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Diagnostic biologique des conjonctivites


L. Batellier, S. Doan, F. Baudouin, P. Goldschmidt, C. Chaumeil

Les conjonctivites constituent un motif très fréquent de consultation. Les tableaux cliniques sont
nombreux et polymorphes et les étiologies variées : infectieuse (bactérienne, virale), allergique, liée à un
syndrome sec primitif ou secondaire, associée à une rosacée, etc. Si l’examen clinique et l’interrogatoire
suffisent à poser un diagnostic dans la majorité des cas, certaines situations aux aspects cliniques peu
évocateurs, ou accompagnées de critères de gravité ou de facteurs de risque, nécessitent la contribution
du laboratoire pour confirmer l’étiologie et permettre ainsi l’instauration d’un traitement adapté et
efficace. Différents examens biologiques, parmi lesquels la biologie moléculaire qui a pris une place
importante, peuvent alors être prescrits en fonction du tableau clinique. Certains d’entre eux peuvent être
effectués en routine de manière isolée ou dans le cadre d’un véritable bilan de la surface oculaire, d’autres,
plus spécialisés, comme la cytofluorimétrie sur empreintes conjonctivales ou la protéomique des larmes,
entrent dans le cadre de recherches clinicobiologiques. Cet article a pour but de faire le point sur toutes
ces méthodes et un arbre décisionnel des examens biologiques pouvant être prescrits en fonction du
tableau clinique y est proposé. Dans tous les cas, la collaboration entre le clinicien et le biologiste reste
primordiale, car elle conditionne la qualité de la prise en charge diagnostique et thérapeutique.
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Mots clés : Conjonctivite ; Diagnostic biologique ; Étiologie

Plan ■ Introduction : Un prélèvement


¶ Introduction : Un prélèvement en fonction
en fonction du contexte clinique
du contexte clinique 1
Les conjonctivites constituent un motif très fréquent de
Règles générales du prélèvement ophtalmologique 1
consultation. Les tableaux cliniques sont nombreux et poly-
Prélèvement dans le cadre des conjonctivites aiguës 2
morphes et les étiologies variées. Les conjonctivites les plus
Prélèvement au cours des conjonctivites chroniques 2
fréquentes dans les pays industrialisés sont d’origine infectieuse
¶ Diagnostic biologique des conjonctivites infectieuses 2 (virale ou bactérienne), allergique ou liées à un syndrome sec,
Flore conjonctivale commensale 2 le trachome restant la première cause de cécité évitable dans le
Conjonctivite bactérienne (sauf Chlamydiae) 3 monde. Elles peuvent être isolées ou associées à une atteinte
Conjonctivite à Chlamydiae 4 cornéenne dans certaines formes sévères. Le diagnostic étiologi-
Conjonctivite fongique 4 que d’une conjonctivite est d’abord fondé sur l’interrogatoire
Conjonctivite virale 5 qui précise les antécédents et l’anamnèse et sur l’examen
Conjonctivite parasitaire 5 clinique complet des yeux et des annexes (paupières, cils). Un
¶ Diagnostic biologique des conjonctivites allergiques 6 aspect clinique peu évocateur, des critères de gravité (échec
Objectiver les facteurs généraux 6 thérapeutique, suspicion de surinfection, etc.), des facteurs de
Objectiver les facteurs locaux 7 risque locaux (greffes, etc.), un contexte particulier (patient
monophtalme, nouveau-né, enfant, etc.) peuvent nécessiter des
¶ Diagnostic biologique d’une sécheresse oculaire 10 examens biologiques complémentaires pour poser le diagnostic
Examens locaux 10 étiologique et permettre ainsi d’instaurer un traitement efficace.
Examens biologiques systémiques du syndrome sec 14
¶ Diagnostic biologique des conjonctivites des blépharites
et de la rosacée oculaire 14 Règles générales du prélèvement
¶ Diagnostic biologique des conjonctivites fibrosantes 14 ophtalmologique
Détection des autoanticorps circulants 15
Techniques d’immunomarquage direct sur biopsie 15 La phase préanalytique est capitale, car elle conditionne la
qualité des résultats. Elle comprend plusieurs étapes essentielles :
¶ Conclusion 15
• la prescription médicale doit comporter les renseignements
cliniques essentiels et les traitements antérieurs et en cours,
lesquels sont indispensables, car ils orientent le choix des
techniques d’analyse et l’interprétation des résultats par le
biologiste ;

Ophtalmologie 1
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• le prélèvement doit être effectué si possible avant tout ophtalmologie. En effet, la mise au point de ces nouvelles
traitement ou après fenêtre thérapeutique de 48 heures pour techniques a permis d’améliorer considérablement le diagnostic
les examens microbiologiques. d’infections virales (Herpesviridae, adénovirus), à Chlamydiae et
Si le prélèvement ne peut être effectué au laboratoire, son parasitaires (toxoplasme et acanthamibes) tant au niveau de la
transport doit être le plus rapide possible. sensibilité que de la spécificité et du délai des résultats.
La fluorescéine et l’oxybuprocaïne sont des inhibiteurs de
Prélèvement dans le cadre polymerase chain reaction (PCR). Il est donc nécessaire de rincer
l’œil avec du NaCl 0,9 % stérile en dosettes avant le prélève-
des conjonctivites aiguës ment pour la PCR si ces molécules ont été utilisées pour
Une conjonctivite mucopurulente, collant les paupières le l’examen à la lampe à fente et les autres prélèvements [1]. En
matin au réveil, évoque une étiologie bactérienne. En général, outre, le prélèvement doit être réalisé dans des conditions
ces formes aiguës sont de diagnostic aisé et ne nécessitent des d’asepsie pour éviter une contamination qui pourrait conduire
examens microbiologiques que dans certaines situations à un résultat faussement positif.
particulières. La technique de PCR en temps réel consiste à mettre en
Une conjonctivite bilatérale le plus souvent en deux temps, évidence une séquence spécifique du génome recherché à l’aide
accompagnée ou non de fausses membranes, d’adénopathie d’amorces spécifiques complémentaires qui, une fois hybridées
satellite et évoluant généralement sous forme d’épidémie, est à celui-ci, permettent l’action de la polymérase et l’amplification
très évocatrice d’une conjonctivite virale à adénovirus. La mise de la séquence spécifique choisie. Cette amplification permet la
en évidence du virus sur le produit de grattage des conjonctives détection d’une faible quantité de génome cible. La PCR en
est alors utile pour poser le diagnostic et prendre des mesures temps réel étant quantitative, elle permet d’établir des seuils de
d’éviction car ces virus sont très contagieux. charges infectieuses. La quantification en parallèle du nombre
Une conjonctivite aiguë chez un nouveau-né peut avoir des de copies d’un gène humain permet de vérifier la présence de
étiologies diverses : bactérienne (gonocoque, Chlamydia), virale cellules dans le prélèvement et de valider ainsi la qualité de
(herpèsvirus) ou toxique au nitrate d’argent. Un examen celui-ci. L’utilisation d’un contrôle interne positif analysé en
microbiologique est souhaitable pour permettre un diagnostic parallèle pour chaque échantillon évite le risque de résultats
étiologique et instaurer un traitement spécifique. faussement négatifs liés à la présence d’inhibiteurs de PCR dans
Une conjonctivite saisonnière chez un sujet atopique, avec le milieu biologique et valide l’extraction.
prurit et/ou rhinite, est pathognomonique d’une allergie Une PCR positive signe la présence du génome bactérien,
saisonnière. L’interrogatoire et l’examen clinique sont, dans la viral ou parasitaire et non du micro-organisme vivant. Tout
grande majorité des cas, suffisants pour poser le diagnostic. résultat positif doit être interprété en fonction du contexte
clinique du patient.
Prélèvement au cours des conjonctivites
chroniques
Les conjonctivites chroniques sont représentées essentielle-
ment par les allergies perannuelles, vernales ou atopiques, les “ Point important
sécheresses oculaires et les blépharoconjonctivites, en particulier
la rosacée oculaire. L’intrication de ces différentes pathologies Quels examens biologiques pratiquer dans le
ainsi que des phénomènes toxiques associés induits par les cadre d’une conjonctivite infectieuse ?
collyres contenant des conservateurs rendent souvent leur • Conjonctivite aiguë a priori infectieuse : en présence de
diagnostic étiologique difficile et c’est dans ces cas souvent facteurs aggravants (échec thérapeutique, critères de
complexes que des examens biologiques peuvent s’avérer utiles. gravité locaux ou généraux, cas particuliers) : examen
Ils comprennent la recherche d’une sécrétion locale d’immuno- microbiologique du frottis conjonctival.
globulines E (IgE) et l’examen des sécrétions conjonctivales dans
• Conjonctivite aiguë a priori virale, en présence de
les suspicions d’allergie, l’électrophorèse des protéines lacryma-
critères de gravité et en cas de notion d’épidémie :
les et l’étude cytologique de l’empreinte conjonctivale dans les
syndromes secs, mais aussi dans des étiologies inflammatoires, recherche d’adénovirus par technique PCR sur raclage
la recherche de Demodex sur un prélèvement de cils au cours des conjonctival.
blépharoconjonctivites. • Conjonctivite aiguë ou chronique avec suspicion
Certaines conjonctivites infectieuses, en particulier la d’origine chlamydienne : recherche de Chlamydiae par
conjonctivite à Chlamydiae de l’adulte, peuvent évoluer sous technique PCR sur raclage conjonctival.
forme chronique. Le diagnostic est alors difficile et la biologie • Conjonctivite chronique avec blépharite, meibomite,
moléculaire prend ici toute son importance pour mettre en rosacée : recherche de Demodex au niveau des cils.
évidence le génome de la bactérie à l’intérieur des cellules
conjonctivales.
Devant un tableau de conjonctivite fibrosante ou de lésions
conjonctivales atypiques, une biopsie conjonctivale s’avère
parfois nécessaire pour poser le diagnostic.
Flore conjonctivale commensale
Certains conservateurs contenus dans les collyres (thimérosal, La conjonctive est ouverte sur l’extérieur et constamment
chlorhexidine, benzalkonium en particulier) sont connus pour contaminée par la flore commensale cutanée adjacente et les
leurs propriétés allergisantes et/ou leur toxicité conjonctivale bactéries de l’oropharynx. Variable dans le temps, cette flore est
responsable de conjonctivite chronique et de fibrose. Le le résultat d’un équilibre entre, d’une part, les contaminations à
diagnostic de ces conjonctivites iatrogènes est essentiellement partir du milieu environnant qui sont fonction du lieu géogra-
clinique et l’arrêt d’utilisation du conservateur constitue un bon phique et du climat et, d’autre part, les défenses locales qui sont
test diagnostique. influencées par l’âge du sujet, le port de lentilles de contact, une
pathologie oculaire sous-jacente. L’interprétation des résultats des
■ Diagnostic biologique prélèvements microbiologiques doit tenir compte de cette flore
commensale. En effet, la présence de quelques bactéries, levures
des conjonctivites infectieuses ou champignons filamenteux sur la conjonctive est physiologi-
que. Une culture conjonctivale positive peut ainsi être retrouvée
En préambule, nous insisterons sur l’intérêt des techniques de chez plus de la moitié des sujets sains [2]. La composition de cette
biologie moléculaire dans le domaine de l’infectiologie en flore varie selon différentes situations.

2 Ophtalmologie

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Chez l’adulte sain non porteur de lentilles de contact [3], les


cocci à Gram positif représentent 90 % à 96 % de la flore
conjonctivale. Il s’agit surtout de staphylocoques, pour l’essen-
tiel coagulase négative, et en particulier Staphylococcus epidermi-
dis. Viennent ensuite Staphylococcus aureus, les streptocoques et
les entérocoques. Les bacilles à Gram négatif sont le plus
souvent des germes du tractus oto-rhino-laryngologique (ORL)
(Haemophilus) et des entérobactéries. Les bacilles à Gram positif
les plus fréquents sont Propionibacterium acnes et des corynebac-
téries. Des levures et/ou des champignons filamenteux peuvent
être également présents sur la conjonctive, apportés par la flore
cutanée adjacente et par l’environnement. Une étude effectuée
en région parisienne sur la flore conjonctivale de 217 sujets
montre la présence de champignons dans 4 % des prélèvements
dont 53 % de levures et 47 % de champignons filamenteux [4].
Chez l’adulte sain porteur de lentilles de contact souples
hydrophiles, la flore est souvent modifiée, la flore prédominante
correspond aux bactéries retrouvées dans les boîtiers des lentilles
Figure 1. Coloration au May-Grünwald-Giemsa (MGG) des sécrétions
de contact. Les bacilles à Gram négatif deviennent largement
conjonctivales : aspect inflammatoire à polynucléaires neutrophiles.
majoritaires, les plus fréquents étant les Pseudomonas, les Serratia
et les entérobactéries [5]. Les champignons filamenteux seraient
également plus nombreux.
Chez l’enfant de moins de 6 ans, la flore conjonctivale est Chez les porteurs de lentilles de contact, un examen bacté-
proche de sa flore ORL. Certains germes comme les streptoco- riologique des lentilles de contact et de leur boîtier peut
ques, en particulier Streptococcus pneumoniae, ou Haemophilus permettre de retrouver l’agent causal de l’infection, particuliè-
influenzae sont plus fréquents [6]. rement lorsqu’un traitement antibiotique a été démarré.
Chez les patients atteints de dermatite et/ou de kératocon-
jonctivite atopiques, une colonisation cutanée ou palpébrocon- Traitement des échantillons et résultats
jonctivale par Staphylococcus aureus est fréquente [7].
Les patients hospitalisés de façon répétitive ou en long séjour Un prélèvement bactériologique doit comporter un examen
sont plus souvent porteurs de bactéries multirésistantes (BMR) au direct et une mise en culture. Si la culture est positive, une
niveau des conjonctives qui pourront, à la suite de facteurs identification du germe et un antibiogramme doivent être
favorisants, être responsables d’infections de la surface oculaire [8]. pratiqués, selon les recommandations du Comité de l’antibio-
gramme de la Société française de microbiologie [10].
Conjonctivite bactérienne
Examen direct
(sauf Chlamydiae)
L’examen microscopique direct d’une lame après coloration
Une conjonctivite d’origine bactérienne ou accompagnée de May-Grünwald-Giemsa (MGG) permet l’étude cytologique
d’une surinfection bactérienne se traduit par un œil rouge, des sécrétions. Chez le sujet asymptomatique, elles sont formées
larmoyant, une sensation de gêne et la présence de sécrétions de cellules épithéliales desquamées accompagnées éventuelle-
purulentes. ment de quelques polynucléaires neutrophiles, car il existe une
Certaines situations peuvent nécessiter un examen microbio- diapédèse physiologique au niveau de la conjonctive. La
logique : présence de très nombreux polynucléaires neutrophiles accom-
• échec thérapeutique ; pagnés ou non de macrophages oriente vers une conjonctivite
• présence de critères de gravité locaux (greffés) ou suspicion de bactérienne aiguë (Fig. 1) tandis que, dans les formes chroni-
surinfection d’une pathologie conjonctivale ou cornéocon- ques, les cellules macrophagiques prédominent.
jonctivale d’autre origine ; L’origine bactérienne est confirmée si cette cytologie
• présence d’un facteur de gravité général (immunodépression, s’accompagne d’une flore bactérienne très abondante et prati-
diabète, etc.) ou situation particulière (postopératoire, quement monomorphe. L’évaluation qualitative et semi-
nouveau-né, monophtalme). quantitative des germes présents permet une première
orientation : cocci isolés, en amas (staphylocoques), en chaînet-
Prélèvement tes (streptocoques), coccobacilles, bacilles. Une coloration de
Le prélèvement est effectué idéalement avant tout traitement Gram est alors effectuée sur une deuxième lame ou sur la même
antibiotique local et/ou général qui risque de compromettre ou lame après décoloration du MGG.
de retarder les résultats de l’examen microbiologique, ou sinon
Culture
après une fenêtre thérapeutique d’au moins 48 heures. La toilette
faciale doit être évitée avant l’examen pour conserver le maxi- Les milieux ensemencés sont placés à l’étuve à 37 °C en
mum de sécrétions, de même que les produits de maquillage qui atmosphère enrichie en CO2 pour les milieux gélosés. La culture
peuvent rendre la lecture de l’examen direct difficile. permet l’isolement et l’identification des bactéries, pour la plupart
En pratique, deux frottis conjonctivaux sont effectués avec en 24 à 72 heures. Si la culture est positive, un antibiogramme
des écouvillons stériles à usage unique, en coton ou mieux en adapté est réalisé. Idéalement, il teste les antibiotiques utilisés en
alginate, en frottant doucement la conjonctive inférieure de ophtalmologie, en particulier sous forme de collyres ainsi que
l’angle externe vers l’angle interne jusqu’au cul-de-sac où sont ceux nécessaires à l’interprétation du profil de résistance. Pour
recueillies les sécrétions mucopurulentes conjonctivales [9]. Le affirmer l’origine bactérienne d’une conjonctivite, il faut que la
premier prélèvement est ensemencé sur un milieu gélosé non culture soit pratiquement monomorphe et que la densité du
sélectif enrichi et, dans certains cas, un milieu liquide enrichi. germe sur le milieu soit importante, en particulier si le germe
Si le prélèvement ne peut être transporté rapidement au isolé est un commensal de la flore conjonctivale.
laboratoire, il peut être effectué sur un milieu de transport Les germes le plus souvent en cause dans les conjonctivites
permettant de le transmettre dans les meilleures conditions. Un purulentes de l’adulte non porteur de lentilles sont les cocci à
deuxième prélèvement est étalé en couche mince sur une ou Gram positif : Staphylococcus aureus (49 %) et les streptocoques
deux lames cerclées pour l’examen direct, d’autant plus utile oraux dont Streptococcus pneumoniae (12 %). Puis sont retrouvés
qu’un traitement a déjà été instauré. les entérobactéries (13 %), des corynébactéries, Moraxella,

Ophtalmologie 3
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Pour le diagnostic des conjonctivites folliculaires à Chlamydiae


12,50 % de l’adulte ou du nouveau-né, l’examen direct n’est pas assez
sensible et la recherche doit être faite par culture ou, mieux
1,50 %
encore, par technique de biologie moléculaire (PCR) qui
représente aujourd’hui la technique de choix.
Après rinçage de l’œil avec du NaCl 0,9 % stérile en dosette,
à l’aide d’un grattoir adapté stérile manipulé avec des gants sans
talc, il convient de racler délicatement sans faire saigner les
12 % 49 % conjonctives palpébrales inférieures et surtout supérieures après
avoir retourné la paupière (quatre allers-retours) en insistant au
niveau des follicules s’il y en a.
Pour la recherche par PCR, le grattoir est transféré dans un
tube spécifique pour PCR (acide désoxyribonucléique [ADN] et
acide ribonucléique [ARN]-free) et congelé rapidement à – 80 °C.
Pour un examen direct, le produit de raclage est étalé douce-
ment en couche mince sur deux lames pour microscopie.
13 % Pour un isolement en culture cellulaire, le grattoir est
transféré dans un milieu de transport spécifique pour Chlamy-
diae préchauffé à 37 °C.

Traitement des échantillons et résultats


12 %
La PCR est aujourd’hui la technique la plus sensible préconi-
Staphylococcus aureus sée dans les conjonctivites à Chlamydiae en dehors du trachome.
Streptocoques oraux dont S. pneumoniae
Entérobactéries Examen direct
Corynébactéries, Moraxella, Acirnetobacter La cytologie du grattage conjonctival après coloration
Haemophilus au MGG montre la présence de nombreux lymphocytes accom-
Autres : Neisseria gonorrhoae, N. meningitidis, pagnés ou non de macrophages. Cette réaction non spécifique
Pasteurella, etc. peut être également vue dans les conjonctivites virales ou
allergiques. La présence évocatrice de cellules à inclusions n’est
Figure 2. Fréquence en pourcentage des germes impliqués dans les visible que dans les stades du trachome. Si cet examen présente
conjonctivites purulentes de l’adulte. un intérêt dans le dépistage de masse du trachome dans les
zones d’endémie, il est en revanche très peu sensible dans les
conjonctivites folliculaires à Chlamydiae au cours desquelles les
prélèvements ophtalmologiques sont très pauvres en inclusions
Acinetobacter (12 %), Haemophilus (1,5 %). D’autres espèces spécifiques et les sources d’erreur nombreuses.
bactériennes sont plus rarement en cause : Neisseria gonorrheae,
Neisseria menigitidis, Pasteurella, etc. (Fig. 2). Méthodes directes de détection d’inclusions ou d’antigènes
Chez le sujet porteur de lentilles de contact, les infections dans les produits pathologiques (immunofluorescence
bactériennes sont plus souvent dues à des bactéries à Gram ou « enzyme-linked immunoabsorbent assay » [Elisa])
négatif, en particulier aux Pseudomonas. Si ces tests sont utilisables pour le diagnostic des infections
Chez le nouveau-né, la contamination provient généralement urogénitales à Chlamydia trachomatis, ils sont très peu perfor-
d’une infection urogénitale de la mère : Neisseria gonorrhoeae, mants dans les prélèvements conjonctivaux qui, hors trachome,
Staphylococcus aureus, streptocoques et bactéries à Gram négatif. contiennent peu de corps bactériens et peuvent donner des
Chez l’enfant, Haemophilus influenzae et Streptococcus pneumo- résultats négatifs par défaut.
niae sont le plus souvent en cause ainsi que, dans une moindre
proportion, Staphylococcus aureus et Moraxella catarrhalis, avec Culture cellulaire
des variations saisonnières. Dans le cas de conjonctivite
purulente, la suspicion d’infection par Neisseria gonorrhoeae ou Après isolement sur cellules HeLa 229 pendant 72 heures,
Neisseria meningitidis rend l’examen microbiologique l’identification des souches isolées se fait par coloration,
indispensable. immunofluorescence ou technique immunoenzymatique et un
typage peut être réalisé après enrichissement. La spécificité de la
technique est excellente (voisine de 100 %), mais sa sensibilité
Conjonctivite à Chlamydiae varie de 65 % à 85 % et dépend de la qualité des prélèvements,
de la charge bactérienne, des conditions de leur transport et de
Chlamydia trachomatis est responsable de plusieurs pathologies leur conservation.
ophtalmologiques distinctes : le trachome (sérotypes A, B et C),
la conjonctive à inclusions de l’adulte jeune ou du nouveau-né Recherche du génome bactérien par « polymerase chain
(sérotypes D à K) dans un contexte de maladies sexuellement reaction » [12-15]
transmissibles (MST), la conjonctivite du lymphogranulome
Cette technique est de plus en plus répandue et devient la
vénérien (sérotypes L1 à L3) et du syndrome de
technique de référence en ophtalmologie de par sa sensibilité
Fiessinger-Leroy-Reiter [11].
avoisinant les 100 %, sa spécificité largement supérieure à 95 %
et sa rapidité d’exécution. L’extraction de l’ADN génomique est
Prélèvement effectuée à partir du produit de grattage puis une PCR en temps
Les Chlamydiae sont des bactéries à Gram négatif à croissance réel est réalisée pour la détection d’ADN de Chlamydiae.
exclusivement intracellulaire. La richesse cellulaire du prélève-
ment conjonctival est donc capitale, car elle conditionne la Conjonctivite fongique
qualité du résultat.
Le prélèvement doit idéalement être réalisé avant tout Les infections d’origine fongique de la surface oculaire sont
traitement antibiotique, à la lampe à fente ou sous une source rarement des conjonctivites isolées. Elles sont le plus souvent
fiable de lumière artificielle et une loupe binoculaire. associées à des kératomycoses qui se développent après un

4 Ophtalmologie

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traumatisme avec un corps étranger d’origine végétal ou L’examen direct est effectué après raclage conjonctival de la
tellurique ou sont liées aux microtraumatismes associés au port lésion à l’éponge ophtalmologique et étalement sur une lame
de lentilles de contact ou à une immunodépression. Elles sont cerclée.
dues à des levures ou à des champignons filamenteux de La culture ou la recherche par PCR imposent le port de gants
l’environnement. Un examen mycologique spécifique n’est sans talc. La conjonctive est raclée à l’aide d’une éponge
effectué qu’en seconde intention en cas d’échec thérapeutique, ophtalmologique stérile et les sécrétions sont recueillies dans le
de facteurs de risque (lésion par un végétal, sujet immunodé- cul-de-sac conjonctival. S’il existe des fausses membranes, il faut
primé) ou de facteurs aggravants (atteinte cornéenne). en récupérer un morceau. Après avoir coupé la tige de l’éponge
avec des ciseaux stériles, l’éponge est introduite dans le milieu
Prélèvement de transport pour virus préalablement remis à température
Le prélèvement est effectué de préférence avant toute admi- ambiante.
nistration de collyre anesthésique (oxybuprocaïne ou autre) avec Si nécessaire, un prélèvement de larmes et de sérum peut être
conservateur, car ce dernier inhiberait la croissance des cham- effectué à la recherche d’une sécrétion locale d’anticorps anti-
pignons. Les unidoses n’en contiennent pas. En pratique, on HSV ou VZV.
effectue deux frottis conjonctivaux. Le premier prélèvement est
ensemencé sur un milieu de culture sélectif pour champignons Traitement des échantillons et résultats
et levures avec antibiotique et sans inhibiteur. Le second
prélèvement est étalé en couche mince sur une ou deux lames Examen direct
cerclées pour l’examen direct.
L’examen direct sur lame après coloration au MGG montre
Chez les porteurs de lentilles de contact, un examen myco-
une réaction inflammatoire aspécifique classiquement lympho-
logique des lentilles de contact et de leur boîtier peut s’avérer
cytaire ou lymphohistiocytaire.
utile, permettant de retrouver l’agent causal de l’infection.
Techniques immunologiques de détection d’antigènes viraux
Traitement des échantillons et résultats
La sensibilité de ces techniques rapides (immunofluorescence
Examen direct directe ou Elisa) est très dépendante de la richesse du prélèvement
La coloration de MGG effectuée en dépistage colore assez mal en particules virales. Celui-ci est généralement peu riche en
les champignons. En cas de doute, la coloration de Grocott est dehors des kératoconjonctivites épidémiques à adénovirus [16-18].
utilisée après décoloration du MGG. La présence de nombreuses
levures ou de filaments mycéliens accompagnée d’une cytologie Culture virale
riche en polynucléaires neutrophiles et/ou en macrophages, Après isolement du virus en culture cellulaire, celui-ci est
dans un contexte clinique évocateur, peut faire suspecter une identifié par immunomarquage. Cette technique est supplantée
infection fongique. par la PCR, beaucoup plus rapide, aussi spécifique et de sensi-
bilité souvent supérieure.
Culture
Le milieu est gardé en observation à l’étuve à 30 °C pendant Recherche du génome viral par « polymerase chain
14 jours. Si la culture est positive, une identification du reaction » [19-22]
champignon et la mesure des concentrations minimales inhibi-
trices (CMI) des principaux antifongiques utilisés en ophtalmo- La recherche du génome viral par PCR est aujourd’hui
logie sont réalisées. L’interprétation du résultat doit être faite en pratiquée en routine par certains laboratoires pour les herpèsvi-
fonction du contexte clinique, car la présence d’une colonie sur rus (Herpes simplex, varicelle-zona virus, cytomégalovirus [CMV])
un seul milieu de culture peut simplement indiquer la présence et les adénovirus. De nouvelles techniques de PCR dites « en
de spores de champignons filamenteux ou de levures dans la multiplex » permettent la détection simultanée des génomes de
flore conjonctivale saprophyte. Un second prélèvement doit être Chlamydia trachomatis, Herpes simplex et adénovirus ou de
effectué pour confirmer le caractère permanent de la levure ou différents Herpes viridiae (HSV, VZV, Epstein-Barr virus [EBV],
du champignon en cause avant d’entreprendre un traitement cytomégalovirus, HHV6) sur un frottis conjonctival.
spécifique.
Dosage d’anticorps spécifiques

Conjonctivite virale Si la sérologie seule présente peu d’intérêt, la recherche d’une


sécrétion locale d’anticorps de type IgG dans les larmes peut
Les conjonctivites virales sont liées essentiellement à une être effectuée en cas de suspicion d’herpès au cours de patho-
contamination par voie exogène. Il s’agit avant tout de conjonc- logies chroniques.
tivites épidémiques à adénovirus (ADV). D’autres virus peuvent
être également responsables d’atteintes conjonctivales, le plus
souvent accompagnées de lésions cornéennes : les virus Herpes Conjonctivite parasitaire
simplex (HSV) 1 et 2, le varicelle-zona virus (VZV) et certains virus
de la famille des Picornaviridae (entérovirus et virus coxsackie) Les parasitoses de localisation conjonctivale peuvent être dues
responsables de conjonctivites épidémiques. Certaines infections à des nématodes : la filaire adulte de Loa loa est extraite lors de
virales systémiques peuvent avoir des manifestations conjoncti- son passage au niveau de la conjonctive. Onchocerca volvulus est
vales : rubéole, rougeole, varicelle, oreillons, grippe, mononu- rarement responsable de conjonctivite. Les renseignements
cléose infectieuse, arboviroses. Seules les recherches d’adénovirus, cliniques et la notion de séjour en zone d’endémie doivent être
d’Herpes simplex virus 1 et 2 ou de varicelle-zona virus sont impérativement transmis au laboratoire.
effectuées en routine au niveau des prélèvements conjonctivaux, La conjonctive peut être aussi la porte d’entrée de larves de
les autres recherches restent exceptionnelles. mouches (myiases) [23]. L’implication de Demodex folliculorum,
acarien des follicules ciliaires, peut être discutée dans la
Prélèvement blépharoconjonctivite de la rosacée et de la dermite
De même que pour les Chlamydiae, la qualité du prélèvement séborrhéique.
est déterminante, car elle conditionne le résultat, la richesse Les microsporidies, en particulier le genre Encephalitozoon,
cellulaire en est le témoin. Les adénovirus sont très résistants, sont des protozoaires ubiquitaires responsables de kératocon-
les herpèsvirus sont au contraire des virus enveloppés fragiles et jonctivites très rares chez les sujets immunocompétents, mais
nécessitent un milieu de transport adapté. plus fréquentes chez les patients immunodéprimés [24].

Ophtalmologie 5
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21-130-B-10 ¶ Diagnostic biologique des conjonctivites

Prélèvement
Filaire adulte
Après application topique d’un collyre anesthésique immobi-
lisant la filaire, celle-ci peut être extraite de la conjonctive à
l’aide d’une pince et placée dans un pot stérile apporté rapide-
ment au laboratoire où elle sera identifiée par ses caractères
macroscopiques. Un prélèvement sanguin sera réalisé entre
10 heures et 15 heures pour quantifier la microfilarémie avant
traitement et effectuer une numération-formule sanguine.

Myiases
Après application topique d’un collyre anesthésique, toutes
les larves doivent être enlevées une à une à la pince et déposées
dans un pot stérile apporté rapidement au laboratoire.

Demodex folliculorum
Huit à dix cils répartis sur les paupières supérieures et
Figure 3. Observation au microscope optique d’un Demodex folliculo-
inférieures sont prélevés à la pince et déposés dans un pot rum à la base d’un cil.
stérile apporté rapidement au laboratoire.

Microsporidies
Un prélèvement conjonctival avec un grattoir pour Chlamy-
■ Diagnostic biologique
diae est immédiatement placé dans un tube pour PCR. Un des conjonctivites allergiques
deuxième grattage avec un vaccinostyle et des étalements
minces sur deux lames sont pratiqués pour un examen direct. Le diagnostic biologique d’une conjonctivite allergique
comprend plusieurs étapes :
• objectiver les facteurs généraux : la mise en évidence d’une
Traitement des échantillons et résultats
sensibilisation à un ou plusieurs allergènes définis ou non
Filaire adulte repose sur la recherche d’une éosinophilie sanguine, le dosage
des IgE sériques totales et spécifiques, les prick-tests et/ou
Le diagnostic est posé par l’identification macroscopique du patch-tests ;
parasite. Une numération-formule sanguine permet, outre la • objectiver les facteurs locaux : la mise en évidence d’une
recherche d’une hyperéosinophilie qui peut cependant être sécrétion locale d’IgE lacrymales et/ou l’éosinophilie
absente, la recherche de microfilaires sur un frottis mince coloré conjonctivale signent une sensibilisation conjonctivale. Le
au MGG. L’identification et le dénombrement de microfilaires test de provocation conjonctivale signe une réaction allergi-
de Loa loa permettent de décider du protocole thérapeutique. que locale à un allergène précis.
Un traitement intempestif par l’ivermectine chez des patients
ayant une forte microfilarémie peut entraîner des complications Objectiver les facteurs généraux
neurologiques graves, parfois mortelles (encéphalopathie
thérapeutique), liées aux réactions anaphylactiques dues à la L’éosinophilie sanguine est en faveur d’un terrain atopique
lorsqu’elle est supérieure à 500 éléments/mm3 chez l’adulte
libération massive d’antigènes lors de la lyse des microfilaires.
(400/mm 3 chez l’enfant), mais elle est inconstante et non
Myiases spécifique, car elle peut être élevée dans les parasitoses, les
maladies infectieuses, les hémopathies, etc.
Le diagnostic est posé sur l’identification macroscopique du Les IgE totales sériques sont augmentées chez les sujets
parasite. atopiques et en cas de polysensibilisation. Chez un patient
suspect cliniquement d’allergie avec des tests cutanés négatifs,
Demodex folliculorum le taux d’IgE totales sériques est intéressant pour confirmer
l’absence d’allergie en cas de valeur basse. Mais ce dosage n’est
Après addition éventuelle d’hydroxyde de potassium à 20 % ni sensible ni spécifique : on estime que 20 % des sujets
qui présente l’avantage de dissoudre le meibum dans lequel le allergiques ont des IgE totales normales et 20 % des sujets ayant
parasite peut être englué, les cils sont observés au microscope des IgE totales élevées ne sont pas allergiques. Des IgE totales
optique entre lame et lamelle et le nombre d’acariens est élevées peuvent évoquer d’autres maladies que l’allergie,
comptabilisé en fonction du nombre de cils observés (Fig. 3). Ce notamment les helminthiases ou certaines maladies telles que la
parasite est présent en petite quantité de façon asymptomatique maladie de Hodgkin, la sarcoïdose, etc. Dans le cadre des
chez de très nombreux individus adultes. Le nombre de porteurs conjonctivites allergiques, ce dosage est indispensable pour
sains augmente avec l’âge. Sa pathogénicité reste controversée, interpréter le résultat des IgE lacrymales.
mais il pourrait agir comme cofacteur dans la rosacée et La présence d’IgE spécifiques sériques vis-à-vis d’un allergène
certaines blépharites chroniques. indique la sensibilisation du sujet à cet allergène, sachant que
sensibilisation n’est pas obligatoirement synonyme d’allergie. En
Microsporidies outre, il existe de fréquentes réactivités croisées entre plusieurs
allergènes, pouvant amplifier le résultat, voire créer de faux
La principale méthode diagnostique est l’examen microscopi- positifs. L’utilisation d’allergènes recombinants devrait pallier ce
que optique avec des colorations particulières (trichrome modifié problème.
selon Weber) ou utilisation de fluorochromes. Il peut être Des tests multiallergéniques de dépistage détectent les IgE
complété par de la microscopie électronique ou des techniques de spécifiques dirigées contre des mélanges de pneumallergènes ou
détection antigénique. La méthode de détection par amplification de trophallergènes [25].
génique (PCR) est de loin la plus sensible et la plus spécifique, La recherche d’IgE spécifiques vis-à-vis d’un allergène donné
mais elle est réservée à des laboratoires spécialisés. est effectuée par une technique immunologique, le choix de

6 Ophtalmologie

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Diagnostic biologique des conjonctivites ¶ 21-130-B-10

l’allergène est fonction des renseignements issus de l’interroga-


toire du patient et du reste du bilan allergologique. Les résultats
sont rendus en titre (kU/l), la notion de classe tendant à être
abandonnée. En pathologie oculaire, on peut considérer comme
critère de sensibilisation tout dosage d’IgE spécifiques supérieur
à 0,35 UI/ml [26].
Les tests cutanés permettent d’objectiver une sensibilisation
cutanée à un allergène précis :
• réaction allergique immédiate avec les prick-tests (hypersensi-
bilité de type I). Les antigènes testés sont en général des
pneumallergènes comme les pollens, les acariens, les moisis-
sures, les poils d’animaux ;
• réaction d’allergie retardée de contact avec les patchs-tests
(hypersensibilité de type IV). Les allergènes testés sont des
allergènes de contact (métaux, résines, solvants, produits
cosmétiques, collyres, conservateurs).
Selon un rapport de la Haute Autorité de santé, les prick-tests
et les IgE spécifiques sont souvent pris en défaut pour confirmer
la nature allergique des conjonctivites chroniques isolées [27].

Objectiver les facteurs locaux


Le bilan biologique d’une conjonctivite allergique comprend
la recherche d’une sécrétion locale d’IgE dans les larmes, l’étude
cytologique des sécrétions conjonctivales et le test de provoca-
tion conjonctivale. Il peut être utile dans les formes perannuel-
les chroniques ou dans certaines kératoconjonctivites vernales et
atopiques pour poser un diagnostic étiologique et instaurer un Figure 4. Matériel nécessaire au prélèvement de larmes : pipette de
traitement spécifique. Il est surtout préconisé dans les conjonc- transfert, microtube, gants, oignon.
tivites chroniques atypiques de l’adulte, sans orientation
clinique ou les formes dites « frontières » de l’allergie, en
association avec les autres examens biologiques permettant
d’identifier et d’évaluer les différents mécanismes associés dans
la pathologie de la surface oculaire : allergie, sécheresse,
inflammation, surinfection.
La recherche de nouveaux marqueurs et le développement de
nouvelles techniques devraient permettre d’améliorer sensible-
ment le diagnostic biologique de conjonctivite allergique dans
les années à venir.

Recherche d’une sécrétion locale


d’immunoglobulines E dans les larmes
La mise en évidence d’une sécrétion locale d’IgE totales au
niveau conjonctival signe une sensibilisation conjonctivale sans
préjuger du ou des allergènes en cause.

Techniques de prélèvement de larmes


Au cours des réactions inflammatoires conjonctivales, la
barrière hématolacrymale est souvent altérée, laissant transsuder
les protéines sériques dans les larmes en fonction du degré de Figure 5. Prélèvement de larmes à la pipette de transfert : aspiration au
l’inflammation. Le seul dosage des IgE totales lacrymales n’est pas niveau du cul-de-sac conjonctival inférieur.
suffisant pour permettre de conclure à une réaction allergique
locale. Il faut pouvoir différencier dans les larmes les IgE filtrées
provenant du secteur vasculaire des IgE sécrétées localement.
Deux techniques de prélèvement de larmes sont utilisées : le Prélèvement à la bandelette de nitrocellulose [28] . Les
prélèvement à la pipette et le prélèvement sur bandelette de larmes sont directement collectées par capillarité sur une
nitrocellulose. bandelette de buvard type Schirmer, ce qui rend le prélèvement
Prélèvement des larmes à la pipette. Cette technique de plus facile et moins long. Cette technique ne permet pas de
prélèvement qui constitue la technique de référence présente mesurer avec précision le volume prélevé d’où une détection des
des avantages importants grâce au volume précis de larmes IgE totales semi-quantitative et de sensibilité très inférieure [29].
prélevé : elle permet la mesure des IgE de façon quantitative et En outre, elle ne permet pas de faire la part entre les IgE filtrées
avec précision ainsi que la prise en compte des IgE transsudées et les IgE dosées. Un résultat peut être ainsi faussement positif
du sérum vers les larmes à travers une conjonctive inflamma- en cas d’inflammation importante par transsudation d’IgE
toire. Le prélèvement doit être effectué avant l’utilisation sériques à travers la barrière hématolacrymale.
d’anesthésique local qui diminue la production de larmes. Les
Dosage des IgE lacrymales totales (à partir du prélèvement
larmes sont aspirées au niveau du cul-de-sac conjonctival
à la pipette)
inférieur avec une pipette de transfert en plastique stérile à
usage unique, transférées dans un microtube, centrifugées Les IgE totales lacrymales et sériques sont dosées par une
10 minutes à 3 000 tours/min pour éliminer sécrétions et technique immunoenzymatique ultrasensible (UniCAP®) [30, 31].
maquillage puis conservées à + 4 °C avant analyse (Fig. 4, 5). Le seuil de détection est de 0,10 kU/l. À ce dosage s’ajoute celui
Un prélèvement sanguin est effectué en parallèle. de l’albumine dans les larmes et le sérum. Cette dernière n’est

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21-130-B-10 ¶ Diagnostic biologique des conjonctivites

Tableau 1.
Calcul du rapport R = immunoglobulines E (IgE) totales lacrymales
dosées/filtrées et interprétation du résultat.
Mode de calcul
Coefficient de filtration C = albumine lacrymale/albumine sérique
× 0,65
IgE lacrymales filtrées = IgE sériques × C
Rapport R = IgE totales lacrymales dosées/filtrées
Interprétation
IgE totales lacrymales < 0,15 kU/l Absence d’IgE détectables
R<2 Rapport non significatif
2<R<4 Rapport intermédiaire
R>4 Rapport en faveur d’une sécrétion
locale d’IgE

pas synthétisée par les glandes lacrymales et constitue donc un


marqueur de la transsudation protéique. Normalement inférieur
à 50 mg/l dans les larmes, son taux peut augmenter considéra- Figure 6. Coloration au May-Grünwald-Giemsa (MGG) des sécrétions
conjonctivales : présence de très nombreux polynucléaires éosinophiles.
blement en cas d’inflammation très importante. Ce dosage
permet également de tenir compte du rôle du prélèvement, rôle
complexe et contradictoire : dilution des larmes par stimulation
de la sécrétion lacrymale réflexe et vasodilatation conjonctivale 20 µl d’échantillon [34]. Cette technique actuellement dévelop-
à la suite de la légère irritation de la muqueuse pouvant être pée en recherche semble prometteuse dans le domaine de
provoquée par le prélèvement. Le rapport entre l’albumine l’allergo-ophtalmologie, car elle allie un faible volume d’échan-
lacrymale et l’albumine sérique permet de calculer un coeffi- tillon, le dosage des IgE totales et une certaine souplesse dans
cient de filtration tenant compte également des diamètres le choix des allergènes testés.
respectifs des molécules d’albumine et d’IgE. Les IgE lacrymales
filtrées sont évaluées et le rapport IgE totales lacrymales dosées/ Recherche de polynucléaires éosinophiles locaux
filtrées est calculé (Tableau 1).
Dans une conjonctivite chronique isolée, la présence d’IgE La recherche de polynucléaires éosinophiles (PNE) dans les
totales lacrymales peut être le seul argument en faveur d’une sécrétions conjonctivales ou les larmes est un test simple, peu
origine allergique [27]. traumatisant, qui doit accompagner tout dosage d’IgE lacryma-
Un résultat négatif ou un rapport non significatif (< 2) ne les. Le prélèvement des sécrétions est effectué par écouvillon-
permettent pas d’exclure le diagnostic d’allergie, sachant que les nage dans l’angle interne de l’œil. Le produit est étalé sur une
IgE dosées dans les larmes sont celles qui ne sont pas fixées sur lame et coloré au MGG (Fig. 6). La sécrétion conjonctivale
les mastocytes, que leur demi-vie est brève et que les patients ne normale est composée de cellules épithéliales desquamées en
sont pas toujours en crise lors du prélèvement. Une importante voie de lyse et de quelques polynucléaires neutrophiles plus ou
inflammation locale, visible particulièrement dans les kératocon- moins altérés. Les PNE sont absents de l’épithélium conjonctival
jonctivites vernales, peut entraîner une transsudation des IgE telle chez le sujet normal, mais leur présence dans les sécrétions
qu’elle masque la sécrétion locale. Dans tous les cas, le rapport signe une infiltration conjonctivale de l’épithélium depuis la
doit être confronté aux autres éléments cliniques et biologiques. substantia propria hautement indicative d’une réaction allergi-
que. Un résultat négatif n’exclut cependant pas ce diagnostic,
Dosage des immunoglobulines E lacrymales spécifiques compte tenu de leur demi-vie dans les larmes ou les sécrétions
La technique est la même que pour les IgE totales prélevées à et du moment du prélèvement par rapport à la clinique (phase
la pipette. Le volume de larmes de 50 µl par allergène recherché active ou non). L’éosinophilie conjonctivale est présente dans la
en est le facteur limitant et implique que cette recherche ne phase active des conjonctivites saisonnières et perannuelles,
peut être effectuée en routine à ce jour. Il existe une bonne importante dans les kératoconjonctivites printanières et, dans
corrélation avec le test de provocation conjonctivale [29]. une moindre mesure, dans les kératoconjonctivites atopiques.
Cette recherche peut également s’effectuer sur un raclage des
Nouveaux développements : les technologies multiplex conjonctives, une empreinte conjonctivale ou une biopsie
conjonctivale.
Fondé sur la technologie des biopuces, l’immunoCAP™ ISAC
(Immuno Solid-phase Allergen Chip) est une plateforme miniatu- Test de provocation conjonctivale (TPC)
risée d’immunodosages qui permet la mesure simultanée d’IgE
spécifiques vis-à-vis de nombreux composants allergéniques en Si les tests précédemment décrits témoignent d’une sensibili-
un seul test et sur seulement 20 µl d’échantillon. Cette innova- sation contre un ou plusieurs allergènes sans confirmer l’impli-
tion est un outil complémentaire pour l’exploration des patients cation de ces agents dans les manifestations cliniques
chez lesquels les moyens d’investigation traditionnels n’ont pas conjonctivales, le TPC permet de confirmer ou d’infirmer
permis de poser un diagnostic. À ce jour commercialisée pour l’implication d’un allergène précis dans la réaction conjoncti-
le sérum, cette technique reste à valider pour les larmes [32, 33]. vale. L’indication la plus classique du TPC est la conjonctivite
La technologie Luminex™ est fondée sur l’utilisation de chronique pour laquelle une polysensibilisation attestée par les
microbilles de polystyrène de fluorescences différentes utilisées tests cutanés est fréquente. Ce test peut également être utile
comme supports d’allergène. Des mélanges de billes peuvent chez l’enfant atteint de kératoconjonctivite vernale. L’allergène
être préparés et constituer un seul réactif permettant le dosage choisi pour le test a en général été sélectionné au préalable en
des IgE totales et de plusieurs IgE spécifiques dans un même fonction des résultats du prick-test et/ou du dosage d’IgE
échantillon. La réaction allergène-IgE spécifique est révélée et spécifiques sériques. L’allergène dilué dans une solution de NaCl
quantifiée par l’ajout d’un conjugué fluorescent et lecture en 0,9 % est instillé dans le cul-de-sac conjonctival d’un œil à
fluorimétrie en flux. Des premières études sur sérums ont concentrations croissantes, l’œil controlatéral ne recevant que le
permis de doser simultanément les IgE totales et les IgE spécifi- diluant. La réaction conjonctivale est appréciée au bout de
ques vis-à-vis de plusieurs allergènes différents dans moins de 10 minutes selon le score d’Abelson, Chambers et Smith en

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Diagnostic biologique des conjonctivites ¶ 21-130-B-10

cotant le prurit (0-4), la rougeur conjonctivale bulbaire (0-3), le


larmoiement (0-3) et le chemosis (0-3). Un score supérieur ou
égal à 5 est considéré comme positif. Des concentrations
croissantes de l’allergène sont utilisées jusqu’à obtention d’un
score positif. La réaction allergique est ensuite stoppée par
instillation d’un collyre antihistaminique.
Outre l’intérêt diagnostique, le TPC est également pratiqué
pour valider l’efficacité clinique de traitements antiallergiques.
En outre, il permet d’étudier la physiopathogénie de la réaction
allergique conjonctivale, en particulier par l’étude de marqueurs
biologiques avant et après le test. La sécurité de ce test est
bonne, les manifestations systémiques étant exceptionnelles à
condition de respecter les recommandations pour une pratique
standardisée, établies par le groupe d’ophtalmoallergologie [35].
Cependant, la durée de l’examen pourrait expliquer sa diffusion
encore aujourd’hui limitée.

Figure 7. Coloration au May-Grünwald-Giemsa (MGG) d’un raclage


conjonctival : présence de mastocytes.
“ Point important
Quels examens biologiques pratiquer devant une colony-stimulating factors (GM-CSF) [38, 39]. Leur taux est élevé
conjonctivite chronique de forme atypique sans dans les kératoconjonctivites vernales [40] . À l’opposé, les
orientation diagnostique chez l’adulte ? lymphocytes Th1, caractérisés par la production d’IL-2 et
• Bilan allergologique sanguin : dosage des IgE d’interféron gamma (IFN-c), sont plutôt retrouvés dans les
spécifiques et prick-tests. réactions inflammatoires non allergiques. Cependant, des études
• Bilan allergologique lacrymal : dosage des IgE totales récentes démontrent le rôle des cytokines Th1, en particulier de
l’IFN-c, associé à celui des cytokines Th2 dans les mécanismes
lacrymales avec recherche d’une sécrétion locale d’IgE et
inflammatoires de l’allergie [41]. Ainsi, dans les kératoconjoncti-
de polynucléaires éosinophiles au niveau conjonctival.
vites atopiques, une augmentation des cytokines non seulement
• Bilan de sécheresse oculaire : cytologie de l’empreinte Th2, mais aussi Th1 de type IL-2 est observée, montrant
conjonctivale et étude des protéines lacrymales. l’association de mécanismes médiés par les IgE et de réactions
• Recherche des anomalies systémiques du syndrome de inflammatoires indépendantes des IgE.
Gougerot-Sjögren I ou II ou d’une autre cause.
• Recherche de Chlamydiae par technique PCR sur raclage Étude des différents médiateurs impliqués
conjonctival. dans le mécanisme inflammatoire allergique
• Recherche de Demodex au niveau des cils si blépharite, De nombreux médiateurs de l’allergie ont fait l’objet de
meibomite ou rosacée associée. recherches dans les larmes, sur des empreintes conjonctivales,
voire sur des biopsies conjonctivales à l’aide de différentes
techniques (cytofluorimétrie de flux, Elisa, etc.). À ce jour, les
études sur une ou plusieurs cytokines, molécules d’adhésion,
Autres examens effectués dans le cadre chimiokines, récepteurs membranaires, médiateurs ou cellules,
de recherches impliqués dans les mécanismes inflammatoires allergiques de la
surface oculaire, sont nombreuses, mais ne concernent que des
Il ne s’agit pas de tests de routine, mais plutôt de tests petits nombres de patients et surtout des cas de kératoconjonc-
pratiqués dans le cadre d’études plus ciblées sur la pathogenèse tivites vernales. Le développement de nouvelles techniques de
d’un type de conjonctivite allergique ou pour différencier dosage sensibles, multiparamétriques et adaptées à de petits
allergie et sécheresse oculaire. volumes d’échantillons devrait permettre l’élaboration de
nouvelles stratégies diagnostiques et thérapeutiques dans le
Étude des acteurs cellulaires de la réaction allergique autres
cadre de l’allergo-ophtalmologie, en particulier l’élaboration de
que les polynucléaires éosinophiles [36]
profils de cytokines dans les larmes chez le sujet normal et dans
Mastocytes. Chez le sujet normal, les mastocytes sont très les conjonctivites allergiques.
abondants dans le stroma conjonctival (5 000 à 20 000/mm3). Médiateurs synthétisés par les mastocytes. Ils sont de deux
Leur migration et leur dégranulation au niveau épithélial types :
s’effectuent sous l’influence de cytokines du système Th2 • les médiateurs préformés (histamine, tryptase, chymase),
(lymphocytes T auxiliaires) (interleukine 4 [IL-4], IL-5, IL-13, expulsés des mastocytes dès la phase précoce de la réaction
etc.), libérant de nombreux médiateurs et des cytokines (IL-4) au allergique, peuvent être dosés dans le sérum et dans les larmes ;
cours des phases précoce et tardive de la réaction allergique. La • les médiateurs postformés (leucotriènes, prostaglandines,
coloration de MGG permet leur mise en évidence dans les platelet-activating factor [PAF], etc.) apparaissent à la phase
produits de raclages conjonctivaux au cours des conjonctivites inflammatoire tardive et participent à l’autoentretien de la
saisonnières pendant la saison pollinique et surtout dans les réaction.
kératoconjonctivites vernales et atopiques (Fig. 7) [37]. Histamine. Après contact avec l’allergène, la dégranulation des
Lymphocytes Th1/Th2. Le phénotypage des lymphocytes T mastocytes entraîne la libération d’histamine dans les larmes
auxiliaires (Th) conjonctivaux effectué par cytométrie de flux avec un premier pic dans la phase précoce (dans les premières
apporte des renseignements sur la nature des réactions inflam- minutes) et un second pic dans la phase tardive (6 heures) [42].
matoires observées au cours des différentes formes d’allergie Sa demi-vie est très courte, car elle est rapidement métabolisée
conjonctivale. Dans les conjonctivites allergiques, la différencia- par voie enzymatique (histaminase). Son taux lacrymal est
tion des lymphocytes auxiliaires Th0 s’effectue préférentielle- normalement de 2 à 10 ng/ml sans variation d’âge et de sexe.
ment en lymphocytes Th2 essentiels par leur rôle dans Il est très augmenté au cours des crises dans toutes les formes
l’induction de la synthèse des IgE et dans la synthèse de de conjonctivites allergiques, mais également au cours de
cytokines Th2 : IL-3, -4, -5, -13, -18 et granulocyte-macrophage conjonctivites bactériennes [43]. Chez les patients atteints de

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kératoconjonctivite vernale, son taux est élevé, par déficit • marqueurs de remodelage tissulaire : métalloprotéinases 1 et
génétique en histaminase [44]. Il n’existe pas de corrélation entre 9 (MMP-1 et MMP-9) [56].
son taux dans les larmes et l’intensité des symptômes cliniques
(larmoiement, hyperémie, prurit).
Tryptase. Médiateur spécifique de l’activation des mastocytes, ■ Diagnostic biologique
elle est libérée dans la seule phase précoce et représente 20 % à
50 % des protéines mastocytaires. Son taux lacrymal est plus
d’une sécheresse oculaire
élevé chez les patients atteints de kératoconjonctivite vernale [45]. Le diagnostic de sécheresse oculaire est avant tout clinique.
Chymase. Médiateur spécifique de l’activation de certains Les examens biologiques permettent d’évaluer l’importance de
mastocytes (sous-type MCTC), son taux est élevé dans les larmes la souffrance tissulaire et d’orienter le diagnostic étiologique. Ils
des patients atteints de kératoconjonctivite vernale et atopique. trouvent tout leur intérêt dans les conjonctivites chroniques peu
Cette forte activité de la chymase est corrélée au degré de évocatrices de l’adulte au cours desquelles différents mécanismes
sévérité de la maladie dans les kératoconjonctivites vernales [46]. physiopathologiques sont impliqués, aboutissant à un cercle
Médiateurs synthétisés par les polynucléaires éosinophiles. vicieux.
L’infiltration et la dégranulation des polynucléaires éosinophiles
au cours de la réaction allergique entraînent la libération dans Examens locaux
les larmes de protéines cationiques cytotoxiques pour l’épithé-
lium cornéen et histaminolibératrices : eosinophil cationic protein Analyse biologique du film lacrymal
(ECP), eosinophil peroxydase (EPO), eosinophil-derived neurotoxin
Le prélèvement de larmes à la pipette peut s’avérer difficile en
(EDN), major basic protein (MBP).
cas de syndrome sec. Une stimulation peut être nécessaire, mais
L’ECP est un marqueur sensible d’activation éosinophilique.
elle risque de modifier les résultats avec, en particulier, une
Normalement, de 8 plus ou moins 2 µg/l, son taux sérique est
augmentation de la composante protéique d’origine plasmatique.
augmenté dans toutes les formes d’allergie conjonctivale en
Dans le syndrome de Sjögren, il n’est pas rare de ne pas obtenir
phase active (saisonnière, perannuelle et vernale) sauf dans la
de larmes malgré la stimulation. Le prélèvement constitue un
conjonctivite gigantopapillaire. Il est parfois le seul marqueur
facteur limitant de l’exploration biologique du film lacrymal
sérique positif chez les jeunes patients atteints de kératocon-
malgré le développement de techniques de plus en plus sensibles
jonctivite vernale sans manifestation allergique autre qu’ophtal-
et utilisant des volumes d’échantillons de plus en plus faibles.
mologique [29] . Son taux est également augmenté dans les Comme pour les IgE, le recueil des larmes sur des bandelettes de
larmes de ces formes d’allergie. Chez les patients atteints de type Schirmer ou des mini-éponges suivi de l’élution des compo-
kératoconjonctivite vernale, l’ECP lacrymal constitue un sants fixés est simple et pratique, mais l’approximation du
véritable marqueur d’activité de la maladie, car il est corrélé à volume prélevé et du degré d’élution permet difficilement de
la sévérité de l’atteinte cornéenne. quantifier de façon fiable des composants lacrymaux.
Cytokines [47-49]. Il s’agit de médiateurs peptidiques solubles
sécrétés par les cellules : interleukines, interférons, chémokines. Étude des protéines lacrymales
Ce sont les acteurs essentiels de la communication cellulaire. Les protéines lacrymales sont des marqueurs intéressants du
Leur activité est complexe et redondante, avec un spectre syndrome sec, car certaines comme les lipocalines, le lysozyme
d’action très large sur de nombreuses cellules cibles et un et la lactoferrine sont synthétisées par la glande lacrymale et
fonctionnement en réseau avec de très nombreuses intrications. reflètent son activité métabolique [57-59]. D’autres protéines, en
Le domaine des cytokines est organisé de manière très com- particulier l’albumine, ont une origine sérique, leur taux
plexe, son équilibre reste fragile et sa connaissance, encore très lacrymal étant le reflet de l’état de la barrière hématolacrymale.
parcellaire, est en constante évolution. Les techniques standards permettant leur étude comprennent le
Leur exploration est délicate dans les milieux biologiques, car dosage des protéines totales, l’électrophorèse des protéines et le
elles circulent à des concentrations très faibles et, comme pour dosage spécifique de certaines protéines [60] . Le volume de
les IgE, il doit exister une filtration à travers la barrière hémato- larmes nécessaire pour le dosage des protéines totales et
lacrymale. L’arrivée sur le marché d’appareils de type « multi- l’électrophorèse des protéines est faible (20 µl).
plex », permettant de quantifier sur un très petit volume Dosage des protéines totales. La technique au rouge de
d’échantillon (10 µl) plusieurs dizaines de cytokines, devrait pyrogallol utilisée pour le dosage des protéines du liquide
permettre le développement de ces dosages dans l’exploration céphalorachidien (LCR) a tendance à remplacer celle utilisant le
de la physiopathologie allergique. bleu de Coomassie. Les valeurs usuelles de 6 à 11 g/l sont plus
On peut distinguer par exemple : élevées chez l’enfant et le jeune adulte. Dans les syndromes secs
• les cytokines Th2 : IL-3, -4, -5, -10, -13 et GM-CSF que l’on par atteinte des glandes lacrymales, le taux de protéines totales
oppose classiquement aux cytokines Th1 : IL-2, -12, INF-c ; est théoriquement abaissé, mais, en cas d’inflammation associée,
• les récepteurs de cytokines qui constituent des marqueurs la baisse peut être masquée par les protéines d’origine sérique
fiables d’environnement Th1 ou Th2, comme le couple de libérées par rupture de la barrière hématolacrymale. Ce dosage ne
récepteurs aux chimiokines CCR4 (Th2) et CCR5 (Th1) [50] ; doit pas être interprété seul, mais avec le profil électrophorétique.
• les cytokines impliquées dans la prolifération, l’activation des Électrophorèse des protéines. La technique d’électrophorèse
mastocytes et la synthèse d’IgE : IL-3 et IL-4 ; standard utilise la migration des larmes centrifugées (5 µl) sur
• les cytokines jouant un rôle clé dans la prolifération, l’attrac- un gel d’agarose à pH alcalin (pH 9) sous l’effet d’un champ
tion et l’activation des polynucléaires éosinophiles : IL-5, électrique (Fig. 8). Elle permet l’évaluation semi-quantitative de
éotaxine [51, 52] et regulated on activation, normal T cell 70 % à 85 % des protéines lacrymales totales que représentent
expressed and secreted (RANTES) ; les lipocalines, la lactoferrine et le lysozyme.
• les cytokines pro-inflammatoires : tumor necrosis factor alpha Quatre fractions sont séparées, leur taux sont calculés en %
(TNF-a) [53], IL-1, etc. et en g/l (Fig. 9) et l’interprétation est effectuée à la fois
Autres marqueurs. De nombreux autres marqueurs sont qualitativement sur l’aspect du tracé et quantitativement par
accessibles au niveau lacrymal ou tissulaire où ils sont souvent rapport aux valeurs usuelles chez l’adulte (Tableau 2) :
retrouvés à des taux élevés, en particulier dans les kératocon- • la fraction 1 contient l’albumine, marqueur d’inflammation, et
jonctivites vernales et atopiques : les lipocalines dont le pic est parfois dédoublé (isoformes) qui
• antigène human leukocyte antigen (HLA) DR, marqueur non représentent les principales endonucléases du film lacrymal ;
spécifique d’inflammation [54] ; • la fraction 2, assez stable, comprend un ensemble hétérogène
• molécules d’adhésion : intercellular adhesion molecule (ICAM), et mal connu de protéines ;
vasculaire adhesion molecule (VCAM), endothelial adhesion • la fraction 3, assez hétérogène, contient essentiellement la
molecule (ECAM) [55] ; lactoferrine et les immunoglobulines ;

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Diagnostic biologique des conjonctivites ¶ 21-130-B-10

Tableau 2.
Valeurs usuelles des quatre principales fractions électrophorétiques des
protéines lacrymales chez l’adulte. Électrophorèse des protéines
lacrymales sur gel d’agarose pH 9.
Fractions % g/l
Fraction 1 : albumine + lipocalines 25-35 1,8-3,6
Fraction 2 : ensemble hétérogène 6-10 0,4-0,8
et mal connu de protéines
Fraction 3 : lactoferrine 28-42 2,0-3,8
+ immunoglobulines
Fraction 4 : lysozyme 20-30 1,4-2,8

focalisation isoélectrique et/ou coloration à l’argent et/ou


protéomique [61-63]. Cette dernière technique, association d’une
électrophorèse bidimensionnelle et d’une analyse protéique par
spectrométrie de masse, permet l’établissement d’une carte pro-
Figure 8. Tracés d’électrophorèse des protéines lacrymales sur gel téique bidimensionnelle des larmes. Les larmes sont soumises à
d’agarose à pH 9 et coloration à l’amidoschwarz. une double migration : la première sépare les protéines selon
leur poids et volume, la seconde selon leur charge électrique.
On obtient une carte en deux dimensions composée de spots
protéiques. Chaque spot peut être ensuite prélevé et analysé en
Électrophorèse des protéines des larmes spectrométrie de masse pour déterminer la nature exacte de la
protéine. Une étude de 2008 a permis d’identifier par cette
sur gel d'agarose SEBIA (Hydragel ®)
technique 30 protéines différentes, quelle que soit la technique
de prélèvement (bandelette ou capillaire) [64].
Œil : droit Dosages spécifiques de protéines. Albumine, IgG et IgA,
lactoferrine, lysozyme et d’autres protéines lacrymales peuvent
être dosés spécifiquement. Les techniques utilisées sont diverses,
les techniques immunologiques utilisant des anticorps spécifi-
ques, telles que l’immunodiffusion radiale ou mieux l’immuno-
néphélémétrie permettent des dosages sensibles et
spécifiques [65].
Le taux de l’albumine lacrymale est le reflet le plus sensible
de l’état fonctionnel de la barrière hématolacrymale.
Si, pour certains auteurs, la mesure du taux de lactoferrine ne
semble pas être un bon test dans les formes légères à modérées
de sécheresse oculaire, d’autres études concluent que son dosage
est plus spécifique, sensible et mieux corrélé au diagnostic de
certitude du syndrome de Gougerot-Sjögren que le test de
LIPOC 2 LTF LYS Schirmer [66-68].
Une grande variété de protéines et autres marqueurs a été
Protéines totales = 7,4 g / l Valeurs usuelles testée à des fins de recherche. Parmi celle-ci, plusieurs mar-
Fraction % g/l % g/l queurs de sécheresse oculaire semblent intéressants :
LIPOC 31,7 2,3 25 – 35 1,8 – 3,4 • l’aquaporine 5 est une protéine membranaire impliquée dans
2 11,7 0,9 6 – 10 0,4 – 0,8 la sécrétion d’eau de part et d’autre de la membrane caracté-
LTF 38,5 2,9 28 – 42 2,0 – 3,8 ristique des cellules épithéliales des voies lacrymales et de la
LYS 18,1 1,3 20 – 30 1,4 – 2,8 cornée. Un taux élevé est retrouvé dans les syndromes secs
Figure 9. Profil électrophorétique des protéines lacrymales : séparation dont le syndrome de Gougerot-Sjögren [69] ;
et quantification des quatre fractions isolées. LIPOC : lipocaline ; 2 (frac- • l’epidermal growth factor (EGF) est un facteur de croissance
tion 2) : ensemble hétérogène et mal connu de protéines ; LFT : lactofer- épithélial synthétisé par la glande lacrymale, son taux
rine ; LYS : lysozyme. lacrymal est diminué dans le syndrome de Gougerot-Sjögren,
mais aussi dans le syndrome de Stevens-Johnson [68] ;
• les cystatines S et SN, présentes dans le film lacrymal, sont
• la fraction 4 correspond exclusivement au lysozyme. des protéines qui inhibent par fixation forte, mais réversible
Modifications pathologiques. Une réaction inflammatoire se une catégorie particulière de protéinases : les protéinases à
traduit par une augmentation de l’albumine puis des immuno- cystéine. Elles ont un rôle de protection vis-à-vis des cellules
globulines. Elle peut être importante au point de réaliser un de l’épithélium cornéoconjonctival [70] ;
profil dit sérique par passage important de l’ensemble des • des cytokines inflammatoires ont également été mises en
protéines sériques à travers la barrière hématolacrymale. évidence dans les larmes en cas de sécheresse : IL-1a et b,
Un syndrome sec par dysfonctionnement de la glande IL-6 et IL-8 [71, 72]. Leur augmentation n’est pas spécifique et
lacrymale se caractérise par la diminution des lipocalines et/ou ne permet pas de distinguer les causes hyperévaporatives des
de la lactoferrine et/ou du lysozyme, protéines sécrétées insuffisances de production.
exclusivement par la glande lacrymale et témoignant de ses
Osmolarité lacrymale
fonctions métaboliques.
En recherche, d’autres techniques permettent de séparer plus L’augmentation de l’osmolarité des larmes est un marqueur
finement les isoformes protéiques de la lactoferrine ou des spécifique et sensible de sécheresse oculaire, que celle-ci soit
lipocalines et d’identifier d’autres protéines ou peptides présents quantitative ou évaporative. La technique standard utilisant
à faible concentration dans les larmes normales : migration sur l’osmomètre de Clifton fondé sur la mesure du point de
gel de polyacrylamide de type sodium dodecyl sulfate polyacryla- congélation nécessite moins de 1 µl de larmes [73]. Des difficul-
mide gel electrophoresis (SDS-PAGE) uni- ou bidimensionnelle, tés d’ordre technique et de reproductibilité rendent le test peu

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21-130-B-10 ¶ Diagnostic biologique des conjonctivites

Tableau 3.
Classification des quatre stades de la cristallisation des larmes selon
Rolando.
Stade Aspect microscopique
1 Feuilles de fougères avec arborisations uniformes
et très rapprochées, sans espace entre les feuilles
2 Feuilles de fougères plus petites, moins ramifiées
avec apparition d’espaces vides entre les feuilles
3 Feuilles de fougère petites, incomplètement formées,
arborisations rares ou même absentes, cristallisation
différente, apparition de grands espaces libres
4 Aucune ou très rares cristallisations, présence de débris
et de structures amorphes

Figure 11. Matériel nécessaire au prélèvement de l’empreinte conjonc-


tivale sur filtre Millipore® : filtre, pince, gants, fixateur.

Figure 10. Observation au microscope optique de la cristallisation des


larmes : stade 1.

performant pour différencier les yeux secs par insuffisance


aqueuse des yeux secs par évaporation et ce test est donc peu
utilisé en pratique. Le développement de nouveaux appareils
utilisant des volumes beaucoup plus faibles de larmes (40 nl
pour le TearLab OcuSense™) devrait faciliter l’utilisation de ce
test et améliorer ses performances [74, 75].

Test de cristallisation des larmes (« ferning test ») Figure 12. Prélèvement d’empreinte conjonctivale avec filtre Millipore®.
Ce test simple consiste à étudier sous un microscope
optique les motifs de cristallisation des mucines des larmes
après évaporation spontanée à température ambiante. Les
• polyéthersulfone (Supor 200®) pour cytométrie de flux ou
motifs ont l’aspect en feuilles de fougère et quatre types ont
immunomarquage.
été décrits (Tableau 3). Selon Rolando, 82,7 % des sujets
Le prélèvement, non invasif et non douloureux, est réalisé de
normaux cristallisent selon les types I et II alors que les formes
préférence sans anesthésie topique. Un demi-filtre est appliqué
III et IV sont observées chez 91,7 % des patients atteints de
côté mat sur la conjonctive bulbaire supérieure, laissé quelques
kératoconjonctivite sèche avec une forte corrélation avec le
secondes puis retiré avec une pince (Fig. 11, 12). Un larmoie-
break up time (BUT) (Fig. 10) [76]. Ils varient en fonction de la
ment excessif diminue la richesse du prélèvement. La mem-
concentration et de la qualité du mucus et de la concentration
brane est ensuite fixée dans du formol à 4 % ou 0,05 % selon
en électrolytes [77]. En routine, ce test reste peu pratiqué et des
le type et conservée à + 4 °C.
précautions techniques doivent être prises pour éviter des
erreurs d’interprétation. Étude cytologique
Empreinte conjonctivale Cette technique est réalisée en routine par certains
laboratoires.
L’empreinte conjonctivale constitue un moyen simple de L’empreinte est colorée, transparisée et montée entre lame et
recueillir les cellules des couches superficielles de la conjonctive lamelle. La coloration utilisant le crésyl violet présente l’avan-
au moyen d’un demi-disque de papier-filtre. tage de colorer à la fois les mucocytes et la chromatine des
Trois techniques sont utilisées pour les empreintes conjoncti- noyaux des cellules épithéliales, mais d’autres colorations sont
vales : l’étude cytologique standard, l’analyse immunocytologi- possibles (hématoxyline, Papanicolaou, MGG, Periodic Acid Schiff
que et la cytométrie en flux. [PAS], bleu alcian).
L’observation au microscope optique permet d’étudier :
Prélèvement
• l’organisation du tapis cellulaire : nappe, placards, éléments
Il existe deux types de supports de prélèvement selon la isolés ;
technique d’étude utilisée : • les signes de souffrance de l’épithélium conjonctival : aniso-
• acétate de cellulose pour cytologie standard (Biopore®) ; cytose, anisonucléose, parakératose, vacuolisation, cellules

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Figure 13. Cytologie d’empreinte conjonctivale colorée au violet de Figure 14. Cytologie d’empreinte conjonctivale colorée au violet
crésyl : aspect normal. de crésyl : aspect de parakératose, présence de cellules épithéliales pluri-
nucléées et à snake-like chromatine.

Tableau 4.
Classification des altérations de l’épithélium conjonctival sur empreinte
conjonctivale. Cytologie de l’empreinte conjonctivale sur filtre millipore.
Stades Classification des altérations de l’épithélium conjonctival
0 Normal
1 1 ou plusieurs anomalies cytologiques à un degré discret
à modéré
2 Au moins 2 anomalies à un grade « assez important »
avec possibilité de très rares « snake-like chromatin » (SNL) en
formation
3 Au moins 3 anomalies avec présence de SNL
en petite quantité.
3à5 Nombreuses anomalies cytologiques de grade
« assez important » à « important », parakératose et
fragmentation du noyau importantes et présence de SNL en
quantité « assez importante » à « importante ».

plurinucléées, fragmentation des noyaux, condensation de la


chromatine sous forme de filaments (snake-like chromatin –
SNL) qui traduisent la métaplasie squameuse (kératinisation) ; Figure 15. Cytologie d’empreinte conjonctivale colorée au violet
• les anomalies quantitatives et qualitatives des mucocytes : de crésyl : bouquet de mucocytes.
nombre, taille, aspect, maturité, filaments de mucus. Leur
nombre est diminué dans les sécheresses oculaires et égale-
ment dans de nombreuses inflammations chroniques de la sévères et les blépharites, les stades 4 et 5 sont plus souvent
conjonctive alors qu’ils seront initialement plus nombreux réservés aux sécheresses oculaires sévères, en particulier dans les
dans les allergies et chez les porteurs de lentilles de contact ; syndromes de Gougerot-Sjögren.
• la réaction inflammatoire associée avec présence de lympho-
cytes, de polynucléaires neutrophiles et/ou éosinophiles. Étude immunocytochimique
Plusieurs classifications gradant la métaplasie squameuse Cette technique d’immunomarquage direct qui utilise des
conjonctivale ont été proposées [78-80]. La classification préconi- anticorps monoclonaux conjugués à la fluorescéine ou à la
sée au laboratoire du Centre hospitalier national d’ophtalmolo- peroxydase n’est pas pratiquée en routine, elle est réservée à la
gie (CHNO) des Quinze-Vingts est la suivante : recherche [81].
• chez le sujet normal : tapis de cellules épithéliales morpholo- Le marquage s’effectue :
giquement saines et jointives, 10 à 30 cellules à mucus • soit après transfert de l’empreinte sur lame de verre, avec
matures/mm2, absence de cellules inflammatoires (Fig. 13) ; souvent une perte non négligeable de cellules, avec une
• en pathologie : on classe les altérations de l’épithélium lecture au microscope optique à fluorescence ;
conjonctival en quatre stades (Tableau 4) (Fig. 14, 15). À • soit directement sur l’empreinte avec un microscope confocal
cette classification s’ajoute l’observation d’une éventuelle qui permet de contourner le défaut de transparence de la
réaction inflammatoire associée à des lymphocytes et/ou des membrane. Le microscope confocal est un microscope à
polynucléaires (Fig. 16). balayage laser permettant d’examiner un plan de coupe frontal
Au niveau de l’interprétation des résultats, aucune des à une profondeur déterminée, en supprimant les informations
anomalies observées n’est pathognomonique d’une pathologie des couches sus- et sous-jacentes. Le support opaque n’est ainsi
spécifique. La diminution du nombre des mucocytes, la méta- plus gênant pour l’examen. L’avantage de cette technique est
plasie, les anomalies cytologiques des cellules épithéliales sont sa simplicité si l’on dispose du matériel adéquat. Les mesures
des signes non spécifiques d’un désordre chronique de la surface ne peuvent cependant qu’être semi-quantitatives et porter à
oculaire, mais, si les stades 2 et 3 se voient dans les allergies chaque fois sur une partie du prélèvement.

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Les anomalies biologiques des syndromes de Gougerot-


Sjögren secondaires varient en fonction de la pathologie
primitive. On peut rechercher par exemple :
• facteur rhumatoïde, anticorps antipeptides cycliques citrulli-
nés (CCP) en cas de polyarthrite rhumatoïde ;
• anticorps antinucléaires, anti-ADN natif, anti-Sm en cas de
lupus érythémateux disséminé ;
• anticorps antinucléaires anticentromères, anti-Scl 70 dans la
sclérodermie.

Autres causes
Un diagnostic biologique peut orienter vers d’autres causes de
sécheresse oculaire par insuffisance de production lacrymale :
• dosages vitaminiques, en particulier vitamine A (carences) ;
• dosages hormonaux (dysfonctionnement ovarien) ;
• enzyme de conversion de l’angiotensine et bilan phosphocal-
cique (sarcoïdose) ;
• bilan du fer (hémochromatose) ;
• sérologie des hépatites C, du virus de l’immunodéficience
Figure 16. Cytologie d’empreinte conjonctivale colorée au violet de humaine (VIH), du human T-cell lymphoma virus (HTLV).
crésyl : aspect inflammatoire lymphocytaire.

■ Diagnostic biologique
Étude en cytométrie en flux des conjonctivites des blépharites
L’extraction des cellules de l’empreinte est effectuée manuelle- et de la rosacée oculaire
ment par agitation douce à l’aide d’une pipette. Après centrifu-
gation, les cellules conjonctivales sont ensuite marquées avec des Une conjonctivite accompagne souvent les blépharites
anticorps monoclonaux fluorescents et analysées en cytométrie chroniques diffuses qu’elles soient antérieures souvent associées
de flux. Cette technique, qui nécessite du matériel et une équipe à la dermite séborrhéique ou postérieures associées à la rosacée.
entraînée, représente une avancée majeure dans l’étude des Le diagnostic est, dans ces cas, essentiellement clinique.
mécanismes inflammatoires et immunitaires impliqués dans la En pratique courante, peu d’éléments biologiques sont
physiopathologie des syndromes secs oculaires. Il a été démontré, recherchés : une contamination bactérienne étant souvent
au cours des syndromes secs, une augmentation de marqueurs associée, un prélèvement du bord libre palpébral avec culture
biologiques d’inflammation au niveau de l’épithélium conjoncti- bactériologique peut objectiver la présence de Staphylococcus
val : surexpression de HLA DR (marqueur sensible d’inflammation aureus, Staphylococcus epidermidis, Propionibacterium acnes,
non spécifique) et également de molécules d’adhésion (ICAM1), Corynebacterium [88].
de médiateurs inflammatoires (IL-1a et b, 6, 8, TNF-a) et de Le rôle du Demodex folliculorum dans la rosacée oculaire est
métalloprotéinases (MMP-9) [82, 83] . Il existe également une discuté et, même s’il ne s’agit que d’un contaminant secondaire,
surexpression du récepteur aux chémokines CCR5, alors que le il convient de le traiter lorsque la prolifération est
récepteur CCR4 serait plutôt augmenté dans les conjonctivites importante [89-91].
allergiques. Le couple CCR5/CCR4 pourrait distinguer de façon La biopsie conjonctivale peut être utile en cas de suspicion
intéressante les réactions de mécanisme Th1 (CCR5) et Th2 d’une néoplasie sous-jacente. Elle montre un infiltrat de
(CCR4) [51]. Une diminution d’expression de la mucine MUC5AC lymphocytes avec un ratio CD4/CD8 anormalement élevé chez
traduit la souffrance des cellules à mucus [84]. les patients atteints de rosacée oculaire [92].
Par des techniques de recherche, il a été montré plusieurs
anomalies biologiques dans les blépharites et la rosacée oculaire :
Examens biologiques systémiques • anomalies des lipides meibomiens [93] ;
du syndrome sec • anomalies glucidiques et protéiques au niveau lacrymal [94, 95] ;
• au niveau de marqueurs de l’inflammation : surexpression de
HLA DR, d’ICAM1 et diminution de la mucine MUC5AC par
Syndrome de Gougerot-Sjögren des techniques fondées sur l’empreinte conjonctivale et la
Le syndrome de Gougerot-Sjögren primitif comporte des cytométrie de flux [96], élévation du taux lacrymal de MMP-
anomalies biologiques systémiques : 9 et TIMP-1 par techniques immunologiques [97].
• syndrome inflammatoire biologique (élévation de la vitesse
de sédimentation et de la CRP (C-reactive protein) ;
• présence spécifique d’anticorps antinucléaires anti-Ro (SS-A) ■ Diagnostic biologique
et anti-La (SS-B) ;
• présence non spécifique, mais évocatrice :
des conjonctivites fibrosantes
C d’un facteur rhumatoïde dans 30 % à 67 % des cas (test au Certaines étiologies de conjonctivite fibrosante sont de
latex, test de Waaler-Rose) ; diagnostic aisé, tel le trachome, le syndrome de Stevens-
C d’une hypergammaglobulinémie polyclonale dans 40 % à Johnson ou la maladie de Lyell. D’autres sont plus difficiles à
90 % des cas ; diagnostiquer comme certaines maladies bulleuses auto-
C d’une cryoglobulinémie qui doit faire rechercher un immunes sous-épidermiques de la peau et des muqueuses dont
syndrome lymphoprolifératif ou une hépatite C ; la conjonctive : la pemphigoïde cicatricielle ou pemphigoïde des
C d’anticorps antirécepteur muscarinique M3 [85] , membranes muqueuses (MMP) ou l’épidermolyse bulleuse
antifodrine [86]. acquise et la dermatose à IgA linéaire.
La biopsie des glandes salivaires accessoires confirme le Le syndrome de conjonctivite fibrosante est aspécifique et le
diagnostic en montrant une infiltration lymphocytaire associée diagnostic repose sur la détection et la caractérisation d’auto-
à une fibrose tissulaire (stade 3 ou 4 de la classification de anticorps circulants ainsi qu’au niveau de la membrane basale
Chisholm) [87]. conjonctivale [98].

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Détection des autoanticorps circulants Immunofluorescence directe

Immunofluorescence indirecte Cette technique est indiquée en cas de résultat négatif à l’IFI.
Elle nécessite un laboratoire d’anatomopathologie entraîné à la
La recherche des autoanticorps antimembrane basale dans le manipulation des biopsies conjonctivales qui sont de petite taille
sérum des patients par immunofluorescence indirecte (IFI) joue et fragiles. Les coupes sont analysées avec un conjugué polyspé-
un rôle de premier plan dans le diagnostic des maladies bulleuses cifique (anti-IgG+ A+ M), un anti-IgG, un anti-IgA et un anti-C3.
auto-immunes. Les sérums des patients atteints de ces pathologies Les autoanticorps antimembrane basale montrent un marquage
donnent un marquage linéaire de fluorescence de la membrane fluorescent linéaire continu homogène au niveau de la jonction
basale sur coupe de peau humaine. Cette technique est facile à dermoépidermique sans permettre de diagnostic différentiel entre
réaliser, mais manque de sensibilité (30 % de faux négatifs). Si la les diverses maladies bulleuses sous-épidermiques.
recherche est positive dans 60 % à 80 % des pemphigoïdes
bulleuses, elle est très inconstante dans les pemphigoïdes cicatri-
cielles et également positive chez 1 % des sujets normaux. Immunomicroscopie électronique
Recherche de la spécificité des auto-anticorps La localisation des autoantigènes reconnus par les autoanti-
corps peut être précisée par des techniques d’immunomicrosco-
Cette recherche, qui relève de laboratoires spécialisés, peut se pie électronique qui ne sont pas réalisées en routine. Elles
faire par immunoempreinte, technique Elisa ou blot. Elle permettent de voir précisément où se situe le dépôt à l’intérieur
permet de déterminer précisément les protéines cibles des même de la jonction et de différencier entre elles les pemphi-
autoanticorps [99] : goïdes des muqueuses.
• les anticorps anti-BPAg2, anti-intégrine a6b4 et antilaminine
5 dans la pemphigoïde cicatricielle ;
• les anticorps anti-collagène VII dans l’épidermolyse bulleuse
acquise ; ■ Conclusion
• les anticorps anti-BPAg2, BPAg1 et/ou collagène VII dans la
dermatose à IgA linéaire. Poser un diagnostic étiologique sur une atteinte conjoncti-
vale n’est pas toujours aisé, car il existe de nombreuses formes
Techniques d’immunomarquage direct dites « frontières » entre les conjonctivites allergiques chroni-
ques, les syndromes secs, certaines formes de rosacée et des
sur biopsie
pathologies iatrogènes au cours desquelles la symptomatolo-
Le diagnostic immunopathologique repose sur l’examen en gie clinique peut être trompeuse [100] . Seule une bonne
immunofluorescence directe (IFD) d’une biopsie de peau ou de connaissance de l’ensemble des mécanismes physiopathologi-
muqueuse. La biopsie conjonctivale est pratiquée après anesthé- ques intervenant dans la pathologie de la surface oculaire
sie locale par instillation de tétracaïne, puis injection sous- chez un patient permet une bonne prise en charge diagnos-
conjonctivale de Xylocaïne® dans la zone à biopsier (en général tique et thérapeutique. Le laboratoire peut, dans ces cas
temporale supérieure). Un fragment de conjonctive de 5 mm × complexes, participer efficacement au diagnostic étiologique
5 mm est prélevé en respectant la capsule de Tenon puis divisé par un choix d’examens biologiques appropriés au contexte
en autant de morceaux qu’il y a de techniques à réaliser, en plus clinique et pour lequel la collaboration clinicobiologique est
de l’étude histopathologique classique. essentielle (Fig. 17).

Conjonctivite aiguë

Clinique Bactérienne Virale Saisonnière

Si Si Si
Critères échec thérapeutique, épidémique, récidivante
décisionnels critères de gravité bilatérale
généraux ou locaux,
cas particuliers :
postopératoire,
monophtalme,
nouveau-né

Examens Examen Recherche Bilan


demandés bactériologique d'adénovirus allergologique
du frottis conjonctival (PCR) sanguin : IgE
sur grattage spécifiques et
conjonctival prick-tests

A
Figure 17. Arbre décisionnel. Examens biologiques à prescrire en première intention. MST : maladie sexuellement transmissible ; IgE : immunoglobulines
E ; TPC : test de provocation conjonctivale ; SGS : syndrome de Goujerot-Sjögren ; PCR : polymerase chain reaction.
A. Au cours d’une conjonctivite aiguë.

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Conjonctivite chronique

Forme Perannuelle, Forme clinique


traînante, printanière atypique
folliculaire + Blépharite, ou atopique peu évocatrice
Syndrome
avec échec meibomite, avec signes ou forme + Fibrose
sec
thérapeutique rosacée, etc. fonctionnels « frontière »
± contexte et cliniques de l'allergie
Clinique de MST de gravité

Rechercher une
Poser atopie associée, Orienter Aider
Différencier
le diagnostic Rechercher une mettre en le diagnostic au diagnostic
et évaluer
étiologique contamination évidence une étiologique des maladies
Critères les composantes
pour microbienne sécrétion et évaluer bulleuses
décisionnels sécheresse/
un traitement souvent locale d'IgE et l'intensité auto-immunes
allergie/infection/
adapté associée identifier le(s) des troubles sous-
inflammation
et efficace responsable(s) locaux épidermiques
allergique(s)

Examens Recherche Recherche Bilan Empreinte Recherche Recherche


demandés de Chlamydiae de Demodex / cils allergologique conjonctivale des anomalies d’autoanticorps
sur grattage Examen sanguin Analyse biologiques circulants
conjonctival bactériologique et lacrymal (IgE des protéines systémiques Diagnostic
du frottis et éosinophiles) lacrymales du SGS I ou II immuno-
conjonctival ± TPC ou autre cause pathologique
sur biopsie

B
Figure 17. (suite) Arbre décisionnel. Examens biologiques à prescrire en première intention. MST : maladie sexuellement transmissible ; IgE : immunoglo-
bulines E ; TPC : test de provocation conjonctivale ; SGS : syndrome de Goujerot-Sjögren ; PCR : polymerase chain reaction.
B. Au cours d’une conjonctivite chronique.

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Laboratoire, Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75571 Paris cedex 12, France.
S. Doan.
Service d’ophtalmologie, Hôpital Bichat-Claude Bernard, 46, rue Henri-Huchard 75018 Paris, France.
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Laboratoire, Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75571 Paris cedex 12, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Batellier L., Doan S., Baudouin F., Goldschmidt P., Chaumeil C. Diagnostic biologique des conjonctivites.
EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-130-B-10, 2010.

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