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ARTICLE DE REVUE
a
Service d’urologie, CHU de Besançon, 25030 Besançon cedex, France
b
Service d’oncologie médicale, CHU de Besançon, boulevard Flemming, 25030 Besançon
cedex, France
c
Service de radiothérapie, CHU de Besançon, 25030 Besançon cedex, France
d
Inserm, UMR1098, 25020 Besançon cedex, France
e
UMR1098, SFR IBCT, université de Franche-Comté, 25020 Besançon, France
∗ Auteur correspondant. Service d’oncologie médicale, CHU de Besançon, boulevard Flemming, 25000 Besançon cedex, France.
Adresse e-mail : a.thieryvuillemin@mac.com (A. Thiery-Vuillemin).
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2014.02.005
1166-7087/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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596 V. Richard et al.
Quelques données émergent sur l’utilisation des nouvelles molécules et leur combinaisons :
l’acétate d’abiratérone a montré en association avec un analogue de LHRH une baisse du PSA
plus rapide et des taux de réponse complète histologique plus importants. D’autres résultats
sont prometteurs avec blocages hormonaux aux divers points clés.
Conclusion. — Les études avec les hormonothérapies de type anti-androgènes de 2e génération
ou inhibiteurs enzymatiques semblent montrer des résultats très prometteurs. Afin d’apporter
des réponses sur l’efficacité d’une stratégie néoadjuvante actuelle du point de vue de la sur-
vie, d’autres études de phase III randomisés ou de phase II avec recherche de biomarqueurs
prédictifs sont nécessaires. La conception de tels essais nécessite une vision multidisciplinaire
avec urologues, oncologues, radiologues et méthodologistes.
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KEYWORDS Summary
Prostate cancer; Goal. — To study the impact of systemic treatment in neoadjuvant strategy before surgery in
Neoadjuvant; prostate cancer.
Hormonal therapy; Materials. — Literature reviews with data analysis from PubMed search using the keywords
Chemotherapy; ‘‘neoadjuvant’’, ‘‘chemotherapy’’, ‘‘hormonal therapy’’, ‘‘prostate surgery’’, ‘‘radical pros-
Radical tatectomy’’, but also reports from ASCO and ESMO conferences. The articles on neoadjuvant
prostatectomy; treatment before radiotherapy were excluded.
Targeted therapy Results. — First studies with former therapy are more than 15-years-old and with questionable
methodology: lack of power to have a clear idea of the impact on survival criteria such as
overall survival or relapse-free survival. However, the impact of neoadjuvant hormone therapy
on the classic risk factors for relapse (positive margins, intraprostatic disease, positive lymph
nodes) was demonstrated by these studies and a Cochrane meta-analysis. The association with
hormone therapy seems mandatory in comparison to treatment based solely on chemotherapy
and/or targeted therapy. Promising data on the use of new drugs and their combinations arise:
abiraterone acetate combined with LHRH analogue showed a fast PSA decrease and higher
rates of pathologic complete response. Other results are promising with hormonal blockages at
various key points.
Conclusion. — Studies with 2nd generation anti-androgene agents or enzyme inhibitors seem to
show very promising results. To provide answers about the effectiveness of current neoadjuvant
strategy in terms of survival, other studies are needed: randomized phase III or phase II exploring
predictive biomarkers. The design of such trials requires a multidisciplinary approach with
urologists, oncologists, radiologists and methodologists.
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Introduction et/ou à une radiothérapie est plus rarement réalisée [5]. Des
études récentes posent toutefois la question d’un impact
En France, selon les dernières estimations du rapport INCA positif de la chirurgie chez les patients ayant un Score de
2013, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent d’Amico 3 [6,7].
avec 71 000 nouveaux cas et constitue la 3e cause de décès De nombreux facteurs prédictifs de récidive après trai-
par cancer chez l’homme. tement chirurgical sont clairement définis. L’envahissement
La prostatectomie totale (PT) est le traitement de pre- des vésicules séminales ainsi qu’une atteinte extracap-
mière intention du cancer de la prostate dans les formes sulaire, des marges opératoires non saines, une atteinte
localisées chez les patients dont l’espérance de vie est ganglionnaire ou un score de Gleason > 8 sont considérés
supérieure à 10 ans [1]. En dépit d’un taux de réussite comme des facteurs de mauvais pronostic [6,8,9]. Une opti-
élevé, le traitement radical peut dans certains cas révéler misation du traitement chirurgical pour les patients ayant
certaines limites notamment dans les cancers de prostate un CPLA pourrait donc avoir un impact sur le pronostic de la
localement avancés (CPLA) [2]. Au diagnostic, 20 à 35 % maladie.
des patients ont un cancer de prostate à haut risque de Dans d’autres modèles tumoraux, comme le cancer du
récidive (PSA > 20 ng/mL ou score de Gleason > 7 ou stade sein ou de vessie [10], le bénéfice d’un traitement systé-
clinique > T2b) ou localement avancé (T3—T4 N0 M0) [3—5]. mique (TS) néoadjuvant ou préopératoire a été démontré.
Le traitement classique d’un CPLA est l’association radio- L’objectif d’une stratégie néoadjuvante est de diminuer
thérapie externe et hormonothérapie de longue durée. La le risque de récidive et d’améliorer la survie globale de
prostatectomie seule ou associée à une hormonothérapie patients en administrant le TS avant la chirurgie. Parfois
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Traitements néoadjuvants préopératoires dans le cancer de la prostate 597
Figure 1. Cibles cellulaires des principaux traitements systémiques anticancéreux dans le cancer de prostate. Ago : agoniste ; Antag :
antagoniste ; DHT : dihydrotestostérone.
il permet de faciliter la chirurgie en réduisant la taille de Les données concernant les traitements néoadjuvants
la tumeur primitive, de réduire le risque de récidive à dis- avant traitement par radiothérapie exclusive ont été exclus.
tance et de fournir une évaluation in-vivo de la sensibilité Les stratégies d’irradiation préopératoire ne seront pas
tumorale au TS : les patients ayant une réponse histologique abordées.
complète (RHC) sur la pièce opératoire ont un meilleur pro-
nostic avec l’exemple du cancer de vessie et du cancer du
sein [10,11].
Les cibles thérapeutiques potentielles médicamenteuses
Résultats
sont nombreuses dans le cancer de prostate (Fig. 1). La Hormonothérapies de première génération
pierre angulaire est l’hormonothérapie. En cas de résistance
à la castration, les chimiothérapies de type taxanes ont Les principales études publiées sont anciennes : fin des
fait preuve de leur efficacité [12,13]. De nombreux espoirs années 1990, début des années 2000. Elles sont résumées
reposent sur les nouvelles biothérapies ciblées [13]. dans le Tableau 1 [14—20]. Les principaux essais publiés
Cet article analyse les résultats des études anciennes et utilisaient une hormonothérapie avec un traitement par un
nouvelles ayant exploré l’impact de ces différentes straté- agoniste de la LHRH (agoLHRH), un anti-androgène périphé-
gies systémiques en situation néoadjuvante dans le cadre rique, ou la combinaison des deux (blocage androgénique
du cancer. Les essais cliniques en cours de réalisation sont complet [BAC]). Examinées indépendamment les unes des
résumés dans un paragraphe dédié. autres elles ne retrouvent pas de bénéfice en termes de sur-
vie sans récidive (SSR) clinique ou de survie globale (SG).
Toutefois des informations manquent sur la durée de suivi
Méthodes des patients et la plupart de ces études avaient de faibles
effectifs : moins de 150 patients randomisés par bras. Les
Les données de cette revue ont été tirées de recherches 3 principales études avec un effectif supérieur à 300 patients
dans le moteur PubMed à l’aide des mots clés : neoadju- sont détaillées ci-dessous.
vant, chemotherapy, hormonal therapy, targeted therapy, Une étude européenne a randomisé, à partir de
prostate, surgery, radical prostactectomy. Les articles clés 1991, 402 patients atteints de cancers de prostate T2-
ou étant en lien avec le sujet ont été également recher- T3N0M0 en 2 bras : prostatectomie radicale directement
chés au sein des références des articles répertoriés. Les pour 210 patients ou après 3 mois d’hormonothérapie néoad-
résumés et les rapports de congrès comme l’American juvante (neoHT) avec un BAC (goserelin et flutamide)
Society of Clinical Oncology (ASCO), ASCO Genitourinary pour 192 patients [21,22]. L’objectif principal était la sur-
Cancers Symposium, Europeean Society for Medical Onco- vie sans rechute en utilisant le PSA comme critère de
logy (ESMO) ou autres n’ont été inclus que lorsqu’ils étaient jugement et une méthodologie statistique basée sur le
directement en lien avec le thème de l’article. Les essais PSA. Le traitement préopératoire a permis une diminu-
en cours ont été identifiés via le site ClinicalTrials.gov tion du PSA avec des dosages moyens passant de 19,9 à
(http://www.clinicaltrials.gov/) à l’aide des mots clés : 0,8 ng/mL au moment de la chirurgie. Un downstaging
neoadjuvant, chemotherapy, hormonal therapy, prostate. à l’examen anatomopathologique avantageait le groupe
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de patient ayant reçu un traitement néoadjuvant par T3 clinique (p = 0,01) initialement. De même le nombre de
rapport à ceux opérés d’emblée avec des taux de 15 % rechutes locales était significativement moindre dans le
vs 7 % (p < 0,01). Quatre patients étaient en réponse groupe néoHT avec 3 patients sur 102 (3 %) versus 12 sur
complète ou quasi-complète histologique après avoir reçu 114 (11 %) sans hormonothérapie (p = 0,03) [21,22]. Toute-
une neoHT. La probabilité d’avoir des marges positives fois ces résultats intéressants sur ces facteurs prédictifs
était réduite significativement avec la neoHT à la fois pour ne se sont pas traduits en terme de rechute biolo-
les patients avec des tumeurs T2 clinique (p < 0,01) et les gique.
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Tableau 2 Essais de combinaison hormonothérapie et chimiothérapie néoadjuvante dans le cancer de la prostate (études de phase II).
Effectif et critères Protocole thérapeutique Réponse biologique Réponse histologique Récidive
d’inclusion
22 patients ≥ T2b, DTX 36 mg/m2 PSA PT < 0,1 : 4,5 % (n = 1) RHC = 0 SSR biologique = 45 %
Gs ≥ 8, PSA ≥ 20 hebdo pdt ↓ PSA PT > 50 % : 91 % Marge + = 36 % (n = 4/11a )
3/4 semaines + Estramustine (n = 20) EEP = 36 % (n = 4/11a )
140 mg × 3/j j1—j3 tous les 28 j N+ = NR
3 cycles
21 patients ≥ T2b, DTX 70 mg/m2 j2 tous les ↓ PSA PT > 90 % : 76 % RHC = 0 SSR = 71 %
Gs ≥ 8, PSA ≥ 15 3 semaines + Estramustine 280 × 3/j (n = 16) Marge + = 30 % (n = 3/10b )
j1—j3 tous les 21 j ↓ PSA PT > 50 % : 100 % EEP = NR
3 à 6 cycles (n = 21) N+ = 10 % (n = 1/10b )
33 patients T1-T2, BAC + Doxorubicine 20 mg/m2 j1, PSA PT < 0,1 : 50 % RHC = 0 PSA SSR = 69 % (n = 20)
Gs ≥ 8 ou T2b-T2c, 15, j29 + Ketoconazole 400 mg Marge + = 17 % (n = 5)
Gs 7, PSA > 10 ou T3 j1—j7, 15—21, EEP = 67 % (n = 20)
29—35 + Estramustine 140 mg N+ = 37 % (n = 11)
j8—14, 22—28, 36—42 + Vinblastine
4 mg/m2 j8, 22, 36
3 mois
72 patients T1c-T3, DTX 35 mg/m2 PSA médian PT : 0,14 RHC = 3 % (n = 2) SSR biologique = 30 %
tous Gs, tous PSA hebdo 6 semaines sur (range 0,02—3,8) Marge + = 27 % (n = 17) (n = 19)
83 cycles + BAC ↓ Médiane du PSA de EEP = 22 % (n = 14)
98,4 % avant chirurgie N+ = 6 % (n = 4)
57 patients T1c-T2, DTX 36 mg/m2 PSA PT < 0,1 : 51 % (n = 26) RHC = 6 % (n = 3) SSR biologique = 61,4 %
Gs ≥ 7, PSA > 20 hebdo 3 semaines sur 4 Taux de réponse du PSA : Marge + = 35 % (n = 18) Rechutes
3 cycles + BAC 93 % EEP = 47 % (n = 24) cliniques = 2 patients
N+ = 3,9 % (n = 2) Pas de rechute des
patients avec tumeur en
RHC
22 patients ≥ T3, + DTX 70 mg/m2 j1 + Estramustine PSA PT < 0,6 : 100 % (n = 21) RHC = 5 % (n = 1) SSR PSA = 50 % à 36 mois
Gs ≥ 8, PSA ≥ 15 600 mg/m2 /j j1—j21 Marge + = 26 % (n = 5) Patient sans récidive à
4 cycles + analogue LHRH jusqu’à la EEP = 42 % (n = 8) 53 mois = 42 % (n = 8)
chirurgie IVS = 37 % (n = 7)
V. Richard et al.
N+ = 21 % (n = 4)
Traitements néoadjuvants préopératoires dans le cancer de la prostate
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Tableau 2 (Suite)
Effectif et critères Protocole thérapeutique Réponse biologique Réponse histologique Récidive
d’inclusion
22 patients ≥ T2c, DTX 70 mg/m2 j2 + Estramustine PSA PT médian = 0,21 ; RHC = 0 SSR = 54,6 %
Gs ≥ 8, PSA ≥ 20 280 mg × 3/j j1—j5 tous les 21 j (0,05—0,6) Marge + = 27 % (n = 6) PFS médian = 30 mois
4 cycles + BAC EEP = 36 % (n = 8)
N+ = 23 % (n = 5)
18 patients ≥ T3, DTX 30 mg/m2 PSA PT médian = 0,097 ; RHC = 11,1 % (n = 2) SSR biologique = 78 %
Gs ≥ 8, PSA ≥ 15 hebdo + Estramustine 560 mg × 2/j (0,002—0,932) Marge + = 0 Pas de rechute des
pdt 6 semaines + BAC EEP = NR patients en RHC
N+ = 22 % (n = 4)
18 patients Estramustine 10 mg/kg/j et 9 (50 %) PSA indétectables RHC = 0 % Un suivi médian = 14 mois,
PSA > 15 ng/mL avec etoposide 50 mg/m2 /j 3 semaines avant chirurgie Marge + = 13 % (n = 2) 78 % sans rechute clinique
stade T2b/T2c, ou sur 4 pendant 3 mois EEP = 69 % (n = 10) ou biologique
T3, ou Gleason ≥ 8 N+ = 13 % (n = 2)
Hebdo : hebdomadaire ; pdt : pendant ; PSA PT : PSA post-traitement ; DTX : docetaxel ; RHC : réponses histologiques complètes ; ETT : extension extraprostatique ; N+ : envahissement
ganglionnaire ; SSR : survie sans récidive ; j : jour ; NR : non rapporté; Gs : Gleason score.
a Onze patients sur 22 opérés et radiothérapie chez les autres patients.
b Dix patients sur 21 opérés et radiothérapie chez les autres patients.
601
602 V. Richard et al.
Figure 2. Impact de l’hormonothérapie néoadjuvante sur des marqueurs loco-régionaux d’efficacité. A. Maladie confinée à la prostate.
B. Probabilité d’avoir une réduction tumorale. C. Patients opérés avec des marges négatives. D. Patients opérés n’ayant pas de métastase
ganglionnaire.
Adaptée de Kumar et al. [2].
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Traitements néoadjuvants préopératoires dans le cancer de la prostate 603
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604 V. Richard et al.
12 semaines) et un taux de réponse histologique plus impor- profil connu et gérable, majoritairement de faible grade et
tant (taux de RHC et quasi-complet = 34 % vs 15 %). Une avec des toxicités de grade III et IV principalement présentes
seconde étude a confirmé que l’association AA + agoLHRH avec les protocoles contenant une chimiothérapie ou une
permettait une baisse plus importante du PSA et du signal thérapie ciblée. La réalisation de la PT après traitement
androgénique qu’un blocage androgénique simple [48]. néoadjuvant était possible dans les délais prévus pour la
Toutefois, dans ces études, les concentrations de majorité des patients, et n’entraînait pas d’augmentation
testostérone et DHT ne sont pas nulles malgré ces poly- du taux de complications postopératoires.
hormonothérapies. Ces stratégies pourraient être encore Actuellement, compte-tenu des données disponibles, les
améliorées par l’association de nouveaux anti-androgènes sociétés savantes ne recommandent pas la réalisation d’un
comme le MDV3100 ou l’ARN509 (Fig. 1), deux essais de traitement néoadjuvant par hormonothérapie ou chimiothé-
phase II actuellement en cours pourraient fournir plus de rapie [1,52,53]. L’examen de la littérature semble distinguer
données. 2 périodes. La première, fin des années 1990 a testé les hor-
monothérapies de premières générations. De nombreuses
Essais cliniques en cours études ont été réalisées dans des phases 3 randomisées, tou-
tefois la méthodologie était le plus souvent critiquable, le
De nombreuses études s’intéressent au traitement néoad- nombre de patients trop faible pour avoir une idée pré-
juvant dans le cancer de prostate chez les patients à haut cise de l’impact sur des critères de survie à plus long
risque de récidive (Matériel complémentaire, Tableaux 3a et terme de type SG ou SSR. Ainsi dans la méta-analyse de
3b en annexe en ligne). En effet, une quarantaine d’essais de la Cochrane seules 3 études étaient analysables pour la SG
phase I et II sont actuellement en cours après consultation et 4 pour la SSR avec des effectifs de 407 et 569 patients
du site http://clinicaltrials.gov/ en août 2013. ayant reçu une neoHT respectivement. À titre de comparai-
Les essais de chimiothérapie sans hormonothérapie se son la méta-analyse publiée en 2005 qui démontre l’intérêt
font plus rares : 2 uniquement. De nombreuses thérapies d’une stratégie néoadjuvante dans le cancer de vessie a
ciblées, principalement anti-angiogéniques ou modulant la regroupé 1220 patients avec chimiothérapie préopératoire ;
voie PI3K-AKT-mTOR, voient leur activité explorée dans et les essais NASBPB18 et NSABPB27 dans le cancer du sein
ce schéma préopératoire avec de nombreuses phases I/II. ont rassemblé 1523 et 2411 patients, respectivement. Néan-
L’immunothérapie, qui a déjà démontré son efficacité dans moins l’impact de l’hormonothérapie néoadjuvante sur les
le CPRC, fait également l’objet de plusieurs études en stra- facteurs de risques de rechute cités plus haut (marges
tégie néoadjuvante avec le Sipuleucel-T, le GM-CSF, et les opératoire, maladie intraprostatique, atteinte ganglion-
anti-CTLA4. naire) est démontré par ces études et la méta-analyse
La neoHT est la pierre angulaire avec divers blocages de la Cochrane. La deuxième période plus récente est
anti-androgéniques possibles (Fig. 1) ou en association avec un mélange de phases II étudiant l’impact de diverses
la chimiothérapie ou une thérapie ciblée. Les nouvelles molécules de type chimiothérapies, thérapies ciblées en
hormonothérapies (dégarelix, abiraterone, enzalutamide) monothérapie ou en combinaison. Il est délicat de compa-
sont également testées. La principale étude de phase III rer les résultats de ces essais dont les populations incluses
(NCT00430183, CALGB-90203) compare le taux de survie ou la méthodologie sont hétérogènes, toutefois il semble
sans progression à 3 ans après PT seule vs PT précédée de que l’association hormonothérapie et chimiothérapie soit
l’association DTX et BAC. Les résultats de l’objectif pri- supérieure à une monothérapie par chimiothérapie, avec
maire (survive sans rechute biologique) sont attendus pour notamment des taux de réponse biologique supérieurs et
2018. Les nouvelles hormonothérapies telles le MDV3100 ou des signes d’efficacité histologique plus importants : taux
AA font également l’objet de phases II en situation néoad- de RHC plus élevé, diminution du taux de marges positives
juvante. et du taux de maladie extraprostatique.
Enfin, divers agents utilisés dans tout autre domaine, tels Globalement les résultats les plus satisfaisants semblent
la simvastatine, la vitamine E ou le soja voient leurs effets être obtenus avec des stratégies multimodales associant
anti-tumoraux évalués dans cette situation. castration par blocage androgénique complet ou non, chi-
miothérapie et hormonothérapie. L’option chimiothérapie
seule n’est pas suffisamment active et n’est pas une voie
Discussion d’avenir.
La durée optimale de traitement néoadjuvant est encore
Au diagnostic, 20 à 35 % des patients ont un CPLA à déterminer, trois mois d’hormonothérapie ne semblent
(PSA > 20 ng/mL ou score de Gleason > 7 ou stade clinique pas suffisants et un traitement prolongé de 6 à 8 mois pour-
T2c) ou un CPLA (T3—T4 N0 M0) [3]. Chez ces patients, en rait permettre d’obtenir une efficacité supérieure. Les taux
postopératoire, les taux d’extension extraprostatique, de de réponses biologique et histologique après traitement
marges positives et d’envahissement ganglionnaires sont néoadjuvant semblent se traduire par une amélioration de
élevés, augmentant le risque de rechute [9,49]. Les don- la survie sans progression. Si l’adjonction d’une thérapie
nées disponibles dans la littérature montrent des taux de ciblée aux traitements classiques ne semble pas apporter
marges positives entre 30 et 66 % et des taux de N+ entre une efficacité supplémentaire, d’autres nouvelles molécules
11 et 33 % [50,51]. ayant démontré leur efficacité en termes de survie globale
Afin de diminuer ce risque de récidive et d’améliorer la chez des patients avec CPRC sont en cours d’évaluation au
survie, des stratégies de type néoadjuvante ont été évaluées sein d’étude de phase II. L’association des nouvelles molé-
dans le cancer de prostate. Pour la majorité des patients la cules dont les mécanismes d’action et les cibles cellulaires
tolérance des traitements a été bonne avec des toxicités au sont complémentaires pourrait constituer une stratégie
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Traitements néoadjuvants préopératoires dans le cancer de la prostate 605
d’intérêt. Les études avec les hormonothérapies de type [6] Briganti A, Joniau S, Gontero P, Abdollah F, Passoni NM, Tombal
anti-androgènes de 2e générations ou inhibiteurs enzyma- B, et al. Identifying the best candidate for radical prostatec-
tiques semblent montrer des résultats très prometteurs. tomy among patients with high-risk prostate cancer. Eur Urol
Afin d’apporter des réponses sur l’efficacité d’une stratégie 2012;61(3):584—92.
[7] Wilt TJ. The Prostate Cancer Intervention Versus Observation
néoadjuvante du point de vue de la survie, d’autres études
Trial: VA/NCI/AHRQ Cooperative Studies Program #407 (PIVOT):
de phase III ou de phase II avec recherche de biomarqueurs
design and baseline results of a randomized controlled trial
prédictifs sont nécessaires : à ce titre les résultats de l’étude comparing radical prostatectomy with watchful waiting for
de phase III NCT00430183 seront très attendus en 2018. men with clinically localized prostate cancer. J Natl Cancer
La conception d’études permettant de répondre à ces Inst Monographs 2012;2012(45):184—90.
problématiques, nécessitera une vision multidisciplinaire [8] Lughezzani G, Gallina A, Larcher A, Briganti A, Capitanio U,
avec urologues, oncologues, radiologues et méthodolo- Suardi N, et al. Radical prostatectomy represents an effective
gistes, plaçant les groupes collaboratifs en première ligne treatment in patients with specimen-confined high pathologi-
dans l’élaboration et la mise en place de ces essais. cal Gleason score prostate cancer. BJU Int 2013;111(5):723—30.
[9] Engel J, Bastian PJ, Baur H, Beer V, Chaussy C, Gsch-
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