Vous êtes sur la page 1sur 14

Chapitre 5.

Diffraction de la lumière 64

Chapitre 5. Diffraction de la lumière


Nous avons vus deux catégories de phénomènes en ayant recours au modèle ondulatoire de la lumière : la
polarisation et les interférences. Le troisième est la diffraction que nous avons évoqué sans la décrire, et
qui se produit lorsque des ondes rencontrent des obstacles ou des ouvertures dont les dimensions sont de
l'ordre de grandeur de la longueur d'onde.

1. Description qualitative de la diffraction


La diffraction est un « étalement » ou un changement de direction de propagation qui survient quand une
onde traverse une ouverture ou rencontre un obstacle. On peut l’observer tous les jours dans le cas des
ondes sonores : dans la rue quand on se tient devant un restaurant où joue de la musique, on l’entend par les
fenêtres même si on en voit pas la source sonore : l’onde sonore s’est donc « répandue » en traversant
l’ouverture que constitue chaque fenêtre. Si deux personnes sont à un coin de mur, elles s’entendent.

Elle s’observe donc avec la lumière, le son, les vagues, les ondes radio, les rayons X, les électrons,
les neutrons. Exemple : https://www.youtube.com/watch?v=yfQJTWejTy4&ab_channel=YannMuzellec
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 65

Pour l’étudier, il faut considérer des vagues rectilignes qui atteignent une ouverture (ou obstacle) de
largeur 𝑎. Selon la valeur que prend 𝑎 relativement à la longueur d’onde λ, la propagation est plus ou
moins modifiée.

Si 𝒂 ≫ 𝝀 , l’amplitude des Si 𝒂 ≈ 𝝀 , les ondes se propagent dans des directions situées


ondes diffractant derrière derrières le(s) obstacle(s). Le front d’onde plan devient sphérique et
l’obstacle sont négligeables. l’intensité n’est plus uniforme, elle est plus élevée au centre.

Nous verrons que l’amplitude


de l’onde diffractée dans une
Si 𝒂 ≪ 𝝀 , les front d’onde direction donnée dépend du
sphériques diffractés ont une rapport 𝑎/𝜆
intensité uniforme.

Dans le cas des fentes de Young, nous avons supposé être dans la
situation où 𝒂 ≪ 𝝀 , c’est-à-dire que l’intensité des franges
lumineuses était uniforme.
Pour apprécier la théorie de Fresnel, on se placera dans le cas
intermédiaire où 𝝀 < 𝒂 < 𝟏𝟎𝟐 𝝀 environ.
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 66

2. Diffraction dans le cas d’une fente


Dans le cas des fentes de Young, chaque fente présente de la diffraction. Pour étudier la diffraction, on
considère une seule fente de largeur 𝑎 éclairée par une source de longueur d’onde 𝜆 et un écran situé à
une distance 𝐿 de la fente. La distance par rapport au centre de l’écran est donnée par : 𝑦 = 𝐿. tan θ

Au centre de l’écran : tâche brillante de la taille supérieur à 𝑎.


De chaque cotés : on observe aussi des franges de diffraction, dont l’intensité est rapidement
décroissante, c’est ce qu’on appelle une figure de diffraction.

Si on remplace la fente par un obstacle, on obtient des figures de diffraction très similaires dans
lesquelles les franges brillantes et sombres sont simplement interverties.
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 67

3. Principe d’Huygens-Fresnel
D'un point de vue historique la diffraction a été découverte
avec la lumière en 1665 par Grimaldi. Elle fut interprétée
comme un comportement ondulatoire par Huygens et étudiée
par Fresnel et Fraunhofer. Une bonne approximation du
phénomène est donnée par le principe d’Huygens-Fresnel. Fresnel Huygens

Principe de Huygens (1678) : « Lorsqu’une source


ponctuelle S émet une onde, tout se passe comme si chaque
point du front d’onde se comportait comme une source
ponctuelle secondaire émettant des ondes dans toutes les
directions (concept d’ondelettes). »

Principe de Fresnel (1820) : il complète ce principe pour


expliquer l’apparition de franges dans la figure de
diffraction : « Les ondelettes issues du même front d’onde
sont émises avec la même phase, elles sont périodiques et
peuvent interférer entre elles. »

Fresnel parvint effectivement à prédire exactement les


positions des franges sombres et brillantes de diffraction à
partir du concept d’ondelettes.
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 68

4. Diffraction de Fraunhofer

On limitera le problème avec deux hypothèses simplificatrices appelées les critères de Fraunhofer,
on parlera alors de diffraction de Fraunhofer :
1) La source ponctuelle est assez lointaine pour que les fronts d’onde incidents sur l’orifice ou
l’obstacle de largeur 𝒂 soient plan.
2) L’écran est situé à grande distance de la fente (𝑳 ≫ 𝒂) de sorte que les ondelettes dirigées vers
un point de l’écran aient des directions de propagation parallèles entre elles.
La variation d’intensité observée dans le cadre de la diffraction de Fraunhofer peut s’expliquer avec le
principe de Huygens-Fresnel.

(a) Les rayons dirigés vers le centre


de l’écran sont tous en phase.
(b) Les rayons dirigés ailleurs ne
sont pas en phase.
(c) Quand θ est assez prononcé, des
paires d’ondelettes commencent
à interférer entre elles de façon
parfaitement destructive. Une
frange sombre de diffraction est
obtenue quand toutes les
ondelettes s’annulent deux à
deux.
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 69

On cherche maintenant à déterminer la position des franges sombres.

(a) La 1ère frange sombre est donnée quand chaque ondelette issue d’une moitié de la fente interfère de façon
parfaitement destructive avec l’ondelette correspondante issue de l’autre moitié de la fente.
/
⇒ sin θ = ⇒ 𝑎 sin θ = λ, l’intensité diffractée est nulle pour l’angle θ correspondant
/
(a) La 2ème frange sombre est donnée si on divise en 4 parties ⇒ sin θ = λ
(b) La 3ème frange sombre est donnée si on divise en 6 parties.⇒ sin θ = λ
Position des minima pour une fente simple :
𝑎 sin 𝜃 = 𝑀. λ avec 𝑀 = ±1, ±2, ±3, …
On remarque que 𝑀 ≠ 0 car le milieu (𝜃 = 0°) correspond à un maximum d’intensité.
Cette équation indique que plus λ/𝑎 est petit, plus la 1ère frange sombre se trouve loin du centre. Dans le
cas où 𝑎 = λ avec 𝑀 = 1, la 1ère frange sombre n’est plus visible car 𝜃 = 90°.
La largeur d’une fente de largeur 𝑎 peut-être obtenue à partir de : 𝑎 =
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 70

5. Diffraction de Fresnel
Dans un cas général et si un des deux critères de Fraunhofer n’est pas respecté, on parlera de diffraction
de Fresnel :
front d’onde non plan écran trop proche

Cela donne une figure plus complexe, comme présentée ci-dessous pour l’écran situé à proximité d’un
obstacle (à la place de la fente), mais leur analyse ne sera pas étudiée dans ce cours.
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 71

6. Intensité de la figure de diffraction produite par une fente simple

.
La position des franges varie selon sin 𝜃 = .
L’intensité est quant à elle donnée par une fonction en
sinus cardinal au carré.

π
sin 𝑎 sin 𝜃 π
𝐼=𝐼 λ = sinc 𝑎 sin 𝜃
π λ
𝑎 sin 𝜃
λ

Pour démontrer cette formule, il faut introduire les


diagrammes de Fresnel ainsi que la différence de
phase entre les rayons extrêmes diffractés.

Figure de diffraction-interférence par une fente simple


Chapitre 5. Diffraction de la lumière 72

7. Critère de Rayleigh

Jusqu’ici, nous avons considéré une figure de diffraction produite par une fente rectangulaire de
largeur 𝑎. Si on utilise plutôt un orifice circulaire de diamètre 𝑎, la figure obtenue a une apparence
assez similaire sauf que sa symétrie est circulaire. On peut montrer que la position angulaire du 1er
minimum de chaque figure de diffraction par rapport au centre du maximum central est donnée par :
𝑎 sin 𝜃 = 1.22 𝑀. λ
Deux sources ponctuelles non cohérentes peuvent être distinguées si le chevauchement de leurs
figures de diffraction est suffisamment faible.
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 73 73

Bien que la capacité à distinguer deux images diminue d’une façon graduelle quand celles-ci se
rapprochent, Rayleigh proposa un critère :

Critère de Rayleigh : deux images sont tout juste séparées lorsque le maximum central d’une
figure coïncide avec le premier minimum de l’autre.

.
Dans le cas d’une ouverture circulaire (faibleθ), le critère de Rayleigh devient : θ𝒄 =
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 74

8. Réseau de diffraction Complément de cours : pas au programme de l’examen

Un réseau de diffraction est un dispositif comportant des milliers de fentes très fines. Ces fentes sont
équidistantes et séparées par une distance d, très petite, qu’on appelle le pas du réseau. Le nombre de
fentes 𝑁 est lié à la largeur 𝑙 du réseau et à 𝑑 par la relation :
𝑙 = 𝑁. 𝑑

Déphasage ΔΦ entre les ondes de fentes adjacentes :


2π 2π
ΔΦ = δ= 𝑑. sin θ
𝜆 𝜆
Les maxima principaux sont donnés par :
𝛥𝛷 = 2𝜋𝑚 𝑚 = 0,1,2, …
Les minimas sont donnés pour un ordre 𝒎 sont :
2 (𝑚𝑁 + 1)𝜋
𝛥𝛷 = m=0,1,2,…
𝑁 𝑁 = 8 fentes

Le premier minimum (m=0) est donc donné par :


2π 2π λ
ΔΦ = = 𝑑. sin θ ⇒ sin θ =
𝑁 𝜆 𝑁. 𝑑

Ce qui signifie que l’angle du 1er minimum sera différent selon la


longueurs d’onde. Plus il y a de fentes dans le réseau, plus l’angle
𝜃 est petit et donc plus les taches centrales seront fines et plus il
sera facile de distinguer deux maxima associés à deux longueurs
d’onde différentes.
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 75
Complément de cours : pas au programme de l’examen
9. Pouvoir de résolution d’un réseau
Deux longueurs d’onde proches 𝝀 et 𝝀 + 𝜟𝝀 peuvent tout juste être
distinguées en vertu du critère de Rayleigh, le pouvoir de résolution R du
réseau est défini (de manière générale) comme :
λ
R=
Δλ
Ce principe indique que deux maxima correspondant à deux longueurs d’ondes
différentes apparaîtront tout juste séparés s’ils se chevauchent exactement
de moitié.
Pour un ordre 𝑚, au cas limite de résolution, le maximum principal d’intensité
de l’onde 𝜆 + 𝛥𝜆 correspond donc au premier minimum de l’onde en 𝜆.

Pour le réseau, les maxima principaaux d’ordre 𝒎 de l’onde en 𝝀 + 𝜟𝝀 est donnée par :

ΔΦ = 𝑑. sin θ = 2𝜋𝑚 ⇒ 𝑑. sin θ = 𝑚 𝜆 + 𝛥𝜆
𝝀 + 𝜟𝝀
Les positions des minima de l’onde en 𝝀 sont donnés par :
2π 2 (𝑚𝑁 + 1)𝜋 𝜆(𝑚𝑁 + 1)
ΔΦ = 𝑑. sin θ = ⇒ 𝑑. sin θ =
𝝀 𝑁 𝑁
On peut ainsi associer les deux équations et on divise le tout par 𝛥𝜆 :
𝜆 𝑚𝑁 + 1 𝑚 𝜆 + 𝛥𝜆 𝑅 𝑚𝑁 + 1 𝑚𝛥𝜆 𝑅
= ⇒ = 𝑚𝑅 + ⇒ 𝑚𝑅 + = 𝑚𝑅 + 𝑚 ⇒ 𝑅 = 𝑚𝑁
𝑁𝛥𝜆 𝛥𝜆 𝑁 𝛥𝜆 𝑁

Cette expression correspond au pouvoir de résolution du réseau, en général, 𝑚 est limité à 2 ou à 3.


Chapitre 5. Diffraction de la lumière 76
Complément de cours : pas au programme de l’examen
10. Application : les réseaux
Les réseaux permettent d’observer les spectres discrets émis par quelques éléments. Pour observer ces
spectres, on place le gaz à basse pression dans un tube et on y fait passer une décharge électrique.
La lumière émise est ensuite décomposée avec un réseau de diffraction. A la différence du prisme, le
pouvoir de résolution peut être amélioré en augmentant le nombre de fentes et ainsi observer les raies
très proches. Chacune des raies correspond à une émission de photon dont la fréquence/longueur
d’onde correspond à la différence d’énergie entre les niveaux électroniques de l’atome (excité
initialement par décharge électrique).
Chapitre 5. Diffraction de la lumière 77
Complément de cours : pas au programme de l’examen
11. Application : la strioscopie pour observer les défauts d’une lentille
La strioscopie constitue une autre expérience mettant en
évidence les phénomènes de diffraction.
Une source S, au foyer F1 de L1 donne une image S' au foyer
F'2 de L2. Un objet transparent (lame de verre, plume, grille)
placé en A a son image en B par L2.
Si on place un cache en F'2, on ne devrait plus observer
l'image B de A si toute la lumière passait effectivement par S'.
Or on observe au contraire une image, peu lumineuse mais
bien contrastée : l'objet A a diffracté la lumière incidente, une
partie évite alors le cache placé en F'2.

Voir effet Schlieren

Vous aimerez peut-être aussi