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Thyroïdectomie par cervicotomie


R. Kania, B. Vérillaud, N. Le Clerc, P. Herman, J. Lee, W.Y. Chung, G. Materazzi,
P. Miccoli, G.W. Randolph

Résumé : La chirurgie thyroïdienne a évolué depuis sa description initiale par Kocher à la fin du XIXe siècle.
À la fin du XXe siècle, la thyroïdectomie endoscopique aussi dénommée vidéoassistée est apparue. Au
début du XXIe siècle, les développements technologiques ont permis la réalisation de la thyroïdectomie
robotique. Si la thyroïdectomie conventionnelle par cervicotomie reste la technique la plus largement uti-
lisée de par le monde, elle a vu sa pratique implémentée par le monitorage des nerfs récurrents et vague.
La thyroïdectomie a ses indications en cas de cancer thyroïdien et pour des pathologies bénignes de la
thyroïde. En cas de cancer, elle comprend le traitement de la tumeur thyroïdienne et des aires ganglion-
naires. Des recommandations internationales ont tenté de standardiser les indications chirurgicales pour
les lésions malignes. Cet article décrit la technique de la thyroïdectomie conventionnelle par cervicotomie.
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Thyroïdectomie ; Cancer de la thyroïde ; Évidements ;


Chirurgie de la thyroïde et des aires ganglionnaires ; Monitorage peropératoire

Plan sification cytologique de Bethesda indiquant le risque de cancer,


une thyroïdectomie totale ou une lobo-isthmectomie sont indi-
■ Introduction 1 quées en cas de cytologie maligne, de nodule suspect de malignité,
de néoplasme folliculaire ou néoplasme à cellules de Hürthle [1]
■ Thyroïdectomie 2 (Tableau 1). Le traitement des cancers de la thyroïde comprend les
Incision et abord de la loge thyroïdienne 2 cancers différenciés de souche vésiculaire, le cancer médullaire et
Abord du pôle supérieur 2 le cancer anaplasique, en traitant la thyroïde et les aires ganglion-
Dissection du nerf récurrent 4 naires. Pour les lésions bénignes, la thyroïdectomie est indiquée
Dissection des glandes parathyroïdes 7 pour l’hyperthyroïdie, les goitres cervicothoraciques et les goitres
Fermeture 8 multinodulaires. Une thyroïdectomie totale peut être considé-
■ Évidement cervical 8 rée en cas de goitre multinodulaire volumineux, surtout en cas
Évidement du compartiment central 8 d’évolution volumétrique ou fonctionnelle vers l’hyperthyroïdie
Évidement du compartiment latéral 12 en devenant un goitre multinodulaire toxique aussi dénommé
■ Cas particuliers 13 « basedowifié ».
Cancers thyroïdiens localement avancés 13 Avant la réalisation d’une thyroïdectomie, la recherche des
Goitre médiastinal 14 antécédents, un examen clinique avec laryngoscopie évaluant
Cas des reprises chirurgicales 15 la mobilité laryngée et le fonctionnement du nerf récurrent,

une évaluation biologique et radiologique ainsi qu’une analyse
Monitorage nerveux intraopératoire (MNIO) 16
cytologique sont réalisés. Une échographie cervicale examine la
Indications 16
thyroïde et les aires ganglionnaires cervicales centrales et latérales
Modalités d’utilisation 16
(Tableau 2). La tomodensitométrie cervicothoracique est recom-
Stratégie opératoire avec monitorage nerveux intraopératoire 17
mandée en cas de goitre volumineux ou de suspicion d’extension
■ Suites postopératoires 18 intrathoracique. En cas de cancer, la tomodensitométrie avec
Risque d’hématome postopératoire 18 injection est également utile en cas de suspicion d’invasion
Risque d’hypocalcémie postopératoire 19 du larynx, de la trachée et/ou de l’œsophage (un délai de six
Risque de troubles de la voix et de la respiration 19 semaines doit être observé entre la réalisation de la chirurgie et
Infections 21 l’irathérapie). Le dosage de la thyroglobuline dans une adénopa-
thie permet d’affirmer qu’il s’agit d’une métastase ganglionnaire
d’un cancer de la thyroïde. Une synthèse prudente des éléments
suivants permet au chirurgien d’évaluer l’étendue de la chirurgie.
 Introduction L’obligation d’information médicale avant thyroïdectomie
porte sur les raisons cliniques et examens complémentaires
La thyroïdectomie est indiquée pour des lésions bénignes et ayant mené à l’indication de thyroïdectomie, l’explication du
malignes. Une lobectomie peut être réalisée en cas de nodule déroulement de la thyroïdectomie en fonction des données
bénin si le volume du nodule provoque une gêne. Selon la clas- peropératoires, les risques fréquents ou graves normalement

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Volume 27 > n◦ 1 > octobre 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S2211-0402(16)55865-6
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46-460  Thyroïdectomie par cervicotomie

Tableau 1. Incision
Classification cytologique de Bethesda indiquant le risque de cancer et la
recommandation adaptée en fonction de la terminologie. Le placement de l’incision devrait se situer au niveau du bord
supérieur de l’isthme thyroïdien dans un pli du cou à 1 ou 2 cm
Terminologie Risque de Recommandation en dessous du cricoïde afin de faciliter la dissection du pôle
Bethesda 2009 cancer supérieur. Un pli naturel à la base du cou est au mieux repéré
Non diagnostique ? Si nodule solide, 2e FNA avant l’intubation. Alternativement, l’incision est placée à 2 cm
3 mois après la 1re ponction au-dessus du creux sus-sternal. L’étendue de l’incision est classi-
Bénin 0–3 % Simple contrôle
quement supérieure à 6 cm. Une incision de moins de 6 cm définit
échographique à 6–18 mois une voie mini-invasive. L’incision est poursuivie jusqu’au plan des
d’intervalle pendant une veines jugulaires antérieures que l’on continue de disséquer vers
période de 3 à 5 ans le haut jusqu’à l’os hyoïde et le bas jusqu’au manubrium sternal.
On peut fixer les berges de l’incision aux champs opératoires.
Lésion folliculaire de 5–15 % Si TSH basse, envisager une
signification scintigraphie, sinon
indéterminée 2e ponction dans un délai de Abord de la loge thyroïdienne
3 à 6 mois sous contrôle Cet abord est réalisé par l’incision de la ligne blanche entre
échographique les muscles sous-hyoïdiens sur une étendue allant du cartilage
Néoplasme 15–30 % Contrôle chirurgical thyroïde jusqu’au-dessus du manubrium sternal. On écarte les
folliculaire/néoplasme à muscles sous-hyoïdiens pour exposer l’isthme thyroïdien, un
cellules de Hürthle éventuel lobe pyramidal le long du cartilage thyroïde et la tra-
Suspect de malignité 60–75 % Contrôle chirurgical chée cervicale sous-isthmique par palpation digitale. Les veines
Malin 97–99 % Contrôle chirurgical sous-isthmiques sont liées. Le lobe pyramidal est disséqué de haut
en bas en emportant, en cas de cancer, la totalité de la zone VI
FNA : fine needle aspiration ; TSH : thyroid-stimulating hormone. supérieure de l’os hyoïde jusqu’à l’isthme thyroïdien.

Tableau 2. Isthmectomie
Signes échographiques pouvant faire suspecter un cancer sur les nodules
thyroïdiens et les aires ganglionnaires. L’hémostase des vaisseaux de l’arcade sus-isthmique est réalisée
de façon à identifier la face antérieure du cricoïde et la trachée
Signes échographiques pouvant Signes échographiques cervicale. L’insertion antérieure du muscle cricothyroïdien sur le
faire suspecter un cancer sur les pouvant être évocateurs cricoïde doit être respectée. La partie supérieure de l’isthme peut
nodules thyroïdiens d’adénopathie métastatique parfois couvrir une partie du cricoïde. Dans ce cas, on libère la
Aspect solide plus que kystique, Aspect kystique partie supérieure de l’isthme de chaque côté, de façon à pouvoir
plus épais que large mobiliser l’isthme vers le bas et aborder la trachée juste sous le
Flou avec perte du halo Disparition du hile central, cricoïde. On dissèque alors la face antérieure de la trachée aux
périphérique forme ronde ciseaux, ce qui permet de mobiliser l’isthme et de le sectionner
aux ciseaux, au bistouri électrique ou avec une instrumentation
Hypoéchogène Hyperéchogène
adaptée de type bistouri ultrasonique par exemple ou aux ciseaux
Effraction capsulaire Rupture ganglionnaire courbes.
Microcalcifications Microcalcifications Le ligament thyrotrachéal est ensuite légèrement disséqué
Vascularisation centrale Hypervascularisation centrale de part et d’autre de la trachée pour mobiliser la glande.
et anarchique L’isthmectomie n’est pas réalisée en cas de thyroïdectomie en
Densité élevée en élastographie bloc, en cas de cancer de l’isthme ou d’évidement du compar-
timent central en bloc.

prévisibles, les suites postopératoires, les conséquences et les alter- Dégagement de la face antérieure et latérale
natives de la thyroïdectomie, l’évolution en l’absence de chirurgie du lobe
et l’utilisation ou non du neuromonitorage laryngé peropératoire
pour éviter – surtout en cas de pathologie bénigne de la thyroïde – La face médiale des muscles sternohyoïdiens et sternothyroï-
une paralysie laryngée bilatérale [2, 3] . diens est incisée, permettant de disséquer les attaches fibreuses
entre la face antérieure de la glande thyroïde et la face profonde
des muscles sternohyoïdiens. L’hémostase d’une ou plusieurs
 Thyroïdectomie veines thyroïdiennes moyennes est réalisée. On repère ainsi
l’artère carotide commune (ACC) et la veine jugulaire interne
(VJI). Si un monitorage nerveux peropératoire est utilisé, on peut
Incision et abord de la loge thyroïdienne stimuler le nerf vague en plaçant le stimulateur entre l’ACC et
Installation la VJI à une intensité de 3 mA afin d’obtenir une réponse et de
valider le fonctionnement du système de monitorage. Si le moni-
Si un monitorage des nerfs récurrents est prévu, la sonde
torage continu du nerf vague est utilisé, on dissèque le nerf vague
d’intubation adéquate doit être utilisée. Le patient est installé,
pour placer le système de stimulation continue à son contact.
sous anesthésie générale, en décubitus dorsal, en plaçant la tête
en légère hyperextension (10–15◦ ), soit en surélevant les épaules
par un coussin, soit par positionnement déclive de la tête. Cette Abord du pôle supérieur
hyperextension doit être modérée afin d’éviter des douleurs cer-
vicales postopératoires. L’électrode de recueil est placée autour de Abord et ligature du pôle supérieur
la sonde d’intubation. On vérifie le bon positionnement et le bon On dissèque le pôle supérieur sur sa face interne dans le plan
fonctionnement des électrodes de recueil au niveau des cordes entre le muscle cricothyroïdien et la glande thyroïde.
vocales une fois que la tête est placée en position opératoire. Afin de bien visualiser ce plan et d’éviter une lésion de la
On réalise une désinfection cutanée cervicale classiquement par branche externe du nerf laryngé supérieur, on effectue une
produit non iodé. La désinfection cutanée doit s’étendre de la traction douce du pôle supérieur vers l’avant et en dehors.
partie haute du thorax jusqu’à la mandibule et permettre la réalisa- Cette traction permet d’ouvrir un espace triangulaire de dis-
tion d’évidements des aires ganglionnaires cervicales latéralement section entre la face interne du pôle supérieur latéralement et
si nécessaire. Dans les cas rares où une manubriotomie serait à réa- le muscle cricothyroïdien médialement. La dissection des deux
liser pour l’exérèse d’une extension médiastinale, les champs sont faces interne et externe du pôle supérieur permet sa mobilisa-
placés pour exposer le sternum. tion et l’individualisation des branches et du pédicule thyroïdien

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Thyroïdectomie par cervicotomie  46-460

supérieur. Deux écarteurs placés à 90◦ l’un de l’autre, soulevant le Dès que l’on fait basculer le pôle supérieur de la glande vers
muscle sternothyroïdien, permettent l’exposition des vaisseaux l’avant et le bas, on tente de voir directement s’il n’existe pas
du pédicule supérieur. Il ne faut pas hésiter à sectionner le une glande parathyroïde supérieure pour pouvoir la disséquer au
muscle sternothyroïdien de manière à bien s’exposer (Fig. 1). En ras de la face postérieure de la thyroïde sans effectuer de trac-
cas de cancer thyroïdien, la résection du muscle sternohyoïdien tion excessive, pour bien préserver la vascularisation de la glande
est conseillée pour obtenir une résection chirurgicale complète parathyroïde.
car une extension extrathyroïdienne d’un cancer thyroïdien est L’artère thyroïdienne supérieure peut donner une branche pos-
possible, constituant un élément significatif du pronostic, confor- térieure vascularisant la glande parathyroïde supérieure. Cette
mément à la classification TNM (tumeur, node, métastase) [4] . On branche artérielle est préservée par des ligatures sélectives. En
réalise alors l’hémostase sélective des vaisseaux du pôle supérieur. cas de cancer, surtout lorsqu’une extension extrathyroïdienne est
On mobilise alors la face profonde du pôle supérieur de la suspectée, on réséquera le muscle sternothyroïdien. L’utilisation
glande thyroïde vers l’avant et le bas. d’un bistouri ultrasonique ou de ciseaux courbes permet la coa-
gulation et la ligature des vaisseaux du pôle supérieur. Dans une
étude randomisée prospective, le temps opératoire était diminué
avec l’aide du bistouri ultrasonique, comparativement aux sutures
conventionnelles [5] .
1
Préservation de la branche externe du nerf
laryngé supérieur (BENLS)
Si le nerf laryngé supérieur ne doit pas toujours être identi-
fié visuellement, on peut exclure sa présence de manière visuelle
et/ou électrique. La BENLS est de faible diamètre et pénètre dans
2 le muscle constricteur inférieur à une hauteur variable. La dis-
section du pôle supérieur de la thyroïde doit s’effectuer le plus
au contact possible de la face interne de la glande pour bien res-
pecter la BENLS et le muscle cricothyroïdien. La dissection peut
3
être poursuivie vers le haut jusqu’à identification de la BENLS.
4 Son identification peut être confirmée par une stimulation élec-
trique à 0,5 ou 1 mA, ce qui engendre une réponse diffuse du
muscle cricothyroïdien. La BENLS est importante pour optimiser
les résultats vocaux postopératoires, notamment sur le maintien
de la fréquence fondamentale. Cernea a rapporté les variations
anatomiques de la BENLS [6] (Fig. 2) :
• dans le type 1 (23 % des cas), la BENLS croise les vaisseaux
thyroïdiens supérieurs au moins 1 cm au-dessus du niveau du
pôle supérieur ;
• dans le type 2a (15 %), la BENLS croise les vaisseaux thyroï-
Figure 1. Section du muscle sternothyroïdien de manière à mieux visua- diens supérieurs à moins de 1 cm au-dessus du niveau du pôle
liser le pôle supérieur de la glande thyroïde, ses vaisseaux. Noter les supérieur ;
rapports avec la branche externe du nerf laryngé supérieur. 1. Muscle ster- • dans le type 2b (54 %), la BENLS passe en dessous et en arrière
nohyoïdien ; 2. dissection individuelle des branches de l’artère supérieure du pôle supérieur, ce qui l’expose plus à une lésion lors de la
thyroïdienne ; 3. bords découpés du muscle sternothyroïdien ; 4. pôle thy- dissection du pôle supérieur.
roïdien supérieur écarté (d’après : « Surgery of the Thryoid and Parathyroid L’utilisation du monitorage peut être intéressante à la fois pour
glands » de G. Randolph). vérifier l’identification visuelle de la BENLS et pour éliminer que

1
1 1
2 2
2
1 cm 1 cm
3 3
3

Type 1 Type 2a Type 2b

Figure 2. Variation des rapports entre la branche externe du nerf laryngé supérieur (1) et l’extrémité supérieure du pôle supérieur de la glande thyroïde.
Types 1 (A), 2a (B) et 2b (C). 1. Artère thyroïdienne supérieure ; 2. branche externe du nerf laryngé supérieur ; 3. muscle constricteur inférieur (d’après :
« Surgery of the Thryoid and Parathyroid glands » de G. Randolph).

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la BENLS ne se trouve saisie, lorsqu’on effectue la ligature des vais- Tableau 3.


seaux du pôle supérieur, notamment en cas de volumineux goitre Repères du nerf récurrent et intérêt de ces repères anatomiques.
où la BENLS passe en dessous du niveau du pôle supérieur [7] . Repères anatomiques Intérêt des repères anatomiques
du nerf récurrent

“ Point fort Point d’entrée dans le


larynx++
Repère constant environ 1 cm sous
l’articulation cricothyroïdienne
Une traction du lobe déplace le dernier
centimètre extralaryngé du nerf récurrent en
La préservation de la branche externe du nerf laryngé situation plus ventrale
supérieur est assurée par une dissection au contact de la
Ligament de Berry ou Densification de la capsule thyroïdienne sur la
face interne du pôle supérieur de la thyroïde tractée de ligament partie postérolatérale du cricoïde jusqu’au 2e
manière douce vers l’avant et le dehors pour bien res- thyrotrachéal++ ou 3e anneau trachéal
pecter la BENLS et le muscle cricothyroïdien. La BENLS Dans la majorité des cas, le nerf récurrent est
peut croiser les vaisseaux du pédicule supérieur, notam- plus profond que le ligament de Berry mais il
ment en cas de volumineux goitre. Il convient d’effectuer peut passer à travers dans 30 % des cas
une dissection et une ligature sélective des vaisseaux du Tubercule de Très bon repère du nerf récurrent car le
pôle supérieur et, le cas échéant, de contrôler visuellement Zuckerkandl+++ tubercule de Zuckerkandl est quasiment
toujours sur la face ventrale du nerf récurrent
et/ou par stimulation électrique la BENLS.
Artère thyroïdienne Repère très inconstant du nerf récurrent :
inférieure (ATI)+ - nerf récurrent sous l’ATI : 50 % des cas
- nerf récurrent au-dessus l’ATI : 25 % des cas
- nerf récurrent entre les branches de division
Dissection du nerf récurrent de l’ATI : 25 % des cas

Abord latéral du nerf récurrent pour lobectomie


thyroïdienne standard On poursuit la dissection du nerf récurrent vers le bas pour
le laisser à distance du pôle inférieur de la thyroïde et pour évi-
Une fois que la ligature des vaisseaux du pôle supérieur de la
ter toute tension du nerf. On peut alors mieux mobiliser le pôle
thyroïde est réalisée, on déplace le pôle supérieur vers le bas et
inférieur de la thyroïde, repérer la parathyroïde inférieure P3 et
l’avant, ce qui expose la face profonde de la glande thyroïde à
terminer par la section du ligament de Berry également dénommé
partir de laquelle on recherche la glande parathyroïde supérieure
ligament thyrotrachéal. La dissection doit être poursuivie au
(P4). Celle-ci est située au voisinage de la partie postérieure du
contact le plus proche de la thyroïde pour éviter une lésion de
pôle supérieur et de l’articulation cricothyroïdienne.
la glande parathyroïde inférieure dont la situation est antérieure
La palpation de l’articulation cricothyroïdienne est un premier
par rapport au nerf récurrent qui vient d’être identifié. Cette
repère au voisinage du nerf récurrent. En poursuivant la dissection
technique permet la meilleure préservation de P3 dont la localisa-
vers le bas, on peut s’aider d’une ligature d’une veine thyroïdienne
tion n’est pas toujours visualisée. La dissection du pôle inférieur
dont l’accessibilité a pu être précédemment difficile en raison du
permet la mobilisation médiane de la glande. Les veines thyroï-
volume du lobe thyroïdien. En continuant la dissection vers le bas
diennes inférieures sont liées ou coagulées au plus proche de la
et l’arrière au ras de la glande thyroïde, on regarde s’il existe une
glande thyroïde, ce qui permet également d’abaisser le ligament
extension postérieure de la thyroïde sous la forme d’un tubercule
thyrothymique et d’exposer la face antérieure de la trachée.
de Zuckerkandl qui est un excellent repère très constant du nerf
L’artère thyroïdienne inférieure (ATI) est liée au plus près de la
récurrent.
glande thyroïde afin de préserver au mieux la vascularisation des
En effet, le nerf récurrent se trouve dans plus de 90 % des cas
glandes parathyroïdes.
juste à la face profonde du tubercule de Zuckerkandl [8] . Ainsi, la
Il existe une proximité anatomique entre l’ATI et le nerf
dissection de proche en proche au ras du tubercule de Zucker-
récurrent mais les rapports anatomiques sont variables : le nerf
kandl amène dans la quasi-totalité des cas à la découverte du nerf
récurrent passe sous l’ATI dans 50 % des cas, au-dessus dans 25 %
récurrent.
des cas ou entre ses branches de division dans 25 % des cas. Le
On peut s’aider d’une dissection du pôle inférieur de la thyroïde
Tableau 3 résume les repères anatomiques du nerf récurrent. Une
de la face profonde des muscles sous-hyoïdiens pour mobilisation
fois que le nerf récurrent tourne en arrière et latéralement à tra-
en haut et en dedans de la thyroïde. Ainsi, le nerf récurrent est
vers le muscle constricteur inférieur du pharynx, on est sûr d’avoir
visualisé par une voie d’abord latérale. On aborde latéralement
identifié son point d’entrée dans le larynx. On peut alors effec-
le nerf récurrent au niveau de son point d’entrée dans le larynx
tuer la section du ligament thyrotrachéal. Le ligament de Berry
qui est un repère constant, environ 1 cm sous et en avant de
est dense et vascularisé par une petite branche artérielle de l’ATI.
l’articulation cricothyroïdienne. La palpation de l’articulation cri-
Son hémostase de cette petite branche est bien connue des chi-
cothyroïdienne est un élément de repérage. On peut s’aider de la
rurgiens, réalisée le plus souvent en dedans du nerf récurrent au
neurostimulation supraliminaire pour cibler l’aire de dissection.
contact de la trachée et constituant le plus souvent la fin de la
La dissection est au mieux effectuée avec une pince aux extrémités
lobectomie thyroïdienne.
mousses dans le sens présumé du nerf récurrent. Une fois visua-
lisé, on dissèque le nerf récurrent sur une longueur minimale. On
peut confirmer son identification visuelle par stimulation élec-
Voies d’abord du nerf récurrent
trique de 1 mA. On continue la dissection antérograde du nerf à Il existe trois façons d’identifier le nerf récurrent [9] (Fig. 3).
sa face ventrale jusqu’au point de pénétration dans le larynx. L’approche latérale est la technique de choix. Elle consiste
Cela permet de libérer les attaches du ligament thyrotrachéal à chercher le nerf récurrent latéralement avec une rétraction
au voisinage du nerf. Il est à noter qu’une traction, même douce, médiane du lobe thyroïdien. L’avantage de cet abord est de ne pas
du lobe peut déplacer le dernier centimètre extralaryngé du nerf étendre la dissection du nerf récurrent sur une grande longueur
récurrent en situation plus ventrale. Il peut exister une bifurcation et de permettre une bonne préservation de la vascularisation des
extralaryngée du nerf récurrent. Dans ce cas, c’est la branche anté- glandes parathyroïdes. Le tubercule de Zuckerkandl est repéré.
rieure qui est le plus souvent la branche motrice. Si l’on utilise un Cette voie d’abord peut être difficile en cas de goitre volumineux.
monitoring nerveux intraopératoire, la branche motrice peut être L’exposition se fait après avoir lié les vaisseaux du pôle supérieur,
confirmée par une neurostimulation. les veines thyroïdiennes moyennes, et après avoir dégagé le pôle
La glande parathyroïde supérieure est bien localisée en position inférieur. Puis on exerce, d’une part, une traction médiale douce
postérieure par rapport au nerf récurrent et l’on prend soin de sur la glande, d’autre part une contre-traction sur les muscles sous-
préserver la vascularisation de P4 à partir de l’artère thyroïdienne hyoïdiens. On peut palper l’articulation cricothyroïdienne pour
inférieure. repérer le dernier centimètre extralaryngé du nerf récurrent.

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Figure 3. Différentes voies d’abord


pour identifier le nerf récurrent (d’après :
« Surgery of the Thryoid and Parathyroid
glands » de G. Randolph).
A. Abord inférieur 1. Nerf récurrent
gauche ; 2. lame thyrothymique.
B. Abord supérieur 1. Nerf récurrent
gauche ; 2. ligament de Berry ; 3. pôle
supérieur thyroïdien réfléchi.
1 C. Abord latéral 1. Ligament de Berry ;
2. nerf récurrent.
2
1
3

2
1

L’approche inférieure en cas de reprise chirurgicale ou en cas Tableau 4.


de gros goitre peut s’avérer impossible en cas de goitre plongeant. Principes de dissection du nerf récurrent.
La recherche du nerf récurrent se fait en paratrachéal à gauche Principes d’identification et de dissection du nerf récurrent
et à la partie latérale du défilé cervicothoracique à droite. Le nerf
récurrent est généralement retrouvé dans un tissu lâche qui n’a Non à la technique du « pas vu, pas pris » : identification visuelle
pas été préalablement disséqué. Le nerf récurrent est disséqué sur L’exposition du nerf récurrent prime si la vascularisation d’une
une plus longue distance que lors de la voie d’abord latérale, ce parathyroïde ne peut être préservée : la glande parathyroïde peut être
qui peut exposer à un plus grand risque de dévascularisation de la autotransplantée
Toujours visualiser le nerf durant la rétraction du lobe : lors de la
glande parathyroïde inférieure.
rétraction du lobe thyroïdien, une artère nourricière peut étrangler le
L’approche supérieure est préférée en cas de volumineux goitre
nerf récurrent créant une lésion de neuropraxie
cervical et plongeant et lorsque les approches latérale et infé-
Visualiser le nerf récurrent, surtout en abordant le ligament
rieure ne sont pas possibles [9] . Le nerf récurrent est repéré à son thyrotrachéal, afin de s’assurer que les manœuvres n’exposent pas le
point d’entrée dans le larynx après avoir disséqué et récliné le lobe nerf récurrent à des lésions d’étirement
supérieur vers le bas. On repère l’articulation cricothyroïdienne, La stimulation du nerf vague avant et après est un « must ». Elle est
le bord inférieur du cartilage thyroïde, le ligament thyrotrachéal nécessaire en début d’intervention pour obtenir une réponse
(ligament de Berry) et le bord inférieur du muscle constricteur électromyographique afin de valider le fonctionnement du monitorage,
inférieur pour trouver le nerf récurrent. Les inconvénients de cet du nerf récurrent, et pour pouvoir se fier à une stimulation négative du
abord sont les saignements fréquents autour du ligament thyro- nerf récurrent (perte de signal) durant l’intervention. La stimulation
trachéal et les divisions extralaryngées du nerf récurrent. vagale peut être réalisée en fin d’intervention pour s’assurer du bon
fonctionnement du nerf récurrent
Ne pas couper un élément dans l’aire récurrentielle sans avoir
Principes de dissection du nerf récurrent
individualisé le nerf récurrent sans stimulation nerveuse si l’on dispose
Le Tableau 4 résume les principes de dissection du nerf récur- d’un monitorage du nerf récurrent
rent. Visuellement, le nerf récurrent est identifié par son aspect Le tubercule de Zuckerkandl est un excellent repère du nerf récurrent. Le
caractéristique, ondulé, blanc, avec une fine vascularisation à son nerf récurrent est situé dans l’immense majorité des cas (> 90 %) en
contact. La technique « pas vu, pas pris » vis-à-vis du nerf se arrière du tubercule de Zuckerkandl
solde par un taux de paralysie récurrentielle plus élevé. L’intérêt Si le nerf récurrent est fin au point d’entrée laryngé, alors disséquer le
de l’identification visuelle et électrique du nerf récurrent (en nerf en amont : recherche d’une division extralaryngée du nerf
cas d’utilisation du monitorage nerveux intraopératoire) est de récurrent ; la branche antérieure est généralement la branche motrice à
permettre la dissection des autres structures anatomiques de voi- préserver ; on peut faussement être rassuré en identifiant une large
sinage sous contrôle du nerf récurent. Un champ opératoire clair branche postérieure et léser une branche antérieure motrice du nerf
récurrent
sans saignement est essentiel pour bien identifier le nerf récur-
Si la thyroïde est adhérente au point d’entrée, un minime fragment peut
rent. Il ne faut pas hésiter à sectionner une partie des muscles
être laissé en place
sous-hyoïdiens, surtout en cas de goitre volumineux. Une rétrac-
Attention à la médialisation du lobe thyroïdien par accouchement :
tion excessive du lobe thyroïdien peut provoquer des lésions de risque d’étirement du nerf
traction du nerf. La palpation de l’articulation cricocricoïdienne Après exérèse du lobe, attention à toute lésion du nerf par aspiration ou
oriente sur le point d’entrée du nerf récurrent dans le larynx. Il contact
existe dans plus de la moitié des cas un prolongement thyroïdien Coagulation bipolaire au voisinage du ligament de Berry : protégée
rétropharyngé sous la forme d’un tubercule de Zuckerkandl [10] . (doigt, compresse), faible intensité, durée minime
On distingue trois grades en fonction de la taille : grade I inférieur
à 0,5 cm ; grade II entre 0,5 et 1 cm, grade III supérieur à 1 cm. Le
nerf récurrent est typiquement à la face profonde du tubercule de
Zuckerkandl mais il peut être enchâssé dans un récessus entre la cas) à la face profonde du tubercule de Zuckerkandl mais dans 7 %
face profonde du tubercule de Zuckerkandl et le lobe thyroïdien des cas il peut être à sa partie antérieure et superficielle, pouvant
adjacent. La dissection fine au contact et l’ascension de ce tuber- ainsi le mettre en position vulnérable [11] . Une fois que le lobe
cule de Zuckerkandl permet de trouver le nerf récurrent [10] . Le thyroïdien est enlevé, il existe souvent un saignement au voisi-
nerf récurrent est situé dans la grande majorité des cas (93 % des nage du ligament thyrotrachéal (ligament de Berry). Il faut s’armer

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46-460  Thyroïdectomie par cervicotomie

Tableau 5. différence statistiquement significative dépasse 40 000 patients


Avantages du monitorage nerveux intraopératoire. dans chaque bras pour des tumeurs malignes et 9 millions
Avantages du monitorage nerveux intraopératoire du nerf récurrent de patients dans chaque bras pour des goitres bénins [14] , cer-
et du nerf vague taines études ont montré leur intérêt avec des taux inférieurs
de paralysie récurrentielle avec le monitorage comparativement
Éviter une diplégie laryngée bilatérale : à l’identification visuelle seule [15–17] .
- la stimulation électrique renseigne sur le fonctionnement nerveux ce Si l’on dispose d’un monitorage du nerf récurrent, on peut
que la visualisation seule du nerf ne permet pas stimuler le nerf vague pour vérifier l’intégrité fonctionnelle du
- sans monitorage, le chirurgien ne se rend compte que rarement d’une nerf récurrent avant de débuter sa dissection. On se porte sur la
lésion du nerf récurrent.
gouttière jugulocarotidienne et sans forcément identifier visuel-
- si la stimulation électrique suggère que le premier nerf récurrent est
lement le nerf vague, une neurostimulation supraliminaire de
lésé (perte de signal), le deuxième côté peut être différé. Ainsi, une
0,5 à 3 mA entre l’artère carotide commune et la veine jugu-
paralysie récurrentielle bilatérale ne devrait pas se produire
Identifier la branche externe du nerf laryngé supérieur, surtout dans le
laire interne entraîne une réponse d’amplitude normale (de 100
cas de goitre volumineux où la branche externe du nerf laryngé à 500 mV). L’obtention d’une réponse confirme, d’une part, que
supérieur peut croiser les vaisseaux du pédicule supérieur le nerf répond à la stimulation, d’autre part que le système de
Aide à l’identification de la branche motrice du nerf récurrent : monitorage fonctionne.
- avant visualisation pour une dissection dirigée Le monitorage nerveux intraopératoire du nerf récurrent peut
- surtout en cas de division du nerf récurrent, les divisions modifier la technique opératoire de dissection. En cherchant le
extralaryngées du nerf récurrent étant fréquentes nerf récurrent au voisinage de l’artère thyroïdienne, on peut esti-
- pour les abords latéraux et supérieurs du nerf récurrent mer sa localisation à l’aide d’une stimulation de 2 mA au niveau de
Diagnostiquer un nerf récurrent non récurrent lorsque la stimulation l’angle trachéoœsophagien. Une fois que la position du nerf récur-
vagale proximale donne une réponse EMG alors qu’une stimulation plus rent est estimée, on continue la dissection jusqu’à visualiser le nerf
distale ne provoque pas de réponse récurrent et le tester avec une stimulation de 1 mA pour confir-
- un nerf non récurrent a une latence significativement plus courte mer qu’il s’agit bien du nerf récurrent fonctionnel. Puis le nerf
(< 2,7 ms) lors d’une stimulation vagale récurrent est méticuleusement disséqué jusqu’à son point d’entrée
Cartographier le nerf récurrent : dans le larynx. En cas de monitorage continu du nerf vague,
- avant visualisation pour une dissection dirigée la réponse sonore aux impulsions répétées de stimulation est
- surtout en cas de reprise chirurgicale un signe assurant le fonctionnement du nerf et, corollairement,
Aide à la dissection après visualisation, surtout en cas de monitorage
des modifications de cette réponse sonore peuvent constituer
continu du nerf vague
des signes d’alerte en cas de souffrance du nerf récurrent. On
Pronostique la fonction nerveuse postopératoire : avec une stimulation
peut suivre, surtout en cas de traction du nerf, des variations
nerveuse à 1 mA, une réponse de 1200 microvolts (150 à
5400 microvolts) ou un seuil de réponse à 0,37 mA (0,15–0,48), on peut
d’amplitude de réponse électrique ainsi que des variations de
considérer que la fonction nerveuse postopératoire est normale et latence de réponse.
envisager la chirurgie du lobe controlatéral

EMG : électromyographie.
“ Point fort
de patience pour en faire l’hémostase à l’aide d’une cautérisation
bipolaire brève et de faible intensité ou d’un clip. On isole le vais- Le monitorage nerveux intraopératoire présente les avan-
seau qui saigne du nerf récurrent, soit par une compresse non tages suivants :
tissée, soit en plaçant son doigt au contact du site de pénétration • stimulation possible de la branche externe du nerf
laryngé du nerf récurrent pour le protéger. laryngé supérieur ;
• aide à la dissection et au repérage du nerf récurrent ;
• confirmation de l’identification de la branche motrice du
“ Point fort nerf récurrent, notamment dans les cas qui sont fréquents
de division extralaryngée du nerf récurrent ;
• éviter une diplégie laryngée en ne réalisant pas de
L’approche latérale du nerf récurrent constitue le standard thyroïdectomie controlatérale lorsqu’une paralysie récur-
de dissection dans la majorité des cas de thyroïdecto- rentielle est suspectée par une perte de signal électrique
mie. Les repères anatomiques du nerf récurrent dans le au terme de la lobectomie initiale.
dernier centimètre extralaryngé sont l’articulation crico-
thyroïdienne et le tubercule de Zuckerkandl. On évite
d’infliger des tractions sur du nerf récurrent, mécanisme le
Que faire en cas de plaie ou de section peropératoire du nerf
plus souvent en cause dans les atteintes du nerf récurrent. récurrent ?
En cas d’étirement ou de compression du nerf récurrent,
aucun traitement chirurgical immédiat n’est à réaliser. On peut
y adjoindre une corticothérapie orale en l’absence de contre-
Monitorage du nerf récurrent indications. En règle générale, la récupération spontanée est tout
En cas d’utilisation du monitorage nerveux intraopératoire, le à fait satisfaisante sans survenue de syncinésies.
monitorage du nerf récurrent est en mesure de confirmer élec- En cas de section franche du nerf et en l’absence de perte
triquement l’identification visuelle du nerf, évitant ainsi les faux de substance nerveuse, on réalise une suture directe du nerf
positifs « visuels ». L’identification électrique du nerf récurrent ne récurrent par quelques points monofilaments 9/0 au microscope,
se substitute pas à l’identification visuelle du nerf. Le principal plus ou moins associés à de la colle biologique. On peut iso-
intérêt du monitorage est la prévention d’une paralysie bilaté- ler la branche postérieure du nerf récurrent afin de ne suturer
rale des cordes vocales [12] . Les autres intérêts, résumés dans le que la branche antérieure motrice, évitant ainsi la survenue de
Tableau 5, résident principalement dans l’identification du nerf syncinésies.
récurrent et de ses variations anatomiques, et l’identification de En cas de section franche du nerf récurrent avec perte de sub-
la branche externe du nerf laryngé supérieur. Même si une méta- stance nerveuse ne permettant pas de suture directe, on réalise
analyse ayant analysé 44 études n’a pas montré de différence une anastomose nerveuse, idéalement avec la branche descen-
significative entre les patients ayant une thyroïdectomie sans dante du nerf hypoglosse (XII) car une anastomose sans tension
monitorage et les patients ayant une thyroïdectomie avec monito- est possible [9] . La branche descendante du nerf XII est située au
rage [13] , même si le nombre de patients à inclure pour montrer une voisinage du nerf récurrent. Son diamètre correspond bien à celui

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Thyroïdectomie par cervicotomie  46-460

1 P4
5

P3 7

Figure 4. Rapports anatomiques des glandes parathyroïdes par rap-


port au nerf récurrent. La parathyroïde supérieure (P4) est en situation
postérieure par rapport à un plan coronal passant par le nerf récurrent
tandis que la parathyroïde inférieure (P3) est en situation antérieure.
1. Glande parathyroïdienne supérieure (P4) profonde (dorsale) au plan
coronal du nerf récurrent laryngé ; 2. plan coronal du nerf récurrent
Figure 5. Vascularisation des glandes parathyroïdes (d’après : « Surgery
laryngé ; 3. glande parathyroïdienne inférieure (P3) superficielle (ventrale)
of the Thryoid and Parathyroid glands » de G. Randolph).
au plan coronal du nerf récurrent laryngé ; 4. cartilage thyroïdien ; 5. carti-
lage cricoïdien ; 6. thyroïde ; 7. trachée (d’après : « Surgery of the Thryoid
and Parathyroid glands » de G. Randolph).
lisation et sont souvent trouvées au voisinage de l’articulation
cricothyroïdienne. Chaque glande mesure de 3 à 8 mm et est clas-
du nerf récurrent. La branche descendante du nerf XII peut être siquement de couleur jaune chamois mais sa couleur peut varier
disséquée et anastomosée directement avec le nerf récurrent ou sa (de jaune à rouge-brun).
branche antérieure.
Identification des glandes parathyroïdes

“ Point fort Le principe de dissection d’une glande parathyroïde est de la


disséquer au ras de la glande thyroïde, de la récliner en dehors
de la glande thyroïde en préservant sa vascularisation. On peut
En cas de section peropératoire du nerf récurrent, une s’aider de lunettes grossissantes. Il existe un plan de glissement
sous-capsulaire entre la thyroïde et la parathyroïde. Ce plan peut
suture immédiate sous microscope est recommandée. S’il
être identifié à l’aide d’un « coton » ou des ciseaux. On prend soin
existe une perte de substance nerveuse importante ne de ne pas manipuler directement la glande parathyroïde mais le
permettant pas une suture bout à bout, on réalise une tissu conjonctif adjacent. On préserve l’arcade vasculaire nour-
anastomose directe au microscope avec la branche des- ricière proximale. On effectue l’hémostase distale des vaisseaux
cendante du nerf hypoglosse (XII). au contact de la glande thyroïde à l’aide de fils fins, de clips ou
de la pince bipolaire à faible intensité, à 2–3 mm de la glande
parathyroïde. Au niveau de la glande parathyroïde supérieure
P4, la vascularisation peut provenir d’une branche postérieure
du pédicule thyroïdien supérieur mais, le plus souvent, elle est
Dissection des glandes parathyroïdes issue de l’artère thyroïdienne inférieure (Fig. 5). Ainsi, la direc-
Situation anatomique des parathyroïdes par tion de dissection de sa vascularisation doit être orientée à partir
de l’extrémité distale de la glande parathyroïde vers son hile vas-
rapport au nerf récurrent culaire, à savoir à partir du bord antérosupérieur de P4.
Afin de minimiser le risque d’hypoparathyroïde postopératoire, La glande parathyroïde inférieure P3 est située au voisinage du
il est conseillé d’identifier les glandes parathyroïdes et de les pré- lobe inférieur, à 1 cm environ. Ses variations anatomiques sont
server avec leur vascularisation. En cas de dévascularisation, on plus nombreuses, pouvant être dans le ligament thyrothymique
réalise alors une réimplantation. Les glandes parathyroïdes infé- (25 %), latéralement à plus d’un centimètre du pôle inférieur
rieures (P3 dérivant du troisième arc branchial) sont en situation (12 %) ou médialement vers la trachée (8 %). Certaines localisa-
antérieure et inférieure par rapport à un plan coronal passant par tions ectopiques se situent dans le médiastin antérieur ou partie
le nerf récurrent tandis que les glandes parathyroïdes supérieures inférieure du thymus (3 %). Lors de la réalisation d’un évidement
P4 (dérivant du quatrième arc branchial) sont rétrothyroïdiennes du compartiment central, le thymus doit donc être préservé [18] .
en situation postérieure et supérieure (Fig. 4). Les glandes parathy- Les autres localisations ectopiques sont de localisation intra-
roïdes inférieures peuvent être trouvées en situation inférieure, thyroïdienne rétro- ou paraœsophagienne, juxta-adventicielle
latérale ou postérieure par rapport au pôle inférieur. Les glandes carotidienne ou dans le tissu adipeux sous les muscles sous-
parathyroïdes supérieures sont moins variables dans leur loca- hyoïdiens, ce qui nécessite de disséquer toujours au plus près des

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46-460  Thyroïdectomie par cervicotomie

muscles sous-hyoïdiens [19] . La vascularisation de la glande para- • contrôler l’hémostase ;


thyroïde inférieure est assurée par l’artère thyroïdienne inférieure. • tester le nerf récurrent et le nerf vague par le monitorage ner-
La technique de dissection de P3 est identique à celle de P4 par une veux intraopératoire si celui-ci est utilisé ;
dissection sous-capsulaire de la thyroïde, sans manipuler directe- • évaluer la viabilité des glandes parathyroïdes ; et
ment la glande, de l’extrémité distale vers le hile vasculaire situé • s’assurer qu’il n’existe pas de tissu thyroïdien résiduel sous la
au bord antéro-inférieur. forme d’un nodule résiduel.
Seules les branches terminales de l’artère thyroïdienne infé- Le contrôle de l’hémostase doit permettre d’identifier s’il existe
rieure, à savoir celles situées médialement par rapport à P3 un saignement. On inspecte la région du pôle supérieur, la région
et entrant directement dans la glande thyroïde, doivent être inférieure à la jonction cervicomédiastinale et la loge récurren-
liées. Dans certains cas, la parathyroïde inférieure ne peut être tielle. Il existe souvent une hypotension artérielle induite par
visualisée. Si malgré toutes ces précautions réalisées la glande l’anesthésie générale. Afin de démasquer un éventuel saignement,
parathyroïde inférieure n’est pas visualisée au voisinage du pôle notamment veineux, on peut exercer une pression douce sur
inférieur, il n’est pas nécessaire de continuer la dissection de la l’abdomen ou demander aux anesthésistes la réalisation d’une
loge à sa recherche. Le sérum physiologique froid peut être un manœuvre de Valsalva. On recherche des signes d’ischémie des
facteur d’ischémie des glandes parathyroïdes et il est préférable glandes parathyroïdes disséquées. En cas de dévascularisation, on
de l’éviter. L’utilisation de bistouri ultrasonique semble réduire procède à une réimplantation. En cas d’utilisation du monito-
la fréquence des hypocalcémies postopératoires temporaires par rage nerveux intraopératoire, la neurostimulation du nerf vague
rapport aux techniques conventionnelles [20] . et du nerf récurrent permet d’enregistrer les valeurs de latence,
Si un évidement du compartiment central est réalisé, tous les d’amplitude et de seuil des signaux obtenus en fin d’intervention,
efforts doivent être faits pour identifier et préserver les glandes et de continuer l’intervention si une thyroïdectomie totale doit
parathyroïdes supérieures car les inférieures sont plus difficiles à être réalisée. La résection complète de la thyroïde est vérifiée en
identifier et peuvent être enlevées avec l’évidement du comparti- contrôlant l’absence de reliquat. La palpation et l’inspection de la
ment central. loge permettent de s’en assurer. La question du drainage post-
opératoire est débattue. Dans deux méta-analyses, le drainage
Autotransplantation chirurgical par mise en place des drains de Redon n’a pas démontré
son efficacité pour éviter un hématome ou un sérome [23, 24] . Chez
En cas de dévascularisation de glande parathyroïde ou de certains patients qui doivent être opérés sous anticoagulants ou
parathyroïdectomie involontaire, une réimplantation de glande antiagrégants, le drainage peut s’effectuer par lame afin de limiter
parathyroïde peut être indiquée. la formation d’un éventuel hématome.
Avant d’envoyer la glande thyroïde pour examen anatomopa- La fermeture s’effectue en rapprochant la ligne blanche par
thologique, on identifie bien sa surface afin d’être sûr qu’il n’existe quelques points avec du fil résorbable. On effectue une fermeture
pas une glande parathyroïde à son contact. Dans ce cas, la glande sous-cutanée par quelques points séparés. La fermeture cutanée
parathyroïde est autotransplantée selon la technique de fragmen- peut s’effectuer par colle biologique, points séparés, sutures cuta-
tation et d’enfouissement musculaire. nées adhésives stériles ou agrafes.
En cours d’intervention, si une glande parathyroïde noircit au
niveau du site opératoire, on peut inciser sa capsule pour évacuer
un éventuel excès de sang veineux. Si la parathyroïde reprend
une couleur satisfaisante, elle est laissée en place. En cas de vas-
 Évidement cervical
cularisation douteuse ou d’impossibilité de préservation de la
L’évidement cervical peut être indiqué en cas de cancer thyroï-
vascularisation, il est recommandé d’autotransplanter.
dien, notamment en fonction de la classification TNM du cancer
L’autotransplantation permet de diminuer le risque
(Tableau 6). L’évidement cervical concerne le compartiment
d’hypoparathyroïdie postopératoire. Toute parathyroïde retrou-
central, parfois associé au compartiment latéral. L’information
vée sur la pièce de thyroïdectomie ou dans un évidement du
médicale sur l’évidement ganglionnaire est délivrée de manière
compartiment central doit être réimplantée [21] . Pederson et al.
orale, pouvant être expliquée avec un schéma légendé et complé-
ont décrit l’utilisation d’une ␥-caméra et d’injection de sestamibi
tée par une feuille d’information de société savante.
pour identifier une parathyroïde au sein d’un évidement du
compartiment central [22] . À la différence de la graisse, une glande
parathyroïde explantée coule au fond d’une cupule de sérum phy- Évidement du compartiment central
siologique, ce qui permet de confirmer sa nature. En cas de cancer
ou de doute avec une adénopathie, un examen extemporané Définition de l’évidement du compartiment
d’un fragment peut être demandé avant réimplantation. central
La glande parathyroïde explantée est alors coupée en plusieurs Selon les recommandations de l’American Thyroid Associa-
fragments. tion et de la Société française d’oto-rhino-laryngologie (SFORL),
Les fragments parathyroïdiens sont placés dans une loge l’évidement du compartiment central est défini, comme illus-
musculaire, le plus souvent dans le muscle sterno-cléido- tré à la Figure 6, par l’ablation du tissu cellulograisseux en
mastoïdien homolatéral. situation prélaryngée, prétrachéale et au moins une région
La loge musculaire est ensuite refermée à l’aide d’un point de paratrachéale, communément dénommée évidement récurren-
fil non résorbable pour permettre un éventuel repérage ultérieur. tiel [25, 26] (Tableau 7). L’évidement du compartiment central peut
On peut réaliser plusieurs loges musculaires si plusieurs glandes donc être uni- ou bilatéral. L’évidement du compartiment central
parathyroïdes sont réséquées. ne doit pas se limiter à la réalisation d’évidement récurrentiel. La
zone VI supérieure est importante à évider de même que la région
prétrachéale qui est un site de drainage lymphatique important
“ Point fort des carcinomes thyroïdiens.

Indications de l’évidement du compartiment


Toute parathyroïde non vascularisée doit être autotrans- central
plantée.
Patient N1a : évidement thérapeutique [26]
En cas d’adénopathie authentifiée en préopératoire par
l’imagerie ou en peropératoire par le chirurgien (évidement théra-
peutique), l’évidement du compartiment central est recommandé
Fermeture de manière bilatérale (recommandation 21, grade A) à cause des
possibilités de croisement du drainage lymphatique [26] . Un évi-
L’inspection du champ opératoire a quatre objectifs : dement du compartiment latéral de principe du côté homolatéral

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Thyroïdectomie par cervicotomie  46-460

Tableau 6.
Classification TNM (tumeur, node, métastase) des cancers de la thyroïde.
Tumeur primitive (T) – carcinome papillaire, folliculaire ou
médullaire de la thyroïde
TX Impossible d’évaluer la tumeur primitive
T0 Aucun signe de tumeur primitive
T1 Tumeur de 2 cm ou moins de diamètre et limitée à la thyroïde
T1a : tumeur de 1 cm ou moins de diamètre
T1b : tumeur de plus de 1 cm mais ne dépassant pas 2 cm de
diamètre
T2 Tumeur de plus de 2 cm mais ne dépassant pas 4 cm de
diamètre et limitée à la thyroïde
T3 Tumeur de plus de 4 cm de diamètre et limitée à la thyroïde ou
tumeur de toute taille qui a commencé à se propager légèrement
aux tissus voisins de la thyroïde (extension extrathyroïdienne)
T4 Tumeur qui s’est propagée au-delà du revêtement de la thyroïde
T4a : la tumeur a envahi les tissus mous avoisinants comme le
larynx, la trachée, l’œsophage ou le nerf qui longe le larynx
(nerf laryngé récurrent)
T4b : la tumeur a envahi la région entourant les os de la
colonne vertébrale (fascia prévertébral) ou un des principaux
vaisseaux sanguins voisins, comme les vaisseaux médiastinaux
1
ou l’artère carotide
a
Tumeur primitive (T) – carcinome anaplasique de la thyroïde
T4a Tumeur de toute taille limitée à la glande thyroïde (carcinome
2
anaplasique seulement)
T4b Tumeur de toute taille qui s’est propagée au-delà de la capsule
thyroïdienne (carcinome anaplasique seulement)
NX Impossible d’évaluer les ganglions lymphatiques régionaux
N0 Absence de métastases dans les ganglions lymphatiques 3
régionaux
N1 Présence de métastases dans les ganglions lymphatiques
régionaux
N1a : présence de métastases dans les ganglions lymphatiques
prétrachéaux, paratrachéaux et prélaryngés (ou ganglions
Figure 6. Définition de l’évidement du compartiment central (ECC).
delphiens)
N1b : présence de métastases dans les autres ganglions du L’ECC doit inclure au moins l’évidement prélaryngé aussi dénommé
même côté, de l’autre côté ou des deux côtés du cou, ou encore zone VI supérieure (vert), prétrachéal (bleu) et paratrachéal aussi
dans les ganglions situés dans la partie supérieure du thorax dénommé récurrentiel (rouge). L’évidement VI inférieur comprend au
(ganglions lymphatiques médiastinaux supérieurs) moins l’évidement prétrachéal et paratrachéal (récurrentiel). L’ECC peut
être uni- ou bilatéral. 1. Ganglions prélaryngés ; 2. ganglions paratra-
Métastases à distance (M)
chéaux ; 3. ganglions prétrachéaux (d’après : « Surgery of the Thryoid
M0 Absence de métastases à distance
and Parathyroid glands » de G. Randolph).
M1 Présence de métastases à distance
a
Tous les carcinomes anaplasiques de la thyroïde sont considérés comme des
tumeurs T4. Patient N0 : évidement prophylactique
En cas de patient N0 sans adénopathies authentifiées en préopé-
ratoire ou en peropératoire, on parle d’évidement prophylactique.
Tableau 7. Les micrométastases (200 ␮m–2 mm) ou macrométastases
Limites de l’évidement récurrentiel ou paratrachéal (compartiment (> 2 mm) sont difficiles à diagnostiquer en préopératoire par
central). l’imagerie ou en peropératoire par la palpation des aires ganglion-
Limites Évidement droit Évidement gauche naires [26] . En cas de tumeur à faible risque (T1, T2, histologie
non agressive, absence d’invasion vasculaire, patient N0), deux
Haut Cricoïde Cricoïde attitudes sont possibles : soit réaliser un évidement (prélaryngé,
Bas Tronc veineux innominé Tronc veineux innominé prétrachéal et au moins un récurrentiel), soit l’abstention [25, 26] .
Dehors Artère carotide primitive Artère carotide primitive On ne doit pas réaliser de picking. L’évidement du comparti-
Dedans Trachée Trachée
ment central peut être uni- ou bilatéral. En cas de tumeur à
haut risque chez un patient N0 (tumeurs à haut risque défi-
Profondeur Œsophage : l’évidement Œsophage : l’évidement
nies comme T3, T4, rupture capsulaire, âge > 45 ans, variant
droit emporte le tissu entre gauche n’emporte que le
agressif), l’évidement du compartiment central est recommandé
le nerf récurrent et tissu en avant du nerf
de principe (recommandation 22, grade B). Il peut être uni- ou
l’œsophage récurrent
bilatéral [25, 26] .

à la tumeur a été recommandé chez les patients N+ au niveau Découverte postopératoire


du compartiment central [26] (recommandation 24, grade B). En cas de découverte d’un microcarcinome en postopératoire,
L’évidement médiastinal supérieur (évidement zone VII) doit être il n’est pas recommandé de réaliser un évidement en cas de
décidé en préopératoire en cas d’adénopathie métastatique supé- carcinome papillaire et en l’absence de facteur de gravité [26]
rieure à 1 cm ou en cas de récidive après chirurgie et irathérapie [26] (recommandation 40, grade B). Si une totalisation est décidée pour
(recommandation 37, grade B). Cet évidement médiastinal est un carcinome découvert en postopératoire, il n’est pas recom-
réalisé avec un chirurgien spécialisé par manubriotomie. On ne mandé de réaliser un évidement homolatéral à la tumeur [26]
réalise pas de picking. (recommandation 23, accord professionnel).

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Figure 7. Étendue de l’évidement récurren-


tiel droit et gauche (d’après : « Surgery of the
Thryoid and Parathyroid glands » de G. Ran-
dolph).
A. Côté droit 1. Nerf vague droit ; 2. nerf laryngé
inférieur droit.
B. 1. Nerf laryngé inférieur gauche ; 2. nerf vague
gauche.

2 1

Réalisation de l’évidement du compartiment De plus, la traction sur l’évidement conduit à enlever aussi
central (ECC) du tissu cellulograisseux médiastinal. C’est pourquoi le niveau
de la clavicule peut servir de limite inférieure à l’évidement
Évidement VI supérieur ou évidement prélaryngé
récurrentiel.
Il consiste à enlever la totalité du tissu cellulograisseux, les La totalité du tissu cellulograisseux est enlevée en préservant
adénopathies et le lobe pyramidal entre l’os hyoïde en haut, le les glandes parathyroïdes en réalisant une hémostase hypersé-
cricoïde en bas et les muscles sous-hyoïdiens latéralement. lective (recommandation 28, grade C), voire une ou plusieurs
Il peut être conduit de bas en haut ou de haut en bas et il est réimplantation en cas de dévascularisation d’une ou plusieurs
annoté (recommandation 7, grade A) pour examen anatomopa- parathyroïdes [26] (recommandation 29, grade C). Le monitorage
thologique [26] . nerveux intraopératoire est indiqué en cas d’évidement récurren-
tiel bilatéral ou en cas de paralysie récurrentielle préopératoire [26]
Évidement VI inférieur (prétrachéal et paratrachéal) (recommandation 31, grade C).
Les évidements prétrachéal et paratrachéal peuvent être réali- Le champ opératoire est au mieux exposé par un appui médial
sés de manière séparée ou en monobloc. En cas d’ECC bilatéral, sur le cricoïde et un écarteur latéral sous les muscles sous-
l’évidement prétrachéal peut être sectionné en son milieu et hyoïdiens.
emporté avec l’évidement récurrentiel homolatéral. On débute L’évidement classiquement conduit de haut en bas débute par le
par l’évidement du côté homolatéral à la tumeur. En cas repérage des limites latérales de l’évidement (trachée, carotide pri-
d’évidement récurrentiel unilatéral, on réalise aussi un évidement mitive). L’incision des tissus fibreux au-dessus de l’artère carotide
prétrachéal. primitive permet de mobiliser médialement l’évidement récurren-
Le Tableau 7 résume les limites de l’évidement récurrentiel tiel.
droit et gauche dont la différence réside dans l’exérèse du tissu La trachée cervicale est libérée de haut en bas de ses attaches de
cellulograisseux sous le plan du nerf récurrent du côté droit l’évidement récurrentiel sous contrôle de la vue du nerf récurrent.
alors qu’il n’y a pas lieu de disséquer la face profonde du nerf Les glandes parathyroïdes sont repérées par exemple à l’aide
récurrent gauche. En effet, le nerf récurrent du côté gauche est d’un clip de manière à bien les préserver. Leur vascularisation à
au contact de l’œsophage qui constitue la limite profonde de partir de l’artère thyroïdienne inférieure doit être identifiée, dis-
l’évidement. En revanche, à droite, le nerf récurrent tourne autour séquée et préservée.
de l’artère sous-clavière droite avant de remonter dans la loge Du côté droit, le nerf récurrent remonte le long de l’angle tra-
récurrentielle et il existe du tissu cellulograisseux à enlever à chéœsophagien droit séparant ainsi un compartiment antérieur et
la face profonde du nerf récurrent (Fig. 7). En bas, la limite un compartiment postérieur par rapport à son trajet. Des adéno-
théorique est le tronc veineux innominé. En pratique s’il existe pathies métastatiques de l’aire récurrentielle droite sont souvent
du thymus à ce niveau, on laisse le thymus qui constitue la situées dans le compartiment postérieur. Les deux compartiments
limite inférieure. Comme le(la) patient(e) est souvent placé(e) en peuvent être enlevés de manière séparée ou en monobloc. La dis-
position d’hyperextension du cou, une partie du tissu cellulograis- section de l’évidement par rapport au nerf récurrent se fait de haut
seux de l’aire ganglionnaire médiastinale VII est ascensionnée. en bas de manière rétrograde.

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Thyroïdectomie par cervicotomie  46-460

Figure 8. Arbre décisionnel. Conduite à tenir en cas


Infiltration du nerf récurrent de découverte peropératoire d’infiltration du nerf récurrent.

1. Confirmer l’histologie (absence de pathologie bénigne ou lymphome)


2. Raisonner en fonction d’une paralysie récurrentielle préopération

Absence de paralysie Paralysie récurrentielle


récurrentielle préopératoire préopératoire

Préserver le nerf récurrent Réséquer le nerf récurrent


Considérer une résection partielle Considérer une anastomose nerveuse

La résection monobloc de l’évidement récurrentiel droit peut thyroïdienne est un facteur altérant la survie [28] . La stratégie de
se faire en incisant le tissu cellulograisseux en avant du nerf résection totale ou partielle du nerf est à adapter en fonction de
récurrent. Puis, en disséquant la partie latérale de l’évidement la mobilité laryngée préopératoire (Fig. 8).
des tissus fibreux péricarotidiens, on mobilise la partie latérale En cas de paralysie récurrentielle préopératoire, si une infiltra-
de l’évidement pour le faire passer à la face profonde du nerf tion carcinomateuse du nerf récurrent est trouvée, le nerf doit être
récurrent pouvant être légèrement mobilisé vers l’avant. On ter- réséqué.
mine l’exérèse en monobloc des compartiments antérieurs et En effet, un nerf infiltré par la tumeur avec une paralysie pré-
postérieurs au niveau de la trachée. Alternativement, on peut opératoire a peu de chance de récupérer. Avant de réséquer le nerf
réaliser une dissection de dedans en dehors pour une résection récurrent, on s’assure qu’il s’agit bien d’une tumeur maligne car
monobloc [27] . On prend soin d’explorer en arrière de la carotide des pathologies bénignes peuvent infiltrer le nerf récurrent. De
primitive droite qui peut être le siège d’adénopathies métasta- même, on s’assure qu’il ne s’agit pas d’une infiltration lympho-
tiques devant être réséquées. On vérifie l’intégrité anatomique du mateuse. On peut conseiller de vérifier le côté controlatéral. En
nerf récurrent sur toute la hauteur de son trajet. Si un monitorage cas d’utilisation du monitorage nerveux intraopératoire, le fonc-
nerveux intraopératoire est utilisé, on vérifie le fonctionnement tionnement du nerf récurrent controlatéral peut être testé avant
du nerf récurrent par stimulation du nerf récurrent à la jonc- de réséquer le nerf récurrent qui est infiltré par la tumeur. En cas
tion cervicothoracique et par stimulation du nerf vague avant d’infiltration (rare) sur le nerf récurrent controlatéral, on ne réa-
d’envisager la réalisation de l’évidement récurrentiel controlaté- lise la résection du nerf récurrent que d’un côté, celui qui est le
ral. moins infiltré par la tumeur. La reconstruction du nerf récurrent
À gauche, on réalise une dissection rétrograde au contact du nerf est conseillée car elle donne de meilleurs résultats phonatoires :
récurrent permettant d’enlever la totalité du tissu cellulograisseux une anastomose nerveuse peut être réalisée par suture directe,
entre la trachée au milieu, la carotide en dehors, l’œsophage en interposition par un greffon nerveux, anastomose par une anse
profondeur et la clavicule en bas. nerveuse cervicale ou bien même le nerf vague [29] .
L’évidement est orienté et envoyé pour examen anatomopa- En l’absence de paralysie récurrentielle préopératoire, et en pré-
thologique. L’évidement récurrentiel gauche terminé permet de sence d’une infiltration carcinomateuse, on tente de préserver le
visualiser parfaitement le nerf récurrent que l’on peut stimuler nerf récurrent. La tumeur est disséquée au bistouri froid du tronc
sur l’ensemble de son trajet sur l’œsophage et les glandes para- du nerf récurrent. Le but de cette dissection au ras du nerf récur-
thyroïdes disséquées. rent est de préserver une partie du nerf récurrent et d’enlever la
Quel que soit le premier côté de l’évidement récurrentiel réa- tumeur. Cette résection partielle du nerf récurrent au bistouri froid
lisé, on vérifie l’intégrité anatomique du nerf récurrent avant est possible en conservant une fonction normale du nerf récur-
de passer à l’évidement controlatéral. En cas d’utilisation d’un rent dans plus de 80 % des cas [30, 31] . En cas de métastases ou
monitorage nerveux intraopératoire, on y associe la vérification d’autres sites de résection incomplète, les arguments en faveur de
de l’intégrité fonctionnelle du nerf. En fin d’intervention, en cas la résection partielle du nerf par rapport à la résection complète
d’ECC bilatéral, on vérifie l’ensemble du champ de l’ECC et, si un semblent encore plus fort [30, 31] . Une éventuelle pathologie rési-
monitorage nerveux est utilisé, on peut enregistrer les réponses duelle minime peut être traitée par iode radioactif. Si l’on estime
à la stimulation du nerf récurrent et du nerf vague de chaque qu’un reliquat tumoral important est laissé en place, si le chirur-
côté. gien estime que la tumeur reste trop volumineuse sans pouvoir
être individualisée du nerf, on peut considérer de réséquer le
nerf récurrent infiltré. Avant d’envisager une telle résection d’un
“ Point fort nerf récurrentiel infiltré mais fonctionnel, on réalise d’abord le
geste chirurgical controlatéral. Si le nerf récurrent controlatéral
est indemne d’infiltration tumorale et s’il fonctionne bien après
L’évidement du compartiment central comporte l’exérèse dissection complète en cas d’utilisation d’un monitorage ner-
du tissu cellulograisseux en situation prélaryngée, prétra- veux intraopératoire, alors le chirurgien, s’il estime qu’un reliquat
chéale et au moins une région paratrachéale, communé- trop important est laissé à cause de l’infiltration nerveuse, peut
ment dénommée évidement récurrentiel. L’évidement du se résoudre à réséquer le nerf récurrent tumoral et considérer la
compartiment central peut donc être uni- ou bilatéral. réalisation d’une anastomose nerveuse.
Si la fonctionnalité du nerf récurrent est incertaine – absence
de paralysie préopératoire mais perte de signal en peropératoire
lors de l’utilisation du monitorage nerveux peropératoire –, on
Stratégie en fonction de l’envahissement tumoral vérifie d’abord les connexions du monitorage nerveux intraopé-
ratoire, la position de la sonde, on cherche une réponse laryngée
du nerf récurrent
palpable à une stimulation supraliminaire et l’on teste le nerf
L’exérèse incomplète d’une maladie invasive affecte le pronos- vague controlatéral. Si le nerf récurrent controlatéral est fonction-
tic. L’échec local par maladie récidivante au niveau de la loge nel, alors on peut considérer pour des raisons carcinologiques de

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46-460  Thyroïdectomie par cervicotomie

Tableau 8.
Limites de l’évidement du compartiment latéral.
Limites Zone IV Zone III Zone II Zone V
Haut Muscle omohyoïdien a ou Bifurcation carotidienne a ou os Muscle digastrique (ventre Muscle digastrique (ventre
membrane cricothyroïdienne b hyoïde b postérieur) postérieur)
Bas Clavicule Muscle omohyoïdien a ou membrane Bifurcation carotidienne a ou Clavicule
cricothyroïdienne b os hyoïde b
Dehors Muscle SCM (bord postérieur) Muscle SCM (bord postérieur) Muscle SCM (bord postérieur) Muscle trapèze (bord antérieur)
Dedans Muscle sternohyoïdien (bord latéral) Muscle sternohyoïdien (bord latéral) Muscle sternohyoïdien (bord Muscle SCM (bord postérieur)
latéral)
Profondeur Aponévrose cervicale profonde Aponévrose cervicale profonde Aponévrose cervicale profonde Aponévrose cervicale profonde

SCM : sterno-cléido-mastoïdien.
a
Repère chirurgical.
b
Repère clinique.

Tableau 9. à l’évidement du compartiment latéral. En cas de tumeur volumi-


Zones des aires ganglionnaires cervicales. neuse classée pT4 ou en présence d’une adénopathie supérieure
Zone Groupe ganglionnaire à 3 cm, un évidement du compartiment controlatéral est recom-
mandé (recommandation 26, grade C).
I Ia : sous-mental
Ib : sous-mandibulaire
Patient N0 : évidement prophylactique [26]
II IIa : jugulaire supérieur en avant du nerf XI
En cas de tumeur à faible risque (T1, T2, histologie non
IIb : jugulaire supérieur en arrière du nerf XI
agressive, absence d’invasion vasculaire, patient N0), deux atti-
III Jugulaire moyen tudes sont possibles selon la SFORL [26] (recommandation 27,
IV Iva : jugulaire inférieur derrière le chef sternal du muscle SCM accord professionnel) : soit l’abstention (souvent préférée), soit
IVb : jugulaire inférieur derrière le chef claviculaire du muscle l’évidement du compartiment latéral de principe après réalisa-
SCM tion de l’évidement du compartiment central. L’évidement du
V Va : du triangle postérieur (groupe du) compartiment latéral peut se limiter, selon les équipes, aux aires
Va : du triangle postérieur (groupe de l’artère cervicale ganglionnaires III et IV homolatérales qu’il est possible de réa-
transverse, groupe supraclaviculaire) liser par la même incision. Pour des tumeurs concernant le
VI Compartiment central VI supérieur (prélaryngé) et VI pôle supérieur du lobe thyroïdien, on réalise préférentiellement
inférieur (prétrachéal et paratrachéal, c’est-à-dire récurrentiel) l’évidement IIa, III, IV. On ne doit pas réaliser de picking.
En cas de tumeur à haut risque chez un patient N0 (tumeurs
SCM : sterno-cléido-mastoïdien ; nerf XI : nerf accessoire. à haut risque définies comme T3, T4, rupture capsulaire,
âge > 45 ans, variant agressif), l’évidement du compartiment laté-
réaliser la section du nerf récurrent sur lequel se trouve la tumeur. ral de principe est recommandé (recommandation 28, grade C).
Si le nerf récurrent controlatéral n’est pas fonctionnel, on peut Il est réalisé du côté homolatéral à la tumeur emportant les aires
alors craindre qu’il existe une diplégie laryngée. Il est alors préfé- ganglionnaires IIa, III, IV. Les aires ganglionnaires IIb et V sont
rable de préserver une continuité anatomique du nerf récurrent enlevées en cas d’atteinte histologique ganglionnaire [26] (recom-
même s’il persiste de petits fragments tumoraux sur le nerf récur- mandation 15, grade C).
rent après avoir tenté d’enlever le maximum de tumeur. En cas
de diplégie laryngée, une récupération spontanée du fonction-
nement d’un ou de deux nerfs récurrents est possible lorsque
Réalisation de l’évidement du compartiment
l’intégrité anatomique des nerfs récurrents a été préservée. latéral
L’évidement du compartiment latéral est classiquement un évi-
dement dit « fonctionnel », préservant la veine jugulaire interne,
Évidement du compartiment latéral le nerf XI et le muscle sterno-cléido-mastoïdien. On débute par
Définition de l’évidement du compartiment l’évidement du côté homolatéral à la tumeur. Les limites sont
résumées dans le Tableau 8. Une incision cervicale basse éten-
latéral due latéralement peut permettre la réalisation de l’évidement
Le Tableau 8 résume les limites des aires ganglionnaires cer- latéral avec de meilleurs résultats cosmétiques qu’une incision
vicales selon la classification de Robbins [32] . Comme illustré à remontant à la pointe mastoïdienne. L’incision de Mc Fee est une
la Figure 9, il existe certaines divisions des aires ganglionnaires alternative. Le muscle peaucier du cou est incisé, soulevé et dissé-
cervicales en zone A et B (Tableau 9). Les aires ganglionnaires cer- qué par sa face profonde. Après incision de l’aponévrose cervicale
vicales concernées dans l’évidement du compartiment latéral du superficielle, on réalise l’exérèse de la totalité du tissu cellulograis-
cou pour cancer de la thyroïde sont classiquement les zones II, III, seux en préservant les racines, les paires crâniennes IX, X, XI et
IV et V. XII, les vaisseaux (artère carotide et veine jugulaire interne ainsi
Les zones latérales les plus proches de la glande thyroïde sont que leur branches). En zone II, on fait passer l’évidement sous le
les zones IV, III et IIa. Il est rare que les zones I (Ia sous-mentale nerf accessoire XI pour qu’il soit enlevé en monobloc avec le reste
et Ib sous-mandibulaire) doivent être retirées dans un cancer de de l’évidement.
la thyroïde. On individualise le plan des racines au-dessus duquel on isole
les zones III et IV.
Indications de l’évidement du compartiment Puis l’évidement est classiquement poursuivi de bas en haut et
de dehors en dedans en plaçant les ciseaux dans la gaine du nerf
latéral
vague X.
Patient N1b : évidement thérapeutique [26] On dissèque au ras de la veine jugulaire interne, en préservant
En cas d’atteinte ganglionnaire en préopératoire ou peropéra- au mieux ses branches et en disséquant délicatement la veine,
toire, on réalise un évidement thérapeutique emportant les aires surtout à la partie supérieure de l’évidement où il peut exister un
ganglionnaires de II à V homolatérales à la lésion [26] (recomman- certain degré de rotation de la veine jugulaire interne à cause de la
dation 25, grade B). Lorsqu’il existe des adénopathies N+ latérales, traction sur l’évidement et un risque de plaie de la veine jugulaire
un évidement du compartiment central bilatéral doit être associé interne.

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Thyroïdectomie par cervicotomie  46-460

I IA IB IIB
II IIA
1

VI III III
2
3
VA
4
IV V VI IV VB

Figure 9. Représentation schématique des aires ganglionnaires cervicales (A) et schéma des sous-groupes des aires cervicales (B) (d’après : « Surgery of
the Thryoid and Parathyroid glands » de G. Randolph).
A. 1. Os hyoïde ; 2. cartilage thyroïdien ; 3. membrane cricothyroïdienne ; 4. muscle sterno-cléido-mastoïdien.

Une fois l’évidement terminé, il est orienté en sectionnant les pour préserver la fonction des nerfs récurrents. Une laryngectomie
zones ganglionnaires cervicales et en les annotant pour l’examen est rarement nécessaire en première intention. Il faut rechercher
anatomopathologique définitif. l’équilibre optimal entre le meilleur contrôle local et une qualité
En arrière des racines cervicales, l’évidement de la zone V est de vie satisfaisante. Des thérapies complémentaires par iode radio-
réalisé en cas d’adénopathies métastatiques (évidement thérapeu- actif, radiothérapie externe, chimiothérapie sont généralement
tique). nécessaires.
En zone IV, du côté gauche comme du côté droit, il peut exister L’évaluation préopératoire de la mobilité des cordes vocales
des fuites de lymphe. est extrêmement importante. Une tomodensitométrie injectée en
La lymphostase est au mieux colmatée en peropératoire à l’aide coupes fines permet d’étudier l’étendue de la maladie, s’il existe
de suture pouvant être associée à un colmatage par lambeau une atteinte de la trachée ou du larynx, une irrégularité de la
musculaire de sterno-cléido-mastoïdien et colle biologique, voire muqueuse ou de la paroi trachéale. L’étude du cricoïde est fonda-
de biomatériaux assurant la lymphostase. mentale. Le bilan préopératoire comprend une œsophagoscopie,
une trachéoscopie et une bronchoscopie pour évaluer l’étendue,
une atteinte sous-muqueuse ou intraluminale. Une imagerie par
 Cas particuliers résonance magnétique (IRM) peut aider au bilan mais le scan-
ner injecté suffit généralement. Le TEP-scan (tomographie par
émission de positons) peut être réalisé chez des patients avec des
Cancers thyroïdiens localement avancés tumeurs avancées, pour détecter des métastases, en cas de chirur-
Les cancers localement avancés par extension extrathyroï- gie difficile ou pour évaluer des variants histologiques agressifs [35] .
dienne représentent 10 à 15 % des cancers de la thyroïde, Une cytoponction ou une biopsie sous scanner est intéressante
principalement par atteinte des muscles sous-hyoïdiens (53 %), du pour éliminer un cancer thyroïdien anaplasique. En réunion mul-
nerf récurrent (47 %), de la trachée (30 %), de l’œsophage (21 %) tidisciplinaire, une décision de chirurgie partielle laryngée ou de
et du larynx (12 %) [33] . L’extension extrathyroïdienne peut être laryngectomie totale peut être prise. En cas d’atteinte trachéale,
divisée en atteinte antérieure ou postérieure [34] . L’extension anté- les techniques chirurgicales sont la résection de la paroi trachéale
rieure concernant les muscles sous-hyoïdiens qui peuvent être de manière conservatrice au bistouri froid, les résections partielles
facilement réséqués ne pose pas de problème chirurgical majeur de pleine épaisseur ou les résections-anastomoses de trachée, voire
ni d’atteinte significative sur la qualité de vie. En revanche, les résection-anastomose cricotrachéale. L’approche la plus conser-
atteintes postérieures (nerf récurrent, larynx, trachée, œsophage) vatrice (résection tangentielle de la paroi trachéale au bistouri
sont plus difficiles chirurgicalement et exposent à un taux plus froid) est basée sur les caractéristiques biologiques des cancers thy-
élevé de récidive locale. Dès l’instant où il existe des symptômes roïdiens bien différenciés dont la croissance est lente. À moins
respiratoires, une évolution rapide, des signes compressifs ou une qu’il n’y ait une atteinte de la paroi trachéale, la tumeur peut
dysphonie, la réalisation d’une tomodensitométrie est impor- être facilement réséquée de la trachée dans la plupart des cas
tante afin de détecter et de faire le bilan d’un cancer thyroïdien de carcinome papillaire bien différencié. La résection partielle
localement avancé. Il est extrêmement important d’évaluer préci- non circonférentielle de trachée est définie comme une résection
sément l’étendue de la tumeur afin d’apprécier comment en faire d’une portion de la paroi trachéale, pour des lésions trachéales
la résection chirurgicale. Le principe est de réséquer la totalité antérieures ou latérales limitées. Environ un tiers de la circon-
de la tumeur en préservant les fonctions vitales et en faisant tout férence trachéale peut être réséquée en s’assurant par examen

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46-460  Thyroïdectomie par cervicotomie

Tableau 10. Tableau 11.


Traitement chirurgical de la maladie de Basedow : indications, avantages, Indications du traitement chirurgical des goitres médiastinaux et indica-
inconvénients. tions de la sternotomie a .
Indications Avantages Inconvénients Indications du traitement Indications de sternotomie b
chirurgical des goitres
Grossesse Amélioration immédiate Crise de
médiastinaux
Suspicion de malignité des symptômes thyrotoxicose b
Goitre volumineux Absence de récidive par Goitre symptomatique Cancer étendu dans le médiastin d
Échec du traitement par thyroïdectomie totale Retentissement sur la Extension médiastinale postérieure avec
iode Traitement des carcinomes respiration ou dysphagie c extension controlatérale
Ophtalmopathie dits incidentalomes plus Compression trachéale au Diamètre du goitre supérieur au diamètre
Préférence du patient fréquents dans la maladie scanner cervicothoracique
de Basedow Masses supérieures à 5 cm Goitres médiastinaux uniquement reliés
Améliorations Évolution vers à la thyroïde par une fine tige de tissu
ophtalmiques a l’hyperthyroïdie clinique ou thyroïdien
biologique Syndrome cave supérieur
a
Des manifestations liées à une hypersécrétion adrénergique. Lésion maligne ou suspicion Vascularisation médiastinale du goitre
b
Si le patient n’est pas bien préparé.
de cancer surtout en cas de goitre médiastinal isolé
Goitre sous-sternal Hémorragie massive durant la chirurgie e
extemporané que les limites de résection sont négatives. La ferme- Récidive de goitre médiastinal
ture peut s’effectuer de manière directe ou par lambeau périosté.
a
On peut laisser ouvert en plaçant une trachéotomie temporaire. La sternotomie associée doit être considérée et discutée avec un chirurgien
thoracique ou viscéral dans certaines conditions.
Une résection-anastomose de trachée permet une évaluation en b
La résection de la partie interne de la clavicule peut aider à élargir la jonction
profondeur de l’extension et des marges de résection. Lorsqu’il cervicothoracique.
existe une extension de la trachée de manière sous-muqueuse ou c
En effet, même si l’évolution naturelle des goitres est une croissance lente,
bien intraluminale, les résections partielles ne peuvent enlever la les symptômes compressifs doivent être traités car une augmentation rapide et
totalité de la tumeur et ces patients bénéficieront au mieux d’une imprévisible de taille pourrait compromettre la liberté des voies aériennes.
d
Surtout s’il existe un syndrome cave supérieur qui doit faire suspecter la mali-
résection-anastomose de trachée. Une résection partielle de la par-
gnité.
tie antérieure du cricoïde est possible, réalisant ainsi une résection e
Échec des manœuvres de libération ou adhérence à des vaisseaux médiasti-
cricotrachéale. Le chaton cricoïdien est alors fraisé de manière à naux.
adapter le diamètre de la région sous-glottique à celui de la trachée
qui sera anastomosée. La suture antérieure lie l’anneau trachéal à
la partie inférieure du cartilage thyroïde. En cas d’atteinte œsopha- En cas de goitre multinodulaire toxique, les alternatives
gienne, la tumeur est généralement adhérente à la musculature consistent en la chirurgie et l’irathérapie. La chirurgie est une
œsophagienne et, dans ces conditions, une résection adaptée de excellente option pour la plupart des patients. L’irathérapie
la tumeur et de la musculeuse en préservant la muqueuse œsopha- peut être conseillée chez le sujet âgé avec des comorbidités
gienne est généralement nécessaire. Un soin tout particulier doit importantes. Une extension médiastinale ou le goitre compres-
accompagner la dissection des nerfs récurrents et des glandes para- sif représentent de relatives contre-indications à l’irathérapie car
thyroïdes. En cas de dévascularisation des glandes parathyroïdes, l’irathérapie expose au risque d’augmentation du volume du
une ou plusieurs autotransplantations doivent être réalisées. goitre et d’aggravation de l’obstruction trachéale. Le goitre multi-
nodulaire toxique est généralement moins hémorragique qu’un
Traitement chirurgical de l’hyperthyroïdie goitre de maladie de Basedow. Le traitement préopératoire par
Lugol n’est pas indiqué car il peut aggraver l’hyperthyroïdie.
Trois options existent en cas de maladie de Basedow : le trai-
En ce qui concerne le nodule toxique, les patients asymptoma-
tement médical par antithyroïdiens de synthèse, l’irathérapie et
tiques sans thyrotoxicose peuvent être suivis. En cas de nodule
la chirurgie. Le Tableau 10 résume les indications, avantages et
toxique, la lobectomie est généralement indiquée car le nodule
inconvénients du traitement par thyroïdectomie totale de la mala-
continue à croître et à sécréter des hormones thyroïdiennes.
die de Basedow. L’inconvénient du traitement chirurgical est qu’il
Les avantages de la lobectomie sont la résolution immédiate
peut précipiter une crise de thyrotoxicose si le patient n’est pas
des symptômes d’hyperthyroïdie, des symptômes compressifs,
bien préparé. On utilise des antithyroïdiens jusqu’à normalisa-
l’absence d’exposition par iode radioactif du tissu thyroïdien nor-
tion des hormones T3 et T4. Des ␤-bloquants sont administrés
mal adjacent et la confirmation diagnostique dans les rares cas
pour traiter la tachycardie et les symptômes adrénergiques. La
de cancer. La préparation préopératoire est la même que pour un
thyroid-stimulating hormone (TSH) peut rester freinée lors de la
goitre multinodulaire toxique. On normalise les hormones T3 et
chirurgie à condition d’obtenir une normalisation des hormones
T4 avant l’opération. Des ␤-bloquants peuvent être administrés
thyroïdiennes et l’absence de troubles de rythme cardiaque. Pour
une à deux semaines avant l’opération en cas de contre-indication
préparer la chirurgie, on associe classiquement du Lugol fort
aux antithyroïdiens. Les alternatives au traitement chirurgical
(15 gouttes 3 fois/jour) et des corticoïdes (jusqu’à 1 mg/kg/j) en
sont le traitement par irathérapie, voire par injection percutanée
l’absence de contre-indications, dans le but de diminuer la vascu-
d’éthanol dans le nodule.
larité du goitre et de diminuer le saignement intraopératoire. Le
traitement chirurgical a fait l’objet de controverses dans le passé
entre thyroïdectomie subtotale et totale. Même si les thyroïdecto- Goitre médiastinal
mies subtotales ou presque totales ont été largement utilisées afin
d’éviter de substituer en hormones thyroïdiennes, la thyroïdecto- Les indications chirurgicales d’un goitre thyroïdien et de réali-
mie totale est aujourd’hui l’option thérapeutique de choix lorsque sation d’une sternotomie sont résumées dans le Tableau 11 [37] .
le traitement substitutif à vie par hormones thyroïdiennes est dis- La principale indication chirurgicale est le goitre médiastinal
ponible. En effet, les thyroïdectomies subtotales sont difficiles à compressif. La grande majorité des extensions médiastinales est
standardiser. Elles exposent au risque d’hypothyroïdie dans 40 à extirpable par voie cervicale et la réalisation d’une sternotomie
60 % des cas et de persistance de la maladie ou récidive dans 8 à est rare.
28 % des cas [36] . En revanche, la thyroïdectomie totale élimine le Une extension médiastinale d’un goitre peut être suspectée cli-
risque de récidive, de persistance de l’hyperthyroïdie et de réin- niquement lorsqu’on ne palpe pas le bord inférieur du goitre à
tervention dont on sait qu’elle est plus risquée. La thyroïdectomie la déglutition ou en visualisant la déviation trachéale sur une
totale simplifie le suivi postopératoire par la supplémentation sys- radiographie pulmonaire de face.
tématique en hormones thyroïdiennes. Elle élimine l’antigène qui La tomodensitométrie avec injection (sauf en cas
est source d’anticorps aux récepteurs de la TSH, d’autres anticorps d’hyperthyroïdie) est l’examen de choix dans le bilan pré-
qui interagissent avec les antigènes des muscles extraoculaires, le opératoire, particulièrement intéressante pour apprécier les
tissu conjonctif rétro-orbitaire et le nerf optique [36] . extensions rétropharyngées et/ou médiastinales.

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Thyroïdectomie par cervicotomie  46-460

La tomodensitométrie détermine l’atteinte uni- ou bilatérale,


les extensions postérieures par rapport à la trachée et l’œsophage,
ou bien entre la trachée et l’œsophage, les rapports vasculaires,
“ Point fort
notamment les anomalies de trajet des artères sous-clavières en
position rétropharyngée, et le degré de compression de la tra- En cas de volumineux goitre thyroïdien, ce d’autant
chée. Les extensions au médiastin antérieur sont plus fréquentes qu’il existe une extension médiastinale et/ou postérieure,
(85 %) que celles du médiastin postérieur (15 %). La tomo- l’identification du nerf récurrent est à privilégier par un
densitométrie permet de programmer une éventuelle sternotomie abord supérieur en longeant le muscle cricothyroïdien de
(Tableau 11). Elle peut également suspecter la position ventrale du façon à disséquer le nerf récurrent de manière rétrograde
nerf récurrent en cas d’extension médiastinale postérieure. L’IRM et éviter le danger de lésion nerveuse par une manœuvre
est un complément intéressant pour déterminer les extensions
de ventralisation du lobe thyroïdien.
des tissus mous et les rapports du goitre avec les vaisseaux du
médiastin.
La chirurgie doit être adaptée à l’extension du goitre. Si le goitre
est unilatéral, une lobectomie suffit. La lobectomie doit être totale Cas des reprises chirurgicales
car la lobectomie partielle expose à un risque élevé de récidive et
des réopérations difficiles. Si le goitre est bilatéral, une thyroïdec- Le risque d’atteinte du nerf récurrent et d’hypoparathyroïdie
tomie totale est appropriée, surtout chez les patients jeunes avec définitive est plus élevé en cas de reprise de thyroïdectomie après
des antécédents familiaux thyroïdiens. L’utilisation du neuro- une précédente thyroïdectomie subtotale ou totale. En revanche,
monitorage intraopératoire des nerfs laryngés est recommandée. si le plan du lobe controlatéral n’a pas été préalablement ouvert,
L’utilisation d’une sonde d’intubation de petit diamètre est à pri- le risque pour le nerf récurrent est alors minime. L’imagerie est
vilégier afin de limiter les lésions endolaryngées de frottement importante avant d’envisager une reprise chirurgicale. Un scanner
de la sonde lors de la mobilisation du larynx. Pour l’installation, cervicothoracique est réalisé afin d’éliminer une récidive médias-
on place les pieds du patient en bas afin de réduire la pression tinale du goitre.
veineuse et les champs sont placés pour permettre d’exposer le Le principe de la chirurgie thyroïdienne de reprise est
sternum en vue d’une éventuelle sternotomie. L’incision est large. d’identifier des rapports anatomiques en dehors du champ opé-
La section des muscles sous-hyoïdiens est classiquement indiquée ratoire initial de manière à faciliter la dissection. On identifie si
mais peut être partielle afin de garder un plan de décollement utile possible le nerf récurrent dans un champ vierge de toute dissection
pour dégager la face externe du lobe. préalable et les glandes parathyroïdiennes restantes.
La section des muscles sous-hyoïdiens doit être prudente laté- Le monitorage nerveux intraopératoire du nerf récurrent est
ralement, afin d’éviter une lésion des gros vaisseaux. L’espace indiqué en cas de reprise chirurgicale sur une zone préalable-
carotidien est important pour l’identification de l’artère carotide, ment opérée. Il constitue une aide à la dissection, au repérage
de la veine jugulaire interne et du nerf vague. On teste le nerf en zone cicatricielle ou fibreuse du nerf récurrent et il peut per-
vague en début et fin d’intervention avec le stimulateur du sys- mettre de faire la différence entre des structures fibreuses d’aspect
tème de monitorage intraopératoire. longitudinal et le nerf récurrent.
Le risque de lésion du nerf récurrent est plus élevé en cas de On débute par la dissection de l’axe carotidien en écartant le
goitre médiastinal, principalement lié au fait que le nerf récurrent muscle sterno-cléido-mastoïdien afin d’identifier le plan préverté-
peut être étiré et/ou adhérent à la surface du goitre. bral, l’œsophage et la face externe du lobe thyroïdien. On repère
Randolph et al. ont observé que le nerf récurrent était étiré alors la trachée sur la ligne médiane. Le champ de dissection du
et/ou adhérent à la surface du goitre dans 16 % des cas de telle nerf récurrent est alors identifié entre l’œsophage et la trachée. Le
manière que si le nerf n’avait pas été identifié, il aurait été étiré, nerf récurrent peut être abordé par les trois voies d’abord préala-
traumatisé ou sectionné [38] . Les auteurs recommandent une dis- blement décrites que sont les voies d’abord latérale, inférieure et
section rétrograde du nerf récurrent couplé à la stimulation du supérieure (Fig. 10).
nerf vague avant d’effectuer des manœuvres d’extériorisation du La voie d’abord latérale cherche à identifier le nerf récurrent
goitre. Une fois que le nerf récurrent a été identifié, on débute avant qu’il ne pénètre dans une zone de fibrose, ce qui peut être
la dissection digitale dans un plan strictement capsulaire. Petit facilité en poussant le cartilage thyroïde vers le haut afin d’exercer
à petit, le goitre est ascensionné. Le goitre thyroïdien modi- une tension douce sur le nerf récurrent.
fie la position du nerf récurrent. Le cas du nerf récurrent en La voie d’abord inférieure cherche à identifier le nerf récurrent
position ventrale est observé en cas d’extension du goitre en posi- en territoire vierge à la jonction cervicothoracique qui est le plus
tion cervicale rétrotrachéale et en cas d’extension médiastinale souvent vierge de toute dissection préalable, sauf si la chirurgie
postérieure. initiale a abordé le médiastin pour un volumineux goitre. Le nerf
Le déplacement antérieur du nerf récurrent par une extension récurrent est ensuite disséqué vers le haut.
postérieure du goitre en position rétropharyngée justifie que la La voie d’abord supérieure est indiquée si le lobe supérieur n’a
bande aponévrotique adhérente à la glande doit être stimulée pas été préalablement disséqué. On recherche alors le plan du
avant d’être sectionnée. Même si la vascularisation du goitre est muscle cricothyroïdien jusqu’à la jonction laryngotrachéale afin
très majoritairement issue des branches de l’artère thyroïdienne d’identifier le nerf récurrent à son point de pénétration dans le
inférieure, certains goitres médiastinaux peuvent être vascularisés larynx. Le nerf récurrent est ensuite disséqué vers le bas.
par des vaisseaux d’origine médiastinale. Ainsi, les bandes de tissu L’identification et la préservation de la vascularisation des
ou les pédicules identifiés durant la dissection digitale doivent glandes parathyroïdes sont parfois hasardeuses en cas de
être liés après stimulation nerveuse car il peut parfois être diffi- reprise chirurgicale. Il ne faut pas hésiter à réaliser une auto-
cile de différencier le nerf récurrent étiré et/ou adhérent à du tissu transplantation qui réduit considérablement l’incidence des
thyroïdien avec un vaisseau. hypoparathyroïdies définitives, même si l’hypoparathyroïdie
L’artère thyroïdienne inférieure est disséquée et liée à la temporaire est fréquente en cas de reprise.
surface de la capsule thyroïdienne afin de limiter le risque Pour un goitre médiastinal récidivant, le risque de lésion du
d’hypoparathyroïdie. Les parathyroïdes supérieures sont générale- nerf récurrent est plus élevé en cas de reprise chirurgicale. L’abord
ment en position plus constante que les parathyroïdes inférieures latéral est généralement réalisé. On dissèque le goitre du médiastin
en cas de goitre. Toute parathyroïde qui serait retrouvée à la sur- par dissection digitale de bas en haut et d’arrière en avant. On
face de la thyroïde après l’avoir enlevée serait à réimplanter. Évider identifie alors le nerf récurrent. En cas de fibrose à la jonction
le goitre pour l’extraire est à déconseiller compte tenu du risque cervicothoracique, une sternotomie peut être envisagée.
hémorragique et d’éventuelle dissémination carcinomateuse. Les En cas de maladie de basedow récidivante après chirurgie de la
complications lors de la chirurgie du goitre cervical ou médiastinal thyroïde (par thyroïdectomie subtotale initiale ou thyroïdectomie
ont été rapportées comme étant plus fréquentes. La trachéoma- totale avec récidive sur un reliquat thyroïdien), l’alternative par
lacie est possible dans les cas de goitre compressif mais elle est le traitement par iode doit être considérée avant d’envisager une
extrêmement rare et apparemment réversible. chirurgie de reprise car cette dernière est connue pour être plus

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46-460  Thyroïdectomie par cervicotomie

1 1

Figure 10. Abord du nerf récurrent (1) en cas de reprise (A, abord latéral ;
1
B, abord inférieur ; C, abord supérieur) (d’après : « Surgery of the Thryoid and
Parathyroid glands » de G. Randolph).

risquée (risque de paralysie récurrentielle temporaire, de paralysie Tableau 12.


récurrentielle permanente et d’hypoparathyroïdie définitive plus Étapes du monitorage nerveux intraopératoire par stimulation intermit-
élevé qu’en cas de chirurgie primaire de la thyroïde). tente (MNIO).
Étapes Signal obtenu

 Monitorage nerveux Étape 1


Stimulation initiale du vague
V1
Signal obtenu par stimulation du nerf
intraopératoire (MNIO) vague avant l’identification du nerf
récurrent a
Indications Étape 2 R1
Stimulation du nerf récurrent Signal obtenu par stimulation du nerf
L’association des chirurgiens endocriniens allemands a édité avant lobectomie récurrent identifié dans le sillon
des recommandations et suggère l’utilisation du MNIO pour tous inter-trachéo-œsophagien
les cas de chirurgie thyroïdienne, considérant que le monitorage
Étape 3 R2
est utile pour identifier le nerf récurrent, établir un pronostic
Stimulation du nerf récurrent Signal obtenu par la stimulation du
de la fonction nerveuse postopératoire et éviter une diplégie
après lobectomie nerf récurrent au voisinage de la section
laryngée [12] . Le bénéfice est prouvé en cas de réintervention. du ligament de Berry après lobectomie
L’utilisation recommandée du monitorage nerveux intraopéra-
Étape 4 V2
toire par l’association des chirurgiens endocriniens allemands est
Stimulation finale du nerf Signal obtenu par la stimulation du
basée sur le fait que les cas de dissection difficile ne sont pas tou-
vague après lobectomie nerf vague après hémostase complète
jours prévisibles. En France, le MNIO n’est pas systématiquement
du champ opératoire après lobectomie
utilisé mais conseillé dans certains cas comme une aide dans les
cas de dissection difficile (reprise chirurgicale, évidements récur- a
V1 valide le bon fonctionnement du MNIO.
rentiels, thyroïdectomie totale, goitre médiastinal).
de l’électrode de recueil au niveau du plan des cordes vocales. Pour
Modalités d’utilisation confirmer le bon positionnement de la sonde, on peut observer
des variations de la ligne de base d’enregistrement de l’ordre de 30
Mise en place du monitorage intraopératoire à 70 ␮V liés aux mouvements respiratoires. En l’absence de mou-
Le MNIO a fait l’objet de standards internationaux [16] . vements respiratoires visualisés, il est recommandé de répéter la
L’électrode de recueil, qui est le plus souvent située au niveau laryngoscopie pour vérifier la position de la sonde d’intubation.
de la sonde d’intubation, doit être au niveau du plan des cordes L’électrode de terre est vérifiée et fixée par du sparadrap. Habituel-
vocales pour permettre l’enregistrement des mouvements des lement, les valeurs de monitorage choisies sont de 1 mA pour la
cordes vocales. L’installation peut modifier les rapports des élec- stimulation et 100 ␮V pour le seuil de détection. Les systèmes de
trodes de recueil par rapport au plan glottique. La malposition du coagulation électrique doivent être placés à distance du système
tube endotrachéal est rapportée dans la littérature comme étant la de monitorage.
principale cause des problèmes rencontrés avec le monitorage du
nerf récurrent [39] . La sonde d’intubation peut se déplacer jusqu’à Monitorage par stimulation intermittente
33 mm en dehors du larynx lorsque la tête du patient est placée On peut s’assurer que le courant est bien délivré en observant
en extension complète [40] . La vérification du bon positionnement une contraction musculaire à la stimulation des muscles du cou.
de la sonde d’intubation et du bon contact des électrodes avec les Durant l’intervention, quatre étapes de stimulation sont propo-
cordes vocales doit être effectuée en position opératoire. Le repère sées pour obtenir quatre signaux, V1, R1, R2 et V2, qui testent le
de 20–23 cm de la sonde d’intubation au niveau de la commis- fonctionnement du nerf vague et du nerf récurrent avant et après
sure labiale correspond généralement à un bon positionnement lobectomie (Tableau 12). Avant lobectomie thyroïdienne, si l’on

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Thyroïdectomie par cervicotomie  46-460

Perte de signal électrique

1. Palpation postérieure du cricoïde avec stimulation du vague homolatéral (2 mA)


2. Stimulation du vague controlatéral

1. Pas de réponse laryngée homolatérale


Réponse laryngée palpable Pas de réponse laryngée
2. Signal présent à la stimulation
Pas de signal à la stimulation Pas de signal à la stimulation
du vague controlatéral
du vague controlatéral du vague controlatéral
3. Réponse à la stimulation musculaire SCM

Malposition
Problème de stimulation Paralysie récurrentielle
de la sonde d’intubation

1. Localiser l’atteinte par stimulation


Repositionnement Vérifier électrodes
rétrograde
de la sonde d’intubation Curares?
2. Considérer de différer le côté controlatéral

Figure 11. Arbre décisionnel. Conduite à tenir en cas de perte de signal électrique à la stimulation lors d’un monitorage nerveux intraopératoire. SCM :
sterno-cléido-mastoïdienne.

obtient une réponse V1 à la stimulation, cela confirme que le sys- Stratégie opératoire avec monitorage
tème de MNIO fonctionne. La cartographie du nerf récurrent peut
être débutée. À la fin de la lobectomie thyroïdienne, une réponse
nerveux intraopératoire
à la stimulation du nerf vague et du nerf récurrent valide la pour- La perte de signal électrique à la stimulation constitue une sus-
suite de la thyroïdectomie controlatérale puisque le chirurgien ne picion de lésion nerveuse. La Figure 11 décrit l’algorithme de
suspecte pas de paralysie récurrentielle. conduite à tenir en cas de perte de signal. La perte de signal est
Si l’on n’obtient pas de réponse V1 à la stimulation, une un changement de réponse électromyographique alors qu’il exis-
défection du système est évoquée en premier lieu. Ce n’est que tait un signal initial V1 satisfaisant. La perte de signal est définie
lorsqu’une stimulation vagale initiale est enregistrée que l’on peut comme une absence ou un signal de réponse faible (inférieur à
éventuellement accepter une réponse négative du nerf récurrent, 100 ␮V) avec une stimulation de 2 mA dans un champ chirurgical
ultérieurement durant l’opération. Les intensités de stimulation sec.
(mA) et l’intensité des signaux obtenus R1, R2 et V2 en mV
sont identiques à ceux de V1. En cas d’atteinte nerveuse, le Que faire en cas de perte de signal ?
lieu et le mécanisme d’atteinte nerveuse peuvent être identi-
fiés. Lorsque le nerf récurrent est difficile et/ou dangereux à La perte de signal peut correspondre à une déficience du sys-
trouver, on peut confirmer qu’il persiste un nerf récurrent fonc- tème de monitorage ou à une paralysie nerveuse. La déficience
tionnel. Les systèmes de monitorage uniquement sonores sont du système de MNIO est due le plus souvent à un problème
très limités pour évaluer les latences et l’intensité des signaux d’enregistrement par malposition de la sonde endotrachéale ou
obtenus. à un problème de stimulation par problème de connections élec-
triques. En cas de perte de signal, deux manœuvres sont à faire
(Fig. 11). Premièrement, il faut stimuler le nerf vague homolatéral
Monitorage continu du nerf vague et vérifier par palpation si l’on obtient ou non une contraction
Le but du monitorage continu du nerf vague est de tenter de musculaire en arrière du cricoïde. Deuxièmement, il faut stimuler
prévenir une lésion nerveuse. En effet, la stimulation intermit- le nerf vague controlatéral pour observer si l’on obtient ou non
tente permet d’identifier une lésion nerveuse une fois qu’elle est un signal controlatéral.
constituée mais pas de la prévenir. Une souffrance nerveuse par
traction au niveau du ligament de Berry peut se manifester par Malposition de la sonde endotrachéale
une diminution d’amplitude et une augmentation des latences.
Le cas le plus fréquent correspond à une malposition de la sonde
Ces modifications constituent des alertes sonores électrophysio-
endotrachéale. Celle-ci est diagnostiquée par l’absence de réponse
logiques permettant de modifier les manœuvres chirurgicales afin
à la stimulation du vague controlatéral en présence d’une réponse
d’éviter une lésion nerveuse.
laryngée palpable à la stimulation du nerf vague homolatéral. Il
De nouvelles électrodes ont été conçues pour permettre une
s’agit d’un problème d’enregistrement de la stimulation nerveuse,
stimulation continue du nerf vague. On commence par dissé-
souvent causé par le fait que l’électrode de recueil sur la sonde
quer la gouttière jugulocarotidienne afin de placer l’électrode de
endotrachéale n’est plus en regard des cordes vocales. Il faut alors
stimulation du nerf vague.
vérifier la position des électrodes et des connexions. On demande
La stimulation continue du nerf vague est sûre en termes de
alors à l’anesthésiste de mobiliser la sonde endotrachéale jusqu’à
sécurité cardiaque et pulmonaire [41, 42] . La stimulation vagale
obtention d’une réponse à la stimulation.
continue ne provoque pas de bradyarythmies ou de bronchos-
pasme [43] . La stimulation et le signal sonore obtenu garantissent
le fonctionnement du système durant la dissection et en fin Problème de stimulation
d’intervention. En cas de perte de signal associée à une perte de réponse laryn-
D’autres études sont nécessaires pour fournir des critères de gée palpable à la stimulation du vague homolatéral, il s’agit d’un
souffrance nerveuse en fonction des changements d’amplitude problème de stimulation. Il faut d’abord vérifier la position des
et de latence. électrodes et des connexions des câbles électriques, et s’assurer

EMC - Techniques chirurgicales - Tête et cou 17


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46-460  Thyroïdectomie par cervicotomie

qu’aucun curare occasionnant un blocage neuromusculaire n’a Tableau 13.


été administré. Causes possibles de faux positifs et faux négatifs durant le monitorage
nerveux intraopératoire par stimulation intermittente a .
Paralysie récurrentielle Faux positifs c’est-à-dire Faux négatifs c’est-à-dire présence
Il faut alors suspecter une paralysie récurrentielle et envisa- absence de signal malgré une d’un signal mais paralysie
ger d’arrêter l’intervention si l’on confirme la perte de signal mobilité cordale récurrentielle postopératoire
sur un champ opératoire sec, avec une stimulation d’intensité postopératoire conservée
de 2 mA avec la stimulation du nerf vague controlatéral qui Déficience du système de Stimulation trop distale du nerf en
engendre un signal, surtout si la stimulation directe du muscle monitorage ou de stimulation aval d’une lésion b
sterno-cléido-mastoïdien ou des muscles sous-hyoïdiens entraîne Sang ou fascia faisant obstacle à Lésions nerveuses survenant après la
une réponse. Avec une vraie perte de signal, le chirurgien peut dif- la stimulation nerveuse dernière stimulation (aspiration,
férer la réalisation d’un abord controlatéral afin d’éviter le risque Blocage de la stimulation dernière coagulation)
potentiel d’une paralysie laryngée bilatérale. nerveuse (curares) Neuropraxie différée notamment par
On tente alors de localiser l’atteinte du nerf récurrent et de Récupération nerveuse précoce œdème apparaissant au point
comprendre le type d’atteinte nerveuse. On commence par stimu- d’une paralysie récurrentielle d’entrée du nerf récurrent dans le
ler la partie la plus distale du nerf récurrent à son point d’entrée larynx
dans le larynx, puis, de manière rétrograde, on stimule le nerf Atteinte de la branche postérieure c .
récurrent afin de déterminer un segment de neuropraxie loca- Immobilité cordale non nerveuse :
lisé [44] . On distingue deux types de lésion. Le type 1 correspond à - œdème postopératoire
- atteinte de l’articulation
une lésion segmentaire et identifiée de neuropraxie. C’est le plus
cricothyroïdienne
souvent dans les deux derniers centimètres extralaryngés qu’une
neuropraxie peut se produire, juste avant son point d’entrée dans a
Les autres erreurs de stimulation nerveuse peuvent être dues à : i. une stimu-
le larynx. La lésion peut être potentiellement corrigée s’il existe lation inefficace du nerf récurrent à cause de présence de sang, fascia, contact
une traction excessive, une compression, un clip, une suture tou- insuffisant ou dysfonction du stimulateur ; ii. un shunt de stimulation soit par
l’intermédiaire d’un vaisseau qui conduit le courant de stimulation jusqu’au nerf
chant le nerf à ce niveau ou un autre type de lésion localisée que récurrent (il convient alors de diminuer l’intensité de stimulation pour bien
l’on pourrait corriger. Le type 2 correspond à une lésion globale localiser la réponse nerveuse), soit par stimulation directe transtrachéale des
du nerf et, même si le mécanisme lésionnel n’est pas compris, il électrodes de réception (les électrodes de stimulation bipolaire sont plus précises
comprend un certain degré de dysfonction intralaryngée [16] . Les pour la stimulation directe du nerf récurrent et évitent le shunt de stimulation
directe des électrodes de réception) ; iii. des systèmes d’électrocoagulation qui
lésions les plus fréquentes sont des lésions de type 1 réalisées par mettent en silence le monitorage nerveux ; iv. une stase salivaire au niveau de la
traction excessive du nerf récurrent [9] . glotte pouvant altérer les qualités d’enregistrement ; et v. des réponses électro-
myographiques provoquées par une anesthésie légère, une irrigation au sérum
Stratégie d’évitement d’une paralysie laryngée physiologique froid ou un échauffement du nerf lié à une électrocoagulation
prolongée par la pince bipolaire.
bilatérale b
C’est la justification de la stimulation du nerf vague.
c
La branche antérieure peut répondre à la stimulation et la lésion de la branche
Si le monitorage nerveux intraopératoire est utilisé, on peut postérieure peut se solder par un déficit d’abduction de la corde vocale en post-
suspecter une paralysie récurrentielle en cas de perte de signal. opératoire.
La perte de signal est définie comme la disparition de réponse
à la stimulation. En cas de perte de signal, on se doit de réaliser
qu’il existe potentiellement une lésion du nerf ispilatéral au moins coagulation bipolaire est jugée imprudente, colle biologique ou
temporaire. Le chirurgien doit juger s’il est vraiment important et systèmes hémostatiques, la mise en évidence de saignement par
dans l’intérêt du patient de réaliser une chirurgie controlatérale le une manœuvre de Valsalva) et en postopératoire par un réveil et
même jour. Grâce au système de monitorage, lorsqu’une perte de une extubation douce pour éviter la toux et les vomissements qui
signal peropératoire survient, le chirurgien a le moyen d’éviter une augmentent la pression veineuse, et une surveillance rapprochée.
éventuelle paralysie laryngée bilatérale. Une paralysie laryngée La majorité des cas d’hématome postopératoire survient dans
bilatérale peut avoir de graves répercussions sur la voix, la respira- les six heures après l’intervention et la quasi-totalité dans les
tion et la qualité de vie des patients. En différant l’intervention sur 24 premières heures, même si des hématomes plus tardifs sont
le lobe controlatéral, on examine le patient en postopératoire. S’il possibles surtout chez des patients anticoagulés [46] . Pour cette
existe une paralysie récurrentielle, on peut alors souvent observer raison, l’Association francophone de chirurgie endocrinienne a
la résolution de la neuropraxie par remobilisation du larynx six à recommandé un séjour d’au moins une nuit après thyroïdecto-
huit semaines après l’opération initiale : l’intervention sur le lobe mie totale [47] . Le séjour peut être inférieur à 24 heures puisque le
controlatéral peut alors être envisagée de manière plus sûre [16] . S’il risque hémorragique est très inhabituel au-delà de ce délai. De
n’existe pas de paralysie récurrentielle à l’examen postopératoire, nombreuses équipes défendent toutefois la possibilité de réali-
il s’agit donc d’un faux positif et la chirurgie sur le lobe controlaté- ser une lobo-isthmectomie en ambulatoire et sans drainage [48] .
ral peut être envisagée sans délai. Le Tableau 13 résume les causes Les signes cliniques d’hématome postopératoire sont un gonfle-
possibles de faux positifs et faux négatifs. ment cervical, une ecchymose, une dysphagie ou odynophagie,
une douleur, une suffusion de sang par la cicatrice ou les ori-
fices de drainage, une dyspnée ou une détresse respiratoire. On
 Suites postopératoires distingue les hématomes superficiels ou profonds en fonction
de leur localisation par rapport aux muscles sous-hyoïdiens. Les
Risque d’hématome postopératoire hématomes profonds issus de vaisseaux comme l’artère cricothy-
roïdienne ou des branches de l’artère thyroïdienne supérieure
Le risque d’hémorragie et d’hématome postopératoire peut sont susceptibles de provoquer des détresses respiratoires par
engager le pronostic vital et survient dans moins de 2 % des œdème laryngé à la suite des difficultés de retour veineux cau-
thyroïdectomies. La malignité, les procédures bilatérales et les sées par l’hématome. Il a été conseillé de rapprocher les muscles
extensions médiastinales augmentent le risque hémorragique [45] . sous-hyoïdiens de manière incomplète pour permettre une exté-
La mise en place de drains a été conseillée pour réduire la pro- riorisation d’un éventuel hématome profond. Les hématomes
babilité d’hémorragie postopératoire mais deux méta-analyses superficiels au-dessus des muscles sous-hyoïdiens, s’ils sont de
ont montré des taux comparables avec ou sans drainage [23, 24] . faible volume, peuvent être surveillés, sans nécessairement être
La mise en place de drains est donc évaluée par le chirur- drainés. Il s’agit d’une approche conservatrice chez des patients
gien au cas par cas. La prévention des hématomes commence sélectionnés ayant un hématome minime et non progressif.
en préopératoire par l’évaluation de coagulopathies éventuelles, En cas de détresse respiratoire, l’intubation immédiate doit être
continue en peropératoire par une hémostase soigneuse (coagula- réalisée pour assurer la ventilation du patient et le drainage de
tion bipolaire judicieuse au voisinage du nerf récurrent, agents l’hématome. En cas d’urgence, le traitement nécessite d’ouvrir la
hémostatiques comme du collagène microfibrillaire lorsque la cicatrice au lit du patient pour évacuer l’hématome. L’intubation

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Thyroïdectomie par cervicotomie  46-460

Tableau 14. Tableau 15.


Signes cliniques d’hypocalcémie post-thyroïdectomie. Protocole de supplémentation après thyroïdectomie en fonction du
dosage de la calcémie postopératoire.
Signes cliniques a (< 80 mg/l ou < 2 mmol/l)
Suggestion de protocole en cas d’hypocalcémie postopératoire a
Paresthésies distales ou péribuccales
Hyperexcitabilité neuromusculaire Patient asymptomatique et calcémie > 2 mmol/l : pas de traitement
Signe de Chovstek b calcique. Le patient peut sortir avec la consigne de prendre 3 g de
Crampes musculaires avec le signe de Trousseau (main d’accoucheur), calcium/jour en cas d’apparition de symptômes
spasmes laryngés, tétanies et convulsions Calcémie < 2 mmol/l et > 1,9 mmol/l ou patient symptomatique à type
Bradycardie et augmentation de l’intervalle QT de paresthésies :
a
- 3 g de calcium et 3 comprimés de magnésium B6
L’alcalose (respiratoire ou métabolique) ou l’hypomagnésémie peuvent don-
- le patient sort de l’hôpital quand la symptomatologie a disparu et que
ner des signes cliniques semblables à ceux de l’hypocalcémie.
b la calcémie a cessé sa chute
Contraction réflexe de l’orbiculaire des lèvres déclenchée par la percussion du
nerf facial juste en dessous de l’os zygomatique chez un patient dont la bouche Calcémie < 1,9 mmol/l et > 1,8 mmol/l ou patient symptomatique à
est légèrement entrouverte. type de paresthésies :
- 3 g de calcium et 3 comprimés de magnésium
- supplémentation en vitamine D b . Le patient sort de l’hôpital quand la
peut être difficile à cause d’un œdème pharyngolaryngé. Ainsi, symptomatologie a disparu et que la calcémie a cessé sa chute
une trachéotomie d’urgence peut être nécessaire. L’accès de la Calcémie < 1,8 mmol/l ou patient symptomatique à type de crampes :
trachéotomie est direct car la trachée est facilement exposée - 2 ampoules de gluconate de calcium à 10 %, réalisation d’un
après thyroïdectomie. Une fois que la ventilation est assurée, le monitorage et d’un électrocardiogramme
patient est ramené au bloc opératoire pour exploration cervicale - ne pas enlever la perfusion
et contrôle de l’hémorragie. - 3 g de calcium per os
- vitamine D1-alpha 0,5 ␮g x 3/jour
- 3 comprimés de magnésium
Risque d’hypocalcémie postopératoire a
Il existe de multiples protocoles pour la gestion de la calcémie postopératoire
sans qu’il existe de consensus entre eux. Il s’agit ici d’une proposition.
Le traitement de l’hypocalcémie est largement préventif par b
On préfère la forme active de vitamine D (calcitriol) à la dose de 0,25–0,50 ␮g/j.
la dissection fine et la préservation des glandes parathyroïdes En effet, le déficit en parathormone ne permet pas de convertir la forme inactive
avec leur vascularisation. Les causes d’hypoparathyroïdie post- en forme active.
opératoire sont principalement la dévascularisation et l’exérèse
involontaire de glandes parathyroïdes. En cas d’évidement du Tableau 16.
compartiment central, la fréquence d’hypoparathyroïdie est plus Protocole de supplémentation après thyroïdectomie en fonction du
élevée pouvant aller jusqu’à 70 % des cas de manière tempo- dosage de la parathormone (PTH) postopératoire.
raire et de 1 à 15 % de manière définitive [49, 50] . Le risque
d’hypoparathyroïdie est plus élevé en cas d’évidement bilatéral Suggestion de protocole de supplémentation a
du compartiment central comparativement à un évidement uni- Si PTH < 5 pg/dl : supplémentation calcique et de calcitrol
latéral [51, 52] . Un évidement unilatéral du compartiment central Si PTH entre 5 et 10 pg/dl : supplémentation calcique
ne semble pas augmenter le risque d’hypoparathyroïdie par rap- Si PTH > 10 pg/dl avec une calcémie normale, on peut faire sortir le
port à une thyroïdectomie totale sans évidement [53] . Le risque patient avec un contrôle de calcémie
d’hypoparathyroïdie est plus élevé après exérèse d’un volumi- Si PTH > 15 pg/dl, on vérifie que la calcémie est normale et on peut faire
neux goitre compressif ou endothoracique, ou en cas de maladie sortir le patient sans supplémentation
de Basedow. L’hypovitaminose D préopératoire, très fréquent a
À titre d’exemple car il n’existe pas de consensus.
chez la femme ménopausée, est un facteur de risque supplémen-
taire d’hypoparathyroïdie postopératoire. L’hypovitaminose D
entraîne une malabsorption intestinale du calcium et il est utile
de supplémenter ce déficit dans les deux mois qui précèdent la Supplémentation systématique de calcium
thyroïdectomie totale. L’hypomagnésémie induit une résistance avec ou sans vitamine D avec sortie du patient
à l’effet de la parathormone et lorsque l’hypomagnésémie est à j1 si le calcium est normal
encore plus sévère, il existe une diminution de la sécrétion de
parathormone. Le dosage de la PTH postopératoire peut prédire une hypo-
Les valeurs normales de la calcémie sont habituellement de calcémie. Il est très peu probable d’avoir une hypocalcémie
2,25–2,50 mmol/l ou 8,5–12,2 mg/dl. Comme le calcium est lié postopératoire avec une PTH normale. L’intérêt de la PTH post-
aux protéines, on devra corriger ce taux en fonction du taux opératoire est donc double. D’une part, cela facilite la sortie du
d’albumine. En cas de doute, on peut mesurer le calcium ionisé patient dans les 24 premières heures, d’autre part, cela permet de
(valeurs normales : 1,12–1,32 mmol/l). La calcémie peut être démarrer une supplémentation calcique et/ou de vitamine D en
prélevée le lendemain et le surlendemain de la thyroïdectomie cas de valeurs inférieures à la normale (< 15 pg/dl) [55] . Il n’y a
totale puisqu’une chute du calcium peut n’être observée qu’après pas d’algorithme uniformément reconnu mais un protocole est
24 heures. Les signes cliniques d’hypocalcémie sont résumés dans proposé dans le Tableau 16.
le Tableau 14. Une hypoparathyroïdie définitive est traitée par supplémen-
Afin de faciliter une sortie précoce du patient, certaines tation calcique et de vitamine D (calcitriol). Deux possibilités
tendances se sont développées pour la gestion du calcium post- nouvelles de traitement pourraient être proposées dans le futur.
opératoire. Leur principe est de dépister les patients à risque D’une part, l’utilisation de PTH recombinante humaine déjà intro-
d’hypoparathyroïdie et de les traiter précocement [21] . duite chez l’enfant avec hypoparathyroïdie chronique [56] . D’autre
part, la thérapie cellulaire à partir de cellules souches différenciées
en cellules parathyroïdiennes est une voie de recherche [57] .
Supplémentation en fonction du dosage
postopératoire du calcium
Même s’il n’existe pas de consensus sur les modalités de sup-
Risque de troubles de la voix
plémentation, le Tableau 15 suggère un protocole. Le dosage du et de la respiration
calcium et phosphore pré- et postopératoire a pu être proposé.
Une augmentation du phosphore dans les premières 24 heures Paralysie récurrentielle unilatérale
postopératoires pourrait prédire une hypocalcémie en l’absence Les causes de dysphonie après thyroïdectomie sont résumées
de déficit en vitamine D [54] mais il n’y a pas de consensus sur une dans le Tableau 17. Une dysphonie postopératoire ne signifie pas
recommandation de ces dosages. forcément qu’il y ait une paralysie récurrentielle. D’autres causes

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46-460  Thyroïdectomie par cervicotomie

Tableau 17. pas nécessaire sauf en cas de doute diagnostique ou à distance de


Causes et traitements possibles des dysphonies après thyroïdectomie. la chirurgie.
Dysphonies précoces Traitements possibles Le traitement d’une paralysie récurrentielle unilatérale est divisé
en deux catégories : prise en charge des fausses routes et amé-
Paralysie récurrentielle (PR) PR récente : lioration de la voix. La prise en charge des fausses routes prime
unilatérale - traitement des fausses routes à la phase aiguë car celles-ci peuvent provoquer des infections
(rééducation de la déglutition, pulmonaires graves. Elle consiste à déterminer quels liquides,
antibiothérapie en cas de quelles consistances alimentaires sont suffisamment sûres pour
pneumopathie)
la déglutition. Les techniques de déglutition (rotation de la tête,
- rééducation vocale
manœuvres volontaires, exercices) sont définies par un phoniatre
- corticothérapie
et/ou un orthophoniste. Si les fausses routes persistent malgré
PR constituée :
- rééducation vocale
cette rééducation de la déglutition, les procédés de médialisation
- médialisation de la corde vocale a de la corde vocale peuvent être proposés précocement car, même
- thyroplastie si ces techniques de médialisation n’éliminent pas les fausses
- aryténoïdopexie d’adduction routes, elles permettent d’obtenir une toux plus efficace pour pro-
- réinnervation téger les voies respiratoires inférieures. Pour la prise en charge de
Paralysie récurrentielle (PR) Assurer la liberté des voies
l’amélioration de la voix, le patient est adressé au médecin pho-
bilatérale : nasofibroscopie en aériennes : niatre pour analyse objective de la voix, évaluation et rééducation
urgence - réintubation vocale. La majorité des paralysies récurrentielles unilatérales post-
- trachéotomie thyroïdectomie ont un potentiel de récupération complète. La
- corticothérapie rééducation vocale doit veiller à ne pas compenser les troubles
- ventilation par pression positive vocaux par un comportement supraglottique. En l’absence de
par masque facial récupération ou en cas de section avérée durant l’intervention chi-
- surveillance rapprochée rurgicale, on peut avoir recours à des procédés de médialisation
- aryténoïdectomie de la corde vocale par injection intracordale ou par thyroplastie.
- aryténoïdectomie médiale La médialisation de la corde vocale peut s’effectuer sous anesthé-
- cordotomie transverse sie générale ou locale par voie transorale, par voie transcutanée
postérieure à travers la membrane thyro-hyoïdienne, le cartilage thyroïde
- latéralisation cordale ou la membrane cricothyroïdienne sous contrôle naso-fibro-
transthyroïdienne laryngoscopique. Différents matériaux d’injection intracordale
Atteinte du nerf laryngé supérieur Rééducation vocale existent (silicone, acide hyaluronique, carboxyméthylcellulose,
Traumatisme vocal lié à Surveillance collagène, calcium hydroxylapatite). La graisse autologue peut
l’intubation Rééducation vocale être proposée en cas de fausses routes à la phase précoce. Le
Gêne cervicale liée à la douleur Traitement antalgique principe de la thyroplastie est la réalisation d’une fenêtre à tra-
vers le cartilage thyroïde de manière à introduire un biomatériau
Granulome sur l’apophyse vocale Traitement antireflux
(goretex, silicone) dans l’espace paraglottique pour permettre la
de l’aryténoïde Rééducation vocale
médialisation de la corde vocale. En poussant vers l’intérieur
Trouble mécanique de Rééducation vocale l’apophyse vocale de l’aryténoïde, on place la corde vocale en
l’articulation cricothyroïdienne Remobilisation chirurgicale
position paramédiane en corrigeant la bascule antérieure et le
a
Dans la grande majorité des cas, il existe une récupération spontanée de la PR sous-décalage de la corde vocale afin de permettre un meilleur
en plusieurs semaines ou mois. Dans ces conditions, la médialisation par injec- accolement glottique. On préfère les thyroplasties ou les injec-
tion intracordale de graisse autologue peut être proposée dans ce délai pour tions intracordales comme des solutions d’amélioration vocale
améliorer la voix. La graisse injectée peut se résorber tandis que la mobilité
laryngée se normalise. A contrario, un biomatériau non résorbable est privilé-
plus pérennes en l’absence de récupération constatée ou pos-
gié après un délai de non-récupération de la PR (classiquement 12 à 18 mois) sible (comme en cas de section du nerf sans réinnervation).
et en fonction de la symptomatologie. Dans un cas de section du nerf récur- L’aryténoïdopexie de médialisation peut également être discutée
rent, une médialisation par biomatériau non résorbable ou thyroplastie peut ou proposée. Les méthodes de réinnervation ne permettent pas
être envisagée sans délai.
une remobilisation normale de la corde vocale mais peuvent géné-
ralement permettre d’obtenir une adduction avec un bon tonus
de la corde vocale. Les interpositions nerveuses par greffe à par-
sont possibles : dysphonie liée à l’intubation, gêne liée à la dou- tir d’un nerf comme un nerf cervical transverse, l’anastomose du
leur, atteinte du nerf laryngé supérieur pour les causes récentes, nerf récurrent avec la branche descendante du nerf XII ou le nerf
granulome sur l’apophyse vocale de l’aryténoïde, troubles méca- vague ont montré des résultats similaires à ceux obtenus par suture
niques de l’articulation cricothyroïdienne. Le traitement doit être directe [58] . On peut également avoir recours au nerf phrénique.
adapté à la cause (Tableau 17). Classiquement, une paralysie Les anastomoses nerveuses sont réalisées bout à bout par trois
récurrentielle unilatérale se manifeste par une voix faible et souf- ou quatre points de fils monofilaments 9/0 sous microscope avec
flée, voire une dysphagie et des fausses routes aux liquides. Une instruments de microchirurgie. On peut y ajouter de la colle bio-
paralysie récurrentielle incomplète peut se manifester par une logique. La branche descendante du nerf XII est un nerf moteur
hypomobilité de la corde vocale et de l’aryténoïde avec dysphonie, des muscles sternohyoïdiens, sternothyroïdiens et omohyoïdiens,
diplophonie et fatigue vocale. La nasofibroscopie montre typi- sans que sa section n’entraîne de séquelles fonctionnelles impor-
quement une corde vocale et l’aryténoïde immobiles avec bascule tantes. Parmi les techniques de reconstruction du nerf récurrent,
antérieure de l’aryténoïde, hypotonie et sous-décalage de la corde l’anastomose nerveuse entre le nerf récurrent et la branche descen-
vocale. La position de la corde vocale est variable, possiblement dante du nerf hypoglosse (XII) semble être la méthode idéale [9] .
paramédiane ou en abduction. Lorsque la paralysie récurrentielle
est visualisée à un stade plus tardif, la corde vocale peut être
amyotrophique. La nasofibroscopie note l’existence de pénétra-
Paralysie récurrentielle bilatérale
tion de liquide ou aliments dans le larynx et de fausses routes Un patient présentant une dyspnée à l’extubation après thy-
en cas de passage en dessous du niveau des cordes vocales. Les roïdectomie doit être évalué en urgence par nasofibroscopie. La
examens complémentaires utiles sont la vidéolaryngoscopie et la réintubation ou la trachéotomie est parfois nécessaire pour sécu-
stroboscopie pour tenter de distinguer une cause neurologique riser la ventilation.
d’une cause mécanique d’immobilité, en tentant de pronostiquer Une paralysie récurrentielle bilatérale est généralement la cause
le retour à une fonction nerveuse normale. L’électromyographie la plus fréquente des détresses respiratoires à l’extubation. Elle est
évalue l’activité électrique des muscles du larynx et représente éga- le résultat d’une atteinte bilatérale des nerfs récurrents par infil-
lement un examen pertinent pour le diagnostic différentiel d’une tration tumorale et/ou traumatisme chirurgical. Une neuropraxie
cause neurologique ou mécanique. L’imagerie n’est généralement est également possible par compression causée par le ballonnet

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Thyroïdectomie par cervicotomie  46-460

de la sonde d’intubation. La subluxation de l’aryténoïde est une [12] Musholt TJ, Clerici T, Dralle H, Frilling A, Goretzki PE, Hermann MM,
cause plus rare. et al. German Association of Endocrine Surgeons practice guidelines
Différents traitements sont possibles en cas de paralysie récur- for the surgical treatment of benign thyroid disease. Langenbecks Arch
rentielle bilatérale (Tableau 17). Le but de ces procédures est Surg 2011;396:639–49.
d’assurer la liberté des voies aériennes en obtenant le meilleur [13] Higgins TS, Gupta R, Ketcham AS. Recurrent laryngeal nerve monito-
compromis possible pour la voix et les possibilités de récupé- ring versus identification alone on post-thyroidectomy true vocal fold
ration de mobilité laryngée. Une trachéotomie temporaire peut palsy: a meta-analysis. Laryngoscope 2011;121:1009–17.
permettre d’attendre le temps d’une récupération spontanée de la [14] Dralle H, Sekulla C, Haerting J. Risk factors of paralysis and functional
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tif d’élargir l’espace glottique postérieur par aryténoïdectomie, Surgery 2004;136:1310–22.
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vocale de l’aryténoïde et l’anatomie cordale, cordotomie trans-
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verse postérieure (uni- ou bilatérale) au laser CO2 ou latéralisation
rent laryngeal nerve monitoring during thyroid and parathyroid
de la corde vocale selon la technique de Lichtenberger à l’aide
surgery: international standards guideline statement. Laryngoscope
d’une suture à travers le cartilage thyroïde [59] , ou réinnervation. 2011;121(Suppl. 1):S1–16.
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vocal pour élargir la surface glottique postérieure. Les traitements during thyroidectomy. Br J Surg 2009;96:240–6.
conservateurs de l’anatomie laryngée sont à privilégier durant 12 [18] Pellitteri PK. Directed parathyroid exploration: evolution and evalua-
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R. Kania, Professeur des Universités, praticien hospitalier (romain.kania@aphp.fr).


B. Vérillaud, Praticien hospitalo-universitaire.
N. Le Clerc, Praticien hospitalier.
P. Herman, Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de service, chef de pôle.
Service d’ORL et chirurgie cervicofaciale (Professeur P. Herman), Hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75010 Paris, France.
EA 7334, REMES, Unité de méthodologie des critères d’évaluation (Patient-Reported Outcomes), Université Paris-7 Paris-Diderot, Paris-Sorbonne-Cité, Paris,
France.
J. Lee, Praticien hospitalier.
W.Y. Chung, Professeur des Universités.
Service de chirurgie, Yonsei University College of Medicine, 134, Shinchon-dong, Seodaemun-ku, Séoul, Corée.
G. Materazzi, Praticien hospitalier.
P. Miccoli, Professeur des Universités.
Service de chirurgie, Université de Pise, Azienda Ospedaliero Universitaria pisana, Via Roma, n. 67, 56126 Pise, Italie.
G.W. Randolph, MD FACS FACE, Professor of Otolaryngology Head and Neck Surgery, The Claire and John Bertucci Endowed Chair in Thyroid Surgical
Oncology, Harvard Medical School, Director of the Comprehensive Otolaryngology Division and the Thyroid & Parathyroid Endocrine Surgical Division, Past
President American Academy of Otolaryngology Head and Neck Surgery 2016-17, American Head and Neck Society, Endocrine Surgery Section Chair.
Massachusetts Eye and Ear Infirmary, Boston, MA, États-Unis.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Kania R, Vérillaud B, Le Clerc N, Herman P, Lee J, Chung WY, et al. Thyroïdectomie par cervicotomie.
EMC - Techniques chirurgicales - Tête et cou 2020;27(1):1-22 [Article 46-460].

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22 EMC - Techniques chirurgicales - Tête et cou

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7 iconographies supplémentaires

Iconosup 12
Tubercule de Zuckerkandl et nerf récurrent droit dans son dernier centimètre extralaryngé.
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Iconosup 13
Abord de la zone de dissection de la glande parathyroïde inférieure droite (P3) à distance de son pédicule vasculaire pour
préserver sa vascularisation.
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Iconosup 14
Évidement prélaryngé aussi dénommé zone VI supérieure. Isthme thyroïdien (1), muscle cricotrachéal (2), membrane
cricotrachéale (3), cartilage thyroïde (4).
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Iconosup 15
Nerf récurrent droit tumoral à son point d'entrée dans le larynx.
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Iconosup 16
Orientation de l'évidement du compartiment latéral.
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Iconosup 17
Goitre compressif médiastinal. Radiographie pulmonaire de face montrant la déviation trachéale du côté droit du patient en faveur
d'une extension médiastinale d'un volumineux goitre thyroïdien.
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Iconosup 18
Tomodensitométrie. Goitre compressif médiastinal. Noter la déviation et la compression de la trachée du côté droit.
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2 informations au patient

Patient 1
Informations médicales avant réalisation d'une thyroïdectomie de l'adulte.
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Patient 2
Information avant curage ganglionnaire.
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36 vidéos/animations

Video 1
Isthmectomie après libération du lobe pyramidal permettant de visualiser le cricoïde et la trachée sous-jacente.
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Video 10
Section du ligament thyrotrachéal gauche afin de réaliser une exérèse totale du tissu thyroïdien. Noter ici la coagulation bipolaire à
faible intensité et de manière brève de façon à ne pas créer d'échauffement du nerf récurrent. L'opérateur peut également poser le
doigt sur le nerf récurrent de manière à le protéger anatomiquement et &laquo; thermiquement &raquo; lors de la coagulation
bipolaire du ligament thyrotrachéal.
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Video 11
Dissection de la parathyroïde inférieure droite.
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Video 12
Fragmentation de la parathyroïde pour autotransplantation. Prévoir plusieurs fragments (5 à 6 si possible).
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Video 13
Mise en place de l'autotransplantation de la glande parathyroïde. On réalise une loge dans le muscle sterno-cléido-mastoïdien où
les fragments de glande parathyroïde sont insérés. La loge musculaire est refermée par un fil non résorbable.
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Video 14
Dissection le long de la carotide pour préparation de la limite externe droite de l'évidement du compartiment central droit.
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Video 15
Dissection de la trachée pour l'évidement du compartiment central droit.
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Video 16
Dissection de l'évidement du compartiment central droit. Noter la dissection par rapport au nerf récurrent droit.
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Video 17
Vue finale de l'évidement du compartiment central droit. Noter que l'évidement a emporté la zone prétrachéale et paratrachéale
droite (ou récurrentielle droite) avec ablation du tissu cellulograisseux au-dessus et en dessous du plan du nerf récurrent droit.
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Video 18
Évidement du compartiment central gauche de haut en bas en disséquant l'artère carotide commune en dehors et la trachée en
dedans. Du côté gauche, comme le nerf récurrent gauche est au contact de l'&#x0153;sophage, l'évidement du compartiment
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central gauche enlève la totalité du tissu cellulograisseux au-dessus du nerf récurrent gauche.
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Video 19
Vue finale de l'évidement du compartiment central gauche. Noter la stimulation du nerf récurrent gauche sur la totalité de son trajet
cervical ainsi que l'exérèse de la totalité du tissu cellulograisseux des aires prétrachéale et latérotrachéale gauche (récurrentielle
gauche).
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Video 2
Dissection de la face interne du pôle supérieur du lobe droit de la thyroïde. Noter la coagulation au plus près de la glande.
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Video 20
Vue globale de l'évidement du compartiment central bilatéral. Noter la limite inférieure au niveau du tronc artériel brachiocéphalique
gauche qui croise la trachée et la différence d'exérèse entre le côté gauche et le côté droit puisqu'à droite, le tissu cellulograisseux
en arrière du nerf récurrent gauche a été enlevé.
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Video 21
Évidement de l'aire II droite. Noter le nerf spinal divisant l'aire II en aire IIA et IIB, le ventre postérieur du digastrique droit pour la
limite supérieure de l'évidement et la veine jugulaire interne droite.
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Video 22
Dissection entre les racines pour évidement de l'aire III droite.
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Video 23
Dissection dans la gaine du nerf X pour l'évidement du compartiment latéral droit. Noter le nerf phrénique qui est préservé en
profondeur de l'aponévrose cervicale profonde.
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Video 24
Évidement du compartiment latéral droit par dissection dans la gaine du nerf vague (X) sur la veine jugulaire interne droite.
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Video 25
Section finale de l'évidement du compartiment latéral droit entre le nerf vague (X) et la veine jugulaire en dedans et le nerf spinal
droit (XI) en haut et en dehors.
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Video 26
Évidement de l'aire V droite derrière le plan des racines.
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Video 27
Lymphorhée droite au niveau de l'aire IV après exérèse de l'évidement du compartiment latéral droit. Cette lymphorhée est mise en
évidence
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Video 28
Digitoclasie de la face externe du lobe thyroïdien droit sur un volumineux goitre thyroïdien.
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Video 29
Stimulation sur nerf récurrent gauche adhérant à la face profonde du lobe thyroïdien gauche. Noter la stimulation électrique du nerf
récurrent gauche qu'il convient de libérer de ses adhérences pour éviter des lésions de traction.
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Video 3
Coagulation sélective des vaisseaux du pôle supérieur du lobe droit de la thyroïde.
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Video 30
Nerf récurrent gauche stimulé en situation antérieure. Noter qu'il existe du tissu thyroïdien en arrière du nerf récurrent gauche.
Noter également les rapports étroits avec l'artère thyroïdienne inférieure gauche.
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Video 31
Monitorage continu du nerf vague (X) droit dans la gouttière jugulocarotidienne droite.
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Video 32
Alternance de monitorage continu du nerf vague et de la stimulation manuelle du nerf récurrent droit après résection du lobe droit
de la thyroïde.
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Video 33
Cordotomie transverse postérieure gauche au laser CO<sub>2</sub>.
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Video 4
Dissection de la glande parathyroïde supérieure gauche (P4G) au ras de la face postérieure de la thyroïde.
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Video 5
Identification électrique de la branche externe du nerf laryngé supérieur au niveau du pôle supérieur du lobe droit de la thyroïde.
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Video 6
Nerf récurrent droit et tubercule de Zuckerkandl. Noter la position du nerf récurrent droit à la face interne du tubercule de
Zuckerkandl qui a été disséqué et ascensionné.
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Video 7
Dissection du nerf récurrent droit. Après visualisation et stimulation électrique, le nerf récurrent est dégagé des attaches du lobe
thyroïdien
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Masson SAS. desréservés.
Tous droits lésions de traction
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téléchargé nerf récurrent.
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Video 8
Branche antérieure motrice du nerf récurrent gauche. Sur cet exemple de division extralaryngée du nerf récurrent gauche, c'est la
branche antérieure qui motrice, comme cela advient dans la quasi-totalité des cas. La stimulation de la branche postérieure peut
engendrer une contraction des structures pharyngées de voisinage.
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Video 9
Section des branches de l'artère thyroïdienne inférieure au ras de la glande thyroïde de manière à conserver la vascularisation de
la glande parathyroïde supérieure droite (P4D).
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