
de -0,75 (-1,75 à 160°) corroborant l’image fluo caracté- Figure 5. Fluo OD : 9,60 8,20 et OG : 9,60 8,10.
ristique d’une LRPG sphérique sur cornée torique ;
- à gauche : LRPG sphéro-asphérique 9,60 8,00 -3,00. La Cas n° 2
réfraction additionnelle (RA) est de -1,25 (-0,50 à 0°) avec
Oriane est une petite fille âgée de 5 ans. Elle présente
une image fluo qui n’est pas aussi facile à lire qu’à droite :
une ésophorie limite tropie de l’œil droit (figure 6) et nous
la lentille semble serrée au centre, en haut et sur les
est adressée pour une adaptation en LRPG.
bords.
Sa réfraction est :
- OD : -12,00 (-2,50) à 0° et AV de 0,1 P2 faible ; kérato-
métrie : 7,90 à 0° et 7,40 à 90°,
- OG : -5,00 et AV de 0,6 P1,5 ; kératométrie : 7,95 à 0° et
7,70 à 90°.
Figure 6.
Oriane avec
ses lunettes sur
Figure 2. Fluo OD : 9,60 8,20 et OG : 9,60 8,00. lentilles car ne
veut plus les
quitter !
Contactologie
Figure 10.
Léa à 3 ans
et à 8 ans.
Cas n°4
Milla, née en 2001, consulte à 12 ans pour avoir des len-
tilles de contact.
Figure 8. Choix final. Sa réfraction est de :
OD : LRPG ZBTC : diamètre : 10,10, rayons : 8,00/7,60 P-10,50.
- à droite : +5,25 D avec des rayons de 7,80/7,70 à 90° ce
OG : LRPG EX-Z : diamètre : 9,80, rayon : 7,90 P-4,75.
qui donne un astigmatisme conforme de 0,50 D ;
- à gauche : +3,50 (-1,00) à 180° et des rayons de 7,90/7,50
à 90°, soit un astigmatisme conforme de 2,00 D et donc
Cas n°3
un astigmatisme interne de 1,00 D.
Léa, née en 2005, est amenée en consultation à l’âge On choisit (figure 11) :
de 2 ans pour apparition d’un strabisme convergent de l’œil - à droite une LRPG de diamètre 9,60, de rayon 7,90 et de
droit. Son fond d’œil (figure 9) montre à droite des fibres puissance +5,50 D ;
à myéline étendue, souvent source de myopie. L’œil gauche - gauche, une LRPG à tore antérieur, de diamètre 9,60,
est normal. de rayon 7,90 et de puissance +4,00 (-1,00) à 90°, l’astig-
Contactologie
matisme cornéen étant pris en charge par la partie pos- OG : -3,25 (-1,75) à 90° 8,15/8,20 à 90°. AC inverse de
térieure sphérique de la lentille et l’interne par sa face 0,25 et interne inverse de -1,50.
antérieure.
À droite, nous essayons à nouveau une lentille sphéro-
Cas n°5 asphérique de 9,60 8,20 -3,00 et nous retrouvons une RA
de +0,50 (-1,00) à 90°. La lentille, corrigeant l’astigmatisme
Romain est un jeune homme de 30 ans qui consulte pour
cornéen, accentue l’astigmatisme inverse de sa réfrac-
un renouvellement de ses lentilles rigides car il a perdu
tion en lunettes.
la lentille droite et en a pris une ancienne avec laquelle,
dit-il, il voit mieux. Nous avons donc commandé deux lentilles à toricité
antérieure, que nous avons discrètement aplaties, compte
Son ordonnance porte les caractéristiques des len-
tenu des images en fluorescence :
tilles portées :
OD : 8,25 -2,50 (-1,00) à 90°,
OD : sphéro-asphérique de diamètre 9,60 et de rayon 8,20
OG : 8,25 -2,25 (-1,50) à 90°.
-2,75 ;
OG : torique antérieure de diamètre 9,60 et de rayon 8,20
-2,50 (-1,50) à 90°.
Conclusions
Son AV est de 12/10 ODG.
C’est un défi gratifiant et un véritable plaisir d’équiper
Sa RA est de -0,25 (-0,50) à 0° à droite et de (-0,50) à 80°
des patients en lentilles rigides d’astigmatisme.
à gauche.
1. Pour un astigmatisme inférieur à 2,50 D, on essai une
Or à la lampe à fente (figure 12), on note qu’il porte deux
lentille de révolution et en fonction de la RA sur lentille
lentilles toriques antérieures !
d’essai :
- inférieur à 1,00 D et non gênant pour l’AV, on ne change
rien,
- supérieur à 1,00 D, on commande une lentille torique
antérieure.
2. Pour un astigmatisme supérieur à 2,50 D, on essai
une lentille torique interne et en fonction de la RA sur len-
tille d’essai :
- inférieur à 1,00 D et non gênant pour l’AV, on ne change
rien,
Figure 12. OD : FT 9,60/8,20 ; OG : FT 9,60/8,20, fluo un peu serrée. - supérieur à 1 D, on commande une lentille bitorique
(ajouter un tore antérieur).
Nous reprenons les kératométries et la réfraction en Dans le deuxième cas, si la réfraction vous fait douter
le faisant revenir l’après-midi : de l’efficacité d’une lentille torique interne simple, l’aide
OD : -3,00 (-0,50) à 90°, 8,15/7,95 à 90°. Astigmatisme technique du laboratoire de fabrication de la lentille choi-
cornéen (AC) conforme de 1 D et réfractif inverse de 0,50 ; sie aide à définir les paramètres à fabriquer.
Création d’un centre d’appel et de conseils sur la déficience visuelle en région PACA
Une plate-forme d’appel et de conseils, ex- positifs d’accompagnement liés à la défi- Ce dispositif original a été créé par l’Associa-
clusivement dédiée à la déficience visuelle, cience visuelle, les professionnels et les ser- tion de réadaptation et réinsertion pour l’au-
vient de s’ouvrir à Marseille le 16 octobre. vices de réadaptation, les services d’aide à tonomie des déficients visuels (Arradv) en
Son objectif est répondre à des demandes domicile… Ce centre, dénommé CAC-DV, partenariat avec le groupe Malakoff Médéric
émanant aussi bien de particuliers que de donnera également des conseils pratiques et le soutien du conseil général des Bouches-
professionnels concernant les difficultés liées sur les aides techniques spécifiques, l’adap- du-Rhône et de la ville de Marseille.
à une atteinte visuelle sévère de la personne tation de l’habitat, les transports adaptés... *Numéro vert : 0800 013 010
adulte sur des sujets comme : les démarches Un numéro vert et deux sites ont été ou- • Site grand public : www.arradv.fr
administratives, l’accès aux droits ou aux dis- verts*. • Site professionnels : www.abc-de-la-dv.fr
Matériel
près un premier article montrant ce qu’on pouvait attendre des ERG et quand les
A demander1, et en attendant la même analyse sur les PEV et les EOG prévue début
2015, les Cahiers d’Ophtalmologie font le point sur les appareils d’électrophysiologie
distribués en France. Sont donc exclus les matériels étrangers disponibles sur Internet
mais n’ayant pas de distributeur en France et/ou ne disposant pas des différents mar-
quages CE 2.
Sont donc passés successivement en revue les appareils de Metrovision et de la société
allemande Roland.
La réalisation de bilans électrophysiologiques, qu’il s’agisse la réalisation de nouveaux examens ou l’évolution du maté-
d’ERG, de PEV ou d’EOG sensoriels, nécessite de disposer : riel vers de nouvelles pratiques. Il faut donc bien analyser ses
- d’un stimulateur permettant de délivrer des stimulations attentes et ses besoins avant de décider d’un achat.
visuelles adaptées dans leur structure (flashs ou damiers), Des différences existent également au niveau des unités
durée, intensité, longueur d’onde, fréquence, au type d’exa- de recueil et de traitement des données. Mais ces différen-
men électrophysiologique effectué. Il peut être fixe, articulé ces sont plus techniques. De plus, s’agissant de matériel
pour s’approcher au plus près de patients peu mobilisables, informatique, ces unités de traitement des données peuvent
ou mobile, permettant de se déplacer au lit du patient (flashs facilement être remises à jour.
portables) ;
- d’une unité de pilotage du stimulateur permettant de géné-
rer les stimulations à délivrer. Certains systèmes sont ouverts Metrovision3
permettant de modifier les paramètres de stimulation des dif-
férents examens. D’autres appareils ne permettent que de Cette société propose une gamme d’appareils qui, pour cer-
choisir au sein d’un ensemble prédéterminé de programmes tains, permettent la réalisation d’autres examens complé-
de stimulation ; mentaires (champ visuel, sensibilité au contraste, adaptation
- d’une unité de recueil, d’amplification et de traitement des à l’obscurité, pupillométrie, motricité oculaire…) par adjonc-
données. Elle assure également la restitution des résultats tion de programmes spécifiques. Ce type d’appareil est par-
de l’examen, parfois sous différentes présentations. ticulièrement intéressant dans les services où les examens
Les latences de certaines ondes sont inférieures à d’électrophysiologie ne sont réalisés que de façon occasion-
90 ms. Il est donc indispensable que soit assurée une parfaite nelle.
synchronisation du recueil des réponses visuelles ou céré-
brales avec les stimulations lumineuses. Afin d’optimiser Les configurations d’appareils
cette étape, les unités de pilotage du stimulateur et de recueil Les appareils proposés sont tous compatibles avec les
des données sont actuellement couplées au sein de machine standards de l’International Society for Clinical Electrophy-
plus ou moins compactes ne nécessitant pas d’ingénieur siology of Vision (ISCEV) et agréés pour les applications médi-
pour les faire fonctionner. cales (marquage CE de classe IIA).
Les différences les plus importantes entre les systèmes
d’électrophysiologie portent sur le stimulateur et sur son
1. Orssaud C. Les différends ERG : qu’en attendre et quand les
unité de pilotage. Ainsi, l’acquisition d’un stimulateur-unité demander. Les Cahiers d’Ophtalmologie n° 178 - Mars 2014.
de pilotage spécifique peut s’avérer un facteur limitant pour 2. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas retenu le matériel
de la Société SIEM qui propose des appareils d’électrophysiologie
visuelle destinés à la recherche. Mais ceux-ci ne disposent pas du
Groupe hospitalier universitaire Paris-Ouest et Hôpital marquage CE nécessaire dans le cadre d’une utilisation clinique.
européen Georges-Pompidou 3. www.metrovision.fr/
Matériel
a.
Matériel
Ta
ca
st
MonCvONE tube xénon pour obtenir des stimulations flashs blanches de dif
Ce dernier-né de la gamme Metrovision est plutôt dédié haute intensité (jusqu’à 95 cd/m²). Cette coupole comporte un
à la réalisation d’examens du champ visuel / périmétrie sta- point de fixation (deux pour les EOG) et une caméra pour véri-
tique et cinétique. Une option permet de réaliser des ERG et fier la stabilité du patient ;
PEV en stimulations flashs. - un moniteur LCD de 19 pouces de diagonale et de luminance
de 80 cd/m² pour les stimulations structurées, damiers ou
Le logiciel d’analyse et de stockage bandes alternantes. Celles-ci peuvent être présentées sur
Ces différentes configurations sont dotées d’un amplifi- l’ensemble de l’écran, une seule moitié ou au niveau d’un
cateur de 2 à 5 voies et pilotées à partir d’un PC standard de seul cadran. Le contraste de ces stimuli peut être modulé de
type tablette, tour ou portable. La détection des différentes 3 % à 99 %. Des tests particuliers peuvent être générés pour
ondes peut être effectuée automatiquement ou manuelle- les examens pédiatriques.
ment. Le logiciel d’analyse calcule le pourcentage de fiabi-
lité des réponses, indiquant si l’onde considérée se différencie RETIgamma + ERGmf / RETIgamma Plus
du bruit de fond. Enfin, pour les examens réalisés dans des Cet appareil diffère peu du précédent dans ses modules
conditions standard, y compris les ERGmf, les réponses obte- de base, tant au niveau des stimulateurs que du système de
nues peuvent être comparées à une base de données de préamplification-amplification 4 voies. Le moniteur est légè-
sujets normaux, recueillies dans les mêmes conditions. rement différent, avec une diagonale de 21 pouces permet-
L’analyse des ERGmf est effectuée d’une manière globale tant une exploration des 30° centraux de la rétine. Il est fourni
ainsi qu’anneau par anneau. un logiciel permettant de réaliser des ERGmf (RETIgamma
+ ERGmf) ou des ERGmf et des PEVmf (RETIgamma Plus).
Roland4
RETIcompact IIP / RETIcompact IIPS
Cette société allemande propose une gamme étendue Contrairement au système RETIgamma, le RETIcompact IIP
d’appareils d’exploration ophtalmologique et notamment d’é- est un appareil réunissant en une seule unité deux types de
lectrophysiologie oculaire. stimulateurs : une coupole Ganzfeld pour les stimulations
par flashs et un écran vidéo pour les stimulations structu-
RETIgamma (figure 2a) rées. Ce système est ainsi d’un encombrement moindre, tout
Cet appareil permet la réalisation des ERG et des PEV en offrant la possibilité d’effectuer des examens électro-
flashs et pattern et des EOG sensoriels ou moteurs. Il asso-
cie plusieurs éléments au sein d’un même ensemble :
- une unité de pilotage fonctionnant sous Windows et per-
a.
mettant de commander les différents éléments de cet appa-
reil et d’afficher les résultats. Ceux-ci peuvent être exportés
dans un fichier Excel pour analyse statistique. Un graveur de
CD permet l’archivage des résultats.
Cet appareil est livré avec des programmes permettant la
réalisation de différents examens (ERG ou PEV flash et pat-
tern). Néanmoins, il est possible de créer des programmes
de stimulation personnalisés. Cet appareil est équipé d’un pré-
amplificateur et d’un amplificateur digital 4 voies dont la sen-
sitivité va de 10 μV/div à 20 mV/div. Il intègre un DSP (Digital
Signal Processing Filter) avec des valeurs de filtre passe haut b. c.
de 0,02 Hz à 1 kHz et de filtre passe bas de 20 Hz à 10 kHz ;
- un couple Ganzfeld de 40 cm de diamètre, équipé de LED.
Les caractéristiques des stimulations sont présentées
tableau I. Cette coupole permet également des stimulations
on-off dont la durée peut être programmée de 1 ms à 1000 ms
par pas de 1 ms. Il est possible d’adjoindre à cette coupole un
4. www.roland-consult.com/cms/ Figure 2. a. Appareil RETIgamma.
Distributeur en France : Blondet Consultants : La coupole est à gauche sur la table,
www.bcinstrument.com (Produits / Electrophysiologie visuelle) le stimulateur LCD au centre et l’écran de
visualisation à droite. b. Appareil RETImap.
c. Système RETIcom pattern, avec un écran
34 Les Cahiers
LCD permettant de proposer des
stimulations structurées.
cdo183_P032-035_Materiel_Orssaud-new:Matériel 17/10/14 10:45 Page 35
Matériel
Tableau I. Principales
caractéristiques des METROVISION ROLAND
stimulations flashs des
différents systèmes. MonPackONE MonBaby MonColor RETIgamma RETIcompact IIP / IIPS RETIcom
de 2 à 5 000 ms
dès 2 ms //
Durée intervalle de modulable modulable
pas de 1 ms
1 à 30 000 ms
Fréquence jusqu’à 30 Hz modulable modulable
2
3 cd/m // 2 cd/m2 //
de 0 à 600 cd/m2 // 3 cd/m2 //
15 cd/s/m2 modulable de -40 dB à +5 dB modulable de -40 dB à +5 dB
pas de 0,05 unités jusqu’à modulable de
Luminance
log 150 cd/s/m-2
(150 cd/s/m2 → flashs blancs de -50 ou → flashs blancs de -50 ou -2 dB à +5 dB
MonColor PLUS) -45 dB ou de -5 ou 0 dB -45 dB ou de -5 ou 0 dB
Flashs
→ flashs colorés (pas de 5 dB) → flashs colorés (pas de 5 dB) (pas de 5 dB)
violet (414 nm),
blanc,
bleu (465 nm), blanc,
toutes les bleu royal (455 nm),
blanches, vert (525 nm), bleu (470 nm),
combinaisons de bleu (470 nm),
Couleurs bleues et rouge (619 nm) et rouge (625 nm)
blanc, rouge, bleu vert (525 nm),
rouges rouge profond LED colorées additionnels
et vert ambre (590 nm),
(660 nm) et leurs (bleu royal, vert ou ambre)
rouge (625 nm)
combinaisons
blanc → 1 000 cd/m2, blanc → 25 cd/m²,
de 0 à 100 cd/m2 bleu royal → 100 cd/m², 100 cd/m² et 450 cd/m², 25 cd/m2
Luminance // pas de 0,05 unités bleu et rouge → 200 cd/m², colorés → 10 cd/m²,
Fond log vert → 500 cd/m², 15 cd/m², 20 cd/m²,
ambre → 750 cd/m² 25 cd/m² et 50 cd/m²
Couleurs
physiologiques selon les normes ISCEV (ERG et PEV flash, ERG Le RETIcompact IIPS possède les mêmes caractéristiques,
et PEV pattern, EOG sensoriel, étude des cônes S, PEV steady mais permet également la réalisation d’ERGmf avec des sti-
state). Il est possible d’ajouter des programmes optionnels muli limités à 61 hexagones.
permettant d’utiliser cette unité pour la réalisation d’autres
types d’examens : nystagmographie, sensibilité aux contras- RETIcom
tes, mesure de l’acuité visuelle, électromyogramme (en vue Il s’agit d’un boîtier de stimulation-amplification du signal
de traitement par la toxine botulique). Il comprend : auquel est connecté un stimulateur flash portable (dit mini
- une unité de pilotage fonctionnant sous Windows et per- Ganzfeld) et un ordinateur portable sous Windows pour le
mettant de commander les différents éléments de cet appa- traitement des données, l’affichage et le stockage des résul-
reil et d’afficher les résultats. Elle comporte les mêmes tats. Il permet la réalisation des ERG et PEV flash ou flicker
caractéristiques que celle du RETIgamma. Le RETIcompact IIP et des ERG on-off. Il est équipé d’un amplificateur digital
est équipé d’un préamplificateur et d’un amplificateur digi- 2 voies dont la sensitivité est comprise entre 10 μV/div et
tal 2 voies dont la sensitivité va de 10 μV/div à 20 mV/div. Il intè- 20 mV/div et les valeurs de filtre passe haut de 0,02 Hz à 1 kHz
gre un DSP avec des valeurs de filtre passe haut de 0,02 Hz et de filtre passe bas de 30 Hz à 10 kHz. Le flash portable est
à 1 kHz et de filtre passe bas de 20 Hz à 10 kHz. Il est possi- constitué de LED blanches (tableau I).
ble, en option, d’associer un second amplificateur 2 voies ; Une version RETIcom pattern (figure 32c) associe au RETI-
- un couple Ganzfeld de 40 cm de diamètre délivrant des com un moniteur de 19 pouces de diagonale pour la réalisa-
flashs (tableau I). Cette coupole permet également des sti- tion de stimuli structurés. Les caractéristiques de ce dernier
mulations on-off dont la durée peut être programmée de 100 sont identiques à celles du RETIgamma présenté plus haut.
ms à 500 ms par pas de 50 ms. Il est possible d’adjoindre à
cette coupole un tube xénon pour obtenir des stimulations RETImap (figure 2b)
flashs blanches de haute intensité (jusqu’à 63 cd/m²), des Cet appareil combine un SLO confocal non mydriatique
LED colorées (bleu royal, vert ou ambre) pour la génération infrarouge avec deux modules d’électrophysiologie (RETI-
de flashs colorés ou pour la luminance de fond (longueur port et RETIscan), permettant ainsi la réalisation simultanée
d’onde unique ou combinaison de LED colorées). Il est pos- de bilan électrophysiologique (ERG, ERG pattern, PEV flash
sible d’en faire varier l’intensité par rapport à la luminance. ou pattern, ERGmf) et une étude topographique rétinienne.
Des lunettes flashs peuvent être utilisées pour la réalisation Ces deux modules permettent la réalisation de bilans électro-
d’examen chez l’enfant ; physiologiques sur les 30° centraux à l’aide d’un projecteur
- le moniteur LCD a les mêmes caractéristiques que celui du spécifique.
système RETIgamma.
Chirurgie
e topolink est une technique de chirurgie réfractive qui désigne les traitements par
L photoablation laser personnalisés en fonction de la topographie cornéenne.
Son principal objectif est de normaliser le profil cornéen par lissage de la surface anté-
rieure cornéenne, notamment dans la correction des irrégularités cornéennes cicatri-
cielles post-infectieuses ou post-traumatiques ou en présence d’un kératocône.
Les profils d’ablation réalisés par la technique du topo- patient en comparaison à un traitement pupillo-centré.
link (ou laser guidé par la topographie cornéenne) visent Également, les traitements de régularisation cornéenne
à corriger les aberrations optiques cornéennes de haut présentent des résultats encourageants en présence
degré en complément du traitement de l’erreur réfrac- d’aberrations élevées préopératoires comme en cas de
tive sphéro-cylindrique [1]. Ils nécessitent l’utilisation de décentrements ou de zone optique de diamètre réduit [2].
données issues de la topographie cornéenne ou de l’aber-
rométrie. Le processus d’ablation laser du tissu cornéen Les avantages du laser topoguidé
par cette technique est complexe. En effet, il dépend de
la précision de la technologie du laser utilisé, de l’expé- • Supériorité de traitement de l’astigmatisme cornéen :
rience chirurgicale de l’opérateur mais également de la le fait de traiter un astigmatisme cornéen en adaptant le
précision des mesures topographiques ou aberromé- profil d’ablation en fonction des caractéristiques topo-
triques sur lesquelles est basé le calcul du profil d’abla- graphiques du patient (symétrie, régularité de l’astig-
tion laser (figure 1).
Le principal objectif de Figure 1. Chaîne de calcul
l’ablation laser topoguidée est d’un profil d’ablation
de normaliser le profil cornéen personnalisé dans le cadre
par lissage de la surface anté- d’un traitement topolink.
rieure cornéenne. La principale
indication de ce traitement est
la correction des irrégularités
cornéennes cicatricielles post-
Placido Scheimpflug
infectieuses ou post-trauma-
tiques ou en présence d’un
kératocône. Ce mode de trai-
tement a également un intérêt
dans le cadre de la chirurgie
réfractive conventionnelle : ce
traitement basé sur la topo-
graphie cornéenne permet un
centrage sur l’apex cornéen,
qui est une meilleure approxi-
mation de l’axe visuel réel du
Service d’ophtalmologie,
Hôpital de la Timone, Sélection des cartes topographiques Calcul d’un profil d’ablation personnalisé
Marseille
Chirurgie
matisme) permettent une correction personnalisée du haitable d’utiliser un système de mesure basé sur la topo-
cylindre. graphie spéculaire. En présence d’une irrégularité cor-
• Prise en compte de l’angle kappa : le profil d’ablation néenne centrale, il est préférable d’utiliser un système
est centré sur l’apex cornéen qui est une bonne approxi- Scheimpflug.
mation de l’axe visuel du patient (en comparaison au
centre pupillaire). Ceci est particulièrement important Topographie cornéenne vs aberrométrie
chez l’hypermétrope qui peut présenter un angle kappa Les photoablations guidées par le front d’onde sont
significatif. établies à partir du recueil et de l’analyse du front d’onde
• Les chirurgiens réfractifs sont familiers des cartes de total effectué idéalement en conditions mésopiques
topographie cornéenne (l’analyse des cartes aberromé- (pénombre, pour obtenir une mesure à large diamètre
triques est moins habituelle). pupillaire). Elles visent à corriger les aberrations optiques
• L’acquisition des données morphométriques du patient de bas et haut degré, sans en distinguer l’origine (cornée
est directement liée au dossier du patient dans le logiciel ou cristallin). La topographie cornéenne montre une repro-
de traitement et supprime donc un risque d’erreur de ductibilité supérieure aux mesures aberrométriques [2]
saisie. car l’aberrométrie est un processus dynamique dépen-
dant de la taille de la pupille et de l’accommodation, et
Les inconvénients du laser topoguidé l’information recueillie inclut les aberrations optiques
cristalliniennes qui n’ont que peu d’intérêt dans le trai-
Le traitement étant basé sur la normalisation du pro- tement d’irrégularités cornéennes. Également, les trai-
fil cornéen, le profil obtenu présentera une régularité tements topoguidés permettent maintenant de tenir
supérieure à l’image topographique préopératoire, mais compte de l’aberration de sphéricité du patient tout comme
il pourra en résulter une éventuelle erreur sphéro-cylin- les traitements aberroguidés.
drique. Cela résulte du fait qu’il est impossible de modé-
liser le comportement optique du système oculaire après Quand utiliser un traitement
régularisation cornéenne. topoguidé ?
Néanmoins, ce shift réfractif peut être anticipé dans les
cas simples : par exemple, dans le cas de l’élargissement La plupart des patients ne nécessitent pas un traite-
d’une zone optique chez un patient myope, le profil d’abla- ment topo- ou aberroguidé. Cependant, les hypermé-
tion sera de forme hypermétropique ; si la profondeur tropes qui représentent entre 10 et 14 % des traitements
d’ablation périphérique est de 30 μm, la myopisation sera de chirurgie réfractive peuvent bénéficier des avantages
d’environ de 2 D et le traitement sphérique emmétropi- d’un tel mode de traitement du fait de la présence d’un
sant sera réalisé dans le même temps opératoire. Un angle kappa significatif chez la plupart de ces patients.
deuxième traitement sphérique peut être nécessaire sur- Les myopes présentant un astigmatisme associé peu-
tout dans le cas de cornées très irrégulières où le profil vent également bénéficier avantageusement d’un traite-
d’ablation associera simultanément des profils d’abla- ment topoguidé par la « customisation » du profil d’ablation
tion myopiques et hypermétropiques. cylindrique. Ce mode de traitement doit être privilégié en
présence d’irrégularités cornéennes, de cicatrices ou
Quelle source de données d’un traitement réfractif décentré ou d’une zone optique
topographiques utiliser ? réduite. Il faut être extrêmement attentif aux critères de
qualité de la topographie cornéenne qui peut être de réa-
Placido vs Scheimpflug lisation délicate en présence d’un astigmatisme cornéen
Un avantage intrinsèque de la topographie spéculaire, irrégulier et être source d’artéfacts de traitement. De
à l’opposé de la topographie Scheimpflug, est de ne pas même, la qualité du film lacrymal du patient est critique
être perturbée par les opacités cornéennes notamment afin d’obtenir des mesures topographiques fiables et
en présence d’une cicatrice stromale. Cependant, les reproductibles.
mesures centrales sont extrapolées et ne sont qu’une
approximation du profil cornéen réel alors que le pro- Laser topoguidé et kératocône
cédé Scheimpflug est supérieur en termes de précision
pour la zone cornéenne centrale. La technologie d’éva- Chez un patient présentant un kératocône, la photo-
luation préopératoire peut donc être choisie en fonction ablation guidée par la topographie cornéenne a pour
de l’atteinte cornéenne : en présence d’une anomalie de objectif d’améliorer la réfraction, la qualité de vision et
la transparence cornéenne ou périphérique, il est sou- de restaurer la meilleure acuité visuelle altérée par la
Chirurgie
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Clinique
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Dossier
e terme conjonctivites allergiques est en fait un grand « fourre-tout » qui regroupe plu-
L sieurs entités. Bien que plusieurs d’entre elles présentent des similitudes en termes
de physiopathologie, leurs différences cliniques expliquent souvent les échecs de prise en
charge thérapeutique. Il est donc capital de déterminer la forme clinique dont souffre le
patient pour en permettre une prise en charge adaptée.
Longtemps classées sur des bases cliniques pures, se fait vers une résolution le plus souvent spontanée
les conjonctivites allergiques ont vu une nouvelle classi- pouvant se poursuivre par un certain degré de photo-
fication naître, prenant en compte les mécanismes phy- phobie et/ou de sensation de brûlures oculaires. En dehors
siopathologiques dans le but de proposer une prise en de cet épisode aigu, les manifestations IgE médiées
charge thérapeutique plus efficace. Cette classification surviennent tout au long de la période de contact avec
proposée par A. Léonardi et le groupe d’ophtalmo-aller- l’allergène.
gologie européen distingue les conjonctivites allergiques
IgE médiées et non-IgE médiées : • Dans le cas de la CAP, des manifestations mineures
- les conjonctivites allergiques IgE médiées regroupent sont présentes toute l’année avec des recrudescences à
les conjonctivites allergiques aiguës (CAA), les conjonc- certaines périodes (en fonction de l’allergène responsa-
tivites allergiques saisonnières (CAS) et perannuelles ble). La clinique est plus discrète, associant une hyper-
(CAP), certaines kératoconjonctivites vernales (KCV) et hémie conjonctivale souvent légère, des papilles tarsales
atopiques (KCA) ; de petites tailles et plus rarement des follicules (figure 1).
- les conjonctivites allergiques non-IgE médiées regrou- Sa symptomatologie est marquée par la sensation de
pent à nouveau les KCV, les KCA et les blépharo-conjonc- corps étranger, d’œil sec, alors que le prurit est souvent
tivites de contact (BCC). Enfin, ne sont pas ou plus relégué au deuxième plan. Le diagnostic est posé devant
considérées comme faisant partie du groupe des conjonc- une symptomatologie durant depuis plus d’un an associé
tivites allergiques les conjonctivites giganto-papillaires à des manifestations se déroulant tout au long de l’année.
(GPC), les conjonctivites et blépharo-conjonctivites irri-
tatives.
Dossier
Les kératoconjonctivites
• Contrairement aux formes précédentes, la KCV est de Figure 4. Kératoconjonctivite vernale (KCV) : forme limbique
mécanisme immunoallergique plus complexe. Elle fait (avec grains de Trantas).
intervenir des IgE (plus de 50 % des patients) et des cel-
lules (lymphocytes T, macrophages, neutrophiles et éosi- (diamètre > 1 mm) sur la conjonctive tarsale, le plus sou-
nophiles). C’est une forme qui débute le plus souvent tôt vent supérieure (figure 3) ; la forme limbique qui peut
dans l’enfance (dans 80 % avant 10 ans), avec un sex-ratio être isolée ou associée à la forme palpébrale. Elle est la
de 2 sur 4 en faveur des garçons. Elle est le plus souvent plus fréquemment rencontrée chez les sujets mélano-
résolutive à l’adolescence. L’évolution est le plus souvent dermes. Elle prend un aspect de bourrelet gélatineux du
perannuelle avec dans 77 % des cas des recrudescences limbe au sein duquel on peut individualiser des nodules
en période de chaleur et d’ensoleillement, à savoir de blancs jaunâtres appelés grains de Trantas (figure 4),
février à septembre. amas d’éosinophiles qui par le biais de leurs protéases,
Les symptômes sont souvent bruyants, marqués par des chémokines et autres médiateurs de l’inflammation,
une sensation de corps étranger plus ou moins associée entraînent des lésions cornéennes parfois sévères. Les
à un prurit, un larmoiement et une photophobie intense. lésions cornéennes compliquent souvent la maladie et
Un blépharospasme invalidant avec difficulté d’ouverture peuvent prendre plusieurs formes : celle d’une kératite
des yeux le matin est très fréquent. Des épisodes aigus ponctuée superficielle, qui peut se compliquer d’un ulcère
sont présents et marqués par des sécrétions muqueuses cornéen, dit vernal, souvent épithélial, ovalaire ou pen-
conjonctivales abondantes, épaisses, pouvant prendre tagonal, peu profond, avec des bords surélevés. Des cel-
parfois un aspect de pseudo-membranes. lules et du mucus peuvent remplir l’ulcération, conduisant
On identifie plusieurs formes cliniques : la forme tar- à une formation blanchâtre homogène, indurée, adhé-
sale caractérisée par la présence de papilles géantes rente au fond de l’ulcère appelée plaque vernale.
Allergie oculaire
La KCV est une entité à part, qui ne résulte que par- vent géantes ne sont pas constantes. Le tableau se com-
tiellement d’un mécanisme allergique. En fait, l’allergie plique souvent d’une fibrose conjonctivale et de symblé-
n’est qu’un facteur aggravant ou déclenchant la maladie, pharon au stade avancé de la maladie. Les complications
tout comme la sécheresse oculaire, la chaleur et les cornéennes sont multiples et fréquentes (75 % des cas).
rayons ultraviolets, la corticothérapie au long cours. D’où L’évolution est souvent marquée par les complications
son appartenance aux deux groupes dans la classification iatrogènes et en particulier le glaucome et la cataracte
tout comme la KCA. cortisoniques (sous-capsulaire postérieure, alors que la
KCA est associée spontanément à l’apparition de cataracte
• La KCA se caractérise par une atteinte cornéo-conjonc- sous-capsulaire antérieure en écusson), ainsi que les
tivale associée à une dermatite atopique et/ou un asthme. surinfections en cas de forme corticodépendante. Le kéra-
Elle touche le plus souvent l’adulte jeune (30 à 40 ans) de tocône est fréquemment associé à la maladie.
sexe masculin et est rapporté dans 25 à 40 % des der-
matites atopiques. Cependant, l’existence de cette entité
chez l’enfant fait débat actuellement. Elle est potentiel- La blépharo-conjonctivite allergique
lement cécitante par ses complications cornéennes.
D’évolution chronique, ses symptômes associent une Elle est la nouvelle venue dans la grande famille des
photophobie, un larmoiement et un prurit le plus souvent « conjonctivites allergiques ». Le tableau associe un
importants. Comme dans la KCV, les sécrétions y sont eczéma des paupières et souvent des joues (zones de
abondantes et épaisses. Les signes sont marqués par un contact avec l’allergène), avec une conjonctivite souvent
eczéma des paupières quasi constant, associé fréquem- folliculaire. Par opposition aux manifestations IgE médiées,
ment à une meibomite, une madarose et une inflamma- les signes et symptômes ne surviennent que plusieurs
tion conjonctivale marquée par la présence de follicules heures à plusieurs jours après le contact avec l’agent
et de papilles de la conjonctive tarsale. Les papilles sou- causal.
Dossier
es différentes formes cliniques de l’allergie oculaire doivent être reconnues pour éta-
L blir le diagnostic et leur classification. De plus, selon le terrain, l’âge et les patholo-
gies associées, des particularités de ces allergies oculaires doivent être reconnues. Une
fois le diagnostic et le terrain confirmés, l’orientation thérapeutique est instaurée de
façon adaptée.
© Pr D. Brémont-Gignac
d’adapter le meilleur traitement. De plus, selon le terrain,
l’âge et les pathologies associées, des particularités de
ces allergies oculaires doivent être reconnues. Chez l’en-
fant, les pathologies allergiques oculaires sont en géné-
ral assez pures alors que chez l’adulte elles sont souvent
intriquées et n’apparaissent pas évidentes au diagnostic.
Des pathologies de la surface oculaire associées peuvent Figure 1. Conjonctivite allergique saisonnière avec hyperhémie
interférer avec la pathologie allergique, rendant le diag- conjonctivale.
nostic ou le traitement plus difficile.
peuvent être utiles pour établir le diagnostic et la classi-
L’enfant allergique fication de l’allergie oculaire. Elles regroupent les aller-
gies oculaires saisonnières à type de conjonctivite ou de
Les formes de l’allergie oculaire de l’enfant se mani- kératoconjonctivite, les allergies oculaires perannuelles
festent de plus en plus précocement sur le plan de l’al- à type de conjonctivite ou kératoconjonctivite, les kérato-
lergie générale et, de la même façon, les formes oculaires conjonctivites printanières ou vernales en nouvelle nomen-
se développent plus tôt et demandent à être reconnues clature, les conjonctivites giganto-papillaires (dont le
pour un traitement rapide. Cette allergie revêt de nom- mécanisme physiopathologique est controversé) et les
breuses formes cliniques qui s’étendent des plus légères dermato-conjonctivites de contact.
aux plus sévères, allant de la conjonctivite allergique sai-
sonnière modérée aux formes graves de kératoconjonc- L’examen clinique ophtalmologique de l’enfant
tivites vernales menaçant la fonction visuelle, en passant Il doit être systématique et adapté selon l’âge verbal
par les kératoconjonctivites perannuelles. ou préverbal. Avant tout examen, l’interrogatoire des
La reconnaissance des différentes formes cliniques parents sur le comportement visuel est important à éva-
luer. Il recherchera bien entendu les antécédents de l’en-
Service d’Ophtalmologie, Centre Saint-Victor, fant avec les parents et le carnet de santé. Mais il doit aussi
CHU Amiens. apprécier les antécédents familiaux, en particulier aller-
Allergie oculaire
© Pr D. Brémont-Gignac
le risque d’allergie chez l’enfant. Il faut aussi rechercher
des épisodes fébriles récents ou les maladies infantiles
contractées qui pourraient influer sur la surface oculaire.
Les symptômes sont à rechercher avec les parents si
l’enfant est en âge préverbal.
Dossier
dégradée, en particulier si le diagnostic n’a pas été posé. cher un œil sec associé. Chez l’adulte, la pathologie de
Les conjonctivites aiguës saisonnières sont assez clas- l’œil sec est souvent intriquée avec une allergie conjonc-
siques à reconnaître dans un contexte de saison polli- tivale rendant le traitement plus difficile. Dans ces formes
nique mais le plus souvent il faudra rechercher une combinées ou récurrentes, l’importance des collyres sans
conjonctivite perannuelle avec des allergies aux acariens conservateurs est majeure, soit par un système Abak,
assez fréquentes. soit par un système de conservateur s’évaporant à l’air,
À l’examen à la lampe à fente, l’hyperhémie conjonc- soit sous forme de monodose. Sur les traitements au long
tivale n’est pas obligatoirement très nette. Il faut recher- cours, il faudra privilégier ces collyres sans conserva-
cher des follicules conjonctivaux ou des papilles de petite teurs.
taille. Un examen précis de la surface oculaire est néces- L’examen des paupières est aussi utile à la recherche
saire. de dysfonctionnement des glandes de Meibomius ou de
L’examen des paupières est aussi capital à la recherche signes de rosacée oculaire aggravant la pathologie de
de blépharite, de dysfonction des glandes de Meibomius surface oculaire allergique par atteinte du film lacrymal.
ou de télangiectasies du bord libre qui font évoquer une Chez les patients ayant subi une greffe de cornée, l’allergie
rosacée oculaire soit associée, soit comme diagnostic conjonctivale peut entraîner une inflammation accrue
différentiel. Il est aussi essentiel d’examiner la peau du avec augmentation d’IL-4. Le rejet de greffe est ainsi aug-
visage et du contour palpébral à la recherche d’un eczéma. menté et il faudra anticiper le traitement de l’allergie.
Le diagnostic de kératoconjonctivite atopique est alors à
redouter car il s’agit d’une forme sévère d’allergie ocu- Conclusion
laire pouvant être cécitante.
L’examen ophtalmologique doit être ajusté en fonction
L’adulte allergique présentant une de l’âge du patient (enfant ou adulte). Un des critères
pathologie de la surface oculaire essentiels est l’âge du patient qui permet d’apprécier les
éléments diagnostiques, évolutifs et pronostiques de la
Les patients présentant une allergie conjonctivale peu- forme d’allergie oculaire. Des recommandations sur la
vent aussi présenter une autre pathologie de la surface prise en charge de la conjonctivite allergique ont été struc-
oculaire associée qui conditionne le pronostic et le trai- turées par le Groupe d’ophtalmo-allergo (GOA) qui visent
tement. à évaluer les signes d’orientation et les signes diagnos-
Un examen précis de la surface oculaire est alors tiques d’une allergie conjonctivale. Elles soulignent l’intérêt
nécessaire. Il comporte un examen de la cornée avec ins- de la coopération entre ophtalmologistes et allergologues.
tillation de fluorescéine en recherchant précisément la Le diagnostic d’allergie oculaire une fois posé de façon
localisation et la répartition de la kératite. Le break-up précise dans la forme clinique, le traitement spécifique
time et le test de Schirmer sont à réaliser pour recher- pourra être mis en place.
Abelson M. Allergic Diseases of the Eye. W.B. Philadelphia: Worldwide variation in prevalence of symptoms of asthma, allergic
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Allergie oculaire
Blépharoconjonctivite de contact :
y penser et quels allergènes en cause ?
Aurore Muselier-Mathieu1, Evelyne Collet2
Dossier
Allergie oculaire
Dossier
’hypersensibilité médiée par les IgE est mise en cause dans la plupart des conjoncti-
L vites allergiques. La mise en évidence d’une allergie médiée par les IgE est le plus
souvent simple devant une forme bénigne, qu’elle soit récidivante ou persistante. Cette
recherche étiologique peut être beaucoup plus délicate devant une kératoconjonctivite
allergique. Dans tous les cas, l’ophtalmologiste et l’allergologue doivent collaborer de
façon étroite.
Consultation d’ophtalmologie et allergie de l’enfant, Figure 1. Classification des réactions d’hypersensibilité oculaire
CHU Montpied et unité d’allergologie de l’enfant, CHU basée sur la physiopathologie et la terminologie de l’hypersensibilité
Estaing, Clermont-Ferrand. allergique.
Allergie oculaire
kératite permet d’évoquer une forme sévère dont l’explo- Comment le réaliser ?
ration allergologique est d’autant plus nécessaire. Elle
aboutit à une étiologie allergique dans environ 75 % des La sensibilisation médiée par les IgE sur la surface
cas. oculaire concerne avant tout les aéro-allergènes. Ces
Une fois le diagnostic du type de conjonctivite posé, pneumallergènes sont parfois perannuels comme les
l’ophtalmologiste doit rechercher un terrain atopique acariens de la poussière domestique, mais plus souvent
dont la présence renforce la suspicion d’allergie médiée d’exposition saisonnière ou itérative comme les pollens,
par les IgE. Des antécédents personnels ou familiaux les phanères animaux et les moisissures. La connais-
proches (père, mère, fratrie) d’allergie médiée par les sance de l’environnement domestique et professionnel
IgE signent le terrain atopique : asthme allergique, rhi- du patient est donc essentielle. Des trophallergènes, inha-
nite ou conjonctivite allergique, allergie alimentaire, ana- lés ou ingérés, peuvent aussi être en cause, en particu-
phylaxie, urticaire allergique ou dermatite atopique. lier chez l’enfant. L’interrogatoire du patient est donc une
Quelques examens complémentaires peuvent confirmer étape essentielle pour l’allergologue. Les tests cutanés
ce terrain atopique : hyperéosinophilie sanguine, aug- à lecture immédiate ou prick tests sont le meilleur moyen
mentation des IgE totales sériques ou test multi allergé- d’objectiver une sensibilisation. Ils peuvent être prati-
nique positif (Phadiatop®). qués en ambulatoire quel que soit l’âge du patient, sont
quasiment indolores et
Tableau I. Principaux allergènes impliqués en allergie oculaire médiée par les IgE (liste non exhaustive)
dénués d’effet secondaire
Prick-test IgE spécifiques systémique. L’avant-bras
Type d’allergène Classe Particularités
(in vivo) (in vitro) sur lequel on applique les
Acariens Dermatophagoides d1* gouttes d’allergène doit
pteronyssinus* être libre de toute lésion
Dermatophagoides d 2* dermatologique et le
farinae* patient doit interrompre
Bloomia tropicalis d 201 Tropiques depuis cinq jours un trai-
tement antihistaminique
Blatte i 206 Habitat collectif
Pneumallergènes qui inhiberait la réponse
domestiques Phanères Chat* e 1* locale. Les allergènes tes-
animaux Chien* e5 tés sont rappelés dans le
tableau I.
Moisissures Alternaria m 6*
alternata* La positivité d’un prick-
test doit être interprétée
Cladosporium m2
de façon particulière pour
Penicillium m1
l’allergie oculaire. On doit
Pollens Phléole* g 6* considérer un test comme
de graminées Dactyle g3 positif lorsque sa taille
égale ou dépasse la moi-
Pollens d’arbres Bouleau* t 3* tié du témoin positif his-
Noisetier t4 taminique. Le dosage séri-
Chêne t7 que des IgE spécifiques
Pneumallergènes
saisonniers
d’un allergène complète
Cyprès t 23 Méditerrannée
cette recherche de sensi-
Olivier t9 bilisation. Il faut connaître
Frêne t 15 la trop grande sensibilité
des tests multi allergéni-
Pollens Armoise w6
d’herbacées ques et se fier surtout aux
Ambroisie w1 dosages unitaires dont la
Aliments Arachide* f 13 Enfant réponse est quantitative.
Blanc d’œuf * f1 En pratique, l’allergologue
Trophallergènes jugera au mieux de leur
Noisette f 17
*allergènes testés prescription en fonction du
Soja f 14 systématiquement contexte. En pathologie
Dossier
oculaire, on s’attachera à vérifier la pertinence de toute dant deux heures ou jusqu’à disparition des symptômes.
positivité, même lorsqu’elle est faible, des tests cutanés Dans ces cas, la survenue d’une éventuelle réaction tar-
et des dosages sanguins d’IgE spécifiques car l’œil est un dive impose un suivi pendant 24 heures et la prescription
organe particulier, susceptible de développer une réac- systématique d’antihistaminiques par voie locale et géné-
tion allergique locale, strictement limitée in situ, sans rale. Entre des mains expérimentées, ce test est indolore et
expression systémique. Dans la majorité des cas, en par- sans danger : il nécessite cependant du temps et une
ticulier devant une conjonctivite non compliquée sans certaine rigueur. Les effets secondaires sont rares et limi-
kératite associée, ce bilan est suffisant et la confronta- tés à des réactions locales ou régionales à type de rhi-
tion de ses résultats avec les circonstances de survenue noconjonctivite.
des symptômes suffit à poser le diagnostic d’allergie à tel
ou tel autre allergène. Dans une minorité de cas, le diag- Tableau II. Les indications du test de provocation conjonctivale (TPC).
nostic étiologique nécessitera de recourir au test de pro-
vocation conjonctivale. Indications du TPC
Figure 2. Test de provocation conjonctivale positif (œil droit) • Une conjonctivite allergique bénigne mais persistante
(plus de quatre semaines) ou récidivante, que ce soit de
La pratique du TPC impose des mesures de précaution, façon périodique ou itérative, justifie le recours à l’aller-
l’information et l’accord signé du patient et une éviction gologue. Les résultats des tests in vivo (prick-tests) et
de deux jours des traitements locaux et de cinq jours des d’éventuels dosages d’IgE spécifiques seront confrontés
antihistaminiques H1 systémiques. On doit disposer d’an- par l’allergologue aux circonstances de survenue des
tihistaminiques locaux et généraux, de corticostéroïdes, symptômes. Si la pertinence de la sensibilisation est
bronchodilatateurs et d’adrénaline. En cas de réaction bonne, le diagnostic d’allergie oculaire vis-à-vis de
positive, on instillera systématiquement des antihista- l’allergène est posé et une éviction allergénique et une
miniques locaux et la surveillance sera prolongée pen- éventuelle immunothérapie peuvent être envisagées.
Allergie oculaire
Cependant, dans un nombre élevé de cas, en particulier Chez le patient suivi pour une conjonctivite aiguë réci-
devant des formes à évolution perannuelle où le patient divante ou une forme perannuelle, l’indication peut être
est sensibilisé à plusieurs allergènes, la preuve de la posée après une simple analyse de la concordance entre
relation entre l’exposition allergénique et la survenue des l’exposition allergénique et l’allergène candidat. Elle ne
symptômes oculaires doit être confirmée par la pratique sera initiée que si les traitements médicamenteux n’ap-
d’un TPC. portent pas le bénéfice souhaité ou en cas d’allergie expri-
mée aussi sur un autre organe (rhinite, asthme).
• Il en est de même en cas de kératoconjonctivite, qu’elle Pour les patients suivis pour une kératoconjonctivite
soit vernale ou atopique, en particulier si une désensibi- allergique, la décision de l’immunothérapie doit être prise
lisation est envisagée. C’est dans ces formes compli- à la lumière des résultats du TPC après confrontation
quées que la collaboration entre l’ophtalmologiste et entre l’allergologue et l’ophtalmologiste. La conjonctive
l’allergologue doit être maximale, éventuellement au sein est un tissu particulier, riche en cellules présentatrices
d’une consultation mixte d’ophtalmo-allergologie. Dans de l’antigène et en mastocytes, et l’œil un organe isolé des
ces formes rebelles, un bilan plus spécialisé peut être autres organes effecteurs de l’allergie. L’allergologue doit
demandé. Basé sur le prélèvement de larmes, ce bilan per- donc veiller à débuter la désensibilisation à une dose fai-
met d’argumenter un conflit IgE-dépendant au niveau de ble, prévoir des incréments lents et rester à l’affût d’éven-
la surface oculaire par la recherche d’éosinophiles et tuelles réactions qui pourraient conduire à modifier le
d’IgE dans les larmes. crescendo des doses. Le succès de la désensibilisation
dépend donc de la qualité du bilan initial, de celle de la
Dans quel but ? prescription ainsi que de la rigueur du suivi. Il importe de
veiller en particulier à une cohésion parfaite entre les
Le bilan allergique d’une conjonctivite a pour but d’aider traitements ophtalmologiques et ceux de l’allergie.
à la prise en charge thérapeutique du patient. Des mesures
d’éviction sont prescrites lorsque cela est possible.
La prescription d’une immunothérapie spécifique (ou Conclusion
désensibilisation) n’est possible que lorsqu’un allergène
est reconnu comme déclencheur des symptômes. Elle Au total, la mise en évidence d’une allergie médiée par
consiste en l’instillation de doses progressivement les IgE est le plus souvent simple devant une forme
croissantes d’allergène pour induire une tolérance res- bénigne, qu’elle soit récidivante ou persistante. Cette
ponsable d’une réduction des symptômes cliniques. recherche étiologique peut être beaucoup plus délicate
Actuellement, elle est pratiquée par voie sublinguale, avec devant une kératoconjonctivite allergique. Dans tous les
une prise quotidienne d’allergène purifié, préparé spécia- cas l’ophtalmologiste et l’allergologue doivent collabo-
lement pour un individu, plus rarement par voie injectable. rer de façon étroite.
Dossier
e traitement des allergies oculaires bénignes est facilité par des collyres antialler-
L giques efficaces. Les formes sévères que sont les kératoconjonctivites atopiques et
les kératoconjonctivites vernales nécessitent l’usage de traitements plus agressifs.
Les immunosuppresseurs topiques, voire généraux, permettent de limiter les effets iatro-
gènes des corticoïdes qui restent le plus souvent les seuls traitements efficaces des
crises inflammatoires.
L’allergologue est un allié précieux, car il détaille les méthodes d’éviction de l’allergène,
gère l’allergie extraoculaire et prescrit la désensibilisation.
Le traitement des allergies oculaires comporte une minés dans les poussées inflammatoires. Les lunettes
partie non spécifique qui est très importante car elle couvrantes protègent également les yeux de l’environne-
permet de potentialiser l’efficacité des traitements phar- ment extérieur, de ses allergènes et agresseurs envi-
macologiques et ainsi de diminuer leur posologie. Chaque ronnementaux.
forme clinique a ses particularités thérapeutiques.
Les traitements médicaux
L’arsenal thérapeutique Les traitements locaux
• Les antidégranulants mastocytaires locaux : ils inhibent
Les mesures symptomatiques la dégranulation des mastocytes conjonctivaux en bloquant
• L’éviction des allergènes : elle est fondamentale, mais leurs canaux calciques membranaires. Ils n’empêchent
pas toujours facile. Le rôle de l’allergologue est majeur, pas la réaction allergique une fois qu’elle est constituée,
puisqu’il identifie la nature des allergènes. Celui-ci est le c’est-à-dire lorsque l’histamine a déjà été libérée, mais
plus à même de détailler les diverses mesures à appli- peuvent empêcher son aggravation. Ils sont surtout utiles
quer pour cette éviction. pour prévenir la crise allergique. Le plus souvent sous
• Le lavage oculaire au sérum physiologique froid : il per- forme non conservée, ils sont le plus adaptés aux traite-
met d’éliminer les allergènes, les polluants et les irritants, ments au long cours comme par exemple au cours des
et de diluer les médiateurs de l’inflammation présents au conjonctivites allergiques perannuelles. Leur effet ne
niveau de la surface oculaire. Ils traitent également la dépassant pas 4 heures, ils doivent donc être instillés 3
sécheresse lorsqu’elle est modérée. Le froid permet de à 6 fois par jour.
diminuer l’inflammation de façon non spécifique. Les Le cromoglycate de sodium est la molécule la plus
cataplasmes froids peuvent également être utiles. ancienne (Allergocomod®, Cromabak®, Cromadoses®,
• Les larmes artificielles : elles sont utiles en cas de Cromedil®, Cromoglicate® Biogaran, Cromoptic®,
sécheresse, surtout en cas de conjonctivite allergique Multicrom®, Opticron®).
perannuelle. Plusieurs molécules ayant in vitro des propriétés anti-
• Les hydratants cutanés : ils sont nécessaires en cas dégranulantes plus puissantes sont ensuite apparues : le
d’eczéma palpébral. NAAGA (acide N-acétyl aspartyl glutamique, Naaxia® ou
• Les lunettes de protection solaire : elles sont utiles en Naabak®), le lodoxamide (Almide®) et le nédocromil
cas d’inflammation importante et également de kératite. (Tilavist®). Certaines de ces molécules ont d’autres effets
Dans la kératoconjonctivite vernale (KCV), elles sont indis- démontrés in vitro. L’action sur les polynucléaires éosi-
pensables dès les beaux jours, les ultraviolets étant incri- nophiles est particulièrement intéressante dans les aller-
gies chroniques puisque ces cellules sont responsables
Hôpital Bichat et Fondation A. de Rothschild, Paris de l’inflammation allergique chronique.
Dossier
Cromoglycate, lodoxamide et nédocromil diminuent le terme sont à attendre, en dehors de l’intolérance, d’une
chimiotactisme des polynucléaires éosinophiles, le lodoxa- allergie ou d’infections virales rares (herpès, mollus-
mide diminuant également leur dégranulation. L’inhibition cum…). Les complications à long terme ne sont pas
de la libération de leucotriènes (lodoxamide, NAAGA) et connues, ce qui justifie une éducation du patient et une
l’inhibition de l’activation du complément (NAAGA, nédo- prescription économe.
cromil) sont d’autres moyens de diminuer l’inflammation. • Le tacrolimus en pommade cutanée (Protopic®) : c’est
• Les antihistaminiques H1 locaux : les anti-H1 locaux l’équivalent de notre ciclosporine, mais à visée cutanée.
antagonisent spécifiquement l’effet de l’histamine en sta- Il est indiqué dans les eczémas rebelles et peut être appli-
bilisant la forme inactive de son récepteur H1. Ils sont donc qué sur les paupières. Il ne peut être prescrit que par un
efficaces à la phase aiguë de l’allergie lorsque l’hista- dermatologue ou un pédiatre. Son effet sur les paupières
mine a été libérée par les mastocytes, contrairement aux est remarquable.
antidégranulants. Ils agissent en quelques minutes, plus
rapidement que la plupart des antidégranulants. Leur Les traitements systémiques
grande sélectivité et affinité pour les récepteurs H1 de l’his- Ils sont assez peu utiles dans les formes oculaires
tamine expliquent la puissance importante de leur effet, pures non sévères.
ce qui permet en général d’éviter l’utilisation des corti- • Les antihistaminiques H1 oraux : on utilise les molécules
coïdes dans les allergies bénignes. Ce sont la lévoca- de première génération comme la dexchlorphéniramine
bastine (Levofree®, Levophta®), et l’azélastine (Allergodil®). (Polaramine®) pour leur effet sédatif chez l’enfant, pour
Leur demi-vie longue autorise une posologie simplifiée la nuit. Les molécules de deuxième ou de troisième géné-
par rapport aux antidégranulants : une goutte matin et soir. ration ont moins d’effets secondaires et une demi-vie
Des études soulignent également leur efficacité poten- plus longue, permettant une seule prise quotidienne. Il
tielle dans la phase dite tardive de l’hypersensibilité de s’agit de la desloratadine (Aerius®), remplaçant de la lora-
type I, par le biais de l’inhibition de production de cytokines tadine (Clarityne®), la lévocétirizine (Xyzall®) qui a rem-
pro-inflammatoires et de molécules d’adhésion par les placé la cétirizine (Zyrtec®, Virlix®), l’ébastine (Kestin®),
mastocytes, les polynucléaires éosinophiles et les cel- la mizolastine (Mizollen®) et la fexofénadine (Telfast®).
lules épithéliales. La conséquence directe en serait une Le délai d’action est inférieur à une heure et l’effet est
action anti-inflammatoire par limitation du recrutement particulièrement marqué sur la rhinorrhée et le prurit
des cellules inflammatoires. Il y aurait ainsi une justifi- nasal. L’efficacité sur les signes et symptômes oculaires
cation à un traitement prolongé par les antihistaminiques. est moins marquée et variable selon les études. Elle est
• Les molécules à double action : elles ont à la fois une moins bonne qu’avec les antihistaminiques locaux en cas
action antihistaminique H1 et antidégranulante : l’épi- de forme oculaire pure.
nastine (Purivist®), le kétotifène (Zalerg®, Monokéto®) et Les antihistaminiques oraux restent donc un traite-
l’olopatadine (Opatanol®). Ces produits permettent de ment d’appoint et sont efficaces surtout en cas d’aller-
simplifier la prescription en évitant d’associer simulta- gie extra-oculaire.
nément ou séquentiellement antidégranulants et anti- • Les antileukotriènes oraux (montelukast, Singulair®) :
histaminiques. certains les utilisent dans les KCV rebelles. Ils n’ont en
• Les corticoïdes locaux : ce sont les plus puissants anti- pratique qu’un effet très limité.
inflammatoires utilisables au niveau de la surface ocu- • La désensibilisation spécifique : pratiquée par l’aller-
laire, même s’ils ne sont pas actifs sur la phase précoce gologue si un allergène est clairement identifié, elle seule
de l’allergie mais plutôt sur sa phase retardée. On les peut permettre de guérir une allergie bénigne. L’efficacité
limitera aux formes sévères au vu des complications iatro- reste variable, en particulier dans les kératoconjonctivites.
gènes potentielles. • Les corticoïdes oraux : ils sont réservés aux rares formes
• La ciclosporine en collyre : on l’utilise dans les formes rebelles à tout traitement local, pour une durée courte.
corticodépendantes comme épargneur de corticoïdes, • Les immunosuppresseurs systémiques : dans les formes
aux dosages de 0,5 à 2 %. Elle est disponible dans certaines cécitantes de KCA, on peut utiliser la ciclosporine, le
pharmacies hospitalières sous forme de préparation tacrolimus ou le mycophénolate mofétil.
magistrale. Une forme commerciale en unidose est à • Les anticorps anti-IgE (omalizumab, Xolair®) : ce trai-
l’étude dans la KCV. On la prescrit uniquement en période tement de l’asthme sévère administré en injections sous-
inflammatoire comme traitement de fond, à dose de 1 à cutanées est actuellement testé sur des petites séries de
4 gouttes par jour en fonction de l’intensité des symptômes. kératoconjonctivites sévères. L’effet sur l’eczéma est inté-
La tolérance est en général bonne chez l’enfant et médio- ressant, mais l’efficacité est moins importante sur l’at-
cre chez l’adulte. Peu de complications à court ou moyen teinte oculaire.
Allergie oculaire
Schémas thérapeutiques Les parents doivent être éduqués sur la gestion des
urgences et sur les risques d’une automédication par
La conjonctivite allergique saisonnière corticoïdes.
L’éviction est difficile. Outre les lavages oculaires, les En cas de corticodépendance à fortes doses, la ciclos-
antihistaminiques locaux (en crise) et les antidégranulants porine en collyre à 0,5 ou 2 % est en général efficace. Les
(préventif) sont la base du traitement. La désensibilisa- antileucotriènes oraux (montélukast) peuvent être essayés
tion peut être proposée par l’allergologue. mais sont souvent décevants. Les corticoïdes oraux doi-
La conjonctivite allergique perannuelle vent être réservés aux formes rebelles à tout traitement
Le traitement est identique à la conjonctivite allergique pour passer un cap. Les injections supratarsales de cor-
saisonnière, en ajoutant des larmes artificielles et des ticoïdes retard permettent dans une forme rebelle à la
soins d’hygiène des paupières si une blépharite est pré- ciclosporine d’obtenir une rémission rapide pendant envi-
sente. Les mesures d’éviction pour les acariens sont par- ron six mois avec peu de complications iatrogènes. La
ticulièrement importantes. Une désensibilisation est chirurgie des papilles géantes par cryothérapie, voire
souvent utile. résection avec application de mitomycine, est préconi-
sée par certains, mais nous ne la recommandons pas.
L’eczéma de contact
Enfin, l’omalizumab est peut-être un traitement systé-
La suppression de l’allergène responsable permet la mique prometteur des formes rebelles.
guérison. Si celui-ci n’est pas déterminé ou en cas d’échec,
l’eczéma doit être traité par des hydratants cutanés au long La kératoconjonctivite atopique (KCA)
cours et des dermocorticoïdes doux (type désonide ou La stratégie est assez semblable à celle utilisée pour
triamcinolone) sur une courte période. En cas de dépen- les KCV. Le traitement de base fait appel aux collyres
dance, le tacrolimus cutané est souvent utile. Une atteinte antiallergiques (antidégranulants mastocytaires, anti-
conjonctivale nécessite d’associer des lavages oculaires, histaminiques), aux antihistaminiques oraux et aux rin-
ainsi que parfois des corticoïdes locaux, voire de la ciclos- çages oculaires par du sérum physiologique non conservé.
porine en collyre. Des soins d’hygiène des paupières sont souvent utiles,
parfois associés à des cures de cyclines orales.
La kératoconjonctivite vernale (KCV)
Les poussées inflammatoires nécessitent fréquem-
En dehors des poussées, une lubrification oculaire ment le recours aux corticoïdes en collyre, avec une iatro-
simple par du sérum physiologique froid sans conserva- génie très importante. La corticodépendance est la règle
teur peut suffire. Des antidégranulants mastocytaires au et justifie l’emploi de la ciclosporine en collyre 0,5-2 % qui
long cours sont parfois nécessaires. Il faudra profiter des est, hélas, souvent mal tolérée chez l’adulte. La ciclos-
périodes calmes pour entreprendre les tests et la désen- porine à 0,05 % est parfois efficace dans ce cas.
sibilisation spécifique si celle-ci a été décidée. L’atteinte cutanée palpébrale nécessite l’usage de
Dès les beaux jours, le port de lunettes de soleil s’im- crèmes hydratantes et souvent la prescription de dermo-
pose, de même que l’intensification de la lubrification corticoïdes de faible puissance. En cas de corticodépen-
oculaire avec du sérum froid. Un antidégranulant mas- dance ou de résistance, le tacrolimus en pommade cutanée
tocytaire local est souvent débuté à cette période. appliqué sur les paupières a un effet remarquable sur
Les crises nécessitent initialement la prescription sur- l’eczéma mais peut être mal toléré. Il a également un
tout d’antiallergiques locaux (antidégranulants, antihista- effet très intéressant sur l’atteinte oculaire, même lorsqu’il
miniques ou collyres à double action) et éventuellement n’est appliqué que sur les paupières.
généraux, associés à des cataplasmes froids. Les corticoï- Dans les formes très sévères cécitantes, un traitement
des locaux sont très efficaces mais doivent être réservés immunosuppresseur systémique (ciclosporine, tacrolimus,
aux kératites denses ou aux formes très symptomatiques. mycophénolate mofétil, omalizumab) peut être indiqué.
Les cures doivent être courtes, sans décroissance, et néces- Le kératocône est souvent difficile à équiper du fait
sitent une surveillance de la tension oculaire et de la papille des problèmes de tolérance liés à l’inflammation oculaire.
optique si possible. En cas d’ulcère vernal, les corticoïdes Les verres scléraux semblent cependant intéressants.
locaux à très fortes doses, sous couverture antibiotique, per- Enfin, une chirurgie cornéenne reconstructrice à type
mettent en général une cicatrisation en une semaine. de greffe peut être nécessaire mais a en général un pro-
Dans les rares cas d’échec malgré l’arrêt des épithé- nostic médiocre. Conflits d’intérêt :
liotoxiques (conservateurs, aminosides surtout), une greffe
Alcon, Allergan, Bausch&Lomb, Horus, Théa.
de membrane amniotique peut être utile. Une plaque ver-
nale nécessite une ablation par grattage à la lame ou par Pour en savoir plus
photokératectomie thérapeutique. Doan S, Mortemousque B, Pisella PJ. L’allergie oculaire : du diag-
nostic au traitement. Paris: Medcom. 2010.