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Mots clés : La dacryo-cysto-rhinostomie est l’intervention chirurgicale qui supprime la gouttière lacrymale pour pouvoir
Dacryo-cysto-rhinostomie marsupialiser le sac lacrymal dans la fosse nasale. Elle est indiquée principalement comme traitement des
Voies lacrymales sténoses lacrymonasales symptomatiques (abcès, colique lacrymale, suppuration, épiphora invalidant) et
Dacryocystite accessoirement pour la mise en place d’une intubation bicanaliculaire lorsque le cathétérisme vertical sans
Larmoiement fausse route n’est pas possible. La principale difficulté est de bien repérer et bien gérer la zone chirurgicale
Sténose lacrymonasale idéale au sein des multiples variantes anatomiques de la fosse nasale. Elle s’accommode mal des fosses nasales
Intubation que l’on ne peut élargir. Ses résultats peuvent être comparés favorablement à ceux de la voie externe.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Keywords: The dacryocystorhinostomy is the surgery that removes the lacrymal duct for the fistulization of the lacrymal
Dacryocystorhinostomy sac into the nasal cavity. It is primarily indicated for the treatment of symptomatic lacrymo-nasal stenosis
Lacrymal duct impotency (abscess, lacrymal colic, discharge, disabling epiphora) and secondarily for the establishment of a bicanalicular
Dacryocystitis intubation when the vertical catheter without false route is not possible. The main difficulty is to properly
Epiphora identify and manage the ideal surgical area in multiple anatomic variations of the nasal cavity. This area
Lacrymo-nasal stenosis badly accommodates with nasal cavities which cannot be expanded. These results can be favorably compared
Intubation with results obtained from the the external route.
© 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
EMC - Ophtalmologie 1
Volume 21-175-A-35 2012
doi:10.1016/S0246-0343(12)55706-0
21-175-A-35 Dacryo-cysto-rhinostomie par voie endonasale
champ de vision équivalent, voire supérieur à celui obtenu avec risque d’effraction intraorbitaire. L’infiltration est étendue à la par-
le microscope opératoire. Le guidage endoscopique permet de tie antérieure du cornet moyen et/ou du septum nasal lorsqu’une
mobiliser la visée dans la fosse nasale bien plus profondément et résection de ces structures s’avère nécessaire. Ce geste ne semble
plus rapidement qu’on ne le ferait avec un microscope opératoire. pas souhaitable lors des reprises de DCR si les repères ne sont pas
L’image est recueillie par une microcaméra raccordée à un moni- certains.
teur. L’endoscope est entouré d’un système d’irrigation-aspiration
qui nettoie l’optique à la demande. Les gaines lavantes aspirantes
permettent de limiter les entrées et sorties de l’endoscope. Tout ce Étapes opératoires
matériel doit être autoclavable. Repérage de la zone chirurgicale
Matériel chirurgical Rhinoscopie antérieure
Elle permet d’apprécier l’accès à la zone chirurgicale.
• Instruments lacrymaux : un dilatateur double, une sonde à Il n’existe pas deux fosses nasales identiques, et l’expérience est
voies lacrymales type Galezowski ; une pince droite sans griffe irremplaçable. Après vasoconstriction muqueuse, il existe sché-
type Kocher. matiquement trois situations :
• Instruments pour gérer l’étape lacrymonasale : un décolleur à • les instruments atteignent le méat moyen sans blesser la
bout mousse, une pince à prise déjetée avec des mors orientés muqueuse nasale : la fosse nasale est dite « large » ;
à 45◦ , type Blakesley, de 3 mm de largeur ; une paire de ciseaux • les instruments sont arrêtés par les variantes anatomiques du
courbes à cornet ; une faux ; un aspirateur coagulant. septum nasal et/ou du cornet moyen. Le septum nasal est excep-
• Instruments pour l’ostéotomie : tionnellement rectiligne et médian mais les anomalies vraiment
◦ emporte-pièces (rongeurs) : le diamètre est de 3 mm chez gênantes sont plus rares (< 15 %). Elles varient de la déviation
l’adulte et 2 mm chez l’enfant. L’ouverture se fait à 90◦ de localisée jusqu’à l’obstruction complète de la fosse nasale par
l’axe du manche, en direct et en inversé ; la cloison et la lame perpendiculaire de l’ethmoïde. Bien plus
◦ forage protégé : la tige du foret est incorporée dans une gaine souvent, c’est la tête du cornet moyen qui handicape l’accès à la
métallique qui la sépare de l’endoscope et surtout de la zone chirurgicale lorsqu’elle est avancée et/ou renflée en bulbe.
muqueuse nasale. La fraise dépasse à l’extrémité terminola- Ce renflement est parfois la conséquence d’une pneumatisation
térale de la gaine. Le diamètre de la fraise à pans varie de 2,7 (concha bullosa). Ce n’est pas constant. Dans ces différents cas,
à 4 mm environ. La fraise la plus employée mesure 3,2 mm. la fosse nasale est étroite mais élargissable ;
Ce tube protecteur comporte son propre système d’irrigation- • la fosse nasale, bien que rectiligne, est filiforme dans son
aspiration. L’irrigation diminue les risques de brûlure osseuse ensemble et n’autorise pas une progression atraumatique des
et muqueuse et réduit la formation de vapeurs. La bouillie et instruments. Cette fosse nasale que l’on ne peut élargir rend
le saignement disparaissent en partie grâce à l’aspiration de très difficile la réalisation d’une voie endonasale.
la pièce à main. L’irrigation-aspiration intégrée au forage est
un progrès par rapport au forage simple. L’instrumentation Imagerie
restérilisable est quasi inusable. Les incidences doivent préciser les notions suivantes :
• l’insertion antérieure du processus unciforme sur la paroi laté-
Remarques concernant l’instrumentation rale ;
• l’existence d’une procidence méningée ;
• Le microscope opératoire équipé d’une focale 300 mm présente • la position du récessus frontal ;
l’avantage de donner une image stéréoscopique, mais il est par- • une pathologie associée comme : un aspergillome du sinus
fois difficile de focaliser assez loin dans la fosse nasale. maxillaire, une sinusite, une polypose, une maladie de Wege-
• L’optique 30◦ présente l’avantage de visualiser obliquement le ner, etc. ;
site opératoire, mais rend l’orientation plus difficile pour les • après échec d’une DCR : la position de l’ostéotomie par rap-
premiers cas. port au reste de sac lacrymal. C’est dans ce dernier cas que
• Le forage simple est bon marché mais présente les risques inhé- l’opacification simultanée du sac lacrymal est intéressante.
rents à l’absence de protection. Le foret en rotation peut brûler L’imagerie est confrontée aux données de la rhinoscopie anté-
la muqueuse nasale et/ou l’orifice narinaire. Ce risque est plus rieure.
important si la fosse nasale est étroite. Les vapeurs osseuses
peuvent affecter la visibilité du site opératoire. Le forage non Transillumination [10–14]
protégé nous semble devoir être abandonné. On utilise une fibre optique reliée à un générateur de lumière
• La gouge et le marteau ont largement fait la preuve de leur froide. Il s’agit des mêmes fibres que celles utilisées en chirurgie
efficacité. Nous n’en avons pas l’expérience dans la DCR. vitréorétinienne. La fibre est guidée jusqu’au contact osseux. On
• Aucun des lasers disponibles n’est suffisamment efficace pour cherche à dépister l’apparition du spot de lumière en fosse nasale.
réaliser l’ostéotomie maxillaire. Sa réputation d’innocuité est Si la fibre optique reste bien horizontale, le spot indique la posi-
usurpée. À cette date, l’intérêt du laser, pour le patient, n’a pas tion du canalicule commun. La zone de sécurité chirurgicale se
été démontré. situe en avant et en bas du spot (si la fibre n’a pas perforé les voies
lacrymales).
Le recours à la transillumination du canalicule commun
Anesthésie n’est pas indispensable. Cependant, cette aide nous semble
irremplaçable pour l’enseignement de la méthode et chaque fois
Anesthésie locorégionale ? Anesthésie générale ? que l’anatomie est remaniée. Statistiquement, le spot apparaît
Les techniques d’anesthésie sont identiques à celles de la voie juste en dessous de l’opercule du cornet moyen. L’hypertrophie
externe. Nous trouvons pour notre part l’anesthésie locorégionale de la première cellule ethmoïdale peut le masquer.
inconfortable pour une voie endonasale.
Dacryo-cysto-rhinostomie ethmoïdale (encore
Préparation de la fosse nasale appelée « unciformienne » ou rétrograde)
Le méat moyen de la fosse nasale est méché avec une solution Elle reproduit en miroir la standardisation technique de la voie
de Xylocaïne® à 5 % naphazolinée chez l’adulte et de Xylocaïne® externe [15] .
à 1 % adrénalinée chez le petit enfant.
Après quelques minutes, la muqueuse nasale en regard de la Élargissement programmé de la fosse nasale
zone chirurgicale est infiltrée par une solution de Xylocaïne® à Cette étape est facultative. Elle s’adapte cas par cas aux condi-
1 % adrénalinée avec une seringue à pas de vis de 5 ml et une tions locales (Fig. 1 à 3).
aiguille de 21 gauge. Un ou 2 ml suffisent. Cette infiltration reste • Septum nasal. La subluxation septale par pression ou à
au contact de la partie maxillaire de la gouttière pour prévenir le l’aide d’un écarteur à valves (type Killian) est simple et
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Dacryo-cysto-rhinostomie par voie endonasale 21-175-A-35
Figure 9. Début de l’ostéotomie avec un emporte-pièce. Figure 11. En fin d’ostéotomie, le sac est bien dégagé. Test de « liberté
osseuse » avec la sonde transilluminatrice.
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Évolution postopératoire
• Sur le plan clinique, les suites sont morphologiquement plus
simples que pour une voie externe car on ne décèle habituel-
lement aucun signe extérieur d’intervention : ni œdème, ni
hématome, ni inocclusion palpébrale, etc.
• Sur le plan fonctionnel, il n’existe ni douleurs, ni céphalée et le
larmoiement disparaît dès la première semaine.
• Sur le plan endoscopique, l’analyse du rétablissement de la
continuité muqueuse, entre la fin de l’intervention et la cica-
trisation finale, est difficile en raison de la présence quasi
constante de sécrétions qui masquent et adhèrent à la zone
opératoire durant toute cette période. Compte tenu de tous ces
handicaps de visualisation, il est bien difficile d’affirmer que les
sutures muqueuses influencent réellement le rétablissement de
la continuité.
En synthèse de nos observations, il semble que la muqueuse
Figure 13. Aspect 1 an plus tard avec test à la fluorescéine. nasale bourgeonne pour rejoindre la muqueuse lacrymale. Cette
dernière aurait plutôt tendance à se rétracter qu’à proliférer. La
Remarques fusion des muqueuses est obtenue en moins de 2 mois en règle
générale, mais la vitesse de cicatrisation est très variable selon les
• Le chlorhydrate de cocaïne est un puissant vasoconstric- individus.
teur mais est contre-indiqué chez les sujets âgés et chez les Cette cicatrisation nasale peut être capricieuse avec des croûtes
coronariens en raison du fort passage systémique dû à la vas- plus ou moins longues à se résorber. Chez certains patients, on
cularisation de la fosse nasale. Sa supériorité sur la naphazoline note un retard de cicatrisation avec un os dénudé (maxillaire)
est discutable. d’aspect ostéitique, alors souvent recouvert de croûtes purulentes.
• On sépare sur le plan technique une méthode unciformienne (cf. Un prélèvement local retrouve souvent une colonisation par Sta-
supra) et une méthode maxillaire. Dans la technique maxillaire phylococcus aureus, germe habituellement présent dans le vestibule
(encore appelée antérograde), l’ostéotomie est débutée délibé- narinaire. Dans ce cas, le patient peut signaler des cacosmies et/ou
rément en pleine bosse lacrymale [16, 30–33] . L’ablation osseuse est des douleurs de la branche montante du maxillaire.
élargie de proche en proche en s’enfonçant dans la fosse nasale, L’examen endoscopique de la fosse nasale et de l’ostium peut
jusqu’à dégager le sac lacrymal. La gouge et le marteau trouvent être handicapé par l’interposition de synéchies postopératoires.
là tout leur intérêt. Cette technique présente l’avantage de ne Elles sont secondaires à des traumatismes muqueux. Ces synéchies
pas imposer d’élargissement du méat moyen de la fosse nasale sont d’autant plus fréquentes que la fosse nasale était étroite. Elles
aux dépens du cornet moyen et/ou du septum nasal. Mais le sont beaucoup plus rares si la fosse nasale était large ou avait été
repérage est plus difficile et elle nous semble moins propice à la délibérément élargie par résection. Anatomiquement, toutes les
standardisation. La latéralisation des instruments peut blesser variétés de synéchies peuvent s’observer. Elles doivent être respec-
le muscle oblique inférieur, perforer la région canthale, source tées lorsqu’elles n’engendrent ni trouble respiratoire, ni obstacle
de cicatrice inesthétique ou de fistule permanente [34] . Notre au drainage lacrymal.
préférence pour la voie unciformienne est liée au fait que le repé- Des bourgeons charnus peuvent être retrouvés sur le bord de
rage endonasal de la suture maxilllolacrymale est relativement la muqueuse au contact des berges de l’ostéotomie ou au contact
aisé. Cette marque anatomique est parfaitement fiable. Une fois de l’intubation. Les bourgeons disparaissent spontanément une
ce clivage réalisé, il nous semble plus simple de reproduire les fois la cicatrisation terminée. Ce n’est qu’en cas de persistance
mêmes gestes que pour une DCR externe. La préférence tech- prolongée et avec échec fonctionnel que se discute un traitement
nique est sans influence sur le résultat si en fin d’intervention local par corticoïdes locaux ou par nitrate d’argent.
le canalicule commun est bien dégagé. La cicatrisation terminée montre une muqueuse lisse, sans
• La suture des muqueuses est séduisante [29, 35] car elle permet bourgeonnement ni croûtes, avec un orifice lacrymal bordé par
de poursuivre le parallèle technique avec la voie externe. Les un épithélium non inflammatoire. Il est alors impossible de
contrôles endoscopiques de nos tentatives de sutures diverses reconnaître les anciennes limites du sac lacrymal, et totalement
n’ont pas été concluants. L’affrontement de muqueuses après impossible de deviner les bords de l’ostéotomie. L’aspect macro-
sutures mécaniques comme thermiques n’est pas stable dans la scopique de l’abouchement est très variable. Il existe souvent
majorité des cas. une sorte de « delta », d’antichambre. L’observation directe du
canalicule d’union est difficile en raison de son orientation cau-
dale. Le succès fonctionnel est assuré lorsque les parois de l’
Traitement postopératoire « antichambre » restent à distance l’une de l’autre. La pression digi-
• Un flash d’antibiotiques juste avant l’intervention fait partie tale sur la région canthale mobilise un peu de larmes ou une bulle
des recommandations des chirurgies sinusiennes. Poursuivre d’air mais pas de mucus.
l’antibiothérapie per os pendant 1 semaine ne nous semble pas
nécessaire sauf si une septoplastie a été réalisée. L’instillation de
collyres associant néomycine et dexaméthasone à raison d’une Complications
goutte quatre fois par jour est poursuivie pendant 7 jours.
• La fosse nasale est lavée au sérum physiologique, quatre fois par
de la dacryo-cysto-rhinostomie
jour pendant 15 jours. par voie endonasale
• L’ablation des croûtes nasales, notion classique après chirur-
gie ethmoïdale, ne nous paraît pas nécessaire, sauf en cas de Elles sont identiques à celles rapportées avec la voie externe.
menace de stricturotomie liée à leur agglutination sur le sili- Seules les fréquences diffèrent. Toutes les complications citées
cone. peuvent s’associer à des degrés divers.
6 EMC - Ophtalmologie
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Complications liées au repérage brospinale. Le scanner doit être demandé de toute urgence. Sans
attendre son résultat, les précautions d’usage (antibiothérapie,
• Abcès du sac lacrymal secondaire au scanner avec injection des vaccination antipneumococcique) sont instaurées. Le pronostic
voies lacrymales. La survenue d’un abcès du sac lacrymal dans vital est engagé.
les suites immédiates de l’examen survient dans environ 1 % La fréquence exacte des effractions de la lame criblée de
des cas. Coïncidence ? l’ethmoïde et des rhinorrhées cérébrospinales après DCR est mal
• Complications de la transillumination [36] . La fiabilité de la connue, faute d’étude systématique.
transillumination est excellente ; mais elle n’a de valeur que Les publications de rhinorrhées cérébrospinales après DCR
positive. Elle peut être prise en défaut par les hypertrophies cliniquement parlantes sont anecdotiques [21, 37–41] au regard du
ethmoïdales ou lorsque l’OCM est situé en bas et en avant. nombre de DCR réalisées chaque année. Il n’est pas certain que la
L’inclinaison de la fibre transilluminatrice peut être utile mais voie externe soit plus sûre que la voie endonasale.
elle n’indique plus le canalicule d’union. Des sténoses canali- Cet accident a suscité plusieurs travaux anatomiques qui ont
culaires iatrogènes ont été signalées après utilisation de fibre montré que statistiquement, l’ostéotomie d’une DCR conserve
optique. Cette cicatrisation canaliculaire peut résulter soit une marge de sécurité par rapport à l’endocrâne [42–44] . Cependant,
d’une blessure de la muqueuse canaliculaire par l’extrémité de la cette marge de sécurité peut être prise en défaut par l’existence
fibre, soit d’une brûlure secondaire à un contact malencontreux d’une procidence méningée, toujours difficile à déceler clinique-
avec la coagulation. ment.
La possibilité d’un traumatisme indirect est moins souvent dis-
cutée dans la littérature lacrymale. Le septum nasal et/ou le cornet
Saignements moyen s’insère sur la lame criblée de l’ethmoïde, et un mouve-
Peropératoires ment de torsion malencontreux peut se compliquer d’effraction
de la lame criblée de l’ethmoïde. Toutes ne se compliquent pas
Sur le plan général, les deux éléments les plus importants de rhinorrhée cérébrospinale. Cette éventualité est observée dans
concernent le contrôle de la tension artérielle et la qualité de 10 % des premières séries de chirurgies fonctionnelles endosco-
l’hémostase. piques des sinus [45] .
Sur le plan local, la progression des instruments au sein d’une Le colmatage de la brèche, lorsqu’il est nécessaire, peut se faire
fosse nasale étroite peut blesser la muqueuse nasale qui va saigner par voie neurochirurgicale ou par voie oto-rhino-laryngologique.
dans un premier temps et risquer des synéchies en cicatrisant. Les douleurs de l’orifice narinaire compliquent les forages non
Ces traumatismes muqueux sont conditionnés par la promiscuité protégés qui ont brûlé l’orifice narinaire.
des parois de la fosse nasale et le nombre d’entrées-sorties des
instruments. Ces derniers sont limités par le couplage de système
d’irrigation-aspiration aux instruments et à l’optique. Douleurs secondaires (premières semaines)
L’élargissement chirurgical lors de la voie d’abord endona- • Les douleurs localisées à la pommette ou en regard du sinus
sale (septoplastie chirurgicale, turbinectomie moyenne partielle frontal suggèrent l’apparition d’une sinusite aiguë maxillaire
[TMP], unciformectomie antérieure) comporte en fait moins de ou ethmoïdofrontale. Ces complications sont rares et le plus
risque de saignement peropératoire car l’hémostase des tranches souvent résolutives médicalement. Ces sinusites relèvent soit
de section se fait dans de meilleures conditions. L’élargissement de l’aggravation d’un état inflammatoire préexistant, soit de
programmé comporte également moins de risque de synéchie modifications anatomiques induites par la DCR [46] . Anatomi-
postopératoire que le fait de laisser deux blessures muqueuses face quement, le récessus frontal est au contact de la face médiale
à face au sein d’un méat nasal étroit. de la gouttière lacrymale dans 30 % des cas et sa paroi antérieure
Les petits saignements peropératoires sont gênants pour la visi- est alors le processus unciforme. L’unciformectomie antérieure
bilité et sont inconfortables pour le patient opéré sous anesthésie peut léser le récessus frontal. Lorsque le sinus frontal a un
locale. Une coagulation opiniâtre nous paraît préférable à tout drainage très antérieur, le processus unciforme et la gouttière
méchage hémostatique, même avec des mèches à résorption très lacrymale peuvent constituer les parois, médiale et latérale, du
rapide. Les contrôles endoscopiques ont montré une réaction récessus frontal. Cependant, les sinusites frontales irréductibles
inflammatoire prolongée dont les conséquences sur le résultat sont très rares. L’unciformectomie antérieure peut théorique-
postopératoire sont inconnues. ment se compliquer de sinusite maxillaire ou ethmoïdale mais
ceci est très rarement reporté dans la littérature médicale.
Saignements secondaires • Les douleurs localisées à la branche montante du maxillaire
Les formes graves (pertes d’hémoglobine au-delà de 4 g) sug- suggèrent une ostéite maxillaire. Elle compliquerait une résec-
gèrent une blessure de l’artère ethmoïdale antérieure ou de l’une tion muqueuse trop étendue ou un bourgeonnement trop lent
de ses branches. La survenue d’une hémorragie n’est pas toujours qui laisseraient une partie de l’os maxillaire à nu dans la fosse
immédiate. Elle peut se démasquer secondairement lorsque l’effet nasale. L’ostéite est volontiers associée à une cacosmie. Cette
des vasoconstricteurs s’épuise. Elle peut n’apparaître que plus tard complication semble plus fréquente après méchage de la fosse
encore, au moment de la chute de l’escarre (vers le 5e jour). Dans nasale et suggère une contamination du site opératoire (staphy-
ces deux cas, une reprise chirurgicale pour une coagulation sélec- locoque, pyocyanique ou anaérobies).
tive n’est pas à exclure totalement.
La septoplastie chirurgicale comporte un risque d’infection
lorsqu’un hématome de cloison se forme dans les suites opéra- Complications esthétiques
toires.
Ecchymoses palpébrales
Mis à part ceux provoqués par l’anesthésie locale, les ecchy-
Douleurs moses et hématomes des paupières s’observent après effraction
de la lame papyracée de l’ethmoïde. Les ecchymoses non
Les douleurs après DCR sont totalement anormales. Elles consti-
compliquées disparaissent sans séquelles en 1 mois environ.
tuent un signe d’alarme majeur qui ne doit en aucun cas être
négligé. La date de survenue et leurs localisations permettent
d’orienter le diagnostic. Séquelles esthétiques
Elles semblent l’apanage de la voie maxillaire. Les strabismes
Douleurs précoces sont la conséquence d’une lésion du muscle droit médial ou de
L’apparition de céphalées dans les suites immédiates d’une l’oblique inférieur. Les fistules de la région médiocanthale et les
DCR, qu’elle soit externe, endonasale ou même transcanaliculaire, réactions cicatricielles exubérantes [34] compliquent des perfora-
fait redouter une brèche méningée. Lorsque le patient s’assoit, on tions ou une photoablation de la face latérale du sac et de son
constate un écoulement de liquide clair. C’est la rhinorrhée céré- enveloppe périostée.
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B. Fayet, Ancien interne des hôpitaux de Paris, ancien chef de clinique-assistant (brunofayet@club-internet.fr).
Service d’ophtalmologie, Hôtel-Dieu de Paris, 1, place du Parvis-Notre-Dame, 75004 Paris, France.
E. Racy, Ancien interne des hôpitaux de Paris, ancien chef de clinique-assistant.
Clinique Saint-Jean-de-Dieu, 19, rue Oudinot, 75007 Paris, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Fayet B, Racy E. Dacryo-cysto-rhinostomie par voie endonasale. EMC Ophtalmologie 2012;9(1):1-9
[Article 21-175-A-35].
EMC - Ophtalmologie 9
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