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OBJECTIFS: N ° 294. TRAITEMENT DES CANCERS: PRINCIPALES MODALITÉS, CLASSES THÉRAPEUTIQUES ET LEURS
COMPLICATIONS MAJEURES. LA DÉCISION THÉRAPEUTIQUE PLURIDISCIPLINAIRE ET L'INFORMATION DU MALADE
-+ Décrire les principes et risques des traitements en cancérologie (voir item 330).
-+ Justifier l'utilité d'une concertation pluridisciplinaire.
-+ Connaître les objectifs du dispositif d'annonce et de la mise en place d'un programme personnalisé des soins.
--------------------------------------------------------------------······------------------------------------- ·'
'
'
1. La chirurgie des cancers 2.4. Facteurs influençant l'effet des radiations
1.1. La prévention 2.5. Différents types de radiothérapie
1.2. Diagnostic et bilan d'extension 2.6. Doses de tolérance des tissus sains et doses nécessaires à
1.3. Traitements la stérilisation des tumeurs
1.4. Réhabilitation 2.7. Principaux effets secondaires
1.5. La chirurgie palliative 3. Traitements médicaux des cancers
1.6. La chirurgie de recours 3.1. Chimiothérapie
1.7. Le chirurgien cancérologue 3.2. Thérapies ciblées
2. Radiothérapie oncologique 3.3. Hormonothérapie
2.1. Introduction 3.4. Immunothérapie
2.2. Définitions 4. Décision thérapeutique et mise en œuvre
2.3. Mécanismes d'action des radiations ionisantes
�----------- ------------- ------------------------------------------- ------ --------------------------- - - ---------·
70
TRAITEMENT DES CANCERS
Rang Rubrique Intitulé
B Prise en charge Diagnostic et bilan d'extension
A Définition Connaître les différents types de radiothérapie (radiothérapie externe,
curiethérapie, radio-immunothérapie)
A Définition Connaître les principales thérapeutiques médicamenteuses spécifiques
du traitement des cancers: chimiothérapie antitumorale, thérapie ciblée,
hormonothérapie, immunothérapie
B Éléments Connaître les facteurs influençant l'effet des rayons X
physiopathologiques
B Éléments Connaître les doses d'efficacité permettant les contrôles tumoraux et de
physiopathologiques tolérance pour les tissus sains des rayons X
B Éléments Connaître les principes généraux de la radiothérapie interne vectorisée
physiopathologiques
B Éléments Connaître les effets secondaires radio-induits
physiopathologiques
B Définition Considérations générales sur la chimiothérapie antitumorale et les
traitements systémiques anticancéreux: action sur les cellules en cycle,
notion d'effet-dose, nécessité d'une preuve histologique
B Définition Connaître les définitions des différents types de traitement: adjuvant, néo-
adjuvant, concomitant ou séquentiel
B Définition Connaître les mesures d'initiation d'un traitement anticancéreux systémique
(mesures sociales, voie veineuse centrale, bilan des grandes fonctions
vitales)
B Définition Connaître les mécanismes d'action des différentes familles de chimiothérapie
(alkylants, inhibiteurs de topo-isomérases, antimétabolites, poisons du
fuseau)
A Définition Enumérer les complications des thérapeutiques médicamenteuses
spécifiques du traitement des cancers
B Éléments Décrire les toxicités spécifiques des chimiothérapies (cardiaques, rénales,
physiopathologiques vésicales, neurologiques, pulmonaires, gonadiques)
B Diagnostic positif Connaître le risque de syndrome de lyse tumorale et en apprécier le risque en
fonction du type et de la masse tumorale, du terrain et de la chimiothérapie
B Définition Énoncer les principales classes et principes d'action des thérapies ciblées
(anticorps monoclonaux et peptidomimétiques)
--
B Éléments Connaître les principes généraux d'action de l'hormonothérapie
physiopathologiques
B Éléments Connaître les principes généraux d'action de l'immunothérapie
physiopathologiques -
A Prise en charge Connaître le processus de décision de la mise en oeuvre du traitement
incluant la réunion de concertation multidisciplinaire (RCP), les principales
étapes du dispositif d'annonce, le plan personnalisé de soins
A • Le traitement d'un cancer peut faire appel à plusieurs modalités thérapeutiques, isolément, simultanément ou
successivement (Figure 1). La décision thérapeutique ne peut donc reposer que sur une concertation multidisci
plinaire. Les soins oncologiques de support ne sont pas réservés à la phase purement palliative de la fin de vie mais
font partie intégrante de la prise en charge thérapeutique du malade dès le diagnostic.
Méthodes thérapeutiques
1 1
1 1 1
Soins
Traitements
Chirurgie Radiothérapie Oncologiques
médicaux
de Support
La chirurgie des cancers ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations sont
données à titre indicatif.
1 1
1 1 1
Diagnostic
Prévention Traitement Réhabilitation
et bilan d'extension
72
ÎRAITEMENT DES CANCERS
1.1. La prévention
1..1..1.. La chirurgieprophylactique
• L'objectif est !'exérèse d'un organe apparemment sain, mais ayant un très fort risque de développement d'un
cancer lié à l'identification d'une mutation génétique constitutionnelle.
Exemple : Mastectomies et ovariectomies prophylactiques chez des patientes jeunes porteuses d'une
mutation BRCA 1 ou 2.
Exemples:
- Conisation en cas de carcinome in situ du col utérin.
- Colectomie totale+/- proctectomie en cas de polypose recto-colique.
• L'alternative à la chirurgie est la résection endoscopique ou la destruction (laser, plasma argon, hyper
fréquence ...).
Exemples:
- Biopsie du col utérin sous colposcopie.
- Castration par voie inguinale pour le diagnostic de cancer du testicule.
• A contrario, la chirurgie peut permettre de corriger un diagnostic erroné de malignité ou de découvrir fortuite
ment une tumeur maligne sur pièce opératoire.
Exemples:
- La cœlioscopie pour un cancer de l'ovaire oriente le choix du premier traitement et permet d'obtenir
une preuve histologique sur la tumeur, ses extensions et une cytologie sur le liquide péritonéal.
- Une suspicion de carcinose péritonéale (mésothéliome, cancer de l'estomac) nécessite une cœlioscopie
de classification de l'atteinte péritonéale pour estimer les chances de résection RO.
• Le curage apporte une information sur l'atteinte des ganglions et sera utilisé pour poser une indication de chimio
thérapie adjuvante (exemple: cancer du sein) et/ou d'une radiothérapie externe adaptée (exemples: cancer du col
utérin, cancer de la prostate). Une atteinte ganglionnaire peut être une contre-indication relative à la chirurgie
d'exérèse de l'organe en première intention (vessie, estomac, carcinome hépatocellulaire ...).
1.3. Traitements
1.3.1. Radicalité et qualité de vie
• Les objectifs de la chirurgie sont la guérison et le maintien d'une bonne qualité de vie. Le principe de radicalité a
pour objectif d'éviter les récidives locales; l'exérèse du cancer doit être totale et passer en tissu sain, sans effraction
de la tumeur. L'évolution des pratiques chirurgicales a voulu préserver la radicalité du geste tout en réduisant les
séquelles fonctionnelles ou mutilantes.
Exemples:
- Abandon de la mastectomie totale élargie à des méthodes conservatrices pour le cancer du sein.
- Abandon des amputations et désarticulations de membre pour les sarcomes des tissus mous.
Exemples:
- Pneumonectomie et curage ganglionnaire médiastinal pour un carcinome bronchique développé sur
une bronche souche.
- Hémi-colectomie droite pour un adénocarcinome du cëecum.
- Ablation de toute la glande, y compris le prolongement axillaire, en cas de chirurgie non conservatrice
pour un cancer du sein.
Exemples:
- Lors de l'exérèse d'un cancer du sein, une marge entre 1 et 2 mm est suffisante à condition qu'il n'y ait
pas de carcinome intra-canalaire (CCIS) associé car la marge exigée serait alors de 2 mm.
- La marge d'exérèse d'un mélanome cutané dépend de l'indice de Breslow (plus la tumeur est épaisse,
plus grandes devront être les marges).
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ÎRAITEMENT DES CANCERS
• On classe la qualité de !'exérèse en trois niveaux selon la présence ou non de foyers tumoraux résiduels
après la chirurgie:
- RO: il n'y a pas de résidu microscopique;
- Rl : il n'y a pas de résidu macroscopique, mais un très fort risque de résidu microscopique;
- R2: il persiste un résidu macroscopique.
Exemples:
- Un cancer du rectum sous péritonéal > T2 justifie une radiothérapie associée à une chimiothérapie,
avant le temps chirurgical d'exérèse et sans préjuger de l'indication d'une chimiothérapie adjuvante.
- Les métastases hépatiques des cancers colorectaux, de l'adénocarcinome du bas œsophage, des
sarcomes des membres, etc. bénéficient d'un traitement d'induction pré-chirurgical.
Exemples:
Chimio-radiothérapie concomitante exclusive du carcinome épidermoïde du tiers supérieur de
l'œsophage, du cancer de vessie T2 (après RTUV complète).
- Le cancer de la prostate peut être traité par curiethérapie, par radiothérapie externe conformationnelle
avec modulation d'intensité, par cryothérapie, etc. en lieu et place de la chirurgie. Chaque technique a
des indications plus ou moins précises, mais qui dépendent également de l'accès au plateau technique
correspondant.
Exemple : La persistance de masses ganglionnaires après chimiothérapie pour une tumeur germinale
non séminomateuse du testicule de stade Il (atteinte des ganglions régionaux : ganglions para-aortiques,
pré-aortiques, inter-aortico-caves, pré-caves, para-caves, rétro-caves, rétro-aortiques et le long des veines
spermatiques) peut correspondre à :
► des résidus tumoraux actifs qui vont imposer une chimiothérapie de deuxième ligne, voire une
intensification de dose;
► du matériel nécrotique qui peut renseigner sur la nature d'images résiduelles en site métastatique
(poumon, ganglions médiastinaux) dont la surveillance sera suffisante;
► une tumeur mature à type de tératome dont l'évolution sous forme de tératome croissant peut
donner des complications à type de compression.
Exemple:
- Le cancer épidermoïde de la marge anale est traité en première intention par une association de chimio
radiothérapie. Le résultat attendu est un contrôle de la maladie dans plus de 90 % des cas. L'échec est
la persistance de tumeur vivace, de douleurs et souvent une incontinence des matières et des gaz.
L'amputation ano-rectale par voie abdomino-périnéale est alors nécessaire. Elle se justifie d'autant plus
que la maladie est à un stade local et si l'atteinte ganglionnaire a été contrôlée par le traitement.
Exemples:
- Laminectomie décompressive de la moëlle épinière pour éviter une paraplégie.
- Ostéosynthèse en prévention d'une fracture pathologique.
1.4. Réhabilitation
• La chirurgie réparatrice s'adresse aux conséquences et séquelles de la chirurgie d'exérèse et aux complications des
autres méthodes de traitement des cancers. Le geste peut être fait immédiatement par nécessité ou de manière
différée.
Exemple : Le grêle radique, consécutif à une irradiation abdominale peut se manifester par une nécrose
muqueuse sténosante limitée, en général en regard d'une bride adhérentielle. Il peut se manifester par des
troubles de l'absorption et des troubles du transit par fibrose d'une longue portion du grêle. La chirurgie
réalise la résection de tout le segment pathologique et s'assure d'une suture en zone saine.
• La chirurgie est parfois nécessaire dans des situations où la complication est liée à l'efficacité de la radiothérapie
qui aboutit à la fonte tumorale et démasque une fistule, provoque un abcès sur nécrose, etc.
Exemples:
- Une prostato-cystectomie totale pour un cancer de la vessie peut être compensée par une iléo-néo
cystoplastie (reconstruction d'un réservoir in situ en utilisant le grêle« détubulé » et anastomoses urétro
iléale et urétéro-iléales).
- Une pharyngo-laryngectomie totale sera partiellement reconstruite en rétablissant la continuité de la
voie digestive supérieure entre la cavité buccale et l'œsophage: lambeau libre jéjunal ou lambeau libre
cutané ou plastie cutanée locale, etc.
- Pour le cancer du sein nécessitant une mastectomie totale, il est possible de réaliser une reconstruction
immédiate:
► pour un carcinome canalaire in situ étendu;
► pour un cancer ayant nécessité une chimiothérapie première que l'on fait suivre par une
radiothérapie. La chirurgie clôt le traitement par une mastectomie totale et une reconstruction
mammaire immédiate (RMI).
Exemple:
- La chirurgie du plancher de bouche nécessite parfois une interruption du maxillaire inférieur. Une
reconstruction secondaire, après cicatrisation et éventuellement une radiothérapie, associe une greffe
osseuse et dans les bons cas l'implantation d'orthèses.
- La reconstruction différée du sein est largement répandue; le choix des techniques est large.
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ÎRAITEMENT DES CANCERS
1.6. La chirurgie de recours
• Cette chirurgie est celle qui s'adresse aux situations les plus difficiles, souvent après chimiothérapie et/ou radio
thérapie préalables:
- tumeurs rares pour lesquelles il est recommandé de faire appel à des centres de référence;
- rattrapage et récidives (cf. supra);
- zones anatomiques frontières: thorax/abdomen, pelvis/racine du membre inférieur,etc.;
- chirurgie lourde: exentérations pelviennes, exérèses multi-viscérales, carcinose péritonéale;
- participation à la recherche clinique.
2. Radiothérapie oncologique
2.1. Introduction
• C'est en 1895 que W.-C. Roentgen découvre les rayons X, mais ce n'est que vers les années 1920-1930 que la
radiothérapie, en tant que discipline de traitement anticancéreux, va réellement se structurer. Le but de la radio
thérapie est d'utiliser les radiations ionisantes à visée thérapeutique, afin de détruire les cellules cancéreuses.
� · La fin du XX< siècle a vu se développer une double révolution en radiothérapie:
- une révolution technologique avec la mise à disposition d'appareillages de plus en plus performants, en
particulier les accélérateurs linéaires ;
- une révolution biologique avec la compréhension de plus en plus précise des mécanismes d'action des
rayonnements ionisants.
• La radiothérapie s'intègre de plus en plus souvent dans des protocoles thérapeutiques multidisciplinaires, impli
quant avec elle chirurgie et/ou chimiothérapie anticancéreuse.
• La radiobiologie étudie les effets des radiations sur les cellules normales et tumorales. Son but ultime, en clinique,
est de permettre l'amélioration de l'efficacité des radiations sur les tumeurs et de minimiser les effets secondaires
sur les tissus sains traversés par les radiations ionisantes.
A 2.2. Définitions
• Les radiations ionisantes sont des radiations capables de créer des ionisations dans la matière qu'elles traversent
par« arrachement» d'électrons aux atomes des molécules du milieu.
• Les photons correspondent à des« grains» d'énergie sans masse, se déplaçant à la vitesse de la lumière et trans
portés par une onde électromagnétique.
• On distingue les photons gamma, produits lors de la désintégration d'atomes radioactifs naturels ou artificiels,
cobalt (Co60), iridium (Ir 1 92), césium (Cs 137), et les photons X, produits lors des interactions électrons-matière.
En radiothérapie, il s'agit de photons produits par des tubes à rayons X ou par des accélérateurs linéaires à usage
médical. À énergie égale, photons gamma ou X ont des propriétés biologiques identiques : seuls les distinguent
leurs modes de production.
• Les électrons correspondent à des particules élémentaires de matière chargée négativement. La masse d'un élec
tron est environ deux mille fois plus petite que celle des particules constituant le noyau de l'atome (neutrons et
protons). En radiothérapie, on utilise essentiellement des électrons produits par les accélérateurs linéaires (dans
une gamme d'énergie allant de 4 à 32 MeV).
• Le Gray (Gy) est l'unité de dose en radiothérapie.
• Il s'agit d'une unité de dose absorbée, correspondant à une absorption d'énergie d'l joule par Kg (1 Gy= 1 J.Kg 1 ).
Le mécanisme d'action des radiations ionisantes ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet
item et ces informations sont données à titre indicatif.
l
0 Irradiation
10-15 s Ionisations-Excitations
10-5 s Radicaux libres
.---�
seconde Réactions biochimiques
minute
Réparation cellulaire
heure �
jour Mort différée
semaine
Réparation tissulaire
mois
année
Cancéri�
descendance Mutations
2.3.1. la phasephysique
• Elle correspond aux évènements physiques initiaux (ionisations, excitations) déclenchés par l'interaction des
rayonnements avec les atomes des molécules cellulaires. Ces évènements se produisent avec une extrême rapidité
(de l'ordre de 10 15 à 10 16 seconde)
- Interaction photons-matière : dans la gamme d'énergie des photons utilisés en radiothérapie, deux effets
prédominent largement (Figure 4) : l'effet Compton (l'énergie d'un photon incident est transmise à un
électron arraché à une couche périphérique d'un atome et à un photon dit« diffusé»), et l'effet photoélectrique
(l'intégralité de l'énergie du photon incident est transférée à un électron arraché à une couche interne d'un
atome ; le réarrangement électronique qui s'ensuit entraîne l'émission soit d'un photon dit de« fluorescence »,
soit d'un électron Auger).
- Interaction électrons-matière: il peut s'agir soit des électrons« primaires», produits directement par les
appareils de traitement, soit des électrons« secondaires», produits au cours des interactions photons-matière.
Deux types de phénomènes prédominent : des interactions électron-électron, appelées collisions, entraînant
80
ÎRAITEMENT DES CANCERS 83 ◄
un transfert d'énergie qui s'épuise progressivement dans la matière et des interactions électron-noyau dits
phénomènes de freinage [l'électron est freiné lors d'un passage à proximité d'un noyau (chargé positivement
qui l'attire)]. L'énergie perdue lors du freinage de l'électron est à l'origine de la production de photons (X) dits
«de freinage».
Effet compton
✓ électron Compton
.
,. ., . ,. , <\,...,. .,. . ,..• photon diffusé
Effet photoélectrique
photon électron
photon de fluorescence
, . . ,�
, ou
électron Auger
cassure
simple brin
modificatio.n
de base
site abasique
2.3.3. La phasecellulaire
• Elle se déroule dans les heures suivant l'irradiation. Les lésions cellulaires sont la conséquence principale des
lésions de l'ADN nucléaire. Elles dépendent des capacités et des modalités de réparation de l'ADN lésé.
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ÎRAITEMENT DES CANCERS
2.3.3.3. Mort cellulaire
• La différence de comportement (effet différentiel) entre une cellule normale, qui se répare, et une cellule cancé
reuse, qui ne répare pas ou répare mal les radiolésions, permet aux radiations ionisantes d'entraîner la mort des
cellules cancéreuses tout en préservant les cellules normales.
• Les lésions sont dites létales si elles touchent des fonctions vitales pour la cellule et sont irréparables.
• Elles sont dites sub-létales si elles ne sont pas individuellement létales, mais que leur accumulation dans une
cellule aboutit à la mort de celle-ci.
• Les lésions potentiellement létales peuvent se réparer si les conditions (pH ...) sont favorables mais entraînent la
mort de la cellule s'il y a division rapide suivant l'irradiation.
• Différents types de mort cellulaire sont décrits après irradiation :
- la mort immédiate est rare et se produit après une irradiation à très haute dose (plusieurs centaines de Gy), ou
si les lésions de !'ADN sont létales d'emblée;
- la plupart du temps, la cellule irradiée cesse de se diviser après une ou plusieurs mitoses, ce qui correspond
à la perte de la capacité pour la cellule tumorale à proliférer de façon infinie : c'est le phénomène de mort
mitotique différée (mort en mitose). Ceci explique le délai observé entre l'irradiation et la régression clinique
du volume tumoral;
- l'apoptose est une mort cellulaire programmée, active, qui fait partie du processus normal de la vie cellulaire.
L'apoptose radio-induite nécessite le fonctionnement normal du gène p53. D'autres gènes radio-inductibles
entraînent de façon inéluctable la cellule dans le cycle de l'apoptose.
► 86
83
ÎRAITEMENT DES CANCERS
Item 294
Il n'y a pas de radiothérapie possible sans preuve histologique sauf cas très particuliers.
84
ÎRAITEMENT DES CANCERS
2.5.2. la curiethérapie
• Cette méthode utilise des sources radioactives mises en place à l'intérieur de l'organisme. On distingue la curie
thérapie interstitielle (les sources sont placées à l'intérieur du tissu à irradier) et la curiethérapie endo-cavitaire
ou intra-luminale où les sources sont introduites dans une cavité naturelle au contact ou à proximité du tissu à
irradier. Durant le temps pendant lequel les sources sont à l'intérieur de l'organisme, l'irradiation est continue.
Elle dure de quelques minutes à quelques jours, en fonction du débit utilisé (haut débit= quelques minutes), et
de la dose à délivrer.
• En France, on utilise comme sources radioactives l'iridium (Ir 1 92) et le césium (Cs 137).
• L'intérêt de la curiethérapie par rapport à l'irradiation externe est de délivrer en un faible laps de temps une dose
forte dans un très petit volume, car la dose chute très vite en périphérie du volume irradié.
- les effets génétiques: ils restent très théoriques dans un contexte de radiothérapie. Les doses reçues aux gonades
sont souvent faibles, voire très faibles, car les volumes irradiés se situent à distance. Ce risque génétique ne
paraît devoir être pris en compte que lorsqu'une irradiation thérapeutique est amenée à délivrer aux testicules
ou aux ovaires une dose supérieure à 0,5-1 Gy (inférieure aux doses entraînant une castration).
Diarrhées
Estomac Nausées, vomissements Hémorragie
Foie Hépatomégalie Maladie veina-occlusive
Intestin Diarrhées Ulcération
Météorisme Sténose de la paroi
Douleurs Sclérose de la paroi
86
Rein - Néphropathie radique (HTA, Insuffisance rénale,
protéinurie)
Insuffisance rénale chronique
HTA par sténose de l'artère rénale
Hydronéphrose
+/- fibrose rétro-péritonéale
Vessie Cystite Hématurie
Atrophie vésicale
Rectum Faux besoins Sténose
Épreintes Rectorragies
Ténesmes
ORL Mucite « Larynx radique » (dysphonie, dyspnée)
Épidermite Asialie, Douleurs
Jabot,+ cf. peau
Trismus, Ostéo-radio-nécrose et fracture
Cristallin - Cataracte
1 1 1 1
B 3.1. Chimiothérapie
3.1..1.. Considérations générales
• La chimiothérapie anti-tumorale utilise des médicaments qui entraînent un arrêt du cycle cellulaire (effet cytos
tatique) et/ou une mort cellulaire (effet cytotoxique), principalement par apoptose.
• Il n'y a pas de chimiothérapie possible sans preuve histologique. Seules certaines tumeurs germinales peuvent
être traitées sans preuve histologique sur la base d'arguments cliniques, radiologiques et biologiques.
• Trois principes régissent l'utilisation de la chimiothérapie systémique :
- une fraction constante de cellules tumorales est tuée à chaque cycle thérapeutique. Par exemple, si un
cycle thérapeutique tue 99 % des cellules d'un cancer, une masse tumorale de 10 11 cellules sera réduite à
approximativement 10 cellules après 5 cycles;
- les cellules néoplasiques sont supposées répondre au traitement suivant une relation linéaire entre la dose et
son efficacité, ce qui justifie l'emploi de doses le plus élevées possibles, administrées aux intervalles de temps
les plus courts;
► 90
87
TRAITEMENT DES CANCERS
Item 294
- l'hyp othèse de Goldie-Coldman suggère que les tumeurs ont un taux spontané de mutation d'environ une
cellule pour 100 000 et par gène. Ainsi, une tumeur contenant 109 cellules (environ 1 gramme) comprendra
spontanément environ 10 000 cellules résistantes à un médicament donné. Mais la résistance simultanée d'une
cellule à deux médicaments ne s'observera que pour une cellule sur 10 10 . Ceci explique l'efficacité supérieure
des poly-chimiothérapies.
1 ◄
88
ÎRAITEMENT DES CANCERS
• Certaines contre-indications sont directement liées au médicament utilisé: par exemple, clairance de la créatinine
< 60 ml/mn pour le cisplatine.
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Cisplatine ---+--' +/-
_ +--+_+"'"'""41------+----+---,f----1-=-------1--+--+-----+-----1
Carboplatin e ·-•"'"'""4-+�--+-+-----====-+���=af=--��===�-+--=--+��
Oxaliplatine ++
+ +
(paresth�sies au froid)
Cyclo phosphamide/
+ + ++ +/-
ifosfamide
- ------+--+-��--------- ===-· -4�----�----i-�----4=-=-1
lrinotécan + + ++ ++ (sd cholinergique)
Anthracyc_l_in_es��+--+-+=+_+=+-=---------+--++_ ..,_. _+.......,1----=+"'""/-______+"'"(c_u_m_u_l-at-if�)-++
- _1
l!oposide __-4-_+_+�_+=+-��-==-=--+=++-+==-+----=----1-�------,-�
Paclitaxel + /- ++ + +
Docétaxel + + ++ ++ + +
Vinore lbine/
+j- + ++
vincristine
�-==�==�- �=+-=•-4=======---�---=-====--�--------i
s Fluorouracile + (spasme
+/- +/- +/- +/-
= a= r= _ien= ""'+-=--i
l==•�==�==l===-1====+=- -========l==+==· "i=·=-=-·====-,=,.=-=+a--+-c= o=ron )
--�··��--·-- - - -
Tableau 3. TOXICITÉS SPÉCIFIQUES POUVANT ENGAGER LE PRONOSTIC VITAL
----��··�-- - � --�---·�---
--- --
Card aque
i
- TOXICITÉS
• angor par spasme coronarien voire syndrome coronarien aigu ST+: 5-FU
�
90
ÎRAITEMENT DES CANCERS
• Un déficit complet en DHPD (dihydro-pyrimidine déshydrogénase) peut provoquer des toxicités mortelles en
cas d'administration de 5-FU. Celui-ci étant réduit par la DHPD, il s'accumule en cas de déficit complet de l'en
zyme. Un déficit partiel est possible; il sera géré par une administration du 5-FU à dose réduite de moitié. li est
recommandé depuis 2018 de réaliser un dépistage systématique du déficit en DHPD avant toute administration
de 5-FU ou Capécitabine.
• Ils se fixent soit sur le domaine extra-cellulaire du récepteur ciblé empêchant la fixation du ligand (exemple :
cétuximab sur le récepteur de l'epidermal growth factor, EGFR), soit directement sur le ligand empêchant la
fixation sur son récepteur (exemple : bévacizumab sur le vascular endothelial growth factor, VEGF), soit sur le
domaine de dimérisation du récepteur, empêchant alors son activation (exemple: pertuzumab qui bloque l'hété
rodimérisation de HER2 avec HER3).
• Ces médicaments sont dirigés contre:
- la voie VEGF (ex: bévacizumab);
- la voie EGF (ex: cétuximab);
- la voie HER2 (ex: trastuzumab, pertuzumab).
3.2.2.2. Inhibiteurs pharmacologiques
• Les inhibiteurs pharmacologiques sont des petites molécules qui - au contraire des anticorps monoclonaux -
agissent à l'intérieur de la cellule.
• Ils sont pour la plupart dirigés contre les récepteurs membranaires à activité tyrosine kinase et se fixent au niveau
du site de fixation de l'ATP, bloquant ainsi les mécanismes de phosphorylation à l'origine des cascades de signa
lisation qui conduisent le signal au noyau cellulaire. Ils portent le suffixe - inib.
• D'autres ont une action cytoplasmique.
• Ils sont administrés par voie orale. Leur profil de tolérance est globalement plus favorable que la chimiothérapie
mais impose une éducation thérapeutique du patient.
• Ces médicaments sont dirigés contre:
- le récepteur de l'EGF (ex: erlotinib);
- la translocation de ALK (ex: crizotinib);
- la mutation BRAF V600 (ex: vémurafénib);
- la voie CDK4/6 (ex: palbociclib)
92
ÎRAITEMENT DES CANCERS 95 ◄
• Les agonistes (ou analogues) de la LH-RH stimulent, dans les premiers jours du traitement, la sécrétion hypophy
saire de LH et FSH entraînant en retour l'augmentation de la synthèse de testostérone avec le risque de provoquer
une majoration initiale des symptômes (phénomène dit du « flare-up »). Dans un second temps, ils provoquent
l'internalisation dans la cellule des complexes ligand-récepteur ainsi que la diminution du nombre des récepteurs
aboutissant in fine à la suppression de la sécrétion de testostérone.
• Le risque de rebond symptomatique précoce est particulièrement élevé chez les malades porteurs d'une obstruc
tion des voies urinaires excrétrices ainsi que chez ceux présentant des métastases vertébrales avec donc un risque
de compression médullaire. Aussi est-il impératif de faire précéder ou, au minimum, de CO-administrer au début
du traitement un anti-androgène jusqu'à ce que la testostéronémie atteigne le niveau de castration médicale ('.Ô
0,5 ng/ml). L'association d'un agoniste de la LH-RH et d'un anti-androgène est connue sous l'appellation de
blocage androgénique complet.
• Les antagonistes de la LH-RH entraînent un blocage direct et immédiat des récepteurs de la LH-RH, conduisant
à une suppression rapide de la LH et FSH, et de la sécrétion de testostérone, sans risque d'effet flare-up +++.
• Chez la femme non ménopausée, les inhibiteurs de l'aromatase sont contre-indiqués en monothérapie, du fait de
leur inefficacité sur le blocage de la synthèse ovarienne d'oestrogènes.
• Les effets indésirables les plus fréquemment observés avec ces médicaments sont des myalgies et des arthralgies
dont les malades doivent être prévenues avant l'instauration du traitement et qui peuvent aller jusqu'à faire inter
rompre celui-ci. Ils ont surtout en commun d'accélérer la perte osseuse postménopausique et d'être associés à un
risque fracturaire accru. En conséquence, les malades doivent bénéficier d'une surveillance de la densitométrie
osseuse et recevoir un apport suffisant en calcium et vitamine D.
• Les effets indésirables de cette nouvelle classe médicamenteuse (on parle de « checkpoint inhibitors ») résultent
d'une réponse immunitaire augmentée ou excessive dirigée contre l'organisme du malade. Ils concernent essen
tiellement les systèmes gastro-intestinal, hépatique, cutané, nerveux et endocrinien (notamment au niveau de
l'hypophyse et de la thyroïde) mais ils peuvent atteindre toutes les fonctions de l'organisme. Ils apparaissent pour
la plupart pendant la phase d'induction du traitement mais peuvent également être retardés. Un diagnostic pré
coce et une prise en charge appropriée, par corticothérapie à forte dose éventuellement associée à un traitement
immunosuppresseur, sont essentiels pour minimiser les complications menaçant le pronostic vital.
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ÎRAITEMENT DES CANCERS
A 4. Décision thérapeutique et mise en œuvre
• La décision de recours à un traitement anti-tumoral (chirurgie, radiothérapie ou traitement médical) est le fruit
d'une décision collégiale, obligatoirement prise en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
• Selon les critères de Haute Autorité de Santé de 2014, la RCP doit remplir les critères suivants:
- inscription au sein d'un réseau de cancérologie;
- doit se tenir en présence d'au moins trois médecins de spécialités différentes permettant d'avoir un avis
pertinent sur toutes les procédures envisagées;
- chaque dossier doit être présenté que ce soit à la phase initiale du traitement, en cas de rechute ou de changement
de ligne thérapeutique;
- en cas de situation clinique faisant l'objet d'une prise en charge standard de validité incontestable, celle-ci
peut être mise en route sans attendre une réunion de concertation, mais le dossier devra ultérieurement être
présenté en RCP afin que la décision puisse y être entérinée et que cette prise en charge puisse y être enregistrée
et archivée;
- la décision prise est tracée, elle sera ensuite soumise et expliquée au patient.
• Depuis le Plan cancer 2003-2007, un dispositif d'annonce a été mis en place qui vise à améliorer l'annonce de la
maladie. Ce dispositif est construit autour de quatre temps correspondant à quatre étapes de prise en charge du
patient par des personnels médicaux ou soignants
- temps médical : une ou plusieurs consultations d'annonce ; en relais immédiat du dispositif d'annonce, le
programme personnalisé de soins (PPS) est remis à chaque patient. Il formalise la proposition de prise en
charge thérapeutique décidée en RCP. Il comprend entre autres les coordonnées du médecin référent et de
l'équipe soignante référente, les coordonnées de la personne de confiance ainsi qu'un calendrier prévisionnel
de soins et de suivi;
- temps d'accompagnement soignant : le patient et/ou ses proches peuvent rencontrer un soignant (le plus
souvent une infirmière d'annonce) après la consultation médicale d'annonce, informations sur le déroulement
des soins et mise en contact avec d'autres professionnels de santé si besoin (psychologue, assistant social);
- accès à une équipe de soins de support ;
- un temps d'articulation avec la médecine de ville: le médecin traitant est informé en temps réel et doit être
associé au parcours de soins.
• Au terme du traitement, un programme personnalisé de l'après-cancer (PPAC) sera établi.
162. dyspnée
167. toux
Paracliniques, en lien avec les complications des traitements
194. analyse du bilan thyroïdien La radiothérapie peut être à l'origine d'une hypothyroïde
195. analyse du bilan lipidique (radiothérapie ORL) ou d'une lymphopénie (radiothérapie
pelvienne). La chimiothérapie se complique souvent d'une
206. élévation des transaminases sans cholestase hématotoxicité: leuconeutropénie, anémie arégénérative,
208. hyperglycémie thrombopénie. Les thérapies ciblées peuvent donner des
toxicités hépatiques, thyroïdiennes et pour certaines des
221. interprétation de l'hémogramme
dyslipidémies/hyperglycémie (par exemple les inhibiteurs
de mTOR). L'immunothérapie peut provoquer des toxicités
hépatiques, dysthyroïdies, rénales...
En lien avec le suivi
297 . consultation du suivi en cancérologie Le suivi en cancérologie doit inclure l'évaluation de la
tolérance du traitement et de son efficacité. Il implique
donc un examen clinique, des examens d'imagerie et des
examens biologiques adaptés au traitement prescrit.
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ÎRAITEMENT DES CANCERS