Vous êtes sur la page 1sur 20

 17-385-A-10

Chirurgie endoscopique de l’hypophyse


et de la base du crâne
M. Berhouma, M. Messerer, E. Jouanneau

La chirurgie de la base du crâne connaît un bouleversement majeur du fait de l’introduction de techniques


endoscopiques héritées de l’endoscopie des sinus de la face. Le développement récent de la chirurgie endo-
scopique de la base du crâne, par voies endonasale, supraorbitaire et rétrosigmoïde, s’intègre dans le
concept de neurochirurgie mini-invasive, contrastant ainsi avec les abords chirurgicaux classiques de la
base du crâne parfois délabrants et grevés d’une relative morbidité. L’endoscope a été initialement utilisé
en appoint du microscope opératoire à certaines phases de l’intervention chirurgicale (microchirurgie
assistée par endoscope), pour constituer actuellement un outil à part entière remplaçant le microscope
opératoire et permettant des abords purement endoscopiques. D’abord cantonnés à la chirurgie hypo-
physaire, ces abords se sont progressivement étendus aux régions supra- et latérosellaires, infratemporale,
au clivus et à la charnière craniocervicale. Ils couvrent une grande variété de pathologies de la base du
crâne, en alliant les avantages d’une meilleure visualisation anatomique et les bénéfices d’une chirurgie
mini-invasive. Ces techniques endoscopiques nécessitent bien évidemment une courbe d’apprentissage
parfois longue et une période d’adaptation nécessaire au passage de la vision tridimensionnelle microchi-
rurgicale à celle bidimensionnelle endoscopique. La chirurgie endoscopique comparée à la microchirurgie
semble améliorer les résultats oncologiques et fonctionnels dans des indications bien sélectionnées. Cette
chirurgie endoscopique de la base du crâne, offrant des voies d’abords innovantes, ne supplante pas pour
autant la chirurgie classique mais vient compléter l’arsenal thérapeutique des chirurgiens de la base du
crâne. Une des principales difficultés rencontrées pour la chirurgie endoscopique endonasale concerne la
problématique de fermeture de la base du crâne, difficulté qui tend à s’amenuiser avec l’expérience du
chirurgien et le développement de techniques ingénieuses de fermeture. À travers une expérience person-
nelle de plus de 520 cas, les auteurs présentent les abords purement endoscopiques de la base du crâne
à travers trois approches différentes : l’abord endoscopique endonasal, l’abord supraorbitaire et l’abord
rétrosigmoïde.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Base du crâne ; Microchirurgie ; Endoscopie ; Hypophyse ; Étage antérieur ; Selle turcique ;
Chirurgie endoscopique endonasale ; Voie supraorbitaire ; Voie rétrosigmoïde ; Tumeurs de la base du crâne

Plan  Introduction
■ Introduction 1 La fin du siècle dernier a vu naître le concept de neurochirur-
■ Chirurgie endoscopique endonasale 2 gie mini-invasive (keyhole neurosurgery) [1] , décrivant de multiples
Anatomie endoscopique de la base du crâne 2 voies d’abord ayant en commun une ouverture minime, et
Plateau technique et considérations anesthésiques 4 associant des techniques microscopiques et endoscopiques per-
Chirurgie endoscopique hypophysaire transsphénoïdale 4 mettant un traitement séduisant d’une multitudes de lésions
Abords endoscopiques étendus 9 intracrâniennes. L’exemple le plus représentatif de ce concept
Complications de la chirurgie endoscopique endonasale 13 est sans nul doute celui appliqué à la chirurgie hypophysaire

et plus globalement à la chirurgie de la base du crâne. Cette
Chirurgie endoscopique supraorbitaire 14
chirurgie endoscopique de la base du crâne est le fruit d’une
■ Chirurgie endoscopique de l’angle pontocérébelleux 16 longue collaboration entre chirurgiens oto-rhino-laryngologistes
■ Conclusion 18 (ORL) et neurochirurgiens, les premiers maîtrisant parfaitement
les techniques chirurgicales endoscopiques des sinus de la face,

EMC - Neurologie 1
Volume 10 > n◦ 1 > janvier 2013
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(12)60162-6
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

les deuxièmes apportant leur connaissance du versant endocrâ-


nien de la base du crâne [2] . Ainsi, la chirurgie endoscopique de
la base du crâne s’est développée initialement autour de la selle
turcique et donc de l’hypophyse, avant de s’étendre progressi-
vement aux régions supra- et parasellaires (sinus caverneux et
cavum de Meckel), à l’étage antérieur de la base du crâne, aux
fosses infratemporales, et plus récemment au clivus et à la jonction
craniocervicale. Après une expérience de plus de 500 chirurgies
endoscopiques endonasales de la base du crâne, notre équipe a
mis en pratique récemment l’abord endoscopique supraorbitaire
transsourcilier et transpalpébral [3] pour pallier les insuffisances de
la voie endoscopique endonasale, à savoir les risques de fuite de
liquide cérébrospinal (LCS) et les difficultés d’accès aux tumeurs de
l’étage antérieur à extension latérale, tout en gardant l’esprit de la
chirurgie mini-invasive endoscopique. Ces techniques nécessitent
évidemment un apprentissage des techniques endoscopiques en
général et la familiarisation avec la face exocrânienne de la base
du crâne [4] .
La chirurgie endoscopique de la base du crâne requiert un
plateau technique spécifique comportant entre autres la neuro-
navigation, une imagerie cérébrale diagnostique et thérapeutique
performante (tomodensitométrie [TDM], imagerie par résonance Voie transethmoïdale transcribriforme
magnétique [IRM], angiographie, embolisation), des endoscopes Voie transplanum transtuberculaire
Voie transclivale haute
en constante amélioration tant sur le plan de la qualité d’image Voie transsphénoïdale sellaire
Voie transclivale basse transodontoïde
que sur leur ergonomie, une instrumentation ad hoc dérivée en
grande partie des instruments ORL de la chirurgie des sinus de Figure 1. Classification sagittale des différents accès chirurgicaux pos-
la face, sans oublier une multitude de matériaux hémostatiques, sibles par la voie endoscopique endonasale.
colles biologiques et substituts ostéoduraux.
Nous présentons dans ce chapitre un résumé des différentes
techniques et indications de la chirurgie endoscopique de la base
du crâne. Tableau 1.
Indications potentielles de la voie endoscopique endonasale.

 Chirurgie endoscopique Étage antérieur


de la base du crâne
Méningiome olfactif
Méningiome du planum sphénoïdal
endonasale Méningiome du tubercule de la selle
Carcinome de l’ethmoïde
L’endoscopie peut se concevoir comme un outil permettant Fibrome nasopharyngien
d’optimiser la vision du neurochirurgien lors de certaines phases Esthésioneuroblastome
de la chirurgie classique avec microscope lors d’abords endo- Régions sellaire Adénome hypophysaire
crâniens ou endonasaux [5] . On parle alors de microchirurgie et suprasellaire Méningiome du diaphragme sellaire
assistée par endoscopie. La véritable chirurgie endoscopique se Craniopharyngiome
définit comme le remplacement complet du microscope opé- Kyste de la poche de Rathke
ratoire par l’endoscope. Associant voie d’abord endonasale et Tumeurs à inclusions (épidermoïdes, dermoïdes,
chirurgie endoscopique, la chirurgie endoscopique endonasale tératomes)
(CEE) vient compléter l’arsenal chirurgical dédié à la chirurgie Tumeurs germinales
de la base du crâne, initialement dans les abords des étages Cavum de Meckel Chondrome et chondrosarcome
antérieur et moyen, mais aussi plus récemment pour l’étage Neurinome trigéminal
postérieur et la jonction craniocervicale (Fig. 1). Les avantages Métastase (biopsie)
de la CEE sur les abords classiques, souvent invasifs et parfois
délabrants, reposent essentiellement sur l’absence de cicatrice Sinus caverneux Extension de tumeurs de voisinage (adénomes
hypophysaires, chondrosarcomes)
et donc d’excellents résultats cosmétiques, une vision panora-
Biopsie de lésions douteuses avant radiochirurgie
mique en haute définition avec une lumière au plus près des
(méningiome atypique, métastase)
structures anatomiques abordées, des suites opératoires souvent
plus simples avec un meilleur confort pour le patient et certains Apex orbitaire Lésions des cadrans interne et inférieur de
auteurs argumentent une durée d’hospitalisation plus courte et et orbite l’orbite
donc un avantage économique. Le caractère « mini-invasif » de la Exophtalmie
CEE ne signifie pas et ne doit pas signifier un traitement moins Décompression du canal optique
complet chirurgicalement, bien au contraire puisque les résec- Apex pétreux Chordome
tions tumorales ainsi obtenues sont équivalentes, voire parfois et clivus Chondrome et chondrosarcome
supérieures à ce qu’il est possible de faire par des voies micro- Kyste épidermoïde
chirurgicales conventionnelles. Il manque cependant, comme Méningiome
souvent en chirurgie, des études randomisées comparant les deux
Jonction Spondylodiscite (biopsie)
techniques même si leurs indications respectives commencent
craniocervicale Pannus rhumatoïde
à s’ébaucher (Tableau 1). Les principaux écueils de cette chirur-
Malformation de la charnière cervico-occipitale
gie endoscopique endonasale demeurent les problématiques de Chordome
reconstruction et d’étanchéité de la base du crâne ainsi que les
difficultés de contrôle des lésions à extension paramédiane impor-
tante.
neurochirurgiens, que sur son versant exocrânien. Une maîtrise
Anatomie endoscopique de la base du crâne de l’anatomie des fosses nasales et des sinus de la face est égale-
ment primordiale dans ce type d’abord, expliquant l’intérêt d’un
La CEE implique une parfaite connaissance de la base du travail en double équipe ORL/neurochirurgien au moins au début
crâne aussi bien sur son versant endocrânien, plutôt familier aux de la courbe d’apprentissage.

2 EMC - Neurologie
Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne  17-385-A-10

Enfin, la voûte de la cavité nasale prend la forme d’une gout-


tière à concavité inférieure, et peut être divisée en trois segments
d’avant en arrière :
1 5 • un segment antérieur oblique en haut et en arrière correspon-
dant à l’épine nasale, la face postérieure des os propres du nez
6 et la voûte septotriangulaire ;
2 • un segment moyen horizontal constitué de la lame criblée de
l’éthmoïde et du processus ethmoïdal de l’os sphénoïde ;
3
• un segment postérieur sphénoïdal oblique en bas et en arrière.
L’orifice postérieur des cavités nasales est constitué des choanes,
délimitées par l’os sphénoïde en haut, la portion horizontale de
4 l’os palatin en bas, la lame médiale du processus ptérygoïde laté-
7 ralement, et la partie postérieure du vomer en dedans.
La CEE implique un respect maximal de la muqueuse nasale
tout au long de l’intervention, pour des résultats fonctionnels rhi-
nologiques optimaux. Cette muqueuse est richement vascularisée,
8
principalement par deux apports artériels, l’artère sphénopalatine,
branche de l’artère maxillaire, et les artères ethmoïdales, branches
9
de l’artère ophtalmique. Les multiples anastomoses entre ces deux
systèmes artériels sont maximales au niveau de la tache vascu-
Figure 2. Paroi médiale des fosses nasales. 1. Os frontal ; 2. os nasal ; laire de Kiesselbach, qui se situe à la partie antéro-inférieure du
3. ethmoïde ; 4. cartilage quadrangulaire ; 5. sphénoïde ; 6. selle turcique ; septum nasal. La branche nasale postérieure de l’artère sphéno-
7. clivus ; 8. vomer ; 9. os maxillaire. palatine chemine au bord supérieur des choanes, juste en regard
du récessus sphénoethmoïdal, et constitue une source d’épistaxis
postopératoires après CEE.

Sinus sphénoïdal
1 Le sinus sphénoïdal est souvent ouvert dans la CEE, constam-
6
ment dans les abords transplanum, transtuberculaire et sellaire.
7 Pair et médian, il constitue la cavité sinusienne la plus profonde
2 creusée dans l’os spongieux de l’os sphénoïde. Ce sinus est sou-
vent traversé par une ou plusieurs cloisons osseuses verticales,
3 horizontales, voire obliques. L’identification de ces cloisons sur
8 l’imagerie préopératoire permet de les ouvrir complètement pen-
4 dant la CEE dans l’abord de la selle turcique. La paroi antérieure
du sinus sphénoïdal répond directement aux cellules ethmoïdales
5 postérieures. À la partie médiale de cette paroi antérieure se trouve
le méat sphénoïdal, placé environ 10 mm en haut de l’arc choanal
9 et à 5 mm de la cloison médiane, et en dessous duquel chemine
10 l’artère nasale postérieure (ou artère de la cloison), branche de
l’artère sphénopalatine.
11 La paroi postérieure clivale du sinus sphénoïdal répond en
arrière à la dure-mère de la fosse cérébrale postérieure, au sinus vei-
neux occipital transverse, à la sixième paire crânienne (abducens)
Figure 3. Paroi latérale des fosses nasales. 1. Os frontal ; 2. os nasal ; puis au tronc basilaire et au tronc cérébral.
3. os lacrymal ; 4. cornet moyen ; 5. cornet inférieur ; 6. cornet supérieur ; La paroi inférieure est osseuse et épaisse, constituant la voûte de
7. selle turcique ; 8. sinus sphénoïdal ; 9. processus ptérygoïde ; 10. os la partie la plus postérieure des fosses nasales. Elle est parcourue
palatin ; 11. os maxillaire. par les canaux sphénovomériens, vidiens et ptérygopalatins.
La paroi supérieure du sinus sphénoïdal correspond d’avant en
arrière au planum sphénoïdal, au tubercule sellaire et à la selle
Cavité nasale turcique. Cette paroi supérieure peut comporter des zones où l’os
La cavité nasale constitue le passage commun à toutes les voies est très fin, parfois absent, sans autre protection vis-à-vis des nerfs
endoscopiques endonasales de la base du crâne. Elle peut être optiques ou des carotides internes.
comparée à une pyramide à base plus large que son sommet, et Enfin, la paroi latérale est directement en rapport avec le sinus
présentant à décrire quatre faces et deux orifices. La partie anté- caverneux de chaque côté et donc les artères carotides internes et
rieure de la cavité nasale correspond au vestibule nasal, tapissé les nerfs oculomoteurs. Latéralement et de haut en bas, on trouve
d’épiderme et de vibrisses. le canal optique, la fissure orbitaire supérieure se poursuivant en
Le plancher de la cavité nasale, séparant cette dernière de la avant avec l’orbite et inférieurement avec la fosse infratemporale
cavité orale, est formé pour ses deux tiers antérieurs par le proces- et le départ des branches du nerf trijumeau (V2 et V3).
sus palatin du maxillaire et pour son tiers postérieur par la lame Dans le cadre de la CEE transsphénoïdale, une ouverture
horizontale de l’os palatin. large de la paroi antérieure du sinus sphénoïdal (sphénoïdo-
Sa face médiale (Fig. 2) correspond au septum nasal, struc- tomie antérieure) ainsi qu’une résection de toutes les cloisons
ture médiosagittale ostéocartilagineuse, résultant de la réunion intrasphénoïdales sont d’une importance capitale pour optimi-
du cartilage quadrangulaire en bas et en avant, de la lame perpen- ser l’exposition endoscopique des étages antérieur et moyen de la
diculaire de l’ethmoïde en haut, et du vomer en arrière. Il n’est base du crâne et une meilleure maniabilité des instruments.
pas rare de retrouver des déviations ou des épines au niveau du Selon le degré de pneumatisation du sinus sphénoïdal, on
septum nasal pouvant gêner la progression de l’endoscope dans distingue trois type de sinus : le type sellaire (75 % des cas),
les fosses nasales. très pneumatisé et facilitant considérablement l’abord de la selle
Sa face latérale (Fig. 3) résulte de l’association de six os : le maxil- turcique, le type présellaire (20 %), moins pneumatisé et ne décou-
laire supérieur, l’apophyse ptérygoïde (os sphénoïdal), la lame vrant que la partie la plus antérieure du plancher de la selle
verticale de l’os palatin, l’unguis (os lacrymal), le cornet infé- turcique, et enfin le type conchal (5 %) sans aucune pneumatisa-
rieur et l’ethmoïde (apophyse unciforme, bulle, cornets moyen tion, nécessitant un fraisage osseux pour ouvrir la selle turcique,
et supérieur). plus fréquent chez l’enfant et l’adulte jeune.

EMC - Neurologie 3
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

de travail, en prenant soin de vérifier la liberté des vaisseaux du


cou. La neuronavigation est calibrée avant l’antisepsie, sur les
données IRM du patient parfois couplées à celles du scanner cra-
niofacial en coupes fines. L’antisepsie comporte un lavage des
vestibules par une solution iodée pour muqueuses et un badi-
geonnage du pourtour du nez. Une préparation nasale avec de
la crème bétadinée aura été faite la veille au soir. Lors d’abords
étendus avec brèche ostéoméningée de facto, une vaccination
antiméningococcique, antipneumococcique et anti-Haemophilus
peut être préconisée et réalisée quelques semaines avant la chi-
rurgie. Dans le drapage, on prépare de manière systématique
un site de prélèvement de 3 cm sur la face latérale de la cuisse
ou sur l’abdomen pour un éventuel prélèvement de fascia lata
et/ou de graisse. Pendant le lavage des mains du chirurgien,
un méchage des deux fosses nasales avec des cotons imbibés
de xylocaïne adrénalinée permet de limiter le saignement des
muqueuses nasales durant le travail endoscopique d’approche.
Ce méchage permet également d’obtenir un certain degré de
rétraction du cornet moyen pour faciliter l’accès au sinus sphé-
noïdal. L’infiltration sous-muqueuse de solution adrénalinée n’est
nécessaire qu’en cas d’utilisation d’un lambeau muqueux septal
A pédiculé destiné à la réparation de la base du crâne dans les voies
étendues.
Une antibioprophylaxie à base d’une céphalosporine de troi-
sième génération est systématiquement initiée au moment
de l’antisepsie (vancomycine si allergie aux bêtalactamines).
L’anesthésie [12] comporte le plus souvent une anesthésie totale
intraveineuse à base de propofol et de morphiniques à action
rapide (rémifentanil, sufentanil et fentanyl). La curarisation est
nécessaire au contrôle rigoureux de la ventilation et permet
donc d’éviter toute hypercapnie synonyme de vasodilatation.
Un contrôle précis de la pression artérielle moyenne, souvent à
l’aide d’agents intraveineux bêtabloquants, l’absence d’utilisation
de pression téléexpiratoire positive et l’analgésie profonde per-
mettent d’éviter les saignements muqueux durant la phase nasale
de l’abord chirurgical, et facilitent considérablement l’abord
endoscopique. L’évaluation anesthésique aussi bien pré- que
postopératoire comporte en particulier l’étude des axes hypo-
thalamohypophysaires et les troubles ioniques, en particulier
B une éventuelle insuffisance corticotrope et un diabète insi-
Figure 4. Positionnement du patient pour un abord endoscopique pide.
endonasal hypophysaire (A, B). La tête est fixée dans une têtière à prise Le chirurgien se place en face des narines du patient, son assis-
osseuse, en flexion neutre et tournée vers le chirurgien et la face latérale de tant à sa gauche et l’instrumentiste derrière lui (Fig. 4B). L’équipe
la cuisse droite est préparée si la fermeture requiert du fascia lata et/ou de anesthésique est placée au pied de la table sur la gauche du patient.
la graisse. L’appareil de neuronavigation est placé à gauche du chirurgien, La colonne d’endoscopie, comportant deux écrans de travail, une
la colonne d’endoscopie en face de lui. source de lumière, un système d’enregistrement numérique et
un système d’irrigation contrôlée, est placée face au chirurgien,
immédiatement à gauche de la tête du patient. La neuronaviga-
tion est plus en avant à la gauche du chirurgien. Un bras articulé
Plateau technique et considérations est fixé à la droite de la table d’opération et sert au maintien de
anesthésiques l’endoscope durant certaines phases de l’intervention.
L’instrumentation est spécifique, largement dérivée de la chi-
La chirurgie endoscopique endonasale (CEE) requiert des rurgie endoscopique des sinus de la face mais également de la
équipes chirurgicales et paramédicales rodées aux techniques microchirurgie classique de l’hypophyse (Fig. 5) : optiques rigides
endoscopiques du fait d’une instrumentation spécifique et d’un longs (30 cm) et courts (18 cm) de 0 et 30◦ de 4 mm de dia-
travail suivi exclusivement sur un écran. Nous rapportons nos mètre, spatule d’Olivecrona, jeu de canules d’aspiration droites
pratiques et expériences sachant que plusieurs variantes sont et courbes, rongeurs de Kerrison, pinces de Takahashi, pinces
décrites dans la littérature [6–11] . Sous anesthésie générale clas- de préhension cupuliformes, scalpel rétractable de de Divitiis-
sique, le patient est intubé par voie orotrachéale, avec un packing Cappabianca, kit de pinces bipolaires Take-Apart, caméra haute
hypopharyngé permettant de limiter le passage du sang dans définition, microdébrideur, moteurs de fraisage à profil adapté,
l’estomac pendant la chirurgie. Le rôle de ce packing est actuelle- aspiration ultrasonique. Divers produits à buts hémostatiques ou
ment controversé du fait des risques d’œdème lingual et d’ulcères de reconstruction sont nécessaires : colle biologique, gaze hémo-
aphteux, et il semble que l’absence de packing hypopharyngé statique, cire à os, cotons marqués, substituts duraux et osseux. Un
n’augmente pas l’incidence d’ingestion de sang et donc de nausées microdoppler est également utilisé pour s’assurer de la position
et vomissements postopératoires [12] . Durant l’induction anesthé- des carotides internes dans certains adénomes invasifs déformant
sique, une anesthésie locale de la muqueuse nasale est obtenue l’anatomie normale de la base du crâne ou dans les reprises chi-
par plusieurs pulvérisations nasales de xylocaïne adrénalinée. Le rurgicales.
patient est placé en décubitus dorsal, tête maintenue dans une
têtière à prise osseuse (Fig. 4A). La flexion de la tête dépend de
l’objectif à atteindre, légèrement fléchie pour l’abord de la selle Chirurgie endoscopique hypophysaire
turcique, plus fléchie pour l’abord du clivus et de la jonction cra- transsphénoïdale
niocervicale, et en extension pour l’abord du sinus frontal et de
l’étage antérieur. La tête est également tournée vers la droite du La position de l’hypophyse immédiatement postérieure à la
patient de manière à faire face au chirurgien pour l’ergonomie paroi postérosupérieure du sinus sphénoïdal (selle turcique)

4 EMC - Neurologie
Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne  17-385-A-10

2
2 3 4 5

3 7
6

6
5

4 7

A B

4 4
3 4

1 2
1

3
2
3

C D
Figure 5. Instrumentation type pour un abord endoscopique endonasal de la base du crâne.
A. 1. Microsonde Doppler ; 2. pinces de préhension de Takahashi ; 3. microdébrideur et fraise ; 4. câble de lumière froide ; 5. endoscopes rigides courts
(18 cm) et longs (30 cm), de 0◦ et 30◦ , 4 mm de diamètre ; 6. rongeurs de Kerrison et de Stammberger ; 7. bras ajustable de maintien de l’endoscope.
B. 1. Pince bipolaire Take-Apart® ; 2. substitut dural de synthèse ; 3. cire à os ; 4. Surgicel® classique monocouche ; 5. Surgicel® fibrillaire multicouche ;
6. cotonoïde marqué à queue ; 7. colle biologique.
C. 1. Canule d’aspiration gainée à bout coagulant monopolaire ; 2. canules d’aspiration droites ; 3. canules d’aspiration coudées et malléables.
D. 1. Bistouri rétractable de Divitiis-Cappabianca ; 2. dissecteur d’Olivecrona ; 3. microrugine de Rothon ; 4. curettes annulaires de Divitiis-Cappabianca.

explique la facilité pratique de son abord endoscopique. Après microchirurgie dans le traitement des adénomes hypophysaires,
plusieurs décennies de chirurgie hypophysaire transsphénoïdale aussi bien en termes de résultats endocriniens, oncologiques que
sous microscope opératoire, chirurgie au cours de laquelle un fonctionnels :
endoscope pouvait être introduit en fin d’intervention unique- • par rapport à la microchirurgie hypophysaire transsphénoïdale
ment pour vérifier la qualité de l’exérèse dans des recoins non classique, l’abord endoscopique évite la dissection étendue de
vus au microscope opératoire, la chirurgie endoscopique endo- la muqueuse nasale et l’utilisation d’écarteur nasal pouvant
nasale transsphénoïdale est en train de devenir le gold standard être traumatique, réduisant ainsi la morbidité nasale postopé-
dans la prise en charge des néoplasies sellaires, et en particulier ratoire ;
hypophysaires. Il existe d’ores et déjà plusieurs travaux suggé- • l’endoscope offre une vision panoramique impossible à obtenir
rant la supériorité de la chirurgie endoscopique par rapport à la avec le microscope opératoire, en apportant la lumière au plus

EMC - Neurologie 5
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

1 4

2 1

3
A 3 B
Figure 6. Phase nasale (abord narinaire droit) (A, B). 1. Septum nasal ; 2. cornet inférieur ; 3. plancher des fosses nasales ; 4. cornet moyen ; 5. choane ;
flèche : récessus sphénoethmoïdal.

proche du foyer opératoire. L’utilisation d’optiques à angles


variés (0◦ , 30◦ , 45◦ ) permet également de voir dans les recoins,
auparavant uniquement perçus par la proprioception du chirur-
gien (parois médiales des sinus caverneux, diaphragme sellaire,
dorsum sellae, etc.) ;
• l’analyse de la littérature, abondante sur ce sujet, suggère
la supériorité de la chirurgie endoscopique hypophysaire par
rapport à la microchirurgie classique en termes de qualité
d’exérèse pour les adénomes non fonctionnels, en particulier 1
en ce qui concerne les extensions suprasellaires et latérales
des adénomes [13–18] . La littérature concernant les adénomes
fonctionnels est moins affirmative, même si les travaux les * 2
plus récents montrent une tendance vers de meilleurs résul-
tats endocriniens en termes de guérison et de diminution de la
récidive [16, 17, 19, 20] .
Le passage de la microchirurgie hypophysaire à l’abord endo-
scopique endonasal ne peut se faire qu’au prix d’une courbe 3
d’apprentissage parfois longue, nécessitant des participations aux
ateliers endoscopiques et anatomiques ad hoc (travail en deux
dimensions, maniement de l’endoscope dans des cavités étroites,
coordination oculomanuelle avec vision sur un écran) [4] . Cette Figure 7. Exposition de l’ostium sphénoïdal droit. La rétraction latérale
courbe d’apprentissage peut être marquée au moins au début par du cornet moyen droit (1) puis du cornet supérieur permet de retrou-
des durées d’interventions plus longues et une incidence tran- ver l’ostium sphénoïdal (flèche) approximativement 1 cm au-dessus des
sitoirement plus élevée de fistules per- et/ou postopératoires de choanes (3) et à 5 mm de la cloison nasale. L’artère nasale postérieure
LCS. Au terme d’une centaine de cas, le temps opératoire passe ou artère de la cloison nasale (astérisque), branche de l’artère sphénopa-
en moyenne à 40 minutes contre près de 120 minutes en début de latine, chemine dans le récessus sphénoethmoïdal, au bord inférieur de
courbe d’apprentissage. l’ostium sphénoïdal. 2. Septum nasal.
L’abord endoscopique endonasal de la selle turcique se fait le
plus souvent à travers la narine droite pour un chirurgien droitier. cornet moyen, parfois pneumatisé en partie (concha bullosa),
L’abord narinaire gauche peut être nécessaire si une déformation est récliné latéralement à l’aide d’une spatule mousse en pre-
du septum nasal l’impose ou en cas d’adénome latéralisé à droite. nant soin de placer cette spatule à la partie postérieure du
L’étude préopératoire de l’imagerie [21] (TDM craniofaciale et IRM cornet de manière à ne pas le fracturer. Ceci permet de retrou-
hypophysaire) permet l’étude des différentes structures à traverser ver postérieurement le cornet supérieur, qui, récliné, révèle
(déformation[s] du septum nasal, concha bullosa, dispositions du le méat sphénoïdal en regard du récessus sphénoethmoïdal,
ou des septums du sinus sphénoïdal, épaisseur du plancher, etc.). approximativement 1 cm au-dessus de l’arc choanal (Fig. 7).
L’IRM hypophysaire apporte des éléments capitaux pour Dans certains cas, cet ostium sphénoïdal n’est pas évident, dissi-
la planification de la chirurgie : taille et latéralisation de la mulé par la queue du cornet supérieur, voire un cornet suprême.
tumeur, position de l’hypophyse restante, envahissement ou Dans ce dernier cas, l’ouverture muqueuse doit être faite en
simple refoulement des sinus caverneux, expansion suprasel- prenant comme repère l’arc choanal et le septum nasal. Cette
laire et conformation du diaphragme sellaire, signaux vasculaires phase nasale doit être aussi rapide et atraumatique que pos-
intra-adénomateux, disposition des artères carotides (notamment sible de manière à minimiser l’hémorragie muqueuse. Il s’agit
chez les patients acromégales), existence d’une arachnoïdocèle d’un temps particulièrement douloureux où l’analgésie mor-
intrasellaire associée, etc. L’étude des septums du sinus sphénoï- phinique intraveineuse doit être optimale ;
dal est particulièrement intéressante, certains septums pouvant • phase sphénoïdale : cette phase est réalisée à l’aide de
mener directement à la carotide interne, constituant ainsi un l’endoscope court 18 cm, 0◦ et 4 mm de diamètre, tenu à main
repère rapidement individualisable durant la chirurgie. levée. La sphénoïdotomie antérieure commence par la coa-
L’abord endoscopique endonasal de la selle turcique comporte gulation de la muqueuse immédiatement médiale à l’ostium
quatre temps opératoires : sphénoïdal sur près de 1 cm (Fig. 8). Une ouverture muqueuse
• phase nasale : dès l’introduction de l’endoscope rigide court plus basse vers le bord inférieur du méat sphénoïdal peut
0◦ dans la narine droite parallèlement au plancher nasal, on blesser l’artère nasale postérieure, branche de l’artère sphéno-
reconnaît aisément les cornets inférieur et moyen (Fig. 6). Le palatine. Dans ce cas, une coagulation bipolaire est préférée

6 EMC - Neurologie
Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne  17-385-A-10

1
2
2

3 3
4 4

5 5

6
5
5

5 5

Figure 8. Coagulation bipolaire de la muqueuse médiale à l’ostium


sphénoïdal (flèche). A

1
9
2
10
3 11

1 4 5
12

2 6

7 13 14

15
8

Figure 9. Dissection sous-muqueuse sur la ligne médiane exposant le B


rostre (1) et la muqueuse nasale controlatérale (flèche). 2. Cornet moyen. Figure 10.
A. Phase sellaire. Après la sphénoïdotomie bilatérale et l’effondrement du
(ou des) septum(s) sphénoïdal(aux) (flèche), les repères de la face exocrâ-
à une coagulation monopolaire pour éviter tout risque de nienne de la base du crâne sont identifiés. Le plancher sellaire (6) est limité
rétraction artérielle et donc d’épistaxis postopératoire, tout en en arrière par le clivus (7), en avant par le tubercule de la selle (4) et le
étant plus respectueuse de la muqueuse nasale. La dissection planum (1), et latéralement par la carotide interne (5) dans ses segments
sous-muqueuse sur la ligne médiane permet de retrouver rapi- C3 à C5. Cette dernière est séparée des nerfs optiques (2) par les recessi
dement le rostre sphénoïdal (Fig. 9). Ce dernier est disséqué opticocarotidiens (3).
en sous-muqueux à l’aide d’une spatule mousse jusqu’au res- B. Face exocrânienne de la base du crâne après sphénoïdotomie anté-
saut du cartilage septal signant le passage controlatéral jusqu’au rieure bilatérale. 1. Planum sphénoïdal ; 2. tubercule de la selle ; 3. sinus
méat sphénoïdal controlatéral. L’ablation du rostre et de la paroi coronaire antérieur ; 4. paroi médiale du sinus caverneux ; 5. selle tur-
antérieure du sinus sphénoïdal aux rongeurs de Kerrison ou cique ; 6. sinus coronaire postérieur (inconstant) ; 7. plancher de la selle
par fraisage puis l’effondrement du ou des septum(s) sphénoï- turcique ; 8. récessus clival ; 9. nerf optique ; 10. récessus opticocarotidien
daux permettent l’exposition de la face exocrânienne de la base latéral ; 11. carotide interne supraclinoïdienne ; 12. carotide interne para-
du crâne. L’ablation de la muqueuse sphénoïdale n’est réalisée clivale ; 13. carotide interne intracaverneuse ; 14. nerf maxillaire supérieur ;
qu’en cas d’épaississement de celle-ci ; 15. nerf mandibulaire.
• phase sellaire : durant cette phase, l’endoscope long de 30 cm
(0◦ , 4 mm) est fixé à un bras mécanique solidaire de la table
d’intervention, ce qui permet de libérer les deux mains de
l’opérateur pour l’introduction de deux instruments à la fois. Le par fraisage, soit par craniotomie aux ostéotomes permettant
tube d’endoscopie est placé en position supérieure permettant une reconstruction osseuse élégante. L’ouverture du plancher se
de passer les instruments chirurgicaux sous ce dernier pour tra- poursuit jusqu’au tubercule sellaire en avant, le sinus coronaire
vailler. Chez les patients ayant un défilé nasosphénoïdal étroit postérieur en arrière et les parois internes des loges caverneuses
ou lors de macroadénomes géants ou d’abords étendus, il est en dehors (Fig. 11). Le temps intradural rejoint les principes
possible d’utiliser les deux narines pour travailler. Après repé- de la microchirurgie transsphénoïdale classique. La résection
rage des structures cardinales sur la face exocrânienne de la base adénomateuse aux curettes annulaires commence d’abord en
du crâne (nerfs optiques, carotides internes, recessi opticocaro- bas, latéralement vers les loges caverneuses et enfin vers le
tidiens, récessus clival, tubercule sellaire) (Fig. 10), le plancher dôme sellaire (Fig. 12), en prenant soin de respecter aussi bien
sellaire, parfois absent ou réduit à une coquille d’œuf dans les l’antéhypophyse de couleur jaune et ferme, que la posthypo-
adénomes volumineux, est ouvert soit à l’aide de rongeurs ou physe (Fig. 13). La résection est optimisée à l’aide de l’endoscope

EMC - Neurologie 7
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

A B

C D
Figure 11. Phase sellaire.
A. Ostéotomie emportant le plancher sellaire.
B. Ouverture de la selle.
C. Exposition de la dure-mère sellaire.
D. Résection de l’adénome.

2 3

4
2
Figure 13. Fin d’exérèse d’un macroadénome hypophysaire. Pla-
quées sur le dorsum sellae (3), on reconnaît la tige pituitaire (2) et
Figure 12. Fin d’exérèse d’un macroadénome hypophysaire. Descente l’antéhypophyse (4). 1. Diaphragme sellaire.
harmonieuse du diaphragme sellaire (1) signant le caractère complet de
la résection tumorale (flèches). 2. Dure-mère sellaire ouverte.
constatée en peropératoire, un packing de la selle par un frag-
de 30◦ en intrasellaire et à l’aide d’un travail d’aspiration au ment de graisse prélevé sur la face latérale de la cuisse peut être
moyen de canules coudées. La descente du diaphragme signe nécessaire, renforcé par de la colle biologique ;
la fin de la résection. Le temps sellaire se termine par le lavage • reconstruction sellaire : il s’agit d’un temps capital à la réussite
de la selle au sérum physiologique tiède et la vérification de de ce type de chirurgie (Fig. 14). Une plaque souple résor-
l’hémostase. L’interposition de Surgicel® est évitée quand cela bable de substitut dural (copolymère L-lactide et caprolactone
est possible de manière à minimiser les artefacts IRM postopéra- avec de l’acide polyglycolique, Seam Dura® ) est placée entre
toires. Une manœuvre de Valsalva permet de vérifier l’absence la dure-mère et les rebords du plancher sellaire pour consti-
de brèche arachnoïdienne. En cas de brèche arachnoïdienne tuer une barrière entre la selle et le sinus sphénoïdal. Le volet

8 EMC - Neurologie
Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne  17-385-A-10

A B
Figure 14. Reconstruction durale par mise en place du substitut dural résorbable (copolymère L-lactide et caprolactone avec de l’acide polyglycolique) en
extradural et remise en place du volet osseux avant l’instillation de colle biologique (cathéter blanc) (A, B).

A B
Figure 15. Macroadénome non fonctionnel avec extension suprasellaire refoulant la paroi du sinus caverneux gauche (Knosp 0). Résection complète par
voie endoscopique endonasale transsphénoïdale (A, B).

osseux est replacé et maintenu en place par de la colle biolo-


gique. En l’absence de volet osseux (destruction du plancher
par l’adénome, impossibilité de réaliser un volet), une plastie
osseuse à base de polyéthylène poreux peut être placée en extra-
dural. L’intervention se termine par la remise en place du cornet
moyen, latéralisé en début d’intervention, et le lavage des fosses
nasales au sérum physiologique tiède. Aucun méchage nasal
* *
n’est nécessaire (Fig. 15).
La surveillance postopératoire est identique à celle pratiquée **
au décours des abords microchirurgicaux : fonction visuelle, bilan
endocrinien, dépistage et traitement précoce de diabète insipide,
épistaxis après la première semaine postopératoire de manière à
diminuer les croûtes nasales et améliorer le confort du patient.
Une IRM postopératoire est programmée entre les premier et
deuxième mois (Fig. 15).

Abords endoscopiques étendus Figure 16. Apoplexie pituitaire révélatrice d’un macroadénome. On
retrouve les berges du diaphragme déchiré (flèches) alors que l’on recon-
Les abords endoscopiques endonasaux dits étendus (Fig. 16, 17)
naît les artères cérébrales antérieures A2 (astérisques blancs), l’artère
sont ceux qui dépassent les limites de la selle turcique, à savoir sur
cérébrale antérieure A1 droite (astérisques noirs) et l’artère récurrente de
la ligne médiane la lame criblée de l’ethmoïde (voie transcribri-
Heubner gauche (tête de flèche).
forme), le planum et le tubercule de la selle (voie transtuberculaire

EMC - Neurologie 9
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

1 1
9
10
* *
11
12
13 2
3
14 3
1 15 4
16 5 4
2
17
3
4 18

5 19
6 6
7 20
21

8 22
Figure 18. Résection d’un méningiome de l’étage antérieur de la base
du crâne par une voie endoscopique endonasale transcribriforme trans-
planum transtuberculaire. Le méningiome est reséqué en bloc avec son
insertion durale laissant des berges saines de dure-mère (flèches). Les élé-
ments vasculonerveux suprasellaires sont parfaitement contrôlés par cette
voie : complexe artères cérébrales antérieures–communiquante antérieure
(astérisques), l’artère récurrente de Heubner (tête de flèche), les carotides
internes (4), les nerfs optiques (3), la face orbitaire des lobes frontaux (1),
le chiasma (2) ainsi que la tige pituitaire (5). 6. Tumeur.

Voie transethmoïdale transcribriforme


Voie transclivale antérieure et postérieure, voire parfois la moitié supérieure du sep-
Voie transplanum transtuberculaire
Voie paraclivale pétreuse apicale tum nasal. Une attention particulière doit être portée aux artères
Voie transsphénoïdale transsellaire
Voie paraclivale jugulaire ethmoïdales antérieures et postérieures, branches de l’artère oph-
Voie transsphénoïdale parasellaire
talmique. Après un engouement initial pour cette voie, en
Figure 17. Projection endocrânienne des abords endoscopiques endo- particulier concernant les méningiomes, la tendance actuelle
nasaux de la base du crâne. 1. Fissure orbitaire supérieure (III, IV, VI, est plutôt en faveur d’un retour vers des voies intracrâniennes
nerfs lacrymal, frontal et nasociliaire, veine ophtalmique supérieure) ; mini-invasives (cf. infra). En effet, la voie basse endonasale
2. foramen rond (V2) ; 3. foramen ovale (V3, artère méningée accessoire) ; expose à certaines complications potentiellement graves comme
4. foramen spinosum (artère et veine méningée moyenne, rameau les brèches postopératoires de LCS qui restent fréquentes malgré
méningé du V3) ; 5. foramen déchiré antérieur (carotide interne, plexus des techniques de fermeture de la base du crâne par lambeaux
veineux péricarotidien) ; 6. hiatus du nerf petit pétreux ; 7. hiatus du nerf muqueux pédiculés. Une autre limite de cette voie est repré-
grand pétreux ; 8. canal hypoglosse ; 9. foramen cæcum (veine émissaire sentée par les difficultés d’atteindre les marges les plus latérales
du sinus sagittal supérieur) ; 10. gouttière olfactive ; 11. toit de l’orbite ; de certains méningiomes (infiltrations durales méningiomateuses
12. foramen ethmoïdal postérieur ; 13. planum sphénoïdal ; 14. tuber- latérales) (Fig. 19). Enfin, les résultats fonctionnels sont mar-
cule de la selle turcique ; 15. canal optique ; 16. apophyse clinoïde qués par une incidence non négligeable de rhinites croûteuses
antérieure ; 17. selle turcique ; 18. dorsum sellae ; 19. clivus ; 20. méat postopératoires du fait du travail opératoire binarinaire, de la
acoustique interne (VII, VIII, artère labyrinthique) ; 21. foramen jugulaire résection d’un ou des deux cornets moyens et des lambeaux
(sinus pétreux inférieur, IX, X, XI, sinus sigmoïde, artère méningée pos- muqueux de couverture. Dans notre expérience, pour les tumeurs
térieure) ; 22. foramen magnum (moelle allongée, artères vertébrales, de l’étage antérieur, nous préférons actuellement la voie endosco-
racines spinales des nerfs accessoires). pique transsourcilière ou transpalpébrale supraorbitaire qui évite
les fuites de LCS et les complications rhinologiques des voies endo-
scopiques endonasales étendues, tout en préservant un caractère
transplanum), le clivus (voie transclivale) et la jonction cra- mini-invasif [3] .
niocervicale, mais aussi latéralement l’apex pétroclival, le sinus
caverneux, le cavum de Meckel, et les fosses infratemporales. Ces Orbite [30]
abords sont souvent facilités par la résection d’un, voire deux
La voie endoscopique endonasale permet l’accès aux cadrans
cornets moyens (pouvant être utilisés pour la reconstruction de
médial et inférieur de l’orbite soit par un abord transsphénoïdal,
la base du crâne en fin d’intervention). Le travail binarinaire est
soit le plus souvent par un abord à travers le sinus maxillaire. Il
fréquemment nécessaire.
permet également un accès à l’apex orbitaire et donc au canal
optique dont la décompression (traumatisme, tumeurs, processus
Étage antérieur de la base du crâne [22–29] inflammatoires) est envisageable par cette voie.
La chirurgie endoscopique endonasale permet l’exposition de
l’étage antérieur depuis le sinus frontal jusqu’au tubercule de
Région suprasellaire [31–39]
la selle : lame cribriforme, planum sphénoïdal et tubercule sel- L’ouverture du tubercule sellaire et du planum (voie transpla-
laire. La chirurgie endoscopique des tumeurs de l’étage antérieur num transtuberculaire) permet un excellent abord endoscopique
(méningiomes, esthésioneuroblastomes, carcinomes ethmoïdaux, du chiasma et des nerfs optiques, de la paroi antérieure du
etc.), des fistules de LCS et des méningoencéphalocèles est ainsi IIIe ventricule à travers la lame sus-optique et de la région rétro-
possible. L’abord endoscopique endonasal des méningiomes de chiasmatique (Fig. 20, 21).
l’étage antérieur évite l’écartement des lobes frontaux et permet La résection osseuse emporte le tubercule de la selle tur-
surtout la dévascularisation première de la tumeur (Fig. 18). Une cique, le plancher sellaire et le planum sphénoïdal latéralement
exposition optimale de la lame criblée de l’ethmoïde passe par une jusqu’aux canaux optiques et aux carotides internes. Un volet
résection bilatérale des cornets moyens et une ethmoïdectomie osseux comprenant le plancher de la selle turcique et le tubercule

10 EMC - Neurologie
Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne  17-385-A-10

*
*

3
A

Figure 20. Abord endoscopique endonasal transsphénoïdal transtuber-


culaire transplanum sous-chiasmatique supradiaphragmatique abordant
la citerne interpédonculaire antérieure (étude anatomique). 1. Tuber
cinereum ; 2. tronc basilaire avec sa bifurcation ; 3. artère cérébelleuse
supérieure ; astérisques : tubercules mamillaires ; flèche : espace perforé
postérieur ; têtes de flèches noires : artères cérébrales postérieures (seg-
ment P1) ; têtes de flèches blanches : nerfs oculomoteurs passant dans la
pince artérielle formée par l’artère cérébrale postérieure et l’artère céré-
belleuse supérieure.

B
1
Figure 19. Méningiome de l’étage antérieur réséqué par voie endo-
scopique endonasale (A, B). L’imagerie par résonance magnétique
postopératoire (B) révèle l’existence d’un résidu millimétrique latéral
(flèche). Cet exemple met en évidence la difficulté d’accès aux marges
les plus latérales des méningiomes de l’étage antérieur par la voie endo-
*
scopique endonasale, faisant préférer actuellement la voie endoscopique
supraorbitaire transsourcilière.

2
de la selle peut aussi être réalisé puis utilisé pour la fermeture. *
Le contrôle du sinus coronaire antérieur peut être obtenu par
clippage, coagulation bipolaire, voire l’utilisation de substance
hémostatique si besoin. La voie endoscopique endonasale est
particulièrement intéressante pour les néoplasies suprasellaires
rétrochiasmatiques tels les craniopharyngiomes ou les kystes épi-
dermoïdes, du fait de l’accès direct offert (Fig. 22 à 24).

Clivus et angle pétroclival [40–46] Figure 21. Abord endoscopique endonasal transsphénoïdal transtuber-
culaire transplanum sous-chiasmatique supradiaphragmatique abordant
Le clivus peut être divisé par le plancher du sinus sphénoïdal
la citerne interpédonculaire antérieure (étude anatomique). 1. Artère
en deux parties : une partie supérieure dite sphénoïdale, et une
communicante postérieure droite ; 2. terminaison du tronc basilaire ;
partie inférieure dite rhinopharyngée. L’exposition endoscopique
astérisque blanc : tubercule mamillaire gauche ; astérisque noir : nerf
du clivus sur ces deux portions requiert une résection du vomer
oculomoteur droit ; flèche blanche : artère cérébrale postérieure droite
et du plancher du sinus sphénoïdal. Cette résection osseuse, sou-
(segment P1) ; flèche noire : artère cérébrale postérieure droite (segment
vent à la fraise et sous monitorage de la neuronavigation, a pour
2) ; tête de flèche blanche : membrane de Liliequist ; tête de flèche noire :
limites latérales le canal vidien avec son nerf et son artère. Le
artère cérébelleuse supérieure droite.
nerf vidien constitue un repère sécurisant puisqu’il se dirige vers

EMC - Neurologie 11
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

* *

1
*
Figure 24. Même patient en fin de résection. On aperçoit le tronc basi-
laire et sa bifurcation (flèches). 1. Sinus coronaire antérieur ; astérisques :
tubercules mamillaires ; têtes de flèches : ouverture du plancher du V3.

Figure 22. Résection d’un craniopharyngiome (variété suprasellaire


rétrochiasmatique). Abord endoscopique endonasal transsphénoïdal
transtuberculaire transplanum sous-chiasmatique supradiaphragmatique.
Le sinus coronaire (flèche) est clippé. La dure-mère est ouverte uni- 1 2
quement au-dessus du diaphragme sellaire permettant l’exposition du
craniopharyngiome (astérisque).

4
*

Figure 25. Abord endoscopique endonasal transsphénoïdal (étude


anatomique). Exposition de l’artère carotide interne droite dans ses por-
1 1 tions paraclivale (4) et parasellaire (1). 3. Clivus (portion sphénoïdale) ;
2. selle turcique ; flèche : nerf abducens droit ; tête de flèche : nerf oph-
talmique de Willis (V1) droit ; astérisque : nerf maxillaire supérieur droit
(V2).

2
segments [53] . On distingue ainsi à la carotide interne un segment
paraclival C3, caverneux C4 et une portion paraclinoïdienne C5.
L’entrée dans le sinus caverneux peut se faire médialement en
passant par la région sellaire et/ou latéralement en passant sous la
Figure 23. Même patient que Fig. 22 en fin de résection complète avec
fissure orbitaire supérieure (Fig. 25). L’entrée dans la fosse infra-
section de la tige pituitaire tumorale. La dure-mère de la selle turcique
temporale et le cavum de Meckel se fait en passant dans une
est intacte (2) et le passage s’est fait au-dessus du diaphragme sellaire,
zone rectangulaire déterminée par en haut par la fissure orbitaire
en avant du sinus coronaire antérieur (flèches). À travers l’ouverture du
supérieure et le sinus caverneux, latéralement par les branches
planum et du tubercule sellaire, on reconnaît les tubercules mamillaires
du trijumeau V2 et V3 et médialement et inférieurement par les
(1) et l’ouverture du plancher du IIIe ventricule (tête de flèche).
segments C2 intrapétreux et C3 de l’artère carotide interne. Ce
type d’abord permet la biopsie de lésion du sinus caverneux mais
le genou antérieur du segment horizontal de l’artère carotide également la résection de tumeurs du cavum de Meckel tels les
interne pétreuse au foramen lacerum. Le nerf abducens traverse neurinomes du trijumeau.
également le clivus au niveau des canaux de Dorello, et consti-
tue donc également la limite latérale de la clivectomie. Cette voie Charnière craniocervicale [54–61]
s’avère particulièrement séduisante pour la résection des tumeurs
La face antérieure de la charnière craniocervicale représente
extradurales tels les chordomes. Elle peut être également envisa-
la limite inférieure de la CEE de la base du crâne. La ligne
gée pour les méningiomes du clivus, les chondrosarcomes ou la
nasopalatine ou ligne de Kassam reliant le vestibule nasal au
biopsie de lésions de l’angle pétroclival.
bord postérieur du palais permet de fixer la limite inférieure
du rachis cervical qu’il sera possible d’atteindre par un abord
Sinus caverneux et cavum de Meckel [47–52] endoscopique endonasal. Par rapport aux techniques conven-
L’abord endoscopique endonasal du sinus caverneux néces- tionnelles transorales et transcervicales, la CEE offre une vision
site de contrôler l’artère carotide interne dans ses différents panoramique de cette région anatomique profonde et exiguë

12 EMC - Neurologie
Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne  17-385-A-10

1
2
1

2
Figure 26. Abord endoscopique endonasal narinaire droit. 1. Cornet
moyen ; 2. arc choanal ; 3. cornet inférieur ; 4. septum nasal ; 5. cavum ou
nasopharynx ; flèche : orifice de la trompe d’Eustache droite.

Figure 28. Abord endoscopique endonasal narinaire droit. Confection


d’un lambeau pédiculé (2) muqueux et musculaire (muscles longus capiti
et longus colli) qui sera rabattu vers le bas. 1. Plancher du sinus sphénoï-
1 dal ; flèche : trompes d’Eustache.

*
Figure 27. Abord endoscopique endonasal narinaire droit.
1. Muqueuse du nasopharynx recouvrant la jonction craniocervicale ;
flèche : trompe d’Eustache.

en apportant la lumière au plus près du foyer opératoire, mais


également avec des suites opératoires plus simples et en parti-
culier l’absence d’œdème lingual observé avec la voie transorale
après plusieurs heures d’écartement de la langue. L’abord pha-
ryngé obtenu avec une approche endonasale plus haut situé
qu’avec un abord transoral présente aussi comme avantage
majeur de moindres problèmes de déglutition et de phonation.
L’introduction de l’endoscope parallèlement au plancher nasal le
long du bord inférieur du cornet inférieur permet de retrouver les
choanes, les orifices des trompes d’Eustache et la muqueuse du
cavum (Fig. 26 à 31). Figure 29. Abord endoscopique endonasal narinaire droit. Après rabat-
tement du lambeau vers le bas, on reconnaît l’apophyse odontoïde de
C2 (astérisque) avec de part et d’autre les ligaments alaires et l’arc anté-
Complications de la chirurgie endoscopique rieur de C1 (rectangle en pointillé). Le fraisage de ces deux structures
permet de découvrir la dure-mère antérieure en regard de la jonction
endonasale bulboprotubérantielle.
Morbidité rhinologique [62–67]
physiologique). Une anosmie transitoire, rarement définitive, est
Cette morbidité nasale est quasiment constante (98 %) au
également possible. L’utilisation de matériaux de reconstruction
décours des voies endoscopiques étendues comportant travail
résorbables permet de diminuer le risque de sinusite sphénoïdale
binarinaire, ethmoïdectomie large, turbinectomie(s) et recons-
postopératoire.
tructions par lambeau muqueux septal. Cette rhinite croûteuse
est très souvent d’évolution favorable dans les 3 à 6 mois suivant
la chirurgie. La prévention relève essentiellement du respect maxi-
Rhinorrhées cérébrospinales [68–73]
mal de la muqueuse nasale lors de la chirurgie endoscopique, L’expérience du chirurgien permet de diminuer considé-
de même que des soins locaux quotidiens (aérosols de sérum rablement le risque de brèche arachnoïdienne per- et/ou

EMC - Neurologie 13
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

postopératoire. Ces brèches restent l’apanage des tumeurs intra- Complications vasculaires
durales de la base du crâne, en particulier les méningiomes de
Une hémostase peropératoire soigneuse, particulièrement en ce
l’étage antérieur. Sur ses 800 premiers cas, Kassam rapporte un
qui concerne les branches de l’artère sphénopalatine, permet de
taux moyen de fistule de 15,9 % avec une fréquence allant jusqu’à
diminuer le risque d’épistaxis postopératoire. Ce dernier est rare-
36 % dans les méningiomes de l’étage antérieur. La reconstruc-
ment important au point de nécessiter une reprise chirurgicale
tion plan par plan selon un procédé multicouches (arachnoïde,
ou un traitement endovasculaire. Les blessures de l’artère carotide
dure-mère et plan osseux), l’utilisation de colles biologiques, de
interne durant la chirurgie endoscopique de la région sellaire sont
substituts duraux et osseux, et également la confection de lam-
exceptionnelles mais dramatiques. Après réalisation d’un packing
beaux pédiculés (muqueuse septale, cornet moyen) ont permis
pour stopper l’hémorragie, un traitement endovasculaire par sten-
de minimiser le risque de fistule de LCS. Il semble que ce soit
ting ou occlusion de l’artère carotide interne est nécessaire. Dans
ces techniques de lambeaux pédiculés de muqueuses, de cornets
les cas de tumeurs à haut risque, un bilan vasculaire avec étude de
ou de périoste qui permettent de diminuer franchement le taux
la fonctionnalité du polygone de Willis est réalisé en préopératoire
de fistules de LCS. Le risque de méningite postopératoire rejoint
et permet de décider de la conduite à tenir en cas de blessure vas-
celui de toute chirurgie intracrânienne par voie haute, soit près
culaire. L’analyse de l’IRM préopératoire permet d’appréhender les
de 1,8 %.
anomalies de position ou de trajet des artères carotides internes,
en particulier chez l’acromégale. Les pseudoanévrismes de la
carotide intracaverneuse et les fistules artérioveineuses peuvent
compliquer une chirurgie endoscopique agressive du sinus
caverneux.

Miscellanées [66]
Les troubles endocriniens postopératoires, anté- et/ou posthy-
pophysaires ne sont pas spécifiques à la technique endoscopique
mais peuvent compliquer toute chirurgie hypophysaire. Ailleurs,
de très rares cas d’hématome intraorbitaire ont été décrits, en
rapport avec une insuffisance de coagulation de l’artère ethmoï-
dale qui se rétracterait dans l’orbite. Exceptionnellement, une
lésion des muscles oculomoteurs ou des voies lacrymales est pos-
sible dans les voies endoscopiques étendues de l’étage antérieur.
Enfin, les résections incomplètes d’adénome hypophysaire avec
une importante extension suprasellaire peuvent se compliquer
d’apoplexie postopératoire sur le fragment adénomateux restant.

 Chirurgie endoscopique
supraorbitaire
Dans notre expérience personnelle de plus de 500 chirur-
gies endoscopiques endonasales, nous avons rencontré plusieurs
écueils, spécialement dans l’abord des méningiomes de l’étage
antérieur. Il s’agissait principalement d’un taux plus élevé de
Figure 30. Méningiome du clivus (variété antérieure). Indication opti- fistules de LCS que pour d’autres chirurgies endoscopiques
male à une voie endoscopique endonasale transclivale. endonasales étendues, de même que des difficultés à contrôler

A B
Figure 31. Chordome cervical haut antérieur. Résection complète par voie transorale assistée par endoscopie. Le pôle inférieur de la tumeur se situe en
deçà de la ligne nasopalatine de Kassam, constituant une contre-indication à une voie endoscopique endonasale (A, B).

14 EMC - Neurologie
Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne  17-385-A-10

visuellement les parties latérales de certains méningiomes à exten- La déplétion de LCS depuis la vallée sylvienne homolatérale
sion paramédiane importante (Fig. 19). Ces écueils nous ont en tout début du temps intracrânien permet l’obtention d’une
amené récemment à proposer la voie transsourcilière ou transpal- détente cérébrale très suffisante et permet donc d’éviter tout écar-
pébrale supraorbitaire purement endoscopique [3] (Fig. 32). Cette tement cérébral.
voie permet l’abord de régions allant de l’apophyse crista galli en L’utilisation d’optiques angulés (30–45◦ ) permet d’accéder à
avant au dorsum sellae en arrière et latéralement jusqu’à la face des angles difficiles ou impossibles à visualiser sous micro-
interne du lobe temporal, avec bien sûr une vision panoramique scope opératoire, et ce en améliorant la définition des
de la région sellaire et de l’étage antérieur, tout en appliquant les images obtenues et conséquemment la précision des gestes de
principes de la chirurgie mini-invasive endoscopique à savoir une dissection.
ouverture cutanée et osseuse minimale, et l’absence de rétraction Cette approche trouve son indication principalement dans
cérébrale le plus souvent (Tableau 2). Nous avons décrit la tech- les résidus suprasellaires d’adénome hypophysaire, les ménin-
nique de manière détaillée dans une précédente publication [3] . giomes suprasellaires et de l’étage antérieur inférieurs à 3 à 4 cm
L’incision cutanée cachée dans le sourcil, droit le plus souvent de diamètre, et toute pathologie de la région suprasellaire en
sauf cas particulier, permet la confection d’une craniotomie fron- général (anévrismes de la circulation antérieure à distance d’une
tale ou fronto-orbitaire d’environ 25 mm. Par cette même incision hémorragie sous-arachnoïdienne, tumeurs suprasellaires). Si les
cutanée, on peut envisager une craniotomie emportant l’arcade et pathologies de l’étage antérieur semblent être une excellente indi-
le toit de l’orbite, ce qui permet de gagner encore plus d’espace cation de cette approche transsourcilière (ou transpalpébrale), les
vers la base du crâne. Une variante transpalpébrale [74] récem- pathologies rétrochiasmatiques restent l’apanage de la voie endo-
ment introduite consiste en une incision cachée dans la paupière nasale. De même, une taille trop importante des sinus frontaux
supérieure, invisible une fois l’œil ouvert et qui évite la section gêne la réalisation de ces approches minimalistes par lesquelles on
du muscle frontal. Les indications respectives de ces deux voies ne peut réaliser de cranialisation convenable des sinus frontaux
d’abord restent à préciser. (Fig. 33 à 35).

A B

C D

Figure 32. Abord endoscopique supraorbitaire droit.


A. La tête fixée dans une têtière à prise osseuse est légèrement défléchie et tournée entre 5◦ et 15◦ du côté controlatéral. L’incision cutanée (trait rouge en
pointillés) est strictement inscrite dans le sourcil, limitée en dedans par le pédicule sus-orbitaire (trait noir). L’ouverture du muscle frontal permet d’exposer
l’os frontal supraorbitaire, la région du keyhole à la partie antérieure de la ligne temporale supérieure, l’apophyse orbitaire de l’arcade zygomatique et le toit
de l’orbite. À partir d’un trou unique (cercle bleu) caché sous le muscle temporal au niveau du keyhole déjà décrit, une craniotomie de 25 à 30 mm est taillée
en prenant soin d’éviter l’ouverture du sinus frontal.
B. Abord endoscopique transpalpébral droit. L’incision cutanée dans un pli de la paupière supérieure permet exactement la même exposition osseuse que
l’incision sourcilière, tout en évitant toute cicatrice visible une fois l’œil ouvert. Cette incision permet également d’éviter la section du muscle frontal.
C, D. Abord gauche. La craniotomie est entamée à partir d’un trou foré sous le muscle temporal à la partie la plus antérieure de la ligne temporale supérieure
(flèche), et expose la périorbite (astérisque) pour une éventuelle dépose du toit orbitaire.

EMC - Neurologie 15
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

E F
Figure 32. (suite) Abord endoscopique supraorbitaire droit.
E. Fermeture de la craniotomie frontale supraorbitaire.
F. Abord endoscopique supraorbitaire droit. La position de l’endoscope à l’angle interne ou externe de la minicraniotomie et l’angulation de l’optique
permettent de balayer une grande partie des étages antérieur et moyen de la base du crâne (lame cribriforme, région sellaire, fosse temporale).

Tableau 2.
Structures anatomiques accessibles par la voie endoscopique supraorbitaire.
Versant ipsilatéral Ligne médiane Versant controlatéral
Toit de l’orbite Apophyse crista galli Toit de l’orbite
Face orbitaire du lobe frontal Gouttières olfactives Face orbitaire du lobe frontal
Clinoïde antérieure Planum sphénoïdal Clinoïde antérieure
Clinoïde postérieure Tubercule de la selle Gyrus rectus
Toit et paroi latérale du sinus caverneux Lame terminale Scissure sylvienne
Gyrus rectus Paroi antérieure du IIIe ventricule Pointe du lobe temporal
Partie antéromédiale du lobe temporal Tige pituitaire Polygone de Willis : carotide interne,
Scissure sylvienne Fosse interpédonculaire artère ophtalmique, artère
communicante postérieure, artère
Uncus de l’hippocampe Artère communicante antérieure
choroïdienne antérieure, A1, A2, M1 et
Veine sylvienne superficielle Artère de Heubner M2, P1, P2, artère cérébelleuse supérieure
Polygone de Willis : carotide interne, artère ophtalmique, Terminaison du tronc basilaire Nerfs crâniens : I, II, III,
artère communicante postérieure, artère choroïdienne
antérieure, A1, A2, M1 et M2, P1, P2, artère cérébelleuse
supérieure
Nerfs crâniens : I, II, III, IV Tubercules mamillaires

 Chirurgie endoscopique l’endoscope dans cette région tient au fait que celui-ci permet
d’explorer l’APC sans mobiliser, ou le moins possible, les structures
de l’angle pontocérébelleux vasculonerveuses et de supprimer certains angles morts fréquents
dans cette région étroite. On peut ainsi aborder les tumeurs de
L’abord endoscopique de l’angle pontocérébelleux (APC) se l’APC, en particulier les neurinomes de l’acoustique ou du triju-
fait à travers une craniotomie rétrosigmoïde type keyhole. Les meau, les méningiomes de la face postérieure du rocher ou encore
deux concepts de microchirurgie assistée par endoscopie et chi- les kystes épidermoïdes. Il est également très intéressant dans les
rurgie purement endoscopique ont été décrits. L’avantage de tumeurs de l’APC qui ont tendance à s’insinuer entre les nerfs

16 EMC - Neurologie
Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne  17-385-A-10

3
5
2 4
1
7
6

Figure 33. Abord endoscopique supraorbitaire transsourcilier droit


d’un méningiome suprasellaire. La tumeur (2) est insérée sur le dia-
phragme sellaire et le tubercule de la selle. 1. Face orbitaire du lobe
frontal droit ; 3. nerf optique droit ; 4. carotide interne supraclinoïdienne ;
5. lobe temporal droit ; 6. artère cérébrale antérieure A1 droite ; 7. artère
sylvienne droite M1 ; flèche : nerf olfactif ipsilatéral ; tête de flèche : ban-
delette optique droite.

2
1 A

3
2
3

Figure 34. Abord endoscopique supraorbitaire transsourcilier droit


d’un reliquat suprasellaire d’adénome hypophysaire. Ouverture des
citernes arachnoïdiennes de la base du crâne. 1. Tumeur suprasellaire ;
2. arachnoïde de la vallée sylvienne droite ; 3. lobe frontal droit ; flèches
noires : nerfs optiques droit et gauche ; flèches blanches : nerf olfactif
droit ; têtes de flèches : carotide interne supraclinoïdienne droite. 3

4
*
1

B
Figure 36. Kyste arachnoïdien de l’angle pontocérébelleux droit (fos-
sette latérobulbaire) (A, B). Abord endoscopique rétrosigmoïde droit.
3 1. Paquet acousticofacial ; 2. artère auditive interne ; 3. nerfs mixtes ;
4. hémisphère cérébelleux ; astérisque : kyste arachnoïdien latérobulbaire.

4
crâniens et les vaisseaux de l’APC, tels les kystes épidermoïdes
étendus au foramen de Luschka. Il est ainsi possible comme dans
5 le cas figuré ici d’explorer la face latérale du tronc cérébral sans
mobiliser ou refouler les structures vasculonerveuses et le cervelet
(Fig. 36).
Enfin, la chirurgie des conflits vasculonerveux de l’APC (tri-
Figure 35. Fin de résection complète d’un méningiome du diaphragme jumeau, paquet acousticofacial, nerfs mixtes) peut bénéficier de
sellaire par un abord endoscopique supraorbitaire transsourcilier droit. l’apport de l’endoscope, en permettant de mieux mettre en évi-
L’abord droit permet un accès à la face interne de la carotide (1) et dence la nature du conflit et le nombre de vaisseaux conflictuels,
nerf optique (3) controlatéraux. 2. diaphragme sellaire ; 4. tige pituitaire ; en particulier dans les zones difficiles d’accès en microchirurgie
5. chiasma optique ; flèches : artère communicante postérieure gauche ; conventionnelle à savoir la zone d’entrée ou de sortie des nerfs
tête de flèche : artère cérébrale antérieure gauche A1. crâniens au niveau du tronc cérébral.

EMC - Neurologie 17
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

 Conclusion [14] Frank G, Pasquini E, Farneti G, Mazzatenta D, Sciarretta V, Grasso


V, et al. The endoscopic versus the traditional approach in pituitary
La chirurgie endoscopique de la base du crâne représente un surgery. Neuroendocrinology 2006;83:240–8.
[15] Higgins TS, Courtemanche C, Karakla D, Strasnick B, Singh RV,
changement important de paradigme en neurochirurgie, comme
Koen JL, et al. Analysis of transnasal endoscopic versus transseptal
a pu l’être l’introduction du microscope opératoire au milieu
microscopic approach for excision of pituitary tumors. Am J Rhinol
du siècle dernier [75, 76] . Elle nécessite néanmoins une courbe
2008;22:649–52.
d’apprentissage parfois longue, et ne peut se concevoir sans une
[16] Messerer M, De Battista JC, Raverot G, Kassis S, Dubourg J,
plateforme humaine et matérielle dédiée. Il existe certainement
Lapras V, et al. Evidence of improved surgical outcome follo-
encore des améliorations à apporter, en particulier dans la répa-
wing endoscopy for nonfunctioning pituitary adenoma removal.
ration de la base du crâne et dans les techniques d’hémostase.
Neurosurg Focus 2011;30:E11.
La majeure partie des études actuelles a porté sur la technique
[17] Kassis S, De Battista JC, Raverot G, Jacob M, Simon E, Rabilloud
opératoire. Complémentaire de la chirurgie microscopique, les
M, et al. Endoscopy versus microsurgery: results in a consecu-
indications de la chirurgie endoscopique restent donc à préciser
tive series of nonfunctioning pituitary adenomas. Neurochirurgie
sur des séries de patients plus importantes [77] .
2009;55:607–15.
[18] Schaberg MR, Anand VK, Schwartz TH, Cobb W. Microscopic

“ Points essentiels versus endoscopic transnasal pituitary surgery. Curr Opin Otola-
ryngol Head Neck Surg 2010;18:8–14.
[19] D’Haens J, Van Rompaey K, Stadnik T, Haentjens P, Poppe
K, Velkeniers B. Fully endoscopic transsphenoidal surgery for
La voie endoscopique endonasale permet d’atteindre qua- functioning pituitary adenomas: a retrospective comparison with
siment l’ensemble de la base du crâne à partir de son traditional transsphenoidal microsurgery in the same institution.
versant exocrânien : Surg Neurol 2009;72:336–40.
• étage antérieur : apophyse crista galli, gouttières cribri- [20] Har-El G. Endoscopic transnasal transsphenoidal pituitary
formes, planum sphénoïdal ; surgery--comparison with the traditional sublabial transseptal
• étage moyen : selle turcique, tubercule de la selle, région approach. Otolaryngol Clin North Am 2005;38:723–35.
suprasellaire, région rétrochiasmatique, sinus caverneux, [21] Gardner PA, Kassam AB, Rothfus WE, Snyderman CH, Carrau
RL. Preoperative and intraoperative imaging for endoscopic endo-
cavum de Meckel, fosse infratemporale ;
nasal approaches to the skull base. Otolaryngol Clin North Am
• étage postérieur : clivus, angle pétroclival, foramen
2008;41:215–30.
jugulaire, face antérieure de la charnière craniocervicale. [22] Batra PS, Citardi MJ, Worley S, Lee J, Lanza DC. Resection of
anterior skull base tumors: comparison of combined traditional
and endoscopic techniques. Am J Rhinol 2005;19:521–8.
[23] de Divitiis E, Cappabianca P, Cavallo LM. Endoscopic transsphe-
 Références noidal approach: adaptability of the procedure to different sellar
lesions. Neurosurgery 2002;51:699–705 [discussion 705–7].
[24] Fernandez-Miranda JC, Gardner PA, Prevedello DM, Kassam AB.
[1] Reisch R, Perneczky A, Filippi R. Surgical technique of the Expanded endonasal approach for olfactory groove meningioma.
supraorbital key-hole craniotomy. Surg Neurol 2003;59:223–7. Acta Neurochir 2009;151:287–8.
[2] Draf W. Clinical value of sinus endoscopy (author’s transl). Z [25] Schwartz TH, Fraser JF, Brown S, Tabaee A, Kacker A, Anand
Laryngol Rhinol Otol 1973;52:890–6. VK. Endoscopic cranial base surgery: classification of ope-
[3] Berhouma M, Jacquesson T, Jouanneau E. The fully endoscopic rative approaches. Neurosurgery 2008;62:991–1002 [discussion
supraorbital trans-eyebrow keyhole approach to the anterior and 1002–5].
middle skull base. Acta Neurochir 2011;153(10):1949–54 [Epub [26] Suriano M, De Vincentiis M, Colli A, Benfari G, Mascelli A, Gallo
2011 Aug 5]. A. Endoscopic treatment of esthesioneuroblastoma: a minimally
[4] Snyderman C, Kassam A, Carrau R, Mintz A, Gardner P, Prevedello invasive approach combined with radiation therapy. Otolaryngol
DM. Acquisition of surgical skills for endonasal skull base surgery: Head Neck Surg 2007;136:104–7.
a training program. Laryngoscope 2007;117:699–705. [27] Wigand ME. Transnasal ethmoidectomy under endoscopical
[5] Castelnuovo P, Dallan I, Battaglia P, Bignami M. Endoscopic control. Rhinology 1981;19:7–15.
endonasal skull base surgery: past, present and future. Eur Arch [28] Solares CA, Ong YK, Carrau RL, Fernandez-Miranda J, Prevedello
Otorhinolaryngol 2010;267:649–63. DM, Snyderman CH, et al. Prevention and management of vascular
[6] Cappabianca P, Alfieri A, de Divitiis E. Endoscopic endona- injuries in endoscopic surgery of the sinonasal tract and skull base.
sal transsphenoidal approach to the sella: towards functional Otolaryngol Clin North Am 2010;43:817–25.
endoscopic pituitary surgery (FEPS). Minim Invasive Neurosurg [29] Nyquist GG, Anand VK, Mehra S, Kacker A, Schwartz TH.
1998;41:66–73. Endoscopic endonasal repair of anterior skull base non-traumatic
[7] Jankowski R, Auque J, Simon C, Marchal JC, Hepner H, cerebrospinal fluid leaks, meningoceles, and encephaloceles. J
Wayoff M. Endoscopic pituitary tumor surgery. Laryngoscope Neurosurg 2010;113:961–6.
1992;102:198–202. [30] Cebula H, Lahlou A, De Battista JC, Debry C, Froelich S. Endo-
[8] Jho HD, Carrau RL. Endoscopic endonasal transsphenoidal sur- scopic approaches to the orbit. Neurochirurgie 2010;56:230–5.
gery: experience with 50 patients. J Neurosurg 1997;87:44–51. [31] Alfieri A, Schettino R, Tarfani A, Bonzi O, Rossi GA, Monolo
[9] Lee SC, Senior BA. Endoscopic skull base surgery. Clin Exp Oto- L. Endoscopic endonasal removal of an intra-suprasellar Rathke’s
rhinolaryngol 2008;1:53–62. cleft cyst: case report and surgical considerations. Minim Invasive
[10] Senior BA, Ebert CS, Bednarski KK, Bassim MK, Younes M, Neurosurg 2002;45:47–51.
Sigounas D, et al. Minimally invasive pituitary surgery. Laryn- [32] Cavallo LM, Prevedello DM, Solari D, Gardner PA, Esposito F,
goscope 2008;118:1842–55. Snyderman CH, et al. Extended endoscopic endonasal transsphe-
[11] Snyderman CH, Carrau RL, Kassam AB, Zanation A, Prevedello noidal approach for residual or recurrent craniopharyngiomas. J
D, Gardner P, et al. Endoscopic skull base surgery: principles of Neurosurg 2009;111:578–89.
endonasal oncological surgery. J Surg Oncol 2008;97:658–64. [33] Froelich S, Cebula H, Debry C, Boyer P. Anterior communica-
[12] Ramachandran R, Singh PM, Batra M, Pahwa D. Anesthe- ting artery aneurysm clipped through an endoscopic endonasal
sia for endoscopic endonasal surgery. Trends Anesth Crit Care approach: Technical note. Neurosurgery 2011;68(2 Suppl.):310–6
2011;1:79–83. [discussion 315–6].
[13] Dehdashti AR, Ganna A, Karabatsou K, Gentili F. Pure endoscopic [34] Gardner PA, Kassam AB, Snyderman CH, Carrau RL, Mintz AH,
endonasal approach for pituitary adenomas: early surgical results Grahovac S, et al. Outcomes following endoscopic, expanded endo-
in 200 patients and comparison with previous microsurgical series. nasal resection of suprasellar craniopharyngiomas: a case series. J
Neurosurgery 2008;62:1006–15. Neurosurg 2008;109:6–16.

18 EMC - Neurologie
Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne  17-385-A-10

[35] Gardner PA, Prevedello DM, Kassam AB, Snyderman CH, Car- [56] Crockard HA. The transoral approach to the base of the brain and
rau RL, Mintz AH. The evolution of the endonasal approach for upper cervical cord. Ann R Coll Surg Engl 1985;67:321–5.
craniopharyngiomas. J Neurosurg 2008;108:1043–7. [57] Leng LZ, Anand VK, Hartl R, Schwartz TH. Endonasal endoscopic
[36] Kassam AB, Gardner PA, Mintz A, Snyderman CH, Carrau RL, resection of an os odontoideum to decompress the cervicome-
Horowitz M. Endoscopic endonasal clipping of an unsecured dullary junction: a minimal access surgical technique. Spine
superior hypophyseal artery aneurysm. Technical note. J Neuro- 2009;34:E139–43.
surg 2007;107:1047–52. [58] Magrini S, Pasquini E, Mazzatenta D, Mascari C, Galassi E,
[37] Kassam AB, Gardner PA, Snyderman CH, Carrau RL, Mintz AH, Frank G. Endoscopic endonasal odontoidectomy in a patient
Prevedello DM. Expanded endonasal approach, a fully endoscopic affected by Down syndrome: technical case report. Neurosurgery
transnasal approach for the resection of midline suprasellar cranio- 2008;63:E373–4 [discussion E374].
pharyngiomas: a new classification based on the infundibulum. J [59] Messina A, Bruno MC, Decq P, Coste A, Cavallo LM, de Divittis
Neurosurg 2008;108:715–28. E, et al. Pure endoscopic endonasal odontoidectomy: anatomical
[38] Kassam AB, Mintz AH, Gardner PA, Horowitz MB, Carrau RL, study. Neurosurg Rev 2007;30:189–94 [discussion 194].
Snyderman CH. The expanded endonasal approach for an endosco- [60] Nayak JV, Gardner PA, Vescan AD, Carrau RL, Kassam AB, Sny-
pic transnasal clipping and aneurysmorrhaphy of a large vertebral derman CH. Experience with the expanded endonasal approach
artery aneurysm: technical case report. Neurosurgery 2006;59(1 for resection of the odontoid process in rheumatoid disease. Am J
Suppl. 1):ONSE162–5 [discussion ONSE 162–5]. Rhinol 2007;21:601–6.
[39] Martin TJ, Loehrl TA. Endoscopic CSF leak repair. Curr Opin [61] Wu J, Huang W, Cheng H, Liang M, Ho C, Wong T, et al. Endo-
Otolaryngol Head Neck Surg 2007;15:35–9. scopic transnasal transclival odontoidectomy: a new approach to
[40] Castelnuovo P, Dallan I, Bignami M, Pistochini A, Battaglia P, decompression: technical case report. Neurosurgery 2008;63(1
Tschabitscher M. Endoscopic endonasal management of petrocli- Suppl. 1):ONSE92–4 [discussion ONSE94].
val cerebrospinal fluid leaks: anatomical study and preliminary [62] de Almeida JR, Snyderman CH, Gardner PA, Carrau RL, Vescan
clinical experience. Minim Invasive Neurosurg 2008;51:336–9. AD. Nasal morbidity following endoscopic skull base surgery: A
[41] Cavallo LM, Cappabianca P, Messina A, Esposito F, Stella L, de prospective cohort study. Head Neck 2011;33:547–51.
Divitiis E, et al. The extended endoscopic endonasal approach to [63] Balaker AE, Bergsneider M, Martin NA, Wang MB. Evolution
the clivus and cranio-vertebral junction: anatomical study. Childs of sinonasal symptoms following endoscopic anterior skull base
Nerv Syst 2007;23:665–71. surgery. Skull Base 2010;20:245–51.
[42] Griffith AJ, Terrell JE. Transsphenoid endoscopic management of [64] Charalampaki P, Ayyad A, Kockro RA, Perneczky A. Surgical
petrous apex cholesterol granuloma. Otolaryngol Head Neck Surg complications after endoscopic transsphenoidal pituitary surgery.
1996;114:91–4. J Clin Neurosci 2009;16:786–9.
[43] Jho HD, Carrau RL, McLaughlin ML, Somaza SC. Endoscopic [65] Gondim JA, Almeida JP, Albuquerque LA, Schops M, Gomes
transsphenoidal resection of a large chordoma in the posterior E, Ferraz T, et al. Endoscopic endonasal approach for pitui-
fossa. Case report. Neurosurg Focus 1996;1:e3. tary adenoma: surgical complications in 301 patients. Pituitary
[44] Kassam AB, Gardner P, Snyderman C, Mintz A, Carrau R. Expan- 2011;14(2):174–83.
ded endonasal approach: fully endoscopic, completely transnasal [66] Kassam AB, Prevedello DM, Carrau RL, Snyderman CH, Thomas
approach to the middle third of the clivus, petrous bone, middle cra- A, Gardner P, et al. Endoscopic endonasal skull base surgery: analy-
nial fossa, and infratemporal fossa. Neurosurg Focus 2005;19:E6. sis of complications in the authors’ initial 800 patients. J Neurosurg
[45] Stamm AC, Pignatari SS, Vellutini E. Transnasal endoscopic 2011;114(6):1544–68 [Epub 2010 Dec 17].
surgical approaches to the clivus. Otolaryngol Clin North Am [67] May M, Levine HL, Mester SJ, Schaitkin B. Complications of
2006;39:639–56 [xi]. endoscopic sinus surgery: analysis of 2108 patients--incidence and
[46] Zimmer LA, Hirsch BE, Kassam A, Horowitz M, Snyderman CH. prevention. Laryngoscope 1994;104:1080–3.
Resection of a recurrent paraganglioma via an endoscopic transna- [68] Caicedo-Granados E, Carrau R, Snyderman CH, Prevedello
sal approach to the jugular fossa. Otol Neurotol 2006;27:398–402. D, Fernandez-Miranda J, Gardner P, et al. Reverse rotation
[47] Alfieri A, Jho HD. Endoscopic endonasal cavernous sinus surgery: flap for reconstruction of donor site after vascular pedicled
an anatomic study. Neurosurgery 2001;48:827–36 [discussion nasoseptal flap in skull base surgery. Laryngoscope 2010;120:
836–7]. 1550–2.
[48] Alfieri A, Jho HD. Endoscopic endonasal approaches to the caver- [69] Hadad G, Bassagasteguy L, Carrau RL, Mataza JC, Kas-
nous sinus: surgical approaches. Neurosurgery 2001;49:354–60 sam A, Snyderman CH, et al. A novel reconstructive
[discussion 360–2]. technique after endoscopic expanded endonasal approaches:
[49] Cappabianca P, Briganti F, Cavallo LM, de Divitiis E. Pseu- vascular pedicle nasoseptal flap. Laryngoscope 2006;116:
doaneurysm of the intracavernous carotid artery following 1882–6.
endoscopic endonasal transsphenoidal surgery, treated by endo- [70] Kassam A, Carrau RL, Snyderman CH, Gardner P, Mintz A. Evo-
vascular approach. Acta Neurochir 2001;143:95–6. lution of reconstructive techniques following endoscopic expanded
[50] Frank G, Pasquini E. Approach to the cavernous sinus. In: de endonasal approaches. Neurosurg Focus 2005;19:E8.
Divitiis E, Cappabianca P, editors. Endoscopic endonasal transs- [71] Kassam AB, Thomas A, Carrau RL, Snyderman CH, Vescan A,
phenoidal surgery. New York: Springer; 2003. p. 159–75. Prevedello D, et al. Endoscopic reconstruction of the cranial base
[51] Kassam AB, Prevedello DM, Carrau RL, Snyderman CH, Gardner using a pedicled nasoseptal flap. Neurosurgery 2008;63(1 Suppl.
P, Osawa S, et al. The front door to meckel’s cave: an anteromedial 1):ONS44–52 [discussion ONS52–3].
corridor via expanded endoscopic endonasal approach- technical [72] Patel MR, Shah RN, Snyderman CH, Carrau RL, Germanwala
considerations and clinical series. Neurosurgery 2009;64:71–82 AV, Kassam AB, et al. Pericranial flap for endoscopic anterior
[discussion 82–3]. skull-base reconstruction: clinical outcomes and radioanatomic
[52] Robinson S, Patel N, Wormald PJ. Endoscopic manage- analysis of preoperative planning. Neurosurgery 2010;66:506–12
ment of benign tumors extending into the infratempo- [discussion 512].
ral fossa: a two-surgeon transnasal approach. Laryngoscope [73] Rivera-Serrano CM, Oliver CL, Sok J, Prevedello DM, Gardner
2005;115:1818–22. P, Snyderman CH, et al. Pedicled facial buccinator (FAB) flap: a
[53] Bouthillier A, van Loveren HR, Keller JT. Segments of the internal new flap for reconstruction of skull base defects. Laryngoscope
carotid artery: a new classification. Neurosurgery 1996;38:425–32. 2010;120:1922–30.
[54] Alfieri A, Jho H, Tschabitscher M. Endoscopic endonasal approach [74] Abdel Aziz KM, Bhatia S, Tantawy MH, Sekula R, Keller JT, Froe-
to the ventral cranio-cervical junction: anatomical study. Acta Neu- lich S, et al. Minimally invasive transpalpebral “eyelid” approach to
rochir 2002;144:219–25 [discussion 225]. the anterior cranial base. Neurosurgery 2011;69(2 Suppl.):195–206
[55] de Almeida JR, Zanation AM, Snyderman CH, Carrau RL, [discussion 206–7].
Prevedello DM, Gardner PA, et al. Defining the nasopalatine [75] Hanna EY, Holsinger C, DeMonte F, Kupferman M. Robotic endo-
line: the limit for endonasal surgery of the spine. Laryngoscope scopic surgery of the skull base: a novel surgical approach. Arch
2009;119:239–44. Otolaryngol Head Neck Surg 2007;133:1209–14.

EMC - Neurologie 19
17-385-A-10  Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne

[76] Levy ML, Nguyen A, Aryan H, Jandial R, Meltzer HS, Apuzzo Pour en savoir plus
ML. Robotic virtual endoscopy: development of a multidirectional
rigid endoscope. Neurosurgery 2006;59(1 Suppl. 1):ONS134–41 Maroon JC. Skull base surgery: past, present, and future trends. Neuro-
[discussion ONS134–141]. surg Focus 2005;19:E1.
[77] Strychowsky J, Nayan S, Reddy K, Farrokhyar F, Sommer Hardy J. Histoire de la chirurgie hypophysaire. Neurochirurgie
D. Purely endoscopic transsphenoidal surgery versus traditio- 2010;56:358–62.
nal microsurgery for resection of pituitary adenomas: systematic Perneczky A, Reisch R. Keyhole approaches in neurosurgery: concept
review. J Otolaryngol Head Neck Surg 2011;40:175–85. and surgical technique. Berlin: Springer-Verlag; 2008.

M. Berhouma, Professeur des Universités associé, praticien attaché (berhouma.moncef@yahoo.fr).


M. Messerer, Praticien attaché.
Unité de chirurgie de la base du crâne, Département de neurochirurgie A, Hôpital neurologique et neurochirurgical Pierre Wertheimer, Hospices civils de
Lyon, Université Claude Bernard, 59, boulevard Pinel, 69500 Bron, France.
E. Jouanneau, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Unité de chirurgie de la base du crâne, Département de neurochirurgie A, Hôpital neurologique et neurochirurgical Pierre Wertheimer, Hospices civils de
Lyon, Université Claude Bernard, 59, boulevard Pinel, 69500 Bron, France.
Inserm U1028, CNRS UMR5292, Centre de recherche en neurosciences de Lyon, Équipe neuro-oncologie et neuro-inflammation, Faculté de médecine Lyon
Sud, Université de Lyon I, 69675 Bron cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Berhouma M, Messerer M, Jouanneau E. Chirurgie endoscopique de l’hypophyse et de la base du crâne.
EMC - Neurologie 2013;10(1):1-20 [Article 17-385-A-10].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

20 EMC - Neurologie

Vous aimerez peut-être aussi