Vous êtes sur la page 1sur 2

Dermatoses inflammatoires

PO10 244 PO10 245


Blépharite récurrente révélant un lichen Comparaison du fardeau et du parcours de
oculaire isolé soin des patients atteints de psoriasis,
H. Tahiri 1,∗ , F. Hali 1 , K. Elkafi 2 , M. Elbelhadji 2 , F. Marnissi 3 , dermatite atopique, maladie de Verneuil et
S. Chiheb 1 urticaire chronique
1 Dermatologie, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
2 Ophtalmologie, hôpital 20 Août, Casablanca, Maroc
P.A. Bécherel 1 , Z. Reguiai 2,∗ , A.C. Fougerousse 3 , J.L. Perrot 4 ,
3 Service d’anatomie pathologique, CHU Ibn Rochd, Casablanca,
E. Begon 5 , D. Thomas-Beaulieu 6 , L. Mery Bossard 7 , D. Pourchot 8 ,
C. Boulard 9 , C. Fite 10 , J. Beaziz 11 , I. Zaraa 10 , D. Lons Danic 10 ,
Maroc
∗ Auteur correspondant.
A. Badaoui 12 , J. Parier 13 , A. Patchinsky 14 , P. Muller 15 ,
E. Esteve 16 , C. Le Pelley 17 , C. Poreaux 18 , A.L. Liegeon 19 ,
Introduction Le lichen plan (LP) est une maladie auto-immune C. Jacobzone Leveque 20 , G. Chaby 21 , A.S. Dillies 22 ,
qui affecte principalement la peau et les muqueuses. Sa prévalence M. Perrussel 23 , C. Girard 24 , N. Quiles-Tsimaratos 25 ,
globale varie de 0,1 % à 4 % de la population mondiale. Le lichen F. Maccari 26 , OMCCI
plan muqueux affecte par ordre décroissant la muqueuse buccale, 1 Dermatologie, hôpital privé d’Antony — Ramsay Santé, Antony,

suivie de la muqueuse génitale, de l’œsophage et du nasopharynx. France


L’atteinte oculaire est relativement rare, rapportée principalement 2 Service de dermatologie, polyclinique Courlancy-Bezannes,

dans des cas isolés, avec une présentation clinique non spécifique Reims, France
pouvant être à l’origine d’un retard diagnostique, causant ainsi des 3 Dermatologie, hôpital d’Instruction des Armées Bégin,

altérations chroniques et irréversibles de l’intégrité de la surface Saint-Mandé, France


oculaire et entraînant une morbidité significative. Nous rapportons 4 Dermato-allergo-oncologie, CHU Nord Saint-Étienne,

le cas d’un lichen oculaire révélé par une blépharite chronique. Saint-Priest-en-Jarez, France
Observations Une patiente âgée de 88 ans aux antécédents de 5 Dermatologie, service des urgences pour adultes, hôpital

diabète et d’hypertension artérielle, opérée il y a 6 ans pour une René-Dubos, Pontoise, France
cataracte bilatérale, a été admise pour des lésions oculaires avec 6 Dermatologie, centre hospitalier intercommunal de

diminution de l’acuité visuelle évoluant depuis 5 ans, traitées par Poissy — Saint-Germain-en-Laye, Saint-Germain-en-Laye, France
des collyres de corticoïdes et de cyclines. 7 Dermatologie, centre hospitalier Poissy Saint-Germain-en-Laye,

L’examen clinique a révélé une rougeur oculaire avec hyperhémie Poissy, France
conjonctivale bilatérale, une blépharite intense avec des symblé- 8 Dermatologie, Saint-Germain-en-Laye CH intercommunal,

pharons bilatéraux, une épithéliopathie et une néovascularisation Poissy, France


cornéenne de l’œil droit, ainsi qu’un comblement des culs-de-sac 9 Dermatologie, CH Jacques-Monod, Le Havre, France

conjonctivaux de l’œil gauche. L’acuité visuelle était de 2/5 à l’œil 10 Dermatologie, hôpital Paris Saint-Joseph, Paris, France

droit et de 3/5 à l’œil gauche. Le reste de l’examen dermatologique 11 Dermatologie, hôpital Bichat — Claude-Bernard, Paris, France

a révélé une chéilite actinique sans atteinte cutanée, muqueuse ou 12 Service de dermatologie, hôpital d’Instruction des Armées

phanérienne. Bégin, Saint-Mandé, France


Une biopsie conjonctivale a été réalisée et a montré un infiltrat 13 Dermatologie, cabinet privé, Saint-Étienne, France

lymphocytaire avec des réorganisations fibreuses et hémorragiques 14 Dermatologie, hôpital Bel-Air, CHR Metz-Thionville, Thionville,

compatibles avec un lichen plan oculaire. Une immunofluorescence France


indirecte avec recherche d’anticorps anti-membrane basale était 15 Dermatologie, CHR Metz-Thionville, hôpital de Mercy, Metz,

négative. Le diagnostic de lichen oculaire a été retenu, et la France


patiente a été mise sous ciclosporine topique à 2 %. 16 Dermatologie, CH régional d’Orléans, Orléans, France

Discussion Notre observation illustre une localisation oculaire 17 Dermatologie, cabinet, Vannes, France

isolée de lichen plan chez une patiente de 88 ans. Le lichen plan 18 Dermatologie, clinique Louis-Pasteur, Essey-lès-Nancy, France

oculaire est une maladie rare caractérisée par des altérations 19 Dermatologie, CHR Metz-Thionville, Thionville, France

chroniques et irréversibles de l’intégrité de la surface oculaire, 20 Dermatologie, hôpital du Scorff, groupe hospitalier Bretagne

entraînant une morbidité significative. Plusieurs aspects cliniques Sud — Lorient, Lorient, France
ont été décrits depuis la première description en 1904, dont la 21 Dermatologie, CHU d’Amiens-Picardie Site Nord, Amiens,

conjonctivite, la kératite, la blépharite récurrente, le symblépha- France


ron, le syndrome de l’œil sec et l’obstruction du canal lacrymal. 22 Cabinet libéral, Estrées-Deniécourt, France

Ces aspects ne sont pas spécifiques et nécessitent une corréla- 23 Service de dermatologie, centre hospitalier universitaire de

tion anatomoclinique et l’exclusion des diagnostics différentiels, Pontchaillou, Rennes, France


c’est-à-dire la pemphigoïde cicatricielle. 24 Dermatologie, CHU de Montpellier, Montpellier, France

Le lichen oculaire est le plus souvent associé à une atteinte 25 Dermatologie, hôpital Saint-Joseph, Marseille, France

muqueuse ou cutanée facilitant le diagnostic mais dans de rares 26 Dermatologie, cabinet libéral, La Varenne Saint-Hilaire, France

cas comme celui de notre patiente, les lésions oculaires sont iso- ∗ Auteur correspondant.

lées et constituent alors une difficulté diagnostique. De nombreux


Introduction Les dermatoses inflammatoires chroniques (DIC)
traitements sont proposés tels que la corticothérapie et la ciclo-
peuvent grever de manière significative la qualité de vie des
sporine topique, le plasma riche en plaquette ainsi que la chirurgie
patients. Leurs traitements ont fait l’objet d’avancées majeures
avec des résultats variables.
ces dernières années. Très peu de données à long terme sur la vision
Le lichen oculaire est une entité rare, souvent sous-diagnostiquée,
des patients vis-à-vis de leur DIC et de leurs traitements ont été
nécessitant une collaboration étroite entre dermatologues et oph-
rapportées.
talmologues afin de poser un diagnostic précoce et d’éviter des
Matériel et méthodes Un registre français, prospectif et multi-
séquelles irréversibles.
centrique a été mis en place pour quantifier l’impact et l’évolution
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir
de la qualité de vie des patients suivis pour une des 4 DIC de stade
de liens d’intérêts.
modéré à sévère, les plus fréquentes et ayant le plus d’impact sur le
https://doi.org/10.1016/j.fander.2023.09.410 quotidien, le psoriasis (PS), la maladie de Verneuil (MV), la derma-
tite atopique (DA) et l’urticaire chronique (UC), durant une période

A250
Annales de dermatologie et de vénéréologie - FMC 3 (2023) A234—A257

de suivi de quatre ans. Les patients adultes vus en pratique cou- décrite est associée à des mutations du gène GGCX. Les signes
rante étaient inclus à l’initiation ou lors de la modification d’un cutanés sont des papules jaunes des plis, confluentes en plaques,
traitement systémique ou biologique. Lors de la visite d’inclusion, associées à une élastorrhexie histologique. Nous rapportons ici
puis tous les 6 mois pendant 4 ans, les résultats rapportés par les 3 exemples différents d’inflammation granulomateuse chez des
patients (PRO) et les données cliniques de ces maladies et de leurs patientes porteuses de lésions cutanées de PXE.
traitements ont été recueillies. Observations Une patiente de 64 ans était suivie pour un PXE
Résultats Au total, 2058 patients ont été inclus dans 24 centres : variant GCCX. L’examen dermatologique retrouvait des lésions cuta-
1137 PS, 413 DA, 301 MV et 207 UC. Ces maladies avaient un impact nées de PXE dans les régions latéro-cervicales et les emmanchures
majeur pour plus de 90 % des patients affectant la vie quotidienne, antérieures, plis axillaires, plis antécubitaux, région ombilicale,
familiale et professionnelle. Selon le SF-12, l’impact des quatre plis inguinaux, creux poplités. L’atteinte du tronc était caractéris-
maladies était à la limite du pathologique pour la santé physique tique de la forme variante du PXE avec de gros plis cutanés diffus.
et sévère pour la santé mentale. Au cours des 6 mois précédant La présence de petites papules kératosiques érythémateuses, avec
l’inclusion, 17,7 % (PS), 27,9 % (DA), 43,1 % (MV) et 43,6 % (UC) des répartition serpigineuse à la face antérieure de l’épaule gauche fai-
patients se sont absentés du travail en raison de leur maladie. 26,3 % sant poser le diagnostic d’élastomes perforants (EPS). À l’examen
des patients atteints de MV ont été hospitalisés (vs 8,1 %, 5,8 % et histologique on trouvait un matériel constitué de fibres élastiques
13 % des patients atteints de PS, DA ou UC, respectivement). Près dystrophiques du derme superficiel extrudé à travers l’épiderme.
de la moitié des patients MV (majoritairement des femmes d’un âge Une patiente de 54 ans, suivie pour un PXE classique, présentait
médian de 32 ans) étaient toujours célibataires. Plus de 25,8 % des des lésions cutanées caractéristiques et étendues de PXE dans les
patients atteints de MV étaient au chômage et ceux qui avaient un régions latéro-cervicales et les autres zones classiques. On notait la
emploi occupaient principalement des postes peu qualifiés. Malgré présence de papules ou papulonodules nombreux sur la paroi abdo-
le poids important de ces 4 DIC, seuls 6,2 % des patients recevaient minale, la nuque, la peau axillaire droite. Une biopsie était réalisée
un traitement systémique conventionnel et 14,2 % un traitement et trouvait des microkystes dermiques multiples compliqués de rup-
biologique avant la visite d’inclusion. Après cette première visite, ture de la paroi avec réaction inflammatoire granulomateuse.
87,4 % de ces patients recevaient un traitement systémique ou bio- Une patiente de 38 ans était suivie pour un PXE. On notait des lésions
logique. caractéristiques étendues de PXE. Sur la face antérieure du cou et
Discussion Les DIC affectent environ un adulte français sur dix. à la face interne des bras, les plaques de PXE étaient le siège d’une
Les études qui quantifient le fardeau des DIC sont principalement inflammation centrifuge évoquant le diagnostic de granulome élas-
des évaluations ponctuelles qui n’évaluent pas l’impact dynamique tophagique annulaire. Ce dernier était confirmé histologiquement.
des DIC qui peut s’accumuler avec le temps ou changer en termes Discussion Nous rapportons trois cas de PXE compliqués d’une
de dimensions affectées (physique, psychologique, socioprofession- inflammation cutanée granulomateuse. Ces cas illustrent trois enti-
nelles, sentiments des patients à l’égard de leur maladie, de tés anatomocliniques différentes qui, bien que classiques au cours
leurs traitements. . .). Malgré la révolution thérapeutique dans ces du PXE, sont rarement observées. Elles peuvent être interprétées
domaines, nous constatons encore dans la pratique quotidienne comme des tentatives de l’organisme de « se débarrasser » des
l’impact majeur de ces DIC sur la qualité de vie de ces patients et fibres élastiques dystrophiques dermiques. Ces inflammations gra-
de leur famille. Le poids de ces DIC au niveau individuel et sociétal nulomateuses ne doivent pas être confondues avec les poussées
tend à être sous-estimé, y compris parfois par les dermatologues. érythémateuses parfois observées chez les jeunes patients PXE en
Conclusion Ces DIC (en particulier la MV) ont un impact majeur début de maladie cutanée. L’impact esthétique de ces lésions est
sur tous les aspects de la qualité de vie des patients. La faible utili- notable. La prise en charge thérapeutique est difficile. La réponse
sation de base des traitements systémiques au regard du fardeau aux cyclines ou à l’hydroxychloroquine est inconstante.
élevé de ces DIC suggèrent un usage sous optimale des traite- Ces lésions de granulome sont à rechercher au cours du suivi du PXE.
ments pour ces patients. L’évaluation dynamique et à long terme Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir
des changements apportés par l’initiation ou l’optimisation de ces de liens d’intérêts.
traitements sur l’évolution de la vie des patients sera étudiée pros- https://doi.org/10.1016/j.fander.2023.09.412
pectivement au cours des 4 ans de suivi de ce registre.
Déclaration de liens d’intérêts Ziad Reguiai : Abbvie, Amgen,
PO10 247
Bayer, Boehringer-Ingelheim, Celltrion, Lilly, Janssen, Leo-Pharma,
Novartis, Pfizer, Regeneron, Sanofi, UCB, BMS, Medac, MSD.
Efficacité du tofacitinib dans la morphée en
Les autres auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts. plaque
https://doi.org/10.1016/j.fander.2023.09.411 G. Russo ∗ , G. Kaya , S. Menzinger , E. Laffitte
Dermatologie, hôpitaux universitaires de Genève (HUG), Genève,
Suisse
PO10 246 ∗ Auteur correspondant.
Inflammation granulomateuse associée au
Introduction La morphée ou sclérodermie localisée est une mala-
pseudoxanthome élastique, 3 cas
die inflammatoire et sclérosante cutanée qui peut toucher les tissus
E.P.Libert 1,∗ ,
C. Boileau-Savary 2 ,
S. Michalak 3 ,
A. Croue 2 , mous sous-jacents. La pathogénie exacte n’est pas entièrement
L. Martin 4,5 élucidée, l’hypothèse d’un dérèglement auto-immun est la plus
1 Dermatologie, Hôtel-Dieu, CHU de Nantes, Nantes, France
2 Anatomopathologie, CHU d’Angers, Angers, France
acceptée actuellement. Des études précliniques récentes indiquent
3 Biologie pathologie, CHU d’Angers, Angers, France
que la physiopathologie de la fibrose dans la morphée est influencée
4 Dermatologie-vénéréologie, CHU d’Angers, Angers, France
par la voie JAK/STAT.
5 Centre de référence national maladies rares (CRMR) pour le PXE,
Nous rapportons le cas d’une patiente atteinte d’une morphée du
sein qui s’est résolue après avoir commencé un traitement de tofa-
CHU d’Angers, Angers, France citinib, un Janus kinase (JAK) inhibiteur de types 1 et 3, introduit
∗ Auteur correspondant.
pour une arthrite psoriasique.
Introduction Le pseudoxanthome élastique (PXE) est une mala- Observations Une femme de 58 ans consultait pour une morphée
die autosomique récessive du tissu conjonctif caractérisée par la en plaque du sein gauche. L’examen clinique mettait en évidence
fragmentation et la calcification des fibres élastiques. La forme une lésion cutanée indurée et scléreuse du sein gauche, le diagnos-
classique est associée au gène ABCC6. La première forme variante tic était confirmé par l’examen histopathologique de la lésion. Un

A251

Vous aimerez peut-être aussi