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 21-200-D-21

Atteintes herpétiques du segment antérieur de l’œil :


aspects thérapeutiques
Herpetic diseases of the anterior segment of the eye: therapeutical
aspects
M. Labetoulle, A. Rousseau, T. Bourcier
À Joseph Colin, In Memoriam.
Le traitement des infections herpétiques du segment antérieur repose sur une analyse sémiologique précise
de la forme clinique présentée par le patient et une prise en compte rigoureuse de l’histoire de la maladie,
notamment de la réponse aux traitements lors des épisodes précédents, le cas échéant. Une fois ces deux
étapes réalisées, le choix des traitements disponibles et de leur combinaison est vaste, mais répond lui aussi à
une certaine logique. Les antiviraux sont évidemment au centre de la stratégie thérapeutique. Selon les cas,
Mots-clés :
ils peuvent être utilisés sous forme locale ou par voie générale. Les traitements corticoïdes topiques ont aussi
Herpès leur place, notamment dans les formes stromales non nécrotiques et dans les endothélites. En revanche, les
HSV kératites épithéliales et les formes stromales nécrotiques sont une contre-indication des stéroïdes topiques car
Aciclovir ils peuvent aggraver la situation. C’est aussi le cas des kératites neurotrophiques. Une fois passée la phase
Valaciclovir aiguë des kératites herpétiques, se pose la question de la mise en route d’un traitement préventif des récidives.
Ganciclovir Les indications sont fonction de la fréquence et du niveau de gravité des épisodes antérieurs. De même, les
Trifluridine doses d’antiviraux peuvent être modulées en fonction de l’efficacité observée chez le patient avec des doses
Famciclovir classiquement recommandées par les autorités de santé.
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

The treatment of herpetic infections of the anterior segment of the eye is based on an accurate semiological
analysis of the clinical signs, combined with a careful consideration of the history of the disease, including
the response to treatment of previous herpetic episodes, if any. Once these two steps performed, the choice of
available treatments and their combination is large, but also responds to certain rules. Antivirals are obviously
Keywords:
at the center of the therapeutic strategy. In some cases, they can be used either topically or systemically.
Herpes Topical steroids also have their place, especially in non-necrotic forms of stromal keratitis and in endothelitis.
HSV In contrast, epithelial and necrotic forms of stromal keratitis contra-indicate the use of topical steroids as
Aciclovir they can worsen the corneal affection. This is also the case of neurotrophic keratitis. Once the acute phase of
Valaciclovir herpetic keratitis has been treated, the question of the onset of a preventive treatment is raised. The indications
Ganciclovir are based on the frequency and severity of previous episodes. Similarly, the preventive antiviral dosage may
Trifluridine be adjusted depending on the efficacy observed with usual dosage, i.e. the one recommended by health
Famciclovir authorities.
© 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Plan la prise en charge, en décrivant d’abord les outils à disposition puis


en expliquant les différentes stratégies pour les mettre en œuvre.
■ Introduction 1
■ Outils thérapeutiques 1
Antiviraux topiques 1  Outils thérapeutiques
Antiviraux systémiques 2
Traitements non spécifiques 2 Antiviraux topiques
■ Conduite thérapeutique en période aiguë des conjonctivites Jusqu’à présent, tous les antiviraux ayant bénéficié d’une auto-
et blépharites herpétiques 3 risation de mise sur le marché (AMM), même ceux qui ne sont
Mesures hygiéniques et soins non spécifiques 3 plus actuellement distribués, sont des inhibiteurs nucléosidiques
Antiviraux 3 de l’acide désoxyribonucléique (ADN) polymérase virale, enzyme
■ Conduite thérapeutique en période aiguë des kératites clé de la réplication du virus herpès simplex (HSV) de type 1 ou
herpétiques 4 2. Ayant tous la même cible moléculaire, leurs actions ne sont
Schémas thérapeutiques dans les kératites épithéliales 4 pas synergiques, et il n’est donc pas logique de les associer, ce
Schémas thérapeutiques dans les kératites stromales 4 d’autant plus que les toxicités sur les épithéliums cornéens et
Schémas thérapeutiques dans les endothélites 4 conjonctivaux s’additionnent.
■ Conduite thérapeutique en période aiguë des uvéites On distingue deux périodes pour le développement de ces anti-
herpétiques 5 herpétiques, celle ayant conduit au développement de produits
directement actifs sur l’ADN polymérase virale, et celle qui a
■ Traitement préventif : principes et modalités d’application 6
permis l’arrivée de médicaments nécessitant une modification
réalisée par une autre enzyme du virus (la thymidine kinase)
pour devenir efficaces. L’avantage de la première catégorie est
l’efficacité sur toutes les souches de HSV, car les souches virales
 Introduction ayant suffisamment modifié génétiquement l’ADN polymérase
pour devenir résistantes sont finalement très peu virulentes. Elles
Les différents aspects épidémiologiques, cliniques et diagnos- ont donc peu d’incidence clinique. En revanche, la contrepartie de
tiques des atteintes herpétiques du segment antérieur de l’œil ont ces drogues de première génération est leur toxicité sur les cellules
été décrits dans l’article 21-200-D-20 de l’EMC d’ophtalmologie. en renouvellement rapide, comme les cellules épithéliales, car
Nous abordons dans cette seconde partie les différents aspects de elles sont aussi capables de bloquer l’ADN polymérase cellulaire

EMC - Ophtalmologie 1
Volume 11 > n◦ 1 > janvier 2014
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0343(13)65986-9
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Tableau 1.
Comparaison des différentes présentations pharmaceutiques d’antiviraux topiques (d’après [6, 14–23] ).
Molécule Trifluridine Aciclovir Ganciclovir
® ®
Spécialité Virophta Zovirax Virgan®
Concentration 1% 2% 0,15 %
Nombre d’applications Toutes les 2 h 5/j 5/j
(maximum : 9/j)
Type de formulation Collyre Pommade Gel
Gêne visuelle après instillation – ++++ +
Activité dépendante de la TK virale Non Oui (quasi exclusive) Oui
Sélectivité Non Très forte Forte
Toxicité épithéliale potentielle +++ – ±
Efficacité sur les souches altérées pour la TK ++ – +
Pénétration intracornéenne si épithélium sain Très faible Bonne Bonne

TK : thymidine kinase.

(enzyme clé dans la réplication cellulaire). On retrouve dans (notamment une chute du taux de plaquettes chez les patients
cette catégorie l’idoxuridine (Iduviran® ), l’iododésoxycytidine déjà thrombopéniques). Il est donc logique d’organiser une sur-
(Cébévir® ), et la vidarabine (Vira-A® ), qui ne sont plus commercia- veillance biologique en début de traitement, à un mois puis tous
lisées en France. On y retrouve aussi la trifluridine, toujours dans les 2 à 3 mois, qui inclut : fonction rénale, enzymes hépatiques,
le commerce sous forme de collyre (Virophta® ), et dont l’efficacité bilirubine, et numération formule sanguine. Les effets indési-
est supérieure à celle des molécules précédentes [1, 2] . rables de l’aciclovir systémique sont en général modérés, à type de
La seconde catégorie bénéficie d’une grande sélectivité sur les nausées, troubles digestifs, fatigue, céphalées, sensation d’ébriété,
cellules infectées, car les molécules de cette classe ne deviennent voire très rarement d’hallucinations. Les doses d’aciclovir dans
actives qu’après une triple phosphorylation dont la première l’herpès cornéen sont officiellement de cinq prises de 400 mg
est rapidement réalisée par la thymidine kinase virale (les deux (deux comprimés à 200 mg) par jour en période aiguë. Cette
suivantes peuvent aussi être réalisées par la thymidine kinase dose de 2 g/j permet d’obtenir dans les larmes une concentration
cellulaire). La toxicité sur les cellules non infectées est donc théo- d’aciclovir supérieure à la dose inhibitrice 50, c’est-à-dire capable
riquement minime. Elle existe cependant de façon modérée, car de bloquer une partie de la réplication virale de la plupart des
une activation de la molécule peut être réalisée, à faible effica- souches virales [14, 24] . Ceci explique à l’inverse qu’il soit parfois
cité, par la thymidine kinase cellulaire [3, 4] . Dans cette catégorie nécessaire d’utiliser des doses plus importantes en cas d’atteinte
d’antiviraux, les deux molécules qui bénéficient actuellement herpétique sévère, soit en pratique cinq prises de 800 mg (quatre
d’une AMM dans l’herpès oculaire sont l’aciclovir et le ganci- comprimés à 200 mg ou un comprimé à 800 mg). Dans les cas les
clovir, disponibles en France sous forme de pommade (Zovirax® , plus graves, il est même possible de recourir à la voie intraveineuse
pommade ophtalmique) et de gel (Virgan® ), respectivement. En (10 mg/kg par huit heures). Pour la prévention des récidives her-
raison même de leur mécanisme d’activation, la limite de ces pétiques, la posologie de l’AMM est de deux prises quotidiennes
antiviraux est la sélection de souches virales dont la thymidine de 400 mg (soit quatre comprimés/j), à l’image de la posologie
kinase est dite « altérée », c’est-à-dire suffisamment modifiée pour utilisée dans l’étude pivot de l’Herpetic Eye Disease Study Group
ne plus reconnaître l’aciclovir (ou le ganciclovir) comme substrat (HEDS) [25, 26] .
tout en continuant de jouer son rôle normal (ou presque) pour Un autre antiviral oral peut être intéressant dans l’herpès cor-
la réplication virale. Ce type d’événement est relativement fré- néen, mais il ne bénéficie pas encore d’une AMM en France (il
quent à l’échelle biologique [5] , mais il est rarement à l’origine est en revanche approuvé dans cette indication aux États-Unis) ;
d’une résistance clinique chez les patients immunocompétents. il s’agit du famciclovir (OravirTM ), qui est une prodrogue du pen-
En revanche, cette situation se rencontre plus volontiers chez les ciclovir, dont le mode d’action est proche de celui de l’aciclovir.
patients immunodéprimés (0,3 à 0,5 % des souches isolées chez L’intérêt de cette molécule réside dans sa très bonne biodisponi-
l’immunocompétent présentent une résistance biologique contre bilité, et la meilleure sensibilité de certaines souches de HSV par
4,7 à 6,3 % chez l’immunodéprimé) [6–12] . Heureusement, les muta- rapport à l’aciclovir [27–29] .
tions génétiques dans la thymidine kinase confèrent en général
une moindre virulence clinique à la souche virale, sauf en cas
d’immunodépression profonde [13] . Traitements non spécifiques
La méta-analyse comparative des trois antiviraux disponibles
Solutions de lavage oculaire et larmes artificielles
en France (trifluridine, aciclovir et ganciclovir) ne montre pas
de différence significative en termes de rapidité de cicatrisation Elles sont utiles pendant la phase aiguë des conjonctivites,
dans le cadre des kératites épithéliales [1] . Cependant, aucune des blépharites et des kératites. Elles réduisent la charge virale
étude n’a encore comparé les rapports efficacité/tolérance, ou effi- sur la surface oculaire, et participent donc à la lutte contre
cacité/modalités d’utilisation des différentes présentations. Une l’inflammation. Par ailleurs, plusieurs études avaient suggéré
synthèse des données disponibles dans la littérature est donnée que l’herpès cornéen entraîne une sécheresse oculaire dans l’œil
dans le Tableau 1 [6, 14–23] . atteint [30–32] . Une étude récente a même montré que les réci-
dives multiples finissent par altérer la boucle réflexe lacrymale,
et induisent une sécheresse bilatérale [33] . Cette dernière pourrait
Antiviraux systémiques elle-même participer au déclenchement des récurrences comme
en témoigne l’étude de Sheppard [34] . Il est donc logique de conti-
Deux antiviraux par voie générale bénéficient d’une AMM en
nuer de prescrire des collyres mouillants au décours des périodes
France : l’aciclovir (ZoviraxTM ) par voie orale et intraveineuse et le
aiguës.
valaciclovir (ZelitrexTM ) par voie orale.
Comme mentionné ci-dessus, l’aciclovir ne devient efficace
qu’après activation par la thymidine kinase virale [3, 4] . Malgré sa
Débridement
spécificité pour les cellules infectées, il convient de suivre certaines Il permet lui aussi de réduire la charge virale dans le cas
règles pour une prescription adéquate, notamment l’adaptation des kératites épithéliales. Son action est synergique de celle des
des posologies en fonction de la créatinémie (la molécule s’élimine antiviraux [1] . Il est réalisable à la lampe à fente, au cabinet,
par les reins). Par ailleurs, il peut exister des modifications du bilan en utilisant une éponge microchirurgicale stérile après instilla-
hépatique, exceptionnellement sévères, et de la formule sanguine tion d’anesthésiques locaux. En contexte hospitalier, l’épithélium

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débridé peut être adressé aux biologistes pour une analyse Greffe de membrane amniotique
microbiologique (typage du virus, et éventuellement étude géné-
Les greffes de membrane amniotique (GMA) combinent des
tique des résistances). Dans ce cas, il convient d’éviter l’utilisation
avantages architectoniques (comblement d’amincissement cor-
des colorants (fluorescéine) et de réduire au minimum la dose
néen) et des avantages biologiques en apportant des facteurs
d’anesthésiques car ils peuvent interférer avec les techniques de
de croissance indispensables aux mécanismes de réparation cor-
biologie moléculaire [35, 36] .
néenne [48] . Elles trouvent logiquement leur indication à la phase
aiguë des formes nécrotiques de kératite stromale [49, 50] . Elles sont
Cycloplégiques aussi très utiles dans les kératites neurotrophiques séquellaires
Ils permettent de réduire les douleurs ciliaires typiques des d’infections herpétiques sévères et récidivantes [51–54] .
altérations aiguës de l’épithélium cornéen. Ils sont donc parti-
culièrement indiqués pendant les premiers jours d’une kératite Collyre au sérum autologue
herpétique épithéliale. En pratique, on utilise chez l’adulte un
collyre à 1 % d’homatropine, à raison de 1 goutte × 3/j. Dans l’herpès cornéen, les préparations magistrales à base de
sérum autologue (généralement à 20 %, préparation hospitalière)
sont surtout utiles pour les kératites neurotrophiques, séquellaires
Antiseptiques
d’épisodes sévères et récidivantes [54] . Leur action bénéfique tient
Ils sont utilisés par certains pour éviter une surinfection en à leur composition, riche en facteurs de croissance et autres nutri-
cas d’altération épithéliale initialement herpétique, événement ments utiles à la réparation des épithéliums cornéens lésés de
très rare pour les kératites dendritiques mais potentiellement plus façon chronique [55–59] . La prescription n’est toutefois pas facile à
probable en cas d’atteinte géographique. En revanche, les antibio- mettre en œuvre, ne serait-ce qu’en raison des contraintes légales
tiques n’ont pas de place dans cette indication préventive. imposant la fabrication du collyre en salle blanche, et sa conser-
vation avec respect de la chaîne du froid, jusqu’à l’instillation.
Corticostéroïdes
L’utilisation des corticoïdes dans les kératites herpétiques
répond à deux règles simples :  Conduite thérapeutique
• ils sont contre-indiqués lorsqu’il existe une atteinte épithé-
liale et dans les formes nécrotiques de kératite stromale (risque
en période aiguë des conjonctivites
majeur de fonte stromale) ; et blépharites herpétiques
• dans les autres formes cliniques, ils ne doivent être prescrits
qu’une fois le traitement antiviral mis en place de façon efficace. Comme pour toutes les conjonctivites infectieuses, les mesures
Dans ces cas, on utilise en traitement d’attaque la dexamétha- non spécifiques sont essentielles, car elles permettent de limiter
sone ou la riméxolone, à raison de 6 à 8 gouttes par jour au début. la charge virale sur la surface oculaire, le risque de contamination
La surveillance est stricte pour détecter un éventuel rebond de la des mains du patient, et par conséquent de limiter le risque de
réplication virale qui aurait été favorisé par les corticoïdes. Pen- contamination de l’entourage
dant cette période aiguë, on peut s’aider d’injections périoculaires,
en particulier sous-conjonctivales, pour augmenter l’effet anti-
inflammatoire, mais en évitant strictement les corticoïdes retards. Mesures hygiéniques et soins non spécifiques
Une fois l’efficacité anti-inflammatoire observée cliniquement, et
toujours sous couverture antivirale, la fréquence d’instillation est Même si le HSV est un virus enveloppé, donc nettement plus
progressivement baissée, jusqu’au sevrage complet. sensible à la dessiccation qu’un virus nu comme l’adénovirus par
exemple [60] , il ne s’autodétruit pas instantanément dès qu’il est
Ciclosporine libéré dans le milieu extérieur. Il est ainsi capable de survivre plus
de huit heures en atmosphère humide [61] , notamment dans une
Les préparations ophtalmologiques de ciclosporine A sont de solution antiseptique mais inadaptée aux virus... Le patient doit
plus en plus employées dans les formes traînantes et/ou récidi- donc être prévenu de sa contagiosité éventuelle (même si elle est
vantes et/ou corticodépendantes de kératite stromale. Il ne s’agit très modérée), et de l’intérêt de se laver les mains régulièrement,
pas d’un traitement de la période aiguë car son mode d’action et bien entendu après chaque séance d’instillation des collyres.
nécessite un certain temps pour que les effets immunomodula- L’éducation des proches, et du personnel de soin, permet aussi de
teurs prennent place. Ses propriétés anti-inflammatoires sans effet réduire le risque de cas secondaires. Dans le cas de l’adénovirus,
proviral en font une drogue de choix pour réussir le sevrage en sté- certes nettement plus contagieux, le respect par les personnels
roïdes chez des patients dont la kératite stromale, l’endothélite ou soignants d’un circuit « yeux rouges », du lavage régulier des mains
l’uvéite sont apparemment corticodépendantes [37–40] . La ciclospo- et des surfaces, de l’utilisation de gants, etc., permet d’éviter la
rine topique semble aussi intéressante à titre préventif puisque son contamination de nouveaux patients par le biais des soins [62] .
utilisation au long cours entraîne une réduction significative du Les instillations répétées de sérum physiologique dans l’œil
nombre de récurrences de kératite [34] . Cependant, cette indication permettent de réduire la charge virale locale, donc le risque de
n’a pas été validée par d’autres études randomisées et les modalités complications inflammatoires, tout en réduisant le risque de por-
optimales (concentration de la suspension magistrale, fréquence tage manuel lié à une dissémination du virus relargué en masse
des instillations, durée du traitement) ne sont pas encore éta- dans les larmes.
blies. Pour toutes ces indications potentielles, l’utilisation de la Il n’y a pas d’indication à utiliser des corticoïdes topiques ou
ciclosporine dans l’herpès reste encore hors AMM. généraux dans les atteintes conjonctivales ou palpébrales herpé-
tiques.
Inhibiteurs du « vascular endothelial growth
factor »
Antiviraux
L’apparition de néovaisseaux cornéens est une des
complications majeures des kératites herpétiques. Après des Les trois molécules disponibles en France en applications
premières séries sur l’intérêt potentiel de la photothérapie topiques (ganciclovir, aciclovir, trifluridine) peuvent être utiles
dynamique dans cette indication [41] , les regards se sont vite dans la conjonctivite herpétique, mais seul le collyre à la trifluri-
tournés sur les inhibiteurs du vascular endothelial growth factor dine bénéficie d’une mention « conjonctivites » dans son résumé
(VEGF) sous forme d’anticorps, de petits acides ribonucléiques des caractéristiques du produit (RCP), et aucune ne bénéficie d’une
(ARN) interférents ou d’ARN antisens [42–45] . En particulier, le mention spéciale concernant les atteintes palpébrales. Par analo-
bévacizumab a fait l’objet de plusieurs études chez l’animal et gie, la posologie et la durée sont les mêmes que pour les kératites
l’homme, en collyre, en injection sous-conjonctivale ou encore aiguës, en prévoyant une surveillance de l’efficacité clinique dans
intrastromale [46, 47] . un délai de 6 à 7 jours.

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Pour les blépharites dont une partie des lésions est située en ter- la charge virale sur la surface de la cornée lésée. Une GMA peut
ritoire cutané suffisamment loin de l’œil, il est logique d’utiliser nettement améliorer le tableau, par ses effets antalgiques, anti-
des pommades dermiques à l’aciclovir. En effet, les excipients inflammatoires et cicatrisants [48] . Dans les cas de perforation, on
des préparations dermatologiques sont mieux adaptés que ceux doit parfois recourir à une kératoplastie « à chaud », avec un pro-
des préparations ophtalmologiques pour favoriser la pénétration nostic visuel généralement réservé [68] .
transcutanée de l’antiviral, mais il convient d’éviter le contact Le relais des antiviraux par voie orale peut être envisagé lorsqu’il
avec la surface oculaire. n’existe plus de tissu nécrotique, en pratique avec du valaciclovir
à pleine dose (1 g × 3/j). Des corticoïdes peuvent être utilisés au
décours de l’épisode aigu, pour tenter de limiter la fibrose intra-
 Conduite thérapeutique stromale séquellaire, ou la néovascularisation qui apparaît sou-
vent après régression de la nécrose. Ils ne doivent cependant être
en période aiguë des kératites débutés que lorsque la réplication virale est clairement maîtrisée.
herpétiques
Formes non nécrosantes
Schémas thérapeutiques dans les kératites Elles répondent à un traitement associant antiviraux et corti-
épithéliales coïdes. Cette idée, née dans les années 1980, a longtemps conduit
à une association simultanée d’antiviraux topiques à doses modé-
Le traitement antiviral peut alternativement être administré par rées et de corticoïdes [70] . Une fois l’inflammation stromale réduite,
voie topique ou orale, pour une durée habituellement comprise l’habitude était de décroître progressivement les corticoïdes, alors
entre 7 et 15 jours. Les deux types de traitement ont une efficacité que les antiviraux topiques étaient stoppés assez rapidement. Ce
équivalente, et il n’y a pas lieu de les associer [1] . type de protocole exposait à un risque de 20 % de reprise de
La voie topique a pour avantages sa facilité de mise en œuvre l’inflammation oculaire au terme du sevrage en corticoïdes [64] .
et la très faible incidence d’effets indésirables extraoculaires, mais La rechute inflammatoire traduisait probablement la persistance
la difficulté réside dans le respect de la bonne fréquence des ins- d’une production de nouvelles particules virales, continuant ainsi
tillations et de la gêne oculaire associée à certaines formulations de stimuler la réaction immunitaire.
(pommade notamment). Une stratégie différente est actuellement utilisée. Elle consiste
Les avantages d’un traitement oral sont les aspects pratiques à commencer par bloquer la réplication virale avec un traitement
pour la vie sociale (pas d’interruption du travail pour les ins- antiviral systémique à doses importantes, ce qui permet par la
tillations, pas de gène visuelle au décours), mais il convient de suite de réduire les corticoïdes sans grand risque de réactivation
vérifier l’absence d’insuffisance rénale (adapter les doses le cas inflammatoire. Ce type de conduite thérapeutique semble plus
échéant) et de surveiller les quelques effets indésirables potentiels, efficace que le protocole topique décrit ci-dessus [69, 71, 72] .
presque toujours mineurs. Chez l’enfant aussi, le traitement oral La gestion de la corticothérapie est schématisée sur la Figure 1.
est particulièrement adapté compte tenu de la mauvaise compli- Quand il existe une réelle corticodépendance, c’est-à-dire une
ance habituelle aux traitements topiques [63–67] . Le valaciclovir est rechute inflammatoire malgré une décroissance très lente des cor-
contre-indiqué en dessous de 12 ans par manque de données. ticoïdes topiques sous couverture antivirale, on peut utiliser la
L’aciclovir est alors utilisé à la même posologie que chez l’adulte ciclosporine en préparation magistrale pour son effet immuno-
(sauf si poids de moins de 25 kg), le plus souvent administré sous modulateur au long cours. Ce type de traitement permet à terme
forme de sirop. de réaliser le sevrage en stéroïdes [39, 40, 73] . Il faut cependant noter
Les traitements non spécifiques jouent un grand rôle dans le que ce type de traitement est en dehors de toute AMM, et que
traitement des kératites épithéliales. Idéalement, un débridement la concentration optimale du collyre ainsi que la fréquence des
réalisé au moment du diagnostic permet d’accélérer la cicatri- instillations ne sont pas encore connues. Dans notre expérience,
sation cornéenne. Il est aussi habituel de mettre en place une nous utilisons régulièrement une suspension à 2 %, à raison de 2
cycloplégie pendant quelques jours pour réduire les douleurs, et à 3 gouttes par jour, puis une goutte par jour.
de prescrire des collyres mouillants qui vont apaiser la gêne et par- Quand une néovascularisation continue de se dévelop-
ticiper à l’évacuation de particules virales présentes sur la surface per malgré les stéroïdes topiques et la ciclosporine, il est
oculaire. possible d’envisager une application locale d’inhibiteur du
Une consultation de contrôle est nécessaire dans un délai de VEGF [43, 46, 74, 75] , notamment pour améliorer le pronostic d’une
5 à 7 jours pour vérifier l’efficacité clinique du traitement et en future greffe [76] . Là encore, il n’existe pas actuellement de consen-
adapter la durée. sus sur le meilleur type de traitement anti-angiogénique [47] . Il
faut cependant prendre garde de ne pas décompenser une kéra-
tite neurotrophique sous-jacente du fait des effets collatéraux des
Schémas thérapeutiques dans les kératites anti-VEGF sur les nerfs cornéens [77–79] .
stromales
L’objectif principal du traitement des kératites stromales varie Schémas thérapeutiques
en fonction de la forme clinique. Dans les formes nécrotiques,
l’urgence est de bloquer la réplication virale. Dans les formes non dans les endothélites
nécrotiques, le but est de bloquer la réaction immune antivirale,
On considère habituellement que les endothélites disciformes
cet objectif ne pouvant être atteint de façon pérenne qu’en rédui-
se rapprochent dans leur pathogénie des formes non nécrotiques
sant drastiquement la formation de nouvelles particules virales
de kératite stromale (part immune majeure en réponse à une répli-
dans un premier temps, puis en réduisant l’efficacité du système
cation virale modérée). Elles sont donc traitées comme elles, avec
immunitaire.
mise en place initiale d’un traitement antiviral oral, puis introduc-
tion dans un second temps d’une corticothérapie topique (sous
Formes nécrosantes couverture antivirale, jusqu’au sevrage complet).
Elles sont une urgence médicale, pour laquelle la logique À l’inverse, en raison du risque de perte endothéliale à court
est de proposer une hospitalisation pour mettre en place un terme, les endothélites linéaires sont traitées comme les formes
traitement par aciclovir intraveineux (5 à 10 mg/kg toutes les nécrotiques de kératite stromale, c’est-à-dire à l’aide d’un traite-
huit heures) [68, 69] . L’hospitalisation permet aussi de surveiller ment antiviral à forte dose, généralement par voie intraveineuse.
quotidiennement le patient, car le risque de fonte cornéenne Quant aux endothélites diffuses, elles représentent une forme
est réel dans cette situation. Les corticoïdes sont formelle- plus sévère que les disciformes mais moindre que les endothélites
ment contre-indiqués à ce stade. En revanche, une cycloplégie linéaires. On est donc souvent amené à débuter par un traitement
(atropine) permet de réduire les douleurs ciliaires, et des instil- oral à forte dose (valaciclovir 3 g/j, hors AMM) tout en maintenant
lations fréquentes de collyres mouillants permettent de réduire une surveillance rapprochée. Une réponse clinique insuffisante

4 EMC - Ophtalmologie
Atteintes herpétiques du segment antérieur de l’œil : aspects thérapeutiques  21-200-D-21

Figure 1. Proposition d’arbre


Kératite herpétique décisionnel concernant la place
des corticoïdes dans la prise en
charge des kératites herpétiques.

Atteinte Pas d’atteinte


épithéliale épithéliale

Pas de Stromale Endothélite Endothélite Endothélite Stromale


Archipels
stéroïdes nécrotique linéaire diffuse disciforme non nécrotique

Aciclovir Ou Valaciclovir per os


IV 2 à 6 comprimés/j

Stéroïdes topiques Quand début


à doses d’attaque d’amélioration

Quand disparition Récidive avant


de l’inflammation fin sevrage

Arrêt Pas de
Réduction stéroïdes récidive rapide
progressive
Paliers de 5–10 j
+
Valaciclovir per os 1re récidive
1 à 3 comprimés/j rapide 2e épisode < 1 an ?

2e récidive
rapide
Et Oui Non

Ciclosporine 2 % Prévention valaciclovir 1 comprimé/j Surveillance

incite alors à passer à un traitement intraveineux [68, 69] . La prise S’il s’agit d’une uvéite avec atteinte endothéliale importante
en charge des endothélites herpétiques est schématisée sur la (œdème cornéen diffus ou en secteur), il est logique d’instaurer un
Figure 1. traitement antiviral par voie intraveineuse. Le traitement est alors
calqué sur celui des endothélites herpétiques sévères, décrit ci-
dessus. Si l’uvéite antérieure herpétique associe des signes, même
minimes, d’atteinte du segment postérieur, les antiviraux intra-
 Conduite thérapeutique veineux sont aussi indispensables. La prise en charge sort alors du
contexte de cette revue [80] .
en période aiguë des uvéites Enfin, en cas d’iridocyclite sans anomalie du fond d’œil et
herpétiques sans atteinte endothéliale clinique, le traitement antiviral est
généralement débuté per os, à des doses d’attaque qui peuvent
La prise en charge des uvéites herpétiques dépend de la forme varier de 500 mg × 2/j à 1000 mg × 3/j pour le valaciclovir, ou de
clinique, c’est-à-dire de la présence ou non d’une kératite asso- 400 mg × 5/j à 800 mg × 5/j pour l’aciclovir. Historiquement, plu-
ciée. Celle des kérato-uvéites est le plus souvent calquée sur celle sieurs auteurs ont décrit l’efficacité des préparations antivirales
des kératites stromales non nécrotiques (cf. supra), y compris pour topiques dans cette indication, mais la pénétration intraoculaire
la séquence d’association entre antiviraux et corticoïdes. Il faut de ces formulations est nettement moindre que celle des traite-
cependant noter que si l’atteinte endothéliale est majeure, il est ments per os. Le risque est de ne pas bloquer suffisamment fort
préférable d’administrer les antiviraux par voie intraveineuse et et vite la réplication virale dans les tissus oculaires. En outre,
de n’introduire le traitement stéroïde que dans un second temps. l’efficacité de ces topiques sur le système nerveux (lieu de la réac-
Le traitement des uvéites antérieures sans atteinte cornéenne tivation herpétique) est nulle.
repose avant tout sur les antiviraux systémiques, l’introduction La surveillance clinique doit être très rapprochée, quotidienne
des corticoïdes étant souvent retardée par rapport à ce qui est au début, pour vérifier l’efficacité clinique (diminution de l’effet
pratiqué dans les kérato-uvéites et les kératites stromales non Tyndall, réduction rapide de l’hypertonie oculaire) et bien sûr
nécrotiques. En effet, la réplication intraoculaire de HSV peut l’absence d’apparition de lésions rétiniennes. Pendant cette
être très rapide, et le clinicien doit garder à l’esprit que la prin- période, on peut associer des collyres mydriatiques pour limi-
cipale complication de ces uvéites antérieures herpétiques est ter le risque de synéchies et introduire un collyre hypotonisant,
l’association à une rétinite nécrosante. en général un bêtabloquant ou un inhibiteur de l’anhydrase

EMC - Ophtalmologie 5
21-200-D-21  Atteintes herpétiques du segment antérieur de l’œil : aspects thérapeutiques

Tableau 2.
Principales indications du traitement préventif.
Situation Rationnel Principales références sur le
surrisque et/ou l’efficacité du
traitement préventif
[25, 26]
Récurrences spontanées (au moins trois kératites La réactivation d’HSV peut survenir en
épithéliales ou deux kératites stromales en 1 an) dehors de tout facteur déclenchant apparent
[90–92]
Kératoplastie Combinaison majeure des trois facteurs de
risque principaux de réactivation
herpétique : lésions
neuronales + inflammation
postopératoire + traitement topique par
corticoïdes
[93–100]
Chirurgie réfractive Idem
[101, 102]
Chirurgie de la cataracte Idem (mais risque moindre)
[103–105]
Chirurgie de l’iris et du trabéculum par laser Idem (mais risque moindre)
[106–110]
Exposition aux UV ou au froid, Traitement Stimulation de la réplication virale
indispensable par prostaglandines
[111–113]
Traitement par corticoïdes indispensable Baisse de l’immunité transitoire
Fièvre, anesthésie générale, maladie
intercurrente, etc.

HSV : herpes simplex virus ; UV : ultraviolets.

carbonique. Les analogues de prostaglandines et même les ago- Cette étude en deux temps a fourni trois informations
nistes adrénergiques doivent plutôt être évités en raison de leur majeures :
capacité à favoriser la réplication virale. • l’aciclovir à 800 mg/j en deux prises permet de réduire d’un
Une fois l’efficacité clinique clairement établie, en pratique facteur 2 la fréquence des récurrences herpétiques pendant la
après au moins 2 ou 3 jours, il est possible d’introduire un traite- période de traitement ;
ment corticoïde topique pour réduire plus encore l’inflammation • l’effet préventif antiviral cesse lorsque le traitement antiviral est
oculaire. Les collyres à la dexaméthasone ou la riméxolone sont interrompu ;
alors utilisés, à des doses de 6 à 12 gouttes par jour, tout en main- • il n’y a pas de rebond de la fréquence des récurrences herpé-
tenant une surveillance clinique forte (vérifier l’absence de reprise tiques lorsque le traitement antiviral est interrompu.
inflammatoire, qui traduirait un rebond de réplication virale favo- C’est sur la base de cette étude que l’aciclovir a obtenu en
risé par la corticothérapie). Lorsque l’œil est calme, la posologie 2000 une AMM, à la posologie de 800 mg/j en deux prises, dans
des corticoïdes est réduite progressivement, selon un schéma ana- l’indication de la prévention des récidives herpétiques chez les
logue à celui décrit ci-dessus dans les kératites stromales non patients ayant vécu au moins trois épisodes de kératite épithé-
nécrosantes. liale ou deux épisodes de kératite stromale en moins de 12 mois.
Les études de bioéquivalence entre aciclovir et valaciclovir [85] ont
conduit en 2001 à l’AMM du valaciclovir à la dose de 500 mg/j en
 Traitement préventif : principes une prise, pour le même type de patients.
Cependant, malgré toutes ses qualités scientifiques, l’étude
et modalités d’application HEDS ne permettait pas de répondre aux questions suivantes :
• une posologie d’aciclovir plus importante permet-elle de
Idéalement, le traitement préventif de l’herpès oculaire devrait réduire plus encore la fréquence des récurrences herpétiques ?
être capable de détruire le virus en l’état de latence dans les tissus • un traitement antiviral plus long que 12 mois reste-t-il efficace
sources (ganglion trigéminé, ganglion cervical supérieur), ou au dans ses effets préventifs ?
moins de bloquer totalement le processus biologique des récur- • ce type de traitement est-il aussi bénéfique chez les patients
rences herpétiques. Ces objectifs ne peuvent malheureusement moins gravement atteints que chez ceux sélectionnés dans
pas être atteints avec les traitements actuels. Les outils que nous l’étude (i.e. ceux avec moins de deux récurrences herpétiques
avons à disposition permettent toutefois de réduire de façon très par an) ?
significative le nombre de récurrences, et par là même le risque de Il n’existe malheureusement toujours pas de réponse scientifi-
perte d’acuité visuelle au long cours, et la réduction de la qualité quement indiscutable à ces questions, faute d’autres études fortes
de vie qui y est associée. en termes de méthodologie. Une étude non randomisée a suggéré
Les antiviraux oraux sont l’outil de premier choix dans la qu’un traitement plus long que 12 mois continue d’être efficace,
conduite préventive contre l’herpès oculaire. L’idée n’est pas en particulier chez les patients avec une histoire herpétique par-
récente, et des publications sur de petites séries de patients avaient ticulièrement lourde [86] . Il semble par ailleurs exister une relation
déjà posé les bases du concept dans les années 1990, notamment entre posologie et effet préventif [82] , certains patients pouvant
sous l’impulsion de Joseph Colin [81–84] . Les publications du groupe nécessiter des doses inférieures [87] , ou à l’inverse des doses supé-
HEDS ont définitivement convaincu les cliniciens de l’intérêt rieures. Il n’est d’ailleurs pas rare d’être amené à doubler les doses
de ce type de traitement [25, 26] . Brièvement, cette étude prospec- préventives chez les patients insuffisamment répondeurs à la dose
tive incluait 703 patients sélectionnés sur la base d’une histoire habituelle. Cette attitude, adoptée par la plupart des spécialistes de
d’herpès oculaire sévère, c’est-à-dire avec au moins deux épisodes cette maladie, est en cours d’évaluation par les autorités sanitaires
aigus dans les 12 mois précédant l’inclusion. Après randomisation, pour étendre l’AMM.
la moitié d’entre eux a été traitée pendant un an par aciclovir à De façon complémentaire, la poursuite de l’étude observation-
la dose de 800 mg/j en deux prises, tandis que l’autre moitié rece- nelle sur la population de Rochester (États-Unis) a conduit en 2010
vait un placebo. Les patients étaient examinés régulièrement (en à la publication de données intéressantes issues de la « vraie vie »,
double insu) et la fréquence des récidives herpétiques était notée. bien que par nature rétrospectives. Il apparaissait ainsi que les
À la fin de cette première période d’un an, le traitement de l’étude patients non traités de façon préventive malgré des antécédents
(aciclovir ou placebo) était arrêté dans les deux groupes, et une herpétiques développent entre huit et dix fois plus de récidive
observation simple des patients était mise en place pendant une herpétique que les patients traités [88] . Il est possible que cette plus
seconde période de six mois [25, 26] . forte activité préventive que celle observée dans l’étude HEDS

6 EMC - Ophtalmologie
Atteintes herpétiques du segment antérieur de l’œil : aspects thérapeutiques  21-200-D-21

soit liée à une prescription plus large que pour les seuls patients [12] Danve-Szatanek C, Aymard M, Thouvenot D, Morfin F, Agius G, Ber-
atteints d’au moins deux épisodes en moins de 1 an. Ainsi, ceux tin I, et al. Surveillance network for herpes simplex virus resistance to
ayant une maladie oculaire peu agressive pourraient être très antiviral drugs: 3-year follow-up. J Clin Microbiol 2004;42:242–9.
bien contrôlés, pratiquement sans récidive, lorsqu’ils reçoivent [13] Bodaghi B, Mougin C, Michelson S, Agut H, Dighiero P, Offret H,
un traitement antiviral préventif. Cette hypothèse reste toutefois et al. Acyclovir-resistant bilateral keratitis associated with mutations
à prouver. Cette étude soulignait aussi que l’absence de traitement in the HSV-1 thymidine kinase gene. Exp Eye Res 2000;71:353–9.
préventif est associée à un plus mauvais pronostic visuel puisque [14] Poirier RH, Kingham JD, deMiranda P, Annel M. Intraocular antiviral
penetration. Arch Ophthalmol 1982;100:1964–7.
65 % des patients présentant une acuité visuelle inférieure à 1/10
[15] Wilhelmus KR. The treatment of herpes simplex virus epithelial kera-
(liée à leur herpès oculaire) n’avaient jamais reçu de traitement titis. Trans Am Ophthalmol Soc 2000;98:505–32.
préventif. Notons à cet égard qu’une étude de génétique virale n’a [16] Colin J, Tournoux A, Chastel C, Renard G. Kératite herpétique
pas retrouvé de modification de la sensibilité des souches de HSV-1 superficielle. Traitement comparatif en double insu par aciclovir et
dans la population malgré l’utilisation d’antiviraux depuis plus de idoxuridine. Nouv Presse Med 1981;10:2969–70, 75.
30 ans [12, 72, 89] ; le risque du traitement préventif à l’échelle indi- [17] Collum LM, Benedict-Smith A, Hillary IB. Randomised double-blind
viduelle et à celui de la population semble donc modéré, surtout trial of acyclovir and idoxuridine in dendritic corneal ulceration. Br J
en comparaison de ses effets bénéfiques. Ophthalmol 1980;64:766–9.
L’AMM de l’aciclovir et du valaciclovir stipulent aussi qu’ils [18] Denis J, Thenault-Giono S, Ray-Cohen ML, Tournoux A, Pouliquen Y.
peuvent être prescrits à la même posologie (800 mg/j et 500 mg/j, Traitement de l’herpès oculaire en double-insu : Vira-A® et aciclovir.
respectivement) chez les patients avec des antécédents de Bull Soc Ophtalmol Fr 1983;83:25–9.
maladie herpétique oculaire et soumis à un facteur de réacti- [19] Colin J, Hoh HB, Easty DL, Herbort CP, Resnikoff S, Rigal D, et al.
vation potentielle. Ces différents facteurs ont été discutés dans Ganciclovir ophthalmic gel (Virgan; 0.15%) in the treatment of herpes
l’article 21-200-D-20 de l’EMC Ophtalmologie. De façon synthé- simplex keratitis. Cornea 1997;16:393–9.
[20] Hoh HB, Hurley C, Claoue C, Viswalingham M, Easty DL, Gold-
tique, ils peuvent être classés en deux catégories : ceux induisant
schmidt P, et al. Randomised trial of ganciclovir and acyclovir in the
directement la réplication virale, comme par exemple les lésions
treatment of herpes simplex dendritic keratitis: a multicentre study. Br
neuronales au cours d’une chirurgie, et ceux réduisant la qualité J Ophthalmol 1996;80:140–3.
de la réponse immunitaire dans l’œil ou le système nerveux, site [21] Tabbara KF, Al BN. Topical ganciclovir in the treatment of acute
initial de la réactivation. herpetic keratitis. Clin Ophthalmol 2010;4:905–12.
Le Tableau 2 [25, 26, 90–113] résume les situations dans lesquelles un [22] Croxtall JD. Ganciclovir ophthalmic gel 0.15%: in acute herpetic kera-
traitement antiviral peut être proposé à un patient déjà atteint titis (dendritic ulcers). Drugs 2011;71:603–10.
d’herpès oculaire. Dans ces situations, il est logique de pour- [23] Castela N, Vermerie N, Chast F, Sauvageon-Martre H, Denis J, Godard
suivre le traitement tant que persiste un facteur de réactivation V, et al. Ganciclovir ophthalmic gel in herpes simplex virus rab-
herpétique potentielle. La durée du traitement peut donc varier bit keratitis: intraocular penetration and efficacy. J Ocul Pharmacol
de quelques jours (exposition aux ultraviolets) à plusieurs mois 1994;10:439–51.
(jusqu’à la fin de la corticothérapie dans les suites d’une greffe de [24] Collum LM, McGettrick P, Akhtar J, Lavin J, Rees PJ. Oral acyclo-
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M. Labetoulle (marc.labetoulle@bct.aphp.fr).
Service d’ophtalmologie, Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France.
Laboratoire de virologie moléculaire et structurale, UMR 2472, CNRS, 91198 Gif-sur-Yvette, France.
A. Rousseau.
Service d’ophtalmologie, Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France.
T. Bourcier.
Service d’ophtalmologie, Nouvel hôpital civil, B.P. 426, 67091 Strasbourg, France.
EA7290, Institut de bactériologie, 3, rue Koeberlé, 67000 Strasbourg, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Labetoulle M, Rousseau A, Bourcier T. Atteintes herpétiques du segment antérieur de l’œil : aspects
thérapeutiques. EMC - Ophtalmologie 2014;11(1):1-9 [Article 21-200-D-21].

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Infosup 3
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